Charles-Francois Dupuis - Origine de Tous Les Cultes, Ou, Religion Universelle 4-1
Charles-Francois Dupuis - Origine de Tous Les Cultes, Ou, Religion Universelle 4-1
Charles-Francois Dupuis - Origine de Tous Les Cultes, Ou, Religion Universelle 4-1
3Mrtt JSxi*
Jpbram
N ThE CUSTODY OF THE
BOSTON PUBLIC LIBRARY.
Ado/vu $
SI. 2
I
ORIGINE
D M
RELIGION UNIVERSELLE.
Par DUPUIS, Citoyen Franois.
PREMIRE PARTIE
DU TOME QUATRIEME.
A PARIS,
Chez H. AGASSE , rue des Poitevins^
c/
ADAMS
i.y
%\
UinYBRSIlE,
A 2,
Religion
Nous allons rapporter ici une partie
de la .fable d'Isis que nous avons ra-
,
seule ,
elle ouvrit le coffre ,
et collant sa
bouche sur celle de son poux , elle le
baise ,
elle l'arrose de ses larmes ;
mais
le jeune Prince, qu'elle avoit emmen,
sYuant avanc par derrire petit bruit ,
pioit sa conduite et les expressions de
sa douleur. La Desse s'en apperoit , se
retourne brusquement , lance sur lui un
regard si en meurt d'ef-
terrible , qu'il
froi. La Desse
rembarque et retourne
se
enEgvpie auprs d'Horus son fils, qu'on
ievoit Eutos , et elle dpose le coffre
j) Jbid, c. 357,
Universelle. j
clans un lieu retir,hors de ia vue des hom-
mes. Typhon, tant all pendant la nuit
la chasse ,
trouve le coffre , reconnot le
cadavre , et le coupe en quatorze mor-
ceaux (1) , qu'il jette et l. La Desse
l'avant su vient aussitt rassembler ces
lambeaux pars. C'est pour cela, dit-on ,
que l'on trouve en Egypte tant de tom-
beaux d'Osiris , parce qu'Isis enterra
chacun des membres. de son, poux dans
le lieu o elle les trouva. D'autres disent ,
(1) Diod. I. 1.
(2) Herod. J. 2, c. 49.
(3) Plut, de Iside, p. 355,
(4) De Iside, p. 361.
U N I Y E R 5
9 E E.
de l'histoire le rcit que nous ve-
pour
nons de rapporter. Il n'a aucun des ca-
ractres de l'histoire , mme altre ; il
a au contraire tous les caractres du ro-
man et d'une fable sacre, qui cache un
sens tout diffrent de celui qu'elle pr-
sente sous cette forme bizarre, , comme
nous l'avons fait voir dans notre cha-
pitre sur Isis. Nous n'avons rapport cette
iction ,
ou plutt ces dbris d'une an-
cienne fiction mutile sur Isis et ses
courses , qu'afin de la comparer avec
la fiction Grecque sur Crs.
Crs , aprs la perte de sa fille , que
le Dieu des tnbres , Pluton ,
lui avoit
(/S).
La mre du jeune Prince surprend
Crs dans cette dangereuse opration ,
dont elle ignore le but ; elle pousse un
cri ,
le charme est rompu ;
l'enfant p-
rit ,
et la Desse se fait connotre.
Alors elle donne
Triptolme, l'an .
des fils de Mtanire le char attel de ,
et l'art de cultiver, le bl ,
dragons ,
qu'il va enseigner toute la terre ,
Fleusin.
(3) Arist. in Eleusin. Euf.pid. initio Hippolyt.'
%4 Religiot
passer , aprs la mort , la flicit ter-'
nelle.
C'est ce qu'attestent Cicron (1) et
Isocrate. Non - seulement ,
dit l'Orateur
B 3
ai Religion
faisoit Eumolpes auteur de 'institutol
de ces Mystres comme l'assurent le ,
l'Auteur du Grand
Etymologicon. Il est
assez naturel de croire, qu'en voyant une
seule famille dpositaire perptuelle
d. un mme sacerdoce ,
on fut tent de
penser, que c'toit elle ou son chef
(i) Diod. i.
r, g. 29.
(2) Herod. La, c,
47. Aristoph. Acliarn,
^ 747764.
$6 Religion
l'animal des mystres. On le
purifioit
dans la mer.
Les Prtres dTsis s'abstenoient de
certains poissons , tels que le phagre ,
le
lpitlote ; de certaines chairs d'ani-
maux, tels que le porc ; de certains l-
gumes ,
tels que l'oignon (1).
Les inities Eleusis avoient aussi leur
abstinence ils ne
() ;gotoient point
de poissons , de fves , de gienades de ,
le combat jouoit
dans
Typhon avoit fui
un grandrle, et il donne matire une
assez longue dissertation de Plutarque
sur cet animal symbolique. L'ne entroit
aussi dans le crmonial des mystres
d'Eleusis (4) , comme il figure dans
ceux des Chrtiens, servant de monture
leur Dieu dans son triomphe , de
mme qu'il avoit aussi servi Bacchus.
mystres d'Isis.
L'Hirophante du tiroit
sanctuaire des espces de Grimoires , ou
certains livres chargs ele caractres Hi-
roglyphiques (2,) , et dont les lignes s'en-
trelaant formoient des nuds et des
roues ; c'toit sans doute les caractres
de la langue sacre , dont on leur elon-
noit l'interprtation. Ce culte , n en
Egypte , passa Corinthe , o Isis por-
toit le surnom de Plasgique , et de-i
Home ,
o l'on en fait remonter l'in-
troduction au* temps de Sylla , -peu-
prs lans le mme temps o les
mys-
tres de Mithra y furent connus , et
cela, par une suite de la communication
plus libre, qu'il y et alors entre Rome ,
l'Asie et l'Egypte.
Enfin c'est en Egypte que nous trou-
,
( 3 ) Herod. I. 2 , c. 61.
Universelle. 3i
a fte des flambeaux (1) _,
qui se cl-
brait le cinquime jour des mystres ,
fte durant laquelle les Initis clai-
roient la route d'Eleusis d'une mul-
titude de flambeaux , qu'ils se faisoient
passer de main en main. Hrodote (2)
a cru encore devoir jeter le voile du
mystre , sur l'objet de l'illumination de
Sais.
Le nfme Hrodote nous donne la
(1) Herod. I.
2, p. 61.
(2) Herod. ibi-d. c. 58.
(3) Theodor. Therap. 1. 1.
neur de Mars.
La crmonie d'Eleusis toit vrita-
blement une de ces Pangyries dont ,
(i) Pausan.
Arcad. c. 15 , p. 249. .
ou Pgase (
1
).
On clisoit que Crs ,
la tte de Crs ,
Phigaiie ,
comme
ils orn oient celle de Mduse, la mme
nue Crs.
La Desse y prenait 3e nom de Fro-
symna (1), cause d'une aventure qu'elle
eut avec Bacchus Prosymne. On attri-
buoit cette institution aux filles de Da-
naiis, les mmes qui Hrodore attribue
rtablissement des Tliesmophories ,
en honneur de Crs (2), qu'elles ap-
portrent d'Egypte. Cette tradition nous
rappelle encore au pays, qui a vu natre
le culte dlsis et d'Osiris , dont les Grecs
firent leur Crs et leur Bacchus qui , ,
f7, 230.
p.
(2) Achaic. c. 17, p. 236.
4% B-eltoiow
ou du Dieu dont on clbrait
, la fte
le dernier jour des
mystres d'Eleusis.
La le te de Crs, en Achae, duroit
sept jours. Le troisime jour de cette
semaine sacre , on faisoit sortir du
Temple de la Desse tous les hommes ,
et alors les femmes , entre elles , cel-
broient pendant la nuit , en secret ,
leurs mystres , comme les dames Ro-
maines clbroient ceux de la bonne
Desse , sans y admettre aucun homme.
Non - seulement les hommes ,
mais les
chiens , mais tous les animaux maies
en toient chasss. De mme Rome ,
non - seulement on interdisoit aux
hommes l'entre du sanctuaire de la
bonne Desse mais on en cartoit ,
;
visseur de Proserpine ,
et il n 'toit que
l'expression symbolique du Soleil d'A.u-
'isis
Egyptienne , ou plutt d'Isis, qui y
suivant Plutarque prend une tte de
,
p. 354
3 6 5-
ou
Universelle. 49
o l'on savoit d'ailleurs
, que
Ar- l'Io
toit l'Isis Egyptienne. La nou-
gienne
velle ville toit quatre stades de
l'ancienne tout au plus c'est dans cette
:
le nom de Thermsienne. A
Bouporth-
rnos , les mmes Desses avoient leur
temple , et Crs toit appele Troma-
cherma. Dans tous ces endroits , Neptune
avoit aussi son temple.
Prs d'Hermione , sur le mont de
Pron , toit le temple de
Des-la mme
se invoque sous le nom de Chtonie
,
l\ Paits. p.
2) fefc
"S
UNIVERSELLE. St
son temple et sa statue Trzne (/)*
On y voyoit un ternpie de Crs
Lgislatrice ( ) et un de Neptune son
,
(p.)
Pausan. p. 103.
(3J^lbid p. 100.
Universelle. 53
d'elles coient les Heures et les Parques ,
le
voisinage (4). C'toit toujoursSrapis,
sous un autre nom. Jupiter Sauveur y
toit aussi ador.
A l'extrmit de la Laconie , au cap
Tnare ,
Crs avoit aussi son temple.
En continuant la cte occidentale , vers
le nord toit ,
le temple de Srapis ,
AEtule (5).
A
Egile , en Laconie , les femmes c-
lbroient des ftes en honneur de Crs,
qui y avoit son temple (6 ).
Plus loin , dans le golfe Batique ,
voisin du cap Male , prs d'une ville ap-
pele Basa y on trouvait un temple de
(1) Ibid. p. 10 1.
D 3
54 R i i i & i o f
temple d'Illythie.
Dans la mme rgion , ou dans l'A-
chae ,
sur la cte occidentale du golfe
de Corinthe AEgium , Crs avoit
,
(2) Ci-dess. t. 2, 1. 3, c.
p.
