Cours de MécaStat
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Cours de MécaStat
Monique Combescure
3 janvier 1970
TABLE DES
MATIÈRES
I] QUELQUES NOTIONS ÉLÉMENTAIRES EN STATISTIQUE
I-1 Variables aléatoires
I-2 Distributions de Probabilités à plusieurs Variables
I-3 Sommes de Variables Aléatoires
1
2
Exemple 1 :
On jette un dé. Le résultat sera 1 ou 2 ou... ou 6, mais ne peut être prédit : c’est une
variable aléatoire (Dé se dit ALEA en latin).
Soit P (n) la probabilité que le résultat soit n (n = 1, 2, ..., 6). Pour un dé “non-pipé”,
on a évidemment
1
P (n) = , ∀n = 1, 2, ...6
6
tandis que pour un “dé pipé” les P (n) peuvent être différents de 1/6. Mais dans tous les
cas on aura
0 ≤ P (n) ≤ 1
6
X
P (n) ≡ P (1) + P (2) + ... + P (6) = 1
1
Cette condition dite “de normalisation” exprime qu’on est sûr que n prendra l’une des
valeurs 1, 2, ..., 6.
0 ≤ P (n) ≤ 1, ∀n ∈ X
3
4
(iii) la condition
X
P (n) = 1
n∈X
Exemple 2 :
On mesure la direction du vent au sommet de la Tour Eiffel. Le résultat est un angle entre 0
et 2π (0 est le Nord par convention), mais ne peut être prédit : c’est une variable aléatoire.
Soit P (ϕ0 )∆ϕ0 le probabilité que la direction du vent se situe dans l’intervalle
[ϕ0 − ∆ϕ0 , ϕ0 + ∆ϕ0 ]. Il est sous-entendu que ∆ϕ0 est suffisamment petit pour que
la variation de P (ϕ) dans cet intervalle soit négligeable.
La probabilité P (ϕ0 )∆ϕ0 est égale à l’aire hâchurée sur la figure.
>
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>φ
Remarquer qu’il n’y a pas de borne supérieure pour P (x). La fonction x 7→ P (x) est
appelée la loi de probabilité ou la densité de probabilité.
5
Souvent on ne fait pas la distinction entre les cas continu et discret et on dit que :
“P (x) est la probabilité d’obtenir la valeur x”
quand on devrait dire :
“P (x)∆x est la probabilité d’ontenir une valeur dans l’intervalle [x − ∆x, x + ∆x]”.
Ce léger abus de langage est permis quand on a compris ce qu’est une distribution de
probabilté.
- Le nombre de désintégrations par seconde dans un échantillon donné d’un matériau ra-
dioactif
- La vitesse d’une particule spécifiée dans un gaz contenu dans un récipient
De façon générale il s’agit de grandeurs bien déterminées, mais dont la valeur x varie
rapidement avec le temps, sans qu’on puisse (ou veuille) mesurer cette variation exacte-
ment. On introduit alors une loi de probabilité P (x), censée résumer nos connaissances sur
la grandeur en question à chaque instant.
Il est évident que les lois P (x) décrivant des grandeurs physiques ne peuvent être arbi-
traires. Elles doivent être compatibles avec les lois fondamentales de la physique. Les lois
de probabilité employées dans ce cours seront :
- ou bien déduites de quelques postulats de base plus les lois de la physique
- ou bien postulées sans aucune démonstration, parce qu’elles sont “plausibles”.
Dans tous les cas on les considérera comme justifiées si les résultats de la théorie sont
conformes aux résultats expérimentaux.
Finalement, si la grandeur physique en question est telle qu’on peut l’observer directement
dans une expérience, on peut en déterminer la distribution de probabilité expérimentalement.
P (x) sera connue avec une précision d’autant plus grande que le nombre d’observations
est grand.
• distributions continues :
1) distribution exponentielle :
1 a
P (x) = x ∈ R, a 6= 0
π x2 + a2
3) distribution uniforme sur un intervalle :
1
P (x) = , a < b, x ∈ [a, b]
b−a
4) Loi Gaussienne (ou loi normale) :
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• Distributions discrètes :
(la variable aléatoire est appelée n au lieu de x)
5) loi de Poisson :
−a
an
P (n) = e , n∈N
n!
6) loi binomiale :
N
P (n) = pn(1 − p)N−n, 0 < p < 1, n ∈ {1, 2, ..., N }
n
P
Exercice 2 : Vérifier que dans ces derniers cas n P (n) = 1
7
Définition 1.1.1 À partir de la loi de probabilité P (x), on peut définir les quantités
suivantes : R
moyenne de x : x̄ ≡ hxi = dxxP (x)R
moyenne d’une fonction x 7→ gR: ḡ = dxg(x)P (x)
mième moment de x : hxmi = dxxmP (x), m ∈ N
l’écart à la valeur moyenne de x : ∆x = x − x̄
l’écart quadratique moyen, ou variance :
Exercice 4 : Les définitions ci-dessus ont été données pour une distribution de proba-
bilité continue. Écrire les définitions analogues pour une loi de probabilité discrète.
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|G(k)| ≤ 1, ∀k ∈ R
G(0) = 1
(ik)2 ¯2 (ik)3 ¯3
G(k) = 1 + ikx̄ + x + x + ...
2! 3!
à condition que tous les moments soient finis. On dit que G(k) est la fonction génératrice
des moments.
8
Exercice 7 Soit x une variable aléatoire continue décrite par une loi de probabilité
continue P (x). Soit α un paramètre réel. La quantité y ≡ αx est aussi une variable
aléatoire ; montrer que sa loi de probabilité P̃ (y) est donnée par
1 y
P̃ (y) = P
α α
< x1
< x2
L
Une loi de probabilité particulière pour la vitesse d’une particule, qu’on rencontre fréquemment
en physique est la distribution des vitesses de Maxwell, dénotée PM :
3/2
m v2
m~
v) ≡
PM (~ exp −
2πkB T 2kB T
2
v ≡
où ~ v12 + v22 + v32
m est la masse de la particule
T est la température
kB est la constante de Boltzmann
Cette loi sera démontrée plus tard dans ce Cours.
Exercice 3 : Montrer que la distribution de Maxwell est normalisée.
Exemple 4 : La variable aléatoire est la paire (position, vitesse) d’une particule. Donc
x ≡ (~ v ) = (x1 , x2 , x3 , v1 , v2 , v3 ) ∈ R6
r, ~
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P (~ v ) = L−3 PM (~
r, ~ v)
est normalisée.
Définitions :
On considérera le cas d’une distribution P (x, y) à deux variables réelles. Les généralisations
à plus que deux variables sont évidentes. Soit g(x, y) une fonction arbitraire de x, y.
Moyenne de g : Z Z
g(x, y) = dx dy g(x, y)P (x, y)
Moments : Z Z
xmy n = dx dy xmy nP (x, y)
Lois marginales :
Il arrive souvent que l’on considère des fonctions g(x, y) qui ne dépendent que de l’une
des variables, soit de x par exemple : g(x, y) = h(x). On a alors :
Z Z
g(x, y) = h(x) = dxh(x) dyP (x, y)
| {z }
≡ P1 (x)
10
On peut donc considérer h(x) comme la moyenne de h(x) par rapport à la loi de
probabilité P1 (x) qui ne dépend que d’une seule variable. Interprétation : P1 (x) est la
probabilité d’obtenir la valeur x, quelle que soit la valeur y que l’on obtient. On appelle
P1 (x) la loi marginale pour x, déduite de la loi P (x, y).
Exercice 5 : Définir également la loi marginale pour y. Vérifier que les distributions
marginales sont positives et normalisées.
x + y = x̄ + ȳ
P (x, y)
P (x|y) := R
dx P (x, y)
R
P2 (y) = dx P (x, y) est la loi marginale pour y. On a
Ce concept d’une loi de probabilité (conditionnelle) pour une variable sachant la valeur de
l’autre se généralise de façon évidente aux distributions à plusieurs variables.
11
Définition 1.1.4 Soit P (x, y) une loi de probabilité à deux variables. On définit les
variables aléatoires (de moyenne nulle) :
∆x = x − x̄
∆y = y − ȳ
On introduit la matrice variance µij , i, j ∈ {1, 2} :
µ22 = ∆y 2 = σy2
µ12 = µ21 = ∆x∆y
µ11 , µ22 sont les variances, et µ12 = µ21 les covariances.
Si ∆x∆y = 0, on dit que x, y sont décorrélées.
Définition 1.1.5 (i) Deux variables aléatoires sont dites indépendantes si leur loi
de probabilité P (x, y) s’écrit comme
P (x, y) = Q(x)R(y)
Exercice 8 : Montrer que pour la distribution des vitesses de Maxwell les trois composantes
de la vitesse d’une particule sont des variables aléatoires indépendantes (et identiques).
Exercice 9 : Montrer que si deux variables aléatoires sont indépendantes, elles sont non-
corrélées, mais que la réciproque n’est pas vraie. Contre-exemple :
1 1
P (x, y) = δ(x − 1)[δ(y − 1) + δ(y + 1)] + δ(x + 1)δ(y)
4 2
X̄ = x1 + x2 + ... + xN
∆X = ∆xi
i=1
N
X X
∆X 2 = ∆x2i + 2 ∆xi∆xj
i=1 i<j
c’est à dire que la variance d’une somme de variables aléatoires non-corrélées est
la somme de leurs variances.
Un cas particulier est celui où les xi sont des variables aléatoires indépendantes et iden-
tiques, donc P (x1 , x2 , ...xN ) = Q(x1)Q(x2 )...Q(xN ). On a alors :
X = N x1 ∆X 2 = N ∆x21
Ces relations sont vraies quelle que soit la loi de probabilité Q(x).
Remarque Au lieu de considérer la somme X, on peut aussi s’intéresser à la “moyenne
arithmétique”
1
x= (x1 + x2 + ... + xN )
N
13
x̄ = x1
1
∆x2 = ∆x21
N
ou bien
1
σx = √ σx1
N
La moyenne arithmétique de N variables aléatoires indépendantes et identiques a une
déviation standard qui est réduite d’un facteur N −1/2 par rapport à la déviation-
standard d’une seule variable.
(3) Pour N grand une réponse à la question (3) est donnée par le Théorème de la Limite
Centrale :
Théorème 1.1.7 Supposons que les xi i = 1, ...N soient des variables aléatoires
indépendantes et identiques avec la loi de probabilité Q(x) quelconque. Supposons que
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l’on ait
∆x2i < ∞
Alors, X et ∆X 2 étant données ci-dessus, on a pour N → ∞
!
1 (X − X)2
Π(X) ≃ p exp −
2π∆X 2 2∆X 2
Remarque
(i) Les réponses (1) et (2) sont vraies quel que soit N. Par contre le Théorème de la
Limite Centrale n’est vrai qu’asymptotiquement quand N devient grand.
(ii) Π(X) est une Gaussienne, lorsque N devient très grand, quelle que soit la distri-
bution de probabilité Q(x) qu’on avait au départ (Pourvu néanmoins que les variances
soient finies). Pour cette raison on dit que la Gaussienne est la “loi limite universelle”.
La loi de probabilité asymptotique Π̃(x) pour la moyenne arithmétique des xi se déduit
facilement du Théorème de la Limite Centrale :
√ !
N N (x − x̄)2
Π̃(x) ≃ q exp − N →∞
2π∆x21 2∆x21
Chapitre 2
RAPPELS DE MÉCANIQUE
CLASSIQUE
r0
> r
V0
14
15
H considéré comme une fonction des positions et des impulsions de toutes les particules
est appelée “fonction Hamiltonienne”. Elle permet en effet de “résoudre” les équations
du mouvement via les équations dites d’Hamilton qui sont :
dxi ∂H dpi ∂H
ẋi ≡ = ≡ vi ṗi ≡ =− (2.1)
dt ∂pi dt ∂xi
espace de phase. La dimension de l’espace de phase peut donc être gigantesque pour un
ensemble macroscopique composé de N = 1023 particules.
Les équations (2.1) permettent d’associer à toute donnée Γ0 à l’instant 0 un point de
l’espace de phase à l’instant t noté Γ(t). L’ensemble des points Γ(t) quand t varie est
appelé “trajectoire dans l’espace de phase”.
Exercice 1 : Montrer que deux trajectoires différentes dans l’espace de phase ne peuvent
pas se couper.
Exercice 2 : Peut-il y avoir des trajectoires en boucle ?
En vertu du Théorème ci-dessus, les trajectoires Γ(t) dans l’espace de phase “vivent” sur
la surface d’énergie H(Γ(t)) = Cste de dimension 6N − 1.
On doit se demander s’il existe d’autres invariants que l’énergie. Si c’était le cas, alors la
16
dΓ P (Γ) = 1 (2.3)
R6N
Le choix de P (Γ) est motivé par les conditions expérimentales du système. En général,
une distribution P (Γ) évoluera dans le temps. Pour un système à l’équilibre, P (Γ) est
stationnaire (indépendante du temps).
Observables :
Soit A une grandeur physique mesurable (qu’on appellera “observable”), qui a pour valeur
A(Γ) quand le système se trouve dans le micro-état Γ. On peut alors calculer sa moyenne :
Z
hAi := dΓ P (Γ)A(Γ) (2.4)
On considère cette moyenne comme la prédiction théorique pour le résultat d’une me-
sure expérimentale. Pour justifier cette identification, on note d’abord que l’intervalle de
temps ∆t nécessaire pour une mesure expérimentale macroscopique est très long à l’échelle
microscopique. C’est dire que le micro-état Γ(t) varie beaucoup à l’échelle de temps ∆t.
Soit donc R la région de l’espace de phase où P (Γ) diffère sensiblement de zéro.
17
P(Γ) ≈ 0
P(Γ) > 0
Γ(t)
Γ(t + ∆t)
fisamment représentative pour la distribution P (Γ) pour qu’on puisse identifier (2.5) et
(2.4).
On considère souvent une densité ρ(Γ) dans l’espace de phase, avec ρ(Γ) ≥ 0, mais ρ
non normalisée. On peut toujours passer d’une densité ρ à une probabilité P (Γ) par la
relation
ρ(Γ)
P (Γ) = R (2.6)
dΓ ρ(Γ)
On peut représenter une fonction ρ(Γ) ≥ 0 sur l’espace de phase par une collection de
points qui sont localement d’autant plus denses que ρ(Γ) est grande.
