64-Hydrologie Zones Arides Schoeller
64-Hydrologie Zones Arides Schoeller
64-Hydrologie Zones Arides Schoeller
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Gochimie des eaux souterraines
65
Hydrologie des rgions arides
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66
Gdochimie des eaux souterraines
forcment une eau de mer fossile, mais peut tout simplement signifier une concentration
par vaporation ou seulement par dissolution, dans ce dernier cas souvent par des
eaux souterraines stagnantes.
Ltude de la concentration et de ses effets sur la composition chimique deseaux
ne peut tre faite quen considrant les produits de solubilit :
Ainsi pour le carbonate de calcium,il sagira dexaminer le produit [CO,][Ca++]= k,
Mais c o m m e la teneur en CO, de leau dpend de la tension du CO, dissous, on consi-
drera lquation
22,4
6 q. = ~ [H2C03]q.
2
HCO:,
L a valeur absolue la plus importante considrer est celle d u HCO,. Dune manire
gnrale, elle est assez constante, car elle dpend de la tension du CO, de latmospvere
des terrains, qui, elle, ne varie que peu. HCO, a des valeurs infrieures la normale
lorsque leau entre en contact avec une atmosphre tension en CO, infrieure celle
qui existe dans le sol ou les terrains.Cest le cas des eaux des mers, des lacs et des fleuves,
surmonts de lair atmosphrique dont la tension d u CO, nest que de 0,0003.
HCO, a des valeurs au-dessus de la normale lorsque d u CO, arrive en proportion
anormale au contact de leau. Ce CO, a une origine volcanique, mtamorphique ou bien
provient de matires organiques (lignite, charbon, hydrocarbures, etc.) qui ont tou-
jours tendance soxyder.
Mais, lorsquon examine la valeur absolue de HCO,, il ne faut pas oublier de tenir
compte d u produit de solubilit [CO,] [Ca], car un apport de Ca, par exemple par change
de bases ou par dissolution de gypse, peut avoir pour effet dabaisser la teneur en
HCO,, si le produit est atteint.
so,,
L aussi la valeur absolue est prendre en considration. L a dissolution des sulfates,
d u gypse en particulier, donne des concentrations trs leves en SO,. Mais, l encore,
pour bien juger d u phnomne, il faut examiner le produit [SO,] [Ca].
Ainsi une teneur extrmement faible en SO,, paraissant anormalement basse, peut
tres bien tre due un apport trs important de calcium dans leau. Elle nest pas
ncessairement due une rduction des sulfates par change de bases.
67
Hydrologie des rgions arides
c1
L a valeur absolue du chlore est un des lments les plus importants tmoignant du
degr de stagnation des eaux, du temps de contact avec les terrains, de la longueur
du trajet, du degr dvapotranspiration.
Quant aux valeurs absolues de Ca, M g et Na, elles dpendent des valeurs absolues des
anions et des changes de bases.
Valeurs relatives.
rSO,/rCl
Est souvent caractristique dune m m e nappe, tant que la concentration du SO, na
pas atteint le m a x i m u m permis par le produit de solubilit du S0,Ca.
Lorsque ce dernier est dpass, le rapport ne peut que diminuer.
Lorsque les eaux sont trs peu concentres, moins de 0,5 rSO, ou rC1, rSO,/Cl tend
21 varier dans un sens o u dans un autre, car un trs faible apport de SO, ou de C1 entrane
une trs forte variation du rapport.
rMg/rCa
Est aussi souvent caractristique dune m m e nappe. Cependant, lorsque SO, et C1
augmentent, le rapport augmente gnralement, puisque [COJ [Ca] reste fixe et que
SO, amne souvent M g avec Ca.
Na Na Na
r-9 r- et r ~ sont aussi souvent prcieux considrer [164].
Mg Ca Ca+ Mg
C1- Na
-r
c1
Indice de dsquilibre chlore-alcalin, indique soit un dsquilibre dorigine (eaux
des roches cristallines), soit un change de bases.
On voit donc que toute reprsentation des analyses dont les lments ont t rduits
en pourcentages ne peut convenir, puisquon se prive des indications fournies par les
valeurs absolues. D e plus, une telle reprsentation pourrait conduire des interpr-
tations errones.
Ainsi les eaux de gisements de ptrole sont caractrises par des valeurs absolues
leves en HCOP Or une analyse ou un graphique ramenant les milliquivalents en
pourcentages indiquerait des valeurs extrmement faibles, et cela tout simplement
parce que les eaux de gisements de ptrole sont, le plus souvent, trs charges en sels,
en NaCl en particulier. Analyses rduites en pourcentages et graphiques correspon-
dants sont donc absolument B proscrire.
I1 faut donc sen tenir aux analyses o les anions et cations sont exprims en grammes
ou milligrammes par litre ou par kilogramme, analyses quon transforme en milli-
quivalents.
C o m m e n t oprer cette transformation?
Graphiques.
Les graphiques conseiller sont les suivants.
68
Gochimie des eaux souterraines
[rMg/rCa rSO,/rCl r
CI
~
-N a rNa/Ca rNa/Mg
CI
k2
rHC0,)2 (rCa) = k, = 2 (H,CO,) q/ __ X 10,
k, k,
On joint alors rHC0, et rCa par une droite qui coupe une verticale place un tiers de
chemin de rHCO, et deux tiers de chemin de rCa. Si le point dintersection est
situ au-dessousde k,, il ny a pas saturation. Sil est situ au-dessus,il y a sursaturation.
On tiendra naturellement compte de la temprature et de la force ionique.
Pour plus de dtails nous renvoyons [168].
L A COMPOSITION C H I M I Q U E D E S E A U X D A N S LES T E R R A I N S
On peut tirer quelques rgles des observations faites sur la composition chimique
des eaux souterraines.
1. Les eaux issues dune roche de m m e nature ptrographique, quel que soit lge du
terrain ou quelle que soit la nappe issue de ce terrain, peuvent prsenter des carac-
tres communs. Ainsi, les eaux des calcaires auront gnralement rC03>rS04 OU
rC1 et rCa>rMg ou rNa; les eaux des grs et sables purs, de m m e que les eaux
des roches cristallines, auront un rsidu sec faible, un CO, combin au-dessous de
la normale; les eaux en contact avec des lments argileux ou marneux, un rsidu
sec Blev et une teneur plus grande en rC1 et r N a de sorte quon aura rC1 OU
rS04>rCOs et r N a > r M g ou rCa; et les eaux issues des terrains gypseux, un
rsidu sec lev et rSO,>rCO,.
1. H.SCHOELLER, u Utilit de la notion des changes de bases pour la comparaison dee eaux souterraines vadoses n, Bull. soc.
gehl. Fr. (5). t. 5. 1935, p. 651-657.
69
Hydrologie des r6gions arides
Ghchimis dea eaux soumainss
A 2 3
0,025
Mais toutes les eaux issues dune roche de m m e nature ptrographique nont pas
ncessairement exactement la m m e composition chimique, avec des rapports
caractristiques identiques, car la diversit de lalimentation de la nappe, la lon-
gueur du trajet des filets liquides et le climat entranent des modifications de compo-
sition chimique.
2. Les eaux issues de terrains de m m e nature ptrographique, de m m e ge, dans
une m m e rgion, ont gnralement des caractres communs. Et entre elles il y a
une parent beaucoup plus grande quentre les eaux issues de terrains de m m e
nature ptrographique,mais dge diffrent et appartenant des nappes diffrentes.
3. Mais les eaux de deux nappes diffrentes, situes dans ce m m e terrain, peuvent
avoir des compositions chimiques diffrentes, m m e si ces deux nappes sont situes
cte cate. Plus les nappes sont loignes les unes des autres, plus il risque dy
avoir de diffrences dans la composition chimique. En effet, lalimentation des nappes
peut ne pas tre partout chimiquement la m m e . Les facis eux-mmes peuvent
changer dun point un autre. Les diffrentes nappes peuvent avoir des trajets plus
ou moins longs, ce qui provoque des variations dans les rapports caractristiques.
Dans certaines nappes, la circulation peut se faire de prfrence, soit au sein m m e
du terrain aquifre, soit au contact du mur, soit au contact du toit, causes encore de
modifications de la composition chimique.
4. Par contre, les eaux dune m m e nappe situe dans un m m e terrain ont des carac-
tres chimiques relativement constants, beaucoup plus constants que ceux des
eaux de deux nappes distinctes, m m e si celles-ci sont issues dun terrain de m m e
nature ptrographique, de m m e ge et de m m e assise gologique locale.
LVOLUTION D E LA COMPOSITION C H I M I Q U E D A N S U N E M M E N A P P E 1
I1 ne faut pas croire que la composition chimique de leau dune nappe reste constante
de lamont laval. Tout a u contraire,elle subit le plus souvent une trs nette volution.
Tout dabord on observe une augmentation de la concentration totale des sels
dissous. Cette augmentation est due aux nouvelles dissolutions. Naturellement, plus
le trajet est long, la circulation de leau lente, le temps de contact important, les pores
petits, autrement dit, plus les surfaces de contact entre eau et roches sont grandes,
plus alors Iaccroissement de la concentration gnrale est sensible.
Cette augmentation gnrale dtermine en grande partie le sort des autres lments.
Ainsi, dune maniere gnrale, le rapport rS04/rC1diminue de lamont laval.
En effet, la vitesse de dissolution est plus grande pour les chlorures que pour les sulfates
alcalino-terreux, puisque cette vitesse est proportionnelle au dficit de saturation.
Cependant, il est bien vident que, si le terrain a w e r e est riche en sulfates et rela-
tivement pauvre en chlorures, linverse se produit et augmente le rapport rS04/rC1.
Mais la concentration saccrot toujoursplus laval. L a saturation en S0,Ca est bientt
atteinte. A partir de ce moment, le rapport rSO,/rCl doit obligatoirement diminuer.
L e rapport rMg/rCa a, en gnral, tendance B diminuer de lamont laval. En
effet, lapport de C a par dissolution du C0,Ca cesse immdiatement, car les eaux en
sont satures ds lorigine. D e plus, la dissolution du CaS0, est moins rapide que celle
du MgSO, et du MgCl,.
