Analyse Des Paysages Et Sémiologie
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L A T H O R I E D U P A Y S A G E
E N F R A N C E
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P A Y S / P A Y S A G E S
collection dirige par Alain Roger
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LA THORIE DU
PAYSAGE EN FRANCE
1 9 7 4 -1 9 9 4
CHAMP VALLON
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Couverture :
Alain Fraval : huile sur carton.
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A V A N T - P R O P O S
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I.
DFINITIONS
l. On admettra, bien entendu, quil ne sagit pas dexploiter une mode en em-
ployant les mtalangages des autres sciences, pour le seul plaisir de parler de smes, de
classmes ou de syntagmes, mais dprouver des procdures qui ont pu faire ailleurs la
preuve de leur fcondit. Il est question de science, non de cuistrerie.
2. Sensible dans G. Rougerie, Gographie des paysages ( Que sais-je ? , PUF,
Paris) o lon peut regretter quun public dj mal inform soit indirectement encou-
rag poursuivre lassimilation entre gographie et tude du milieu physique .
Lauteur avertit bien quil ne retient que les lments naturels du paysage : mais pour-
quoi le titre ?
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II.
LES TROIS FACES DU PAYSAGE
1. Il y a beaucoup dire sur ce sujet, thme dune autre discussion de LEspace go-
graphique (n 3, 1974).
2. Les smiologues disent quun signe a une face signifiante (la forme du signe) et
une face signifie (ce quexprime le signe).
3. Certains diraient : la recherche des causes. En (b) et (c), des consquences. Mais
les relations ne sont ni aussi simples ni aussi linaires que ces mots le laissent gnrale-
ment entendre.
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tuels. Sous cet aspect aval , et contrairement aux deux cas prc-
dents il ne ressortit plus au domaine de la smiologie.
2. Appliquons quelques exemples cette analyse trois niveaux.
La Garonne en crue Agen au mois de mai. Cest :
a. Le signe de la fonte des neiges par son dbit, de lrosion par sa
turbidit, cest--dire de ce qui se passe en amont.
b. Un spectacle et une menace.
c. Un agent local drosion, et aussi de fertilisation par les dpts
de crue.
La place du Vieux March Varsovie (Stare Miasto). Cest :
a. Le signe dune riche bourgeoisie mdivale soucieuse davoir
pignon sur rue ; des conceptions architecturales des XVe-XVIe, puis du
XVIe sicle ; dune volont de renouer avec le pass au moment de la
reconstruction ; et, par consquent, de la perception de la ville
quavaient et ses constructeurs et ses reconstructeurs.
b. Un spectacle, un lieu de ferveur pour le pass, voire de nationa-
lisme dans la mesure o le Varsovien loppose volontiers aux difices
staliniens de la ville neuve.
c. Un facteur de lactivit touristique et donc de lattractivit
de la ville.
La Montagne de Reims. Cest :
a. Le signe dune ondulation tectonique des couches affleurant
dans la cuesta dIle-de-France ; le signe dun certain quilibre biolo-
gique entre la vgtation forestire, les sols (sur meulire) et le cli-
mat ; le signe du rle pass de la grande proprit nobiliaire et eccl-
siastique du Bassin parisien ; par les coupes plus ou moins
dsordonnes, le signe de la proprit prive spculative et de la de-
mande de bois.
b. Limage de la relaxation, de la nature ; un spectacle (les
faux de Verzy, ces htres noueux, accident biologique entretenu
jadis par les moines) ; la satisfaction (ou la crainte) procure par la
vue de lexpansion de la ville et du vignoble de Reims ; un ensemble
conserver tout prix.
c. Un obstacle aux communications ; un facteur de dveloppe-
ment rgional par lattractivit quoffre la rserve de verdure
voire par les pentes en tant que site du vignoble dappellation ; un
terrain daction et de conflits entre plusieurs aspects de lurbanisa-
tion (construction de logements aiss ou espace de rcration),
entre lurbanisation et lexploitation forestire, entre le public et le
priv, entre les communes, comme entre celles-ci et la ville ; et un
terrain dexprience pour lamnagement.
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Un hypermarch. Cest :
a. Le signe de la concentration du commerce, de lexpansion de la
consommation, dun certain potentiel local de clients, du dynamisme
de tel groupe de distribution.
b. Limage du choix, du gain de temps, de lconomie (mme si
tout cela est faux ventuellement), un spectacle, voire une fte, sou-
vent associs au week-end (samedi) ; et, aussi, la volont de puis-
sance des groupes financiers, une menace pour le petit commerce, le
signe dplorable de la civilisation de la consommation et de la
standardisation.
c. Un agent de la distribution, un facteur daccroissement de la
consommation dextension de linfluence urbaine, une source de pa-
tentes, un facteur de rgression (ou au contraire de rnovation) du
petit commerce, un lment de polarisation des flux de circulation,
etc.
3. On pourrait poursuivre lanalyse en multipliant les exemples : il
nous semble quon devrait retrouver dans chaque cas ces trois sens,
qui sont aussi des thmes dtudes distincts. On notera seulement :
a. Limportance de la notion dchelle. Quelle que soit la nature de
lapproche, il faut la fois : (1) distinguer entre des lments du pay-
sage pris isolment, des groupes dlments, ou lensemble du pay-
sage ; (2) adapter lanalyse la dimension mme du paysage consi-
dr : signes et agents ne sont pas les mmes ds lors quil sagit du
paysage de lensemble de la ville ou seulement de lun de ses quar-
tiers ; de lensemble des Grands Causses ou seulement du paysage
(mme global) du fond de lune de leurs gorges.
b. La valeur trs relative des signes pour le chercheur. Ils mnent
plus ou moins clairement des signifis plus ou moins importants
pour le champ dtude considr ; ces trois expressions successives
correspondent trois notions distinctes.
La premire est lie au fait que le lien signifiant-signifi, cest--
dire le lien de leffet la cause, est clair ; ou, si lon veut, que le code
de signification est dpourvu dambigut : un panneau rond rouge
barr par un rectangle blanc horizontal signifie pour chacun sens
interdit ; mais que signifient une fort ? un semis de fermes disper-
ses ? un bocage ? On posera ici que la clart du code est fonction (I)
de la nature des choses : une srie de troupeaux forms exclusivement
de charolais signifie toujours un systme dlevage bovin viande ;
un front de mer continment bti signifie toujours une activit
touristique notable ; la prsence de linaigrette signifie toujours tour-
bire, celle doliviers lintervention de lhomme sous un climat de
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III.
LANALYSE DIRECTE DES SIGNES
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1. Cf. ci-dessous les remarques pertinentes de A. Fel. Nous employons les mots
structures et systmes au sens le plus communment employ en sciences : un systme
est un ensemble dynamique dagents en interaction (systme de production, systme
drosion, etc.) ; une structure est ltat dquilibre momentan dun systme ou
dun systme de systmes.
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