La Liste de 90 Médicaments "Plus Dangereux Qu'utiles"
La Liste de 90 Médicaments "Plus Dangereux Qu'utiles"
La Liste de 90 Médicaments "Plus Dangereux Qu'utiles"
POLITIQUE DU MÉDICAMENT
P
niveau de preuves, comparaison versus traitement our la sixième année consécutive, Prescrire
de référence, prise en compte des effets indési- publie un bilan “des médicaments à écarter
rables et de leur part d’inconnues. pour mieux soigner” (1,2). Ce bilan recense
des cas documentés de médicaments plus dange-
●● Ce bilan porte sur l’ensemble des médicaments reux qu’utiles, avec pour objectif d’aider à choisir
analysés par Prescrire entre 2010 et 2017 et munis des soins de qualité, de ne pas nuire aux patients
d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) et d’éviter des dommages disproportionnés. Il s’agit
française ou européenne. Ont été recensés 90 médi- de médicaments (parfois une forme ou un dosage
caments (dont 79 commercialisés en France) dont particulier) à écarter des soins dans toutes les si-
la balance bénéfices-risques est défavorable dans tuations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés
toutes les situations cliniques pour lesquelles ils en France ou dans l’Union européenne.
sont autorisés.
Ce bilan porte sur les médicaments dont l’analyse Analyse attentive des effets indésirables.
détaillée a été publiée dans Prescrire au cours des L’analyse des effets indésirables d’un médicament
années 2010 à 2017, soit 8 années. Il s’agit d’analyses est plus complexe, car ils sont souvent moins étudiés
de nouvelles spécialités pharmaceutiques, de nou- que l’efficacité. Ce décalage est à prendre en compte.
velles indications, de suivis d’évaluation, tant sur les Pour constituer le profil d’effets indésirables,
effets indésirables que sur les données d’efficacité, l’analyse s’appuie sur les divers signaux apparus
et parfois de réactualisations de données concernant au cours des essais cliniques, les parentés pharma-
certains effets indésirables d’un médicament. cologiques du médicament et les données de
Un des principaux objectifs de Prescrire est d’ap- pharmacologie animale.
porter aux soignants, et ainsi aux patients, des in- Au moment de l’autorisation de mise sur le mar-
formations claires, synthétiques, fiables et actuali- ché (AMM), beaucoup d’incertitudes persistent.
sées, indépendantes des conflits d’intérêts Certains effets indésirables, rares mais graves, n’ont
commerciaux ou corporatistes, dont ils ont besoin pas été repérés lors des essais, et le sont parfois
pour leur pratique. seulement après plusieurs années d’utilisation par
L’organisation de Prescrire répond à ces principes un grand nombre de patients (3).
afin de garantir la qualité des informations apportées
aux abonnés : une équipe de rédaction issue de Données empiriques, expérience person-
divers professions de santé et modes d’exercice, nelle : évaluation entachée de biais majeurs.
exempte de conflit d’intérêts, s’appuyant sur un L’évaluation empirique de la balance bénéfices-risques
vaste réseau de relecteurs (spécialistes très divers, d’un médicament, basée sur l’expérience personnelle,
méthodologistes et praticiens représentatifs du est importante pour imaginer des pistes de recherche,
lectorat), un processus de rédaction collective mais elle est entachée de biais majeurs qui rendent
(symbolisé par la signature “Prescrire”) avec de ses résultats de très faible niveau de preuves (3,4).
multiples contrôles qualité et regards croisés tout Ainsi, certaines évolutions particulières d’une mala-
au long de la rédaction d’un article (lire “L’histoire die sont signalées, sans que l’on sache dans quelle
collective du chemin d’un texte Prescrire” sur le site mesure le médicament en est la cause, ni quel est le
www.prescrire.org). rôle d’autres facteurs : évolution naturelle de la
Et un principe inaltérable d’indépendance. P rescrire maladie, effet placebo, effet d’un autre traitement
est financé intégralement par les abonnés. Les pris à l’insu du soignant, modification du mode de
firmes, pouvoirs publics, assureurs maladie ou vie ou de l’alimentation, etc. Et quand une amélio-
organismes chargés de l’organisation des systèmes ration est observée chez certains patients, l’évaluation
de soins n’ont aucune prise financière sur le conte- empirique ne permet pas de dénombrer les autres
nu des productions Prescrire. patients aggravés par la même intervention (3).
Les données expérimentales obtenues chez des
Comparaison aux options de référence. patients ayant participé à des essais cliniques, par-
L’arrivée de nouveaux médicaments, de nouveaux ticulièrement à des essais randomisés en double
éléments d’évaluation, de nouvelles données sur aveugle versus traitement de référence, sont le
les effets indésirables remet constamment en ques- principal moyen d’écarter un maximum de biais
tion la balance bénéfices-risques et le choix des auxquels expose une évaluation ne comportant que
options de traitement. l’observation non comparative d’un nombre limité
Tous les médicaments ne se valent pas. Dans de patients (3,4).
certaines situations, des médicaments sont utiles :
ils apportent un progrès thérapeutique par rapport Maladies graves en impasse thérapeutique :
à d’autres options. En revanche, d’autres médica- informer sur les conséquences des inter-
ments sont plus nocifs qu’utiles et sont à écarter ventions. En situation d’impasse thérapeutique
de la panoplie thérapeutique (3). dans une maladie grave, à titre individuel, les patients
L’évaluation des médicaments par Prescrire s’ap- font des choix divers : du refus de tout traitement,
puie sur une recherche documentaire méthodique jusqu’à l’essai de tout médicament ayant une faible
et reproductible, et un travail collectif d’analyse probabilité de procurer une amélioration passagère,
selon une procédure établie, notamment : même au risque d’effets indésirables graves.
