Fonctions Holomorphes2016 PDF
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holomorphes
redigee par Francois Golse, Yves Laszlo, Frank Pacard et Claude Viterbo
David Renard
Table des matieres
1. Notion dholomorphie 4
2. Les conditions de Cauchy reelles 7
3. Transformations conformes 9
4. Integration le long dun chemin 10
5. La formule integrale de Cauchy 12
6. Fonctions holomorphes vs fonctions analytiques 14
7. Suites et series de fonctions holomorphes 16
8. La formule des residus 18
9. Formule des residus et le calcul dintegrales 26
10. Les zeros des fonctions holomorphes 27
11. Propriete de la moyenne et principe du maximum. 31
12. Existence de primitives 32
13. Fonctions harmoniques 36
14. Films de savon et fonctions meromorphes 37
15. Applications physiques 39
16. Le calcul de (2k) 43
17. Theoreme de Muntz-Szasz 44
Bibliographie 49
Index 51
3
4 Table des matieres
Nous allons presenter la theorie des fonctions holomorphes qui sont des fonctions derivables
au sens complexe . Comme on le verra rapidement, cette classe de fonction concide avec celle
des fonctions analytiques qui sont des fonctions developpables en serie entiere . Les
fonctions holomorphes sont omnipresentes en mathematiques comme en physique (le lecteur
interesse pourra consulter a ce sujet [15, paragraphe 82]). Lune des raisons de leur presence
en physique est que les fonctions harmoniques, cest-a-dire les fonctions f : R dont
le Laplacien est nul, i.e. f = 0, sur un ouvert C, sont localement les parties reelles
de fonctions holomorphes, et que les potentiels, qui apparaissent en physique, satisfont bien
souvent cette propriete.
Nous navons recherche ni lexhaustivite ni les hypotheses minimales dans les theoremes.
Par exemple, il est possible de definir les fonctions holomorphes comme les fonctions derivables
au sens complexe, sans faire dhypothese de continuite des derivees et le Theoreme de Morera,
fort utile pour des applications fines, affirme que cela ne change rien aux objets ainsi definis.
On verra dans les cours de mathematiques ulterieurs (voir le cours de MAT 433 Distribu-
tions, analyse de Fourier, EDP) que lon peut meme saffranchir totalement des hypotheses
de regularite dans le cadre de la theorie des distributions. Le lecteur interesse est encourage a
consulter labondante litterature [7], [1], [20], [14].
En ce qui concerne la theorie des fonctions de plusieurs variables complexes, qui ont des
proprietes tout a fait surprenantes, le lecteur pourra consulter [18] et [11].
1. Notion dholomorphie
Commencons par quelques notations et rappels sur les fonctions de deux variables. On
identifiera C a R2 grace a lapplication z 7 x + iy ou
x = <e(z), et y = =m(z).
Dans ce chapitre, lecriture z = x + iy sous-entendra que x, y R et designera un ouvert
non vide de C. Ainsi, une fonction a valeurs complexes f : C sera de classe C 1 si la
fonction de deux variables
f(x, y) := f (x + iy),
est de classe C 1 sur . Par definition, ceci signifie quelle admet des derivees partielles
f f f f
(z0 ) := (x0 , y0 ) et (z0 ) := (x0 , y0 ),
x x y y
qui sont continues en tout point z0 = x0 + iy0 . La formule de Taylor fournit alors un
developpement limite de f a lordre 1 en z0 , developpement qui est donne par
f f
(1.1) f (z0 + z) = f (z0 ) + (z0 ) x + (z0 ) y + o(|z|),
x y
avec z = x + iy. Il est tres commode de reecrire ce developpement limite uniquement en
termes des variables z et z. Pour ce faire, commencons par donner la definition des operateurs
differentiels z et z :
Definition 1.1. On note
1 1
:= i et := +i .
z 2 x y z 2 x y
1. NOTION DHOLOMORPHIE 5
existe en tout point z0 , i.e. si et seulement si f est derivable au sens complexe en tout
point de (on dira aussi que f est C-derivable).
Les proprietes de stabilite par les operations usuelles des fonctions C 1 , la formule (1.2) et
les formules du Lemme 1.2 donnent, comme dans le cas des fonctions de plusieurs variables
reelles, la proposition suivante :
Proposition 1.4. Les combinaisons lineaires et produits de fonctions holomorphes definies
sur un meme ouvert sont des fonctions holomorphes sur cet ouvert. Si f est holomorphe, alors
1/f est holomorphe sur louvert ou f ne sannule pas. Enfin, si f Hol(), g Hol(0 ) et si
g(0 ) , alors, la composee f g Hol(0 ).
Bien entendu, les derivees complexes se calculent avec les formules habituelles. Par exemple,
pour tout n N, la derivee complexe de z 7 z n est donnee par z 7 n z n1 .
Exemple 1.5. Tout polynome P C[X] a coefficients complexes definit une fonction
z 7 P (z) qui est holomorphe sur C dont la derivee complexe est donnee par z 7 P 0 (z) (ou
P 0 est la derivee de la fonction polynome x 7 P (x)). Pour tous P, Q C[X], les fractions
rationnelles
P (z)
z 7 ,
Q(z)
sont des fonctions holomorphes en dehors de lensemble des zeros de Q, dont la derivee com-
plexe est donnee par
P 0 (z)Q(z) P (z)Q0 (z)
z 7 .
Q2 (z)
Remarque 1.6. Bon nombre de fonctions usuelles sont des fonctions holomorphes. Par
exemple, la fonction exponentielle
X zn
z 7 ez := ,
n!
n0
est une fonction holomorphe dont la derivee complexe est z 7 ez . On rappelle que le rayon
de convergence de cette serie entiere est infini et que ez1 +z2 = ez1 ez2 , pour tous z1 , z2 C.
Toutes les fonctions construites a partir de la fonction exponentielle comme par exemple
les fonctions trigonometriques
eiz + eiz eiz eiz sin z
cos z := , sin z := et tan z := ,
2 2i cos z
ou hyperboliques
ez + ez ez ez
cosh z := = cos(i z), sinh z := = i sin(iz),
2 2
et
sinh z
tanh z := = i tan(iz),
cosh z
sont des fonctions holomorphes sur leurs domaines de definition respectifs. On laisse le soin
au lecteur de determiner les domaines de definition des fonctions tan et tanh et les derivees
complexes de toutes ces fonctions.
Plus generalement, les series entieres definissent des fonctions holomorphes.
2. LES CONDITIONS DE CAUCHY REELLES 7
a coefficients complexes, de rayon de convergence R > 0 definit une fonction holomorphe sur
son disque ouvert de convergence et la derivee complexe de f est donnee par
X
f 0 (z) = n an z n1 .
n1
X en profite pour rappeler que le rayon de convergence R [0, +] dune serie entiere
On
an z n est le sup des 0 tels que la serie est normalement convergente sur le disque ferme
n0
de rayon . Cest aussi le sup des 0 tels que la suite (|an | n )n0 est bornee.