Lindice de dsquilibre, lui aussi, se modifie de lamont laval. Lindice peut
dabord tre positifdans la zone dalimentation, diminuer progressivement,puis devenir
ngatif et ce de plus en plus vers laval. Mais, dans certains cas, lorsque la concen-
tration en chlore slve fortement, en gnral au-del de 500 milliquivalents, lindice
dchange reprend de nouveau une valeur positive. Ces phnomnes sont dautant
plus intenses que la dure de contact eau-terrain est plus grande. Autrement dit,
1. H.SCAOELLER, K Les variations de la composition chimique de leau dans les nappes souterraines n, Association intermario-
M l e dhydrologie scientijique, Assemblde dOslo, 1948, p. 130-144.
72
Gochimie des euw souterraines
Zonalit gologique.
Ainsi, les lments des eaux peuvent senrichir par attaque chimique ou par disso-
lution. Cet enrichissement dpend de la nature du terrain, puisque la mise en solution
du NaCl est plus rapide que celle du S04Ca, et lattaque du calcaire plus rapide que
celle des roches cristallines et cristallophylliennes. L a concentration dpend ainsi non
seulement de la longueur du trajet, du temps de contact de leau avec le terrain, mais
aussi de la nature de la roche. I1 y a donc l des facteurs essentiellement gologiques.
L a nature elle-mme de la composition chimique de leau dpend des substances
chimiques attaquables et solubles de la roche, elle dpend aussi des possibilits des
ractions secondaires qui peuvent se produire dans les terrains : par exemple, les
changes de bases dus la prsence de permutolites, telles que certaines argiles, la
glauconie, etc.; la rduction des sulfates provoque par la prsence de matires orga-
niques dans les terrains. On a donc affaire l encore des causes essentiellement go-
logiques. C o m m e la rpartition des assises gologiques se fait suivant certaines plages,
disons certaines zones, on conoit que lon puisse avoir des zones oh les eaux souter-
raines prsentent les m m e s caractres. Ainsi il y a des zones deaux faible teneur
en calcium, faible rsidu sec, eaux gnralement agressives. Ces zones se superposent
des massifs cristallins, ou bien des sables siliceux trs purs (exemple :les sables des
Landes en France, les sables des dunes sahariennes).
A ct de ces zones on en trouve dautres, aux eaux trs sulfates et chlorures par
exemple, qui correspondent des affleurements de Trias.
On aura donc une certaine zonalit gologique.
Zonalit6 verticale.
Les eaux souterraines circulent dautant plus lentement et sont dautant plus dif-
73
Hydrologie des rgions aridss
a b
74
Wchmie des eaux souterraines
Zonalit climatirique.
Nous avons v u quil pouvait y avoir une concentration par vaporation et que, suivant
le degr de concentration, la composition chimique de leau prsentait des caractres
tout diffrents.
L a concentration est dautant plus importante que le pouvoir vaporant est plus
grand, cest--dire que la temprature de lair et sa scheresse sont plus leves. L a
concentration est galement dautant plus grande que la pluviomtrie est plus faible.
Elle est donc dautant plus importante que le climdt est plus aride. Nous reviendrons
plus loin sur le mcanisme de cette concentration.I1 y a l une influence essentiellement
climatrique qui entraine une certaine zonalit.
Bien quil ny ait encore que peu dtudes sur cette zonalit climatrique, nul nignore
que la composition chimique des eaux des sources et des puits de lAfrique et du
Sahara et des autres rgions arides diffre de la composition chimique des eaux souter-
raines des rgions tempres et des rgions froides. Et chacun sait que les eaux des
montagnes sont plus pures que celles de la plaine. L a composition chimique des eaux
est donc bien influence par le climat 2.
Quels sont les facteurs climatriques qui rgissent la composition chimique des eaux
et comment agissent-ils?
L a pluviomtrie joue un rle prdominant. Elle provoque un lessivage des terrains,
entrainant les sels les plus solubles dans les circuits souterrains et superficiels, cest--
dire essentiellement le NaCl et le CaSO, des eaux. L e CaCO, suit un autre rgime;
car, trs faiblement soluble, il ncessite lintervention dun autre facteur, tout fait
indpendant de la pIuviomtrie pour tre mis en solution, la teneur en CO, libre de
leau.
I1 restera donc dautant moins de sels solubles dans les terrains et la dilution des sels
restants, passant en solution, sera dautant plus grande que la pluviomtrie sera plus
forte.
75
Hydrologie des rgbns arides
gtant donn que la pluviomtrie diminue des rgions tempres aux rgions tro-
picales, pour augmenter de nouveau vers les rgions quatoriales, on doit sattendre
une augmentation de la teneur en chlorures, sulfates et rsidu sec, en allant de la
France a u Sahara, avec de nouveau une diminution vers lquateur. Cest bien ce quon
observe.
Lvaporation exerce aussi une action particulirement nette sur la composition
chimique des eaux. Par vaporation la concentration des chlorures et des sulfates,
et par l le rsidu sec de leau contenue dans la couche superficielledu sol, augmentent.
Cette eau plus ou moins renouvele des profondeurs la surface par capillarit amne
une vritable ascension des sels, dailleurs fort bien constate dans les rgions tro-
picales et subtropicales.
Lorsque lvaporation devient trs intense, les sels en dissolution peuvent passer
ltat de sursaturation et, par prcipitation, former les crotes calcaires, les carapaces
gypseuses et m m e les crotes salines, suivant le degr dvaporation. Cest C a c o 3
qui se prcipite le premier, car il est presque toujours trs voisin de ltat de saturation,
ainsi que lont dmontr les recherches de lauteur. Aussi le tuf calcaire se forme-t-il
le premier du ct tempr de la bordure des dserts, tandis que le gypse, qui demande
pour prcipiter une concentration plus pousse, donne des crotes sur le ct
dsertique.
L a concentration est particulirement nette aprs les pluies faibles, insuffisantes
pour descendre jusquaux nappes et qui ne font quimprgner les couches superficielles.
I1 se produit ainsi, par un jeu successif de descentes avec dilution et de remontes
avec concentration de leau, une concentration progressive, si lvaporation est par-
ticulirement intense. Seules les fortes pluies entrainent vers les nappes, en les diluant
plus ou moins, ces eaux concentres qui rapparatront a u x sources. I1 est rare quelles
sacheminent directement des sources vers la mer, faute dcoulement superficiel.
Leffet de lvaporation sajoute donc celui de la faiblesse de la pluviomtrie. Aussi,
dans Ies rgions tropicales, aura-t-ondes eaux sales, slniteuses et rsidu sec lev,
tandis que dans les rgions tempres les eaux seront peu charges.
Llvation de temprature, dj facteur primordial de lvaporation, joue un
rle trs important dans les phnomnes chimiques. Elle favorise en particulier les
attaques des silicates et active les mises en solution. Enfin, concurremment avec
lhumidit, elle prside lactivit des micro-organismes du sol et la combustion des
matires organiques, avec production de gaz carbonique. Or ce gaz carbonique est le
facteur essentiel de lattaque des minraux et des roches, silicates, carbonates.
Lauteur a examin lvolution des caractres chimiques des eaux depuis les rgions
tempres jusquaux rgions quatoriales. Voici les rsultats concernant les divers
lments.
Rsidu sec. Tout dabord on constate une augmentation graduelle du r6sidu sec, des
rgions tempres jusquau Sahara,puis une diminution dans les rgions quatoriales.
Teneur en bicarbonates. Alors que pour tous les terrains la teneur en Ca, M g , Na, C1,
SO, varie nettement en fonction du climat, Ia teneur en bicarbonates reste fixe entre
des limites trs troites, dans 75 %
des cas, entre 2 et 8 milliquivalents seulement.
Mais malgr tout, pour tous les terrains, on constate une augmentation trs graduelle
de la teneur en bicarbonatesdes rgions tempresjusquaux rgions des steppes (centre
de la Tunisie), o il atteint son m a x i m u m , puis une diminution vers le dsert (Sahara)
et vers les rgions quatoriales. I1 est trs vraisemblable que laugmentation de la
teneur en bicarbonates vers les steppes se fasse ds les rgions arctiques, car il enest
ainsi en descendant des sommets des montagnes vers les plaines l. L a constance relative
1. H.SCAOELLEA,a Les variations de Ia teneur en gas carbonique des eaux souterraines, en fonction de laltitude D, C. R.
dead. Sc. Paris,t. 230, 1950, p. 560-561.
76
Gochimie des eaux souterraines
SO, et CI. Alors que dans les rgions tempres, les teneurs en rSO, et rC1 sont ex-
trmement faibles, le plus souvent nettement infrieures la teneur en rHCO,, elles
croissent rapidement vers le Sahara. Ds la rgion des steppes, chacun deux dpasse
rHCO,.
Mais le SO, crot plus lentement que le C1; cest une consquence des facteurs
climatriques. Laugmentation de lvaporation, qui va de pair avec la diminution
de la pluviomtrie, ne peut quamener une concentration des sels dautant plus
importante que ces sels sont plus solubles, la vitesse de dissolution tant proportion-
nelle au dficit de saturation. Laugmentation plus rapide du C1 que du SO, est donc
normale.
Mais cette volution peut tre trouble par des causes gologiques; abondance de
gypse dans les sdiments des rgions dsertiques, abondance de chlorure de sodium
dans certains terrains des rgions tempres.
D a n s les rgions quatoriales, nous retrouvons a u contraire un taux extrmement
faible de SO, et de C1, souvent infrieur m m e B celui des eaux des rgions tempres.
Nul doute que ce fait ne soit d la forte pluviomtrie qui lessive intensment tous
les terrains.
Ca, Mg, Na. Les modifications des anions entranent celles des cations. C o m m e la
variation du HCO, est ngligeable en face de celles des ions SO, et C1, ce sont donc ces
dernires qui entraneront une variation des cations.
L e C a saccrotra ainsi des rgions tempres a u dsert, non en liaison avec HCO,,
mais avec SO,.