–– hiérarchisation des données d’efficacité avec Dans certaines situations dont l’issue fatale est
priorité aux données de plus fort niveau de preuves, prévisible à relativement court terme, des soignants
et d’abord celles issues d’essais comparatifs ran- estiment justifié de tenter des traitements “de la
domisés, en double aveugle, bien conduits ; dernière chance”, sans toujours en avertir les pa-
–– comparaison au traitement de référence (médica- tients, ou en leur fournissant une information in-
menteux ou non) quand il existe, suite à la détermi- complète, sciemment ou non.
nation précise du meilleur traitement comparateur ; Pourtant, les patients en impasse thérapeutique
–– détermination des critères d’évaluation clinique ne sont pas des cobayes. Il est très utile que des
les plus pertinents pour les patients, en écartant patients soient inclus dans une recherche clinique,
souvent les critères intermédiaires, tels qu’un ré- en ayant connaissance des risques, en sachant que
sultat biologique, sans preuve d’une efficacité sur les bénéfices espérés sont incertains. Les chercheurs
la qualité de vie des patients (4,5). doivent publier les résultats de ces essais afin de
faire évoluer les connaissances.
(Protelos°) dans l’ostéoporose, dont la firme a cessé la Ajouts en 2018 : métopimazine, nifuroxazide, etc. Nous
commercialisation mondiale mi-2017 (n° 403 p. 343) ; avons analysé en 2017 les effets indésirables cardiaques
l’association dexaméthasone + salicylamide + salicylate de la métopimazine (Vogalène°, Vogalib°), un neuro
d’hydroxyéthyle (Percutalgine°) dans les tendinites et leptique du groupe des phénothiazines couramment utili-
entorses, dont la firme a cessé la commercialisation en sé en France comme antiémétique, avec environ 4 millions
France (lire p. 108) ; le catumaxomab (Removab°) dans de patients exposés sur l’année 2016, le plus souvent lors
l’ascite maligne, dont la firme a demandé le retrait d’au- d’une gastroentérite. Les rares données disponibles
torisation de mise sur le marché dans l’Union européenne. montrent qu’elle expose à des troubles cardiaques graves
(dont syncopes, troubles du rythme, morts subites) dis-
Canagliflozine et omalizumab : évaluation de nouvelles proportionnés dans ces nausées et vomissements passa-
données en cours par Prescrire en 2018. Des médicaments gers (n° 411 p. 24-27).
signalés comme à écarter début 2017 ne figurent pas dans Quatre autres médicaments ont été ajoutés car leur
le bilan cette année en raison de réévaluations par la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les
Rédaction. indications dans lesquelles ils sont autorisés : le nifuroxa-
La canagliflozine (Invokana°) pour laquelle notre analyse zide (Ercéfuryl° ou autre), un “anti-infectieux” intestinal ;
de nouvelles données est en cours début 2018 ; et, par l’association à doses fixes estrogènes conjugués équins
cohérence du fait d’un mécanisme d’action voisin, nous + bazédoxifène (Duavive° - non commercialisé en France)
retirons aussi de ce bilan 2018 la dapagliflozine (Forxiga°). dans les symptômes liés à la ménopause, le roflumilast
L’omalizumab (Xolair°), un anticorps monoclonal recom- (Daxas° - non commercialisé en France) dans la broncho
binant anti-IgE, dont nous réévaluons la balance béné- pneumopathie chronique obstructive sévère, et le sélexi-
fices-risques dans l’asthme grave ; et, par cohérence en pag (Uptravi°) dans l’hypertension artérielle pulmonaire.
raison d’un mécanisme d’action et d’effets indésirables ©Prescrire
●● La trabectédine (Yondelis°), sans efficacité tangible indésirables hématologiques fréquents (dont des
démontrée par des essais comparatifs dans les can- aplasies médullaires), des infections graves et des
cers de l’ovaire et les sarcomes des tissus mous, troubles cardiovasculaires (torsades de pointes,
expose à des effets indésirables graves très fréquents, infarctus du myocarde, ischémies cardiaques),
digestifs, hématologiques, hépatiques et musculaires parfois mortels (n° 320 p. 415 ; n° 360 p. 792-795).
(n° 302 p. 896 ; n° 326 p. 892 ; n° 360 p. 792-795).
Dans les cancers de l’ovaire, il n’est pas raisonnable
de l’ajouter à une chimiothérapie à base de sel de Cardiologie
platine. Dans les sarcomes des tissus mous, quand
les chimiothérapies n’ont pas été efficaces, mieux ●● L’aliskirène (Rasilez° - non commercialisé en
vaut se concentrer sur des soins symptomatiques France), un hypotenseur inhibiteur de la rénine, n’a
visant à limiter les conséquences de la maladie. pas d’efficacité démontrée en termes de diminution
●● Le vandétanib (Caprelsa°) n’a pas d’efficacité des accidents cardiovasculaires. À l’opposé, un
démontrée en termes d’allongement de la durée de essai chez des patients diabétiques a montré qu’il
vie dans les cancers médullaires de la thyroïde expose à un surcroît d’accidents cardiovasculaires
métastasés ou non opérables. Les essais cliniques, et d’insuffisances rénales (n° 290 p. 885-888 ; n° 341
en comparaison à un placebo, comportent trop de p. 183 ; n° 349 p. 820 ; n° 381 p. 506 ; n° 403 p. 339-
perdus de vue (patients ayant quitté l’essai avant 340). Choisir parmi les nombreux hypotenseurs
la fin) pour démontrer un allongement du délai éprouvés avec succès est une meilleure option,
avant aggravation de la maladie ou décès. Il expose notamment un diurétique thiazidique ou un in
un tiers des patients à des effets indésirables graves hibiteur de l’enzyme de conversion (IEC).
