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Dveloppement d'une approche globale,

performantielle et prdictive de la durabilit


des structures en bton (arm)
sur la base d'indicateurs de durabilit
Bilan et perspectives
Caractrisation de la microstructure des btons,
tude de leurs proprits hydriques et de transport,
valuation des dformations libres
et prdiction de la dure de vie des ouvrages

Vronique Baroghel-Bouny

Dcembre 2008

Laboratoire central des ponts et chausses


58, boulevard Lefebvre, F 75732 Paris Cedex 15
Conformment la note du 04/07/2014 de la direction gnrale de l'Ifsttar prcisant la politique de
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Institut Franais des Sciences et Techniques des Rseaux,


de l'Amnagement et des Transports
14-20 Boulevard Newton, Cit Descartes, Champs sur Marne
F-77447 Marne la Valle Cedex 2
Contact : [email protected]
Vronique Baroghel-Bouny
Habilite diriger des recherches
Docteur de l'cole Nationale des Ponts et Chausses
Ingnieur Divisionnaire des Travaux Publics de l'tat
Adjointe au Chef de la Division btons et composites cimentaires
Laboratoire Central des Ponts et Chausses

Cet ouvrage est issu du mmoire d'habilitation diriger des recherches de l'universit de Marne-la-
Valle (spcialit : Gnie Civil) rdig par Vronique Baroghel-Bouny.
Cette habilitation diriger des recherches a t soutenue le 1er octobre 2007 Paris, devant le jury
prsid par Monsieur Henri VAN DAMME et compos de Mesdames Carmen ANDRADE, Micheline
MORANVILLE et Karen SCRIVENER et de Messieurs Paul ACKER, Jean-Franois COSTE, Olivier
COUSSY et Thierry KRETZ.

Crdit photo de couverture : Daniel Jamme

Pour commander cet ouvrage :


Laboratoire central des ponts et chausses
DISTC - Section Diffusion
58, boulevard Lefebvre, F 75732 Paris cedex 15
Tlphone : 01 40 43 50 20 - Tlcopie : 01 40 43 54 95
Ou serveur Internet LCPC : www.lcpc.fr

Prix : 45 Euros HT

Ce document est proprit du Laboratoire central des ponts et chausses


et ne peut tre reproduit, mme partiellement, sans l'autorisation de son Directeur gnral
(ou de ses reprsentants autoriss)
2008 - LCPC
ISSN 1161-028X
ISBN 978-2-7208-2532-8
DOI/Crossref 10.3829/erlpc.oa63-fr
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

SOMMAIRE

SOMMAIRE................................................................................................................ 3
RESUME .................................................................................................................. 11
MOTS-CLES ............................................................................................................ 12
ABSTRACT.............................................................................................................. 13
KEY-WORDS ........................................................................................................... 14
PREAMBULE........................................................................................................... 15
Prsentation ............................................................................................................. 15
Groupes de Travail et Projets anims par l'auteur sur la priode 1995-2005 et
mentionns dans ce document................................................................................. 15
Principaux Groupes de Travail et Projets auxquels a particip l'auteur sur la priode
1995-2005 mentionns dans ce document............................................................... 18
REMERCIEMENTS .................................................................................................. 21
1 - INTRODUCTION : CONTEXTE ET BESOINS.................................................... 23
1.1 - Introduction gnrale : position du problme.................................................... 23
1.2 - Constatations vis--vis de la corrosion des armatures du bton arm ............. 24
1.3 - Constatations vis--vis des dgradations lies l'alcali-raction ..................... 24
1.4 - Constatations vis--vis des dgradations dues aux cycles de gel-dgel avec ou
sans sels (fissuration interne et caillage des parements) ....................................... 25
1.5 - Constatations vis--vis des dformations du bton et de la fissuration associe
(au jeune ge) .......................................................................................................... 26
1.6 - Situation actuelle - Gestion du parc d'ouvrages ............................................... 27
1.7 - Situation actuelle - Textes de rfrence applicables ........................................ 28
1.8 - Evolution des projets d'ouvrages - Ncessit de dvelopper une nouvelle
approche................................................................................................................... 29
1.9 - L'approche performantielle - Avantages et contraintes..................................... 30
2 - DEVELOPPEMENT D'UNE APPROCHE PERFORMANTIELLE ET PREDICTIVE
DE LA DURABILITE - CHAMP D'INVESTIGATION, OBJECTIF ET CADRE DE
TRAVAIL .................................................................................................................. 35
2.1 - Champ d'investigation et objectif ...................................................................... 35
2.2 - Cadres de travail .............................................................................................. 36
3 - DURABILITE ET DUREE DE VIE - DEFINITIONS ET OPTIONS RETENUES .. 41
3.1 - Introduction....................................................................................................... 41
3.2 - Cas de la corrosion des armatures................................................................... 41
3.3 - Cas de l'alcali-raction ..................................................................................... 42
4 - INDICATEURS DE DURABILITE ET AUTRES PARAMETRES - DEFINITION ET
PANEL SELECTIONNE ........................................................................................... 47
4.1 - Dfinition des indicateurs de durabilit ............................................................. 47
4.2 - Indicateurs de durabilit gnraux slectionns............................................... 47
4.3 - Indicateurs de durabilit spcifiques - Exemple de l'alcali-raction .................. 48
4.4 - Indicateurs de substitution - Fonctions et slection .......................................... 48
4.5 - Caractristiques de base - Dfinition et slection............................................. 49

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 3
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

4.6 - Paramtres complmentaires - Dfinition et exemples .................................... 50


5 - BASES SCIENTIFIQUES DE L'APPROCHE : COMPREHENSION DES
MECANISMES PHYSICO-CHIMIQUES, MISE EN EVIDENCE DE COUPLAGES,
INFLUENCE DES PARAMETRES DE FORMULATION ET DE LA TEMPERATURE,
IDENTIFICATION DES PARAMETRES FONDAMENTAUX, JUSTIFICATION
THEORIQUE DU CHOIX DES INDICATEURS DE DURABILITE ET NECESSITE DE
PARAMETRES COMPLEMENTAIRES ................................................................... 55
5.1 - Historique et philosophie des recherches et dmarche scientifique ................. 55
5.2 - Caractrisation de la microstructure ................................................................. 63
5.2.1 - Porosit accessible l'eau ..................................................................... 63
5.2.2 - Description de la structure poreuse........................................................ 63
5.2.3 - Porosit du "gel" C-S-H et porosit "capillaire"....................................... 64
5.2.4 - (Teneur en) portlandite Ca(OH)2 ............................................................ 65
5.2.4.1 - Lixiviation par les eaux faiblement minralises et les acides ......... 65
5.2.4.2 - Alcali-raction et ractions sulfatiques............................................. 66
5.2.4.3 - Corrosion des armatures du bton arm ......................................... 66
5.2.4.4 - Hydratation du ciment et raction pouzzolanique ............................ 66
5.2.4.5 - Dformations endognes................................................................. 68
5.2.4.6 - Conclusion ....................................................................................... 68
5.2.5 - Evolution long terme de la microstructure ........................................... 69
5.2.5.1 - Exemple 1 : influence du E/C........................................................... 69
5.2.5.2 - Exemple 2 : influence de la prsence de fumes de silice .............. 70
5.2.6 - Effet d'une lvation de temprature sur la microstructure .................... 70
5.2.6.1 - Hydratation temprature leve.................................................... 70
5.2.6.2 - Exposition une temprature leve aprs durcissement .............. 71
5.3 - Proprits hydriques : cintiques et valeurs d'quilibre.................................... 77
5.3.1 - Schage endogne (autodessiccation) .................................................. 77
5.3.2 - Schage exogne : volution en fonction du temps (cintiques et profils
hydriques).......................................................................................................... 77
5.3.3 - Interactions entre hydratation et schage exogne................................ 78
5.3.4 - Comprhension des interactions eau-matrice : isothermes de dsorption
et d'adsorption de vapeur d'eau ........................................................................ 80
5.3.4.1 - Influence des paramtres de formulation......................................... 80
5.3.4.2 - Existence d'une hystrsis .............................................................. 82
5.4 - Proprits de transport : coefficients de diffusion et permabilits................... 87
5.4.1 - Introduction ............................................................................................ 87
5.4.2 - Coefficients de diffusion ......................................................................... 87
5.4.2.1 - Coefficients de diffusion des ions chlorure ...................................... 87
5.4.2.2 - Coefficients de diffusion hydrique .................................................... 88
5.4.2.3 - Coefficient de diffusion du CO2 dans les matriaux carbonats ...... 91
5.4.3 - Permabilit aux gaz et aux liquides - Loi de Darcy - Influence du taux de
saturation........................................................................................................... 91
5.4.4 - Conclusion ............................................................................................. 93
5.5 - Influence de la (micro)fissuration sur les proprits de transport et sur la
progression des espces agressives........................................................................ 97
5.5.1 - Introduction ............................................................................................ 97
5.5.2 - Influence de la (micro)fissuration sur la permabilit ............................. 97
5.5.3 - Influence de la (micro)fissuration sur le coefficient de diffusion ............. 98
5.5.4 - Influence de la (micro)fissuration sur la progression de la carbonatation99
5.6 - Comprhension des interactions entre l'eau et NaCl.......................................103
5.7 - Comprhension des interactions chlorures-matrice ........................................107

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 4
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.8 - Comprhension des mcanismes relatifs aux dformations libres d'origine


thermique au jeune ge et aux dformations endognes libres ..............................113
5.8.1 - Introduction ...........................................................................................113
5.8.2 - Effets de la temprature au jeune ge ( 24 heures) - Concept de
maturit ............................................................................................................113
5.8.3 - Composantes des dformations endognes libres - Influence des
paramtres de formulation................................................................................114
5.8.3.1 - Composantes des dformations endognes libres .........................114
5.8.3.2 - Influence du E/C .............................................................................114
5.8.3.3 - Influence des fumes de silice........................................................116
5.8.3.4 - Evolution long terme ....................................................................116
5.9 - Dformations hygromtriques libres (retrait de dessiccation "pur") .................121
5.9.1 - Courbes d'quilibre ...............................................................................121
5.9.2 - Influence des paramtres de formulation ..............................................121
5.10 - Quelques conclusions relatives au comportement sous cycles de gel-dgel
avec ou sans sels - Influence des paramtres de formulation .................................125
5.11 - Corrlations micro-macro - Mise en vidence de seuils ................................129
5.11.1 - Existence d'un seuil pour le degr d'hydratation : 7 % ..................129
5.11.2 - Existence d'un seuil pour le rapport eau sur ciment : E/C 0,40 ........129
6 - DETERMINATION DES INDICATEURS DE DURABILITE ET DES
PARAMETRES COMPLEMENTAIRES : DEVELOPPEMENT / OPTIMISATION /
COMPARAISON ET VALIDATION DE METHODES EXPERIMENTALES,
ANALYTIQUES, INVERSES NUMERIQUES OU MIXTES .....................................131
6.1 - Introduction......................................................................................................131
6.2 - Dtermination des indicateurs de durabilit gnraux ou de substitution........135
6.2.1 - Mthodes disponibles............................................................................135
6.2.2 - Porosit et autres caractristiques du rseau poreux ...........................136
6.2.2.1 - Porosit accessible l'eau .............................................................136
6.2.2.2 - Mesures par intrusion de mercure : porosit et autres caractristiques
du rseau poreux ..........................................................................................136
6.2.2.3 - Comparaison de mthodes de mesure de la porosit ....................138
6.2.3 - Teneur en portlandite Ca(OH)2..............................................................138
6.2.4 - Coefficient de diffusion des ions chlorure..............................................143
6.2.4.1 - Remarques prliminaires ................................................................143
6.2.4.2 - Essais de diffusion (en conditions satures)...................................143
6.2.4.3 - Essais de migration sous champ lectrique (en conditions satures)
......................................................................................................................144
6.2.4.4 - Mthodes indirectes partir de la porosit ou de la rsistivit
lectrique ......................................................................................................147
6.2.4.5 - Comparaison de mthodes de dtermination du coefficient de
diffusion des ions chlorure (en conditions satures) .....................................147
6.2.5 - Permabilit aux gaz.............................................................................159
6.2.5.1 - Mthodes de mesure disponibles ...................................................159
6.2.5.2 - Mesure au permamtre charge constante (CEMBUREAU) .......159
6.2.5.3 - Prconditionnement des prouvettes .............................................159
6.2.6 - Permabilit l'eau liquide....................................................................163
6.2.6.1 - Mesure directe dans le cas des btons permables.......................163
6.2.6.2 - Mthodes applicables dans le cas des btons faiblement permables
: dveloppement d'une mthode mixte combinant modle et expriences ...163
6.2.6.2.1 - Problmatique ..........................................................................163
6.2.6.2.2 - Exemples de mthodes purement exprimentales ..................163

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 5
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

6.2.6.2.3 - Dveloppement d'une mthode mixte combinant modle et


expriences ...............................................................................................164
6.2.6.3 - Calcul par la formule de Katz-Thompson........................................164
6.2.7 - Comparaison de mthodes de mesure de la permabilit ....................165
6.3 - Dtermination de paramtres complmentaires..............................................169
6.3.1 - Degr d'hydratation du ciment...............................................................169
6.3.2 - Isothermes de dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau ...................169
6.3.3 - Teneur en C-S-H ...................................................................................170
6.3.4 - Isothermes d'interaction chlorures-matrice............................................170
6.3.5 - Dformations endognes libres.............................................................171
6.3.6 - Dformations hygromtriques libres......................................................172
6.3.7 - Dformations bidimensionnelles............................................................173
6.4 - Quantification de la microfissuration................................................................181
6.5 - Remarques finales et conclusion.....................................................................185
7 - MISE EN UVRE DE L'APPROCHE PERFORMANTIELLE PROPOSEE :
CLASSES ET SPECIFICATIONS RELATIVES AUX INDICATEURS DE
DURABILITE - METHODOLOGIE ET EXEMPLES ................................................187
7.1 - Classes associes aux indicateurs de durabilit : valuation de la durabilit
"potentielle" d'un bton arm donn vis--vis de la corrosion des armatures..........187
7.1.1 - Systme de classes propos relativement aux indicateurs de durabilit
gnraux et de substitution ..............................................................................187
7.1.2 - "Cure" des prouvettes destines la dtermination des indicateurs de
durabilit gnraux ou de substitution ..............................................................189
7.1.3 - Mthodologie d'valuation de la durabilit "potentielle" d'un bton arm
donn ...............................................................................................................191
7.1.4 - Illustration : validation des classes et valuation de la durabilit
"potentielle" ......................................................................................................191
7.2 - Spcifications performantielles relatives aux indicateurs de durabilit, en
fonction du type d'environnement et de la dure de vie exige : slection ou
qualification de formules de bton pour un ouvrage donn .....................................201
7.2.1 - Objectif ..................................................................................................201
7.2.2 - Spcifications-types pour la durabilit vis--vis de la corrosion des
armatures .........................................................................................................201
7.2.3 - Spcifications-types pour la durabilit vis--vis de l'alcali-raction .......206
7.2.4 - Mthodologie de slection ou de qualification de formules de bton pour
un ouvrage en bton (arm) donn ..................................................................206
8 - TEMOINS DE DUREE DE VIE ET MODELES PREDICTIFS : CORRELATION
DURABILITE "POTENTIELLE" ET DURABILITE IN SITU, MODELISATION
"MULTI-NIVEAUX", VALIDATION DES MODELES, PREDICTION DE LA DUREE
DE VIE D'UN OUVRAGE NEUF (PHASE DE CONCEPTION), DIAGNOSTIC ET
EVALUATION DE LA DUREE DE VIE RESIDUELLE D'OUVRAGES EXISTANTS
................................................................................................................................207
8.1 - Introduction......................................................................................................207
8.2 - Tmoins de dure de vie - Dfinitions .............................................................211
8.2.1 - Dfinitions dans le cas de la corrosion des armatures ..........................211
8.2.2 - Dfinitions dans le cas de l'alcali-raction .............................................211
8.2.3 - Remarques............................................................................................212
8.2.4 - Analyse des cintiques..........................................................................212

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 6
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.3 - Mesure des tmoins de dure de vie en laboratoire et en environnement naturel


: dveloppement / adaptation / validation de mthodes - Exemples dans le cas de la
corrosion des armatures et du gel en prsence de sels ..........................................219
8.3.1 - Evolution de la teneur en eau et de sa distribution en fonction du temps
.........................................................................................................................219
8.3.2 - Evolution de la profondeur et du profil de carbonatation en fonction du
temps................................................................................................................219
8.3.2.1 - Essai acclr ................................................................................219
8.3.2.2 - Mesure de la profondeur carbonate..............................................220
8.3.2.3 - Mesure du profil de carbonatation ..................................................221
8.3.3 - Evolution de la profondeur et du profil de pntration des chlorures en
fonction du temps .............................................................................................222
8.3.3.1 - Mesure des profils de concentration en chlorures "libres" et totaux222
8.3.3.1.1 - Mthode ...................................................................................222
8.3.3.1.2 - Illustration : spcificits des BHP .............................................222
8.3.3.2 - Mesure de la profondeur de pntration des chlorures ..................223
8.3.3.2.1 - Mthodes .................................................................................223
8.3.3.2.2 - Illustration.................................................................................223
8.3.3.2.3 - Comparaison de mthodes de mesure de la profondeur de
pntration des chlorures..........................................................................223
8.3.4 - Evolution de l'caillage de parements exposs aux cycles de gel-dgel et
aux sels de dverglaage en fonction du temps...............................................224
8.4 - Modles prdictifs : caractristiques requises, tat de l'art, slection et
dveloppement de modles sur le principe d'une approche "multi-niveaux" ...........229
8.4.1 - Rle et caractristiques requises ..........................................................229
8.4.2 - Besoins actuels : modlisation de transferts coupls ............................230
8.4.3 - Modlisation et comprhension des mcanismes de transfert hydrique
isotherme..........................................................................................................231
8.4.4 - Approche propose : modlisation "multi-niveaux" ...............................232
8.4.5 - Modles relatifs la pntration des ions chlorure dans le bton : tat de
l'art, exemples et validation des spcifications .................................................232
8.4.5.1 - Modles en conditions satures .....................................................233
8.4.5.2 - Modles en conditions partiellement satures ................................234
8.4.5.3 - Exemple du modle multi-niveaux LCPC .......................................234
8.4.5.4 - Exemple d'application des modles slectionns dans le "Guide
AFGC" : validation des spcifications relatives au coefficient de diffusion
apparent des chlorures pour la durabilit vis--vis de la corrosion des
armatures dans le cas des environnements avec chlorures .........................236
8.4.6 - Modles relatifs la carbonatation du bton : tat de l'art et exemples 238
8.5 - Mesure des indicateurs de durabilit in situ : validation des indicateurs et
calibration des "lois" de variation incluses dans les modles ..................................243
8.5.1 - Introduction : ncessit d'une calibration...............................................243
8.5.2 - Gradient de proprits entre cur et parement des ouvrages - Illustration
: variation de la porosit et de la distribution des volumes poreux en fonction de
la profondeur ....................................................................................................243
8.5.3 - Validation des indicateurs de durabilit et effet du vieillissement :
comparaison des valeurs de porosit accessible l'eau, coefficient de diffusion
apparent des chlorures et permabilit apparente aux gaz obtenues en
laboratoire et in situ ..........................................................................................244
8.6 - Mthodologie de prdiction de la dure de vie - Exemples d'application des
modles slectionns relativement la prvention de la corrosion des armatures .249

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 7
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.6.1 - Mthodologie de prdiction de la dure de vie d'un ouvrage neuf (phase


de conception), de diagnostic et d'valuation de la dure de vie rsiduelle
d'ouvrages existants.........................................................................................249
8.6.2 - Prdiction de la cintique et de l'volution du profil de carbonatation en
conditions acclres : exemple du modle LCPC - Premire phase de
validation (en conditions de laboratoire) partir de rsultats exprimentaux
obtenus lors d'essais acclrs........................................................................249
8.6.3 - Prdiction de la cintique de carbonatation in situ : exemple des modles
LEO-EDF et de Papadakis et al. - Seconde phase de validation (en
environnement naturel) partir de rsultats exprimentaux (prlvements)
obtenus sur corps d'preuve en site naturel .....................................................250
8.6.4 - Prdiction de l'volution du profil de concentration en chlorures in situ :
exemple du modle LCPC - Seconde phase de validation (en environnement
naturel) partir de rsultats exprimentaux (prlvements) obtenus sur corps
d'preuve en site naturel ..................................................................................251
9 - CONCLUSION ET APPORTS IMMEDIATS ......................................................255
9.1 - Conclusion gnrale : principaux apports pour la communaut scientifique et
technique .................................................................................................................255
9.2 - "Bote outils" propose pour l'valuation de la durabilit selon une approche
performantielle et pour la prdiction de la dure de vie des ouvrages.....................258
9.2.1 - Avantages de la nouvelle approche de la durabilit dans le contexte du
dveloppement durable ....................................................................................258
9.2.2 - Contenu et utilisation de la "bote outils" ............................................259
9.2.3 - "Guide AFGC" .......................................................................................261
9.2.4 - Remarques relatives la mise en uvre de l'approche........................262
9.3 - Partenariats, ouverture internationale et diffusion des connaissances ............263
9.3.1 - Partenariats ...........................................................................................263
9.3.2 - Ouverture internationale........................................................................263
9.3.3 - Diffusion des connaissances .................................................................263
10 - APPLICATIONS PRATIQUES ET PROCHAINES ETAPES ...........................265
10.1 - Remarque prliminaire ..................................................................................265
10.2 - Mise en pratique de l'approche performantielle et prdictive propose : cahiers
des charges types, base de donnes, analyse de risques et systme-expert .........265
10.3 - Nouveaux principes de conception des ouvrages et de formulation des btons
- Formules rgionales ..............................................................................................267
10.4 - Equipement des laboratoires et des chantiers - Optimisation des mthodes
d'essais....................................................................................................................269
10.5 - Gestion optimise des ouvrages et prdiction de leur dure de vie -
Dveloppement d'une stratgie de suivi des ouvrages et de mthodes d'auscultation
non destructives ou semi destructives.....................................................................269
10.5.1 - Stratgie de suivi des ouvrages ..........................................................269
10.5.2 - Mthodes d'auscultation non destructives et semi destructives ..........270
10.5.3 - Optimisation de la maintenance des infrastructures et des ouvrages .271
10.5.4 - Particularits de la gestion des ouvrages existants et de la prdiction de
leur dure de vie rsiduelle ..............................................................................271
10.6 - Rglementation et normalisation franaises et europennes ........................272
10.7 - Formation des tudiants et des professionnels .............................................274
11 - PERSPECTIVES POUR LES RECHERCHES FUTURES...............................275
11.1 - Introduction....................................................................................................275

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 8
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

11.2 - Evaluation et prdiction de la durabilit des matriaux nouveaux au service du


dveloppement durable ...........................................................................................275
11.3 - Extension de l'approche performantielle et prdictive propose d'autres types
de dgradation.........................................................................................................277
11.4 - Prdiction de la dure de vie des ouvrages en bton (arm) - Dveloppement
de modles physico-chimiques coupls ..................................................................278
11.4.1 - Introduction : extension de la nouvelle approche de la durabilit la
structure en bton (arm) .................................................................................278
11.4.2 - Prise en compte de la phase de propagation, de la fissuration et de la
maintenance approprie...................................................................................279
11.4.3 - Recherches poursuivre l'chelle du matriau bton - Dveloppement
de modles physico-chimiques coupls selon une approche multiphasique et
multi-espces dans un cadre dterministe et probabiliste ................................280
11.4.4 - Conclusion : nouvelle Opration de Recherche du rseau des LPC
"Approche performantielle et probabiliste de la dure de vie des ouvrages en
bton arm" (2006-2010) .................................................................................281
REFERENCES ........................................................................................................285

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 9
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 10
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

RESUME

Ce document synthtise les objectifs, la dmarche adopte, ainsi que les principaux
rsultats scientifiques et les produits (mthodes d'essai, par exemple), obtenus au
cours des recherches ralises ou diriges par l'auteur dans diffrents cadres,
essentiellement sur la priode 1995-2005, au LCPC en qualit de Chef de la Section
"Microstructure et Durabilit des Btons".

Cet ouvrage prsente en particulier une approche performantielle, globale et


prdictive de la durabilit des structures en bton (arm), fonde sur la notion
d'indicateurs de durabilit, et combinant mesures en laboratoire et simulations
numriques. Ce type d'approche a t dvelopp pour la prvention de la corrosion
des armatures du bton arm et des dgradations gnres par l'alcali-raction,
dans le cadre du Groupe de Travail de l'Association Franaise de Gnie Civil (AFGC)
"Conception des btons pour une dure de vie donne des ouvrages - Indicateurs de
durabilit".

Les objectifs de cette nouvelle approche et les indicateurs de durabilit slectionns


- paramtres simples mais particulirement pertinents vis--vis des mcanismes
physico-chimiques impliqus dans un environnement donn - ainsi que les
fondements de cette slection, sont tout d'abord prsents (cf. 1 4).

Des exemples significatifs, issus notamment du Thme de Recherche (OA9)


"Transferts dans les Btons et Durabilit des Ouvrages", de l'Opration de
Recherche (11B021) "Durabilit du bton arm et de ses constituants : matrise et
approche performantielle", ainsi que des tudes menes dans le cadre du Thme
"Durabilit" du Projet National BHP 2000, sont ensuite prsents. Ces exemples
concernent la comprhension des mcanismes (transferts hydriques, carbonatation,
pntration des chlorures, gel, dformations libres, ...) (cf. 5) ou encore la mise au
point d'outils de caractrisation de la microstructure des btons et des paramtres
lis la durabilit vis--vis de la corrosion des armatures (cf. 6). Parmi les
exemples mentionns, figurent la quantification des proprits hydriques, la mise en
vidence des couplages entre l'hydratation et le schage exogne et de leurs
consquences, l'valuation des interactions physico-chimiques entre les ions
chlorure et la matrice cimentaire, et la mise en vidence de l'influence dterminante
du prtraitement des chantillons de bton sur les rsultats d'essai. Des exemples
sont galement donns relativement la modlisation des transferts hydriques
isothermes, de la carbonatation et de la pntration des chlorures (cf. 5, 6 et 8).
Les travaux relatifs la modlisation des transferts hydriques ont notamment apport
des conclusions majeures sur l'importance relative des diffrents modes de transport
de l'humidit au cours du schage des matriaux faiblement permables. Ces
travaux ont de plus servi de base au dveloppement, non seulement de modles de
carbonatation et de transport des ions (chlorures) en conditions non satures, mais
galement de mthodes indirectes de dtermination des proprits de transport
(permabilit l'eau liquide).

Les mthodes d'essai (ou ventuellement de calcul) mises au point pour la


dtermination des indicateurs de durabilit sont galement discutes (cf. 6).

Une mthodologie, pour la mise en uvre de l'approche performantielle dveloppe,


est de plus prsente (cf. 7). Elle s'appuie notamment sur :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 11
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

un systme de classes dfinies pour chaque indicateur, permettant d'valuer la


durabilit "potentielle" des btons (arms),
des spcifications relatives aux indicateurs de durabilit, qui sont fonction du
type d'environnement et de la dure de vie exige pour la structure, en vue de
slectionner ou de qualifier des formules de bton pour l'ouvrage considr.

La dmarche propose pour la prdiction de la dure de vie d'un ouvrage neuf en


phase de conception, ou pour le diagnostic et l'valuation de la dure de vie
rsiduelle de structures existantes (ventuellement dgrades), est ensuite dcrite
(cf. 8). Il s'agit d'une approche "multi-niveaux", qui s'articule autour de trois outils
essentiels :
un ou des modles prdictifs de dure de vie,
les indicateurs de durabilit prcdemment mentionns (donnes d'entre des
modles),
des tmoins de dure de vie ("sorties" des modles).
Les caractristiques requises pour les modles sont rappeles (cf. 8). Un ventail
de modles de carbonatation et de pntration des chlorures ayant diffrents
niveaux de sophistication (allant du modle simple pour l'ingnieur fond par
exemple uniquement sur la rsistance mcanique, au modle numrique
"sophistiqu" prenant en compte diffrents mcanismes physiques et ractions
chimiques ainsi que leurs interactions), et donc destins rsoudre diffrents types
de problmes, a t slectionn parmi ceux dvelopps rcemment ou en cours de
dveloppement (au LCPC, en particulier). Des mthodes de mesure des tmoins de
dure de vie, applicables en laboratoire sur prouvettes ou sur prlvements issus
d'ouvrages, sont de plus proposes (cf. 8).

Des exemples de validation de l'approche, et en particulier des critres


performantiels proposs, sont en outre donns, en ce qui concerne la prvention de
la corrosion des armatures (cf. 8). L'utilisation des modles slectionns, ainsi que
l'application des mthodes exprimentales proposes, sont galement illustres par
plusieurs exemples.

Au del de l'apport immdiat de ces travaux (progrs dans la comprhension des


phnomnes, nouvelle approche de la durabilit, "bote outils", ..., cf. 9), des
pistes sont en outre suggres la fin de ce document, d'une part pour poursuivre
les recherches thoriques et exprimentales dans le domaine de la durabilit des
matriaux et des ouvrages du btiment et du gnie civil (cf. 11), et d'autre part pour
valoriser les travaux raliss et transfrer la pratique les rsultats dj acquis (cf.
10). Un nouveau projet de recherche, qui s'inscrit dans le cadre des Oprations de
Recherche du rseau des LPC, est en particulier prsent (cf. 11).

MOTS-CLES

Alcali-raction - Analyse inverse - Approche performantielle - Bton (arm) -


Carbonatation - Chlorures - Cintique - Coefficient de diffusion - Corrosion - C-S-H -
Dformations - Diagnostic - Durabilit - Dure de vie - Exprimental - Fume de silice
- Humidit - Gel - Hydratation - Hydroxyde de calcium - In situ - Indicateur -
Interaction - Isotherme - Laboratoire - Mthode d'essai - Microstructure - Modle -
Normalisation - Permabilit - Porosit - Prdiction - Profil - Profondeur de
pntration - Rapport eau-sur-ciment - Spcification - Structure poreuse - Taux de
saturation - Tmoin - Temprature - Teneur en eau.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 12
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

ABSTRACT

This document synthesizes the objectives, the adopted approach, as well as the
main scientific results and the products (test methods, for example), obtained during
the researches carried out or supervised by the author within various frameworks,
primarily over the period 1995-2005, at LCPC as Head of the Section "Microstructure
and Durability of Concretes".

This document presents in particular a performance-based, global and predictive


approach of the durability of (reinforced) concrete structures, based on the concept of
durability indicators, and combining lab tests and numerical simulations. This type
of approach was developed for the protection against rebar corrosion of reinforced
concrete and against the degradations generated by alkali-silica reaction, within the
framework of the Working Group of the French Association of Civil Engineering
(AFGC) " Concrete design for a given service life of structures - Durability indicators".

The objectives of this new approach and the selected durability indicators - simple
but particularly relevant parameters with respect to the implied physicochemical
mechanisms in a given environment - as well as the bases of this selection, are first
of all presented (see 1 to 4).

Significant examples, resulting in particular from the Research Project (OA9)


"Transfers in concretes and durability of structures", from the Research Project
(11B021) "Durability of reinforced concrete and of its components: management and
performance-based approach", as well as from studies carried out within the
framework of the Topic "Durability" of the French National Project BHP 2000, are
then presented. These examples address the understanding of the mechanisms
(moisture transport, carbonation, chloride penetration, freezing, non-restrained
deformations, ) (see 5) or the development of tools for the characterization of
concrete microstructure and of parameters related to the durability with respect to
reinforcement corrosion (see 6). Among the examples given, are reported the
quantification of the moisture properties, the description of the couplings between
hydration and external drying and of their consequences, the evaluation of the
physicochemical interactions between chloride ions and the cement matrix, and the
description of the determining influence of concrete specimens pretreatment on the
test results. Examples are also given relatively to the modelling of isothermal
moisture transfers, of carbonation and of chlorides penetration (see 5, 6 and 8).
Works relating to the modelling of moisture transfers in particular brought major
conclusions on the relative importance of the various moisture transport modes
during the drying of weakly permeable materials. These works moreover were used
as a basis for the development, not only of models of carbonation and transport of
(chloride) ions in non-saturated conditions, but also of indirect methods of
assessment of the transport properties (permeability to liquid water).

The test methods (or possibly of calculation) developed for the assessment of the
durability indicators are also discussed (see 6).

A methodology, for the implementation of the performance-based approach


suggested, is in addition introduced (see 7). It relies in particular on:
a system of classes defined for each indicator, allowing to evaluate the "potential"
durability of (reinforced) concretes,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 13
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

specifications relating to the durability indicators, which are a function of the


environment type and of the service life required for the structure, in order to
select or to qualify concrete mixtures for this structure.

The approach suggested for the prediction of the service life of a new structure at the
design phase, or for the diagnosis and the evaluation of the residual service life of
existing structures (possibly degraded), is then described (see 8). This is a "multi-
level" approach, which is articulated around three essential tools:
predictive models of service life,
the durability indicators previously mentioned (inputs of the models),
monitoring parameters (outputs of the models).
The characteristics required for the models are recalled (see 8). A panel of models
of carbonation and of chlorides penetration, which have various levels of
sophistication (from the simple engineer model, only based for example on the
strength, to the "sophisticated" numerical model, which takes into account several
physical mechanisms and chemical reactions as well as their interactions), and thus
intended to solve various types of problems, was selected among those developed
recently or under development (at LCPC in particular). Methods of measurement of
the monitoring parameters, applicable in laboratory on samples or on cores from
structures, are in addition proposed (see 8).

Examples of validation of the approach, and in particular of the performance criteria


suggested, are moreover given, with regard to the protection against reinforcement
corrosion (see 8). The use of the selected models, as well as the application of the
experimental methods suggested, are also illustrated by several examples.

Beyond the immediate benefit from these works (advances in the understanding of
the phenomena, new approach of durability, "toolkit", ..., see 9), proposals are
furthermore given at the end of this document, on the one hand to continue the
theoretical and experimental researches in the field of the durability of materials and
building and civil engineering structures (see 11), and on the other hand to
disseminate the works completed and to transfer to the practice the already achieved
results (see 10). A new research project, which lies within the framework of the
Research Projects of the LPC network, is in particular presented (see 11).

KEY-WORDS

Alkali-silica reaction - Calcium hydroxide - Carbonation - Chlorides - Corrosion - C-S-


H - Deformations - Degree of saturation - Diagnosis - Diffusion coefficient - Durability
- Experimental - Freezing - Hydration - Indicator - In situ - Interaction - Inverse
analysis - Isotherm - Kinetics - Laboratory -Microstructure - Model - Moisture -
Monitoring parameter - Penetration depth - Performance-based approach -
Permeability - Pore structure - Porosity - Prediction - Profile - (Reinforced) concrete -
Service life - Silica fume - Specification - Standardization - Temperature - Test
method - Water content - Water-to-cement ratio.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 14
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

PREAMBULE

Prsentation
Ce document synthtise les objectifs et la dmarche adopts au cours des
recherches ralises ou diriges par l'auteur la suite de sa thse de Doctorat, au
LCPC en qualit de Chef de la Section "Microstructure et Durabilit des Btons",
essentiellement sur la priode 1995-2005, ainsi que les principaux rsultats
scientifiques et les produits obtenus notamment dans le cadre des Groupes de
Travail et Projets prciss dans ce qui suit. En particulier, ce mmoire dcrit le travail
ralis pour acqurir une meilleure connaissance des proprits relatives la
durabilit du bton arm et de ses constituants, et pour mettre en place des moyens
pour matriser cette durabilit, tels que des critres performantiels fiables et objectifs.
Ce document propose galement un certain nombre d'applications pratiques pour
ces travaux, et dresse des perspectives pour les recherches futures.

La formule et les caractristiques des matriaux tests, afin d'obtenir les rsultats
prsents dans ce document, sont prcises dans les rfrences bibliographiques
cites. Certains de ces matriaux sont en outre dcrits au 5.1.

Groupes de Travail et Projets anims par l'auteur sur la priode 1995-2005 et


mentionns dans ce document
Thme de Recherche du rseau des LPC (OA9) "Transferts dans les btons
et durabilit des ouvrages" (1995-2000).
Ce projet comporte deux tapes cls :
- l'analyse et la comprhension des mcanismes physico-chimiques intervenant
dans les processus de carbonatation et de pntration des chlorures, et de
faon plus fondamentale, dans le schage du bton,
- l'valuation des moyens de dtermination des proprits de transport
susceptibles d'tre qualifies d'indicateurs de durabilit.
Il s'agit d'une action coordonne, qui a pour objectif de parvenir des rsultats
qui soient la fois scientifiquement fonds, unanimement reconnus et facilement
transfrables la pratique. Ce projet a reu le soutien de la DRAST (Ministre de
l'Equipement) et associe le rseau des Laboratoires des Ponts et Chausses (5
Laboratoires Rgionaux des Ponts et Chausses et plusieurs quipes du LCPC),
des Laboratoires Universitaires ou du CNRS et des laboratoires privs [BARO
02b].
Dans le cadre de ce Thme de Recherche ont t tablies sur la priode 1995-
1999 des conventions de recherche en collaboration avec :
o le CRMD-CNRS d'Orlans,
o le CSTB de Grenoble,
o le CTG-Italcementi des Technodes,
o le LERM d'Arles,
o le LETHEM-INSA de Toulouse,
o le LGCNSN-IUT de Saint-Nazaire,
o le LMDC-INSA de Toulouse,
o le LTHE-CNRS de Grenoble.
Des collaborations avec l'ESPCI de Paris et le CEA de Saclay ont galement t
mises en place au cours du projet.
Dans le cadre de ce Thme de Recherche, 5 thses de doctorat ont t
soutenues [BONN 97], [FRANCY 98], [MAIN 99], [KHEI 99], [AL-AK 99] (un

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 15
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

rsum des 4 premires thses figure dans la rfrence [BARO 02b]) et un travail
post-doctoral a t ralis [HUA 00].
Un bilan de ces 5 annes de recherches, les principaux produits qui en sont
issus, ainsi que des orientations pour les recherches futures, sont notamment
prsents dans les rfrences [BARO 02b] et [BARO 04a],
Groupe de Travail de l'Association Franaise de Gnie Civil (AFGC)
"Conception des btons pour une dure de vie donne des ouvrages -
Indicateurs de durabilit" (1997-2005).
Ce groupe rassemble une vingtaine d'experts issus d'organismes scientifiques et
techniques publics et privs (CEBTP, CERIB, ESPCI, LCPC & LRPC, LERM,
LMDC, LMT-ENS, SETRA, SINAH, et deux laboratoires trangers Univ. de Lige,
Belgique et CSIC - Instituto E. Torroja, Madrid, Espagne), des entreprises (VINCI)
et de la profession cimentire (ATILH), ainsi que des matres d'ouvrage (EDF) et
des matres d'uvre (DDE 89). Les travaux du groupe ont notamment conduit
la publication, en franais et en anglais, d'un ouvrage de rfrence, dressant un
tat de l'art et proposant une mthodologie complte pour une nouvelle approche
de la durabilit, intitul "Conception des btons pour une dure de vie donne
des ouvrages - Matrise de la durabilit vis--vis de la corrosion des armatures et
de l'alcali-raction - Etat de l'art et Guide pour la mise en uvre d'une approche
performantielle et prdictive sur la base d'indicateurs de durabilit" [BARO 04b]
(ce document sera cit dans la suite sous l'abrviation "Guide AFGC"). Les actes
des deux sminaires organiss dans le cadre de ce groupe (cf. 9.3.3) sont par
ailleurs rassembls dans la rfrence [AFGC xx].
"Etude exprimentale long terme sur sites naturels de vieillissement"
"Etude exprimentale sur ouvrages rcents" (Ouvrages Jumeaux de Bourges,
construits en 1996)
"Etude exprimentale sur ouvrages anciens" (Pont de l'Ile de R, construit en
1987)
Ces 3 tudes entrent dans le cadre du Thme "Durabilit" du Projet National
BHP 2000 (1995-2004). Le Projet National BHP 2000 (Prsident : C. Bernardini,
IREX, et Directeur Technique : D. Brazillier, DIR CE) est un programme de
recherche et dveloppement gr administrativement par l'IREX, fonctionnant sur
fonds publics (subventions DRAST) et privs (cotisations), et regroupant de trs
nombreux partenaires.
Dans le cadre des 3 tudes mentionnes, les partenaires sont :
o Campenon-Bernard-SGE (dsormais VINCI Construction),
o le CEBTP de Saint-Rmy-ls-Chevreuse,
o le CERIB d'Epernon,
o le CSTB de Grenoble,
o le LERM d'Arles,
o le LMDC-INSA de Toulouse,
o le rseau des Laboratoires des Ponts et Chausses (3 Laboratoires
Rgionaux et plusieurs quipes du LCPC).
Une collaboration avec le CRIB (Universit Laval, Qubec, Canada) a galement
t mise en place dans le cadre de l"Etude exprimentale long terme sur sites
naturels de vieillissement".
L'"Etude exprimentale long terme sur sites naturels de vieillissement" est une
tude de grande envergure sur 15 formules de bton (allant du B20 au B120)
tudies, d'une part sur prouvettes de laboratoire (mesure des indicateurs de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 16
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

durabilit, ralisation d'essais acclrs, ...) et, d'autre part sur des corps
d'preuve en bton arm pr-fissurs exposs sur 4 sites naturels en France et
au Canada (mesure des tmoins de dure de vie sur prlvements, essais non
destructifs, ...).
L'"Etude exprimentale sur ouvrages rcents" est une tude mene, d'une part en
laboratoire 2 chances (28 et 90 jours), et d'autre part sur les Ouvrages
Jumeaux de Bourges, construits en 1996. Les investigations portent sur la
microstructure, les proprits relatives la durabilit et les dformations de retrait
des deux btons utiliss : bton ordinaire (B30) et bton hautes performances
avec fumes de silice (B70FS).
L'"Etude exprimentale sur ouvrages anciens" concerne les investigations
menes sur le tablier du Pont de l'Ile de R, ralis en bton hautes
performances avec fumes de silice (B60FS), l'chance de 14 ans (en 2001).
Un bilan des travaux raliss dans le Thme "Durabilit" du Projet National BHP
2000 est prsent dans les rfrences [BARO 04d] et [BARO 05a].
Opration de Recherche du rseau des LPC (11B021) "Durabilit du bton
arm et de ses constituants : matrise et approche performantielle" (2001-
2005).
Les actions proposes dans cette opration visent une meilleure connaissance
des proprits relatives la durabilit du bton arm et de ses constituants et la
mise en place de moyens pour matriser cette durabilit. Cette opration associe
le rseau des Laboratoires des Ponts et Chausses (7 Laboratoires Rgionaux et
plusieurs quipes du LCPC ou associes), des Laboratoires Universitaires ou du
CNRS et un laboratoire priv.
Dans le cadre de cette opration ont t tablies sur la priode 2002-2004 des
conventions de recherche en collaboration avec :
o le GeM-IUT de Saint-Nazaire (ex-LGCNSN),
o le LERM d'Arles.
Une collaboration avec l'ESPCI de Paris a galement t mise en place au cours
de cette opration et une collaboration avec l'Universit de Prague a t initie en
2005.
Dans le cadre de cette Opration de Recherche, 5 thses de doctorat ont t
soutenues [ALAR 03], [MOUN 03], [PASQ 04], [FABB 06], [THIE 06a], et un
travail post-doctoral a t ralis [BARB 04].
Une synthse des travaux mens dans le cadre de cette Opration de
Recherche, les actes des Journes "Durabilit 2006" organises en clture, ainsi
que les mthodes de mesure et d'essai produites, sont rassembls dans la
rfrence [LCPC 08].
Groupe de Travail "Microstructure" du Projet "GranDuB" du Rseau Gnie
Civil et Urbain (RGCU) (co-animation avec A. Ammouche, LERM) (2004-2006).
Les travaux de ce groupe consistent mener des essais inter-laboratoires et
rdiger des recommandations et des modes opratoires susceptibles de servir de
base des mthodes d'essai normalises franaises ou europennes.
Outre le LCPC, le LRPC d'Angers et le LERM, ce groupe associe de nombreux
laboratoires :
o le CEA de Cadarache,
o le CEA de Saclay,
o le CEBTP de Saint-Rmy-ls-Chevreuse,
o le CERIB d'Epernon,
o le CSTB de Grenoble,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 17
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

o le LMDC-INSA de Toulouse,
o le LTHE-CNRS de Grenoble.
Ces travaux, relatifs la caractrisation de la microstructure et la quantification
de paramtres utiles pour l'valuation de la durabilit du bton, ont donn lieu
l'tablissement d'un rapport de synthse [BARO 07b] et la publication de 3
modes opratoires, relatifs la quantification de la microfissuration [RGCU 07a],
aux mesures par intrusion de mercure [RGCU 07b] et l'essai la coupelle
[RGCU 07c].

Principaux Groupes de Travail et Projets auxquels a particip l'auteur sur la


priode 1995-2005 mentionns dans ce document
Groupe de Travail de l'AFPC-AFREM "Durabilit des btons", anim par J.P.
Ollivier, LMDC - INSA, Toulouse (1993-1997).
Ce groupe a pour objet la ralisation d'essais inter-laboratoires et la rdaction de
modes opratoires relatifs la mesure de proprits associes la durabilit du
bton. Le produit principal de ce groupe est un recueil intitul "Mthodes
recommandes pour la mesure des grandeurs associes la durabilit" [AFPC
98]. Une mthode d'essai a galement t publie dans un magazine [AFRE 99].
RILEM Technical Committee (178-TMC) "Testing and modelling chloride
penetration in concrete", anim par C. Andrade, CSIC - Instituto E. Torroja,
Madrid, Espagne (1997-2004).
Ce comit international est ddi l'valuation et la comparaison de mthodes
d'essais (voir par exemple les rfrences [CAST 01a], [CAST 01b], [CAST 06]) et
de modles relatifs la pntration des chlorures dans le bton. Deux des sept
recommandations produites ont d'ores et dj t publies [RILE 02a], [RILE
02b], et ce comit a organis deux workshops internationaux [RILE 00b], [RILE
04].
Groupe de Travail de la Fdration Internationale du Bton (FIB) (TG 5.6)
"Model code of service life design of concrete structures", anim par P.
Schiel, BPS/TUM, Munich, Allemagne (2002-2005).
Ce groupe international a pour tche la rdaction d'un rglement de conception
des structures en bton selon une approche probabiliste, incluant galement les
rgles d'excution et de maintenance. Ce document a t publi en 2006 [FIB 06]
et doit servir de base l'amlioration des normes et des rglements
internationaux sur le sujet.
Projet Europen (ChlorTest) "Resistance of concrete to chloride ingress -
From laboratory tests to in-field performance" anim par L. Tang, SP, Boras,
Sude (2003-2005).
Le projet est soutenu par la Communaut Europenne travers le programme
GROWTH. Le consortium du projet se compose de 17 partenaires de 10 pays
europens, qui incluent des centres/laboratoires d'essais et de recherche, des
universits, des fournisseurs de matriaux, des entreprises et des matres
d'ouvrages. Les objectifs du projet sont :
- l'valuation et la recommandation de mthodes d'essais de laboratoire,
- la collecte de donnes in situ relatives la pntration des chlorures,
- la comparaison de diffrents modles de pntration des chlorures l'aide
des donnes rassembles in situ.
Des documents de synthse relatifs aux mthodes d'essai (voir par exemple
[CHLO 05c], [CHLO 05d], [CHLO 05e]), la collecte de donnes in situ [CHLO

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 18
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

05a] et aux modles analyss (voir par exemple [CHLO 05b]) ont notamment t
produits l'issue des travaux du groupe.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 19
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 20
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

REMERCIEMENTS

Ce bilan de travaux de recherches, couvrant une priode d'environ 10 ans, donne


l'opportunit l'auteur de remercier tout particulirement les chercheurs (M. Thiery et
G. Villain) et les techniciens (P. Belin, J.F. Bouteloup, J. Gawsewitch, P. Roussel et
L. Routhe) de la section "Microstructure et Durabilit des Btons" du LCPC, qu'elle a
anime de juin 1994 septembre 2005, avec lesquels elle a pu raliser un travail
d'quipe au quotidien, ainsi que les doctorants et post-docs qui s'y sont succds.

Ses plus vifs remerciements vont galement aux collgues du LCPC, de l'Institut
Navier, des Laboratoires Rgionaux des Ponts et Chausses, de l'ESPCI, du GeM-
IUT de Saint-Nazaire, du LERM, et de diffrents autres organismes en France et
l'Etranger, avec lesquels elle a le plaisir de collaborer depuis de nombreuses annes.

L'auteur tient aussi remercier chaleureusement les membres des groupes qu'elle a
anims, en particulier ceux :
du Thme de Recherche (OA9) "Transferts dans les btons et durabilit des
ouvrages", pour avoir t les artisans d'une collaboration fructueuse, ainsi que la
DRAST (Ministre de l'Equipement) pour avoir montr son intrt et sa confiance
dans ce projet en contribuant son financement,
du Groupe de Travail de l'Association Franaise de Gnie Civil (AFGC)
"Conception des btons pour une dure de vie donne des ouvrages - Indicateurs
de durabilit", pour leur motivation constante et leur participation active, et plus
largement tous ceux qui ont contribu l'laboration et au succs du "Guide
AFGC", ainsi que l'AFGC pour fournir un cadre propice des travaux de cette
envergure et pour favoriser leur valorisation,
de l'Opration de Recherche (11B021) "Durabilit du bton arm et de ses
constituants : matrise et approche performantielle", pour leur contribution aux
diffrents sujets de ce projet,
du Thme "Durabilit" du Projet National BHP 2000, pour leur contribution aux
diffrentes tudes ralises, ainsi que l'IREX pour avoir contribu au financement
et la valorisation de ces tudes.

L'auteur souhaite galement vivement remercier Mesdames C. Andrade (CSIC,


Espagne), M. Moranville (ENS Cachan) et K. Scrivener (EPFL, Suisse), ainsi que
Messieurs P. Acker (Lafarge LCR), J.F. Coste (CNISF), O. Coussy (Institut Navier),
T. Kretz (SETRA) et H. van Damme (ESPCI), qui lui ont fait l'honneur d'tre membres
de son Jury d'Habilitation Diriger des Recherches.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 21
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 22
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

1 - INTRODUCTION : CONTEXTE ET BESOINS

1.1 - Introduction gnrale : position du problme


Les matres d'ouvrage, les matres d'uvre et les entrepreneurs doivent effectuer un
choix pertinent, permettant la meilleure conjugaison possible entre le matriau, le
design de l'ouvrage et les fonctions recherches, et offrant aussi un bon rapport
"qualit-prix". Or, depuis le dbut des annes 80, le matriau bton est en prise
une importante volution, qui conduit un largissement des possibilits offertes.
Par exemple, ces annes 80 ont vu le dveloppement "effervescent" des btons
hautes performances (BHP) et des btons trs hautes performances (BTHP),
suscitant un vif intrt dans le monde de la construction, tant donn leurs
potentialits, pour les btiments de grande hauteur, les ouvrages exceptionnels, ou
encore les enceintes de confinement des racteurs nuclaires. On soulignera dans
ce dernier cas le rle moteur jou par EDF. Les annes 90 et 2000, dans le contexte
du dveloppement durable et de la prise de conscience de la fragilit de notre
environnement naturel, sont, quant elles, davantage tournes vers le concept de
"btons verts" (cf. 10.3 et 11.2), qui dans les faits peut avoir une signification
assez large. Afin de faciliter le choix, il est ncessaire d'clairer les acteurs de
la construction et les dcideurs par une meilleure connaissance du matriau,
et galement de les aider en leur fournissant des outils, ou mieux, une
mthodologie complte.

Dans le contexte actuel, la meilleure voie semble tre celle d'une approche globale
(cf. 10.3), intgrant matriau et structure, ainsi que critres de performances
(techniques) et critres socio-conomiques, qui tienne compte la fois du
comportement au jeune ge et du vieillissement long terme, et enfin, qui soit
valable aussi bien en phase de conception que pendant le suivi et la maintenance
des ouvrages.

Par ailleurs, il suffit de considrer les cots gnrs par les oprations de gros
entretien, de rparation et de reconstruction des ouvrages (pour de nombreux pays
europens, le cot de rparation reprsente dsormais 50 % de celui de la
construction), pour comprendre pourquoi les notions de durabilit, de dure de vie
et de conservation du patrimoine sont dsormais devenues capitales dans notre
socit. L'ingnieur doit tenir compte de la dure de vie souhaite ds le moment
du choix de la formule de bton et de la conception de la structure. Ceci explique en
particulier que, dans le secteur des matriaux de construction, le concept de "hautes
performances" fasse rfrence d'autres proprits (essentiellement celles relatives
la durabilit) que la rsistance mcanique, et que ce concept soit la base du
dveloppement des btons modernes : btons hautes, trs hautes ou encore ultra
hautes performances, mais galement btons autoplaants (BAP), matriaux
composites, formules fortes teneurs en additions minrales, liants ternaires (cf.
1.7), ....

Au cours de son cycle de vie, le bton est expos des agressions diverses,
susceptibles de remettre en cause sa durabilit : attaques sulfatiques externes,
attaques acides, gel, abrasion, .... Il peut lui-mme tre source de ractions dltres
(alcali-raction, formation d'ettringite diffre, ...). Quant aux aciers du bton arm
(ou prcontraint), ils sont susceptibles de se corroder ds que le bton (d'enrobage)
n'assure plus son rle de protection physique et/ou chimique. Les oprations de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 23
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

surveillance organises en France (et dans le monde) montrent en effet que de


nombreux ouvrages (ponts, btiments, ...) ou lments d'ouvrages en bton arm
prsentent des dgradations, dont les deux causes principales sont, tout d'abord la
corrosion des armatures, puis l'alcali-raction (ventuellement couple la
formation d'ettringite).

1.2 - Constatations vis--vis de la corrosion des armatures du bton arm


La base de donnes IQOA (Image Qualit des Ouvrages d'Art) "pathologie" de 1997
indiquait que 28 % de l'chantillon de ponts inspects tait affect par la corrosion
des armatures (voir galement [BARO 08]). De tels dsordres sont de plus trs
frquents dans le domaine du btiment. Or, l'exploitant est trs sensible aux fortes
dgradations superficielles d'un btiment habit, mme dans le cas o ces
dtriorations ne remettent pas en cause la stabilit, car elles dtriorent laspect
(importance du caractre esthtique).

La corrosion est initie par la carbonatation du bton (baisse du pH), et/ou par la
pntration des chlorures (formation de "micropiles") pour les ouvrages en milieu
marin (immergs, en zone de marnage, soumis aux claboussures ou aux embruns,
...) ou exposs aux sels de dverglaage dans les environnements prsentant des
risques de gel (contact direct, projections, ruissellement, ...).

Les phnomnes lectrochimiques de corrosion correspondent la formation


d'oxydes et d'hydroxydes dont le volume est suprieur celui de l'acier sain (cf.
Figure 1.1). Ils conduisent donc une rduction de la section des armatures, ainsi
qu' des gonflements et des contraintes de traction dans le bton d'enrobage
[RAHA 98]. Cette rduction de section est homogne dans le cas d'une diminution du
pH rsultant de la carbonatation. Elle est trs localise et se prsente sous la forme
de piqres (profondes) dans le cas d'une attaque par les chlorures. Selon la
gomtrie de l'lment de structure (enrobage, diamtre de l'armature, ...) et les
caractristiques mcaniques du bton, les contraintes de traction peuvent entraner
lapparition dune fissuration longitudinale parallle l'armature, qui diminue en outre
la qualit de ladhrence acier/bton, ou entraner l'clatement du bton d'enrobage
(formation d'paufrures sur les ouvrages). Les manifestations des phnomnes de
corrosion sur le parement des ouvrages peuvent donc aller de traces ou de coulures
de couleur rouille, lorsqu'ils sont encore peu dvelopps, jusqu' la mise nu des
armatures corrodes (cf. Figure 1.2). Dans ces conditions, les mcanismes de
corrosion et les autres mcanismes de dgradation induits par les agents
agressifs issus du milieu environnant ne peuvent que s'acclrer.

Des enqutes, telles que celle ralise par le CEFRACOR [IREX 94] ou celle
reporte dans la rfrence [TONN 01], mettent en vidence les ouvrages, les zones
et les parties d'ouvrage les plus concerns par la corrosion. Cette dernire
commence gnralement se manifester lorsque les ouvrages ont atteint un ge
compris entre 20 et 50 ans, suivant les conditions d'environnement. Toutefois, le
processus peut tre relativement rapide en cas de forte porosit du bton, et/ou
d'insuffisance de l'enrobage rel des armatures.

1.3 - Constatations vis--vis des dgradations lies l'alcali-raction


Les ractions de gonflement interne du bton (alcali-raction ou formation d'ettringite
par attaque sulfatique) touchent, des degrs divers, plus de 400 ouvrages grs
par l'Etat (ponts essentiellement) sur l'ensemble du rseau routier national. Ces

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 24
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

ouvrages sont surtout situs en Bretagne et dans le nord de la France. Les premiers
cas de dgradation d'ouvrage par alcali-raction ne remontent qu' la fin des annes
70 et ne concernaient que des barrages. Il est noter que les ractions sulfatiques
ont souvent pour origine une alcali-raction et que les dgradations constates sur
les ouvrages ont plutt t jusqu' rcemment attribues cette dernire.

Des gels (cf. Figure 1.3) et des cristaux se forment dans les fissures, dans les pores
ou autour des granulats, par alcali-raction [LARI 98]. Ces produits peuvent dans
certains cas exercer sur la pte de ciment durcie une pression qui engendre des
dsordres dans le matriau l'chelle locale : rseaux de fissures transgranulaires
ou intergranulaires, de microfissures autour des particules ractives, ainsi que
dcollements l'interface pte-granulat. Les caractristiques mcaniques du bton
se trouvent altres. Le gonflement du matriau engendre son tour des contraintes
internes non ngligeables au sein de la structure, venant se superposer aux
contraintes dj existantes. Elles entranent des surtensions dans les aciers passifs
et actifs. Le gonflement du matriau induit une expansion de la structure, conduisant
par exemple des mouvements de crte dans le cas des barrages et des flches
excessives dans le cas des ponts. Des (macro)fissures apparaissent lorsque l'tat de
contraintes, rsultant des actions permanentes, des surcharges et du gonflement du
matriau, dpasse la rsistance la traction. On observe gnralement un rseau
de fissures mailles de 50 200 mm de ct (faenage) [GODA 93] (cf. Figure 1.4).
L'ouverture des fissures est habituellement assez faible (quelques diximes de mm).
On trouve aussi des fissures unidirectionnelles orientes dans le sens, soit des
efforts de compression (poteaux, piles, pylnes, poutres ou tabliers prcontraints),
soit du ferraillage principal en le reproduisant. On observe parfois la formation de
"pop-out" (clats), et, dans les cas les plus graves, des ruptures d'armatures
passives avec striction. Les gonflements des structures sont susceptibles galement
de gnrer des problmes de fonctionnement (blocage de vannes ou de turbines
dans les barrages, ). Quant la fissuration, elle facilite aussi la pntration
dans la structure d'espces potentiellement agressives vis--vis du bton ou
des aciers.

1.4 - Constatations vis--vis des dgradations dues aux cycles de gel-dgel


avec ou sans sels (fissuration interne et caillage des parements)
Les btons soumis des cycles de gel-dgel peuvent galement manifester des
dgradations importantes (telles que gonflements, fissuration interne, clatements,
) susceptibles de conduire la mise hors-service d'un ouvrage.

En outre, sous cycles de gel-dgel, le salage des chausses est l'origine de


l'caillage des surfaces en bton de piles de ponts, de sparateurs, de corniches, ou
de bordures de trottoir, par exemple (cf. Figure 1.5). Ces sels accroissent donc les
dgradations dues aux cycles de gel-dgel. De plus, ils sont dangereux vis--vis de
la corrosion des armatures car ils contiennent des chlorures. Ils peuvent galement
tre l'origine d'une alcali-raction, d'une attaque sulfatique, ..., tant donn qu'ils
sont susceptibles de contenir des sulfates, des alcalins, du calcium, ..., selon leur
provenance.

Les dgradations dues au gel en prsence ventuellement de sels peuvent


s'expliquer par les pressions induites par les changements de phase, les
mouvements de l'eau et des ions prsents dans le rseau poreux, ... (voir [BARO
02c]). Outre les gradients locaux induits par des diffrences de taille des vides et de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 25
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

taux de saturation, des gradients apparaissent galement l'chelle macroscopique


lorsque la surface de l'lment de structure est soumise des cycles
d'humidification-schage, notamment en prsence de sels. Ces gradients crent
des contraintes diffrentielles et donc une fissuration qui favorise et acclre
les dgradations.

Il est connu depuis longtemps que gnrer un rseau de bulles d'air dans le bton
permet au matriau de rsister au moins au gel interne (i.e. sans sels). Les dernires
recommandations publies sur le sujet [LCPC 03a] sont d'ailleurs bases sur ce
principe (cf. 1.7). Cependant, il est difficile de concilier par exemple hautes
rsistances mcaniques (et ventuellement d'autres "bonnes" proprits [BARO
02c], [BARO 04d]) et volume d'air entran important. De plus, il n'est pas facile de
stabiliser des bulles d'air dans un bton trs fluide (BAP, par exemple). Il s'avre
donc que des solutions tout fait valables avec les btons traditionnels
deviennent problmatiques avec les nouveaux btons, tels que les BHP ou les
BAP par exemple (cf. 1.7).

1.5 - Constatations vis--vis des dformations du bton et de la fissuration


associe (au jeune ge)
Comme indiqu prcdemment, depuis maintenant plusieurs annes, la durabilit
des structures en bton (arm ou prcontraint) est devenue une proccupation
majeure. Cependant, la mthodologie la plus scientifique, fiable et prcise,
susceptible d'tre mise en uvre lors de la conception pour assurer la durabilit
long terme de l'ouvrage, restera totalement inefficace, si les premires heures de la
vie du matriau ne sont pas traites avec la mme rigueur (respect des
dispositions constructives, qualit d'excution, cure adapte aux conditions
climatiques, ...). Les proprits long terme du matriau, ainsi que le
comportement en service de l'ensemble de la structure, seront en effet dtermins
par les vnements et l'volution des caractristiques du bton survenant au (trs)
jeune ge.

Par exemple, toute modification de la teneur en eau et/ou de la temprature (et de


leur distribution) entrane des dformations de la matrice cimentaire. Ces
dformations peuvent tre gnes ou empches, et donc gnrer des contraintes,
l'chelle locale (par exemple, les granulats du bton s'opposent aux dformations de
la matrice cimentaire) et/ou l'chelle macroscopique (effets d'chelle). Une
fissuration apparat alors lorsque les contraintes de traction dpassent la rsistance
la traction du matriau (cf. Figure 1.6). Cette micro- ou macro-fissuration altre
le comportement mcanique et est galement susceptible de rduire la
durabilit des structures en bton arm, en facilitant par exemple, l encore, la
pntration d'agents agressifs. Ce processus est d'autant plus pnalisant s'il se
produit au jeune ge. En effet, la rsistance mcanique et physico-chimique du
matriau est ce stade encore faible.

De plus, avec les ciments "rapides" et les formules forte teneur en ciment (tels que
les BHP), la monte en rsistance est rapide. Ceci prsente l'avantage d'acclrer
les cycles de prfabrication ou la rotation des coffrages sur chantier. Par contre, la
forte lvation de temprature inhrente (exothermie des ractions chimiques
d'hydratation), notamment dans les pices massives, peut tre l'origine non
seulement de modifications microstructurales (cf. 5.2.6.1), mais galement

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 26
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

d'une fissuration au jeune ge et de problmes long terme lis la formation


d'ettringite diffre.

Dans une dmarche d'optimisation des formules de bton, de la conception des


structures et des procdures de cure, et afin de prvenir la fissuration (au jeune
ge), il est donc ncessaire de prendre en compte le potentiel de dformations et ses
effets. De plus, il apparat important, d'un point de vue scientifique et pratique, de ne
pas ngliger les dformations au jeune ge (en particulier durant les 24 premires
heures), y compris dans les cas o l'objectif est d'valuer et de prdire la durabilit
long terme. En conclusion, l'chelle du matriau, il est primordial de pouvoir
prdire les dformations, non seulement long terme (retrait de schage, cf.
5.9, ou de carbonatation, ...), mais galement au jeune ge (dformations
endognes, dilatation thermique, ...) (cf. 5.8).

1.6 - Situation actuelle - Gestion du parc d'ouvrages


Jusqu' maintenant, lors des oprations de surveillance des ouvrages il n'est pas
effectu de dtection prventive et systmatique du risque de corrosion. Cette
dernire est donc dcouverte lorsqu'elle se manifeste au grand jour. Il en rsulte que
des rparations lourdes, dlicates et coteuses sont souvent ncessaires, alors
qu'un entretien prventif aurait pu les viter. Outre ses consquences sur
l'exploitation de l'ouvrage, la frquence de ces rparations est de plus nfaste vis--
vis de la rputation et de l'image des constructions en bton arm. Par ailleurs, de
nouveaux dsordres peuvent apparatre proximit de rparations effectues
quelques annes auparavant.

De plus, une dizaine d'ouvrages a t dmolie jusqu' maintenant pour cause


d'alcali-raction (et ventuellement pour d'autres motifs supplmentaires), car les
mthodes de rparation ne sont pas toujours efficaces ou n'offrent pas des garanties
de prennit juges suffisantes. Il apparat clairement qu'actuellement, vis--vis de
ce type de dsordres, la prvention est techniquement et conomiquement la
meilleure solution.

Par ailleurs, les enseignements que l'on peut tirer de l'observation des ouvrages
existants dgrads ne sont pas compltement transposables aux ouvrages
nouvellement construits en raison des modifications de la rglementation, des
diffrences de conception, ainsi que de l'volution des matriaux, des mthodes de
construction et des agents agressifs (nature, frquence, zones concernes, ...). En
effet et comme voqu prcdemment, entre le moment o un ouvrage est construit
et le moment o des dsordres sont constats visuellement, il peut s'couler
plusieurs dizaines d'annes. A titre d'exemple de l'volution des agents agressifs, on
peut rappeler que l'utilisation massive, dans de nombreuses rgions, de sels de
dverglaage sur les routes (et les cheminements pitons) remonte seulement une
quarantaine d'annes.

On retiendra, en guise de conclusion, qu' l'heure actuelle l'entretien curatif du


parc d'ouvrages cote trs cher la collectivit dans un contexte juridique
d'exigence renforce de la scurit des usagers.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 27
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

1.7 - Situation actuelle - Textes de rfrence applicables


Les exemples cits dans les prcdents, et en particulier l'impact conomique
important des rparations, illustrent que la durabilit des ouvrages est dsormais
une question essentielle.

Les normes et la rglementation franaises et europennes actuellement en vigueur


fixent pour le bton des prescriptions de composition qui dpendent de
l'environnement auquel l'ouvrage sera soumis. Ces prescriptions sont censes
garantir la durabilit de l'ouvrage. C'est un progrs par rapport l'poque o seule la
rsistance mcanique tait considre, alors que la littrature fourmille d'exemples
illustrant la difficult de corrler proprits relatives la durabilit et rsistance
mcanique (voir par exemple [THOM 92] pour la permabilit aux gaz). On notera
toutefois que, pour les ouvrages d'art, un dosage minimum en ciment tait exig
depuis trs longtemps. Cependant, on se trouve confront la difficult que les
textes existants ne sont plus adapts ou ne sont plus suffisants :
les textes existants sont susceptibles de brider le concepteur, car ils lui laissent
peu de marge de manuvre, alors que celui-ci dispose dsormais de multiples
possibilits, au moins au niveau de la formulation du matriau, pour atteindre les
exigences requises en termes de performances mcaniques ou de durabilit. A
titre d'exemple, la prise en compte du large ventail d'additions minrales
disposition peut sortir du cadre classique de ces textes et peut devenir
incompatible avec des spcifications trop rigides et trop dtailles, alors que ces
additions sont susceptibles d'tre trs avantageuses du point de vue de la
durabilit, ainsi que du point de vue conomique et environnemental (voir
galement 10.3 et 11.2). On peut citer l'exemple des liants ternaires [ciment
portland + fumes de silice + cendres volantes] [THOM 99], [SHEH 02], [BOUZ
04] ou [ciment portland + fumes de silice + laitier de haut fourneau] [BLES 02]
qui sont dj trs dvelopps en Amrique du Nord, et plus gnralement celui
des "btons verts" ou "btons environnementaux" (cf. 10.3 et 11.2) qui
suscitent un intrt croissant partout dans le monde.

La nouvelle norme Europenne relative au bton EN 206-1 [AFNO 00], vote en


1999 et obligatoire dans les pays concerns depuis 2003, privilgie une
dmarche performantielle. Cependant, sa version actuelle traduit un manque de
formalisation d'approche de ce type et en particulier un manque de donnes
quantitatives sur lesquelles des spcifications pourraient s'appuyer (cf. 10.6).

Pour ce qui concerne spcifiquement la prvention vis--vis de l'alcali-raction,


en France, les Recommandations pour la prvention des dsordres dus l'alcali-
raction, de juin 1994 [LCPC 94a], le Guide pour l'laboration du dossier
carrires, de juin 1994 [LCPC 94b], et le Guide pour la rdaction des pices
crites des marchs, de juin 1996 [SETR 96], sont des documents essentiels
fixant les rgles suivre pour construire des ouvrages pour lesquels les risques
de dsordres resteraient trs limits. Cependant, ces textes conduisent imposer
pour les ouvrages stratgiques, sauf tudes particulires, l'utilisation de granulats
non ractifs (NR). Il peut en rsulter des surcots non ngligeables pour se
procurer ce type de granulats dans les zones o l'on n'en trouve pas (notamment
Nord et Est de la France, actuellement). Or, les situations o l'on ne dispose pas
ou plus de granulats NR proximit vont devenir de plus en plus frquentes. Il
devient donc indispensable, en particulier du point de vue conomique, de
disposer de moyens et d'une mthodologie permettant l'utilisation de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 28
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

granulats potentiellement ractifs (PR) ou potentiellement ractifs effet de


pessimum (PRP) (cf. 4.3), tout en se prmunissant ou en retardant trs
nettement l'apparition des dgradations lies l'alcali-raction.

En ce qui concerne la prvention des dgradations dues au gel, les


Recommandations pour la durabilit des btons durcis soumis au gel parues
rcemment [LCPC 03a] permettent d'assurer cette prvention de faon simple et
efficace dans la plupart des cas. Cependant, notamment pour garantir la tenue
des btons de la gamme B60-B80 (cf. 1.4), elles peuvent ncessiter des essais
en laboratoire qui paratront lourds ou des prcautions qui peuvent paratre
superflues. Donc, l encore, une mthodologie plus gnrale et optimise,
fonde sur une meilleure comprhension des phnomnes physiques et
mcaniques l'origine des dgradations et sur l'identification d'indicateurs de
durabilit spcifiques au gel (pertinents) (cf. 5.10 et 11.3), reste tablir.

1.8 - Evolution des projets d'ouvrages - Ncessit de dvelopper une nouvelle


approche
Dans une recherche de qualit croissante, et afin de concevoir des structures
durables, toutes les constatations qui viennent d'tre mentionnes illustrent la
ncessit de dvelopper une nouvelle approche, o les rgles porteraient
essentiellement sur le rsultat atteindre et laisseraient la libert des moyens.

Une telle approche performantielle rpond particulirement bien l'volution


gnrale de la socit. Plus particulirement dans le domaine de la construction, les
formules de bton voluent, avec par exemple l'utilisation de plus en plus frquente
de BHP et de BAP, ou plus gnralement le recours des constituants non
traditionnels tels que les superplastifiants ou les sous-produits de l'industrie tels que
les additions minrales. Ceci rsulte d'un souci croissant d'augmenter les
performances moindre cot, tout en prservant l'environnement. Les types
d'ouvrages voluent galement, de mme que les dures de vie exiges par rapport
la dure de vie de l'ordre de 50 ans classiquement exige auparavant (et laquelle
se rfrent les textes normatifs utiliss jusqu' maintenant). A titre d'exemple, une
dure de vie de 120 ans a t spcifie l'occasion de divers grands projets (Tunnel
sous la Manche [LEVY 92], Pont Vasco de Gama sur le Tage Lisbonne au Portugal
[HOUD 00], Pont de Rion-Antirion en Grce, Viaduc de Millau en France [GUER 02],
). De mme, certains btiments sont dsormais conus avec une dure de vie
spcifie de 70 ans. Dans le cas des conteneurs de stockage de dchets radioactifs
destins tre enfouis dans le sol, la dure de vie spcifie (trs grande) varie en
fonction du type de dchets. On peut galement voquer le cas "extrme" du
patrimoine historique. De plus, la dure de vie exige peut tre diffrente suivant
l'lment d'ouvrage considr, si les divers lments ne sont ni destins aux mmes
fonctions, ni exposs aux mmes sources d'agression. On note par ailleurs de la part
de tous les acteurs de la construction, le souci croissant de prendre en considration
les spcificits de chaque ouvrage (conditions relles d'utilisation, ...).

A la date de dmarrage des travaux du Groupe de Travail de l'AFGC "Conception


des btons pour une dure de vie donne des ouvrages - Indicateurs de durabilit"
(cf. Prambule), aucune dmarche performantielle complte n'avait encore t
applique dans le cadre de projets d'ouvrages. Toutefois, plusieurs grands projets
avaient d'ores et dj inclus dans leur cahier des charges des critres performantiels
relatifs aux proprits de durabilit, accomplissant par l un premier pas vers une

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 29
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

dmarche performantielle globale et systmatique en vue d'assurer la durabilit. Ces


projets ont t recenss dans la rfrence [BARO 04b]. Plusieurs d'entre eux y sont
galement dcrits en dtail. A la lecture de cette synthse, on constate toutefois que
:
les cas traits de faon similaire sont trs peu nombreux,
les paramtres contrler sont trs variables en fonction du projet, y compris
dans les cas o les agressions potentielles sont identiques,
les mthodes d'essai utilises pour mesurer ces paramtres sont trs diffrentes,
empchant toute comparaison entre les spcifications des diffrents projets. Ces
mthodes ne sont souvent mme pas prcises ; il est alors impossible de
connatre la signification exacte du paramtre mesur.
Il paraissait donc difficile de btir une mthodologie gnrale sur l'unique base de
l'tude des cas rels disponibles, et d'tablir par exemple d'emble des cahiers des
charges types. Un travail de fond s'avrait ncessaire, en commenant par
identifier les paramtres les plus pertinents, et afin d'aboutir la proposition
d'une dmarche simple et applicable systmatiquement.

1.9 - L'approche performantielle - Avantages et contraintes


La nouvelle tendance de conception des ouvrages, notamment pour les projets
importants, fonde sur une approche performantielle, ncessite de prendre en
compte ds la phase de conception le comportement long terme, et de pouvoir
spcifier des critres performantiels srs et objectifs en matire de durabilit.

La phase de conception est en effet capitale : c'est ce stade que l'on peut agir au
maximum sur le niveau de durabilit, en vue de limiter les dpenses de maintenance
et d'entretien futurs. Il est en effet toujours plus facile et moins coteux d'optimiser la
formule du bton, plutt que de mettre en uvre des moyens lourds et souvent
d'efficacit alatoire lors de la construction ou lors des phases de rparation. Par
exemple, dans le cas de pices massives, en prvention de la fissuration due au
retrait thermique gn ou de la formation diffre d'ettringite, il est nettement
prfrable d'optimiser les formules vis--vis de l'chauffement (induit par l'exothermie
des ractions d'hydratation), plutt que d'installer lors de la construction de l'ouvrage
un systme de refroidissement des constituants ou du bton en place pendant la
prise (par exemple, circulation d'eau froide dans des tubes), voire d'effectuer des
rparations court terme ou de reconstruire en cas de dgradations.

Les critres performantiels doivent tre adapts aux nouvelles exigences de dure
de vie, aux nouvelles mthodes de formulation des btons et aux procds actuels
de fabrication (prfabrication, par exemple), mais aussi, au-del de la technique,
d'une manire gnrale, aux objectifs conomiques, environnementaux et
sociaux spcifiques chaque ouvrage, quelle que soit son importance (un
exemple "extrme" dj cit tant celui du patrimoine historique).

De plus, la phase de conception n'est pas la seule traiter. Il est important de


proposer aux matres d'ouvrage et la profession une dmarche gnrale en
matire de durabilit et de prvention, pour la construction, mais galement pour la
gestion (ultrieure) des ouvrages (cf. 10.5).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 30
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

CO2
Cl- CO2
Cl- produits de fissure longitudinale
corrosion
profondeur de pntration
de l'espce agressive
bton

armature rduction de la
Phase dincubation Phase de propagation section de l'acier

Figure 1.1 : Corrosion des armatures du bton arm. Schmatisation de l'volution des dgradations du
bton et de l'acier.

a) btiment en zone urbaine b) pont en bord de mer


(corrosion initie par la carbonatation) (corrosion initie par les chlorures)

Figure 1.2 : Exemples de dgradations d'ouvrages dues la corrosion des aciers du bton arm.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Figure 1.3 : Image obtenue au microscope lectronique balayage (MEB) par lectrons secondaires, de gel
d'alcali-raction dans un chantillon de bton, d'aprs [BARO 04b].

Figure 1.4 : Exemples de dgradations d'ouvrages dues l'alcali-raction, d'aprs [BARO 05b].
.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

a) corps d'preuve en bton arm aprs 4 ans en b) ouvrage d'art (Savoie) - Bordure recouverte
bordure de chausse (Savoie), d'aprs [BARO 04c] d'une protection (1-3 mm) (photo LRPC Lyon)

Figure 1.5 : Exemples de dgradations de structures exposes au gel et aux sels.

a) fissuration (superficielle) - Parement de pile soumis b) fissuration de retrait empch (en arc de cercle):
un schage prcoce (photo LRPC Clermont-Ferrand) pousse du tablier d'un pont portique sur un mur
en retour (photo LREP)

Figure 1.6 : Exemples de fissuration de structures lie aux dformations de retrait.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 34
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

2 - DEVELOPPEMENT D'UNE APPROCHE PERFORMANTIELLE ET PREDICTIVE


DE LA DURABILITE - CHAMP D'INVESTIGATION, OBJECTIF ET CADRE DE
TRAVAIL

2.1 - Champ d'investigation et objectif


Comme illustr prcdemment, il existe l'heure actuelle un besoin d'outils
quantitatifs pour rsoudre des problmes concrets (prdiction de la dure de vie
d'ouvrages varis, prvention de la fissuration des structures en bton au jeune ge,
...). L'expression "outils quantitatifs" ne doit pas s'entendre au sens restrictif d'outils
numriques, mais au sens du terme "package" ou de "bote outils", incluant non
seulement des modles analytiques ou numriques, mais galement des outils
exprimentaux fiables et performants dvelopps en adquation avec les modles.
Cette notion de "package" ou de "bote outils" met en exergue la complmentarit
de ces outils, requise pour rsoudre des problmes varis et complexes.

La matrise de la durabilit, et in fine la conception de btons pour une dure de vie


donne (et donc fixe a priori) des ouvrages, mobilise donc la science et la technique
sous diffrents aspects et diffrentes chelles d'observation. Elle requiert de plus
une approche pluridisciplinaire. Dans l'laboration d'une approche performantielle
et prdictive de la durabilit des structures en bton (arm), on distingue
diffrentes tapes, dont chacune constitue un enjeu scientifique et/ou technique :
l'analyse et la comprhension des mcanismes physico-chimiques
intervenant dans les dformations, source potentielle de fissuration, dans les
processus de carbonatation et de pntration des chlorures, causes majeures de
la corrosion des armatures du bton arm, ou encore de faon plus fondamentale
dans les cycles d'humidification-schage du bton (couplages chimie-physique-
mcanique, prise en compte de l'aspect cintique, ...) et l'identification des
paramtres fondamentaux (en particulier les indicateurs de durabilit, cf. 4),
si possible gnraux, c'est--dire qui soient les mmes quels que soient l'ge
(typiquement au jeune ge et long terme), le processus physico-chimique et
l'chelle (micro et macro) considrs (cf. 5).
la quantification des indicateurs de durabilit, requrant le dveloppement
(ou l'optimisation) de mthodes exprimentales, analytiques, numriques ou
mixtes (cf. 6),
le dveloppement d'une mthodologie rationnelle pour mettre en uvre
l'approche performantielle de la durabilit propose, incluant des
recommandations et s'appuyant sur un systme de classes et sur des
spcifications relatives aux indicateurs (cf. 7),
le dveloppement d'une approche prdictive multi-niveaux de la durabilit
sur la base de modles disponibles dans la littrature, rcemment dvelopps ou
en cours de dveloppement au LCPC, ayant les caractristiques requises (en
termes de prcision, robustesse, sensibilit, accessibilit, transparence, ...) et en
adquation avec les indicateurs, et sur la base de tmoins de dure de vie (cf.
8). En sus des modles, cette tape requiert le dveloppement de mthodes de
mesure des tmoins de dure de vie, en conditions de laboratoire (pouvant
ncessiter en parallle le dveloppement d'essais acclrs), et en
environnements rels (cf. 8). Ces tmoins sont ncessaires au diagnostic in

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 35
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

situ, la validation des modles prdictifs et la prdiction de la dure de vie


(rsiduelle).
Ces tapes, qui combinent mesures (en laboratoire et in situ) et simulations
numriques, constituent les grandes lignes du plan du prsent document qui dcrit le
travail ralis pour acqurir une meilleure connaissance des proprits relatives la
durabilit du bton arm et de ses constituants, et pour mettre en place des moyens
pour matriser cette durabilit, en particulier des critres performantiels fiables et
objectifs.

