Adda Arielle-L' Enfant Doué
Adda Arielle-L' Enfant Doué
Adda Arielle-L' Enfant Doué
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ODILE JACOB, SEPTEMBRE 2003
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8611-9
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Avant-propos
Si, longtemps, lenfant dou est demeur un
sujet quasi tabou seulement voqu voix basse, en
prenant dinfinies prcautions oratoires, ou, au con-
traire, en vocifrant quelques principes gntico-philo-
sophiques pour en nier lexistence , il est aujourdhui
entr dans la panoplie des thmes que lon dbat ar-
demment dans les mdias.
Mais, si lon parle plus souvent des enfants
dous, on nen parle pas toujours mieux.
Les dernires annes ont en effet donn lieu
plthore darticles, de dossiers, dmissions o
sexpriment des intervenants propulss divers titres
spcialistes du sujet. Dlibre ou accidentelle, la
cacophonie rgnant, loin dclairer le propos, lopaci-
fie, le complique.
Face la confusion et lapproximation, nous
faisons ici le point des recherches actuelles et fondons
des propositions pdagogiques permettant, notam-
ment, dloigner le spectre de lchec scolaire, mais
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Premire partie
Quappelle-t-on
un enfant dou ?
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Reconnatre lenfant dou
(Arielle Adda)
Donner de lenfant dou une dfinition prtend-
ant lexhaustivit est videmment un dfi im-
possible. La diversit rgne en la matire, comme chez
tous les tres. Il faut nanmoins tenter ici ne serait-
ce que sommairement, dans un premier temps de r-
pondre la question : quentend-on par enfant
dou ?
Repres chiffrs
Lvaluation du QI se fait partir de tests com-
parant les rsultats obtenus par un enfant ceux quat-
teignent les enfants du mme ge : situ dans la moy-
enne, il obtient un QI de 100, dans une progression qui
va de 46 160. Bien entendu, certains sujets
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Les tests de QI
La notion de QI remonte 1904, date laquelle
le gouvernement de la Rpublique avait demand
Alfred Binet de dfinir une chelle permettant de
reprer, parmi les enfants qui semblaient
anormaux , ceux qui pouvaient nanmoins tre
scolariss, en vertu de la rcente loi Jules Ferry rend-
ant obligatoire linstruction primaire : autrement dit, il
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un QI Verbal ;
un QI Performances ;
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Le Verbal
Cette partie du test comporte plusieurs items,
chacun mettant en jeu la faon particulire dont len-
fant utilise ses facults de raisonnement dans une situ-
ation prcise ou fait appel ses connaissances.
Le vocabulaire
Le vocabulaire diffrencie immdiatement les
lecteurs assidus de ceux pour qui la lecture reprsente
un pnible pensum. On reconnat lenfant dou ses
dfinitions prcises et dune lgante concision. Il ar-
rive que des enfants prsentant tous les symptmes du
lecteur passionn disent ne pas aimer lire : ce peut tre
pour ne pas se diffrencier lexcs de leurs ca-
marades, qui estiment ce passe-temps totalement
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Le calcul mental
Au calcul mental, on voit les enfants les plus
vifs sgarer parfois sans rmission dans un nonc un
peu plus complexe, parce quils lont lu trop rap-
idement ou de travers, ou parce quils ont donn la r-
ponse avant mme de comprendre vritablement de
quoi il sagissait. Le taux de russite de ces items
aurait tendance baisser au fil des ans pour de mul-
tiples raisons, dont la dsaffection lgard de la
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Les similitudes
Le raisonnement par analogie (item dit des
similitudes) est mani avec dextrit par les enfants
dous, qui se dlectent du jeu des concepts, de
labstraction, de lexercice de synthse. Il est amusant
de rechercher le point commun deux lments, com-
pltement opposs en apparence. Cest plus intressant
que de rpondre dun ton dfinitif la personne at-
tarde en loccurrence la psychologue qui pose une
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Les Performances
Cette partie du test propose des preuves
pratiques gnralement effectues en un temps limit.
La note est fonction de la rapidit dexcution de la
tche. Les enfants dous, souvent perfectionnistes
lexcs en mme temps quhsitants et peu srs deux,
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Lassemblage dobjets
La pratique croissante de lordinateur les rend
parfois plus perplexes encore, quand ils paraissent ne
pas comprendre pourquoi les lments dun puzzle ne
sassocient pas plus vite. Ils oublient alors toute
mthode, tournent indfiniment une pice qui ne
semble aller nulle part, se plaignant qu il manque
des morceaux ou bien qu il y en a qui ne vont
pas , et ils sont trs mal laise.
Les cubes
Il sagit ici de reproduire des modles laide de
cubes de couleurs. Cette preuve est inspire dun test
plus complet intitul cubes de Kohs. Elle est excute
avec plaisir par les enfants dous dun bon sens de
lorientation dans lespace ; ils y trouvent mme une
occasion de dtente. Mais ceux qui peinent dans ce
domaine souffrent mille morts. Misre ! soupire
dun air malheureux et rsign un petit garon, trs
dou par ailleurs, qui prouvait de grandes difficults
dorientation spatiale, face un modle un peu plus
compliqu et qui lui paraissait tout coup totalement
impossible reproduire.
Ceux qui ne rencontrent aucun problme durant
cette preuve se contentent de jeter un coup dil au
modle, ils sont ensuite capables de corriger une er-
reur sans mme vrifier loriginal ; ils lont
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Larrangement dimages
Ordonner des images, selon lenchanement lo-
gique dune histoire simple, est un item souvent utilis
par les orthophonistes : il plat aux enfants par son
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Le code
Ce dernier item, qui consiste copier des signes
trs simples sous des chiffres selon un modle, pose
souvent de grands problmes aux enfants dous, qui
semblent incapables dautomatiser cette preuve. Ils
montrent toutes les apparences de lapplication la plus
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Pourquoi mesurer le QI ?
Les dtracteurs des tests peuvent aisment cri-
tiquer un instrument qui semble tellement alatoire :
on ne rduit pas un enfant la rsolution de quelques
problmes, ses rponses des questions absurdes,
la ralisation de jeux enfantins.
On peut nanmoins rappeler que la mesure du
QI reste peu prs identique si lon fait nouveau
passer un test quelques annes plus tard. Une chute
importante est lindice dun profond malaise quil faut
traiter en urgence. Chez les enfants, une dpression se
manifeste le plus souvent par quelques signes trs dis-
crets qui nattirent pas toujours aussitt lattention,
surtout si on leur trouve une explication logique, mais
insuffisante pour rparer le dommage. Le test montre
alors de faon indubitable la nocivit du trouble.
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Le paradoxe du don
Il y a en fait une diffrence considrable entre
un QI de 115, normalement considr comme
suprieur la moyenne, et un QI de 150, atteint par
moins de 1 de la population. La mme diffrence
spare le chiffre de 115 de celui de 80. Avec un QI de
115, on peut passer aisment nombre dexamens, men-
er une vie intressante grce un mtier demandant
rflexion personnelle, autonomie et responsabilit.
Avec un QI de 80, les apprentissages sont plus limits,
les capacits dinitiative galement ; sur le plan pro-
fessionnel, les charges ne doivent pas tre trop lourdes
ni trop complexes, elles craseraient celui qui ne pour-
rait les assumer sans souffrance ni risque dchec.
Ceux qui obtiennent un QI gal ou suprieur
150 sont si peu nombreux quon ne peut se hasarder
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Lenfant et les parents
face aux tests
(Arielle Adda)
La raction de lcole
La crainte fantasmatique de voir ces enfants se
pavaner en proclament haut et fort des notes excep-
tionnelles peut tre carte : un enfant aime se sentir
comme les autres, il prfre taire tout ce qui len
diffrencie et est mme trs fch si lon parle de son
QI.
Ainsi, doit-on parler des tests lcole ? Tout
dpend de lcole, du directeur, des matresses, de lat-
mosphre gnrale. Le plus souvent, il est prfrable
de ne pas mentionner le chiffre prcis, mais de rester
assez flou pour que les interlocuteurs songent un QI
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La raction de lentourage
Reste la famille au sens large. Certains parents
nosent pas voquer le don intellectuel de leur enfant
devant leurs proches : un de leurs frres a mal-
heureusement un enfant difficile, ncessitant une scol-
arit adapte, il ne sera jamais comme les autres, son
avenir est trs limit ; ce serait donc un manque absolu
de tact que de mentionner les brillants rsultats dun
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Lexamen psychologique
(Arielle Adda)
Arrive enfin la date fixe pour lexamen psycho-
logique, date parfois attendue par les parents avec un
petit pincement dinquitude, peut-tre provoqu par
le seul mot d examen , qui rveille si souvent des
souvenirs de cur battant, dangoisse, de nuits agites.
Comportement
Thaline parat trs vite son aise dans cette situ-
ation pourtant inhabituelle dexamen, et cest avec un
plaisir manifeste quelle aborde les preuves, sans
mnager ses efforts. Au contraire, la difficult semble
la stimuler, elle renforce alors son attention et sa con-
centration desprit, elle peut donc mettre profit lap-
prentissage procur par les premiers exercices et par-
vient surmonter des obstacles plus importants, trop
heureuse de ces succs pour en ressentir de la fatigue.
Un sens de lhumour dj bien dvelopp lui in-
spire quelques commentaires amuss sur les preuves
proposes : elle ne rsiste pas au plaisir de raconter
une plaisanterie quune des questions lui a rappele.
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Niveau intellectuel
Le WISC III donne un rsultat trs suprieur la
moyenne, avec une lgre prdominance dans le do-
maine verbal, o Thaline dpasse souvent la note la
plus leve obtenue par les enfants de sa classe dge1.
Verbal
Thaline fait preuve dune aisance presque ab-
solue dans ce domaine.
En lectrice assidue quelle est dj, elle possde
le riche vocabulaire des bons lecteurs et recherche la
dfinition la plus lgante possible.
Laccs au concept lui est trs ais ; Thaline
peut effectuer une approche synthtique dune situ-
ation pour sen former une ide densemble. Une
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Performances
Thaline est parfois freine par son souci exagr
de perfection, ce qui lui fait perdre quelques pr-
cieuses secondes lorsque le temps dexcution est pris
en compte pour la note finale.
Lesprit dobservation est bien aiguis et confre
Thaline une apprciable perspicacit.
