Structures Algébriques Et Arithmétique

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 22

Cours de mathmatiques - MATH6

Maxime NGUYEN1

27 octobre 2016

1. Contact : [email protected]
M. NGUYEN

2
Table des matires

1 Structures algbriques 5
I. Structure de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1. Loi de composition interne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2. Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3. Groupes modulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
4. Sous-groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
5. Sous-groupes engendrs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
6. Groupes de permutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
7. Groupes produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
8. Sous-groupes distingus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
II. Groupes particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1. Groupes quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2. Groupes quotients sur Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3. Groupes finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4. Groupes cycliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
III. Anneaux et corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1. Dfinitions et particularits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2. Idal dun anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3. Anneau quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2 Arithmtique 15
I. PGCD, PPCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1. Divisibilit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2. Plus grand diviseur commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3. Nombres premiers entre eux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4. Algorithme dEuclide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5. Rsolution dune quation diophantienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
6. Plus petit multiple commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
7. Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
II. Congruences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1. Anneau de congruence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2. Thorme chinois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3. Quelques thormes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
4. Application la mthode RSA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

3
TABLE DES MATIRES M. NGUYEN

4
CHAPITRE 1

Structures algbriques

Les objets mathmatiques sont des lments pris dans des ensembles, comme lensemble R des
nombres rels. Mais cet ensemble offre aussi une structure puisque lon a dfini des oprations sur
ses lments : addition, multiplication. Lobjectif de ce cours est de distinguer diffrents types de
structures que lon utilise habituellement en mathmatiques.

I. Structure de groupes
1. Loi de composition interne
Definition 1.1 : Soit E un ensemble. Une loi de composition interne est une application :

f : E E E
(x, y) 7 x y

Lensemble E muni dune loi est not (E, ).

On utilisera les symboles habituels + et ou pour des lois daddition et de multiplication.


Exemple 1.1 : Laddition et la multiplication sont des lois de compositions pour les ensembles de
nombres suivants :
Entiers naturels : N = {0, 1, 2, 3, ...}
Entiers relatifs : Z = {..., 3, 2, 1, 0, 1, 2, 3, ...}
Nombres rationnels : Q = { pq /p Z, q N\{0}}
Nombres rels : R
Nombres complexes : C
On dsigne donc par (R, +, ) lensemble des nombres rels muni des lois + et .

Definition 1.2 : Une partie A dun ensemble (E, ) est stable si

(x, y) A, xy A

Exemple 1.2 : Dans lensemble (N, +, ),


1. le sous ensemble des nombres impairs nest pas stable pour la loi +

5
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

2. le sous ensemble des nombres impairs est stable pour la loi


Definition 1.3 : Soit un ensemble (E, ). Une loi de composition interne est associative si

(x, y, z) E 3 , x (y z) = (x y) z

Exemple 1.3 : Soit E = R3 muni du produit vectoriel et dune base orthonorme directe





( i , j , k ). La loi de composition interne nest pas associative car i ( i j ) = i k alors




que ( i i ) j = 0 j = 0

Lassociativit permet deffectuer plusieurs oprations successives sans mettre de parenthse : dans
(R, ), on sait par exemple que 2 (5 3) = (2 5) 3 et on se permet de noter le rsultat 2 5 3.
Definition 1.4 : Soit un ensemble (E, ). Une loi de composition interne est commutative si

(x, y) E 2 , xy =yx

Exemple 1.4 : Soit E =(M2 (R)


) muni
( du) produit
( ) ( .)La (
matriciel ) interne
loi de )composition
(
1 2 1 1 1 1 1 1 1 2 4 6
nest pas commutative car = = =
3 4 0 0 3 3 0 0 3 4 0 0

Definition 1.5 : Soit un ensemble (E, , ). La loi de composition interne est distributive par
rapport  si
(x, y, z) E 3 , x (yz) = (x y)(x z)

Exemple 1.5 : Dans lensemble des parties P(E) dun ensemble E, lintersection et la runion
sont distributives lune par rapport lautre.
Definition 1.6 : Soit un ensemble (E, ). Un lment neutre pour la loi est un lment e E
tel que
x E, xe=ex=x

Exemple 1.6 : Dans (R, +), llment neutre est 0 mais dans (R, ), llment neutre est 1.

