Enzymes Innovations Industries

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Colloque Adebiotech

Enzymes Innovations Industries

27 et 28 octobre 2014
Parc Technologique Biocitech
93230 Romainville

COMPTE-RENDU
ADEBIOTECH a organisé un colloque intitulé « Enzymes Innovations Industries », qui
s’est tenu à Biocitech, Paris-Romainville, les 27 et 28 Octobre 2014 marqué par une forte
participation et une grande implication des acteurs de cette filière représentées dans la
figure ci-dessous.

34
Intervenants

Les
Enzymes
208
Participants

11 38
Présentations
Flash poster Posters

Les objectifs de ce colloque était de réaliser un focus sur les principales avancées
scientifiques puis décliner l’état de l’art au niveau de la réalité industrielle pour obtenir
une vision globale de comment ont évolué nos techniques innovantes pour leurs
applications industrielles.
Des experts universitaires et industriels du champ d’applications des enzymes et de leur
utilisation par les biotechnologies ont présenté leurs travaux en présence d’un public
nombreux et interdisciplinaire (Figure 1). Ce colloque a rassemblé des scientifiques des
secteurs privé/public dans un bon équilibre (Figure 2) permettant des discussions
fructueuses.

Figure 1. Représentation graphique par domaines Figure 2. Répartition des acteurs industriels et
d'application (%). académiques de ce colloque (%).

1
Plusieurs structures académiques (CNRS, INRA), agences (pôle IAR, CBSO) et industriels
ont apporté leurs contributions à cette manifestation, dont l’objectif était de faire un état
des lieux de l’utilisation des enzymes dans les domaines de l’agroalimentaire,
biomatériaux, énergie, santé, cosmétiques, biocarburants et environnement.

Les membres du comité ainsi que les membres de l’association ont tenu à rendre
hommage à Daniel Thomas, pionnier des biotechnologies et membre du comité
scientifique et d’organisation de ce colloque. Pascal Dhulster, Université Charles
Violette a ainsi retracé son parcours et présenté ses actions tout au long de sa carrière.
Jean-François Rous, Sofiprotéol a présenté le projet PIVERT, dont Daniel Thomas était
le président.
Ce colloque se proposait d’établir un état des lieux sur les avancées de la recherche et
des développements industriels actuels pour avoir une vision du champ
d’applications possibles et des verrous qu’il reste encore à lever. Outre les aspects
scientifiques et technologiques qui ont été abordés dans cette optique, les aspects
réglementaires, économiques et sociétaux ont été discutés. Cet événement a été animé
par différentes interventions portant sur les avancées technologiques et
méthodologiques, (volet I) une tribune par les producteurs et distributeurs d’enzymes,
les réalisations et les besoins des filières industrielles (volet 2). Cet événement a été
marqué par de nombreuses communications (voir les posters) portant sur ces différents
sujets et la présence de stands de distributeurs et fournisseurs d’enzymes (voir les
stands). Ces deux journées riches en informations et discussions ont été clôturées par le
discours final de Magali Rémaud-Simeon (INSA Toulouse).

Volet 1 - Avancées technologiques et méthodologiques

Ce premier volet, organisé en trois sessions, a permis de présenter les nouvelles


technologies pour la découverte d’enzymes (i), la conception d’enzymes sur mesure :
rêve ou réalité (ii) et les verrous à lever (iii). A travers une Tribune, les distributeurs et
fournisseurs d’enzymes se sont exprimés sur la durabilité, l’innovation, la régulation et
la collaboration entre clients et fournisseurs au service de l’innovation.

i) Session1 - Les nouvelles technologies pour la découverte d’enzymes

Au cours de cette session animée par Laurence Hecquet, Institut de Chimie de


Clermont-Ferrand, les intervenants ont mis en avant de nouvelles techniques pour
permettre la découverte mais aussi un approfondissement des connaissances des
enzymes.

Des nouvelles techniques, comme la droplet-based microfluidic a éte présentée


par Antoine Drevelle, Soufflet. Ce procédé mis au point permet l'analyse des activités
enzymatiques produites par des micro-organismes ou la sélection de l'organisme le plus

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efficace parmi une population de variants. A travers cette technique et son optimisation,
le coût, la rapidité et les consommables ont été considérablement réduits. Ceci a été
probant pour le screening d’une banque de mutants d’Aspergillus niger sécréteurs
d’acide d’alpha amylase et la mise en évidence de bactéries cellulolytiques extraites
d’échantillon de chaume de paille (screening en de 100 000 bactéries en 20 minutes).

