Mésologiques - La Chôra Chez Platon - Augustin Berque
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30/7/2017 Msologiques: La chra chez Platon / Augustin Berque
pour reprsenter la qute de la vrit par la philosophie. Logique du champ, de
linterdpendance et du
milie...
En somme, dans le texte du Time, topos correspondrait la question banalement factuelle : o est-ce ? , tandis 2017 (25)
que chra correspondrait une question beaucoup plus complexe, et ontologiquement plus profonde : pourquoi
donc cet o ? . De fait, lontocosmologie du Time commente la notion de chra, non celle de topos ; laquelle, au acosmie anthropocne architecture
contraire, fera lobjet dun questionnement trs prcis dans la Physique dAristote. Nous ne nous occuperons donc art biologie catastrophe chane
ici que de la chra. trajective Chine concrescence
contingence culture japonaise
dualisme cologie coumne
quelque chose ; particulirement : 1. espace de terre situ entre deux objets, intervalle : oude ti poll chr messegus (et humain Imanishi Japon langage
lemme lieu linguistique logique du
il ny a pas un grand intervalle au milieu, Iliade, 23, 521) 2. emplacement, place : olig eni chr (dans un petit
lieu logique du prdicat
espace (Iliade, 17, 394) 3. place occupe par une personne ou par une chose : place (quoccupe le ciel), lit (dun
mdiance milieu monde
euve), place (des yeux), place (dune construction), (me re en) place, (prendre sa) place, (tre une) place,
morale nature paysage plasticit
(demeurer en repos, se tenir sa) place, (laisser en) place, (rester en) place, (changer de) place (en places), (cder la)
posie potique Potique de la
place (pour quelque chose) 4. place marque, rang, poste : (sasseoir sa) place, (sen aller sa) place ; Terre prdicat prise ralit risque
particulirement place assigne un soldat, poste : (occuper son) poste, (tre leur) poste, (tomber, mourir son) sacr sciences du vivant sens
poste, (abandonner son) poste ; (tre repouss de, slancer de la) position quon occupe, (avoir une) situation spatialit spcit subjectit
(honorable), (occuper les plus grandes) places ; (tre au) rang (des esclaves, dun mercenaire), (tre rduit au) rang subjectivit sujet temps Terre
(des esclaves), (tre considr comme rien, navoir aucun) rang II. Espace de pays, do : 1. pays, contre, territoire ttralemme trajection
Umgebung Umwelt urbain urbain
territoire : h chr h A ik (le territoire de lA ique, Hrodote, Histoires, 9, 13) ; absolument h chra (ou h chr
diffus urbanisme
dans le dialecte ionien) : lA ique ; patrie 2. sol, terre 3. campagne, par opposition la ville ; do : bien de
campagne .
.
Comme le souligne le classement adopt par le Bailly, nous avons donc l, en sus de la notion dintervalle, deux
familles de sens. Dans la premire, chra signie lespace ou le lieu a ributifs dun tre quelconque, et ce en gnral,
cest--dire que cet a ribut peut tre physique (localisable dans ltendue) ou social (localisable parmi les rles
personnels). On a (echei) une certaine chra, comme on peut avoir un certain vtement (eima echein), ou des
cheveux blancs (polias echein), ou un casque en cuir de chien sur la tte (kunen kephal echein), etc. ; a ributs qui sont
donc plus ou moins dissociables de ltre plus ou moins de lordre du ser ou de celui de lestar, comme le
distinguerait lespagnol. tre repouss de ses positions , ek chras theisthai (Xnophon, Cyropdie, 7, 1, 36), cest
plus accidentel et moins essentiel que d tre nulle part en oudemia chra einai (Xnophon, Anabase, 5, 7, 28), i.e.
dtre considr comme rien ; et aller sa place , kata chran parienai (Cyropdie, 1, 2, 4), cest plus casuel et moins
destinal que de mourir son poste , en chra thanein (Xnophon, Hellniques, 4, 8, 39). Bref, en tant qua ribut
dun tre, la valeur ontologique de la chra semble variable.
Dans la seconde famille de sens qui nous importe ici, chra devient quelque chose de beaucoup plus concret,
singulier et prcis : cest la contre ou le territoire qui est propre une cit-tat (polis). Cest nommment la chra
dune certaine polis, comme lA ique lest pour Athnes, la Botie pour Thbes, la Laconie pour Sparte, etc. Plus
spcialement encore, cest la partie rurale de ce territoire, celle qui se trouve en dehors des remparts de lastu (la
ville proprement dite), et en de des conns inhabits, les eschatiai qui, en Grce, sont gnralement les montagnes
sauvages marquant la frontire entre deux cits. En somme, cest la campagne qui, rle indispensable, fournit ses
subsistances la polis, dont elle fait structurellement partie.
En outre, comme la mis en lumire un article fameux dmile Benveniste[5], contrairement au couple latin civis
(citoyen) / civitas (cit), o le terme primaire est civis, la civitas dcoulant de lassociation des cives, dans le couple
grec correspondant polits / polis, cest au contraire polis qui est le terme primaire et qui donc dtermine lexistence
du citoyen (polits), cest--dire de lhomme grec paradigmatique tel que Pricls ou Platon.
