Volume 1
Volume 1
Volume 1
1. PRÉAMBULE ...................................................................................................................
2. INTRODUCTION .............................................................................................................
3. PRÉSENTATION DU RÈGLEMENT............................................................................
3.1 Domaine d’application ................................................................................................
3.2 Les normes, les seuils d’action et les critères ............................................................
3.3 Le traitement minimal ................................................................................................
3.4 La compétence des opérateurs ...................................................................................
3.5 Les critères de conception...........................................................................................
3.6 Les contrôles à l’eau brute..........................................................................................
3.7 Les contrôles à l’installation de traitement ...............................................................
3.8 Les contrôles sur le réseau ..........................................................................................
3.9 Le contrôle de la vulnérabilité des eaux souterraines ..............................................
Modification 2015/02/04 1
8. APPROVISIONNEMENT EN EAUX SOUTERRAINES ET TRAITEMENT .........
8.1 Contexte........................................................................................................................
8.2 Recherche en eau souterraine.....................................................................................
8.3 Captage d’eau souterraine..........................................................................................
8.4 Recharge artificielle de la nappe ................................................................................
8.5 Déferrisation et/ou démanganisation.........................................................................
8.6 Adoucissement et enlèvement du baryum.................................................................
8.7 Enlèvement des nitrates ..............................................................................................
8.8 Enlèvement des sulfures..............................................................................................
8.9 Enlèvement de l’arsenic ..............................................................................................
8.10 Enlèvement du fluorure ............................................................................................
8.11 Enlèvement des chlorures (dessalement).................................................................
Modification 2015/02/04 2
13. STABILISATION ET CONTRÔLE DE LA CORROSION
13.1 Ajustement du pH et de l’alcalinité .........................................................................
13.2 Reminéralisation........................................................................................................
13.3 Ajout d’inhibiteurs chimiques..................................................................................
Modification 2015/02/04 3
1. PRÉAMBULE
Le Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) a été adopté le 30 mai 2001 et est entré en
vigueur le 28 juin 2001 (www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/potable/index.htm). Cette mise à jour des
normes de qualité a eu pour effet de modifier en profondeur les critères de conception des
installations de traitement d’eau potable. Le RQEP a depuis subi plusieurs modifications dont la
plus récente a été publiée le 22 février 2012 et est entrée en vigueur le 8 mars 2012.
L’inclusion des critères de conception des prises d’eau dans ce Guide de conception est
essentielle compte tenu du caractère déterminant de la prise d’eau sur le niveau de traitement
requis et, par conséquent, sur le choix de la solution finale. Cependant, la distribution de l’eau
potable influe aussi sur le degré de traitement et la qualité du produit fini. Il y a lieu de
considérer au moment de la conception les phénomènes suivants : la consommation anticipée du
chlore résiduel en cours de distribution, la formation de sous-produits de la désinfection, les
problèmes de corrosion et de croissance bactérienne à l’intérieur des conduites et les risques de
contamination par raccordements croisés ou d’infiltration lors des chutes de pression. Il devient
donc nécessaire pour l’exploitant d’établir des stratégies de gestion du réseau pour le maintien
d’une qualité acceptable de la prise d’eau jusqu’au robinet du consommateur.
Ce Guide de conception n’aborde pas les aspects reliés à la conception du réseau et à ce titre, les
sections de la Directive 001 qui portent sur la distribution de l’eau potable (conduites et postes de
pompage) demeurent présentement la seule référence ministérielle disponible.
Le Guide de conception a été réalisé grâce à la collaboration de nombreux spécialistes issus des
milieux de la consultation en ingénierie, des fournisseurs d’équipement ou de services de
gestion, de la recherche universitaire, des fonctions publiques municipale et gouvernementale. La
coordination de ce travail a été assurée à l’origine par Réseau Environnement. Les personnes
suivantes ont participé à la rédaction, à la validation ou à la révision du contenu :
La mise à jour du Guide de conception est assurée par la Direction générale des politiques de
l’eau du MDDELCC, dont les coordonnées apparaissent au chapitre 2.
Raymond Desjardins
École Polytechnique de Montréal
Le Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) a été adopté le 30 mai 2001 et est entré en
vigueur le 28 juin 2001 (www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/potable/index.htm). Cette mise à jour des
normes de qualité a eu pour effet de modifier en profondeur les critères de conception des
installations de traitement d’eau potable. Le RQEP a depuis subi plusieurs modifications dont la
plus récente a été publiée le 22 février 2012 et est entrée en vigueur le 8 mars 2012.
L’inclusion des critères de conception des prises d’eau dans ce Guide de conception est
essentielle compte tenu du caractère déterminant de la prise d’eau sur le niveau de traitement
requis et, par conséquent, sur le choix de la solution finale. Cependant, la distribution de l’eau
potable influe aussi sur le degré de traitement et la qualité du produit fini. Il y a lieu de
considérer au moment de la conception les phénomènes suivants : la consommation anticipée du
chlore résiduel en cours de distribution, la formation de sous-produits de la désinfection, les
problèmes de corrosion et de croissance bactérienne à l’intérieur des conduites et les risques de
contamination par raccordements croisés ou d’infiltration lors des chutes de pression. Il devient
donc nécessaire pour l’exploitant d’établir des stratégies de gestion du réseau pour le maintien
d’une qualité acceptable de la prise d’eau jusqu’au robinet du consommateur.
Ce Guide de conception n’aborde pas les aspects reliés à la conception du réseau et à ce titre, les
sections de la Directive 001 qui portent sur la distribution de l’eau potable (conduites et postes de
pompage) demeurent présentement la seule référence ministérielle disponible.
Le Guide de conception a été réalisé grâce à la collaboration de nombreux spécialistes issus des
milieux de la consultation en ingénierie, des fournisseurs d’équipement ou de services de
gestion, de la recherche universitaire, des fonctions publiques municipale et gouvernementale. La
coordination de ce travail a été assurée à l’origine par Réseau Environnement. Les personnes
suivantes ont participé à la rédaction, à la validation ou à la révision du contenu :
La mise à jour du Guide de conception est assurée par la Direction générale des politiques de
l’eau du MDDELCC, dont les coordonnées apparaissent au chapitre 2.
Raymond Desjardins
École Polytechnique de Montréal
Objectif
Le Guide de conception des installations de production d’eau potable a pour objectif de préciser
les critères de conception des équipements de captage et de traitement en eau potable et d’aider
le décideur à choisir la solution optimale pour le respect des normes du RQEP. Il s’adresse donc
aux producteurs d’eau – appelés dans le présent guide « responsables de systèmes de distribution
d’eau potable 1 » –, aux concepteurs, aux fabricants d’équipements et aux organismes
gouvernementaux responsables de l’autorisation des équipements. Selon le vocabulaire
réglementaire, les « installations de distribution d’eau potable » visées par ce Guide de
conception englobent tous les réseaux communautaires. Le guide ne couvre pas les aspects en
lien avec la distribution de l’eau potable proprement dite, l’opération des équipements ou la
certification des additifs dans l’eau potable.
Il est à souligner que, depuis juin 2009, le MDDELCC a aussi produit un guide de conception
qui s’adresse plus particulièrement aux responsables d’installations d’eau potable desservant
moins de 500 personnes. Ce guide est disponible sur le site Internet du Ministère à l’adresse
suivante : www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/potable/guide-g2/index.htm
De façon systématique, toutes les références citées dans les volumes 1 et 2 se retrouvent dans le
chapitre 18 du volume 2; elles sont cependant regroupées selon les chapitres qui les ont
introduites.
Niveaux d’information
Dans les chapitres qui se rapportent au traitement, le Guide de conception présente les procédés
et réfère également aux technologies qui s’y rattachent. Par exemple, on peut retrouver dans le
Guide de conception la flottation à air dissous, qui est un procédé, ainsi que les technologies
développées par les fournisseurs qui mettent en application ce procédé. Dans le cas des
technologies, le Guide de conception se limite au minimum d’information nécessaire au stade du
choix préliminaire alors que le fournisseur de la technologie est habituellement en mesure de
combler les besoins d’information en matière de conception détaillée.
1
On peut retrouver dans le Guide de conception l’expression « exploitants d’installations de traitement d’eau
potable ». La nouvelle expression vise à s’harmoniser avec les définitions du RQEP.
La sélection des procédés et technologies retenus dans le Guide de conception correspond aux
vues du comité de rédaction et du Comité sur les technologies de traitement en eau potable, et
elle tient compte de nombreux commentaires. Les deux comités ont pris en considération :
l’intérêt que présentent les procédés et technologies sur les plans de la performance, des
conditions d’application au Québec et, dans une certaine mesure, des coûts de construction et
d’exploitation;
l’historique d’application de ces procédés au Québec. Certains procédés ou technologies sont
présentés dans le Guide de conception, et ce, même s’ils ne faisaient l’objet d’aucune
application ou d’aucun projet d’application au Québec au moment de sa rédaction. Il s’agit
de cas justifiés par les résultats obtenus ailleurs et par le potentiel d’application de ces
procédés au Québec.
En conséquence, il est peu probable que la méthode de travail utilisée ait pu amener l’oubli d’un
procédé ou d’une technologie qui présenterait un intérêt majeur pour les concepteurs.
CHAPITRE 3
03-vol1-chap3.doc 1
3. PRÉSENTATION DU RÈGLEMENT
Ce chapitre a pour objectif de présenter les principales dispositions réglementaires. Dans le cas
où il y aurait divergence d’interprétation entre la présente section et sa version publiée dans la
Gazette officielle du Québec, cette dernière aura préséance. Le chapitre 3 présente l’ensemble du
RQEP et du Règlement modifiant le RQEP, en s’attardant davantage aux normes, aux seuils
d’action, au traitement minimal, aux critères de conception et aux contrôles minimaux (à l’eau
brute, à l’installation de traitement, au réseau, au camion citerne, etc.).
Les obligations de contrôle de qualité de l’eau varient selon la clientèle desservie, tel que décrit
dans le tableau 3-1. Ainsi, les exploitants municipaux ou privés auront les mêmes obligations
dans les mêmes situations. En ce qui concerne les clientèles uniquement institutionnelles
(établissement d’enseignement, établissement de détention, établissement de santé et de services
sociaux) et les établissements touristiques (terrains de camping, pourvoiries, auberges, haltes
routières, etc.), le RQEP présente certains assouplissements. Pour toutes autres entreprises, elles
sont uniquement soumises aux exigences de contrôle du Règlement sur la santé et la sécurité du
travail administré par la CSST (art. 147) mais doivent tout de même satisfaire aux normes de
qualité définies à l’annexe 1 du RQEP (art. 3).
Les obligations de moyens (art. 5, 6 et 44) telles que le traitement minimal des eaux et la
qualification des opérateurs visent tous les exploitants de systèmes municipaux, privés et
institutionnels ainsi que les exploitants qui desservent des établissements touristiques, quel que
soit le nombre de personnes desservies (art. 43).
Le RQEP édicte donc les normes de qualité; le traitement minimal, la qualification des
opérateurs; les critères de conception des équipements de traitement, un suivi en continu de la
turbidité et du chlore résiduel libre à la sortie des installations de traitement incluant un système
d’alerte de l’opérateur, un contrôle de qualité de l’eau distribuée, les mesures nécessaires en cas
de résultats hors norme et les dispositions pénales.
Analyses en continu à
la sortie du Oui Non Oui Non
traitement (9)
(1) Un système de distribution privé est un système exploité par une personne, une compagnie, une copropriété, qui l’opère pour fins de distribution de l’eau à plus
d’une unité d’habitation.
(2) Une institution est un établissement de santé, d’enseignement ou de détention ayant sa propre prise d’eau (hôpital, école, garderie, foyer pour personnes âgées,
prison, etc.).
(3) Une entreprise touristique est un camping, une pourvoirie, un hôtel, un centre d’accueil de touristes, etc.
(4) Les sources individuelles sont incluses dans les réseaux ≤ 20 personnes. Une source individuelle dessert une seule résidence et inclut toute eau provenant d’un puits,
source, ruisseau ou lac. Si une source canalisée est mise à la disposition des passants, elle est considérée comme desservant plus de 20 personnes et doit subir les
contrôles minimaux requis.
(5) La bactériologie comprend les coliformes fécaux (E. coli) et les coliformes totaux. Pour 50% des échantillons, la bactériologie comprend aussi les bactéries
hétérotrophes (BHAA). Le chlore résiduel est mesuré sur place en même temps que les prélèvements pour l’analyse des bactéries. Dans le cas des véhicules citernes
et des réseaux desservants un seul bâtiment, l’analyse des BHAA n’est pas requise.
(6) La turbidité est un indice de la limpidité de l’eau. Plus l’eau est turbide, plus elle est d’apparence trouble.
(7) Les substances inorganiques sont les métaux, les nitrates (cette analyse comprend les nitrates + nitrites), les fluorures, le pH, etc. (Il peut y avoir jusqu’à 18
substances inorganiques contrôlées.) Le pH est mesuré sur place en même temps que les prélèvements des nitrates.
(8) Les substances organiques sont les trihalométhanes (THM), les pesticides, le trichloroéthylène (TCE), etc. (Il y a 42 substances organiques contrôlées lorsque la
population desservie dépassent 5000 personnes). L’analyse des THM n’est requise que lorsque l’eau est désinfectée au chlore.
(9) L’analyse en continu est réalisé par un lecteur de chlore résiduel libre et de turbidité placé à la sortie des traitements qui trace un graphique de façon permanente. La
turbidité est mesurée lorsqu’une eau de surface alimente la station de traitement, à la sortie de chaque filtre ou, en l’absence de filtres, à la sortie de la station de
traitement. Le chlore résiduel libre est mesuré à la sortie de l’installation de désinfection ou, lorsque celle-ci comporte un réservoir d’eaux désinfectées, à la sortie de
ce réservoir. Pour les véhicules citernes, ce suivi doit être réalisé à l’endroit où l’eau est prélevée par le véhicule.
Le RQEP est basé sur 77 normes de qualité édictées de façon sécuritaire pour l’eau distribuée à
des fins de consommation humaine. Ces normes correspondent aux Recommandations pour la
qualité de l’eau potable au Canada (sixième édition révisée en 1997), à l’exception de deux
paramètres clés, la turbidité et les trihalométhanes (THM), qui correspondent aux normes
américaines en vigueur au moment de l’adoption du RQEP. Selon l’article 54 du RQEP, la mise à
jour de ces normes sera effectuée sur une base quinquennale. Elles sont énumérées à l’annexe I
du RQEP. Ces normes, qui s’appliquent à toute eau de consommation autre que l’eau
embouteillée et l’eau servant à la préparation des aliments (RQEP, art. 2), sont fondées sur la
protection de la santé publique et ne tiennent pas compte des aspects esthétiques et olfactifs. Le
MENV ainsi que la direction de la santé publique (DSP), le ministère de l’Agriculture, des
Pêcheries et de l’Alimentation (MAPA) et la population doivent être informés rapidement de
toute contamination fécale. De plus, pour tout dépassement de normes, l’exploitant doit aviser la
DSP et communiquer au MENV les correctifs envisagés pour retrouver la conformité.
Le RQEP édicte aussi, en égard à la qualité de l’eau distribuée, des seuils d’action au-dessus
desquels l’exploitant doit vérifier l’efficacité de son traitement. Ainsi, des seuils de turbidité sont
indiqués dans le RQEP (art. 24 et 25), mais n’apparaissent pas à l’annexe 1 du RQEP puisqu’ils
n’engagent pas les mêmes procédures en cas de dépassements.
Enfin, le RQEP contient des critères d’exclusion de la filtration (art. 5) et des critères de
conception pour l’enlèvement des parasites et des virus (art. 5). Ces critères sont indiqués dans le
RQEP mais n’apparaissent pas à l’annexe puisqu’ils n’engagent pas les mêmes procédures en cas
de dépassement. Par exemple, les critères de conception sont utilisés par l’ingénieur en charge de
la conception des équipements de traitement. Ils peuvent aussi être utilisés lorsque certaines
normes ou seuils d’action, pouvant influencer l’efficacité de la désinfection, sont dépassés. En
cas de dépassement de la turbidité selon les normes définis aux articles 24, 25 ou à l’annexe I du
RQEP, l’exploitant devra vérifier l’efficacité de son traitement et pourra être invité par le MENV
à vérifier le respect des temps de contact et des concentrations de désinfectant pour l’inactivation
des parasites. À noter que même si les paramètres esthétiques ne sont pas réglementés, ils sont
intégrés dans les recommandations canadiennes et sont présentés dans le Guide de conception.
Dans le cadre du RQEP, on distingue les eaux de surface des eaux souterraines. Le RQEP (art.5)
impose la filtration et la désinfection obligatoires des eaux de surface et des eaux souterraines
sous l’influence directe des eaux de surface. Ces dispositions visent tous les réseaux municipaux,
privés, institutionnels et établissements touristiques mais ne s’appliquent pas aux eaux
desservants une seule résidence ou des entreprises (art. 4), bien qu’elles doivent satisfaire aux
normes de qualité de l’annexe 1 du RQEP (art. 3).
Les puits dont les équipements de captage ne sont pas étanches sont considérés comme étant sous
l’influence directe des eaux de surface et doivent être rendu étanches, sans quoi l’eau devra subir
le même degré de filtration et de désinfection que les eaux de surface (section 10.2.1). De ce fait,
toute eau souterraine dont la turbidité, la couleur, le pH, la dureté, le COT et la qualité
bactériologique varient nettement après un épisode de pluie et/ou à la fonte des neiges, sera aussi
La vérification des critères d’exclusion de l’art. 5 du RQEP permettra, par ailleurs, de statuer sur
le type d’équipement de traitement requis. Le RQEP évite toutefois d’appliquer
systématiquement la norme de filtration obligatoire des eaux de surface en permettant à certains
exploitants, qui s’alimentent à partir d’une eau de surface de très bonne qualité ou à partir d’une
eau souterraine sous l’influence directe des eaux de surface, de démontrer par des analyses de
l’eau brute que la filtration peut être évitée (art.5). Les critères d’exclusion de la filtration sont
définis à partir du respect de la norme à l’eau brute de 5 UTN en tout temps. Durant 90% du
temps, les critères de 1 UTN, de 3 mg/L de carbone organique total, de 20 coliformes fécaux/100
ml et de 100 coliformes totaux/100 ml doivent aussi être respectés. Enfin, même si ces critères
sont respectés durant une période de vérification minimale de 90 jours consécutifs, mais que des
sources de pollution sont susceptibles d’affecter la qualité microbiologique de l’eau, la filtration
est alors obligatoire. Il est d’ailleurs fortement recommandé de s’assurer que cette période
d’analyse de 90 jours correspond soit au printemps, à l’automne ou à toute autre période
représentative des conditions les plus critiques pouvant affecter cette eau afin de ne pas exposer
la population à une pire situation.
La filtration se définit comme tout type de filtration conçue en conformité avec le présent Guide
de conception et qui tient compte de l’enlèvement additionnel requis selon la qualité de l’eau
brute (section 10.2.2) ainsi que des normes technologiques de turbidité. Le degré minimal
d’enlèvement est décrit à l’article 5 du RQEP, l’enlèvement additionnel des parasites et des virus
est présenté au chapitre 10 du Guide de conception et les normes sont indiquées à l’annexe I du
RQEP. À noter que même si l’enlèvement additionnel en fonction de la qualité de l’eau brute
n’est pas inscrit au RQEP, la vérification de l’efficacité de la désinfection demandée à
l’exploitant lors des dépassements de normes ou de seuils de turbidité devra tenir compte de la
qualité de l’eau brute pour assurer une protection optimale de la santé publique. Ainsi, le MENV
tiendra compte du chapitre 10 du Guide de conception lors de l’autorisation d’équipements de
filtration. Le consultant devra évaluer la qualité de l’eau brute en fonction des banques de
données disponibles ou d’une caractérisation spécifique de la contamination fécale (chapitre 10).
Les exploitants dont l’approvisionnement en eau de surface ne fait l’objet d’aucune filtration, ont
jusqu’en juin 2005 pour mettre en place les équipements permettant de respecter l’article 5. Dans
le cas des réseaux desservants plus de 50 000 personnes, ce délai est reporté en juin 2007 (art.
53).
Les eaux souterraines ne sont nécessairement pas toutes de qualité, notamment en ce qui a trait à
la présence de substances chimiques d’origine naturelle dans le sous-sol (fer, manganèse, fluor,
sulfures, sels, arsenic, etc.) ou associées à des activités humaines (nitrates, pesticides, solvants,
etc.). Elles peuvent aussi être contaminées par des virus ou des bactéries. Dans le cas d’une eau
souterraine non désinfectée, des études hydrogéologiques et des vérifications ultérieures
mensuelles de la qualité de l’eau brute (art. 13) établiront s’il y a lieu de désinfecter
éventuellement ce type d’eau.
Après s’être assuré de l’enlèvement des virus et des parasites, toute installation de désinfection en
continu doit enfin pouvoir offrir un potentiel minimal de désinfection, à la sortie du réservoir ou
du traitement s’il n’y a pas de réservoir, équivalent à au moins 0,3 mg/L de chlore résiduel libre,
sauf dans le cas où cette eau dessert un seul bâtiment (art. 8).
Dès juin 2004, seules les personnes compétentes pourront être en charge du fonctionnement d'un
système de distribution, d’une installation de captage des eaux ainsi que d'une installation de
traitement de filtration ou de désinfection (art. 44). L’obligation de compétence touche toute
personne dont le travail peut influencer directement la qualité de l’eau potable. Les personnes
détenant un diplôme d'études professionnelles ou collégiales émis par le ministère de l'Éducation
en assainissement de l’eau ou de traitement des eaux de consommation, seront reconnues
qualifiées. Les personnes qui occupent actuellement une fonction nécessitant ce niveau de
formation (selon les catégories d’installations qui seront identifiées) et qui ne détiennent pas un
de ces diplômes, devront obtenir leur reconnaissance auprès d'Emploi Québec par l’obtention
d’un certificat. Ce certificat devra être renouvelé à tous les cinq ans afin de pouvoir s’adapter aux
changements de personnel dans les municipalités et à l'évolution technologique.
Une classification type des opérateurs sera mise sur pied de façon à ce que les connaissances
requises soient adaptées à la complexité des équipements opérés. Les installations seront donc
Les équipements de traitement de l’eau de surface devront être conçus pour enlever les parasites,
omniprésents dans ces eaux et résistants à la chloration, ainsi que les virus, capables de traverser
les filtres. Les critères de conception visent donc des enlèvements minimaux à 99% des
Cryptosporidium, à 99,9% des Giardia et à 99,99% des virus (art. 5). Ces critères d’enlèvement
peuvent être relevés en fonction de la qualité de l’eau brute (section 10.2.2). Le respect de ces
critères signifie qu’il faudra : soit changer de prise d’eau au profit d’un puits tubulaire, soit
s’approvisionner à un réseau voisin ou encore construire une usine de filtration qui respectera les
normes technologiques de turbidité du RQEP tout en offrant une désinfection efficace. Une
attention particulière devra être portée à la vérification des THM générés par cette installation,
quoique le traitement par filtration puisse généralement permettre de respecter la majorité des
normes de qualité du RQEP. Le chapitre 10 présente de façon détaillée les méthodes de calcul.
Le concepteur devra tenir compte des normes technologiques de turbidité édictées à l’annexe I du
RQEP. Dans le cas d’une filtration lente ou d’une filtration sur terre à diatomées, la norme
consiste à respecter 1 UTN durant 95% du temps; dans le cas d’une filtration membranaire, la
norme est de 0,1 UTN et dans le cas de toute autre filtration, elle est de 0,5 UTN. Lorsqu’il n’y a
pas de filtration, la norme à respecter est de 5 UTN, mais en eau de surface, la turbidité doit
respecter 1 UTN 90% du temps afin de satisfaire les critères d’exclusion (art. 5). Les crédits
d’enlèvement des parasites et des virus accordés à chaque technologie de traitement selon la
turbidité obtenue sont présentés au chapitre 10. Il est possible que le consultant doive, selon la
qualité de l’eau brute et la filière de traitement privilégiée, respecter une turbidité à l’eau traitée
par filtration directe ou conventionnelle inférieure à 0,5 UTN (tableau 10.6). À noter que la
norme de 5 UTN est une norme absolue qui doit être respectée dans tous les systèmes de
distribution indépendamment du système de traitement utilisé.
Dans le cas des eaux souterraines captées de façon non étanche, les critères de conception
énumérés ci-dessus s’appliquent. Dans le cas d’une eau souterraine bien captée, mais vulnérable
aux contaminants microbiologiques sur son aire de recharge et dans laquelle une contamination
Même si la priorité de tout traitement d’eau potable consiste à l’enlèvement des microbes, le
concepteur devra s’assurer de la rémanence du chlore dans le réseau et vérifier la qualité de l’eau
brute, comme il le fait actuellement, pour juger des traitements complémentaires tels que
l’ajustement du pH, l’enlèvement du fer ou du manganèse, la dureté, etc. (voir section 3.6).
Les contrôles a priori de l’eau brute s’avèrent nécessaires à la conception des équipements de
captage et de traitement. Le chapitre 6 établit la durée, la fréquence et le type des analyses
préalables nécessaires (réalisées par un laboratoire accrédité).
De plus, un contrôle sur une période minimale de 90 jours consécutifs peut être requis pour
l’exploitant qui voudrait démontrer que son eau de surface ne nécessite pas de filtration (art. 5) et
une vérification de la qualité de l’eau souterraine non désinfectée est requise pour démontrer
l’absence de contamination d’origine fécale (art. 7).
Lorsque les équipements sont en place, il faut s’assurer en tout temps de la fiabilité de leur
performance et être en mesure de déclencher une alerte pour remédier rapidement à toute
défaillance. En effet, l’augmentation de la turbidité à la sortie d’un seul filtre ou l’insuffisance
temporaire de la désinfection peuvent accroître les risques de gastro-entérites.
Ainsi, l’exploitant d’un système de traitement municipal ou privé d’eaux de surface est tenu de
mesurer en continu la turbidité (art. 22) pour : (1) s’assurer qu’elle ne nuit pas à l’efficacité de la
désinfection; (2) s’assurer de respecter les normes technologiques à la sortie de chaque filtre (1
UTN pour la filtration lente et sur terre à diatomées, 0,1 UTN pour les membranes et 0,5 UTN
pour les autres filtres); (3) vérifier si les critères d’exclusion de la filtration sont toujours
respectés le cas échéant. Une alarme devra être placée sur les lecteurs (art. 22).
L’exploitant doit, à partir de l’enregistreur en continu, relever une donnée de turbidité aux quatre
heures et l’inscrire sur le registre. Il s’agit des valeurs mesurées à 4 h, 8 h, 12 h, 16 h, 20 h et 24
h. Il faut un registre pour chaque filtre ou à la sortie de l’installation en l’absence de filtres (art.
22). Pour la filtration membranaire, le suivi en continue de la turbidité doit se faire à la sortie de
chaque train de membranes. L’exploitant est tenu d’informer le MENV en cas de dépassement
des normes calculé sur une période de 30 jours consécutifs. Il doit aussi informer le MENV et le
ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS) des mesures prises pour remédier à la
L’exploitant d’un réseau municipal ou privé tenu de désinfecter l’eau en permanence doit
mesurer en continu le chlore résiduel libre à la sortie du poste de désinfection ou, le cas échéant,
du réservoir (art. 22), et ce, afin d’assurer une teneur minimale de 0,3 mg/L de chlore résiduel
libre à l’entrée du réseau (art. 8). Les mesures journalières du pH, de la température et du débit
d’eau traitée aux quatre heures serviront ultérieurement à vérifier l’efficacité de la désinfection
(voir chapitre 10). Une alarme devra être installée sur le poste de désinfection (p. ex., un système
on/off de lecture du débit de chlore injecté) afin que son fonctionnement soit adéquat en tout
temps. Dans le cas de lampes U.V., il s’agira d’exiger du fabricant un détecteur de niveau
d’irradiation dans le réacteur.
Tel que mentionné précédemment, l’exploitant municipal ou privé tenu de désinfecter l’eau en
permanence doit aussi mesurer une fois par jour le pH et la température à la sortie du traitement
ou du réservoir (art. 20). Ces mesures contribueront ultérieurement à vérifier l’efficacité de la
désinfection. Ces données doivent être conservées durant au moins cinq ans. Si l’exploitant utilise
des appareils de mesure en continu pour le pH et la température, il doit suivre les indications du
fabricant. Si l’exploitant prélève des échantillons pour réaliser ces mesures, les méthodes
d’analyses utilisées doivent respecter le Standard Methods for the Examination of Water and
Wastewater tel que prévu au RQEP (art. 32).
Même si les équipements minimaux de traitement sont bien conçus et exploités par des personnes
compétentes, le contrôle de la qualité dans le réseau à partir des paramètres conventionnels
demeure essentiel, puisque 22% des contaminations observées peuvent être imputables à la
distribution (valeur obtenue des États-Unis où un traitement minimal des eaux de surface est
appliqué). Les échantillons doivent être prélevés en accord avec le document cité à l’article 30 et
doivent être transmis à un laboratoire accrédité. Le nouveau rôle du laboratoire accrédité est
d’informer le MENV en cas de hors norme et de lui transmettre les données par voie
électronique, cette procédure devrait améliorer considérablement l’efficience du processus de
contrôle.
3.8.1 La turbidité
Les résultats des analyses du contrôle mensuel de la turbidité d’un réseau de distribution (art.21)
transmis électroniquement par les laboratoires accrédités peuvent servir, le cas échéant, de
déclencheur pour le MENV et pour l’exploitant. L’exploitant du poste de traitement vérifie
obligatoirement à chaque jour les données du registre tenu à ce poste de traitement. Elles devront
avoir respecté 95% du temps durant les 30 jours consécutifs précédents les normes
technologiques de turbidité pour l’eau filtrée ou, dans le cas d’une eau de surface non filtrée,
avoir respecté 90% du temps durant les 90 jours consécutifs précédents (art. 5) le critère
d’exclusion de la filtration de 1 UTN. Même si le dépassement du seuil de 0,5 UTN dans le
système distribuant une eau de surface ne constitue pas un hors norme (art. 24), le MENV
s’assure que des vérifications sont effectuées à la sortie des installations. Les données de
l’exploitant permettent d’évaluer le dépassement de la norme fixée à la sortie du traitement, à
partir de son ou ses turbidimètres et de l’enregistreur en continu. L’exploitant est responsable de
l’étalonnage de son équipement de mesure.
Cette démonstration, dans le cas d’une eau souterraine, consisterait en premier lieu à vérifier la
mesure de la turbidité de l’eau désinfectée, l’absence de coliformes totaux dans plus de 90% des
échantillons prélevés chaque mois dans le réseau, l’absence de coliformes fécaux et le respect en
tout temps de la norme de 10 coliformes totaux/100 ml. En second lieu, une analyse de carbone
organique total devra démontrer que la turbidité est surtout d’origine inorganique. Seront
finalement vérifiés : (1) les données disponibles de qualité de l’eau brute; (2) le bon état des
équipements de traitement; (3) les mesures ponctuelles du chlore inscrites sur le registre du
traitement ou sur les rapports d’analyses bactériologiques de l’eau distribuée; (4) la certification
de l’opérateur. En outre, il est important de s’assurer s’il y a une influence directe possible d’eau
de surface, qui peut se faire en vérifiant que cette augmentation de la turbidité est aussi présente à
l’eau brute.
Cette démonstration, dans le cas d’une eau de surface sans mesure en continu (entreprises
touristiques et institutions), serait identique à la démonstration précédente en plus d’une analyse
plus attentive des variations mensuelles de la turbidité et de la vulnérabilité à la pollution de la
source d’approvisionnement. Ceci afin d’établir si le MENV doit inciter ou ordonner
Le contrôle des coliformes totaux ainsi que de la bactérie E. coli ou des coliformes fécaux se fait
par le prélèvement d’un certain nombre d’échantillons mensuels (art. 11). La moitié de ces
prélèvements sont effectués en bout de réseau pour l’analyse, en surcroît, des bactéries
hétérotrophes aérobies et anaérobies facultatives (BHAA) (art. 11), qui indiquent le décompte
total de bactéries présentes dans l’eau. Les réseaux municipaux, privés, d’institutions et
d’entreprises touristiques, desservant plus de 20 personnes, sont visés par ce contrôle. Les
résultats sont transmis électroniquement par le laboratoire accrédité au MENV. Pour les réseaux
d’eau chlorée, une analyse du chlore résiduel libre est effectuée à chaque prélèvement par
l’exploitant qui inscrit le résultat sur le rapport d’échantillonnage. Les exploitants desservant un
seul bâtiment ne sont pas tenus d’analyser le chlore résiduel libre, les BHAA et d’effectuer les
prélèvements en bout de réseau. Les exploitants de véhicules citernes ne sont pas tenus d’analyser
les BHAA, ni d’effectuer les prélèvements en bout de réseau (c.-à-d. à la fin de la journée de
distribution).
Bien que seuls les E. coli ou les coliformes fécaux déclenchent un avis automatique d’ébullition,
un grand nombre de résultats devraient démontrer le dépassement des autres normes
microbiologiques. Les exploitants seront alors invités à intervenir sur le réseau ou sur le
traitement. La section 3.1.2 du volume 2 présente une série d’interventions possibles pour la
protection de la santé des consommateurs lorsque l’eau est contaminée.
Si un laboratoire reçoit des échantillons afin d’analyser des paramètres pour lesquelles il n’est pas
accrédité, il est tenu de transmettre ces échantillons à un autre laboratoire accrédité par le MENV.
Si aucun laboratoire n’est accrédité pour un paramètre, à un moment donné, les laboratoires sont
tenus de transmettre les échantillons au Centre d’expertise d’analyses environnementales (CEAE)
du MENV jusqu’à ce que les laboratoires obtiennent les accréditations nécessaires. Il est à noter
que certaines municipalités disposent de laboratoires accrédités.
Si le MENV soupçonne la présence significative d’un contaminant normé dans l’eau distribuée,
l’exploitant est tenu d’en faire l’analyse à la satisfaction du requérant (art. 42).
La désinfection des eaux souterraines n’est pas obligatoire, même s’il est reconnu que l’eau en
cours de distribution est exposée à diverses agressions, telles que : (1) le relargage de bactéries du
biofilm à l’intérieur des conduites; (2) l’intrusion (en condition de baisse de pression ou de
pression négative) de bactéries provenant soit de branchements croisés ou de fissures le long de
conduites corrodées, affaissées ou brisées, de mise en eau de nouvelles conduites, de réparation
ou de curage de conduites. L’on note que plusieurs municipalités alimentées par une eau
souterraine de très bonne qualité effectuent une désinfection d’appoint de façon épisodique.
Les exploitants qui utilisent une eau souterraine sans désinfection continue pourraient être tenus
de réaliser une étude hydrogéologique pour juger de la vulnérabilité de l’aire de recharge à une
contamination bactériologique ou virologique (art.13). Le chapitre 8 du volume 2 expose la
méthodologie requise. Il est important cependant de distinguer cette étude hydrogéologique de
l’analyse d’étanchéité ou de non-étanchéité du puits requise à l’article 5. Dans ce cas, la
procédure présentée à la section 3.3 s’applique intégralement.
CHAPITRE 4
Le chapitre 4 présente, en premier lieu, un cheminement pour la mise en œuvre d’un projet de
traitement en eau potable et, en deuxième lieu, la structure du Guide de conception. Le
cheminement proposé dans ce chapitre n’est pas obligatoire, ni exhaustif, mais il fait référence
aux règles de l’art les plus usuelles dans le domaine du génie. L’ampleur de l’étude des solutions
et options devra évidemment être adaptée à la situation et aux besoins de l’exploitant.
La figure 4-1 résume le cheminement proposé. La portion située à l’extrême gauche de la figure
représente la démarche minimale d’analyse nécessaire pour un système qui respecte en tout point
les exigences du RQEP et qui n’a pas de problème quantitatif d’approvisionnement en eau. Ce
cheminement propose une réévaluation continue des installations de traitement et du système de
distribution.
La partie centrale de la figure 4-1 concerne des interventions qui peuvent être, dans plusieurs cas,
mineures (travaux correctifs et mise en commun des services).
Évaluation de la
situation existante Pompage et adduction
(chapitre 7)
Traitement des eaux de
NON
Recharge surface
NON
Positive? possible? (chapitre 9)
Besoins en eau et Mise en commun des (chapitre 8)
OUI débits de conception services existants
Problème de
quantité? (chapitre 5) (chapitre 5)
OUI
OUI
Réseau de distribution
L’historique des plaintes des usagers (apparences visuelles, goûts et odeurs, taches sur
la lessive et les équipements sanitaires, dépôts de calcaire, etc.).
Les données existantes sur la qualité de l’eau distribuée et son suivi.
Une caractérisation complémentaire de la qualité de l’eau distribuée au centre et en
extrémité de réseau ainsi qu’aux réservoirs en réseau (couleur apparente, turbidité, fer
total, chlore résiduel libre et total, oxygène dissous, bactéries hétérotrophes aérobies et
anaérobies facultatives -BHAA-, trihalométhanes, goûts et odeurs, etc.; voir la
section 6.1).
Le nombre et le site des réparations ou autres interventions pratiquées sur le réseau de
distribution.
Toutes les informations recueillies devraient permettre de tirer une conclusion à propos du
respect ou de la capacité du système existant (voir les sections « Champs d’application » et
« Critères de conception » de chacune des technologies présentées aux chapitres 8, 9 et 10) à
satisfaire aux exigences du RQEP. Dans le cas contraire, la détermination de la source des
problèmes ou des non-conformités devra être réalisée de la façon décrite dans la section suivante.
Lorsque la problématique est reliée à la quantité d’eau disponible, certaines des options suivantes
peuvent être étudiées :
Lorsque la problématique est reliée à la qualité de l’eau distribuée, certaines des options
suivantes peuvent être étudiées :
CHAPITRE 5
La conception des installations d’adduction et de traitement est basée sur le total du débit d’eau
distribuée et les besoins propres des installations de traitement (lavage des filtres par exemple).
On utilise généralement les valeurs maximums journalières et, dans quelques cas, la pointe
horaire. Le débit minimum est également utile pour la conception de certains éléments
hydrauliques. De façon générale, les débits de conception (moyens et pointes) sont basés sur la
relation :
Dans les cas de nouveaux services d’eau, le concepteur doit estimer l’ensemble des besoins.
Dans tous les cas, il faut prévoir l’évolution des besoins pour des projections variant de 10 à
30 ans. Une partie importante de l’information contenue dans ce chapitre provient des deux
guides rédigés par Réseau Environnement en 1999 et 2000 (mis à jour en 2013).
L’eau distribuée vers le réseau est généralement désignée sous le vocable « d’eau mise en
distribution » ou « d’eau distribuée ». Son volume correspond à la somme de la consommation
résidentielle, industrielle, commerciale, institutionnelle, municipale et des pertes d’eau.
L’eau distribuée est généralement établie en fonction de la population desservie ainsi que des
usages non-résidentiels et des pertes. On l’exprime en litres par personne par jour ou
L/(personne*d). Selon le Rapport annuel de l’usage de l’eau potable du MAMOT
(novembre 2013), la quantité moyenne d’eau distribuée par personne par jour au Québec en 2012
est de 626 litres. D’après l’Enquête sur les installations de traitement de l’eau potable – 2011 de
Statistiques Canada, cette valeur est de 407 litres en Ontario. La différence entre les deux
provinces indique clairement que des mesures doivent être prises au Québec pour réduire les
débits distribués et ainsi diminuer non seulement les coûts d’exploitation, mais aussi la taille des
nouveaux projets.
Les données d’eau distribuée figurant dans la base de données 2012 de la Stratégie ont été
traitées pour faire ressortir les variations en lien avec la population desservie. La figure 5-1
donne l’ensemble de ces données. On note que les valeurs les plus basses se regroupent au-
dessus d’une droite en pente légèrement positive et que les valeurs élevées sont très variables,
particulièrement pour les municipalités qui desservent moins de 10 000 personnes. Dans ce
dernier cas, il s’agit de petites municipalités qui desservent des usagers ayant une forte
consommation d’eau (industries, commerces ou institutions), ce qui induit une augmentation
importante de la consommation par rapport à la population desservie.
Pour réduire globalement la consommation d’eau au Québec, il faut examiner les premiers
quartiles d’eau distribuée pour différents intervalles de population desservie. La figure 5-2
2000
1800
1600
1400
L/(personne•d)
1200
1000
800
600
400
200
0
10
100
1 000
10 000
100 000
1 000 000
10 000 000
Population
d i
500
450
400
350
L/(personne•d)
300
250 y = 29,839Ln(x) + 106,78
200 R2 = 0,8327
150
100
50
0
100
1000
10000
100000
1000000
10000000
Population desservie
Si les données historiques du projet à l’étude dépassent le premier quartile illustré à la figure 5-2
en fonction de la population desservie, le concepteur devra faire un bilan des utilisations de l’eau
permettant d’expliquer ce dépassement. Il devra aussi proposer des mesures d’économie.
Les pointes peuvent être exprimées sous la forme d’un coefficient (débit de pointe / débit moyen)
ou sous la forme d’un surplus de consommation per capita en L/(personne*d). À partir de la base
de données 2012 du MAMOT, des coefficients de pointe ont été déduits et sont présentés à la
figure 5-3.
3
Coefficient de pointe
2,5
1,5
0,5
100
1000
10000
100000
1000000
Population desservie
En fonction de la figure 5-3, les valeurs de référence des coefficients de pointe à considérer pour
la journée maximale et pour la consommation horaire maximale sont présentées dans le
tableau 5-1.
Dans certains cas, la notion de coefficient de pointe est à examiner de plus près. À titre
d’exemple, la présence d’un niveau de fuites élevé a pour effet de réduire le coefficient de
Pour chacune des périodes de conception, le concepteur doit définir les nouveaux besoins, soit :
On doit concevoir les installations de production d’eau potable en tenant compte des projections
suivantes :
La période de conception est fixée à 30 ans pour les prises d’eau, les réservoirs
d’entreposage d’eau brute, les barrages et les conduites d’adduction qui sont complexes et
coûteuses à agrandir;
La période de conception est fixée à 20 ans ou plus pour le génie civil des installations de
traitement;
La période de conception est ramenée à 10 ans ou plus pour les éléments mécaniques.
Les nouveaux besoins sont évalués à partir de prévisions définissant les nouveaux usagers et de
consommations de référence pour chacune des catégories d’usagers. Ces mêmes valeurs sont
utilisées pour établir des bilans et le potentiel d’économie. Lorsque la différence de coûts entre
les solutions basées sur des projections de 10, 20 et 30 ans est marginale, une solution à plus long
terme pourra être favorisée.
Après analyse des données d’Environnement Canada, quatre valeurs de référence sont retenues
et présentées dans le tableau suivant.
Il n’existe pas de données de référence fiables pour les industries. Tous les usagers de cette
catégorie doivent avoir un compteur. En l’absence de compteur, le concepteur doit faire une
estimation de chaque industrie ou procéder à une mesure temporaire.
Les usages municipaux sont estimés à 1,25 % de la quantité d’eau distribuée, mais peuvent varier
de 5 à 15 L/(personne*d), ce qui inclut les édifices municipaux, les piscines, les patinoires, les
jardins, la lutte contre les incendies, les usages destinés à la voie publique, le rinçage du réseau,
les purges connues destinées à régler les problèmes de gel ou de qualité de l’eau et d’autres
usages comme le nettoyage des égouts. Les débits et la durée des purges sont à surveiller de près.
5.3 Fuites
Les pertes d’eau comprennent essentiellement les fuites dans le réseau de distribution ainsi que
d’autres pertes comme les purges inconnues, les trop-pleins inconnus de réservoir, etc. En
matière de fuites, l’American Water Works Association (AWWA) a fixé certaines valeurs de
référence présentées dans le tableau suivant.
Il existe également une autre mesure de la performance globale : le pourcentage d’eau non-
comptabilisée qui se calcule par la relation suivante :
L’eau non-comptabilisée comprend non seulement les fuites et autres pertes d’eau inconnues,
mais aussi l’ensemble des usages non rapportés et le sous-comptage de la consommation.
L’AWWA a fixé un objectif de 10 % pour l’eau non-comptabilisée, ce qui situe les fuites à 7 ou
8 % de l’eau distribuée. Plusieurs municipalités du Québec ont maintenant atteint des valeurs de
l’ordre de 10 %. Notons qu’il est préférable de ramener les fuites sur la base du linéaire du
réseau plutôt qu’en pourcentage de l’eau distribuée.
Aussitôt que les valeurs de référence sont dépassées (en moyenne ou en pointe), le concepteur
doit diagnostiquer les causes du dépassement. Une fois les causes identifiées, le concepteur doit
définir les solutions et la réduction qu’elles amènent sur les débits moyens et de pointe. La
démarche à suivre pour établir les réductions de débit peut s’inspirer de la démarche proposée
dans la Stratégie et dans les volumes 1 et 2 du guide sur l’économie d’eau potable et les
municipalités de Réseau Environnement (2013). La première étape consiste à établir un bilan de
l’utilisation de l’eau. Ce bilan sera plus ou moins détaillé selon l’ampleur du problème. Il prend
différentes formes selon le niveau de comptage de l’eau de consommation. Les principales
mesures d’économie touchent :
Les équipements municipaux via le contrôle des fuites et des pertes, le contrôle de la
pression ainsi que la réhabilitation du réseau et des usages municipaux (édifices, parcs,
purges, etc.);
Les consommateurs résidentiels, institutionnels, commerciaux et industriels par divers
moyens regroupés sous le vocable des « 4R » : réduction des usages, réparation des fuites,
rattrapage (améliorations des équipements) et remplacement des équipements.
Les services d’eau voisins peuvent fournir un appoint ou carrément alimenter l’ensemble des
usagers. Cette alternative est à examiner en considérant les éléments ci-dessous :
Les nouveaux besoins pourraient être totalement compensés par une réduction des débits
distribués (économie d’eau);
Il n’y pas de nouveaux besoins prévisibles et les mesures d’économie d’eau permettent de
fixer des critères de conception plus bas que les débits historiques.
Dans ces cas, il y a lieu d’être rigoureux en matière de prévision d’économie d’eau et examiner
les délais requis pour mettre en œuvre ces mesures et en retirer des bénéfices. À titre d’exemple,
le contrôle des fuites peut donner des résultats en quelques mois, alors que l’installation de
compteurs peut prendre une année et plus. Finalement, la sensibilisation peut demander plusieurs
années avant que les résultats ne se fassent sentir. Ces délais sont à comparer avec ceux de la
conception, de la réalisation et de la mise en opération des installations.
En matière d’économie d’eau, les meilleures pratiques québécoises ont été répertoriées. Les
mesures minimales ont également été établies. Un tableau synthèse est présenté dans le
volume 2. Pour tout projet visant des installations d’adduction ou de traitement d’eau, la
municipalité doit appliquer au moins les mesures minimales.
CHAPITRE 6
Le présent chapitre présente les caractéristiques des sources d’approvisionnement en eau, et ce,
tant en ce qui concerne les sources d’eau existantes que les nouvelles sources d’eau. La première
section regroupe des informations particulières mais communes aux deux types de source. Le
suivi demandé permet d’assurer une bonne connaissance de l’eau brute et de l’eau distribuée.
Cas par cas, ce suivi peut toutefois être ajusté en fonction des données existantes, d’un paramètre
de qualité particulier, etc. De plus, le concepteur doit, même dans le cas d’une prise d’eau
existante et dans la mesure du possible, rechercher une autre source d’alimentation, soit celle qui
offre la meilleure qualité ou les meilleurs gages de protection contre toute pollution permanente
ou accidentelle.