Exercice 1.

Dterminer llment neutre, sil existe, de :


1. (N \ {0}, +)
2. (P(E), )
3. (P(E), )

Proprit 1.1 : Soit un ensemble (E, ). Sil existe un lment neutre e de (E, ), alors celui-ci
est unique.

Dmonstration. Supposons que (E, ) admette deux lmnts neutres e et e . Puisque e est un lment
neutre, e e = e . Puisque e est un lment neutre, e e = e. Do e = e .
Definition 1.7 : Soit un ensemble (E, ) possdant un lment neutre e. Soit x E. Alors le
symtrique de x est un lment x E tel que

x x = x x = e

Pour une loi additive, le symtrique est appel oppos et se note gnralement x.
Pour une loi multiplicative, le symtrique est appel inverse et se note gnralement x1 .

6
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

Exemple 1.7 : Dans (Q, +), le symtrique de 3 est 3. Dans (Q, ), le symtrique de 3 est 1
3 mais
0 na pas de symtrique.

Exercice 2.

Dcrire lensemble des lments possdant un symtrique pour chacun des ensembles suivants :
(N, +), (C, +), (P(E), ), (P(E), ),

Proprit 1.2 : Soit un ensemble (E, ) possdant un lment neutre e. Soit x E. Si x possde
un symtrique dans E, alors celui-ci est unique.

Dmonstration. Supposons que x admette deux symtriques x et x . Alors x x x = e x = x


dune part et x x x = x e = s dautre part, do x = x .

Definition 1.8 : Soit un ensemble (E, ). Un lment x E est rgulier sil est rgulier gauche
et droite, cest--dire si pour tout (y, z) E 2 ,
{
xy =xz y =z
yx=zxy =z

La rgularit donne le droit de simplifier droite et gauche dans une expression.


Exemple 1.8 : Dans (R, ), tous les lments sauf 0 sont rguliers : en effet, 0 3 = 0 5 mais
3 = 5.

Lorsque lensemble E est fini, on peut dfinir une loi interne en donnant chaque valeur laide
dune table cartsienne.
Exemple 1.9 : Dans lensemble {0, 1}, on peut dfinir la loi + :
+ 0 1
0 0 1
1 1 0

2. Groupes

Definition 1.9 : Soit (G, ) un ensemble muni dune loi de composition interne. On dit que (G, )
a une structure de groupe si :
1. la loi est associative
2. la loi possde un lment neutre
3. tout lment de G possde un symtrique
Si de plus le groupe (G, ) est commutatif, on dira que (G, ) est un groupe ablien ou commutatif.

Exemple 1.10 : Les groupes suivants sont des groupes abliens : (Z, +), (R, +), (C , ), (Q , ) .
Lensemble (R, ) nest pas un groupe car 0 nest pas inversible.
Lensemble vide muni de nimporte quelle loi nest pas un groupe car ne contient pas dlment
neutre.
Lensemble GLn (R) des matrices relles inversibles, muni de la loi produit, est un groupe non
commutatif.

7
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

Exercice 3.

Soit lensemble U = {z C , |z| = 1}. Dmontrer que (U, ) est un groupe ablien.

Proprit 1.3 : Soit (G, ) un groupe. Alors tout lment de G est rgulier.

Dmonstration. Supposons que a b = a c : alors a possde un symtrique a1 et en multipliant par


a1 gauche, puis en utilisant lassociativit, il reste que e b = e c do b = c.
Proprit 1.4 : Soit (G, ) un groupe et deux lments a, b. Alors linverse de a b est

(a b)1 = b1 a1

Dmonstration. On vrifie que (a b) (b1 a1 ) = e en utilisant lassociativit.

Exemple 1.11 : Lensemble des matrices inversibles GLn (R) muni de la loi produit est un groupe
non commutatif. Il est appel groupe linaire.

3. Groupes modulaires
On considre Z/4Z = {0, 1, 2, 3} muni de la loi + dfinie par la table suivante :

+ 0 1 2 3
0 0 1 2 3
1 1 2 3 0
2 2 3 0 1
3 3 0 1 2

On verra plus tard comment dfinir rigoureusement Z/pZ avec p un entier naturel non nul. On
peut dj retenir que :
( )
Proprit 1.5 : Soit p un entier naturel non nul. Alors Z/pZ, + est un groupe ablien.

