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N ordre: 2013PAUU3024

THESE
PRESENTEE A

LUNIVERSITE DE PAU ET DES PAYS DE LADOUR


Ecole doctorale des sciences exactes et de leurs applications
Par

Justin MARTIN
Pour obtenir le Grade de

DOCTEUR
Spcialit : Gnie Electrique

Etude et caractrisation d'onde de pression gnre par une


dcharge lectrique dans l'eau.
Application la fracturation lectrique de roches
Soutenue le 14 juin 2013

Devant la commission dexamen constitue de :

M F. BURET Professeur - Ecole centrale Lyon Rapporteur

M J.P. CAMBRONNE Professeur - Universit de Toulouse Rapporteur

M J.L. LANOISELLE Professeur - Universit de Bretagne Sud

M J.F. LEON Ingnieur - Galtenco Technology Ltd

M H. ROMAT Professeur - Universit de Poitiers

M T. REESS Matre de confrences HDR - Universit de Pau

M F. REY-BETHBEDER Ingnieur - TOTAL

M R. RUSCASSIE Matre de confrences - Universit de Pau


A MA MERE
A MON PERE
A MA SUR ET A MON FRERE
A AURELIE
Remerciements
Je ne remercierai jamais assez mon Directeur de thse, Thierry REESS, tout dabord
pour mavoir fait confiance, pour son investissement, sa grande disponibilit mais aussi
pour avoir partag son savoir. Il aura t pour moi un directeur de thse prsent du dbut
jusqu la fin.

Je remercie tout particulirement, Robert RUSCASSIE, mon co-directeur de thse


pour son implication notamment dans la partie simulation et pour la phase de rdaction.

Un immense merci Antoine de FERRON, pour le temps pass ensemble


maniper et partager les joies du U50. Il a grandement contribu la russite de cette
thse.

Jadresse mes remerciements Frank REY-BETHBEDER pour mavoir suivi au


cours de ces trois annes malgr les hauts et les bas du projet TGR.

Mes remerciements sadressent ensuite Pascal PIGNOLET qui ma accueilli


initialement dans son laboratoire (Laboratoire de Gnie Electrique).

Je remercie Messieurs Franois BURET et Jean-Pascal CAMBRONNE davoir


accept dtre rapporteurs de ce mmoire. Je remercie galement Messieurs Jean-Louis
LANOISELLE, Jean-Franois LEON et Hubert ROMAT pour leur participation au jury.

Je remercie galement Laurent MARLIN de latelier de physique gnrale de


lUniversit de Pau et son quipe.

Bien sr, je remercie tous les membres du laboratoire et les tudiants que jai
ctoys durant ces trois annes : Laurent, Marc, Ccile, Romain, Charly, Camille, Thomas,
Blanca, Youness et ceux que joublie

Enfin je remercie ma compagne, Aurlie, pour sa patience et son soutien au cours


de ces trois annes.
Table des matires

TABLE DES MATIERES


Table des matires
Table des matires

INTRODUCTION 13

1. LES DECHARGES ELECTRIQUES DANS LES LIQUIDES ET LEURS

APPLICATIONS 21

1.1. LES DIELECTRIQUES LIQUIDES 21


1.1.1. Les principaux types de dilectriques liquides 22
1.1.2. Les dcharges lectriques dans les liquides 23

1.2. LES DECHARGES DANS LEAU 27


1.2.1. Le mode de dcharge subsonique 28
1.2.2. Le mode de dcharge supersonique 30

1.3. LES APPLICATIONS INDUSTRIELLES UTILISANT DE LEAU 34


1.3.1. La fonction disolant lectrique 34
1.3.2. Les dcharges lectriques dans leau 35

1.4. LA PROBLEMATIQUE GAZIERE 43


1.4.1. Le gaz conventionnel 45
1.4.2. Le gaz non conventionnel 45
1.4.3. Les mthodes de production 48

1.5. CONCLUSION 60

2. PRESENTATION DES DISPOSITIFS EXPERIMENTAUX POUR LA

GENERATION ET LETUDE DONDE DE PRESSION EN MILIEU LIQUIDE63

2.1. DISPOSITIFS EXPERIMENTAUX 63


2.1.1. Condensateurs, gnrateurs et alimentations 63
2.1.2. Scurit 66
Table des matires

2.1.3. Protection des alimentations 66


2.1.4. Les enceintes de confinement du fluide 67
2.1.5. Les lectrodes 74

2.2. METROLOGIE ELECTRIQUE 75


2.2.1. Mesures de tension 75
2.2.2. Mesures de courant 76
2.2.3. Mesures de pression dynamique 77

2.3. CONFIGURATIONS EXPERIMENTALES UTILISEES 86

2.4. DEFINITIONS DES GRANDEURS ELECTRIQUES ET ACOUSTIQUES 87


2.4.1. Les paramtres lectriques 87
2.4.2. Les paramtres acoustiques 90

2.5. CONCLUSION 91

3. ETUDE DE LA PHASE DE PRE-DECHARGE 95

3.1. INTRODUCTION 95

3.2. DETERMINATION DES PARAMETRES ELECTRIQUES DE LA PRE-DECHARGE 96


3.2.1. Dtermination de la rsistance quivalente Reau 97
3.2.2. Dtermination de la capacit inter-lectrodes Ceau 101

3.3. MISE EN EQUATION DU CIRCUIT ET SIMULATION DE LA PRE-DECHARGE 102


3.3.1. Mise en quation du circuit lectrique quivalent 102
3.3.2. Simulations Pspice de la phase de pr-dcharge 106

3.4. ANALYSE DES PHENOMENES THERMIQUES ASSOCIES A LA PRE-DECHARGE 109

3.5. LOI DE PASCHEN DANS LA VAPEUR DEAU 112

3.6. ETUDE ELECTROTECHNIQUE 113


3.6.1. Rsultats antrieurs 113
Table des matires

3.6.2. Influence de la surtension 115

3.7. INFLUENCE DES CONDITIONS THERMODYNAMIQUES 122


3.7.1. Influence de la temprature de leau 123
3.7.2. Influence de la pression statique 127
3.7.3. Couplage thermodynamique 130

3.8. CONCLUSION 131

4. ETUDE DE LA PHASE DE POST-DECHARGE : CARACTERISATION

DE LONDE DE PRESSION 137

4.1. INTRODUCTION 137

4.2. DETERMINATION DES PARAMETRES ELECTRIQUES DE LA PHASE DE POST-


DECHARGE 138
4.2.1. Dtermination de la rsistance quivalente Rarc 139
4.2.2. Dtermination de linductance quivalente Larc 141

4.3. MISE EN EQUATION DU CIRCUIT ET SIMULATIONS PSPICE 142


4.3.1. Mise en quation du circuit lectrique quivalent 142
4.3.2. Simulations Pspice de la phase de post-dcharge 145

4.4. INFLUENCE DU CIRCUIT ELECTRIQUE SUR LONDE DE PRESSION 151


4.4.1. Evolution de la pression en fonction de lnergie commute 151
4.4.2. Evolution de la pression en fonction du maximum de courant commut 152
4.4.3. Evolution de la pression en fonction de la vitesse dinjection du courant 155

4.5. INFLUENCE DU MODE DE CLAQUAGE SUR LA PRESSION DYNAMIQUE 158

4.6. INFLUENCE DE LA CONFIGURATION INTER-ELECTRODES 161

4.7. INFLUENCE DES CONDITIONS THERMODYNAMIQUES DE LEAU SUR LONDE DE


PRESSION 164
Table des matires

4.7.1. Clrit et viscosit de leau 164


4.7.2. Influence de la pression statique sur la pression dynamique 166
4.7.3. Influence de la temprature sur londe de pression gnre 168

4.8. CONCLUSION 169

5. SIMULATIONS A LAIDE DU CODE EUROPLEXUS 175

5.1. INTRODUCTION AU CODE EUROPLEXUS 176


5.1.1. Thorie du modle diphasique 177
5.1.2. Injection dnergie 184
5.1.3. Formulation ALE 185

5.2. TUDE PRELIMINAIRE 188


5.2.1. Contexte et but de ltude 188
5.2.2. Influence du maillage 190
5.2.3. Influence du coefficient Beta 192

5.3. ETUDE DES DIFFERENTS PARAMETRES DE SIMULATION 194


5.3.1. Influence de la gomtrie dinjection 194
5.3.2. Influence des conditions thermodynamiques 201
5.3.3. Influence du profil dinjection dnergie 203
5.3.4. Cas test 206

5.4. CONCLUSION 212

CONCLUSION GENERALE 217

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 225


Introduction

INTRODUCTION

13
Introduction

14
Introduction

Dans de nombreuses rgions du monde, dimmenses rserves gazires, situes


gnralement des profondeurs pouvant aller de 1000m plus de 4000m, sont piges
dans des roches trs faiblement permables (0,001 0,01mDarcy). Ces rservoirs
spcifiques, appels rservoirs de gaz non conventionnels, ne peuvent pas tre exploits
par des mthodes de forage classiques mais ncessitent lutilisation de techniques
alternatives. Quelle que soit la technique mise en uvre, le but est de fracturer la roche
pour augmenter sa permabilit. Pour des raisons videntes de cot lev, et de risques
environnementaux lis des techniques dexploitation pas toujours bien matrises, les
compagnies ptrolires ont longtemps dlaiss ces rservoirs au profit des rserves
conventionnelles dont la mise en production tait plus simple et plus rentable.

En matire dextraction ptrolire, la donne mondiale a radicalement chang


depuis quelques annes grce lapprciation croissante du prix des nergies fossiles. Ces
rservoirs gaziers redeviennent donc aujourdhui dune grande attractivit pour les
compagnies ptrolires.

A ce jour, le volume des ressources en gaz non conventionnelles est estim par
lAIE (Agence Internationale de lnergie) plus de 50% des ressources gazires
mondiales. Limportance de ces rserves va donc jouer un rle croissant dans
lapprovisionnement nergtique mondial.

Actuellement, seuls les Etats-Unis exploitent grande chelle des rservoirs de gaz
non conventionnels sur leur territoire. Cette exploitation leur permet dj dtre
autosuffisants en gaz (depuis 2010), et pourrait reprsenter 50% de leur production totale
de gaz naturel dici 2035 daprs plusieurs sources. LEurope est divise sur le sujet
puisque certains pays, comme la France, interdisent toute exploitation alors que dautres,
comme le Royaume Uni et la Pologne, viennent tout rcemment de lautoriser.

15
Introduction

Le verrou principal empchant le dveloppement de ces extractions est li la


mthode utilise pour fracturer la roche, appele fracturation hydraulique. Cette
technique consiste injecter dans le sous-sol, sous forte pression (environ 600bar), des
quantits trs importantes deau mlange du sable ainsi qu des produits chimiques.
Des fissures sont ainsi cres dans la roche, permettant daugmenter artificiellement sa
permabilit. Les consquences sur lenvironnement de ce type de traitement ne sont pas
nulles : risques de pollution des nappes phratiques lis lutilisation de produits
chimiques, utilisation de trs grandes quantits deau, mauvaise matrise du procd de
fissuration pouvant engendrer des secousses sismiques, ncessit de raliser une forte
densit de forages au km2, etc

Cest dans ce contexte que Franck Rey-Bethbeder et Christophe Amadei du groupe


TOTAL Exploitation/Production ont initi un projet de recherche visant tudier
lopportunit dutiliser la fracturation lectrique comme solution alternative la
fracturation hydraulique. Cette mthode repose sur un procd dynamique de fracturation
de la roche par application dune onde de pression cre suite linitiation dun arc
lectrique dans un liquide. Une collaboration de recherche a ainsi dbut en 2007 entre la
socit TOTAL et diffrents laboratoires de luniversit de Pau, dont le Laboratoire de
Gnie Electrique, rcemment devenu le laboratoire SIAME.

Mon travail de thse, financ par TOTAL dans le cadre dune bourse CIFRE,
sinscrit dans la continuit des travaux dj engags sur cette thmatique et vise
particulirement approfondir les recherches concernant le cur de ce procd de
fracturation : la dcharge lectrique dans leau et la caractrisation de londe de pression
rsultante. Lobjectif vis est dtudier linfluence des paramtres lectriques et des
proprits thermodynamiques du fluide sur la dcharge et, par consquent, de mieux
matriser londe de pression gnre.

16
Introduction

Le Chapitre 1 positionne le contexte de cette tude en commenant par une


prsentation gnrale des dcharges lectriques dans les liquides. Notre attention se
portera sur les dcharges lectriques dans leau et plus particulirement sur les principales
caractristiques des deux modes de rupture dilectrique dun intervalle deau : les modes
supersonique et subsonique. Nous ferons ensuite, en fonction des nergies mises en jeux,
un rfrencement des diffrentes applications industrielles qui en dcoulent de manire
introduire et positionner la problmatique ptrolire vis--vis de ces diffrentes
technologies. La mthode de fracturation lectrique sera alors introduite et nous
conclurons ce premier chapitre par une prsentation des travaux pralablement raliss
sur ce sujet.

Le Chapitre 2 est consacr aux dispositifs exprimentaux utiliss durant cette tude.
Les diffrents bancs dnergie et les gnrateurs de Marx ncessaires linitiation des
dcharges supersoniques et subsoniques seront prsents. Ces dispositifs permettront de
faire varier diffrents paramtres lectriques significatifs tels que la quantit dnergie
dlivre, ou bien le niveau et la forme dinjection du courant. Dans le cadre de nos
travaux, une enceinte de confinement du fluide a t spcifiquement conue. Lenceinte
prsente permet de modifier les proprits thermodynamiques de leau (temprature et
pression) afin dtudier leur influence. Une partie du chapitre sera spcifiquement
consacre aux mesures de tension, de courant et surtout aux problmes de mesures de
pression dynamique rapide dans un environnement lectriquement perturb. Nous
terminerons par des dfinitions de grandeurs lectriques et acoustiques ncessaires la
bonne apprhension de la suite de ce manuscrit.

Le Chapitre 3 est ddi la phase de pr-dcharge qui correspond lintervalle de


temps entre lapplication de londe de tension et linitiation de larc lectrique. Durant
cette phase, et principalement dans le cas de dcharges subsoniques, une partie de
lnergie lectrique est transfre au fluide et convertie en nergie thermique. Un modle
lectrique quivalent sera prsent afin de simuler les volutions temporelles des

17
Introduction

grandeurs lectriques. Une analyse simplifie des phnomnes thermiques sera propose.
Nous montrerons ensuite linfluence de la tension applique sur lnergie consomme par
la phase de pr-dcharge et sur le jitter lamorage. Lvolution de lnergie consomme
sera galement tudie en fonction du mode de dcharge et des conditions de temprature
et de pression statique de leau.

Le Chapitre 4 est consacr la phase post-arc et plus particulirement la


conversion de lnergie lectrique disponible au moment de larc en onde de pression.
Cette phase de post-dcharge sera simule par un circuit lectrique quivalent. Une
analyse spcifique portera sur la valeur du courant crte commut et sur sa vitesse
dinjection dans le fluide. Linfluence des paramtres lectriques du circuit, du mode de
rupture dilectrique de leau et de la configuration inter-lectrodes sera mise en vidence
vis--vis de la pression dynamique gnre. Nous conclurons ce chapitre par une tude de
linfluence des conditions thermodynamiques de leau sur la propagation de londe de
pression dans le liquide.

Enfin, dans le Chapitre 5, nous prsenterons ltude mene concernant les


possibilits offertes par le code EUROPLEXUS pour simuler la gnration et la
propagation dondes de chocs gnres par arc lectrique dans leau. Cette tude permettra
dtablir le potentiel et les limites de fonctionnement du modle EAU et de vrifier si
aprs ajustements, il pourra tre un outil de prospective et de validation utile
paralllement nos rsultats exprimentaux. Limpact des divers paramtres du code et du
maillage sera tudi. Les influences sur londe de pression, de linjection dnergie, de la
puissance et de la gomtrie de la zone dinjection vont tre analyses puis confrontes
aux rsultats exprimentaux du Chapitre 4. Pour terminer, un essai de validation entre un
cas exprimental et la simulation permettra de conclure sur la plage dutilisation possible
du code EUROPLEXUS.

18
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

CHAPITRE 1

LES DECHARGES

ELECTRIQUES DANS LES

LIQUIDES ET LEURS

APPLICATIONS

19
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

20
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1. LES DECHARGES ELECTRIQUES DANS LES LIQUIDES ET LEURS


APPLICATIONS

Lobjectif de ce premier chapitre, est de prsenter les dcharges lectriques dans les
liquides. Les diffrents modes de rupture dilectrique dun intervalle deau seront analyss.
Nous exposerons ensuite les diverses applications industrielles qui utilisent les dcharges
dans leau. Le positionnement du sujet dans le contexte de la problmatique gazire sera
introduit et nous conclurons par une prsentation de la mthode de fracturation
lectrique.

1.1. LES DIELECTRIQUES LIQUIDES

Les isolants lectriques peuvent tre solide, liquide ou gazeux et ont la proprit de
possder une conductivit lectrique faible. Cependant au-de dune certaine valeur de
tension applique ou de champ lectrique, tous les isolants deviennent des conducteurs
lectriques. Ce phnomne nest dailleurs gnralement pas rversible pour les
dilectriques solides. La transition isolant-conducteur est caractrise par la notion de
rupture dilectrique ou de rigidit dilectrique. Ce terme correspond la valeur du champ
lectrique au-de de laquelle le claquage lectrique apparat. La valeur de la rigidit
dilectrique des liquides nest pas une donne universelle puisquelle dpend dun
ensemble de paramtres : le type de liquide considr, la forme de londe de tension
applique (continue, alternative, impulsionnelle), lhomognit du champ lectrique, la
polarit, la prsence dimpurets, etc.

21
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.1.1. Les principaux types de dilectriques liquides

Il est difficile de choisir un systme de classification des liquides isolants. Nous


pouvons par exemple choisir de les classer en fonction de leurs origines (Tableau 1-1).

Origine Applications Caractristiques Propres

Isolation Biodgradable
Huiles Vgtales
Condensateurs Faible cot
Bas point d'coulement
Huiles Minrales Matriels haute tension Stabilit l'oxydation
Bon indice de viscosit
Faibles pertes dilectriques
Cbles Viscosit ajustable
Absorption gazeuse sous
Hydrocarbures de
Traverses dcharges partielles
synthse
Bonne rigidit dilectrique
Condensateurs au choc de foudre,
Biodgradabilit
Transformateurs de distribution
Hydrocarbures Ininflammabilit
Condensateurs
Liquides isolants de synthse

halognes et biodgradabilit
Transformateurs
Condensateurs pour gnrateur de
choc Faibles pertes dilectriques
Condensateurs au papier f >1000Hz
Remplacement des PCB et r >5 20C
Esters organiques
en mlange avec d'autres Utiliss pour augmenter le
liquides point de feu des liquides
Transformateurs de distribution > 300C
et de traction
Bon indice de viscosit ;
Transformateurs de distribution point de feu > 300C
Huiles silicones
et de traction Absorption gazeuse sous
dcharges partielles
r > 3 20C
Condensateurs
Adaptabilit
Liquides divers Matriels cryogniques et
Rduction ou suppression
supraconducteurs
de perte Joule
r = 80
Ligne de transmission Faible Cot
Eau Commutateur Trs faible viscosit
cf. section 1.3 Conductivit de 0,5S/cm
20mS/cm
Tableau 1-1: Diffrents dilectriques liquides et leurs domaines dapplication [1]

22
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Quatre principales catgories ressortent de cette classification :

- Les huiles vgtales : ce sont des liquides naturels et biodgradables mais qui
prsentent une faible rsistance loxydation et une faible rigidit dilectrique. En
consquence, ces huiles sont relativement peu utilises.
- Les huiles minrales : ce sont des produits naturels obtenus aprs raffinage puis
distillation du ptrole. En fonction de lorigine du brut on distingue les huiles
naphtniques des huiles paraffiniques. Le faible cot de ces huiles coupl une
rigidit dilectrique intressante conduisent leur utilisation massive dans les
quipements lectriques Hautes Tension tels que les transformateurs, les diviseurs,
les disjoncteurs ou encore les cbles.
- Les liquides de synthse : ces liquides prsentent lavantage dtre dune
composition chimique plus simple que les huiles minrales. Ils possdent donc des
proprits plus stables. Leur cot tant lev, ils sont utiliss chaque fois que les
performances demandes ne sont pas atteintes par les huiles minrales. Cest
notamment le cas lorsquil sagit damliorer la rsistance au feu (transformateurs)
ou lorsque lon recherche une meilleure stabilit thermique et de grandes
performances dilectriques (cbles et condensateurs).
- Leau : cest un liquide de permittivit relative trs leve (r 80) dont la
conductivit lectrique varie de quelques diximes plusieurs centaines de S/cm.
Nous reviendrons largement sur les applications qui utilisent ce liquide.

1.1.2. Les dcharges lectriques dans les liquides

Par rapport aux milieux gazeux, les dcharges dans les liquides isolants restent
moins bien connues. Historiquement, lessentiel des tudes sur les liquides ont port sur
les huiles utilises dans le domaine de lisolation lectrique. Nous allons donc prsenter ici
quelques rsultats qui concernent les dcharges dans les liquides autres que leau.

23
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.1.2.1. Les streamers dans les liquides

Comme pour les gaz, lorsquon applique un champ lectrique suffisant entre deux
lectrodes immerges dans un liquide, les phnomnes qui conduisent la rupture
dilectrique de lintervalle sont des canaux ioniss qui se propagent depuis une lectrode
vers lautre : les streamers.

De manire trs gnrale, le streamer peut prendre deux formes principales (Figure
1-1) : soit une forme de buisson (bush-like) avec une vitesse de lordre de 100m/s ; soit
une forme de filaments, souvent ramifis avec une vitesse de 1 plusieurs dizaines de
km/s. La vitesse de propagation varie principalement en fonction de la polarit et de
lhomognit du champ. La vitesse crot galement, en rgle gnrale, avec
laugmentation de la tension applique, mais peut aussi parfois tre quasiment
indpendante de ce paramtre, ce qui est le cas pour lhuile minrale ( lexception des
fortes surtensions).

Quelle que soit la polarit de la tension, les streamers de faible vitesse (< 0,5km/s)
ont la forme touffue de buisson et plus la vitesse augmente, plus leur aspect est
filamentaire. Si lamplitude ou la dure dapplication de la tension sont insuffisantes, alors
le streamer cesse de se propager une certaine distance appele distance darrt. Pour un
mme niveau de tension, la vitesse des streamers est suprieure et les distances darrt sont
plus longues sous polarit positive.

Une tude complte sur la forme et la vitesse a t ralise par LESAINT [2] dans
lhuile minrale. Il a t montr que lon peut observer 4 modes de propagation des
streamers positifs suivant la distance et la tension applique, caractriss par des vitesses et
des formes de courant transitoires caractristiques.

24
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-1 : Aspect des streamers dans les liquides [3]

Les streamers ngatifs prsentent seulement deux types de structure. La distinction


de ces deux structures est essentiellement lie des critres de champ lectrique et
typiquement, la vitesse de propagation des streamers primaires est de 1km/s et peut

atteindre 3,5km/s pour des streamers secondaires [4].

1.1.2.2. Les tensions de claquage

Comme pour les dilectriques gazeux, la tension de claquage dun liquide dpend
de la forme de londe de tension applique, de la polarit et de la gomtrie de lintervalle.
Elle dpend galement des conditions de temprature et de pression. Par ailleurs, pour une
mme configuration, lextrme diversit de comportement des streamers dans les liquides
entrane de trs gros carts sur les tensions de claquage. Chaque liquide a ses

25
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

caractristiques propres et, il nest pas possible, connaissant le comportement dun liquide,
de prvoir convenablement celui dun autre liquide, mme de formulation voisine.

Globalement, les niveaux de tension de claquage suivent les mmes rgles que pour
les gaz : augmentation avec la distance inter-lectrodes, avec la pression statique,
influence de la polarit, etc Il existe nanmoins quelques anomalies pour les liquides :

- La tension de claquage est quasi-indpendante de la distance inter lectrodes pour


lhuile minrale sous tension alternative et sous champ uniforme.
- Les tensions de claquage sont suprieures lorsque la polarit de la tige est ngative
en onde normalise de type foudre ; la situation est inverse en onde normalise de
type manuvre (Figure 1-2).

Figure 1-2 : Valeur crte de la tension de claquage dune huile minrale en fonction de la distance
entre les lectrodes en gomtrie divergente pour diverses formes dondes de tension [3]

26
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

En termes de rupture dilectrique, il existe une diffrence importante entre les


dilectriques liquides et gazeux : elle porte sur la notion de dure dapplication de londe
de tension. Mme si pour un gaz sous certaines conditions exprimentales ce paramtre
peut jouer un rle, pour les liquides, et en particulier pour leau, la dure dapplication de
la tension est une notion fondamentale.

1.2. LES DECHARGES DANS LEAU

Intressons-nous aux rsultats portant sur linfluence de la dure dapplication de la


tension sur le niveau de la tension de claquage pour diffrents dilectriques liquides, et en
particulier pour leau (Figure 1-3). La tension disruptive dun intervalle deau en champ
homogne (distance inter-lectrodes de 1cm) varie de quelques kilovolts plusieurs
centaines de kilovolts lorsque la dure dapplication de la tension volue de quelques
microsecondes 100ns. Il apparait ainsi deux pentes reprsentatives de deux modes de
dcharge bien distincts dont la frontire se situe autour de la microseconde. Lorsque la
dure dapplication de londe de tension est suprieure la microseconde, on parle de
dcharges lentes ou dcharges en mode subsonique. Cette dnomination est lie la
vitesse de propagation de la dcharge qui est de lordre de la dizaine de m/s. Les tensions
de claquage associes sont relativement faibles. Dans le cas o les dures sont infrieures
la microseconde, les dcharges sont dites rapides et appeles dcharge en mode
supersonique (vitesse de propagation de lordre de la dizaine de km/s). Ces dcharges
supersoniques sont associes des niveaux de tension de claquage trs levs.

27
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-3 : Evolution de la tension de claquage en fonction de la dure dapplication [5]

1.2.1. Le mode de dcharge subsonique

Dans le cas des dcharges subsoniques dans leau, laspect de celle-ci ressemble aux
streamers dits buisson observs dans les hydrocarbures (cf. Figure 1-1). Lapparition de
bulles de gaz, siges de la dcharge, a t mise en vidence par de nombreux auteurs
(BRIGGS [6], TOUYA [7] et BEROUAL [8]). En Figure 1-4, TOUYA [7] prsente une
photographie dun exemple caractristique du dveloppement dune dcharge subsonique
dans leau prise par un convertisseur dimages fonctionnant en mode frame.
Lenregistrement est effectu en lumire indirecte dans le cas dune tenue sous polarit
positive.

Les rsultats prsents par TOUYA montrent clairement lapparition dun volume
de bulles de gaz qui se dveloppe depuis la pointe H.T. vers le plan. Lmission de lumire
par la dcharge ne se produit quaprs la formation de ces bulles de gaz : une phase de
vaporisation de leau par effet Joule est donc lorigine de linitiation et de la propagation
de la dcharge.

28
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-4 : Convertisseur d'images en mode frame d'une dcharge lectrique subsonique dans
l'eau (polarit positive, Um = 17,8kV, D = 10mm, Rp = 1,5mm, = 220S/cm, tF1 = 317s,
tF2 = 425s, tF3 = 538s)[7]

Une thorie portant sur le dveloppement dune dcharge subsonique est dcrite
par lauteur (Figure 1-5). Une premire bulle de gaz est cre, par effet Joule, au niveau de
la pointe (chauffement local de leau). Une dcharge lectrique se dveloppe ensuite dans
cette bulle (renforcement du champ lectrique dans la bulle d la diffrence de
permittivit entre leau et le gaz). Le potentiel lectrique est report lextrmit de la
bulle provoquant le dveloppement dautres bulles. Lorsque le volume de la bulle occupe
tout lespace inter-lectrodes, il y a rupture dilectrique de lintervalle.

Figure 1-5 : Schmatisation de la propagation sous polarit positive d'une dcharge lectrique
subsonique dans de l'eau (200S/cm) [7]

29
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Les constantes de temps thermiques tant relativement lentes, et les nergies de


vaporisation importantes, on comprend que ce type de dcharges soit associ
lapplication dune tension pendant des temps longs et des nergies commutes
importantes. La notion de champ lectrique nest pas un critre de premier ordre pour ces
dcharges subsoniques. Il est possible de court-circuiter un intervalle donn laide de
faibles niveaux de tension (quelques kilovolts) partir du moment o cette tension est
maintenue pendant une dure suffisamment importante.

ATRAZHEV [9] reprend cette explication et propose une analyse thorique de ce


dernier mcanisme dans les liquides dilectriques soumis une impulsions HT de dure
suffisante pour provoquer : un chauffement local, l'vaporation puis la formation de
bulles de gaz. Le modle propos est bas sur l'hypothse selon laquelle la rupture
dilectrique est dveloppe par des canaux de percolation de bulles de gaz. Les rsultats de
ses analyses montrent une bonne concordance par rapport aux donnes exprimentales
disponibles dans la littrature.

1.2.2. Le mode de dcharge supersonique

La valeur des champs lectriques requis pour la gnration de dcharges


supersoniques dans leau excde de loin celle requise pour les gaz [10]. Il est tabli que les
champs de claquage pour leau varient de 250kV/cm [11] plus d1MV/cm suivant les
caractristiques de leau. Le critre de champ lectrique appliqu est donc primordial pour
ce type de dcharge.

En Figure 1-6, est prsente la photographie dun exemple caractristique du


dveloppement dune dcharge supersonique dans leau prise par TOUYA [7] en polarit
positive. Ce type de dcharge est constitu de filaments (streamers ou leaders comme le

30
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

prcise lauteur) partant de la pointe jusquau plan de masse. Dans ces travaux, TOUYA
montre quaucune phase vapeur na pu tre dtecte optiquement.

Figure 1-6 : Convertisseur d'images d'une dcharge lectrique supersonique dans l'eau (polarit
positive, = 220S/cm, Um= 30kV, Rp = 150m, D = 28mm, temps dexposition : 200ns,
tF1 = 252ns, tF2 = 1,85s, tF3 = 3,7s) [7]

Il ny a pas unanimit sur linterprtation de la phnomnologie et donc, encore


moins, sur les modles dinitiation et de propagation de la dcharge supersonique dans
leau. Pour les dcharges rapides, il est difficile, compte tenu des temps mis en jeu
(infrieurs la microseconde), dextrapoler le mcanisme de formation de bulles par
vaporisation, et cela dautant plus quil est possible dinitier des dcharges supersoniques
sans fournir dnergie au systme. Il faut donc tenter de trouver une explication base sur
des phnomnes plus rapides. La plupart des auteurs cherchent donc justifier un
changement de phase de faon pouvoir se rattacher des rsultats connus de la thorie
des dcharges dans les gaz.

La synthse des travaux faite par KOLB [12] et SCHOENBACH [13] montre que
deux thories se dgagent: Direct impact ionization model et Bubble theory .

Direct impact ionization model

Cette approche prsente par NIKURADSE [14] et PEEK [15] explique que la
dcharge supersonique est cre par une ionisation directe du liquide. Cette explication est

31
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

reprise par LEWIS [16] [17] et par KATSUKI [10] dont lapproche est trs intressante car
elle mane dun laboratoire dlectronique molculaire et biomolculaire et apporte donc
un regard nouveau sur le problme. Ces auteurs rappellent que, pour les liquides
dilectriques, des ruptures de liaisons inter-molculaires, dues la temprature,
introduisent des modifications locales de la configuration molculaire qui peuvent crer
des cavits microscopiques.

Bubble theory

Lhypothse, prsente par GUNTHERSCHULZE [18] et EDLER [19], suppose


lintervention dune phase gazeuse, qui sert alors de support pour le dveloppement de
lavalanche lectronique. Par consquent, les dcharges lectriques dans les liquides sont
considres comme des dcharges de gaz enveloppes.

