Philosophie 3

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PHILOSOPHIE

LE MONDE DE SOPHIE
Mythes

Jostein Gaardner

Seuil

Rcits sur les dieux, qui cherchent expliquer les phnomnes naturels et humains.
Exemples :
- Thor et son marteau sur son char qui provoque lorage et la pluie, et la fuite des
Trolls (gants)
Les Vikings concevaient le monde comme une le : Midgard, au del se trouvant
Utgard, o habitent les Trolls. sgard tait la rsidence des dieux.
Les Trolls veulent dtruire Migdard en enlevant la desse de la fertilit Freya.
- Odin
- Freyr et Freya
- Hod
- Balder
- ...
Mythes Grecs :
- Zeus et Apollon
- Hera et Athna
- Dionysos et Asclpios
- Hracls et Hphastos
- ...
Vers 700 avant J.C., Homre et Hsiode ont retranscrit de nombreux mythes grecs.

1ers
philosophes
grecs

Appels "les philosophes de la nature" (puis ultrieurement "prsocratiques").


Philo-sophe = qui cherche atteindre la sagesse
Xnophane, premier regard critique sur le mythe : les hommes ont cres les dieux
leur image.
Croyaient en l'existence d'une "substance lmentaire", l'origine des
mtamorphoses de la vie.
Cherchaient comprendre la nature en l'tudiant elle mme, sans avoir recours aux
dieux

Thals (Milet)

Premier philosophe dont nous ayons entendu parler. Originaire de Milet, colonie
grecque en Asie mineure. 1er d'une srie de 3 philosophes de cette ville.
L'eau est l'origine de toute chose
Tout est rempli de dieux
Il aurait calcul la hauteur d'une pyramide en mesurant l'ombre, et aurait prdit une
clipse en 585 av. J.C.
La terre est remplie de germes de vie invisibles.

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Anaximandre

Vcut Milet.
Notre monde n'est qu'un monde parmi d'autres.
Il a son origine et sa fin dans l' infini , c.a.d. l'illimit (il ne s'agit pas d'un
lment connu comme chez Thals).
Ce qui est l'origine de tout est diffrent de ce qui se cr.

Anaximne
L'air ou le brouillard est l'origine de toute chose.
(570-526 av. L'eau est de l'air concentr ; la terre de l'eau concentre ; le feu de l'air rarfi
J.C.)
Tout, la terre, l'eau, et le feu avaient pour origine l'air

Problme du
changement

Les 3 philosophes de Milet pensaient qu'il existait une seule substance l'origine du
monde. Mais comment une seule matire pouvait donner autant de diffrences ?

Elates
Cette question est celle que se pose les Elates, philosophes d'une colonie grecque
(Ele) au sud de l'Italie. Le plus connu : Parmnide.
Parmnide
(env. 515- 450 Tout ce qui existe a toujours exist (pense fort rpandue chez les grecs).
av. J.C.)
Rien ne nat de rien (ce qui n'est pas ne peut devenir quelque chose).
Rien ne peut devenir autre chose que ce qu'il est.
Ses sens lui montraient la nature en changement perptuel, mais sa raison lui tenait un
autre discours. Il prfrait se fier sa raison plutt qu' ses sens.
Les sens donnent une fausse image du monde (la trahison des sens)
----> Rationalisme (foi inbranlable en la raison)

Hraclite (540- Originaire d'Ephse (Asie mineure)


480
Tout change constamment de forme. Tout s'coule
av. J.C.)
Nous ne pouvons descendre 2 fois le mme fleuve. La 2me fois, le fleuve a chang, et
nous aussi.
Il a mis l'accent sur les oppositions inhrentes au monde :
Sans maladie on ne sait ce qu'est la sant
faim
joie de manger
guerre
paix...
Le bien et le mal ont leur place ncessaire dans l'ordre des choses
Le monde n'existerait pas sans ces contraires
Dieu est le jour et la nuit, la guerre et la paix, la faim et la satit (le terme "Dieu"
ne fait pas rfrence aux mythes)
Dieu ou le divin est quelque chose qui englobe le monde entier
Dieu se manifeste dans les transformations et les contrastes de la nature
A la place de Dieu, il emploi le terme grec "logos" (= raison). Il doit exister une
raison (ou loi) universelle . Cependant, il pense que chacun n'en fait qu' sa tte.
Derrire toutes les transformations et oppositions de la nature, il voit une unit ou
un tout : ce quelque chose, il l'appelle "Dieu" ou "logos"

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Opposition
Hraclite /
Parmnide

Parmnide = Rien ne peut se transformer


Nos sens sont trompeurs
Hraclite = Tout se transforme
Nos sens sont fiables

Empdocle
(490- 430
av. J.C.)

Empdocle, originaire de Sicile a dit qu'ils avaient raison sur 1 point, tort sur 1 point. Il
n'y a pas une substance unique l'originaire de tout. Le foss entre ce que l'on voit et
ce que notre raison nous dit serait infranchissable. Parmnide avait raison : rien ne
peut se transformer.
La nature dispose de 4 socles : la terre, l'air, le feu et l'eau.
Tout ce qui se meut dans la nature est d au mlange et la sparation de ces 4
lments (sparation la mort).
Mais une question qu'il ne s'est pas pos, pourquoi ces lments s'assemblent pour
crer la vie ?
Deux forces sont l'oeuvre dans la nature : l'amour (qui unit) et la haine (...)
Il fait la distinction entre lment et force
Il souleva le problme du phnomne de perception (la vision). Les yeux seraient
composs d'air, de terre, de feu et d'eau. La terre dans l'oeil peroit l'lment terre
dans ce que l'on voit, etc. Si un seul lment fait dfaut l'oeil, on ne peut voir la
nature dans son intgralit. (P54)

Anaxagore
(500 428 av.
J.C.)

1er philosophe d'Athnes (originaire d'Asie mineure).


N'admet pas qu'une substance (ex : l'eau) puisse se transformer en tout ce que nous
voyons (eau/terre/feu/air => os et sang ?)
La nature est forme de minuscules morceaux invisibles l'oeil : les graines ou
germes .
Tout peut se diviser en parties plus petites, mais dans chacune d'elles il y a une
fraction du tout. Il y a de la peau et des cheveux dans ce que nous mangeons...
Il concevait une sorte de force qui "structure" et donne force aux tres humains, aux
animaux, fleurs et arbres. Cette force il l'appelait l' intellect ou intelligence
(mot grec "nous").
Passionn d'astronomie : "tous les corps clestes sont forms de la mme faon que la
terre", "la lune n'claire pas seule, mais reoit la lumire de la terre". Il expliqua le
phnomne des ellipses.
Fut accus d'athisme (le soleil n'est pas un dieu mais une pierre chauffe), et d
quitter la ville.

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Dmocrite
(460 370 av.
J.C.)
"Lego"

Originaire d'Abdera (ville ctire au nord de la mer Ege)


Les changements de la nature ne sont pas la consquence d'une relle transformation.
Tout est constitu de minuscules lments de construction (atomes) ternels,
immuables et indivisibles. Lego
Il y a diffrents atomes, une infinit mme.
Quand un corps (ex : un animal, un arbre) se dcompose, les atomes se dispersent pour
former de nouveaux corps.
Les atomes ont des "crochets" pour s'attacher les uns aux autres.
Il ne faisait appel aucune force ou esprit pour expliquer les phnomnes
naturels. Il ne croyait qu' ce qui est naturel : Matrialiste.
La thorie de l'atome explique nos perceptions : nous recevons des atomes de l'objet
que l'on voit.
L'me est compose d'atomes spcialement ronds et lisses. Elle n'est pas
immortelle. Tout s'coule. Les formes vont et viennent.

Destin,
Oracles

Les grecs avaient toujours cru la fatalit dans les domaines de la maladie et de la
sant. Croire au destin veut dire que tout est dcid l'avance. Ils croient avoir accs
la connaissance de leur destin par les oracles (rponse dune divinit quon interroge),
comme celui de Delphes dont Apollon tait le dieu. Apollon parlait par l'intermdiaire
de Pythie, sa prtresse.
Au dessus du temple de Delphes l'inscription clbre : "Connais-toi toi mme".
Les hommes rattraps par leur destin : c'est l'objet de nombreuses pices de thtres :
les tragdies (ex : dipe).

Science de
l'Histoire
Hrode
(484 424 av.
J.C.)
Thucydide
(460 400)

Les philosophes grecs tentent de trouver une explication rationnelle, des causes
naturelles, aux phnomnes naturels, au droulement de l'histoire. Les plus connus
furent Hrode et Thucydide.

Mdecine
Hippocrate
(env.460
av. J.C.)

Pour les grecs, la maladie est le fait des dieux. La gurison galement, condition de
faire des sacrifices.

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Le fondateur de la mdecine passe pour tre Hippocrate, natif de l'le de Cos. Pour lui
la meilleure dfense contre la maladie consistait vivre simplement et de manire
mesure. La maladie est lie un dsquilibre corporel ou spirituel.
Un corps sain dans un esprit sain . Serment Hippocrate : Je jure () que
j'exercerai mon art dans l'innocence et la puret (). Si je rempli ce serment, qu'il me
soit donn de jouir heureusement de la vie () si je le viole puiss-je avoir un sort
contraire

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Sophistes
partir de 450
av. J.C.

Athnes devient la capitale culturelle du monde grec.


A l'analyse physique du monde succde l'tude de l'homme et sa place dans la socit.
Une dmocratie avec des assembles et des juges populaires vit le jour. Chez les
Athniens, la matrise du discours (la rhtorique) est essentielle. Une vague de
professeurs et philosophes itinrants dferle sur Athnes.
Sophiste = personne cultive et comptente.
Les sophistes critiquent la mythologie.
L'homme ne peut pas trouver de certitudes concernant les nigmes de la nature et
de l'univers : scepticisme
Nous sommes des hommes et devons apprendre vivre ensemble.
Pas de normes pour le vrai et le faux.

Protagoras
(env.
485 410
av. J.C.)

L'homme est la mesure de toute chose (Protagoras). C'est dire que le bien et le
mal doivent tre jugs en fonction des besoins de l'tre humain.
Difficile de savoir si un dieu existe : agnostique.
Les sophistes aimaient voyager, comparer les diffrents types de gouvernement, les
murs, coutumes, lois.
Ils lancrent le dbat sur ce qui est dtermin par la nature, et par la socit (pudeur :
naturelle = inne ou fait de socit?).

Socrate
470 399 av.
J.C.

1er philosophe n Athnes. Personnage nigmatique, qui eut une grande influence sur
la pense europenne. Il entrana un bouleversement pour ses congnres, un
changement radical dans la nature du projet philosophique.
A sa mort il fut considr comme fondateur de nombreuses coles de philosophie,
pourtant fort diffrentes. Sa vie est connue grce un de ses lves : Platon qui crivit
en se servant de Socrate comme porte parole (donc difficile de distinguer ce qui est
propre chaque).
Passa son temps s'entretenir avec des gens en ville ("les arbres ne m'apprennent
rien"). Il tait laid "comme un pou". Il affirmait entendre en permanence une voix
divine. Il protesta quand on lui demanda de participer la condamnation mort de
concitoyens, refusa de divulguer les noms d'opposants politiques.
Rationaliste (croit en la raison de l'homme)
Comment vivre heureux ? Impossible d'tre heureux si on agit contre ses
convictions, Qui sait comment tre heureux fera tout pour l'tre (qui souhaite tre
malheureux ?). Celui qui sait ce qui est juste fera ce qui est juste.
La vraie connaissance vient de l'intrieur, l'homme a les rponses en lui.
Tenta de montrer que certaines normes sont absolues et valables pour tous
(contraire ce que pensaient les sophistes)
Refusait d'tre pay pour son enseignement

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Il ne cherchait pas enseigner, mais donnait limpression de chercher apprendre


de ses interlocuteurs, faisait semblant de ne rien savoir (lironie de Socrate). A la
diffrence des sophistes, ne se considrait pas cultiv. Il sarrangeait pour que
lautre dcouvre petit petit les failles de son raisonnement. Il faisait accoucher les
penses juste (sa mre tait sage-femme). Son interlocuteur tait oblig de
distinguer le vrai du faux, et tait parfois ridiculis
Ft condamn mort (par poison) cause de son activit philosophique, accus
dintroduire de nouveaux dieux, et de corrompre la jeunesse. Affirmant agir pour le
bien social, il ne voulu pas demander grce : sa conscience et la vrit au dessus de
sa vie
Il fit descendre la philosophie du ciel, la laissa vivre dans les villes, entrer dans les
maisons en contraignant les hommes rflchir la vie, aux murs, au bien et au
mal (citation de Cicron, philosophe romain, quelques sicles plus tard).

Le vrai
philosophe

Un vrai philosophe est conscient quil sait fort peu.


Il essaie sans cesse datteindre la vraie connaissance, souffre de son ignorance, fait
preuve de plus dintelligence que ceux qui se vantent de tout connatre.
La plus intelligente est celle qui ne sait pas .
Je ne sais quune chose, cest que je ne sais rien (Socrate).

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Platon
(427 347 av.
J.C.)
Acadmie
"Cache
cache
dans
le noir"

Il avait 29 ans quand son matre Socrate d boire la cigu.


Cette mort fut pour lui l'expression de l'opposition entre les conditions existant
rellement dans la socit et ce qui est vrai ou idal. Son premier travail fut de publier
la plaidoirie de Socrate. A la diffrence de Socrate, il a laiss de nombreux crits. Il
fonda sa propre cole de philosophie (mais aussi de mathmatiques et de gymnastique)
l'extrieur d'Athnes, dans des jardins qui portaient le nom du hros grec Acadmos,
d'o son nom d'Acadmie.
Rationaliste
Il s'intressait aux rapports entre ce qui est ternel et immuable d'une part, et ce qui
"s'coule" d'autre part (ternel/phmre)
Il existe des rgles intemporelles concernant le bien et le mal (Socrate).
Notre raison permet d'atteindre ces rgles, car la raison est ternelle (Socrate)
Recherche de ce qui est vrai, beau et bien.
Comme Empdocle et Dmocrite, il est d'accord qu'il y a des choses qui changent, et
des choses essentielles qui ne changent pas.
Pour lui les transformations se font selon un moule, intemporel et immuable (ex :
ce que les chevaux ont en commun). Les atomes se recombinent, mais pas
n'importe comment (pas de croco-phant ni d'l-dile partir de crocodile &
lphant).
Ces moules sont appels "ides". Platon soutenait qu'il existait une autre ralit
derrire le monde des sens, le monde des ides (thorie des ides).
Tout ce que nous voyons dans la nature peut tre compar une bulle de savon :
rien ne dure (mme le marbre s'rode). Il est donc impossible d'avoir la
connaissance de ce qui change.
Nos perceptions par les sens nous permettent seulement de vagues impressions.
Seule la raison applique ce qu'elle voit permet une vraie connaissance.
La raison est universelle, justement parce qu'elle s'applique uniquement des
objets de nature ternelle et universelle. Platon s'est intress aux mathmatiques
(qui ne changent jamais...).
Donc 2 mondes : celui des sens, et celui des ides, et 2 parties dans l'homme : le corps,
et l'me.
L'me a exist avant de venir habiter un corps. Autrefois dans le monde des ides,
elle se rveille dans le corps humain, en oubliant les ides parfaites. En
apprhendant ce qui l'entoure, l'homme voit resurgir un vague souvenir. Dsir de
retrouver la vraie demeure de l'me (ce dsir est appel "ros" = amour). Sur les
ailes de l'amour, l'me rejoindra sa demeure dans le monde des ides. Elle se
librera de la prison du corps. (cycle de vie idal, que n'atteignent que peu
d'hommes).

