Droit Concurrence Maroc 10144
Droit Concurrence Maroc 10144
Droit Concurrence Maroc 10144
Article juridique publi le 29/11/2012, vu 16863 fois, Auteur : maitre hadri samir
Lexprimentation du principe de libre concurrence dans les pays du tiers-monde : lexemple marocain.
Introduction:
La libert du commerce et de lindustrie suppose la libert de la concurrence, cest--dire la libre comptition entre les agents
conomique, qui offrent des produit ou services identique, ou similaires, susceptibles de satisfaire une mme clientle, La
libert totale de la concurrence est susceptible dengendrer la cration de monopoles, lorsque lun des comptiteurs aura
limin tous les autres sur le march considr, ce qui aboutit une situation dans laquelle toute concurrence a disparu.
Par ailleurs, en labsence de tout contrle, apparaissent puis se dveloppent des pratique aux loyaux usages du commerce, si
bien que le gagnant dans cette comptition nest pas toujours le meilleur, mais peut tre le plus dnu de scrupules, IL est
donc apparu ncessaire de prserver la concurrence elle-mme, contre les pratique dloyales des autres agents conomiques.
Au Maroc, la libert du commerce est un principe constitutionnel nonc par larticle 15 de la constitution de 1996 et confirm
par larticle 35 de la constitution de 2011 qui garantie le droit de proprit et la libert dentreprendre tout en respectant
certaines rgles et des formalits particulires chaque commerce.[1]
La concurrence et donc lgitime mais peut dans certaines mesure devenir un acte dloyale par lutilisation de moyens et doutils
contraire aux pratique du commerce et de la bonne foi.
Cest pour cette raison que les autorits publiques sont astreintes organiser la libert de la concurrence pour la protection de
lintrt public en maintenant les rgles de march mais aussi de commerants entre eux.
Ce dernier cas consiste en la sanction prvue en cas de concurrence dloyale et ces diffrentes applications possibles.
La libert de la concurrence comme toute libert sarrte donc quand commerce la libert des autres, elle ncessite pour son
efficience et efficacit certaines rgles lgislatif mais surtout jurisprudentielles capable de sadapter avec les volutions rapides
et incessantes que connait lactivit commerciale.
Dans cet expos nous allons essayer de relater les diffrents procds que retient la notion de libre concurrence au Maroc et
lvolution du principe de la libre concurrence.
La concurrence se dfinit comme la comptition conomique qui se joue sur un mme march pour atteindre une fin
conomique dtermine.[2]
La concurrence est la loi du commerce. Les agents conomiques peuvent utiliser tous procds pour attirer ou retenir la
clientle qui est llment essentiel du fonds de commerce.
La libre concurrence est un principe gnral du droit. Elle constitue une application particulire dun autre grand principe : celui
de la libert du commerce et de lindustrie, tant il est vrai que la concurrence nest concevable que si les agents conomiques
peuvent dvelopper librement leurs activits.[3]
Ladoption de la loi 06-99 sur la libert des prix et de la concurrence a pour finalit principale dorganiser la libre concurrence qui
reprsente le meilleur processus de rgulation de lconomie de march et le meilleur moyen de mise niveau de lconomie
marocaine, de rguler la dominance conomique et le pouvoir de march.
Les objectifs de la loi peuvent se rsumer comme suit : garantir la libert des prix et leur formation par le libre jeu de la
concurrence, garantir la libert daccs de tous les oprateurs toutes les activits, protger les intrts conomique des
consommateurs, se conformer aux engagements auxquels le Maroc a librement souscrit notamment le Trait dassociation avec
LUnion europenne, la CNUCED, LOMC[5]
Sous cet angle, il convient de rappeler que la rforme relative la libert des prix et de la concurrence, concrtise par la loi
06-99 du 5 juin 2000, est laboutissement dun processus dajustement, de libralisation et de mise niveau de lconomie
marocaine.
En effet, lvolution continue du Maroc vers lconomie de march ouverte sest accompagne par de grandes rformes sur le
plan conomique et juridique qui ont marqu la volont du lgislateur marocain de sengager dans un processus de
libralisation et douverture.
Ce processus de libralisation et douverture sest concrtis dans de nombreuses rformes lgislatives. On peut citer titre
dillustration le Dahir portant loi du 06 juillet 1993 relatif lexercice de lactivit des tablissements de crdit et de leur contrle ;
le Dahir portant loi du 21 septembre 1993 relatif la bourse des valeurs, la loi 17-95 sur les socits anonymes, la loi 5-96
mettant en place un rgime applicable aux socit en non collectif, en commandite, aux SARL et aux socit en participation, le
code de commerce en 1997, la cration des tribunaux de commerce.