KUNHARDT et JONES [11] [20] rfutent lhypothse selon laquelle une avalanche
lectronique peut crotre directement dans leau, et quil est possible de dclencher une
dcharge supersonique avec des champs aussi faibles que 200kV/cm. Comme ils
considrent que le mcanisme de cration de bulles par thermalisation du volume deau
est trop lent, ces auteurs introduisent la notion de zones de faible densit . C'est--dire
quils cherchent, crer un chauffage localis, donc rapide, do la notion de zones de
faible densit qui sapparentent des microbulles se crant au voisinage de llectrode via
des asprits et de leffet de champ. Cette ide est reprise par dautres auteurs [21] [22] [23]
[24]. Ils disposent alors dune bulle et dlectrons libres et peuvent dvelopper leur thorie
qui est trs proche de celle des dcharges dans les gaz. La chronologie du procd est
prsente de la manire suivante :

formation de sites de faible densit (nuclation), prs de llectrode ;


croissance et expansion de ces sites jusqu une valeur critique de la densit
permettant lionisation par impact lectronique de prendre place (mcanisme de
Townsend) ;

32
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

croissance dune avalanche lectronique et apparition dun front dionisation ;


propagation du front dionisation avec chauffage par injection dlectrons, baisse de
la densit du liquide, croissance davalanches, etc

Influence de la polarit

Comme pour les dcharges dans les huiles la polarit un effet sur les streamers
dans leau. CECCATO [25] prsente des rsultats sur les dcharges supersoniques dans
leau pour les deux polarits (exemple Figure 1-7). Selon lauteur, laspect des deux
dcharges est filamentaire (streamers), mais le mcanisme de propagation est radicalement
diffrent. Cette diffrence de mcanisme de propagation suivant la polarit applique
viendrait du fait que les charges ngatives se dvelopperaient sur l'interface gaz/liquide de
la cavit tandis quen polarit positive les lectrons seraient extraits partir du liquide.

(a) (b)
Figure 1-7 : Photographies de streamers dans leau en polarit positive (a) et ngative (b) [25]

A lheure actuelle il ny a pas dunanimit de la communaut scientifique sur


lexplication des phnomnes de gnration et de propagation des dcharges
supersoniques dans leau. Cependant lensemble des auteurs rfute lhypothse selon
laquelle des phnomnes thermiques seraient mis en jeux, car ceux-ci sont considrs
comme trop lents pour ce type de dcharges.

33
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.3. LES APPLICATIONS INDUSTRIELLES UTILISANT DE LEAU

1.3.1. La fonction disolant lectrique

Leau peut tre utilise comme un dilectrique liquide de faible cot et facile
dentretien comparativement aux huiles. Cette donne est importante pour des
applications qui ncessitent des volumes importants disolation lectrique telles que la Z-
Machine (Figure 1-8).

Figure 1-8 : Photographie de la Z-Machine, Sandia, USA

Leau est aussi trs employe comme dilectrique pour les lignes de transmission
utilises dans les gnrateurs de puissances pulses tels que KALIF (Karlsruhe Light Ion
Facility) [26] (Figure 1-9) et AMBIORIX (gnrateur 2MA sous 1MV conu pour tudier
les effets thermomcaniques induits sur des composants lectroniques par le rayonnement
X) [27]. Leau est choisie dans ce cas pour former des lignes de transmission basses
impdances et de tenue dilectrique leve. Par ailleurs, la forte permittivit de leau
conduit une valeur leve de la constante de propagation (=30ns/m), ce qui permet de
rduire les dimensions de la ligne.

34
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-9 : Illustration schmatique du gnrateur KALIF 1,5TW, 1,7MV.

1.3.2. Les dcharges lectriques dans leau

Pour les applications industrielles, les processus physiques et chimiques gnrs par
les dcharges lectriques dans leau prsentent plusieurs intrts majeurs.

Que peut-on attendre de ces dcharges ?

Leau peut tre soumise des champs lectriques trs levs qui peuvent agir sur
des cellules ou des micro-organismes.
Les dcharges streamers qui se dveloppent dans leau mettront la fois des
rayonnements UV et des ondes de chocs.
Des lectrons nergtiques favorisant lionisation, la dissociation et lexcitation des
molcules deau seront crs. Il se forme ainsi des radicaux trs ractifs (O, OH, H,
). A plus long terme, ces radicaux se recombineront pour former des molcules
oxydantes (O3, H2O2) et/ou ragissant avec les molcules prsentes.

Les diffrentes applications peuvent donc tre regroupes en trois domaines en


fonction des processus physiques mis en jeu: les champs lectriques pulses, les dcharges
streamers et les arcs lectriques.

35
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.3.2.1. Champs Electriques Pulss (CEP)

Lutilisation des champs lectriques est particulirement prsente dans lindustrie


agroalimentaire. Cest partir des annes 1960 que les travaux sur les champs lectriques
pulss (CEP) ont t rellement dvelopps (SALE [28][29]). Les deux principales applications
sont :

- lextraction de mtabolites ou de composs intracellulaires partir de cellules vgtales

(lectroporation) ZIMMERMANN [30] : Cette technique repose sur lapplication

dun champ lectrique qui produit une polarisation de la membrane de la cellule.


Elle se comporte comme un condensateur. Il se produit une accumulation de
charges de part et dautre de la membrane crant un potentiel transmembranaire
Vm. Pour des valeurs de Vm suprieures aux caractristiques dilectriques de la
membrane, celle-ci se perfore brutalement linstar du claquage dun
condensateur : il y a apparition de pores. Notons que les pores forms sont soit
rversibles soit irrversibles selon lintensit et la dure du champ lectrique
appliqu.
- la rduction microbienne des aliments : Les champs lectriques pulss peuvent
galement agir sur le contenu intracellulaire de la cellule. Lobservation au
microscope lectronique de cellules de levures traites (20kV/cm) et non traites
par CEP met en vidence le dtachement de la membrane cellulaire par rapport
la paroi ainsi quune dsorganisation du contenu intracellulaire BOUSSETTA [31].
Il apparat galement une fuite de composs intracellulaires, visibles entre la
membrane dtache et la paroi cellulaire. La rupture de la membrane cellulaire
semblerait donc ne pas tre le seul effet des CEP sur les cellules.

1.3.2.2. Streamers

La gnration de streamers dans un liquide peut gnrer des champs lectriques


trs levs l'extrmit des streamers, des lectrons de haute nergie, de l'ozone, d'autres

36
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

espces chimiquement actives et des rayons ultraviolets [32] [33]. Tous ces lments
peuvent tre utiliss pour striliser des micro-organismes et pour dcomposer les
molcules et les matriaux.

GUPTA [34] a tudi l'efficacit des dcharges couronnes pulses pour la


dsinfection de l'eau et son volution des dbits importants. Lexprimentation est
constitue dun racteur coaxial contenant une anode centrale cylindrique. Le racteur est
aliment par des impulsions lectriques dont les amplitudes peuvent aller jusqu' 100kV et
des dures d'impulsions comprises entre 200 et 400ns une frquence de rptition
pouvant aller jusqu' 20Hz. Des radicaux OH, dont les concentrations peuvent atteindre
plus de 100mM (millimolaire) apparaissent la frontire streamer-eau. La majorit des
radicaux OH permettant la dcontamination de leau (H2O2) sont produits par le
rayonnement UV intense et les ondes de choc associs aux streamers.

LUBICKI [35] sest attach aussi au traitement de leau par dcharges couronnes
pulses pour l'limination des substances organiques comme le trichlorthylne, le
benzne, le tolune, qui sont des contaminants organiques communs gnrs dans l'eau
par les dchets industriels. Ces rsultats, prsentes en Figure 1-10, montrent clairement
lapport positif du traitement par dcharges couronnes.

Figure 1-10 : Rduction de la concentration des contaminants avec et sans traitement par
dcharges couronnes

37
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.3.2.3. Rgime darcs

Pendant la dure de larc, un fort courant pouvant atteindre plusieurs centaines de


kiloampres circule entre les deux lectrodes. Cette phase conduit galement la
formation dune onde de pression damplitude bien plus leve que celle obtenue en phase
streamer. Ces deux phnomnes sont lorigine de nombreuses applications industrielles.

a. Destruction et sparation de matire par la mthode PBT

La mthode PBT ( Plasma Blasting Technology ) est base sur la restitution rapide
de fortes nergies lectriques stockes par des condensateurs. Cette mthode permet par la
cration dune onde de choc, denvisager des applications de fracturation, de sparation ou
de forage.

Deux principes sont utilisables. Le premier, dit dlocalis, consiste transmettre


londe de choc au matriau par lintermdiaire dun milieu liquide (Figure 1-11b). Dans le
second principe, dit localis, la dcharge se produit directement dans le matriau (Figure
1-11a).

(a) Electrical Disintegration Process (b) Electrico-Hydraulic Disintegration Process


Figure 1-11 : Principe Fondamental des mthodes EDP et EHDP

Par rapport aux techniques bases sur des explosifs chimiques, la mthode PBT
offre trois avantages :

38
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Absence de fumes nfastes et de produits polluants mis par lexplosif chimique.


Meilleure matrise du concassage.
Cot restreint.

Principe localis EDP (Electrical Disintegration Process)

Le principe localis consiste placer le produit fragmenter, non conducteur


lectriquement, entre deux lectrodes le tout dans un liquide dont la rigidit dilectrique
est trs leve. Les deux lectrodes sont connectes un banc Haute Tension dlivrant une
impulsion de quelques centaines de kilovolts au systme dlectrodes. Un arc est alors
gnr travers le matriau. Londe de pression, rsultant de lexpansion du canal darc,
fragmente le matriau aux alentours du lieu de la dcharge. En rptant ce processus en
diffrents endroits, le matriau entier peut tre trait [36].

La mthode EDP est galement utilise par TIMOSHKIN [37] en vue de proposer
une nouvelle mthode de forage de puits. Le prototype appel Plasma channel drills
dvelopp luniversit de Strathclyde est capable de creuser des trous dans la roche avec
une vitesse suprieure 16cm/min. Le principe de ce prototype est dcrit en Figure 1-12.

Figure 1-12 : Forage de puits par la mthode localise

39
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Principe dlocalis EHDP (Electrico-Hydraulic Disintegration Process)

Cette mthode est constitue dun systme de deux lectrodes de dcharge


immerges dans un liquide et places prs du matriau traiter (Figure 1-11b). Un
systme capacitif, dlivrant des puissances pulses, est dcharg travers le jeu
dlectrodes. Un arc est alors cr entre les lectrodes, travers le liquide. Lexpansion du
canal darc conduit la gnration dune onde de pression qui se propage dans le liquide
jusquau matriau traiter [36].

La premire application que nous pouvons citer se trouve au Noranda Technology


Center (Canada) et utilise un banc de capacits de 1MJ dans le but de dtruire des blocs de
bton ou de fragmenter des roches. Le systme dlectrodes est insr dans un trou,
pralablement perc dans la roche, rempli dun liquide (eau du robinet ou gel). Les
rsultats ont montr une relation linaire entre le rendement de fragmentation et lnergie
lectrique dlivre [38] [39] [40].

La socit TZN a dvelopp des applications commerciales de cette technologie et,


plus particulirement, la rduction et le broyage de matriaux pour rpondre un besoin
dcoulant des nouvelles lois allemandes sur le traitement de dchets [41], [36]. Un premier
systme, bas sur la mthode EHDP, peut gnrer des dcharges une frquence de
100kHz. La tension de charge tant de quelques dizaines de kilovolts, lnergie par
impulsion varie de quelques kilojoules quelques dizaines de kilojoules. Ces
caractristiques de sortie sont suffisantes pour un grand nombre dapplications de
traitement.

Nous pouvons galement citer la socit SELFRAG [42], fonde en 2007 qui
commercialise une gamme de produit pour des applications diverses telles que
lexploitation minire, la sparation, la fracturation et le recyclage. La Figure 1-13 prsente

40
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

un exemple de produit commercialis par cette socit : le SelFrag Lab. Il est utilis pour la
fragmentation slective de matriaux composites, minralogique et dchantillons
gologiques de lordre du kilogramme.

Figure 1-13 : Machine industrielle appele SelFrag Lab[42]

b. Applications diverses par ondes de choc

La lithotripsie

La lithotripsie est l'ensemble des techniques utilises pour liminer des calculs
(rnaux, vsicaux ou biliaires). BROYER [43] dcrit un nouveau gnrateur d'ondes de
choc pour la lithotripsie. Les ondes de choc sont cres entre deux lectrodes coaxiales
branches directement sur l'clateur et immerges dans un lectrolyte de srum
physiologique dgaze. Le dispositif inter-lectrode est dimensionn pour correspondre
limpdance caractristique de la ligne de transmission afin davoir un transfert dnergie
optimal.

Cette technique de traitement utilisant les dcharges lectriques dans un liquide a


montr son efficacit et son potentiel industriel notamment par la commercialisation de
plusieurs machines pouvant tre utilises dans les hpitaux. La Lithotripsie extracorporelle

41
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

par ondes de choc est par exemple utilis au service urologie du CHU Henri Mondor de
Crteil.

Extraction/Traitement

BOUSSETTA [27] [35] dcrit un procd visant produire des ondes de choc
dynamiques par dcharges lectriques dans un liquide (mlange base d'eau) afin
d'augmenter l'extraction des polyphnols partir de marc de raisin. Le principe repose sur
la dcharge dun condensateur (tension d'impulsion maximale : 40kV) dans le mlange
contenant du marc de raisin et de l'eau, et produisant ainsi une onde de choc dynamique
de forte valeur dans le liquide. Les nergies d'impulsion ont t fixes 160J et 4kJ avec
une frquence de rptition de 0,5Hz. Les rsultats soulignent l'intensification de
l'extraction des soluts totaux de polyphnols issus de marc de raisin aprs le traitement.

Figure 1-14 : Figure 4.8 Photographies des suspensions de ppins de raisin tmoins (1), traites
par DEHT (E=0,16kJ/impulsion, Etotal=160kJ/kg) lchelle semi-pilote (2), traites par DEHT
(E=0,16kJ/impulsion, Etotal=160kJ/kg) lchelle laboratoire (3), traites par DEHT
(E=4kJ/impulsion, Etotal=160kJ/kg) lchelle semi-pilote (4)

42
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

En conclusion, nous pouvons noter que lutilisation des dcharges lectriques dans
leau couvre un large domaine industriel. Lobjectif de ce travail de thse est le transfert de
la technologie EHDP dans le domaine ptrolier. En effet, dans le contexte mondial et
notamment en France avec la problmatique lie la loi du 13 juillet 2012 [44] visant
interdire l'exploration et lexploitation de certains hydrocarbures par la mthode de
fracturation hydraulique, le dveloppement de mthodes alternatives est devenu un enjeu
majeur.

1.4. LA PROBLEMATIQUE GAZIERE

Avec une production en croissance annuelle de prs de 3% en moyenne depuis plus


de trente ans, le gaz est lnergie fossile dont la progression est la plus soutenue.
Actuellement, la majorit du gaz exploit est issue de rservoirs de gaz conventionnels
mais des volumes trs importants restent produire pour continuer rpondre au rythme
actuel de consommation.

Les gaz non conventionnels constituent une source potentielle majeure du


renouvellement des ressources en gaz mais aussi un moyen de rpondre la
consommation croissante. Le fort potentiel des gaz non conventionnels devrait prolonger
durablement la capacit de lindustrie ptrolire rpondre aux besoins nergtiques de la
plante. Une estimation [45] de lvolution de la production des diffrents gaz est
prsente sur la Figure 1-15. Nous reviendrons rapidement sur la dfinition de ces
diffrents gaz.

43
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-15 : Estimation de croissance des gaz [45]

Daprs la Figure 1-16, les ressources gazires sont rparties sur lensemble du globe
terrestre dans diffrents types de rservoirs [46]. Le volume des ressources en gaz de
schiste (ou shale gas), tight gas et gaz de charbon est estim aujourdhui par lAIE (Agence
Internationale de lnergie) 380 000 milliards de m3, soit environ 50% des ressources
gazires mondiales. Les gaz de schiste concentrent la plus grosse part de ce potentiel car
ltendue des roches mres dont ils sont issus est beaucoup plus importante que celle des
rservoirs gaziers classiques.

Figure 1-16 : Rpartition mondiale des ressources gazires

44
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.4.1. Le gaz conventionnel

Le gaz naturel est principalement constitu de mthane (CH4). C'est le plus simple
des hydrocarbures. Il provient de la dgradation de la matire organique (d'origine
biologique) pige dans des sdiments devenus roches sdimentaires aprs diagnse
(processus physico-chimiques et biochimiques par lesquels les sdiments sont transforms
en roches sdimentaires). Cette roche contenant de la matire organique est appele
roche mre.

Dans le cas du mthane (et de tous les autres hydrocarbures liquides et/ou gazeux),
il peut y avoir migration du gaz, qui quitte sa roche mre si celle-ci est permable
(permabilit intrinsque ou la suite d'une fracturation). Mthane et autres
hydrocarbures mobiles cheminent alors en suivant les zones permables, toujours vers le
haut, car ces hydrocarbures sont moins denses que l'eau qui imprgne en gnral tout le
sous-sol. Ils peuvent ainsi arriver en surface o ils donneront des sources ou suintements
de gaz ou de ptrole. Mais ils peuvent aussi tre retenus dans des structures gologiques
appeles piges. C'est le cas classique d'une couche impermable et de bien d'autres
contextes gologiques. Gaz et ptrole ne forment alors pas des poches, ou des lacs, mais
imprgnent la porosit ou les fractures de la roche-magasin (On nomme 'roche-rservoir'
ou 'roche-magasin' la roche poreuse assimile un gisement de ptrole). La roche-
magasin tant permable, un simple forage vertical, avec (ou sans) pompage suffit pour
extraire une proportion notable des hydrocarbures contenus dans le pige.

1.4.2. Le gaz non conventionnel

Les gaz non conventionnels sont contenus dans des matrices rocheuses
extrmement compactes. L'appellation gaz non conventionnel recouvre principalement
les ressources gazires suivantes : le gaz de schiste (shale gas), le tight gas et le gaz de
charbon. Ce n'est pas leur nature chimique qui les distingue du gaz conventionnel, mais

45
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

les caractristiques gologiques de la roche. Le positionnement de ces divers rservoirs


(profondeur, type de roches) est prsent en Figure 1-17.

Figure 1-17 : Diffrents types de rservoirs [47]

Le gaz de charbon

Le gaz de charbon est, comme son nom lindique, emprisonn dans les gisements de
charbon. La plus grande partie du gaz est absorbe par la surface du charbon. Excellent
stockeur de gaz, le charbon peut contenir de deux trois fois plus de gaz par unit de
volume de roche que les gisements gaziers classiques.

Gaz schiste et tight gas

Les gaz de schiste et les tight gas ont en commun le fait dtre pigs dans des
roches de trs faible permabilit, des roches ultracompactes qui interdisent ou limitent
fortement la circulation du gaz. Ces rservoirs se situent des profondeurs comprises entre
1000 et 5000m ce qui a pour consquence dinduire des conditions thermodynamiques
spcifiques (temprature pouvant aller jusqu' 100C et pression statique suprieur la
centaine de bar)

46
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Le tight gas est pig dans des rservoirs ultracompacts, dont la porosit et la
permabilit sont trs faibles. Les pores de la roche-rservoir contenant le gaz sont
minuscules, et la compacit de la roche est telle que le gaz ne peut sy mouvoir que
trs difficilement.
Le gaz de schiste est, quant lui, extrait dune couche gologique appele roche
mre et non dun rservoir ptrolier classique. Cette roche sdimentaire argileuse
est naturellement peu permable. Le gaz sy trouve soit adsorb, cest--dire
intimement imbriqu dans la matire organique, soit ltat libre dans le volume
poreux de la roche.

Les deux principaux paramtres permettant de caractriser les roches rservoirs


sont la porosit et la permabilit k (Figure 1-18). La porosit (en %) reprsente le
volume des vides par rapport au volume de la roche. La permabilit indique laptitude de
la formation se laisser traverser par un fluide, un liquide ou un gaz, sous leffet dun
gradient de pression. Lunit de la permabilit est le m mais il est courant dutiliser le
Darcy (1Darcy=1m).

Figure 1-18 : Caractrisation des rservoirs en fonction de la permabilit et de la porosit [45]

On regroupe sous lappellation tight gas reservoirs , les gaz issus de formations de
permabilit infrieure 0,1mD (milli-Darcy) et qui ne font pas lobjet dune dfinition
prcise et codifie. Ainsi, compte tenu de la nature grseuse de la plupart des gisements,

47
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

ces rservoirs sont parfois appels tight gas sands . La nature des gisements tight,
lintrieur desquels les gaz se dplacent trs difficilement, rend leur exploitation
complexe.

Si est un bon indicateur du volume dhydrocarbures que peut contenir une


roche, k dlivre une information sur la mobilit des fluides. Cependant une roche peut
possder une bonne porosit, tout en ayant les pores isols les uns des autres, empchant
donc toute circulation (cest le cas de la pierre ponce volcanique ou du grs partiellement
ciment). Dans le cas des tight gas reservoirs, les roches sont la fois faiblement poreuses
et peu permables ; mme le gaz, qui possde une viscosit faible, sy dplace difficilement.
Pour exploiter ces gisements, il faut alors crer des zones plus permables : fractures ou
puits, qui permettront aux hydrocarbures de circuler.

Les hydrates de gaz

Il est possible dinclure dans la catgorie des gaz non conventionnel les hydrates de
gaz, aussi appels clathrates. Ils correspondent une forme de gaz non conventionnel se
trouvant au fond des ocans des rgions trs froides et sont constitus de mthane et deau.
Lexploitation des hydrates de gaz est beaucoup trop chre pour tre rentable dans les
conditions actuelles de march, mais les rserves de gaz contenues dans ces hydrates
seraient gigantesques.

1.4.3. Les mthodes de production

Nous nous intresserons uniquement, dans cette partie, lexploitation des


rservoirs tight gas et gaz de schiste. Ces gisements de gaz non conventionnel sont
difficiles produire. Leur mise en production par des techniques classiques nest pas viable
conomiquement et seule la mise au point de technologies adaptes permet damliorer la

48
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

rcupration en augmentant la porosit et la permabilit relative du rservoir (et donc la


mobilit du gaz).

1.4.3.1. La fracturation hydraulique

La fracturation hydraulique , dont le principe est dcrit Figure 1-19, est la


fracturation cible de formations gologiques peu permables par l'injection sous trs
haute pression (600bar) d'un fluide destin fissurer et micro-fissurer la roche. Cette
fracturation peut tre pratique soit proximit de la surface, soit grande profondeur (
plus de 1km, voire plus de 4km dans le cas du gaz de schiste), et partir de puits
verticaux, inclins ou horizontaux. Dans le cas des schistes profonds dont la permabilit
naturelle est extrmement faible (micro-Darcy voire mme nano-Darcy dans certains cas),
fracturer des portions trs importantes de couches de schiste est, ce jour, le seul moyen
rentable et prouv den extraire les gaz qui y sont pigs (en trs faible quantit par m3 de
schiste).

Figure 1-19 : Principe de la fracturation hydraulique [47]

La fracturation dune couche cible de roche, fournit un chemin conducteur


ouvrant au drainage dune plus grande surface du rservoir . Elle est effectue en

49
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

fracturant la roche par une contrainte statique l'aide d'un fluide inject sous haute-
pression partir d'un forage de surface. Le but est daugmenter la macro porosit et
moindrement la microporosit. Le fluide peut tre de l'eau, une boue ou un fluide
technique viscosit contrle enrichi en agents durs (grains de sable tamis, ou
microbilles de cramique) qui empcheront que le rseau de fracture se referme sur lui-
mme au moment de la chute de pression. Quand les hydrocarbures sont pigs au sein
mme de la matrice rocheuse, la fracturation facilite l'accs une plus grande partie du
gisement. Le but est daugmenter la surface dchange entre le puits et le rservoir, et donc
la productivit du puits.

La fracturation hydraulique se droule en plusieurs phases : une galerie ou un


rseau de galeries est creus dans le lit rocheux que l'on souhaite fracturer puis la
fracturation est initie avec un fluide de faible viscosit (de manire ne pas perdre trop
d'nergie via les forces de friction qui deviennent d'autant plus importantes que le rseau
s'agrandit). Des fluides (ou gels) sont ensuite injects dans le rseau de fentes. Ils
contiennent un agent de soutnement en suspension qui doit viter que ce rseau ne se
referme. La rpartition des agents de soutnement l'intrieur de la fracture est un facteur
essentiel dans la conception d'une fracture hydraulique. Les oprations de collecte
peuvent ensuite tre amorces. Si le puits s'puise ou semble se colmater, de nouvelles
oprations de fragmentation peuvent se succder.

Malgr loptimisation permanente du procd, il reste des points ngatifs cette


mthode. Les principaux points ngatifs sont :

Lemploi dadditifs, plus ou moins toxiques, qui peuvent remonter jusqu' des
nappes phratiques provoquant la contamination de celles-ci ;
Le risque de passage du gaz dans les nappes phratique. Deux phnomnes
peuvent se produire, une migration verticale du gaz lintrieur du rservoir et
une migration du gaz par la prsence dun dfaut dtanchit du puits ;
Lutilisation dune trs grande quantit deau ncessitant dtre recycle par la
suite ;

50
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Une fracturation profonde, pas forcment matrise, et unidirectionnelle.

Par consquent, des mthodes alternatives sont actuellement en phase de


dveloppement ou en phase de test, afin de proposer dautres solutions techniques la
fracturation hydraulique.

1.4.3.2. Les mthodes alternatives

a. Fracturation par gel GPL

Il sagit dune mthode pour fracturer le rservoir utilisant un gel GPL (Gaz de
Ptrole Liqufi ou LPG en anglais : liquid petroleum gas), en remplacement de leau. Les
compagnies GASFRAC [48] et BLACKBRUSH [49] [50], au Canada, ont dvelopp une
technique de fracturation au propane, utilisable lchelle du pilote. Dans le cas de la
fracturation au propane, le principe ressemble la mthode utilisant de leau : il sagit de
gnrer des fissures au sein de la roche-mre et de les maintenir ouvertes laide de sable
et/ou de billes cramiques (Figure 1-20).

Figure 1-20 : Exemple dune exploitation utilisant le propane comme fluide de fracturation [51]

51
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Le point-cl de cette technologie a t de dterminer lagent chimique capable de


glifier le propane. Un ester de phosphate, en association avec un autre additif destin
casser ultrieurement les chanes molculaires est utilis lorigine de la phase glifie.
Par ailleurs, aucun biocide (substances chimiques) nest ncessaire contrairement ce qui
se passe dans le cas dune fracturation leau. LESTZ [52] montre aussi lintrt dutiliser
un gel GPL la place dun fluide tel que leau dans lefficacit du flow back (en franais
le flux de retour), afin de limiter les effets de rtention de leau dans le rservoir qui
tendent restreindre le flux de gaz en sortie.

Parmi les autres diffrences comparativement la fracturation leau, on retiendra


principalement les avantages suivants :

Pas dutilisation deau.


Une tension de surface, ainsi quune viscosit rduite, ce qui confre des taux
levs de rcupration du gaz en place (meilleure pntration du fluide et
vacuation facilite par le passage en phase gazeuse du propane).
Des volumes de propane rduits (typiquement 800m3), notamment si lon considre
que la rcupration du propane inject est quasi complte.

Mais aussi les inconvnients suivants :

Il s'agit, malgr l'absence d'eau, d'une fracturation hydraulique au sens d'injection


d'un fluide sous pression.
Inflammabilit du propane, allie au fait que ce dernier est plus lourd que lair, ce
qui retarde sa dispersion en cas de fuites en surface.

En rsum, du point de vue de lefficacit de rcupration des gaz en place, cette


mthode prsente de nombreux davantages au regard des possibilits de la fracturation
hydraulique eau. Cependant, les problmes lis la sret des installations pourraient
limiter l'utilisation massive de cette technique.

52
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

b. Fracturation pneumatique

Exprimente aux Etats-Unis par la socit CHIMERA ENERGY [53] cette


mthode consiste injecter un gaz comprim dans la roche mre afin de la dsintgrer par
des ondes de chocs. La perforation est pneumatique et non hydraulique. Elle recourt des
gaz chauds plutt qu du liquide pour fracturer le schiste. Le gaz utilis est de lhlium,
prsentant la capacit daugmenter son volume 700 fois quand il passe du stade liquide au
stade gazeux. Lhlium est inject dans le puits sous sa forme liquide, puis sous laction de
la chaleur naturelle du sous-sol se transforme en gaz, gonflant ainsi son volume avec une
grande force mcanique. Cette force est assez puissante pour fracturer la roche mre.
Lhlium est le gaz le moins soluble dans leau que lon connaisse. Ses caractristiques
chimiques permettent une extraction des gaz sans avoir besoin dutiliser de solvants.

Cette mthode de fracturation dpend beaucoup de la disponibilit et du prix de


lhlium et est conomiquement viable tend que le prix de lhlium sera faible. Il n'y a pas
de moyens chimiques pour fabriquer de l'hlium. Les stocks d'hlium dont nous disposons
sur Terre proviennent de la dsintgration des lments alpha radioactifs dans les roches
et ces rserves sont limites

c. Fracturation au CO2

Une alternative est exprimente actuellement : la fracturation au CO2 (dioxyde de


carbone). Pour tre inject, le CO2 doit tre en phase supercritique : le point critique
tant atteint 31,1C et 7,38MPa. Dans certaines conditions de pressions et de
tempratures, le CO2 se comporte comme un liquide. Au-del de son point critique, le CO2
entre dans une phase appele supercritique. La courbe d'quilibre liquide-gaz est
interrompue au niveau du point critique, assurant la phase supercritique un continuum
des proprits physico-chimiques sans changement de phase. C'est une phase aussi dense
qu'un liquide mais assurant des proprits de transport (viscosit, diffusion) proches de
celles d'un gaz. Lefficacit de cette mthode na pas t clairement tablie mais elle

53
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

prsente lavantage de ne pas avoir utiliser un volume deau important. Cependant elle
prsente des inconvnients non ngligeables :

le changement de phase du CO2 est mal matris ;


le CO2 inject en profondeur au contact de leau, forme de lacide carbonique
(H2CO3). Cette eau acidifie peut migrer, au travers des fissures provoques par la
fracturation, jusquaux couches rocheuses carbonates et les dissoudre. Cette
dissolution largit les fissures et entrane la remonte plus rapide des produits
chimiques la surface. Ceci en traversant et contaminant les aquifres (nappe
souterraine deau douce).

d. La fracturation lectrique

La mthode alternative de fracturation qui fait lobjet de ltude prsente dans ce


manuscrit est la fracturation par des ondes de chocs gnres par des dcharges lectriques
dans un liquide. Ce procd est communment appel fracturation lectrique.

La fracturation lectrique est une mthode qui prsente incontestablement moins


de danger pour lenvironnement que la fracturation hydraulique. En effet, les risques de
pollution sont rduits car les volumes deau utiliss sont ngligeables. Elle ne ncessite
donc aucun post-traitement deau et ne met pas en jeu de solvants ou de produits
chimiques.

Cette mthode nest pas rcente ; des essais ont t mens dans le Colorado ds
1964 (MELTON [54]) afin dtudier le potentiel de la fracturation lectrique pour des
rserves dhuile de schiste. Malgr des premiers rsultats encourageants, ces tudes nont
pas abouti sur des mthodes dextraction oprationnelles. Nanmoins, de nombreux
brevets ont t dpos vers la fin des annes 1970 ([55] [56] [57]). Plus rcemment, la
compagnie Chevron [58] est dpositaire dun brevet qui couvre diffrents points
technologiques de la mthode. Les auteurs du brevet insistent sur les caractristiques de

54
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

londe de pression qui doivent tre contrles de manire gnrer une onde acoustique
et pas une onde de choc (londe de choc a une vitesse de propagation suprieure la
vitesse du son). Le brevet ne dcrit aucunement la manire de contrler ces paramtres ni
les consquences du spectre de limpulsion sur lendommagement. Les principales
innovations de ce brevet sont la mise sous pression et le chauffage du liquide hte. La
pression doit tre ajuste lgrement en dessous de la pression de fracturation statique (-
10%) et la temprature juste en dessous du point dbullition (-10%). Ces deux points
doivent permettre de diminuer les pertes dnergie lectrique et dobtenir une meilleure
pntration dans le rservoir. Nanmoins, aucune indication nest donne quant aux
valeurs de tension et dnergie ncessaires dans ces conditions thermodynamiques.

Il existe galement quelques donnes confidentielles et donc non officielles qui


montrent lintrt suscit par cette technique dans diffrents pays. Par exemple, des essais
in situ auraient t mens en Ukraine. Le systme ukrainien, nomm SKIF, serait
compos de deux parties : un module en surface et un module en fond de puits. Il
permettrait de commuter jusqu 100kJ une frquence de lordre du Hz. Un systme
amricain aurait galement t dvelopp. Il serait quant lui compos dun unique
module positionn en surface permettant de commuter environ 200kJ 1Hz en fond de
puits.

A cette problmatique de dimensionnement de dispositif se rajoute le problme de


lefficacit de la mthode et donc de quantification de lendommagement de la roche en
rponse londe de pression dynamique.

