MICROFLORE - Les Micro Organismes Dans Affinage Des Fromages À Pâte Lactique
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NB : Ne sont abords dans cette fiche que les micro-organismes pour lesquels des rfrences
bibliographiques concernant leur impact dans laffinage des fromages lactiques existent. Certaines
flores dont les rles sont encore peu, voire pas connus, ne sont pas abordes ici (Arthrobacter,
Pseudomonas). Cette fiche naborde pas non plus les microflores des fromages lactiques crote
lave (type Epoisses AOP, Langres AOP).
Les fromages pte lactique voient, durant leur affinage, se succder dans leur pte et en surface, des
micro-organismes (bactries, levures et moisissures) ayant tous des fonctionnalits qui vont confrer
ces fromages leur typicit et permettre dobtenir une diversit de gots, darmes, daspects et de
textures. La composition microbiologique du lait et des fromages lactiques, ainsi que les facteurs jouant
sur les cosystmes microbiens en cours daffinage sont encore mal connus. Cette fiche vise donc
prsenter ltat des connaissances actuelles sur les micro-organismes qui contribuent laffinage des
fromages pte lactique en abordant :
Leur classification gnrale,
Leurs origines, conditions de dveloppement et rles dans laffinage des fromages pte
lactique,
Les rservoirs ou vecteurs de ces flores (lait cru, ambiance, matriel...) et les mthodes
densemencement (indignes ou commerciales) possibles.
Tableau 1 : Synthse des principaux genres de microorganismes rencontrs au cours de laffinage des
fromages (Source : ouvrage Microflore du lait cru , juillet 2011)
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Tableau 2 : Principales bactries intervenant durant laffinage des fromages et leurs fonctionnalits
(Source : Y. Gazere, Enilbio Poligny, support de formation)
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La flore lactique est essentiellement acidifiante, mais il lui est reconnu une action sur laffinage, via son
implication dans la glycolyse et galement, dans une moindre mesure, par rapport son activit
protolytique (figure 1).
La glycolyse (tableau 3) reste la voie mtabolique dominante mise en uvre par les bactries
lactiques. Par la dgradation de substrats comme les citrates, cette dernire entrane la
formation de composs aromatiques. Parmi les espces dintrt pour laffinage, on peut citer :
- Lactococcus lactis, sous-espce diacetylactis, qui fermente le citrate en produisant du
diactyle. Cette molcule est trs importante pour les produits laitiers car elle est lorigine
des armes beurrs, noisette et lodeur de crme (Le Mens, 2008) ;
- Les Leuconostocs quant eux librent des composs aromatiques et produisent du gaz
carbonique entranant la formation de cavits/trous dans la pte du fromage et la surface
des fromages (surface lunaire), ce qui les rend dailleurs parfois indsirables lorsquils
sont en quantits trop importantes (guide accident, partie trous prcoces , Institut de
lElevage et al., 2007) ;
- Les entrocoques ont gnralement un pouvoir acidifiant limit. Grce au mtabolisme
du citrate ils influencent positivement le dveloppement dune flaveur typique des
fromages. Les entrocoques les plus couramment prsents dans les fromages
sont Enterococcus faecium, E. faecalis et E. durans (Giraffa, 2003). Des souches de
E. faecalis et de E. faecium, cultives dans des laits de chvre et de brebis, produisent du
lactate en grande quantit, puis du formate et de lactate.
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Tableau 3 : Micro-organismes et enzymes associs : glycolyse (Choisy et al., 1997, in Vignola, 2002)
Enzymes ou voie
Source denzyme Substrat Molcules produites
mtabolique
-galactosidase Bactries lactiques Lactose Glucose
Galactose
Acide lactique
Voie Bactries lactiques Glucose Lactates
homofermentaire Galactose Acide lactique (post acidification)
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Conditions de dveloppement
Ne seront traites, dans cette partie, que les bactries lactiques intervenant en transformation de
fromages pte lactique, savoir les bactries lactiques msophiles.
Temprature :
Par dfinition, le terme msophile dsigne des organismes dont la temprature optimale de
croissance est situe au-dessus de la temprature ambiante (20C) et en dessous de celle du corps
humain (37C) (De Roissart et Luquet, 1994). Les bactries lactiques msophiles sont dtruites par la
pasteurisation. La temprature optimale de multiplication des bactries lactiques msophiles se situe
entre 20 et 37C, mais la multiplication est possible entre 10 et 37C (tableau 4).
