La Stratégie Militaire
La Stratégie Militaire
La Stratégie Militaire
"La guerre n‟appartient pas au domaine des arts et des sciences, mais à celui de l‟existence sociale. Elle est
un conflit de grands intérêts, réglé par le sang. C‟est seulement en cela qu‟elle diffère des autres conflits. Il vaudrait
mieux la comparer plutôt qu‟à un art quelconque, au commerce qui est aussi un conflit d‟intérêts et d‟activités
humaines".
Cette assimilation des deux contextes garde toujours un caractère de débat et se trouve
remise en cause par plusieurs penseurs. Christian Schmitt, en reprenant des travaux d'Edgeworth,
arriva à la conclusion suivante:
"La guerre commerciale et la guerre politique sont deux interprétations différentes d‟un même phénomène,
ou bien, comme nous le pensons plutôt, elles sont deux phénomènes différents et la stratégie d‟entreprise et la stratégie
militaire sont des domaines distincts et indépendants1".
Cette polémique sur l'utilisation de la stratégie militaire nous incite à en poser le problème
de la façon la plus rigoureuse. Toutefois, plusieurs questions critiques doivent guider notre
parcours :
Quel est le paysage d‟une nouvelle économie ? Quels sont les ténébreux fondements de la
stratégie militaire ? Est-elle un corps de principes ou une discipline de recherche hétérogène?
Dans quelle mesure ces deux contextes se rapprochent et quelle serait la forme du transfert? Peut-
on constituer une synthèse à partir de ces recherches?
1SCHMIT ( C), "Penser la guerre, penser l'économie", dans LE ROY Frédéric, Stratégie Militaire et Management Stratégique,
Economica, 1999, p.7.
-2-
VERS UNE ÉCONOMIE DE GUERRE ?
I. ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE EN MUTATION
A l‟heure où tout change, les normes se trouvent basculées, les données incertaines, les
alternatives infinies, les indices économiques effrayants. Continuer à opérer avec la confiance et la
sérénité d‟hier, où toute erreur pouvait être gommée et les défaillances pardonnées, devient, pour
toute entreprise une tentative de suicide.
"Nul n‟ignore que nous vivons une période de rupture, de cassure, de recomposition générale des forces
géostratégiques, des repères sociaux, des acteurs économiques et des repères culturels 1".
Ces changements erratiques en surface ne le sont pas en réalité: "when we look more closely to
the list of apparently unrelated changes for we discover that they are not as random as they seem 2", sous-tendent
une redistribution et une redéfinition du sens de pouvoir à tous les échelons de la société. "Power,
which to a large extent defines us as individuals, and as nations, is itself being redefined". 3 "This redefinition of
power is giving raise to a new kind of society".4 Sur ce point en effet, tout le monde est d‟accord. "Cette
période exceptionnelle correspond à un véritable changement d‟ère5".
l‟Indonésie. Reporté par Kevin MURPHY, Internationals Herald tribune du 14 Septembre 1995.
8 PETRELLA Riccardo, Op. Cit, ,p. 34.
9 BRIE Christian de, "Désarmer les seigneurs de la guerre", dans Manière de voir # 28, p. 96.
-3-
IV. TERMINOLOGIE DE GUERRE
Guerre, bataille, arme, conquête, prise de position, terrain, position, division,… Champ
lexical d'un texte réservé à l'arène militaire? Non, ce sont les termes qu'on retrouve dans la
littérature managériale et surtout dans les Headlines de la presse spécialisée.
"The most bloodthirsty language in the newspapers today is not found in the international pages. It's found
on the business pages1"
Dans la presse internationale, les exemples sont prépondérants; nous citons: "Cold
Competition: GE Wages the refrigerated war 2", dans la presse locale les exemples ne sont ni de moindre
moindre importance ni de moindre agressivité. Prenons quelques-uns: "Another Round: Almaza is
once again fending off a Laziza assault in the beer war3" ou "Chilling with big boys 4"
Qu'est ce que l'entreprise peut emprunter de l'arène militaire autre qu'un lexique guerrier?
1 Ries A. & Trout J., Marketing warfare, McGraw-Hill Book company, New York, 1986, p 37.
2 Magaziner Ira,, "Cold Competition: GE wages the refrigerators war", Harvard Business Review, March April 1989, p 114-124.
124.
3 Executive, July 2000, p 14-15.
4 Executive, Feb 2000, p 20-24.
5 FIÉVET Gil, de la Stratégie Militaire à la Stratégie d'Entreprise, Intereditions Paris, 1992, p 178.
6 LE ROY Frédéric, Op. cit, p. 39.
7 PILOLEAU Y. & BARBOTEU HAYOTTE D. OP. Cit., p 33.
8 Ibid.
9 Cité au paragraphe IV.
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mourir, tuer les concurrents ou être tué, rester compétitif ou disparaître, indéfiniment sans perspective de
paix1".
Si tout est guerre généralisée, comment peut-on expliquer les alliances stratégiques qui se
forment chaque jour liant les clients, fournisseurs et surtout des entreprises concurrentes ?
Beaucoup d'entreprises ne font du profit que lorsque d'autres en font. Dire ceci ne veut
pas dire que toutes les situations sur le marché sont "Win-win". Nous n'aurons pas cette fausse
prétention. Toutefois il est intéressant de prendre en compte des situations de coopération qui
existent meme dans un contexte compétitif. Suivant Co-opetition "Business is cooperation when it
comes to creating a pie, and competition when it comes to dividing it up 2".