MAO [59] prsente des rsultats exprimentaux de fracturation lectrique de


diffrentes roches soumis des contraintes triaxiales. La longueur des fractures a t
tudie pour des nergies de lordre du kilojoule et des pressions dynamiques jusqu'
50MPa. Cet article souligne que ce procd engendre de multiples fractures radiales dont
le nombre et la longueur dpendent des caractristiques mcaniques de la roche (Figure
1-21).

55
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-21 : Exemple dendommagement de roche obtenu par fracturation lectrique (fractures
en mm) [59]

Selon CHO [60], la forme de londe de pression dynamique a une grande


importance sur le type de fracture. Plus prcisment, lauteur montre limportance du
temps de monte de limpulsion de pression vis--vis de laspect plus ou moins diffus des
fractures. La Figure 1-22 prsente des simulations de lendommagement gnr par
diffrentes formes donde de pression de type bi-exponentielle (avec t0 la valeur du front
de monte et / un coefficient qui correspond au rapport entre la dure de limpulsion et
le temps de front)

Pour une pression crte constante, ces simulations montrent clairement


limportance du front de monte, quelle que soit la valeur de la dure de limpulsion. Plus
le spectre frquentiel de londe est haute frquence, plus lendommagement est diffus mais
peu pntrant. A contrario, une onde basse frquence engendre seulement quelques
fractures mais de plus grande longueur.

56
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

Figure 1-22 : Modification des fractures pour diffrentes ondes de pression appliques :
(a) t0 = 10s et / = 1,5; (a') t0 = 10s et / = 100, (b) t0 = 100s et / = 1,5; (b') t0 = 100s et
/ = 100, (c) t0 = 500s et / = 1,5, (c') t0 = 500s et / = 100, (d) t0 = 1000 s et / = 1,5, et
(d') t0 = 1000s et / = 100.

Depuis 2007, la compagnie TOTAL EP finance un programme de recherche au sein


de luniversit de Pau sur la fracturation lectrique de rservoirs Tight Gas Reservoirs. Ce
projet de recherche regroupait initialement des chercheurs du Laboratoire des Sciences de
lIngnieur Appliques la Mcanique et au Gnie Electrique (SIAME EA 4581) et du
Laboratoire des Fluides Complexes et de leurs Rservoirs (LFC-R UMR 5150). Un premier
projet scientifique CHEN [61] comprenait une partie exprimentale et une partie de

57
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

simulation numrique de lendommagement lchelle dun puits. La partie exprimentale


tait btie autour de la mise au point et du dveloppement dune exprimentation de
laboratoire (Figure 1-23 et Figure 1-24). Le but tait dappliquer des chantillons de
roches soumis diffrents niveaux de contraintes statiques reprsentatifs des conditions
rencontres en fond de puits, une onde de choc dynamique issue dun arc lectrique.
Lobjectif fix a consist en une caractrisation de lendommagement de la roche (mesure
de permabilit intrinsque au gaz et mesures ultrasoniques) uniquement en fonction de
lamplitude de londe de pression (chocs rpts ou choc unique) et des niveaux de
contraintes statiques appliqus.

Figure 1-23 : Photographie du dispositif exprimental

Pour les prouvettes soumises un seul choc avec des niveaux dnergie injecte
ajustables jusqu 17kJ, les rsultats ont montr (CHEN [62]) que la permabilit augmente
avec le niveau de pression maximale, et ce, quel que soit le niveau de confinement. Il
existe cependant un effet de seuil de la permabilit en fonction du niveau de pression qui
dpend du niveau de confinement. Lanalyse par tomographie des chantillons a permis de
montrer que la densit dendommagement (et de microfissures) augmente avec lintensit
de lnergie commute. Les essais raliss avec des chocs multiples (environ 80% du seuil

58
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

dendommagement en monochoc) ont permis de montrer quil existe galement un seuil


partir duquel lendommagement du matriau crot fortement.

Figure 1-24 : Vue clate du dispositif exprimental

Il faut noter que pour lensemble de ces travaux, le circuit lectrique tait fix.
Seule lnergie commute dans la cellule pouvait tre modifie afin de faire varier
lamplitude de la pression dynamique applique lchantillon.

Mon travail de thse (Cifre TOTAL) sinscrit dans la continuit des travaux prcits
et vise particulirement approfondir les recherches sur le cur du procd de
fracturation : la partie dcharge lectrique et onde de pression rsultante. Le but vis est
dtudier linfluence de lensemble des paramtres lis au circuit de dcharge de manire
matriser la phnomnologie de la dcharge dans le fluide, et par consquent de
parfaitement contrler lamplitude et la dynamique de londe de pression. Bien videment
lobjectif est d'obtenir un endommagement maximal du rservoir pour un apport d'nergie
lectrique aussi faible que possible.

59
Chapitre 1 : Les dcharges lectriques dans les liquides et leurs applications

1.5. CONCLUSION

Une introduction aux dcharges lectriques dans les liquides vient dtre prsente
ainsi quun bilan non exhaustif des applications industrielles qui en dcoulent. Les
nombreux domaines dapplications mettent en jeu des processus physiques diffrents
(champs lectriques, steamers ou arc) qui varient en fonction des niveaux dnergies
commuts.

Le transfert de la technologie des fortes puissances pulses dans le domaine


ptrolier et particulirement lopportunit dtablir une nouvelle mthode lectrique,
alternative aux procds de fracturation hydraulique reprsente lenjeu principal des
travaux prsents dans la suite de ce manuscrit. Par consquent, une attention particulire
a t porte sur la problmatique des gaz non conventionnels ainsi que sur les diverses
mthodes dexploitation de ces rservoirs.

Afin de mieux positionner lobjectif de nos travaux dans leur contexte, les
principaux rsultats rcemment obtenus dans le domaine de la fracturation lectrique ont
t prsents dans ce chapitre. Ces rsultats ont permis dtablir le socle de cette thse qui
portera plus spcifiquement sur la caractrisation de la dcharge lectrique dans leau et de
londe de pression rsultante.

La mise en place, le fonctionnement et la description des dispositifs exprimentaux


sont prsents dans le chapitre suivant.

60
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

CHAPITRE 2

PRESENTATION DES

DISPOSITIFS

EXPERIMENTAUX POUR LA

GENERATION ET LETUDE

DONDE DE PRESSION EN

MILIEU LIQUIDE

61
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

62
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

2. PRESENTATION DES DISPOSITIFS EXPERIMENTAUX POUR LA


GENERATION ET LETUDE DONDE DE PRESSION EN MILIEU
LIQUIDE

Lensemble des diffrents dispositifs exprimentaux incluant les systmes de


gnration lectriques ainsi que leurs moyens de diagnostics associs (mesures de tension,
de courant et de pression dynamique) vont tre prsents dans ce chapitre. Ces dispositifs
exprimentaux nous ont permis de faire varier des paramtres lectriques tels que la
quantit dnergie dlivre, le niveau et la forme dinjection du courant ou de modifier des
proprits thermodynamiques du fluide (temprature et pression) afin dtudier leurs
influences conjointes sur londe de pression dynamique gnre. Suite la description de
ces dispositifs, les notions de base concernant les principales grandeurs lectriques et
acoustiques seront galement dfinies en fin de chapitre afin que le lecteur dispose de tous
les outils ncessaires la comprhension des parties suivantes.

2.1. DISPOSITIFS EXPERIMENTAUX

2.1.1. Condensateurs, gnrateurs et alimentations

Dans nos dispositifs exprimentaux, les impulsions lectriques Haute Tension sont
gnres en dchargeant des condensateurs de puissance de capacit 200nF, 1,4F ou
4,2F. Ils peuvent tre chargs respectivement des tensions maximales de 40kV, 75kV et
50kV. Ces condensateurs de dcharge supportent jusqu 80% de tension inverse et des
charges de trs faible impdance. En fonction du type dassociation et du niveau de

63
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

tension de charge, lnergie totale du banc de stockage peut varier typiquement de


quelques Joules jusqu environ 5kJ.

Un gnrateur de Marx, dvelopp au laboratoire, permet de dlivrer des


impulsions jusqu' une valeur maximale de 250kV. Il est compos de 6 tages comportant
chacun un condensateur 200nF/60kV. Lnergie maximale dlivrable par ce gnrateur
peut atteindre 1kJ par impulsion. De par sa tension de sortie relativement importante, ce
gnrateur sera principalement associ ltude des dcharges supersoniques (Cf. Chapitre
1) alors que les bancs de condensateurs permettant de stocker plus dnergie de faibles
niveaux de tension seront associs ltude des dcharges subsoniques.

Les condensateurs sont chargs laide dalimentations positives (par exemple le


modle SL50*1200 50kV-24mA de chez Spellman) ou dun chargeur de polarit positive
(60kV, 250mA) de chez E.T.A.T.

Les 3 types de condensateurs de puissance utiliss, le gnrateur de Marx,


lalimentation et le chargeur Haute Tension sont visibles, respectivement, sur les Figure
2-1 et Figure 2-2.

(a) (b)
Figure 2-1 : Condensateurs de puissance (a) et gnrateur de Marx 250kV (b)

64
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

(a) (b)
Figure 2-2 : Alimentation Haute Tension Spellman (a) et chargeur Haute Tension E.T.A.T (b)

Lnergie emmagasine dans les condensateurs est commute vers la charge laide
dun clateur air, de type trigatron, ralis au laboratoire (Figure 2-3). En champ quasi
homogne, il peut commuter des tensions pouvant atteindre 100kV et des courants de
200kA. La commutation de cet clateur est commande par un gnrateur dimpulsions
20kV, lui-mme dclench par une impulsion transmise par fibre optique. Cette
association permet une isolation galvanique entre le circuit de commande et le circuit de
puissance.

Figure 2-3 : Commutateur associ son systme de dclenchement

65
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

2.1.2. Scurit

La partie puissance du dispositif exprimental ainsi que les enceintes de


confinements sont, pour des raisons videntes de scurit et de CEM, localises dans une
salle entirement faradise et ferme. Louverture des portes de la salle conditionne la
mise en scurit du montage exprimental via un commutateur lectromagntique (appel
dump ). Il permet la mise la masse de tout le dispositif travers une rsistance de
dcharge eau. La tenue en tension du dump est suprieure 60kV continu. La rsistance
eau est capable de dissiper une nergie maximale de 100kJ, ce qui est largement
suprieur la valeur des nergies usuellement commutes dans nos tudes.

2.1.3. Protection des alimentations

Lors de la dcharge dun condensateur dans une charge quivalente un circuit RL


(arc dans leau), on observe, dans le cas dune dcharge pseudopriodique, un rgime
oscillant. Le condensateur se charge et se dcharge priodiquement travers linductance
et la rsistance. Les oscillations ngatives sont nfastes pour les alimentations non
rversibles puisquelles gnrent des tensions inverses leurs bornes. Il est donc
primordial dutiliser des circuits de protection lorsquon travaille sur des dcharges dans
les liquides. La Figure 2-4 prsente les schmas des deux solutions utilises pour la
protection de lalimentation Spellman et pour celle du chargeur E.T.A.T.

Diode Rsistance eau Rsistance


70kV 300k 160k
300mA
IN OUT
IN OUT

Diode
Diode 75kV
70kV 10A
300mA

0 0
0 0

(a) (b)
Figure 2-4 : Schmas des protection dalimentation (a) et du chargeur (b)

66
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Dans le premier cas, deux diodes 70kV-300mA, (association srie de 8 diodes EDI
XMU10), et une rsistance eau de 300k sont ncessaires pour le circuit de protection.
La rsistance eau a t dimensionne afin de limiter le courant inverse et de permettre
dutiliser lalimentation son courant de charge maximal (24mA).

Dans le second cas, la protection du chargeur est compose dune diode 75kV-10A
(association srie de 50 diodes FAIRCHILD FFPF10F150S) et dune rsistance de puissance
de 160k choisie pour limiter le courant inverse tout en permettant dutiliser le chargeur
son courant maximal (250mA).

2.1.4. Les enceintes de confinement du fluide

Trois enceintes de confinement du fluide ont t utilises pour nos diffrents essais.
Les deux premires sont prsentes sur la Figure 2-5. Il sagit denceintes en aluminium
dune capacit respective de 4l et de 35l que nous appellerons petite enceinte et
grande enceinte . Elles sont pourvues de quatre emplacements pour la mise en place de
capteur de pression et/ou de hublots en polycarbonate pour la visualisation de larc
lectrique. Une traverse Haute Tension (visible sur la petite enceinte, mais non prsente
sur la grande) permet dappliquer des impulsions jusqu' une valeur maximale de 300kV.
Le choix de lenceinte est fonction de la distance de mesure de la pression et de lnergie
lectrique que lon a souhaite commuter. Comme nous le verrons dans la section 2.2.3, les
amplitudes des ondes de pression admissibles par nos capteurs sont limites. En fonction
de lnergie commute, il est par consquent ncessaire dloigner le capteur de larc. Pour
la petite et la grande enceinte les distances maximales arc-capteur sont respectivement de
9cm et de 17,5cm.

67
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

(a) (b)
Figure 2-5 : Enceintes : petite enceinte (a) et grande enceinte (b)

Une troisime enceinte a t spcifiquement dveloppe pour cette tude. Elle a t


ralise en collaboration avec la socit Top Industrie afin de recrer en laboratoire les
conditions thermodynamiques appliques au liquide en condition de fond de puits.

La conception est passe par la dfinition dun cahier des charges dcrit, ci-
dessous :

- Pression maximale : 300bar (200bar statiques + 100bar dynamiques)


- Temprature maximale : 100C
- Volume de liquide : 2,2 litres
- Tenue en tension de la traverse Haute Tension : > 50kV continu
- Deux hublots pour observation et mesures optiques
- Porte-capteur pour mesures de pression
- Isolation lectrique intrieure pour minimiser les pertes lectriques

68
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Figure 2-6 : Enceinte Haute Tension, Haute Pression et Haute Temprature

Cette enceinte, prsente Figure 2-6, permet de coupler des contraintes de


temprature et de pression statique et/ou dynamique des contraintes de rigidit
dilectrique, le tout dans un volume rduit. Cette accumulation de contraintes tant peu
courante, de nombreuses difficults techniques ont d tre rsolues au cas par cas durant
la conception de cette enceinte, la conception de la traverse tant la plus critique.

Le dimensionnement de la traverse Haute Tension a pu tre ralis laide de


simulations lectrostatiques couples des calculs de contraintes mcaniques effectus par
la socit Top Industrie. En ce qui concerne les simulations de champs lectriques,
lenceinte a t modlise en 2D axisymtrique laide du logiciel COMSOL (voir Figure
2-7). Le logiciel COMSOL, anciennement appel FEMLab, est avant tout un outil de
rsolution dquations aux drives partielles par lments finis. Sa particularit est de
disposer dune base de donnes dquations permettant de modliser diffrents
phnomnes physiques, comme llectrostatique, lcoulement de fluides ou encore la
dformation des matriaux, ce qui rend la conception du modle beaucoup plus rapide.

Cette tude a permis dtudier la rpartition spatiale du champ lectrique afin de


dimensionner au mieux la traverse et de modifier les gomtries de lenceinte que nous
appellerons enceinte Haute Pression.

69
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Traverse HT

Enceinte
mtallique
Tige HT

Tflon

Eau

Figure 2-7 : Reprsentation gomtrique de lenceinte Haute Pression sous COMSOL

2.1.4.1. Rpartition du champ lectrique dans lenceinte HP

Le choix du matriau isolant utilis pour la traverse Haute Tension est trs
important car il doit la fois possder une bonne tenue mcanique et dilectrique tout en
conservant ces proprits pour des tempratures de fonctionnement leves. Notre choix
sest port sur du PEEK 450 G, qui est un polythertherctone non charg. La
combinaison de ses excellentes caractristiques en matire de rsistance chimique, de
tenue leve la temprature et sa haute capacit de charge mcanique le classe parmi
les matriaux plastiques de haute performance les plus utiliss. Sa temprature de service
admissible en continu est de 250C, avec de brves pointes de temprature pouvant aller
jusqu' 310C. Le PEEK 450 G possde une rigidit dilectrique assez leve (20kV/mm).

Les rsultats des simulations lectrostatiques ralises pour dterminer les niveaux
de champ lectrique dans la traverse pour une tension de 50kV applique sur llectrode
sont prsents dans les trois zones sensibles les plus significatives (c'est--dire prsentant
le plus de risque de claquage). La premire zone correspond la partie de la traverse
ayant lpaisseur disolant la plus rduite (Figure 2-8). Les deux autres zones sont localises
au niveau de renforcements de champ et dun point triple.

70
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Zone 1 Champ lectrique (kV/cm) le long du segment (a)

Zone 2 Champ lectrique (kV/cm) le long du segment (b)

Zone 3 Champ lectrique (kV/cm) le long du segment


(c)
Figure 2-8 : Distribution du champ lectrique sous COMSOL en zone 1, 2 et 3

71
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Lanalyse de ces diffrents rsultats de simulation montre que des renforcements de


champ lectrique provoqus par les effets de pointe coupls des points triples gnrent
des valeurs de champ lectrique pouvant atteindre 110kV/cm pour un potentiel appliqu
de 50kV sur llectrode. Sachant que la rigidit dilectrique du PEEK 450 G est de
20kV/mm, lpaisseur de lisolant a donc t fixe 11mm minimum. On garantit ainsi
une marge de scurit dun facteur 2 entre la tenue dilectrique thorique du matriau et
les valeurs maximales du champ lectrique appliques.

2.1.4.2. Mise sous pression statique et chauffage de lenceinte HP

La mise sous pression statique du liquide seffectue par pressurisation dun volume
de gaz tampon, partir dune bouteille dair comprim 200bar.

Le chauffage de lenceinte est assur par un ensemble de deux colliers chauffants de


1500W chacun qui sont pilots par un coffret de commande pour la rgulation (Figure
2-9). Une fois la temprature de consigne atteinte, le systme de rgulation est dconnect
avant lapplication des chocs lectrique afin dviter tout retour lectrique qui pourrait
lendommager. Des couvertures isolantes positionnes autour de lenceinte permettent de
limiter les dperditions thermiques en conservant leau temprature souhaite pendant
un temps suffisant pour effectuer plusieurs sries dessais.

Figure 2-9 : Coffret de commande

2.1.4.3. Montage exprimental et protocole dessais pour lenceinte HP

Le montage exprimental est prsent Figure 2-10 et Figure 2-11.

72
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Pour des raisons de scurit, lnergie maximale commute dans cette enceinte HP
est limite 500J. Pour cela, nous utilisons le banc de condensateurs de capacit
quivalente gale C=600nF dont la tension de charge nexcde pas 40kV.

Impulsion Haute Mesure de


Tension Tension
40kV

Plage de tension : jusqua 50kV Volume de Gaz


Mesure de
Plage dnergie : jusqua 500J pression statique

Plage de pression : 0 200bar

Volume
deau

Arrive Purge

Soupape
Capteur de de
Mesure de pression scurit
courant dynamique

Mesure de
Rgulation temprature
de
temprature Azote
Plage de temprature : 10 - 100C

Figure 2-10 : Schma de lenceinte HP

Protection alim
Cellule HP
Porte capteur
Manomtre
pression

Sonde de
Condensateur courant Entre Vidange
Protection alim Soupape de
scurit

Figure 2-11 : Montage exprimental associ lenceinte HP

73
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

2.1.5. Les lectrodes

Les diffrentes enceintes utilises sont quipes dlectrodes de type pointe-pointe.


Le rayon de courbures de ces lectrodes varie de 1mm 10mm, ce qui permet, tout en
conservant une symtrie dans le profil du champ, de faire varier la valeur maximale du
champ lectriques au niveau des pointes. Suivant la gomtrie dlectrodes et la tension
applique, il est possible de matriser le mode de dcharge ; subsonique ou supersonique.
Par exemple, les lectrodes possdant un rayon de courbure de 1mm associes de forts
niveaux de tensions sont privilgies pour ltude des dcharges supersoniques. Les
gomtries avec un rayon de courbure de 2,5mm et 10mm sont plus spcifiquement
ddies la caractrisation des dcharges subsoniques (moyenne et forte nergie).

En fonction de lnergie commute et du nombre de commutations, les lectrodes


srodent plus ou moins rapidement. Ce phnomne drosion est accentu sur les
lectrodes de faible rayon de courbure. Afin de limiter cet effet, qui est particulirement
prjudiciable lorsque lon souhaite conserver une distance inter-lectrodes faible et
constante, certaines lectrodes ont d tre ralises partiellement en tungstne.

Figure 2-12 : Diffrentes configurations dlectrodes

74
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

2.2. METROLOGIE ELECTRIQUE

2.2.1. Mesures de tension

Suivant le mode de dcharge utilis (subsonique ou supersonique) les formes


donde de tension observer seront diffrentes :

Concernant ltude des dcharges subsoniques, les impulsions de tension dlivres


par le gnrateur sont des ondes bi-exponentielles pouvant atteindre 75kV damplitude
maximale avec des fronts de monte infrieurs 1s et des dures mi-hauteur pouvant
atteindre plusieurs millisecondes. La mesure de cette tension est effectue laide dune
sonde NorthStar modle PVM5 de rapport k = 1000, de frquence de coupure haute gale
80MHz et pouvant supporter une tension maximale de 60kV en continu et de 100kV en
impulsionnel.

Ltude des dcharges en mode supersonique ncessite lutilisation dimpulsions


dlivres par le gnrateur de Marx qui peuvent atteindre des tensions de 250kV avec des
fronts de monte infrieurs 100ns. La mesure de tension ne pouvant plus tre effectue
par une sonde NorthStar, une sonde de champ capacitive, ralise au laboratoire a t
utilise. Cette sonde est constitue de deux condensateurs en srie, Ct et Cp. Le
condensateur de tte Ct est une capacit air dont les armatures sont formes par deux
plateaux mtalliques en regard dont la distance h est variable. La valeur de Ct est donc
ajustable en fonction de la hauteur h. Le condensateur de pied Cp comprend la capacit
interne du diviseur et la capacit du cble de connexion loscilloscope. La valeur de la
capacit de pied tant fixe, le rapport dattnuation k=Cp/(Cp+Ct) est ajustable en fonction
de la distance entre les plateaux mtalliques. La sonde possde une bande passante allant
de 90Hz 300MHz. De par sa gomtrie (hauteur du plateau suprieur), la tension
maximale mesurable est denviron 300kV. Ces deux sondes de tension sont prsentes en
Figure 2-13.

75
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

HT

Ct

h Vs
Cp

(a) (b)
Figure 2-13 : Sonde de tension : NorthStar (a) et Sonde de champ (b)

2.2.2. Mesures de courant

Les mesures de courant ont t effectues laide de sondes de Rogowski de


marque Pearson. Une sonde de Rogowski est compose dun noyau ferromagntique
torique, lintrieur duquel passe le conducteur transportant le courant mesurer. Le
noyau peut tre satur par la composante continue (valeur moyenne) du courant, ou par le
produit I.t (courant temps) pour un courant impulsionnel. Cette sonde permet de
raliser directement une mesure du courant par lintermdiaire dun cble coaxial
dimpdance 50 connecte sur lentre 1M dun oscilloscope. Londe de tension
obtenue sur loscilloscope est une reproduction fidle de londe de courant. La sensibilit
de la sonde, en V/A, fournie par le constructeur, donne la valeur de lamplitude du
courant partir du signal visualis sur loscilloscope. Les deux critres caractrisant le
maximum de courant admissible (courant crte et courant continu) ne suffisent pas
caractriser la sonde. Comme nous lavons dit plus haut, il faut aussi ajouter le critre de
charge, cest--dire le produit courant temps, qui indique la quantit de charge
maximale que peut accepter la sonde

Les caractristiques des deux sondes Pearson modle 101 et 4418 utilises dans nos
essais sont prsentes ci-dessous :

76
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

PEARSON MODEL 101 PEARSON MODEL 4418

Rapport (sur 1M) 0.01V/A 0.001V/A

Amplitude max. de courant 50kA 200kA

Courant max. RMS 200A 400A

Produit courant temps 2,5A.s 6A.s

Temps de monte min. 85ns 170ns

Tableau 2-1 : Caractristiques des sondes de courant testes et utilises sur le banc d'essai

2.2.3. Mesures de pression dynamique

La mesure de pression dynamique est effectue grce des capteurs spcifiques


capables denregistrer de fortes variations temporelles de pression dans un liquide. Dans le
cadre de ces travaux, deux socits distribuant ce type de capteur ont t identifies : les
capteurs Muller de la socit AllianceTech et les capteurs Bauer de la socit
PiezoTech. Ces deux capteurs sont prsents en Figure 2-14.

(a) (b)
Figure 2-14 : Capteur Bauer (a) et Capteur Muller (b)

77
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

2.2.3.1. Capteur Bauer

Le principe du capteur Bauer, est bas sur les proprits pizolectriques du


polyfluorure de vinylidne (PVDF). Ce polymre prsente une activit pizolectrique
bien plus leve que les transducteurs pizolectriques habituels (quartz, niobate de
lithium, ), et possde un temps de rponse trs faibles, de lordre de la nanoseconde.
Lutilisation de ce type de capteur est frquente dans les domaines de lacoustique et de la
dtonique. Les principaux paramtres dun capteur base de PVDF sont son paisseur, sa
cristallinit et sa polarisation. Le capteur utilis est un capteur mince PVDF standard de
25m [63]. Des essais prliminaires ont montr que ce type de capteur PVDF tait sensible
aux perturbations lectromagntiques cres par les dcharges lectriques de forte
puissance gnres dans leau [7]. Le capteur a donc t modifi la demande du
Laboratoire de Gnie Electrique de manire pouvoir faire une mesure diffrentielle de la
pression. Le principe de cette mesure consiste transmettre deux signaux de tension de
mme amplitude, proportionnelle la dformation du pizolectrique, mais en opposition
de phase. Les parasites se superposent de faon identique sur ces deux signaux (mode
commun) et un calcul diffrentiel permet de saffranchir de leurs effets. Un rapport
dtalonnage fournit la sensibilit S du capteur : S=14,13pC/bar. La mesure de tension de
chaque signal est enregistre aux bornes dune rsistance R=1k, ce qui donne le courant
dbit dans la charge R. La sensibilit du capteur tant donne par rapport la quantit de
charge, il faut donc intgrer le courant pour obtenir la variation de la pression au court du
temps. Par ailleurs, pour des raisons de fiabilit du capteur, une pastille de Kel-F a t
ajoute en face avant afin de protger la pastille active contre les pressions trop leves.
Dans cette nouvelle configuration spcifique, ce type de capteur permet des mesures de
pression jusqu 120bar. Par contre, pour cette nouvelle version du capteur, la bande
passante nest pas spcifie. Cependant dans le cadre de nos essais, des fronts de lordre de
quelques centaines de nanosecondes ont clairement pu tre mesurs.

La Figure 2-15 reprsente un exemple de signaux enregistrs lors dune dcharge


lectrique dans leau.

78
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

ARC

(a) Enregistrement de limpulsion de


tension

ARC

(b) Enregistrement de limpulsion de


courant

ARC
Image de
londe de
pression

(c) Enregistrements des deux signaux


de courant du capteur

Image de
ARC
londe de
pression

(d) Courant diffrentiel rsultant du


capteur, aprs traitement numrique

(e) volution temporelle de londe de


pression mesure par le capteur,
aprs traitement numrique

V
t
P 1 14,13.10 12 1 V2 2.10 3 dt
0

Figure 2-15 : Enregistrements de signaux lors de la gnration dune onde de pression

79
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Le capteur dlivre deux signaux diffrentiels de tension (Figure 2-15(c)). Une


impulsion est visible sur chacune des voies du capteur environ 60s aprs larc : cest le
temps mis par londe de pression gnre par larc pour atteindre le capteur la vitesse de
1500m/s (vitesse de propagation du son dans leau 20C). Ce sont ces deux impulsions, de
signe oppos, quil faut analyser et traiter. Pour un mme circuit de dcharge, plus la
tension de claquage est leve, plus lamplitude des oscillations amorties de la phase post-
arc sera importante. Il devient donc dlicat dans ces conditions dextraire correctement les
deux signaux du bruit d au circuit.

Pour obtenir le signal de la Figure 2-15(d), les deux signaux prcdents ont t
soustraits et diviss par la rsistance R=1k. Le signal de courant diffrentiel obtenu est
divis par 2 car en mode diffrentiel, le capteur mesure deux fois la charge (+Q) et (-Q).
On peut remarquer que les parasites nont pas totalement disparu. Cela vient du fait que
les amplitudes des signaux de la Figure 2-15(c) ne sont pas parfaitement identiques.

Enfin, la Figure 2-15(e) reprsente londe de pression correspondante, aprs


intgration du signal de la Figure 2-15(d) avec prise en compte de la sensibilit du capteur
S=14,13pC/bar. Les rflexions de londe de pression dans lenceinte introduisent
rapidement ( partir de 5-10s) des perturbations sur la mesure de pression.

2.2.3.2. Capteur Muller

Le capteur Muller a t dvelopp l'universit d'Aix-la-Chapelle en 1985 pour des


mesures dondes de pression haute frquence dans l'eau. Ce capteur est spcialement
conu pour la mesure d'ultrasons de haute nergie aussi bien que pour des ondes de choc
dans l'eau jusqu' un certain nombre de kilobars. Il est compos dune face active en PVDF
de petit diamtre, (moins de 0,5mm), et permet de mesurer des temps de monte trs
courts de lordre de 50ns pour une plage de mesure de -100 2000bar. La mesure seffectue
directement loscilloscope sur une entre 1M (mesure non diffrentielle). La valeur de
pression correspondante est dfinie par la sensibilit du capteur.

80
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

La mesure est calibre, par le fabricant et sa sensibilit est dfinie par :

Avec : Uprobe est la sensibilit du capteur en Volt/bar :

Qprobe est la sensibilit du capteur (0,41pC/bar)

Csum est la somme des capacits (somme capacit cble capteur +


capacit oscilloscope)

Dans notre cas la sensibilit du capteur est dfinie par :

2.2.3.3. Tests comparatifs des diffrents capteurs de pression

Les rsultats des essais comparatifs sur trois capteurs de pression sont prsents
dans cette section. Les trois capteurs utiliss sont : un capteur Muller et deux capteurs de
la socit Piezotech que nous appellerons Bauer 1 et Bauer 2. Sur la deuxime version du
capteur Bauer (Bauer 2), le support intrieur du capteur possde un paulement qui
renforce le dispositif et qui a permis de rduire lpaisseur de la pastille extrieure en
Kel-F (passant de 1mm 100m).

a. Mesures de pression crte

Des mesures de pression crte en fonction de lnergie disponible au moment du


claquage sont prsentes sur la Figure 2-16. Pour un mme capteur et une mme nergie
commute, la dispersion des rsultats apparat clairement. Cette dispersion a
essentiellement deux origines. La premire repose sur le principe dune mesure
diffrentielle associe lintgration du signal de courant. Comme nous lavons vu

81
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

prcdemment, la diffrentiation des deux signaux de courant comportant les oscillations


nest pas parfaite et engendre un offset quil faut traiter au cas par cas avant la phase
dintgration. La seconde est lie la variation naturelle de la position de larc entre les
lectrodes qui engendre une variation de la distance entre larc et le capteur.

Figure 2-16 : volution de la pression en fonction de lnergie Eb pour les 3 capteurs tudis

Intressons-nous maintenant la comparaison des rsultats entre capteurs. En


prenant en compte les remarques prcdentes, les essais montrent que les diffrentes
mesures donnent globalement des niveaux de pression relativement similaires, mme si le
capteur Bauer 1 semble un peu pessimiste. Ce rsultat peut tre expliqu par lpaisseur de
la pastille de Kel-F plus importante sur ce modle, qui doit engendrer une attnuation
supplmentaire inconnue.

b. Allure temporelle de londe de pression

Lvolution temporelle des profils de pression enregistrs par les trois capteurs en
mode subsonique sont prsentes Figure 2-17. Les mesures sont ralises pour une mme
configuration exprimentale ; le circuit de dcharge, lnergie stocke et lnergie
disponible au moment du claquage sont strictement identiques.

82
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Figure 2-17 : Formes dondes types pour trois diffrents capteurs en mode subsonique

Les capteurs Bauer 1 et Bauer 2 mesurent sensiblement la mme forme donde mise
part une rflexion plus marque sur le Bauer 2. Cette rflexion apparat de faon
systmatique dans les premires microsecondes de la dcroissance de londe. Elle est
probablement due la conception du capteur et plus particulirement la prsence de
lpaulement sur ce dernier. Le front de monte de limpulsion de pression, dans cette
configuration, est estim 2s.