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(Platon suite)

Tous les phnomnes naturels ne sont que des ombres de formes ou d'ides
ternelles (allgorie de la caverne : des hommes y vivent, voyant un "thtre
d'ombres" sur un mur. Un homme en sort, dcouvre la nature et la libert, mais il se
fait tuer par ses congnres quand il revient. Issue du dialogue "La Rpublique",
Platon).
Force est de constater que la grande majorit des gens sont satisfaits de vivre parmi les
ombres. Ils n'ont pas conscience que ces ombres sont seulement des projections. Ce
faisant ils oublient le caractre immortel de leur me.
Le corps se divise en 3 parties : la tte, le tronc, et le bas du corps. A chacune de
ses parties correspond une qualit de l'me. A chacune de ces qualits correspond
un idal ou une vertu. La raison a pour but la sagesse, la volont doit donner
courage, et le dsir est brider pour faire preuve de mesure. Les enfants doivent
d'abord apprendre contenir leurs dsirs, puis dvelopper leur courage. Enfin la
raison doit les aider parvenir la sagesse.
Il n'y a que lorsque les 3 parties fonctionnent pour former un tout que nous avons
affaire un homme harmonieux, bien "conu".
L'tat idal est une rpublique gouverne par des philosophes, avec 3 parties.
Corps
me
tte
raison
coeur
volont
ventre/bas du corps besoin/dsir

Vertu
sagesse
courage
mesure

Cit
gardiens
guerriers
travailleurs

Les femmes jouissent de la mme facult de raisonner que les hommes, Elles
peuvent accder au rang de dirigeant. Une socit qui n'duque ni n'emploie ses
femmes est comme un homme qui ne se sert que de son bras droit .
Il voulait abolir la famille et la proprit prive pour les chefs et les gardiens de la cit.
Il connut de grandes dceptions sur le plan politique. Dialogue "Les lois" o il dcrit
la cit rgit par la loi comme tant juste aprs la socit idale (rintroduit alors la
proprit prive et les liens familiaux).

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Aristote
(384 322 av.
J.C.)

3me grand philosophe d'Athnes (non Athnien)


Rsume les conclusions auxquelles taient parvenus les 1ers philosophes ("principe
premier", et mtamorphose).
Premier "biologiste" en Europe, il ordonna les diffrentes sciences.
La logique comme science.
S'intresse aux phnomnes naturels, aux cycles de la vie.
Platon n'utilisa que sa raison (le plus haut degr de ralit est ce que nous pensons)
alors qu'
Aristote utilisa ses sens (la ralit est ce que nous voyons).
Platon crivait comme un pote et un crateur de mythe, Aristote crivait des textes
secs et descriptifs.
Pour Aristote, la diffrence de Platon, les "ides" taient plus relles que les
phnomnes naturels.
L' "ide" ou la "forme" n'existe pas en soi, mais est constitue par les qualits de
l'espce concerne (ide/forme = ce qui est commun; ex : l'ide du cheval).
Platon pensait que tout ce que nous voyons n'est que le reflet de quelque chose qui au
fond a plus de ralit dans le monde des ides.
Aristote pense le contraire :
Ce qui est dans l'me humaine n'est qu'un reflet des objets.
C'est la nature, et elle seule, qui constitue le vrai monde.
Toutes nos ides et penses ont leur origine dans ce que nous voyons et entendons.

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(Aristote
suite)
"Jeu de
socit"

Mais :
Nous avons aussi une raison, une facult inne de classer les impressions de nos
sens en diffrents groupes (concepts de pierre, plante, animal et homme, comme
cheval, canari...).
Nous n'avons pas d'ides innes (la raison est vide avant que nos sens ne
peroivent quelque chose).
La forme d'une chose, c'est l'ensemble de ses caractristiques spcifiques.
La ralit est compose de "matire" (ce dont la chose est faite) et de "formes"
(somme de ses qualits particulires, spcifiques).
Les causes : il croyait la "finalit" : il pleut parce que les plantes ont besoin
d'eau... donnant ainsi un dessein aux gouttes d'eau.
Il a class les espces (jeu de socit "Est-ce un animal, un chat, 'matou'...") :
choses inanimes (qui ne peuvent se transformer), et choses vivantes. Les choses
vivantes se classent en 2 catgories : vgtaux, et tres vivants.
S'attache aux relations entre les concepts (si un tre vivant est mortel, alors, si le
chien est vivant, il est donc mortel)
Il doit bien y avoir un dieu qui a mis l'univers en mouvement. Les mouvements des
toiles et plantes gouvernent les mouvements sur la terre, mais il doit bien exister
quelque chose qui mette en mouvement les plantes, le "premier moteur", ou
"Dieu".
La "forme" de l'homme est qu'il a la fois une "me de plante" (me vgtative),
une "me d'animal" (me sensitive), et une "me de raison" (me intellective).
L'thique. Comment vivre pour avoir une vie panouie ?
L'homme ne sera heureux que s'il dveloppe toutes les facults qu'il possde en
puissance. 3 formes de bonheur : vie dans le plaisir & divertissements, vie en
citoyen libre & responsable, vie en savant & philosophe. Ces 3 conditions devant
tre runies.
Nous devons tre courageux, gnreux, manger raisonnablement.
Vie dans l'quilibre et la modration = bonheur ou "harmonie"
Politique
3 formes russies d'tat : monarchie si elle ne succombe pas la tyrannie,
l'aristocratie (avec un nombre grand de dirigeants) si elle ne tombe pas sous la
coupe de quelques hommes de pouvoir (aujourd'hui : junte militaire), dmocratie
(du mot grec "polis"), si elle de dgnre pas en tat totalitaire.
La femme
Il manque quelque chose la femme (homme imparfait)
Elle est passive dans la procration > l'enfant n'hrite que des qualits du pre
(l'homme donne la forme, la femme la matire)
C'est sa conception de la femme (et non celle de Platon) qui prvalu au moyen ge.

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(fin IVme av.


400 ap. J.C.)
Chrtient
Hellnisme

322 avant J.C. : dcs d'Aristote, les grecs ne dominent alors plus, suite aux conqutes
d'Alexandre le grand qui ouvre l're mondiale. Aristote fut un temps le prcepteur
d'Alexandre le grand..
Le terme d'hellnisme recouvre la fois la priode, et la culture prdominance
grecque qui s'panouit dans les 3 grands royaumes hellnistiques : Macdoine,
Syrie et Egypte.
Rome reprit ensuite (-50 av. J.C.) la suprmatie : Antiquit tardive, mais elle (Rome)
tait dj devenue une province grecque.
La culture de ces diffrents pays se fond dans un ensemble o se retrouvent plemle toutes les conceptions religieuses, philosophiques et scientifiques. Plusieurs
religions voient le jour qui empruntent leurs dieux et leurs croyances plusieurs
pays : c'est le syncrtisme.
Cette poque est celle du doute, de l'incertitude, de la chute des valeurs culturelles,
du pessimisme ( Le monde est vieux disait-on).
Point commun des nouvelles religions : enseignement (le plus souvent secret) pour
dlivrer les hommes de la mort. Des rites permettent d'esprer l'immortalit.
Orientation de la philosophie vers une certaine srnit de la vie. Permettre
l'homme de se librer de ses angoisses de la mort et du pessimisme (frontire tnue
entre religion et philosophie). Dfinir la meilleure faon de vivre et de mourir. En
quoi consiste le bonheur et comment l'atteindre.

Courants
Exemples de courants philosophiques de l'poque Hellnistique.
philosophiques
Les cyniques. Antisthne. "Que de choses dont je n'ai pas besoin" (Socrate)"
Cyniques
(env.400 av. J.C.)
le bonheur n'est pas dans les choses extrieures comme le luxe matriel, le pouvoir
politique et la bonne sant.

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Stociens
(env. 300 av.
J.C.)

Fondateur : Znon (originaire de Chypre, se joignit aux cyniques aprs le naufrage de


son bateau). Il avait coutume de rassembler ses disciples sous un portique (Stocien
vient dun mot grec signifiant portique).

Znon
Cicron
(106-43 av J.C.)

Tous les hommes font partie de la raison universelle ou du "logos".


Chaque individu est un monde en miniature, un "microcosme", qui est le reflet du
"macrocosme"

Snque
(4 av.-65 ap. J.C.)

Ceci permettait d'tablir un droit valable pour tous les hommes, le "droit naturel".

Marc Aurle

Le droit naturel est fond sur la raison intemporelle de l'homme et de l'univers, il


ne change pas en fonction du temps et du lieu (il prit le parti de Socrate contre les
Sophistes).

(121-180 ap. J.C.)

Ils gommaient la diffrence entre l'individu et l'univers, rejetaient l'ide de


contradiction entre l' "esprit" et la "matire". Il n'y a qu'une nature et une seule
(monisme, par opposition au dualisme de Platon, c'est dire au caractre double de
la ralit).
Tous les phnomnes naturels (ex : maladie et mort) suivent des lois indestructibles
de la nature. C'est pourquoi l'homme doit apprendre se rconcilier avec son
destin. Rien n'arrive par hasard. Tout ce qui arrive est le fruit de la ncessit et rien
de sert de se lamenter quand le destin vient frapper la porte. Les circonstances
heureuses de la vie, l'homme doit les accueillir avec le plus grand calme (d'o
l'expression actuelle "calme stoque").

Vrais cosmopolites, ils taient plus ouverts la culture de leur temps que les cyniques.
Ils soulignaient l'aspect communautaire de l'humanit, s'intressaient la politique (ex:
l'empereur romain Aurle).
Ils contriburent tendre la culture et la philosophie grecque dans Rome (ex :
Cicron : orateur, philosophe et homme politique). C'est lui qui cra le concept d'
humanisme , c'est--dire un mode de vie qui met l'homme au centre.
Snque dclara que l'homme est quelque chose de sacr pour l'homme . Ceci est
rest la devise de l'humanisme aprs lui.

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Epicuriens

Selon Aristippe, lve de Socrate :

Aristippe

Le but de la vie est d'atteindre la plus grande jouissance possible. Le but suprme
est le plaisir. Le plus grand des maux la douleur.

Epicure
(341-270
av. J.C.)

Il voulait dvelopper un art de vivre consistant viter la souffrance (et non plus
l'accepter comme les stociens et les cyniques).
Epicure fonda une cole (picuriens), dveloppant la morale d'Aristippe tout en la
combinant avec la thorie des atomes de Dmocrite.
Les picuriens se runissaient dans un jardin : on les appelle "philosophes du jardin".
La tradition raconte qu'au dessus de l'entre tait crit : "Etranger, tu seras bien trait.
Ici le plaisir est le bien suprme". Les gens tourments venaient y trouver refuge. La
thorie des atomes (il n'y a pas de vie aprs la mort, les atomes s'parpillent)
constituait un remde contre la religion et la superstition. Pour avoir une vie heureuse,
il faut surmonter la peur de la mort.
Il ne faut pas oublier les effets secondaires rsultants de la satisfaction d'un dsir.
L'homme peut planifier sa vie (pour reporter un plaisir, ex : faire des conomies
pour un projet).
Diffrence entre plaisir et satisfaction des sens. Pour jouir pleinement de la vie, les
idaux grecs de matrise de soi, de modration et de calme intrieur sont
dterminants.
La mort ne nous concerne pas. Car tant que nous existons, la mort n'est pas l. Et
quand elle vient, nous n'existons plus. (il est vrai qu'on n'a jamais entendu
quelqu'un se plaindre d'tre mort).
Nous n'avons rien craindre des dieux. La mort ne mrite pas qu'on s'en inquite.
Le bien est facile atteindre. Le terrifiant est facile supporter (Epicure).
A la diffrence des stociens, les picuriens manifestent peu d'intrt pour la politique
et la vie sociale.
Vivons cachs ! (Epicure).

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Noplatonisme

Plotin tudia la philosophie Alexandrie et vint ensuite s'installer Rome. Alexandrie


ville point de rencontre entre la philosophie grecque et la mystique orientale.

Plotin
Plotin avait une thorie du salut qui allait devenir un srieux concurrent pour le
(env. 205-270) christianisme. Le no-platonisme a aussi eu une forte influence sur la thologie
chrtienne.
Conception similaire Platon : il y a 2 mondes, celui des ides, celui des sens.
Sparation de l'me et du corps. Dualit dans le corps : il se compose de terre et de
poussire comme toute chose dans le monde des sens, tandis que l'me est
immortelle.
Le monde est tendu entre deux ples. D'un ct il y a la lumire divine, ce qu'il
appelle l' "Un", ou parfois "Dieu". D'un ct rgne l'obscurit totale, l o la
lumire de l'un" ne peut pntrer (ceci rappelle l'allgorie de la grotte de Platon,
sauf que Plotin ne spare pas la ralit en 2 parties, mais sa pense est sous le
signe d'une exprience de la totalit).
Cette obscurit n'a pas d'existence. Elle est une absence de lumire, mais elle n'est
pas.
La seule chose qui existe, c'est Dieu ou l'Un, mais telle une source de lumire qui
petit petit se perd dans le noir, il y a une certaine limite la porte du rayon
divin. Ce qui brle, c'est Dieu, et l'obscurit l'extrieur est la matire dont sont
fait les hommes et les animaux. Tout prs de Dieu se trouvent les ides ternelles
qui sont la matrice de tout ce qui est cr.
L'me reoit les rayons de l'Un, tandis que la matire est cette obscurit qui n'a pas
de relle existence. Mme les formes dans la nature reoivent toutes un ple reflet
de l'Un (ex : les fleurs dgagent quelque chose de l'me divine). L'me de l'homme
est avant tout une "tincelle du feu" Cependant, toute la nature reoit un peu du
rayonnement divin (mme les ombres au fond de la caverne).
Le plus loin du Dieu vivant, on trouve la terre, l'eau et la pierre.
Tout ce qui est participe au mystre divin. C'est grce notre me que nous nous
approchons le plus de Dieu. Il peut mme nous arriver de ressentir que nous
sommes ce mystre divin.
Tout est un car tout est Dieu.