L e M g subit le m m e sort que le C a pour les m m e s raisons. Mais il a tendance
saccroftre plus rapidement. On constate, en effet, que le rapport Mg-Ca est dautant plus
lev que la concentration en sulfates est plus grande. L e sodium est, dune manire
gnrale, li au chlore et subit par consquent le m m e sort. Aussi voyons-nous dans les
eaux de tous les terrains une augmentation graduelle de la teneur en C1, des rgions
tempres aux rgions dsertiques.
Tous ces cations Ca, M g , N a sont de nouveau en trs faible quantit plus a u sud,
dans les rgions quatoriales, par suite du lessivage intense d la pluviomtrie.
77
Hydrologie des rgions arides
ia
Gochimie des eaux souterraines
I1 nest pas inutile de signaler ici les travaux sovitiques; ils apportent un certain
nombre dides gnrales.
Ainsi Kounine [ZO] nous donne quelques indications sur la formation des eaux
souterraines dans les dserts. Ces travaux confirment les conclusions formules prc-
d e m m e n t et ont ainsi une valeur dillustration.
1. I. V. GAWONOV.u Zonalit6 des eaux des nappes libres dana la partie europdenne de lU.R.S.S. v, Trauaux du Laboratoire
dasprobldmes hydrogologiques,/.cademie des sciencesde lU.R.S.S., t. III, 1948. In SILINE-BEKTCHOLRINE [171].
79
Hydrologie des rgions arides
Kounine indique que, plus les eaux souterraines sont proches des zones dalimen-
tation, moins elles sont sales, et que la salure est dautant plus forte que le trajet
souterrain est plus long. Effectivement, c o m m e nous lavions vu, la concentration
des eaux souterraines dpend de la dure du contact eau-roche.I1 note que, moins les
eaux sont sales, plus leur composition chimique est varie et quinversement, plus
les eaux sont sales, plus leur composition est monotone et se rapproche dune compo-
sition standard. Ce nest en s o m m e quun effet de la concentration qui aboutit finalement
une composition voisine de celle de leau de mer l.
Pour les eaux souterraines sales et non pour les saumures, la minralisation la plus
typique est NaC1, souvent CaCP.
Les terrains traverss par leau ont une certaine inffuence sur la composition chimique
des eaux souterraines, en particulier a u c o u s de la premihre tape de la minralisation.
Mais la principale influence sur la composition chimique des eaux souterraines est due
des facteurs indpendants de la composition des roches. Parmi ceux-ci figure lva-
poration lintrieur du terrain, qui augmente graduellement la concentration et
modifie la composition chimique.
Kounine apporte ainsi une confirmation clatante ce que nous avions indiqu.
L A F O R M A T I O N D E LA C O M P O S I T I O N C H I M I Q U E D E S E A U X S O U T E R R A I N E S
D A N S L E S R G I O N S A R I D E S , DAPRBS S I L I N E - B E K T C H O U R I N E
% % % % %
HCO, . . . . . . . 0,050 0,057 0,074 0,077 0,072
SO,. . . . . . , .
0,918 0,150 0,150 0,033 0,037
Cl . . . . . . . .
0,041 0,070 0,066 0,037 0,062
Ca . . . . . . . .
0,278 0,036 0,044 0,016 0,033
Mg . . . . . . . .
0,054 0,012 0,009 0,002 0,006
Na . . . . . . . . -
0,070
-
0,075
-
0,077 0,046 0,037
TOTAL. . . . . . 1,411 0,400 0,420 0,211 0,247
80
Gochimie des eaux souterraines
% % % % %
HCO, . . . . . . . . 0,97 1,26 1,52 1,90 1,56
SO, . . . . . . . . 21,28 4,31 3,96 1,14 1,02
C1. . . . . . . . . 1,27 2,71 2,34 1,41 2,31
Ca . . . . . . . . 15,47 2,45 2,79 1,20 2,15
Mg . . . . . . . . 4,93 1,32 0,82 0,25 0,66
Na . . . . . . . .
TOTAL . . . . . . 47,04
-3,12
-
4,51
16,56
-4,21
15,64
3,o
-
8,90
-
2,08
9,78
c1
premier, positif et de plus en plus grand dans le deuxime puis le troisime.
Les accroissements des lments dans la solution ont t les suivants :
81
Hydrologie des r g w n s arides
C1- Na
de r ___ vers la profondeur. Mais rSO,/rCl devient plus petit que 1 des profondeurs
CI
plus grandes, 10 m dans la troisime filtration. Dans la quatrime, il reste suprieur
Cl-Na
1,r- augmente vers la profondeur. Mais il ne devient positifque plus bas, 105m
c1
dans la troisime filtration, et reste ngatif au m m e niveau dans la quatrime filtration.
En somme, les filtrations successives lessivent les terrains et, au fur et B mesure de
la filtration, donnent aux eaux des niveaux profonds les caractres des eaux des niveaux
suprieurs.
C o m m e le montre A. I. Siline-Bektchourine, les eaux dinfihation se chargent
en sels par dissolution, subissent des changes de bases avec ce que jappelle les per-
mutolites. Bektchourine admet galement des ractions de substitution, qui ne peuvent
tre considres, en ralit, que sil y a des prcipitations. I1 vaudrait mieux se servir
des produits de solubilit. L a diminution relative de la teneur en SO, m e parat due
une mise en solution plus diftieile du S0,Ca que du NaCl. Et je pense que Ia diminution
en valeur absolue du SO, P partir de la profondeur de 8,50m dans la deuxime filtration
et le ralentissement de son augmentation partir de la m m e profondeur dans les
troisime et quatrime filtrations sont plutt dus ce que le produit de solubilit
[SO,][Ca] a 6t atteint o u presque par suite de lapport de C a par les changes de bases.
L e produit de solubilit [SO,] [Ca] joue certainement un grand rle.
Dun autre ct, le fait que rC1- rNa, dabord ngatif vers la profondeur, saccrot
de plus en plus et devient m m e positif, indique une m m e tendance quon peut mettre
en corrlation avec laugmentation de la concentration gnrale des eaux. En effet,
on observe le m m e phnomne si lon compare les eaux des diverses filtrations dun
m m e niveau. Lorsque la teneur en N a de la solution augmente, elle nest plus en qui-
libre avec celle de la permutolite. I1 y a alors change de N a de la solution contre du
C a de la permutolitel.
Les phnomnes ont donc t examins dune manire un peu diffrente de celle
de M.Bektehourine, sans faire intervenir des ractions chimiques, et en ne considrant
que les ions en prsence.
L e travail de Siline-Bektchourinemontre lacquisition de la composition chimique
des eaux en trois tapes.
Premire tape.
1. Dissolution de NaCl, CaSO,, MgCO, et autres sels par les eaux dinfiltration.
2. &change de bases, par exemple :
Ca [(HCO,),,SO,] + Na, -f Na, [(HCO,),,SO,]+ Ca
solution collorde solution collorde
rarement :
Ca [WCO,),, SO,]+ Mg
solution collordc
2 Mg [(HCO,),, SO,]t- Ca
3. Raction de substitution :
Na, (Mg)(HCO,), + CaSQ, = Na, (Mg) SO, + Ca(HCO,),
B ne considrer que sil y a prcipitation de CaCO,.
L e plus souvent, la prcipitation de CaCO,, ou m m e celle de CaSO,, peut se
produire par augmentation de la teneur en C a apporte par change de bases.
Deuxime tape.
1. Concentration des eaux.
1. H.SCHOELLER, a Relation entre la concentration en chlore de? calix souterraines et les changes de bases aver Ics terrains
qui lea renferment n, C. R. Acod. SE.P u b , t. 232, 1951, p. 1432-1434.
82
Gwchimie des eaux souterraines
2. &change de bases :
2NaCl+ Ca (Mg)
solution collolde
2 Ca (Mg)C1,+ 2Na
eolution colloide
3. Raction de substitution :
CaCI, + Na, (Mg)SO,= Na, (Mg)Cl,+ CaSO,
Ici nous faisons la mme remarque que prcdemment.
Troisime tape.
Mlange de leau dinfiltration avec leau de la nappe phratique, avec ractions dites
de substitution dues en ralit aux atteintes des produits de solubilit.
I1 est bien vident que ce schma ne sapplique qu des terrains et des eaux sem-
blables ii ceux qui ont t tudis ici et quailleurs les phnomnes suivent u n autre
ordre. Notamment lchange N a solution contre C a collo?depeut avoir lieu dans certains
cas dans la premire tape c o m m e nous lavons v u en Tunisie.
Nanmoins, ces trois tapes sont constantes : lo dissolution; 20 concentration;
30 mlange avec leau de la nappe phratique.
QUELQUES CARACTBRES G N R A U X D E S D S E R T S E T S E M I - D S E R T SD U
POINT DE V U E GOCHIMIQUE [17, 291
Ainsi la composition chimique des eaux des dserts et semi-dserts dpend des condi-
tions gographiques, lies elles-mmes aux conditions hydrogologiques. Dans les
rgions situes au pied de montagnes ou en bordure de bassins ferms, on rencontre
des eaux douces; au contraire, dans les rgions plus loignes, la concentration en sels
des eaux des nappes phratiques saccrot. Les eaux deviennent dabord un peu,
puis de plus en plus sales, jusqu tre sursales au centre des cuvettes.
L a composition chimique dpend galement de la nature des roches et de la dure
du trajet des eaux. Elle varie suivant lalimentation des nappes. Linfiltration directe
des pluies et des eaux superficiellesdonne des eaux douces qui peuvent gagner lesnappes.
Mais quand lvapotranspiration agit sur les eaux avant quelles descendent en
profondeur, la teneur en sels augmente.
O n voit donc que lhydrogologie des dserts se caractrise par la varit de la compo-
sition chimique :eaux douces, eaux sales et eaux sursales;on voit aussi que les lieux
de formation et de prsence des eaux douces, sales et sursales sont souvent tout
proches les uns des autres.
D e plus la zonalit suivant la profondeur nest pas toujours respecte : on peut
rencontrer en profondeur des eaux sous pression plus douces quen surface. Cela se
constate dans les dserts russes aussi bien quau Sahara o la nappe deau douce, dite
de lAlbien, se trouve sous les nappes sales d u Miopliocne et d u Quaternaire.