^ Univeksblie. Sj
de Panachaque ( 1 ) comme Minerve
,
etlilythic.
Le cukede Crs Eleusinienne
toit fort commun dans tout ce pays ,
principalement sur les bords de l'Alphe,
chez les Parrhasiens , qui lui avoient
ddi un autel et un bois sacr , et tabli
une ft , clans laquelle les femme se ciis-
I. i3.
(i) Athne,
{2) Pausan. p. 256.
(3) Hrod. 1. 2 , c. 4.
(4; Pausan. Ibid. 257.
(5, Pausan. Arcad. p. 259,
(6) Ibid. p, 261.
Universelle. 61
o se olbroient, tous les trois ans,
des mystres en l'honneur des grandes
Desses , c'est -dire , de Crs et de
Proserpine. Prs de ce lieu , toit la
source appele Olympique (1) , qui toit
intermittente , une anne sur deux , et
prs de laquelle se faisoient des explo-
sions volcaniques. Les Arcadiens fixoient
en ce lieu la scne du combat des
Gans , et y sacrifioient aux mtores ,
aux tonnerres, aux clairs, etc. Environ
dix stades de-l ,
toit la petite ville
de Basilis (l) , o se trouvoient encore
les restes d'un Temple de Crs Eleu-
sinienne.
Les grandes Desses avoient aussi leur
Temple Mgalopolis ; Proserpine y
prenoit l'pithte de Conservatrice (a).
On y voyoit l'entre la ligure d'Es-
culape , et de jeunes Anthcsphores ,
qui portaient des corbeilles de fleurs.
Crs avoit ses ct* nri Hercule , nn
des Dactyles Ideens , et tout prs d'eux ,
les Saisons , au nombre de deux. A
quelque distance du Temple toit un
bois sacr , o les hommes ne pouv oient
entrer , et devant lequel taient places
les statues de Crs et de Proserpine^
Dans l'enceinte intrieure , toient des
lieux consacrs ces mmes Desses et
(
//
) , lequel a voit aussi Pallante
un Temple commun avec ces Desses.
(2) Prs de-l toit le Temple de Nep-
tune , ainsi que celui de Minerve Con-
servatrice , dont le culte, disoit-on ,
avoient t apport de Troye 5 de Nep-
tune , que nous voyons toujours H
son amante , sous le titre de Chevalier,
qu'il prenoit Rome. Minerve a voit
aussi , dans le voisinage de Pallante
et de Lycoas (3) , son stade et son hip-
podrome, o se donn oient des combats
gymniques, et o sefaisoientdes courses $
et la montagne . elie - mme . connue
sous le nom de Mont Mnale , toit con-
sacre Pan ; ce qui forme le rappro-
chement le
plus sensible entre le culte
de ce pays, et celui de l'ancien Latium.
Le culte de Despoina (4), hlle de Crs
et de Neptune mtamorphos en
Cheval , toit sur- tout en vogue dans
, ,
concernok les
mystres (i) $ peut-tre
comme la table Isiaqne. Les Nymphes
et les Pans , ou les Faune* , y toient
aussi peints.
11 g. 281.
1.
(1) Apul. Metamorph. ,
E
68 Religion
voient assister aux mystres de la Bonne
Desse.
Denys d'Halicarnasse (1) y fait aussi
arriver les Phnates, chez qui nous
avons vu tabli le culte de Crs Eleu-
sinienne,et de Cers Cidaria,o l'on frap-
poit les Assistans (2) , comme on fai-
soit Rome aux ftes Lnpercales , et
%n Egypte celies de l'Isis , adore
Bubaste (3).
Mars pre de Romulus, avoit son
,
Ibicl.
(i) p. 27.
(2) Paysan. Arcad.
c.
15, p. 249.
(3) Hrod. I. 2 , c 61.
268.
(4) Pausan. Ajrc. p.
1. 4, c
(5) Diodor.
I. ?..
79. Hygin.
UfYRSEUI. 6^
Mont Lycen fut cens avoir nourri ,
Il
y avoit a ct un Bois sacr espce ,
E 3
yo Religion
Mystres clbrs a Rome, depuis la fon-
da! ion Je cette ville.
La Despoina des Arca^iens toit fille
de Crs Mlair , ou Noire , suivant
Pausariifts (i) la mte qu'on adoroit
,
Paphine.
En s'avanant vers Argos ,
l'extr-
mit du rnont de la Vierge , ou Parthe-
nos toit un Temple de Crs et de
,
72 RSLIGION
joursCrs ou la Vierge cleste doit jouer/
sous des noms varis, diffrens rles dans
l'histoire de l'invention du
labourage. Les
Romains y plaoient leur Janus ; les
Egyptiens Horus, fils d'Isis (1), ou au
moins le nourricier d'Horus ,
fils
1 tablissement des
Mystres dj ins-
titus Eleusis ;
en sorte
qu'il parot que
ce rie fut
qu'une extension du culte de
(0 Patsan. p. 243.
-
(?-) F^usan. Mtssen- p. m.
y4
1
Reiigioi
Crs Eleusinienne , jusqu'en Messnie.
Plusieurs annes aprs Lycus fils de ,
mobilit.
Prs de Crs toit aussi le temple du
Soleil, du Blier ou d'Apollon K-arnen.
Comme on trouve dans le voisinage
le Temple de la Desse Syrienne , il y
a assez d'apparence, que ce culte, soit
de la Desse de Phare, soit de la Desse
Syrienne, leur vint d'au-del des mers ,
ou d'Asie.
On voyoit Messhe un Temple de
Crs et les filles deLeucippe ( Pliades)
portant les figures des Dioscures, dont
le culte et l'origine toient disputs aux
Lacdmoniens par les Messniens ,
qui les revendiquoient. Il est certain,
que dans toute cette contre , Crs et
Prosernine
A
toient dsignes
Cl
sous leur
vrai nom de Divinits Cabiriaues , ou
de grandes Desses , et que ce nom de
Cabire ou de Grand leur est commun
avec les Dioscures. On trouvoit aussi au
mme lieu , prs du Temple de la
Desse Illythie , le Temple des Curets ,
o l'on immoloit toutes soites d'ani*
Universelle. JJ
maux , le
jusqu' l'oiseau,
depuis buf
que l'on jetoit dans le feu , comme
on faisoit en Syrie la grande fte du
printemps, dont parle Lucien (1) , et
Tithore en Phocide (2) en honneur
d'Isis
(z). Nous remarquerons d'ail-
leurs que cette Desse ,
ainsi que Sera-
pis , Temple Messne
avoient leur
prs du thtre (3). On retrouve au
reste Messne l'origine du culte des
Curets ,
dans la tradition qui fait
natre en ce lieu Jupiter ,
dont les Cu-
rets s'toient empars
.
pour le sous-
traire Saturne. La montagne d'Idio-
me y et le fleuve Nda furent en con- ,
iie
(5) , o l'on trouvoit un bois de cy-
prs ,
dans lequel on clbroit les Mys-
tres des grandes Desses, sur lesquels
Pausanias croit devoir sarder un reli-
gieux silence , et qui il donne le se-
cond rang aprs ceux d'Eleusis. Le
compagnon fidelle des Desses d'Eleusis
et de l'Isis Egyptienne , le Dieu con-
N
(i Pausan.Heliac. 2 p. 197 .,
198,
(2) Pausan. Iieiiac. 2 , p. 199.
Pausan. Heliuc 2 , p. 202.
Universelle. 83
Eros et Anteros dont la premire est
,
(2) >vj.
p. 20}
(3; P.us. Ach. p. 235*
$4 ' R S L I I O If
A Egire f
on trouvoit aussi la sjttti
3? %
86 Keligiow
ses et celle de Eajclius y toient
leves.
A Titane ,
an midi de Scyone (
i
) ,
entre ceite ville et Hilie, une gale
distance peu-prs de ces deux villes ,
on trou voit les statues de Cra et de la
Fo'tune des Dieux , ain^i que celle
d'Esofilape^ surnomm Gortyr^ien. Eu-
liemi i m on Bonjour , et Alexanor (dd) >
Dieu du Sottitnei et du Repos , Tac-
co m p^i oient. On sacrifioit ce dernier
aprs le cou.ber du Soleil, et on l'ho-
noroit comme \\n Hros ; on sacri*
|ioit au premier comme un Dieu. Es-
culape y avoit ses serpens sacrs. Titane
a voit t fonde par Titan , fire du
Soleil. On y pcxrtoit la statr.e de la
pliade Coron is dans le temple de Mi-
nerve.
C'est sur-tout chez les Phliassiens leurs
vnLins , que le culte de Crs toit en
vigueur ,
comme nous lavons dj re-
marqu.
On invoquoit Arantus
"y
a ant la ,
,T
E 4
88 Religion
tout l'univers par la clbration des
Mystres de ces Desses , et qui a pass
pour tre le berceau de leur culte , et
le centre d'o sont
partis, dans tous les
sens, les divers rayons deleur gloire. C'est
de -l qu'elles prirent leur nom d'Eletw
iniennes,
ou de Desses d'Eleusis.
Crs avoit un Temple prs du port
de Phalre (i).
On en trouvo.it aussi un l'entre
d'Athnes , prs de l'difice destin aux
prparations des ftes pompeuses qui
se clbraient , soit* tous les ans, soit
(j) ihkl- p. 2.
e Temple de Vulcahi , et
que ceux qui
savent la manire dont est n le Cocher
cleste ou Erichtonius, ne doivent pas
,
(1) IMd. p. 3.
(1 IJjid.p. 36.
profanes ,
ne peuvent pas mfme
et ils
chercher s'en instruire. Le Gnie tu-
tlaire , qui donne son nom Eleusis ,
est un fils de Mercure et de Daera , fille
de l'Ocan.
On voyoit un autre puits , prs duquel
s'toit arrte Crs sous la forme d'une
vieille (2.).
