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OUVERTURE - I I
mentaires l'huile de ppins de raisin + resvratrol double
vertu hydratante/ anti oxydante. Vous validez la prconisation
par un lger hochement de la tte: la commande du produit
manquant s'opre via l'envoi d'une requte auprs de plate-
formes cosmtiques ddies dont l'offre la mieux-disante est
dj slectionne pour un achat confirm livrable sous qua-
rante-huit heures. Vous vous pesez sur votre balance qui indique
un poids de 744 grammes suprieur votre normale saisonnire;
diffrentiel consign par votre agent multifonction qui encadrera
plus svrement votre rgime alimentaire de la journe, vous
aidant le limiter un plafond de 2020 calories.
En gagnant votre cuisine, vous sentez qu'un th Earl Grey a
t prpar en concordance avec votre humeur, la diffrence
du caf arabica servi la veille. La composition suggre du petit
djeuner du jour s'affiche en lettres diodes lectrolumines-
centes incorpores la surface de votre rfrigrateur: 2 BIS-
COTTES+ MARGARINE+ CONFITURE GROSEILLE+ JUS DE
GRENADE+ 3 FIGUES SCHES. Un premier rayon de soleil
apparat: un bref rflexe de satisfaction est capt par le logiciel
d'interprtation motionnelle reli la lentille vido amovible/
panoscopique de la pice, information aussitt transmise sur le
serveur de votre psy traitant. Vous vous alimentez simultan-
ment la lecture de nouvelle~ qui dfilent page aprs page sur
votre tablette d'aprs vos prfrences prenregistres, l'histo-
rique volutif de vos navigations et votre niveau d'attention
mesur via le senseur tactile.
Une annonce sonore vous avertit qu'il est temps de vous vtir,
vous rejoignez grands pas votre dressing room. Plusieurs asso-
ciations combinatoires visuelles juges appropries s'exposent
sur votre mur-pixels: par formulation vocale vous stoppez l'une
d'elles que vous suivez des pieds la tte. Vous enfilez votre
manteau cachemire, passez la porte d'entre qui se referme
triple tour ds le seuil franchi par signalement photolectrique
OUVERTURE - 13
Vous pntrez dans votre espace de travail, situ dans la salle
de veille des oprations, examinez sur l'cran principal le dia-
gramme des transactions excutes durant la nuit sur les mar-
chs par vos robots traders, exposant un chiffre bnficiaire qui
vous rassure. Vous recevez une alerte mise par votre assistant
numrique qui vous prvient de la tenue imminente d'une
runion de travail valide d'un commun accord avec les autres
assistants de vos collgues suivant vos disponibilits mutuelles.
L'objet de la rencontre porte sur la proportion d'affilis suscep-
tibles de quitter la compagnie pour rejoindre la concurrence au
cours de la prochaine anne civile. Vous apprenez qu'au vu des
statistiques cumules sur les trente-six derniers mois examins
par les algorithmes prdictifs, votre banque devrait subir une
rosion de 7% tout en captant paralllement 23% du march
potentiel, soit un gain substantiel obtenir par un perfection-
nement continu de la relation client associ un ciblage hyper-
individualis des prospects virtuels.
Au sortir du brainstorming, vous remarquez sur votre bracelet
greff votre peau que votre degr de ractivit aux diffrentes
informations diffuses s'lve 74 %, confirmant une courbe
rgulirement dclinante sur les trente derniers jours; donnes
immdiatement traites par le service robotis d'valuation des
performances du personnel situ au sige de la maison mre
Singapour. En cette fin d'aprs-midi, vous trouvez opportun
d'aller prendre un verre dans ce bar rcemment ouvert, qui vous
aura t juste titre suggr au vu de la sparation rcente avec
votre compagne et de votre got constat pour le design bio-
morphique. En pntrant dans le DreamBar, une voix s'adresse
vous par votre prnom, vous encourage rejoindre le sofa B# 17
situ dans la zone rserve aux couples. Vous dcouvrez qu'une
jeune femme dj assise une table absorbe un mojito tout en
consultant sa tablette; vous vous saluez, commandez un gin-
fizz. Trs vite, vous comprenez que cette personne ne concorde
OUVERTURE - 15
La journe expose grands traits de cet individu correspond
dans l'esprit une ralit dj subrepticement l'uvre. Ce qui
marque dans le quotidien de cette figure anonyme, c'est la capa-
cit de systmes lectroniques diffus, dots d'une forme d'om-
niscience, de le dlester de nombreuses tches, de se charger
de son plus grand confort, de lui faire profiter des meilleures
offres commerciales, et de s'assurer en toute circonstance de sa
plus haute scurisati on. Configuration qui aurait pu rcemment
encore-jusqu'au tournant du nouveau millnaire- nous paratre
relever d'un rcit futuriste apparent une science-fiction pas-
sablement exalte. Or, ce qui frappe la lecture de ces lignes,
c'est la tension entre un schma d'allure fantastique et la vri-
fi cation frquemment renouvele d'habiter depuis peu au sein
d'un milieu de toute part<< sensible et ractif. Si des dispositifs
techniques tangibles ou discrtement intgrs aux surfaces phy-
siques s'agrgent au comportement de cette personne, c'est une
dimension imperceptible qui dans les faits rend possible l'effi-
cience de cette mcanique, soit la gnration de flux numriques
activs par un nombre toujours plus important de ses gestes,
continuellement rcolts et analyss par des instances de tous
ordres. Rsultats croiss en temps rel toute information juge
pertinente, qui lui reviennent sous la forme de conseils, de sug-
gestions ou d'alertes individualiss.
Car le cur de notre condition technologique contempo-
raine renvoie moins aux objets labors qui nous environnent
qu'au magma immatriel prolifration exponentielle induit
par leurs usages. L'histoire de l'informatique a prioritairement
t rdige du ct des instruments et des protocoles. Dimen-
sion certes incontournable de cette complexe gnalogie, dont
INTRODUCTION - 19
on se rend compte aujourd'hui que ce qui l'unifie malgr sa foi-
sonnante htrognit, c'est que leur utilisation a systmati-
quement entran la production de lignes de code suivant des
courbes progression gomtrique. Il a souvent t opr une
focalisation sur quelques points saillants de l'industrie de l' lec-
tronique: puissance de calcul ou de stockage rgulirement
amplifie, effort constant de miniaturisation, affinement de la
qualit ergonomique ... , sans qu'il soit dans le mme mouve-
ment relev que toutes ces caractristiques contribuaient favo-
riser la gnration corollaire et indfiniment accrue de data. S'il
a t dcrit ce qui s'opre en amont, soit l'laboration de pro-
grammes constitus de chiffres structurant le fonctionnement
des systmes, c'est l'ampleur sans cesse croissante de mmes
suites binaires occasionnes en retour par leur emploi, qui sin-
gularise aujourd'hui le rapport que nous entretenons aux tech-
nologies numriques. Notre poque est caractrise par un afflux
invariablement expansif de donnes gnres de partout, par
les individus, les entreprises prives, les instances publiques,
les objets, stockes dans les milliards de disques durs person-
nels ou au sein de fermes de serveurs toujours plus nombreuses.
Environnement global qui voit le redoublement en cours de
chaque lment physique ou organique du monde en bits exp loi-
tables en vue de fonctionnalits de tous ordres.