Lorsqu’une source connue de pollution anthropique (due à l’activité humaine) est présente dans
le bassin versant ou dans l’aire d’alimentation, une caractérisation additionnelle reliée aux
contaminants microbiologiques ou physicochimiques déversés en amont devra être réalisée si le
déplacement de la prise d’eau ou du captage est impossible. Cette caractérisation doit être
effectuée après avoir réalisé l’étape de l’inventaire des activités passées et présentes, comme
requis dans la section 3 du Formulaire de demande d’autorisation pour réaliser un projet assujetti
à l’article 32 de la Loi sur la qualité de l’environnement. De plus, une consultation préalable avec
les directions régionales du MDDELCC permettra de déterminer si des paramètres doivent être
ajoutés ou peuvent être retirés, selon la situation.
Le mélange de deux sources d’eau, que ce soit pour régler un problème de quantité ou de qualité
d’eau, doit être analysé avec soin, afin de ne pas générer de nouveaux problèmes.
Le mélange des sources d’eau doit être réalisé de façon à ne pas altérer l’efficacité du traitement,
le cas échéant. Deux sources distinctes ont rarement la même qualité d’eau brute. Dans le cas
d'une installation de traitement, cela implique parfois un aménagement adapté à cette situation
pour éviter le réajustement des dosages de produits chimiques à chaque modification de la
séquence de sollicitation des sources (une pompe doseuse propre à chaque source, un traitement
distinct par source, la sollicitation simultanée des sources, etc.).
Lorsqu’une dilution est acceptable (voir le chapitre 4), le mélange des eaux doit se faire avant la
distribution. De cette façon, tous les utilisateurs pourront bénéficier de la même qualité d’eau et
le taux de mélange sera constant. Lorsque le mélange des sources d’eau se fait dans l’installation
de distribution, le taux de dilution dépend alors de la consommation, à moins que des dispositifs
de contrôle particuliers ne soient installés.
Pour le concepteur qui voudrait utiliser la désinfection par rayonnement UV, il est important de
considérer que la fréquence d’analyse de l’absorbance UV sera plus élevée que celle prévue au
tableau 6-2. La fréquence proposée, lorsque le rayonnement UV est envisagé, est décrite à la
section 10.4.5.5 du chapitre 10 du volume 1. Cette fréquence d’analyse plus élevée devient
nécessaire lorsqu’il s'agit de soustraire le projet à l’obligation de filtration. La conversion entre
l’absorbance UV et la transmittance UV est donnée à la section 10.4.5.2 du volume 2.
6.2 Système d’approvisionnement existant faisant l’objet d’une mise aux normes
D’autres sources d’information doivent également être consultées, telles que le suivi de la qualité
de l’eau effectué sur d’autres systèmes d’approvisionnement s’alimentant à partir de la même
source (amont ou aval), la base de données provinciale sur la qualité du milieu aquatique
(BQMA) ainsi que la banque de données fédérale NAQUADAT. De plus, le MDDELCC donne
accès dans son site Web à un atlas interactif de la qualité des eaux de surface et des écosystèmes
aquatiques dans lequel on retrouve les données accumulées aux stations de surveillance pour
plusieurs paramètres, dont les matières en suspension (MES), les coliformes fécaux, le
phosphore, l’azote ammoniacal, etc. Certains autres paramètres pourraient aussi s’ajouter,
comme la turbidité et le carbone organique dissous. Cet atlas est disponible à l’adresse suivante :
http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/flrivlac/riv-lac.htm
Il arrive souvent que la caractérisation d’une source d’eau existante soit incomplète. Le cas
échéant, une caractérisation complémentaire est requise. Celle-ci permettra de déterminer les
paramètres problématiques qui rendent le système d’approvisionnement non réglementaire ou
ceux qui sont à la source de plaintes de consommateurs.
Dans le cas de sources multiples, chacune des sources d’approvisionnement doit être caractérisée
afin d’établir leur contribution respective à la situation problématique ou potentiellement
problématique. Dans l’installation de distribution, certaines analyses spécifiques sont requises
afin de déterminer la source du problème (eau brute, traitement ou distribution). Toutes ces
analyses doivent être réalisées par un laboratoire accrédité par le MDDELCC.
Eau de surface
La source d’alimentation en eau de surface existante, si elle fait partie des solutions envisagées et
si elle ne fait pas encore l’objet d’un traitement de filtration, doit être soumise à une
caractérisation analytique complète (tableaux 6-1 et 6-2) durant au moins deux périodes
présentant les conditions les plus défavorables pour le traitement de l'eau potable :
le suivi de la première période, d’une durée d’au moins 90 jours (120 jours dans le cas de
la vérification des critères d’exemption de la filtration obligatoire de l’article 5 du
RQEP), permet d’amorcer la conception;
le suivi de la deuxième période, d’une durée d’au moins 90 jours, permet de compléter
les données de la première période et d’apporter des correctifs concernant la conception,
le cas échéant.
Les conditions les plus défavorables se présentent généralement à l’automne (septembre, octobre
et novembre) et au printemps (mars, avril et mai). Dans le cas des sources d’alimentation en eau
de surface avec traitement par filtration déjà en place, la caractérisation analytique complète
(tableaux 6-1 et 6-2) peut se limiter à une seule période d’au moins 90 jours.
Si la source d’alimentation n’est utilisée que de façon saisonnière (p. ex., centre de ski ou
camping), la caractérisation de l’eau brute est faite durant la période appropriée.
Soulignons que dans le cas des sources d’eau de surface existantes, le suivi mensuel ou
hebdomadaire obligatoire d’Escherichia coli requis à l’eau brute depuis mars 2013 pour les
systèmes de distribution alimentant plus de 1 000 personnes permettra de déterminer les objectifs
de traitement (voir le tableau 6-1 et la section 10.2.2). De plus, le suivi de la turbidité en continu
à l’eau brute 1 peut remplacer les analyses de turbidité demandées au tableau 6-1.
1
La mise en place d’un turbidimètre en continu à l’eau brute des installations municipales de traitement alimentées
par de l’eau de surface et desservant plus de 500 personnes et une résidence est obligatoire à partir de février 2015
(article 22.0.2 du RQEP).
Toutefois, dans le cas des sources d’eau brute souterraine étant, ou soupçonnées d’être, sous
influence directe de l’eau de surface (généralement appelées ESSIDES 2 ), la caractérisation
analytique est la même que celle des eaux de surface (voir la page précédente). Si l’influence de
l’eau de surface est soupçonnée, cette caractérisation peut se faire au moment où l’influence
directe de l’eau de surface est évaluée, selon le protocole présenté à la section 6.6.
La fréquence d’analyse des paramètres des tableaux 6-1 et 6-2 est différente en ce qui concerne
les eaux souterraines existantes classées vulnérables ou non vulnérables. La source d’eau
souterraine désignée comme non vulnérable (donc non visée par l’article 13 du RQEP) ou de
vulnérabilité faible (voir la section 6.6.2.5) nécessite un suivi moins rigoureux.
Les analyses minimales demandées aux tableaux 6-1 à 6-3 doivent être réalisées par un
laboratoire accrédité (sauf pour les paramètres à mesurer sur place, comme le pH et la
température), mais le responsable peut aussi réaliser des mesures in situ supplémentaires à une
fréquence différente.
Plusieurs paramètres mesurés dans la source d’eau brute peuvent être influencés au moment du
traitement ou être amplifiés dans l’installation de distribution. Pour déceler ce genre de
phénomène, une caractérisation complémentaire de l’eau potable de l’installation existante est
requise si la source existante fait partie des solutions envisagées. Elle doit être réalisée
simultanément à la caractérisation complète des sources d’eau brute et à une fréquence
permettant de bien suivre les paramètres visés (à convenir avec les représentants du MDDELCC
et du MAMOT le cas échéant). Les paramètres visés et l'emplacement du prélèvement
correspondant sont indiqués au tableau 6-3.
Les paramètres qui ne font pas l'objet de normes ou de recommandations canadiennes pour la
qualité de l’eau potable peuvent servir d’indicateurs du maintien ou de la dégradation de la
2
ESSIDES est l’acronyme pour « eau souterraine sous influence directe de l’eau de surface », ce qui est équivalent
à l’expression « eau souterraine dont la qualité microbiologique est susceptible d’être altérée par des eaux de
surface » utilisée à l’article 5 du RQEP.
Lorsqu’un paramètre mesuré dans l’eau brute est supérieur à la norme québécoise ou à la
concentration maximale acceptable recommandée par Santé Canada (2014), il devra faire partie
des paramètres de suivi de la qualité de l’eau distribuée et, au besoin, faire l’objet d’un suivi plus
particulier pour établir : 1) de quelle façon il peut être influencé lors du traitement; 2) son
devenir dans l’installation de distribution.
Il s’agit là des analyses minimales exigées. D’autres paramètres ou une fréquence d’analyse plus
importante pourraient être demandés dans le cas d’une problématique particulière.
Les sources d’information existantes sur le cours ou le plan d’eau sélectionné doivent être
consultées. Elles peuvent provenir du suivi de la qualité de l’eau brute effectué par les
responsables d’autres systèmes d’approvisionnement en eau (amont ou aval) ainsi que des
banques de données provinciale et fédérale mentionnées précédemment.
Dans le cas d’une eau souterraine, le système d’information hydrogéologique (SIH), mis sur pied
par le MDDELCC et accessible sur son site Internet, regroupe des informations sur plus de
125 000 puits et forages réalisés depuis 1967. On retrouve aussi dans le site Web du MDDELCC
les résumés des projets du Programme d’acquisition des connaissances sur les eaux souterraines
(PACES), les cartes issues de ce programme ainsi qu’un navigateur cartographique ministériel
qui fournissent une somme considérable de données facilement disponibles. Ces informations
sont disponibles à l’adresse suivante :
http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/souterraines/programmes/acquisition-connaissance.htm
Ces données, de même que celles obtenues à partir d’ouvrages existants (privés ou
communautaires) exploitant le même aquifère, permettent souvent de juger de l’intérêt de la
source envisagée.
Le point de prélèvement doit être représentatif par rapport à l'emplacement de la prise d'eau
(emplacement et profondeur). Il s'agit d'exigences minimales : des analyses supplémentaires
pourraient être exigées si elles étaient jugées nécessaires. Tous les échantillons prélevés doivent
En plus des deux périodes citées à la section 6.2.2.1, le suivi de la turbidité et des sous-produits
de la désinfection à l’eau distribuée devra s’effectuer après la mise en service de la source d’eau,
en fonction du suivi réglementaire prévu, afin de vérifier si les critères d’exemption sont toujours
respectés.
Une nouvelle source d'alimentation en eau souterraine sélectionnée doit être soumise à un
contrôle analytique complet. Les paramètres à suivre ainsi que la fréquence des analyses sont
indiqués aux tableaux 6-1 et 6-2. Lorsque le captage d’eau souterraine a fait l’objet d’une
désinfection, il est recommandé d’attendre une période suffisante après la fin de la désinfection
avant de procéder à l’échantillonnage de l’eau du puits. Cette période peut être de quelques
heures si l’eau est pompée de façon continue, voire de quelques jours si l’eau est pompée de
façon intermittente.
Afin d’éviter des erreurs d’interprétation dans les résultats obtenus à la suite de la caractérisation
de l’eau, le suivi du chlore résiduel libre et du chlore résiduel total est recommandé dans tous les
cas, même si aucune désinfection n’a été effectuée. C’est pour cette raison que ces deux
paramètres apparaissent au tableau 6-1.
Certains captages (voir la section 6.6.1) doivent être classés afin de déterminer s'ils sont sous
influence directe des eaux de surface (ESSIDES), que ces captages soient vulnérables ou non
selon l’article 13 du RQEP. Le classement de cette source d’eau se fera en fonction de la
caractérisation de l’eau brute qui aura été réalisée à partir du protocole présenté à la section 6.6.
Dans tous les cas, il s’agit d’exigences minimales : des analyses supplémentaires pourront être
exigées lorsqu'elles seront jugées nécessaires. Tous les échantillons prélevés doivent être
analysés par un laboratoire accrédité par le MDDELCC, sauf dans le cas des mesures qui doivent
être réalisées sur place, comme pour le pH et la température.
La caractérisation des puits multiples existants doit faire l’objet d’une attention particulière.
D’une part, il est important de connaître la qualité de l’eau captée par chacun des puits afin
d’assurer la sécurité de la population qui s’alimentera à partir de cette source. D’autre part, il
peut devenir très onéreux de réaliser la caractérisation proposée sur chacun des puits. C’est
pourquoi il faut considérer la caractérisation de puits multiples comme autant de cas particuliers.
Lorsqu’un puits alimente directement une partie de l’installation de distribution d’eau potable, il
devient essentiel de procéder à sa caractérisation complète. Par ailleurs, lorsque plusieurs puits
alimentent un réservoir commun avant le traitement et la distribution, il devient possible de ne
caractériser que l’eau mélangée au réservoir. Par contre, même dans ce dernier cas, il demeure
essentiel de caractériser chacun des puits en ce qui a trait aux paramètres microbiologiques pour
savoir s’ils sont influencés par les eaux de surface ou s’ils sont vulnérables, etc. Dans le cas des
paramètres problématiques révélés par l’analyse de l’eau mélangée, une caractérisation
complémentaire devra être faite à chacun des puits relativement aux paramètres problématiques
afin d’en déterminer le ou les puits responsables. Il est donc important de contacter le bureau
régional du MDDELCC, et le MAMOT le cas échéant, dès le début du projet afin de s’entendre
sur la caractérisation à réaliser dans les projets comportant des puits multiples.
Dans le cas des nouveaux puits, il faut effectuer la caractérisation complète de chacun des puits
d’un ensemble de puits multiples devant être utilisés pour la production d’eau potable, à moins
que ces puits ne soient dans le même aquifère et qu'ils présentent les mêmes caractéristiques
hydrogéologiques.
E) Résumé des paramètres qui doivent être mesurés ou filtrés sur place(14)
Paramètres Éléments à considérer
Chlore résiduel libre Mesure prise au même moment que le prélèvement pour l’analyse des
Chlore résiduel total paramètres microbiologiques
Couleur vraie (UCV) -
Effectuer une filtration immédiatement après l’échantillonnage sur un papier-
Fer dissous
filtre de 0,45 µm. Le filtrat sera envoyé au laboratoire pour l’analyse du fer et
du manganèse (partie dissoute) et l’échantillon non filtré constituera la
Manganèse dissous
concentration totale.
pH Mesure à prendre simultanément avec la température
Température Mesure à prendre simultanément avec le pH
(14) À défaut de réaliser ces manipulations sur place, les résultats pourraient être différents de la situation réelle et mener à des
erreurs d’interprétation et, ultimement, de conception.
Indéno(1,2,3-cd)pyrène –
Naphtalène –
Phénanthrène –
Pyrène –
BTEX
Benzène 0,5
(3)
Éthylbenzène
(3)
Toluène
(3)
Xylène (o, m, p)
(1) Fréquence recommandée, mais qui peut être augmentée si des sources de contamination par les hydrocarbures sont
identifiées dans l’aire de protection intermédiaire de la source d’eau telle que définie par le RPEP.
(2) Éviter les périodes où il y a un couvert de neige ou que le sol soit gelé.
(3) Ces paramètres font l’objet d’une recommandation de Santé Canada (2014), et sont présentés à la section 6.5.
Les connaissances étant en constante progression, il est important de connaître la manière dont
les normes vont potentiellement évoluer et de savoir quels sont les paramètres émergents qui
méritent d’être considérés. C’est pourquoi la présente section décrit les nouveaux paramètres qui
pourraient faire l’objet d’une norme. Les prochains paragraphes présentent ces différents
paramètres et le tableau 6-4 en donne un résumé.
6.5.2 N-nitrosodiméthylamine
6.5.3 Perchlorate
Le perchlorate est utilisé dans la fabrication d’explosifs, notamment la dynamite, les munitions
d’armes à feu et les feux d’artifice, comme propulseur solide de missiles et de roquettes. On
l’utilise aussi pour produire le gaz qui doit gonfler instantanément les sacs gonflables en cas
d’accident. Le perchlorate est très soluble et mobile dans l’eau en plus d’être persistant dans
6.5.4 Strontium
Le strontium est un élément présent dans la croûte terrestre au même titre que les autres métaux,
mais il est plus rare. Il est utilisé dans la fabrication de céramique, de verre, de feux d’artifice,
d’ampoules fluorescentes ainsi que comme pigment dans la peinture. Lorsqu’ingéré en grande
quantité, le strontium peut causer des anomalies dans le système osseux et le cartilage. Le
strontium peut notamment provoquer des troubles dans le développement osseux, communément
appelé le rachitisme. Les données de strontium issues des projets PACES semblent indiquer que
les concentrations mesurées sont plus importantes en Montérégie et dans l’Outaouais
comparativement aux autres régions du Québec. Ce paramètre a été ajouté au tableau 6-1 C à
titre de dépistage afin de vérifier s’il est présent dans la source d’eau à une concentration qui
pourrait être préoccupante. La valeur-guide à considérer est présentée au tableau 6-4.
Tableau 6-4 Paramètres à l’étude et paramètres faisant l’objet d’une norme en révision
Concentration maximale
acceptable (CMA) ou valeur-guide
Paramètre Norme actuelle au RQEP
recommandée par Santé Canada
ou une autre autorité compétente
Organique (µg/L)
Aucune CMA : 140 µg/L
Éthylbenzène (1)
(objectif esthétique de 2,4 µg/L) Objectif esthétique : 1,6 µg/L
Aucune CMA : 60 µg/L
Toluène (1)
(objectif esthétique de 24 µg/L) Objectif esthétique : 24 µg/L
Aucune CMA : 90 µg/L
Xylène (1)
(objectif esthétique de 300 µg/L) Objectif esthétique : 20 µg/L
N-nitrosodiméthylamine
Aucune CMA : 0,04 µg/L
(NDMA)
Inorganique (mg/L)
Perchlorate Aucune CMA : 0,006 mg/L
Strontium Aucune CMA : 4,0 mg/L
(1) La sensibilité à ces substances peut varier beaucoup d’une personne à l’autre. Pour cette raison, il est préférable de viser
l’objectif esthétique le plus contraignant pour éviter les plaintes de la part des consommateurs. Les concentrations maximales
acceptables qui sont indiquées dans le tableau proviennent du document de consultation de Santé Canada qui a été rendu
disponible au début de l’année 2014.
Dans l’évaluation de la qualité des eaux souterraines pouvant servir à l’alimentation en eau
potable, le concepteur doit statuer sur leur susceptibilité à la contamination microbiologique qui
pourrait venir des activités en surface. Il s’agit de mettre en perspective le lien rapide qui peut
exister entre l’eau souterraine à l’étude et l’eau en surface qui permet sa recharge et qui peut être
plus ou moins contaminée. Comme l’indique la figure 6-1, on admet généralement que les eaux
souterraines soient d’une meilleure qualité, d’un point de vue microbiologique, que les eaux de
surface.
Eaux souterraines Eaux souterraines Eaux souterraines Eaux de surface Eaux de surface
bien protégées vulnérables sous influence directe de bonne qualité fortement
de la contamination contaminées
de la surface
Certaines installations peuvent être plus faciles à classer, d’un côté comme de l’autre. Un puits
tubulaire dans un banc de sable, clôturé sur un rayon de 30 mètres et n’ayant aucune source de
contamination fécale à moins de 500 mètres peut être facilement classé eau souterraine. À
l’opposé, une source captée à faible profondeur dans le sol, libre d’accès et sensible au moindre
petit orage sera facilement classée ESSIDES. Il arrive cependant un moment où la distinction
entre les deux sera beaucoup plus difficile à faire. La protection offerte par le sol comme élément
filtrant pourra être moins efficace, de sorte que certains organismes comme les virus, les
bactéries et parfois même les protozoaires peuvent migrer avec l’eau et se rendre au captage.
Cette situation est d’autant plus probable lorsque certaines conditions sont présentes :
Malgré ces conditions, qui peuvent favoriser la contamination microbiologique des eaux
souterraines, il ne semble pas y avoir de facteurs systématiques qui puissent permettre de classer
hors de tout doute les captages bien protégés de ceux qui ne le sont pas. Ce classement devient
important du fait que le traitement exigé concernant une eau souterraine est beaucoup moins
contraignant que celui qui sera exigé si cette eau souterraine est sous l’influence directe de l’eau
de surface, puisque cette dernière sera considérée comme de l’eau de surface. C’est pourquoi le
présent protocole est établi afin de permettre de statuer sur les risques de contamination d’une
eau souterraine lorsqu’on fait face à une situation où le classement de cette eau n’est pas évident.
Dans une situation incertaine pour la classification des puits, il convient de déterminer la
pertinence de la mise en place de ce protocole, puisqu’il aura un impact direct sur le type de
traitement à mettre en place en fonction des obligations du RQEP (articles 5, 6 ou 13). C’est
pourquoi le jugement des professionnels qui seront impliqués dans cette démarche sera mis à
contribution afin de déterminer s’il est pertinent de procéder à la mise en place de ce protocole
ou non. En cas de doute, il peut arriver aussi que l’analyste du bureau régional du MDDELCC
demande que le protocole soit mis en place. Il est tout de même possible de dégager deux
situations :
Le protocole sera appliqué de façon plus systématique dans les cas où le captage de l’eau est
effectué dans le roc, et ce, peu importe le type de captage utilisé ou la quantité d’eau puisée.
Le protocole sera appliqué de façon moins systématique dans le cas où le captage de l’eau est
effectué dans un milieu granulaire offrant un bon potentiel de filtration naturelle.
Une autre problématique particulière touchant l’application de ce protocole porte sur la durée de
la période d’échantillonnage retenue, soit 26 semaines (6 mois). Dans le cas des puits existants,
la mise en place du protocole est plus aisée, puisque les équipements sont déjà en place et que le
classement de l’eau souterraine peut se faire à n’importe quel moment. Dans le cas des nouveaux
captages, la situation est bien différente, puisque le captage devra être en activité pendant au
moins 26 semaines avant qu’une autorisation du MDDELCC ne soit donnée pour son
exploitation en eau potable. Pour pallier cette problématique d’application du protocole
concernant les nouveaux captages, on distingue deux situations :
Dans le premier cas, l’essai de pompage et l’étude hydrogéologique permettent de statuer que les
sources de contamination sont absentes ou relativement éloignées du captage, qu’il y a donc très
peu de risques que l’eau souterraine soit touchée, ou même que les analyses de la qualité de l’eau
ne révèlent aucune contamination et que le sol offre une bonne protection. Dans ce cas,
l’autorisation d’exploitation de la nappe ainsi que de la distribution d’eau potable pourra être
donnée à la suite de l’essai de pompage. Si les professionnels affectés au dossier le jugent
pertinent, parce qu’un doute subsiste, la mise en place du protocole permettra de valider ce
classement en continuant la caractérisation de l’eau pendant les premiers mois d’exploitation.
Advenant une dégradation de la qualité de l’eau ou l’apparition d’une contamination persistante,
des correctifs pourront être apportés. Ces correctifs peuvent consister en une intervention visant à
éliminer la source de contamination ou en l’ajout des équipements de traitement nécessaires, ce
qui implique d’obtenir une nouvelle autorisation.
Dans le deuxième cas, l’essai de pompage et l’étude hydrogéologique mettent en relief une
situation qui pourrait être problématique, soit par la proximité d’une source de contamination,
soit par une nature de sol qui n’offre pas un bon potentiel de filtration, soit par la présence d’un
seul résultat positif de contamination microbiologique de l’eau souterraine pendant l’essai de
pompage. Il est alors justifié de mettre en place ce protocole avant que le MDDELCC émette une
autorisation afin d’évaluer l’ampleur de la susceptibilité du captage à la contamination
microbiologique. Selon le cas, le traitement nécessaire se limiterait à une simple désinfection
(eau classée souterraine mais contaminée) ou à un traitement équivalent à celui des eaux de
surface (eau souterraine classée ESSIDES). Le temps imparti à la réalisation de ce protocole et
les faibles coûts qui y sont associés sont largement compensés par la possibilité de réduire le
nombre d’étapes de traitement et la complexité du suivi qui en découlerait. Le consultant devra
convenir avec le MDDELCC de la manière dont se fera la gestion de l’eau pompée avant
d’entreprendre ce suivi de 26 semaines.
Qu’il soit ou non décidé de mettre en place le protocole d’évaluation d’une eau souterraine sous
l’influence directe de l’eau de surface, il peut être important pour le responsable d’évaluer les
facteurs qui contribuent à augmenter le risque de contamination microbiologique (voir la
section 6.6.2.5) et les interventions possibles qui permettront de lui éviter l’augmentation du
niveau de traitement (voir la section 6.6.2.7).
6.6.2 Protocole d’évaluation d’une eau souterraine sous l’influence directe de l’eau
de surface
Une fois établie la nécessité d’une caractérisation de l’eau souterraine aux fins de classement et
de détermination du niveau de traitement, le protocole d’évaluation est mis en place. La
Figure 6-2 Protocole d’évaluation d’une eau souterraine sous l’influence directe de l’eau
de surface
Étape 1 : Vérification de la construction du puits
Étape 3 : Interprétation
Au moins 1 échantillon
Vulnérable selon Au moins 2 échantillons
avec coliformes totaux
l’article 13 du RQEP? Non Non avec pollution fécale?
> 10 UFC / 100 ml?
Non Oui Oui
Oui
Étape 4 : Classement
L’étape 1 du protocole consiste à vérifier la présence de vices évidents relatifs au captage, autant
sur le plan de la construction que de la conception. Cette étape est surtout requise dans le cas des
puits existants, puisque la mise en place d’un nouveau captage, ou l’augmentation d’un
prélèvement pour un captage existant, est encadrée par le Règlement sur le prélèvement des eaux
et leur protection (RPEP). On entend par vice évident, un défaut qui peut être détecté sans
enquête approfondie. Typiquement, ce type de défaut est observé lors d’une inspection du
captage par un professionnel. Minimalement, les éléments à vérifier sont :
Cette liste ne se veut pas exhaustive. Le professionnel doit également exercer son jugement et
détecter tout autre vice évident du captage. Un document de l’agence américaine de la protection
de l’environnement (USEPA, 1999) décrit une procédure générale de réalisation d’une enquête
sanitaire qui touche non seulement le captage, mais aussi l’ensemble de l’alimentation en eau
potable. Bien que cette procédure soit propre à la réglementation américaine, elle présente des
éléments d’information pertinents qui sont indépendants de la réglementation. On y trouve entre
autres la récupération des documents existants (plan d’aménagement, plan des installations
existantes, caractérisations précédentes, etc.), la réalisation de l’enquête (état de la source d’eau,
du traitement, des réservoirs, du système de distribution, des installations de pompage, du
programme d’échantillonnage, d’entretien, d’opération, de formation des opérateurs) et la
rédaction du rapport afin de déterminer les points faibles et de planifier les actions à entreprendre
afin de les améliorer.
De manière à pouvoir classer une installation de captage d’eau souterraine avec un niveau de
confiance acceptable, un historique de la qualité microbiologique de l’eau brute est
indispensable. Parmi les paramètres microbiologiques présentés au tableau 6-1, les suivants ont
été retenus :
Escherichia coli;
bactéries entérocoques;
coliformes totaux;
virus coliphages F-spécifiques.
De plus, pour aider le concepteur à évaluer les facteurs de risque pouvant influencer le captage à
l’étude (étape 5, section 6.6.2.5), il est recommandé de suivre quotidiennement sur place les
paramètres suivants pendant la campagne de caractérisation de 26 semaines :
turbidité;
température de l’eau 4 ;
conditions météorologiques.
En somme, pour obtenir une caractérisation qui couvre à la fois le protocole ESSIDES, la
détermination des critères d’exemption de la filtration advenant un classement ESSIDES et les
éléments nécessaires à la mise en place des UV s’il y a exemption de la filtration, le tableau 6-5
présente les paramètres à suivre, la fréquence d’échantillonnage et la durée du suivi.
3
Les résultats de coliformes fécaux existants peuvent être utilisés en remplacement du suivi prévu.
4
La façon la plus pratique de mesurer quotidiennement la température de l’eau consiste à utiliser une sonde jumelée
à un registre électronique (datalogger).
À cette caractérisation, on doit ajouter les paramètres des tableaux 6-1 et 6-2 qui ne sont pas
couverts par les paramètres présentés ci-dessus.
Finalement, il est important de réaliser le protocole ESSIDES avec un débit de pompage qui sera
représentatif de l’utilisation de l’eau. Lorsque le protocole est réalisé sur un captage utilisé pour
la distribution de l’eau potable, le débit à considérer est le débit réel d’exploitation de l’ouvrage
de captage. Dans le cas d’un nouveau captage, le protocole ESSIDES devrait être mis en place
alors que le débit de pompage correspond au débit de conception de l’installation de traitement.
Une fois la campagne de caractérisation complétée et les résultats connus, il est possible
d’analyser ceux-ci afin de porter un jugement sur le captage étudié.
(i) plus de 25 % des échantillonnages 5 qui sont positifs en pollution fécale (entérocoques,
Escherichia coli ou virus coliphages F-spécifiques) 6 et
(ii) plus de 50 % des échantillonnages qui sont positifs en coliformes totaux
sont automatiquement classés ESSIDES. Le MDDELCC juge que le lien qui existe entre les
sources de pollution fécale issue des activités en surface et l’eau souterraine à l’étude constitue
un risque de contamination par les protozoaires trop élevé et considère cette eau comme une eau
de surface.
5
Un échantillonnage correspond à une journée de prélèvement, voir section 6.6.2.2.
6
La même conclusion s’applique aux résultats de coliformes fécaux existants utilisés en remplacement du suivi
prévu.
À la suite de l’interprétation des résultats réalisée à l’étape précédente, l’eau souterraine à l’étude
est classée en fonction des objectifs de traitement à atteindre et du suivi ou du traitement à mettre
en place. Lorsque des traitements sont requis, le MDDELCC doit autoriser les plans et devis
avant la réalisation des travaux lorsque le système de distribution alimente plus de 20 personnes.
Cette autorisation sera basée sur le classement obtenu.
Eau souterraine
Les responsables de captages considérés en eau souterraine n’ont aucun suivi ni traitement
obligatoire à mettre en place. La protection assurée par le sol en place est suffisante pour
procurer une eau de qualité microbiologique sûre. Le suivi de la qualité de l’eau potable dans
l’installation de distribution permettra d’intervenir si la qualité de l’eau captée varie dans le
temps. Toutefois, si des équipements de traitement sont installés malgré tout, les plans et devis
doivent d’abord être autorisés par le MDDELCC (voir le paragraphe suivant sur l’eau souterraine
vulnérable concernant les options possibles).
Si aucun traitement de désinfection n’est installé, le responsable doit assurer le suivi de son
eau brute selon les modalités prévues à l’article 13 du RQEP s’il y a présence d’activités
décrites dans cet article.
Si un traitement de désinfection en continu est installé, il doit assurer une performance de
traitement correspondant à l’élimination d’au moins 4 log de virus, tel que le prévoit
l’article 6 du RQEP.
Si un traitement de désinfection est installé sans avoir l’objectif d’atteindre l’élimination d’au
moins 4 log de virus, un suivi de la qualité de l’eau brute est exigé, tel que le prévoit
l’article 21.1 du RQEP.
Bien que le suivi microbiologique ait permis de classer une eau souterraine par rapport à
l’influence directe ou non de l’eau de surface, il peut arriver que les conditions de captage
fassent en sorte que cette eau présente davantage de facteurs de risque qu’une autre eau de même
qualité. Ces éléments de risque, ainsi que les modifications possibles des usages du sol dans le
temps, peuvent faire en sorte qu’une contamination apparaisse après quelques années
d’exploitation, de sorte que les équipements de traitement devront être revus et
vraisemblablement mis aux normes. C’est pourquoi le MDDELCC suggère qu’une évaluation
des facteurs de risque soit réalisée. Cette évaluation permettra au responsable de connaître les
points faibles de son captage et pourra guider ses interventions pour mieux protéger sa source
d’eau potable. Par contre, cette évaluation des facteurs de risque n’est pas obligatoire et le
MDDELCC pourra se baser uniquement sur l’interprétation des résultats de l’échantillonnage et
le classement prévu au présent protocole pour émettre son autorisation sur les équipements de
traitement à mettre en place.
Le concepteur devra donc consulter le RPEP lorsqu’il réalisera l’inventaire des activités et des
ouvrages présents dans les aires de protection du captage d’eau souterraine qui pourraient
modifier la qualité microbiologique des eaux souterraines.
Par ailleurs, il est recommandé de considérer aussi la présence d’une eau de surface dans l’aire
de protection intermédiaire bactériologique comme un risque de contamination, à moins qu’une
étude hydrogéologique indique qu’il n’y a pas de relation directe avec l’eau souterraine. Il est
important que le concepteur considère également la qualité microbiologique de ces eaux de
surface. Une eau de surface fortement contaminée du point de vue microbiologique présente un
plus grand risque qu’une eau de lac de très bonne qualité, par exemple. Finalement, on peut aussi
trouver d’autres activités à risques dans les aires de protection des captages, comme des lieux
d’enfouissement sanitaire (en activité ou abandonnés), des fosses septiques, des champs
d’épuration, un réseau d’égout ou des étangs aérés pour le traitement des eaux usées.
7
Ce guide devrait être disponible dans le site Web du MDDELCC au moment de l’entrée en vigueur des articles 68
et 75 du RPEP (printemps 2015).
Captages dans le roc fracturé ou dans un milieu karstique : ces captages peuvent
présenter un risque accru en raison des réseaux de fractures qui peuvent parfois intercepter
des eaux de surface.
Recharge artificielle : la recharge artificielle augmente les vitesses d’infiltration, ce qui peut
diminuer la capacité épuratoire du sol, compte-tenu de ses caractéristiques et des conditions
d’infiltration.
Captages de faible profondeur (< 5 m), tels que certains captages à drains horizontaux ou
des captages par pointes filtrantes : ce type d’ouvrage offre une plus grande susceptibilité à la
contamination microbiologique en raison de la faible profondeur d’infiltration.
En ce qui a trait aux outils permettant de compléter l’évaluation de l’influence directe ou non des
eaux de surface, plusieurs approches sont possibles :
En résumé, l’étape 5 d’évaluation des facteurs de risque consiste à porter un jugement sur le
caractère ESSIDES d’un captage en considérant les sources de contamination dans les aires de
protection et la susceptibilité hydrogéologique de l’aquifère à la contamination microbiologique.
La réévaluation des données microbiologiques permet à un professionnel de recommander un
traitement s’il juge que ces résultats présentent un risque important. Ainsi, connaissant les
facteurs qui contribuent à augmenter le risque de contamination microbiologique de l’eau
souterraine, le responsable aura le choix d’augmenter le niveau de traitement ou d’intervenir sur
Bien qu’il soit toujours difficile d’évaluer les coûts reliés à différentes options, une évaluation a
été réalisée et permet surtout de comparer le coût de mettre en place le protocole d’évaluation
d’une ESSIDES relativement à l’option d’installer des réacteurs UV. Cette évaluation est
présentée à la section 6.6 du volume 2 du Guide de conception. On constate que les coûts de
mise en œuvre du protocole de caractérisation suggéré dans cette section sont de loin inférieurs
aux coûts de mise en œuvre d’un traitement de désinfection UV.
Le MDDELCC poursuit des objectifs spécifiques avec la mise en œuvre de la Politique de l’eau
et, plus récemment, sur le développement durable. Ces objectifs se traduisent dans la mission du
MDDELCC :
La protection de la source d’alimentation relative à l’eau potable s’inscrit directement dans cette
mission, car en plus d’assurer la protection de l’environnement et de la faune, elle favorise la
protection de la santé des citoyens et prévient l’augmentation des coûts de traitement reliés à la
dégradation de la source d’eau. C’est pour cette raison que le MDDELCC travaille à mettre en
œuvre une approche de protection de l’ensemble des sources d’eau potable, qu’elles soient
souterraines ou de surface. C’est ce qui a d’ailleurs mené à l’adoption du RPEP ainsi qu’à la
rédaction du guide d’analyse de la vulnérabilité des sources d’eau potable.
Le classement obtenu concernant l’eau souterraine à l’étude oblige un certain niveau de suivi ou
de traitement, ce qui représente des coûts et une responsabilité à maintenir dans le temps. De
plus, cette évaluation est réalisée à un moment donné et le contexte environnemental et
réglementaire va évoluer dans le temps, de sorte que la situation risque de changer. Qui plus est,
les activités en surface peuvent déjà représenter un risque de contamination et exiger dans le
temps une augmentation du niveau de traitement afin de répondre à une contamination
croissante. C’est pour toutes ces raisons, et sûrement pour plusieurs autres, que le travail sur la
protection de la source peut devenir important et plus intéressant à long terme que d’augmenter
le niveau de traitement.
Diminution des contraintes sur le traitement : en maintenant une qualité d’eau brute
constante, l’opération des équipements de traitement est simplifiée et le risque d’erreur est
diminué.
Diminution des risques lors d’une défaillance : une eau brute moins contaminée diminue le
risque sanitaire lors d’une défaillance toujours possible des unités de traitement.
Prévention des risques de contamination : bien que le traitement soit conçu pour améliorer
la qualité de l’eau, les résultats d’analyse sur les paramètres microbiologiques ne sont
souvent disponibles que 24 heures après leur prélèvement. Le fait qu’il ne soit pas possible
d'obtenir des résultats plus rapidement rend le travail de prévention d’autant plus important.
Interventions ponctuelles : contrairement à l’opération d’équipements de traitement qui
demande un suivi quotidien et des interventions fréquentes, la protection de la source
demande généralement des interventions ponctuelles, soit pour déplacer une source de
contamination potentielle, pour prévenir la mise en place d’activités à risque ou pour
intervenir lors d’un déversement accidentel.
Amélioration possible de la qualité de l’eau brute : en réalisant l’inventaire des activités
qui présentent un risque de contamination microbiologique, il est possible d’intervenir sur
ces activités afin de modifier certaines pratiques ou certains équipements en vue de diminuer
la présence de sources de contamination.
Sensibilisation de la population : en déterminant l’aire d’alimentation (y compris les aires
de protection microbiologique) du captage qui sert de source pour l’eau potable et en avisant
la population qui l’utilise, cette dernière sera plus en mesure d’apprécier les efforts mis de
l’avant pour assurer une bonne qualité d’eau et d’appuyer les démarches visant à la protéger.
CHAPITRE 7
Le poste de pompage d’eau brute pourra être localisé près de la source d’eau de
surface ou du réservoir d’emmagasinement ou encore à même l’installation de
traitement. Les informations concernant la prise d’eau ainsi que la conduite
d’adduction reliant le plan d’eau au puits de pompage d’eau brute se trouvent à la
section 9.3.
Le poste de pompage d’eau brute doit être conçu suivant les critères généraux de
conception s’appliquant aux stations de pompage et de surpression tels que définis
dans la Directive 001 du ministère de l’Environnement (MENV).
Les éléments suivants doivent être considérés lors des étapes de conception du
poste de pompage :
Cette section vise les conduites d’eau brute de grande longueur reliant la source
d’eau de surface à l’installation de traitement.
Deux types de conduites sont abordés dans cette section : 1) les conduites coulant
en charge par gravité entre une source d’eau de surface et une installation de
traitement; 2) les conduites de refoulement entre un poste de pompage d’eau brute et
une installation de traitement.
Les éléments suivants doivent être pris en considération lors des étapes de
conception des deux types de conduites mentionnés :
· La vitesse dans la conduite ne doit pas dépasser 1,5 m/s, bien qu’il soit préférable
qu’elle soit comprise entre 0,7 et 1,2 m/s;
· Pour les conduites coulant en charge par gravité, une attention particulière doit
être apportée au profil de la conduite de manière à ce que la ligne piézométrique
le long de la conduite soit sous toutes conditions de débit prévues plus élevée
que le profil de la conduite, ceci de manière à prévenir la formation de pressions
négatives dans la conduite;
· Des chambres de nettoyage doivent être prévues à chaque point bas de la
conduite. Les drains des chambres ne seront pas drainés à une canalisation
d’égouts;
· Des purgeurs d’air à opération automatique, installés dans des chambres, doivent
être prévus à chaque point haut. Les drains des chambres ne seront pas drainés
vers une canalisation d’égouts;
· Pour des conduites d’un diamètre important, des regards d’inspection doivent être
installés tous les 300 mètres afin de permettre une inspection visuelle et le
nettoyage de la conduite si nécessaire;
· Si la prise d’eau est sujette à l’accumulation de sédiments et de boues et/ou à la
formation de frasil, un système de nettoyage par purge ou autre doit être prévu à
partir de la conduite gravitaire;
· Prévoir un moyen d’introduire du chlore dans la conduite pour fins d’entretien;
· Prévoir des points de contact permettant l’écoute des fuites le long de la conduite;
· Le tracé de la conduite doit être proprement signalé;
· Dans le cas des longues conduites de refoulement, une attention particulière doit
être portée aux transitoires hydrauliques pouvant être générés le long de la
conduite lors des situations d’arrêt et de départ des pompes d’eau brute et de
panne d’électricité. Dans le cas des conduites coulant en charge par gravité, les
transitoires à surveiller proviennent de l’ouverture et de la fermeture de la vanne
de contrôle de débit à l’installation de traitement.
VOLUME 1
CHAPITRE 8
vol1-chap8.doc 8-1
8.6.2 Par échange d’ions ...........................................................................................
8.6.3 Par membrane...................................................................................................
8.7 Enlèvement des nitrates ..............................................................................................
8.7.1 Par échange d’ions ...........................................................................................
8.7.2 Par membranes .................................................................................................
8.7.3 Par procédés biologiques..................................................................................
8.8 Enlèvement des sulfures..............................................................................................
8.8.1 Par aération ......................................................................................................
8.8.2 Par précipitation...............................................................................................
8.8.3 Par adsorption sur charbon actif catalytique ...................................................
8.8.4 Par filtres à sable vert ou à média spécifique...................................................
8.8.5 Par oxydation et filtration.................................................................................
8.9 Enlèvement de l’arsenic ..............................................................................................
8.9.1 Par oxydation et filtration.................................................................................
8.9.2 Par coagulation, floculation et filtration ..........................................................
8.9.3 Par adoucissement à la chaux ou à la magnésie ..............................................
8.9.4 Par adsorption sur alumine activée ..................................................................
8.9.5 Par échange d’ions ...........................................................................................
8.10 Enlèvement du fluorure.............................................................................................
8.10.1 Par adsorption sur alumine activée ................................................................
8.10.2 Par adsorption sur phosphate tricalcique ......................................................
8.10.3 Par précipitation à la chaux ...........................................................................
8.11 Enlèvement des chlorures (dessalement).................................................................
vol1-chap8.doc 8-2
8. APPROVISIONNEMENT EN EAUX SOUTERRAINES ET TRAITEMENT
8.1 Contexte
Pour chacun des paramètres à contrôler (fer, manganèse, etc.), plusieurs procédés ont été retenus
afin d’offrir un choix au concepteur. Certains procédés sont présentés dans le Guide même s’ils
n’ont pas encore d’application connue au Québec ni de technologie associée. Ils ont été retenus
parce qu’ils possèdent un potentiel d’application au Québec et qu’ils ont obtenu des résultats
intéressants pour des applications à l’extérieur du Québec. Le Comité sur les technologies de
traitement en eau potable est mandaté pour procéder à la reconnaissance et à la détermination
des critères de conception de ces technologies. Il est donc recommandé de consulter
régulièrement le site Internet du MENV où l’on retrouve les fiches techniques des technologies
évaluées. (www.menv.gouv.qc.ca/eau/index.htm).
Des essais de traitabilité pour les projets de production d’eau potable provenant d’une source
souterraine peuvent être requis à différents stades de leur conception et ce, même pour une filière
de traitement déjà éprouvée. Ces essais visent à :
En matière d’essais de traitabilité, le concepteur doit décider s’il réalise ou non de tels essais et,
dans l’affirmative, il doit définir l’échéancier, les modalités, le protocole de ces essais ainsi que
leur suivi. Le MAMM et le MENV peuvent être consultés et le seront nécessairement dans les
cas où les essais influencent de façon importante le cheminement de conception. En général,
pour le traitement d’une eau souterraine sous influence directe d’une eau de surface, les essais
devront durer de une semaine à trois mois et couvrir la période la plus défavorable de l’année
pour ce qui est de la qualité de l’eau brute. Pour les autres types d’eau souterraine, la durée des
essais dépendra du type de contaminants à traiter et du type de traitement retenu.
Les eaux souterraines sont généralement de meilleure qualité bactériologique que les eaux de
surface et, de ce fait, devraient être privilégiées comme source d’alimentation.
Avant de débuter les travaux d’exploration en eau, il faut délimiter une zone de recherche
économiquement viable par rapport à des solutions plus radicales, mais définitives (p. ex.,
construction d’une installation de traitement pour des puits existants ou pour une eau de surface
disponible à proximité du réseau). En établissant la limite de la zone de recherche, il faudra
également considérer la possibilité que l’eau souterraine nécessite un traitement. Il arrive parfois
que la qualité de l’eau soutirée d’un puits (en ce qui a trait à sa dureté, sa teneur en manganèse,
fer, etc.) se détériore après quelques mois ou quelques années d’exploitation et qu’une
installation de traitement doive être construite.
Phase II : Phase exploratoire. Cette deuxième phase, réalisée sur le terrain, consiste à identifier
les sites présentant le meilleur potentiel aquifère parmi ceux retenus à la phase I. Elle débute
habituellement par des travaux d’exploration réalisés à l’aide de méthodes géophysiques
(méthode gravimétrique, méthode électrique (la plus populaire), méthode sismique) et se termine
par un forage exploratoire de faible diamètre (qui permet le prélèvement de matériaux pour la
calibration des méthodes géophysiques et le prélèvement d’eau souterraine pour une
caractérisation préliminaire).
Phase III : Essais de pompage. Cette dernière phase consiste à construire un puits d’essai
temporaire à l’endroit du forage exploratoire présentant le meilleur potentiel aquifère. Le puits
temporaire est construit de façon à obtenir les informations permettant le calcul de la capacité du
puits et le prélèvement d’une eau de qualité représentative de celle de l’aquifère. C’est à cette
étape que les essais de pompage, d’une durée minimale de 72 heures, sont réalisés et que des
échantillons d’eau sont prélevés aux 24 heures pour une caractérisation (voir section 6.3). D’un
point de vue quantitatif, il est préférable d’effectuer les essais durant une période d’étiage (fin
hiver et/ou fin été) afin d’obtenir la capacité d’extraction minimale.
Lorsque le débit d’eau potentiel est insuffisant, sur une base continue, pour subvenir au besoin en
eau établi (voir chapitres 5), il est alors possible qu’une recharge artificielle de la nappe à partir
d’une eau de surface permette de combler la différence (voir section 8.4).
D’une part, le premier objectif qui vise la détermination des propriétés physiques de l’aquifère
(transmissivité, conductivité hydraulique, etc.) permet de prévoir le comportement de la nappe
d’eau et ainsi de déterminer s’il y a risque de conflits d’usage avec les autres utilisateurs ou
d’atteinte à la pérennité de la ressource. L’atteinte de ce premier objectif nécessite, dans la
plupart des cas, la réalisation d’un essai de pompage selon les « Règles de l’art » définies dans le
Guide des essais de pompage et leurs interprétations (Chapuis, 1999).
Finalement, le troisième objectif vise la vérification de la qualité de l’eau captée après 24, 48 et
72 heures de pompage continu. Tous les projets de captage d’eau souterraine destinée à
alimenter plus de vingt personnes nécessitent une telle vérification.
