These Zarrad LIRMM Final
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These Zarrad LIRMM Final
UNIVERSITÉ MONTPELLIER II
- SCIENCES ET TECHNIQUES DU LANGUEDOC -
THÈSE
par
Walid ZARRAD
le 19 décembre 2007
Titre :
JURY :
Je profite de ces quelques lignes pour remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu,
encouragé et aidé à mener ces trois années de thèse dans les meilleures conditions.
J’aimerai tout d’abord remercier mon directeur de thèse François Pierrot qui m’a ac-
cueilli dans son équipe de recherche. Son soutien, ses encouragements ainsi que sa confiance
m’ont permis d’avancer dans mes travaux. Un grand merci à ce monsieur avec qui j’ai
beaucoup discuté et appris pendant ces années passées au LIRMM.
Ma gratitude va également à mes deux encadrants, Olivier Company et Philippe Poi-
gnet. Je les remercie pour leurs disponibilités et leurs conseils pertinents. Chacun, à sa
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manière, a su m’aider et me soutenir dans les moments difficiles. Une grande reconnais-
sance envers ces deux messieurs avec qui s’est installé un rapport d’amitié, de respect et
de confiance qui m’a été indispensable pour avancer dans mes travaux de thèse.
Je souhaite ensuite remercier M. Guillaume Morel, M. Olivier Sename et M. Bernard
Bayle pour avoir accepté de juger et d’évaluer mon travail. Leurs travaux et expertises
ont toujours été une référence qui m’a permis de progresser et d’orienter mes activités de
recherche. J’ai été honoré de les avoir dans mon jury de thèse.
Ma reconnaissance va également à Rui Cortesão qui m’a beaucoup aidé et soutenu
tout au long de ces trois années de thèse. Un grand merci à ce chercheur qui m’a transmis
sa passion pour l’automatique et la robotique. Thank you very much Rui.
Je remercie également M. Michel Robert, directeur du LIRMM, qui m’a accueilli au
sein du laboratoire pour y réaliser ma thèse. Je profite aussi pour remercier tout le per-
sonnel du laboratoire. Un grand merci en particulier à Céline Berger, Elisabeth Greverie,
Nadine Tilloy, Cécile Lukasik, Michel Benoit et Philippe Tilloy qui sans leurs aides et
disponibilités permanentes, ces trois années de thèse ne se seraient pas passées dans de si
bonnes conditions.
Un grand merci à tous les membres et permanents du département robotique à com-
mencer par son directeur actuel Philippe Fraisse. Mon aventure au LIRMM a réellement
débuté lorsqu’il m’a accueilli dans son équipe de recherche pour y réaliser mon stage de
DEA. Je tiens à le remercier pour son aide, ses précieux conseils et son soutien perma-
nent tout au long de ces années. Je remercie ensuite Etienne Dombre pour ses conseils,
ses remarques et son esprit critique qui m’ont aidé à progresser dans mes travaux. J’ai
été honoré de travailler avec lui. Un grand merci à Olivier Strauss, René Zapata, Vincent
Creuze, Jean Triboulet, Christine Azevedo, Fred Comby, André Crosnier et David Andreu
avec qui j’ai beaucoup discuté et échangé des idées. J’aimerai particulièrement remercier
le jeune chercheur Sebastien Krut dont l’enthousiasme, l’expertise et la passion pour la
recherche m’ont toujours poussé à progresser.
J’aimerai aussi remercier les doctorants roboticiens. Un grand merci à David (mon
voisin qui murmure à l’oreille de son ordinateur et qui ne mange que des "galettes" bre-
tonnes), Vincent Bonnet (le seul camarguais à faire une thèse en robotique ! normal, c’est
le neveu du big boss !), Rogério (le brésilien collectionneur de vélos), Carla (une brésilienne
adapte des ventes privées sur internet), Peter (le iPhone’s geek), Mourad, Sébastien et Mi-
lan (les responsables du box IEEE), Olivier (surnommé Junior), Andréa (une roumaine à
la limite de la stabilité), Kevin (un mathématicien converti à la robotique), Michel (mon-
sieur "je vends tout" !) et Arturo (toujours en avance par rapport au planning). Merci à
Aurélien (le Super Geek le plus à l’ouest que je connaisse) pour les soirées pizza passées
au LIRMM et à Vincent Begoc (surnommé Belloc "comme le petit village de l’Ariège")
pour ses petites anecdotes incroyables. Tenez bon, la fin est proche.
Évidemment je n’oublie pas les anciens thésards qui m’ont très bien accueilli en arrivant
au LIRMM. Merci à Gaël (l’homme à mille et une blagues "à deux balles"), José (l’expert
en relations amoureuses), Pierre (son accent fait de lui le maillet le plus doux au monde !),
Samer (le libanais qui mangeait des soushis), Fabien (Le Mac expert). Sans vous, vos
conseils et votre joie de vivre, ces années de thèse n’auraient jamais été les mêmes.
Pendant ces trois dernières années j’ai vécu une expérience humaine au cours de laquelle
j’ai fait la connaissance de personnes exceptionnelles qui au fil du temps sont devenues de
vrais amis. Un grand merci à la petite bande (essentiellement bretonne) qui m’a accom-
pagné jusqu’en Tunisie pour mon mariage : Vincent Nabatch, Mickaël et Mélanie "Sauvée
les Poulain" (je n’oublie évidemment pas Elise) ainsi qu’à Jean Mathias Spiewatch : Sans
commentaire, juste un GRAND MERCI à vous !. Merci également à Cedric (un autre
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breton expatrié au pays du soleil) pour son amitié et ses interminables fous rire. J’espère
vous voir tous chez moi un de ses jours. Enfin un très Grand Merci à mon amie Seyma
pour sa présence, son amitié et sa joie de vivre. Mon aventure en France ne serait pas la
même sans toi. Merci pour tout.
Je termine par l’expression de ma plus grande gratitude envers ma famille. D’abord mes
grands parents et mes deux soeurs Meriem et Nedia (et son mari "moitié breton" Mehdi)
pour leur présence, leur écoute et leur soutien permanent. Ensuite, mes parents qui m’ont
toujours encouragé, aidé et soutenu. Je leur suis extrêmement reconnaissant pour tout
ce qu’ils m’ont apporté. Enfin, je termine en remerciant celle qui sans sa présence, son
écoute, sa patience et son aide, je ne serais sans doute pas là. Merci à ma femme Nadia
pour tout le bonheur qu’elle m’apporte chaque jour.
Table des matières
Introduction Générale 1
iii
Table des matières
iv
Table des matières
Publications 125
Bibliographie 127
v
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vi
Table des matières
Table des figures
vii
Table des figures
viii
Table des figures
3.21 Télé-opération et insertion d’une aiguille dans un tissu ex-vivo sans consi-
dérer la stratégie d’estimation en ligne de la raideur du tissu . . . . . . . . 86
3.22 Télé-opération et insertion d’une aiguille dans un tissu ex-vivo avec une
estimation en ligne de la raideur du tissu et adaptation de la raideur virtuelle 87
4.9 L’état actif estimé et la commande par retour d’état lors d’une télé-opération
en espace libre avec prise en compte du passage par le point fixe . . . . . . 103
4.10 Respect du passage par le point fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.11 Positions désirées, mesurées et estimées du robot virtuel pour la prise en
compte du passage par le point fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.12 L’état actif estimé et la commande par retour d’état appliquée au robot
virtuel pour la prise en compte du passage par le point fixe . . . . . . . . . 105
4.13 Couples dédiés à la tâche, à l’espace contraint et à la posture appliqués lors
d’une télé-opération dans un espace libre avec prise en compte du passage
par le point fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
4.14 Rejet de perturbations périodiques en effort par l’architecture de commande
par estimation et retour d’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.15 Architecture de commande en effort intégrant la commande par estimation
et retour d’état, l’estimation en ligne de la raideur de l’environnement et
une compensation de perturbations périodiques de sortie . . . . . . . . . . 110
4.16 Estimation des perturbations périodiques en effort par l’algorithme d’iden-
tification harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
4.17 Rejet de perturbations périodiques en effort par une première approche de
compensation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
4.18 Architecture de commande en effort intégrant la commande par estimation
et retour d’état, l’estimation en ligne de la raideur de l’environnement et
l’estimation et la compensation de perturbations périodiques en effort . . . 115
4.19 Raideurs estimées et déplacements du simulateur de mouvement lors d’une
compensation de perturbations périodiques en effort . . . . . . . . . . . . . 116
4.20 Rejet de perturbations périodiques en effort par l’architecture de commande 117
4.21 Perturbations estimées lors d’une compensation de perturbations en efforts 118
ix
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x
Table des figures
Liste des tableaux
4.1 Paramètres d’estimation et de commande par retour d’état pour une télé-
opération avec prise en compte du passage par un point fixe . . . . . . . . 100
4.2 Paramètres d’estimation et de commande par retour d’état de l’espace
contraint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
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xi
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xii
Liste des tableaux
Introduction Générale
Introduction Générale
systèmes robotiques dans le monde médical apparaît nettement en quelques dates phares
selon les disciplines : d’abord pour la neurochirurgie avec l’utilisation d’un robot industriel
en 1985 suivi de la première intervention neurochirurgicale sur un patient en 1989, ensuite
pour la chirurgie orthopédique et la première intervention pour une prothèse de hanche
en 1992 et finalement en 1994 avec la première autorisation pour l’utilisation d’un bras
porte-endoscope en chirurgie mini-invasive.
Avec la découverte de l’anesthésie et de l’asepsie, le geste mini-invasif a été une nouvelle
révolution dans le domaine chirurgical. Initialement, la chirurgie qui consiste à pratiquer
le soin par l’usage de la main à la suite d’un échec thérapeutique, a pendant plusieurs
décennies nécessité une large incision, garante d’un soin effectué dans les meilleures condi-
tions. Les interventions étaient traumatisantes et contraignantes pour le patient avec des
risques de complication accrus en phase per-opératoire (infection, saignement, délabrement
tissulaire important, . . .) et des effets secondaires indésirables en phase post-opératoire
(douleur, temps de récupération, . . .). Avec l’apparition de l’acte mini-invasif en 1940, les
incisions sont devenues beaucoup plus petites (de l’ordre de deux centimètres) rendant
ainsi les interventions chirurgicales beaucoup plus confortables pour le patient. L’utilisa-
tion d’une caméra et d’une instrumentation dédiée, a permis au chirurgien de manipuler,
de l’extérieur, des instruments se trouvant à l’intérieur du corps du patient.
Si l’acte mini-invasif est d’un apport indéniable pour le patient, il a pendant plusieurs
années compliqué le travail du chirurgien. Les petites incisions imposées par cette pratique
ont non seulement limité sa visibilité autour des organes à traiter (transmission vidéo)
mais aussi et surtout ses capacités gestuelles et sensorielles. La première assistance ro-
botique, apportée en 1994 avec le robot porte endoscope Aesop, a ouvert de nouvelles
perspectives faisant naître les systèmes télé-opérés, tels le Zeus ou le Da Vinci, au sein
des blocs opératoires. Ces innovations technologiques ont offert au chirurgien la possibi-
lité de retrouver les conditions d’une chirurgie ouverte et des solutions pour accroître la
qualité de ses gestes.
Néanmoins, les problèmes liés aux systèmes télé-opérés dédiés à l’assistance en chi-
rurgie mini-invasive sont encore nombreux à résoudre avant d’obtenir des performances
pleinement satisfaisantes au sens de la pratique (retour sensoriel, compensation des mou-
vements physiologiques, . . .). Un des objectifs principaux des travaux de recherche en
1
Introduction Générale
robotique chirurgicale est alors d’apporter des solutions pour augmenter la qualité du
geste du chirurgien en améliorant sa perception au travers un retour des efforts appliqués.
Dans ce contexte, ce manuscrit présente nos contributions dans le domaine de la chirur-
gie mini-invasive avec le développement d’une architecture de télé-opération avec retour
d’effort. Elles ont pour objectif principal améliorer la perception du chirurgien lors d’une
intervention chirurgicale mini-invasive. La suite de ce manuscrit est organisée de la façon
suivante :
† Le chapitre 1 introduit le contexte général de ces travaux à savoir la chirurgie mini-
invasive télé-opérée et les systèmes à retour d’effort. Nous détaillerons alors l’acte
mini-invasif avant de présenter la robotique médicale. Nous porterons une attention
particulière aux systèmes télé-opérés et nous mettrons en avant l’intérêt du retour
d’effort dans le contexte de la chirurgie mini-invasive. Nous finirons ce chapitre en
proposant un état de l’art des systèmes de télé-opération intégrant un retour d’effort.
Nous détaillerons les architectures les plus utilisées et nous préciserons les différents
critères de performances.
† Le chapitre 2 décrit la conception d’une architecture de télé-opération avec retour
d’effort dédiée à l’assistance au geste chirurgical mini-invasif. Nous détaillerons l’ar-
chitecture de télé-opération ainsi que la stratégie de commande choisies. Nous pré-
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2
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
Chapitre 1
Sommaire
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3
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
L’un des plus important progrès concernant la pratique de la chirurgie est l’apparition
des techniques d’intervention à invasion minimale. Que l’acte mini-invasif soit appliqué
lors d’une intervention chirurgicale en général ou cardiaque en particulier, il s’impose
comme une solution pour le confort du patient.
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4
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
5
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
6
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
(a) (b)
Si les procédures mini-invasives présentent des avantages incontestables pour les pa-
tients, elles rendent le travail du chirurgien beaucoup plus délicat. En effet, le principe
même de la chirurgie mini-invasive, contraint le geste du chirurgien et limite ses capacités
sensorielles dans le cas d’une voie d’abord plus réduite et rend ce geste encore plus difficile
à réaliser dans le cas d’une intervention chirurgicale cardiaque à cœur battant. Parmi les
difficultés, nous pouvons citer :
- La vision - les images transmises par la caméra endoscopique sont des images en
deux dimensions (2D). Le chirurgien perd la notion de relief et doit mentalement
situer l’emplacement de ces instruments par rapport aux organes. Ceci rend l’acte
chirurgical mentalement fatiguant (Figure 1.4).
- La mobilité - le chirurgien manipule les instruments chirurgicaux autour d’un point
fixe placé à la surface du corps du patient (le trocart). De ce fait, leurs déplacements
le long du plan tangent à la peau deviennent impossibles. Leurs mobilités à l’intérieur
du corps du patient se réduisent et passent de six degrés de liberté (ddl) habituels
(trois translations et trois rotations) à seulement quatre (trois translations et une
rotation).
- L’effet fulcrum - la contrainte de mobilité et du passage par le trocart induit une
inversion des déplacements de l’instrument par rapport à ceux du chirurgien. Ce
dernier doit mentalement prendre en considération cette inversion.
- Les mouvements physiologiques - la respiration et les battements cardiaques pro-
voquent des déplacements périodiques des organes que le chirurgien doit mentale-
ment suivre. Lors d’une intervention chirurgicale cardiaque, le recours à une mini-
thoracotomie et une stabilisation mécanique n’est pas une solution tout à fait satis-
faisante puisque des mouvements résiduels à l’intérieur de la zone "stabilisée" ont
été enregistrés [Lemma et al., 2005]. Ces mouvements, variant de 1, 5 à 2, 4 [mm],
compliquent le travail du chirurgien qui doit les compenser pour pouvoir effectuer
des gestes sur des artères d’un diamètre moyen d’environ 2 [mm].
- La précision - les instruments dédiés à cette pratique sont fins et de longueur al-
lant jusqu’à 30 [cm]. Cette longueur importante permet certes d’atteindre un grand
7
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
espace de travail, mais amplifie les tremblements du chirurgien. Les gestes qui de-
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mandent une grande precision mais qui sont considérés comme classiques et habituels
en chirurgie, deviennent très difficiles à réaliser.
- La sensation - le frottement induit par le fait que les instruments sont en contact
permanent avec le trocart, réduit la sensation et la sensibilité haptique du chirurgien.
Il peut toujours ressentir le contact entre son instrument et l’organe, mais il est
incapable de le caractériser. La palpation devient alors impossible à réaliser.
- La coordination - le chirurgien manipulant les instruments, il lui est impossible de
déplacer la caméra endoscopique. C’est donc un assistant qui manipule la caméra
suivant les gestes et les demandes du chirurgien. En plus de la coordination totale
que cet assistant doit avoir avec le chirurgien, il est confronté à une partie des
contraintes imposées par la chirurgie mini-invasive à savoir la mobilité, la précision
et les mouvements physiologiques.
Au travers cette synthèse de la procédure chirurgicale mini-invasive, nous avons montré
qu’aussi avantageuse qu’elle puisse l’être pour les patients, elle l’est beaucoup moins pour
le chirurgien. Le plus souvent, elle complique le travail de l’équipe médicale et les gestes
du chirurgien.
8
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
ensuite les différents systèmes robotiques par rapport à leurs degrés d’interaction avec
l’équipe médicale. Tout au long de cette présentation, nous porterons un intérêt particu-
lier aux systèmes dédiés à la chirurgie mini-invasive et aux solutions apportées par rapport
aux contraintes engendrées et définies dans le §1.1.1.2.
9
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
robot Aesop1 (Computer Motion) commandé par la voix [Allaf et al., 1998] ou les robots
encore commercialisés tels que le robot EndoAssist (Armstrong Healthcare) contrôlé
par les mouvements de la tête [Aiono et al., 2002] et le robot LapMan (MedSYS) que
le chirurgien commande grâce à un joystick appelé LapStick2 et fixé sur l’instrument
chirurgical [Polet et Donnez, 2004]. Ces trois solutions s’affranchissent de la contrainte du
passage par le trocart grâce à des articulations passives permettant une libre inclinaison
de l’endoscope par rapport à un centre de rotation déporté. Trouvant ces robots encom-
brants, Berkelman et al [Berkelman et al., 2002] proposent un robot porte-endoscope à
câbles qui se place directement sur l’abdomen du patient. Appelé LER pour Light En-
doscope Robot, son avantage réside, comme son nom l’indique, dans sa petite taille et sa
position qui n’encombre pas la table d’opération et qui permet une compensation naturelle
des mouvements physiologiques. De plus et afin d’alléger le travail du chirurgien, ce robot
dispose non seulement d’un système de commande vocale mais aussi de positionnement
automatique de l’endoscope par rapport aux instruments chirurgicaux [Berkelman et al.,
2003a].
Inspirée du robot porte-endoscope Aesop, la société Computer Motion a développé le
premier système commercial télé-opéré Zeus. L’objectif de ce système était de fournir des
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solutions aux contraintes engendrées par la chirurgie mini-invasive telles que la coordina-
tion, la mobilité à l’intérieur du corps du patient et la précision des gestes du chirurgien
(cf. §1.1.1.2). Il était composé d’un couple de robots maître/esclave, permettant au chi-
rurgien de télé-opérer, à partir d’une station de commande, des outils placés au niveau de
l’organe terminal d’un bras articulé. Ce dernier était constitué d’un ensemble de trois bras
de type Aesop (un robot porte-endoscope et deux porte-outils). La station de commande
comportait deux bras maîtres et un écran vidéo sur lequel le chirurgien peut visualiser
les images transmises par la caméra endoscopique. Après le rachat de Computer Motion
par la société Intuitive Surgical3 , le robot Da Vinci est devenu aujourd’hui le seul pro-
duit commercial dédié à la chirurgie mini-invasive télé-opérée [Guthart et Salisbury, 2000].
Dans le paragraphe 1.1.2.2 dédié aux systèmes télé-opérés, nous détaillerons ces deux sys-
tèmes ainsi que d’autres solutions télé-opérées proposées pour pallier les contraintes liées
à la chirurgie mini-invasive.
Afin de s’affranchir de la contrainte de mobilité due au passage par le trocart (cf.
§1.1.1.2), des solutions proposent d’équiper l’extrémité des instruments d’un dispositif per-
mettant l’orientation de l’outil chirurgical et/ou fermeture/ouverture d’une pince. Ce qui
permet d’augmenter la dextérité du chirurgien à l’intérieur du corps du patient. Les pro-
blèmes posées par l’instrumentation médicale mini-invasive posent alors deux contraintes
majeures : la première concerne le dimensionnement de ces structures qui ne doit pas
dépasser le diamètre inférieur du trocart au travers duquel elles seront introduites. La
seconde, liée à ce petit dimensionnement, concerne la technique d’actionnement des de-
grés de liberté à intégrer au bout de l’instrument de chirurgie. Cet actionnement peut
être local à proximité de la partie terminale et disposant d’une micro-motorisation [Sallé
et al., 2004], ou distant utilisant une transmission mécanique rigide [Arata et al., 2005]
ou à câbles [Madhani et al., 1998]. C’est d’ailleurs une transmission à câbles qu’utilisent
les instruments Hyper Finger à 9 ddl [Ikuta et al., 2003] et EndoWristTM3 à 3 ddl du
système télé-opéré Da Vinci (Intuitive Surgical). Exposée à la même contrainte de dimen-
sionnement, la conception d’un instrument de mesure, tel un capteur d’effort [Berkelman
1
pour Automatic Endoscopic System for Optimal Positioning,, http ://www.computermotion.com
2
http ://www.medsys.be/
3
http ://www.intuitivesurgical.com.
10
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
et al., 2003b], pose un autre problème lié à la stérilisation et la bio-compatibilité des ma-
tériaux avec les tissus. Des solutions utilisant un alliage bio-compatible [Peirs et al., 2004]
ou considérant un capteur d’effort détachable et stérilisable [Seibold et al., 2005] ont été
proposées.
robotiques peuvent être développées. Elles peuvent être compactes et compatibles avec
plusieurs systèmes d’imagerie à rayon X, comme c’est le cas du robot PAKY [Taylor et
Stoianovici, 2003] et télé-opérées comme le robot AcuBot [Stoianovici et al., 2003].
Généralement, les solutions robotisées en imagerie interventionnelle proposent une
phase de planification dans laquelle le chirurgien choisit deux points pour définir la tra-
jectoire à suivre. Le robot peut alors jouer le rôle d’un guide pour l’insertion manuelle de
l’aiguille [Kronreif et al., 2003], [Hata et al., 2005], ou réaliser l’insertion de manière auto-
nome [Masamune et al., 2001]. Dans ce cas, la trajectoire de référence ainsi que l’évolution
de l’aiguille peuvent être visualisées sur les images fournies par l’imageur [DiMaio et al.,
2007]. Considérant que les mouvements du patient perturbent l’acte d’insertion de l’ai-
guille, certaines solutions proposent des mécanismes où le capteur et le porte-aiguille sont
rigidement couplés [Hong et al., 2004] ou se placent directement sur le corps du patient
comme c’est le cas du CT-Bot conçu au LSIIT5 de Strasbourg [Maurin et al., 2004b].
11
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
tion d’une aiguille qui visent une meilleure compréhension du geste [Simone et Okamura,
2002], [Maurin et al., 2004a] ou un outil de simulation pour les chirurgiens développé
dans [DiMaio et Salcudean, 2003]. Nous pouvons également mentionner l’assistance pour
le diagnostic avec le robot Hippocrate [Pierrot et al., 1999] qui porte une sonde écho-
graphique qu’il déplace le long de l’artère carotide ou fémorale en appliquant un effort
constant permettant des déformations toujours identiques et donc un suivi thérapeutique
régulier plus fiable.
Systèmes autonomes
Les systèmes autonomes sont des systèmes robotiques capables de réaliser seuls tout
ou partie de l’intervention. Le chirurgien réalise alors uniquement la phase d’observation,
de planification et de positionnement du robot. Parmi les systèmes autonomes, citons les
robots ROBODOC (ISS) [Taylor et al., 1993] et CASPAR (URS) [Meister et al., 1998],
dédiés à la chirurgie orthopédique. Une fois placés à leurs positions initiales, ces deux
robots réalisent seuls l’usinage et la découpe de l’os. Le chirurgien ne fait que superviser
la procédure. De la même façon, dans le contexte de l’assistance en chirurgie réparatrice
des grands brûlés, le robot SCALPP (Projet DERMAROB) [Dombre et al., 2003] réalise
12
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
le prélèvement de la peau grâce à un dermatome fixé sur son effecteur. Après une phase
d’apprentissage dans laquelle le chirurgien précise les points initial et final du prélèvement,
le robot effectue le prélèvement en appliquant un effort constant sur la peau du patient.