Ce travail a t ralis dans le cadre de diffrents projets (cf. Prambule). L'objectif


final pratique tait de fournir l'ingnieur (et au concepteur en gnral) une "bote
outils", c'est--dire une mthodologie complte (cf. 9.2), pour l'valuation et la
prdiction de la durabilit.

La stratgie qui a t adopte pour l'laboration de l'approche performantielle et


prdictive proprement parler (mthodologie) et les tapes majeures du travail sont
schmatises en figure 2.1. Les principales applications vises pour cette nouvelle
approche sont :
permettre aux matres d'ouvrage de rdiger des cahiers des charges incluant des
exigences performantielles fiables et prcises en matire de durabilit,
constituer une base pertinente pour la rdaction ou la rvision des textes
existants : modes opratoires recommands et normes d'essais, rglements
Eurocode 2 et fascicule 65A, norme bton EN 206-1 et son annexe franaise, ...).

2.2 - Cadres de travail


Les travaux mens dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC "Conception des
btons pour une dure de vie donne des ouvrages - Indicateurs de durabilit" (cf.
Prambule) ont consist en :
la dfinition et la slection argumente des indicateurs de durabilit,
la proposition de spcifications performantielles relatives ces indicateurs, en
fonction du type d'environnement et de la dure de vie exige,
la slection de modles et la validation des spcifications proposes (campagnes
exprimentales et simulations numriques).
Il a t choisi de consacrer les travaux du Groupe de Travail de l'AFGC la
prvention de la corrosion des armatures (initie par la carbonatation ou la
pntration des chlorures) et l'alcali-raction, vu le grand nombre d'ouvrages
concerns (cf. 1), en se plaant au niveau du matriau bton (cf. 3) [BARO 04b],
[AFGC xx].

Les travaux relatifs au dveloppement d'une approche performantielle et prdictive


de la durabilit se sont poursuivis depuis. Une prsentation synthtique de
l'ensemble de l'approche figure notamment dans les rfrences [BARO 04f], [BARO
06a], [BARO 06b], [BARO 07a], [BARO 07h].

L'acquisition des connaissances scientifiques sur la microstructure des btons et sur


les mcanismes physico-chimiques, ainsi que le dveloppement d'outils (cf. Figure
2.1), ont t mens, notamment pour ce qui concerne la prvention de la corrosion
des armatures, dans le Thme de Recherche (OA9) "Transferts dans les btons et
durabilit des ouvrages" (voir par exemple [RFGC 01], [LCPC 01], [BARO 02a] et

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 36
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

[BARO 04a]) et l'Opration de Recherche (11B021) "Durabilit du bton arm et de


ses constituants : matrise et approche performantielle" [LCPC 08] (cf. Prambule).

Le Thme "Durabilit" du Projet National BHP 2000 (cf. Prambule) a quant lui
notamment permis l'acquisition d'un grand nombre de donnes exprimentales en
conditions de laboratoire et in situ dans diffrents types d'environnement sur une trs
large gamme de btons (voir [BARO 99a], [DE-LA 00], [BARO 00a], [BARO 00b],
[BARO 02c], [BARO 04c], [BARO 04d] et [BARO 05a]).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 37
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 38
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Identifier les paramtres fondamentaux (indicateurs de durabilit) intervenant dans les processus mettant
en jeu la durabilit du matriau bton et des structures en bton arm

Mettre en place un ventail complet d'outils pertinents : mthodes d'essais de laboratoire, mthodes de
calcul, modles prdictifs,

Proposer des spcifications performantielles relatives aux indicateurs de durabilit, destines aux cahiers
des charges des projets d'ouvrages, aux rglements de conception et aux textes normatifs


Se prononcer avec fiabilit en matire de durabilit dans les cas suivants :
1) valuation de la durabilit "potentielle" d'un bton arm (sur la base de la mesure en laboratoire
des indicateurs et d'un systme de classes)
2) qualification de formules pour un ouvrage donn (sur la base des spcifications)
3) prdiction de la dure de vie d'un ouvrage neuf en phase de conception (sur la base de modles
prdictifs)
4) diagnostic et prdiction de la dure de vie "rsiduelle" d'un ouvrage existant (sur la base de la
mesure des tmoins de dure de vie in situ et de modles prdictifs)

Figure 2.1 : Dveloppement d'une approche performantielle et prdictive de la durabilit : objectifs, stratgie
et tapes majeures.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

3 - DURABILITE ET DUREE DE VIE - DEFINITIONS ET OPTIONS RETENUES

3.1 - Introduction
La durabilit dsigne l'aptitude conserver au cours du temps un niveau de
performance suffisant (voir galement [FIB 06], [ISO 06]). La durabilit sous-entend
donc un objectif de qualit, orientant aussi bien la conception de l'ouvrage que celle
du matriau et sa mise en uvre.

L'valuation de la durabilit peut renvoyer diffrentes problmatiques, comme il


sera illustr dans les diffrentes parties du prsent document.

Il faut entendre par dure de vie d'un ouvrage, la dure de service sans prcaution
initiale particulire (telle que protection cathodique, par exemple), sans entretien
spcialis et sans rparation importante du gros uvre ou de la structure. Elle
correspond donc un fonctionnement normal et une maintenance courante pour
un niveau de service donn. Elle peut galement faire intervenir des considrations
d'esthtique (propret des parements, par exemple), notion dsormais reconnue
sa juste valeur tant donn l'impact social et environnemental des constructions. La
dfinition et la prvision de la dure de vie confrent ainsi un caractre plus
"oprationnel" la notion de durabilit. Selon la phase du projet ou l'objectif de
l'tude, on fera intervenir diffrentes notions :
la dure de vie exige par le matre d'ouvrage (cf. Spcifications donnes au
7.2),
la dure de vie estime par les calculs (au moyen de modles prdictifs, selon
une approche dterministe ou probabiliste, cf. 8),
la dure de vie relle in situ (cf. 8).

3.2 - Cas de la corrosion des armatures


Les processus lis la corrosion des armatures du bton arm se dveloppent selon
deux priodes [TUUT 82] (cf. Figure 1.1) :
la priode d'incubation,
la priode de propagation.

Pour un bton arm (non microfissur), la priode d'incubation correspond la


priode o les agents potentiellement agressifs transitent dans le bton et o des
processus physico-chimiques l'origine de la corrosion des armatures peuvent avoir
lieu l'chelle microscopique, mais o aucune dgradation n'est visible l'chelle
macroscopique d'observation (cf. Figures 1.1 et 3.1). Elle peut donc tre dfinie
comme le temps requis pour que les aciers (premier lit d'armatures) soient
dpassivs par la carbonatation ou par la pntration des chlorures [BARO 04b].
Lorsque l'on entre dans la priode de propagation, la corrosion s'amorce et des
dgradations apparaissent (formation de produits de corrosion expansifs, fissuration
du bton le long des aciers, rduction de la section de l'armature, clatement du
parement, ...). Ces dgradations s'amplifient avec le temps jusqu' la ruine
ventuelle de l'ouvrage, si aucune mesure n'est prise (protection, rparation, ...) (cf.
Figures 1.1 et 3.1). La cintique des dgradations au cours de cette priode est
notamment rgie par la diffusion de l'oxygne, la temprature et la rsistivit du
bton d'enrobage.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 41
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Selon cette description, la faon la plus simple et la plus efficace d'augmenter la


dure de vie des ouvrages consiste augmenter la dure de la priode dincubation.
C'est donc l'approche qui a t choisie ici. La dure de vie sera donc considre
comme la dure de la priode d'incubation. Ce choix prsente de plus l'avantage
d'tre conservatif (scuritaire), car atteindre la fin de cette phase (ELS1, cf. Figure
3.1) ne conduit pas immdiatement une perte de capacit portante de l'ouvrage.
Ce choix est en outre particulirement pertinent vis--vis de l'approche, oriente
"matriau constitutif bton", adopte dans ce document, puisque la dure de vie
figurera dans ce cas comme la dure pendant laquelle le bton d'enrobage jouera le
rle de protection (physique et chimique) des armatures.

En considrant donc uniquement la priode d'incubation, la dure de vie vis--vis de


la corrosion des armatures peut tre quantifie des diffrentes manires suivantes,
selon que la corrosion est initie par la carbonatation ou par les chlorures [BARO
04b], [BARO 05c] :
environnement sans chlorure : dure requise pour que la profondeur carbonate
soit gale l'enrobage (i.e. pour que la carbonatation atteigne le premier lit
d'armatures),
en prsence de chlorures : dure requise pour que la concentration [Cl-] en
chlorures totaux (i.e. solubles dans l'acide) ou "libres" (i.e. solubles dans l'eau),
selon le critre adopt, atteigne une valeur donne (concentration critique [Cl-]crit.
initiant la dpassivation de la surface des armatures et la dissolution de l'acier
dans les conditions relles rgnant in situ [GLAS 97], [ALON 00], cf. 8.2) au
niveau du premier lit d'armatures.

3.3 - Cas de l'alcali-raction


Dans le cas de lalcali-raction, le problme est un peu plus dlicat. Comme voqu
prcdemment, il est possible dviter lapparition de dsordres en choisissant des
granulats NR (cf. 4.3) [LCPC 94a]. Dans ce premier cas, la question de la durabilit
vis--vis de lalcali-raction ne se pose pas rellement. Par contre, si lon utilise des
granulats PR, une alcali-raction peut se dvelopper si la teneur en alcalins de la
solution interstitielle nest pas suffisamment basse (cf. 4.3 et 7.2.3) [BARO 04b],
[AFGC xx]. L'alcali-raction se dveloppe alors galement suivant deux tapes
(incubation et propagation), qui sont toutefois un peu plus difficiles dfinir que dans
le cas de la corrosion de l'acier, et l'on peut tablir pour l'alcali-raction un modle
conceptuel analogue celui dfini dans le cas de la corrosion [BARO 04b] (cf. Figure
3.1).

La priode d'incubation peut tre dfinie comme la priode de latence de la


raction, c'est--dire celle pendant laquelle des produits de raction ("gels") se
dveloppent en gnrant ventuellement des (micro)fissures mais sans
endommager la structure. Ensuite, on entre dans une phase de propagation o les
fissures se gnralisent et souvrent de plus en plus, puis o des morceaux du bton
denrobage peuvent se dtacher, et enfin o des aciers peuvent se plastifier puis se
rompre par excs de traction.

Il apparat difficile de trouver une faon adquate de quantifier la dure de vie vis--
vis de l'alcali-raction. Les dfinitions suivantes peuvent toutefois tre envisages
[BARO 04b] :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 42
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

dure requise pour que le gonflement atteigne une valeur critique donne,
ou
dure requise pour que la fissuration du matriau atteigne une ouverture critique
donne (i.e. temps pendant lequel la fissuration reste admissible).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 43
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 44
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Niveau de dgradation (tat de corrosion)


4
Incubation Propagation

0 1

Temps
0 : Incubation (diffusion CO2, Cl-, O2, ...)
1 : ELS1 Dpassivation des armatures
2 : ELS2 Apparition de fissures gnres par la corrosion des armatures
3 : ELS3 Eclatement du bton en parement d la corrosion des armatures
4 : Ruine de louvrage

Figure 3.1 : Modle conceptuel du processus de corrosion des aciers (initie par la carbonatation du bton
ou la pntration des chlorures) et des dgradations induites dans le bton arm : phases (ou priodes)
d'incubation et de propagation, et dfinition des tats-limites.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 46
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

4 - INDICATEURS DE DURABILITE ET AUTRES PARAMETRES - DEFINITION ET


PANEL SELECTIONNE

4.1 - Dfinition des indicateurs de durabilit


La nouvelle approche de la durabilit repose sur la notion d'indicateurs de
durabilit (ID). Il s'agit de paramtres relatifs au matriau constitutif bton (sain), qui
apparaissent comme fondamentaux pour l'valuation et la prdiction de la durabilit
du matriau et de la structure vis--vis d'un ou de plusieurs processus de
dgradation. Ils interviennent par exemple dans les quations rgissant les
phnomnes et figurent parmi les donnes d'entre des modles de prdiction de la
dure de vie. Cette premire condition permet d'assurer leur pertinence thorique.

Une seconde condition doit en outre tre vrifie : ces paramtres doivent tre
aisment quantifiables partir d'essais de laboratoire pratiqus sur prouvettes
fabriques en laboratoire ou sur prlvements, selon des modes opratoires bien
dfinis et valids. Les mthodes d'essai doivent de plus prsenter une fiabilit,
reproductibilit, prcision et simplicit adquates (cf. 6).

On peut distinguer deux catgories d'ID, d'une part les indicateurs de durabilit
gnraux (universels) (cf. 4.2), qui sont valables pour diffrents types de
dgradation (corrosion des armatures, alcali-raction, ...), et d'autre part les
indicateurs de durabilit spcifiques un processus de dgradation donn (cf.
4.3), par exemple l'alcali-raction ou le gel.

On notera que la dtermination directe de certains indicateurs de durabilit gnraux


peut tre remplace par celle d'indicateurs de substitution (cf. 4.4).

4.2 - Indicateurs de durabilit gnraux slectionns


Les indicateurs de durabilit gnraux (caractristiques microstructurales et
proprits de transport) qui ont t slectionns l'issue des travaux du Groupe de
Travail de l'AFGC [BARO 04b] selon les critres explicits au 4.1, sont les
paramtres suivants :
Echelle microscopique : indicateur chimique
- teneur en portlandite Ca(OH)2 (initiale, pour les matriaux susceptibles de se
carbonater).
Echelle macroscopique : indicateurs physiques globaux
- porosit accessible l'eau,
- coefficient de diffusion (apparent ou effectif) des ions (chlorure),
- permabilit aux gaz,
- permabilit l'eau liquide.

L'auteur fournira au 5 des justifications ce choix, fondes notamment sur ses


recherches et plus gnralement sur les travaux du Thme de Recherche OA9 et du
Groupe de Travail de l'AFGC.

Ce panel d'ID gnraux rassemble un petit nombre de paramtres, qui sont


complmentaires et non redondants. De plus, bien que dans le cas gnral un seul
ID ne soit pas suffisant pour caractriser le comportement du bton et prvoir la
durabilit (cf. 7.1), la dtermination de l'ensemble de ces paramtres n'est pas

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 47
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

systmatiquement requise. Dans cette liste, les paramtres dterminer


effectivement dpendront des dgradations prvisibles, de l'environnement, du cas
pratique tudi, ... Ceci est illustr par les paramtres impliqus dans les
spcifications proposes au 7.2, selon le cas considr, ou encore par ceux requis
par les modles prdictifs selon leur niveau de sophistication (cf. 8.4 et 8.6). Outre
le fait que seuls quelques paramtres soient requis, c'est le mme panel qui sera
utilis quel que soit le niveau de l'approche (cf. 7 et 8). Cela montre la simplicit
d'une telle approche et l'intrt pratique et conomique qu'elle peut prsenter.

4.3 - Indicateurs de durabilit spcifiques - Exemple de l'alcali-raction


Selon le processus de dgradation considr, il peut s'avrer ncessaire de
complter le panel d'ID gnraux par des ID spcifiques ce processus.

En prsence d'une phase liquide, de granulats siliceux ractifs et d'alcalins (K+, Na+),
une alcali-raction est susceptible de se dvelopper. Bien que tous les mcanismes
lis ce phnomne complexe et multi-chelles qui, partir d'un processus
chimique de dissolution de la silice l'chelle microscopique (qui, lui, est maintenant
bien compris), conduit des dgradations et en particulier des consquences
mcaniques l'chelle de l'ouvrage, ne soient pas encore compltement lucids,
les tudes menes en laboratoire ont toutefois permis d'identifier les paramtres
majeurs impliqus [AFGC xx]. Ainsi, pour la prvention des dgradations dues
l'alcali-raction, les ID spcifiques qui ont t retenus l'issue des travaux du
Groupe de Travail de l'AFGC [BARO 04b] sont les suivants :
Echelle microscopique : indicateurs chimiques (relatifs aux constituants)
- quantit de silice libre par les granulats en fonction du temps (cintique de
dissolution de la silice), pour l'valuation de la ractivit des granulats ou de
mlanges granulaires sans addition (classement en catgorie NR, PR ou
PRP). A titre d'illustration, des rsultats exprimentaux obtenus en laboratoire
dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC sont prsents en figure 4.1,
- concentration en alcalins quivalents (Na2Oq.) actifs de la solution
interstitielle (o [Na2Oq.] = [Na2O] + 0,658 [K2O]). Le moyen le plus simple
d'accder cet indicateur est d'effectuer un bilan des alcalins contenus dans
le ciment, les granulats et les additions minrales, par analyse chimique. On
notera que le recours cet indicateur n'est ncessaire que dans le cas de
granulats PR (cf. 7.2.3) [BARO 04b].
Echelle macroscopique : indicateur physique global
- expansion longitudinale en fonction du temps (cintique) d'prouvettes de
bton dop en alcalins, jusqu' l'chance de 3 mois, ou ventuellement 5 ou
12 mois dans certains cas ("essai de performance" d'une formule de bton
vis--vis de l'alcali-raction, faisant l'objet de la norme NF P 18-454 [AFNO
04a]). A titre d'illustration, des rsultats exprimentaux obtenus en laboratoire
dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC sont prsents en figure 4.2.
Cet indicateur est requis seulement dans certains cas (cf. 7.2.3) [BARO
04b].

4.4 - Indicateurs de substitution - Fonctions et slection


La nouvelle approche de la durabilit ayant pour vocation de rester trs souple et
modulable afin de s'adapter aux besoins de chaque utilisateur, il peut tre envisag
de remplacer la dtermination directe de certains des ID gnraux proposs au 4.2

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 48
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

par celle d'indicateurs de substitution. Ces indicateurs de substitution pourront


notamment tre des paramtres plus faciles dterminer ou tout au moins
accessibles par des mthodes d'essai pratiques plus couramment dans certains
laboratoires, ou bien des paramtres mieux adapts au problme pos ou aux
modles mis en uvre, ou encore des paramtres accessibles par des mthodes
fournissant des donnes complmentaires utiles.

Les indicateurs de substitution pourront, soit tre utiliss directement (notamment


pour un simple classement de btons, cf. 7, sous rserve qu'un systme de
classes soit disponible), soit permettre via des mthodes indirectes (cf. 6 et 7)
d'accder aux ID gnraux proposs au 4.2.

On peut donc classer parmi les indicateurs de substitution les paramtres suivants :
porosit mesure par intrusion de mercure (cf. 5.2 et 6.2.2),
rsistivit lectrique (cf. 6.2.4.4 et 6.2.6.3 et [ANDR 01]),
quantit d'lectricit mesure selon l'essai AASHTO (norme ASTM C 1202
[ASTM 97]),
coefficient de diffusion du CO2 [PAPA 91c] (ou de l'O2 [TUUT 82], [HOUS 94])
dans des matriaux carbonats (cf. 5.4.2.3 et 8.4.6),
coefficient de diffusion de l'eau tritie (cf. 5.4.2.2 et [AFGC 02]),
coefficient d'absorption capillaire [AFPC 98], [BARO 02c] (ou encore sorptivit
[HALL 89], [MART 95]).
Ce choix est notamment justifi, dans la suite du document pour les indicateurs
porosit mesure par intrusion de mercure, coefficient de diffusion du CO2 de
matriaux carbonats et coefficient de diffusion de l'eau tritie, dans la rfrence
[BARO 05b] pour les indicateurs quantit d'lectricit mesure selon l'essai AASHTO
et coefficient d'absorption capillaire, et dans les rfrences [BARO 04h] et [BARO
05b] pour l'indicateur rsistivit lectrique. On notera en outre, pour le cas de la
corrosion des armatures, l'existence d'un modle de prdiction de la dure de vie,
incluant les priodes d'incubation et de propagation, bas exclusivement sur la
rsistivit lectrique. Ce modle est propos par Andrade [ANDR 04].

4.5 - Caractristiques de base - Dfinition et slection


Il existe des paramtres qui, mme s'ils ne sont pas directement lis la notion de
durabilit et ne constituent par exemple pas des donnes d'entre pour les modles
physicochimiques de prdiction de la dure de vie, n'en demeurent pas moins des
paramtres indispensables une bonne caractrisation du matriau et l'valuation
de sa qualit. Dans l'approche propose, ces paramtres portent la dnomination de
caractristiques de base.

Il semble judicieux de prconiser la dtermination systmatique de ces


caractristiques de base pour toute tude de durabilit. Il est ainsi prconis dans la
rfrence [BARO 04b] de dterminer la rsistance caractristique (ou moyenne)
la compression (conformment aux normes en vigueur) l'chance de 28 jours
pour toutes les formules, et galement 90 jours au moins dans certains cas, par
exemple en prsence de quantits importantes de laitiers et/ou d'additions
pouzzolaniques, tant donn l'volution significative observe sur les proprits de
ce type de matriau entre ces chances (voir par exemple 7.1.2).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 49
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

4.6 - Paramtres complmentaires - Dfinition et exemples


Suivant le problme considr, outre les caractristiques de base et les ID
prcdemment dfinis, la dtermination de paramtres complmentaires peut tre
requise. C'est le cas par exemple lorsque la mthode choisie pour l'valuation de
certains indicateurs est indirecte (cf. 6), ou lorsque ces paramtres figurent parmi
les donnes d'entre d'un modle prdictif que l'on souhaite mettre en uvre, ou
encore, de faon plus gnrale, pour aider l'interprtation de rsultats (par
exemple, confirmation d'une tendance) voire la prvision de la durabilit.

Le nombre de paramtres complmentaires dterminer dpendra du problme


pos, notamment des spcificits de la formule de bton, de la catgorie de
l'ouvrage et de son environnement, de la dure de vie exige par le matre d'ouvrage
et de ses exigences particulires. Par exemple, il peut devenir indispensable de
quantifier plusieurs paramtres complmentaires dans le cas d'un ouvrage spcial
avec un niveau d'exigence lev (dure de vie suprieure ou gale 120 ans). En
tout tat de cause, les paramtres complmentaires dterminer seront fonction des
moyens (dispositifs d'essais), du temps et du budget disponibles.

Parmi ces paramtres complmentaires vont notamment figurer les paramtres


(indiqus en italique gras dans la liste qui suit) caractrisant les interactions fluide-
matrice, qui sont (quasiment) aussi importants que les proprits de transport
"pures", comme il sera illustr dans la suite du document. Parmi les paramtres
complmentaires envisageables, on peut citer :
Paramtres complmentaires gnraux
relatifs au processus d'hydratation :
- degr d'hydratation du ciment,
- chaleur d'hydratation,
- retrait chimique (contraction Le Chatelier),
- dformations endognes libres.
relatifs la microstructure :
- teneur en C-S-H,
- rapport C/S des C-S-H,
- taille moyenne (initiale) des cristaux de Ca(OH)2,
- caractristiques de la structure poreuse (telles que distribution des volumes
poreux en fonction de la dimension des pores, rayon ou diamtre moyen,
rayon ou diamtre critique, ...),
- caractristiques du rseau de fissures initial (densit de microfissures,
orientation, ouverture, ...).
hydriques :
- taux de saturation en eau liquide Sl,
- isothermes d'adsorption-dsorption de vapeur d'eau, ou capacit de
sorption (pente de l'isotherme),
- "permabilit" la vapeur d'eau ou coefficient(s) de diffusion hydrique,
- dformations hygromtriques libres.
mcaniques :
- rsistance mcanique la traction.
Paramtres complmentaires spcifiques la corrosion des armatures initie par
les chlorures

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 50
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

- isothermes d'interaction chlorures-matrice, ou capacit de fixation des


chlorures (pente de l'isotherme),
- concentration en chlorures (totaux ou "libres") la surface expose (cs),
- concentration en chlorures (totaux ou "libres") initiale (c0).
Paramtres complmentaires spcifiques l'alcali-raction
- caractristiques ptrographiques des granulats (par exemple, structure de la
silice ou des silicates),
- variations dimensionnelles d'prouvettes de mortier ou de bton mesures au
cours d'essais normaliss de qualification des granulats.

L'intrt de ces paramtres complmentaires sera illustr dans les sections


suivantes de ce document.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 51
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 52
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

0,9
1 (S : NR et G : PR cint rapide)
0,8
2 (S : NR et G : PRP)
0,7 PRP 3 (S : PRP et G : PRP)
4 (S : PR cint rapide et G : PR cint rapide)
0,6
[SiO2] (mol.L )

9 (S : NR et G : NR)
-1

0,5 10 (S : PR et G : PR)

0,4
PR
0,3

0,2

0,1 NR
0,0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120
Temps (jours)

Figure 4.1 : Cintiques de dissolution de la silice pour diffrents mlanges granulaires sans addition, et
ractivit dduite pour ces mlanges, d'aprs [BARO 04b].
S : sable NR : non ractif
G : gravillon PR : potentiellement ractif (PR cint. rapide : potentiellement ractif cintique rapide)
PRP : potentiellement ractif effet de pessimum

2000
1 (S : NR et G : PR cint rapide) 2 (S : NR et G : PRP)
1800 3 (S : PRP et G : PRP) 4 (S : PR cint rapide et G : PR cint rapide)
5 (S : NR et G : PR cint lente) 6 (S : NR et G : PR)
Expansion longitudunale (m/m)

1600 7 (S : NR et G : PR cint rapide) + FS 8 (S : NR et G : PR cint rapide) + CV


Critre 3 mois
1400

1200

1000

800

600
Effet des FS

400
Seuil : 200 m/m
200

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
Temps (mois)

Figure 4.2 : Cintiques d'expansion longitudinale jusqu' l'chance de 24 mois d'prouvettes de diffrents
btons avec ou sans additions (dops en alcalins : Na2Oeq. = 1,25 % par rapport la masse de C+A, et T
= 60 C), et positionnement par rapport la limite de gonflement admissible (200 m/m), d'aprs [BARO
04b].
S : sable NR : non ractif
G : gravillon PR : potentiellement ractif (PR cint. rapide : potentiellement ractif cintique rapide)
FS : fume de silice (PR cint. lente : potentiellement ractif cintique lente)
CV : cendre volante PRP : potentiellement ractif effet de pessimum

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 54
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5 - BASES SCIENTIFIQUES DE L'APPROCHE : COMPREHENSION DES


MECANISMES PHYSICO-CHIMIQUES, MISE EN EVIDENCE DE COUPLAGES,
INFLUENCE DES PARAMETRES DE FORMULATION ET DE LA TEMPERATURE,
IDENTIFICATION DES PARAMETRES FONDAMENTAUX, JUSTIFICATION
THEORIQUE DU CHOIX DES INDICATEURS DE DURABILITE ET NECESSITE DE
PARAMETRES COMPLEMENTAIRES

5.1 - Historique et philosophie des recherches et dmarche scientifique


L'tude du matriau bton conduit un certain nombre de constatations importantes
:
L'eau donne naissance au bton (hydratation), intervient dans toute sa "vie",
influence ses maladies et peut mme tre l'origine de sa "destruction". Elle
dtermine le comportement des structures en bton (arm) ds le trs jeune ge,
ainsi qu' long terme. Par exemple :
- elle est l'origine d'une part importante des dformations (endognes ou
exognes) et de la fissuration associe,
- elle influence la pntration d'espces potentiellement agressives (rle majeur
du taux de saturation en eau liquide du matriau),
- elle dtermine la tenue au gel et au feu (par les pressions induites),
- elle est ncessaire aux ractions chimiques et lectrochimiques. Elle joue
donc en particulier un rle dterminant dans les pathologies mentionnes
dans ce document, telles que la corrosion des armatures et l'alcali-raction
(voir galement dans ce dernier cas [LARI 98] ou [MULT 04]).
Le rle primordial de l'eau est donc plus qu'vident et se manifeste non
seulement sous l'aspect thermodynamique, mais galement sous l'aspect
cintique,
Le matriau bton tant hautement ractif, volutif et trs complexe, les
mcanismes chimiques, physiques ou mcaniques, impliquant ses diffrents
constituants et l'environnement, l'chelle microscopique et/ou macroscopique,
sont galement complexes et souvent coupls. Pour ce qui concerne les
dformations mesures temprature constante, celles-ci incluent des
composantes relatives l'hydratation du ciment (au jeune ge) et une
composante lie au schage (et/ou l'humidification) exogne. Outre la
comptition entre ractions d'hydratation et schage exogne et ses
consquences ngatives sur la microstructure et les performances, des transports
d'humidit, de CO2 et d'ions interviennent souvent de faon concomitante au
cours de la vie du matriau, requrant une modlisation des transports combins
(cf. 8.4.2). De plus, processus de transport "pur", adsorption physique et
ractions chimiques sont intimement lis et interviennent souvent de faon
concomitante. La prise en compte des interactions fluide-matrice apparat donc
indispensable pour dcrire correctement notamment la pntration des espces
potentiellement agressives dans le bton. Toutefois, on peut considrer dans
certains cas, notamment aprs un certain temps de pntration des agents
agressifs issus de l'environnement, que les mcanismes chimiques
n'interviennent qu'aprs les phnomnes de transport conduisant la mise en
prsence des espces ractives au sein du matriau. Par exemple, une fois
qu'une zone carbonate d'paisseur significative s'est constitue, les ractions
chimiques de carbonatation n'auront lieu qu'aprs pntration du CO2 par
diffusion (dans la zone dj carbonate) au del de cette zone carbonate

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 55
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

jusqu'au front de carbonatation. De mme, dans le phnomne de lixiviation, une


fois qu'une zone dgrade d'paisseur significative s'est constitue, les ractions
de dissolution-prcipitation de l'hydroxyde de calcium (ou portlandite) Ca(OH)2
n'interviennent qu'aprs transport diffusif (engendr par les gradients de
concentration en Ca++) des espces dans la zone dgrade. Il est possible
galement, en gnral, de considrer que les ractions chimiques sont
instantanes, car elles sont infiniment plus rapides que les cintiques de
transport. Par ailleurs, il est possible de se placer, en laboratoire, dans des
conditions plus simples traiter d'un point de vue thorique par rapport aux cas
rels in situ, o les processus de transport ont lieu en rgime non stationnaire.
Ainsi, par exemple, en ralisant des expriences de transfert hydrique, de
diffusion ionique ou de CO2, ou de migration des chlorures, en rgime
stationnaire, on peut considrer que les interactions fluide-matrice n'interviennent
pas dans le processus et la proprit de transport quantifis. Ceci facilite le calcul
de cette proprit et l'interprtation de l'essai mis en uvre pour l'obtenir,
La lenteur des processus (diffusionnels, par exemple), qui constitue certes un
grand avantage vis--vis de la prennit des structures, implique toutefois que,
lors de leur tude en laboratoire, il est difficile d'atteindre exprimentalement des
tats d'quilibre ou des rgimes stationnaires.

Ces constatations ont notamment conduit :


centrer les recherches sur les proprits hydriques (statiques et dynamiques),
en cherchant prendre en compte l'influence majeure de la cintique des
processus. Ainsi, en travaillant sur des chantillons de petites dimensions et en
ralisant des expriences de longue dure (certaines atteignent l'ge de 20 ans
en 2008 !), on peut esprer atteindre un "quasi" quilibre et ainsi aller plus loin
dans la connaissance du matriau et dans la comprhension des mcanismes
(cf. 5.3.4 et 6.3.2) [BARO 94],
"respecter" l'chantillon de matriau, en vitant par exemple les sollicitations
hydriques (ou thermiques) "brutales" gnrant des gradients importants
susceptibles de fissurer l'chantillon, voire d'engendrer des modifications
microstructurales (modification des C-S-H, des sulfoaluminates, ...),
utiliser la molcule d'eau comme molcule-sonde. Cette ide a merg du fait,
mentionn prcdemment, que les diffrentes caractristiques et proprits du
matriau bton sont intimement lies l'eau,
mener une analyse croise des rsultats obtenus par diffrentes techniques
exprimentales, au jeune ge ( 24 heures) et long terme (sur plusieurs
annes). Comme illustr dans la rfrence [BARO 94], cette pratique a dmontr
son efficacit et a depuis t adopte dans de nombreux travaux de thse (voir
par exemple les travaux raliss rcemment sur le comportement au jeune ge :
retrait chimique, retrait endogne, ..., [GARC 01], [MITA 03] ou [MOUN 03]),
mesurer un large ventail de proprits sur un mme matriau, directement sur
des formules de bton prsentant un intrt vident pour la pratique, dans la
mesure du possible, ou sur des ptes de ciment, dans le cas d'tudes plus fines
et plus spcifiques (ou lorsque les techniques mises en uvre le ncessitent).
Citons par exemple le cas des btons :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 56
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

- M25, reprsentatif de btons de btiment et mis au point dans le cadre du


Projet National BHP 2000 [DE-LA 00] (CEM I 52,5, E/C = 0,84 et Rmoy.28 =
24,5 MPa),
- CFA, bton forte teneur en cendres volantes (CV) (CEM I 42,5, E/C = 0,74,
CV/C = 0,54 et Rmoy.28 = 28,9 MPa), propos dans le cadre du Groupe de
Travail de l'AFGC [BARO 04b],
- BO, bton ordinaire pour ouvrages d'art (CEM I 52,5 HTS, E/C = 0,49 et
Rmoy.28 = 49,4 MPa, pour la formule de base),
- BH, bton trs hautes performances pour ouvrages d'art (CEM I 52,5 HTS,
E/C = 0,27, FS/C = 0,10 et Rmoy.28 = 115,5 MPa).
Ces deux derniers btons avaient t formuls par de Larrard en 1987 [DE-LA
87].
Pour les ptes de ciment, on peut citer la srie de ptes de CEM I 52,5 HTS
diffrents E/C (0,60, 0,45, 0,35, 0,25 et 0,20, dans le cas des ptes CP, CN, CO,
CI et CH respectivement, et o FS/C = 0,10 pour cette dernire).
Ces formules de ptes ou de btons, dont certaines (par exemple BO, BH, CO et
CH) ont t tudies par l'auteur ds sa thse de doctorat [BARO 94], font
toujours l'objet de recherches (se reporter par exemple aux travaux de thse
rcents [MOUN 03], [THIE 06a], [DJER 07], [HAOU 07]), en particulier du fait de
l'importante base de donnes disponible,
matriser le paramtre teneur en eau (ou taux de saturation) lors de l'tude
d'autres proprits, notamment les indicateurs de durabilit,
faciliter l'analyse puis la modlisation des processus complexes, de faon
scientifiquement fonde, en dcomposant ces derniers en processus
lmentaires et en identifiant les phnomnes prpondrants (qui peuvent
tre diffrents suivant la priode o l'on tudie le matriau, typiquement au trs
jeune ge avant prise, au jeune ge aprs prise et long terme) et les
paramtres majeurs. Ceci peut tre ralis en particulier grce la recherche
de l'tape limitante (prise en compte de la cintique), qui est dans la plupart des
cas le processus de diffusion, donc de transport (par rapport aux ractions
chimiques),
se rapprocher des conditions relles des ouvrages in situ, dans la plupart des cas
constamment soumis des cycles d'humidification-schage, notamment en
privilgiant les approches en conditions non satures (naturellement, aprs
avoir pralablement trait le problme en conditions satures, voir par exemple la
rfrence [NGUY 07a] pour ce qui concerne la pntration des chlorures dans le
bton). Cependant, ces conditions sont plus difficiles traiter et l'on dispose dans
ce cas de nettement moins d'outils exprimentaux ou numriques,
privilgier une approche pluridisciplinaire et multi-chelles du matriau. Il s'agit
par exemple de travailler, d'une part l'chelle microscopique pour l'analyse fine
de la microstructure et des caractristiques physico-chimiques (notamment les
interactions fluide-matrice), et d'autre part d'tudier les proprits
macroscopiques en ayant recours le cas chant une modlisation numrique
selon l'approche des milieux poreux continus. Ceci a t rendu possible grce
des collaborations sur le long terme, par exemple pour ce qui concerne l'chelle
microscopique, au sein du LCPC avec le Service Physico-Chimie des Matriaux
(Th. Chaussadent, L. Divet et G. Platret) et avec des laboratoires extrieurs,
publics tels que l'ESPCI (H. Zanni) ou privs tels que le LERM (A. Ammouche, H.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 57
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Hornain et N. Rafa), et pour ce qui est de la modlisation numrique, avec


l'Institut Navier (O. Coussy, P. Dangla, M. Mainguy et Th. Lassabatre),
consacrer un volet important des recherches la durabilit associe aux
processus de transport [BARO 04a]. L'objectif gnral est dans ce cas
d'analyser et de comprendre les mcanismes physiques et chimiques intervenant
dans les processus de carbonatation, de pntration des chlorures ou encore de
faon plus fondamentale dans les transferts hydriques, afin d'amliorer la
durabilit et en particulier de prvenir la corrosion des armatures. A partir d'une
description prcise de la microstructure (caractristiques de l'espace poreux,
rseau de microfissures, ...) et des proprits hydriques des btons, l'objectif est
ici de quantifier et de prdire la propension aux transferts sous forme liquide,
ionique ou gazeuse, et de l, la durabilit du matriau, voire de la structure en
bton arm ou prcontraint (cf. Figure 5.1),
accorder une attention particulire aux interactions fluide-matrice (notamment
eau-matrice et chlorures-matrice). Celles-ci sont en effet une spcificit du
matriau poreux ractif qu'est le bton. Elles dpendent de la composition du
matriau et en particulier de celle du liant et jouent un rle fondamental dans le
comportement et la durabilit de ce matriau (en modifiant notamment la
cintique des processus de transport et des dgradations). Les isothermes sont
donc des paramtres complmentaires (cf. 4.6) indispensables pour une
modlisation correcte des processus de transport/dgradation. L'objectif est ici
par exemple d'apprhender les contributions respectives de l'adsorption physique
et des ractions chimiques ou encore de mettre en vidence les paramtres les
plus influents afin d'optimiser les formules de bton pour atteindre une durabilit
"potentielle" donne en considrant, non seulement le rle de barrire physique
que peut jouer le bton, mais galement en tirant part de "l'effet chimique"
(fixation des chlorures par la formation de chloroaluminates, fixation des
carbonates par la formation de carboaluminates, ...). En ce qui concerne la
sorption de vapeur d'eau, il s'agira en particulier d'analyser le phnomne
d'hystrsis (cf. 5.3.4.2). Pour ce qui concerne les interactions chlorures-
matrice, il sera important d'tudier l'effet de ces interactions sur la dtermination
du coefficient de diffusion des chlorures. En effet, lorsque l'on utilise par exemple
un essai de migration ou de diffusion pour dterminer le coefficient apparent, il
faut s'attendre des interactions diffrentes et donc enregistrer des diffrences
sur la valeur du coefficient (cf. 6.2.4.5),
pour l'tude des dformations (de retrait/gonflement), d'une part dcoupler les
phnomnes afin de comprendre l'origine des diffrentes composantes
(composantes relatives l'hydratation et composante lie au
schage/humidification exogne) partir des caractristiques de la
microstructure, et d'autre part tudier les interactions hydratation-schage (et
leurs consquences en termes de dformations). Les composantes relatives
l'hydratation sont directement mesurables en conditions endognes (i.e. sans
change hydrique avec le milieu environnant) et la composante lie au
schage/humidification exogne est directement mesurable aprs que le matriau
ait effectu toute son hydratation en conditions endognes.

Dans les sections suivantes de ce 5, seront notamment abordes, la


comprhension des mcanismes relatifs :
la carbonatation et la pntration des chlorures, susceptibles d'initier la
corrosion des armatures,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 58
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

l'alcali-raction,
au comportement lors des cycles de gel-dgel,
aux dformations totales, endognes et de dessiccation,
et la justification du choix des indicateurs de durabilit.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 60
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Evaluation de la durabilit
(prdiction de la dure de vie)

Evolution des profils ou Cintiques de progression du front de pntration tmoins de dure de vie
d'agents agressifs (chlorures, sulfates, ...)

Modles

Proprits de transport (+ interactions fluide-matrice)


indicateurs de durabilit
(permabilits, coefficients de diffusion)
liquide/ions (eau, chlorures, sulfates, ...)
gaz (vapeur d'eau, air sec, CO2, O2, )

Modles
Expriences Formules empiriques
Modles

indicateurs de durabilit
Microstructure
structure poreuse (porosimtrie, surface spcifique, ...)
microfissuration
rpartition de la teneur en eau

mise en uvre, excution (cure, )


dispositions constructives (enrobage, )

Paramtres de Conditions
formulation + environnementales
E/C humidit relative
ciment (quantit, composition) temprature
additions minrales (FS, CV, laitiers, ...) exposition (aux chlorures, )
adjuvants organiques agressivit chimique du milieu
granulats

Figure 5.1 : Dmarche scientifique adopte pour l'valuation de la durabilit associe aux processus de
transport.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

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5.2 - Caractrisation de la microstructure

5.2.1 - Porosit accessible l'eau


Les caractristiques du rseau poreux sont des paramtres de premier ordre vis--
vis de la durabilit.

La porosit (accessible l'eau, par exemple) est un indicateur de la qualit gnrale


du matriau. Ce paramtre est plutt bien corrl avec la rsistance moyenne la
compression : quand la porosit diminue (du fait de la diminution du rapport E/C, de
l'ajout d'ultrafines, ), la rsistance augmente (cf. Figure 5.2). On retrouve que la
porosit totale est galement le paramtre du premier ordre qui dtermine la
rsistance la compression.

Tous ces arguments justifient d'un point de vue thorique le classement de la


porosit accessible l'eau parmi les ID gnraux. A titre d'illustration, partir de ce
paramtre, il est possible de :
contrler la production de btons ayant des caractristiques prdfinies,
calculer d'autres indicateurs de durabilit,
qualifier une formule de bton pour un ouvrage, et donc dans un environnement,
donns (cf. 7.2).
De plus, la porosit accessible l'eau est une donne d'entre indispensable pour
tout modle de prdiction de la dure de vie.

Toutefois, la seule dtermination d'une valeur de porosit, paramtre global, n'est


pas toujours suffisante.

5.2.2 - Description de la structure poreuse


La dtermination de paramtres complmentaires, tels que le rayon moyen ou le
rayon critique des pores, la distribution des volumes poreux en fonction de la
dimension des pores, ou encore la surface spcifique, peut tre trs utile. En effet,
les premiers paramtres cits dterminent les proprits macroscopiques de
transport, comme il sera illustr dans la suite de ce document. Par exemple, un
rseau poreux fin, rendant difficile la pntration des agents agressifs, sera
gnralement une condition premire pour assurer la durabilit du bton arm. La
surface spcifique, quant elle, quantifie la surface interne du matriau qui est
accessible aux agents agressifs et qui est susceptible de ragir, d'o son rle dans
les mcanismes dinteraction fluide-matrice.

Sur la base de mesures par intrusion de mercure (cf. 6.2.2.2) et de sorption de


vapeur d'eau (cf. 6.3.2), une classification des diffrents modes poreux
apparaissant sur la distribution des volumes poreux en fonction de la dimension des
pores des ptes de ciment durcies (pcd) et des btons durcis, et une interprtation
de ces modes poreux, ont t proposes dans la rfrence [BARO 94]. Elles ont
depuis t appliques par divers chercheurs (voir par exemple la rfrence [BEJA
01] pour ce qui concerne l'analyse des mcanismes lis au comportement au gel des
btons).

Une tude comparative de la structure poreuse de diffrents matriaux a t mene


par porosimtrie au mercure, afin d'examiner notamment l'volution de la
structuration des matriaux et l'influence des paramtres de formulation (E/C,
prsence de fumes de silice, de cendres volantes, de laitier ou d'air entran) sur la

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 63
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

distribution des volumes des pores "capillaires" (se reporter [BARO 94], [VILL 99],
[BARO 00a], [BARO 01b], [OUNO 01], [BARO 04d], [VILL 08b] et la figure 6.3 au
6.2.2).

L'application de la mthode propose par Barrett, Joyner & Halenda (BJH) [BARR
51] sur la branche de dsorption des isothermes exprimentales de sorption de
vapeur d'eau (cf. 5.3.4) fournit la distribution porale dans la gamme des msopores
(IUPAC) et permet d'accder aux caractristiques intrinsques des C-S-H, non
accessibles par les mthodes classiques d'investigation telles que l'intrusion de
mercure. Les similitudes et les diffrences relatives la structure poreuse des
diffrents matriaux tudis, notamment l'influence des paramtres de formulation
(E/C, prsence de fumes de silice, addition d'une forte quantit de cendres
volantes, ...), ont ainsi pu tre mises en vidence [BARO 94], [BARO 95], [BARO
07e]. Cette mthode a t compare avec la sorption d'azote et la thermoporomtrie
dans le cas de pcd [CHAU 94].

La surface spcifique (accessible aux molcules d'eau) des pcd et des btons durcis
peut tre dtermine par la mthode propose par Brunauer, Emmett & Teller (BET)
[BRUN 38] partir des isothermes exprimentales de premire adsorption de vapeur
d'eau (cf. 5.3.4). Des exemples d'application de cette mthode aux matriaux
tudis sont donns dans les rfrences [BARO 94], [BARO 96a], [BARO 07e] et
illustrent son intrt, en particulier pour les matriaux hautes performances, par
comparaison aux mesures par adsorption d'azote par exemple. En effet, la taille
suprieure des molcules d'azote rend difficile l'accs l'ensemble du rseau
poreux. De plus, les mesures d'adsorption d'azote requirent un schage la fois
"pouss" et non prjudiciable pour la microstructure, ce qui est souvent difficilement
compatible dans le cas des btons. Grce des mesures d'adsorption d'eau, il a par
exemple t montr que les BHP avec fumes de silice pouvaient prsenter une
surface spcifique (accessible aux molcules d'eau) quivalente celle de btons
ordinaires de plus fort E/C [BARO 07e]. La surface spcifique permet en particulier
d'accder la courbe t(h) donnant l'paisseur moyenne de la couche d'eau adsorbe
en fonction de l'humidit relative (cf. 5.3.4.1). On constate que la surface spcifique
est proportionnelle au degr d'hydratation du ciment [BARO 94], [BARO 07e],
comme report galement par d'autres auteurs.

Les travaux mens sur la structure poreuse ont montr par ailleurs qu'il tait
judicieux de tirer parti de la complmentarit des techniques et qu'il tait important
de travailler de faon comparative. Avec les techniques utilises, il n'est en effet pas
possible d'accder des valeurs absolues de porosit, ... (du fait de leurs limitations
et des artfacts de mesure, cf. 6.2.2), mais en procdant comme indiqu, il est
nanmoins possible d'accder des informations utiles sur le matriau.

5.2.3 - Porosit du "gel" C-S-H et porosit "capillaire"


En supposant, sur la base des distributions porales BJH mentionnes au 5.2.2
[BARO 94], que le volume poreux du "gel" C-S-H corresponde approximativement
des pores de rayon rp, tel que rp 5 nm (i.e. HR 76 %), il est possible de dduire
la porosit du "gel" C-S-H partir de la teneur en eau HR = 76 % fournie par
l'isotherme exprimentale de premire dsorption de vapeur d'eau. Les rsultats,
obtenus pour une grande varit de ptes de ciment et de btons durcis, sont
prsents en figure 5.3 [BARO 07e]. Ils mettent en vidence la contribution
significative de la porosit du "gel" C-S-H (de 45 95 % de la porosit totale), en

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 64
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particulier pour les matriaux hautes performances (HP). Les matriaux HP


prsentent par consquent une porosit "capillaire" trs faible (0,8 % a t obtenue
exprimentalement partir des isothermes de dsorption en faisant la diffrence
entre porosit totale et porosit du "gel" C-S-H, pour BH et CH, matriaux trs
faible E/C et contenant 10 % de fumes de silice). On notera par ailleurs que les
valeurs de porosit "capillaire" obtenues exprimentalement partir des isothermes
de dsorption (cf. Figure 5.3 [BARO 07e]) sont en bon accord avec les valeurs
thoriques calcules partir de formules empiriques proposes dans la littrature
(par exemple [BENT 06]) pour des pcd sans addition [BARO 07e].

La porosit du "gel" C-S-H est comprise entre 27,0 et 28,4 % pour la plupart des
matriaux tests [BARO 07e]. Ces rsultats sont en accord avec le modle propos
par Powers & Brownyard [POWE 48a] selon lequel, quels que soient le E/C et le
degr d'hydratation du ciment, la porosit du "gel" C-S-H des pcd a la valeur
intrinsque de 28 %. Sur la base des rsultats prsents ici, la conclusion de Powers
& Brownyard peut donc mme tre tendue aux btons.

Nanmoins, des exceptions ont t mises en vidence : des valeurs particulirement


faibles ont t obtenues pour les matriaux HP trs faible E/C et contenant des
fumes de silice BH (23,5 %) et CH (18,0 %). Ces rsultats sont en accord avec :
les distributions porales BJH : les rayons des pores de ces matriaux sont
infrieurs 2 nm [BARO 95],
les observations au microscope lectronique balayage (MEB) : dans ces
matriaux, le "gel" C-S-H est principalement constitu de produits denses (C-S-H
"HD" [JENN 00], [THOM 06]).
De plus, les valeurs de porosit du "gel" C-S-H trouves pour ces matriaux
semblent cohrentes avec le modle propos par Jennings et al. [JENN 00], [THOM
06], selon lequel la porosit des C-S-H "HD" est gale 24 % et la nanoporosit
(porosit interne aux globules de C-S-H) est gale 18 %, d'aprs [ULM 04]. Il est
important d'ajouter que ces faibles valeurs de porosit du "gel" C-S-H, diffrentes
de celles couramment admises depuis Powers & Brownyard [POWE 48a] pour les
matriaux ordinaires, doivent tre prises en considration dans les modles
macroscopiques (prdictifs) appliqus aux matriaux HP.

5.2.4 - (Teneur en) portlandite Ca(OH)2


La teneur en portlandite Ca(OH)2 (initiale, pour les matriaux susceptibles de se
carbonater) joue un rle fondamental dans de nombreux processus intervenant au
jeune ge et long terme et mettant en jeu la durabilit, comme il va tre illustr
dans les suivants. Ce paramtre peut donc tre considr comme un indicateur
de durabilit gnral (le terme gnral prend ici tout son sens), sous rserve de
disposer de mthodes de mesure adquates (cf. 6.2.3).

5.2.4.1 - Lixiviation par les eaux faiblement minralises et les acides


La portlandite Ca(OH)2 est trs sensible aux agressions chimiques d'origine externe,
en particulier aux attaques acides qui provoquent une lixiviation (voir par exemple
[TOGN 98]) cause de sa forte solubilit (s = 20,1 10-3 mol.L-1 T = 25 C, en
l'absence de NaCl). De ce point de vue, la prsence de cet hydrate en forte quantit
dans le bton rend ce dernier vulnrable ce type d'agressions. La portlandite joue
donc un rle primordial vis--vis des agressions chimiques externes, mais il s'agit ici
d'un rle ngatif (augmentation de la porosit, ...).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 65
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.2.4.2 - Alcali-raction et ractions sulfatiques


Le rle du calcium est unanimement reconnu dans la formation de produits d'alcali-
raction expansifs [AFGC xx]. Plus prcisment, les cristaux de portlandite prsents
dans la pte de ciment durcie interviennent dans lalcali-raction comme une rserve
en ions Ca++, permettant de rapprovisionner la solution (par dissolution) au fur et
mesure de la consommation de ces ions par la prcipitation des produits d'alcali-
raction. Il semble que la nocivit de ces produits soit en grande partie imputable au
calcium [HORN 96]. On notera toutefois qu'il peut se former des C-S-H ou des C-K-
S-H en prsence de calcium qui ne soient pas expansifs. De plus, les gels contenus
dans les "pop-out", essentiellement alcalins, sont pourtant expansifs.

De mme, lors d'une attaque sulfatique, c'est la portlandite qui est d'abord dissoute
pour donner du gypse, qui ragit ensuite avec les aluminates pour former de
l'ettringite secondaire potentiellement expansive.

Dans le cas de l'alcali-raction et des ractions sulfatiques, la portlandite a donc


galement un rle important et ngatif.

5.2.4.3 - Corrosion des armatures du bton arm


Dans un bton sain, le pH lev de la solution interstitielle (pH 13,5) est d la
prsence d'ions OH- provenant des bases alcalines NaOH et surtout KOH, et de la
portlandite. En effet, la portlandite est capable de tamponner la solution interstitielle
un pH de 12,4 jusqu' dissolution complte. La rserve basique que constituent les
cristaux de Ca(OH)2 est donc primordiale pour assurer et maintenir la passivation
des armatures du bton arm au cours du temps. Vis--vis de la protection des
armatures, la portlandite a donc un rle dterminant et positif.

Malheureusement, la portlandite est l'hydrate concern au premier chef par la


carbonatation, quasiment invitable pour les ouvrages exposs aux conditions
atmosphriques, qui consomme majoritairement ce constituant. La teneur initiale en
Ca(OH)2 est ainsi une donne d'entre de la plupart des modles (physico-
chimiques) de carbonatation du bton (cf. 8.4.6, 8.6.2 et 8.6.3). De plus, la taille
moyenne initiale des cristaux de Ca(OH)2 va conditionner les consquences de la
carbonatation sur la microstructure (et en particulier sur la structure poreuse) du
bton, sur l'avancement du front de carbonatation et sur le pH (et donc sur la
dpassivation des armatures) [CHAU 00a], [RAFA 02], [BARO 04b]. Ce paramtre a
donc en particulier t pris en compte en tant que donne d'entre dans le modle
de carbonatation dvelopp par Thiery au LCPC [THIE 04], [THIE 06a].

La teneur en Ca(OH)2 d'un matriau sain est directement lie au type de liant utilis.
Des exemples sont donns dans la rfrence [BARO 04b]. On notera toutefois que
tous les liants, y compris ceux forte teneur en laitier, cendres volantes ou fumes
de silice, garantissent un pH suffisamment lev pour empcher la dpassivation
des aciers : pH > 12 dans les btons base de CEM III/C, par exemple, ou dans
ceux contenant des fumes de silice [LONG 73], [DIAM 83], [PAGE 83], [ZHAN 91],
[HORN 96]. A titre d'illustration, pH = 13,4 a t mesur avec la pcd CH ge de 12
jours [BARO 94], aprs extraction de la phase liquide par compression.

5.2.4.4 - Hydratation du ciment et raction pouzzolanique


A l'chelle microscopique, une relation unique et linaire, indpendante de la
temprature de conservation dans le domaine [10-50 C] et du E/C dans le domaine

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[0,25-0,40], a t mise en vidence entre la teneur en Ca(OH)2 (en g par g de


ciment) et le degr d'hydratation du ciment pour des ptes fabriques avec un
mme ciment CEM I 52,5 HTS et conserves sans change hydrique avec le milieu
environnant, et dont l'ge allait de 3 heures 2 ans (cf. Figure 5.4). Les deux
paramtres ont t dtermins par analyses thermogravimtriques (ATG) (cf.
6.2.3). Ces travaux ayant t mens dans le cadre d'une collaboration avec le GeM-
IUT de Saint-Nazaire (plus prcisment avec A. Khelidj et P. Mounanga) (cf.
Prambule), la figure 5.4 rassemble les donnes issues des deux laboratoires (GeM
et LCPC), illustrant une bonne concordance. La relation linaire est valable partir
de 7 %, seuil partir duquel la portlandite est dtectable par ATG, et le domaine
couvert va jusqu' 80 % [BARO 04e].

Certains aspects de ces rsultats ont pu tre rapprochs de ceux disponibles dans la
littrature et obtenus par d'autres chercheurs : Kjellsen et al. ont ainsi observ par
analyse d'image que pour donn, la temprature (entre 5 et 50 C) n'influait pas
sur la quantit de portlandite produite [KJEL 91]. De plus, ces rsultats purement
exprimentaux ont t confirms par comparaison avec les sorties d'un modle
semi-empirique bas sur des expressions analytiques dcrivant le processus
d'hydratation (cas des matriaux de CEM I sans addition minrale ractive). Ce
modle a t dvelopp dans le cadre de la thse de Mounanga [MOUN 03], [MOUN
04] (Opration de Recherche 11B021, cf. Prambule). Il a ainsi t montr que le
coefficient de proportionnalit entre et la teneur en Ca(OH)2 pouvait tre estim
partir d'un systme d'quations chimiques dcrivant l'hydratation des principales
phases du clinker. La seule connaissance de la composition minralogique du
ciment permet donc de prdire l'volution de la teneur en Ca(OH)2 produite en
fonction de .

L'ge correspondant 7 % est identifi l'chelle microscopique comme le seuil


"chimique" de prcipitation de la portlandite, dtectable par ATG, correspond plutt
bien aux temps (de dbut et de fin) de prise mesurs par le test normalis l'aiguille
de Vicat et donc un seuil "physico-mcanique" l'chelle macroscopique, comme
illustr en figure 5.5 [MOUN 06]. En particulier, quand T 40 C, les temps de dbut
et de fin de prise tant trs proches, une excellente concidence est mise en
vidence entre les deux types de seuil (cf. Figure 5.5).

Ces rsultats mettent en vidence que le seuil de dtection de la portlandite par ATG
est un bon indicateur de la (fin de) prise des ptes de ciment et que la teneur en
Ca(OH)2 (mesure par ATG) est un indicateur (chimique) pertinent de
l'avancement des ractions d'hydratation partir de cette chance pour les
formules de CEM I sans addition minrale ractive, au mme titre que la teneur en
eau chimiquement lie, par exemple (cf. 6.3.1). Donc, toute proprit directement
lie au processus d'hydratation pourra galement s'exprimer linairement en fonction
de la teneur en Ca(OH)2 partir du seuil indiqu (par exemple, retrait volumique
endogne, cf. 5.2.4.5).

On notera par ailleurs qu'en prsence d'additions minrales pouzzolaniques (cendres


volantes ou fumes de silice), la teneur rsiduelle en Ca(OH)2 quantifie
l'avancement de la raction pouzzolanique, comme illustr dans le tableau 5.1
(voir galement [BARO 01a]) :

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Tableau 5.1 : Teneur en Ca(OH)2 mesure par ATG diffrents ges


Matriaux sans addition Matriaux avec FS Matriaux avec CV
pcd CN pcd CO pcd CH bton BH bton CFA
(E/C = 0,45) (E/C = 0,35) (E/C = 0,20 ; (E/C = 0,27 ; (E/C = 0,74 ;
FS/C = 0,10) FS/C = 0,10) CV/C = 0,54)
[BARO 06c] [BARO 06c] [BARO 94] [BARO 94] [BARO 04b]
Age Teneur en Ca(OH)2
(% par rapport la masse thorique initiale de ciment)
7 jours 1,9
1 mois 30,6 24,6 0
3 mois 32,2 27,7 3,4 19,5
6 mois 3,5 3,9 10,0
9 mois 6,7
2 ans 34,6 29,5

5.2.4.5 - Dformations endognes


La portlandite Ca(OH)2 joue galement un rle cl dans le dveloppement des
dformations endognes (i.e. mesures temprature constante et sans change
d'humidit avec le milieu environnant, cf. 5.8) des ptes de ciment. Elle intervient
en fait sous les deux aspects suivants :
effet chimique : la quantit de Ca(OH)2 joue le rle d'un indicateur chimique de
l'volution du processus d'hydratation (et en particulier de la prise) (cf. 5.2.4.4)
et donc des dformations volumiques lies ce processus,
effet (micro)structural, gnr par la formation et la croissance de cristaux de
Ca(OH)2 de grandes dimensions (pression de cristallisation), et fonction de la
formulation [BARO 04e], [BARO 06c].

La relation linaire, reporte dans [MOUN 06], obtenue entre le retrait volumique
endogne et la teneur en Ca(OH)2, lorsque les valeurs sont initialises au seuil 7
%, dans le cas de la pte CI (CEM I 52,5 HTS et E/C = 0,25) au jeune ge, quelle
que soit la temprature dans le domaine [10-50C], s'explique alors par la
prpondrance dans ce cas de l'effet chimique. Le gonflement longitudinal endogne
observ sur les ptes de mme ciment avec E/C 0,40 (cf. 5.8.3.2) [BARO 06c]
peut, quant lui, s'expliquer par des effets structuraux significatifs, ou en tout cas
capables de dpasser les dformations dues au retrait chimique (devenant trs
faibles lorsque le matriau a fait prise) et le retrait d'autodessiccation (qui est faible
dans ce domaine de E/C). En effet, dans ce domaine de E/C, les dimensions des
cristaux de Ca(OH)2 augmentent notablement en fonction du rapport E/C, comme
observ au MEB dans [CHAU 00a]. On notera que le dveloppement d'autres
hydrates (ettringite, C-S-H, ...) peut galement contribuer au gonflement mesur
[BARO 04e], [BARO 06c].

5.2.4.6 - Conclusion
Au total, il apparat clairement que la portlandite Ca(OH)2 (par le biais de sa teneur et
ventuellement de la taille de ses cristaux) est un paramtre pertinent tout au long de
la vie du bton (arm) : ds les premires heures (indicateur de prise du bton), au
cours du durcissement (indicateur de l'tat d'hydratation du ciment et du
potentiel de dformations du bton) et au cours du vieillissement long terme
(indicateur de durabilit gnral du bton arm), pour les formules de CEM I sans
addition minrale ractive. C'est de plus un indicateur d'avancement de la raction
pouzzolanique pour les formules avec cendres volantes ou fumes de silice.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 68
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5.2.5 - Evolution long terme de la microstructure


Une des spcificits des recherches menes sur l'volution long terme de la
microstructure concerne la comparaison entre matriaux ordinaires et matriaux
hautes performances.

5.2.5.1 - Exemple 1 : influence du E/C


Au cours de l'hydratation du ciment, la porosit capillaire diminue au fur et mesure
que le volume d'hydrates (externes) augmente. On observe ainsi par intrusion de
mercure une diminution du volume poreux associ au mode principal et un dcalage
de ce dernier vers des dimensions de pores plus petites [BARO 94], [BARO 04d].
Cependant, plus ou moins long terme selon la formulation (influence essentielle de
E/C et de la taille initiale des grains de ciment), l'apparition de grains de Hadley
[HADL 00] (espaces poreux) de dimensions et en proportions importantes peut
contrebalancer la diminution de porosit capillaire, voire entraner une augmentation
de la porosit totale. Ce dernier effet se manifeste par l'apparition et l'augmentation
au cours du temps, sur la distribution des volumes poreux obtenue par intrusion de
mercure, d'un mode poreux secondaire (entre 102 et 103 nm, comme illustr dans la
rfrence [BARO 04d] pour le bton B30 des Ouvrages Jumeaux de Bourges 3
ans. Ceci a en outre t confirm par le suivi au cours du temps de la distribution des
volumes poreux de la pcd CO (E/C = 0,35) conserve en laboratoire [BARO 01b].

A titre d'illustration, en observant par MEB-ERD la microstructure d'chantillons


prlevs cur sur des ouvrages de plusieurs annes, on peut constater, pour des
btons ordinaires (E/C 0,40) mais de E/C modr, de nombreuses empreintes de
grains de ciment entirement consomms qui ont laiss la place des espaces
poreux (grains de Hadley) (zones apparaissant en noir sur la figure 5.6a relative au
bton B30 des Ouvrages Jumeaux de Bourges 3 ans [BARO 04d]) dans une
matrice plutt dense. L'hydratation s'est produite dans des conditions telles que le
cur des grains est rest vide, aucun produit d'hydratation n'ayant rempli cette zone.

Dans les matriaux fort E/C, on atteint court terme un fort degr d'hydratation et
les conditions hydriques et d'accessibilit sont telles que des produits d'hydratation
peuvent aisment atteindre le cur des grains. De plus, plus long terme, dans la
microstructure de ces btons, les grains de Hadley ne se distingueront pas des
autres zones de vides rsiduels localises entre les grains de ciment initiaux
(galement entre 102 et 103 nm [BARO 01b]).

Contrairement au bton B30 qui semblait compltement hydrat cur l'chance


de 3 ans (cf. Figure 5.6a), dans le cas des BHP (E/C < 0,40), comme dans tout
matriau cimentaire faible E/C, une forte proportion de grains de ciment anhydres
subsiste long terme (du fait de l'insuffisance de la quantit d'eau initiale et de la
difficile diffusion des ions dans un matriau trs dense). Ces zones apparaissent en
blanc sur la figure 5.6b (relative un chantillon de bton B70FS, BHP avec fumes
de silice, prlev cur dans les Ouvrages Jumeaux de Bourges l'ge de 3 ans
[BARO 04d]). Le mme type d'image a t obtenu dans le cas de prlvements issus
du tablier du Pont de l'Ile de R l'ge de 14 ans (bton B60FS [BARO 04d]). Ceci
souligne le ralentissement trs net et prcoce des ractions d'hydratation dans les
BHP. Aucun grain de Hadley n'est dtect sur la figure 5.6b et il n'y a pas de cration
de porosit notable long terme dans ces btons. On constate en effet que la
microstructure des BHP se densifie (la porosit diminue et la structure poreuse

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 69
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

s'affine) avec l'ge, quelles que soient les conditions environnementales, comme
illustr par les mesures par intrusion de mercure reportes dans la rfrence [BARO
04d].

On met en vidence un seuil pour E/C 0,40 (cf. 5.11), correspondant


clairement la valeur limite pour assurer une hydratation complte, seuil que
l'on retrouve dans la littrature.

5.2.5.2 - Exemple 2 : influence de la prsence de fumes de silice


Des agglomrats de particules de fumes de silice sont susceptibles de se former au
sein de la microstructure dans certains cas [BONE 92], [DIAM 98], notamment
lorsque les particules ont t mal disperses lors du malaxage (surtout lorsque la
teneur en fumes de silice est importante et la quantit d'eau est faible), crant ainsi
des htrognits dans la microstructure. De plus, des produits du type gel d'alcali-
raction sont susceptibles de se dvelopper partir de ces agglomrats. Ces
produits sont une source potentielle de gonflement et de (micro)fissuration locale
(comme illustr sur les images obtenues au MEB figurant dans les rfrences [BARO
94], [DIAM 98], [BARO 01a] et [BARO 01b]).

Ces agglomrats et ces produits sont susceptibles d'influencer les dformations


endognes du matriau et leurs consquences (comme illustr dans la rfrence
[BARO 01a]). De plus, du fait de la prsence d'htrognits dans la microstructure,
de microfissures pr-existantes, de zones potentiellement expansives, ...,
susceptibles de favoriser fissuration et gonflement du matriau lors de l'apport d'eau
et de la soumission des cycles de gel-dgel, ils contribuent certainement
expliquer l'effet ngatif des fumes de silice observ en laboratoire sur le
comportement vis--vis du gel avec ou sans sels pour les btons de la gamme B60-
B80 (voir [BARO 02c], [BARO 04c] et figure 5.35 au 5.10). Il a d'ailleurs t
rapport dans la littrature que la densit des microfissures dans les ptes hautes
performances, observes par MEB environnemental, augmentait quand la teneur en
fumes de silice substitue une partie du ciment augmentait [KJEL 96].

Nanmoins, les zones concernes par ces agglomrats de fumes de silice ayant
plus ou moins ragi restent trs localises. De plus, la formation de ces gels a plutt
lieu a court terme, tant donn la forte ractivit de la fume de silice. Ces zones ne
constituent donc pas un risque de dgradation du matriau par alcali-raction, en
conditions normales, l'chelle macroscopique et encore moins l'chelle de la
structure. On constate en effet au contraire un effet "ralentisseur" voire "inhibiteur"
sur l'alcali-raction (et en particulier le gonflement) de la part des fumes de silice,
rsultant probablement notamment de la diminution de la concentration en OH- de la
solution interstitielle, de la teneur en ions calcium et de la teneur en alcalins et de la
finesse du rseau poreux (voir [HORN 96], [BARO 04d], [AFGC xx] et figure 4.2).
Des mlanges ternaires contenant fumes de silice et cendres volantes ont
galement montr une rduction du gonflement (fixation des alcalins par les fumes
de silice) [SHEH 02].

5.2.6 - Effet d'une lvation de temprature sur la microstructure

5.2.6.1 - Hydratation temprature leve


Lorsque l'on augmente la temprature de cure (par exemple 50 ou 60 C au lieu de
20 C), la rsistance au jeune ge peut tre nettement plus grande, car

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 70
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

l'augmentation de temprature acclre l'hydratation (les processus de dissolution-


prcipitation sont activables thermiquement) en raccourcissant notamment la priode
d'induction (nomme galement priode dormante ou encore de latence). Cette
priode correspond un tat quasi-stable pendant lequel le systme parat ne pas
voluer : le degr d'hydratation reste faible et pratiquement constant. Toutefois, la
rsistance lectrique du systme dcrot progressivement jusqu' atteindre un
minimum marquant la fin de la priode d'induction, comme illustr dans [VYDR 07],
et les mesures RMN montrent une activit chimique non ngligeable (formation de C-
S-H notamment, [ZANN 03]). Selon la thorie de la nuclation, quand la temprature
augmente, la barrire de nuclation dcrot et donc la probabilit de formation d'un
nouvel amas d'hydrates susceptible de crotre augmente. Au-dessus de 40 C, la
priode d'induction est trs courte par rapport celle 23 C (pour un ciment donn
et E/C = 0,50, elle dure respectivement moins de 2 heures et environ 3,5 heures
[VYDR 07]). Raccourcir la priode d'induction a pour consquence (ngative) d'un
point de vue pratique de raccourcir la priode d'ouvrabilit du bton sur chantier. De
plus, il est bien connu que l'hydratation temprature leve a des consquences
ngatives sur les proprits mcaniques rsiduelles (on constate presque toujours
une rsistance moyen et long terme plus faible). Il a t mis en vidence que la
texture d'une pte de C3S hydrate 50 C ou 65 C est moins homogne et que
sa structure poreuse est plus grossire que celle de la mme pte hydrate 20 ou
25 C et au mme degr d'hydratation (voir par exemple [BENTUR 80]). De mme,
une microstructure plus poreuse et un rseau poreux mieux connect ont t
observs par microscopie [KJEL 91], [YAHU 95]. Les mmes constatations ont t
faites par porosimtrie au mercure [PARK 02], [BARO 04e]. Les consquences de
l'augmentation de la temprature de cure sont galement visibles sur la cintique et
l'amplitude finale des dformations volumiques de retrait endogne au jeune ge
(voir 5.8.2 et [MOUN 06]). Ces rsultats peuvent s'expliquer notamment par la
formation rapide de C-S-H internes, qui gnent le processus d'hydratation : le
remplissage des pores capillaires est moins efficace. De plus, l'hydratation
temprature mme modrment leve modifie la structure des hydrates : des C-S-H
internes de plus faibles microporosit et teneur en H2O ont t observs par
Scrivener et al. [SCRI 92], [FAMY 02], et une plus grande polymrisation des C-S-H,
c'est--dire des chanes silicates plus longues et donc des C-S-H plus denses, a t
observe par Jennings et al. [JENN 00], [THOM 06].

En outre, l'augmentation de la temprature de cure peut tre l'origine de


pathologies long terme ( partir de 60 C, formation possible d'ettringite diffre,
par exemple). De mme, dans le cas des Btons Fibrs Ultra Hautes
Performances (BFUP) contenant des fibres synthtiques, un retrait ou une
dtrioration des fibres lors du traitement thermique peut augmenter la porosit
l'interface fibre-matrice et donc amoindrir les proprits relatives la durabilit. On
notera par exemple qu' l'ge de 90 jours et aprs schage T = 105 C, une
porosit l'eau de 12,4 % et une permabilit aux gaz de 27110-18 m2 ont t
mesures sur un BFUP de fibres synthtiques avec Rmoy.28 = 200 MPa, alors que
dans les mmes conditions la porosit tait de 11,0 % et la permabilit de 5810-18
m2 sur un BFUP de formulation similaire mais compos de fibres mtalliques avec
Rmoy.28 = 210 MPa.

5.2.6.2 - Exposition une temprature leve aprs durcissement


Le matriau durci est quant lui sensible de fortes lvations de temprature. A
titre d'illustration, les consquences d'une augmentation de la temprature du

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 71
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

traitement thermique entre T = 105 C et T = 400 C sur la microstructure d'un bton


ordinaire (M30) et de 3 BHP (M75FS, M75FS-SC et M100FS) ont t tudies
notamment par intrusion de mercure l'ge d'environ 6 mois [BARO 97a]. Les
rsultats obtenus ont contribu la comprhension du comportement au feu des
BHP [KALI 98], [PIMI 05].

Les principaux rsultats mis en vidence dans cette tude, dans le domaine des
tailles de pores accessibles par intrusion de mercure, sont : une augmentation de la
porosit, une diminution de la densit apparente et une modification de la distribution
porale, lorsque la temprature du traitement thermique passe de 105 C 400 C (cf.
Figure 5.7) [BARO 97a]. Le volume poreux non ngligeable qui se dveloppe dans
les gammes de rayons > 0,1 m (cf. Figure 5.7) peut tre attribu un
accroissement de la taille des pores (capillaires) entre les amas d'hydrates, des
htrognits aux interfaces et de la microfissuration connecte. Le rseau
"poreux" (pores + dfauts) interconnect devient plus grossier. Les microfissures
sont plus marques ou en tout cas se situent dans des gammes de dimensions plus
grandes dans le cas des BHP par rapport au bton ordinaire M30 T = 400 C. Ces
observations ont t corrobores par d'autres techniques [PIMI 05]. Par contre, le
mode poreux principal des btons (situ entre environ 10 et 100 nm) n'est quasiment
pas modifi, lorsque la temprature du traitement thermique passe de 105 C 400
C. On distingue seulement T = 400 C un lger resserrement du pic du mode
poreux principal, pour les btons M30 et M75FS, tmoignant peut-tre d'une lgre
densification des amas d'hydrates. On notera toutefois que, d'aprs la littrature (voir
par exemple [KAPI 01]), la distribution du volume des pores relatifs au "gel" C-S-H,
non visible sur la figure 5.7, est par contre nettement modifie, rsultat de la
modification de ces hydrates aux hautes tempratures.

On constate par ailleurs que les distributions porales des diffrents BHP sont trs
semblables T = 105 C et le restent T = 400 C (cf. Figure 5.7). Toutefois, les
dgradations qui apparaissent, notamment en termes de microfissuration et de d-
cohsions pte-granulat observes par microscopie, semblent plus prononces dans
le cas du BHP M75FS-SC par rapport aux autres BHP tests, probablement du fait
de la formulation particulire de ce matriau (teneur en ciment, proportions et nature
silico-calcaire des granulats avec une forte proportion de silexodes qui ont la
proprit de se cliver naturellement sous l'effet des hautes tempratures) [PIMI 05].

Enfin, il est important de rappeler qu' T = 105 C, la microstructure est dj modifie


par rapport T = 20 C (comme illustr par exemple par analyses thermiques dans
[BARO 94] ou par mesures par intrusion de mercure dans la figure 6.3 au 6.2.2.2).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 72
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Porosity accessible to water (%)


15

2
10 R = 0,9319

5
exp. data
linear regression
0
0 20 40 60 80 100 120
28-day average compressive strength (MPa)

Figure 5.2 : Porosit accessible l'eau mesure par pese hydrostatique, en fonction de la rsistance
moyenne la compression, sur prouvettes de bton conserves dans l'eau en laboratoire pendant 28 jours.

70
Poro. tot. (theoretical)
Poro. tot. (hydro. weighing)
60 Poro. tot. (sorption)
Poro. tot. (gamma-ray)
50 Poro. C-S-H (sorption)
27.0%
Porosity (%)

40 18.0%
30 28%
20

10

0
CP PCB hyd. C3S CN C CO CH
Hcp

a) ptes de ciment durcies et C3S hydrat de synthse

20
Poro. tot. (theoretical)
18 Poro. tot. (hydro. weighing)
27.7% 27.5% 27.6% 27.9% Poro. tot. (sorption)
16
Poro. tot. (gamma-ray)
14 27.7% Poro. C-S-H (sorption)
Porosity (%)

12 27.0% 27.5%
10
8 23.5%
6
4
2
0
M25 B30-A BO-AF B BO-SN B80-S BO BH
(44C) Concrete

b) btons

Figure 5.3 : Porosit accessible l'eau et porosit du "gel" C-S-H, dduites des isothermes exprimentales
de dsorption de vapeur d'eau, pour diffrents matriaux. Comparaison avec la porosit mesure par pese
hydrostatique, la porosit mesure par gammadensimtrie et la porosit "thorique" dduite de la formule du
matriau et du degr d'hydratation, d'aprs [BARO 07e].
Les valeurs de porosit du "gel" C-S-H, exprimes en % par unit de volume de pcd, sont galement reportes sur les
graphiques.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

0.4
4E-01
E/C 0,45

(g.g de ciment anhydre initial) 0.3


3E-01
Teneur en Ca(OH)2

0.2
2E-01

0.1
1E-01
Seuil : =7%
-1

0.0
0E+00

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Degree of hydration (%)
Figure 5.4 : Teneur en Ca(OH)2 en fonction du degr d'hydratation du ciment (), mesurs par ATG, pour
des ptes de ciment CEM I 52,5 HTS (0,25 E/C 0,60) conserves sans change hydrique avec le milieu
environnant en conditions isothermes 10, 20, 30, 40 ou 50 C, partir de [BARO 04e].

10 Age (hours) Final Vicat setting time 10 Age (hours) Final Vicat setting time

8 Initial Vicat setting time 8 Initial Vicat setting time

Ca(OH)2 precipitation Ca(OH)2 precipitation


6 threshold 6 threshold
4 4

2 2

0 Temperature (C) 0 Temperature (C)


0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
a) E/C = 0,25 (CI) b) E/C = 0,30

10 Age (hours) Final Vicat setting time 10 Age (hours) Final Vicat setting time

8 Initial Vicat setting time 8 Initial Vicat setting time

Ca(OH)2 precipitation Ca(OH)2 precipitation


6 threshold 6 threshold
4 4

2 2

0 Temperature (C) 0 Temperature (C)


0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
c) E/C = 0,35 (CO) d) E/C = 0,40

Figure 5.5 : Comparaison entre les temps de dbut et de fin de prise mesurs l'aiguille de Vicat et le seuil
"chimique" (prcipitation de Ca(OH)2 dtecte par ATG), pour des ptes de ciment CEM I 52,5 HTS
conserves sans change hydrique avec le milieu environnant en conditions isothermes diffrentes
tempratures, d'aprs [MOUN 06].

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a) bton B30 b) bton B70FS


Figure 5.6 : Images obtenues au MEB (G = 250X) par lectrons rtrodiffuss sur la surface polie
d'chantillons de bton issus de carottes prleves cur sur les Ouvrages Jumeaux de Bourges
l'chance de 3 ans, d'aprs [BARO 04d].

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60 50
45
V/ log(r) (mm . .g )

105C

V/ log(r) (mm . .g )
105C
3 -1 -1

50

3 -1 -1
40
400C 400C
40 35
30
30 25
20
20 15
10
10
5
0 0
10 100 1000 10000 100000 1000000 10 100 1000 10000 100000 1000000
Pore radius () Pore radius ()

a) bton ordinaire M30 T = 105 C et T = 400 C b) BHP M100FS T = 105 C et T = 400 C


(PHg(105C) = 10,2 % et PHg(400C) = 13,4 %) (PHg(105C) = 6,2 % et PHg(400C) = 8,8 %)

50 50
45 105C 45 105C
40 40
V/ log(r) (mm . .g )

400C V/ log(r) (mm . .g ) 400C


3 -1 -1

3 -1 -1

35 35
30 30
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
10 100 1000 10000 100000 1000000 10 100 1000 10000 100000 1000000
Pore radius () Pore radius ()

c) BHP M75FS T = 105 C et T = 400 C d) BHP M75FS-SC T = 105 C et T = 400 C


(PHg(105C) = 6,8 % et PHg(400C) = 9,5 %) (PHg(105C) = 7,3 % et PHg(400C) = 10,2 %)

60 50
M30 M30
V/ log(r) (mm . .g )

50 M75FS M75FS
3 -1 -1

40
V/ log(r) (mm . .g )
3 -1 -1

M75FS-SC M75FS-SC
40 M100FS M100FS
30
30
20
20
10
10

0 0
10 100 1000 10000 100000 1000000 10 100 1000 10000 100000 1000000
Pore radius () Pore radius ()

e) diffrents btons T = 105 C f) diffrents btons T = 400 C

Figure 5.7 : Comparaison des distributions des volumes poreux dtermines par intrusion de mercure de
btons gs d'environ 6 mois et pralablement traits ( 3 mois) T = 105 C et T = 400 C.
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 37 < rp < 60 m.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.3 - Proprits hydriques : cintiques et valeurs d'quilibre

5.3.1 - Schage endogne (autodessiccation)


Le schage endogne (ou autodessiccation) accompagnant l'hydratation se
caractrise par une diminution de l'humidit relative (HR) interne. Cette diminution
est significative pour les matriaux faible E/C, avec ou sans fumes de silice,
comme illustr dans les rfrences [BARO 97b], [BARO 01a], [PERS 02], [BARO
05d]. Par exemple, on enregistre HRint. 75 % pour une pte de ciment E/C = 0,25
(CI) (valeur la plus faible mesure sur les ptes testes [BARO 05d], en accord avec
Powers [POWE 48b]) et HRint. 70 % pour le bton BH, T 21 C aprs un an de
conservation en conditions "endognes", c'est--dire sans change hydrique avec le
milieu environnant. En outre, une campagne de mesures ralise sur des
prouvettes conserves 10 ans en conditions "endognes" (8 formules diffrentes de
BHP et BTHP, de E/C compris entre 0,26 et 0,38) a montr que HRint. tait comprise
entre 67 et 84 % ( 0,5 % prs) T = 21 C. Ainsi, l'autodessiccation des btons
hautes et trs hautes performances est trs prononce. De plus, elle dmarre trs
tt : l'humidit relative interne de ces btons peut atteindre 70-75 % ds 28 jours en
conditions endognes. Ces rsultats remettent en cause d'une certaine manire la
limite couramment admise au-dessous de laquelle l'hydratation s'arrte (HRint. 80 %
[POWE 48b]), limite dj remise en cause par Wittmann ds 1968 [WITT 68].
Lorsque l'HR interne descend au-dessous de 76 %, de l'eau issue des C-S-H est
dsorbe [BARO 94]. Donc, lorsque l'eau capillaire fait dfaut, les grains de ciment
anhydres, plus hydrophiles que les C-S-H, peuvent utiliser l'eau adsorbe sur ces
derniers (plus particulirement les C-S-H "internes") pour continuer s'hydrater
[BARO 94]. Ce phnomne est certainement l'origine de la modification des C-S-H
enregistre au cours du temps, notamment long terme, et reporte dans la
littrature ("vieillissement chimique" qui induit une polymrisation des chanes
silicates et une densification des C-S-H [JENN 00], [THOM 06]). Naturellement, la
valeur de l'HR interne dpend de la demande en eau du ciment, et plus
gnralement de sa composition minralogique [BARO 01a]. De plus, un effet
spcifique des FS a t report dans la littrature [JENS 95]. En outre, l'tat de
saturation initial des granulats influence la valeur d'HR interne mesure dans le cas
des btons. La valeur de HRint. d'quilibre dpend aussi de la temprature.