Par conséquent, les exigences de l’essai de pompage doivent être modulées en fonction du type
de projets de captage et des caractéristiques des conditions environnantes. Dans tous les cas, les
projets de captage d’eau souterraine destinée à alimenter plus de 20 personnes doivent faire
l’objet d’un pompage d’une durée minimale de 72 heures afin de vérifier la qualité de l’eau après
Les travaux d’aménagement ou de modification d’un ouvrage de captage doivent être réalisés de
manière à empêcher toute contamination de l’eau souterraine. En effet, un ouvrage de captage
bien conçu diminue les risques de contamination provenant des sources localisées à proximité du
point de captage (p. ex., infiltration le long du tubage). Cependant, il n’élimine pas les risques de
contamination provenant de sources plus éloignées pouvant atteindre le point de captage par les
mécanismes d’écoulement et de transport au sein des formations géologiques.
Les critères de conception pour les nouveaux ouvrages de captage, présentés dans cette section,
proviennent, pour la plupart, du Règlement sur le captage des eaux souterraines. Ils visent non
seulement la protection de l’eau souterraine à l’intérieur de l’ouvrage de captage, mais également
la protection de l’aquifère sollicité. Les critères applicables aux puits rayonnants et aux drains
horizontaux ne sont pas définis dans le Règlement sur le captage des eaux souterraines; ils
devront néanmoins faire l’objet, auprès du MENV, d’une demande d’autorisation visant tous les
ouvrages de captage d’eau souterraine destinés à alimenter plus de 20 personnes. Les critères de
conception décrits dans les sections 8.3.2.1 à 8.3.2.9 représentent les exigences minimales pour
les ouvrages de captage desservant une collectivité car, ces ouvrages étant assujettis à une
demande d’autorisation du ministre, ce dernier peut assortir l’autorisation émise de toute
condition qu’il juge nécessaire afin de tenir compte des particularités de chaque projet.
Un puits de surface est un ouvrage de captage peu profond et de large diamètre généralement
creusé à l’aide d’une rétrocaveuse (voir figure 8-2 du volume 2). Les critères de conception
suivants sont applicables à tout nouveau puits de surface :
Une pointe filtrante est un ouvrage de captage, généralement peu profond et de faible diamètre,
consistant en un tube perforé à bout pointu, enfoncé jusqu'à la nappe phréatique, dans un sol
meuble ou de dureté moyenne (voir figure 8-3 du volume 2). À l’instar des puits de surface, une
épaisseur de 1m de dépôts meubles non saturés est souhaitable afin de minimiser les risques de
contamination provenant de la surface. Les critères de conception suivants sont applicables à
toute nouvelle pointe filtrante :
• Le tubage d’une pointe filtrante doit être neuf et avoir un diamètre intérieur d’au plus 8 cm;
• Le tubage d’une pointe filtrante doit excéder d’au moins 30 cm la surface du sol et porter
l’une des marques de conformité suivantes : ASTM A53/A 53M-99b (acier), ASTM A
409/A409M-95a (acier inoxydable) ou ASTM F 480-00 (plastique);
• Dans certains cas, l’ajout d’une lanterne de gravier peut être nécessaire afin d’éviter le
colmatage de la zone crépinée.
• L’aménagement de base d’un captage d’eau de source est constitué d’un drain horizontal de
captage, de matériaux d’enrobage, d’un réservoir étanche muni d’un trop-plein, d’un
couvercle étanche, d’un drain de nettoyage et d’une ligne de distribution;
• Le tuyau de trop-plein est muni d’un grillage afin d’y empêcher l’entrée des insectes et de la
vermine ainsi que pour le protéger des actes de vandalisme;
Un puits rayonnant est un caisson central et vertical à partir duquel rayonnent des drains
horizontaux, pouvant atteindre une longueur de 20 m, enfoncés dans la formation aquifère. Ils
sont aussi communément appelés « puits caisson » et sont utilisés lorsque les débits requis sont
très élevés (plusieurs dizaines de milliers de litres à la minute). À l’instar des ouvrages de
captage de source, leur usage est peu courant et le Règlement sur le captage des eaux
souterraines ne prescrit aucun critère de conception pour ce type d’ouvrage de captage. Il existe
des règles de l’art pour la construction de tels ouvrages dont les principales sont les suivantes :
• L’eau captée par les drains collecteurs est dirigée dans une fosse dont le niveau inférieur se
trouve en-dessous des drains; elle est ensuite acheminée à la surface par gravité ou par un
système de pompage;
• Les drains horizontaux sont enrobés d’un matériau filtrant granulaire dont la conductivité
hydraulique est supérieure à celle des matériaux sous-jacents;
• Les ouvertures des drains crépinés doivent être suffisamment petites pour empêcher l’entrée
du matériau filtrant granulaire;
• La vitesse d’entrée de l’eau dans les drains doit être inférieure à 0,03 m/s.
Avant de procéder aux travaux, des précautions minimales doivent être prises concernant la
localisation d’un ouvrage de captage. Le Règlement sur le captage des eaux souterraines
introduit des normes de distance par rapport aux systèmes de traitement d’eaux usées. Les
exigences diffèrent selon que l’ouvrage de captage dessert une ou plusieurs résidences. Ainsi, il
est interdit d’aménager à moins de 30 m d’un système de traitement d’eaux usées un ouvrage de
captage d’eau souterraine desservant plus d’une résidence. Par ailleurs, il est interdit d’aménager
tout ouvrage de captage individuel à moins de 15 m d’un système étanche de traitement d’eaux
usées et à moins de 30 m de tout système non étanche de traitement d’eaux usées. Lorsque cette
distance ne peut être respectée, il est permis de la réduire à 15 m si l’ouvrage de captage
individuel consiste en un puits tubulaire dont l’espace annulaire est scellé à l’aide d’un mélange
ciment-bentonite sur au moins 5 m de profondeur.
Par ailleurs, en plus des exigences réglementaires, les ouvrages de captage d’eau destinée à la
consommation humaine devraient être situés dans la partie haute du terrain. Une distance
minimale de 10 m doit séparer l’ouvrage de captage d’un cours d’eau.
Enfin, il existe des restrictions relativement à la localisation d’un ouvrage de captage par rapport
à une zone inondable. En effet, il est interdit d’aménager un nouvel ouvrage de captage dans une
zone à récurrence 0-20 ans, à moins que ce soit dans le but de remplacer un ouvrage existant.
Dans un tel cas, il est permis d’aménager un puits tubulaire dont l’espace annulaire est scellé
conformément aux prescriptions décrites à la section 8.3.2.2. Par ailleurs, dans les zones de
récurrence 20-100 ans, il n’est permis d’aménager un ouvrage de captage que s’il s’agit d’un
puits tubulaire dont l’espace annulaire est scellé conformément aux prescriptions de la section
8.3.2.2. Dans les deux cas, le tubage doit excéder la surface du sol d’une hauteur suffisante pour
éviter une éventuelle immersion, soit au-dessus de la cote vicennale.
Il n’est pas facile de vérifier l’étanchéité des ouvrages de captage existants puisque les détails de
conception de ceux-ci ne sont pas souvent disponibles. Cependant, une vérification visuelle des
conditions de surface à proximité de l’ouvrage permet, au besoin, d’apporter des améliorations
(couvert adéquat, finition du sol autour de l’ouvrage de captage, clôture, etc.) qui assurent la
protection et l’étanchéité. La responsabilité de faire ces vérifications incombe au propriétaire de
l’ouvrage de captage.
Malgré toutes les précautions prises lors de l’aménagement et de la modification d’un ouvrage de
captage, des contaminants peuvent atteindre la zone de captage à partir d’une source éloignée de
contamination par les mécanismes d’écoulement de l’eau et de transport de contaminants dans
les milieux aquifères. Les concepts d’aire d’alimentation, d’aires de protection autour des
1
Dans le Règlement sur la qualité de l’eau potable, on fait mention de périmètres de protection pour parler des aires
de protection.
Ainsi, aux fins de l’application du RQEP, lorsque les eaux délivrées par un système de
distribution proviennent en tout ou en partie d’eaux souterraines non désinfectées et vulnérables,
le responsable du système est tenu : 1) de vérifier la présence des bactéries Escherichia coli, des
bactéries entérocoques et des virus coliphages; 2) de faire prélever mensuellement au moins un
échantillon des eaux brutes qui approvisionnent le système. Pour l’application de cet article, les
eaux souterraines sont considérées comme vulnérables lorsque :
• Après évaluation, selon la méthode DRASTIC (voir section 8.3.4 du volume 2), ces eaux ont
un indice de vulnérabilité supérieur à 100 dans les aires de protection rapprochée, à
l’intérieur de l’aire d’alimentation du lieu de captage, établies sur la base d’un temps de
migration des eaux souterraines de 550 jours pour une protection virologique et de 200 jours
pour une protection bactériologique;
• Dans les aires de protection rapprochée susmentionnées, se trouvent des ouvrages ou des
activités susceptibles d’altérer la qualité microbiologique des eaux souterraines, tels que des
systèmes de traitement d’eaux usées, des ouvrages ou lieux d’entreposage ou d’épandage de
déjections animales ou de compost de ferme, des cours d’exercice d’animaux d’élevage, etc.
Cette section a pour objectif de guider les consultants, les municipalités ainsi que les
représentants des bureaux régionaux dans la détermination de l’aire d’alimentation et des aires de
protection autour des ouvrages de captage d’eau souterraine. Elle remplace le guide intitulé Les
périmètres de protection autour des ouvrages de captage d’eau souterraine publié en 1995 en
tenant compte de l’évolution des connaissances hydrogéologiques et des modifications rendues
nécessaires par l’adoption du nouveau Règlement. Par ailleurs, la section 8.3.4 du volume 2
guidera les intervenants dans la détermination des indices de vulnérabilité DRASTIC.
Aire d’alimentation : Portion du territoire à l’intérieur de laquelle toute l’eau souterraine qui y
circule aboutira tôt ou tard au point de captage. Elle s’étend jusqu’à la ligne de partage des eaux.
Milieu anisotrope : Milieu où les valeurs des propriétés hydrauliques varient en fonction de la
direction.
Milieu isotrope : Milieu où les valeurs des propriétés hydrauliques sont indépendantes de la
direction.
Milieu hétérogène : Milieu où les valeurs des propriétés hydrauliques varient en fonction de la
position spatiale du point de mesure.
Milieu homogène : Milieu où les valeurs des propriétés hydrauliques sont indépendantes de la
position spatiale du point de mesure.
Nappe captive : Une nappe d’eau souterraine se trouve en condition de nappe captive lorsqu’elle
est confinée sous une couche imperméable. Dans ces conditions, le niveau hydrostatique s’élève
au-dessus du toit de la nappe. Une nappe captive est généralement peu vulnérable à la
contamination.
Nappe libre : Une nappe d’eau souterraine se trouve en condition de nappe libre lorsqu’elle
n’est pas recouverte d’une couche imperméable. Dans ces conditions, le niveau hydrostatique se
trouve soit au niveau du toit de la nappe ou plus bas. Une nappe libre est généralement plus
vulnérable à la contamination qu’une nappe captive.
Aire de protection : Une aire de protection délimite une portion de territoire autour d’un
ouvrage de captage à l’intérieur duquel des contaminants, s’ils y sont présents, peuvent migrer et
éventuellement le contaminer. Les aires de protection d’un ouvrage de captage incluent l’aire de
protection immédiate, les aires de protection rapprochée et l’aire de protection éloignée.
Zone d’appel : Portion de la zone d’influence à l’intérieur de laquelle l’ensemble des lignes de
courant se dirigent vers l’ouvrage de captage d’eau souterraine.
Les principes généraux, les facteurs influençant la détermination des aires de protection et des
exemples d’application sont présentés à l’annexe 8.3.
8.4.1 Description
Bien que cette méthode d’accroissement de la ressource soit peu utilisée au Québec et qu’aucun
critère de conception ne soit reconnu, on peut dégager des expériences américaine et européenne
les lignes directrices suivantes :
• Le temps de séjour dans le sol est le paramètre de conception le plus important lorsqu’il
s’agit d’améliorer la qualité de l’eau infiltrée. Un temps de séjour minimal de 3 à 5 jours
(mais préférablement de 10 à 20 jours) devrait être considéré si on veut réduire la turbidité, le
COD ainsi que le contenu microbien (en Europe des temps de séjour de l’ordre de 150 jours
sont courants);
• Un sol fin permettra d’atteindre le niveau de traitement recherché beaucoup plus rapidement
qu’un sol grossier. Dans la recherche de site propice, il faut donc concilier la capacité
hydraulique du sous-sol et l’efficacité de traitement atteinte;
• L’usage d’au moins deux bassins de recharge est recommandé afin de permettre la mise au
repos et une récupération partielle du colmatage biologique. L’emploi de plusieurs bassins
facilite le contrôle du colmatage (raclage de surface) et les grandes surfaces disponibles
permettent de réduire la fréquence d’entretien à quelques fois par année. L’emploi d’un sable
de granulométrie spécifique en surface des bassins permet de mieux contrôler la profondeur
de colmatage;
• Le taux d’infiltration devra être déterminé par une étude hydrogéologique ainsi qu’une
modélisation des écoulements souterrains pour les débits importants ou être testé sur place.
Dans le cas de petites installations existantes de captage d’eau souterraine, il est préférable de
tester la recharge artificielle directement sur le terrain sous les conditions suivantes :
Pour les cas de recharge plus importante, se référer à la section 8.4 du volume 2 qui présente une
approche théorique combinée à la réalisation d’essais en colonne.
La présence de fer et de manganèse dans les sources d’approvisionnement en eau potable n’est
pas souhaitable pour un certain nombre de raisons qui ne sont pas liées directement à la santé.
Les sels de fer et de manganèse dans les eaux souterraines sont instables; ils réagissent avec l’eau
pour former des précipités insolubles qui sédimentent sous la forme d’un limon de couleur
Les procédés de traitement d’élimination du fer et du manganèse qui suivent sont basés sur
l’oxydation des formes réduites dissoutes (Fe2+ et Mn2+) en formes insolubles ferriques (Fe3+) et
manganiques (Mn4+) grâce à une réaction d’oxydoréduction. Ces formes insolubles sont ensuite
retenues sur un milieu filtrant granulaire. La première étape de traitement est donc celle
d’oxydation. En fonction des caractéristiques de l’eau brute, différents modes de traitement
peuvent être envisagés. Le choix d’un procédé approprié sera déterminé à partir d’études
approfondies et d’essais pilotes pour assurer l’efficacité du traitement et fixer les critères de
conception optimaux.
8.5.1.1 Aération
Description du procédé
L’aération permet de mélanger l’air à l’eau pour favoriser les réactions d’oxydation, enlever les
gaz dissous ou éliminer les goûts et odeurs. L’aération suit les lois de l’échange gaz-liquide,
c’est-à-dire les lois de Henry, de Dalton et des gaz parfaits ainsi que les théories de Witman et
Lewis pour le transfert des solutés à travers une interface air-liquide.
Champs d’application
L’aération peut être installée en tête de la chaîne de traitement de l’eau comme étape de pré-
oxydation. Cette aération est nécessaire lorsque l’eau présente une carence en oxygène et permet
alors, soit :
En comparant les potentiels d’oxydoréduction du fer et du manganèse, on constate que le fer peut
être oxydé facilement par l’oxygène de l’air tandis que le manganèse ne l’est qu’à un pH alcalin.
L’aération peut aussi faire partie intégrante d’une étape de traitement spécifique et se trouver
alors au milieu de la chaîne du traitement de l’eau. Enfin, l’aération peut compléter la chaîne de
L’aération permet aisément l’oxydation du fer s’il n’est pas à l’état complexé soit par la matière
organique (acides humiques) ou par la silice dissoute.
Critères de conception
Dispersion de l’eau dans l’air
Dans ces systèmes, on provoque artificiellement la turbulence de l’eau. Une bonne dispersion de
l’eau est nécessaire afin d’accroître l’interface air-eau permettant l’échange de gaz. Parmi les
procédés utilisant la dispersion de l’eau dans l’air, notons les cascades, les plateaux, les masses
de contact et la pulvérisation. Le tableau 8-2 suivant présente les principales caractéristiques et
critères de conception de ces procédés.
La température de l’eau et de l’air auront une grande influence sur l’efficacité du transfert. De
plus, les eaux aérées doivent subir une désinfection adéquate avant distribution.
Dispersion de l’air dans l’eau
Dans ces systèmes, l’air est injecté dans la masse d’eau à aérer. Encore une fois, une bonne
dispersion de l’air est nécessaire afin d’accroître l’interface air-eau permettant l’échange de gaz.
Parmi les procédés utilisant la dispersion de l’air dans l’eau, notons les diffuseurs et l’aération
sous pression. Le tableau 8-3 suivant présente les principales caractéristiques de ces procédés.
• Il existe sur le marché de nombreux types d’aérateurs. D’autres méthodes d’aération peuvent
être acceptées pourvu que leur application soit justifiée par des essais pilotes ou des
caractéristiques particulières des eaux à traiter;
• Des essais pilotes peuvent être nécessaires pour déterminer certains paramètres de
fonctionnement;
• Quand la décharge du système débouche directement dans l’atmosphère, le système
d’aération (tour, cascades, etc.) doit être installé dans une enceinte fermée munie de louves et
facilement accessible pour fins d’inspection et d’entretien;
• Protéger adéquatement contre les oiseaux et insectes les systèmes d’aération où les eaux
aérées ne subissent qu’une simple chloration avant d’être distribuées;
• Une conduite de contournement doit être prévue sur chaque unité d’aération.
Description du procédé
Les oxydants chimiques jouent le même rôle que l’aération en ce qui a trait à l’oxydation des
éléments réduits comme les ions ferreux. La combinaison avec l’étape d’aération est toutefois
intéressante puisque la demande en oxydant chimique peut être abaissée grâce à l’action
préalable de l’oxygène de l’air sur les composés réducteurs, volatils ou autres.
Champs d’application
Les oxydants chimiques forts autres que l’oxygène de l’air permettent d’oxyder à la fois le fer et
le manganèse dissous.
• Des essais de traitabilité peuvent être réalisés afin de déterminer les doses optimales et les
temps de contact nécessaires pour compléter l’oxydation du fer et du manganèse;
• Le peroxyde d’hydrogène peut aussi être utilisé mais son temps de réaction est plus long que
celui des autres oxydants;
• Le temps de résidence dans le réacteur doit permettre la réaction complète;
• Les cinétiques d’oxydation sont plus rapides à pH et température élevés;
• Le fer et le manganèse peuvent être complexés par la matière organique, ce qui peut mener à
l’inhibition de la réaction d’oxydation du fer et du manganèse;
• La présence d’oxygène dissous peut accélérer la cinétique d’oxydation;
• L’alcalinité a un pouvoir tampon sur le pH, mais si l’eau a un caractère incrustant, elle peut
retarder la réaction d’oxydation.
Description du procédé
Le sable vert est un média manufacturé qui permet l’adsorption ou la filtration physique du fer et
du manganèse ou encore l’oxydation catalytique du manganèse, selon le mode d’opération qui
est choisi. Le sable vert est constitué d’un matériau minéral (la glauconite) qui est recouvert en
usine d’une couche d’oxyde de MnO2. En plus de conférer au sable vert son pouvoir catalytique,
l’oxyde de manganèse possède un pouvoir tampon qui permet de stabiliser le procédé lors des
variations de concentration de minéraux ou d’oxydants dans l’eau à traiter. De fait, en cas de
carence d’oxydants, le sable vert adsorbe en surface le fer et/ou le manganèse qui n’a pas été
oxydé. Lorsque le dosage de KMnO4 excède les besoins, le KMnO4 résiduel est capté par la
couche d’oxyde de manganèse, évitant ainsi l’apparition d’une teinte rosâtre à l’eau filtrée.
La filtration sur sable vert peut être exploitée selon trois modes d’opération :
• la régénération intermittente au KMnO4 ;
• la régénération continue au KMnO4;
• l’oxydation catalytique.
Oxydation catalytique
Ce dernier mode d’opération exploite le pouvoir catalytique du sable vert. Le processus
d’oxydation du manganèse est réalisé en plusieurs étapes. Dans un premier temps, du chlore est
dosé à l’eau brute en quantité suffisante pour obtenir un résiduel de 0,5 mg/L ou plus à l’effluent
du filtre. L’eau brute contenant le manganèse dissous et une certaine concentration en chlore est,
par la suite, filtrée sur le sable vert qui adsorbe le manganèse dissous. Finalement, après un
temps très court, le manganèse est oxydé par le chlore en mettant à profit le MnO2 catalyseur qui
permet de diminuer l’énergie nécessaire à l’oxydation du manganèse. Après un certain temps de
filtration, ou lorsque la perte de charge est trop élevée, un rétrolavage à l’eau doit être réalisé.
La silice, lorsqu’en quantité moindre que 10 mg/L SiO2, peut amener la couche d’oxyde de
manganèse à se détériorer prématurément. L’oxygène dissous et le potentiel redox permettent
d’apprécier l’état réducteur ou oxydant de l’eau souterraine. Finalement, la présence des ferro et
manganobactéries donne des indications sur le pouvoir colmatant de l’eau dans le puits à plus ou
moins court terme.
Critères de conception
Le tableau 8-5 suivant présente les critères de conception d’un filtre à sable vert :
Le concepteur doit aussi tenir compte des spécifications mentionnées à la section 9.9 en ce qui
concerne les accessoires requis en filtration (pompes de lavage, planchers perforés, compresseur
et autres). Il doit aussi prévoir l’installation des points d’échantillonnage minimaux suivants afin
de faire le suivi du fer et du manganèse :
• À l’eau brute;
• À l’eau oxydée (avant chaque filtre);
• Le récurage à l’air est préférable pour éviter la formation de boules de boue dans le média
(régénération en continu) ou le grossissement du grain de sable vert (régénération
intermittente et oxydation catalytique);
• Le taux de lavage à l’eau suit les recommandations du manufacturier. Il doit être ajusté selon
la température de l’eau pour obtenir l’expansion désirée;
• Un détecteur d’eau rose doit être installé à l’effluent des filtres si la régénération en continu
est utilisée et particulièrement si le filtrat est dirigé directement dans l’aqueduc sans passer
par un réservoir (tampon);
• Dans tous les cas, les eaux de procédé doivent être caractérisées et traitées adéquatement
avant d’être rejetées dans un cours d’eau;
• La perte de charge maximale admissible est de 60 kPa pour éviter que la couche de MnO2 ne
craque. Un détecteur de perte de charge est recommandé lorsque la concentration en fer et en
manganèse est élevée (régénération en continu);
• Si la concentration en fer dépasse 5 mg/L et celle de manganèse dépasse 1 mg/L, la
décantation avec ou sans aération et rétention devient essentielle car la fréquence de
rétrolavage devient trop importante;
• Un essai de traitabilité est souhaitable pour la régénération en continu ou intermittente, afin
de déterminer les paramètres d’opération et pour adapter les pré-traitements et les post-
traitements à la qualité de l’eau brute.
Fournisseurs
Le seul fabriquant connu de sable vert en Amérique du Nord est la compagnie Inversand.
Description du procédé
Pour certains types d’eau, la déferrisation et la démanganisation peuvent être réalisées par une
filtration sur sable ou sur sable et anthracite après une oxydation par aération (section 8.5.1.1) ou
par un oxydant chimique (section 8.5.1.2). Ce procédé peut être effectué par filtration sous
pression ou gravitaire.
Champs d’application
La filtration sur sable avec ou sans anthracite peut se faire lorsque les concentrations de fer et de
manganèse sont faibles (Fe<5,0 mg/L et Mn<0,1 mg/L).
Critères de conception
Le tableau 8-6 suivant présente les critères de conception pour les filtres à sable avec ou sans
anthracite utilisés pour la séparation du fer et du manganèse oxydés.
Description du procédé
Le média conditionné est un média similaire au sable vert, mais dont le mode de fabrication
diffère. Le support utilisé peut être du sable ou de l’anthracite de granulométrie contrôlée. Le ou
les médias sélectionnés sont installés dans le système de filtration où ils reçoivent, avant leur
mise en service, un traitement chimique contenant du permanganate de potassium ainsi qu’un
agent fixatif servant à conditionner le média. Ce traitement chimique provoque la précipitation
d’oxyde de manganèse directement sur les grains de média en place. Les réactions d’adsorption
et d’oxydation qui prévalent sur ce type de média sont donc similaires à celles du sable vert.
L’efficacité du média conditionné dépend de la densité d’oxyde de manganèse précipité sur les
grains de média. En pratique, la période de conditionnement chimique doit être d’au moins 24
heures pour obtenir une densité d’oxyde de manganèse adéquate.
Le média conditionné peut être placé à l’intérieur : (1) de différents systèmes de filtration dont
les filtres à sable sous pression standards; (2) des réservoirs ouverts à l’atmosphère à plusieurs
compartiments, ce qui permet le lavage d’un compartiment du filtre en utilisant l’eau filtrée des
trois autres compartiments du filtre.
Champs d’application
Les conditions d’application sont similaires à celles du sable vert (section 8.5.1.3) et doivent
tenir compte des autres constituants de l’eau et des concentrations en fer et en manganèse. De
façon générale, l’oxydation chimique du manganèse a tendance à générer un précipité colloïdal
Critères de conception
Le choix des médias est intimement relié à la nature de l’eau à traiter. Le tableau 8-7 suivant
donne les principaux critères de conception selon le média choisi et la quantité de fer et de
manganèse dans l’eau brute :
• Les données requises pour la conception sont les mêmes que pour les filtres sur sable vert
(section 8.5.1.3);
• Le fournisseur recommande l’injection systématique de permanganate de potassium en
amont de l’Anthra/sand, avec ou sans chloration;
• L’anthracite conditionné peut être utilisé seul lorsqu’il n’y a principalement que du fer (<5
mg/L);
• Au besoin, une étape de décantation devra être ajoutée en amont des filtres.
Fournisseur
Le seul fournisseur reconnu de média conditionné est la compagnie USFilter (Anthra/sand).
Description du procédé
Ces procédés d’oxydation et filtration sont similaires. Le principe de traitement consiste à oxyder
le fer et le manganèse avec du chlore en présence d’un média catalytique à base d’oxyde de
magnésium. L’oxydation du fer est rapide et souvent complète avant l’atteinte du média.
L’oxydation du manganèse dissous est moins rapide que celle du fer. La partie dissoute
résiduelle de manganèse s’adsorbe sur le média, ce qui lui permet d’être en contact avec le chlore
durant une plus longue période. Le pouvoir catalytique du média réduit également le temps
requis pour l’oxydation du manganèse par rapport au temps observé en eau libre.
Champs d’application
Pour utiliser les médias granulaires à base d’oxyde de magnésium, les concentrations de fer et de
manganèse doivent être inférieures à 10 mg/L et 1 mg/L respectivement.
Critères de conception
Pour les milieux filtrants d’oxyde de magnésium, les critères de conception sont les suivants :
• Les données requises pour la conception sont les mêmes que pour les filtres sur sable vert
(section 8.5.1.3) en ajoutant le pH de saturation de l’eau brute et le pH de l’eau oxydée;
• La capacité d’emmagasinage des hydroxydes formés dans le média filtrant est limitée (tout
comme pour les autres procédés d’oxydation et de filtration) et des essais de traitabilité
doivent obligatoirement être réalisés afin de confirmer le potentiel du système;
• En présence de sulfures d’hydrogène, des ions sulfites (SO3-) sont injectés afin de forcer la
transformation des polysulfures et du soufre particulaires en sulfates (pour réduire les goûts
qu’induisent les polysulfures générés lors de l’oxydation du H2S);
• Ces systèmes ne peuvent être utilisés lorsque des substances organiques précurseurs de THM
sont présentes en quantité notable (réaliser des essais pour vérifier le potentiel de formation
des THM en réseau);
• L’indice de Langelier de l’eau appliquée sur le média doit être maintenu entre –0,5 et 0 afin
de réduire la vitesse de disparition du média qui a tendance à se dissoudre avec le temps;
• Un résiduel de l’ordre de 0,5 mg/L en chlore doit être maintenu dans l’effluent afin de
satisfaire les performances du traitement;
• Des rétrolavages périodiques à l’eau potable doivent être effectués : (1) lorsque la perte de
charge maximale est atteinte; (2) lorsqu’il se produit une crevaison du média; (3) après huit
heures d’opération ou (4) avant l’arrêt des filtres. Le rétrolavage est rendu nécessaire pour les
deux derniers points afin d’éviter l’agglomération du média en pain.
Description du procédé
La filtration par membrane est décrite de façon exhaustive à la section 9.10 du présent Guide de
conception. Certaines informations relatives à l’enlèvement du fer et du manganèse par
oxydation et filtration membranaire peuvent aussi être trouvées dans la section 9.10 du volume
2.
Champs d’application
La filtration membranaire appliquée ici survient après l’oxydation complète du fer et du
manganèse. Contrairement au sable vert et au média conditionné qui peuvent adsorber les ions
dissous pour les oxyder par la suite, les membranes réagissent mal au fer et au manganèse
dissous qui se précipitent à leur surface. C’est pourquoi, l’oxydation des ions dissous doit être
complétée avant la filtration membranaire. Dans ces conditions, l’eau brute peut contenir jusqu’à
10 mg/L de fer et 2 mg/L de manganèse et une fois l’oxydation et la filtration complétées, l’eau
traitée contient moins de 0,02 mg/L de chacun des ions visés.
Critères de conception
Au moment de mettre à jour le Guide de conception, il n’y avait encore aucune technologie de
filtration par membrane reconnue au Québec pour l’enlèvement du fer et du manganèse. Il n’est
donc pas possible de déterminer des critères de conception spécifiques. Afin de vérifier si des
technologies de filtration par membrane ont été reconnues pour l’enlèvement du fer et du
manganèse par oxydation et filtration, il faut vérifier auprès du Comité sur les technologies de
traitement en eau potable (www.menv.gouv.qc.ca/eau/index.htm).
• Présence de H2S;
• Présence d’ammoniac;
• Présence de certains métaux lourds, comme le zinc;
• Présence de carbone organique total (COT);
• Conditions de pH et de potentiel d’oxydoréduction nécessitant un ajustement préalable.
En plus des critères indiqués plus haut, les éléments suivants sont à considérer :
8.5.2.5 Fournisseur
Ces procédés consistent non pas à retirer le fer et le manganèse de l’eau, mais à les enfermer
dans une matrice stable par l’addition d’un réactif de complexation à base de silicate ou de
produits phosphatés. Ce procédé maintient donc les ions dans un état soluble afin d’éviter
La séquestration ne peut se faire que si les métaux se trouvent sous forme dissoute. Il faut donc
procéder à la séquestration avant l’introduction d’un oxydant quelconque (oxygène, chlore, etc.).
Ces modes de contrôle des dépôts de composés ferriques sont appliqués lorsque les
concentrations en fer sont relativement faibles, de l’ordre de 1 mg/L de fer. La séquestration du
manganèse apporte très rarement des résultats satisfaisants et, le cas échéant, il faut limiter son
application à une concentration inférieure à 0,1 mg/L.
Les produits chimiques utilisés sont des composés à base de phosphates ou de silicate de sodium.
Le dosage des produits chimiques doit prendre en considération la demande en séquestrant
exercée par d’autres composés de l’eau (dureté).
Ces séquestrants se détériorent avec le temps, ce qui produit une augmentation de couleur et de
turbidité en raison de la précipitation des métaux libérés. Pour les systèmes de distribution
possédant plusieurs jours de rétention, des dosages plus élevés peuvent être appliqués. On note
également une certaine détérioration des séquestrants lors de leur séjour dans un chauffe-eau : le
fer oxydé a tendance à s’y déposer sans toutefois générer de plaintes de la part des
consommateurs.
Les polyphosphates
L’utilisation des polyphosphates comme agent de séquestration exige le maintien d’une
concentration de chlore résiduel adéquate pour la protection du réseau. L’addition des
polyphosphates provoque la formation d’un complexe dissous. L’effet de dispersion des
polyphosphates peut aussi amener la remise en circulation des dépôts existants dans les
conduites, provoquant ainsi une augmentation importante de la turbidité dans le réseau. Les
principaux critères de conception sont les suivants :
Les silicates
Les silicates permettent de contrôler la formation « d’eau rouge » résultant de la précipitation du
fer. Les silicates agissent par dispersion et doivent être rajoutés après oxydation avec du chlore
afin de favoriser la formation de complexes chélatés. Les complexes formés avec le fer sont des
colloïdes incolores mais ce n’est pas le cas avec le manganèse. Les principaux critères de
conception sont les suivants :
Les polyphosphates
Voici d’autres éléments à considérer lors de l’utilisation des polyphosphates :
• La présence de dureté calcique élevée peut occasionner l’apparition d’un précipité blanchâtre
de phosphate de calcium, ce qui augmente la turbidité de l’eau;
• Si l’eau possède un pH supérieur à 7,5 ou contient des oxydants tels que le chlore, le dosage
des polyphosphates peut être doublé;
• Les polyphosphates peuvent se convertir en orthophosphates, entraînant la formation d’un
précipité lorsqu’ils réagissent avec le fer. Cette transformation peut être retardée par l’ajout
d’un sel de zinc;
• Les polyphosphates possèdent un caractère dispersant qui ameublit les dépôts et provoque
leur remise graduelle en suspension. Leur utilisation doit être accompagnée d’un programme
de rinçage systématique du réseau de distribution;
• L’équipement d’analyse pour les orthophosphates doit être prévu ainsi qu’un appareil pour la
digestion adéquate des polyphosphates en orthophosphates.
Les silicates
Voici d’autres éléments à considérer lors de l’utilisation des silicates :
• Au-delà d’un délai de 15 secondes entre l’injection du silicate et celui du chlore, l’efficacité
de séquestration diminue rapidement;
• La diminution de la concentration d’injection de la solution en deçà de 5% de SiO2 doit
également être évitée pour ne pas diminuer l’efficacité de la séquestration;
• Deux points d’application doivent être prévus : 5 secondes en amont de tout procédé
d’aération ou d’oxydation et simultanément à l’ajout des oxydants;
• Les silicates de sodium doivent être utilisés en conformité avec leur approbation selon le
Standard 60 de NSF International.
8.5.4 Par échange d’ions
8.5.4.1 Description du procédé
À l’instar des autres ions, le fer et le manganèse peuvent être retenus sur des résines échangeuses
d’ions. Par contre, l’eau à traiter doit être exempte d’oxygène dissous et d’oxydants et les ions de
fer et de manganèse doivent être bivalents. En respectant ces conditions, l’échange d’ions peut
être efficace pour l’enlèvement du fer et du manganèse jusqu’à des valeurs élevées dans l’eau
brute (>10 mg/L en fer et >2 mg/L en manganèse). Par contre, le volume de résine nécessaire à
l’échange d’ions fait en sorte que ce type de procédé est surtout intéressant pour les petits
systèmes et qu’il est difficile de le mettre en application pour les municipalités.
8.5.4.3 Critères de conception
Le fer et le manganèse, sous forme dissoute dans l’eau brute, sont amenés à précipiter en ajoutant
de la chaux qui vient modifier le pH de l’eau. Les ions de fer et de manganèse forment alors des
précipités de Fe(OH)2 et Mn(OH)2 respectivement. Ce procédé se combine bien avec
l’adoucissement à la chaux.
Pour précipiter le fer et le manganèse par la chaux, il faut respecter les critères de conception
suivants :
L’eau douce peut corroder les canalisations et certains métaux lourds comme le cuivre, le zinc, le
plomb et le cadmium peuvent se retrouver dans l’eau du réseau de distribution. Dans les régions
où l’eau est dure, les canalisations domestiques peuvent être colmatées par l’entartrage; les eaux
dures entartrent également les ustensiles de cuisine et augmentent la consommation de savon.
L’eau dure est donc à la fois un désagrément et un fardeau économique pour le consommateur.
On prétend qu’une dureté comprise entre 80 et 100 mg/L de CaCO3 assure un équilibre
acceptable entre la corrosion et l’entartrage.
L’objectif de ce type de traitement est d’éliminer par précipitation (en formant un composé
insoluble) : (1) la dureté temporaire (liée au bicarbonate) à l’aide de la chaux; (2) la dureté
permanente (liée aux sels d’acides forts) à l’aide d’une combinaison de chaux, de carbonate de
sodium ou de soude caustique et (3) les ions métalliques indésirables comme le baryum ou le fer
et le manganèse (vois section 8.5.5). Les principaux réactifs chimiques utilisés dans le procédé
de précipitation sont (AWWA, 1999) :
• La chaux;
• Le carbonate de sodium avec ou sans chaux;
• La soude caustique.
L’adoucissement par précipitation chimique permet de traiter des eaux excessivement dures sans
ajout important d’ions de sodium dans l’eau. Il peut adoucir les eaux dont la dureté peut dépasser
500 mg/L en CaCO3. Pour la précipitation chimique du baryum, il faut maintenir le pH entre 11
et 11,5 dans le décanteur afin de favoriser la précipitation maximale du carbonate de baryum.
• Un mélange rapide : le bassin de mélange rapide doit avoir une rétention hydraulique de 2
min au débit de conception;
• Une décantation : un temps de rétention d’au moins une heure au débit de conception doit
être prévu pour une bonne séparation (voir section 9.8).
À des fins de conception, les paramètres suivants doivent être documentés et suivis
quotidiennement :
• La décantation est complétée par une filtration pour éliminer les flocs qui peuvent s’échapper
du décanteur ainsi que pour réduire la turbidité dans l’eau traitée;
• Les boues produites auront une consistance variant de 5 à 30% (précipitation de l’alcalinité
sous forme de carbonates et matières en suspension présentes dans l’eau à traiter);
Les résines échangeuses d’ions captent les ions présents dans l’eau brute (dans l’ordre : radium,
baryum, cuivre, calcium, zinc, fer, magnésium, potassium, manganèse) pour les remplacer par du
sodium. La qualité minérale de l’eau doit être considérée dans l’adoucissement par échangeurs
d’ions, étant donné que ce procédé ne réduit pas les solides totaux présents, mais ne substitue que
des ions sodium aux ions présents. Après un certain temps, les résines doivent être régénérées
afin de les libérer des ions captés pour les remplacer par le sodium.
Les échangeurs d’ions ne doivent pas être utilisés si la quantité de sodium présent à l’effluent de
l’échangeur excède 200 mg/L. La présence de fer et de manganèse doit être surveillée avec
attention (voir section 8.5.2). Une eau ayant une turbidité de 1 UTN et plus ne doit pas être
appliquée directement aux résines. Les résines synthétiques à base de silicates doivent être
utilisées pour des eaux dépourvues de fer et d’un pH supérieur à 8,4. Quand l’eau à adoucir
contient du chlore résiduel, les résines devront être résistantes à l’action du chlore. Les résines à
base phénolique ne doivent pas être utilisées.
Dans la pratique, l’adoucissement n’est pas appliqué à tout le débit d’eau à traiter. Afin d’obtenir
une eau équilibrée, on mélange une partie de l’eau brute avec de l’eau adoucie. La proportion de
l’eau brute qui subit l’adoucissement dépend de la dureté de l’eau brute : plus l’eau brute est
dure, plus cette portion devient importante. Toutefois, il faut concevoir le système en fonction de
l’enlèvement de baryum et non en fonction de l’enlèvement de la dureté, le cas échéant. La
pratique qui consiste à mélanger de l’eau traitée avec de l’eau brute doit être documentée et
analysée à fond avant d’être appliquée (voir section 4.3).
• La capacité d’échange ne doit pas excéder 45 mg/L en CaCO3 de résine avec une
régénération requise de 135 g de sel par 65 g de dureté éliminée;
• La hauteur du lit de résine doit être d’au moins 0,9 m et d’au plus 1,8 m;
• Dans les systèmes à co-courant, une hauteur totale de 30 cm constituée de plusieurs couches
de gravier gradé d’une dimension de 0,3 à 2,5 cm est souhaitable pour supporter les résines
d’échangeurs d’ions. Ce support n’est pas requis dans les adoucisseurs de type contre-courant
à blocage mécanique ou les adoucisseurs munis de planchers à buselures;
• Le système de crépines posé au fond des unités doit permettre un drainage complet de l’unité
de façon à s’assurer qu’aucune saumure ne sera présente après le rinçage;
Pour les échangeurs d’ions, il faut aussi considérer les éléments suivants :
La filtration par membrane est décrite aux sections 9.10 des volumes 1 et 2.
La filtration membranaire est une excellente façon d’adoucir l’eau. Les membranes de NF
permettent une séparation élevée des ions divalents (calcium et magnésium dans le cas qui nous
intéresse) tandis que les membranes de NUF ne réalisent qu’une séparation plus faible de ces
ions. Il est courant de voir un système de NF ne traiter qu’une partie de l’eau et réduire ainsi
considérablement la dureté. L’eau filtrée mélangée avec l’eau brute permet alors d’obtenir une
dureté plus acceptable. La proportion filtrée dépend de la dureté de l’eau brute.
D’un autre côté, l’enlèvement du baryum peut représenter un problème lorsque des membranes
sont utilisées. Tout comme le fer et le manganèse, le baryum peut précipiter à la surface des
membranes, provoquant un colmatage important. Il faut donc utiliser un séquestrant retardant la
précipitation du baryum avant la filtration membranaire.
Au moment de mettre à jour le Guide de conception, il n’y avait encore aucune technologie de
filtration par membrane reconnue au Québec pour l’adoucissement et l’enlèvement du baryum. Il
n’est donc pas possible de déterminer des critères de conception spécifiques. Afin de vérifier si
des technologies de filtration par membrane ont été reconnues pour l’adoucissement et
l’enlèvement du baryum, il faut se renseigner auprès du Comité sur les technologies de
traitement en eau potable (www.menv.gouv.qc.ca/eau/index.htm).
La présence de nitrates dans l’eau potable peut avoir un impact sur la santé des nourrissons de
moins de trois mois nourris au biberon et, dans une moindre mesure, sur les adultes consommant
de l’eau potable contenant une quantité appréciable de nitrates. C’est pourquoi la norme quant à
la teneur dans l’eau potable de ce produit a été fixée à 10 mg/L.
Il existe des résines anioniques qui ont une affinité sélective pour les ions nitrates. Toutefois,
elles ne sont pas spécifiques au seul ion nitrate et la présence d’autres anions influence sa
sélectivité (sulfates, chlorures, bicarbonates, etc.). Les résines anioniques remplacent les ions
nitrates par des ions chlorures.
L’échange d’ions est le moyen le plus efficace et le plus économique pour l’enlèvement des
nitrates. La capacité de la résine et la période d’intervalle entre deux régénérations dépendent de
la qualité de l’eau à traiter, plus spécifiquement de la quantité de nitrates à enlever, de la quantité
de chlorures déjà présents dans l’eau brute et de la présence de sulfates qui ont une affinité plus
grande que les nitrates avec les résines anioniques. La section 8.6.2 donne également certaines
indications sur l’utilisation des échangeurs d’ions.
La filtration par membrane est décrite aux sections 9.10 des volumes 1 et 2.
L’enlèvement des nitrates par filtration membranaire n’est possible que par OI. Le taux
d’enlèvement des nitrates par OI est supérieur à 90%, ce qui est similaire à l’enlèvement d’autres
anions tels que les sulfates et les chlorures.
Au moment de mettre à jour le Guide de conception, il n’y avait encore aucune technologie de
filtration par membrane reconnue au Québec pour l’enlèvement des nitrates. Il n’est donc pas
possible de déterminer des critères de conception spécifiques. Afin de vérifier si des technologies
L’enlèvement biologique des nitrates convient bien au traitement des eaux usées et son
utilisation pour le traitement de l’eau potable s’est développée surtout en Europe. L’ajout d’une
étape d’aération nécessaire à l’évacuation de l’azote gazeux, l’ajout d’une source de carbone
dans l’eau brute, la nécessité de désinfecter due à la présence des micro-organismes et le risque
potentiel de créer ainsi des sous-produits de désinfection sont autant d’éléments qui freinent le
développement de ce procédé. Il faut de plus éliminer le surplus de carbone organique à
l’effluent des filtres. Habituellement, il faut prévoir un filtre à charbon actif à cette fin.
Au moment de mettre à jour le Guide de conception, il n’y avait encore aucune technologie de
traitement biologique des nitrates reconnue au Québec. Il n’est donc pas possible de déterminer
des critères de conception spécifiques. Afin de vérifier si des technologies de traitement
biologique des nitrates ont été reconnues, il faut se renseigner auprès du Comité sur les
technologies de traitement en eau potable (www.menv.gouv.qc.ca/eau/index.htm).
Des concentrations excessives de sulfure donnent à l’eau potable un goût et une odeur
désagréables (œufs pourris). Bien que l’ingestion orale de grandes quantités de sulfure puisse
avoir des effets toxiques pour l’être humain, il est peu probable qu’une personne puisse
consommer une dose nuisible de sulfure d’hydrogène en raison du goût et de l’odeur
désagréables qu’il donne à l’eau potable. De plus, ce composé est à l’origine de sévères
problèmes de corrosion dans les réseaux de distribution. On estime que le seuil du goût et de
l’odeur du sulfure d’hydrogène dans les solutions aqueuses varie de 0,05 à 0,104 mg/L. En
conséquence, on a fixé pour le sulfure (sous forme de sulfure d’hydrogène) dans l’eau potable un
objectif de qualité esthétique ou organoleptique de ≤0,05 mg/L.
8.8.1.1 Description
Il s’agit d’une désorption du H2S dissous dans l’eau. La densité de ce gaz à 0°C et à pression
atmosphérique est de 1,54 g/L et sa constante de Henry, en fonction de la température, est de :
Température °C 0 5 10 15 20 25 30
MH X 10 –2 2,68 3,15 3,67 4,23 4,83 5,45 6,09
Les équipements utilisés sont des tours d’aération soit par masse de contact ou plateaux, soit par
cascades ou encore par pulvérisation. Le rendement d’élimination, sur une tour calculée en
désorption, varie de 95 à 99%. En acidifiant un peu l’eau à traiter (pH de 6 à 6,2), on améliore
nettement la désorption. Par contre, dans les eaux souterraines contenant beaucoup de gaz
carbonique, la désorption du CO2 provoque la hausse du pH et diminue d’autant l’élimination du
H2S qui finit par s’oxyder dans la réserve grâce à l’oxygène de l’air. Les équipements
d’élimination du H2S doivent être confinés dans une enceinte hermétique munie d’un évent à
l’atmosphère et équipée d’un système de ventilation approprié afin de protéger le personnel
d’opération et d’entretien des équipements. Un détecteur du H2S dans l’air doit être aussi prévu
dans l’enceinte de l’équipement.
8.8.2.1 Description
Les sels de fer (sulfate ferreux, sulfate ferrique ou chlorure ferrique) permettent de former un
précipité de sulfure de fer. Cependant, le floc formé s’épaissit et se déshydrate mal. Les doses
sont les suivantes :
Des essais de traitabilité devront être réalisés afin de définir les paramètres de dimensionnement.
Une aération préalable de l’eau à traiter peut favoriser la réaction chimique de formation du floc.
Les équipements pouvant être utilisés sont soit des décanteurs, soit des flottateurs.
8.8.3.1 Description
Il existe sur le marché des charbons actifs qui sont imprégnés soit avec une solution alcaline, soit
avec une solution de sel métallique (argent). L’action catalytique du charbon imprégné permet de
retenir les sulfures. Ce type de charbon s’utilise en général dans des filtres sous pression.
L’eau à traiter doit contenir une concentration minimale d’oxygène dissous de 4 mg/L, ce qui
oblige donc à prévoir une pré-aération. Le taux de filtration est d’environ 25 volumes d’eau par
volume de matériau filtrant à l’heure.
8.8.4.1 Description
Une alternative aux procédés précédemment décrits consiste à utiliser un filtre à sable vert
(comme utilisé en déferrisation/démanganisation, voir section 8.5.1.3) ou des filtres à médias
spécifiques développés par différents fabricants. Ces filtres doivent être régénérés
périodiquement. Dans le cas du sable vert, il faut compter une dose triple de celle requise pour
retenir le fer, soit 3 mg de KMnO4 par mg de S2-.