En revanche, si les amplitudes sont comparables, il apparat des diffrences


significatives entre les volutions temporelles des signaux dlivrs par les capteurs Bauer
et le capteur Muller. En effet, ce dernier retranscrit des fronts de pression de lordre de la
centaine de nanoseconde et dune dure denviron 400ns mi-hauteur.

Il est complexe dinterprter cette diffrence de forme dimpulsion alors que les
amplitudes associes sont identiques (cf. section prcdente). Nous pouvons nanmoins
faire plusieurs remarques :

La bande passante du capteur Muller est de 7MHz, donc suffisante pour une
mesure de front de la centaine de nanosecondes.
A lorigine, la bande passante des capteurs Bauer tait donne pour 10MHz lors
dune utilisation pour mesure donde de choc induit par impulsion laser [63]. Elle

83
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

na pas t spcifie par son fabricant pour notre configuration, c'est--dire une
mesure en mode diffrentiel et avec la prsence dune pastille de Kel-F. On
pourrait donc supposer que, dans notre exemple, il travaille ici en dehors de sa
bande passante admissible. Il nen est rien car : dune part comme nous le verrons
dans les chapitres suivants (cf. 4.4.3), ce capteur a permis de mesurer des fronts
jusqu 500ns, dautre part, si cela tait vrai, les amplitudes des ondes de pression
seraient fausses.

Si lon se rfre la bibliographie, GAO [64] prsentent des rsultats de mesure de


pression en utilisant un capteur de pression (PBC-138A01). Le montage exprimental est
compos dun gnrateur de Marx 300kV-0,3nF (10 tages) et dune configuration
dlectrode pointe-plan. Londe de pression mesure possde un temps de monte
infrieur 10s et un temps mi-hauteur de lordre de 10s.

TIMOSHKIN [65], prsente des rsultats obtenus partir dun pinducer


ValpeyFisher (model VP-10963). Londe de pression gnre par la dcharge dun
condensateur de 700nF charg 35kV (453J), possde un temps de monte de lordre de
500ns et une dure mi-hauteur de lordre de 700ns.

Pour finir, BROYER [43] prsente lenregistrement dondes de pression ayant une
dure mi-hauteur denviron 3s et un front de monte inferieur la 100ns (compte tenu
de lchelle, il est impossible de dterminer la valeur exacte). La mesure de pression est
effectue par un capteur reposant sur le mme principe que le capteur Bauer. Londe de
pression est gnre par la dcharge dune ligne via un clateur de sortie. Comptes tenues
de la configuration du circuit (trs faible valeur dinductance) et des faibles nergies
commutes il nous parat normal que le front de monte de londe de pression mesure
soit aussi rapide. En effet, comme nous le verrons dans le Chapitre 4 (cf. 4.4.3), ces deux
paramtres influent sur la rapidit de limpulsion de pression.

Si les informations fournis par ces deux auteurs sont apprciables, leurs capteurs ne
sont pas transposables nos applications. Ainsi, compte tenu de notre configuration

84
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

exprimentale, la forme donde de pression obtenue avec le capteur de pression Bauer


parat conforme celles publies dans la littrature.

c. Conclusion sur la mesure de pression dynamique

En conclusion, chaque capteur possde des avantages et des inconvnients.

Malgr quelques volutions de conception, les deux capteurs Bauer dlivrent des
signaux de pression comparables. Grce une technique diffrentielle, ils
permettent de raliser des mesures dans un environnement perturbant en
saffranchissant du bruit lectromagntique. Bien que la bande passante du capteur
ne soit pas spcifie, lallure temporelle du signal dlivr est conforme ce que
nous avons trouv dans la littrature [65]. Celui-ci nest donc pas altr.
En ce qui concerne le capteur Muller, il mesure des niveaux de pression identiques
ceux enregistrs par les capteurs Bauer. Lacquisition du signal de pression est
directe et ne ncessite pas de traitement numrique lourd. La bande passante est
spcifie par le constructeur. Nanmoins la forme donde de pression restitue est
trs diffrente de celle obtenue partir des capteurs Bauer. Laspect trs HF du
signal qui est mis en vidence par le spectre frquentiel de la Figure 2-18, nest pas
en accord, non plus, avec les donnes bibliographiques correspondantes des
dcharges subsoniques de fortes nergies.

Figure 2-18 : Spectres frquentiels associs aux ondes de pression

85
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

De plus, le capteur Muller ne permettant pas de faire des mesures diffrentielles, il


est trs sensible aux perturbations lectromagntiques gnres par larc lectrique. Il
devient mme impossible de distinguer le signal utile des perturbations lors dune
utilisation dans des circuits fortement oscillants et/ou pour des nergies commutes
importantes. Ainsi, lessentiel de nos mesures de pression, prsent dans la suite du
document, a t ralis avec les capteurs Bauer.

2.3. CONFIGURATIONS EXPERIMENTALES UTILISEES

Un dispositif exprimental type est prsent Figure 2-19 et Figure 2-20. Il a t


spcialement conu pour pouvoir faire varier 4 paramtres :

Lnergie lectrique stocke (par modification de la valeur du banc de capacit


et/ou de la tension de charge).
Lvolution temporelle de lnergie lectrique restitue au fluide (par modification
de la self du circuit).
La gomtrie inter-lectrodes (distance inter-lectrodes et rayons de courbure des
pointes).
Les conditions thermodynamiques du fluide (temprature et pression statique).

Self variable
Sondes de tension :
Eclateur - NorthStar
Alimentation Diode Rsistance dclanch - Sonde de Champ
ou
Chargeur
Gnrateurs :
Enceintes :
Diode Vm - Condensateur
Gnrateur - Petite Enceinte
Dump - Marx - Grande Enceinte
dimpulsions
- Enceinte HP

Capteur BAUER

I Sonde Rogowski
Condensateur (C=200nF 4,2F)
Marx (C=33nF)

Figure 2-19 : Schma du montage exprimental en mode subsonique

86
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Figure 2-20 : Exemple de montage exprimental faible inductance

Plus spcifiquement, ce dispositif nous a permis de caractriser londe de pression


dynamique en fonction du mode de claquage, de lnergie lectrique restitue au fluide,
des caractristiques temporelles de linjection dnergie dans le liquide et des proprits
thermodynamiques du liquide. Pour chaque configuration, les volutions de la tension, du
courant et de la pression dynamique ont t enregistres.

Tous les essais ont t raliss dans de leau courante (200S/cm) ou dminralise
(40S/cm). Leau est renouvele aprs chaque srie de tirs.

2.4. DEFINITIONS DES GRANDEURS ELECTRIQUES ET


ACOUSTIQUES

2.4.1. Les paramtres lectriques

Les diffrentes grandeurs lectriques qui caractrisent les ondes de tension u(t) et
de courant i(t) sont prsentes Figure 2-21 et introduites ci-dessous :

La tension maximale ou tension de charge note Um

87
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

La tension de claquage Ub
Le temps de claquage Tb
La valeur maximale Imax du courant et sa pente di/dt=Imax/Tmax

(a) (b)
Figure 2-21 : Exemple dondes de tension (a) et courant (b)

2.4.1.1. Dfinition du paramtre U50

Lun des paramtres caractristiques de la tenue dilectrique dun intervalle est la


valeur maximale Um de la tension appliquer pour permettre la rupture dilectrique de
celui-ci. La dtermination de cette valeur fait appel une tude statistique et des notions
de probabilit de claquage. On dfinit ainsi la tension, note U50, qui reprsente la valeur
de la tension Um conduisant 50% damorages (breakdown) [66].

Par la mthode appele Up and Down [67] et en effectuant une srie de n chocs,
la valeur U50 se dtermine par :

2-1

BOUTTEAU [67] a montr quune srie limite 50 tirs permet dobtenir une
prcision significative de la valeur du U50 (Figure 2-22).

88
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Figure 2-22 : Mthode de dtermination de la tension U50

2.4.1.2. Dfinitions des nergies lectriques

Lnergie initiale ou stocke dans un banc de condensateurs est dfinie par :

2-2

avec C la valeur de la capacit quivalente du banc de condensateurs.

Lnergie au moment du claquage est dfinie par :

2-3

Elle reprsente lnergie disponible pour la phase post-dcharge.

Lnergie consomme pendant la phase de pr-dcharge est dfinie par :

( )
( ) 2-4

avec p(t) la puissance lectrique et Reau la rsistance quivalente de lensemble enceinte de


confinement du fluide (les autres rsistances du circuit tant ngligeables devant Reau). Ce
paramtre sera prsent de faon plus dtaille dans le chapitre suivant.

Lvolution de la tension applique est rgie par :

( ) ( ) 2-5

89
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

donc lnergie consomme sexprime par (rsistances du circuit ngliges):

[ ( )] 2-6

Le rendement lectrique de la phase de pr-dcharge est donc dfinie par :

( ) 2-7

2.4.2. Les paramtres acoustiques

Afin de caractriser londe de pression P(t) gnre par une dcharge lectrique
(Figure 2-23) nous utiliserons les paramtres suivants :

La pression maximale note Pmax


La dure mi-hauteur
Le temps de monte de londe de pression note Tfront
La pente de londe note dP/dt=Pmax/Tfront

Figure 2-23 : Exemple donde de pression

90
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

Lnergie acoustique associe londe de pression est donne par :

( ) 2-8

avec S : la surface de londe de pression

Zc : limpdance acoustique de leau

2.5. CONCLUSION

Les principaux dispositifs exprimentaux ainsi que les moyens de diagnostics


lectriques et acoustiques dvelopps durant ce travail viennent dtre prsents. Ils nous
ont permis de gnrer des dcharges lectriques dans un dilectrique liquide (eau) avec
des nergies comprises entre la centaine de Joules et plusieurs kilojoules et de mesurer des
grandeurs permettant de caractriser la dcharge lectrique. Ces dcharges lectriques
sont associes la gnration dune onde de choc qui sera caractrise en fonction de
plusieurs paramtres et seront exposs en Chapitre 4. Nanmoins, londe de pression nest
gnre que si la dcharge lectrique conduit au court-circuit de lintervalle (arc
lectrique dans leau) ; cest pourquoi le Chapitre 3 est intgralement consacr ltude de
la phase primordiale dite de pr-dcharge.

91
Chapitre 2 : Prsentation des dispositifs exprimentaux

92
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Chapitre 3

ETUDE DE LA PHASE DE

PRE-DECHARGE

93
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

94
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

3. ETUDE DE LA PHASE DE PRE-DECHARGE

3.1. INTRODUCTION

Quel que soit le mode de rupture dilectrique, lorsquune onde de tension est
applique un intervalle deau pour gnrer une dcharge, les phnomnes peuvent tre
diviss en deux phases. Nous allons nous intresser dans ce chapitre ltude de la
premire des deux phases que nous appellerons la phase de pr-dcharge. Elle correspond
lintervalle de temps scoulant entre le dbut de lapplication de londe de tension et
lamorage de larc lectrique. Comme nous lavons dj expliqu dans notre tude
bibliographique du Chapitre 1, pour une dcharge en mode subsonique, cette priode est
la fois le sige deffets thermiques (formation de bulles de gaz) et deffets lectriques
(propagation de la dcharge dans les bulles).

Nous nous attacherons caractriser cette phase dun point de vue lectrique par la
dtermination dun circuit quivalent lectrique simplifi. Linfluence des diffrents
lments constituants ce circuit sera analyse afin de dterminer le poids respectif de
chacun. Une attention particulire sera porte la dfinition de la rsistance quivalente
inter-lectrodes qui dfinit la forme de londe de tension applique ainsi que la puissance
dlivre au milieu.

Les nergies lectriques consommes durant la phase de pr-dcharge en mode


subsonique seront calcules en fonction de la tension applique. Limportance du rle de
la surtension de lintervalle va tre clairement dmontre dans ce mode de dcharge. Les
consquences dun changement de mode de claquage (passage du mode subsonique au
mode supersonique) vont galement tre analyses en termes de rendement lectrique.

95
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Une analyse quantitative de lvolution de la tenue en tension de leau en fonction


des conditions pression-temprature du fluide sera galement prsente. Les influences
respectives de ces derniers paramtres sur les fluctuations de la tension U50 mais galement
sur celles de la consommation dnergie de la pr-dcharge seront tudies.

3.2. DETERMINATION DES PARAMETRES ELECTRIQUES DE LA


PRE-DECHARGE

Nous proposons un schma lectrique quivalent pendant la phase de pr-dcharge


qui est reprsent par le circuit simplifi suivant :

Lcircuit Rcircuit Enceinte


Eclateur / Interrupteur

i(t) 2H
1
Reau Ceau
C Circuit
u(t) uch(t)
De 33nF
4,2F

Figure 3-1 : Circuit lectrique quivalent pendant la phase de pr-dcharge

Lorsque le condensateur de stockage C est charg la tension souhaite U m, une


impulsion de dclenchement permet de commander lclateur (trigatron) la fermeture. Il
sen suit une dcharge de cette capacit dans le circuit qui peut tre modlise par une
impdance Zcircuit associe en srie limpdance globale de lenceinte Zeau (Reau et Ceau).
Limpdance circuit comprend linductance quivalente lensemble des lments
inductifs note Lcircuit (principalement les selfs de cblage du montage) mise en srie avec la
rsistance quivalente lensemble des lments rsistifs note Rcircuit (comprenant les
rsistances de larc du trigatron, des connexions du circuit et des cbles). Typiquement,

96
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

dans lensemble des configurations exprimentales que nous avons utilis ici, les longueurs
de cbles de connexion conduisent des valeurs de Lcircuit de lordre de plusieurs
microhenrys. De mme, dans nos configurations, la valeur de Rcircuit peut tre considre
comme faible, car elle a toujours t de lordre de lOhm.

Le circuit de dcharge, proprement parler, tant caractris, attachons nous


maintenant lanalyse des lments constituant Zeau.

3.2.1. Dtermination de la rsistance quivalente Reau

Leau est un dilectrique liquide qui possde aussi la particularit davoir une
conductivit lectrique non ngligeable (conductivit pouvant varier de 1S/cm
20mS/cm). La chute de tension caractristique de la phase de pr-dcharge (Figure 3-2),
correspond la dcharge lente de la capacit quivalente du banc dnergie (ou du
gnrateur de Marx) dans la rsistance quivalente du dispositif inter-lectrodes (qui est
leve avant le passage larc). En effet, la valeur de cette rsistance quivalente Reau,
comme nous le verrons par la suite, est nettement suprieure Rcircuit qui peut, de ce fait,
tre nglige.

Figure 3-2 : Evolution typique de la tension lors dune dcharge subsonique

97
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

La rsistance quivalente de leau dans nos configurations peut tre dtermine par deux
mthodes :

Exprimentalement, partir de la mesure de la tension lors dune tenue (absence


de claquage).
En simulation, partir dun logiciel multi-physique (COMSOL dans notre cas).

3.2.1.1. Dtermination exprimentale

La valeur de la rsistance Reau est dtermine partir de la mesure de la


dcroissance exponentielle de londe pleine de tension (Figure 3-3). La valeur de la
constante de dcharge correspond au temps ncessaire pour une chute 37% de la valeur
de tension initiale de charge du condensateur.

Il est alors possible de dterminer la rsistance inter-lectrodes dans le milieu en


utilisant la relation suivante :

3-1

Figure 3-3 : Exemple de dcharge sans arc lectrique appele tenue


(Rp=2,5mm, D=2,5mm et T=25C)

98
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Dans cet exemple, la valeur de la constante de temps vaut 990s pour une
capacit de stockage C=600nF. La rsistance Reau est donc gale 1650, soit une rsistance
linique de lordre de 660/mm (D=2,5mm).

La valeur de cette rsistance inter-lectrodes Reau dpend de plusieurs paramtres :

La conductivit initiale de leau.


La configuration inter-lectrodes (distance inter-lectrodes et gomtrie).
La temprature de leau.
La gomtrie de lenceinte de confinement.

3.2.1.2. Dtermination de Reau sous COMSOL

Le module couplage lectrothermique du logiciel COMSOL nous permet galement


de dterminer la valeur de la rsistance partir dune simulation de la configuration inter-
lectrodes et des dimensions de lenceinte. La conductivit de leau tant fonction de sa
temprature est dfinie par lquation suivante :

( ( )) 3-2
avec : : Conductivit initiale de leau (S/m)

: Coefficient de Temprature

T0 : Temprature de rfrence (K)

A partir dun potentiel de rfrence et pour une gomtrie donne, COMSOL


calcule la valeur du courant par intgration de la densit de courant totale sur le volume
deau contenue dans lenceinte. Ce calcul permet ainsi de dterminer la valeur de la
rsistance quivalente Reau.

Nos simulations sont bases sur une configuration exprimentale utilise dans
lenceinte HP avec une eau dminralise de conductivit =40S/cm, une distance inter-
lectrodes D=2,5mm et un rayon de courbure des lectrodes de 2,5mm. Pour cette

99
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

gomtrie, les rsultats de simulation sont prsents sur la Figure 3-4 en fonction de la
temprature de leau et compars avec ceux obtenus exprimentalement.

Figure 3-4 : volution de la rsistance Reau en fonction de la temprature


(Rp=2,5mm, D=2,5mm, pression atmosphrique et T=25C)

Nous observons ici une bonne corrlation des rsultats entre les valeurs obtenues
exprimentalement et celles issues des simulations sous COMSOL.

Ainsi, une simulation sous COMSOL permettra de prdterminer avec une bonne
prcision la valeur de la rsistance quivalente du milieu en fonction de la gomtrie de
lenceinte de confinement, de la configuration gomtrique des lectrodes et des
caractristiques thermodynamiques du fluide.

En conclusion, pour nos distances inter-lectrodes comprises entre 1,5 et 6mm, les
valeurs de cette rsistance quivalente Reau peuvent varier, suivant les configurations, de la
centaine dOhms jusqu' quelques kilo-Ohms. La rsistance du milieu liquide est donc
nettement suprieure celle du circuit lectrique. En consquence, nous pouvons
considrer que la valeur de la rsistance globale du circuit, dans la phase de pr-dcharge,
est gale Reau.

100
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

3.2.2. Dtermination de la capacit inter-lectrodes Ceau

Leau prsente une permittivit relative leve de lordre de 80. Cette proprit a
pour consquence dengendrer des effets capacitifs, en particulier entre deux lectrodes
conductrices. En premire approximation, la capacit quivalente dun condensateur plan-
plan peut tre dtermine thoriquement en utilisant la formule suivante :

3-3

avec : : Permittivit du vide (8,85418710-12F/m)

Permittivit relative du dilectrique

S : surface en regard des lectrodes (m)

d : distance inter-lectrodes (m)

Dans nos configurations exprimentales, les gomtries des lectrodes utilises sont
de type pointe-pointe. Il est donc difficile de dterminer, dans ce cas, la surface en regard
des lectrodes en vue de calculer la capacit quivalente. De plus, elles sont positionnes
dans une enceinte de confinement qui ne peut pas tre nglige (introduction de capacits
parasites) pour la dtermination de la capacit quivalente du dispositif.

Le logiciel COMSOL a permis de dterminer, par simulation, la valeur de la


capacit inter-lectrodes globale pour chaque configuration. Cette dmarche passe par
lintgration de la densit dnergie dans tout le volume maill de lenceinte contenant les
lectrodes afin dobtenir lnergie ncessaire pour charger la capacit quivalente inter-
lectrodes. Etant donn que la tension aux bornes des lectrodes est connue, la capacit est
alors dtermine en utilisant la formule suivante :

3-4

avec : E : Energie (J)

U : Tension (V)

101
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Des simulations ont t effectues pour diffrentes configurations dlectrodes et


denceintes. Les rsultats de ces simulations montrent que pour les configurations les plus
dfavorables (petite enceinte, lectrodes grand rayon de courbure et faible distance
inter-lectrodes) les valeurs de la capacit quivalente sont au plus de lordre de la
centaine de picofarads. Les valeurs de capacit de stockage utilises tant toujours trs
importantes devant cette capacit quivalente, le transfert capacitif est donc optimal.
Linfluence de Ceau est donc ngligeable.

3.3. MISE EN EQUATION DU CIRCUIT ET SIMULATION DE LA PRE-


DECHARGE

La dtermination des paramtres lectriques Zcircuit et Zeau ralise dans les deux
paragraphes prcdents va nous permettre de mettre ici en quation le circuit lectrique
puis de valider ce modle grce quelques rsultats de simulation.

3.3.1. Mise en quation du circuit lectrique quivalent

Le circuit lectrique correspondant la phase de pr-dcharge a t prsent Figure


3-1. Le condensateur tant initialement charg la tension Um, la condition initiale nest
pas nulle. Lexpression, dans le domaine de Laplace, de la tension U(p) aux bornes du
condensateur C sexprime par :

( )
( ) 3-5

avec I(p) le courant de dcharge.

Dautre part,

( ) ( ) ( ) ( ) ( ) 3-6

102
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

avec :

( ) 3-7

Par identification des quations (3-5) et (3-6), on obtient :

( )
( ) ( ) ( ) ( ) 3-8

Do lexpression de I (p) :

( ) 3-9
( )

Nous avons vu prcdemment que les ordres de grandeur de Ceau et Reau sont
respectivement de quelques centaines de picofarads au plus et de la centaine dOhms au
minimum. La rsistance du circuit tant de lordre de lOhm, il est donc possible de
simplifier limpdance du circuit de la manire suivante :

Rcircuit + Zeau Reau.

Par consquent,

( )
3-10
( )

Lexpression du courant correspond donc un systme du second ordre dont le


gain statique k, la pulsation propre non amortie n et le coefficient damortissement z
sexpriment respectivement par :

103
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge


3-11

Compte tenu de la valeur minimale de la capacit de stockage (C=33nF dans le cas


critique du supersonique), le coefficient damortissement du systme sera toujours grand
devant 1. En consquence, pendant la phase de pr-dcharge, les volutions du courant et
de la tension correspondront toujours un systme apriodique lent (z>>1). Dans ce cas,
les ples p1,2 du systme se simplifient :

3-12

do

( ) 3-13
( )( )

La dcomposition de I(p) en lments simples donne :

( ) { } 3-14
( )( ) ( )( )

De par les valeurs des lments du circuit, le ple p1 est un ple dominant
(|p1|>>|p2|). Lexpression du courant se simplifie alors et il vient:

( ) { } 3-15
( ) ( )

104
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Ainsi, pendant la phase de pr-dcharge, les expressions du courant i(t), de la


tension uch(t) aux bornes de lenceinte et de la puissance pe(t) dlivre au fluide
sexprimeront donc de la manire suivante :

( ) { } 3-16

( ) { } 3-17

( ) { } 3-18

Entre les instants t=0 et t=Tb, il est donc possible de dfinir lnergie consomme
pendant la phase de pr-dcharge par :

( ) ( ) 3-19

Etant donnes les valeurs des constantes de temps 1=-1/p1 et 2=-1/p2 (1=ReauC et
2=Lcircuit/Reau), on peut considrer que lessentiel de lnergie est consomme pendant la
queue de londe de tension (car 1>>2).

Lnergie consomme pendant la phase de pr-dcharge peut tre exprime par :

[ ( )] 3-20

Elle est fonction de la tension Um de charge du condensateur C, de la valeur de la


rsistance quivalente Reau du dispositif inter-lectrodes et de la dure de claquage Tb.

105
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

3.3.2. Simulations Pspice de la phase de pr-dcharge

A partir du schma lectrique de la Figure 3-1, nous avons pu simuler le


comportement du circuit de pr-dcharge laide du logiciel Pspice. Pour la configuration
exprimentale suivante : C=33nF, Ceau=110pF, Lcircuit=5F et Reau=96, une comparaison des
rsultats exprimentaux, et des rsultats thoriques obtenus dune part grce aux
expressions analytiques des quations 3-16, 3-17 et 3-18, et dautre part grce aux
simulations Pspice est prsente en Figure 3-5 et en Figure 3-6.

(a) (b)
Figure 3-5 : Evolution de la tension (a) et du courant (b) dans la phase de pr-dcharge

Figure 3-6 : Evolution de la puissance lectrique dans la phase de pr-dcharge

Il apparat globalement une bonne adquation entre les mesures et les rsultats
thoriques. Notons cependant que les sondes de courant utilises pour ces mesures (cf.

106
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Chapitre 2) sont prvues pour des mesures damplitudes crtes de lordre de plusieurs
dizaines ou de la centaine de kiloampres (valeurs de courant typiques de la phase de post-
dcharge). La prcision nest donc pas optimale dans les exemples prsents, mais malgr
cela, les rsultats exprimentaux restent cohrents avec la thorie.

Dans le but de simuler linfluence des paramtres lectrique sur la forme donde de
tension, une analyse de Monte-Carlo est galement prsente Figure 3-7. Le circuit utilis
correspond celui de la Figure 3-1. Dans cette configuration, la capacit de 200nF est
charge une tension initiale de 40kV et se dcharge dans le circuit (Reau=100, Lcircuit=5F
et Ceau=200pF) travers un interrupteur fermeture. Dans toutes nos simulations, la
fermeture de linterrupteur a t arbitrairement dfinie par dfaut avec un retard de 1s
aprs le dbut de la simulation. Cette analyse a pour but de montrer linfluence des
diffrents lments du circuit et en particulier de Lcircuit et Ceau sur lvolution de la forme
de tension applique pendant la phase de pr-dcharge.

(a) (b)
Figure 3-7 : Evolution de la tension avec une analyse statistique de Monte Carlo pour une
tolrance de 100% sur la Lcircuit et Ceau

Les rsultats obtenus ici confirment que, mme si la permittivit de leau est leve,
la valeur de la capacit inter-lectrode Ceau reste faible comparativement celle du banc
dnergie. Son influence peut, par consquent, tre considre comme ngligeable.

107
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Nous avons pu galement constater que la self du circuit na quasiment pas


dinfluence sur londe de tension applique. En effet, La constante de temps L circuit/Reau agit
sur le front de limpulsion de courant (Figure 3-7 (b)) mais reste toujours trs petite devant
la constante Reau.C. La contribution de la self est donc ngligeable. Nous verrons dans le
chapitre suivant quelle joue nanmoins un rle majeur dans la phase de post-dcharge.

Nous allons, maintenant, nous intresser lvolution de londe de tension


applique en fonction de la valeur de la rsistance quivalente Reau. Pour ce faire, une
analyse paramtrique sous Pspice a t ralise. Les rsultats de cette tude sont prsents
Figure 3-8 pour une variation de Reau allant de 50 2k.

Figure 3-8 : Evolution de londe de tension en fonction de la valeur de la rsistance Reau (en )

Daprs ces rsultats et conformment nos attentes, la valeur de la rsistance Reau


dtermine la forme donde de tension applique. Son impact sur les caractristiques
lectrotechniques de la dcharge (U50, Tb, Ub, Eb,) est majeur. Elle joue galement un
rle important vis--vis du rendement de la conversion de lnergie lectrique en nergie
thermique.

108
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

3.4. ANALYSE DES PHENOMENES THERMIQUES ASSOCIES A LA


PRE-DECHARGE

Dans le cas dune dcharge subsonique, la phase de pr-dcharge correspond la


priode durant laquelle lnergie lectrique transmise au fluide est convertie en nergie
thermique, permettant ainsi la cration de bulles de gaz et la propagation de la dcharge
dans ces bulles (cf. Chapitre 1). Si lapport dnergie est suffisant pour crer un volume de
gaz occupant tout lespace inter-lectrodes, alors le claquage de lintervalle pourra
intervenir. En fonction de la configuration choisie, qui impliquera la gomtrie des
lectrodes, la distance inter-lectrodes, la conductivit de leau et ses paramtres
thermodynamiques, il apparat clairement que la quantit dnergie thermique ncessaire
la vaporisation du volume deau compris entre les deux lectrodes sera diffrente. Mme
si la rsolution rigoureuse du problme est en ralit beaucoup plus complexe, nous
pouvons faire des approximations qui permettent de fixer quelques ordres de grandeurs et
quelques tendances. La premire approximation est de considrer une bulle unique de gaz
qui grossit jusqu occuper tout lespace inter-lectrodes. TOUYA [7] a montr quil
sagissait plutt dun agglomrat de petites bulles mais le traitement du cas dun
agglomrat serait trs dlicat (Figure 1-4). La seconde approximation est de considrer un
volume global constant pour une distance inter-lectrodes donne, et ce, quelles que
soient la nature de leau et de ses conditions initiales de pression et temprature. La
dernire approximation est de ngliger lnergie de maintien du volume de gaz cr (c'est-
-dire, considrer que les phnomnes ont une dynamique rapide).

Ainsi en abordant le problme par une approche simplifie, il est cohrent de


considrer que la configuration gomtrique des lectrodes va dfinir le volume deau
vaporiser. Lnergie ncessaire pour vaporiser un volume deau dfini la temprature
Ti est donne par la formule de la quantit de chaleur :

109
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

( ( ) ( )) 3-21

avec : H(P) lenthalpie massique de vaporisation fonction de la pression (J/kg)


Cp la chaleur massique (J/(kg.K))
Tf la temprature de vaporisation de leau la pression P (K)
Ti la temprature initiale de leau (K)
m la masse du volume deau considr (kg)

Lenthalpie massique de vaporisation est constante la pression ambiante et les


variations de Cp en fonction de la temprature sont donnes par les tables de leau. Les
variations de lnergie Eth, donnes par lexpression 3-21, montrent que plus la
temprature initiale augmente moins il faut fournir dnergie pour procder une
vaporisation dune masse unit deau (Figure 3-9). La contribution de lenthalpie reste
toujours prpondrante dans lexpression de gnrale de lnergie thermique.

Figure 3-9 : Energie ncessaire pour transformer, sous pression atmosphrique, 1g deau en vapeur
en fonction de la temprature initiale de leau

Lorsque le liquide est pressuris, les variations de lenthalpie massique de


vaporisation et les variations de Cp en fonction de la pression sont galement donnes par

110
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

les tables de leau. Dans ce cas, les variations de lnergie Eth en fonction de la pression
statique sont prsentes sur la Figure 3-10 et Figure 3-11.

Figure 3-10 : Energie ncessaire pour transformer 1g deau en vapeur en fonction de la pression
statique absolue

Figure 3-11 : Energie ncessaire pour transformer 1g deau en vapeur en fonction de la


temprature de leau

Les rsultats montrent les dpendances de lnergie de vaporisation en fonction de


la pression statique et de la temprature du liquide. Globalement, cette nergie augmente
en fonction de la pression statique et diminue avec la temprature. Les tendances dcrites
ici vont tre utiles pour interprter les rsultats exprimentaux et de simulation qui seront
prsents dans les parties suivantes.

111
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

3.5. LOI DE PASCHEN DANS LA VAPEUR DEAU

Mme si les phnomnes thermiques jouent un rle prpondrant dans une


dcharge subsonique puisquils permettent la vaporisation du volume deau qui permettra
la progression de la dcharge entre les deux lectrodes, les conditions de tension sont
galement primordiales pour initier un arc lectrique dans un intervalle de vapeur deau.

Dans le cas dune gomtrie plan-plan, sous tension continue et temprature


fixe, la loi de Paschen permet de dterminer cette tension disruptive en fonction du
produit pression du gaz par la distance inter-lectrodes. RAIN [68] a reconstitu la courbe
de Paschen dans la vapeur deau (Figure 3-12) partir des donnes de plusieurs auteurs
pour une temprature fixe 23C. Pour les valeurs infrieures 0,8bar.mm, un dsaccord
apparat entre les mesures de MARIC [69] et PRASAD [70] en comparaison de celles de
HACKAM [71]. Nous nous appuierons sur les donnes de HACKAM car elles refltent le
cas le plus dfavorable, en particulier, au niveau du minimum de Paschen.

Figure 3-12 : Tensions de claquage dans lair sec et la vapeur deau en fonction du
produit pression-distance (Courbes de Paschen) [68]

Dans toutes nos exprimentations, la plus faible valeur du produit


pressiondistance que nous rencontrerons est de 1,5bar.mm (D=1,5mm 1bar) pour une
temprature minimale de vapeur deau de 100C. Cette valeur de 1,5bar.mm 100C est

112
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

quivalente 1,21bar.mm lorsque la temprature est ramene 23C ( densit de neutre


constante). La plus petite valeur de notre produit pd sera toujours suprieure aux minima
de Paschen prsents sur la Figure 3-12. Cela signifie donc que pour toutes nos
exprimentations, les rapports pd se placeront systmatiquement sur la droite du
minimum de Paschen. Ds que la distance inter-lectrodes et/ou la pression statique du
fluide augmenteront, les valeurs de pd seront en dehors de la plage de rsultats prsents
Figure 3-12. De plus, comme il est connu que les anomalies la loi de Paschen (influence
de ltat de surface des lectrodes, effets de conditionnement du gaz, mission
cathodique,) surviennent pour les grandes valeurs de pd, il ne sera pas possible de nous
appuyer sur des rsultats bibliographiques pour interprter nos rsultats exprimentaux.