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Mystique

Plotin eut quelquefois la rvlation que son me fusionnait avec Dieu. C'est ce que
l'on appelle un exprience mystique. Il s'agit d'une exprience dont diffrentes
personnes, dans diffrentes cultures, ont parl. Ces expriences ont des traits
communs (ceci est frappant car dpasse les diffrences culturelles) :
une exprience mystique signifie que l'on ressent une unit avec Dieu (ou l'me
du monde ou la Nature universelle ou encore la totalit du monde . Ide que
le "moi" n'est pas notre vritable moi.
Quand j'tais, Dieu n'tait pas. Quand Dieu est, je ne suis plus (citation d'un
mystique indien)
Chaque goutte devient l'ocan en se fondant en lui, de mme que l'me s'lve et
devient Dieu (mystique chrtien Anglus Silesius 1624 1677).
Tu te perds toi-mme dans ta forme prsente, mais tu prends aussi conscience que tu
es quelque chose d'infiniment grand, tu es l'me du monde. Tu es Dieu.
Le mystique doit souvent suivre le chemin de la purification et de l'illumination
la rencontre de Dieu. Ce chemin consiste en un mode de vie rudimentaire et en
diverses pratiques mditatives. Et un jour survient o le mystique atteint son but et
s'crier Je suis Dieu ou Je suis Toi .
Dans la mystique occidentale, influence par les religions monothistes, judasme,
christianisme et islam, le mystique souligne qu'il fait l'exprience d'une rencontre avec
un Dieu personnel. Mme si Dieu est prsent dans la nature et dans l'me de l'homme,
il plane aussi bien au dessus du monde.
Dans la mystique orientale, c'est dire au sein de l'hindouisme, du bouddhisme et du
taosme, il est plus courant de souligner que le mystique fait l'exprience d'une fusion
totale avec Dieu ou l'me du monde . Je suis l'me du monde , ou encore je
suis Dieu . Car Dieu n'est pas aussi dans le monde, il n'est prcisment en aucun
autre lieu que l.
De mme que certaines religions nomment athe un homme qui ne croit pas un
Dieu existant en dehors de sa personne, nous disons quant nous qu'est athe un
homme qui ne croit pas en lui-mme . Swami Vivekananda (Inde), qui fit connatre la
pense hindoue en Occident.
Tu dois aimer ton prochain comme toi mme, parce que tu es ton prochain. C'est
une illusion de croire que ton prochain est autre chose que toi-mme .
(Radhakrishnan, ancien prsident Indien).

Introduction au Jsus tait juif et les juifs appartiennent la culture smitique. Les grecs et les
Christianisme romains appartiennent eux la culture indoeuropenne. La culture europenne a donc
2 racines.

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Indoeuropens

Indo-europens = pays et cultures qui utilisent une langue indo-europenne.


(exclu donc le basque, et les langues finno-ougriennes : lapon, finnois, estonien et
hongrois).
L'origine de ce point commun des langues remonte il y a 4000 ans, les indoeuropens qui vivaient autour de la mer noire ont commenc se dplacer vers l'Iran,
l'Inde, la Grce, l'Italie, l'Espagne, la France, l'Europe du nord, la Russie... d'o une
parent de langue, mais aussi de pense. Ex : Dyaus, Zeus, Iov et Tyr sont en
diffrentes langues les noms d'un mme dieu, celui du ciel.
Cette culture est caractrise par la croyance en de nombreux dieux (polythisme)
dont on retrouve des parents dans tous les mythes de l'espace indo-europen. Ce n'est
pas un hasard si la philosophie grecque a vu le jour sur ces terres : les mythologies
indienne, grecque et nordique constituaient une excellente base pour des
considrations philosophiques.
Points communs :
- parlent d'immortalit, et de combat des dieux sur les forces du chaos (entre bien et
mal).
- recherche d'une connaissance de la marche du monde
- la vue est le sens le plus important
- grandes visions cosmiques
- sculpture et peinture des histoires de leurs dieux
- conception cyclique de l'histoire (mondes qui naissent et disparaissent dans une
succession ternelle de vie et de mort).
- croyance dans la transmigration de l'me (le but de la vie fut longtemps de se librer
de la rincarnation).
Hindouisme et Bouddhisme :
- fortement marqu par une rflexion de type philosophique
- mettent l'accent sur l'omniprsence du divin dans tout ce qui est (panthisme),
- possibilit l'homme de s'offrir dieu grce un savoir religieux, et la mditation

En Orient, une attitude passive et rserve peut former un idal religieux.


Chez les grecs aussi, beaucoup pensaient que l'homme devait vivre en ascte ou retir
du monde pour le salut de l'me (> monastres).

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Smites

Culture totalement diffrente, avec une autre langue.


Les smites viennent l'origine de la pninsule arabe, puis ils ont migrs et vcu plus
de 2000 ans loin de leur patrie d'origine.
Les 3 religions de l'occident, judasme, christianisme et islam ont un fond commun
smitique. Le Coran et l'ancien testament sont crits dans des langues smitiques
parentes. Un des termes de l'ancien testament pour dieu a la mme racine
linguistique que Allah chez les musulmans.
Pour le christianisme, c'est un peu plus compliqu : le nouveau testament a t rdig
en grec (influence de la langue grecque et latine, et donc de la philosophie
hellnistique).
Les smitiques ont, changement, rapidement vnr un dieu unique (monothisme).
Ils ont une vision linaire de l'histoire. "Et dieu cra l'univers" en marque le dbut,
mais un jour viendra o l'histoire arrivera son terme : "le jugement dernier",
lorsque dieu reviendra juger les vivants et les morts. Dieu "conduit" la vie des
hommes, donc intervient dans l'histoire.
Jrusalem est pour les juifs, les chrtiens et les musulmans, un centre religieux
important.
L'oue est le sens essentiel (dbut de la profession de foi juive : "Ecoute, Isral !",
ancien testament : "Les hommes entendirent la parole du seigneur"; les prophtes
juifs disaient "Ainsi parlait Yahv")
A la diffrence des indo-europens, ils interdisent de reprsenter Dieu en peinture
ou sculpture (ancien testament : interdiction de crer des images de dieu, encore
vrai de nos jours pour l'islam et dans le judasme. L'islam est trs mfiant l'gard
de la photo et des arts plastiques : il ne faut pas entrer en concurrence avec dieu
dans la cration. L'glise chrtienne regorge par contre de reprsentations de Dieu
et Jsus, mais c'est parce qu'elle a par la suite t influence par la culture grcoromaine.
Le but n'est pas de sauver son me de la rincarnation, mais de connatre la
rdemption du pch et de la faute.
La vie religieuse est plus marque par la prire, le prche et la lecture des Ecritures
que par le retour sur soi et la mditation.

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Isral

Arrire plan juif du christianisme.


La Bible : cration du monde par dieu, puis les hommes se rebellent. Punition : Adam
et Eve sont chasss du jardin de l'Eden. Et la mort fit son apparition. La dsobissance
des hommes est le leitmotiv dans toute la bible.
Dans la Gense, on parle du dluge et de l'arche de No. Dieu conclu une alliance
avec Abraham et les siens. Ils doivent tre les envoys de dieu, en change de quoi
leur descendance est protge. L'alliance fut renouvele quand Mose reut les 10
commandements sur le mont Sina, environ 1200 av. J.C. Les Hbreux, qui avaient t
tenus en esclavage en Egypte, sont ramens en Isral avec l'aide de Dieu.
1000 ans av. JC. 3 rois connus en Isral : Sal, David, puis Salomon. Priode faste sur
le plan politique, militaire et culturel.
Quand un roi tait choisi, il recevait le nom de Messie, qui signifie l' "oint". Le roi
tait considr comme un messager de Dieu auprs du peuple, d'o le nom qui leur
tait donn "fils de dieu", et au pays : "royaume de dieu".
Mais rapidement Isral s'affaiblit, et le royaume divis en 2 : royaume du nord (Isral)
et du sud (Jude). En 722 le royaume du nord fut conquis par les Assyriens. En 586, le
sud tomba au mains des Babyloniens : le temple fut dtruit, et une partie du peuple
dport Babylone.
La question fut : pourquoi le royaume s'tait effondr, Dieu ayant pourtant promis
d'tre bienveillant envers Isral.
Isral a t puni car les hommes n'ont pas respects les 10 commandements.
vers 750 av. J.C., de nombreux prophtes firent leur apparition qui proclamrent le
chtiment divin parce que le peuple juif n'avait pas suivi les rgles fixes. Dieu
reviendra, et Isral devra comparatre (prophtie du jugement).
D'autres proclamrent que Dieu allait sauver une partie du peuple et envoyer un
"prince de la paix", c'est dire un roi porteur de paix qui serait de la descendance
de David. Le peuple qui marche dans les tnbres verra une grande lumire
(Israie). Et au dessus du pays des ombres, la lumire jaillira (prophtie du
salut).
Le peuple d'Isral vivait en effet heureux sous David, et espraient un nouveau roi
pour rtablir la suprmatie d'Isral, et fonder le "royaume de Dieu".

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Jsus de
Nazareth

Un messie tait donc attendu.


Jsus ne fut pas le seul proclamer qu'il tait le messie tant attendu. Il se fait
acclamer par la foule comme tant le sauveur, se fait introniser la manire des
anciens rois.
Mais Jsus se dmarque :
- Il montre qu'il n'est ni un agitateur militaire ou politique. Sa mission est d'une
autre ampleur.
- Il annonce le pardon de Dieu tous les hommes (ce qui est nouveau), la
rmission des pchs.
- Il parle dieu en l'appelant "Pre" (du jamais vu!)
- Il affirme que le "royaume de Dieu" est une nouvelle alliance, un nouveau
pacte. Tu dois aimer ton prochain comme toi-mme , Tu dois aimer tes
ennemis
- La bont de Dieu est infinie, condition de s'adresser lui par la prire et
d'implorer son pardon.
- Il ctoyait les prostitues, les corrompus, ... disant que Dieu leur pardonne
s'ils implorent son pardon.
- Les pcheurs mritent d'avantage le pardon que ceux qui sont irrprochables
et se pavanent dans leur bonne conscience.
D'o une leve de bouclier (beaucoup attendaient un messie qui rtablirait le
"royaume de dieu" par la force). Son message de paix allait totalement l'encontre
des intrts de la classe dirigeante!
Il fut condamn mort, finit sur une croix. Pour les chrtiens, il est le seul homme
juste qui ait vcu. Mort pour les hommes, "souffrance au nom des hommes",
serviteur qui souffre, qui prit sur lui tous les pchs du monde pour que nous
soyons "rconcilis" avec Dieu.

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Paul

Peu de temps aprs son enterrement, des rumeurs annoncent qu'il est ressuscit.

Christianisation

Preuve qu'il n'est pas un homme comme les autres.


Pour les juifs, l'homme n'tait jusqu'alors pas immortel, ni son corps ni son me.
C'est par le miracle de Dieu que se produit la rsurrection du corps et la vie
ternelle. Notre mrite n'a rien voir l'affaire.
Le mot "Christ" est une traduction du mot "Messie".
Les premiers Chrtiens diffusrent "la bonne nouvelle". Quelques annes aprs, le
pharisien Paul se convertit. Il voyagea beaucoup, donnant au christianisme le statut de
religion mondiale. Il dbarqua Athnes et discuta avec les philosophes picuriens et
stociens (infiltration du christianisme dans le monde grco-romain).
Il souligne que la qute de Dieu repose au fond de tous les hommes, et annonce que
Dieu s'est rvl aux hommes et est all leur rencontre. Il n'est pas seulement un
"Dieu philosophe" que les hommes peuvent rejoindre par leur raison. Dieu vient les
sauver.
Une partie des Athniens se convertirent. Le nom de Damaris est retenir comme
l'une des femmes qui suivirent le mouvement. Le monde hellnistique fut tout entier
christianis en quelques sicles.

Profession de
foi

Paul fut non seulement un missionnaire, mais aussi un guide spirituel pour les
communauts chrtiennes.
Une question surgit : les non juifs pouvaient-ils devenir chrtien sans pratiquer les
rites juifs ? Un grec devait-il respecter la loi de mose ? Paul tait d'avis que non, le
christianisme dpassait le cadre d'une secte juive, il s'adressait tous les hommes avec
un message de salut. "L'ancienne alliance"entre Dieu et Isral tait remplace par "la
nouvelle alliance" que Jsus avait tablie entre Dieu et les hommes.
Pour s'imposer sur les religions de l'poque, et pour viter un schisme en son sein
mme, l'Eglise d faire un rsum de la spcificit du christianisme : les professions
de foi.
Jsus est la foi Dieu et homme. Dieu devint homme. Jsus n'est pas un demi-dieu,
mais il est Dieu dans sa perfection, homme dans sa perfection).

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Histoire du
Moyen-ge

En 313 le christianisme fut reconnu dans l'empire romain, sous le rgne de


Constantin, et devint religion officielle en 380.
En 330 Constantin avait dplac la capitale Constantinople, la nouvelle Rome .
En 410 Rome fut pille par les barbares, et en 476 l'empire romain d'occident
s'effondra. L'empire romain d'orient subsista jusqu'en 1453, date de la conqute par les
turcs, qui baptisrent la ville Istanbul.
En 529 l'Eglise fit fermer l'cole de philosophie de Platon. Les monastres eurent
alors le monopole de l'enseignement. Le moyen ge vit la christianisation lente de
toute la population. Les diffrentes nations se constiturent avec des villes et des
citoyens, de la musique et de la posie populaires. Qu'auraient t les contes et les
chansons populaires sans le moyen-ge.
Le dbut du moyen ge fut dur (dcadence, commerce et finances volent en clat,
retour au troc, fodalisme, baisse de la dmographie).
L'empire romain se divisait en 3 parties :
- l'ouest la culture chrtienne de langue latine (capitale Rome)
- l'est la culture chrtienne de langue grecque (Constantinople, appele ensuite
Byzance, d'o l'expression moyen-ge byzantin )
- En Afrique du nord et au Moyen Orient, culture musulmane de langue arabe, qui se
rallia l'Islam la mort de Mahomet (632), bientt rejoints par l'Espagne.
L'islam avait pour lieux sacrs : La Mecque, Mdine, Jrusalem et Bagdad. Les
Arabes conquirent aussi la ville hellnistique d'Alexandrie, annexant la science
grecque et jouant un grand rle dans les sciences et l'emportant sur la culture
chrtienne.

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Philosophie au Les questions de cette poque, alors que les philosophes avaient au dpart admis que
Moyen-ge
le christianisme disait la vrit, taient :
- Quel rapport entre les philosophes grecs et ce qu'enseignait la bible ?
- Y a-t-il opposition entre la bible et la raison, ou pouvait-on concilier foi et savoir ?
St Augustin
(354-430)

Il naquit Thagaste (Afrique du Nord) puis partit 16 ans tudier Carthage. Il


voyagea Rome et Milan et fini sa vie Evque Hippone.

manichen

Premier philosophe inclure l'Histoire dans sa philosophie.