I. VOCABULAIRE DE LA STRATEGIE
Les définitions présentées ci-contre sont celles en usage au Cours Supérieur Interarmées en
rigueur au I.H.E.D.N3. Elles ont été choisies en raison du caractère officiel de la source et de la
portée pédagogique de ces cours. "Les définitions ont été élaborées avec le souci de ne pas faire œuvre originale
afin de ne pas compliquer une situation déjà embrouillée4''.
La définition classique est explicitée par le Général Beaufre:
"La stratégie est l'art d'employer les forces militaires pour atteindre les résultats fixés par la politique" 5.
"C'est l'art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit"
1 Ibid.
2 BRANDENBURGER A. & NALEBUFF B., Co-opetition, Doubleday currency, 1996, p 4.
3 I.H.E.D.N.: Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, Cours Supérieur Interarmées, Dossier Stratégie I & II, 32'
Session, 1983.
4 Cours Supérieur Interarmées, STRATEGIE I, Pièce PR1.
5 Reprise du Général Beaufre - Introduction à la stratégie.
6 FIEVET Général G.De la stratégie militaire à la stratégie d'entreprise, Intereditions, Paris 1992, p.19.
7 ARON, " Penser la guerre", dans Cours Supérieur Interarmées, Dossier Stratégie, Pièce PR4.
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La pratique d'un art: Ses auteurs sont des responsables de la conduite de la guerre,
hommes politiques et chefs militaires, c'est-à-dire les stratèges,
La théorie d'un art: Théorie élaborée et enrichie continuellement par les théoriciens
ou stratèges; cette théorie stratégique regroupe l'ensemble des connaissances que
requiert la conduite de la guerre.
Il faut insister sur cette distinction, d'autant que quelques ''maîtres''1 contemporains
entretiennent parfois une certaine ambiguïté sur la nature exacte de leurs travaux. Par ailleurs les
penseurs militaires soviétiques font bien cette distinction entre ''Stratégie théorie'' et ''Stratégie
pratique''. Mais, pour éviter toute confusion ils ont pris la précaution d'appeler la première,
''Science militaire'' et la seconde, ''Art militaire''.
Stratégie totale
"La stratégie totale est l'art de combiner l'utilisation des moyens dans les différents domaines d'actions
possibles (économique, culturel, militaire) en vue d'atteindre les buts définis par le projet politique."
Ces stratégies générales se définissent par la contribution que les forces spécifiques du
domaine considéré apportent à la réalisation du projet politique ; elles sont élaborées au niveau
des Ministres intéressés.
Ces niveaux traduisent le fait que la stratégie est une interface entre la politique et la
tactique. La stratégie générale prend en compte la finalité politique et la stratégie opérationnelle la
traduit d'une manière concrète sur le terrain.
Clausewitz a explicité ces notions en employant des mots différents pour distinguer les
deux formes. Les traductions ne distinguent pas ces nuances, rendant ainsi le discours
clausewitzien incompréhensible.
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La manœuvre (das Manowieren désigne la manœuvre de stratégie générale, das Manover désigne
la manœuvre de stratégie opérationnelle).
Le but (Zweck, c'est le but de stratégie générale, Ziel, c'est l'objectif de stratégie
opérationnelle).
Mais il n'est pas toujours possible de réaliser les conditions d'une action offensive car, pour
attaquer avec des chances de succès, il est admis qu'il faut être trois fois supérieur à l'adversaire au
point choisi. En outre, toute attaque coûte chère (l'assaillant a toujours beaucoup plus de pertes
que le défenseur) et l'action offensive est donc toujours limitée dans le temps.
Selon Clausewitz, la relation entre les deux adversaires est pénétrée par la dissymétrie de la
défense et de l'attaque, toutefois la polarité, contrairement aux apparences, ne s'applique pas à la
défense et à l'attaque, mais à l'objet qui leur est commun à l'une et à l'autre, à savoir la décision.
V. ACTION DE LA STRATEGIE
La stratégie peut être directe ou indirecte.
Stratégie directe
Selon le Général BEAUFRE, "elle est fondée sur la recherche de la décision ou de la dissuasion par
l'emploi ou l'existence des forces militaires considérées comme moyen principal1."
La stratégie sur mode direct utilise une dominante militaire et recherche la confrontation.
Son intensité peut être variable et peut viser des objectifs plus ou moins ambitieux:
La capitulation sans conditions (désorganisation complète des forces): conflit de
1940-19452 ;
Un objectif limité précis (action de force limitée): guerre des Malouines ;
Un coup d'arrêt (action brève et précise significative): guerre d'Israël.
Stratégie indirecte
La stratégie indirecte inspire toutes les formes de conflit qui ne recherchent pas
directement la décision par l'affrontement des forces militaires mais par les procédés les moins
directs, soit dans l'ordre politique, économique (guerre insurrectionnelles, révolutionnaire), soit
même dans l'ordre militaire en procédant par actions successives coupées de négociations.
Elle apparaît comme l'art de savoir exploiter au mieux la marge étroite de liberté d'action
échappant à la dissuasion par les armes atomiques et d'y remporter des succès décisifs importants
malgré la limitation parfois extrême des moyens militaires qui peuvent y être employés.