Nanmoins, il est intressant de sattarder sur la valeur particulire pd=1bar.mm


pour une temprature de vapeur gale 23C (Figure 3-12). Si la temprature est ramene
100C, le produit correspondant vaut 0,8bar.mm. La tension disruptive pour cette valeur
est donne pour environ 4kV. Ceci signifie que sous tension continue, en champ
homogne, la tension disruptive dun intervalle de 1mm de vapeur deau 100C vaut
4kV. Mme si nos gomtries sont de type pointe-pointe et que les contraintes de tension
appliques sont impulsionnelles, ce rsultat sera utilis pour discuter certains rsultats
exprimentaux prsents par la suite (cf. section 3.7.1.1).

3.6. ETUDE ELECTROTECHNIQUE

3.6.1. Rsultats antrieurs

Pour une configuration donne, la valeur U50 permet de caractriser la tenue


dilectrique dun intervalle soumis une contrainte de tension impulsionnelle. Linfluence
de la polarit, de lhomognit du champ lectrique et de la conductivit de leau a dj
fait lobjet dtudes particulires au laboratoire LGE de Pau.

113
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Par exemple, limpact de la polarit et de lhomognit du champ lectrique pour


des profils gomtriques de type pointe-plan a t tudi par TOUYA [7]. Les rsultats ont
t conformes ce que lon pouvait logiquement prvoir :

A rayon dlectrode constant, U50 augmente avec la distance inter-lectrodes


A distance inter-lectrodes constante, U50 augmente avec le rayon de la pointe

Dun point de vue nergtique, cette tude montrait galement que sous polarit
ngative lnergie ncessaire linitiation de la dcharge tait indpendante de la distance
inter-lectrodes, alors que sous polarit positive elle augmentait avec cette dernire. Par
contre, une fois les phnomnes initis, les consommations nergtiques de la dcharge
taient identiques sous les deux polarits. Pour toutes nos configurations, des gomtries
dlectrodes de type pointe-pointe sont utilises. Les profils de champ lectrique sont donc
symtriques entre les lectrodes. Le problme de leffet de polarit ne se pose donc plus.
Par consquent, compte tenu du matriel exprimental disponible au laboratoire,
lensemble des essais a t ralis sous polarit positive.

Ltude de linfluence de la conductivit de leau sur la tension U50 a t ralise


par BAC [72] pour diffrentes formes dimpulsions (C=5,3F, 10,6F et 21,2F) et pour une
gomtrie quasi-homogne. Les rsultats montrent que les variations de U50 en fonction de
la conductivit de leau font apparatre des courbes en U. Cette forme sexplique de la
manire suivante :

Les fortes valeurs de la conductivit de leau entrainent une diminution de la dure


mi-hauteur de londe de tension. Pour obtenir une nergie consomme constante, cette
variation doit tre compense par une hausse de la tension maximale applique. Pour les
faibles valeurs de la conductivit ( < 200S/cm), il faut augmenter la tension applique de
faon dlivrer une nergie suffisante pour thermaliser le voisinage de la pointe dans ce
milieu devenu plus rsistif.

Pour nos essais, nous avons utilis que de leau courante (=200S/cm) ou bien de
leau dminralise (=40S/cm).

114
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Afin de complter ces travaux, le comportement durant la phase de pr-dcharge


va tre tudi en fonction de la valeur de la tension applique (surtension) et du couple
pression-temprature de leau. Linfluence de ces derniers paramtres va tre tudie par
lvolution de U50 mais galement en terme de consommation dnergie.

3.6.2. Influence de la surtension

La valeur de lnergie lectrique initialement stocke dpend de la valeur de la


capacit du banc dnergie utilis et de sa tension de charge. Le niveau de tension
minimal de charge, permettant davoir 50% de claquage, est dfini par U50. Plus la tension
applique est grande devant U50, plus lintervalle inter-lectrodes est considr comme
surtensionn. Nous allons quantifier ici cette notion de surtension en pourcentage de
tension applique par rapport au paramtre U50. Le but est dtudier lvolution de la
consommation lectrique (cf. Equation 2-6) pendant la phase de pr-dcharge en fonction
du pourcentage de surtension applique.

3.6.2.1. Dcharge subsonique

Les deux configurations exprimentales retenues (Rp=2,5mm, D=3mm ou 6mm et


C=1,4F) et les niveaux de tension utiliss garantissent des valeurs maximales de champs
lectriques infrieures 200kV/cm. Par consquent le mode de dcharge mis en jeu ne
peut tre que de type subsonique.

Les valeurs de la tension U50 dtermines pour ces deux distances inter-lectrodes
(3mm et 6mm) sont respectivement de 17,3kV et de 20kV. Lvolution de lnergie
consomme pendant la phase de pr-dcharge en fonction du pourcentage de surtension
est prsente sur la Figure 3-13.

115
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Figure 3-13 : Evolution de lnergie consomme en fonction de la surtension pour deux distances
inter-lectrodes

Pour une distance inter-lectrodes constante, les rsultats montrent que la


consommation dnergie peut tre considre comme quasi-constante quel que soit le
niveau de surtension. Les nergies consommes sont respectivement denviron 200 et
500J pour des distances de 3mm et 6mm. Si lon se rfre aux photographies de
TOUYA[7] (cf. Chapitre 1), nous pouvons estimer un volume moyen de bulles de gaz cr
lors de la phase de pr-dcharge. Dans notre cas, o la distance est relativement faible
(quelques millimtre quelques centimtre), le volume peut tre approxim par un
cylindre dont la hauteur et le diamtre seraient gaux la distance inter-lectrodes. En
partant de cette hypothse, lnergie thermique thorique (Equation 3-21) ncessaire
pour crer le volume de gaz ncessaire ltablissement de la dcharge est calcule pour
les deux distances :

D=3mm Vbulles=21mm3 Eth=53J

D=6mm Vbulles=169mm3 Eth=420J

Ces valeurs sont infrieures aux nergies lectriques mesures. Nanmoins, compte
tenu des nombreuses approximations (volume de la bulle prise en compte, notion de bulle
unique et non pas grappe de bulles, approximation sur la formule thorique de lnergie

116
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

thermique et pertes thermiques dans lenceinte), ces valeurs thoriques calcules ne sont
pas aberrantes. Ainsi, ce rsultat confirme que lnergie lectrique minimale fournir au
milieu pour claquer lintervalle par mode subsonique est essentiellement convertie en
nergie thermique consomme pour la cration de bulles.

Si lon raisonne maintenant en termes de rendement lectrique (cf. quation 2-7),


la surtension gnre une augmentation de lnergie lectrique initialement stocke alors
que lnergie consomme reste constante. Le rendement de la phase de pr-dcharge
augmente donc (Figure 3-14). Par consquent, lnergie disponible au moment de larc,
c'est--dire lnergie lectrique non consomme (qui sera disponible pour la conversion
en nergie acoustique), augmente linairement avec la surtension. Quelle que soit la
distance inter-lectrodes, le rendement lectrique tend vers 100% si la surtension
applique augmente de faon significative. Dans cette configuration, une surtension de
lordre de 60% conduirait un rendement proche de 100%.

Figure 3-14 : Evolution du rendement lectrique en fonction de la surtension pour deux distances
inter-lectrodes

Dautre part, la Figure 3-15 prsente lvolution du temps de claquage Tb en


fonction de la valeur de la surtension applique.

117
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Figure 3-15 : Evolution du Tb en fonction de la surtension pour deux distances inter-lectrodes

Les dures ncessaires ltablissement du claquage sont de plusieurs dizaines de


microsecondes, valeurs caractristiques des dcharges subsoniques. Dans le mme temps,
on constate une diminution trs significative de la valeur du temps de claquage avec le
niveau de tension. Ce rsultat est classique en ce qui concerne la rigidit dilectrique dun
intervalle. Lcart type associ au paramtre Tb, diminue galement fortement avec
laugmentation de la surtension. Ce rsultat est primordial car il va permettre de maitriser
prcisment la tension de claquage et donc lnergie Eb effectivement injecte dans le
systme au moment du claquage.

3.6.2.2. Transition du mode subsonique vers le mode supersonique

Dans ltude prcdente, les niveaux de tension et les gomtries inter-lectrodes


garantissaient des valeurs maximales de champs lectriques au niveau des pointes
infrieures 200kV/cm. Les dcharges taient donc systmatiquement de type
subsonique. La configuration exprimentale adopte ici (Rp=250m, D=5mm et C=1,4F)
est telle quune augmentation de tension applique va engendrer un changement de mode
de dcharge (puisque le champ lectrique augmentera au-del du seuil de 200kV/cm).
Lvolution de lnergie consomme pendant la phase de pr-dcharge en fonction de la

118
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

tension applique est prsente sur la Figure 3-16. Contrairement la Figure 3-13, cette
courbe est trace en fonction de la tension applique et non pas en fonction du
pourcentage de surtension. Ceci sexplique par le fait quil nest pas ais de dterminer la
tension U50 pour des lectrodes de trs faible rayon de courbure sans que ces dernires ne
srodent, entrainant ainsi une modification de la gomtrie (en particulier du rayon de
courbure), et donc du champ.

Figure 3-16 : Evolution de lnergie consomme avant le claquage en fonction de la tension


applique

On observe une forte diminution de la consommation dnergie lors du


changement de rgime de dcharge. Pour une mme configuration gomtrique, lnergie
consomme passe de 100J pour le mode subsonique moins de 20J pour le mode
supersonique. Afin de confirmer lhypothse dun changement de rgime de dcharge,
nous avons trac (Figure 3-17) les volutions de la tension Ub et du temps de claquage Tb
en fonction de la valeur de la tension applique. Les temps de claquage voluent de 150s,
dure caractristique dtablissement des claquages subsoniques, quelques centaines de
nanosecondes : dure caractristique dtablissement des dcharges supersoniques.

119
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Tension (kV)

Figure 3-17 : Evolution de Ub () et Tb () en fonction de la tension applique

Il est donc clairement dmontr ici que, pour une mme configuration
exprimentale, le passage du mode subsonique au mode supersonique saccompagne dune
chute importante de lnergie consomme pendant la phase de pr-dcharge. On passe
donc dun mode de dcharge associ des phnomnes thermiques de vaporisation (de
dures longues et nergtiquement consommateurs) un autre mode beaucoup plus
rapide, qui exclue tout phnomne thermique, et donc peu consommateur dnergie. Ces
rsultats sont conforts par les observations optiques de TOUYA [7] et CECCATO [25] qui
navaient dcel aucune prsence de bulle de gaz associe au mode supersonique.

Ces rsultats sont galement cohrents avec ceux de NIETO-SALAZAR [73] qui
montrent lvolution de la probabilit davoir une dcharge subsonique et/ou supersonique
en fonction de la tension applique (Figure 3-18). Dans cette tude, la configuration
exprimentale est compose dlectrodes pointes de 1m de rayon et dune distance inter-
lectrodes de 10mm. La conductivit de leau utilise est gale 15,5S/cm. La transition
dun mode subsonique un mode supersonique est obtenue pour une faible augmentation
de la tension applique dans le cas o la gomtrie des lectrodes participe une forte
augmentation du champ lectrique (renforcement du champ d un faible rayon de
courbure).

120
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Figure 3-18 : Probabilit dinitiation de streamers subsoniques (o) et supersoniques (x) en fonction
de la tension applique [73]

3.6.2.3. Conclusions

Les rsultats prsents dans cette section permettent de dgager les conclusions
suivantes :

Dans la phase de pr-dcharge, lnergie lectrique consomme pour dvelopper


une dcharge subsonique est considre comme constante quel que soit le niveau
de la tension applique. Globalement, cette nergie consomme correspond
lnergie thermique ncessaire pour vaporiser le volume deau inter-lectrodes. Le
surplus dnergie apporte au milieu restera donc disponible pour la phase post-
dcharge, soit pour la gnration donde acoustique. La surtension de lintervalle
permet donc daugmenter le rendement lectrique. De plus, la surtension diminue
fortement le jitter lamorage, ce qui permet une bonne matrise de la tension de
claquage Ub et de lnergie de claquage Eb associe.
Lorsque la surtension saccompagne dun changement de mode de claquage
(subsonique supersonique), la consommation dnergie durant la phase de pr-
dcharge diminue fortement. Cette forte diminution de consommation est due au
passage de critres dinitiation de dcharge de type thermique vers des critres de
type champ lectrique. Par consquent, pour une mme configuration

121
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

exprimentale, le rendement lectrique associ la pr-dcharge supersonique est


meilleur que celui dune pr-dcharge subsonique.

Dans loptique dune optimisation du procd de fracturation lectrique, la


premire conclusion que nous pourrions tirer ce niveau davancement des travaux est
quil faudrait mettre en jeu un rgime de dcharge de type supersonique. Nanmoins, les
problmes lis lrosion des lectrodes et la ncessit dappliquer des valeurs
importantes de champ lectrique poussent favoriser des profils dlectrodes grands
rayons de courbure et utiliser des niveaux de tension levs. Par ailleurs, la valeur de la
capacit du banc de stockage dnergie devra automatiquement tre importante pour avoir
un maximum dnergie disponible au moment du claquage et ainsi optimiser londe de
pression dynamique (cf. chapitre suivant). Au final, le gnrateur devrait la fois dlivrer
des niveaux de tension levs, tre suffisamment nergtique et avoir un volume rduit
pour pouvoir descendre en fond de puits. Des problmes vidents de conception et
disolation lectrique lis lutilisation de H.T. conduisent modrer fortement lintrt
que peuvent prsenter les dcharges supersoniques pour la fracturation lectrique. Nous
continuerons donc dans la suite de nos travaux, sauf cas particuliers, tudier plus en
dtail les dcharges en mode subsonique.

3.7. INFLUENCE DES CONDITIONS THERMODYNAMIQUES

Il sagit maintenant de caractriser quantitativement lvolution de la rigidit


dilectrique de leau ainsi que lnergie consomme dans la phase de pr-dcharge en
fonction des paramtres thermodynamiques (Temprature-Pression) du fluide dans le
mode subsonique. La dtermination de cette dernire grandeur passe par la caractrisation
des volutions de Reau et de Tb en fonction des paramtres thermodynamiques.

Dans un premier temps, nous ferons voluer la temprature tout en restant


pression statique atmosphrique, puis nous ferons varier la pression statique temprature

122
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

ambiante constante. Enfin, nous terminerons par des panachages de ces deux paramtres.
Tous ces essais sont raliss en utilisant un banc de condensateurs de capacit quivalente
C=600nF et une eau dminralise de conductivit =40S/cm. Le rayon de courbure des
lectrodes est de 2,5mm.

3.7.1. Influence de la temprature de leau

3.7.1.1. Evolution du U50

Le protocole exprimental consiste tudier lvolution pression atmosphrique


de la valeur de la tension U50 en fonction de la temprature de leau pour deux distances
inter-lectrodes. Les rsultats sont prsents en Figure 3-19.

(a) (b)
Figure 3-19 : volution de la tension U50 (a) et du champ de claquage (b) en fonction de la
temprature pression atmosphrique

Nous avons tabli auparavant (cf. section 3.4) que les processus thermiques jouent
un rle prpondrant dans la phase de pr-dcharge du mode subsonique. Il est donc
cohrent dobserver une diminution de la tension disruptive paralllement
laugmentation de temprature initiale du fluide. Cette tendance est cependant nettement
accentue ds que la temprature dpasse 60C. En effet, lorsque D=2,5mm et T<60C, si
on augmente de 100% la temprature, on peut constater une diminution infrieure 10%

123
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

de la valeur de U50. Lorsque T>60C, une variation analogue de la temprature se traduit


par une diminution denviron 60% de celle de U50. Les rsultats obtenus pour une distance
1,5mm semblent suivre la mme volution.

Ce changement de pente apparait clairement sur la Figure 3-19 (b) qui prsente
lvolution du champ lectrique de claquage (U50/d) en fonction de la temprature de leau.

Gnralement, un tel changement de pente est associ une modification du


rgime de dcharge. Le problme est ici plus complexe, car il met galement en jeu un
changement de phase du fluide. Notons cependant que, dans le cas de notre configuration
gomtrique (champ quasi-homogne), lorsque la temprature initiale du fluide est de
100C, une extrapolation de ces courbes donne une tension disruptive denviron 4kV pour
D=1mm. Cette valeur est identique celle donne par la courbe de Paschen dans la vapeur
deau (cf. section 3.5).

3.7.1.2. Evolution de la rsistance inter-lectrodes Reau

Paralllement ltude prcdente, nous avons trac Figure 3-20 lvolution de la


valeur de la rsistance Reau pour deux distances inter-lectrodes. Lallure de ces deux
courbes est directement lie lvolution de la conductivit en fonction de la temprature
qui est rgie par lquation 3-2. Indpendamment de la distance, la valeur de Reau diminue
lorsque la temprature augmente. Cette chute est plus marque pour les tempratures du
fluide infrieures 50C. En consquence, la dure dapplication de londe de tension
diminuera de faon beaucoup plus significative lorsque la temprature va croitre de 25
50C que lorsquelle voluera entre 50 et 90C.

124
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Figure 3-20 : Evolution de la rsistance quivalente Reau en fonction de la temprature

3.7.1.3. Evolution du temps de claquage Tb

La Figure 3-21 prsente lvolution du temps de claquage Tb en fonction de la


temprature de leau ainsi que les carts type associs pour deux distances inter-lectrodes.
Nous venons de montrer que la valeur de Reau diminue lorsque la temprature augmente,
entrainant ainsi une diminution de la dure dapplication de londe de tension. Il est par
consquent naturel dobserver une diminution du paramtre Tb avec laugmentation de
temprature. Cette diminution est une nouvelle fois accentue pour les tempratures
infrieures 50C.

Figure 3-21 : volution de la tension de claquage et du temps correspondant en fonction de la


temprature pression atmosphrique

125
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

3.7.1.4. Evolution de lnergie consomme Ec

Les volutions des paramtres dfinis dans lexpression de lnergie consomme Ec


(quation 2-8) en fonction de la temprature sont dtermines ici. Il est ainsi possible de
tracer, pendant la phase de pr-dcharge, lvolution de Ec en fonction de la temprature
(Figure 3-22).

Figure 3-22 : volution de lnergie consomme par la pr-dcharge en fonction de la


temprature de leau pression atmosphrique

Nous observons ici que lnergie consomme pour initier larc lectrique dcroit
avec la temprature. Ce rsultat est, une nouvelle fois, cohrent avec lhypothse selon
laquelle lessentielle de lnergie mise en jeu est consomme pour crer la phase gazeuse.
Si lon considre le volume de la zone de chauffage comme constant, le terme mCT (de la
formule 3-21) diminue lorsque la temprature augmente. Lenthalpie de vaporisation
diminue galement avec la temprature puisque la masse volumique de leau diminue avec
T. En consquence, lnergie thermique ne peut que diminuer. Nanmoins, plus la
temprature du fluide tend vers la temprature de vaporisation, moins la diminution de
lnergie consomme sera marque. Un optimum de consommation peut donc tre
identifi partir de 50-60C. Par ailleurs, il faut noter que la courbe prsente Figure 3-22
est trace en utilisant la tension de claquage U50 obtenue pour chaque temprature. Il sagit
donc de lnergie minimale ncessaire aux phnomnes pour initier larc lectrique. Cela

126
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

signifie donc que si lnergie initialement stocke est constante et grande devant lnergie
consomme par la pr-dcharge, alors le surplus dnergie disponible pour la phase post-
dcharge augmente avec la temprature. Ce rsultat est primordial dans lobjectif
doptimiser le rendement lectrique du procd de fracturation lectrique surtout en
situation de puits o les tempratures sont relativement leves.

3.7.2. Influence de la pression statique

La mthodologie utilise pour tudier linfluence de la temprature sur lnergie


consomme va tre reprise ici de faon analogue pour ltude de linfluence de la pression
statique temprature constante (fixe 25C).

3.7.2.1. Evolution de la tension U50

La tension damorage U50 est tout dabord caractrise en fonction de la pression


statique pour T= 25C (Figure 3-23).

(a) (b)
Figure 3-23 : Evolution de la tension U50 (a) et du champ de claquage (b) en fonction de la pression
statique relative (T=25C).

127
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Notre configuration exprimentale (gomtrie du dispositif inter-lectrodes,


tension limite 40kV, nergie commute limite 500J) ne permet la dtermination de
U50 que pour des valeurs de pression suprieures 50bar. Malgr cette limitation, nous
avons pu observer une croissance linaire de la tension U50 avec la pression sur la plage de
pression investigue. Cette augmentation de la tension damorage paralllement la
pression statique tait attendue. En effet, du point de vue de la thermodynamique,
lnergie ncessaire pour vaporiser une masse unitaire deau augmente avec la pression
statique (cf. section 3.4). Dans les dcharges lectriques, il est tabli que le libre parcours
moyen lectronique est inversement proportionnel la pression, ce qui rduit la capacit
des lectrons emmagasiner de lnergie en phase gazeuse et donc soppose la
propagation de la dcharge. Cette augmentation de la tension de claquage avec la pression
statique pour une dcharge subsonique a galement t observe en mode supersonique et
est rapporte dans plusieurs travaux KOLB [12], CECCATO [25], JONES [74] et
ABRAMYAN[21].

3.7.2.2. Evolution de la rsistance inter-lectrodes Reau et de la tension de


claquage Ub

La rsistivit de leau tant indpendante de la pression statique du fluide, la dure


dapplication de londe de tension reste donc inchange lorsque la pression augmente. Sur
notre plage de variation de pression, le paramtre Reau reste constant une valeur
denviron 1450 pour la distance inter-lectrodes D=1,5mm et denviron 1750 pour
D=2,5mm (Figure 3-24a).

La Figure 3-24b prsente, temprature constante, les variations de Tb en fonction


de la pression statique.

128
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

(a) (b)
Figure 3-24 : Evolution de la rsistance Reau (a) et du temps de claquage Tb (b) en fonction de la
pression statique T=25C

La valeur de la rsistance Reau reste constante quelle que soit la pression statique
applique (Figure 3-24 a). Ce rsultat est cohrent avec lvolution de la conductivit qui
est indpendante de la pression.

Grace ces derniers rsultats, nous venons de vrifier que la dure dapplication de
londe de tension reste inchange lorsque la pression augmente alors que la tension U 50
crot. Il sen suit une diminution linaire du Tb.

3.7.2.3. Evolution de lnergie consomme Ec

Linfluence de la pression statique, pendant la phase de pr-dcharge, sur lnergie


consomme Ec (Equation 2-8) est trace pour deux distances inter-lectrodes en Figure
3-25.

Sur notre plage exprimentale (0 P absolue 50bar), lnergie consomme par la


phase de pr-dcharge suit la mme tendance de variation que lnergie de vaporisation de
leau en fonction de la pression statique (Figure 3-10). La diffrence de pente entre les
deux distances inter-lectrodes peut tre explique par la rpartition de lnergie de
chauffage au niveau des lectrodes. En effet, plus les lectrodes sont proches plus le

129
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

chauffage est localis dans le volume utile inter-lectrodes (faible influence de lenceinte)
et donc, plus les pertes sont rduites.

Figure 3-25 : volution de lnergie consomme par la cration de la dcharge en fonction de la


pression statique 25C

3.7.3. Couplage thermodynamique

En Figure 3-26, la tension damorage U50 est caractrise en fonction de la pression


statique relative pour trois valeurs de temprature. Etant donn les niveaux de tension
ncessaires, ces essais sont raliss uniquement pour la distance inter-lectrodes de
1,5mm.

Figure 3-26 : Evolution de U50 en fonction de la pression statique et de la temprature (D=1,5mm)

130
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Deux constatations dcoulent de ces derniers rsultats exprimentaux :

La premire est attendue : quelle que soit la temprature du fluide, la valeur de U50
augmente avec la pression.
La seconde est plus surprenante : pour les pressions suprieures la pression
atmosphrique, laugmentation de temprature de 25C 50C saccompagne dune
augmentation de la tension de claquage. Une seconde srie de mesures a permis la
validation des rsultats obtenus au cours des premiers tests.

Nous navons pas de certitude quant linterprtation de ces rsultats. Par ailleurs,
aucune donne ntant disponible dans la littrature sur cette problmatique, nous
pouvons seulement mettre des hypothses. On sait que, pour initier larc, il faut des
conditions nergtiques lies la fois aux phnomnes thermiques et aux phnomnes
lectrostatiques (Paschen). A pression atmosphrique, la proportion de la part
lectrostatique est ngligeable devant celle de la thermique. Quelle que soit la temprature
initiale du fluide, ds que les bulles sont formes, les conditions de propagation de la
dcharge sont atteintes quasi-instantanment. On peut alors supposer que lorsque la
pression augmente, la tendance sinverse. Ainsi, les conditions de seuil de propagation ne
seraient pas systmatiquement atteintes lors de la formation des bulles. Linfluence des
phnomnes lectrostatiques ne serait plus ngligeable devant celle des phnomnes
thermiques. Leffet de la pression serait alors prpondrant par rapport leffet de la
temprature.

3.8. CONCLUSION

Dans ce chapitre, nous nous sommes attachs caractriser la phase de pr-


dcharge dune dcharge subsonique. Cette phase correspond la priode durant laquelle
lnergie lectrique initialement stocke est transfre au fluide et transforme
partiellement en nergie thermique pour permettre la vaporisation du volume deau
localis entre les lectrodes.

131
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

Un modle lectrique quivalent a t propos. Il permet de simuler, de manire


satisfaisante les volutions temporelles des grandeurs lectriques (courant, tension et
puissance) ainsi que celle de lnergie consomme. Ltude de limpact des divers lments
de ce circuit quivalent a montr limportance de la rsistance quivalente du dispositif
inter-lectrodes. La valeur de cette dernire conditionne la dure dapplication de londe
de tension ainsi que la conversion de lnergie lectrique en nergie thermique. Elle
dpend la fois de la gomtrie du dispositif, des proprits physiques (conductivit) et
thermodynamiques du fluide (temprature).

Pour une dcharge subsonique, quel que soit le niveau de tension appliqu,
lnergie consomme reste constante. Globalement, cette nergie consomme correspond
lnergie thermique ncessaire pour vaporiser le volume deau inter-lectrodes qui
permettra ltablissement du canal de dcharge. Dans lhypothse o un surplus dnergie
pourra tre apport au milieu, celui-ci restera disponible pour la phase post-dcharge. La
surtension de lintervalle permet donc, non seulement, daugmenter le rendement
lectrique mais galement de diminuer fortement le jitter lamorage. Ce rsultat est
essentiel dans loptique dune maitrise prcise de la tension de claquage U b et donc de
lnergie de claquage Eb associe.

A partir dune dcharge subsonique et en voulant trop surtensionner lintervalle, il


est possible dobtenir une modification du mode de claquage et de passer une dcharge
de type supersonique. Dans ce cas, la consommation dnergie durant la phase de pr-
dcharge chute fortement. Cette forte diminution de consommation est due au passage
dune phnomnologie base sur la thermique (mode subsonique) un nouvel quilibre o
seuls les phnomnes lectrostatiques interviennent (mode supersonique). Par consquent,
pour une mme configuration exprimentale, le rendement lectrique associ la pr-
dcharge supersonique est meilleur que celui dune pr-dcharge subsonique. Nanmoins,

132
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

les contraintes lies des champs lectriques levs associes des niveaux dnergie
importants attnuent grandement lintrt que prsente une dcharge supersonique vis--
vis dune dcharge subsonique.

En ce qui concerne les effets de pression et temprature sur la phase de pr-


dcharge en mode subsonique, nous avons pu tirer les conclusions suivantes :

A pression atmosphrique, laugmentation de la temprature saccompagne la fois


dune diminution de la tension de claquage et de lnergie consomme. Lintrt
que prsente lutilisation de fluide relativement chaud pour les applications
industrielles semble donc vident. Nanmoins, la chute de consommation
nergtique est surtout marque pour les tempratures infrieures 50C. Dautre
part, quelle que soit la temprature du fluide, plus la distance inter-lectrodes est
grande, plus lnergie consomme augmente. Une nouvelle fois, lcart de
consommation en fonction de la distance est plus marqu pour les tempratures
infrieures 50C. Un seuil de temprature suprieur 50-60C peut donc tre
considr comme un optimum en termes de rendement lectrique de la phase de
pr-dcharge.
A temprature ambiante, llvation de la pression statique a pour consquence
daugmenter linairement le champ de claquage et lnergie consomme. Le
paramtre pression statique peut donc tre considrer comme pnalisant dans
loptique dune application industrielle.
Pour les pressions statiques suprieures la pression atmosphrique,
laugmentation de temprature saccompagne dune augmentation de la tension de
claquage. Ce rsultat, contraire nos attentes initiales, tendrait prouver que les
critres de propagation de la dcharge prendraient le dessus sur les critres
thermiques. Pour finir, nous navons pas pu tablir de conclusions claires en ce qui
concerne les consommations dnergies pour diffrents couples pression-
temprature (variation la fois de la temprature et de la pression statique). Il

133
Chapitre 3 : Etude de la phase de pr-dcharge

semblerait toutefois que linfluence de la pression prenne le pas sur celle de la


temprature. Cette hypothse devra tre confirme dans le cadre de campagnes
exprimentales futures.

Aprs avoir tudi la phase de pr-dcharge, nous allons nous intresser dans le
Chapitre 4 la phase de post-dcharge.

134
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

CHAPITRE 4

ETUDE DE LA PHASE DE

POST-DECHARGE :

CARACTERISATION DE

LONDE DE PRESSION

135
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

136
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

4. ETUDE DE LA PHASE DE POST-DECHARGE :


CARACTERISATION DE LONDE DE PRESSION

4.1. INTRODUCTION

Au cours de ce chapitre, nous allons nous intresser la caractrisation de la phase


de post-dcharge. Lorigine temporelle de cette phase correspond linstant de la mise en
court-circuit, par ltablissement de larc lectrique, du dispositif inter-lectrodes immerg
dans le fluide. La formation de cet arc permet un transfert rapide dnergie vers le fluide,
qui conduit linitiation de londe de pression, puis sa propagation dans le fluide.

La phase de post-dcharge va tre simule partir dun circuit lectrique


quivalent.

Dans un premier temps, nous nous intresserons lvolution thorique du courant


de dcharge (valeur crte et front de monte) en fonction de la valeur des diffrentes
impdances du circuit.

Dans un second temps, lobjectif consistera dterminer linfluence des paramtres


du circuit lectrique, du mode de rupture dilectrique de leau et de la distance inter-
lectrodes sur les paramtres de londe de pression gnre (valeur crte et front de
monte). Limportance de la valeur du courant crte commut et de la vitesse de
commutation de ce courant pourra ainsi tre mise en vidence.

Limpact des conditions thermodynamiques du fluide sur la propagation de londe


de pression sera analys.

137
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Pour clore le chapitre, une conclusion sera prsente concernant loptimisation de


londe de pression en fonction des divers paramtres tudis.

4.2. DETERMINATION DES PARAMETRES ELECTRIQUES DE LA


PHASE DE POST-DECHARGE

Un modle lectrique de la phase de pr-dcharge a dj t prsent dans le


chapitre prcdent. Il est donc naturel de commencer ce chapitre de manire similaire par
la prsentation du circuit lectrique quivalent qui permettra de simuler le comportement
de la phase de post-dcharge. La simulation de cette phase passe par lutilisation dun
modle quivalent darc qui, dun point de vue lectrique, comprend une rsistance note
Rarc et une inductance srie Larc. La dtermination de ces deux paramtres lectriques va
tre dtaille, dans les parties 4.2.1 et 4.2.2, au travers de diverses formulations qui
permettront au final dobtenir des ordres de grandeur de Rarc et Larc. Le schma quivalent
lectrique de la dcharge peut alors tre reprsent par le circuit suivant :

Lcircuit Rcircuit
Interrupteur Arc

2H
1
Interrupteur
arc
C I
Circuit
u(t) Rarc
De 33nF
4,2F

Larc

Figure 4-1 : Circuit lectrique quivalent pendant la phase de post-dcharge

138
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

4.2.1. Dtermination de la rsistance quivalente Rarc

Pendant la phase de court-circuit, les dimensions du canal darc augmentent


rapidement. Pendant les premires centaines de nanosecondes, le diamtre du canal d'arc
augmente de plusieurs dizaines de micromtres (taille dun streamer) jusqu' un diamtre
qui sera fonction du courant et de la pression statique. La rsistance du canal diminue
alors proportionnellement, en raison de laugmentation de sa section transversale de larc
gnr. Par consquent, lvolution de la rsistance de larc rarc(t) est dpendante du
temps :

( ) ( ) 4-1
( )
avec la conductivit du plasma (.m), l la longueur de larc (m) et s la section du canal
darc (m).