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espace de phase
18
Remarque 2.3.1 Le formalisme des ensembles que l’on va développer n’exclut pas
d’étudier, le cas échéant,un micro-état précis. Si on sait que le système est dans le
microétat Γ0 , on peut exprimer cette connaissance en posant
ρ(Γ) = δ(Γ − Γ0 )
marche”, c’est à dire que chaque point dans le support de ρ(Γ, t0 ) est considéré comme le
point de départ d’une trajectoire dans l’espace de phase :
À tout temps t > t0 les bouts des trajectoires constituent un nouvel ensemble de points,
décrit par une nouvelle densité ρ(Γ, t). Ce sont les équations du mouvement (2.1) qui
déterminent les trajectoires, donc la relation entre ρ(Γ, t0 ) et ρ(Γ, t).
>
pN
p(Γ,t)
>
>
>
p(Γ,t0)
> rN
Cependant avant même d’introduire ces équations du mouvement, on notera que puis-
qu’aucun point à l’instant t0 ne peut disparaı̂tre au cours du temps, de même qu’aucun
nouveau point sans antécédent ne peut apparaı̂tre, la densité ρ est une quantité conservée.
Elle satisfait à l’équation de conservation :
19
∂ρ dΓ
+ ∇ · (ρV ) = 0 où V (Γ) =
∂t dt
∂ρ
+ V · ∇ρ + ρ∇ · V = 0
∂t
où ∇ρ est le vecteur 6N -dimensionnel
∂ρ ∂ρ
∇ρ ≡ ( , ..., ) gradient de ρ
∂x1 ∂pN
et
N X
3
X ∂ ẋik ∂ ṗik
∇·V ≡ + divergence de V (2.7)
i=1 k=1
∂xik ∂pik
Employant maintenant l’équation du mouvement (2.1), on a :
∂H ∂H ∂H ∂H
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V = , ..., ,− , ..., −
∂p1 ∂pN ∂x1 ∂xN
∇·V =0
c’est à dire que le “flux dans l’espace de phase est incompressible” (un terme employé par
analogie avec l’écoulement d’un fluide réel en trois dimensions).
Il en résulte que
∂ρ dρ
0= + V · ∇ρ = (2.8)
∂t dt
D’où le Théorème de Liouville :
Équation de Liouville :
N
∂ρ X ∂H ∂ρ ∂H ∂ρ
= − · + ·
∂t i=1
∂pi ∂xi ∂xi ∂pi
20
Cette équation est linéaire en ρ. L’équation de Liouville s’écrit donc aussi comme
∂ρ
= Lρ
∂t
où L, appelé opérateur de Liouville est un opérateur compliqué, mais linéaire, sur
l’espace de toutes les densités ρ(Γ). Cette linéarité permet d’écrire la solution ρ(Γ, t)
comme
ρ(Γ, t) = eLtρ(Γ, 0) (2.9)
Cette solution, cependant, n’est que formelle : l’opérateur eLt, bien que complètement
défini, reste assez insaisissable. Aucune conclusion pratique ne peut être déduite directe-
ment de (9.6).
Exercice 1 : Montrer que l’invariance de l’énergie, exprimée par (2.2) s’écrit aussi comme
V · ∇H = 0
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Interprétation : le flux de long d’une hypersurface H = cste est d’autant plus rapide
qur les hypersurfaces se trouvent proches les unes des autres (cf. l’effet analogue dans
l’écoulement d’un fluide ordinaire).
Or on sait expérimentalement qu’un système physique isolé tend vers un état d’équilibre.
Quand cet équilibre est atteint, les valeurs macroscopiques décrivant le système ne changent
pas avec le temps.
C’est pourquoi on s’intéresse particulièrement à des ensembles ρ(Γ) qui sont station-
naires (indépendants du temps). Il n’est pas difficile d’en trouver : si ρ est une fonction de
H (l’Hamiltonien)
ρ(Γ) = ϕ(H(Γ))
21
Z est appelée fonction de partition de l’ensemble stationnaire. Elle joue un rôle déterminant
dans la physique statistique de systèmes à l’équilibre.
3.1 Introduction
Comme on l’a vu à la fin du Chapitre précédent, chaque ensemble qui peut s’écrire
comme
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22
23
Remarque 3.2.1 Les deux autres ensembles seront caractérisés par deux autres triplets
de variables indépendantes.
3.2.1 La constante C
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Z
dΓ ρm(Γ) = nombre de micro-états quantiques du même
E<H(Γ)<E+δE
3.2.2 Exemples
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p2 1
H(x, p) = + mω 2x2
2m 2
Z
1
Zm = dx dp
h E<H(x,p)<E+δE
L’aire de la région du plan (x, p) contenue entre les deux ellipses H(x, p) = E et
H(x, p) = E + δE est égale à 2πδE/ω d’où
2πδE
Zm =
hω
N
1 X
H(x1 , ..., xN , p1 , ..., pN ) = p2i
2m i=1
est égal à
π d/2
Rd
(d/2)!
on trouve au premier ordre en δE (δE est petit devant E) :
VN 2πmE 3N/2 1 3N δE
Zm(N, V, E) = 3N 2
h N! h (3N/2)! 2 E
N étant grand, on utilise la formule de Stirling :
1
log N ! ≃ N log N − N + log(2πN )
2
ce qui donne :
3 2πmE 3N 3N
log Zm = N log V − N log N + N + N log − log
2 h2 2 2
3N δE
+ + log + O(log N )
2 E
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δE
log N
En regroupant les termes, et en négligeant les termes en O E
et en O N
, il
vient :
V 3 4πmE 5
log Zm = N log + log +
N 2 3h2 N 2
On définit les quantités intensives suivantes :
N E
n= ǫ=
V N
et on obtient à la limite N → ∞ :
5 3 4πmǫ
log Zm =N + log (3.3)
2 2 3(nh3 )2/3
On voit que cette quantité augmente linéairement avec N : elle est dite extensive. Les
quantités V = n−1 N et E = ǫN sont également extensives.
Remarque : Au cours du calcul ci-dessus sont apparus des termes “sur-extensifs” du
type N log N ou N log V ... Ceux-ci ne peuvent figurer dans le résultat final qui représente
une grandeur physique.
Remarque : Dans (3.3) on a trouvé que Zm est exponentielle en N . Ce sera le cas
pour tout système à N corps, et dans chaque ensemble :
Z ≃ eNConstante N →∞
Remarques :
1) L’indice m rappelle qu’il s’agit de grandeurs définies dans l’ensemble microcanonique.
Il sera supprimé plus tard.
2) Il faudra démontrer que les grandeurs Tm, pm, µm définies ci-dessus coincident avec
celles dont il est question en thermodynamique (et que l’on écrira sans indice).
3) On vérifie aisément que les quantités définies ci-dessus ont la bonne dimension.
4) On trouve les autres grandeurs thermodynamiques à l’aide des formules habituelles, soit
L’énergie libre F = E − T S
L’enthalpie H = E + pV
La Fonction de Gibbs G = N µ
Les formules pour les dérivées partielles permettent d’obtenir la formule suivante pour la
différentielle totale de Sm :
27
1 pm µm
dSm = dE + dV − dN (3.8)
Tm Tm Tm
L’ensemble canonique s’applique, a priori, aux systèmes qui sont en contact thermique
avec leur environnement : ils peuvent absorber ou dégager de l’énergie (de la chaleur). Le
cas idéalisé que l’on considérera ici est celui où l’environnement a une capacité calorifique
infinie, de telle sorte que sa température T est constante. Un tel environnement est appelé
un thermostat.
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Soit un système en contact avec un thermostat. Même à l’équilibre, son énergie peut fluc-
tuer autour d’une moyenne hEi. La valeur de cette moyenne dépend de la température
du système T qui est la même que celle du thermostat. C’est pourquoi dans l’ensemble
canonique, il y a un nouveau paramètre T (sans indice) qui remplace E.
On démontrera plus tard que pour des systèmes macroscopiques (N grand), Tm coincide
avec T .
L’ensemble canonique est défini par le choix suivant de la densité dans l’espace de
phase :
1
ρc(Γ) ≡ 3N e−βH(Γ) (3.9)
h N ! | {z }
Facteur de Boltzmann
On peut voir la distribution canonique comme une somme de distributions microcanoniques
juxtaposées et pondérées avec le poids e−βE .
28
> ƌc(Γ)
e-βH (Γ)
> H (Γ)
E Ε+δΕ Ε+2δΕ Ε+3δΕ
On rappelle que
1
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β=
kB T
Entropie canonique
∂Fc(N, V, T )
Sc(N, V, T ) = − (3.12)
∂T
Pression canonique
∂Fc(N, V, T )
pc(N, V, T ) = − (3.13)
∂V
Potentiel chimique canonique
∂Fc(N, V, T )
µc(N, V, T ) = (3.14)
∂N
Différentielle totale
Exercice 1 : Montrer que l’énergie moyenne d’un système décrit par l’ensemble cano-
nique est donnée par
∂ log Zc ∂
hEic = − = (βFc)
∂β ∂β
En partant de ce résultat, et de la formule pour Sc, en déduire que
Fc = hEic − T Sc
P∞ R
p=0 dΓpA(p, Γp)ρ(p, Γp)
hAig ≡ hA(p, Γp)i = P∞ R (3.16)
p=0 dΓp ρ(p, Γp)
Fonction de partition grand-canonique
∞ Z
X 1
Zg (µ, V, T ) = 3N
eβµN dΓN e−βH(N,ΓN ) (3.17)
N=0
h N! R6N
Potentiel grand-canonique
∂Ωg (µ, V, T )
Ng (µ, V, T ) = − (3.19)
∂µ
∂Ωg (µ, V, T )
pg (µ, V, T ) = − (3.20)
∂V
∂Ωg (µ, V, T )
Sg (µ, V, T ) = − (3.21)
∂T
Différentielle totale
Ng = hN ig
où la moyenne dans l’ensemble grand canonique d’une observable (ici N ) est donnée par
la formule (3.16). Ceci justifie alors que Ng représente bien le nombre moyen de particules
autour duquel fluctue le système dans l’ensemble grand-canonique.
Chapitre 4
L’ÉQUIVALENCE DES
ENSEMBLES D’ÉQUILIBRE
Bien sûr les systèmes physiques que l’on étudie (hormis l’univers !) ne sont pas infinis ;
néanmoins le nombre de particules d’un système macroscopique (N ≈ 1023 ) est suffisam-
ment grand pour que ses propriétés soient très proches de celles déduites théoriquement,
de la limite thermodynamique. Même un échantillon de gaz d’un volume de 1 mm3 est un
système macroscopique !
31
32
Une grandeur physique est appelée extensive si elle est proportionnelle à la taille (au
nombre de particules, ou le volume) du système, tout au moins dans la limite où le système
est très grand.
Plus précisément A est appelé extensif s’il existe une constante a non-nulle telle que
A
= a + [des termes qui tendent vers 0 pour N → ∞]
N
ou encore (équivalent)
A
lim =a
N→∞ N
Un résultat qui est indispensable en thermodynamique est le suivant :
Les potentiels thermodynamiques sont extensifs .
Remarque 4.2.1 Si A dépend de plus qu’une grandeur extensive, alors à la limite ther-
modynamique a ne peut dépendre que du rapport entre ces grandeurs. Par exemple pour
l’entropie Sm(N, V, E) on a
Sm(N, V, E) ≃ N s(n, ǫ)
avec n = N/V (densité de particules) ǫ = E/N (énergie par particule) s étant alors
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Le membre de droite est l’écart quadratique moyen (tel que nous l’avons défini au Chapitre
1) dans l’ensemble canonique. La racine carrée de cette expression est “l’écart-type” entre
l’énergie et sa valeur moyenne (aussi défini au Chapitre 1).
Il est instructif de considérer l’écart-type relatif :
q
p ∂
hH ic − hHic
2 2
∂β
hHic 1
= ∝ √
hHic hHic N
Cette propriété résulte du fait que β est intensif, et que hHic est extensif.
Donc pour N → ∞ les systèmes de l’ensemble canonique ont presque
sûrement tous une énergie égale à l’énergie moyenne hHic.
Définissons la capacité calorifique du système (à Volume et Nombre de particules fixés)
comme
∂ 1 ∂
CV ≡ hHic = − 2
hHic > 0
∂T kB T ∂β
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On a donc une relation reliant la capacité calorifique aux fluctuations de l’énergie dans
l’ensemble canonique :
Zm(N, V, E)
Z
1
= dE e−βE Zm(N, V, E)
δE
Z
1 −βE+ k1 Sm (N,V,E)
= dE e B (4.2)
δE
35
Tm(N, V, E ∗) = T
L’intégrand dans (4.2) est très “piqué” autour de E = E ∗ = hEic (comme le suggère le
calcul des fluctuations, quand N devient grand).
On va donc évaluer l’intégrale dans (4.2) en utilisant le méthode de la phase stationnaire (ou
“méthode du col”). Elle est basée sur l’idée que la valeur de l’intégrale sera déterminée,
en bonne approximation quand N devient grand, par un voisinage de l’énergie qui est
d’autant plus petit que l’intégrand est “piqué”.
On utilisera un développement de Taylor autour de E = E ∗, donc on aura besoin de la
dérivée seconde en ce point :
d2 1 1 ∂ 2 Sm
−βE + Sm(N, V, E) = (N, V, E ∗)
dE 2 kB
E=E∗ kB ∂E 2
1 ∂ 2 Sm
−E+T Sm(N, V, E) = −E ∗ + T Sm(N, V, E ∗) + (E−E ∗)2 T (N, V, E ∗)+...
| {z } 2 ∂E 2
≡ −Fm(N, V, E ∗)
Il s’ensuit que
Z ∗ !
1 −βF ∗ 1 ∂ 2 Sm
Zc(N, V, T ) = e m dE exp (E − E ∗)2 + ... (4.3)
δE 2kB ∂E 2
36
Sm(N, V, E) = N sm(n, ǫ)
∂Sm ∂sm
=
∂E ∂ǫ
∂ 2 Sm 1 ∂ 2 sm
=
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∂E 2 N ∂ǫ2
En posant E ∗ ≡ N ǫ∗, (4.3) est alors équivalente à
Z ∗ !