On considre Z/5Z \ {0} = {1, 2, 3, 4} muni de la loi dfinie par la table suivante :

1 2 3 4
1 1 2 3 4
2 2 4 1 3
3 3 1 4 2
4 4 3 2 1
On peut retenir que :
(( ) )
Proprit 1.6 : Soit p un nombre premier. Alors Z/pZ , est un groupe ablien.

4. Sous-groupes
Definition 1.10 : Soit (G, ) un groupe et H G. Alors H est un sous-groupe de G si :
1. H est stable par
2. tout lment de H a son symtrique dans H
Autrement dit, pour tout x, y H, x y 1 H.

8
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

Exemple 1.12 : Si (G, ) est un groupe, alors {e} et G sont deux sous-groupes de G.

On remarquera quun sous groupe H de G contient ncessairement llment neutre e du groupe


G.
Proprit 1.7 : Si (H, ) est un sous-groupe dun groupe (G, ) alors (H, ) est lui-mme un
groupe.

Cela permet de dmontrer facilement quun ensemble est un groupe en tant que sous-groupe dun
groupe usuel.
Proprit 1.8 : Les sous-groupes de (Z, +) sont tous les groupes de la forme nZ avec n Z.

Dmonstration. Soit H un sous-groupe de (Z, +). Si H = {0} alors H = 0Z. Sinon, il existe a H
tel que a = 0. Par dfinition dun sous-groupe, a H donc en dfinitive il existe b > 0 tel que
b H. Donc lensemble {b H, b > 0} est un sous-ensemble non vide de N, il admet donc une borne
infrieure qui est un minimum. Soit n = inf{b H, b > 0}. On a n H et par stabilit de H, nZ H
donc nZ est un sous-groupe de H.
Soit c H : par division euclidienne, il existe q, r Z tels que c = nq + r et r [0; n[. Donc
r = c nq ; or c H et nq H donc r H ; or r 0 et r < n donc par dfinition de n, r = 0. On
en dduit que c = nq do c nZ. On a ainsi montr que H nZ, do H = nZ.

5. Sous-groupes engendrs
Proprit 1.9 : Soit G un groupe et (Hi )iI une famille de sous-groupes de G. Alors

H= Hi est un sous-groupe de G
iI

Definition 1.11 : Soit A un sous-ensemble (non ncessairement un sous-groupe) dun groupe G.


Soit (Hi )iI lensemble des sous-groupes de G contenant la partie A. Alors H = iI Hi est le plus
petit sous-groupe contenant A est appel sous-groupe engendr par A. Il se note A.

Exemple 1.13 : Sous-groupe engendr par un lment : soit G un groupe et a G, on note


A = {a}.
en notation additive, A = a = {na, n Z}
en notation multiplicative, A = a = {an , n Z}

Exercice 4.

Soit G un groupe et a, b G.
1. Si G est ablien, dcrire par un ensemble avec une notation additive le sous-groupe a, b.
2. Si G est ablien, dcrire par un ensemble avec une notation multiplicative le sous-groupe
a, b.

6. Groupes de permutation
Definition 1.12 : On note Sn lensemble des bijections (ou permutations) dun ensemble fini E n
lments. Cet ensemble, muni de la loi de composition , est un groupe appel groupe symtrique
dordre n.

Proprit 1.10 : Le groupe symtrique Sn comporte n! lments.

9
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

Exemple 1.14 : Le groupe S3 des permutations de 3 lments A, B, C est le groupe des isomtries
dun triangle rgulier ABC de centre O. Il se compose de 3! = 6 lments : S3 = {id, r, r2 , A , B , C }
o id est lapplication identit (cest llment neutre du groupe), r est la rotation de centre O dangle
2
3 et x est la symtrie dont laxe est la mdiane passant par le point x.

7. Groupes produit
Etant donns deux groupes (G1 , >) et (G2 , ~), on peut dfinir sur le produit cartsien G = G1 G2
une loi de groupe par :

(x1 , x2 ) (y1 , y2 ) = (x1 > y1 , x2 ~ y2 )

Exercice 5.