Le sens de lorientation dans lespace est trs bi-
en dvelopp : Thaline peut se former une reprsenta-
tion mentale exacte dune situation. Cest cette qualit
qui favorise son aisance en mathmatiques : elle peut
se reprsenter immdiatement les donnes de lnonc
et, dans le mme temps, la squence des oprations
effectuer. Son esprit de logique lui vite les rsultats
aberrants. De la mme faon, elle sait organiser ses
apprentissages, de manire les retrouver rapidement
dans sa mmoire.
Elle est tout autant son aise en ralisant des
puzzles, avec quelques ralentissements provoqus par
des vrifications inutiles.
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Personnalit : TAT
Thaline raconte avec entrain de jolies histoires
partir de planches reprsentant des personnages.
Ses rcits voquent souvent un univers gai et
color, o les enfants peuvent explorer sans crainte
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Conclusions
Thaline prsente de remarquables capacits in-
tellectuelles qui, en effet, la diffrencient, peut-tre
lexcs, des enfants de son ge.
En classe, sa vlocit intellectuelle lui permet de
saisir demble les explications, et elle risque de sim-
patienter quelque peu quand lenseignement devient
trop rptitif pour sa rapidit de comprhension. Cest
durant ces moments de lassitude quelle soctroie des
chappes plus divertissantes dans des univers que sa
fantaisie a construits son gr.
Quand il est question dimagination, Thaline
nest jamais en reste
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Qui suis-je ?
Notre accompagnement de llve dou dans
son contexte scolaire se situe bien au cur de ce
problme : Suis-je intelligent ?
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Un clairage bnfique
Ces observations mautorisent dduire que les
tests peuvent avoir une influence trs positive. Il sem-
blerait que cette influence se joue dans la capacit,
lors du compte rendu, tablir un pont vers lavenir,
afin que la personne teste puisse :
se reconnatre ;
comprendre certains dysfonctionnements ;
se sentir riche de sa diffrence ;
dcouvrir des orientations de travail pour oprer un
changement dans son comportement intellectuel et
affectif, cela afin de pouvoir mieux disposer de ses
ressources intellectuelles et motionnelles.
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Deuxime partie
Les ressources
de lenfant dou
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Une intelligence lumineuse
(Arielle Adda)
Est dou celui qui comprend tout ce quon lui
dit. Si lon nonce ainsi, sans lassortir de com-
mentaires appropris, la caractristique premire de
lindividu dou, il sera rtorqu quelle na rien de bi-
en surprenant.
Un enfant dou coute avec attention lexplica-
tion quon lui donne, il sait quil enrichira de la sorte
ses connaissances et pourra par la suite les organiser
diffremment, car ce nouveau savoir sintgrera dans
un ensemble plus vaste, touchant un sujet semblable.
Il coute, il comprend, il assimile, il saura ensuite ret-
rouver ces nouvelles donnes dans son esprit et les
utiliser au moment opportun. Il ne pense pas quil con-
nat dj le sujet et quil est donc inutile de sencom-
brer lesprit avec des explications superflues, dont il
peut trs bien se passer. Au contraire, il est mme
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Le doute permanent
Une autre caractristique surprendra tout autant :
on ne sait jamais quon est intelligent. La caricature,
vhicule non sans malice dans lopinion publique,
du surdou crasant tout le monde dune supriorit
quil pense incontestable est vraiment un fantasme que
rien ne vient tayer.
Lenfant dou de qualits intellectuelles par-
ticulires distingue avec acuit ses erreurs ; il pense
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Les lois de lintelligence
(Hlne Catroux)
Lenfant dou est en proie une grande incerti-
tude quant ses capacits relles et leur maniement.
Pourquoi russit-il dans certaines situations et choue-
t-il dans dautres ? Y aurait-il moyen de mieux grer
ce potentiel qui parfois lui fait dfaut, de faon chro-
nique ou soudaine, et sans quil puisse en rien prvoir
ou contrler le phnomne ? Il est si douloureux de
sentendre dire : Quand on lit son devoir, on se de-
mande sil a une intelligence.
Et la question est bien l : oui, nous avons tous
une intelligence notre service, mais savons-nous
lutiliser dune manire optimale ? Lapport des neur-
osciences la comprhension de notre cerveau permet
de placer lacquisition des connaissances aux racines
mmes de lacte dapprentissage. Grce aux nom-
breuses tudes menes sur le cerveau en
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Le codage mental
Philosophe, pdagogue, chercheur en sciences
de lducation, Antoine de La Garanderie a orient sa
recherche sur ce qui se passe mentalement quand nous
posons des actes dattention, de rflexion, de com-
prhension, de mmorisation. Ses travaux dcrivent
trs prcisment les processus mentaux mis en uvre
lors de ces actes et permettent dclairer chaque
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Prendre conscience
de ses habitudes vocatives : type de codage
dans les reprsentations mentales ;
de ses stratgies mentales : comment il organ-
ise et conceptualise ses savoirs.
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valuer
le niveau de performance de ses stratgies
mentales en rapport avec son projet de tche.
Reprer
les inducteurs des habitudes mentales qui
rendent non performant .
Sentraner
oprer des transferts de comptences.
Crer
une motivation oprationnelle au changement,
afin de construire un projet de russite qui prenne en
compte la globalit de ltre.
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Sorienter
en fonction de son projet personnel labor en
adquation : profil pdagogique et motivation.
Le protocole pour lentretien profil sera le
suivant :
Explicitation de la problmatique et
contrat
Voici le dialogue que jai eu avec Nomie
(12 ans), lors dun entretien profil aprs un temps
daccueil.
sentraner voquer ;
passer dun codage un autre codage ;
mesurer combien le rsultat dune tche est induit
par le projet qui va mobiliser les stratgies
adquates pour lui faire atteindre son objectif.
Transfert de comptences
Cest ltape la plus jubilatoire, car on est en
possession dune meilleure connaissance de soi et on
peut tre le matre de son univers (sans pour autant se
sentir dans la toute-puissance) : Si je le veux, je
peux, car maintenant je sais comment utiliser mon in-
telligence. cette tape, le sujet, qui connat mieux
les lois de la vie mentale et qui a conscience de ses
stratgies-ressources , va tre entran transfrer
le processus qui lui russit dans une tche vers une
autre tche.
Un lve papillon
En classe, ces enfants vloces semblent de fait
papillonner : ils comprennent immdiatement une ex-
plication, ils russissent quelques exercices, puis ils se
dsintressent du sujet et passent un autre, tout
diffrent, pour suivre une dmarche identique. Ils ne
lisent que les histoires voquant les sujets qui les pas-
sionnent et se comportent en analphabtes face aux
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Apprendre grer
la rapidit mentale
(Hlne Catroux)
Si lenfant dou comprend dans linstant des no-
tions complexes qui le passionnent, mais peine ap-
pliquer les rgles quon tente pniblement de lui in-
culquer, quand il ne fait pas systmatiquement des
hors-sujet, ce nest pas, contrairement une ide trop
rpandue, par distraction, dsintrt, voire ngligence.
Cest, encore une fois, son intelligence qui lui joue des
tours, et singulirement lune de ses composantes : la
rapidit mentale. Lors des entretiens destins tablir
le profil pdagogique dun sujet en difficult scolaire,
on peut ainsi observer que, pour certains, les images
mentales dfilent si vite que le travail dimpression ne
se fait pas fidlement. La comprhension et la
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Que proposer ?
Rester dans lquilibre, port par le mouvement,
mais en faisant presque du sur-place pour prendre con-
science de llaboration de la pense, se questionner,
goter le fruit de la comprhension, de la rflexion, y
prendre plaisir en sentant combien cet approfondisse-
ment est enrichissant. Tout lart est de savoir le faire
sans se laisser dsquilibrer.
la lecture dun texte, il faut ainsi sefforcer de
laisser ses yeux le temps de prendre
linformation . Aprs avoir lu au rythme adquat
pour que la comprhension se fasse, prendre le temps
de se demander Quai-je compris ? , puis relire
pour vrifier si la premire lecture est fidle ou sil
faut la corriger ou la complter.
Cette proposition ne pourra se faire quau cours
dune recherche de solution et aprs avoir pu analyser
la cause de lerreur.
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Le rythme juste
Il faut nanmoins veiller ce que, par mcon-
naissance des ralits du fonctionnement mental, cer-
taines propositions pdagogiques ne fassent pas un ef-
fet de croche-pied mental , en dstabilisant le sujet.
Ainsi, cest la raction dune lve qui ma fait pren-
dre conscience que ma formulation stop ntait pas
juste :
Je comprends ce que vous voulez dire quand
vous me proposez de faire un stop mental pour vrifier
ou prendre conscience de ce que jai compris, mais, si
je fais un arrt, je tombe.
Cette lve ma permis de corriger ainsi ma pro-
position : Laisse ton intelligence, dans le rythme
qui est juste pour toi, le temps de vrifier, de Sil
est une expression ne jamais utiliser avec les enfants
dous, cest : Ralentis
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Pour rdiger
La solution est de se mettre dans une program-
mation mentale qui balise la pense, en se disant :
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Lenfant qui interrogeait
le monde
(Arielle Adda)
Curieux insatiable, lenfant dou manifeste un
dsir de savoir parfois difficile grer pour ses par-
ents, quil submerge de questions incessantes. Ceux-
ci, toujours partags entre leur dsir dtre de bons
parents, le plus disponibles possible pour alimenter
cette curiosit, et leur fatigue se trouver ainsi interro-
gs sur mille sujets, dcouvrent mme, cette occa-
sion, des questions quils navaient jamais song se
poser. Peut-tre leur taient-elles venues lesprit,
dailleurs, mais il y a bien longtemps, une poque o
ils taient encore assez nafs pour attendre une r-
ponse. La sagesse a pris le dessus depuis tant dannes
quils ne savent mme plus si, eux aussi, avaient tant
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O ? Quand ? Comment ?
Pourquoi ?
Contrairement ce que les tenants de la toute-
puissance aiment avancer, il ne sagit pas, chez cet
infatigable questionneur, dorgueil ni du dsir de tout
matriser y compris les lois de lUnivers , mais
seulement dun besoin dordre et de cohrence : len-
fant dou peine saccommoder de lacunes dans les
explications, dassertions sans dmonstration, de for-
mules dont on ne lui livre pas la signification. Il hait
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Un questionnement mtaphysique
Ces questions qui supportent mal de rester sans
rponse stendent tous les domaines, dpassant
lunivers tangible et rel. La mtaphysique les attire
trs tt, beaucoup trop tt dailleurs pour quon puisse
leur rpondre aisment, quand ils demandent le pour-
quoi de la vie, de la mort.