Ltude des phnomnes hydrogologiques actuels ne suffit pas lucider la go-
chimie des eaux souterraines dans les dserts et les semi-dserts. I1 faut prendre
galement en considration les oscillations des continents et les conditions palo-
gographiques. Dans les rgions arides qui ont subi, au Quaternaire, des surlvations
gnrales, les processus de lessivage et de dessalure des roches ont amen un
abaissement de la teneur en sels non seulement des rivires et des bassins ferms, mais
galement des nappes. U n abaissement gnral provoque les phnomnes inverses :
salure des roches, accumulation de sels dans les eaux souterraines.
Les conditions palogographiques ont certainement aussi leur importance : les
priodes froides et pluvieuses auront favoris lapport deaux douces, et les priodes
chaudes et sches celui deaux sales. Ces eaux douces et ces eaux sales, en raison des
temps gologiques que mettent souvent les eaux parcourir les grandes nappes
ont pu, dans certains cas, se maintenir dans les nappes profondes jusqu nos jours.
83
C H A P I T R E V
Les traceurs sont utiliss depuis longtemps en hydrologie en vue de suivre lcoulement
des eaux souterraines :
1. Pour savoir si un terrain est permable. On regarde si le traceur pntre dans le
terrain.
2. Pour rechercher une communication directe entre deux endroits. On jette le traceur
en amont dans la nappe o u le rseau deau et lon examine son apparition en aval
aux points o lon pense quil doit arriver. I1 nest donc pas question de temps.
Cest une opration purement qualitative.
3. Pour rechercher la direction de lcoulement. D a n s une nappe, par exemple, on
injecte le traceur dans un puits central et lon repre son arrive dans un des puits
disposs en cercle autour du puits dinjection. Cest en s o m m e une opration sem-
blable la prcdente.
4. Pour mesurer la vitesse dune circulation souterraine deau. I).sagit alors de calculer
le temps mis par le traceur pour aller dun point un autre. Cette opration quanti-
tative nest pas aussi simple quelle apparat au premier abord, c o m m e nous le
verrons plus loin.
5. Pour mesurer les dbits. On verse dans le courant deau en un point amont un dbit
donn deau renfermant une concentration donne dun traceur et lon dtermine
en un point aval la concentration du traceur dans le courant.
LES C A R A C T R E SD U N T R A C E U R I D A L
I1 est bien vident que nimporte quelle substance ne peut servir de traceur. Elle
doit prsenter certains caractres. Elle doit pouvoir tre facilement dtermine quali-
tativement, voire le plus souvent quantitativement, m m e lorsquelle se trouve en
trs faible concentration dans leau, car elle sera toujours trs fortement dilu6e a u x
points de reprage.
D a n s ses relations avec leau, le traceur doit tre absent o u 2 la rigueur nexister
quen trs petite quantit dans leau de la nappe o u des courants souterrains, pour
quon puisse obtenir des diffrences utiles de concentration entre les points dinjection
et les points de reprage.
I1 doit tre facilement transport par leau, cest--dire soit se maintenir trs ais-
ment en suspension, soit avoir une solubilit leve.
I1 ne doit pas se dcomposer ni se prcipiter dans leau dinjection, ni dans leau
de la nappe.
84
Les diflrents traceurs
Jusqu ces dernires annes, on avait recours des traceurs solides entrans par
leau, des traceurs chimiques facilement solubles et facilement reprables et surtout
des traceurs colorants qui, trs grande dilution, sont encore visuellement distin-
guables. Ils ont rendu bien des services. Ils ont chacun leurs qualits, mais aussi des
dfauts. E t maintenant lavenir souvre a u x traceurs radio-actifs, peu prs tous
dtectables des concentrations extrmement faibles. Les uns ont une dure de vie
faible, ce qui peut tre extrmement utile, tandis que dautres ont une dure de vie
trs longue, ce qui est un avantage considrable dans ltude des cheminements de
trs longue dure.
N o u s donnerons dabord un aperu des traceurs solides, chimiques et colorants, ce
qui permettra de mieux distinguer les qualits et les dfauts des traceurs radio-actifs,
car eux non plus ne sont pas parfaits.
Traceurs solides.
Nous pouvons distinguer trois sortes de traceurs solides :ceux qui flottent, ceux qui
sont immergs et ceux qui sont en suspension.
Les traceurs qui flottent nindiquent que la vitesse la plus leve, celle du courant
suprieur, et non la vitesse moyenne, qui importe le plus. En outre, ils ne peuvent
tre utiliss dans les nappes deau souterraines o ils sont retenus, o u m m e dans les
terrains calcaires ordinaires. I1 faut quil y ait vraiment des chenaux de trs grandes
dimensions pour que le transport ne soit pas trop gn.
Les traceurs immergs, cest--dire ceux qui sont situs une certaine profondeur
dans la masse liquide et soutenus par un flotteur situ en surface, sont encore moins
utilisables que les prcdents en raison de leurs plus grandes dimensions.
Les traceurs en suspension sont plus facilement transports par leau et peuvent
ainsi servir en particulier dans les terrains largement fissurs. O n leur d e m a n d e de
pouvoir se maintenir constamment en suspension, dtre assez petits pour ne pas
tre arrts par les pores et chenaux. Leur emploi dpend donc essentiellement des
dimensions de ceux-ci et de ceux-l. E t sils sont trs finement diviss, ils ne doivent
pas se fixer contre les parois des lments constitutifs de laquifre.
On a utilis les traceurs solides les plus divers :balle davoine, son, grains damidon
facilement dtectables par liode, levures (Saccharomyces cerevisiae, S. mycoderma),
bactries (B.violaceus, B. pyocyaneus, M. prodigiosus, M. aceti).
85
Hydrologie des rgions arides
Les traceurs chimiques prsentent cet avantage quil est facile den trouver de trs
solubles. Ils font ainsi vraiment corps avec leau qui les transporte. Et, lorsquils
ressortent des terrains en concentration suffisamment leve, ils sont souvent aisment
reprs par des ractions chimiques, ou m m e par des mesures de conductivit lec-
trique.
Cependant ils prsentent certains dfauts. Leur diffusion, surtout si leur concentra-
tion est leve et si la vitesse de circulation de leau est extrmement faible, est de
nature amener des perturbations. Mais ce nest l, dans la plupart des cas, que leur
moindre dfaut.
Dans certains cas, on ne peut les injecter qu des concentrations leves pour
pouvoir les reprer laval. Mais la densit de leur solution est alors beaucoup plus
leve que celle de leau, ce qui les fait descendre aux points les plus bas, empche
u n mlange parfait et les place souvent hors circuit.
Dautre part, certains cations sont fortement adsorbs par largile ou la matire
organique du terrain aquifre ou d u toit ou du m u r de celui-ci. Cest le cas des ions
Na, K, Ca, M g , Li, Ba, etc., suivant la composition de largile.
Enfin, quelques-uns ragissent avec laquifre, en particulier avec largile. U n e
concentration leve de N a peut peptiser largile et diminuer la permabilit de
laquifre, modifiant ainsi la vitesse de circulation de leau. Les ions Ca agissent en
sens contraire, en coagulant largile.
Les meilleurs traceurs seront donc les anions qui se fixent trs diflicdement.
Les traceurs chimiques les plus utiliss sont les chlorures (NaCl, CaCl,, LiC1,
NH,Cl), tous trs solubles, facilement reprables par dosage classique du chlore OU
par mesure de la conductivit lectrique. Leur grand avantage est que lion C1 nest
pas adsorb et ne ragit pas avec le terrain. Par consquent il ne subit pas de retard
trop important lors de son cheminement et se perd peu en route, do un excellent
rendement. Mais lcueil est la tentation de lutiliser en concentration trop leve
au point dinjection :il risque alors de sgarer, et de ne pas apparatre. D e plus, il
est souvent ncessaire de lemployer eli trs grande quantit ; lopration est alors
on6reuse. Ainsi pour marquer une eau de 10 mg de N a C l par litre, il faut en employer
lo* fois plus que la fluorescine reconnaissable la dilution de 10-9. L o 1 kg de
fluorescine est suffisant, il est ncessaire dinjecter 10 tonnes de NaCl. Autrement
dit, l o 1,011injecterait 50 litres deau ayant dissous de la fluorescine, il faudrait
injecter 38 m3 deau sature en NaCl, avec les inconvnients prcdemment relevs
dus la densit de la solution de NaCl.
En outre, lorsquon a affaire des eaux souterraines trs chlorures, c o m m e dans
les pays arides, lutilisation des chlorures c o m m e traceurs devient encore plus difficile,
car laccroissement de la concentration en chlore aux points de dtection est moins
facile saisir.
Aussi y a-t-il avantage, dans ce cas, employer le bichromate de sodium
(Crz0,Na,2H,0), dont la solubilit est de 2,380 kg O0 et de 4,330 kg ( ltat anhydre)
par litre deau. I1 peut tre dcel la dilution de 1 2 x en employant la diph-
nylcarbazide c o m m e ractif1. Le nombre P de kilogrammes employer dans les
terrains calcaires (Ravier, Hours, Schneebeli [210]) est de :
dL
P=3--0.1V
a
86
Les diffrents traceurs
a = vitesse, en
mtres/jour, du courant souterrain.
V = rserves deau souterraine en milliers de mtres cubes.
Bien dautres traceurs chimiques ont t utiliss :lacide borique, le ttraborate de
sodium, le bromoforme, les dtergents commerciaux, le sucre, la dextrose, le phnol,
ce dernier pouvant tre dcel lodorat ou au got, surtout si on le transforme en
chlorophnol. Les sucres ont linconvnient dtre attaqus par les micro-organismes.
Traceurs colorants.
Les traceurs colorants prsentent de trs srieux avantages. Leur solubilit est grande
et leur dtection peut se faire sur de trs faibles concentrations de lordre de
10-9. Mais la plupart dentre eux sont adsorbs par les matires argileuses ou les matires
organiques. Certains ragissent avec le CO, dissous de leau, le pH, les substances
ferrugineuses, les matires organiques. Aussi na-t-on pas enregistr uniquement des
succs.
Gnralement leur utilisation est dconseiller dans les aquifres porosit din-
terstices, surtout si ceux-ci renferment des matires argileuses, ont des pores tres
fins et ne laissent circuler leau qua trs faible vitesse.