Certains auteurs rapportent que les lactocoques et certains Leuconostocs (lactis, cremoris,
mesenteroides et dextranicum) peuvent se dvelopper 10C (Hermier et al., 1992). Nunez et al. (1984)
ont montr que dans les laits crus de brebis rfrigrs Leuconostoc dextranicum est lespce de bactrie
la plus frquemment isole. Enfin, les entrocoques (E. faecium, E. faecalis, E. durans), intervenant
plutt pour leurs proprits aromatiques, sont galement capables de se multiplier 10C.
pH :
La croissance des bactries lactiques et les activits enzymatiques qui en dcouleront sont aussi trs
influences par le pH (tableau 5).
Tableau 5 : Influence du pH du milieu sur la croissance des bactries lactiques
(De Roissart et Luquet, 1994)
Genres pH optimaux
Lactobacillus 5,5 - 6,2
Pediococcus 5,5 - 6,5
Lactococcus et Leuconostoc 6,3 6,5 mais certains sont capables de se dvelopper entre 4,8
et 5,2 en technologie lactique durant le caillage
Enterococcus 7,0
aw :
La croissance des bactries lactiques nest plus possible des aw infrieures 0,91. Law des fromages
lactiques jusqu 14 jours daffinage ne semble pas tre un facteur limitant puisque une exprimentation
mene dans le cadre du programme LACTAFF (Lefrileux et al., 2016) (conditions daffinage de 10 ou
14C croises des hygromtries de 88 ou 98 %) montre que les aw des fromages lactiques affins
dans ces conditions sont suprieures 0,96.
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Les levures
Les levures sont principalement retrouves en surface des fromages de chvre, un seuil moyen de
108 UFC/g, la flore interne tant environ 100 fois moins abondante (Nahabieh et Schmidt, 1990). Lenoir
et al. (1983) donnent un rapport de 100 1000 fois moins de levures au cur de la pte quen surface.
Les genres les plus frquemment retrouvs en transformation fromagre sont Kluyveromyces,
Saccharomyces, Debaryomyces, Candida et Geotrichum (Nahabieh et Schmidt, 1990). Ce dernier
genre revt un caractre particulirement important puisquil est toujours prsent et parfois
abondamment (environ 107 UFC/g) en surface des fromages de chvre pte lactique (voir partie
suivante spcifique au Geotrichum). Selon les fabrications (fermires/industrielles, au lait cru/au lait
pasteuris) limportance relative de toutes ces espces est trs variable. Toutefois les ensemencements
utiliss lors de la fabrication des diffrents fromages tudis, ne permet pas de faire le distinguo entre
la part de flores indignes naturellement prsentes et la part de flores apportes par les levains
commerciaux.
Tableau 6 : Genres de levures les plus couramment rencontres sur les fromages lactiques et
principales fonctions
Famille Genres Principales fonctions
Levures Kluyveromyces, Dsacidification, protolyse (modre pour Kluyveromyces
Debaryomyces, et Debaryomyces) et lipolyse (sauf pour Kluyveromyces et
Saccharomyces, Candida Debaryomyces), estrification des globules gras
Geotrichum Feutrage superficiel, dsacidification, protolyse et lipolyse
Les levures se multiplient principalement par une voie vgtative, le bourgeonnement, mais parfois par
scission, selon les genres. Certaines peuvent avoir aussi une reproduction sexue.
Les levures peuvent assimiler les sucres en prsence doxygne, cest la respiration, ou sans oxygne,
cest la fermentation. Cependant certaines espces de levures ne sont pas capables de fermenter ou
fermentent trs peu (G. candidum, certaines Candida). Lors de laffinage, ces deux phnomnes
coexistent et ont une utilit technologique.
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Chronologiquement lors de laffinage, un des premiers rles des levures est la rduction des sucres
rsiduels du fromage (assimilation ou fermentation des sucres) entranant notamment la production de
gaz (CO2) en anarobiose et de composs confrant parfois des odeurs trs caractristiques de fruits
mrs ou alcool (tableau 7). A lexcs, cela peut entraner des dfauts de got et daspect. Certaines
(Kluyveromyces et Debaryomyces) assimilent le lactose rsiduel. En catabolisant le lactate
(essentiellement G. candidum et D. hansenii), elles neutralisent la surface des fromages ce qui stimule
la croissance dautres levures, de bactries acido-sensibles (microcoques et bactries corynformes)
et de certaines moisissures (Choisy et al., 1997). Les levures du genre Kluyveromyces ont la capacit
de consommer le lactate, et ainsi de participer la dsacidification du caill (Kagkli et al., 2006 ; Cholet
et al., 2007). On parle parfois de phase de levuration pour dsigner cette tape.