(diarrhées, pneumonies, hypertensions artérielles), ●● Le bézafibrate (Befizal°), le ciprofibrate (Lipanor°
et aussi à des pneumopathies interstitielles, des ou autre) et le fénofibrate (Lipanthyl° ou autre), des
torsades de pointes et des morts subites (n° 342 hypocholestérolémiants sans efficacité préventive
p. 256-259 ; n° 408 p. 737-738). cardiovasculaire, exposent à de nombreux effets
●● La vinflunine (Javlor°) est d’efficacité incertaine indésirables, notamment cutanés, hématologiques
dans les cancers de la vessie avancés ou métastasés, et rénaux (n° 194 p. 282-288 ; n° 271 p. 296 ; n° 329
avec une augmentation de la durée médiane de p. 193). Quand un fibrate est justifié, le gemfibrozil
survie limitée au mieux à deux mois par rapport (Lipur°) est le seul qui a une certaine efficacité dé-
aux soins symptomatiques, selon un essai clinique montrée sur les complications cardiovasculaires de
de faible niveau de preuves. Elle expose à des effets l’hypercholestérolémie. Mais à condition de surveil-
ler étroitement la fonction rénale et l’activité CPK de choisir des traitements mieux éprouvés dans
sérique. l’angor : certains bêtabloquants, voire des inhibiteurs
●● La dronédarone (Multaq°), un antiarythmique proche calciques tels que l’amlodipine ou le vérapamil.
de l’amiodarone (Cordarone° ou autre), est moins ●● Le vernakalant (Brinavess° - non commercialisé
efficace que l’amiodarone en termes de prévention en France), un antiarythmique injectable utilisé dans
des récidives de fibrillation auriculaire, avec au moins la fibrillation auriculaire, est sans efficacité démon-
autant d’effets indésirables graves, notamment hépa- trée en termes de mortalité, ou de diminution des
tiques, pulmonaires et cardiaques (n° 316 p. 90-94, accidents thromboemboliques ou cardiovasculaires.
n° 339 p. 17-18). L’amiodarone est un meilleur choix. Il expose entre autres à de nombreux troubles du
●● L’ivabradine (Procoralan°), un inhibiteur du courant rythme cardiaque (n° 339 p. 16). En cas de cardio
cardiaque IF, expose à des troubles visuels et des version médicamenteuse, il est plus prudent d’uti-
troubles cardiovasculaires, notamment des infarc- liser en premier choix l’amiodarone.
tus du myocarde, des bradycardies parfois sévères
et autres troubles du rythme cardiaque. Elle n’ap-
porte pas de progrès dans l’angor ni dans l’insuffi- Dermatologie - Allergologie
sance cardiaque (n° 278 p. 806 ; n° 321 p. 488 ; n° 348
p. 729 ; n° 350 p. 900 ; n° 373 p. 827 ; n° 380 p. 421 ; ●● La méquitazine (Primalan°), un antihistaminique H1
n° 403 p. 341). Dans l’angor, on dispose de traite- sédatif et atropinique utilisé dans les allergies, d’ef-
ments éprouvés et efficaces : des bêtabloquants, ficacité modeste, expose plus que d’autres anti
voire des inhibiteurs calciques tels que l’amlodipine histaminiques H1 à des troubles du rythme cardiaque
(Amlor° ou autre) ou le vérapamil (Isoptine° ou par allongement de l’intervalle QT de l’électrocardio
autre). Dans l’insuffisance cardiaque, il existe de gramme, chez les patients dont l’isoenzyme CYP 2D6
meilleurs choix : s’abstenir d’ajouter un médicament du cytochrome P450 métabolise lentement (ce qui
au traitement déjà optimisé, ou utiliser un bêta n’est le plus souvent pas connu), et en cas d’asso-
bloquant d’efficacité démontrée sur la mortalité. ciation avec des médicaments inhibiteurs de cette
●● Le nicorandil (Adancor° ou autre), un vasodilatateur isoenzyme (n° 337 p. 819). Un antihistaminique H1
sans efficacité démontrée au-delà de l’effet symp dit non sédatif et non atropinique tel que la cétirizine
tomatique en prévention de la crise d’angor d’effort, (Zyrtec° ou autre) ou la loratadine (Clarityne° ou
expose à des ulcérations cutanéomuqueuses parfois autre) est une meilleure option dans cette situation.
graves (n° 321 p. 514 ; n° 336 p. 742-743 ; n° 342 ●● La prométhazine injectable (Phénergan°), un anti
p. 268 ; n° 345 p. 516). Un dérivé nitré est une meil- histaminique H1 utilisé dans l’urticaire sévère, ex-
leure option en prévention de la crise d’angor d’effort. pose à des thromboses, des nécroses cutanées et
●● L’olmésartan (Alteis°, Olmetec°, et en association des gangrènes, après extravasation ou injection par
à doses fixes avec l’hydrochlorothiazide dans voie intra-artérielle par erreur (n° 327 p. 59). La
Alteisduo°, Coolmetec° ou avec l’amlodipine dans dexchlorphéniramine injectable (Polaramine°), qui
Axeler°, Sevikar°), un antagoniste de l’angiotensine II ne semble pas exposer à ces risques, est une meil-
(alias sartan), n’est pas plus efficace que les autres leure option.