Par contre ce sont des traceurs presque parfaits pour ltude de la circulation de
leau dans les karst, circulation rapide et courants resserrs.
Le traceur le plus connu est la fluorescine (C,oH,oO,Na,). On utilise Bgalement
luranine qui nest quune fluorescine rendue plus soluble par laddition de carbonate
de soude.
L a fluorescine est adsorbe par les matriaux argileux. Elle ragit avec les matires
organiques, les oxydes ferriques. Elle est dtruite par la ludere. Elle est affaiblie
par le CO, dissous dans leau et lacidit de leau. Mais, dans ce dernier cas, on peut
la rgnrer en alcalinisant leau. A lil nu elle est dtecte la concentration de
10-7,avec le fluorescope Trillat a la concentration de 2 x 10-9 et parfois de 1 x
et avec le fluorescope lectrique de Dienert la concentration de 1 x 10-9. Ce dernier
nexige que 45 c m 3 deau. I1 en faut 250 c m 3 avec le fluorescope Trillat. On dissout
dans leau la fluorescine pralablement dilue dans de lalcool additionn dammo-
niaque (025litre de NH, pour 5 litres dalcool et pour 50 litres deau par kilogramme
de fluorescine). L e poids P de fluorescine employer est, daprs Ravier [210] :
dL
P = 12 - + 0,02 v
a
Oil
P est le poids en kilogrammes de fluorescine.
k = 05 dans le cas de circulation en fissures o u en chenaux.
k = 3 dans le cas de circulation en interstices.
d est le dbit des sources, en m3/s.
L la longueur du trajet en mtres.
V le volume de la rserve souterraine en milliers de mtres cubes.
a la vitesse en mtres/jour du courant souterrain.
Dienert 1 utilisait les formules suivantes :
Si le cours deau ou bien linjection deau pendant quarante-huit heures a un dbit
de plus de 5 l/s, on emploiera une quantit de fluorescine :
P = 2,5 x lO-dL
Si le cours deau ou bien linjection deau pendant douze heures a un dbit de moins
de 5 l/s, on emploiera :
1. F. DIENERT.
Hydrologie agricole. Parie, Baillitc, 1932, 462 pages.
a7
Hydrologie des rgions aridea
125 x 10-sd x L
P=
b
o
P est le poids en kilogrammes de fluorescine.
d le dbit des sources, en m3/s.
Lla longueur du trajet, en mtres.
b le dbit m o y e n en m3/s dont on dispose pendant douze heures.
Bien dautres colorants peuvent tre utiliss.
Dans le cas deaux alcalines, on emploie, outre la fluorescine, losine, lrythrosine,
le rouge congo. Avant de jeter les colorants dans la nappe on les dissout dane une
petite quantit deau alcaline. Dans le cas deaux acides, on utilise le bleu de mthylne,
le bleu daniline, le rouge ponceau. Ils sont alors, avant leur utilisation, dissous dans
une eau faiblement acide.
Parmi les autres traceurs colorants notons la phnolphtaline, la flavizine, le bleu
carmin, le vert acide, le violet acide, la fuchsine acide.
Voici les quantits de colorants en grammes employer par 10 mtres de longueur
de trajet, selon Siline-Bektchourine [171].
g g 6 g
L A C I R C U L A T I O N D E LEAU D A N S L E S T E R R A I N S
Les traceurs jets en un point amont sont ports par leau jusquen un point aval
o on les repre. Mais les filets liquides porteurs nont pas tous la m m e vitesse et
ils ne suivent pas tous des chemins parallles o u des chemins directs. Les diffhrentes
portions du traceur arriveront donc au point aval en des temps varis, quil sagit
dinterprter.
Diflrents trajets.
88
Les difrents traceurs
4. Des trajets, les uns plus rapides, les autres plus lents, rgulirement disposs
dans une roche homogne. Dans la m m e roche, par exemple un sable de granu-
lomtrie trs htromtrique, coexistent des interstices larges et des interstices
troits. Des filets liquides sont, sur certains trajets o u plus exactement certaines
portions de trajet, les uns rapides, les autres lents. Mais c o m m e tous les pores
communiquent entre eux, dans une roche homogne, les filets liquides de vitesse
diffrente se mlangeront et les probabilits davoir en un point aval des filets
ayant constamment chemin plus rapidement que dautres seront extrmement
faibles.
5. Des vitesses plus grandes et dautres plus faibles dans un m m e conduit. Les filets
liquides du centre des conduits se meuvent plus rapidement que ceux qui longent
les parois.
En mouvement turbulent, il y a brassage de sorte que toutes les molcules deau
possdent peu prs la m m e vitesse de circulation moyenne lorsque le trajet
est assez long.
En mouvement laminaire, les filets liquides se meuvent paralllement les uns
aux autres et dans un conduit ayant partout les m m e s sections en forme et en
dimension, la distribution des vitesses est rgulire.
Mais dans les roches, les sections des capillaires sont irrgulires le long du trajet
des filets liquides. I1 y a donc ici galement une possibilit de mlange entre filets
liquides de vitesses diffrentes; dautre part il est plus probable que dans le cas
des roches porosit dinterstices de trouver en aval des filets ayant constamment
chemin plus rapidement ou plus lentement; cette probabilit reste dailleurs
relativement faible, si le trajet est long.
O n voit que la probabilit des points 4 et 5 est dautant plus faible que la roche est
pores ou fissures plus fins et plus nombreux, tandis que, dans un massif calcaire
larges fissures trs espaces, sans mouvements turbulents de leau, elle est beaucoup
plus grande.
Trajet gnral.
Cest donc celui que dfinit la vitesse apparente de la loi de Darcy de lcoulement
laminaire de leau dans les terrains, ou, dans le cas de mouvement turbulent ou mixte,
celui que dfinit la vitesse apparente
Cest la vitesse quon obtient en divisant le dbit par la section de terrain. L a vitesse
moyenne, plus grande que la vitesse apparente, est celle quon obtient en divisant
le dbit par la section du ou des conduits.
Ce sont ces vitesses apparentes ou moyennes quon cherche obtenir laide dea
traceurs. Et il sagit de voir comment on peut les obtenir laide des diffrentes vitesses
donnes par les traceurs.
Trajets dtourns.
Ils apporteront des filets porteurs de traceurs, soit avant, soit aprs les filets porteurs
des trajets directs, et pourront produire des pics indpendants du pic gnral. Mais
on conoit que les filets porteurs dtourns puissent larrive interfrer avec les
filets porteurs directs.
O n ne peut tablir aucune loi gnrale les concernant, sinon admettre leur existence
partir des constatations faites aux points de reprage.
89
Hydrologie des rgions arides
Trajets directs.
CCo
1 O0
I
I
I
I
I
I
50
I
h
II
/I
/i
II
1 tl t2
I
I
I
I
I
t3 t
FIG. 17. Courbe symtrique de concentration en fonction du temps.
L e carr m o y e n du dplacement du traceur par rapport a u point dinjection croit
c o m m e la racine carre du temps coul l. L a longueur de la base saccroft donc avec
la distance tandis que la courbe saplatit.
On voit que la premire apparition du colorant ne peut tre utilise, puisquelle
varie avec la distance et dailleurs aussi avec le nombre de Reynolds. Les temps
repres doivent tre donns par les centres de gravit des courbes.
Trajet en rdgime laminaire dans un capillaire. Supposons quon ait une conduite
circulaire de rayon R.L a vitesse V dcrot du centre, oh elle est V,,,(vitessemaximum),
jusquaux bords. A la distance r de laxe elle est :
V = K(R2-r2)
1. D. E. HULL; J. W.KENT;R. D. LEE,a Radioactivity in pipe line flow studies n, World air, t. 129. 1949. p. 187-188.
E. A. FRIES,u Les radio-isotopes dans lindustrie du p6trole (raffinage, recherche et analpe) n. UIilisorion
de Ilnergie afomque desfrns pacifiques, Nations Unies, 1956, vol. 15, p. 236-250.
90
Les digrents traceurs
avec
Trajet dans u n sable de dimensions lat6rales illimit6es. Dans les cas prcdents, il tait
question dun acheminement dans un chenal bien limit latralement. Ce serait celui
de conduits aquifres, c o m m e il peut en exister dans le calcaire, mais plus rarement
dans les roches porosit dinterstices.
Dans ces dernires, il ny a pas de limites latrales compltes pour les filets liquides,
part le toit et le m u r impermables. I1 y a possibilit pour un filet liquide passant
e n un point donn de staler en aval. Et cest cet talement quil y a lieu dtudier
avec Dane1 2.
Dans les conditions normales de circulation souterraine, le mouvement de leau dans
les roches porosit dinterstices seffectue en rgime laminaire. Mais alors que, dans
un tube, il ny a aucun mlange des filets liquides,il nen va pas de m m e dans une roche
porosit dinterstices c o m m e les sables o tous les pores communiquent entre eux de
six ou huit cts la fois (fig. 18 et 19).
1. P.DANEL, u La mesure des d6bits des eaux souterraines n, Actes du colloqua dAnkarasur lhydrologie de la zone aride. Unesco.
1953, p 104-112.
2. ID., ibad.
91
Hydrologie des rgions arides
fc
18
19 20
FIG.18. &coulement intergranulaire.
FIG.19. gcoulement intergrandaire.
FIG.20. Cne de diffusion ou cne de dispersion.
Un filet liquide allant de pore en pore aura donc tendance, en arrivant en face de
chaque grain, se subdiviseren deux, trois ou quatre autres filets qui le contourneront.
Chacun de ces filets secondaires en fera autant en arrivant en face du grain aval et
ainsi de suite. Mais le filet liquide voisin du premier en fera autant et tous les filets
secondaires, tertiaires, etc., qui en rsulteront, chemineront avec les filets secondaires,
tertiaires, etc., issus du premier. On conoit donc quil puisse se produire un mlange
des filets liquides, les uns avec les autres.
Ainsi, a u fur et mesure du cheminement, les filets liquides tendront scarter
de plus en plus du chemin direct. I1 se produira un cne de dispersion (voir fig. 20).