Il connut de nombreux courants philosophiques et religieux avant de se convertir au
christianisme. Il fut manichen. Les manichens taient une secte mi-religieuse miphilosophique.
Le monde est divis en 2, le bien et le mal, l'ombre et la lumire, l'esprit et la
matire. Combat entre la cit de Dieu et la cit terrestre , qui luttent au sein
de chaque tre humain. Dieu a besoin du droulement de toute l'Histoire pour
raliser sa la cit de Dieu (vision linaire de l'histoire de l'ancien Testament).
Grce son esprit, l'homme peut s'lever au dessus de la matire et trouver le salut
pour son me.
St Augustin tait proccup par l'origine du mal. Il fut sduit par les stociens, pour
qui la frontire entre le bien et le mal n'existe pas.
Il fut marqu par la philosophie de l'Antiquit tardive, le no-platonisme. C'est l qu'il
apprit que tout ce qui est au monde tait de nature divine.
Influenc par la pense Platonicienne.
Il y a des limites dans le domaine religieux que la raison ne peut franchir (le
christianisme est un mystre divin que seul la foi permet d'approcher). Par notre
foi, Dieu "claire" notre me et nous permet d'accder une connaissance quasi
surnaturelle de Dieu.
Il fait sienne l'ide que Dieu cra le monde (les philosophes pensaient qu'il avait
toujours exist).
Les "ides" de Dieu taient dans les penses de Dieu avant que celui-ci ne crer le
monde. Il prtait en quelque sorte Dieu les ides platoniciennes et sauvait de
cette manire la thorie des ides ternelles.
Entre Dieu et le monde, il y a un abme (rejet de la thorie de Plotin)
L'homme est un tre spirituel, un corps appartenant au monde physique
(destructible), et une me qui peut reconnatre Dieu.
Toute l'humanit fut dcime aprs la Chute. Dieu dcida de sauver quelques
hommes (loignement de l'humanisme grec). Dieu a tout dcid l'avance.
L'homme n'a pas le droit de critiquer Dieu.

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Influence Arabe

Les Arabes d'Espagne restaient influencs par Aristote. Des savants arabes furent
invits en Italie du Nord, et ils redcouvrirent les textes d'Aristote.
La question tait : quand devait-on couter le philosophe et quand devait-on s'en
tenir strictement la bible ?

St Thomas
d'Aquin
(1225 1274)

Originaire d'Aquino (entre Rome et Naples), et enseigna Paris. Plutt thologien


que philosophe.
Il christianisa Aristote. Son professeur de philosophie tait clbre : Albert le Grand
Il y a des vrits qu'on peut atteindre d'une part par la rvlation, et d'autre part
par notre raison inne ou naturelle et l'examen des sens. Une de ces vrits est
qu'il existe un Dieu. Notre raison ne peut apprhender qu'une partie du monde.
Dieu se serait rvl aux hommes travers la bible et travers la raison.
La mtaphysique d'Aristote prouve l'existence de Dieu.
La femme a une me, mais elle est subordonne l'homme.

Femme et
philosophie

Selon une vieille conception chrtienne et juive, Dieu n'tait pas seulement homme,
il avait un ct fminin (en grec "Sophia" ou "Sophie", et signifie sagesse).

Hildegard de
Bingen
(1098 1179)

Nonne qui vcu dans la valle du Rhin. Bien qu'elle fut une femme, elle a prch,
crit, soign des malades, tudi la botanique et la nature.

Fin du
Moyen-ge

A la fin du Moyen-ge, l'Italie se trouvait au point de rencontre de 3 zones (culture


latine, culture grecque et culture Arabe). Ce fut l'avnement de la renaissance.

Quelques annes aprs St Franois d'Aquin, la culture chrtienne se lzarda. La


philosophie et la science se dtachrent progressivement de la thologie de l'Eglise.
De plus en plus de personnes mirent l'accent sur l'impossibilit d'approcher Dieu par
la raison, car Dieu est par nature inconcevable pour l'esprit. Le plus important pour
l'tre humain n'est pas de comprendre le mystre divin, mais de se soumettre la
volont de Dieu.
La vie religieuse faisant enfin bon mnage avec la science, on vit l'avnement d'une
nouvelle mthode scientifique et d'une nouvelle conviction religieuses qui permirent
les 2 bouleversements du XIV et du XVme sicle, savoir la Renaissance et la
Rforme.

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Renaissance
Humanisme

Renaissance de l'art et de la culture. Renaissance de l'humanisme antique. De


nouveau on parlait de l'homme, alors que le moyen ge avait considr chaque action
et chaque vie la lumire de Dieu. Revenir aux sources, l'humanisme de
l'antiquit, retrouver les vieilles sculptures, apprendre le grec, tudier la culture
grecque furent la mode.
Invention de la boussole (> navigation/dcouvertes), la poudre (europens mieux
arms compars aux cultures amricaines et asiatiques), l'imprimerie (permit de
rpandre les ides humanistes > l'Eglise perd son monopole de dtenteur du savoir).
Le commerce et les villes s'taient dvelopps la fin du moyen ge, tout pouvant
tre achet, cela encourageait le travail bien fait, l'imagination et la cration.
(rappelle la cration des cits grecques il y a 2000 ans).
Une nouvelle bourgeoisie, ne du commerce, se libre des seigneurs fodaux et de
l'hgmonie de l'Eglise.
La culture grecque est redcouverte ("les 3 fleuves de l'Antiquit sont nouveau
runis").
C'est par l'ducation qu'on devient homme.
Nouvelle conception de l'homme. Foi en sa valeur (le Moyen-ge ne voyait en
l'homme qu'un pcheur).
Marsile Ficin : Connais-toi toi-mme, race divine dguise en homme !
Pic de la Mirandole : Discours sur la dignit de l'homme (impensable au Moyenge, o tout parlait de Dieu)
L'humanisme de la renaissance met l'accent sur l'individualisme. Nous ne sommes
pas seulement des tres humains, nous sommes aussi des individus uniques. D'o
le risque d'aduler le gnie en tant que tel.
L'Homme de la renaissance, tre humain qui s'intresse tout ce qui a trait la
vie, l'art ou la science. Ce n'est pas par hasard si l'anatomie, la dissection se
dveloppent.
L'homme n'existe plus seulement pour servir Dieu. Ce dernier avait aussi conu
les hommes pour eux mmes. Il incombait donc aux hommes de se rjouir de la
vie ici et l. Quand l'homme pouvait s'panouir en toute libert, ses capacits ne
connaissaient plus de frontires (nouveau par rapport l'humanisme de
l'Antiquit, qui insistait sur le repos des sens, la mesure et la matrise de soi).
Epanouissement exceptionnel de l'art, l'architecture (reconstruction de Rome,
basilique St Pierre...).

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Panthisme

Nouvelle conception de la nature. Les hommes se sentent heureux de vivre, ne


considrent plus seulement leur sjour sur terre comme une prparation la vie
dans le ciel. D'o une modification de leurs rapports avec le monde physique.
La nature devint quelque chose de positif, et Dieu existait au sein de la cration.
Puisqu'il tait infini, il devait pouvoir tre partout (Panthisme). La nature est
divine, elle est le dploiement de Dieu.
L'Eglise regarda cela d'un mauvais oeil. Giordano Bruno fut condamn mort par
le feu pour avoir dit que Dieu tait la totalit de l'univers, et que l'univers est
infini. En effet, il y eu aussi un mouvement "anti-renaissance". On jugea des
hrtiques et on brla des sorcires car la magie et la superstition taient
florissantes.
Mais l'poque eut aussi son ct sombre :
Guerres de religion
Violente conqute de l'Amrique.

Nouvelle
mthode
scientifique
mthode
empirique

Observation de la nature avec ses sens


Rserve quant la confiance aveugle dans les anciennes autorits qu'taient les
dogmes de l'Eglise et la philosophie de la nature d'Aristote. C'tait un leurre de croire
qu'il suffisait de rflchir pour rsoudre un problme quel qu'il soit.
Chaque observation de la nature doit tre soumise la perception de nos sens,
notre exprience et nos exprimentations : c'est la mthode empirique.
Exprimentation systmatique. On construit son savoir sur les choses partir de
sa propre exprience. Cette mthode fut la base de toutes les nouvelles
dcouvertes.
Mesure ce qui est mesurable, et rend mesurable ce qui ne peut pas tre mesur
Galile.
Le savoir est le pouvoir Francis Bacon.

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Nouvelle
reprsentation
du monde

Durant le Moyen-ge, les hommes vivaient sous le ciel et levaient les yeux vers le
soleil, la lune, les toiles et les plantes. Mais personne n'avait jamais mis en doute
que la terre soit au centre de l'univers (image gocentrique du monde).
Copernic : ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la terre, mais l'inverse
(opuscule "Du mouvement des corps clestes", 1543). Conception du monde
hliocentrique (tout tourne autour du soleil). En fait, on sait aujourd'hui que le
soleil n'est qu'une toile parmi une multitude.
Copernic croyait aussi que les plantes dcrivaient des cercles. C'est Johannes
Kepler qui montra que c'tait des ellipses. Il supposa aussi une force attirant les
plantes entre elles, expliquant les mares (ce quoi Galile ne croyait pas).
Galile formula la loi de l'inertie : la vitesse originelle d'un corps cleste se
maintient tant que les causes extrieures d'acclration ou de ralentissement
n'interviennent pas. Effet conjugu des forces pour donner des courbes
(paraboles).
Isaac Newton (1642 1727) a dcrit le mouvement des plantes et l'a expliqu
(combinaison de plusieurs forces : inertie, gravit). Il formula la loi de la
gravitation universelle : chaque corps attire un autre corps avec une force
proportionnelle la masse des corps et inversement proportionnelle au carr de
la distance qui les spare.
Cette nouvelle reprsentation fut un choc terrible. L'homme perdait quelque chose
de prcieux dans son statut privilgi au sein de la cration. L'homme d se faire
l'ide de vivre sur une plante perdue au sein de l'univers... il ne s'y est jamais fait !
Newton resta croyant, car il considrait que les lois physiques taient la preuve de la
toute-puissance de Dieu.
La renaissance tablit une nouvelle relation Dieu.
Au Moyen-ge, seuls les prtres et les moines pouvaient lire la bible, crite en latin.
A partir de la Renaissance, elle fut traduite de l'hbreu et du grec en langue
populaire. Ceci fut une tape essentielle pour ce qu'on a appel la rforme.

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La rforme
Martin Luther

Selon Luther, l'homme n'avait plus besoin de passer par l'Eglise pour obtenir le
pardon de Dieu.
Il prit ses distances vis--vis des coutumes et dogmes religieux dont tait truffe
l'Eglise depuis le Moyen-ge, par exemple il ne voulait pas payer les indulgences
(indulgences dont le commerce fut condamn au sein de l'Eglise vers la deuxime
moiti du XVIme).
Il voulait revenir aux sources du christianisme, au christianisme du Nouveau
testament. L'criture seulement , disait-il.
Chacun devait pouvoir lire la bible et tre son propre pasteur (les prtres ne
jouissaient pas selon lui d'une relation privilgie avec Dieu). A 35 ans, il apprit
le grec et traduisit la bible en allemand, jetant ainsi les fondements de la langue
crite allemande.
L'homme n'obtient pas son pardon et la rmission de ses pchs par des rituels
religieux. La foi seule offrait "gratuitement" l'homme son salut.
Un trait caractristique de la Renaissance est la place centrale de l'Homme dans
son individualit et de sa relation personnelle avec Dieu.
Erasme de Rotterdam fut un des autres rformateurs qui restrent au sein de l'Eglise
catholique romaine. Tout comme Marsile Ficin et Lonard de Vinci, il s'opposa
Luther, jugeant sa conception trop ngative.
Il soulignait en effet que l'homme tait un tre totalement dtruit aprs la Chute.
Seule la grce de Dieu peut rendre justice l'homme. Car le prix payer pour le
pch, c'est la mort.

Le Baroque
(XVIIme S.)

Le terme Baroque vient d'un mot portugais qui signifie une perle irrgulire .
L'art du Baroque se caractrise en effet par des formes trs contrastes en
opposition l'art de la renaissance qui prnait la simplicit et l'harmonie.
Nous retrouvons la glorification de la vie, mais aussi nous tombons dans l'autre
extrme avec la ngation de la vie et le renoncement au monde.
Que se soit dans l'art ou la vie, la vie s'panouit avec un faste sans prcdent alors que
dans le mme temps, les monastres incitent se retirer du monde (de fiers chteaux
et des monastres cachs).
Carpe Diem (cueille le jour)
Memento mori (rappelle-toi que tu mourras un jour)
Dans la peinture, c'est particulirement clair, puisque un mme tableau montre une
dbauche de formes de vie et un squelette en bas dans un coin.
Vanit ou fatuit.
Obsession par le caractre phmre de la vie. Tout ce qui est beau est amen
disparatre. Rien ne dure ternellement.

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Epoque agite, nombreux conflits. "Guerre de 30 ans" (1618-1648), terme qui


regroupe en fait plusieurs guerres qui firent des ravages en Allemagne. Conflit
entre protestants et catholiques + arrire plan politique : les diffrences de classes
taient trs importantes (entre la noblesse, la cour de Versailles d'une part, et le
peuple misrable de l'autre).
La consquence de la Guerre de 30 ans fut que la France devint la 1re puissance
europenne.
Dploiement de magnificence, dploiement de pouvoir. Les monuments sont comme
emberlificots avec toutes sortes d'angles et de recoins, l'image de la politique o
rgnaient en matres les assassinats, les intrigues et coups fourrs.
Assassinat de Gustav III, lors d'un grand bal masqu. Gustav III tait un despote
clair, homme trs vaniteux qui raffolait de tout le crmonial et des courbettes la
franaise. Passionn de thtre, qui tait tout un symbole.
La vie est un thtre
Shakespeare crivit ses drames (As you like, Macbeth, Hamlet) vers 1600,
cheval entre Renaissance et Baroque. Il compare la vie une scne, conscient que la
vie est courte, donc un peu pessimiste. "Nous sommes de l'toffe dont les rves sont
faits, et notre petite vie est entoure de sommeil". "To be or not to be"
Caldern de la Barca : Qu'est-ce que la vie ? Une folie. Une illusion, une ombre,
une fiction et le bien suprme a peu de valeur car la vie n'est qu'un rve (pice
"La vie est un songe").
Le thme de la comparaison entre vie et rve tait dj dans le conte arabe des
Mille et une nuits . Mais aussi bien avant, en Inde et en Chine, par exemple un
vieux sage chinois Tchouang-tseu (env. 350 av. J.C.) : Un jour j'ai rv que j'tais
un papillon, et prsent je ne sais plus si je suis Tchouang-tseu qui a rv qu'il tait
un papillon ou si je suis un papillon qui rve que je suis Tchouang-tseu .
Dieu est Dieu mme si la terre tait un dsert, Dieu est Dieu mme si les hommes
taient tous mort crivait Peter Dass, pote typiquement baroque, qui dcrivait la
vie quotidienne, et soulignait que seul Dieu existait et tait ternel. Son style,
mlange de considrations terrestres et spirituelles, est caractristique du baroque, et
rappelle la distinction q'tablit Platon entre monde des sens, concret et monde des
ides, immuable et ternel)
Epoque de conflits entre diffrents modes de penses. Idalisme (l'tre est de
nature spirituelle) oppos matrialisme (qui ramne tous les phnomnes des
causes matrielles).
Tous les phnomnes, ainsi que les hommes et les animaux, sont constitus
exclusivement de particules de matire. Mme la conscience de l'homme est due
aux mouvements de minuscules particules dans le cerveau. (Thomas Hobbe).