Par ailleurs, leurs activits protolytiques et lipolytiques peuvent tre importantes mais restent variables
selon les souches (tableau 7). Elles contribuent la protolyse en librant des acides amins et en
rduisant lamertume par la dgradation des peptides amers.
Tableau 7: Diffrences dactivits selon les souches de levures (Source : Y. Gazere, support de
formation)
Debaryomyces
Candida utilis Kluyveromyces lactis
Souches hanseni
( CUM ) ( KL )
( DH )
Fermentation
Glucose + + -
Lactose - + -
Assimilation
Lactose - + +
Lactate + + +
Neutralisation pH +++ + ++
Aromatisation ++ +++ +
Croissance
surface +++ +++ +++
profondeur +++ +++ +
Les levures contribuent de faon limite la lipolyse (sauf G. candidum). Cependant parmi elles,
Yarrowa lipolytica est la levure qui possde le plus de lipases dcrites (Fickers et al., 2011). Les fortes
activits protolytiques et lipolytiques de Y. lipolytica en font une levure technologique intressante,
mais la rendent difficile matriser.
Les levures produisent du gaz et des composs aromatiques. Certaines peuvent mettre en uvre des
mcanismes fermentaires (K. lactis, K marxianus et D. hansenii) entranant la production dalcool. Les
levures du genre Kluyveromyces sont capables de produire des composs darme varis,
principalement des esters aux notes fruites et des alcools.
Les levures contribuent laspect extrieur du fromage. Enfin, elles peuvent protger contre les
contaminants de surface tels que Mucor ou Penicillium (car pousse rapide).
Le lactosrum de surface (prlev en surface des bacs de caillage aprs 24 h 48 h de caillage et
servant au repiquage), peut parfois tre trs charg en levures, jusqu 106 UFC/ml mais leurs quantits
sont variables selon les leveurs (de 102 106 UFC/ml) mais galement, selon la priode, au sein dune
mme exploitation (Slavina, 2008).
Dune faon gnrale il faut retenir leur rle dominant et positif dans laffinage des fromages pte
lactique. Cependant elles peuvent aussi engendrer des accidents de fabrication, notamment en cas de
dveloppement excessif (trous prcoces, peau de crapaud, surface collante, visqueuse). Ces derniers
sont traits dans le guide accidents de fromagerie (Institut de lElevage, 2007).
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Conditions de dveloppement
Temprature :
Les levures sont capables de se dvelopper dans une gamme de temprature allant de 4C 30C,
avec un optimum situ entre 20 et 28C.
pH :
Elles sont globalement peu sensibles aux variations de pH, ce dernier ntant donc pas un facteur
limitant aux pH rencontrs en transformation fromagre.
Les levures Candida utilis vont permettre une remonte du pH plus rapide et plus importante, surtout
sur des fromages dmouls trs acides. Elles se dveloppent en surface mais aussi cur et ont aussi
des proprits aromatisantes intressantes pour les fromages lactiques.
aw et Sel :
En gnral en fromagerie law est non limitante sur le dveloppement des levures. Pour permettre leur
dveloppement, law doit tre suprieure 0,85 ce qui est le cas de la quasi-totalit des fromages. Elles
sont plutt tolrantes au sel, sauf Geotrichum candidum.
O2 :
Leurs besoins en oxygne sont dautant plus importants que la temprature est leve. Si lO2 est
limitant, certaines levures passent dun mtabolisme oxydatif un mtabolisme fermentaire avec
production dalcool, bien que la production dalcool puisse se faire aussi en surface des fromages ds
les 1ers jours daffinage, par Kluyveromyces marxianus et Debaryomyces hansenii (Leclerq-Perlat et
al., 2004).
Levures G. candidum
Optimum : 20-30C Optimum : 25-30C
Temprature
Ralenties 4-8C Trs ralenti entre 4 et 8C
Optimum : 4,5 6 Optimum : 5,5 7
pH Dveloppement possible entre 4 et Dveloppement possible entre 4,6 et
6,5 5,3, voire en dessous
0,95-1
aw > 0,90-0,95
Tolrance jusqu 0,90
Atmosphre confine trs Besoin doxygnation, supporte mal le
O2 et CO2
oxygne confinement
Trs variable : jusqu 12-15 %
Rapport sel sur
pour DH, 7-8 % pour Sensibilit partir de 2-3 %
eau
Kluyveromyces
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Geotrichum
Caractristiques gnrales
Le Geotrichum est une levure qui peut se prsenter sous diffrentes formes morphologiques.