Parfois, ces interrogations prennent un tour
quelque peu droutant : Comment je vais faire quand
tu seras morte ? demandent-ils sur un ton apparem-
ment dtach leur mre bouleverse. Bien entendu,
ils sont desschs dangoisse et ce sang-froid nest
quun masque, la seule perspective de la disparition de
leurs parents les faisant sombrer dans un puits de ter-
reur ; mais il leur faut tout prix savoir pourquoi des
vnements aussi terribles peuvent ruiner lexistence,
en laissant totalement dmunis ceux quils ont atteints.
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Le sens, moteur
des processus mentaux
(Hlne Catroux)
On la dit, lenfant dou se signale souvent, dans
le cadre scolaire, par une attitude juge inadquate : il
rve ou sagite, prend la parole inopinment, coupe le
professeur ou ses camarades, fait autre chose ou r-
pond hors de propos. Lors de mes contacts avec les
enseignants, jentends parler de lui en ces termes : Il
interrompt le cours en posant des questions , Il ne
laisse pas la place aux autres , Il attire lattention
sur lui , Il ne participe pas ; cest comme sil se
dsintressait du cours .
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Grer le questionnement
Pour progresser dans sa rflexion, llve a be-
soin de poursuivre son interrogation dans des direc-
tions qui peuvent paratre dautres inopportunes. Il
faut trouver le moyen de grer ce questionnement qui
a une fonction si importante dans la production du
sens. Or il nest pas possible de transformer un cours
collectif en change particulier, de mme quil ne
serait pas juste de dbattre dune question ne
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Diffrer la rponse
Le professeur peut couter la question, en recon-
natre lintrt et proposer un traitement diffr en jus-
tifiant cette proposition.
Sapproprier la connaissance
Pour ces lves qui ne vivent que dynamiss par
la recherche du sens se pose une grave question :
quoi servent les exercices dapplication exigs par
lcole quand le cours est compris ?
Celui dont la comprhension est oriente vers le
pourquoi des choses a en fait beaucoup de mal sim-
pliquer dans le comment de leur utilisation. Raison
pour laquelle il serait judicieux de choisir les exercices
permettant un entranement qui vite le rptitif
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Interaction du cognitif et de
laffectif
Nous lavons dit, les conditions denseignement,
les exigences du systme scolaire, le programme ne
permettent pas toujours de rpondre aux questions
suivantes : quoi cela sert-il ? quest-ce que je
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Une imagination virtuose
(Arielle Adda)
On pourrait penser que les enfants dous,
habituellement rtifs aux contraintes du quotidien,
trouvent un exutoire dans un domaine plus libre,
moins soumis aux rgles, o ils peuvent enfin
sexprimer de faon spontane et laisser affleurer sans
trop de risques les richesses quils reclent.
Quand il sagit de trs jeunes enfants, il est fa-
cile de les laisser dessiner, modeler ou peindre selon
leurs dsirs. Ils y sont mme fortement encourags.
Mais cette situation, si banale soit-elle, peut provoquer
les premiers accrochages avec les adultes : certains en-
fants naiment pas dessiner, peindre ni modeler. Trs
vite, ils ont jug leurs uvres dun regard lucide et ont
aussitt prfr viter un domaine o ils nprouveront
jamais de fiert ni de plaisir, mais uniquement un ob-
scur sentiment de honte que, de surcrot, personne ne
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La qute de cohrence
Cest loccasion de petits faits tels que ceux-ci
que lon peut mesurer lamplitude du malentendu que
cre lenfant dou : en lentendant jongler ainsi, les
adultes sont parfois si surpris dune telle virtuosit
quils pensent tout dabord un lapsus, une erreur ou
une maladresse ; seuls les proches savent apprcier
ces jeux qui les font rire.
La crativit littraire
Certaines des qualits propres aux enfants dous
enrichissent leur crativit, singulirement en matire
littraire : lucidit et imagination ne sont jamais en
reste pour lalimenter. Elles leur font trs tt entrevoir
les consquences terribles dun vnement, dune ac-
tion, lenchanement qui se dessine dans leur esprit,
conduisant le plus souvent une catastrophe affreuse
que leur imagination amplifie, semble-t-il, plaisir.
Fragiliss par leur extrme sensibilit, les en-
fants dous tentent trs tt de saguerrir contre les
prils et les drames qui ponctuent la vie des tres hu-
mains. En sexerant envisager le pire, ils pensent
quils seront moins pris au dpourvu quand un vne-
ment perturbateur surviendra : cet vnement a de
grandes chances dtre moins dramatique que le
produit de leur imagination sans limite. Craindre le
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La crativit scientifique
Scientifique, lenfant dou a trs vite besoin
dun vaste champ dtude : observer un dtail sans
pouvoir le rattacher un contexte qui lexplique, le
justifie et lenrichit est trs frustrant. Quand il tend
son champ daction, il est prfrable pour lui et pour
ses parents dhabiter une maison et de disposer dun
jardin. Quel terrain plus propice quun jardin o, de
surcrot, lenfant impatient apprend, avec la croissance
des plantes, la lenteur et la valeur des jours ? Il arrive
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La crativit artistique
Tous les enfants possdent le don inn de la
cration artistique ; cest pour eux une faon person-
nelle dapprivoiser le monde extrieur et den intrior-
iser les multiples aspects. Quand les mots font dfaut,
il reste le dessin, la danse, le jeu.
La loi du nombre
Par la force des choses, le plus grand nombre est
rducteur : tout ce qui dpasse de la norme quil fixe
est facteur de dsordre et, comme tel, doit tre anni-
hil, car il pourrait comporter des lments de destruc-
tion mortels pour une socit.
En cartant ceux qui tranchent sur lensemble,
lcole ne fait que remplir sa fonction de vecteur des
valeurs en cours. Elle sacrifie quelques lments, con-
sidrs comme hors norme, pour le bien de la major-
it, sans chercher savoir sils auraient pu contribuer
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Le got de lindit
(Hlne Catroux)
Dans sa recherche de sens, llve dou em-
prunte souvent des portes dentre indites pour ana-
lyser, questionner, associer des ides, se mettre dans
diffrents points de vue. Cest une dmarche trs
riche, qui constituera plus tard une qualit essentielle
pour un inventeur, un chercheur. Dans le cadre scol-
aire, lenfant dou va se poser des questions
auxquelles les autres navaient pas pens ce qui peut
tonner, voire considrablement dranger, dstabiliser
la classe, et ainsi crer un rejet de la part des profes-
seurs et/ou des lves.
Quel est de fait le statut de lindit dans notre
systme denseignement et dans lducation ?
Les grands penseurs, les inventeurs, les artistes
se nourrissent dobservations multiples, puis osent des
rapprochements originaux leur permettant douvrir un
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Troisime partie
Les dsarrois
de lenfant dou
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Un chemin personnel
(Arielle Adda)
Lexplorateur quest lenfant dou naura pas
besoin de sabriter derrire une pense toute faite ni de
se protger par des citations dauteurs connus et re-
connus quil suffit de copier pour avoir lair dun con-
naisseur averti, cultiv et lesprit ouvert. Le risque
nest jamais bien grand quand on suit une pense so-
cialement correcte, mme si elle se pare de quelques
oripeaux en apparence provocateurs ou iconoclastes.
Lenfant dou ne se laisse pas dtourner : il suit
sa propre route, mme quand il souffre de son isole-
ment, mais il parvient mal se plier aux normes fixes
par une pense couramment admise, quil conteste,
comme malgr lui, par son existence mme. Il veut
avoir le droit de lire les livres qui le passionnent, sans
attendre lge prescrit, il veut apprendre tout ce que la
science a dcouvert au sujet des animaux
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52
Lchec paradoxal
des enfants dous
(Arielle Adda)
Les enfants dous surprendront toujours leur en-
tourage, mme quand celui-ci pense avoir dj tout vu
et tout connu.
Il en va ainsi quand on voit avec tonnement un
enfant plonger subitement dans un profond dsespoir
ou bien exploser sous lemprise dune colre effray-
ante pour un motif qui semble vraiment drisoire : une
construction qui vacille, un dessin maladroit, enfin une
dfaillance dune importance si minime que personne
ny aurait prt attention si la raction disproportion-
ne de lenfant dou navait dramatis laffaire.
264/704
Chass du paradis
Tout a pu commencer trs tt, ds la maternelle :
les enfants dous, qui attendent tant de lcole, y
vivent parfois un drame, avec une intensit difficile
concevoir quand on oublie la passion qui les mne en
toute occasion.
Au dbut, tout va bien : la matresse est gentille,
elle apprend faire des choses intressantes, et puis,
un jour, cela se dgrade, sans cause apparente. En fait,
il ne sagit que dun fait insignifiant, ngligeable : une
tche mal accomplie, et la matresse dit : Ce nest
pas bien, tu as mal travaill. Pour lenseignante, il ne
sagit que dune remarque ponctuelle, tout fait anod-
ine, qui sera vite oublie ; mais elle a t comprise par
lenfant comme un jugement dfinitif. Lui qui sappli-
quait, qui voulait russir, faire plaisir et en tre com-
pliment se sent rejet dans les tnbres extrieures : il
nest pas bien, donc mauvais, il ne vaut plus rien, il a
du, il est fini , comme on le dit des sportifs vieil-
lissants qui ratent leur ultime prestation.
265/704
La perte de soi
Il ne faut pas oublier que, il y a encore si peu de
temps, lenfant aujourdhui critiqu tait un bb
quon admirait et flicitait sans cesse ; chaque vic-
toire sur sa maladresse, on lui formulait des encour-
agements qui lui semblaient tout naturels : il ne pouv-
ait en tre autrement.
268/704
Relativiser lchec
On doit expliquer les diffrences entre les ap-
prentissages de la maison et ceux de lcole. On va
lcole pour apprendre des donnes thoriques, qui
peuvent sembler parfois inutiles parce quon ne les
met pas toujours immdiatement en application. Ces
donnes sont complexes, et les connatre exige un
travail assidu et austre, bien loign de lnergie vi-
tale qui aide les jeunes enfants acqurir les premiers
apprentissages. Pour rassurer tout fait cet enfant in-
quiet, on peut lui raconter comment les singes, par ex-
emple, se dveloppent dans leur tout jeune ge bien
plus vite que les enfants, jusquau moment o le lan-
gage apparat. Lenfant dsempar comprendra alors
quon ne peut comparer ce qui sapprend instinctive-
ment et ce qui demande une laboration complexe du
cerveau, qui a besoin de longues annes pour se
dvelopper pleinement. Dans ces cas-l, il ny a pas de
honte trbucher parfois.