Si le filet liquide est porteur dun traceur, ce traceur se rpand donc graduellement
suivant un cne dont langle a u sommet, variable suivant la nature des grains, est le
plus souvent denviron 60. L a rpartition des concentrations dans chaque section
affecte une forme de courbe en cloche, trs voisine de la courbe de Gauss et, lintrieur
du cne, la concentration diminue c o m m e linverse du carr de la distance a u sommet.
A une certaine distance du point dinjection, le diamtre du cne de dispersion
deviendra gal lpaisseur de la couche aquifre. Si le cne a bien un angle de 60,
cette distance est sensiblement gale dix fois lpaisseur de laquifre. Plus loin
le cne saplatira de plus en plus. E t lorsque le diamtre latral du cne aura un grand
nombre de fois lpaisseur de la couche, la concentration ne diminuera plus quinver-
sement avec la distance.
92
Les diffrents traceurs
On peut imaginer que la circulation dans un sable se fait dans une srie de capillaires
plus o u moins parallles et de sections diffrentes de rayons rl, r2, r3, etc., e n srie
dcroissante. L a vitesse m a x i m u m sera donc :V, = Kr; et la vitesse moyenne effec-
tive sera
1
- MK(R! + Ri + Ri + ...)
u, = s4 = 2
M(r: + r; + r: + ...)
q tant le dbit de la section S du terrain.
LADSORPTION E T L A R T E N T I O N D E S T R A C E U R S
Les eaux renfermant les traceurs peuvent entrer en contact dans laquifre avec des
substances ayant la proprite de fixer des ions contenus dans leau; elles les changent
contre certains des leurs. Ladsorption peut tre chimique liaisons nergiques, ou
simplement physique (adsorption de V a n der Waals faibles liaisons entre ladsorbant
et ladsorb). Ces deux liaisons entre lesquelles il y a tous les intermdiaires peuvent
dailleurs agir simultanment. Les substances contenues dans les terrains et SUS-
ceptibles dadsorber et dchanger sont :lo les minraux argileux (vermiculite, mont-
morillonite spcialement et, un degr moindre, illite, halloysite et kaolinite, ces
minraux tant rangs suivant lordre dcroissant de capacit dchange de bases);
20 les minraux zolithiques; 30 lhydroxyde de fer; 40 les substances organiques,
lhumus par exemple.
Nous appelons (( permutolites )) ces substances changeuses. L e degr de fixation
dpend de la nature des cations. Ceux-ci sont dautant plus nergiquement fixs que
lion est moins hydrat. E t les ions bivalents se fixent plus nergiquement que les ions
monovalents degr dhydratation gal.
L a relation entre les ions A et B qui schangent entre eux, de leau a u terrain et
du terrain leau, est de la forme :
[A]eau
= k ([A]permut. &
[BI eau ([BI permut.
Ainsi ladsorption des cations est trs aise, en particulier celle de Ca, Mg, Na, K,
NH,, Li, Rb, Sr, etc.
Ladsorption est dautant plus facile que les terrains ont moins de cations prcdem-
m e n t fixs et que leau est plus riche en cations. Nous aurons en tenir compte dans
lemploi des t r a radio-actifs cationiques, ce qui nous amnera utiliser des
entraneurs.
93
Hydrologie des rdgwns arides
Ladsorption sera faible dans les terrains purement siliceux, calcaires, dolomitiques,
c o m m e il en existe beaucoup. Tandis que les adsorptions et les changes seront dautant
plus importants quils seront plus riches en permutolites :substances argileuses, orga-
niques, hydroxyde ferrique, glauconie, etc.
Les anions et les lments non ioniss peuvent subir une certaine adsorption physique
et prsenter des isothermes caractristiques dadsorption. Mais cette adsorption est
de beaucoup plus faible que celle des cations.
Les anions CI-,Br-, I-,NO,, Cr,O,, SO,, le bore, ne subissent quune trs faible rten-
tion, pour ainsi dire ngligeable. Cest la raison pour laquelle, lorsquon utilise un sel,
lanion et non le cation doit tre choisi c o m m e traceur. Ainsi, dans le cas des chlorures,
NaCl, CaCl,, LiC1, NH,Cl, le traceur tout indiqu est le chlore.
I1 ne faut pas oublier que certaines substances peuvent ragir chimiquement, soit
avec les terrains, soit avec les substances contenues dans leau :SO, et B a + + en prsence
lun de lautre prcipitent. L e glycrophosphate de calcium ragit aussi chimiquement
I1 en est de m m e du groupe CO, dissous, HCO;, CO,. Enfin il y a toujours lieu de
te& compte des possibilits du dpassement des produits de solubilit.
L a rtention des traceurs adsorbable6 par les terrains cre un empoisonnement de
ceux-ci, cest--dire quaprs passage dun traceur dans un terrain qui en a adsorb
une partie, ce terrain le restitue si lon y fait passer une eau qui nen contient pas o u
dans laquelle la concentration en traceur [A] est
\ [A]permut. )+
[A]eau < [BI eau
[BI permut.
quand il sagit dchange.
I1 se constitue ainsi une sorte dempoisonnement du terrain,dautant plus important
que lion est fix plus nergiquement et en plus grande quantit.
A u cours de son cheminement dans les roches, la concentration du traceur diminue
graduellement le long de son parcours : lo par les phnomnes de dispersion latrale
des divers filets liquides; 20 par le fait que des filets liquides circulent plus rapidement
que dautres; 30 par suite de la rtention du traceur par le terrain.
Nous avons v u quen raison de la dispersion latrale des divers filets liquides, la
concentration du traceur diminue de lamont laval. Si le terrain nest pas limit
1 atralement, la concentration dcrot c o m m e linverse du carr de la distance compte
depuis lorigine. Si le flux charg de traceur est limit par deux plans parallles, ce qui
est le cas des couches aquifres,la concentration diminue c o m m e linverse de la distance.
Si le flux est limit latralement de tous les cts et si les filets liquides cheminent
tous avec la m m e vitesse, la concentration reste la m m e le long du trajet.
Mais des filets liquides chargs de traceur avancent plus rapidement que dautres.
Ils se mlangent alors avec des filets liquides en retard, non porteurs de traceur. L e
front de liquide une distance donne du point de dpart prsente ainsi une certaine
longueur dans le sens de la marche. L a concentration lextrmit amont du front
est trs faible et elle augmente progressivement vers lextrmit aval o elle atteint sa
valeur normale. Dans le cas dun cheminement filets tous parallles les uns aux autres,
c o m m e lintrieur dun cylindre dans lequel la section du point de dpart la concen-
tration est partout Co, la concentration C du colorant passe progressivement de la
valeur O la tte, la valeur Co la queue du front, C/Cova de O 1.
Mais si, dans les m m e s conditions dcoulement, il y a fixation des cations par le
terrain, le front du traceur est retard. En effet les cations sont fixs une certaine
distance du point de dpart, diminuant progressivement la concentration en cations
du traceur vers laval.
Si un nouveau liquide dpourvu de traceur entre en contact avec le terrain ayant
fix le traceur, c o m m e le liquide est sous-saturvis--vis du terrain, une dsorption
de celui-cise produit.
94
Les diffhents traceurs
L e traceur entrant plus loin en contact avec un terrain qui en est dpourvu, une
nouvelle fixation a lieu et ainsi de suite, ce qui a pour effet de retarder le front.
Nous avons donc considrer avec K a u f m a n n et Orlob [206] les rapports entre
la vitesse d u front d u liquide lui-mme et la vitesse U a du front retard d u traceur.
Ce rapport est, daprs Vermeulen et Hister :
Ua - 1
-_
U ra.pb
If-
r[A].m
ra. pb
DA = -
r[A].m
o ra est le nombre de milliquivalents du traceur adsorb par g r a m m e de la phase
solide ;
pb la densit apparente du milieu poreux;
r[A]la concentration en milliquivalents par centimtre cube de la phase liquide;
m la porosit.
Ces quations (1) et (2) convenant ltude du dbit constant travers des colonnes
de sol montrent que les traceurs ne peuvent tre utiliss pour dfinir les variations
de vitesse dun liquide dans un milieu poreux.
On peut tendre lquation (1) en supposant quune lame de liquide de volume m.dx
parcourt lentement la distance dx travers un milieu poreux, en transportant
r[A].m.dx milliquivalents de traceur. L e traceur se distribue entre leau et la roche.
Si lquilibre dchange de fixation se fait instantanment, la lame de traceur parcourt
la distance (Ua/TJ)dx de telle faon que :
Ua Ule
r[A].m.dx= m.pb - dz.r[A].me - dx
U U
Si la roche na aucune capacit dadsorption, ra = O, do Ua = U; les deux se d-
placent ensemble. Si au contraire la roche a une capacit dadsorption et si les phno-
mnes dadsorption et de desorption sont instantans,le front du traceur aura la m m e
longueur et la m m e nettet que celui du liquide. I1 sera seulement retard.
Mais les ractions dchange des ions entre le liquide et la roche demandent un
certain temps. L e front du traceur non seulement ne cheminera pas aussi vite que le
front du liquide, mais il sera de plus en plus diffus.
LES M T H O D E S DINJECTION D E s T R A C E U R S D A N S L A Q U I P R E
95
Hydrotogie des rgions arides
Mais il y a toujours lieu dtre trs circonspect. Supposons quentre le point amont
dinjection et le point aval sajoute un courant latral, le dbit mesur sera celui du
point aval. Si au contraire le courant se divise entre le point dinjection et le point
de dtection, le dbit mesur sera celui qui passe au point dinjection.
Cette mthode peut tre applique aux courants circulant dans les massifs calcaires.
Mais elle ne permet pas de calculer la vitesse lorsque les sections moyennes des coule-
ments sont inconnues entre les points amont et aval.
Dans les nappes permabilit dinterstices, il nest possible de calculer ni les dbits
ni les vitesses, car le dbit Q dtermin ne peut tre rapport une section quelconque
de la nappe. Cest u n dbit partiel, de proportion inconnue. A fortiori on ne peut
estimer la vitesse.
1. P. DANEL,
op. cit.
96
Les diffrents traceurs
Succession des pics. Les trajets dtourns peuvent rendre dissymtrique la courbe, en
augmentant la concentration de la trane.