En 1997, la loi sur la proprit industrielle en 2000, la loi sur les assurances en 2002, etc.[6]
Parmi toutes ces rformes, la loi 06-99 clarifie la porte du principe constitutionnel de la libert dentreprendre et de la garantie
de la proprit prive. La loi prohibe les pratiques anticoncurrentielles telles lentente et labus de position dominante et les
pratique restrictives de la concurrence comme le refus de vente, les vents lies ou les pratique discriminatoires,
Elle conditionne les oprations de concentration par un contrle prventif qui consiste soumettre les projets de concentration
un accord pralable de lautorit de la concurrence aprs avis du conseil de la concurrence.[7]
Paralllement lintervention de lautorit de la concurrence, en loccurrence le premier ministre, la loi 06-99 habilite le conseil
de la concurrence mettre des avis, des conseils et des recommandations.
La loi confie par ailleurs aux tribunaux des comptences en matire de rgulation de la concurrence. Les tribunaux de premire
instance peuvent intervenir simultanment en tant que tribunaux civils dans les questions impliquant la responsabilit civile
autre que celles qui rsultent dune concurrence dloyale entre commerants ou autres, et en tant que tribunaux correctionnels
chargs de rprimer les auteurs dinfractions pnales prvues notamment par la loi sur la libert des prix et de la concurrence.
Les tribunaux de commerce sont comptents pour vider les litiges de nature commerciale ne loccasion de lapplication de loi
06-99. Pour ce qui est des tribunaux administratifs, ihs peuvent tre appel se prononcer sur la lgalit et la rgularit des
dcisions prises par le premier ministre dans le cadre des pratiques anticoncurrentielles et du contrle des oprations de
concentration.
Enfin au niveau des sanctions, la loi 06-99 juxtapose les applications multiples de la notion de sanction allant de la rparation
civile lemprisonnement en passent notamment par la nullit, le rtablissement de la situation antrieure, lamende et la
publication des jugements.[8]
Larticle 2 alina1er dispose : cette loi sapplique toutes les activits de production, dedistribution et de services .
Larticle 6 et 7 loi 06-99 prohibe toutes les actions concertes, conventions, ententes ou coalitions expresses ou tacites qui ont
pour objet ou peuvent avoir pour effet dempcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un march
notamment lorsquelles tendent limiter laccs au march ou limiter ou contrler la production, rpartir les marchs ou les
sources dapprovisionnement
Larticle 7 interdit expressment les pratiques anticoncurrentielles, la loi prohibe lexploitation abusive par une entreprise ou un
groupe dentreprises dune situation de dpendance conomique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne
disposant daucune autre alternative. La loi prvoit une liste de ces pratiques : refus de vente, ventes lies[9]
La loi prohibe ces pratiques en interdisant le prix de revente impos, les ventes lies, les conditions de vente discriminatoires, le
refus de satisfaire aux demandes des acheteurs de produits ou aux demandes de prestations de services.
La loi permet le contrle de ces oprations dans le secteur de la distribution en application de la notion de concentration. La
notion dinfluence dterminante permet dapprhender sous langle du contrle des concentrations toutes les formes modernes
dintgration contractuelle de sous-traitance de franchise. Le contrle peut donc viser toute opration qui permet de placer une
ou plusieurs entreprises sous la dpendance dun autre mme en labsence dun lien capitalistique.
La prsentation du conseil de la concurrence impose dabord de situer son rle dans le cadre de la politique conomique et
sociale du Maroc. Plus que jamais et plus particulirement lors de la dernire dcennie, le Maroc aspire mieux se positionner
en tant que pays mergent au sein dun monde aux mutations infinies. Manifestement, il a progress dans cette voie parce quil
est devenu conscient des impratifs dancrage la globalisation des conomies, donc des dfis de la mondialisation et de ses
rpercussions sur les plans stratgique, politique et organisationnel.[10]
Le Maroc reste en fait fidle aux principes et fondements de lconomie de march, ce quil a toujours mis en vidence tout en
veillant la ncessit de la rguler et de la moraliser.
Cest dans ce cadre quil convient de situer lactivation du rle du conseil de la concurrence partir du 20Aout 2008, sachant
que si la loi 06-99 concernant la libert des prix et la concurrence a t mise en uvre depuis le dbut de lanne 2001, le volet
le concernant est rest sans application relle jusqu linstallation de ses membres par le premier Ministre en janvier 2009
Maintenant que le Maroc dispose dun conseil de la concurrence, prcisions que la loi 06-99 lui confre au conseil la mission de
contribuer la rgulation de la gouvernance conomique.
La lgislation nouvelle a cre un conseil de concurrence qui a des attributions consultatives aux fins de donner des avis, des
conseils ou des recommandations en matire et de pratiques anticoncurrentielles.
Il est signaler que la quasi-totalit des autorits de la concurrence, de part le monde, a une position dinstances
dcisionnelles. Cest pour cela que le conseil de la concurrence du Maroc, tout en accomplissant sa tache dans le cadre de la
loi en vigueur, recommande aux autorits de tutelle la mise en harmonie des prrogatives et attributions du conseil avec les
normes internationales en le faisant passer du statut de conseil celui dune autorit indpendante, dcisionnelle et bnficiant
du droit dauto-saisine et denqute.