272/704
loge de la patience
Si la voie du raisonnement quil a emprunte
sitt la question pose se rvle fausse, lenfant dou
se sent compltement perdu, sans possibilit de re-
venir en arrire pour retrouver les bases de dpart,
puisquil na pas clairement identifi ces donnes.
gar sans rmission ni recours, il peut se fcher, sil
se trouve dans une priode dincertitude qui lui rend
lchec insupportable, ou bien sombrer dans un grand
abattement, sil a dj commenc douter srieuse-
ment de ses dons, ou encore se dsintresser totale-
ment du sujet abord, comme si ce domaine noffrait
aucun attrait pour son got dj bien affirm. On le
dira tour tour colrique, dpressif ou original et peu
scolaire, on tentera de laider amliorer cet tat, alors
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viter la paralysie mentale
(Hlne Catroux)
Face la difficult, le comportement de llve
dou peut agacer. Certains enseignants lexpriment
ainsi : Il est trop motif ; la moindre difficult, il se
bloque. Ou encore : Sil prenait la peine de cherch-
er un peu, il trouverait.
Les parents peuvent ajouter, au vu des rsultats :
Il ne prpare pas srieusement ses contrles, il nap-
prend pas, il se moque du travail crit.
On peut comprendre quun tel comportement,
chez un lve repr intelligent, droute. Pourtant, je
voudrais pouvoir, lors de mes entretiens, brancher une
vido pour permettre aux enseignants comme aux par-
ents de prendre conscience du drame et de la souf-
france prouvs par lenfant dou quand la rponse ne
vient pas immdiatement. Je pense que ce constat
dclencherait chez eux de la compassion.
280/704
Soudain, le vide
Il me semble important de se replacer dans la
ralit vcue par lenfant dou : pendant de nom-
breuses annes, les apprentissages se font sans effort
et trs rapidement. Il comprend, mmorise, retrouve
rapidement les connaissances dans sa mmoire
celles-ci prennent mme la forme quexige la con-
trainte scolaire , le tout sans avoir besoin de rflchir.
52
La dcouverte des limites
(Arielle Adda)
Accompagnant la crainte de se perdre, la prcd-
ant, lamplifiant parfois, la notion de limite joue un
rle non ngligeable dans lhistoire des enfants dous.
Commenons par dcrire la faon dont elle slabore,
dabord chez le tout jeune enfant, puis chez les plus
grands, en fonction des diverses circonstances
familiales.
Livresse du verbe
Quand le nourrisson commence sinsrer dav-
antage dans le monde qui lentoure, il dcouvre, de ce
fait mme, lexistence des limites. Elles sont de tous
ordres, mais celles qui vont modeler plus particulire-
ment sa personnalit touchent la notion de pouvoir.
296/704
Le rapport au pre
Cette dcouverte des limites est diffremment
vcue, selon lhistoire familiale. Prenons pour ex-
emple les garons ne vivant pas avec leur pre. Ce
modle leur fait dfaut, certes, mais ils ne doivent pas
se mesurer quotidiennement avec quelquun de plus
fort, de plus savant, avec lequel la rivalit est illusoire
et absurde. Ignorant cette ralit-l, ils mconnaissent
la notion de castration ; ils sont seuls de leur espce,
ne se heurtent jamais aux limites familires aux petits
garons ds quils se comparent un pre sage et in-
vincible ces limites peuvent tre voques, mais de
faon thorique, sans mise en pratique. Il ny a pas la
maison un homme qui rappelle la loi et qui exerce tout
naturellement sa force et son savoir-faire dadulte dans
les activits les plus courantes du quotidien. Leur mre
leur fait bien la morale quand cela se rvle nces-
saire, mais elle considre aussi ses enfants comme des
interlocuteurs part entire. De surcrot, les qualits
intellectuelles de ces derniers leur pargnent
303/704
Le douloureux apprentissage de la
sagesse
Lide de limite, qui semble aller de soi, nest
pas toujours si claire quand il sagit des enfants dous.
Ds le dbut de leur scolarit, ils se sont construit,
sans quil y paraisse, une image deux-mmes trs
spcifique, diffrente de celle de leurs camarades, en
particulier quand il sagissait de leur pouvoir sur les
ides et sur les raisonnements, qui constituent une
grande partie de la vie des coliers. Pour eux, les lim-
ites sont mouvantes, imprcises, noyes dans un hori-
zon tellement lointain quil en devient abstrait, irrel.
Le choc est alors sans merci.
Quand la plupart des enfants acceptent sans
frmir de se sentir dpasss par une difficult plus
tard, plus gs, ils auront appris la surmonter , les
enfants dous, qui jusque-l savaient sans appren-
dre, sont pouvants par cette dfaillance.
311/704
52
La tyrannie du
questionneur
(Arielle Adda)
On a vu que tous les enfants prouvent un mo-
ment donn de leur vie affective un dsir de toute-
puissance ; chez certains, le renoncement ce dsir et
lacceptation de la ralit avec ses frustrations, ses
rappels la raison et la reconnaissance de la hirarchie
familiale semblent impossibles envisager. Ils agis-
sent comme sils allaient perdre leur substance mme
en admettant leurs manques et leurs faiblesses ; alors,
ils cherchent perdument une parade, les enfants
dous parvenant plus facilement mettre en place un
systme apparemment efficace, du moins dans un
premier temps. Il va de soi quil sagit de cas ex-
trmes, la plupart des enfants dous prfrant la paix
et lharmonie la guerre outrance ; mais il est tout
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Lillusion de la toute-puissance
Certains enfants semblent avoir pris trs tt ce
pli : ils posent des questions incessantes, accablant
leur entourage de cette manifestation dune curiosit
desprit tourdissante dans tous les sens du terme.
Au dbut, ces questions taient tout naturellement in-
spires par un rel dsir de savoir, de comprendre,
dapprendre comment fonctionne ce vaste monde qui
les attire et quils sont impatients dexplorer. Ils
recherchent des explications tous les mystres qui
les entourent, ne doutant pas un instant que leurs par-
ents, qui savent tout, sauront galement leur rpondre
et tancher cette soif de savoir. Ils se sentent confus-
ment encourags dans cette qute par la fiert quils
peroivent quand ils posent ces questions intelli-
gentes rvlant une si grande ouverture desprit.
315/704
Langoisse du vide
Les connaissances entasses la manire de
pierres destines construire un mur ne forment pas
une efficace dfense contre langoisse du vide : ce mur
factice scroulera la premire interrogation plus
profonde et douloureuse, laissant son maon
dsarm, expos toutes les agressions et incapable de
riposter. Sous cet amas de pierres dsormais en
dsordre, lintelligence risque de stouffer, voire de
disparatre.
Tous les enfants ont connu une priode bnie
durant laquelle ils ne doutaient pas de possder un
pouvoir absolu : bbs, leurs cris taient aussitt en-
tendus, et leur entourage sappliquait avec zle satis-
faire leurs dsirs. Linconfort tait un tat passager
quon singniait faire disparatre le plus rapidement
possible, faim et soif taient aussitt apaises, colre
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Un prince dchu
Linvitable anxit rend le despote toujours
plus irritable et plus tyrannique. Plus le temps passe,
moins ses capacits intellectuelles, tellement pro-
metteuses dans son tout jeune ge, se dveloppent. Ja-
mais mobilises sur un enrichissement fructueux, elles
stiolent jusqu faire de cet enfant un petit prince
ranci, dont les qualits sexercent vide : son registre
motionnel nalimente que son angoisse, sans jamais
souvrir aux sentiments des autres.
La moindre faille dans les exigences de ses par-
ents est utilise pour mieux asseoir son pouvoir ; un
avantage accord, ne serait-ce quexceptionnellement
comme on len a pourtant clairement prvenu, est con-
sidr comme dfinitivement acquis.
Le contact avec la ralit risque dtre dram-
atique. Cet enfant, qui a t dou mais a refus de ren-
oncer sa toute-puissance, peut se replier sur lui-
mme et ressasser amrement les bribes de souvenirs
de son pouvoir dantan. Les armes quil pensait si
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Le parcours chaotique
de lenfant dou avec
lacunes
(Arielle Adda)
On sait aujourdhui que, contrairement ce
quavance un prjug tenace, lenfant dou nest pas le
mieux plac pour russir son parcours scolaire. De
fait, on rencontre de plus en plus dlves, considrs
comme trs intelligents, qui chouent dans certaines
matires, sans que lon en dcle dans un premier
temps les causes.
Les bulletins scolaires refltent bien cette diffi-
cult identifier le malaise. On y lit : enfant intelli-
gent, mais tourdi , enfant intelligent, mais
montrant des difficults de concentration , enfant
intelligent, mais nayant pas lesprit scolaire ,
332/704
La trahison de lcole
Lcole devient alors le lieu de tous les dangers :
tout moment, ils risquent dtre confronts un ex-
ercice, un travail, une ralisation quils seront incap-
ables de mener bien, tandis que leurs camarades les
excutent comme en se jouant. Eux qui avaient bien
remarqu quils parlaient beaucoup mieux que la moy-
enne de leur classe, quils savaient dj plus de choses
et quils sintressaient quantit de sujets que les
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Un rpit phmre
Un entourage scolaire comprhensif tient parfois
compte du niveau verbal si lev : la matresse a re-
marqu que cet enfant un peu particulier savait dchif-
frer, crire le nom de tous ses petits camarades de
classe, quil calculait dj avec aisance, quil possdait
une grande imagination ; avec sagesse, elle en a con-
clu quil serait plus heureux en primaire.
Contre toute attente, en dpit des prdictions
alarmistes de certains, cet enfant maladroit va se sentir
infiniment plus son aise en CP. Enfin, il en a termin
avec ces jeux sans intrt, enfin il va apprendre vrita-
blement des choses utiles.
343/704
Lpreuve du rel
Il semble facile dincriminer lomniprsent or-
dinateur, qui met en place des automatismes nayant
aucun rapport avec les gestes de la vie courante : un
enfant habile en construction sur cran ne saura pas
empiler correctement trois cubes, et il est bien vrai que
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Un esprit sain
dans un corps sain
(Hlne Catroux)
Les enfants dous manifestent souvent une mal-
adresse caractrise dans le domaine moteur. Ce
phnomne a t mis au jour par Jean-Charles Ter-
rassier, qui a clairement dfini chez les sujets haut
potentiel une dyssynchronie de dveloppement entre
lintelligence, la psychomotricit, laffectivit et la so-
ciabilit. Autrement dit, il semblerait quune rapidit
intellectuelle hors norme handicape le sujet, dont les
capacits motrices, notamment en matire dcriture,
ne sauraient suivre le mme rythme.