La stratégie indirecte peut prendre de nombreuses formes:
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1. Hors conflit déclaré: c'est la guerre par personnes interposées. Par exemple :
Livraison d'armes aux organisations en lutte contre les forces militaires d'un adversaire
potentiel (Viêt-nam ou Afghanistan) ;
2. Les forces militaires adverses ne sont pas directement attaquées par exemple :
Attaque du moral des populations civiles: blitz sur Londres en 1940 ;
Destruction de guérilla chroniques et insaisissables (Mao, conquête du pouvoir) ;
La tactique elle-même n'échappe pas à ces deux modes d'action. Le mode direct est
l'attaque en force ou la défense ferme qui utilisent massivement les deux (aviation, artillerie,
blindes, infanterie). Type: Verdun. Le mode indirect privilégie le mouvement, la manœuvre tant
dans l'offensive que dans la défensive: attaque en souplesse, débordement, enveloppement, etc.
Toutes les considérations qui précèdent nous permettent de mieux comprendre ce qu'est la
stratégie militaire et d'en pénétrer la nature complexe. C'est cette complexité qui explique la forme
paradoxale sous laquelle s'expriment souvent les caractéristiques de la démarche stratégique.
Illustration historique2
Ce texte, préparé par le général Mordacq et par Georges Clemenceau lors de la conférence
de Beauvais, le 3 avril 1918, "Le général Foch est chargé par les gouvernements britannique, français et
américain de coordonner l'action des armées alliées sur le front occidental: il lui est conféré à cet effet tous les pouvoirs
nécessaires en vue d'une réalisation effective. Dans ce but, les gouvernements britannique, français et américain
confient au général Foch la direction stratégique des opérations militaires. Les commandants en chef des armées
britannique, française et américaine exercent dans sa plénitude la conduite tactique de Leur armée."
Selon G Fiévet: "stratégie et tactique se distinguent moins par l'ampleur du champ de vision que par la nature
des moyens utilisés. La stratégie a pour moyen le combat, la tactique: les forces armées."
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Figure 1 : interdapendance des differents niveaux
Strates
Politique Souhaitable
Stratégie DESSEIN
Générale (politico-stratégique) But
Stratégique (objectif pour
atteindre le Dialogue
Stratégie dessein)
opérationnelle OBJECTIF
(statégico-tactique)
Tactique Possible
Source: Général FIEVET, De la stratégie Militaire à la stratégie d'entreprise, p14.
Niveau de la Stratégie
Stratégie générale et stratégie opérationnelle opèrent à des niveaux différents introduisant
une hiérarchie entre l'une et l'autre. Néanmoins, d'une certaine manière c'est la stratégie
opérationnelle par le biais de la tactique qui, en fait, impose sa loi. Car c'est toujours sur le terrain
que l'affaire se joue.
Les meilleurs plans d'attaque n'ont de valeur que jusqu'au moment d'affronter l'ennemi...En cas de victoire
tactique, la stratégie se soumet. (Moltke, Sur la stratégie.)
C'est pourquoi la caractéristique principale de la démarche stratégique est l'adaptabilité.
Attitude de la Stratégie
Stratégie offensive et stratégie défensive. Rien de plus opposé théoriquement que ces deux
notions ; en fait, la ligne de démarcation n'est pas évidente: en effet il existe des formes offensives
en défensive comme la contre-attaque, et des formes défensives en offensive comme la couverture
du flanc d'une action offensive.
C'est toujours une grossière erreur de considérer que la stratégie puisse se contenter
d'adopter une attitude absolue dans un sens comme dans l'autre ;
''Celui qui sait quand combattre et quand ne pas combattre vaincra''. (Sun Tsu.)
Action de la Stratégie
Nous avons pu constater les formes multiples que peut prendre la stratégie indirecte à tel
point que bien souvent ces deux formes d'action s'enchevêtrent: le blitz allemand sur Londres en
1940 ou la guerrilla sont une illustration
Sur le plan de la tactique, l'action directe nécessitant toujours une suprématie de 3 contre 1
et se révélant toujours onéreuse, il lui est toujours préféré la manœuvre, forme n'attaquant jamais
de front mais de flanc, par débordement ou enveloppement. Elle privilégie l'effet de surprise,
obtenu en réalisant ce qui n'est pas attendu.
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Privilégier l'une ou l'autre des formes d'action revient à définir deux sortes de guerres qui
ont servi de base de réflexion à Clausewitz pour comprendre et définir la "guerre".
Celle qui privilégie l'ennemi et recherche la bataille ;
Celle qui privilégie le terrain et évite l'affrontement.
C'est cette complexité ou cette contradiction dans les fondements même de la stratégie qui
a conduit des stratèges et penseurs militaires à chercher des constantes.
La définition de ces invariants a pris la forme des principes qu'on développera dans la
partie suivante.
Nombreux sont les stratèges et capitaines valeureux qui ont niés l'existence des principes.
Citons en particulier Turenne,2 Frédéric le Grand, Sharnhorst3.
" Les principes de la guerre sont ceux qui ont dirigé grands capitaines dont l'histoire nous a transmis les
hauts fais" Napoléon4.
1 Citons à cet effet l'ouvrage de Ries & Trout Marketing Warfare basé en entier sur la théorie de Clausewitz, ou l'ouvrage de
McNeilly Sun Tzu & the Art of Business qui est une application de Sun Tzu à l'entreprise.
2 Turenne (1611-1675) Maréchal de France dirige l'Armée Allemande pendant la guerre de Trente Ans.
3 Scharnhorst (1755-1813) Général Prussien.
4 Cité par le Maréchal Foch, Principes de Guerre.
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Les partisans des ''principes'' paraissent toutefois plus nombreux que leurs détracteurs: tous
les théoriciens de la guerre entrent bien sûr dans cette catégorie ; Guibert, Jomini, Clausewitz,
Liddel-Hart, Foch ; mais aussi les chefs de guerre comme le général Bugeaud ''A la guerre il y a des
principes mais il y en a peu'' et Napoléon.