N ∗ N ∂ 2 sm
Zc(N, V, T ) = e−βFm dǫ exp 2
(ǫ − ǫ∗)2 (1 + O(1/N )) (4.4)
δE 2kB ∂ǫ
L’intégrale dans (4.4) est donc celle d’une Gaussienne, centrée autour de ǫ∗ = hǫic, ce
qui montre les points (ii) et (iii) ci-dessus. L’apparition du facteur N dans la Gaussienne fait
que l’intégrand est très “piqué” autour de ǫ∗ et qu’on est dans les conditions d’application
de la méthode de la phase stationnaire (voir Section suivante pour un rappel de ce résultat
mathématique). Les propriétés de la distribution Gaussienne (4.4) font que la dispersion
de l’énergie est donnée par la formule
kB
hǫ2 ic − hǫi2c = 2
−N ∂∂ǫs2m |∗
Par conséquent on a
N kB
hE 2 ic − hEi2c = 2
− ∂∂ǫs2m |∗
En comparant avec la formule (4.1) on déduit le point (iv) ci-dessus, c’est à dire
∗!−1
N ∂ 2 sm
CV = − >0
T2 ∂ǫ2
37
Par définition, l’énergie libre canonique Fc est donnée par −kB T log Zc(N, V, T ), et on
a vu (Section 3.2, Exercice 1) que
Fc = hEic − T Sc
∗
D’autre part Fm n’a été introduite que comme abréviation de E ∗ − T Sm(N, V, E ∗)
Prenant donc les logarithmes de (4.5) et divisant par β, on trouve :
1 2πkB T 2 CV
hEic − T Sc = hEic − T Sm(N, V, hEic) − kB T log (4.6)
2 (δE)2
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On va maintenant faire tendre N vers l’infini, c’est à dire passer à la limite thermo-
dynamique. Tous les termes figurant dans (4.6) sont extensifs, sauf le dernier qui est en
log N (puisque la capacité calorifique CV est extensive). Il sera négligeable devant les
autres quand N → ∞.
Remarque 4.4.1 Dans la discussion précédente, on n’a pas tenu compte d’une éventuelle
dépendance de δE en N . δE est arbitraire et a seulement été choisie ≪ E (cf. définition
de l’ensemble microcanonique). La valeur de δE est donc sans importance pourvu qu’elle
soit “sous-extensive”.
Z b
1 1
I= dx h(x) exp N g(x∗) + N (x − x∗)2 g ′′ (x∗) + N g ′′′ (x∗)(x − x∗)3
a 2 6
+...)
√
Z N(b−x∗ )
1 ∗ 1 1 ′′ ′′′∗∗
I = √ eNg(x ) √
dy exp g (x )y 1 + √ g (x )y 3
2
(4.8)
N N(a−x∗ ) 2 6 N
∗ y ′ ∗
× h(x ) + √ h (x ) + ...
N
√ √
Noter que N (a − x∗) → −∞ et N (b − x∗) → +∞ quand N → ∞.
Si on remplace les bornes d’intégration dans (4.8) par ±∞, on commet une erreur qui est
de l’ordre de exp − 12 N (a − x∗)2 |g ′′(x∗)| ou
exp − 21 N (b − x∗)2 |g ′′ (x∗)| .
(4.8) devient alors :
∗) Z
eNg(x +∞
1 ′′ ∗ 2 ∗
1 1
I = √ dy exp − |g (x )|y h(x ) + f1 (y) + 2 f2 (y) + ...
N −∞ 2 N N
N ∗ = hN ig
À la limite thermodynamique, on a :
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donc
∂Ωg ∂Ωg
Fg = hEig −T Sg = Ωg −T +µhN ig +T = Ωg +µhN ig = Fc(hN ig, V, T )
∂T ∂T
(4.11)
à la limite thermodynamique. Des relations analogues à (4.11) s’obtiennent pour les autres
grandeurs équivalentes à la limite thermodynamique.
Remarque 4.6.1 Les Fonctions de partition Zm, Zc, Zg restent différentes à la limite
thermodynamique.
∂hN ig ∂ 2 log Zg
hN 2 ig − hN i2g = kB T = (kB T )2
∂µ ∂µ2
On utilise la relation dite de “Gibbs-Duheim” exprimant que les variables intensives µ, p, T
d’un système ne sont pas indépendantes :
N dµ − V dp + SdT = 0
Par suite
2 hN i ∂hN i
2 ∂n
hN i − hN i = kB T = hN ikB T (4.14)
V ∂p T ∂p T
Or
1 ∂V 1 ∂n
κT = − =
V ∂p T n ∂p T
d’où en reportant dans (4.14), il vient (4.12).
C’est dire que S est une fonction homogène de degré 1 des trois paramètres extensifs.
Plus généralement :
∂f ∂f ∂f
x +y +z = nλn−1 f (x, y, z) (4.17)
∂λx ∂λy ∂λz
∂f ∂f ∂f
x +y +z = f (x, y, z) (4.18)
∂x ∂y ∂z
43
il vient :
T S(N, V, E) = E + pV − µN (4.19)
SdT − V dp + N dµ = 0
Cette formule exprime que les trois variables intensives que sont T, p, µ ne sont pas
indépendantes.
Chapitre 5
LES PRINCIPES DE LA
THERMODYNAMIQUE
énergie
< >
N1 V1 E1 N2 V2 E2
44
45
Donc il n’y a plus de flux d’énergie entre les deux compartiments (équilibre thermique)
lorsque leurs températures sont égales, un fait bien connu expérimentalement.
T1 = T2
∂Sm(N1 , V1 , E1 ) ∂Sm(N2 , V2 , E2 )
=
∂N1 ∂N2
c’est à dire
µ1 = µ2
46
Donc il n’y a plus de flux d’énergie ni de particules entre les deux compartiments
lorsque leurs températures et leurs potentiels chimiques sont égaux. C’est comme si
la paroi était absente. En particulier les pressions à droite et à gauche à l’équilibre
sont égales selon notre intuition. Donc p est déterminée par T et µ. (On démontrera
cela plus tard)
<
<
N1 E1 N2 E2
V1 V2
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
“Adiabatique” signifie qu’il n’y a pas d’échange de particules ni de chaleur entre les
compartiments. Donc N et E sont fixés pour chacun d’eux. Par un raisonnement analogue
à ceux ci-dessus, on démontre que la paroi ne bouge plus (V1 est fixé à des fluctuations
près) quand les pressions des deux compartiments sont égales.
Exercice : Discuter le cas d’une paroi mobile, diatherme mais imperméable.
tot
Sm (N, V, E|N1 , V1 , E1 ) = Sm(N1 , V1 , E1 ) + Sm(N2 , V2 , E − E1 )
Imaginons maintenant l’expérience suivante : on rend tout d’un coup la paroi diathermique.
Le système se trouve alors hors d’équilibre, et part à la recherche d’un nouvel équilibre,
qu’il trouvera quand E1 aura atteint la valeur E1∗. Le calcul de l’intégrale (5.1) montre
que dans ce nouvel état d’équilibre, l’entropie du système est plus grande que dans l’ancien
(puisque E1∗ maximise l’intégrand).
Si ensuite on rend la paroi perméable aux particules, le système se trouve à nouveau hors
d’équilibre. Quand le nouvel équilibre (avec N1 = N1∗ ) est atteint, l’entropie a encore
47
augmenté.
On peut généraliser cette expérience et considérer (ou au moins imaginer) que le grand
système est subdivisé en de nombreux sous-volumes (petits mais macroscopiques) numérotés
par i = 1, 2, ...p, chacun caractérisé par des valeurs Ni, Vi, Ei. Si on rend les parois
successivement (ou simultanément) diathermiques (et/ou perméables) il y aura des flux
d’énergie (et/ou de particules) qui feront augmenter l’entropie jusqu’à ce que le nouvel
équilibre soit atteint.
La même chose se passe pour un système initialement soumis à des contraintes de type
arbitraire (mais au niveau macroscopique) quand on les relaxe.
∆V
┌•
Volume ∆V
48
Température T (~
r)
Nombre de particules ∆N (~
r)
∆N(~r)
Densité n(~
r ) = ∆V
p(~
r)∆V = ∆N (~
r )kB T (~
r)
Dans toutes les applications n(~ r) et T (~r ) sont des fonctions qui varient lentement avec
~
r = (~
r1 , ~
r2 , ...~
rN ). On parle d’état thermodynamique local.
Dans tous les cas un macro-état correspond à un nombre très grand de micro-états.
Deuxième principe de la thermodynamique
Si un système thermiquement isolé tend vers son état d’équilibre (à travers une suite
de macro-états) , son entropie augmente jusqu’à ce que l’équilibre soit atteint.
namique, il a suffi de comparer des états d’équilibre seulement (bien que contraints). Rien
n’est dit sur la vitesse de la convergence (relaxation) vers l’équilibre.
Remarque 5.2.2 Le terme entropie a été forgé en 1865 par le physicien allemand Clausius
à partir de la racine grecque tropi qui évoque l’idée de transformation ou de retour en
arrière.
( Roger Balian, Les états de la matière, p205, Université de tous les savoirs, Odile Jacob,
2002)
Chapitre 6
APPLICATION AUX
OSCILLATEURS HARMONIQUES
1 1
H(x, p) = p2 + mω 2 x2
2m 2
Calculons la fonction de partition canonique :
Z Z s s
1 1 2πm 2π
Zc(T ) = dx dp e−βH(x,p) = (6.1)
h h β βmω 2
2πkB T
=
hω
On en déduit successivement l’énergie libre, l’énergie moyenne et l’entropie :
2πkB T
Fc(T ) = −kB T log Zc(T ) = −kB T log (6.2)
hω
∂ log Zc(T ) ∂ 2π 1
hEic = − =− log = = kB T (6.3)
∂β ∂β βhω β
Fc − hEic 2πkB T
Sc(T ) = − = kB 1 + log
T hω
∂hEic
CV = = kB
∂T
49
50
~2
p 1
H(~
r, p
~) = mω 2~
r2
+
2m 2
Se traite comme 3 oscillateurs hamoniques unidimensionnels indépendants :
- La fonction de partition est le cube de (6.1)
- L’énergie libre et ses dérivées acquièrent un facteur 3 par rapport à (6.2) et (6.3)
r ≡ (~
~ r1 , ~
r2 , ...~ ~ ≡ (~
rN ) p p1 , p
~2 , ...~
pN )
N N
X 1 X 1
H(~
r, p
~) = ~2i +
p mω 2~
ri2
i=1
2m i=1
2
Se traite comme 3N oscillateurs harmoniques indépendants :
3N
2πkB T
Zc(N, T ) = (6.4)
hω
51
2πkB T
Fc(N, T ) = −3N kB T log (6.5)
hω
hEic = 3N kB T (6.6)
CV = 3N kB
position, le coût en énergie par rapport à l’énergie la plus basse ne dépend que des écarts
relatifs ui+1 − ui et est donné par
N N
1 X 1 X
H(~
u, p
~) = K (ui+1 − ui)2 + p2i (6.7)
2 i=1
2m i=1
∂H
Fi = − = −K(2ui − ui−1 − ui+1 )
∂ui
Fi s’annule donc si et seulement si
ui−1 + ui+1
ui =
2
c’est à dire si le ième atome se trouve exactement au milieu de ses voisins. La force de
rappel est linéaire en ui : on a bien affaire à un cristal harmonique.
Remarque 6.1.2 En fait le fait de choisir des conditions au bord périodiques ne cor-
respond en général à aucune réalité physique, mais a des raisons de commodité mathématique.
52
En particulier elles évitent qu’on ait à s’ocuper des effets de bord. On admet alors impli-
citement que, quelles que soient les conditions aux limites, les propriétés volumiques du
système sont les mêmes pour N grand.
Soit à calculer la fonction de partition canonique pour ce système. Dans ce but, on fait
d’abord un changement de variables (que l’on n’explicitera pas ici) :
(~
u, p ~ ~
~) 7→ (ξ, π) (6.8)
qui diagonalise H :
N N
X πk2 X 1
H= + mωk2 ξk2
k=1
2m k=1
2
où les ωk2 sont différents, et sont les valeurs propres de la transformation.
Exercice : Montrer que pour N = 3, on a ω1 = ω2 = 1 ω3 = 0.
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Le problème est donc celui d’oscillateurs harmoniques indépendants (mais non iden-
tiques). La fonction de partition est :
N Z Z
Y βπ 2 β
Zc(N, T ) = h −N
dξk dπk exp − k − mωk2 ξk2
k=1
2m 2
N
Y 2πkB T
=
k=1
hωk
Donc
N
X 2πkB T
Fc(N, T ) = −kB T log
k=1
hωk
hEic = N kB T indépendant des ωk
CV = N kB toujours indépendant de T
Il est évident (ou presque) que pour un cristal tridimensionnel on aurait trouvé
CV = 3N kB = 3nmN kB = 3nmR
← aT + bT3 <
T
Pour T ≃ 0, on a CV ≃ AT + BT 3 .
La loi de Dulong est Petit est bien satisfaite au dessus d’une centaine (plusieurs centaines
selon les matériaux) de degrés Kelvin. Les déviations aux basses températures peuvent être
expliquées, comme on le verra, par la mécanique quantique.
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À des températures très élevées, il peut y avoir des déviations dues à l’anharmonicité des
forces entre les atomes : il faur alors tenir compte de termes en (ui+1 − ui)4 négligées
dans (6.7).
Règle générale :
Pour le calcul de la fonction de partition quantique on doit remplacer
Z
1 X
dΓ ρ(H(Γ)) par ρ(Ei)
h3N N ! i
L’hamiltonien est
~2 ∂ 2 1 2 2 † 1
H=− + mω x = ~ω a a +
2m ∂x2 2 2
où a, a† sont les opérateurs d’annihilation et de création habituels, et
~ ≡ h/2π.
54
Niveaux d’énergie :
1
Ei = i + ~ω, i = 0, 1, 2, ...
2
donc
∞ 1
X
−βEi e− 2 β~ω
Zc(T ) = e =
i=0
1 − e−β~ω
1
=
2 sinh( 21 β~ω)
Énergie moyenne :
∂ log Zc(T ) 1 1 + e−β~ω
hEic = − = ~ω
∂β 2 1 − e−β~ω
<
〈
〈E c
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quantique ←
← classique
hω
—
2
<
T
À haute température, la courbe quantique s’approche asymptotiquement de la courbe
classique. À basse température hEic s’approche de l’énergie de l’état fondamental 12 ~ω.