5.3.2 - Schage exogne : volution en fonction du temps (cintiques et profils


hydriques)
Les figures 5.8 et 5.9 illustrent les courbes de perte relative de masse globale
("cintiques") et les profils hydriques obtenus par gammadensimtrie (cf. 8.3.1),
pour des prouvettes de matriaux durcis soumis un schage exogne "pur" (i.e.
une fois l'essentiel de l'hydratation accomplie) HR et temprature contrles en
laboratoire. On constate que le schage "pur" est trs lent dans les matriaux
cimentaires (voir galement les cintiques et les profils prsents au 5.6 en figures
5.22 et 5.23, au 8.4.3 en figure 8.13 et dans les rfrences [BARO 94], [BARO
07e]).

Les profils de taux de saturation obtenus par gammadensimtrie sur des carottes
incluant la surface expose et prleves sur des corps d'preuve aprs 4 ans
d'exposition sur le site de Melun sont prsents en figure 5.10a pour diffrentes
formules de bton [BARO 04d]. Les profils obtenus sur des BHP dans diffrents
environnements (M75FS du site de Melun et de Maurienne aprs 4 ans, et B60FS du
tablier du Pont de l'Ile de R aprs 14 ans) sont prsents en figure 5.10b [BARO

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 77
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

04d]. Le schage naturel du bton partir de la surface expose aux conditions


environnementales (parement), ainsi que les caractristiques microstructurales
rsultantes et leur gradient en fonction de la profondeur, expliquent la diminution du
taux de saturation en zone superficielle sur une paisseur variable selon la formule
(gradient entre cur et surface). Plus un matriau est poreux, plus il est sensible aux
conditions environnementales (notamment aux cycles d'humidification-schage) et
est influenc par ces cycles sur une paisseur importante et plus son tat de
saturation va donc dpendre du site. Ainsi, les BHP conservent au cours du temps
un taux de saturation trs lev mme en zone superficielle (0,80-0,85 en "peau" et
0,95-1 cur), y compris sur le site de Melun (HRmoy.ext. 55 % lors du carottage
[BARO 05d], [BARO 07e]) (cf. Figure 5.10b). A une profondeur donne, les valeurs
de taux de saturation, obtenues dans diffrents environnements (sites de Melun et
de Maurienne, et Pont de l'Ile de R), diffrentes chances, et quel que soit le
BHP, sont trs proches. Les BHP sont donc trs peu sensibles aux conditions
environnementales, dans un large domaine d'HR (rsultat des spcificits de leurs
isothermes de sorption de vapeur d'eau dans le domaine 50 < HR < 100%, cf.
5.3.4.1). Ils seront donc peu enclins la fissuration associe aux dformations
hygromtriques gnes. On notera que dans ces btons, un fort taux de saturation
est tout fait compatible avec une forte autodessiccation (cf. 5.3.1) [BARO 07e] du
fait de la finesse du rseau poreux. La donne du profil de taux de saturation ou de
teneur en eau et de l'isotherme de sorption de vapeur d'eau permet d'accder l'HR
interne du matriau [BARO 07e].

La figure 5.11 prsente la diminution de l'HR interne en fonction du temps, mesure


par sondes thermohygromtriques implantes diffrentes profondeurs (x) dans une
dalle de surface 1000 x 1000 mm et d'paisseur 160 mm en bton BO-SN (CEM I
52,5 HTS ; E/C = 0,58) expose HR = 50 5 % et T = 20 1 C par sa face
suprieure ds le coulage [KHEL 02]. Cette figure met nouveau en vidence la
lenteur du schage. Plus prcisment, on observe deux phases, l'chance de 30
jours semblant correspondre l'apparition d'un rseau gazeux connect sur toute la
hauteur de la dalle :
entre 0 et 30 jours : la zone situe x = 80 mm n'enregistre aucune diminution de
l'HR interne (matriau peu sujet l'autodessiccation), alors que la zone situe x
= 10 mm subit une diminution trs significative de l'HR interne rsultant du
schage exogne,
au del de 30 jours : l'HR interne commence ds 30 jours diminuer dans la
zone situe x = 80 mm, la cintique est nettement ralentie dans la zone situe
x = 10 mm (la pente de la courbe s'annule aux alentours de 250-300 jours,
lorsque l'quilibre est atteint HR = 50 5 % avec le milieu environnant), et les
courbes prennent une pente semblable aux autres profondeurs.

5.3.3 - Interactions entre hydratation et schage exogne


L'hydratation du ciment (qui gnre un schage endogne) et le schage exogne
du bton interviennent de faon concomitante ds le dcoffrage dans la plupart des
structures en bton. Les interactions existant entre ces deux processus se traduisent
par l'apparition de gradients de proprits, comme indiqu au prcdent. Il est
important de comprendre, puis de prvoir, les consquences (ngatives) de ces
interactions observes sur les structures : dformations diffrentielles et en particulier
courbure et relvement des bords des dalles en bton, hydratation gne par le
schage exogne dans la zone proche de la surface des ouvrages induisant une
mauvaise qualit de parement voire du bton d'enrobage, et fissuration superficielle.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 78
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Ces interactions viennent en effet s'ajouter aux autres origines de "l'effet de peau"
(effet de paroi, ractions chimiques de carbonatation ou avec l'eau de mer, ...), c'est-
-dire de la qualit infrieure du bton de la zone superficielle.

Une analyse prcise de ces interactions a t ralise dans diffrents projets. Par
exemple, un ventail complet d'investigations et de traitement des donnes a t mis
en oeuvre dans le cadre d'une recherche mene en collaboration entre le LCPC (V.
Baroghel-Bouny et G. Villain), le LGCNSN-IUT de Saint-Nazaire (G. Bastian et A.
Khelidj) et le LRPC d'Angers (J. Godin) (Thme de Recherche OA9, cf. Prambule)
: mesure globale et locale en fonction de la distance la surface expose au
schage exogne, sur prouvettes et sur dalle en bton, des caractristiques
microstructurales, hydriques et thermo-physiques, ainsi que des proprits de
transfert et des dformations [KHEL 02] (voir galement 5.3.2).

Les investigations menes dans le cadre du Projet National BHP 2000 (cf.
Prambule) ont montr que pour les BHP en environnement naturel, les gradients de
proprits entre le cur et la zone superficielle ("peau"), ainsi que la microfissuration
superficielle (due notamment au retrait de dessiccation gn), ne concernaient
quune trs faible profondeur (comme illustr par exemple pour la porosit et la
structure poreuse sur les figures 8.15 et 8.14 au 8.5) (voir galement la figure
5.10b pour les proprits hydriques) [BARO 04c], [BARO 04d]. De plus, aucune
consquence ngative de "l'effet de peau" n'a t enregistre sur les proprits
macroscopiques relatives la durabilit, aux chances d'observation. Dans les
BHP, "l'effet de peau" reste donc trs limit et apparat peu prjudiciable vis--vis de
la protection des armatures.

Une conclusion oppose peut tre tire des investigations menes sur les matriaux
contenant de fortes quantits de cendres volantes : le schage exogne (prcoce)
est particulirement prjudiciable en zone superficielle, car il gne les ractions
d'hydratation et la raction pouzzolanique entre la portlandite et les cendres volantes,
et donc la densification de la microstructure, qui est particulirement lente dans ces
matriaux, comme illustr par exemple dans [VILL 99]. Ceci a t mis en vidence
pour la porosit et la structure poreuse dans le cas d'prouvettes soumises un
schage contrl en laboratoire HR = 65 5% et T = 20 2 C (voir figure 5.12
et les rfrences [VILL 99], [VILL 08b]) et dans le cas d'un corps d'preuve soumis
au schage naturel in situ (cf. Figure 5.13 et figure 8.15 au 8.5). Il en rsulte une
porosit plus forte, ainsi qu'un rseau poreux mieux connect et plus grossier, alors
que la structuration dans de bonnes conditions (hydriques) conduit un rseau
poreux aussi faiblement connect que dans le cas d'un matriau faible E/C.

Il rsulte des interactions entre schage exogne et processus d'hydratation que,


suivant la formule du matriau, on peut enregistrer une diffrence significative entre
le retrait "total" mesur sur une prouvette soumise un schage ds le jeune ge et
la somme des dformations enregistres sparment en configurations endogne et
de schage "pur" [BARO 01d], [VILL 99], [VILL 08b]. Dans le cas gnral, la
dformation long terme de retrait "total" mesure en conditions couples est
infrieure la somme des dformations dcouples.

L'analyse de ces donnes fournit des lments utiles pour optimiser les
procdures de cure en fonction de l'ensemble [formule du bton - gomtrie de
la structure - conditions aux limites (i.e. environnementales)], afin d'obtenir

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 79
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

une bonne qualit du bton de la zone superficielle permettant d'assurer une


barrire efficace contre la pntration des agents agressifs.

5.3.4 - Comprhension des interactions eau-matrice : isothermes de dsorption et


d'adsorption de vapeur d'eau
Les isothermes de dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau (relation entre la
teneur en eau d'quilibre de l'chantillon de matriau et l'humidit relative rgnant
dans son rseau poreux une temprature donne) permettent de quantifier les
interactions eau-matrice et les interactions liquide-vapeur. Une base de donnes a
t constitue, partir des expriences dcrites au 6.3.2 ralises sur une trs
large gamme de matriaux depuis vingt ans et incluant des cycles dans diffrents
domaines d'HR, dans le but notamment d'analyser le phnomne d'hystrsis et
l'influence des paramtres de formulation (E/C, composition du ciment, prsence de
FS ou de CV, prsence de granulats, ...), de la temprature et des dimensions des
chantillons [BARO 94], [BARO 07e].

Ces donnes sont d'un intrt majeur pour la comprhension du comportement


hydrique des matriaux base de ciment. Elles permettent notamment le calcul de
coefficients de diffusion hydrique (cf. 5.4.2.2) et de la permabilit l'eau liquide
(cf. 6.2.6.2.3). Ces donnes sont en outre indispensables pour la modlisation des
transferts de masse (eau, ions, ...), de la carbonatation et des dgradations (cf. 5.6
et 8), et pour celle des dformations (cf. 5.9), comme il sera illustr dans ce
document.

Rappelons en outre que ces donnes permettent la caractrisation de la structure


poreuse et du gel C-S-H (dtermination de la porosit accessible l'eau, de la
porosit du "gel" C-S-H, de la surface spcifique BET, de la courbe t(h), du rayon
moyen des pores, de la distribution porale, de la teneur en C-S-H, et de la dimension
fractale relative au gel C-S-H, cf. 5.2.2, 6.2.2, 6.3.3 et [BARO 94]).

On peut ainsi montrer que les isothermes de dsorption et d'adsorption de


vapeur d'eau constituent effectivement une vritable carte d'identit hydro-
structurale du matriau [BARO 94], [BARO 07e], [BARO 07f] (cf. 5.2.2, 5.3.4, 5.6,
6.2.6.2.3, 8.4.3, 8.4.5 et 8.4.6).

5.3.4.1 - Influence des paramtres de formulation


Il a t montr que la prsence des granulats n'influenait pas les isothermes de
dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau : des isothermes identiques ont t
obtenues T = 23 0,1 C dans les cas d'un bton et d'une pcd de mmes
constituants et de mme E/C [BARO 94], [BARO 07e].

De plus, les spcificits des BHP ont t mises en vidence : dans la gamme des
hautes humidits relatives, des teneurs en eau nettement infrieures sont mesures
par rapport celles des matriaux ordinaires et des variations importantes d'HR
induisent seulement une lgre modification de la teneur en eau (cf. Figures 5.14a et
5.15) [BARO 99b], [BARO 07e]. Plus gnralement (c'est--dire pour tous les
matriaux), les isothermes de dsorption de vapeur d'eau peuvent tre divises en
plusieurs domaines, influencs ou non par le paramtre E/C : une partition unique
est mise en vidence, valide pour tous les matriaux tests [BARO 07e] (C3S
hydrat, pcd et btons avec 4 ciments CEM I diffrents, 0,20 E/C 0,84 et 0
FS/C 0,10). On montre notamment l'existence d'une courbe universelle

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 80
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

(indpendante en particulier du E/C) dans le domaine HR 50 %, comme illustr


sur la figure 5.15.

Il est intressant de noter qu'une parfaite concidence a t mise en vidence


entre les teneurs en eau mesures par gammadensimtrie sur des cylindres de
70 150 millimtres d'paisseur (cf. 5.3.2) lorsque l'quilibre avec l'HR
environnante tait atteint et celles fournies par les expriences de dsorption
prcdemment mentionnes sur des chantillons de 1 3 millimtres d'paisseur
[BARO 07e], apportant par l une validation de mthodes exprimentales. Par
exemple, la figure 5.9b montre les profils hydriques obtenus sur des prouvettes
(70 x 100 mm) de pcd CO et CN soumises un schage 1-D isotherme HR =
53,5 % aprs conservation dans l'eau et saturation. Aprs six ans de schage, l'tat
hydrique n'est pas loin de l''quilibre" HR = 53,5 % pour les deux pcd, et les
mesures gammadensimtriques confirment les valeurs de teneur en eau d''quilibre"
dduites des isothermes de dsorption (environ 9 %, cf. Figure 5.15). De plus, les
mesures gammadensimtriques confirment le fait que les valeurs d'"quilibre" sont
pratiquement identiques cette HR pour les pcd CO et CN (valeur d'HR incluse dans
le domaine o les isothermes de dsorption sont semblables, quel que soit le
matriau, cf. Figure 5.15), mme si les teneurs en eau des HR plus leves taient
sensiblement diffrentes. Ainsi, par exemple, 27 % tait obtenue par
gammadensimtrie l'tat satur et 26 % tait mesure par sorption HR = 100 %
pour CN, alors que l'on obtient 19 % et 18 % respectivement avec CO (domaine o
les isothermes de dsorption sont trs dpendantes de E/C, cf. Figure 5.15).

En outre, pour HR 63,2 % (i.e. rp < 3 nm), l'analyse des isothermes d'adsorption
a rvl une courbe universelle en ce qui concerne l'paisseur statistique moyenne
de la couche d'eau adsorbe en fonction de l'humidit relative t(h) (cf. Figure 5.16).
Quels que soient le matriau (pcd ou bton), l'histoire hydrique, la composition du
ciment, la taille de l'chantillon, , la courbe t(h) concide avec la "courbe t"
propose par Hagymassy et al. pour des adsorbants non poreux [HAGY 69]. Les
rsultats prsents dans la figure 5.16 illustrent donc que l'augmentation de la
teneur en eau, enregistre exprimentalement en fonction de l'HR dans ce
domaine, est statistiquement quivalente l'augmentation de l'paisseur d'une
couche d'eau multimolculaire adsorbe sur la surface solide, comme sur un
adsorbant non poreux. Par ailleurs, si l'on considre l'paisseur statistique
moyenne d'une couche d'eau monomolculaire adsorbe (tm = 3 , en particulier
d'aprs [HAGY 69], ou tm = 2,84 selon d'autres auteurs), on peut dduire de la
figure 5.16 qu'au-dessous de HR = 22,8 %, t est infrieure tm. Ceci confirme
l'hypothse classique qui considre que de l'eau fortement lie est te des C-S-H et
explique les effets "irrversibles" associs enregistrs pendant la dsorption, dans ce
domaine de trs faibles HR.

Pour HR 63,2 %, on se trouve dans un domaine o E/C a une influence


prpondrante. Les isothermes d'adsorption des diffrents matriaux se sparent et
se rpartissent de part et d'autre de la "courbe t" propose par Hagymassy et al.
(rgion o l'absorption en volume est prdominante, cf. Figure 5.16) [BARO 07e]. On
a donc identifi deux domaines trs diffrents.

Les courbes universelles mises en vidence sont particulirement utiles pour la


modlisation des processus de transport/dgradation et des dformations.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 81
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.3.4.2 - Existence d'une hystrsis


Le comportement hystrtique des matriaux a t tudi en ralisant des cycles de
(premire, deuxime, ...) dsorption et adsorption dans diffrents domaines d'HR (cf.
Figure 5.14a) [BARO 07e]. Les transferts d'humidit sont trs lents dans les
matriaux base de ciment, comme illustr au 5.3.2 (cf. Figures 5.8 et 5.9). Si l'on
ne tient pas compte de cette cintique dans la dtermination des proprits
hydriques d'quilibre (isothermes de sorption), on risque de surestimer l'hystrsis
entre dsorption et adsorption [BARO 94]. Cette tude de l'hystrsis a mis en
vidence l'existence d'une courbe enveloppe (cf. Figure 5.14a). Ce rsultat est
trs intressant pour la prdiction et plus gnralement pour la modlisation du
comportement hydrique du matriau.

Les isothermes de dsorption et d'adsorption mesures T = 44 0,1 C avec le


bton BO-AF sont prsentes en figure 5.14b [BARO 07e]. Les rsultats disponibles
(premire dsorption et dbut de la premire adsorption) montrent qu'il n'y a
quasiment pas d'hystrsis dans le domaine des faibles HR. Une interprtation de
ces rsultats originaux est propose dans [BARO 07e]. Le rapprochement des
branches de dsorption et d'adsorption, lorsque la temprature augmente, a
galement t rcemment report dans la rfrence [ISHI 07]. On met ainsi en
vidence l'influence de la temprature et les paramtres influenant l'hystresis
relative au domaine des faibles HR, typique des matriaux cimentaires [BARO 94].
Les rsultats disponibles montrent en particulier que l'hystrsis peut disparatre
dans ce domaine sous certaines conditions.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 82
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

4,5 1,0
4,0
Perte relative de masse (%)

Degree of saturation S l (-)


3,5 0,9

3,0
0,8
2,5
2,0 equil. at RH=100%
M25 - 71.5% 0,7
1,5 RH=53.5% - 1 month
M25 - 53.5% RH=53.5% - 3 months
1,0 0,6
B80-S - 53.5% RH=53.5% - 6 months
0,5 CFA - 53.5% RH=53.5% - 1 year
0,0 0,5
0 200 400 600 800 1000 0 10 20 30 40 50 60 70
Temps de schage (jours) Height (mm)

a) cintiques de perte relative de masse au cours du b) B80-S - Profils de taux de saturation obtenus par
schage HR = 53,50,5 % ou HR = 71,50,5 % gammadensimtrie aprs diffrentes dures
d'exposition HR = 53,50,5 %, d'aprs [BARO 07e]
Le profil "l'quilibre" HR = 100 % est galement report
Figure 5.8 : Cintiques de perte relative de masse et profils hydriques d'prouvettes cylindriques de bton
soumises un schage HR = 53,5 0,5 % (M25, B80-S et CFA) ou HR = 71,5 0,5 % (M25) en
laboratoire T = 21 0,5 C par les deux faces planes aprs saturation sous vide (ou aprs conservation
dans l'eau pour M25).

10 30
Perte relative de masse (%)

8 25
Mass water content (%)

20
6

15
4
10
2 CN - E/C=0,45 CN - vacuum sat.
5 CO - vacuum sat.
CO - E/C=0,35 M25 - RH=53.5% - 2.5 years
0 CN - RH=53.5% - 6 years Height (mm)
0 250 500 750 1000 1250 1500 1750 2000 2250 0
CO - RH=53.5% - 6 years
Temps de schage (jours) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

a) cintiques de perte relative de masse b) profils de teneur en eau obtenus par gammadensimtrie
Figure 5.9 : Cintiques de perte relative de masse et profils hydriques d'prouvettes cylindriques (70 x 100
mm) de pcd CO et CN (initialement proches de la saturation) soumises un schage HR = 53,5 0,5 %
en laboratoire T = 21 0,5 C par les deux faces planes. Comparaison avec les rsultats obtenus sur le
bton M25.
Les teneurs en eau sont exprimes en % par unit de masse de pcd "sche" contenue dans les matriaux.

1,0 1,0
Taux de saturation (-)

0,8 0,8
Taux de saturation (-)

0,6 0,6

0,4 M25 0,4


M30CV M75FS - Maurienne - 4 ans
Parement M75FS - Melun - 4 ans
0,2 M50 0,2 Parement
B60FS - Pont Ile de R - 14 ans
M75FS
0,0 0,0

0 20 40 60 80 100 120 140 0 20 40 60 80 100 120 140


Profondeur (m m ) Profondeur (m m )

a) site de Melun - Diffrents btons - 4 ans b) BHP - Diffrents environnements


Figure 5.10 : Profils de taux de saturation obtenus par gammadensimtrie sur des carottes issues des corps
d'preuve des sites de Melun et de Maurienne, et du tablier du Pont de l'Ile de R, d'aprs [BARO 04d].

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100

Humidit relative interne (%)


90

80

70

60 x=10 mm
x=20 mm
50 x=40 mm
x=80 mm
40
0 50 100 150 200 250 300
Age (jours)

Figure 5.11 : Evolution de l'humidit relative interne d'un bton ordinaire (BO-SN), mesure par sondes
thermohygromtriques implantes diffrentes profondeurs (x) dans une dalle de dimensions 1x1x0,16 m
expose HR = 50 5 % et T = 20 1 C par sa face suprieure ds le coulage, d'aprs [KHEL 02].

160
Sealed curing - Surface zone PHg = 15,2%
V/ log(r) (mm .g . )
-1

140 Dry ing from 1 day - Inner zone PHg = 17,5%


-1

120 Dry ing from 1 day - Surface zone PHg = 19,3%


3

100
80
60
40
20
0
10 100 1000 10000 100000 1000000
Pore radius ()

Figure 5.12 : Comparaison entre les distributions des volumes poreux obtenues l'ge de 6 mois par
intrusion de mercure sur mortier autoplaant (E/liant = 0,45 et forte teneur en cendres volantes), aprs
lyophilisation, dans une prouvette conserve sans change hydrique avec le milieu environnant et dans
une prouvette expose HR = 65 5 % et T = 20 2 C l'ge d'un jour, d'aprs [VILL 99].
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 37 < rp < 60 m.

45
Coeur PHg = 8,9%
40
"Peau" expose aux sels PHg = 13,7%
V/ log(r) (mm .g .nm )

PHg = 14,4%
-1

35 "Peau" non expose aux sels

30
3 -1

25

20

15

10

0
1 10 100 1000 10000 100000
Rayon des pores (nm)

Figure 5.13 : Comparaison des distributions des volumes poreux obtenues par intrusion de mercure, aprs
tuvage T = 45 0,1 C, dans les zones situes en "peau" et "cur" d'une carotte prleve in situ sur le
corps d'preuve M30CV (E/C = 0,74 et CV/C = 0,43) aprs 4 ans d'exposition sur le site de Maurienne.
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 2 nm < rp < 60 m.

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3,0 des. n 1 from 100% to 3% 6


end of 3 desorption
ads. n 1 from 3% to 100% des. n 1
ads. n 1 from 12% to 100%
2,5 ads. n 1 from 33% to 100% 5 ads. n 1

Mass water content (%)


Mass water content (%)

ads. n 1 from 54% to 100%


2,0 des. n 2 from 100% to 3% 4
ads. n 2 from 3%
des. n 3 from 100%
1,5 3
end of 1 adsorption
1,0 2

0,5 1
end of 2 adsorption
0,0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Relative humidity (%) Relative humidity (%)

a) bton BH T = 23 0,1 C b) bton BO-AF T = 44 0,1 C


Figure 5.14 : Isothermes de dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau et cycles dans diffrents domaines
d'HR, obtenues exprimentalement, d'aprs [BARO 07e].
L'tat actuel des expriences est indiqu sur le graphique.

60
CH (W/C=0.20 ; SF/C=0.10)
BH (W/C=0.27 ; SF/C=0.10)
50
Mass water content (%)

CO (W/C=0.35)
BO (W/C=0.43)
40
CN (W/C=0.45)
hyd. synth. C3S (W/C=0.50)
30
PCB (W/C=0.55)
CP (W/C=0.60)
20
M25 (W/C=0.84)

10

0
0 20 40 50% 60 80 100
Relative humidity (%)

Figure 5.15 : Isothermes de dsorption de vapeur d'eau obtenues exprimentalement T = 23 0,1 C pour
diffrentes ptes de ciment (et de C3S de synthse) et btons durcis, d'aprs [BARO 07e].
Les teneurs en eau sont exprimes en % par unit de masse de pcd "sche" contenue dans le matriau.

25
CH rp=3nm
BH
Average thickness of the ads. layer (A)

B80-S
20 CO
BO
(surface) (bulk)
BO-SN
multilayer capillary
15 CN
B adsorption absorption
C
BO-AF (44C)
10 CP
M25
Hagymassy
5
tm

0
0 20 40 63.2%60 80 100
Relative humidity (%)

Figure 5.16 : Comparaison entre les courbes exprimentales t(h) obtenues avec diffrents matriaux
(diffrents ciments CEM I ; 0,20 E/C 0,84 et 0 FS/C 0,10) et la "courbe t" propose par Hagymassy
[HAGY 69] pour des adsorbants non poreux ayant une chaleur d'adsorption (et donc une constante C de
l'quation BET) du mme ordre, d'aprs [BARO 07e].
Certaines des courbes (M25, CP, BO-AF, BO-SN, CN et B80-S) n'ont pas encore atteint HR = 100 % au stade actuel
des expriences.

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V. Baroghel-Bouny (LCPC) 86
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5.4 - Proprits de transport : coefficients de diffusion et permabilits

5.4.1 - Introduction
La dpassivation des armatures, et de l un ventuel dmarrage de leur corrosion,
est initie lorsque le front de carbonatation ou de pntration des ions chlorure a
travers le "bton denrobage" et atteint le premier lit darmatures (cf. 3.2). Ceci
signifie que les proprits de transport du bton (coefficients de diffusion et
permabilits) vont jouer un rle cl dans lvaluation et la prvision de la durabilit
des ouvrages. Dans le cas de la corrosion des armatures et pendant la priode
d'incubation, c'est le transport de l'eau, du dioxyde de carbone et ventuellement des
ions chlorure s'ils sont prsents, qui entre en jeu. De faon plus gnrale, la
durabilit est trs souvent lie laptitude du matriau rsister la pntration
dagents agressifs. En outre, tout mcanisme de dgradation, mme interne au
bton, fait intervenir un processus de transport en phase gazeuse ou en phase
liquide, au moins de molcules deau et le cas chant dions, tels que par exemple,
alcalins, calcium et silicates dans le cas de l'alcali-raction.

Par consquent, vu leur rle majeur dans tout processus physico-chimique l'origine
de dgradations, il est thoriquement justifi d'inclure les proprits de
transport dans la palette d'ID slectionns, comme l'illustrent les suivants.

5.4.2 - Coefficients de diffusion


La diffusion "pure" (i.e. les interactions lectriques entre diffrentes espces et les
interactions avec la matrice tant ngliges) rsulte de lagitation alatoire d'espces
(molcules ou ions) soumises un gradient de potentiel chimique (concentration,
dans le cas des ions). A l'chelle microscopique, la cintique de diffusion est
thoriquement indpendante de la taille des vides (pores ou fissures), mais elle
dpend de la dimension des molcules ou des ions diffusants. Ce processus de
diffusion "pure" dans un milieu homogne est rgi par la premire loi de Fick.

De nombreuses espces chimiques potentiellement agressives pour le bton ou les


armatures pntrent dans le bton et/ou transitent dans sa phase liquide interstitielle
par diffusion. Pour ce qui concerne l'alcali-raction, au dmarrage de la raction, les
diffrents ions impliqus sont prsents sur les sites ractionnels. Cependant, au fur
et mesure de leur consommation, le renouvellement de ces ions sur les sites
ncessite un apport par diffusion au sein de la solution interstitielle. De mme, en
conditions satures, quand la concentration en ions chlorure, qui ont un impact direct
sur la corrosion des armatures, est plus leve dans le milieu environnant que dans
le bton, le gradient de concentration induit une pntration et la progression de ces
ions par diffusion dans la phase liquide interstitielle du bton. La dtermination d'un
coefficient de diffusion est donc de premire importance.

Cependant, on notera que dans le cas d'espces lectriquement charges (ions), les
interactions lectriques entre les diffrents ions prsents dans la solution perturbent
le processus de diffusion "pure". C'est l'quation de Nernst-Planck qui rgit alors le
transport, sous l'effet des gradients de concentration et de potentiel lectrique [ANDR
93], [SAMS 99], [TRUC 00c], [MARC 02], [NGUY 07c].

5.4.2.1 - Coefficients de diffusion des ions chlorure


Vis--vis de la prvention de la corrosion des armatures initie par les chlorures,
l'intrt du coefficient de diffusion des ions chlorure apparat de manire vidente :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 87
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

c'est un paramtre cl intervenant dans les lois dcrivant la pntration de ces ions
dans le bton.

Le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure est celui qui apparat dans :
la premire loi de Fick, qui dcrit le transport de ces ions si l'on nglige les
interactions lectriques entre les chlorures et les autres ions prsents,
l'quation de Nernst-Planck, si l'on prend en compte ces interactions.
Il s'agit d'une proprit de transport "pure". Ce coefficient peut donc ventuellement
tre utilis de faon plus gnrale pour quantifier l'aptitude la diffusion ionique des
btons (en faisant l'hypothse que le rapport entre coefficient de diffusion dans le
matriau et coefficient de diffusion libre est constant quel que soit l'ion considr
[TRUC 00c], [NGUY 07c]).

Le coefficient de diffusion apparent des ions chlorure intervient quant lui dans la
seconde loi de Fick, qui prend en compte la loi de conservation de la masse, qui
suppose que la premire loi de Fick est applicable et qui suppose que le coefficient
de diffusion effectif des ions chlorure est constant. C'est cette quation qui est
gnralement utilise pour dcrire la pntration des chlorures par diffusion dans le
bton satur en rgime non stationnaire [SERG 92], [BARO 02a], [BARO 04g]. Ce
coefficient englobe les interactions chlorures-matrice (cf. 4.6 et 5.7). De ce point de
vue, on peut considrer qu'il permet une description plus raliste de la pntration
des chlorures dans le bton.

On a donc en fait affaire deux coefficients distincts. Toutefois, il existe une relation
thorique entre les coefficients "effectif" Deff et "apparent" Dapp (cf. Eq. (1)), qui fait
intervenir notamment la pente de l'isotherme d'interaction chlorures-matrice mb= f(cf)
(cf. 4.6) et la porosit du matriau :
D eff
D app = (1)
m b
Peau +
c f
o Peau est la porosit du matriau accessible aux chlorures, cf la concentration en
chlorures "libres" (en kg.m-3), mb la masse de chlorures lis la matrice par unit de
masse de solide sec (en kg.kg-1), la masse volumique apparente du matriau
m b
l'tat sec (en kg.m-3), et k d = la pente de l'isotherme d'interaction chlorures-
c f
matrice (appele capacit de fixation ou coefficient de partage).

Les coefficients de diffusion effectif et apparent peuvent donc tous deux tre
considrs comme des indicateurs de durabilit. Le choix entre les deux dpendra
alors de l'objectif de l'investigation et de l'utilisation que l'on souhaite faire de
ce paramtre dans la pratique.

Par ailleurs, l'Eq. (1) met en vidence le rle important du paramtre complmentaire
capacit de fixation des chlorures, spcifique la corrosion des armatures initie par
les chlorures (cf. 4.6), et une fois encore des interactions fluide-matrice.

5.4.2.2 - Coefficients de diffusion hydrique


Outre les proprits hydriques d'quilibre (cf. 5.3.4) et les caractristiques de la
structure poreuse (cf. 5.2.2), les proprits de transport (coefficients de diffusion et
permabilit) peuvent tre quantifies partir des expriences de dsorption et
d'adsorption de vapeur d'eau. Par exemple, le coefficient de diffusion hydrique

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 88
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

apparent Da peut tre directement dduit, sous certaines hypothses, de l'analyse


des courbes de variation relative de masse en fonction du temps, associes
chaque palier d'HR ralis pour obtenir les isothermes de dsorption et d'adsorption
de vapeur d'eau par la mthode des solutions salines satures (cintiques de
dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau) [BARO 94], [PERR 98], [BARO 07f]. Da
est le coefficient de transport global, fonction de l'HR, qui intervient dans l'quation
de diffusion non linaire (quation de Richards, crite en unidimensionnel selon la
coordonne spatiale x dans l'Eq. (2)) rgissant le transport d'humidit (et par
exemple plus particulirement l'volution du taux de saturation en eau liquide Sl) en
conditions partiellement satures et non stationnaires :
Sl S
D a (Sl ) l = 0 (2)
t x x
Une description dtaille de la mthode, des hypothses et du calcul, ainsi que des
rsultats exprimentaux relatifs au coefficient de diffusion hydrique apparent Da, sont
prsents dans les rfrences [BARO 94], [PERR 98], [BARO 07f].

Une revue de la littrature montre que d'autres mthodes peuvent tre utilises pour
valuer plus ou moins directement ce coefficient. Par exemple, une mthode souvent
applique est l'analyse de profils hydriques (obtenus par rayons gamma, rayons X,
neutrons ou RMN) associs des expriences de schage ou d'absorption capillaire
en utilisant la transformation de Boltzmann (x y = x/t1/2) en conditions non
stationnaires et dans des conditions initiales et aux limites bien dfinies (voir par
exemple [DAIA 88], [ADAN 95], [XIN 95], [PERR 98], [LEEC 03]).

Les valeurs de coefficients de diffusion hydrique de ptes de ciment et de btons


durcis, mesurs par diffrentes mthodes, ont t rapportes dans les rfrences
[BARO 98c], [PERR 98], [BARO 00c], [BARO 07f]. L'analyse des rsultats a rvl :
la complexit des mcanismes physico-chimiques (phnomnes de sorption
parasites, hystrsis mal apprhende, intervention concomitante de transferts
sous forme liquide et vapeur...) mis en jeu dans les expriences les plus simples
raliser,
ou inversement, la difficult de mise en uvre d'expriences n'activant qu'un seul
mcanisme,
un cart important au niveau des rsultats fournis par les diffrentes techniques,
justement du fait de la diffrence de mcanismes mis en jeu,
une ventuelle inadquation entre les coefficients intervenant dans la description
thorique et ceux effectivement mesurs (rsultat de la complexit des
phnomnes et de leur dpendance vis--vis de l'histoire hydrique de l'chantillon
de matriau).
Il est donc important d'insister sur le fait que des coefficients de diffusion hydrique ne
peuvent tre directement comparables que si les chantillons tests sont initialement
dans le mme tat hydrique, si les diverses expriences ralises activent les
mmes processus chimiques et physiques et si le rgime (stationnaire ou non
stationnaire) est le mme.

L'Eq. (2) est classiquement introduite en invoquant deux hypothses principales.


Tout d'abord, le transport de vapeur d'eau est suppos rgi par un processus de
diffusion (i.e. l'coulement convectif de gaz est nglig devant la diffusion de vapeur
d'eau). Ensuite, la pression totale de gaz (air sec + vapeur d'eau) est suppose
(presque) constamment gale la pression atmosphrique pendant l'chelle de
temps du transport. Sous ces deux hypothses, Mainguy [MAIN 99], sur la base des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 89
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

travaux de Philip et de Vries [PHIL 57], [PHIL 58] et de travaux plus rcents (par
exemple [DAIA 88], [COUS 95a]), a montr que le coefficient de diffusion hydrique
apparent Da(Sl) s'exprimait sous la forme d'une somme de deux termes (cf. Eq. (3)) :
Da(Sl) = Dl(Sl) + Dv(Sl) (3)
avec
2
dp Kl et dp M p M (4)
D l (S l ) = c k rl (S l ) D v (Sl ) = c D v 0 f (Sl , Peau ) vs exp p c (Sl )
dSl Peau l dSl l RT Peau l RT
o krl(Sl) est la permabilit relative l'eau liquide (krl 1), Kl la permabilit
"intrinsque" l'eau liquide (i.e. permabilit du matriau satur), indpendante du
taux de saturation et thoriquement indpendante du fluide, pc la pression capillaire,
Peau la porosit accessible l'eau du matriau, l la viscosit dynamique de l'eau
liquide (suppose tre un fluide incompressible), R la constante des gaz parfaits, M
la masse molaire de l'eau, l la densit de l'eau liquide, et pvs la pression de vapeur
saturante la temprature T considre.

Les Eq. (3) et (4) indiquent que, en sus des interactions vapeur d'eau - eau liquide -
matrice (sorption), Da(Sl) inclut implicitement deux modes de transport de l'humidit,
qui sont coupls et qui agissent simultanment sous l'hypothse de pression de gaz
constante :
le transport (convectif) de l'eau liquide selon la loi de Darcy, rgi par la
permabilit du milieu non satur Kl.krl(Sl) (cf. 5.4.3). Le terme Dl(Sl) est associ
ce mode,
le transport (diffusif) de la vapeur d'eau selon la loi de Fick, rgi par le coefficient
de diffusion effectif de la vapeur d'eau dans le milieu poreux Dve(Sl) =
Dv0f(Sl,Peau), o Dv0 est le coefficient de diffusion libre (hors milieu poreux) de la
vapeur d'eau dans l'air et f(Sl,Peau) est le facteur de rsistance, qui prend en
compte la fois les effets de tortuosit et la rduction de l'espace offert la
diffusion du gaz dans un milieu poreux partiellement satur, compar la
diffusion libre dans l'air. Le terme Dv(Sl) est associ ce mode.
Selon le matriau considr et son tat de saturation, un processus ou l'autre peut
tre prpondrant. Dans le cas gnral, la diffusion de vapeur d'eau prdomine dans
le domaine des faibles valeurs de Sl, tandis que le transport sous forme liquide est
prpondrant dans le domaine des valeurs leves de Sl, pour les mmes raisons
qui expliquent l'volution des permabilits relatives l'eau liquide et aux gaz en
fonction de Sl (cf. 5.4.3 et figure 5.17). Cependant, dans le cas de la vapeur d'eau,
le problme est plus complexe (que dans le cas de l'oxygne, par exemple), vu que
sous les hypothses prcdemment mentionnes, son transport est coupl celui
de l'eau liquide. Les variations de Da observes en fonction de Sl (voir [BARO 07f])
peuvent donc s'expliquer par les variations en fonction de Sl observes sur Dve ou Dv
dans le domaine 0 Sl 0,50 [BARO 07f] et sur krl dans le domaine 0,50 Sl 1 (cf.
Figure 5.17 au 5.4.3). De plus, le minimum observ exprimentalement pour Da
[BARO 07f] est cohrent avec la diminution des deux coefficients, et donc du
transport global, dans le domaine des Sl intermdiaires. Ce minimum correspond la
transition entre un transport domin par un coulement de Darcy (Sl levs) et un
transport domin par la diffusion de vapeur d'eau (Sl faibles), et rsulte du fait que la
diffusion de vapeur augmente quand Sl diminue, compte tenu de la diminution du
nombre de pores bloqus par la phase liquide discontinue.

On peut en conclure qu'il apparat plus appropri, pour une meilleure comprhension
des processus de transport de l'humidit, et en particulier pour tudier la contribution

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 90
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

relative de chaque mode de transport en fonction de la structure poreuse et du taux


de saturation, d'valuer Dve(Sl) (ou Dv(Sl)) et Kl.krl(Sl) sparment, au lieu de mesurer
un coefficient global. Dve(Sl) peut tre directement dtermin par l'essai la coupelle
[RGCU 07c]. La composante Dv(Sl), lie la vapeur d'eau, du coefficient de diffusion
global apparent peut tre value partir des isothermes de dsorption et
d'adsorption de vapeur d'eau ou de leur pente et en ralisant un essai la coupelle.
En ce qui concerne la permabilit l'eau liquide, son valuation est discute au
6.2.6.

En l'tat des connaissances et de la pratique (absence de mthode(s) d'essai


harmonise(s) et valide(s)), il a donc t conclu que les coefficients de diffusion
hydriques ne pouvaient, de faon gnrale, tre considrs comme des indicateurs
de durabilit. Nanmoins, lorsque la signification physique et les conditions d'essai
sont bien matrises, ces coefficients peuvent tre trs utiles pour l'analyse des
mcanismes de transfert hydrique.

On notera que dans le cas des BFUP, si la mesure avec les ions chlorure n'est pas
praticable, c'est la mesure du coefficient de diffusion de l'eau tritie qui est
recommande, selon [AFGC 02].

5.4.2.3 - Coefficient de diffusion du CO2 dans les matriaux carbonats


Dans le cadre de la prvention de la corrosion initie par la carbonatation, le
coefficient de diffusion du CO2 (dans un matriau carbonat) est trs pertinent d'un
point de vue thorique, car il apparat dans les quations dcrivant le processus de
carbonatation en milieu poreux non satur et est requis par certains modles
prdictifs (cf. 8). Cependant, bien que des dispositifs de mesure du coefficient de
diffusion du CO2, sur matriaux carbonats, et des modes opratoires aient t mis
au point dans diffrents laboratoires (cf. 9.1 et [LCPC 08]), il n'existe pas encore de
mthode de mesure harmonise et valide (sur la base de campagnes d'essais inter-
laboratoires) sur bton durci de ce paramtre. Le coefficient de diffusion du CO2
ne peut donc tre retenu qu'en tant qu'indicateur de substitution (cf. 4.4).

5.4.3 - Permabilit aux gaz et aux liquides - Loi de Darcy - Influence du taux de
saturation
La permabilit quantifie l'aptitude d'un matriau se laisser
r traverser par un fluide
sous gradient de pression totale. La vitesse de filtration v (en m.s-1) dun fluide rgie
par la loi de Darcy (gnralise) scrit, en ngligeant les effets de gravit et les
effets dynamiques, selon l'Eq. (5) :
r K r
v = k r (Sl ) p (5)

r
o p reprsente le gradient de pression de fluide auquel est soumis l'chantillon de
matriau, kr est la permabilit relative au fluide (qui est fonction du taux de
saturation en eau liquide Sl), est la viscosit dynamique du fluide et K est la
permabilit intrinsque du matriau qui est thoriquement indpendante des
phases saturantes.

Les processus de transport de diffrentes espces, qui ont lieu dans le bton, sont
rgis par cette loi. Celui intervenant le plus systmatiquement est certainement le
transport de l'eau liquide lors du schage naturel du bton (cf. 8.4.3). Lorsque les
transferts de fluide dans le bton sont susceptibles d'avoir lieu sous formes gazeuse
et liquide, il est important de quantifier la fois la permabilit aux gaz et celle aux

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 91
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

liquides, notamment l'eau (tant donn que dans la pratique on n'a pas forcment
concidence entre ces deux paramtres pour les btons, avec les mthodes de
dtermination utilises, cf. 6.2.7). La permabilit aux gaz et la permabilit
l'eau liquide apparaissent donc comme des indicateurs de durabilit gnraux.

Le taux de saturation joue un rle fondamental vis--vis des proprits de transport.


Ainsi, par exemple, la permabilit aux gaz d'une prouvette de bton augmente
quand le taux de saturation moyen diminue [PARR 94], [JACO 98], [ABBA 99].
L'influence du taux de saturation sur la permabilit "intrinsque" aux gaz a t
tudie exprimentalement par Villain et al. [VILL 01]. Dans cette tude, la mthode
de Klinkenberg [KLIN 41] (cf. 6.2.5.2) a t applique diffrents taux de
saturation, afin d'obtenir la permabilit aux gaz "intrinsque" un Sl donn.
L'utilisation de deux protocoles de schage des prouvettes a permis de couvrir
l'ensemble du domaine de Sl pour les deux types de bton analyss (BO et BH) :
le mode opratoire AFPC-AFREM [AFPC 98], o les mesures de permabilit
sont ralises des chances imposes au cours d'un tuvage T = 80 C puis
T = 105 C,
un mode opratoire o les mesures sont effectues aprs schage diffrents
paliers d'humidit relative impose T = 45 C l'aide de solutions salines
satures.
Il est ainsi possible de dduire de ces expriences une courbe krg = krg(Sl) pour
chaque matriau test (cf. Figure 5.18a), o krg est la permabilit relative au gaz.

La permabilit relative l'eau liquide krl et la permabilit relative au gaz krg peuvent
galement tre dduites des isothermes de dsorption et d'adsorption de vapeur
d'eau grce des formules analytiques proposes dans la littrature.

Par exemple, l'Eq. (6), o apparat le paramtre m driv de l'expression analytique


de la courbe de pression capillaire pc = pc(Sl), a t propose par van Genuchten
[VAN-G 80] pour dterminer krl en utilisant le modle de Mualem [MUAL 76] (avec
krl(Sl) = 1 quand Sl = 1, matriau satur) :
( )
2
k rl (S l ) = S l 1 (1 S 1l / m ) m (6)
En outre, Savage & Jenssen ont montr que cette formule, l'origine dveloppe en
science des sols, pouvait tre applique aux matriaux base de ciment [SAVA 97].
Cette formule a t applique aux matriaux CO, CH, BO et BH dans le cadre de la
modlisation du schage du bton (cf. 8.4.3) [BARO 99b], [BARO 01c] et en
particulier dans le cadre de la thse de Mainguy [MAIN 99] (Thme de Recherche
OA9, cf. Prambule). Les rsultats obtenus en appliquant l'Eq. (6) avec les valeurs
de m dduites des isothermes de dsorption exprimentales pour diffrents
matriaux sont prsents dans la figure 5.17. On observe une forte influence de Sl.
En particulier, la courbe fournit krl 0 pour Sl 0,40 (i.e. HR 50 %, pour BO). Ceci
peut tre expliqu par le fait que, dans ce domaine, la phase liquide est discontinue
("lots" liquides) et aucun transport significatif (Darcen) sous forme liquide ne peut
par consquent avoir lieu. D'autre part, dans le domaine des Sl levs, krl augmente
considrablement avec Sl. Ceci explique les variations de Da(Sl) observes dans ce
domaine o le transport liquide est prpondrant (cf. 5.4.2.2 et [BARO 07e]). En
outre, on ne constate que de trs lgres diffrences entre les matriaux. En
particulier, les courbes obtenues pour BO et M25 sont presque identiques (cf. Figure
5.17b). Ceci confirme l'influence ngligeable des caractristiques de la structure
poreuse du matriau (en particulier de l'isotherme de dsorption) sur krl.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 92
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Comme dans le cas de la permabilit relative l'eau liquide, on trouve dans la


littrature des formules analytiques pour krg (cf. Eq. (7)) (krg(Sl) = 1 quand Sl = 0,
matriau sec) :
(
k rg (Sl ) = (1 Sl ) 1 S1/m
l )
2m
(7)
o m est le mme paramtre que dans la formule de krl (cf. Eq. (6)) et est un autre
paramtre d'ajustement :
= 0,5 selon Parker et al. [PARKER 87]. Parker et al. ont trouv cette expression
en tendant le modle de Mualem [MUAL 76] la phase non-mouillante, dans le
cas des sols,
= 5,5 selon Monlouis-Bonnaire [MONL 03] pour les matriaux base de ciment.
Il est de plus noter que = 1/3 a t propos par Luckner et al. [LUCK 89]. En
outre, Thiery et al. [THIE 07a] ont propos une formule obtenue par intgration de la
courbe de pression capillaire et faisant intervenir une fonction hypergomtrique
(cf. Eq. (8)) :
q
(Sl )
k rg (Sl ) = (1 Sl ) 1 p
(8)
(1)
o p et q sont des paramtres d'ajustement.

La figure 5.18a (correspondant aux btons BO et BH) illustre que les deux courbes
krg = krg(Sl) obtenues avec les deux protocoles exprimentaux se rejoignent plutt
bien et que la courbe complte, rendant compte de l'volution de la permabilit
relative aux gaz sur l'ensemble de la gamme de taux de saturation, peut tre
approche par une courbe logarithmique (voir galement [ABBA 99]). Toutefois,
cette dernire n'a aucun caractre prdictif, alors que dans le cas des Eq. (7) et (8),
krg(Sl) peut tre prdite partir de la courbe de pression capillaire.

Les rsultats analytiques obtenus pour la permabilit relative aux gaz krg(Sl) avec le
modle analytique propos par Monlouis-Bonnaire [MONL 03] sont prsents dans
la figure 5.17b pour les btons M25, BO et BH. De plus, les rsultats analytiques
obtenus en appliquant diffrents modles, sont compars aux donnes
exprimentales dans la figure 5.18b pour le bton BO. On observe ici aussi une forte
influence de Sl, comme dj rapport dans la littrature. Le meilleur accord avec les
donnes exprimentales est obtenu avec le modle propos par Thiery et al. [THIE
07a]. On notera toutefois qu'un bon accord est aussi observ avec la formule
analytique propose par Monlouis-Bonnaire [MONL 03], mais un cart plus important
est enregistr dans ce cas dans la gamme des Sl intermdiaires. L'application de la
formule propose par Parker et al. [PARKER 87] pour les matriaux BH, CO et CH
[BARO 99b], [BARO 01c] conduit des courbes tout fait semblables celle
obtenue pour BO par application de cette formule et prsente en figure 5.18b. Par
consquent, cette dernire formule, l'origine dveloppe pour des sols, ne semble
pas approprie pour les matriaux cimentaires ordinaires ou HP.

Les lois d'volution ainsi obtenues avec des modles analytiques pour les
permabilits relatives l'eau liquide et aux gaz peuvent tre intgres dans des
modles prdictifs.

5.4.4 - Conclusion

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 93
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

La permabilit (apparente ou intrinsque) et le coefficient de diffusion (apparent ou


effectif) des chlorures apparaissent donc comme des paramtres fondamentaux
dans les lois thoriques qui rgissent les transferts de fluide dans les btons. De
plus, ces paramtres sont accessibles exprimentalement partir d'essais de
laboratoire, par exemple par les mthodes qui vont tre dcrites au 6. Au titre de la
pertinence thorique dans la quantification et la prvision de la durabilit du bton
arm, et au titre de laccessibilit exprimentale, il est donc justifi de qualifier ces
paramtres dindicateurs de durabilit gnraux.

On retiendra l'influence prpondrante du taux de saturation en eau liquide


(paramtre complmentaire) sur les coefficients de diffusion et la permabilit aux
gaz et l'eau liquide.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 94
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

1,0

0,8

Permabilit relative (-)


0,6 "CH"

0,4

0,2

0,0 "CO"
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Taux de saturation en eau liquide (-)

a) permabilit relative l'eau liquide (krl) - Ptes de ciment durcies CO et CH, d'aprs [BARO 99b]

1,0
BH - krg
BO - krg
0,8 M25 - krg
Relative permeability (-)

BH - krl
0,6 BO - krl
M25 - krl

0,4

0,2

0,0
0,0 0,2 0,4 0,5 0,6 0,8 1,0
Degree of liquid water saturation Sl (-)

b) permabilit relative l'eau liquide (krl) et aux gaz (krg) - Btons M25, BO et BH, d'aprs [BARO 07f]

Figure 5.17 : Evolution de la permabilit relative l'eau liquide (krl) calcule par la formule analytique
donne dans [VAN-G 80] et de la permabilit relative aux gaz (krg) calcule par la formule analytique
donne dans [MONL 03], en fonction du taux de saturation moyen en eau liquide (Sl) de l'prouvette.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

1,0
BH - exp. RH steps
BH - exp. AFPC-AFREM

(-)
0,8
BH - fit. ln function

rg
BO - exp. RH steps

Relative permeability k
0,6 BO - exp. AFPC-AFREM
BO - fit. ln function

0,4

0,2

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Degree of iquid water saturation Sl (-)

a) btons BO et BH, d'aprs [BARO 07f]

1,0
exp. RH steps
exp. AFPC-AFREM
(-)

0,8 fit. ln function


rg

mod. Monlouis-Bonnaire
Relative permeability k

mod. Parker et al.


0,6
mod. Thiery et al.

0,4

0,2

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Degree of iquid water saturation Sl (-)

b) bton ordinaire BO

Figure 5.18 : Evolution de la permabilit relative aux gaz (krg) en fonction du taux de saturation moyen en
eau liquide (Sl) de l'prouvette, obtenue par diffrentes mthodes (mesure directe [VILL 01] et modles).

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.5 - Influence de la (micro)fissuration sur les proprits de transport et sur la


progression des espces agressives

5.5.1 - Introduction
Les proprits de transport et la progression des espces agressives dans les
btons sont susceptibles d'tre influences des degrs divers par la prsence
d'une (micro)fissuration. Comme voqu prcdemment (cf. 1), cette
microfissuration peut tre :
superficielle, dans le cas o elle est cre par des dformations gnes ou
empches, induites par des gradients hydriques ou thermiques,
interne, dans le cas o elle est cre par des dgradations internes dues au gel,
l'alcali-raction, la formation d'ettringite diffre, ....
Elle peut galement tre cre par des sollicitations mcaniques.

Pour tudier exprimentalement l'influence exclusive du paramtre (micro)fissuration


sur les proprits de transport et sur la progression des espces agressives, il est
ncessaire au cours des essais de maintenir les autres paramtres constants (degr
d'hydratation, teneur en eau, ...). Cette dmarche a t adopte ds le Thme de
recherche OA9 et s'est poursuivie dans le cadre de l'Opration de Recherche
11B021 (cf. Prambule). Un tat de l'art a galement t tabli dans le cadre du
Groupe de Travail de l'AFGC [BARO 04b]. La principale difficult est donc de
gnrer la (micro)fissuration par une technique ne faisant pas varier ces derniers
paramtres (chargement mcanique, par exemple [PROS 99], [PICA 01], [DJER 07]).

5.5.2 - Influence de la (micro)fissuration sur la permabilit


La permabilit dpend de l'tat de (micro)fissuration, bien que la corrlation entre
ces deux paramtres ne soit pas clairement tablie. Le degr de connectivit,
l'ouverture, ainsi que la rugosit des lvres de la fissure interviennent, comme le
montrent les rsultats dessais rapports dans la littrature, o la fissuration est
provoque volontairement par un chargement mcanique (voir par exemple [MASS
91], [TSUK 91], [ALDE 99], [MEZI 99], ou encore l'tat de l'art figurant dans les
rfrences [PICA 01], [YURT 03] ou [BARO 04b]).

Lorsqu'un matriau est fissur, ce sont les fissures qui contrlent l'coulement du
gaz sous gradient de pression totale. La permabilit peut alors augmenter de
plusieurs ordres de grandeur par rapport celle du matriau non fissur. Toutefois,
l'influence des fissures ne devient prpondrante devant celle du taux de saturation
que lorsque les fissures sont suffisamment ouvertes (> 10 m).

L'influence de la microfissuration sur la permabilit apparente aux gaz mesure sur


des BHP est illustre au 7.1.4 en figure 7.6 (se reporter galement aux rfrences
[BARO 02c], [BARO 04d]). La microfissuration initiale du bton M120FS est
comparativement plus importante que celle du bton M100FS. Elle reste toutefois
trs limite. En effet, une longueur spcifique de microfissures gale L = 0,13 mm-
1
a t mesure sur le bton M120FS, alors que pour le bton M100FS, on
enregistre L = 0,02 mm-1, qui est la valeur la plus basse mesure sur l'ensemble des
15 formules testes (la mthode de mesure et les rsultats dtaills figurent dans la
rfrence [BARO 00a]). Les btons M75 et M75FS ont une microfissuration initiale
comparativement encore plus importante (L = 0,26 mm-1 pour M75 et L = 0,21 mm-1
pour M75FS). Ces considrations peuvent expliquer que la permabilit apparente
du bton M100FS soit lgrement infrieure celle du M120FS, alors que ce dernier

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 97
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

a une rsistance mcanique plus leve. Ceci peut galement expliquer les
relativement "fortes" valeurs de permabilit apparente enregistres sur les btons
M75 et M75FS et leur moins bon classement (durabilit "potentielle" faible
enregistre relativement l'indicateur permabilit apparente aux gaz, cf. 7.1.4),
comparativement celui tabli sur la base de la rsistance mcanique [BARO 02c],
[BARO 04d].

Quoi qu'il en soit, les valeurs de permabilit apparente aux gaz particulirement
faibles obtenues sur les BHP avec fumes de silice (sans air entran) avec Rmoy.28 >
90 MPa [BARO 04d], indiquent que la microfissuration de ces matriaux reste
certainement rduite ou en tout cas faiblement connecte, y compris aprs le
prconditionnement selon le mode opratoire AFPC-AFREM (schage T = 80 5
C et T = 105 5 C [AFPC 98], cf. 6.2.5.3). Ces rsultats sont en accord avec
les travaux dj publis sur le sujet concernant les BHP (voir par exemple [YSSO
99]). En outre, le faible impact du prconditionnement selon le mode opratoire
AFPC-AFREM a t vrifi ici dans le cas du bton M75 : dans le cas des
prouvettes tuves, une densit de microfissuration plus faible a t mesure,
comparativement celle d'prouvettes vierges [AMMO 08].

5.5.3 - Influence de la (micro)fissuration sur le coefficient de diffusion


A l'chelle macroscopique, le coefficient de diffusion est fonction de la porosit totale
et peut galement tre influenc par la fissuration. L'tat de l'art figurant dans les
rfrences [BARO 02c], [BARO 04b] ou [BARO 04d] montre qu'il y a peu de rsultats
concluants sur l'influence de la microfissuration sur le coefficient de diffusion (en
particulier des ions chlorure). Les rsultats exprimentaux semblent indiquer que si
la fissuration est peu intense, son influence sur la diffusion reste limite [TOGN 98].
Par contre, en prsence d'une microfissuration uniformment rpartie et traversante,
le coefficient de diffusion subit une augmentation significative. Cependant, cette
augmentation reste faible en comparaison de celle de la permabilit qui peut
augmenter de plusieurs ordres de grandeur (cf. 5.5.2).

Afin de complter les connaissances sur le sujet, une recherche a t engage en


collaboration avec le GeM-IUT de Saint-Nazaire (plus prcisment avec S. Bonnet et
A. Khelidj) (Opration de Recherche 11B021, cf. Prambule) relativement
l'influence de la fissuration sur les proprits de transport (notamment sur le
coefficient de diffusion des chlorures). C'est l'objet en particulier des travaux de thse
de Djerbi [DJER 07]. Linfluence d'une fissuration traversante (ouvertures de fissures
variant entre 30 et 250 m), obtenue par essai de traction par fendage, sur le
coefficient de diffusion effectif des ions chlorure mesur par essai de migration en
rgime stationnaire a t tudie pour trois btons, le bton ordinaire BO et les BHP
M75 et M75FS. Les rsultats obtenus [DJER 05], [DJER 06] ont montr en particulier
que le coefficient de diffusion augmentait avec l'ouverture w de la fissure et
prsentait la mme tendance pour les trois btons (cf. Figure 5.19a [DJER 06]).
Dans le matriau sain, ainsi que dans le matriau fissur, le coefficient de diffusion
du bton M75FS est infrieur celui de M75 et BO. Le rapport Dfissur/Dsain de M75FS
est suprieur celui obtenu pour M75 et BO, partir d'un seuil d'ouverture de fissure
(wc = 80 m) (cf. Figure 5.19b [DJER 06]). On notera en outre que le coefficient de
diffusion dans la fissure Df (calcul en supposant que le flux traversant l'chantillon
est gal la somme du flux passant dans la porosit et de celui passant dans la
fissure) est indpendant de la composition du matriau. Celui-ci augmente
linairement avec l'ouverture de la fissure w et devient constant pour des ouvertures

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 98
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

suprieures 80 m [DJER 06]. Dans ce dernier cas, la valeur obtenue est celle du
coefficient de diffusion libre dans leau ( 10-9 m2.s-1). La valeur de l'ouverture critique
wc a t vrifie l'aide d'essais de diffusion [DJER 07].

5.5.4 - Influence de la (micro)fissuration sur la progression de la carbonatation


Dans le cadre d'une collaboration entre le LCPC (V. Baroghel-Bouny et T.
Chaussadent) et le LMDC (G. Arliguie et A. Castel) (Thme de recherche OA9, cf.
Prambule), l'influence de la (micro)fissuration sur la profondeur carbonate a t
mise en vidence exprimentalement sur des btons durcis de rsistances variables
(B25, B40 et B60) [CASTEL 01]. Pralablement microfissurs par des traitements
spcifiques, des chantillons ont t soumis un essai de carbonatation acclre
en laboratoire. La figure 5.20 montre lvolution de la profondeur carbonate
mesure (par phnolphtaline, cf. 8.3.2.2) en fonction de la longueur spcifique de
microfissures L (initiale). On peut dduire des observations que pour le bton B25,
une trs faible longueur spcifique de microfissures L suffit entraner une
pntration rapide et profonde de CO2 et donc une profondeur carbonate
importante, du fait de la prsence initialement d'une forte porosit dans ce type de
matriau (d'o une trs forte connectivit entre rseaux poreux et fissural et une
proprit de transport global trs leve). Pour B60, un seuil relatif L est mis en
vidence, au dessous duquel le bton ne se carbonate pas. Au-del de ce seuil, les
vides crs par la microfissuration peuvent avoir une influence significative sur la
progression de la carbonatation. Toutefois, mme dans le cas d'une longueur
spcifique de microfissures L leve, la profondeur carbonate reste trs faible
comparativement aux autres btons tests, du fait de la finesse du rseau poreux et
de la faible connectivit du rseau fissural et donc de la faiblesse de la proprit de
transport global.

Afin d'largir le champ des btons considrs, on peut noter qu'il a rcemment t
rapport dans la littrature qu'un chargement externe en flexion (gnrant une
fissuration dans l'prouvette) augmentait la profondeur carbonate une chance
donne de l'essai de carbonatation acclre, pour des btons contenant 40 % de
cendres volantes (la profondeur carbonate augmentant avec la contrainte applique
[YUNS 07]).

En ce qui concerne la carbonatation naturelle in situ, l'tude exprimentale ralise


sur le tablier du Pont de l'Ile de R (B60FS), aprs 14 ans d'exposition aux embruns,
a rvl une trs faible carbonatation [BARO 04d] :
une profondeur carbonate nulle a en effet t mesure par phnolphtaline,
les profils obtenus par ATG ont mis en vidence que la portlandite tait
consomme moins de 50 % sur les 5 premiers mm et qu'aucune carbonatation
n'tait dtecte au-del de 10 mm,
confirmant moyen terme la trs bonne rsistance du B60FS la pntration du
CO2 (se reporter la figure 8.9b du 8.3.2.3). En poussant plus loin l'analyse, on
pouvait constater que des franges carbonates localises et trs superficielles
taient visibles. Celles-ci concidaient avec la prsence de microfissures
superficielles dtectables au microscope optique [BARO 04d]. On obtient donc in situ
une conclusion analogue celle obtenue en laboratoire : dans les BHP, les
microfissures n'induisent pas de carbonatation dtectable par phnolphtaline tant
que cette fissuration reste limite.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 99
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a) coefficient de diffusion effectif b) rapport Dfissur/Dsain


Figure 5.19 : Influence de l'ouverture de fissure (w) sur le coefficient de diffusion effectif des ions chlorures
mesur par essai de migration en rgime stationnaire, pour les btons BO, M75 et M75FS, d'aprs [DJER
06].

chance: 3 mois
B60
50
45 B40
40
35 B25
P.C. (mm)

30
25
20
15
10
5
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2
S v (mm -1)
L

Figure 5.20 : Evolution de la profondeur carbonate (P.C.) de diffrents btons (B25, B40 ou B60) en
fonction de la longueur spcifique de microfissures (L), aprs 3 mois d'essai de carbonatation acclre en
laboratoire ([CO2] = 50 % et HR = 65 %, selon le mode opratoire AFPC-AFREM [AFPC 98]), d'aprs
[CASTEL 01].

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5.6 - Comprhension des interactions entre l'eau et NaCl


Linfluence de la prsence de NaCl sur les proprits hydriques d'quilibre du
matriau, telles que les isothermes de sorption de vapeur deau (cf. 5.3.4) peut tre
quantifie. A une temprature donne, du fait de la diminution de l'humidit relative
rgnant dans la phase gazeuse situe au-dessus d'une solution dont la concentration
en sels augmente, on enregistre une modification des isothermes de sorption de
vapeur deau, lorsque celles-ci sont exprimes en teneur en eau massique en
fonction de l'HR. Ce phnomne a t mesur et modlis dans le cadre de la thse
de Bonnet [BONN 97] (collaboration avec le LETHEM-INSA de Toulouse, B. Perrin,
Thme de Recherche OA9, cf. Prambule). Le coefficient de dcalage des
isothermes d'adsorption obtenues sur un mortier en fonction de la concentration en
sel a ainsi t dtermin. Par contre, lorsque les isothermes de sorption de vapeur
deau sont exprimes sous la forme d'une courbe donnant la pression capillaire en
fonction du taux de saturation en eau liquide ("courbe de pression capillaire") en
faisant intervenir dans l'quation l'activit de l'eau dans la phase liquide, qui est
fonction de la concentration en ions prsents, on obtient une courbe unique
(universelle), quelle que soit la concentration en ions (cf. Figure 5.21) [FRANCY 98],
[NGUY 07a]. Ceci facilite grandement la modlisation des transferts combins d'eau
et d'ions dans les matriaux base de ciment : il suffit de prendre comme donne
d'entre du modle la courbe de pression capillaire du matriau dtermine
exprimentalement sans NaCl. Celle-ci restera valable quelle que soit la
concentration en ions. C'est ce qui a t fait dans le cas du modle LCPC de
transport combin ions-humidit [NGUY 07a] (cf. 8.4).

Linfluence de la prsence de NaCl sur l'amplitude et la cintique de schage


endogne (d'autodessiccation) ou exogne ( une HR impose donne) a galement
t quantifie [BARO 96b], [BARO 07e]. Elle rsulte du fait que l'humidit relative
interne d'quilibre est plus faible en prsence de NaCl (cf. Tableau 5.2). La figure
5.22 montre l'influence de la prsence initiale de NaCl dans le matriau sur la
cintique de perte relative de masse (obtenue par pese) et sur le profil hydrique
(obtenu par gammadensimtrie) d'une prouvette cylindrique (70 x 100 mm) de
pte de ciment durcie CO (initialement proche de la saturation) soumise un
schage HR = 53,5 0,5 % et T = 21 0,5 C par ses deux faces planes (le
pourtour tant protg des changes hydriques avec le milieu environnant par deux
feuilles superposes daluminium autocollant) [BARO 07e]. La figure 5.22 illustre
clairement que cette influence n'est pas ngligeable : on observe des teneurs en eau
et des taux de saturation plus levs pour la pcd CO contenant 3% de NaCl que pour
CO (voir galement les rsultats l'chance de 2 ans figurant dans la rfrence
[BARO 04a]). Plus prcisment, dans la gamme des hautes HR, l'effet du E/C
apparat clairement prpondrant, mais pas dans la gamme des HR intermdiaires
(cf. Figures 5.9 et 5.22, et [BARO 07e]). Par consquent, le "couplage" humidit-
NaCl (ou plus gnralement eau-ions) doit tre pris en compte dans la modlisation
des transferts d'humidit, y compris pour les matriaux faible E/C (et donc
faiblement permables), lorsque des sels (issus par exemple de l'eau de mer ou des
produits de dverglaage) sont initialement prsents. Ce coulage sera pris en
compte en faisant intervenir dans les quations l'activit de l'eau dans la phase
liquide. Une telle modlisation a t dveloppe dans le cadre de la thse de
Nguyen et est prsente dans la rfrence [NGUY 07a] o un bon accord est
observ entre rsultats exprimentaux et simulations numriques, pour les
cintiques de perte relative de masse et les profils hydriques (cf. Figure 5.23).

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Tableau 5.2 : HR interne de la pte de ciment CO gche avec diffrentes teneurs


en NaCl (par rapport la masse de ciment), mesure en continu par sondes
thermohygromtriques T = 21 0,5 C, en fonction de l'ge du matriau, d'aprs
[BARO 97b]
HR interne (%)
Age CO CO + 1,5 % CO + 3 %
NaCl NaCl
7 jours 100 97,5 96,0
28 jours 97,0 86,0 82,0
3 mois 95,0 82,0 78,5
6 mois 93,0 80,5 76,0
1 an 90,5 < 79 75

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160

140
Co = 0 g/l
Co = 20 g/l
120

Capillary pressure[Mpa]
Co = 80 g/l
Co = 160 g/l
100 Co = 314 g/l

80

60

40

20

0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Liquid water saturation Sl [-]
Figure 5.21 : Pression capillaire en fonction du taux de saturation moyen en eau liquide (Sl) de l'prouvette,
pour un mortier (E/C = 0,50) initialement satur avec une solution de NaCl (concentrations co = 0, 20, 80,
160 et 314 g.L-1), d'aprs [NGUY 07a]. Cette courbe a t obtenue partir des rsultats exprimentaux
figurant dans la rfrence [BONN 97].
6 22
Perte relative de masse (%)

20
5
Mass water content (%)

18
4 16
14
3
12
2 CO (E/C=0,35) 10
CO + 1,5% NaCl 8 CO - vacuum sat.
1
6 CO+3% NaCl - vacuum sat.
CO + 3% NaCl
CO - RH=53.5% - 2 years
0 4 CO+3% NaCl - RH=53.5% - 2 years
0 250 500 750 1000 1250 1500 1750 2000 2250 0 10 20 30 CO40 50 60- 6 years
- RH=53.5% 70 80 90 100
Temps de schage (jours) CO+3%
HeightNaCl - RH=53.5% - 6 years
(mm)

a) cintiques de perte relative de masse b) profils hydriques obtenus par gammadensimtrie


Figure 5.22 : Influence de la prsence initiale de NaCl sur la cintique de perte relative de masse et sur le
profil hydrique d'une prouvette cylindrique (70 x 100 mm) de pcd CO (initialement proche de la saturation)
gche avec 0, 1,5 ou 3 % de NaCl (par rapport la masse de ciment), soumise un schage HR = 53,5
0,5 % en laboratoire T = 21 0,5 C par ses deux faces planes.
5

0
Relative liquid water saturation variation [%]

-5

-10

-15

-20

-25

-30

-35

-40
gamma: 0, 7, 35, 658, 994, 1781, 2229 days
-45

-50 model: 0, 7, 35, 658, 994, 1781, 2229 days


-55
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10
Height [m]
Figure 5.23 : Comparaison entre les profils hydriques "exprimentaux" (dduits des mesures par
gammadensimtrie [BARO 07e] et des profils numriques de concentration ionique [NGUY 07a]) et les
profils hydriques numriques (obtenus par le modle LCPC de transport combin ions-humidit [NGUY 07a])
pour une prouvette cylindrique (70 x 100 mm) de pcd CO (initialement proche de la saturation) gche
avec 3 % de NaCl (par rapport la masse de ciment), diffrentes chances au cours du schage HR =
53,5 0,5 % par ses deux faces planes, en laboratoire T = 21 0,5 C, d'aprs [NGUY 07a].

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5.7 - Comprhension des interactions chlorures-matrice


Les interactions physico-chimiques entre les ions chlorure et la matrice cimentaire
dpendent de la composition chimique de la solution en contact avec le matriau et
de celle de la matrice cimentaire. Ces interactions peuvent tre quantifies par
l'isotherme d'interaction chlorures-matrice. Rappelons que ces donnes sont trs
importantes et peuvent tre requises pour la dtermination du coefficient de diffusion
des chlorures ou pour la modlisation (prdiction) de la pntration des chlorures
dans le bton. En particulier, l'tude de sensibilit du modle physique de
pntration des chlorures, propos dans la rfrence [NGUY 06a] (cf. 8.4.5.3), aux
variations des donnes d'entre a rvl que le paramtre le plus influent sur les
rsultats numriques (en termes de profondeur moyenne de pntration ou de profils
de concentration en chlorures) tait l'isotherme d'interaction chlorures-matrice,
devant le coefficient de diffusion effectif des chlorures, puis la porosit (voir
galement [CHLO 05b]). Les travaux de thse de Francy [FRANCY 98] (collaboration
avec le LMDC-INSA de Toulouse, plus prcisment R. Franois, Thme de
Recherche OA9, cf. Prambule) ont par ailleurs confirm que l'isotherme
d'interaction tait fortement non linaire. La comprhension des interactions
chlorures-matrice, et de l une valuation correcte et prcise du paramtre
complmentaire isotherme d'interaction chlorures-matrice, spcifique la corrosion
des armatures initie par les chlorures, sont donc indispensables pour prdire la
durabilit. On peut constater que les interactions chlorures-matrice ont t largement
tudies dans la littrature (voir par exemple les synthses figurant dans les
rfrences [CAST 99] ou [NILS 01]). Toutefois, les mcanismes prcis mis en jeu ne
sont pas encore trs bien compris et les avis sont partags quant la faon la plus
adapte de les prendre en compte dans les modles.

Afin d'tudier l'effet de NaCl sur la microstructure des matriaux cimentaires, de


localiser le chlore prsent dans la matrice, d'lucider la nature des interactions
chlorures-matrice et la contribution des diffrents mcanismes potentiels (ractions
chimiques ou changes ioniques avec les aluminates anhydres et/ou
(sulfo)aluminates hydrats [SURY 96], adsorption sur les C-S-H [BEAU 90], ...), une
tude exprimentale approfondie a t mene l'chelle microscopique et
macroscopique sur phases pures (pte de C3S, pte de C3A et C-S-H de synthse),
ptes de ciment et btons. Cette tude a t initie dans le cadre du Thme de
recherche OA9 (collaboration entre les units BCC, V. Baroghel-Bouny, et PCM, T.
Chaussadent) [CHAU 00b] et poursuivie dans le cadre de l'Opration de Recherche
11B021, plus spcifiquement dans le cadre des recherches post-doctorales de
Barberon [BARB 04] ralises en collaboration avec l'ESPCI (H. Zanni) (cf.
Prambule). L'originalit de ces recherches post-doctorales rside dans l'utilisation
de mesures RMN multi-noyaux, sachant que l'tude est toutefois rendue difficile par
le peu de rfrences existant relativement des tudes menes par RMN du 35Cl
(voir par exemple [YUN 04]). Quelques rsultats utiles, issus de ces diffrents
travaux, sont reports dans ce qui suit.

Des investigations par diffrentes techniques (faisant intervenir les comptences et


moyens de deux quipes du LCPC et de l'ESPCI) ont t menes relativement
l'influence de NaCl sur les ractions d'hydratation du ciment (degr d'hydratation,
nature et structure des produits forms, ...). Les expriences ralises consistaient
ajouter du NaCl l'eau de gchage de ptes de ciment (par exemple CO), de btons
(par exemple BO), ou encore de matriaux synthtiques. Les rsultats obtenus par
spectromtrie RMN du 23Na (mesure du taux de relaxation longitudinale, de la

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quantit de spins, ...) ont montr qu'il n'y avait pas d'interaction chimique entre les
ions Na+ et la matrice en cours d'hydratation [BARB 05]. Au cours de l'hydratation,
Na+ se retrouve sous deux formes :
ionique, dans la solution interstitielle (dans le volume poreux),
adsorbe sur la surface des hydrates (par exemple dans le rseau des C-S-H
[SURY 96]).
Par contre, les mesures par DRX [CHAU 00b] et par spectromtrie RMN du 27Al et
du 35Cl [BARB 05] ont confirm, par la prsence de monochloroaluminate de calcium
hydrat C3A, CaCl2, 10 H2O (sel de Friedel) que le chlore ragissait chimiquement
avec C3A. En particulier, le suivi de la cintique d'hydratation d'une pte de ciment
riche en C3A (8,1 % de C3A et 4,1 % de C4AF), de la pte CO (ciment contenant 3,4
% de C3A et 6,0 % de C4AF) et d'une pte de C3S, de mme E/C = 0,35, a mis en
vidence un comportement trs proche entre CO et la pte de C3S, indiquant qu'une
fois que la faible quantit de C3A prsent a ragi avec le chlore, la cintique
d'hydratation est la mme pour ces deux ptes, du point de vue du chlore [BARB 05].
La caractristique paramagntique du fer empche l'observation par RMN d'hydrates
issus de C4AF. Mais on sait qu' partir de C4AF, il est possible de former du sel de
Friedel, son analogue avec le fer C3F, CaCl2, 10 H2O ou une solution solide des deux
[SURY 95b], [DELA 97], [CSIZ 01]. Il est toutefois difficile de connatre les quantits
respectives formes de chacun par des mesures par ATG-ATD ou DRX, car la
structure de ces composs est identique et correspond un mme pic [SURY 95b],
[CSIZ 01]. On notera que, d'aprs la littrature, C3F, CaCl2, 10 H2O a une faible
miscibilit avec le sel de Friedel. De plus, C4AF se rvle gnralement moins ractif
que C3A vis--vis de l'hydratation. On peut donc considrer en premire
approximation qu'au trs jeune ge l'interaction entre chlore et ciment est
directement lie la teneur en aluminates quivalents C3Aeq (que l'on peut supposer
gale la somme C3A + 0,5C4AF [NGUY 06b], [NGUY 07c]). Parmi les paramtres
de composition influenant les isothermes d'interaction, on retiendra donc que la
teneur en aluminates quivalents du liant a un rle prpondrant (formation de
monochloroaluminate ou de son analogue avec le fer) [CHAU 00b], [BARO 04g],
[BARB 04].

Par ailleurs, les investigations menes par spectromtrie RMN du 29Si l'ge de 28
jours sur la pte de ciment CO gche avec une solution de NaCl ont indiqu que le
degr d'hydratation (moy. = 69 % [BARB 05]) tait peu modifi par rapport celui du
mme matriau gch sans NaCl (moy. = 66 % mesur par perte au feu et 62-72 %
mesur par analyse d'images obtenues au MEB [AMMO 01a]). On notera par contre
que l'hydratation est acclre au jeune ge (formation de C3A, CaCl2, 10 H2O aux
dpens de l'ettringite C3A, 3 CaSO4, 32 H2O, d'aprs les mesures ralises par ATG
et DRX [CHAU 00b]).

De plus, les prlvements effectus dans une prouvette de bton durci BO g


mise en contact avec une solution de NaCl (essai de diffusion), d'une part dans la
zone exempte de NaCl et d'autre part dans celle contamine par NaCl, font
apparatre au vu des spectres MAS 29Si (MAS : Magic Angle Spinning, technique de
rotation langle magique) une plus forte hydratation (environ 6 %), probablement
attribuable au contact prolong avec la phase liquide (cf. 6.2.4.5) dans la zone
contamine, sans modification de la structure des hydrates C-S-H. Les spectres
RMN MAS 27Al ont confirm l'augmentation du degr d'hydratation en faisant
apparatre une augmentation de la quantit d'hydrates forms incluant des
aluminates, sans compter le sel de Friedel. Les rsultats de longueur statistique

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 108


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moyenne des chanes ttradriques silicates ont quant eux confirm que la
structure des C-S-H restait identique dans les deux zones (les valeurs 0,77 dans la
zone saine et 0,76 dans la zone contamine ont t quantifies par RMN du 29Si
[BARB 05]).

Les deux derniers paragraphes indiquent que la structure des C-S-H n'est pas
modifie lors de l'exposition au chlore, que ce soit au jeune ge au dmarrage
de l'hydratation ou long terme lorsque le matriau est durci. Il n'y a donc pas
de raction chimique avec les C-S-H, mais ventuellement uniquement une
adsorption physique ou une chimisorption. Les modifications de la structure poreuse
enregistres par intrusion de mercure (diminution de la porosit, distribution plus
resserre et dcalage des modes poreux vers les tailles plus petites, lorsque le
matriau est gch avec NaCl ou contamin par NaCl une fois durci (voir figures
5.13 et 5.24, ainsi que les rfrences [MIDG 84], [SURY 95a], [BARO 96b] et [SURY
98]) sont donc probablement attribuables une adsorption physique des ions sur les
C-S-H, une modification de la microstructure lie la dissolution de la portlandite et
la formation de chloroaluminates et de CaCl2 (composs plus volumineux que NaCl
et Ca(OH)2 [SURY 98]), un confinement dans les petits pores et/ou une
cristallisation des sels lors du schage pralable aux mesures par intrusion de
mercure. La diminution de porosit rsultant de la cristallisation de sels lorsqu'un
lment en bton contenant du NaCl est soumis un schage exogne a d'ailleurs
t prise en compte dans le modle de transport combin ions-humidit dvelopp
dans le cadre de la thse de Nguyen [NGUY 07b] (cf. 8.4.5.2).

