Pratique Des Marches Publics Dans Les Collectivites Terrirtoriales Criteres Fasc 10

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Litec Pratique des Marchs publics dans les Collectivits Territoriales > V Critres

Date de fracheur : 15 Septembre 2012

Fasc. 10 : CRITRES . - Dispositions gnrales


Points-cls
1. 2. 3. 4. -

Le pouvoir adjudicateur est comptent pour fixer les critres de jugement des candidatures
et des offres (V. n 1).
Les critres de jugement des offres sont variables (V. n 10) ; une offre ne peut donc pas
tre juge sur un critre unique, sauf cas particulier (V. n 11).
Les critres doivent tre pondrs, ou dfaut hirarchiss (V. n 25 et 26) ; ils doivent tre
dtermins en fonction de l'objet du march (V. n 22).
Les critres doivent tre mentionns dans l'avis de publicit ou le rglement de la
consultation (V. n 19).

Sommaire analytique
I. - Dtermination des critres de jugement des candidatures et des offres
A. - Personne comptente pour fixer les critres
B. - Liste des critres
1 Critres autoriss

a) Critres de slection des candidatures


b) Prcision sur l'apprciation de la capacit professionnelle, technique et financire
c) Principe de pluralit des critres de jugement des offres
d) Principe de sparation entre critres de slection des candidatures et critres de slection des
offres
2 Critres illgaux

II. - Modalits d'utilisation des critres de jugement des candidatures et des offres
A. - Utilisation des critres en vue de retenir l'offre conomiquement la plus avantageuse
B. - Critres et politique de l'achat

I. - Dtermination des critres de jugement des candidatures et des offres


A. - Personne comptente pour fixer les critres
1. - Comptence de la personne publique - "Pour attribuer le march au candidat qui a prsent l'offre
conomiquement la plus avantageuse, le pouvoir adjudicateur se fonde 1) soit sur une pluralit de critres
non discriminatoires et lis l'objet du march [...], 2) soit compte tenu de l'objet du march sur un seul
critre qui est celui du prix" (CMP, art. 53). Le Code des marchs publics mentionnant le pouvoir
adjudicateur comme personne comptente dans le domaine, il renvoie au rgles gnrales de partage des
comptences (FM Litec, Pratique des Marchs publics dans Les Collectivits Territoriales, V Dlgations de
signature, fasc. 10. - FM Litec, Pratique des Marchs publics dans Les Collectivits Territoriales, V
Assemble dlibrante, fasc. 10).
Dans l'hypothse o une dlibration est prise pour autoriser l'excutif lancer une procdure, il est possible
d'y indiquer les critres de jugement des offres (sur les dlibrations, V. FM Litec, Pratique des Marchs
publics dans Les Collectivits Territoriales, V Assemble dlibrante , fasc. 10). Mme si cette formule est
particulirement scurisante pour les acheteurs, elle n'est pas la plus aise mettre en oeuvre. On
considrera donc plutt que la dtermination des critres de jugement des offres est de la comptence de
l'excutif, et plus prcisment des services placs sous son autorit.
Le mme raisonnement peut tre adopt propos des critres de slection des candidatures, le code
reprenant la mme formulation, notamment dans le cadre de l'appel d'offres restreint : l'excutif est par
consquent comptent pour indiquer "les critres de slection des candidatures non discriminatoires et lis
l'objet du march relatifs leurs capacits professionnelles, techniques et financires" (CMP, art. 52, II).
2. - Rle des services de la collectivit - Les services de la collectivit vont, lors du lancement d'une
procdure, devoir dfinir et pondrer, ou dfaut hirarchiser, les critres utiliss lors de l'analyse des
offres. Le service utilisateur et le service charg de la passation des marchs publics sont ncessairement
troitement associs dans cette tche. Ainsi, le service utilisateur, du fait de sa connaissance technique,
sera le plus mme de dfinir les critres appropris et d'tablir les pondrations les plus pertinentes par
rapport l'objet du march et les attentes de la collectivit. Le service des marchs, quant lui, effectuera
un pr-contrle juridique sur la dfinition des critres et leur utilisation (V.FM Litec, Pratique des Marchs
publics dans Les Collectivits Territoriales, V Achat public, fasc. 10).
B. - Liste des critres
1 Critres autoriss
a) Critres de slection des candidatures

3. - Examen pralable des candidatures par le pouvoir adjudicateur - Le Code des marchs
publics a introduit, depuis la rforme de 2004, de la souplesse dans l'examen des candidatures. Ainsi, si
le pouvoir adjudicateur, avant qu'il ne soit procd l'examen des candidatures, constate que des
pices dont la production tait demande sont absentes ou incompltes, il peut dcider de demander
tous les candidats concerns de produire ou de complter ces pices dans un dlai identique pour tous,
dlai qui ne saurait tre suprieur dix jours (CMP, art. 52). Cette disposition ne constitue qu'une simple
facult pour le pouvoir adjudicateur. Il est prcis que, dans l'hypothse o le pouvoir adjudicateur use
de cette facult, il doit le faire au bnfice de l'ensemble des candidats. Le juge avait considr que la
demande de complment ne pouvait porter sur la capacit juridique du candidat mais uniquement sur les
lments relatifs sa capacit technique, professionnelle et financire (CE, 28 avr. 2006, n 283942,
synd. mixte gestion travaux pour limination dchets 2006 : JurisData n 2006-070181). Toutefois, la
rdaction de l'article 52 issue du dcret du 9 septembre 2009 permet dsormais de faire complter y
compris les lments manquants relatifs la capacit juridique (CMP, art. 52 mod. par D. n 2009-1086,
2 sept. 2009 : Journal Officiel 4 Septembre 2009).

Conseil pratique
La personne publique pourra dcider pralablement, et de manire gnrale, si elle compte user de cette facult
et dfinir la conduite tenir. Cette disposition permet de ne pas rejeter des candidats pour de simples erreurs
matrielles dans la constitution de leur dossier ; nanmoins elle peut conduire un rallongement des procdures.
Aussi la possibilit offerte par la rglementation pourrait tre carte dans deux hypothses :
-

urgence d'une procdure ;

- nombre suffisant et important de rponses.

4. - Comptence pour l'limination des candidatures Pour les procdures d'appel d'offres : la commission d'appel d'offres pour les collectivits territoriale
conserve sa comptence pour apprcier la recevabilit des candidats, quand bien mme rien n'est
prcis sur ce point dans l'article 52. Celui-ci dispose que les candidatures qui n'ont pas t cartes,
pour des raisons de recevabilit administrative, sont examines au regard des niveaux de capacits
professionnelles, techniques et financires mentionnes dans l'avis d'appel public la concurrence, ou,
s'il s'agit d'une procdure dispense de l'envoi d'un tel avis, dans le rglement de la consultation. Les
candidatures qui ne satisfont pas ces niveaux de capacit sont limines. Toutefois, l'article 58 du
Code des marchs publics dispose que "au vu des seuls renseignements relatifs aux candidatures, les
candidatures qui ne peuvent tre admises en application des dispositions de l'article 52 sont limines.
Cette limination est effectue par la commission d'appel d'offres pour les collectivits territoriales". Elle
est effectue par le reprsentant du pouvoir adjudicateur, pour les marchs de l'tat.
Le travail d'analyse des candidatures devra comporter deux temps.
Une premire slection consiste ne pas admettre les candidats qui ne peuvent soumissionner un
march en application des dispositions de l'article 43 ou qui, le cas chant aprs mise en oeuvre des
dispositions du premier alina de l'article 52 (demande de complment du dossier de candidature par le
pouvoir adjudicateur), produisent des dossiers de candidature ne comportant pas les pices
mentionnes aux articles 44 et 45.
Une seconde tape de slection permet d'examiner les candidatures qui n'ont pas t cartes en
application des dispositions prcdemment cites au regard des niveaux de capacits professionnelles,
techniques et financires mentionnes dans l'avis d'appel public la concurrence, ou, s'il s'agit d'une
procdure dispense de l'envoi d'un tel avis, dans le rglement de la consultation. Les candidatures qui
ne satisfont pas ces niveaux de capacit sont limines.

La fixation de niveaux minimaux de capacit sont, aux termes de l'article 45 du Code des marchs
publics, une facult. Toutefois, le juge administratif a rappel que si des niveaux minimaux sont fixs, ils
doivent tre proportionns et lis l'objet du march. En l'espce, le fait d'imposer aux candidats de
justifier sur trois annes conscutives d'un chiffre d'affaires gal vingt-quatre fois le seuil minimal d'un
march bons de commande et six fois son seuil maximal, alors que ledit march portait sur des
prestations courantes raliser sur une priode de six mois seulement, constitue une mconnaissance
dudit principe de proportionnalit (CAA Versailles, 25 mai 2010, n 08VE02066, cne Brunoy : JurisData
n 2010-011874 ; Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 281, p. 25).

Conseil pratique
Il est souhaitable que, le travail effectu sur les candidatures soit relat dans un rapport retraant les oprations
d'ouverture des candidatures. Ce rapport dtaillera :
-

les modalits d'ouverture des candidatures ;


la liste des documents recenss lors de cette ouverture ;
les ventuelles demandes de documents complmentaires effectus auprs des candidats ;
la date de rception et le contenu des complments qui ont t effectivement apports par les
candidats ;
l'examen des capacits professionnelles, techniques et financires des candidats.

Les changes de courrier seront galement, et de prfrence, annexs au compte rendu et tenus la disposition
de la commission d'appel d'offres ou du reprsentant du pouvoir adjudicateur.
Pour les autres procdures : l'limination des candidatures ne satisfaisant pas aux conditions fixes l'article 52
appartient au reprsentant du pouvoir adjudicateur.

Pour les autres procdures : la comptence d'limination des candidatures ne satisfaisant pas aux
conditions fixes l'article 52 relvera du pouvoir adjudicateur.
5. - Cas des procdures restreintes - L'article 52 du Code des marchs publics 2006 dispose que
lorsque le pouvoir adjudicateur dcide de limiter le nombre des candidats admis prsenter une offre, il
procde la slection de ces candidats en appliquant aux candidatures retenues, conformment au I,
des critres de slection non discriminatoires et lis l'objet du march relatifs leurs capacits
professionnelles, techniques et financires. Ces critres sont mentionns dans l'avis d'appel public la
concurrence, ou, s'il s'agit d'une procdure dispense de l'envoi d'un tel avis, dans le rglement de la
consultation. Dans le code de 2006, il ne peut y avoir de slection eu gard aux rfrences prsentes
par les candidats puisque l'article 52 prvoit galement que l'absence de rfrences relatives
l'excution de marchs de mme nature ne peut justifier l'limination d'un candidat et ne dispense pas le
pouvoir adjudicateur d'examiner les capacits professionnelles, techniques et financires des candidats.
Cette slection trouvera s'appliquer dans l'hypothse o le nombre de candidats admis est suprieur
au nombre pralablement indiqu des candidats qui seront admis prsenter une offre.
Les critres tablis en application de l'article 52 du Code des marchs publics ne sont obligatoires dans
l'avis d'appel public concurrence que dans l'hypothse o le nombre maximum de candidats admis
prsenter une offre aura t pralablement fix et pourrait tre dpass. Ces critres n'ont pas tre
pondrs ; la pondration en ce cas constitue une simple facult pour la personne publique
contrairement aux critres de jugement des offres (Rp. min. n 17374 : JO Snat Q 23 juin 2005,
p. 1717 ; Contrats-Marchs publ. 2005, comm. 235). Toutefois, si la personne publique use de cette
facult, elle devra l'annoncer tant dans l'avis d'appel public concurrence que dans le rglement de la
consultation.
On remarquera enfin que la distinction entre procdure restreinte et procdure ouverte introduite par le
code reste superficielle car, mme en procdure ouverte, les candidatures ne peuvent tre examines
qu'en fonction de ces mmes critres (V. FM Litec, Pratique des Marchs publics dans Les Collectivits
Territoriales, V Commission d'appel d'offres, fasc. 10).

b) Prcision sur l'apprciation de la capacit professionnelle, technique et financire