Cependant, l’un des inconvénients majeurs de ces systèmes, réside dans leur faible
capacité d’adaptation. L’autre inconvénient est lié à leur principe même de fonctionnement
autonome qui limite l’interaction avec le corps médical.
Systèmes synergiques
Les systèmes synergiques permettent une plus grande interaction avec le corps chirur-
gical. Dans ce cas, l’instrument de chirurgie est à la fois, fixé sur le robot et manipulé par
le chirurgien. Cela permet de mettre en œuvre le savoir-faire du chirurgien et la capacité
du robot à réaliser des gestes d’une grande précision. Ces systèmes aident à définir, limiter
et contraindre un espace de travail afin de protéger les organes environnants. Par exemple,
le robot PADyC, dédié à la ponction péricardique, restreint le mouvement de l’aiguille à
une zone d’intervention définie par le chirurgien comme étant sûre [Schneider et Troccaz,
2001]. Le fonctionnement de ce robot se caractérise par plusieurs modes de travail permet-
tant au chirurgien de non seulement limiter la zone d’intervention, mais aussi de définir la
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trajectoire de l’aiguille ou encore de fixer sa position pour une introduction manuelle. Les
différentes contraintes sont définies par le chirurgien en manipulant le robot dans l’espace
opérationnel (suivant la position et l’anatomie du patient) et sont projetées dans l’espace
articulaire. Ces contraintes sont respectées grâce à des articulations munies de roues libres
et un mécanisme d’embrayage permettant ou non les déplacements suivant un sens donné.
Parmi les systèmes synergiques, plusieurs utilisent une commande en effort permet-
tant une co-manipulation entre le chirurgien et le robot. Le robot ACROBOT pour la
chirurgie du genou est un système à 3 ddl équipé d’un capteur d’effort fixé entre le robot
et l’instrument [Jakopec et al., 2001]. Grâce à une commande en effort dédiée, le chi-
rurgien déplace et guide l’instrument vers la zone d’intervention. Sur le même principe,
l’instrument du robot BRIGIT (MedTech) [Maillet et al., 2005] peut être déplacé par le
chirurgien afin de repérer des points de l’anatomie du patient. Une fois ces points définis,
une procédure d’optimisation calcule la configuration de l’effecteur du robot et les diffé-
rents plans de coupe. Le robot sert alors de guide de coupe au chirurgien qui se charge
lui-même d’effectuer le geste.
La sécurité de l’intervention et le degré d’interaction avec le corps chirurgical sont les
principaux avantages de ces systèmes. Le chirurgien, grâce à une étroite collaboration avec
le robot, réalise des actes chirurgicaux de grande qualité et avec une précision élevée.
Systèmes télé-opérés
L’intérêt initial de ces systèmes a été de pouvoir profiter des connaissances de personnes
expertes distantes. De plus, la limitation des moyens financiers, la nécessité d’intervenir
rapidement sur des sites éloignés ou difficilement accessibles, rendent les systèmes télé-
opérés très intéressants pour le diagnostic à distance. Par exemple, les systèmes de télé-
échographie développés dans le cadre des projets TER [Vilchis et al., 2001] et OTELO
[Delgorge et al., 2005], permettent à un spécialiste situé dans un centre hospitalier de
diagnostiquer un patient distant en pilotant une sonde échographique portée par un robot.
Mais les systèmes télé-opérés peuvent également apporter des solutions aux contraintes
engendrées par la chirurgie mini-invasive, définies dans le §1.1.1.2. Ainsi, le robot com-
mercial Da Vinci illustré sur la Figure 1.5, est un système télé-opéré constitué d’une
13
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
Figure 1.5 - Le robot télé-opéré Da VinciTM dédié à la chirurgie mini-invasive. (a) Station
maître du robot, (b) station esclave avec deux bras porte-outils et un bras
porte-endoscope et (c) l’ensemble des instruments EndoWristTM .
14
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
Figure 1.6 - La plate-forme The Black Falcon dédiée à la chirurgie mini-invasive télé-
opérée [Madhani, 1998].
par le trocart [Rininsland, 1999]. Un principe similaire a été utilisé dans le projet RNTS8
EndoXirob9 .
L’analyse des robots Zeus et Da Vinci met en évidence un dispositif chirurgical télé-
opéré volumineux, lourd, très coûteux et qui s’avère contraignant pour le corps médical.
Pour ces raisons, certains travaux de recherche se sont focalisés dans la réalisation méca-
nique de dispositifs télé-opérés légers et beaucoup moins encombrants pour la chirurgie
mini-invasive. Comme le robot porte-endoscope LER ou le guide aiguille CT-Bot, le
robot MC2 E10 [Zemiti et al., 2004] de l’ISIR11 s’installe directement sur l’abdomen du
patient (Figure 1.7(a)). Ainsi illustré sur la Figure 1.7(b), ce robot comporte deux parties.
Après l’introduction du trocart dans l’abdomen, la partie inférieure y est directement at-
tachée. Grâce à deux articulations rotoïdes à axes concourants, cette structure assure la
rotation du robot autour d’un point fixe qui coïncide avec le point d’incision. La partie
supérieure, montée sur le trocart fournit une rotation et une translation autour et suivant
l’axe de l’instrument. Équipé d’un dispositif à capteur d’effort, il permet de réduire les
frottements lors de la manipulation autour du trocart.
1.1.2.3 Conclusion
Ce bref aperçu de la robotique médicale n’est évidemment pas complet. Il permet néan-
moins d’illustrer les potentialités de la robotique pour le patient et le chirurgien. Ainsi, les
diagnostics sont plus fiables, les gestes plus précis et les interventions chirurgicales moins
invasives. Ce qui permet un séjour hospitalier moins long et beaucoup plus confortable.
Dans la suite, nous nous intéresserons plus particulièrement aux systèmes télé-opérés
dédiés à la chirurgie mini-invasive. Les systèmes actuels, aujourd’hui encore, présentent un
manque de fonctionnalité et d’autonomie en particulier face à la contrainte de sensation
et à celle de compensation des mouvements physiologiques.
7
pour Advanced Robot and Telemanipulator System for Minimal Invasive Surgery.
8
pour Réseau National des Technologies et la Santé.
9
http ://www.endoxirob.com.
10
pour Manipulateur Compact pour la Chirurgie Endoscopique.
11
pour Institut des Systèmes Intelligents et Robotique.
15
1.1. L’intervention chirurgicale et l’assistance robotique
(a) (b)
Parmi les limitations des systèmes télé-opérés dédiés à la chirurgie mini-invasive, nous
nous intéresserons plus particulièrement à l’absence de l’information et de restitution du
contact au chirurgien et au manque d’autonomie face à la mobilité des organes.
16
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
17
1.2. Télé-opération avec retour d’effort
Figure 1.8 - Interfaces haptiques à architecture série : (a) PHANToM, (b) PHAN-
ToM Omni et à architecture parallèle : (c) Delta, (d) Omega 3
(sources :www.sensable.com et www.forcedimension.com).
leurs performances.
18
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
Site local
Fh Interface Fmc Contrôleur Xh Xs
Opérateur
Xh = Xm Maı̂tre Xm Maı̂tre Ligne de
Zh Fh ST Fs = Fe Ze
transmission
Site distant
(a) (b)
1.2.1.2 Caractéristiques
Un système de télé-opération avec retour en effort peut être caractérisé par sa stabilité
et sa transparence. Mises à part les limitations physiques des manipulateurs maître et
esclave, ces propriétés dépendent essentiellement du retard de transmission et des lois de
commande choisies.
19
1.2. Télé-opération avec retour d’effort
Stabilité
Comme pour tout système, la stabilité d’un système de télé-opération est une contrainte
de fonctionnement primordiale. Elle se définit par le fait que d’un déplacement ou d’un
effort borné réalisé par l’opérateur au niveau de l’interface maître, résulte un déplace-
ment ou un effort borné réalisé par le manipulateur esclave au niveau de l’environnement
distant. Les paramètres de commande du système de télé-opération sont fixés pour garan-
tir sa stabilité. Dans le §1.2.3.1, nous présenterons les techniques les plus utilisées pour
garantir la stabilité des schémas de télé-opération.
Transparence
La transparence représente un critère de performance d’un système de télé-opération
[Hannaford, 1989b]. Elle exprime la capacité du système à transmettre avec fidélité la
meilleure perception possible des interactions réalisées entre le manipulateur esclave et
l’environnement distant. L’opérateur a alors les mêmes sensations que s’il agissait directe-
ment sur l’environnement distant. Ainsi, la boucle de télé-opération lui paraît inexistante.
1.2.1.3 Représentation
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Un système de télé-opération peut être modélisé par un réseau à deux ports reliant
la force de l’opérateur Fh et sa position Xh aux variables de force Fs et position Xs du
manipulateur esclave. La Figure 1.9(b) illustre le système de télé-opération représenté
par un réseau à deux ports sous une forme hybride reliant l’opérateur caractérisé par
une impédance Zh à l’environnement distant d’impédance Ze . Ce réseau est décrit par la
relation [Hannaford, 1989a]
Fh h11 h12 Xh
= . (1.1)
Xs h21 h22 Fs
Dans ce formalisme hybride, les paramètres hij peuvent être interprétés physiquement :
h12 représente la capacité du schéma de télé-opération à transmettre les efforts appliqués
par le manipulateur esclave et h21 représente la capacité du bras esclave à suivre les
mouvements du bras maître (et donc de l’opérateur). Quant à h11 et h22 , ils représentent
respectivement l’impédance mécanique du poste maître et l’admittance mécanique du
poste esclave.
Suivant les capteurs disponibles, d’autres représentations peuvent être considérées.
Citons par exemple la représentation en impédance (ou admittance) qui relie les deux
forces Fh et Fs aux deux positions Xh et Xs (ou inversement) [Yokokohji et Yoshikawa,
1994].
20
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
celles qui sont les plus utilisées et qui se basent sur le type de données échangées, à savoir
soit en Position soit en Force [Anderson et Spong, 1989], [Hannaford, 1989a], [Lawrence,
1993], [Çavuşoğlu et al., 2002].
Dans ce paragraphe, nous nous présentons les architectures de télé-opération en fonc-
tion du type de données échangées entre les stations maître et esclave.
un schéma à 4 canaux à travers lesquels les sites local et distant s’échangent mutuellement
leurs positions (respectivement Xh et Xs ) et les efforts qui y sont appliqués (respective-
ment Fh et Fe ). Il faut souligner que la version initiale proposée dans [Lawrence, 1993],
contient uniquement les blocs représentés par les traits pleins. Les autres blocs (en traits
pointillés) correspondent à une boucle de commande locale permettant d’améliorer les
performances du schéma de télé-opération. Il ont été introduits d’abord par Lawrence
lui-même et plus tard par d’autres auteurs dont les travaux seront présentés dans la
suite [H.-Zaad et Salcudean, 2002]. De même, le schéma propose initialement un échange
de données en vitesse et non en position ; ce qui évite l’utilisation des positions initiales
des deux manipulateurs et la mise en correspondance entre elles. Cependant, l’utilisation
des positions ne change rien ni au principe même de ce schéma, ni à l’étude de sa stabilité
et de ses performances [Lawrence, 1993].
Dans ce schéma, les données sont les efforts exogènes Fh⋆ et Fe⋆ (efforts de perturba-
tion externes à la tâche) appliqués respectivement sur le site local et distant, les efforts
appliqués par l’opérateur sur la station maître (Fh ) et par le manipulateur distant sur
son environnement (Fe ), les impédances Zh et Ze qui représentent les actions respectives
de l’opérateur et de l’environnement et enfin les impédances Zm (et Cm ) et Zs (et Cm )
décrivant respectivement les manipulateurs maître et esclave (et leurs contrôleurs locaux).
Les blocs C1 et C3 (C4 et C2 ) représentent les lois de commande respectivement en posi-
tion et en effort au niveau du site esclave (du site maître). Ces blocs ainsi que C5 et C6 ,
peuvent contenir des gains de type scalaire ou des contrôleurs dynamiques. La ligne de
communication quant à elle est caractérisée par un retard de transmission.
Ce schéma à 4 canaux a été proposé afin de garantir une transparence parfaite et
des marges de stabilité satisfaisantes. Néanmoins, son utilisation présente quelques limi-
tations. En effet, il impose une connaissance parfaite des deux sites (Ze , Zh , Zs et Zm )
pour concevoir les contrôleurs dynamiques utilisés dans les blocs Ci [Arcara et Melchiorri,
2002]. Il impose en plus la transmission des quatre données à travers la ligne de communi-
cation ; ce qui peut s’avérer très contraignant en particulier pour des applications longue
distance qui présentent un retard de transmission important [H.-Zaad et Salcudean, 2002].
Enfin, ce schéma nécessite l’utilisation de quatre capteurs, deux en position et deux en
effort, installés au niveau de chacune des stations. Or le capteur d’effort est un élément
21
1.2. Télé-opération avec retour d’effort
Fe⋆
Ze Environnement
+ + Xh = Xm +
distant kc
Ligne de transmission T
Fsc
C5 −
Cs Fe
Xs Manipulateur esclave
Xs − − Manipulateur
− maı̂tre
Zs−1
Manipulateur
Manipulateur + +
esclave esclave
Fh Fmc Fe
gc
Opérateur Environnement distant
C3 C1
(b)
Ligne
retard retard retard retard
de transmission
Xh = Xm +
C4 C2 kc
Ligne de transmission T
Fsc
−
Manipulateur Manipulateur Manipulateur esclave
maı̂tre Manipulateur
− − maı̂tre maı̂tre
−1
Zm
+
+ − Xh = Xm Fmc
Fh −
Fh Xs
Cm gc kc
C6 +
Opérateur Environnement distant
+ − Opérateur
Zh
Fh⋆
(a) (c)
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Figure 1.10 - Aperçu des schémas de télé-opération proposés : (a) schéma de télé-opération
générique à 4 canaux proposé par Lawrence [Lawrence, 1993], (b) schéma
de télé-opération position - force et (c) schéma de télé-opération position -
position.
de mesure très coûteux. De plus, son installation au niveau de la station maître nécessite
une conception adaptée et onéreuse de l’interface haptique [Preusche et al., 2002]. Ainsi, à
la suite d’une comparaison entre plusieurs architectures de télé-opération, Arcara et Mel-
chiorri [Arcara et Melchiorri, 2002] ont montré qu’il était possible d’avoir des performances
acceptables même avec un seul capteur d’effort.
22
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
d’effort.
L’avantage de ce schéma est de réduire le nombre de capteurs puisqu’il ne nécessite
pas l’utilisation de capteur d’effort. De plus, il permet à l’opérateur de percevoir, à tra-
vers l’erreur en position, les mouvements du manipulateur esclave en espace libre. Cette
propriété est très intéressante lorsqu’il faut limiter l’espace de travail du manipulateur
esclave ou considérer des interactions entre ce dernier et une personne extérieure (pour
un déplacement manuel de l’effecteur ou le changement d’un instrument par exemple).
Néanmoins, le fait de ne pas utiliser de capteur d’effort procure des sensations de moindre
qualité lors d’une interaction avec un objet distant [Çavuşoğlu et al., 2001]. Pour améliorer
les performances de ce schéma, dans [Çavuşoğlu et al., 2002], le retour d’effort est assuré
grâce à une combinaison linéaire entre l’erreur en position et les efforts appliqués par le
manipulateur esclave sur son environnement. De la même façon, Cortesão et al [Cortesão
et al., 2003] considèrent que l’erreur en position perçue par l’opérateur est un effort désiré
que le manipulateur esclave doit appliquer sur son environnement. Ils proposent alors une
commande en effort pour contrôler le manipulateur esclave.
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
1.2.2.2 Discussion
23
1.2. Télé-opération avec retour d’effort
1.2.3.1 Stabilité
Pour garantir la stabilité d’un système de télé-opération, deux techniques sont utilisées.
La première, la plus utilisée, repose sur le concept de passivité. La deuxième s’appuie sur
les critère de stabilité des systèmes linéaires.
La passivité
Dans un schéma de télé-opération, plusieurs systèmes communiquent et interagissent
entre eux. Parmi ces systèmes, l’opérateur et l’environnement distant apparaissent comme
des systèmes incertains et variables. La réaction suite à un retour en effort d’un opérateur
manipulant une interface haptique, peut être différente de celle d’un autre opérateur
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
24
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
signaux réfléchis à la sortie du réseau. Une preuve de passivité consiste alors à dire que
l’énergie des signaux incidents (à l’entrée) est totalement diffusée et ne peut être que supé-
rieure à celle des signaux réfléchis (à la sortie). La mise en équation des signaux incidents
et réfléchis du réseau de télé-opération à deux ports de la Figure 1.9(b) donne
Fh (s) − Xh (s) Fh (s) + Xh (s)
= S(s) , (1.2)
Fs (s) − Xs (s) Fs (s) + Xs (s)
25
1.2. Télé-opération avec retour d’effort
1.2.3.2 Transparence
Pour étudier et comparer la transparence de plusieurs schémas de télé-opération (4
canaux, position - position, avec passivité, . . .), Arcara présente de nombreux critères
pouvant être utilisés [Arcara, 2001]. Parmi eux, nous en avons retenu deux, chacun lié
à un mode de fonctionnement différent du robot esclave. Le premier est le suivi de
trajectoire. Il correspond au déplacement du robot esclave en espace libre sans contact.
Le second correspond à une interaction et une prise de contact avec un objet distant. Il
est défini par l’impédance transmise.
Le suivi de trajectoire
En espace libre, l’opérateur peut télé-opérer le robot esclave pour atteindre l’objet
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
distant avec lequel il veut interagir pour réaliser un geste dédié comme celui de la suture
en chirurgie robotisée par exemple [Madhani et al., 1998]. Dans les deux cas, caractériser
le suivi de trajectoire permet de décrire la capacité du manipulateur esclave à reproduire
les mouvements de l’opérateur.
Pour atteindre une zone d’intérêt, une erreur de suivi de trajectoire peut être acceptée
lorsque l’opérateur possède aussi un retour visuel. Avec un choix adéquat des gains de
commande, les schémas de télé-opération dans lesquels le site maître transmet sa position
au site esclave (position - position, position - force, . . .) garantissent des performances de
suivi de trajectoire acceptables [Arcara et Melchiorri, 2002], [Gersem et al., 2005].
Ce critère devient très intéressant lorsqu’il est directement utilisé pour réaliser le retour
d’effort à l’opérateur comme par exemple avec le schéma de télé-opération en position -
position. Dans ce cas le critère du suivi de trajectoire lui permet alors de percevoir les
limitations de l’espace de travail du robot esclave ou encore les interactions que ce dernier
peut avoir avec une autre personne distante par exemple. Cependant, dans le cas où le
suivi de trajectoire est médiocre, l’opérateur ressent un effort important opposé à ses
mouvements. La télé-opération devient alors inconfortable.
L’impédance transmise
Dès que le robot manipulateur entre en contact avec un objet situé dans l’environne-
ment distant, le schéma de télé-opération bilatéral doit renseigner l’opérateur non seule-
ment sur l’état du manipulateur distant mais aussi sur celui de l’objet. La nature de ce
dernier est perçue par l’opérateur à travers l’impédance qui lui est transmise par le schéma
de télé-opération. Si cette impédance ne représente pas l’objet de contact, l’opérateur res-
sent des informations biaisées qui peuvent entraîner une mauvaise manipulation.
Dans [Yokokohji et Yoshikawa, 1994], les auteurs définissent la transparence parfaite
d’un schéma de télé-opération par une égalité des positions et des efforts
Xh (t) = Xs (t)
∀t : . (1.4)
Fmc (t) = Fs (t)
Ceci revient à dire que dans le cas idéal, l’impédance transmise à l’opérateur doit être
égale à l’impédance de l’environnement. Le schéma de télé-opération évolue alors d’une
26
Chapitre 1. La robotique médicale et les systèmes de télé-opération
manière transparente pour l’opérateur qui arrive à caractériser l’objet comme s’il agissait
directement dessus. Dans [Lawrence, 1993], l’auteur propose le schéma à 4 canaux pour
assurer une transparence parfaite du schéma de télé-opération. Il montre aussi qu’une telle
performance ne peut pas être atteinte avec les schémas de télé-opération utilisant unique-
ment deux canaux de transmission tels que le schéma position - position ou le position -
force. Sans une étude approfondie et une adaptation de la stratégie de télé-opération, il est
même difficile de caractériser la perception de l’opérateur par rapport à l’impédance de
l’environnement [Arcara et Melchiorri, 2002]. Nous verrons dans le Chapitre 3 comment
caractériser et imposer cette impédance.
que grâce à une connaissance parfaite des deux manipulateurs (maître et esclave), une
transparence parfaite peut être atteinte mais au détriment d’un faible degré de robus-
tesse.
Dans [Lawrence, 1993], l’auteur propose de faire un compromis entre la stabilité et
la transparence en considérant non pas une transparence parfaite mais plutôt une trans-
parence désirée du schéma de télé-opération. Çavuşoğlu et al [Çavuşoğlu et al., 2002],
considèrent qu’une transparence idéale est celle qui permet une meilleure perception des
variations de l’environnement. Ils proposent alors d’étudier la sensibilité de l’impédance
transmise par rapport aux variations de l’impédance réelle en mesurant
dZt
kWs | k2 , (1.5)
dZe Ze =Ẑe
1.3 Contributions
Considérant qu’une des principales limitations des systèmes robotiques dédiés à la
chirurgie mini-invasive concerne la mauvaise restitution des efforts au chirurgien lorsqu’il
télé-opère le robot chirurgical à distance, nous nous intéresserons donc dans la suite à
la mise en œuvre d’un schéma de télé-opération bilatéral permettant au chirurgien de
ressentir et de caractériser au mieux les efforts appliqués par ses instruments sur les
organes.
Dans ce contexte, les contributions de ce travail de thèse qui seront présentés dans ce
manuscrit concernent :
27
1.3. Contributions
validée par des résultats expérimentaux [Cortesão et al., 2006b], [Zarrad et al.,
2007b].
– la compensation des mouvements physiologiques sera abordée en considérant que
l’organe en mouvement induit des perturbations périodiques dans les efforts ap-
pliqués par l’instrument. Une stratégie d’estimation de ces perturbations à partir
des données en effort sera proposée. Les perturbations estimées seront ensuite
utilisées pour générer une séquence de commande visant le suivi des mouvements
de l’organe en temps-réel. Cette séquence de commande, basée sur le modèle du
robot, viendra s’ajouter à la stratégie de commande initialement proposée. Ceci
permettra à la fois la commande des efforts appliqués et la compensation des
mouvements. Cette approche sera validée sur une plate-forme expérimentale.