Les rsultats obtenus au cours d'un essai de diffusion in situ dans un spectromtre
RMN [BARB 04] sur phases pures et ptes de ciment durcies ont confirm l'influence
importante de l'alcalinit de la solution de contact sur la pntration des chlorures et
en particulier sur les interactions chlorures-matrice, dj mise en vidence dans la
littrature (voir par exemple [TRIT 89], [CSIZ 01], [NILS 01]). Une trs grande
diffrence a effectivement t enregistre sur la quantit de chlore rsiduelle
dtecte par spectromtrie RMN du 35Cl dans la phase liquide (solution de contact)
d'un chantillon contenant un cylindre de matriau g de 28 jours (CO, pte de C3A
avec PHg = 27,4 %, pte de C3S, E/C = 0,35, ou C-S-H de synthse de rapport C/S
= 0,83 avec PHg = 55,4 %) au contact d'une solution saline, entre le cas d'une
solution de NaCl dose 30 g.L-1 (pH proche de 7) et celui de la mme solution
additionne de NaOH 0,1 M (pH proche de 13). Ainsi, 20 30 % de chlore
supplmentaire a t consomm dans le cas de la solution de contact non alcaline
(cf. Figure 5.25 [BARB 04]). La diminution du signal RMN enregistre ici (qui
tmoigne d'une diminution de la mobilit du chlore) rsulte probablement la fois :
des interactions,
d'un pigeage (physique) du chlore dans la structure poreuse du matriau
susceptible de se r-hydrater lorsque le chlore pntre dans ce dernier par
diffusion et/ou d'un pigeage (chimique) du chlore (par exemple formation de
CaCl2 partir de la portlandite et de NaCl [SURY 98]), susceptibles de faire
diminuer la mobilit du chlore.
On constate donc que lorsque l'alcalinit diminue, les interactions chimiques (cas de
la pte de C3A), physiques (cas de la pte de C3S) et globales (cas de la pte CO)
augmentent (cf. Figure 5.25). Dans le cas gnral d'interactions chimiques (formation
de chloroaluminates) et physiques (adsorption sur les C-S-H), un tel rsultat pourrait
s'expliquer notamment par le fait que :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 109


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

plus le pH est faible, plus la dissolution de Ca(OH)2 est favorise (lixiviation),


donc la production d'ions Ca2+, et donc la formation de chloroaluminates,
les ions OH- entrent en comptition avec les chlorures pour les sites d'adsorption
sur les C-S-H.
La figure 5.25 montre que la consommation de chlore est nettement plus importante
dans le cas de la pte de C3A, indiquant une plus grande affinit de la matrice solide
pour la solution chlorure dans ce cas. De plus, CO a un comportement trs proche
de celui de la pte de C3S hydrat (consommation de chlore lgrement plus
importante), du fait de sa faible teneur en aluminates. On peut en dduire que dans
le cas de la pte CO, on observe essentiellement des interactions physiques. Par
ailleurs, aucune consommation de chlore n'est enregistre dans le cas du C-S-H de
synthse en prsence d'une solution de contact alcaline, except au dmarrage de
l'exprience. Ce dernier point peut s'expliquer tout d'abord par le fait que le C-S-H de
synthse ne contient pas d'aluminate et ne permet donc pas d'interaction chimique.
De plus, la composition de la solution de contact et le faible rapport C/S de ces C-S-
H de synthse ne vont pas favoriser l'adsorption physique [BEAU 90]. Les rsultats
obtenus ici par RMN sur les C-S-H de synthse illustrent pour ces derniers des
interactions faibles (pas de diminution de la mobilit du chlore) et rversibles (voir le
dbut de la courbe en figure 5.25). Les rsultats obtenus par la mthode de mise
l'quilibre sur des broyats, et reports par exemple dans [TANG 93], [CHAU 00b],
confirment une faible interaction chlorures-solide dans le cas de C-S-H de synthse.
Ces constatations mettent nouveau en vidence l'influence prpondrante de la
formation de chloroaluminates dans le processus de fixation des chlorures sur
la matrice solide et donc de la teneur en (sulfo-)aluminates.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 110


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120
CO PHg = 13,8%
CO (avec 1,5% NaCl) PHg = 11,3%
100
CO (avec 3% NaCl) PHg = 10,7%

V/ log(r) (mm . .g )
3 -1 -1
80

60

40

20

0
10 100 1000 10000 100000 1000000
Rayon des pores ()

Figure 5.24 : Distributions des volumes poreux obtenues par intrusion de mercure (aprs cryosublimation
pendant 24 heures) pour une pcd CO gche avec 0, 1,5 ou 3 % de NaCl (par rapport la masse de ciment)
et ge d'environ 6 mois.
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 37 < rp < 60 m.

100% 30

90%
Conc. solution de contact (g/L)
Quantit de chlore dtect

25
80%

70%
20
60%

50% 15
40% C-S-H NaCl-NaOH
C3S NaCl-NaOH 10
30% C3S NaCl
CO NaCl-NaOH
20%
CO NaCl 5
10% C3A NaCl-NaOH
C3A NaCl
0% 0
0 1000 2000 3000 4000 5000
Temps de contact (min)

Figure 5.25 : Evolution des quantits de chlore dtectes par spectromtrie RMN du 35Cl dans la phase
liquide d'un chantillon contenant un cylindre de matriau g de 28 jours (CO, pte de C3A, pte de C3S ou
C-S-H de synthse) au contact d'une solution saline (NaCl 30 g.L-1 ou NaCl 30 g.L-1 + NaOH 0,1 M), d'aprs
[BARB 04].

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V. Baroghel-Bouny (LCPC) 112


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5.8 - Comprhension des mcanismes relatifs aux dformations libres d'origine


thermique au jeune ge et aux dformations endognes libres

5.8.1 - Introduction
Des mcanismes physiques et chimiques varis, lis au processus d'hydratation du
ciment, sont l'origine des dformations des matriaux cimentaires enregistres
sans change d'humidit avec le milieu environnant et de la fissuration associe.
Jusqu' prsent, ceux-ci ne sont pas trs bien compris, en particulier cause d'effets
combins complexes entre temprature et humidit. Ceci rend difficile une approche
prdictive fiable du comportement rel des structures.

Pour comprendre les mcanismes l'origine de ces dformations (au trs jeune ge,
au jeune ge et long terme) et identifier les paramtres-cls impliqus, il est
ncessaire d'tudier les processus chimiques et physiques ls l'hydratation du
ciment.

Une question qui se pose notamment, l'heure actuelle, est comment sparer au
trs jeune ge les dformations libres d'origine thermique (rsultant du caractre
exothermique des ractions d'hydratation du ciment et gouvernes par le coefficient
de dilatation thermique du matriau) et les dformations endognes libres (mesures
temprature constante et sans change d'humidit avec le milieu environnant).

Une autre question importante du point de vue pratique, toujours non rsolue pour
l'instant, concerne la dfinition d'un temps de rfrence t0 pertinent pour les mesures
(voir 6.3.5, [RILE 00a], [WEIS 03] et galement [GRAN 04] et [STAQ 06]).

5.8.2 - Effets de la temprature au jeune ge ( 24 heures) - Concept de maturit


Le concept de maturit est classiquement utilis afin de prdire les dformations (ou
la rsistance mcanique) dans des conditions relles de temprature. Ce concept est
bas sur l'hypothse que l'effet de la temprature sur la cintique d'hydratation (et
sur les proprits associes) est indpendant du degr d'hydratation . Or, il semble
que les deux types de dformations (thermiques et endognes) dpendent de
l'historique de temprature. En ce qui concerne les dformations endognes, il
s'avre effectivement que la temprature (tudie sur la plage 10-50 C dans les
rfrences [BARO 04e], [MOUN 06], avec la pte de ciment CI, cf. 5.1) a un effet,
non seulement sur la cintique, mais galement sur l'amplitude finale ( 24 heures)
des dformations volumiques de retrait endogne au jeune ge (notamment du fait
de l'influence de la temprature sur la tension superficielle de l'eau, paramtre
intervenant dans la loi de Kelvin). Les amplitudes des courbes "retrait endogne en
fonction de l'ge" (o l'ge varie du temps de dbut de prise Vicat jusqu' 24 heures)
sont classes dans l'ordre suivant : 10 C < 20 C < 30 C < 50 C < 40 C. La
diminution de l'amplitude finale du retrait endogne lorsque la temprature de
conservation augmente partir d'une certaine valeur a galement t reporte dans
la littrature [PARK 02]. Ceci remet en particulier en cause la pertinence d'appliquer
sur toute la priode du jeune ge [0-24 heures] le concept de maturit avec une
seule nergie d'activation apparente Ea, pour prdire le retrait endogne quelle que
soit la temprature (en particulier au dessus de T = 40 C, en accord avec la
littrature [TURC 02]). Devant cette constatation, l'approche suivante a t propose
[BARO 04e], [MOUN 06] :
1) si le degr d'hydratation (ou la teneur en portlandite) est connu dans un
domaine de temprature donn :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 113


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

- le calcul (compliqu) de l'nergie d'activation apparente Ea peut tre vit,


- le retrait endogne au jeune ge (et pour 7 %, i.e. aprs le temps de fin
de prise Vicat, plus prcisment aprs le point d'inflexion de la courbe,
dans la priode o la cintique est nettement ralentie) la temprature
recherche peut tre dduit de la relation linaire mise en vidence entre
celui-ci et le degr d'hydratation (ou la teneur en portlandite) (cf. 5.2.4.5
et figure 5.26 [MOUN 06]).
2) si aucun de ces paramtres n'est connu, le concept de maturit peut tre
appliqu, mais aprs avoir ralis :
- une partition du domaine [0-24 heures] en plusieurs priodes,
- le calcul de l'nergie d'activation apparente Ea sur chaque priode ainsi
dfinie.
Cette seconde mthode donne de bons rsultats lorsqu'elle est applique pour
dterminer le retrait aprs le temps de fin de prise Vicat et aprs le point
d'inflexion, pour T 20 C, et en calculant l'nergie d'activation apparente Ea
par exemple partir de mesures de retrait chimique (par gravimtrie) [MOUN
06].

5.8.3 - Composantes des dformations endognes libres - Influence des paramtres


de formulation

5.8.3.1 - Composantes des dformations endognes libres


Tous les rsultats exprimentaux obtenus dans le cadre des recherches ralises ou
diriges par l'auteur tendent montrer que les dformations endognes incluent 3
composantes :
retrait chimique (contraction Le Chatelier),
retrait d'autodessiccation,
gonflement chimique structural (d la croissance cristalline).
Parmi ces 3 composantes, celle qui est prpondrante dpend de l'ge auquel le
systme est observ et des paramtres de formulation (E/C, FS/C, composition du
ciment, ...) [BARO 01a]. Une autre composante peut tre prise en considration : le
fluage sous contrainte hydrique (pression capillaire) [ULM 99]. D'aprs la
comparaison entre simulation numrique et exprience, figurant dans [HAOU 07], il
semblerait que cette composante visco-lastique soit particulirement importante (de
l'ordre de 40 50% des dformations mesures). L'influence de la composition du
ciment a t tudie dans [BARO 01a], exprimentalement et analytiquement l'aide
des formules empiriques proposes par Paulini [PAUL 97]. On retiendra par exemple
que les ciments ayant une faible demande en eau (riches en C2S, par exemple)
auront une composante de retrait d'autodessiccation rduite et l'on observera plutt
une dformation globale de gonflement (voir galement [PARK 02]). Les principaux
aspects de l'influence du E/C et de la prsence de fumes de silice sont quant eux
reports dans les sections suivantes.

5.8.3.2 - Influence du E/C


Le retrait chimique est la composante essentielle des dformations endognes au
trs jeune ge, avant le point d'inflexion. Ceci peut tre dduit des comparaisons
entre retraits chimique et endogne de ptes de ciment disponibles dans la littrature
(voir par exemple [JUST 00] ou [GARC 01]). Cette priode (o retrait chimique et
endogne sont confondus) peut tre trs courte dans le cas d'un faible E/C et d'une
temprature leve, comme illustr en figure 5.27 [MOUN 06], pour la pte de ciment
CI conserve en bain thermostat T = 50 C. Le retrait chimique est ici mesur par

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 114


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

gravimtrie et le retrait volumique endogne est mesur par pese hydrostatique


d'chantillons envelopps d'une membrane impermable de latex. Ces mthodes ont
t dveloppes au GeM, dans le cadre de la thse de Mounanga [MOUN 03]. Les
deux courbes divergent dans cet exemple avant l'ge de 2 heures. En effet, dans le
cas d'un faible E/C, les grains sont initialement trs proches les uns des autres. Dans
ces conditions, un faible niveau d'hydratation est suffisant pour que les amas de
grains en cours d'hydratation ou d'hydrates deviennent jointifs et forment un rseau
solide (percolation solide) et que l'autodessiccation se dveloppe. De plus, ce
phnomne sera acclr si la temprature est leve, du fait de l'acclration des
ractions chimiques par thermoactivation.

Conformment la littrature [JUST 96], [JUST 00], [GARC 01], il est observ que
l'amplitude du retrait chimique une temprature donne est indpendante du E/C,
dans le domaine [0,25-0,60] (voir [BARO 04e], [BARO 06c] et figure 5.28a). Seul un
effet sur la pente initiale de la courbe "retrait chimique en fonction de l'ge", et donc
sur la cintique, semble tre enregistr aux faibles E/C, entre E/C = 0,25 et E/C =
0,30 (cf. Figure 5.28b [BARO 06c]). Au trs jeune ge (dans la phase o retrait
chimique et retrait endogne sont confondus), l'amplitude des dformations
endognes sera donc galement indpendante du E/C.

A un ge donn (aprs le temps de fin de prise Vicat), l'amplitude des


dformations endognes unidimensionnelles mesures par la mthode dcrite au
6.3.5 augmente linairement quand le rapport E/C dcrot de 0,60 0,25 (cf.
Figure 5.29a [BARO 06c]). Une diffrence de 1025 m/m a t enregistre
l'chance d'un an entre ces deux E/C, pour des ptes d'un mme ciment CEM I
52,5 HTS.

Pour les ptes avec E/C < 0,40, un fort retrait a t mesur au jeune ge, dans le
cadre de la thse de Kheirbek [KHEI 99]. Par exemple avec E/C = 0,25 (pte CI),
540 m/m a t mesur 24 heures en initialisant les dformations au temps de
dbut de prise Vicat. Cette valeur reprsente 42 % de la valeur mesure un an. Si
l'on considre que dans la gamme d'HR internes concernes, le retrait
d'autodessiccation rsulte du mcanisme de dpression capillaire [HUA 95], [KOEN
97], on peut alors considrer que le domaine o le retrait d'autodessiccation est
prpondrant se caractrise par une relation linaire entre l'HR interne du matriau
et son retrait endogne unidimensionnel. Une relation linaire est en effet observe
exprimentalement (cf. Figures 5.30 et 5.31) [BARO 94], [BARO 97b], [PARK 02],
[PERS 02], [BARO 05d]. De plus, partir des mesures volumiques au jeune ge sur
CI, on dduit de l'chance o survient la sparation entre les courbes de retrait
chimique et de retrait endogne que le retrait d'autodessiccation devient
prpondrant aprs le temps de fin de prise Vicat et aprs le point d'inflexion.

Pour les ptes avec E/C 0,40, un gonflement a t observ partir de quelques
heures et jusqu' plusieurs jours, dans le cadre de la thse de Kheirbek. Par
exemple avec E/C = 0,60 (pte CP), -230 m/m a t mesur 21 jours en
initialisant les dformations au temps de dbut de prise Vicat [KHEI 99], [BARO 01a].
Dans ce cas, le gonflement chimique structural est prpondrant aux chances
considres (matriau poreux contenant une importante quantit d'eau, de faible
rigidit et dveloppant des cristaux de Ca(OH)2 de grandes dimensions, cf.
5.2.4.5).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 115


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.8.3.3 - Influence des fumes de silice


Dans le cas des faibles E/C, les formules avec fumes de silice ont un fort retrait
endogne (autodessiccation). L'addition de 10 % de FS avec E/C = 0,25 double la
valeur du retrait 1 an (cf. Figure 5.29b [BARO 01a]). Toutefois, l'influence du E/C
reste prpondrante.

5.8.3.4 - Evolution long terme


Outre la raction pouzzolanique, l'volution des C-S-H au cours du temps et
notamment long terme (polymrisation des chanes silicates et densification des
C-S-H [JENN 00], [THOM 06], cf. 5.3.1) explique probablement que l'on enregistre
une diminution de l'HR interne et une lgre augmentation des dformations
endognes y compris aprs 6 mois (cf. Figures 5.29 et 5.30 [BARO 94]). Les
modles d'hydratation "pure", qui ne prennent pas en compte ce "vieillissement
chimique", n'indiquent par contre aucune volution aprs cette chance [HAOU 07].
Les dformations sont toutefois nettement rduites lorsque l'HR interne atteint
environ 76 %, valeur qui correspond la dsorption complte de l'eau purement
capillaire et l'amorage de la dsorption de l'eau des C-S-H (voir le changement de
pente trs net observ HR 76 % sur la courbe HR - dformations endognes,
pour le bton BH, dans la rfrence [BARO 94]).

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5 Vol. aut.
shrinkage W/C= 0.25
(mm3/g of
4
cement)

3 10C
20C
2 30C
40C
1 50C
Degree of hydration (%)
0
0 5 7% 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Figure 5.26 : Evolution du retrait endogne volumique de la pte de ciment CI (E/C = 0,25) conserve en
conditions isothermes 10, 20, 30, 40, ou 50 C, en fonction du degr d'hydratation, d'aprs [MOUN 06].
Les valeurs sont initialises = 7 %.

5
(mm 3 / g of anhydrous cement)

4
Volume changes

2 F Chemical shrinkage
I
Volumetric autogenous shrinkage
1
Initial and final Vicat setting times
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Age (hours)

Figure 5.27 : Comparaison entre retrait chimique (contraction Le Chatelier) et retrait endogne volumique,
pour la pte de ciment CI conserve T = 50 C, d'aprs [MOUN 06].

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35

"Ultimate" chemical shrinkage


30

value (mm3 / g of cement)


25
W/C=0.25
20 W/C=0.30
W/C=0.35
15
W/C=0.40
10 W/C=0.45
W/C=0.50
5
W/C=0.60
0
0 10 20 30 40 50 60
Tem perature (C)

a) amplitude 24 heures

7
W/C=0.25
6
W/C=0.30
(mm 3/h.g of cement)
Initial slope value

5 W/C=0.35
W/C=0.40
4
W/C=0.45
3 W/C=0.50
2 W/C=0.60

0
0 10 20 30 40 50 60
Temperature (C)

b) pente initiale de la courbe donnant le retrait chimique en fonction de l'ge

Figure 5.28 : Caractristiques du retrait chimique (contraction Le Chatelier) en fonction de la temprature de


conservation, pour des ptes de mme ciment CEM I 52,5 HTS et de diffrents E/C, d'aprs [BARO 06c].

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-6
Autogenous shrinkage (10 )
1400
3000
1200
Autogenous shrinkage (10-6)

1000
2500
W/C=0.25
800 W/C=0.30 2000
600
W/C=0.35
shrinkage W/C=0.40 1500
400 W/C=0.45 SF/C = 0
200 W/C=0.50 1000 SF/C = 0,05
W/C=0.60 SF/C = 0,10
0
swelling 500 SF/C = 0,15
-200
SF/C = 0,20
-400
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Age (days) Age (days)
a) en fonction de E/C [BARO 06c] b) en fonction de SF/C [BARO 01a]

Figure 5.29 : Dformations endognes longitudinales libres en fonction de l'ge (cintique) mesures T =
21 0,5 C en prenant comme origine le temps de dbut de prise Vicat (t0) sur des prouvettes tanches
de dimensions 20 x 160 mm, pour des ptes de mme ciment CEM I 52,5 HTS.

100 100
98
Internal Relative Humidity (%)

y = 106,30 - 1,3007e-2x R^2 = 0,998 y = 124,00 - 2,7643e-2x R^2 = 0,999


Internal Relative Humidity (%)

99
96
98 94
"CO" 92 "CH"
97 90
96 88
86
95 84
82
94
80
93 78
650 700 750 800 850 900 950 1000 1050 1200 1300 1400 1500 1600 1700
Autogenous Shrinkage (10-6) Autogenous Shrinkage (10-6)
a) CO (E/C = 0,35) b) CH (E/C = 0,20 ; FS/C = 0,10)

Figure 5.30 : Corrlation entre retrait endogne longitudinal (mesur diffrents ges en prenant comme
origine le temps de dbut de prise Vicat (t0)) et HR interne, T = 21 0,5 C, sur des prouvettes tanches
de ptes CO et CH, d'aprs [BARO 94] et [BARO 97b].

1 500
0.25
1-year 1-D autogenous

0.30
deformations (10 -6)

1 000 0.40

0.45 0.50
500

0.60
0
75 80 85 90
Internal RH (%)

Figure 5.31 : Corrlation entre retrait endogne longitudinal (mesur l'ge d'un an en prenant comme
origine le temps de dbut de prise Vicat (t0)) et HR interne, T = 21 0,5 C, pour des ptes d'un mme
ciment CEM I 52,5 HTS et de diffrents E/C, d'aprs [BARO 06c].

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5.9 - Dformations hygromtriques libres (retrait de dessiccation "pur")

5.9.1 - Courbes d'quilibre


Les dformations hygromtriques libres (par exemple le retrait de dessiccation "pur")
et les mcanismes l'origine des cintiques et des courbes d'quilibre observes,
ont t tudis pour des matriaux ordinaires et hautes performances dans les
rfrences [BARO 98a], [BARO 99b], [BARO 01d]. A titre d'illustration, les courbes
exprimentales donnant les dformations de retrait de dessiccation "pur" l'quilibre
en fonction de l'HR, pour CO, CH, BO et BH T = 23 0,1 C, et mesures par la
mthode dcrite au 6.3.6, sont prsentes en figure 5.32. Les dformations sont
calcules ici en prenant pour rfrence la dimension mesure l'quilibre HR =
90,4 %. Les chantillons taient gs d'un an au dmarrage des expriences. Ces
rsultats exprimentaux sont en bon accord, au moins dans le domaine HR 50 %,
avec les simulations numriques fournies par un modle thermodynamique
macroscopique fond sur le mcanisme des tensions capillaires et sur les couplages
hygromcaniques, selon l'approche de Coussy & Lassabatre (poro-lasticit non
linaire) [COUS 95a], [COUS 95b] (cf. Figure 5.33 pour CO et CH [BARO 99b]). En
particulier, la linarit de la courbe "dformations = f(HR)" est mise en vidence sur
une large plage d'HR dans les deux cas.

Selon [BARO 99b], le retrait de dessiccation unidimensionnel (dd) peut s'exprimer


selon l'Eq. (9) :
lRT Sl
d d = dh (9)
3K 0M h
Par consquent, les dformations hygromtriques peuvent tre calcules
(prdites) uniquement partir de la mesure de l'isotherme de dsorption (ou
d'adsorption) de vapeur d'eau et du module de compressibilit global du
matriau K0 = E/[3(1-2)], o E est le module d'Young et le coefficient de Poisson.

L'Eq. (9) montre de plus que le retrait de dessiccation (dd) est proportionnel la
variation d'HR (dh), si et seulement si le rapport (Sl/h) est constant (i.e. si l'isotherme
exprimentale de dsorption de vapeur d'eau est linaire dans le domaine considr.
Ce dernier point semble vrifi ici pour CO et CH, mais n'est pas une proprit
gnrale (loi constitutive). De faon plus gnrale, la linarit de la courbe (d, h) est
strictement quivalente la linarit de la courbe (Sl, h). Ces deux courbes
expriment en effet la loi constitutive spcifique au matriau soumis aux tensions
capillaires internes [BARO 99b].

Par ailleurs, l'analyse de la courbe (dformations - pertes relatives de masse) a


rvl diffrents domaines o cette courbe tait linaire, mais avec une pente
diffrente dans chaque domaine, en accord avec les diffrents mcanismes de retrait
de dessiccation couramment admis [BARO 98a].

5.9.2 - Influence des paramtres de formulation


Contrairement aux dformations endognes (cf. 5.8), l'amplitude des dformations
de retrait de dessiccation "pur" l'quilibre une HR donne augmente quand E/C
augmente de 0,25 0,60 [BARO 98a], [BARO 06c] (cf. Figure 5.34). Plus
prcisment, il a t mis en vidence que la relation entre la valeur d'quilibre ( HR
= 63,2 %) et E/C tait linaire de part et d'autre d'un seuil situ E/C = 0,40 [BARO
06c]. L'incorporation de fumes de silice induit une diminution du retrait de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 121


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

dessiccation (cf. Figure 5.34). Toutefois, on enregistre un faible effet de la teneur en


fumes de silice aux teneurs classiquement utilises dans les BHP. L'influence du
E/C est prpondrante. Au total, le retrait de dessiccation "pur" est donc plus
faible pour les BHP que pour les btons ordinaires.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 122


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0
-500
-1000

Dformations (10-6)
-1500
-2000
-2500
-3000 "CO"
-3500 "BO"
-4000 "BH"
"CH"
-4500
-5000
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Humidit Relative (%)
Figure 5.32 : Dformations de retrait de dessiccation "pur" obtenues l'quilibre en fonction de l'HR, par
dsorption T = 23 0,1 C, d'aprs [BARO 98a].
-6
Drying Shrinkage (10 )
0

-1000

-2000

-3000

"CH" exp.
-4000
"CO" predicted
"CH" predicted
-5000
"CO" exp.
-6000
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Relative Humidity (%)
Figure 5.33 : Comparaison entre retrait de dessiccation "pur" observ exprimentalement et prdit par un
modle thermodynamique, l'quilibre T = 23 0,1 C, pour les pcd CO et CH, d'aprs [BARO 99b].

Dformations de retrait (10-6)


800
E/C = 0,25
E/C = 0,30
600 E/C = 0,35
E/C E/C = 0,40
E/C = 0,45
400 E/C = 0,50
E/C = 0,60
E/C=0,25 - FS/C=0,05
200 FS/C E/C=0,25 - FS/C=0,10
E/C=0,25 - FS/C=0,15
E/C=0,25 - FS/C=0,20
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Temps de schage (jours)
Figure 5.34 : Dformations longitudinales de retrait de dessiccation "pur" en fonction du temps (entre HR =
71,5 % et HR = 63,2 %), mesures T = 21 0,5 C sur des prouvettes de pcd de dimensions 20 x 160
mm aprs 1 an en conditions endognes. Influence des paramtres de formulation.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 124


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5.10 - Quelques conclusions relatives au comportement sous cycles de gel-


dgel avec ou sans sels - Influence des paramtres de formulation
Comme mentionn au 1.4, une meilleure comprhension du comportement aux
cycles de gel-dgel avec ou sans sels des BHP tait ncessaire. Les travaux mens
sur la base d'essais normaliss de laboratoire (collaboration avec le LRPC de Lyon,
S. Arnaud), notamment dans le cadre du Projet National BHP 2000, ont permis de
tirer les conclusions suivantes [BARO 02c], [BARO 04d] :
dans le cas des BHP avec agent entraneur d'air (AEA) et avec E/liant 0,30
(B60-B80 avec ou sans FS), la durabilit aux cycles de gel-dgel au moins sans
sels est assure avec un rseau de bulles d'air appropri,
dans le cas des BHP sans AEA et avec E/liant 0,30 (B60-B80), l'caillage est
difficilement prvisible de faon gnrale (des conclusions similaires ont t
rapportes dans la littrature), et l'incorporation de fumes de silice semble
accrotre les risques de dgradation dans cette gamme de btons. En effet,
lorsque l'on compare des formules de BHP de ce type, avec et sans fumes de
silice, on constate une augmentation des dgradations l'issue de l'essai
d'caillage men en laboratoire, en prsence de fumes de silice et pour un
mme niveau de rsistance mcanique (cf. Figure 5.35) [BARO 02c], [BARO
04d]. La rsistance l'caillage reste donc vrifier au cas par cas, sur la base
des Recommandations pour la durabilit des btons durcis soumis au gel [LCPC
03a],
dans le cas des BHP avec E/liant < 0,30 (B90 et au-del, avec FS),
essentiellement du fait d'une trs faible teneur en eau gelable, l'AEA est inutile et
la durabilit aux cycles de gel-dgel avec ou sans sels est assure.

In situ, le bon comportement des BHP a t mis en vidence sur la base de


l'caillage constat de visu sur les parements de corps d'preuve exposs au gel et
aux projections de sels de dverglaage sur le site naturel de vieillissement de
Maurienne (ct chausse) [BARO 04c]. Les btons hautes performances ne sont
pas caills l'chance de 4 ans, alors que pratiquement tous les autres btons
prsents sur le site (15 formules de bton tudies) sont lgrement, moyennement
ou fortement caills. A l'chance de 6 ans, on constate que le BHP M75FS
commence se dgrader lgrement (cf. Figure 5.36d). Il s'agit du BHP qui s'tait le
plus caill l'issue de l'essai normalis en laboratoire (classe 4 : caillage assez
important). Les BHP M75 et M100FS, qui se situaient la limite (de masse cumule
d'caillage admissible figurant dans les Recommandations pour la durabilit des
btons durcis soumis au gel [LCPC 03a]) lors de l'essai acclr normalis
d'caillage ralis en laboratoire, ne sont pas dgrads in situ aux chances
considres [BARO 04c], [BARO 04d].

En ce qui concerne les btons avec cendres volantes, le bton M30CV tait class
en classe 4 aprs 7 cycles de l'essai acclr en laboratoire, et en classe 5
(caillage svre) l'issue de l'essai (56 cycles). Son mauvais comportement est
confirm in situ : M30CV se retrouve class en classe 3 (caillage moyen, quelques
granulats apparents) ds 3 ans d'exposition sur le site de Maurienne (ct chausse)
(cf. Figure 5.36c).

Ces rsultats obtenus in situ ont par ailleurs permis de confirmer la relation directe
entre prsence de sels et dgradations, tant donn qu'aucune dgradation n'a t
observe du cot talus, mme pour les formules les plus dgrades du ct
chausse (cf. Figures 5.36a et 5.36b).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 125


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

On notera au passage que l'on met en vidence une bonne corrlation entre
comportement en laboratoire et comportement in situ, en ce qui concerne l'exposition
aux cycles de gel-dgel et aux sels (cf. 8.3.4).

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

2500 BD60
BD60FS
M75

)
-2
2000 BD70FS

Masse cumule d'caillage (g.m


BD80
M75FS
1500 BM80
BM80FS
M120FS
BHFS
1000

-2
Seuil (600 g.m )
500

0
0 10 20 30 40 50 60
Nombre de cycles

Figure 5.35 : Masse cumule d'caillage de BHP (du type B60 ou B80) sans agent entraneur d'air, avec et
sans fumes de silice, soumis l'essai d'caillage men en laboratoire selon la norme XP P 18-420, en
fonction du nombre de cycles de l'essai, d'aprs [BARO 04d]. Positionnement par rapport au seuil admissible
figurant dans les Recommandations pour les btons rsistant au gel [LCPC 03a].

a) bton M25 (ct chausse) b) bton M25 (ct talus)

c) bton M30CV (ct chausse) b) bton M75FS (ct chausse)

Figure 5.36 : Corps d'preuve en bton arm exposs au gel et aux projections de sels de dverglaage
aprs 6 ans sur le site de Maurienne (Savoie) (photos LRPC Lyon).

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 128


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

5.11 - Corrlations micro-macro - Mise en vidence de seuils

5.11.1 - Existence d'un seuil pour le degr d'hydratation : 7 %


Il a t vu prcdemment, pour des ptes de ciment CEM I 52,5 telles que 0,25
E/C 0,40, que le seuil 7 %, identifi l'chelle microscopique comme le seuil
"chimique" de prcipitation de la portlandite dtectable par ATG, correspondait au
temps de (fin de) prise mesur par l'aiguille de Vicat (cf. Figure 5.5), et donc un
seuil "physico-mcanique" l'chelle macroscopique. On met donc ainsi en vidence
un premier type de corrlation micro-macro.

De plus, si les dformations de retrait endogne volumique mesures sur la pte CI


(E/C = 0,25) au jeune ge (jusqu' l'chance de 24 heures) sont initialises ce
seuil, on constate que le retrait crot linairement en fonction de (ou de la teneur en
Ca(OH)2) (cf. Figure 5.26) [MOUN 06]. Le retrait endogne est donc directement li
l'volution chimique de la pte, partir du seuil = 7 % (et jusqu' = 50 %),
illustrant une autre corrlation micro-macro. En outre, la relation linaire mise en
vidence est identique, quelle que soit la temprature (dans la gamme [10-50 C]).

5.11.2 - Existence d'un seuil pour le rapport eau sur ciment : E/C 0,40
Une valeur seuil pour le rapport E/C (E/C 0,40) a t mise en vidence au cours
des diffrents travaux mens sur une large gamme de ptes de ciment (0,25 E/C
0,60), pour le ciment CEM I 52,5 HTS utilis, au jeune ge et long terme [BARO
06c] :
l'chelle macroscopique, pour ce qui concerne :
- les dformations endognes volumiques et unidimensionnelles (cf. 5.8.3.2,
et en accord avec la littrature [JUST 00]),
- le retrait de dessiccation "pur" [BARO 06c],
- les proprits de durabilit (voir par exemple [RAFA 02] et [THIE 06a] pour la
carbonatation),
Ce seuil est conforme la littrature et a t retrouv numriquement
relativement aux dformations endognes et totales par Haouas [HAOU 07].
l'chelle microscopique, pour les teneurs et les caractristiques des produits
d'hydratation (Ca(OH)2, C-S-H, ettringite) quantifies par MEB ou ATG (par
exemple taille des cristaux de Ca(OH)2 et rapport C/S des C-S-H), de mme que
pour les caractristiques de la structure poreuse dtermines par intrusion de
mercure, et leur volution au cours du temps.
Par exemple, comme explicit au 5.2.4.4, pour 0,25 E/C 0,40, il existe une
relation unique et linaire entre la teneur en Ca(OH)2 et le degr d'hydratation .
Par contre, pour E/C > 0,40, la teneur en Ca(OH)2 semble lgrement augmenter
en fonction du E/C pour un mme degr d'hydratation ( allant jusqu' 90 %) (cf.
Figure 5.4). Cette dernire observation a t confirme par les rsultats obtenus
relativement au rapport C/S des C-S-H, principale autre phase solide de la pte
qui contienne du calcium. En effet, les investigations ralises au MEB par
lectrons retro-diffuss (ERD + EDAX) ont montr que ce rapport diminuait quand
E/C augmentait, pour un mme degr d'hydratation [CHAU 00a], [BARO 04e],
[BARO 06c].
En outre, ce seuil est en accord avec le modle de Jennings [JENN 00].

Ce seuil est certainement li au degr de connectivit du rseau poreux (et solide). Il


correspond la limite entre hydratation en conditions hydriques et spatiales

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 129


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suffisantes (hydratation majoritairement selon le mcanisme de


nuclation/germination htrogne) et hydratation en conditions hydriques et
spatiales insuffisantes ne permettant pas une hydratation complte (hydratation
majoritairement topochimique, l'issue de laquelle le taux de raction est rduit en
particulier du fait de la faible diffusivit des ractifs travers les couches de C-S-H et
de la faible quantit d'eau initiale). Il tmoigne de l'existence de deux niveaux
d'organisation de la structure poreuse dans laquelle la phase liquide est distribue (et
par consquent de confinement de la phase liquide). La proportion relative de
chacun de ces systmes poreux est fonction de l'ge, du rapport E/C, des
caractristiques du ciment et de la prsence d'additions minrales. Dans les
conditions exprimentales considres ici, le seuil de percolation de la phase liquide
se situerait donc E/C 0,40. Ce seuil explique galement que les transferts
hydriques soient caractriss, en simplifiant, par deux rgimes diffrents, selon le
domaine de taux de saturation considr, et que selon le type de matriau (fort ou
faible E/C, par exemple), ce soit l'un ou l'autre qui soit prpondrant dans le plus
large domaine d'HR (cf. 5.4.2.2). Ainsi, les matriaux trs faible E/C et contenant
des fumes de silice conservent un taux de saturation trs lev, quelle que soit
l'HR. On peut donc facilement admettre que dans une large gamme d'HR, les
transferts darcens en phase liquide sont prdominants dans ces matriaux (cf.
8.4.3).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 130


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

6 - DETERMINATION DES INDICATEURS DE DURABILITE ET DES


PARAMETRES COMPLEMENTAIRES : DEVELOPPEMENT / OPTIMISATION /
COMPARAISON ET VALIDATION DE METHODES EXPERIMENTALES,
ANALYTIQUES, INVERSES NUMERIQUES OU MIXTES

6.1 - Introduction
Aprs avoir identifi les paramtres fondamentaux intervenant dans les processus
mettant en jeu l'volution et en particulier la durabilit du matriau bton et des
structures en bton arm, il s'avrait ncessaire de pouvoir quantifier ces
paramtres, notamment les ID prcdemment dfinis, partir de mesures ou
d'essais praticables dans tout laboratoire, offrant une reproductibilit et une prcision
adquates (voir illustrations en figure 6.1).

La mise en place au sein du rseau des Laboratoires des Ponts et Chausses (LPC)
d'un ventail complet de dispositifs et de mthodes pertinentes et valides de
mesure et d'essais de laboratoire constituait donc un objectif prioritaire, pour le
Thme de Recherche OA9 [BARO 02a] et l'Opration de Recherche 11B021 [LCPC
08] (cf. Prambule). Il a ainsi t ncessaire, suivant les cas, de :
dvelopper des mthodes d'essais directes et les dispositifs exprimentaux
correspondants,
faire voluer et optimiser des modes opratoires existants,
mettre au point des mthodes indirectes, requrant d'autres donnes
exprimentales plus facilement accessibles ou des formules analytiques ou
encore des modles (par exemple, mthodes numriques inverses),
comparer plusieurs mthodes disposition, afin d'identifier les plus pertinentes et
les valider.
A partir du dmarrage du Thme de Recherche OA9, le rseau des LPC s'est ainsi
progressivement quip en stations d'essais de permabilit aux gaz, de diffusion et
de migration des chlorures, de "permabilit" la vapeur d'eau (essai la coupelle),
etc.

Plus gnralement, la mise au point, la comparaison et/ou la slection de mthodes


d'essais tait l'objectif de diffrents groupes de travail (cf. Prambule).

Si l'on considre en particulier la durabilit associe aux processus de transfert,


l'objectif principal est dans ce cas la dtermination des proprits de transport
(permabilits et coefficients de diffusion). Ceci constitue en effet un challenge
essentiel pour l'valuation de la durabilit. Cependant, on peut s'interroger sur la
possibilit d'accder des proprits intrinsques dans le cas des matriaux
cimentaires. En effet, outre l'aspect relatif aux difficults exprimentales, on est
confront par exemple la non-constance des proprits de transport (variation trs
importante de la permabilit aux gaz, de la permabilit l'eau liquide et des
coefficients de diffusion en fonction du taux de saturation, cf. 5.4.3 et [BARO 07f]),
ainsi qu' l'existence d'interactions fluide-matrice qui conduit le plus souvent la
dtermination de coefficients apparents.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 131


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

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Proprits de transport Interactions fluide-


(pures) matrice
Teneur en eau (%)
200
4

m 2.s -1)
1,0 8

Bound chloride concentration (mol.m )


BH - krg

-3
Permabilits BO - krg 7 Coef. de diffusion
Ds(mig) [av erage 3 techniques] Isoth. d'interaction
Measurements
Isoth. de sorption
-12
0,8
relatives M25 - krg 6 effectif Deff(mig)
des Cl(binding-Tang-Kb=0.59*)
-
Cl--matrice
Model de vapeur d'eau
"Effective" Cl - diffusion coef. (10
Relative permeability (-)

BH - krl
BO 3
5 Deff(dif) (binding-Tang-Kb=0.76*)
BO - krl B80-SN
0,6
M25 - krl 4
Deff(dif) (binding-profiles+correction*)
(BHP) dsorption
gaz 3
100
2
0,4
eau 2
M25

0,2
liquide 1
1
0 B30-OA CFA adsorption

BO-PB
BO
B32-SN
M25

M50
CFA

0,0
0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Degree of liquid water saturation Sl (-) 00
0 100 200 300 400 500 600 2 4 6 8 10
H u m id it R e la tiv e (% )
-3
Free chloride concentration (mol.m )

Microstructure Microfissuration
90 V/log(r) (mm3.-1.g-1)
80 M 25 CV
70 Distribution
M 50
60
(BO) M 75
poraleM 120 FS
50
40
30
20
10 (BHP)
0
10 100 1000 10000 100000 1000000
Rayon des pores () [MOLI 06]

Hydratation / Raction
pouzzolanique

1 500
5 Vol. aut.
1-year 1-D autogenous
deformations (10 -6)

shrinkage
4 (mm3/g of
1 000 cement)

3 10C
500
20C
2 30C
40C
1 50C
0
Degree of hydration (%)
75 80 85 90 0
Internal RH (%) 0 5 7% 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Figure 6.1 : Quelques exemples de quantification d'indicateurs de durabilit et de paramtres


complmentaires, dans le cas de la prvention de la corrosion des armatures.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 134


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

6.2 - Dtermination des indicateurs de durabilit gnraux ou de substitution

6.2.1 - Mthodes disponibles


Les mthodes de mesure directes disponibles pour quantifier les indicateurs de
durabilit gnraux et les indicateurs spcifiques l'alcali-raction, ainsi que les
mthodes de mesure utilisables pour quantifier les paramtres (indicateurs de
substitution ou paramtres complmentaires) requis pour l'application de mthodes
indirectes, sont synthtiss dans le tableau 6.1, avec leur prcision et les dlais
d'obtention des rsultats. Cette synthse a t tablie dans le cadre du Groupe de
Travail de l'AFGC [BARO 04b]. Des indications relatives la prcision, la rptabilit
et la reproductibilit des mthodes d'essais sont galement donnes dans les
rfrences [CHLO 05d], [CAST 06] et [RGCU 07e] issues d'autres groupes de travail
(cf. Prambule). On notera que des travaux sont en cours dans le cadre de
diffrents comits, relativement la normalisation de certaines de ces mthodes
d'essais (normes europennes CEN). Il est important de mentionner qu'il existe trs
peu de cas o une mthode unique est prconise.

Tableau 6.1 : Tableau synthtique des mthodes directes de mesure des ID et des
mthodes de mesure des paramtres requis pour l'application des mthodes
indirectes, d'aprs [BARO 04b]
Dlai d'obtention Dure totale Prcision de la
Paramtre dterminer Mthode
du rsultat (1) de l'essai (2) mesure (3)
Porosit accessible l'eau (%) Pese hydrostatique 15 jours 3,5 mois 1,5 %
Coefficient de diffusion apparent ou Migration en rgime stationnaire 15 jours 4 mois 15 % de la valeur
effectif des chlorures (m2.s-1) moyenne
Indicateurs de Migration en rgime non stationnaire 1 semaine 3,5 mois 15 % de la valeur
durabilit moyenne
gnraux Diffusion en rgime non stationnaire 3 mois 6 mois 15 % de la valeur
moyenne
Permabilit apparente aux gaz (m2) CEMBUREAU 45 jours 4,5 mois 30 % de la valeur
moyenne
Permabilit l'eau liquide (m2) Permamtre eau sous pression 15 jours 3,5 mois 1 ordre de grandeur
Teneur en Ca(OH)2 (% massique Analyse thermogravimtrique 1 semaine 3,5 mois 1,5 %
par rapport au ciment) Analyse chimique 1 semaine 3,5 mois 2%
Caractristiques de la structure Mesures par intrusion de mercure 15 jours 3,5 mois 1,5 %
Paramtres poreuse
requis pour Rsistivit lectrique (.m) Mthode propos dans [ANDR 01] 1 semaine 3,5 mois 10 % de la valeur
l'application moyenne
de mthodes Isothermes de sorption de vapeur Mthode des solutions salines 6 mois 9 mois 10 % de la valeur
indirectes d'eau satures (mthode LPC n 58) moyenne
Isothermes d'interaction chlorures- Par exemple, essai d'immersion 2 mois 5 mois 10 % de la valeur
matrice complte sur broyats (mthode de moyenne
mise l'quilibre)
Quantit de silice libre par les Test cintique modifi XP P 18-594 1 semaine 12 5 % de la valeur moyenne
Indicateurs de granulats en fonction du temps ou mthode propose dans [BARO semaines
durabilit (mol.L-1) 04b]
spcifiques Bilan des alcalins de la formule de Mthodes LPC n 37 et n 48 1 semaine 1 semaine 0,1 kg.m-3
l'alcali- bton (kg.m-3)
raction Dformations de gonflement (m/m) NF P 18-454 5 mois 5 mois 20 (m/m)
(1) : ce dlai peut varier dans une plage de quelques jours en fonction du matriau test
(2) : incluant la dure de cure le cas chant (3 mois, dans le cas gnral)
(3) : la prcision dpend de l'essai considr et ventuellement de la formule de bton. Les valeurs indiques sont

fondes sur les rsultats de campagnes d'essais inter-laboratoires et d'essais de rptabilit mens sur des
prouvettes de laboratoire. Ces valeurs sont susceptibles d'voluer en fonction des avances des groupes
travaillant spcifiquement sur le sujet

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 135


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Les mthodes de mesure des indicateurs de durabilit gnraux et de l'indicateur de


substitution porosit accessible au mercure sont dtailles dans les sections
suivantes.

6.2.2 - Porosit et autres caractristiques du rseau poreux

6.2.2.1 - Porosit accessible l'eau


Parmi les mthodes disposition, la dtermination de la porosit accessible l'eau
par pese hydrostatique (aprs saturation sous vide) est une mesure simple, peu
coteuse et praticable dans tout laboratoire sans requrir un quipement
sophistiqu, sur une large varit de matriaux. Elle prsente de plus l'avantage
d'tre largement connue de longue date. On dispose donc d'lments sur sa
reproductibilit. Ces considrations contribuent justifier la slection de la pese
hydrostatique comme mthode de mesure de l'ID porosit accessible l'eau et, en
considrant galement le 5.2.1, de prconiser la dtermination systmatique de
la porosit accessible l'eau (par cette technique) dans toute tude de durabilit.
De plus, cette mthode tant certainement la plus simple parmi toutes celles
permettant d'accder aux diffrents ID slectionns (cf. Tableau 6.1), les
spcifications proposes au 7.2 sont prfrentiellement bases sur la porosit
l'eau. En particulier, celles-ci sont limites des seuils sur ce paramtre, dans le cas
d'ouvrages-types de dure de vie spcifie "courte" dans un environnement peu
agressif. Les mesures par pese hydrostatique sont ralisables selon le mode
opratoire "Dtermination de la masse volumique apparente et de la porosit
accessible leau" [AFPC 98], mis au point par le Groupe de Travail de l'AFPC-
AFREM "Durabilit des btons" (cf. Prambule), qui comprend 4 phases (saturation
sous vide, pese hydrostatique, pese dans l'air et pese T = 105 C).

Cette technique peut toutefois prsenter des insuffisances, par exemple pour l'tude
fine de l'influence des paramtres de formulation. On notera ainsi que l'effet de l'air
entran, mis en vidence par les mesures par intrusion de mercure (cf. 5.2.2),
n'est pas dtect par pese hydrostatique [BARO 00a], [BARO 02c], [BARO 04d].
Ceci rsulte probablement du fait que la pese hydrostatique est trop globale (peu
sensible au degr de connectivit) et du fait que les bulles d'air (difficiles saturer
d'eau) ne sont pas prises en compte par cette technique.

Il est possible galement de dterminer le profil de porosit accessible l'eau d'une


prouvette, et a fortiori la valeur moyenne sur l'ensemble de l'prouvette, par des
mesures gammadensimtriques, comme illustr en figure 5.3 et dans la rfrence
[BARO 04c]. Le principe et le mode opratoire de cet essai semi-destructif sont
dcrits dans la rfrence [BARO 02a] et la mthode de calcul est explicite par
exemple dans la rfrence [VILL 04].

Il est en outre possible de dterminer la porosit accessible l'eau partir des


mesures de dsorption ou d'adsorption de vapeur d'eau [BARO 94], [BARO 07e] (cf.
Figure 5.3).

6.2.2.2 - Mesures par intrusion de mercure : porosit et autres caractristiques du


rseau poreux
Il peut tre intressant de mesurer la porosit par intrusion de mercure (cf. Figure
6.2) (indicateur de substitution, cf. 4.4) car cette technique donne accs, outre la
porosit, des paramtres complmentaires trs utiles, que sont les caractristiques

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 136


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

de la structure poreuse, telles que la distribution des volumes poreux en fonction du


rayon des pores ou encore le diamtre critique (cf. 5.2.2 et 6.2.6.3), dans le
domaine de mesure de l'appareil, allant gnralement de quelques nanomtres
quelques dizaines de micromtres, selon l'appareil utilis. La porosimtrie par
intrusion de mercure constitue donc l'un des principaux outils d'investigation de la
structure poreuse des btons. Les travaux raliss ont notamment permis de mettre
au point un mode opratoire des LPC [BARO 02a]. De plus, les essais croiss
[BARO 07b] mens dans le cadre du Groupe de Travail "Microstructure" du Projet
RGCU "GranDuB" ont permis d'acqurir des donnes complmentaires sur la
reproductibilit de cet essai et d'aboutir un mode opratoire harmonis [RGCU
07b].

Il est important de rappeler que le prtraitement des chantillons est une tape
pralable indispensable la caractrisation microstructurale des matriaux
cimentaires durcis par des techniques oprant sur matriau "sec". Diffrentes
mthodes ont t tudies et compares en vue de mettre au point et/ou d'optimiser
une ou plusieurs mthodes de prtraitement pertinentes et adquates vis--vis des
techniques classiques d'investigation de la structure poreuse que sont, non
seulement l'intrusion de mercure, mais galement la sorption d'azote (pour la
dtermination de la surface spcifique). De faon gnrale, le prtraitement doit
rpondre aux exigences suivantes, qui ne sont pas toujours facilement conciliables :
efficacit pour le schage et l'limination des fluides contenus dans l'espace
poreux,
faible altration du matriau,
rapidit,
facilit de mise en uvre.
Il a t constat sur les rsultats obtenus dans le cadre du Thme de Recherche
OA9 (et ultrieurement dans celui du Groupe de Travail RGCU "Microstructure") que,
suivant le type de prtraitement appliqu (tuvage, lyophilisation/cryosublimation ou
change eau-alcool), et mme pour un type de prtraitement donn suivant le
protocole appliqu, de grandes diffrences pouvaient tre enregistres sur les
caractristiques microstructurales [BARO 04a], [BARO 07b] (voir galement la
littrature sur le sujet, par exemple [KONE 93]). La figure 6.3 illustre que pour un
mme matriau (ici la pte de ciment durcie CI, CO, CN ou CK) et au mme ge, les
rsultats obtenus par intrusion de mercure sont conditionns par le prtraitement
appliqu, en particulier son efficacit et sa propension modifier la microstructure
par rapport un tat vierge (microfissuration [AMMO 08], modification des C-S-H, de
l'ettringite, ...). Les diffrences sont plus ou moins marques, suivant la composition
du matriau. L'influence du rapport E/C est par exemple illustre par la comparaison
entre les figures 6.3a, 6.3b et 6.3c, et l'influence du liant est illustre par la
comparaison entre les figures 6.3c et 6.3d. Dans le cas o E/C = 0,25, un dcalage
et une rduction de l'amplitude de l'unique mode poreux sont enregistrs. Dans le
cas de CN (E/C = 0,45) ou de CO (E/C = 0,35), on constate de plus la disparition de
l'un des modes poreux, lorsque l'on applique une cryosublimation pendant 48 heures.
Dans le cas de CK (85 % de laitier), pour tous les prtraitements appliqus, la
distribution est clairement bimodale et le mode poreux situ dans les tailles les plus
grandes n'est quasiment pas modifi. Par contre, l'amplitude et le positionnement du
mode poreux situ dans les tailles plus petites diffrent selon le prtraitement
appliqu, en particulier entre les tuvages d'une part, et la cryosublimation ou
l'change eau-alcool d'autre part. On pourra se reporter la littrature pour l'effet de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 137


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

diffrents prtraitements (schage) sur les caractristiques microstructurales


mesures par d'autres techniques, telles que l'adsorption de gaz [KORP 06].

La porosimtrie au mercure prsente certes des imperfections (schage pralable


ncessaire, altration possible du matriau des pressions leves de mercure,
simplification extrme de la morphologie des pores dans le modle utilis, mesure
d'une dimension d'"entre" des pores et "apparente" du fait de l'effet "bouteille
d'encre", ...). On observe notamment classiquement une surestimation du volume
des pores de faible rayon et une sous-estimation du volume des gros pores (voir par
exemple la revue de la littrature prsente dans [DIAM 00]), mais c'est l'une des
rares techniques capable d'explorer, de manire reproductible, une gamme de
pores aussi large et, condition d'tre utilise de manire comparative (cf. 5.2.2),
d'en fournir des informations quantitatives susceptibles d'tre utilises pour le calcul
des proprits de transport des matriaux (cf. 6.2.6.3). Par exemple, le degr de
connectivit ou de constrictivit du rseau poreux peut tre valu partir du
diamtre critique et/ou de l'exploitation des cycles d'intrusion-extrusion de mercure
[DAIA 88].

6.2.2.3 - Comparaison de mthodes de mesure de la porosit


Les valeurs obtenues par pese hydrostatique sont trs proches des valeurs
dduites du volume total obtenu par les mesures de dsorption et d'adsorption de
vapeur d'eau (cf. Figure 5.3, pour une large gamme de pcd et de btons durcis)
[BARO 94], [BARO 07e]. Ces dernires mesures tant plus fines, moins
prjudiciables (pas de schage temprature leve) et plus prcises, la bonne
concordance mise en vidence constitue une validation des mesures par pese
hydrostatique : cet essai donne bien accs la porosit totale accessible l'eau et
n'induit pas d'artfact particulier. Si des biais existent (notamment du fait du schage
105 C et des difficults d'obtention de l'quilibre hydrique dans une prouvette de
grandes dimensions), les erreurs induites se compensent donc probablement.

La figure 5.3 met de plus en vidence une bonne concordance entre les rsultats
obtenus par ces techniques et par gammadensimtrie, pour les quelques valeurs
disponibles. Les valeurs de porosit accessible l'eau (valeurs moyennes, incluant
la surface expose le cas chant) obtenues sur des prouvettes de laboratoire, sur
des carottes prleves sur des corps d'preuve [BARO 04c] ou sur des carottes
prleves sur des ouvrages rels, des ges variables, par pese hydrostatique et
par gammadensimtrie, sont prsentes en figure 6.4. On note de mme sur cette
figure, pour un panel plus large de rsultats, une bonne concordance entre les
mesures effectues par gammadensimtrie d'une part et par pese hydrostatique
d'autre part, pour chaque site et chaque bton test la mme chance, que ce
soit sur prouvette de laboratoire ou sur carotte, confirmant la validit des mesures
et des mthodes mises en uvre.

La corrlation existant entre porosit accessible l'eau (ID gnral) et porosit


accessible au mercure peut tre illustre par la figure 6.5 (voir galement [BARO
00a], [BARO 01b]), justifiant le fait que ce paramtre puisse tre considr comme
un indicateur de substitution.

6.2.3 - Teneur en portlandite Ca(OH)2


La teneur en portlandite Ca(OH)2 peut tre mesure par ATG [MIDG 79]. Cette
technique consiste suivre en continu les pertes de masse dun chantillon de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 138


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

matriau au cours dune monte en temprature linaire, depuis la temprature


ambiante jusqu 1100 C. Le dpart de leau de constitution de la portlandite se
produit entre 400 et 550 C. Un mode opratoire des LPC [BARO 02a] a t publi
relativement cet essai. La littrature tmoigne de la fiabilit et de la prcision de
cette mthode pour les ptes de ciment (voir par exemple [MOUN 03]). Les mesures
par ATG doivent toutefois tre accompagnes d'une analyse chimique complte de
chaque chantillon dans le cas des btons (afin de quantifier prcisment leur teneur
en ciment) [VILL 06b], [LCPC 08], [VILL 07a].

Il est noter que l'ATG permet en outre la quantification des paramtres


complmentaires degr d'hydratation (cf. 6.3.1) et teneur en ciment, ainsi que de la
teneur en CaCO3. Cette technique permet donc, dans ce dernier cas, d'accder un
tmoin de dure de vie trs utile l'valuation et la prdiction de la carbonatation
du bton (cf. 8).

Dans le cas o la quantit d'anhydres rsiduels est faible, la teneur en portlandite


Ca(OH)2 peut tre mesure par une analyse chimique simple. Un mode opratoire
est propos dans la rfrence [BARO 04b]. Les rsultats exprimentaux obtenus
dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC ont montr une bonne concordance
entre cette technique et l'ATG [BARO 04b]. Ce rsultat est intressant vis--vis de la
mise en application de la nouvelle approche de la durabilit fonde sur les
indicateurs de durabilit. En effet, la mesure par analyse chimique propose est trs
simple et peut tre pratique dans tout laboratoire de chimie, contrairement l'ATG.

La teneur en portlandite peut galement tre estime sur la base du dosage en


ciment, du E/C et de la teneur en additions minrales de la formule de bton. Une
formule de calcul analytique, o l'on considre que seule l'hydratation du C3S produit
de la portlandite, est propose dans la rfrence [BARO 04b].

La comparaison effectue par Thiery [THIE 06a], entre rsultats obtenus par ATG (+
analyse chimique), formule de calcul propose dans la rfrence [BARO 04b] et
modle d'hydratation, sur diffrents btons et ptes de ciment durcis, montre que les
rsultats obtenus par ATG sont dans la majorit des cas encadrs par ceux issus de
la formule de calcul (valeur infrieure) et du modle (valeur suprieure).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 139


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 140


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Figure 6.2 : Vue d'ensemble du porosimtre mercure de la Division BCC du LCPC : postes basses et
hautes pressions, d'aprs [BARO 02a].

250 160
PHg = 11,0 % Cryosublimation (48 h) Cryosublimation (48 h) PHg = 21,5 %
PHg = 12,8 % Etuvage sous vide T=45C 140 Etuvage sous vide T=45C PHg = 24,5 %
V/ log(r) (mm .g . )

V/ log(r) (mm .g . )
3 -1 -1

3 -1 -1

200 P = 14,4 % PHg = 25,6 %


Hg Etuvage progressif jusqu' T=80C 120 Etuvage progressif jusqu' T=80C
PHg = 11,7 % PHg = 20,6 %
Echange eau/mthanol Echange eau/mthanol
150 100
80
100
60
40
50
20
0 0
10 100 1000 10000 100000 1000000 10 100 1000 10000 100000 1000000
Rayon des pores () Rayon des pores ()

a) E/C = 0,25 (CI) b) E/C = 0,45 (CN)

140 PHg = 13,5 % Cryosublimation (48 h) 350


PHg = 17,2 % Etuvage sous vide T=45C Cryosublimation (48 h) PHg = 20,6 %
120 PHg = 18,2 % Etuvage progressif jusqu' T=80C
V/ log(r) (mm .g . )

300 Etuvage sous vide T=45C


3 -1 -1

PHg = 24,6 %
V/ log(r) (mm .g . )
3 -1 -1

PHg = 14,0 % Echange eau:mthanol Etuvage progressif jusqu' T=80C PHg = 24,8 %
100 250
Echange eau/mthanol PHg = 19,5 %
80 200
60 150
40 100
20 50

0 0
10 100 1000 10000 100000 1000000 10 100 1000 10000 100000 1000000
Rayon des pores () Rayon des pores ()

c) E/C = 0,35 (CO) d) E/liant = 0,35 (CK)

Figure 6.3 : Distributions des volumes poreux de ptes de mme ciment CEM I 52,5 (CI, CO et CN) ou CEM
III/C 32,5 contenant 85 % de laitier par rapport la masse de ciment compos (CK) ges de 6 mois,
obtenues par intrusion de mercure aprs diffrents types de prtraitement.
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 37 < rp < 60 m.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

18

Porosit mesure par gammadensimtrie (%)


16

14

12

10
y=x

prouvettes
6
carottes

4
4 6 8 10 12 14 16 18
Porosit mesure par pese hydrostatique (%)

Figure 6.4 : Porosit accessible l'eau d'prouvettes de laboratoire ou de carottes prleves in situ (valeurs
moyennes incluant la surface expose), pour diffrents btons (Rmoy28 comprise entre 20 et 130 MPa).
Comparaison entre les rsultats obtenus par pese hydrostatique et par gammadensimtrie aux mmes
chances.

18
Porosimtre 200 MPa (28 jours)
Porosit mesure par int. de mercure (%)

16 Porosimtre 200 MPa (90 jours)


Porosimtre 400 MPa (28 jours)
14
Porosimtre 400 MPa (90 jours)
12

10
y=x
8

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Porosit accessible l'eau mesure par pese hydrostatique (%)

Figure 6.5 : Comparaison entre porosit accessible l'eau mesure par pese hydrostatique et porosit
mesure par intrusion de mercure l'aide d'un porosimtre Pmax = 200 MPa (rp min = 3,7 nm) ou Pmax =
400 MPa (rp min = 2 nm) (valeurs moyennes) aux mmes chances, pour diffrents btons (Rmoy28 comprise
entre 20 et 130 MPa).

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

6.2.4 - Coefficient de diffusion des ions chlorure

6.2.4.1 - Remarques prliminaires


Dans de nombreux cas rels, les chlorures pntrent dans le bton alors que celui-ci
n'est pas satur par la phase liquide. Dans le cadre du Thme de Recherche OA9
(cf. Prambule), le LTHE de Grenoble avait donc t sollicit pour dvelopper une
mthode permettant la dtermination d'un coefficient de diffusion des chlorures en
laboratoire en conditions partiellement satures [DAIA 01a]. Les expriences
mises au point dans ce cadre, mettant en jeu un chantillon de matriau dans une
cellule de diffusion sur lequel des sels ont t dposs, ont permis de progresser
dans la comprhension des phnomnes, en particulier dans le conditions de parois
exposes aux sels, et ont t valides par la thorie. Francy, dans le cadre de sa
thse, a quant lui utilis une technique fonde sur l'impdance lectrique [FRANCY
98]. Ces travaux reprsentent deux parmi les quelques mthodes exprimentales en
conditions partiellement satures existant la date de rdaction de ce document
(voir galement [CLIM 02]). Cependant, des travaux complmentaires sont
ncessaires avant de pouvoir disposer d'une mthode de routine. Il faut donc pour
l'instant se tourner vers des mthodes en conditions satures pour dterminer plus
facilement un coefficient de diffusion des chlorures.

En conditions satures, le coefficient de diffusion des chlorures peut tre dtermin


partir d'un essai de diffusion "naturelle" ou de migration sous champ lectrique, en
rgime stationnaire ou non stationnaire. Il n'existe pas l'heure actuelle de mthode
de mesure applique unanimement par l'ensemble de la communaut scientifique
pour dterminer ce coefficient. Il n'est donc pas possible de recommander une
mthode unique. Plusieurs techniques exprimentales et mthodes de calcul existent
et elles ont chacune leurs "adeptes". Diffrentes mthodes et leurs avantages
respectifs sont donc prsentes dans les suivants. Toutefois, diffrents groupes de
travail, franais (par exemple, RGCU [RGCU 07d]) et internationaux (par exemple,
RILEM TC 178-TMC [CAST 06] et Projet Europen "ChlorTest" [CHLO 05c], [CHLO
05d], [CHLO 05e]), ont rcemment travaill l'harmonisation de modes opratoires
pour chaque type de mthodes.

On soulignera au pralable qu'il est primordial de distinguer si la mthode applique


(essai et/ou calcul) conduit un coefficient de diffusion effectif Deff ou apparent Dapp
(cf. 5.4.2.1). En outre, il est important de prciser que les rsultats obtenus avec
les diffrentes mthodes disponibles peuvent tre trs dpendants des conditions
d'essai (composition chimique de la solution diffusante, temps de contact, ...). Il faut
de ce fait tre attentif la signification des rsultats d'une mesure avant d'utiliser
ceux-ci pour l'valuation de la durabilit et en particulier pour des calculs de
prdiction, sinon il peut en rsulter des erreurs importantes.

6.2.4.2 - Essais de diffusion (en conditions satures)


Le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure peut tre directement obtenu
partir d'un essai de diffusion en rgime stationnaire, en appliquant la premire
loi de Fick (cf. 5.4.2.1). Pour plus d'informations, le lecteur pourra se reporter
la rfrence [FRAN 01]. Il est prciser que ces essais sont particulirement
longs (dlai d'obtention du rgime stationnaire) et deviennent donc impraticables
avec des matriaux peu poreux. De plus, l'application de la premire loi de Fick,
alors que les conditions d'application (solution trs dilue, espces non charges,
...) ne sont pas remplies, conduit observer une dpendance, non physiquement

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 143


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

fonde, de ce coefficient (intrinsque) en fonction de la concentration de la


solution diffusante (le coefficient diminue lorsque la concentration augmente, voir
par exemple [BIGA 94], [FRANCY 98], [TANG 99]). On notera que l'adoption
d'une approche multi-espces, fonde sur l'application de l'quation de Nernst-
Planck (cf. 5.4.2, 8.4.5.1 et 8.4.5.3), permet de rsoudre ce problme [TRUC
00b], [BEGU 06], [NGUY 07c].
Le coefficient de diffusion apparent peut tre directement obtenu partir d'un
essai de diffusion en rgime non stationnaire en appliquant la seconde loi de Fick
pour l'analyse des profils de concentration en chlorures totaux ou "libres" (du type
diffusion pure : monotones dcroissants) obtenus exprimentalement (cf.
5.4.2.1). La solution analytique la plus simple et la plus applique (valable sous
certaines hypothses : diffusion "pure", milieu semi-infini, concentration en
chlorures la surface cs constante, ...) de cette seconde loi de Fick fait intervenir
la fonction erreur erf. Le lecteur pourra se reporter aux rfrences [BARO 96b],
[HENR 00] ou [BARO 04g] pour plus d'informations. On notera que cette mthode
(dite "mthode du profil") donne des rsultats similaires pour le coefficient de
diffusion apparent, qu'elle soit applique en utilisant les concentrations en
chlorures "libres" ou totaux [BARO 04g].
Un mode opratoire des LPC a t mis au point au LCPC dans le cadre du
Thme de Recherche OA9 [BARO 02a] sur le principe d'une immersion partielle
et sur la base de la mthode publie par les Pays Nordiques NT Build 443
("Immersion test") [NT-BU 95], afin de raliser de tels essais et de dterminer le
coefficient de diffusion. On notera que la mthode NT Build 443 a t teste dans
le cadre du Projet Europen "ChlorTest" et est propose, la date de rdaction
de ce document, pour normalisation (norme europenne CEN).
Nanmoins, les essais de diffusion, mme en rgime non stationnaire, sont longs
: 3 mois de contact avec la solution saline sont requis pour le mode opratoire
des LPC et 1 mois pour la mthode NT Build 443. De plus, l'obtention des profils
est fastidieuse et coteuse (cf. 8.3.3). Il est toutefois possible d'accder de
faon plus simple au coefficient de diffusion apparent partir de l'essai de
diffusion en rgime non stationnaire (et de l'quation voque prcdemment),
sans la dtermination du profil mais partir de la seule mesure de la profondeur
moyenne de pntration des chlorures (xd) par un test colorimtrique ("mthode
colorimtrique") (cf. 6.2.4.5 et 8.3.3) [BARO 04g], [BARO 07d].
Il est possible de dduire l'un des coefficients Deff ou Dapp partir de l'autre (cf.
5.4.2.1), si l'on a quantifi en plus la porosit du matriau et les interactions
chlorures-matrice (cf. 5.7 et 6.3.4) [BARO 04g].
Le coefficient de diffusion effectif (et apparent) des chlorures peut galement tre
calcul numriquement par analyse inverse en utilisant par exemple le modle
physique multi-espces LCPC (cf. 8.4.5.3), partir d'un profil exprimental de
concentration en chlorures totaux [NGUY 07c].

6.2.4.3 - Essais de migration sous champ lectrique (en conditions satures)


Une faon de rduire la dure de l'essai permettant d'accder au coefficient de
diffusion des chlorures consiste raliser des essais de migration sous champ
lectrique. Diffrentes techniques exprimentales en conditions satures et
diffrentes mthodes de calcul sont disposition.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 144


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure peut tre dtermin


directement partir d'un essai de migration sous champ lectrique en rgime
stationnaire. La mthode la plus couramment pratique consiste disposer un
chantillon de bton entre les deux compartiments d'une cellule et suivre
l'augmentation de la concentration en chlorures c de la solution "aval"
(initialement exempte de chlorures), c'est--dire la quantit cumule de chlorures
ayant travers l'chantillon. Lorsque le rgime stationnaire est atteint, la pente de
la droite c = c(t) permet de calculer le coefficient de diffusion effectif.
La concentration en chlorures de la solution "aval" peut tre dtermine
directement par titrage [ANDR 94], [BARO 02a], ou par l'intermdiaire de la
conductivit lectrique [CAST 01c]. Cette dernire mthode rend la dtermination
plus simple et moins coteuse, mais ncessite l'utilisation d'eau distille dans le
compartiment "aval" et peut s'avrer moins prcise. Le coefficient de diffusion
effectif peut galement tre valu partir du dosage des chlorures dans le
compartiment "amont" (au lieu du compartiment "aval"). La mthode propose par
Truc et al. [TRUC 00a] prsente comme principal avantage dtre rapide, puisque
lon se trouve en rgime stationnaire ds le dmarrage de lessai. Elle offre
galement la possibilit de tester des chantillons dj contamins par les
chlorures. Le dosage "amont" peut toutefois se rvler dlicat du fait dune faible
variation de la concentration en chlorures en comparaison de la forte
concentration initiale.
Dans le rseau des LPC, un dispositif d'essai de migration sous champ lectrique
en rgime stationnaire a t mis au point au LREP dans le cadre du Thme de
Recherche OA9 (cf. Figure 6.6) [BARO 02a], sur la base de la mthode propose
par Andrade & Sanjuan [ANDR 94] et de celle des Pays Nordiques NT Build 335
[NT-BU 97]. La procdure d'essai a t optimise dans le cadre de l'Opration de
Recherche 11B021 [LCPC 08]. Les collaborations entre le LCPC et le LREP
permettent d'impliquer dsormais cet essai dans le cadre de diffrents projets.
Cet essai a ainsi permis par exemple le classement des diffrentes formules de
btons testes dans le cadre du Projet National BHP 2000 [BARO 02c], [BARO
04c].
Le coefficient de diffusion apparent peut tre directement obtenu partir d'un
essai de migration en rgime non stationnaire. Cet essai prsente diffrents
avantages, notamment :
- rduction de la dure de l'exprience (2 jours pour des btons ordinaires,
alors qu'une semaine est ncessaire dans le cas de l'essai de migration en
rgime stationnaire, voire un ou plusieurs mois pour l'essai de diffusion en
rgime non stationnaire),
- rduction des moyens exprimentaux ncessaires : aucun dispositif d'analyse
chimique n'est requis, les lectrodes n'ont pas besoin d'tre en mtal noble
(contrairement la migration en rgime stationnaire), ....
La mthode propose par Tang & Nilsson [TANG 92], [TANG 96] est la plus
applique. Elle fait l'objet d'un mode opratoire dans les Pays Nordiques (NT
Build 492 "Rapid migration test" [NT-BU 99]). Elle montre en particulier une bonne
rptabilit et une bonne reproductibilit, d'aprs les tudes reportes dans les
rfrences [TANG 01a], [CHLO 05d], [CAST 06]. Elle est base sur la
dtermination de la profondeur moyenne de pntration des chlorures xd (induite
par la diffrence de potentiel) dans l'prouvette par une mthode colorimtrique
et sur la rsolution d'une quation simple. Cette quation repose notamment sur
les hypothses suivantes : milieu semi-infini, cs = constante, pas d'effet d'activit,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 145


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

interactions chlorures-matrice nulles ou linaires, phnomne de migration


dominant, une seule espce ionique considre (chlorures) dans une solution
considre comme trs dilue (pas d'interaction lectrique avec les autres ions
prsents dans la solution), champ lectrique constant, pas d'influence et pas de
modification de la microstructure. Le test colorimtrique consiste pulvriser
nitrate d'argent 0,1 N + fluorescine [COLL 97] dans le cas de [TANG 92], ou
uniquement une solution de nitrate d'argent 0,1 N dans le cas de [TANG 96] et
[TANG 01a]. D'autres mthodes peuvent galement tre utilises (cf. 8.3.3.2 et
[BARO 04g], [BARO 07d]).
Un dispositif d'essai de migration sous champ lectrique en rgime non
stationnaire a t mis au point au LCPC dans le cadre de l'Opration de
Recherche 11B021 (cf. Figure 6.7 [BELI 06]), sur le principe de la mthode
propose par Tang & Nilsson. Outre les avantages prcdemment cits, on
notera la simplicit et le faible cot de ce dispositif, ainsi que l'utilisation possible
de diffrents diamtres d'prouvettes (de 100 150 mm) et la possibilit de test
simultan de plusieurs prouvettes. Un mode opratoire des LPC adapt ce
dispositif a t publi [LCPC 08]. L'essai a fait l'objet de campagnes inter-
laboratoires menes au sein du rseau des LPC dans le cadre de l'Opration de
Recherche 11B021 et un niveau franais plus large dans le cadre des groupes
de travail de l'AFGC et du RGCU. Des mesures ont galement t ralises dans
le cadre du RILEM TC 178-TMC [CAST 06] et du Projet Europen "ChlorTest"
[CHLO 05c].
Au vu des avantages mentionns, l'association d'une telle mthode d'essai et
d'un tel dispositif exprimental est propice la mise en pratique de
l'approche performantielle dcrite dans ce document (il est facile pour tout
laboratoire de s'quiper). Plusieurs LRPC se sont d'ailleurs quips dans le cadre
du Groupe de Travail "Innovation ouvrages d'art - Approche performantielle"
(anim par B. Mahut, LCPC, et G. Kittel, LRPC Lille) ddi cette mise en
application (cf. 10.3).
Le coefficient de diffusion apparent peut galement tre obtenu partir d'un essai
de migration en rgime stationnaire, lorsque les mesures sont effectues dans le
compartiment "aval" (titrage ou conductivit). La mthode consiste identifier le
temps Tlag (time-lag ou temps de perce) correspondant lintersection de la
droite de tendance du rgime stationnaire avec laxe des abscisses sur le
graphique c = c(t) [ANDR 00], [CAST 01c], [BARO 04g].
De mme que dans le cas de la diffusion, il est possible de dduire l'un des
coefficients Deff ou Dapp partir de l'autre, si l'on a quantifi en plus la porosit et
les interactions chlorures-matrice, ou en utilisant des formules thoriques ou
empiriques prenant en compte ou non les interactions (voir par exemple [TANG
93], [BIGA 96], [CAST 01c], [COUS 03]). Il est noter que les interactions
intervenant au cours d'un essai de diffusion, d'une part, et d'un essai de
migration, d'autre part, seront a priori diffrentes [CAST 00], [TANG 01b] (cf.
6.2.4.5).
Le coefficient de diffusion effectif (et apparent) des chlorures peut galement tre
calcul numriquement par analyse inverse en utilisant par exemple le modle
physique multi-espces LCPC (cf. 8.4.5.3) partir de la profondeur moyenne de
pntration des chlorures xd mesure l'issue d'un essai de migration en rgime
non stationnaire [NGUY 06a] (cf. 6.2.4.5). La mthode consiste ajuster la
profondeur de pntration prdite par le modle sur la profondeur mesure, et

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 146


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

identifier le coefficient de diffusion par analyse inverse. Les interactions chlorures-


matrice sont ngliges dans ce cas. Cette hypothse est souvent faite [SAMS 03]
et peut tre justifie au moins par le fait que la courte dure de l'essai (10 - 60
heures) et la grande vlocit des ions limitent les possibilits de ractions
chimiques voire d'adsorption physique (cf. 6.2.4.5). Cette mthode
sophistique, et donc plus "complique", prsente toutefois l'avantage d'tre
applicable quel que soit le type de profil et ne requiert pas les hypothses
(prcdemment mentionnes) associes aux quations de Tang & Nilsson
[TANG 92], [TANG 96], except celle lie la microstructure.

6.2.4.4 - Mthodes indirectes partir de la porosit ou de la rsistivit lectrique


Il est galement possible de dterminer le coefficient de diffusion effectif des ions
chlorure, en utilisant une formule empirique et partir dune simple mesure de :
porosit capillaire (voir par exemple [GARB 01]),
ou de :
rsistivit lectrique (indicateur de substitution, cf. 4.4). Cette mesure est
effectue sur un bton sain, satur en eau [ANDR 00], [ANDR 01], [BARO 04b],
[BARO 04g], [BELI 06]. Un mode opratoire des LPC relatif l'essai de rsistivit
lectrique [LCPC 08], similaire au mode opratoire RILEM valid dans le cadre
du Projet Europen "ChlorTest" [CHLO 05e], a t mis au point dans le cadre de
l'Opration de Recherche 11B021.

6.2.4.5 - Comparaison de mthodes de dtermination du coefficient de diffusion des


ions chlorure (en conditions satures)
Chaque mthode prsente naturellement des avantages et des inconvnients.
Comme indiqu prcdemment, l'un des avantages du rgime non stationnaire est
le faible temps ncessaire pour l'obtention du coefficient de diffusion. Ce temps peut
encore tre nettement raccourci si l'on pratique un essai de migration sous champ
lectrique au lieu d'un essai de diffusion. En outre, si les prcautions voques dans
les sections prcdentes sont respectes, une bonne cohrence est mise en
vidence entre les rsultats obtenus avec diffrentes mthodes de mesure, comme
illustr dans ce qui suit.

Lors de l'application de la "mthode colorimtrique" partir d'un essai de diffusion en


rgime non stationnaire pour dterminer le coefficient de diffusion apparent (cf.
6.2.4.2), la concentration en chlorures "libres" cxd correspondant xd n'est pas
dtermine exprimentalement. De plus, la valeur exprimentale de la concentration
de surface en chlorures "libres" cs n'est pas disponible. Nanmoins, il semble
possible d'utiliser pour le rapport cxd/cs, requis dans l'quation permettant de
dterminer le coefficient de diffusion, la valeur "thorique" propose par Tang dans la
rfrence [TANG 96] pour des essais de migration en rgime non stationnaire en
prenant en compte le phnomne de condensation [OTSU 92], [NAGA 93], sachant
que ce phnomne intervient lors des essais de diffusion en rgime non stationnaire
(voir [BARO 04g], [BARO 07d]). Les coefficients dtermins par la "mthode
colorimtrique" (xd est ici la valeur moyenne obtenue en utilisant les procdures de
Maultzsch et AgNO3 [BARO 07c], cf. 6.2.4.2) sont ports, en fonction des
coefficients dtermins en appliquant la "mthode du profil" avec les concentrations
en chlorures "libres", dans la figure 6.8, pour une large gamme de btons (Rmoy.28
comprise entre 25 et 110 MPa) [BARO 04g], [BARO 07d]. Malgr la plus faible
prcision des calculs excuts sur la base de la "mthode colorimtrique" (rsultant
de la prcision de la mesure de xd [BARO 07c], de la valeur de cxd/cs "thorique", ...),

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 147


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

on constate une bonne concordance entre les deux coefficients, obtenus partir du
mme essai de diffusion en rgime non stationnaire et de la mme quation. On peut
en dduire que le coefficient de diffusion apparent des chlorures peut tre
valu trs simplement en appliquant une "mthode colorimtrique". Seuls les
btons particulirement poreux ou au contraire trs compacts peuvent gnrer des
difficults pour l'application de cette mthode (difficult de mesure de xd,
notamment).