8.8.5.1 Description
Le chlore, le permanganate de potassium ou l’ozone sont des oxydants forts qui peuvent être
utilisés pour l’élimination du H2S. Toutefois, plusieurs paramètres influencent leur utilisation,
dont le pH, la température et l’oxygène dissous dans l’eau. La section 8.1 fournit des
informations supplémentaires sur l’oxydation et la filtration.
La réglementation concernant l’arsenic a beaucoup été discutée au cours des dernières années.
Cette situation a été engendrée par l’introduction récente d’une nouvelle norme américaine fixant
la concentration maximale à 10 µg/L, norme qui entrera en vigueur en janvier 2006. En 2001, la
nouvelle administration américaine a émis des réserves quant à son adoption et a par conséquent
demandé à ce que des évaluations scientifiques additionnelles soient effectuées. Le résultat de ce
processus a renforcé la position de l’EPA quant à la valeur de 10 µg/L.
8.9.1.1 Description
La forme oxydée (arséniate, As V) est plus facile à précipiter. Il faut donc oxyder la forme
réduite (arsénite, As III) et, pour ce faire, plusieurs oxydants sont utilisables tels que le chlore,
l’ozone et le permanganate de potassium. Une fois oxydé, l’arséniate pourra être éliminé par
précipitation. Des essais de laboratoire permettront de définir la dose optimale d’oxydant ainsi
que le temps de résidence dans le réacteur d’oxydation.
L’élimination de l’arsenic par les procédés d’oxydation est réalisée par adsorption ou par co-
précipitation avec les oxydes de fer et de manganèse (voir section 8.5.1). Les filtres à sable vert
permettent aussi un abattement de la concentration d’arsenic dans les eaux à traiter. La capacité
d’adsorption de l’arsenic par le sable vert est inférieure à celle du fer ou du manganèse. Par
contre, pour obtenir des taux d’enlèvement élevés, le ratio fer/arsenic doit être de 20 pour 1. Un
ajout de sel de fer permet une meilleure rétention de l’arsenic par le média filtrant. La
régénération doit se faire en continu, tel que mentionné à la section 8.5.1.3. Des essais pilotes
sont nécessaires afin d’optimiser les paramètres de dimensionnement.
8.9.2.1 Description
Une fois oxydé, l’arséniate peut être éliminé par précipitation et décantation en utilisant un sel
d’aluminium ou de fer comme coagulant, ce dernier étant plus performant et pouvant atteindre
des rendements de 80 à 90% d’enlèvement. Le taux de décantation devra être inférieur à 2 m/h.
8.9.3.1 Description
8.9.4.1 Description
L’alumine activée peut être utilisée en lits filtrants pour éliminer l’arsenic (III) ainsi que le fluor,
le sélénium, la silice et les substances humiques. Elle est composée de grains de 0,3 à 0,6 mm de
diamètre de Al2O3 obtenus par déshydratation de Al2(OH)3 à faibles températures (300 à 600°C).
Sa surface spécifique varie de 150 et 400 g/m2. L’alumine activée en lits peut traiter de l’eau
souterraine contenant des concentrations d’arsenic d’environ 100 µg/L. Le pH optimum étant de
5 ou 6, il est souvent nécessaire d’abaisser le pH de l’eau brute et/ou de l’alumine activée. En
outre, l’alumine activée éliminerait aussi l’arsenic (III), mais dans une moindre proportion.
L’oxydation de l’arsenic (III) en arsenic (V) permettrait donc toujours d’améliorer l’élimination
de l’arsenic. Enfin, même si la présence de sulfates diminue le rendement d’élimination, des
essais pilotes sont nécessaires afin d’optimiser le taux de filtration et le cycle entre les
régénérations.
8.9.5.1 Description
L’enlèvement de l’arsenic par échange d’ions avec une résine anionique est un choix judicieux,
surtout lorsque la teneur en matières dissoutes est inférieure à 500 mg/L et que la teneur en
sulfate est inférieure à 150 mg/L. Le procédé de traitement par échange d’ions est décrit à la
section 8.6.2.
La présence de fluorure dans l’eau potable en trop grande quantité peut avoir des effets nocifs sur
le développement et la santé des os. C’est pourquoi la recommandation canadienne concernant ce
produit se situe à 1,5 mg/L et Santé Canada recommande que l’ajout de fluorure dans l’eau
potable ne dépasse pas 1,0 mg/L. Par contre, lorsque l’eau brute contient plus de 1,5 mg/L de
fluorure, on doit chercher à l’éliminer.
8.10.1.1 Description
Pour ce type d’application, l’alumine activée est un produit granulaire de 0,3 mm utilisé en
filtration. La vitesse de filtration sera fonction de la concentration de fluor à éliminer, à raison de
6 à 20 m/h pour des concentrations de 15 à 5 mg/L, respectivement. L’épaisseur de la couche de
média sera de 1,5 m.
Le produit épuisé sera régénéré à la soude caustique à 10 g/L à une vitesse de 5 m/h. Les eaux de
régénération devront être récupérées séparément pour un traitement ultérieur par neutralisation.
8.10.2.1 Description
Ce procédé a été utilisé aux États-Unis dans le passé. Il s’agit d’un échange d’ions entre l’ion
fluorure et l’ion carbonate ou hydroxyde de l’apatite ou de l’hydroxyapatite. Les produits utilisés
sont soit naturels (poudre ou cendre d’os) ou synthétiques. Le matériau granulaire de 0,3 à 0,6
mm est confiné dans un filtre (atmosphérique ou sous pression) d’une hauteur d’au moins 1,4 m
à un taux de filtration de 5 à 8 m/h. Ce procédé est plus coûteux et moins efficace que le
traitement par alumine activée.
Le matériau sera régénéré périodiquement avec de la soude caustique et rincé à l’acide. Les eaux
de régénération devront être récupérées puis traitées séparément.
8.10.3.1 Description
Par l’addition d’une dose importante de chaux, il est possible de réduire la teneur en fluorure de
l’eau brute. Par contre, l’ajout de magnésie [Mg(OH)2] améliore le rendement.
L’ajout d’un coagulant peut s’avérer nécessaire pour clarifier l’eau traitée. Dans ce type de
procédé, les doses de réactifs sont importantes. À titre d’exemple seulement, on doit précipiter
130 mg de magnésium pour éliminer de 4 à 5 mg de fluorure. Le traitement peut se réaliser dans
des décanteurs, tels que ceux décrits à la section 9.5.1. Le traitement doit être complété par une
filtration.
L’effet des chlorures est strictement esthétique et pratique. En quantité élevée, il donne un goût
désagréable à l’eau et peut provoquer un accroissement de la corrosion des conduites. C’est
pourquoi la recommandation canadienne concernant ce produit est de 250 mg/L.
Le seul traitement efficace pour l’enlèvement des chlorures est l’osmose inverse et l’enlèvement
optimal est obtenu en ajoutant du charbon actif granulaire avant les membranes. Plusieurs
systèmes de dessalement de l’eau de mer sont installés un peu partout dans le monde. Au
Québec, l’utilisation de l’OI pour éliminer les chlorures peut se présenter dans un cas d’eau
souterraine saumâtre.
CHAPITRE 9
9.1 Contexte
Plusieurs procédés ont été retenus en vue d’offrir un choix multiple au concepteur. Certains
procédés sont présentés dans le Guide même s’ils n’ont pas encore d’application connue au
Québec, ni de technologie éprouvée. Ils ont été retenus parce qu’ils possèdent un potentiel
d’application pour le Québec et parce qu’ils ont obtenu des résultats intéressants lors de mises à
l’essai à l’extérieur du Québec. Le Comité sur les technologies de traitement en eau potable est
mandaté pour procéder à la reconnaissance et à la détermination des critères de conception de ces
technologies. Il est donc recommandé de consulter régulièrement le site Internet du MDDEP où
l’on retrouve les fiches techniques des technologies évaluées.
(www.mddep.gouv.qc.ca/eau/potable/guide/fiches.htm).
Des essais de traitabilité pour les projets de production d’eau potable provenant d’une source
d’eau de surface peuvent être requis pour établir la conception finale d’une technologie ou d’une
filière de traitement déjà éprouvée. Ces essais visent à :
Le concepteur a plusieurs décisions à prendre : réaliser ou non de tels essais, l’échéancier, les
modalités, le protocole de ces essais ainsi que leur suivi. Le MAMR et le MDDEP peuvent être
consultés et ils le seront préférablement dans les cas où les essais influencent de façon décisive le
cheminement de la conception. En général, les essais peuvent durer de une semaine à trois mois
(selon la technologie) et couvrir la période la plus défavorable de l’année pour ce qui est de la
qualité de l’eau brute.
Par rapport à l’eau souterraine, l’eau de surface présente habituellement une plus grande
variabilité en ce qui concerne la qualité. Elle est également plus vulnérable à la contamination,
autant biologique que chimique. Finalement, les installations de traitement de l’eau de surface
sont souvent plus complexes que celles qui traitent l’eau souterraine. Pour ces raisons, la
recherche en eau de surface n’est souvent pas la première activité d’un projet.
Lorsque requis, les principales étapes d’analyse pour cette avenue de solution sont :
• Recenser les sources d’eau de surface (lacs, rivières et résurgences) disponibles à proximité
du réseau de distribution;
• Favoriser en premier lieu l’utilisation des résurgences et particulièrement si elles peuvent
être interceptées sous terre. Dans ce dernier cas, l’eau captée pourrait être assujettie aux
critères de désinfection et de turbidité d’une eau souterraine (beaucoup moins sévères que
pour une eau de surface);
• Favoriser en second lieu les plans d’eau (lacs et réservoirs), car la qualité de l’eau brute est
plus stable que celle véhiculée dans une rivière. De ce fait, le traitement est également plus
sécuritaire et plus simple d’opération;
• Dans les cas de lacs, réservoirs et cours d’eau, caractériser le bassin versant et
particulièrement les environs immédiats de la prise d’eau prévue (usages anthropiques et
sources de pollution, nature du bassin versant, nombre d’usagers, habitats particuliers,
propriétés, etc.);
• Procéder à une caractérisation complète de la source d’eau de surface prévue selon les
indications contenues dans la section 6.2 du présent Guide de conception;
• Évaluer les conflits d’usages et les implications législatives, réglementaires et politiques
connexes;
• Évaluer la capacité d’extraction admissible pour le plan d’eau ou le cours d’eau afin de
préserver le débit écologique en aval du plan ou du cours d’eau;
• Évaluer le mode de captage admissible (prise d’eau, réservoir, etc.).
9.3.1 Généralités
• L’approvisionnement par eau de surface comprend les systèmes avec prise d’eau dans : 1) un
cours d’eau à écoulement naturel ou régularisé; 2) un lac naturel; 3) un réservoir
d’emmagasinage artificiel;
• Pour l’acceptation d’un projet de prise d’eau, le concepteur doit démontrer, à la satisfaction
du MDDEP, qu’une quantité suffisante d’eau sera disponible et que l’eau qui sera distribuée
rencontrera les normes de qualité décrites dans le Règlement sur la qualité de l’eau potable et
les Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada;
• Un système d’approvisionnement en eau doit puiser son eau brute à partir de la meilleure
source disponible et qui soit à la fois économiquement rentable et techniquement possible à
aménager en tenant compte des impacts environnementaux et de la vulnérabilité de la source
d’eau;
La conception, les demandes d’autorisations ainsi que la réalisation des travaux pour une prise
d’eau doivent se faire en tenant compte de plusieurs lois, règlements et politiques. Les
informations relatives à ces textes sont regroupées et résumées dans le tableau 9-2 suivant.
• On utilisera le débit d’étiage sur sept jours consécutifs ayant une période de récurrence de
deux ans (Q2-7). Pour un lac ou un réservoir, on utilisera le Q2-7 à l’émissaire. Ces données
devront être entérinées par le MDDEP;
• Le débit d’étiage doit être calculé sur la base des conditions originelles du cours d’eau ou
plan d’eau, c.-à-d. en considérant qu’il n’y a aucun prélèvement en amont (prise d’eau ou
autre);
• Le débit maximum qu’il est permis de prélever est établi à 15% du Q2-7 originel, débit
duquel il faut soustraire les prélèvements en amont. La valeur ainsi obtenue est, par
définition, la capacité de la source d’approvisionnement au point de prélèvement. Cette
base de calcul est issue de l’article 17 du Règlement sur les habitats fauniques (Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune) qui stipule que « le prélèvement ne peut
excéder 15 % du débit du cours d'eau à l'endroit où le prélèvement est effectué ». Il est
possible d’excéder le 15% du Q2-7 originel en effectuant la démonstration prévue au
cinquième alinéa. Par contre, si cette démonstration s’avère négative, le 15% du Q2-7
originel demeure la valeur de référence;
• Lorsqu’il existe des points de prélèvement en aval de l’éventuelle prise d’eau, il faut
démontrer que la capacité de prélèvement de la source ne sera pas excédée suite à
l’implantation de la nouvelle prise d’eau;
• Dans le cas où la capacité de la source d’approvisionnement, établie selon la méthode
décrite aux quatre alinéas précédents, est insuffisante (inférieure aux besoins en eau
futurs), il est possible de démontrer, par des méthodes plus évoluées (méthodes
hydrauliques et méthode des habitats préférentiels), que le débit écologique nécessaire
pour le maintien des écosystèmes existants est inférieur à celui établi par la méthode du
Q2-7;
• À l’extérieur de la période d’étiage, il est permis de prélever un débit d’eau supérieur
jusqu’à un maximum de 15% du débit du cours d’eau;
9.3.4 Qualité
Tous les facteurs susceptibles d’affecter à court ou à long terme la qualité de l’eau puisée à une
source doivent être considérés et tout particulièrement les points suivants :
• Installer des affiches aux endroits stratégiques indiquant qu’il s’agit d’une source
d’approvisionnement en eau potable;
• Il est recommandé aux exploitants de prévoir un ou plusieurs plans d’urgence pour tenir
compte des situations où la source d’eau de surface serait affectée par un ou plusieurs
événements inhabituels susceptibles d’introduire dans la source d’eau brute de nouveaux
contaminants ou des contaminants existants en quantités excessives. Les mesures à prendre
pour identifier et réduire les risques d’impact sur le traitement ou sur l’eau traitée sont à
considérer.
La qualité de l’eau brute doit être déterminée à partir d’un échantillonnage sur une période de
temps suffisamment longue pour pouvoir évaluer les caractéristiques bactériologiques, physiques
et chimiques de l’eau, leur évolution dans le temps et le choix d’un procédé de traitement, le cas
échéant. Les paramètres minimum et obligatoires à mesurer ainsi que leur fréquence d’analyse
sont décrits à la section 6.2.
Les principaux facteurs à considérer dans la localisation d’une prise d’eau sont la sécurité
d’approvisionnement, la qualité de l’eau brute ainsi que l’impact sur l’environnement et le milieu
aquatique. Plus spécifiquement, les points suivants doivent être pris en considération :
• La prise d’eau doit être située à l’endroit où la qualité de l’eau est la meilleure et la moins
vulnérable à la pollution, tout en causant le moins de dommage à la faune aquatique;
• Des relevés bathymétriques sont souvent nécessaires afin de choisir la localisation exacte de
la prise d’eau et le tracé de conduite d’adduction pour sa partie immergée;
• Dans la mesure du possible, la mise en place d’ouvrages artificiels de retenue (barrages,
seuils, etc.) doit être évitée afin de minimiser les impacts sur le régime hydraulique du cours
d’eau (écoulement, sédimentation, etc.) et la faune aquatique. Le cas échéant, le concepteur
contactera le MDDEP pour discuter de l’aménagement de la prise d’eau;
• Lorsque la source d’eau est une rivière, l’aménagement d’un système de captage souterrain
sur les berges (principalement si elles sont constituées de gravier) ou d’un réservoir artificiel
hors cours d’eau pourrait être envisagé;
• La prise d’eau doit être aménagée de façon à ne pas être influencée par des usages
incompatibles, tels les rejets d’eaux usées, la navigation ou toutes autres activités pouvant
l’affecter;
• Évaluer les risques de formation de frasil et de colmatage de la prise d’eau. Étudier le régime
de formation des glaces;
• Le site doit être facile d’accès en toute saison et offrir la possibilité d’un agrandissement
futur;
• Lorsque deux entrées sont prévues, il est préférable de les placer de façon à ce qu’une entrée
puisse demeurer en opération dans le cas où l’autre se bloquerait;
• Lorsque deux entrées sont prévues, il pourrait s’avérer intéressant de les installer à deux
niveaux différents afin de permettre la sélection de la meilleure qualité d’eau possible (la
qualité de l’eau est susceptible de changer selon la profondeur et la saison);
• Les données hydrosédimentologiques dicteront les distances à respecter entre les radiers des
entrées et le lit du cours ou du plan d’eau afin d’éviter l’envasement, l’ensablement ou la
dégradation de la qualité de l’eau brute;
• L’entrée doit être submergée en tout temps et située à une profondeur suffisante pour éviter
les inconvénients dus à la présence de glace ou de débris flottants et empêcher l’entraînement
d’air, créant des vortex au-dessus de la prise. La profondeur minimale d’eau au-dessus de
l’ouverture doit être la plus grande des dimensions suivantes : 1,5 m ou 2 à 3 fois le diamètre
de l’ouverture;
• Lorsque des problèmes de frasil actif (cristaux de glace qui se forment sur la grille d’entrée)
sont anticipés, une plus grande profondeur est requise. Dans ce cas, l’entrée devrait être à au
• La conduite d’adduction doit être posée en pente constante à un niveau de radier croissant en
direction de la berge afin d’éviter l’accumulation d’air ou de gaz;
• Pour des conduites d’un diamètre important, des regards d’inspection doivent être installés à
tous les 300 m (à l’extérieur de la limite des hautes eaux) afin de permettre une inspection
visuelle;
• Si la conduite est sujette à l’accumulation de sédiments ou de boues, un système de nettoyage
par purge ou autre devrait être prévu pour les enlever;
• Dans le cas où la conduite est accessible aux poissons (accès permis par des ouvertures de
l’ouvrage d’entrée supérieures à 12 mm), la vitesse de circulation de l’eau ne doit pas
excéder 0,5 m/s afin de permettre aux poissons de remonter le courant s’ils s’introduisaient
dans la conduite;
• Dans le cas où la conduite n’est pas accessible aux poissons (grillage fin ou gravier à
l’ouvrage d’entrée), la vitesse dans la conduite d’adduction doit être suffisante pour limiter la
• Dans le cas où il n’y aurait pas de poste de pompage d’eau brute ou que celui-ci soit éloigné
de la source d’eau, un regard de rive est requis. Celui-ci pourra abriter les ouvrages connexes
requis (tamis fins, robinet d’isolation, raccordement de deux prises d’eau indépendantes,
installation pour les purges à contre-courant, etc.);
• Dans le cas où il y aurait un poste de pompage d’eau brute près de la rive, un regard de rive
pourrait alors ne pas être requis. Se référer alors à la section 7.1 pour les postes de pompage
d’eau brute.
• Des tamis fins doivent être prévus pour empêcher l’accès des poissons aux ouvrages en aval
(poste de pompage d’eau brute, conduite et installation de traitement);
• Ces tamis doivent être accessibles pour l’entretien et le nettoyage. Pour cette raison, on les
retrouvera fréquemment dans le poste de pompage d’eau brute ou le regard de rive. Ils
doivent être protégés par une grille grossière tel que décrit dans la section ouvrage d’entrée;
• Les tamis doivent avoir de 0,8 à 3 mailles au centimètre selon le type de matières en
suspension dans l’eau. Les tamis doivent être en métal anticorrosion et pouvoir s’enlever
facilement pour leur nettoyage. La vitesse de l’eau à travers les tamis doit varier entre 7,5 et
15 cm/s afin d’éviter le dépôt des particules et le piégeage des petits poissons sur le tamis;
• Au besoin, des tamis plus grossiers peuvent être aménagés en amont des tamis fins pour
réduire le colmatage;
• Les tamis fins et grossiers sont décrits à la section 9.5.
Prévoir l’installation d’un système permettant d’informer l’exploitant du respect des consignes
de captage découlant du calcul de la capacité de la source (élaboré dans la présente section) et
des exigences du MENV. Prévoir également l’installation d’un système de mesure du débit, soit
à la prise d’eau ou au poste de pompage d’eau brute.
Selon la source d’eau de surface choisie, un réservoir d’emmagasinage pourra être requis de
manière à assurer un approvisionnement d’eau brute minimum, en tout temps, à l’installation de
traitement.
Dans la mesure du possible, les réservoirs d’emmagasinage doivent être considérés uniquement
dans les situations où la source d’eau de surface naturelle (cours d’eau ou lac) ne peut garantir le
débit journalier maximum de conception pour l’installation de traitement et/ou dans les cas où la
qualité physico-chimique de la source d’eau de surface naturelle est sujette à des variations
La conception ainsi que le choix de l’emplacement d’un réservoir d’emmagasinage doivent être
faits de façon à pouvoir maintenir la meilleure qualité d’eau tout en bouleversant le moins
possible les milieux écologiques et humains et en tenant compte des facteurs économiques. Les
facteurs suivants doivent être pris en considération lors des étapes de conception :
• Vérifier si le projet respecte les critères d’exclusion des études d’impact sur le milieu;
• Évaluer les conséquences d’une brèche dans le réservoir et, au besoin, établir un plan
d’urgence dans un tel cas;
• Organiser la capacité d’emmagasinage désirée en fonction des ouvrages de régularisation
existants et futurs en amont du point d’alimentation du réservoir et en fonction de la demande
maximale projetée;
• La capacité d’emmagasinage doit aussi tenir compte de facteurs tels que les besoins futurs,
l’évaporation, l’envasement, l’ensablement, les possibilités de prélèvement (section 9.3.3.5)
et les pertes par infiltration;
• S’assurer de l’intégrité structurale des digues du réservoir et prévoir une protection contre
l’action des vagues et l’érosion;
• La géométrie du réservoir doit favoriser la bonne circulation de l’eau tout en minimisant les
zones mortes;
• La configuration topographique du lieu. Les conditions les plus favorables consistent en une
vallée étroite au niveau d’un barrage permettant ainsi d’obtenir un plus grand volume
d’emmagasinage par unité de hauteur et de surface. Ces conditions sont favorables tant du
point de vue économique que de celui de la qualité de l’eau;
• Prévoir l’emplacement du réservoir par rapport à l’installation de traitement;
• La nature du sol et du sous-sol doit offrir une bonne résistance à la percolation de l’eau et
permettre que la qualité physico-chimique de l’eau ne soit pas affectée par des minéraux ou
des sels solubles;
• La surface devant être inondée doit, autant que possible, être exempte d’arbres, broussailles
ou autres végétaux indésirables, ceux-ci devant être enlevés de toute manière. Les sols
marécageux sont à éviter pour ne pas occasionner de problèmes d’odeur, de couleur ou de
goût à l’eau emmagasinée;
• Dans le cas des réservoirs alimentant par gravité un poste de pompage d’eau brute ou une
installation de traitement, une attention particulière doit être apportée à la jonction entre le
point de raccordement au réservoir et la tranchée de la conduite d’amenée au poste de
pompage ou à l’installation de traitement. Un système d’étanchéité doit être construit en
travers, dans la tranchée de la conduite, de manière à prévenir les pertes d’eau non-contrôlées
du réservoir via les matériaux filtrants installés dans la tranchée de la conduite;
• Le coût d’achat des terrains de même que les contraintes sociales et humaines telles que le
type d’occupation actuel du terrain ou les potentiels d’utilisation du terrain ou du cours d’eau
à l’endroit du site, doivent être pris en considération;
• Les répercussions sur l’ensemble du milieu écologique doivent être minimisées;
9.5.1 Dégrillage
9.5.1.1 Description
Le dégrillage permet d’enlever les débris de dimensions intermédiaires (passant à travers la grille
grossière décrite à la section 9.3, afin d’éviter qu’ils interfèrent avec le fonctionnement des
équipements avals. Il sert également à empêcher l’accès des poissons aux ouvrages avals (poste
de pompage, conduite et installation de traitement). Pour ces raisons, il doit être localisé dans le
regard de rive (voir aussi section 9.3), au poste de pompage d’eau brute ou à l’entrée de l’usine,
s’il s’agit d’une alimentation gravitaire. Trois types de dégrillleurs peuvent être utilisés à cette
fin :
Plusieurs modèles sont disponibles. Les principales caractéristiques de ces appareils sont :
Le domaine d’application pour chacun des types de grilles est présenté ci-après.
De faibles charges de débris sont habituellement observées lorsque l’ouvrage d’entrée de la prise
d’eau est localisé dans un lac et qu’elle est éloignée de toute source de transport de débris (cours
d’eau de recharge par exemple). Dans le cas d’un cours d’eau dont la charge saisonnière en
débris peut varier rapidement (feuilles en automne par exemple) et/ou n’est pas documentée
(aucune prise d’eau existante), il est préférable de prévoir des grilles à nettoyage automatiques.
Ces dernières permettent d’éviter le nettoyage parfois quotidien que nécessitent les grilles à
nettoyage manuel.
Les critères de conception pour ces différents types de grilles sont présentés ci-après.
9.5.2 Microtamisage
9.5.2.1 Description
Le microtamisage permet l’enlèvement des fines matières en suspension (MES) présentes dans
l’eau à l’aide d’une toile métallique (microtamis) à mailles très serrées. Ces dernières sont
habituellement montées sur un cylindre rotatif horizontal (bien qu’il en existe également d’autres
types) qui est installé de façon à ce qu’il soit partiellement immergé. Un système à nettoyage
automatique est requis pour éliminer les MES retenues lorsque l’eau traverse les microtamis.
Il s’agit d’un équipement rarement utilisé au Québec. Son usage peut être envisagé lorsqu’un
type particulier de MES (des algues par exemple) nuit à la filière de traitement avale
(décantation, filtration, filtre à terre à diatomée, filtration lente, désinfection UV, etc.). Le choix
de la dimension des mailles doit être adapté à celle des MES que l’on désire enlever. Des détails
additionnels relativement à la conception des microtamis sont présentés à la section 9.6 du
volume 2.
Les microtamis ne permettent pas de réduire la turbidité de l’eau due aux particules colloïdales.
9.6 Coagulation
9.6.1 Description
La coagulation est un processus qui consiste à neutraliser les charges portées par les substances
colloïdales ou dissoutes indésirables à l’aide d’un produit chimique de charge opposée, appelé
coagulant, afin de faciliter leur agglomération en flocons décantables ou filtrables. Le coagulant
peut être introduit dans un bassin de mélange rapide ou dans un mélangeur statique en ligne qui
génèrent tous deux une violente agitation au point d’injection.
La coagulation est toujours la première étape d’un traitement physico-chimique. Elle précède
ainsi la floculation/décantation/filtration, la filtration directe ou la filtration membranaire
(microfiltration ou ultrafiltration).
En eau de surface, la coagulation est utilisée lorsque l’on désire enlever la couleur vraie, la
turbidité ainsi que les algues, mais elle peut également être utilisée à d’autres fins (arsenic +5,
etc.).
• Le temps de rétention hydraulique d'un tel bassin doit être conforme aux recommandations
du fournisseur du décanteur (ou autre ouvrage appelé à fournir une garantie de performance
sur le procédé) et être d'au moins 1 à 2 minutes, sur la base du débit de conception. En eau
froide, il peut être parfois préférable de prolonger la rétention pour permettre un contact
efficace entre l'eau et le coagulant. Le temps de rétention requis peut également varier selon
la vitesse de réaction du coagulant utilisé;
• Le bassin doit être équipé d’une unité mécanique de mélange rapide. Le gradient de vitesse
doit respecter les recommandations du fournisseur du type de décanteur utilisé et être de
l'ordre de 300 à 1500 s-1 selon les applications (les valeurs supérieures s'appliquant pour la
coagulation par neutralisation des charges). Le momentum de l'eau en mouvement dans le
bassin peut être considéré dans le calcul de la puissance de l'agitateur;
• L'entrée d'eau brute ne doit pas être dirigée directement sur l'arbre ou l'hélice de l'agitateur;
• L'entrée et la sortie du bassin doivent être disposées de manière à éviter les courts-circuits
hydrauliques.
Le mélangeur statique peut être utilisé lorsque le mode de coagulation principal se fait par
neutralisation des charges (le temps de réaction du coagulant est court, soit de l’ordre de 0,5 à
1,0 s) et lorsque le débit d'eau brute ne varie pas ou très peu (l'énergie de mélange varie avec le
débit). Le nombre d'éléments de mélange intérieur doit être choisi en fonction du débit et des
produits chimiques injectés. Ces éléments doivent être amovibles pour des raisons d'entretien.
L'injection du coagulant doit se faire, de préférence, directement dans le mélangeur statique.
• Lorsqu'un agitateur est utilisé, le coagulant doit être injecté dans la zone où la turbulence est
la plus grande, soit au-dessus ou au-dessous de l'hélice selon qu'elle refoule ou aspire l’eau. Il
est souhaitable de prévoir au moins un autre point de dosage supplémentaire pour s’assurer
que le mélange sera optimisé pour toutes les périodes de l’année;
• Lorsqu'un mélangeur statique est utilisé avec des pompes de type à pulsations, la fréquence
de pulsation de ces dernières doit être beaucoup plus élevée que dans le cas d'un bassin de
mélange rapide (en raison du faible temps de séjour);
9.7 Floculation
9.7.1 Description
La floculation est l’étape de traitement qui suit la coagulation. Elle vise à favoriser la croissance
de flocs par une agitation lente et prolongée de l'eau provenant des bassins de coagulation. Elle
est réalisée dans un bassin pourvu d’une unité mécanique d’agitation et implique habituellement
l'ajout d'un floculant.
La floculation doit obligatoirement être réalisée avant l’étape de clarification et peut être aussi
utilisée avant une filtration directe.
Certains procédés de décantation brevetés (voir section 9.9) intègrent l’étape de floculation et par
conséquent, les critères de conception découlent alors des exigences du fabriquant. Dans d'autres
cas, elle est faite séparément.
En tout temps, le bassin, le système d'agitation et les équipements connexes doivent être conçus
pour :
• Assurer le temps nécessaire pour la floculation (de 6 à 30 minutes, voir ci-après) au débit de
conception. Une floculation trop longue conduit à la destruction progressive du floc;
• Permettre l’ajustement de l’intensité de mélange en pourvoyant les agitateurs de variateurs
de vitesse;
• Éviter le bris du floc (vitesse maximale d'extrémité de pale inférieure à 0,6 et à 1,2 m/s
respectivement pour un floc fragile et un floc fort);
• Éviter la déposition du floc dans le bassin (G > 10 s-1);
• Résister à la corrosion.
• La configuration du bassin doit être conçue pour assurer une bonne distribution de l'eau afin
d’éviter les courts-circuits et prévenir la destruction du floc aux entrées et sorties du bassin;
• Il importe de ne pas briser le floc lors de son transfert du floculateur à la zone de décantation.
Les bassins de floculation doivent être situés près des décanteurs (s'ils n'en font pas déjà
partie) et les vitesses d'acheminement de l'eau floculée vers les bassins de décantation se
situent préférablement entre 0,15 et 0,45 m/s pour éviter la déposition et le bris des flocs, ceci
doit être fait en minimisant la turbulence aux coudes et autres changements de direction;
9.8 Clarification
9.8.1 Décantation
L’étape de décantation est nécessaire lorsque la charge de l’eau brute est trop élevée pour
permettre l’usage d’une filtration directe sans provoquer le colmatage trop rapide des filtres (voir
section 9.9.7).
La décantation physico-chimique peut être utilisée pour réduire les impuretés d’origine
particulaire (turbidité) et/ou dissoutes (couleur vraie ou COT, fer, sulfures, arsenic valence 5,
dureté, etc.). Les matières dissoutes doivent préalablement avoir été précipitées et/ou adsorbées à
un floc de coagulant.
La plupart des procédés de décantation implantés au Québec sont de type « dynamique », ces
procédés ont fait leur preuve en eau froide et sont brevetés. Dans la majorité des cas, la
floculation est intégrée au procédé de décantation.
Description
Ce type de décanteur doit son appellation au fait qu’il maintien en suspension une masse de
boues compacte appelée «lit de boues». L’eau brute coagulée est introduite à la base du
décanteur par l’intermédiaire d’un caisson faisant office de cloche à vide. Cette dernière génère
des pulsations périodiques afin de maintenir le lit de boues homogène et pour favoriser la
floculation de l’eau. Celle-ci est complétée, simultanément à la clarification, lors du passage de
l’eau à travers le lit de boues en suspension. L’eau clarifiée est reprise par un réseau de tuyaux de
collecte installé en surface du décanteur. Le surplus de boues est évacué périodiquement par un
système de collecte gravitaire installé dans un concentrateur de boues situé à l’intérieur du
décanteur.
La technologie Pulsator a été le premier modèle de décanteur à lit de boues pulsé. Des variantes
du Pulsator ont, par la suite, été développées afin d'augmenter la capacité de décantation dans un
espace donné. Ce sont le Pulsatube, le Superpulsator et l'Ultrapulsator. Il s’agit de technologies
éprouvées.
Critères de conception
Pour chacun des modèles de décanteur à lit de boues pulsé, la vitesse ascensionnelle limite
permise en eau de surface froide ainsi que les caractéristiques qui les distinguent entre eux sont
indiquées au tableau 9.3. Ces valeurs sont valides pour des plaques et des tubes inclinés à 60
degrés par rapport à l’horizontale. Les tubes ont une section de 50 mm et sont de forme
hexagonale.
Tableau 9-3 Vitesses ascensionnelles limites pour la décantation à lit de boues pulsé
Description
Ce type de décanteur, bien qu'encore existant, n’est pratiquement plus utilisé au Québec pour la
clarification de l'eau de surface. Il demeure cependant une option à considérer dans le cas d'un
adoucissement par précipitation à la chaux.
La zone centrale est une zone de mélange réservée à la floculation. La séparation des boues, de
l’eau clarifiée, s’effectue dans une zone calme située en périphérie de la zone centrale. Une
partie de celle-ci atteint par gravité la zone de mélange centrale pour y être recirculée à l’interne,
alors que l’autre partie atteint un concentrateur localisé d’un coté du décanteur et est éliminée par
un système de collecte gravitaire. L’eau clarifiée est reprise habituellement par des déversoirs
crénelés situés en périphérie.
Cette technologie permet une capture ou une adsorption efficace des colloïdes et autres particules
dans la masse de boues, ce qui confère aux flocs des propriétés facilitant la séparation solide-
liquide.
Critères de conception
La vitesse ascensionnelle maximale des décanteurs à recirculation interne de boues est de
2,5 m/h, appliquée sur la surface de décantation utile (zone centrale exclue). Si des tubes de
60cm de hauteur sont ajoutés dans la partie supérieure du décanteur, la vitesse ascensionnelle
maximale alors permise est alors de 4,5 m/h.
Description
Cette technologique, connue sous le nom de Densadeg, intègre les étapes : 1) de floculation
(s’effectue dans un bassin séparé de la zone de décantation qui reçoit également les boues
recirculées); 2) de décantation lamellaire (l’eau décantée est reprise par un réseau de goulottes à
Critères de conception
La vitesse ascensionnelle maximale admissible est de 25 m/h en eau de surface lorsque des tubes
alvéolés de 50 mm de section et de 1300 mm de hauteur sont utilisés. Ces vitesses sont toutefois
à valider par des essais pilotes, car peu d'expériences en eau froide ont été menées au Québec
jusqu’à maintenant. Pour cette raison, la technologie est considérée comme étant en phase de
validation.
Description
Le décanteur lamellaire à floc lesté est un décanteur associant les techniques de la floculation
lestée et de la décantation lamellaire. Ce procédé intègre un bassin de coagulation, un bassin
d’injection de floculant et de microsable, un bassin de floculation (chacun des bassins est muni
d’un agitateur vertical à hélice) et un décanteur lamellaire muni d’un racleur de boues ou de
trémies. Une pompe à boues et un hydrocyclone permettent de recirculer le microsable et
d’éliminer les boues.
Le principe de ce procédé est basé sur l’usage d’un microsable qui s’intègre au floc et lui confère
une vitesse de décantation très élevée. La seule technologie utilisée actuellement au Québec est
le décanteur Actiflo. Elle est considérée comme étant éprouvée.
Critères de conception
Bien que certaines installations fonctionnent actuellement à des vitesses ascensionnelles
comprises entre 40 m/h et60 m/h, la vitesse maximale de conception recommandée est de 40
m/h. à la date de tombée du texte, le Comité sur les technologies de traitement en eau potable
préparait une fiche technique définissant les conditions dans lesquelles la conception peut être
faite pour des vitesses supérieures à 40 m/h.
Le temps de rétention hydraulique dans les bassins de conditionnement de l’eau est de l’ordre
de :
Les tubes de décantation, d’une hauteur verticale de l’ordre de 800 mm, ont une section alvéolée
de 38 mm .
Éléments hydrauliques :
• l’écoulement dans les décanteurs doit être homogène et le moins turbulent possible pour ne
pas nuire à la décantation et minimiser les chemins préférentiels :
• le taux de débordement des déversoirs (crénelés, etc.) et/ou des conduites de sortie avec
orifices ne devrait pas dépasser 10 m³/m/h;
• les orifices submergés doivent être entre 600 mm et 900 mm en dessous du niveau d'eau
d'opération et la vitesse d'entrée devrait être inférieure à 0,15 m/s;
• l’eau ne doit pas parcourir une distance horizontale supérieure à 3 mètres pour atteindre les
ouvrages de collecte d’eau clarifiée;
• la hauteur de la lame d'eau dans les goulottes ne doit pas dépasser la hauteur des bas de
créneaux au débit nominal de conception;
• les zones de mélange doivent être pourvues d’une agitation suffisante pour éviter la
déposition (G>10 s-1).
Aménagement
• l’installation des équipements doit inclure tout le nécessaire pour permettre la réparation ainsi
que l’opération, l’analyse et le contrôle adéquat du procédé;
• l'accès pour l'entretien et l'observation (échantillonnage) du floc en divers points du
décanteur doit être prévu;
• prévoir un dispositif d'eau de détassage pour les décanteurs avec trémies.
Accessoires
• les tubes de décantation avec leur système de support doivent :
• être facilement enlevés et réinstallés;
• être hexagonaux, de 50 mm de longueur de section, et être inclinés à 60 degrés par
rapport à l’horizontal;
• avoir une déflection maximale de 1/240 de la portée sous la charge des tubes et d’un ou
des opérateurs selon les besoins;
• être submergé à une profondeur d’au moins 600 mm;
• pouvoir être nettoyés rapidement à l’eau, à l’air ou par vidange partielle du décanteur;
• Pour chaque décanteur, prévoir la tuyauterie nécessaire pour :
• échantillonner l’eau clarifiée ainsi que les boues;
• vidanger les bassins et faciliter leur entretien;
• extraire les boues.
La flottation est un procédé de clarification qui utilise de fines bulles d’air auxquelles s’attachent
les particules coagulées en suspension pour former un agglomérat (dont la densité est inférieure à
celle de l’eau) qui monte vers la surface. Les fines bulles d’air sont produites par dissolution
Pour l’instant, aucune technologie de flottation n’est reconnue comme étant éprouvée au Québec.
Parmi les applications pour lesquelles la flottation à air dissous est attrayante, on note les eaux de
surface colorées, de faible turbidité et de faible alcalinité ou les eaux de surface riches en algues.
Ces eaux sont généralement difficiles à traiter par décantation, car leur conditionnement
chimique entraîne la formation de flocs de faible densité qui ont une vitesse de sédimentation
très faible.
La flottation à air dissous doit être précédée d’un conditionnement chimique de l’eau brute
(coagulation et floculation) de façon à former des flocs de taille adéquate pour la flottation et être
suivie d’une filtration. L’usage d’un aide-filtrant est nécessaire.
Pour l’instant des critères de conception ne sont pas encore définis pour le Québec. Le
concepteur pourra toutefois se référer à la section 9.9.2.3 du volume 2 qui présente une synthèse
de l’expérience européenne et nord-américaine.
Le filtre clarificateur est un filtre muni d’un média homogène de forte granulométrie. Ce média
grossier permet l’utilisation de la pleine profondeur du lit filtrant et lui confère une bonne
capacité d’emmagasinage sous une faible perte de charge, et ce, à un taux de filtration élevé.
Le filtre clarificateur doit être précédé d’une coagulation et suivi d’une filtration. Contrairement
à la décantation et à la flottation, qui peuvent clarifier des eaux très chargées en matières en
Cette technologie pourrait s’avérer intéressante pour les petites installations dont la qualité de
l’eau brute répond aux conditions susmentionnées. Elle n’est cependant pas considérée comme
éprouvée au Québec.
Le taux de filtration maximal admissible est de 25 m/h. Les autres critères de conception ne sont
pas encore reconnus au Québec. Le concepteur peut néanmoins se guider sur les critères
préconisés par les fabriquants qui sont présentés à la section 9.8.3.3 du volume 2.
9.9 Filtration
La filtration est la barrière ultime et obligatoire de la filière de traitement des eaux dans la
majeure partie des cas. Elle vise à réaliser ou à compléter, à travers un lit filtrant, la réduction des
particules en suspension, des coliformes, des virus, des parasites ainsi que la turbidité. Sans elle,
plusieurs filières de traitement ne pourraient obtenir de crédits pour l’enlèvement des virus et des
kystes de protozoaires.
Les filières de traitement incorporant une filtration peuvent être de type physico-chimique,
physique, biologique ou adsorptive (voir aussi section 9.9 du volume 2).
Peu importe le type de filtre retenu, les équipements suivants sont exigés pour chaque filtre :
Ce procédé de filtration est celui qui est le plus utilisé au Québec. Il est caractérisé par un lavage
intermittent de son média filtrant. Le sens de la filtration est habituellement descendant. Le taux
de filtration et le type de lavage à utiliser dépendent de la composition du lit filtrant. On retrouve
3 types de filtres.
Les filtres à sable conventionnels sont composés d’un matériau de granulométrie uniforme. Les
filtres à forte granulométrie uniforme doivent nécessairement être précédés d’une décantation
Dans les filtres bicouches, l’eau traverse d’abord l’anthracite puis le sable. Ces filtres sont
présentement très utilisés au Québec, car ils sont plus compacts que les deux premiers (taux de
filtration supérieur) tout en demeurant efficaces. En raison de sa forte granulométrie, l’anthracite
confère à ce type de filtre une bonne capacité de stockage pour les substances enlevées (réduit le
taux d’augmentation de la perte de charge par rapport au filtre à sable conventionnel), tandis que
le sable (de plus faible granulométrie) permet de maintenir une bonne qualité de filtrat.
Dans les filtres multicouches l’eau traverse d’abord l’anthracite puis le sable et finalement le
grenat ou l’ilménite. La densité de ces matériaux est croissante afin d’assurer un reclassement
automatique des médias lors des lavages. Ces filtres ont jusqu'à présent été moins populaires que
les filtres bicouches au Québec, mais ils peuvent également être utilisés. La couche d’ilménite,
dont la granulométrie est plus fine que celle du sable, permet d’optimiser plus facilement la
qualité du filtrat que dans le cas des filtres bicouches.
Les filtres rapides à lavage intermittent sont tous des filtres de type physico-chimique. Seuls les
filtres à granulométrie uniforme doivent être précédés d’une étape de décantation. Les autres
peuvent être intégrés à une filière conventionnelle ou à la filtration directe :
Il est à noter que pour obtenir le crédit d’enlèvement requis pour les Cryptosporidium, la
turbidité à la sortie de la filtration doit être inférieure ou égale à de 0,3 UTN.
Le tableau 9-4 suivant résume les critères de conception des filtres rapides à lavage intermittent.
Tableau 9-4 Synthèse des critères de conception des filtres à lavage intermittent:
Fond de filtres
Le fond des filtres doit être conçu de telle façon que le taux de filtration et la distribution de l'eau
de lavage soient uniformes sur toute la surface filtrante et que la perte de charge soit minimale. Il
existe différents types de fond. Le fond le plus utilisé au Québec est le faux plancher muni de
buselures à queue percée de fentes, ce qui peut permettre la constitution d'un matelas d'air sous le
lit filtrant dans le cas d'un lavage à l’air et à l’eau. Cela assure également l’équipartition de l’air
dans le filtre lors des lavages et permet l'élimination de la couche de support de gravier. Le fond
de gravier avec drains perforés peut aussi être accepté pour supporter le média filtrant, si celui-ci
est conçu selon les règles de l'art.
Les fonds de filtres en gravier sont rarement utilisés dans les installations récentes. On retrouve à
la section 9.9.1 des informations relatives à leur conception. On retrouve plus souvent des
systèmes préfabriqués brevetés de fonds poreux ainsi que des systèmes de collecte et de
distribution des eaux s’installant directement sur la dalle de fond du filtre.
Le taux d'eau de lavage utilisé peut varier légèrement en fonction des saisons à cause du
changement de viscosité de l'eau. Le taux requis pour réaliser la même expansion du lit filtrant
augmente lorsque la température de l'eau augmente. Les systèmes doivent être conçus pour être
efficaces pour les températures d'eau de lavage les plus chaudes.
La durée totale du lavage devra être optimisée lors des premiers mois d’opération. La
consommation d'eau de lavage est généralement plus grande en lavage à l’air, puis à l’eau, qu’en
lavage simultané air et eau. La quantité d'eau utilisée pour le lavage des filtres ne devrait pas
dépasser :
• 1% du volume d'eau traitée dans le cas d'un lavage air et eau simultané;
• 2% du volume d'eau traitée dans le cas d'un lavage air et eau séparé.
Lavage de surface
Les systèmes de lavage fixes (4,9 m³/m²/h) ou rotatifs (1,2 m³/m²/h) sont acceptés. Ces derniers
sont reconnus comme supérieurs aux premiers. L’arrangement du système doit permettre un
nettoyage efficace des coins de filtres. En général, le diamètre de la conduite d’alimentation ne
doit pas être inférieur à 4 cm. La pression requise est de 140 à 230 kPa. Il faut prévoir un
système anti-siphon sur la conduite alimentant les gicleurs. Quand l’eau décantée est utilisée
pour le lavage de surface, une pompe séparée (munie d'un clapet de sortie pour éviter toute
interconnexion) est exigée.
Goulottes de lavage
Les goulottes doivent être dimensionnées en fonction du débit de lavage maximal. Il doit y avoir
au moins une hauteur libre (revanche) de 50 mm entre le bord supérieur des goulottes et le
niveau d’eau dans celles-ci. La distance verticale entre le fond de la goulotte et la surface
filtrante doit être au minimum de 600 mm.
Ce procédé est caractérisé par un lavage en continu de son média filtrant. Le sens de la filtration
peut être ascendant ou descendant, selon la marque de filtre utilisée. Dans tous les cas, le sable
sale est pompé, avec une pompe à émulsion (injection d’air comprimé dans une colonne de faible
diamètre), du fond du filtre vers un dispositif de nettoyage du sable localisé au-dessus du plan
d’eau supérieur du filtre. Le sable nettoyé est retourné à la surface du lit filtrant. Un mouvement
descendant continu du sable est ainsi généré par ce processus de nettoyage. Les eaux sales du
filtre sont éliminées de manière continue.
Employé en mode de filtration directe, la charge maximale admissible appliquée sur ce type de
filtre doit être inférieure à 60 mg/L en incluant les MES de l’eau brute, la partie précipitée du
coagulant, le COT et les autres charges contenues dans l’affluent. En absence d’information sur
la charge de l’eau brute coagulée, une turbidité maximale de 30 UTN est permise. Les limites
maximales pour la couleur vraie de l’eau brute ne sont pas encore établies. Si l’eau est
passablement colorée (> 40-60 UCV), des essais pilotes devraient être réalisés, particulièrement
si la turbidité est également élevée. Employé en aval d’un décanteur, les limites sont similaires à
celles des filtres à sable à forte granulométrie homogène.