Cette abondance de fonctions holomorphes ne doit pas nous faire oublier quil convient
de faire attention et, si f est une fonction holomorphe, alors z 7 |f (x)| (module de f ) ou
z 7 f (z) (fonction complexe conjuguee) ne sont essentiellement jamais holomorphes (sauf si
la fonction f est constante).
Remarquons que
ez1 +z2 = ez1 ez2 ,
ce qui implique en particulier que est un sous-groupe (multiplicatif) de C .
Supposons maintenant que z C . Alors z := {z w : w } C car si
z0 z , on pourrait ecrire z0 = z u = v avec u, v et donc z = v/u , ce qui nous
donnerait une contradiction. Mais z est un sous-ensemble ouvert (tout comme ) de sorte
que le complementaire de ,
[
C = z ,
zC
est un ouvert de C (comme reunion douverts de C ). En particulier, son complementaire
est donc un ferme de C . Finalement, est a la fois ouvert et ferme dans C (et est non
vide), cest donc que = C .
Nous reviendrons un peu plus tard sur la question de la definition globale du logarithme
complexe (voir la Proposition 12.3 page 33).
3. Transformations conformes
Soit f Hol(). On sinteresse au comportement de f au voisinage dun point z0 tel que
f 0 (z0 ) 6= 0.
Remarque 3.1. On verra plus tard (Theoreme 10.3 page 28) que, pourvu que f ne soit
pas localement constante, les points dannulation de f 0 sont isoles et que cette hypothese nest
donc pas tres restrictive.
Considerons deux arcs de classe C 1
1 , 2 : ] 1, 1[ C,
qui passent par z0 quand t = 0. On suppose ces arcs reguliers au voisinage de t = 0, cest-a-dire
que j0 (0) 6= 0 et lon rappelle que j0 (0) correspond au vecteur tangent au point z0 = j (0)
(remarquer que lon peut supposer j injectif pour |t| assez petit dapres le theoreme dinversion
locale). Pour j = 1, 2, les arcs images f j ont pour tangentes f 0 (z0 )j0 (0) en t = 0 de sorte
que langle entre les tangentes a j en z0 est le meme que langle entre les tangentes aux
arcs images en f (z0 ) (en dautres termes, on utilise le fait que la jacobienne de f est une
similitude). On fait reference a cette propriete de conservation des angles en disant que les
fonctions holomorphes sont des transformations conformes.
Si lon regarde limage par une application holomorphe du grillage formee des droites
verticales et horizontales du plan par une application holomorphe (disons sur un domaine ou
la derivee ne sannule pas), on obtient un grillage constitue de courbes dont les tangentes
sont orthogonales aux endroits ou ces courbes se croisent. Si lon observe que les lignes de
niveau
<e(f ) = c et =m(f ) = c0 ,
ce sont les images des droites verticales et horizontales
<e(z) = c et =m(z) = c0 ,
par la reciproque f 1 de f qui est une fonction holomorphe au voisinage de f (z0 ) dapres le
Corollaire 2.4 page 8 le resultat precedent montre que ces lignes de niveau sont des courbes
dont les tangentes sont orthogonales aux points ou elles se coupent.
Exemple 3.2. Dans le cas ou g = tanh, on a
1 z+1
f (z) = argtanh z = ln ,
2 z1
et lon obtient la Figure 3.2.
Le lecteur feru delectromagnetisme reconnatra sur la Figure 3.2 les equipotentielles (en
vert) et les lignes du champ magnetique (en bleu) crees par deux fils infinis paralleles, contenus
dans un plan normal au plan des lignes de champs, parcourus par des courants dintensites
egales et constantes de sens opposes. Cette propriete bien connue dorthogonalite entre lignes
de champs et equipotentielles, dans le cas plan, reflete la nature conforme des applications
holomorphes. On developpera plus bas cette observation qui est intimement liee au fait que
le potentiel est une fonction harmonique et au lien entre fonctions harmoniques reelles et les
parties reelles de fonctions holomorphes (voir la section 13 page 36).
ou a < b. Si de plus (a) = (b), on dira que est un lacet. Le chemin oppose opp : [a, b]
est defini par
opp (t) := (a + b t).
Exemple 4.2. Le lacet (t) = z0 + r eit , pour t [0, 2] est le cercle de centre z0 C et
de rayon r > 0, qui est parcouru dans le sens direct.
On dit que deux chemins 1 : [a1 , b1 ] et 2 : [a2 , b2 ] sont composables si
1 (b1 ) = 2 (a2 ). Auquel cas, on peut definir le chemin compose
1 2 : [a1 , b1 + b2 a2 ] ,
par
(
1 (t) si t [a1 , b1 ]
1 2 (t) :=
2 (t + a2 b1 ) si t [b1 , b1 + b2 a2 ].
Definition 4.3. Si f : C et si : [a, b] est un chemin, on definit lintegrale de
f le long du chemin par la formule
Z Z b
f (z) dz := f ((t)) 0 (t) dt.
a
Exemple 4.4. Si est le lacet qui decrit le cercle de centre z0 et de rayon r > 0 tel quil
est donne dans lexemple precedent et si f est definie sur un ouvert contenant ce cercle, nous
avons
Z Z 2
f (z) dz = i r f (z0 + reit ) eit dt.
0
La demonstration de ces trois proprietes ne pose aucune difficulte et est laissee en exercice
au lecteur.
Voici un premier resultat sur les integrales le long de chemins qui fait intervenir la notion
de fonction holomorphe.
12 Table des matieres
z
0 0
On remarque que
f () f (z)
7 ,
z
est une fonction holomorphe sur {z} et continue sur . En particulier, la fonction (t, ) 7
F (t, ) est continue sur [0, 1] [0, 2] et C 1 sur ]0, 1[ [0, 2]. On conclut que I est de classe
C 1 sur ]0, 1[ et que cette fonction, qui est a priori continue sur ]0, 1], se prolonge par continuite
sur [0, 1] en prenant I(0) = 0. De plus, pour tout t ]0, 1[, la derivee de I sobtient en derivant
sous le signe somme :
Z 2
0 F (t, )
I (t) = d.
0 t
Or, un simple calcul montre que
F G
(t, ) = if 0 (tz + (1 t)ei )ei = (t, ),
t
ou nous avons defini
f (tz + (1 t)ei )
G(t, ) := .
t1
Mais alors, pour tout t ]0, 1[
Z 2
G
I 0 (t) = (t, ) d = G(t, 2) G(t, 0) = 0.