Diffrentes formules permettent de dterminer la valeur de rarc(t). Tout dabord la


loi empirique de TOEPLER [75] est une des solutions les plus utilises pour modliser
lvolution temporelle de la rsistance de larc :

( ) 4-2
( )
et e sont des constantes relatives une configuration donne et dfinies par TOEPLER
[75] .

TOEPLER a suppos que la densit de courant est homogne dans tout le canal et
que le rayon de larc nvolue pas. Il sagit donc dune approche simplifie.

En 1958, une approche diffrente est propose par BRAGINSKII [76]. Celle-ci
prend en compte lexpansion de larc due lchauffement croissant. Elle suppose
cependant que la conductivit du plasma est indpendante du temps. Lquation rsultante
est la suivante :

139
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

( ) 4-3
( ) ( )

b tant une constante dpendant de la densit, de la conductivit et des proprits


thermodynamiques du plasma et reprsente la conductivit moyenne du canal plasma.

MARTIN [77] apporte une autre manire de dterminer la valeur de la rsistance


rarc(t) en faisant apparatre la densit du plasma :


( ) ( ) 4-4

avec la densit du gaz, le temps de relaxation, Ru la rsistance dutilisation et E le


champ lectrique appliqu.

Pour finir, TIMOSHKIN [78] propose une expression de la valeur de rarc(t) :

( ) 4-5
( )
o le paramtre est la constante darc normalis l'instant de la dcharge lectrique.
Cette expression de la rsistance dpendante du temps a permis ENGEL [79] dobtenir
une bonne concordance entre les valeurs calcules et celles mesures exprimentalement
pour un arc dans un gaz.

Nous avons rfrenc ici plusieurs formules utilises pour dterminer lvolution
de la valeur de la rsistance darc au court du temps. Dans nos cas dtude, la mise en
application de ces formules sest avre dlicate tant donns la nature et le nombre des
paramtres. Dautre part, ce qui nous intresse pour notre simulation, nest pas lvolution
prcise de cette rsistance pendant les premires centaines de nanosecondes mais plutt
une valeur finale globale, note Rarc indpendante du temps et qui sera uniquement
fonction du maximum de courant.

Afin de fixer un ordre de grandeur de la valeur de la rsistance darc nous pouvons


nous appuyer sur les donnes exprimentales (Figure 4-2) de TIMOSHKIN [65] et de

140
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

MACKERIE [80] qui ont dtermin les valeurs de Rarc en fonction des valeurs maximales
de courant commut (pour une distance inter-lectrodes de 5mm).

Figure 4-2 : Evolution de la constante Rarc en fonction du courant maximal


(distance inter-lectrodes de 5mm)

Dans nos conditions dexprimentations, le courant commut sera toujours compris


entre quelques kiloampres et 30kA. Nous retiendrons donc les rsultats de TIMOSHKIN
[65] qui montrent que la valeur de Rarc pourra tre comprise entre 20m et 200m.

4.2.2. Dtermination de linductance quivalente Larc

Lvolution du canal de dcharge au cours du temps engendre galement une


volution de linductance darc (de par ses variations gomtriques). La valeur Larc peut
tre approxime en considrant linductance linique dun guide coaxial (le canal de
dcharge est associ au conducteur central et leau est alors associe lisolant).

Dans ces conditions, KUSHNER [81] propose la formule suivante pour dterminer
lvolution temporelle de linductance darc larc(t) :

141
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

( ) ( ) 4-6
( )
l tant la longueur de lespace inter lectrodes, rc le rayon extrieur et rs(t) la variation au
cours du temps du rayon du canal de dcharge.

Les valeurs de linductance darc obtenues laide de la formule 4-6 sont au


maximum de lordre de quelques dizaines de nanohenrys par millimtre. Comme nous le
verrons, ces valeurs sont ngligeables comparativement la self du circuit.

4.3. MISE EN EQUATION DU CIRCUIT ET SIMULATIONS PSPICE

4.3.1. Mise en quation du circuit lectrique quivalent

Au moment de la mise en court-circuit de lespace inter-lectrodes, le condensateur de


stockage C (Figure 4-1) est charg la tension rsiduelle Ub. Il sensuit une dcharge de
cette capacit dans le circuit modlis par limpdance du circuit associe en srie
limpdance globale de larc (Rarc et Larc). Limpdance du circuit est similaire celle qui a
t prsente dans le Chapitre 3. Elle est compose de deux lments en srie : une
inductance Lcircuit et une rsistance Rcircuit. Rappelons que les ordres de grandeurs de ces
lments sont respectivement de quelques microhenrys et de quelques dixime ou
centime dOhm.

La condition initiale ntant pas nulle (condensateur charg la tension U b),


lexpression dans le domaine de Laplace de la tension U(p) aux bornes du condensateur C
sexprime ici par :

( )
( ) 4-7

avec I(p) le courant de dcharge.

142
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Dautre part,

( ) ( ) ( ) ( ) ( ) 4-8

Par identification des quations (4-7) et (4-8), on obtient :

( )
( ) ( ) ( ) ( ) 4-9

Do dcoule lexpression de I(p) :

( ) 4-10
( ) ( )

Nous avons vu que les ordres de grandeur de Larc et Rarc sont respectivement au plus
de quelques dizaines de nanohenrys et de quelques centaines de milliohms. La self darc
peut donc tre nglige devant la self du circuit. En revanche, la valeur de rsistance darc
est du mme ordre de grandeur que celle du circuit. Nous poserons donc :

Rcircuit + Rarc = R

Lcircuit + Larc Lcircuit

Par consquent :

( )
4-11
( )

Lexpression du courant correspond un systme du second ordre dont le gain


statique k, la pulsation propre non amortie n et le coefficient damortissement z
sexpriment par :

143
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge


4-12

Contrairement la phase de pr-dcharge, la valeur de la rsistance qui intervient


dans le calcul du coefficient damortissement z est ici faible. Le coefficient
damortissement du systme est donc toujours infrieur 1 pour la phase de post-
dcharge. Par consquent, lvolution du courant correspond un rgime pseudo
priodique.

( ) 4-13

( ) 4-14
( ) ( )


( ) 4-15
( ) ( )

Do lexpression temporelle du courant i(t) :

( ) ( ) 4-16

La pulsation propre du systme est donne par :

4-17

Compte tenu des valeurs de la capacit, de linductance et de la valeur de la rsistance R, le

coefficient damortissement z sera toujours petit devant 1 (R << Rcritique= ).

144
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

( ) ( ) 4-18

Au final :

( ) ( ) 4-19

Connaissant lexpression du courant qui circule dans le circuit pendant la phase de pr-
dcharge, la puissance lectrique de larc sexprime par :

( ) ( ) 4-20

4.3.2. Simulations Pspice de la phase de post-dcharge

A partir du circuit quivalent de la post-dcharge (Figure 4-1) et laide du logiciel Pspice,


nous pouvons simuler lvolution temporelle des signaux lectriques pour une
configuration donne. La configuration exprimentale retenue est : C=1,4F, Lcircuit=3,3F
et R=170m (rappelons que cette rsistance est la rsistance globale du circuit quivalent).
La comparaison des rsultats exprimentaux, et des rsultats thoriques (obtenus partir
de simulations Pspice et de lexpression analytique issue de lquation 4-19) est prsente
Figure 4-3.

145
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 4-3 : Evolution du courant pendant la phase de dcharge

Comme nous pouvons le constater, les rsultats thoriques sont similaires aux
mesures. Ceci permet de valider notre circuit de simulation, nos expressions analytiques
ainsi que lapproximation faite sur la valeur de la rsistance darc, et le fait quelle puisse
tre considre comme indpendante du temps.

4.3.2.1. Variation de la forme donde du courant

Dans le cas dune dcharge oscillante faible amortissement, la frquence propre


de londe de courant est dfinie par la pulsation f n=n/2. Ce paramtre dpend alors
uniquement de la capacit de stockage C et de la valeur de linductance du circuit Lcircuit. Le
temps de monte du premier front de courant Tmax est par consquent donn par la
relation suivante :

4-21

Ce front de courant sera dautant plus lent que le produit des valeurs de C et de Lcircuit sera
grand. Par la suite, nous ferons varier exprimentalement la vitesse dinjection du courant
en jouant principalement sur linductance du circuit Lcircuit.

146
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Les rsultats de simulation correspondant aux configurations exprimentales que nous


avons principalement utilises sont prsents sur la Figure 4-4. Nous pouvons observer ici
que les fronts de courant les plus lents seront, par consquent, infrieurs 10s.

Figure 4-4 : Evolution normalise du courant pour diffrentes configurations exprimentales

4.3.2.2. Variation de la valeur maximale du courant

La valeur maximale Imax=i(Tmax) du courant de dcharge injecte dans le canal darc est
donne par :

( ) 4-22


4-23

147
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Nous pouvons galement exprimer Imax en fonction de lnergie Eb (Formule 2-3)


disponible au moment du claquage et en dduire son volution pour diffrentes
configurations de circuit (Figure 4-5) :


4-24

Figure 4-5 : Evolution du courant maximal en fonction de lnergie Eb pour diffrentes


configurations de circuit

Deux remarques peuvent tre formules :

Lorsque les impdances du circuit sont fixes, le maximum de courant dpend de


lnergie disponible au moment du claquage et donc uniquement de la tension de
claquage Ub. Dans ce cas, la variation Imax=f(Eb) suit une loi en puissance de la forme
Imax=k.Ebx avec x<1. Par consquent, une forte variation dnergie ne
saccompagnera pas forcment dune forte variation de courant. Nous reviendrons
sur ce point lorsque nous tudierons linfluence de lnergie commute sur
lamplitude de la pression dynamique gnre.

Pour une mme nergie Eb disponible au moment de la dcharge, le maximum de


courant dpendra des paramtres lectriques : C, Lcircuit et R.

148
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Pour une mme nergie Eb et dans lhypothse o la rsistance R est fixe, le


courant maximal dpendra de lamplitude des lments inductifs et capacitifs (Figure 4-6).
Pour une mme valeur de R, linfluence des paramtres C et Lcircuit sur le courant maximal
est oppose. Une augmentation de linductance va induire une diminution du courant I max
alors que laugmentation de la capacit aura leffet inverse.

Figure 4-6 : Evolution du courant crte en fonction de linductance et de la capacit (R=170m et


Ub=40kV)
Le dernier paramtre qui modifie la valeur du courant est bien videmment la
rsistance du circuit (R=Rciruit+Rarc). Plus la valeur de la rsistance est grande, plus
lamplitude du courant sera attnue. Lvolution du courant maximal en fonction de la
rsistance R (Formule 4-23) est prsente, en Figure 4-7, pour un circuit donn :
Lcircuit=3H et C=4,2H. La variation de la rsistance R est comprise entre 50m et 500m :
valeurs qui correspondent notre plage de variations exprimentales.

149
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 4-7 : Evolution du courant crte en fonction de la rsistance


(Ub=40kV, Lcircuit=3H et C=4,2H)

Il sera donc important de minimiser la rsistance globale du circuit pour optimiser


la valeur maximale du courant. Notons toutefois que linfluence de R est moindre sur le
courant maximal que celle des paramtres C et Lcircuit. Dautre part, le pourcentage
dnergie transfr de la capacit de stockage vers larc lectrique est exprim par:

( ) 4-25

On observe ici, que pour que le transfert dnergie soit optimal, il faut que la
rsistance darc soit grande comparativement celle du circuit.

En conclusion, il est possible, pour une mme nergie Eb disponible dans la phase
de post-dcharge, de faire varier le courant i(t) inject dans le fluide en modifiant les
impdances du circuit de dcharge. Seule une modification du couple LcircuitC entrane
une volution du front de monte du courant. Laugmentation de la valeur de C ralentit le
front de courant tout en augmentant sa valeur crte. Laugmentation de la self aura le
mme impact sur le front de monte mais au dtriment de lamplitude du courant. La
valeur de la rsistance globale R=Rarc+Rcircuit, quant elle, influe la fois sur le courant Imax
et sur le transfert dnergie arc.

150
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Linfluence de tous ces paramtres lectriques sur le courant a maintenant t


clairement dfinie. Nous pouvons, par consquent, nous intresser leurs influences sur la
pression dynamique gnre.

4.4. INFLUENCE DU CIRCUIT ELECTRIQUE SUR LONDE DE


PRESSION

4.4.1. Evolution de la pression en fonction de lnergie commute

Les rsultats prcdemment tablis et prsents dans la thse de TOUYA [7]


avaient mis en vidence la relation directe entre lnergie Eb disponible au moment du
claquage et la valeur de la pression crte. A partir de ces rsultats, une formule empirique
avait t propose [82] :

4-26

Avec : Pmax la pression crte (bar), r la distance entre larc et le capteur (mm), un
coefficient fonction de la gomtrie du dispositif inter-lectrodes et Eb lnergie en kJ.

Cette formule dcoule de rsultats exprimentaux obtenus dans une configuration


de circuit globalement fige : linductance du circuit restait constante et la valeur de la
capacit du condensateur de stockage tait gale soit C=42,4F soit C=84,8F. La
variation de lnergie commute Eb tait principalement obtenue par modification de la
tension de claquage Ub. Dans le cadre de ces essais, seule la mesure de tension avait t
effectue de faon systmatique (peu ou pas de mesure de courant). Par consquent, seule
la notion dnergie commute avait t prise en compte.

Les rsultats prsents Figure 4-8 ont galement t obtenus pour une
configuration exprimentale fige et en ne faisant varier que la tension de claquage. Ils
confirment cette loi en puissance entre pression et nergie commute Eb, mme si les

151
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

rsultats semblent tre inferieurs en niveau par rapport la formule de TOUYA. Une
explication de cette diffrence sera apporte dans la section 4.4.2 en termes de courant
crte commut.

Figure 4-8 : Evolution experimentale de la pression crte en fonction de lnergie commute Eb et


courbe de tendance tablie partir de la Formule 4-26
(Rp=2,5mm, D=3mm et distance capteur 9cm)

Nous avons vu, Figure 4-5, que pour une mme configuration de circuit, une forte
variation de lnergie commute nengendre pas de grandes variations du maximum de
courant. La question que lon peut ici se poser est donc de savoir si cette volution en
puissance de la pression crte en fonction de Eb nest pas lie la loi en puissance du
courant crte en fonction de cette mme nergie commute. Autrement dit, de savoir
comment volue la pression, pour une mme nergie commute, lorsque le courant
augmente de faon significative ?

4.4.2. Evolution de la pression en fonction du maximum de courant


commut

Dans un premier temps, lvolution de la pression crte est trace en fonction du


maximum de courant inject sans prendre en compte la valeur de lnergie Eb (Figure 4-9).

152
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Pour cela, diffrentes valeurs de capacit de stockage et dinductance de circuit ont t


utilises de manire faire varier de faon significative la valeur maximale du courant.

Figure 4-9 : Evolution de la pression crte en fonction du maximum de courant commut


(Rp=2,5mm D=3mm et distance capteur 9cm)

Figure 4-10 : Evolution de la pression crte en fonction du maximum de courant nergie Eb


constante (Rp=2,5mm D=3mm et distance capteur 9cm)

Sur la plage de courant tudie, la Figure 4-9 montre que la valeur de la pression
crte augmente linairement avec le courant quelle que soit lnergie Eb commute.

153
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Les points obtenus nergie Eb constante ont t identifis et reports sur la Figure 4-10.
Ils correspondent des configurations exprimentales pour lesquelles la capacit de
stockage et la tension de claquage sont inchanges, seule linductance du circuit varie.

Nous pouvons ainsi conclure avec certitude que la pression crte volue
linairement en fonction du maximum de courant inject dans le circuit. La formule
dtermine par TOUYA [82] ne prend pas en considration la valeur du courant, mais
celle de lnergie commute Eb. Si le circuit de dcharge est fix, lerreur introduite par
cette formule est acceptable dans la mesure o la variation de courant reste limite. Par
contre, si la modification des lments du circuit introduit de fortes variations du courant
crte, alors la formule de TOUYA ne peut plus tre utilise.

La Figure 4-9 permet de dterminer la valeur de la pression crte en fonction du


courant crte (Pmax=2,7.Imax) dans une configuration donne (D=3mm). Les mesures de la
propagation de londe de pression dans leau, une temprature de 20C , ont montr que
lattnuation de londe de pression seffectue en 1/r avec r la distance entre le capteur et les
lectrodes (MARTIN [83]). Par consquent, pour une configuration inter-lectrodes
donne (D=3mm) nous proposons ici une formule empirique applicable quel que soit le
circuit lectrique utilis :

4-27

avec Pmax la pression crte (bar), r la distance entre larc et le capteur (cm) et I max le courant
crte (kA).

154
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

4.4.3. Evolution de la pression en fonction de la vitesse dinjection du


courant

Limportance de lamplitude du courant vis--vis de la pression dynamique vient


dtre dmontre. Nous pouvons maintenant nous poser la question suivante : Quen est-il
de la rapidit dinjection du courant ?

Lvolution spatiale du canal darc qui est lorigine de linitiation de londe de


pression se fait essentiellement au cours de la 1re oscillation et culmine au passage du
courant maximal. Il parat donc logique de quantifier la notion de rapidit dinjection du
courant par la valeur dImax/dTmax qui correspond la pente moyenne de la premire
alternance de i(t). La Figure 4-11 prsente lvolution de la pression crte en fonction du
dImax/dTmax pour trois montages diffrents qui permettent dobtenir trois valeurs de front
de courant (Tmax=1,9s, 3,3s et 5s) :

Figure 4-11 : Evolution de la pression crte en fonction du dImax/dTmax


(Rp=2,5mm D=3mm et distance capteur 9cm)

Pour un mme temps de monte du courant, la pression volue linairement en


fonction du dImax/dTmax. Par contre, pour une mme valeur de dImax/dTmax, les pressions

155
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

crte mesures sont diffrentes. En effet, pour un dImax/dTmax donn, la valeur du courant
Imax varie dun montage lautre, et cette valeur du courant est dautant plus grande que le
front du courant est lent. Nous pouvons donc dire que la valeur de la pression crte
dpend uniquement du courant maximal quel que soit la valeur du front de monte de
limpulsion de courant.

La Figure 4-12 reprend ces rsultats mais en traant les variations du front de
pression dynamique en fonction du front de courant.

Figure 4-12 : Evolution du front de londe de pression en fonction du front de courant

Exprimentalement, il a t possible de faire varier le front de londe de pression de


500ns jusqu environ 4s. Au-del, des rflexions internes au capteur de pression rendent
les mesures inexploitables. Ainsi, sur notre plage dtude, la dynamique de londe de
pression volue linairement en fonction de la forme dinjection du courant.

Ce rsultat est important pour loptimisation du procd de fracturation. En effet,


la faon dont la roche est endommage ainsi que la profondeur de lendommagement sont
directement lis la dynamique de londe de pression. Les travaux de CHO [60] indiquent
que le procd de fracturation est essentiellement affect par le front de monte de londe

156
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

de pression et non par la queue de londe. Il est donc essentiel de se focaliser sur le front
de monte de londe de pression. Les simulations prsentes par CHO (cf. Chapitre 1),
pour des fronts de monte de 10, 100, 500 et 1000s, montrent que plus le front de monte
est lent, plus les fissures gnres sont profondes mais peu nombreuses. Inversement plus
le front de londe de pression est rapide plus lendommagement est diffus mais peu
profond.

Dun point de vue exprimental, pour obtenir une injection lente de courant, il est
ncessaire daugmenter les valeurs de linductance et du condensateur de stockage. Une
augmentation de linductance, capacit constante, dgrade lamplitude du courant et
donc la pression crte. Seule une augmentation de la capacit, valeur constante de
linductance, permet de ralentir le front de courant tout en augmentant sa valeur crte.

Dans le cadre de notre application de fracturation lectrique, nous avons prcis


quune solution technique intressante consisterait descendre le banc de stockage en
fond de puits. Cette solution prsente linconvnient de limiter le volume du banc de
stockage et donc sa valeur capacitive.

Par extrapolation de la courbe Figure 4-12, nous pouvons dterminer les valeurs de
front de courant correspondant des fronts de pression de 10s et 100s, puis en dduire
les valeurs du couple LcircuitC associes. La valeur de la capacit de stockage pouvant
descendre en fond de puits est limite par des verrous technologiques (densit volumique
dnergie, temprature dutilisation,). En sappuyant sur des solutions techniques
actuelles, il parat envisageable de pouvoir descendre en fond de puits des condensateurs
pouvant atteindre 10F - 12,5kJ. Pour cette valeur capacitive et pour les deux temps de
monte dsirs, nous pouvons dfinir la valeur de Lciruit ncessaire et le maximum de
courant associ (pour R=200m et Ub=40kV). Toutes ces valeurs sont rsumes dans le
Tableau 4-1. La valeur de la pression crte gnre une distance de 2cm est calcule
daprs la Formule 4-27 en fonction du courant maximal correspondant.

157
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Tfront Tmax Couple LcircuitC Lcircuit Imax Pmax

10s 26s 274p 27H 9,3kA 110bar

100s 280s 32n 3,2mH 220A < 3bar


Tableau 4-1 : Synthse des valeurs ncessaire pour avoir un front de pression de 10 et 100s.

Il parait donc possible de ralentir le front de londe de pression jusqu la dizaine de


microseconde tout en ayant une valeur de pression significative dau moins 100bar. En
revanche, dans le cas dune application en fond de puits, il ne semble pas envisageable de
pouvoir gnrer une onde de pression endommageante dont le front de monte serait de
lordre de la centaine de microsecondes.

4.5. INFLUENCE DU MODE DE CLAQUAGE SUR LA PRESSION


DYNAMIQUE

Il existe une diffrence importante concernant le volume des bulles de gaz mis en
jeu lors de la propagation des dcharges en mode subsonique et supersonique. Cette
diffrence peut-elle se rpercuter sur londe de pression gnre ? Afin de rpondre cette
question, il est ncessaire de comparer des mesures de pression obtenues dans les deux
modes diffrents, mais dans des configurations exprimentales pour lesquelles les valeurs
de courant sont identiques. Les spcificits de chaque mode tant diffrentes, la plage de
courant permettant ces comparaisons est assez limite avec nos moyens exprimentaux.

Linfluence du mode de dcharge sur la pression crte gnre est prsente sur la
Figure 4-13 en fonction du courant maximal.

Si lon compare les droites asymptotiques issues des deux modes de claquage, la
Figure 4-13 montre que la valeur du pic de pression gnre est suprieure en
supersonique, pour un mme courant inject. Ce rsultat peut sexpliquer par un meilleur
rendement li aux processus physiques amenant la gnration de londe de choc. En

158
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

effet, en mode supersonique, les effets thermiques sont ngligeables et par consquent les
volumes de gaz mis en jeux sont largement infrieurs ceux associs au mode subsonique.
Lattnuation de londe de pression dans la phase gazeuse est donc probablement moindre
en supersonique.

Figure 4-13 : Comparaison de la pression crte en fonction du maximum de courant pour les deux
modes de dcharge (Rp=2,5mm D=3mm et distance capteur 9cm)

En revanche, au-del de 10kA, les forts courants mis en jeux ne permettent plus de
garantir une dcharge supersonique pure. Il est probable que, pour ces valeurs de courants,
des effets thermiques soient associs la dcharge qui ne pourra, par consquent, plus tre
considre comme supersonique.

Nous proposons donc ici une solution qui consisterait plutt initier un arc
lectrique au moyen dune dcharge supersonique pure, puis dinjecter du courant au
moyen dun circuit secondaire. Le circuit lectrique permettant de raliser cette double
impulsion est prsent Figure 4-14.

159
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 4-14 : Schma du montage lectrique du couplage nergtique

Le principe consiste charger en parallle un gnrateur de Marx (tension leve


mais faiblement nergtique) et un banc de condensateurs qui fournira le courant. Lorsque
le gnrateur de Marx est dclench, lclateur de couplage commute et une dcharge
supersonique stablit entre les lectrodes immerges. Lisolation temporelle entre
limpulsion HT du Marx et la dcharge du banc de condensateurs est assure par une
inductance ou bien par des ferrites. Le dimensionnement de cette inductance (ou des
ferrites) conditionne le retard entre lapparition de larc (mode supersonique) et linjection
du courant dans le milieu.

Les rsultats dessais prsents Figure 4-15 et Figure 4-16 ont permis de valider le
dispositif lectrique permettant de gnrer cette double impulsion. Il est donc tout fait
envisageable de synchroniser les deux types de dcharge. Nanmoins, lamlioration du
procd par cette solution de double impulsion ne pourra tre valide quaprs des
mesures de pression dynamique.

160
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 4-15 : Evolutions temporelles des tensions du gnrateur de Marx et du condensateur de


stockage

Figure 4-16 : Evolutions temporelles des tensions du gnrateur de Marx et du condensateur de


stockage

4.6. INFLUENCE DE LA CONFIGURATION INTER-ELECTRODES

Les rsultats de TOUYA [7] avaient montr que londe de pression ntait pas
modifie par la gomtrie des lectrodes. Ce rsultat, valid par dautres essais raliss dans
le cadre de ce travail, peut sexpliquer par le fait que les volutions de la section et de la
longueur du canal darc (et donc la rsistance darc) ne sont pas lies aux diamtres des
lectrodes.

161
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

En revanche, la distance inter-lectrodes influe directement sur la rsistance darc.


Le moyen le plus simple pour augmenter cette rsistance consiste augmenter la distance
inter-lectrodes. Les variations de la pression crte en fonction du maximum de courant
sont tudies en Figure 4-17 et Figure 4-18, dans les deux modes de dcharge
(respectivement en subsonique et supersonique), pour les distances inter-lectrodes de
3mm et 6mm.

Figure 4-17 : Evolution de la pression crte en fonction du courant maximal pour deux distances
inter-lectrodes, en mode subsonique (distance capteur 9cm).

Figure 4-18 : Evolution de la pression crte en fonction du courant maximal pour deux distances
inter-lectrodes, en mode supersonique (distance capteur 9cm).

162
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Pour un mme courant et quel que soit le mode de claquage, laugmentation de la


rsistance darc induite par laugmentation de la distance inter-lectrodes saccompagne
bien dun accroissement de lamplitude de londe de pression. La pression crte est donc
directement lie au courant crte commut ainsi qu la rsistance darc et donc la
puissance lectrique de larc (dfinie prcdemment par 4-20).

La formule empirique 4-27 permet, pour une distance fixe 3mm et en mode
subsonique, de dterminer lamplitude de la pression en fonction du courant. Sachant que
la puissance lectrique Pe=Rarc Imax2 et que la rsistance darc est proportionnelle la
distance inter-lectrodes (formule 4-1), nous proposons la nouvelle loi empirique
suivante :

4-28

avec Pmax la pression crte (bar), r la distance entre larc et le capteur (cm), I max le courant
crte (kA) et d la distance inter-lectrodes (mm).

Mme si laugmentation de la distance inter-lectrodes saccompagne dun


accroissement de pression, nous avons montr dans le Chapitre 3 quelle a galement pour
consquence daugmenter la consommation dnergie lectrique dans la phase de pr-
dcharge. Il faudra donc trouver un compromis au niveau du rglage de la distance inter-
lectrodes : suffisamment faible pour pouvoir initier un arc et ne pas trop consommer
dnergie en phase de pr-dcharge mais suffisamment importante pour optimiser la
pression. Tout va donc dpendre de lnergie et des niveaux de tension que lon pourra
techniquement amener en fond de puits.

163
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

4.7. INFLUENCE DES CONDITIONS THERMODYNAMIQUES DE


LEAU SUR LONDE DE PRESSION

4.7.1. Clrit et viscosit de leau

Dans la phase de pr-dcharge, les proprits thermodynamiques du fluide


conditionnent la valeur de lnergie lectrique ncessaire injecter dans le liquide pour
crer larc. Pendant la phase de post-dcharge, on peut considrer quelles vont
principalement influencer la propagation de londe de pression.

La valeur de la vitesse de propagation de londe de pression dans leau est gale la


vitesse du son et dpend de la densit du milieu de propagation. On dfinit la clrit par :

4-29

avec Cliquide : la vitesse du son en m.s-1

: Masse volumique en kg/m3

: Coefficient de compressibilit adiabatique en Pa-1

Dans le cas de leau 20C : =998,16kg/m3

=4,44 10-10 Pa-1

Do

La formule 4-30, issue dune formule simplifie de lquation dtat dune eau saline
(IES 1980) [84], permet de dfinir la clrit de leau en fonction de sa temprature T, de
la pression P et de la salinit S.

164
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

( )(
4-30
)

avec Cliquide : la vitesse du son en m.s-1


T : la temprature en C
S : la salinit en g/kg
P : la pression en Pa

En considrant que la salinit est constante, cette formule met en vidence le fait
que sur notre plage de travail (20C<T<100C et 1bar<P<50bar) la vitesse de propagation
de londe de pression dpend uniquement de la temprature et ne dpend pas de la
pression statique.

Dautre part, lattnuation de londe acoustique dans un liquide est conditionne


par sa viscosit et la frquence de londe. TSAI [85] prsente des rsultats de simulations
de la propagation dondes dans des liquides caractriss par diffrentes viscosits. Il
montre clairement que plus la composante spectrale de londe est HF et le fluide visqueux,
plus lattnuation de londe de pression est importante. Par ailleurs, la caractristique
dattnuation en fonction de la frquence est dautant plus marque que le fluide est
visqueux. Pour leau, considre comme un fluide faiblement visqueux, lattnuation de
londe est majoritairement conditionne par la viscosit du liquide (et trs peu par la
frquence).

Connaissant linfluence de la viscosit sur lattnuation, il parait important de


connatre linfluence des conditions thermodynamiques de leau sur sa viscosit.
LE NEINDRE ([86], [87] et [88]) prsente, Figure 4-19, lvolution de la viscosit de leau
en fonction de la temprature et de la pression statique.

165
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 4-19 : Viscosit de leau le long disobares en fonction de la temprature [87]

La pression statique na pas dinfluence sur la viscosit de leau pour une


temprature infrieure 100C (373K). Par contre, sur une plage de temprature allant de
10C 100C (283K 373K), la valeur de la viscosit dcrot dun facteur 4. Par
consquent, seul le paramtre temprature engendrera une modification significative de
lattnuation de londe.

4.7.2. Influence de la pression statique sur la pression dynamique

La mesure de la valeur crte de londe de pression dynamique en fonction du courant


maximal pour diffrentes valeurs de pression statique est prsente en Figure 4-20.

La valeur de la pression statique de leau na pas dinfluence sur la valeur crte de la


pression dynamique. Ces rsultats sont cohrents avec les remarques faites prcdemment
portant sur linfluence de la pression statique sur la viscosit du liquide. Dautre part, les
mesures du temps de monte et de la dure de limpulsion de pression ne dpendent pas de
la valeur de la pression statique. La vitesse de propagation de londe de pression est
galement constante sur notre plage dtude.

166
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 4-20 : Pression dynamique en fonction du courant crte pour diffrentes valeurs de
pression statique (eau dminralise, D=1,5mm, distance capteur 11,5cm)

tant donn que londe de pression dynamique est indpendante de la pression


statique du fluide, les rendements lectro-acoustiques de la phase de post-dcharge ne
seront pas modifis par rapport ceux dtermins la pression atmosphrique. Seuls les
rendements lectrothermiques de la phase de pr-dcharge seront affects par une
modification de la pression statique du fluide (cf. section 3.7.2.3).

Dautre part, les rsultats exprimentaux obtenus dans cette configuration ne sont
pas en accord avec la formule empirique 4-28. Nous pouvons cependant avancer deux
hypothses pour expliquer ce rsultat :

Leau utilise pour les essais dans lenceinte HP est une eau dminralise de
conductivit gale 40S/cm. Tous les autres essais ont t raliss avec une eau de
conductivit de lordre de 200S/cm. La conductivit lectrique pourrait donc avoir
un impact sur la propagation de londe de pression.

Mme si les valeurs des champs lectriques appliqus et les temps de claquage
garantissent un dveloppement de dcharges subsoniques, les courants commuts
sont faibles et la distance inter-lectrodes petite. En consquence, il nest pas

167
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

improbable de penser que les volumes de gaz crs par vaporisation sont rduits, ce
qui se traduirait par des rendements lectro-acoustiques amliors.

Quelle que soit lhypothse retenue, la formule empirique 4-28 trouve une limite
dutilisation qui serait soit lie la conductivit lectrique du fluide, soit lutilisation
dune distance inter-lectrodes trop faible couple un faible courant commut.