28
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
Chapitre 2
Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.2 La chirurgie mini-invasive et le retour d’effort . . . . . . . . . . . . . 30
2.3 Architecture de télé-opération avec retour d’effort . . . . . . . . . . 32
2.3.1 Schéma global de télé-opération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3.2 Commande en effort du système esclave . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.3.3 Synthèse du schéma global de télé-opération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4 Analyse expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.1 Plate-forme expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.2 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.1 Introduction
Depuis l’introduction du premier système de télé-opération avec retour d’effort en
1954 [Hokayem et Spong, 2006], de nombreux travaux ont porté sur la commande de
systèmes mécaniques distants. Les possibilités offertes par un tel système ont suscité un
intérêt particulier dans la communauté scientifique qui, au fil du temps et pour diverses
applications, a proposé des architectures de télé-opération toutes aussi intéressantes qu’in-
novantes. Parmi ces architectures, beaucoup permettent de considérer et de minimiser
l’effet du retard de la ligne de transmission entre le site local et le site distant [Anderson
et Spong, 1989], [Kim et al., 1992], etc . . .. En chirurgie mini-invasive, le véritable in-
térêt des systèmes robotisés n’est pas nécessairement d’opérer à longue distance mais
plutôt de rendre les contraintes de l’acte mini-invasif transparentes pour le chirurgien
(cf. Chapitre 1). Les expériences menées dans ce domaine et mettant en évidence une
longue distance entre le poste de commande du chirurgien et le poste patient, rentrent
dans un cadre exceptionnel d’expérimentation. L’intervention réalisée avec le robot Zeus
entre New York et Strasbourg [Marescaux et al., 2001] ou encore les expériences entre le
Japon et la Corée du sud [Arata et al., 2006], sont occasionnelles et ont nécessité des ef-
forts technologiques particuliers pour minimiser les effets du retard de transmission. Elles
s’éloignent du cadre de notre travail dans lequel nous supposons que le patient se trouve à
29
2.2. La chirurgie mini-invasive et le retour d’effort
Madhani et al [Madhani et al., 1998] ont été parmi les premiers à proposer une plate-
forme de télé-opération dédiée à la chirurgie mini-invasive intégrant un retour d’effort. Le
système composé du robot Black Falcon et d’une interface haptique de type PHAN-
ToM utilisait une stratégie de télé-opération bilatérale de type position - position avec
une commande Proportionnel-Dérivée (PD) pour les deux manipulateurs. Afin de valider
l’architecture de télé-opération, des gestes de suture ont été réalisés sur des tissus ex-vivo
(poulet). Grâce à l’architecture position - position, une bonne reproduction des gestes a
été obtenue. Cependant, le retour haptique et les efforts perçus par l’opérateur étaient
différents de ceux appliqués sur les tissus et estimés à partir des couples moteurs.
Dans [Tadano et Kawashima, 2007], un capteur d’effort a été installé au niveau de
la station maître d’une architecture de télé-opération position - position. Une stratégie
de commande en impédance ne nécessitant pas l’utilisation d’un capteur d’effort, a été
choisie pour contrôler le robot esclave. Malgré un retour local des efforts appliqués par
l’opérateur, les auteurs n’ont pas pu améliorer les performances de l’architecture lors des
interactions avec un environnement. Ils suggèrent que de meilleures performances peuvent
être obtenues grâce à la mesure des efforts appliqués par le manipulateur esclave sur son
environnement.
Dans [Çavuşoğlu et al., 2001], les auteurs proposent une comparaison de trois architec-
tures de télé-opération bilatérales : position - position, position - force et une architecture
hybride position - position avec un retour direct des efforts mesurés. Cette dernière est pré-
sentée sur la Figure 2.1(a). Les expériences ont été menées avec deux interfaces haptiques
de type PHANToM commandées en position. La première, considérée comme maître,
commande la deuxième qui applique des efforts sur un objet en silicone contenant une tige
métallique. L’étude de la stabilité et de la transparence a mis en évidence l’intérêt de me-
surer les efforts appliqués par le manipulateur esclave sur son environnement [Çavuşoğlu,
2000]. L’architecture finalement retenue est l’architecture hybride. Elle assure un bon suivi
de trajectoire grâce à la boucle position - position et une meilleure transparence grâce au
retour direct des efforts appliqués [Çavuşoğlu et al., 2002]. Cependant, elle ne permet pas
de commander les efforts appliqués localement.
Dans [Ortmaier, 2002], l’auteur montre l’importance de contrôler et de percevoir les
30
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
Xh + Xh Xs
Gs βp
Fsc + −
−
Manipulateur Zeus
Manipulateur esclave
Manipulateur
maı̂tre Système Kp
maı̂tre
− − Fe
Fh Xs Environnement Fsc
− +
Gm Fh distant
+ + +
Opérateur + Environnement distant Kf Commande en effort
Opérateur −
Fe
α
Fd Fe
(a) (b)
efforts appliqués sur les organes pour assurer une meilleure interaction et limiter le dé-
labrement tissulaire. Il présente alors une plate-forme dédiée à la chirurgie mini-invasive
composée d’une interface haptique PHANToM et d’un bras esclave AESOP sur lequel
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
31
2.3. Architecture de télé-opération avec retour d’effort
Xh Xs
βp
+ −
Manipulateur esclave z
y
x R0
Système
maı̂tre
Kv
Fsc Environnement
Fh − distant
Commande en effort
Opérateur
βf
Fd Fe
Figure 2.2 - Schéma de télé-opération position - position intégrant une commande en effort
du robot esclave [Cortesão et al., 2003].
fermée, cette architecture de télé-opération tire profit des performances d’une stratégie
position - position tout en intégrant une commande en effort au niveau du manipula-
teur esclave. Dans un espace libre, l’opérateur ressent les déplacements du robot esclave
à travers l’erreur en position (avantage d’une architecture position - position). Lors d’un
contact avec un tissu, l’effort appliqué sera identique à celui ressenti et imposé par l’opé-
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
rateur. Ce dernier pourra alors contrôler l’amplitude de ses gestes et maîtriser les efforts
qu’il applique sur les organes.
C’est au regard de ces performances que nous proposons dans le paragraphe suivant,
de développer cette architecture ainsi que la commande en effort associée. Nous présen-
tons ensuite des résultats expérimentaux obtenus sur notre plate-forme robotique. À la
fin du chapitre, la robustesse de cette architecture de commande face aux variations de
l’environnement distant sera discutée à travers des résultats expérimentaux.
32
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
appliquée au système maître. Du coté esclave, la force désirée Fd est appliquée en entrée
au système contrôlé en effort.
Pendant un déplacement en espace libre, les efforts mesurés Fe sont toujours nuls. Si
une erreur de position existe (βp Xh 6= Xs ), la stratégie de commande en effort génère
une force de commande Fsc qui fera déplacer le robot jusqu’à ce que l’effort désiré (et
donc l’erreur en position) devienne nul (βp Xh = Xs ). L’opérateur pourra alors réaliser
des déplacements dans un espace libre pendant lesquels il percevra, à travers l’interface
haptique, l’erreur en position entre les deux systèmes.
Lors d’un contact, la stratégie de commande en effort utilise la force Fe appliquée
sur l’environnement et mesurée par un capteur d’effort fixé sur le manipulateur esclave,
pour générer la force de commande Fsc . La stratégie de commande en effort contrôle
alors l’évolution de la force mesurée Fe pour qu’elle converge vers la force désirée Fd
avec la dynamique désirée. Si l’effort appliqué par le manipulateur esclave Fe est égal à
Fd , l’opérateur aura une bonne perception des interactions entre le robot esclave et son
environnement. Ainsi, la stratégie de commande en effort devient un élément central dans
la synthèse de ce schéma de télé-opération.
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Considérons un robot à n degrés de liberté (ddl). Nous supposons qu’un capteur d’effort
est rigidement fixé entre le robot et son organe terminal. Ce capteur fournit une mesure
des efforts que le robot exerce sur son environnement. Selon une direction opérationnelle
j donnée, le robot, le capteur d’effort et l’environnement sont supposés former un système
de raideur Ks,j . Ce système est la mise en série de trois éléments parmi lesquels le robot et
le capteur d’effort sont considérés rigides par rapport à l’environnement. La raideur totale
Ks,j du système est donc très proche de celle de l’environnement avec lequel le robot se
trouve en contact.
Soit Xs le vecteur des coordonnées cartésiennes généralisées de l’extrémité de l’outil
défini dans le repère de base R0 du robot. Xs contient les positions et les orientations de
l’outil du manipulateur esclave suivant et autour des axes opérationnels x, y et z de R0 .
Ce vecteur est donné par
Xs,x
Xs,y
Xs = .. . (2.1)
.
Xs,θz
33
2.3. Architecture de télé-opération avec retour d’effort
Soit Xs = g(q) le modèle géométrique du robot. Le modèle cinématique reliant les vitesses
articulaires q̇ aux vitesses cartésiennes Ẋs est défini par
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où M (q) de dimension (n × n) est la matrice d’inertie du robot, les vecteurs V (q, q̇)
et G(q) sont de dimension (n × 1) et représentent respectivement les couples/forces de
Coriolis et forces centrifuges et les couples/forces de gravité. Au vecteur de couples τsc
correspond un vecteur d’efforts de commande Fsc dans l’espace opérationnel. Ce vecteur
d’efforts de dimension (m × 1) est exprimé dans le repère R0 . Il est relié au couple de
commande τsc par la matrice jacobienne J suivant
34
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
+ F̂e
f⋆ Fsc τsc q Transformation Xs u f⋆ e−sTd Xs y = Fe
M̂x (q)
+
JT Robot géométrique + s2 Ks
+ −
q, q̇
V̂x (q, q̇) + Ĝx (q) K2 s
(a) (b)
Figure 2.3 - Commande dynamique et système linéarisé pour chaque direction opération-
nelle : (a) commande dynamique du robot esclave et découplage non linéaire
et (b) modèle linéaire en effort du robot esclave suivant une direction donnée
de l’espace opérationnel.
où
Mx = J −T M (q)J −1 , (2.10)
Vx = J −T
V (q, q̇) − Mx J˙q̇ (2.11)
et
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Gx = J −T G(q). (2.12)
Dans les équations (2.9)-(2.12), Mx est de dimension (m × m) et les deux vecteurs Vx et
Gx sont de dimension (m × 1).
Soient M̂x , V̂x , Ĝx et F̂e les estimations respectives de Mx , Vx , Gx et Fe supposées
parfaites. En choisissant un effort Fsc tel que [Khalil et Dombre, 1999]
Fsc = M̂x (q)f ⋆ + V̂x (q, q̇) + Ĝx (q) + F̂e , (2.13)
la commande du robot esclave se réduit à la commande de m systèmes linéaires, invariants,
découplés et du second ordre décrits dans le temps par :
Ẍs (t) = f ⋆ (t − Td ), (2.14)
où f ⋆ est un vecteur de dimension (m × 1) homogène à un effort de commande. Td est le
retard propre du robot dû au temps de traitement des informations des capteurs, à l’envoi
de la commande ou encore au temps de réaction des articulations.
La Figure 2.3(a) montre une représentation schématique du découplage non linéaire
d’un robot dans l’espace cartésien. Ce découplage transforme un problème de commande
d’un système non-linéaire (2.9) en un problème de commande de m systèmes linéaires,
découplés et en doubles intégrateurs [Khatib, 1980]. Afin de pré-stabiliser chacun des
systèmes obtenus, nous réalisons une boucle interne de vitesse avec une matrice de gain
diagonale K2 . Ce retour assure une meilleure robustesse face aux erreurs de modélisation
et aux incertitudes inévitables liées à l’estimation des paramètres dynamiques du robot.
Le modèle en effort du système est établi en considérant le retard propre du robot, le
retour en vitesse et la matrice diagonale de raideur Ks de l’environnement. Ce modèle est
défini indépendamment pour chaque direction opérationnelle. Pour simplifier les écritures,
nous admettons alors que les variables Xs , Fe , f ⋆ , Ks et K2 représentent respectivement les
composantes, selon une direction donnée, des vecteurs Xs , Fe , f ⋆ , Ks et K2 . Ce modèle,
représenté sur la Figure 2.3(b), relie une entrée de commande u à l’effort Fe appliqué par
le robot sur son environnement. La fonction de transfert équivalente est donnée par :
Ks e−sTd
G(s) = (2.15)
s(s + K2 e−sTd )
35
2.3. Architecture de télé-opération avec retour d’effort
où y(t) représente l’effort Fe appliqué par le robot sur son environnement, u désigne la
variable d’entrée homogène à un effort de commande. En définissant deux variables d’état
x1 (t) = y(t) et x2 (t) = ẏ(t), la représentation d’état du système est
ẋ1 (t) 0 1 x1 (t) 0
= + u(t − Td ) (2.18)
ẋ2 (t) 0 −K2 x2 (t) Ks,n
. (2.19)
y(t) = x1 (t)
Considérons que le système (2.19) est précédé d’un bloqueur d’ordre zéro et que la
sortie est échantillonnée à la fréquence 1/h, sa représentation d’état discrète est donnée
par
xr,k = Φr xr,k−1 + Γr uk−1
(2.20)
yk = Cr xr,k
avec
Td = (d − 1)h + τ ′ , (2.21)
0 < τ ′ ≤ h, (2.22)
T
(2.23)
xr,k = xTk uk−d . . . uk−2 uk−1 ,
Φ1 Γ1 Γ0 . . . 0
0 0 1 ... 0
Φr = ... .. .. . . .. ,
. . . . (2.24)
0 0 0 ... 1
0 0 0 ... 0
T
(2.25)
Γr = 0 0 . . . 0 1
et
(2.26)
Cr = 1 0 ... 0 0 .
Les matrices Φ1 , Γ1 et Γ0 sont respectivement définies par :
36
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
1 − e−K2 t
1 K2
φ(t) = . (2.30)
−K2 t
0 e
Les expressions analytiques des matrices Φ1 , Γ1 et Γ0 sont obtenues à partir des équations
(2.27)-(2.30) en considérant τ ′ = h. Elles sont respectivement données par
1 − e−K2 h
1 K2
Φ1 = , (2.31)
0 e−K2 h
Ks,n
−K2 h
2
(K 2 h − 1 + e )
Γ1 = K2 K (2.32)
s,n
(1 − e−K2 h )
K2
et
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
T
(2.33)
Γ0 = 0 0 .
Dans la représentation d’état discrète (2.20), le vecteur d’état xr,k est de dimension
((2 + d) × 1). Les deux premiers états représentent respectivement la force appliquée Fe et
sa dérivée. Les d autres états sont dus au retard Td propre au système. Les dimensions des
matrices Φr , Γr et Cr sont respectivement ((2 + d) × (2 + d)), ((2 + d) × 1) et (1 × (2 + d)).
Il est à remarquer que, uniquement deux éléments de la matrice d’état Φr (deux éléments
du vecteur Γ1 ) dépendent de la raideur nominale Ks,n . Pour faciliter les développements
présentés dans la suite de ce manuscrit (Chapitre 3), nous posons
γ1
Γ1 = Ks,n (2.34)
γ2
avec
K2 h − 1 + e−K2 h 1 − e−K2 h
γ1 = et γ 2 = . (2.35)
K22 K2
Le système esclave a ainsi été modélisé. À partir de sa représentation d’état, une
commande en effort par retour d’état peut être établie. L’intérêt de cette stratégie de
commande réside dans la prise en compte de la référence de consigne rk et de toutes les
variables d’état, supposées dans un premier temps connues, du système afin d’imposer une
dynamique et un comportement désiré en boucle fermée [Ogata, 2002]. Dans le paragraphe
suivant, nous présenterons cette loi de commande.
37
2.3. Architecture de télé-opération avec retour d’effort
P (z) = z d (z 2 + a1 z + a2 ), (2.39)
où
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
p
a1 = −2e−ζwn h cos( 1 − ζ 2 wn h) (2.40)
et
a2 = e−2ζwn h . (2.41)
ζ et wn sont respectivement le facteur d’amortissement et la pulsation propre du système.
Ils sont donnés par :
1
ζ = 1 et wn = . (2.42)
Tcl
Le gain du retour d’état Lr est alors calculé suivant la méthode de placement de pôles
d’Ackermann basée sur le modèle du système en boucle ouverte (Φr et Γr ), la matrice de
commandabilité et le polynôme caractéristique désiré en boucle fermée [Ogata, 2002]. Lr
est donné par :
Lr = 0 · · · 0 1 Wc−1 P (Φr ), (2.43)
Le développement des relations (2.43) et (2.46)) montre que L1 est égal au premier élément
de Lr dont seuls les deux premiers éléments dépendent de la raideur nominale Ks,n . Nous
posons alors
(2.47)
Lr = L1 L2 · · · Ld+2 ,
avec
l1 l2
L1 = et L2 = . (2.48)
Ks,n Ks,n
38
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
D’après les relations (2.37), (2.43) et (2.46), lorsque le robot esclave est en contact avec
son environnement, la fonction de transfert en boucle fermée Gcl (s) qui décrit l’évolution
de l’effort appliqué par le robot Fe par rapport à l’effort désiré Fd est
Fe 1
Gcl = = e−sTd . (2.49)
Fd (1 + Tcl s)2
Dans la synthèse de la stratégie de commande par retour d’état, nous avons supposé
que toutes les composantes de l’état xr,k du système esclave étaient mesurables, ce qui peut
s’avérer coûteux et/ou physiquement impossible à réaliser. Dans le paragraphe suivant,
nous développerons alors un observateur (ou reconstructeur) de l’état capable de fournir
une estimation x̂r,k du vecteur d’état du système. L’observateur qui sera proposé est
un observateur actif (AOB1 ) qui réalise non seulement l’estimation de l’état mais aussi
celle des erreurs de modélisation [Cortesão, 2002]. La compensation de ces erreurs permet
d’assurer de meilleures performances et une plus grande robustesse de la stratégie de
commande élaborée précédemment.
Un observateur actif de l’état reformule une stratégie d’estimation d’état tout en tenant
compte des erreurs de modélisation du système. Ces erreurs apparaissent suite à une
modélisation structurellement erronée ou à une incertitude paramétrique sur Ks,n , M̂x ,
V̂x ou encore Ĝx par exemple. L’observateur réalise alors une estimation de ces erreurs
afin de minimiser leur effet sur la stratégie de commande du système.
Dans la suite, nous présenterons le principe général de l’observateur actif de l’état. Dans
cette présentation, nous mettrons en évidence les limitations d’un observateur "classique"
de l’état vis-à-vis des erreurs de modélisation. L’intérêt d’un observateur actif de l’état
sera alors démontré avant de présenter sa mise en œuvre pour la commande en effort du
site esclave.
Principe
Un observateur "classique" de l’état du système esclave (2.20)-(2.33) est un modèle
d’état établi suivant la représentation d’état en boucle ouverte du système [Ogata, 2002].
Il est de la forme
x̂r,k = Φr x̂r,k−1 + Γr uk−1 + Ek (yk − ŷk ), (2.50)
avec
ŷk = Cr (Φr x̂r,k−1 + Γr uk−1 ) (2.51)
dans laquelle Ek est le gain, de dimension ((2 + d) × 1), d’estimation de l’état. Ce gain
peut être calculé selon le procédé de Kalman [Kalman, 1960] ou celui de Luenberger
[Luenberger, 1966] afin que l’erreur d’estimation er,k , donnée par
er,k = xr,k − x̂r,k , (2.52)
converge vers 0 quand k tend vers l’infini.
Puisque le vecteur d’état xr,k du système est non totalement mesurable, la commande
par retour d’état s’établit en fonction du vecteur d’état estimé x̂r,k fourni par l’observateur
(2.50)-(2.51). La loi de commande uk−1 donnée par (2.36) devient alors :
uk−1 = rk−1 − Lr x̂r,k−1, (2.53)
1
pour Active OBserver
39
2.3. Architecture de télé-opération avec retour d’effort
En présence d’erreurs de modélisation, cette entrée de commande uk−1 (2.53) peut être
réécrite sous la forme
uk−1 = rk−1 − Lr xr,k−1 + Lr er,k−1 . (2.54)
Dans cette expression, les erreurs d’estimation er,k , non considérées dans la synthèse
du gain Lr , sont mises en évidence. Ces erreurs, dues à des erreurs de modélisation du
système, sont appliquées à l’entrée du système à travers le retour d’état et peuvent ainsi
affecter et dégrader les performances désirées de la stratégie de commande. Dans ces
conditions, la représentation d’état du système en boucle fermée devient
xr,k = (Φr − Γr Lr )xr,k−1 + Γr rk−1 + Γr Lr er,k−1
. (2.55)
yk = Cr xr,k−1
Une telle stratégie de commande par retour d’état estimé utilisant un observateur "clas-
sique" de l’état, est illustrée sur la Figure 2.4(a).
Un observateur actif de l’état estime ces erreurs de modélisation en les regroupant
dans un état supplémentaire, appelé état actif, noté pk et donné par :
pk = Lr er,k . (2.56)
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Cette observateur, illustré sur la Figure 2.4(b), est établi suivant la représentation
d’état désirée du système en boucle fermée [Cortesão, 2002]. La compensation des erreurs
de modélisation qui apparaissent à l’entrée du système se réalise alors en incluant dans le
retour d’état l’estimation p̂k de pk . La représentation d’état en boucle fermée du système
esclave suivant laquelle l’observateur actif sera établi est alors (cf. Figure 2.4(b))
xr,k Φr Γr xr,k−1 Γr
= + uk−1 (2.57)
pk 0 1 pk−1 0
Mise en œuvre
Nous avons considéré un observateur actif d’ordre 1. Il se caractérise par un état actif
pk défini selon une equation aux récurrences d’ordre 1 donnée par :
où 0wk est un bruit blanc Gaussien de moyenne nulle et de matrice de covariance définie
positive Qpk donnée par
T
E[0wk 0wj ] = Qpk δkj , (2.60)
40
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
(a) (b)
Figure 2.4 - Stratégie de commande d’estimation et de commande par retour d’état es-
timé : (a) stratégie utilisant un observateur "classique" de l’état et (b) stra-
tégie utilisant un observateur actif de l’état avec compensation des erreurs de
modélisation.
δkj exprime le fait que la valeur de la variable de bruit 0wj prise à l’instant j est totalement
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avec Qxr,k une matrice diagonale. Qxr,k et Rk représentent respectivement les incertitudes
apportées au modèle et à sa sortie mesurée yk = Fe . Soit Qk la matrice de covariance du
T 0 T T
vecteur de bruit ξk = ξxr,k wk agissant sur l’état étendu xr,kT pk
Qxr,k 0
E[ξk ξjT ] = Qk δkj où Qk = . (2.65)
0 Qpk
41
2.3. Architecture de télé-opération avec retour d’effort
Opérateur Fh
Force Système Xh
βf maı̂tre
−
+
Kv βp
−
Fd rk uk f⋆ e−sTd Xs yk = Fe
L1 Ks
+ + s2
− −
Robot
K2 s +
Environnement
G(s)
[x̂Tr,k p̂k ]T
[Lr 1] AOB
Système
Boucle fermée
Gcl (s)
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avec
Φr − Γr Lr 0 x̂r,k−1 Γr
ŷk = Ca + rk−1 (2.68)
0 1 p̂k−1 0
et
(2.69)
Ca = Cr 0 .
avec
P1k = Φn Pk−1 ΦTn + Qk (2.71)
et
Pk = P1k − Kk Ca P1k . (2.72)
Φn représente la matrice d’état en boucle ouverte du système à observer (2.62). Elle est
donnée par :
Φr Γr
Φn = . (2.73)
0 1
Les matrices P1k et Pk sont respectivement les matrices de covariance de l’erreur de
T
prédiction et d’estimation associées à l’état x̂r,kT p̂k avant et après correction par le
gain K dans (2.67). La valeur initiale P0 traduit la confiance accordée à l’état initial
T kT
x̂r,0 p̂0 . Plus les valeurs de P0 sont élevées moins cette confiance est grande.
42
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
Opérateur
111
000
Interface Haptique 6 ddl
Environnement
Robot D2M2 5 ddl
Fd
Liaison Ethernet
Protocole UDP
Xh Windows XP
Windows XP
RTX
Station Maı̂tre Station esclave
43
2.4. Analyse expérimentale
Figure 2.7 - Plate-forme expérimentale : (a) interface haptique maître PHANToM 1.5,
(b) robot manipulateur esclave D2M2 et (c) environnement distant.
capable de se déplacer selon les trois directions x, y et z et de s’orienter autour des axes
x et y d’un même repère R0 lié à sa base fixe. Son modèle est donné en Annexe A. Il
possède une articulation prismatique et quatre articulations rotoïdes toutes actionnées
par des moteurs à entraînement direct. Ce type d’actionnement limite les jeux et les
frottements au niveau des articulations, offre une grande dynamique de déplacement et
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ainsi une meilleure transparence par rapport aux efforts appliqués sur l’environnement.