INTRODUCTION - 21
destine circonscrire la totalit du volume de donnes gn-
res ou stockes sur l'ensemble de la plante. ll aurait t produit
l'ordre de trois zettaoctets en 2014, et il est hypothtiquement
projet une production de quarante zettaoctets en 2020. Le yot-
taoctet enfin voque une sorte de Terra Incognita, manifestant
sous un seul vocable autant la volont de nommer un horizon
irrmdiablement annonc, que l'impossibilit de se figurer les
quantits en jeu. Quant aux units ultrieures ventuellement
appeles se succder au cours duXXIe sicle, elles relvent d'un
ordre qui dfie nos structures actuelles d'intelligibilit.
INTRODUCTION- 23
telle une peau de chagrin, qui pourrait comprendre par exemple
l'tat motionnel ou physiologique de deux corps engags dans
une relation sexuelle, situs en retrait de tout procd de cap-
tation. Nanmoins, le port de dispositifs intgrs mme nos
organismes, actuellement en cours de gnralisation, suppose
que la part de chacun place le plus l'abri, ou relevant du plus
intime, engendrera terme des squences de chiffres rcoltes
et analyses en vue de diverses fins.
Il est possible de tenir trois entits, relevant de trois secteurs
distincts, comme particulirement significatives de l'ampleur
des donnes produites ou gres par certaines activits et du
rle capital que revt leur traitement. Google, figure majeure de
l'indexation de l'information, administrerait quotidiennement
vingt -quatre petaoctets, soit un volume quivalant mille fois
la quantit de documents imprims conservs la bibliothque
du Congrs de Washington. Dans le registre scuritaire, c'est au
prisme emblmatique des pratiques de la NSA (l'Agence natio-
nale de scurit amricaine) que peut tre saisie une forme
d'avant -garde de la puissance prsente pouvoir stocker et
exploiter des agrgats informationnels, sans limite pratique ou
thorique en quelque sorte. L'organisme s'est rcemment dot
d'une infrastructure capable de conserver des magmas corres-
pondant plusieurs sicles de l'actuel trafic mondial de l'Inter-
net. Dans le cadre du commerce, le gant amricain de la dis-
tribution Walmart archiverait chaque heure plus d'un million
de transactions, s'additionnant une base de donnes qui
contiendrait 2,5 petaoctets, soit cent fois le volume de la biblio-
thque du Congrs de Washington -qui semble reprsenter
l'exemple comparatif paradigmatique, renvoyant l're de
l'archivage massif de documents analogiques. La liste de ces
mgastructures pourrait tre longuement prolonge et doit tre
comprise comme l'expression clairante de la facult dsormais
acquise par l'humanit gnrer, conserver, et traiter des masses
INTRODUCTION - 25
leur traitement massif, autorisant une connaissance sans cesse
approfondie de phnomnes de toute nature.
L'HORIZON CONOMIQUE
INTRODUCTION -27
fluidifier les conditions gnrales d'existence. C'est le champ
scuritaire qui situe dornavant le cur de sa stratgie dans
l'interception et l'analyse massives de donnes, dans l'objectif
de mesurer le taux de dangerosit de chaque individu, en vue
de reprer tout projet malveillant et d'intervenir avant leur ven-
tu elle ralisation. C'est le domaine militaire qui dresse, depuis
la premire guerre du Golfe (1990-1991), une cartographie dyna-
mique des forces golocalises et interconnectes, celles d'ven-
tuels allis autant que celles de l'ennemi, afin d'adosser toute
dcision un tableau de bord vision panoscopique.
INTRODUCTION - 29
et la distance suppose irrductible entre chaque substance,
faisant apparatre une indite position de surplomb l'gard
des phnomnes, abolissant en quelque sorte la part de vide et
d'inconnu, jusque-l tenue comme consubstantielle la ralit.
C'est un tournant pistmologique, anthropologique et plus
largement civilisationnel qui s'opre et qui, par sa puissance de
bouleversement et d'imprgnation, appelle faire lui-mme
l'objet d'une cartographie prcise de sa ligne gnalogique, de
ses modalits de constitution, autant que de ses vises dclares
ou implicites. << Si la puissance en gnral a pour finalit l'ac-
croissement de son champ d'application et de son intensit, la
Puissance contemporaine n'chappe pas cette rgle; elle ne
livre pas d'elle-mme sa propre essence : c'est la pense phi-
losophique de la lui arracher 5 L'enjeu consiste ici laborer
des outils de comprhension portant sur des procds haute-
ment agissants, orientant une large part de nos existences indi-
viduelles et collectives, et qui s'imposent sans que la facult
proprement humaine d'valuation ou de dcision librement
consentie ne soit en quelque sorte requise, alors qu'elle renvoie
dans les faits une des exigences politiques, juridiques et
thiques majeures de notre temps.
INTRODUCTION -31
les positivits susciter- soit autant de puissantes et sduisantes
paraboles qui auront soutenu et accompagn voix haute la
formation sans heurts majeurs d'un nouveau milieu technico-
conomique.
INTRODUCTION -33
de la notion dont on n'a pas voulu voir la froideur sous le soleil
tincelant de la Californie: le numrique, soit l'instauration d'un
rapport au rel plac sous le sceau de la puissance objectivante
et non ambigu des mathmatiques et des nombres.
INTRODUCTION -35
et technophobes que je souhaite me positionner, qui voit les
mmes rengaines indfiniment se rpter dans leurs axiomes
lmentaires, confortant in fine les uns et les autres dans de
confortables et paress~uses convictions. Il faut entendre cet
gard les paroles de Lucien Sfez, dont l'uvre mrite d'tre red-
couverte, et qui renvoyait dos dos et juste titre ces crispations
infructueuses: Il semble que l'on doive poser les choses autre-
ment, renouveler les donnes, chercher une autre combinaison
des lments en prsence si l'on ne veut pas ressasser perp-
tuit les mmes arguments et les mmes faux classements- par
exemple le classement entre technophiles et technophobes, qui
n'a strictement aucun sens et dont nous esprons faire justice
ici mme 10 L'orientation que je privilgie ici consiste ne pas
envisager la technique ou le numrique comme une unit,
comme une chose au sujet de laquelle on pourrait parler en soi,
mais comme un foisonnement de dispositifs et de protocoles
contradictoires ou convergents, dont il s'agit de dgager les
dynamiques structurantes au-del du bruit et de la fureur des
divergences idologiques.
Car on pourra tout formuler relativement au fait technique
sans crainte d'tre branl dans ses certitudes, mais rien ne peut
s'opposer une organologie des systmes qui ambitionne de
dgager les lignes de force majoritaires. Ce sont elles qu'il faut
faire parler, dont la vrit de leur vidence fera taire de facto tous
les discours. C'est un cart mthodologique auquel j'entends
procder, consistant non pas percevoir les phnomnes
l'aune de catgories tablies, mais identifier les phnomnes
et rvler les catgories qui s'instituent par le dveloppement
de certains procds et de leur adoption dans les usages. Exi-
gence qui suppose de conjuguer un effort d'analyse, d' argumen-
tation et de clart, conforme aux principes cardinaux noncs
par la philosophie analytique et que je reprends ici mon
compte, mais dlaissant les seuls enjeux de langage et de vri-
INTRODUCTION -37
une valeur projective et d'agir en conscience sur l'axe de trajec-
toires jamais crites l'avance.