Les opinions sont plus nuancées et, sans aller jusqu'à la négation globale des principes,
certains d'entre eux refusent, comme R. Aron qui attaque ''les notions d'économie des forces et de
sûreté'' définies par Foch et qui lui apparaissent ''maladroites, équivoques'' ou ''étranges''.
Poursuivre le parallèle qui vient d'être esquissé comporterait le risque de déformer les idées
des auteurs en les schématisant à l'excès. Aussi a-t-il paru préférable de présenter ici,
successivement, les opinions et les argumentations de quelques ''grands maîtres'' sur les principes,
règles ou méthodes de pensées de la stratégie.
''La loi rigoureuse'' des forces poussées aux ''extrêmes''. Son application est tempérée
par ''les probabilités de la vie réelle''; ''Si l'on ne recherche plus l'extrême, … chacune des deux parties
tâchera de prévoir l'action de l'autre… en se servant des lois du calcul de la probabilité''.
''La loi suprême'' de la ''décision par les armes'', car ''l'effort tendant à l'anéantissement des
forces ennemies est le fils légitime de la guerre''.
''La loi de l'usage simultané'' des forces disponibles, cette loi condamne ''la réserve
stratégique'' car ''toutes les forces doivent coopérer à la décision principale'' et ''toute réserve destinée à être
employée après cette décision est un non-sens''.
Le ''principe'' de l'action décisive ; ''Parmi toutes les opérations'', Il faut choisir toujours la plus
décisive''. C'est le principe qui est à l'origine de l'action du Fort au Fort.
Le principe autonome de surprise,''Sans elle la supériorité sur un point décisif est en réalité
inconcevable''.
1 Armes de poing, armes de jet, armes à feu, armes automatiques, motorisation et mécanisation, troisième dimension, armes
chimiques, armes nucléaires, armes virtuels.
2 Guerre généralisée, guerre totale, guerre limitée, guerre modérée, guérilla, guerre révolutionnaire, guerre psychologique,
dissuasion.
3 FIEVET, Op. Cit, p 18.
4 Il est à noter que cette partie est inspirée dans son ensemble du Cours Stratégique Interarmées, et ceci pour apporter plus
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Le principe de l'économie des Forces ;''il faut toujours veiller à la coopération de toutes les forces, en
d'autres termes ne jamais perdre de vue qu'aucune fraction de ces forces ne doit rester inactive''.
Il y a donc bien une théorie de la guerre ; au premier plan elle comporte des principes:
Principe de l'offensive même si non citée parmi les principes de FOCH, pourtant son
importance est primordiale, et en fait d‟une une ''loi''.
''… la forme offensive, qu'elle soit immédiate ou qu'elle succède à la défensive, peut seule donner des résultats et
par suite doit toujours être adoptée en fin de compte pour le moins.
Toute bataille défensive devra donc se terminer par une action offensive, une riposte, une contre-attaque
victorieuse, où il n'y a pas de résultat. ''
Economie des Forces, ou encore ''l'unité d'action'' et de la ''concentration des moyens'' .
C'est le vieil adage du Sénat romain: ''On ne poursuit pas deux guerres à la fois.'' Ceux qui diraient
donc: C'est l'art de ne pas dépenser ses forces, de ne pas disperser ses efforts, ne diraient qu'une partie de la
vérité…'' mais encore ''…Le principe de l'économie des forces, c'est au contraire l'art de déverser toutes ses
ressources à un certain moment sur un certain point …''.
Principe de la Liberté d'action ''…Comment poursuivre l'exécution d'un ordre reçu, comment
continuer le développement d'un programme, d'une théorie, si ce n'est en sauvegardant sa liberté d'agir malgré
l'ennemi ? ''L'art de la guerre est l'art de garder sa liberté d'action''. (Xénophon).
Principe de Sûreté ''… Il faut, comme à l'escrime, attaquer sans se découvrir, ou parer sans cesser de
menacer l'adversaire…''.
1 Général BEAUFFRE " Les principes de la Guerre" dans Cours Supérieur Interarmées Dossier Stratégie I pièce PR 3.
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La surprise stratégique ''…Là où il n'y a pas de sûreté stratégique, il y a surprise stratégique, c'est-à-
dire possibilité pour l'ennemi de nous attaquer quand nous ne sommes pas en état de le bien recevoir ; …''. la
sûreté et la surprise s'appliquent au cours de la préparation de l'offensive.
Toutefois, chaque ''Maître'' a son système de lois ou principe, qui est l'expression de son
concept d'emploi des forces même si certains éléments ont une portée plus générale.
Cette grande abstraction est la garantie de leur universalité mais les rend inadaptés au
problème concret de la détermination de lignes de conduite. On peut néanmoins affirmer que leur
non-observation serait contraire au bon sens.
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Les trois principes de la stratégie sont en effet inclus dans la définition même de la
stratégie: art de mettre en œuvre des moyens – sous-entendu de façon convenable, c'est-à-dire en
veillant à l'économie de ces moyens – pour atteindre le but fixé par l'autorité politique, c'est-à-dire
en respectant l'unité d'action …Quant à la liberté d'action, elle est bien la finalité de tout
affrontement et donc de toute stratégie.
Pour répondre à cette question posons nous une autre: Comment utiliser en management
stratégique un corps de pensée hétéroclite constitué de doctrines très diverses ?
Une Etude systématique basée sur une pluralité de sources historiques a été conduite par
Frédéric LE ROY1.
Nous utilisons par la suite les résultats principaux de cette étude. En effet, les recherches
systématiques et modernes sur l'art de la guerre ne commencent réellement qu'à partir du dix-
huitième siècle.