Chaleur spécifique :
∂hEic eβ~ω
CV = = kB (β~ω)2
∂T (eβ~ω − 1)2
Comportement asymptotique :
T → ∞ ou β → 0 : CV ≃ kB
~ω 2 − k~ωT
T → 0 ou β → ∞ : CV ≃ kB e B
kB T
On dit que les degrés de liberté de l’oscillateur harmonique sont “gelés”. C’est un effet
quantique.
55
Cv
< —
kß
1
<
kßT
Par la même transformation que (6.8) on peut mettre le hamiltonien sous la forme
N
X 1
H= ~ωk(a†kak + )
k=1
2
Niveaux d’énergie :
N
X 1
Ei = (nk + )~ωk
k=1
2
où nk ∈ N, ∀k.
On dit que dans le système il y a nk phonons du type k. Le phonon est un quantum de
vibration dans le cristal quantique. k est le nombre d’onde.
Énergie moyenne :
N
1X 1 + e−β~ωk
hEic = ~ωk
2 k=1 1 − e−β~ωk
56
Chaleur spécifique :
N
∂hEic X eβ~ωk
CV = = kB (β~ωk)2
∂T k=1
(eβ~ωk − 1)2
Exercice : Prouver que pour T → ∞, CV (N, T ) tend vers la valeur classique qui est
N kB .
Pour T → 0, les choses sont plus compliquées. On s’attend à ce que pour N grand,
les valeurs des pulsations ωk forment quasiment un continuum. On appelle N (ω)dω le
nombre de pulsations entre ω et ω + dω, et on écrit
Z ∞
eβ~ω
CV (N, T ) = kB dω N (ω)(β~ω)2 β~ω (6.9)
0 (e − 1)2
Z ∞
N = dωN (ω)
0
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En remplaçant cette formule asymptotique dans (6.9) (approximation dite “de Debye”) il
vient Z ∞
eβ~ω
CV ≃ kB dω C1 ω 2 (β~ω)2
0 (eβ~ω − 1)2
Posant x = β~ω il vient
Z ∞
C1 x4 ex
CV ≃ kB dx = csteT 3
(β~)3 0 (e − 1)
x 2
Remarque 6.3.1 En réalité, la forme (6.10) de N (ω) est une bonne approximation pour
ω < ωD, appelée “pulsation de Debye”, et N (ω) ≃ 0 pour ω > ωD. Il est habituel
d’introduire la “température de Debye” :
kB TD = ~ωD
SYSTÈMES MAGNÉTIQUES
(Il existe aussi un magnétisme nucléaire mais qui est beaucoup plus faible)
L’interaction Coulombienne entre les électrons plus le principe de Pauli prédit donc une
interaction d’échange entre spins voisins, caractérisée par une constante de couplage J .
Deux cas sont possibles :
- J > 0 : l’état aligné de deux spins possède l’énergie la plus basse
- J < 0 : l’état opposé (antiparallèle) de deux spins possède l’énergie la plus basse.
X N
X
H = −J σi · σ
~ ~ ·
~ j − gµB H σi
~ (7.1)
hi,ji i=1
58
59
e~
µB ≡ 2m
est le “magnéton de Bohr”.
Noter que
σj = σixσjx + σiy σjy + σiz σjz
σi · ~
~
Beaucoup de cristaux sont anisotropes (les axes cristallins brisent l’isotropie de l’espace).
Cette anisotropie peut se répercuter sur l’hamiltonien des spins, de telle sorte que les trois
termes σiασjα α = x, y, z acquièrent des coefficients différents.
Dans un cas d’extrême anisotropie, deux de ces coefficients peuvent s’annuler (α = x, y)
et l’hamiltonien des spins devient
X N
X
H = −J σiz σjz − gµB Hz σiz (7.2)
hi,ji i=1
C’est l’hamiltonien d’Ising écrit pour la première fois par Lenz (1920), et étudié par
Ising (1925). Historiquement l’hamiltonien de Heisenberg vient un peu plus tard.
L’espace de phase des spins
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On ne considérera que des spins 12 . L’état du spin est alors complètement spécifié par la
valeur propre de σiz que l’on appellera si et qui vaut ±1. Ses états sont donc |sii et on a :
On a
σiz |s1 s2 ...sN i = si|s1 s2 ...sN i
Les niveaux d’énergie :
Il sont au nombre de 2N . Il faut résoudre
Hψ = ǫψ
où ψ est une combinaison linéaire des |s1 s2 ...sN i. Pour l’hamiltonien de Heisenberg, c’est
un problème difficile. Pour l’hamiltonien d’Ising on a simplement
Aimantation totale :
∂Fc(N, H, T )
M(N, H, T ) = − (7.7)
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∂H
Susceptibilité magnétique :
1 ∂M 1 ∂ 2 Fc
χ(N, H, T ) = =− (7.8)
N ∂H N ∂H 2
Soit (s1 , s2 , ..., sN ) une configuration de spins d’énergie E(s1 , ..., sN ). Son aimantation
est
N
∂E(s1 , ..., sN ) X
M =− = gµB si
∂H i=1
On a donc :
N
X
gµB h siic = hM ic
i=1
Or
1 ∂ 1 ∂Zc(N, H, T )
M= log Zc(N, H, T ) ==
β ∂H βZc ∂H
!
N N N
gµB X X X X X X X
= ... si exp βJ sisj + βgµB H si = gµB h si i c
Zc s1 =±1 s2 =±1 sN =±1 i=1 hi,ji i=1 i=1
De même on a : !2
N
X
M 2 = (gµB )2 si
i=1
Or !
N N
∂M ∂ gµB X X X X
= si exp βJ sisj + βgµB H si
∂H ∂H Zc si =±1 i=1 hi,ji i=1
!2
N N
1 X X X X
= β(gµB )2 si exp βJ sisj + βgµBH si
Zc si =±1 i=1 hi,ji i=1
P P 2
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N P PN
s =±1
i
s
i=1 i exp βJ s s
hi,ji i j + βgµ B H s
i=1 i
−β(gµB )2
Zc
!2
XN N
X
= β(gµB)2 h si i c − h sii2c = β hM 2 ic − hM i2c
i=1 i=1
N kB T χ = hM 2 ic − hM i2c
c’est à dire que la susceptibilité magnétique mesure l’écart quadratique moyen de l’ai-
mantation dans l’ensemble canonique. On remarquera l’analogie avec la capacité calorifique
CV qui mesure les fluctuations de l’énergie d’un système.
D’où
kB T
2
(gµB) 2 gµB H
χ(H, T ) = 1 − tanh
kB T kB T
Remarques :
• La susceptibilité magnétique χ est indépendante de N
• L’aimantation M est extensive
• Dans les expressions ci-dessus apparaı̂t le rapport entre deux énergies gµB H et
kB T . Il est donc sans dimension. Noter que l’indice B de kB réfère à Boltzmann, tandis
que celui de µB réfère à Bohr !
‹M c /gµ N
‹
<
>H
Dans cette figure, on voit que quand le champ magnétique est très grand, l’aimantation
atteint sa valeur de saturation gµB N qui exprime qu’alors tous les spins sont parallèles
63
TRANSITIONS DE PHASE
Exemples :
Fer (Fe) Tc = 1043◦ K
Nickel (Ni) Tc = 627◦ K
Gadolynium (Gd) Tc = 293◦ K = 20◦ C
64
65
<
<
H
En dessous de Tc la valeur de M(T ) augmente quand T baisse. Une courbe type est la
suivante :
>
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
>T
0 Tc
On dit qu’à T = Tc le système magnétique subit une transition de phase. Un
système pouvant subir une telle transition de phase est appelé ferromagnétique.
Pour T > Tc : phase paramagnétique
Pour T < Tc : phase ferromagnétique
H = −J sisj − gµB H si
hi,ji i=1
Ici hi est un champ effectif agissant sur le spin si, que l’on ne sait pas choisir a priori.
Sachant que le champ réel agissant sur si est donné par
X
J sj + gµB H
j proches voisins de i
et donc
M
hi ≡ hcm = h + cJ
N gµB
où on désigne par c le nombre de voisins d’un spin quelconque (dépend de la forme du
cristal).
67
cJ
x
x = tanh
θ
^y
1
θ petit
θ grand
>
x
xs
Il n’est pas difficile de démontrer que si on prend la solution générale M(H, T ), alors
s
T T
Ms(T ) ≃ gµBN 3 1 − 0≤1− ≪1
Tc Tc
expérimental
théorique
>T
69
Tc >T
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
La théorie du champ moyen est-elle correcte ? Elle l’est dans les grandes lignes, mais pas
dans les détails. En particulier dans les expériences Mc(T ) au voisinage de T = Tc
s’annule bien avec une pente infinie, mais le comportement est plutôt en
T γ
Ms(T ) ∝ 1 − γ ≈ 0.35
Tc
quel que soit le matériau.
Comportement en champ non nul :
On résoud encore graphiquement l’équation (8.2), en posant M∞ = gµBN . Il vient :
M T gµB
= tanh x = x− H
M∞ Tc kB Tc
T /Tc est donc la pente de la droite y = TTc x − b, tandis que son ordonnée à l’origine est
b = −gµB H/kB Tc. On a donc les deux cas de figure ci-dessous, suivant que T < Tc ou
T > Tc :
70
^y ^y
1 1
>x >x
b
b
-1 -1
Comportement au dessus de Tc :
M(N, T, H) est une fonction continue de H, croissant de façon monotone de 0 à M∞.
Quand H → 0 le point d’intersection de la courbe se rapproche de l’origine. Un développement
limité de tanh x est alors possible : tanh x ∼x→0 x et on trouve :
gµBH
x∼ pour T > Tc, H ≪ kB Tc/µB
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
kB (T − Tc)
On en déduit la susceptibilité magnétique au dessus de la température critique :
M 1
χ(N, T, H = 0) ∼H→0 = N (gµB)2
H kB (T − Tc)
On retrouve donc la Loi de Curie pour un modèle d’Ising sans interaction avec le rempla-
cement de T par T − Tc au dénominateur. C’est la Loi de Curie-Weiss.
Comportement au-dessous de Tc :
Deux cas apparaissent suivant que H est grand ou petit. Pour H grand il n’y a qu’un
point d’intersection qui correspond à l’aimantation du système à l’équilibre. Pour H petit
il apparaı̂t 3 points d’intersection, mais seul celui où l’aimantation a le même signe que H
correspond à un équilibre stable. Là encore on peut calculer la susceptibilité magnétique
quand H → 0 (ici au dessous de Tc). On trouve :
N 1 Tc − T
χ∼ (gµB)2 pour 0 < ≪1
2 kB (Tc − T ) Tc
Les exposants critiques :
• Pour l’aimantation :
M ∼T →Tc C|T − TC |1/2
• Pour la susceptibilité :
χ ∼T →Tc C|T − Tc|−1
71
Les exposants critiques prédits par la théorie de champ moyen sont donc universels. Ils
ne dépendent ni de la force de couplage J ni du nombre c de proches voisins. Ils sont les
mêmes pour tous les matériaux.
2kB T
M (H, T ) est une fonction analytique : elle s’annule pour H = 0 quelle que soit la
température T . La susceptibilité magnétique reste finie à toute température non nulle.
Le modèle d’Ising à une dimension est donc paramagnétique. Il ne présente
pas de transition de phase.
Z π/2
1
K(x) = dφ
0 (1 − x2 sin2 φ)1/2
Existence d’une transition de phase :
Elle se manifeste par un comportement singulier des fonctions thermodynamiques ou de
leurs dérivées. Le paramètre x est toujours positif. Il s’annule pour T = 0 et T → ∞. Il
passe par un maximum égal à 1 pour une température critique Tc telle que
72
J
sinh =1 (8.3)
2kB Tc
Or K(x) est définie pour tout x < 1 mais diverge pour x = 1 : on a pour x → 1
1 2
T − Tc
K(x) ∼ − log(1 − x ) ∝ − log
2 Tc
Cela conduit pour Ē(N, H, T ) à une fonction continue en T = Tc mais dont la dérivée
(la capacité calorifique) diverge comme log |T − Tc|.
De même on trouve qu’il y a une aimantation en champ nul (caractéristique d’un ferro-
magnétique) donnée par : (s est la surface du cristal)
( h i1/8
NgµB 1
M0 (N, T, H = 0) = 2s
1 − sinh4 (J/2kB T )
pour T < Tc
0 pour T > Tc
M0 décroı̂t donc de sa maleur maximale pour T = 0 qui est N gµB /2s à la valeur 0
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8.4.1 Le problème
L’hamiltonien pour les N particules du gaz est le suivant :
N N X
1 X X
H= ~2i
p + ri − ~
U (~ rj ) (8.4)
2m i=1 i=1 j6=i
On note rij ≡ |~
ri − ~
rj |. On a la factorisation suivante :
3N
1 2πm 2
Zc = Zr
N! βh2
où Zr est la fonction de partition “configurationnelle” :
Z Z !
β XX
Zr = d~
r1 ... rN exp −
d~ U (rij )
2 i j6=i
parfait.
Forme de U (r) :
U (r) est dû au déplacement des charges électroniques que deux molécules induisent l’une
sur l’autre lorsqu’elles sont proches. Le calcul est quantique et complexe. Pour r petit,
la fonction U (r) augmente très rapidement (cause physique : les nuages électroniques de
deux molécules ne peuvent pas se recouvrir). Quand r → ∞, U (r) ∼ −r −6 (donc la
force F (r) ∼ r −7 est attractive ; c’est la force empirique dite de Van der Waals.) Au
total on est conduit à supposer une forme pour U (r) qui est la suivante :
" 6 #
r0 12 r0
U (r) = u0 −2
r r
^ U(r)
r0
0
r1 >r
-u0
On a donc 3N/2 Z N
1 2πm −βUef f (~
r)
Zc ≈ d~
re
N ! βh2
Choix de Ueff : Pour Ueff = cste, on retomberait sur le gaz parfait. Ici on tient compte
du fait que dans le volume V il existe pour chaque particule un “volume interdit” v de
taille
|v| = (N − 1)b ≃ N b
où b ∝ r13 est le volume de la “sphère d’exclusion” autour d’une particule. On pose donc
U0 pour ~r ∈V −v
Ueff (~r) =
∞ pour ~r∈v
D’où
3N/2
1 2πm N N
Zc ≈ (V − bN )e−βU0 = Zgp (1 − nb)e−βU0 (8.5)
N! βh2
Valeur de U0 :
U0 est l’énergie potentielle d’une particule due à la présence des autres. Ces autres par-
ticules se trouvent (pratiquement uniquement) dans la partie négative du potentiel de la
75
première. Donc U0 est négatif et proportionnel à la densité n = N/V des autres parti-
cules. On pose :
U0 = −an a > 0, [a] = Jm3
Il vient alors
N
Zc ≈ Zgp (1 − bn)eβan
On a :
d’où
∂Fc N kB T b
= + N kB T − Na
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
∂n n 1 − bn
et pour la pression, se rappelant que n = N/V :
∂Fc n2 ∂Fc bn2 nkB T
p=− = = kB T n + − an2 = − an2
∂V N ∂n 1 − bn 1 − bn
est cubique en n
Exercice : Faire a = b = 0, et retrouver la loi des gaz parfaits p = nkB T .
p
haute T
isotherme
critique
T = Tc
instable
T
basse T
Tc
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1
v =
n
Exercice : Retrouver les formules (8.8). On vérifiera que le système (8.7) conduit aux
équations
v3 2a v4 3a
= =
(v − b) 2 kB T (v − b) 3 kB T
Comparaison avec l’expérience :
77
fluide Tc pc/nckB Tc
N e 44 K 0.31
N2 126 K 0.29
CO2 304 K 0.27
H2 O 647 K 0.23
Remarque 8.5.1 La “loi universelle” est donc approchée pour des fluides réels. C’est la
limitation de la théorie de champ moyen qu’on a utilisée pour démontrer l’équation d’état
de Van der Waals.