6. - Examen du savoir-faire en matire de protection de l'environnement - Le manuel d'application
prcise que l'article 45 du Code des marchs publics autorise les acheteurs publics examiner le
savoir-faire des candidats en matire de protection de l'environnement au travers de l'apprciation de
leurs capacits techniques (Circ. NOR : ECOM0620004C, 3 aot 2006 : Journal Officiel 4 Aout 2006,
portant manuel d'application du code des marchs publics).
7. - Cas des groupements - En cas de groupement, l'apprciation de la capacit professionnelle,
technique et financire des membres du groupement est globale. Il n'est pas exig que chaque
entreprise dispose de la totalit des comptences techniques pour l'excution du march (CMP, art. 52).
En revanche, l'intgralit des membres du groupement devront produire les justificatifs demands par le
pouvoir adjudicateur.
Cette disposition introduite ds le code de 2004, permet de clore le dbat qui avait suivi l'arrt de la cour
administrative d'appel de Paris considrant que, dans les cas de groupement, pour les groupements
conjoints, le mandataire solidaire devait justifier de sa capacit raliser l'intgralit du march et, pour
les groupements solidaires, chaque membre du groupement devait tre en mesure d'assurer la totalit
de la prestation (CAA Paris, 10 oct. 2000, n 99PA03442, prfet Seine-Saint-Denis c/ cne Pantin :
JurisData n 2000-141952). La Cour de justice des communauts europennes a confirm le fait que,
pour qu'un critre de slection des candidatures soit rempli, il n'est pas ncessaire qu'il le soit par
chacun des membres du "consortium" candidat. Il suffit qu'il soit satisfait par l'un d'entre eux (CJCE,
18 juill. 2007, aff. C-399/05, Comm. CE c/ Rp. hellnique : Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 298).
8. - Prise en compte de la capacit d'autres oprateurs conomiques - L'article 52 du Code des
marchs publics 2006 dispose que, pour justifier de ses capacits professionnelles, techniques et
financires, le candidat, mme s'il s'agit d'un groupement, peut demander que soient galement prises
en compte les capacits professionnelles, techniques et financires d'autres oprateurs conomiques,
quelle que soit la nature juridique des liens existant entre ces oprateurs et lui. Dans ce cas, il justifie
des capacits des oprateurs conomiques sollicits et apporte la preuve qu'il en disposera pour
l'excution du march. L'arrt du 28 aot 2006 prcise que le candidat doit, dans ce cas, produire un
engagement crit de l'oprateur conomique justifiant la mise disposition de ses capacits pour
l'excution du march. Bien que cette disposition dcoule naturellement de la directive unifie et de la
jurisprudence de la Cour de justice des Communauts europennes (CJCE, 2 dc. 1999, aff. C-176/98,
Holst Italia Spa c/ comune di Cagliari), on ne voit pas trs bien, en droit franais, quelles autres
situations elle pourrait regrouper en dehors de la sous-traitance ou du groupement d'entreprises et
hormis le prt ou la mise disposition de matriel.
9. - Absence de caractre liminatoire des rfrences - L'article 52 du Code des marchs publics
dispose que l'absence de rfrence relative l'excution de marchs de mme nature ne peut justifier
l'limination d'un candidat et ne dispense pas le pouvoir adjudicateur d'examiner les capacits
professionnelles, techniques et financires.
c) Principe de pluralit des critres de jugement des offres
10. - Choix des critres de jugement des offres - Pour apprcier l'offre conomiquement la plus
avantageuse, la personne publique se fonde sur divers critres variables selon l'objet du march (CMP,
art. 53, II). L'article 53 dfinit une liste de critres. Cette liste n'est pas exhaustive, la personne publique
pourra prendre en compte d'autres critres s'ils sont justifis par l'objet du march (par exemple, la
mthodologie employe).
Toutefois, le juge administratif a sanctionn l'utilisation d'un critre de l'article 53 comme sous-critre. Le
tribunal a ainsi estim que le caractre innovant (de l'offre) ne pouvait tre un lment d'apprciation de
la valeur technique mais devait apparatre en tant que critre part entire (TA Lyon, ord., 1er fvr.
2008). Dans l'attente d'une dcision du Conseil d'tat sur la question, et afin de scuriser les
procdures, il apparat qu'un critre numr l'article 53 du Code des marchs publics ne peut tre

utilis en tant que sous-critre, mais uniquement comme critre part entire, et doit, de ce fait, pour les
procdures formalises, tre pondr.
Le juge a rappel, en revanche, qu'il tait illgal de faire d'une condition d'excution d'un contrat,
prcisment dfinie par celui-ci, un critre de choix des offres. En l'espce, la socit ne pouvait tre mal
note parce qu'elle rpondait de manire incomplte sur des lments dtaills prcisment dans les
documents contractuels, sur lesquels elle s'engageait (CAA Bordeaux, 11 mars 2008, n 05BX02395,
st SELF SPM : Contrats-Marchs publ. 2008, comm. 75).
Le code numre les critres suivants.
La qualit.
Le prix des prestations. - Il n'est pas forcment souhaitable d'indiquer le prix en premier critre. Dans
cette hypothse, en effet, il devient ensuite trs difficile d'attribuer le march l'offre conomiquement la
plus avantageuse. Ce critre est cependant dans la plupart des cas utilis, mais en combinaison avec
les autres. Par exception, il peut arriver, dans le cadre de certains marchs, que le prix soit dtermin au
pralable par la personne publique, ou qu'il ne soit pas oprant (exemple cas des marchs de mobilier
urbain avec une redevance fixe pralablement par le pouvoir adjudicateur). Le critre prix disparat
alors, dans cette hypothse qui demeure somme toute exceptionnelle. Le juge a pu galement
considrer qu'il n'tait nullement obligatoire de recourir tel ou tel critre y compris le prix (CE, 28 avr.
2006, n 280197, ville Toulouse, prc.).
Par ailleurs, en ce qui concerne le critre du prix, le juge a censur une mthode de notation par laquelle
un candidat pouvait se voir attribuer une note ngative dans l'hypothse o son offre de prix se rvlait
plus de deux fois suprieure celles manant des entreprises concurrentes ; mthode de notation qui
conduisait galement remettre en cause l'cart de pondration des critres tel que prvu initialement
(TA Saint-Denis de la Runion, ord., 17 fvr. 2010, n 10-00093 et 10-00094, st Assurco c/ rgion
Runion : Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 250, note F. Llorens).
Sur un autre aspect, le tribunal administratif de Marseille a valid la pratique d'apprciation du prix au
regard d'un sous critre dit "de chantier masqu ou fictif" qui consiste, dans le cas des marchs prix
unitaires, d'indiquer que le critre du prix sera apprci selon un pourcentage fix, par projection des prix
du BPU au regard d'une sorte de chantier type, dont les prestations ne sont pas forcment
communiques au dpart. Le juge indique qu'au demeurant le fait de communiquer aux candidats la
slection des prestations et fournitures constitutives du chantier masqu ou fictif priverait ce sous-critre
de tout intrt. Il subordonne simplement sa lgalit la condition que le contenu dudit chantier
corresponde l'objet du march et n'ait pas pour effet de privilgier un aspect particulier de sorte que le
critre du prix s'en trouverait dnatur (TA Marseille, ord. 8 juin 2010, n 10-03386, st Entr. gn.
d'lectricit Nol Branger : Contrats-Marchs 2010, comm. 282. - Voir position contraire invalidant la
pratique de ces chantiers masqus ou type : TA Versailles, ord., 18 dc. 2009, n 074367, st ELALE :
Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 63).
La valeur technique de l'offre. - Ce critre s'apprcie gnralement en fonction des moyens matriels
et humains affects au march, de l'organisation prvisionnelle. Il est souvent utilis en matire de
marchs de travaux. Afin d'apprcier la valeur technique, selon un cadre commun, il est possible, voire
souhaitable, de fournir aux candidats un cadre de mmoire justificatif qu'il leur suffira de complter. Cette
solution a galement le mrite d'inciter les candidats ne pas oublier de remettre ce document avec leur
offre. Afin de donner plus de ralit ce critre, il est possible de rendre contractuel le mmoire
justificatif dans le CCAP. Le tribunal administratif de Paris a jug que l'examen d'un critre relatif
l'quipe propose, ayant pour objet de s'assurer de la comptence de l'quipe affecte la ralisation
du march considr, distinct du contrle opr au stade de la slection des candidatures concernant
les garanties professionnelles de l'entreprise, pouvait tre justifi par l'objet du march (TA Paris, ord.,
2 dc. 2004, n 04239007/6, st Stratis : Contrats-Marchs publ. 2005, comm. 10). Ce critre doit tre
prcis. Il convient ainsi de noter une ordonnance du tribunal administratif de Marseille qui a annul un
march au motif qu'alors que le critre prpondrant annonc dans la publicit tait la valeur technique,

la commission d'appel d'offres avait, par la suite, dcompos ce critre en deux sous-critres d'gale
valeur sans que ceux-ci aient t pralablement ports la connaissance des candidats. Le juge
considre dans cette affaire que la personne publique ne pouvait pas, pour pallier l'imprcision du
critre valeur technique qui avait t mentionn dans l'avis de publicit, sans pour autant y tre dfini,
instituer pour apprcier cette valeur deux nouveaux sous-critres qui n'avait pas t ports la
connaissance des candidats (TA Marseille, 26 juill. 2006, n 0604605).
Dans un autre contexte, le tribunal administratif de Montpellier avait considr que la liste non limitative
des lments fournir dans le mmoire technique ne pouvait tre regarde comme une liste de
sous-critres ni hirarchiss ni pondrs (TA Montpellier, 29 mars 2006, n 0601539, CFT AS). Il a t
jug qu'une commission d'appel d'offres ne pouvait rejeter une offre sans avoir analys sa valeur
technique au regard de l'ensemble des lments de ce critre prvus par les pices de la consultation.
La commission ne pouvait limiter son examen de la valeur technique la seule apprciation des
matriels fournis alors que le rglement de la consultation prvoyait que l'examen de la valeur technique
comportait galement celui de la qualification des pilotes et des personnels de maintenance (CAA
Marseille, 1er oct. 2009, n 07MA01607, SDIS Haute-Corse : JurisData n 2009-015175 ;
Contrats-Marchs publ. 2009, comm. 381).
Le juge vrifiera, le cas chant, si la notation ou l'apprciation apporte sur ce critre ne constitue pas
une erreur manifeste d'apprciation. La cour administrative d'appel de Marseille a pu ainsi relever que "la
comparaison des deux notices techniques, au vu des critres d'apprciation poss par le rglement de la
consultation portant d'une part sur les moyens mis en place pour satisfaire les besoins du march et
d'autre part, sur les conditions d'intervention pour les vacances scolaires ne permettait pas de justifier
l'cart important entre les notes attribues chacune des deux socits" (CAA Marseille, 1er mars 2010,
n 08MA00442, st Azur rnovation dcoration btiment : JurisData n 2010-006795 ; Contrats-Marchs
publ. 2010, comm. 211). De mme, le conseil d'tat a pu sanctionner le fait de noter gale valeur une
notice technique qui, dans un cas, reprenait les moyens gnraux de la socit et tait strotype et,
dans l'autre, avait t tudie spcifiquement en rponse la consultation et faisait tat des moyens
spcifiques qui seraient affects au march (CE, 8 fvr. 2010, n 314075, cne La Rochelle : JurisData
n 2010-000418 ; Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 132 ; Contrats publics, n 99, mai 2010, p. 80).
Par ailleurs, le juge a sanctionn, dans le cadre d'un march d'assurance, le fait d'avoir dcompos le
critre de la valeur technique en deux sous-critres, respectivement "respect des garanties exiges au
CCTP" et "valeur ajoute des garanties proposes par rapport aux exigences de base du cahier des
charges". Le juge considre que, d'une part, le respect d'un document contractuel ne peut constituer un
critre d'apprciation de l'offre et, d'autre part, le dfaut de prcision sur les garanties attendues aboutit
confrer au pouvoir adjudicateur une marge d'apprciation arbitraire (TA Saint-Denis la Runion, ord.,
17 fvr. 2010, n 10-00093 et 10-00094, st Assurco c/ rgion Runion : Contrats-Marchs publ. 2010,
comm. 248, note F. Llorens). C'est une position inverse qu'a adopt un autre juge administratif en
reconnaissant la spcificit des marchs d'assurance et en admettant la rgularit du sous-critre
"respect du cahier des charges" pour ce type de march (TA Besanon ord., 21 dc. 2010, n 1001581).
Le tribunal administratif de Strasbourg a estim que la pondration du critre de la valeur technique
seulement 20 % n'est pas entache d'illgalit (TA Strasbourg, ord. 3 sept. 2010, n 10-03865, SARL les
Quatre vents : Contrats-Marchs publ. 2010, comm 415).
Le caractre esthtique et fonctionnel. - Les qualits esthtiques sont assez subjectives. Ce critre
peut tre utilement utilis dans le cadre de certains concours. Il peut galement tre intressant utiliser
lorsque la personne publique souhaite harmoniser les prestations acqurir avec celles que possde
dj la collectivit, par exemple lorsqu'il s'agit de mobilier de bureau, ou de mobilier urbain. Les qualits
fonctionnelles sont moins subjectives et peuvent tre pertinentes pour certains achats (par exemple pour
un vhicule lectrique : le temps de recharge de la batterie, la dure de vie de la batterie, etc.). Le juge a
ainsi pu considrer que la collectivit tait libre de choisir les critres d'attribution du march et de retenir
le critre esthtique mais que, en accordant ce critre une place prpondrante (50 %) sans toutefois
fournir aucune indication sur ses attentes en la matire, la collectivit, qui l'apprciation du critre
esthtique a ainsi confr en l'espce une libert de choix discrtionnaire, n'a pas organis un examen