En raison du lavage en continu de ce type de filtre, la qualité d’eau brute admissible maximale
utilisée en mode de filtration directe se situe entre celle admissible pour la filtration directe
traditionnelle (voir section 9.9.7) et celle admissible pour une filière de traitement
conventionnelle (décanteur et filtre). Le lavage en continu permet de maintenir le média dans un
état de filtration normal (perte de charge normale et constante dans le temps), et ce, malgré une
charge appliquée élevée. D’autres éléments d’application se retrouvent aussi à la section 9.9.2 du
volume 2.
L’unité de filtration sur sable à lavage en continu doit être conçue selon les critères suivants :
• Charge hydraulique : entre 2,5 m/h (et moins s’il y a risque de dégradation de la qualité du
filtrat) et 7,5 m³/m²/h;
• Profondeur du média requis lorsque utilisé en mode de filtration directe : 2 m (1 m si précédé
d’une clarification);
• Granulométrie (sable seul) : D10 de 1,1 mm et CU < 1,5;
• Le système doit permettre l’ajustement de la vitesse de lavage du sable et permettre au moins
quatre lavages par jour;
• Le système doit pouvoir admettre une perte de charge d’au moins 1200 mm;
• Prévoir un débit de lavage continu de l’ordre de 5% à 10% du débit d’eau brute filtrée.
Afin de compléter la conception des filtres à lavage en continu, il faut tenir compte des éléments
suivants :
• L’air utilisé pour la pompe à émulsion du système de lavage doit être exempt d’huile;
L’utilisation du charbon actif en grains dans le traitement de l’eau potable a débuté par
l’exploitation de ses propriétés d’adsorption. Les coûts associés à la régénération périodique du
charbon sont élevés et la durée de vie utile de celui-ci peut être prolongée en l’utilisant en mode
biologique. Lorsque la capacité d’adsorption du charbon s’épuise, il devient un média très
efficace (en raison de sa porosité élevée) pour supporter une biomasse active capable de réduire
la matière organique dissoute.
La filtration biologique comprend deux étapes de traitement, soit l’ozonation et la filtration sur
un lit de charbon actif en grains. Cette chaîne de traitement, habituellement appliquée sur une
eau de surface, doit suivre une filière de traitement conventionnelle ou s’y intégrer (ozone à l’eau
décantée et remplacement de l’anthracite des filtres bi-couches par du charbon actif). Ce procédé
profite de l’ozonation qui favorise le fractionnement de la matière organique et augmente la
À moins que la quantité de matière organique soit très faible dans l’eau brute, l’ozonation ne doit
jamais être la dernière étape dans la chaîne de traitement, car il faut alors enlever la matière
organique facilement assimilable ainsi que les sous-produits de désinfection qui se sont formés.
Il a été démontré que les filtres à charbon actif biologique produisent une certaine quantité de
carbone sous forme de biomasse bactérienne. L’étape de désinfection finale en aval de la
filtration, permet de contrôler adéquatement la qualité microbiologique de l’eau produite.
La filière biologique offre la possibilité de pouvoir s’intégrer à une filière conventionnelle lors de
la réfection d’une usine : l’anthracite des filtres bi-couches est alors remplacé par du charbon
actif, alors que l’ozonation est ajoutée en amont des filtres en corrigeant le profil hydraulique et
en modifiant la tuyauterie ou la hauteur des filtres. Les crédits d’enlèvement accordés à la
filtration sur charbon actif biologique, en remplacement des filtres actuels, dépendent alors du
respect des critères de conception des filtres bicouches et de la qualité du filtrat (voir section
9.9.1).
Ozonation
L’unité d’ozonation pour la filtration biologique doit être conçue selon les critères suivants (voir
aussi section 10.4.2) :
• Un dosage de l’ordre de 0,5 à 1,0 mg O3/mg de COD permet d’obtenir un taux optimum de
formation de matière organique assimilable;
• Le dosage requis pour atteindre les objectifs de désinfection (voir section 10.4.2) est
généralement supérieur à celui de l’oxydation de la matière organique biodégradable.
• La composition du milieu filtrant est similaire à celle des filtres bicouches à l’exception du
CU qui doit être égal ou inférieur à 1,9 et de la hauteur du charbon actif qui dépendra du
temps de contact nécessaire;
• Un temps de contact en fût vide (voir plus loin) compris entre 10 et 20 min permettrait
d’atteindre les abattements souhaités de la matière organique biodégradable (selon des
observations empiriques effectuées en France, aux États-Unis et au Canada);
• Prévoir des équipements de lavage qui puissent donner une expansion minimale de 30% du
lit filtrant pour s’assurer de l’efficacité du rinçage;
• Les pompes de lavage doivent avoir le potentiel permettant de fournir un débit de 40 à 50
m/h.
Le temps de contact réel dans les filtres est souvent inconnu et il est remplacé par le temps de
contact en fût vide (TCFV). Le TCFV se calcule en divisant le volume total qu’occupe le média
filtrant (le charbon actif en l’occurrence) par le débit d’alimentation du filtre.
Les éléments suivants sont aussi à considérer pour la conception des filtres sur charbon actif
biologique :
• Les mesures visant à prévenir les émanations provoquées par le dégazage de l’ozone en
surface des filtres et à éviter sa propagation dans l’ensemble de l’usine, sont décrites dans le
chapitre 15 du volume 2;
• Il est préférable d’utiliser une eau non chlorée pour un meilleur contrôle des paramètres et le
maintien d’une quantité supérieure de biomasse fixée. Toutefois, les lavages à l’eau chlorée
n’ont pas d’impact significatif sur la performance globale du procédé;
• À cause de sa faible densité, on peut s’attendre à une perte annuelle de 3% due à l’attrition du
charbon (réduction du matériau en fines particules sous l’effet mécanique abrasif des
lavages) et aux pertes par entraînement lors des lavages;
• La hauteur de revanche entre le haut des goulottes de lavage et la surface des matériaux en
expansion ne devrait jamais être inférieure à 20 cm;
• La substitution de l’anthracite par le charbon dans un filtre existant nécessite le réajustement
des débits de lavage et possiblement celui du niveau des goulottes;
• La construction du fond de filtre doit être faite avec soin, de manière à ce qu’il soit
parfaitement à niveau. Le dégazage de bulles d’air accumulées dans des points hauts sous le
plancher des filtres risque d’entraîner la perte de charbon durant les lavages;
• La fréquence des lavages doit pouvoir être augmentée (intervalle de 4 jours) afin de contrôler
la diversité biologique et le développement d’organismes supérieurs;
• Les filtres biologiques doivent être opérés en continu pour maintenir des conditions aérobies
et préserver la santé de la biomasse. Toujours procéder au lavage des filtres avant leur remise
en service, suite à un arrêt, afin d’éliminer des concentrations potentielles de substances
indésirables telles que le COD, les nitrates, le bromure et l’ammoniaque.
La filtration sur précouche désigne un type de procédé dans lequel le milieu filtrant est formé par
dépôt sur une couche de support appelée septum. La filtration se fait principalement par tamisage
à la surface du milieu. Le milieu filtrant le plus couramment utilisé est la terre à diatomée. Ces
filtres sont parfois appelés filtres à terre à diatomée ou filtres diatomites. La terre à diatomée est
formée de diatomées qui sont des carapaces siliceuses fossiles d'origine marine, de taille très fine
(5 à 17 µm) et ayant un pouvoir adsorbant reconnu.
Son fonctionnement s'effectue généralement sur un cycle comprenant trois étapes : 1) mise en
place de la précouche; 2) filtration; 3) lavage à contre-courant.
Au cours de la première étape, une mince couche de milieu filtrant (environ 2 à 5 mm) est
appliquée pour recouvrir le septum. Le septum est constitué d’une structure poreuse conçue pour
retenir les plus petites particules de terre à diatomée. Lorsque la précouche est formée, le cycle
de filtration peut commencer. Lors de la filtration, les particules insolubles de taille semi-
colloïdale ou plus grande (1µm) sont capturées et retenues surtout à la surface du filtre. Lors du
cycle de filtration, un apport continuel de terre à diatomée (proportionnel aux solides enlevés) est
mélangé à l'eau brute. Ceci permet de maintenir la perméabilité de la surface du filtre et prolonge
les cycles de filtration. Lorsque la perte de charge au travers du filtre atteint un maximum, la
filtration est arrêtée pour initier un lavage à contre-courant afin de nettoyer le septum de toute la
boue accumulée en surface. On relance ensuite le processus de filtration avec une nouvelle
épaisseur de précouche.
Il est à noter qu’il n’y a aucune installation au Québec qui utilise les filtres sur précouche.
Généralement, aucun prétraitement n'est requis. Cependant, dans le cas où l'eau brute subirait des
poussées de croissance d'algues, un prétraitement devrait être considéré afin de ramener la
qualité de l'eau brute à des teneurs acceptables. Le prétraitement peut être réalisé avec l'aide d'un
microtamisage ou d'un filtre à granulométrie grossière (roughing filters). Une attention
Les filtres sur précouche doivent être conçus selon les critères suivants :
• Les filtres peuvent être sous pression ou sous vide (ces derniers sont préférés des utilisateurs
puisqu’ils permettent d'observer la surface filtrante ainsi que son fonctionnement);
• Le taux de filtration est de 2,4 à 3,7 m/h (contrôlé par un dispositif mécanique);
• Pendant la formation de la précouche, l'eau filtrée sera soit recirculée (terre à diatomée
appliquée : 0,49 kg/m² ou suffisamment pour former une épaisseur de 2 à 5 mm), ou rejetée à
l'égout (terre à diatomée appliquée : 0,73 à 0,98 kg/m²);
• Des concentrations de 1 à 3 mg/L sont typiques pour l’ajout de terre en continu;
• La perte de charge ne pourra excéder 210 kPa pour des filtres sous pression ou –51 kPa pour
des filtres sous vide;
• Les filtres doivent être conçus de façon à prévenir un colmatage et un espacement d'un
minimum de 2,5 cm entre chacune des composantes des filtres doit être prévu.
Les éléments suivants sont aussi à considérer pour la conception des filtres sur précouche :
• Le réseau de conduits servant à véhiculer la solution de terre diatomée doit être facilement
accessible pour pouvoir effectuer son entretien;
• La préparation de la solution de terre à diatomée doit être maintenue continuellement en
suspension pour faciliter le contrôle du dosage;
• Un taux de recirculation de 0,24 m/h devra être maintenu quand l'unité de filtration est en
arrêt. Ceci préviendra le détachement de la précouche du milieu filtrant;
• Les composantes du filtre doivent pouvoir résister aux pressions maximales et aux variations
de vitesses lors de la filtration et des lavages à contre-courant;
• L'entrée d'eau brute ne doit pas entraîner la formation de remous de terre à diatomée sur la
surface filtrante;
• Une méthode de nettoyage doit être prévue afin de détacher efficacement le gâteau de boue
sur le septum.
La filtration lente sur sable est un procédé simple, tant par sa conception que par sa mise en place
et son exploitation. Le filtre est généralement composé d'une épaisseur de sable fin supportée par
une couche de gravier. L'eau traverse lentement cette couche de sable fin, de sorte que les plus
grosses particules sont arrêtées près de la surface du sable. Ces particules forment une couche
poreuse très fine, dont la surface totale de veinules ou de pores est très grande, ce qui favorise
l'adsorption des impuretés par cette couche ou le sable sous-jacent. Cette couche poreuse est
Les critères de conception pour la filtration lente sur sable sont les suivants :
• Le D10 doit être entre 0,15 mm et 0,30 mm avec un CU ne dépassant pas 2,5;
• Le taux de filtration est de 0,1 à 0,4 m³/m²/h;
• Une tête d’eau de 0,9 à 1,8 m doit être maintenue au-dessus des filtres. Cette dernière
détermine en partie la fréquence de raclage des filtres;
• L'entrée d'eau brute sur le filtre doit être répartie et se situer à au moins 300 mm au-dessus du
lit de sable submergé afin d'éviter la formation de remous à la surface;
• La vitesse d'écoulement dans les conduites de collecte ne doit pas dépasser 0,25 m/s;
• La distance entre deux drains latéraux ne doit pas excéder 1,0 m;
• Le milieu filtrant doit être placé sur une couche de gravier de 0,8 m à 1,3 m.
Les éléments suivants sont aussi à considérer pour la conception de filtres lents sur sable :
• Avoir une alimentation continue des filtres sur un cycle journalier afin de maintenir un apport
constant en oxygène pour la biomasse;
• Chaque filtre doit être muni d'un collecteur principal et d'un nombre suffisant de drains
latéraux pour recueillir l'eau filtrée;
• Le radier de la structure de sortie de l’effluent (conduite ou déversoir ajustable) doit toujours
être au-dessus du niveau supérieur du sable afin d’éviter l’apparition de pression négative qui
provoquerait un phénomène de dégazage (colmatage du lit filtrant);
• Les couches de gravier servant de support au lit filtrant doivent être conformes aux exigences
applicables aux filtres rapides (voir section 9.9.1 du volume 2);
• L'ajout de sable sera obligatoire lorsque la profondeur de sable atteindra un minimum de 30 à
50 cm. Si on prévoit réutiliser du sable afin de réduire la période d'ensemencement, celui-ci
sera toujours ajouté au-dessus du nouveau sable. Afin d'accélérer la remise en opération et
Les procédés de filtration décrits dans les sections précédentes peuvent être adaptés pour des
besoins particuliers en remplaçant des matériaux inertes comme le sable ou l'anthracite par du
charbon actif granulaire (CAG). Les paramètres habituellement visés sont les goûts et odeurs, le
carbone organique, les substances organiques volatiles, les précurseurs de sous-produits
halogénés, les pesticides, etc. De plus, la filtration sur CAG peut faire partie d'une filière
particulière comme, par exemple, la déchloration dans une situation où aucune trace de chlore
résiduel ne doit subsister dans l’eau.
Les CAG sont fabriqués avec différents matériaux, de sorte qu'on trouve sur le marché un grand
nombre de produits. Avant d'arrêter un choix sur un matériau, il faut définir les besoins réels et
vérifier avec les fournisseurs quels produits peuvent être considérés. Il faut en général une eau
peu turbide et libre d'agents colmatants pour filtrer directement sur du CAG. Les filtres de CAG
peuvent être installés à la suite d’une étape de prétraitement physico-chimique ou après des
filtres inertes.
Il faut se rappeler que des métaux bivalents dissous dans l'eau peuvent se fixer dans les pores,
réagir avec les composés et dégrader rapidement la capacité d'adsorption des CAG. Le chlore
réagit avec les CAG et en diminue la masse ainsi que la capacité d'adsorption. Ces réactions
peuvent libérer des sous-produits chlorés dans l’eau.
Dans tous les cas, il faut procéder à des essais en laboratoire et, si nécessaire, à des essais pilotes
pour déterminer le matériau à retenir et établir les critères de conception pertinents.
Les critères de conception pour la filtration sur charbon actif granulaire sont les suivants :
La section 9.9.6 apporte des éléments supplémentaires pour la conception de la filtration sur
charbon actif granulaire.
Le CAG qui est extrait des filtres après usage peut être régénéré si les substances adsorbées
peuvent en être retirées. Si le volume est suffisant, le fournisseur se charge de reprendre le
charbon pour le régénérer. Dans le cas où le matériau ne pourrait être régénéré, il doit être
transporté dans un site de disposition agréé. Il est nécessaire de faire analyser le CAG pour
choisir son mode de disposition (soit l’enfouissement ou considéré comme déchet dangereux).
• Prévoir une expansion d’environ 40% du lit filtrant lors des lavages;
• Faire attention pour éviter de perdre du CAG dans les eaux de lavages;
• Tenir compte de la température de l’eau lors de la conception des cycles de lavages;
La filtration directe est un procédé de traitement des eaux de surface qui comprend l’ajout d’un
coagulant, un mélange rapide, une floculation et une filtration : l’absence de décanteur constitue
la particularité de ce procédé. Le terme de filtration directe s’applique donc de façon générale à
deux types de procédés :
Le traitement des eaux brutes de très bonne qualité (faibles valeurs de la turbidité, du COT et de
la couleur) ne nécessite pas la mise en place de toutes les étapes d’une filière conventionnelle. La
filtration directe est un traitement simplifié adapté à ces types d’eau.
Selon un rapport publié par un comité de spécialistes de l’AWWA (1980), voici les critères
requis pour les eaux brutes pouvant être admissibles à un traitement par filtration directe :
• Turbidité typique de moins de 5 UTN mais il existe des applications documentées jusqu’à 10
et même 50 UTN;
• Couleur vraie < 40 unités couleur;
• Algues < 2000 unités/ml;
• Fer < 0,3 mg/L;
• Manganèse < 0,05 mg/L.
Des études ont montré que lorsque la dose d’alun requise pour produire un filtrat de qualité
acceptable dépasse 15 mg/L, la filtration directe ne serait pas un choix judicieux. Les eaux qui
requièrent de 6 à 7 mg/L d’alun en combinaison avec un faible dosage de polymère sont propices
à la filtration directe. L’utilisation d’un aide filtrant s’avère toutefois nécessaire pour assurer la
qualité de l’effluent. Lorsque la quantité d’algues demeure très faible, il a aussi été démontré
qu’il est possible de traiter des eaux brutes légèrement plus turbides, de l’ordre de 10 à 15 UTN.
Dans certaines conditions, il est même possible d’utiliser la filtration directe jusqu’à une turbidité
de l’eau brute de 50 UTN (Letterman, Journal of AWWA, décembre 1987).
La conception des filtres pour la filtration directe est, dans la plupart des cas, basée sur les
résultats d’essais pilotes ainsi que sur les critères de conception des filtres conventionnels.
Certains critères généraux sont énumérés ci-après :
• Le temps de rétention du bassin de coagulation doit être d’au moins 5 minutes en absence de
floculation;
• L’emploi d’un aide-coagulant devrait être envisagé afin de réduire le volume de boue formé
par l’alun. L’alun et l’aide filtrant sont toujours requis;
• Le pourcentage d’eau de lavage à considérer est plus élevé que pour un filtre dans une usine
conventionnelle (6 à 10%);
• Les médias utilisés sont les mêmes que pour les filtres bi-couches et multicouches;
• Un essai de traitabilité, réalisé dans la pire saison, est toujours requis pour la conception;
• Une granulométrie homogène peut être utilisée mais un essai pilote est alors nécessaire (voir
section 9.1). C’est aussi le cas lorsque le concepteur veut travailler à une vitesse de filtration
plus élevée que celles définies pour les filtres conventionnels.
Les performances des filières de filtration directe sont moins documentées que celles des
systèmes conventionnels et semblent davantage faire appel à une évaluation selon le type d’eau à
traiter. Dans tous les cas, des essais rapides de floculation en bécher (jar test) et des tests de
filtration sur membrane de laboratoire, complétés par des études pilotes, sont recommandés avant
d’opter pour une filière de filtration directe.
Les filtres sous pression utilisent les mêmes processus de filtration que les filtres gravitaires.
Pour obtenir des performances similaires aux filtres gravitaires, ils font appel aux mêmes médias
filtrants avec les mêmes vitesses et les mêmes pertes de charge. L’avantage des filtres sous
pression réside dans la possibilité de distribuer directement l’eau traitée sans autre pompage.
La filtration sous pression est fréquemment utilisée pour le traitement des eaux souterraines, et
plus spécifiquement, pour l’enlèvement du fer et du manganèse. Par contre, son utilisation pour
le traitement de l’eau de surface est exceptionnelle, voire même interdite dans certains états
américains et certaines provinces canadiennes. Au Québec, aucune technologie de filtration sous
pression n’est reconnue comme étant éprouvée. Le Comité sur les technologies de traitement en
eau potable aura peut-être à évaluer des technologies de filtration sous pression pour la
production d’eau potable à partir d’eau de surface.
Une membrane est une très mince couche de matière qui permet, sous l'action d'une force motrice,
de faire une séparation à l'échelle microscopique. La force motrice peut être une différence de
pression, de potentiel électrique ou de concentration de part et d'autre de la membrane. Dans le
9.10.1 Description
Les membranes sont fabriquées sous forme plane ou tubulaire. En pratique, la désignation de
membranes tubulaires est réservée aux plus gros tubes (diamètre intérieur supérieur à 6 mm)
alors que la désignation de fibres creuses est réservée aux tubes fins (diamètre externe inférieur à
2 mm). À l’exception de certaines membranes de MF, les membranes ont une structure
asymétrique, c'est-à-dire qu'elles sont constituées d'une couche superficielle très mince (0,1 à 0,5
μm d'épaisseur d'après Aptel et Buckley, 1996) de très fine porosité et d'une sous-couche plus
épaisse de porosité beaucoup plus large. La séparation a lieu dans la couche superficielle tandis
que la sous-couche confère une résistance mécanique à la membrane. Les deux couches peuvent
être faites de différents matériaux comme c'est le cas pour les membranes composites (Thin Film
Composite, TFC).
• NaCl en OI;
• MgSO4, CaCl2 ou sucrose en NF;
• Dextran ou protéine en UF;
• micro-particules calibrées en MF.
Propriété MF UF NF OI
Taille des pores (couche 0,05 à quelques nm à ~ 1 nm < 1 nm (a)
superficielle) quelques μm 100 nm
Perméabilité à l'eau déminéralisée à 10-8 à 10-9 10-9 à 10-10 ~ 10-11 10-11 à 10-12
25oC (m s-1 Pa-1)
(a)
La notion de pores dans le domaine de l'OI est difficile à définir, ce qui explique pourquoi certains auteurs
considèrent ces membranes comme non poreuses.
La classification conventionnelle des membranes (OI, NF, UF, MF) est plus ou moins bien
adaptée au domaine de l'eau potable. De plus, il existe de nombreuses différences dans les
classifications des membranes dépendant de l’auteur consulté. Dans le présent Guide de
conception, une classification un peu différente est proposée (voir figure 9-1). Celle-ci est basée
avant tout sur les objectifs de traitement en eau potable, c'est-à-dire sur la désinfection, la
réduction de la turbidité, l'enlèvement de la matière organique naturelle (MON) et sur la
séparation des sels. Cette classification comprend 4 groupes de membranes qui sont aussi
provisoirement définies en fonction de la taille des pores et/ou du seuil de coupure.
Type UMF : Ces membranes possèdent des pores dont le diamètre est inférieur ou égal à 0,1
µm et supérieur à 10 nm; elles permettent de retenir les bactéries pathogènes (la
taille minimale des bactéries est de 0,2 µm), les kystes de protozoaires et la quasi-
totalité des particules à l’origine de la turbidité; elles sont classées à la limite de la
MF et de l'UF et couvrent aussi la partie supérieure du spectre de l'UF;
Type NUF : Ces membranes possèdent des pores dont le diamètre est plus petit que 10 nm et
ont un seuil de coupure qui se situe entre 50 000 et 600 Dalton; elles permettent
de retenir en plus les virus (d'après AWWA, 1999A, les virus mesurent de 20 à
100 nm) ainsi qu’une proportion variable de la MON dissoute; elles sont classées
à la limite de la NF et de l'UF et couvrent aussi la partie inférieure du spectre de
l'UF;
Type NF : Ces membranes ont un seuil de coupure inférieur à environ 600 Dalton; elles
permettent de retenir en plus une très forte proportion de la MON dissoute et des
ions multivalents ( Ca2+, Mg2+ ,Fe2+ , etc.);
Type OI : Ces membranes ont un seuil de coupure inférieur à environ 300 Dalton; elles
permettent un haut taux d’enlèvement des ions monovalents (Na+, Cl+, etc.) et
peuvent séparer certaines molécules organiques de très faible masse molaire.
Classification classique
MF UF NF OI
MF UMF NUF NF OI
Selon les critères du présent Guide (voir chapitre 2 et section 9.1), les membranes de type MF
(pores dont le diamètre est supérieur à 0,1 µm) n’ont pas été retenues.
Il est important de considérer que la porosité d’une membrane correspond à une distribution de
tailles de pores et non à une taille de pore unique. Ainsi, la porosité peut être donnée de façon
nominale ou absolue. La porosité nominale considère la taille du pore moyen de la membrane, ce
qui implique qu’il y a des pores plus grands que celui mentionné mais sans que la taille limite soit
précisée. La porosité absolue, quant à elle, considère la taille du pore le plus gros de la distribution,
ce qui est un élément essentiel, surtout lorsqu’on aborde la question de la désinfection.
9.10.1.2 Perméabilité
Les membranes sont de plus en plus utilisées pour la production d’eau potable (Allgeier, 2001;
USEPA, 2001). Elles sont appliquées dans des cas très différents autant pour le traitement de
l’eau de surface que pour l’eau souterraine. Les fournisseurs produisent une multitude de
membranes dont la composition chimique, la configuration géométrique et la perméabilité
varient (voir section précédente et section 9.10.1 du volume 2). L’expertise dans ce domaine est
en pleine expansion et des applications ont été réalisées dans des contextes très différents.
Les caractéristiques des eaux brutes et les objectifs de traitement influencent de façon importante
le choix des procédés et leur agencement. Le tableau 9-6 permet au concepteur de cibler les
chaînes de procédés qui présentent le meilleur potentiel selon les objectifs visés.
Pour chaque paramètre et chaque type de membrane, les chaînes les plus simples permettant
d'atteindre l'objectif sont indiquées. Le concepteur complétera l’analyse en considérant celle-ci
en fonction des risques de colmatage des membranes et en fonction des critères à respecter pour
le réseau de distribution d'eau potable (voir aussi la section 9.10.4 du volume 2).
Il est important de mentionner qu’un contaminant peut être enlevé de deux façons par les
membranes : soit directement ou après transformation par coagulation, adsorption sur charbon
actif en poudre (CAP) ou oxydation. De plus, une filtration membranaire peut être combinée
avec d'autres procédés de traitement et plusieurs types de filtration sur membranes peuvent être
combinés. D'après le tableau 9-6, il est clair que plus le concepteur choisit des membranes avec
des tailles de pore élevées, plus il faut compléter la filtration sur membrane avec d'autres
procédés pour permettre l'enlèvement de certains contaminants.
Le tableau 9-6 n’est pas exhaustif mais il peut servir de guide pour la sélection et l’évaluation
des filières de traitement faisant appel aux membranes. Il est recommandé de choisir, parmi les
membranes/chaînes qui permettent d'atteindre les objectifs fixés, celles qui permettent de
minimiser l'investissement et les coûts d'opération. Par exemple il est inutile d'utiliser une
Lorsque les membranes UMF sont retenues, elles doivent obligatoirement être associées avec
une étape de traitement d’inactivation (désinfection). Par contre, une étape de désinfection peut
suivre n’importe quel système de traitement par membrane afin de compléter le rôle des
membranes pour une eau brute dégradée, par exemple, ou pour assurer une désinfection
sécuritaire.
Contaminant Eau brute Objectif de Unité Classification des chaînes de traitement par type de membrane
à enlever traitement UMF NUF NF OI
Turbidité < 0,1 UTN XI X X X
COD 3 à 10 enlèvement fraction mg/L CXI,CDXI X, CX X X
coagulable
COD 3 à 10 (b) mg/L CXI,CDXI,AXI X X X
< 0,5 mg/L
Couleur vraie 0 à plus de 60 < 15 UCV CXI, CDXI X,CX X X
Dureté 100 à 250 < 100 mg/L X X
> 250 < 100 mg/L X X
2+ 0,3 - 5 < 0,3 mg/L OXI OX
Fe
5 et plus < 0,3 mg/L
2+
Mn jusqu'à 0,3 < 0,05 mg/L OXI OX X X
Sulfates > 500 < 500 mg/L X X X
Nitrites-nitrates > 10 < 10 mg/L de N X
Nitrites seuls >1 <1 mg/L de N X
coliformes fécaux présence absence nb/100 ml (c) (c) (c) (c)
XI X X X
kystes de Giardia présence nb/100 ml (c) (c) (c) (c)
oocystes de Cryptosporidium
virus
présence
présence
} Selon la qualité nb/100 ml
de l'eau brute
nb/100 ml
XI
XI
XI
(c)
(c)
X
X
X
(c)
(c)
X
X
X
(c)
(c)
X
X
X
(c)
(c)
Au moment de mettre à jour le Guide de conception, il n’y avait encore aucune technologie de
filtration par membrane reconnue au Québec. Il n’est donc pas possible de présenter des critères
de conception spécifiques. Afin de vérifier si des technologies de filtration par membrane ont été
reconnues et peuvent être installées au Québec, il faut se renseigner auprès du Comité sur les
technologies de traitement en eau potable qui analyse les nouvelles technologies que l'on
souhaite implanter au Québec (www.mddep.gouv.qc.ca/eau/potable/guide/fiches.htm). Par contre,
certains éléments sont présentés ici afin de guider les concepteurs dans le choix des technologies
membranaires.
• Type de membrane;
• Type de module;
• Modes d'opération;
• Nombre de trains et d'unités de traitement dans chaque train (chaque train est composé de une
ou plusieurs unités qui traitent l'eau de façon complète et une usine de production d’eau
potable peut comporter deux ou plusieurs trains en parallèle);
• Nombre de modules et agencement des modules à l'intérieur d'une unité de traitement;
• Nombre, type(s) et caractéristiques des pompes;
• Conditions d'opération des modules (pressions, débits, taux de récupération; fréquence, durée
et conditions des rétrolavages quand cela s'applique);
• Type, caractéristiques et conditions d'opération du prétraitement;
• Procédures de lavage des membranes;
• Procédure de vérification de l'intégrité des membranes;
• Procédures de santé et sécurité;
• Estimation de la consommation d'énergie et de produits chimiques.
De façon classique, ces paramètres sont déterminés en fonction des caractéristiques de l'eau brute,
des objectifs de traitement (quantité et qualité), des conditions environnementales, des contraintes
techniques inhérentes à la technologie des membranes au moment de la conception et des
ressources techniques et humaines disponibles (AWWA, 1999A).
Les données qui jouent un rôle particulier dans la conception d’un système membranaire sont
présentées et discutées ci-dessous.
• Dureté et présence de sels dont la limite de solubilité pourrait être dépassée (membranes de
NF et d'OI); d’après AWWA (1999B) les sels les plus courants qui risquent de précipiter
sont : CaCO3, CaSO4, BaSO4, SrSO4, SiO2; à cela il faut ajouter les risques de précipitation
des sels de fer, de manganèse et de magnésium;
• Risques d'événements ponctuels de pollution; cette situation peut, par exemple, commander
l'ajout occasionnel de charbon activé en poudre (voir section 9.10.4 du volume 2).
Conditions environnementales
• Disponibilité de la ressource en termes de quantité : une faible disponibilité impose une
récupération maximum;
• Conditions de rejet : les rejets peuvent être critiques (voir chapitre 14).
À l’instar de la filtration conventionnelle (voir la section 15.2), une installation de traitement par
membrane doit être pourvue d’au moins deux unités de base de filtration pour un fonctionnement
continu et sans interruption de service lors des travaux d’entretien ou de remplacement des
membranes. Les unités de filtration par membrane doivent pouvoir traiter le débit journalier
maximum de conception lorsqu’une unité est mise hors service et chaque unité de filtration par
membrane doit pouvoir fonctionner indépendamment.
L’unité de base d'un système de filtration par membrane est le plus petit élément qui peut
fonctionner indépendamment. Par exemple, l’unité de base d'un système de membrane en module
spiralé est le caisson. Un caisson est un boîtier qui peut comprendre un certain nombre de
modules membranaires spiralés en série (habituellement entre 1 et 6 modules). Dans le cas d'un
système de membrane de fibres creuses, l’unité de base est un module comprenant plusieurs
milliers de fibres creuses. Le module de fibres creuses peut être inséré dans un caisson s’il est
pressurisé ou peut être mis dans un bassin s’il fonctionne par vacuum. Dans le cas des membranes
tubulaires, les modules peuvent avoir quelques mètres de longueur (2 ou 4 mètres, par exemple)
et un caisson peut contenir quelques modules. Afin de simplifier le texte, l’unité de base d’un
système de filtration par membrane sera donc appelée ici un caisson. Un train de filtration
membranaire est un assemblage qui peut comprendre plusieurs caissons en parallèle. Chaque train
de filtration membranaire peut comporter un ou plusieurs étages en série (cette configuration en
étage peut être utilisée pour favoriser un meilleur taux de récupération). La figure 9.2 illustre ces
concepts.
Cette redondance est requise sur chacun des trains de filtration membranaire et à chacun des
étages. En ce qui concerne les très grandes installations comprenant plusieurs trains, la
redondance peut être appliquée sur chaque train (et chaque étage) ou en ajoutant un train
supplémentaire. La section 9.10.5 du volume 2 du Guide de conception présente des exemples de
redondance relatifs aux systèmes membranaires.
Il existe de nombreuses façons d’utiliser des membranes afin de produire de l’eau potable. Les
membranes peuvent constituer le cœur du traitement ou encore servir d’étape d’affinage à un
traitement plus conventionnel. Compte tenu du nombre élevé de possibilités, ce Guide de
conception n'a pas la prétention de parler de toutes les combinaisons possibles mais présente
uniquement les chaînes de traitement les plus fréquemment rencontrées actuellement. À chaque
fois, il est indiqué si l’application décrite s’utilise plus couramment pour le traitement des eaux de
surface ou celui des eaux souterraines. Au moment de la rédaction du présent Guide de
conception, très peu de stations municipales de filtration sur membrane sont en opération au
Québec, mais plusieurs projets sont à l'étude et on s'attend à ce que ce domaine connaisse des
développements importants dans les prochaines années. Le lecteur est invité à contacter le Comité
sur les technologies de traitement en eau potable afin d’obtenir une information à jour sur les
niveaux de développement des différentes filières de filtration sur membrane.
Tel que mentionné dans la section 9.10.1 du volume 2, une chaîne de traitement faisant appel à la
filtration sur membranes comprend généralement un prétraitement et un post-traitement. Il est
important de comprendre que ce prétraitement et ce post-traitement dépendent du type de
membrane, du type de module mais aussi des caractéristiques de l'eau à traiter qui peuvent varier
d'un endroit à un autre (Taylor et Wiesner, 1996). Comme cela est expliqué à la section 9.10.3 du
volume 2, le prétraitement est un des principaux moyens pour prévenir le colmatage des
Les manufacturiers de membranes doivent normalement spécifier les limites d'opération pour
l'opération normale et pour le lavage en termes de :
• pH;
• Concentration en chlore résiduel libre ou en autre désinfectant/oxydant;
• Température;
• Pression.
Les chaînes de traitement utilisant des membranes produisent différents types de rejets :
concentré, eaux de rinçage, eaux de lavage.
Comme il est expliqué dans le chapitre 14, les techniques de disposition de ces rejets varient en
fonction de leur nature et de leur volume ainsi que des conditions environnementales. Le
concentré est rejeté en continu pendant la production. Rappelons que le débit et la composition du
concentré sont liés au taux global de récupération et au taux global de séparation. Généralement,
comme le taux de récupération est supérieur ou égal à 75%, cela signifie que le débit de concentré
correspond au maximum à 25% du débit d'alimentation. Les eaux de rinçage et de lavage sont
générées de manière discontinue.
Lorsque les chaînes de traitement utilisant les membranes ne comportent aucun ajout de produit
chimique dans l'eau brute, les rejets des membranes ne constituent en réalité qu’un concentré des
substances présentes dans l’eau brute. Sous réserve de rencontrer les objectifs environnementaux
de rejet, les concentrés pourraient être rejetés directement dans le milieu récepteur.
Lorsque la chaîne de traitement comprend un ou plusieurs ajouts de produits chimiques dans l'eau
brute (coagulant, oxydant, acide, agent anti-tartre, etc.), les rejets des membranes contiennent, en
plus des substances présentes dans l’eau brute, les produits chimiques injectés pour traiter l'eau.
Dans tous les cas, la procédure présentée au chapitre 14 doit être suivie pour identifier la marche
à suivre concernant le rejet ou le traitement des eaux de procédé.
CHAPITRE 10
Par ailleurs, les désinfectants utilisés pour la désinfection de l’eau sont des oxydants chimiques
(chlore, bioxyde de chlore, ozone ou monochloramine), à l’exception du rayonnement UV. À ce
titre, leur utilisation génère des sous-produits de désinfection qui doivent être minimisés le plus
possible. Le grand dilemme du concepteur consistera donc à viser une désinfection suffisante
afin d’éliminer les microorganismes pathogènes tout en évitant une production excessive de
sous-produits de désinfection.
Au début des années 1990, le resserrement des normes américaines sur les sous-produits de la
désinfection a favorisé la mise au point de modèles d’analyse de risque d’exposition aux sous-
produits de désinfection chez les humains. Ces modèles peuvent être comparés aux modèles
d’exposition à des microorganismes pathogènes chez les humains. À la suite de cet exercice, le
comité scientifique consultatif de l’agence de protection environnementale américaine a jugé que
le risque microbiologique représentait probablement le plus grand défi auquel était confrontée la
majorité des producteurs d’eau. La désinfection doit donc demeurer l’objectif premier du
traitement malgré les études épidémiologiques suggérant un lien entre l’ingestion d’eau chlorée
et divers types de cancer (vessie, colon, pancréas, etc.).
Dans un deuxième temps, une méthode de calcul est présentée afin de vérifier si les objectifs de
traitement fixés précédemment peuvent être obtenus par la chaîne de traitement envisagée (ou
existante).
Afin d’évaluer la performance de la désinfection, il a été proposé, au cours des années 1990,
d’utiliser trois groupes d’organismes cibles. Il s’agit des virus entériques, des kystes de Giardia
et des oocystes de Cryptosporidium. Le choix de ces organismes repose sur les constats
suivants :
ils sont détectés couramment dans les eaux de surface des lacs, des rivières et parfois même
dans les eaux souterraines;
ils ont été à l’origine d’épidémies confirmées, certaines touchant des dizaines de milliers
d’individus;
ils offrent une grande résistance à la désinfection. Leur élimination permet donc de supposer
qu’il en va de même pour tous les autres microorganismes pathogènes moins résistants.
Giardia et Cryptosporidium comptent parmi les parasites intestinaux les plus communs en
Amérique du Nord et dans le monde (Santé Canada, 2004). Des épidémies confirmées de
giardiase ou de cryptosporidiose (maladies causées par Giardia et Cryptosporidium
respectivement) ont été observées au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique, en Alberta,
au Nouveau-Brunswick, dans plusieurs États américains ainsi qu’ailleurs dans le monde (Santé
Canada, 2004; Schneider, 1998; Isaac-Renton et coll., 1999).
Le Règlement québécois sur la qualité de l’eau potable (RQEP) établit des normes de réduction
des oocystes de Cryptosporidium, des kystes de Giardia et des virus selon le type de source
d’eau brute. Ces normes sont présentées au tableau 10-1. Le log décimal est généralement utilisé
afin d’évaluer la réduction obtenue par les traitements. Un log décimal correspond à une
réduction de 90 % de la concentration initiale d’un microorganisme ou d’une substance,
deux log, à 99 %, trois log, à 99,9 %, et ainsi de suite.
Les log de réduction de protozoaires ou virus peuvent être obtenus par une combinaison :
d’enlèvements physiques, tels que la clarification ou la filtration (on parle alors de log
d’enlèvement);
d’inactivations chimiques, telle la chloration, ou physiques, tel le rayonnement UV (on parle
alors de log d’inactivation).
Tableau 10-1 : Normes minimales de traitement selon le type d’eau brute à traiter
Réduction minimale obligatoire
Classe Types d’eau brute
des organismes cibles
Cryptosporidium Giardia Virus
3 log 3 log 4 log
I Eau de surface ou ESSIDES1
(99,9 %) (99,9 %) (99,99 %)
Eau souterraine non ESSIDES, avec un 0 0 4 log
II 2
historique de contamination fécale (0 %) (0 %) (99,99 %)
Eau souterraine non ESSIDES, sans 0 0 0
III
historique2 de contamination fécale (0 %) (0 %) (0 %)
1 : Le protocole de détermination d’une ESSIDES (eau souterraine sous influence directe d’une eau de surface)
est décrit à la section 6.6 du volume 1 de ce guide.
2 : Le concepteur doit juger du potentiel de risque de contamination d’origine fécale et devra démontrer, à la
satisfaction du MDDEP, que le niveau de risque est acceptable si aucune désinfection n’est prévue.
En plus d’une désinfection, les eaux de la classe I doivent nécessairement faire l’objet d’un
traitement de filtration. L’exception à cette règle demeure les eaux brutes satisfaisant les critères
d’exclusion définis par l’article 5 du RQEP. Pour ce type d’eau, une double désinfection
(généralement UV et chlore) est alors jugée suffisante pour diminuer le risque microbiologique à
un niveau acceptable. Pour les eaux de la classe I qui sont traitées par une double désinfection et
distribuées en réseau, il est recommandé que l’inactivation des organismes cibles se fasse en
utilisant plus d’un mode de désinfection, car la sensibilité de ces différents organismes n’est pas
la même selon les modes de désinfection utilisés. Idéalement, chacun des traitements devra
assurer une inactivation équivalant à au moins deux log de virus. Cette position ne vise pas les
installations de traitement qui ne desservent qu’un seul bâtiment, puisque dans cette situation,
l’utilisation des UV seuls demeure une solution simple, pratique, économique et tout de même
efficace.
Pour les eaux de classe II et III, le potentiel de contamination d’origine fécale est fonction (1) de
la vulnérabilité de l’aire de recharge et des activités qui y sont pratiquées; (2) de la détection
d’Escherichia coli, d’entérocoques ou de la fréquence de détection des coliformes totaux à l’eau
brute. En plus de ces paramètres, le potentiel de contamination d’origine fécale, pour une source
d’eau brute souterraine existante, peut être fonction (3) d’un historique de contamination fécale
sur le réseau lorsqu’aucune forme de désinfectant n’est utilisée.
Depuis l’adoption récente des modifications au RQEP, le concepteur doit ajuster les niveaux de
traitement des organismes cibles en fonction de la qualité des eaux brutes qu’il doit traiter
(article 5.1). Cet ajustement est basé sur la pire moyenne des résultats obtenus pendant 12 mois
consécutifs au cours des trois dernières années. Notamment, une vérification devra être faite au
plus tard le 8 mars 2017 par un auditeur, et aux cinq ans par la suite, sur les équipements
desservant plus de 5 000 personnes (article 53.2). Les normes définies précédemment pour une
Au Québec, le concepteur doit se référer à la mesure des Escherichia coli comme indicateur
général de la présence d’organismes pathogènes dans les eaux à traiter. Basées en partie sur les
travaux de Payment et coll. (1997), lesquels ont analysé plus de 400 échantillons provenant des
eaux brutes de 45 installations de traitement québécoises, ainsi que sur de plus récentes études,
les normes minimales de réduction des organismes cibles inscrits au RQEP (article 5.1) sont
reprises au tableau 10-2 selon le niveau de contamination en Escherichia coli dans les eaux à
traiter.
L’approche américaine est similaire, mais elle s’appuie sur le suivi à l’eau brute des protozoaires
pour établir les normes minimales de réduction à atteindre (voir le tableau 10-3 dans le
chapitre 10 du volume 2 du présent guide). Il est à noter que pour une eau brute très détériorée
(Escherichia coli > 15 000/100 ml), le concepteur devrait sérieusement envisager l’utilisation
d’une autre source d’eau.
Une fois les objectifs de traitement établis (selon les normes minimales de la section 10.2.2), le
concepteur doit s’assurer que les unités de traitement projetées permettront d’atteindre ces
objectifs en tout temps 1 , pour tous les organismes cibles. Cette contrainte signifie que le
concepteur doit considérer une pointe de consommation et un incendie se produisant
simultanément dans le cas où le temps de contact pour la désinfection dépend du débit de
pompage de l’eau distribuée. Dans cette situation, le concepteur devra donc prendre en
1
Voir la section 11.2.1.2 pour de plus amples informations sur le choix des débits nécessaires à cette vérification.
Le tableau 10-4 présente les procédés de traitement les plus couramment utilisés pour obtenir les
log de réduction des organismes cibles.
Tableau 10-4 : Procédés de traitement offrant des réductions potentielles des organismes
cibles en conditions critiques (eaux froides) pour des conditions normales
d’opération
Microorganismes cibles
Types de traitements
Virus Giardia Cryptosporidium
Traitement d’enlèvement physique
Filtration directe1 Oui Oui Oui
Traitement conventionnel2 Oui Oui Oui
Filtration sur sable lent Oui Oui Oui
Filtration sur terre diatomée Oui Oui Oui
Microfiltration3, 4 Non Oui Oui
Ultrafiltration, nanofiltration, osmose inverse4 Oui Oui Oui
Traitement d’inactivation
Chloration Oui Oui Non
Ozonation Oui Oui Non
Bioxyde de chlore Oui Oui Non
Monochloramine5 Non Non Non
Rayons ultraviolets6 Oui Oui Oui
1: Incluant une coagulation avec ou sans floculation préalable.
2: Incluant la coagulation, la floculation, la clarification et la filtration.
3: Sans coagulation en amont de la membrane.
4: Si le système de suivi d’intégrité reconnu par le Comité sur les technologies de traitement de l’eau potable est mis en place
pour démontrer les enlèvements atteints (suivi au registre selon l’article 22 du RQEP).
5 : À utiliser dans une perspective de désinfection secondaire.
6 : Incluant une alarme indiquant que l’intensité lumineuse émise ou la dose reçue est inférieure à la valeur attendue.
L’évaluation de l’efficacité se fait différemment selon qu’on évalue un traitement basé sur
l’enlèvement physique des pathogènes ou un traitement d’inactivation par un procédé de
désinfection. Si plusieurs traitements sont prévus, le concepteur devra calculer les log
d’enlèvement de chacun des traitements, puis en faire la somme de telle sorte que :
Les prochaines sections expliquent comment calculer les enlèvements physiques et les
inactivations (désinfection chimique ou physique).
Le concepteur doit prendre en considération que les différents traitements n’ont pas tous la
même efficacité sur les différents microorganismes qu’on cherche à éliminer de l’eau. Ce constat
est particulièrement vrai pour les désinfectants, surtout en ce qui a trait à l’inactivation des virus.
Comme on retrouve plus de 140 types différents de virus entériques, l’efficacité de chaque
désinfectant sera variable selon les types de virus entériques présents dans l’eau. C’est pourquoi,
dans l’approche globale pour atteindre les log de réduction visés, le concepteur doit considérer la
mise en place de plusieurs étapes de traitement efficaces contre les microorganismes.
En eau souterraine, on considère que le sol joue un certain rôle de rétention des microorganismes
et c’est pourquoi une seule étape de traitement visant quatre log de virus peut être acceptable
(chlore lorsqu’il y a un réseau ou UV dans un seul bâtiment, par exemple).
En eau de surface, et dans le cas des ESSIDES, il est indispensable d’avoir au moins
deux barrières de traitement. La filtration est souvent l’une de ces barrières et le traitement est
complété par l’ajout d’un ou de plusieurs désinfectants. L’ajout de plusieurs désinfectants
s’avère nécessaire surtout si les log de réduction visés sont plus élevés que le minimum requis
par l’article 5 du RQEP. En l’absence de filtration (exclusion selon l’article 5 du RQEP) ou
lorsque la filtration prévue ne reçoit pas de crédits d’enlèvement, il est alors requis de mettre en
place des réacteurs UV pour inactiver les protozoaires et une partie des virus, et un désinfectant
chimique pour compléter la désinfection des virus au niveau recherché, chaque étape de
traitement étant idéalement conçue pour atteindre au moins deux log d’inactivation des virus.