INTRODUCTION -39
d'un impratif d'valuer de prs leur part d'inhumanit, enten-
due comme une violence coupable faite ce qui nous constitue
comme tres sensibles, singuliers, libres et responsables.
INTRODUCTION -41
tique et sociale de dvelopper une thorie thique de la tech-
nique. Exigence que formulait Hans Jonas en 1979, sans que
son aspiration n'ait t pleinement prise en compte, alors qu'elle
renvoie aujourd'hui une urgence civilisationnelle: Nulle
thique traditionnelle ne nous instruit sur les normes du "bien''
et du "mal" auxquelles doivent tre soumises les modalits enti-
rement nouvelles du pouvoir et de ses crations possibles. La
terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous
sommes entrs avec la technologie de pointe, est encore une
terre vierge de thorie thique 14 >>
LA TOTALISATION NUMRIQUE- 49
rduction des champs symboliques des codes binaires, qui
aura permis la perception et la manipulation croises de docu-
ments textuels, sonores, iconiques via de mmes interfaces et
des logiciels ddis, ne renvoyait pas l'ambition liminaire de
rationalisation administrative et conomique, mais qu'elle
constitua un phnomne divergeant ou non initialement pro-
gramm, une sorte de cygne noir 2 dans l'histoire de
l'informatique. Mouvement graduel de numrisation qui s'est
accru ou radicalis depuis le dbut du nouveau millnaire par
la ralisation d'un quivalent chiffr de pans de plus en plus
tendus du rel, emblmatique dans les plateformes Google
Earth, Google Maps, Google Streets ... , ou sensible dans bien
d'autres systmes et applications qui tmoignent d'un maillage
de la ralit par une matrice digitale indfiniment expansive.
Ambition qui ne cherche plus largir l'accs aux corpus
culturels ou aux diffrents champs du savoir, mais transformer
en information chaque fragment du rel par l'implantation mas-
sive et tous azimuts de capteurs. Le projet d'imprgner les subs-
tances du monde de puces sensibles vise certes l'rection d'un
panopticum lectronique destin embrasser un tat global des
choses, mais davantage rendre possibles de nouvelles postures
anthropologiques, fondes sur l'valuation continue des situa-
tions et un ajustement automatis entre units organiques et
physiques, en vue d'viter toute perte et de tendre vers une
pleine maximisation. C'est la volont initiale de rationalisation
qui est ici puissamment relance, n'aspirant plus seulement
une organisation partielle des choses, mais qui ambitionne d'ins-
taurer un rapport totalisant aux phnomnes, plac sous la
puissance implacable et non ambigu d'une raison numrique
universelle dote d'un pouvoir de pntration, de discernement
et d'action terme intgral et infaillible.
LA TOTALISATION NUMRIQUE - 63
matrielle et humaine, l'intrieur d'une large boucle o les
donnes et les gestes ne cessent de se rpondre ou de s'engen-
drer les uns les autres -mais avec un lger dcalage temporel,
celui qui autorise le mouvement de l'action.
Ce sont de nombreux champs qui dornavant s'inscrivent
suivant cette logique qui suppose d'tendre la notion de data
driven l'ensemble de la socit, soit la prise de la dcision
dtermine par la vrit objective issue du traitement de masses
informationnelles, sans qu'il soit nanmoins possible d'identifier
un sens temporel)). La distinction usuelle discriminant l' avant))
du maintenant)) se dfait, au profit d'un magma continuellement
en fusion qui mle rsultats, actions, rsultats, comme autant
de 0 et de 1 indfiniment squencs qui interdisent de statuer
une dlimitation dans la mesure o ces flux interagissent pour
partie la vitesse de la lumire, et forment une couche
bouillonnante)) ou quantique)) qui dsormais se substitue
la dfinition historique et stabilise du rel. Le processus de
numrisation symbolique induisait un nouveau rapport la
reprsentation, caractris par la rduction au pixel de la
dfinition ainsi qu'un rgime marqu par l'hybridation, et qui
engageait en retour des gestes indits mais l'intrieur de
champs dlimits. La numrisation post -symbolique)) opre
un recouvrement intgral qui ne redouble pas seulement les
choses, mais institue les donnes comme l'instance premire
et primordiale de l'intelligibilit et de l'action, sur fond d'une
perptuelle transformation.
LA TOTALISATION NUMRIQUE- 6S
-1
LE DATA MARKETING
OU LA FIN DE LA PUBLICIT
Jean-Baptiste Say s'est tromp, le march ne serait pas m par
une main invisible)) qui le fluidifierait comme naturellement)),
conformment sa loi qui affirme en substance que l'offre cre
sa propre demande)), ou que c'est la production qui ouvre des
dbouchs 1 )), Dans les faits, le renouvellement de produits
ncessite tout autant une main chaude)) appele faire
converger les points d'origine et d'arrive, par le biais de
mthodes appropries qui se sont dveloppes et affines depuis
la fin du ~ sicle, et qui plus tard se sont ranges sous une
mme discipline : le marketing. La science)) qui vise sduire
et convaincre par de multiples procds le consommateur de
l'acte d'achat a rencontr au cours de son histoire une redfini-
tion rgulire de ses techniques autant que de sa fonction. La
rclame nommait il y a plus d'un sicle la pratique qui visait
faire connatre un objet ou une marque, par l'exposition d'une
image ou d'un nonc dans les journaux et les magazines ou
par l'affichage urbain. Moyen qui fut ensuite prolong par la
diffusion de messages audio lors de l'apparition de la radio au
cours des annes 1930, et plus tard par la projection de films
promotionnels sur les crans de cinma ou de tlvision. C'est
au cours des annes 1970, moment de brusque expansion de la
socit de consommation))' que s'opra une densification tous
azimuts de l' advertising)), particulirement manifeste durant
cette priode aux tats-Unis.
C'est encore le rapport aux autres qui est redfini par des
procds de reconnaissance faciale, qui non seulement auto-
risent l'identification immdiate des personnes, mais galement
la consultation d'informations les concernant. Le concept d'al-
trit, qui nomme la spcificit biologique et historique de
chaque tre autant que son irrductibilit tre soumis une
apprhension objective et close, se dissout, exposant chacun
telle une surface informationnelle indexe en temps rel, de
surcrot susceptible d'tre value a priori d'aprs de multiples
critres personnaliss. C'est le paradigme social qui est de part
en part modifi, non plus tram par la diffrence ontologique
fondamentale tenue d'en appeler l'intuition, aux jeux de re-
gard, la conversation, un langage commun, un effort de
comprhension mutuelle, et qui vire une forme de transpa-
rence interindividuelle dterminant le cadre initial de la relation,
ou celui de son vitement unilatral ou rciproque.
Les Google Glass se portent galement comme un
masque sournois mais qui, la diffrence de lunettes de soleil
et de leurs verres teints dissimulant le regard, permettent de
saisir via une commande imperceptible et en toute discrtion
des images des personnes et de les poster aussitt, renforant
LE TECHNO-POUVOIR- 193
tian librale ou communiste engagrent, aprs la guerre, des
programmes industriels d'envergure, dont certains furent par-
fois mens l'chelle europenne, telle projet aronautique
Airbus. L're moderne a t caractrise par la volont puis sam-
ment exprime par le pouvoir politique de dterminer le cours
majoritaire des dveloppements technologiques.