0
Conclusion, la fonction I est constante sur lintervalle ]0, 1[, donc sur lintervalle [0, 1] (par
continuite) et I(1) = I(0) = 0.
Comme nous allons maintenant le voir, la formule integrale de Cauchy a de tres nombreuses
consequences dont certaines sont assez surprenantes.
Demonstration. Supposons que f soit analytique sur . On rappelle que la serie des
derivees dune serie entiere convergente a le meme rayon de convergence que la serie initiale, la
serie des derivees est normalement convergente
X sur le disque de convergence de la serie entiere,
de sorte que les derivees partielles de an (z z0 )n sobtiennent par derivation terme a terme
n0
et sont continues. Donc, on a
X X
an (z z0 )n = an (z z0 )n = 0,
z z
n0 n0
pour tout z dans le disque de convergence de la serie entiere. Ainsi, les fonctions analytiques
sont holomorphes.
Inversement, supposons que la fonction f soit holomorphe sur . Soit z D(z0 , r), avec
0 < r < . On suppose que r > 0 est assez proche de 0 de telle sorte que D(z0 , r) . On
note le cercle bordant D(z0 , r), autrement dit := C(z0 , r), cercle que lon suppose toujours
parcouru dans le sens trigonometrique. Alors, grace a la formule integrale de Cauchy, on a
Z
1 f ()
f (z) = d.
2i z
En posant = z0 + r ei , on trouve que
Z 2
1 f (z0 + r ei ) i
f (z) = r e d
2 0 r ei + z0 z
2
f (z0 + r ei )
Z
1
= d
2 0 1 zz 0 i
r e
1
Z 2 X z z0 n
= f (z0 + r ei )ein d.
2 0 r
n0
La majoration
z z0 n
n
i in
sup |f | |z z 0 |
f (z0 + r e )e ,
r
r
et le fait que |z z0 | < r assurent la convergence normale de la serie, permettant dintervertir
lintegration et la sommation pour conclure que
X
f (z) = an (z z0 )n ,
n0
ou Z 2
1
an r =n
f (z0 + rei )ein d,
2 0
ce qui termine la preuve.
Remarque 6.3. Les proprietes de derivabilite terme a terme des series entieres sur leurs
disques de convergence, qui ont ete utilisees dans la preuve precedente, assurent que f a des
derivees (complexes) a tout ordre et que, dans le developpement
X
f (z) = an (z z0 )n ,
n0
16 Table des matieres
La convergence uniforme de la suite (fn )n0 sur D(z0 , R), vers une fonction f , entrane donc
la convergence uniforme de la suite (fn0 )n0 sur D(z0 , r), vers une fonction notee h, et, par
passage a la limite n dans legalite
Z
0 1 fn ()
fn (z) = d,
2i C ( z0 )2
on trouve que
Z
1 f ()
h(z) = d,
2i C ( z0 )2
pour tout z D(z0 , r).
Maintenant, par passage a la limite n , dans legalite
Z
1 fn ()
fn (z) = d,
2i C z
on conclut que
Z
1 f (z)
f (z) = d,
2i C z
pour tout z D(z0, r). On verifie, en utilisant les theoremes de la theorie de lintegration, que
la fonction Z
1 f ()
z 7 d,
2i C z
est de classe C 1 sur D(z0 , r), que sa derivee par rapport a z est nulle, i.e. que cette fonction
est holomorphe, et que
Z
0 1 f (z)
f (z) = d.
2i C ( z)2
En particulier, f 0 = h, ce qui termine la demonstration.
On obtient, en utilisant des arguments semblables, le :
18 Table des matieres
sur D(z0 , r) {z0 }. On dira que f admet un developpement de Laurent 3 dans un voisinage
de z0 . Ce developpement est unique et lon a convergence normale de la serie sur la couronne
C, := {z : < |z z0 | < },
pour tout 0 < < < r.
Enfin, si f admet un pole en z0 si et seulement si m 1 et n 1, an 6= 0.
Demonstration. Soit z0 un pole de la fonction meromorphe f . Par definition, il existe un
entier m N tel que la fonction g(z) := (zz0 )m f (z) est holomorphe sur D := D(z0 , r){z0 }
et est bornee sur D := D(z0 , r).
Maintenant, g est une fonction holomorphe sur D dont le module, |g|, est borne sur D par
une constante M > 0, on peut utiliser les estimees de Cauchy (voir le Corollaire 6.4 page 16)
appliquees a g sur le disque D(z, |z z0 |/2) D pour obtenir la majoration
2M
|g 0 (z)| ,
|z z0 |
pour tout z D(z0 , r/2) {z0 }. On en deduit que
h(z) := (z z0 )2 g(z) = (z z0 )m+2 f (z),
est de classe C 1 en z0 , de plus h0 (z0 ) = 0 de sorte que h Hol(D). Or on sait que les fonctions
holomorphes admettent sur D un unique developpement en serie entiere
X
h(z) = an (z z0 )n ,
n0
qui converge normalement sur tout compact contenu dans D (voir le Corollaire 6.4 page 16).
On a alors,
X
f (z) = an (z z0 )n2m ,
n0
sur le disque epointe D . La reciproque est evidente.
est normalement convergent sur C(z0 , r) pourvu que r > 0 soit assez petit. Par consequent,
on peut integrer terme a terme cette serie. Or, on a
Z Z 2
(z z0 )n dz = i r1+n ei(1+n) d,
C(z0 ,r) 0
8.3. Indice dun lacet. Soit : [0, 1] C un lacet dans C et z0 6 ([0, 1]).
Definition 8.7. Lindice de en z0 est defini par
0 (t)
Z Z 1
1 dz 1
indz0 () := = dt.
2i z z0 2i 0 (t) z0
On verifie que indz0 ( opp ) = indz0 () (voir la Definition 4.1 page 10). On verra plus bas
(voir le Theoreme 8.14 page 23) que lindice est invariant par deformation continue, i.e. par
homotopie de lacets (voir la Definition 8.10 page suivante).
Proposition 8.8. Lindice dun lacet en z est a valeurs dans Z.
8. LA FORMULE DES RESIDUS 21
(i) une homotopie entre deux chemins 0 et 1 de , est une application C ([0, 1]2 ; )
telle que t 7 (s, t) est un chemin pour tout s [0, 1] et
(0, t) = 0 (t), et (1, t) = 1 (t),
pour tout t [0, 1] ;
(ii) on dit que est une homotopie de lacets si de plus (s, 0) = (s, 1), pour tout s [0, 1]
(autrement dit, t 7 (t, s) est un lacet pour tout s [0, 1]). On dit alors que les lacets
0 et 1 sont homotopes ;
(iii) on dit que est simplement connexe sil est connexe et si tout lacet de est
homotope a un lacet constant.