Cette étude est divisée en trois étapes: l'émergence du paradigme classique (1750-1850),
son évolution (1850-1940) et sa traduction dans une période récente (1945-1997).
La stratégie militaire semble diverse et controversée ; dans le temps, étant donné que les
différents auteurs s'accordent peu selon les époques ; et dans l'espace, puisque plusieurs théories
stratégiques coexistent mais s‟opposent sur des points fondamentaux.
1Une synthèse de cette étude a été publiée dans Le Roy F. (1997), de l'utilisation des doctrines militaires dans le domaine de l'entreprise,
Annales des Mines, Gérer et Comprendre, n' 47.
- 14 -
III.2. Les conséquences pour le transfert de la stratégie militaire
La stratégie militaire ne peut être vue comme une science positive, étudiée par les méthodes
scientifiques. Elle semble devoir intégrer deux types de réflexions:
- générales afin de déceler des constantes;
- sur la prise en compte des éléments individuels de ceux qui prennent les décisions, de
ceux qui font l'action.
Ainsi, les propositions, doctrines stratégiques, ne peuvent s'analyser que dans leurs contextes
et en référence aux caractéristiques propres à leurs auteurs et leurs conditions d'élaboration,
c'est-à-dire le potentiel militaire de chaque pays.
Ces caractéristiques sont différentes dans chaque cas mais très difficiles à identifier vu leur
grand nombre. La formation de la pensée est profondément dynamique. On ne peut envisager
les formes des guerres à venir et, donc, en définir les principes.
La stratégie militaire ne peut être ramenée à un seul auteur ou doctrine. Il faut l‟envisager
comme une discipline de recherche traversée de courants de pensée auxquels il est possible
d'associer des auteurs. Les propositions sont des points de vue qu'on ne peut isoler de leur
contexte de départ, et sont en très violente opposition. L‟histoire de la pensée stratégique militaire
est sillonnée par la dispersion et la remise en cause malgré toute volonté d'unification autour d'un
paradigme.
Par ailleurs, les interprétations qui sont faites des propos d'un auteur sont aussi
discordantes, variables, comme l‟illustre les multiples exégèses des propositions de Clausewitz 1.
''…Je vous dis aujourd'hui: Apprenez à penser. En présence de chaque question considérée librement et en
elle-même, se demander d'abord: de quoi s'agit-il ? là est le commencement de l'état d'esprit cherché…'' ;
''Ce n'est pas un génie qui me révèle tout à coup, en secret, ce que j'ai à dire ou à faire dans une
circonstance inattendue pour les autres, c'est la réflexion, la méditation.'' (Napoléon)…
''Quand vous êtes à l'une de ces heures où vous devez prendre parti, lui demandait Hanotaux, est-ce que
quelque chose de ces fortes études vous aide à résoudre les problèmes ? –Nullement, mais cela me donne confiance'',
lui répondit le Maréchal FOCH…1''
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La question qui se pose est alors la suivante: comment transposer dans le contexte de
l'entreprise une discipline de recherche composée de multiples modèles qui sont situés à des
niveaux d'analyse différents ?
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La conception adaptative
Selon Hofer : „„La stratégie consiste à réaliser une bonne adéquation entre les opportunités et les menaces
de l'environnement et les possibilités et les ressources de l'entreprise''. Il est à noter que: l'étude de
l'environnement et le changement stratégique sont perçus comme synchroniques et s‟intègrent
dans un processus d'adaptation continu ; la planification prend du recul alors
Distinction linguistique mais non moins profonde, la stratégie est soit engendrée par un
conflit, soit la façon de mener à bien un projet dans une logique rationnelle. Ces acceptions se
retrouvent dans le domaine de l'entreprise, mais elles ne sont pas exclusives et la conception
«rationnelle” est prépondérante.
Portée plus concurrentielle que conflictuelle, une spécificité des définitions qui correspond
à la spécificité des contextes.
Nous allons nous suffire aux comparaisons générales entre les deux contextes que nous
illustrons par une définition celle de Kilpfel et le schéma Ginter et Rucks.
''force est de constater que les analogies ne manquent pas entre la guerre économique et la guerre tout court.
La difficultés du terrain rapprochées des particularités d'un marché, le déploiement des forces adverses comparé au
jeu de la concurrence, la recherche du renseignement mise en parallèle avec le système de veille de l'environnement,
tout comme les concepts d'objectifs, d'alliances, de barrière de défense ou de moyens de riposte ont peu à peu imprégné
la planification stratégique''.
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Schéma 1: comparaison entre une armée et entreprise selon Ginter et Rucks
Technologie Facteurs politiques Technologie Facteurs politiques
Organisation de la guerre Organisation économique
D'autres auteurs proposent des parallèles plus précis entre les deux contextes, allant même
jusqu'à formuler des identités spécifiques.
Tout d'abord, ce serait tous deux des conflits d'intérêts, puis le contexte de la prise de
décision serait le même et, enfin, les grands facteurs d'échec seraient communs.
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"Le militaire et l'homme d'entreprise sont (…) condamnés à effectuer un choix entre des stratégies,(…).
En effectuant ces choix, ils confient leurs sort (…) surtout à la réaction de leurs adversaires, de leurs concurrents 1''.
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Dans le commerce, la bataille implique prendre une part de marché à son rival plutôt la
destruction physique de l'ennemi.
Quelque soit l'agressivité de la concurrence, elle n'implique en pas une destruction réelle et
totale du marché. En effet “le commerce, pour être florissant, requiert un état d'harmonie qui n'est pas le
propre de la guerre” (Philoleau et Swiners, 1980).