des offres permettant d'assurer l'galit de traitement des candidats et la transparence de la procdure
(CE, 28 avr. 2006, n 280197, cne Toulouse : JurisData n 2006-070072 ; Contrats-Marchs publ. 2006,
comm. 165). Dans le mme sens, un tribunal administratif a pu considrer que le critre esthtique
utilis en l'espce, tait dcompos en trois sous-critres permettant une apprciation conditionne et
tait prsent avec suffisamment de prcision. De plus, il n'tait pondr qu' hauteur de 30 % ce qui ne
laissait pas place une libert inconditionnelle de choix au pouvoir adjudicateur (TA Rennes, ord.,
29 mars 2007, n 070882, st MDO France mobilier c/ cnaut d'agglom. Saint-Brieuc).
Le juge administratif a confirm la validit du critre esthtique dans une affaire relative un march
d'quipements de mobilier. En l'espce, le juge administratif a pris en compte le fait notamment que ce
critre n'entrait que pour 20 % seulement dans l'apprciation de l'offre et que celle du requrant n'avait
pas t carte au vu de ce seul critre (CAA Bordeaux, 20 oct. 2009, n 08BX03158, Andr X :
JurisData n 2009-015092 ; Contrats-Marchs publ. 2009, comm. 389).
Les performances en matire de protection de l'environnement de l'offre. - Le critre
environnemental a d'abord t autoris au niveau communautaire, notamment par une communication
interprtative de la commission europenne (JOCE n C 274 ; Contrats-Marchs publ. 2001, comm.
181). Cette autorisation a nanmoins t encadre. Ainsi, les prescriptions techniques interdisant
certains mtaux ou substances ne sont acceptables que dans la mesure o leur utilisation est
rglemente au niveau communautaire ou national. D'autre part, le critre d'valuation des offres, relatif
"aux capacits environnementales" des soumissionnaires n'est lgitime que s'il contribue l'identification
de l'offre conomiquement la plus avantageuse, c'est dire s'il est en rapport avec l'objet du march ou
ses conditions d'excution (Rp. Comm. n E-0519/01 : JOCE n C 261 E/134, 18 sept. 2001 ;
Contrats-Marchs publ. 2001, comm. 219). Dans les exemples cits l'article 53 du nouveau Code des
marchs publics, issu de la rforme de 2004 puis de 2006, les performances de l'offre en matire de
protection de l'environnement peuvent dsormais constituer un critre d'apprciation. Le code s'aligne
ainsi sur la position de la Cour de justice des Communauts europennes qui avait reconnu la validit du
critre environnemental, aprs avoir reconnu la validit du critre du mieux disant social (CJCE, 17 sept.
2002, aff. C-513/99, Concordia Bus Finland Oy Ab et Helsingin kaupunki, HKL-Bussiliikenne :
Contrats-Marchs publ. 2002, comm. 225). Selon cette dcision peuvent tre pris en compte : "des
critres relatifs l'environnement pour autant que ces critres sont lis l'objet du march, ne confrent
pas au dit pouvoir une libert inconditionne de choix [et]sont expressment mentionns dans le cahier
des charges ou dans l'avis de march et respectent tous les principes fondamentaux du droit
communautaire, notamment le principe de non discrimination". Les exigences environnementales sont
prises en compte notamment par les articles 14, 45 et 53. Toutefois, le critre environnemental peut tre
un critre de jugement des offres ds lors qu'il est justifi par l'objet du march ou ses conditions
d'excution. Ce critre devra expressment respecter les principes poss par l'article 1er du code, qu'il
ne devra pas tre formul de manire donner un pouvoir discrtionnaire l'acheteur public lors du
choix de la meilleure offre.
Les performances en matire de dveloppement des approvisionnements directs des produits de
l'agriculture : ce critre a t introduit par le dcret du 25 aot 2011 (D. n 2011-1000, 25 aot 2011 :
Journal Officiel 19 Janvier 2005).

Cette mesure a t introduite afin de permettre de rapatrier de la valeur ajoute pour les agriculteurs en
diminuant le cot des intermdiaires et de prserver l'environnement en limitant le dplacement des
produits et le recours aux plateformes de rpartition (V. DAJ, fiche Dcret n 2011-1000 du 25 aot 2011
modifiant certaines dispositions applicables aux marchs et contrats de la commande publique :
disponible sur
<http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/daj/marches_publics/textes/cmp/code2006/fiche-decret-2011
Les performances en matire d'insertion professionnelle des publics en difficult. Antrieurement la loi du 18 janvier 2005, le Code des marchs publics de 2004 n'voque la notion "de
mieux disant social" qu'au titre des conditions d'excution du march (CMP, art. 14). L'exclusion du
critre social tait constante en droit des marchs publics. Le fait pour un candidat d'intgrer dans son
offre des dispositions visant lutter contre le chmage ou contre l'exclusion ne pouvait constituer un

critre d'apprciation de l'offre (CE, 10 mai 1996, n 159979, Fd. nat. travaux publics et a. : JurisData
n 1996-050467 ; Rec. CE 1996, p. 164. - Rp. min. n 48048 : JOAN Q, 2 juill. 2001, p. 3837 ;
Contrats-Marchs publ. 2001, comm. 168). L'explication tenait au fait que le critre du mieux disant
social tait considr, en principe, sans relation avec l'objet ou les conditions d'excution du march et
que la dfense de l'emploi, ft-il local, ne faisait pas partie des buts en vue desquels la rglementation
des marchs publics a t institue (CE, 10 mai 1996, n 159979, Fd. nat. travaux publics et a., prc. Rp. min. n 3115 : JO Snat Q 24 mai 2001, p. 1767). L'article 58 de la loi n 2005-32 du 18 janvier
2005 (Journal Officiel 19 Janvier 2005) de programmation pour la cohsion sociale a modifi l'article 53,
II, du Code des marchs publics de 2004 en introduisant la possibilit pour l'acheteur public d'apprcier
une offre au regard de ses performances en matire d'insertion professionnelle des publics en difficults.
Ce dispositif est repris l'article 53 du code de 2006. Ce faisant, le code s'aligne sur la position de la
Cour de justice des Communauts europennes, qui a admis la lgalit du critre d'attribution relatif la
lutte contre le chmage ds lors que celui-ci respecte les principes fondamentaux du droit
communautaire, notamment le principe de non-discrimination, et qu'il est expressment mentionn dans
l'avis d'appel public concurrence (CJCE, 26 sept. 2000, aff. C-225/98, Comm. CE c/ Rp. franaise :
Contrats-Marchs publ. 2000, comm. 36 38). Une rponse ministrielle rappelle la possibilit de
combiner ou d'utiliser isolment la clause d'insertion sociale et le critre social avec les avantages et
inconvnients respectifs de chacune des formules (Rp. min. n 00422 : JO Snat Q 8 oct. 2009,
p. 2365 ; Contrats-Marchs publ. 2009, comm. 375).
Le cot global d'utilisation. - Ce critre permet l'acheteur public de "tenir compte de l'ensemble des
cots prvisibles moyen et long termes qui pseront sur la collectivit publique du fait de cet achat".
Cette notion fait rfrence au prix d'acquisition du matriel, mais galement son amortissement, son
entretien, ainsi qu'au au prix des consommables ncessaires. Il semble particulirement pertinent pour
des marchs d'acquisition de certaines fournitures (achat de vhicules, notamment). Une grille
d'apprciation du cot d'utilisation pourra tre fournie dans le dossier de consultation des entreprises
afin de faciliter l'analyse des offres sur ce critre. De mme, les pouvoirs adjudicateurs sont incits
prendre en compte les cots induits par la prestation propose. cet gard, il est conseill pour les
acheteurs publics de ne pas ngliger les cots induits par l'opration d'achat, soit du fait de
l'accroissement des charges d'entretien ou d'exploitation pour le pouvoir adjudicateur, soit en termes
d'conomies rsultant d'avance technologique ou d'innovation. Tel est le cas, par exemple pour un
investissement dans des quipements conus avec le souci de la matrise d'nergie ou utilisant une
nergie renouvelable : s'il cote plus cher l'achat, il est susceptible de se rvler l'usage plus
rentable qu'un quipement standard. Ainsi, une prestation ou fourniture plus chre l'achat peu s'avrer
moins coteuse pour l'opration par des conomies rsultant d'avances technologiques (conomie
d'nergie, abaissement des charges d'exploitation, d'entretien, de personnel etc.). l'inverse, il convient
que les acheteurs veillent ce qu'un achat ralis par souci d'conomie ne se rvle pas l'usage plus
coteux.
Les cots tout au long du cycle de vie. Ce critre peut sembler voisin du prcdent toutefois quelques
lments les distinguent. "Les cots tout au long du cycle de vie" peuvent comprendre l'ensemble des
cots supporter pendant la dure de vie du produit ou du service tel que celui de son acquisition, de
son fonctionnement (maintenance...) mais aussi celui li sa fin de vie (mise hors fonction, enlvement,
destruction, etc).
La rentabilit. - Ce critre s'analyse de manire peu prs identique au prcdent (cot global
d'utilisation) et devra permettre l'acheteur public de veiller ce qu'un achat ne se rvle pas plus
coteux l'usage qu' l'achat initial.
Le caractre innovant de l'offre. - Souvent utilis dans les marchs informatiques, ce critre permet
d'apprcier le caractre ventuellement innovant de la technologie ou de la solution propose.
Le service aprs vente et l'assistance technique. - Ces critres ne peuvent tre utiliss que si le
dossier de consultation des entreprises, et plus prcisment le cahier des charges, imposent ce type de
prestations. Les modalits du SAV et de l'assistance technique devront notamment tre prcises par
les candidats.

La date de livraison. - Assez proches du critre dlai, ce critre est plus particulirement adapt aux
marchs de fournitures ou de services.
Le dlai de livraison ou d'excution. - Le dlai d'excution pourra tre utilis si l'on souhaite laisser
aux candidats soit l'initiative de la fixation des dlais soit la possibilit de s'engager sur des dlais
infrieurs ceux fixs par l'Administration. Il sera par exemple possible de prvoir la clause suivante
dans l'acte d'engagement : "Le dlai maximal fix par l'Administration est de dix mois. Les candidats
pouvant s'engager sur un dlai infrieur dans l'acte d'engagement". Par contre, le critre ne prsente
plus d'intrt lorsque le dlai est fix de manire intangible par la personne publique. Il en est de mme
du dlai de livraison plus adapt aux marchs de fournitures et services alors que le dlai d'excution
concernerait davantage les marchs de travaux. Cette liste, fournie par l'article 53 du Code des marchs
publics, demeure non exhaustive, d'autres critres pouvant toujours tre pris en considration s'ils sont
justifis par l'objet du march (CMP 2006, art. 53, I).
Un rponse ministrielle a prcis que la rapidit d'intervention d'un prestataire de services juridiques
peut constituer un critre de choix de l'offre au titre du dlai d'excution. Ainsi, il n'a pas ncessairement
de caractre de prfrence locale et n'est donc pas en soi discriminatoire. En revanche, prcise la
rponse ministrielle, "la participation du prestataire apparat difficile apprhender comme critre de
choix des offres. C'est tout particulirement avr en tant que valeur technique, dont la dfinition reste
dlicate et parfois sujette contentieux. Il semble prfrable d'en faire une obligation et de l'inclure dans
le cahier des charges si l'objet du march le permet. Par ailleurs, une obligation d'implantation
gographique, si elle est justifie par l'objet du march ou ses conditions d'excution, peut constituer
une condition l'obtention du march. Ainsi, un candidat qui s'engage s'implanter localement en cas
d'attribution du march doit tre considr comme satisfaisant cette obligation, au mme titre qu'un
candidat dj implant" (CE, 14 janv. 1998, n 168688, st Martin-Fourquin : JurisData n 1998-050006 .
- Rp. min. n 95927 : JOAN Q 22 mars 2011, p. 2727).
La scurit d'approvisionnement, l'interoprabilit et les caractristiques oprationnelles.-- Ce
critre a t ajout par le dcret paru le 15 septembre au JO (dcret n 2011-1104 du 14 septembre
2011 relatif la passation et l'excution des marchs publics de dfense ou de scurit ). Il vise plus
directement les achats d'armement mais pourraient galement concerner tout achat de matriels ou
d'instruments par exemple dans le domaine de l'instrumentation mdicale dans un hpital. Ainsi, la
scurit d'approvisionnement peut tre un critre dterminant pour des achats tels que les produits
pharmaceutiques qui ont des exigences particulires vis vis de leur destination : urgence des soins
imposant une disponibilit du fournisseur, assistance rapide etc. En ce qui concerne l' interoprabilit,
celle-ci se dfinit comme la capacit que possde un produit ou un systme, dont les interfaces sont
intgralement connues, fonctionner avec d'autres produits ou systmes existants ou futurs et ce sans
restriction d'accs ou de mise en oeuvre. L'interoprabilit est considre comme trs importante voire
critique dans de nombreux domaines, dont l'informatique, le mdical au sens large, les activits
ferroviaires, l'lectrotechnique, l'arospatiale, le domaine militaire et l'industrie en gnral. Les diffrents
systmes, appareils et lments divers utiliss doivent pouvoir interagir sans heurts.
11. - Exception du critre unique - L'article 53 du Code des marchs publics dispose que pour
attribuer le march au candidat ayant prsent l'offre conomiquement la plus avantageuse, "le pouvoir
adjudicateur se fonde [...] 2) soit compte tenu de l'objet du march, sur un seul critre, qui est celui du
prix" (CMP, art. 53, I). Il est donc possible de ne dfinir qu'un seul critre de jugement des offres et, dans
cette hypothse, le critre unique retenir doit tre le prix. Toutefois, cette apprciation de l'offre
conomiquement avantageuse devra tre justifie par l'objet du march. Cette interprtation plutt
restrictive est confirme par le Guide des bonnes pratiques. Ce dernier rappelle que le code n'impose
nullement que le prix tienne une place prpondrante par rapport aux autres critres. Toutefois
l'acheteur peut se fonder sur ce seul critre si l'objet de son march le justifie. Cela peut tre le cas pour
des achats de fournitures courantes par exemple.
Une rponse ministrielle a prcis que le recours au critre unique du prix n'a pas tre justifi dans le
rapport de prsentation du march. Le ministre considre en effet que l'article 75, 5, du Code des
marchs publics, devenu l'article 79 du Code des marchs publics 2006, relatif au rapport de