Construire la table daddition du groupe G = Z/4Z Z/2Z.

8. Sous-groupes distingus
Definition 1.13 : On dit quun sous-groupe H dun groupe G est normal (ou distingu) dans G sil
est stable par conjugaison, cest--dire si :

h H, x G, xhx1 H.
On note alors H E G.
Une faon quivalente de dfinir un sous-groupe distingu est de dire que les classes droite et
gauche de H dans G concident, cest--dire :

x G, xH = Hx.

Proprit 1.11 : Si G est un groupe ablien, alors tout sous-groupe de G est distingu.

Dmonstration. Il suffit de voir que h H, x G, xhx1 = xx1 h = h H.

Exercice 6.

Soit G = S3 = {id, r, r2 , A , B , C }. Dmontrer que H = {id, r, r2 } est un sous-groupe normal de G


1
mais K = {id, A } est un sous-groupe de G non normal (en calculant par exemple B A B ).

II. Groupes particuliers


1. Groupes quotients
Soit G un groupe ablien et H un sous-groupe de G. Soit x G. On dfinit la classe dquivalence
de x :
x = H x = {h x, h H}
Soit x, y G ; alors
x = y x y 1 H
Alors le quotient G/H est lensemble des classes dquivalences des lments de G.
Proprit 1.12 : Pour tout x G, la classe dquivalence H x a le mme cardinal que H.

10
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

Cas particulier : si G nest pas ablien, il faut distinguer les classes dquivalences droite :
xd = H x
et gauche :
xg = x H
Exercice 7.

Dans le groupe S3 = {id, r, r2 , A , B , C } de symtries du triangle quilatral ABC, exprimer le


quotient de G par le sous-groupe H = {id, A }.

Definition 1.14 : Soit G un groupe et H un sous-groupe distingu de G. Alors le quotient G/H


a une structure naturelle de groupe pour la loi dfinie par :

xy = x y
( )
On dit alors que G/H , est le groupe quotient de G par H.

2. Groupes quotients sur Z


On travaille dans le groupe (Z, +). Tous les sous-groupes H sont de la forme H = nZ avec n N.
Puisque (Z, +) est ablien, tous les sous-groupes sont distingus.
Soient a, b Z/nZ. Par dfinition,
a = b a b nZ
On notera aussi a b mod n
Exemple 1.15 : Dans Z/3Z, 2 = 8 car 2 8 = 6 = 3 (2) 3Z

Le groupe quotient Z/nZ est constitu de n classes dquivalences : {0, 1, 2, ..., n 1}. On peut
donc dire que Z/nZ est un groupe fini.

3. Groupes finis
Definition 1.15 : Un groupe G est un groupe fini si son cardinal est un nombre n N . Ce
nombre n est lordre du groupe G.

Definition 1.16 : Lordre dun lment a dun groupe G est lordre du sous-groupe engendr par
a a. Cest le plus petit entier n tel que an = e.

Exemple 1.16 : Dans Z/8Z, 2 est un lment dordre 4 car 2 + 2 + 2 + 2 = 4 2 = 8 = 0.

Thorme 1.1 (Lagrange). Soit (G, ) un groupe fini de cardinal |G|. Alors si H est un sous-groupe
de G, alors |H| divise |G|.
|G|
Le nombre entier |H| est le nombre de classes dans le quotient G/H .

( )
Exemple 1.17 : Le groupe G = Z/5Z, + est dordre 5, il na pour sous-groupe que 0 et G car 5
est un nombre premier (il na pour diviseur que 1 et lui-mme).

Proprit 1.13 : Soit G un groupe fini dordre n et a G. Alors an = e

Dmonstration. Soit k lordre de a dans G. Alors {a, ..., ak1 } est le sous-groupe engendr
( k )p par a, il est
n kp
dordre k et k divise n donc il existe un entier p tel que kp = n. Ainsi, x = x = x p
= e = e.

11
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

4. Groupes cycliques
Definition 1.17 : Un groupe G est cyclique sil est fini et engendr par un seul lment a :
G = a.
Si a est un gnrateur dun groupe cyclique G, alors

G = {e, a, ..., an1 }

( )
Exemple 1.18 : Soit G = Z/8Z, + , 3 est un gnrateur du groupe cyclique G.