La nature de l'activité militaire est relativement claire: produire des effets de destruction
physique (réels ou virtuels) afin d'infléchir la volonté. Elle est intimement liée à la sphère politique
(Clausewitz, 1955), alors que la nature de l'activité économique est toute autre: créer de la valeur
pour une clientèle. Cette différence de nature d'activité se traduit par une définition différente des
relations entre acteurs.
Nous avons mis en évidence deux points de vue contradictoires. D'une part, il apparaît les
très grandes similarités entre les contextes, voire les identités. D'autre part, les différences de
nature très profondes surgissent entre les contextes. Il est très difficile de ne pas tenir compte de
ces différences. Le Roy conclu une comparaison entre les deux contextes
"Les affaires et la guerre militaire ne nous semblent pas pouvoir être considérées comme des phénomènes
sociaux identiques. Par contre, il est aussi difficile de nier qu'il existe certaines ressemblances ou similitudes entre les
deux contextes".
Il continu," Ce qui nous conduit à distinguer l'approche du transfert est une approche pour l'ensemble
métaphorique: l'économie n'est pas la guerre, sauf si on a recours à l'image".
Nous étudierons dans la partie suivante l'une des plus importantes métaphore guerrière le
Marketing warfare.
MARKETING WARFARE
1 Peter LINNERT. „„Clausewitz fur Manager-Strategic and Taktik du untunehmens fubung” traduit en 1973 sous le nom
„„Clausewitz & le Management‟‟.
2 Mac DONALD „„Strategic in Business, Poker & War‟‟, New York.
3 Jay A. „„Machiavel et les principes du Management‟‟, Robert Laffond.
4 Marketing de Combat, Op. Cit. p. 46.
- 20 -
I. MARKETING WARFARE DE RIES & TROUT.
Ries & Trout, deux conseillers en Marketing, lancent dans un séminaire de formation de
deux jours leur nouveau concept de Marketing Warfare.
" The cover of the seminar brochure featured tiny tanks lined up against each other, e.g. Coke Vs Pepsi,
Aspirin Vs Tylenol, and so on…'' 1
- 21 -
Attaque de Flanc: "Flanking Attack"
Difficulté: c‟est une attaque qui doit être créatrice car c‟est cette attaque vise un marché qui
n‟existe pas encore.
- Une attaque de Flanc doit être faite sur un terrain non protégé.
- La surprise tactique s‟avère l‟élément le plus important du plan.
- Le poursuivi est aussi critique que l‟attaque même.
Attaque Guérilla
Permet au concurrent le plus petit de survivre dans le marché à côté du Leader.
- Trouver un segment assez petit pour le défendre.
- Quel que soit le succès réalisé, il ne faut jamais se comporter comme le Leader.
- Rester prêt pour quitter au moment propice.
Les propositions sont appuyées par des exemples historiques et une transposition au
niveau d‟exemples d‟entreprises en l‟occurrence l‟étude de cas détaillée : les guerre des Colas, des
Burgers, des Bières et des Computers offrent au lecteur une preuve convaincante de la validité
d'arguments.
Ces propositions ont introduit le concept de positionnement mais aussi ont ouvert une
voie dans laquelle vont s‟engouffrer une multitude d‟auteurs dont le second grand initiateur est
Kotler.
- 22 -
Ils adoptent une approche nuancée en insistant notamment sur l‟aspect métaphorique de
l‟utilisation de la stratégie militaire, reconnaissent les oppositions et préfèrent Liddell Hart à
Clausewitz, ils établissent une typologie d‟actions pour l‟entreprise comportant:
- Cinq types de d‟attaque (frontale, de flanc, d‟encerclement, de contournement, de guérilla),
- Six types de défense “(de position, mobile, préventive, de positionnement sur le flanc et de
contre-offensive).
Kotler reprend ces schémas dans les éditions successives de son œuvre allant du
Marketing Management, à la Concurrence Totale. Toutefois, dans une version plus académique de
leur premier article, Kotler et Singh réintroduisent les limites à l‟application de la stratégie
militaire: "en somme, les concepts de manœuvre, de mobilité, et de stratégie d‟approche indirecte (…) doivent être
utilisés avec précaution quand ils sont utilisés dans le contexte des affaires'' (Lamb).
Stratégies du Leader
L‟objectif d‟un leader est de rester à la première place. Trois solutions s‟offrent à lui: Accroître la
demande primaire ; Contenir l‟attaque de la concurrence à l‟aide de stratégies offensives ou
défensives ; Augmenter sa part de marché.
Stratégies du Challenger
Toute société qui occupe la seconde, troisième ou quatrième place sur un marché est en
position de "dauphin''. L‟objectif d‟un challenger est d‟accroître sa part de marché au détriment
d‟un concurrent. L‟entreprise a souvent le choix de son opposant. La firme qui attaque peut
choisir entre trois approches:
- Attaquer le Leader. Stratégie à haut risque, mais à haut niveau de résultat en cas de succès.
- Attaquer un concurrent à sa portée.
- Attaquer les "canards boiteux‟‟. C‟est souvent une stratégie payante car elle ne nécessite pas
une offensive de grande envergure.
Une puissance de feu supérieure doit être concentrée à l‟endroit et au moment critique afin
d‟enlever la décision.