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Le matrialisme est entretenu par la science nouvelle, la mcanique de Newton.


Tous les matrialistes des XVII et XVIIIme ne voient cependant pas d'opposition
entre l'image mcanique du monde et leur foi.
"Tout comme la jambe possde des muscles pour marcher, le cerveau a des muscles
pour penser" ("L'Homme machine", La Mettrie).
"Si une intelligence avait connu la situation de toutes les particules de matires un
moment donn, rien ne serait incertain et le pass comme l'avenir s'offriraient ses
yeux" (Laplace, mathmaticien franais).
L'ide est que tout se qui se passe est dcid l'avance. Les jeux sont faits .
C'est le Dterminisme. La libre volont des hommes n'est qu'un leurre, tout n'est
que le rsultat de processus mcaniques.
Des philosophes allemands allrent mme jusqu' penser que les processus de la
pense se comportaient vis--vis du cerveau comme la bile vis--vis du foie ou
l'urine vis--vis des reins.
Mais la bile et l'urine sont des matires. Pas les penses ! L'astronaute n'a jamais vu
Dieu, le spcialiste du cerveau n'a jamais vu une pense !
Descartes et Spinoza s'attachrent dfinir les rapports entre l'me et le corps.

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Descartes
(1596-1650)

Descartes mena une vie de voyageur (comme militaire) travers l'Europe


(notamment 20 ans en Hollande). Son but tait d'avoir une connaissance sre au sujet
de la nature de l'homme et de l'univers. Ses tudes achevrent de le convaincre de sa
parfaite ignorance. Malgr une vie courte, il est l'origine de la pense
philosophique moderne. Il fut le premier construire un vritable systme
philosophique, comme le firent ensuite Spinoza, Locke, Berkeley, Hume et Kant.
Seule la raison permet une connaissance claire. Atteindre la connaissance par
des ides claires et distincte . Nous ne pouvons pas faire confiance ce qui est
crit dans les vieux livres. (filiation entre Socrate, Platon, St Augustin et
Descartes : rationalistes)
Il ne faut pas se rfrer la pense hrite du Moyen Age.
Il ne faut pas se fier nos sens (idem Platon), en effet difficile de diffrencier
rves de ralit, mais recourir la raison.
Etude du rapport me corps
Beaucoup de philosophes taient alors septiques quant la possibilit d'atteindre une
connaissance sre. Cela ne suffisait pas Descartes. De plus en plus de personnes
croyaient une explication mcanique du monde. Avant le XVIIme on considrait
l'me comme une sorte de souffle de vie qui anime tous les tres vivants (ou
souffle vital ou respiration . Pour Aristote, l'me tait quelque chose de
prsent dans tout l'organisme, donc indissociable du corps. C'est pourquoi il parlait d'
me vgtative et d' me sensitive . Ce n'est qu'au XVII me que les
philosophes firent une distinction radicale entre me et corps.
Descartes est parti du constat que l' esprit commande le corps (je dcide de lever
le bras).
Il pose le problme de la mthode philosophique suivre quand on se trouve face
un problme philosophique (opuscule Discours de la mthode ).
Nous ne considrons comme vrai que ce qui est clairement et distinctement
reconnu comme tel. Il peut tre ncessaire de diviser un problme en autant de
petits problmes que possible. On commence donc par les penses les plus
simples pour aller vers les plus complexes. Chacune tant pese et mesure
(rle de l'intuition). A chaque tape on vrifie que l'on ne laisse rien chapper la
vigilance de l'esprit). On finit par tre en mesure de dduire une certaine
conclusion philosophique. Il voulait appliquer une mthode mathmatique
pour prouver la vrit de certaines ides philosophiques.
Il commence par douter de tout.
Cogito ergo sum (je pense donc je suis). Il s'apprhende comme un tre
pensant. Puis se demande s'il ne connat pas autre chose avec la mme certitude
intuitive.
Il a aussi l'intuition qu'il existe un tre parfait. Cette ide s'tant toujours impose
lui, il en dduit qu'elle ne peut venir de lui-mme. Cette ide de perfection ne
peut venir que d'un tre parfait, Dieu. Conclusion htive ? C'est la critique qui lui
sera faite.

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Descartes pense que nous ne pouvons imaginer quelque chose qui n'existerait pas,
comme l'tre parfait (lien entre la pense et l'existence). Dans le concept "tre
parfait" il y a l'assurance qu'un tel tre existe, comme un cercle existe car la
condition "tous les points sont distance quivalente du centre" est remplie.
(Alors que son existence n'est pas assure dans le concept "crocophant").
La nature n'est pas un rve. On pourrait penser que toutes les images du monde
extrieur (comme le soleil et la lune) sont des chimres, mais la ralit extrieure
possde des qualit que nous pouvons reconnatre avec raison (rapports
mathmatiques signes de Dieu).
Mais la ralit extrieure est d'une autre nature que la ralit de la pense. 2
formes de ralit ou 2 substances . La pense (ou me ) et la matire
(ou tendue
L'me est consciente d'elle mme, ne prend pas de place et ne peut donc tre
divise en petites parties. La matire oui. Ces 2 substances dcoulent de Dieu.
Pense et Matire sont indpendantes. Les processus matriels peuvent se
produire indpendamment de la pense. Partage de la cration de Dieu en 2 :
ralit matrielle et ralit spirituelle (dualisme).
L'homme est un tre double (corps+esprit). Seul l'homme a une me. Il
considrait les animaux comme des automates perfectionns.
Descartes eut une grande influence, notamment sur Spinoza. Tous deux taient de
purs rationalistes. Un rationaliste croit que la raison est la source de la
connaissance. Il croit que l'homme nat avec certaines ides (ides innes), prsentes
dans la conscience et qui prcdent toute exprience. Plus l'ide tait claire, plus elle
devait correspondre quelque chose de rel.

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Spinoza
(1632-1677)

Baruch Spinoza, philosophe hollandais, appartenait la communaut juive


d'Amsterdam. Il vivait en taillant des verres optiques. Il fut banni, insult,
poursuivi (par sa famille aussi!) et menac cause de ses ides juges trop
subversives.
Il pensait que le christianisme et le judasme reposaient sur des dogmes rigides et
des rituels vids de leur sens. Critique historique de la Bible, contradictions entre
les textes. Il rejetait l'ide que Dieu les ait inspirs.
Il s'est battu pour la libert d'expression et la tolrance religieuse.
Il mettait en parallle Dieu et la nature. Il voyait Dieu dans tout ce qui existe, et
tout ce qui existe, en Dieu (panthiste). Dieu "est" le monde, et non seulement
celui qui l'a cr et le regarde.
Son ouvrage majeur : Ethique dmontre suivant l'ordre gomtrique .
L'thique est la doctrine des principes de la morale pour mener une vie heureuse.
Il veut dmontrer que la vie de l'homme est dtermine par les lois de la nature.
Nous devons nous librer de nos sentiments et de nos motions afin de trouver la
paix et le bonheur.
Il rfute la distinction corps-esprit (moniste, par opposition au dualisme).
Il assimile Dieu la nature, et la nature Dieu, s'loignant de Descartes et de la
conception judo-chrtienne du monde (par nature il entend tout ce qui existe).
L'homme connat 2 formes d'apparition de Dieu : la pense et l'tendue, mais
Dieu en possde d'autres. Tout ce qui est dans la nature appartient soit la Pense
soit l'Etendue. Toutes les choses et les vnements (la fleur et le pome sur la
fleur) sont diffrents modes de la Pense ou de l'Etendue. Un modus (modi au
pluriel) est une modification de la Substance infinie qu'est la Nature. Une fleur est
un mode de l'attribut de l'Etendue, le pome sur cette mme fleur est un mode de
l'attribut de la Pense. Chaque crature est un mode de Dieu.
Dieu est la cause immanente de tout ce qui arrive. Dieu n'est pas un montreur de
marionnettes, il ne se manifeste que par les lois naturelles. Tout se produit par
ncessit (conception dterministe, rappelant la conception des stociens).
On doit vivre selon sa nature, dvelopper les possibilits qu'on porte en nous
mme, qui sont limites car tributaires de nos dispositions de dpart et des
conditions extrieures. Seul un tre est la cause de lui-mme , c'est dire
conu par lui-mme, pouvant agir et s'panouir en toute libert : Dieu, ou la
Nature. Un tre humain peut lutter pour conqurir une libert qui le dlivre de
contraintes extrieures, mais il ne jouira jamais d'une libre volont .
Nous n'avons pas une me libre qui serait prisonnire d'un corps mcanique.
Nous ne choisissons pas ce que nous pensons.
Les passions de l'me telles que la vanit ou le dsir nous empchent d'atteindre
le bonheur et l'harmonie. Mais il s'agit de percevoir dans une vision d'ensemble
que tout fait partie de la Nature pour former un grand Tout. Ainsi nous
connatrons la batitude et la paix de l'esprit. Tout voir sous l'angle de
l'ternit .

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L'Empirisme

La tradition rationaliste va tre battue en brche partir du XVIIIme sicle par


l'Empirisme. Plusieurs philosophes dfendirent le point de vue que nous n'avons
aucune conscience des choses ou des vnements avant de les avoir apprhends par
nos sens.

LOCKE
(1632-1704)

Dans l Essai sur lentendement humain (1690), il tentait dclaircir deux


questions : lorigine des penses, et la fiabilit des sens.
Les penses sont le fruit de lexprience.
Nous commenons percevoir le monde par nos sens, sous forme d Ides
sensorielles simples . La conscience transforme ces impressions, les soumet au
raisonnement, au doute. De ce travail rsulte les ides rflexives .
Nous avons une vision synthtique des choses (voir + goter une pomme).
Il distingue dans le domaine du sens les qualits primaires irrfutables (ex : poids,
forme, mouvement et nombre des choses) et les qualits secondaires (ex : couleur,
got, temprature, son) qui elles peuvent varier selon lappareil sensoriel.
La raison peut apprhender certaines qualits.
Il ouvre la voie un savoir intuitif ou dmonstratif . Certaines rgles morales
fondamentales valent selon lui pour tous. Il se fit le chantre du droit naturel .
La raison humaine porte en elle lide de Dieu, ce nest pas une question de foi, mais
de raison inhrente lhomme.
Assez en avance sur son temps, il sest aussi intress lgalit des sexes quil
dfendait.
Cest lui que lon doit le principe du partage du pouvoir (pouvoir excutif /
lgislatif).

Hume
(1711-1776)

Empiriste cossais, qui vivait l'poque de Voltaire et Rousseau, c'est dire au


sicle des lumires. Il passa une bonne partie de sa vie voyager en Europe. Auteur
du "Trait de la nature humaine". Il part de la vie de tous les jours.
S'attache mettre de l'ordre dans les concepts et les constructions intellectuelles des
prcdents philosophes car on trouvait cette poque aussi bien des croyances
hrites du Moyen Age que les penses rationalistes du XVIIme.
Il voulut retourner l'exprience sensible immdiate. "Car aucune philosophie ne
pourra nous mener au del des expriences quotidiennes ou nous donner des rgles
de conduite diffrentes de celles qu'une rflexion sur la vie de tous les jours nous
permet de trouver".
Selon Hume, un ange est une association d'ides, runissant 2 expriences
diffrentes observes dans la ralit. En d'autres termes, c'est une reprsentation
fausse.

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De mme, dieu est considr comme un "pre svre et juste". 3 ides, "pre",
"svre" et "juste". Beaucoup de penseurs ont alors vu dans la religion une critique
adresse notre propre pre. Le "moi" est aussi une association d'ides.
Hume tait agnostique, ni croyant, ni athe.
Il diffrencie le savoir et la raison de la foi. Il refuse de croire aux miracles, mais
il n'y a pas de preuves qu'ils n'existent pas non plus. Le miracle est une rupture
avec les lois naturelles.
Il est absurde de dire que nous avons une exprience sensible des lois naturelles.
Nous voyons qu'une pierre tombe toujours, mais nous n'avons pas la preuve qu'elle
tombera toujours. La nature devient une habitude (un enfant serait moins surpris
qu'un adulte si la pierre ne tombait pas).
Une boule qui en percute une autre la met en mouvement. Nous constatons que les
deux choses se produisent conscutivement (le heurt puis le mouvement), mais nous
ne pouvons tablir la preuve que les deux sont lies. Ces liens relvent souvent de
l'habitude. De mme le lien entre l'clair et le tonnerre sont incorrects, car tous deux
ont une mme origine : une dcharge lectrique.
Dans la morale et l'thique aussi, Hume s'attaque la pense rationaliste selon
laquelle la diffrence entre le bien et le mal est inscrite dans la raison de l'homme.
Hume soutient que ce n'est pas notre raison, mais nos sentiments qui dictent ce que
nous disons ou faisons.
Nous nous sentons tous concerns par le bien-tre de nos semblables. La possibilit
de compatir n'a rien voir avec la raison. Il y a une limite dans l'aide qu'on peut
apporter aux autres, cela peut tre utile d'carter quelqu'un de son chemin ("a-t-on le
droit de tuer quelqu'un"). Le fait que l'autre aime la vie n'est pas une raison logique
pour ne pas le faire. Il ne faut pas passer d'une phrase descriptive ("l'autre aussi aime
la vie") une phrase normative ("on n'a pas le droit de supprimer"). Ne pas passer
d'une phrase nonant "ce qui est" "ce qu'il faut".
La raison ne peut nous dire comment nous devons agir. Et ce n'est pas en triturant
nos mninges que nous nous comporterons en adultes responsables, car ce n'est
qu'une question de cur.
Ainsi nous agissons pour sauver des vies aprs une catastrophe cologique, laissant
parler notre cur, alors que notre raison pourrait nous conduire penser que c'est une
bonne chose vu la surpopulation de la plante.