Lemme 8.11. La relation il existe une homotopie de lacets entre 0 et 1 est une
relation dequivalence sur lensemble des lacets de .
Demonstration. La reflexivite est claire. Pour la symetrie, on observe que si est une
homotopie de lacets entre 0 et 1 , alors, (1 s, t) est une homotopie de lacets entre 1 et
0 .
Passons a la transitivite. On a donc trois lacets 1 , 2 et 3 , et des homotopies de lacets
i,i+1 (s, t) entre i et i+1 , pour i = 1, 2. On definit alors
(
1,2 (2s, t) si s 1/2
(s, t) :=
2,3 (2s 1, t) si s 1/2,
qui est une homotopie de lacets entre 1 et 3 .
8. LA FORMULE DES RESIDUS 23
Donnons un exemple simple et utile douvert simplement connexe. Rappelons que est
dit etoile sil existe tel que pour tout z le segment [, z] est contenu dans . En
particulier, un ouvert convexe est etoile.
Proposition 8.13. Un ouvert etoile est simplement connexe.
Demonstration. Soit 0 un lacet de . On verifie que
(s, t) := s + (1 s) 0 (t),
est une homotopie de lacets entre 0 et le lacet constant de valeur .
8.5. Invariance par homotopie de lintegrale sur un lacet dune fonction ho-
lomorphe. Les termes du Theoreme 8.1 page 18 etant definis, passons maintenant a sa
demonstration. Cest une consequence de la generalisation suivante du Theoreme de Cauchy.
Theoreme 8.14. Soit une homotopie de lacets entre 0 et 1 et f Hol(), alors
Z Z
f (z) dz = f (z) dz.
0 1
En particulier, lindice dun lacet est invariant par homotopie.
4. Le groupe libre a deux generateurs x et y se compose du mot vide e, qui joue le role delement neutre,
et de tous les mots formes a partir des symboles x, x1 , y et y 1 et dans lesquels napparaissent pas les
sequences xx1 , x1 x, yy 1 ou y 1 y (on dit que ces mots sont reduits). La loi de composition interne est
la concatenation de deux mots, etant entendu que les sequences xx1 , x1 x, yy 1 ou y 1 y sont reduites, i.e.
napparaissent pas. Par exemple la concatenation de xyx1 y et de y 1 xyx1 x est xyyx1 x et la concatenation
dun mot avec e est le mot lui meme
24 Table des matieres
car les contributions des cotes interieurs se detruisent deux a deux et donc, grace a la for-
mule 8.1 5 Z Z Z
0= f (z) dz = f (z) dz f (z) dz,
0 1
ce qui termine la demonstration.
On obtient le :
Corollaire 8.15. On suppose simplement connexe. Alors, pour tout lacet de et pour
toute fonction holomorphe f Hol(), on a
Z
f (z) dz = 0.
Il peut etre interessant de faire le lien entre le resultat du Corollaire 8.15 et le Theoreme
de la divergence (Formule de Green-Riemann) qui est dun usage frequent en physique. Si
f C 1 (; C), on peut decomposer f = P + iQ ou P et Q sont deux fonctions a valeurs
reelles. Supposons que est le bord (oriente positivement) dun domaine compact U .
Dans ce cas Z Z Z
f (z)dz = (P dx Qdy) + i (Qdx + P dy).
Le Theoreme de Green-Riemann, nous donne alors
Z Z Z
Q P P Q
f (z)dz = + dxdy + i dxdy.
U x y U x y
Supposons maintenant que f est une fonction holomorphe, les conditions de Cauchy reelles
nous assurent justement les deux membres de droite sont nuls. On retrouve donc le fait que,
dans le cas particulier ou est le bord dun domaine du plan U et ou f est holomorphe sur
U , on a
Z
f (z)dz.
5. La formule (8.1) est maintenant valable ici car le chemin continu a ete remplace par un chemin affine par
morceaux.
26 Table des matieres
pour toute fonction f meromorphe sur un ouvert simplement connexe, qui a un nombre fini
de poles S et pour tout lacet de S.
des poles de f qui sont contenus dans U . Cest un ensemble fini (exercice). La formule des
residus secrit alors
Z X
(9.1) f (z) dz = 2i ress (f ),
sS
eix
Z
f() = 2
dx.
R 1+x
Supposons dans un premier temps que > 0 et considerons, pour tout R > 0 louvert
UR := {z C : =m(z) < 0, |z| < R},
dont le bord R est constitue du segment reel [R, R] et de larc de cercle inferieur {Rei :
2}. On a alors
eiz
Z R ix Z 2
exp(iRei )
Z
e
2
dz = 2
dx + i )2
iRei d
R 1 + z R 1 + x 1 + (Re
La seconde integrale sestime en module par
Z 2
exp(R sin ) R
2
R d 2 ,
R 1 R 1
qui tend vers 0 quand R tend vers +. Grace a la formule (9.1), on a
Z R ix
eiz
Z iz
e X e
lim 2
dx = lim 2
dz = 2i lim resz .
R+ R 1 + x R+ R 1 + z R+ 1 + z2
zUR
1 i 1 1
Or la fonction z 7 1+z 2 = 2 z+i zi na que deux poles, et seul i est dans UR (des
que R > 1). En ce point le residu de cette fonction vaut 2i . Conclusion, nous avons demontre
que
Z R ix
e
f () = lim dx = e .
R+ R 1 + x2
Le calcul dans le cas ou < 0 se ramene au calcul ci-dessus par parite, car le changement de
variable y = x montre que f() = f(). En conclusion, on a montre que
f() = e|| .
On trouvera dans les exercices dautres applications de cette technique.
De plus, les estimees de Cauchy obtenues dans le Corollaire 6.4 page 16 nous assurent que
supC |f |
|an | ,
Rn
pour tout R > 0. On fait alors tendre R vers linfini pour obtenir an = 0 pour tout n > 0.
Donc f (z) = a0 et f est une fonction constante.
Voici une application du Theoreme de Liouville qui permet de demontrer un grand clas-
sique :
Corollaire 10.2 (Theoreme de dAlembert-Gauss). Tout polynome non constant a coeffi-
cients complexes possede une racine dans C. En dautres termes, le corps C est algebriquement
clos.
Demonstration. Soit P un polynome a coefficients complexe. Supposons que P nait
pas de zero dans C. Dans ce cas, z 7 1/P (z) est une fonction holomorphe sur C, comme
inverse dune fonction holomorphe qui ne sannule pas. Or, on verifie immediatement que
lim |P (z)| = ,
|z|
ce qui assure que la fonction 1/P est bornee sur C, de sorte que 1/P est une fonction constante
dapres le Theoreme de Liouville. Autrement dit, P est un polynome constant.
Ainsi les polynomes sannulent sur C, mais pas tres souvent comme on le sait ! Cest un
phenomene, qui se generalise aux fonctions holomorphes.