prsentation n'impose pas au reprsentant du pouvoir adjudicateur de motiver sa dcision de recourir au


critre unique du prix alors qu'il lui impose de justifier les ventuels critres additionnels qu'elle aurait pu
retenir (Rp. min n 14228 : JO Snat Q 13 janv. 2005, p. 103 ; Contrats-Marchs publ. 2005, comm.
134). Il convient de prciser que le pouvoir adjudicateur devra toutefois veiller ce que sa dcision soit
justifie par l'objet du march quand bien mme elle n'aura pas l'argumenter dans le rapport de
prsentation. Le Conseil d'tat confirme ainsi que le choix des critres d'apprciation des offres, y
compris celui du prix le plus bas, doit tre justifi par l'objet du march (CE, 2 avr. 2007, n 298584, dpt
Isre : JurisData n 2007-071748 ; Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 171). En l'espce, le Conseil
d'tat estime que le juge des rfrs a pu rgulirement se fonder sur la complexit des travaux pour
estimer que le critre du prix tait inadapt. Dans cette mme affaire, le juge considre que le fait que le
code franais fasse dpendre galement de l'objet du march le recours au seul critre du prix n'est pas
incompatible avec les objectifs de la directive europenne 2004/18 du 31 mars 2004.

Attention : C'est donc bien en fonction de l'objet du march, c'est--dire de ce qui est achet, que la personne
publique pourra recourir au seul critre du prix.Sans doute faudra-t-il rserver le critre unique du prix des
marchs simples et de taille modeste pour lesquels les autres critres sont difficiles apprcier (par exemple un
march de peinture). Encore que la valeur technique, apprcie par exemple en fonction de la qualit des
matriaux, des moyens humains et matriels affects au march, conserve gnralement toujours son intrt.

d) Principe de sparation entre critres de slection des candidatures et critres de slection


des offres
12. - Sparation des lments d'apprciation de la candidature et de ceux permettant d'apprcier
les offres - En principe, il existe une intangibilit entre les lments permettant d'apprcier les
candidatures et ayant trait la capacit technique, professionnelle et financire et les critres permettant
de juger des offres, les premiers ne pouvant plus tre utiliss au niveau du jugement des offres. Cette
sparation a t exprime de manire ferme par la CJCE (CJCE, 24 janv. 2008, aff. C-532/06, Emm.
G. Lianakis AE e.a c/ Dimos Alexandroupolis e.a. : Contrats-Marchs publ. 2008, comm. 54).
La CJCE a galement rappel ce principe en indiquant que, quand bien mme la vrification de
l'aptitude des soumissionnaires peut se drouler simultanment avec l'attribution des offres, il s'agit bien
de deux oprations distinctes rgies par des rgles diffrentes. Au cas d'espce, la cour a considr que
l'exprience spcifique et gnrale des candidats et notamment les tudes dj ralises sur des sujets
similaires ainsi que leur capacit effectuer l'tude dans le dlai prvu ne peuvent tre un critre de
slection des offres (CJCE 12 nov. 2009, aff. C-199/07, comm. CE c/ Grce : Contrats-Marchs publics
2009, comm. 380). Cette position a t reprise par la cour administrative d'appel de Nantes qui a
galement admis qu'un pouvoir adjudicateur ne peut lgalement retenir comme critre de jugement des
offres, un critre relatif la capacit des candidats et en l'espce la qualit de leurs rfrences (CAA
Nantes, 30 oct. 2009, n 09NT00334, SA Soletanche Bachy France : JurisData n 2009-016655 ;
Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 22), ainsi que par le conseil d'tat (CE, 8 fvr. 2010, n 314075,
cne la Rochelle : JurisData n 2010-000418 ; Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 132).
La doctrine administrative va dans le mme sens : "la vrification de la capacit des candidats livrer ou
excuter les produits ou prestations objets du march puis l'attribution du march sont deux oprations
diffrentes. Les offres ne peuvent donc tre juges sur des critres qui relvent de l'apprciation des
capacits des candidats" (Circ. NOR : ECEM0928770C, 29 dc. 2009 : Journal Officiel 31 Dcembre
2009, point 14.1.1, relative au Guide des bonnes pratiques en matire de marchs publics).
Toutefois, la jurisprudence nationale semble plus souple et prend parfois quelques liberts avec ce
principe (V. notamment, CE, 6 mars 2009, n 314610, cne Aix-en-Provence : JurisData n 2009-075054,
pour un march pass selon une procdure adapte). Elle admet galement que des lments lis
l'exprience et la formation et le nombre des intervenants affects l'excution du march puissent

permettre une apprciation de l'offre au titre de sa valeur technique sans que cela n'ait pour objet, ni
pour effet, d'examiner nouveau la capacit technique du candidat mais d'valuer son offre, laquelle
inclut ncessairement les moyens que le candidat envisage de mettre la disposition du pouvoir
adjudicateur (TA Marseille, ord., 23 dc. 2008, n 0808294, n 0808522, n 0808531, Assoc. Provence
action service, cabinet liaisons humaines, st Recherche et formation : Contrats-Marchs publ. 2009,
comm. 123). Cette solution avait dj t dgage antrieurement (V. notamment, TA Paris, 2 dc.
2004, n 0423907, st Stratis : Contrats-Marchs publ. 2005, comm. 10). Il avait ainsi t considr que
le pouvoir adjudicateur peut, en effet, pour l'valuation des offres exiger des candidats qu'ils fournissent
des renseignements prcis concernant les comptences professionnelles ou l'exprience d'agents qu'ils
prvoient d'affecter l'excution du march (Rp. min. n 12698 : JOAN Q 13 mai 2008, p. 4022). En
revanche, ne peut tre admis comme lment d'apprciation d'une offre, un lment relevant strictement
de l'apprciation de la capacit gnrale de l'entreprise, telle la qualification professionnelle de
l'entreprise (CE, 29 dc. 2006, n 273783, st Bertele : JurisData n 2006-071223 ; Contrats-Marchs
publ. 2007, comm. 75).
Le Conseil d'tat a pu dclarer illgal un critre de jugement des offres relatif la qualification
professionnelle des entreprises (CE, 29 dc. 2006, n 273783, st Bertele SNC : JurisData
n 2006-071223 ; Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 75).
Le conseil d'tat a jug que les dispositions de l'article 53 du Code des marchs publics "permettent au
pouvoir adjudicateur de retenir, en procdure adapte, pour choisir l'offre conomiquement la plus
avantageuse, un critre reposant sur l'exprience des candidats, et donc sur leurs rfrences portant sur
l'excution d'autres marchs, lorsque sa prise en compte est rendue objectivement ncessaire par l'objet
du march et la nature des prestations raliser et n'a pas d'effet discriminatoire". Toutefois, mme en
procdure adapte, l'arrt ne permet le recours un critre tir de l'exprience des candidats qu' des
conditions strictes. Un tel critre doit, comme n'importe quel critre, respecter toutes les conditions
lgales, notamment n'avoir aucun effet discriminatoire. L'arrt prcise que ce critre n'est lgal que s'il
est ncessaire. Le pouvoir adjudicateur doit donc tre en mesure d'expliquer que, eu gard "l'objet
du march et la nature des prestations raliser", la prsence d'un tel critre tait indispensable.
Enfin, l'arrt mentionne le fait, qu'en l'espce "le critre d'exprience tait pondr hauteur de 20 %"
(CE, 2 aot 2011, n 348254, parc naturel rgional des Grands Causses : JurisData n 2011-015770).
noter galement qu'une cour administrative d'appel a galement pris en compte le poids donn ce
critre pour considrer qu'il avait eu pour objet de procurer un avantage excessif la socit attributaire,
seul oprateur avoir organis le type d'vnement objet du march. En l'espce la cour avait considr
que le critre des rfrences, critre principal, tait dcompos pour plus de la moiti d'un sous critre
relatif l'exprience similaire et d'un sous critre relatif la justification d'une solide exprience (CAA
Douai, 7 juin 2011, n 10DA00232, Office municipal de tourisme de Berck-sur-Mer c/ st Image de vent :
JurisData n 2011-013926 ; Contrats-Marchs publ. 2011, comm. 255).

Conseil pratique
L'utilisation du critre des rfrences pour juger de l'offre ne pourra donc qu'tre exceptionnelle. Ces lments
d'apprciation de la valeur technique ayant trait, par exemple, la formation, au cursus professionnel du
personnel affect, peuvent particulirement se concevoir dans le cadre de certains marchs de prestations
intellectuelles. Il convient toutefois de les mettre en oeuvre avec prcaution dans la mesure o la jurisprudence
communautaire est oppose cette utilisation pour juger des offres et cette utilisation "sous conditions" ne pourra
tre possible que dans le cas des marchs procdure adapts.

2 Critres illgaux
13. - Critre gographique - Les critres lis l'implantation locale des entreprises sont prohibs (Rp.
min. n 17517 : JOAN Q 23 juill. 1990, p. 3530 ; Marchs publ. 1990, n 252, p. 9). Les marchs attribus

des entreprises au motif qu'il s'agit d'entreprises locales encourent systmatiquement l'annulation (TA
Versailles, 4 janv. 1994, prfet Seine-et-Marne c/ dpt Seine-et-Marne : JCP G 1994, II, 22276, concl.
Ham). De mme, le critre de prfrence nationale est contraire la rglementation communautaire
(CJCE, 22 juin 1993, aff. C-243/89, Comm. CE c/ Danemark : Rec. CJCE 1993, I, p. 3353).
Le critre de la localisation gographique n'est admis que lorsque la proximit immdiate des entreprises
constitue une condition dterminante de la bonne excution du march (Rp. min. n 18114 : JO Snat Q
6 sept. 1984, p. 1428. - TA Versailles, 4 janv. 1994, prfet Seine-et-Marne c/ dpt Seine-et-Marne, prc.).
Tel pourrait tre le cas pour des marchs de maintenance et d'entretien, condition que l'exigence d'une
intervention rapide de la part des entreprises ne prsente pas de caractre artificiel. Sans que cela ne soit
un critre, mais plutt une clause prvue au march, il a t prcis qu'une obligation d'implantation
gographique, si elle est justifie par l'objet du march ou par ses conditions d'excution peut nanmoins
constituer une condition l'obtention du march. Un candidat qui s'engage s'implanter en cas
d'attribution du march doit tre considr comme satisfaisant cette obligation, au mme titre qu'un
candidat dj implant (CE, 14 janv. 1998, n 168688, st Martin Fourquin : JurisData n 1998-050006).
Une cour administrative d'appel a ainsi pu considrer que le lieu de stationnement du parc de matriel des
entreprises candidates ne rvle pas un critre de prfrence locale. La cour estime toutefois regrettable
le fait qu' l'occasion de l'examen des offres, la commission d'appel d'offres (CAO) ait relev que le centre
dcisionnel d'un des candidats n'tait pas situ dans le chef-lieu du dpartement. Elle carte toutefois ce
grief soulev par le prfet au motif que cette considration tait superftatoire et que l'exclusion du
candidat se trouvait justifie par d'autres motifs (CAA Marseille, 6 avr. 2007, n 04MA02218, prfet
Hautes-Alpes c/ dpt Hautes-Alpes : Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 214).
14. - Incompatibilit d'humeur - L'incompatibilit d'humeur lors de la ralisation de travaux antrieurs
ne peut constituer un critre lgal de rejet de candidatures par une commission d'appel d'offres (CAA
Marseille, 16 mai 2000, n 97MA00916, st Rafalli : Contrats-Marchs publ. 2000, comm. 39). Il s'agissait
en l'espce d'un appel d'offres restreint dans le cadre duquel la commission d'appel d'offres avait rejet la
candidature d'un candidat aux motifs de l'incompatibilit d'humeur et de relations tendues qui ont exist
lors de ralisations antrieures.