De plus, ne comportant pas de réducteurs, ces actionneurs permettent d’avoir un robot
totalement réversible qui tolère des interactions manuelles avec un utilisateur extérieur
(changement de posture, déplacement de l’effecteur vers une position désirée, dégagement
en cas de panne, etc . . .). Un entraînement par courroie a permis de déporter les action-
neurs à proximité de la première articulation où une grande partie de la masse du robot
se concentre. Le robot est compensé en gravité par un mécanisme à ressort.
Les efforts que le robot D2M2 exerce sur son environnement sont mesurés grâce à
un capteur d’effort à six composantes ATI Mini 40 rigidement fixé entre le robot et son
effecteur. L’environnement distant comporte plusieurs objects de raideurs différentes. Trois
types d’objet sont choisis pour représenter successivement un environnement mou (une
balle en mousse), de rigidité moyenne (de la mousse dense, une balle à moitié remplie
d’air) et très rigide (un livre). La Figure 2.7(c) montre les objets utilisés pour réaliser nos
différentes expérimentations.
Le robot D2M2, le capteur d’effort et l’environnement distant, forment le système
esclave à commander. Pour piloter ce système, un ordinateur fonctionnant avec une couche
temps réel RTX sous Windows XP communique, grâce à deux cartes d’entrée/sortie, avec
les variateurs du robot D2M2 et le capteur d’effort ATI. Les informations envoyées par
l’ordinateur sont les couples moteurs à appliquer au niveau de chaque actionneur du robot
esclave D2M2. Le robot et le capteur d’effort transmettent respectivement, à l’ordinateur,
les positions articulaires courantes et les efforts mesurés. La période d’échantillonnage pour
la commande du robot esclave D2M2 est h = 0.7 [ms] (1.42 [KHz]).
44
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
sont la petite balle en mousse et le ballon à moitié rempli d’air illustrés sur la Figure 2.7(c).
Dans cette phase d’évaluation, il est important de préciser que la télé-opération est réali-
sée selon les trois directions x, y et z du repère R0 mais que nous traitons uniquement les
interactions et les efforts appliqués Fe selon la direction z.
Le nombre de degrés de liberté opérationnels du robot D2M2 est m = n = 5. Cepen-
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dant, nous réalisons la télé-opération uniquement selon les axes x, y et z de son repère
R0 . Nous reproduisons alors le schéma de télé-opération et de commande en effort de la
Figure 2.5 indépendamment pour les trois directions et nous imposons une commande en
effort nulle pour les deux orientations (en boucle ouverte). f ⋆ est alors donnée par :
T
f ⋆ = fx⋆ fy⋆ fz⋆ 0 0 (2.74)
,
où fx⋆ , fy⋆ et fz⋆ représentent respectivement les efforts de commande générés par le retour
d’état en Lr et de vitesse en K2 suivant les directions x, y et z.
Un essai en boucle ouverte a permis d’estimer le retard propre du robot à Td = 3.5 [ms].
Sachant que la période d’échantillonnage est h = 0.7 [ms], le retard calculé en nombre
T
de période d’échantillonnage est d = 5. L’état du système xr,kT pk ainsi que son estimé
T T
x̂r,k p̂k , sont alors de dimension (8 × 1). La matrice de covariance Qk ainsi que celle
de l’erreur d’estimation Pk sont donc de dimension (8 × 8).
Pour les trois directions opérationnelles, les paramètres de télé-opération sont choisis
tels que
βp,j = 2 , βf,j = 0.1 et Kv,j = 1000 [N/m] avec j = x, y, z. (2.75)
Les paramètres concernant l’estimation de l’état (relations (2.67)-(2.73)), la commande
par retour d’état (relations (2.43)-(2.46)) et le retour en vitesse K2 sont donnés dans le
Tableau 2.1. Ces paramètres ont été choisis de façon à assurer la stabilité du système
avec un bon suivi de trajectoire lors d’une télé-opération en espace libre. Ils permettent
aussi l’application d’un effort sur un objet mou et une transition stable d’une phase à une
autre (selon la direction z). Les paramètres adoptés pour l’estimation de l’état étendu (cf.
Tableau 2.1) ont été choisis en considérant que l’état actif pk est l’état le plus incertain
du modèle (grande valeur de Qpk comparée à celles de Qk ). Ce choix permet d’avoir une
grande dynamique d’estimation de pk et donc une grande réaction face aux erreurs de
modélisation.
Pour évaluer les performances du schéma de télé-opération, nous présenterons tout
d’abord une expérience où seul un déplacement dans un espace libre est effectué. Nous
illustrerons ensuite les résultats d’une télé-opération qui met en évidence une prise de
contact avec l’objet en mousse.
45
2.4. Analyse expérimentale
250
Position maître βp Xh,x Position maître βp Xh,y
Position esclave Xs,x Position esclave Xs,y
650
150
Positions [mm] selon l’axe x
550 0
-50
500
-100
-150
450
-200
400 -250
5 10 15 20 25 30 35 40 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
30
Position maître βp Xh,z
Position esclave Xs,z
0
Positions [mm] selon l’axe z
-20
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-40
-60
-80
-100
-120
-140
-160
-180
5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s]
(c)
Figure 2.8 - Suivi en position d’une trajectoire en espace libre imposée par l’opérateur :
(a) suivi de trajectoire suivant la direction x, (b) suivi de trajectoire suivant
la direction y et (c) suivi de trajectoire suivant la direction z du repère R0 .
46
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
15
8
10 6
Forces [N] selon l’axe x
5 2
0
0
-2
-4
-5
-6
Force désirée Fd,x Force désirée Fd,y
Force mesurée Fe,x Force mesurée Fe,y
Force estimée ŷx Force estimée ŷy
-13 -10
5 10 15 20 25 30 35 40 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
Force désirée Fd,z
8
Force mesurée Fe,z
Force estimée ŷz
6
Forces [N] selon l’axe z
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-2
-4
-6
5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s]
(c)
Figure 2.9 - Efforts mesurés Fe , estimés ŷ et désirés Fd lors d’une télé-opération en espace
libre : (a) efforts suivant la direction x, (b) efforts suivant la direction y et (c)
efforts suivant la direction z du repère R0 . −βf Fd représente l’effort ressenti
par l’opérateur au niveau du bras haptique PHANToM 1.5.
Remarques
Dans les développements théoriques exposés précédemment, nous avons considéré que
le système esclave à commander était formé d’un robot portant un capteur d’effort et
en contact avec un environnement. Lors d’une télé-opération dans un espace libre, le
modèle établi (2.20)-(2.26) ne représente plus exactement le système réel à commander.
Ceci explique la mauvaise estimation des efforts mesurés Fe illustrée sur la Figure 2.9.
Cependant, malgré cette erreur structurelle de modélisation, le système reste stable.
Sur la Figure 2.10, il est possible de constater que la quasi-totalité de la commande
T
uk = L1 Fd − [Lr 1] x̂r,kT p̂k est fournie par l’état actif −p̂k .
La télé-opération dans un espace libre a été réalisée grâce au schéma position - posi-
tion. Bien que le système esclave soit commandé en effort et non en position, il se déplace
jusqu’à annuler l’effort désiré Fd et donc annuler l’erreur entre sa position Xs et la position
de la station maître βp Xh . Dans un espace libre, les performances de suivi de trajectoire
représentent la transparence du schéma de télé-opération et sa capacité à informer l’opé-
rateur sur les mouvements libres du robot esclave (voir §1.2.3.2).
47
2.4. Analyse expérimentale
3 2.5 3
Commande uk,x et −pk,x [N] selon l’axe x Commande uk,x Commande uk,y Commande uk,z
-2.5 -2 -2
5 10 15 20 25 30 35 40 5 10 15 20 25 30 35 40 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s] Temps [s]
Figure 2.10 - L’état actif estimé −p̂k et la commande par retour d’état uk = L1 Fd −
T
[Lr 1] x̂r,kT p̂k lors d’une télé-opération en espace libre : (a) suivant la
15 10 8
Erreur en position βp Xh,y − Xs,y Erreur en position βp Xh,z − Xs,z
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
0 0 0
-2
-2
-5
-4
-4
-6
-10
-6
-8
Erreur en position βp Xh,x − Xs,x
-15 -10 -8
5 10 15 20 25 30 35 40 5 10 15 20 25 30 35 40 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s] Temps [s]
Figure 2.11 - Erreurs de poursuite βp Xh −Xs lors d’une télé-opération en espace libre : (a)
suivant la direction x, (b) suivant la direction y et (c) suivant la direction
z du repère R0 .
La Figure 2.8 présente les résultats de suivi de trajectoire obtenu lors de la télé-
opération en espace libre. Ces derniers montrent la capacité du robot esclave à reproduire
les gestes de l’opérateur. Ils ont été obtenus grâce à la faible valeur choisie pour la rai-
deur nominale Ks,n (selon les trois directions). Les erreurs de poursuite suivant les trois
directions sont visibles sur la Figure 2.11.
La Figure 2.9 montre les efforts désirés appliqués au système esclave. Après multi-
plication par βf = 0.1, ces efforts sont ressentis par l’opérateur au niveau de l’interface
haptique. Ils varient entre −1.2 et 1.2 [N] selon x, −1 et 0.8 [N] selon y et enfin entre
−0.6 et 0.8 [N] suivant l’axe z. Ils fournissent donc de bonnes sensations à l’opérateur et
lui permettent d’avoir des informations utiles concernant le robot esclave en mouvement.
48
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
Cette expérience illustre une télé-opération lors d’une prise de contact avec un objet
mou (la balle en mousse illustrée sur la Figure 2.7(c)). Le contact se réalise suivant l’axe
z du repère R0 du robot esclave. Pour faciliter l’analyse, les efforts latéraux suivant (x, y)
ont été considérés nuls. Nous ne présenterons donc que les informations en effort relatives
à l’axe z.
La Figure 2.12 illustre les résultats de suivi de trajectoires imposées par l’opérateur
(βp Xh ) et reproduites par le robot esclave (Xs ). Dans un premier temps, l’opérateur
déplace le robot esclave en espace libre jusqu’à atteindre la position de l’objet considéré.
Une fois atteinte (à t0 = 14.3 [s]), l’opérateur applique un effort allant jusqu’à −20 [N].
8 [s] plus tard, l’opérateur soulève le robot esclave et réalise un nouveau déplacement dans
un espace libre.
La Figure 2.13 présente les efforts appliqués Fe , estimés par l’observateur actif ŷ et
désirés par l’opérateur Fd suivant la direction z. Tout au long de l’expérience, les efforts
désirés Fd sont multipliés par −βf et ressentis par l’opérateur au niveau de l’interface
haptique. Au moment du contact, ce dernier ressent un effort allant jusqu’à 2 [N] suivant
T
l’axe z. La commande uk = Fd − [Lr 1] x̂r,kT p̂k et l’état actif estimé −p̂k selon la
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Remarques
Les résultats donnés par les Figures. 2.12, 2.13 et 2.14 montrent un comportement
stable du système pendant toutes les phases de télé-opération à savoir le déplacement en
espace libre, l’application d’un effort sur un objet mou et la transition d’une phase à une
autre.
Suivant l’axe z, une erreur importante en position (voir Figure 2.12(c)) apparaît au
moment de la prise de contact avec l’objet mou. Elle génère un effort désiré Fd , ressenti
par l’opérateur (−βf Fd ) et appliqué en entrée du système esclave. La loi de commande en
effort permet au robot esclave d’appliquer ces efforts sur l’objet considéré (Fe = Fd ).
Sur la Figure 2.14, une réaction de l’état actif p̂k par rapport à la commande uk appa-
raît aux deux instants de transition (de "sans" à "avec" contact et vice-versa). Pendant
l’application de l’effort, p̂k devient faible montrant la disparition des erreurs structurelles
de modélisation (voir Remarques du §2.4.2.1). Ceci a permis une parfaite estimation des
efforts mesurés Fe comme illustré sur la Figure 2.13. Les erreurs restantes et estimées par
p̂k peuvent provenir d’une estimation erronée des paramètres de J , M̂x , V̂x , Ĝx et de
Ks,n .
Sur la Figure 2.13 lors de l’interaction avec l’objet, les efforts désirés Fd et ressentis
−βf Fd par l’opérateur sont égaux à l’effort mesuré Fe . L’opérateur est alors capable de
ressentir et de contrôler cet effort au niveau et à partir de son interface haptique. Concer-
nant l’impédance transmise et ressentie par l’opérateur (la transparence, voir §1.2.3.2), il
est possible de voir à partir des données expérimentales de la Figure 2.12(c) que lorsque
l’opérateur applique un effort, la position de sa main varie par rapport à la position de
contact (estimée à ≃ −110 [mm]). Une autre variation apparaît lorsque l’effort est plus
grand (à t ≈ 18 [s]). Ce comportement représente effectivement l’application d’un effort
sur un objet mou. Cependant, la seule information relative à l’environnement et transmise
au site maître est la raideur nominale Ks,n = 200 [N/m]. Cette raideur, choisie faible pour
assurer la stabilité et le suivi de trajectoire en espace libre, ne représente qu’une estimation
a priori de la raideur réelle Ks de l’environnement. Les sensations perçues par l’opérateur
49
2.4. Analyse expérimentale
640 100
Position maître βp Xh,x Position maître βp Xh,y
Position esclave Xs,x Position esclave Xs,y
Positions [mm] selon l’axe x
580 40
560 20
540 0
520 -20
500 -40
480 -60
460 -80
5 10 14.3 18.5 22.5 25 28 5 10 14.3 18.5 22.5 25 28
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
20
Position maître βp Xh,z
Position esclave Xs,z
-20
Positions [mm] selon l’axe z
-40
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-60
-80
-100
Contact
-120
Espace libre Espace libre
-140
-160
-180
5 10 14.3 18.5 22.5 25 28
Temps [s]
(c)
Figure 2.12 - Suivi en position d’une trajectoire imposée par l’opérateur lors d’une télé-
opération et prise de contact avec un objet mou suivant la direction z du
repère R0 : (a) suivi de trajectoire suivant la direction x, (b) suivi de tra-
jectoire suivant la direction y et (c) suivi de trajectoire suivant la direction
z du repère R0 .
sont alors limitées par la raideur nominale choisie dans la stratégie de commande en effort.
Une étude plus approfondie de la transparence du schéma de télé-opération sera présentée
dans le Chapitre 3.
50
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
-15
Figure 2.13 - Efforts mesuré Fe , estimé ŷ et désiré Fd lors d’une télé-opération et prise de
contact avec un objet mou suivant la direction z du repère R0 . −βf Fd repré-
sente l’effort ressenti par l’opérateur au niveau du bras haptique PHAN-
ToM 1.5.
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est
δKs < f (Ks,n ), (2.77)
où f (Ks,n ) est un scalaire positif qui dépend de la raideur nominale Ks,n . Pour une
raideur nominale Ks,n = 200 [N/m], le système est stable si f (Ks,n ) = 1400 [N/m]
(Ks ≤ 1600 [N/m]) [Cortesão et al., 2006a].
Une estimation en ligne de l’environnement distant devient alors essentielle, non seule-
ment pour la transparence du schéma de télé-opération (voir Remarques du §2.4.2.2),
mais surtout pour assurer la stabilité du système lors des interactions avec un environne-
ment rigide.
2.5 Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre la synthèse d’une architecture de télé-opération
avec retour d’effort dédiée à l’assistance du geste chirurgical. L’architecture choisie est de
type position-position avec une commande en effort du système esclave. Dans ce schéma
de télé-opération, l’erreur en position entre les deux sites est traduite en un effort ressenti
par l’opérateur et imposé au système esclave contrôlé en effort. Cette commande se base
sur le modèle du robot esclave en contact avec son environnement. Elle utilise alors les
techniques de découplage non-linéaire afin de réduire le problème de commande à celui de
plusieurs systèmes linéaires et parfaitement découplés. Des stratégies d’estimation et de
51
2.5. Conclusion
1.5
Commande uk
0.5
-0.5
Figure 2.14 - L’état actif estimé −p̂k et la commande par retour d’état uk = L1 Fd −
T
[Lr 1] x̂r,kT p̂k lors d’une télé-opération et prise de contact avec un objet
mou suivant la direction z de R0 .
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commande par retour d’état ont alors été utilisées afin de contrôler les efforts appliqués
par le robot esclave sur son environnement. L’observateur d’état qui a été choisi est un
observateur actif qui réalise l’estimation des erreurs de modélisation du système esclave.
L’intégration de cette estimation dans la commande par retour d’état permet alors de
minimiser l’effet de ces erreurs et de garantir les performances désirées de la stratégie de
commande.
L’évaluation expérimentale de l’architecture de télé-opération a été réalisée sur une
plate-forme robotique constituée d’un robot manipulateur et d’une interface haptique.
L’architecture en position - position a permis au système esclave de reproduire les gestes
de l’opérateur et de lui transmettre des informations concernant ses déplacements en
espace libre. Grâce à la commande en effort du système esclave, l’opérateur a pu interagir
avec un environnement distant de faible rigidité. À travers l’interface haptique, il a ainsi
contrôlé et ressenti les efforts appliqués par le robot esclave. Cette architecture de télé-
opération tire profit des performances d’un schéma en position - position tout en intégrant
une commande en effort du système esclave.
Cependant, cette architecture de télé-opération présente deux limitations majeures
liées à la connaissance des caractéristiques de l’environnement. Elles concernent la stabilité
de la commande en effort lors des interactions avec un environnement de rigidité élevée
et la transparence du schéma de télé-opération. Afin de garantir la stabilité du système,
une estimation en ligne de la raideur de l’environnement sera présentée dans le chapitre
suivant. Une adaptation des paramètres de commande permettra, après analyse de la
transparence et de la stabilité du schéma de télé-opération, d’imposer une transparence
désirée tout en garantissant des marges de stabilité satisfaisantes.
52
Chapitre 2. Télé-opération et commande en effort d’un robot d’assistance au geste
chirurgical
10 60
Position maître βp Xh
5 Position esclave Xs
40
20
-5
-10 0
-15 -20
-20
-40
-25
Force désirée Fd
-60
-30 Force mesurée Fe
Force estimée ŷ
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-35 -80
34 35 36 37 38 39 40 34 35 36 37 38 39 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
8
Commande uk
Commande uk et −pk [N] selon l’axe z
-2
-4
34 35 36 37 38 39 40
Temps [s]
(c)
Figure 2.15 - Les efforts, les positions et la commande lors d’une télé-opération et prise
de contact avec un objet de rigidité moyenne (balle moitié remplie d’air de
la Figure 2.7(c)) suivant la direction z d’un repère R0 : (a) efforts mesuré
Fe , estimé ŷ et désiré Fd (−βf Fd représente l’effort ressenti par l’opérateur
au niveau du bras haptique PHANToM 1.5), (b) suivi d’une trajectoire
imposée par l’opérateur et (c) état actif estimé −p̂k et la commande uk =
T
L1 Fd − [Lr 1] x̂r,kT p̂k .
53
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Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Chapitre 3
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
3.1 Introduction
En chirurgie mini-invasive robotisée, les interactions peuvent être de nature extrême-
ment diverses. Elles sont non seulement effectuées avec des tissus mous de type organes,
muscles, veines, etc . . ., mais aussi avec des tissus rigides comme le sternum, les côtes de
la cage thoracique, etc . . .ou encore avec d’autres instruments. La diversité et l’incerti-
tude associées à la connaissance de l’environnement deviennent un élément central pour
garantir la stabilité et la transparence du schéma de télé-opération avec retour d’effort.
La synthèse d’une telle architecture doit donc tenir compte de ces interactions avec des
tissus et des objets de rigidité différente.
Dans le chapitre précédent, nous avons présenté un schéma de télé-opération avec
retour d’effort de type position - position dont la commande en effort du robot esclave
repose sur la connaissance d’une raideur nominale de l’environnement. Ce schéma de
télé-opération a été validé sur une plate-forme expérimentale en réalisant trois types d’ex-
périence : télé-opération en espace libre, interaction avec un objet mou et un objet de
rigidité moyenne. Les résultats obtenus à la suite de ces expérimentations mettent en
évidence un certain nombre de limitations. En effet, d’abord la transparence du schéma
55
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
des paramètres de télé-opération afin d’imposer une transparence désirée et des marges de
stabilité satisfaisantes. Le chapitre se conclura par une présentation des résultats ex-vivo
montrant la stabilité et la transparence du schéma de télé-opération avec retour d’effort.
Nous nous intéresserons non seulement à une interaction simple avec des tissus, mais
aussi au geste d’insertion d’aiguille télé-opérée [Stoianovici et al., 2003]. Dans ce cas, le
retour d’effort permet au chirurgien de distinguer et de maîtriser les différentes étapes de
l’insertion [Gerovichev et al., 2002], [Barbé et al., 2007a].
56
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
s’écrit
Ks (Xs − Xs0 ) + Bs Ẋs si Xs ≥ Xs0
Fe = , (3.1)
0 sinon
où Xs0 est la position de repos de l’environnement. Ks et Bs représentent respectivement sa
raideur et son facteur d’amortissement. Ces paramètres peuvent être considérés variables,
comme c’est le cas dans [Ortmaier, 2002] et [Barbé et al., 2006] ou constants [Okamura
et al., 2004].
Misra et Okamura [Misra et Okamura, 2006] ont développé un système de télé-opération
de type force - force avec une estimation par la méthode du gradient des paramètres de
l’environnement en se basant sur le modèle linéaire (3.1). La stabilité de cette stratégie
a été prouvée en considérant une fonction de Lyapunov. Wang et al [Wang et al., 2005]
proposent également un schéma de télé-opération intégrant une stratégie d’estimation des
paramètres du modèle (3.1) mais en considérant un algorithme d’estimation par moindres
carrés récursifs (RLS1 ). Les deux approches précédentes ont été comparées dans [Erickson
et al., 2003]. Au delà des performances des deux stratégies et de la difficulté que présente
chacune d’elle dans le choix des gains d’estimation, les auteurs mettent en évidence le
problème de l’excitation permanente du système pour obtenir une bonne estimation. En
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
57
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
est une solution qui permet de distinguer les bruits de mesure sur la variable d’effort Fe
et de position Xs du modèle (3.1). Afin de s’affranchir de la position de repos Xs0 (et
de Fe0 [Gersem, 2005]), nous proposons d’appliquer cet estimateur en se basant sur le
modèle du système esclave donné par la représentation d’état (2.20)-(2.33) dans laquelle
la position de repos n’est pas considérée et les interactions avec l’environnement sont elles
aussi définies par le modèle de Kelvin-Voigt (3.1). La synthèse de cet estimateur ainsi que
de l’adaptation de la commande en effort sont présentés dans les paragraphes suivants.
sous une forme discrète par les relations (2.20)-(2.33). Dans cette représentation, seule
la matrice d’état Φr dépend de la raideur Ks qui est exprimée en fonction de la raideur
nominale Ks,n par les relations (2.24) et (2.32). L’utilisation d’un filtre de Kalman étendu
consiste à étendre le vecteur d’état xer,k avec le paramètre Ks,k e
qui représente la raideur
Ks à un instant k. Le vecteur d’état étendu est alors noté xk = [xer,kT Ks,k
e
] et la nouvelle
e T
où uk−1 est l’entrée de commande par retour d’état donnée par la relation (2.66). Les
entrées ξke et ηke sont des bruits blancs Gaussiens indépendants, de moyennes nulles, de
dimensions respectives ((2 + d) × 1) et (1 × 1) et dont les matrices de covariance corres-
pondantes sont définies positives et données par :
E[ξxer,k ξxer,jT ] = Qxer,k δkj et E[ηyke ηyjeT ] = Rke δkj (3.3)
avec Qxer,k une matrice diagonale représentant des bruits indépendants sur l’état xer,k . Nous
supposons ici que chaque élément de l’environnement possède une raideur Ks constante.