Des crédits de performance sont accordés aux procédés de filtration respectant un certain niveau
de performance. Ces crédits varient selon (1) le microorganisme cible (Giardia, Cryptosporidium
ou virus); (2) le type de procédé de filtration (exploité ou planifié); (3) le niveau de performance
Le niveau de performance des procédés de filtration est évalué en calculant le 95e centile des
turbidités mesurées à l’eau filtrée pendant 30 jours consécutifs, basé sur une fréquence minimale
d’échantillonnage d’une analyse pour chaque période de quatre heures, comme prévu aux
articles 22 et 22.1 du RQEP. En supposant une période de 30 jours avec un échantillonnage
toutes les quatre heures (total = 180 analyses), le 95e centile de la turbidité mensuelle serait la
10e valeur de turbidité la plus élevée enregistrée au cours de cette période.
Ces quatre classes de performance visent à : (1) refléter le niveau de risque accru lié à
l’augmentation de la turbidité de l’eau filtrée (Schwartz et coll., 1997; Beaudeau et coll., 1999);
(2) favoriser l’opération des traitements visant à maximiser l’enlèvement de la turbidité compte
tenu de la faible efficacité des désinfectants (oxydants) en eaux froides.
Cependant, le concepteur d’une nouvelle installation sera tenu d’utiliser les crédits accordés pour
une turbidité de 0,15 à 0,30 UTN (95e centile). Les crédits supplémentaires pour des turbidités
inférieures à 0,15 UTN (95e centile) seront accordés pour les installations existantes sur la base
d’une démonstration de la performance réelle de l’installation.
Par ailleurs, le RQEP permet, pour les installations de traitement desservant 500 personnes ou
moins, de suivre la qualité de l’eau filtrée une fois par jour, cinq jours par semaine, en procédant
à une mesure manuelle de la turbidité à la sortie de chaque filtre. Pour ces installations, le respect
Comme on peut le constater dans ces tableaux, les traitements de filtration sont très efficaces
pour éliminer certains microorganismes pathogènes. Pour les conditions d’eaux froides prévalant
au Québec, le concepteur a tout avantage à miser sur un enlèvement optimal des organismes
pathogènes grâce aux traitements de filtration plutôt que de compter sur les désinfectants
chimiques (Cl2, O3, etc.), lesquels diminuent considérablement en efficacité dans les eaux
froides.
Tableau 10-6 : Crédits d’enlèvement des kystes de Cryptosporidium obtenus par les
traitements de filtration
0,15 UTN7 0,15 UTN6 0,15 à 0,30 UTN5 0,31 à 0,50 UTN5 0,51 à 1,0 UTN5
Filtration directe1 1,0 log 1,0 log 1,0 log 1,0 log 0
Traitement 2,0 log 2,0 log 2,0 log 2,0 log 0
conventionnel2
Filtration lente 2,0 log 2,0 log 2,0 log 2,0 log 2,0 log
Filtration sur 1,0 log 1,0 log 1,0 log 1,0 log 1,0 log
terre diatomée
0,1 UTN
Filtration Voir les fiches
Ne s’applique pas
membranaire3, 4 du Comité
L’évaluation de l’efficacité de la désinfection repose sur le concept du CT, lequel stipule que
l’inactivation d’un microorganisme donné est proportionnelle au produit du temps de contact
effectif et de la concentration résiduelle de désinfectant mesurée à la sortie du réservoir (cf.
Équation 10-2).
Cette équation indique qu’il existe une relation linéaire entre le CT utilisé (CTdisponible) et le log
d’inactivation obtenu. Le CTdisponible est la valeur de CT obtenue pour une configuration de
bassin donnée exploitée dans une condition donnée (Crésiduelle). Le temps de contact effectif
utilisé est le T10, lequel prend en compte le degré de court-circuit des bassins de contact. La
valeur du T10 est plus conservatrice que le temps de séjour théorique (T = Volume/Débit). Enfin,
la concentration de désinfectant résiduelle à la sortie des bassins (plutôt que la concentration
appliquée) est utilisée aux fins du calcul. C’est d’ailleurs cette concentration que l’exploitant
devra prendre en considération lorsqu’il aura à suivre la qualité de l’eau à la sortie de la station
et à l’inscrire dans le registre exigé à l’article 22 ou 22.1 du RQEP.
Le CTrequis est une valeur fournie au concepteur qui est issue des tableaux compilés par la
USEPA (1991, 1999). Il indique la valeur de CT requise pour inactiver un log d’un
microorganisme donné (virus, Giardia ou Cryptosporidium) dans une eau de caractéristique
donnée (pH, température, etc.). Les procédures de calcul du CTdisponible et du CTrequis sont
présentées au chapitre 11.2 du volume 1.
Considérant l’équation 10-2, le concepteur aura donc cinq principaux choix possibles pour
améliorer l’efficacité de la désinfection :
Cette section passe en revue les différents modes de désinfection les plus fréquemment employés
pour le traitement de l’eau potable. En guise de synthèse, le tableau 10-8 de la page suivante
résume les avantages et les inconvénients respectifs de ces désinfectants. Les informations
concernant les paramètres de conception à utiliser pour chacun de ces désinfectants sont par la
suite décrites dans des sections spécifiques (10.4.1 à 10.4.5). Le lecteur pourra également
retrouver à la section 10.4 du volume 2 des informations complémentaires sur ces différents
désinfectants.
Paramètres
Chlore Ozone ClO2 NH2Cl Rayons U.V.
Source 1. Cl2 gazeux Généré sur place Généré sur place Généré sur place Généré sur place
2. Eau de Javel (O2 + énergie) (NaClO2+Cl2) (Cl2+NH3) (Lampes UV au
3. Généré sur place mercure)
Utilité DP, DS, GO, C, Ox DP, GO, C, Ox, FB DP, DS, GO, C, Ox DS DP
1 1 1
Sous-produits de désinfection THM (Trihalométhanes) , Bromates Chlorites+chlorates Méconnus Nitrites1 pour certains
systèmes moyenne
AHA (Acide haloacétiques)1 CODB (Carbone organique
pression
dissous biodégradable)
Recherches en cours
Avantages 1. Coût 1. Contrôle des goûts, 1. Ne réagit pas avec 1. Formation minime de 1. Facile à ajouter à
2. Facilité d’utilisation odeurs et couleur l’ammoniaque THM/AHA une installation
3. Polyvalence (DP+DS) 2. Peut être combiné et 2. Ne forme pas de 2. Meilleure persistance existante
améliore la filtration THM/AHA que le Cl2 en réseau 2. Efficace en eaux
biologique 3. Excellent pour oxyder 3. Plus efficace que le froides
3. Réduction des THM Fe/Mn Cl2 pour contrôler la 3. Coût compétitif
sous certaines recroissance 4. Aucun sous-produit
conditions de désinfection
connu à ce jour
Désavantages 1. Risque relié au Cl2 1. Bromates 1. Chlorites/chlorates 1. Possibilité de 1. Pas de résiduel
gazeux 2. Pas de résiduel 2. Goûts et odeurs pour nitrification en réseau persistant
2. Goûts et odeurs persistant certains types d’eau 2. Faible efficacité 2. Technologie en
3. THM, AHA 3. Procédé relativement 3. ClO2 résiduel maximal comme désinfectant validation
complexe et coûteux recommandé = primaire 3. Encrassement
4. Risque relié à l’ozone 0,80 ppm possible des lampes
4. Sécurité reliée à selon les types
l’utilisation du NaClO2 d’eau/coagulants
Efficacité en désinfection2
Virus (4 log) Très bonne Excellente Bonne Faible Acceptable
Giardia (3 log) Acceptable Très bonne Bonne Faible Excellente
Cryptosporidium (3 log) Négligeable Négligeable Négligeable Négligeable Excellente
10.4.1.1 Généralités
Le chlore présente de nombreux avantages qui contribuent à répandre son usage dans l’industrie
de la production d’eau potable. Il possède notamment les atouts suivants :
Le chlore destiné à la désinfection se retrouve normalement sous l’une des trois formes
suivantes : chlore gazeux, hypochlorite de sodium ou hypochlorite de calcium. Les réactions
chimiques induites pour chacun de ces composés sont présentées à la section 10.4.1 du volume 2.
De plus, le chlore gazeux, l’hypochlorite de sodium ou l’hypochlorite de calcium peuvent être
plus ou moins efficaces selon les conditions de pH, de température et de concentration en solides
de l’eau. Pour de plus amples informations, se référer également à la section 10.4.1 du volume 2.
Les installations de production d’eau potable utilisent surtout le chlore comme désinfectant. Il a
toutefois été constaté qu’en vertu de ses capacités oxydantes, le chlore peut servir à d’autres fins,
dont voici quelques exemples (White, 1992) :
Le tableau 10-9 résume la localisation des points d’injection selon les applications.
Sous-produits de désinfection
Lorsque des matières organiques naturelles (MON) réagissent avec du chlore libre ou du brome
libre, il y a formation de composés organohalogénés. Le chlore libre se retrouve normalement
dans l’eau à la suite de son ajout direct comme désinfectant primaire ou secondaire. Quant au
brome libre, il est le résultat de l’oxydation par le chlore d’ions bromures présents dans l’eau
brute. Plusieurs facteurs influent sur la formation de ces sous-produits halogénés : la nature et la
Il est important de se préoccuper de la formation de THM, car ils font l’objet d’une
réglementation (80 g/L, moyenne annuelle – souvent problématique au Québec). À noter aussi
que des chlorates et des bromates se forment au moment de la dégradation de l’hypochlorite
entreposé. Pour des eaux de Javel entreposées trop longtemps, il est même possible que la norme
sur les bromates (10 g/L) puisse être dépassée.
Dans le cas des bromates, il est recommandé de ne pas stocker des solutions d’hypochlorites
pendant de trop longues périodes.
Une revue des différentes stratégies étudiées pour diminuer la formation de sous-produits de
désinfection est présentée à la section 10.4.1 du volume 2.
Cette section vise à rassembler l’ensemble des paramètres de conception qui doivent être
considérés lorsqu’on souhaite installer un système de désinfection au chlore gazeux, à
l’hypochlorite de sodium ou à l’hypochlorite de calcium. Pour de plus amples informations sur le
mode de fabrication de chacun de ces désinfectants, il faut se référer à la section 10.4.1 du
volume 2. On retrouve également au chapitre 15 des volumes 1 et 2 les éléments de conception
visant spécifiquement la sécurité.
Matériaux
Les tuyauteries servant au transport de chlore liquide ou gazeux sous pression doivent être
fabriquées en acier 80 sans soudures ou en tout autre matériau certifié pour cet usage (ne
jamais utiliser de PVC).
Le caoutchouc, le PVC, le polyéthylène ou d’autres matériaux certifiés doivent être utilisés
pour les tuyauteries et la plomberie.
Le nylon n’est recommandé pour aucune partie du système de tuyauterie de la solution de
chlore.
Bâtiment
Le bâtiment pour abriter le système de chloration est fonction de la grosseur des cylindres
utilisés, du débit d’eau à traiter et des quantités de chlore requises. Il est certain que le
concepteur doit s’assurer qu’il y aura l’espace requis pour permettre à l’opérateur de faire
fonctionner l’équipement et d’en faire la maintenance. Règle générale, il est recommandé
d’avoir une chambre pour l’entreposage des cylindres et une chambre pour l’équipement de
chloration. Cependant, pour des petites installations, une seule chambre peut être utilisée
pour l’entreposage des cylindres de 68 kg et les équipements de chloration. Une autre pièce
adjacente sert alors de chambre de mécanique qui contiendra une génératrice, des pompes de
surpression, des armoires, un évier, une table ou un comptoir, un masque à gaz, une trappe
d’accès au réservoir et d’autres équipements, s’il y a lieu. Dans le cas des cylindres de
907 kg, on doit avoir une chambre de chloration et une chambre de mécanique.
Lors de la construction de ces chambres hermétiques, il est recommandé d’utiliser des
matériaux ignifuges et d’avoir des planchers en béton. De plus, le drain de la chambre (trou
d’épuisement) doit être dirigé vers un puisard extérieur possédant un lit de filtration à sable.
S’il est impossible d’utiliser ce système, des siphons doivent être prévus sur les conduites de
drainage (canaux d’épuisement) et être munis d’un amorçoir pour s’assurer du
fonctionnement de celui-ci. Une attention particulière devrait être apportée à l’emplacement
Ventilation
Pour la chambre d’entreposage de cylindres et la chambre de chloration, on doit prévoir une
ventilation adéquate. Selon l’importance de l’installation, deux systèmes différents peuvent être
installés :
une ventilation d’urgence de 60 changements d’air par heure, complétée par une ventilation
d’urgence d’au moins 30 changements d’air par heure;
une ventilation continuelle d’au moins trois changements d’air par heure, complétée par une
ventilation d’urgence d’au moins 30 changements d’air par heure.
Les prises d’air doivent être installées de façon à produire le maximum de circulation dans toute
la pièce, tout en étant assez éloignées des chlorateurs. De plus, un système de chauffage
approprié peut être nécessaire dans les conduites d’arrivée d’air froid. Les gaines de ventilation
doivent se situer à une distance maximale de 45 centimètres du plancher.
Les ventilateurs doivent être à l’épreuve du chlore, à plus de 1,5 m du plancher et à l’extérieur
des conduits. Il y a lieu de s’assurer que les émanations de chlore gazeux venant de la sortie de
ventilation ne peuvent atteindre une prise d’air de l’usine (prise d’air de la chambre électrique,
du charbon actif, des hydrocarbures, etc.).
Affichage
Chaque chambre doit être clairement identifiée comme suit :
Alarme
Dans une installation, il est recommandé d’avoir un analyseur de chlore résiduel avec alarme
pour détecter un dosage insuffisant ou exagéré.
Masque à gaz
Le masque à gaz (appareil respiratoire) autonome à pression positive doit être placé à un endroit
qui est facilement accessible lors d’une fuite de chlore (chambre mécanique) et le plus près
possible des chambres d’entreposage et de chloration, mais à l’extérieur de celles-ci. Il serait
préférable d’avoir un deuxième appareil respiratoire, car dans des situations d’urgence, il y a
souvent deux personnes qui pénètrent dans ces chambres lors de fuites. Il est interdit d’utiliser le
masque à gaz de type filtre.
Commutateur
Des commutateurs séparés pour l’éclairage et la ventilation doivent être installés à l’extérieur des
chambres de chloration et d’entreposage de cylindres de chlore et à la fenêtre d’inspection. Des
commutateurs extérieurs devraient être protégés du vandalisme. Un signal lumineux indiquant
que le ventilateur est en fonction devrait être fourni à chaque entrée lorsque le ventilateur peut
être contrôlé depuis plus d’un point.
L’hypochlorite concentré ayant une teneur en chlore de 5 à 15 % est livré dans des réservoirs
de 3,78 litres, dans des bonbonnes de 18,9 litres ou dans des fûts en acier de 208 litres.
L’utilisation des fûts de 208 litres exige automatiquement une pompe de transfert pour
transvaser l’hypochlorite concentré.
La capacité du réservoir de solution doit être déterminée à partir du facteur de dilution du
chlore et le réservoir doit contenir suffisamment de solution pour un maximum de sept jours
d’utilisation.
Il est plus pratique pour l’opérateur d’installer un réservoir gradué et muni d’une vanne de
drainage qui rend le nettoyage et la vidange plus facile.
Les solutions d’hypochlorite de sodium se dégradent avec le temps. Une solution à 12 %, par
exemple, passera à 10 % en 30 jours, dans les meilleures conditions d’entreposage (White,
1992). La dégradation du produit induit la formation de chlorates, laquelle peut être
minimisée en limitant la durée de stockage, l’exposition à une température accrue,
l’exposition à la lumière et le contact avec des métaux, y compris l’acier inoxydable
(Connell, 1996).
Dans le cas de la préparation d’une solution d’hypochlorite en présence d’eau dont la dureté
excède 100 mg CaCO3/L, il y a lieu de prévoir un adoucisseur sur la conduite d’eau pour la
préparation de la solution ou l’addition de polyphosphates dans la solution avant l’introduction
de l’hypochlorite de sodium. Dans ce dernier cas, il est pratique d’avoir deux réservoirs. Le
réservoir de dilution doit être muni d’un agitateur afin d’uniformiser la concentration en chlore.
Un dispositif doit être installé pour indiquer un bas niveau dans le réservoir de solution. Celui-ci
doit être couplé à une alarme qui peut être installée directement à la station de chloration, au
poste de police ou à tout autre endroit approprié.
Pompes doseuses
Trois types de pompes sont employés comme hypochlorateur, soit des pompes à diaphragmes,
des pompes péristaltiques et des pompes à pistons. Il est important de prévoir une soupape anti-
siphon afin de maintenir une contre-pression sur la pompe doseuse. Il est bon de prévoir une
soupape à la sortie de ces pompes pour retour dans le réservoir si l’injection est obstruée. De
plus, lorsque le niveau piézométrique au point d’injection est supérieur à celui de la solution de
chlore, il est recommandé d’installer un clapet directement sur la ligne d’injection, en aval des
soupapes de relâche de pression, afin d’éviter tout retour d’eau vers les réservoirs de solution de
chlore. Lorsque l’on dispose d’un appareil en attente, il est préférable de faire la rotation des
appareils chaque semaine de manière à s’assurer du bon fonctionnement de ceux-ci. Dans ce cas,
il ne faut pas laisser tremper les diaphragmes dans la solution en prévoyant les installations pour
rincer la pompe à l’eau claire. Dans le cas de pompes doseuses électriques, un dispositif
d’urgence doit être prévu en cas de panne électrique, si l’eau continue d’être distribuée. Celui-ci
doit être muni d’un dispositif de démarrage automatique.
Siphonnage
La conduite d’injection doit être munie, à la sortie des pompes, d’un dispositif pour éviter le
siphonnage ou le retour d’eau selon le type d’installation proposé.
Opération
Dans les systèmes requis pour la bonne marche du système de chloration, il est recommandé de
prévoir un nécessaire pour mesurer la quantité de solution utilisée et une colonne de calibration.
L’installation de filtre (strainer) est souvent la cause d’un désamorçage de pompe en raison d’un
colmatage fréquent causé par la cristallisation ou autre phénomène. Il est préférable de prévoir la
prise de solution chlorée à quelques centimètres au-dessus du fond du réservoir (afin d’éviter
d’aspirer les dépôts) et d’éviter ainsi l’installation d’un tamis.
Bâtiment
L’hypochlorite de calcium, s’il est livré dans des barils scellés de 15,9 ou 45,4 kg, doit être
gardé dans une pièce séparée, utilisée spécialement pour ce produit. L’hypochlorite de
calcium concentré de qualité commerciale contient au moins 70 % de chlore disponible
(USEPA, 1991). Dans des conditions normales d’entreposage, il perd en un an de 3 à 5 % de
ce chlore (AWWA et ASCE, 1997).
L’hypochlorite de calcium doit être conservé au sec dans son contenant d’origine avec le
couvercle fermé pour éviter que le produit ne se détériore trop rapidement. Il ne doit pas non
plus être laissé près des matières combustibles ou près d’une source de chaleur. On ne doit
pas fumer à cet endroit. L’hypochlorite de calcium est un oxydant et doit donc être stocké
séparément des matériaux organiques qui pourraient être oxydés rapidement. De
l’hypochlorite de calcium stocké de manière inappropriée a déjà causé des combustions
spontanées (White, 1992).
Pour toutes ces considérations, la salle d’entreposage doit être fraîche et sombre, à l’abri des
rayons du soleil. La disposition des contenants doit permettre de les sortir rapidement à
l’extérieur advenant un incendie. Un masque anti-poussière doit être disponible sur les lieux.
Ce système est à peu de choses près identique à celui de l’hypochlorite de sodium. En plus
des équipements déjà mentionnés pour l’hypochlorite de sodium, un deuxième réservoir de
solution sera nécessaire. En effet, l’hypochlorite de calcium se vend sous forme de poudre,
de granules ou de comprimés (USEPA, 1991). Dans un premier temps, on doit faire
dissoudre ce produit dans un faible courant d’eau à l’aide d’un agitateur pour accélérer
l’opération. Lorsque la solution est prête, ce réservoir servira à alimenter graduellement le
système. Pour assurer une alimentation continue, il est donc nécessaire de préparer un autre
réservoir de solution pendant que le premier se vide.
les contenants de métal doivent être entreposés dans la position verticale et ne doivent pas
être basculés, roulés ou glissés; s’il y a fuite, l’hypochlorite de calcium peut exploser et
brûler;
les contenants vides doivent être soigneusement rincés à l’eau.
Bassin de contact
Pour réaliser la désinfection, le chlore ou les hypochlorites sont injectés dans l’eau à traiter à
l’entrée d’un bassin de contact ou d’une conduite d’amenée. Dans le cas d’une post-chloration, la
rétention hydraulique dans ce bassin doit être fixée en fonction des objectifs de CT à atteindre
(voir la section 11.2). Le bassin de contact doit être équipé de dispositifs qui favorisent un
écoulement à piston et minimisent les courts-circuits hydrauliques dans le bassin.
Quand le désinfectant est dosé directement dans la réserve, une partie du réservoir en aval du
point d’injection doit avoir des dispositifs semblables à un bassin de contact pour favoriser la
dispersion du désinfectant et minimiser les courts-circuits hydrauliques. Autrement, le
concepteur peut prévoir une chute d’eau afin d’assurer le mélange.
Il faut également prévoir un dispositif de détection du débit nul qui permet d’émettre une alarme
le cas échéant (article 22 du règlement) et idéalement de démarrer la pompe en attente
(préférablement alimentée par son propre réservoir). De plus, il est préférable de prévoir un
système de canalisation permettant d’utiliser simultanément tous les chlorateurs en permanence.
Une génératrice est exigée pour assurer une désinfection en cas de panne d’électricité, à moins
qu’il n’y ait aucune possibilité d’alimenter le réseau avec de l’eau non désinfectée dans de telles
circonstances.
Ces principes établis, il faut choisir le type de système à utiliser. Pour faciliter ce choix, le
concepteur devra considérer :
la consommation minimale;
la consommation maximale;
la demande chimique en chlore;
le résiduel requis (ppm);
la dose appliquée requise (ppm);
la quantité de chlore requise par jour;
la qualité d’eau requise pour préparer une solution;
les coûts d’investissement, d’exploitation et d’entretien;
le service après-vente;
la sécurité du système en fonction de la compétence de l’opérateur;
l’emplacement du poste en fonction des inconvénients pouvant être causés à l’environnement
en cas de fuites.
Une autre prise est nécessaire pour l’eau chlorée. Celle-ci doit être située selon les possibilités de
turbulence et de mélange. S’il y a un réservoir de contact ou de mélange, elle peut être à la sortie.
Cependant, il est préférable d’avoir un point d’échantillonnage après l’injection afin d’être en
Par ailleurs, il est de pratique courante de situer la prise d'échantillonnage de façon sécuritaire à
40 mètres en aval du point de dosage. Si le concepteur désire réduire cette distance, il doit
démontrer qu’il y aura un mélange complet avant sa prise d’échantillonnage. Pour un écoulement
turbulent, un mélange complet devrait être atteint pour une distance équivalant à 50 diamètres de
conduite. La prise d’échantillonnage devrait être raccordée à l’évier, avec une indication « Eau
traitée ».
Une trousse d’analyse permettant la mesure du chlore résiduel libre et total doit être disponible.
10.4.2 Ozone
10.4.2.1 Généralités
L’ozone est un désinfectant moins affecté que le chlore par le pH ou la présence d’ammoniaque.
L’action virulicide de l’ozone est supérieure à celle du chlore et son pouvoir d’oxydation lui
permet d’agir sur les goûts, les odeurs, la couleur et certains micropolluants. Ses principaux
désavantages sont la difficulté de l’appliquer dans l’eau et d’assurer un bon contact à cause de sa
faible solubilité, son coût plus élevé que le chlore, la nécessité de le produire sur place ainsi que
l’absence d’un résiduel d’ozone après quelques minutes.
On utilise l’ozone dans la production d’eau potable dans les cas suivants :
la désinfection primaire;
l’oxydation de polluants inorganiques, y compris le fer, le manganèse et les sulfures.
L’oxydation requiert une quantité d’ozone de 0,43 mg/mg de fer et de 0,88 mg/mg de
manganèse (Langlais et coll., 1991);
l’oxydation de micropolluants organiques, y compris les composés responsables du goût et
de l’odeur, les polluants phénoliques et certains pesticides;
l’oxydation de macropolluants organiques, y compris l’enlèvement de la couleur,
l’amélioration de la biodégradabilité de composés organiques, le contrôle des précurseurs des
sous-produits de désinfection et la réduction de la demande en chlore (10 à 15 %,
généralement);
l’amélioration de l’efficacité de la floculation et de la filtration.
Tous ces usages possibles de l’ozone sont présentés de façon plus approfondie à la section 10.4.2
du volume 2.
Le tableau 10-10 présente une liste de critères de sélection des points d’injection d’ozone en
fonction de ces paramètres.
Tableau 10-10 : Critères de sélection des points d’injection d’ozone pour de petites
installations
L’eau de catégorie II se distingue par une faible demande en ozone et une turbidité élevée. Cela
indique la présence de matières inorganiques telles que des particules de silt ou d’argile. Pour
que la désinfection à l’ozone de l’eau de catégorie II soit la plus efficace possible, il faut ajouter
l’ozone après une pré-clarification ou une clarification ordinaire.
Une eau brute de faible turbidité et présentant une forte demande en ozone (catégorie III)
contient des éléments en solution, et non en suspension, qui contribuent à cette demande. Une
eau souterraine renfermant des ions bromures, du fer, du manganèse, de la couleur et des
matières organiques constitue un exemple de ce type d’eau. Dans ce cas, on peut additionner
l’ozone à l’eau brute ou après la clarification. Si l’eau contient des composés organiques rendus
plus biodégradables par l’ozonation, il peut s’avérer nécessaire de prévoir une étape de
traitement biologique (voir la section 9.9). L’ozonation en présence de composés organiques
oxydables ou d’ions bromures engendrera la formation de sous-produits de désinfection.
Sous-produits formés
L’ozone ne forme pas de sous-produits halogénés (THM et HAA) quand il participe aux
réactions d’oxydoréduction avec la matière organique, mais il forme une variété de sous-produits
organiques et inorganiques. Le tableau 10-11 présente les principaux sous-produits associés à
l’ozonation. Néanmoins, si l’ion bromure est présent dans l’eau brute, des sous-produits de
désinfection halogénés peuvent être formés. Ces sous-produits bromés posent un problème
sanitaire plus important que les sous-produits non bromés.
Une étude récente a démontré que les techniques suivantes permettent de limiter la formation
d’ions bromates et de sous-produits organiques bromés (Song et coll., 1997) :
Autres
Peroxyde d’hydrogène
Le lecteur peut se référer à la section 10.4.1.5, laquelle renferme les informations générales
nécessaires pour la conception des systèmes de chloration. Plusieurs concepts décrits à cette
section sont également applicables pour l’ozonation. L’unité d’alimentation fournit de l’oxygène
(ou de l’air) pur et sec au générateur, qui produit un gaz riche en ozone. Ce gaz passe ensuite
dans le bassin de mélange où il demeure en contact avec l’eau à traiter le temps nécessaire qu’il
faut pour la désinfecter (ou produire d’autres réactions). À la dernière étape, il faut traiter
l’effluent gazeux, car l’ozone qui s’y retrouve est toxique à ces concentrations. Certaines
installations de production d’eau potable effectuent une recirculation des gaz, en faisant revenir
l’effluent gazeux riche en ozone vers le premier compartiment du bassin de mélange afin de
réduire la demande en ozone dans les compartiments suivants. D’autres procédés utilisent une
chambre de refroidissement en fin de traitement pour enlever l’ozone resté en solution.
Les systèmes d’ozonation alimentés à partir d’oxygène peuvent atteindre des performances
plusieurs fois supérieures aux systèmes équivalents approvisionnés à l’air comprimé. De plus,
l’emploi de ce gaz très pur évite les problèmes d’entretien rencontrés lors de l’usage d’air de
procédé. De plus amples informations sur la production d’oxygène pur sont fournies à la
section 10.4.2 du volume 2.
un ou des réservoir(s);
des évaporateurs servant à transformer le liquide en gaz;
des filtres pour enlever les impuretés;
des régulateurs de pression limitant la pression du gaz qui entre dans les générateurs d’ozone.
Le réservoir d’oxygène liquide ainsi que les équipements d’évaporation doivent se situer dans un
enclos à l’extérieur du bâtiment. Après l’évaporation, le gaz doit être acheminé directement à la
salle de génération d’ozone. Cette pièce doit être munie d’un détecteur de fuites d’oxygène
permettant de couper immédiatement l’apport de ce gaz à la suite d’une alarme de haute
concentration.
Unités d’alimentation en air : Les unités d’alimentation en air des générateurs d’ozone sont
assez complexes, car l’air doit y être conditionné de manière à ne pas endommager le générateur.
Il faut que l’air soit propre et sec, qu’il ne contienne aucun contaminant et que son point de rosée
ne dépasse pas -60 oC. Les appareils de conditionnement de l’air comprennent généralement :
On peut classifier les unités de conditionnement d’air selon la pression sous laquelle elles
fonctionnent, soit : ambiante, basse (inférieure à 200 kPa), moyenne et élevée (supérieure à
420 kPa). Ce qui distingue les systèmes à basse pression des systèmes à pression élevée, c’est
qu’on peut utiliser avec ces derniers des dessiccateurs sans chaleur, car ils fonctionnent à des
pressions avoisinant 700 kPa, plutôt que 420 kPa. On retrouve dans les unités de
conditionnement différents types de compresseurs : volumétriques à deux rotors, centrifuges,
rotatifs à vis, à anneau liquide, à aubes et alternatifs.
Le tableau 10-12 compare les avantages et les désavantages des différents types de systèmes
d’alimentation en gaz.
D’autres informations sur les systèmes d’alimentation en gaz sont fournies à la section 10.4.2 du
volume 2.
Générateurs d’ozone
On classifie les générateurs selon la fréquence du courant appliqué aux électrodes. L’industrie de
l’eau compte surtout des générateurs à basse (50 ou 60 Hz) et à moyenne (de 60 à 1 000 Hz)
fréquence, mais il en existe aussi à haute fréquence. Le tableau 10-13 compare ces
trois catégories. Les générateurs à fréquence moyenne sont efficaces et capables de produire
économiquement de l’ozone à de fortes concentrations. Ils engendrent cependant davantage de
chaleur que les générateurs à basse fréquence et demandent un système d’alimentation électrique
plus complexe afin d’amplifier la fréquence du courant fourni par les services publics. On note
une tendance, dans les installations récentes, à utiliser des générateurs à moyenne ou à haute
fréquence.
D’autres informations sur les générateurs d’ozone sont fournies à la section 10.4.2 du volume 2.
Bassins de mélange
Une fois l’ozone dissous dans l’eau à traiter, il réagit avec les composants organiques et
inorganiques présents, y compris les agents pathogènes. L’ozone gazeux que l’étape de mélange
n’a pas réussi à dissoudre s’échappe du bassin. Une désinfection à l’ozone efficace requiert
généralement un rendement de transfert supérieur à 80 % (DeMers et Renner, 1992).
Les avantages et inconvénients de chacun des appareillages sont présentés aux tableaux 10-14,
10-15 et 10-16 respectivement. De plus, ces différents bassins sont décrits de façon plus
approfondie à la section 10.4.2 du volume 2. Enfin, la section 11.2 concerne la conception des
bassins selon le concept des CT.
Avantages Désavantages
Les injecteurs et les agitateurs statiques ne Les agitateurs statiques causent davantage de
comportent pas de pièces mobiles. perte de charge (consommation énergétique) parce
qu’ils nécessitent parfois l’utilisation de pompes.
Le transfert d’ozone est très efficace. La marge de réglage effective est limitée par le
système d’injection.
La profondeur du bassin de contact est moindre Le mode de fonctionnement est plus complexe et
que pour le mélange par diffusion. plus coûteux.
Avantages Désavantages
La turbulence élevée, qui crée des petites bulles, Demande de l’énergie.
accroît le transfert d’ozone.
La profondeur du bassin est moindre que dans le Il faut maintenir un débit de gaz constant, ce qui
cas du mélange par diffusion. réduit l’efficacité du transfert d’ozone.
Les turbines d’aspiration peuvent soutirer les La turbine et le moteur requièrent de l’entretien
effluents gazeux des autres chambres de mélange (spécialement les unités immergées).
en vue d’une réutilisation.
Élimine les préoccupations relatives à
l’obstruction des diffuseurs.
Dosage de l’ozone
L’ozone est un agent oxydant si puissant qu’il réagit avec de nombreux composants organiques
et inorganiques présents dans l’eau. On utilise l’ozone pour enlever le goût et l’odeur, car il
détruit les composés organiques. On s’en sert également pour aider à l’enlèvement du fer et du
manganèse, car il les oxyde en des composés moins solubles. Il faut donc satisfaire cette
première demande en ozone avant de pouvoir procéder à une désinfection primaire qui présente
des besoins supplémentaires en ozone. La présence de ces composés et leur concentration dans
l’eau peuvent dicter à quel moment ajouter l’ozone, selon les objectifs du traitement.
Au Québec, la valeur d’exposition moyenne pondérée est de 0,1 mg/L (0,2 mg/m3). Cette valeur
est une valeur plafond, ce qui veut dire que la concentration indiquée ne doit jamais être
dépassée. Cette valeur doit être respectée même si d’autres organismes (cf. ANSI/ASTM ou
ACGIH) tolèrent des niveaux d’exposition plus élevés pour les courtes périodes d’exposition.
Instrumentation
Il faut prévoir des instruments de mesure et de détection avec les systèmes d’ozonation afin
de protéger le personnel et le matériel. Plusieurs recommandations sur le sujet sont
présentées dans le chapitre 15.
Il faut également installer un détecteur de point de rosée sur le circuit d’alimentation en gaz,
juste en amont du générateur d’ozone, afin de protéger ce dernier de l’humidité présente dans
le gaz d’alimentation (lorsqu’il s’agit d’air).
On doit prévoir des capteurs et des alarmes de température (Tmax = 3 oC) et de pression sur
le circuit d’eau de refroidissement afin d’éviter toute surchauffe ou surpression du
générateur.
Les systèmes devraient inclure des appareils de surveillance de l’ozone résiduel en divers
points du bassin de mélange, ce qui permet de maintenir les concentrations résiduelles
désirées et d’éviter le gaspillage d’énergie associé au surdosage.
Même si les commandes manuelles conviennent aux petites unités de traitement, la plupart des
unités sont conçues de manière à fonctionner en mode automatique de façon à doser l’ozone en
fonction du débit et des besoins.
Désinfection en continu
Une génératrice équipée d’un système de démarrage automatique doit être installée pour assurer
la continuité du service en cas de panne électrique. S’il s’agit d’une génératrice refroidie à l’eau,
l’eau utilisée doit être retournée à l’égout. Si le réservoir de carburant est placé à l’intérieur,
celui-ci doit être muni d’un dispositif sûr en cas de fuite.
Espace requis
L’entreposage de l’OXL est sujet à la réglementation des codes du bâtiment et de prévention des
incendies. Ces codes définissent l’espace requis et dictent parfois même la nature des matériaux
de construction des structures adjacentes si les exigences de mise en retrait des appareils ne
peuvent être suivies. En général, la place occupée par un générateur d’ozone à base d’air est
Parmi les matériaux résistants à l’ozone, on retrouve les aciers inoxydables austénitiques
(séries 300), le verre, les céramiques, le Téflon, l’Hypalon et le béton. On peut se servir des
aciers inoxydables de série 304 pour l’ozone gazeux « sec » (et l’oxygène) et de série 316 pour le
service « humide ». Le service humide inclut la tuyauterie des bassins de mélange, des effluents
gazeux et de l’unité de traitement des effluents. Pour les garnitures et joints d’étanchéité, on doit
utiliser du Téflon ou de l’Hypalon. Le béton doit être fait avec du ciment de type II ou de
type IV. Il est de pratique courante aux États-Unis de prévoir 75 mm de recouvrement
d’armature afin de prévenir la corrosion par l’ozone gazeux ou aqueux, bien que Fonlupt (1979)
rapporte qu’une épaisseur de 40 mm offre une protection suffisante. Les panneaux d’accès des
bassins de mélange doivent être fabriqués en acier inoxydable de série 316 et posséder des joints
d’étanchéité résistants à l’ozone.
10.4.3 Monochloramines
Ce procédé n’est pas utilisé présentement au Québec, mais il est couramment utilisé aux États-
Unis depuis l’apparition d’une réglementation plus sévère sur les SPD de la chloration.
L’ensemble de l’information sur les monochloramines est présenté dans la section 10.4.3 du
volume 2.
Ce procédé est déjà utilisé au Québec pour des applications particulières. Compte tenu de la
problématique de sécurité qui entoure son utilisation, il est peu probable que son application se
généralise. L’ensemble de l’information sur le bioxyde de chlore est présentée dans la
section 10.4.4 du volume 2.
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/potable/guide/fiches.htm
10.4.5.1 Généralités
Où :
L’évaluation de la dose (IT) s’apparente donc au concept des CT utilisés pour les oxydants
chimiques, la concentration « C » étant remplacée par l’intensité « I » de rayonnement. La
recherche indique que lorsque les microorganismes subissent une exposition aux rayons UV,
chaque augmentation successive de la durée d’exposition entraîne l’inactivation d’une portion
constante de la population vivante. Ce rapport entre la dose et la réaction quant aux effets
germicides montre que l’application d’un rayonnement UV de haute intensité pendant une courte
période de temps produit le même effet destructeur qu’un rayonnement UV de moindre intensité
pendant une période proportionnellement plus longue.
Étant donné que les capteurs d’intensité UV installés ne mesurent l’intensité du rayonnement
qu’en un seul point du réacteur, il n’y a pas de façon pratique pour déterminer sur place
l’intensité moyenne du rayonnement UV dans le réacteur. Il n’est donc pas possible pour
l’opérateur, avec un réacteur UV donné, de calculer simplement un IT pour un réacteur UV à
partir d’une ou deux mesures d’intensité UV qui seraient multipliées par un temps de contact
théorique.
On utilise tout de même les relevés des capteurs d’intensité UV pour le suivi de routine du
procédé. Les réacteurs UV installés doivent toutefois avoir été préalablement validés par
biodosimétrie afin de s’assurer que les doses UV (IT) correspondent bien aux intensités
enregistrées par les capteurs d’intensité UV d’un réacteur donné. Cette méthode permet de
contourner le problème de mesure de la dose effective (IT) fournie par un réacteur UV en
activité.
Les doses de conception varieront selon le type d’organisme à inactiver et le type d’eau à traiter.
Les doses les plus faibles correspondent à celles appliquées pour l’inactivation des protozoaires
dans les eaux filtrées (voir la section 10.4.5.5).
Des études réalisées par la suite (Malley et coll., 1995) ont toutefois montré qu’il n’existait pas
de risque significatif, autant pour les eaux de surface que pour les eaux souterraines. Il en est de
même lorsque le rayonnement UV est suivi d’une chloration ou d’une chloramination. Les
résultats sont présentés dans la section 10.4.5 du volume 2.
Compte tenu de l’avancement des travaux sous la responsabilité du Comité, le lecteur est invité à
consulter le site Internet du Ministère (voir la section 10.4.5) pour obtenir l’information la plus
récente.
Les crédits d’inactivation pour les doses UV indiquées au tableau 10-17 sont accordés pour des
eaux souterraines de bonne qualité ou pour des eaux de surface filtrées. Par eaux de surface
filtrées, on entend les eaux de surface ayant subi un des traitements de filtration spécifiés à
l’alinéa 5 de l’annexe 1 du RQEP et dont les normes associées au traitement sont respectées.
Dans le cas des eaux de surface non filtrées (exclusion de la filtration selon l’article 5 du
RQEP), ces doses doivent être multipliées par 1,5. Pour les ESSIDES, elles sont considérées
comme des eaux de surface filtrées en ce qui a trait à l’établissement des doses UV nécessaires
pour atteindre l’inactivation des protozoaires et des virus.
Pour connaître les sources qui ont mené à la détermination des doses de conception, le lecteur est
invité à consulter la section 10.4.5 du volume 2 2 . Ces doses comprennent un facteur de sécurité
dont le Comité tient compte lors de la détermination des débits maximaux autorisés qu’il inscrit
dans ses fiches d’évaluation technique.
Rappelons que l’utilisation seule du rayonnement UV, sans ajout de désinfectant chimique, pour
l’inactivation des protozoaires et des virus n’est possible que lorsque le système de traitement
n’alimente qu’un seul bâtiment (voir la section 10.4.5.2).
La plupart des réacteurs qui sont reconnus par le Comité ont été validés à une dose de
40 mJ/cm², mais certains ont été validés à une dose de 60 mJ/cm². Pour obtenir des doses plus
élevées que celles reconnues par le Comité, le concepteur peut soit placer les réacteurs UV en
série, soit diminuer le débit du réacteur pour augmenter le temps de contact :
pour obtenir une dose de 60 mJ/cm², le concepteur utilise un réacteur validé à 60 mJ/cm² ou
réduit de 33 % le débit maximal permis pour un réacteur validé à 40 mJ/cm²;
pour obtenir une dose de 80 mJ/cm², le concepteur utilise deux réacteurs validés à 40 mJ/cm²
en série 3 ou réduit de 25 % le débit maximal permis pour un réacteur validé à 60 mJ/cm²;
pour obtenir une dose de 120 mJ/cm², le concepteur utilise deux réacteurs validés à
60 mJ/cm² en série ou trois réacteurs validés à 40 mJ/cm² en série.
À l’heure actuelle, il n’y a aucun réacteur reconnu par le Comité qui a été validé à une dose de
20 mJ/cm², de sorte qu’il n’est pas possible pour l’instant d’utiliser cette dose dans la conception.
L’utilisation d’un réacteur validé à 40 mJ/cm² à un débit deux fois plus grand (ou trois fois plus
grand pour un réacteur validé à 60 mJ/cm³) afin d’obtenir une dose de 20 mJ/cm² est
inacceptable, car cette stratégie s’écarte trop des conditions de validation utilisées. Ainsi, on ne
peut pas traiter dans un réacteur un débit supérieur à celui pour lequel il a été validé.
Tout système de désinfection par rayonnement UV doit pouvoir fournir la dose spécifiée, aux
conditions de conception suivantes :
2
Cette section n’a pas encore été mise à jour.
3
Pour atteindre la dose requise lorsque celle-ci est supérieure à 60 mJ/cm², l’agencement en série est préférable à
l’agencement en parallèle afin de se rapprocher le plus possible des conditions de validation.
Redondance
La redondance requise sera propre à chacune des applications et dépendra de la taille de
l’installation et de la redondance disponible en ce qui concerne les autres unités de désinfection.
Le Comité reconnaît que la désinfection par rayonnement UV à la sortie de chaque filtre est
acceptable pour certaines installations. Celles-ci pourraient alors ne pas avoir d’unités en attente,
mais plutôt les pièces de rechange équivalant à une unité complète. La redondance étant alors
obtenue par le nombre de filtres, si un réacteur UV n’est plus fonctionnel, le filtre associé à ce
réacteur UV doit aussi être mis hors fonction. Cependant, le Comité recommande l’application
du système UV à l’eau filtrée combinée de façon à obtenir un système UV indépendant des
filtres.
Le Comité recommande également une redondance qui sera fonction du nombre d’unités
installées et de la taille des installations, une redondance basée sur les principes d’application
illustrés dans le tableau 10-18. Une évaluation technico-économique permettra de déterminer la
meilleure solution à retenir.
Lorsque le système de traitement n’alimente qu’un seul bâtiment, il est possible de ne pas
appliquer les principes de redondance des équipements de désinfection par rayonnement UV
mentionnés au tableau 10-18, pourvu que des pièces de rechange soient disponibles sur place
(lampe, ballast, etc.) et qu’un opérateur compétent puisse intervenir rapidement en cas de panne.
Dans un tel cas, il serait également important que les personnes utilisant l’eau dans le bâtiment
soient averties rapidement lorsque le système de désinfection UV fait défaut. La fermeture
automatique de la vanne à la sortie du réacteur, tel que décrit plus loin, permet de s’assurer que
les utilisateurs ne consomment pas d’eau non traitée lorsque le fonctionnement du réacteur est
problématique. Sinon, il serait plus sécuritaire d’appliquer les principes de redondance
mentionnés plus haut.
Suivi et alarmes pour les réacteurs qui ne sont pas certifiés NSF55
Les fiches d’évaluation technique sur les technologies reconnues de désinfection par
rayonnement UV diffusées par le Comité contiennent des informations relatives aux exigences
de suivi et aux alarmes requises. En plus de ces exigences, lorsque des réacteurs UV sont
utilisés, le Comité recommande un système de suivi comprenant :
De plus, des alarmes devront être prévues dans les cas suivants :
De plus, des alarmes devront être prévues dans les cas suivants :
7
Il est recommandé de faire vérifier les répartiteurs au moins une fois par année.
8
Cette évaluation ne doit pas contrevenir à l’obligation d’inscrire au registre, pour chaque période de
quatre heures, une mesure du débit de l’eau traitée par l’ensemble de l’installation, comme stipulé dans le
4e alinéa de l’article 22 du RQEP, lorsque ce dernier s’applique.
9
Si les débitmètres existants ou prévus peuvent être utilisés, il n’est pas nécessaire d’en installer de nouveaux.
CHAPITRE 11
011-vol1-chap11.doc 11-1
11.5.2 Fonctionnement des réservoirs.......................................................................
11.5.2.1 Gel ....................................................................................................
11.5.2.2 Interruption de service ......................................................................
11.5.2.3 Variation de niveaux.........................................................................
11.5.2.4 Stagnation de l’eau ...........................................................................
11.5.3 Sécurité des employés.....................................................................................
11.5.4 Accessoires pour les réservoirs sous pression ...............................................
11.5.5 Peinture et recouvrement cathodique.............................................................
11.5.6 Test d’étanchéité.............................................................................................
11.5.7 Désinfection ....................................................................................................
011-vol1-chap11.doc 11-2
11. CONCEPTION DES RESERVOIRS D’EAU POTABLE
11.1 Contexte
Les réserves d’eau potable doivent permettre de rencontrer simultanément deux objectifs
distincts :
La section 11.2 présente la procédure de calcul du CT pour les bassins de désinfection, laquelle
est nécessaire à la vérification de l’atteinte des objectifs de traitement. Le lecteur est prié de se
référer à la section 10.2 qui décrit la méthode permettant de choisir ces objectifs de traitement. Il
est à noter que la désinfection dans les réserves n’est pas la seule étape permettant de désinfecter
les eaux. Le lecteur est prié de se référer à la section 10.3 pour plus d’informations sur ce sujet.
Si les besoins de réserves pour atteindre les objectifs de désinfection sont supérieurs aux besoins
quantitatifs, il est suggéré d’évaluer différents scénarios afin de ramener les besoins de réserves
pour la désinfection sous ceux requis d’un point de vue quantitatif. Sinon on peut envisager des
scénarios alternatifs (modifier et/ou optimiser les installations actuelles et/ou prévoir des
traitements additionnels).
Par ailleurs, il est bon de rappeler que le volume pour les besoins quantitatifs ne doit pas
nécessairement être centralisé à l’installation de traitement alors que le volume pour les objectifs
de désinfection doit obligatoirement être localisé avant le premier consommateur afin d’être
inclus dans le calcul du CT. Les réservoirs d’approvisionnement localisés sur le réseau de
distribution ne doivent donc pas être inclus dans le calcul du CT. À cet égard, mentionnons que
la conception hydraulique des réservoirs sur le réseau fait l’objet de critères diamétralement
opposés à ceux localisés à l’installation de traitement et utilisés pour assurer le CT. Les
réservoirs sur le réseau devraient être conçus de façon à éviter les zones mortes, ce qui est réalisé
en s’assurant qu’il y aura un bon mélange de l’eau contenue dans le réservoir. Les bassins de
contact à l’installation de traitement sont aussi conçus de manière à éviter les écoulements
préférentiels. Pour de plus amples informations sur la conception des réservoirs, le lecteur est
prié de se référer aux manuels suivants : Water Distribution Systems Handbook (mai, 2000) et
Maintaining Water Quality in Finished Water Storage Facilities (1999).