sartans sur les complications cardiovasculaires de ●● Le tacrolimus dermique (Protopic°), un immuno
l’hypertension artérielle. Mais il expose à des entéro dépresseur utilisé dans l’eczéma atopique, expose
pathies avec des diarrhées chroniques parfois sé- à des cancers cutanés et des lymphomes, des effets
vères et des pertes de poids, et peut-être un excès indésirables disproportionnés au regard d’une ef-
de mortalité cardiovasculaire (n° 324 p. 742 ; n° 362 ficacité peu différente de celle d’un dermocorticoïde
p. 913 ; n° 374 p. 901 ; n° 388 p. 110-111). Il est pré- (n° 245 p. 805-809 ; n° 311 p. 653 ; n° 331 p. 393 ;
férable de choisir un autre sartan parmi les nombreux n° 343 p. 345 et 361 ; n° 367 p. 343). Un dermocorti
disponibles tels que le losartan (Cozaar° ou autre) coïde géré à bon escient lors des poussées est une
ou le valsartan (Nisis°, Tareg° ou autre), qui ne sont meilleure option dans cette situation (b).
pas connus pour exposer à ces effets indésirables.
●● La ranolazine (Ranexa° - non commercialisé en
France), un anti-angoreux de mécanisme d’action mal Diabétologie - Nutrition
connu, expose à des effets indésirables disproportion-
nés en regard de son effet minime en termes de dimi-
nution du nombre de crises d’angor : troubles diges- Diabète. Divers hypoglycémiants ont une balance
tifs et neuropsychiques, palpitations, bradycardies, bénéfices-risques défavorable. Ils sont faiblement
hypotensions artérielles, allongements de l’intervalle hypoglycémiants, sans efficacité clinique démontrée
QT de l’électrocardiogramme, œdèmes périphériques sur les complications du diabète (accidents cardio
(n° 305 p. 168-171 ; n° 350 p. 317 ; n° 401 suppl. 2-3-7). vasculaires, insuffisances rénales, atteintes neuro
●● La trimétazidine (Vastarel° ou autre), une substance
aux propriétés incertaines utilisée dans l’angor sans
efficacité démontrée au-delà d’un modeste effet
symptomatique, notamment lors de tests d’effort,
b- Le tacrolimus sous forme orale ou injectable (Prograf° ou
expose à des syndromes parkinsoniens, des hallu- autre) est un immunodépresseur de base chez les patients
cinations et des thrombopénies (n° 342 p. 260-261 ; greffés, situation dans laquelle sa balance bénéfices-risques
n° 357 p. 507 ; n° 404 p. 423-424). Il est préférable est nettement favorable (n° 401 suppl. 10-1).
n° 396 p. 734-736). Même après échec des autres balance bénéfices-risques favorable pour soulager
médicaments de la douleur par voie générale ou la douleur en cas d’entorse ou de tendinite, en
locale, telle la lidocaïne en emplâtres (Versatis°), il complément de mesures non médicamenteuses
n’est pas prudent d’utiliser la capsaïcine. (repos, glace, attelles, etc.), telles que le paracétamol
●● Le dénosumab dosé à 60 mg (Prolia°) a une effi- oral en maîtrisant sa posologie, ou l’ibuprofène
cacité très modeste en prévention des fractures topique (Advil° gel ou autre).
dans l’ostéoporose et n’a pas d’efficacité clinique
démontrée dans la “perte osseuse” au cours du
cancer de la prostate. Il expose à des effets indési- Gastro-entérologie
rables disproportionnés : des douleurs dorsales,
musculaires et osseuses, et des infections graves ●● La dompéridone (Motilium° ou autre), le dropéridol
(dont des endocardites) liées aux effets immuno (Droleptan° ou autre) et la métopimazine (Vogalène°,
dépresseurs de cet anticorps monoclonal (n° 329 Vogalib°), des neuroleptiques, exposent à des troubles
p. 168-172 ; n° 362 p. 901 ; n° 385 p. 806). Dans du rythme cardiaque et des morts subites, effets
l’ostéoporose, quand les moyens non médicamen- indésirables disproportionnés par rapport aux symp
teux et l’apport de calcium et de vitamine D sont tômes traités et à leur faible efficacité sur les nausées
d’efficacité insuffisante, l’acide alendronique (Fo- et vomissements, et sur les reflux gastro-œsophagiens
samax° ou autre), voire le raloxifène (Evista° ou pour la dompéridone (n° 340 p. 108 ; n° 341 p. 196 ;
autre) en alternative, ont une meilleure balance n° 353 p. 182 ; n° 365 p. 195-197 et III de couv. ; n° 369
bénéfices-risques, malgré les limites importantes p. 555 ; n° 371 p. 662 ; n° 391 p. 351-354 ; n° 403
de ces médicaments. Dans la “perte osseuse”, on p. 338-339 ; n° 404 p. 422 ; n° 411 p. 24-27). Dans les
ne connaît pas de médicament satisfaisant (c). reflux gastro-œsophagiens, d’autres médicaments
●● Des myorelaxants sans efficacité démontrée au- ont une balance bénéfices-risques favorable, tels
delà de l’effet placebo : le méthocarbamol (Lumi- que les antiacides ou l’oméprazole (Mopral° ou autre).