Il se trouvoit sur la route
d'Eleusis TVIgare 5
ce fut l que les filles
de Cele rencontrrent , lorsqu'ils
la
la conduisirent chez Mtanire qui lui ,
e nom
de Megaron , et Escuape avoit
ct sa statue ( 1 ). Hvllus , que
nous avons dj vu ailleurs uni Her-
cule , auquel il
prsente la coupe ,
avoit
aussi sontombeau Mgare et tout ,
Universelle. 97
et ct la Desse
Illythie (1). Crs y re-
cevoit aussi des sons le
hommages, nom
de Mlaphore , comme ayant la
pre-
mire nourri des brebis dans ce pays ,
dans un lieu voisin de Mgare , appel
Nise.
En remontant vers le nord de l'Atti-
que ,
nous trouverons la Botie et
,
le
temple d'Apollon-Ismnien , ou Es-
rnunien (Jih) la droite de ce Temple
:
8 Religion
toient statues & Henioch et de
les
Pyrra de
,
Cron. Comme Esmun
fille
dit le Serpentaire ,
devoit btir sa ville.
Cette fiction est toute astrologique.
L'autel du Taureau et son image se
voyoient encore Thbes du temps de
Paosanias on sacrifioit cet animal
;
l'toit clans la
Haute-Egypte (1). Il
y
avoit son Oracle ,
sous le nom de Tirer
sias, et le Temple de la fortune i'aecom-
elle tenoit en ses mains
pagnoit ;(//)
P.utus enfant. L'Isis Egyptienne , ou
Grs s'y retrouvoit ; on supposoit que
son Temple avoit t autrefois l'habita-
tion de Cad mus , c'est--dire du Ser-
pentaire Serapis son fidelle compa-
, ,
Serpentaire ,
Cadmus
Hyre pre etc.
d'Orion l'toit aussi de Nycteus, pre
d'Antiope (3). Neptune avoit eu de la
Pliade Clno Lycus , qui tint sa mre
'
Antiopeen captivit ,
et qui fut tu
par
mphion et Zthus,
Antiope elle-mme
(0 B' iot.
p. 295,
(2) b<d. p. 297.
(3) Apoll, 1, y,
U N I V E R S E E E E. o3
toit fille de la Pliade Polyxo et de
Nyctus qui est , ou Orion , ou son.
,
au Blier de ,
chef du Zodiaque.
Mars
En remontant vers le nord , le long de
la cte ,
est la ville d'Anthedon ,
o
Crs et sa fille toient honores avec
(1) Hygin. 1. 1.
(2) Pausan. p. 297.
{3) Ibid. p. 298.
;-)
M~SS. p. J
43,
G 4
to4 Religiok
les Dieux Cabires. Bacchu-s y avot aussi
son temple (1).
Sur les bords clu lac Copas , form
Cretois ,
Universelle. iS
Cretois , nous ne croyons pas qu'ils
soient les seuls qui aient communiqu
aux Grecs les initiations et les mystres $
et nous souponnons qu'eux-mmes les
avoient reus de l'Egypte o ils faisoient
le fond de la religion nationale car :
les
Lybiens adorateurs d'Ammon , etc.
et plusieurs autres peuples ont influ en
dirFrens temps sur le culte des Grecs ,
et en ont modifi les formes , en sorte
vers. y On
montroit encore ,
du temps
de Cicron , \me caverne profonde , par
o toit sorti Pluton, lorsqu'il vint l'en-
lever , et qu'il l'emporta jusqu' Syra-
cuse ,
o il
s'enfona sous la terre. On
voyoit le Lac qui s'tok form dans cet
endroit ,
et auprs duquel les hommes
et femmes de Syracuse assembls
les ,
(0 Tit. Liv. 1.
24, e. 38 et 3f. Val. Maxim. 1. i,
c. 1.
H a
n6 Religion
mais il y en avoit une autre petite en
bronze d'un travail admirable et qui
, ,
(2) Diod. 1. 5. . 4.
H 3
ii8 Religion
plaisanteries, dont s'toit servi Jambe
pour gayer Crs , aprs la perte de sa
Elle. au rapport d'Athne (i),
Cres ,
que
personne except les femmes, ne pou-
,
(1) Athen. 1. p. .
(2) Euseb. Pne. Ev. 1. 1 , c. 1.
(3) Ibid.
c. 45.
Universelle. i<j
(1) Vo s s.
de Origin. dol. 1. I
,
c. 17.
(2) Diod. 1. 5.
{3)) Cedren.
(4 Athen. 1. 14..
Universelle. at
l'Italie, qui avoisine la Sicile , reut
des
Grecs le culte des Desses d'Eleusis.
Proserpine a voit un riche Temple
Locres dont les trsors furent pills
,
-
rigines , a 1 il observ avec beaucoup
-
,
(1) Saturn. . 1 ,
c. 12.
(2.) D;on. Hal. !. 8, p. 546.
(3) Tit. Liv. 1.
2, c. 4 1.
(1) Ibid. 1.
36, c. 37.
nore ds
,
haute antiquit , chez
la plus
les Sabins , sous le nom de Desse de
Fronie ou & Anthesphore orne de ,
de Philost-
guirlandes et de couronnes;
enfin de T'hersphone les :
phanie ,
Latins et les Sabins lui rendoient en ce
lieu le culte le plus religieux ( 1 ). Tous
les peuples voisins s'y rendoient cer-
tains jours marques , les uns pour d-
poser leurs offrandes dans son temple ,
les autres pour y faire le commerce :
c'toit une des foires les plus brillantes
de tout ce canton ( 2 ).
Nous avons dj vu une Assemble
religieuse assez semblable ceile-ci ,
tenue Tithore en Phocide , prs de
Delphes, au temple d'Isis.
Les Sabins avoient conserv le sou-
yenir de l'origine Grecque de ce culte
de la Desse Fronie , ou plutt Tha-
ronie (3). Ils prtendoient qu'il leur avoit
t apport par une colonie deLacdmo-
niens, migrs au temps de Lycurgue.
Effectivement , on trouve la ville de
Pharis en Laconie , prs d'Ara ycie et
de l'Euro tas. Dans tout ce pays , Crs
et Proserpine toient adores. Peut-tre
1.
(1) Dionys. Hd!y. 3 , p. 373.
(2) Tit. Liv. 1. 1 , c. 30.
(3) Dion. Hayc. 1.
2, p. 113
inS Religion
le nom de Tharonie nous retrace-t-i]
son origine c'toit la Desse de Pnaris
;
Asiat. p. 135.
(1) Inscrip. Apud. Cb-ishulJ. ant.
(2) Serv. ad iEneid. 1. 7, v. 7.9J.
id. 1. 8, v. 564.
de
Universelle. 129
de des monumens du culte de
l'Italie,
Crs , et des inscriptions , qui attes-
tent , que ses mystres et ses initiations
n'y toient point inconnus. On lit quel-
quefois sur ces monumens les noms
de Hraut sacr ,
ou d'Hirocrux et
d'Hirophante (1). On
y trouve mme
la qualit d'Hirophante des Eleusi-
niennes. Nanmoins on ne peut pas dire,
que par-tout o le culte de ces Divinits
toit tabli , l fussent aussi clbrs les
mystres ; car il y a une grande diff-
rence entre le culte simple de Crs et
de Proserpine , et la clbration de leurs
mystres. Dans l'numration que nous
avons donne des diffrentes villes de
Grce , de Sicile et d'Italie , o ces
Desses ont t rvres , et ont eu des
autels , des statues et des temples , nous
n'avons pas prtendu dire, que par-tout ,
en gnral, on y clbrt des mystres,
k>rsque les Auteurs anciens ne le di-
soient pas. Mais nous avons cru devoir
donner de l'extension nos recherches,
et marquer tous les points o les traces
du culte de ces Divinits sont emprein-
tes , afin d'avoir quelques donnes , qui
(1)
Plaut. Aul. Proleg. v. 36.
(2, Cicer de Leg 1. 2, c. ai.
(3) Idem de H,trusp. respon. Zozim. 1. 3*
UK1 VERSBI1E. l3l
Les ftes Romaines n'avoient point la
teinte sombre et lugubre des ftes
Grecques en honneur de Crs
, , sur-
Thesmophores (i). Les fem-
tout celle des
mes y parnissoient en habit blanc et la ,
si
grand dans Rome , que les femmes
furent obliges d'interrompre la Fte de
Crs , parce qu'il n'toit pas permis de
la clbrer dans le deuil (3). Ce fut mme
une raison , pour le Snat , de fixer
trente jours la dure du deuil t afin que
la fte ne manqut pas cette anne
d'tre clbre. Il est vrai qu'il
sagis-
soit de de Printemps et que les
la fte ;
1. 2, p. 90.
(1) Dionys. Halyc.
(2) Ovid. Fast. 1. 4.
(3) Tit. Liv. 1. 22 , c. 6 1 .Valer. Maxim 1. 1 , c. 1.
I 3
i34 Rei. I&ION
Pluton. C'est par cette raison que ,
le
Snat ,
35s de Rome , voyant
l'an la
ville expose deux grands flaux , la
guerre et
peste la consulter les ,
lit
(1) Herod. 1.
3 , p. 128.
1 4
i36 Religion
Ces crmonies nocturnes toent des
plus graves , et accompagnes d'une
dignit tout- -fait imposante ( 1 ). Le
temps de la fte et de la clbration des
jeux duroit trois jours et trois nuits.
Les Divinits , auxquelles on sacrifioit ,
toient Jupiter , Junon , Apollon ,
Latone , Diane, les Parques, Illythie
Crs , Pluton et Proserpine (2). La
fte de la premire nuk s' ou vr oit par
le sacrifice de trois
agneaux , sur
trois autels construits sur le bord du
fleuve. L'empereur , accompagn des
quinze Prtres , y faisoit les fonctions
de Sacrificateur , et brloit les chairs
des victimes , dont le
sang avoit rougi les
autels. la lueur des flambeaux et des
bchers , on entonnoit des hymnes sa-
crs ; et les ministres du culte rece voient
en prsent les prmices du bl de ,
y est recommand
,
et c'est la Terre
qu'on l'offroit. Les avantages , qu'on se
promettait de cette crmonie, taient,
suivant le mme Hrodien , la conser-
vation de l'empire actuel , et l'espoir de
conqurir le reste du monde.
Ce sont ces rapports multiplis entre
les crmonies religieuses de chaque r-
volution de sicle , et les crmonies sa-
cres tablies en Grce , en honneur soit
d'Isis , soit de Crs , de Pluton et de Pro-
(0 Zozim. 1. 2,
\ p. 402.