Tel que discuté à la section 10.3.2.2, l’évaluation de l’efficacité de la désinfection repose sur le
concept du CT, lequel stipule que l’inactivation d’un micro-organisme donné est proportionnelle
au produit du temps de contact effectif et de la concentration résiduelle de désinfectant mesurée à
la sortie du réservoir (Eq. 11-1).
CTdisponible
Log d ' inactivation = Éq. 11-1
CTrequis
Les prochaines sections décrivent comment les valeurs de CTrequis et CTdisponible sont obtenues.
Le CTdisponible est la valeur de CT obtenue pour une configuration donnée de bassin de contact
opéré dans une condition donnée. Le CT disponible est obtenu selon l’équation 11-2.
V T
CTdisponible = C résiduelle × T10 = C résiduelle × u × 10 Éq. 11-2
Q MAX T
Où :
Crésiduelle est la concentration de désinfectant mesurée à la sortie du réservoir,
QMAX est le débit de pointe à la sortie du réservoir,
Vu est le volume utile dans le réservoir (et non la capacité du réservoir),
T10/T est le facteur d’efficacité hydraulique (entre 0 et 1), tel que décrit à l’annexe III.1.
Le calcul du CTdisponible peut être fait pour deux besoins distincts : la vérification de l’efficacité de
la désinfection dans le cadre de l’opération d’une installation existante ou la conception d’une
nouvelle installation. Ces deux situations sont très différentes et sont traitées successivement aux
prochaines sections.
Température
Une mesure journalière de la température doit être effectuée. Cette information sera nécessaire pour
calculer le CTrequis selon l’équation 11-1 (voir section 11.2.2).
pH
Tout comme la température, une mesure journalière du pH à l’eau traitée doit être effectuée dans
le but d’obtenir le CTrequis selon l’équation 11-1 (voir section 11.2.2). Si l’ajout d’un produit chimique
modifie le pH de chloration durant la désinfection (par l’ajout de chaux par exemple), le registre
devra également inclure la valeur du pH (une mesure par jour) avant le réajustement de pH.
Pour les installations dotées d’une réserve variable, il est nécessaire de prévoir un système de suivi en
continu du débit de sortie et du niveau de l’eau dans le réservoir. Il est recommandé que ces
paramètres soient mesurés ponctuellement à chaque heure fixe. Puis, pour chaque plage de 4 heures, le
débit maximum observé parmi les 4 valeurs sera considéré comme le débit de pointe. Ce dernier sera
consigné au registre ainsi que le niveau ponctuel enregistré au même moment.
Pour les installations dotées d’une réserve fixe (ou dédiée), seul le débit à l’entrée du réservoir
est nécessaire. Tout comme les réserves à niveau variable, il est également recommandé de
mesurer ponctuellement le débit à chaque heure fixe et d’inscrire au registre la plus forte valeur
de débit enregistrée par période de 4 heures.
Le tableau 11-1 donne un exemple des informations mentionnées précédemment pour une
installation équipée de 3 filtres, procédant à un réajustement de pH dans une réserve à niveau
variable et faisant l’acquisition en continu du débit et du niveau d’eau dans le réservoir.
20:00-
21:00 575 260
0,12 0,15 0,15 0,74
21:00-
6253 2203
22:00
22:00- 475 275
23:00
23:00- 375 345
24:00
1 : pH à l’eau filtrée 4 : Turbidité moyenne pour la période de 4 heures
2 : pH à l’eau traitée 5 : Valeur minimale parmi 16 lectures à une fréquence de 15 minutes
3 : Valeurs à inscrire au registre 6 : Mesures ponctuelles à la fin de chaque heure
Les informations à inscrire au registre visent à permettre de calculer a posteriori le CT pour une
installation donnée. L’efficacité hydraulique (T10/T) devrait également être incluse au registre puisque
cette valeur est la dernière information manquante afin de calculer le CTdisponible. Pour les usines
utilisant une efficacité hydraulique variable en fonction du débit (démontrée par essais de traçage),
l’efficacité hydraulique retenue pour chaque période de 4 heures devra également être consignée au
registre tout en précisant (en note de bas de page) l’équation mathématique décrivant la relation entre
l’efficacité hydraulique et le débit.
Principes généraux
Le calcul du CTdisponible à l’étape de la conception requiert une analyse attentive du concepteur
afin d’identifier les conditions critiques de traitement à la fin de la période de conception. Ces
conditions critiques sont la combinaison de critères d’opération (chlore libre résiduel minimum
anticipé) et de la conception hydraulique de l’installation étudiée. Il est recommandé de vérifier
plusieurs conditions d’opération, c’est à dire plusieurs pointes horaires obtenues à différents
moments de l’année, les pointes horaires hivernales étant généralement plus faibles que les
pointes estivales. Au minimum, il est nécessaire d’envisager deux scénarios (hiver/été). Une
vérification mensuelle est cependant souhaitable. Les conditions printanières (forte
consommation associée à une température de l’eau relativement basse) peuvent parfois s’avérer
limitatives.
Le concepteur doit s’assurer que les unités de traitement projetées permettront d’atteindre ces
objectifs (1) en tout temps dans le cas des virus (incluant une pointe de consommation et un
incendie se produisant simultanément) et (2) en conditions critiques de traitement pour Giardia
(pointe de consommation seulement).
Pour les nouvelles installations, il peut-être difficile d’anticiper toutes les conditions nécessaires
au calcul du CTdisponible (entre autres, concernant la concentration de chlore résiduelle qui est un
paramètre d’opération et le niveau de l’eau dans le réservoir). Pour les installations existantes, les
informations pertinentes sont habituellement disponibles.
La réserve dédiée
Cette approche de conception implique de dédier une portion de la réserve pour les objectifs de
désinfection (CT). Elle vise donc à complètement séparer les objectifs qualitatifs (CT) des
objectifs quantitatifs (urgence, équilibre, etc.). Cela est rendu possible grâce à l’ajout d’un
déversoir sur une section en amont de la réserve. L’efficacité hydraulique (T10/T) de cette section
est alors maximisée par l’ajout de chicanes. La portion restante du réservoir (où les pompes
‘haute pression’ sont localisées) assure les besoins quantitatifs.
La figure 11-1 illustre ces trois solutions techniques. Pour chacune de ces approches, le
concepteur devra identifier les conditions critiques suivantes : le débit de pointe attendu (Qmax),
le volume utile, l’efficacité hydraulique et la concentration résiduelle.
Figure 11-1 : Illustrations des trois approches de conception possibles pour assurer le CT.
(A) Réserve variable – vue en élévation, (B) Réserve dédiée – Vue en
élévation, (C) Écoulement en serpentins – Vue en plan
(A) (B) (C)
Choix du QMAX
Pour l’inactivation des parasites, le débit à considérer pour la conception d’un réservoir à niveau
variable est le débit de pointe horaire de consommation (excluant le débit incendie) en période
critique à la sortie des réserves, à la fin de la période de conception. La période critique est la
période de l’année la plus défavorable à la désinfection pour l’installation étudiée (le débit de
pointe horaire est sensiblement plus faible en hiver qu’en été mais l’inactivation est beaucoup
plus efficace en été qu’en hiver). Si la réserve d’opération et la réserve à incendie sont localisées
sur le réseau de distribution plutôt qu’à l’usine ou si le concepteur prévoit une réserve dédiée, la
conception est plutôt basée sur le débit journalier maximal en période critique. Si le concepteur
prévoit un écoulement en serpentins, le débit de conception est typiquement le débit journalier
maximal en période critique, sauf si la conduite est installée à la sortie du réservoir ou en
l’absence de réservoir, auquel cas le débit de pointe horaire est celui qui est plutôt utilisé.
Dans le cas des virus, le débit maximum1 (incluant le débit incendie) qui peut sortir du réservoir
doit être utilisé dans le calcul du CT. Pour une réserve à niveau variable, ce débit correspond au
1
Pour les réservoirs à distribution gravitaire, le débit maximum est défini comme étant :
a) Le débit soutiré du réservoir lors d'un essai d'écoulement (dans des conditions normales d'opération ) au
centre du réseau avec 3 bornes fontaines ouvertes complètement tout en respectant une pression résiduelle
de 140 kPa aux bornes fontaines sollicitées OU
b) La somme du débit journalier maximale et du débit incendie, ce dernier étant défini égal à 2000 L/min pour
une période d’une heure.
Il est suggéré d’évaluer les scénarios de la réserve variable et de la réserve dédiée afin
d’identifier la solution la plus économique et la plus simple pour son client. Les réserves dédiées
sont généralement avantageuses pour les petits systèmes puisque cette approche simplifie
grandement le contrôle de la désinfection. Par ailleurs, pour les petits systèmes, la réserve dédiée
permet de répondre en tout temps au respect du CT, même advenant des conditions extrêmes de
débit incendie se produisant simultanément avec une pointe de consommation.
Dans le cas d’un écoulement en serpentins ou d’une réserve dédiée, le volume utile est de 100%
de la réserve.
Enfin, mentionnons que le temps de contact à considérer pour la désinfection est le laps de temps
entre le point d’injection du désinfectant et le premier consommateur. Dans certains cas, la
conduite maîtresse à la sortie de l’installation de traitement pourra donc être considérée pour le
Le tableau 11-3 résume les avantages et inconvénients respectifs des différentes approches de
conception discutées dans cette section.
Le concepteur de bassins de désinfection cherche à obtenir le T10 le plus élevé possible dans son
ouvrage de manière à maximiser le produit CT10. La façon d’y arriver est de viser, autant que
Les différentes procédures permettant de choisir ce paramètre sont décrites en détails à la section
10.3.2.
Le CTrequis est une valeur fournie au concepteur via des tableaux compilés par l'USEPA (1991;
1999) et qui indique la valeur de CT requise pour inactiver un log d’un micro-organisme donné
(virus ou Giardia ou Cryptosporidium) dans une eau de caractéristiques données (pH,
température, etc.).
Une fois ces informations connues, il s’agit de consulter le tableau approprié décrivant
l’efficacité d’inactivation (en terme de CTrequis pour 1 log d’inactivation) des divers micro-
organismes selon les conditions de désinfection. Le tableau 11-4 résume les différentes
informations disponibles à ce sujet. Dans l’éventualité où les conditions de chloration sont
comprises entre deux valeurs du tableau, il faut interpoler afin d’obtenir la valeur recherchée.
Résiduel pH de l'eau
(mg/L)
6,0 6,5 7,0 7,5 8,0 8,5 9,0
≤ 0,4 46 54 65 79 92 110 130
0,6 47 56 67 80 95 114 136
0,8 48 57 68 82 98 118 141
1,0 49 59 70 84 101 122 146
1,2 51 60 72 86 104 125 150
1,4 52 61 74 89 107 129 155
1,6 52 63 75 91 110 132 159
1,8 54 64 77 93 113 136 163
2,0 55 66 79 95 115 139 167
2,2 56 67 81 99 118 142 170
2,4 57 68 82 99 120 145 174
2,6 58 70 84 101 123 148 178
2,8 59 71 86 103 125 151 181
3,0 60 72 87 105 127 153 184
Source : USEPA, 1999.
Tableau 11-5b : Valeurs de CT (en mg·min/L) pour une inactivation à 90% (1 log) des
kystes de Giardia lamblia par le chlore libre à 5oC
Résiduel pH de l'eau
(mg/L)
6,0 6,5 7,0 7,5 8,0 8,5 9,0
≤ 0,4 32 39 46 55 66 79 93
0,6 33 40 48 57 68 81 97
0,8 34 41 49 58 70 84 100
1,0 35 42 50 60 72 87 104
1,2 36 42 51 61 74 89 107
1,4 36 43 52 62 76 91 110
1,6 37 44 53 64 77 94 112
1,8 38 45 54 65 79 96 115
2,0 39 46 55 67 81 98 118
2,2 39 47 56 68 83 100 120
2,4 40 48 57 70 84 102 123
2,6 41 49 58 71 86 104 125
2,8 41 49 59 72 88 106 127
3,0 42 50 61 74 89 108 130
Source : USEPA, 1999.
Tableau 11-5d : Valeurs de CT (en mg·min/L) pour une inactivation à 90% (1 log) des
kystes de Giardia lamblia par le chlore libre à 15oC
Tableau 11-5f : Valeurs de CT (en mg·min/L) pour une inactivation à 90% (1 log) des
kystes de Giardia lamblia par le chlore libre à 25oC
Cl2 libre pH
résiduel
(mg/L) 6,0 6,5 7,0 7,5 8,0 8,5 9,0
≤ 0,4 8 10 12 14 17 20 23
0,6 8 10 12 14 17 20 24
0,8 9 10 12 15 18 21 25
1,0 9 10 12 15 18 22 26
1,2 9 11 13 15 18 22 27
1,4 9 11 13 16 19 23 27
1,6 9 11 13 16 19 23 28
1,8 10 11 14 16 20 24 29
2,0 10 12 14 17 20 25 29
2,2 10 12 14 17 21 25 30
2,4 10 12 14 17 21 26 31
2,6 10 12 15 18 22 26 31
2,8 10 12 15 18 22 27 32
3,0 11 13 15 18 22 27 32
Source : USEPA, 1999.
Température de l’eau
Type de
désinfectant < 1oC 5oC 10oC 15oC 20oC 25oC
Ozone 0,97 0,63 0,48 0,32 0,24 0,16
Bioxyde de chlore 21 8,7 7,7 6,3 5,0 3,7
Monochloramine 1270 735 615 500 370 250
Source : USEPA, 1999.
Tableau 11-7 : Valeurs de CT (en mg·min/L) pour une inactivation à 90% (1 log) des
oocystes de Cryptosporidium par l’ozone et le bioxyde de chlore pour des
pH variant de 6,0 à 9,0
Température de l’eau
Type de
o o o
désinfectant <1C 2C 3C 5oC 7oC 10oC 15oC 20oC 25oC
Ozone1 25,6 23,3 21,2 17,5 14,5 10,9 6,7 4,2 2,6
Bioxyde de chlore2 504 462 424 357 301 232 151 98 64
Source : USEPA, 2001.
pH
Température
(oC) 6-9 10
0,5 3,00 22,5
5 2,00 15,0
10 1,50 11,25
15 1,00 7,5
20 0,75 5,5
25 0,50 3,75
Source : USEPA, 1999.
Tableau 11-9 : Valeurs de CT (en mg·min/L) pour une inactivation à 90% (1 log) des virus
par l’ozone
Température (oC)
≤1 5 10 15 20 25
0,45 0,3 0,25 0,15 0,125 0,075
Source : USEPA, 1999.
Tableau 11-10 : Valeurs de CT (en mg·min/L) pour une inactivation à 90% (1 log) des virus
par la monochloramine ou le bioxyde de chlore pour des pH variant de 6,0
à 9,0
Désinfectants Références
Monochloramines Voir équation 11-7
Bioxyde de chlore Voir équation 11-10
Il est également possible d’évaluer le log d’inactivation en utilisant les équations qui décrivent
implicitement les variations de CTrequis selon les caractéristiques de l’eau à traiter. Ces équations
sont décrites aux tableaux 11-11a, 11-11b et 11-11c.
Dans le cas particulier de l’inactivation des virus par la monochloramine ou le bioxyde de chlore,
il est nécessaire d’utiliser ces équations puisque l’inactivation obtenue n’est pas directement
proportionnelle au CTdisponible, tel que décrit à l’équation 11.1. Ceci constitue cependant des cas
particuliers.
Tableau 11-11a : Équations permettant de calculer l’inactivation (en log) des kystes de
Virus pour différents désinfectants
Chlore libre
I=
[CT disponible ]
× e ( 0,071×température ) − 0,42
Éq. 11-4
2,94
Ozone
I=
[CT disponible ]
× e ( 0,068×température ) − 0,01
Éq. 11-5
0,47
Bioxyde de chlore
I=
[CT disponible ]
× e (0,072×température ) + 35,15
Éq. 11-6
21,5
Tableau 11-11b : Équations permettant de calculer l’inactivation (en log) de Giardia pour
différents désinfectants
Ozone
I=
[CT disponible ]
× e ( 0, 072×température ) − 0,01
Éq. 11-9
0,98
Bioxyde de chlore
I=
[CT disponible ]
× temp.0, 49 + 0,18
Éq. 11-10
23,85
* La concentration de chlore résiduelle (et non appliquée) doit être utilisée dans l’équation
11.8.
Le procédé d’ozonation comporte deux particularités importantes quant au calcul du CT. D’une
part, l’ozone est généralement transféré dans des bassins de contact successifs et, d’autre part,
l’ozone résiduel est instable et se décompose rapidement durant le traitement. Afin de tenir
compte de ces deux caractéristiques, il est recommandé de calculer le CT pour chacune des cuves
en série et puis d’en faire la somme de telle sorte que :
⎡C V T ⎤ ⎡n V T ⎤
CTdisponible = ⎢ 1 × 1 × 10 ⎥ + ⎢∑ C i × i × 10 ⎥ Éq. 11-13
⎣ 2 Q MAX T ⎦ ⎣ i =2 Q MAX T ⎦
Où :
Dans le premier bassin, la concentration en ozone résiduel augmente au fur et à mesure que la
demande en ozone de l’eau est satisfaite. Il est obligatoire de réduire de moitié la concentration
résiduelle à la sortie du premier bassin soit réduite de moitié afin d’éviter de surévaluer le CT
dans la première cuve. Par la suite, le concepteur calcule la somme des CT des cuves en série. En
général, un seul et unique facteur d’efficacité hydraulique est utilisé pour caractériser l’ensemble
du procédé d’ozonation, lequel facteur est obtenu par essais de traçage (en pilote ou à l’échelle
réelle). Dans le cas d’une nouvelle installation où aucune information n’est disponible, des
facteurs d’efficacité hydraulique de 0,50 et 0,40 peuvent être utilisés pour les sections
d’écoulement avec et sans ajout d’ozone, respectivement.
Ainsi, la notion de CT utilisée pour les désinfectants chimiques se traduit par un concept de IT
pour la désinfection U.V.. Le choix de la dose à appliquer dépendra du micro-organisme cible
(Giardia, Cryptosporidium ou virus) ainsi que du type d’application (eau de surface filtrée ou
non filtrée, eau souterraine, etc.).
Pour de plus amples informations concernant le choix de la dose U.V. de conception, les log
d’inactivation qu’il est possible d’atteindre et les critères à respecter pour se voir créditer les log
d’inactivation, le lecteur peut se référer à la section 10.4.5.
À la page suivante, le tableau 11-12 résume les informations requises pour calculer le CT d’un
bassin de désinfection.
11.3.1 Généralités
Les réservoirs d’eau potable permettent d’écrêter la demande d’eau ce qui contribue à réduire
la capacité des ouvrages de captage, des usines de traitement, des stations de pompage et des
conduites d’adduction.
Les réservoirs d’eau potable peuvent aussi être utilisés pour équilibrer les pressions dans le
réseau de distribution. Ils assurent aussi une sécurité contre les bris des ouvrages de captage,
de traitement et d'amenée et ils peuvent aussi servir à assurer une réserve pour fins de
protection contre les incendies.
Un réservoir servant à contrôler la pression dans le réseau devrait être suffisamment élevé
pour que sa fonction puisse s'accomplir gravitairement tout en étant, dans la mesure du
possible, capable de se remplir durant la nuit sans pompage auxiliaire. Il doit se situer à
l'intérieur ou à proximité du secteur où l'amélioration des pressions est requise.
Tout réservoir devrait se localiser le plus près possible des secteurs à desservir de façon à
éviter l'installation de conduites de grand diamètre et réduire les pertes de charge.
11.3.2 Capacité
Le volume des réservoirs est habituellement établi comme étant la somme de la réserve
d’opération et de la réserve incendie dans les cas où le réseau assure une telle protection. Ces
réserves peuvent être réparties entre les différents réservoirs du système de traitement et de
distribution.
Pour les projets où il est prévu une réserve dédiée pour les besoins de la désinfection (voir
section 11.2). Le volume de cette réserve ne peut être inclus dans les calculs des réserves
d’opération et d’incendie.
La réserve d’opération permet de faire face aux variations horaires de débit dans le réseau de
distribution et à des événements particuliers tels que bris de conduites principales, bris de pompe
ou pannes à l’usine de traitement de l’eau.
Lorsque l'approvisionnement du réservoir se fait sur une base continue (24 heures par jour), la
réserve d'opération doit correspondre à une valeur située entre 12 et 24 heures de la consommation
journalière moyenne (typiquement entre 14 et 20 heures de la consommation journalière
moyenne).
Le débit d'incendie requis pour un édifice dépend de la superficie du bâtiment, de son type de
construction, de sa vocation, de son voisinage et des moyens d'auto-protection dont il
dispose. Ce dernier point est important car il implique qu'en favorisant l'installation
d'équipements d'auto-protection dans les édifices d'importance (commerces, bureaux, usines,
etc.), une municipalité pourrait diminuer substantiellement les débits d'incendie requis et par
conséquent réduire les coûts des infrastructures d'aqueduc à installer.
En général, l'alimentation en eau des réseaux d'aqueduc offrant une protection contre
l’incendie devrait être établie selon les règles techniques figurant dans le Guide relatif à la
réalisation des réseaux d'eau aux fins de protection contre l'incendie, 1999, du Service
d'inspection des assureurs incendie du Groupement technique des assureurs.
Le Guide de conception propose ici des critères de conception permettant d’offrir une
alimentation en eau des réseaux d’aqueduc pour fins de protection incendie susceptibles
d’assurer une protection minimale. Les municipalités qui désirent se doter d’une protection
plus sécuritaire peuvent utiliser des contraintes plus sévères. Les critères proposés par le
Guide de conception sont les suivants :
• Le réseau d'aqueduc avec protection incendie doit pouvoir fournir, en plus du débit
journalier maximal, un débit d'incendie d'un minimum de 2000 L/min pour une durée
d’au moins une (1) heure.
11.4.1 Généralités
Dans la conception d'un réservoir d’eau potable, on doit viser à assurer la stabilité et la
durabilité de l'ouvrage ainsi que la qualité de l'eau traitée emmagasinée.
Les réservoirs d’eau potable peuvent être de type souterrain en béton armé ou hors-terre en
acier. Pour les constructions hors-terre, on retrouvera les réservoirs de type élevé ou
cylindrique. Les réservoirs d’eau potable hors-terre en béton précontraint ne sont pas
acceptés.
Ce type de réservoir est généralement employé lorsque le réservoir est construit à même la
station de traitement de l’eau ou lorsque le site est suffisamment élevé afin d’assurer une
pression adéquate par gravité pour le réseau desservi. Lorsque construit à même la station de
traitement de l’eau, le réservoir sera généralement utilisé en combinaison avec une station de
pompage de type « haut niveau » qui assure un débit et une pression convenables au réseau
de distribution.
Lorsqu'il n'y a aucun site ayant une élévation suffisante pouvant assurer des pressions
adéquates dans le réseau de distribution à partir d'un réservoir souterrain, on utilise parfois un
réservoir cylindrique, lequel comprend une réserve de soutien assurant l'élévation nécessaire
à la réserve utile.
Lorsqu'il n'y a aucun site ayant une élévation suffisante pouvant assurer des pressions
adéquates dans le réseau de distribution à partir d'un réservoir souterrain, on utilise parfois un
réservoir élevé.
Ce type de réservoir est supporté par des piliers et s'utilise dans les mêmes conditions qu'un
réservoir cylindrique, sauf que la hauteur requise pour assurer une pression adéquate est
généralement élevée.
Les réservoirs hydropneumatiques ne sont acceptables que pour les petits réseaux desservant
50 logements ou moins et n'assurant aucune protection contres les incendies.
Le fond du réservoir devrait autant que possible se situer au-dessus du niveau de la nappe
phréatique et de tout niveau possible d'inondation. Un système de drainage peut être
avantageux pour empêcher la nappe d'eau d'atteindre le fond du réservoir;
Quand le fond du réservoir se situe sous la surface du sol, aucune conduite d'égout, service
privé, conduite de gaz naturel, mare d'eau stagnante ou autres sources semblables de
contamination, ne doit se situer à moins de 15 mètres des parois du réservoir. Toutefois, une
conduite d'aqueduc ayant subi des tests à une pression de 345 kPa sans perte d'eau peut être
utilisée comme conduite d'égout à écoulement libre à une distance moindre que 15 mètres
mais supérieure à 6 mètres.
Tout réservoir d'eau potable doit avoir un toit et un couvercle empêchant l'intrusion de
poussière, d'insectes et autres animaux, de façon à maintenir la qualité de l'eau. Dans le cas
d'un réservoir recouvert de terre, le toit doit être parfaitement étanche.
Une clôture, des verrous sur les regards d'accès et autres précautions utiles doivent être prises
pour empêcher l'entrée d'intrus, le vandalisme ou le sabotage.
Le système de drainage d'un réservoir doit être conçu de façon à assurer le maximum de sécurité
contre les retours d'eau et l’invasion par la vermine. Des accessoires comme les vannes à clapets
ou des dispositifs anti-retour n'assurent pas nécessairement cette sécurité maximale. De plus, le
système de drainage d'un réservoir ne doit pas être raccordé à un réseau d'égout.
Le terrassement autour du réservoir doit être conçu de façon à éloigner les eaux de ruissellement.
11.5.1.2 Trop-plein
L'ouverture de trop-plein doit être dirigée vers le bas et être munie d'une grille non-corrosive de
9.5 mailles au centimètre, installée à l'intérieur de la conduite de façon à empêcher sa détérioration
par un acte de vandalisme.
11.5.1.3 Accès
Tout réservoir doit avoir des ouvertures d'accès pour permettre le nettoyage et la réparation.
Les regards d'accès au-dessus du plan d'eau doivent :
• avoir une bordure surélevée d'au moins 10 cm, et préférablement de 15 cm. Pour les
réservoirs de surface ou souterrain, les regards d'accès doivent se situer à au moins 0.6
mètre au-dessus du niveau final du sol;
• être fermés avec un couvercle étanche recouvrant la bordure du regard et se prolongeant
d'au moins 5 cm le long de cette bordure. Le drain des trappes d’accès ne doit pas se
drainer dans le réservoir;
• être munis d'un gond sur l'un de ses côtés;
• être pourvus d'un dispositif de verrouillage.
11.5.1.4 Ventilation
Tout réservoir doit être ventilé adéquatement. Il est à noter que le trop-plein ne peut pas être
utilisé comme conduite de ventilation. Des ouvertures entre le toit et les murs du réservoir ne
sont pas acceptables comme moyens de ventilation. Les conduites de ventilation doivent :
Le toit et les parois latérales doivent être étanches, sans aucune ouverture à l'exception de
celles prévues pour les conduites de ventilation, les regards d'accès, les trop-pleins, les drains
de vidanges, les tuyaux d'entrée et de sortie d'eau.
Tous les tuyaux traversant le toit ou la paroi d'un réservoir métallique doivent être soudés ou
convenablement scellés à la paroi. Pour les réservoirs en béton, ces conduites doivent être
reliées à des ancrages mis en place lors du coulage du béton.
Les ouvertures dans le plafond d'un réservoir, requises pour l'installation des appareils de
contrôle et les colonnes des pompes, doivent être protégées de façon à empêcher l'intrusion
d'eau de surface ou souterraine à l'intérieur du réservoir.
Les vannes et les appareils de contrôle doivent se situer à l'extérieur du réservoir de manière
à ce que les tiges des vannes ou autres tiges similaires ne traversent le toit, le couvercle ou la
paroi du réservoir. Si cela n’est pas possible, il faut bien protéger les ouvertures dans le toit
du réservoir des intempéries et des intrusions d’eau.
Le toit de tout réservoir doit être drainé efficacement. Les gouttières de descente ne doivent
pas pénétrer à l’intérieur du réservoir. Les parapets ou autres constructions similaires qui
pourraient retenir l’eau ou la neige sur le toit sont à proscrire.
Toute passerelle surplombant un plan d’eau à l’intérieur d’un réservoir doit avoir un plancher
sans trou avec des bordures relevées pour empêcher la chute de détritus dans l’eau.
Toute conduite de sortie d’eau d’un réservoir doit être installée de façon à empêcher
l’entraînement des sédiments dans le réseau de distribution. Un dispositif d’arrêt des boues
doit être prévu là où c’est nécessaire.
L’eau potable ne doit pas être emmagasinée dans un compartiment adjacent à un autre
contenant de l’eau non potable.
11.5.1.10 Structure
Les murs de tout réservoir doivent résister aux pressions internes et externes sous toutes les
conditions de niveau à l’intérieur du réservoir et à l’extérieur s’il est enfoui.
Dans le cas de réservoir enfoui, celui-ci doit être conçu pour éviter sa flottaison et pour résister aux
pressions induites par le remblayage du réservoir lorsque ce dernier est vide.
11.5.2.1 Gel
Tous les réservoirs et leur équipement tels que conduites, trop-pleins, évents, etc., doivent
être conçus de façon à éviter que le gel nuise à leur fonctionnement normal.
Tout réservoir doit être conçu de façon à permettre l'opération du réseau pendant sa
réparation ou son nettoyage.
La variation maximale entre le haut et le bas niveau d'eau à l'intérieur d'un réservoir dont la
fonction est d'assurer le maintien d'une pression adéquate dans le réseau, ne devrait pas
excéder 9 mètres.
Des appareils de contrôle adéquats doivent être installés pour maintenir les niveaux d'eau
dans le réservoir et pour contrôler le remplissage. Des indicateurs de niveau d'eau doivent
être installés dans un endroit facilement accessible pour assurer une surveillance constante.
Un système d'alarme de trop-plein et de bas niveau doit être installé en un endroit facilement
accessible pour être en mesure d’assurer une surveillance constante.
Une bonne circulation de l'eau dans le réservoir est nécessaire afin d'éviter la stagnation.
Des échelles, des rampes et des entrées sécuritaires doivent être prévues aux endroits
appropriés.
Des rampes doivent être prévues sur les réservoirs élevés ou cylindriques entre la rampe de
montée et le regard d'accès.
Chaque réservoir doit avoir un regard d'accès, un drain et des équipements de contrôle
comprenant un manomètre, un hublot, une vanne de vidange d'air automatique ou manuelle,
un appareil pour injecter de l'air à l'intérieur du réservoir et un contrôle d'arrêt-départ des
pompes.
Une protection appropriée doit être donnée aux surfaces métalliques au moyen d'une peinture
ou d'un recouvrement cathodique, ou les deux, ou d'un autre revêtement protecteur. Avant
l'application d'un enduit protecteur, la surface doit être soigneusement nettoyée.
Tous les réservoirs d’eau potable doivent faire l’objet d’un test d’étanchéité lorsque le
réservoir est rempli jusqu’à son niveau de débordement.
Pour les réservoirs en béton armé, la limite de fuite permise est de 1,5 cm après trois (3)
jours, en considérant que le béton a été saturé avant le début de l’essai.
Pour les réservoirs en acier, aucune fuite ne sera permise après 24 heures.
11.5.7 Désinfection
Avant se mise en opération, tout réservoir d’eau potable doit être nettoyé et désinfecté
conformément à la norme C652 de l'AWWA intitulée « Disinfection of Water-Storage
Facilities ».
Les méthodes d’élimination des eaux chlorées utilisées dans le nettoyage et la désinfection
des réservoirs doivent être approuvées par les Directions régionales du ministère de
l’Environnement.
CHAPITRE 12
Les goûts et odeurs ont diverses origines. Parmi les principales notons:
· Les substances inorganiques : H2S (œufs pourris), fer (rouille), manganèse, etc.;
· Les bactéries telles que les Actinomycètes et les Cyanobacter qui génèrent des
métabolites (MIB et Geosmine) dégageant des goûts et odeurs de moisissure et
de terre. Il s’agit des problèmes de goûts et d’odeurs les plus fréquemment
répertoriés. La fin de l’été est une période propice à leur apparition;
· Les algues bleues, vertes, flagellées pigmentées, les diatomées, etc. dont les
métabolites peuvent générer des goûts et odeurs d’herbe, de pourriture, de fosse
septique, de poisson, de concombre, d’épices, etc. Les algues bleues, qui
apparaissent également vers la fin de l’été, génèrent, même en très petite
quantité, des problèmes importants de goûts et d’odeurs au Québec;
· L’azote ammoniacal et l’azote organique peuvent être à l’origine de sérieux
problèmes de goûts et d’odeurs après une chloration.
L’intensité des odeurs peut se mesurer par la méthode du « seuil olfactif » décrite au
Standard Methods ou par la méthode du profil de flaveur décrite dans le document de
l’AWWARF/LE 1987.
L’aération est généralement peu efficace pour les composés rencontrés dans la
nature (sauf H2S), mais son utilisation peut s’avérer intéressante pour les composés
anthropiques qui sont volatils (constante de Henry supérieure à 10 –3 m3 atm/mole).
De façon générale, des essais pilotes sont requis pour déterminer les critères de conception
des procédés de traitement utilisés. Néanmoins, on peut se baser sur les éléments suivants
pour faire un choix préliminaire de procédé :
· Le charbon actif en grain (CAG) est reconnu comme étant le procédé le plus
efficace contre les goûts et odeurs. Le temps de contact en fût vide (Empty Bed
Contact Time ou EBCT) de conception pour l’élimination quasi complète des
goûts et odeurs varie de 5 à 15 minutes et peut atteindre 30 minutes dans
certains cas. Parfois, l’anthracite d’un filtre bi-couche est remplacé par du charbon
actif. Dans ce cas, le temps de contact en fût vide est inférieur et l’efficacité du
traitement moindre; le charbon actif en poudre est reconnu pour être légèrement
moins efficace que le CAG, mais il a comme avantage de pouvoir être interrompu
en absence de problèmes de goûts et d’odeurs et de nécessiter des installations
moins coûteuses. Le dosage de conception doit pouvoir être ajusté entre 3 mg/L
et 30 mg/L en absence d’essais prolongés. Au-delà de 30 mg/L sur une base
continue, le CAG devrait être envisagé pour des raisons économiques;
· L’ozone est de loin le meilleur oxydant pour le contrôle des goûts et odeurs. Un
temps de contact adéquat doit être assuré afin que les réactions chimiques soient
complétées. L’ozone est généralement employé pour le traitement des eaux
présentant un degré d’odeurs élevé. Il est relativement efficace pour le traitement
des composés MIB et Geosmine. Pour ces métabolites, on cite une efficacité de
l’ordre de 50 à 95% pour un dosage d’ozone variant de 2 à 4 mg/L. Son emploi
est habituellement suivi d’une biofiltration afin de réduire le carbone organique
assimilable présent dans l’eau brute et celui résultant de l’ozonation. La pré-
ozonation est possible mais elle nécessite généralement un dosage plus élevé
que l’inter-ozonation (eau décantée);
· La filtration lente ainsi que celle sur charbon actif biologique ont un avenir
prometteur pour le traitement des goûts et des odeurs. Le traitement efficace des
phénols fut observé à plusieurs endroits alors que le MIB et le Geosmine étaient
enlevés à 50%. Employée conjointement à une préozonation, l’efficacité de la
biofiltration permettrait d’atteindre des taux d’élimination très élevés du MIB et du
Geosmine (> 90%);
· Dans le cas de problèmes de goûts et d’odeurs générés par la présence d’azote
ammoniacal (formation de dichloramines ou de trichloramines), une chloration au
point critique (ratio Cl2/NH3 d’environ 8 pour 1) permet de remédier à la situation;
· L’usage du sulfate de cuivre est interdit pour le traitement des goûts et des
odeurs.
VOLUME 1
CHAPITRE 13
La corrosion interne des conduites d’aqueduc est un phénomène complexe qui cause très
souvent une détérioration de la qualité de l’eau distribuée, une diminution des performances
hydrauliques ainsi qu’une augmentation des coûts de distribution de l’eau. Une liste des
principaux coûts attribuables à la corrosion est présentée dans la section 13.2 du volume 2;
ils vont de l’augmentation du coût de pompage relié à la présence de dépôts à
l’augmentation de la demande en chlore en passant par les plaintes des consommateurs
liées à la couleur de l’eau ou à son mauvais goût.
Élimination du CO2 + 0 0
par aération
Soude caustique + + 0 0,91 1,25 0,58
(NaOH) (solution à
50 %)
Chaux (Ca(OH)2) + + + 0,84 1,26
(solution à 93 %)
Carbonate de + + 0 2,4 0,94 0,43
sodium (Na2CO3)
Filtration sur + + + 1,6 à 2,2
produits alcalino-
terreux
Bicarbonate de + + 0 0,60
sodium (NaHCO3)
2.13.2 Reminéralisation
La réminéralisation d’une eau s’applique aux eaux trop douces de façon à augmenter
l’alcalinité et/ou la dureté. La reminéralisation s’effectue généralement en début de filière de
traitement pour améliorer les traitements subséquents (p. ex., la coagulation). Plusieurs
méthodes peuvent être appliquées :
Dans certains cas, une bonne gestion du réseau et la modification des caractéristiques de
l’eau ne suffisent pas à éliminer les problèmes de corrosion. Il faut alors recourir à l’ajout
d’inhibiteurs de corrosion en plus, la plupart du temps, d’un ajustement préalable du pH.
La forme de phosphate qui peut inhiber les réactions de corrosion est l’orthophosphate. Les
polyphosphates ne sont pas des inhibiteurs de corrosion, sauf la faible partie qui s’hydrolyse
en orthophosphates. Les polyphosphates sont plutôt utilisés pour séquestrer les métaux et
ainsi prévenir l’eau rouge. Les pyrophosphates, pour leur part, ont des propriétés
dispersantes; ils peuvent donc, dans certaines conditions, favoriser une diminution des dépôts
de corrosion. Les phosphates de zinc peuvent, quant à eux, favoriser la formation d’une
couche protectrice. Le concepteur devra toutefois être prudent car le zinc peut causer des
problèmes environnementaux.
Les silicates sont surtout de bons agents séquestrants qui peuvent diminuer les problèmes
d’eau rouge.
VOLUME 1
CHAPITRE 14
Le concepteur doit prévoir le traitement et/ou la disposition des eaux sanitaires, des eaux de
procédé (eaux de lavage, concentrats et autres) ainsi que des boues. Dans certains cas,
cette préoccupation peut influencer les choix de procédés.
Les eaux sanitaires doivent être dirigées directement vers le réseau d'égout ou un système
de traitement des eaux usées approuvé. Les eaux de procédé et les boues doivent être
séparées des eaux sanitaires pour éviter de traiter l'ensemble comme des eaux usées
sanitaires. La figure 14-1 présente, sous forme d’arbre décisionnel, les différentes possibilités
de traitements et de rejets.
14.1 Caractérisation
Les eaux de procédé et les boues doivent faire l'objet d'une caractérisation selon le
programme d'échantillonnage présenté dans le tableau 14-1 ci-après :
Caractérisation
Point de rejet au
Oui Rejet au Non
milieu récepteur
réseau
Vérification des
critères opéra-
Oui Infrastructures Non tionnels de rejet
nécessaires
Vers le
Vers le milieu récepteur
réseau
Eaux de Boues de
procédé traitement
Non Traitement
séparé
Effluent
Étang de Décantation
stockage ou flottation
Vers le
milieu récepteur
Oui
Déshydratation Épaississement
Non
Enfouissement Enfouissement
Épandage Épandage
14.2 Rejet dans le réseau d'égout municipal
Le rejet des eaux usées dans le réseau d'égout municipal domestique ou unitaire est la
solution à privilégier lorsque possible. Toutefois, avant de retenir ce scénario, il faut évaluer
l'impact de ces rejets sur les ouvrages d'assainissement comme le réseau d'égout, les
ouvrages de régulation de débit, les postes de pompage et l’installation de traitement des
eaux usées. De façon générale, les eaux recueillies doivent être amenées via le réseau
d’égout à la station d’épuration sans possibilité de participer à un trop-plein ou à une
surverse.
En fonction des débits à véhiculer dans les différents ouvrages d'assainissement, il faut
déterminer les infrastructures nécessaires (bassins d’égalisation par exemple) pour que ces
eaux puissent transiter sans causer de nuisance aux utilisateurs actuels. De façon générale,
les boues doivent être acheminées directement au réseau.
Lorsqu'il n'y a pas de réseau d'égout à proximité ou en alternative au rejet à l’égout, il faut
prévoir les infrastructures qui seront nécessaires pour traiter adéquatement ces eaux avant
de les rejeter dans le milieu récepteur.
Le concepteur doit établir les différents points de rejet possibles en prenant en considération
l’impact sur le milieu récepteur et sur les activités en aval (prises d’eau, usages récréo-
touristiques, etc.).
Les rejets dans le milieu récepteur devront respecter les limites technologiques ou les
critères opérationnels suivants :
La limite technologique de 20 mg/L en MES permet aussi de réduire les métaux associés
pour lesquels il n’y a pas de critères opérationnels. Pour les paramètres autres que les
métaux (paramètres organiques et inorganiques), la quantité rejetée dans le milieu récepteur
doit être la plus faible possible en fonction des technologies disponibles. Par contre, il doit
être démontré que le rejet ne sera pas toxique pour la faune aquatique, surtout en fonction
des produits ajoutés dans la station de production d’eau potable. Le chlore résiduel fait partie
des paramètres à surveiller (le critère opérationnel de rejet au milieu naturel à atteindre pour
la concentration de chlore résiduel total est de 0,05 mg/L).
14.3.3 Infrastructures nécessaires
En fonction de la caractérisation des eaux de procédé et des boues ainsi que des critères de
rejet qui auront été établis, le concepteur pourra déterminer les différentes infrastructures
nécessaires pour chacun des points de rejet et ce, de manière à établir le scénario le plus
économique.
Dans la plupart des installations, les eaux de procédé et les boues doivent recevoir
un traitement. Après traitement, les effluents liquides sont rejetés dans les cours
d’eau récepteurs alors que les boues et déchets solides résultant de ce traitement
doivent être éliminés adéquatement (section 14.5.2.6). Dans certains cas particuliers,
le rejet direct (sans traitement) dans un cours d’eau des eaux de procédé et des
boues de l’installation de traitement d’eau potable est possible dans certaines
conditions (selon la caractérisation et le point de rejet).
Les eaux de procédé les plus fréquemment rencontrées sont les eaux de lavage des filtres
utilisés en traitement d’eau de surface ou d’eau souterraine. On retrouve aussi dans cette
catégorie les concentrés des traitements par membrane ainsi que les eaux de régénération
des échangeurs d’ions. Le tableau 14-2 présente des caractéristiques typiques de ces eaux
de procédé. Celles-ci peuvent varier selon les applications. Les traitements devront
correspondre à ces caractéristiques.
La décantation produit un effluent faible en turbidité ( 0,8 à 2,5 UTN), en aluminium (1,0 à 2,3
mg/L), en fer (<5 mg/L) et en chlore résiduel libre (<0,1 mg/L). Les boues extraites du
décanteur ont une teneur en solides de 0,5 à 1,5%.
14.4.1.2 Lagunage
Les eaux de lavage des filtres peuvent être traitées par lagunage selon les règles suivantes :
Seul l’effluent des étangs peut être rejeté dans un cours d’eau, et ce s’il respecte les critères
de rejet établis. Lors de la conception des étangs, le concepteur doit prévoir un système pour
extraire les boues et les déshydrater. La vidange des étangs doit être faite quand les
concentrations de fer ou des matières en suspension dépassent les critères de rejet. La
conception des étangs doit prévoir une capacité de stockage de solides de 2 à 3 ans tout en
tenant compte de l’épaisseur de la couche de glace en hiver. L’effluent du lagunage est
habituellement faible en turbidité (4 à 5 UTN), en chlore libre (<0,1 mg/L), en aluminium total
(<1,0 mg/L) et en manganèse (0,7 mg/L).
14.4.1.3 Déchloration
La déchloration a pour but d’éliminer des eaux de lavage des filtres le chlore résiduel
présent sous formes libre et combinée avant de les rejeter dans un cours d’eau. La
décantation et le lagunage réduisent déjà la teneur en chlore. Différents composés
chimiques peuvent aussi être utilisés à cette fin mais le bioxyde de soufre, le bisulfite
de sodium et le métabisulfite de sodium sont les plus efficaces.
La déchloration par le rayonnement solaire est aussi efficace pour éliminer les chlores libres
actifs. Dans les décanteurs et filtres non couverts, l’élimination des chlores libres actifs peut
atteindre 0,75 à 1,25 mg/L par heure le jour entre 10 et 14 heures, de juin à août. Par contre,
la dégradation des chloramines est plus lente car ces composés sont plus stables. L’aération
peut enlever jusqu’à 15% de monochloramine et 20% de dichloramine, tandis que la
trichloramine peut être éliminée complètement par une légère aération.
Les réactions 1 à 5 sont très rapides, elles s’accomplissent en quelques secondes. Selon les
relations stœchiométriques, il faudra 0,9 mg/L de soufre pour éliminer 1 mg/L de chlore
résiduel. En pratique, ce rapport est plus élevé (1,05 mg/L de soufre pour 1 mg/L de chlore).
Les exigences concernant l’entreposage et les équipements de dosage de bioxyde de soufre
sont similaires aux exigences des installations de chlore gazeux.
Décantation
Ces eaux de procédé sont difficiles à décanter; par conséquent il faudra adopter un taux de
décantation relativement faible si les coagulants chimiques ne sont pas utilisés. Il peut varier
entre 0,0096 et 0,096 m/h . Le dosage de sel de fer ou d’aluminium permet d’augmenter le
taux de décantation à 0,98-1,97 m/h.
Lagunage et déchloration
Les solutions décrites dans la section sur les filtres gravitaires s’appliquent ici.
Les conditions climatiques au Québec ne permettent pas un traitement viable des eaux de
régénération, lavage et rinçage par des procédés naturels comme les bassins d’évaporation.
Un traitement d’infiltration de ces rejets dans le sol risque de contaminer la nappe phréatique
à cause de la grande mobilité des ions de sodium, de chlorure et de nitrate.
Selon de récentes données obtenues au Québec, les concentrats sont légèrement plus
concentrés que les eaux brutes en ce qui a trait à des paramètres comme la couleur, le
carbone organique total et les matières en suspension. Ces rejets contiennent peu de solides
en suspension (<20 mg/L) et de fer (<5 mg/L) pour les eaux brutes légèrement turbides (<10
UTN). Un rejet direct dans un cours d’eau serait possible. Les eaux de lavage des pré-
traitements sont légèrement turbides et colorées. Elles peuvent respecter les critères
concernant les solides en suspension (<20 mg/L), l’aluminium (<3 mg/L) et le fer (<5 mg/L).
Une décharge directe de ce rejet dans un cours d’eau serait possible.
Par contre, les eaux de nettoyage périodique des membranes sont généralement turbides,
colorées et peuvent s’avérer toxiques pour la faune aquatique, notamment pour des
indicateurs comme les truites et les daphnies. Ces eaux doivent être éliminées
adéquatement. Compte tenu du faible volume de ces eaux (quelques dizaines de m3 par
mois), différents traitements peuvent être envisagés :
Lors des essais de traitabilité ou pilotes, il faudra non seulement analyser les caractéristiques
des concentrats et des eaux de lavage, mais il faudra aussi effectuer des tests de toxicité de
ces rejets sur les indicateurs environnementaux comme les daphnies et les truites pour
vérifier la possibilité d’effectuer des rejets directs dans le milieu récepteur.
Concentration d’un ion : 100* (Concentration dans l’eau brute/ Pourcentage de rejet).