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Berkeley
Georges
(1685-1753)

Evque irlandais (Cloyne). Il sentait que la philosophie et la science mettaient en


danger la conception chrtienne du monde. Le matrialisme s'attaquait la foi selon
laquelle Dieu avait cr l'univers et le maintenait en vie. Il a crit le "Trait sur les
principes de la connaissance humaine" (1710), critique de l'abstraction sous toutes
ses formes.
Nous ne pouvons connatre le monde que par nos sens. Les choses sont
exactement comme nous les percevons, mais elles ne sont pas "des choses".
Berkeley met en doute le fait que le monde physique est une ralit comme l'ont
nonc Descartes, Spinoza puis Locke. La seule chose qui existe est ce que nous
percevons. Nous ne percevons pas "la matire". Nous ne pouvons saisir le monde
comme si c'tait un simple objet. Il nie l'existence d'un monde matriel qui serait
situ en dehors de la conscience humaine.
Quand on tape sur une table, on peroit quelque chose de dur, mais on ne sent pas la
matire mme de la table. On peut aussi rver les choses. On peut aussi influencer la
perception de quelqu'un. Si ce n'est pas la table qui est dure, c'est qu'une volont ou
un esprit nous l'a fait sentir. Toutes nos ides ont, selon lui, une cause extrieure
notre propre conscience. Cette cause est spirituelle, et non matrielle.
Notre propre me peut tre la cause de nos propres reprsentations (comme le rve).
Tout dcoule de l'esprit qui agit en toute chose et en quoi toute chose consiste . Il
pense Dieu bien sr. L'existence de Dieu est beaucoup plus clairement perue que
celle des hommes . Tout ce que nous voyons et sentons est une consquence de la
puissance de Dieu. Dieu est intimement prsent dans notre conscience et fait surgir
toute cette multitude d'ides et de perceptions auxquelles nous sommes sans cesse
exposs. Le monde et notre existence reposent entre les mains de Dieu.
Etre ou ne pas tre ne serait donc pas la seule question. Il faut aussi se demander
ce que nous sommes. Sommes nous de vrais tres humains, en chair et en os ? Notre
monde est-il constitu de choses relles o sommes nous seulement entours de
conscience ?
Berkeley ne met pas seulement en doute la ralit matrielle, mais aussi le temps et
l'espace qui selon lui n'ont absolument pas d'existence, sinon dans notre conscience.

Bjerkely
(1685-1753)

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Bjerkely = " l'ombre des bouleaux".

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Le Sicle des
lumires ou
Sicle du
rationalisme
(XVIIIme)

L'Angleterre tait le centre de la philosophie au dbut du XVIIIme, puis l'Allemagne


au milieu, et enfin la France la fin (du XVIIIme toujours).
La plupart des grands philosophes franais, comme Montesquieu, Voltaire,
Rousseau, partagrent des penses gnrales.
1. Rvolte contre l'autorit
2. Rationalisme
3. La pense du sicle des lumires
4. L'optimisme culturel
5. Le retour la nature
6. La religion naturelle
7. Les droits de l'homme
1. La premire notion clef est celle de la rvolte contre l'autorit. De nombreux
philosophes franais s'taient rendus en Angleterre qui jouissait cette poque d'une
plus grande libert. Ils furent fascins par la science exprimentale (Newton et sa
physique universelle), et par la philosophie (Locke). En rentrant, ils se rebellrent
contre les anciennes autorits, l'Eglise, le Roi et la noblesse (institutions plus
puissantes en France qu'en Angleterre). Il tait essentiel d'avoir une attitude critique
vis--vis de la tradition philosophique. L'ide est que l'individu seul doit tre mme
de rpondre aux questions qu'il se pose. L'exemple de Descartes a fait des mules.
Au cur de la philosophie des lumires, on retrouve la pense de Locke : Dieu et
certaines morales sont inns dans la raison de l'homme. Les philosophes se situaient
dans la tradition des humanistes antiques, tels Socrate et les Stociens, puisqu'ils
avaient une foi inbranlable en la raison de l'homme.
2. La nouvelle science exprimentale avait tabli que la nature suivait des rgles bien
prcises. Les philosophes s'assignrent comme tche de jeter les bases rationnelles de
la morale et de la religion. La pense proprement dite du sicle des lumires
consistait "clairer" les couches profondes de la population. C'tait la condition
sine qua non pour fonder une meilleure socit. La misre et l'exploitation n'taient
selon eux que la consquence de l'ignorance et de la superstition si rpandues parmi
le peuple. C'est pourquoi ils accordrent une place primordiale l'ducation du
peuple et des enfants. Ce n'est pas un hasard si la pdagogie date de cette poque,
dont l'uvre marquante fut une encyclopdie.
3. Ces philosophes pensaient qu'il suffisait de rpandre la raison et la connaissance
pour que l'humanit progresse.
4. Le progrs est une bonne chose s'il suit la lumire naturelle de la raison. Pour
certains, le nouveau mot d'ordre fut le retour la Nature, le mot Nature signifiant
presque la mme chose que "raison". Car la raison de l'homme est pour eux une
donne de la nature. Le "bon sauvage" fut cit en exemple parce qu'il n'tait pas
corrompu par la civilisation.

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5. Nous devrions retourner la nature , telle est la formule de Jean-Jacques


Rousseau. Car la nature est bonne et l'homme est, par nature, bon. Tout le mal rside
dans la socit. L'enfant devrait, selon lui, avoir le droit de vivre dans son tat
d'innocence "naturelle" aussi longtemps que possible. L encore, le statut particulier
de l'enfance date du sicle des lumires, alors qu'avant ce n'tait qu'une prparation
la vie d'adulte. Nous sommes en effet des tres humains et vivons notre vie sur terre
mme lorsque nous sommes enfants.
6. La religion aussi doit redevenir "naturelle", retrouver des racines rationnelles. De
nombreux matrialistes ne croyaient en aucun dieu et affichaient un athisme de bon
aloi. Cependant, les philosophes du sicle des lumires trouvaient qu'on ne pouvait
concevoir un monde sans dieu. Le monde tait trop soumis la raison pour envisager
une telle possibilit. Newton partageait ce point de vue. La croyance en l'immortalit
de l'me relevait davantage du domaine de la raison que de celui de la foi,
exactement comme pour Descartes.
Les philosophes de cette poque voulaient dpoussirer le christianisme de tous ces
dogmes arbitraires et de ces professions de foi qui venaient se substituer au message
de Jsus dans le cours de l'histoire de l'Eglise. Beaucoup se dclarrent pour le
disme. Le disme est une conception selon laquelle Dieu a cr le monde il y a trs,
trs longtemps, et ne s'est pas manifest depuis. Dieu se rduit un "tre suprme"
qui ne se rvle qu' travers la nature et ses lois, et non de manire "surnaturelle".
Chez Aristote aussi, Dieu tait "la premire cause" ou le "premier moteur" de
l'univers.
7. Les philosophes franais mettaient leurs thories en pratique, luttaient pour la
reconnaissance des "droits naturels" des citoyens, ou "droits de l'homme". Il
s'agissait tout d'abord de la censure, c'est--dire de la libert d'expression, dans le
domaine de la religion, de la morale et de la politique. Chacun devait pouvoir penser
librement et exprimer ses convictions. Et il s'agissait aussi de lutter contre
l'esclavagisme et d'adoucir le traitement des criminels. Le principe de l'inviolabilit
de tout individu est expos la fin de la dclaration des droits de l'homme et du
citoyen qui fut rdig par l'Assemble Nationale en 1789.
Les philosophes des Lumires voulaient tablir les droits inalinables de chaque
individu, du seul fait qu'il est n homme. C'est ce qu'on entend par "droits naturels"
et qui bien souvent s'oppose aux lois en vigueur dans tel ou tel pays.
C'est sous la rvolution franaise que commencrent les premiers mouvements pour
les droits des femmes. Condorcet publia en 1787 un crit sur les droits des femmes,
qui ont les mmes droits naturels que les hommes.
Elles furent actives lors de la rvolution, la tte des manifestations qui
contraignirent le roi s'enfuir de Versailles. Mais ds la restauration on revint
l'ordre social traditionnel avec la domination masculine habituelle.
Une de celles qui luttrent pour l'galit des droits entre hommes et femmes fut
(Marie Olympe de Gouges (1748-1793), qui publia une dclaration sur les droits des
femmes. Elle fut guillotine, et toute action politique fut dsormais interdite aux
femmes. Il fallu attendre le XIXme sicle pour qu'il et un nouveau mouvement pour
les femmes.

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Kant
(1724-1804)

N Knigsberg (Prusse orientale, aujourd'hui Kaliningrad) d'un pre bourrelier, il y


vcu toute sa vie. Il eu une ducation pitiste fort rigoureuse, d'o sa philosophie.
Comme pour Berkeley, il lui paraissait essentiel de sauver les fondements de la foi
chrtienne. Il fut le premier philosophe avoir occup une chaire de philosophie
l'universit (en quelques sortes il tait "philosophe professionnel").
Le terme philosophe recouvre de nos jours deux sens lgrement diffrents : c'est
d'abord quelqu'un qui essaye de trouver ses propres rponses aux questions qu'il se
pose, mais ce peut tre aussi un spcialiste de l'histoire de la philosophie sans pour
autant dvelopper sa propre philosophie.
Pour les rationalistes, la raison de l'homme constitue le fondement de toute
connaissance, alors que les empiristes soutiennent que seuls nos sens nous permettent
de connatre le monde. Hume avait en outre clairement montr les limites des
conclusions auxquelles nos impressions nous font aboutir.
Kant pensait que les deux avaient pour une part raison. La question tait bien de
savoir quelle connaissance nous pouvons avoir du monde et ce projet philosophique
tait commun tous les philosophes depuis Descartes. Mais il s'agissait de savoir si
le monde tait tel que nos sens le percevaient ou tel que nous le reprsente la raison.
Selon Kant, la perception et la raison jouent toutes les deux un grand rle, mais il
trouvait que les rationalistes accordaient trop de pouvoir la raison, et que les
empiristes se limitaient trop leurs expriences sensibles. Il admet que l'exprience
est l'origine de toute connaissance, mais il ajoute que seule notre raison possde les
conditions requises pour analyser comment nous percevons le monde.
Si on met des lunettes rouges, on peroit le monde rel, mais color. De la mme
faon, Kant pensait que notre raison dispose de certaines facults qui dterminent
toutes nos expriences sensibles. Quelle que soit notre exprience sensible, elle
s'inscrit obligatoirement dans l'espace et le temps. Kant appelait l' "espace" et le
"temps" les deux "formes priori" de la sensibilit de l'homme, c'est--dire qu'elles
prcdent toute exprience. Cela signifie que nous savons l'avance que toute
exprience sera inscrite dans le temps et l'espace. Nous ne pouvons en effet pas
enlever les "lunettes" de la raison.
Concevoir les choses dans l'espace et le temps est inn. Ce que nous voyons dpend
du lieu o nous sommes, mais, o que nous soyons, le monde n'est qu'une somme de
phnomnes inscrits dans le temps et l'espace.
Le temps et l'espace n'existent pas en dehors de nous, ils sont des lments
constitutifs de l'homme. Ce sont avant tout des structures intuitives qui ne relvent
pas du monde.
La conscience de l'homme n'est pas une feuille blanche o s'inscriraient de faon
passive les impressions de nos sens. C'est au contraire une instance minemment
active, puisque c'est la conscience qui dtermine notre conception du monde. Nos
perceptions se plient nos "formes priori" de la sensibilit, comme l'eau s'adapte
la forme de la carafe.
Si la conscience est forme partir des choses, les choses leur tour sont formes
partir de la conscience. Ce point est ce que Kant lui-mme a surnomm sa
"rvolution Copernicienne" dans le domaine de la connaissance (faon de penser
radicalement nouvelle).

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Quant la "loi de causalit" que l'homme, selon Hume, ne pouvait pas connatre par
exprience, Kant considre qu'elle fait partie de la raison.
Hume prtendait que seule l'habitude nous fait croire un enchanement logique des
phnomnes dans la nature. Kant, lui, considre justement comme une qualit inne
de la raison ce qui chez Hume tait indmontrable. La loi de causalit prvaudra
toujours, tout simplement parce que l'entendement de l'homme considre chaque
vnement dans un rapport de cause effet.
Pour Kant, aucun doute, nous portons cette loi en nous. Il veut bien admettre comme
Hume que nous ne pouvons avoir aucune certitude sur la vraie nature du monde "en
soi". Nous pouvons seulement connatre comment le monde est "pour moi", c'est
dire pour nous, les tres humains.
Cette diffrence entre "Das Ding an sich" (la chose en soi) et "Das Ding fr mich" (la
chose pour moi) est le point essentiel de la philosophie de Kant.
Sans pouvoir nous avancer sur le terrain de "la chose en soi", nous sommes
nanmoins en mesure de dire la suite de chaque exprience comment nous
concevons le monde.
Avant de sortir le matin, mme si on n'a aucune ide de ce que l'on va vivre, on sait
que cela va s'inscrire dans l'espace et le temps. Quant la loi de causalit, elle fait
partie de notre esprit. Nous aurions pu tre dots d'un autre systme perceptif qui
aurait modifi notre exprience du temps et de l'espace. Nous aurions pu ne pas nous
intresser aux relations de cause effet dans le monde qui nous entoure.
Si une balle roule par terre, le chat va courir aprs, alors que l'humain va se retourner
pour voir d'o elle vient, parce qu'il s'interroge sur la cause de chaque vnement. La
loi de causalit est inhrente chaque tre humain.
Pour Hume, il tait impossible de sentir ou de dmontrer ces lois naturelles. Kant au
contraire, refusait d'admettre cela. Pour lui ces lois existent puisque c'est notre
facult de connatre qui organise la connaissance, et non les objets qui la
dterminent.
Kant dit que la raison n'est pas compltement dveloppe chez un petit enfant avant
qu'il n'ait un grand champ d'exprience disposition.
D'un ct nous avons les lments extrieurs que nous ne pouvons connatre avant
d'en avoir fait l'exprience et c'est ce que nous appelons la "matire" de la
connaissance. De l'autre nous avons les caractristiques de la raison humaine comme
par exemple de concevoir chaque vnement dans l'espace et le temps ou encore de
le situer dans un rapport de cause effet : c'est ce que l'on peut appeler la "forme" de
la connaissance.
Les philosophes avant Kant s'taient poss les "grandes" questions philosophiques,
savoir si l'homme a une me immortelle, s'il existe un dieu, si la nature est constitue
de minuscules particules ou encore si l'univers est fini ou infini Kant pensait que
rpondre ces questions n'tait pas du ressort de l'homme. Cela ne voulait pas dire
qu'il les refusait, car dans ce cas il n'aurait pas t un vrai philosophe.