Or les recherches menes par le Pr Laurence
Vaivre-Douret1 sur la construction des fonctions
neurophysiologiques permettent aujourdhui davancer
lide que la dyssynchronie ne serait pas le lot des
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Dj, in utero
Ds 1997, le Pr Laurence Vaivre-Douret rap-
pelait que tout individu reoit, au cours de son volu-
tion, des informations provenant de ses propres per-
ceptions comme de lenvironnement. La mise en
uvre des systmes sensoriels tout ce qui relve du
got, de lodorat, de loue, du toucher et de la vue,
mais aussi du systme vestibulaire, soit celui qui, dans
loreille interne, gre lquilibre seffectue ds la vie
utrine, dans un ordre prcis. Ces systmes senrichis-
sent mutuellement et progressivement, si bien que lon
peut avancer que lexprience acquise dans le ventre
de la mre participe lorganisation des structures
neurophysiologiques crbrales.
On se rend compte, selon Laurence Vaivre-
Douret, que, par la suite, un bon fonctionnement
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La pdagogie du concret
Les recherches exposes plus haut sont dun
grand recours quand il sagit dorienter les
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En classe
Rduquer lattention par des exercices de percep-
tion en projet de conceptualisation. Certaines er-
reurs de comprhension sont provoques par une
coute parasite, une lecture trop rapide ou une
mauvaise observation : tre ici et maintenant dans
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Au quotidien
Grer la prcipitation du geste.
Grer le temps.
Savoir se recharger en nergie positive.
52
Le perfectionnisme
ou le got de labsolu
(Arielle Adda)
Nul nest plus perfectionniste que lenfant dou,
ce qui aux yeux des autres est un gage de qualit : un
perfectionniste se satisfait uniquement dun travail
idalement excut, il est prt le recommencer sil
nest pas content du rsultat, quitte y passer un peu
trop de temps.
Et alors, ne manquera-t-on pas de faire re-
marquer, comment se fait-il que ces enfants, tellement
soucieux de leurs ralisations, crivent si mal et
rendent si souvent des devoirs constells de taches et
de ratures ?
368/704
52
La peur de lvaluation
(Hlne Catroux)
Le don va de pair, on la vu, avec une extrme
lucidit et la conscience aigu de ses propres limites.
Si lon ajoute cela des rsultats scolaires souvent
mdiocres au regard des capacits relles, on com-
prend que lvaluation, quelle quen soit la forme
interrogation-surprise, contrle mensuel, test rcur-
rent, examen de fin danne induise souvent des
rejets.
Dsamorcer la terreur
Lvaluation qui ne prend pas en compte ce
quest llve dans sa vrit devient jugement. En d-
coule un grand stress, dont les consquences peuvent
aller de la paralysie intellectuelle Lors des con-
trles, je narrive pas me lancer. Jai peur de faire
faux , Brusquement, ma tte se vide, je suis noue,
je peux mme mvanouir jusqu la phobie scol-
aire. Certains lves sont ainsi frapps dinterdiction
de notes afin de pouvoir retrouver le chemin de
lcole.
388/704
52
Latteinte de lidentit
(Arielle Adda)
[Ce] rire tremp de pleurs quon
ne voit pas
Charles BAUDELAIRE,
La Muse vnale , in Spleen et
Idal
Lintgration sociale
Dans cette rude preuve quest parfois la scolar-
it, les enfants dous ont deux faons de ragir, en
fonction de leur caractre et de la primaut quils ac-
cordent un mode de vie en particulier.
Ceux qui sont plutt conciliants, qui privilgient
lharmonie et dtestent les conflits, les relations
agressives, apprennent satisfaire leur soif de con-
naissances de quelques miettes denseignement, dis-
penses avec la parcimonie que lon sait. Pour sen
contenter sans ressentir une trop grande frustration, ils
agrmentent ce maigre aliment de condiments plus
gais, tels que les copains, les jeux, la rcration, par-
fois le sport pour les plus heureux. Ils discernent le
bon ct de lcole et y apprcient tout ce qui leur
plat, sans tre obligs de trop sacrifier leur nature pro-
fonde ; ceux-l, la scolarit laissera un souvenir
407/704
Un justicier passionn
Entre ces deux positions si tranches, il existe
des nuances. Un lve peut ainsi passer dune
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52
La tentation du suicide
(Arielle Adda)
Un des sujets qui ont la faveur des mdias est
celui du suicide des jeunes, surtout quand ils sont dits
dous . Statistiques lappui 10 % affirme-t-on ,
on aime dmontrer quils sont nombreux sy tre
essays Ce chiffre inquitant prouverait lvid-
ence que ces enfants ne sont pas trs solides et que
lon peut toujours sattendre des comportements ab-
errants de leur part.
Citer ces chiffres, par ailleurs difficiles vrifi-
er, est cependant risqu : si lon connat le nombre des
enfants dous de manire statistique, comment peut-on
affirmer avec certitude quun enfant qui sest senti
profondment dcourag et a perdu toute nergie et
toute foi en lui est surdou ? On le teste sitt quil sort
de ranimation ? On reconstitue les rponses quil
aurait pu donner aux tests pour mesurer son QI ?
437/704
Limpossible mirage
Rptons-le satit : les enfants dous sont,
tout la fois, trs imaginatifs, trs sensibles et trs lu-
cides : quand les circonstances sy prtent, ces capa-
cits runies leur font voir lavenir sous un jour peu
attrayant. Leur clairvoyance les empche de saveu-
gler sur leur force ; ils se savent faibles, ignorants, vic-
times dsignes des forts, des brutaux, comme certains
de leurs camarades qui samusent les harceler
la rcration. Le monde extrieur est peupl de ces in-
dividus fiers de leurs muscles, mprisant les plus fra-
giles et ne sembarrassant pas de remords ; si, pour
agrmenter le tout, on leur ajoute un brin de per-
versit, la vie en socit ne parat pas trs sduisante.
438/704
Le vertige du gouffre
Malgr lattitude dtermine de lenfant mo-
mentanment fch avec lexistence, lide de mort
nest pas profondment ancre en lui. Dormir lui a
sembl un instant le seul recours son malheur, et il le
dit, avec la vhmence quil met en toute chose. Son
malaise est trop grand, il lui faut un remde la
mesure de ce poids qui ltouffe Une ternit de
442/704
La sanction du courage
Se souvenir de ce moment douloureux quon a
donc su surmonter prouve quon possde plus de
forces quon ne le pensait et constitue un bon indice
pour sassurer quon saura dsormais affronter les
obstacles, en puisant en soi une nergie inconnue
jusque-l, quon aurait en quelque sorte garde en
rserve pour les jours difficiles. Parfois, cette rserve
est trop bien cache : on tait tout prs doublier son
existence, aucune lueur ne lindiquait, qui aurait mi-
raculeusement trou au moment opportun les tnbres
environnantes dun ple reflet, signifiant que l rside
lespoir. Plutt que de se cogner dsesprment aux
murs de ce sombre boyau, il est plus sage de sarrter,
446/704
52
Du bon usage
de la psychothrapie
(Arielle Adda)
Quand on tudie de plus prs les difficults pro-
pres aux enfants dous, et la faon parfois si
douloureuse dont ils les vivent, le recours la thrapie
semble tout indiqu. Et pourtant
Voil des enfants qui souffrent et dont les par-
ents sont trop proches, et trop impliqus dans leur his-
toire, pour les aider efficacement. En outre, on sait que
ces sujets pntrants et sensibles prfrent mnager
leur entourage et taire leurs soucis plutt que de mettre
en vidence limpuissance des leurs les aider.
Nous avons dit comment on traitait parfois leur
diffrence, tentant de laplanir ou de lradiquer sous
prtexte dintgration sociale. Dans cette optique, ce
dcalage est mme parfois peru comme
449/704
Lternel malentendu
Ces rticences ne signifient pas que tous les
mcanismes prsidant ldification de la personnalit
soient diffrents chez les enfants dous, mais quils
sorganisent souvent autrement, les primauts ntant
pas les mmes. Ainsi, le souci de perfection peut tre
dune intensit difficile imaginer, et la contrainte
quil impose beaucoup plus douloureuse quon ne le
conoit ordinairement, sans quil y ait dlment vrit-
ablement pathologique dans ce systme. Les rivalits
458/704
52
La confusion identitaire
(Hlne Catroux)
De nombreux lves surdous ont besoin de
comprendre quel(s) niveau(x) se situe leur problme.
Leur extrme sensibilit linjustice, leur manque de
confiance en soi amplifi par la conscience des lim-
ites humaines , la finesse et la rapidit de leur intelli-
gence les exposent plus que dautres tomber dans la
confusion lors de lanalyse du problme.
Comment se repositionner ?
Gregory Bateson, lun des crateurs de la Pro-
grammation neurolinguistique (voir document de
prsentation en fin de chapitre), propose danalyser
une situation en observant ce qui se passe diffrents
niveaux :
469/704
identit : Je suis ;
croyances : Les mots me jettent un sort quand je
veux lire, je ny arrive pas , Les langues ne sap-
prennent quen vivant dans le pays . Souvent, les
croyances sont construites par des valeurs du type :
Il est impossible de trouver une amie fidle (je
pense une jeune fille qui a de hautes exigences
damiti) ;
capacits-stratgies : ressources intellectuelles,
procdures
comportement : refus, colre
environnement : lieu, conditions
Prserver lidentit
Au cours de ce type de travail, consistant
trouver le niveau o se situe le problme, je constate
que llve est soulag de voir que ce nest pas
lHimalaya : il suffit la plupart du temps de mettre
de lordre dans sa mmoire, de se mettre dans un pro-
jet de comprhension et dapplication ou de sentran-
er un minimum pour entrer dans la forme de la
restitution (voir Apprendre grer la rapidit men-
tale, p. 85). On passe ainsi trs facilement de Je suis
nul en Maintenant, je sais comment me posi-
tionner au cours, o une demi-heure de travail suffira
pour atteindre mon objectif ; je sais dsormais quelle
stratgie mobiliser .
Lenfant dcouvre que changer lautre est im-
possible, mais que lon a le pouvoir de changer son re-
gard sur les gens ou sur les choses, davoir dautres
475/704
52
Quatrime partie
Le rle des parents
52
Trouver le juste quilibre
(Arielle Adda)
Une fois que les parents ont pris la dcision de
faire passer un test leur enfant, ils ont souvent lim-
pression davoir enclench un processus risquant de
leur chapper. Ont-ils eu raison de laisser leur enfant
passer un examen, peut-tre barbare et traumatisant ?