Il sensuit que, pour de tels tres humains, la notion de chra devait tre empreinte de connotations existentielles et
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vitales, dont il nous faudra tenir compte, hermneutiquement, dans le propos du Time.
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Ainsi donc empreinte et matrice, la fois une chose et son contraire, la chra na li ralement pas didentit. Lon ne
peut pas sen faire ide. Platon reconnat quune telle chose est dicilement croyable (mogis piston, 52 b 2), et
qu en la voyant, on la rve (oneiropoloumen blepontes, 52 b 3) ; mais il insiste sur son existence : dans la mise en
ordre (la cosmisation) de ltre, il y a bien, ds le dpart et la fois, ltre vritable, sa projection en existants, et le
milieu o ce e projection saccomplit concrtement en devenir, cest--dire la chra. Soit dans le texte platonicien :
on te kai chran te kai genesin einai, tria trich, kai prin ouranon genesthai (52 d 2), il y a et ltre, et le milieu et
lexistant, tous trois triplement, et qui sont ns avant le ciel (cest--dire avant la mise en ordre du kosmos, qui dans
le Time est identi louranos).
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de la pense que Platon a forclos. En eet, comme la crit Alain Boutot, en transformant, dans et par son
idalisme, la chra primitive en milieu amorphe qui reoit tous les corps, Platon occulte de manire dcisive la
dimension originaire de la spatialit comme contre (Gegend) qui tait perceptible au premier matin de la pense
[12].
Or pourquoi lidalisme du Time ne peut-il pas, ne peut-il plus saisir la contrit[13] (la Gegendheit) de la chra ?
Pourquoi ce troisime genre est-il aportique ? Parce que, dans le cadre de la pense qui se met en ordre (se
cosmise) avec Platon, et sinstitue en Rpublique, on en a ni avec le mythe. Autrement dit, avec la symbolicit ; du
moins, idalement. Dsormais, lon ne devra qutre ou ne pas tre, to be or not to be ; mais pas les deux la fois,
comme le sont les symboles, o A est toujours aussi non-A. Cest eectivement pour cela que les potes, gens du
symbole, sont bannis de la Rpublique platonicienne ; car la raison nous en faisait un devoir (ho gar logos hmas
hrei, Rpublique I, VIII, 609 b 3).
Cest ce e mme raison qui devait faire devoir la pense europenne doublier la chra, ce e empreinte-matrice
coupable de tiers inclus, car participant de ltre sans toutefois tre vraiment ; devoir, donc, de se contenter du topos
aristotlicien, lequel pour sa part va si bien avec la logique disjonctive, et non moins aristotlicienne, du tiers exclu :
vase immobile (aggeion ametakinton, selon la Physique, IV, 212 a 15), ne reste-il pas lui-mme alors que la chose
qui loccupait peut se transporter en nimporte quel autre topos tout en gardant sa propre identit par devers soi ?
Or cest ce e disjonction des identits ce e d-concrescence qui justement na pas lieu dans la chra, ce e
empreinte-matrice o ltre et son milieu participent lun de lautre Chose impossible, inacceptable pour la
raison ! Dsormais donc, la pense europenne sest fait devoir de ne poser que la question : o sont les choses ? ,
sans plus sinterroger, jusqu Heidegger, sur cet o qui tient de ltre, sans ltre tout en ltant...
Ce e aporie de la chra, elle nest pourtant rien que le fait du logos le fait de son exclusion du tiers. Cest une
aaire europenne. Les logiciens indiens, eux, ont ds le IIIe sicle labor les ttralemmes qui perme ent, au
contraire, dinclure le tiers ; soit, schmatiquement, les quatre lemmes : 1. A (armation) ; 2. non-A (ngation) ; 3. ni
A ni non-A (ni armation ni ngation) ; 4. la fois A et non-A ( la fois armation et ngation)[14].
Or le symbole nest autre que ce qui, dans les milieux humains cest--dire dans la chra , ralise le quatrime
lemme du ttralemme. Il est la fois A et non-A, le mme et lautre. Cest bien pourquoi le mcanicisme moderne,
dont lidal est litration du mme (la rptition de A), na de cesse dradiquer la symbolicit du monde ;
autrement dit de le dshumaniser, puisque les systmes symboliques sont inhrents lexistence humaine[15].
Eectivement, dans un monde mcanique, soumis au rgne de lidentit, la chra na pas sa place. Le dualisme en
particulier, qui confronte directement le sujet (A) lobjet (non-A), est incapable de prendre en compte la ralit des
milieux humains, ce e chra o croissent ensemble, en un troisime et autre genre , A et non-A, le mme et
lautre, ltre et le devenir. Mais force de forclore ce e mdiance des milieux humains, cest la possibilit mme de
notre existence que la Rpublique des machines est en train de bannir[16].
Publi par Yoann Moreau Libells : Augustin Berque, chra, concrtude, empreinte-matrice, espace, lemme,
Logos, principe d'identit, principe de contradiction, principe du tiers exclu, ttralemme, topos, troisime genre
ISSN 2267-723 Publi sous licence Creative Commons. Fourni par Blogger.
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