(2) Herod. i. 2 , p. 405.
i38 Reii*ios
serpfne, qui nous ont dterminas ranger
ces ftes anciennes des Romains, dans
la classe des crmonies mystrieuses
ou sacres , dont les Divinits infcernales
toient le piincipal objet.
Nous passons maintenant l'examen
des mystres de la bonne Desse.
L'origine de ces mystres se perd dans
l'obscurit des temps les plus reculs
de de Rome , et remonte au-
l'histoire
del de la fondation de cette ville , sui-
vant le tmoignage de Cicron , que
nous avons dj cit , et suivant la filia-
tion de cuites que nous avons tablie
,
Desse ,
est encore une Divinit sortie
des forts du mont Menale on c\n Cyllne.
Aussi Mercure , n sur cette dernire
montagne , pour son iils. De
passoit-il
mme que de
le nom
Despoina , chez
les Arcadiens, de voit tre t ; de mme,
Rome , celui de la bonne Desse
devoit aussi l'tre. Car Cicron dit , qu'il
toit dfendu aux hommes de savoir le
nom de la bonne Desse ( i ) , comme Pau-
T
( ) Pausan. Arcad. p. 268.
(4) Ibld.l. 5, v. 11 3.
X^o Religion
Plutarque (1) compare la Divinit, que
les Romains honoroient , sous le nom
de bonne Desse , celle que les Grecs
rvroient sous le titre de Gynaicaea
ou Desse des femmes. Les femmes , qui
clbroient safte,couvroient leurs tentes
de branches de vigne. Macrobe assure,
qu'une branche de vigne s'tendoit au-
dessus de la tte de la Desse. Pendant
tout le temps que duroit la fte , il
s
profan ce sacrifice auguste ; aucun
y> homme nen a jamais approch 5 au-
n Ult em p e
~
qn'ii ne crainte religieuse
3>
>3 ch
d"y porter ses regards.
Le ^vierges
Vestales en sont les iretresses ^ VP^]
salut de tout le peuple en est ^bjet. i .
Ye "
y> Le sanctuaire
>3 mier
maison du
est la
et son crmon la ^
^ m
Magistrat ;
rt
33
majestueux honora une Desse doi. ,
celui de lait ;
et le vase , qui le conte-
noit, s'appeloit Vas meUarium\ troisi-
mement, on nourrissoit dans son Temple
des Serpens apprivoiss.
de
Universelle. i^5
de vignes Nous pouvons donc nous
(i ).
reprsenter la bonne Desse ou sa sta- ,
la tre toit
ombrage de raisins , et
qui ses pieds avoit un serpent.
L'poque de la clbration de sa fte
toitaux Calendes de Mai (2) le Soleil ;
Jupiter (9) \
et Plutarque une Dryade ,
le Bacchus fils de
Caprins , dont parle
Cicron(3),et qu'il met le troisime. Illui
() Plut. Vit. Caes. p. 711.
(2) Macrob. Sat. I. T2.
de ce mme
animal cohabite avec .,
la
bonne Desse , mre de Eacchus.
D'aprs ces rpprochemens , nous
regarderons la Chvre cleste ou la ,
de Mai ,
a pu faire natre toutes ces.
ides , et fournir la matire de toutes
ces fictions sacres. Fdie a encore con-
serv sur. les anciens "lobes rpithta.
de Felzso Sydus {s s). Comme c'est au.
printemps, que la terre fait coie de.
son sein toutes les plantes on rassem- ,
K4
\Si Religion
On re sera plus tonn , que cette
curiosit ait irrit tant de femmes , et
sur-tout des maris, contre Ciodins. Nous
sommes en quelque sorte autoriss le
souponner en voyant que les cr-
,
3>
qu'on rveille. Point d'amant? je me
: livre aux esclaves. Point d'esclave ?
x>
qu'on appelle un manuvre. son
dfaut d'une
l'approche brute ne
V effraieroit
pas ! Telle est la pein-
r
r -u r 'il
tare que nous fait Jnvenai aes excs ae
< i
(i) Juven. p. 84
92.
y
i56 Re.*gion
sous ce rapport ; les mles seuls y
toient admis. Loin d'ici profanes %
crioit-on aux femmes on n'entend point ;
Corinthe
Universelle. 161
Corinthe de rivaliser avec le sexe fmi-
nin, et 'de l'imiter. Le nom mme de Thia-
sotes , donn cette Divinit , est celui
du Bouc en Hbreu Thyas et le
, 5
pluriel Thyasim
_, (1) , trcu
Nous croyons donc, que les mystres de
Cotyfp toient ceux de la Chvre ,
que les hommes clbroient en costume
de femmes; et que les rapports, qu'avoient
ces mystres avec ceux deBacchus toient
fonds sur ceux qu'a voit le Bouc ( 2. )
avec Bacchus. Cette Desse Cotyto avoit
un ancien portique Epidaure , ville
consacre Esculape, dont les Serpens
toient nourris dans le temple de la
Bonne Desse (3) ; dans ce temple , o,
suivant Macrobe , on portoit toutes les
herbes mdicinales, dont se servoient les
Prtresses pour composer les remdes ,
qu'elles distribuoient au peuple. Escu-
lape entortill du serpent dont Faune
,
la constellation
r
U K I V I R S E t 1 , i3
rotre sa chevelure , se fit passer pouf
femme et en prit l'habit pour tromper
son amante ; ainsi la longue chevelure
semble avoir caractris la femme et les
effmins. En gnral il parot>que dans
le culte
Astrologique , on changeoit de
costume raison du sexe des Divinits
qu'on adoroit (1). Les adorateurs del
plante de Vnus prenoient l'habillement
de femme ; et les femmes qui adoroient
,
a plante de Mars
prenoient celui ,
L 2
164 Religion
(i) Nos Bapres d'aujourd'hui , ou Bap-
tiss , ne sont gures plus tolrans.
Le culte de Cotyto et des Divinits fe-
melles dont nous avons parl jusqu'ici ,
,
grande partie ,
la description des
ftes mystrieuses de d'Adonis et
Vnus Byblos en Syrie. y don- On
noit le spectacle de la mort de ce Dieu
et de la dsolation de son amante.
Tous les ans durant une semaine
,
('.)
Ifaciu's Tzet.
(4) Glem. Protrep. p.
10.
\
Universelle. 171
gr des avis aussi sages , Adonis era-
port par l'amour de la chasse , pro-
voque un sanglier monstrueux qui lui ,
vents ,
Ce
qui s'lvent cette poque.
sanglier toitMars lui-mme son rival, ,
(1) Phibsrrat.
vit. Apoll. 1. 7, Ci 14.
cessairement , par
une suite naturelle
de la transposition des mois. Ainsi les
3) Firm. 1. 2 ,
a) c 11.
du feu ,
se fondoit ,
et les gouttes, qui
en dcouloient , paroissoient aux
yeux du peuple ,
comme de gros-
ses larmes qui tomboient des yeux
de la Divinit. J'ignore jusqu' quel
point on doit accorder sa confiance
cette tradition ; mais je sais, qu'en gn-
ral il n'est point de genre de supersti-
tion, dont les anciens Prtres n'aient
fait
1. 2.
(1} Hygin.
{%) Div. Hier on. Corn. j.
ad Ezehful;
U K I Y R 8 B I S. l8l
(/) Herodot, I. 2 ,
c.
49.
(a) Pausan, Phoc. u< 345* Plut, de Isde
|e$ m ot^, Sacrs qu'on profroit dans ces
mystres, , ,fin n'est Grec ; tout dcle
Hne orjgine barbare. Dans la tragdie
d'Euripide. (1) Bacclius , proposant
Penthe de recevoir son culte , suppose
que les barbares clbrent dj ses Or-
, avant que
les Grecs les aient en-
gies
core admises , et il loue en cela leur sa-
gesse. L'tablissement de
ce culte, jus-
ques dans l'Inde et dans l'Arabie, ds
les temps les plus reculs , annonce
assez que Bacclius est une divinit
orientale , dont les Grecs , fort tard
adoptrent le culte. Les Arabes le fai-
soient natre chez eux Nysa ; les In-
diens et les Bactriens dans leur pays ;
de mme les Grecs le firent natre
Thbes en Botie ; chacun vouloit avoir
chez soi le berceau de son Dieu.
Le culte de Bacchus s'tant introduit
chez les difrerens peuples de Grce ,
diffrentes poques , y tant pass de
difrerens pays , y ayant t port par dif-
frens Mystagogues , se trouve en plu-
sieurs endroits reproduit sous plusieurs
formes. Tantt ce n'est qu'une secte ou
confrairie particulire , qui , dans des
mystres obscurs , honore ce Dieu et se
voue des pratiques religieuses , qui Font
un ordre part dans le culte du pays.
Tantt ce sont des ftes publiques de
M 4
*84 K BlIftlo'H'
tout un peuple qui , certains tempt
de Tanne , invoque le Dieu qui f-
conde les campagnes au printemps ,
et qui mrit les raisins en automne. Ici les
ftes rurales ont un ton de simplicit ,
qui annonce les murs naves des pre-
miers habitans des campagnes. L des
mystres plus compliqus, sous des for-
mes monstrueuses et bizarres , dclent
une origine pins savante et trangre au
peuple qui les clbre y puisque lui-
mme ignore le sens des mots qu'il pro-
fre , et celui des emblmes qu'il ryrej
Dans les ftes Sabaziennes , par exem-
ple , dont le nom seul annonce une
origine orientale , on rptoit les mots
Euoi , Saboi , qui ne sont nullement
Grecs ; et on couloit un serpent d'or
dans le sain des initis , en mmoire
de ce que Jupiter , sous cette forme ,
a voit fcond Proserpine , et donn
naissance Bacchus Taureau. Certaine-
ment ces attributs monstrueux des Divi-
nits ne s'accordent gures avec les
belles formes des Divinits Grecques
Le style Egyptien et Oriental s'y recon-
not assez. Il parot que la Phrygie a voit
t , au moins pour les Grecs , la source
d'o cette forme de culte toit sortie.