LE TECHNO-POUVOIR -195
activits et les dcisions prises. Les ministres et organismes
doivent aussi solliciter les commentaires de la population pour
identifier les informations les plus utiles au public 1. >>
En dpit d'un rapport extrmement critique publi en 2013
l'gard du dispositif mis en place 2, l'initiative amricaine a ins-
pir de nombreux pays. C'est l'idal saint-simonien, qui cherche
rduire la politique une saine administration des choses 3 ,
autant que l'idologie libertarienne, l'envisageant comme une
puissance de la moindre intervention seulement dvolue
garantir le libre entrepreneuriat, qui prvalent dans le principe
de l'Open data sensible dans la formule Government as a plat-
form nonce par Tim O'Reilly, l'initiateur de l'expression Web
2.0. L'action publique se contente de rpondre de strictes
logiques utilitaristes. Des protocoles techniques sont spcifique-
ment conus en vue de rendre accessibles des cartographies
dynamiques des mouvements de la socit, dans la vise priori-
taire de favoriser leur exploitation des fins commerciales :
L'tat, en sus de ses fonctions rgaliennes, doit galement
mettre en place des logiciels, des codes, ou des plateformes 4
LE TECHNO-POUVOIR- 197
Face la complexit des dfis contemporains, au dsir de contri-
bution des citoyens et des corps intermdiaires, et leur puis-
sance d'agir (lie l'augmentation gnrale du niveau d' duca-
tion et la puissance acquise avec la rvolution numrique),
l'tat doit peut-tre apprendre se concevoir comme "imma-
nent", entrer dans le jeu des interactions sociales, et surtout
faire levier sur cette puissance, la stimuler, la nourrir et la
mettre au service du bien public 8
L'Open data sonne l'puisement dfinitif du politique
entendu comme l'laboration de projets soumis la dlibra-
tion dmocratique, et glisse vers une rgulation algorithmique,
automatise et sans signataire de la vie publique. Le dessein
consiste dsormais assurer une gestion la plus efficace au
moyen de joysticks imperceptibles, permettant de ragir en
quasi temps rel aux conjonctures: Diriger: dcider sans grer.
ANT. - Grer: diriger sans dcider 7 crivait avec lgret et
gravit mles l'conomiste Georges Elgozy. La temporalit de
l'action politique se compresse, ne s'accordant plus la distance
ncessaire la rflexion et la maturation, pour se calquer
subrepticement sur le principe de la circulation des flux
numriques la vitesse de la lumire et de la ractivit sans dlai
l'uvre dans les rseaux. Dimension qui atteste de
l'imprgnation insidieuse du politique par une technique qui
ne travaille pas frontalement sa dsagrgation, mais qui de
facto tend de partout son influence agissante par la nature de
ses productions et leur diffusion plantaire. Dornavant, la
puissance de gouvernementalit sur les tres et les socits se
situe principalement du ct de l'industrie du traitement mas-
sif des donnes, qui reprsente le cur d'une nouvelle forme
prgnante et expansive de pouvoir: le TECHNO-POUVOIR.
LE TECHNO-POUVOIR- 199
globalise et htrogne qui malgr la paradoxale discrtion
-quasi paranoaque- qui la caractrise, est dote de visages
et affuble de noms: Google, Microsoft, IBM, Oracle, Apple,
Amazon, Facebook, Twitter, Netflix, Ali baba, Baidu, Samsung ...
Soit les industries des architectures rseau, des logiciels, de la
tlphonie, de l'indexation des donnes, de la diffusion des
productions culturelles, des plateformes relationnelles, qui
structurent massivement le fonctionnement des socits et
accompagnent le quotidien de milliards d'individus.
LE TECHNO-POUVOIR- 201
prit unilatralement dcide. Le techno-pouvoir procde du
macro au micro: son rayon d'action s'tend au monde, la
Terre, au Ciel, l'Espace, jusqu' l'intrieur du cerveau: la
psych humaine. Il ne connat aucune limite, c'est mme son
principe premier que d'ignorer toute limite. C'est l'infinit de
toutes les virtualits en germe qui le meut et qui fonde la dme-
sure de son audace>> clbre sur les cinq continents.
LE TECHNO-POUVOIR- 205
blies. C'est partir de cette libert qui ne requrait aucune
infrastructure logistique lourde et coteuse que s'est dploye
l'activit des ingnieurs programmeurs, qui ont trs tt pres-
senti l'tendue des possibilits en germe et qui se sont efforcs
de pleinement les exploiter. L'ingnieur, sans le revendiquer, ou
sans que le mouvement ait t alors manifeste, a peu peu t
dot d'un pouvoir agissant, tant sur la vie des individus que sur
la forme des socits. En une trentaine d'annes, un gouver-
nement informel et clat, se dployant chelle globale, s'est
en quelque sorte constitu: Le point de contact, o la faon
dont les individus sont dirigs par les autres s'articule sur la
faon dont ils se conduisent eux-mmes, est ce que je peux
appeler, je crois, "gouvernement" 13 >>
Juste dfinition qui appelle nanmoins d'oprer un dplace-
ment, de la notion brute et sans appel de direction, pour celle
d'inflchissement, plus subtile, qui signale les effets induits sur
les conduites mais recouverts par le sentiment d'une libre>>
appropriation offerte par les usages. Car les productions des ing-
nieurs sont caractrises par leur porte massive, globale et syn-
chrone, exerant une influence insensible mais prgnante sur les
comportements individuels et collectifs: Dans la mesure o de
telles technologies sont en train de dterminer l'avenir de notre
faon de vivre et de travailler, les gens qui les programment jouent
un rle croissant, en transformant le monde et la manire dont
il fonctionne. La suite logique est que ce sont les technologies
numriques elles-mmes qui finiront par faonner notre monde,
que ce soit avec ou sans accord explicite 14 >> Le cur o se trame
jour et nuit ce faonnement du monde>> est localis dans les
laboratoires, au sein desquels s'laborent sans relche de nou-
veaux protocoles l'abri des regards et de l'agitation.
LE TECHNO-POUVOIR - 207
philosophie des sciences, non pas en se cantonnant la seule
analyse des thories scientifiques, mais en s'attachant exami-
ner le cadre l'intrieur duquel elles se conoivent 18 C'est ce
qu'avait entrepris Bruno Latour au cours des annes 1980, qui
avait suivi les murs spcifiques l'uvre dans un laboratoire
amricain d'endocrinologie, indissociables des productions la-
bores dans un contexte propre 17 Une branche des sciences
humaines contemporaines devrait en effet chercher pntrer
autant que possible ces lieux marqus par la plus haute confiden-
tialit; il est probable qu'y seraient vues quelques scnes simi-
laires celles se droulant dans le film Computer Chess. Il est tout
autant probable qu'en leur sein les ingnieurs ne se disent jamais:
Il faudrait briser la tournure d'esprit qui nous pousserait,
presque malgr nous, inventer de nouvelles machines 18
LE TECHNO-POUVOIR - 209
-4
L'INVISIBILIT
DU COMPUTATIONNEL
Le numrique se constitue et se dveloppe sur un fond de mys-
tre. Nulle thorie du complot ici, il faut seulement saisir le fait
dcisif et souvent occult qui veut que la programmation des
algorithmes et des systmes s'labore d'aprs des modalits
mathmatiques abstraites soustraites la visibilit. Part imper-
ceptible qui le demeure dans l'usage des protocoles, dont le
nombre astronomique d'oprations assurant leur fonctionne-
ment est de facto masqu. Aucune intention dlibre ne se
situe l'origine de ce schma, qui correspond un fait tech-
nique structurel propre aux processus computationnels. C'est
l'intrieur de cette condition technologique spcifique que se
dploie l'activit de l'ingnieur programmeur contemporain.