relax°) expose à de nombreux effets indésirables, Dans les rares situations où un neuroleptique anti
dont des troubles digestifs et des atteintes cutanées émétique semble justifié, mieux vaut choisir le
(dont des angiœdèmes) ; le thiocolchicoside (Mio- métoclopramide (Primpéran° ou autre), qui expose
rel° ou autre), proche de la colchicine, expose à des aussi à des accidents cardiaques graves, mais dont
diarrhées, des gastralgies, des photodermatoses, l’efficacité est démontrée sur les nausées et vomis-
peut-être des convulsions, il est génotoxique et sements : à utiliser à la plus faible dose possible,
tératogène (n° 282 p. 258 ; n° 321 p. 498 ; n° 313 sous surveillance rapprochée, avec prise en compte
p. 833 ; n° 367 p. 342 ; n° 384 p. 751-753 ; n° 400 des interactions.
p. 101-102). Il n’est pas justifié d’exposer les patients ●● Le nifuroxazide (Ercéfuryl° ou autre), un “anti-
à ces effets indésirables pour si peu d’efficacité. Un infectieux” intestinal sans efficacité clinique démon-
médicament efficace sur la douleur, tel le paracé- trée dans les diarrhées, expose à des effets immuno
tamol, en maîtrisant sa posologie, est une meilleure logiques graves (n° 404 p. 426). Le traitement des
option. diarrhées aiguës repose avant tout sur la compen-
●● La quinine (Hexaquine°, Okimus°) autorisée dans sation des pertes liquidiennes.
les crampes, expose à des effets indésirables graves, ●● Le prucalopride (Resolor°), un médicament appa-
parfois mortels, disproportionnés au regard d’une renté aux neuroleptiques et autorisé dans la consti-
efficacité faible : des réactions anaphylactiques, des pation chronique, a une efficacité modeste, chez
troubles hématologiques (dont des thrombopénies, environ un patient sur six seulement. Son profil
des anémies hémolytiques, des agranulocytoses, d’effets indésirables est mal cerné, notamment les
des pancytopénies), des troubles du rythme car- effets indésirables cardiovasculaires (palpitations,
diaque (n° 337 p. 820 ; n° 344 p. 421 ; n° 406 p. 579). accidents cardiovasculaires ischémiques, doutes sur
On ne connaît pas de médicament avec une balance un allongement de l’intervalle QT de l’électrocardio
bénéfices-risques favorable dans les crampes ; des gramme), les dépressions et idées suicidaires, et les
étirements réguliers sont parfois utiles (n° 362 risques tératogènes (n° 328 p. 90-94 ; n° 339 p. 16 ;
p. 930-931) (d). n° 391 p. 336-337). Une constipation ne justifie pas
●● L’association colchicine + poudre d’opium + tié- d’exposer à de tels risques. Quand des mesures
monium dans la spécialité Colchimax°, a une balance diététiques ne suffisent pas, les laxatifs de lest et les
bénéfices-risques défavorable dans la crise de goutte laxatifs osmotiques, ou très ponctuellement d’autres
en raison de la présence de la poudre d’opium et laxatifs (lubrifiants, voire stimulants, ou par voie
du tiémonium qui masquent les diarrhées, un des
premiers signes de surdose parfois mortelle de la
colchicine (n° 350 p. 901). Un anti-inflammatoire
non stéroïdien, voire un corticoïde, sont de meil- c- Une autre spécialité à base de dénosumab, dosé à 120 mg,
leures options dans la crise de goutte. Xgeva°, est autorisée notamment chez les patients atteints
de métastases osseuses d’une tumeur solide. Dans cette
●● L’association prednisolone + salicylate de dipro- situation, le dénosumab n’est qu’une option parmi d’autres,
pylène glycol dans la spécialité Cortisal° (n° 338 sans que sa balance bénéfices-risques soit nettement défa-
p. 898) en application cutanée, expose aux effets vorable (n° 341 p. 174-176).
indésirables des corticoïdes et aux réactions d’hyper d- La quinine est parfois utile dans le paludisme (n° 360
sensibilité des salicylés. D’autres options ont une p. 732).
rectale), gérés avec patience et minutie, sont des ●● Le donépézil (Aricept° ou autre), la galantamine
choix moins risqués que le prucalopride. (Reminyl° ou autre), la rivastigmine (Exelon° ou autre),
des anticholinestérasiques, exposent à : des troubles
digestifs dont des vomissements parfois graves ;
Gynécologie - Endocrinologie des troubles neuropsychiques ; des troubles car-
diaques, dont des bradycardies, des malaises et des
Deux médicaments autorisés dans le traitement hor- syncopes, et des troubles de la conduction cardiaque.
monal substitutif de la ménopause sont à écarter car Le donépézil expose aussi à des hypersexualités
leur balance bénéfices-risques est nettement défavo- (n° 337 p. 824-825 ; n° 340 p. 109 ; n° 344 p. 425-426 ;
rable. Quand un traitement hormonal est choisi, n° 349 p. 833 ; n° 376 p. 105 ; n° 381 p. 506 ; n° 401
malgré les risques, une association estroprogestative suppl. 12-5 ; n° 398 p. 904 ; n° 409 p. 830).
la plus faiblement dosée et pendant la durée la plus ●● La mémantine (Ebixa° ou autre), un antagoniste
courte possible est l’option la plus raisonnable. des récepteurs NMDA du glutamate, expose à : des
●● L’association à doses fixes estrogènes conjugués troubles neuropsychiques tels qu’hallucinations,
équins + bazédoxifène (Duavive° - non commercia- confusions, sensations vertigineuses, céphalées,
lisé en France), un estrogène + un agoniste-antagoniste conduisant parfois à des comportements violents,
des récepteurs estrogéniques, dont les risques de des convulsions ; des insuffisances cardiaques
thromboses et de cancers hormonodépendants ont (n° 359 p. 665 ; n° 401 suppl. 12-5 ; n° 398 p. 904).