Mais les Phrygiens eux - mmes n'en
toient srement point les inventeurs.
La source remontoit plus loin vers l'O-
mnt. Le nom de Sabazius(Z) fut-il donn
D H
T S B ! I 1 l!
I 'l85
.Bacchus , cause d'un lieu ainsi nom-
m en Phrygie , o son culte toit ta-
bli ? ou plutt le lieu lui-mme em-
monde, des
et l'on vitinilis ces mys-
tres couverts de peaux de chvres , se
,
il
propose de chasser toutes ces
laquelle
institutions trangres , dont les mys-
tres nocturnes ne pouvoient qu'en-
traner la ruine entire des murs , que
la comdie , bien entendue ,
a toujours
eu pour but de rformer.
L'histoire Mythologique de cette Di-
vinit attribuoit un inceste la nais-
sance de ce Dieu ; et l'objet de ce culte
toit ncessairement la commmoration
d'un crime , que les bonnes loix ont
culape cleste
,
celui qui figure dans la
fable que nous venons d'expliquer par
l'Astronomie ;
le mme enfin par lequel
nous expliquons d'Eve et dula fable
Serpent , encore
et qui porte en Perse
le nom de Serpent d'Eve. Les
Ophites
persuads que le Serpent, qui engagea
t
la femme
prsenter l'homme la pom-
me de l'arbre de la science du bien et
du mal, avoit rendu service au genre
humain , un serpent myst-
gartloient
rieux renferm dans la ciste ou cor-
>8S RjstieiON
beille sacre. Au moment dela cl-
bration des on le mettoit en
mystres ,
libert ;
on l'appeloit vers la table , sur
laquelle les pains offerts toient rangs j
et s'il y montoit , s'il les entourait de
ses replis , l'on jugeoit que le sacrifice
toit agrable ce Dieu Serpent , qu'ils
regardoient comme un Roi du ciel des- ,
pent y et l'Orphoteleste ,
purifier tenoit
,
en ses mains des Serpens
qu'il pressoit,en criant ces mots barbares :
3J Plat, de Leg.
2) i. &
lyo Religioit
miers hommes , qui vi voient exempts
de troubles et de crimes , au sein d'une
douce paix (i).Un des fruits les
plus pr-
cieux, qu'on se promettait de cette ini-
tiation , toit de mettre l'homme en
commerce avec les Dieux , en purant
son arae de toutes les passions , qui peu-
ventapporter obstacle cette jouissance ,
et offusquer les rayons de la lumire
divine, qui se communique toute ame
capable de la recevoir , et qui imite sa
puret. Thse apostrophant Hippolyte
son qu'il suppose initi aux mys-
fils
,
(0 la Tira. Plat. 1. 6.
%?.. Thvod Cynll, Tat. Jist. Mart. Ciero. Alex.
Universelle. ic)3
et qu'Eusbe a conserv tout entier
Macrobe (
i ) donne au Soleil ,
Outre i flirocryx il
y avoit aussi,,
in Tim. p. 124.
(1) Procl.
(2) Clem. Prot. Eur. Bacch. v. 139.
(3) Porph.
de Abst. 1. a, . 56,
Universelle. 197
que quelques sectaires comme les peu- ,
N 3
I
198 Religion
Pammylies Egyptiennes tablies en
,
principe actif de la
gnration uni-
verselle , que l'on retrouve jusqu'aux
Indes dans le culte du
Lingam pas- ,
N 4
2oo Religion
avec Pausanias , et faire sur Eacchus
ce que nous avons fait sur Crs suivre ;
sa fille Proserpine ,
et la troisime ,
le
(2) Ibid. p. 13
Universelle. soi
y et Athnes ,
o l'on n'avoit que des
puits.
Dans un autre endro (1), it on voyoit,
ct de Bacchus , le fameux Satyre de
Praxitle , qui prsentoit une coupe au
Dieu ct duquel
, toit aussi l'Amour.
Le plus ancien temple de Bacchus toit
prs du thtre. Ceci ne doit pas sur-
prendre , puisque les reprsentations
thtrales sont nes du culte de Bac-
chus , et attaches principalement aux
grandes Dionysies. On y trouvoit aussi
une autre statue de Bacchus , o
ce Dieu toit reprsent ramenant
au Ciel Vulcain , que Junon en a voit
prcipit. On
y voyoit Penthe et Ly-
curgue punis pour les outrages qu'ils
,
du Taureau.
Vnus Uranie , (1) soit la Lune qui a
son exaltation au Taureau , soit la pla-
nte qui y a son domicile , celle qui 9
dans Sanchoniaton , couronne son front
d'une tte de Taureau avoit son temple
,
ne Turbo,, peut-tre
fte appele
cause (les crmonies tumultueuses des
Bacchantes.
A Epidaure (2) , o l'on rvroit Es-
culape et son Serpent, dont l'emblme
toit consacr dans les mystres de
Bacchus ce dernier Dieu y a voit aussi
,
(2) Ibid. p. j.
prit
U K I T 1 % S S L 1 09 ,
J4 en maturit.
() TbicL p. 102.
(2) Ifcid. p. 103.
(3) Macrob. Sat. 1, c. 18,
(4) Pausan. Ibid p. 104,
(5) Ibid. p. 105.
O a
312 Rsn ci olf
A Brasias , en Laconie (i), on ra-
contoit sur Bacchus des aventures ? qui
sembloient s'loigner des traditions des
autres Grecs ; savoir que Smi ayant
,
(1) bid,
(0 bid, p. 226
llfllSBZlK jSTJI
(1) O-dess. t. 1, 1.
3, c.
3.
(s) Pfius. Achaic* p. 227.
ii8 Religion'
aussi , prs de ce lieu , diffrentes sta-
tues de Bacclius , en nombre gal a celui
des villes du pays, et portant le surnom de
ces Ainsi l'une s'appelle Mesa-
villes.
deus , l'autre Anthe l'autre Areus.
,
lanie , ou de Noire.
A Cynaithe , dans le territoire des
Phnates (2) toit un temple de Bac-
,
(5) Ibid. p. 28 io
On voyoit un autel de Proserpine prs
des temples de Bacchus ; ce Dieu en
avoit deux. Sur la route de Tge
Argos on trouvoit aussi un temple do
Crs et un autre de Bacchus le /si M
Pan avoit des autels et des temples dans
tout ce canton.
C'toit sur-tout en Botie (i) , patrie
de Bacchus , que ce Dieu recevoit des
hommages. Prs des ruines de Potnie, au-
del de l'sopus , on trouvoit le templ
de Bacchus Aigobole ? ou Perce-Chvre,
On raconte ce sujet une fable car :
() Pausan. Baeot. p, a8
i?) |*&. P 99k
322 Religion
du ciel bois. On dit que
un morceau Je
Polydore, ayant orn de bronze ce mor-
ceau de bois , l'appela le Bacchus Cad"
meri.
Ce Dieu avoit aussi prs dy^ thtre (i)>
un temple ,
o il toit honore sous le
nom de Lysien On faisoit encore une,
histoire pour expliquer l'tymologie
de ce mot. On disoit, qu'il avoit dlivr
les Thbains faits prisonniers par les'
Thraces. Il y avoit aussi une statue de
Sml. Chaque anne , un jour mar-
qu , les portes du temple s'ouvroient ;
on y voyoit les restes de la maison de.
Lycus et le tombeau de Sml. L'-
pouse de Lycus rvroit particulire-
ment Bacchus. (2).
On voyoit Tanagre le tombeau
d'Orion (o) ,
et un temple de Bacchus ,
o toit une magnifique statue de mar-
bre de Paros. Ce qu'il y a de plus re-
marquable , c'est sur-tout un Triton.
On dbite ce sujet un conte merveil-
leux. Les femmes de Tanagre , ayant t
les, premires inities aux mystres de
Bacchus ,
descendirent la mer pour s'y
j)Uiiiier. Un Triton s'avana contre ces
femmes , qui invoqurent aussitt le
secours de Bacchus. Le Dieu les exaua
() Ibid. p. 298.
(2) Ibid. p. 298.
(3) Ibid. p. 299.
(4) Ibid, p. 301
$02.
d'Orchomne (i) avoient un temple &
Bacchus et un trs- ancien temple des
,
en Phocide (2) ,
C'toit sur le Parnasse
que des femmes Athniennes , connues
sous le nom de Thyades allaient tous ,
de Mthymne.
Le culte de Diane et de Bacchus se
trouve encore runi Boulis (5) ,
ville btie sur une montagne % du ct
(1) Lucian. de -a D
Syt.
-
et il
qu'une des formes innombra-
n'est
bles du culte du Soleil , et des
mystres
augustes de la lumire d'Onmisd. Son
origine Asiatique n'est conteste par
personne ; et la
Phrygie semble avoir p
plus qu'aucun autre pays , le droit de le
revendiquer. Cyble et Atys sont ,
de
l'aveu de tout le monde , des Divinits
Phrygiennes , et les Phrygiens eux-*
mmes prtendent une trs-haute an-
tiquit ( 2 ) , au point qu'ils le dispu-
toient aux Egyptiens. Grands conteurs
de fables, comme il parot par Esope, les
Phrygiens mlrent plus qu'aucun
,
( r)
Nous allons rapporter les princi-
pales. Les Phrygiens qui
habitent Pes-
sinunte , prs les bords du fleuve Gal-
lus , dit Julius Firmicus (3) , donnent
la terre la prminence sur les autres
lmens , et la regardent comme la nire
de tout. Ils ont tabli en son honneur
des ftes annuelles, dans lesquelles ils
rappellent les amours d'une
femme riche
1 , c. 21.
(1) Macrob. St. 1.
Herod. 1. 2, c. %
Ci)
(3) JpJ. Firm. de
Prof. Error. Rc!ig. p. 7. .
U M I Y R 6 L L E, 127
et puissante qui avoit autrefois rgn
,
() Juliati. Ora.