1 Kotler Philip, Marketing Management, nineth Edition, Simon & Shuster comp., New Jersy, 1997,pp 379-397.
- 23 -
A- formes d'attaque
Attaque frontale : masser ses troupes directement face à l‟ennemi et attaquer ses points
d‟appui. L‟issue du combat dépend du rapport de force et de la ténacité de chacun. Dans
une attaque frontale, on s‟aligne pied à pied sur le terrain des produits, prix, publicité… il
peut déclencher une offensive partielle, ou encore à investir en recherche - développement.
Attaque de côté : L‟agresseur fera mine d‟attaquer de l‟avant, mais regroupera ses forces à
l‟arrière ou sur le côté. stratégie adéquate lorsque l‟on dispose d‟une puissance de feu
inférieure à son adversaire elle se matérialise dans une région un segment.
Encerclement : consiste à lancer plusieurs attaques simultanées contre le Leader, afin de
le forcer à se défendre sur plusieurs fronts à la fois. L‟encerclement se justifie lorsque
l‟attaquant dispose de ressources supérieures à celles de l‟adversaire et qu‟il pense arriver à
une décision plus rapide en multipliant les lignes de front.
Écart : consiste à éviter toute confrontation avec le Leader en s‟attaquant à des marchés
non tenus par lui et prends plusieurs formes. Au lieu d‟imiter le Leader et d‟engager avec
lui une coûteuse attaque frontale, il investit en recherche et, suite à une innovation, déplace
le terrain d‟opérations à son avantage.
La Guérilla : consiste à harceler le Leader à coups de petites attaques localisées et
intermittentes, l‟irriter et enfin le déstabiliser, tout en se donnant des occasions de faire
parler de soi. Les moyens employés peuvent être conventionnels ou non: guerre des prix
sélective, coups promotionnels, opérations commando, surenchère publicitaire.
Kotler est allé à formuler sur la base des stratégies d'affrontement du challenger des
stratégies de marketing qu'on prendra comme un exemple d'application.
- Stratégie de discount : consiste à offrir le même produit que le leader à un prix plus bas.
Faut il convaincre l‟acheteur de la qualité du produit, qu‟il soit sensible à un écart de prix,
prêt à renoncer à sa marque préférée, et enfin que le Leader décide de ne pas s‟aligner sur
le prix du challenger.
Stratégie du milieu de gamme : consiste à offrir une version simplifiée du produit,
généralement de moindre qualité. Le principal danger est de se faire concurrencer
simultanément par une autre entreprise sur son terrain d‟origine.
Stratégie de recherche de prestige : inverse de la précédente; consiste à introduire un
produit de meilleure qualité et plus cher. Elle implique une politique sélective d‟image.
Stratégie de prolifération des produits : le challenger attaque le Leader multipliant les
versions du produit offert. elle convient aussi à une grande entreprise diversifiée qui a
décidé d‟enlever le marché à une société plus petite et concentrée sur un seul segment.
Stratégie d’innovation : Le challenger prend de vitesse le Leader en matière d‟innovation
technologique ou commerciale, Celle-ci est naturellement tributaire de l‟accueil réserve par
le public aux nouvelles idées.
Stratégie d’amélioration du service : consiste à offrir davantage de prestations pour un
prix équivalent.
Stratégie d’innovation dans le mode de distribution : Le challenger développe sa part
de marché en lançant de nouveaux systèmes de vente.
- 24 -
Stratégie de réduction des coûts : Mettre l‟accent sur la réduction des coûts de
production de façon à pouvoir baisser les prix. Elle est à la base de la conquête des
marchés mondiaux par les Japonais.
Stratégie d’investissement publicitaire : Un challenger peut enfin espérer accroître sa
part de marché en surclassant l‟investissement publicitaire du Leader, notamment à
l‟occasion du lancement d‟un nouveau ou d‟une nouvelle marque.
PROLONGEMENTS CONCEPTUELS
Sur la piste tracée par le Marketing Warfare, plusieurs auteurs se sont lancés. Dans l‟étalage
des diverses contributions, nous distingons le Marketing De Combat des autres ouvrages du fait
de son caractère qui s‟inscrit dans une suite logique du Marketing warfare.
Bien que décelable à un degré variable selon chaque cas, on retrouve d‟une façon
omniprésente la volonté de définir une nouvelle approche de la stratégie et de énoncer la stratégie
d'entreprise sur des bases militaires.
I. MARKETING DE COMBAT
Swiners1 introduit le Marketing Warfare en France, en élargissant le spectre de l‟analyse à
travers l‟introduction des analogies et établissement de tableau d'équivalence entre le marketing et
la guerre, et à autre niveau entre la publicité et le service du génie dans une armée. De plus, il
introduit une méthode de raisonnement militaire qu'il propose d'utiliser dans le domaine du
marketing.
- 25 -
Malgré ses critiques, le Marketing de Combat est exposé. Il a été lancé à travers une
conférence événement qui regroupe des guerriers, directeurs marketing et Aron. Une dose de
nouveautés s‟ajoutent au Marketing Warfare tel que la Méthode de Raisonnement Tactique de
l'armée française ou la typologie du général Beaufre. la démonstration se fait en trois temps:
1. Assimilation des contextes: l'entreprise est l'armée et l'esprit du consommateur le terrain
2. Assimilation des concepts: transposition des manœuvres stratégiques à travers 5 stratégies
marketing
3. Identité des méthodes de décision : application de la Méthode de Raisonnement Tactique de
l'armée française.
Cet exposé présente une métaphore et non un nouveau paradigme marketing. En effet comme ses
prédécesseurs il souffre de la superficialité au niveau de ses justifications analytiques.