Ils se souviennent quon leur a fortement dconseill
cette entreprise et quils ont d se forcer surmonter
leurs rticences pour la mener jusquau bout : une
petite voix perfide leur murmurait doucereusement
quils staient engags dans une dmarche
dangereuse, que leur enfant la leur reprocherait peut-
tre toute sa vie et que, dsormais, cen tait fini de
leur tranquillit Cette voix sournoise traduit leur an-
goisse et leurs doutes, mais aussi les penses en-
vieuses de ceux dont lenfant nest pas dou ce
quattestent la fois un langage enfantin, des gots
486/704
Lre de la perplexit
lcoute des conclusions du test, ils sont
partags entre un certain plaisir savoir que son en-
fant se situe dans les 2 % ou 2 de la population
nest pas forcment dsagrable entendre et une
crainte pouvantable sauront-ils alimenter comme il
convient cet extraterrestre au mtabolisme inconnu ?
Leur perplexit absolue peut tre paralysante. Cest ce
qui rend indispensables les associations. L, ils
peuvent changer leurs expriences, partager leurs an-
goisses avec dautres, plus avancs queux dans la
voie escarpe que doivent suivre les parents denfants
487/704
Le refus du don
De fait, les choses sont rarement trs simples
avec les enfants dous, mme quand leur spcificit a
495/704
52
Accompagner lenfant
(Arielle Adda)
lannonce de bons rsultats au test, certains
parents, persuads que leur niveau intellectuel est
moindre, sinquitent, saffolent, et surtout se sentent
dmunis. Pourtant, il faut savoir que ce QI est
gnralement une caractristique familiale mme si
les indices de nature le prouver ont t si bien
touffs quon a fini par ngliger, voire enterrer, cet
aspect. Une saine comprhension des choses comme
une juste rpartition des rles suffisent le plus souvent
crer un climat propice lpanouissement de tous.
Limportance de la loi
Quoi quil en soit, se laisser impressionner par
un chiffre hors norme nest pas une attitude trs con-
structive. Rptons quun enfant, si dou soit-il, reste
502/704
Le rle du pre
Lorsquon voque les parents , on imagine le
couple menant de concert ce rude combat quest ldu-
cation dun enfant. Dans la ralit, il y a bien entendu
508/704
Le rle de la mre
Les mres sont souvent plus patientes, mais
cest alors un autre pige qui se profile : lenfant peut
se contenter dune coute distraite encore plus dis-
traite en classe, assur de revoir le cours avec sa
mre, qui lui expliquera ce quil na pas compris. Peu
peu, il sappuie de plus en plus sur cette bquille
toujours prsente et il ne fait mme plus leffort de
suivre le cours. Chacun sait quil aura la tentation de
se montrer moins pointilleux sur son orthographe sil
est assur quun correcteur, dont cest le mtier,
reprendra tout le texte et traquera la moindre erreur.
Lenfant que lon aide en permanence se trouve con-
stamment dans cette situation, si bien quil ne sait plus
514/704
52
Le suivi scolaire
(Hlne Catroux)
Remplir la fonction de parent en permettant
son enfant de devenir ce quil est en puissance est un
vrai dfi. Particulirement une poque o rgne une
grande confusion au niveau intellectuel comme en
matire de valeurs. Les parents que je rencontre lors
de consultations, de confrences ou de formations sont
tous anims dun grand dsir de faire au mieux pour
leur enfant.
Juste un peu.
Tu as raison, ces quelques minutes vont te
rapporter gros. Tu nas pas besoin de ta mre pour
faire ce travail, et nous pourrons lui dire quelle peut
te faire confiance : tu es un garon srieux et
responsable.
52
La vie en famille
(Hlne Catroux)
La maison est le lieu de tous les dangers : on
voudrait y prserver la paix familiale, mais on doit
aussi y poursuivre lveil et lducation dun enfant
souvent rtif aux contraintes ; on aspire lcouter,
laider, le comprendre, mais il faut aussi se faire
lcho des exigences lgitimes de lcole et de la
socit ; on aimerait privilgier la libert de cet enfant
imaginatif, cratif, passionnant, mais on doit fonder et
enseigner la loi, ne serait-ce que pour encadrer et
rassurer cette intelligence rare qui, plus que toute
autre, a besoin de rgles et de limites. Un travail
dorfvre
538/704
Poser la rgle
Parce quil a besoin que tout fasse sens, lenfant
dou se place dans un incessant questionnement. Cela
peut tre un pige dans la vie quotidienne, et par-
ticulirement lorsquil faut poser des interdits. Il est
juste de lui donner toutes les informations pour quil
puisse comprendre le pourquoi de linterdit, mais il
faut ensuite se donner le droit de ne plus rpondre aux
questions et rester trs ferme sur la rgle, sur les lim-
ites qui ont t poses. On peut tenir les propos
suivants : Retrouve dans ta mmoire ce que nous
avons dcid et pour quelle raison. Inutile dy re-
venir. Quand il y a eu un dialogue permettant que la
consigne, linterdit, fasse sens, le problme se lve la
plupart du temps.
La pdagogie du contrat peut aider grer des
situations simples ou plus complexes, telles que : as-
surer une responsabilit, se situer dans le temps
heures de sortie avec les copains , organiser son
temps.
539/704
Le pige de la rivalit
En extension de ce besoin de questionner, il est
important de traiter un autre aspect du relationnel : la
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Lexigence du concret
Une dernire observation : il y a souvent chez
lenfant dou un cart important entre sa capacit
jouer avec son intelligence et sa capacit prendre en
charge la vie concrte. Cest comme si cela navait pas
de sens. Il me semble important de le solliciter de
manire quil puisse participer avec intrt au quotidi-
en, et de le responsabiliser. Les tches manuelles con-
stituent un excellent entranement ladresse et per-
mettent mme, quelquefois, dexercer sa crativit.
Lancrer dans la terre me semble lui rendre un ser-
vice vital. Bien sr, tout est dans le dosage, et il faut
savoir accepter qu certains moments il fasse sa
faon. Jai par ailleurs constat que faire prendre con-
science aux plus jeunes (mais cest valable tout ge)
du dcalage existant entre la pense de laction et
laction elle-mme vitait des maladresses : Je
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52
La relation aux autres
(Hlne Catroux)
Sil est un domaine difficile travailler chez les
enfants dous, cest celui du relationnel. En la matire,
trouver le positionnement adquat est plus complexe
qutablir le bon accompagnement de lintellect.
La crainte de se distinguer
Une remarquable acuit danalyse du comporte-
ment dautrui, une perception trs fine de ce quil re-
prsente ou non aux yeux des autres, une extrme
sensibilit la faon dont on laccepte ou lexclut
peuvent ainsi fragiliser lenfant.
Les ides
Lenfant en qute de sens se met en situation de
recherche dinformation, afin de trouver des solutions,
mais il ne supporte pas de devoir attendre, dtre con-
traint de passer par des tapes incontournables pour
avoir accs la comprhension. En classe, cest
552/704
Les choses
Son esprit dinvention et sa crativit peuvent
donner lenfant lillusion quil est en mesure de
trouver une solution technique permettant que loutil
agisse comme il le dsire. La confrontation avec la
ralit est vcue comme un chec, qui peut lui inspirer
une violence la mesure de son impuissance. Dans
cette situation, il aura besoin de beaucoup de compas-
sion de la part des adultes pour valuer que son im-
puissance est momentane et ne pas remettre en cause
de manire radicale son intelligence et ses pouvoirs. Je
recommande quil puisse exprimer sa colre, puis se
calmer cest l que certaines techniques de relaxa-
tion peuvent jouer un rle pour prendre de la distance
553/704
Les personnes
Sa perception rapide des situations, son puissant
scanner du comportement des personnes peuvent
tre utiliss pour manipuler trs subtilement ces
dernires son profit ou pour le seul plaisir dexercer
sa puissance. Cest ce qui se joue parfois dans les rela-
tions familiales : le pre contre la mre, les parents de
son ct contre les autres membres de la fratrie, la fa-
mille contre lcole. Dans cette situation, il est urgent
de se poser, de prendre de la distance pour analyser
linterrelationnel et faire subtilement savoir, par le bi-
ais de messages au deuxime degr, quon ne se laisse
pas piger. On gagnera oprer avec beaucoup de re-
spect, en montrant que chacun a le droit davoir ses
opinions et que, en tant que parent, on peut entendre
554/704
52
Cinquime partie
Ladulte dou :
trouver son chemin
52
Quand ladulte
se dcouvre dou
(Arielle Adda)
Les combats incessants mens par les enfants
dous ne sapaisent pas toujours lge adulte. On
dira, bien entendu, que la vie est un combat pour tout
un chacun et que personne, jamais, ne gote en per-
manence les dlices dune existence unie, plane et in-
souciante. Mais l nest pas la question.
Le propre du sujet dou est de vivre diffrem-
ment les vnements diffrence parfois subtile, in-
fime, impossible dfinir, surtout par celui qui ne res-
sent pas les motions de la mme faon que ses
voisins. On verra combien sa logique rigoureuse lui
permet davoir une vision plus long terme et plus
vridique des vnements venir ; on comprendra
aussi pourquoi il risque, plus que dautres, de se
558/704
Et la lumire fut
lappui de ce propos, on peut voquer, pour
mmoire, la magistrale tude entreprise en 1921 par
Lewis Madison Terman, professeur de psychologie
lUniversit de Stanford, sur le devenir de 1 528 en-
fants reconnus comme intellectuellement dous. Cette
tude a t poursuivie par ses collaborateurs et succes-
seurs jusquen 1999. Il sagissait donc denfants dous
identifis, et il est avr que cette meilleure perception
de soi est essentielle pour une vie russie. Jean-
Charles Terrassier et le Dr Alain Gauvrit lvoquent
dans leurs travaux sur les enfants dous.
Rcemment, une enqute mene par le
Dr Annick Bessou1 auprs de 28 sujets gs (moyenne
559/704
Le poison de la jalousie
Beaucoup de jeunes femmes ayant t des en-
fants doues sans le savoir stonnent des ractions
surprenantes de leur entourage : des amies les
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Lart de la culpabilisation
crase par cet assaut dagressivit, elle se sent
aussi trahie : le voile illusoire de lamiti, de la confi-
ance et de la scurit se dchire sous les coups dun
stupfiant assaut de critiques meurtrires et de re-
proches sans appel. Qui plus est, elle naime pas se
dfendre : ce serait comme tenter de justifier une
cause qui ne serait pas si claire. Et puis ses blessures
sont trop vives, et la douleur lui fait perdre de son
acuit desprit.