(a) Firmic. p. 8
U K 1 V E R S22^E T. . E."
mais en donne ne
les explications qu'il
sont pas plus heureuses. Pour nous ,
sans nous arrter aux diffrentes inter*
prtations que les anciens ont donnes
,
p 4
23s Religion
de Dindyma sa femme une fille,
qui
fut expose sur le mont Cyble
, o
elle fut nourrie par des lionnes et
ds panthres", et d'autres anihiax fa-
rouches , qui soient l'allaiter. Des
femmes qui venoient y faire patre leurs
,
les tambours ,
la flte et les danses.
Marsyas le
Phrygien , connu par son
talent pour la musique ( 1 ) , s'atta-
cha elle, et l'accompagna jusques
dans le Nord , o elle porta ses pas
errans, aprs la mort d'ys. Atys tait
i jeune Berger Phrygien dont elle ,
(}) Ibid. c.
59
Universelle. 33
lemens ,
au bruit des tambours et des
gieux (
1 honorrent , par leurs
) , lar-
mes ,
le tombeau du jeune Atys ,
et
par leurs sacrifices et leurs offrandes ,
les autelsde Cyble. Midas leva , dans
la suite , Pessinunte un superbe
temple cette Desse ,
o elle fut ho-
nore par le culte le plus pompeux et
le plus brillant, qui puisse tre rendu la
Divinit.
C'tait dans cette ville de Pessinunte,
que se clbroient les Orgies ou mys-
tres de cette Desse , sur les bords du
fleuve Gallus , qui donna mme son
nom aux Prtres de Cyble, nomms
Galles ou G-alli ( 2,
)
.
(1) Ci-dess. t. 2 , 1. 3 , c. 9.
(2) Euseb. Pr^p. Ey. 1. 3.
> V sr t V E K. S 1 - fi. 2;
Syrie la Cvble ( / )
Phrygienne , nan-
moins on ne peut disconvenir, que si
ce sont deux Divinits elles ont beau-
,
{) Ibid. p. 901.
porter
la robe de pourpre , et la thiare
d'or.
Outre cela , on comptoit une foule
de personnes attaches au service du
temple ,
de Musiciens , de Joueurs de
cors et de fltes ,
de Prtres appels
Galles , et de Bacchantes
qu'agitoit la
,
pois
U W I V E R E.
S E X L
l4^
poit les
organes de la virilit 5 puis les
ayant pris dans sa main ,
il couroit la
peut-tre trouveroit on
aussi l'origine
-
Q *
244 Religion
o Chantres de Cyble battaient leurs
les
tambours et leurs cymbales. Ce Pote
donne sa manire le sens des diff-
rentes crmonies de ce culte ,
l'origine
de la castration des Galles , et le rcit
des amours de Cyble pour Atys , et des
malheurs de celui-ci.
Il nous reprsente
tys comme un
,
le destin de la
Nymphe toit attach ,
fut la cause de la mort de cette amante
infortune, dont Cyble voulut ainsi se
devint furieux, et se sauva
venger. Atys
sur les sommets du mont Dndyme. Ce
fut l que , dans les accs de son dlire ,
il prit un caillou tranchant , et se coupa
les parties viriles. Ses ministres , imitant
ses fureurs ,
crurent devoir aussi .suivre
son exemple, en abdiquant leur virilit ,
et coururent les rues, les cheveux pars.
Ovide examine l'origine de l'usage que
Ton faisoit dans ces ftes , de cors , de
cymbales et de crotales , dont le bruit
servoit merveilleusement inspirer et
soutenir l'enthousiasme, dont elles toient
11 l'attribue lu-
toujours accompagnes.
Universelle. ^5
sage que firent autrefois les Curets et
ies Corybantes de ces mmes instru-
mens ,pour touffer le bruit des cris
enfantins de Jupiter , que Rha ou
Cyble a voit soustrait aux regards de
Saturne , qui dvoroit ses enfans mles ,
et qu'elle avoit dpos dans un antre
du mont pour retracer , dit
Ida. C'toit
Ovide ( i ) ,
cet vnement, qu'on avoit
conserv , dans les Orgies de la mre
des Dieux, les cors et les cymbales
des Corybantes de l'Ida, et dans la mu-
sique , le mode Phrygien , qui toit le
caractre original de cette ancienne
musique ,
dont les Corybantes et les
Curets firent autrefois usage. Les Co-
rybantes, attachs au culte de Saturne
et de Rhe , passent pour avoir t les
plus anciens Jongleurs de laPhrygie ().
C'toient eux qui toient chargs de dan-
ser arms , et d'excuter ds churs , au
bruit des fltes et des
cymbales , dans
les ftes de ces Divinits (3 ). C'est l ,
(1) Ibid. il h
Q 3
de ces diffrens Ministres de Cyble,
Cory hantes, soit Cuites. Ce mor-
;soit
ceau contient une dissertation trs*
savante sur les anciens Prtres de la
Grce et de la Phrygie , sur les ins-
trumens employs dans les Orgies et
dans les mystres del mre des Dieux,
sur les rapports de ressemblance , qui
se trouvent entre ces diffrens mystres
de Bacchus et de Jiha, et sur-tout sur
l'antiquit du culte Phrygien , dont nous
pensons que les mystres de Baccms ou
de Jupiter-Sabazius et ceux de Cyble et
d'Atys ne sont qu'une branche, trans-
plante en Grce. Nous ne croyons avoir
lien de mieux faire , que d'y renvoyer
le Lecteur. .
Q 4
248 Religion
Julien ( i ) , ils ignoroient que cette
Divinit toit la mme , que celles qu'ils
honoroient dj sous les noms de D ,
(c) de Crs et de Rha.De mme qu'on
enseignoit, que ceux qui avoient re-
jet le culte de Bacchus , en furent punis ;
de mme que ceux qui rejettent celui
du nouveau Bacchus - Christ l'ont
i
(0 Jiilian. p. *5&
et que les
portoit le dpt prcieux ,
plus fortes machines ne pou voient faire
mouvoir elle prouva par-l sa virginit 9
:
'
il
prtend que le fleuve Galius n'est
qu'une allgorie relative la voie de
lait , Gaiaxia, Ceci entroit dans la
thorie mystique des Anciens , sur la
route des aines. Si sa conjecture est
vraie , cela confirme les rapports que
nous avons cru appercevoir, entre Atys
ou l'Esmun des Phniciens , autrement
Esculape et la constellation de ce nom ,
,
L () IbtfJ. ? 313.
a5a Religion
se mutilerdans les accs du dlire cju*
, ,
in-
explication d'un ouvrage Phrygien ,
titul , Apocalypse de Jean, La con-
noissance de cette thorie estncessaire,
pour entendre les livres Apocalyptiques ;
c'est l vritablement que ces principes
trouvent leur application.
Julien entre aussi dans le dtail des
abstinences et des pratiques de chas-
tet (3) , qu'on exigeoit dans la clbra-
tion de ces mystres ; et il les rapporte
au besoin , qu'avoit l'ame d'tre dgage
de tout ce qui pouvoit l'appesantir, et
empcher qu'elle ne prt un libre essor
KO Julian. p. 33&.
w Ibid. p. 337.
Universelle. zSf
tjui l'a ramen ensuite la lumire ,
53
que j invoque , Desse , qui remplis
le inonde visible de tes dons , et qui
es la source de tous les biens, dont
jouissent les hommes Dans ce dis- !
dyme ,
avoit un temple commun avec
Atys. Pausanias dit , qu'il ne lui a pas
t possible de rien apprendre de leurs
mystres , ou de la partie secrte des
traditions de ce pays sur Atys ( 1 ). Ce
Dieu avoit aussi son temple avec Cy-
ble Patras , dans la ville basse et ;
il
y recevoit des honneurs religieux.
Pausanias n'y vit point sa statue celle :
(i) Heliac. t. 1 _,
p. 162.
(2) Arcad. p. 267.
(3) Ibid. p. 274.
(4) Baaot. p. 300.
le lieu de sa naissance , se
ayant quitt
retira dans les bois de Plirygie , o ,
s'tant mutil Cyble l'adopta au nom-
,
pe on :
l'approchoit de sa tte ; et
il l'cartoit lui - mme , en disant :
semblables
tlsriVEtissits/ 273
semblables celles des Chrtiens, que
ceux-ci ont empruntes d'eux, et qui
nous fournissent des traits de rappro-
chement entre le Christianisme et le
culle iViithriaque. Nous n'en parierons
pas ici ,
afin d'viter les redifces : on
les trouvera dans notre trait sur la
religion Chrtienne compare celle ,
copie 5
ce qui nous a engags les
runir ensemble , toutes les fois qu'il,
en a l fait mention dans Pausanias,
o. Parce que , dans la troisime partie
de cet Ouvrage , nous entrons dans le
dtail sur la
plus grand , procession.
d'Isis dcrite dans Apule, et sur les
(1) Ci-dess. t. t, I.
3 , Ci
3,
ses maaes.
o
C'toitclonc la Desse des navigateurs
que les Corinthiens rendoient hommage
ainsi qu' Neptune , quand ils tablirent
chez eux Aussi Apule lui
le culte d'Isis.
attribue-t-il le pouvoir de calmer les
(1) Coumel. 1. n. c. 2 ,
p. 423.
(2) Apulcs Mtaihorph- Lu,
S 3
o78 II Tu 1 & I O N
consulat de Pison et de Gabinus , en-
viron 60 ans avant l'Ere Chrtienne,
Srapis et Isis ,
leur fils
Harpocrate ,
et le Chien d'Isis, nubis, furent chasss
du Capitule et leurs statues renverses
de secte Chrtienne.
Le culte d'Isis lit de grands pro-
grs , o il toit
malgr l'avilissement
anciennement tomb par le mpris des
Sages ec de ceux qui tenoient l'an-
cienne Religion des Romains. La chute
de la libert et celle des murs favo-
xioCiit satureilemeft les Religions qui
2o2 Religion
dgradent l'homme, et le rendent pins
facile gouverner par les tyrans. Oc-
cup de pratiques de dvotion de ,
grimoire destin
,
donner au Ptci-
piendaire une haute ide des mystres ,
qui y toient contenus, et de la science
du Prtre. Ceci ressemble assez au P-
troma des habitans de Phene , lequel
renfermqit le rituel de la Desse d'Eleu-
pouvoir.
suis tout ce que plusieurs nations ado-
rent avec diverses crmonies > et sous
plusieurs noms. Les Phrygiens m'appel-
lent la mre des Dieux ; ceux de Chy-
pre Vnus Paphienne les Athniens ,
, ;
qu'elle donne
la fcondit et le
dvelop-
pement tous les germes ici- bas.