Les boues d’alun en provenance des décanteurs ont une teneur en solides entre 0,5 à 1,5%.
Ce sont des boues gélatineuses difficiles à déshydrater. Elles sont chargées en aluminium
total (800 à 2567 mg/L), en fer (222 mg/L), et en manganèse (46,5 à 180 mg/L). Les boues
de chaux, produites par précipitation des ions de calcium et de magnésium, ont une teneur
en solides plus élevée (3 à 5%). De plus, ces boues ont une meilleure décantabilité.
S = 0,001*Q* (0,44Al + SS + A)
S = 0,001*Q* (2,9 Fe + SS + A)
La quantité de boues produite par précipitation peut être calculée à partir de l’équation
suivante :
où
S: quantité de boues, kg/d
Q: débit d’eau à traiter, m3/d
Ca : concentration de calcium, mg/L
Mg : concentration de magnésium, mg/L
SS : concentration des solides en suspension, mg/L
Fe : concentration de fer (Fe+3), mg/L
Al : concentration d’alun, mg/L
A: concentration des polymères ou autres produits ajoutés, mg/L
Les boues des eaux de lavage et les boues des décanteurs peuvent être acheminées vers
des étangs d’une capacité de stockage de 3 à 5 ans. L’effluent des étangs est retourné en
tête du système de traitement des eaux de procédé.
14.5.2.2 Épaississement
Les boues des eaux de lavage et des décanteurs peuvent être épaissies pour faciliter la
déshydratation mécanique ou le séchage.
La configuration d’un épaississeur mécanique est similaire à celle d’un décanteur mécanique.
Il est équipé aussi d’un système de raclage de fond et d’un puits d’extraction de boues
central. Par contre, le racleur de fond d’un épaississeur est conçu pour permettre une
certaine compression des boues. Les boues sont alimentées en continu, de même que
l’évacuation du surnageant. L’extraction de boues se fait sur une base périodique; par
conséquent, le concepteur doit prévoir une capacité de stockage de boues dans
l’épaississeur.
Les critères de conception d’un épaississeur peuvent être déterminés à partir des essais de
décantation sur les boues de la station. Dans le cas d’une nouvelle station, les essais de
décantation peuvent être faits sur les boues d’une station existant ayant une eau brute
similaire.
Le concepteur peut aussi utiliser des critères de conception empiriques :
• La charge massique appliquée pour les boues de précipitation par la chaux peut varier
entre 97,8 et 195,6 kg/m2/d . La siccité des boues peut atteindre 30%;
• La charge massique appliquée pour les boues d’alun est plutôt faible, elle peut varier
entre 14,7 et 24,4 kg/m2/d . La siccité des boues varie entre 1 et 3%.
Les critères de conception de ces équipements sont variables en fonction de la qualité des
boues à déshydrater. Il est donc recommandé de réaliser des essais pilotes avant d’établir
les critères définitifs de conception. Les rendements de déshydratation de ces équipements
sont donnés à titre d’information au tableau 14-3.
Le lit de séchage conventionnel fonctionne selon le principe suivant : les boues sont
épandues sur la surface du lit en couches et le séchage se fait par évaporation et
transpiration. Les eaux contenues dans les boues doivent être éliminées au maximum par
drainage et décantation. La conception d’un lit de séchage doit tenir compte des facteurs
suivants : nature des boues à déshydrater, siccité des boues à épandre, épaisseur des
couches de boues à épandre, quantité d’eau à enlever par décantation et drainage, taux
d’évaporation, méthodes d’enlèvement de boues et destination finale.
Les lits de sable doivent être conçus pour permettre un enlèvement des boues sèches par
des équipements mécaniques comme les chargeuses frontales. La surface requise peut être
estimée par la formule suivante :
A= V/ (N*D)
où
A : surface des lits, m2
N : nombre d’épandage par année
D : épaisseur de boues épandues, m
V : volume annuel de boues à traiter, m3.
En régions froides, on peut profiter du phénomène naturel de gel et dégel pour déshydrater
les boues. Sous l’effet du gel, l’eau contenue dans les boues se cristallise. Au dégel, elle se
libère des boues et s’évacue du lit par les drains collecteurs.
L’épaisseur de boues pour un seul épandage ne doit pas dépasser 0,60 m pour assurer un
gel complet sur toute la couche de boues. Dans une station où les lits de séchage par gel-
dégel sont utilisés exclusivement, il faut prévoir une capacité de stockage de boues d’au
moins un an. Les boues ainsi déshydratées peuvent atteindre une siccité de 25 à 35%. Un
séchage supplémentaire de quelques semaines après le dégel peut améliorer de beaucoup
la siccité. Les critères de conception pour les lits de séchage sont les suivants :
• Les lits doivent avoir une profondeur suffisante pour permettre un remplissage de 0,30 à
0,60 m de boues;
• Ils doivent pouvoir contenir le volume total des boues produites sur une période d’un an;
• Les lits doivent être divisés en plusieurs cellules pour faciliter le nettoyage et l’entretien;
• Ils doivent être munis d’un système de distribution pour permettre un épandage uniforme
des boues ainsi que d’un système de drains collecteurs sous la couche de sable filtrant;
• Le sol, en dessous du lit, doit être suffisamment imperméable pour limiter l’infiltration.
En fonction de la qualité des boues ainsi traitées dont il faut disposer, deux scénarios
pourront être envisagés : la valorisation ou l'enfouissement. Si la valorisation est envisagée, il
faudra faire une caractérisation des boues produites afin de vérifier si elles rencontrent les
critères pour la valorisation des matières résiduelles fertilisantes du MENV.
VOLUME 1
CHAPITRE 15
vol1-chap151.doc 15-1
15. CRITÈRES GÉNÉRAUX POUR LES INSTALLATIONS DE TRAITEMENT
Ce chapitre regroupe certains des éléments communs à la conception des installations ainsi
qu’une synthèse des éléments de conception reliés à la sécurité.
15.2 Redondance
Le principe de redondance proposé dans ce chapitre a pour but de guider les ingénieurs dans la
conception des systèmes de traitement. Pour les installations de grande capacité qui comprennent
déjà plusieurs unités de traitement, le principe de redondance peut facilement être appliqué sans
augmentation importante de coûts. Par contre, pour les petites installations, certaines dérogations
sont possibles pour réduire les coûts de construction. Il revient au concepteur de justifier ces
dérogations en vérifiant si elles ont une implication majeure sur la qualité de l’eau distribuée.
• Toute installation de traitement doit être pourvue d’au moins deux unités de filtration ou plus
pour une opération continue et sans interruption de service lors des travaux de d’entretien ou
de réparation des filtres. Les unités de filtration doivent pouvoir traiter le débit journalier
maximum de conception lorsqu’une unité de filtration est mise hors service et chaque unité
de filtration doit pouvoir opérer indépendamment. Dans le cas particulier de la filtration
membranaire, l'unité de base de filtration est le caisson, lequel peut comprendre un certain
nombre de modules membranaires (voir la section 9.10.3.3).
• Le Comité sur les technologies de traitement en eau potable a examiné de façon particulière
la redondance relative aux systèmes de traitement par membranes. Les éléments de
redondance de la filtration membranaire sont présentés à la section 9.10.3.3 et repris ici dans
le tableau 15-1.
• La même règle que pour les filtres s’applique pour tout système de désinfection requis pour
atteindre le niveau d’élimination des parasites et des virus requis par le RQEP (atteinte des
Quelques éléments particuliers de conception sont présentés ci-après. D’autres, de type « règles
de l’art» se retrouvent dans le volume 2.
• Toutes les composantes en contact avec l’eau devront satisfaire les exigences énoncées dans
les normes B100-89 de l’AWWA, NSF61 ou BNQ3660-950. Le BNQ s’est inspiré de la
norme NSF61 en la complétant par des préoccupations de libération d’odeur ou de flaveur;
• Protection des réservoirs d’eau claire : s’assurer que les bassins d’eau claire ne seront pas
contigus à des bassins d’eau non-potable. Si c’est le cas, séparer les bassins par un mur ou
une cloison double. Pour les installations existantes ayant un mur ou une cloison simple, la
situation actuelle peut être maintenue en autant qu’une inspection régulière est réalisée et ne
révèle pas un problème d’étanchéité. Dans le cas d’unités préfabriquées en acier placées sur
une base de béton au-dessus du réservoir d’eau claire, l’exigence mentionnée précédemment
ne s’applique pas, car de telles installations sont munies d’un double fond;
Par ailleurs, l’identification descriptive des conduites comporte de nombreux avantages sur le
code de couleurs. Il diminue les coûts de maintenance et d’inventaire de peinture, en plus de
permettre une plus grande précision que celle du code de couleurs.
Cette section regroupe les éléments génériques de conception à considérer afin d’assurer un
environnement de travail sécuritaire surtout en ce qui concerne les produits chimiques. La
section 15.4 du volume 2 décrit les éléments spécifiques (chlore par exemple).
Afin de déterminer les mécanismes de prévention qui devront être retenus à chacune des étapes
de traitement, il faut déterminer, dans un premier temps, les dangers qu’elles représenteront pour
le travailleur dans l’exercice de ses fonctions. Souvent, les risques apparaissent lorsque le
travailleur doit intervenir à des fins d’entretien sur les infrastructures et les équipements relatifs à
un procédé. Ils prennent de l’ampleur à partir du moment où il pénètre à l’intérieur des bassins,
goulottes et conduites, qui sont dans la plupart des cas des espaces clos. Ces postes de travail
peuvent constituer un piège et sont donc hautement risqués pour quiconque y accède.
Les tableaux qui suivent mettent en relief les dangers que peuvent représenter les postes de
travail pour le travailleur. Dans un deuxième temps, le concepteur s’assurera que les mécanismes
de prévention à la source retenus seront aptes à faire face aux dangers qui découlent des
différentes tâches. À cet effet, une deuxième série de tableaux résument les options qui s’offrent
à lui. Encore une fois, il s’agit de considérations d’ordre général. Un poste de travail en
particulier peut comporter des risques n’apparaissant pas dans les tableaux.
• NA : non-applicable;
• AV : à vérifier;
• X : inhérent au poste de travail;
• SPR : selon le procédé retenu.
ÉNUMÉRATION DES Dégrillage Poste de Bassins de Décanteur Filtre Bassin Réservoir Autres
RISQUES PAR relèvement mélange / de gravitaire d’ozonation distribution procédés
POSTE DE TRAVAIL floculation d’eau potable
(TABLEAU 1 DE 3)
Chute dans les puits X X X X X X X AV
mouillés ou dans un bassin
Noyade par immersion X X X X NA X X AV
dans les eaux
Glissade sur une surface X X X X X X X AV
mouillée ou rendue
glissante par l’apport
d’eau, de sédiments ou de
boue
Blessure à un ou des X X X X X NA X AV
membres lors d’une remise
en marche inopinée des
pompes ou des appareils
mécaniques lors de leur
entretien
Dégagement instantané de X X X X NA X X AV
pression lors du travail sur
une conduite pressurisée
ou sur ses accessoires
(vanne, clapet, régulateur
de pression, pompe, etc.)
Submergence accidentelle X X X X X X X AV
du bassin lors des travaux
de vidange et de nettoyage
Chute d’équipements ou X X X X X X X AV
d’accessoires d’un palier à
l’autre, particulièrement au
moment de leur levage
PRÉVENTION À LA SOURCE Dégrillage Poste de Bassins de Décanteur Filtre Bassin Réservoir Autres
PAR relèvement mélange / de gravitaire d’ozonation distribution procédés
POSTE DE TRAVAIL Floculation d’eau potable
(TABLEAU 1 DE 2)
Le pourtour d’un bassin ouvert doit X NA X X X NA NA SPR
être muni en tout temps de garde-
corps réglementaires
Il y a lieu de munir les regards et X X X X X X X SPR
trappes d’accès de garde-corps
démontables afin de prévenir les
chutes lorsqu’ils sont ouverts
Lorsque la profondeur de descente X X X X X X X SPR
dépasse trois mètres il faut prévoir
l’installation de paliers et de
crinolines de sécurité ou l’emploi
d’un dispositif anti-chute
Pour évacuer l’eau et les saletés X X X X X NA X SPR
pouvant s’accumuler sur le plancher,
installer des goulottes et des drains
alimentant un puisard d’évacuation
Doter tous les mécanismes de X X X X X X X SPR
transmission externes de gardes de
protection amovibles
Munir les équipements (mécaniques, X X X X X X X SPR
hydrauliques, pneumatiques,
électriques et autres) de dispositifs de
verrouillage afin d’intervenir sur
ceux-ci de façon sécuritaire lors
d’entretien ou de réparation
Tous les produits chimiques ajoutés à l’eau potable doivent être approuvés par les autorités
compétentes.
Les plans et devis du système de dosage doivent inclure les items suivants :
• Une description du système avec différents éléments dont les capacités maximales et
minimales;
• La localisation des doseurs, de la conduite d’alimentation et des points d’application;
• La possibilité d’entreposage et la facilité de manutention;
• Les spécifications sur les réactifs chimiques utilisés;
• Le fonctionnement et le contrôle du système;
• La procédure et les instruments pour effectuer les essais de contrôle.
Qualité
• Les contenants de produits chimiques doivent être étiquetés clairement. Les spécifications
suivantes sont requises : nom scientifique, composition, pureté, concentration ainsi que le
nom et l’adresse du fournisseur;
• Les réactifs doivent répondre aux spécifications et aux normes fixées par les autorités
compétentes;
• Dans certains cas, une provision supplémentaire sera requise pour fin d’essai.
Utilisation
Les produits chimiques doivent être appliqués en considérant :
Manutention
• Les dispositifs de mesure de débit sont exigés pour déterminer la quantité de réactifs utilisés
dans la préparation de la solution d’alimentation;
• Les réservoirs d’entreposage et la tuyauterie devraient être conçus en fonction des
caractéristiques du produit chimique entreposé;
• Les produits chimiques incompatibles ne doivent pas être appliqués, entreposés ou manipulés
ensemble;
• Une pompe de transfert est obligatoire pour le transvasement des réactifs liquides à partir des
barils vers les réservoirs de solution;
Entreposage
• L’entrepôt doit être conçu afin de répondre aux critères suivants :
• Un entreposage minimal de 30 jours;
• Une facilité d’entreposage et de manutention;
• Quand les réactifs sont livrés par véhicules, la capacité minimale d’entreposage doit être
d'une fois et demie la capacité de livraison des véhicules d’approvisionnement;
• Lors de la livraison, les produits chimiques doivent être entreposés dans des contenants
hermétiques;
• Les réservoirs auxiliaires (day tank) doivent avoir une capacité permettant une journée
d’opération;
• Les réservoirs d’acide doivent être munis d’un évent à l’atmosphère complètement séparé de
celui du réservoir auxiliaire.
Installation
• Les mesures suivantes doivent être prises pour éviter le siphonnement des solutions liquides
dans la conduite d’alimentation d’eau :
• Assurer que la conduite d’eau est toujours sous pression aux points d’application;
• Prévoir un soulagement par vacuum;
• Prévoir un soulagement par air;
• La conduite d’eau alimentant les doseurs doit être munie de vannes anti-retour;
• La conduite d’eau alimentant les réservoirs de solution chimique doit être installée plus haut
que le niveau maximal du liquide;
• La surface intérieure du réservoir en contact avec les solutions chimiques doit être à
l’épreuve de la corrosion ou des attaques des réactifs chimiques;
• Les doseurs à sec peuvent effectuer des dosages gravimétriques ou volumétriques des réactifs
pulvérulents. Les doseurs doivent produire une solution de réactifs appropriée dans le bac de
dissolution. Il est préférable que la solution soit alimentée par gravité vers les points
d’application. Le système de dosage de réactifs pulvérulents doit être hermétique;
• Aucun raccordement direct entre l’égout et les drains ou le trop-plein du réservoir ou du bac
de dissolution n’est permis.
• Chaque réservoir doit être muni d’un drain : aucun raccordement direct entre l’égout et le
drain n’est permis. Il doit y avoir une séparation à l’air libre d’une distance minimale de 7,5
cm entre le drain et le niveau maximal d’eau dans le canal d’évacuation ou dans le puisard;
• Une colonne de lecture ou un dispositif pour mesurer le niveau sont exigés pour chaque
réservoir. De plus, il sera pratique d’avoir une colonne supplémentaire pour effectuer le
calibration des pompes doseuses si celles-ci sont alimentées directement par le réservoir;
• L’entrée de l’eau de dilution au réservoir doit être localisée à une distance minimale de 15
cm plus haut que le niveau maximal du liquide dans le réservoir ou le trop-plein. Dans les
cas contraires, les dispositifs anti-retours seront obligatoires;
• Les solutions chimiques doivent être entreposées dans des réservoirs ou contenants
hermétiques;
• La conduite de trop-plein doit être dirigée vers le bas et munie d’une grille de protection
contre les insectes et les oiseaux. Elle doit se décharger à l’air libre et dans un endroit visible
pour fin de vérification;
• Les grands réservoirs doivent être munis d’ouvertures d’accès dotées de trappes étanches.
15.4.2.5 Pesage
• Les balances encastrées au plancher sont exigées pour le pesage de bonbonnes ou cylindres
de chlore. Dans des installations importantes, un enregistrement continu du poids des
cylindres sur la balance est préférable;
• Les balances sont aussi exigées pour les doseurs à sec volumétriques ou le dosage des
solutions de fluorure.
• L’eau utilisée pour la dissolution des produits solides, pour la dilution des solutions ou pour
l’alimentation des pompes doseuses doit être potable et désinfectée adéquatement. Elle doit
être en quantité suffisante, d’une pression adéquate et suffisamment adoucie lorsque requis.
Quand l’eau est utilisée pour la préparation d’une solution spécifique par dilution, les
mesures de débit sont exigées (dosage des solutions de fluorures);
• Les conduites d’eau alimentant les pompes doseuses devront être munies de vannes anti-
retour.
15.4.2.8 Bâtiment
• Les salles de doseurs doivent être facilement accessibles pour faciliter les services
d’entretien, de surveillance et de réparation;
• Les planchers de ces salles doivent être lisses, imperméables, antidérapants et légèrement
inclinés (minimum de 2,5%) pour assurer un drainage adéquat;
• Autour des bacs de solutions, des réservoirs et des conduites, on devra prévoir un système de
drainage adéquat pour évacuer rapidement les déversements accidentels ou vidanger le
produit chimique;
• Les chambres de dosage et d’entreposage de chlore gazeux devront se conformer aux
directives mentionnées à la section 15.4.4 du volume 2.
Dans le cas d’une installation utilisant une quantité importante de réactifs, un réservoir devra être
construit pour faciliter la manipulation et le dosage. Le réservoir doit résister à la corrosion et
aux contraintes mécaniques entraînées par le remplissage du réservoir. De plus, ce réservoir doit
répondre aux normes suivantes :
• Avoir la capacité totale égale à au moins une fois et demie la capacité d’un camion-citerne;
• Reposer sur une base solide, protégée par un revêtement adéquat. Le réservoir doit être
entouré d’un bassin d’urgence pour recueillir les déversements ou débordements accidentels.
Le bassin d’urgence doit avoir une capacité équivalente à celle du réservoir d’entreposage;
• Comporter les dispositifs suivants :
• Un dispositif de remplissage situé à sa partie supérieure;
• Un système d’aération communiquant avec l’extérieur du bâtiment;
• Un regard fermé hermétiquement;
• Un indicateur de niveau sécuritaire;
• Un orifice de vidange dans le fond du réservoir;
• Un trop-plein;
• Il est convenu que les pompes doseuses soient placées sur des socles et dans une enceinte
afin d’éviter des inconvénients circonstanciels;
• Un dispositif doit être prévu pour indiquer le bas et le haut niveau dans le réservoir. De plus,
il doit être couplé à une alarme sonore ou visuelle;
• L’aire de déchargement des camions-citernes doit être libre et sans obstacle jusqu’à la bride
d’alimentation et des réservoirs;
• La prise d’alimentation doit être placée dans une boîte cadenassée pour la protéger contre le
vandalisme;
Dans le cas d’une installation utilisant une quantité importante de réactifs solides pulvérulents (p.
ex., chaux hydratée ou charbon actif en poudre), un silo doit être construit pour simplifier et
faciliter la manipulation. Le silo doit pouvoir résister à la corrosion et aux pressions mécaniques
exercées par les remplissages et les vidanges du silo. De plus, il doit répondre aux normes
suivantes :
• Avoir une capacité totale au moins égale à une fois et demie la capacité d’un camion-citerne;
• Être robuste;
• Reposer sur une base solide;
• Être équipé de filtres de dépoussiérage et d’un système de convoyeurs hermétiques;
• Être équipé d’un dispositif pour indiquer le bas niveau et le haut niveau dans le silo. Ce
dispositif doit être couplé à une alarme sonore ou visuelle;
• L’aire de déchargement des camions-citernes faisant la livraison doit être libre et sans
obstacle jusqu’à la bride d’alimentation;
• La prise d’alimentation doit être placée dans une boîte cadenassée pour la protéger contre le
vandalisme;
• Un système (sonnerie ou autre) doit permettre d’avertir le personnel à l’intérieur de la station
du début et de l’arrêt de l’opération.
Les produits chimiques gazeux livrés sur le site à l’état liquide sont surtout le chlore, l’oxygène
ainsi que, dans une moindre mesure, l’anhydride sulfureux; il y a évaporation avant de procéder
Les produits chimiques liquides sont habituellement dosés et véhiculés à l’aide de pompes de
différents types, mais ont pour caractéristique commune d’être du type déplacement positif. Par
ce principe, la solution est acheminée dans une chambre de dimension définie pour être ensuite
propulsée mécaniquement ou hydrauliquement vers la conduite de distribution. Celles-ci sont
souvent munies de diaphragmes, de pistons ou fonctionnent par cavitation progressive.
Lorsque la précision devant être atteinte est faible ou encore lorsque le volume exigé est
important, la pompe centrifuge peut s’avérer une bonne alternative à l’approche précédente. Elle
demeure un outil de choix quand il s’agit d’assurer le transbordement d’un réactif. Les
installations comportant des pompes de dosage ou de relèvement de produits chimiques liquides,
ou en solution, peuvent induire plusieurs dangers potentiels pour le travailleur. Il peut y avoir des
risques de coincement des mécanismes de transmission externes comportant une courroie et des
poulies.
Les réactifs chimiques secs sont habituellement dosés sous cette forme par des appareils
volumétriques ou gravimétriques qui permettent en outre leur mise en solution. Un doseur
volumétrique est normalement constitué de trois sections principales. Sa partie supérieure
appelée trémie contient le produit chimique à distribuer. Elle est parfois surmontée d’un cône de
chargement, permettant d’entreposer plus de réactif, ou encore d’un tuyau l’approvisionnant à
partir d’un silo ou de sacs de grande capacité. Au centre du doseur se trouvent les éléments
électromécaniques qui permettent un apport calibré du produit : moteur, transmission et
mécanismes d’activation favorisant l’écoulement à partir de la trémie.
Dans la partie inférieure se situe le bac qui reçoit le réactif sec et le transforme en une solution
qu’il sera possible d’acheminer au point de dosage. À ce point, on retrouve normalement un
mélangeur ainsi que les dispositifs d’apport et de régulation d’eau de dilution. L’écoulement de
la solution chimique vers son point d’addition au procédé est généralement assuré par un éjecteur
ou par une pompe. Les installations comportant des doseurs à sec peuvent représenter plusieurs
dangers potentiels pour le travailleur.
L’approvisionnement en réactif peut dégager des poussières nuisibles, sinon toxiques. Il peut y
avoir des risques de coincement et ce principalement au niveau des mécanismes de transmission
comportant une courroie et des poulies. En outre, le démontage de la tuyauterie desservant celui-
ci peut produire une éclaboussure de la solution de réactif et même parfois un dégagement
instantané de pression. Une intervention sur le moteur électrique peut causer une électrocution si
certaines conditions sont réunies. Enfin, le plancher, rendu glissant par une fuite de réactif, peut
accentuer les dangers de faux mouvement et même de chute. Lors d’une intervention sur la cuve
de dissolution, il y a risque de contact avec le produit dilué ainsi qu’avec l’agitateur en
mouvement qui en assure la dispersion.
Pour ce qui est du dosage des produits chimiques gazeux, sauf en ce qui a trait à l’oxygène, on a
communément recours à des appareils qui utilisent le vide créé par un éjecteur, alimenté par de
l’eau de procédé, pour y diluer le réactif en question. Le gaz est soutiré de cylindres entreposés
dans une salle d’entreposage. La première étape du processus consiste à diminuer et stabiliser la
pression du gaz avant de l’introduire dans le doseur lui-même. Une fois à l’intérieur, par un jeu
de pression et de vide en équilibre, le gaz chemine dans un tube de mesure appelé rotamètre. À
sa sortie, il est aspiré par l’éjecteur qui par sa pression d’alimentation permettra à la solution
concentrée en gaz de cheminer jusqu’au point d’application.
• La conduite qui reçoit les tubes doit être munie d’un dispositif permettant de la dépressuriser
et de la vidanger complètement;
• Un dégagement suffisant ainsi que la fourniture d’équipements de levage requis pour
l’extraction et à la remise en place des dispositifs U.V. sont à prévoir dès l’étape de
conception;
15.4.6 Le laboratoire
L’approvisionnement en eau potable d’une installation de traitement doit être effectué à partir
d’un point d’eau où tous les produits chimiques auront été complètement mélangés.
• Toute sortie d’eau non potable doit être clairement identifiée comme telle, de même que tout
tuyau souterrain ou exposé;
• Le nombre de sorties d’eau non potable devrait être réduit au minimum pour réduire les
risques d’erreur.
• Des robinets d’échantillonnage doivent être placés de façon à pouvoir prélever des
échantillons d’eau de chaque source et du point approprié de chaque unité de traitement;
• Des robinets d’échantillonnage doivent être prévus à tout point du système susceptible d’être
contaminé;
• Les robinets utilisés pour le prélèvement d’échantillons pour fins d’analyses microbiologiques
doivent être de type lisse sans tamis ou autres pièces susceptibles de devenir une source de
contamination.
CHAPITRE 16
Le présent chapitre couvre les besoins découlant du Règlement sur la qualité de l’eau potable
(RQEP) ainsi que de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable (Stratégie). Ce dernier
volet se retrouve dans la section 16.4, bien qu’il puisse y avoir des recoupements avec les trois
premières sections.
Les informations qui suivent donnent un aperçu minimal des équipements nécessaires au suivi du
traitement et de la distribution de l’eau potable.
16.1 Instrumentation
Cette section présente l’information relative à la mesure et l’enregistrement des données pour
certains des paramètres découlant directement de l’application du RQEP. La section 16.1 du
volume 2 regroupe de l’information sur d’autres mesures.
16.1.1.1 Turbidité
Les mesures de turbidité découlent aussi bien de la réglementation que des besoins de base pour
le contrôle des procédés. On retrouve ci-après quelques recommandations susceptibles de
favoriser la qualité de cette mesure (USEPA, 1999; Alberta, 1997).
Principes
La turbidité est un indicateur du degré d’opacité d’une eau. Les turbidimètres utilisent tous le
principe de néphélométrie. Ce principe utilise la lumière diffusée, et non la lumière transmise
comme dans le cas de l’opacimétrie (turbidimètre de Jackson). La turbidité est mesurée à l’aide
d’un faisceau lumineux qui est diffusé et détecté à 90. Cette valeur sera donc exprimée en unités
de turbidité néphélométrique (UTN). Il existe deux normes principales de mesure de turbidité : la
norme USEPA 180.1, qui nécessite un détecteur à 90 et une source lumineuse blanche de type
ampoule tungstène, et la norme ISO 7027, qui requiert un détecteur à 90 doté d’une source
lumineuse d’une longueur d’ondes de 860 nm. Le spectre de lumière doit être à 860 nm 30
avec une diode électroluminescente (DEL) ou une combinaison de filaments et filtres.
Certains turbidimètres à très haute résolution utilisant un laser à 660 nm ou une source de
lumière à diode électroluminescente (DEL) possèdent une résolution minimale de 0,001 UTN.
Les turbidimètres à très haute résolution sont recommandés afin de permettre un suivi et une
optimisation du traitement en deçà de 0,1 UTN.
Installation
Lors de l’installation des turbidimètres en continu, il faut vérifier les points suivants :
Une trappe à bulles devrait être installée à même le turbidimètre ou en amont de celui-ci
pour éviter l’interférence des bulles d’air. Cette trappe consiste généralement en des
chicanes qui favorisent l’évacuation de l’air avant d’entrer dans la chambre de mesure;
Prévoir une vanne de contrôle et une mesure du débit d’alimentation du turbidimètre;
L’ajout d’une vanne de réduction de pression peut faciliter l’ajustement;
Réduire le plus possible la longueur de la conduite d’alimentation du turbidimètre;
S’il s’agit d’eau brute, prévenir toute sédimentation dans la conduite d’alimentation et
prévoir un rinçage manuel;
Éviter l’utilisation de tuyaux transparents favorisant la croissance d’algues;
L’eau rejetée du turbidimètre doit être retournée au procédé ou évacuée vers l’égout;
L’élément de mesure (senseur) peut être installé à une certaine distance de son contrôleur.
Ce dernier peut ainsi servir d’afficheur à un ou plusieurs senseurs;
Dans le cas de mesures effectuées à la sortie d’un filtre, il faut s’assurer de tenir compte
seulement des mesures relatives à l’eau envoyée vers le bassin d’eau traitée et non à une eau
envoyée à l’égout. Pour ce faire, il faut soit interrompre l’alimentation du turbidimètre
pendant toute la séquence de lavage d’un filtre ou éliminer les données obtenues durant cette
période.
Étalonnage et entretien
Les turbidimètres doivent être étalonnés selon la fréquence recommandée par le manufacturier et
selon une méthode acceptée par le Standard Methods. Les étalons primaires reconnus par le
Standard Methods sont la formazine, les microsphères AMCO-AEPA-1 et la formazine
stabilisée. L’étalonnage des turbidimètres par des étalons primaires devra être effectué
idéalement une fois par saison (3 mois) mais au moins 2 fois par année. Pour limiter les délais et
la manutention des appareils, l’étalonnage devrait pouvoir se faire sur place. Entre les
étalonnages, la vérification des turbidimètres est possible par des étalons secondaires tels que les
Gelex© et les modules de vérification à sec. Lors des vérifications, s’il y a une différence de
lecture supérieure à 10 % entre les valeurs lues au turbidimètre et la valeur des étalons primaires
ou secondaires, le turbidimètre devra être immédiatement nettoyé et étalonné de nouveau.
16.1.1.2 pH
Le pH peut être mesuré selon deux méthodes. La première est la méthode colorimétrique mais
elle n’est pas acceptée pour la mesure réglementaire du pH. La seconde, la méthode
potentiométrique, est plus efficace car elle est adaptée à la mesure en continu. L’instrument basé
sur cette méthode comprend une électrode de mesure, une électrode de référence et une unité
d’amplification. Les points suivants sont à vérifier lors de l’installation des pH-mètres :
L’élément de mesure étant fragile, il est préférable de le retirer pendant le rinçage du tube
amenant l’eau à mesurer;
Il est préférable de réduire le plus possible la distance séparant l’élément de mesure de
l’unité d’amplification. Si nécessaire, prolonger le tube amenant l’eau à mesurer;
L’étalonnage doit être fait avec deux solutions étalons. Faire l’étalonnage selon les
recommandations du manufacturier ou au moins une fois par mois;
L’entretien de l’électrode est critique pour assurer la qualité de la mesure. Il peut être
nécessaire de recourir à des produits chimiques.
La teneur en chlore peut être mesurée selon deux méthodes : la méthode ampérométrique et la
méthode colorimétrique. Il est important de noter que les analyseurs doivent comporter des
éléments de compensation pour le pH et la température. La température pourra être compensée
par sa mesure et un calcul proportionnel. Le pH pourra être compensé par l’ajout d’un tampon de
pH (ou d’une sonde de pH) et un calcul proportionnel.
La méthode ampérométrique consiste en la mesure du courant produit par le chlore qui capte un
électron d’une anode vers la cathode. Un voltage constant est maintenu entre les deux électrodes
en comparant le signal de voltage d’une électrode de référence. Cette méthode comporte trois
électrodes sans membrane et utilise un pH-mètre pour la compensation sur la courbe chlore/pH.
Toute méthode utilisant une compensation mathématique peut être affectée lorsque le pH varie
beaucoup. L’erreur provoquée par la compensation de pH peut être plus importante lorsque le pH
se situe aux environs de 8,0 et qu’il varie de 0,5.
La méthode colorimétrique utilise l’amine DPD oxydée par le chlore pour former le composé
responsable de la couleur rosée : wurster dye. Cette couleur sera mesurée par absorption entre
510 et 530 nm. Cette mesure est directement proportionnelle à la concentration de chlore dans
l’eau. La méthode colorimétrique n’est pas affectée par la présence d’autres oxydants, par les
chloramines, le fer ou le manganèse et peut être employée pour tous les types d’eau. La
compensation chimique du pH assure une mesure fiable de la concentration de chlore libre même
Il existe aussi des analyseurs de type membranaire où l’eau à analyser passe à travers une
membrane perméable avant d’atteindre les électrodes. Ces analyseurs requièrent un nettoyage
régulier et un remplacement fréquent des membranes qui s’obstruent. De plus, ces analyseurs
sont très imprécis à faible concentration de chlore (moins de 0,5 mg/L) et rien n’indique le
moment où les membranes sont colmatées.
Les points suivants sont à vérifier lors de l’installation des analyseurs de chlore :
Prévoir une vanne de contrôle et une mesure du débit d’alimentation en eau. Il peut être
nécessaire d’ajouter une vanne de réduction de pression pour faciliter cet ajustement;
La distance entre les électrodes et le contrôleur doit être réduite au minimum;
Si l’eau est contaminée par la solution tampon, elle doit être évacuée vers l’égout;
Le contrôleur doit comprendre des relais pour les alarmes : 1) de bas et haut niveaux de
chlore; 2) d’absence de débit d’eau aux électrodes; 3) de bas niveau de solution tampon (si
requis); 4) de sorties analogiques ou digitales commutables pour le transfert des données
vers un enregistreur, un ordinateur ou un système de télémétrie.
L’étalonnage et l’entretien de ces analyseurs de chlore sont critiques pour assurer la qualité de la
mesure. Notons que l’analyseur colorimétrique DPD en continu a l’avantage d’utiliser la même
méthode standard que la plupart des analyses en laboratoire. L’entretien de ces analyseurs varie
beaucoup selon la méthode utilisée mais l’étalonnage devra être réalisé au moins une fois par
mois. Tous les analyseurs utilisant des tampons de pH ou de réactifs nécessitent un entretien plus
rigoureux.
Lorsque l’ozone est utilisé comme désinfectant, il est nécessaire d’en mesurer la concentration
afin de calculer les CT et les log d’abattement. De la même façon, il est requis de suivre
l’intensité du rayonnement U.V. pour calculer les IT. Ces sujets sont abordés respectivement
dans les sections 10.4.2 et 10.4.5.
Il s’agit dans ce cas d’obtenir des informations sur le statut, l’état ou le fonctionnement
d’éléments hydrauliques, mécaniques et électriques. Ces informations servent, par exemple, à :
Le système de contrôle doit être conçu en fonction des difficultés et situations particulières;
Le choix des appareils doit tenir compte de leur durée de vie et de la disponibilité des pièces
de rechange;
Le système devrait permettre une opération intégrée des tâches de routine et une réponse
rapide aux changements de condition;
Le passage du mode automatique vers le mode manuel doit pouvoir se faire facilement;
Dans les petites installations, le concepteur devra analyser la situation en tenant compte :
Des fonctions qu’un système automatisé peut assurer et des alternatives manuelles;
De la capacité de l’opérateur d’effectuer l’entretien du système;
Localement ou régionalement, de la disponibilité, de la qualité et des coûts de services
spécialisés d’entretien.
Au moment de la conception, la solution retenue et les coûts des services devront apparaître dans
le budget d’exploitation proposé.
De façon générale, l’équipement de laboratoire sera choisi en fonction de la source d’eau brute,
de l’utilisation projetée de l’installation de traitement et de la complexité du procédé de
traitement. Il faut également tenir compte de la compétence des opérateurs, des buts visés et des
procédures d’utilisation.
L’aménagement physique des lieux devrait inclure une superficie de comptoir suffisante, une
ventilation et un éclairage adéquats, un lieu d’entreposage, un évier de laboratoire et autres
utilités requises (voir chapitre 15).
16.2 Registre
On doit retrouver au registre toute l’information nécessaire en vertu de l’article 22 du RQEP. Les
informations présentées à la section 11.2.1.1 sont résumées ci-après et le guide d’interprétation
du RQEP fournit aussi des informations permettant de respecter les obligations réglementaires.
16.2.1 Température
Une mesure journalière de la température doit être effectuée. Cette information est nécessaire
pour calculer le CT.
16.2.2 Mesure du pH
Tout comme la température, une mesure journalière du pH de l’eau traitée doit être effectuée
dans le but d’obtenir le CT. Si l’ajout d’un produit chimique modifie le pH de chloration durant
la désinfection (par l’ajout de chaux par exemple), le registre devra également inclure la valeur
du pH (une mesure par jour) avant le réajustement de pH.
La mesure de la turbidité est effectuée en continu après chaque filtre ou, en absence de filtration,
à la sortie de l’installation de traitement de désinfection. Au minimum, le registre devra inclure
la turbidité de l’eau filtrée mesurée ponctuellement à la fin de chaque période de 4 heures pour
chacun des filtres en opération. Pour les installations désirant se prévaloir des crédits
supplémentaires de réduction des parasites accordés aux traitements optimisés (voir
section 10.3.2.1), la turbidité de chacun des filtres devra être enregistrée, basée sur une fréquence
d’acquisition de 15 minutes ou 4 heures, selon le crédit supplémentaire visé (+1,0 ou +0,5 log,
respectivement).
Au minimum, l’exploitant est tenu d’enregistrer le volume mis en distribution pour chaque
période de 4 heures ainsi que le niveau d’eau dans le réservoir à la fin de chaque période de 4
heures (si la réserve est à niveau variable).
Pour les installations dotées d’une réserve variable, il est nécessaire de prévoir un système de
suivi en continu du débit de sortie et du niveau de l’eau dans le réservoir. Il est recommandé que
ces paramètres soient mesurés à la même fréquence que le chlore résiduel libre. Puis, pour
chaque plage de 4 heures, le débit et le volume observés au moment où le chlore résiduel libre
est le plus faible seront consignés au registre et utilisés pour le calcul du CT.
Pour les installations dotées d’une réserve fixe (ou dédiée), seul le débit à l’entrée du réservoir
(ou le débit de production) est nécessaire. Tout comme les réserves à niveau variable, il est
également recommandé de mesurer le débit à la même fréquence que le chlore résiduel libre et
d’inscrire au registre la valeur au moment où le chlore résiduel libre est le plus faible.
Notons qu’il est recommandé d’être en mesure d’obtenir l’efficacité hydraulique (T10/T)
correspondant à chaque période de 4 heures, surtout si cette efficacité varie sensiblement en
fonction du niveau de l’eau.
L’opérateur pourra ainsi calculer pour chaque période les CT et les logs d’abattement, et ainsi
répondre à une situation où une valeur élevée de turbidité en réseau apparaîtrait (voir chapitre 3).
Ce calcul permet également d’identifier les situations les plus critiques au cours d’une année.
Ces informations doivent être inscrites au fur et à mesure dans le registre. Si ce processus est
automatisé, les données doivent être validées chaque jour par un opérateur compétent. Le registre
doit conserver les données des 5 dernières années à l’installation de traitement et doit pouvoir
être fourni sur demande au MDDELCC. Des logiciels sont disponibles pour faire le traitement
des données et le calcul en continu des taux d’élimination des parasites visés au RQEP.
Depuis 2013, les installations de traitement desservant plus de 20 000 personnes en eau potable
doivent avoir un tel logiciel en place dans leur installation. Le détail de la mise en place et du
suivi d’un tel logiciel est décrit dans le site Web du MDDELCC.
Les principales données de fonctionnement des unités de traitement (vitesse, débit, pression,
niveau, heures d’opération, etc.);
Le suivi en continu des crédits d’enlèvement et des performances des unités de traitement
(pour les installations de traitement desservant moins de 20 000 personnes);
Les informations relatives aux équipements hors-service ou connaissant des problèmes de
fonctionnement.
Dans ce cadre, l’automatisation vient faciliter le travail des opérateurs en éliminant les tâches
monotones et répétitives. Ce faisant, plusieurs petites sources d’erreurs sont éliminées et les
opérateurs sont davantage appelés à surveiller les procédés et à réagir en cas de mauvais
fonctionnement.
Le manuel des « Ten States » (Great Lakes Upper Mississipi River Board State Public Health &
Environmental Managers, 1997) fixe un cadre intéressant de questionnement dans la conception
d’installations automatisées ou contrôlées à distance.
L’information présentée ci-après représente un résumé des renseignements que l’on peut
retrouver dans les documents de la Stratégie et dans les volumes 1 et 2 du guide sur l’économie
d’eau potable et les municipalités de Réseau Environnement (2013).
La Stratégie se base sur deux critères de performance : le volume annuel d’eau distribuée
exprimé en L/(personne*d) et le niveau des pertes exprimé soit en pourcentage de l’eau
distribuée ou en m³/(d*km). Les pertes réelles correspondent typiquement à de l’eau distribuée
qui n’atteint pas l’usager. On les estime ainsi par différence entre la mesure de l’eau distribuée et
la mesure ou l’estimation de l’eau consommée (bilan). La précision recherchée pour la mesure à
l’eau distribuée revêt ainsi une importance particulière. À titre d’exemple, une erreur de
5 000 m³/(d*km) sur un volume d’eau distribuée de 100 000 m³/(d*km) (5 %) peut faire passer
une estimation de pertes de 15 000 m³/(d*km) (15 %) à 10 000 ou 20 000 m³/(d*km) (10 ou
20 %). Par ailleurs, la précision doit être maintenue avec le temps, ce qui implique un processus
de vérification annuelle.
L’enregistrement des volumes d’eau distribuée sur des intervalles ne dépassant pas une heure est
requis afin de disposer de données au moment où la consommation est minimale, habituellement
la nuit. L’analyse de ces données permet une estimation simplifiée des pertes. La Stratégie
définit le traitement à effectuer sur ces données. Pour les mêmes raisons, les volumes d’eau
importée ou exportée par le réseau doivent être mesurés et enregistrés sur la même base de
temps. En fonction du débit minimum horaire, le nombre de chiffres significatifs à considérer est
indiqué au tableau 16-1.
Tableau 16-1 : Nombre de chiffres significatifs à considérer selon le débit horaire minimal
Dans les situations les plus courantes, les équipements de mesure de débit sont placés en aval de
la chaîne de traitement, du stockage de l’eau traitée et des pompes de distribution, le cas échéant.
Sauf quelques exceptions, le débit est calculé à partir d’une mesure de vitesse par turbine
(petits systèmes) ou par magnétisme;
Le signal est échantillonné et totalisé;
L’enregistrement est local ou centralisé.
Figure 16-1 : Aménagement d’un débitmètre sur une conduite à diamètre réduit
3. La vérification sur site. La Stratégie demande que les instruments de mesure de débit à l’eau
distribuée (produite, importée et exportée) subissent une vérification annuelle de leur
précision. Cette vérification consiste à comparer sur place les mesures du débitmètre avec
ceux d’un débitmètre de référence ou de la méthode volumétrique (drop test), et de s’assurer
que la différence entre les deux est inférieure à 3 % ou 5 %. Il ne s’agit pas d’un étalonnage.
Les deux méthodes demandent que des précautions soient prises lors de la conception et de
la construction des ouvrages.
o Les précautions à prendre pour la méthode par comparaison avec un autre débitmètre
sont :
L’insertion d’une sonde magnétique dans la conduite;
L’utilisation d’un appareil à ultrasons par temps de transit.
Il s’agit des méthodes les plus courantes. Elles ont chacune des conditions d’installation
à respecter sur les distances amont et aval sans perturbation. Le concepteur doit se
référer aux spécifications des manufacturiers et au guide de Réseau Environnement
(p. ex., une distance de 15 fois le diamètre de la conduite en amont et de 5 fois en aval
pour la sonde magnétique, et de 10 fois le diamètre de la conduite en amont et de 5 fois
en aval pour l’appareil à ultrasons). Ces conditions peuvent être critiques pour les
conduites de gros diamètre.
16.4.3 L’exploitation
La Stratégie demande qu’une vérification annuelle soit réalisée sur les débitmètres. Elle définit
également différentes conditions de mise en œuvre (débit et durée) et donne des directives pour
utiliser les résultats en vue de trouver des solutions permettant de ramener l’écart entre les
consommations mesurées et celles visées à une valeur acceptable.
La Stratégie exige également que les équipements de vérification soient étalonnés annuellement
selon un protocole reconnu. Certaines pratiques usuelles comme la mesure d’une longueur avec
un ruban à mesurer ou d’autres équipements « maison » non validés sont à proscrire.
Le traitement des données de débit à l’eau distribuée au quotidien fait partie des bonnes pratiques
proposées par la Stratégie. Il permet de diagnostiquer des situations anormales qui méritent une
intervention rapide comme l’apparition de nouvelles fuites ou de pics de consommation. Le cas
du débit minimum nocturne (DMN) est particulier, car il est utilisé directement dans le calcul des
indicateurs de performance du réseau (Formulaire de l’usage de l’eau potable). Le traitement de
ces données est également défini par la Stratégie.
17.1.1 Généralités
17.1.2 Objectifs
Concernant ces deux derniers objectifs, il est important de noter que l’application des
garanties est basée sur les documents contractuels d’appel d’offres, alors que la
mise en service se réfère plutôt aux objectifs à atteindre tels que définis lors de la
conception, ce qui peut différer significativement. Il y a lieu de considérer cette
nuance lorsque les documents d’appel d’offres comprennent des clauses définissant
les performances devant être vérifiées après la réception provisoire.
17.1.3 Activités
La liste d’activités qui suit est tirée du devis pour la mise en service rédigé par la
SQAE (1995). Ce devis définit un mandat confié à une équipe constituée par le
concepteur des ouvrages. La liste ne présente toutefois que certains exemples de ce
que peut contenir la mise en service.
17.2.1 Généralités
Dès la réception provisoire des travaux, l’opérateur dispose des deux types de
documents suivants :
• Plans et devis « tel que construit » et dessins d’atelier : ces documents
regroupent toute l’information disponible relativement à la conception et à la
construction;
• Manuels de service : les entrepreneurs et les fournisseurs ont la responsabilité de
livrer les manuels de service des équipements relatifs aux ouvrages réalisés. Ces
documents sont habituellement spécifiques à un équipement : une pompe, une
vanne, etc. Ils donnent, par exemple, des gammes de fonctionnement, des
conseils d’entretien, etc.
Ces deux types de documents ne suffisent pas cependant à l’opérateur qui veut
savoir comment opérer et entretenir l’ensemble des composantes de l’installation de
traitement afin d’atteindre les performances attendues. Les activités de mise en
service et le manuel d’exploitation doivent combler ces lacunes.
17.2.3 Réalisation
Une partie du manuel est préparée par le personnel des différentes spécialités qui
réalisent la conception de l’installation de traitement. Il est cependant recommandé
que certains chapitres, ainsi que l’assemblage final, soit réalisé par un technicien
possédant une bonne expérience en exploitation.
• Mesures préventives;
• Interventions en cas de problèmes;
• Mesures correctives à appliquer après la période critique.
Chaque municipalité pourra ainsi mettre en place des mesures de sécurité adéquate
tout en disposant des outils nécessaires pour assurer des interventions judicieuses
en cas de problèmes.