été trop peu évalués (n° 401 p. 167-169).
●● La tibolone (Livial°), un stéroïde de synthèse, a Sclérose en plaques. Le traitement “de fond”
des propriétés androgéniques, estrogéniques et de référence de la sclérose en plaques est un inter-
progestatives. Elle expose à des troubles cardio féron bêta(Avonex°, Rebif°, Betaferon° ou autre),
vasculaires, des cancers du sein ou de l’ovaire, etc. malgré ses limites et ses nombreux effets indési-
(n° 223 p. 807-811 ; n° 320 p. 432). rables. La balance bénéfices-risques des autres
traitements “de fond” n’est pas plus favorable, voire
nettement défavorable. C’est notamment le cas pour
Infectiologie trois immunodépresseurs qui exposent à des risques
disproportionnés et qui sont à éviter.
●● La moxifloxacine (Izilox° ou autre), un antibiotique ●● L’alemtuzumab (Lemtrada°), un anticorps mono-
de la famille des fluoroquinolones pas plus efficace clonal antilymphocytaire, n’a pas d’efficacité clinique
que d’autres, expose à des syndromes de Lyell, des démontrée, et il expose à de nombreux effets indé-
hépatites fulminantes, et un surcroît de troubles sirables graves, parfois mortels, notamment : réac-
cardiaques (n° 231 p. 565-568 ; n° 305 p. 174 ; n° 327 tions liées à la perfusion (dont fibrillations auricu-
p. 12 ; n° 371 p. 661). Une autre fluoroquinolone telle laires et hypo tensions), infections, troubles
que la ciprofloxacine (Ciflox° ou autre) ou l’ofloxacine auto-immuns fréquents (dont troubles thyroïdiens,
(Oflocet° ou autre) est une meilleure option. purpuras thrombopéniques, cytopénies et néphro-
●● La télithromycine (Ketek°), un antibiotique macro- pathies) (n° 374 p. 897 ; n° 384 p. 795).
lide sans avantage sur les autres, expose à un ●● Le natalizumab (Tysabri°), un anticorps monoclo-
surcroît d’allongements de l’intervalle QT de nal, expose à des infections opportunistes graves,
l’électrocardiogramme, d’hépatites, de troubles parfois mortelles, dont des leucoencéphalopathies
visuels et de pertes de connaissance (n° 233 p.731- multifocales progressives, des réactions d’hyper
734 ; n° 316 p. 115 ; n° 369 p. 512-515 ; n° 401 suppl. sensibilité parfois graves, des atteintes hépatiques
16-1-11). Un autre macrolide tel que la spiramycine (n° 330 p. 261 ; n° 333 p. 508 ; n° 374 p. 896 ; n° 398
(Rovamycine° ou autre) ou l’azithromycine (Zithro- p. 899 ; n° 399 p. 24).
max° ou autre) est une meilleure option. ●● Le tériflunomide (Aubagio°) expose à des effets
indésirables graves, parfois mortels : atteintes hépa-
tiques, leucopénies et infections. Il expose aussi à
Neurologie des neuropathies périphériques (n° 373 p. 808-812).
options thérapeutiques sont épuisées, l’entacapone de Quincke (n° 320 p. 417) (f). Quand un médicament
(Comtan° ou autre) est une meilleure option. semble nécessaire pour soulager les maux de gorge,
le paracétamol, en maîtrisant sa posologie, est une
meilleure option.
Ophtalmologie ●● Le mannitol inhalé (Bronchitol° - non commercia-
lisé en France), à visée mucolytique, n’a pas d’effi-
●● La ciclosporine en collyre (Ikervis°) utilisée dans la cacité clinique probante dans la mucoviscidose, et
sécheresse oculaire avec kératite sévère expose à des il expose à des bronchospasmes et des hémoptysies
douleurs et irritations oculaires fréquentes, à des effets (n° 362 p. 887-890). Il est préférable de choisir
immunodépresseurs et peut-être des cancers oculaires d’autres mucolytiques, tels que la dornase alfa
ou péri-oculaires, alors qu’elle n’a pas d’efficacité (Pulmozyme°), faute de mieux.
clinique démontrée (n° 397 p. 805-806). Il est plus ●● Le nintédanib (Ofev°), un inhibiteur de tyrosine
prudent de rechercher un soulagement par exemple kinases avec effet antiangiogenèse, n’a pas d’effi-
avec les divers substituts de larmes disponibles (e). cacité démontrée dans la fibrose pulmonaire idio-
●● L’idébénone (Raxone°) n’est pas plus efficace qu’un pathique, que ce soit en termes de durée de vie,
placebo selon un essai dans la neuropathie optique d’aggravation de la fibrose ou sur les symptômes.
héréditaire de Leber, et elle expose à des effets Il expose à des atteintes hépatiques et aux nombreux
indésirables, dont des atteintes hépatiques (n° 395 effets indésirables graves liés à l’effet antiangio
p. 651-652). Début 2018, on ne connaît pas de trai- genèse, dont : thromboses veineuses, hémorragies,
tement avec une balance bénéfices-risques favorable hypertensions artérielles, perforations digestives,
de cette maladie rare. troubles de la cicatrisation (n° 389 p. 180). Mieux
vaut se concentrer sur des soins symptomatiques.