Une nouvelle approche, la métagénomique (étude de l’ensemble des génomes


d’un écosystème) présentée par Gabrielle Véronèse (INSA de Toulouse), ouvre de
nouveaux horizons pour la découverte de l’écosystème microbien.

L’objectif est simple : échantillonner le métagénome et le métatranscriptome pour


cribler à très haut débit et détecter une activité ciblée en amont d’étapes de séquençages
très couteuses qui bloquent parfois l’identification de nouvelles familles de protéines,
enzymes, transporteurs ou encore de procédés enzymatiques. A travers cet exemple,
nous avons pu suivre les démarches et les étapes nécessaires pour aboutir à une
identification de bactéries de l’écosystème intestinal humain, les CAzymes utilisant
comme source de carbone les fibres alimentaires non digérées. In fine, c’est 632 gènes
complets séquencés, 73 nouvelles CAzymes identifiées appartenant à 35 familles quasi
connues et 9 nouvelles familles protéiques jamais identifiées.

Par le biais de cette approche, l’identification de mécanisme de dégradation


d’hémicellulose mais aussi des glycanes de l’hôte a été possible. En effet, l’identification
de la GH130, famille d’enzymes dégradant les mananes (fibre alimentaire) et plus
précisément les parties N-glycane des mucines a été possible. Cette famille d’enzymes se
révèle être des candidats pour devenir des biomarqueurs pour la maladie de Crohn.
C’est la première identification de fonction/modification des sucres par métagénomique
permettant à l’avenir de nouveaux procédés pour établir la synthèse de composés de
haute valeur ajoutée.

L’intervention de Cécile Persillon, Protéus, a permis de mettre en évidence des


nouvelles stratégies pour la découverte d’enzymes pour des applications industrielles.
La plate-forme Protéus repose sur deux piliers complémentaires :

- une collection unique de micro-organismes pour identifier de nouveaux biocatalyseurs.


Ainsi, après criblage de cette collection, une déhalogénase présentant un potentiel de
dégradation d’alcanes chlorés de l'environnement (dépollution des sols) a pu être isolée.

- une technologie d'évolution dirigée pour adapter ces biocatalyseurs naturels à un


usage industriel. L’amélioration des performances du processus des « notes vertes » en
est un exemple. Ces « notes vertes », sont des molécules volatiles composées d’aldéhydes
et d’alcools disposant de propriétés aromatiques intéressantes et composant l’essence
de plusieurs huiles essentielles, parfums et industries des arômes. Grâce à l’évolution
dirigée de nouvelles enzymes, les 13-HPOL ont été identifiées. Le processus d’obtention
de ces molécules a été amélioré tout comme sa productivité.

Le séquençage du génome demeure le meilleur outil pour la découverte et la


compréhension des organismes. Gurvan Michel, Station biologique de Roscoff, a
démontré l ‘importance de cette stratégie. La biomasse algale est principalement
constituée de polysaccharides, en tant que composés de stockage de carbone ou pour la
paroi cellulaire. Mais les polysaccharides d'algues marines présentent une grande

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diversité de produits chimiques et sont déjà largement utilisés dans diverses industries.
En effet, par des approches génomiques et phylogénétiques comparatives sur la bactérie
modèle, Zobellia galactanivorans, pour l'étude de la bioconversion de polysaccharides
d'algues, de nouvelles familles d'enzymes ont été découvertes. Ainsi, la structure 3D et la
fonction des enzymes de recyclage polysaccharides d'algues brunes : la laminarinase
Lama (famille GH16) et l'alginate lyases AlyA1 et AlyA5 (famille PL7) a été possible.