D'aprs cette peinture , Isis est une
Divinit universelle , dont l'empire s'e-
xerce sur le monde subunahe et sur
toutes ses productions, et dont les bien-
faits se rpandent sur toute la nature.
Ce caractre peut convenir la Lune ,
parcourant les signes du Zodiaque ,
puisque c'est dans ce cercle , que les
anciens faisoient circuler la force g-
nratrice du inonde et celle du destin ,
,
de Thse (2).
Les Egintes honoroient Hcate (3)
d'un culte spcial , et toupies ans ilsc-
lbroient des mystres en son honneur*
ilsdistinguoient aussi
laLune, lorsqu'elle
revenoit dans l'hmisphre boral , de la
mme Lune, lorsqu'elle toit dans l'h-
misphre austral (
r ).
Elle prit des noms
( s )
Hcate ,
au contraire ,
sera la
Lune parcourant la partie infrieure
clu ciel , ou celle dont
le ple est cach
ternellement sous l'horizon , et qu'on
appeloit les enfers ; et Hcate sera une
Divinit tnbreuse et infernale. Cette
thorie ne s'carte point du principe de
Obr mon , qui dit que les fables sa-
cres avoient pour base les varits de
la Lune , et la distinction des deux h-
misphres y diurne et nocturne ;
Diane
habitoit le diurne , et Hcate le noc-
turne. Elle pourroit aussi tre la Lune d-
croissante , et Diane la Lune croissante.
Hcate avoit pour attributs les chiens,
pour les mmes raisons que Diane. Mais
de plus elle avoit les Serpens, par la
mme raison que Srapis et Pluton les
avoientjCette constellation fixant la spa-
ration de l'hmisphre infrieur d'avec le
suprieur , et le lieu du passage du Soleil
et de la Lune vers les signes infrieurs,
ou aux enfers. Diodore (i) parle d'un
temple qu'Hcate avoit en Egypte, et
o elle avoit le surnom, de Tnbreuse ,
i , c.
(i) Diocl. 1. -
96.
ce;
qui s'accorde parfaitement avec notre
Conjecture sur elle.
Les diffrentes traditions , qui nous
sont restes sur la filiation d'Hcate >
ne contredisent point notre hypothse 5
elles en sont mme une confirmation.
Celle qui parot la plus ancienne- la fait
natre de Jupiter et de Crs , qui l'en-
voie la recherche de Proserpine (1) *
ce qui est consquent nos principes*
Car la Lune, au moment o elle quittoit
l'hmisphre suprieur pour passer dans
l'infrieur , sortoit du signe de la Vier-
ge , appele Crs , et s'unissoit l
Couronne , notre Proserpine.
D'autres lui donnent pour mre Ph~
raia , nom de la Couronne , Pheer >
Puer Tyephcm 9
qui entre dans celui de
ou Couronne borale laquelle l'expose
,
( )
3 , Latone
ont encore raison est si
la Vierge cleste. La position de la
Lune , dans son passage aux signes in*
T4
toient des portes sacres , qu'on ap-
peloit Portes du Cocyte et du Lth ?
ce qui rapproche encore le culte d'H-
cate de la thorie des Egyptiens sur
le sort des mes , grand objet de tous
les mystres y
comme nous le ferons
Toir ailleurs.
Tous les spectres , que Virgile place
l'entre des enfers , sont voqus
par Hcate. C'toit elle , qui en faisoifc
sortir le fameux Spectre , connu sous
le nom d' Empousa ( i ) , qui , dit-on r
avoit un visage clatant de lumire et
une cuisse d'airain.
On pourroit aussi croire, que c'est H-
cate qui est dsigne dans Pausanias,
sous le nom de Despoina , fille de Crs
comme et sur de Proserpine*
elle ,
(4.)
Ibid. p. 2.67.
Une fille
Vierge faisoit les fonctions
de Prtresse ( 1 ).
On voyoit aussi chez les Caphuates ,
en Arcadie un temple de Neptune et
,
(
Universelle. 3o3
Certainement ils dvoient tre rputs
grands, dans une le o l'on ven oit/aire
des vux pour obtenir des vents favo-
rables et une beureuse navigation. Il en
dut tre de mme de Crs , de Proser-
pine y de Pluton , dont lis noms toient
unis chez les Grecs par un culte com-
mun , et qui toient les grandes Divi-
nits , sous l'empire desquelles pas-
soient les mes aprs la mort (6). Par
la mme raison ,
Mercure ,
conducteur
des mes ,
dut aussi tre un Cabire p
puisqu'ij jouoit un grand rle dans
cette fiction Mystagogjue sur le destin
des mes qui toit le principal et pres-
,
et la dernire Casmillus.
Mercure y faisoit comme par-tout ,,
mprise ( 1 ).
Suivant Diodore >
Jasion avok fait
biriques tabli
, Samothrace , v toit
pass de Phrygie et en gnral de l'Asie
,
(3) Hotac. 1.
1, Od. 3.
(2} fila. H,st. r 1
j4, c. 4.
y s
oo Religion
Ecrivain , fit les statues de Vnus , de Pch
thos , ou du Dsir son fils , et de Pha-
ton ,
Divinits honores Samothrace ,
55
barqurent sur la mer (t) >>.
Si Ene emportoit les grands Dieux
en s'embarquant , c'est qu'ils toient les
protecteurs de sa navigation. C'toient
eux qui dvoient assurer le succs de
son voyage. Les figures de ces Cabires
toient sculptes sur la poupe des vais-
seaux des Phniciens ; on les appeloit
Pataques Phniciens , fils de Vulcain.
de Samothrace acquit une gran-
L'le
de clbrit chez toutes les Nations ma-
ritimes , par la rputation qu'elle avojt
d'tre consacre spcialement aux Divini-
ts tutlaires des Navigateurs, On alloity
prier les Dieux d'accorder des vents fa-
vorables ,
et solliciter des apparitions
ou Epiphanies des Dioscures. On don-
noit aux Initis ces mystres l'esprance
d'treexempts de tous les prils de la mer.
Tous les matelots dvoient donc avoir
grande dvotion auxDieuxde Samothra-
pour elles
,
nu
grand dsir d'tre
et si
(1) Plin.l .
4, c. 13. Tit. LiY. j5., c. 5<>
na naissance Erichtonius.
Nus terminerons tout ce que nous
avions dire sur Dioscures , et con-
les
Cirque
USIVIISEIIE. ait
Cirque toient les statues des Dioscures
,
encore de barbe.
Helac. i ,
p. 763.
(1)
(2) Ibid. p.
it6.
Universelle. 3ao
A Phares, en Achae (i), dont la grande
Divinit toit Mercure Plante , qui a
son do miel le aux Gmeaux on voyoit ,
les
temples de Crs , d'Electre et
d'Esc uiape, avoient aussi celui des
Dioscures, qu'ils appeloit les Grands
Dieux. Leurs statues toient de bronze.
A Charadre , en Phocide (i) , on avoit
lev des autels aux Dioscures, lesquels
toient en plein air.
X 4
328 Reli&ion
DEUXIEME PARTIE.
Examen Philosophique des Mystres ,
s'il en
pouvoir, exister sans Prtres ;
s'il en
toit une qui ft vraie , autre que le cul-
te de la vertu et l'admiration de la nature ;
le malheur et la honte.
Il en
est des passions de l'ame ,
comme des maladies du corps ; se trom-
per dans le choix des remdes , c'est
aigrir la maladie;; et l'art alors n'est
ou un. mal de plus. Le Mdecin seul
y gagne , parce qu'il est toujours pay $
mais la socit en est la victime. C'est
aux sources de cette erreur que nous
nous proposons de remonter et- nous ,
progrs ,
ses effets ,
et ses formes va-
es, chez diifrens Peuples, et
les
dans les diffrentes associations reli-
gieuses. Nous tcherons d'en donner
Universelle: 333'
1)
Cic. de Nat. Dcor. I. i
,
c. 2,
Ukiybuselle. 335
on crut que jamais la reconnoissance ne
l'et fait religieux , si ce n'toit dans la vue
d'attirer de nouveaux bienfaits ;
et alors ce
n'est plus de la reconnoissance , mais la
prudence du besoin. Je prie , pour que
vous donniez ; je remercie pour que vous
soyez dispos donner encore. Les hom-
mes frapps du spectacle de l'Univers , et
de son influence sur leurs besoins, persua-
ds d'ailleurs, qu'il renfermoit en lui un
principe d'intelligence , qui pouvoit les
entendre , demandrent au Ciel de
verser la pluie sur leurs champs ,
et
au Soleil de mrir leurs moissons (/?).
Les hommes , dit Plutarque (1), voyant
la marchergulire et le mouvement
perptuel du Ciel et des Astres qui ,
33^
'donna aveuglment aux promesses d
ceux qui s'en disoient les ministres.
Telle toit la disposition de l'homme,
lorsque les Lgislateurs imaginrent
d'appliquer la Religion la politique
et la morale (<?), et d'tayer les ins-
titutions sociales par les opinions reli-
gieuses ;
car ils avoient assez mpris
l'homme pour croire qu'on ne pour-
,
posant de l'Univers ,
et le merveille x
de la posie Mythologique fournirent ,
J[i)
Stnbonl. 10 ,
Disisrt. sur les
Ctjtrtes, p. 466.
Universelle. 343
gcmter aux Grecs , par l'usage qu'ils en
firent pour la civilisation et dans la
,
?>
philosophie qui la conduit ont t
,
3j
appelle soit pour agir , soit pour
3?
jouir. Car c'est l toute la sagesse $
agir et
se retenir selon la raison,
x>
33
pladon des choses divines , par les-
35
quelles l'homme devient heureux y
33
quand il sait runir avec les con*-
35 noissanees
, la modration dans les
3> choses
humaines, et une juste acti-
# vite dans tout le cours de la vie.
Ici fiait, dans Time, Vducation du
sage et de l'homme, qui peut se laisser
conduire par les rapports que son oiv
(O Ibid. c. 19*
(2) Plut. Vita Num.