Dailleurs, elle sent confusment que ces at-
taques jouent sur deux niveaux : lexprim et
573/704
Un terrain favorable
La tentation est grande, pour les candidats tor-
tionnaires, de sappuyer sur la qute de perfection ani-
mant les personnes doues, dautant plus vulnrables
que cette qute ne peut jamais tre pleinement
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Lenfer conjugal
Dans les relations de couple, un systme
semblable peut galement sinstaurer : il est si facile
de trouver un dtail reprocher la meilleure des
matresses de maison. Celui qui prend le pouvoir et
occupe la place du plus fort peut toujours se dfendre
en disant quil est peu exigeant et quil se contente du
minimum, mais cette apparente gentillesse ne lem-
pchera pas de sindigner, sur un ton de bonne foi
douloureusement surprise, dun manquement infime,
que seul son il exerc de pervers aura remarqu.
Dans le mme temps, pour mieux dsarmer sa
victime, il voquera les malheurs qui lont accabl
depuis toujours : len croire, son existence naura t
583/704
Bienheureuse rsilience
Si les individus dous constituent des proies
idales pour les pervers sans motions qui cherchent
les massacrer, ils possdent aussi cette capacit de
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52
Se dcouvrir enfin tel quon
est
(Arielle Adda)
On est toujours surpris quun tel nombre de gens
intelligents ne soient pas du tout persuads de leur
don ; pour un peu, on les taxerait de coquetterie :
sachant bien, au fond deux-mmes, quils sont dous,
ils quteraient tout simplement les compliments, et
lon serait bien bte de marcher dans leur jeu et de les
flatter.
Et pourtant Les enfants ne croient pas leurs
parents quand ceux-ci leur rptent inlassablement
quils possdent une belle intelligence. Ils pensent
mme que ce genre de remarque recle un pige du
genre Puisque tu es intelligent, tu peux russir en
classe , ou bien que leurs parents, aveugls par leur
amour, ne voient pas leur enfant tel quil est
600/704
Un malaise indfinissable
Les annes passent, lenfant qui a du ses par-
ents fait tout de mme quelques tudes, il suit un
chemin semblable celui de ses camarades, trace sa
voie dadulte, construit sa vie professionnelle, senti-
mentale. Il parvient un mode de vie peu prs satis-
faisant et na donc aucune raison de se sentir mal.
Pourtant, il a tendance faire des histoires, il nest ja-
mais content, il y a toujours quelque chose qui le con-
trarie. Les sources de cette insatisfaction, tellement
floue quon ne peut la cerner, restent elles-mmes
601/704
Sidentifier soi-mme
On se souvient quun bb se voyant pour la
premire fois dans un miroir ne sait pas quil regarde
son reflet : il croit quil sagit dun autre enfant et va
le chercher derrire ce miroir farceur. Il est possible
que lhomme garde toujours une trace de cette incerti-
tude : un miroir ne renvoie pas limage que peroivent
les autres, mais celle, brouille par les alas de
604/704
Aprs lillumination
Il ne reste plus qu saccoutumer cette nou-
velle image de soi, tout comme si les lments dun
puzzle, qui nauraient jamais t parfaitement ajusts,
se mettaient soudain en place sans la moindre
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capacits intellectuelles des petites filles, du moment quelles restent dans une
honnte moyenne lcole.
52
Sinscrire dans le monde
(Hlne Catroux)
Les adultes qui ont t des enfants dous non re-
connus et nont pas eu la chance dtre aids faire
fructifier leurs dons restent blesss : ils ont souvent du
mal trouver leur juste place dans le monde profes-
sionnel et dans la socit.
La plupart du temps, ils se reconnaissent tra-
vers leurs enfants. Mais leurs ractions sont diverses.
Certains refusent de reconnatre la surdouance de leur
enfant, car, la seule vocation dune telle probabilit,
une vague dferlante porteuse de vcus destructeurs
les engloutit : Je ne veux pas que mon fils vive ma
galre. Dautres affrontent la ralit et cherchent un
accompagnement pour leur enfant, afin quil puisse se
construire harmonieusement. Trop nombreux sont
ceux qui restent en chec (un tiers, environ). Esprons
que linformation donne sur ce sujet permettra de
617/704
Trouver sa place
Recevoir des adultes pour quils puissent faire
une autre lecture de leur chec et trouver avec eux
comment se reconstruire, en fonction de leurs vraies
inspirations et de leurs ressources, est toujours pour
moi source de beaucoup dmotions. Un tel travail ap-
porte aussi des clairages pour prvenir les checs
scolaires des jeunes lves dous, et plus particulire-
ment dans la recherche dune orientation profession-
nelle pour les lycens. Faire un choix est un acte diffi-
cile pour tout tre humain, mais, quand les dons et les
intrts sont multiples, le choix devient mission
impossible
Il me semble trs important que la recherche
dune orientation professionnelle se fasse partir de
ce qui anime profondment la personne, et non pas
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Restaurer la confiance
Ces quelques tmoignages ne prtendent pas d-
montrer que la proposition que je fais peut correspon-
dre tous les types de besoins. Elle a seulement le
mrite de contribuer la restauration de soi certaines
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2- Il va sans dire que je ne prtends pas pouvoir rgler ainsi tous les
problmes de dyslexie
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pilogue
634/704
Proposer
Proposer, cest donner aux lves des lments
qui permettent de savoir quoi le cours va servir, do
lon part et o lon veut arriver : le plan du cours. Cela
est ncessaire pour se mettre dans un projet dacquisi-
tion qui fasse sens.
Pour certaines activits, llve pourrait laborer
des plans de travail. Certains cours sont prpars par
des recherches en quipe.
Questionner
Il sagit de crer une interactivit, vritable en-
traide pdagogique, de donner le droit lerreur et la
recherche. Quel est le statut de llve ? Quel pouvoir
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viter la rptition
Il faut apprendre choisir des exercices appro-
pris ses besoins et surtout bien raliser quun exer-
cice peut suffire pour comprendre et sentraner.
Llve peut aussi inventer des exercices qui serviront
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Une cole
Cette cole a t cre en suisse en 1997 par un
groupe denseignants ayant fait le choix dune pdago-
gie personnalise et de la gestion mentale (en
rfrence aux travaux dAntoine de La Garanderie).
Jai t invite participer cette aventure et jy ap-
prends beaucoup. Ce qui est intressant est quelle na
pas t cre spcifiquement pour des sujets dous,
mais pour que des lves plus ou moins en difficult
dans des coles traditionnelles puissent se restaurer et
se remotiver, afin de russir leur parcours scolaire.
Beaucoup denfants sont attirs par lenseignement
personnalis. Cest peu peu que nous avons accueilli
des lves haut potentiel (terme adopt en
645/704
Proposition pdagogique
Notre proposition pdagogique est la suivante :
Le sas
Une structure trs importante a t mise en place
depuis deux ans : il sagit du sas pdagogique , an-
im par des enseignants (particulirement par la dir-
ectrice) ayant de multiples comptences, tant dans les
disciplines quen gestion mentale et en psychologie.
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52
Questions frquentes
Les Tests
Le test de QI suffit-il ?
Oui, pour faire un diagnostic. Pour rpondre
diffrents besoins, des prises en charge spcifiques
pourront tre indiques (voir Lenfant et les parents
face aux tests et Reconnatre son don).
Il est quoi quil en soit prfrable de profiter de
lopportunit pour pratiquer galement un test de per-
sonnalit, toujours dlicat dissocier du test de niveau
intellectuel, les deux preuves se compltant : latti-
tude durant la passation du test de niveau peut trouver
une explication dans le test projectif autre dnomin-
ation du test de personnalit : lenfant se projette dans
ses rcits
En outre, un examen de la personnalit permet
de rpondre largument massue de certains pd-
agogues : Il est peut-tre dou intellectuellement,
mais il na pas la maturit desprit suffisante , pour
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La famille
Doit-on annoncer le rsultat des tests la
fratrie ? Risque-t-elle de se sentir infrieure ou moins
aime ? Faut-il tester galement les frres et surs ?
Comment grer les ventuelles jalousies ?
Dune faon gnrale, un examen psychologique
apportant de prcieuses informations sur un enfant se
rvle toujours utile. Comme on ne mentionne pas le
QI prcis, bien des questions nont plus lieu dtre.
Dans une mme famille, les rsultats sont le plus
souvent trs proches. On parle alors des spcificits de
chacun ; de toute faon, on ne peut comparer des
675/704
Lcole
52
Adresses utiles
AFEP
(Association franaise pour les enfants prcoces)
13 bis, rue Albert-Joly 78110 Le Vsinet
01 34 80 03 90
Reprsentation dans les rgions
www.afep.asso.fr
[email protected]
AVENTURES SCIENTIFIQUES
Organise des sjours de vacances thmes, prin-
cipalement scientifiques
3, rue de Bivre BP 52 92340 Bourg-la-
Reine
01 41 98 65 70
www.altair-sciences.com
ANPEIP
(Association nationale pour les enfants intellec-
tuellement prcoces)
683/704
04 93 92 10 53
Reprsentation dans les rgions
www.anpeip.org
ASEP
(Association suisse pour les enfants prcoces)
Reprsentation dans diffrents cantons
[email protected]
www.asep-info.ch
ECHA
European Council of High Ability
www.wingsseminar.ch
Formation de spcialistes dans le domaine de la
surdouance
EUROTALENT
15, rue Barillet-Deschamps
37000 Tours
www.enrotalent.org
684/704
GESTA
(Groupe dtudes sur les thories
dapprentissage)
11, rue Daguerre 75014 Paris
01 45 38 67 13
Consultations pour enfants et adultes dous
(mthodologie personnalise, remotivation) ; smin-
aires pdagogiques pour adultes
MENSA
Sadresse aux adultes et aux enfants
20, rue Lonard-de-Vinci 75116 PARIS (ad-
resse postale)
Reprsentation et groupes dans toutes les
rgions
www.mensa.fr
WINGS
Zurich
www.wingsseminar.ch
Sminaires, rencontres internationales
685/704
52
Bibliographie
ADDA Arielle, Le Livre de lenfant dou, Solar, 1999.
BARTH Britt-Mari, Le Savoir en construction, Retz,
1994.
CHAUVIN Rmy, Les Surdous, Stock, 1996.
CTE Sophie, Dou, surdou, prcoce, Albin Michel,
2002.