Dans ce contexte de recherche de nouvelles enzymes ou activités enzymatiques,


des plateformes, telles que le Génoscope ont voulu étendre leurs activités pour inclure
des études de génomique fonctionnelle à grande échelle. Véronique De Berardinis,
Génoscope, a démontré que l’itérativité des techniques à haut débit est essentielle. De
plus, elle a rappelé que la promiscuité des enzymes joue un rôle primordial pour
l’évolution des protéines et la divergence des fonctions catalytiques. Comprendre les
déterminants moléculaires qui régissent cette promiscuité enzymatique représente un
enjeu scientifique majeur pour identifier les trajectoires évolutives pouvant entrainer
l’émergence de nouvelles fonctions. A travers l’exemple des nitrilases, le travail
s’effectue en amont du criblage par comparaison/homologie de séquences, phylogénie
et ensuite criblage (par Qtrap/fluo). Ce travail a permis l’identification de 600 membres.
Véronique De Berardinis a rappelé que le plus compliqué dans cette méthode itérative
est de trouver le point de départ de cette recherche de nouvelles enzymes. Ainsi, après
itérations, une succession de solutions approximatives affinées se rapprochent de la
découverte d’enzymes.

Aussi, elle a rapporté que la métagénomique se révèle être un « réservoir de gènes » et


représente une source intéressante de nouvelles familles de protéines ouvrant les
connaissances sur de nouveaux processus biologiques. Cette découverte de nouveaux
biocatalyseurs permettrait in fine, de répondre aux besoins de la biologie de synthèse ou
des procédés industriels. La collection de souches Génoscope comprend aujourd'hui 850
souches procaryotes et un métagénome d’un réservoir des eaux usées d’une usine.
Parmi cette collection et jusqu'à aujourd'hui, environ 1 500 nouvelles enzymes actives
ont été découvertes.

Les travaux présentés ont éclairé la richesse de bactéries d’écosystèmes variés et


la nécessité de combiner les approches génomiques et biochimiques classiques. De plus,
le haut débit pour le clonage de gènes et la métagénomique trouvent plus que jamais
leur place dans cette quête de découvertes de nouvelles enzymes et nouvelles fonctions.
Des posters attestent et complémentent ces propos relatés par les intervenants (voir).

ii) Session 2 - Conception d’enzymes sur mesure : rêve ou réalité ?

Au cours de cette session animée par Charles Tellier, Université de Nantes, les
intervenants ont posé les jalons de la conception d’enzymes. Créer des enzymes est un
challenge que de nombreux industriels et académiques tentent de relever.

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Les techniques d’études des enzymes ou encore criblages ont beaucoup évolué ces
dernières années. A cela, on ajoute beaucoup d’échecs avec un challenge important
surtout lorsque que l’on veut augmenter le potentiel d’une enzyme. Les ressources
enzymatiques naturelles étant restreintes (fonctionnement dans des conditions
physiologiques précises et sur une gamme étroite de substrats) une évolution est
nécessaire pour répondre aux besoins industriels.

Ces échecs sont liés au fait que la structure et les fonctions de ces enzymes ne
sont pas encore comprises pour les chercheurs. Parmi ces nouvelles techniques, Patrice
Soumillion, Université Catholique de Louvain, a mis en avant l’évolution dirigée
d'enzymes afin de générer des biocatalyseurs dotés de propriétés nouvelles ou
améliorées. Il rapporte que l'évolution accélérée d'un D -alanyl- D -alanine- peptidase
(DD- peptidase) dans une bêta lactamase comme un système modèle, bien que proches
phylogénétiquement ces enzymes restent extrêmement difficiles à caractériser. Grâce à
l’évolution dirigée, la neutralisation de l’activité initiale a permis à une DD-peptidase
d'évoluer en bêta-lactamase. Aussi, il a fait remarquer que cette nouvelle enzyme
entraîne une nouvelle activité hydrolytique, créant un problème de sélection. Bien que la
néosynthèse d’enzymes soit possible, de nouveaux problèmes peuvent émerger
(fixation, interaction).