Diffrents types morphologiques de Geotrichum candidum
La particularit du Geotrichum est la diversit de formes morphologiques sous lesquelles on peut le
retrouver. L'tude des caractres des cultures de G. candidum sur diffrents milieux solides (Guguen
et Jacquet, 1982) montre quil est possible de diffrencier 3 types morphologiques sur lunique milieu
l'extrait de malt (voir photos 1 6) :
Type 1 : souches de couleur crme, l'aspect levuriforme, temprature optimale situe
entre 22 et 25C, croissance plus rduite 30C, production abondante d'arthrospore et
activit protolytique faible.
Type 2 : souches dites intermdiaires , poudreux sous les doigts, peu feutrant.
Type 3 : souches bien blanches, plus ou moins feutres, temprature optimale plus
leve (25-30C), croissance plus faible 22C, sporulant peu, produisant en milieux liquides
des mycliums plus importants que les souches du type 1 et activit protolytique plus
marque.
Photos 1 6 : exemples des 3 formes du Geotrichum, sur botes de Ptri et sur fromages pte lactique :
levuriforme, intermdiaire et type moisissure
Sources : journe Profession Fromager intervention F. Buret (2014),
J. Barral, Chambre dAgriculture de lHrault et C. Reynaud, Actalia Produits Laitiers
G. candidum joue un rle important dans la fabrication fromagre, en particulier durant ltape daffinage
o elle apparat trs tt. G. candidum libre des enzymes comme des lipases et des protases. Lactivit
de ces dernires libre des acides gras et des peptides pouvant tre mtaboliss par les autres
populations microbiennes et qui contribuent au dveloppement des saveurs et des autres qualits du
fromage.
G. candidum nassimile pas le lactose, mais joue un rle important dans la dsacidification du fromage
en consommant lacide lactique et en produisant de lammoniac par la dgradation des acides amins
(Soulignac, 1995 ; Mounier et al., 2008).
Concernant la protolyse, dune souche de Geotrichum lautre, les variations dactivits prsentent
une assez grande amplitude (Guguen et Lenoir, 1975). De nombreuses publications font tat de son
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implication dans la fabrication darme. Des composs soufrs volatiles (CSV) peuvent tre produits
(Demarigny et al., 2000), mais galement des composs aux senteurs florales, fruites (Molimar et
Spinnler, 1996).
Dautre part la forte activit amino-peptidasique de Geotrichum permet de diminuer lamertume par
dgradation des peptides amers produits par P. camemberti (Raynal, 2002) et autres Penicillium.
Geotrichum candidum prsente une activit lipolytique entranant la libration de diffrents acides gras
(Millet, 1998). Gaborit et Raynal-Ljutovac (2008), en comparant les profils sensoriels de 2 souches de
Geotrichum candidum (Gc) 2 souches de Penicillium camemberti (Pc), ont montr que les 2 souches
de Gc permettaient dobtenir des notes chvre plus marques, alors que les Pc produisent des notes
champignon . Cela illustre bien la diversit des odeurs et armes produits selon les souches en
prsence.
Enfin, la rapidit de croissance et dimplantation de certaines souches peut lui confrer un rle de
couverture et de lutte contre les contaminants (notamment vis--vis du Mucor, responsable de laccident
du poil de chat ). En 48 h, Gc peut avoir largement recouvert les fromages. Les mtabolites produits
par G. candidum peuvent aussi inhiber les flores de contaminations telles que Listeria monocytogenes
(Dieuleveux et al., 1997 ; 1998), et sont capables dinhiber la croissance ou la sporulation de Mucor sp.
(Boutrou et Guguen, 2005).
Conditions de dveloppement
Temprature :
Geotrichum candidum se dveloppe dans une plage de temprature optimale comprise entre 22 et 30C
selon les souches, loptimum tant en gnral proche de 28C. La fourchette de dveloppement
possible se situe entre 8C et jusqu 40C pour certaines souches.
pH :
Son pH optimum est de 5,5 7 mais il peut tolrer de grandes variations (dveloppement possible de
certaines souches partir de pH 4,6, voire 3 ou 3,5). Concernant limpact du pH sur lactivit
protolytique du Gc, Gueguen et Lenoir (1976) indiquent que des prparations enzymatiques issues de
diffrentes souches de Gc ont un optimum dactivit dans une zone de pH comprise entre 5,5 et 6,0.