III. Anneaux et corps


1. Dfinitions et particularits
Definition 1.18 : On appelle anneau (A, +, ) un ensemble non vide A muni de deux lois de
composition interne + et sur A qui vrifient :
1. (A, +) est un groupe commutatif ;
2. est associative ;
3. admet un lment neutre dans A ;
4. est distributive par rapport + i.e. pour tout a1 , a2 , et a3 , on a la relation (a1 + a2 ) a3 =
(a1 a3 ) + (a2 a3 )

De plus, lanneau (A, +, ) est dit commutatif si la loi est commutative.


Definition 1.19 : Soit (A, +, ) un anneau et a A.
1. On dit que a est inversible sil possde un symtrique pour ;
2. On dit que a est un diviseur de zro si a = 0 et sil existe b A \ {0} tel que a b = 0.

Exemple 1.19 : Lensemble des lments inversibles de (Z/4Z, +, ) est {1; 3}

Definition 1.20 : Un anneau A (non rduit {0})est intgre si tous les lments de A ne sont
pas des diviseurs de 0.

Exemple 1.20 : (Z/4Z, +, ) nest pas un anneau intgre car 2 2 = 4 = 0.

Proprit 1.14 : Lanneau (Z/nZ, +, ) est intgre si et seulement si n est un nombre premier.

2. Idal dun anneau


Definition 1.21 : Soit (A, +, ) un anneau commutatif et I A. Alors I est un idal de A si
1. (I, +) est un sous-groupe de (A, +)
2. (x, a) I A, a x I (I est absorbant)

Proprit 1.15 : Soit (A, +, ) un anneau commutatif et B A. Alors lintersection des idaux
contenant B est un idal, il est appel idal engendr par la partie B : cest plus petit idal
contenant B et est not (B).

Definition 1.22 : Un idal I est principal sil est engendr par un seul lment.

12
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

Exemple 1.21 : Dans lanneau (Z, +, ), 5Z est un idal principal

Definition 1.23 : Un anneau est principal si tous ses idaux sont principaux.

Exemple 1.22 : Lanneau (Z, +, ) est un anneau principal.

3. Anneau quotient
Soit (A, +, ) un anneau et I un idal de A. On dfinit le quotient A/I comme lensemble des
classes dquivalences {x, x A} o

x = y x y I
Proprit 1.16 : Le quotient A/I a une structure naturelle danneau.

13
CHAPITRE 1. STRUCTURES ALGBRIQUES M. NGUYEN

14
CHAPITRE 2

Arithmtique

Tout ce chapitre se fait dans lanneau intgre (Z, +, ).

I. PGCD, PPCM
1. Divisibilit
Definition 2.1 : Soient deux entiers relatifs non nuls a et b. Sil existe c Z tel que

a = bc

alors on dira, au choix, que :


1. b divise a
2. a est un multiple de b
Dans ce cas, on notera b|a. On notera galement bZ lensemble des multiples de b.

Proprit 2.1 : Soient deux entiers relatifs non nuls a et b. Alors

aZ bZ b divise a

Thorme 2.1 (Division euclidienne). Pour tout (a, b) Z N , il existe un unique couple (q, r)
Z Z tel que 0 r < b et
a = bq + r

Proprit 2.2 : Soit (a, b) Z N . Alors b|a si et seulement si le reste de la division euclidienne
de a par b est nul.

2. Plus grand diviseur commun


Soit (a1 , ..., an ) une famille dlments de Z . Le sous-ensemble a1 Z + ... + an Z est le sous-groupe
de (Z, +) engendr par (a1 , ..., an ). Cest un sous-groupe de (Z, +), donc il existe d Z tel que
a1 Z + ... + an Z = dZ
Definition 2.2 : Le PGCD de (a1 , ..., an ), not pgcd(a1 , ..., an ), est le plus petit entier d positif tel
que
a1 Z + ... + an Z = dZ
Un PGCD de deux entiers (a, b) se notera aussi a b.

15
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

Exemple 2.1 : Calculer le PGCD de (2, 3, 5).

Proprit 2.3 : Si d = pgcd(a1 , ..., an ), alors pour tout i [1; n], d|ai et d est le plus grand diviseur
commun des ai .