4.7.3. Influence de la temprature sur londe de pression gnre

Etudions maintenant linfluence de la temprature de leau sur londe de pression


dynamique. Les essais ont t effectus sous pression atmosphrique pour une eau
dminralise entre 18C et 49C. Rappelons que lutilisation de notre capteur de pression
fait que la temprature ne peut excder 50C. De plus, pour des raisons de scurit,
lutilisation de lenceinte HP limite lnergie commute 300J. La plage de variation du
courant est donc trs limite. Les rsultats, prsents en Figure 4-21, montrent que, pour
un mme courant commut, la temprature semble avoir un impact sur lamplitude de la
pression crte. Cette tendance est dautant plus accentue que le courant maximal
augmente. Ces rsultats sont aussi cohrents avec les remarques prcdentes :
laugmentation de la temprature de leau saccompagne dune diminution de la viscosit
et donc dune rduction de lattnuation de londe de pression en fonction de la distance.

Figure 4-21 : Pression crte en fonction du courant maximal pour deux tempratures de leau
(D=1,5mm, Rp=2,5mm, distance capteur 11,5cm)

168
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Plusieurs remarques dcoulent nanmoins de ces rsultats:

Lorsque la temprature volue de 18C 49C, la viscosit de leau est divise par
deux. Une variation plus importante de la temprature et galement du courant
auraient permis dvaluer quantitativement linfluence de la temprature sur londe
de pression.

Pour ces essais, les rsultats exprimentaux obtenus pour T=18C ne sont pas en
accord avec la formule empirique 4-28. Nous ne reviendrons pas sur les hypothses
exposes prcdemment pour expliquer cette diffrence.

En ce qui concerne la dynamique de londe de pression, la valeur du front de


monte de londe de pression reste constante sur la plage de temprature utilise.
Nous navons donc pas observ dinfluence de la temprature sur la dynamique de
londe.

4.8. CONCLUSION

La phase de post-dcharge, correspondant au transfert brutal de lnergie lectrique


disponible vers larc lectrique, a t dtaille dans ce chapitre. Cette phase est
primordiale, car la gnration de londe de choc en rsulte.

Un modle lectrique quivalent du circuit de dcharge a t propos. Il permet de


simuler de manire satisfaisante les volutions temporelles des grandeurs lectriques
(courant, puissance). Ltude de limpact des divers lments de ce circuit quivalent a
montr leurs diffrents rles et leur importance sur la modification du courant en termes
de valeur maximale et de forme donde.

Linfluence des paramtres lectriques, du mode de rupture dilectrique de leau


ainsi que de la configuration inter-lectrodes ont t tudies. Les rsultats correspondant

169
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

permettent dapporter une meilleure comprhension des phnomnes et de dgager les


conclusions suivantes concernant loptimisation du procd :

Dans les deux modes de claquage, le pic de londe de pression rsultant de la


rupture dilectrique de leau dpend principalement de la valeur du courant maximal
appel Imax. Cette valeur de courant est fonction de la tension de claquage et des
impdances du circuit lectrique (principalement des paramtres C et L). Lorsque le
circuit est impos, le seul moyen doptimiser le courant est daugmenter la tension de
claquage de lintervalle. Ceci revient maximiser lnergie lectrique commute dans le
milieu. Cependant, la loi de variation du courant crte en fonction de la tension (et donc
de lnergie) est une loi de type puissance. Il y a donc un effet de saturation du courant.
Lorsque le circuit nest pas fig, mais nergie lectrique commute constante, il est
possible damliorer lamplitude de la pression en minimisant linductance du circuit et/ou
en maximisant la capacit, ce qui revient augmenter la valeur du courant inject.
Loptimisation du courant passe galement par la minimisation de la rsistance globale du
circuit. Le rapport entre la rsistance darc et la rsistance du circuit est galement une
donne essentielle. Il faut que la rsistance darc soit la plus grande possible devant la
rsistance du circuit. La premire solution serait de minimiser la rsistance du circuit en
rduisant les longueurs des cbles, en amliorant la qualit des connexions et en
minimisant la rsistance de lclateur de dclenchement par exemple, mais la limite de
cette solution est rapidement atteinte. La solution idale consisterait optimiser la
rsistance darc en utilisant un fluide dont la masse volumique dans sa phase plasma serait
leve. La rflexion concernant loptimisation de la rsistance darc a t mene la fin
des travaux de thse et na donc pas pu tre plus approfondie. Cette optimisation se place
donc logiquement dans les perspectives.

Le mode supersonique prsente un meilleur rendement lectro-acoustique que le


mode subsonique. En effet, courant inject constant, la valeur du pic de pression est plus
importante en mode supersonique quen mode subsonique. Cette conclusion est vrifie
pour les faibles valeurs de courant commut. Il est probable quune dcharge supersonique

170
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

mettant en jeu des courants forts ne soit pas envisageable. Nous avons galement propos
et valid un dispositif lectrique double impulsions permettant dinitier une dcharge
supersonique (faible courant) puis dinjecter du courant dans le circuit.

Pour un mme courant et quel que soit le mode de claquage, laugmentation de la


rsistance darc induite par laugmentation de la distance inter-lectrodes saccompagne
dun accroissement de lamplitude de londe de pression. Une formule empirique
permettant de prvoir la valeur du pic de pression est propose en fonction du pic de
courant, de la distance inter-lectrodes et de la distance de larc. Cette formule peut tre
applique pour de leau temprature ambiante. Dans une configuration exprimentale
particulire (utilisation deau dminralise de faible conductivit, faible valeur de courant
commut et petite distance inter-lectrodes) les rsultats exprimentaux ne sont plus en
accord avec la formule propose. Des essais complmentaires sont donc ncessaires pour
identifier prcisment le ou les paramtres responsables de cette divergence de rsultats.

Sur notre plage dtude, le front de londe de pression varie linairement avec la
vitesse dinjection du courant. Plus linjection est lente, plus la composante spectrale de
londe est basse frquence. Exprimentalement, nous avons pu faire varier les fronts de
pression de 500ns 4s. Ces valeurs sont trs loignes de celles prconises pour obtenir
un endommagement profond au niveau du rservoir. Par contre, elles sont adaptes pour
un endommagement trs diffus et peu pntrant.

Linfluence des conditions thermodynamiques, temprature et pression statique,


sur la propagation de londe de pression dynamique a t galement tudie. Il en ressort
que :

Jusqu 25bar, la pression statique na aucune influence sur la propagation de londe


de pression.

171
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Laugmentation de la temprature amliore lamplitude de la pression dynamique


pour un mme courant commut. Le front de pression ne semble pas tre affect
par le paramtre temprature. Les dispositifs exprimentaux utiliss dans cette
tude ont limit les plages de variation de la temprature et du courant. Il ne nous
a donc pas t possible de proposer une formule empirique permettant de prendre
en compte la temprature du fluide dans la prdtermination du pic de pression.

Les rsultats prsents dans ce chapitre vont tre utiliss et confronts des
simulations dans le chapitre suivant en vue de savoir si lutilisation du code
EUROPLEXUS pourra tre un outil de prospective et de validation en complment dune
dmarche exprimentale du type de celle que nous venons de prsenter.

172
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

CHAPITRE 5

SIMULATIONS A LAIDE

DU CODE EUROPLEXUS

173
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

174
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5. SIMULATIONS A LAIDE DU CODE EUROPLEXUS

Au cours de ce chapitre, nous prsenterons ltude qui a t mene concernant les


possibilits offertes par le code EUROPLEXUS pour simuler la gnration et la
propagation dondes de chocs gnres par arc lectrique dans leau. Dans ces simulations,
un modle diphasique (vapeur deau, eau liquide) est utilis pour simuler la dcharge
lectrique et la propagation des ondes de choc.

Le modle EAU dvelopp sous EUROPLEXUS est utilis pour simuler le


dchargement de lnergie lectrique injecte dans un milieu liquide. Ce modle
multicomposant est capable de restituer le comportement dune explosion deau-vapeur
provoque par la dissipation rapide dnergie dans leau. Pour la rsolution du code, le
mlange eau-vapeur est suppos isotrope dans chaque maille. Dans nos cas dtude, le
profil dnergie appliqu sera variable au cours du temps.

Cette tude doit permettre dtablir le potentiel et les limites de fonctionnement du


modle EAU et de vrifier si, aprs ajustements vis--vis de notre cas dtude, il pourra
tre un outil de prospective et de validation utile paralllement nos rsultats
exprimentaux.

Le principe et les hypothses de la modlisation seront prsents dans la partie


introductive. En premier lieu, une tude prliminaire nous a permis de prendre en main le
code tout en fixant la valeur de certains paramtres cls du code tels que le maillage et le
coefficient damortissement linaire (). Les rsultats des simulations seront prsents dans
une troisime partie afin de les confronter aux rsultats exprimentaux obtenus en

175
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Chapitre 3 et 4. Pour finir, une conclusion sera nonce pour rpondre aux questions
concernant les limites dutilisation de ce code dans le cas de simulation dondes de
pression gnres par dcharge lectrique dans leau.

5.1. INTRODUCTION AU CODE EUROPLEXUS

Le code EUROPLEXUS utilis au cours de ces travaux de simulation a t


dvelopp par le CEA et EC (JRC ISPRA, ISIS) et distribu par CASTEM-PLEXUS (CEA)
et PLEXIS-3C (EC). Ce code bas sur la mthode des lments finis est bien adapt aux
phnomnes dynamiques rapides, aux non-linarits gomtriques (grands dplacements,
grandes rotations et grandes dformations) et aux matriaux non linaires (plastiques,
viscoplastiques, etc.). Il permet de modliser le comportement de l'interface gaz/liquide ou
liquide/solide en 1D (circuits), 2D ou 3D en formulation Lagrangienne, Eulrienne ou ALE
(arbitrary Lagrangian Eulerian).

Lalgorithme explicite utilise une discrtisation temporelle de type Newmark. La


mthode de Newmark permet la rsolution numrique d'quations diffrentielles du
second ordre. Elle convient, non seulement pour des systmes diffrentiels linaires, mais
aussi pour des systmes fortement non linaires avec une matrice de masse et une force
applique qui peuvent dpendre, la fois, de la position et du temps. Dans ce second cas,
le calcul ncessite chaque pas de temps une boucle d'itration. Les conservations de la
masse, de l'nergie totale et du moment sont donc calcules successivement chaque pas
de temps.

Pour les simulations qui suivent, le travail stablit dans la continuit de la thse de
CHEN [61] qui lui-mme fait suite des tudes prcdemment effectues par le CEA sur le
HCDA (Hypothetical Core Disruptive Accident).

176
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5.1.1. Thorie du modle diphasique

Dans ce modle, la dcharge lectrique se traduit par une injection locale dune
grande quantit dnergie gnrant ainsi une explosion eau-vapeur. Les ondes acoustiques
engendres par cette explosion se propagent dans l'eau et provoquent en priphrie des
interactions fluide-structure. Le comportement thermodynamique de leau sous forme
liquide ou vapeur est tabul dans le code de calcul, une mthode dinterpolation linaire
est utilise pour dterminer ltat thermodynamique entre les valeurs tabules. Les
matriaux fluides sont considrs comme homognes dans une maille. Le comportement
du matriau est caractris par les variables thermodynamiques exprimes au centre de
chaque lment. Dans ces simulations, lvolution de lensemble des variables est exprime
en fonction des paramtres pression et temprature.

5.1.1.1. Mise en quation du processus physique

Le modle permet de dcrire lvolution de lenthalpie en fonction de lincrment


dnergie inject.

5-1
avec H lenthalpie, e la fonction d'tat nergie interne, P la pression et V le volume

A linstant t0, on suppose que les matriaux sont ltat initial dquilibre. Ltat
linstant tn+1 est dtermin partir de ltat linstant tn et des grandeurs
thermodynamiques. A chaque pas de temps (laps de temps entre tn et tn+1), la pression et la
temprature sont supposes constantes dans chaque lment, alors que lincrment de
lnergie injecte est connu et suppos gal lincrment de lenthalpie massique
du liquide.

177
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Donc ltat n+1 est estim :

5-2
o est la correction de lincrment denthalpie massique dans ltat n.

On dfinit =Cp/Cv comme tant le rapport des capacits thermiques, avec Cp la capacit
calorifique pression constante et Cv la capacit calorifique volume constant.

Pour des raisons algorithmiques, plus gamma sera proche de 1, plus le code de
calcul convergera rapidement (WEN [61]).

Les proprits thermodynamiques de l'eau sont tabules partir de la temprature


T et de la pression P. Les phases liquide et vapeur sont spares par la courbe de saturation
Sat(P,T)=0 qui est illustre sur la Figure 5-1. Dans le cas d'un mlange liquide-vapeur, on
se situe logiquement sur la courbe de saturation.

Figure 5-1 : Courbe de saturation

Lalgorithme de rsolution est bas sur un principe mettant en uvre une


interpolation au voisinage de la courbe de saturation ainsi quun recours aux drives
partielles tel quexplicit ci-dessous pour le cas simple du monophasique.

178
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5.1.1.2. Mthode numrique de rsolution du modle dans le cas monophasique

Le comportement thermodynamique du fluide monophasique (liquide ou gazeux)


peut tre dtermin partir de la temprature et de la pression ltat actuel.

Toutes les grandeurs sont supposes relatives ltat n (tat initial).

Ayant une approximation de T au point et , on obtient la nouvelle valeur de


T par interpolation linaire telle quillustre sur la Figure 5-2 de sorte que pour tout x
compris entre et :

( ) ( ) ( ) ( ) 5-3
De faon analogue pour P, pour tout y compris entre et :

( ) ( ) ( ) ( ) 5-4

Figure 5-2 : Illustration du principe dinterpolation partir des tables de leau


(Pj et Ti sont des valeurs issues des tables, cette mthode permet dobtenir les valeurs interpoles
de T et P.)

A partir des grandeurs de la temprature T et de la pression P ainsi obtenues,


lutilisation des drives partielles en corrlation avec les valeurs issues des tables de leau
permet dobtenir les autres grandeurs des variables internes au matriau qui sont dfinies
en fonction des couples (T, P), soit :

v=v(T, P) H=H(T, P) S=S(T, P) Cp=Cp(T, P)

avec v le volume, H lenthalpie, S lentropie et Cp la capacit calorifique.

179
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Les quatre grandeurs g {v, H, S, Cp} au point M se calculent individuellement en utilisant


les drives partielles :

( ) ( ) 5-5

A partir des tables de leau, la valeur de chacun des 2 coefficients dfinis ci-dessous peut
tre obtenue :

Le coefficient de dilatation thermique isobare :

( ) 5-6

Le coefficient de compressibilit isotherme :

( ) 5-7

On pourra alors crire les drives partielles suivantes qui vont permettre dtablir
lvolution du comportement dynamique du fluide.

On notera que la drive partielle de Cp nest pas utilise, celle-ci pouvant tre
considre comme ngligeable.

( ) ( ) 5-8

( ) ( ) ( ) 5-9

( ) ( ) 5-10

Remarque : plus T et P sont proches de Ti et Pj, plus lapproximation sera juste.

Cette mthode permet dobtenir une rsolution plus simple (calcul plus lger), plus
rigoureuse (utilisation des grandeurs physiques) et plus rapide de lalgorithme du modle.

180
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

La pression et la temprature peuvent scrire sous la forme de drives partielles


faisant intervenir l'incrment denthalpie massique et de volume massique :

( ) ( ) 5-11

( ) ( ) 5-12

En introduisant les variables , K, v, Cp, les deux formules prcdentes se rcrivent :

5-13
( )

( )
5-14
( )

Le comportement du matriau au temps n+1 est calcul partir de ltat au temps n


et des incrments des grandeurs relatives ltat n.

Pour un point M ltat n, on a Mn (vn, Hn). Aprs le pas de temps, ltat n+1, les
incrments de volume et denthalpie sont v et H. On corrige les incrments pour quils
ne dpassent pas les limites du rectangle dinterpolations adjacentes vk et Hk. On calcule
les incrments de pression et de temprature correspondants, Pk et Tk.

Quand la pression et la temprature outrepassent la courbe de saturation, le calcul


recommence avec un pas de temps plus petit pour diminuer les incrments afin de limiter
la pression et la temprature et davoir une bonne stabilit du calcul. Donc ltat n+1,
pour le point Mn+1 (vn+1, Hn+1), on a vn+1=vn+vk, Hn+1=Hn+Hk.

Pour vrifier la convergence du calcul, les incrments rsiduels se calculent :

181
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5-15

Quand les incrments rsiduels vr et Hr dpassent le critre de prcision, le


calcul recommence avec des incrments plus petits qui correspondent un pas de calcul
plus court. Dans le cas o le pas de calcul dpasse la limite, le calcul diverge et sarrte.

5.1.1.3. Evolution du comportement thermodynamique dans le cas diphasique

Dans le cas o les coordonnes du point (T, P) franchissent la courbe de saturation,


on quitte le domaine monophasique pour le domaine diphasique. Dans ce cas-l, la
relation entre les grandeurs T et P satisfait la formule de saturation :

( ) 5-16

Il devient donc ncessaire dtablir la fraction massique de vapeur X, qui dnote


localement le rapport entre la masse de vapeur et la masse totale :

5-17

o mg est la masse de vapeur et m la masse totale.

Cette variable exprime la concentration de vapeur. Quand X=1, le fluide est en tat vapeur
; quand X=0, le fluide est liquide. Quand 0X1, le fluide est diphasique, le volume v et
lenthalpie H sont alors dfinis de la manire suivante :

( ) 5-18

( ) 5-19

182
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Lindice g est relative la phase gazeuse et lindice l la phase liquide. La


variable X peut sexprimer de la manire suivante :

5-20

Pour le mlange diphasique, on a :

5-21

Les quations 5-18 et 5-19 peuvent donc scrire en fonction des drives partielles.

( ) [ ( ) ( )( ) ] 5-22

( ) [ ( ) ( )( ) ] 5-23

Avec les relations thermodynamiques :

( ) ( ) 5-24

Pour calculer les drives partielles le long de la saturation (que lon soit ct
vapeur ou ct liquide) on crit :

( ) 5-25

Pour le cas diphasique, lvolution du comportement se base sur le mme principe


que celui du cas monophasique, on pourra exprimer dX et dP en fonction de dv et dH.

183
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Pour un point M (vn, Hn) qui est sur la courbe de saturation, aprs le pas de temps, ltat
n+1, les incrments de volume et denthalpie sont v et H. On corrige les deux
incrments pour quils ne dpassent pas les limites du rectangle dinterpolation. Les
corrections des incrments scrivent donc vk et Hk. Avec vk et Hk, on calcule les
incrments de pression et de fractions massiques correspondantes, Pk et Xk. Les
incrments rsiduels se calculent alors :

5-26

Quand les incrments rsiduels dpassent le critre de prcision, le calcul


recommence avec les incrments plus petits qui correspondent un pas de calcul plus
court. Dans le cas o le pas de calcul dpasse la limite, le calcul diverge.

5.1.2. Injection dnergie

Pour simuler lexplosion vapeur avec EUROPLEXUS, nous injectons brutalement


de lnergie dans une zone dtermine du fluide. Dans cette zone, nous supposons que
lnergie injecte est uniforme. Lnergie est injecte de faon imposer une puissance
dont lamplitude est susceptible de varier au cours du temps :

( ) 5-27
O ( ) est la puissance massique injecte. Donc lnergie totale injecte peut se
mettre sous la forme :

5-28

Avec la masse deau dun lment o il y a injection. On considre que est


constante durant lapplication de lnergie. N est le nombre dlments de la zone
dinjection dnergie. est la puissance massique injecte par lment et est dfinie
suivant :

184
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

( ) 5-29

La fonction f(t) est dfinie par lutilisateur dans un fichier de donnes. Le


coefficient adimensionnel est aussi dfini par lutilisateur et permet dajuster
lamplitude dinjection. On conservera le mode 0 dans notre cas. Lnergie injecte est
donc indpendante de la masse de fluide et de sa nature comme pour les simulations de
WEN [61].

5.1.3. Formulation ALE

Pour une simulation qui correspond une injection dnergie en dynamique rapide
(infrieure la milliseconde), un maillage adapt aux grandes distorsions est ncessaire.
Les algorithmes de mcanique non linaire utilisent gnralement deux descriptions
classiques du mouvement : le lagrangien et leulrien. Une formulation arbitrairement
lagrangienne-eulrienne (ALE) a t dveloppe afin de combiner les avantages des deux
descriptions et de minimiser leurs inconvnients respectifs.

Description Lagrangienne

La description Lagrangienne consiste suivre en permanence les particules de


matire pendant leur mouvement. Chaque nud individuel du maillage de calcul suit la
mme particule de matire. Les localisations des nuds sont dtermines par la vitesse de
dplacement de la matire v.

Comme les nuds du maillage et les particules de matire se dplacent tous deux
avec la dformation de la structure, ce type de maillage est bien adapt la simulation des
matriaux dont lvolution comportementale est fortement dpendante de leur
dformation. Sa faiblesse rside dans son incapacit suivre des distorsions trop

185
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

importantes au niveau du maillage (ce qui ncessite souvent des oprations complexes de
remaillage).

tant donn quun point matriel concide avec un point de la grille pendant le
mouvement, il ne peut y avoir d'effets de convection dans les calculs Lagrangiens. La
vitesse du maillage w est gale la vitesse du point matriel correspondant v.

5-30
En rsum, pour la formulation Lagrangienne, le maillage est trait comme un
repre qui se dplace la vitesse de dplacement des particules tudies.

Description Eulrienne

Pour la simulation des fluides dynamiques avec les lments finis, les difficults
sont souvent causes par une distorsion excessive de la grille. Ce problme est surmont
par la formulation eulrienne qui est largement utilise pour les simulations de dynamique
des fluides. Le maillage de calcul est fixe et se laisse traverser par la matire. Donc la
vitesse du point matriel v varie par rapport au maillage fixe et sexprime en fonction des
coordonnes Eulriennes du point dans le repre matriel x :

( ) 5-31
La description Eulrienne permet de rsoudre les difficults des distorsions
excessives de la grille grce un maillage fixe. Mais puisque la vitesse de maille est nulle,
certaines difficults sont rencontres pendant la dformation des interfaces et des limites
de la matire. On observe que les limites continues du matriau ne concident pas
forcment avec la configuration du maillage eulrien. De plus, la mthode numrique
eulrienne pose des difficults pour les matriaux dont le comportement dpend dune
variable lie aux tats prcdents.

Dans le calcul Eulrien, la vitesse de la grille est nulle :

186
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5-32
Soient x les coordonnes Eulriennes dans le repre spatial, la vitesse convective est
gale la vitesse matrielle, la drive de f (x, t) est :

5-33

Description ALE

La mthode Lagrangien-Eulrien Arbitraire (ALE) combine les meilleures


caractristiques des deux approches : la description Lagrangienne et la description
Eulrienne. Les nuds peuvent tre dplacs avec la matire comme dans le cas
lagrangien, fixs de manire eulrienne, ou dplacs de faon arbitraire afin davoir la
capacit de remailler continuellement. La vitesse arbitraire w est donc dfinie par :

| avec X les coordonnes dans un repre ALE,

et la vitesse matrielle scrit : | .

Le maillage se dplace alors comme un repre, et une vitesse de grille w est


assigne chaque point de lespace. Cette vitesse permet de dterminer un mouvement
arbitraire du maillage et une vitesse matrielle v.

Grce cette libert dans le mouvement du maillage, les problmes dus aux
grandes distorsions matrielles ainsi quaux dformations aux limites peuvent tre rsolus.

Comparativement la solution Lagrangienne, le maillage varie ici plus


rgulirement. La vitesse de maillage peut galement tre calcule de manire
concentrer les lments dans les zones o les gradients de solution sont les plus levs.

187
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5.2. TUDE PRELIMINAIRE

5.2.1. Contexte et but de ltude

5.2.1.1. Gomtrie

Deux configurations gomtriques ont t envisages afin de simuler le processus :

Sphrique : L'nergie est applique uniformment dans une zone sphrique dont le
diamtre est dlimit par les deux lectrodes.

Ovode : Lnergie est applique uniformment dans une zone ovode reliant les
deux lectrodes pour simuler larc lectrique.

La gomtrie la mieux adapte pour simuler la zone dinjection sous EUROPLEXUS


semble tre la gomtrie ovode.

Afin dallger le calcul numrique, les lectrodes nont pas t reprsentes dans
nos simulations EUROPLEXUS. Etant donn que la mesure de pression sera faite dans
laxe perpendiculaire aux lectrodes, les rflexions qui auraient pu tre induites pas celles-
ci nauront ici pas dinfluence sur londe de pression initiale. De plus, le but premier de ce
chapitre est de vrifier si le code EUROPLEXUS est utilisable pour la simulation donde de
pression gnre par une dcharge lectrique dans leau, nous nous intresserons donc
surtout la zone dinjection.

Pour cette tude prliminaire, un maillage 2D axisymtrique prsent en Figure


5-3 a t utilis. Nous avons choisi de limiter la zone deau liquide o se propage londe
un carr de 5cm de ct. Au milieu de laxe de symtrie, un canal darc ovode form de 3
hmisphres imbriqus de 2,5mm de rayon chacune constitue la zone dinjection. Dans
cette pr-tude, nous avons pris une gomtrie simplifie. Diffrentes gomtries
dinjection dnergie seront tudies dans la section 5.3.1.

188
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-3 : Gomtrie utilise pour ltude prliminaire

5.2.1.2. Conditions initiales

En conditions initiales, nous considrons que le volume est intgralement rempli


deau une temprature de 25C et sous une pression de 1bar (pression atmosphrique).

Un exemple de profil dinjection dnergie en fonction du temps est illustr en


Figure 5-4. Pour cet exemple, lnergie injecte cumule vaut 1,1kJ.

Figure 5-4 : Courbe dinjection de lnergie

189
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5.2.1.3. Visualisation

La pression crte est mesure quatre emplacements situs sur laxe


perpendiculaire laxe axisymtrique, respectivement 1, 2, 3 et 4cm du cur de la zone
dinjection.

Pour chacun des emplacements une variation temporelle de la pression est


observe. Lallure de cette variation permet dtablir la dure du front de londe de
pression.

5.2.1.4. Limitations

Mme si EUROPLEXUS est spcifiquement dvelopp pour la simulation de


phnomnes dynamiques rapides, des problmes de convergence apparaissent pour des
dures dinjection dnergie trs courtes (infrieures la microseconde). Les limitations
induites par ces dfauts de convergence sont discutes plus en dtail dans la partie
Influence du coefficient Beta.

La capacit de calcul est galement un facteur qui limite considrablement la


complexification du modle utilis. Le dploiement dEUROPLEXUS sur cluster a permis
de repousser, en partie, ces limites. Mais celles-ci vont malgr tout tre rapidement
atteintes comme nous le verrons dans la partie suivante concernant le maillage.

5.2.2. Influence du maillage

Bien quEUROPLEXUS offre la possibilit dutiliser des maillages progressifs, nous


nous sommes cantonns lutilisation dun maillage constant dans cette tude.

Pour observer linfluence du maillage, plusieurs calculs ont t effectus pour


diffrentes valeurs dcrites dans le Tableau 5-1. Les diffrents rsultats obtenus sont
synthtiss en Figure 5-5 et Figure 5-6.

190
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Nombre de mailles sur 10 25 50 100 200 300


la longueur totale

Nombre de mailles par 200 500 1000 2000 4000 6000


unit de longueur (m)

Nombre de mailles 100 625 2500 10000 40000 90000


total

Taille de maille (m) 5.10-3 2.10-3 1.10-3 0,5.10-3 0,25.10-3 0,16.10-3

Tableau 5-1 : Rcapitulatif des diffrents maillages utiliss

Figure 5-5 : volution de la pression crte en fonction du nombre total de mailles

Figure 5-6 : volution du front donde de pression en fonction du nombre total de mailles

191
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

On constatera que pour le maillage maximal : 300 mailles sur la longueur de la zone
(soit 6000 mailles par mtre et 90000 mailles au total) le calcul 4cm na pu tre men
terme malgr lutilisation du cluster : le point est manquant.

Lanalyse des rsultats prcdents nous a permis de dduire quen de dun certain
seuil (nombre de mailles sur la longueur totale de la zone 50), la valeur de la pression
crte (mais aussi lallure de la forme donde) est fortement influence par la taille du
maillage. Les rsultats sont alors tronqus cause dun dfaut de maillage.

On retrouve pour un seuil similaire leffet engendr par un dfaut de maillage sur
le temps de monte du front : les dures obtenues pour un nombre de mailles sur la
longueur totale de la zone suprieur ou gal 50 sont cohrentes et groupes
contrairement aux autres.

Pour la suite des essais nous conserverons donc un nombre de maille suprieur ou
gal 1000 mailles par mtre (soit une maille par mm).

5.2.3. Influence du coefficient Beta

Le coefficient damortissement linaire Beta () influence lamortissement


numrique du code de calcul EUROPLEXUS. Lamortissement numrique est ncessaire
pour obtenir une convergence rapide partir de lalgorithme utilis. Dans notre
configuration, nous utilisons un amortissement quadratique particulirement adapt aux
propagations dondes de choc. Les forces damortissement introduites sont calcules en
tenant compte de la valeur du coefficient damortissement linaire .

Pour observer linfluence du coefficient sur la pression crte et sur la forme


donde, plusieurs calculs ont t effectus pour diffrentes valeurs reprsentatives du
coefficient : =0,001 ; =0,003 ; =0,007 et =0,015. Ces quatre valeurs ont t choisies
pour que le code fonctionne correctement (convergence et validit des rsultats). Les
rsultats sont prsents respectivement en Figure 5-7 et Figure 5-8.

192
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-7 : volution de la pression crte en fonction du paramtre

Figure 5-8 : volution du front donde de pression en fonction du paramtre

Lanalyse de la valeur maximale de londe de pression obtenue pour les diffrents


permet de montrer la convergence des rsultats pour des valeurs de 0,007.

Cette tendance est confirme par lanalyse du temps de monte de londe de


pression. Les valeurs 0,007 seront donc une limite dutilisation de ce paramtre de
correction numrique. Un faible semble donc prfrable pour la prcision des rsultats
mais plus sa valeur sera faible, plus la convergence du calcul sera lente.

Lajustement du coefficient damortissement permet damliorer la convergence de


notre modlisation. Cependant, nous voyons bien ici que nous sommes contraints de
maintenir la valeur du coefficient dans les limites basses en matire de rglage. Par

193
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

consquent, il sera difficile dobtenir des simulations avec profil dinjection dnergie plus
rapide sous peine de ne plus avoir de convergence suffisante pour la rsolution du modle.

Suite ces diffrents rsultats dtude, nous pouvons donc conclure que pour la
suite des essais, nous utiliserons des mailles de longueur infrieure au millimtre (au
moins 1000 mailles par mtre) et un coefficient compris entre 0,001 et 0,007.

5.3. ETUDE DES DIFFERENTS PARAMETRES DE SIMULATION

Dans cette partie, nous allons nous intresser au fonctionnement du code


EUROPLEXUS et linfluence de plusieurs paramtres (caractristiques gomtriques de
la zone dinjection, profil dinjection dnergie et conditions thermodynamiques initiales)
sur la gnration et la propagation de londe de pression.

Dans ce cadre, la gomtrie retenue (en 2D axisymtrique) pour ces simulations est
celle dun carr de 12cm de ct avec une taille de maille fixe 0,6mm de ct. De plus,
le coefficient damortissement linaire Beta () est fix 0,005 suite aux conclusions de la
partie 5.2.3.

La pression crte est mesure dans laxe perpendiculaire laxisymtrie pour des
distances allant de 1cm 11,5cm. Pour chacun des emplacements la variation temporelle
de londe de pression peut tre observe.

5.3.1. Influence de la gomtrie dinjection

Dans un premier temps, nous avons tent de faire varier uniquement la distance
inter-lectrode (donc le volume de la zone dinjection) en gardant le profil dinjection de
puissance massique constant. Les rsultats obtenus, dans ce cas, ne sont pas exploitables
car lnergie injecte varie. En effet, daprs lquation 5-28, lnergie injecte dans le

194
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

modle est fonction du profil de puissance massique, mais aussi du volume dinjection. La
variation du volume dinjection aura donc un impact sur lnergie totale injecte.

Pour tudier uniquement linfluence de la zone dinjection sur londe de pression


deux possibilits soffrent nous. La premire est de compenser la variation du volume de
la zone dinjection par une variation analogue de la valeur de la puissance massique
injecte pour garder une nergie totale constante et la deuxime est de faire varier la
forme de la zone dinjection en gardant un volume constant.

5.3.1.1. Volume et puissance massique variables ( produit constant)

Ici, lnergie totale est maintenue constante 1,1kJ en compensant la variation de


volume dinjection par une variation de valeur de la puissance massique (Tableau 5-2).