Sel :
Gc est un des microorganismes les plus sensibles au sel, son inhibition tant totale 5-6% (sur milieu
de culture). Afin doptimiser son implantation en surface des fromages il est possible de dcaler le
salage dans le temps et attendre 24 h avant dappliquer le sel en surface du fromage (voir fiches
Crotage blanc-ivoire souhait et Crotage bleu souhait ).
Oxygnation :
G.candidum a la capacit de se dvelopper en tension basse d'O2, avec des variations selon les
souches. Malgr tout, en cas dambiance un peu confine , il peut tre supplant par certains
Penicillium (bleus) si ces derniers sont bien prsents dans lambiance et sur les fromages.
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Les moisissures
Caractristiques gnrales et rles dans laffinage des fromages
Durant laffinage, le rle des moisissures peut tre multiple : dsacidification, protolyse, lipolyse,
formation de la crote et aspect du fromage. Les moisissures sont les micro-organismes les plus
lipolytiques (en dehors du cas de la levure Yarrowa lipolytica) des fromages.
Sur le plan technologique, les espces les plus tudies appartiennent au genre Penicillium. Les 2
principales espces de Penicillium utilises en fromagerie sont P. camemberti (anciennement aussi
nomm P. candidum), et P. roqueforti, mais le genre Penicillium comprend environ 200 espces. A la
surface des fromages il est donc possible de retrouver une grande variabilit despces entranant une
grande diversit daspects, de textures et de couleurs.
P. roqueforti nest pas une moisissure utilise et recherche dans et en surface des fromages pte
lactique. Il ne sera donc pas dvelopp ici.
En revanche lorsque du bleu est recherch dans laffinage des fromages lactiques, lespce souhaite
est Penicillium album. Le Penicillium album apporte une couverture blanche, laineuse, passant
rapidement au gris clair/bleu. Certains auteurs le rapprochent dailleurs de P. camemberti.
Dautre part, une tude mene sur laccident du bleu sur les fromages pte lactique (Laithier et al.,
2006) a mis en vidence la prsence de onze espces diffrentes de Penicillium sur lensemble des
fromages analyss (rgions Rhne-Alpes et PACA). Bien que les producteurs suivis aient considr la
prsence de bleu comme un frein commercial, un certain nombre de bleus prsentaient des
caractristiques daspect et de gots tout fait satisfaisants.
Tableau 9 : Diffrentes espces de bleus (Penicillium) retrouves en surface de fromages de chvre
pte lactique (Source : Claire Bartschi)
Espces Description sur le fromage
P. aurantiogriseum
Bleu trs clair, ressemble P. expansum
(=P. solitum, P. cyclopium)
P. chrysogenum Bleu ciel assez couvrant
P. expansum Bleu ciel tal sur le fromage
P. glabrum Bleu ciel voluant vers le gris assez couvrant
P nalgiovense (chrysogenum) Boulle blanche puis bleu ciel
P. griseoroseum (=chrysogenum) Bleu ciel assez couvrant
Certaines espces sont trs proches entre elles (P. chrysogenum et P. griseoroseum), sans pour autant
avoir le mme aspect sur les fromages. La grande majorit des espces de Penicillium retrouves dans
le cadre de cette tude ont t retrouves sur dautres fromages.
Penicillium camemberti est le champignon des fromages pte molle et crote fleurie, type
Camembert, Brie ou Carr de lEst (Lenoir et al., 1983), ou de certains fromages de chvre (Choisy et
al., 1997b). Il peut parfois tre utilis en fabrication de fromages pte lactique, comme pour le
Neufchtel par exemple.
Il possde un systme protolytique complexe et une activit lipasique importante, ce qui lui confre un
rle important dans l'aromatisation des fromages. P. camemberti joue galement un rle majeur dans
la maturation des fromages crote fleurie, notamment en consommant le lactate et en produisant de
grandes quantits de CO2 qui changent lenvironnement gazeux des hloirs. De plus, en se
dveloppant, le myclium de P. camemberti forme une barrire qui contribue limiter la prolifration de
bactries pathognes et de moisissures indsirables (Bockelmann et al., 1999). Il possde donc
certaines caractristiques biochimiques qui en font un micro-organisme indispensable la maturation
des fromages pte molle et crote fleurie. A contrario, plusieurs espces de Penicillium, comme
P. verrucosum, P. roqueforti, P. expansum, P. janthinellum, P. cyclopium peuvent fortement dprcier
laspect des fromages pte molle. Prsents en trop grande quantit, ils peuvent provoquer lapparition
de tches bleu-vert plus ou moins grandes la surface du fromage. Ces dfauts daspect sont connus
sous le nom daccident du bleu (guide accident) et souvent accompagns de got ou odeur de terre,
vieille cave, renferm caractristique.