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Chapitre 9
MÉCANIQUE STATISTIQUE DE
SYSTÈMES QUANTIQUES
C’est le “recouvrement” des deux paquets d’onde représentés par ψ et ϕ. Les fonctions
d’onde ϕ, ψ sont dites orthogonales si elles obéissent la relation d’orthogonalité
hϕ|ψi = 0
Proposition 9.1.1 Dans l’espace de Hilbert H il existe une infinité de bases orthonor-
males, c’est à dire d’ensembles {ϕ}n∈N tels que
hϕn|ϕmi = δn,m
78
79
On a : Z
2
hϕ|ϕi = kϕk = |ϕ(x)|2 dx = 1
Rn
car c’est la probabilité totale de trouver le système quelque part dans Rn :
|ϕ(x)|2 dx
Définition 9.1.2 On appelle opérateur A une application de H dans lui-même qui est
linéaire :
A(λψ + µϕ) = λ(Aψ) + µ(Aϕ)
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
n’est dans L2 (Rn) que pour des états ϕ particuliers dits états du domaine de P1 =
∂
−i~ ∂x 1
tels que
∂ϕ(x) 2
Z
∂x dx < ∞
Rn 1
An,m := hϕn|Aϕmi
1
•A= 1+X2
est borné. En effet :
Z Z
2
|ϕ(x)|2
kAϕk = dx 2 )2
≤ dx|ϕ(x)|2 = 1
R n (1 + x R n
donc on a kAk ≤ 1.
2 2
• Soit H = P +X 2
l’hamiltonien de l’oscillateur harmonique de masse et de fréquence 1.
Il n’est pas borné ; cependant l’opérateur H est inversible. Soit A = H −1 . A est borné
de norme ≤ 2/~ et ses éléments de matrice dans la base des fonctions d’Hermite sont
1
An,m = 1
δn,m
n+ 2
~
Définition 9.1.5 Produit de deux opérateurs :
Soient A, B deux opérateurs dans H. Le produit A · B est l’opérateur défini comme suit :
A · Bϕ = A(Bϕ)
kA · Bk ≤ kAkkBk
[A, B] = A · B − B · A
Exemple de commutateur :
[P, X] = −i~Id
En effet (dimension 1) :
hA∗ϕ|ψi = hϕ|Aψi
|hϕ|Aψi| ≤ Cψ kϕk
hAϕ|ψi = hϕ|Aψi
On a cependant
Exercice : montrer que pour toute observable A, la valeur moyenne de A dans n’importe
quel état (de son domaine) est réelle.
où les Hn(x) sont les polynômes d’Hermite d’ordre n. Alors un opérateur A est dit “à
trace” si ∞
X
hϕn|(A∗A)1/2 ϕni < ∞
n=0
82
on a :
trAϕ = kϕk2 = 1
2 2
• soit H = P +X 2
en dimension 1. C’est l’hamiltonien de l’oscillateur harmonique de
fréquence 1. Soit A = (H 2 + 1)−1 . En prenant pour ϕn les fonctions d’Hermite on a
1
Hϕn = (n + )~
2
d’où
1
hϕn|Aϕni =
1 + (n + 1/2)2 ~2
et la série
X 1
n∈N
1 + (n + 1/2)2 ~2
est convergente.
Proposition 9.1.13 On dit que a ∈ R est une valeur propre d’une observable A s’il
existe ϕ ∈ H tel que
Aϕ = aϕ
ϕ est alors appelé état propre de A. Toute valeur propre d’une observable appartient à
son spectre, et les états propres ϕ, ψ correspondant à deux valeurs propres différentes sont
orthogonaux c’est à dire obéissent la relation d’orthogonalité
hϕ|ψi = 0
Si le spectre d’une observable A ne comprend que des valeurs propres, on dit qu’il est
purement ponctuel.
Sinon, le complément du spectre ponctuel de A s’il existe est continu.
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
Exemples :
• σ(X) = σ(P ) = R. Ce spectre est continu. Il n’y a pas de valeurs propres dans le
spectre. Interprétation : n’importe quel réel peut être le résultat d’une mesure de la posi-
tion ou de l’impulsion dans un état quantique convenable.
• Énergie cinétique H0 = P 2 /2m. Le spectre est continu et coincide avec [0, +∞[.
• σ(H) = {en = (n + 1/2)~ n ∈ N} où H est l’hamiltonien de l’oscillateur har-
monique en dimension 1 défini plus haut. Ce spectre est purement ponctuel (ou encore
discret). Dans ce cas chaque point du spectre est une valeur propre, c’est à dire que l’on
a:
Hϕn = enϕn
P2 e2
HH = −
2m |x|
84
HH est autoadjoint sur le domaine des états quantiques qui tendent vers 0 convenablement
à l’origine. Son spectre est donc réel .
Le spectre négatif est discret, constitué des valeurs propres :
me4 1
En = − n = 1, 2, ...
2~2 n2
qui correpondent aux états liés de l’électron avec le proton.
Le spectre positif est continu et correspond aux états dits de diffusion où l’électron est
libre (états ionisés).
0
∂t
ψ est une fonction dans l’espace d’Hilbert L2 (R3N ), c’est à dire qu’elle est de carré
intégrable dans l’espace de toutes les coordonnées ~ r1 , ~
r2 , ...~
rN . On appelle les fonc-
tions ψ les états purs du système quantique. On a pour un système de N particules
de masse m interagissant deux à deux :
N
1 X 1X
H= ~2i +
p ri − ~
U (|~ rj |) (9.2)
2m i=1
2 i6=j
où maintenant p
~i est un opérateur :
∂
~i ≡ −i~∇i = −i~
p
∂~
ri
Le produit scalaire de deux états ψ1 (t) et ψ2 (t) représente le recouvrement des fonctions
d’onde dans tout l’espace ; on désigne par r N ∈ R3N le vecteur (sans flèche)
r N = (~
r1 , ~
r2 , ...~
rN )
Z
hψ1(t) | ψ2 (t)i = dr N ψ1∗(r N , t)ψ2 (r N , t)
R3N
n, m étant des indices quelconque ; il y en a une infinité. Un état quantique ψ(t) peut
se décomposer dans la base des ϕn :
∞
X
N
ψ(r , t) = cn(t)ϕn(r N )
n=0
L’évolution dans le temps des cn(t) est déterminée par l’équation de Schrödinger : en
prenant le produit scalaire de (9.1) avec ϕn (se rappeler que les ϕn sont indépendants du
temps), il vient
∞
dcn(t) X
i~ = Hn,mcm(t)
dt m=0
C’est un système infini d’équations différentielles couplées, donné par la matrice infinie
Soit une observable quantique A. Elle représente une quantité physique mesurable, comme
par exemple la position, l’impulsion... A est donc un opérateur. Sa valeur moyenne Ā
est par définition le résultat de la mesure de A dans l’état quantique ψ :
Ā ≡ hψ | Aψi (9.3)
Supposons que l’on choisisse pour ϕn la base des états propres de A (ce qui suppose que A
soit un opérateur autoadjoint à spectre purement discret, on n’entrera pas dans les détails
mathématiques), alors (9.3) se réduit à
∞ X
X ∞ ∞
X
Ā = Amc∗n(t)cm(t)hϕn | ϕmi = An|cn(t)|2
n=0 m=0 n=0
Remarque 9.1.14 Dans tout ce qui suit on supposera que H donné par (9.2) n’a que des
valeurs propres discrètes (on dit aussi que son “spectre” est discret) . Cela n’est pas un point
trivial, et cela suppose en particulier que le système est confiné dans un sens convenable
(de même que les systèmes classiques que nous avons considérés étaient confinés dans une
grande boite de volume V ).
On considère maintenant une collection d’états purs orthonormés ψ k avec une pondération
pk ≥ 0. dire que les pk sont des “pondérations” revient à supposer
X
pk < ∞
k
Bien évidemment
X
Pk = 1
k
et on notera
X
Z≡ pk = trρ
k
En effet
XX ′ ′
X X X
trρ = pkhψ k|ψ k ihψ k |ψ ki = pk δk,k′ = pk
k′ k k k′ k
87
Soient ρn,m les éléments de matrice de ρ dans la base ϕn. Ils sont donc
X
ρn,m ≡ hϕn , ψ kipkhψ k , ϕmi
k
En effet
X X X
tr(ρ · B) = hϕn|ρ · B ϕni = hϕn|ρϕmihϕm|Bϕni = ρn,mBm,n
n n,m n,m
(iii) La “collection d’états purs” dont on est parti est appelée aussi un mélange statis-
tique d’états purs. On pourrait être tenté de parler d’un “ensemble” d’états purs. Cepen-
dant c’est l’opérateur densité qui est le plus proche de la notion d’ensemble en mécanique
statistique classique. C’est lui qui détermine toutes les moyennes de grandeurs physiques
observables.
∞
d X
i~ ρm,n(t) = (Hm,n′ ρn′ ,n(t) − ρm,n′ (t)Hn′ ,n)
dt n′ =0
Remarque 9.2.4 Trρ est un réel positif indépendant de la base choisie pour l’évaluer,
et de même bien sûr Tr(ρB) est indépendant de la base (mais pas nécessairement positif ).
Une condition suffisante est que ρ soit une fonction de H : ρ = f (H). ρ est alors
diagonal dans la base des fonctions propres de H. Notons ψn et En les états propres et
valeurs propres de H :
Hψn = Enψn
ρ = e−βH
On aura donc
Zc = Tr e−βH
Fc = −kB T log Tr e−βH
• ensemble grand-canonique :
Comme en mécanique statistique classique, il faut sommer sur des systèmes à nombre de
particules N variant de 0 à ∞. Pour cela on dénote HN l’hamiltonien à N corps donné
par (9.2).
90
N
1 X
H= ~2j
p
2m j=1
N
! N
~2 X ∂2 ∂2 ∂2 X
=− + + = Hj
2m j=1 ∂x2j ∂yj2 ∂zj2 j=1
Hj est (à un facteur près) le Laplacien sur les trois coordonnées de la position ~
rj :
(xj , yj , zj ) de la jème particule.
On suppose que les particules se trouvent dans une boite cubique de volume V = L3 . On
prend des conditions aux limites périodiques, c’est à dire que l’on identifie les positions
~
r et ~
r + L(m1 , m2 , m3 ) pour tous les entiers m1 , m2 , m3 . L > 0 est la “taille de la
boite”.
91
92
H est une somme sur j d’opérateurs à une particule Hj . Les fonctions propres de Hj sont
1 ~
ψ~k(~
rj ) = eik·~rj
L3/2
avec les valeurs propres correspondantes
~2~
k2
E~k =
2m
~ 2π
k= ~
n avec ~
n = (n1 , n2 , n3 ) (10.1)
L
les n1 , n2 , n3 étant des entiers relatifs arbitraires.
Exercice : Vérifier que les états à une particule ψ~k sont orthonormés.
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
Notation :
2π
k N
= (~
k1 , ~
k2 , ..., ~
kN ) ∈ Z3N
L
r N = (~
r1 , ~ rN ) ∈ R3N
r2 , ..., ~
σ N = (σ1 , σ2 , ..., σN )
ΨkN (r N ) = ψ~k1 (~
r1 )ψ~k2 (~
r2 )...ψ~kN (~
rN ) (10.2)
les ~
k1 , ~
k2 , ..., ~
kN sont tous de la forme (10.1) mais sont arbitraires. En particulier ils ne
sont pas nécessairement tous différents (ils peuvent même être tous égaux).
Bien que chaque fonction d’onde du type (10.2) soit mathématiquement fonction propre de
H, elles ne sont pas toutes admises pour la description de systèmes physiques. On appelle
93
−S, −S + 1, ...S − 1, S
(à un facteur de normalisation près qui dans cette discussion est sans importance). L’in-
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
dice kN , σ N désigne une collection de nombres quantiques (~kj , σj ) parmi lesquels il peut
y avoir des identiques. Une permutation des indices j correspondants ne conduit pas à un
nouvel état. On dit que les particules obéissent à la statistique de Bose-Einstein.
Clairement pour la statistique de Bose-Einstein, n~k,σ peut prendre n’importe quelle valeur
entière, alors que pour la statistique de Fermi-Dirac, n~k,σ ne peut valoir que 0 ou 1.
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
Remarque importante :
On rencontre souvent en physique quantique de systèmes à N corps de particules indépendantes
mais qui ne constituent pas un gaz parfait.
Exemples :
(1) N particules identiques dans un potentiel extérieur. Dans ce cas, on rajoute au hamil-
tonien (9.2) un potentiel V (~
r1 , ~
r2 , ..., ~
rN ) qui “remplace” le confinement introduit par les
conditions aux limites périodiques.
(2) N particules sans interaction mais dans un potentiel différent (par exemple N oscilla-
teurs harmoniques).
(3) N particules couplées, dont l’hamiltonien, après diagonalisation, prend la forme d’ha-
miltoniens de particules indépendantes (appelés quasiparticules).
Qu’est ce qui change dans ce cas ? Les seules choses à changer sont :
(i) l’étiquette (~
k, σ) d’une fonction propre à une particule est remplacée par un nombre
quantique plus général noté i.