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Concernant des problmes de cette importance, il trouvait que la raison s'exerait en


dehors du champ de la connaissance. Mais c'est un trait caractristique de la nature
humaine ou de la raison que d'prouver le besoin de se poser prcisment ce type
de questions.
Ainsi, quand nous nous demandons si le monde est fini ou infini, nous posons une
question sur un tout dont nous ne formons qu'une infime partie. C'est pourquoi nous
ne pouvons prtendre connatre ce tout.
Quand nous nous interrogeons sur l'origine du monde et hasardons des hypothses, la
raison tourne en quelque sorte vide, car nous ne disposons pas de "phnomnes"
sensibles proprement parler ou d'expriences auxquelles se rfrer. Nous ne
pouvons jamais faire l'exprience de la totalit qui nous englobe.
Nous ne sommes qu'une partie de la balle qui roule sur le sol sans pouvoir savoir
d'o elle vient. Mais notre esprit est ainsi fait que nous ne pouvons nous empcher de
nous interroger sur l'origine de la balle et sur toutes sortes de problmes mme si
nous n'avons pas grand-chose de concret nous mettre sous la dent.
S'agissant des problmes fondamentaux, la raison produira toujours deux thses tout
aussi probables ou improbables qui s'affronteront.
On peut tout aussi bien affirmer que le monde a commenc un jour ou qu'il a toujours
exist. Les deux possibilits sont tout aussi inimaginables pour la raison humaine.
Nous pouvons affirmer que le monde a t de tout temps, mais est-il possible que
quelque chose ait toujours exist sans qu'il y ait eu un jour un commencement. Si on
suit le raisonnement inverse, nous disons que le monde a eu un commencement, ce
qui revient dire qu'il est n du nant. Mais quelque chose peut-il natre du nant ?
Dans les deux cas on est coinc, et pourtant l'une des hypothses est juste.
Dmocrite et les matrialistes pensaient que la nature tait constitue de minuscules
lments qui s'assemblaient entre eux pour former quelque chose. D'autres, comme
Descartes, pensaient au contraire que l'tendue pouvait toujours se subdiviser.
D'autres ont soulign que la libert tait une des facults les plus importantes chez
l'homme. Mais, pour les stociens et Spinoza, pour ne citer qu'eux, tout ne fait que
suivre les lois de la nature. L encore, Kant trouve que la raison n'est pas en mesure
de trancher le dbat.
Il en est de mme pour prouver l'existence de Dieu. Jamais l'exprience ne peut nous
fournir le moindre fondement pour affirmer que Dieu existe ou non.
Kant, voulait sauver les fondements de la foi chrtienne. Il a ouvert la voie une
nouvelle dimension religieuse : la foi va s'engouffrer dans l'espace laiss vacant par
l'exprience.
Depuis la rforme, le protestantisme s'est caractris par sa foi, alors que le
catholicisme a ds le Moyen-ge recouru la raison pour tayer sa foi.
Mais Kant ne se contenta pas de rejeter ces questions sur le compte de la foi. Il tait
selon lui ncessaire la morale de l'homme de prsupposer que l'homme a une me
immortelle, qu'il existe un Dieu, et que l'homme a un libre arbitre.

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Un peu comme Descartes, il commence par exprimer ses doutes sur notre facult de
connatre, puis il rintroduit Dieu. Mais, la diffrence de Descartes, il prcise bien
que c'est sa foi qui l'a amen ces conclusions et non la raison. Pour lui la foi en une
me immortelle, en l'existence de Dieu et le libre arbitre de l'homme sont des
postulats pratiques (affirm mais non dmontr), quelque chose qui a trait la
pratique de l'homme, autrement dit sa morale. C'est une ncessit morale que
d'accepter l'existence de Dieu.
Il ne faut pas esprer comprendre qui nous sommes, ni ce qu'est l'univers.
Le scepticisme de Hume vis--vis du message de notre raison ou de nos sens amena
Kant se poser encore une fois toutes les questions essentielles et ce titre le
problme de la morale est loin d'tre accessoire. Hume dclara qu'il tait impossible
de dmler le vrai du faux, puisque ce qui "est" n'implique pas ce qui "doit tre".
Selon lui, pas plus notre raison que notre exprience sensible ne nous permettent de
distinguer le vrai du faux. Pour lui ctait une pure question de sentiments. Ce que
Kant trouvait bien trop inconsistant comme fondement de la thorie.
Pour Kant, la distinction entre bien et mal recouvrait quelque chose de rel. Cette
distinction nest pas apprise, mais est inscrite dans notre raison (inn). Tous les
hommes ont accs la mme loi morale universelle. Cette loi est aussi absolue que
les lois physiques pour les phnomnes naturels. Elle est le fondement de notre vie
morale comme peut ltre le principe de causalit pour notre entendement ou encore
que sept et cinq font douze.
La loi morale prcde toute exprience, elle est donc dite formelle. Elle ne dit pas ce
quil faut faire ou ne pas faire dans telle circonstance, mais ce quil convient de faire
en toute circonstance. Cette loi est un impratif catgorique, cest--dire quelle vaut
pour toutes les situations et quelle est imprative, cest--dire quelle donne un ordre
auquel on ne peut quobir.
Quand on fait quelque chose, il faut dsirer que les autres dans une mme situation
aient la mme attitude que soi. Ce nest qu cette condition que lon agit en accord
avec la loi morale que lon porte en soi.
Agis de telle sorte que tu traites lhumanit aussi bien dans ta personne que dans
la personne de tout autre toujours en mme temps comme une fin et jamais
simplement comme un moyen
Ce qui revient dire que nous ne devons pas utiliser les autres pour essayer den tirer
un profit personnel. Tous les hommes ont une fin en soi. Cela vaut pour tous les
autres, mais aussi pour soi-mme.
La loi morale est absolue et universelle. La raison est impuissante la dmontrer,
mais elle nen reste pas moins incontournable. Personne ne peut le nier. Quand Kant
dcrit la loi morale, il dcrit la conscience de lhomme. Nous ne pouvons pas
dmontrer ce que nous dit notre conscience morale, mais nous le savons malgr tout
parfaitement.
Agir pour se montrer sous son meilleur jour nest pas agir selon la loi morale. Pour
mriter le terme daction morale, il faut que ce soit le rsultat dune victoire sur soimme. Il faut sentir que cest notre devoir dagir de la sorte. On parle pour Kant
dune thique du devoir .
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Limportant est de faire les choses par devoir, davoir le sentiment daccomplir des
choses justes, sans se proccuper de voir si elles le sont effectivement.
Lhomme possde une volont libre selon Kant, mais il admet aussi que tout obis au
principe de causalit. La volont peut-elle tre libre ?
Pour Kant, lhomme est divis en corps et raison. Nous sommes des tres soumis
limmuable loi de la causalit, mais nous ne pouvons pas choisir ce que nos sens
peroivent, des expriences marquent en nous indpendamment de notre volont.
Nous ne nous rduisons pas cela : nous sommes aussi des tres dous de raison. En
tant qutres sensibles, nous faisons partie intgrante de lordre de la nature et ne
pouvons ce titre exercer aucune volont. Mais, en tant qutres dous de raison,
nous appartenons ce que Kant appelle Das Ding an sich , cest--dire au monde
tel quil est, indpendamment de nos perceptions. En suivant notre raison
pratique , qui nous permet de faire des choix moraux, nous manifestons notre
libert. Car en nous pliant la loi morale, nous ne faisons quobir une loi que nous
nous sommes impose.
Quand on dcide de ne pas ennuyer les autres, mme si ce nest pas dans notre
intrt, nous agissons librement. On nest pas trs libre et indpendant si on se
contente de suivre ses pulsions. On finit en effet par tre lesclave de ses dsirs, de
son propre gosme par exemple. Il faut une bonne dose dindpendance et de libert
pour se dtacher de ses envies et de ses dsirs.
Cest ce qui diffrencie les hommes des animaux, ces derniers ne faisant que
satisfaire leurs dsirs et leurs besoins.
Kant a russi faire sortir la philosophie de limpasse o elle se trouvait avec la
querelle entre les rationalistes et les empiristes.
Cest lui qui proposa, en 1795, dans son Projet de paix perptuelle, que tous les pays
sunissent pour former une assemble des peuples qui veillerait la paix entre toutes
les nations. Ce nest que 125 ans plus tard, aprs la premire guerre, que fut cre la
socit des Nations, qui fut remplace par les Nations Unies aprs la seconde guerre.
Il mourut laube dune nouvelle poque, appele le romantisme.
Sur sa tombe est inscrit Deux choses ne cessent de remplir mon cur
dadmiration et de respect plus ma pense sy attache et sy applique : le ciel toil
au dessus de ma tte et la loi morale en moi .

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Le Romantisme
Fin XVIIIme
Mi XIXme

Aprs la Renaissance, le Baroque et le sicle des Lumires, arrive la dernire priode


culturelle que lEurope ait connu.
Le Romantisme, le dernier mouvement dfinir un mode de vie ? Cela commena en
Allemagne en raction contre le partage de la raison pendant le sicle des Lumires.
Aprs Kant et sa philosophie qui tait plutt austre, les jeunes en Allemagne avaient
besoin dair pur.
Les nouveaux mots dordre taient sentiments , imagination et nostalgie .
Certes, le sentiment navait pas t mis de ct par les philosophes du sicle des
Lumires (ex : Rousseau), mais ce ntait que pour faire contrepoids la raison. Ce
qui ntait quaccessoire devint essentiel dans la culture Allemande.
De nombreux romantiques se considraient comme les descendants de Kant. Kant
avait clairement indiqu quil y avait des limites ce que nous pouvons savoir de la
chose en soi (das ding an sich) tout en soulignant limportance du sujet sur la voie
de la connaissance. Ainsi chacun pouvait sa guise redfinir son rapport au monde et
donner sa propre interprtation du rel.
Les romantiques pratiqurent loutrance ce culte du moi . Tout ceci aboutit
lide de gnie artistique comme quintessence de lesprit romantique.
Beethoven est un exemple de gnie, sa musique traduit les motions et les dsirs dun
tre humain et, ce titre, il soppose aux grands matres de la musique baroque
comme Bach et Haendel, qui composaient en lhonneur de Dieu, et daprs des
rgles assez strictes.
Il y a beaucoup de traits communs entre la renaissance et le romantisme, entre autre
la place privilgie accorde lart comme moyen de connaissance. Kant ny est pas
tranger, puisquil stait interrog sur lorigine de notre ravissement face quelque
chose de trs beau. Selon lui, en nous abandonnant la contemplation esthtique
sans rechercher autre chose quune exprience dordre artistique, nous nous
approchons dune forme dexprience de la chose en soi , car nous dbordons du
strict cadre de notre raison. Lartiste exerce librement sa facult de connaissance et
joue avec elle.
Lartiste peut faire passer quelque chose que les philosophes sont incapables
dexprimer. Telle tait la conception des romantiques.
Le pote allemand Schiller dveloppa les ides de Kant en disant que lactivit
artistique est comme un jeu o lhomme est libre puisquil invente ses propres rgles.
Les romantiques pensaient que seul lart nous permet de cerner lindicible. Dautres
allrent jusqu comparer lartiste avec Dieu. Ce nest pas si surprenant car lartiste
cr sa propre ralit exactement comme Dieu a cr le monde.
Lartiste a une imagination cratrice. Port par son lan crateur, il abolit la
diffrence entre rve et ralit.
Novalis dclara que le monde devient rve, le rve devient monde . Il crivit un
livre (inachev sa mort) qui eut un grand succs Heinrich von Ofterdingen , o
il est question du jeune Heinrich qui part la qute de la fleur bleue quil a
aperue un jour en rve et naspire qu retrouver.

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La nostalgie, la qute de quelque chose dloign et dinsaisissable tait


caractristique de la mentalit romantique. On regrettait les poques rvolues comme
le Moyen ge par exemple.
Les romantiques voulaient aussi retrouver la trace de cultures plus lointaines, comme
la culture et la mystique orientales. Ils se sentaient attirs par la nuit, les lueurs
crpusculaires, les ruines et le surnaturel, en un mot par tous les aspects nocturnes,
cest--dire tranges et mystiques, de lexistence.
Le romantisme fut dabord un phnomne urbain, dans la plupart des grandes villes
dEurope dans la premire moiti du XIXme, et tout particulirement en Allemagne.
Le romantique type tait un jeune homme, souvent tudiant, mme sil ne brillait pas
dans ses tudes, avec une conception de vie trs antibourgeoise, allant jusqu
qualifier les autres, que ce soit la police ou sa logeuse, de sale petits-bourgeois ,
voire d ennemis . Le romantisme fut la premire rvolte des jeunes en Europe. Il
y a beaucoup de traits communs entre eux et les hippies cent soixante ans dcart.
Loisivet passait pour lidal du gnie, et la paresse pour la vertu du romantisme.
Les romantiques considraient comme leur devoir de faire toute sorte dexpriences,
mais aussi de schapper du monde par le rve. La routine, ctait bien assez bon
pour les petits-bourgeois.
Il y eut galement des romantiques en Norvge, comme Welhaven et Wergeland. Ce
dernier incarna beaucoup didaux du sicle des Lumires, mais sa vie est
typiquement celle dun romantique : il tait constamment amoureux, mais sa
Stella , pour qui il composa tous ses pomes damour, resta toujours, trait
caractristique du romantisme, une figure aussi lointaine et inaccessible que la
fleur bleue de Novalis. Il se fiana une jeune fille de 14 ans qui mourut un an
aprs, mais il lui resta toujours fidle. Il mourut vingt-neuf ans.
La plupart des romantiques moururent souvent jeunes, souvent de tuberculose, et
parfois de suicide. Ceux qui vieillirent cessrent dtre romantiques quand ils
atteignirent la trentaine, pour devenir de bons bourgeois bien conservateurs.
Le schma de lamour impossible se retrouve dj dans le roman pistolaire de
Goethe : Les souffrances du jeune Werther (1774). Ce petit livre se termine par le
suicide du jeune Werther qui ne peut obtenir celle quil aime. Il y eut une telle vague
de suicide la suite de ce roman quil fut un temps interdit. Etre romantique ntait
donc pas anodin.
Une des caractristiques du romantisme est la nostalgie dune nature sauvage et
mystique, vision cre de toute pice. La nature est considre comme un tout. Les
romantiques sinscrivent dans la tradition de Spinoza, de Plotin et des philosophes de
la renaissance comme Jacob Bhme, et Giordano Bruno. Tous ces philosophes
affirment avoir fait lexprience dun moi divin au sein de la nature. Ils taient
panthistes.
Descartes et Hume avaient opr une nette distinction entre le moi du sujet et
l tendue de la ralit. Kant avait aussi laiss cette distinction entre le
moi connaissant et la nature en soi .
Et voil quon dclarait que la nature ntait quun immense moi !
Les romantiques se servaient aussi de lexpression l me du monde ou l esprit
du monde .
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Friedrich
Wilhelm
Schelling
1775 - 1854

Premier grand philosophe romantique, il tenta dabolir la distinction entre


l esprit et la matire . Toute la nature ntait selon lui que lexpression dun
absolu ou de l esprit du monde .
La nature est lesprit visible, lesprit la nature invisible (Schelling). Car partout
dans la nature nous pouvons trouver un esprit qui ordonne et structure . La
matire est de lintelligence ensommeille , ajoute-t-il. Il voyait en la nature
lesprit du monde, mais il voyait aussi cet esprit luvre dans la conscience de
lhomme. Vu sous cet angle, la nature et la conscience de lhomme sont simplement
deux formes dexpression de la mme chose.
On peut chercher l esprit du monde aussi bien dans la nature quen soi-mme.
Cest pourquoi Novalis a pu crire que le chemin mystrieux va vers lintrieur .
Il entendait par l que lhomme porte tout lunivers en lui et que cest en plongeant
lintrieur de soi-mme que lhomme peut ressentir le mystre du monde.
Pour les romantiques, la philosophie, les sciences exprimentales et la littrature
faisaient partie dun grand tout. La nature nest pas un mcanisme mort mais un
esprit du monde vivant.
Schelling observait une volution dans la nature qui partait de la pierre et de la terre
jusqu la conscience de lhomme. Il soulignait les diffrents stades qui permettent
de franchir toutes les tapes qui vont de la nature inanime jusqu des formes de vie
de plus en plus labores.
La nature tait conue par les romantiques comme un organisme, cest--dire un tout
qui laisse spanouir ses possibilits internes ou comme une fleur qui souvrirait en
montrant ses feuilles ou ses ptales. Ce pourrait aussi tre un pote qui laisse venir
lui les pomes. Ceci rappelle Aristote. La philosophie romantique de la nature
prsente des traits communs la fois avec le No-platonisme et Aristote qui
concevait davantage les phnomnes naturels dun point de vue organique que les
matrialistes mcaniques.