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Les photos ci-dessous montrent quelques exemples des aspects que peuvent revtir les espces du
genre Penicillium hors accidents de fabrication (photos 7 10).
Afin daller plus loin sur la matrise du crotage bleu, cf. fiche Crotage bleu souhait .
Conditions de dveloppement
Comme pour les autres microorganismes prsents prcdemment, la diversit de souches entrane
une grande variabilit de vitesses de croissance, dintensits des activits protolytique et lipolytique.
Temprature :
La plupart des espces de Penicillium ont une temprature optimale de croissance 25C, en particulier
pour Penicillium roqueforti (Gock et al., 2003). Pour P. camemberti loptimum se situe 20C. Plusieurs
moisissures ont la possibilit de se dvelopper sur des produits stocks rfrigrs (par exemple certains
producteurs utilisent un passage en chambre froide pour favoriser la pousse du Penicillium) : cest
notamment le cas de P. roqueforti, P. expansum, P. brevicompactum. et P. verrucosum. Elles peuvent
galement avoir une bonne rsistance aux tempratures leves. Vadillo et al. (1987) dmontrent que
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Penicillium est un des genres les plus frquemment rencontrs aprs la pasteurisation basse (63C
pendant 30 min).
pH :
Si la plupart des champignons sont peu affects par le pH, dans les limites de 3 9, un milieu
lgrement acide 5 6 est favorable la germination et la croissance de la plupart des moisissures
(Mahaut et al., 2000).
Oxygne :
Les moisissures ont un besoin absolu doxygne pour se dvelopper. Elles sont aussi sensibles aux
teneurs leves en gaz carbonique. Cest le cas de P. camemberti. Cependant, certaines moisissures,
comme P. roqueforti, peuvent supporter des teneurs trs limites en oxygne.
Dautres espces de Penicillium doivent galement tolrer des ambiances plus confines puisquun
certain nombre dobservations faites en fromagerie montrent que lorsque les retournements sont
insuffisants en hloir, les surfaces des fromages sont diffrentes (manque doxygnation sur une face,
en gnral celle qui est en contact avec la grille). De mme, certains producteurs souhaitant le
dveloppement du Penicillium en surface de leurs fromages ont des pratiques de confinement aprs
une phase de dmarrage de laffinage au hloir : draps sur les piles de fromages, mise en caisses,
resserrement sur les grilles
Sel :
Les souches de Penicillium peuvent voir leur croissance lgrement stimule aux faibles concentrations
de sel, puis faiblement inhibes pour des fortes concentrations de 5 8%. Des concentrations de 15
20% sont ncessaires pour inhiber totalement leur croissance (Van den Tempel et Nielsen, 2000). De
telles valeurs sont bien au-del des concentrations en sel observes pour des fromages lactiques (cf.
fiche Crotage bleu souhait ).
aw :
Law est un autre facteur important pour le dveloppement de Penicillium. Selon Hermier et al. (1992),
la majorit des moisissures se dveloppent sur des milieux trs humides (aw > 0,95), ce qui est le cas
de la grande majorit des fromages. Mais certaines espces de Penicillium peuvent aussi se dvelopper
des aw plus faibles. Daprs Gock et al. (2003), la germination de P. roqueforti est toujours possible
pour une aw de 0,82 25C et 0,86 30C. Law minimale de pour P. camemberti se situe 0,90.
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Aprs le travail dacidification des bactries lactiques et la production dacide lactique notamment, des
micro-organismes dits acidotrophes ou acidophiles, constitus de levures dont Geotrichum, vont
utiliser les acides produits (ainsi que le lactose rsiduel pour certaines levures) pour leur croissance. La
remonte de pH due cette consommation dacides va permettre certaines flores acido-sensibles
(microcoques et corynbactries) de se dvelopper.