(ii) Les ondes planes sont remplacées par des fonctions d’onde plus générales ψi(~
r), ce
qui sera sans répercution sur la thermodynamique.
95
où l’astérique dans la somme signifie qu’on tient compte de la statistique liée au spin, soit
celle de Bose-Einstein, soit celle de Fermi-Dirac.
N
X X
E kN ,σN = E~kj ,σj = n~k,σE~k,σ
j=1 ~
k,σ
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
On a donc
∗
X X ∗N
X X
Zc(N, V, T ) = exp −β n~k′ ,σ′ E~k′ ,σ′ = exp −β n~k′ ,σ′ E~k′ ,σ′
{n~k,σ : n~k,σ =N } ~
k′ ,σ′ n~k,σ ~
k′ ,σ′
P
Il est nécessaire maintenant de préciser si les particules sont des bosons (statistique de
BE), ou des fermions (statistique de FD).
• Bosons :
X 1
exp β(µ − E~k,σ )n~k,σ = β(µ−E~k,σ )
n~kσ ∈N 1−e
d’où
Yh i−1
ZgBE (µ, V, T ) = 1 − eβ(µ−E~k,σ )
~
kσ
• Fermions :
X
exp β(µ − E~k,σ )n~k,σ = 1 + eβ(µ−E~k,σ )
n~k,σ =0,1
d’où
Yh i
ZgF D(µ, V, T ) = 1 + eβ(µ−E~k,σ )
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
~
kσ
où G ≡ 2S + 1
Un état quantique individuel “occupe” en moyenne un “volume de l’espace de phase” égal
à (2π~)3 . Comme le volume accessible dans l’espace des positions est égal à V , cela veut
dire que p~ = ~~
k est quantifié à l’intérieur de cellules élémentaires de plus en plus petites
de taille tridimensionnelle
(2π~)3
V
donc pour V grand, ces états constituent “presque” un continuum, et la somme sur ~
k (se
rappeler que ~
k=p~/~) peut être remplacée par une intégrale :
Z
X V
... → 3
d~
k ...
~
(2π) R 3
k
∞
x
X elx
∓ log(1 ∓ e ) = (±1)l−1 , x<0 (10.6)
l=1
l
∞ 3/2 Z ∞
GV X eβµl 2m 2
= (±1) l−1
x2 dxe−x
2π 2 l=1
l βl~2 0
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On utilise Z √
∞
2 −x2
π
x dxe =
0 4
Il vient
∞ 3/2 ∞
X (±1)l−1 2mπ V X eβµl
log ZgBE,F D(µ, V, T ) = GV e βµl
=G (±1)l−1
l=1
l βlh2 λ3 l=1
l5/2
où on a posé
h
λ≡ √
2πmkB T
Thermodynamique :
Comme log Zg est linéaire en V , on a :
log Zg = βpV
Noter qu’en fait p ne dépend que des variables intensives µ, T . La densité moyenne :
hN ig ∂p
n≡ = (10.9)
V ∂µ V,T
98
satisfait donc ∞
G X eβµl
n= (±1)l−1 (10.10)
λ3 l=1
l3/2
En éliminant µ entre (10.8) et (10.10) on peut trouver l ’équation d’état du gaz parfait
quantique. Rendons cette élimination explicite dans le cas où n est petit ( V → ∞). On
a un développement limité
eβµ = a1 n + a2 n2 + a3 n3 + ...
Par suite
BE,F D GkB T λ3 2 λ6 2 λ6 λ3 n 1 1
p = n∓n ±n = nkB T 1 ∓ − 5/2
λ3 G G2 23/2 G2 25/2 G 23/2 2
3
BE,F D −5/2 λ n
p = nkB T 1 ∓ 2 + ... (10.11)
G
λ3 n
= nkB T 1 ∓ 0.1768 + ...
G
On notera que nλ3 est bien une quantité sans dimension de même que G.
Exercice : Trouver les ordres supérieurs, en particulier a3 , et que la correction d’ordre n2
à (10.11) est (pour FD comme pour BE)
2
λ3 n
−0.0033
G
Solution :
On doit avoir pour n → 0
G 2 3 1 2 2 1 3
n = 3 a1 n + a2 n + a3 n ± 3/2 (a1 n + a2 n ) + 3/2 (a1 n) + ...
λ 2 3
d’où
λ3 a21
a1 = , a2 = ∓
G 23/2
99
2 a31 1 1
a3 = ∓ a1 a2 − = a31 −√
23/2 33/2 4 27
Or
GkB T 2 3 1 2 2 1
p= a1 n + a2 n + a3 n ± (a1 n + a2 n ) + a3 n3
5/2 1
+ ...
λ3 25/2 3
En reportant les valeurs ci-dessus de a1 , a2 , a3 , il vient
−5/2
nλ3 1 2 nλ3 2
p = nkB T 1 ∓ 2 + ( − 5/2 )( ) + ...
G 8 3 G
Remarque 10.3.2 (i) Les effets quantiques sont petits tant que nλ3 ≪ 1. La particule
exhibe un comportement quantique à l’échelle spatiale λ. Si cette dernière est petite devant
la dimension spatiale d ≡ n−1/3 accessible à une particule, alors le gaz quantique est
bien approximé par le gaz parfait classique. Par contre les effets quantiques deviennent
significatifs quand λ > d ou ≃ d.
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(ii) Le signe ± dans (10.11) correspond à BE/FD. Les fermions se “repoussent” à cause
du principe de Pauli, donc la pression quantique est augmentée par rapport à l’expression
classique. par contre pour les bosons, la pression est plus faible que la pression classique.
(iii) Les effets quantiques sont donc significatifs lorsque :
- la température est faible (quelques degrés Kelvin)
- la densité est forte (liquide, solide)
- les particules sont légères (électrons, Hélium)
(iv)Par contre les effets quantiques sont négligeables quand G → ∞
Si les effets quantiques sont très importants, on parle d’un système quantique fortement
dégénéré. Le développement (10.11) est pour des systèmes quantiques faiblement
dégénérés.
Une question plus fine concerne le nombre moyen de particules dans un niveau
(~
k0 , σ0 ) donné. Il est donné par
1 X X
hn~k0 ,σ0 i ≡ n~k0 ,σ0 exp β (µ − E~k′ ,σ′ )n~k′ ,σ′ (10.12)
Zg
{n~k,σ } ~ ′
k ,σ′
∂ log Zg
=−
∂βEk0 ,σ0
On en déduit :
Les moyennes de nombre d’occupation pour les statistiques de Bose-Einstein et Fermi-
Dirac sont
eβ(µ−E~k,σ )
hn~k,σiBE,F D = (10.13)
1 ∓ eβ(µ−E~k,σ )
donc dans la limite classique (nλ3 ≪ 1) on a aussi eβµ ≪ 1. On obtient alors que (10.13)
tend vers la distribution de Maxwell.
Exercice : Montrer que l’on obtient (10.14) en dérivant (10.5) par rapport à µ et en
divisant par βV . On rappelle que E~k ≡ E~k,σ = ~2~
k2 /2m et que
∂ log Zg
Ng = kB T
∂µ
Chapitre 11
GAZ DE FERMIONS
INDÉPENDANTS
11.1 Introduction
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m = 9 × 10−31 kg
kB = 1.4 × 10−23 JK−1
h = 6.6 × 10−34 Js
On suppose maintenant qu’on est à “température ambiante” :
T = 300◦K
101
102
On a donc
h
λ= √ ≈ 5 × 10−9 m
2πmkB T
et par suite
nλ3 = 4 × 125 × 1028−27 = 6000
Pour que nλ3 ≪ 1 il faudrait que λ3 soit 10 000 fois plus petit, donc λ 20 fois plus petit,
donc T ≈ 120 000◦K. La température ambiante est donc une “très basse température”
pour les électrons dans un métal. Les états des N électrons dans un métal qui vont compter
dans un ensemble canonique seront ceux qui sont très près de l’état fondamental.
~2~
k2 2π
E~k,σ = , ~
k= ~
n, n = (nx, ny , nz ) ∈ Z3
~
2m L
r ∈ B,
~ ~∈S
p
4πp3
Vol(Ω) = V
3
Comme chaque état quantique d’energie E~k peut avoir deux configurations de spin pos-
sibles, le nombre total N d’électrons est donc donné par l’équation
V 4 k3 V
N =2 πp3 =
h3 3 3π 2
103
La solution donne donc un vecteur d’onde maximal, appelé vecteur d’onde de Fermi :
~2 kF2
EF =
2m
Cette énergie définit par l’équation E = kB T une température caractéristique appelée
température de Fermi
EF
TF =
kB
Exercice : Montrer que la condition nλ3 ≈ 1 correspond à T ≈ TF .
Solution :
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À la température de Fermi on a
h2
kB TF = (3π 2 n)2/3
8mπ 2
d’où √ !3
8π 2 mkB TF (4π)3/2
3π 2 n = =
h λ3
donc
(4π)3/2 8
nλ3 = 2
= √ ≃ 1.5
3π 3 π
Quand T → 0 on trouve
1 si E~k < µ
hn~k,σ iT =0 =
0 si E~k > µ
~2
µ(T = 0, n) = (3π 2 n)2/3 (11.3)
2m
log Zg = βpV
Z
kB T V
p(T → 0, n) ≃ d~k log 1 + eβ(EF −~2 k2 /2m)
V 4π 3 |~k|<kF | {z T →0
}
≃ β(EF − ~2 k2 /2m)
!
~2~
Z
1 k2 1 ~2 kF2 4 ~2 4
= d~
k EF − = πkF3 − πkF5
4π 3 |~
k|<kF 2m 4π 3 2m 3 2m 5
Solution :
X ~2~
k2 V G~2
Z
E(T = 0) = hn~k,σi|T =0 = d~
k~k2
~
2m 8π 3 · 2m |~
k|≤kF
k,σ
Z
V ~2 kF
V
= 4π dkk4 = EF kF3
8π 3 m 0 5m
Or on a
Z Z kF
X VG ~ V 2 V kF3
N (T = 0) = hn~k,σi|T =0 = dk = 2 k dk =
~
8π 3 |~k|≤kF π 0 3π 2
k,σ
pV = E0
3
On verra que cette relation reste vraie aux températures non nulles.
Solution :
On a vu que
2
p= nEF
5
et comme à température nulle on a :
5 E0
EF =
3N
il vient
2N 5E0 2E0
p= =
5V 3N 3V
dE
On a CV = dT
, donc il faut trouver E(N, V, T ).
3/2 Z ∞
X V 2m η 3/2
E(µ, V, T ) = hn~k,σ iE~k,σ = dη (11.4)
~
2π 2 ~2 0 1 + eβ(η−µ)
k,σ
La statégie consiste à inverser (11.5) pour obtenir µ(N, V, T ) et à le reporter dans (11.4) ;
cela se fait, à basse température, à l’aide d’un développement limité en kB T /EF = T /TF .
Remarque :
3/2
EF 3√
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= πn0 λ3
kB T 8
donc kB T /EF est petit quand n0 λ3 est grand.
On calcule, pour
η 1/2
f (η) =
η 3/2
l’intégrale
Z ∞ Z µ Z µ Z ∞
f (η) dη f (η) dη f (η) dη
I = = dη f (η) − + (11.6)
0 1+ eβ(η−µ) 0 0 1+ e−β(η−µ) µ 1 + eβ(η−µ)
On suppose que βµ ≫ 1. Cette hypothèse doit être vérifiée a posteriori, puisque, bien
que µ(T = 0) = EF soit finie, µ(T ) est une fonction non encore connue de T .
Dans le second terme du membre de droite de (11.6), on peut remplacer le borne inférieure
de l’intégrale par −∞ à des contributions exponentiellement petites en eβµ.
Deuxième terme : on pose x = µ − η
Troisième terme : on pose x = η − µ.
On a donc Z µ Z ∞
f (µ + x) − f (µ − x)
I= dη f (η) + dx
0 0 eβx + 1
107
^
eβ(η-μ)+1
∆η
< >
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T<<TF
> η
µ
Les contributions principales à l’intégrale sur x proviennent de x ≤ 1/β ≪ µ, donc
au premier ordre de la série de Taylor, on peut remplacer f (µ + x) − f (µ − x) par
2xf ′(µ) dans l’intégrale. Sachant que
Z ∞
z dz π2
=
0 ez + 1 12
on obtient : Z µ
π2
I= dη f (η) + f ′(µ) + ...
0 6β 2
Pour calculer l’expression de E(µ, V, T ) (resp. N (µ, V, T )) quand T → 0, il suffit de
prendre f (η) = η 3/2 (resp. f (η) = η 1/2 ). On trouve :
3/2 Z
V 2m µ
3/2
3 1/2
π2
E(µ, V, T ) = η dη + µ + ...
2π 2 ~2 0 2 6β 2
V (2mµ)5/2 5 π2
= 1+ × + ...
10π 2 m ~3 2 4β 2 µ2
De même,
3/2 Z
V 2m µ
1/2 π2 1
N (µ, V, T ) = η dη + √ + ...
2π 2 ~2 0 6β 2 2 µ
108
3/2
V 2m 2µ3/2 3 π2
= 1+ × + ...
2π 2 ~2 3 4 6β 2 µ2
D’où " 2 #
V (2mµ)5/2 5π 2 kB T
E(µ, V, T ) = 1+ + ... (11.7)
10π 2 m~3 8 µ
" 2 #
V (2mµ)3/2 π2 kB T
N (µ, V, T ) = 1+ + ... (11.8)
3π 2 ~3 8 µ
L’équation (11.8) donne N en fonction de µ, ou inversement µ en fonction de N (ou de
n = N/V ) :
" 2 #−2/3
~2 π2 kB T
µ(N, V, T ) = (3π 2 n)2/3 1 + + ...
|2m {z } 8 µ
= µ0 ≡ µ(T = 0, n) ≡ EF
ou
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" 2 #
π2 kB T
µ(N, V, T ) = µ0 1 − + ... (11.9)
12 µ0
Il en résulte que " 2 #
π2 T
βµ ≃ βµ0 1 −
12 TF
et par suite
" 2 #
TF π2 T TF π2T
βµ ≃ 1− ≃ − ≫1
T 12 TF T 12TF
3
E0 = N EF
5
(cf Exercice 1)
Pour T → 0 on a :
" 2 #
π2 kB T
µ(N, V, T ) ≃ µ0 1−
12 µ0
" 2 #
5π 2 kB T
E(N, V, T ) ≃ E0 1+ (11.10)
12 EF
π 2 kB T
CV (N, V, T ) ≃ N kB (11.11)
2 EF
Interprétation et commentaires :
(1) CV (N, V, T ) se comporte linéairement en T pour T ≃ 0.( Le résultat classique était
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points vides
àT=0
occupé }excitation
pour T > 0
vide
(2) Interprétation :
Pour T > 0 des “excitations” sont possibles : un électron juste à l’intérieur de la surface de
Fermi va occuper un niveau à l’extérieur, laissant un “trou”. La surface de Fermi devient
légèrement diffuse.