Attention : Mme si ni les textes ni la jurisprudence ne sont venus entriner ce cas de figure, on peut tout de
mme penser que la solution aurait t diffrente si la personne publique avait pu tablir des griefs tangibles
l'encontre du candidat, par exemple en ayant pralablement conserv des courriers en recommand constatant les
difficults d'excution lies au mauvais caractre de l'intress.

Il faut noter que pour les cas de mauvaise excution en gnral, lors de marchs prcdents, la
jurisprudence a admis l'viction de socits condition de rejeter le candidat avant de connatre son offre
et d'apporter la preuve de la mauvaise excution (par exemple par des changes de courriers en
recommand, des mises en demeure d'excuter, etc.). Cette viction ne peut avoir lieu qu'aprs que la
capacit technique professionnelle et financire de l'entreprise candidate ait t examine (V. notamment,
CE, 27 fvr. 1987, n 61402, hpital dptal Esquirol : JurisData n 1987-606261. - TA Besanon, 8 fvr.
1996, n 95-1215, SA Ttra. - CAA Paris, 5 dc. 2002 n 99PA02224, UGAP : JurisData n 2002-206454).
15. - Taille des entreprises candidates - Est illgal, parce qu'tranger l'objet de la rglementation des
marchs publics, le critre tir de la taille des entreprises candidates, mme s'il a pour but de favoriser
l'accs des PME aux marchs publics et quel que soit l'intrt qui s'attache cet objectif (CE, 13 mai
1987, n 39120, st Wanner Isofi isolation : JurisData n 1987-606336 ; Rec. CE 1987, p. 171).
16. - Critres tirs de la capacit technique financire et professionnelle des candidats - Les
lments relatifs la capacit technique, professionnelle et financire, ne peuvent tre utiliss pour
l'apprciation des offres - Voir supra n 12.
17. - Distinction entre critres et clauses du contrat - De manire gnrale les clauses et

prescriptions crites et dfinies par la personne publique et qui s'imposent aux candidats ne peuvent
constituer des critres de jugement des offres. Ainsi, le juge a pu considrer, dans le cadre d'un march
d'assurance, que le fait d'avoir dcompos le critre de la valeur technique en deux sous-critres,
respectivement "respect des garanties exiges au CCTP" et "valeur ajoute des garanties proposes par
rapport aux exigences de base du cahier des charges" tait illgal. Le juge considre en l'espce que,
d'une part, le respect d'un document contractuel ne peut constituer un critre d'apprciation de l'offre et,
d'autre part, le dfaut de prcision sur les garanties attendues aboutit confrer au pouvoir adjudicateur
une marge d'apprciation arbitraire (TA Saint-Denis de la Runion, ord., 17 fvr. 2010, n 10-00093 et
n 10-00094, st Assurco c/rgion Runion : Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 248, note F. Llorens).
Le juge de premire instance a pris en compte la spcificit des marchs d'assurance en considrant
comme rgulire l'apprciation d'un sous-critre relatif au respect du cahier des charges (TA Besanon,
ord. 21 dc. 2010, n 1001581), alors qu'antrieurement le juge tait rticent valider cette pratique (TA
Saint-Denis de la Runion, 17 fvr. 2010, n 1000093, st Assurco).

II. - Modalits d'utilisation des critres de jugement des candidatures et des offres
A. - Utilisation des critres en vue de retenir l'offre conomiquement la plus avantageuse
18. - Modalits d'indication des critres de jugement des candidatures - Dans une ordonnance rendue
le 6 dcembre 2007, le tribunal administratif de Toulouse a jug que les critres de slection des
candidatures doivent imprativement tre indiqus dans l'avis d'appel public la concurrence et que la seule
mention, dans le rglement de la consultation, n'est autorise, en vertu de l'article 45 du Code des marchs
publics, qu' titre subsidiaire en l'absence d'un avis d'appel public la concurrence (TA Toulouse, ord.,
6 dc. 2007). En cas de procdure adapte prvoyant une slection des candidatures, les critres de
slection des candidatures, ainsi que les renseignements et documents au vu desquels la slection sera
opre, doivent tre ports la connaissance des candidats ds l'engagement de la procdure (CE, 24 fvr.
2010, n 333569, cnauts de cnes L'Enclave des papes : JurisData n 2010-000769 ; Contrats-Marchs
publ. 2010, comm. 131).
Le juge exerce un contrle restreint de l'erreur manifeste d'apprciation dans la mise en oeuvre de ces
critres (CE, 23 janv. 2012, n 346970, cne Six-Fours-les-Plages : JurisData n 2012-000997 ;
Contrats-Marchs publ. 2012, comm. 99).
19. - Modalits d'indication des critres de jugement des offres - Les critres de jugement des offres
doivent tre ports la connaissance des candidats potentiels. Lorsque les pouvoirs adjudicateurs se
fondent sur divers critres en vue d'attribuer le march l'offre conomiquement la plus avantageuse, ils
sont tenus de mentionner ces critres soit dans l'avis de publicit, soit dans le cahier des charges. Par
consquent, un renvoi gnral une disposition de la lgislation nationale ne saurait satisfaire cette
exigence de publicit. N'est donc pas lgale la mthode dite d'attribution par rfrence au Code des marchs
publics (CJCE, 26 sept. 2000, aff. C-225/98, Comm. CE c/ Rp. franaise : Contrats-Marchs publ. 2000,
comm. 38).
Les critres doivent donc figurer dans l'avis de publicit ou dans le rglement de la consultation. L'alternative
est possible entre les deux et a t reconnue par le Conseil d'tat (CE, 9 aot 2006, n 284577, Hairis SAS :
JurisData n 2006-070707). L'objectif tant que les candidats connaissent l'avance la manire dont leur
offre sera juge.
Si la personne publique pondre les critres de slection des candidatures ou de slection des offres, cette
pondration doit imprativement tre indique dans l'avis de publicit ou dans les documents de la
consultation (CJCE, 12 dc. 2002, aff. C-470/99, Universale-Bau AG c/ Entsorgungsbetriebe Simmering
GmbH : Contrats-Marchs publ. 2003, comm. 51).
L'obligation de porter la connaissance des candidats les critres qui serviront apprcier les offres existe
galement dans les procdures allges. Ainsi, une cour d'appel a pu considrer que les achats de service
bnficiant de la procdure allge ncessitent une communication de nature informer les candidats des

critres d'attribution du march. La cour a considr que tel n'est pas le cas lorsque la personne publique
contractante a attribu le march en fonction d'un systme de notation mis en place par rapport des
critres d'habilitation alors qu'elle n'avait pas port la connaissance des candidats, notamment dans l'avis
d'appel public la concurrence ou dans les cahiers des charges, les critres d'attribution de ces habilitations
(CAA Versailles, 6 dc. 2005, n 03VE04081, assoc. PACTE c/ ANPE). Toujours en ce qui concerne la
procdure adapte, le juge a indiqu que les critres de jugement des offres devaient donner lieu une
information approprie ds l'engagement de la procdure d'attribution du march dans l'avis d'appel public
la concurrence ou dans le rglement de la consultation. Il a estim que le pouvoir adjudicateur pouvait se
borner numrer dans l'avis d'appel public la concurrence les deux critres de slection des
candidatures puis dcider de les classer par ordre d'importance dans le rglement de la consultation (CAA
Marseille, 15 oct. 2009, n 07MA03259, EURL RSD : JurisData n 2009-015206 ; Contrats-Marchs publ.
2009, comm. 392).
20. - Modalits d'indication des mthodes de notation et de mise en oeuvre des critres de jugement
des offres - Une rponse ministrielle prcise que l'obligation d'indication des critres d'attribution et de la
part respective de chaque critre dans l'avis d'appel public la concurrence, ou dans le rglement de la
consultation, ne s'tend pas aux mthodes de notation. Toutefois, la technique d'attribution de la note doit
tre connue avant l'analyse multicritres et doit tre la mme pour tous. Le pouvoir adjudicateur, prcise le
ministre, n'est donc pas tenu de mentionner les mthodes de notation dans l'avis de publicit ou le rglement
de la consultation. Cependant, le choix de la mthode tant dterminant sur le rsultat obtenu, il doit
respecter les principes fondamentaux de la commande publique et pouvoir en justifier devant le juge. Il est
recommand d'assurer la plus grande transparence des mthodes de notation (Rp. min. n 21229 : JO
Snat Q 8 mars 2007, p. 534 ; Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 210). Dans une autre rponse, le
ministre prcise galement que le code n'exclut pas priori que le pouvoir adjudicateur puisse fixer sur un
ou plusieurs critres une note liminatoire ou un nombre de points minimum en-dessous duquel l'offre
classe est carte sous la seule rserve que cet amnagement particulier de la notation soit annonc et
qu'il ne soit pas discriminatoire (Rp. min. n 21278 : JO Snat Q 1er mars 2007, p. 457 ; Contrats-Marchs
publ. 2007, comm. 157).
La question de savoir si les modalits de mise en oeuvre des critres doivent galement tre portes
pralablement la connaissance des candidats ne semble pas totalement tranche, quand bien mme les
juges semblent exclure l'obligation de porter la mthode de notation ds l'engagement de la procdure de
passation (V. en ce sens, CE, n 333737, 21 mai 2010, cne Ajaccio : JurisData n 2010-006704 ; Contrats
publics, sept. 2010, n 102, p. 15. - CE, n 334279 31, mars 2010, collectivit territ. Corse :
Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 240 ; Contrats publ. mai 2010, n 99). Le tribunal administratif de
Marseille a, par exemple, considr que les modalits d'application des critres de jugement des offres
n'avaient pas tre portes la connaissance des candidats au mme titre que les critres eux-mmes,
sauf ce que ces modalits n'aient pour effet d'introduire de nouveaux critres d'apprciation ou de remettre
en cause ceux retenus ou la pondration les concernant (TA Marseille, ord., 2 mars 2009, n 09-00786, st
Sotec : Contrats-Marchs publ. 2009, comm. 157). Le juge a ainsi pu estimer que le pouvoir adjudicateur
avait pu valablement retenir une mthode d'valuation des prix proposs consistant ne pas attribuer
l'offre comprenant le prix le plus bas la note maximale, mais une note relative par rapport la moyenne des
prix proposs par l'ensemble des candidats, qui doit, comme en l'espce, reflter les valeurs respectives des
offres du point de vue de ce critre. Le juge a, par ailleurs, considr qu'il tait possible au pouvoir
adjudicateur d'apprcier la valeur technique des offres partir de certains lments correspondant aux
points qui devaient tre abords par les candidats dans leur mmoire justificatif.
l'inverse, dans deux dcisions portant sur des dlgations de services publics, les juges ont considr
qu'taient entaches d'irrgularit les procdures de mise en concurrence qui ne comportaient pas la
mention et la publicit des critres de choix des offres et les modalits de mise en oeuvre (TA Versailles,
28 mai 2009, n 09447, st Antenna audio. - CAA Lyon, 14 mai 2009, n 07LY02163, SEMARAP : JurisData
n 2009-005037). Dans le mme sens, le Conseil d'tat a prcis que le pouvoir adjudicateur avait mconnu
les principes rappels l'article 1er du Code des marchs publics, faute d'avoir, ds l'engagement de la
procdure, port la connaissance des candidats les critres d'attribution des marchs qu'elle se proposait
de conclure et les conditions de leur mise en oeuvre, selon des modalits appropries leur objet, leurs
caractristiques et leurs montants (CE, 30 janv. 2009, n 290236, ANPE c/ assoc. PACTE : JurisData

n 2009-074852 ; Contrats-Marchs publ. 2009, comm. 121).