Ainsi, nous ne considérons pas de bruit relatif à la raideur de l’environnement Ks,k e
dans
le modèle (3.2).
L’état étendu estimé à l’instant k s’écrit alors en fonction des informations données
à l’instant k − 1 et de la nouvelle observation de la sortie yk . L’estimation se réalise en
deux étapes [Ljung et Söderström, 1983] : la prédiction de l’état étendu [x̂er,k|k−1T K̂s,k|k−1
e
]T
donnée par
" # " #" # " #
x̂er,k|k−1 Φer (K̂s,k−1
e
) 0 x̂er,k−1 Γr
e
= e
+ uk−1 (3.4)
K̂s,k|k−1 0 1 K̂s,k−1 0
58
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
∂Ks s,k−1
où
0 0 γ1 . . . 0
0 0 γ2 . . . 0
∂
Φer (Ks ) =
.. .. .. ..
. (3.12)
∂Ks . . . ... .
0 0 0 ... 0
γ1 et γ2 sont donnés par (cf. (2.34))
K2 h − 1 + e−K2 h 1 − e−K2 h
γ1 = et γ 2 = . (3.13)
K22 K2
e T
La matrice Qek représente la matrice de covariance associée à l’état étendu xek = xer,kT Ks,k .
où Pxer,k et PKs,k
e sont respectivement associées à l’état et au paramètre Ks,k e
à estimer.
Leurs valeurs initiales représentent alors l’incertitude associée à l’état initial x̂er,0 et à la
valeur initiale de la raideur K̂s,0
e
.
Jusqu’à présent, nous avons considéré que la raideur de l’environnement était fixe
(bruit nul sur le paramètre Ks,ke
dans la relation (3.2)). Cependant, la télé-opération peut
s’effectuer aussi bien dans un espace qu’en interaction avec des objets de rigidité différentes
(organe, muscle, les côtes). Ainsi, pour avoir la capacité d’estimer de grandes variations
de Ks , la matrice de covariance PKs,ke sera remise à sa valeur initiale PKs,0
e dès que le robot
esclave se trouve en espace libre.
59
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
Opérateur Fh
Force Système Xh
βf maı̂tre
−
+
Kv βp
−
Fd rk uk f⋆ e−sTd Xs yk = Fe
L1 Ks
+ + s2
− −
Robot
K2 s +
Environnement
G(s)
Estimation
Raideur e
K̂s,c,k
[x̂Tr,k T
p̂k ]
[Lr 1] AOB
Système
Boucle fermée
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Gcl (s)
(
e e e
e Ks,min si K̂s,k < Ks,min
K̂s,c,k = e
, (3.16)
K̂s,k sinon
e e ∂
Φr = Φr,k = Φr,k−1 + (K̂s,c,k − K̂s,c,k−1 ) Φr (3.17)
∂Ks
et
e e
K̂s,c,k−1 − K̂s,c,k
(3.18)
Lr = Lr,k = Lr,k−1 + l1 l2 0 · · · 0
e e
K̂s,c,k−1 K̂s,c,k
respectivement dans des relations (2.67)-(2.68) pour l’estimation de l’état par l’observa-
teur actif et de la relation (2.66) pour la commande par retour d’état estimé. Le gain
60
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Paramètre e
Ks,k e
Ks,0 e
Ks,min Femin Qxer,k Rke Pxer,0 PKs,0
e
i,i
d’estimation Kk de l’observateur actif (AOB) dans la relation (2.67) est aussi mis à jour.
Le calcul se fait en ligne suivant les relations (2.70)-(2.72).
Le schéma de télé-opération intégrant l’estimation en ligne de la raideur de l’environ-
nement et la stratégie de commande adaptative en effort est donné sur la Figure 3.1.
61
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
-70
Force désirée Fd
Position du robot Xs
Force mesurée Fe
Force estimée ŷ e -80
0
-2
-90
-4
-6 -100
-8
Contact -110
-10 avec
mousse
-12
-120
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-14
-16 -130
4 5.65 10 12 14 16 18 20 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
800 1
Commande uk et −p̂k en [N] selon l’axe z
0.4
Raideur [N/m]
0.2
400
0
300
-0.2
200
-0.4
100
0 -0.8
-100 -1
4 5.65 10 12 14 16 18 20 4 5.65 10 12 14 16 18 20
Temps [s] Temps [s]
(c) (d)
Figure 3.2 - Commande en effort du robot D2M2 selon la direction z du repère R0 avec
une estimation en ligne de la raideur de l’environnement : (a) efforts mesuré
Fe , estimé ŷ e et désiré Fd , (b) position mesurée Xs , (c) raideurs estimée K̂se
et nominale estimée K̂s,c e
et (d) état actif estimé −p̂k et commande uk .
62
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
modélisation du robot D2M2. En effet, dans ces conditions et afin de maintenir, l’effort
appliqué Fe , l’entrée uk est non nulle pour compenser ces erreurs.
Dans le paragraphe suivant, nous proposons d’identifier ses erreurs de modélisation et
de compenser leur effet dans la stratégie d’estimation par le filtre de Kalman étendu.
dans le filtre de Kalman étendu donné par les relations (3.4)-(3.5). Elle est donnée par
Uk = yk − Cr x̂er,k|k−1. (3.19)
dans laquelle le terme Cr x̂er,k|k−1 représente une prédiction de l’effort mesuré yk .
Or, en se reportant à la relation (2.2), l’effort mesuré selon une direction donnée de
l’espace de travail du robot est
yk = Fe = Ks Xs . (3.20)
où Xs est la position opérationnelle du robot obtenue à partir de sa configuration articu-
laire q et de son modèle géométrique.
En se référant à (3.20), l’effort prédit Cr x̂er,k|k−1 peut être réécrit suivant la relation
e e
ŷk|k−1 = K̂s,k|k−1 X̂s,k|k−1, (3.21)
63
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
où
K2 h − 1 + e−K2 h
Γ1,p
= K22
. (3.31)
−K h
1−e 2
K2
64
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Xs est estimé par un filtre de Kalman en considérant des bruits blancs Gaussiens
indépendants et de moyennes nulles sur l’état xp,k . L’étape de prédiction fournit
et celle d’estimation
x̂p,k = x̂p,k|k−1 + n(Xs − Cr x̂p,k|k−1). (3.33)
La prédiction X̂s,k|k−1 utilisée dans la relation (3.24) pour compenser l’effet des erreurs
de modélisation (3.24) est donnée par
n est alors le gain d’estimation de Kalman calculé par la même procédure que celle donnée
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par les relations (3.7)-(3.9) en considérant les matrices d’état et de covariance appropriées.
Les résultats expérimentaux sont donnés sur la Figure 3.3. Avant la prise de contact,
K̂se converge vers 0 [N/m] donc K̂s,c
e e
= Ks,min = 200 [N/m]. Dès que le contact avec l’envi-
ronnement s’établit, la raideur estimée K̂s évolue jusqu’à une valeur finale de 600 [N/m].
e
Par effet de la compensation des erreurs de modélisation, cette estimation se réalise même
si la commande uk,z n’est pas nulle (Figure 3.3(d)). Avec la correction de gain n, l’erreur
d’estimation de la position Xs est faible. Lors du deuxième et troisième échelon en effort
Fd , la réponse sans dépassement ni oscillation de l’effort mesuré Fe montre que la raideur
nominale estimée K̂s,ce
est proche de la raideur réelle Ks de l’objet.
Ces résultats valident la stratégie d’estimation de la raideur Ks de l’environnement.
Cette approche peut à présent être utilisée dans le schéma de télé-opération pour analyser
l’interaction avec un environnement dont les éléments sont de rigidité différente et élevée.
65
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
2 -60
Force désirée Fd Position esclave Xs
Force mesurée Fe -70
Position esclave estimée X̂s
0
Force estimée ŷ e
-2 -80
-90
-4
-100
-6
-110
Contact
avec
mousse -120
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-10
-130
5.2 10 15 20 25 30 5.2 10 15 20 25 30
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
800 1
Commande uk et −p̂k en [N] selon l’axe z
0.4
500
Raideur [N/m]
0.2
400
0
300
-0.2
200
-0.4
100 -0.6
0 -0.8
-100 -1
5.2 10 15 20 25 30 5.2 10 15 20 25 30
Temps [s] Temps [s]
(c) (d)
Figure 3.3 - Commande en effort du robot D2M2 selon la direction z du repère R0 avec
une estimation en ligne de la raideur de l’environnement et la prise en compte
des erreurs de modélisation : (a) efforts mesuré Fe , estimé ŷ e et désiré Fd ,
(b) positions mesurée Xs et estimée X̂s , (c) raideurs estimée K̂se et nominale
e
estimée K̂s,c et (d) état actif estimé −p̂k et commande uk .
66
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
3.2.5 Conclusion
L’intégration d’une stratégie d’estimation en ligne de la raideur de l’environnement
ainsi que l’adaptation de la commande en effort ont permis d’améliorer la stabilité du
schéma de télé-opération. Pour cela, nous avons choisi un estimateur de Kalman étendu
utilisé en parallèle à la commande en effort du robot esclave D2M2. Cette stratégie
d’estimation nous permet d’éviter la considération de la position de contact Xs0 , très
souvent inconnue et variable dans le cas de la chirurgie mini-invasive robotisée. Nous avons
également introduit une méthode de compensation des erreurs de modélisation du robot
esclave. La télé-opération et l’interaction avec un environnement dont les éléments sont de
rigidité différente a ainsi été réalisée avec succès. Grâce à une remise à une valeur initiale
de la matrice de covariance du paramètre à estimer K̂se , les performances de télé-opération
en espace libre ainsi que l’estimation de la raideur de plusieurs objets différents ont pu être
assurées. Cette stratégie d’estimation en ligne de la raideur de l’environnement ainsi que
les résultats présentés précédemment, ont fait l’objet d’une publication à ICAR’07 [Zarrad
et al., 2007a].
Cependant, au travers les résultats expérimentaux et en particulier ceux du suivi de
trajectoire (cf. Figure 3.4(c)), on constate que la transparence du schéma de télé-opération
67
3.2. Estimation de la raideur de l’environnement et commande adaptative
500 250
Positions [mm] selon l’axe x
150
460
100
440
50
420
0
400
-50
Position maître βp Xh,x Position maître βp Xh,y
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
0
Positions [mm] selon l’axe z
-50
Espace libre
-200
Position maître βp Xh,z
Position esclave Xs,z
-250
56 59.2 67.6 71.4 80.5 85.4 94.9
Temps [s]
(c)
Figure 3.4 - Suivi en position d’une trajectoire imposée par l’opérateur lors d’une télé-
opération avec estimation en ligne de la raideur de l’environnement et com-
pensation des erreurs de modélisation suivant la direction z du repère R0 :
(a) suivi de trajectoire suivant la direction x, (b) suivi de trajectoire suivant
la direction y et (c) suivi de trajectoire suivant la direction z du repère R0 .
68
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Espace libre
Espace libre
-20
-30
Force désirée Fd
Force mesurée Fe
Force estimée ŷ
-45
56 59.2 67.6 71.4 80.5 85.4 94.9
Temps [s]
Figure 3.5 - Efforts mesuré Fe , estimé ŷk et désiré Fd lors d’une télé-opération avec esti-
mation en ligne de la raideur de l’environnement et compensation des erreurs
de modélisation suivant la direction z du repère R0 . −βf Fd représente l’effort
ressenti par l’opérateur au niveau du bras haptique PHANToM 1.5.
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
n’est pas assurée lors d’une interaction avec l’environnement. En effet, lors d’un contact
avec un objet rigide (livre), la position de la station maître varie par rapport à la position
du robot. Les sensations perçues par l’opérateur ne représentent alors pas un contact avec
un objet rigide. La transparence du schéma de télé-opération n’est donc pas assurée.
Dans les paragraphes suivants, nous proposons une étude complète du schéma de
télé-opération en analysant la transparence obtenue. La définition d’une transparence
désirée permettra d’améliorer les performances tout en conservant des marges de stabilité
satisfaisantes.
69
3.3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
5 8000
0
Raideur nominale estimée K̂s,c
e
7000
Raideur estimée K̂se
6000
Forces [N] selon l’axe z
Espace libre
Espace libre
Raideur [N/m]
mousse ballon livre
Espace libre
Espace libre
4000
-20 Contact Contact Contact
avec avec avec
mousse ballon livre
2000
-30
1000
500
Force mesurée Fe 0
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Force estimée ŷ e
-45
56 59.2 67.6 71.4 80.5 85.4 94.9 56 59.2 67.6 71.4 80.5 85.4 94.9
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
×105
11
Covariance PKse
10
Matrice de covariance PKse [N2/m2 ]
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
56 59.2 67.6 71.4 80.5 85.4 94.9
Temps [s]
(c)
70
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Xh Xs
βp
+ − Manipulateur esclave
z
y
Système x R0
maı̂tre Fsc Environnement
Ghp (s) Kv Fe
Commande en effort
Fh −
Xs (s) 1
Opérateur Fd (s) = e Gcl (s)
K̂s,c
βf
Fd
Figure 3.7 - Schéma de télé-opération position - position modifié utilisant une commande
en effort et une stratégie d’estimation de la raideur de l’environnement.
Khp sont essentiellement dues à l’opérateur [Diolaiti et al., 2005b], [Cortesão et al., 2006a].
Sa fonction de transfert Ghp est alors donnée par
1
Ghp (s) = (3.37)
Mhp s2 + Chp s + Khp
dont l’entrée est la somme des efforts Fh et −βf Fd et la sortie est la position Xh de la
station maître.
La détermination des différents paramètres de Ghp nécessite une étape d’identification
et une plate-forme expérimentale dédiée [Speich et al., 2005]. Des résultats obtenus à la
suite de quelques travaux menés dans ce sens montrent des paramètres identifiés dont
les valeurs nominales sont très différentes. Cette large variation est due aux opérateurs
considérés [Kuchenbeker et al., 2003], à la direction du déplacement effectué [Speich et al.,
2005], à l’interface haptique utilisée [Çavuşoğlu et al., 2002] ou encore à la manière avec
laquelle la manipulation est réalisée [Wagner et Howe, 2005]. Pour la suite des travaux
présentés dans ce manuscrit, nous considérons le cas le plus défavorable où l’opérateur
manipule et tient fermement l’effecteur de l’interface haptique. Nous choisissons alors les
caractéristiques proposées par Lawrence [Lawrence, 1993], utilisées également dans [Fite
et al., 2001] données par :
Mhp = 17.5 [Kg] , Chp = 175 [Ns/m] et Khp = 175 [N/m]. (3.38)
71
3.3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Par rapport à la représentation sous forme de matrice hybride (relation (1.1)), Zt re-
présente le paramètre h11 . Nous nous intéressons uniquement à la transparence du schéma
de télé-opération ; il est donc inutile de calculer les autres éléments de la matrice (voir
§1.2.1.3).
À basse fréquence, l’impédance transmise à l’opérateur devient
Kv βf βp
Zt (s = 0) = Khp + Ks , (3.41)
Ks + Kv
dans laquelle nous posons
Kv βf βp
α= . (3.42)
Ks + Kv
À partir de (3.41) et (3.42), il est possible de définir une transparence désirée Ztd
donnée par
Ztd = Khp + αd Ks . (3.43)
Cette dernière indique qu’en réalisant la télé-opération et l’interaction avec un environ-
nement distant, l’opérateur ressent simultanément sa main, l’effecteur du bras haptique
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
72
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
65 65
Impédance transmise Zt Impédance transmise Zt
60 60
Impédance désirée Ztd Impédance désirée Ztd
55 55
Ks = 200 [N/m]
50 50 ±3 [dB]
±3 [dB]
45 45
Ks = 500 [N/m]
40 40
Ks = 1000 [N/m]
60 60
±3 [dB]
55 55
±3 [dB]
50 50
45 45
Ks = 2000 [N/m]
65 65
60 60 ±3 [dB]
±3 [dB]
55 55
50 50
Ks = 3000 [N/m] Ks = 4000 [N/m]
45 45
40 −1 40 −1
10 100 101 10 100 101
Pulsation [rad/s] Pulsation [rad/s]
cependant prendre en compte non seulement les limitations physiques des deux systèmes
maître et esclave mais surtout la stabilité du schéma de télé-opération. Dans le para-
graphe suivant, une étude de la stabilité du schéma de télé-opération en fonction de la
raideur virtuelle Kv sera réalisée. L’adaptation de la raideur virtuelle Kv se fera suivant
un compromis entre la stabilité et la transparence du schéma de télé-opération.
dans laquelle Xhv est la position volontaire de l’opérateur générée par l’effort Fh et Xhinv est
la position involontaire générée par le retour haptique βf Fd et imposée à l’opérateur. La
Figure 3.9 montre une nouvelle représentation du schéma de télé-opération dans laquelle
sont distinguées les deux positions volontaire et involontaire de la station maître.
Cette nouvelle représentation met en évidence un sous-système qui relie la position
volontaire de l’opérateur Xhv (multipliée par le facteur d’échelle βp ) à la position du robot
esclave Xs . La fonction de transfert qui lui correspond est
Xs Kv Gcl Ks−1
= . (3.46)
βp Xhv 1 + Kv βp βf Ghp + Kv Gcl Ks−1
La stabilité est alors étudiée à partir de la fonction de transfert en boucle ouverte [Ogata,
2002]
Kv
H= Gcl Ks−1 . (3.47)
1 + Kv βp βf Ghp
73
3.3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Opérateur Fh Xhv + + Fd Xs
Ghp βp Kv Gcl Ks−1
− −
Action volontaire Station esclave
βp βf
Xhinv
Ghp
Action involontaire Boucle ouverte
H
Figure 3.9 - Schéma de télé-opération avec retour en effort faisant apparaître la position
volontaire Xhv et involontaire Xhinv de la station maître. Ces deux positions
sont respectivement générées par l’effort de l’opérateur Fh et par le retour en
effort βf Fd .
, (3.48)
ϕ H = ϕ H1 + ϕ H2
où
1
H1 = Kv Gcl Ks−1 et H2 = . (3.49)
1 + Kv βp βf Ghp
En considérant des paramètres nominaux K̂s,c e
= Ks = 200 [N/m] et Kv = 1000 [N/m],
la Figure 3.10 illustre les lieux de transfert dans le plan de Bode de la fonction de transfert
H ainsi que ceux des deux sous-systèmes H1 et H2 . Sur la Figure 3.10(a) et (b), nous
avons respectivement représenté les marges de phase et de gain du système H et du sous-
système H1 . Sur la Figure 3.10(c), le gain et la phase du sous-système H2 ont été donnés
aux pulsations w = 26.9 et 87 [rad/s] qui correspondent aux pulsations pour lesquelles les
marges de stabilité du système total H ont été définies.
H1 est un sous-système du deuxième ordre avec retard, dont le gain statique est égal
à Kv Ks−1 . Les marges de phase Mϕ (H1 ) et de gain MG (H1 ) correspondantes sont données
par :
Mϕ (H1 ) = − 180 (arctan( 2Tcl w1 ) − Td w1 ) + 180˚
π 1 − Tcl2 w12 , (3.50)
MG (H1 ) = −20 log (Kv K −1 ) + 20 log (1 + T 2 w 2 )
10 s 10 cl 2
où w1 et w2 sont respectivement les pulsations pour lesquelles kH1 kdB = 0 [dB] et ϕH1 =
−180 [deg]. Elles sont données par :
p
w =w
1 kH1 kdB =0 = Kv Ks−1 − 1/Tcl
p . (3.51)
w =w = 2/T T = 86.9[rad/s]
2 ϕH1 =−180˚ d cl
74
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
MG (H) = 18.8 [dB] (87 [rad/s]), Mϕ (H) = 47.6 [deg] (26.9 [rad/s])
Gain kHkdB [dB] 20
-20
-40
-60
45
0
Phase ϕH [deg]
-90
-180
-270
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-360 −1
10 100 101 102 103
Pulsation [rad/s]
(a)
MG (H1 ) = 18.8 [dB] (86.9 [rad/s]), Mϕ (H1 ) = 47.8 [deg] (26.7 [rad/s]) Gain et Phase de H2 à w = 26.9 et 87 [rad/s]
20 2
G(H2 ) = 0.0133 [dB]
Gain kH1kdB [dB]
0
0
-2
-20
-4
G(H2 ) = 0.125 [dB]
-40
-6
-60 -8
0 25
Phase ϕH1 [deg]
20
-90
15
ϕ(H2 ) = 0.324 [deg]
-180 10
5
-270
0
ϕ(H2 ) = 0.0104 [deg]
-360 −1
10 100 101 102 103 10−1 100 101 102 103
Pulsation [rad/s] Pulsation [rad/s]
(b) (c)
Figure 3.10 - Réponse fréquentielle des différents systèmes constituant le schéma de télé-
opération en boucle ouverte reliant la position volontaire de l’opérateur à la
position du robot esclave : (a) réponse fréquentielle du système H = H1 H2
en boucle ouverte reliant la position volontaire de l’opérateur à la position
du robot esclave, (b) réponse fréquentielle du sous-système H1 et (c) réponse
fréquentielle du sous-système H2 .
75
3.3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
kH2 kdB = 0.772 [dB], ϕH2 = 2.1 [deg] (26.9 [rad/s]) et kH2 kdB = 0.08 [dB], ϕH2 = 0.0631 [deg] (87 [rad/s])
5
-5
-10
-15
-20
Kv = 1000
0
10−1 100 101 102 103
Pulsation [rad/s]
le plan de Bode pour différentes valeurs de Kv . Quelque soit la valeur de Kv , son gain
kH2 kdB et sa phase ϕ(H2 ) sont
kH2 kdB (w) ≈ 0 pour w = w2
. (3.52)
ϕH2 (w) ≥ 0 ∀w
Une condition suffisante de stabilité du système H est alors obtenue avec des marges de
stabilité satisfaisantes du sous-système H1 . Cette dernière, donnée par
p
180 2 Kv Ks−1 − 1 p
Mϕ (H1 ) = − (arctan( ) − T Kv Ks−1 − 1) + 180˚
d
π 2 − Kv Ks−1 , (3.54)
M (H ) = −20 log (K K −1 ) + 32.8408 [dB]
G 1 10 v s
dépend du quotient des deux raideurs Kv Ks−1 . Pour améliorer la transparence du schéma
de télé-opération, cette marge de stabilité doit être prise en compte lors de l’adapta-
tion de la raideur virtuelle Kv en fonction de la raideur nominale estimée K̂s,c
e
= Ks de
l’environnement. Cette adaptation est proposée dans le paragraphe suivant.
76
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Un choix adéquat de µ permet alors de fixer une transparence désirée et des marges de
stabilité confortables quelque soit l’environnement distant.
L’expérience de télé-opération présentée au §3.2.4 a été reprise dans les mêmes condi-
tions expérimentales mais avec la stratégie d’adaptation de Kv donnée par la relation
(3.55). Pour fixer des marges de gain et de phase respectivement données par MG (H1 ) =
30 [dB] et Mϕ (H1 ) = 122 [deg] (retard maximal admissible dans H égal à 0.2893 [s])
quelque soit la raideur Ks de l’environnement, le paramètre µ a été fixé empiriquement à
µ = 1.3. L’impédance désirée Ztd et transmise Zt sont alors égales et définies selon la rela-
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
77
3.3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
5 50
0
Espace libre
Espace libre
-50
-20
Espace libre
Espace libre
-30 avec avec avec
mousse ballon livre
-150
-40
Espace libre
Raideur [N/m]
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
4000
Contact Contact Contact
avec avec avec
mousse ballon livre
2000
1000
500
0
Figure 3.12 - Efforts, positions et raideurs lors d’une télé-opération avec une estimation
en ligne de la raideur Ks de l’environnement et adaptation de la raideur
virtuelle Kv selon une loi linéaire en fonction de la raideur nominale estimée
e
K̂s,c : (a) efforts mesuré Fe , estimé ŷ et désiré Fd , (b) suivi de trajectoire
et (c) raideurs estimée K̂se , nominale estimée K̂s,c
e
et virtuelle Kv . Résultats
donnés suivant la direction z de R0 .