●● Le roflumilast (Daxas° - non commercialisé en
Pneumologie - ORL France), un anti-inflammatoire inhibiteur de la
phosphodiestérase de type 4, n’a pas d’efficacité
●● Les décongestionnants par voies orale et nasale démontrée sur la mortalité, ni sur la qualité de vie
(l’éphédrine, la naphazoline, l’oxymétazoline, la des patients atteints de bronchopneumopathie
phényléphrine, la pseudoéphédrine et le tuami- chronique obstructive (BPCO) sévère, alors qu’il
noheptane) sont des sympathomimétiques va- expose à des effets indésirables digestifs, des pertes
soconstricteurs. Ils exposent à des troubles cardio de poids, des troubles psychiques (dont dépressions
vasculaires graves voire mortels (poussées et suicides), et peut-être à des cancers (n° 343 p. 328-
hypertensives, accidents vasculaires cérébraux, 333 ; n° 392 p. 435-443). Malgré ses limites, le
troubles du rythme cardiaque dont fibrillations traitement de ces patients repose sur les broncho
auriculaires) et à des colites ischémiques, effets dilatateurs inhalés, associés parfois avec un corti
indésirables disproportionnés pour des médicaments coïde inhalé, voire une oxygénothérapie.
destinés à soulager des troubles bénins et d’évolu- ●● Le sélexipag (Uptravi°), un agoniste des récepteurs
tion rapidement favorable tels que ceux du rhume de la prostacycline par voie orale, a un effet
(n° 312 p. 751-753 ; n° 342 p. 263-264 ; n° 345 p. 505 ; symptomatique minime chez les patients atteints
n° 348 p. 738 et 743 ; n° 351 p. 25 ; n° 352 p. 103 ; d’hypertension artérielle pulmonaire. Un excès de
n° 361 p. 834 ; n° 395 p. 666-667 ; n° 399 p. 24). mortalité a été observé dans le principal essai cli-
●● L’ambroxol (Muxol° ou autre) et la bromhexine nique ayant évalué le sélexipag, et il expose à de
(Bisolvon°), des mucolytiques, n’ont pas d’efficacité nombreux effets indésirables liés à la vasodilatation
clinique démontrée au-delà d’un effet placebo, et ils (n° 403 p. 337 et 354).
exposent à des réactions anaphylactiques et à des
réactions cutanées graves, parfois mortelles, telles
que des érythèmes polymorphes, des syndromes Psychiatrie - Dépendances
de Stevens-Johnson et des syndromes de Lyell (n° 400
p. 101). Ces effets indésirables sont disproportionnés
pour soulager des maux de gorge ou des toux. Antidépresseurs. Plusieurs médicaments autori-
●● La pholcodine, un opioïde utilisé dans le traitement sés dans la dépression exposent plus que d’autres
symptomatique de la toux, expose à un risque de antidépresseurs à des risques graves, sans avoir une
sensibilisation aux curares utilisés en anesthésie meilleure efficacité que les autres médicaments de
générale (n° 349 p. 830 ; n° 400 p. 106). Ce risque grave la dépression, qui ont en général une efficacité mo-
n’est pas connu avec d’autres opioïdes. La toux est
une affection bénigne qui ne justifie pas l’exposition
à un tel risque. Quand un médicament actif contre la
toux apparaît souhaitable, mieux vaut choisir le dex- e- La ciclosporine sous forme orale ou injectable (Neoral°,
trométhorphane, malgré ses limites (n° 358 p. 818). Sandimmun°) est un immunodépresseur de base chez les
patients greffés, situation dans laquelle sa balance bénéfices-
●● Le tixocortol en pulvérisation buccale (associé risques est nettement favorable (n° 401 suppl. 10-1).
avec la chlorhexidine (Thiovalone° ou autre)), un
f- Le tixocortol est autorisé aussi en suspension nasale
corticoïde autorisé dans les maux de gorge, expose (Pivalone°) notamment dans les rhinites allergiques ; situa-
à des réactions allergiques à type d’œdèmes cuta- tion dans laquelle la balance bénéfices-risques d’un corticoïde
néomuqueux de la face, de glossites, voire d’œdèmes n'est pas défavorable (n° 401 suppl. 24-1).
deste, souvent d’apparition lente. Mieux vaut choisir hypersensibilités graves (dont des syndromes
des antidépresseurs dont on connaît le profil d’effets d’hypersensibilité multiorganique (alias Dress), des
indésirables par un plus long recul d’utilisation. syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell) (n° 349
●● L’agomélatine (Valdoxan°), d’efficacité non dé- p. 832 ; n° 351 p. 25 ; n° 376 p. 103). Quand un an-
montrée au-delà de l’effet placebo, expose à des xiolytique est justifié, mieux vaut choisir une benzo
hépatites et des pancréatites, des suicides et des diazépine pour une durée la plus courte possible.
accès d’agressivité, des atteintes cutanées graves
(dont des syndromes de Stevens-Johnson) (n° 311 Sevrage tabagique. Un médicament autorisé
p. 646-650 ; n° 351 p. 26-28 ; n° 397 p. 818). dans le sevrage tabagique est à écarter car il n’est
●● La duloxétine (Cymbalta° ou autre), un inhibiteur pas plus efficace que la nicotine et expose à plus
de la recapture de la sérotonine et de la nor d’effets indésirables. En aide médicamenteuse au
adrénaline, expose aux effets indésirables des sevrage tabagique, la nicotine est un meilleur choix.