Cette opacit de fait accompagne l'exercice de sa pratique. Le
terme de back office, qui nomme l'instance qui en arrire-plan
rgle les procds, doit tre largi toute l'industrie de l'lec-
tronique, qui opre l'abri de tout regard ou de tout procd
standardis de consultation ou de vrification.
On peut parier que c'est en partie pour voiler cette vrit que
cette industrie a opr un partenariat toujours plus rapproch
avec le design, afin de se parer d'atours conviviaux capables de
faire cran)) relativement sa part d'ombre)) fondan1entale.
Dimension particulirement emblmatique dans la complicit
qui s'tait noue la fin des annes 1990 entre Steve Jobs et le
designer Jonathan Ive, qui se sont efforcs de modifier l' ergo-
nomie des produits d'Apple autant que son image, et qui plus
largement ont contribu faire percevoir sous des contours plus
familiers et ludiques les technologies numriques. L'ingnieur
LE TECHNO-POUVOIR- 213
ne savons pas des choses que nous serions en droit de savoir.
Proctor a par exemple dmont les stratgies mises au point par
l'industrie du tabac, qui s'est efforce durant des dcennies et
l'chelle de la plante d'entretenir l'ignorance relativement
aux effets nfastes de la cigarette 24 Or, c'est exactement en s' ap-
puyant sur ce socle d'ignorance que le techno-pouvoir peut
aujourd'hui aisment dvelopper ses stratgies de faon
masque et sous des atours attrayants et ludiques, dissimulant
nombre d'intentions peu avouables, notamment celles qui
visent mmoriser et montiser la connaissance des compor-
tements des individus.
LE TECHNO-POUVOIR- 217
trie, installant les activits de conception dans des units hyper-
sophistiques offrant de confortables conditions de travail,
gnralement localises dans les pays du Nord, et qui externa-
lisent la fabrication dans des usines situes pour la plupart dans
les pays du Sud. l'instar des partenariats nous entre Apple et
Foxconn, qui imposent des conditions de travail drastiques
s'apparentant une forme d'esclavagisme rmunr 30
Enfin, c'est par l'innovation que s'institue une dfinition de
tout phnomne au chiffre prs, conduisant notamment la
connaissance indfiniment approfondie des comportements de
milliards d'individus, exploite par les agences tatiques de ren-
seignement qui n'ont plus qu' se brancher en toute discrtion
aux nuds de connexion. Ce sont tous ces phnomnes d'impor-
tance, ainsi que de nombreux autres, porteurs de dimensions
prioritairement toxiques et dterminant pour une large part nos
conditions d'existence, que produisent les processus de l'inno-
vation numrique, qu'on continue pourtant de tenir comme
conditionnant la bonne marche de nos socits. C'est ce para-
doxe, cet cart troublant entre une forme de doxa plantaire et la
ralit patente et crue des faits qui doivent nous interroger.
LE TECHNO-POUVOIR- 219
dmocratique et civique. Entreprise majeure d'innovation qui
doit se manifester sous toutes les formes possibles, dans l'ob-
jectif de dtrner la puissance de gouvernementalit outrageu-
sement gagne par le techno-pouvoir et d'difier de nouvelles
modalits plus vertueuses. Face la puissance d'inventivit de
l'industrie du numrique, son gnie mme, c'est toute la puis-
sance d'inventivit des individus et des socits, tout le gnie
humain pouvoir dessiner autrement les choses, qu'il faut
encourager. Jusqu' quand et jusqu'o allons-nous accepter
que quelques milliers de personnes dans le monde, principale-
ment des dirigeants de groupes conomiques et des ingnieurs,
inflchissent le cours individuel et collectif de nos existences,
sans que des oppositions, des digues juridiques ou des contre-
pouvoirs ne se dressent? Il s'agit l d'un enjeu politique, thique
et civilisationnel majeur de notre temps.
CONCLUSION -255
prsente l'iPhone qui inaugurera une nouvelle gnration de
tlphones, les smartphones, ouvrant l're de l'Internet mobile.
En 2008, le terme de Big data entre dans le dictionnaire. En 2009,
un milliard et demi d'applications ont t tlcharges via le
magasin iTunes d'Apple. En 2010, les iPad, les tablettes num-
riques tactiles d'Apple, sont mises en vente; la mme anne
Google annonce avoir conu un systme de pilotage automa-
tique pour automobile, laGoogle Car. En 2011, le commerce
en ligne aurait gnr mille milliards de dollars de chiffre d' af-
faires; durant la mme anne une centaine d'heures de vidos
auraient t postes chaque minute surYouTube. En 2012, un
implant neuronal permet une personne paralyse d'actionner
par la pense un bras robotis; la mme anne les Google Glass
entrent en phase de test. En 2013, quinze milliards d'objets
connects seraient en service. En 2014, un milliard de sites Inter-
net sont rpertoris. En 2015, les neuroprothses autorisent un
nombre tendu d'oprations par commande crbrale ; les
projets d'ordinateur quantique se dveloppent notamment
sous l'impulsion de la NSA; plusieurs laboratoires travaillent
sur le stockage molculaire de l'information inspir des struc-
tures de l'ADN.
CONCLUSION -257
mondiale, et qui avait analys nombre d'effets induits, particu-
lirement l'puisement terme invitable des ressources natu-
relies. L'enjeu de notre poque ne consiste plus saisir la porte
de la fonction exponentielle, mais se demander comment
se comporter dans un monde travers de flux se dplaant, au
propre comme au figur, la vitesse de la lumire. Comment
pouvons-nous dornavant vivre au cur de perptuelles bour-
rasques, comment ne pas nous laisser dborder par des
vnements qui se dploient et s'imposent nous suivant des
mesures toujours plus prcipites, comment pouvons-nous
dcider en conscience et librement du cours des choses? Il s'agit
l de questions dterminantes porte politique, philoso-
phique et anthropologique, qui interpellent de front notre
responsabilit.
ces interrogations, une rponse parmi d'autres consisterait
introduire d'autres modalits temporelles. C'est le principe de
la relativit einsteinienne qu'il faut en quelque sorte symboli-
quement reprendre notre compte, faisant valoir la multiplicit
de la vie dans une multiplicit de faisceaux temporels possibles
au gr du positionnement singulier adopt par chacun. Refuser
de se soumettre passivement ce rgime restrictif exige de dve-
lopper des temporalits contradictoires ou divergentes ne s'ali-
gnant pas sur l'axiome de la destruction cratrice perptuelle.
Postures qui tmoignent du dsir de vivre contretemps,
conformment la notion nietzschenne d'inactuel qui signale
la possibilit d'observer les faits la distance critique ncessaire
et de se dmarquer d'un rgime normatif dominant: Une
socit qui n'aurait plus la force de conserver de la distance en
rflchissant ce qui la dtermine au plus profond (la soumis-
sion intgrale de l'individu aux lois d'une structure marchande,
par le biais d'une technique qui s'insinue partout) aurait renonc
toute nergie politique. Sans parler de la possibilit de main-
tenir une vie de l'esprit 2 >>
CONCLUSION -259
numriques et tre dessine par des suites mathmatiques
imperceptibles visant une dfinition chiffre et immdiate de
tout fait, autant que l'exploitation la plus rentable de chaque
occurrence spatiotemporelle? Cette question dpasse le strict
cadre du capitalisme, dans la mesure o c'est un mode de ratio-
nalit utilitariste qui est devenu la norme dominante qui ne
cesse de s'imposer et de s'tendre tous les pans de la socit.