DAVIS Ronald D., Le Don de dyslexie, La Mridienne,
1995.
ESSER Monique, La PNL en perspectives, Labor,
1993.
GREBOT Elizabeth, Images mentales et stratgies
dapprentissage, ESF diteur, 1994.
GRUBAR Jean-Claude, DUYME Michel et Cte, Soph-
ie, La Prcocit intellectuelle : de la mythologie
la gntique, Mardaga, 1998.
JEANNEROD Marc, Le Cerveau intime, Odile Jacob,
2002.
687/704
52
Remerciements
Les auteurs souhaitent en premier lieu remercier
chaque enfant, adolescent, adulte rencontr, mais aussi
les parents, les enseignants et les chercheurs pour ce
quils leur ont appris et permis de comprendre.
Leur gratitude va galement tous les amis qui
les ont soutenues, accompagnes, encourages dans
cette aventure de lcriture.
Hlne Catroux tient exprimer tout par-
ticulirement sa reconnaissance Antoine de La
Garanderie, qui lui a fait dcouvrir la gestion mentale
et la guide et soutenue dans lapplication des travaux
de recherches.
52
Index
Absolu, got de l 1 2 3
Abstraction 1 2
Adolescence 1-2 3 4
Adulte 1 2 3-4
AFEP 1
Affectif, interaction avec le cognitif 1 2 3 4
ge mental 1
Alembert, Jean le Rond d 1
Ancrage 1
Angoisse 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Anorexie 1-2
ANPEIP 1 2
Anxit 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Application 1 2 3 4 5 6 7 8
Appliquant 1
Apprentissage 1 2 3 4 5 6-7 8 9 10 11
Appropriation de la connaissance 1 2
Arts 1
Assemblage dobjets 1
692/704
Assimilation 1-2 3
Associations 1
Attention 1 2 3 4
Auditif, codage mental 1
Autovaluation 1 2 3
Automatisation 1-2
Banque de donnes mentale 1 2 3 4 5 6 7 8
Bateson, Gregory 1
Bavardage 1 2 3
Bessou, Annick 1
Bettelheim, Bruno 1
Binet-Simon 1
Binet, Alfred 1
Bon sens 1
Bonhomme, test du 1
Boulimie 1-2 3-4
Brunet-Lzine 1
Calcul mental 1
Clins 1-2
Calligraphie 1
Cassandre, syndrome de 1-2
CAT 1
Cerveau 1 2
Charpak, Georges 1
Chiffres en sries 1
CNAM 1
Codage mental 1-2 3 4 5 6 7
693/704
Code 1
Cognitif, interaction avec laffectif 1 2 3 4
Cohrence, qute de 1 2 3 4 5
Colre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Collge du Cdre 1
Compltement dimages 1
Comportement 1
Comprhension 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Comprhension des situations 1
Concret, exigence du 1
Confiance 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16-17 18
19 20 21 22-23 24
Connaissances gnrales 1 2
Contrainte 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Convention 1-2 3 4 5 6 7
Cte, Sophie 1
Couple 1 2 3 4-5 6
Courage 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Crativit 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
CSA 1
Cubes de Kohs 1 2
Culpabilit 1 2 3 4 5-6 7
Curiosit desprit 1 2 3 4-5 6
Cyrulnik, Boris 1
Dpression 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Dsolation intrieure 1-2
Dsordre 1 2
694/704
Dessin 1
Diffrence 1-2 3 4 5 6 7 8-9 10-11 12 13 14-15 16 17 18
19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32-33
Discipline 1 2 3 4
Distraction 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Dolto, Franoise 1
Doute 1-2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Duss, fables de 1 2
Duyme, Michel 1
Dynamique de changement 1-2 3
Dyslexie 1
Dyssynchronie 1 2-3 4 5 6 7 8
chec scolaire 1 2-3 4 5 6 7 8
cole 1 2 3 4 5 6-7 8-9 10 11-12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22
coute, capacit d 1-2 3
ECPA 1
criture 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10-11 12
Effort, notion d 1 2 3 4 5-6 7
Ennui 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
nonc, lecture d 1 2 3 4
Espace, orientation dans l 1 2 3
Esprit critique 1 2 3 4
tourderie 1 2 3
valuation, peur de l 1 2 3 4 5-6 7 8 9
vocation 1 2 3
Examen psychologique 1 2-3 4
695/704
Expliquant 1 2
Expression crite 1
Famille 1-2 3-4 5-6 7
Fay, Dame de 1
Ferry, Jules 1
Folie 1 2
Fratrie 1-2 3 4
Gauvrit, Alain 1
Gavage 1-2
Harclement moral 1-2
Harmonie 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Haut potentiel 1 2 3
Hirigoyen, Marie-France 1
Hors-sujet 1 2 3
Humour 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Hyperinvestissement 1
Icare, tude 1
Identit 1 2 3 4 5-6 7-8 9 10
Images, arrangement d 1 2
Imagination 1 2 3 4 5-6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Impuissance, sentiment d 1 2 3 4 5 6
Incertitude 1 2 3
Indit, got de l 1-2 3
Injustice, sentiment d 1 2 3 4 5 6-7 8 9-10
Intgration, difficults d 1-2 3
Intelligence, lois de l 1 2 3 4 5 6 7 8
696/704
Intelligence, peur de perdre son 1 2 3 4-5 6 7 8 9-10 11
12 13 14 15
Interactivit 1 2 3 4
Introspection 1 2 3 4 5 6 7 8
Jalousie 1 2 3 4 5-6 7
Jausovec, Norbert 1
Jeu 1 2 3 4 5 6 7
Justice, sens de la 1 2 3 4 5 6-7 8 9-10
Kangourou, concours 1
Kawakira Jiro 1
Kierkegaard, Sren 1
Kinesthsique, codage mental 1 2 3 4 5
La Garanderie, Antoine de 1 2 3 4 5 6 7
La Garanderie, cole de Lausanne 1 2 3-4
Lacunes 1 2
Langage 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15-16 17
Lecture 1 2
Limbique, cerveau 1 2 3
Limite, notion de 1-2 3 4 5 6
Littrature 1
Logique 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Loi 1 2 3-4 5 6-7
Lucidit 1 2 3 4 5-6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Mal-tre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17-18 19
20
Malaise 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
20-21 22-23 24 25 26 27
697/704
Malentendu 1-2 3-4 5-6 7 8 9 10-11 12 13 14-15 16 17
Mathmatiques 1 2 3 4
Matrix 1
Maturit 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Mmorisation 1 2 3 4 5 6 7 8-9 10 11 12
Mensa 1 2 3
Mre 1 2 3 4-5 6
Mtaphysique 1
Mthode 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Modestie 1 2 3-4
Motricit 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Naugarten, chelle de 1
Ngation du don 1-2 3
Neurophysiologie 1 2 3 4
Neuropsychologie 1 2
Ordinateur 1 2 3 4 5
Orientation professionnelle 1-2
Originalit 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Orthographe 1 2 3
Orthophonie 1
Par cur 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Paradoxe 1 2 3 4 5 6 7 8
Paralysie mentale 1 2-3 4 5
Parasitage 1 2 3 4 5
Parents 1 2 3 4-5 6-7 8-9 10 11 12-13
Paresse 1-2
698/704
Passion 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
20
Patience 1 2
Patte Noire 1
Pdagogie 1 2 3 4 5-6
Pense magique 1 2
Pre 1-2 3-4 5
Perfectionnisme 1 2 3 4 5 6-7 8 9 10 11 12 13 14
Performances 1 2 3 4
Perspicacit 1 2 3 4-5 6 7 8 9 10 11 12
Phobie scolaire 1
Plaisir dapprendre 1 2 3 4 5 6-7
Play-Station 1
PNL 1 2 3
Processus mentaux 1 2 3 4 5 6 7 8
Profil pdagogique 1 2 3 4 5
Profondeur 1
Projet mental 1 2 3 4
Protection magique 1 2
Psychologie cognitive 1
Psychothrapie 1 2-3 4 5-6 7
Puzzle 1 2
QI 1 2-3 4-5 6 7 8 9 10 11-12 13 14 15 16
Questionnement 1 2 3 4 5 6 7-8 9
Raisonnement 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
18 19
Rapidit mentale 1 2 3 4 5-6 7-8 9 10 11 12 13 14
699/704
Rdaction 1 2 3
Redoublement 1-2
Rflexion 1 2 3 4 5 6 7 8
Refus du don 1-2 3 4
Regard des autres 1 2 3-4 5 6
Rgles 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12-13 14
Relation aux autres 1-2
Renoncement 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Rsilience 1-2
Responsabilits, sens des 1 2 3-4 5 6 7
Restauration de soi 1-2 3 4 5 6-7 8 9-10 11-12 13
Rvlation du don 1-2 3-4 5-6 7 8 9
Rey, figure de 1
Rivalit 1 2 3-4
Rythme mental 1 2 3 4 5 6 7
Sagesse 1 2 3-4 5 6 7 8 9
Saucet, Michel 1
Saut de classe 1 2 3
Scepticisme 1-2 3 4 5 6 7
Sciences 1
Scolarit 1-2 3 4 5-6
Sens, qute de 1 2 3 4 5 6-7 8 9-10 11 12 13 14 15 16
Sensibilit 1 2 3 4-5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Shneidman, E. 1
Similitudes 1
Simon, Thodore 1
Solitude 1 2 3 4 5 6 7
700/704
Sophrologie 1
Sport 1
Stanford-Binet 1
Suicide 1-2
Surchauffe mentale 1-2
Synchronisation 1 2 3
Tables de multiplication 1 2 3
TAT 1 2
Temps, notion de 1
Terman-Merrill 1
Terman, Lewis Madison 1
Terminologie 1
Terrassier, Jean-Charles 1 2 3
Test de personnalit 1 2
Test de QI 1-2 3 4 5-6 7 8 9 10 11 12 13 14-15 16 17 18
19 20 21 22 23 24 25 26
Toute-puissance 1 2 3-4 5 6 7-8 9 10 11-12
Transfert de comptences 1 2 3
Troubles du comportement 1-2
Tyrannie 1-2 3
Vaivre-Douret, Laurence 1 2-3
Verbal 1 2 3 4 5
Verbalo-auditif, codage mental 1 2 3 4
Visionnaire 1-2
Visuel, codage mental 1 2 3 4 5
Vittoz, mthode 1 2
Vocabulaire 1 2
701/704
WAIS 1 2
Wechsler 1
WISC 1 2 3 4 5
WPPSI 1 2 3 4
52
703/704
52
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