Dans cette conquête des enzymes, la biologie computationnelle (travaux à


l’interface entre l’informatique et les sciences de la vie) tient une place prépondérante.
Comme l’a présenté Isabelle André, INSA de Toulouse, la modélisation, la
métabolomique, la métagénomique et les algorithmes associés sont des outils puissants
pour prédire, démontrer des activités enzymatiques ou encore comprendre une voie de
biosynthèse/mécanisme d’action. L’interprétation de données de ce type nécessite
divers outils de calcul, parmi lesquels les mathématiques appliquées, les algorithmes, les
bases de données, l’analyse d’images et l’apprentissage automatique. Réciproquement,
la conception d’algorithmes et de machines peut aussi s’inspirer des systèmes
biologiques, ce qui entraîne la création de robots bio-inspirés, de systèmes
informatiques, et l’utilisation d’approches évolutives pour l’optimisation. A travers
l’exemple d’un projet ANR avec l’Institut Pasteur portant sur la structure de la bactérie
Shigella, l’utilisation de la modélisation s’est révélée très utile afin de visualiser le site
actif sans cependant prédire le type de mutation. Enfin, le développement de procédés
de synthèse chimio-enzymatique a permis la synthèse de dihydrobioptérine intervenant
dans la synthèse de la méthionine en créant une nouvelle voie de biosynthèse à partir
de l’aspartate.

La mutagénèse aléatoire ainsi que le criblage haut débit a abouti à l’émergence de


nouvelles enzymes. C’est le cas de la Transkétolase, enzyme clé dans la branche non-
oxydative de la voie des pentoses phosphates. Laurence Hecquet a pu démontrer que
grâce à la mutagénèse, l'inversion de l'énantiosélectivité de cette enzyme était possible
et permettrait d’élargir les domaines d’applications. Trois verrous ont pu être mis en
évidence et contournés :

- choix de l’enzyme pour inverser l’énantiosélectivité ; choix pour une enzyme


thermophile Geobacillus stearothermophillus afin de résister à la pression de sélection.

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- La construction de la banque par mutagénèse rationnelle (par saturation de sites) et
aléatoire de deux résidus du site actif ayant un rôle potentiel dans l'inversion de son
énantiosélectivité : Leu382 et Asp470.

- Développement de tests stéréospécifiques et criblage : un test de criblage à haut débit


basé sur le suivi pH-métrique de la réaction, tests in vivo et in vitro.

Le recours à une évolution in vitro pour modifier l’énantiosélectivité de la transketolase


a été un succès avec un gain d’activité supérieur à l'enzyme sauvage et la perte de
l'énantiosélectivité.

Il est certain que la conception d’enzymes est nécessaire pour des applications
industrielles. Noël Van Peij, DSM, a pu montrer comment en une vingtaine d’années les
techniques pour la découverte et l’optimisation de procédés enzymatiques a évolué,
notamment dans l’industrie agroalimentaire. Il a présenté l’exemple de la chymosine,
une enzyme digestive protéolytique de la présure. Dans ce cas concret, la cible était de
limiter la protéolyse de l’alpha caséine. Il a ajouté que pour changer la spécificité, le
design d’oligomères ou le design computationnel serait une solution.

Des posters attestent et complémentent ces propos relatés par les intervenants (voir).

La conception d’enzymes sur mesure, est-ce une réalité ou un rêve ? Les intervenants de
cette session ont pu démontrer que les techniques (conventionnelles, haut débit,
émergentes) peuvent être à l’origine de grandes découvertes et de nombreuses
applications industrielles.

Cependant, de nombreux échecs et challenges sont encore présents. Comment les


acteurs académiques et industriels de la filière peuvent lutter contre ces verrous ? Les a-
t-on identifiés ?

iii) Session 3 - Verrous à lever

Cette session animée par Pierre Lanos, Roquette, s’est penchée sur l’identification et les
solutions pour contourner les verrous de cette filière.

Dans l’industrie agroalimentaire, pharmaceutique ou encore dans l’industrie


cosmétique, des réglementations sont imposées aux industriels. Ces règles sont
applicables afin de veiller aux bonnes pratiques et garantissent une élaboration de
produits fiables pour les consommateurs. Le syndicat des ingrédients de spécialité de la
chaine alimentaire (SYNPA) représenté par Mélanie Le Plaine-Mileur, s’intéresse à la
réglementation européenne et française applicable aux enzymes alimentaires.

Au niveau européen, le cadre a été mis en place en 2008. Les mêmes règles sont
applicables pour les 28 États membres. L'Union Européenne aura en 2025 une liste
positive des enzymes alimentaires autorisées pour des usages alimentaires. Toutefois

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quelques incertitudes demeurent comme l’application des directives fixées par l’EFSA ou
encore la présentation de la liste de l’Union.