antidépresseurs inhibiteurs dits sélectifs de la re- ●● La bupropione (Zyban°), un amphétaminique,
capture de la sérotonine (IRS), et en plus à des expose à des troubles neuropsychiques (dont des
troubles cardiaques liés à son activité noradréner- agressivités, des dépressions, des idées suicidaires),
gique, dont des hypertensions artérielles, des ta- des réactions allergiques parfois graves (dont des
chycardies, des troubles du rythme cardiaque. La angiœdèmes, des syndromes de Stevens-Johnson),
duloxétine expose aussi à des hépatites et à des des dépendances, et des malformations cardiaques
réactions d’hypersensibilité avec des atteintes congénitales en cas d’exposition de l’enfant à naître
cutanées graves (dont des syndromes de Stevens- pendant la grossesse (n° 221 p. 652-657 ; n° 339
Johnson) (n° 274 p. 486 ; n° 303 p. 22 ; n° 320 p. 423 ; p. 26-27 ; n° 342 p. 271 ; n° 377 p. 206-207).
n° 357 p. 517 ; n° 384 p. 744-745).
●● Le citalopram (Seropram° ou autre) et l’escitalopram
(Seroplex° ou autre), des antidépresseurs IRS, expo Agir d’abord au service des patients
sent à un surcroît d’allongements de l’intervalle QT
de l’électrocardiogramme et de torsades de pointes Selon l’analyse de Prescrire, la
balance bénéfices
par rapport à d’autres antidépresseurs IRS, ainsi qu’à risques des médicaments objets de ce bilan est dé-
des surdoses aux conséquences plus graves (n° 369 favorable dans toutes les indications de l’AMM.
p. 508 ; n° 386 p. 909 ; n° 391 p. 348-351). Certains sont pourtant commercialisés depuis de
●● Le milnacipran (Ixel° ou autre) et la venlafaxine nombreuses années et d’utilisation courante. Du
(Effexor LP° ou autre), des antidépresseurs non point de vue de la santé des patients, comment
imipraminiques, non inhibiteurs dits sélectifs de la justifier de les exposer à un médicament qui cause
recapture de la sérotonine, non inhibiteurs de la plus d’effets indésirables que d’autres du même
monoamine oxydase (IMAO), ont une activité sé- groupe pharmacologique, ou d’efficacité similaire ?
rotoninergique et une activité noradrénergique. Ils Comment justifier d’exposer des patients à des effets
exposent aux effets indésirables des antidépresseurs indésirables graves, quand l’efficacité du médicament
IRS, et en plus à des troubles cardiaques liés à leur n’est même pas démontrée au-delà de l’effet place-
activité noradrénergique, dont des hypertensions bo ou sur des critères cliniques pertinents pour eux ?
artérielles, des tachycardies, des troubles du rythme Au-delà de la démarche active des soignants d’écar-
cardiaque, des allongements de l’intervalle QT de ter ces médicaments de leur panoplie thérapeutique,
l’électrocardiogramme et, pour la venlafaxine, à un les autorités de santé ont aussi à prendre des dispo-
risque élevé d’arrêts cardiaques en cas de surdose sitions concrètes qui protègent les patients et incitent
(n° 338 p. 906 ; n° 343 p. 353 ; n° 386 p. 906-910 ; les soignants et les patients à s’orienter vers des
n° 401 suppl. 19-3-6, 19-3-7). traitements à balance bénéfices-risques favorable.
●● La tianeptine (Stablon° ou autre), d’efficacité non Il n’y a pas de raison valable pour que ces médi-
démontrée, expose à des hépatites, des atteintes caments plus dangereux qu’utiles restent autorisés
cutanées graves parfois mortelles dont des éruptions ou sur le marché.
bulleuses, et des toxicomanies (n° 339 p. 25 ; n° 345 Synthèse élaborée collectivement
p. 516 ; n° 349 p. 822). par la Rédaction
sans aucun conflit d’intérêts
©Prescrire
Autres psychotropes. D’autres psychotropes
ont des effets indésirables trop importants.
●● La dapoxétine (Priligy°), un inhibiteur dit sélectif
de la recapture de la sérotonine (IRS), a une effica- Extraits de la veille documentaire Prescrire
cité très modeste en cas d’insatisfaction sexuelle 1- Prescrire Rédaction “Pour mieux soigner, des médicaments à
liée à un délai d’éjaculation trop court. Ses effets écarter : bilan 2017” Rev Prescrire 2017 ; 37 (400) : 137-148.
indésirables sont disproportionnés, avec des accès 2- Prescrire Rédaction “Pour mieux soigner : des médicaments à
écarter” Rev Prescrire 2013 ; 33 (352) : 138-142.
d’agressivité, des syndromes sérotoninergiques, 3- Prescrire Rédaction “Des médicaments à écarter pour mieux soigner :
des syncopes (n° 355 p. 343). Une approche pourquoi ?” Rev Prescrire 2013 ; 33 (360) : 792-795.
psychocomportementale est une meilleure option 4- Prescrire Rédaction “Déterminer la balance bénéfices-risques d’une
intervention : pour chaque patient” Rev Prescrire 2014 ; 34 (367) :
dans cette situation. 381-385.
●● L’étifoxine (Stresam°), d’efficacité mal évaluée 5- Prescrire Rédaction “Objectifs des traitements : à partager avec les
dans l’anxiété, expose à des hépatites et à des patients” Rev Prescrire 2012 ; 32 (345) : 544-546.