Proprit 2.4 : Si d = pgcd(a1 , ..., an ), et que pour tout i [1; n], b|ai , alors b|d.

Proprit 2.5 : Soient a, b, c Z et d = a b : alors ac bc = d|c|

3. Nombres premiers entre eux


Definition 2.3 : Soient a, b Z : a et b sont premiers entre eux si a b = 1.

Thorme 2.2 (Bezout). Soient a, b Z : alors

a b = 1 (u, v) Z Z, au + bv = 1

Plus gnralement, on observera que

a b = d (u, v) Z Z, au + bv = d

Le thorme de Bezout permet de dmontrer :


Proprit 2.6 : Lemme de Gauss. Soient trois entiers non nuls (a, b, c) Z3 .

a|bc et a b = 1 a|c

Corollaire 2.1. Soient trois entiers non nuls (a, b, c) Z3 .

a|c, b|c et a b = 1 ab|c

Le thorme de Bezout permet aussi de dmontrer :


Proprit 2.7 : Soient trois entiers non nuls (a, b, c) Z3 .

a b = 1 et a c = 1 a bc = 1

Exercice 8.

Si G est un groupe cyclique dordre n engendr par un lment g alors :

g k est un gnrateur de G k n = 1

4. Algorithme dEuclide
Un algorithme permet de trouver le PGCD de deux nombres entiers. Il est bas sur le rsultat
suivant :
Lemme 2.1 : Soient quatre entiers nnon nuls (a, b, q, r) Z4 tels que a = bq + r. Alors

ab=br
Lalgorithme sexcute de la faon suivante :
1. On fait la division euclidienne de a par b : a = bq1 + r1 .
(a) Si r1 = 0, alors b|a et a b = b.

16
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

(b) Sinon :
2. Daprs le lemme dEuclide, ab = br1 . On fait la division euclidienne de b par r1 : b = r1 q2 +r2
et b r1 = r1 r2 .
3. Tant que le reste de la division euclidienne est non nul, on rpte lopration et note rs le
dernier reste non nul. On a rs+1 = 0, donc rs = rs1 rs2 = ... = a b.

Cet algorithme, pris lenvers, en substituant dans lgalit de rs , permet aussi, partir du pgcd
rs , de trouver le couple (u, v) afin davoir une identit de Bezout rs = au + bv.

5. Rsolution dune quation diophantienne


On fixe trois entiers relatifs a, b, c Z et on cherche rsoudre dans Z une quation du type

(E) : ax + by = c

On pose d = a b et on remarque que ax + by = c d|c. On note c = c d. Par ailleurs, on peut


crire a = da et b = db avec a b = 1. En divisant par d, lquation devient donc :

a x + b y = c

o a b = 1
Avec le thorme de Bezout et lalgorithme dEuclide, on peut trouver (u, v) Z2 tel que a u+b v =
1, on a dduit une solution particulire (x0 ; y0 ) de lquation (E).
Si (x, y) est une solution de (E) alors par soustraction des deux galits,

a(x x0 ) = b(y0 y)

et en divisant par d :

a (x x0 ) = b (y0 y)

Par le thorme de Gauss, du fait que b |a (x x0 ) on dduit que b |(x x0 ), donc il existe k Z
tel que x x0 = kb , do y0 y = ka .
Ainsi, lensemble des solutions de (E) est

{(x0 + kb , y0 ka ) Z2 , k Z}

6. Plus petit multiple commun


Soit (a1 , ..., an ) une famille dlments de Z . Pour tout i [1; n], ai Z est lensemble des multiples
de ai . Lensemble des multiples communs (a1 , ..., an ) est donc


n
J= ai Z
i=1

et J est une intersection de sous-groupes, donc un sous-groupe de Z. Il existe m Z tel que


J = mZ.
Definition 2.4 : Le plus petit entier non nul positif m tel que J = mZ est le PPCM de (a1 , ..., an ).
Le PPCM de deux entiers (a, b) se notera galement a b.

17
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

Exemple 2.2 : Calculer le PPCM de (2, 3, 5).