Theoreme 10.3 (Principe des zeros isoles). Soit un ouvert connexe et f une fonction
holomorphe sur non identiquement nulle. Alors, les zeros de f sont isoles. Cest-a-dire que,
si f (z0 ) = 0, il existe > 0 tel que, pour tout z (D(z0 , ) {z0 }), f (z) 6= 0.
Demonstration. Soit z0 un zero de f . Lensemble
U := {z : f (n) (z) = 0, n 0},
est ferme (comme intersection de fermes) et ouvert (car f est somme de sa serie de Taylor au
voisinage de tout point, donc identiquement nulle en un voisinage dun point de U ). Comme
f est non identiquement nulle, U 6= de sorte que U = (cest la que nous utilisons la
connexite de ). Conclusion, pour tout z0 , il existe un entier n > 0 tel que f (n) (z0 ) 6= 0.
Soit N le plus petit entier tel que f (N ) (z0 ) 6= 0. On peut alors ecrire au voisinage de z0
!
X
f (z) = (z z0 )N aN + an (z z0 )nN ,
n>N
ce qui permet de conclure facilement que f ne sannule pas dans un voisinage epointe de z0 .
Corollaire 10.4 (Principe du prolongement analytique). Deux fonctions holomorphes,
definies sur un ouvert connexe, qui concident sur un ouvert ou sur un arc non constant,
concident partout.
10. LES ZEROS DES FONCTIONS HOLOMORPHES 29
Remarque 10.5. La connexite nentre en jeu que pour avoir un joli enonce. Dans le cas
general, la preuve permet de conclure que si les zeros ne sont pas isoles, la fonction holomorphe
est nulle sur une des composantes connexes (necessairement ouverte) de .
Voici une exemple de prolongement analytique dune fonction holomorphe definie par une
serie entiere.
Exemple 10.6. Par exemple la fonction holomorphe definie par la serie
X
f (z) := zn,
n0
1
admet un prolongement analytique a C {1}. En effet, la fonction g(z) := 1z est elle aussi
analytique et concide avec f sur le disque unite ouvert.
Nous donnerons prochainement un exemple plus subtil de prolongement analytique dans
le cas de la fonction Gamma.
Poursuivons par une application interessante du principe des zeros isoles.
2
Proposition 10.7. Les fonctions polynomes sont denses dans L2 (R, ex dx). Elles sont
aussi denses dans L2 (]0, +[ , ex dx).
Demonstration. Montrons que lespace des fonctions polynomes forme un sous-espace
2 2
dense de L2 (R, ex dx). Pour ce faire, il suffit de demontrer quune fonction f L2 (R, ex dx)
2
qui est orthogonale, pour le produit hermitien de L2 (R, ex dx), a toutes les fonctions po-
lynomes est en fait la fonction nulle.
Soit f une telle fonction. Definissons
Z
2
F (z) := f (x) ezx ex dx.
R
Le theoreme de derivation sous le signe somme (voir le Theoreme ??) nous permet daffirmer
que F est une fonction holomorphe sur C. De plus la derivee n-ieme au sens complexe de la
fonction F est donnee par
Z
2
(n)
F (z) = xn f (x) ezx ex dx,
R
et par consequent Z
2
F (n) (0) = xn f (x) ex dx.
R
Par hypothese F (n) (0) = 0 pour tout n N. On en deduit que F est identiquement nulle sur
C. En particulier Z
2
F (i) = f (x) ex eix dx = 0,
R
2
pour tout R. Autrement dit, la transformee de Fourier de x 7 f (x) ex est nulle. On
conclut que f = 0, ce qui termine la demonstration. Nous laissons le soin au lecteur dadapter
cette demonstration pour demontrer la deuxieme assertion.
Le theoreme de Rouche 7 est un resultat qui permet de comparer le nombre de zeros et de
poles de deux fonctions meromorphes qui sont, en un sens a preciser, proches. Ce theoreme
peut en particulier etre utilise pour localiser les poles et les zeros des fonctions holomorphes.
7. Eugene Rouche, X 1852.
30 Table des matieres
Nous donnons ici un cas particulier de ce theoreme dans le cas ou les deux fonctions sont en
fait holomorphes. On commence par le :
Lemme 10.8. Soit f une fonction holomorphe sur un ouvert et soit U un ouvert tel
que U . On suppose que le bord de U est un lacet oriente positivement. On suppose que
f (z) 6= 0 pour tout z . Alors
Z 0
1 f (z)
dz,
2i f (z)
est egal au nombre de zeros de f (le denombrement des zeros tient compte de leur multiplicite)
qui sont contenus dans U .
Demonstration. En un zero de f on peut ecrire
f (z) = (z z0 )N g(z),
ou g(z0 ) 6= 0. Alors
f 0 (z) N g 0 (z)
= + ,
f (z) z z0 g(z)
ou g 0 /g est une fonction holomorphe en z0 . Le residu de f 0 /f en z0 est donc egal a N et le
resultat est maintenant une simple consequence de la formule des residus appliquee a f 0 /f .
Nous pouvons maintenant demontrer le :
Theoreme 10.9 (Theoreme de Rouche). Soient f et g deux fonctions holomorphes sur
et U un ouvert tel que U . On suppose que le bord de U est un lacet oriente positivement
et que
|f (z) g(z)| < |g(z)|, pour tout z .
Alors f et g ont le meme nombre de zeros dans U (le denombrement des zeros tient compte
de leur multiplicite).
f (z)
Demonstration. On note h(z) = Remarquons que, par hypothese, |h(z) 1| < 1
g(z) . Z
1 dz
pour tout z . En particulier h() D(1, 1) et = 0. Autrement dit
2i h() z
Z 0 Z 0 Z 0
1 h (z) 1 f (z) 1 g (z)
0= dz = dz dz.
2i h(z) 2i f (z) 2i g(z)
On verifie facilement que f (z) 6= 0 et que g(z) 6= 0 le long de grace au fait que |f g| < |g|
le long de . Il suffit maintenant dappliquer le Lemme precedent pour conclure.
Le Theoreme de Rouche permet de donner une demonstration du theoreme fondamental
de lalgebre. En effet, si P C[X] est un polynome de degre n 1, on note
f (z) := P (z) et g(z) = an z n ,
ou an est le coefficient du terme de plus haut degre de P . Si R > 0 est choisi assez grand,
|f (z) g(z)| < |g(z)|,
sur C(0, R). Le theoreme de Rouche nous assure que f et z z n ont le meme nombre de
zeros (comptes en tenant comple de la ultiplicite des zeros) dans D(0, R). Donc P a n zeros
dans D(0, R).
Le lecteur trouvera dans les exercices dautres applications du Theoreme de Rouche.