Un organe de rgulation a t cette fin par la loi 6.99, Il sagit du conseil de la concurrence. Mais cette institution qui a une
mission purement consultative ne peut prtendre une comptence exclusive : Le juge judiciaire joue aussi un rle
considrable dans la mise en uvre des finalits de ce droit. Rle considrable, dabord puisque le juge a toujours t appel
rguler les rapports entre agents conomiques en tranchant les diffrends qui les opposent et quen labsence dune l lgislation
approprie, le juge devait moduler les rgimes juridiques existants en fonction des exigences de la vie des affaires. Et si
Lhistoire du droit nous enseigne que les tribunaux ont prcd les codes et llaboration des rgles de dtailles (H.
Lauterrpacht : La thorie des diffrends non justiciables en droit international Rec., Cours la Haye 1930 IV) ce constat se
justifie pleinement en droit de la concurrence, droit la base jurisprudentiel : La preuve en est la thorie de la concurrence
dloyale (qui a t cre par le juge franais au 19m sicle partir des rgles de la responsabilit civile).[11]
Rle considrable aussi, puisque le droit de la concurrence est un droit en constante volution : il doit suivre lvolution de
lactivit conomique et doit sadapter lingniosit et lenthousiasme des oprateurs conomiques. Les compartiments quil
tabli et les concepts quil dfini ne sont jamais dfinitifs et son toujours reconstruire.
Le rle du juge est donc non seulement dappliquer ce droit mais aussi linterprte pour ladapter la complexit croissante du
monde des affaires, Or une difficult peut se poser : le droit de la concurrence est un droit caractre essentiellement
conomique ; les rgles qui le composent requirent un recours des concepts trangers aux raisonnements juridiques.
Le juge qui doit donc appliquer ce droit et linterprter, doit tre en mesure de juger vite (la nature de la matire et limportance
des intrts en jeu lexigent) et de maitriser une rglementation nouvelle, volutive et touchant des domaines techniques
(appelant donc une analyse conomique et des concepts nouveaux que le juriste quest le juge, na souvent pas eu loccasion
de rencontrer).[12]
Conclusion :
Le droit de la concurrence reste peu usit au Maroc. Linstitution charg de sa mise en application et tablie selon lexigence de
la lgislation, est inactive. Une assistance technique considrable et des formations en analyse conomique pour le personnel
institutionnel de rglementation, seront ncessaires pour en faire une autorit durable, uvrant dans la promotion de la
concurrence et de la protection du consommateur. La lgislation marocaine relative la concurrence a besoin dtre prcise et
clarifie. Ces amliorations ne ncessitent pas forcment une modification de la loi. Elle peut tre faite par ladoption de dcrets
dapplication qui viendraient prciser certains points encore vagues.
Il ressort de lanalyse de la loi, de la pratique et des enqutes menes que 1 loi est lacunaire et parfois tellement imprcise que
les drogations quelle prvoit tendent devenir la rgle et non lexception.
Lorgane rgulateur de la concurrence au Maroc bien qutant constitu ne joue pas son rle, et le rle essentiel en matire de
contrle des pratiques anticoncurrentielles est jou par les services du premier Ministre. Cette lgislation ne fait pas encore
partie intgrante des comportements conomiques locaux. Les magistrats des tribunaux de commerce, chargs dappliquer
cette loi nont reu aucune formation en la matire. Les associations de consommateurs qui pourraient jouer un rle moteur
dans lapplication de cette loi nont pas encore laudience ncessaire ni la crdibilit pour le faire.
[1] -Constitution du Maroc rfrendum du 13/09/1996 rvis par la constitution du 17/06/2011
www.bladi.net
[3] -Ibid.
[4]-Dahir N1-00-225 du 05 juin 2000 portant promulgation de la loi N 06-99 sur la libert des prix et de la concurrence, publi
au journal officiel N 4938 du 27/09/2001.
Aussi il y a lieu de signaler que cette loi nest pas entre en vigueur quune anne aprs sa publication au journal officiel et suivi
dun texte dapplication quest le dcret N 2-00-854 du 17/09/2001.
[5]-Mohamed Hicham BOUAYAD, les objectifs de la politique de la concurrence entre les flux de la pense thorique et les
considrations de pragmatisme conomique , la lettre dinformation du conseil de la concurrence marocain, MOUNAFASSA,
N4, mai 2010, page 04.
[8] -Amal LAMNIAI, le rle du juge en matire de rgulation de la concurrence , rapport de latelier la concurrence dans le
secteur de la distribution , ministre des affaires conomiques et gnrales, direction de la concurrence et des prix,
CASABLANCA, jeudi 14 dcembre 2006, page12.