Figure 6 : Succession des flores daffinage (schma gnral pour tout type de fromage)
Source : cours Y. Gazere, ENILBIO Poligny
Les micro-organismes retrouvs dans le lait la ferme peuvent avoir de multiples sources :
environnement des animaux, animaux eux-mmes (peau du trayon), matriel de traite, trayeur
Concernant plus spcifiquement les micro-organismes daffinage (levures, moisissures et bactries),
des rsultats dtude montrent que :
lon retrouve en surface des trayons des niveaux varis mais importants de bactries daffinage
telles que les staphylocoques coagulase ngative, les corynbactries, et des flores lactiques
en particulier des entrocoques,
la machine traire est un rservoir de flores dominante lactique, dont des entrocoques, mais
galement des microcoques et des corynbactries,
lair (prlvements en salles de traite) contient des bactries daffinage (staphylocoques
coagulase ngative et bactries corynformes) et des bactries lactiques ainsi que des levures
et moisissures.
Bien sr, les quantits de micro-organismes, leur rpartition et leur nature mme (souche) vont varier
en fonction des exploitations, ceci en lien avec les pratiques et lenvironnement.
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Photos 15 et 16 : Evaluation des levures et moisissures prsentes dans lambiance grce des botes poses
photo de droite : botes laisses ouvertes en salle de fabrication durant 45 min puis photo de droite : les mmes
botes aprs plusieurs jours dincubation sur lesquelles on peut observer le dveloppement de moisissures
(programme LACTAFF)
Source : M. Ptrier, Centre Technique des Fromages caprins de la rgion Centre
Les populations fongiques prsentes dans les ambiances des diffrentes exploitations de toutes les
rgions sont qualitativement semblables : Penicillium sp, Cladosporium sp, Aspergillus sp, Eurotium,
Mucorales. En Rhne-Alpes, une exploitation se distingue avec une ambiance plus varie
Scopulariopsis sp, Alternaria sp.
Penicillium sp est le genre le plus reprsent avec des espces diffrentes, certaines xrotolrantes
(qui tolrent des aw bases < 0,85 jusqu' 0,73). Aspergillus sp et Eurotium sp sont aussi des genres
xrotolrants. Il est normal de retrouver ces genres de moisissures xrotolrantes dans l'cosystme
que nous tudions o il y a prsence de fourrages et de crales (aliments secs ), les btiments
d'levage se situant souvent proximit de la fromagerie et/ou de la salle de traite.
Cladosporium sp est un genre que l'on retrouve systmatiquement dans les ambiances aussi bien rurale
que citadine et en toutes saisons.
En revanche, il est important de remarquer que le genre Geotrichum ne se retrouve que trs peu voire
pas dans les ambiances. Ceci parat surprenant, les fromages ayant une flore Geotrichum importante
mais il est vrai que le mode de reproduction de celui-ci n'est pas trs favorable une dispersion dans
les ambiances contrairement aux genres Penicillium ou Aspergillus. Au vu de sa faible prsence dans
les ambiances, il est probable que le temps d'exposition l'ambiance (45 minutes 1 heure) des
diffrents milieux nutritifs ne soit pas suffisant pour le rvler. Suite ces rsultats, on peut donc penser
que l'ensemencement de Geotrichum se fait essentiellement par le lait charg naturellement et les
diffrents ferments (lactosrum ou autre) utiliss par les producteurs ainsi que par les diffrents
matriels (bacs de caillage, moules....). Mais attention l'ambiance doit participer cet
ensemencement plus petite chelle bien sr, aussi une dsinfection drastique des ambiances ne
sera pas prconiser.
Si qualitativement les populations fongiques sont semblables dans les diffrentes fermes tudies, en
revanche quantitativement il y a dimportantes variations :
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Le lactosrum
Utilis de manire traditionnelle et largement employ en fromagerie fermire, le repiquage du
lactosrum (appel aussi petit lait) permet au fromager de sassurer dun apport indigne de flores
lactiques et de flores daffinage, et ceci moindre cot (Laithier et al., 2011).
La qualit du lactosrum, utilis en repiquage dpend de diffrents paramtres, parmi lesquels la qualit
du lait initial. En transformation au lait cru, et suivant le moment de la lactation, la qualit du lactosrum
va donc aussi subir des fluctuations, entrainant parfois, pour ce qui concerne strictement la flore de
surface, des retards (ou manque) dans le dveloppement de cette dernire ou alors au contraire un
dveloppement excessif entrainant des crotages type peau de crapaud ou bleu velout intense,
cartonneux.
Afin de pouvoir sassurer, via lutilisation du lactosrum, un ensemencement en Geotrichum et/ou
Penicillium optimal, voici quelques recommandations :
le lactosrum utilis pour le repiquage doit tre prlev en surface des bassines, l o les flores
de surface seront les plus abondantes, le Geotrichum tant souvent visible, 24 h ou plus,
il doit bien videmment tre issu dun caill non accident, de couleur, daspect et dodeur
normaux.