Proprit 2.8 : Soit deux entiers relatifs (a, b) : alors les trois propositions suivantes sont quiva-
lentes :
1. m = a b
2. mZ = aZ bZ
3. p N, a|p et b|p m|p

Lemme 2.2 : Soit a, b, c Z : alors ac bc = |c|(a b)

Thorme 2.3. Soit a, b N : alors

(a b) (a b) = a b

7. Nombres premiers
Tout entier n 2 possde au moins deux diviseurs : 1 et n.

Definition 2.5 : Soit un entier n 2 : on dit que n est premier si son ensemble de diviseurs est
rduit {1; n}.

Exemple 2.3 : Les nombres 2 3 5 7 11 13 17 19 23 29 31 37... sont des nombres


premiers.

Thorme 2.4 (Thorme fondamental de larithmtique). Soit un entier n 2. Alors il existe une
unique dcomposition ( lordre de facteurs prt)

n = p1 ...pn

o pour tout i, pi est un nombre premier.


Proprit 2.9 : Si a = iJ pi i et b = iJ pi i sont deux entiers dcomposs en facteurs pre-
miers pi (avec i , i N). Alors min( , )
ab= pi i i

iJ
max(i ,i )
ab= pi
iJ

Exemple 2.4 : Soit a = 30 576 = 24 3 72 13 et b = 6 600 = 23 3 52 11 alors :

a b = 23 3 = 24

a b = 24 3 52 72 11 13 = 8 408 400

II. Congruences
On travaille maintenant dans lanneau (Z/nZ, +, ).

18
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

1. Anneau de congruence
On rappelle que Z/nZ est un quotient de Z par lidal nZ : cest lensemble des classes notes x et
on sait que

x = y x y nZ

Cette relation dquivalence est aussi appele relation de congruence et se note

xy [n] ou encore xy (mod n)

Exemple 2.5 : Lcriture


15 0 (mod 5)
se lit 15 est congru 0 modulo 5 et signifie que 15 0 5Z.

Les lments de Z/nZ seront nots {0, 1, 2, ..., n 1} ou par abus de notation {0, 1, 2, ..., n 1}.
Sachant que les oprations sur Z se projettent dans le quotient Z/nZ, on a retiendra les quelques
rgles de calculs suivantes :

Proprit 2.10 : Soit a, b, c Z et n N : si a b [n] alors :


1. a + c b + c (mod n)
2. ac bc (mod n)
3. an bn (mod n)
4. a b (mod n)

A propos du groupe additif : Le groupe (Z/nZ, +) est un groupe cyclique dordre n. Il est engendr
par x si et seulement si x n = 1, si et seulement si x est inversible dans lanneau (Z/nZ, +, ).

A propos du groupe multiplicatif : Si p est premier, alors ((Z/nZ) , ) est un groupe cyclique

Exercice 9.

Rsoudre les quations suivantes dans Z :


1. 2x = 37 (mod 21)
2. 5x = 15 (mod 25)

Exercice 10.

Dterminer tous les entiers relatifs n tels que n2 3n + 6 soit divisible par 5

Exercice 11 (preuve par 9).

Montrer quun nombre entier est congru, modulo 9, la somme des ses chiffres en criture dcimale.

19
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

2. Thorme chinois

Thorme 2.5. Soient k entiers (n1 , ..., nk ) Zk premiers entre eux deux deux, et N = n1 ...nk .
Pour tout (x1 , ..., xk ) Zk il existe un unique x Z modulo N tel que

x x1 (mod n1 )
...

x xk (mod nk )

Corollaire 2.2. Soit n1 , n2 Z tels que n1 n2 = 1. Alors il existe un unique y Z modulo n1 n2 tel que

{
y 1 (mod n1 )
y 0 (mod n2 )

Exemple 2.6 : Le systme {


x 1 (mod 6)
x 0 (mod 10)
na pas de solution : en effet, les hypothses du thorme ne sont pas vrifies dune part. Dautre
part, on constate que si x 1 (mod 6) alors x est impair, alors que si x 0 (mod 10), alors x est
pair, ce qui est une contradiction.