En France, les enzymes alimentaires sont réglementées depuis de nombreuses années. Il


existe d’ores et déjà une liste positive des enzymes alimentaires autorisées pour
l'alimentation. Des verrous demeurent mais l’action du SYNPA a été probante en 2008
en obtenant l’application de la reconnaissance mutuelle avec le Danemark. Le SYNPA
lutte à présent pour raccourcir la longueur de la procédure d’autorisation.

Il est indéniable que le potentiel des enzymes est régulièrement mis en évidence
dans la recherche. Elles permettent d'effectuer des réactions chimiques spécifiques dans
des conditions respectueuses de l'environnement. Comme décrit précédemment, des
verrous subsistent, tant dans le domaine de la réglementation que dans les applications
industrielles. Lionel Muniglia, Biolie, a présenté ces verrous à travers un exemple
concret ; l’extraction d’huile sans solvant. L’utilisation d’enzymes dans la bioraffinerie a
fait son entrée il y a quelques années avec cependant des limites (problème de lyse de la
paroi végétale ; connaissances fondamentales sur la paroi ; trouver et sélectionner les
enzymes potentiellement applicables).

Aussi, un brevet pour l’extraction d’huile sans solvant a été déposé par Biolie.
Cependant, quelques limites subsistent quant à l’utilisation de ce procédé à une échelle
industrielle :

- Disponibilité des cocktails enzymatiques pour une nouvelle application. Il est


nécessaire d’identifier ces potentiels.
- Disponibilité en qualité et en quantité.
- Stabilité des principales activités enzymatiques qui doivent être exprimées en unités
normalisées.
- Identification et screening des activités chez différents fournisseurs impliquant un
développement conjoint entre fournisseurs et clients.
- Potentiel de recyclage.
- Non OGM, qualité des aliments.
- Compétitivité des coûts : pour assurer la viabilité économique.

Ces verrous ont pu être en partie contournés mais ces solutions restent à améliorer.
Lionel Muniglia a aussi mis l’accent sur un frein, très simple, psychologique. En effet,
« ce que nous ignorons peut nous inquiéter ».

Il faut penser différemment et de chercher des solutions pour lever des verrous. Des
espèces végétales sont parfois « des polluants » et peuvent entrainer une catastrophe
écologique. C’est le cas des algues. En effet, ces marées vertes, brunes ou rouges sont à
première vue un désastre. Cependant, comme l’explique Kevin Hardouin, Amadéite
Olmix, les algues sont la base d'une économie de plusieurs milliards de dollars avec un
impact sur des secteurs très divers, y compris l’agroalimentaire, le textile, l’industrie
pharmaceutique, les cosmétiques ou encore la bioénergie. Après récolte de ces espèces
envahissantes, des études pour l'extraction ou la production de molécules d'intérêt ont
été mises en œuvres. Ainsi, trois types différents d'hydrolyses enzymatiques ont été
testés sur des extraits de Ulva armoricana:

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- l'extraction assistée par enzyme
- l'hydrolyse enzymatique assistée
- l'hydrolyse enzymatique spécifique.

Des verrous subsistent pour cette étude et surtout pour une industrialisation. En effet, la
composition biochimique des hydrolysats, l'efficacité de l'hydrolyse enzymatique et
l’activité biologique dépendent de l'activité de l'enzyme, des conditions expérimentales,
et du processus de conception.

Tribune

Cette tribune animée par Françoise Geoffroy, DSM a rassemblé les producteurs et
distributeurs d’enzymes :

Sylvain LAPERCHE (SL), Novozymes, Cindy GERHARDT (CG), DSM, Gilles MUR (GM),
DuPont Industrial Biosciences, Anna-Karin NYMAN (AKN), Dyadic.

Les intervenants ont répondu à plusieurs questions et ont émis leur avis sur l’avenir de
cette filière Enzymes.

Le développement durable est un facteur clé pour les principaux producteurs


d’enzymes. Tous les acteurs de cette tribune se sont accordés sur le fait que l'utilisation
d'enzymes dans les procédés industriels peut contribuer à économiser l'énergie et ceci
est valable pour tous les secteurs d’applications (l’alimentation humaine et animale, les
détergents, l’environnement, les cosmétiques, l'industrie pharmaceutique; etc.). Ils
ajoutent que les enzymes sont une alternative aux procédés chimiques gourmands en
énergie et peu respectueux de l'environnement. Il a été souligné que l’amélioration des
processus de production peut être enrichi par les enzymes et GM en a décrit un exemple
pour l’amélioration du traitement de l’eau. CG a aussi confirmé ces propos en citant
l’exemple des enzymes pour la conservation des aliments dans l’industrie
agroalimentaire.