Des comparaisons menes sur une mme pte de ciment durcie ont montr que des
essais de diffusion raliss en rgime stationnaire ou non stationnaire conduisaient
aux mmes rsultats pour le coefficient de diffusion effectif [FRAN 01]. En outre, les
coefficients de diffusion effectifs dtermins partir de diffrents essais (diffusion en
rgime non stationnaire, migration en rgimes stationnaire ou non stationnaire,
rsistivit lectrique) ont t compars [BARO 04b], [BARO 04g], [BELI 06] (voir par
exemple figure 6.9 et figure 7.4 au 7.1.4). Cette comparaison, mene sur diffrents
btons (ordinaires et hautes performances), a mis en vidence que :
lors de la mesure directe par essai de migration en rgime stationnaire, les trois
techniques (titrage "aval", qui est la plus classique, titrage "amont" et mesure de
la conductivit dans le compartiment "aval") conduisaient des rsultats
similaires (voir galement 7.1.4 et figure 7.4),
la mesure de la rsistivit lectrique conduisait des rsultats concordants avec
ceux obtenus avec les mthodes directes dans la plupart des cas (except par
exemple dans le cas du bton trs poreux M25),
le calcul partir de la mesure d'un coefficient de diffusion apparent tait en
accord avec la mesure directe, si une capacit de fixation des chlorures correcte
tait utilise. La capacit de fixation choisie doit en particulier tre adapte
l'essai mis en uvre et au matriau considr (distinction entre diffusion ou
migration non stationnaires par exemple),
tendant par l les rsultats dj disponibles dans la littrature (voir [ANDR 00]). On
notera que des comparaisons entre essais de migration en rgime non stationnaire,
diffusion en rgime non stationnaire et rsistivit lectrique ont galement t
menes dans le cadre du Projet Europen "ChlorTest" [CHLO 05c]. Par ailleurs, la
figure 6.9 met vidence que, quelle que soit la mthode de dtermination et quelle
que soit la composition du bton, les coefficients de diffusion effectifs mesurs sur
les BHP (en particulier lorsqu'ils contiennent des fumes de silice) sont nettement
plus faibles que ceux mesurs sur les btons ordinaires. De mme, le coefficient est
nettement rduit quand la formule (de bton ordinaire) contient des cendres volantes
(voir galement 7.1.4). Les additions pouzzolaniques apparaissent donc
particulirement bnfiques pour la protection des armatures vis--vis des
chlorures (en conditions satures).

Il est possible galement de comparer les valeurs de coefficient de diffusion effectif,


obtenues par les trois mthodes suivantes, partir d'un essai de migration en rgime
non stationnaire :
mesure de la profondeur moyenne de pntration des chlorures xd par
colorimtrie et application de la formule simple propose par Tang & Nilsson
[TANG 92], [TANG 96] (avec les hypothses mentionnes au 6.2.4.3) pour
dterminer le coefficient de diffusion apparent et calcul du coefficient de diffusion
effectif en ngligeant les interactions chlorures-matrice (cf. Eq. (1)),

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 148


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

ajustement du profil de concentration en chlorures "libres" calcul avec la formule


analytique du profil de migration propose dans [TANG 92], [TANG 96] sur le
profil exprimental,
analyse inverse numrique : ajustement de la profondeur de pntration prdite
par le modle physique multi-espces LCPC (cf. 8.4.5.3) sur la profondeur xd
mesure par colorimtrie (en ngligeant les interactions chlorures-matrice).
Les rsultats obtenus pour le bton BO (en prenant, dans le cas de l'analyse inverse
numrique, pour cxd la valeur moyenne mesure avec ce bton : cxd = 160 mol.m-3
[BARO 07d]) sont prsents en figure 6.10, o la valeur obtenue partir d'un essai
de migration en rgime stationnaire a galement t reporte [BARO 04g]. Une
bonne concordance est mise en vidence. En particulier, lorsque les hypothses
associes sont vrifies, la premire mthode (simple) est tout fait suffisante. Il est
alors inutile de recourir une mthode base sur l'ajustement des profils de
migration, mthode plus prcise mais plus lourde mettre en uvre [BARO 07d].

La diffrence enregistre dans certains cas entre les rsultats de coefficient de


diffusion apparent obtenus par diffusion et par migration (Dapp(dif) < Dapp(mig)),
particulirement visible sur les BHP (cf. Figure 6.11), et conforme la littrature
[TANG 01b], pourrait s'expliquer par [BARO 04g], [BARO 07d], [BARO 07g] :
l'volution physico-chimique du matriau pendant l'essai de diffusion (dissolutions
et prcipitations) : par exemple, poursuite de l'hydratation du ciment suite au
contact prolong avec une solution alcaline de NaCl, particulirement significative
dans le cas des matriaux faiblement hydrats. Ce phnomne est favoris dans
la zone proche de la surface, tant donn que la prparation des chantillons
(typiquement le sciage) peut rendre accessibles des grains anhydres (en quantit
importante dans les BHP). Cet effet est susceptible de modifier significativement
la microstructure dans cette zone (affinement de la structure poreuse). La
cicatrisation de fissures peut amplifier cet effet. Au contraire, la lixiviation de
Ca(OH)2, lorsque la solution de contact est moins alcaline que la solution
interstitielle, est susceptible d'augmenter la connectivit du rseau poreux,
des interactions physiques et chimiques diffrentes dans le cas de la diffusion et
de la migration, avec leurs consquences sur la microstructure dans la zone
contamine par les chlorures (formation de sel de Friedel, ...),
de possibles modifications intervenant pendant l'essai de migration sous
l'influence du champ lectrique ou de l'lvation de temprature induite
(modification de la charge lectrique de la surface solide et donc de la double
couche lectrique, rarrangement des ttradres de C-S-H et polymrisation de
ces C-S-H, dplacement de l'quilibre des phases AFm, AFt, ...), qui peuvent en
outre contribuer expliquer les diffrences enregistres au niveau des
interactions,
les mthodes de rsolution choisies pour le calcul des coefficients (en particulier,
l'approche multi-espces selon l'quation de Nernst-Planck n'est pas prise en
compte ici, ni pour l'exploitation de l'essai de diffusion non stationnaire, ni pour
celle des essais de migration). Toutefois, il a t vu au paragraphe prcdent que
la prise en compte de l'approche multi-espces pour la dtermination du
coefficient de diffusion effectif partir d'un essai de migration non stationnaire
ralis dans les conditions appliques ici ne conduisait pas une diffrence
notable.

Les modifications microstructurales induites par un contact prolong avec une


solution saline, dues la poursuite de l'hydratation, la formation de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 149


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

monochloroaluminate, la formation de brucite dans le cas de l'eau de mer, ..., et de


manire gnrale aux dissolutions-recristallisations, peuvent galement contribuer
expliquer des phnomnes observs exprimentalement, tels que la diffrence entre
concentration cs mesure en surface du bton et valeur calcule partir de la
concentration de la solution de contact et de la porosit initiale, et la variabilit de
cette concentration de surface en fonction du temps [BARO 04c].

La poursuite de l'hydratation, suite au contact avec une solution alcaline, a t


confirme par la mesure directe du degr d'hydratation par spectromtrie RMN du
29
Si [BARB 05] aprs essai de diffusion (contact avec une solution de NaCl 30 g.L-1 +
NaOH 0,1 M) sur des prlvements effectus dans une prouvette de bton durci
BO, dans la zone exempte de NaCl et dans la zone superficielle atteinte par le front
de pntration de NaCl : moy. = 90 % et moy. = 96 % ont t mesurs
respectivement. Par contre, une trs faible diffrence de 1 % (respectivement 2%) a
t enregistre aprs un essai de migration en rgime non stationnaire
(respectivement stationnaire). Or, il a t vu prcdemment (cf. 5.7) que la
prsence de NaCl dans la microstructure ne suffisait pas modifier le degr
d'hydratation.

De plus, dans les expriences ralises, une lgre lixiviation doit prendre place,
tant donn que le pH de la solution interstitielle a t valu 13,6 dans le bton
BO par la mthode dcrite dans [NGUY 06a] (voir galement [BARO 94]) et que le
pH de la solution de contact est gal 13. Ceci pourrait expliquer le plus grand
volume poreux observ pour le bton BO (cf. Figure 6.12a) et le dcalage de la
distribution des volumes poreux vers les rayons de pores plus grands pour les BHP
B80-S (E/liant = 0,32) (cf. Figure 6.12b) et B80-C (E/liant = 0,25) (cf. Figure 6.12c),
dans le cas de l'essai de diffusion non stationnaire (exposition pendant 90 jours
NaCl 30 g.L-1 + NaOH 0,1 M), alors que la prsence de NaCl serait plutt susceptible
de dcaler la distribution des volumes poreux vers les pores de plus petits rayons (cf.
Figure 5.24). On enregistre donc de lgres diffrences entre les distributions des
volumes poreux mesures par intrusion de mercure dans la zone superficielle
contamine par les chlorures aprs l'essai de diffusion non stationnaire et aprs
l'essai de migration non stationnaire. Par contre, on observe des distributions trs
similaires entre la zone superficielle contamine par les chlorures aprs l'essai de
migration non stationnaire et dans un chantillon vierge. Les rsultats sont cohrents
avec une lixiviation nettement plus faible pendant l'essai de migration non
stationnaire.

Le second point de la liste peut notamment tre illustr par les profils de
concentration en chlorures totaux et "libres" obtenus sur les btons BO et M25, aprs
essais de diffusion et de migration non stationnaires, et par les isothermes
d'interaction chlorures-matrice dduites de ces profils (cf. Figures 6.13 et 6.14). Une
quantit de chlorures fixs significativement plus faible est mise en vidence dans le
cas de la migration. Notons que l'interaction quantifie par cette mthode est "faible",
tant donn que les chlorures "libres" incluent ici les ions prsents dans la phase
liquide et ceux (faiblement) physiquement adsorbs sur la surface solide.

En ce qui concerne le troisime point, il a t mis en vidence, partir des spectres


RMN MAS du 29Si, dans des prouvettes de bton durci BO ges de 20 mois,
qu'aprs un essai de migration sous champ lectrique, la structure des chanes
ttradriques des C-S-H tait modifie (plus exactement que les chanes taient plus

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 150


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

longues) dans la zone contamine par les chlorures. En effet, la longueur statistique
moyenne de chanes passe de 0,77 dans le cas d'chantillons vierges (0,76 dans le
cas d'une zone contamine par NaCl au cours d'un essai de diffusion non
stationnaire) 0,85 dans l'chantillon (contamin par les chlorures) aprs essai de
migration stationnaire [BARB 04]. De mme, la longueur statistique moyenne de
chanes mesure aprs un essai de migration non stationnaire tait 0,74 dans la
zone contamine par les chlorures et 0,62 dans la zone non contamine ou dans un
chantillon vierge [BARB 04]. De plus, on enregistre (plusieurs mois aprs l'essai de
migration stationnaire) par DRX et par spectromtrie 27Al RMN une quantit de sel de
Friedel trs suprieure celle forme lors des essais de diffusion non stationnaire,
quelles que soient leurs conditions (par exemple NaCl 30 g.L-1 + NaOH 0,1 M ou
NaCl 165 g.L-1) au dtriment des aluminates et des sulfoaluminates hydrats, qui
sont consomms [BARB 04], [BARB 05].

Il semblerait donc que :


la diffusion favorise la fixation des chlorures par adsorption sur les C-S-H,
la migration sous champ lectrique limite fortement les interactions court terme
(mesure immdiatement aprs l'essai de migration),
la migration sous champ lectrique favorise la raction chimique avec les
aluminates long terme (mesure longtemps aprs l'essai de migration), du fait du
dplacement des quilibres par l'lvation de temprature et le champ lectrique
et de la quantit de chlorures rsiduelle importante dans l'chantillon.

Ajoutons que la diffrence enregistre entre essais de diffusion et essais de


migration a conduit distinguer deux classes correspondant chacun de ces cas
pour le coefficient de diffusion apparent, dans le domaine des faibles coefficients, o
la diffrence peut tre significative (durabilit "potentielle" leve et trs leve, cf.
Tableau 7.1 au 7.1.1).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 151


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 152


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Figure 6.6 : Vue gnrale de la station d'essais du LREP de migration sous champ lectrique des ions
chlorure en conditions satures (et en rgime stationnaire), d'aprs [BARO 02a].

I
chantillon de
Uch matriau tester

Cl-

Figure 6.7 : Vue gnrale de la station d'essais du LCPC (Division BCC) de migration sous champ lectrique
des ions chlorure en conditions satures (et en rgime non stationnaire), d'aprs [BELI 06].

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

35
exp.
30

Dns(dif) colorimetric method


y=x

25

20

15

10
HPCs & FA-concretes
5

0
0 5 10 15 20 25 30 35
Dns(dif) profile method

Figure 6.8 : Comparaison entre les coefficients de diffusion apparents des chlorures Dns(dif) dtermins en
appliquant la "mthode du profil" avec les concentrations en chlorures "libres", et ceux obtenus en appliquant
la "mthode colorimtrique" (o xd est la valeur moyenne obtenue en utilisant les procdures de Maultzsch
et AgNO3), l'issue d'un essai de diffusion de 1, 2 ou 3 mois en laboratoire en conditions satures et en
rgime non stationnaire (30 g.L-1 NaCl + NaOH 0,1 M), pour diffrents btons (Rmoy.28 comprise entre 25 et
110 MPa) et diffrents ges.

0,6 Ds(mig) [average 3 techniques]


"Effective" Cl diffusion coef. (10 m .s )

8
2 -1

m .s )
2 -1

Deff(mig) (binding-Tang-Kb=0.59)
7 Ds(mig) [average 3 techniques]
-12

0,5 Deff(dif) (binding-Tang-Kb=0.76)


-12

6 Deff(mig) (binding-Tang-Kb=0.59*) Deff(dif) (binding-profiles+correction)


"Effective" Cl diffusion coef. (10

Deff(dif) (binding-Tang-Kb=0.76*) 0,4


5
Deff(dif) (binding-profiles+correction*)
4
0,3
3
-

2 0,2
-

1
0,1
0
CFA

B30-OA

BO-PB
M25

M50
B32-SN

BO-AF

0
B60-SN B80-S B80-OA B80-C B80-SN

a) btons ordinaires b) BHP

Figure 6.9 : Comparaison entre les coefficients de diffusion effectifs des chlorures obtenus par diffrentes
mthodes :
mesure directe par essais de migration en rgime stationnaire (valeur moyenne) "Ds(mig)",
calcul partir d'essai de migration en rgime non stationnaire avec une capacit de fixation prise gale
Kbm = 0,59 10-3 m3 de solution par kg de "gel" C-S-H [TANG 01b] "Deff(mig) (binding - Tang - Kb =
0,59)" (*),
calcul partir d'essai de diffusion en rgime non stationnaire avec une capacit de fixation prise gale
Kbd = 0,76 10-3 m3 de solution par kg de "gel" C-S-H [TANG 01b] "Deff(dif) (binding - Tang - Kb = 0,76)"
(*),
calcul partir d'essai de diffusion en rgime non stationnaire, les interactions tant dtermines partir
des profils corrigs "Deff(dif) (binding - profiles+correction)" (*).
(*) : dans le cas du bton M25, la capacit de fixation est considre comme gale 0

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-12 2 -1
Coef. de dif. effectif des chlorures (10 m .s )
2,0
xd + multi-species model
xd + Tang's formula
Exp. data
profile + analytical model
(SS mig. test)
1,5

1.2
1,0

0,5

0,0
10/30 10/60 20/15 20/30
Voltage (V) / Test duration (h)

Figure 6.10 : Comparaison entre les coefficients de diffusion effectifs des chlorures obtenus par diffrentes
mthodes, partir d'un essai de migration en rgime non stationnaire ralis sur le bton BO :
mesure de xd par colorimtrie et application de la formule simple propose par Tang & Nilsson,
ajustement du profil de concentration en chlorures "libres" calcul avec la formule analytique du profil de
migration propose dans [TANG 92], [TANG 96] sur le profil exprimental,
ajustement de la profondeur de pntration prdite par le modle numrique multi-espces LCPC
[NGUY 06a] sur la profondeur xd mesure par colorimtrie (analyse inverse).
Comparaison avec la valeur mesure directement partir d'un essai de migration en rgime stationnaire.
m 2.s -1)

3,0
m 2.s -1)

35 Dif. ["profile method"]


Dif. ["profile method"] 2,5 Mig. ["NT Build 492" & "time-lag"]
30
Mig. ["NT Build 492" & "time-lag"]
-12

Rmoy.28 croissante
-12

25 2,0
App. Cl - diffus. coef. (10

Rmoy.28 croissante
App. Cl - diffus. coef. (10

20 1,5
15
1,0
10
5 0,5
0 0,0
B80-OA
B80-S

B80-C
B60-SN

B80-SN
B30-OA

BO-PB
B32-SN

BO-AF
M25

M50
CFA

a) btons ordinaires b) BHP

Figure 6.11 : Comparaison entre les coefficients de diffusion apparents des chlorures obtenus partir
[BARO 07g] :
d'un essai de diffusion de 90 jours en rgime non stationnaire (moyenne issue de la "mthode du profil"
applique en utilisant les concentrations en chlorures "libres" et totaux),
d'essais de migration en rgime stationnaire ou non stationnaire (moyenne issue de la mthode NT Build
492 et de la mthode du time-lag),
pour diffrents btons pralablement conservs dans l'eau pendant 90 jours.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

50
coeur - (vierge)

V/ log(r) (mm .g .nm )


-1
coeur - (aprs mig. n.s)
40 zone sup. - (aprs mig. n.s)
zone sup. - (aprs dif. n.s)

3 -1
30

20

10

0
1 10 100 1000 10000 100000
Rayon des pores (nm)

a) BO (PHgvierge = 9,6 %, PHgcur mig. = 10,4 %, PHgsup. mig. = 8,1 % et PHgsup. dif = 9,7 %)

40 cur - 3 mois (vierge)


cur - 20 mois (aprs mig. n.s)
V/ log(r) (mm .g .nm )
-1

zone sup. - 20 mois (aprs mig. n.s)


30 zone sup. - 21 mois (aprs dif. n.s)
3 -1

20

10

0
1 10 100 1000 10000 100000
Rayon des pores (nm)

b) BHP B80-S (E/liant = 0,32) (PHgvierge 3mois = 6,4 %, PHgcur mig. = 6,9 %, PHgsup. mig. = 8,1 % et PHgsup. dif = 8,0 %)

40
cur - 3 mois (vierge)
V/ log(r) (mm .g .nm )
-1

zone sup. - 21 mois (aprs dif. n.s)


30
3 -1

20

10

0
1 10 100 1000 10000 100000
Rayon des pores (nm)

c) BHP B80-C (E/liant = 0,25) (PHgvierge 3mois = 5,1 % et PHgsup. dif = 4,5 %)

Figure 6.12 : Comparaison des distributions des volumes poreux obtenues par intrusion de mercure (aprs
tuvage sous vide T = 45 C en prsence de gel de silice pendant 14 jours) pour des chantillons vierges,
ayant subi un essai de migration sous champ lectrique ou de diffusion en rgime non stationnaire pendant
90 jours NaCl 30 g.L-1 + NaOH 0,1 M (dans les zones situes en "peau" et cur).
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 2 nm < rp < 60 m.

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0,25 0,25
Total Cl- (n-s-s diffusion) Total Cl- (n-s-s diffusion)
Mass of Cl - (% by unit mass of dry conc.)

"Free" Cl- (n-s-s diffusion) "Free" Cl- (n-s-s diffusion)

Mass of Cl - (% by unit mass of dry conc.)


0,20 Total Cl- (n-s-s migration) 0,20 Total Cl- (n-s-s migration)
"Free" Cl- (n-s-s migration) "Free" Cl- (n-s-s migration)
0,15 0,15
x d - (n-s-s diffusion)
x d - (n-s-s diffusion)
0,10 0,10

0,05 0,05
x d - (n-s-s migration)
x d - (n-s-s migration)
0,00 0,00
0 10 20 30 40 50 0 5 10 15 20 25
Depth (m m ) Depth (m m )

a) bton M25 b) bton BO

Figure 6.13 : Profils de concentration en chlorures "libres" et totaux obtenus par analyse chimique sur des
prouvettes ges de 90 jours soumises des essais de diffusion et de migration en rgime non-
stationnaire en laboratoire, d'aprs [BARO 07d]. Les profondeurs de pntration des chlorures (valeurs
moyennes xd et marges d'erreur) mesures par la procdure colorimtrique de Maultzsch sont galement
reportes sur les graphiques.

0,07 BO - nss dif


BO - nss mig
0,06 M25 - nss dif
m b (% by unit mass of dry

0,05 M25 nss - mig

0,04
concrete)

0,03
0,02

0,01
0,00
0 0,05 0,1 0,15 0,2
m f (% by unit mass of dry concrete)

Figure 6.14 : Btons M25 et BO - Isothermes d'interaction chlorures-matrice directement dduites des profils
de concentration en chlorures totaux et "libres", obtenus aprs essais de diffusion et de migration en rgime
non stationnaire, d'aprs [BARO 07d].
mf : masse de chlorures "libres"
mb : masse de chlorures lis (= diffrence entre celles des chlorures totaux et des "libres")

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6.2.5 - Permabilit aux gaz

6.2.5.1 - Mthodes de mesure disponibles


La permabilit aux gaz des btons durcis peut tre mesure en laboratoire (sur
prouvettes ou sur prlvements issus d'ouvrages) aprs un schage pralable (cf.
6.2.5.3) en appliquant, soit une charge constante, cest--dire un gradient de
pression constant (appareillage CEMBUREAU [KOLL 89], cf. Figure 6.15, ou
HASSLER par exemple [GALL 01]), soit une charge variable [PERRA 92], [YSSO
95]. Les deux types de mthodes ont t mis en place au LCPC dans le cadre du
Thme de Recherche OA9. La mesure au permamtre charge constante
(CEMBUREAU) fait l'objet de recommandations (mises au point dans le cadre du
Groupe de Travail de l'AFPC-AFREM "Durabilit des btons", cf. Prambule [AFPC
98], et dans celui de la RILEM [RILE 99]) et est sans doute la mthode la plus
utilise. Les suivants sont donc consacrs cet essai.

6.2.5.2 - Mesure au permamtre charge constante (CEMBUREAU)


L'essai consiste soumettre l'prouvette en bton une pression d'entre P
constante de gaz (aprs schage de l'prouvette). La permabilit "apparente" (en
m2) est alors dtermine partir de la mesure du flux (dbit massique) de gaz
sortant de l'prouvette en rgime permanent.

Le rsultat direct de la mesure est une permabilit apparente, car il dpend de la


nature du fluide et de la pression applique (du fait de la compressibilit du gaz). Le
gaz le plus couramment utilis pour la mesure est l'oxygne, mais l'essai peut
galement tre pratiqu avec tout autre gaz inerte vis--vis du bton tel que l'azote
ou l'air sec (suivant l'alimentation en gaz choisie au niveau du dispositif
exprimental). Le mode opratoire recommand par l'AFPC-AFREM [AFPC 98]
prconise de raliser l'essai une pression d'entre P = 0,2 MPa.

Toutefois, si l'on souhaite dterminer la permabilit intrinsque du matriau, c'est--


dire une permabilit indpendante de la pression du gaz (cf. 5.4.3), il est
ncessaire de raliser des mesures diffrentes pressions, afin de pouvoir effectuer
le calcul en utilisant par exemple la mthode de Klinkenberg [KLIN 41], [PERRA 92],
[PERRA 99], [VILL 01], [BARO 02a]. L'appareil CEMBUREAU permet de raliser des
essais une pression d'entre comprise entre 0,2 et 0,6 MPa. On peut par ailleurs
accder directement la permabilit intrinsque par une technique diffrente de
l'appareil CEMBUREAU, par exemple la technique d'impulsion de pression [SKOC
95], y compris pour des matriaux faiblement permables.

Avec l'appareil CEMBUREAU, il est possible de dterminer la permabilit aux gaz


pour une large gamme de btons, allant des matriaux trs poreux de rsistance
mcanique moyenne la compression 28 jours (Rmoy.28) de l'ordre de 20-25 MPa
(Kgaz 10-15 m2), jusqu'aux BFUP dont Rmoy.28 est de l'ordre de 200 MPa (Kgaz < 10-19
m2). Il est donc envisageable de comparer et de classer des formules de bton trs
diffrentes sur la base de ces mesures (cf. 7.1).

6.2.5.3 - Prconditionnement des prouvettes


Quelle que soit la procdure de mesure de permabilit au gaz retenue, il est
ncessaire, d'une part, de scher pralablement la mesure proprement dite au
moins partiellement l'prouvette destine la mesure afin que le gaz puisse percoler
travers cette prouvette, et d'autre part, de connatre le taux de saturation en eau

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 159


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

moyen, ou mieux, la rpartition de la teneur en eau, de l'prouvette, correspondant


la permabilit mesure. II est possible de scher les chantillons sous vide [DHIR
93], par lyophilisation [KONE 93], ou encore par tuvage [AFPC 98].

S'il n'est pas prvu de phase de redistribution de lhumidit aprs la phase de


schage (en isolant les chantillons du milieu environnant, par exemple), lapparition
de gradients hydriques est difficilement vitable avec les protocoles de
prconditionnement couramment pratiqus, surtout s'il s'agit d'un matriau
faiblement permable. Ceci peut tre illustr par les profils de taux de saturation
mesurs par gammadensimtrie aux diffrentes tapes du protocole de
prconditionnement AFPC-AFREM sur le bton M25 (permable) et le bton trs
hautes performances BH (cf. Figure 6.16). Sur la figure 6.16, on constate peu de
diffrence entre les taux de saturation mesurs aprs 7 jours et aprs 28 jours
d'tuvage T = 80 5 C pour le bton M25, surtout dans la zone superficielle de
lprouvette (voir galement [BARO 02c]). Par contre, on note une volution trs
importante entre 7 et 28 jours d'tuvage pour BH. De plus, mme aprs 28 jours
d'tuvage, le taux de saturation reste lev et le gradient reste trs important entre le
cur et la zone superficielle de lprouvette de bton BH. Or, les chemins
dcoulement du gaz ne sont pas les mmes en prsence d'un gradient d'humidit ou
lorsque l'humidit est rpartie de faon homogne dans lprouvette. La permabilit
au gaz mesure sera donc diffrente dans les deux cas.

Les gradients hydriques gnrs par les diffrentes tapes du prconditionnement


selon le mode opratoire AFPC-AFREM (tuvage T = 80 5 C et T = 105 5
C) peuvent de plus crer des microfissures superficielles ou amplifier la
microfissuration initialement prsente dans les prouvettes. Cette fissuration peut
crer un cheminement prfrentiel pour l'oxygne, susceptible de contrler le
transfert du gaz sous gradient de pression totale et conduire des valeurs leves
de permabilit (cf. 5.5.2). La premire conclusion en tirer est que les valeurs de
permabilit aux gaz mesures selon le mode opratoire AFPC-AFREM pour un
taux de saturation en eau liquide nul (i.e. aprs tuvage T = 105 5 C) sont
susceptibles d'tre reprsentatives de matriaux microfissurs.

Toutefois, il a t vrifi, dans le cadre de la collaboration avec le LERM (A.


Ammouche) au sein de l'Opration de Recherche 11B021, que le
prconditionnement selon le mode opratoire AFPC-AFREM n'entranait pas de
microfissuration supplmentaire significative, ni pour les btons ordinaires, ni pour
les BHP (en tout cas l'chelle de l'observation) (cf. Figure 6.17 et [AMMO 08]). La
microfissuration tait quantifie dans ce cas par analyse d'images [AMMO 01b]
obtenues au microscope optique sous clairage UV (cf. 6.4). Les chantillons
(surfaces polies) de bton B35 (E/C = 0,62 ; Rmoy.28 = 40,5 MPa ; Peau = 12,8 % 90
jours) et M75, gs de 90 jours (conservation dans l'eau), taient pralablement
imprgns par une rsine fluorescente. On a constat en effet, certes une
microfissuration plus forte dans le BHP (rsultat probable du retrait
d'autodessiccation), mais des valeurs de densit de microfissures trs faibles pour
tous les chantillons tests et pas de valeur plus leve pour les chantillons tuvs
par rapport aux chantillons tmoins. En outre, les caractristiques des microfissures
observes sur chantillons tmoins ou tuvs taient trs semblables (fissures trs
fines et disperses) [AMMO 08].

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 160


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Figure 6.15 : Vue gnrale du permamtre gaz charge constante CEMBUREAU du LCPC (Division
BCC), d'aprs [BARO 02a].

100
90
80
Taux de saturation (%)

70
60
50 BH - aprs 7 j 80C
40 BH - aprs 28 j 80C
M25 - aprs 7 j 80C
30 M25 - aprs 28 j 80C
20
10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Hauteur (m m )

Figure 6.16 : Profils de taux de saturation (en eau liquide) mesurs par gammadensimtrie aux diffrentes
tapes du protocole de prconditionnement AFPC-AFREM [AFPC 98] pour le bton M25 (Peau = 16,2 % 28
jours) et le bton trs hautes performances BH (Peau = 6,7 % 28 jours).
L'tat "sec" de rfrence choisi correspond 28 jours d'tuvage T = 80 5 C + 20 jours d'tuvage T = 105 5 C.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

0,03

0,02 Ech. tmoin


Ech. sch selon MO AFPC-AFREM

L (mm/mm 2)
0,02
6j
T=80C 26 j T=105C jusqu'
T=80C masse constante
0,01

0,01

0,00
1 2 3
Eprouvettes

a) bton B35 (E/C = 0,62 ; Rmoy.28 = 40,5 MPa ; Peau = 12,8 % 90 jours)

0,25
B35
0,20 M75
L (mm/mm 2)

0,15

0,10

0,05

0,00
Tmoin 1 Tmoin 2 Tmoin 3 6j 26 j T=105C
Eprouvettes T=80C T=80C

b) comparaison entre B35 et M75

Figure 6.17 : Densits de microfissures (L) quantifies par analyse d'images obtenues au microscope
optique sous clairage UV (imprgnation de surfaces polies par rsine fluorescente) aux diffrentes tapes
du protocole de prconditionnement AFPC-AFREM [AFPC 98] pour les btons B35 et M75 pralablement
conservs 90 jours dans l'eau, partir de [AMMO 08].

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

6.2.6 - Permabilit l'eau liquide

6.2.6.1 - Mesure directe dans le cas des btons permables


Dans le cas des btons permables et trs permables, la permabilit l'eau
liquide peut tre dtermine exprimentalement partir d'un essai de permabilit
l'eau sous pression. La mesure consiste saturer en eau une prouvette, appliquer
une pression d'eau progressivement croissante par paliers sur l'une de ses faces et
mesurer la quantit d'eau ayant travers l'prouvette (lorsque le flux est constant) en
fonction de la valeur et de la dure des diffrents paliers. On notera que diffrents
dispositifs exprimentaux existent et qu'aucun mode opratoire recommand par
l'ensemble de la communaut scientifique n'a pour l'instant t publi. On peut
toutefois se baser, pour raliser l'essai, sur des modalits proches de celles dfinies
par la norme NF P 18-555 relative aux produits spciaux pour constructions en bton
[AFNO 92].

6.2.6.2 - Mthodes applicables dans le cas des btons faiblement permables :


dveloppement d'une mthode mixte combinant modle et expriences
6.2.6.2.1 - Problmatique
Dans le cas des btons faiblement et trs faiblement permables (btons ordinaires
de bonne qualit et btons hautes et trs performances), la mesure directe de la
permabilit l'eau liquide avec un permamtre courant, telle que dcrite
prcdemment, est dlicate et difficile, voire impossible, effectuer. En effet, tout
d'abord la saturation pralable de lprouvette peut savrer difficile et une forte
pression deau liquide est ncessaire pour obtenir des dbits mesurables. De plus,
pour les btons trs compacts, la valeur escompte pour la permabilit l'eau
liquide peut tre infrieure 10-21 m2. Or, les permamtres courants permettent
dexercer des diffrences de pression allant seulement jusqu 10 MPa. De ce fait,
pour un ordre de grandeur de 10-21 m2 de la permabilit, une paisseur dprouvette
de lordre de 5 cm et une saturation complte, la loi de Darcy prvoit une vitesse de
filtration de lordre du cm/an, rendant l'essai difficilement praticable.
6.2.6.2.2 - Exemples de mthodes purement exprimentales
En consquence, si l'on souhaite mesurer la permabilit l'eau liquide de btons
faiblement permables de faon purement exprimentale (mesure du flux deau
traversant l'prouvette sous gradient de pression deau, tel que dcrit au 6.2.6.1), il
est ncessaire d'adapter le dispositif exprimental et ventuellement la mthode
d'essai. Des techniques spcifiques, faisant ventuellement appel des dispositifs
exprimentaux sophistiqus, ont donc t dveloppes en France et l'Etranger
pour mesurer la permabilit l'eau liquide de ces btons. On peut citer par exemple
la mthode dveloppe par EDF utilisant un permamtre membrane, o
lchantillon est galement soumis une pression latrale dtanchit, et o de
leau dgaze est utilise [EDF 96], ou le permamtre HASSLER haute pression.
Sur le mme principe, des cellules triaxiales associes un systme de mesure
suffisamment prcis permettent de mesurer des valeurs de permabilit leau
liquide de lordre de 10-22 m2 [EL-DI 95].

On notera par ailleurs qu'il existe des mthodes fondes sur un essai de pntration
d'eau sous pression, en rgime non stationnaire. Par exemple, la mthode dessai
dveloppe par le CEBTP, et utilise notamment lors des tudes relatives aux
voussoirs du Tunnel sous la Manche [LEVY 92], est base sur la cintique de perte
de pression deau dun chantillon pralablement soumis une pression initiale
denviron 1,5 MPa. La mthode figurant dans la norme NF EN 12390-8 [AFNO 01],

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 163


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

o l'chantillon n'est pas pralablement satur, permet de quantifier une profondeur


de pntration d'eau. Ces mthodes permettent donc de quantifier le transport sous
gradient de pression et ventuellement d'accder une permabilit. D'autres
mthodes permettent de calculer la permabilit partir d'une cintique d'absorption
capillaire (imbibition) [BONN 97], [FRANCY 98], [MONL 03].
6.2.6.2.3 - Dveloppement d'une mthode mixte combinant modle et expriences
En ce qui concerne les mthodes indirectes, un important travail de recherche sur ce
sujet a t ralis par Scherer (mise au point de mthodes rapides par exemple par
beam bending (flexion de poutre) ou thermopermametrie et application des gels
de silice, extension des matriaux plus rigides et rcemment aux ptes de ciment
[SCHE 92], [AI 01], [VICH 02], [SCHE 04]).

Par ailleurs, une application originale et intressante sur le plan pratique des travaux
thoriques voqus aux 5.4 et 8.4.3 peut tre cite ici. Il s'agit de la mise au point
d'une mthode relativement simple, mais indirecte, de dtermination de la
permabilit l'eau liquide, combinant modle et expriences, pour les matriaux
cimentaires faiblement permables [HUA 00], [BARO 01c], [COUS 01].

Cette mthode repose sur une technique exprimentale pour laquelle les gradients
de teneur en eau liquide sont suffisamment levs pour entraner des mouvements
significatifs de la phase liquide interstitielle (suivi de la perte relative de masse d'une
prouvette soumise une exprience de schage dans des conditions bien dfinies
de temprature et d'humidit relative) et sur la mise en uvre du modle simplifi
de transport dhumidit labor dans le cadre de la thse de Mainguy (cf. 8.4.3 et
Figure 6.18) [MAIN 99]. Pour appliquer cette mthode, il est ncessaire de disposer
en plus de la porosit accessible l'eau (indicateur gnral) et de l'isotherme de
dsorption de vapeur d'eau (paramtre complmentaire) du matriau considr, la
permabilit relative krl pouvant quant elle tre dtermine par la formule propose
par van Genuchten (cf. 5.4.3). La mthode (analyse inverse numrique) consiste
dterminer la valeur de permabilit rendant le mieux compte, travers le modle,
de la cintique de perte relative de masse observe pendant l'exprience de
schage. L'analyse de la cintique sur une priode relativement courte (par exemple
30 jours pour CO ou BO, et 60 jours pour CH ou BH [BARO 07g]) offre une prcision
suffisante pour la permabilit. Cette mthode permet d'accder la permabilit
l'eau pour bon nombre de formules de bton, en particulier pour les BHP [BARO
01c], [BARO 07f], pour lesquels la mesure directe de cet ID est trs difficile, comme
explicit prcdemment. Par ailleurs, cette mthode (en rgime non stationnaire)
fournit un paramtre reprsentatif des processus qui interviennent rellement au
cours du schage des btons. On notera que ce type de mthode (analyse inverse
numrique) a t rcemment tendu aux matriaux (fortement) permables par
Thiery et al. [THIE 07a] (cf. 8.4.3).

6.2.6.3 - Calcul par la formule de Katz-Thompson


La permabilit l'eau liquide peut tre dduite partir d'autres ID ou paramtres
complmentaires l'aide de la relation de Katz-Thompson [KATZ 86], dveloppe
l'origine pour les roches sdimentaires et fonde sur la thorie de la percolation.
Cette relation peut en effet permettre une estimation de la permabilit intrinsque
aux liquides des matriaux base de ciment, lorsque le diamtre de pores critique dc
et le facteur de formation F du matriau sont connus [GARB 90]. La permabilit
intrinsque aux liquides K (en m2) est alors donne par l'Eq. (10) :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 164


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

c dc2
K= (10)
F
o c est une constante calcule (c = 1/226).

Le diamtre de pores critique dc correspond au seuil de percolation, c'est--dire au


diamtre minimum des pores qui sont gomtriquement continus (connects) dans
tout le volume de l'chantillon (point d'inflexion de la courbe d'intrusion de mercure).
Le facteur de formation F (F > 1) peut tre calcul comme un rapport de rsistivits
lectriques ou de coefficients de diffusion des chlorures [GARB 90], [MART 95],
[DAIA 01b].

Des exemples de calculs avec la relation de Katz-Thompson, pour des matriaux


base de ciment, et compars ventuellement avec d'autres mthodes (cf. 6.2.7),
figurent notamment dans les rfrences [BARO 94], [BARO 01b] et [BARO 07f].

6.2.7 - Comparaison de mthodes de mesure de la permabilit


Une comparaison entre diffrentes mthodes de mesure de la permabilit a t
ralise sur des ptes de ciment durcies (CN, CO et CH) et des btons durcis (M25,
BO et BH) [BARO 07f]. La permabilit apparente aux gaz a t mesure
directement l'aide d'un permamtre charge constante CEMBUREAU
diffrentes pressions (cf. 6.2.5.2). La permabilit intrinsque aux gaz a ensuite t
dduite partir de ces mesures en utilisant l'quation de Klinkenberg [KLIN 41],
[PERRA 92], [BARO 01c] pour des chantillons secs. La permabilit leau liquide
a t dtermine par mesure directe avec un dispositif classique sur les btons
permables M25 et BO. La permabilit leau liquide a galement t calcule par
la formule de Katz-Thompson (cf. 6.2.6.3) et dtermine de faon indirecte par la
mthode mixte (analyse inverse numrique) propose au 6.2.6.2.3. Le facteur de
formation impliqu dans la relation de Katz-Thompson a t calcul comme le
rapport de coefficients de diffusion des chlorures, et le diamtre de pores critique a
t obtenu partir de mesures par intrusion de mercure.

On observe que les valeurs obtenues sur les matriaux bas de gamme, les
matriaux ordinaires et les matriaux hautes performances tests appartiennent
des classes de durabilit "potentielle" trs diffrentes [BARO 07f]. En particulier,
quelle que soit la mthode de dtermination, les valeurs de permabilit aux gaz et
de permabilit l'eau liquide obtenues sur les matriaux hautes performances
sont trs faibles et nettement infrieures celles obtenues sur les matriaux
ordinaires (se reporter galement la figure 7.6 au 7.1.4, o les valeurs de
permabilit apparente aux gaz mesures sur une trs large gamme de btons ont
t rassembles).

Cette comparaison a par ailleurs mis en vidence que la permabilit "intrinsque"


des matriaux tests tait visiblement dpendante du fluide (eau liquide ou
oxygne). En effet, une diffrence de plusieurs ordres de grandeur a t observe
entre les permabilits aux gaz et l'eau liquide pour les matriaux de bonne qualit
CO, CH, BO et BH (Kgaz > Kl) [BARO 07f]. Thoriquement, si les fluides taient
neutres vis--vis du matriau, ces deux paramtres devraient tre gaux. Ce dernier
point a d'ailleurs t confirm exprimentalement. Par exemple, Gross & Scherer
[GROS 03] ont obtenu une bonne concordance entre permabilits intrinsques au
gaz (CO2) et au liquide (thanol) mesures respectivement par dynamic
pressurization et beam bending [SCHE 92], [VICH 02], pour des arogels de silice

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 165


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

trs poreux. De mme, une diffrence de 40 10 % a t rapporte dans [YURT 06]


entre les permabilits l'argon et l'thanol mesures par impulsion de pression
(cf. 6.2.5.2) sur mortier normal. Par contre, d'importantes diffrences entre
permabilits intrinsques aux gaz Kgaz et l'eau liquide Kl ont dj t rapportes
dans la littrature (voir par exemple [PERRA 92] ou [MART 95]). De mme, une
permabilit l'eau liquide anormalement basse, comparativement aux mesures
effectues avec diffrents liquides organiques inertes, a t mesure de faon
directe avec un permamtre Hassler haute pression sur mortier [TAYL 99]. De
plus, une dcroissance de Kl au cours du temps a t observe par plusieurs
auteurs. Toutes ces observations peuvent s'expliquer par les processus physico-
chimiques varis et perturbateurs qui peuvent avoir lieu au cours des mesures :
fissuration potentielle pendant le prconditionnement inhrent la mesure de
permabilit aux gaz (cf. 6.2.5.3), interactions eau-solide et dformations de retrait
associes pendant l'essai de schage mis en oeuvre pour dterminer la permabilit
l'eau liquide de faon indirecte (Kl est dtermine en rgime non stationnaire),
interactions eau-solide et autres phnomnes intervenant au cours de l'essai de
permabilit l'eau (reprise de l'hydratation, cicatrisation de fissures, autoprotection
notamment par dissolution-dpt de sels solubles [HEAR 94], [HEAR 98], [EDVA 99],
[TAYL 99]) en particulier si l'essai dure longtemps, .... En outre, une modlisation
plus fine des phnomnes dans le cas de la mthode par analyse inverse (cf.
6.2.6.2.3 [THIE 07a]) devrait conduire des valeurs plus leves et donc une
rduction des diffrences entre Kl et Kgaz pour les diffrents matriaux.

En l'tat actuel des connaissances et des mthodes de dtermination, le concept de


permabilit intrinsque, indpendante du fluide, ne semble donc pas pertinent
pour les matriaux cimentaires quand l'eau liquide est considre, except
ventuellement pour les matriaux trs permables. On peut galement en
conclure que, pour les matriaux faiblement permables, quand la permabilit
l'eau liquide ne peut tre mesure directement, elle ne peut pas non plus tre dduite
facilement de la permabilit aux gaz (qui est gnralement plus aise mesurer).
Cependant, la permabilit l'eau liquide est requise pour la quantification et la
prdiction des processus de transport hydrique ou coupls (hydrique-ioniques). Ceci
implique en particulier que deux permabilits distinctes (aux gaz et l'eau liquide)
doivent tre incluses en tant que donnes d'entre dans les modles (cf. 8.4.3).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 166


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Exprience de schage 1-D


Perte relative de masse (%)
HRext < HRint 3
Kl = 1. 10-21 m2

Kl = 3. 10-21 m2
2
Modle numrique
CO
HRext = 50 % HRint
1
BO
protection
tanche
0

0 100 200 300 400

Temps de schage (jours)

Figure 6.18 : Illustration, pour le bton durci BO et la pcd CO, de la mthode (indirecte) par analyse inverse
numrique d'valuation de la permabilit l'eau liquide (Kl), combinant exprience de schage et modle
numrique de transfert hydrique.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
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V. Baroghel-Bouny (LCPC) 168


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

6.3 - Dtermination de paramtres complmentaires

6.3.1 - Degr d'hydratation du ciment


Le degr dhydratation du ciment est un paramtre fondamental rgissant la fois la
rsistance mcanique et les dformations (cf. 5.8) du bton et son "potentiel
d'auto-rparation" physico-chimique (par hydratation diffre). Il peut donc constituer
un paramtre complmentaire prcieux dans de nombreuses tudes de durabilit.

La comparaison entre deux mthodes de mesure de ce paramtre, ralise dans le


cadre d'une collaboration entre le LERM (A. Ammouche, H. Hornain et N. Rafa) et le
LCPC (V. Baroghel-Bouny et T. Chaussadent) (Thme de Recherche OA9, cf.
Prambule), est reporte en figure 6.19 [AMMO 01a]. Il sagit de lanalyse dimages
obtenues au MEB, mthode sophistique et prcise mais lourde et coteuse, et de la
perte au feu, technique simple mettre en uvre, rapide et peu coteuse. On peut
considrer qu'une bonne corrlation est mise en vidence entre ces deux mthodes
aux principes radicalement diffrents, pour les ciments CEM I. Des valeurs
lgrement plus leves sont obtenues par analyse d'images, conformment la
littrature [MOUR 97]. Une meilleure concordance semble obtenue avec les ptes
testes ici, comparativement aux btons tudis dans [MOUR 97]. Lorsque les
ciments sont plus complexes, la mthode fonde sur lanalyse dimages est la plus
approprie, dans la mesure o celle-ci ne fait aucune hypothse quant aux produits
dhydratation forms. De plus, le MEB permet la visualisation (et la quantification
ventuelle) de l'paisseur des couronnes d'hydrates, des grains de Hadley et de la
rpartition et de la taille des grains anhydres (voir par exemple figure 5.6), qui
constituent des informations importantes vis--vis de la comprhension du
comportement du matriau et de la prvision de sa durabilit.

Le degr dhydratation du ciment peut galement tre calcul partir de la teneur en


eau chimiquement lie mesure par ATG (cf. 5.2.4 et 6.2.3). D'aprs les travaux de
thse de Mounanga [MOUN 03], une prcision de 3 % peut tre associe aux
rsultats de degr d'hydratation obtenus par cette technique.

Les mthodes d'essai et de calcul mises en uvre dans les diffrents travaux
raliss avec ces techniques, notamment dans le cadre du Thme de Recherche
OA9 et de l'Opration de Recherche 11B021, sont dcrites dans [BARO 94], [AMMO
01a], [BARO 02a], [BARO 04b], [MOUN 04], [BARO 06c].

6.3.2 - Isothermes de dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau


Comme nous l'avons vu au 5, les mesures de sorption de vapeur d'eau constituent
une technique privilgie qui permet d'tudier des systmes statiques ou
dynamiques.

Afin de dterminer les isothermes de dsorption et d'adsorption de vapeur d'eau (cf.


5.3.4) de ptes de ciment, mortiers ou btons durcis, un mode opratoire pour la
ralisation d'expriences selon la mthode des solutions salines satures sur des
chantillons trs minces (paisseur infrieure 5 mm) a t mis au point [BARO 94],
[BARO 02a], [BARO 07e].

On notera que le dmarrage des expriences par une dsorption partir d'un tat
satur ou d'une humidit relative leve permet d'viter un schage pralable des
chantillons. Ainsi, si le matriau ne subit pas de traitement particulier avant le

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 169


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

premier palier de mise l'quilibre relatif l'essai, la courbe de premire dsorption


obtenue alors est reprsentative du matriau l'tat vierge.

6.3.3 - Teneur en C-S-H


La teneur en C-S-H, qui est une fonction de la teneur en liant, du degr d'hydratation
du ciment (raction hydraulique) (et par consquent du rapport E/C) et de la raction
pouzzolanique, dtermine la surface spcifique du matriau. La dtermination de la
teneur en C-S-H est de plus ncessaire dans de nombreux cas, tels que par exemple
la modlisation de la carbonatation du bton ou des interactions chlorures-matrice
[BARO 06b], [THIE 06b]. Cependant, il est difficile de mesurer directement cette
teneur par les techniques chimiques habituelles, du fait de la faible cristallinit et de
la composition variable (stoechiomtrie) des C-S-H. De plus, le calcul de cette teneur
par des modles d'hydratation n'est pas facile lorsque le matriau contient des
additions minrales hydrauliques ou pouzzolaniques. Par contre, cette quantit peut
aisment tre value partir des donnes d'adsorption de vapeur d'eau, en utilisant
une mthode du type de celle dcrite par Olson & Jennings dans la rfrence [OLSO
01].

Dans la rfrence [BARO 07e], la teneur en C-S-H, exprime en cm3 par g de


matriau durci "sec", i.e. l'"quilibre" HR = 3 %, a t calcule comme le rapport
entre la quantit d'eau adsorbe par le matriau HR = 22,8 % (en g par g de
matriau "sec") et la quantit d'eau adsorbe par les C-S-H HR = 22,8 % (en g par
cm3 de C-S-H). Les rsultats exprimentaux obtenus sur une large gamme de ptes
et de btons durcis ont t compars aux teneurs en C-S-H obtenues, partir de la
formule du matriau, de la composition minralogique du ciment et de sa cintique
d'hydratation, l'aide d'un modle analytique d'hydratation driv des travaux de
Mounanga et al. [MOUN 04] (cf. Figure 6.20 [BARO 07e]). Pour tous les matriaux
examins, on observe un accord tout fait acceptable entre les mthodes analytique
et exprimentale.

6.3.4 - Isothermes d'interaction chlorures-matrice


Les interactions chlorures-matrice (schmatises en figure 6.21a) peuvent tre
quantifies exprimentalement :
d'une part, par la dtermination directe des isothermes d'interaction (cf. Figure
6.21b) au moyen d'un essai d'immersion complte sur broyats dans des solutions
de diffrentes concentrations (mthode de mise l'quilibre). Le lecteur pourra se
reporter aux travaux raliss sur ptes de ciment durcies dcrits dans [TANG 93],
[DELA 97] et au mode opratoire sur bton mis au point dans le cadre du Projet
RGCU "GranDuB" [RGCU 07e],
et d'autre part, par la diffrence entre les concentrations en chlorures totaux et en
chlorures "libres" mesures par analyse chimique (issues des profils) (cf. Figure
6.21c) (ventuellement corrige par le facteur de condensation [OTSU 92],
[NAGA 93]), mesures par exemple l'issue d'un essai de diffusion en rgime
non stationnaire.
Comme le montrent les rsultats figurant notamment dans la rfrence [BARO 04g],
ces deux types d'expriences quantifient des "interactions" assez semblables lorsque
les isothermes obtenues par les profils sont corriges (cf. Figure 6.22). Rappelons en
outre que les interactions intervenant au cours d'un essai de diffusion et d'un essai
de migration peuvent tre diffrentes (cf. 6.2.4.5).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 170


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Les isothermes d'interaction chlorures-matrice peuvent galement tre estimes


numriquement par analyse inverse partir des profils de concentration en chlorures
totaux, en utilisant le modle physique multi-espces LCPC dcrit au 8.4.5.3, et en
adoptant par exemple une description de Freundlich pour l'isotherme, comme
couramment pratiqu [TANG 93], [BIGA 96], [DELA 97], [FRANCY 98], [TRUC 00b].
Une bonne concordance a t mise en vidence dans la rfrence [NGUY 06a] entre
simulations numriques et rsultats exprimentaux obtenus par les deux mthodes
prcdemment dcrites, sur une large gamme de matriaux (cf. Figure 6.23). Cette
mthode de dtermination par analyse inverse est trs utile pour la modlisation de
la pntration des chlorures dans le bton, lorsque l'on ne dispose pas d'isothermes
d'interaction exprimentales pour les matriaux considrs (par exemple dans le cas
de l'valuation de la dure de vie rsiduelle de structures existantes, cf. 8.6.4).

6.3.5 - Dformations endognes libres


Un examen de la littrature sur le sujet (voir par exemple [RILE 00a] et les synthses
figurant dans [BARO 01a] ou [GARC 01]) montre que la mesure des dformations
endognes est difficile et que les rsultats obtenus semblent dpendre du dispositif
et/ou de la procdure utiliss, notamment pour les dformations volumiques se
produisant au cours de la prise. Il ressort galement de la littrature qu'il existe deux
principaux types de mesure :
les mesures volumiques, bien adaptes la mesure du retrait des ptes de
ciment au trs jeune ge,
les mesures unidimensionnelles, plus propices aux investigations sur le long
terme, et requises galement pour la mesure des dformations sur mortiers et
btons.

Une mthode trs simple a t dveloppe au LCPC pour la mesure des


dformations longitudinales endognes libres d'prouvettes de ptes de ciment ds
le dbut de prise, l'aide d'un rtractomtre (prcision : 10 m/m) (cf. Figure 6.24)
[BARO 01a], dans le cadre de la thse de Kheirbek [KHEI 99]. L'tanchit des
prouvettes testes (assure par des feuilles superposes de papier aluminium
autocollant) a t dmontre. Une perte relative de masse d'eau de 0,018 % sur la
pte plus forte teneur en eau initiale (E/C = 0,60) et de 0,005 % sur la pte avec
E/C = 0,25, ont en effet t enregistres au bout d'un an. La bonne rptabilit des
mesures a en outre t vrifie. Ainsi, un cart-type de l'ordre de la prcision du
dispositif a t enregistr. Ces rsultats garantissant la validit des mesures
ralises avec ce dispositif.

Peu de comparaisons sont prsentes dans la littrature entre mesures volumiques


et mesures unidimensionnelles (voir [BARC 99], [CHAR 01]). La collaboration entre
le LCPC et le GeM-IUT de Saint-Nazaire a permis d'effectuer la comparaison au
jeune ge (entre le temps de dbut de prise et 24 heures) des rsultats obtenus T
= 20 C, d'une part par mesures volumiques partir du dispositif mis au point dans le
cadre de la thse de Mounanga au GeM (pese hydrostatique d'chantillons
envelopps d'une membrane impermable de latex et immergs dans un bain
thermostat [MOUN 03]), et d'autre part par mesures unidimensionnelles au LCPC
(dispositif prcdemment mentionn), sur la pte de ciment CI. La figure 6.25 [BARO
06c] illustre les rsultats obtenus, aprs conversion des dformations volumiques en
dformations unidimensionnelles correspondantes (considres comme 1/3 des
dformations volumiques) en m/m. Ces rsultats confirment que le choix d'un temps
de rfrence (t0) pertinent pour exprimer les dformations et pour permettre des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 171


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comparaisons entre rsultats obtenus partir de diffrentes techniques est


fondamental (cf. 5.8.1). Il semble qu'il faille s'attendre une meilleure concordance
entre mesures volumtriques et mesures unidimensionnelles aprs le point
d'inflexion K de la courbe de retrait volumique et donc aprs la priode de prise. Une
telle diffrence a galement t rapporte dans la littrature. Pour expliquer cette
diffrence, on peut avancer, sur la base de la littrature sur le sujet [JUST 94],
[BARC 99], [CHAR 01], [HAMM 01] : une rabsorption d'eau de ressuage (cependant
trs faible dans le cas de la pte CI avec E/C = 0,25), une pntration d'eau (fuite)
ou une dpression interne dans l'enveloppe en latex, un comportement anisotropique
du matriau au jeune ge, une influence potentielle de la position (profondeur
d'immersion) de l'chantillon "volumique" dans le bain thermostat, une ventuelle
contribution du fluage, ou encore des artfacts au cours des mesures
unidimensionnelles entre les temps de dbut et de fin de prise.

Les recherches voques ici ont fourni des lments intressants pour l'optimisation
des mthodes d'essai ddies la mesure des dformations endognes sur ptes et
btons, et en particulier pour le choix d'un temps de rfrence (t0) pertinent
relativement l'initialisation des mesures, valable aussi bien en unidimensionnel
qu'en volumique. Du point de vue du matriau, il est souhaitable que ce temps t0
corresponde l'apparition de contraintes internes (i.e. formation d'un solide rsistant
mcaniquement). Les conditions requises, qui ressortent de l'analyse mene, sont
les suivantes :
t0 < 24 heures : en effet, les mesures de retrait conventionnelles prennent pour
rfrence 24 heures. Cependant, pour les matriaux faible E/C et/ou contenant
des fumes de silice par exemple, une forte proportion du retrait final a dj eu
lieu 24 heures (cf. 5.8 et figure 5.29),
t0 t(K) : en effet, avant le point d'inflexion K, on a peu de chance de voir les
dformations volumiques et unidimensionnelles concider, avec les dispositifs
adopts (cf. Figure 6.25) [BARO 06c].
Tout ceci conduit proposer provisoirement t0 = t(K) ou t0 = temps de fin de
prise. Il est cependant difficile de conclure, la lueur des rsultats disponibles.
D'autres comparaisons, ainsi qu'une amlioration des techniques et
procdures exprimentales, seraient sans doute utiles, avant de pouvoir utiliser les
deux mthodes de mesure des dformations dcrites de faon fiable et
complmentaire. On notera en outre que le RILEM Technical Committee 195-DTD
"Test Methods for Autogenous Deformation and Thermal Dilation" (anim par T.A.
Hammer, DTU, Lyngby, Denmark) a travaill l'homognisation des mthodes de
mesure des dformations endognes et de la dilatation thermique.

6.3.6 - Dformations hygromtriques libres


Une mthode originale a t dveloppe pour la mesure des dformations
hygromtriques (retrait de dessiccation "pur") en collaboration avec le LRPC
d'Angers (cf. Figure 6.26) [BARO 98a]. L'intrt de ces expriences rside en
particulier dans la mesure de dformations correspondant de petits crneaux d'HR,
sur des chantillons de faible paisseur (disques de quelques millimtres
d'paisseur) et sur des matriaux suffisamment gs pour que l'on puisse les
supposer stabiliss d'un point de vue chimique. Ce dernier point indique que l'on
mesure directement des dformations de retrait de dessiccation "pur" (pas
d'interaction avec l'autodessiccation). La mthode consiste raliser des
expriences de dsorption et/ou d'adsorption de vapeur d'eau par paliers, en utilisant
des solutions salines satures comme dans le cas de la mesure des isothermes

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 172


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

(mme type d'chantillons et mme protocole, cf. 6.3.2), mais ici les dformations
sont mesures au lieu (ou en plus) des masses.

Cette dmarche permet d'obtenir les dformations l'quilibre une HR donne (cf.
Figure 5.32), avec des cintiques raisonnables. Elle offre aussi l'avantage de se
rapprocher des conditions de dformations sans contrainte et donc des dformations
intrinsques au matriau une humidit relative donne. Ces dformations
intrinsques sont suprieures aux dformations mesures sur des structures se
fissurant en surface, suite aux forts gradients hydriques qui rsultent des grandes
dimensions de la structure ou de la grandeur du palier d'HR impos, et qui elles
dpendent de la gomtrie de la structure.

6.3.7 - Dformations bidimensionnelles


Un dispositif de mesure des dformations axiales et diamtrales ( l'aide de capteurs
de dplacement LVDT) d'prouvettes cylindriques de 160 mm de diamtre a t mis
au point au LCPC par Villain et al. (cf. Figure 6.27) [VILL 99], [VILL 08b]. L'objectif
tait d'tudier les parts respectives du schage exogne et de l'autodessiccation (et
leurs interactions) sur les gradients de teneur en eau et sur les retraits diffrentiels,
notamment l'effet du schage sur l'isotropie de la dformation (cf. 5.3.3). Plus
particulirement, il s'agissait de mieux comprendre le problme des dalles de sols
industriels et de chauffage par le sol (tuilage et fissuration superficielle).

Une campagne exprimentale a t mene avec ce dispositif et avec des mesures


complmentaires ( HR = 65 5 % et T = 20 2 C) pour suivre l'volution des
dformations (endognes, de dessiccation "pure" et totales), des gradients de teneur
en eau, de l'HR interne et de la microstructure de deux mortiers de CEM I 52,5 et de
rapport E/liant = 0,45 (formule industrielle de mortier autoplaant contenant une forte
proportion de cendres volantes et mortier normal) [VILL 99], [VILL 08b]. La
comparaison entre les dformations endognes diamtrales mesures avec le
dispositif dcrit, en parties haute et basse de l'prouvette cylindrique, et les
dformations endognes longitudinales mesures avec un rtractomtre normalis
sur prismes 40 x 40 x 160 mm, en fonction du temps, a montr une bonne
correspondance entre les trois courbes exprimentales (cf. Figure 6.28) [VILL 08b],
validant ainsi le dispositif et la mthode dessai mis au point. L'tude de rptabilit
mene a montr que les rsultats doivent s'entendre 20 m/m prs.

Ce dispositif a effectivement permis d'observer un relvement des bords de


l'prouvette lors de l'exposition un schage exogne par sa face suprieure [VILL
08b]. De plus, la formule de mortier autoplaant teste a montr, dans les cas de
figure considrs, des dformations plus faibles par rapport celles du mortier
normal. Ces donnes sont utiles pour l'amlioration de la connaissance du
comportement de ce type de matriau nouveau. Elles montrent notamment que l'on
peut, en optimisant la composition du matriau, obtenir des formules dformations
rduites, sachant que les matriaux autoplaants montrent gnralement des
dformations de retrait suprieures celles des matriaux conventionnels
(principalement du fait d'un volume de pte suprieur, voir par exemple [HU 98]).

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100

Degr d'hydratation mesur par A.I. (%)


90

80

70

60

50

40
40 50 60 70 80 90 100
Degr d'hydratation m esur par P.A.F. (%)

Figure 6.19 : Comparaison des degrs d'hydratation du ciment dtermins par perte au feu (P.A.F.) et par
MEB associ au traitement d'images (A.I.), pour des ptes de diffrents E/C et de mme ciment CEM I 52,5
aux chances de 28 jours et 2 ans, d'aprs [AMMO 01a].

0,25
C-S-H amount (cm per g of "dry" mat.)

hcps Exp. (adsorption data)


0,20 Computation

computation with "equiv. "


0,15
degree of hydration
3

0,10 concretes

0,05

0,00
CO

B
CN

CH

S
BO
N
5
CP

BH
S

M2

0-
-S
C3

B8
BO
d.
hy

Material

Figure 6.20 : Teneurs en C-S-H dduites des isothermes exprimentales d'adsorption de vapeur d'eau
mesures sur une pte de C3S de synthse, des ptes de ciment et des btons durcis (4 ciments diffrents ;
0,20 E/C 0,84 ; 0 FS/C 0,10). Comparaison avec les teneurs en C-S-H calcules l'aide d'un modle
analytique d'hydratation, d'aprs [BARO 07e].

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-
[Cl lis]

pente = capacit de fixation

-
[Cl "libres"]

b) Isothermes d'interaction chlorures-matrice


Cl- lis
-
[Cl ]

Cl- "libres"
-
Cl

-
Cl
Cl- totaux
- -
Cl - Cl
- Cl
Cl
- -
Cl- "libres"
a) Espace poreux, Cl "libres" et Cl lis
profondeur
c) Profils de concentration en chlorures

Figure 6.21 : Schmatisation des interactions chlorures-matrice dans le bton et de leur quantification.

0,8 CO (equilibrium method)


y = 0,18523x
0,52705
CN (equilibrium method)
0,47949
0,7 BO (profiles) y = 0,15754x
mb (% by unit mass of dry hcp)

BO (profiles corrected)
0,6
BO (linear binding)
0,5126
0,5 BO (analytical model) y = 0,1268x
c0 = 18,2 g.L-1
0,4

0,3

0,2 y = 0,123x
0,2232

0,1

0
0 2 4 6 8 10
3
12 14 16 18 20
cf (kg of Cl- by m of pore solution)

Figure 6.22 : Isotherme d'interaction chlorures-matrice :


mesure par essai d'immersion complte (mthode de mise l'quilibre) sur des chantillons broys de
pcd CO et CN [CARE 00], reprsentatives du liant de BO,
dduite des profils (essai de diffusion en rgime non stationnaire) avant et aprs correction par le
"facteur de condensation" pour le bton BO,
calcule avec une capacit de fixation prise gale Kbd = 0,76 10-3 m3 de solution par kg de "gel" C-S-
H [TANG 01b] (isotherme d'interactions linaire) pour le bton BO,
calcule avec la formule analytique propose par Tang & Nilsson [TANG 95] selon une description de
Freundlich pour le bton BO.

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800

500 CN experiments
Total chloride conetration (mol.m )

700
-3

CN model

Bound chloride concentration (mol.m )


-3
CO experiments CO experments
400 CO model 600 CO model
CN experiments
CN model 500
300
400

200 300

200
100
100

0 0
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0 500 1000 1500 2000
Depth (m) -3
Free chloride concentration (mol.m )
a) CO et CN - Ajustement sur les profils exprimentaux b) CO et CN - Isothermes d'interaction exprimentales
de concentration en chlorures totaux (obtenus aprs (essai d'immersion complte sur broyats : mthode de
44 jours d'essai de diffusion en rgime non stationnaire mise l'quilibre [CARE 00]) et numriques
[CARE 00])

200 200
B80-SN BO - model
Measurements
Bound chloride concentration (mol.m )
Total chloride concentration (mol.m )

-3

BO - exp.
-3

M25 - model
150 M25 - exp. Model
BO
CFA - model
CFA - exp. B80-SN
B80SN - model
100 M25 B80SN - exp.
100
M25

50 BO

CFA CFA

0 0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0 100 200 300 400 500 600
Depth (m) -3
Free chloride concentration (mol.m )
c) diffrents btons - Ajustement sur les profils d) diffrents btons - Isothermes d'interaction
exprimentaux de concentration en chlorures totaux exprimentales (dduites des profils de concentration
(obtenus aprs 90 jours d'essai de diffusion en rgime en chlorures totaux et "libres", corrigs par le facteur
non stationnaire [BARO 04g]) de condensation [BARO 04g]) et numriques

Figure 6.23 : Comparaison entre les isothermes d'interaction chlorures-matrice obtenues numriquement par
mthode inverse partir des profils de concentration en chlorures totaux en utilisant le modle physique
multi-espces LCPC (en adoptant une description de Freundlich) et celles mesures exprimentalement par
deux mthodes diffrentes, d'aprs [NGUY 06a].

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recessed stud for the tip of the dial gauge

adhesive aluminium
stainless steel cement paste
foil sheets
plug sample
rod with thread
(10 mm)
160 mm

Figure 6.24 : Schma d'une prouvette cylindrique de pte de ciment, enveloppe de feuilles de papier
aluminium autocollant, destine la mesure des dformations endognes longitudinales, d'aprs [BARO
01a].

2500 2500
Volum. measur.

Autogenous shrinkage (m/m)


Autogenous shrinkage (m/m)

2000 K 2000 1-D measur.


1-D measur. without rotation
1500 1500
Volum. measur.
1000
1-D measur. 1000
1-D measur. without rotation
500 500

0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Age (hours) Age (hours)

a) b)
Figure 6.25 : Comparaison entre retrait endogne volumique et unidimensionnel (longitudinal), pour la pte
CI T = 20 C, d'aprs [BARO 06c] :
a) rfrence (t0) prise au temps de dbut de prise Vicat,
b) rfrence (t0) prise au point d'inflexion (K) de la courbe donnant le retrait endogne volumique en fonction
de l'ge, partir du temps de dbut de prise Vicat.

Figure 6.26 : Mesure des dformations hygromtriques. Dispositif exprimental du LRPC d'Angers.

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Figure 6.27 : Mesure des dformations bidimensionnelles. Dispositif exprimental du LCPC, d'aprs [VILL
08b].

250

200
.

150
Retraits (m/m)

100

50

-50
0 30 60 90 120 150 180
Temps (jours)

NM-3 : Ct Haut NM-3 : Ct Bas


prisme 4x4x16 endo.

Figure 6.28 : Comparaison entre dformations endognes diamtrales sur cylindres (partie haute et partie
basse) et dformations endognes longitudinales sur prismes 40 x 40 x 160 mm (mortier normal), d'aprs
[VILL 08b].

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6.4 - Quantification de la microfissuration


Il est important de dvelopper des outils de quantification de la microfissuration par
analyse d'images, afin d'tudier notamment l'influence :
de cette microfissuration sur les proprits de transport et sur la pntration des
agents agressifs (cf. 5.5),
du prtraitement des chantillons de matriau (et les dgradations induites) sur
les rsultats des mesures de caractrisation de la structure poreuse et des
proprits de transport (cf. 6.2.2.2 et 6.2.5.3),
et de prendre ensuite en compte cette (micro)fissuration dans les modles (cf. 11).

Dans le cadre du Groupe de Travail RGCU "Microstructure", des recommandations


(domaine d'application, restrictions, ...) [RGCU 07a] ont t prpares pour
l'application de trois techniques permettant dacqurir des paramtres quantitatifs
notamment en termes de longueur spcifique (ou densit) moyenne de
microfissures, de degr dorientation des microfissures dans le plan et de
cartographie, sur la base d'essais inter-laboratoires [BARO 07b]. Ces
recommandations concernent la fois les techniques spcifiques de prparation des
chantillons destines rvler les dfauts internes du matriau, et les techniques
de comptage ou danalyse dimages permettant dacqurir les paramtres
quantitatifs. Il a ainsi t possible d'identifier pour chacune des mthodes leurs
spcificits (avantages ou faiblesses) et de mettre en vidence leur complmentarit
:
imprgnation d'un colorant rouge et observation au microscope optique sous
lumire naturelle :
- rapidit et facilit de mise en oeuvre,
- bonne dtection des zones poreuses, mais trop grande diffusion du colorant si
le matriau est trs poreux,
application d'une rsine fluorescente et observation au microscope optique sous
lumire UV :
- contraste particulirement bon (visualisation de fissures franches, qui permet
par exemple de dtecter les fissures des granulats),
- bien adapte l'analyse automatique,
- limite la diffusion,
- risque de trop profonde pntration dans les fissures trs ouvertes (rendant
ces fissures indtectables sans re-polissage),
ralisation de rpliques (empreintes) et observation au microscope optique ou au
MEB :
- possibilit d'investigation en cours d'essai (de chargement, de permabilit,
...).
De faon gnrale, il est recommand de mener l'analyse diffrentes chelles, en
commenant par la plus grande (il nu), afin de prendre en compte les ventuelles
macrofissures, de localiser les zones fissures (et donc analyser) dans le cas o la
fissuration est htrogne, en particulier dans le cas de fissures cres par des
gradients hydriques ou thermiques. Ces recommandations permettront
d'homogniser les pratiques pour l'chantillonnage, les chelles
d'observation et la prsentation des rsultats, et surtout pour la prparation
des chantillons (polissage, ...), phase la plus dlicate de ces investigations
quelle que soit la technique.

On notera que la fonction "quantification de fissures" du logiciel PICTURE,


dveloppe au LCPC dans le cadre de l'Opration de Recherche 11B021 [MOLI 06],

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fournit un outil quantitatif pour accder la densit, au degr d'orientation et la


rpartition de la microfissuration, par analyse d'images numriques en noir et blanc.
Dans ce logiciel, la fonction de quantification adopte est la mthode des scantes
orientes. La quantification est ralise partir de l'observation et de l'acquisition
d'images obtenues au microscope optique ou lectronique, aprs imprgnation d'un
colorant rouge ou de rsine fluorescente (cf. Figure 6.29).

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100 m

a) b)

Figure 6.29 : Image obtenue au MEB (G=250X) par lectrons rtrodiffuss sur la surface polie d'un
chantillon de bton B60FS (dcrit dans [BARO 04d]) et rseau de fissures, d'aprs [MOLI 06] :
a) superposition de limage et du rseau de fissures saisi par loprateur,
b) image binaire utilise dans le logiciel PICTURE pour la quantification par la mthode des scantes
orientes.

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6.5 - Remarques finales et conclusion


Les mthodes dcrites dans ce 6 sont pour la plupart relatives des essais de
laboratoire conventionnels dont les conditions peuvent paratre loignes de la
ralit in situ. Cependant, ces mthodes ont lavantage de se rfrer des essais
praticables par la majorit des laboratoires, dans des conditions bien dfinies et sur
lesquels il existe un consensus (validation) lheure actuelle en France et dans
dautres pays. Ces mthodes permettent de quantifier les paramtres de manire
aussi fiable, rptable et reproductible que possible avec les moyens actuellement
disponibles.

Trois conclusions majeures sont retenir des travaux mens sur les mthodes de
dtermination des indicateurs de durabilit et des paramtres complmentaires :
le prtraitement ou le prconditionnement (schage) des chantillons destins
l'essai est dterminant, et constitue l'aspect le plus difficile traiter,
les rsultats doivent tre accompagns de la rfrence l'histoire hydrique, au
prconditionnement, aux mthodes d'essai et de calcul utilises (et aux
hypothses correspondantes). Ces donnes sont indispensables pour
comprendre la signification physique du paramtre ainsi dtermin (par exemple,
pour dduire dans quelle quation le coefficient intervient), interprter les
rsultats des mesures, les utiliser (ventuellement dans les modles) et les
comparer d'autres de faon pertinente,
une analyse prcise, d'une part, des processus physico-chimiques intervenant
pendant les essais (et le prconditionnement inhrent), et d'autre part, des
hypothses lies aux formules de calcul ncessaires l'exploitation de l'essai
permet de clarifier l'origine des divergences enregistres entre les diffrentes
mthodes (de dtermination de la permabilit ou du coefficient de diffusion).
Ceci contribuera amliorer les procdures d'essai et les rendre appropries
toute la gamme de formules de bton dsormais disposition.

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7 - MISE EN UVRE DE L'APPROCHE PERFORMANTIELLE PROPOSEE :


CLASSES ET SPECIFICATIONS RELATIVES AUX INDICATEURS DE
DURABILITE - METHODOLOGIE ET EXEMPLES

7.1 - Classes associes aux indicateurs de durabilit : valuation de la


durabilit "potentielle" d'un bton arm donn vis--vis de la corrosion des
armatures

7.1.1 - Systme de classes propos relativement aux indicateurs de durabilit


gnraux et de substitution
Pour chaque indicateur de durabilit gnral (ainsi que pour les indicateurs de
substitution porosit mesure par intrusion de mercure et rsistivit lectrique), des
classes de durabilit "potentielle" vis--vis de la corrosion des armatures initie par la
carbonatation ou par les chlorures peuvent tre dfinies, sur la base des travaux du
Groupe de Travail de l'AFGC [BARO 04b]. Le tableau 7.1 prsente un exemple de
systme de classes (durabilit "potentielle" de trs faible trs leve) [BARO 04b],
[BARO 05c].

On notera que les bornes des classes relatives la teneur en portlandite Ca(OH)2
indiques dans le tableau 7.1 correspondent des formules simples prpares
partir de CEM I et sans addition minrale ractive. Dans le cas gnral, la durabilit
"potentielle" ne peut pas tre estime sur la seule base de la teneur en portlandite.
La durabilit "potentielle" sera en effet susceptible de variations notables selon la
valeur des autres ID (permabilit, coefficient de diffusion, ). Ainsi, par exemple,
malgr une teneur en portlandite faible, voire trs faible, les BHP et BTHP (qui
contiennent des fumes de silice) ont gnralement une durabilit "potentielle"
leve ou trs leve vis--vis de la corrosion des armatures, comme illustr dans la
rfrence [BARO 04d]. Ceci met en vidence la complmentarit des ID.

Les classes proposes dans le tableau 7.1 sont applicables pour des mesures
ralises en laboratoire T = 20 2 C, selon les mthodes dcrites dans ce
document, sur des prouvettes conserves dans l'eau pendant 90 jours au plus
aprs le coulage et avant le dmarrage des essais (moyennes sur au-moins 3
prouvettes). Ces classes sont bases sur les valeurs des ID obtenues
exprimentalement dans le cadre de diverses tudes et recherches sur une large
gamme de matriaux allant des B20 aux BTHP (voir par exemple [BARO 98b],
[BARO 02c], [BARO 04b], [BARO 04g]).

En ce qui concerne le coefficient de diffusion des chlorures, les coefficients effectif et


apparent sont naturellement distingus dans le tableau 7.1. De plus, dans les
domaines de durabilit "potentielle" leve et trs leve, la distinction de deux cas
pour le coefficient de diffusion apparent rsulte de la diffrence enregistre
exprimentalement entre essais de diffusion et essais de migration sous champ
lectrique (cf. 6.2.4.5).

Jusqu' maintenant, de tels systmes de classes (fonds sur des paramtres


mesurs en laboratoire ou in situ) taient rares dans la littrature. Un des premiers
systmes de classes publis est celui bas sur l'essai rapide AASHTO de
"permabilit aux chlorures" [ASTM 97] qui est toujours beaucoup employ, malgr
les craintes que l'on peut avoir sur sa pertinence (cf. 7.2.2). On notera que des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 187


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

classes de durabilit bases sur l'index (i.e. - log) de permabilit l'oxygne


obtenue au permamtre charge variable, la conductivit aux chlorures et la
sorptivit, mesurs sur le bton d'enrobage, ont t publies rcemment par du
Preez & Alexander [DU-PR 04]. Nanmoins, ces classes sont difficilement
comparables avec celles proposes ici du fait que les paramtres et les mthodes
d'essai sont diffrents dans les deux cas. Torrent [TORR 99] avait pralablement
propos une classification de la qualit du bton d'enrobage, base sur la
permabilit l'oxygne et l'air, mesure respectivement au moyen du
permamtre de laboratoire CEMBUREAU et du permamtre de surface
TORRENT. Par ailleurs, les classes proposes relativement au coefficient de
diffusion apparent des chlorures mesur par migration en rgime non stationnaire
(Dns(mig)) dans la rfrence [FERR 03] montrent une bonne cohrence avec les
classes proposes ici, malgr une terminologie diffrente. On notera galement que
des classes de performance sont proposes dans la rfrence [TIKA 03] pour la
rsistance aux cycles de gel-dgel, l'caillage, aux sulfates, l'abrasion, ainsi que
pour l'alcali-raction, l'essai AASHTO, le retrait et le rapport des rsistances la
compression 28 et 7 jours. Pour un point rcent plus complet sur les systmes de
classes disponibles, le lecteur pourra se reporter notamment aux rfrences [RILE
03], [BICK 06], [RILE 07]. Il est intressant de mentionner que le besoin de
spcifications performantielles est trs fort dans bon nombre de pays, en particulier
en Amrique du Nord [BICK 06].

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 188


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Tableau 7.1 : Durabilit "potentielle" vis--vis de la corrosion des armatures : classes


(indicatives) associes aux indicateurs de durabilit gnraux (G) ou de substitution
(S) : porosits, rsistivit lectrique, coefficients de diffusion, permabilits et teneur
initiale en Ca(OH)2, d'aprs [BARO 04b] et [BARO 05c]
Les valeurs (moyennes) indiques correspondent des mesures ralises selon les
mthodes dcrites dans ce document sur des prouvettes conserves pralablement dans
l'eau pendant 90 jours au plus aprs le coulage
Classes
Durabilit "potentielle" Trs Faible Moyenne Eleve Trs
Indicateur faible leve
(TF) (F) (M) (E) (TE)

(1)
G Porosit accessible l'eau
14 16 12 14 9 12 69
Peau (%)
> 16
S Porosit accessible au mercure(2)
13 16 9 13 69 36
PHg (%)
S Rsistivit lectrique(3) 100 250
< 50 50 100 > 1000
(.m) 250 1000
G Coefficient de diffusion effectif des
chlorures(4) >8 28 12 0,1 1 < 0,1
Deff (10-12 m2.s-1)
G Coefficient de diffusion apparent des
chlorures(5) (mesur par essai de migration) 15 <1
Dapp(mig) (10-12 m2.s-1)
> 50 10 50 5 10
G Coefficient de diffusion apparent des
chlorures(6) (mesur par essai de diffusion) <5
Dapp(dif) (10-12 m2.s-1)
G Permabilit apparente aux gaz(7) ( Sl=0) 300 100
> 1000 30 100 < 30
Kapp(gaz) (10-18 m2) 1000 300
G Permabilit intrinsque l'eau liquide(8) (
Sl=1) > 10 1 10 0,1 1 0,01 0,1 < 0,01
kliq (10-18 m2)
G Teneur initiale en Ca(OH)2(9)
< 10 10 13 13 20 20 25 25
(% massique par rapport au ciment)
(1) : mesure par pese hydrostatique [AFPC 98]
(2) : mesure avec un porosimtre tel que PHg max = 400 MPa et aprs prtraitement par tuvage sous vide T =
455 C pendant 14 jours en prsence de gel de silice [BARO 02a], [RGCU 07b]
(3) : mesure selon [LCPC 08]
(4) : "pure" proprit de transport (sans interaction chlorures-matrice)
(5) : inclut les interactions chlorures-matrice et est mesur au moyen d'un essai de migration lectrique en rgime

stationnaire ou non stationnaire


(6) : inclut les interactions chlorures-matrice et est mesur au moyen d'un essai de diffusion en rgime stationnaire

ou non stationnaire
entre = 0,2 MPa et aprs tuvage T = 1055 C (Sl =
(7) : mesure avec un permamtre charge constante P

0) [AFPC 98], [BARO 02a]


(8) : P
max, dans le cas d'une mesure directe du flux, aprs saturation (Sl = 1)
(9) : pour des formules simples prpares partir de CEM I et sans addition minrale ractive

7.1.2 - "Cure" des prouvettes destines la dtermination des indicateurs de


durabilit gnraux ou de substitution
Les valeurs des indicateurs de durabilit peuvent varier fortement selon les
conditions initiales (en particulier l'ge du matriau), notamment avant 90 jours, et
mme aprs, lorsque la formule contient une forte quantit d'additions minrales
hydrauliques ou pouzzolaniques raction lente (laitiers [REGO 75], cendres

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 189


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

volantes, ...) (cf. Tableaux 7.2 et 7.3, Figure 7.1 et 5.2.2). Ceci illustre notamment
les limites des valuations bases sur la notion d'indice d'activit, dtermin partir
des rsistances mcaniques mesures 28 jours.