De mme, pour une dlgation de services publics, le juge a rappel que les principes gnraux du droit de
la commande publique imposent que les candidats l'attribution d'une dlgation de services publics
reoivent, avant le dpt des offres, une information sur les critres de slection de celles-ci. Le juge prcise
toutefois qu'il revient l'autorit dlgante de choisir le dlgataire, aprs ngociation, au regard d'une
apprciation globale des critres, sans tre contrainte par des modalits de mise en oeuvre pralablement
dtermines (CE, 23 dc. 2009, n 328827, tablissement publ. du muse et domaine de Versailles :
JurisData n 2009-017405 ; Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 83).
Le juge administratif confirme qu'il n'y a pas lieu de pondrer les lments d'apprciation de l'offre, en
l'espce les sous-critres de la valeur technique, ni de publier la mthode de notation (CAA Nancy, 5 aot
2010, n 09NC00016, cnaut de cnes pays de Lure : JurisData n 2010-016439, Contrats-Marchs publ.
2010, comm 331, note F. Llorens).
Toutefois la publication de la pondration des sous-critres et les modalits de leur mise en oeuvre peut
devenir obligatoire si elle est susceptible d'exercer une influence sur la prsentation des offres (V. en ce
sens, TA Paris, ord., 7 avr. 2011 n 11-05326, st L'appel du livre : Contrats-Marchs publ. 2011, comm.
202).
21. - Prcisions donnes par le Guide des bonnes pratiques - Le Guide des bonnes pratiques insiste
sur l'importance des critres pour le choix de l'offre conomiquement la plus avantageuse. Il indique
notamment que l'offre conomiquement la plus avantageuse n'est pas forcment assimile au prix le plus
bas, ce qui bien entendu ne doit pas conduire l'acheteur minorer exagrment l'importance du critre prix
dans l'analyse des offres. Le Guide rappelle enfin la ncessit de prendre en compte les cots induits par
l'opration d'achat (Circ. NOR : ECEM0928770C, 29 dc. 2009, cite supra n 12, relative au Guide des
bonnes pratiques en matire de marchs publics).
22. - Justification des critres - Les critres doivent tre justifis par l'objet du march (CMP, art. 53).
Sauf s'exposer de srieux risques contentieux, on ne peut prvoir de critres dpourvus de lien avec
l'objet du march. La personne publique n'a d'ailleurs aucun intrt prvoir un critre non pertinent par
rapport l'objet du march. Au besoin, si le march le justifie, la personne publique pourra prciser que
d'autres critres que ceux de l'article 53 du Code des marchs publics entreront en ligne de compte.
Le conseil d'tat a considr que la personne publique tait libre de choisir les critres d'attribution du
march et de retenir le critre esthtique. Cependant, en accordant ce critre une place prpondrante
(50 %) sans fournir aucune indication sur ses attentes en la matire, la personne publique s'est donne une
libert de choix discrtionnaire et, ce faisant, n'a pas organis un examen des offres permettant d'assurer
l'galit de traitement des candidats et la transparence de la procdure. Dans cette mme affaire, le juge
avait galement considr que la personne publique pouvait valablement ne retenir le prix dans aucun des
trois critres choisis, celui-ci n'tant pas justifi par l'objet du march (CE, 28 avr. 2006, cne Toulouse,
n 280197 : JurisData n 2006-070181, cit supra n 3 et 10).
Le juge a, par ailleurs, considr que si un requrant invoque une inadquation des critres de slection des
offres avec l'objet du march, il doit en apporter la preuve et que, ds lors que les critres d'un march public
ne sont contraires aucune disposition lgale ou rglementaire, il n'appartient pas au juge administratif
d'apprcier l'opportunit desdits critres. En l'espce la socit requrante invoquait le fait que, pour le
march en cause (travaux de construction de la cuisine centrale pour les cantines scolaires et la petite
enfance - lot relatif la fourniture du matriel), le critre prix pondr 55 % constituait une irrgularit au
motif qu'existerait une inadquation entre les critres et l'objet spcifique du march, sachant que pour ce
type de march, la qualit sanitaire des produits fournir et leur valeur technique seraient davantage
appropries. Le tribunal n'a pas retenu ce moyen (TA Besanon, ord., 5 avr. 2008, n 0800502).
Selon le tribunal administratif de Versailles, la prise en considration pour le choix des offres d'un critre
sans lien avec l'objet du march mconnat les principes de libre accs la commande publique et de
transparence des procdures. Tel est le cas pour une dlgation de service public lorsqu'il peut tre

dmontr que l'autorit dlgante a pris en compte pour le choix des offres la cration d'emplois qui tait
sans rapport avec les besoins du service dlgu et donc sans lien avec l'objet du contrat (TA Toulouse,
ord., 5 janv. 2010, n 0905678, St lyonnaise des eaux : Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 117).

Attention : Le Code des marchs publics considre que la personne publique doit se fonder sur des critres variables.
Il ne semble donc pas possible de prvoir le jugement d'une offre partir d'un seul critre, sauf dans le cas
expressment prvu par le code qui ne peut concerner que le prix (V. supra n 11). Mieux vaut, par consquent, dfinir
au moins deux critres de jugement des offres.De plus, mme en prenant cette prcaution, le problme pourrait se
poser si le prix et le dlai ont t fixs par la personne publique. En pareil cas, il conviendra de crer un nouveau
critre appropri l'objet du march.

23. - Dfinition des critres - Le principe de transparence nonc l'article 1er du Code des marchs
publics implique que les critres soient dfinis et ports la connaissance des candidats. Il importe donc
d'indiquer dans l'avis de publicit ou le rglement de la consultation la manire dont la personne publique
envisagera d'apprcier les diffrents critres qu'elle aura dfinis. Ainsi, le juge administratif sanctionne
l'imprcision des critres et n'autorise pas l'introduction en cours de procdure d'lments d'apprciation
d'un critre qui aurait t dfini de manire imprcise. Le tribunal administratif de Marseille a annul un
march au motif qu'alors que le critre prpondrant annonc dans la publicit tait la valeur technique, la
commission d'appel d'offres avait, par la suite, dcompos ce critre en deux sous-critres d'gale valeur
sans que ceux-ci aient t pralablement ports la connaissance des candidats. Le juge considre dans
cette affaire que la personne publique ne pouvait pas, pour pallier l'imprcision du critre valeur technique
qui avait t mentionn dans l'avis de publicit, sans pour autant y tre dfini, instituer pour apprcier cette
valeur deux nouveaux critres qui n'avait pas t ports la connaissance des candidats (TA Marseille,
26 juill. 2006, n 0604605, cit supra n 10). Dans le mme sens, le conseil d'tat a sanctionn l'imprcision
d'un critre pour lequel le pouvoir adjudicateur avait confr une part prpondrante sans expliquer la
manire dont il entendait apprcier les offres sur ce critre (CE, 28 avr. 2006, cne Toulouse, cit supra
n 10).
Le juge administratif a considr que, dans la mesure o le pouvoir adjudicateur retient notamment le critre
du prix dans la passation d'un march public dont les prix des prestations sont des prix unitaires appliqus
aux quantits rellement livres ou excutes, l'information approprie des candidats doit alors porter
galement sur les conditions de mise en oeuvre de ce critre. Le fait, pour le pouvoir adjudicateur, d'avoir
labor une commande type pour comparer les prix des prestations relatives l'entretien spcial des
quipements, et de ne pas l'avoir communique aux candidats ne permet pas de considrer que ceux-ci ont
bnfici d'une information approprie sur le jugement du critre prix (TA Versailles, 18 dc. 2009,
n 074367, n 074369 et n 087770, st El Ale : Contrats-Marchs publ. 2010, comm. 63). Le tribunal
administratif de Marseille a toutefois dclar lgal ce procd (V. TA Marseille, ord., 8 juin 2010,
n 10-03386, st Entr. gn. d'lectricit Nol Branger, cit supra n 10).
Le Conseil d'tat considre que les principes de la commande publique de l'article 1er du code imposent que
les marchs procdure adapte soient prcds de l'indication des conditions de mise en oeuvre des
critres de choix (CE, 24 fvr. 2010, n 333569, cnaut de cnes L'Enclave-des-Papes c/ st Entr. gn.
d'lectricit Nol Branger, cite supra n 18).

Conseil pratique
Proposition de rdaction. - Le rglement de consultation pourra tre conu de la manire suivante :
La valeur technique sera apprcie partir du mmoire justificatif joint par les candidats leur offre intgrant
notamment les moyens humains et matriels affects au march, la gestion des dchets, la mthodologie employe.
Le dlai sera apprci partir du dlai sur lequel s'engagent les candidats dans l'acte d'engagement, de la corrlation

entre les moyens matriels et humains mis disposition et le dlai propos, du planning prvisionnel requis.
Le prix des prestations sera apprci partir du montant de l'offre port l'acte d'engagement tel que rsultant du
devis estimatif quantitatif et des prix unitaires ports au bordereau ou partir du montant global et forfaitaire de l'offre
et de l'examen des prix unitaires ports dans la dcomposition du prix global et forfaitaire.

24. - Respect des critres - Une fois les critres ports la connaissance des candidats potentiels
l'attribution du march, il n'est plus possible d'en modifier la liste soit par addition soit par soustraction, ou en
en changeant la pondration ou le classement. De la mme faon, les prcisions ou les explications qui,
dans le cadre d'un appel d'offres, peuvent tre demandes sur le contenu de l'offre ne peuvent modifier les
critres ou en modifier l'ordre ou la pondration. On signalera toutefois une ordonnance du tribunal
administratif de Nice, qui a considr qu'une inversion dans la pondration des critres lie une erreur d'un
journal d'annonces lgales ne conduisait pas l'annulation du march, le requrant ayant eu suffisamment
la possibilit de s'informer avant la remise des offres auprs de la collectivit de la pondration qu'il
convenait d'appliquer (TA Nice, ord., 27 juin 2006, assoc. Environnement Mditerrane c/ dpt Var : JCP A
2006, 1167).
Dans le cadre d'une dlgation de service public, le juge a considr que l'autorit dlgante, si elle ne
pouvait supprimer l'un des critres noncs dans l'avis d'appel candidature, peut, en revanche, au stade
du rglement de la consultation remis aux candidats slectionns et avant qu'ils ne dposent leur offre, en
regrouper plusieurs et affecter la totalit d'entre eux d'une pondration (CAA Marseille, 15 oct. 2009,
n 07MA03623, Joseph X : JurisData n 2009-015036 ; Contrats-Marchs publ. 2009, comm. 401 et 402).
Il n'est pas possible de neutraliser, au stade de la mise en oeuvre, l'un des critres de jugement des offres
annoncs. Cette neutralisation peut rsulter soit d'une absence de mise en oeuvre du critre en jugeant par
exemple les offres identiques, soit d'une formulation trop gnrale ou inadapte ne permettant pas la
comparaison des offres (V. par exemple, TA Grenoble, 18 janv. 2011, n 1005929, st SITA MOS c/ synd.
mixte pour le traitement des ordures mnagres de Tarentaise. - ou TA Paris, 14 mai 2010, n100774, st
Sgat : Contrat publ. 2011, n 110, p. 61). Dans le mme sens, le conseil d'tat a rappel le principe selon
lequel le pouvoir adjudicateur est tenu de prendre en compte l'ensemble des critres prvus par le rglement
de la consultation, y compris dans les procdures adaptes (CE, 27 avr. 2011, n 344244, st Laboratoire
Notre-Dame-des-Champs : JurisData n 2011-007063 ; Contrats-Marchs publ. 2011, comm. 165).
25. - Caractre obligatoire de la pondration des critres - La technique de la pondration, qui tait dj
fortement encourage au niveau europen, devient une obligation avec l'adoption de la directive 2004/18/CE
du 31 mars 2004 (JOUE n L 134/1, 30 avr. 2004. - Pour une analyse du texte, V. W. Zimmer, La directive
2004/18/CE du Parlement europen et du Conseil du 31 mars 2004. Premires rflexions :
Contrats-Marchs publ. 2004, chron. 5). Cette directive relative la coordination des procdures de
passation des marchs publics de travaux de fournitures et de services indique en effet que "[...] sans
prjudice des dispositions du troisime alina, dans le cas prvu au paragraphe 1, point a), le pouvoir
adjudicateur prcise dans l'avis de march ou dans le cahier des charges ou, dans le cas du dialogue
comptitif, dans le document descriptif, la pondration relative qu'il confre chacun des critres choisis
pour dterminer l'offre conomiquement la plus avantageuse. Cette pondration peut tre exprime en
prvoyant une fourchette dont l'cart maximal doit tre appropri. Lorsque, d'aprs l'avis du pouvoir
adjudicateur, la pondration n'est pas possible pour des raisons dmontrables, il indique dans l'avis de
march ou le cahier des charges, ou dans le cas du dialogue comptitif, dans le document descriptif, l'ordre
dcroissant d'importance des critres" (PE et Cons. UE, dir. 2004/18/CE, 31 mars 2004, prc.)
En application de la directive unifie et de la jurisprudence dsormais constante en la matire (V.
notamment, CE, 29 juin 2005, n 267992, cne Seyne-sur-Mer : JurisData n 2005-068668. - CE, 7 oct. 2005,
n 276867, cnaut urbaine Marseille Provence Mtropole), le code 2006 a rig la pondration en obligation.
L'article 53 du Code des marchs publics dispose que pour les marchs passs selon une procdure
formalise et lorsque plusieurs critres sont prvus, le pouvoir adjudicateur prcise leur pondration.