SL et GM se sont aussi accordés sur le point que l’utilisation d’enzymes permettrait de


réduire l’usage d’énergie fossile et valoriserait les différentes sources de matières
premières disponibles.

Cette assemblée a mis l’accent sur l’innovation mais est-elle une réelle clé pour toutes
les industries ?

Il est indéniable que pour répondre aux besoins de ses clients, les fournisseurs doivent
innover et cela passe par des délais et des ressources incompressibles. Les intervenants
sont unanimes quant au fait que l’innovation ne peut se faire seule et que l’action
conjointe entre fournisseurs/clients est essentielle. Il existe un paradoxe entre
innovation et mise sur le marché. Les fournisseurs ne doivent malgré tout pas produire à
perte et doivent auparavant étudier, réaliser une enquête marketing (investissements,
niche, attractivité financière, cycle de vie du produit). La recherche fondamentale doit
cependant se tenir au courant des exigences et contraintes réglementaires à l’échelle
industrielle. En terme de réglementation et d’innovation, les chercheurs et les services

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R&D des entreprises doivent anticiper les contraintes des lois et ce processus de
réflexion doit être très vite pris en compte. Les réglementations actuelles (REACH,
entrée en vigueur en 2007 pour sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances
chimiques dans l’industrie européenne et FIAP (Food Improvement Agents Package),
une réglementation européenne de 2009 concernant les additifs, enzymes et arômes
alimentaires imposent une conformité pour l’utilisation et fabrication d’enzymes. Aussi,
en France, nous disposons d’un arrêté sur les enzymes depuis 2008 (voir plus haut,
intervention du SYNPA) qui courre. Il est à noter que les autorités sont lentes lorsque
l’on parle de soutien à l’industrie. Les délais restent un frein pour l’innovation et
l’application industrielle.

La tribune s’est accordée sur le fait que les producteurs d’enzymes et les clients doivent
unir leurs forces et déposer ensemble des dossiers auprès du FIAP. En effet, GM a
souligné que pour obtenir une approbation par les autorités compétentes pour de
nouvelles enzymes, les clients doivent impérativement s’entraider afin de diversifier et
créer de nouveaux horizons dans cette filière.

Il existe tout de même un autre levier et non des moindres, l’obstacle financier qui
entraîne une mise sur le marché de seulement 25 % des idées innovantes dans le
domaine des enzymes.

Cette tribune a permis de connaître les points de vue d’acteurs du domaine des
enzymes : les fournisseurs et distributeurs. Ces intervenants ont pu s’exprimer et
rappeler à l’ensemble des participants du meeting que l’innovation était essentielle mais
qu’une action conjointe est primordiale pour toute évolution future.

Comme les intervenants ont pu le présenter, les techniques pour la découverte


d’enzymes se multiplient et deviennent très pointues. Cependant, il existe des freins :
psychologique, financier et règlementaire. Ces échecs ne doivent pas rester comme tel et
pour surmonter ces obstacles, l’innovation, les services R&D et chercheurs œuvrent
pour cela. De plus, l’entraide entre industriels et académiques (clients, fournisseurs,
distributeurs, chercheurs) reste incontournable pour aboutir à de nouveaux produits, de
nouvelles voies, de nouvelles techniques ou des lois équitables pour tous.

Volet 2 - Réalisations et besoins des filières industrielles

A travers des exemples de leurs innovations, brevets, savoir-faire, les acteurs


industriels ont présenté l’état de l’art de ce domaine ainsi que leur besoins. Les
intervenants ont pu mettre en avant l’utilisation des enzymes au service des différents
secteurs, tels que l’agroalimentaire (session 4 animée par Charles Delannoy, Procidys),
l’industrie pharmaceutique, les cosmétiques, la chimie fine (session 5 animée par Magali
Remaud-Simeon), la bioraffinerie, les biomatériaux, les bioénergie ou encore
l’environnement (session 6 animée par Jacky Vandeputte, pôle IAR).