Tableau 7.2 : Valeurs des indicateurs de durabilit obtenues sur le bton CFA (E/C =
0,74 et 54 % de cendres volantes par rapport la masse de ciment) diffrents
ges, d'aprs [BARO 04b]
Valeurs moyennes obtenues sur 3 prouvettes ou chantillons
Age Peau(1) PHg(2) Kapp(gaz)(3) Dns(dif)(4) Teneur en Ca(OH)2(5)
( Sl=0) (% par rapport la masse
(%) (%) (10-18 m2) (10-12 m2.s-1) thorique initiale de ciment)
3 mois 13,7 14,5 173 2,1 19,5
6 mois 14,5 13,8 553 1,8 10,0
9 mois 14,1 14,0 6,7
(1) : mesure par pese hydrostatique [AFPC 98]
(2) : mesure avec un porosimtre tel que PHg max = 400 MPa et aprs prtraitement par tuvage sous vide T =
455 C pendant 14 jours en prsence de gel de silice [BARO 02a], [RGCU 07b]
entre = 0,2 MPa et aprs tuvage T = 1055 C (Sl =
(3) : mesure avec un permamtre charge constante P

0) [AFPC 98], [BARO 02a]


(4) : mesur par un essai de diffusion en rgime non stationnaire [BARO 02a]
(5) : mesure par ATG [BARO 02a]

Tableau 7.3 : Porosit accessible au mercure obtenue sur mortier normal (E/C =
0,45) et mortier autoplaant forte teneur en cendres volantes (E/liant = 0,45)
diffrents ges, d'aprs [VILL 08b]
Valeurs moyennes obtenues sur 3 prouvettes ou chantillons
Porosit PHg(1) (%)
Age Mortier normal Mortier autoplaant
avec CV
7 jours 13,8 21,4
28 jours 12,7 19,3
3 mois 10,8 16,3
6 mois 11,3 14,8
: mesure avec un porosimtre tel que PHg max = 400 MPa et aprs prtraitement par tuvage sous vide T =
(1)

455 C pendant 14 jours en prsence de gel de silice [BARO 02a], [RGCU 07b]

Rappelons galement que pour un ge donn, la valeur des indicateurs peut


grandement varier en fonction des conditions d'essai (conditions aux limites).

Il est donc important, si l'on souhaite valuer la durabilit "potentielle" d'une formule
de bton sur la base des classes proposes, de raliser les essais l'ge
prconis et d'appliquer rigoureusement les modes opratoires associs aux
indicateurs.

Sachant que les essais permettant de dterminer les indicateurs de durabilit sont
souvent longs, que le bton est un matriau trs volutif, et que des additions
minrales sont de plus en plus frquemment utilises, on retiendra que l'ge de 90
jours sera gnralement plus adquat (en comparaison des 28 jours
traditionnellement recommands pour la mesure de la rsistance mcanique) pour
travailler sur un matriau le plus stable possible d'un point de vue chimique. Il est
donc recommand de dmarrer les essais visant la dtermination des indicateurs

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 190


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

de durabilit l'ge de 90 jours, aprs conservation dans l'eau (ventuellement


sature en chaux ou en soude). Ces conditions de "cure" correspondent un
compromis entre validit des rsultats, dlai acceptable pour l'obtention de ces
rsultats et simplicit de ralisation.

Si, malgr tout, des essais doivent tre raliss au jeune ge, dans ce cas les essais
les plus rapides seront prfrs, et les bornes des classes devront tre adaptes.

7.1.3 - Mthodologie d'valuation de la durabilit "potentielle" d'un bton arm donn


Pour valuer de faon qualitative ou quantitative la durabilit "potentielle" d'un bton
arm donn, il s'agira de comparer les valeurs des ID qui auront t quantifis pour
ce bton, avec les classes proposes dans le tableau 7.1, tel qu'illustr en figure 7.2
(processus n 1). La quantification des indicateurs s'effectuera, soit
exprimentalement sur des prouvettes fabriques en laboratoire et dans les
conditions requises par les protocoles d'essai, soit en se reportant une base de
donnes dans le cas o la formule a dj fait l'objet d'tudes (ceci montre en
particulier l'intrt de disposer par exemple de "formules rgionales",
caractrises une fois pour toutes, cf. 10.3). Une telle valuation peut tre
effectue selon chaque indicateur dtermin ou sur la base d'une apprciation
globale (cf. 7.1.4). Le lecteur se reportera aux rfrences [BARO 04b], [CHLO
05d], [CAST 06], [RGCU 07e], pour les prcision/incertitudes de la mesure relatives
chaque mthode d'essai.

Cette mthodologie constitue une premire utilisation trs simple des indicateurs de
durabilit. Cette valuation peut permettre au concepteur ou au matre d'uvre de
"dgrossir" un problme et d'valuer une durabilit a priori ne dpendant que du
matriau constitutif de l'ouvrage (bton). On peut ainsi par exemple, sur la base des
classes proposes, comparer la durabilit "potentielle" de diffrents btons et classer
ces btons, dans le but de faire une slection, ou d'optimiser la formule selon des
critres performantiels fixs a priori, ou encore d'effectuer un contrle qualit en
amont.

7.1.4 - Illustration : validation des classes et valuation de la durabilit "potentielle"


Afin d'illustrer la pertinence des classes proposes pour les ID porosit accessible
l'eau, coefficients de diffusion effectif et apparent des chlorures et permabilit
apparente au gaz ( Sl = 0), et de mettre en vidence le domaine de valeurs couvert
par ces paramtres, les rsultats exprimentaux obtenus sur une large gamme de
btons sont prsents respectivement en figures 7.3, 7.4, 7.5 et 7.6, en fonction de
Rmoy.28 [BARO 05c]. Certaines formules contiennent un adjuvant entraneur d'air
(EA), des cendres volantes (CV), ou des fumes de silice (FS) (voir par exemple
[BARO 98b], [BARO 02c], [BARO 04c] pour plus d'information). Les classes
proposes (cf. Tableau 7.1) figurent sur les graphiques. La figure 7.4 prsente les
valeurs de coefficient de diffusion effectif des chlorures obtenues partir d'essais de
migration en rgime stationnaire en conditions satures, en appliquant diffrentes
mthodes de mesure, sur des prouvettes de btons varis ges de 90 jours (aprs
conservation dans l'eau). De plus, le tableau 7.4 (respectivement le tableau 7.5)
rassemble, pour une srie de btons donne et teste 28 jours (respectivement
90 jours), les valeurs des ID porosit accessible l'eau, permabilit apparente au
gaz et coefficient de diffusion apparent des chlorures (qui sont les ID les plus
couramment quantifis), et la durabilit "potentielle" associe chacun de ces ID
indique sous la forme de couleurs.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 191


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

On constate que les valeurs des ID gnraux sont plutt bien corrles avec Rmoy.28.
Ces valeurs dcroissent des B20 aux BHP contenant des fumes de silice et avec
Rmoy.28 > 90 MPa. En particulier, les BHP ont gnralement une durabilit
"potentielle" leve ou trs leve. Nanmoins, on constate des carts par rapport
une simple relation linaire. Par exemple, les btons ordinaires contenant de fortes
quantits de cendres volantes (ici de 25 54 %) prsentent un trs faible coefficient
de diffusion et une trs faible permabilit, par rapport des formules simples (sans
addition minrale) de rsistance mcanique similaire, et se trouvent ainsi dans la
classe de durabilit "potentielle" suprieure. En effet, les matriaux contenant de
fortes quantits de cendres volantes ont souvent une porosit totale plus leve mais
un rseau poreux moins bien connect et donc des coefficients de transport plus
faibles que des formules quivalentes sans CV [VILL 08b]. Il en va d'ailleurs de
mme pour les formules avec laitiers (voir figure 6.3 et galement [BEJA 01], par
exemple). Certains matriaux ont d'ailleurs des proprits de transport trs proches
de celles des BHP (cf. Figures 7.5 et 7.6). De mme, l'aptitude du matriau
microfissurer influence notablement les indicateurs de durabilit tels que la
permabilit apparente aux gaz et explique que l'on obtienne pour certaines formules
de BHP (cf. Figure 7.6) [BARO 02c], [BARO 04d] :
une permabilit apparente aux gaz suprieure la valeur prvisible en
considrant les valeurs obtenues avec d'autres BHP et une relation linaire entre
permabilit et Rmoy.28,
une durabilit "potentielle" moyenne, vis--vis de cet indicateur.
On notera toutefois que la microfissuration ne semble pas tre amplifie par le
prconditionnement inhrent la mesure de permabilit aux gaz (cf. 6.2.5.3 et
figure 6.17). L'effet de la prsence d'air entran, qui augmente la connectivit du
rseau des vides, sur la permabilit apparente aux gaz, est encore plus marqu et
explique le fait que l'on obtienne pour certaines formules de BHP une durabilit
"potentielle" faible, vis--vis de cet indicateur (cf. Figure 7.6) [BARO 02c], [BARO
04d].

La figure 7.4 illustre que dans le cas o la formule de bton, l'ge et la procdure de
"cure" sont identiques (points cercls sur le graphique), on obtient la mme classe de
durabilit "potentielle", quelle que soit la technique de mesure du coefficient de
diffusion effectif. Ce rsultat confirme ceux prsents au 6.2.4.5 (cf. Figure 6.9) et
illustre la pertinence et la validit du systme de classes propos, qui permet
l'utilisation des diffrentes techniques disponibles (sans changer le systme de
classes), mme si les rsultats fournis par chacune d'entre elles ne sont pas
rigoureusement identiques.

Comme nous venons de le voir, il est possible d'valuer la durabilit "potentielle" des
btons tests, sur la base du tableau 7.1 et selon chaque indicateur de durabilit
quantifi. Les tableaux 7.4 et 7.5 montrent que, dans l'ensemble les qualifications
fournies par les diffrents ID sont cohrentes, mais que dans certains cas la
qualification, et de l le classement d'une srie donne de btons, peut varier suivant
le paramtre considr, mettant en vidence nouveau le caractre complmentaire
des indicateurs du panel propos. Par exemple, le coefficient de diffusion et la
permabilit caractrisent des processus de transport diffrents (sous gradient de
concentration et de pression totale, respectivement). Ces paramtres sont donc
susceptibles de conduire un classement diffrent pour une mme srie de btons.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 192


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Etant donn la complexit des processus de transport des espces potentiellement


agressives et des mcanismes de dgradation associs, il apparat donc
particulirement pertinent d'valuer la durabilit "potentielle" sur la base d'une
apprciation globale, rsultant de celles relatives chaque ID choisi et pondres
en fonction des donnes du problme, si possible sur la base d'une analyse des
risques (hirarchisation des processus envisageables en fonction des conditions
environnementales, ). La durabilit "potentielle" value sur la base d'une
apprciation globale est indique dans les tableaux 7.4 et 7.5. Une pondration
identique a t choisie ici pour chaque indicateur. On constate nouveau que les
BHP avec fumes de silice et sans agent entraneur d'air ont une durabilit
"potentielle" leve ou trs leve et que des btons ordinaires avec une forte
quantit de cendres volantes peuvent avoir une durabilit "potentielle" leve.

Les rsultats prsents dans les tableaux 7.4 et 7.5 illustrent galement que le
classement d'une srie de btons en fonction de la valeur des ID peut tre diffrent
de celui fourni par Rmoy.28. Ceci confirme que l'effet de l'incorporation d'additions
hydrauliques ou pouzzolaniques est susceptible de changer de faon plus importante
les proprits physiques et chimiques du matriau durci (en particulier les proprits
de transport et les interactions fluide-matrice) que les proprits mcaniques. Ainsi,
la rsistance mcanique est insuffisante pour valuer la durabilit "potentielle"
des btons arms (notamment avec additions) et pour slectionner une formule
devant satisfaire des critres relatifs la durabilit. Ces rsultats montrent
clairement la pertinence et l'utilit d'une approche performantielle de la durabilit et la
pertinence des indicateurs de durabilit slectionns.

Le lecteur pourra se reporter aux rfrences [BARO 02c] et [BARO 04d], o est
prsente une analyse plus dtaille des valeurs des ID en fonction de diffrents
paramtres de formulation.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 193


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Tableau 7.4 : Valeurs moyennes de porosit accessible l'eau (Peau) ou au mercure


(PHg), permabilit apparente aux gaz (Kapp(gaz)) Sl=0, et coefficient de diffusion
apparent des chlorures mesur en rgime non stationnaire par essai de migration
(Dns(mig)), dtermines sur des prouvettes de btons conserves dans l'eau en
laboratoire pendant 28 jours. Durabilit "potentielle" des btons arms selon chaque
indicateur de durabilit (indique sous la forme de couleurs) et durabilit "potentielle"
globale avec pondration identique pour chaque indicateur
Btons E/C E/liant Rmoy.28 Peau Kapp(gaz) Dns(mig) Durabilit
(classs (ou PHg) ( Sl=0) "potentielle"
selon Rmoy.28) (MPa) (%) (10-18 m2) (10-12 m2.s-1) globale
M25CVEA 0,84 0,67 20,5 16,4 390 5,8 Faible
M25CV 0,96 0,77 23,5 15,7 206 9,5 Moyenne
M25 0,84 0,84 24,5 16,1 978 30,0 Faible
M25EA 0,70 0,70 26,8 13,7 148 22,4 Moyenne
B30 0,43 0,43 39,0 10,7 (PHg) 270 17,5 Moyenne
M30CV 0,74 0,52 48,5 12,8 54 1,7 Eleve
M50CVEA 0,45 0,36 49,0 14,3 271 1,5 Moyenne
M50EA 0,39 0,39 49,5 13,3 272 5,5 Moyenne
M50CV 0,56 0,45 53,0 15,0 89 1,8 Moyenne
M50 0,48 0,48 55,5 14,7 69 8,7 Moyenne
M75FSEA 0,34 0,32 67,0 10,3 347 0,7 Moyenne
M75EA 0,27 0,27 68,5 10,7 782 3,5 Moyenne
M75 0,32 0,32 75,0 11,4 106 5,6 Moyenne
B70FS 0,37 0,35 84,0 7,6 (PHg) 240 4,8 Eleve
M75FS 0,38 0,36 85,5 10,0 167 0,8 Eleve
M100FS 0,33 0,30 109,0 8,4 17 0,3 Trs leve
M120FS 0,26 0,23 127,5 7,4 43 0,04 Trs leve

Tableau 7.5 : Valeurs moyennes de porosit accessible l'eau (Peau), permabilit


apparente aux gaz (Kapp(gaz)) Sl=0, et coefficient de diffusion apparent des chlorures
mesur en rgime non stationnaire par essai de migration (Dns(mig)) ou de diffusion
(Dns(dif)), dtermines sur des prouvettes de btons conserves dans l'eau en
laboratoire pendant 90 jours. Durabilit "potentielle" des btons arms selon chaque
indicateur de durabilit (indique sous la forme de couleurs) et durabilit "potentielle"
globale avec pondration identique pour chaque indicateur, d'aprs [BARO 05c]
Btons E/C E/liant Rmoy.28 Peau Kapp(gaz) Dns(mig)(1) ou Durabilit
(classs ( Sl=0) Dns(dif)(2) "potentielle"
selon Rmoy.28) (MPa) (%) (10-18 m2) (10-12 m2.s-1) globale
M25 0,84 0,84 25,1 14,9 632 37,6(1) Faible
CFA 0,74 0,48 28,9 13,7 173 2,1(2) Moyenne
B32 0,44 0,44 46,5 11,8 217 8,6(2) Moyenne
BO 0,49 0,49 49,5 12,4 245 7,8(1) Moyenne
B60 0,34 0,34 68,8 10,1 196 1,2(2) Eleve
B80-S 0,35 0,32 76,9 10,5 67 1,2(1) Eleve
B80-C 0,64 0,37 87,0 8,1 242 2,0(1) Eleve
B80-SN 0,30 0,28 91,9 9,3 30 0,68(2) Eleve

De faon plus gnrale, on notera que pour l'analyse d'un cas pratique, la
hirarchisation des processus envisageables est trs importante. En effet, il n'existe
pas de formule de bton qui assurera une durabilit "potentielle" leve, de faon
universelle. Par exemple, si la prsence d'air entran est bnfique pour la
rsistance aux cycles de gl-dgel, nous venons de voir qu'elle pourra avoir un effet
ngatif dans des processus o la permabilit aux gaz sera un paramtre de premier

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 194


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

ordre. A contrario, les CV, qui se rvlent particulirement bnfiques pour rduire
les proprits de transport, peuvent avoir un rle ngatif lorsque l'on considre la
rsistance aux cycles de gl-dgel [BARO 02c], [BARO 04c].

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

0,2

m f (% by unit mass of dry conc.)


Starting date = 180 day s
0,15
Starting date = 90 day s

0,1

0,05

0
0 2 4 6 8 10 12 14
Depth (mm)

Figure 7.1 : Illustration de l'effet de l'ge du matriau (90 ou 180 jours) sur le profil de concentration en
chlorures "libres" mesur aprs 90 jours d'exposition une solution de NaCl dose 30 g.L-1 (+ NaOH 0,1
M) en laboratoire, pour le bton CFA (E/C = 0,74 et 54 % de cendres volantes par rapport la masse de
ciment), d'aprs [BARO 04h].

Evaluation de la durabilit Slection ou qualification de formules


"potentielle" d'un BA donn de bton pour un OUVRAGE donn

Spcifications figurant
Classes
comparaison comparaison dans le Cahier des Charges
proposes
de l'ouvrage

1 2

Indicateurs de durabilit

Mesure en labo ou Base de donnes


Spcifications proposes
- ge
- C.I. et C.L. bien dfinis
- mode opratoire

Figure 7.2 : Mise en uvre de l'approche performantielle dveloppe sur la base d'indicateurs de durabilit :
- processus n 1 : valuation de la durabilit "potentielle" d'un bton arm donn,
- processus n 2 : slection ou qualification de formules de bton pour un ouvrage donn.
C.I. : conditions initiales
C.L. : conditions aux limites

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

18
TF 28 jours
16 45 jours
Porosit accessible l'eau (%) 56 jours
F
90 jours
14
M
12
E
10

8 CV
TE
6
BHP
4
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Rsistance moyenne la compression 28 jours (MPa)

Figure 7.3 : Classes de durabilit "potentielle" et valeurs exprimentales (moyennes) de porosit accessible
l'eau mesure par pese hydrostatique sur prouvettes de bton conserves dans l'eau en laboratoire, en
fonction de la rsistance moyenne la compression mesure 28 jours, d'aprs [BARO 05c].
CV : cendres volantes

10

F
m .s )
2 -1
-12

M
Coef. de diff. effectif des Cl (10

1
-

0,1

TE
Titrage amont
Titrage aval BHP
Conductivit aval
0,01
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Rsistance moyenne la compression 28 jours (MPa)

Figure 7.4 : Classes de durabilit "potentielle" et valeurs exprimentales (moyennes) de coefficient de


diffusion effectif des chlorures obtenu partir d'essais de migration en rgime stationnaire et en conditions
satures sur prouvettes de bton conserves 90 jours dans l'eau en laboratoire, en fonction de la
rsistance moyenne la compression mesure 28 jours.

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100
M25

Coef. de diff. app. des Cl- (10-12 m 2.s-1)


F
10
M

E
1

CV
0,1 Age TE
28 jours M120FS
90 jours
180 jours
BHP
0,01
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Rsistance moyenne la compression 28 jours (MPa)

Figure 7.5 : Classes de durabilit "potentielle" et valeurs exprimentales (moyennes) de coefficient de


diffusion apparent des chlorures obtenu partir d'essais de migration en rgime non stationnaire et en
conditions satures (selon la mthode de Tang & Nilsson [TANG 92], [NT-BU 99]) sur prouvettes de bton
conserves dans l'eau en laboratoire, en fonction de la rsistance moyenne la compression mesure 28
jours, d'aprs [BARO 05c].
CV : cendres volantes

10000
Permabilit apparente aux gaz (10 -18 m 2)

TF

1000
M25 EA F

M
M75
100
E
CV M120FS
Age
28 jours TE
90 jours BHP
10
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Rsistance moyenne la compression 28 jours (MPa)

Figure 7.6 : Classes de durabilit "potentielle" et valeurs exprimentales (moyennes) de permabilit


apparente aux gaz, mesure au moyen d'un permamtre charge constante CEMBUREAU ( Pentre = 0,2
MPa) sur prouvettes de bton conserves dans l'eau jusqu' l'ge de 28 ou 90 jours en laboratoire, aprs
tuvage T = 105 5 C selon le protocole AFPC-AFREM [AFPC 98], en fonction de la rsistance moyenne
la compression mesure 28 jours.
CV : cendres volantes
EA : entraneur d'air

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

7.2 - Spcifications performantielles relatives aux indicateurs de durabilit, en


fonction du type d'environnement et de la dure de vie exige : slection ou
qualification de formules de bton pour un ouvrage donn

7.2.1 - Objectif
Dans le cadre de la slection ou de la qualification d'une formule de bton pour un
ouvrage donn, les critres prescrire (valeurs limites pour les indicateurs de
durabilit) devront dpendre des conditions spcifiques de l'ouvrage (notamment son
environnement) et des exigences du binme concepteur-utilisateur (notamment en
termes de performances et de dure de vie). La dcision finale sera base sur un
compromis (optimisation) entre la durabilit de louvrage et son cot de ralisation.
Pour cette raison, la ralisation d'tudes de conception spcifiques l'ouvrage
considr est fortement recommande.

Afin d'aider le concepteur dans cette dmarche, des spcifications-types pour le


matriau constitutif bton ont t proposes par le Groupe de Travail de l'AFGC (cf.
Prambule) pour diffrents types d'environnement et diffrentes valeurs de dure
de vie vise, dans le cas de la durabilit vis--vis de la corrosion des armatures et de
l'alcali-raction [BARO 04b]. Les types d'environnement (se reporter [BARO 04b])
ont t dfinis sur la base des classes d'exposition de l'EN 206-1 [AFNO 00] et de
l'Eurocode 2 EN 1992.1.1 [AFNO 06], avec l'objectif d'tre plus synthtique et de ne
prendre en compte que ceux concerns par la dgradation considre. Les dures
de vie choisies correspondent aux valeurs les plus frquemment rencontres
actuellement dans les projets d'ouvrages (cf. 1).

Ces spcifications pourront tre utilises lors de la rdaction des cahiers des
charges des projets d'ouvrages, de recommandations, de rglements ou de normes.

7.2.2 - Spcifications-types pour la durabilit vis--vis de la corrosion des armatures


Dans le tableau 7.6 (respectivement le tableau 7.7), sont proposes des
spcifications-types pour assurer la durabilit vis--vis de la corrosion des armatures
initie par la carbonatation (respectivement par les chlorures). Ces spcifications
sont bases sur les classes dfinies au 7.1.1 (cf. Tableau 7.1) et sur les enrobages
minimaux imposs par les rglements franais et europens (BAEL et Eurocode 2
EN 1992.1.1). Ces spcifications sont applicables pour des mesures ralises en
laboratoire T = 20 2 C, selon les mthodes dcrites dans ce document, sur des
prouvettes conserves dans l'eau pendant 90 jours au plus aprs le coulage et
avant le dmarrage des essais (moyennes sur au-moins 3 prouvettes). Ces critres,
drivs des travaux du Groupe de Travail de l'AFGC, ont t tablis partir des
donnes exprimentales voques au 7.1.1 et ont t vrifis par des simulations
numriques effectues l'aide de modles empiriques (approche dterministe ou
probabiliste) et physiques (cf. 8 et [BARO 04b]).

Les spcifications-types proposes se prsentent sous la forme d'un tableau : pour


chaque niveau d'exigence (i.e. dure de vie exige) et pour chaque type
d'environnement, un panel d'ID doit tre quantifi et des critres doivent tre
satisfaits. Ces spcifications constituent un minimum indispensable. On remarquera
toutefois qu'il n'est pas ncessaire de dterminer systmatiquement tout le panel des
ID identifis au 4. Le nombre requis va de 1 4 selon le cas considr (cf.
Tableaux 7.6 et 7.7). En effet, quand le niveau d'exigence et l'agressivit du milieu
environnant augmentent, le nombre d'ID contrler crot galement et les critres

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 201


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

deviennent plus svres. Pour les niveaux d'exigence 1 et 2, les spcifications


relatives la durabilit se rduisent la vrification d'une simple valeur de porosit,
accessible partir d'un essai trs facile raliser et disponible dans tout laboratoire
de proximit (cf. 6.2.2.1), et ce, quel que soit le type d'environnement. Ceci
constitue un enjeu considrable pour le domaine du btiment courant (qui
reprsente le plus gros du volume de bton), couvert par ces deux niveaux
d'exigence. On peut en effet esprer dans ce domaine une mise en pratique effective
court terme de cette approche puisque celle-ci n'engendrera pas de contraintes
supplmentaires notables (en temps et en cot, notamment). Elle devrait par contre
permettre d'amliorer notablement la qualit du bti et de rsoudre le problme
considrable de la dure de vie relle (effective) trop courte de bon nombre de ces
ouvrages rsultant d'une qualit insuffisante, dgradant le cadre de vie et gnrant
des dmolitions anticipes impact socio-conomique trs ngatif.

On notera que les spcifications proposes dans les tableaux 7.6 et 7.7 ne font pas
intervenir la teneur en portlandite, notamment du fait que celle-ci est fonction de la
teneur en additions minrales ractives (cf. 5.2.4). Cependant, on verra au 8 que
cet indicateur intervient en temps que donne d'entre dans les modles prdictifs
de carbonatation. De plus, pour ce qui concerne la corrosion initie par
carbonatation, des spcifications relatives cet indicateur ont t proposes en
solution alternative pour certains cas [BARO 04b]. Il est en effet possible d'adopter
un critre moins svre sur la porosit (cas du critre unique sur la porosit propos
pour les niveaux d'exigence 2 et 3) ou des critres moins svres la fois sur la
porosit et la permabilit (cas du double critre propos pour le niveau 3),
condition de vrifier une durabilit "potentielle" trs leve vis--vis de la teneur en
portlandite (i.e. [Ca(OH)2] 25 %, pour des formules simples prpares partir de
CEM I et sans addition minrale ractive, d'aprs le tableau 7.1), c'est dire en
ajoutant un second ou un troisime critre, respectivement. Cette solution alternative
permet notamment, sous rserve de vrifier (ou d'ajuster) la teneur en portlandite de
la formule slectionne (en particulier en jouant sur le dosage en ciment), de
satisfaire aux exigences de dure de vie correspondant :
une durabilit "potentielle" moyenne, malgr des valeurs de porosit
correspondant une durabilit "potentielle" faible,
une durabilit "potentielle" leve, malgr des valeurs de porosit et de
permabilit correspondant une durabilit "potentielle" moyenne.

Le principe gnral de l'approche dcrite dans ce document est d'offrir un cadre et


une mthodologie rigoureux pour l'valuation et la prdiction de la durabilit, tout en
laissant nanmoins plus de libert au concepteur. Il est par consquent parfaitement
envisageable d'adapter les critres proposs ici. Par exemple, des critres moins
restrictifs peuvent tre fixs dans le cas o un enrobage suprieur la valeur
rglementaire est choisi. Le lecteur pourra se reporter l'exemple relatif la
rsistivit lectrique prsent dans la rfrence [BARO 04b]. A l'inverse, un critre
supplmentaire peut tre ajout si ncessaire (sur la base des classes et des valeurs
indiques dans le tableau 7.1), pour plus de scurit, selon les spcificits du
problme traiter et en fonction du budget allou l'tude. De mme, les limites
peuvent tre redfinies pour des btons particuliers du fait de leurs constituants
(granulats lgers, par exemple) ou de leur process de fabrication (dmoulage
immdiat, par exemple).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 202


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

De mme, il est tout fait possible d'adopter d'autres chances de mesure ou


d'appliquer d'autres modes opratoires que ceux recommands dans la rfrence
[BARO 04b], sous rserve de justification ou de validation pralable et d'adaptation
en consquence des spcifications proposes. Quoi qu'il en soit, toute spcification
ou tout rsultat exprimental devra tre accompagn de l'indication de la mthode
d'essai considre ou applique, afin d'tre utilisable.

A l'extrme et comme prcdemment voqu, les ID gnraux slectionns peuvent


tre remplacs par d'autres paramtres plus faciles dterminer avec les techniques
disponibles dans un laboratoire donn, plus spcifiques au problme pos, ou plus
adapts aux modles mis en uvre, tels que les indicateurs de substitution
mentionns au 4.4, ou encore sur la base de critres mcaniques, physiques,
chimiques ou conomiques relatifs la construction de l'ouvrage, son
fonctionnement et son entretien. Ces modifications seront ralises sous rserve
de justification et/ou de validation pralables, et en se basant sur les classes
indiques dans le tableau 7.1 ou sur tout autre systme de classes disponible. Par
exemple, les spcifications sur la porosit accessible l'eau, le coefficient de
diffusion des chlorures ou la permabilit (cf. Tableaux 7.6 et 7.7) pourraient tre
remplaces par des spcifications sur la rsistivit lectrique, essai qui devrait faire
l'objet d'une norme europenne (se reporter [ANDR 01], [CHLO 05e], [LCPC 08])
ou sur le coefficient d'absorption capillaire. Ainsi, la norme EN 13369 "Rgles
communes pour les produits prfabriqus en bton" [AFNO 04c] utilise un coefficient
d'absorption deau (dans des conditions dessai donnes). De mme, les
spcifications sur le coefficient de diffusion des chlorures (cf. Tableaux 7.6 et 7.7)
pourraient tre remplaces par des spcifications sur la quantit d'lectricit (ayant
travers l'chantillon de bton pendant 6 heures) selon l'essai AASHTO (norme
ASTM C 1202 [ASTM 97]). En effet, cette mesure est encore beaucoup pratique
pour valuer l'aptitude d'un bton se laisser pntrer par les chlorures. De plus, un
systme de classes existe, permettant un classement "qualitatif" des formules de
bton [ASTM 97] (voir galement [TIKA 03] et les exemples donns dans la
rfrence [BARO 04b]). Cet essai peut donc ventuellement tre utilis la place de
la dtermination d'un coefficient de diffusion des chlorures, lorsque seule une
information qualitative (dans un but comparatif) est recherche. On notera toutefois
que mme dans ces conditions, la signification et l'interprtation du rsultat de
l'essai, et donc l'utilit du rsultat, peuvent tre sujets caution, tant donn que les
60 V appliqus pendant l'essai sont susceptibles d'engendrer des modifications
physiques, chimiques et microstructurales (du fait notamment de la chaleur dgage)
non ngligeables [MART 95].

On notera pour finir que les valeurs indiques dans les spcifications-types
proposes pourront encore voluer en fonction du retour d'exprience et du
dveloppement de mthodes ou de modles fournissant des rsultats plus prcis.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 203


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Tableau 7.6 : Spcifications-types (indicatives) pour la durabilit vis--vis de la


corrosion des armatures initie par la carbonatation, en fonction du type
d'environnement et de la dure de vie exige, et dans le cas o l'enrobage est gal
30 mm. Peau est donne en %, Dapp(mig) est donn en 10-12 m2.s-1, Kapp(gaz) ( Sl = 0 et
Pentre = 0,2 MPa) et kliq sont donnes en 10-18 m2, d'aprs [BARO 04b] et [BARO
05c]
Les valeurs (moyennes) indiques correspondent des mesures ralises selon les
mthodes dcrites dans ce document sur des prouvettes conserves pralablement dans
l'eau pendant 90 jours au plus aprs le coulage
Type d'environnement 1 2 3 4
Dure de vie exige / Sec et trs sec
Modrment Cycles frquents
Catgorie d'ouvrage / (HR < 65 %) Trs humide
humide d'humidification-
Niveau d'exigence ou humide en (HR > 80 %)
(65 < HR < 80 %) schage
permanence
< 30 ans Peau < 16 Peau < 16 Peau < 15 Peau < 16

Niveau 1
de 30 50 ans Peau < 16 Peau < 16 Peau < 14 Peau < 14
Btiment

Niveau 2
de 50 100 ans Peau < 14 Peau < 14 Peau < 12 Peau < 12
Btiment et Ouvrages de
gnie civil Kapp(gaz) < 100
Niveau 3 kliq < 0,1
de 100 120 ans Peau < 12 Peau < 12 Peau < 9 Peau < 9
Grands ouvrages
Kapp(gaz) < 100 Kapp(gaz) < 100 Kapp(gaz) < 30 Kapp(gaz) < 30
Niveau 4 kliq < 0,01
> 120 ans Peau < 9 Peau < 9 Peau < 9 Peau < 9
Ouvrages dits exceptionnels Dapp(mig) < 1
Kapp(gaz) < 30 Kapp(gaz) < 30 Kapp(gaz) < 30
Niveau 5 kliq < 0,01 kliq < 0,01 kliq < 0,01

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Tableau 7.7 : Spcifications-types (indicatives) pour la durabilit vis--vis de la


corrosion des armatures initie par les chlorures, en fonction du type
d'environnement et de la dure de vie exige, et dans le cas o l'enrobage est gal
50 mm. Peau est donne en %, Dapp(mig) est donn en 10-12 m2.s-1, Kapp(gaz) ( Sl = 0 et
Pentre = 0,2 MPa) et kliq sont donnes en 10-18 m2, d'aprs [BARO 04b] et [BARO
05c]
Les valeurs (moyennes) indiques correspondent des mesures ralises selon les
mthodes dcrites dans ce document sur des prouvettes conserves pralablement dans
l'eau pendant 90 jours au plus aprs le coulage
Type d'environnement 5 6 7
Dure de vie exige / Exposition aux sels marins ou de
dverglaage Immersion dans
Catgorie d'ouvrage /
5.1 5.2 l'eau contenant Zone de marnage
Niveau d'exigence des chlorures
[Cl-] faible (1) [Cl-] forte (2)
< 30 ans Peau < 16 Peau < 14 Peau < 15 Peau < 14

Niveau 1
de 30 50 ans Peau < 15 Peau < 11 Peau < 13 Peau < 11
Btiment

Niveau 2
de 50 100 ans Peau < 14 Peau < 11 Peau < 13 Peau < 11
Btiment et Ouvrages de Dapp(mig) < 2 Dapp(mig) < 7 Dapp(mig) < 3
gnie civil
Niveau 3 kliq < 0,1 Kliq < 0,1
de 100 120 ans Peau < 12 Peau < 9 Peau < 12 Peau < 10
Grands ouvrages Dapp(mig) < 20 Dapp(mig) < 1 Dapp(mig) < 5 Dapp(mig) < 2
Kapp(gaz) < 30 Kapp(gaz) < 100
Niveau 4 kliq < 0,1 kliq < 0,01 kliq < 0,05
> 120 ans Peau < 9 Peau < 9 Peau < 9 Peau < 9
Ouvrages dits exceptionnels Dapp(mig) < 10 Dapp(mig) < 1 Dapp(mig) < 1 Dapp(mig) < 1
Kapp(gaz) < 30 Kapp(gaz) < 30 Kapp(gaz) < 30
Niveau 5 kliq < 0,01 kliq < 0,01 kliq < 0,01
(1) : concentration en chlorures "libres" la surface cs 10 g.L-1
(2) : concentration en chlorures "libres" la surface cs 100 g.L-1

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7.2.3 - Spcifications-types pour la durabilit vis--vis de l'alcali-raction


La politique actuellement en vigueur de prvention des dsordres dus l'alcali-
raction [LCPC 94a] repose sur un tableau qui fixe des niveaux de prvention A, B et
C en fonction de la catgorie de l'ouvrage et de l'environnement auquel il est soumis
[BARO 04b]. Il est possible de relier ces niveaux de prvention A, B et C des
dures de vie (car plus le niveau de prvention sera lev, plus la dure de vie de
louvrage sera augmente) et donc des niveaux d'exigence en termes de
spcifications pour assurer la durabilit (1, 2 ou 3). C'est la dmarche qui a t
adopte dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC, afin de dvelopper une
mthodologie d'valuation de la durabilit et en particulier pour tablir des
spcifications-types vis--vis de l'alcali-raction [BARO 04b]. L'exercice le plus
difficile tait d'intgrer de faon rationnelle les textes existants, tout en faisant voluer
ceux le ncessitant.

Les spcifications proposes se prsentent l encore sous la forme d'un tableau:


pour chaque niveau d'exigence et pour chaque type d'environnement, un niveau de
prvention est affect [BARO 04b], [BARO 05c]. Pour le niveau de prvention A,
aucune spcification supplmentaire par rapport aux Recommandations LCPC
[LCPC 94a] n'est requise vis--vis de la durabilit. Pour les niveaux B et C,
interviennent des spcifications relatives aux ID spcifiques l'alcali-raction (cf.
4.3), conformment l'organigramme donn dans la rfrence [BARO 04b] ou
[BARO 05c]. On constate l encore que la dtermination de tous les ID spcifiques
l'alcali-raction n'est pas systmatiquement ncessaire (1, 2 ou 3 sont requis, suivant
les cas). En particulier, cette mthodologie n'impose pas systmatiquement la mise
en uvre d'essais "lourds".

7.2.4 - Mthodologie de slection ou de qualification de formules de bton pour un


ouvrage en bton (arm) donn
Pour slectionner ou qualifier une formule de bton en vue de la construction d'un
ouvrage, on vrifiera que l'ensemble des spcifications performantielles figurant dans
le cahier des charges de l'ouvrage, tablies par exemple selon les
recommandations faites ici (notamment selon les spcifications-types proposes),
sont respectes, tel qu'illustr en figure 7.2 (processus n 2). Cette vrification
s'effectuera en mesurant, sur des prouvettes fabriques en laboratoire et dans les
conditions requises par les protocoles d'essai, les diffrents ID impliqus dans les
spcifications.

La vrification des critres figurant dans les spcifications doit naturellement


prendre en compte les prcision/incertitudes inhrentes aux mthodes de
dtermination considres (cf. 7.1.3 [BARO 04b], [CHLO 05d], [CAST 06],
[RGCU 07e]).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 206


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8 - TEMOINS DE DUREE DE VIE ET MODELES PREDICTIFS : CORRELATION


DURABILITE "POTENTIELLE" ET DURABILITE IN SITU, MODELISATION
"MULTI-NIVEAUX", VALIDATION DES MODELES, PREDICTION DE LA DUREE
DE VIE D'UN OUVRAGE NEUF (PHASE DE CONCEPTION), DIAGNOSTIC ET
EVALUATION DE LA DUREE DE VIE RESIDUELLE D'OUVRAGES EXISTANTS

8.1 - Introduction
La nouvelle approche de la durabilit peut galement tre utilise sous un aspect
plus quantitatif des fins de prdiction de la dure de vie d'un ouvrage neuf en bton
arm en phase de conception, ou de diagnostic (in situ) et d'valuation de la dure
de vie rsiduelle d'ouvrages existants (ventuellement dgrads).

La dmarche propose pour l'valuation et la prdiction de la dure de vie s'articule


autour de trois outils essentiels : les indicateurs de durabilit, le(s) modle(s)
prdictif(s) (jouant un rle central) et les tmoins de dure de vie (cf. Figure 8.1).

Il est important de rappeler ici que la prdiction de la dure de vie des ouvrages de
gnie civil et de btiment se heurte notamment deux difficults majeures :
une dure de vie exige particulirement grande (cf. 1.8),
la multitude des combinaisons possibles d'agressions/sollicitations (par des
agents internes ou externes).
Donc tout naturellement, plus l'exigence de prdiction "fine" sera forte et la dure de
vie exige sera longue, plus il sera ncessaire de recourir des outils "sophistiqus"
et prcis.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 207


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 208


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

donnes
d'entre du
Indicateurs de durabilit modle

Modle
- quations d'tat - quations de transport
- C.I. et C.L. - "lois" de variation des indicateurs : f(t, T, HR, x, )

Mesure des indicateurs de durabilit Calibration des "lois"


in situ des chances donnes incluses dans le modle sorties
numriques
du modle

Tmoins de dure de vie calculs

- cintiques x = x(t)
- profils c = c(x,t)

Figure 8.1 : Mise en uvre de l'approche dveloppe pour la prdiction de la dure de vie : connexions
entre les trois outils fondamentaux (indicateurs de durabilit, modle(s) prdictif(s) et tmoins de dure de
vie). Rle central du modle.
C.I. : conditions initiales x : profondeur de pntration de l'espce
C.L. : conditions aux limites c : concentration de l'espce

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 210


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.2 - Tmoins de dure de vie - Dfinitions


Les tmoins de dure de vie constituent des donnes pertinentes indispensables
pour le suivi in situ des structures et la prdiction de leur dure de vie rsiduelle.

Les modles prdictifs doivent permettre, partir des donnes d'entre que
constituent les indicateurs de durabilit, de fournir en tant que "sorties" des valeurs
numriques pour les tmoins de dure de vie (cf. Figure 8.1). Les dfinitions prcises
de ces tmoins de dure de vie, ainsi que des mthodes de mesure dans le cas de
la protection vis--vis de la corrosion des armatures initie par la carbonatation ou
par les chlorures, sont prsentes dans les suivants.

8.2.1 - Dfinitions dans le cas de la corrosion des armatures


Dans le cas de la corrosion des armatures, les tmoins de dure de vie sont dfinis
de la faon suivante :
environnement sans chlorure : volution de la profondeur carbonate
(caractrisant la zone o pH 9) en fonction du temps (cintique), ou profil de
teneur en CaCO3 (ou en Ca(OH)2 rsiduelle) et volution en fonction du temps,
en prsence de chlorures : volution de la profondeur de pntration des
chlorures (caractrisant la zone o [Cl-] [Cl-]crit.) en fonction du temps
(cintique), ou profil de [Cl-] et volution en fonction du temps (o [Cl-] est la
concentration en chlorures "libres" ou totaux, selon le critre adopt).
On notera que [Cl-"libres"]crit. dpend en fait de [OH-]. Ce dernier paramtre est difficile
dterminer directement dans un bton. On peut toutefois estimer sa valeur partir
de la teneur en alcalins du ciment, de la teneur en ciment du bton et du volume
poreux du bton. On prend classiquement un rapport [Cl-]/[OH-] compris entre 0,6 et
1. Ceci conduit gnralement, d'aprs la littrature (voir [BARO 07c]), une valeur
de [Cl-"totaux"]crit. ou [Cl-"libres"]crit. de lordre de 0,4 % par rapport la masse de ciment,
pour un bton non carbonat.
en conditions non satures : cintique et profil hydriques et volution en fonction
du temps.

8.2.2 - Dfinitions dans le cas de l'alcali-raction


Dans le cas de l'alcali-raction, lorsque la dure de vie est dfinie comme le temps
mis pour que le gonflement atteigne une valeur critique donne (cf. 3), pourront
tre considrs comme tmoins de dure de vie :
l'chelle du matriau
la courbe de gonflement obtenue sur prouvettes de laboratoire par exemple
lors de "l'essai de performance" dfini selon la norme NF P 18-454 [AFNO 04a]
(cf. Figure 4.2), ou la courbe de gonflement rsiduel obtenue sur carottes
extraites d'une structure existante (cintique),
l'chelle de la structure
le gonflement structurel dfini comme la variation de la distance entre deux
points dans une zone qui gonfle.

Lorsque la dure de vie est dfinie comme le temps mis pour que la fissuration du
matriau atteigne une ouverture critique donne (cf. 3), pourront tre considrs
comme tmoins de dure de vie :
l'chelle du matriau
l'ouverture des fissures,
l'chelle de la structure

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 211


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

l'indice de fissuration d'un parement. Cet indice fournit une indication globale
sur l'importance de la fissuration d'une structure en bton arm. Il reprsente la
valeur de l'ouverture cumule moyenne des fissures par mtre de parement.

8.2.3 - Remarques
Naturellement d'autres tmoins de dure de vie que ceux cits prcdemment sont
envisageables, en fonction des possibilits de calcul et de mesure. Par exemple, vis-
-vis de la corrosion des armatures, le pH peut paratre un tmoin pertinent.
Toutefois, il sera dans ce cas difficile de valider exprimentalement les simulations
numriques car peu de techniques de mesure existent et celles-ci sont difficiles
mettre en uvre (extraction de la solution interstitielle par pression [LONG 73] et
mesure du pH, par exemple [BARO 94]), les indicateurs colors pulvriss sur des
surfaces fraches de bton ne fournissant qu'un front la valeur de virage de
l'indicateur (pH 9 pour la phnolphtaline, pH 10 pour la thymolphtaline, ..., cf.
8.3.2.2).

Il est utile de prciser que les tmoins de dure de vie dtermins


exprimentalement peuvent galement tre utiliss sans but de prdiction. Les
profils peuvent par exemple permettre une investigation fine de certaines proprits
en fonction de la profondeur, et donc permettre de quantifier les gradients de
proprits gnrs par les conditions environnementales, la cure, le malaxage, ... (cf.
8.3).

On remarquera que des tmoins de dure de vie pour un modle "matriau" (ou le
module "matriau" d'un modle multi-chelles) peuvent devenir indicateurs de
durabilit ou paramtres complmentaires (i.e. donnes d'entre) pour un modle
une chelle suprieure (par exemple celle de la structure). Typiquement, dans le cas
de l'alcali-raction, pour les modles explicatifs ou prdictifs "matriau", tels que
ceux relatifs l'approche dveloppe par Sellier & Capra [SELL 97], [CAPR xx] par
exemple, la courbe de gonflement est observe. De mme, dans l'approche de Li &
Coussy [LI 02] intgrant un couplage chimie-mcanique, partir de variables
macroscopiques telles que le degr d'avancement de l'alcali-raction, on restitue la
courbe de gonflement. Cette courbe tient donc lieu de tmoin de dure de vie
l'chelle de l'prouvette. Dans les modles prdictifs "structure" (ou le module
"structure" d'un modle multi-chelles) destins au diagnostic d'ouvrages et tablis
l'chelle macroscopique, la courbe de gonflement intervient en tant que paramtre du
matriau constitutif de la structure. C'est le cas, par exemple, dans la seconde tape
de l'approche de Li & Coussy [LI 02], qui consiste effectuer un calcul l'chelle de
la structure en intgrant le modle de comportement du matriau prcdemment
voqu. Dans ces exemples, la courbe de gonflement sur prouvette permet de faire
le lien entre les deux catgories de modles : de tmoin de dure de vie pour la
premire catgorie, et donc sortie du modle comparer directement avec des
rsultats exprimentaux, elle devient indicateur de durabilit, et donc donne
d'entre, pour la seconde catgorie. En ce qui concerne la corrosion des armatures,
la teneur en portlandite (et son volution en fonction du temps et de l'espace) peut
galement jouer ce rle de lien entre deux catgories de modles.

8.2.4 - Analyse des cintiques


Il est important de noter que mme si les tmoins de dure de vie sont btis sur le
mme principe pour les diffrents processus de dgradation considrs, ces tmoins

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 212


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

sont susceptibles de quantifier des mcanismes trs diffrents. Ainsi, il existe


diffrents types de cintiques.

Si l'on considre par exemple tout d'abord l'volution des dformations (libres) de
gonflement d l'alcali-raction, mesures sur une prouvette de bton, on constate
que la courbe a une allure typique en "s" : le gonflement s'amorce relativement
lentement, puis s'acclre jusqu' atteindre un palier (cf. Figure 8.2) [LCPC 03b].
Cette courbe, diffrente d'un bton l'autre, est caractrise, d'aprs une
modlisation chimico-mcanique [ULM 00], [LI 02], par 3 paramtres : le temps de
latence L (phase dacclration des dformations), l'amplitude maximale de
gonflement (ou gonflement asymptotique) et le temps caractristique c (phase
dattnuation exponentielle des dformations) (cf. Figure 8.2). Ces paramtres
dpendent des conditions ambiantes de temprature et d'HR.

Considrons maintenant la cintique d'avancement du front de carbonatation ou de


pntration des chlorures (volution de la profondeur en fonction du temps). Si l'on
suppose que l'on est en prsence d'un processus de diffusion "pure" dans un demi-
espace infini, cette cintique s'exprimera thoriquement selon une loi en racine
carre du temps, indpendamment du caractre linaire ou non-linaire de l'quation
de diffusion. Il n'y a donc dans ce cas pas de temps caractristique.

Cependant, selon les conditions environnementales ou les conditions d'essai, les


cintiques relles d'avancement du front de carbonatation ou de pntration des
chlorures s'cartent d'un processus de diffusion "pure" (et donc d'une loi en racine
carre du temps), du fait de l'occurrence de processus chimiques, de mouvements
d'eau concomitants, ..., et sont par consquent de ce fait difficiles modliser. Par
exemple, on peut mettre en vidence, sur les cintiques de carbonatation acclre,
une divergence (souvent une valeur plus faible) partir d'une certaine dure d'essai
acclr par rapport la loi en racine carre du temps (cf. Figure 8.3 et galement
figure 8.19a au 8.6.2 [THIE 06a]). Ce comportement peut notamment tre attribu
la modification de la structure poreuse, qui concerne une paisseur significative au
bout d'un certain temps de carbonatation acclre. Cette modification de la
structure poreuse est une rduction de la porosit totale par le remplissage
progressif des pores situs dans la zone superficielle par les produits de la raction
de carbonatation (voir la revue de la littrature figurant dans [BARO 94], [BARO 04b]
ou [THIE 06a]) qui :
cristallisent prfrentiellement dans les zones poreuses,
ont un volume molaire suprieur celui des hydrates partir desquels ils se sont
forms. Par exemple, la diffrence de volume molaire entre CaCO3 et Ca(OH)2,
ou entre un C-S-H sain et un C-S-H carbonat, est d peu prs 4 cm3/mol, selon
[PAPA 91a]. On notera toutefois que, dans le cas des C-S-H, la variation de
volume molaire dpend du rapport C/S [THIE 06a],
et une modification de la rpartition des volumes poreux en fonction des dimensions
de pores au cours de la carbonatation. Aprs carbonatation acclre, on constate
en effet :
une diminution significative de l'amplitude du mode poreux principal (remplissage
d'une partie des vides capillaires initiaux),
la cration dun nouveau mode poreux, correspondant des rayons plus grands,
uniquement pour les btons fort rapport E/C (suprieur 0,7) [THIE 06a].
Ce phnomne a galement t observ en environnement naturel. Ainsi, une valeur
plus faible a t mesure l'chance de 4 ans sur le site exprimental de Melun,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 213


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

par rapport celle prvue par la loi en racine carre du temps (cf. Figure 8.20 au
8.6.3 [BARO 04c], [BARO 05b]).

On notera que ces modifications microstructurales sont galement visibles sur les
isothermes de dsorption ou d'adsorption de vapeur d'eau du matriau. En effet, ces
dernires sont plus aplaties (c'est--dire que la teneur en eau d'quilibre est plus
faible une HR donne) lorsque le matriau est carbonat [PIHL 82], [HOUS 94],
[VILL 08a], tmoignant d'une modification des proprits hydriques du matriau. Par
ailleurs, la raction chimique de carbonatation libre une partie de leau qui tait
lorigine lie chimiquement aux hydrates [THIE 03]. Selon les conditions
environnementales, des hydratations diffres (et des re-prcipitations de produits
pralablement dissous) sont donc susceptibles de se produire dans les zones
concernes.

Ces modifications microstructurales (et hydriques) finissent donc par ralentir la


pntration (diffusion) du CO2 (phnomne d'autoprotection). De plus, localement les
hydrates sont moins accessibles (formation d'une gangue de CaCO3 la surface de
la portlandite, par exemple [GROV 90], [RAFA 01], [RAFA 02], [THIE 04], [THIE
07b]). Ces phnomnes sont naturellement fonction des caractristiques du matriau
(porosit, nature du ciment, etc.) et des conditions environnementales.

Des considrations cintiques permettent galement d'expliquer la carbonatation


concomitante de Ca(OH)2 et des C-S-H. En effet, malgr ce que prvoit une analyse
thermodynamique seule, les travaux exprimentaux mens en collaboration entre le
LCPC (V. Baroghel-Bouny, T. Chaussadent et G. Villain) et le LERM (H. Hornain et
N. Rafa) dans le cadre du Thme de Recherche OA9 (cf. Prambule) [RAFA 02]
ont mis en vidence quune proportion importante (de 20 30 %) du CaCO3 form
provenait de la carbonatation de composs autres que la portlandite (essentiellement
les C-S-H, mais galement les aluminates de calcium hydrats et l'ettringite). Les
observations faites par ATG ont t valides par dosage isotopique du carbone et de
loxygne, par dosage du CO2 par volumtrie et par des examens au microscope
optique en lumire transmise et au microscope lectronique balayage [RAFA 01],
[RAFA 02]. Les C-S-H se carbonatent donc y compris lorsque la portlandite est
encore prsente. Ces rsultats exprimentaux sont trs utiles pour le dveloppement
et la validation de modles numriques pertinents de carbonatation dans les btons,
prenant en compte les mcanismes physico-chimiques rels et les diffrentes
espces chimiques impliques (Ca(OH)2, C-S-H, ...) (cf. 8.4.6 et 8.6.2).

En outre, en conditions acclres, Thiery [THIE 06a] a mis en vidence


numriquement un dcalage de l'origine (cf. Figure 8.4 et figure 8.19a au 8.6.2),
indiquant qu'un certain temps est ncessaire pour carbonater suffisamment la zone
superficielle de l'chantillon, c'est--dire pour faire diminuer le pH au-dessous de 9
(et permettre un virage de l'indicateur color), tant donn que les ractions
chimiques ne sont pas considres comme instantanes dans le modle utilis (cf.
8.4.6).

On notera par ailleurs que la prsence en quantit importante de cristaux de


Ca(OH)2 aux interfaces pte-granulat et le fait que ces zones poreuses puissent
constituer des cheminements prfrentiels pour le CO2 l'issue du schage de
l'prouvette sont susceptibles d'induire une carbonatation acclre plus facile/rapide

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 214


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

pour un bton, par rapport celle de la pte quivalente sa matrice [RAFA 01],
[THIE 06a].

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0.25 ASR-extent
Expansion(%)
(%)

0.20

0.15 L
0.10
0.05

0.00
4 c Temps
time (jours)
(days)
0 100 200 300 400 500 600

: amplitude maximale de gonflement


c : temps caractristique
L : temps de latence

Figure 8.2 : Expansion longitudinale due l'alcali-raction observe sur prouvettes de bton en conditions
de laboratoire (ambiance humide et T = 23 C), d'aprs [LCPC 03b].

14
Profondeur de carbonatation (mm)

12 HR = 71,5 %
E/C=0,60 (CP)
10
E/C=0,45 (CN)
8 E/C=0,35 (CO)
6

0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Racinecarre
Racine du temps (j1/2) (j1/2)
du temps

Figure 8.3 : Cintiques de carbonatation (essai acclr en laboratoire avec [CO2] = 50 % et HR = 71,5 %)
pour des ptes de mme ciment CEM I 52,5 et de diffrents rapports E/C, obtenues partir du test la
phnolphtaline effectu diffrentes chances, d'aprs [BARO 04a].

50
M25
M40
M50
40

30
X (mm)
C

20

10

0
0 2 4 6 8
t (j)

Figure 8.4 : Cintiques de carbonatation des btons M25, M40 et M50, prpars partir d'un mme ciment
CEM I 52,5 et de E/C respectifs 0,84, 0,62 et 0,48 - Simulations numriques par le modle physico-chimique
LCPC et rsultats exprimentaux (test la phnophtaline) obtenus en conditions acclres en laboratoire
([CO2] = 50 %, HR = 53 % et T = 20 C), d'aprs [THIE 06a].

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.3 - Mesure des tmoins de dure de vie en laboratoire et en environnement


naturel : dveloppement / adaptation / validation de mthodes - Exemples dans
le cas de la corrosion des armatures et du gel en prsence de sels
Suivant les cas, il a t ncessaire de mettre au point, d'adapter ou simplement de
valider des mthodes de mesure des tmoins de dure de vie en laboratoire et en
environnement naturel. Des exemples sont prsents dans ce qui suit pour le cas de
la corrosion des armatures et du gel en prsence de sels.

8.3.1 - Evolution de la teneur en eau et de sa distribution en fonction du temps


Non seulement pour la comprhension des phnomnes, mais galement pour la
validation des modles, il est ncessaire de pouvoir accder exprimentalement aux
cintiques et aux profils de teneur en eau (ou de taux de saturation) rgnant dans un
lment de structure en bton. Ces donnes peuvent tre obtenues par
gammadensimtrie, en laboratoire (cf. Figures 5.8, 5.9, 5.22, 5.23 et 8.13) (voir
galement [BARO 94], [BARO 99b], [BARO 02a], [VILL 04], [VILL 06a], [BARO 07e])
ou aprs prlvement in situ (cf. Figure 5.10) [BARO 04c], [BARO 04d], par sondes
capacitives [BARO 02a] ou encore par sondes hygromtriques. Dans ce dernier cas,
la connaissance de l'isotherme de dsorption (et/ou d'adsorption) de vapeur d'eau du
matriau aux tempratures considres est ncessaire pour passer de l'humidit
relative directement mesure (cf. Figure 5.11) la teneur en eau ou au taux de
saturation.

La cohrence avec les peses, et donc la validit, des mesures par


gammadensimtrie pour quantifier les profils hydriques a t vrifie dans la
rfrence [BARO 94] (utilisation des fonctions de Riemann pour approximer la valeur
de l'intgrale des mesures par gammadensimtrie sur toute l'prouvette). La
concordance entre mesures par gammadensimtrie et mesures par sondes
capacitives a galement t mise en vidence en comparant les mesures par
gammadensimtrie avec la diminution de teneur en eau exclusivement due au
schage exogne, dduite des mesures par sondes capacitives. Une comparaison
entre mesures par gammadensimtrie, mesures par sondes capacitives (aprs
dduction de la part due l'hydratation pour la priode 0-112 jours [KHEL 02]) et
peses est illustre en figure 8.5, pour des prouvettes de bton BO-SN soumises
un schage HR = 50 5 % et T = 20 1 C ds le jeune ge [KHEL 02].

8.3.2 - Evolution de la profondeur et du profil de carbonatation en fonction du temps

8.3.2.1 - Essai acclr


A la suite des travaux du Groupe de Travail "Durabilit des btons" (cf.
Prambule), l'AFPC-AFREM a publi en 1998 [AFPC 98] des recommandations pour
la ralisation d'essais acclrs de carbonatation. En parallle, dans le cadre du
Thme de Recherche OA9, le rseau des LPC s'est quip en stations de
carbonatation acclre (cf. Figure 8.6). Sur la base de rsultats obtenus au cours
de ce Thme de Recherche (voir par exemple [OUNO 01], [BARO 02a], [RAFA 02]),
des travaux ont ensuite t raliss en collaboration entre le LCPC et les LRPC
[VILL 07b], dans le cadre de l'Opration de Recherche 11B021, afin d'amliorer le
mode opratoire de l'essai (cf. 9.1). L'amlioration porte notamment sur le
protocole de prconditionnement des prouvettes (schage pralable l'exposition
au CO2) [LCPC 08], dans le but :
d'accrotre l'efficacit du schage sans augmenter excessivement la longueur de
l'essai et sans dtriorer le matriau,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 219


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

d'obtenir une humidit rpartie de faon homogne dans l'prouvette aprs


prconditionnement et avant carbonatation.
L'amlioration apporte concerne galement les prouvettes (dimensions,
tanchit, ...) [VILL 07b], [LCPC 08]. Le prconditionnement recommand est : 28
jours T = 60 5 C et HR = 65 5 %, avec monte et descente en temprature
progressives [LCPC 08]. En effet, le mode opratoire AFPC-AFREM
(prconditionnement : 2 jours T = 40 C) convient bien aux btons de porosit
leve (Rmoy.28 < 30 MPa). Par contre, le schage prconis est insuffisant pour des
btons avec Rmoy.28 40-50 MPa. Dans le cas de ces btons peu poreux
prconditionns selon le mode opratoire AFPC-AFREM, durant l'exposition au CO2
( HR = 65 %), la diffusion du CO2 gazeux vers le cur de l'prouvette et le
processus de carbonatation sont gns par un taux de saturation trop lev et par le
schage concomitant induit par l'exposition HR = 65 % (diffusion de l'eau dans le
sens oppos) [BARO 04c]. L'inadquation du protocole d'essai acclr
(prconditionnement) avait notamment t mis en vidence dans le cadre du Projet
National BHP 2000 en comparant les rsultats obtenus en conditions acclres et
en conditions naturelles pour une srie de 15 btons [BARO 04c]. En particulier, pour
certains btons, la profondeur carbonate obtenue l'issue de l'exposition en
conditions naturelles pendant 1 an ou 4 ans tait suprieure celle obtenue aprs 14
jours d'essai acclr. De plus, les classements obtenus pour la srie des 15 btons
en conditions acclres et en conditions naturelles taient diffrents. Ces rsultats
montrent par ailleurs que des rsultats de carbonatation acclre (seuls) sont
insuffisants pour se prononcer sur la durabilit.

A lissue de ces travaux, la teneur en CO2 reste nanmoins optimiser. Les


modifications microstructurales induites par l'exposition une trs forte teneur en
CO2 ne doivent en particulier pas tre ngliges. A titre d'information, la plupart des
modes opratoires europens (et amricains, japonais, ...) ne prconisent que
rarement une teneur en CO2 suprieure 5 % (voir galement [BARO 04c]). Cette
tche doptimisation se fera en liaison avec les travaux europens de normalisation
(d'un essai de carbonatation acclre harmonis) mens dans le cadre du Groupe
de Travail CEN/TC51-TC104/WG12/TG5 "Corrosion of reinforcement - Performance-
related test methods" (cf. 10.6), commun aux commissions europennes de
normalisation des ciments (CEN/TC51) et des btons (CEN/TC104).

8.3.2.2 - Mesure de la profondeur carbonate


Lorsque seule est requise la dtermination de l'avancement du "front" de
carbonatation (pH 9), l'utilisation d'un indicateur color pour valuer la profondeur
carbonate (xc) est envisageable, que ce soit en laboratoire ou sur ouvrage. La
mesure s'effectue sur une fracture frache de bton. L'indicateur le mieux adapt est
la phnolphtaline dont le pH de virage de la couleur rose incolore se situe entre 9
et 10, la coloration incolore indiquant la zone o pH < 9, c'est--dire la zone
carbonate (cf. Figure 8.7a). La thymolphtaline peut galement tre utilise. La
zone de virage se situe dans ce cas entre 10 et 11. Les rsultats exprimentaux
mettent en vidence des rsultats trs proches dans le cas des deux indicateurs
colors [OUNO 01], [THIE 06a]. Il semblerait toutefois que le front soit plus visible
pour tout type de liant (en particulier en prsence de laitiers) avec la phnolphtaline
(rose/incolore), qu'avec la thymolphtaline (bleu/incolore).

Les rfrences [AFPC 98] et [LCPC 08] incluent des recommandations pour la
mesure de la profondeur de bton carbonat, des chances donnes, par

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 220


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

phnolphtaline. Ces recommandations sont bases sur la mthode RILEM CPC-18


[RILE 84]. La dispersion observe, d'aprs le mode opratoire des LPC [LCPC 08],
est de 1,5 mm. Une spcification technique europenne (CEN) est galement
dsormais disponible (dcrivant un essai de carbonatation long terme en enceinte
climatique, pendant 2 ans, ou en conditions naturelles, pendant 10 ans) [CEN 03a],
ainsi qu'un rapport CEN [CEN 03b]. Ces derniers documents ont t tablis dans le
cadre du CEN/TC51-TC104/WG12/TG5.

Le front net observ par la mthode de pulvrisation dun indicateur color permet de
suivre exprimentalement de faon simple la cintique de carbonatation. A titre
d'illustration, l'avancement du front de carbonatation en fonction du temps
(cintique), au cours d'un essai acclr ralis en laboratoire (profondeur
carbonate mesure par phnolphtaline aux chances de 7, 14 et 28 jours, selon
les recommandations de l'AFPC-AFREM) sur les btons M25, CFA et BO gs de
90 jours au dmarrage de l'essai, est prsent en figure 8.7b. Des rsultats
intressants sur linfluence du E/C et de la nature du liant sur la cintique de
carbonatation ont de plus t mis en vidence dans le cadre du Thme de
Recherche OA9 [OUNO 01].

8.3.2.3 - Mesure du profil de carbonatation


Dans le cas o la dtermination du profil de teneur en hydroxyde de calcium Ca(OH)2
rsiduel et/ou en carbonate de calcium CaCO3 (ou CO2 de carbonatation) noform
est requise, on peut utiliser l'ATG complte par une analyse chimique (cf. 6.2.3).
Pour ce qui concerne l'ATG, on pourra se rfrer aux premires rfrences sur le
sujet (par exemple [MIDG 79], [PARR 89]). Pour dterminer le profil de teneur en
CO2 de carbonatation, il est galement possible d'utiliser des mthodes
danalyse plus spcifiques et plus sophistiques (le dosage isotopique du carbone et
de l'oxygne ou le dosage volumtrique du CO2 [RAFA 02]), ou encore les mesures
gammadensimtriques [VILL 06a], [VILL 07a]. Ces dernires prsentent l'avantage
d'tre semi-destructives (pas de prlvements successifs en fonction de la
profondeur sur l'prouvette ou sur la carotte, pour analyse) et donc en particulier de
permettre des investigations successives au cours du temps sur une mme
prouvette de laboratoire. Les mesures gammadensimtriques permettent
galement d'accder d'autres paramtres utiles (porosit, taux de saturation, ...),
comme dj mentionn.

La dtermination du profil est importante car elle permet une quantification plus
prcise de l'tat de carbonatation en fonction de la profondeur (trs utile par exemple
pour la validation des modles, cf. 8.4), et pas seulement la quantification de
l'volution d'un "front", dont la traduction en terme de teneur en portlandite Ca(OH)2
rsiduelle peut varier d'un matriau un autre [HOUS 02], [BARO 04c]. La
dtermination du profil permet en particulier la quantification d'une carbonatation
partielle.

A titre d'exemple, un gradient de carbonatation a t mis en vidence dans des


prouvettes de pcd CN l'issue d'un essai acclr de carbonatation (cf. Figure 8.8)
[RAFA 02]. Une carbonatation partielle a ainsi t dtecte la fois au-del et en-
dea du "front" de carbonatation identifi par l'indicateur pH-mtrique
(phnolphtaline) (par exemple xc = 5 mm aprs 28 jours d'essai acclr, cf. Figure
8.8). La carbonatation (partielle) dtecte pour x > xc indique probablement que dans
cette zone la teneur en Ca(OH)2 rsiduelle suffit maintenir le pH au-dessus de 9.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 221


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

La valeur-seuil de teneur en Ca(OH)2 gnrant le virage de la phnolphtaline a t


estime ici environ 13,5 %. La prsence de Ca(OH)2 dtecte pour x < xc peut
quant elle sexpliquer par une difficult daccessibilit la portlandite rsiduelle,
lorsque cette dernire est prsente hors du rseau (capillaire) de diffusion du CO2,
sous la forme de microcristaux dissmins dans le rseau des C-S-H, ou lorsque les
cristaux de Ca(OH)2 sont recouverts d'une couche de CaCO3 (gangue) qui devient
de plus en plus paisse et donc "tanche" au CO2 dans les conditions de l'essai
acclr (cf. 8.2.4). Sur site naturel, on observe par contre une consommation
totale (aux incertitudes/imprcisions inhrentes aux mesures par ATG prs) de la
portlandite en zone superficielle dans les matriaux trs poreux (cf. Figure 8.9a pour
le M25, o la teneur en Ca(OH)2 est nulle sur une paisseur de 8 mm) [BARO 04c]
(conformment [PARR 89]). Cette observation peut tre attribue une faible
teneur en Ca(OH)2 initiale in situ rsultant d'un faible degr d'hydratation
(dessiccation prcoce dans la zone superficielle due l'absence de cure, alors que
l'prouvette de laboratoire est pralablement conserve dans l'eau), aux chances
nettement plus tardives d'observation (par exemple 4 ans) et/ou l'absence de
formation de gangues de CaCO3 in situ (le lecteur pourra se reporter l'analyse
dtaille figurant dans [BARO 04c]).

Ces profils sont d'autant plus utiles pour prvoir la durabilit des BHP que dans la
plupart des cas, particulirement court terme en conditions naturelles ou quelle que
soit l'chance en conditions acclres, une profondeur carbonate nulle est
dduite des mesures par l'indicateur pH-mtrique dans ces btons [BARO 04c].
Ainsi, un gradient de carbonatation a pu tre mis en vidence en fonction de la
profondeur, et une teneur rsiduelle en Ca(OH)2 de 1,25 % (moyenne enregistre
entre 0 et 5 mm) a pu tre mesure par ATG en zone superficielle, sur le B60FS du
tablier du Pont de l'Ile de R g de 14 ans [BARO 04d], alors qu'aucun front n'tait
dtect par phnolphtaline (cf. Figure 8.9b), confirmant moyen terme la trs
bonne rsistance de ce bton la pntration du CO2 (Ca(OH)2 consomme moins
de 50% sur les 5 premiers millimtres et absence de carbonatation au-del de 10
mm).

8.3.3 - Evolution de la profondeur et du profil de pntration des chlorures en


fonction du temps

8.3.3.1 - Mesure des profils de concentration en chlorures "libres" et totaux


8.3.3.1.1 - Mthode
Dans le cas o la dtermination de l'ensemble du profil de concentration en chlorures
"libres" et/ou totaux est requise, ce dernier peut tre obtenu l'aide du dosage des
chlorures par analyse chimique (potentiomtrie) de chaque chantillon de bton
prlev (de poudre par forage diffrentes profondeurs [AFPC 98], ou par
"grignotage" [BARO 02a] ou encore par sciage sous alcool ou sec puis broyage),
par pas espacs de quelques mm dans la zone fortement contamine par les
chlorures et plus larges dans le reste de l'prouvette.
8.3.3.1.2 - Illustration : spcificits des BHP
Les profils de concentration en chlorures totaux, mesurs sur des corps d'preuve
aprs 4 ans d'exposition sur le site de La Rochelle (zone de marnage), sont
prsentes en figure 8.10 [BARO 04c]. On constate que tous les btons hautes
performances prsentent un profil monotone dcroissant (du type "diffusion pure")
l'chance considre, indiquant que la zone d'influence des cycles d'humidification-
schage a une trs faible paisseur (< 5 mm) dans ces btons et que par

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 222


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

consquent cette influence n'est pas dtectable sur les profils. Dans ces matriaux,
le schage ne concerne en effet qu'une trs faible paisseur, tant donn la faible
porosit et la finesse du rseau poreux. Cette observation est susceptible de faciliter
la modlisation de la pntration des chlorures dans ce type de matriau (cf.
8.6.4). Les profils des autres btons prsentent un maximum tmoignant de
l'influence des cycles d'humidification-schage jusqu' cette profondeur. Malgr une
concentration leve en surface, les profils obtenus sur les BHP mettent en vidence
la plus faible pntration des ions chlorure dans ces btons, en particulier dans les
btons M100FS et M120FS. Ces deux derniers btons se distinguent en effet par
une profondeur de pntration trs faible et par des concentrations trs faibles une
profondeur donne dans la zone o les chlorures ont pntr. Par exemple, la
concentration en chlorures totaux est infrieure 0,05 g, pour 100 g de bton sec,
pour M100FS et M120FS au-del de 10 mm sur ce site de la Rochelle [BARO 04c].

8.3.3.2 - Mesure de la profondeur de pntration des chlorures


8.3.3.2.1 - Mthodes
Lorsque seule est requise la dtermination de l'avancement du "front" de pntration
des chlorures ([Cl-] [Cl-]crit., o [Cl-] est la concentration en chlorures "libres" ou
totaux, selon le critre adopt), la profondeur de pntration des chlorures
correspondant la concentration critique peut tre estime par colorimtrie. Deux
mthodes peuvent notamment tre appliques :
la pulvrisation dun ractif, le nitrate dargent AgNO3 0,1 N [OTSU 92], et
ventuellement dun rvlateur, le chromate de potassium K2CrO4, selon la
mthode propose par Maultzsch et dveloppe au LCPC [BARO 02a], [BARO
04h], [BARO 07c] (cf. Figure 8.11a),
la pulvrisation de fluorescine et d'AgNO3 0,1 N, selon la mthode de Collepardi
[COLL 97].
Dans le cas o des profils de concentration en chlorures "libres" ou totaux ont t
dtermins (cf. 8.3.3.1), l'avancement du "front" de pntration des chlorures peut
galement tre valu (sans avoir recours des mesures supplmentaires de
colorimtrie) en dterminant la profondeur correspondant la concentration critique,
partir des profils obtenus diffrentes chances [BARO 04h], [BARO 07c].
8.3.3.2.2 - Illustration
L'avancement du front de pntration des chlorures en fonction du temps (cintique),
obtenu par colorimtrie, au cours d'un essai de diffusion en rgime non stationnaire
ralis en laboratoire sur des btons gs de 90 jours au dmarrage de l'essai, est
prsent en figure 8.11b. La solution diffusante contient NaCl = 30 g.L-1 et NaOH =
0,1 M. La profondeur de pntration xd des chlorures a t mesure par colorimtrie
[AgNO3 + K2CrO4].
8.3.3.2.3 - Comparaison de mthodes de mesure de la profondeur de pntration
des chlorures
Il a t montr que les diffrentes mthodes colorimtriques donnaient des rsultats
analogues et que la concentration en chlorures "libres" ou totaux correspondant au
seuil de dtection de ces mthodes tait infrieure ou gale la concentration
critique couramment considre [BARO 04h], [BARO 07c], [BARO 07d]. Plus
prcisment, AgNO3 seul et [AgNO3 + K2CrO4] donnent une bonne concordance : la
valeur de xd(AgNO3 + K2CrO4) est suprieure d'au maximum 1 mm par rapport
xd(AgNO3), en diffusion et en migration dans le cas du bton BO. On notera toutefois
que les mthodes colorimtriques associes aux chlorures peuvent fournir des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 223


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

rsultats moins prcis que celle associe la carbonatation et base sur la


phnolphtaline (du fait du contraste des couleurs) (cf. 8.3.2.2).

L'avancement du front de pntration des chlorures en fonction du temps (cintique),


dtermin par les mthodes colorimtriques AgNO3 seul et [AgNO3 + K2CrO4]
(mthode de Maultzsch) et par la mthode des profils, au cours d'un essai de
diffusion en rgime non stationnaire ralis en laboratoire, est prsent en figure
8.12. La solution diffusante contient NaCl = 30 g.L-1 et NaOH = 0,1 M. La
concentration en chlorures "libres" critique [Cl-"libres"]crit. a t suppose ici gale 0,4
% par rapport la masse de ciment. Une bonne concordance est mise en vidence.
Le lecteur pourra se reporter la rfrence [BARO 07c] pour une analyse dtaille
de ces mthodes et de ces rsultats.

8.3.4 - Evolution de l'caillage de parements exposs aux cycles de gel-dgel et aux


sels de dverglaage en fonction du temps
La comparaison des classements d'une srie de 15 btons bass sur l'caillage,
d'une part mesur (masse d'caillage) en laboratoire lors de l'essai acclr
normalis, et d'autre part constat in situ sur les parements des corps d'preuve du
site de Maurienne (ct chausse) exposs au gel et aux projections de sels de
dverglaage aux chances de 3, 4 et 6 ans, illustre dans les rfrences [BARO
04c] ou [BARO 04d], semble montrer une bonne cohrence. Il semble qu'in fine, ce
soient bien les mmes formules qui se dgradent dans les deux cas (cf. 5.10).
Nanmoins, seules les formules qui se sont rvles les plus sensibles l'issue des
mesures en laboratoire se dgradent in situ aux chances considres ici (jusqu' 6
ans). Ainsi, par exemple, la plupart des BHP ne se dgrade pas (cf. 5.10). On
constate de plus que le classement aprs quelques cycles d'essai acclr
normalis correspond plutt bien celui obtenu aprs environ 5 ans in situ.

L'essai acclr normalis semble donc bien jouer son rle ici : le classement
qu'il fournit est pertinent et il permet de discriminer rapidement les btons.

Toutefois, dans le but d'amliorer l'essai acclr, de rendre l'valuation in situ plus
quantitative (aspect fondamental pour la validation des modles), et donc de faciliter
la comparaison entre rsultats obtenus en conditions relles et en laboratoire, il
pourrait tre envisag de mesurer l'paisseur d'caillage au lieu (ou en sus) de
la masse d'caillage. Il peut en effet tre trs difficile de rcuprer in situ la totalit
des cailles, afin de les peser (comme dans le cas de l'essai acclr en
laboratoire), notamment dans le cas d'ouvrages rels. L'erreur commise alors sur la
mesure peut tre grande. Cette approche serait de plus en adquation avec les
modles de prdiction de la dure de vie lie l'caillage d au gel en prsence de
sels, actuellement dvelopps (bass galement sur le nombre de cycles de gel
[PETE 04], [FIB 06]).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 224


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

1,0

Perte relative de masse par vaporation (%)


0,8

0,6

0,4

0,2 Gammadensimtrie
Pese
Sondes capacitves (hydratation dduite)

0,0
0 100 200 300 400 500
Age (jours)

Figure 8.5 : Cintique de perte relative de masse d'eau par vaporation d'une prouvette de bton BO-SN
soumise un schage HR = 50 5 % et T = 20 1 C par une face, ds le jeune ge. Comparaison des
mesures effectues par pese, sondes capacitives (profondeur = 50 mm) et gammadensimtrie (moyenne
sur les 80 premiers mm), d'aprs [KHEL 02].
Dans le cas des sondes capacitives et sur la priode 0-112 jours, la diminution deau vaporable due aux ractions
dhydratation a t dduite de la diminution deau vaporable totale directement mesure.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

LCPC (Division BCC)

Figure 8.6 : Stations d'essais de carbonatation acclre du rseau des LPC, d'aprs [BARO 02a].

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
LCPC Paris
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

35
loi en t
CFA
xc pH < 9 30

Prof. carbonatate (mm)


M25 y = 5,4877x
25 BO R2 = 0,9982

20
y = 3,0811x
R2 = 0,9734
15

10
y = 0,6609x
R2 = 0,951
5

0
0 1 2 3 4 5 6
0,5
Racine carre du temps (j )
a) b)
Figure 8.7 : Tmoin de dure de vie relatif la corrosion des armatures : cintique de carbonatation.
a) illustration de la mthode d'valuation de la profondeur carbonate xc laide du test la phnolphtaline,
b) profondeur carbonate xc mesure laide du test la phnolphtaline en fonction du temps (cintique)
au cours d'un essai de carbonatation acclre en laboratoire ([CO2] = 50 % et HR = 65 %, selon le mode
opratoire AFPC-AFREM [AFPC 98]), pour diffrents btons gs de 90 jours au dmarrage de l'essai.

25 xc 28 jours

20
Teneur (%)

15

10

5 Ca(OH)2 - 7j CaCO3 -7j


Ca(OH)2 - 21j CaCO3 - 21j
Ca(OH)2 - 28j CaCO3 - 28j
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Profondeur (mm)

Figure 8.8 : Profils de teneur en Ca(OH)2 rsiduel et en CaCO3 noform, pour la pcd CN (ge de 6 mois
au dmarrage de l'essai), obtenus par ATG diffrentes chances au cours d'un essai de carbonatation
acclre en laboratoire ([CO2] = 50 % et HR = 65 %, selon le mode opratoire AFPC-AFREM [AFPC 98]),
et profondeur carbonate xc mesure par phnolphtaline l'chance de 28 jours, d'aprs [RAFA 02].

3,0 3,0
Ca(OH)2 rsiduelle
Ca(OH)2 rsiduelle 2,5
2,5 CO2 de carbonatation
CO2 de carbonatation
Teneur (%)

2,0 2,0
Teneur (%)

xc = 0
1,5 1,5

1,0 1,0
Xc(phnol.)
0,5 0,5

0,0 0,0
0 - 3,5 4-8 5,5 - 9,5 11-15,0 0-5 5-10 cur
Profondeur (mm) Profondeur (mm)

a) bton M25 - Corps d'preuve de Melun - 4 ans b) bton B60FS - Tablier du Pont de l'Ile de R - 14 ans
Figure 8.9 : Tmoins de dure de vie relatif la corrosion des armatures : profils de teneur en Ca(OH)2
rsiduelle et en CO2 de carbonatation, dtermins par ATG sur carottes prleves in situ, d'aprs [BARO
04d].
Les valeurs sont normalises par rapport la teneur en CO2 des granulats cur.

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Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

M25
Profondeur carbonate M25CV
0,6
M30CV

Conc. en Cl- tot. (g/100g bton sec)


0,5 M50
M50CV
0,4 M75
M75FS
0,3 M100FS
M120FS
0,2

0,1

0,0
0 5 10 15 20 25 30
Profondeur (mm)

Figure 8.10 : Tmoin de dure de vie relatif la corrosion des armatures : profil de concentration en
chlorures totaux obtenu pour diffrents btons partir de prlvements issus des corps d'preuve du site de
La Rochelle (zone de marnage) l'ge de 4 ans. Comparaison avec les profondeurs carbonates, d'aprs
[BARO 04c].

xd 40
M25
B35 loi en t
(mm)

30 B35EA
BO
d
Penetration depth x

20

10

0
0 2 4 6 8 10 12
Square root of time (d 0.5)

a) b)
Figure 8.11 : Tmoin de dure de vie relatif la corrosion des armatures : cintique de pntration des
chlorures.
a) illustration de la mthode d'valuation de la profondeur de pntration des chlorures xd laide du test colorimtrique
[AgNO3 + K2CrO4] sur le bton BO aprs 3 mois d'essai de diffusion en rgime non stationnaire en laboratoire,
b) profondeur de pntration des chlorures xd mesure laide du test colorimtrique [AgNO3 + K2CrO4] en fonction du
temps (cintique) au cours d'un essai de diffusion en rgime non stationnaire en laboratoire (30 g.L-1 NaCl + NaOH 0,1
M), pour diffrents btons gs de 90 jours au dmarrage de l'essai, d'aprs [BARO 07c].