Environnement
Raideur virtuelle Kv très rigide
5000
Raideur virtuelle Kv [N/m]
4500
4000
Environnement
rigide
3500
3000
2500
Environnement
mou
2000
1500
1000
500 1000 1500 2000 2500 3000
Raideur nominale estimée K̂s,c
e
[N/m]
78
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
20
47.8 [deg] (à 26.7 [rad/sec])
10 Mϕ (H1)
0
18.8 [dB] (à 86.9 [rad/sec])
-10
-30
-40
Ks = 200 [N/m]
-50 Ks = 500 [N/m]
Ks = 1000 [N/m]
-60 Ks = 2000 [N/m]
-70 Ks = 3000 [N/m]
Ks = 4000 [N/m]
-80
-360 -315 -270 -225 -180 -135 -90 -45 0
Phase ϕH1 [deg]
Figure 3.14 - Réponse fréquentielle dans le plan de Black illustrant les marges de stabi-
lité du système reliant la position volontaire de l’opérateur à celle du robot
esclave pour différentes valeurs de la raideur de l’environnement et en réa-
lisant une adaptation de la raideur virtuelle Kv selon une loi sigmoïde en
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
e
fonction de la raideur nominale estimée K̂s,c .
79
3.4. Télé-opération et interaction avec des tissus ex-vivo
65 65
Impédance transmise Zt Impédance transmise Zt
60 60
Impédance désirée Ztd Impédance désirée Ztd
55 55
Ks = 200 [N/m]
50 50 ±3 [dB]
±3 [dB]
45 45
Ks = 500 [N/m]
40 40
Ks = 1000 [N/m]
60 60
±3 [dB]
55 55
±3 [dB]
50 50
45 45
Ks = 2000 [N/m]
65 65
60 60 ±3 [dB]
±3 [dB]
55 55
50 50
Ks = 3000 [N/m] Ks = 4000 [N/m]
45 45
40 −1 40 −1
10 100 101 10 100 101
Pulsation [rad/s] Pulsation [rad/s]
e
loi sigmoïde en fonction de la raideur nominale estimée Ks,c . La bande à
d
Zt ± 3 [dB] est illustrée.
80
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
5 50
0
Contact Contact Contact
avec avec avec
mousse ballon livre 0
Espace libre
Espace libre
-20 -50
-30
Contact Contact Contact
Espace libre
Espace libre
-100 avec avec avec
mousse ballon livre
-40
-150
Force désirée Fd
Force mesurée Fe Position maître βp Xh
Force estimée ŷ Position esclave Xs
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-50 -200
33.5 40.3 43.8 52.8 57.9 67.9 33.5 40.3 43.8 52.8 57.9 67.9
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
7000
Raideur nominale estimée K̂s,c
e
6000
Raideur estimée K̂se
Raideur virtuelle Kv
Espace libre
Espace libre
Raideur [N/m]
4000
1000
500
0
Figure 3.16 - Efforts, positions et raideurs lors d’une télé-opération avec une estimation
en ligne de la raideur Ks de l’environnement et adaptation de la raideur vir-
tuelle Kv selon une loi sigmoïde en fonction de la raideur nominale estimée
e
K̂s,c : (a) efforts mesuré Fe , estimé ŷ et désiré Fd (−βf Fd représente l’effort
ressenti par l’opérateur), (b) suivi de trajectoire et (c) raideurs estimée K̂se ,
e
nominale estimée K̂s,c et virtuelle Kv . Résultats suivant la direction z de
R0 .
81
3.4. Télé-opération et interaction avec des tissus ex-vivo
Figure 3.17 - Environnement composé de tissus ex-vivo : (a) et (b) tissus ex-vivo présen-
tant des éléments mous (muscle) et rigide (os) et (c) tissus ex-vivo pour la
télé-opération et l’insertion d’une aiguille fixée au niveau de l’effecteur du
robot esclave.
10
Force désirée Fd
Force mesurée Fe
Force estimée ŷ
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-10
-15
-20
Contact Espace Contact
avec un tissu mou libre avec un os
-25
167 171.6 173.8 176
Temps [s]
Figure 3.18 - Télé-opération et prise de contact avec un tissu ex-vivo sans une estima-
tion en ligne de la raideur de l’environnement : efforts mesuré Fe , estimé
ŷ et désiré Fd suivant l’axe z de R0 (−βf Fd représente l’effort ressenti par
l’opérateur).
la raideur sont identiques à ceux utilisés dans le §3.2.4. Ils sont donnés par le Tableau 3.1.
La loi d’adaptation de la raideur virtuelle Kv est donnée par les relations (3.57)-(3.59)
Les résultats sont illustrés sur la Figure 3.19. Grâce à la stratégie d’estimation en
ligne de la raideur du tissu ex-vivo, des interactions avec un os ont pu être réalisées
et la stabilité du schéma de télé-opération a été assurée. La position du bras maître
PHANToM tout au long du contact avec un os, montre que les sensations perçues par
l’opérateur représentent une interaction avec un environnement rigide. La transparence du
schéma de télé-opération a été garantie par l’adaptation de la raideur virtuelle Kv selon
la raideur nominale estimée K̂s,ce
. Il est cependant important de préciser que les faibles
oscillations enregistrées au niveaux des efforts désirés Fd sont filtrées par le système de
télé-opération et ne sont pas perçues par l’opérateur.
Ces résultats ont fait l’objet d’une publication à CDC’07 [Zarrad et al., 2007c].
82
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
10 -30
Force désirée Fd
Force mesurée Fe -40
Espace libre
Force estimée ŷ -50
0 -60
Contact -70
Contact Contact Contact
avec un tissu avec un os
mou avec un tissu avec un os
mou
-10 -90
Espace libre
-100
-15
-110
-20 -120
Position maître βp Xh
Position esclave Xs
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-25
100 101.6 110.4112.45 120.4122 100 101.6 110.4112.45 120.4122
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
4000
Contact
Raideur [N/m]
Contact
avec un tissu avec un os
mou
2500
2000
1500
1000
500
0
-500
100 101.6 110.4112.45 120.4122
Temps [s]
(c)
Figure 3.19 - Efforts, positions et raideurs lors d’une télé-opération et interaction avec des
tissus ex-vivo de rigidité différente avec estimation en ligne de la raideur
Ks de l’environnement et adaptation de la raideur virtuelle Kv selon une loi
sigmoïde en fonction de la raideur nominale estimée K̂s,c e
: (a) efforts mesuré
Fe , estimé ŷ et désiré Fd (−βf Fd représente l’effort ressenti par l’opérateur),
(b) suivi de trajectoire et (c) raideurs estimée K̂se , nominale estimée K̂s,c
e
et
virtuelle Kv . Résultats suivant la direction z de R0 .
83
3.4. Télé-opération et interaction avec des tissus ex-vivo
Etude du geste
Lors d’une interaction avec un tissu, nous supposons que la position Xs du robot est
égale à celle du tissu. Comme le montre la Figure 3.20, l’insertion d’une aiguille dans
un tissu peut se réaliser en quatre étapes dans lesquelles la position de l’aiguille (du
robot) et celle du tissu peuvent être différentes. Les efforts appliqués lors de ces phases
deviennent alors différents de ceux appliqués au cours d’une interaction classique avec un
environnement :
- Phase d’initialisation : l’aiguille attachée au robot est considérée au contact du tissu.
Sa position et l’effort qu’elle applique sont respectivement donnés par Xs = Xs0 et
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Fe = 0.
- Phase d’appui : tout au long de cette phase, l’aiguille applique un effort Fe = Fe1
sur le tissus afin de réaliser l’insertion.
- Phase d’insertion et de relaxation : au début de cette phase, la position de l’aiguille et
celle du tissu sont égales à Xs,pénétration . La pénétration a lieu à t = tpénétration dès que
l’effort appliqué Fe atteint une valeur donnée qui dépend de la vitesse de déplacement
de l’aiguille [Heverly et al., 2005]. À cet instant et par son élasticité, le tissu se
déplace vers la position initiale Xs0 sans jamais l’atteindre. Pendant l’insertion, par
frottement avec le tissu, l’aiguille l’attire dans le sens de son déplacement. Une fois
arrivée à la zone d’intérêt, le tissu revient vers la position initiale Xs0 pour atteindre
Xrelax tel que Xs0 < Xrelax < Xs,pénétration . Tout au long de cette phase, la position
de l’aiguille et celle du tissu ne sont pas égales. Les efforts appliqués Fe = Fe2 sont
essentiellement dus aux propriétés physiques du tissu et à l’effort de frottement avec
l’aiguille.
- Phase d’extraction : de même que lors de l’insertion, l’extraction de l’aiguille attire
le tissu dans le sens de son déplacement jusqu’à atteindre une position Xs,extract. Les
efforts Fe = Fe3 appliqués sont aussi dus au frottement entre le tissu et l’aiguille.
Okamura et Simone [Okamura et al., 2004] identifient les efforts appliqués lors d’un
geste d’insertion d’une aiguille dans un foie comme étant la somme de trois efforts dis-
tincts. Avant la pénétration du tissu, les efforts Fe = Fe1 sont dus à l’interaction avec le
tissu et donc à sa raideur. Ceux appliqués après sont la somme des efforts de frottement
et des efforts appliqués par l’aiguille pour réaliser le perçage du tissu. Considérant que ces
derniers efforts sont difficiles à identifier, Maurin et al [Maurin et al., 2004a] comparent
deux modèles pour caractériser les efforts appliqués. Chacun des modèles comporte une
composante de raideur et une de frottement. Pour améliorer les résultats obtenus, Yang et
al [Yang et al., 2005] proposent de rajouter au modèle une composante propre aux carac-
téristiques physiques du foie. Barbé et al [Barbé et al., 2007b] considèrent que les efforts
appliqués lors de l’insertion de l’aiguille dans un tissu peuvent être modélisés par un sys-
tème ressort-amortisseur. Ils réalisent alors une identification en ligne du modèle linéaire
84
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Aiguille
Fe = Fe 3
Fe = 0 Fe = Fe 1 Fe = Fe 2
Xsextract
1111111
0000000
0000000
1111111
Xs0 1111111
0000000
0000000
1111111
1111111
0000000
0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111
1111111
0000000
0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111
Xsrelax 0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 Xspénétration 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 0000000
1111111
0000000
1111111 00000000000001111111
1111111111111
Peau, K
s 0000000
1111111
0000000
1111111 11111111111111111111
0000000000000
1111111111111
0000000000000
0000000
0000000
1111111 11111111111111111111
0000000000000
1111111111111
0000000000000
0000000
0000000
1111111 0000000000000
11111111111110000000
0000000
1111111
00000000000001111111
11111111111110000000
0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
0000000
1111111
0000000
1111111 00000000000001111111
11111111111110000000
0000000
1111111 00000000000001111111
11111111111110000000
0000000
1111111 0000000000000
1111111111111
0000000000000
11111111111110000000
1111111 z
0000000000000
1111111111111 0000000000000
1111111111111 00000000000001111111
0000000
0000000000000
1111111111111
0000000
1111111
00000000000001111111
11111111111110000000 00000000000001111111
1111111111111
0000000000000
1111111111111
0000000
0000000
1111111 00000000000001111111
1111111111111
0000000000000
1111111111111
0000000
0000000
1111111 1111111111111
0000000000000
11111111111110000000
1111111
Muscle 0000000
1111111
00000000000001111111
11111111111110000000 Muscle0000000
1111111
00000000000001111111
11111111111110000000 Muscle0000000
1111111
00000000000001111111
11111111111110000000 00000000000001111111
Muscle
11111111111110000000
0000000
1111111 y
0000000000000
1111111111111 0000000000000
1111111111111 0000000000000
1111111111111 0000000000000
1111111111111
0000000
1111111
00000000000001111111
1111111111111 0000000000000
11111111111110000000
1111111 0000000000000
11111111111110000000
1111111 00000000000001111111
11111111111110000000
0000000
1111111
0000000000000
11111111111110000000
00000000000001111111
11111111111110000000 00000000000001111111
11111111111110000000
0000000
1111111 00000000000001111111
11111111111110000000
0000000
1111111 0000000000000
11111111111110000000
1111111
x R0
Phase initiale Phase d’appui Phase d’insertion et Phase d’extraction
de relaxation
t = tpénétration t = textract
Avant la pénétration Après la pénétration
Figure 3.20 - Les différentes phases d’insertion d’une aiguille dans un tissu ex-vivo.
Kelvin-Voigt donné par la relation (3.1) et du modèle non linéaire Hunt-Crossley [Diolaiti
et al., 2005a]. Les résultats obtenus montrent que les efforts peuvent être représentés par
le modèle linéaire de Kelvin-Voigt. En considérant une faible vitesse de déplacement de
l’aiguille, nous supposons que seule la raideur Ks du tissu intervient dans la représenta-
tion des efforts appliqués. Ceci correspond alors à la stratégie de commande en effort et
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Analyse expérimentale
Nous avons réalisé la télé-opération et l’insertion de l’aiguille dans le tissu de la Fi-
gure 3.17(c) en considérant le schéma de télé-opération et les mêmes paramètres de com-
mande que ceux utilisés précédemment (Tableau 2.1 et relation (2.75)). Dans un pre-
mier temps, nous n’utilisons pas la stratégie d’estimation de la raideur du tissu. La Fi-
gure 3.21(a) montre les efforts appliqués pendant l’expérience. Étant donné que le tissu
est mou, la phase d’appui se réalise avec succès et le système reste stable. À l’instant
t = tpénétration , la pénétration du tissu s’effectue et une brusque variation de la position
Xs du robot (et donc de l’aiguille) apparaît (voir Figure 3.21(b)). Un dépassement de la
position désirée par l’opérateur peut être remarqué montrant que ce dernier n’est plus
capable de contrôler le robot distant. Comme le schéma de télé-opération est de type
position - position, ce brusque déplacement de l’aiguille provoque une grande variation
des efforts désirés Fd . Ces derniers, ressentis par l’opérateur, deviennent différents des
efforts Fe appliqués par le robot. La transparence du schéma de télé-opération n’est alors
plus garantie et l’action involontaire provoquée par le retour d’effort semble dominer celle
désirée par l’opérateur qui ne peut plus contrôler la position de l’aiguille pendant et après
la pénétration du tissu.
Une deuxième expérimentation est réalisée en considérant la stratégie d’estimation de
la raideur Ks du tissu. Les paramètres d’estimation sont ceux utilisés précédemment et
donnés dans le Tableau 3.1. Pour augmenter la transparence du schéma de télé-opération,
l’adaptation de la raideur virtuelle Kv est également utilisée (relations (3.57) et (3.58)).
Les résultats obtenus sont donnés sur la Figure 3.22. Dès le début de la phase d’appui, la
raideur du tissu est estimée et une adaptation de la commande en effort ainsi que de la
raideur virtuelle Kv est réalisée (voir Figure 3.22 (c)). Les interactions entre l’aiguille et
le tissu sont alors mieux perçues par l’opérateur. Ce dernier est capable de caractériser le
tissu et d’anticiper la pénétration. À l’instant t = tpénétration , contrairement à l’expérience
précédente et malgré une brusque variation des efforts appliqués Fe , ces derniers restent
très proches des efforts ŷ et Fd respectivement estimés par la stratégie de commande et
85
3.4. Télé-opération et interaction avec des tissus ex-vivo
Force désirée Fd
4
Forces [N] selon l’axe z
Force mesurée Fe
Force estimée ŷ
0
Appui
Extraction
-5
Espace
Espace libre
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tpénétration libre
-10
127.9 130.95 133.5 134.3 135.7
Temps [s]
(a)
-70
Position maître βp Xh
Positions [mm] selon l’axe z
-80
Position esclave Xs
-100
Insertion Espace
Espace libre Appui
Relaxation libre
-120
-140
-150
126 127.9 130.95 133.5 134.3 135.7
Temps [s]
(b)
Figure 3.21 - Télé-opération et insertion d’une aiguille dans un tissu ex-vivo suivant l’axe
z de R0 sans considérer la stratégie d’estimation en ligne de la raideur du
tissu : (a) efforts mesuré Fe , estimé ŷ et désiré Fd et (b) suivi de trajectoire.
86
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
Force désirée Fd
2
Force mesurée Fe
Force estimée ŷ
Extraction
Phase d’appui
-4
-6 Insertion
Espace Relaxation Espace
libre libre
-8
Pénétration
tpénétration
-10
309.9 315.35 318.7 321 323
Temps [s]
(a)
20
Position maître βp Xh
Positions [mm] selon l’axe z
10 Position esclave Xs
Extraction
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-50
309.9 315.35 318.7 321 323
Temps [s]
(b)
1000
Extraction
Figure 3.22 - Télé-opération et insertion d’une aiguille dans un tissu ex-vivo suivant l’axe
z de R0 avec une estimation en ligne de la raideur du tissu et adaptation de
la raideur virtuelle Kv en fonction de la raideur nominale estimée K̂s,c e
: (a)
efforts mesuré Fe , estimé ŷ et désiré Fd (−βf Fd représente l’effort ressenti
par l’opérateur), (b) suivi de trajectoire suivant la direction z et (c) raideurs
estimée K̂se , nominale estimée K̂s,c
e
et virtuelle Kv .
87
3.5. Conclusion
3.5 Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre une estimation en ligne de la raideur de l’envi-
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
88
Chapitre 3. Transparence et stabilité du schéma de télé-opération
89
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
Chapitre 4
Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
4.1 Introduction
Parmi les difficultés liées à la chirurgie mini-invasive et définies au §1.1.1.2, deux
contraintes fortes sont à prendre en compte : la première concerne la perte de mobi-
lité lors du passage de l’instrument par le trocart, la deuxième est liée aux mouvements
physiologiques des organes et en particulier du cœur. Dans ce chapitre, nous proposons
ainsi deux solutions pour répondre à ces contraintes.
Le passage des instruments par le trocart bloque leurs déplacements le long du plan
tangent à la peau du patient. Leur manipulation se réalise alors autour d’un point fixe
défini par la position du trocart à la surface du corps. Cette contrainte doit être prise en
compte lors de la conception d’un système de télé-opération d’un robot esclave dédié à
la chirurgie mini-invasive. Dans la première partie de ce chapitre, nous rappellerons les
avantages et inconvénients des principales solutions proposées pour pallier cette contrainte.
Nous proposerons ensuite une approche logicielle qui réalise un découplage entre la tâche
de télé-opération du robot esclave et sa posture qui lui impose le passage par un point fixe
dans l’espace. La stratégie de télé-opération avec retour d’effort reste bien évidemment la
même que celle que nous avons proposée, validée et analysée dans les chapitres précédents.
Quant à la gestion de la posture, nous imaginons que l’instrument du robot esclave est
tenu par un robot virtuel qui lui impose le passage par un point fixe. Nous réalisons alors
la commande en position du robot virtuel afin que la position de son organe terminal
91
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
coïncide avec celle du trocart. Cette commande en position reprend les techniques de
commande par observation et retour d’état développées dans le deuxième chapitre de ce
manuscrit. La pertinence de notre approche sera finalement évaluée sur la plate-forme
robotique pour une télé-opération en espace libre avec prise en compte du passage par un
point fixe.
Dans la deuxième partie du chapitre, nous reprenons également l’architecture de com-
mande en effort du robot esclave pour proposer une première solution visant à compenser
les mouvements physiologiques lors d’une intervention chirurgicale mini-invasive à cœur
battant. En effet lors d’une telle intervention, l’utilisation d’un stabilisateur mécanique
n’est que partiellement satisfaisante puisque des mouvements résiduels à l’intérieur de la
zone stabilisée peuvent être observés [Lemma et al., 2005]. Ces mouvements compliquent le
travail du chirurgien qui réalise mentalement leur compensation. Une solution alternative
consiste donc à offrir au chirurgien une stabilisation virtuelle du cœur. Nous proposerons
alors une stratégie de commande pour synchroniser les mouvements des instruments avec
ceux du cœur. Notre approche consiste à compenser les perturbations, dues au mouvement
de l’environnement, dans l’effort appliqué par l’instrument. Ces perturbations sont alors
estimées et utilisées dans une stratégie de commande référencée modèle capable de les at-
ténuer. Cette dernière se base sur le fait qu’une compensation des perturbations en effort
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
doit produire des perturbations dans la position du robot. Notre approche sera validée
sur la plate-forme robotique dans laquelle un deuxième robot exogène (1 axe vertical) est
utilisé pour simuler un environnement en mouvement.
92
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
importants risquent d’être appliqués sur la peau du patient. L’ensemble de ces solutions
mécaniques possède en plus un inconvénient majeur lié à leur encombrement dans la salle
d’opération. Pour s’affranchir de cet encombrement, des solutions plus compactes sur la
base de poignets sphériques ont été proposées. Citons par exemple le robot télé-opéré En-
doBot [Kang et Wen, 2001] ou les robots qui s’installent sur le corps du patient comme
le robot MC2 E [Zemiti et al., 2004] et le porte-endoscope LER [Berkelman et al., 2003a].
Cette solution qui permet effectivement de gagner de l’espace dans la salle d’opération
impose cependant un encombrement accru du site opératoire local.
2002], réalise une estimation en ligne du centre de rotation déporté. Cette estimation est
ensuite intégrée dans la stratégie de commande du robot chirurgical. De la même manière,
dans [Michelin et al., 2002], les auteurs proposent de projeter la contrainte du passage par
le trocart dans l’espace articulaire d’un robot à 5 ddl (le robot D2M2). Néanmoins, ces
deux techniques sont dédiées à une commande en position du robot esclave et ne peuvent
pas être appliquées à une stratégie de commande en effort.
Dans [Michelin et al., 2004], les auteurs proposent d’utiliser la redondance du robot par
rapport à la tâche pour réaliser un découplage dynamique tâche-posture. Cette technique
se base sur la réalisation de deux stratégies de commande simultanées. La première, dédiée
à la commande de l’effecteur du robot dans l’espace opérationnel, permet la synthèse d’un
vecteur de couple τsc,t pour la réalisation d’une tâche de télé-opération sans retour d’effort.
La deuxième stratégie permet de synthétiser un vecteur de couple τsc,n de commande
de l’espace contraint imposant le passage de l’instrument par le trocart. Son principe
consiste à minimiser la distance dtr (q) entre l’instrument du robot et le trocart est (voir
Figure 4.1). Connaissant la position Xtr = [Xtr,x Xtr,y Xtr,z ]T du trocart dans le repère
R0 et la configuration articulaire du robot, la distance dtr (q) est
93
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
zn−2
qn−2
xn−1 Corpsn−3
zn q n Corpsn−2
Corpsn
Dn Rn
Xs−1
xn zn−1 Corpsn−1
qn−1 z0
Xn Instrument
Rinst dtr (q) x 0 R0 y 0
zs
"
T
#
Figure 4.1 - Principe de la commande de l’espace contraint pour le respect du passage par
un point fixe [Michelin et al., 2004].
C’est pourquoi nous proposons une nouvelle stratégie toujours basée sur le décou-
plage dynamique tâche-posture et utilisant la technique d’observation et de commande
par retour d’état présentée au §2.3.2 du deuxième chapitre pour réaliser la tâche de télé-
opération avec retour d’effort. Pour la commande de l’espace contraint, nous supposons
que l’organe terminal d’un robot virtuel est attaché à l’instrument du robot esclave D2M2
comme cela est illustré sur le schéma de principe de la Figure 4.2. En réalisant un mouve-
ment, le robot D2M2 fait déplacer l’organe terminal du robot virtuel (cf. Figure 4.2(a)).
Pour respecter le passage par le trocart, nous réalisons la commande du robot virtuel
afin que la position de son effecteur soit toujours égale à la position du trocart (cf. Fi-
gure 4.2(b)). La stratégie de commande en position sera basée sur un découplage non-
linéaire du robot virtuel et sur des techniques d’observation et de commande par retour
d’état déjà développées dans les chapitres précédents. L’effet de la tâche de télé-opération
y sera pris en compte.