Exemple 2.7 : On cherche x {0, ..., 60} tel que



x 3 (mod 4)
x 4 (mod 5)

x 1 (mod 3)

On pose n1 = 4, n2 = 5, n3 = 3, puis n1 = n2 n3 = 15, n2 = n1 n3 = 12, n3 = n1 n2 = 20. Par


construction, pour tout i, ni ni = 1 : on peut donc appliquer le corollaire : pour tout i {1, 2, 3},
on peut trouver yi tel que

{ { {
y1 1 (mod n1 ) y2 1 (mod n2 ) y3 1 (mod n3 )
(1) : (2) : (3) :
y1 0 (mod n1 ) y2 0 (mod n2 ) y3 0 (mod n3 )

Rsolution de (1) : on cherche y1 sous la forme y1 = 15k1 , ce qui implique que 15k1 = 1 +
4k1 . Cest une quation de Bzout et on peut trouver (avec lalgorithme dEuclide ou ici en
ttonnant) une solution particulire : k1 = 1 et k1 = 4. Ce qui donne y1 = 15.
Rsolution de (2) : De mme, on trouve y2 = 24.
Rsolution de (3) : De mme, on trouve y3 = 20.
On pose x = 3y1 + 4y2 + 1y3 = 161. Du fait que n2 et n3 sont multiples de n1 = 4, on en dduit
que y2 y3 0 (mod n1 ). En faisant de mme pour n2 = 5 et n3 = 3, on a :

x 3 + 0 + 0 (mod 4)
x 0 + 4 + 0 (mod 5)

x 0 + 0 + 1 (mod 3)
Or 161 19 (mod 60) et 60 est un multiple commun de (4, 5, 3) donc ces galits restent
vraies pour x = 19.

20
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

3. Quelques thormes
Definition 2.6 : On appelle indicatrice dEuler lapplication : N N telle que pour tout n 2,

(n) = card{k {1, ..., n}, k n = 1}

Par convention, (0) = 0 et (1) = 1.

Proprit 2.11 : Soit m, n N tels que n m = 1. Alors

(mn) = (m)(n)

Proprit 2.12 : Pour tout n N ,


n= (d)
d|n

Thorme 2.6 (Euler). Soit a, n N, a 2 tel que a n = 1. Alors

a(n) 1 (mod n)

Corollaire 2.3 (Petit thorme de Fermat). Soit p un nombre premier et a un entier non nul tel que p
de divise pas a. Alors
ap1 1 (mod p)

Exemple 2.8 : Soit p = 17 un nombre premier : alors 316 1 est un divisible par 17.

Thorme 2.7 (Grand thorme de Fermat). Soit n N, n 3. Il nexiste pas dentiers naturels
a, b, c non nuls tels que
an + bn = cn

4. Application la mthode RSA


Soit t un texte que lon numrise en remplaant chaque lettre de linformation par un nombre
compris entre 00 et 26. Alice souhaite transmettre le message t Bob. Pour recevoir ce message
confidentiel, Bob va gnrer une cl publique pour chiffrer ce message et une cl prive pour le
dchiffrer :
1. on choisit deux nombres premiers p, q et on note n = pq ; il faut que n > t.
2. on calcule (n) = (p 1)(q 1)
3. on choisit un entier e < (n) tel que e (n) = 1
4. on calcule d tel que ed 1 (mod (n))
Le couple (n, e) est la cl publique de chiffrement, (n, d) est la cl prive.

Chiffrement : lexpditrice Alice cre le message chiffr laide de la cl publique (n, e) :

c te (mod (n))

Dchiffrement Bob reoit le nombre c et doit le dchiffrer laide de la cl prive (n, d) :

t cd (mod (n))

Ce dchiffrement fonctionne grce au lemme suivant :

21
CHAPITRE 2. ARITHMTIQUE M. NGUYEN

Lemme 2.3 : Soit d tel que ed 1 (mod (n)) o n = pq, p = q.

c te (mod n) t cd (mod n)

Exemple 2.9 : Bob veut recevoir un message dAlice, il pose p = 5, q = 17, n = pq = 85, (n) = 64.
Il choisit e = 5 avec 564 = 1 et 513+64(1) = 1 do d = 13. Il diffuse Alice la cl publique :
(85, 5).
Alice veut envoyer le message t = 10 do te (mod n) 105 (mod 85) 40 (mod 85). Elle
transmet donc c = 40.
Bob reoit c = 40, mais grce sa cl prive d = 13, il retrouve t = 4013 (mod 85) 10.

22

Vous aimerez peut-être aussi