11. PROPRIETE DE LA MOYENNE ET PRINCIPE DU MAXIMUM. 31
Autrement dit, le maximum de |f | est atteint sur le bord du disque. En fait, on dispose
denonces beaucoup plus generaux qui constituent un point important de la theorie.
Theoreme 11.3 (Principe du maximum). Soit f une fonction holomorphe sur un ouvert
connexe . On suppose que la fonction z 7 |f (z)| admet un maximum local en z0 alors
f est constante sur .
Demonstration. Supposons que |f | ait un maximum local en z0 , i.e. quil existe
un disque ferme D(z0 , r) tel que |f (z)| |f (z0 )| pour tout z D(z0 , r). On suppose que
f (z0 ) 6= 0, autrement le resultat est demontre.
Louvert etant connexe, il suffit de demontrer que lensemble U des z tels que
f (z) = f (z0 ) est a la fois ouvert et ferme dans (cest clairement un ensemble non vide).
Le fait que cet ensemble est ferme est une simple consequence de la continuite de f et du
fait que U = f 1 ({f (z0 )}. Montrons pour terminer que U est ouvert, ce qui terminera la
demonstration du fait que U = , et donc que f est constante. On va montrer que U contient
un disque ouvert non vide, centre en z0 , le meme raisonnement sappliquant ensuite en tout
point de U .
Donnons une premiere demonstration du resultat. La fonction f est developpable en serie
entiere au voisinage de z0 et lon peut ecrire
X
f (z) = f (z0 ) + an (z z0 )n .
n1
On suppose que f nest pas constante au voisinage de z0 , donc il existe au moins un an 6= 0.
Soit N le plus petit entier non nul tel que an 6= 0. Ecrivons
X
f (z) = f (z0 ) + (z z0 )N an (z z0 )nN .
nN
32 Table des matieres
X
On note g(z) := an (z z0 )nN et lon developpe
nN
Si 0 est un autre chemin qui relie z0 a , le chemin 0 opp est alors un lacet, homotope
a un lacet constant (car, par hypothese, est simplement connexe). Dapres linvariance par
homotopie de lintegrale le long dun lacet (voir le Theoreme 8.15 page 25), on a
Z Z
f (z) dz f (z) dz = 0.
0
Autrement dit, F () ne depend pas du choix du chemin qui relie z0 a . Soit r > 0 tel que
D(, r) . Pour tout h D(0, r), puisque le choix du chemin est indifferent pour le calcul
de F ( + h), on peut choisir le chemin
+h := [,+h] ,
ou [,+h] (t) := + t h, pour t [0, 1]. Ce qui nous donne la formule
Z 1
F ( + h) F ()
Z
1
= f (z) dz = f ( + th) dt.
h h [,+h] 0
Donc Z 1
F ( + h) F ()
lim = lim f ( + th) dt = f ().
h0 h h0 0
On en deduit immediatement que F est C-derivable en et que F 0 () = f (). Grace aux
proprietes de derivabilite des integrales, la formule ci-dessus prouve egalement que F est de
classe C 1 de sorte que F est bien une fonction holomorphe.
Cet enonce permet de construire de nombreuses fonctions holomorphes. En particulier,
nous pouvons definir le logarithme complexe dune fonction holomorphe h Hol(, C ) telle
que h0 /h Hol().
Definition 12.2. On appelle logarithme de h et lon note ln h toute primitive holomorphe
lorsquelle existede la fonction h0 /h.
Un logarithme complexe sur un ouvert connexe est donc bien defini a addition dun scalaire
pres. Le resultat qui suit est un corollaire immediat du theoreme dexistence de primitives.
Proposition 12.3. Si est un ouvert simplement connexe et si, h Hol(, C ) est telle
que h0 /h Hol(), alors la fonction h admet un logarithme complexe.
En particulier, on peut definir z 7 ln z sur la coupure = C R comme etant la
primitive de z 7 1/z sannulant en z = 1 ; cette fonction concide avec le logarithme usuel sur
R+ . On dira que cest la determination principale du logarithme complexe.
Soit h une fonction holomorphe et ln h un logarithme de h. Pour tout C, on peut
maintenant definir
h (z) := e ln h(z) .
Dans le cas ou ln h est la determination principale du logarithme, ceci permet par exemple
de definir la determination principale de la racine carree z 7 z sur C R qui prolonge
la racine usuelle definie sur R+ . Comme cest deja le cas pour la fonction logarithme, on ne
peut pas prolonger la racine carree en une fonction holomorphe sur tout le plan complexe
(exercice).
Dans le cas particulier ou h(z) = z, on definit ainsi, pour tout C, la fonction z 7 z
par
z := e ln z ,
34 Table des matieres
sur C R . On verifie que lon a la une fonction holomorphe sur C R . On verifie aussi
que la fonction
7 z ,
est quant a elle holomorphe sur C.
Lexistence du logarithme dune fonction holomorphe permet detendre les resultats sur
les series de fonctions aux produits de fonctions holomorphes.
P
Theoreme 12.4. Soit n0 fn une serie de fonctions holomorphes, qui sont definies sur
un ouvert , qui converge normalement sur tout disque ferme D . Alors, la suite (gn )n0
definies par
Y n
gn (z) := (1 + fj (z)),
j=0
converge, uniformement sur tout disque ferme D , vers une fonction holomorphe sur .
Demonstration. Etant donne un disque ferme D , il existe un entier m N tel que
supzD |fn (z)| < 1/2, pour tout n m. On peut utiliser le fait quil existe une constante C > 0
telle que | ln(1 + )| C || pour tout D(0, 1/2) et appliquer le resultat du Theoreme 7.2
pour montrer que la serie
X
ln(1 + fn ),
j=m
converge uniformement sur D vers une fonction holomorphe. On en deduit que la suite de
fonctions holomorphes (gn )n0 converge, uniformement sur tout disque ferme D , vers
une fonction holomorphe.
A titre dillustration de ces resultats, montrons que la fonction a un prolongement
analytique a C (N).
Exemple 12.5 (Etude de la fonction ). La fonction est definie, pour tout z C tel
que <ez > 0, par Z
(z) := et tz1 dt.
0
On laisse le soin au lecteur de montrer que
(z + 1) = z (z),
pour tout <ez > 0 et que (n) = n! pour tout n N {0}.