94
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
Robot virtuel
Instrument D2M2 Robot virtuel Instrument D2M2
tenu par tenu par
le robot virtuel le robot virtuel
Xn
Xtr = [Xtr,x Xtr,y Xtr,z ]T
z z
Xs Xs Trocart
x R0 y x R0 y
mouvement mouvement
(a) (b)
moteur dédié à la réalisation de la tâche de télé-opération avec retour d’effort. τsc,p est un
couple qui permet de modifier la configuration du robot et qui sera utilisé pour respecter
le passage par un point fixe. Cette configuration est imposée par le couple τsc,n que nous
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
95
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
T
Vx,t = Jt+ V (q, q̇) − Mx,tJ˙t q̇ (4.8)
et
T
Gx,t = Jt+ G(q) (4.9)
dans lesquels la pseudo-inverse généralisée à droite Jt+ de Jt est calculée afin de minimiser
l’énergie cinétique du robot suivant la relation [Khatib, 1987]
D2M2 (cf. Figure 4.1). Ce point est défini dans le repère R0 par le vecteur de coordonnées
cartésiennes Xn = [Xn,x Xn,y Xn,z ]T . Le passage par le trocart impose idéalement que
Xn,x = Xtr,x
. (4.12)
Xn,y = Xtr,y
avec
(Xs − Xtr ) · (Xs−1 − Xs )
ρ=− , (4.14)
|Xs−1 − Xs |2
où · est le produit scalaire.
La seule différence entre le robot virtuel et le robot D2M2 est la longueur de leurs
instruments. Celle du robot virtuel est donnée par Rinst,virt et peut être calculée à partir
des coordonnées Xn et Xs−1 .
96
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
zn−2
qn−2
xn−1 Corpsn−3
Corpsn Corpsn−2
Xs−1Dn Rn
Instrument
D2M2 Corpsn−1
Rinst X
n
Instrument virtuel z
Rinst,virt
xs zs
dtr x R0 y
Xs T
ys
" #
Figure 4.3 - Définition d’un robot virtuel pour la commande de l’espace contraint et le
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Dans la suite, afin de simplifier les écritures, nous supposons que les vecteurs de position
du robot virtuel Xn et celui du trocart Xtr sont des vecteurs de positions réduits contenant
uniquement les composantes selon les deux directions x et y de R0 . Ils sont donnés par :
Xn,x Xtr,x
Xn = et Xtr = . (4.15)
Xn,y Xtr,y
Le modèle cinématique reliant les vitesses articulaires q̇ aux vitesses opérationnelles
du robot virtuel selon les deux directions x et y du repère R0 est alors défini par
Mx,n (q)Ẍn + Vx,n (q, q̇) + Gx,n (q) = Fsc,n − Fe,n + Fin,t,n , (4.18)
où Mx,n , Vx,n et Gx,n sont respectivement donnés par les relations (4.7)-(4.10) dans les-
quelles la matrice jacobienne Jt est remplacée par Jn . Fe,n est le vecteur de dimension
(2 × 1) des efforts extérieurs exercés par le robot virtuel sur son environnement. Il est
défini par les deux composantes en x et y du vecteur des efforts Fe appliqués par le robot
D2M2 sur son environnement (la transformation géométrique entre Fe et Fe,n est l’iden-
tité). Le vecteur Fin,t,n , de dimension (2 × 1), est le vecteur des efforts induits par la tâche
97
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
de télé-opération sur l’espace contraint [Khatib et al., 2004], [Sentis et Khatib, 2005]. Il
représente l’effet de la tâche sur la position du robot virtuel. Il est donné par
1 0 0
Fin,t,n = M̂x,t(q)f ⋆ . (4.19)
0 1 0
où M̂x,t est la matrice d’inertie du robot D2M2 donnée par la relation (4.7)
En choisissant l’effort de commande Fsc,n sous la forme
Fsc,n = M̂x,n (q)fn⋆ + V̂x,n(q, q̇) + Ĝx,n (q) + F̂e,n − Fin,t,n , (4.20)
En considérant que le système est précédé d’un bloqueur d’ordre zéro et que la sortie est
échantillonnée à la fréquence 1/h, la représentation d’état discrète du système (4.22) est
donnée par
⋆
xr,n,k = Φr,n xr,n,k−1 + Γr fn,k−1
(4.23)
yn,k = Cr xr,n,k
dans laquelle
T
(4.24)
⋆ ⋆ ⋆
xr,n,k = x1,n,k x2,n,k fn,k−d . . . fn,k−2 fn,k−1
et Φr,n de dimension ((2 + d) × (2 + d)) est
Φ1,n Γ1,n Γ0,n ... 0
0 0 1 ... 0
.. . .. .. ..
Φr,n = . .. . . ,
. (4.25)
0 0 0 ... 1
0 0 0 ... 0
Les expressions analytiques des matrices Φ1,n , Γ1,n et Γ0,n sont obtenues à partir des
équations (2.27)-(2.29) dans lesquelles les matrices d’état et de commande du système
(4.22) ont été utilisées. Elles sont respectivement données par :
1 h
Φ1,n = , (4.26)
0 1
T
h2
Γ1,n = 0 (4.27)
2
98
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
Robot virtuel
[x̂r,n,kT p̂n,k ]T
[Lr,n 1] AOB
et T
(4.28)
Γ0,n = 0 0 .
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
le modèle désiré en boucle fermée (cf. Chapitre 2). Le modèle d’estimation d’état s’écrit
x̂r,n,k Φr,n − Γr Lr,n 0 x̂r,n,k−1
=
p̂n,k 0 1 p̂n,k−1
Γr
+ rn,k−1 + Kn,k (yn,k − ŷn,k ), (4.30)
0
avec
Φr,n − Γr Lr,n 0 x̂r,n,k−1 Γr
ŷn,k = Ca + rn,k−1 . (4.31)
0 1 p̂n,k−1 0
Le gain d’estimation de Kalman Kn,k de dimension ((2 + d + 1) × 1) est calculé selon
les relations (2.70)-(2.72) en utilisant les matrices d’état et de covariance Qxr,n,k , Qpn,k et
Rn,k relatives au système à observer défini par (4.23)-(4.28).
La commande en position du robot virtuel est déterminée par le retour d’état Lr,n
pour imposer un comportement critique apériodique avec une constante de temps Tcl,n
en boucle fermée (facteur d’amortissement ζ = 1). Lr,n est calculé suivant la formule
99
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
Figure 4.5 - Plate-forme expérimentale et simulateur pour le passage par un point fixe.
−9 −12 −12 −3
x 5 300 0.06 10 10 10 10 100 Qk
y 5 300 0.06 10−9 10−12 10−12 10−3 100 Qk
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
d’Ackermann donnée par les relations (2.43)-(2.45) en considérant les matrices Φr,n et
Γr [Ogata, 2002]. Afin d’imposer un gain statique unitaire en boucle fermée, rn,k−1 dans
(4.29) est donné par
rn,k−1 = L1,n Xtr , (4.32)
où
L1,n = (Cr (I(2+d) − (Φr,n − Γr Lr,n ))−1 Γr )−1 . (4.33)
Une vue schématique de la commande du robot virtuel est donnée sur la Figure 4.4.
Ce schéma doit être appliqué pour chacune des deux directions x et y du repère R0 .
100
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
Tâche de télé-manipulation
Durant cette expérience, l’opérateur télé-opère le robot D2M2 qui se déplace dans un
espace libre tout en respectant le passage par un point fixe. Les tracés de la Figure 4.6
montrent les résultats de suivi de trajectoire durant cette expérience. Ces données pré-
sentent la position cartésienne du bras maître et celle du robot esclave établies dans le
repère de base R0 . La mise en correspondance entre les deux positions a été faite à un
instant t0 = 0 [s] qui représente le début de l’expérience. Ces résultats montrent la capa-
cité du robot esclave à reproduire les gestes de l’opérateur. Ils ont été obtenus grâce à la
faible valeur choisie pour la raideur nominale Ks,n (selon les trois directions). Les erreurs
de poursuite suivant les trois directions sont visibles sur la Figure 4.7. Elles illustrent les
performances de suivi de trajectoire obtenues grâce à la stratégie de télé-opération et de
commande du robot esclave.
La Figure 4.8 montre les efforts désirés Fd et estimés ŷ obtenus lors de cette expé-
rience. Puisque la manipulation se réalise dans un espace libre, les efforts mesurés Fe sont
très faibles selon toutes les directions. Ils ne sont donc pas représentés. Les efforts désirés
Fd sont, après multiplication par −βf , ressentis par l’opérateur au niveau de l’interface
haptique. L’évolution des efforts désirés est due aux choix des paramètres de commande
(faibles valeurs de βp et Tcl ) et d’estimation (valeur élevée de Qpk ) qui permet un meilleur
suivi de trajectoire donc une plus faible erreur en position. Comparés à ceux obtenus lors
d’une télé-opération en espace libre sans prise en compte de la contrainte du point fixe,
ces efforts sont de faibles amplitudes et présentent des oscillations (cf. Chapitre 2, para-
graphe 2.4.2.1, Figure 2.9). Cependant, ces oscillations sont filtrées par le système de télé-
opération et ne sont pas perçues par l’opérateur. L’évolution de la variable de commande
T
uk = L1 Fd − [Lr 1] x̂r,kT p̂k ainsi que celle de l’état actif −p̂k selon les trois directions
sont présentées sur la Figure 4.9. Les erreurs de modélisation font que la quasi-totalité de
la commande uk est formée par l’état actif −p̂k (cf. Chapitre 2, paragraphe 2.4.2.1).
La distance dtr entre l’instrument et le point fixe est donnée sur la Figure 4.10. Elle
ne dépasse pas 8 [mm].
101
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
560 20
Position maître βp Xh,y
540 0
Position esclave Xs,y
520
Positions [mm] selon l’axe x
400 -120
Position maître βp Xh,x -140
380
Position esclave Xs,x
360 -160
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
-265
Position maître βp Xh,z
-270
Position esclave Xs,z
Positions [mm] selon l’axe z
-275
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-280
-285
-290
-295
-300
-305
-310
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s]
(c)
Figure 4.6 - Suivi en position avec prise en compte du passage par le point fixe d’une
trajectoire en espace libre imposée par l’opérateur : suivi de trajectoire suivant
(a) la direction x, (b) la direction y et (c) la direction z du repère R0 .
3 3 1.5
Erreur en position βp Xh,x − Xs,x Erreur en position βp Xh,y − Xs,y Erreur en position βp Xh,z − Xs,z
Erreur en position [mm] selon l’axe x
2.5
2 1
2
1 1.5 0.5
1
0 0
0.5
-1 -0.5
0
-2 -0.5 -1
-1
-3 -1.5
-1.5
-4 -2 -2
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s] Temps [s]
Figure 4.7 - Erreurs de poursuite βp Xh − Xs lors d’une télé-opération en espace libre avec
prise en compte du passage par le point fixe suivant : (a) la direction x, (b)
la direction y et (c) la direction z du repère R0 .
102
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
3 2
Force désirée Fd,x
Force estimée ŷx 1.5
2
1
Forces [N] selon l’axe x
0 0
-0.5
-1
-1
-2 Force désirée Fd,y
-1.5
Force estimée ŷy
-3 -2
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
1.5
Force désirée Fd,z
Force estimée ŷz
1
Forces [N] selon l’axe z
0.5
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-0.5
-1
-1.5
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s]
(c)
Figure 4.8 - Efforts estimés ŷ et désirés Fd lors d’une télé-opération en espace libre avec
prise en compte du passage par le point fixe : (a) efforts suivant la direction
x, (b) efforts suivant la direction y et (c) efforts suivant la direction z du
repère R0 . −βf Fd représente l’effort ressenti par l’opérateur au niveau du
bras haptique PHANToM 1.5.
7 5 2.5
Commande uk,x Commande uk,y Commande uk,z
Commande uk,x et −pk,x [N] selon l’axe x
État actif estimé −p̂k,x État actif estimé −p̂k,y État actif estimé −p̂k,z
5 3
1.5
4
2
1
3
1
2 0.5
0
1
0
-1
0
-0.5
-1 -2
-3 -1
-2
-3 -4 -1.5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s] Temps [s]
Figure 4.9 - L’état actif estimé −p̂k et la commande par retour d’état uk lors d’une télé-
opération en espace libre avec prise en compte du passage par le point fixe :
(a) suivant la direction x, (b) suivant la direction y et (c) suivant la direction
z du repère R0 .
103
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
8
Distance instrument-point fixe dtr
7
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s]
Figure 4.10 - Respect du passage par le point fixe : distance dtr instrument - point fixe.
Jn du robot virtuel sont mis à jour. Le respect du passage par le point fixe, illustré par la
Figure 4.10, a été obtenu grâce à la commande de l’espace contraint qui impose au robot
virtuel d’être dans une position [Xn,x Xn,y ]T , voisine de celle du trocart [Xtr,x Xtr,y ]T . La
Figure 4.11 montre les positions mesurées, désirées et estimées du robot virtuel selon les
deux directions x et y de R0 . Les positions ŷn sont celles estimées par l’observateur actif
et utilisées pour la commande par retour d’état de l’espace contraint. L’évolution de cette
T
commande fn,k = L1,n Xtr − [Lr,n 1] x̂r,n,kT p̂n,k ainsi que celle de l’état actif −p̂n,k selon
⋆
Synthèse et discussion
Sur la Figure 4.9, on constate que l’amplitude de la commande dédiée à la tâche
T
uk = L1 Fd − [Lr 1] x̂r,kT p̂k suivant les deux directions x et y est élevée comparée à celle
d’une télé-opération en espace libre sans prise en compte de la contrainte du point fixe
(cf. Chapitre 2, paragraphe 2.4.2.1, Figure 2.10). Contrairement à l’étude théorique du
découplage tâche-posture (cf. paragraphe 4.2.2.1), les résultats expérimentaux montrent
que la commande de l’espace contraint fn,k ⋆
(cf. Figure 4.12) agit sur la réalisation de la
tâche. Ceci est essentiellement dû au fait que le découplage tâche-posture nécessite une
connaissance parfaite du modèle cinématique et dynamique du robot [Khatib, 1987].
La commande dédiée à la tâche et celle de l’espace contraint génèrent respectivement
le vecteur de couple τsc,t et τsc,n . Le couple de posture τsc,p est calculé à partir de la
projection du couple τsc,n dans le noyau de JtT (relation (4.4)). L’évolution de ces trois
couples de commande pour chacune des articulations du robot D2M2 est illustrée sur la
Figure 4.13. Nous rappelons que le couple total τsc appliqué à chacune des articulations
est la somme des deux couples τsc,t et τsc,p (relation (4.3)).
Nous remarquons que le couple dédié à l’espace contraint τsc,n,1 généré pour la première
articulation est nul (cf. Figure 4.13). Cette articulation prismatique permet des déplace-
ments selon l’axe z de R0 ; ce qui est normal puisque la commande de l’espace contraint
impose une position désirée du robot virtuel selon les deux directions x et y du repère
R0 . Cependant, la projection du vecteur de couples τsc,n permet de générer un couple de
posture non nul pour cette articulation.
104
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
476
-78
472
-80
470
-82
468
-84
466
-86
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
Figure 4.11 - Positions désirées Xtr , mesurées Xn et estimées ŷn du robot virtuel pour
la prise en compte du passage par le point fixe : (a) commande en position
suivant la direction x et (b) commande en position suivant la direction y du
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
repère R0 .
15 20
Commande et état actif [m/s2 ] selon l’axe x
Commande fn,k,x⋆
Commande fn,k,y⋆
5 10
0 5
-5 0
-10 -5
-15 -10
-20 -15
-25 -20
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
Figure 4.12 - L’état actif estimé −p̂n,k et la commande par retour d’état fn,k⋆
appliquée
au robot virtuel pour la prise en compte du passage par le point fixe : (a)
suivant la direction x et (b) suivant la direction y du repère R0 .
105
4.2. Chirurgie mini-invasive et passage par le trocart
25 12
Couple dédié à la tâche τsc,t,1 Couple dédié à la tâche τsc,t,2
6
10
4
5
2
0
0
-5
-2
-10 -4
-15 -6
-20 -8
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
10 4
Couples [N.m] associés à l’articulation 3
5 2
1
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
0 0
-1
-5 -2
-3
-1
-2
Figure 4.13 - Couples dédiés à la tâche (τsc,t), à l’espace contraint (τsc,n) et à la posture
(τsc,p) appliqués lors d’une télé-opération dans un espace libre avec prise en
compte du passage par le point fixe : (a) couples appliqués à l’articulation
1, (b) couples appliqués à l’articulation 2, (c) couples appliqués à l’articu-
lation 3, (d) couples appliqués à l’articulation 4 et (e) couples appliqués à
l’articulation 5.
106
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
107
4.3. Vers la compensation des mouvements physiologiques
Les données ECG sont utilisées pour prédire et prendre en compte les déplacements futurs
dans la stratégie de commande prédictive.
L’objectif commun aux trois solutions proposées précédemment est de garder l’instru-
ment du robot à une distance fixe par rapport à l’organe en mouvement. Cependant, la
réelle difficulté pour le chirurgien lors d’une intervention chirurgicale cardiaque à cœur
battant apparaît lorsque ses instruments sont en contact avec l’organe. En effet, les mou-
vements physiologiques induisent des perturbations périodiques dans les efforts appliqués
par l’instrument. Ces perturbations sont mentalement compensées par le chirurgien afin
de maintenir un effort désiré pour réaliser son geste. Actuellement, la seule solution propo-
sée pour compenser ses perturbations périodiques en effort a été présentée dans [Cagneau
et al., 2007]. En considérant que ces perturbations sont de période connue, les auteurs
proposent une architecture de commande dont le principe consiste à appliquer une entrée
de consigne en fonction des erreurs d’asservissement enregistrées à la période précédente.
C’est pour alléger le travail du chirurgien lors d’une intervention cardiaque à cœur
battant que nous proposons de compenser les perturbations périodiques dans les efforts
appliqués par l’instrument sur l’organe en mouvement. Cette compensation sera bien évi-
demment basée sur l’architecture de commande en effort appliquée au robot esclave D2M2
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
et présentée dans le §2.3.2 du deuxième chapitre. Nous commencerons alors par évaluer les
performances de cette stratégie de commande face au rejet de perturbations périodiques.
À la suite des résultats obtenus, nous proposerons d’ajouter à cette commande en effort
une composante uniquement dédiée à la compensation des perturbations. Cette dernière
sera synthétisée en réalisant l’estimation des perturbations à partir des efforts mesurés
et la génération d’une séquence automatique permettant la compensation et le suivi des
mouvements. Cette séquence considère que l’atténuation des perturbations en effort in-
duit des perturbations dans la position du robot D2M2. L’approche de commande et de
compensation des perturbations sera finalement évaluée sur notre plate-forme robotique.
108
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
92 0
Force désirée Fd
90 Force mesurée Fe
-2
Force estimée ŷ
Positions du simulateur [mm]
86
-6
84
-8
82
-10
80
-12
Position mesurée Z s
-14
5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
0.4
-120
0.2
-125
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-130
-0.2
-135
-0.4
Figure 4.14 - Rejet de perturbations périodiques en effort selon l’axe z du repère R0 par
l’architecture de commande par estimation et retour d’état : (a) position Z s
du simulateur de mouvement, (b) efforts désiré Fd , mesuré Fe et estimé ŷ,
(c) état actif estimé −p̂k et commande par retour d’état uk et (d) position
du robot D2M2.
109
4.3. Vers la compensation des mouvements physiologiques
Stratégie de compensation
des perturbations périodiques
Perturbation
Périodique Tp [s]
uc,k Fe,p
+ +
Fd rk ūk f⋆ e−sTd Xs Fe,m
L1 Ks
+ + s2 + yk = Fe
− −
Robot
K2 s +
Environnement
G(s)
Estimation
Raideur e
K̂s,c,k
[x̂Tr,k T
p̂k ]
[Lr 1] AOB
Système
Boucle fermée
Gcl (s)
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
110
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
avec
αk , 2kπh/Tp , (4.39)
et
θs,k = Ap,k sin(φp,k ). (4.41)
Une estimation de la perturbation Fe,p est donnée par
où θ̂c,k et θ̂s,k sont des estimations respectives de θc,k et θs,k . En retranchant l’estimation
F̂e,p,k de la mesure Fe,k , il est possible d’obtenir une estimation de l’effort initial Fe,m,k
non perturbé, notée F̂e,m,k et donnée par
L’algorithme d’identification harmonique basé sur une méthode du gradient est ajusté afin
que la quantité Fe,p,k − F̂e,p,k converge vers zéro et donc que F̂e,m,k tende vers Fe,m,k . Il
procède selon la loi d’adaptation donnée par
θ̂c,k θ̂c,k−1 − cos(αk )
= − gh F̂e,m,k , (4.44)
θ̂s,k θ̂s,k−1 sin(αk )
dans laquelle g est un gain d’adaptation positif. Comme θ̂c,k et θ̂s,k dépendent à la fois
de Ap,k et de φp,k , le filtre s’adapte en ligne aux variations de phase et d’amplitude de la
perturbation.
Pour évaluer les performances d’estimation de ce filtre, nous l’avons appliqué en ligne
pour l’estimation des perturbations en effort mesurés lors de l’expérience précédente (cf.
Figure 4.14(b)). Les résultats d’estimation sont présentés sur la Figure 4.16 où sont tracés
les efforts mesurés Fe (a), les perturbations estimées en effort F̂e,p (b) et les efforts estimés
de sortie du système F̂e,m (c). On constate qu’après ≃ 5 [s], l’effort estimé de sortie F̂e,m
est uniquement formé de la composante continue (très proche de l’effort désiré Fd ). Ceci
prouve que le filtre fournit une bonne estimation de la perturbation en effort F̂e,p . Étant
établi pour identifier les perturbations périodiques de période Tp = 1 [s], le filtre ne perçoit
pas les autres variations des efforts mesurés Fe notamment celles apparues lors du change-
ment de consigne (à t ≃ 13 [s]). Dès l’arrêt du simulateur et la stabilisation des efforts Fe ,
le filtre fournit une estimation nulle des perturbations. La vitesse de convergence dépend
du gain d’adaptation g qui, pour cette expérience, a été choisi égal à 2. Ce choix assure la
stabilité et la vitesse de convergence de l’algorithme d’estimation des perturbations Fe,p .
Ces dernières seront utilisées pour générer une séquence de commande uc,k visant à les
compenser. Cette stratégie de compensation est développée dans le paragraphe suivant.
111
4.3. Vers la compensation des mouvements physiologiques
0 5
Force mesurée Fe,z
4
-2
3
Forces [N] selon l’axe z
1
-6
0
-8
-1
-10 -2
-3
-12
-4
Perturbation estimée en effort F̂e,p,z
-14 -5
5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
-2
Force désirée Fd,z
Force estimée de sortie F̂e,m,z = Fe,z − F̂e,p,z
-4
Forces [N] selon l’axe z
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-6
-8
-10
-12
-14
5 10 15 20 25 30
Temps [s]
(c)
Figure 4.16 - Estimation des perturbations périodiques en effort par l’algorithme d’iden-
tification harmonique : (a) effort mesuré Fe,z , (b) perturbation estimée en
effort F̂e,p,z , (c) extraction de la perturbation estimée F̂e,p,z de l’effort mesu-
rée Fe,z (F̂e,m,z = Fe,z − F̂e,p,z ).
112
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
-2 3
Force désirée Fd Perturbation estimée en effort F̂e,p
Force mesurée Fe
-4 2
-6 1
-8 0
-10 -1
-12 -2
-14 -3
15 20 25 30 35 40 15 20 25 30 35 40
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
0.3
0.2
Commande uc,k [N] selon l’axe z
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
0.1
-0.1
-0.2
-0.3
Commande uc,k
-0.4
15 20 25 30 35 40
Temps [s]
(c)
Figure 4.17 - Rejet de perturbations périodiques en effort selon l’axe z du repère R0 par
une première approche de compensation : (a) efforts désiré Fd et mesuré
Fe , (b) perturbation estimée en effort F̂e,p et (c) commande uc,k dédiée à la
compensation des perturbations.