Le poids de chaque critre peut tre exprim par une fourchette dont l'cart maximal est appropri.
Le pouvoir adjudicateur qui estime pouvoir dmontrer que la pondration n'est pas possible notamment du
fait de la complexit du march, indique les critres par ordre dcroissant d'importance. En pratique, cette
dmonstration pourra s'avrer difficile. Les critres, ainsi que leur pondration ou leur hirarchisation, sont
indiqus dans l'avis d'appel public la concurrence ou dans les documents de la consultation.
26. - Exceptions au caractre obligatoire de la pondration des critres Pour les critres de slection des candidatures. - En revanche, cette mme obligation ne s'tendrait pas aux
critres de slection des candidatures dfinis dans le cadre des procdures restreintes, en application de
l'article 52 du Code des marchs publics (V. supra n 5).
Pour les marchs procdure adapte. - Cette obligation de pondration ne s'tendrait pas aux marchs
procdure adapte ; l'article 53 du Code des marchs publics 2006 rservant explicitement l'obligation de
pondration aux procdures formalises. Une rponse ministrielle est venue confirmer l'absence
d'obligation de pondrer les critres d'attribution dans le cadre des procdures adaptes (Rp. min.
n 24186 : JO Snat Q 4 janv. 2007, p. 27 ; Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 93). De mme, la CJUE a
confirm l'absence d'obligation de pondration des critres de jugement des offres pour les marchs de
service passs selon une procdure adapte en vertu de l'article 30 du Code des marchs publics (CJUE 18
nov. 2010, aff. C-226/09, Comm UE c/ Irlande).
Toutefois, dans un souci de transparence il pourrait tre utile de pondrer les critres y compris dans le
cadre des MAPA. Le juge administratif a considr que, partir du moment o l'analyse des offres tait
opre en fonction de la pondration de sous-critres susceptibles de l'influencer, la non communication de
celle ci est de nature entraner l'annulation de la procdure. Il en est de mme pour l'analyse des offres sur
la base d'un sous-critre non annonc dans le rglement de la consultation (TA Orlans, ord. 13 dc. 2010,
n 1003989).
Une cour administrative d'appel a galement confirm qu'en procdure adapte, il n'y a pas d'obligation de
pondrer les critres, si ceux-ci sont hirarchiss (CAA Lyon, 5 avr. 2012, n 10LY01016, cabinet MPC
Avocat : JurisData n 2012-010115, ; Contrats-Marchs publ. 2012, comm 187).
Pour les concours de matrise d'oeuvre. - Le Code des marchs publics exclut expressment les procdures
de concours de matrise d'oeuvre de l'obligation de pondration des critres de jugement des offres. Le code
dispose ainsi que "Pour les marchs passs selon une procdure formalise autre que le concours et
lorsque plusieurs critres sont prvus, le pouvoir adjudicateur prcise leur pondration" (CMP, art. 53, II).
Selon la CJCE, une pondration des critres d'attribution d'un march de services non soumis au respect
des dispositions de la directive 2004/18 sur les critres d'attribution peut intervenir aprs la prsentation des
offres deux conditions : la connaissance de cette pondration n'aurait pas influenc la prparation des
offres et elle ne peut tre modifie en cours d'examen. A notamment t sanctionn le fait qu'ultrieurement
un premier examen des offres, la pondration des critres et la grille de notation fournies aux membres de
la CAO ont t modifies (CJUE, 18 nov. 2010, aff. C-226/09, Comm. CE c/ Irlande : Contrats-Marchs publ.
2011, comm. 6).
27. - Question des sous-critres - La question peut se poser de savoir si l'obligation de pondration peut
s'appliquer aux sous-critres et s'il y a lieu de mentionner, lorsque c'est le cas, le poids respectif de chacun
des sous-critres qui dtermineront l'analyse des offres. La Cour de justice des Communauts europennes
s'est prononce dans ce sens et a ainsi rappel au pralable que, afin de garantir le respect des principes
d'galit de traitement et de transparence des procdures, il importe que tous les lments pris en
considration par le pouvoir adjudicateur pour identifier l'offre conomiquement la plus avantageuse et si
possible leur importance relative soient connus des soumissionnaires potentiels au moment de la
prparation de leurs offres. La cour a considr qu'il tait possible de ventiler un critre d'attribution, qui avait
t dtermin pralablement au lancement de la consultation, en des sous-critres prsents en l'espce
comme des lments dvelopper de manire imprative dans le rapport descriptif de la prestation remis

par les soumissionnaires et prciss dans le cahier des charges. En l'espce, la ventilation entre les
sous-critres avait t effectue par la commission d'adjudication avant l'ouverture des offres, mais n'avait
pas t indique au pralable aux candidats. La cour conclut qu'il n'est pas contraire au droit communautaire
d'accorder un poids spcifique des sous-critres si ceux-ci figurent explicitement dans le cahier des
charges, condition que cette dcision ne modifie pas les critres d'attribution du march, qu'elle ne
contienne pas d'lments qui, s'ils avaient t connus au moment de la prparation des offres, auraient pu
influencer cette prparation, et qu'elle n'ait pas d'effet discriminatoire envers l'un des soumissionnaires
(CJCE, 24 nov. 2005, aff. C-331/04, ATI EAC Srl e Vaiggi di Maio Snc et a. c/ ACRV Venezia SpA et a. :
JCP A 2005, 26 dc. 2005, p. 1886, note F. Linditch).
De mme, le tribunal administratif de Montpellier a pu considrer que la commission d'appel d'offres n'a pas
commis de manquement ses obligations en dcomposant la note affrente au critre de la valeur
technique en trois lments, d'ingale valeur, et que ces lments d'apprciation qui ne constituaient pas
des critres au sens de l'article 53, II, n'avaient pas figurer explicitement dans l'avis d'appel public
concurrence ou dans le rglement de consultation (TA Montpellier, 28 sept. 2006, n 0605115, st Philip
Frres).
Dans ce mme cadre, le tribunal administratif de Nice a ainsi t saisi de la question et a lgitiment
considr que la liste des points indiqus dans le mmoire technique a pu servir juger de la valeur
technique de l'offre, sans que doive tre indique, lors de la publicit de l'appel d'offres pour l'application du
critre de la valeur technique, une pondration des lments en cause ds que ces lments techniques ont
t examins, pour chacun d'eux, gale mesure, sans que fut privilgi l'un d'eux. Le juge a estim que ni
l'exigence de transparence des modalits des offres, ni les rgles de publicit prvues l'article 53 n'avaient
t, en l'espce, mconnues (TA Nice, 15 sept. 2006, n 0604414, SA Derichebourg-Polyurbaine c/ cne
Seyne-sur-Mer).
Dans un sens plus restrictif, il convient galement de noter un arrt du tribunal administratif de Marseille par
lequel le juge a sanctionn le fait que le critre prpondrant de la valeur technique, annonc au dpart,
n'avait pas t dfini (V. supra n 19). C'est au moment de l'analyse des offres que, pour pallier
l'imprcision du critre de la valeur technique et l'absence d'indication de la question de savoir comment
serait apprci ce critre, la commission d'appel d'offres avait ajout deux sous-critres d'gale valeur. Le
juge sanctionne ainsi le fait que ces sous-critres (et donc les modalits d'examen de la valeur technique,
critre prpondrant) n'avaient pas t ports la connaissance des candidats dans l'avis d'appel public la
concurrence ou le rglement de la consultation candidats (TA Marseille, 26 juill. 2006, n 0604605, cit supra
n 10).
Une cour administrative d'appel dfinit la notion de "sous-critre" comme une simple aide complmentaire et
marginale la dcision. Cette dfinition entrane deux consquences :
-

d'une part, si un lment qualifi de sous-critre n'a plus cette fonction marginale dans l'aide
la dcision, il prend le caractre de critre en sens des dispositions du Code des marchs
publics ;
d'autre part, le juge nonce que seule la pondration des critres est soumise dans tous les
cas une obligation de publicit. Il rappelle, dans le mme temps, que la facult de ne pas
publier la mthode de pondration retenue au rang des sous-critres est strictement encadre
notamment par trois conditions : 1 que la pondration tardive n'aboutisse pas une
modification des critres d'attribution du march dfini dans l'avis de march ou le cahier des
charges ; 2 qu'elle ne contienne pas d'lments qui, s'ils avaient t connus lors de la
prparation des offres, auraient pu influencer cette prparation ; 3 qu'elle n'ait pas t adopte
en prenant en compte des lments susceptibles d'avoir un effet discriminatoire envers l'un des
soumissionnaire (CAA Bordeaux, ord., 12 oct. 2007, n 07BX01819, rgion Runion c/ prfet la
Runion : Contrats-Marchs publ. 2007, comm. 291).

Un tribunal administratif a galement sanctionn l'utilisation d'un critre de jugement en sous-critre. Le


tribunal a ainsi estim que le caractre innovant de l'offre ne pouvait tre un lment d'apprciation de la
valeur technique mais devait apparatre en tant que critre part entire (TA Lyon, ord., 1er fvr. 2008, cit

supra n 10).

Attention : Il convient d'tre vigilant sur la question de la pondration des sous-critres. Bien qu'aujourd'hui ni la
rglementation en vigueur, ni la jurisprudence ne semble imposer cette pondration, il ressort de cette dernire
dcision que, dans un souci de scurit juridique, il est prfrable, lorsque la personne publique souhaite tablir des
sous-critres et envisage de les pondrer, d'en informer les candidats ds le lancement de la consultation.De mme, la
cour administrative d'appel a jug que la pondration ou la hirarchisation des critres doit tre porte la
connaissance des candidats si cette pondration ou cette hirarchisation est susceptible d'exercer une influence sur la
prsentation des offres (CAA Nantes, 30 mars 2012, n 11NT00112, CHU Caen : Contrats-Marchs publ. 2012, comm
180). Ainsi, lorsqu'un critre ne permet pas d'apprhender correctement ce qu'il recouvre prcisment (cas frquent de
la valeur technique), le principe de transparence impose ce que les diffrents aspects que revt le critre, soit les
sous-critres, soient ports la connaissance des candidats ainsi que leur poids respectif. Un autre choix est
galement possible pour le pouvoir adjudicateur : faire directement de chaque sous-critre ainsi identifi, un critre
part entire avec sa propre pondration.