- 26 -
Ce concept nouveau dans son approche, ses théories, se propose d'être un moyen pratique pour
les entreprises. Son succès ou échec attendra alors les résultats qu'auront les entreprises qui
suivront cette approche.
V. PROPOSITIONS DE ROGERS2
Rogers se lance sur la même piste en affirmant ''il est désormais largement, voire universellement
reconnu que dans le domaine de la guerre, il existe un petit nombre de principes gagnants qui ont fait la preuve de
leur efficacité indépendamment de l'époque et du lieu du conflit. Quel que soit le siècle auquel ils écrivent, les
centaines d'auteurs de traités sur la guerre s'entendent tous sur ces principes, qui ont mené à la victoire par le passé
et continueront de la faire à l'avenir ''.
En mettant la note de départ sur une assertion toutefois non étudiée, il énonce huit
principes, dont il est possible de tirer sept leçons au niveau de
la direction,
la poursuite d‟un objectif : par la mise en place de plan,
la concentration massive des forces au point décisif,
l‟offensive & la mobilité permanente,
choix du passage le moins protégé,
la recherche de la sécurité,
l‟assurance que chacun remplit son rôle.
1Nous n'avons pas pu nous acquérir les ouvrages de James, Peacock, et Duro et Sandstrom, toutefois il était intéressant pour
nous d'exposer brièvement ces apports nous nous sommes baser sur le travail de LE ROY.
- 27 -
Rogers avance cinq raisons pour s'intéresser à la stratégie militaire 1 qui cadre son ouvrage dans
une optique métaphorique:
1.'' votre concurrent est l'obstacle principal à l'augmentation de votre rentabilité ;
2. la science de la guerre précède la science du management de plusieurs siècles ;
3. la guerre est le langage de la concurrence
4. la guerre a conduit à des innovations en organisation, en techniques et en entraînement;
5. la guerre augmente le moral et l'orientation sur l'action des salariés''.
1 Rogers D.J. Les Stratégies militaires appliquées aux Entreprises, First Inc, 1988.
- 28 -
Modeler l’adversaire: Utiliser toutes les approches pour faire face au concurrent. Prendre
avantage des alliances, limiter les manœuvres du compétiteur et tourner à son profit les
émotions des concurrents.
Character-based Leadership : L'importance du leadership pour la bonne conduite des
principes précédents.
Cet ouvrage se base sur un seul stratège, selon Le lieutenant-colonel Charles S. Oliviero, "il ne
réussit pas à fournir une analyse militaire ou historique qui soit satisfaisante". En effet, il fait "un traitement
sans nuances de la stratégie", n‟approfondit ni la stratégie militaire de départ ni la perspective de
rapprochement.
CONCLUSION
Le but de cette étude était d'approfondir le parallélisme entre les contextes militaire d'une
part et managérial d'autre part. Nous avons commencer par clarifier les fondements de la pensée
militaire et la cohérence de ses principes, ensuite nous avons passer en revue de la plupart des
recherches antérieures que nous avons classer en deux catégories.
Cette étude met en évidence les limites de ce rapprochement.
D'une part la non cohérence des principes militaires, et d'autre part l'hétérogénéité des
recherches antérieures nous a permit de voir dans le transfert un rapprochement métaphorique.
Dans cette optique, la stratégie militaire offre à l'entreprise une image intéressante à
considérer, mais ne constitue pas une assimilation ou une transposition.
- 29 -
Le cadre général dans lequel nous nous sommes placés pour conduire cette étude est le
cadre militaire. Citons à cet effet Bruce Henderson qui définit la concurrence sur une
nouvelle base stratégique.
La concurrence est analysée comme un système dynamique en équilibre où la coexistence
des divers protagonistes constitue l'objectif ultime des entreprises et des nations. La
stratégie a pour but de tisser de futures relations stables avec les différents compétiteurs.
"strategy must manage a constant shifting equilibrium"
Alors que la plupart des ouvrages insistent sur la bataille ou la guerre plutôt que l'équilibre
des relations qui persistent tout le temps, le cadre géopolitique offre une perspective plus
large de la compétition continue dans le temps.
La théorie concernant cet équilibre géopolitique reste très peu développée et offre elle
aussi une autre voie de recherche.
- 30 -
UNE CHRONOLOGIE LITTERAIRE
1964. général André Beaufre publie Introduction à la stratégie et ensuite Stratégie de l‟action.
1971. Le Français Bernard Esambert crée le concept de "guerre économique".
1971. Peter Linnert publie Clausewitz et le Management.
1977. Bernard Esambert publie Le Troisième Conflit mondial.
1978. Jack Trout et Al Ries, organisent les premières conférences consacrées au Marketing
Warfare.
1978. Yves H. Philoleau crée le Marketing de Combat. 1979.
1981. Jack Trout et Al Ries publient Positionning, the battle for your mind.
1983. Barrie G. James publie Business Wargames,
1985. Christian Dussard publie Le marketing de la troisième vague
1985. Deux suédois, Robert Durö et Björn Sandström publient The Basic Principles of
Marketing Warfare
1986. Parution de Marketing Warfare d'Al Ries et Jack Trout
1987. David Rogers publie Waging Business Warfare
1987. Gérard Simon Cohen publie De la Guerre Industrielle.
1987. Parution aux Etats-Unis de Strategy: the Logic of War and Peace d‟Edward N. 1992. Le
général (CR) Gil Fiévet publie De la stratégie militaire à la stratégie d'entreprise.
1993. de Jean-Louis Swiners et Jean-Michel Briet publient Warketing
Luttwak.
Source: Philoleau Y. Hayotte- Barboteau D. Le Grand Combat, pp 315-318
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