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Certains producteurs talent en surface de leurs bassines de caillage des fromages affins
(dont laspect correspond leurs attentes) et rptent cette opration chaque fabrication ;
ainsi ils arrivent obtenir le crotage voulu de manire rgulire.
Il est aussi possible de mixer dans du lait un crotage satisfaisant de la ferme et ensemencer
le lait lemprsurage.
Dans loptique du redmarrage de leur production aprs la priode de tarissement par exemple,
ou mme en cours de saison, afin de prvenir des problmes de crotage, certains producteurs
mixent un fromage entier dans un mlange de lait strile et de lactosrum et utilisent ou
conglent ce mlange. Pour ceux qui ont lhabitude congeler leur lactosrum, cela permet un
complment de flore de surface. Certains producteurs conditionnent ce mlange (crote ou
fromage mix dans du lait) dans des bacs glaon avant conglation ce qui leur permet de
doser leur ensemencement et pouvoir utiliser les glaons de crote en fonction des
besoins, au cours de la saison.
Sur les fromages : pas trop de sel et apport tardif, temprature de la salle de fabrication 20-
22C, ressuyage long (voir fiche Crotage blanc-ivoire souhait ).
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Limiter lentre doxygne dans les locaux les Penicillium (bleus) ne semblent pas affects
par les limitations doxygne par contre les Geotrichum le sont, donc cest en dfavorisant les
Geotrichum quon permet Penicillium de se multiplier.
Faire implanter des levures (de type CUM par exemple) rapidement en surface pour augmenter
le pH de surface pour favoriser la pousse des Penicillium.
Afin densemencer ses fromages en bleu, il est possible de prendre des fromages affins ayant
du bleu et de les tapoter au-dessus ou proximit des fromages en cours daffinage dans le
hloir, pour disperser les spores ( fumes de moisissures), cette pratique est efficace si le
Geotrichum nest pas envahissant sur les fromages sinon plus de place pour le Penicillium !!!
Vaporisation de bleu sur les fromages jusqu lentre au hloir.
Voir technique des glaons de crote ci-dessus.
Voir fiche Crotage bleu souhait .
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Pour quelle utilisation ? ensemencement dans le lait uniquement ? (le plus recommand)
pulvrisation ?
Ai-je besoin dune association de plusieurs flores daffinage ? par exemple lassociation dune
levure type Candida utilis permettant de faire remonter le pH en surface du fromage et aidant
ainsi la croissance du Geotrichum.
En prenant en compte lensemble de ces paramtres le producteur doit pouvoir tre conseill par le
fabricant (ou vendeur) qui tachera de trouver la solution la plus adapte.
Si elle nest pas fournie lors de la rception du colis, il est fortement conseill de demander la fiche
technique prcisant les modalits dutilisation et de conservation du ferment daffinage.
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Collection : LEssentiel
Equipe de rdaction : Julie BARRAL (Languedoc Roussillon Elevage puis CA 34), Claire BRTSCHI, Yves GAZERE (ENILBIO
Poligny), Patrick ANGLADE (CFF Patrick Anglade), Guillemette ALLUT (CRAB-Centre Fromager de Bourgogne), Coralys ROBERT
(Institut de lElevage)
Relecteurs : Marie-Nolle LECLERQ-PERLAT et Daniel PICQUE (INRA), Antoine MICHEL, Catherine REYNAUD (ACTALIA Centre
Carmejane), Agns CHABANON, Mlissa TEINTURIER (FRESYCA), Ccile LAITHIER, Yves LEFRILEUX (Institut de lElevage),
de
Alexane DORLAC (station caprine exprimentale du Pradel EPLEFPA)
Responsables
professionnels du programme : Frdric BLANCHARD et Marc LESTY (FNEC), Eric CORNILLON (PEP Caprins
Rhne-Alpes), Marc DONNEAUD (MRE PACA)
Coordination et rdaction : Marion PETRIER (CA 18 CTFC), Sylvie MORGE (PEP Caprins Rhne-Alpes), Sabrina RAYNAUD
(Institut de lElevage)
Mise en page : Isabelle GUIGUE (Institut de lElevage)
Avril 2016 - Rf. Idele : 00 16 403 009
Dpt lgal : 2me trimestre 2016 Tous droits rservs lInstitut de llevage