CONCLUSION - 261
INTRODUCTION
LE MONDE AU PRISME DES DONNES
1. Un disque d'un ptaoctet permet par exemple de stocker l'quivalent
de vingt mille films en Blu-ray.
2. Le CERN, dont les collisions provoques par son acclrateur de
particules gnrent prs de quinze millions de milliards d'octets de
donnes par an, soit l'quivalent de vingt millions de CD, reprsente
une des entits emblmatiques de part en part structures par la
production et le traitement de volumes vertigineux de donnes.
3. La loi dite de Moore)) nonce en 1965 par Gordon Moore, qui avait
affirm en substance le principe exponentiel du doublement tous les
dix-huit mois de la puissance, de la capacit et de la vitesse des
diffrentes composantes des systmes informatiques.
4. On se souvient que le sommet europen de Lisbonne tenu en 2000
s'tait donn comme objectif de situer l'Europe l'horizon 2010
comme le territoire le plus avanc en termes d' conomie de la
connaissance)), Outre que l'expression tait empreinte d'une extrme
confusion, plutt qu' une conomie notamment fonde sur une
excellence de la formation universitaire, c'est un modle tabli sur le
suivi et la connaissance de faits de tous ordres des fins commerciales
qui s'est rapidement consolid au cours de la dcennie qui a suivi.
5. Dominique Janicaud, Puissance du rationnel, Gallimard, 1985, p. 81.
6. Nicholas Negroponte, Being Digital [1995], Vintage Books, 2000, p. 37.
7. Frontier, en anglais, ne signale pas une limite circonscrite mais un
horizon ouvert, la diffrence de border qui nomme la frontire telle
qu'entendue en franais. Sur l'esprit utopique qui accompagna l'ex-
pansion du numrique au cours des deux dernires dcennies du
xxe sicle, cf. Fred Turner, Aux sources de l'utopie numrique. De la
contre-culture la cyberculture. Steward Brand un homme d'influence,
C&F ditions, 2012.
8. Emblmatique cet gard la une de Wired de fvrier 2014: The Web
is under threat, magazine qui aura t aux avant-postes de tous les
discours enthousiastes, et qui n'a pu avec le temps que se ranger
l'vidence: Le Web est sous la menace)).
9. Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du sicle, Armand Colin, 1954,
p. 73-74.
NOTES -265
10. Lucien Sfez, Technique et idologie, Un enjeu de pouvoir, ditions du
Seuil, 2002, p. 12.
11. Je renvoie par exemple aux divers plans historiques mis en place
depuis l'aprs-guerre par les gouvernements successifs en France,
relatifs aux tlcommunications, l'industrie informatique ou aro-
nautique, tous dtermins par un contexte de convictions et de
croyances politiques, idologiques et culturelles propres.
12. Cf. Danah Boyd, It's Complicated: The Social Lives ofNetworked Teens,
Yale University Press, 2014.
13. Ren Girard, Des choses caches depuis la fondation du monde [1978],
Le Livre de poche, Biblio essais, 1983, p. 577.
14. Hans Jonas, Le Principe responsabilit, ditions du Cerf, 1990, p. 13.
-1
LA TOTALISATION NUMRIQUE
1. Charles Babbage, conomie des machines et des manufactures[1832],
Nabu Press, 2014 pour la version franaise.
2. Sur la force de l'inattendu au cours de l'histoire et dans notre contem-
poranit, cf. Nassim Nicholas Taleb, Le Cygne noir. La puissance de
l'imprvisible, Les Belles Lettres, 2012.
3. Lucrce, De la nature, livre deuxime.
4. Dominique Janicaud, Puissance du rationnel, op. cit., p. 216.
5. Edmond Husserl, La Crise des sciences europennes et la phnomno-
logie transcendantale, Gallimard, Tel, 1976, p. 76.
8. Ibid.
-II
PUISSANCE ET USAGES DES BIG DATA
1. Jean-Baptiste Say, Trait d'conomie politique, 1803, Livre I.
2. Yan Claeyssen, Au cur mme du marketing client cross-canal,
Influencia n9, La Data, avril-juin 2014.
3. Franck Cochoy, Une histoire du marketing- Discipliner l'conomie de
march, La Dcouverte, 1999, p. 37.
NOTES -267
Google nous aidera raliser pleinement notre vision de la maison
consciente.
18. Sur ces enjeux, cf. l'ouvrage apologique de Jeremy Rifkin, La Troisime
Rvolution industrielle, Les Liens qui librent, 2012.
11. Une tude a t mene par Helene Hembrooke et Geri Gay, de l'uni-
versit Cornell, aux tats-Unis. Durant un cours, la moiti des tu-
diants devait utiliser un ordinateur portable pour surfer sur le Web,
chercher des pages relatives au cours (ou non), et donc suivre le cours
en multitches, pendant que l'autre moiti devait simplement cou-
ter le cours. Lors du rappel du contenu du cours, les performances
des tudiants multitches ont t infrieures celles des autres tu-
diants. Franck Chaillan, La mmoire biologique est -elle code?,
Pour la Science, numro spcial Big Bang numrique, les donnes
massives vont-elles changer le monde?, n433, novembre 2013.
20. Google a scann et index les courriels changs via les services
''Apps for Education", sans le consentement des utilisateurs. "Ce scan
est 100% automatique, et ne peut pas tre dsactiv", affirme la charte
d'Apps for Education. Pratique qui a conduit au dpt d'une plainte
collective auprs de la cour de San Jose. "La vie prive des tudiants
est attaque", estime un avocat de l'Electronic Privacy Information
Center, cit dans Education Week. Il souhaite que la plainte dpose
"attire l'attention" du dpartement d'tat amricain et des autorits
locales, relativement l'ducation.)) Michal Szadkowski, Google cri-
tiqu pour avoir scann les mails de millions d'tudiants)), Le Monde,
19 mars 2014.
21. Heidegger, tre et Temps [1927], Gallimard, 1986, p. 392.
NOTES-269
18. Un champ vectoriel en mathmatiques est une fonction qui asso-
cie un vecteur chaque point d'une varit diffrentielle.
17. Gaston Bachelard, Le Rationalisme appliqu [1949], PUF, 1998, p. 33.
18. http://xxx.tau.ac.il/pdf/1402.5047.pdf
11. Cf. Clment Rosset, Le Rel, trait de l'idiotie, Minuit, 1977; Le Rel et
son Double, Gallimard, 1976.
20. Aptitude peu peu gnralise au tournant de la deuxime dcennie
du XXIe sicle, qui m'a tt conduit crire un livre exclusivement ddi
ces enjeux: La Socit de l'anticipation, le Web prcognitif ou la
rupture anthropologique (Inculte, 2011). Si lors de sa rdaction des
phnomnes pars mais dj pleinement l'uvre pouvaient tre
observs et analyss, j'ai depuis relev que de nouveaux procds ne
cessaient de se dvelopper et de se sophistiquer, gagnant en outre
rgulirement en efficacit.