40
M25 Xcrit. (profile)
(mm)

M25 Xd (AgNO3)
d

30 M25 Xd (Maultzsch)
Profondeur de pntration x

BO Xcrit. (profile)
BO Xd (AgNO3)
20 BO Xd (Maultzsch)

10

0
0 2 4 6 8 10 12
Racine carre du temps (jours0,5)

Figure 8.12 : Profondeur de pntration des chlorures xd en fonction du temps (cintique), au cours d'un
essai de diffusion en rgime non stationnaire ralis en laboratoire (solution diffusante : 30 g.L-1 NaCl+
NaOH 0,1 M). Comparaison des mthodes colorimtriques AgNO3 et [AgNO3 + K2CrO4] et de la mthode du
profil.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.4 - Modles prdictifs : caractristiques requises, tat de l'art, slection et


dveloppement de modles sur le principe d'une approche "multi-niveaux"

8.4.1 - Rle et caractristiques requises


Au regard des dures de vie vises pour les ouvrages, la modlisation reprsente le
seul outil sur lequel on puisse s'appuyer pour valuer le comportement long terme
des ouvrages et de l leur durabilit. Identifier les modles applicables et les valider
(plus prcisment valuer leur champ d'application, leurs limites, leur sensibilit et
leurs marges d'erreurs), et comparer diffrents modles, est un passage oblig avant
toute utilisation des fins de prdiction dans des cas concrets.

Dans le cadre de la nouvelle approche de la durabilit propose, les modles


prdictifs permettent d'accder aux tmoins de dure de vie (sorties numriques
de ces modles) partir des indicateurs de durabilit et ventuellement de
quelques paramtres complmentaires (donnes d'entre de ces modles). Le
modle joue donc ici un rle central. Les modles prdictifs pourront tre utiliss, soit
en phase de conception d'un ouvrage, soit lors du suivi d'un ouvrage existant afin
de rvaluer la prdiction initiale en prenant en compte le vieillissement du matriau
in situ ou afin de calculer la durabilit rsiduelle.

Diffrents types de modles existent. Les principaux critres de slection des


modles recommander parmi le grand nombre disposition sont les suivants :
les modles (et les hypothses associes) doivent tre fonds d'un point de vue
physique et chimique (exclusion des modles "botes noires"),
les paramtres fondamentaux du modle doivent tre les indicateurs de durabilit
slectionns, cest--dire quil doit y avoir cohrence entre l'approche dcrite
dans ce document et celle du modle. Ceci induira en particulier une grande
facilit d'utilisation du modle, car les donnes d'entre seront peu nombreuses
et aisment accessibles (ce sont les caractristiques mmes des indicateurs de
durabilit),
le modle doit tre aisment accessible (disponibilit du modle), afin de faciliter
la mise en pratique de la mthode, et tre flexible (c'est--dire offrir si possible
plusieurs options et permettre une amlioration aise en fonction des progrs
scientifiques),
En outre, comme mentionn prcdemment, les modles devront avoir fait l'objet
d'une tude de sensibilit permettant de quantifier l'impact de la variabilit des
donnes d'entre (rsultant des incertitudes de mesure, des incertitudes sur les
conditions aux limites, ...) sur les sorties (tmoins de dure de vie). En effet, de
faibles variations des donnes d'entre sont susceptibles d'affecter significativement
les prdictions. De plus, les prdictions ralises avec ces modles devront tre
accompagnes de leur domaine de validit. L'tude de sensibilit permettra en outre
d'identifier les paramtres les plus influents, qui requirent une dtermination prcise
ou qui seront slectionner comme variables probabiliser (cf. 11.4.4).

Comme mentionn au 3, il parat suffisant de se restreindre, au moins dans un


premier temps, la priode d'incubation (cf. Figures 1.1 et 3.1), dans la mesure o
l'approche dveloppe ici est consacre au matriau constitutif bton, et que cette
hypothse va dans le sens de la scurit.

Les principaux modles de carbonatation, de pntration des chlorures et d'alcali-


raction dcrits dans la littrature ont t rpertoris, classs suivant leurs

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 229


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

caractristiques et valus dans la rfrence [BARO 04b], en prcisant notamment


les paramtres et les couplages pris en compte, les conditions initiales et les
conditions aux limites, les sorties et le domaine de validit. Un tat de l'art des
modles de pntration des chlorures est galement disponible dans la rfrence
[CHLO 05b].

Les exemples prsents dans ce qui suit concernent essentiellement la prvention


de la corrosion des armatures. Les 8.4.5 et 8.4.6 sont plus spcifiquement
consacrs aux modles de pntration des chlorures et de carbonatation,
respectivement.

8.4.2 - Besoins actuels : modlisation de transferts coupls


Les modles doivent inclure dans la mesure du possible les couplages physico-
chimiques, tels que les interactions chlorures-matrice ou la modification des
proprits de transport induite par les variations microstructurales inhrentes aux
ractions chimiques de carbonatation, de lixiviation ou de formation de sels de
Friedel, la poursuite de l'hydratation ou la cristallisation de sels, et chimico-
mcaniques (dans le cas de l'alcali-raction, de la corrosion des armatures, ).

Par ailleurs, in situ la plupart des structures est soumise des processus de
transfert multiphases. A titre d'exemple, au contact de l'eau de mer plusieurs
espces chimiques vont pntrer dans le bton ou en sortir [REGO 75]. De mme,
les agents agressifs pour le bton arm (gaz carbonique, ions chlorure, ...) pntrent
le plus souvent dans le bton alors que ce dernier est en cours de schage ou subit
des cycles d'humidification-schage (sous leffet des fluctuations de l'HR et de la
temprature de l'environnement, qui peuvent tre significatives). De plus, l'tat de
saturation en eau liquide du matriau influence directement son comportement vis--
vis de la carbonatation ou de la pntration des chlorures. La modlisation des
processus de transport ncessite donc le couplage des quations qui dcrivent le
transfert hydrique et le transport du CO2 ou des chlorures, par exemple.

Pour la prdiction de la corrosion des armatures, la tendance actuelle est donc au


dveloppement de modles coupls, plus pertinents pour rendre compte des
phnomnes conduisant la dgradation du bton arm dans les ouvrages rels. La
prise en compte du couplage avec les transferts hydriques peut toutefois rendre la
modlisation difficile et/ou les modles plus lourds. En outre, les conditions relles in
situ et en particulier les variations des conditions aux limites de la structure sont
souvent difficiles quantifier et/ou modliser. De ce fait, la plupart des modles de
pntration des chlorures disponibles n'est applicable qu'en conditions satures (cf.
8.4.5). De mme, l'heure actuelle peu de modles de carbonatation sont
susceptibles de prendre en compte des cycles ralistes d'humidification-schage
(voir notamment les modles coupls [BAKK 93], [SAET 93a], [STEF 02], [SAET 04])
(cf. 8.4.6). En outre, trs peu de modles sont pour l'instant capables de coupler
plusieurs processus de dgradation.

Les mcanismes principaux entrant en jeu l'chelle microscopique tant dsormais


connus, la tendance actuelle est galement aux modles multi-chelles (du
matriau la structure). Toutefois, encore peu de modles ont t dvelopps selon
une telle approche, qui reste lune des voies sur lesquelles les efforts de recherche
devront principalement porter dans les annes qui viennent (cf. 11). On peut citer
par exemple pour l'alcali-raction [Li 02], [CAPR xx] (cf. 8.2.3), et plus

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 230


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

gnralement les modles ou les logiciels sophistiqus multi-chelles, intgrant


matriau et mcanique des structures, capables de prdire le comportement du
matriau et de la structure soumise des sollicitations couples et dans diffrentes
conditions environnementales [ISHI 01], [MAEK 03]. Ces derniers auteurs ont en
particulier ralis un travail trs complet et propos une plateforme de calcul unifie
[MAEK 07].

8.4.3 - Modlisation et comprhension des mcanismes de transfert hydrique


isotherme
Dans un premier temps, il paraissait donc essentiel de rsoudre correctement le
problme des transferts d'humidit dans les btons et d'tre en mesure de prdire
correctement le processus de schage. A cette fin, une modlisation l'chelle
macroscopique des transferts hydriques isothermes a t ralise dans le cadre du
Thme de Recherche OA9 et a fait l'objet de la thse de Mainguy [MAIN 99], sur la
base de l'approche thermodynamique des transferts de masse dans les milieux
poreux continus dveloppe par Coussy [COUS 95a]. Les principales donnes
d'entre de ce modle sont les ID porosit et permabilit et le paramtre
complmentaire isotherme de sorption de vapeur d'eau [BARO 99b]. La pertinence
du modle et la fiabilit de la mthode de calcul ont t mises en vidence par la
bonne concordance observe entre rsultats exprimentaux et numriques,
relativement aux tmoins de dure de vie cintique de schage et profils hydriques
(cf. Figure 8.13) [BARO 01c]. En particulier, un comportement trs diffrent entre
matriaux ordinaires et matriaux HP dans les mmes conditions d'exposition a t
constat dans les deux cas.

Ces travaux ont fourni des conclusions majeures pour l'analyse des transferts
d'humidit, illustrant l'intrt des modles explicatifs. Un clairage nouveau a donc
t apport sur l'importance relative des diffrents modes de transport de l'humidit
au cours du schage d'un matriau peu permable. Seuls les mouvements
d'humidit sous forme liquide selon la loi de Darcy contribuent dans ce cas
significativement aux transferts, moyen et long terme [BARO 01c]. Pour ces
matriaux, un modle simplifi a donc pu tre labor [MAIN 99], fond seulement
sur le transport de l'eau en phase liquide selon la loi de Darcy et o la phase
gazeuse et ses ventuelles variations de pression sont ignores (i.e. pc = patm - pl),
de mme que la diffusion de vapeur d'eau et toute vaporation au sein de
l'prouvette de taille finie (vaporation uniquement la surface). La validit de la
simplification a t vrifie en comparant les sorties du modle simplifi (cintique de
schage et profils hydriques) avec celles du modle complet dans le cas de
matriaux peu permables. Ce modle simplifi a ensuite t utilis pour la
dtermination de la permabilit l'eau liquide par mthode (numrique) inverse (cf.
6.2.6.2.3) [HUA 00], [BARO 01c], [COUS 01].

Des modles ont ensuite t dvelopps par d'autres chercheurs selon cette
approche (voir par exemple [MONL 03]). Au LCPC, les travaux se sont poursuivis.
Thiery et al. [THIE 07a] ont ainsi amlior le modle complet pralablement
dvelopp par Mainguy : distinction entre permabilit "intrinsque" aux gaz et
permabilit "intrinsque" l'eau liquide (sur la base des conclusions donnes au
6.2.7), nouvelles formules pour la permabilit relative aux gaz (cf. 5.4.3) [THIE
07a] et le facteur de rsistance la diffusion apparaissant dans l'expression du
coefficient de diffusion de la vapeur d'eau (cf. 5.4.2.2) [THIE 04], et prise en
compte de l'effet Klinkenberg pour la permabilit. Ces nouvelles formules

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 231


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

reproduisent mieux les rsultats exprimentaux. De plus, le domaine de validit du


modle simplifi, ne prenant en compte que les transferts d'eau sous forme liquide, a
t tudi prcisment [THIE 07a]. On notera que la mthode de dtermination de la
permabilit l'eau liquide par analyse inverse (cf. 6.2.6.2.3) a donc pu tre
tendue aux matriaux fortement permables. Elle ncessite de mettre en uvre
dans ce dernier cas un modle incluant le transport darcen de l'eau liquide et la
diffusion de la vapeur d'eau pression de gaz constante.

8.4.4 - Approche propose : modlisation "multi-niveaux"


Compte tenu de ce qui a t mentionn au 8.4.2, la plupart des modles que l'on
slectionnera, afin de mettre en uvre la nouvelle approche de la durabilit, sera
pour l'instant relative un seul processus de dgradation. On fait dans ce cas
l'hypothse que le processus dcrit par le modle est celui qui prdomine dans le
cas pratique tudi.

Bien qu'un trs grand nombre de modles soit dcrit dans la littrature, on constate
un certain degr de consensus en ce qui concerne les fondements de la
modlisation. Ceci permet d'identifier diffrents grands groupes de modles. Il est
ainsi possible de slectionner selon un concept "multi-niveaux", d'une part pour la
carbonatation, et d'autre part pour la pntration des chlorures (ou encore pour
l'alcali-raction), un ventail de modles parmi le grand nombre dvelopp
rcemment (disponibles dans la littrature) ou en cours de dveloppement (au LCPC
notamment). L'objectif est ici de proposer une modlisation trs cible par rapport au
besoin. Selon ce concept, chaque modle slectionn aura un niveau de
sophistication diffrent : par exemple, modles analytiques simples, modles
empiriques probabilistes, modles numriques physico-chimiques (selon une
approche dterministe ou probabiliste), ... Ces modles seront destins rsoudre
diffrents types de problmes et ce panel sera donc adapt aux besoins de chacun.
Par exemple, les modles les plus simples conviendront pour une conception
standard et prsenteront en particulier l'avantage d'un apprentissage rapide et d'une
utilisation facile pour les ingnieurs futurs utilisateurs. Des modles plus sophistiqus
seront par contre requis pour une conception plus "avant-gardiste", cest--dire des
prdictions plus fines et plus prcises long terme. La slection du modle
s'effectuera donc en fonction de la prcision requise, de la dure de vie vise, des
donnes disponibles, ... Un tat de l'art, des critres de slection et des exemples
sont prsents dans le "Guide AFGC" [BARO 04b]. On notera que l'aspect "multi-
niveaux" peut galement tre fourni par un modle unique, si celui-ci est lui-mme
"multi-niveaux". En ce qui concerne la prdiction de la pntration des chlorures,
citons l'exemple du modle dvelopp en conditions satures et non satures dans
le cadre de la thse de Nguyen [NGUY 07b] (cf. 8.4.5.3).

Vue de l'aval, cette approche "multi-niveaux" est trs facile appliquer : il suffit de
choisir le niveau d'exigence et d'appliquer le "module" correspondant. Vue de
l'amont, une telle approche est difficile dvelopper car elle ncessite au pralable
une hirarchisation prcise et fonde des processus et des paramtres. L'tude de
sensibilit mentionne au 8.4.1 peut tre d'une aide prcieuse pour raliser des
choix appropris.

8.4.5 - Modles relatifs la pntration des ions chlorure dans le bton : tat de l'art,
exemples et validation des spcifications

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 232


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.4.5.1 - Modles en conditions satures


La plupart des modles prdictifs relatifs la pntration des chlorures dans le bton
a t dveloppe pour des conditions satures et isothermes. Ces modles utilisent
comme principale donne d'entre un coefficient de diffusion obtenu le plus souvent
l'aide d'un essai acclr (migration sous champ lectrique). Les diffrents
modles existants sont classiquement regroups en deux catgories :
modles empiriques : la prdiction du profil de concentration en chlorures est
dans ce cas effectue partir de solutions analytiques (dans le cas d'interactions
chlorures-matrice linaires) ou numriques de la seconde loi de Fick. Les
paramtres complmentaires cs et c0 sont galement requis en tant que donnes
d'entre dans ces modles. Pour l'approche dterministe, on peut citer le modle
AFGC de pntration des chlorures [BARO 04b], driv du logiciel LEO-EDF
[PETR 98], qui peut prendre en compte une carbonatation pralable du matriau.
Ce modle peut facilement tre aliment avec les caractristiques de base et les
indicateurs de durabilit, complts par quelques paramtres complmentaires
facilement accessibles. Pour l'approche probabiliste, on citera le modle issu du
Programme Europen BRITE-EURAM "DuraCrete" [GEHL 99], [DURA 00], rvis
dans le cadre du Programme "DARTS" [DART 04a] (dnomm dans le prsent
document modle DuraCrete), et repris dans le FIB Model Code for Service Life
Design [FIB 06], o la seconde loi de Fick est applique au-del de la "zone de
convection". Cette approche probabiliste apparat pertinente et utile. Elle permet
notamment de prendre en compte les incertitudes lies aux paramtres d'entre
(concentration de surface cs, ...). Toutefois, les nombreux paramtres
apparaissant dans les relations empiriques ne sont pas tous obtenus
exprimentalement. A titre d'exemple, dans l'expression donnant la profondeur de
pntration des chlorures, seul le coefficient de diffusion apparent des chlorures
est mesur (par un essai de migration en rgime non stationnaire, selon la
mthode de Tang & Nilsson [TANG 92], [TANG 96], cf. 6.2.4.3). Les autres
paramtres sont issus de bases de donnes ou sont dduits des conditions
environnementales. On notera qu'une telle approche a galement t dveloppe
pour la quantification des risques de corrosion des armatures initie par la
carbonatation [SCHI 97], [FIB 06].
modles physiques : le transport des ions et les interactions sont dcrites dans ce
cas par des quations spares, bases sur les mcanismes physiques et
chimiques. On peut citer dans cette catgorie le modle de transport des ions
propos par Houdusse et al. [HOUD 98] o le transport des chlorures est dcrit
par la premire loi de Fick, avec un coefficient de diffusion constant ou non
constant (dnomm dans le prsent document modle LERM). Un exemple de
prdiction avec ce modle en milieu marin (cas du Pont Vasco De Gama sur le
Tage Lisbonne) est prsent dans les rfrences [HOUD 00], [BARO 04b]. Des
modles "plus physiques" prennent en compte le fait que les chlorures sont des
espces charges, que d'autres ions sont prsents dans les solutions interstitielle
et diffusante et que ces ions influencent le transport des chlorures, selon une
approche multi-espces [ANDR 93], [MASI 97], [SAMS 99], [TRUC 00c],
[MARC 02], [SAMS 03]. L'quation de Nernst-Planck, applique alors pour
chaque espce ionique considre (Na+, K+, Cl- et OH-, le plus souvent), inclut,
outre le transport par diffusion, un transport par migration sous gradient de
potentiel lectrique local (rsultant des interactions entre ions) et ventuellement
les effets d'activit chimique des ions. Ce potentiel peut tre calcul dans le cas
le plus gnral par l'quation de Poisson (voir par exemple [SAMS 99]). C'est
cette approche qui a t choisie pour dvelopper au LCPC un modle de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 233


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

pntration des chlorures dans le bton en conditions satures, dans le cadre de


la thse de Nguyen [NGUY 07b] (cf. 8.4.5.3).

On notera qu'une tude de sensibilit (cf. 8.4.1) a t mene pour diffrents


modles dans le cadre du Projet Europen "ChlorTest" [CHLO 05b]. On notera par
ailleurs que les modles de pntration des chlorures AFGC, DuraCrete et LERM ont
t utiliss pour valider les spcifications proposes au 7.2 (cf. 8.4.5.4).

8.4.5.2 - Modles en conditions partiellement satures


Except dans le cas des structures immerges, dans la ralit (exposition aux sels
de dverglaage ou aux embruns, zones de marnage, ...) les chlorures pntrent
dans le bton en conditions non satures, c'est--dire que des processus de
transport d'eau et d'ions interviennent simultanment. En particulier, le mouvement
des chlorures dans le bton peut rsulter non seulement d'une diffusion, mais
galement d'une convection (mouvement de la phase liquide dans son ensemble
induit par un gradient de pression liquide). Dans ces conditions, les proprits
d'quilibre et de transport du bton sont a priori modifies, la fois pour les chlorures
et pour l'humidit (cf. 5.6) [BARO 97b], [BONN 97], [NGUY 07a]. Ces modifications
doivent tre prises en considration dans les modles prdictifs. Des modles sont
dcrits dans la littrature pour la prdiction de la pntration des chlorures dans le
bton partiellement satur (voir par exemple [SAET 93b], [BUEN 97], [NILS 97],
[SWAD 00], [MARC 02], [JOHA 03], [PETR 03], [SAMS 03], [MEIJ 05]). Toutefois, la
plupart n'intgre pas tous les processus physico-chimiques qui interviennent.

Dans le cadre de la collaboration avec le LMDC-INSA de Toulouse (R. Franois)


mise en place dans le Thme de Recherche OA9, un modle macroscopique de
transfert coupl d'eau liquide (selon l'approche dveloppe par Coussy [COUS 95a])
et de sel a t dvelopp au cours de la thse de Francy [FRANCY 98]. Les
simulations numriques ont t compares l'exprience pour des cycles
d'imbibition-schage sur des mortiers et ont permis de tirer des conclusions
importantes d'un point de vue pratique. Ainsi, par exemple, il a pu tre vrifi que le
phnomne de convection tait plus rapide et plus prjudiciable que la diffusion :
l'imbibition d'un matriau sec par une solution saline durant une journe peut
faire pntrer les chlorures plus profondment que ne le feraient plusieurs
mois de diffusion en milieu satur.

Les travaux de modlisation des transferts combins d'eau et d'ions dans les
matriaux base de ciment se sont poursuivis dans le cadre de l'Opration de
Recherche 11B021 et en particulier dans celui de la thse de Nguyen [NGUY 07b],
collaboration entre le LCPC (V. Baroghel-Bouny), l'institut Navier (P. Dangla) et EDF
(L. Petit). Ils ont conduit au modle dcrit dans le suivant.

8.4.5.3 - Exemple du modle multi-niveaux LCPC


Un modle physique numrique 1D de transport ionique, offrant la possibilit de
prendre en compte les interactions chlorures-matrice de diffrentes faons, a t
dvelopp, en conditions satures et non satures, par Nguyen et al. [NGUY 07b],
[NGUY 07c] (dnomm dans le prsent document modle LCPC) selon le concept
"multi-niveaux" prcdemment dcrit. Ce modle, qui peut tre utilis aussi bien pour
des calculs d'ingnieur que pour une prdiction prcise long terme ou la
comprhension des processus, offre 3 niveaux de sophistication en conditions
satures :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 234


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

niveau 1 (modle de diffusion des chlorures). C'est un modle simple faisant


intervenir une seule espce (les ions chlorure) [NGUY 07c], bas sur le
processus de diffusion (en solution dilue et en considrant l'espce comme non
charge) selon la premire loi de Fick. Ce modle requiert un nombre trs limit
de donnes d'entre : les ID porosit et coefficient de diffusion effectif des
chlorures, et le paramtre complmentaire isotherme d'interaction chlorures-
matrice. Les interactions chlorures-matrice sont dcrites ici globalement par
l'isotherme non linaire de Freundlich, comme couramment report dans la
littrature (cf. 6.3.4). Nanmoins, les variations du coefficient de diffusion effectif
des chlorures en fonction de la concentration en chlorures, qui sont observes en
appliquant cette approche trs simplifie, doivent tre dcrites par une loi
empirique, telle que celles proposes dans les rfrences [ACHA 97], [TANG 99],
[TRUC 00c],
niveau 2 (modle multi-espces). Ce modle, dvelopp selon l'approche multi-
espces dcrite au 8.4.5.1, prend en compte 4 des espces ioniques prsentes
dans le milieu (Na+, K+, Cl- et OH-), avec leurs interactions mutuelles sous l'action
des forces lectrostatiques et leur influence sur le transport des chlorures [NGUY
06a], [NGUY 07c]. Les donnes d'entre du modle sont les ID porosit et
coefficients de diffusion effectifs de chaque ion (considrs indpendants de l'ge
et de la profondeur, car le bton est considr ici comme un solide poreux non
ractif), et le paramtre complmentaire isotherme d'interaction chlorures-
matrice. Le coefficient de diffusion effectif des chlorures peut tre obtenu partir
des mthodes dcrites au 6.2.4 et les coefficients de diffusion effectifs des
autres ions peuvent tre dduits analytiquement partir de ce coefficient et des
coefficients de diffusion libre des ions en question (en supposant que le rapport
entre coefficient de diffusion effectif et coefficient de diffusion libre est identique
pour tous les ions considrs) [TRUC 00c], [NGUY 07c]. Des interactions
globales selon l'isotherme de Freundlich, ou une adsorption physique selon
l'isotherme de Langmuir comme propos dans les rfrences [SERG 92], [TANG
93], [MASI 97], [PAPA 00], ou encore une combinaison des deux, peuvent tre
considres (voir galement [BARO 06b]). La composition chimique initiale de la
solution interstitielle est galement ncessaire. Celle-ci peut tre obtenue de
faon analytique (voir [NGUY 06a], o une bonne concordance avec les rsultats
exprimentaux issus de [LARB 90] et [BARO 94] a t mise en vidence).
L'activit des espces en solution est prise en compte dans le modle. Toutefois,
les rsultats numriques prsents dans [NGUY 06a] montrent que cette activit
a un effet ngligeable sur le transport ionique aux concentrations considres (en
accord avec [TRUC 00b]). Ainsi, la modlisation peut tre simplifie en prenant
des coefficients d'activit gaux 1 pour tous les ions (solution idale).
niveau 3 (modle physico-chimique avanc). Ce modle multi-espces intgre
des couplages transport-chimie. Il prend en considration 6 8 espces ioniques
de la solution interstitielle et 3 8 composs solides, avec leurs ractions de
dissolution/prcipitation associes [NGUY 06b], [NGUY 07c], [NGUY 07d]. En ce
qui concerne les interactions chlorures-matrice, l'adsorption physique sur les C-S-
H (selon l'isotherme de Langmuir) et la formation de sel de Friedel par ractions
chimiques (mcanisme de dissolution-prcipitation) sont distingues. En outre, le
modle prend en compte les modifications microstructurales (simplifies ici des
variations de porosit) et celles des proprits de transport induites par la
prcipitation de sel de Friedel, par la dissolution de Ca(OH)2, ... [NGUY 07c]. Les
variations du coefficient de diffusion sont dduites ici des variations de la porosit

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 235


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

en utilisant la formule analytique empirique propose dans [BENT 98]. Ce niveau


3 permet notamment de prendre en compte de faon prcise "l'effet chimique" du
bton en plus de "l'effet barrire physique" lorsque l'on cherche optimiser une
formule de bton pour atteindre une durabilit "potentielle" donne. Cet "effet
chimique" rsulte de la composition chimique de la matrice cimentaire et en
particulier de sa teneur en aluminates "quivalents" (cf. 5.7). Nanmoins, ce
niveau requiert en particulier une connaissance prcise de la teneur initiale en
chaque espce ionique et compos solide considrs dans le modle. Or, ces
donnes peuvent s'avrer difficiles obtenir exprimentalement.

De plus, 1 niveau de sophistication est propos en conditions partiellement


satures :
niveau 4 (modle de transport combin ions-humidit). Il s'agit du modle
multi-espces de niveau 2 tendu aux conditions non satures [NGUY 07a],
[NGUY 07b]. Ceci signifie qu'il inclut en sus la diffusion de la vapeur d'eau et de
l'air sec par rapport au mlange gazeux, selon la premire loi de Fick, et le
mouvement darcen (convection) de la phase liquide (eau + ions) et de la phase
gazeuse (air sec + vapeur d'eau), sur la base des travaux de Coussy [COUS 95a]
et de Mainguy [MAIN 99] et des rcentes amliorations apportes par Thiery et
al. [THIE 07a] (cf. 8.4.5.3). L'effet de la prsence des ions sur l'quilibre liquide-
vapeur (couplage hydrique-ionique) est pris en compte en incorporant l'activit
chimique de l'eau liquide (dans la solution) dans la formule du potentiel chimique
(loi de Kelvin tendue, cf. 5.6 et 8.4.5.2). Les ID permabilit aux gaz,
permabilit l'eau liquide et coefficient de diffusion effectif des chlorures sont
donc requis comme donnes d'entre, ainsi que les paramtres complmentaires
coefficient de diffusion de la vapeur d'eau et isotherme de sorption de vapeur
d'eau du matriau exempt d'ions (cf. 5.6). Les formules analytiques donnes au
5.4.3 sont utilises ici pour traduire les variations des permabilits en fonction
du taux de saturation Sl et les inclure aisment dans le modle, ainsi que la
formule donne dans [THIE 07a] pour exprimer f(Sl,Peau). En ce qui concerne les
variations du coefficient de diffusion effectif des ions en fonction de Sl, une
formule semi-empirique est adopte, comme propos pour d'autres matriaux
dans [BUCH 00] : Di(Sl)/Di(Sl =1) = Sl , o est un paramtre calibrer. Cette
formule a t calibre ( = 6) avec les rsultats des mesures d'impdance
ralises sur mortiers par Francy [FRANCY 98], en considrant que le rapport
entre le coefficient de diffusion et la valeur en conditions satures, trs proche de
krl(Sl), reste valable quel que soit le matriau.

Conformment au principe de l'approche "multi-niveaux", le niveau appropri sera


choisi selon l'objectif de la prdiction, la prcision recherche (lie
l'importance de l'ouvrage et aux risques) et la disponibilit des donnes. Un
exemple (niveau 2) est donn au 8.6.4.

8.4.5.4 - Exemple d'application des modles slectionns dans le "Guide AFGC" :


validation des spcifications relatives au coefficient de diffusion apparent des
chlorures pour la durabilit vis--vis de la corrosion des armatures dans le cas des
environnements avec chlorures
A titre d'illustration des possibles utilisations des modles slectionns dans le
"Guide AFGC" [BARO 04b], le coefficient de diffusion apparent des chlorures (pour
un bton g de 90 jours) permettant d'atteindre la concentration critique en
chlorures [Cl-]crit au niveau du premier lit d'armatures (enrobage = 50 mm,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 236


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

conformment aux rglements), l'chance de la dure de vie exige, a t calcul


selon le type d'environnement (cf. Tableau 8.1). Afin de couvrir une gamme de
rsultats la plus large possible, des modles de pntration des chlorures (en
conditions satures) de chaque type ont t utiliss (cf. 8.4.5.1) :
modle empirique, approche dterministe : modle de pntration des chlorures
AFGC,
modle empirique, approche probabiliste : modle de pntration des chlorures
DuraCrete. Dans ce cas, la valeur du coefficient de diffusion apparent des
chlorures correspond celle requise pour obtenir un indice de fiabilit dpassivation
= 1,5, l'issue de la dure de vie souhaite [BARO 04b]. Les distributions
adoptes pour les paramtres du modle dans les calculs raliss sont issues
des bases de donnes tablies notamment au cours du Programme Europen
BRITE-EURAM "DuraCrete" [DURA 00] et du Programme "DARTS" [DART 04b].
On notera qu'il s'agit des mmes bases de donnes que celles qui ont t
utilises pour l'tablissement du "FIB Model Code" [FIB 06],
modle physique, coefficient de diffusion variable : modle LERM,
modle physique, coefficient de diffusion constant : modle LERM.
Les diffrents modles ont t mis en uvre avec les mmes donnes d'entre, les
mmes conditions aux limites, les mmes conditions initiales et, dans la mesure du
possible, les mmes hypothses (par exemple, [Cl-]crit calcule partir de [Cl-]/[OH-]
= 0,6) [BARO 04b].

Les rsultats numriques obtenus dans le cas des dures de vie de 100 et 120 ans,
ainsi que la comparaison avec les spcifications proposes dans le tableau 7.7, sont
prsents dans le tableau 8.1. On observe une bonne concordance entre les
spcifications proposes sur le coefficient de diffusion apparent des chlorures et la
tendance moyenne des simulations. En ce qui concerne les modles empiriques,
l'approche probabiliste, suppose (intuitivement et thoriquement) fournir des
rsultats plus proches du comportement rel, conduit des coefficients plus petits
que ceux fournis par l'approche dterministe. Cette constatation est conforme aux
donnes de la littrature (voir par exemple [KIRK 02]). En ce qui concerne les
modles physiques, l'approche plus raliste, qui implique un coefficient de diffusion
non constant, conduit un plus grand coefficient. Ce rsultat tait prvisible, dans la
mesure o une telle approche prend en compte l'effet bnfique du vieillissement du
matriau (rduction du coefficient de diffusion des chlorures en fonction du temps, cf.
8.5.3).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 237


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Tableau 8.1 : Coefficient de diffusion apparent des chlorures (pour un bton g de


90 jours) permettant d'atteindre [Cl-]crit au niveau du premier lit d'armatures (enrobage
= 50 mm) l'chance de la dure de vie exige, selon le type d'environnement.
Calcul avec diffrents types de modles de pntration des chlorures (pour
l'approche probabiliste, un indice de fiabilit de 1,5 a t choisi) et comparaison avec
les spcifications proposes, d'aprs [BARO 04f]
Coefficient de diffusion apparent (10-12 m2.s-1)
5 6 7
Type d'environnement (exposition aux (immersion dans (zone de
projections de sels) l'eau de mer) marnage)
Dure de vie
Concentration de surface cs (gL-1) 10 (5.1) 100 (5.2) 20 50

App. dterministe 47 4,6 12 6,2
Modles empiriques App. probabiliste
(type DuraCrete)
30 1,5 5,5 2,0
100 ans LERM (coeff. variable) 12 0,30 3,0 1,0
Modles physiques
LERM (coeff. constant) 2,0 0,15 0,40 0,25
Tendance moyenne (modles) 23 1,5 5 2,5
de 50 100 ans Spcifications - <2 <7 <3
App. dterministe 44 4,3 11 5,7
Modles empiriques App. probabiliste
(type DuraCrete)
27 1,3 5,0 1,5
120 ans LERM (coeff. variable) 10 0,20 2,0 0,50
Modles physiques
LERM (coeff. constant) 1,0 0,10 0,35 0,15
Tendance moyenne (modles) 21 1,5 4,5 2
de 100 120 ans Spcifications < 20 <1 <5 <2

8.4.6 - Modles relatifs la carbonatation du bton : tat de l'art et exemples


Il ressort des revues de la littrature figurant dans les rfrences [BARO 04b] ou
[THIE 06a] que de nombreuses approches visant modliser la carbonatation des
matriaux cimentaires ont t dveloppes, allant de modles empiriques des
modles physico-chimiques.

La plupart des modles est fonde sur un transport diffusif du CO2 (selon la premire
loi de Fick), considr comme le phnomne contrlant la vitesse de carbonatation,
et fournit donc une volution de la profondeur carbonate en fonction du temps selon
une loi en racine carre du temps (cf. 8.2.4). Ces modles utilisent comme
principales donnes d'entre les indicateurs de durabilit porosit et teneur en
portlandite initiale, accompagns ventuellement d'autres indicateurs (le coefficient
de diffusion du CO2 ou de l'oxygne pour Tuutti [TUUT 82], la permabilit aux gaz
pour Parrott [PARR 94], le coefficient de diffusion du CO2 et de la vapeur d'eau pour
Bakker [BAKK 93]) ou de paramtres complmentaires (teneur initiale en C-S-H, par
exemple). Les modles se diffrencient donc les uns des autres par les paramtres
pris en compte, les hypothses simplificatrices sur les mcanismes physico-
chimiques, et les conditions initiales et aux limites (concentration en CO2, humidit
relative et cycles dhumidification-schage, temprature, ...). Pour ce qui concerne
lapproche statistique multi-facteurs de Vesikari [VESI 00], on peut manquer de
valeurs exprimentales pour les nombreux paramtres d'entre requis. Ceci peut
rendre difficile la mise en uvre de ce type de modles. On notera que les concepts
physico-chimiques pris en compte dans les modles relatifs la carbonatation du
bton sont de plus en plus complets. Notons ce titre le modle rcent de Bary &
Sellier [BARY 04], qui prend notamment en compte le rle dterminant du transport

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 238


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

(par diffusion et convection avec l'eau liquide) du calcium dans le processus de


colmatage des pores dans la zone carbonate.

En marge des nombreux modles fonds sur la thorie de la diffusion, impliquant la


premire loi de Fick, on peut signaler le modle propos par Bamforth [BAMF 01],
fond sur le concept du "pouvoir tampon" chimique quivalent, c'est--dire sur
l'hypothse qu'en conditions naturelles le "pouvoir tampon" du liant est le facteur
principal qui influence la vitesse de carbonatation. Ce modle s'appuie sur des
donnes exprimentales issues de tests long terme. Cette hypothse repose
galement sur la forme des profils de pH (front trs troit) mesurs dans les btons
carbonats. On notera que, selon Bamforth, cette approche n'est pas valable en
conditions acclres, tant donn que dans ce dernier cas l'influence relative du
transport et du "pouvoir tampon" peut diffrer de manire significative de celle
existant en conditions naturelles. Le "pouvoir tampon" chimique, tel que dfini par
Bamforth, est exprim en teneur quivalente en ciment Portland [BAMF 01].
Bamforth a observ que le "pouvoir tampon" chimique augmentait avec la teneur en
C3A et diminuait en prsence d'additions minrales. Le premier effet peut tre
expliqu par la formation de carboaluminates qui rduit la teneur en carbonates
(issus du CO2) susceptibles de ragir avec les ions Ca2+ (issus de Ca(OH)2) et donc
de provoquer une carbonatation (et d'abaisser le pH). Le second effet peut
s'expliquer par une teneur en Ca(OH)2 initiale rduite, et donc par une quantit de
matire carbonatable (rserve basique) rduite. En effet, la raction hydraulique
avec les laitiers ne produit pas de Ca(OH)2 et la raction pouzzolanique (avec les
pouzzolanes, les fumes de silice ou les cendres volantes) consomme une part
importante de la portlandite initialement forme par hydratation du ciment. Le
"pouvoir tampon" chimique tel que dfini par Bamforth rsulte donc en fait la fois de
:
la teneur en Ca(OH)2 du bton, mettant nouveau en vidence le rle important
de cet ID,
la teneur en C3A du ciment. Dans ce dernier cas, il s'agit en ralit plutt d'une
interaction CO2-matrice (comme celle mise en jeu avec les chlorures, cf. 5.7).

Dans le cadre de l'approche multi-niveaux propose, plusieurs types de modles


peuvent tre distingus :
les modles empiriques, tel que celui intgr dans le logiciel LEO-EDF [PETR 98]
(et dnomm dans le prsent document modle LEO-EDF). Ce modle est bas
sur la rsistance mcanique la compression 28 jours (caractristique de base,
cf. 4.5) et fait intervenir des coefficients qui prennent en compte les conditions
environnementales,
les modles physico-chimiques analytiques, tel que celui dvelopp par
Papadakis et al. [PAPA 91a], [PAPA 91b], [PAPA 91c]. Ce modle est trs simple
d'emploi et est de plus en adquation avec les indicateurs de durabilit
slectionns. Les auteurs supposent que la vitesse de carbonatation est
contrle par la diffusion du CO2. Ceci signifie que les ractions chimiques sont
instantanes et interviennent l'quilibre (front de carbonatation raide). Ce
modle peut tre utilis sous une forme simplifie qui consiste ne pas tenir
compte des minraux susceptibles de ragir avec le dioxyde de carbone autres
que la portlandite. Il se limite alors une formule simple, o la profondeur de
carbonatation est proportionnelle la racine carre du temps, avec un coefficient
dpendant de la concentration extrieure en CO2, du taux de saturation, de la
porosit et de la teneur initiale en Ca(OH)2 (le coefficient de diffusion du CO2,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 239


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

apparaissant initialement dans la formule, pouvant tre calcul partir de la


porosit). Il requiert dans ce cas peu de donnes d'entre. Cependant, les
paramtres pris en compte peuvent paratre insuffisants (par exemple, la
permabilit n'intervient pas). De plus, ce modle ne prend en compte ni les
gradients d'humidit, ni l'volution de la microstructure lors du processus de
carbonatation. Ceci peut conduire des divergences notables avec les rsultats
exprimentaux (cf. 8.6.3),
les modles physico-chimiques numriques, tels que celui dvelopp dans
l'Opration de Recherche 11B021 par Thiery dans le cadre de sa thse [THIE
06a] (dnomm dans le prsent document modle LCPC). Ce modle
sophistiqu est bien adapt la nouvelle approche de la durabilit [THIE 06b].
Ses spcificits sont les suivantes [THIE 04] :
- prise en compte de lvolution au cours de la carbonatation de la porosit
(diminution due la prcipitation de CaCO3 dans les espaces vides aprs
dissolution des produits d'hydratation) et du taux de saturation Sl
(augmentation locale lors de la dissolution des produits d'hydratation) [THIE
03],
- prise en compte des cintiques chimiques responsables de l'adoucissement
du front de carbonatation [THIE 07b], constat exprimentalement en
laboratoire et in situ (cf. Figures 8.8, 8.9 et 8.19) (les cintiques de raction
sont prises en compte ici explicitement par des formules analytiques),
- prise en compte du schage du matriau (par transfert darcen de leau
liquide et en utilisant une relation pc(Sl) cale sur l'isotherme de dsorption de
vapeur d'eau exprimentale du matriau). Ceci a t possible grce aux
travaux thoriques et exprimentaux raliss pralablement sur les transferts
hydriques (cf. 8.4.3) et grce la base de donnes exprimentales de
dsorption de vapeur d'eau constitue (cf. 5.3.4 et 6.3.2).
- prdiction du pH de la solution interstitielle.
Une tude de sensibilit relative ce modle figure dans la rfrence [THIE 06a].

Les trois derniers modles mentionns, correspondant des niveaux de


sophistication diffrents, ont t slectionns dans le "Guide AFGC" [BARO 04b]
pour mettre en uvre la nouvelle approche de la durabilit (voir les exemples de
prdiction figurant dans les 8.6.2 et 8.6.3).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 240


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

HRext < HRint

HRext = 50 % HRint

protection
tanche

a) CO b) CH

c) BO d) BH

Figure 8.13 : Comparaison entre les profils hydriques numriques et exprimentaux (obtenus par
gammadensimtrie) dans des prouvettes de diffrents matriaux en cours de schage (HR = 50 % et T =
20 C), d'aprs [BARO 01c].

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 242


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.5 - Mesure des indicateurs de durabilit in situ : validation des indicateurs et


calibration des "lois" de variation incluses dans les modles

8.5.1 - Introduction : ncessit d'une calibration


La mesure des indicateurs de durabilit in situ des chances donnes, partir de
prlvements issus douvrages (ou dlments de structure vieillissant en conditions
naturelles) ou partir de mthodes non destructives, permet une calibration des
"lois" de variation de ces ID (quations paramtriques) incluses dans les modles.
Ces "lois" expriment la variation des ID, et notamment pour ce qui concerne la
prvention vis--vis de la corrosion des armatures, des proprits de transport, en
fonction :
de la profondeur par rapport la surface expose de l'ouvrage (effet de peau, cf.
8.5.2 et 8.5.3),
du temps (ge) (cf. 8.5.3),
des conditions thermo-hygromtriques, . A titre d'exemple, des relations
empiriques entre le coefficient de diffusion apparent des chlorures et la
temprature ou l'humidit relative, issues des modles existants, figurent dans les
rfrences [NILS 96], [BARO 04b], [FIB 06].
Pour ce qui concerne l'alcali-raction, la calibration s'effectue partir de la variation
des caractristiques , c, et L (cf. 8.2.4) de la courbe de gonflement (lorsque
celle-ci intervient comme indicateur de durabilit), en fonction des mmes
paramtres que dans le cas de la corrosion des armatures (voir [LI 02] et [BARO
04b]).

8.5.2 - Gradient de proprits entre cur et parement des ouvrages - Illustration :


variation de la porosit et de la distribution des volumes poreux en fonction de la
profondeur
Un gradient de proprits entre le cur et la zone superficielle des ouvrages (cette
dernire ayant souvent de moins bonnes proprits), d'amplitude variable en fonction
des paramtres de formulation, des conditions initiales (cure applique, ...) et des
conditions aux limites (type d'exposition, HR, temprature, ...), est observ in situ
dans la plupart des cas. Plusieurs phnomnes sont susceptibles de contribuer ce
gradient [BARO 04c], [BARO 04d] :
l'"effet de paroi" (moins de granulats en zone superficielle),
un schage d'origine externe prcoce, dans la zone superficielle,
des cycles d'humidification (avec prsence ventuelle de sels) - schage, au
cours de la vie de l'ouvrage,
des ractions chimiques, induisant la dissolution et/ou la prcipitation de certains
composs, telles que celles intervenant lors de la carbonatation (formation de
CaCO3) ou avec les chlorures (formation de chloroaluminates), ou plus
spcifiquement avec l'eau de mer (formation de brucite Mg(OH)2, ...), se
traduisant par une diminution de la concentration en ion diffusant et par une
modification de la structure poreuse dans la zone concerne,
les interactions physiques entre la matrice cimentaire et les ions prsents dans la
solution interstitielle.
Les caractristiques microstructurales (en particulier les caractristiques de la
structure poreuse et celles du rseau fissural), et de l les proprits de transport
(permabilits et coefficients de diffusion), sont notamment modifies par ces
diffrents phnomnes. Des illustrations sont donnes dans les rfrences [BARO
04b] et [HOUD 00] relativement aux variations du coefficient de diffusion des
chlorures en fonction de la profondeur.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 243


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Sur les structures en BHP, ce gradient ne concerne quune faible paisseur. De plus,
l'effet de "peau" (diffrentiel de proprits entre cur et zone superficielle) ne
semble pas engendrer de consquence importante sur la structure poreuse (et donc
sur la durabilit) de ce type de btons comparativement aux btons ordinaires. Ceci
est illustr en figure 8.14 [BARO 04d] : on dtecte par intrusion de mercure
seulement la prsence d'un volume poreux plus important entre 10 et 100 nm, en
"peau", et donc une porosit lgrement plus leve et une structure poreuse
lgrement plus grossire en "peau". La comparaison entre les valeurs de porosit
mesure par intrusion de mercure sur une large gamme de btons dans les zones
situes en "peau" et "cur" de carottes prleves sur corps d'preuve aprs 4 ans
d'exposition sur diffrents sites [BARO 04c], est prsente en figure 8.15. On notera,
comme attendu, que les gradients les plus importants entre "cur" et "peau" sont
observs avec les btons M25 (E/C = 0,84) et M30CV (E/C = 0,74 et CV/C = 0,43)
(voir galement figures 5.12 et 5.13 au 5.3.3).

8.5.3 - Validation des indicateurs de durabilit et effet du vieillissement : comparaison


des valeurs de porosit accessible l'eau, coefficient de diffusion apparent des
chlorures et permabilit apparente aux gaz obtenues en laboratoire et in situ
Les valeurs de porosit accessible l'eau mesure par pese hydrostatique sur
des carottes (valeurs moyennes incluant la surface expose), prleves sur
ouvrages rels ou sur corps d'preuve aprs des dures variables d'exposition sur le
site, sont compares en figure 8.16 aux rsultats obtenus sur prouvettes
conserves en laboratoire. De faon gnrale, on constate une trs bonne
concordance entre les rsultats obtenus (par pese hydrostatique), d'une part sur
prouvettes conserves en laboratoire dans l'eau (28, 45, 56 ou 90 jours), et d'autre
part sur carottes prleves sur sites moyen ou long terme. Ceci confirme la
validit de l'indicateur de durabilit gnral "porosit accessible l'eau"
propos. Pour les BHP avec fumes de silice (M75FS et B70FS-S), des porosits
plus faibles sont enregistres sur sites moyen ou long terme, comparativement aux
valeurs obtenues sur prouvettes conserves dans l'eau entre 28 et 90 jours. Ce
rsultat peut tre attribu au fait que pour ces matriaux, l'effet bnfique du
vieillissement (hydratation et raction pouzzolanique gnrant une
densification du matriau au cours du temps) n'est pas compens in situ par
un effet prjudiciable de "peau" (faible contribution de la zone "superficielle",
pour ces btons) ou l'apparition de porosit (cf. 5.2.5.1). Pour le bton forte
teneur en cendres volantes (M30CV), les valeurs enregistres sur sites sont
lgrement plus leves qu'en laboratoire.

L'volution de la structure poreuse au cours du temps, rsultat des ractions


hydrauliques et pouzzolaniques (cf. 5.2.5.1), ainsi que des phnomnes cits au
8.5.2, induit galement une volution dans le temps du coefficient de diffusion.
D'aprs la littrature, le coefficient a tendance dcrotre asymptotiquement au
cours du temps et devenir constant partir de 10 ou 15 ans [TANG 00] (les temps
les plus longs seront obtenus pour les matriaux trs denses et les liants
pouzzolaniques, cf. Tableau 7.2). A titre d'exemple, dans le cadre de la conception et
du suivi du Pont Vasco de Gama sur le Tage Lisbonne (Portugal) [HOUD 00], les
simulations numriques effectues l'aide du modle LERM dans le but d'estimer le
temps ncessaire linitiation de la corrosion des armatures, ont t effectues en
considrant :

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 244


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

un coefficient de diffusion effectif des chlorures variable entre 1 mois et 3 ans,


d'aprs les mesures effectues sur prlvements sur cette priode et en utilisant
la loi de variation A(t) classiquement utilise dans le cadre du suivi d'ouvrages
d'art rels (cf. Eq. (11)) :
t0 a
A( t ) = ( ) (11)
t
o t0 est le temps de rfrence, t le temps dexposition et a un coefficient de
vieillissement,
un coefficient de diffusion effectif considr constant entre 3 ans et 120 ans, en
extrapolant les volutions constates entre 6 mois et 3 ans.
Les coefficients de diffusion apparents des chlorures mesurs sur carottes
prleves sur corps d'preuve aprs 2 et 4 ans d'exposition sur le site de La
Rochelle sont compars en figure 8.17 [BARO 04c] ceux obtenus sur prouvettes
conserves dans l'eau en laboratoire. Les coefficients in situ Dapp(in situ) ont t
calculs partir des profils de concentration en chlorures totaux (ajustement avec la
fonction erreur), dans la zone o le profil est monotone dcroissant (du type
"diffusion pure"), l'origine des temps ayant t prise la date d'installation sur site
[BARO 04c]. Les coefficients ainsi calculs sont reprsentatifs des mouvements des
chlorures dans le bton partir d'une certaine profondeur dans le corps d'preuve (
"cur"). En laboratoire, les coefficients ont t mesurs l'issue d'essais (cf. 6.2.4)
:
de diffusion en rgime non stationnaire. Le coefficient de diffusion Dns(dif) est
calcul dans ce cas par la mme mthode que pour les donnes in situ,
de migration sous champ lectrique en rgime non stationnaire. Dns(mig) est
obtenu selon la mthode de Tang & Nilsson.
In situ, on note peu d'volution entre 2 et 4 ans (cf. Figure 8.17). En outre, on
constate globalement que les valeurs obtenues sur corps d'preuve et sur
prouvettes conserves en laboratoire sont du mme ordre de grandeur et que
Dapp(in situ) < Dns(mig) (ou Dns(dif)). On confirme donc l'effet bnfique du
vieillissement sur le coefficient de diffusion apparent des chlorures et la
dcroissance de ce dernier en fonction du temps aux chances considres.
Le mme type de rsultats a t obtenu dans le cadre de l'"Etude exprimentale sur
ouvrages rcents" (Ouvrages Jumeaux de Bourges) (cf. Prambule), en mesurant
le coefficient de diffusion apparent des chlorures par essai de migration (Dns(mig)),
d'une part sur prouvettes de laboratoire aprs 28 ou 90 jours de conservation dans
l'eau, et d'autre part in situ sur chantillons prlevs "cur" l'chance de 2 ans,
pour les btons B30 et B70FS [BARO 04d]. Par ailleurs, la figure 8.17 illustre que
l'addition de cendres volantes amliore la rsistance la diffusion des ions,
mme en l'absence de cure, et que les BHP avec fumes de silice prsentent les
meilleures performances, en laboratoire et in situ. De plus, on obtient un classement
des btons identique sur la base de Dapp(in situ) et de Dns(mig), quelques exceptions
prs [BARO 04c]. On obtient donc un rsultat essentiel : le classement des btons
partir d'un indicateur de durabilit (i.e. mesur en conditions de laboratoire)
est pertinent et reprsentatif de celui obtenu in situ ( "cur") sur des
lments de structure en bton arm. On en dduit par ailleurs que la mesure
des indicateurs de durabilit in situ et la rfrence au systme de classes
prcdemment dfini (cf. 7.1) peuvent permettre un contrle de la qualit du
matriau in situ.

L'effet bnfique du vieillissement in situ pour les BHP a galement t mis en


vidence sur la permabilit apparente aux gaz. A l'chance de 2 ans, des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 245


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

permabilits gales 800 10-18 m2 et 48 10-18 m2 ont t mesures in situ


(carottes incluant le parement) respectivement pour les btons B30 et B70FS des
Ouvrages Jumeaux de Bourges [BARO 04d]. On constate donc, pour B70FS, une
permabilit plus faible que celle obtenue sur prouvettes en laboratoire, aprs 28
ou 90 jours de conservation dans l'eau (240 10-18 m2 28 jours), alors que la
permabilit du bton ordinaire B30 a augment (270 10-18 m2 28 jours).
L'volution de la microstructure au cours du temps (par exemple, formation de grains
de Hadley, cf. 5.2.5.1), un effet de "peau" marqu et le dveloppement de la
microfissuration associe, de mme que l'influence de la mise en uvre du bton in
situ, peuvent tre l'origine des rsultats enregistrs sur le B30. On notera que la
"peau" du B70FS (zone, trs superficielle dans ce cas, ayant subi un schage
prcoce) est, elle aussi, susceptible de prsenter de moins bonnes caractristiques.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 246


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

40
Cur PHg = 8,5 %
35
Peau PHg = 9,5 %

V/log(r) (mm .nm .g )


-1
30

-1
25

3
20

15

10

0
1 10 100 1000 10000 100000
Rayon des pores (nm)

a) carotte prleve sur le tablier du Pont de l'Ile de R - B60FS - 14 ans


40

35 Cur PHg = 4,6 %


PHg = 5,7 %
V/log(r) (mm .nm .g )

Peau
-1 -1

30

25
3

20

15

10

0
1 10 100 1000 10000 100000
Rayon des pores (nm)

b) carotte prleve sur le corps d'preuve M100FS situ en zone de marnage La Rochelle - 4 ans

Figure 8.14 : Comparaison des distributions des volumes poreux obtenues par intrusion de mercure dans les
zones situes en "peau" et "cur" de carottes prleves in situ, d'aprs [BARO 04d].
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 2 nm < rp < 60 m.

25
Site de Melun - coeur
Porosit accessible au mercure (%)

Site de Melun - peau


20
Site de La Rochelle - coeur
Site de La Rochelle - peau
Rmoy.28 croissante
15 Site de Maurienne - coeur
Site de Maurienne - peau (E)
10 Site de Maurienne - peau (I)

0
M25CV M25 M30CV M50CV M50 M75FS-EA M75FS M100FS M120FS
Bton

Figure 8.15 : Comparaison entre les valeurs de porosit mesure par intrusion de mercure dans les zones
situes en "peau" et "cur" de carottes prleves sur corps d'preuve aprs 4 ans d'exposition sur
diffrents sites, pour une large gamme de btons.
Appareil permettant l'investigation des pores tels que 2 nm < rp < 60 m.
(E) : ct chausse (expos aux sels de dverglaage)
(I) : ct talus (non expos aux sels)

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

18 Laboratoire (45 jours) - eau


Laboratoire (56 jours) - eau
Rmoy.28 croissante Laboratoire (90 jours) - eau
16
Laboratoire (3 ou 4 ans) - dont 28 j eau
Porosit accessible l'eau (%) Site de Melun (4 ans)
14 Site de La Rochelle (4 ans)
Site de Maurienne (E) (4 ans)
12 Pont de Sens (1 an et 1/2)

10

0
M25 M30CV M50 B70FS-S M75FS
Bton

Figure 8.16 : Porosit accessible l'eau mesure par pese hydrostatique : comparaison entre les valeurs
obtenues sur carottes prleves in situ (valeurs moyennes incluant la surface expose) et les rsultats
obtenus sur prouvettes conserves en laboratoire, pour diffrents btons.
(E) : ct chausse (expos aux sels de dverglaage)
Coef. de diff. app. des Cl - (10-12 m 2.s-1)

100
Labo. Mig. (28 jours)
Rmoy.28 croissante Labo. Dif. (90 jours)
10 La Rochelle (2 ans)
La Rochelle (4 ans)

0,1

0,01
V

V
5

FS

FS
S
M2

M5

M7
5C

0C

0C

5F

00

20
M2

M3

M5

M7

M1

M1

Bton
Figure 8.17 : Coefficient de diffusion apparent des chlorures : comparaison entre les coefficients obtenus sur
les corps d'preuve du site de La Rochelle aprs 2 et 4 ans d'exposition et sur prouvettes conserves dans
l'eau en laboratoire l'issue d'essais de diffusion ou de migration sous champ lectrique en rgime non
stationnaire, d'aprs [BARO 04c].

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

8.6 - Mthodologie de prdiction de la dure de vie - Exemples d'application


des modles slectionns relativement la prvention de la corrosion des
armatures

8.6.1 - Mthodologie de prdiction de la dure de vie d'un ouvrage neuf (phase de


conception), de diagnostic et d'valuation de la dure de vie rsiduelle d'ouvrages
existants
Pour prdire la dure de vie d'un ouvrage neuf en bton arm en phase de
conception dans le cas de la corrosion des armatures, il s'agira de comparer les
valeurs des tmoins de dure de vie, calcules partir du ou des modles prdictifs,
aux caractristiques de l'ouvrage, telles que l'enrobage (cf. Figure 8.18) (processus
n 1). L'objectif pourra tre ici de slectionner une formule de bton pour un
enrobage donn (par exemple rglementaire) ou de slectionner l'enrobage
minimum pour une formule donne.

La mesure des tmoins de dure de vie, partir de prlvements sur un ouvrage


existant (ventuellement dgrad) des chances donnes, par exemple par les
mthodes mentionnes au 8.3, permet d'effectuer un diagnostic de cet ouvrage et
son suivi au cours du temps, et donc d'effectuer un contrle in situ (cf. Figure 8.18)
(processus n 2).

La comparaison des valeurs des tmoins de dure de vie mesurs sur l'ouvrage
considr avec les sorties numriques du modle (tmoins de dure de vie calculs)
permet de raliser la seconde phase de validation du modle (en environnement
naturel) et ventuellement de le recaler, puis d'valuer la durabilit rsiduelle de
l'ouvrage (cf. Figure 8.18) (processus n 3). Il est alors possible par exemple de
dcider d'une ventuelle extension de la dure de service de l'ouvrage (re-
qualification) ou d'une rparation.

La premire phase de validation du modle (en laboratoire) est quant elle ralise
partir de la comparaison des valeurs des tmoins de dure de vie mesurs lors
d'essais de vieillissement acclr en laboratoire avec les sorties numriques du
modle (cf. Figure 8.18 et 8.6.2).

Cette mthodologie est illustre par les exemples traits dans les suivants.

8.6.2 - Prdiction de la cintique et de l'volution du profil de carbonatation en


conditions acclres : exemple du modle LCPC - Premire phase de validation (en
conditions de laboratoire) partir de rsultats exprimentaux obtenus lors d'essais
acclrs
Il est trs difficile de disposer de donnes exprimentales adquates acquises en
conditions relles (in situ) pour valider les modles prdictifs de dure de vie. En
effet, les donnes disposition sont souvent partielles, obtenues des chances
trop courtes, sur un petit nombre de formules de btons, ou avec une connaissance
incomplte de l'historique voire des conditions initiales (composition du bton, cure,
). De plus, dans la plupart des cas une telle validation ne sera possible qu'a
posteriori (c'est--dire plusieurs annes aprs la construction de l'ouvrage).

Des essais de vieillissement acclr, raliss en laboratoire, peuvent permettre une


premire phase de validation des modles. En effet, il est possible avec ces essais
de simuler des processus proches de ceux ayant lieu in situ tout en matrisant

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 249


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

compltement ou presque les conditions initiales (composition du bton, profil


hydrique de l'prouvette, ...) et les conditions aux limites (teneur en CO2 ou
concentration en chlorures, humidit relative, temprature, ...).

Ainsi, les modles relatifs la corrosion des armatures peuvent, dans une premire
phase, tre valids par la comparaison des calculs prdictifs avec les rsultats
d'essais de vieillissement (acclrs), pour ce qui concerne les profondeurs et les
profils de carbonatation ou de pntration des chlorures. De mme, les modles
"matriau" relatifs l'alcali-raction pourront tre valids par la comparaison des
calculs prdictifs avec, selon le modle considr, la courbe de gonflement obtenue
sur prouvettes de laboratoire lors de "l'essai de performance" dfini selon la norme
NF P 18-454 [AFNO 04a], ou la courbe de gonflement rsiduel de carottes extraites
d'une structure existante [Li 02].

Dans la figure 8.19a [THIE 06a], la cintique de carbonatation calcule par le modle
physico-chimique LCPC (cf. 8.4.6) est compare celle mesure par
phnolphtaline (cf. 8.3.2.2) en conditions acclres (en laboratoire, avec [CO2] =
50 %, HR = 53 % et T = 20 C [THIE 04]), pour une prouvette de bton M25 (teneur
initiale en Ca(OH)2 de 1,2 mol par litre de bton et taux initial de saturation en eau
liquide fix 0,60). La cintique de carbonatation est calcule partir des profils
numriques de pH obtenus diffrentes chances en considrant que pH = 9 la
profondeur mesure par phnolphtaline (xc). Dans la figure 8.19b [THIE 04], le profil
de teneur en Ca(OH)2 rsiduelle du bton M25 aprs 14 jours de carbonatation,
calcul par le modle LCPC, est compar celui obtenu exprimentalement par ATG
(cf. 6.2.3 et 8.3.2.3), dans les mmes conditions acclres que celles dcrites
prcdemment. Une bonne correspondance est mise en vidence entre simulations
numriques et rsultats exprimentaux, pour les deux types de tmoins de dure de
vie. Ces rsultats montrent que le modle physico-chimique LCPC est valid en
conditions de laboratoire.

8.6.3 - Prdiction de la cintique de carbonatation in situ : exemple des modles


LEO-EDF et de Papadakis et al. - Seconde phase de validation (en environnement
naturel) partir de rsultats exprimentaux (prlvements) obtenus sur corps
d'preuve en site naturel
La validation des calculs prdictifs mens laide des modles par le biais d'essais
acclrs est ncessaire mais pas suffisante. En effet, les essais acclrs sont
loigns de la ralit et les facteurs d'acclration sont susceptibles d'influer
sur la nature du mcanisme simul. On peut citer par exemple l'utilisation, lors de
l'essai de carbonatation acclr, d'une teneur en CO2 importante (5 50 % selon
les modes opratoires couramment adopts) (cf. 8.3.2.1 et [BARO 04c]).

Une seconde phase de validation des modles prdictifs de dure de vie,


complmentaire celle base sur les essais en laboratoire, est donc requise, partir
de l'analyse de prlvements de btons issus d'lments de structures ou
d'ouvrages soumis la pntration d'agents agressifs en conditions
environnementales relles. L'analyse de btons anciens (analogues anciens), en
particulier, peut permettre de caler les modles sur des dures importantes. Cette
phase doit permettre galement de valider les hypothses relatives aux mcanismes
ractionnels majeurs. Toutefois, les conditions aux limites sont dans ce cas
beaucoup plus complexes et donc moins aises prendre en compte dans les
modles (fluctuation des conditions climatiques au cours du temps, ) (cf. 8.4.2).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 250


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Cette seconde phase de validation (en environnement naturel) des modles partir
de prlvements sur corps d'preuve ou sur ouvrages ncessite en outre de prendre
en compte la combinaison ventuelle de diffrents agents agressifs (cf. 8.4.2).

Dans la figure 8.20 [BARO 05b], la cintique de carbonatation calcule par deux
modles diffrents (LEO-EDF [PETR 98] et Papadakis et al. [PAPA 91a]) est
compare celle mesure par phnolphtaline partir de prlvements sur un corps
d'preuve en environnement naturel (site de vieillissement de Melun o les
moyennes sur une anne sont T = 11,6 C et HR = 77-80 % [BARO 04c]), pour le
bton M25. Les paramtres et les processus physico-chimiques pris en compte dans
le modle analytique dvelopp par Papadakis et al. sont sans doute insuffisants en
conditions naturelles (cf. 8.4.6). Ceci peut expliquer les divergences notables
observes entre les simulations effectues avec ce modle et les rsultats
exprimentaux (voir galement [BARO 04b], o des diffrences ont t enregistres
galement en conditions de laboratoire).

8.6.4 - Prdiction de l'volution du profil de concentration en chlorures in situ :


exemple du modle LCPC - Seconde phase de validation (en environnement naturel)
partir de rsultats exprimentaux (prlvements) obtenus sur corps d'preuve en
site naturel
Un exemple de prdiction au moyen du modle numrique multi-espces LCPC en
conditions satures (niveau 2, cf. 8.4.5.3) est prsent dans ce . En effet, ce
niveau de sophistication intermdiaire peut tre utile pour un grand nombre de cas
rels. Cet exemple concerne un corps d'preuve en bton arm (bton M120FS :
CEM I 52,5 ; E/C = 0,26 ; FS/C = 0,12 et Rmoy.28 = 127,5 MPa) expos un
environnement marin (zone de marnage La Rochelle [BARO 04c]). Les profils
exprimentaux de concentration en chlorures totaux ont t obtenus par
prlvements (forages) et analyse chimique sur le corps d'preuve aprs 2 et 4 ans
d'exposition (cf. 8.3.3.1.1) [BARO 04c]. Le profil exprimental obtenu aprs 2 ans
d'exposition a t utilis pour identifier par analyse inverse certaines des donnes
d'entre (le coefficient de diffusion effectif des chlorures suppos constant et les
paramtres de l'isotherme d'interaction chlorures-matrice de Freundlich) du modle
multi-espces [BARO 06b], [NGUY 07c] (cf. Figure 8.21). Il est alors possible de
raliser des calculs pour des temps d'exposition plus longs, afin de prdire l'volution
future ( long terme) du corps d'preuve (par exemple, prdiction des profils de
concentration en chlorures "libres" et totaux au mme endroit dans l'lment de
structure aprs 4, 10 et 50 ans d'exposition) [NGUY 07c].

Une bonne concordance a t mise en vidence avec le profil exprimental de


concentration en chlorures totaux disponible 4 ans (cf. Figure 8.21). Ainsi, la figure
8.21 illustre la seconde phase (i.e. en environnement naturel) de validation du
modle multi-espces LCPC. De plus, la figure 8.21 montre que la concentration
"critique" en chlorures (suppose ici gale 0,4 % par rapport la masse de ciment
[BARO 07c]) ne sera pas atteinte au droit du premier lit d'armatures (enrobage = 50
mm) aprs 50 ans d'exposition. La dure de vie, selon la dfinition donne au 3,
sera donc suprieure 50 ans, comme attendu pour ce BTHP, d'aprs le 7.

On notera que le calcul en conditions satures semble suffisant ici pour le bton
M120FS aux chances de 2 et 4 ans, vu la bonne correspondance avec les
rsultats exprimentaux et vu que la zone influence par les cycles d'humidification-
schage est trs limite dans ce cas (les profils exprimentaux obtenus pour

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 251


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

M120FS ces chances sont de type diffusion pure [BARO 04c], cf. 8.3.3.1.2 et
8.5.2). Il pourra tre vrifi lors des prlvements prvus l'chance de 10 ans
sur le corps d'preuve si cette hypothse est toujours satisfaite. Si ce n'est pas le
cas, il sera alors ncessaire de mettre en uvre le niveau 4 du modle
numrique LCPC (modle de transport combin ions-humidit, cf. 8.4.5.3),
afin de ne pas sous-estimer la pntration des chlorures (cf. 8.4.5.2) et sur-estimer
la dure de vie.

Etant donn que les profils de concentration en chlorures totaux sont les donnes le
plus souvent disposition dans la pratique, la mthode dcrite ici parat
particulirement bien approprie aux cas rels, par exemple au suivi/recalcul
de structures existantes. En effet, seul un profil in situ est requis, sans mesure
supplmentaire en laboratoire. La comparaison entre les tmoins de dure de vie
numriques et exprimentaux, illustre en figure 8.21, montre que le niveau 2, qui
est un niveau de sophistication intermdiaire et qui prsente en particulier
l'avantage de requrir peu de donnes d'entre, est susceptible de fournir des
rsultats d'une prcision tout fait suffisante dans des cas rels du mme type
que celui-ci.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 252


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

sorties
numriques
Tmoins de dure de vie calculs
du modle
(cintiques et/ou profils)

Tmoins de dure de vie


mesurs in situ(*) des comparaison Caractristiques de
comparaison
chances donnes l'ouvrage (enrobage, )
(*) : et/ou en laboratoire

2 3 1
Evaluation de l'tat Prdiction de la dure de Prdiction de la dure de vie de
in situ (diagnostic) vie rsiduelle de l'ouvrage l'ouvrage (phase de conception)

et/ou 2me phase de validation du modle (ou recalage) en conditions naturelles


et/ou 1re phase de validation du modle (ou recalage) en conditions de laboratoire

Figure 8.18 : Mise en uvre de l'approche prdictive dveloppe sur la base d'indicateurs de durabilit. Rle
des tmoins de dure de vie :
- processus n 1 : prdiction de la dure de vie d'un ouvrage en phase de conception,
- processus n 2 : diagnostic et suivi d'un ouvrage existant,
- processus n 3 : validation du modle (ou recalage ventuel) et prdiction de la dure de vie rsiduelle d'un
ouvrage existant.

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

1.5 1
40 nCa(OH) (mol.L )
2
XC (mm)
35
1j

30
1 3j
25
21j
7j
14j
20 14j
10j
28j
15 7j 0.5 56j

10 3j
5
Ts x (mm)
t (j)
0 0
0 2 4 6 8 0 20 40 60 80 100
a) profondeur carbonate xc calcule (croix) et mesure b) profils de teneur en Ca(OH)2 rsiduelle calculs
par phnolphtaline (cercles assortis de barres diffrentes chances et mesurs par ATG aprs 14
d'erreurs) en fonction de la racine carre du temps, jours de carbonatation, d'aprs [THIE 04]
d'aprs [THIE 06a]
Figure 8.19 : Tmoins de dure de vie relatifs la corrosion des armatures. Comparaison de la cintique de
carbonatation et du profil de teneur en Ca(OH)2 rsiduelle aprs 14 jours de carbonatation, calculs par le
modle physico-chimique LCPC, avec les rsultats exprimentaux obtenus en conditions acclres en
laboratoire ([CO2] = 50 %, HR = 53 % et T = 20C) sur une prouvette de bton M25.

12
xc (mm)
loi en t
10 Site de Melun (exp.)
Papadakis et al. (num.)
8 LEO-EDF (num.)

2
0,5
Racine carre du temps (j )
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40

Figure 8.20 : Tmoins de dure de vie relatifs la corrosion des armatures. Comparaison entre les
cintiques de carbonatation mesures par le test la phnolphtaline sur le site naturel de Melun et celles
simules (modles de carbonatation LEO-EDF [PETR 98] et de Papadakis et al. [PAPA 91a]), pour le bton
M25, d'aprs [BARO 05c].

identication
at 2 years

[Cl-]crit

Figure 8.21 : Tmoin de dure de vie relatif la corrosion des armatures : profil de concentration en
chlorures totaux. Mesures sur prlvements et simulations numriques avec le modle multi-espces LCPC
(niveau 2) pour un corps d'preuve en bton arm (M120FS) sur le site de La Rochelle en zone de marnage,
d'aprs [BARO 07a].

V. Baroghel-Bouny (LCPC)
Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

9 - CONCLUSION ET APPORTS IMMEDIATS

9.1 - Conclusion gnrale : principaux apports pour la communaut


scientifique et technique
Les recherches et les tudes dcrites dans ce document, consacres la
microstructure, aux dformations et la durabilit du "matriau bton", ont apport
des rsultats nouveaux, tant au niveau de l'analyse des processus physico-
chimiques que des outils de caractrisation. Elles ont notamment permis de :
contribuer une meilleure comprhension du comportement des matriaux
cimentaires au jeune ge et long terme, notamment, pour ce qui concerne le
long terme, dans l'objectif d'acqurir les donnes ncessaires l'valuation et
la prdiction de leur durabilit, dans le cadre de la prvention de la corrosion des
armatures, des dgradations dues l'alcali-raction ou au gel (en prsence ou
non de sels),
mettre en vidence des proprits fondamentales pour les matriaux (courbes
"universelles", caractristiques des C-S-H, ...),
analyser l'influence des paramtres de formulation, en vue de l'optimisation
des formules de bton, et notamment de mettre en vidence les spcificits des
btons contenant de fortes teneurs en cendres volantes et/ou en laitiers (pouvant
tre qualifis de "btons environnementaux" et susceptibles de prsenter un
grand intrt dans de contexte du dveloppement durable) ou encore des btons
hautes et trs hautes performances (faible E/C et incorporation de fumes de
silice). Les spcificits suivantes des BHP et BTHP ont par exemple t mises en
vidence :
- leur autodessiccation est trs prononce et dmarre trs tt. L'humidit
relative interne de ces btons atteint 70-75 % au bout de 28 jours en
conditions endognes. Cependant, cette autodessiccation ne semble pas
gnrer de microfissuration prjudiciable vis--vis de la durabilit,
- ils prsentent un trs fort retrait endogne rsultant de l'autodessiccation (de
l'ordre de 130-250 10-6, lorsque les dformations sont initialises 24
heures) et qui dmarre trs tt (une forte proportion du retrait final a dj eu
lieu 24 heures) [BARO 98c]. Le retrait endogne, et donc le retrait total (celui
qui est effectivement mesur en conditions relles) de ces btons au jeune
ge, est plus lev que celui des btons ordinaires. La sensibilit la
fissuration des structures en BHP au jeune ge en configuration de
dformations gnes (mme pendant une cure humide) a par ailleurs t
montre dans la littrature,
- par contre, long terme et dans les conditions d'HR et de temprature
courantes, leur retrait rsultant (total) est infrieur ou gal celui des btons
ordinaires (pour des ciments quivalents), du fait d'un trs faible retrait de
dessiccation "pur" [BARO 01d],
- ils ont une porosit plus faible et un rseau poreux nettement plus fin que les
btons durcis. Par exemple, la microstructure de la pte de ciment durcie CH
se prsente au microscope sous la forme d'une matrice trs homogne
essentiellement constitue de C-S-H trs denses, avec des inclusions
d'anhydres, la liaison entre C-S-H et anhydres (C3S) tant particulirement
performante [BARO 94],
- ils contiennent une teneur en Ca(OH)2 rsiduelle trs faible (lorsqu'ils ont t
fabriqus avec des fumes de silice),

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 255


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

- sur les structures, la "peau" (c'est--dire la zone superficielle o l'on observe


un gradient de proprits) n'a quune trs faible paisseur,
- le vieillissement est bnfique, y compris in situ : on constate en effet un
accroissement de la compacit de ces btons et une diminution des valeurs
des indicateurs de durabilit au cours du temps (except ventuellement dans
la zone trs superficielle ayant subi un schage prcoce).
D'un point de vue pratique, les BHP et BTHP tant trs peu sensibles aux
variations d'HR sur une grande plage (rsultat de la forme particulire de leurs
isothermes de sorption de vapeur d'eau), les dformations diffres seront
rduites lors des cycles climatiques in situ (la construction des ouvrages par
encorbellements s'en trouvera facilite), ainsi que les risques de fissuration
d'origine hydrique,
analyser l'influence des conditions environnementales en comparant, d'une
part le comportement de matriaux dans diffrents types d'environnement naturel
(et de l leur durabilit in situ), et d'autre part le comportement lors d'essais
acclrs mens en laboratoire ou la durabilit "potentielle" base sur les
indicateurs de durabilit,
dvelopper des mthodes d'essai (avec si ncessaire le montage des stations
exprimentales correspondantes), des modles numriques et des mthodes
inverses combinant les deux, et plus gnralement une mthodologie globale
les intgrant.
Les mthodes d'essai concernent d'une part la dtermination des indicateurs de
durabilit et de paramtres complmentaires (par exemple, techniques de
laboratoire destructives pouvant tre pratiques sur prouvettes moules ou sur
prlvements), et d'autre part la dtermination des tmoins de dure de vie vis--
vis de la prvention de la corrosion des armatures ou des dgradations dues au
gel en conditions de laboratoire (premire phase de validation des modles) ou
en environnement naturel (seconde phase de validation des modles).
Ces dix dernires annes ont ainsi t marques par une avance importante
dans les mthodes d'essai et dans l'quipement des laboratoires, alors que
pralablement au Thme de Recherche OA9, trs peu de dispositifs d'essai
permettant de quantifier les proprits relatives la durabilit existaient au sein
du LCPC et des LPC.
Il est particulirement intressant de pouvoir disposer d'une mme technique, qui
soit applicable la fois en laboratoire et sur prlvements issus d'ouvrages rels,
pour la dtermination de plusieurs paramtres. On peut mentionner par exemple
le dveloppement d'un test semi-destructif trs simple (colorimtrie AgNO3)
permettant de dterminer :
- l'indicateur de durabilit "coefficient de diffusion apparent des chlorures",
- le tmoin de dure de vie "cintique de pntration des chlorures" en
conditions de laboratoire ou in situ (sur prlvements), et en mme temps le
tmoin de dure de vie "cintique de carbonatation" in situ lorsque la
profondeur de pntration des chlorures est suprieure la profondeur
carbonate [BARO 07c],
De mme, le recours aux essais semi-destructifs gammadensimtriques permet
la dtermination :
- de l'indicateur de durabilit "porosit accessible l'eau" (et son profil en
fonction de la profondeur, utile pour la calibration des lois utilises dans les
modles),

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 256


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

- des tmoins de dure de vie "profil hydrique" et "profil de carbonatation" en


conditions de laboratoire ou in situ.
On retiendra de faon gnrale que :
- la plupart des techniques exprimentales ncessite un traitement pralable
(schage) des chantillons,
- les paramtres directement accessibles sont trs rarement des proprits
intrinsques du matriau,
- tout rsultat d'essai n'a de signification que relativement la mthode de
prtraitement et la technique de mesure utilises. Il doit donc
obligatoirement tre accompagne de leur mention.
Les mthodes de mesure et d'essais de laboratoire mises au point dans le cadre
du Thme de Recherche OA9 sont dcrites dans un recueil publi dans la
collection Techniques et Mthodes des LPC (Mthodes d'essai n 58 [BARO
02a]). Ce recueil est structur en deux parties, consacres respectivement aux :
- caractristiques microstructurales relatives, dune part, l'tat d'hydratation
(degr d'hydratation du ciment, nature et rpartition spatiale des phases
anhydres et hydrates, ) et, dautre part, la structure poreuse (porosit
totale, surface spcifique, rayon moyen des pores, distribution porale, ),
- proprits ayant une influence majeure sur la durabilit du bton arm, en
particulier sur le processus de corrosion des armatures (mesure de la
permabilit au gaz, mesure de la profondeur de pntration des chlorures
par colorimtrie, mesure des profils de concentration en chlorures, essai de
diffusion ou de migration sous champ lectrique des chlorures, mesure des
gradients de teneur en eau, et essai de carbonatation acclre).
Les mthodes de mesure et d'essais dveloppes dans le cadre de l'Opration
de Recherche 11B021 sont quant elles regroupes dans l'ouvrage publi dans
la collection Etudes et Recherches des LPC [LCPC 08]. Elles concernent la
dtermination de la rsistivit lectrique, des coefficients de diffusion des
chlorures, du coefficient de diffusion du CO2 sur matriau carbonat, des profils
de carbonatation et de la "permabilit" de surface in situ par dispositif BT-CRIS
(cf. 10.5.2). Des recommandations relatives l'amlioration du protocole d'essai
de carbonatation acclre sont galement proposes.
En parallle, le travail au sein de groupes franais (AFPC-AFREM, AFGC,
RGCU, ...) et internationaux (RILEM Technical Committees, Projet Europen
"ChlorTest", CEN/TC51-TC104/WG12/TG5, ...) (cf. Prambule) a permis de
raliser des campagnes d'essais croiss inter-laboratoires une chelle plus
large et en particulier d'tudier la reproductibilit des essais, afin de produire des
projets de mthodes d'essai harmonises, qui soient normalises ou
normalisables. On notera en particulier que le Groupe de Travail RGCU
"Microstructure" a produit des modes opratoires recommands, relatifs la
quantification de la microfissuration, aux mesures par intrusion de mercure et
l'essai la coupelle, qui sont inclus dans l'ouvrage publi par le Projet RGCU
"GranDuB" aux Presses de l'ENPC [RGCU 07e].
Les mthodes proposes dans ces documents constituent des outils permettant
de se prononcer avec fiabilit en matire de durabilit et de rpondre
diffrents problmes pratiques se posant en amont de la construction d'un
ouvrage : choix de formules de bton, comparaison des performances de
diffrents btons, spcification dans le cahier des charges par le matre douvrage
de critres de performances relatifs la durabilit, dfinition des conditions de

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 257


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

mise en uvre, . Ces mthodes peuvent galement tre utilises lors de la


mise en uvre (sur prouvettes de contrle ou sur lments tmoins), ainsi que
dans le cadre de la rception, du suivi (contrle) ou de l'expertise d'ouvrages
existants (diagnostic). Elles constituent donc galement de prcieux outils pour
assurer une bonne gestion du patrimoine,
constituer une base de donnes de rfrence "microstructure /
dformations / durabilit", incluant des donnes issues d'prouvettes de
laboratoire, au jeune ge et long terme, ainsi que des donnes issues de corps
d'preuve exposs en conditions naturelles et d'ouvrages rels. Cette base de
donnes est un moyen de capitaliser l'exprience acquise et de la rendre
accessible et rutilisable. En effet, dans le domaine de la durabilit, les
exprimentations sont gnralement longues et coteuses.
Le meilleur exemple citer pour les prouvettes de laboratoire est sans doute
celui des rsultats relatifs aux (trs longues) expriences de dsorption et
d'adsorption de vapeur d'eau, acquis sur une large gamme de matriaux. Outre
leur intrt majeur pour la comprhension du comportement hydrique des
matriaux base de ciment, ces donnes sont requises par exemple pour la
caractrisation de la structure poreuse (cf. 5.2.2 et 6.2.2), la quantification des
interactions vapeur d'eau - eau liquide - matrice (cf. 5.3.4), la dtermination des
profils hydriques (cf. 8.3.1), le calcul des coefficients de diffusion hydrique (cf.
5.4.2.2), le calcul de la permabilit l'eau liquide (cf. 6.2.6.2.3), la
modlisation des transferts de masse (eau, CO2, chlorures, ...) (cf. 8.4 et 8.6),
des dformations (cf. 5.9) et du comportement au gel [FABB 06]. Les
isothermes constituent en effet une vritable carte d'identit hygrostructurale du
matriau.
De faon gnrale, cette base de donnes sera utile pour les recherches et les
investigations futures en laboratoire, sur corps d'preuve ou sur cas rels
(conception, suivi ou expertise d'ouvrages). Ces donnes servent galement
l'alimentation, la calibration et la validation des modles de prdiction du
comportement au jeune ge ou de la dure de vie des ouvrages, grce
notamment dans ce dernier cas aux indicateurs de durabilit ou aux tmoins de
dure de vie mesurs dans diffrents types d'environnement. Ces lments
seront galement fort utiles au moment de la rvision des recommandations,
normes ou rglements existants (cf. 10.6),
dresser le canevas de stratgies susceptibles d'tre proposes aux acteurs de
la construction et aux gestionnaires d'ouvrages. C'est le cas de la "bote
outils" dveloppe pour l'valuation de la durabilit selon une approche
performantielle et pour la prdiction de la dure de vie (cf. 9.2). De mme, les
programmes de suivi de corps d'preuve et d'ouvrages, mis au point dans le
cadre du Projet National BHP 2000, pourront servir d'exemple ou d'aide lors de
l'laboration de nouveaux projets ou d'une stratgie de suivi des ouvrages (cf.
10.5).