110
〈
^ 〈n k,σ
→
T=0
1
T = 300° k
>
kF k
hn~k,σi ≃ 0.99
~2
β ∆kkF ≃ −4.60 = log 10−2
m
On a alors
∆k 2.3 T
≃− ≃ 2.3
kF β~2 kF2 /2m TF
Or on a vu que TF correspond approximativement à la condition nλ3 = 1. On trouve
donc
h2 n2/3
TF ≃ ≃ 6.5 · 104
2πmkB
◦
Donc à T = 300 K, on a
T
≃ 4.6 · 10−3
TF
ce qui donne pour ∆k/kF :
∆k
≃ 10−2
kF
Z ∞
GV kB T ~2 k2
=− k2 dk log 1 + eβ(µ− 2m )
2π 2 m 0
2 k2
β(µ− ~2m )
2
On fait une intégration par parties, posant dv = k dk et u = log 1 + e . Le
terme tout intégré est nul. Il vient :
Z ~2 k2 Z
∞ ∞
~2 β 4 eβ(µ− 2m
)
~2 1
Ω = −GkB T V dk k 2 k2 = −GV k4 dk ~2 k2
6mπ 2 0 1+e β(µ− ~2m ) 6mπ 2 0 1 + e−β(µ− 2m
)
~2~
Z ∞
X k2 GV ~2 k4 dk
E= hn~k,σi ≈ ~2 k2
~
2m 2π 2 2m 0 1 + eβ( 2m
−µ)
k,σ
Z ∞
GV ~2 k4 dk
= ~2 k2
4mπ 2 0 eβ( 2m
−µ)
+1
Il vient donc :
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2
Ω(µ, V, T ) = − E(µ, V, T ) (11.12)
3
GAZ DE BOSONS
INDÉPENDANTS
12.1 Introduction
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
Exemple important : He4 liquide. En effet l’hélium4 étant composé de six particules de
spin 1/2 c’est à dire deux proton, deux neutrons et deux électons est un boson. Contrire-
ment à son isotope l’hélium3 qui est composé de deux protons deux électrons et un neutron
qui est par conséquent un fermion, ayant un nombre impair de fermions. L’hélium4 devient
“superfluide” pour T < Tc = 2.17◦K. On tentera d’expliquer ce phénomène par les pro-
priétés particulières des gaz de bosons à basse température.
Pour considérer un gaz de bosons simple, on prendra S = 0 d’où G = 1.
112
113
Z ~2 k2 Z ∞
1 ∞
2 eβ(µ− 2m
)
2m 3/2 ∞ 2 X (βµ−x2 )l
1
= k dk ~2 k2
= x dx e
2π 2 0 1 − eβ(µ− 2m ) β~2 2π 20 l=1
q
2
où on a utilisé comme variable d’intégration x = k β~
2
2m
et que pour y = eβµ−x < 1,
P
(ce qui est le cas pour µ < 0), on a 1−y 1
= ∞ l
l=0 y .
Or Z √
∞
2 −lx2 −3/2
π
x dxe =l
0 4
D’où ∞
3/2 X ∞
m eβµl 1 X eβµl
n1 = =
2πβ~2 l=1
l3/2 λ3 l=1
l3/2
D’où en majorant eβµl par 1 (car µ < 0), ce calcul donne
∞
X 1
n1 ≤ λ−3 = ζ(3/2)λ−3 ≈ 2.612λ−3
l=1
l3/2
où ζ(3/2) est la fonction de Riemann. La densité ne peut donc être égale à cette valeur, que
pout T > T0 où T0 est une valeur critique de la température au dessus de laquelle le calcul
est satisfaisant. C’est celle pour laquelle λ = λ0 (λ est une fonction de la température
∝ T −1/2 ), où
nλ30 = 2.612
2/3
h2 n
T0 =
2πmkB 2.612
Pour T ≤ T0 l’équation n = n1 ne peut être satisfaite car alors
2.612
n> ≥ n1
λ3
Il se passe que les particules additionnelles qui contribuent à la densité n se placent toutes
au niveau ~ k = 0.
Mais dans ces circonstances les calculs du Chapitre 10 sont à revoir. En effet, considérons
P R
l’expression (10.14) de la densité. Le passage de ~k à 8π1 3 d~k suppose que l’intégrand
varie lentement avec ~ k. Comme ce n’est pas le cas ici pour ~ k ≃ 0, il faut donc traiter
séparément la contribution à la densité de ~
k = 0. Au lieu de (10.14) on a alors
1
n= hn~k=0 i +n1
|V {z }
cel-00339827, version 1 - 19 Nov 2008
Remarque 12.2.1 Dans l’expression ci-dessus, on n’a pas le droit de prendre d’abord la
limite thermodynamique V → ∞ ce qui donnerait zéro ; il faut d’abord obtenir tous les
résultats finaux pour un système fini, et seulement après faire tendre V → ∞.
115
2/3
h2 n
T0 = (12.2)
2πmkB 2.612
3
^ nλ
1
> eβμ
régime régime (µ = 0)
classique quantique
Considérons l’expression (12.1) divisée par λ3 , pour n. Pour T > T0 il suffit de prendre
en compte le deuxième terme. Pour T < T0 on a µ → 0 à la limite thermodynamique
donc on peut poser µ = 0 dans le deuxième terme, qui s’écrit alors
3/2
2.612 2.612 λ0 3 T
= = n
λ3 λ30 λ T0
| {z }
116
=n
Donc
P∞
1 eβ µl
λ3 l=1 l3/2 pour T > T0
n= 3/2 (12.3)
− 1 + T
n pour T < T0
V βµ T0
On a que
1
n0 = −
V βµ
est la densité des états à ~
k = 0.
On voit que la densité des particules à ~
k = 0 est donnée par
" 3/2 #
T 2.612
n0 = 1 − n=n− (V → ∞)
T0 λ3
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>T
T0
Le nombre moyen de particules se trouvant dans une “peau” entre k et k + dk est égal
à 4πk2 hn~ki dk et est donné par la figure suivante :
117
^
4̟k2<nk→>
T<T0
← → T>T0
• >k
Z
E 1 X 1 eβ(µ−ǫ~k )
= hn~kiǫ~k = d~
kǫ~k
V V ~
8π 3 1 − eβ(µ−ǫ~k )
k6=0
Z ∞ ∞
1 2 ~2 k2 X βµl βl~2 k2
= k dk e exp −
2π 2 0 2m l=1 2m
∞ Z ∞
~2 X βµl 2m 5/2 ∞ 4 −x2
2m 5/2 3~2 X eβµl
= e x dxe =
4mπ 2 l=1 β~2 l 0 β~2 32mπ 3/2 l=1 l5/2
∞ ∞
3kB T 2πmkBT 3/2 X eβµl 3 kB T X eβµl
= = (12.4)
2 h2 l=1
l 5/2 2 λ 3
l=1
l 5/2
Le calcul est analogue à celui fait précédemment pour (12.1) et utilise que
Z ∞
2 3√
dx x4 e−x = π
0 8
Les formules obtenues au Chapitre 10 pour log ZgBE et pBE restent vraies. Le remplace-
P R
ment de ~k par 8π1 3 d~ k est ici inoffensif car le point ~
k = 0 a un “poids” zéro, donc les
particules dans le condensat ne contribuent pas à la pression. En comparant les formules
(12.4) et (10.8) on voit que
2
pV = E
3
118
Pour T < T0 les deux formules prennent une forme particulière puisque µ = 0 :
∞
2E kB T X kB T kB T
p= = l−5/2 = ζ(5/2) = 1.342 ∝ T 5/2 T < T0
3V λ3 l=1
λ3 λ3
3kB T 3V kB T
E=V ζ(5/2) = 1, 341
2λ3 2λ3
Or 3/2
−3 n T
λ =
2, 612 T0
On en déduit que pour T ≤ T0 on a (se rappelant que nV = N ) :
1, 341 3N kB T 5/2
E= × (12.5)
2, 612 2 T03/2
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>T
Application à He4 :
En substituant les valeurs de m et n pour He4 liquide dans (12.2), on trouve :
120
T0 = 3.14◦K
1
u = log 2 k2 , k2 dk = dv
−β( ~2m −µ)
1−e
Le terme tout intégré est nul. On a donc
Z ∞
GV ~2 k4 dk
Ω = −kB T 2 k2
6π 2 m 0 e β( ~2m −µ)
−1
Or on a vu que l’énergie est donnée par
Z ∞
V ~2 k4 dk
E(µ, V, T ) = G 2 ~2 k2
2π 2m 0 eβ( 2m
−µ)
−1
d’où on déduit (comme pour des fermions)
2
Ω(µ, V, T ) = − E(µ, V, T )
3
On calcule alors l’entropie qui est égale à
∂F
S=−
∂T
où F (N, V, T ) est l’énergie libre du système donnée par
F = Ω + µN
121
Remarque 12.4.1 Pour T = 0 l’entropie est nulle. Les particules condensées ne contri-
buent pas à l’entropie. Cela s’explique par le fait que les particules dans le condensat sont
dans un état pur bien déterminé, de sorte que leur contribution au nombre d’états acces-
sibles est simplement un facteur 1. Comme log 1 = 0, la contribution du condensat à
l’entropie est donc nulle.
2
k dke = 2 2
x dxe−x
2π l=1 0 2π l=1 βl~
|0 {z }
√
π
= 4
3/2 3/2
2πmkB T 2.612 N T
= 2.612V = =N
h2 n λ3 T0
Dans le 2ème terme, il y a divergence de l’intégrale à sa borne inférieure quand µ → 0.
On peut le réécrire comme
Z
V 2m 3/2 ∞ 1/2 1 1
dǫ ǫ − βǫ
4π 2 ~2 0 eβ(ǫ−µ) − 1 e −1
Pour contourner cette difficulté, on divise l’intervalle d’intégration en ǫ entre [0, ηkBT ]
et [ηkB T, ∞[, ou η ≪ 1 est un nombre sans dimension. L’intégrale sur l’intervalle
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[ηkB T, ∞[ ne pose pas de difficulté et est O(µ) quand µ → 0. Dans l’intervalle [0, ηkB T ],
on développe les exponentielles au premier ordre en ǫ et µ. Il vient
Z
V 2m 3/2 µ ηkB T ǫ1/2 dǫ
(12.7)
4π 2 ~2 β 0 ǫ(ǫ − µ)
quand µ ր 0, d’où en reportant dans (12.7) il vient que la contribution de 2ème terme
est
3/2 3/2
V 2m p √ V kB T 2πmkB T0 p
− πkB T −µ = −2 π −µ
4π 2 ~2 (kB T0 )3/2 h2
| {z }
= n/2.612
√
2 π N kB T p N kB T p
=− −µ ≈ −1.357 −µ
2.612 (kB T0 )3/2 (kB T0 )3/2
On en déduit que le nombre total de particules pour T & T0 satisfait :
3/2
T kB T p
N =N − 1.357N −µ
T0 (kB T0 )3/2
123
( Notons que T0 est une fonction de N ). Cette relation peut être inversée pour donner
2 " 3/2 #2
kB T0 T0 T
µ=− −1 pour T & T0
1.842 T T0
d’où
µ(T0 + ∆T )
ր 0 quand ∆T ց 0
∆T
d’où la continuité de la dérivée première de µ au voisinage de la température de Bose. On
a vu que l’énergie était continûment dérivable en T = T0 (CV est continue). Par contre
on peut montrer que la dérivée seconde de E est discontinue en T = T0 .
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T0
ı >T
Chapitre 13
GAZ DE PHOTONS
→
−
1 ∂2 E →
−
= ∆ E , ∇~ ·→
−
E =0 (13.1)
c2 ∂t2
c est la vitesse de la lumière.
On trouve :
(i) ω et ~
k sont reliés par ω = ω~k ≡ c|~
k|.
(ii) Sous des conditions aux limites périodiques on doit avoir
2π
~
k= n
~ n ∈ Z3
avec ~
L
→
− →
−
(iii) E0 · ~
k = 0, c’est à dire que E0 doit être perpendiculaire à ~ k, conformément aux
→
−
équations de Maxwell. E0 doit donc être une combinaison linéaire de deux vecteurs unitaires
orthogonaux que l’on appellera
On a donc trouvé que les ondes progressives sont caractérisées par un vecteur d’onde ~
k et
une polarisation α :
→
− ~
E ~k,α = A~k,αê~k,αeik·~r−iω~k t (13.2)
124
125
où A~k,α est une constante arbitraire, réelle. La solution générale de (13.1) est une super-
position de solutions (13.2) pour toutes les valeurs possibles de ~ k et α.
H= + mω 2 x2
2m 2
En effet les solutions classiques x(t) pour un tel hamiltonien satisfont
d2
x + ω 2x = 0
dt2
Le mode de vibration (~ k, α) du champ électromagnétique est donc un oscillateur harmo-
nique de fréquence ω = ck (où k = |~ k|). Ceci établi, la quantification s’effectue selon les
règles de la mécanique quantique :
il s’ensuit que l’énergie correspondant à un mode de vibration (~ k, α) ne peut prendre que
des valeurs discrètes :
1
ǫ~k,α = (n~k,α + )~ωk
2
où n~k,α ∈ N.
On appelle n~k,α le nombre de photons du type (~
k, α). Ce nombre n’est pas restreint ;
les photons sont des bosons.
Remarque 13.2.1 (i) L’indice de polarisation α est analogue au spin σ. Les photons ont
un spin S égal à 1. Pourtant, α ne prend que deux valeurs, et non pas 2S + 1 = 3.
(ii) Il n’y a pas de condensation de Bose-Einstein, car on a toujours µ = 0. On ne peut
fixer le nombre total de photons.