Lors de ces sessions nous avons pu découvrir comment les dernières techniques
innovantes ont permis la mise en application de nouvelles enzymes, mais aussi comment
les acteurs de ces domaines ont pu améliorer des processus industriels usuels.

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SESSION 4 SESSION 5 SESSION 6
Industrie agroalimentaire Industries pharmaceutiques/Chimie Bioraffinerie/Biomatériaux/Bioénergie
fine/Cosmétiques /Environnement

• Trituration du grain et transformation de • Présentation de la technologie d'encapsulation de • Mise au point d’un procédé biologique pour la
l'amidon. Présentation de l'amidonnerie et des drogue dans les globules rouges. Cas de la L- conversion des sucres en 1,2-propanediol
enzymes associées (amylase, glucosidase, asparaginase encapsulée pour lutter contre la (propylène) par ingénierie (via E.coli) comme
transglucosidase (Pierre Lanos, Roquette). leucémie lymphoblastique aiguë et en cours alternative au procédé chimique issu du pétrole.
d'évaluation clinique pour la leucémie myéloïde Application pour les résines ou encore pour les
• Etude du réseau qui régule l'expression des gènes aiguë et le cancer du pancréas (Yann Godfrin, produits antigel (Philippe Soucaille, METabolic
codant pour des glycosides hydrolases et d'autres Erytech). Explorer).
gènes impliqués dans la dégradation des
• Valorisation des déchets (pailles, résidus de maïs)
polymères par le champignon Talaromyces • Présentation de deux exemples de molécules
par voie enzymatique. D'autres déchets sont à l'étude,
versatilis (Olivier Guais, Adisseo). d'intérêt pharmaceutique, l'artémisinine, un
notamment les boues d'épuration pour fournir du
composé puissant antipaludique et de biogaz (André Klaassen, Dyadic International).
• Présentation du panel d'enzymes existantes dans l'hydrocortisone, un corticoïde
la vinification et des mécanismes moléculaires immunosuppresseur et anti-inflammatoire. Par • Mise en évidence d'enzymes pour l'extraction
impliqués dans la transformation du raisin en vin ingénierie et de nouvelles techniques, la voie de d'huile de maïs et conversion en éthanol pour la
permettant la conception d'enzymes œnologiques biosynthèse naturelle de ces composés a été production de carburant de première génération. De
plus efficaces et spécifiques au processus (Patrice transférée dans une levure, bien connue pour la nouvelles applications ont vu le jour pour améliorer
Pellerin, Oenobrands). fermentation à l'échelle industrielle. La production l'hydrolyse de l'amidon (Novozymes® 50197) ou
industrielle est en cours de développement (Bruno encore son extraction (Spirizyme® Achieve) Une
• Détail de traitements enzymatiques de matières Dumas, Sanofi). efficacité plus élevée et de plus grandes économies
laitières; phophopeptides, lactoferrine, caséines sont alors possible (Sylvain Laperche, Novozymes).
réticulées ou encore les ingrédients lactose free. • Un exemple d'application de la biocatalyse la dé-
Les développements dans les traitements acétylation sélective de la synthèse de dérivés de • Présentation d'un projet pour la valorisation des
enzymatiques sont à l’origine de nouveaux resvératrol pour des applications dermo- déchets plastiques par les enzymes. Le
produits avec un intérêt diététique ou encore pour cosmétiques. Grâce à la biocatalyse, le groupe développement d'un système de programmation pour
palier aux intolérances au lactose (Jean-Luc Solvay a pu développer une méthode de dépistage l'autodestruction de matières plastiques à usage
Simon, Ingredia). rapide de l'activité enzymatique. Cette biocatalyse unique ou encore le recyclage des déchets plastiques
permet de s’affranchir des techniques chimiques illimité a été décrit. Le recyclage de l'acide
polylactique en acide lactique par bioconversion des