9.2 - "Bote outils" propose pour l'valuation de la durabilit selon une


approche performantielle et pour la prdiction de la dure de vie des ouvrages

9.2.1 - Avantages de la nouvelle approche de la durabilit dans le contexte du


dveloppement durable

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 258


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Les travaux prsents dans ce document ont illustr que les nouveaux concepts de
formulation des btons et la nouvelle approche de la durabilit propose sont
susceptibles de constituer deux atouts essentiels pour la construction du 21me
sicle et la gestion du patrimoine dans le contexte du dveloppement durable.

Cette nouvelle approche de la durabilit, fonde sur la notion dindicateurs de


durabilit, c'est--dire de paramtres simples mais pertinents pour quantifier les
phnomnes et pour laborer ou utiliser des outils prdictifs, prsente en effet de
nombreux avantages dans le contexte du dveloppement durable. Elle offre d'abord
tous les avantages d'une approche globale (cf. 10.3). De plus, viser des niveaux
de performances offre plus de libert au concepteur et lui permet de tirer
pleinement parti des possibilits dsormais offertes par les nouveaux concepts de
formulation (B(T)HP, BAP, formules contenant de fortes quantits ou des
combinaisons d'additions, ...) sortant du champ couvert par les normes usuelles. Il lui
est ainsi possible de proposer des solutions innovantes (matriaux et structures
"environnementaux", composites et/ou conomiques) ou utilisant de nouvelles
technologies. En outre, disposer dsormais de spcifications performantielles
relatives la durabilit permet une prise en compte concrte de l'aspect "durabilit"
dans les textes normatifs et rglementaires et dans les projets (conception de
matriaux et d'ouvrages avec un objectif clairement affich de durabilit, c'est--dire
avec une dure de vie spcifie et optimiss pour rpondre un cahier des
charges prcis). Il en rsultera des dures de vie relles in situ (dures de service)
plus longues et cette nouvelle approche permettra d'amliorer l'adquation entre
formulation du bton et dure de vie de la structure. Il sera notamment possible
d'assurer la durabilit, et donc la scurit, mme en utilisant des sous-produits ou
des matriaux de rcupration, y compris dans des environnements trs agressifs, et
sans surcot, et de contribuer ainsi efficacement au dveloppement durable et
l'amlioration de l'efficacit conomique. Cette nouvelle permettra galement d'aider
au diagnostic et d'optimiser la gestion des ouvrages.

Lorsque l'on s'intresse l'valuation de la durabilit, on peut avoir diffrents


objectifs ; ce peut tre l'valuation de la durabilit "potentielle" d'un bton arm, la
qualification de formules de bton pour un ouvrage donn (cf. 7), ou encore la
prdiction de la dure de vie d'un ouvrage (cf. 8). Devant cette problmatique, une
approche multi-niveaux est apparue particulirement pertinente. L'approche
propose se dcline donc en une seule mthodologie gnrale et complte, simple
et facile utiliser mais reposant sur des bases scientifiques solides. Celle-ci est
structure en diffrentes tapes ou modules (processus), et propose diffrents
niveaux de sophistication.

Cette approche s'appuie sur les connaissances acquises jusqu' maintenant et sur
les textes existants, mais complte ces derniers et prsente un caractre innovant.
Elle a le mrite de clarifier et d'introduire plus de rigueur dans l'valuation de la
durabilit des ouvrages en bton arm, tout en restant trs souple (adaptable).

9.2.2 - Contenu et utilisation de la "bote outils"


Il est donc dsormais possible de fournir l'ingnieur, l'architecte et au concepteur
en gnral, fort dmunis jusqu' prsent, une "bote outils" pour formuler les
btons destins des ouvrages de dure de vie spcifie, et donc plus explicitement
pour valuer et prdire la durabilit, l'aide d'un nombre rduit de proprits du
matriau bton (sain). Ces proprits ont une signification physique prcise et sont

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 259


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

accessibles au moyen de mthodes bien dfinies et valides. Le fait que seuls soient
requis quelques paramtres est essentiel pour l'ingnieur qui dispose souvent d'un
temps et d'un budget limits pour mener son tude de durabilit. Les matres
d'uvre et d'ouvrage pourront ainsi enfin traiter concrtement de "dure de vie". De
plus, si l'on applique une approche semi-probabiliste ou probabiliste [FIB 06], il n'y
aura pas de diffrence de nature entre la vrification de la stabilit de la structure et
celle de sa dure de vie.

La "bote outils" propose inclut :


les indicateurs de durabilit (gnraux, spcifiques et de substitution) et des
paramtres complmentaires optionnels, accompagns des mthodes d'essais
de laboratoire requises (avec leurs prcision/incertitudes associes) et d'un
systme de classes directement utilisable pour l'valuation de la durabilit
"potentielle" (et de l, pour la comparaison et le classement de diffrentes
formules de bton).
Les mthodes (modes opratoires, ge des matriaux, ...) sont ici "figes", afin de
pouvoir utiliser le systme de classes propos au 7.1.
des spcifications-types performantielles relatives aux indicateurs de durabilit
slectionns, en fonction de la dure de vie exige pour la structure et de son
type d'environnement. Ces "recommandations" permettent d'assurer par exemple
des dures de vie de 30, 50, 100, 120 ans ou plus pour les ouvrages en bton
(arm), sur la base de 1, 2, 3 ou 4 grandeurs physiques mesures, selon les cas,
et pourront donc tre utilises, de faon complmentaire aux spcifications
relatives la rsistance mcanique, dans le cadre de la rdaction du cahier des
charges d'ouvrages (de btiment ou de gnie civil),
des modle(s) prdictif(s) de dure de vie, applicables en conditions satures ou
non-satures, pour lesquels les valeurs des indicateurs de durabilit (paramtres
pertinents et facilement accessibles) sont introduites en temps que donnes
d'entre. L'approche multi-niveaux propose est applicable aussi bien avec des
outils simples pour l'ingnieur qu'avec des modles sophistiqus pour une
prdiction fine long terme,
des tmoins de dure de vie pertinents, accompagns des mthodes de mesure
requises (en laboratoire ou en environnement naturel). Ici, une plus grande libert
est laisse pour les mthodes, sous rserve que ces dernires aient t valides.

La slection des paramtres et des outils appropris est essentielle et devra


s'effectuer en fonction des agressions potentielles, de la dure de vie spcifie, de
l'environnement et du cas pratique tudi. Rappelons que cette "bote outils" peut
tre utilise dans les deux situations suivantes :
La conception des btons et des ouvrages (prvention)
L'objectif est ici de concevoir des btons aptes prmunir les ouvrages vis--vis
de dgradations donnes, en fonction de la dure de vie exige et du type
d'environnement (lui-mme fonction notamment de la temprature, de l'humidit
relative et des espces potentiellement agressives prsentes). La mthodologie
propose permet ainsi la qualification de formules pour un ouvrage donn, ou
plus exactement pour une partie d'ouvrage donne (i.e. dans des conditions
d'exposition donnes), et galement le contrle sur chantier en cours de
construction,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 260


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

La gestion des ouvrages existants


Dans ce cas, il s'agit d'effectuer le suivi ou d'valuer l'tat une chance
donne (diagnostic) d'ouvrages existants, dgrads ou non, et de prdire leur
volution future (durabilit rsiduelle), dans le cadre notamment du contrle
oprationnel et de la gestion du parc d'ouvrages, et dans un objectif d'aide la
dcision.

L'approche propose a t valide par un panel d'experts reprsentatif de l'ensemble


de la communaut scientifique et professionnelle. On notera cependant qu'tant
labore sur la base des connaissances scientifiques et techniques acquises en
France et l'Etranger jusqu'au moment de la rdaction, la mthodologie pourra tre
amliore et complte au cours du temps en fonction des avances scientifiques,
techniques et technologiques. Par exemple, les diffrents indicateurs ont t
slectionns en fonction de leur importance vis--vis de la durabilit. Ils ont
galement t slectionns en fonction de l'existence de modes opratoires
permettant de les quantifier de manire aussi fiable et reproductible que possible,
donc sur la base des moyens disponibles sur lesquels il existait un consensus au
moins en France. Ces indicateurs pourront donc ventuellement tre modifis dans
le futur, en fonction des progrs dans la connaissance des diffrents mcanismes et
dans leur modlisation, ainsi qu'en fonction de la mise au point de nouveaux modes
opratoires jugs plus pertinents. De mme, les recommandations proposes (en
particulier les spcifications-types) sont susceptibles d'voluer en fonction du retour
d'exprience sur ouvrages rels et du dveloppement de mthodes (modes
opratoires) et de modles plus prcis.

Avec le souci de faire uvre utile, la motivation de l'auteur est que cette "bote
outils" aide les diffrents acteurs de la construction et de la conservation du
patrimoine faire les choix adquats, sur la base d'une analyse des risques
pertinente (cf. 10.2). On peut penser qu'elle permettra au minimum une
homognisation des pratiques oprationnelles (tant vis--vis de la technique et
de la scurit que du point de vue conomique) et moyen terme une amlioration
significative de la qualit du patrimoine bti et du suivi de ses capacits
structurelles. Elle est galement mme d'apporter d'ores et dj des solutions
concrtes, fiables et faible cot divers problmes, tout moment du projet et
de la vie de la structure (tudes de faisabilit, conception, choix de formules de
bton, construction, contrle de qualit, tudes comparatives laboratoire - in situ, ...).

9.2.3 - "Guide AFGC"


L'essentiel du contenu de la "bote outils" propose est dcrit dans l'ouvrage, la
fois tat de l'art et guide, publi dans la collection Documents Scientifiques et
Techniques de l'AFGC ("Guide AFGC" [BARO 04b]) et dans les articles qui ont fait
suite ce document. Le "Guide AFGC" offre une description dtaille de la
mthodologie dveloppe, assortie de recommandations pour le choix des
indicateurs, des mthodes d'essais et des modles. Il dresse un tat de l'art sur le
sujet, en particulier sur les connaissances concernant les mcanismes chimiques,
physiques et mcaniques (et leurs couplages ventuels) l'origine de la corrosion
des armatures et des dgradations gnres par l'alcali-raction. Cet tat de l'art est
illustr par des exemples, que ce soit en termes de rsultats exprimentaux ou de
modlisation, tirs des recherches et des applications (constructions) les plus
rcentes. Ce document prsente galement les mthodes d'essai et les modles
disposition. De plus, les annexes incluent des complments thoriques, les rsultats

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 261


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

des essais raliss dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC, ainsi que des
exemples (modles, validation des spcifications, application partielle de la
mthodologie, cahiers des charges, ...).

9.2.4 - Remarques relatives la mise en uvre de l'approche


On notera que dans le cas d'un ouvrage neuf, il est indispensable d'appliquer la
dmarche propose en amont de la construction de cet ouvrage (i.e. ds la phase
de conception). Plus prcisment, le matre d'uvre en charge de l'laboration du
cahier des charges technique du Dossier de Consultation des Entreprises (D.C.E.)
doit prvoir, dans les dispositions contractuelles du march, le dlai de prparation
adquat avant le dmarrage des travaux. Ce dlai de prparation devra notamment
tenir compte du temps ncessaire pour la ralisation des essais (en laboratoire)
relatifs aux indicateurs de durabilit retenus et pour l'volution ventuelle des
formules de bton initialement proposes (par l'entreprise), dans le cas o les
valeurs mesures ne seraient pas conformes aux spcifications du cahier des
charges inclus dans le Cahier des Clauses Techniques Particulires (C.C.T.P.).

Dans le schma de l'approche propose (cf. Figures 5.1, 7.2, 8.1 et 8.18), chaque
outil a une fonction bien dfinie et intervient une tape prcise. Par exemple, une
profondeur (ou un profil) de carbonatation est typiquement un tmoin de dure
de vie et ne peut pas remplacer un indicateur de durabilit.

Le respect des modes opratoires et des chances recommands est


fondamental pour la dtermination des indicateurs de durabilit. En effet, les classes
et les spcifications ont t labores sur la base de rsultats exprimentaux
obtenus dans des conditions bien dfinies. Certains essais de laboratoire permettant
de dterminer les indicateurs de durabilit ont une dure non ngligeable (d'environ
3 6 mois pour certains, si l'on inclut la "cure" des prouvettes). Cette dure peut
paratre longue et donc rdhibitoire de prime abord. Pourtant celle-ci est ncessite
par les protocoles d'essai (et de "cure" des prouvettes), eux-mmes adapts au
caractre volutif du matriau considr, la lenteur des processus mis en jeu
(notamment la diffusion) et l'ordre de grandeur des dures de vie que l'on
considre (jusqu' plus de 120 ans !). Si l'on considre les valeurs des temps
caractristiques des processus mis en jeu et des dures de vie exiges, on s'aperoit
que la dure de l'essai est en fait comparativement trs courte.

De plus, afin d'assurer la validit et la fiabilit des prdictions, une tude de


sensibilit et deux tapes de validation (des essais acclrs de laboratoire, ainsi
qu'un suivi long terme de la structure ou au moins de corps d'preuve en bton
arm similaire celui de la structure et exposs dans un environnement similaire
celui de la structure) sont ncessaires pour les modles.

Enfin, il est important de rappeler que ce type de dmarche et les spcifications


correspondantes, aussi labors, rigoureux et prcis soient-t-ils, ne pourront porter
leurs fruits que si les recommandations pour une mise en uvre correcte du bton
et le contrle d'excution sont appliques avec la mme rigueur. En particulier,
l'optimisation des procdures de cure en fonction de la formule du bton, de la
gomtrie de la structure et des conditions aux limites (i.e. environnementalismes)
est indispensable. Ceci est particulirement critique dans la mesure o la qualit du
bton d'enrobage (sur laquelle repose la durabilit de la structure entire dans de
nombreux cas !) y est hautement sensible.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 262


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

9.3 - Partenariats, ouverture internationale et diffusion des connaissances

9.3.1 - Partenariats
Les rsultats rapports dans ce document ont montr l'avantage de dvelopper des
partenariats diversifis, pour faire progresser la communaut scientifique (et
faciliter le transfert la pratique, cf. 10).

Des collaborations ont par exemple permis d'associer, dans le cadre de projets
fdrateurs, des laboratoires de recherche publics et privs, des entreprises,
l'industrie du ciment et du bton, des matres d'ouvrage, ... (cf. Prambule), sur le
thme, porteur et d'intrt majeur pour les diffrents partenaires, de la durabilit. Il a
ainsi t offert de bnficier de la richesse de diffrents historiques, de la
pluridisciplinarit (chimie / physique / mcanique), indispensable sur un tel sujet, et
de tirer parti de la complmentarit de l'ensemble des acteurs, au niveau du
domaine scientifique (comptences, approches et mthodes) et des moyens
techniques. Ceci a notamment rendu possible la mise en uvre d'un large ventail
de mthodes exprimentales, de faon complmentaire ou comparative, ainsi que le
dveloppement de mthodes mixtes combinant modles et expriences. De plus, le
groupe d'experts constitu dans le cadre de l'AFGC a t le lieu privilgi pour une
analyse approfondie de l'tat de l'art et pour la concertation ncessaire au choix des
"outils" et l'laboration d'une mthodologie globale et "multi-niveaux".

Grce aux nombreuses collaborations tablies, une action commune et


concerte au niveau franais a pu tre mene, et mme propose au niveau
international.

9.3.2 - Ouverture internationale


Au plan international, les RILEM Technical Committees, le Groupe de Travail TG 5.6
de la FIB et le Projet Europen "ChlorTest", par exemple (cf. Prambule), ont offert
l'opportunit de collaborer avec des partenaires europens, ainsi que "d'exporter" et
de valoriser l'Etranger les travaux franais. Il semble toutefois indispensable de
continuer promouvoir ces travaux au niveau international, notamment la nouvelle
approche de la durabilit. La prsentation de ces travaux lors de confrences
internationales, l'organisation d'une confrence internationale sur le sujet [RILE 07]
(cf. 9.3.3), la traduction du "Guide AFGC" en anglais [BARO 04b], et la participation
aux groupes de travail de normalisation europens (cf. 10.6), montrent toutefois
que cette dmarche est bien engage.

9.3.3 - Diffusion des connaissances


En ce qui concerne la valorisation des travaux et la diffusion des connaissances, on
notera que l'organisation de manifestations (avec publication des actes
correspondants), en sus des publications dans des revues et des prsentations lors
de confrences, a permis non seulement de faire connatre les travaux raliss et de
diffuser les rsultats acquis, mais galement de constituer des plateformes
d'changes et de contacts entre les diffrents participants, pour faciliter par
exemple l'mergence de nouveaux projets. Les manifestations nationales et
internationales organises par l'auteur sur les thmes dvelopps dans ce document
sont rappeles ci-dessous :
Journe Scientifique AFGC-DRAST sur l'Alcali-Raction (21 octobre 1999,
ESPCI, Paris, France) [AFGC xx]. Cette Journe avait pour objectif de dresser un

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 263


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

tat des connaissances sur les mcanismes physico-chimiques lis l'alcali-


raction, de faire merger de nouveaux concepts et de nouvelles techniques
d'analyse, d'identifier les paramtres pertinents pour une approche et une
modlisation multi-chelles, et enfin d'identifier les nouveaux besoins en
recherche sur le sujet, afin d'intgrer dans le "Guide AFGC" [BARO 04b] les
avances les plus rcentes,
1res Journes Durabilit du Rseau des Laboratoires des Ponts et Chausses (8-
9 mars 2000, CETE, Bordeaux, France), consacres la prsentation des
mthodes de mesures et d'essais dveloppes au sein du rseau des LPC et la
prsentation des rsultats exprimentaux obtenus avec ces mthodes dans le
cadre du Thme de Recherche OA9 [LCPC 01]. Ces Journes se sont
notamment attaches mettre en vidence l'intrt pratique des recherches
menes et leurs applications possibles,
Sminaire Scientifique "Transferts 2000" (6-7 avril 2000, Grande arche de la
Dfense, Paris, France), dressant la synthse des recherches sur la durabilit
des btons, menes en collaboration avec les diffrents laboratoires associs
dans le cadre du Thme de Recherche OA9. Les rsultats thoriques et
exprimentaux, ainsi que la dmarche scientifique adopte, ont notamment t
prsents lors de cette manifestation [RFGC 01],
Workshop International RILEM sur le Retrait du Bton "Shrinkage 2000" (16-17
octobre 2000, UNESCO, Paris, France) [RILE 00a],
Workshop International RILEM "Performance based evaluation and indicators for
concrete durability" (19-21 mars 2006, Madrid, Espagne) [RILE 07],
2mes Journes Durabilit du Rseau des Laboratoires des Ponts et Chausses
"Durabilit 2006 : Mthodes dessais et applications" (15-16 mai 2006, LNE,
Paris, France) [LCPC 08],
Sminaire Scientifique et Technique AFGC "Indicateurs de durabilit" (19 mai
2006, Grande arche de la Dfense, Paris, France) [AFGC xx].

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 264


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

10 - APPLICATIONS PRATIQUES ET PROCHAINES ETAPES

10.1 - Remarque prliminaire


Mener des recherches reconnues au niveau international, afin de dcortiquer et de
comprendre les mcanismes ( l'chelle microscopique) l'origine du comportement
global macroscopique du matriau bton observable sur les ouvrages, constitue
sans doute un objectif louable pour un chercheur. Cependant, l'auteur a choisi de ne
pas se limiter cet "objectif". Son but final est de pouvoir traduire les rsultats des
recherches menes en outils sduisants, simples, accessibles tous et applicables
par tous, donc en "produits" utiles, afin de :
rduire la distance entre le laboratoire et le chantier (de btiment ou de gnie
civil),
rapprocher chercheurs et ingnieurs de laboratoire, professionnels du btiment et
du gnie civil, et les diffrents acteurs sociaux, dans une dmarche de durabilit
et de conservation du patrimoine globale,
uvrer pour une approche consensuelle franaise, susceptible de devenir par la
suite europenne, voire internationale,
proposer, en alternative aux modles de type "bote noire", une approche
transparente fonde sur des paramtres bien identifis (simples, essentiels et peu
nombreux) et facilement accessibles, et reposant sur des hypothses ralistes
par rapport la prcision recherche (ou possible),
viter "l'inflation" des mesures et des essais de laboratoire, et donc des cots et
des dlais, tout en permettant un traitement plus efficace des donnes.
Les travaux mens avaient donc pour objectif, non seulement de faire avancer les
connaissances et de diffuser ces dernires, comme voqu dans les sections
prcdentes, mais galement de les rendre accessibles dans le but d'une mise en
application oprationnelle et d'un transfert rapide la pratique.

Par exemple, en parallle au lancement de nouveaux projets de recherche (cf. 11),


des outils oprationnels simples (incluant par exemple des mthodologies de
formulation et d'essai), l'intention de l'ingnieur et du praticien, ont t dvelopps
ou sont envisageables sans attendre de nouveaux progrs (scientifiques), sur la
base des rsultats dj disponibles et de l'exprience acquise dans les divers projets
dcrits dans ce document.

Des exemples ou des suggestions d'application et de valorisation des recherches


ralises sont donc donns dans les qui suivent.

10.2 - Mise en pratique de l'approche performantielle et prdictive propose :


cahiers des charges types, base de donnes, analyse de risques et systme-
expert
La nouvelle approche performantielle et prdictive de la durabilit, en particulier la
"bote outils", pourra directement tre applique dans le cadre contractuel de la
rdaction du cahier des charges des projets d'ouvrages. Des exigences prcises
(performantielles) en matire de durabilit pourront tre incluses, de faon
complmentaire aux spcifications relatives la rsistance mcanique, pour
l'obtention d'un bton permettant l'ouvrage de satisfaire une exigence de dure

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 265


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

de vie dans des conditions donnes d'environnement. Un certain nombre d'actions


sont susceptibles de :
favoriser une mise en pratique court terme de la dmarche propose,
gnraliser son application tous les types d'ouvrages (btiment, ouvrages
courants de gnie civil), et pas seulement aux grands ouvrages,
systmatiser son utilisation par les ingnieurs de conception et de bureau
d'tudes (rdacteurs des C.C.T.P. dans le cadre des D.C.E.).
Ces actions sont dclines dans ce qui suit. Rappelons au pralable que cette
approche performantielle a d'ores et dj t prise en compte, en phase de
conception pour estimer la durabilit des btons, dans les cahiers des charges, non
seulement de grands ouvrages tels que le Viaduc de Millau [GUER 02], mais
galement de ponts plus modestes [BARO 04b].

Tout d'abord, il apparat ncessaire de mettre au point des cahiers des charges
types pour les ouvrages du gnie civil. De mme, il serait trs utile de montrer que
l'utilisation d'une approche performantielle facilite l'obtention du label HQE (Haute
Qualit Environnementale) dans le domaine du btiment.

Par ailleurs, afin d'affiner la dmarche et notamment le choix des valeurs admissibles
(seuils) pour les indicateurs de durabilit retenus, il apparat important de continuer
alimenter la base de donnes "microstructure / dformations / durabilit" (cf.
9.1) recensant les valeurs recueillies, la fois en laboratoire et in situ sur une longue
priode en particulier grce au suivi de corps d'preuve et d'ouvrages. Les donnes
rcoltes in situ sont en particulier indispensables la validation des modles. Les
tudes inities dans le cadre du Projet National BHP 2000 (cf. Prambule) [BARO
04c], [BARO 04d] rpondent au moins partiellement ce besoin. Les donnes issues
de ces tudes ont d'ailleurs aliment la base de donnes europenne constitue
dans le cadre du Projet Europen "ChlorTest" [CHLO 05a], en vue de tester des
modles prdictifs [CHLO 05b]. Des donnes "laboratoire" pourront en particulier tre
acquises dans le cadre du Groupe de Travail "Innovation ouvrages d'art - Approche
performantielle" (cf. 10.3 et 10.4) et dans celui de la nouvelle Opration de
Recherche du rseau des LPC (cf. 11.4.4). Des donnes plus spcifiques aux
attaques sulfatiques font toutefois toujours dfaut, mais devraient pouvoir tre
acquises dans le cadre du Consortium Europen "NanoCem" (Role of Nano and
microprocesses in the performance of Cement and concrete) (dirig par K. Scrivener,
EPFL de Lausanne). Pour les donnes sur ouvrages, il pourrait tre intressant et
conomique de profiter des inspections dtailles priodiques des ouvrages d'art, en
compltant les fiches IQOA avec les paramtres "matriau", "environnement" et
"durabilit" adquats. On pourrait ainsi peu de frais effectuer par exemple le mme
type d'analyse que celle ralise sur la cinquantaine de corps d'preuve de l'tude
exprimentale sur sites de vieillissement initie dans le cadre du Projet National BHP
2000 (4 sites diffrents et 15 formules de bton) et prsente dans la rfrence
[BARO 04c], mais plus grande chelle (sur des milliers d'ouvrages) et donc en lui
confrant en sus une validit statistique. Cette base de donnes serait extrmement
utile l'amlioration des connaissances en matire de durabilit et pourrait permettre
le dveloppement de nouvelles approches probabilistes tenant compte
d'exigences de plus en plus grandes en ce qui concerne la dure de vie des
ouvrages.

De plus, il est important de coupler la dmarche technique avec des outils d'analyse
conomique, pour aider la dcision. La notion d'analyse de risques pourrait tre

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 266


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

introduite sous la forme de tableaux, du mme type que ceux tablis pour valuer la
durabilit "potentielle" d'un bton (arm) (cf. 7.1), avec un systme de cotation
(grille de hirarchisation des risques). Aprs avoir dcompos le systme structurel
tudier, les tableaux pourraient tre tablis l'chelle du (ou des) matriau(x)
constitutifs, des lments de la structure, puis de la structure dans son ensemble. Il
s'agira par exemple de tableaux croisant diffrents niveaux de frquence de
dfaillance et diffrents niveaux de gravit, en introduisant ventuellement des filtres.

Il sera sans doute galement intressant, une fois que la dmarche propose, qui est
encore relativement simple et assurment perfectible, aura fait ses preuves, de faire
voluer celle-ci vers une approche encore plus interactive de type systme-expert.
En particulier, en ce qui concerne la phase de suivi dans le temps des ouvrages
existants, il serait utile de poursuivre la dmarche vers l'laboration d'un systme
d'aide la dcision et de suivi des performances des ouvrages in situ, intgrant
aussi bien des actions prventives que curatives, ainsi que le cas chant des codes
de calcul simples. Ce type d'outil contribuerait efficacement la matrise des risques
en gnie civil.

10.3 - Nouveaux principes de conception des ouvrages et de formulation des


btons - Formules rgionales
Afin de mettre en vidence tout l'intrt d'une dmarche performantielle et de
permettre un choix objectif, il est ncessaire de sensibiliser les diffrents acteurs
impliqus dans l'acte de construire (matres d'ouvrage, matres d'uvre,
entrepreneurs, ...) au caractre global de l'approche. Celle-ci pourra en effet dans la
pratique intgrer (grce une analyse multicritres) des critres d'ordre :
conomique,
social (impact sur le cadre de vie de l'esthtique, de la rduction des priodes
de travaux de rparation, , insertion dans le tissu urbain, garanties de scurit
et d'absence de nocivit pour la sant),
environnemental (insertion de l'ouvrage dans des sites naturels et prservation
de ces sites, gestion rationnelle des ressources naturelles, en particulier celles
non renouvelables, et utilisation de sous-produits ou co-produits industriels,
dmantlement des structures et recyclage des matriaux, non pollution, ...),
en sus d'exigences purement techniques (de durabilit).

C'est en particulier en calculant le cot global d'une infrastructure ( partir d'une


analyse du cycle de vie), intgrant notamment :
au niveau du matriau : le cot des constituants et celui des mesures de
rhologie, de rsistance mcaniques et de durabilit,
au niveau de la structure : les cots des tudes de conception, de la construction
(organisation du chantier et ralisation), de maintenance, d'entretien et de
rparation, ainsi que d'interruption ou de perturbation d'exploitation, et
ventuellement de dconstruction la fin du cycle de vie, c'est--dire toutes les
phases du cycle de vie de l'ouvrage y compris long terme,
que l'on peut apprcier pleinement la pertinence et l'aspect comptitif de l'approche
propose et constater un retour sur investissement suprieur. Par exemple, la prise
en compte ds la phase de conception de la durabilit long terme du matriau et
de la structure (dure de vie spcifie diffrente de 50 ans) permet, non seulement
de prvoir les cots et donc d'assurer une bonne gestion des ouvrages, mais
galement de rduire ces cots (notamment ceux associs au gros entretien et aux
rparations).

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 267


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Le dveloppement d'approches systmiques (i.e. incluant les interactions entre les


diffrents facteurs) permettra en outre de valoriser les nouveaux matriaux et de
mieux associer constructeur, propritaire et exploitant, dans un objectif commun de
dveloppement durable. En effet, mme les investisseurs immobiliers sont trs
sensibles ces diffrents aspects et sont eux aussi fortement intresss par le
dveloppement de ces nouvelles approches. Ainsi, on retrouve dans les programmes
des confrences internationales organises rgulirement par la WAPIC (World
Association for Property Investissement and Construction) des interventions sur les
thmes de la dure de vie des immeubles, des nouvelles technologies/approches
pour la construction, du calcul du cycle de vie et de son impact sur l'investissement
immobilier (retour sur investissement), ou encore des immeubles verts.

Ayant d'abord eu souvent un rle purement structurel dans les constructions, le


bton est dsormais devenu un matriau multiples facettes, source de nouvelles
possibilits d'expression. Il est par exemple possible d'associer technologie et
esthtique :
choix des formes (lgret),
aspect, texture et couleur (ainsi que propret, homognit, uni, ...) des
parements,
durabilit accrue, pas ou peu d'entretien,
grce aux nouveaux principes de formulation (adjuvants de nouvelle gnration,
nouveaux btons, traitements varis, ...), et de tirer parti de la richesse des
perspectives offertes du point de vue architectural.

Tout ceci ne peut que concourir donner une meilleure image du bton (matriau
conomique, mais pouvant tre galement "high-tech", cologique, esthtique, ...) et
accrotre le dveloppement du bton apparent, y compris dans le domaine de
l'immobilier (logement), et son association avec d'autres matriaux (acier, verre, bois,
...). Les constantes volutions et innovations lies au bton, apportes par la
recherche, permettent aux structures et infrastructures de s'adapter aux
(nouvelles) contraintes qui lui sont imposes.

Une telle analyse conduit donc s'orienter vers :


une formulation du bton pilote par la durabilit et non plus (seulement) par
la rsistance mcanique,
des formules de bton permettant d'optimiser tous les critres mentionns,
parfois qualifies de "btons verts" ou "btons environnementaux" (on trouve
galement l'Etranger "eco-cement" ou "ecolo-crete"), pour lesquelles il
conviendra de vrifier la durabilit,
afin d'aboutir notamment des structures "non polluantes" et conomes en
ressources non renouvelables. Il est ainsi apparu pertinent de concevoir des
formules rgionales durabilit leve et faible cot, pour rpondre des
proccupations environnementales, en se basant notamment sur les indicateurs de
durabilit et les rgles de bonne formulation. De telles formules, pr-caractrises
(une fois pour toutes, cf. 7.1.3) selon la nouvelle approche de la durabilit,
prsentent de nombreux avantages : elles sont bien adaptes chaque type
d'environnement et elles utilisent des constituants dont on a une bonne exprience,
disponibles localement (granulats) et donc accessibles peu de frais. En sus de la
composition elle-mme, les prescriptions ad-hoc de mise en uvre devront tre
dfinies, en accord avec ce qui a t dit aux 5 et 7. Ce travail a t initi dans le

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 268


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

cadre du Groupe "Innovation ouvrages d'art - Approche performantielle" au sein du


rseau des LPC : des exemples de formules rgionales "cls en main" seront donc
disponibles. Ces travaux permettront d'valuer les consquences de l'approche
performantielle sur la formulation des btons. Cette dmarche prparera en outre les
laboratoires dans leur mission d'assistance aux matres d'ouvrage soucieux de
garantir la durabilit de leurs structures. Elle facilitera galement la mise en pratique
et la gnralisation de l'approche performantielle aux ouvrages courants (en vitant
de refaire pour chaque projet des essais de longue dure, cf. 7.1.2 et 7.1.3) et
concourra donc l'amlioration de la qualit globale des ouvrages. Elle induira
en outre dans les LPC la mise au point de prestations innovantes relatives la
vrification et l'optimisation de la durabilit d'une formule de bton.

10.4 - Equipement des laboratoires et des chantiers - Optimisation des


mthodes d'essais
La poursuite :
de l'quipement des laboratoires du rseau des LPC (dispositifs harmoniss,
dans la mesure du possible). Le Groupe de Travail "Innovation ouvrages d'art -
Approche performantielle" va notamment permettre d'augmenter le nombre de
LRPC quips pour la mesure des indicateurs de durabilit,
du dveloppement, de l'valuation et de l'optimisation des modes
opratoires,
de l'adaptation des outils (mthodes d'essai, modles, ...) aux conditions in situ
et aux "nouveaux risques",
est indispensable. On peut par exemple envisager de complter le mode opratoire
de l'essai d'caillage ou de l'adapter aux conditions in situ (cf. 8.3.4). Il serait en
outre ncessaire de mener des travaux permettant de connatre la prcision (et les
incertitudes) des mthodes d'essais recommandes (voir par exemple la conclusion
gnrale figurant dans la rfrence [BARO 07b]). Tous ces travaux sont d'autant plus
ncessaires dans une perspective de normalisation franaise et europenne des
mthodes d'essai relatives la durabilit (cf. 10.6).

En parallle, il est important d'inciter l'quipement des laboratoires de chantier. On


peut citer ici le cas du laboratoire du chantier de rparation de la Grande Mosque
Hassan II Casablanca (Maroc), o le Laboratoire Public d'Essais et d'Etudes
(LPEE) du Maroc a dploy sur place un panel complet d'quipements pour la
mesure de tous les indicateurs de durabilit et de paramtres complmentaires, en
phase d'tude ainsi que de contrle.

10.5 - Gestion optimise des ouvrages et prdiction de leur dure de vie -


Dveloppement d'une stratgie de suivi des ouvrages et de mthodes
d'auscultation non destructives ou semi destructives

10.5.1 - Stratgie de suivi des ouvrages


Il parat opportun de mettre en place une stratgie de suivi des ouvrages (pour
une inspection ralise dans un objectif d'valuation de la durabilit) sur la base de
mesures :
sur prlvements,
non destructives,
en particulier pour suivre, partir de mesures ralises priodiquement ds la
construction (importance du "point 0") et tout au long de la vie des ouvrages,
l'volution des indicateurs de durabilit et des tmoins de dure de vie. Des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 269


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

mesures peuvent galement tre effectues sur des lments disposs proximit
de l'ouvrage. Ces programmes d'investigation devront absolument tre dfinis ds la
phase de conception. Les conditions initiales seront ainsi parfaitement connues et
une instrumentation ad-hoc devra permettre d'accder galement aux conditions aux
limites, lments indispensables pour la mise en uvre de modles prdictifs. On
disposera ainsi des donnes in situ ncessaires pour valider et affiner les modles
et pour recaler les paramtres de manire itrative.

Des recommandations sont faites dans la rfrence [BARO 04b] pour mettre en
place une telle stratgie, ds la conception de l'ouvrage. Le choix d'un suivi "lourd"
(sur la base de mesures par capteurs, par exemple) ou "lger" (plutt bas sur des
examens visuels) pourra tre effectu partir de l'analyse des risques (permettant
de coupler des critres techniques et conomiques, cf. 10.2 et 10.3).

10.5.2 - Mthodes d'auscultation non destructives et semi destructives


Les mthodes d'auscultation non destructives permettent de quantifier les dsordres
et, dans la mesure ou elles sont rptes dans le temps, d'estimer la vitesse
moyenne dvolution de ces dsordres. Elles peuvent galement alimenter des
modles prdictifs dterministes ou probabilistes. Les mthodes entirement non
destructives prsentent l'avantage de ne pas endommager la structure et donc de
permettre des investigations sur une grande superficie et sur une longue priode.

Cependant, on dispose l'heure actuelle de peu de mthodes non destructives


praticables in situ sur les parements des ouvrages et fournissant des donnes
utilisables pour prvoir la durabilit relative aux processus de transfert, en particulier
utilisables dans les modles (voir par exemple [BARO 08]). Pour plus de dtails sur
les diffrentes mesures non destructives existant pour le bton arm, le lecteur
pourra se reporter la Mthodologie dvaluation non destructive de ltat
daltration des ouvrages en bton [AFGC 05], produite par un groupe de travail
AFGC-COFREND. Ce groupe utilise la dmarche, les indicateurs et les classes
proposes ici pour recommander des mthodes non destructives de contrle des
ouvrages. Dans le rseau des LPC, pour valuer l'tat hydrique ou les proprits de
transport du bton (d'enrobage), on peut citer les mesures de rsistivit lectrique,
de "permabilit" de surface par la sonde BT-CRIS (qui a fait l'objet d'une
simplification et d'une amlioration du mode opratoire [LCPC 08]) et les mesures de
"teneur en eau" de surface par sondes capacitives. On notera qu'une bonne
cohrence a t enregistre entre les classements de mmes sries de btons
fournis, d'une part par les mesures BT-CRIS in situ, et d'autre part par les mesures
de permabilit aux gaz en laboratoire (voir par exemple [BARO 04d]). En ce qui
concerne l'alcali-raction [LCPC 03b], des mthodes d'auscultation non destructives
existent pour la mesure des tmoins de dure de vie gonflement structurel
(distancemtrie) et indice de fissuration [LCPC 97] (cf. 8.2.2).

De plus, ces techniques prsentent encore des faiblesses et leurs rsultats restent
tre compars plus largement avec des mesures sur prlvements et avec des
essais de laboratoire.

Il apparat donc indispensable de poursuivre les efforts engags dans le


dveloppement ou l'optimisation de mthodes d'auscultation des ouvrages
non destructives. Plusieurs groupes de travail ont d'ailleurs pour charge le
recensement ou le dveloppement de tels essais.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 270


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Les mthodes compltement non destructives peuvent apparatre, dans certains cas,
mal adaptes car :
trop lourdes et difficiles mettre en uvre,
pas assez locales et/ou prcises,
trop superficielles,
trop indirectes (ne donnent accs ni aux indicateurs de durabilit, ni aux tmoins
de dure de vie),
coteuses.
Les mthodes semi-destructives peuvent dans ce cas apporter des solutions rapides
et peu onreuses, au moins dans une premire phase d'investigation et petite
chelle. De plus, elles sont indispensables dans une approche performantielle et
prdictive de la durabilit (cf. 8). Il apparat donc important de ne pas ngliger leur
dveloppement ou leur optimisation, en parallle avec ceux de mthodes non
destructives. Le matre d'ouvrage est en effet gnralement tout fait prt accepter
de tels essais, ds lors qu'ils ont t correctement programms lors des tudes de
conception.

Par ailleurs, il est ncessaire de connatre la prcision et les incertitudes des


mthodes semi- ou non-destructives, afin qu'elles puissent tre utilises bon
escient dans les modles de prdiction de la dure de vie rsiduelle des structures
existantes (ventuellement endommages). Il sera en outre utile d'tablir des classes
pour les rsultats d'essais (voir par exemple [TORR 99]).

10.5.3 - Optimisation de la maintenance des infrastructures et des ouvrages


Enfin, toute stratgie de suivi des ouvrages, mene en relation avec la durabilit et la
dure de vie, doit s'accompagner d'une stratgie de maintenance (et de rparation,
le cas chant). En effet, si la qualit est mme d'tre assure par la conception et
l'excution, la scurit, quant elle, sera assure de faon prenne par une
maintenance rationnelle et optimise. De plus, cette maintenance doit tre planifie,
l encore, ds la phase de conception. Il est possible de dfinir cet effet des
classes de maintenance, fonction du niveau de qualit requis et du niveau de
risque. On pourra par exemple se baser sur les documents existants (voir par
exemple [FIB 06]), en adaptant les classes aux niveaux d'exigence dfinis dans le
cadre de l'approche prsente ici.

10.5.4 - Particularits de la gestion des ouvrages existants et de la prdiction de leur


dure de vie rsiduelle
Compte tenu du degr actuel d'quipement de la France en infrastructures, dans ce
domaine-l tout au moins, le nombre de structures restant construire est faible
compar celui des structures dj construites. Et il en va de mme pour beaucoup
d'autres pays. La conservation et le suivi du patrimoine sont donc dsormais au
centre des proccupations de notre socit. Ainsi, l'valuation (auscultation,
diagnostic, ...) de l'tat des ouvrages existants et la prdiction de leur dure de vie
rsiduelle (re-calcul de structures existantes ou de structures rpares) revtent une
importance particulire. Ce champ est plus difficile couvrir que celui des ouvrages
neufs car l'historique, et en particulier l'tat de rfrence, des ouvrages tudier fait
encore l'heure actuelle souvent dfaut. On dispose cependant au moins d'un suivi
priodique sur la dtection et l'volution des pathologies. L'valuation de l'tat des
ouvrages existants et la prdiction de leur dure de vie rsiduelle pourront tre
associes aux recherches menes sur la protection et la rparation des structures en

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 271


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

bton arm (renforcement et rparation par collage de matriaux composites


matrice organique, btons fibrs projets, protection cathodique, traitements
lectrochimiques de dchloruration ou de ralcalinisation [BOUT 06], cf. 11.4.4, ...).
Un tat de l'art figure dans les rfrences [RAHA 05] et [BARO 08].

On notera que dsormais une part importante des ouvrages existants a plus de 30
ans et que l'on entre donc pour ces ouvrages dans une phase o la probabilit
d'apparition des dsordres est leve. Il convient donc d'apprcier prcisment les
risques, afin d'assurer une programmation optimale vis--vis de la scurit, qui reste
ralisable conomiquement. On notera en outre que si un programme de suivi avait
t tabli en amont de la construction de l'ouvrage, ce programme devra fort
probablement tre rvalu en fonction des budgets allous annuellement.

10.6 - Rglementation et normalisation franaises et europennes


"L'introduction" de rsultats des recherches prsentes dans ce document, et en
particulier de la mthodologie propose, dans la rglementation et la normalisation
franaises et europennes, et notamment leur prise en compte lors de la rvision des
textes existants, parat une application souhaitable et naturelle, dans l'objectif d'une
normalisation et d'une rglementation europennes harmonises et scientifiquement
fondes. L'implication dans les instances pr-normatives et normatives, franaises et
internationales, est susceptible de faciliter le transfert des connaissances et la prise
en compte dans les textes de normes des nouvelles avances, mme si cette prise
en compte est rarement immdiate. On notera que la dmarche allant vers le
dveloppement de recommandations puis de normes internationales, proposant une
conception performantielle de la durabilit des ouvrages en solution alternative
l'approche prescriptive, semble bien engage, comme illustr dans ce qui suit.

Les rflexions menes au sein du Groupe de Travail de l'AFGC ont ainsi d'ores et
dj permis de faire voluer les normes d'essais [AFNO 04a] et la mthodologie de
diagnostic relatives l'alcali-raction [AFNO 04b]. Nanmoins, peu de mthodes
d'essais relatives la durabilit en gnral et en particulier vis--vis de la corrosion
des armatures font la date de rdaction du prsent document l'objet de normes. Or,
de tels documents prsenteraient au moins l'avantage d'tre le fruit d'un consensus
et de conduire une homognisation des pratiques. Les commissions europennes
de normalisation des ciments (CEN/TC51) et des btons (CEN/TC104) ont donc
inscrit au programme de leur Groupe de Travail commun WG12/TG5 "Corrosion of
reinforcement - Performance-related test methods" la normalisation de mthodes
d'essais relatives la pntration des chlorures et la carbonatation, sur la base des
travaux effectus par le RILEM TC 178-TMC, le Projet Europen "ChlorTest" et le
Groupe de Travail TG 5.6 de la FIB (cf. Prambule).

De mme, dans le cadre de la rglementation, on peut concevoir de faire voluer les


spcifications relatives l'enrobage. On notera de plus que les spcifications-types
relatives aux indicateurs de durabilit, proposes dans la rfrence [BARO 04b], vont
permettre de dfinir des exigences complmentaires inclure dans la version
rvise du Fascicule 65A (rgles d'excution des ouvrages en bton). Cette
nouvelle version, ncessite par la mise en application de l'EN 206-1, retiendra la
possibilit d'avoir recours une approche performantielle de la durabilit en
drogation aux spcifications relatives au dosage en liant quivalent.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 272


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

De plus, l'Annexe Nationale de l'Eurocode 2 (EN 1992-1.1) [TOUT 05], [AFNO 06]
fait rfrence au "Guide AFGC" [BARO 04b], en proposant de complter les
spcifications de l'Eurocode lui-mme par celles relatives un indicateur de
durabilit (par exemple la porosit accessible l'eau), afin d'assurer la durabilit
dans certains cas. On notera ce propos que les travaux mens dans le cadre du
Thme de Recherche OA9 [TONN 01] et du Projet National BHP 2000 [BARO 04c]
ont permis d'ajuster les valeurs d'enrobage minimales requises pour la durabilit vis-
-vis de la corrosion des armatures [TOUT 05]. Dans l'idal, il serait souhaitable
d'tablir pour chaque indicateur de durabilit un tableau analogue celui cit en
annexe dans le "Guide AFGC" pour la rsistivit lectrique [ANDR 01]. Plus
prcisment, il s'agirait de dcliner les tableaux des spcifications-types du "Guide
AFGC", tablis dans le cas o l'enrobage satisfait au rglement actuel, en diffrents
tableaux correspondant diffrentes valeurs d'enrobage. Ce travail prsenterait un
grand intrt pour les compositions de bton particulires.

Dans le cadre de la pr-normalisation et de la normalisation franaise, il a t


propos la Commission Franaise de Normalisation des Btons de rdiger un
Fascicule de Documentation AFNOR, bas sur la dmarche propose dans le
"Guide AFGC" (en particulier les indicateurs de durabilit et les spcifications-types),
afin de prparer une doctrine franaise officielle susceptible de servir de rfrence au
niveau europen (et donc traduire en CEN Report). La France pourra dans ce cas
jouer un rle moteur dans le cadre de la normalisation Europenne.

A la date de rdaction de ce document, la norme Europenne EN 206-1 [AFNO 00]


fait rfrence une formulation valide par une approche performantielle, mais ne
donne que des indications trs gnrales sur son contenu (cf. 1.7). Les enjeux
pour la France sont de ne pas se voir imposer des approches susceptibles d'tre
moins bien adaptes ses proccupations et/ou moins labores par rapport ses
propres travaux, tout en rendant ces derniers utiles la communaut internationale.
Les travaux rcents mens par la communaut europenne sur la durabilit, et en
particulier la mthodologie dcrite ici et les rsultats de ces recherches, pourraient
permettre d'inclure dans le texte de la norme des lments quantitatifs en termes de
durabilit (spcifications et critres performantiels). Il apparat donc opportun de
profiter de la rvision de l'EN 206-1 pour complter le texte en introduisant
concrtement la notion d'approche performantielle. Le CEN/TC104 avait
effectivement clairement lanc un plan d'action europen lors du vote de la norme en
confiant le travail relatif, d'une part aux mthodes d'essais, et d'autre part aux
mthodes de calcul et aux modles, au RILEM TC 178-TMC et au Groupe de Travail
TG 5.6 de la FIB, respectivement. On pourra ainsi esprer disposer, lors de la
prochaine rvision, d'une norme bton qui intgrera concrtement une approche
performantielle de la durabilit.

Le TG 5.6 de la FIB avait en effet pour tche la rdaction d'un rglement de


conception des structures en bton incluant galement les rgles d'excution et de
maintenance "FIB Model Code for Service Life Design" [FIB 06]. L'approche
dveloppe au sein du TG 5.6 est galement une approche globale. Elle intgre
toutes les tapes de la vie de la structure interagissant avec son environnement
(excution, construction, utilisation future, suivi, maintenance, ...). Un panel de
mthodologies de calcul est propos, dont le degr de sophistication varie avec le
niveau d'exigence, l'agressivit de l'environnement (et son interaction avec la
structure) et les consquences attendues en cas de non respect des spcifications,

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 273


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

donc selon la mme philosophie que l'approche prsente ici et initie au niveau
franais dans le cadre du Groupe de Travail de l'AFGC. Dans le document produit
par le TG 5.6 de la FIB [FIB 06], le plus haut degr de sophistication correspond
une mthode de conception entirement probabiliste. Cependant, on notera que
toutes les mthodologies proposes garantissent une dure de vie de 50 ans, bien
que l'indice de fiabilit soit ajustable. A titre d'exemple, pour la corrosion initie par
carbonatation dans le cas o le bton n'est pas fissur, les calculs ont t effectus
avec un indice de fiabilit vis vis--vis de l'ELS 1 (dpassivation des armatures, cf.
Figure 3.1) dpassivation = 1,3, mais ceux-ci peuvent tre refaits avec un indice
suprieur. De plus, les modles choisis pour la carbonatation et la pntration des
chlorures sont principalement des modles empiriques. On notera par ailleurs que ce
document fait rfrence au "Guide AFGC" comme mthodologie alternative.

Dans le cadre des groupes de travail des Commissions de Normalisation Franaise


(CNC/GEF-CAC "Ciments d'aluminates de calcium") et Europenne
(CEN/TC51/WG6/TG1 "Calcium aluminate cement"), une rflexion et des travaux ont
t amorcs, afin d'introduire dans une prochaine rvision du texte de la norme
relative aux ciments d'aluminates de calcium [CEN 05], une dmarche
performantielle pour garantir la durabilit des btons de ciment d'aluminate de
calcium. La rsistance mcanique aprs conversion, paramtre cl pour ces
matriaux destins des environnements particulirement agressifs, deviendrait la
caractristique de base ou un indicateur spcifique. Les indicateurs de durabilit
gnraux dfinis dans le "Guide AFGC", resteraient quant eux valables pour ces
matriaux. En parallle, les recherches se poursuivent sur ce matriau dans cette
perspective.

10.7 - Formation des tudiants et des professionnels


L'volution des pratiques quotidiennes sur le terrain passe invitablement par la
formation. Outre ses activits d'enseignement rgulires, l'auteur, intervenant dans
des confrences vocation de formation d'tudiants ou de professionnels
(organises par diffrents organismes ou associations, en France ou l'Etranger),
dans le domaine des nouveaux btons ou dans celui des nouvelles approches de la
durabilit du bton et des structures, ne peut que constater le souhait actuel dans
diffrents tablissements de faire bnficier le plus rapidement possible les (futurs)
ingnieurs et praticiens des plus rcents progrs de la science.

On notera de plus que la thmatique "durabilit des matriaux et des structures" se


dveloppe dans les cursus de diffrents tablissements (classes prparatoires,
Universits, Ecoles d'architecture et d'Ingnieurs, ...) et fait dsormais rgulirement
l'objet de projets.

On peut donc esprer observer dans un avenir proche un raccourcissement du


temps et de l'espace sparant, d'une part, le laboratoire de recherche et, d'autre part,
les coles d'ingnieur (et autres organismes de formation), le bureau d'tudes et le
chantier. Plus largement, on peut penser que les dcideurs pourront bientt intgrer
systmatiquement des approches innovantes dans la conception et la gestion des
infrastructures.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 274


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

11 - PERSPECTIVES POUR LES RECHERCHES FUTURES

11.1 - Introduction
Les rsultats scientifiques acquis vont pouvoir servir de base de nouveaux projets.
Dans ce qui suit, des pistes et des orientations sont proposes dans cette
perspective, pour les recherches thoriques et exprimentales mener dans les
annes venir dans le domaine de la durabilit des matriaux et des ouvrages du
btiment et du gnie civil. Celles-ci sont fondes sur :
les nouveaux besoins identifis l'issue des travaux scientifiques dcrits dans ce
document,
les attentes des matres douvrages et des entreprises,
les rcents dveloppements de la normalisation europenne sur lapproche
performantielle.

Un nouveau projet de recherche, propos dans le cadre des Oprations de


Recherche du rseau des LPC, est en particulier prsent au 11.4.4.

11.2 - Evaluation et prdiction de la durabilit des matriaux nouveaux au


service du dveloppement durable
L'valuation et la prdiction de la durabilit des matriaux de construction (et de
rparation) nouveaux au service du dveloppement durable (BAP, BFUP, "btons
environnementaux", btons de granulats lgers, matriaux composites, ...) constitue
une suite logique aux travaux raliss jusqu'ici.

Comme cela a t illustr pour les btons de ciment d'aluminate de calcium au


10.6, il est envisageable d'appliquer le concept d'approche performantielle d'autres
matriaux que ceux dfinis dans le cadre du "Guide AFGC" (essentiellement btons
ordinaires pour btiment et ouvrages d'art, et btons hautes ou trs hautes
performances). Ceci sous-entend toutefois que l'tat des connaissances permette de
disposer des outils adquats pour le dveloppement d'une mthodologie gnrale.

Dans le secteur des nouveaux matriaux matrice cimentaire, on peut citer


l'exemple des BFUP qui ont fait l'objet d'un guide spcifique [AFGC 02], incluant des
recommandations relatives la durabilit bases sur l'approche performantielle
dcrite ici. Indispensables lorsque des structures lgres et sans armatures sont
requises, c'est cependant grce une durabilit nettement amliore que les BFUP
sont susceptibles de trouver une place de choix dans le monde du gnie civil et du
btiment. Il est donc important d'acqurir l'exprience ncessaire pour quantifier
prcisment ce gain de durabilit, qui peut tre trs variable selon la quantit (allant
de l'ordre de 2 % en volume pour certains DUCTAL 10 % en volume pour le
matriau multi-fibres CEMTEC [PARA 04], par exemple), les dimensions ou la
nature des fibres (en acier ou synthtiques). L'auto-cicatrisation des fissures est
galement mme d'amliorer la durabilit de ces matriaux. Il est de plus important
de vrifier si ces btons sont rellement susceptibles de soulever des problmes de
durabilit (ou d'esthtique) spcifiques (corrosion des fibres dans les environnements
trs agressifs, dgradation de l'adhrence fibre-matrice notamment lors de l'tuvage
li au process de fabrication, sensibilit aux conditions de cure, vieillissement des
adjuvants, comportement au feu, formation diffre d'ettringite, retrait-fluage, ) et si
l'on a examin tous les moyens pour les rsoudre le cas chant. Il semble que des
actions de recherche ou au moins une rflexion restent encore mener sur bon

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 275


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

nombre de ces points. Certains BFUP peuvent ncessiter en outre le dveloppement


de mthodes d'essais particulires du fait notamment d'une trs forte compacit, du
risque de dgradation des fibres synthtiques (dont l'utilisation est appele se
dvelopper du fait d'un moindre cot par rapport aux fibres mtalliques) ou de
l'adhrence fibre-matrice lors de l'tuvage des prouvettes pralable certains
essais, de la perturbation ventuelle engendre par la prsence de fibres mtalliques
pour les mthodes lectriques, afin de quantifier les paramtres (tels que les
indicateurs de durabilit) et de constituer une base de donnes. Une rvision des
recommandations relatives la durabilit figurant dans [AFGC 02] sera sans doute
envisager sur la base des connaissances et de l'exprience acquises.

En ce qui concerne les BAP [OKAM 99], leur formulation particulire ncessite
d'adapter les procdures de cure (en particulier la dure), afin de garantir de bonnes
proprits dans le temps et donc une bonne durabilit (cf. 5 et 7). De plus, des
questions se posent toujours au sujet de leur comportement au gel en particulier en
prsence de sels [PERS 06] ou de leurs dformations diffres, tant donn les
rsultats peu consensuels issus de la littrature, du fait notamment des nombreuses
variantes de formulation qui intgrent additions minrales et adjuvants organiques.
En particulier, il est souvent observ un plus fort retrait/fluage principalement attribu
une plus forte teneur en pte [LEE 05], mais le contraire peut tre observ avec
certaines formules spcifiques [STAQ 06], [VILL 08b]. Enfin, il est important de les
situer vis--vis des classes de durabilit potentielle, afin d'tendre le champ
d'application des spcifications relatives la durabilit ce type de btons.

On peut assimiler des matriaux nouveaux les formules fortes teneurs en


additions minrales ou combinant plusieurs additions, encore peu utilises en
France l'heure actuelle, mais qui sont amenes fortement se dvelopper du fait
(cf. 1.7) :
de leur intrt du point de vue de la durabilit. Certains types de formules ont
dj fait l'objet de travaux sur diffrents aspects de la durabilit (voir par exemple
[REGO 75], [BLES 02], [THOM 92], [THOM 99], [SHEH 02]),
de leur intrt du point de vue conomique et environnemental,
du retour d'exprience provenant d'autres pays,
de la parution des normes Europennes sur les fumes de silice (prEN 13263-1
et -2) et les cendres volantes (prEN 450-1 et -2), et des travaux de normalisation
sur les laitiers de haut-fourneau et les mtakaolins,
du dveloppement d'approches performantielles.
Il parat donc important d'acqurir des donnes relativement ces matriaux
(notamment les indicateurs de durabilit), de mettre en vidence leurs spcificits
(en particulier au niveau des risques de fissuration prcoce, ou encore des
interactions fluide-matrice) et d'examiner comment ils se situent sur la base de
critres de durabilit, afin de les intgrer pleinement dans la nouvelle approche
dveloppe.

De faon analogue, c'est des fins de durabilit que les btons aux polymres
(matrice composite ciment-polymre, voire polymre seule [SAN-J 07]) sont
susceptibles d'tre valoriss et de se dvelopper. Cependant, apparat ici la
ncessit de mieux connatre les processus de vieillissement des polymres dans
les btons, de prvoir leurs consquences et, le cas chant, de les contrler. De
plus, la ncessit d'identifier des indicateurs de durabilit spcifiques est l encore
manifeste.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 276


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Il est en outre possible d'adapter la dmarche propose d'autres composites ou


des matriaux matrice non cimentaire. Pour aller plus loin, on notera qu'
l'chelle de la structure, une utilisation plus frquente ou de manire moins classique
de structures composites peut reprsenter un potentiel intressant dans le contexte
du dveloppement durable (pour de nouvelles structures ou en rparation, ...). Une
fois l'tude du vieillissement et de la durabilit ralise pour les diffrents matriaux
impliqus dans un type de structure donn et pour le systme d'assemblage
(connexion), on peut alors travailler au dveloppement d'une approche multi-
matriaux. Il est important de mentionner ici le bois, utilis seul, ou en structure
composite ou hybride (par exemple, pont avec dalle en BFUP - couche mince de
renforcement en composite fibres de carbone - poutres en bois [TOUT 07]), ou
encore en granulats de bton lger. Le bois est une ressource renouvelable utilise
depuis trs longtemps, mais pour laquelle un dveloppement accru est prvoir
dans le domaine de la construction, dans le contexte du dveloppement durable.
Dans ce cas, il sera toutefois ncessaire de prendre en compte ces spcificits
(importance des dgradations organiques, cintique des transferts hydriques trs
diffrente par rapport au cas du bton, etc).

11.3 - Extension de l'approche performantielle et prdictive propose d'autres


types de dgradation
Une dmarche analogue celle propose pour la corrosion des armatures et l'alcali-
raction pourra tre dveloppe pour d'autres types de dgradation, lorsque l'on
aura identifi et valid de faon consensuelle les indicateurs de durabilit spcifiques
et les tmoins de dure de vie, les mthodes permettant de les quantifier, ainsi que
les modles prdictifs associs. On peut par exemple envisager de traiter la
rsistance aux :
cycles de gel-dgel avec ou sans sels,
attaques sulfatiques externes et/ou internes,
autres environnements chimiquement agressifs (lixiviation),
cas pour lesquels le besoin d'outils de prdiction est trs fort l'heure actuelle.

A titre d'exemple, pour identifier des indicateurs spcifiques pertinents vis--vis des
dgradations dues au gel, on pourra se baser sur les Recommandations du LCPC
[LCPC 03a], sur les conclusions reportes au 5.10 et sur les suggestions faites
dans la rfrence [BARO 02c], parmi lesquelles, pour les btons formuls avec agent
entraneur d'air, les caractristiques du rseau de bulles d'air (en particulier le facteur
d'espacement : demi-distance entre deux bulles voisines). En effet, ces
caractristiques peuvent se rvler au moins aussi importantes, vis--vis du gel, que
les caractristiques du rseau poreux, selon le type de bton considr et le volume
d'air entran. De faon plus gnrale, le taux de saturation en eau liquide (dj
retenu comme paramtre complmentaire, cf. 4.6), sur lequel sont bass des
modles de prdiction de la dure de vie lie la rsistance au gel sans sels [FAGE
04], [FIB 06], ou la teneur en eau gelable, peuvent galement constituer de bons
indicateurs. L'indicateur de durabilit permabilit, quantifiant la notion de
connectivit du rseau des vides (en particulier avec la surface) parat galement
indispensable pour caractriser et prdire le comportement au gel (avec ou sans
sels) [BARO 02c].

Pour ce qui concerne les attaques sulfatiques externes, il est important de


distinguer formation d'ettringite et formation de thaumasite. L'identification des

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 277


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

indicateurs de durabilit spcifiques et des tmoins de dure de vie, la mise au point


conscutive d'un essai "acclr" pour acqurir des donnes en laboratoire, ainsi
que la ralisation de mesures in situ long terme, de mme que la dfinition des
phases d'incubation et de propagation, iront de pair avec une meilleure
comprhension et/ou une clarification des mcanismes de base. La modlisation des
phnomnes au sein de la microstructure du bton, faisant intervenir les processus
de diffusion, d'interaction lectrique entre ions, de sorption, ..., ainsi que les ractions
chimiques, et prenant en compte les cintiques, en sera alors facilite. Il sera
notamment possible d'tudier l'influence de la composition du ciment ou de la
prsence d'additions minrales (pouzzolaniques, laitier, ...), en fonction notamment
de la temprature, sur les processus, et de l sur le comportement du bton, et
d'obtenir des rsultats utiles la pratique et la normalisation. Il sera ainsi possible
de sortir des voies sans issue suivies jusqu' maintenant (bases sur un test
d'expansion en laboratoire sur petites prouvettes de mortier, qui s'est rvl peu
reproductible et peu discriminant).

11.4 - Prdiction de la dure de vie des ouvrages en bton (arm) -


Dveloppement de modles physico-chimiques coupls

11.4.1 - Introduction : extension de la nouvelle approche de la durabilit la structure


en bton (arm)
L'aspect durabilit des ouvrages constitue la prochaine tape franchir en vue de
la mise en pratique effective d'une approche performantielle pour la matrise et
l'valuation quantitative de la durabilit, fonde sur des paramtres objectifs et
fondamentaux (les indicateurs de durabilit). Comme nous l'avons vu (cf. 10.3),
c'est en effet en prenant en compte l'ensemble des paramtres lis l'ouvrage que
l'on peut tirer le plus grand bnfice d'une approche globale qui permet d'optimiser le
cot total de louvrage. Cet enjeu est galement peru au niveau international,
comme illustr par les diffrentes actions inities pour tablir un corpus technique sur
la matrise de la dure de vie des structures en fonction de leur environnement.

Ceci ncessite tout d'abord de dvelopper une dmarche "structure", la suite des
travaux consacrs plutt l'aspect "matriau" dcrits dans ce document. Les
structures concernes ici sont la fois les ouvrages de gnie civil et les btiments.
Plus prcisment, il s'agit d'intgrer :
l'approche performantielle de la durabilit du matriau dans la conception des
structures en bton,
une description plus prcise des processus physico-chimiques dans les modles
de prdiction de la dure de vie des structures,
coupler des approches dterministe (o les donnes d'entre sont des valeurs
moyennes) et probabiliste (en intgrant des variables alatoires dans les
modles physico-chimiques), afin de prendre en compte les incertitudes et en
particulier la variabilit de certains paramtres lies au matriau, la gomtrie
de la structure, l'environnement, aux mthodes de mesure, ...,
la phase de propagation (voir modle conceptuel de la dure de vie en figure
3.1),
une fissuration ventuelle.
Certaines sorties (tmoins de dure de vie) des modles "matriau", telles que par
exemple la courbe de dformation de gonflement induit par alcali-raction, pourront
alors constituer les donnes d'entre des modles "structure" (cf. 8.2.3). D'autre
part, cette dmarche devra intgrer les caractristiques gomtriques de l'lment

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 278


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

de structure qui sont dterminantes vis--vis du ou des processus considr(s). Pour


ce qui concerne la corrosion des armatures, l'enrobage, le diamtre des armatures,
la fissuration, le temps de propagation, la vitesse de corrosion, ..., auront une
influence dterminante.

Des exemples pouvant servir de base une telle approche figurent notamment dans
les rfrences [RILE 03], [FIB 06] ou [RILE 07]. Bien que ce travail soit dj engag,
il reste en particulier dvelopper ou valider en conditions relles, suivant les cas,
des modles de prdiction de la dure de vie des ouvrages, si possible multi-
chelles (cf. 8.4 et 8.6).

11.4.2 - Prise en compte de la phase de propagation, de la fissuration et de la


maintenance approprie
Selon l'approche choisie dans ce document, la dure de vie est considre comme la
dure de la priode d'incubation. Les raisons et avantages de ce choix ont dj
t explicits (simplicit, pertinence vis--vis d'une approche "matriau", aspect
conservatif et donc scuritaire, ..., cf. 3). Cependant, si dans les perspectives de
recherches et d'applications futures, on a pour objectif, d'une part, d'tendre
l'approche la structure dans son ensemble, et d'autre part, de profiter des avances
scientifiques qui permettent des prdictions plus fines et prcises et donc de rduire
les coefficients de scurit, il devient utile de prendre en compte dans la dure de vie
la dure (tout ou partie) de la priode de propagation. A ce titre, on notera que,
selon les normes en vigueur au Royaume Uni, la dure de la priode de propagation
est considre comme gale 15 ans. Ceci laisse entrevoir l'intrt (conomique)
que reprsente la possibilit de profiter d'au moins une partie de cette "rserve". Ceci
laisse galement penser que l'on pourrait gagner plusieurs annes de "service" sans
que la fonctionnalit de la structure soit remise en question (cf. Figure 3.1), si
toutefois l'on a prvu en amont l'entretien et les rparations adquates (par exemple
ragrages locaux, ..., cf. 10.5).

Peu de modles existants intgrent la phase de propagation (et la fissuration), et


lorsqu'ils l'intgrent, c'est la plupart du temps de faon empirique et/ou sur la base de
peu de donnes (voir par exemple [KIRK 02], [FIB 06]). En particulier, la corrlation
entre qualit du bton, microenvironnement et vitesse de corrosion n'est pas dcrite
en dtail. En effet, une fois la dpassivation des armatures amorce (ELS 1, cf.
Figure 3.1), il est difficile d'estimer le temps s'coulant avant l'apparition des fissures
T2 (ELS 2, cf. Figure 3.1) et avant l'clatement du parement en bton T3 (ELS 3, cf.
Figure 3.1). Devant cette constatation, le Groupe de Travail TG 5.6 de la FIB (cf.
Prambule) avait d'ailleurs pris le parti d'organiser une campagne d'estimation du
temps de propagation relatif la corrosion des armatures, en fonction de la classe
d'environnement de l'EN 206-1 et de l'Eurocode 2, en interrogeant un panel d'experts
internationaux la manire de l'Oracle de Delphes. Les rponses trs partielles
reues l'issue du premier tour de cette enqute avaient d'ailleurs confirm la
difficult de cette estimation. Toutefois, l'issue du second tour, le traitement
probabiliste des donnes disposition a permis d'estimer, au moins pour la classe
XC4 T = 20 C, la valeur moyenne de T2 (0-10 ans), T3 (10-20 ans) et T4 (ruine de
l'ouvrage). On peut en outre citer l'approche adopte dans la rfrence [SILV 05], o
la perte de performance (corrosion, ouverture de fissure, dlamination et
pourcentage de perte de section d'acier) est introduite dans un contexte de calcul
d'ouvrage en bton arm.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 279


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Dans la phase d'incubation, la fissuration peut jouer un rle important. Pour la


corrosion initie par les chlorures, on peut par exemple penser au cas o les ions
chlorure sont susceptibles de pntrer dans le bton par absorption capillaire
(conditions non satures) (cf. 5.5). Toutefois, des travaux mens par Franois et al.
[FRAN 94], [FRAN 98] sur des poutres l'chelle 1 places dans une ambiance
agressive (cycles d'humidification-schage en prsence de chlorures) ont montr
que pour un bton fissur, entre la fin de la priode d'incubation (dpassivation des
armatures) et le dmarrage des dgradations, il pouvait s'couler plusieurs annes.
Dans les autres cas, c'est--dire lorsque les processus diffusionnels sont
prpondrants, la fissuration n'a qu'un rle mineur durant la phase d'incubation (cf.
5.5 et voir galement l'tat de l'art et les rsultats exprimentaux reports dans les
rfrences [BARO 04b] et [BARO 04d]). Par contre, la fissuration joue un rle
dterminant dans la priode de propagation. La prise en compte de la fissuration
devient donc ncessaire lorsque l'on se situe l'chelle de la structure, notamment
dans les modles prdictifs relatifs la corrosion des armatures (initie par
carbonatation ou pntration des chlorures) intgrant la priode de propagation.

11.4.3 - Recherches poursuivre l'chelle du matriau bton - Dveloppement de


modles physico-chimiques coupls selon une approche multiphasique et multi-
espces dans un cadre dterministe et probabiliste
Outre le passage du matriau la structure, qui, comme nous venons de le voir, peut
s'avrer difficile ngocier, l'chelle du matriau, des mcanismes restent
lucider dans l'optique de la comprhension des phnomnes (non linaires)
intervenant in situ et d'une prise en compte judicieuse dans les modles. Ces
derniers doivent en effet tre en mesure de simuler le comportement du bton en
conditions relles dans une structure donne et pas seulement celui en conditions de
laboratoire. On peut citer par exemple l'influence des cycles
d'humidification/schage, des variations de temprature et des variations de
concentration en espces potentiellement agressives, dus l'environnement. Ces
phnomnes influencent les processus de transport des espces potentiellement
agressives, soit directement par leur action physique, soit par l'intermdiaire des
modifications chimiques et microstructurales gnres dans le bton.

Il est par exemple ncessaire de poursuivre les travaux sur la comprhension et la


quantification des processus de pntration et d'interaction des ions (chlorure) dans
le bton (cf. 5.7 et 8), afin de parvenir des conclusions claires pour leur prise en
compte de faon pertinente, gnrale et simple dans les modles, par le biais de
paramtres spcifiques la corrosion initie par les chlorures (isotherme
d'interaction ou capacit de fixation pour les modles physiques et concentration de
surface pour les modles empiriques, cf. 4.6). A titre d'exemple, il est fondamental
d'arriver comprendre et simuler correctement des phnomnes observs
exprimentalement, tels que la diffrence entre concentration mesure en surface du
bton et valeur calcule partir de la concentration de la solution de contact, et
variabilit de cette concentration de surface en fonction du temps. On peut de plus
envisager d'tablir des classes pour ces paramtres spcifiques, comme cela a t
fait pour les indicateurs de durabilit gnraux et de substitution (cf. 7.1). A partir
de l, on peut mme envisager le classement de ces paramtres, qui sont en fait
aussi importants pour la prdiction de la durabilit vis--vis de la corrosion initie par
les chlorures que le coefficient de diffusion, dans la catgorie des indicateurs de
durabilit. A titre d'exemple, la concentration de surface est notamment requise
comme donne d'entre des modles empiriques, mme les plus simples.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 280


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

Il est en outre important de poursuivre le dveloppement de l'approche


multiphasique initie, afin de btir des modles coupls. Le matriau, en cours
d'hydratation (et d'autodessiccation), est en effet susceptible d'tre soumis des
transferts combins d'eau, d'ions (chlorures, sulfates, ...) et de gaz carbonique
(carbonatation). De plus, dans ce cas, les processus endognes et exognes vont
interfrer. Il est donc en particulier ncessaire d'intgrer dans le modle les
interactions hydratation-schage. Le dveloppement de ces modles coupls
constituera la suite logique des travaux de thse de Mainguy [MAIN 99] sur la
modlisation des transferts hydriques, de Francy [FRANCY 98] et de Nguyen [NGUY
07b] sur la modlisation de la pntration des chlorures dans des matriaux
partiellement saturs, et de Thiery [THIE 06a] sur la modlisation de la carbonatation
des btons.

Nous avons vu en outre qu'il tait indispensable de s'intresser au jeune ge, car
c'est cette priode qu'est susceptible d'apparatre une fissuration qui influencera de
faon dcisive la dure de vie de l'ouvrage, et de tirer les consquences de ces
observations pour les principes de formulation et les mthodes d'essai. Pour ce qui
concerne la comprhension des mcanismes d'hydratation et de dformations au
jeune et trs jeune ge, il apparat utile prcisment de (cf. 5 et 6) :
continuer la comparaison entre dformations endognes volumiques et
dformations unidimensionnelles sur plusieurs formules de ptes de ciment,
tudier l'influence de la temprature sur les dformations endognes
unidimensionnelles libres,
mesurer les dformations endognes libres sur des matriaux de synthse, afin
de tester les diffrents scnarii envisags (par exemple, matriau sans C3A pour
liminer le gonflement ettringitique).
L'tude thorique et exprimentale des processus physico-chimiques d'hydratation
survenant au trs jeune ge pourra notamment se poursuivre dans le cadre de la
collaboration avec l'universit de Prague (cf. Prambule).

On notera pour finir que les recherches poursuivre l'chelle du matriau et le


dveloppement d'une approche multiphasique et multi-espces requirent d'investir
non seulement dans l'laboration de modles coupls, mais galement dans des
mesures fines et des quipements "pointus" (RMN, ..., en particulier pour le cas des
interactions ions-matrice, cf. 5.7).

11.4.4 - Conclusion : nouvelle Opration de Recherche du rseau des LPC


"Approche performantielle et probabiliste de la dure de vie des ouvrages en bton
arm" (2006-2010)
Face l'enjeu conomique que reprsente la matrise de la durabilit (et des risques)
ds la conception des structures en bton, une nouvelle Opration de Recherche,
anime par V. Baroghel-Bouny et C. Crmona, LCPC, a t lance en 2006, avec
l'objectif d'une prdiction de la durabilit intgrant matriau et structure. Une telle
opration de recherche s'inscrit dans le champ plus large de la conception des
infrastructures et des structures pour un dveloppement durable. La matrise de
la qualit de la "peau" du bton, et donc de la fissuration superficielle, est
naturellement au "cur" de ce sujet.

Au niveau du matriau, l'approche performantielle et prdictive de la durabilit sera


tendue des matriaux nouveaux dans le contexte du dveloppement durable

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 281


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

(par exemple btons autoplaants avec laitiers ou mtakaolins, ..., cf. 11.2), en
prenant en compte leurs spcificits (hydraulicit-pouzzolanicit, capacits
d'interaction fluide-matrice, systme poreux, cintiques des processus, ...) avec
ventuellement adaptation des mthodes et des critres de durabilit. Comme
voqu prcdemment, les espces prises en compte seront l'eau (liquide + vapeur),
diffrents ions et le CO2, c'est--dire les espces principalement impliques dans les
processus chimiques (ractions et interactions) et physiques (transport) considrs
dans cette approche (principalement la corrosion des armatures). La fissuration
concerne ici sera une (micro)fissuration caractrise par sa densit, son degr
d'orientation, sa rpartition et si possible son ouverture.

Les modles devront pouvoir prendre en compte les conditions aux limites relles
in situ, dans toute leur complexit (cf. 11.4.3), afin de prdire avec une prcision
acceptable le comportement rel des structures.

En outre, afin de prendre en compte les considrations dveloppes aux 10.5.3 et


10.5.4, la maintenance et la rhabilitation de l'ouvrage dgrad seront considres.
En particulier, les techniques de reconnaissance et de traitement
lectrochimique par dchloruration ou ralcanisation [BOUT 06], [BARO 08]) des
ouvrages seront tudies dans cette Opration de Recherche. Ces techniques
permettent de diagnostiquer et de prvenir les dgradations des structures en bton
arm.

L'impact de la corrosion des armatures sur le comportement de l'acier, la fissuration


du bton et l'adhrence acier-bton sera tudi.

Le produit final de cette Opration de Recherche sera une mthodologie globale de


prdiction de la dure de vie des structures dans leur environnement, sur la
base d'indicateurs et au moyen de modles physico-chimiques :
intgrant matriau (ventuellement fissur) et structure (ventuellement
dgrade),
intgrant priode d'incubation et priode de propagation,
prenant en compte plusieurs processus de dgradation potentielle (initis par
carbonatation, chlorures, sulfates, ...) et donc les interactions entre chimie,
physique et galement mcanique par le biais de la fissuration, susceptibles
d'intervenir au jeune ge o long terme,
dans un cadre dterministe et probabiliste,
prsentant diffrents niveaux de sophistication.

Ce produit sera trs facilement utilisable dans la pratique. Comme voqu pour
l'approche "multi-niveaux", il suffira de choisir le niveau d'exigence requis et
d'appliquer le "module" correspondant. Par contre, il ncessite l'amont (recherche) :
d'une part, une analyse prcise pour hirarchiser scientifiquement les processus
et les paramtres (notamment sur la base de ce qui est dcrit dans ce document),
d'autre part, le dveloppement d'outils performants (modles coupls, approche
probabiliste, ...).
Concernant ce dernier point, on notera que des approches statistiques, probabilistes
ou fiabilistes, telles que celles largement dveloppes depuis quelques annes dans
diffrents pays [DURA 00], [SILV 05], [FIB 06], peuvent tre intgres au cadre
propos et en particulier adaptes des modles physico-chimiques. Ces
approches permettent de prendre en compte les incertitudes sur diffrents

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 282


Approche globale, performantielle et prdictive de la durabilit des ouvrages en bton (arm)

paramtres, la variabilit des donnes d'entre (notamment interactions chlorures-


matrice et coefficient de diffusion effectif des chlorures, dans le cas de la pntration
des chlorures) et linfluence de nombreux facteurs (matriau, environnement,
ralisation, maintenance, , voir par exemple [FIB 06]). Elles permettent galement
la prise en compte de la notion de niveau de sret requis (et des risques) et
fournissent au concepteur un moyen de matriser ces risques. Il faut en effet
s'attendre ce que les spcifications normatives se basent de plus en plus sur des
modles probabilistes, tant donn le dveloppement important intervenu
rcemment de modles et de bases de donnes europens de ce type (Projet
Europen "ChlorTest", Groupe de Travail TG 5.6 de la FIB, ...). Il ne s'agira pas de
probabiliser toutes les variables du modle. L'identification des variables pertinentes
probabiliser s'effectuera sur la base d'une tude de sensibilit. Les paramtres
les plus influents sur les tmoins de dure de vie (sorties du modle en termes de
profils, ...) seront retenus. On commencera en outre par des modles analytiques,
plus simples probabiliser. On notera qu'avec les modles probabilistes, la
prdiction sera donne en termes d'indice de fiabilit () ou de probabilit de
dfaillance [FIB 06], [BARO 08].

Outre les partenaires inclus dans cette Opration de Recherche, le travail


s'effectuera en liaison avec d'autres groupes, afin de continuer fdrer une
approche commune aux plans franais et international.

V. Baroghel-Bouny (LCPC) 283


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REFERENCES

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V. Baroghel-Bouny (LCPC) 311


Document publi par le LCPC sous le N C1502532
Impression JOUVE
Dpt lgal 1er trimestre 2009

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