Expliquons maintenant comment, la fonction admet un prolongement analytique a C
(N). On definit la suite de fonctions
t n z
fn (t) := 1 t 1[0,n] (t),
n
dont on verifie dune part quelle converge simplement vers la fonction z 7 et tz quand n
tend vers + et dautre part que
|fn (t)| et t<ez ,
sur [0, [. En appliquant le Theoreme de la convergence dominee, on conclut que
t n z1
Z n
(z) = lim 1 t dt,
n+ 0 n
12. EXISTENCE DE PRIMITIVES 35
est une fonction holomorphe sur C (N) qui concide avec la fonction sur le demi-plan
<ez > 0. Donc, la fonction , qui a priori netait definie que sur le demi plan <ez > 0 admet
un prolongement analytique a C (N) donne par
!1
1 z Y z z
(z) = e 1+ ek .
z k
k=1
h f (h f ) (h f )
0= = = ,
z z z z
ce qui demontrer que g := h f est une fonction holomorphe sur . On conclut que h = f + g,
comme souhaite.
Remarque 13.3. Dans le cas ou nest plus un ouvert simplement connexe, on obtient,
par restriction a des disques (qui eux sont simplement connexes) que toute fonction harmonique
secrit locallement comme la somme dune fonction holomorphe et de la conjuguee dune
fonction holomorphe.
Si de plus h est a valeurs reelles, alors, avec les notations ci-dessus, h = f + g = f + g,
donc 2h = f + f + g + g = 2 <e(f + g). Nous avons donc obtenu le :
Corollaire 13.4. Une fonction harmonique reelle, definie sur un ouvert simplement connexe
, est la partie reelle dune fonction holomorphe, unique a une constante additive de iR pres.
En appliquant la formule de la moyenne a f et g, on obtient par linearite (voir la Re-
marque 11.4 page 32) le resultat suivant :
Corollaire 13.5. Une fonction harmonique reelle, definie sur un ouvert , verifie la pro-
priete de la moyenne et donc egalement le principe du maximum, autrement dit, si une fonction
harmonique reelle admet un maximum local en z0 alors cette fonction est constante sur
.
14. FILMS DE SAVON ET FONCTIONS MEROMORPHES 37
Les noms de plusieurs mathematiciens sont attaches aux surfaces minimales quils ont
decouvertes. En prenant f (w) = 1/w2 et g(w) = w, on trouve la catenode decouverte par L.
Euler en 1744, en prenant f (w) = i/w2 et g(w) = w, on trouve lhelicode decouverte par J.B.
Meusnier in 1776. En prenant f (w) = 1 et g(w) = w on trouve la surface dEnneper et en
1
prenant f (w) = 1w 4 et g(w) = w on trouve la premiere surface de Scherk. Plus recemment,
la decouverte en 1984 par C. Costa de la surface qui porte maintenant son nom a initie toute
une serie de travaux sur ces surfaces.
Lavenement des ordinateurs a permis de developper des outils de visualisation des surfaces
minimales qui sont devenus essentiels pour la comprehension de ces objets geometriques mais
qui ont ensuite trouve de nombreuses applications a la realite virtuelle et a larchitecture.
38 Table des matieres
Remarque 14.1 (Difficile, sujet de reflexion). La catenode est une surface minimale que
lon peut obtenir experimentalement en prenant deux cercles paralleles et en les plongeant dans
de leau savonneuse. Si les deux cercles ne sont pas trop eloignes lun de lautre, le film de savon
prend la forme dune catenode. Mais, si lon ecarte progressivement les deux cercles vient un
moment ou le film de savon se casse et, en fait, on obtient une surface minimale beaucoup
plus simple, a savoir deux disques de savon bordes par les deux cercles (faire lexperience est
tres simple et interessant). On touche du doigt un phenomene important que lon rencontre
souvent dans les problemes de minimisation du calcul des variations (voir [4]). Precisement,
lapplication qui, a une surface, associe son aire admet une differentielle nulle exactement pour
les surfaces minimales, on parle alors de point critique de la fonctionnelle aire . Donc, les
minima sont a chercher parmi ces points. Toutefois, il se peut que parmi les points critiques,
on trouve des minima locaux ou bien des points selle. Cest ce qui se passe ici : quand la
distance entre les deux cercles est assez grandes, laire des disques bordes par nos cercles est
plus petite que laire de la catenode qui sappuie dessus.
Theoreme 15.1 (Riemann). Tout ouvert non vide, simplement connexe de C et distinct
de C est biholomorphe au demi-plan de Poincare H := {z : =mz > 0}.
Ce resultat permet en theorie de ramener la recherche dune fonction holomorphe definie
dans un ouvert donne, a la determination dune fonction harmonique dans un demi-plan ou
un plan, grace a une transformation conforme. Precisement, si lon cherche une fonction f
qui est harmonique sur un ouvert simplement connexe et qui verifie certaines conditions
au bord de , il suffit de trouver une application biholomorphe h de sur C ou sur H
pour se ramener a la recherche dune fonction harmonique sur H ou C. Nous donnons dans
les paragraphes qui suivent quelques exemples precis.
ce qui nous donne comme potentiel des vitesses (z) = <e(z 1/ ) pour lecoulement dun
fluide dans un coin.
Dautres transformations conformes sont utilisees dans ce contexte. Par exemple, la trans-
formation de Joukovski (1910) qui a ete utilisee pour determiner les profils des vitesses dun
ecoulement dun fluide autour dun obstacle. Cette transformation conforme est donnee expli-
citement par
1 1
f (z) := z+ .
2 z
On verifie que limage par f du cercle de centre 0 et de rayon 1 est le segment [1, 1] de C
(parcouru deux fois). Le potentiel des vitesses associe a un ecoulement plan uniforme ~v ~v0
dans la direction de laxe des x, est donne par 0 (z) = <ez. On obtient donc le potentiel
des vitesses dun ecoulement plan autour du disque unite centre a lorigine
(z) = <e(f 1 (z)).
En etudiant les images des cercles qui ne sont pas centres a lorigine par la transformation
de Joukovski on obtient des profils qui ressemblent aux profils dailes davions ce qui, en
42 Table des matieres
premiere approximation, permet de calculer certains ecoulements plans autour de ce profil et,
par exemple, destimer la portance qui sexerce sur une aile davion ! 8
Figure 15.3. Image dun cercle non centre a lorigine par la transformation de Joukovski.
15.2. Propagation de la chaleur. Une gaine rectiligne infinie a une section en couronne
(non simplement connexe !) de rayons R < R+ et baigne dans des calorimetres a linterieur
comme a lexterieur, calorimetres a temperature T et T + . Les deux cercles definissant le bord
de la section de la gaine ne sont pas necessairement centres au meme point. Lequation de la
chaleur qui regit la distribution de temperature secrit
T
T = 0.
t
En regime permanent ( T t = 0), la distribution de temperature T est donc une fonction
harmonique qui vaut T + et T sur les cercles de bord de rayons R+ et R . La difference de
deux solutions est une fonction harmonique nulle au bord du domaine, donc nulle a linterieur
(cest une consequence du principe du maximum). Autrement dit, si le probleme possede
une solution, celle-ci est unique. Les fonctions harmoniques invariantes par rotation (voir
lexercice 16.1 page 44) sont de la forme
z 7 ln |z| + ,
ou et sont des constantes. En particulier, si les deux cercles definissant le bord de la
couronne sont tous les deux centree a lorigine, on determine lexpression explicite de la dis-
tribution de temperature en regime permanent
T+ T T ln R+ T+ ln R
Tcentree (z) = ln |z| + .
ln R+ ln R ln R+ ln R
Dans le cas general (i.e. quand les deux cercles definissant le bord de la couronne nont pas le
meme centre), on remarque que lon peut toujours trouver une transformation homographique
az + b
f (z) = ,
cz + d
qui transforme la couronne excentree en une couronne centree. La distribution de temperature
en regime permanent sera alors donnee par Tcentree f .