Dans dautres cas, larrive des trajets dtourns peut produire des pics secondaires
gnralement situs en arrire du pic principal.
Mais on conoit trs bien quun trajet dtourn passant par un conduit trs conducteur
puisse arriver au point dobservation avant le pic du mouvement gnral et m m e avant
lapparition du traceur du mouvement gnral.
I1 importe surtout de connatre la vitesse moyenne de leau puisque cest elle qui est
gnralement lobjet de ltude.
Cette vitesse moyenne peut tre value dans un terrain daprs la porosit m et
le volume deau V qui sest dplac devant le front du traceur.
Soit V, le volume du liquide contenu dans le terrain et qui sera dplac devant
le front, cest--dire entre le point dinjection et le point dobservation. Soit V le
volume du liquide ncessaire pour dplacer V, on a alors :
Vf = s
O
(1 -C)dV
CO
97
Hydrologie des rgwns arides
V, peut tre valu par une intgration graphique de laire situe au-dessus du front.
Mais on remarque que les volumes peuvent tre remplacs par les temps sur le
graphique car on peut passer des volumes V aux temps t en introduisant dans lquation
prcdente les constantes m (porosit)et v (vitesse) :
LES E N T R A I N E U R S
98
Les diffirents traceurs
En rgle gnrale, lemploi des traceurs radio-actifsne simpose que lorsque les traceurs
chimiques ou colorants ont chou, ou lorsquil est impossible de les utiliser. D e tonte
faon, on a le plus souvent avantage procder, quand cela est possible, u n essai
au traceur chimique ou colorant, avant dutiliser le traceur radio-actif.
Avec les traceurs chimiques, on mesure les variations de concentration d u corps
ajout. I1 faut donc prlever et analyser les chantillons ou dans certains cas mesurer
la conductivit lectrique, ce qui peut se faire sur place.
Avec les traceurs colorants, on mesure la variation de concentration d u colorant sur
chantillons.
Avec les traceurs radio-actifs,on dtermine la variation de concentration du traceur
par des mesures de la radio-activit, dans lesquelles il y a naturellement lieu de tenir
compte de la variation de la radio-activiten fonction du temps.
Rappelons que si lactivit au temps t = O est A,, elle devient, au temps t :
-At
A = A,e
Si lon dsigne par T la priode, cest--direle temps pendant lequel lactivit initiale
a diminu de moiti, cest--direla demi-vie, on a :
t
-0.69s~
A = .doe
h = -0,693
- tant la constante radio-active.
T
Mais la radio-activit est due plusieurs radiations plus ou moins pntrantes,
plus ou moins grande nergie de rayonnement, plus ou moins grand pouvoir dioni-
sation.
Les rayonnements a, forms de noyaux dhlium ayant une vitesse gale au ving-
time de celle de la lumire, ont une grande nergie et un grand pouvoir dionisation.
Mais ils sont peu p6ntrants, car ils sont arrts par une paisseur de 3 8 c m dair
dans les conditions normales de pression et de temprature. Aussi, malgr leur grande
iiergie, ils ne peuvent gure tre utiliss.
Les rayonnements p, forms dlectrons, vitesse voisine de celle de la lumire,
pouvoir dionisation plus faible que celui des rayonnements a, sont par contre plus
pntrants. Ainsi il faut 047 m m dpaisseur de plomb pour arrter une Bnergie de
0,961 MeV et 092 m m pour arrter une nergie de 2,2 M e V . Les paissenrs deau
darrt sont les suivantes pour les diverses nergies 1.
1. C O ~ I S S A R IAA LENENGIE
T ATOMIQUE, Radio-Clmenrrartificiels prpars par le Commissariat lnergie alonrique,Liste no 4,,
Gif-sur-1-vette,mars 1957, 137 pages.
99
Hydrologie des rgions arides
Epaiabecr nergie
nlm MeV
0,018 0,004
0,17 0,35
0,29 0,70
0,36 l,oo
0,714 2-6
0,961 4,1
1,46 66
1,70 8,O
2,2 10,l
100
Les diffrents.traceurs
metteurs p purs.
Tritium (3H), priode de 12,5 ans, nergie 0,019 M e V . Se trouve sous forme dhydro-
gne 10 % de 3 H , ou deau tritie 290 mc/cm3.
Carbone-14 (W), priode de 5 700 ans. Energie 0,155 M e V .
Phosphore-32 (32P), priode de 14,3 jours. nergie 1,712 M e V . P04H3 en solution
acide chlorhydrique de 5 10 mcjcm3 ou en solution neutre de phosphate de
sodium 2 mc/cm3.
Soufre-35 (35S), priode 87,l jours. nergie 0,166 MeV. Par exemple : SO,H, en
solution aqueuse chlorhydrique 1 10 mc/cm3.
Calcium-45 (45Ca), 164 jours, 0,166 MeV. Cible :CaCO,; saturation, 530 PC.
Strontium-90 (SoSr), 28 ans, 0,54 et 2,24 M e V . Cible :(N0J2Sr,1 5 mc/cm3.
Strontium-89 (asSr), 53 jours, 1,46 MeV. Cible :SrCO,; saturation, 99 [LC.
&metteurs p et y.
Sodium-24 (24Na),
NaC1; saturation, 39 mc/g.
-
14,9 heures; :1,39 MeV; y :2,76 1,38 M e V . Cible :N a z c o 3 OU
- -
Fer-59 (59 Fe), 46,3 jours; :0,46 1,56 0,27 MeV; y :1,lO 1,29 1,19. Cible :
Fe; saturation, 3,7 mc.
- -
-
Cobalt-60 (Wo), 5,2 ans; :0,32 M e V ; y : 1,33 1,17 MeV. Cible : CO OU CO,^,;
saturation, 990 mc. Chlorure de cobalt 2 50 mc/mg.
- - -
lode-131 (131I), 8,05 jours; p :0,61 0,34; y : 0,36 0,28 0,64 0,25 0,81 M e V .
I N a :10 50 mc/cm3.
- -
-
Thulium-170 (170Tm), 129 jours; :0,97 0,98 MeV; y :0,084 MeV. Cible :Tm2O3;
saturation, 1,2 curies.
-
Brome-@ (*2Br),3 5 3 heures; :0,465 MeV; y :0,547 1,312 MeV. N H 4 B r , bromure
alcalin, 4 mc/mg.
10 1
Hydrologie des r6gions arides
Isotopes susceptibles dtre adsorbs ou de ragir avec leau ou avec le terrain. 24Na, 55Fe,
59Fe, 137Cs, l3lBa, SJRb,32P,45Ca, goSr, 89Sr; Na, Fe, Cs, Ba, Rb, Ca, Sr ne pourront
donc tre utiliss dans les terrains argileux ou organiques qui fixeront les cations
adsorbables.
F e ne pourra non plus tre employ dans les eaux o il risquera de prcipiter par
oxydation, B a prcipitera par la prsence de SO,, P ne sera pas non plus utilisable.
Mais si les eaux souterraines sont trs charges en N a par exemple, ou en Ca, et si
elles sont en quilibre gochimique avec les terrains queues traversent, la fixation
de 24Na ou de 45Ca, suivant le cas, naura pas tendance se produire. Et ces cations
pourront servir dentraneurs.
Si enfin les terrains ne contiennent aucun lment adsorbant, par exemple des
calcaires purs ou des sables ou des grs purement siliceux, les cations pourront
servir de traceurs.
Isotopes non facilement adsorbables. a) Isotopes trs courte dure de vie (82Br,
35,9 heures). Il ne pourra donc servir quassez rarement en hydraulique souterraine,
car les trajets dun tel ordre de grandeur de dure mesurer sont relativement rares.
b) Isotopes courte dure de vie (1a1I,8,05 jours). L a priode est dj plus intres-
sante, ce qui permet dutiliser ce traceur dans un certain nombre de cas :sur de courtes
longueurs pour des eaux faible circulation de vitesse, et sur des longueurs dj
considrables pour les eaux ayant des vitesses importantes, c o m m e dans les massifs
calcaires.
&ant donne lactivit trs leve, il peut, sans entraneur, tre dcel avec une
sensibilit leve.
Mais c o m m e , malgr tout, liode subit une adsorption qui nest pas toujours ngli-
geable (surtout du fait de sa faible concentration), il y a intrt lemployer avec de
liode non activ c o m m e entraneur.
c) Isotopes longue dure de vie (3H,12,5 ans). Priode tout fait intressante
qui permet de lemployer dans le cas de vitesses faibles et de grandes longueurs de
trajet.
I1 a une activit denviron 2 x lOl6 dsintgrations par minute et par g r a m m e
et son activit naturelle spcifique est extrmement faible. L e grand avantage est
que le tritium rentre dans la composition de leau et ne fait quun corps avec elle.
102
Les diffhents waceurs
C
1 O0
90
50
10
FIG. 22. Passage des traceurs B travers un permeametre rempli de sable [202].
103
Hydrologie des rgions arides
Leau entre dans le permamtre par la partie suprieure et sort par le bas. Elle peut
tre maintenue niveau constant dans le haut grce une vidange de trop-plein.
On place un volume donn de terrain dans le permamtre, en tchant de lui redonner
ses conditions naturelles. L e terrain est ensuite imbib deau jusqu saturation. Puis
on dverse sur le haut de la colonne un volume V de solution de traceur la concen-
tration .,e
Le temps du dbut de lintroduction du traceur est pris c o m m e origine des temps.
Ds que la solution de traceur a t compltement absorbe par le terrain et adisparu
de la surface du sol, on fait arriver leau dans le permamtre en la maintenant
charge constante, grce au trop-plein. On a naturellement intrt utiliser la m m e
eau que celle du courant souterrain dont on veut mesurer la vitesse. Pendant toute
lopration, on mesure les volumes deau qui scoulent, en prlevant des chantillons
intervalles rguliers, et on dtermine la concentration e en traceur de chacun des
chantillons. O n porte alors sur un graphique, en ordonnes les rapports de concentra-
tion c/c, et en abscisses les volumes deau cumuls correspondants (voir fig. 21, 22, 23).
On construira un deuxime graphique, en portant en ordonnes les rapports c/e,
successifs cumuls (voir fig. 22).