(3) Tit. Liv. 1. 1 j c 19.
Universelle. S5l
soit la distinction des jours , o l'on
pourroit traiter ou non d'affaires pu-
bliques ; car il devoit tre trs -utile
souvent, ajoute Tite-Live , de pouvoir
se dispenser de traiter avec le peuple. Il
s'empara sur-tout du Sacerdoce , ce grand
instrument de despotisme , et runit
en une mme main toute la puissance
des Loix et celle de la
Religion (g-).
Il ne se borna pas tablir la Reli-
gion j il fortifia la superstition , qu'il
crut propre la maintenir ; et ce fut
par-l sur-tout qu'il dgrada les Ro-
mains. Il acrdita les augures , les pro-
diges , et la fausse opinion que la
foudre est une marque certaine de la
colre des Dieux 5 il composa le Rituel
destin indiquer les crmonies par
lesquelles on pouvoit expier ces pro-
diges, et en carter les funestes effets.
Il y vit un moyen de maintenir dans
l'esprit du peuple l'ide de la Provi-
dence sans laquelle la lgislation n'et
_,
Lgislateurs ,
supposer des Thopha-
nies. Bacchus, dans Euripide (1), r-
pond aux questions de Penthe qui ,
blir le
Magisme ,
suivant l'abrviateur
de Chondemr cit par Hyde. Il se re-
,
parler le Ciel ,
toutes les fois qu'on en
eut besoin ,
et qu'on trouva
les peuples
disposs y ;
ce qui arrive tou-
croire
jours dans les sicles d'ignorance.
Les Athniens eux-mmes furent
dupes de l'adresse du Solon, qui pro-*
lita du mme moyen que Numa , pour
disposer peuple recevoir ses loix.
le
Toute la ville d'Athnes fut trouble
par des craintes superstitieuses , par des
spectres et des fantmes sans doute :
lbre ,
dans lequel la Prtresse Pap-
peloit ami des Dieucc et
Y Dieu plutt
,
Il faitunsacrilice Apollon,
qu'homme.
pour en obtenir de bonnes loix , et la
Prtresse lui dit, que le Dieu exauce
sa prire et qu'il lui donnera la plus,
,
(i) PHI. I. i ,
c. i. Vit. Apoll.
364 Religion
Franais ne peuvent et ne veulent plus
tre tromps c'est dans les sources
,
(1 Virg. iEneid. 1. 6.
)
Pausan. Ibid. p.. 34S.
Universelle. 26j
de Delphes , fait cette rflexion , que
le crime ou l'impit qui leur avoit prin-
ui - mme
)euple ,
c'est autoriser l'im posture
la dtruire
; puisqu'on suppose
plutt que
qu'elle permise quand elle est utile.
es!;
peuple 5 comme si le
peuple n'toit pas
Ukiysisbllb, 87!
Compos d'hoinmes gaux aux yeux de la
nature. Il en faut, devoit>on dire, pour
l'homme, et non pour le peuple (o). Car
si un seul peut s'en passer, tous le peuvent
et le doivent. Ceux qui tiennent un
pareil langage, n'ont point droit de pr-
tendre la rputation de Philosophes,
puisqu'ils pensent qu'une vrit n'est
bonne que pour quelques hommes , ou
qu'une erreur peut tre bonne pour le
grand nombre ; ce qui est faux ;
ce qu'il est injuste de croire. Rendons
plus de justice la raison humaine :
la Nature pos dans son sein la base
de la morale. C'est sur cette base que
doit reposer la vertu ; et l'imposture
n'a pas droit de l'appuyer. Il est mme
dangereux de les associer l'une l'autre 9
parce que cette association tourne tou-
jours au dtriment des vertus morales.
Le peuple , mesure qu'il s'instruit , et
il s'instruit tt ou tard , perd bientt
ces vertus factices , et ne trouve plus
rien dans son cur qui taye la mo-
rale , ds qu'il connot le peu de soli-
dit de la base , sur laquelle le prestige
religieux l'avoit tablie ;
et ds lors
quel dluge de maux pour les socits ,
prisse pr tendre;
au lieu qu'ils sont rests
bien loin de ce but. Tout est aujourd'hui
refaire en politique et en morale, parce
qu'on a toujours bti
au milieu des
tnbres , et qu'on avoit mis au nombre
des instruiriez s politiques l'imposture
des chefs, et Ignorance des peuples
Universelle. 3jS
Ainsi la raison des socits a vu sa
lumire s'teindre dans l'obscurit des
Sanctuaires, o tout toit prpar pour
la dtruire , et pour tablir sur ses dbris
l'empire de l'imagination et des sens.
Telle fut la cause et le but de ces grandes
institutions , qui , sous des dehors sou-
vent imposans , tendoient conduire
l'homme au bien et la vrit , par
les routes trompeuses de l'erreur , et en
mettant en jeu les deux grands ressorts
des dterminations humaines, la crainte
et l'esprance. C'est sur ces deux pivots
33 nissent des
pches abondantes (p) ,
Muse et son fils portent encore plus
loin la vanit des promesses en faveur
des justes j ils les conduisent, par leurs
3y$ Religion
fictions, dans le sjour des ombres, et les
placent sur des lits somptueux autour ,
joie ;
mais il en lut de cetopra , comme
des ntres. Il fut toujours de peu d'u-
tilit pour les spectateurs , et tourna
tout entier au profit des directeurs et
des acteurs (s). C'toit l le grand secret
de cette francmaonnerie religieuse, qu'il
i'toit donn de connotre qu' ceux
ce O vas- tu dt Ar-
qui en vivoient. ,
33 la clbration des
mystres de ta Di-
33 vinit ? Ce que disoit Archelaiis
se clbraient la nuit,
parle Apule,
comme les autres mystres. Four y tre
admis , il falloit en obtenir la permission
du Grand-Prtre.
Euripide fait dire Bacclius que ses ,
le initi. On
temple, sans tre fuyoit ,
comme un excommuni celui qui au- ,
(0 Firrn. Astrol. 1.
7, in Lia.
Bb 2
388 Rejligion
hommes. La tte de Diagoras fut mise
prix , pour avoir divulgu le secret
des mystres. Sa philosophie pensa lui
coter la vie. Et quel homme en effet
peut tre impunment philosophe , au
milieu d'hommes subjugus par les pr-
jugs religieux Andocide fut accus
!
tat de
Farle l'homme aprs la mort l , :
plus sr de l'instruire ,
c'toit de lui
cacher le but de l'instruction, comme
on fit dans l'apologue et dans les fables.
On a l'air de ne dbiter qu'un conte et ,
Bb a
39a Religion
de
sion , que Ton dcouvrent l'origine
l'ame ,
sa ctmte sur la terre travers les
Sphres et les imens , et son retour
au lieu de son origine , lorsque, clans son
union k matire terrestre , le feu sacr
qui formait son essence , n'avoit point
contract de souillures,et ne s'toit point
en
charg de particules trangres qui ,
le dnaturant, l'appesantissoient et re-
tarcloient ce retour. C'toit ici. la partie
la plus mtaphysique , et que ne pou*
voit entendre le commun des Ini-
gure
tis ,
mais dont on lui Honnoit
le spec-
p, 130
145.
Univbrssli-e. 393
de Nazianze des tortures
(1) les appelle
et des supplices mystiques. On. ne pou-
voit dit Suidas , y tre initi , qu'aprs
,
(i) Porphyr. 1.
4 , de Abstin.
3y6 Religion
lien plus troit , par celui de la fraternit
religieuse qui, rapprochant les hommes,
les unissoit plus fortement entre eux.
Le foible et le pauvre mme pou-
voient esprer plus aisment des secours
de l'homme puissant et opulent , avec
lequel l'association religieuse lui don-
noit des rapports plus directs. C'est
mme cet espoir qui, parmi nous, a
fait faire une assez grande fortune la
pour le moment de
la mort et pour
toute l'ternit. L'avantage que nous
retirons de ces augustes crmonies ,
dit Aristide ( 4 ) > n'est pas seulement
la joie prsente , ni la dlivrance et
l'affranchissement de nos anciens maux;
mais encore la douce esprance que ,
(1) Sopater.
(2) Aristid. in Fleus.
(3) Isocrat. in Pve* r
, . Cicer. de f4$*X *>
.
(1) Plat, de Rep. 1. 2 p. 364
,
Ce 3
4o6 RsLiaioi?
l'autre fiction ;
on n'y connot jamais d&
nuit ; y rgne un printemps ternel*
il
(0 Diod. 1.
5, p. 239. Hesych.
(a) Odyss. 4, v. 593.
(3) Strab. 1. 3 , p. 156.
(47 Fiutarch. dt Facie in orbe Lu-ise. PlaC.
Phsdon.
C 4
48 Religion
pour imaginer sa Jrusalem cleste, toute
brillante d'or et de lumire. C'est l ce lieu
Ethr ou cet lumineux des
air libre et
Pythagoriciens, dont il est
parl dans les
vers d'or (1) et dans Hirocls
, com- ,
() Aurea Carmin, v. 7.
(2) Plat. Phxdon.
(3) Strab. I.
1^, p. 713.
(4) Plut, de Isid. p. 370.
description,
d'un nouveau monde, comme
dans l'Apocalypse , qui s'lve sur les
ruines du premier , et destin tre
habit par un peuple vertueux et for-
tun. Cette nouvelle terre est toujours
couverte de verdure , et un soleil
Trajans ,
seront condamns aux sup-
plices de l'enfer , pour
11 e
point s'tre
fait initier la confrrie des Chrtiens;
tandis qu'un cuistre de la Communaut
de Saint- Lazare ou des Eudistes , un
insens Trapiste rayonnera de gloire
,
ou du sjour de la lumire et de la f-
licit restrent fermes tous ceux
qui
lieconnotroient pas le mot d'ordre (1) ,
Chrtienne.
Ukitebsellc. 417
Chrtienne. On
galement tous tes
sait
souillure, et initi; et il
explique plus
haut cette purification ;
c'eot celle que
donne la vertu et la vrit, c'est--dire $
a sagesse , la force , la justice , et la tem-