Nous avons repris l’expérience réalisée précédemment (cf. §4.3.3) mais en appliquant
la commande uc,k donnée par la relation (4.46) pour la compensation des perturbations
en effort Fe,p . Les résultats sont donnés sur la Figure 4.17 montrant une atténuation
partielle des perturbations Fe,p qui varient entre ±2 [N] (Figure 4.17(a)). En effet, la
commande uc,k donnée par (4.46) dépend uniquement des perturbations estimés F̂e,p .
Après une faible compensation, ces estimations seront atténuées faisant aussi atténuer
l’apport de la commande uc,k , qui au final ne permet qu’un rejet partiel des perturbations
Fe,p .
Une solution à ce problème peut être apportée en considérant que la compensation
des perturbations Fe,p génère des perturbations Xs,p en position. Ainsi les perturbations
estimées utilisées dans la synthèse de la commande uc,k (4.46) peuvent être approchées
par
e
F̂e,p,k − K̂s,c X̂s,p,k , (4.47)
où X̂s,p,k est une estimation des perturbations périodiques en position qui ont contribué
113
4.3. Vers la compensation des mouvements physiologiques
où Xs,m,k est la position liée à l’application d’un effort désiré. Cependant, pour prendre
en compte les erreurs de modélisation évoquées au §3.2.3 du Chapitre 3, les perturbations
en position Xs,p sont estimées à partir du modèle en position du robot et de l’entrée uc,k .
Ce modèle est donné par la fonction de transfert continue
e−sTd
Gp (s) ≈ (4.49)
s(s + K2 )
qui, en considérant un retard Td faible et après échantillonnage à une période h, fournit
l’équation de récurrence qui relie l’entrée uc,k à la sortie en position Xs,p,k . Cette relation
est donnée par
avec
a1 = −(1 + e−hK2 ) , a2 = e−hK2 ,
1 1 (4.51)
b1 = 2 (−1 + hK2 + e−hK2 ) et b2 = 2 (1 − hK2 e−hK2 − e−hK2 ).
K2 K2
La stratégie de commande pour la compensation des perturbations en effort est alors
modifiée et devient
1
uc,k = − (K2 (fˆe,p,k
1 e
− K̂s,c x̂1s,p,k ) + (fˆe,p,k
2 e
− K̂s,c x̂2s,p,k )), (4.52)
e
K̂s,c
où fˆe,p,k
1
, fˆe,p,k
2
et x̂1s,p,k , x̂2s,p,k sont respectivement les dérivées premières et secondes des
perturbations estimées en effort F̂e,p,k et en position X̂s,p,k . Ainsi, lorsqu’une compensation
totale des perturbations en effort sera établie (fˆe,p,k 1
= fˆe,p,k
2
= 0), la commande pourra
toujours agir sous l’effet du modèle de déplacement du robot D2M2 donné par x̂1s,p,k et
x̂2s,p,k .
114
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
Perturbation
Périodique Tp [s]
uc,k Fe,p
+ +
Fd rk ūk f⋆ e−sTd Xs Fe,m
L1 Ks
+ + s2 + yk = Fe
− −
Robot
K2 s +
Environnement
G(s)
Estimation
Raideur e
K̂s,c,k
[x̂Tr,k T
p̂k ]
[Lr 1] AOB
Système
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Boucle fermée
Gcl (s)
le robot arrêté. Nous imposons alors un effort désiré Fd = −5 [N] selon la direction z du
repère R0 . Il se déplace alors jusqu’au contact avec l’objet en mousse placé au niveau
de l’organe terminal du simulateur de mouvement. Au moment du contact, l’estimateur
de raideur fournit une raideur nominale estimée K̂s,c e
(Figure 4.19(a)). Une quinzaine de
secondes plus tard, nous imposons au simulateur de mouvement un déplacement sinusoïdal
Z s de période Tp = 1 [s] (1 [Hz]) et d’amplitude ≃ 10 [mm] (cf. Figure 4.19(b)).
Les déplacements du simulateur, induisent des perturbations dans les efforts mesurés
Fe illustrés sur la Figure 4.20(a). La stratégie de commande en effort tente alors de les
T
compenser en appliquant la commande par retour d’état uk = L1 Fd − [Lr 1] x̂r,kT p̂k
(Figure 4.20(c)). Cette commande ne permet qu’une faible atténuation des perturbations
en effort. Le déplacement correspondant du robot est donné sur la Figure 4.20(b).
Dès l’apparition des perturbations en effort, l’algorithme d’identification harmonique
estime F̂e,p (Figure 4.21(a)). La commande uc,k générée pour la compensation des per-
turbations est présentée sur la Figure 4.20(c). Elle permet à t ≃ 23 [s] (≃ 8 [s] après
l’apparition des perturbations) d’atténuer les perturbations en effort. Les efforts mesurés
Fe présentent alors une perturbation variant entre ±0.4 [N]. Cette compensation a été
maintenue jusqu’à la fin de l’expérience grâce à l’application des perturbations estimées
en position X̂s,p illustrées sur la Figure 4.21(b).
Une fois les perturbations en effort compensées, l’action de la commande par retour
T
d’état uk = L1 Fd −[Lr 1] x̂r,kT p̂k devient faible (cf. Figure 4.20(c) à partir de t ≃ 23 [s]).
Elle ne réagit que lors du passage de l’effort désirée de −5 à −10 [N]. Le robot applique
alors un effort Fe = Fd = −10 [N]. Les perturbations en effort Fe,p restent atténuées.
À l’instant t = 45 [s], le simulateur est arrêté. Des perturbations sinusoïdales appa-
raissent au niveau des effort mesurés Fe . Elles sont dues à la stratégie de compensation et
115
4.4. Conclusion
700 112
Position mesurée Z s
600 110
400 106
300 104
200 102
à l’algorithme d’identification harmonique. Ce dernier met quelques secondes avant que les
estimations F̂e,p et X̂s,p ne convergent vers une valeur nulle. Néanmoins ces perturbations
sont atténuées après une dizaine de secondes et l’effort appliqué Fe converge vers l’effort
désiré Fd = −10 [N]. La rapidité de convergence de l’algorithme d’identification peut être
améliorée en augmentant le gain d’adaptation g qui, pour cette expérience, a été choisi
égal à 2. Cependant une grande valeur de g peut générer un comportement instable des
variables estimées au départ de l’estimation. Un compromis entre rapidité et stabilité est
alors à faire.
4.4 Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre nos contributions pour l’assistance robotisée
dans le contexte de la chirurgie mini-invasive à cœur battant.
La première contribution concerne l’intégration, dans la stratégie de télé-opération
avec retour d’effort, de la contrainte du passage par le trocart. La tâche de télé-opération
avec retour d’effort a été réalisé en considérant la stratégie de commande en effort par
observation et retour d’état développée dans le Chapitre 2. Quant à la contrainte du
passage par le trocart, elle a été respectée en réalisant la commande en position d’un
robot virtuel pour atteindre une position fixe donnée par celle du trocart. Nous avons à
nouveau exploité le principe de l’observateur actif et de la commande par retour d’état.
L’application du principe du découplage tâche-posture a finalement permis la réalisation
de la tâche de télé-opération tout en imposant le passage de l’instrument du robot esclave
par un point fixe situé dans son espace de travail. Ces stratégies de télé-opération et de
commande ont permis le respect de la contrainte avec une distance entre l’instrument et
le trocart inférieure à 8 [mm].
Nous avons ensuite proposé une méthodologie pour la compensation des mouvements
physiologiques. Nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux perturbations in-
duites par un environnement en mouvement dans les efforts appliqués par l’instrument. La
stratégie de commande développée suppose des perturbations périodiques et de période
116
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
-100
-6
-110
-8
-115
-10
-120
-12
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-14 -125
15 20 25 30 35 40 45 50 55 15 20 25 30 35 40 45 50 55
Temps [s] Temps [s]
(a) (b)
0.8 0.8
Commande uk
Commande uk et −pk [N] selon l’axe z
0.6
État actif estimé −p̂k 0.6
Commande uc,k [N] selon l’axe z
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
-0.2 -0.2
-0.4 -0.4
-0.6 -0.6
Commande uc,k
-0.8 -0.8
15 20 25 30 35 40 45 50 55 15 20 25 30 35 40 45 50 55
Temps [s] Temps [s]
(c) (d)
117
4.4. Conclusion
2.5
Perturbation en effort [N] selon l’axe z
2
1.5
1
0.5
0
-0.5
-1
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
-1.5
Perturbation estimée F̂e,p
-2.5
15 20 25 30 35 40 45 50 55
Temps [s]
(a)
Perturbation en position [mm] selon l’axe z
10
8
6
4
2
0
-2
-4
-6
-8
Perturbation estimée X̂s,p
15 20 25 30 35 40 45 50 55
Temps [s]
(b)
118
Chapitre 4. Vers la chirurgie mini-invasive à cœur battant
119
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Conclusion Générale
Conclusion Générale
sur les tissus. L’approche de commande en effort repose sur le découplage non linéaire du
système esclave, la conception d’un observateur d’état et la commande par retour d’état.
Cette dernière permet d’imposer une dynamique et un comportement désiré du système
en boucle fermée. Le reconstructeur d’état est un observateur actif de l’état qui inclut
une estimation des erreurs de modélisation du système esclave. La prise en compte de ces
erreurs dans la commande par retour d’état permet de minimiser leurs effets et donc de
garantir les performances désirées en boucle fermée. Les résultats expérimentaux obtenus
sur la plate-forme robotique D2M2 montrent l’efficacité de l’architecture de télé-opération
avec retour d’effort pour des déplacements en espace libre et pour des interactions avec
un environnement mou. Les sensations en effort perçues par l’opérateur le renseignent sur
le comportement du système esclave.
L’architecture de commande en effort est définie en considérant un modèle de l’envi-
ronnement. Sa stabilité est fortement dépendante de la connaissance des caractéristiques
de l’environnement. Nous avons alors développé un filtre de Kalman étendu estimer la rai-
deur de l’environnement et adapter en ligne la loi de commande en effort. Contrairement
aux approches usuelles, la stratégie d’estimation proposée ne nécessite pas la connais-
sance de la position de repos, en général difficile à determiner en chirurgie mini-invasive,
de l’environnement. De plus, l’estimateur est conçu en distinguant l’erreur d’estimation
de la raideur des erreurs de modélisation du robot esclave. L’adaptation de la loi de com-
mande en effort permet une télé-opération en espace libre ainsi que des interactions avec
des environnements de rigidité différente et élevée.
La stabilité et la transparence du schéma de télé-opération représentent respective-
ment une contrainte de fonctionnement indispensable et un critère de qualité permettant
à l’opérateur de distinguer la variabilité de la nature de l’environnement distant. Le schéma
de télé-opération a alors été qualifié par une analyse de stabilité et de transparence. Nous
avons d’abord analysé la transparence de l’architecture de télé-opération qui est fortement
dépendante de la raideur de l’environnement et des paramètres de télé-opération. Nous
avons donc proposé une loi d’adaptation de ces paramètres suivant la raideur estimée de
l’environnement afin d’imposer une transparence désirée tout en assurant des marges de
stabilité satisfaisantes du système de télé-opération. Cette dernière a été établie en sépa-
rant l’action volontaire et involontaire de l’opérateur. La validation expérimentale sur la
121
Conclusion Générale
plate-forme du D2M2 montre les performances de l’approche proposée. Lors d’une inter-
action avec des tissus ex-vivo, l’opérateur est capable de distinguer entre des tissus mous
et des tissus rigides. Une expérimentation mettant en œuvre une insertion d’aiguille télé-
opérée montre une réelle capacité de l’opérateur à distinguer et à contrôler les différentes
phases de pénétration.
L’assistance au geste chirurgical mini-invasif soulève le problème lié aux contraintes
engendrées par cette pratique. Nous nous sommes intéressés à deux de ces contraintes
que sont le respect du passage des instruments par le trocart et la compensation des
mouvements physiologique du cœur lors d’une intervention chirurgicale cardiaque.
Pour respecter la contrainte du passage par le trocart, nous avons proposé une com-
mande en position d’un robot virtuel dont la position de l’effecteur est donnée par la
projection du trocart sur l’instrument du robot esclave. La stratégie de commande du
robot virtuel reprend les mêmes principes de commande développés en effort en se basant
sur un observateur actif de l’état et une commande par retour d’état estimé. Le décou-
plage tâche-posture du robot esclave permet ensuite la télé-opération avec retour d’effort
et le respect du passage par un point fixe. Les évaluations expérimentales montrent la
pertinence de notre approche.
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Enfin dans le contexte de la chirurgie mini-invasive à cœur battant, nous avons présenté
les premiers résultats pour la compensation des mouvements physiologiques de l’organe.
Ces travaux font partie d’un projet à long terme dont l’objectif final est d’offrir une
stabilisation virtuelle du cœur. Nous avons abordé le problème comme un problème de
compensation de perturbations périodiques dans les efforts appliqués par l’instrument sur
l’organe en mouvement. Connaissant leur période, les perturbations sont identifiées et
extraites des mesures en effort. Les estimations obtenues sont ensuite utilisées dans une
stratégie de commande référencée modèle et superposée à la stratégie de commande en
effort permettant la réalisation des gestes de l’opérateur. La compensation est réalisée en
considérant que l’atténuation des perturbations en effort génère un déplacement désiré du
robot esclave. Ce déplacement est alors estimé et utilisé à l’entrée de la stratégie de com-
mande dédiée à la compensation des perturbations en effort. La validation expérimentale
réalisée sur la plate-forme D2M2 et un simulateur de mouvements périodiques montre
les performances de cette approche.
Il est évident que les travaux présentés dans ce manuscrit ne représente qu’une étape
dans un projet à très long terme que représente la télé-manipulation avec retour d’effort
pour la chirurgie mini-invasive. Ceci étant, les résultats obtenus ouvrent des perspectives
importantes pour faire bénéficier à cette pratique de la chirurgie de toutes les capacités
de la robotique et des systèmes de télé-opération à retour d’effort. Parmi ces perspectives,
nous pouvons mentionner :
† L’architecture de télé-opération avec retour d’effort a été validée sur la plate-forme
expérimentale en considérant une télé-opération en espace libre selon les trois direc-
tions de l’espace et des interactions avec un environnement selon une seule direction.
L’extension de l’architecture pour des interactions suivant les trois directions ne de-
vrait pas poser de problème particulier. La mise en œuvre de la stratégie de com-
mande doit identique pour les deux autres directions. Cependant, il serait intéressant
de considérer une application d’effort suivant une direction (z par exemple) avec un
déplacement selon une autre (x par exemple). Dans ce cas, un modèle de frottement
devrait être considéré dans la stratégie de commande de la direction du déplacement
(x). Ceci permettra une meilleure transparence du schéma de télé-opération, mais
signifiera une architecture de commande différente pour chacune des directions.
122
Conclusion Générale
la stratégie de commande du robot esclave est une solution qui a pour objectif de
minimiser les efforts appliqués par l’instrument sur le trocart. Un capteur d’effort
adéquat (ou un trocart muni d’un capteur d’effort [Zemiti, 2005]) doit alors être
utilisé dans un premier temps pour mesurer ces efforts et ensuite pour réaliser une
stratégie de commande visant à les minimiser. La commande en position du robot
virtuel devient alors une commande en effort imposant des efforts tangentiels nuls
sur le trocart. La même stratégie d’estimation et de commande par retour d’état
pourrait être utilisée.
† Dans le contexte de la compensation des mouvements physiologiques du cœur, nous
avons considéré uniquement la commande en effort du robot esclave. Les résultats
obtenus ont montré une bonne compensation des mouvements avec l’application
des efforts désirés de l’opérateur. Cette stratégie de compensation doit être validée
en considérant tout le schéma de télé-opération avec retour d’effort. Cependant, la
compensation des perturbations génère le déplacement du robot esclave. L’architec-
ture de télé-opération position - position risque alors de transmettre un effort de
retour perturbé à l’opérateur. Une solution à ce problème peut être apportée en
appliquant l’algorithme d’identification harmonique à la position du robot esclave.
Les perturbations estimées seront alors utilisées afin de stabiliser le retour d’effort.
Il serait enfin intéressant de valider cette stratégie de compensation in-vivo sur un
cœur en mouvement.
123
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Publications
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137
tel-00263824, version 1 - 13 Mar 2008
Annexe A. Modèle géométrique et dynamique du robot D2M2
Annexe A
z8
z9, z10 q8 z 0 , z1 , z2 , z7
D8 C7 q0 , q1 , q2 , q7
q9, q10
C8
z3 C1
q3
C2
x8 r1
x4
D7 x7
x9, x10 C3 Base
z5 x0 , x1 , x2
q5 C5
D6 D3
R5 C4 x3, x3′
x5
q4 R4
z4 R6,virt
z
x y
Xs
139
Annexe A. Modèle géométrique et dynamique du robot D2M2
j aj µj σj γj bj αj dj θj rj
1 0 1 1 0 0 0 0 0 r1
2 1 1 0 0 0 0 0 θ2 = q2 0
3 2 0 0 0 0 0 D3 θ3 0
4 3 1 0 0 0 π/2 0 θ4 = q4 + π/2 R4
5 4 1 0 0 0 −π/2 0 θ5 = q5 − π/2 R5
6 5 0 0 0 0 −π/2 D6 0 −R6
7 1 1 0 0 0 0 0 θ7 = q7 − π/2 0
8 7 0 0 0 0 0 D8 θ8 0
9 8 0 0 0 0 0 D9 = D3 θ9 0
10 3 0 2 0 0 0 D10 = −D8 0 0
– R5 = 0.0 [m],
– D6 = 0.0 [m],
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– R6 = 0.405 [m],
– D7 = 0.1 [m] et
– D8 = D3 .
et
k7
Ak3 = rot(u, θ7 ) = cst (A.2)
De plus les équations d’orientation de la boucle fermée donnent :
k2 k2 k1 k7
Ak8 = Ak1 Ak7 Ak8 = rot(z, −θ2 + θ7 + θ8 ) = rot(z, 0), (A.3)
k7 k7 k1 k2
Ak3 = Ak1 Ak2 Ak3 = rot(z, −θ7 + θ2 + θ3 ) = rot(z, π), (A.4)
et
k9 k9 k8 k7 k1 k2 k3
Ak10 = Ak8 Ak7 Ak1 Ak2 Ak3 Ak10 = I3 . (A.5)
En substituant l’équation (A.2) dans (A.5), la matrice d’orientation k9
Ak10 devient
k9 k7 k8 k7 k3
Ak10 = Ak8 Ak7 Ak3 Ak10 = rot(z, −θ9 − θ8 + π − 0) = rot(z, 0). (A.6)
Les relations (A.3), (A.4) et (A.6), permettent de calculer les trois variables articulaires
passives θ3 , θ8 et θ9 et donc de déterminer les équations de contraintes définies par le
parallélogramme données par :
θ3 = π + θ7 − θ2 , (A.7)
140
Annexe A. Modèle géométrique et dynamique du robot D2M2
θ8 = θ7 − θ2 (A.8)
et
θ9 = π − θ2 + θ7 . (A.9)
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Modèle dynamique
Les paramètres dynamiques regroupés du robot D2M2 sont données dans le Ta-
bleau A.2.
Le vecteur des couples moteurs τsc appliqués aux articulations actives est donné par :
où W est la jacobienne des variables articulaires passives qp par rapport aux variables
articulaires actives q. Elle est donnée par :
−1 0 0 0 1
∂qp
W = = 0 0 0 0 0 . (A.13)
∂q
1 0 0 0 −1
τsc,a et τsc,p désignent respectivement les vecteurs couples / forces des éléments relatifs
aux articulations actives et passives. Le modèle dynamique a été calculé par le logiciel
SYMORO [Khalil et Creusot, 1997].
141
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Titre
Télé-opération avec retour d’effort pour la chirurgie mini-invasive.
Résumé
Ces travaux de thèse s’inscrivent dans le cadre de l’assistance robotique pour la chirurgie mini-invasive
télé-opérée. L’une des principales limitations des systèmes existants concerne l’absence de restitution des
efforts au chirurgien lorsqu’il télé-opère le robot. Ainsi, un système de télé-opération avec retour d’effort
est proposé. Il est basé sur une architecture position - position avec une commande en effort du robot
esclave. Cette dernière utilise un découplage non-linéaire du robot ainsi que des techniques d’observa-
tion et de commande par retour d’état. Des validations expérimentales ont montré les performances de
l’architecture lors d’une télé-opération en espace libre et lors d’interactions avec un environnement de
faible rigidité. Une première contribution est l’estimation en ligne de la raideur de l’environnement afin
de garantir la stabilité du système lors d’interactions avec un environnement rigide. Cette stratégie utilise
un filtre de Kalman étendu qui s’affranchit de la position de repos de l’environnement et qui considère
une compensation des erreurs de modélisation du robot esclave. La deuxième contribution est l’étude de
la transparence et de la stabilité de l’architecture de télé-opération. Une adaptation des paramètres de
commande en fonction de la raideur estimée est proposée en considérant un compromis entre ces deux cri-
tères. La structure a été validée expérimentalement en considérant un environnement constitué de tissus
ex-vivo. Une dernière contribution est l’adaptation de l’architecture de télé-opération avec retour d’effort
aux contraintes imposées par la chirurgie mini-invasive. La première est le passage de l’instrument du
robot par le trocart. Une architecture de commande utilisant le principe du découplage tâche - posture
est alors proposée. La posture permettant le passage par le trocart est contrôlée en considérant la com-
mande en position d’un robot virtuel attaché à l’instrument du robot télé-opéré. La deuxième contrainte
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considérée est la compensation des mouvements physiologiques. L’objectif étant d’offrir au chirurgien une
stabilisation virtuelle de l’organe. L’approche de commande consiste à atténuer les perturbations dans les
efforts appliqués sur un environnement en mouvement. La compensation repose sur une commande réfé-
rencée modèle qui considère que les perturbations atténuées génèrent un déplacement du robot esclave.
Des expérimentations ont montré la pertinence et l’efficacité des stratégies proposées.
Mots clés : Robotique médicale, Télé-opération avec retour d’effort, Commande adaptative en effort,
Estimation paramétrique, Transparence et stabilité, Chirurgie mini-invasive.
Title
Force feedback tele-operation system for minimally invasive surgery.
Abstract
This work concerns robotic assisted minimally invasive surgery. Nowadays, dedicated robotized systems
do not include force feedback to the surgeon. Here, a force feedback teleoperation system is proposed. It
is based on a position - position architecture and a slave robot force controller. The architecture enables
teleoperation in free space as well as interactions with soft environment. The first contribution is the
online environment stiffness estimation to guarantee stability of the system in contact with stiff object.
Without considering a contact position, the parameter estimation strategy uses an extended Kalman
filter technique with robot modeling errors compensation. The second contribution is the transparency
and stability analysis of the force feedback teleoperation system. Based on the transparency and stability
trade off, the architecture parameters are updated to guarantee a desired transparency. Experimental
results using ex-vivo tissues, have shown good performances in contact with soft and stiff surfaces and
for a teleoperated needle insertion task. The force feedback teleoperation scheme is then adapted to the
minimally invasive surgery constraints. The first one is the trocar constraint. A secondary task is per-
formed by a virtual null space robot, which attempts to have always the trocar position on the medical
instrument. The second considered constraint is the physiological motion compensation during beating
heart surgery. A force disturbance rejection control law is performed to compensate the environnement
motion. Experimental results have shown the relevance and the effectiveness of the proposed strategies.
Keywords : Medical robotic, Force feedback tele-operation system, Adaptive force control, Parameter
estimation, Transparency and stability, Minimally invasive surgery.