21. healthmap.org
22. L'application Siri dveloppe par Apple est suppose comprendre les
instructions verbales formules par les utilisateurs et rpondre
efficacement leurs diffrentes requtes.
23. Gabriel Simon, Rand Hindi, la Data services compris, Libration,
1er juin 2014.
24. La Socit de l'anticipation, le Web prcognitif ou la rupture anthro-
pologique, op. cit., 2011, p. 121-122.
25. Cf. Isaac Asimov, Le Cycle de Fondation, Folio SR
28. Alfred W. Crosby, La Mesure de la ralit [1997], Allia, 2003, p.11.
27. G.W.R Hegel, Prface aux Principes de la Philosophie du droit, Galli-
mard, 1972.
28. Hannah Arendt, Du mensonge la violence [1970], Calmann-Lvy,
1972, p. 40-41.
21. LePhdon,65b-67b, trad. mile Chambry, Garnier-Flammarion, 1983.
30. Alexandre Koyr, tudes d'histoire de la pense scientifique, PUF, 1966,
p.189.
31. Edmond Husserl, La Crise des sciences europennes et la phnomno-
logie transcendantale, op. cit., p. 51.
32. Publicit IBM.
33. Georges Didi-Huberman, La Survivance des lucioles, Minuit, 2009,
p. 127-128.
-IV
LA NORMATIVIT ALGORITHMIQUE
1. L'entreprise franaise Criteo s'est spcialise dans ce procd.
2. Vincent Druguet, Quelle feuille de route pour le commerce de
demain?, Injluencia nos, janvier-mars 2014.
3. Jean Baudrillard, Le Systme des objets, Gallimard, Tel)), 196S, p. 236.
4. Frdric Thrin, Big data: cordon ombilical entre marques et con-
sommateurS>>, lnjluencia noS, janvier-mars 2014.
5. Cf. irisvanherpen.com
8. Cf. par exemple le site Booking.com, qui non seulement signale le
nombre de personnes qui consultent simultanment un mme htel
ou une mme offre de sjour, mais encore le nombre de ceux qui
viennent de raliser une opration proche de celle qui est projete par
chaque visiteur et non encore concrtise. Le message implicite sup-
pose que toute action effectue au bon moment induira pour les autres
visiteurs une limitation corrlative des choix autant qu'une augmen-
tation des tarifs, suivant une architecture qui pousse chacun se dci-
der au plus vite, ou profiter des meilleures offres avant les autres.
7. Eric Schmidt, entretien avec le Wall Street journal, aot 2010.
B. Cf. le Exprimez-vous>> plac en tte de chaque message post sur la
plateforme Facebook, et dont le degr de rponse la suggestion ou
l'injonction dterminera in fine la valeur financire de l'entreprise.
9. Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du sicle, op. cit., p. 127.
10. Les technologies de soi [... ] sont des techniques qui permettent aux
individus d'effectuer par eux-mmes un certain nombre d'oprations
sur leur propre corps, sur leur propre me, sur leurs propres penses,
sur leur propre conduite, et cela de manire se transformer eux-
mmes, se modifier eux-mmes et atteindre un certain tat de per-
fection, de bonheur, de puret, de pouvoir surnaturel, etc.>> Michel
Foucault, L'Origine de l'hermneutique de soi. Confrences prononces
Dartmouth Co liege [19SO], Vrin, 2013, p. 53.
NOTES -271
11. Ibid., p. 50.
12. Michel Foucault, Du gouvernement des vivants. Cours au Collge de
France (1979-1980), Gallimard/Seuil, 2012.
13. Jean-Jacques Rousseau, mile, 1, uvres compltes, IV; Gallimard,
Bibliothque de la Pliade, 1969, p. 24 7.
14. Chlo Hecketsweiler, David Larousserie, Pascale Santi, Gadgets
connects: tous mesurs?, Le Monde, 10 fvrier 2014.
15. Cf. Danah Boyd, It's Complicated: The Social Lives ofNetworked Teens,
op. cit.
16. Ce chapitre a t crit avant la diffusion d'informations faisant part
d'une possible suspension du projet par Google. Outre qu'il ne s'agit
pas d'un retrait dfinitif, ce qu'il faut saisir c'est un large mouvement
en cours consistant exposer de faon automatise et via des inter-
faces toujours plus fluides, des informations personnalises l' atten-
tion des individus, autant que la puissance technologique contem-
poraine qui autorise dsormais la conception de tels dispositifs.
17. Kiabi lance un "Shazam de la mode" sur Google Glass, 20 mai 2014
http: 1/lesclesdedemain.lemonde.fr 1innovation/kiabi -lance-un-
shazam -de-la-mode-sur-google-glass_a -54-3981.html
18. William James, The Principles ofPsychology, Henry Holt, 1890, p. 402.
19. Cf. Les Carnets de Lonard de Vinci, Gallimard, 1987.
20. Ren Descartes, La Dioptrique, Discours premier [1637], Gallimard,
Bibliothque de la Pliade, 1953, p. 180.
21. Dimension appele perturber le droit historique l'image; le lgis-
lateur devra bien tablir un cadre juridique la mesure de l'extrme
facilit, non seulement saisir des images d'autrui, mais galement
les diffuser sur la Toile, avec son assentiment ou non.
22. Avec les Google Glass, remplir un constat amiable devrait devenir
un jeu d'enfant. C'est ce qu'a promis la Caisse d'pargne lors de la
prsentation de sa nouvelle application -la premire du genre- pour
les lunettes connectes de Google. L'assur peut entrer en contact
avec un tlconseiller et lui faire partager de visu la scne de l'acci-
dent, les dommages du vhicule ...
Anne Bodescot, Les Google Glass aideront remplir le constat aprs
un accident, Le Figaro, 8 octobre 2014.
23. Cf. cet gard le film prmonitoire Final Cut (Omar Naim, 2004),
dans lequel une entreprise offre ses clients la possibilit de saisir
en continu le film de leur vie, et qui lors du dcs des personnes,
-v
DE LA SURVEILLANCE NUMRIQUE
AU DATA-PANOPTISME
1. Cf. l'article du journaliste Duncan Campbell paru en 1988, qui avait
rvl l'existence du programme de renseignement Echelon. En
1999, un rapport lui avait t commandit par le Parlement euro-
pen, dans lequel il exposait l'tendue de l'interception des commu-
nications opre par le systme, et qui fut ensuite publi: Sur-
veillance lectronique plantaire, Allia, 2001.
2. J'ai publi en 2009 Surveillance Globale. Enqute sur les nouvelles
formes de contrle (Climats/Flammarion), au moment exact o une
architecture technico-cognitive tait parfaitement et solidement en
place, et que l'affaire Snwoden allait visiblement exposer dans
nombre de ses dimensions. En quelques annes, c'est la fois
l'intensification de ces logiques qui s'est opre autant que leur
extension tous les domaines de la vie, marginalisant dans les faits
la spcificit propre au rgime historique de la surveillance.
3. Gnther Anders, L'Obsolescence de l'homme. Sur l'me l'poque de
la deuxime rvolution industrielle [1956], L'Encyclopdie des
nuisances/Ivrea, 2001, p. 39.
4. Julian Assange, ((Le fardeau du "geek" blanc, tribune initialement
parue dans le New York Times et ensuite publie dans Le Monde, 9-10
juin 2013.