Configuration 1 2 3 4
Valeur puissance massique 9,3 6,7 25,5 17
Energie Totale 1,1kJ
Tableau 5-2 : Rsum des valeurs de puissances massiques et dnergie totale pour les quatre
configurations

Les diffrentes configurations de zone dinjection sont prsentes en Figure 5-9.

(1) (2) (3) (4)


Figure 5-9 : Variation de la zone dinjection

195
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Les rsultats montrant linfluence du volume dinjection en fonction de la distance


la zone dinjection sont prsents en Figure 5-10 pour les quatre zones dinjection
tudies.

Figure 5-10 : Evolution de la pression crte en fonction de la distance pour les 4 configurations

Reprenons la formule empirique 4-26 de TOUYA [82] :

5-34

Dans le cas o lnergie commute Eb est fixe :

5-35
avec = .Eb

Les rsultats de simulations (Figure 5-10) montrent une volution de la pression en


fonction de la distance de type :

5-36
avec, dans nos configurations A : variant de 245 360

B : variant de 1,23 1,27

196
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Nous pouvons ainsi conclure que lattnuation dfinie par la loi empirique
prcdemment tablie est comparable celle obtenue grce aux simulations sous
EUROPLEXUS.

La Figure 5-11 prsente lallure des diffrentes formes donde de pression


visualises une distance de 9cm de la zone dinjection pour les quatre configurations
retenues.

Figure 5-11 : Formes donde de pression mesures 9cm pour les quatre configurations

On constate ici que les allures temporelles sont similaires, dans les quatre
configurations, avec pour chaque cas, un front de monte de lordre de 3,5s dont lordre
de grandeur est proche des valeurs de front de monte mesures exprimentalement
(comprises entre 0,6s et 2,5s). Il nest pas possible de comparer rigoureusement les
valeurs de front car les profils dinjection ne sont pas strictement les mmes entre les
simulations et les allures exprimentales. Concernant la valeur crte de la pression, pour
une mme nergie injecte, elle diffre suivant les configurations : elle est dautant plus
grande que la puissance massique est importante. Nous pouvons faire le lien entre ces
rsultats de simulation et les rsultats exprimentaux du Chapitre 4 (Partie 4.5). Ces
derniers ont montr, qu mme nergie commute, la valeur de pression crte peut varier
en fonction du courant maximum commut.

197
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

En revanche, nous ne pouvons pas conclure quant linfluence de la gomtrie de


la zone dinjection sur londe de pression gnre car, comme dcrit prcdemment, deux
paramtres varient en mme temps.

Cependant, les simulations sous EUROPLEXUS semblent conforter les conclusions


tires dans le cadre de ltude exprimentale du Chapitre 4, selon lesquelles la notion de
puissance maximale commute dfini la valeur de la pression crte gnre. A ce stade, il
est donc ncessaire de complter ltude par des cas de figure ou seule la gomtrie
dinjection varie (lnergie, la puissance, et le volume dinjection restant constants).

5.3.1.2. Volume constant

Dans ce cas dtude, lnergie injecte et la puissance massique sont maintenues


constantes (E=1,1kJ) afin de pouvoir conclure sur linfluence de la gomtrie de la zone
dinjection. Pour cela, deux zones dinjection (Figure 5-12) ayant des gomtries
totalement diffrentes ont t choisies en conservant un volume identique.

(1) (2)
Figure 5-12 : Gomtries de zone dinjection volume constant

Pour les deux zones dinjection, les volutions de la pression crte en fonction de la
distance sont prsentes en Figure 5-13.

198
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-13 : Evolution de la pression crte en fonction de la distance pour les deux
configurations

Comme prcdemment, nous constatons en premier lieu que les volutions


peuvent toutes deux tre considres comme rgies par lquation 5-36. Les niveaux de
pression sont plus importants pour la configuration 1, ce qui peut tre expliqu par la
propagation non isotrope de londe de pression induite par la dissymtrie de la forme
gomtrique de la zone. En effet, daprs les rsultats de simulation, dans le cas o la zone
dinjection est non symtrique, on constate quun maximum de pression est obtenu dans
laxe perpendiculaire au ct le plus long de la zone dinjection. Il est possible, une fois de
plus, de rapprocher ce rsultat de la tendance exprimentale, dtaille en Chapitre 4, qui
montre que, pour un mme courant (et une mme nergie commute), la pression est
dautant plus grande que la distance inter-lectrodes est importante.

En Figure 5-14, nous pouvons observer les formes donde de pression obtenues
une distance de 9cm de laxisymtrie pour les deux configurations correspondantes.

199
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-14 : Formes donde de pression mesures 9cm pour les deux configurations

La mesure de pression est faite dans laxe horizontal de la zone. La distance


parcourir entre le point de mesure et lextremum de la zone dinjection varie suivant la
forme de la zone dinjection. Dans la configuration 2, la distance est plus faible, il est donc
normal quun dcalage temporel de londe de pression apparaisse en Figure 5-14 entre les
deux configurations.

Concernant lallure des ondes de pression, le front de monte semble identique


dans les deux cas, alors que la dure mi-hauteur est plus importante pour la
configuration 2 avec une dcroissance de la pression plus lente.

Au final, la gomtrie de la zone dinjection va introduire une augmentation de la


valeur de la pression crte si nous considrons le cas dune propagation non isotrope. Cet
effet sera dautant plus important que la distance inter-lectrodes sera grande. Il est donc
possible dorienter le maximum de pression suivant une direction particulire et par
consquent, de favoriser lendommagement suivant un axe.

200
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

5.3.2. Influence des conditions thermodynamiques

Dans cette partie, nous avons fait varier les conditions thermodynamiques initiales
du milieu (temprature et pression statique) pour en tudier linfluence sur londe de
pression gnre. Les rsultats de ces simulations sont dtaills en Figure 5-15. Linfluence
de la temprature et celle de la pression statique ont t tudies indpendamment. De
plus, lnergie, la puissance massique injecte et la gomtrie de la zone dinjection ont t
maintenues constantes.

Figure 5-15 : Evolution de la pression crte en fonction de la distance pour diffrentes conditions
thermodynamiques

La valeur de la pression crte est toujours fonction de la distance mais les niveaux
de pression semblent tre plus importants lorsque la temprature initiale augmente. Cet
effet est surtout marqu pour des tempratures suprieures 50C. Exprimentalement,
nous navons pu monter des tempratures aussi importantes (limitation du capteur de
pression 50C) ce qui explique que nos rsultats (cf. section 4.7.3) ne montrent pas une
influence aussi marque de la temprature sur la valeur crte de la pression. Dans le cas o
la temprature est fixe 90C et o on se place pression atmosphrique, on constate que
des points sont manquants pour des distances suprieures 9cm. Ces points manquants

201
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

sont dus une divergence du code dans ces conditions. Pour cette raison, nous avons
choisi de visualiser les formes dondes une distance de 5cm de laxe (Figure 5-16).

Figure 5-16 : Formes donde de pression mesures 5cm pour les quatre configurations

Les rsultats de simulations montrent que la pression statique na quasiment pas


dinfluence sur londe de pression gnre (forme donde et maximum), si ce nest
lapparition dune dpression aprs londe de pression. Cette dpression nous importe peu
car lefficacit de la fracturation est essentiellement dfinie par le front de monte comme
nous lavons dj tabli en partie 1.2.1.1.d.

En conclusion, ds que la temprature augmente londe de pression est modifie


(valeur crte et forme donde). Ces modifications introduites par laugmentation de la
temprature peuvent tre expliques par la variation de la viscosit du milieu (cf. section
4.7.1). Lorsque la temprature augmente, la viscosit diminue, entrainant une attnuation
de londe de pression dans sa phase de propagation. Dans nos exprimentations, la mesure
de pression tait place 11cm des lectrodes. Daprs la Figure 5-15 on constate que plus
la mesure de pression est loigne de la zone dinjection, moins linfluence de la
temprature est marque dans nos exprimentations. Nous aurions d positionner le
capteur de pression plus prs des lectrodes pour observer un effet trs significatif de la
temprature sur londe de pression gnre. De plus, on constate un dcalage temporel
entre les ondes de pression (pour une temprature entre 50C et 90C). La configuration de

202
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

la zone dinjection et du profil dnergie tant les mmes, ce dcalage ne peut tre
introduit que par lvolution de la vitesse de propagation de londe de pression dans leau
en corrlation avec laugmentation de la temprature.

La temprature semble avoir un effet sur le front de monte de londe de pression,


celui-ci diminuant lgrement avec laugmentation de la temprature du milieu. En se
limitant la plage de variation de temprature exprimentale (20C 50C), cette
influence de la temprature sur la dynamique de londe de pression, na pas t mise en
vidence dans les essais exprimentaux (cf. section 4.7.3).

5.3.3. Influence du profil dinjection dnergie

Dans cette partie nous avons cherch faire varier les profils dinjection de puissance
massique en conservant constantes lnergie totale injecte 1,1kJ et la gomtrie de la
zone dinjection. Les diffrents profils de puissance massique et dnergie utiliss sont
dtaills en Figure 5-17.

(a) (b)
Figure 5-17 : Profils de puissance massique (a) et dnergie (b) utiliss dans le code EUROPLEXUS

Les volutions de la pression crte en fonction de la distance pour les diffrents


profils de puissance massique sont prsentes en Figure 5-18.

203
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-18 : Evolution de la pression crtes en fonction de la distance pour diffrents profils de
puissance massique

Ces rsultats montrent que la valeur de pression crte est maximale pour la
configuration 1, soit pour la valeur maximale de la puissance massique. Ceci est cohrent
avec les observations faites dans la partie 5.3.1.

Intressons-nous maintenant aux formes dondes de pression obtenues et


prsentes en Figure 5-19 .

Figure 5-19 : Formes dondes de pression 9cm pour diffrents profils dnergie

204
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Nous constatons ici que, suivant les configurations et donc la manire dont est
inject lnergie (et la puissance), les formes donde varient de faon significative. Plus
linjection de lnergie sera lente, plus la dynamique de londe de pression gnre sera
basse frquence (front de monte lent). Lvolution du front de monte en fonction du
front de la puissance massique est prsent en Figure 5-20.

Figure 5-20 : Evolution du front de londe de pression en fonction du front de londe de la


puissance massique 9cm

Premirement, on constate sur la Figure 5-20, que pour un front de monte en


puissance infrieur 2s, le front de monte de la pression gnr volue trs peu. Il
semble que le code EUROPLEXUS ne soit pas adapt une dynamique aussi rapide de
londe de pression (infrieure quelques microsecondes). On constate que la valeur du
front de londe de pression semble stagner aux alentours de 3,5s. Le code atteint donc ses
limites vis--vis des phnomnes dynamiques dont la dure est proche de la microseconde.

Lorsque le front de puissance massique est suprieur 2s, le front de londe de


pression semble voluer linairement en fonction du front de puissance massique.

De ces diffrents rsultats de simulation, il est possible de conclure que la


dynamique de londe de pression est fonction du profil dinjection de lnergie (et donc de
la puissance). Cette tendance a t aussi mise en avant partir des rsultats exprimentaux

205
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

illustrant une relation entre le front de londe de pression et le front du courant commut
(cf. 4.4.3).

5.3.4. Cas test

Les rsultats portant sur linfluence des paramtres prcdemment dtaills (zone
dinjection, profil dinjection dnergie et conditions thermodynamiques initiales),
montrent une concordance entre les tendances tires des rsultats exprimentaux en
Chapitre 4 et les rsultats obtenus partir des simulations utilisant le code de calcul
EUROPLEXUS.

Dans cette partie, nous allons vrifier sil est possible de faire spcifiquement
correspondre les rsultats du code EUROPLEXUS avec un cas exprimental. La dmarche,
pour un cas exprimental pralablement slectionn, suit les tapes dcrites dans les
paragraphes suivants.

5.3.4.1. Dfinition de la gomtrie

En premier lieu, il faut dfinir la zone dinjection de lnergie. La configuration


exprimentale retenue est compose de deux lectrodes en regard distantes de 3mm. Les
lectrodes ont un rayon de courbure gal 2,5mm. La zone dinjection modlise dans le
code EUROPLEXUS (reprsente en Figure 5-21) est donc dfinie comme un cylindre de
3mm de diamtre et 3mm de hauteur. On rappelle que, dans la simulation, seule la zone
dinjection sera modlise, sans prise en compte des lectrodes.

206
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-21 : Reprsentation de la zone dinjection dnergie dans la configuration exprimentale

5.3.4.2. Dfinition de la puissance et de lnergie injecte

Dans le Chapitre 4 (cf. section 4.6), il a t tabli que londe de pression est
fonction de la puissance dans larc lectrique pendant la phase de post-dcharge. Ne
disposant pas denregistrements exprimentaux de puissance injecte dans larc (mesure de
la tension darc impossible), nous nous attacherons dterminer la puissance et lnergie
dans larc partir du courant exprimental et de la valeur thorique de la rsistance R arc
que nous allons tablir. Pour dterminer la puissance darc, nous utiliserons lquation
4-20, prcdemment tablie, qui dfinit la puissance dans larc lectrique en fonction du
courant et de la rsistance darc. En Figure 5-22 (a) est prsente lvolution du courant
exprimental (pour le cas choisi). Pour dfinir le profil de puissance injecter, il faut
dterminer pralablement le paramtre Rarc. Plusieurs mthodes peuvent tre utilises
pour dterminer la valeur de Rarc (cf. section 4.2.1). La premire mthode consiste
dterminer la valeur de la rsistance rarc(t) laide de lune des nombreuses formules
dtailles en Chapitre 4 (cf. section 4.2.1). La deuxime mthode est dapproximer la
valeur de la rsistance darc Rarc une valeur constante. Etant donn que la zone
dinjection utilise pour le code EUROPLEXUS, est fixe, il est ici cohrent dopter pour
une valeur de Rarc constante.

207
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

En se rapportant la Figure 4-2 du Chapitre 4 portant sur la dtermination de la


valeur Rarc, nous pouvons fixer la valeur de la rsistance dans la configuration
exprimentale choisie. Ainsi, pour une distance inter-lectrodes de 3mm et un courant
crte commut de 30kA (Figure 5-22 (b)), on trouve une valeur de Rarc gale 11m.

Comme nous lavons dj tabli, londe de pression initiale rsultante de la


dcharge lectrique dans leau, est gnre par la premire oscillation du courant (10
premires microsecondes de la Figure 5-22(a)). Le profil de puissance correspondant
cette premire oscillation sera donc utilis dans le code EUROPLEXUS.

(a) (b)
Figure 5-22 : Forme donde du courant pendant la phase de dcharge (a) et zoom sur la premire
oscillation (b)

Le profil de puissance, issue de la premire oscillation de courant pour une valeur


de Rarc de 11m, est prsent en Figure 5-23. Le profil exprimental de puissance est
chantillonn de manire optimale pour tre utilis dans le code EUROPLEXUS. Etant
donn que le paramtre dentre du code est la puissance massique, le seul moyen de caler
la simulation et lexprimentation est dutiliser et de dfinir lnergie injecte dans la zone
dinjection. Pour cela, il suffit dintgrer le profil exprimental de puissance pour trouver
la valeur de lnergie injecte. En Figure 5-24 sont prsents les profils dnergie injecte
correspondant respectivement la premire et lensemble des oscillations de courant.

208
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-23 : Profils de dinjection de puissance exprimentale et profil de puissance massique


chantillonn

Figure 5-24 : Profils dinjection dnergie

Daprs la Figure 5-24 lnergie injecte dans larc pendant la premire oscillation
de courant peut tre estim 50J. Cette estimation a t faite partir de donnes
exprimentales (courant et rsistance darc).

La valeur de 50J peut paraitre faible comparativement aux nergies Eb prsentes


dans le chapitre prcdent. Pour expliquer cela, il faut noter que lnergie Eb reprsente
lnergie disponible au moment du claquage mais calcule partir de la tension mesure

209
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

en sortie de lclateur de dclenchement. Cette nergie Eb ne correspond donc pas celle


disponible dans larc lectrique. En effet, le transfert dnergie vers la charge, ici larc
lectrique, est rgi par arc (quation 4-25). Connaissant les ordres de grandeur de Rcircuit et
Rarc, il est possible destimer 40% la part maximale de lnergie Eb utilise au niveau de
larc.

De plus, en reprenant lhypothse selon laquelle londe de pression initiale est cre
par la premire oscillation du courant, il apparat quune seule partie de lnergie au
niveau de larc participe la gnration de londe de pression (Figure 5-24). Daprs cette
figure, nous pouvons dduire que, dans ce cas, la premire oscillation reprsente 30% de
lnergie totale dans larc (rapport de 50J/160J).

Au final, sur lnergie Eb mesure exprimentalement, une partie est perdue dans la
rsistance du circuit et une autre nest pas prise en compte puisque arrivant dans les
oscillations secondaires du courant. Nous avons donc cherch augmenter
progressivement lnergie dans le code jusqu' obtenir la valeur de pression souhaite. En
premier lieu, lnergie injecte a t fixe 50J et nous avons alors constat quaucune
onde de pression nest gnre. A partir de 100J injects, une onde de pression apparat
mais avec une valeur crte trs faible. Lnergie a ainsi pu tre augmente jusqu' 4,2kJ car
au-del le code diverge : la puissance massique tant probablement trop importante pour
permettre au code de converger, ou bien la puissance de calcul du cluster tant
insuffisante.

En Figure 5-25 sont prsentes les volutions de la pression crte obtenues en


fonction de lnergie injecte issue de la simulation pour une mesure tablie 9cm de la
zone dinjection.

210
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-25: Evolution de la pression crte en fonction de lnergie injecte


(mesure 9cm de la zone dinjection)

Le cas exprimental de rfrence donne une valeur de pression gale 82bar pour
un courant maximal de 30kA ce qui est cohrent avec la formule empirique 4-25. Pour
obtenir le mme niveau de pression crte en simulation il faudrait, daprs la Figure 5-25
et en extrapolant, injecter une nergie denviron 5,5kJ. Il apparat donc clairement une
diffrence significative dordre de grandeur vis--vis de lnergie entre notre cas
exprimental o nous avons estim 50J lnergie injecte dans le canal de dcharge et la
simulation.

Nous avons vu en partie 5.2.3, quil tait possible de faire varier le niveau de
pression pour une mme nergie injecte en jouant sur le paramtre numrique beta ().
Compte tenu de la diffrence dnergie (facteur 100), il nest pas possible, avec le
paramtre , de caler la simulation et lexprimental car le code ne converge plus pour des
valeurs de <0,001.

Les ondes de pression gnres (exprimental et simulation) sont compares en


Figure 5-26.

211
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Figure 5-26 : Comparaison des formes dondes de pression entre la simulation et lexprimental

On constate que londe de pression gnre par le code EUROPLEXUS possde un


front de pression plus lent que celle obtenue dans le cas exprimental. Ceci concorde avec
les conclusions tires en section 5.3.3 sur la limite dynamique du code EUROPLEXUS. En
effet, Les valeurs des fronts de monte gnrs par le code semblent atteindre une limite
basse. De ce fait, dans ltat actuel de nos connaissances sur ce code, il ne nous semble pas
possible dobtenir des fronts de monte plus rapide, et donc ventuellement quivalents
ceux des ondes de pression exprimentales.

5.4. CONCLUSION

Dans ce chapitre, nous avons effectu des simulations en utilisant le code


EUROPLEXUS sur lequel CHEN [61] avait dj effectu une tude plus oriente sur
lendommagement dans le cadre dun prcdent travail de thse portant sur la fracturation
lectrique.

Le premier objectif de ce travail a t de prendre en main le code EUROPLEXUS.


Pour cela, nous avons cherch dterminer le rle et les plages dutilisation possible des
diffrentes variables du code, et notamment du maillage et du coefficient damortissement

212
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

linaire Beta. Cette pr-tude a permis de fixer le maillage et la plage de variation


optimale du coefficient Beta pour notre gomtrie.

Nous nous sommes ensuite intresss au fonctionnement du code EUROPLEXUS


dans le cadre de notre tude de transfert dnergie, et en particulier linfluence de
plusieurs paramtres : zone dinjection, profil dinjection dnergie et conditions
thermodynamiques initiales, sur la gnration et la propagation de londe de pression. Les
rsultats issus des simulations ont montr des tendances similaires aux rsultats
exprimentaux prsents en Chapitre 4 et ont galement apport dautres informations :

Lattnuation de londe de pression dans leau, pour une temprature de 25C, est
inversement proportionnelle la distance entre la mesure et larc.

A nergie commute constante, la pression crte est dautant plus leve que la
puissance maximale est importante.

La forme de londe de pression est directement lie la manire dinjecter la


puissance et donc au profil dnergie.

La pression statique du fluide na pas dinfluence sur la gnration et la propagation


de londe de pression.

La temprature a une influence significative sur la vitesse de propagation et sur la


valeur crte de londe de pression. Cet effet tant surtout marqu pour des
tempratures suprieures 50C.

Nous pouvons donc dire que les volutions comportementales sont cohrentes vis--vis
des tendances observes exprimentalement.

213
Chapitre 4 : Etude de la post-dcharge

Pour finir, nous avons souhait valider les rsultats du code sur un cas test afin de
vrifier leur cohrence vis--vis des mesures exprimentales. Pour ce faire, la
mthodologie suivante a t applique :

Une gomtrie similaire de la zone dinjection a t fixe.

Le profil dinjection dnergie dans le canal darc a t estim partir du courant


exprimental et de la valeur de la rsistance darc dans la configuration choisie.

Les rsultats portant sur ce calage entre les rsultats obtenus grce au code
EUROPLEXUS et le cas exprimental montrent une diffrence importante vis--vis de
lordre de grandeur de la valeur de lnergie injecte (dun facteur 100) et sur la forme
donde des pressions gnres. La valeur exprimentale a t value 50J alors que pour
obtenir les mmes niveaux de pression dans le code, il faudrait injecter une nergie
denviron 5kJ. Comme nous lavons signal, la diffrence observe en termes de forme
donde suggre que le code de calcul est pouss ses limites en ce qui concerne la
simulation de transitoires rapides, et ne peut donc pas tre utilis pour des fronts de
monte infrieurs la microseconde.

En conclusion, dans ltat actuel de nos connaissances et du dveloppement du


code que nous avons notre disposition, il nous semble difficile de pouvoir utiliser le code
EUROPLEXUS, comparativement nos cas exprimentaux, pour la gnration de londe
de pression issue dune dcharge lectrique dans un liquide. La diffrence dnergie entre
notre cas exprimental et la simulation ainsi que la limitation en dynamique rapide du
code EUROPLEXUS ne sont pas compatibles avec nos configurations actuelles.

Cependant, il est envisageable dutiliser ce code en tant quoutil de dfinition de


tendances comportementales pour tudier la propagation dondes dynamiques lentes dans
un liquide (au-del de la microseconde) en prenant paralllement en compte les
consquences engendres par lvolution des conditions thermodynamiques. Le code
EUROPLEXUS serait donc potentiellement mieux adapt pour les ondes basse frquence.
Cette potentialit devra tre vrifie par des tudes ultrieures.

214
Conclusion gnrale

CONCLUSION

GENERALE

215
Conclusion gnrale

216
Conclusion gnrale

Cette thse sinscrivait dans le cadre dun programme de recherche financ par
TOTAL S.A. visant tudier les potentialits de la fracturation lectrique dans
lexploitation de rservoirs de gaz non conventionnels. Plus prcisment, le travail, men
durant ces trois annes dans le cadre dune bourse CIFRE, avait pour objectif premier
ltude et la caractrisation des ondes de pression gnres par des dcharges lectriques
dans de leau.

Ltude exprimentale de la dcharge lectrique dans leau a t divise en deux


parties : la phase de pr-dcharge et la phase de post-dcharge.

Durant la phase de pr-dcharge, il a t dmontr que, pour une dcharge


subsonique, lnergie consomme correspond lnergie thermique ncessaire la
vaporisation du volume inter-lectrodes, permettant ainsi ltablissement du canal de
dcharge. Quel que soit le niveau de tension appliqu, lnergie consomme reste
constante pour une mme configuration gomtrique. Nous avons ainsi clairement mis en
vidence les avantages majeurs lis la notion de surtension de lintervalle :

Le surplus dnergie apport au milieu reste disponible pour la phase post-dcharge et


pourra donc tre converti en nergie acoustique.
La surtension de lintervalle permet de fortement diminuer le jitter lamorage. Ce
rsultat est essentiel dans loptique dune maitrise prcise de la tension de claquage Ub,
et de lnergie Eb associe.
Au-del dun certain niveau de surtension, il se produit un changement de mode de
dcharge (transition du mode subsonique vers le mode supersonique) qui saccompagne
dune chute de la consommation dnergie. Dun point de vue purement focalis sur le
rendement nergtique, la dcharge supersonique parait donc plus intressante.

En ce qui concerne les effets de la pression statique et de la temprature du fluide


sur la phase de pr-dcharge en mode subsonique, nous avons pu arriver aux conclusions
suivantes :

217
Conclusion gnrale

A pression atmosphrique, laugmentation de la temprature saccompagne la fois


dune diminution de la tension de claquage et de lnergie consomme. Lintrt que
prsente lutilisation de fluide chaud pour les applications industrielles semble donc
vident. Lutilisation dun fluide aux alentours de 50C peut tre considre comme un
optimum en termes de rendement lectrique de la phase de pr-dcharge.
A temprature ambiante, laugmentation de la pression statique a pour consquence
daugmenter linairement le champ de claquage ainsi que lnergie consomme. Le
paramtre pression statique peut donc tre considr comme ayant un effet pnalisant
sur loptimisation du rendement nergtique.
Pour des pressions statiques leves, laugmentation de la temprature saccompagne
dune augmentation de la tension de claquage. Ce rsultat, contraire ce quoi on
pouvait sattendre, tendrait prouver que les critres de propagation de la dcharge
prendraient le dessus sur les critres thermiques. Malgr diffrentes exprimentations,
nous navons pas pu tablir de conclusion cohrente en ce qui concerne les
consommations dnergies pour diffrents couples pression-temprature.
Dans le cas de la phase de post-dcharge, les rsultats obtenus permettent
dapporter une meilleure comprhension des phnomnes et de dgager des conclusions
importantes concernant loptimisation du procd. Dans les deux modes de claquage, le
pic de londe de pression rsultant de la rupture dilectrique de leau dpend
principalement de la valeur du courant maximal. Cette valeur de courant est fonction de la
tension de claquage et des impdances du circuit lectrique. Par ailleurs, en matire de
rsistance, la valeur de celle du circuit joue bien videmment un rle important vis--vis
de la valeur du courant. Mais cest surtout le rapport entre la rsistance darc et celle du
circuit qui permettra doptimiser le transfert dnergie afin dobtenir un maximum de
puissance lectrique disponible pour larc. Il faudra pour cela que la rsistance darc soit la
plus grande possible devant celle du circuit.

Pour un mme courant Imax et quel que soit le mode de claquage, laugmentation de
la distance inter-lectrodes saccompagne dun accroissement de lamplitude de londe de

218
Conclusion gnrale

pression. Une formule empirique permettant de prvoir la valeur du pic de pression a t


tablie.

Nous avons galement clairement dmontr que le mode supersonique prsente un


meilleur rendement lectro-acoustique que le mode subsonique. Etant donne la difficult
dinitier une dcharge supersonique fort courant, cette conclusion na pu tre vrifie
que sur une plage limite de courant correspondant des valeurs relativement faibles. Il
serait souhaitable dtendre cette tude des valeurs plus leves mais sa mise en uvre
savrerait complexe. Par consquent, nous avons privilgi une autre solution qui consiste
dvelopper un dispositif lectrique double impulsion permettant dinitier une dcharge
supersonique (faible courant) puis dinjecter du courant dans le circuit.

Un travail spcifique a t men sur lamlioration du contrle de la dynamique de


londe de pression. Sur notre plage dtude, nous avons exprimentalement dmontr que
le front de londe de pression varie linairement avec la vitesse dinjection du courant.
Plus linjection sera lente, plus la composante spectrale de londe sera basse frquence.
Dans nos configurations exprimentales, nous avons pu faire varier les fronts de pression
entre 500ns et 4s. Dans loptique de dvelopper des dispositifs compatibles avec les
contraintes imposes par la gomtrie des puits, il nous parait possible de gnrer des
impulsions de lordre de la dizaine de microsecondes tout en ayant des valeurs suffisantes
de pression dynamique. Si lapplication de fracturation ncessite des formes dondes plus
lentes, il est probable que le procd de fracturation lectrique ne pourra pas tre
concurrentiel comparativement dautres mthodes.

Linfluence des conditions thermodynamiques (temprature et pression statique)


sur la propagation de londe de pression dynamique a galement t analyse. Nous avons
montr que seule laugmentation de temprature amliore lamplitude de la pression
dynamique pour un mme courant commut.

219
Conclusion gnrale

La dernire partie de cette thse a port sur des simulations ralises partir dun
code existant spcifiquement dvelopp pour ltude de la gnration et de la propagation
dune onde de pression cre par explosion vapeur. Les tendances issues de ces simulations
ont montr des orientations similaires celles des exprimentations :

Lattnuation de londe de pression dans leau suit une loi inversement proportionnelle
la distance de propagation.
A nergie commute constante, la pression crte est dautant plus leve que la
puissance maximale est importante.
La forme donde de pression est directement lie la manire dont la puissance est
injecte dans le milieu.
Pour des pressions statiques simules jusqu 50bar, celles-ci nont pas dinfluence sur la
gnration et la propagation de londe de pression.
Pour des tempratures simules jusqu 90C, une influence significative sur la vitesse
de propagation et sur la valeur crte de londe de pression a t observe.

Les rsultats portant sur la validation du code partir dun cas concret montrent
deux diffrences importantes. Tout dabord, la quantit dnergie quil faut injecter dans le
code pour obtenir un niveau de pression dynamique quivalent est beaucoup plus
importante (facteur 100) que celle effectivement mesure. Dautre part, les dynamiques
dinjection dnergie ne sont plus cohrentes pour des vitesses dinjection infrieures la
microseconde. Par consquent, les fronts de pression simuls ne sont pas pleinement
reprsentatifs de ceux mesurs. En conclusion, dans ltat actuel de nos connaissances et
du code que nous avons notre disposition, il parat difficile dutiliser le code
EUROPLEXUS pour simuler des phnomnes aussi rapides que ceux exposs dans nos cas
exprimentaux. Cependant, les ractions comportementales du code traduisent de faon
satisfaisante les volutions des paramtres physiques du fluide qui influent sur londe de
pression. Son utilisation peut donc potentiellement senvisager dans le cadre de ltude de
phnomnes plus lents.

220
Conclusion gnrale

PRODUCTION SCIENTIFIQUE

Lensemble des rsultats exprimentaux obtenus durant ces 3 annes de thse a t


valoris sous la forme de 3 brevets UPPA-TOTAL et de 4 confrences internationales :

B1- Electrical Reservoir Fracturing, WO/2012/123458- 2012


J. Martin, T. Reess, A. De Ferron, F. Rey-Bethbeber, A. Jacques, O. Maurel, C. La
Borderie, G. Pijaudier-Cabot, A. Gibert
B2- Electrical and Static fracturing of a reservoir, WO/2012/123461- 2012
J. Martin, T. Reess, A. De Ferron, F. Rey-Bethbeber, A. Jacques, O. Maurel, C. La
Borderie, G. Pijaudier-Cabot, A. Gibert
B3- Fracturation lectrique amliore dun rservoir
Brevet dpos le 01/06/2012 DPI 12/55132
J. Martin, T. Reess, A. De Ferron, F. Rey-Bethbeber

C1- Characterisation and optimisation of pressure wave developed by electric discharge in


a liquid application to the electric fracturing of rock tanks
J. Martin, T. Reess, R. Ruscassie, A. De Ferron
International Society on Pulsed Power Applications Congress, Karlsruhe, 2010
C2- Corona discharges experiments in water and transition to subsonic discharges
J. Martin, A. De Ferron, T. Reess, R. Ruscassie, F. Rey-Bethbeder
IEEE International Conference on dielectric liquids, Trondheim (Norway), 2011
C3- Influence of hydrostatic pressure and temperature on the water dielectric strength
and on the dynamic pressure wave
J. Martin, T. Reess, A. De Ferron, R. Ruscassie, F. Rey-Bethbeder
IEEE International Power Modulator and High Voltage Conference, San Diego, 2012
C4- An approach to optimize the shock amplitude generated by an electrical discharge in
water
J. Martin, T. Reess, A. De Ferron, R. Ruscassie, F. Rey-Bethbeder
Euro-Asian Pulsed Power Conference, Karlsruhe, 2012

221
Conclusion gnrale

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