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coûteuses et non respectueuses de l’environnement ressources renouvelables a été décrit et semble en
• Utilisation de l'hydrolyse spécifique dans la bière (Mirjana GELO-PUJIC, Solvay). bonne voie (Alain Marty, Carbios).
et offrant des avantages fonctionnels et
nutritionnels, sans affecter le goût et la mousse. • Utilisation des techniques de métagénomique et • La bêta galactosidase (BGL1) permettant la
Utilisation aussi de l'hydrolyse spécifique pour de biocatalyse pour produire une série de dégradation de la cellobiose a été améliorée par
valoriser les protéines animales. Les produits polyphénols glucosylés (taxifoline, acide caféique, évolution dirigée et l'amélioration par approches -
alimentaires coutumier peuvent ainsi bénéficier de acide rosmarinique, acide gallique et resvératrol, omiques de souches productrices de BGL1 dans
valeurs ajoutées (Cindy Gerhardt, DSM etc) et une série de sucres phosphoryles. Ainsi, la Trichoderma reesei a été un succès et a permis une
innovation). biocatalyse appliquée rend possible la production réduction des coûts (Antoine Margeot, IFP Energies
Nouvelles).
de substances qui seront évaluées en tant
• Exemple de ROHALASE® PL-Xtra, une qu’actifs/additifs cosmétiques.
• L'amélioration des procédés enzymatiques et les
phospholipaseA2, hydrolysant spécifiquement les (Daniel Auriol, Libragen). matières renouvelables doivent être encore être
phospholipides, entraînant ainsi des étudiés pour in fine répondre aux besoins. La notion
lysophospholipides et des acides gras libres. Cette de bioéconomie est donc indissociable de ces
enzyme permet aux producteurs d'augmenter le avancées technologiques (Théo Verleun, remplacé
rendement en huile (Triglycérides) et par par Françoise Geoffroy, DSM).
conséquent augmenter les bénéfices des industries
(Ian Bentley, AB Enzymes GmbH). • Production d'oléfines légères (isobutène) par
ingénierie enzymatique, et plus précisément en
créant une nouvelle voie de biosynthèse et inédite
chez E.coli. Une nouvelle alternative aux énergies
fossiles voit le jour (Macha Anissimova, Global
Bioenergies).

• A travers l'exemple d'un détergent, l'utilisation des


enzymes est au service du développement durable et
de l'environnement. La production d’enzymes
fonctionnant à 20°C réduit considérablement la
consommation d’énergie (Gilles Mur, DuPont
Industrial Biosciences).
Des posters attestent et complémentent ces propos relatés par les intervenants (voir).

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Pour conclure :

Ce colloque a permis des discussions fructueuses entre les industriels et académiques. Il


a été souligné qu’un dialogue permanent était primordial pour des innovations et des
applications industrielles. Aussi, il a été mis en avant les nouvelles technologies pour la
découverte et l’amélioration des enzymes au service des industries. Dans tous les
domaines d’application, agroalimentaire, cosmétiques ou encore bioénergie, l’innovation
est essentielle. Comme l’a conclut Magali Remaud-Simeon, avec 150 millions de
protéines découvertes, dont 10 % sont annotées, 50000 identifiées sur leur structure 3D
seulement 5000 enzymes sont caractérisées.

Une certaine valeur a été créée dans les différents domaines avec pas moins de 100 à
1000 enzymes déjà utilisées dans les industries. Les procédés mis en avant et présentés
lors de ce colloque nous assurent une continuité prometteuse dans cette filière. Une
constante innovation, une démarche de développement durable, un marché croissant
ouvre de nouvelles perspectives (enzymes pour la dégradation de cellulose, molécules
thérapeutiques, amélioration de l’hydrolyse d’amidon, etc).

Il reste toutefois un grand défi ; comment exploiter au mieux nos ressources ? Nous
avons pu nous rendre compte que cette démarche n’est pas une utopie. Avec
l’avènement des nouvelles technologies, la conquête des écosystèmes microbiens des
êtres vivants est à son balbutiement. L’innovation trouve sa place parmi nos rejets
(boues, déchets ménagers ou agricoles), des dérèglements naturels (marrées vertes).

Et comment aider à créer une valeur ajoutée et faire du profit pour une croissance
économique du pays ?

Le besoin est grandissant et les fournisseurs œuvrent main dans la main avec les
industriels/académiques afin de fournir au monde des améliorations de la vie
quotidienne. L’action conjointe entre acteurs industriels et académiques reste la clé de la
réussite.

De nombreuses perspectives, de nouvelles idées, continuent à promouvoir les


biotechnologies, ce qu’avait initié Daniel Thomas, pionnier des biotechnologies et à qui
nous rendons hommage.

Auteur : Clarisse TOITOT, Chargée de missions, Adebiotech


([email protected])

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