(iii) L’impulsion p
~ du photon est donnée par
~ = ~~
p k
126
T = TR
µP = 0
Les photons sont des bosons identiques, de masse nulle et de spin 1, sans interaction
mutuelle et de potentiel chimique nul.
le cas pour les photons dans une cavité. Pour des bosons massifs c’est également le cas
en dessous de la température de Bose, où la température, fixée par un thermostat,
fait en sorte que le système atteigne une certaine densité, en empruntant des bosons à
l’environnement et en les condensant dans l’état ~
k = 0 par le phénomène de condensation
de Bose-Einstein.
Si Eλ est l’énergie d’un état individuel de photon noté λ, le nombre moyen d’occupation
Nλ du niveau Eλ est donné par la distribution de Bose-Einstein pour µ = 0, c’est à dire
1
Nλ =
eβEλ −1
On peut étudier ce rayonnement à l’équilibre en faisant un petit trou (de taille négligeable)
dans l’une des parois, et en mesurant le rayonnement qui sort.
Comme on a µ = 0, le nombre moyen de photons à l’équilibre à la température T et pour
l’état caractérisé par (~
k, α) est :
1
hn~k,αi = (13.3)
eβ~ω~k − 1
Le nombre de niveaux ayant un vecteur d’onde de longueur comprise entre k et k + dk
est égal à
V V ω2
2 3
4πk2 dk = dω ≡ ρ(ω) dω
(2π) π 2 c3
ρ(ω) est appelée la densité spectrale des modes propres. Donc en multipliant par le nombre
moyen d’occupation, on obtient que le nombre n(ω, T ) dω de photons ayant une énergie
entre ~ω et ~(ω + dω) est
V ω2
n(ω, T ) dω = dω
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π 2 c3 eβ~ω − 1
L’énergie dE des photons dans cet intervalle de fréquence est donc
~ ω3
dE = ~ωn(ω, T ) dω = V dω
π 2 c3 (eβ~ω − 1)
| {z }
≡ u(ω, T ) densité spectrale de l’énergie
par unité de volume dans la cavité, quantité que l’on peut mesurer.
Loi de Planck pour le rayonnement d’un corps noir :
~ ω3
u(ω, T ) = (13.4)
π 2 c3 (eβ~ω − 1)
^ u(ω,T)
loi classique
60000k
40000k
30000k
>ω
129
• ~ω ≪ kB T :
on a
kB T
u(ω, T ) ≃ ω2 (limite classique ; pas de ~)
π 2 c3
C’est la formule de Rayleigh-Jones.
• ~ω ≫ kB T
on a :
~
u(ω, T ) ≃ ω 3 e−~ω/kB T
π 2 c3
C’est la loi de Wien, découverte empiriquement en 1893.
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Exercice : Montrer qu’à T fixée, u(ω, T ) atteint son maximum pour ω = ωm où
kB T
ωm = 2.821
~
Ce maximum se déplace donc proportionellement à T (loi du déplacement de Wien).
On peut ausi vérifier qu’à une fréquence ω donnée, u(ω, T ) est une fonction croissante de
T.
Solution :La dérivée de u(ω) s’annule pour
x
1− = e−x
3
où x = β~ω. Or une résolution graphique ou numérique à la calculette montre que
x = 2, 821.
130
= π 4 /15
4 3
π2 kB T 8π 5 kB T
E(V, T ) = V ~c = kB T V (13.5)
15 ~c 15 2π~c
Exercice : En utilisant l’équation aux dimensions, vérifier que l’expression du membre de
droite de (13.5) est bien homogène à une énergie.
E(V, T ) ∝ T 4
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Interprétation :
si ω = kc est la fréquence d’un photon, sa longueur d’onde est donnée par
2π 2πc 2π~c
λth = = =
k ω ǫ~k
donc
2π~c
λth =
kB T
est la longueur d’onde d’un photon ayant une énergie thermique. C’est l’analogue de la
longueur d’onde de de Broglie thermique d’une particule massive.
Grand potentiel :
Z
X eβEλ V
Ω(V, T ) = −kB T log =2 k T
3 B
d~
k log 1 − e−~ω~k /kB T
λ
eβEλ − 1 (2π)
On utilise que
Z Z ∞ Z ∞
V V
2 d~
k... = dωρ(ω)... = dωω 2...
(2π)3 0 π 2 c3 0
131
Il vient : 3 Z ∞
V kB T kB T
Ω(V, T ) = dxx2 log(1 − e−x)
π2 ~c
|0 {z }
R ∞ 3
= − 31 0 dx exx−1
(où on a fait une intégration par parties)
Énergie totale : 3
π2 kB T
E(V, T ) = kB T V
15 ~c
Grand potentiel :
3
π2 kB T 1
Ω(V, T ) = − kB T V = − E(V, T )
45 ~c 3
Entropie :
∂Ω π2 4
kB 4 E
S=− = V 4T 3 = ×
∂T 45 (~c)3 3 T
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Pression du rayonnement :
3
∂Ω π2 kB T
p=− = kB T
∂V 45 ~c
Donc
1
pV = E(V, T )
3
(Rappel : Pour un gaz parfait classique, on avait pV = 32 E)
Remarque 13.4.1 (i) Microscopiquement, la pression est due aux chocs des photons sur
les parois.
(ii) L’entropie d’un gaz de photons s’annule lorsque T → 0, comme celle d’un gaz de
fermions, ou d’un gaz de bosons massifs.
Chapitre 14
SYSTÈMES MOLÉCULAIRES
On a vu qu’on peut traiter les interactions dans des systèmes à N corps en utilisant
l’Approximation du Champ Moyen. Que peut-on dire sur des systèmes moléculaires (typi-
quement des gaz) sans faire cette approximation ?
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Typiquement U (r) sera un potentiel très répulsif à petite distance, modélisant l’impénétrabilité
des atomes, et attractif à longue distance. Un exemple est le “potentiel de Lenard-Jones” :
" 6 #
r0 12 r0
U (r) = U0 −
r r
N
Quand la densité n = V
des particules n’est pas trop importante, on s’attend à ce que
l’équation d’état du gaz parfait
p = kB T n
soit modifiée par des termes en nk avec k = 2, 3, ... qui seront petits devant le terme
linéaire en n quand n ≪ 1. D’où le développement du viriel :
p
= n + B2 (T )n2 + B3 (T )n3 + ...
kB T
132
133
où
YZ
ZN = e−βU(rij ) dr N
i<j V
et
eβµ
ζ≡
λ3
Dans la limite des gaz parfaits, on a n et eβµ ≈ 0, donc on développe en puissances de ζ.
Ordre 1 :
Zg ≈ 1 + ζZ1 = 1 + ζV
pV
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= log Zg ≈ log(1 + ζV ) ≈ ζV
kB T
∂p/kB T
n=ζ ≈ζ
∂ζ
D’où en éliminant ζ, on retrouve l’équation des gaz parfaits
pV = N kB T
Ordre 2 :
ζ2 ζ2
Zg ≈ 1 + ζZ1 + Z2 = 1 + ζV + Z2
2 2
où on a :
Z Z Z Z
−βU(|~
r1 −~
r2 |)
Z2 = d~
r1 d~
r2 e = d~
r1 d~
r2 (1 + f (r12))
V V V V
Z
2
=V +V d~ r|)
r f (|~
où on a posé
~
r1 + ~
r2
f (r) ≡ e−βU(r) − 1 ~ =
R ~ r1 − ~
r=~ r2
2
Soit Z
a≡ d~
r f (r)
134
On a donc
ζ2
(V 2 + aV )
Zg (µV, T ) ≈ 1 + ζV +
2
pV ζ2 2 ζ 2V 2 1
= log Zg ≈ ζV + (V + aV ) − ≈ ζV + ζ 2 aV
kB T 2 2 2
∂pV /kBT
n=ζ ≈ ζ + aζ 2
∂ζ
En éliminant ζ, on a , au deuxième ordre :
Au deuxième ordre du développement du viriel :
p
≈ n + B2 (T )n2 (14.1)
kB T
avec Z
1
B2 (T ) = − d~
r f (r)
2
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Exemple 1 :
∞ si r < σ
U (r) = −ε si σ < r < bσ
0 si bσ < r
b est un nombre sans dimension > 1.
^ U(r)
σ bσ
>r
D’ où
Z ∞ Z σ Z bσ
2 2 βε
B2 (T ) = −2π dr r f (r) = 2π r dr − 2π(e − 1) r 2 dr
0 0 σ
2π
= σ 3 1 − (b3 − 1)(eβε − 1)
3
135
TB Température de Boyle
• T < TB B2 < 0 =⇒ p < pGP
• T > TB B2 > 0 la répulsion entre les atomes augmente la pression.
Exemple 2 :
U (r) = εϕ(r/σ)
(Le potentiel de Lenard-Jones est de ce type avec ε = U0 et σ = r0 ). On définit une
température réduite
kB T
T∗ ≡
ε
On a alors Z ∞
3 2 ϕ(r)
B2 (T ) = −2πσ r dr exp − ∗ −1
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0 T
Comme dans l’exemple 1, il existe une température de Boyle TB , obtenue lorsque le pa-
ramètre sans dimension T ∗ satisfait
Z ∞
ϕ(r)
2π 1 − exp − ∗ r 2 dr = 0
0 T
Pour le potentiel de Lenard-Jones :
1 1
ϕ(r) = −
r 12 r6
on trouve (numériquement)
TB∗ ≈ 3.418
et
X
ζ(β) ≡ e−βητ (14.2)
τ
Finalement on a l’expression générale pour la fonction de partition d’un gaz parfait
de molécules :
V N −3N
Z= λ [ζ(β)]N
N!
HI = He + Hr + Hv
kB T ≃ 1eV ←→ T ≃ 12000◦K
les degrés de liberté électroniques sont bien gelés mais avec un facteur de dégénérescence
égal à g0 = (2L + 1)(2S + 1), où L est le moment cinétique orbital, et S le spin total.
d
>ρ
Mais les noyaux vibrent l’une par rapport à l’autre, ce qui signifie que leur distance ρ
oscille autour de d. Cette vibration est équivalente au mouvement d’une particule fictive
138
de masse
m1 m2
mR ≡
m1 + m2
(m1 et m2 sont les masses des deux noyaux)
On a donc affaire à un oscillateur hamonique à une dimension de pulsation
κ
ω=
mR
où la constante de rappel κ est liée à la courbure de u(ρ) au point ρ = d. Les énergies
quantiques sont
1
ητ = (τ + )~ω, τ = 0, 1, 2...
2
La fonction de partition liée à ce mode de vibration est
1
ζ(β) =
2 sinh(β~ω/2)
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kB Tv ≃ ~ω
Elle est d’autant plus élevée que les forces interatomiques sont plus intenses et que les
atomes sont plus légers. Elle varie selon les molécules de quelques dizaines à quelques
milliers de ◦K.
Pour T ≪ Tv les vibrations de la molécule sont “gelées” : on constate en effet que (14.3)
tend vers zéro avec T /Tv :
2
Tv
CVv ≃ N kB e−Tv /T pour T ≪ Tv
T
139
CVv ≃ N kB , T ≫ Tr
Les états stationnaires de rotation sont donc les harmoniques sphériques Yj,m où j ∈ N
et m = −j, −j + 1, ..., j − 1, j avec pour valeurs propres
~2
ηj,m = j(j + 1)
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2I
~2
kB Tr =
2I
Pour la molécule H2 (homopolaire, voir sous-section suivante) Tr ≃ 85◦K. Tr est de
l’ordre de quelques dizaines de ◦K pour des molécules HA où A est un atome autre
que H. Elle est au plus de l’ordre de quelques ◦K pour toutes les autres molécules
diatomiques. On est donc presque toujours dans la situation inverse du “gel” pour la
rotation :
T ≫ Tr
d’où pour la capacité calorifique totale une contribution qui s’ajoute à celle du gaz parfait
monoatomique :
CVr ≃ N kB , T ≫ Tr
Ici encore le résultat d’équipartition de l’énergie est satisfait.
• degrés de liberté de rotation pour une molécule homopolaire :
Ylm(π − θ, π + ϕ) = (−1)lYlm(θ, ϕ)
(Par ♯E on désigne le cardinal de l’ensemble E, c’est à dire le nombre d’éléments dans cet
ensemble). Par contre il n’y a que 21 [(2s + 1)2 − (2s + 1)] états antisymétriques de la
forme (m, m′) − (m′, m), m 6= m′ Notons seulement que sauf dans le cas de H2 ou
D2 ces effets quantiques sont négligeables car on est au-dessus de la température de
gel. En effet, dès que T ≪ Tr , ou a :
T
ζpair = ζimp. ≃
2Tr
et donc
(2s + 1)2 T
ζB = ζF ≃ ×
2 Tr
Le résultat qu’on retiendra dans le cas le plus général est que si s est le spin d’un des
atomes on a
1 T
ζr(β) ≃ (2s1 + 1)(2s2 + 1)
σ Tr
où σ = 1 pour des molécules hétéropolaires et = 2 pour des molécules homopolaires.
14.3 Conclusions
Dans la Section 14-1, nous avons analysé les déviations à la loi des gaz parfaits pour des
gaz monoatomiques interagissant par des potentiels à deux corps. Cela conduit, en basse
densité, à des corrections à l’équation d’état des gaz parfaits appelés “développement du
viriel”.
Dans la Section 14-2, nous avons considéré des gaz parfaits moléculaires (donc sans
interaction) mais où on prend en compte la structure interne des molécules. On n’a
considéré que des molécules diatomiques pour faire plus simple. On obtient des corrections
à loi des gaz parfaits qui dans le cas le plus simple de molécules diatomiques dont
le cortège électronique a un moment cinétique orbital et un spin totals nuls a la forme
suivante :
Z(N, V, T ) = [z0 ζ(β)]N
142
avec s
2π~2
z0 = V λ−3 , λ=
mkB T
eβu0 2IkB T 1
ζ(β) = (2s1 + 1)(2s2 + 1)
σ ~2 sinh(~ω/2kBT )
s1 , s2 sont les spins des deux atomes
σ = 1, 2 suivant que les atomes sont identiques ou non
I est le moment cinétique de l’atome (égal à mRd2 où mR est la masse réduite des deux
noyaux, et d leur distance)
ω est le mode de vibration
−u0 est l’énergie électronique minimale de la molécule.
nv
5N X (~ωτ /2kB T )2
CV = kB + N kB
2 τ=1
sinh2 (~ωτ /2kB T )