Il a t jug que si le pouvoir adjudicateur dcide, pour mettre en oeuvre les critres de slection des offres,
de faire usage de sous-critres galement pondrs ou hirarchiss, il doit porter la connaissance des
candidats la pondration ou la hirarchisation de ces sous-critres ds lors que, eu gard leur nature ou
l'importance de cette pondration ou hirarchisation, ils sont susceptibles d'exercer une influence sur la
prsentation des offres par les candidats ainsi que sur leur slection et doivent par consquent tre
eux-mmes regards comme des critres de slection (CE 18 juin 2010, n 337377, cne Saint-Pal-de-Mons :
JurisData n 2010-009438).
28. - Technique de la pondration des critres - La pondration consiste appliquer un coefficient ou un
pourcentage, voire une fourchette de coefficient ou de pourcentage, chacun des critres dtermins par la
personne publique. Il a galement t prcis (V. supra n 16) que la publication des lments de
pondration des critres de jugement des candidatures ou des offres est impose dans la mesure o ceux-ci
sont pralablement fixs par les pouvoirs adjudicateurs (CJCE, 12 dc. 2002, cit supra n 16).
Il est rappel la rgle en la matire, savoir que la pondration ou, dfaut, la hirarchisation des critres
doit avoir t publie en amont dans l'avis d'appel public la concurrence ou dans le rglement de la
consultation.
En rponse deux questions crites, le ministre de l'conomie et des Finances rappelle que la pondration
des critres de slection lors d'une mise en concurrence est obligatoire, sauf si le pouvoir adjudicateur peut
dmontrer que la pondration n'est pas possible. Le ministre indique galement que "le code ne prvoit pas
de modalits spcifiques en matire de pondration des critres mais, comme par le pass, chaque
acheteur devra laborer sa propre mthode en fonction de l'importance respective qu'il entend donner
chacun des critres ou des sous-critres dfinis par lui pour la slection des offres. Il importe en
consquence de mesurer l'impact des modalits retenues sur le classement des offres lors de
l'tablissement de cette pondration. Les offres sont notes sur chacun des critres choisis. La mthode de
notation des offres peut tre simple. Par exemple : 1 = insuffisant ; 2 = passable ; 3 = moyen ; 4 = correct ; 5
= excellent. La mthode peut tre plus complexe pour tenir davantage compte, par exemple, des carts rels
entre les offres sur chacun des critres. Dans tous les cas, la technique d'attribution de la note doit tre
connue avant l'analyse multi-critres et doit tre la mme pour toutes les offres. L'article 53 du Code des
marchs publics limite l'obligation d'insrer dans l'avis d'appel public la concurrence ou le rglement de la
consultation aux seules mentions des critres d'attribution et de la part respective de chaque critre. Le
pouvoir adjudicateur n'est donc pas tenu de mentionner les mthodes de notation dans l'avis de publicit ou
le rglement de la consultation. Cependant, le choix de la mthode tant dterminant sur le rsultat obtenu,
il doit respecter les principes fondamentaux de la commande publique et pouvoir tre justifi devant le juge.
Dans un souci de bonne administration et afin d'viter d'ventuelles contestations, il est recommand
d'assurer la plus grande transparence des mthodes de notation".
Dans la seconde rponse, il est prcis que "la pondration reprsente l'importance relative accorde

chaque critre par rapport l'ensemble des critres. Elle peut donc s'exprimer sous forme de coefficient (par
exemple : 0,7), pourcentage (par exemple : 70 %), nombre de points (par exemple : 70 points sur 100) ou
par tout systme quivalent, condition que cela aboutisse une pondration des notes donnes, critre
par critre. Toutes les formes prcites sont quivalentes, leur utilisation dans une formule mathmatique
conduit un rsultat identique, elles peuvent donc tre utilises indiffremment. Ainsi, les formulaires
standards pour la publication d'avis dans le cadre des procdures de passation de marchs publics, tablis
conformment aux dispositions de la directive classique prcite et fixs par le rglement CE n 1564/2005
de la Commission le 7 septembre 2005, prvoient dans la rubrique relative aux critres d'attribution la
possibilit d'noncer les critres et d'indiquer leur pondration respective selon la forme souhaite par le
pouvoir adjudicateur. Ces formulaires europens sont utiliss pour la publication au BOAMP pour les
procdures formalises. L'utilisation du modle national reste obligatoire en de des seuils des procdures
formalises. Or les modles nationaux d'avis d'appel public la concurrence (arrt du 30 janvier 2004,
rubrique 11.2, puis arrt du 28 aot 2006, rubrique 20.2) prvoient d'exprimer la pondration en
pourcentage. Il est donc possible d'exprimer cette pondration en pourcentage ou, si la pondration est
donne sous une autre forme, d'en prciser la formulation dans la dernire rubrique relative aux
observations diverses" (Rp. min. n 21229 : JO Snat Q 8 mars 2007, p. 534. - Rp. min. n 21227 : JO
Snat 8 mars 2007, p. 534).
Une rponse ministrielle a prcis que la pondration de manire identique des critres de choix des offres
est possible (Rp. min. n 21226 : JO Snat Q 1er mars 2007, p. 456 ; Contrats-Marchs publ. 2007, comm.
157). Cette rponse ne convainc pas totalement, car l'article 53 peut tre interprt comme imposant une
double exigence : la pondration et la hirarchisation. Or seule une pondration diffrente permet en mme
temps la hirarchisation.
En ce qui concerne plus spcifiquement la notation du critre prix, une rponse ministrielle a considr
qu'elle se doit d'tre objective et que l'estimation de l'Administration n'a pas, ce stade, entrer en ligne de
compte. Cette dernire, bien que dcisive, intervient bien en amont afin de vrifier la disponibilit des crdits
ou choisir la procdure approprie ou encore en cours de procdure afin de dtecter des offres
anormalement basses (Rp. min. n 425 : JO Snat Q 23 aot 2007, p. 1473). En ce qui concerne la
notation de la valeur technique, on peut s'interroger sur la question de savoir si, l'offre la mieux disante sur la
valeur technique ne devrait pas avoir la note maximale, comme c'est frquemment le cas en ce qui concerne
l'offre la moins disante, ce qui permettrait de maintenir l'cart de pondration entre ces deux critres tel que
dfini lors du lancement de la consultation.

Conseil pratique
Si la pondration permet d'apporter une certaine scurit juridique dans le choix du titulaire d'un march, on peut
cependant craindre qu'elle te une part de souplesse d'apprciation de l'offre conomiquement la plus avantageuse
par la commission d'appel d'offres sans pour autant faire disparatre la part de subjectivit qui entre invitablement
dans l'apprciation des offres. La pondration mathmatique, bien adapte au critre prix, s'avre par contre d'un
exercice plus dlicat quand il s'agit d'apprcier la valeur technique de l'offre. Toutefois, le code offrant galement la
possibilit de pondrer les critres par une fourchette, il semble possible par ce biais d'apporter une plus grande
souplesse dans l'valuation des offres, condition d'utiliser une fourchette approprie et de l'utiliser galement de
manire approprie. Cette technique peut galement, de par la marge d'apprciation qui est laisse en cours d'analyse
des offres la personne publique, s'avrer dangereuse si elle est mal utilise ou mal comprise.

De manire un peu surprenante, la commission consultative des marchs publics a estim qu'il tait possible
de prvoir pour un ou plusieurs critres d'attribution, une note liminatoire en dessous de laquelle l'offre sera
carte (Commission consultative des marchs publics, Rapp. 2011 : Contrat-Marchs publ. 2012, alerte
29). Il conviendra toutefois d'attendre une confirmation jurisprudentielle pour s'inspirer de cette mthode.
29. - Justification du recours la hirarchisation des critres - Le Code des marchs publics ne
permet plus une simple hirarchisation des critres sauf dmontrer que leur pondration n'est pas
possible, notamment du fait de la complexit du march. En ce cas, les critres doivent tre indiqus par

ordre dcroissant d'importance (CMP, art. 53, II, al. 4) La directive 2004/18/CE exige galement, que la
pondration soit carte pour des raisons dmontrables.
On peut s'interroger sur les cas o la personne publique pourra dmontrer en toute scurit qu'elle n'est pas
en mesure d'tablir une pondration des critres, ce qui rend la pondration invitable dans la plupart des
cas. La formule de la hirarchisation avait toutefois l'avantage d'accorder plus de souplesse la commission
d'appel d'offres dans le choix de l'offre conomiquement la plus avantageuse.

Exemple
Dans le cadre d'une procdure o le premier critre est la valeur technique et le second le prix des prestations :
-

l'entreprise A est classe premire sur le critre 1 (Valeur technique) et deuxime sur le critre 2
(prix) ;
l'entreprise B est, quant elle, classe seconde sur le critre 1 (Valeur technique) et premire sur le
critre 2 (prix).

Logiquement, en suivant la hirarchisation des critres, le march devrait revenir l'entreprise A. Nanmoins,
l'attribution d'un march n'est cependant pas une science exacte, et la commission d'appel d'offres (CT) ou le pouvoir
adjudicateur (tat) possde un large pouvoir pour apprcier l'offre conomiquement la plus avantageuse.
Il peut arriver que les entreprises, bien que classes diffremment sur le critre valeur technique, soient nanmoins
trs proches et offrent toutes deux une valeur technique tout fait satisfaisante. Or l'cart sur le critre 2 (prix), est,
quant lui, relativement important entre les deux candidats. En pareil cas, la commission d'appel d'offres ou le pouvoir
adjudicateur (tat) peut trs bien considrer que le faible cart existant entre les deux entreprises sur le critre 1
(valeur technique) ne compense pas l'cart important sur le critre 2 (prix des prestations) et classer l'entreprise B
premire du classement gnral qu'elle devra raliser et lui attribuer ainsi le march.
Cette souplesse laisse la commission d'appel d'offres pour apprcier l'offre conomiquement la plus avantageuse
doit cependant toujours tre motive. Elle ne pourrait tre utilise dans le seul but de modifier la hirarchisation des
critres.

30. - Critres non prvus - Le choix du titulaire du march ne peut tre fond sur un critre non prvu.
L'Administration commet une illgalit en fondant le choix du titulaire du march sur un critre non prvu par
le rglement de la consultation, et cela quand bien mme l'offre retenue serait la plus intressante (CE,
28 juill. 2000, n 199549, cne Villefranche-de-Rouergue : JurisData n 2000-061051 ; Contrats-Marchs
publ. 2000, comm. 9, note F. Llorens).
De mme, la cour administrative d'appel de Lyon a pu considrer qu'tait illgal le critre tir de
l'loignement de moyens prsents alors que ce critre n'tait pas prvu par le rglement de la consultation.
Dans la mme affaire, la cour a valid le critre relatif la qualification des personnels de l'entreprise (CAA
Lyon, 9 juin 2005, n 99LY01130, SA lectricit moderne : Contrats-March publ. 2005, p. 26).
La cour administrative d'appel de Paris a nanmoins retenu la lgalit de la dcision d'attribution d'un
march partiellement fonde sur un critre rglementaire non retenu par le rglement de la consultation mais
justifie par d'autres critres. Elle estime que ce critre, non mentionn au dpart, ne pouvait tre
rgulirement utilis pour dpartager les offres. Elle admet toutefois la lgalit du choix effectu dans la
mesure o, si le critre considr n'avait pas t utilis, l'application des critres mentionns au rglement
de la consultation aurait inluctablement conduit au rejet de l'offre de la requrante (CAA Paris, 3 avr. 2007,
n 04PA01883, min. Dfense c/ st chelles Riffaud dveloppement : Contrats-Marchs publ. 2007, comm.
178).

Attention : Il convient d'tre vigilant sur les rdactions des dossiers de consultation, particulirement les cahiers des
clauses techniques particulires. Ceux-ci peuvent, dans certains cas, mentionner des lments laisss pour partie

l'apprciation des candidats. Dans cette hypothse, on pourra tre tent, lors de l'analyse, de juger l'offre en tout ou
partie partir de ces indications qui n'auront pas t au pralable indiques comme tant des critres de jugement des
offres.

Exemple
Un CCTP relatif un march d'acquisition de vhicules pourrait prvoir la possibilit pour les candidats de proposer
des garanties suprieures aux garanties minimales fixes par la personne publique. Dans cette hypothse, si un
candidat propose une garantie suprieure et plus intressante, l'offre ne pourra pas tre juge en fonction de cet
lment ds lors que la garantie n'a pas t prvue comme critre de jugement des offres.

En toutes hypothses et mme dans le cas o les offres seraient pratiquement quivalentes, la commission
d'appel d'offres ne peut se fonder pour faire son choix sur de nouveaux critres non prvus initialement dans
le rglement de la consultation y compris pour dpartager les offres. Au cas d'espce, la cour avait jug que
la commission d'appel d'offres aurait du utiliser l'cart mme trs faible existant entre les offres sur le critre
du prix pour les dpartager (CAA Bordeaux, 8 dc. 2011, n BX 0103166, CCI Pointe--Pitre : JurisData n
2011-030873 ; Contrats-Marchs publ. 2012, comm 48).
B. - Critres et politique de l'achat
31. - Utilisation des critres - Les critres de jugement des candidatures et des offres pourraient tre
utiliss dans un objectif dtermin au pralable. Il pourrait s'agir, par exemple, des contraintes budgtaires
(choix du moins disant), de la volont de rsorber le chmage (choix du mieux disant social) ou de rserver
un concours d'architecte uniquement de jeunes architectes afin de favoriser l'mergence de talents
nouveaux, les entreprises nouvellement cres, etc.
La lecture de diffrentes jurisprudences rvle qu'effectivement nombre d'acheteur public ont tent d'utiliser
les critres de jugement des offres dans un objectif particulier (et n'exposant pas une sanction pnale). La
rponse du juge fut toujours identique. Ces considrations, quelques louables soient elles, demeurent
illgales ds lors qu'elles sont trangres l'objet de la rglementation des marchs publics qui n'autorise
que le seul choix de l'offre conomiquement la plus avantageuse.

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