8. Voir a ce sujet E. Guyon, J.P. Hulin et L. Petit, Hydrodynamique physique, Collection Savoirs Actuels,
EDP Sciences 2001.
16. LE CALCUL DE (2k) 43
5 z3
z 7 +
3 z2
de Liouville nous permet de conclure que la fonction g est constante, donc identiquement nulle
puisquelle sannule a lorigine. On a donc demontre la formule dEuler
1 X 1 1
cot(z) = + + .
z zn z+n
n0
1
En developpant en serie les fonctions z 7 z 2 n2
au voisinage de z = 0, on obtient
X
z cot(z) = 1 2 (2k) z 2k .
k=1
2 4 6
(2) = , (4) = , (6) = ,...
6 90 945
En revanche, les valeurs de
X 1
(2k + 1) = ,
n2k1
n=1
pour k N {0}, restent tres mysterieuses meme si des conjectures difficiles existent ainsi
que des progres recents (R. Apery a demontre en 1978 que (3) etait un nombre irrationnel
et T. Rivoal a demontre en 2000 quil existait une infinite de nombre irrationnels parmi les
nombres (2k + 1), k N {0}).
Exercice 16.1. Calculer le Laplacien en coordonnees polaires. Determiner toutes les fonc-
tions harmoniques definies sur C {0} qui sont invariantes par rotation.
alors le C-espace vectoriel engendre par les fonctions x 7 en x est dense dans L2 ([0, 1]; C).
Demonstration. Supposons le contraire. Il existerait une fonction f L2 ([0, 1]; C), que
lon peut supposer de norme 1, telle que
Z 1
f (t) en t dt = 0,
0
17. THEOREME DE MUNTZ-SZASZ 45
Nous allons montrer que ceci est impossible. Lidee est de raffiner le principe des zeros isoles
en constatant que la suite des n est une suite de zeros de qui converge lentement vers 1.
Definissons
n
Y i z
gn (z) := ,
1 i z
i=1
pour tout z D. On a le :
P
Lemme 17.2. Sous lhypothese n0 (1 |i |) = +, la suite de fonctions (gn )n0 tend
uniformement sur D vers une fonction g qui sannule sur un ensemble ayant 0 comme point
daccumulation.
46 Table des matieres
Demonstration. On remarque que |n | < 1, donc les poles de la fonction gn sont situes
en dehors de D. Par consequent, les fonctions gn sont holomorphes dans un voisinage de D.
De plus, si |z| = 1, on a
i z i z
1 i z z i = 1.
=
Donc |gn (z)| = 1 si |z| = 1 et, en utilisant le principe du maximum, on conclut que |gn (z)| 1
pour tout z D et la suite (|gn (z)|)n0 est decroissante en tout point z D. Le Theoreme
de Dini nous assure que la suite (|gn (z)|)n0 converge uniformement sur D vers une fonction
g qui est positive ou nulle. On a (se souvenir que les i sont proches de 1 quand i est grand)
n
X n
X
ln |gn (0)| = ln |i | (1 |i |).
i=1 i=1
alors lespace engendre par les t 7 en t nest pas dense dans L2 ([0, 1]) et plus precisement,
que son adherence ne contient pas t 7 et si 6 {n : n N} (voir par exemple [20,
Theoreme 15.26]).
17. THEOREME DE MUNTZ-SZASZ 47
[1] L. V. Ahlfors. Complex analysis : An introduction of the theory of analytic functions of one complex
variable. Second edition. McGraw-Hill Book Co., New York, 1966.
[2] L. Ambrosio et P. Tilli. Topics on Analysis in Metric Spaces. Oxford University Press, Oxford, New York,
2004.
[3] J.-L. Basdevant et J. Dalibard. Cours de Mecanique Quantique. Editions de lEcole Polytechnique, Palai-
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[4] J.-P. Bourguignon. Calcul variationnel. Ecole Polytechnique, Palaiseau, 2007.
[5] H. Brezis. Analyse fonctionnelle : Theorie et applications. Editions Dunod. 1999.
[6] H. Brezis. Analisi Funzionale. Teoria e applicazioni. Con unappendice su Integrazione Astratta di Carlo
Sbordone. Liguori Editore, Naples, 1986.
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[11] R. C. Gunning. Introduction to holomorphic functions of several variables (Function theory I Local theory
II Homological theory III). Wadsworth & Brooks/Cole Advanced Books & Software, Monterey, CA, 1990.
[12] A. Hatcher. Algebraic Topology. Cambridge Univ. Press, New-York, 2001.
[13] Y. Katznelson. Harmonic Analysis. Dover, Palaiseau, 1976.
[14] S. G. Krantz. Complex analysis : the geometric viewpoint, volume 23 of Carus Mathematical Monographs.
Mathematical Association of America, Washington, DC, second edition, 2004.
[15] L.D. Landau et E.M. Lifschitz. Electrodynamics of Continuous media in Course of Theoretical Physics,
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[16] E. Lieb et M. Loss. Analysis. American Math. Soc., Providence RI, 2001.
[17] P. Malliavin et H. Airault. Integration, analyse de Fourier, probabilites, analyse gaussienne. Masson, Paris,
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http ://www.phys.ens.fr/cours/notes-de-cours/jmr/electromagnetisme.htm.
[20] W. Rudin. Real and complex analysis. McGraw-Hill Book Co., New York, third edition, 1987.
[21] E. Stein et R. Shakarchi. Real Analysis : Measure Theory, Integration, and Hilbert Spaces. Princeton
Lectures in Analysis, Princeton University Press 2005.
[22] M. Willem. Principes danalyse fonctionnelle, Cassini, Paris, 2003.
49
Index
Developpement de Laurent, 19
Film de savon, 37
Formule
de Cauchy, 12
de la moyenne, 31
Harmonique
fonction, 36
Homotopie, 21
Jacobienne
matrice, 7
Logarithme complexe, 33
Meromorphe
fonction, 19
Principe du maximum, 31
Prolongement analytique, 28
Residu, 19
Residus
51