FIG. 23. Passage des traceurs travers un permamtre rempli de limon sableux [202].
104
Les di.6rents traceurs
28O cc
Iduence de la longueur de la colonne [200]
o. tIneellTS
Courbe Lougueur Dlbit r4cupri.s
1 lm 100 d / 1 2 m n 95
2 1,9 100 m1/13m n 87
3 2,85 100 ml/ll m n 85
entrdneur), aprs avoir t6 oxyd avec du sulfate de nitrosyle, est rassedl6 dane
du CC1,. Liode est ensuite remis en solution aqueuse sou8 f o m e de INa-I0,Na
par agitation avec une solution de soude. Et la solution est vapore dana une
coupelle que 1011 place avec son rsidu sous la fentre dun compteur cloche
[218].
106
Lu d i f f h m traceurs
Diatanoc
depme Temps darrivde des premihres tracen deteetables 1
le puitu -
dinjection Calcul Iode-131 Coliforme Dextrose Fluorescdine
Les rsultats concernant liode-131 sont donns 21 la figure 25 pour ces trois m m e s
puits. Ainsi tous les fronts des traceurs sont arrivs tres rapidement une vitesse
plusieurs fois suprieure la vitesse moyenne de circulation de leau dans un milieu
homogne. I1 y a donc eu des courts-circuits importants.
Cest liode qui a donn les rsultats les plus rguliers. Les graphiques de la concen-
tration de liode en fonction du temps, pour chacun des puits, ont des centres de gravit
107
Hydrologie des rgions arides
peu loigns d u temps m o y e n calcul, sauf pour le premier puits o il semble y avoir
u n retard.
On peut se demander pourquoi la marche des autres traceurs prsente une telle irr-
gularit, cest--direpourquoi ces autres traceurs indiquent surtout u n court-circuitage.
Est-ce d la faon dont a t faite linjection?
Pour dtecter les trs petites quantits diode radio-actifarrivant aux deux derniers
puits, il fut ncessaire dvaporer les chantillons, 20 cm3, et dtudier le rayonnement
avec u n internal $ow counter. A u dernier puits lactivit de liode ne dpassait pas
65 coups/minute/cm3.
L a fluorescine atteignit ce puits avec une concentration de 0,4 mg/kg au pic, suivi
dune trane semblable celle observe dans les permamtres.
108
Les difrents traceurs
I 190-W
H-16
G-15
ti-14
165-P - R-2
G-17
R-1 * F-16
F-14
109
Hydrologie des rgiona arides
Ces quantits exagres deau par rapport lhuile semblaient indiquer lexistence
dun coulement par chenaux entre le puits dinjection et les puits de production.
Les essais hydrauliques faits sur le puits dinjection 190-W, laide dunchor packer,
montrrent que leau entrait dans les sables la profondeur denviron 158 m.
U n e solution de 226 g de fluorescine dans environ 43 litres deau fut rgulirement
verse dans le puits dinjection 190-W.Le colorant apparut dans le puits R-2environ
onze heures aprs, cest--dire aprs linjection denviron 1910 litres dans le puits
190-Wet la production de 3 340 litres de ptrole et eau dans le puits R-2.Aucune
fluorescence ne fut dtecte dans leau des puits R-1et 165-P. L a prsence de colorant
au puits R-2confirma ainsi u n coulement prfrentiel.
Ensuite une solution contenant approximativement 87 millicuries diode-131 dans
environ 119 litres deau fut injecte dans le puits 190-Wpendant quinze minutes.
L e dbit dinjection deau dans le puits 190-Wavait t augment depuis lexprience
faite avec le traceur colorant.
Un accroissement de radio-activit fut constat dans le puits R-2,deux heures
quarante-cinq aprs linjection du traceur. Pendant ce temps 1 310 litres deau avaient
t verss dans le puits 190-W.Daprs la hauteur laquelle tait arriv le liquide
radio-actif dans le tubage au m o m e n t o le premier log fut fait, on calcula que le
traceur avait atteint le puits R-2en deux heures seulement. Un accroissement de
radio-activit fut dcel la surface dans le liquide produit par R-2,quatre heures
et demie aprs linjection. Pendant ce temps, 2 260 litres deau avaient t injects.
Les logs de rayonnement localisrent nettement la zone dentre dans le puits R-2.
Le dbut eut lieu quatre heures et demie et le pic sept heures aprs linjection. Et
douze jours aprs leau avait toujours une radio-activit u n peu plus grande que la
radio-activit naturelle de fond.
Lintgration de lactivit observe dans leau d u puits R-2montra que 70 milli-
curies, cest--dire environ 80 yo de liode radio-actif, entrrent dans le puits R-2.
On observa u n accroissement faible de radio-activit dans le puits R-1,environ
soixante-douze heures aprs linjection du traceur. Mais le pic fut plus faible et la
dcroissance de la radio-activit plus rapide. Aucune radio-activit ne fut observe
dans les quatre autres puits.
Les donnes ainsi obtenues montrrent que leau passe directement du puits 190-W
au puits R-2, travers u n ou deux chenaux, une profondeur denviron 158 m , ce
qui semble impliquer lexistence dune fracture continue, soit entre 190-Wet R-1,
sur une distance de 80 m, soit entre 190-Wet R-1viu R-2, sur une distance de 84 m
environ.
NOUSciterons encore lessai de lAnderson County (Kansas) dans les grs de Bartles-
ville. Le toit de la formation productive ptrolifre est une profondeur allant de
236 241 m. Lpaisseur d u sable est de 8 13 m aux environs immdiats. (Les puits
sont disposs de la manire indique la fig. 27.)
6-15tait le puits dinjection. Les puits dexploitation H-16,F-16et un degr
moindre les pilits H-14et F-14donnaient une trop grande quantit deau. A lui seul le
puits H-16dbitait plus deau quon nen versait dans le puits 6-15,lequel ne pouvait
donc tre tenu pour seul responsable de la production excessive deau. Cependant
les tests faits sur dautres puits dinjection montrrent que la tenue du puits 6-15
tait anormale et pouvait bien tout de m m e tre la cause majeure de la production
relative leve d u puits H-16et des puits voisins. L e faible dbit relatif en eau du
puits 6-17,situ presque en ligne droite entre le puits dinjection 6-15 et le puits
H-16,permit de conclure lexistence dun chenal ou dune zone de trs grande per-
mabilit entre les puits. On procda un premier test laide de colorant pour confirmer
lexistence dune telle zone et tablir la dure d u trajet entre les puits.
U n e solution de 2268 g de fluorescine fut dissoute dans environ 83 litres deau
et injecte. On prleva des chantillons de liquide toutes les deux heures pendant
110
Les diff6rents traceurs
Essai du W u d i Raiyan, dans le dsert de Libye [ZOO]. Des essais furent faits avec du
chlorure de rubidium radio-actif pour montrer limpermabilit du fond du W a d i
Raiyan.
Dautres essais furent excuts en figypte avec du chlorure de rubidium et montrrent
111
Hydrologie des rgions arides
une liaison entre le Nil et des nappes deau situes au voisinage. U n e centaine de milli-
curies de rubidium furent employes. L e terrain aquifre tait un sable siliceux trs
pur, le parcours avait une vingtaine de kilomtres et le facteur de dilution entre lin-
jection et lmergence tait de lordre du milliard.
& d e des bilans deau [196]. Lopration Castle de printemps 1954 permit dtablir
lorigine de la pluie tombant sur le bassin du Mississippi et de dterminer le bilan des
mouvements deau qui ont lieu entre locan et ce bassin.
Avant et aprs lopration Castle on procda de nombreuses dterminations de
concentration en tritium deau de pluie et deaux superficielles,en particulier Chicago,
Ottawa, Mexico, N e w Mexico, dans louest de lEurope, a u Groenland.
Elles montrrent que tout de suite aprs lopration, de mars mai, il y eut une
augmentation considrable de la teneur en tritium de leau de pluie Chicago et
Ottawa. Mais de juin septembre succda une dcroissance rapide, puis une stabili-
sation pendant environ un an, suivie dun nouvel accroissement ds le dbut de 1956
(voir fig. 28).
500
400
300
200
1 O0
FIG.28. Teneur en tritium de leau de pluie et de la neige dans lhmisphre nord [192].
Les calculs montrrent que le temps de sjour du tritium dans lair, cest--dire le
temps partir duquel la probalit de prcipitation est en moyenne la m m e pour toutes
les particules, est denviron quarante jours (le temps de sjour de lhumidit tropo-
sphrique nest que de trois jours).
Ce court temps de sjour explique pourquoi les analyses des eaux de pluie et des
eaux superficielles de lhmisphre sud ne permirent de mettre en vidence aucun
excdent de tritium, par rapport la teneur normale.
Par contre des accroissements de la teneur en tritium furent observs dans lhmi-
sphre nord, ainsi que lindique le tableau suivant :
112
Les diffrents traceurs
Accroissement Atomes de T
(T/Hx lola) par c m 2
113
Hydrologie des rgions arides
..
. ..
. ..
. .....................
.
.
.
..
...
........
..........
. . . . ..
. ..
.
.
.. . . . . . . . . .
.
....
. ..........................
..
.
. ..
. ..
. ..
. ..
. ....
. ....
....
.....
. .
..
.
.....
.. ............. ... .
..
. .. . . . . ..... .....
c
u
O
FIG.29. Bilan d'eau de la valle du Mississippi [192].
114
Les diffrents traceurs
O n savait dj, daprs les tudes rcentes de H. Craig1 bases sur les rapporta
D/H,018/01a7 que ces eaux devaient trs probablement avoir une origine mtorique.
Les dosages du tritium montrrent que de petites quantits de tritium apportes
par la pluie taient apparues trs rapidement dans presque toutes ces sources; et que
trs vraisemblablement le mlange complet ntait pas termin. Lge de leau de ces
sources doit donc tre de lordre de cinquante ans.
1. H. CRAIG;G. BOATO;D. E. WJDTE, a Nuclear processea in geologic settings. Second oonference, September 8-10,1955 w.
Na6. Aead. Se. (1956). publication no 400.
115
B I B L I O G R A P H I E
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