5. A. Koyr, tudes d'histoire de la pense scientifique, op. cit., p. 72.
1. Jacques Derrida, A Taste for the Secret, Polity Press, 2001, traduit par
Pierre Lvy-Soussan, dans loge du secret, Hachette littrature, 2006.
7. Edward T. Hall, La Dimension cache [1966], Le Seuil, 1971, p. 25.
1. Je reprends ici le concept dvelopp par Dominique Quessada dans
ses diffrents ouvrages; cf. particulirement: Court Trait d'altri-
cide, Verticales, 2007, et L'Inspar: essai sur un monde sans Autre,
PUF, 2013.
NOTES -273
1. Georges Duby, Situation de la solitude, XIe-xn~ sicle, in Philippe
Aris et Georges Duby (dir.), Histoire de la vie prive, tome 2, Le Seuil,
1999, p. 506.
10. dynamicinsights. telefonica.com/ 4791 about-us
11. Antoine Crochet-Damais, SFR ouvre ses donnes clients grce au
Big data, 15 avril2013.
www.journaldunet.com/solutions/dsi/projet-de-big-data-en-
france/
12. Sandrine Cassini, Souriez, vous tes traqus!, Le Monde, 14 octobre
2013.
13. Surveillance Globale. Enqute sur les nouvelles formes de contrle, op. cit.
-VI
LE TECHNO-POUVOIR
1. Memorandum for the Heads ofExecutive Departments and Agencies:
www.whitehouse.gov/the_press_office/TransparencyandOpenGo
vernment/
2. Rapport consultable sur le site de l'association The Committee to
Protect Journalists: www.cpj.org/reports/2013/ 10/ obama-and-the-
press-us-leaks-surveillance-post -911. php
3. Cf. Antoine Picon, Les Saint-Simoniens. Raison, imaginaire et utopie,
Belin, 2002.
4. Cf. Daniel Lathrop & Laurel Ruma, Open Government. Collaboration,
Transparency, and Participation in Practice, O'Reilly Media, 2010.
5. Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?, Payot, Manuels Payot,
2014, p. 82.
6. Henri Verdier, Le gouvernement par les plates-formes, in La M-
tamorphose numrique. Vers une socit de la connaissance et de la
coopration, (ouvrage collectif sous la direction de Francis Jutand),
ditions Alternatives, 2013, p. 174-175.
7. Georges Elgozy, L'Esprit des mots ou l'Antidictionnaire, Denol,
1981, p. 66.
1. Max Weber, L'thique protestante du capitalisme, Plon, 1964, p. 249.
1. Michel Foucault, "Omnes et singulatim'': Vers une critique de la raison
politique, Dits et crits, t. Il, Gallimard, Quarto, 2001, p. 953-980.
NOTES -275
-VII
POLITIQUE ET THIQUE DE LA RAISON NUMRIQUE
1. Jacques Ellul, Le Systme technicien, op. cit., p. 361.
2. Montesquieu, L'Esprit des lois, chapitre IV; livre XI.
3. Gnther Anders, La Menace nuclaire, Le Serpent plumes, 2006, p. 154.
4. Cf. Bruno Latour, Nous n'avons jamais t modernes. Essai d'anthro-
pologie symtrique, La Dcouverte, 1991 ; Politiques de la nature.
Comment faire entrer les sciences en dmocratie, La Dcouverte, 2004.
5. Alain Supiot, Homo juridicus. Essai sur la fonction anthropologique
du droit, Points, 2009.
6. Yves Eudes, La tanire virtuelle des lanceurs d'alerte , Le Monde,
17 avril2014.
7. Douglas Rushkoff, Les 10 Commandements de l're numrique, op.cit.,
p.ll7.
B. Serge Abiteboul, Sciences des donnes: de la logique du premier ordre
la Toile, Collge de France 1Fayard, 2012, p. 28-29.
9. Cornelius Castoriadis, Fait et faire. Les carrefours du labyrinthe,
tome V [1997], Le Seuil, Points-essais, 2008, p. 48-49.
10. Titre d'une communication donne par Pierre Bourdieu Alger en
1992, propos de l'crivain berbre Moulaud Mammeri.
11. Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du sicle, op. cit., p. 87.
12. Michel Foucault, L'Origine de l'hermneutique de soi, op. cit., p. 90-91.
13. Gilles Deleuze, Diffrence et Rptition, PUF, 1968.
14. Sur la notion d' empowerment, cf. Marie-Hlne Bacqu, Carole Biewener,
L'Empowerment, une pratique mancipatrice, La Dcouverte, 2013.
15. Cf. Christophe Bouton, Faire l'histoire. De la Rvolution franaise au
Printemps arabe, Cerf, 2013.
16. Cf. Reinhart Koselleck, Le Futur pass. Contribution la smantique
des temps historiques, ditions de l'EHESS, 1990 ; L'Exprience de
l'histoire, Points, 2011.
17. Guillaume Le Blanc, La philosophie doit toujours faire corps avec
la critique, entretien avec Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles,
10 mars 2014, propos de son livre La Philosophie comme contre-
culture, PUF, 2014.
NOTES -277
38. Emmanuel Mounier, Le Personnalisme, PUF, 2000.
39. Judith Butler, Le Rcit de soi, PUF, 2007, p. 37.
40. Sur la puissance interprtative et l'autonomie dcisionnelle des
systmes computationnels, cf. ric Sadin, L'Humanit augmente.
L'administration numrique du monde, L'chappe, 2013.
41. Stephen Hawking, FrankWilczek, Stuart Russell, MaxTegmark, Tran-
scendence looks at the implications of artificial intelligence - but are
we takingAI seriously enough? The Independent, 1er mai 2014.
42. Hans Jonas, Pour une thique du futur [1992], Rivages poche, 1998,
p. 87-88.
43. Cf. Dominique Lecourt, Contre la peur, PUF, 2011.
CONCLUSION
1. Cf. Albert Allen Bartlett, The Essential Exponential For the Future of
Our Planet, a collection of essays by Professor Bartlett, Center for
Science, Mathematics and Computer Education, University of
Nebraska-Lincoln, 2004.
2. Roland Reuss, Sortir de l'hypnose numrique, ditions des lots de
rsistance, 2013, p. 115.
INTRODUCTION
LE MONDE AU PRISME DES DONNES ll
VI-LETECHNO-POUVOIR
1. l'OPEN OATA: lA POLITIQUE JOYSTICK .............................. 193
2. ETH OS DU TECHNO-POUVOIR .............................................. 199
3.lA ClASSE DES INGNIEURS ............................................... 204
4. l'INVISIBILIT DU COMPUTATIONNEL.. ............................. 210
5. TECHNO-POUVOIR ET IDOLOGIE DE l'INNOVATION ......... 215
VII-POLITIQUE ET THIQUE
DE LA RAISON NUMRIQUE
1. UN PARLEMENT DES DONNES ............................................ 223
2. DE lA RESPONSABILIT DU POUVOIR POLITIQUE ............. 228
3. l'ODYSSE DE lA RAPPROPRIATION ............................. 233
4. SCIENCES HUMAINES ET RAISON NUMRIQUE ................ 240
5. UNE THIQUE DE lA TECHN CONTEMPORAINE ................. 246
CONCLUSION
UNE ANTHROPOLOGIE DE L'EXPONENTIEL ......... 255