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Selon lui, le cours de lhistoire tait le fruit dun processus visant un but bien
Johann
Gottfried Herder prcis. Il avait une conception dynamique , en opposition la conception
1744 - 1803
statique des philosophes du sicle des Lumires. Herder rendit justice chaque
poque, de mme que chaque peuple avait sa spcificit, ce quil appelle l me du
peuple .
Toute la question est de savoir si nous sommes capables de nous transposer dans ces
diffrentes cultures. Tout comme nous devons pouvoir nous mettre la place de
quelquun pour mieux comprendre la situation, nous devrions tre capables de nous
imaginer vivre dans dautres poques pour mieux les comprendre. Cest devenu un
lieu commun notre poque, mais ctait trs nouveau lpoque romantique. Le
romantisme contribua en effet renforcer lidentit culturelle de chaque nation.
Il faut distinguer deux formes de romantisme :
- Celui quon a appel le romantisme universel et qui fait rfrence la conception
de la nature, lme du monde et au gnie artistique et qui se dveloppa surtout
Ina en Allemagne vers 1800.
- Le romantisme national qui connut un essor quelques annes plus tard
Heidelberg. Les romantiques nationaux sintressaient surtout lhistoire, la
langue du peuple , cest--dire tout ce qui relevait de la culture populaire .
Car le peuple tait considr comme un organisme devant dvelopper ses
possibilits internes, tout comme la nature ou lhistoire.
Ce qui relie ces deux aspects du romantisme, cest la notion dorganisme. Tout, que
ce soit une plante, le peuple, un pome, la langue ou la nature toute entire, tait
considr comme un organisme vivant. Lesprit du monde tait tout aussi prsent
dans la culture populaire que dans la nature et lart.
Les romantiques raffolaient des contes (Contes des frres Grimm, contes
dHoffmann,). Pour les chansons comme pour les pomes, on tente de rapprocher
le populaire du savant. En musique, le savant cest la musique compose selon des
rgles bien prcises, alors que la musique populaire venait du peuple lui-mme, et
non dun seul individu. La littrature savante est, de la mme faon, celle qui est
crite par une seule personne, loppos des contes.
En rsum, les romantiques concevaient l me du monde comme un moi qui
dans un tat plus ou moins onirique pouvait recrer le monde.
Le philosophe allemand Johann Gottlieb Fichte expliquait que la nature nest que
lmanation dune instance suprieure qui prend inconsciemment cette forme. Pour
Schelling aussi, le monde est en Dieu . Dieu est conscient de ce quil cre, mais il
existe des faces caches dans la nature qui reprsentent ce qui est inconscient chez
Dieu. Car Dieu aussi a son ct nocturne .
De mme, entre lcrivain et son uvre. Le conte permettait lauteur de laisser libre
cours son imagination et lacte de cration chappe toujours un peu la conscience
de son crateur, comme si luvre se produisait elle-mme. Lcrivain pouvait
toujours briser le charme en glissant quelques commentaires ironiques lencontre
du lecteur, histoire de rappeler que ce ntait quun conte. De cette faon, lcrivain
pouvait dire au lecteur que sa propre existence tait aussi merveilleuse. On a qualifi
cette forme de rupture de lillusion d ironie romantique .
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Georg Wilhelm
Friedriech
Hegel
1770 - 1831

Il fut le premier philosophe qui tenta de trouver un point dancrage la philosophie


aprs que le romantisme eut tout dissous dans lesprit.
N Stuttgart, il tudia la thologie. A partir de 1779, il travailla avec Schelling
Ina au moment ou le romantisme tait son apoge. Il enseigna, puis fut professeur
Heidelberg, qui tait alors le centre du romantisme national allemand. Enfin,
partir de 1818, il obtint une chaire Berlin qui tait dj, cette poque, en passe de
devenir le centre intellectuel de toute lAllemagne. Il mourut en 1831 du cholra,
mais lhglianisme avait dores et dj trouv un large public dans les universits
allemandes.
Il runit et dveloppa les principaux courants de pense des romantiques, ce qui ne
lempcha pas dexercer une critique virulente lgard de la philosophie de
Schelling. Schelling et les autres romantiques voyaient dans l esprit du monde
lorigine de lexistence. Hegel utilise aussi lexpression d esprit du monde ou de
la raison du monde , pour parler de la somme de toutes les manifestations
caractre humain. Car seul lhomme a un esprit. Cest en ce sens que nous pouvons
parler de la progression de lEsprit du monde travers lhistoire. Il ne faut jamais
oublier que la philosophie parle de la vie, de la pense et de la culture des hommes.
Hegel dit que la vrit est fondamentalement subjective. Il ne croyait pas une vrit
au dessus ou en dehors de la raison humaine.
Sa philosophie est trs complexe et trs nuance. Sa philosophie tait chez lui
avant tout une mthode pour comprendre le mouvement de lhistoire. Il est donc
impossible de parler de Hegel sans parler de lhistoire des hommes.
Tous les systmes philosophiques avant Hegel avaient en commun dessayer de
trouver les critres ternels qui pourraient dterminer le champ du savoir de
lhomme. Cela vaut pour Descartes et Spinoza aussi bien que pour Hume et Kant.
Chacun avait tent de dfinir les fondements de la connaissance humaine, mais en se
situant chaque fois dans des conditions intemporelles. Mais Hegel pensait que lon
ne pouvait pas faire limpasse du devenir, car ce qui est la base de la connaissance
humaine se transforme au fil des gnrations. On ne peut donc selon lui pas parler de
vrits ternelles . Il nexiste pas de raison intemporelle. La seule base partir de
laquelle le philosophe peut travailler, cest lHistoire elle-mme.
LHistoire est semblable au cours dun fleuve. Toute les penses que la tradition fait
dferler sur nous, dune part, et les conditions matrielles qui dterminent notre
prsent, dautre part, concourent dfinir notre mode de pense. Une pense ne peut
tre juste ou ternelle. Elle peut tout juste se rvler juste l o lon se trouve.
Ainsi brler des forts pour rendre des terres cultivables tait juste, mais ne lest plus
la lueur des connaissances daujourdhui.
La raison est quelque chose de dynamique, et la vrit est ce processus mme. Il
nexiste en effet aucun critre extrieur ce processus historique pour dterminer ce
qui prsenterait le plus grand degr de vrit ou de raison .
On ne peut classer les ides de diffrentes poques (telles celles de Platon,
Aristote,) en disant : celles-ci est juste, celle l est fausse. On ne peut sparer une
pense de son contexte historique.

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La raison est progressive , cest--dire que la connaissance de ltre humain est en


perptuel dveloppement et, vu sous cet angle, ne fait qualler de lavant.
Lesprit du monde se dveloppe pour atteindre une conscience de plus en plus grande
de lui-mme. LHistoire nest que le lent veil de lEsprit du monde jusquau stade
avanc de la conscience de lui-mme. Le monde a toujours exist, mais travers la
culture des hommes et lvolution des hommes, lEsprit du monde prend de plus en
plus conscience de sa spcificit.
Cest pour lui une ralit historique. Ltude de lHistoire montre que lhumanit se
dirige vers une plus grande connaissance. LHistoire tmoigne que lhumanit volue
dans le sens dune plus grande rationalit et dune plus grande libert. Malgr tous
ces mandres, le processus historique va vers lavant . Nous disons que lHistoire
a un seul but : celui de se dpasser elle-mme.
LHistoire nest quune longue chane de pense. Hegel indique quelles rgles
gouvernent cette longue chane de penses. Une pense vient souvent se greffer sur
dautres penses anciennes. Mais peine pose, cette pense va tre contre par une
nouvelle pense, crant une tension entre les deux modes de pense. Et cette
contradiction sera leve grce une troisime pense qui conservera le meilleur des
deux points de vue. Cest ce que Hegel appelle un processus dialectique .
Les prsocratiques parlaient dune substance lmentaire et de ses mtamorphoses.
Puis les Elates affirmrent qu'aucune matire ne pouvait se transformer. Ils furent
obligs de nier ce que leurs sens percevaient pourtant dans la nature. Les Elates
avaient formul cette affirmation et cest un point de vue de ce type que Hegel
appelle une position .
Mais ds quune position est nettement dfinie, elle attire son contraire. Ce que
Hegel appelle une ngation . La ngation de la philosophie des Elates, ce fut
Dmocrite qui dclara que tout scoule. A partir de l il y a une tension entre les
deux manires de voir totalement opposes. Mais cette tension fut conserve, nie,
dpasse (subsume) quand Empdocle affirma que tous les deux avaient la fois
tort et raison.
Les Elates avaient raison quand ils disaient que rien fondamentalement ne se
transforme, mais ils avaient tort quand ils disaient que lon ne pouvait se fier ses
sens. Hraclite, lui, avait raison de croire quon pouvait se fier ses sens, et tort
quand il disait que tout scoule. Car il ny avait pas quune substance lmentaire.
La composition changeait constamment et non les lments eux-mmes.
Le point de vue dEmpdocle a dpartag deux points de vue opposs, cest ce que
Hegel a appel la ngation de la ngation .
Il a qualifi les trois stades de la connaissance de thse, antithse et synthse. Ainsi
le rationalisme de Descartes fut contredite par lantithse empirique de Hume. Mais
cette contradiction, cette tension, fut nie et en mme temps conserve dans la
synthse de Kant. Ce dernier donna la fois raison aux rationalistes et aux empiristes
sur des points prcis tout en montrant leurs erreurs respectives sur des points
importants.
La synthse de Kant devint son tour un nouveau point de dpart pour une nouvelle
chane de pense compose de ces trois maillons que Hegel qualifie de triade .
Car la synthse va elle aussi tre contredite par une nouvelle antithse.
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Hegel sest born mettre nu certaines lois qui rgissent le dveloppement de la


raison ou de lesprit du monde travers lhistoire. Du reste la dialectique de
Hegel ne sapplique pas qu lHistoire. Quand nous discutons ou voulons expliquer
quelque chose, nous pensons de manire dialectique. Nous essayons de dceler les
dfauts de largumentation : cest ce quHegel nomme penser ngativement .
Mais quand nous critiquons un mode de pense, nous voulons aussi conserver ce
quil a de bon.
Quand deux politiques de bords opposs discutent dun problme de socit, il y a
tension. Tout porte croire que chacun a un peu raison. On peut esprer quil en
sorte le meilleur.
Cela dit, quand on est pris partie, il nest pas facile de faire la part du raisonnable.
Cest finalement lHistoire qui montrera ce qui tait vrai ou faux. Ce qui est
raisonnable , cest ce qui est dou de vie .
Ce qui continuera vivre, cest ce qui est juste, ou vice versa : ce qui est juste, cest
ce qui continuera vivre.
La vision du raisonnable , sur bien des thmes, volue avec le temps. Il en va ainsi
de lgalit des sexes. Cest justement parce que les hommes au temps de Hegel
clamaient si fort linfriorit de la femme, cest que le mouvement de libration des
femmes avait dj commenc. Quel intrt y aurait-il eu dfendre un point sur
lequel tout le monde tombait plus ou moins daccord. Plus leurs propos taient
virulents, plus lantithse ou la ngation tait forte.
Il est impossible de penser au concept tre sans penser que lon nest pas
immortel. La tension entre tre et ne pas tre sera rsolue dans le concept de
devenir . Car pour que quelque chose devienne, il faut que cette chose la fois
soit et ne soit pas.
La raison de Hegel est donc une raison dynamique. A limage de la ralit qui
nest faite que de contrastes, il est logique quune description de la ralit soit
contradictoire.
Ainsi, Niels Bohr, clbre chercheur en physique atomique, avait un fer cheval, et
quand on lui a demand pourquoi, il a rpondu quil ntait pas superstitieux, mais
quil navait jamais entendu dire que cela ne marchait pas. Bohr disait quil y a deux
types de vrits, les superficielles o le concept oppos est faux de manire vidente,
et les plus profondes o le contraire peut tre aussi juste (la vie est brve).
Il est des contradictions dialectiques, comme la jeune fille qui rpond toujours
oui , qui on demande Arrte de dire oui ! . La rponse peut tre soit non
(qui mrite une gifle), soit oui , mais dans les deux cas la situation est bloque. La
contradiction est tellement pousse lextrme que seul un vnement extrieur peut
dnouer la situation (la gifle).
Les romantiques taient des individualistes (le chemin mystrieux va vers
lintrieur). Cet individualisme trouva sa ngation ou sa contradiction dans la
philosophie de Hegel. Ce dernier souligna limportance des forces objectives ,
cest--dire selon lui la famille et ltat. Bien sr, Hegel ne perdait pas de vue
lindividu pris isolment, mais il lincluait dans une communaut. La raison ou
lEsprit du monde ne se rvlent que dans les rapports des hommes entre eux.
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La raison se rvle avant tout dans la langue. Et nous naissons au monde avec une
langue. La langue franaise peut trs bien vivre sans M. Dupond, mais M. Dupond ne
peut vivre sans la langue franaise. Ce nest pas lindividu qui cre la langue mais
bien linverse.
De mme, on nat dans un certain contexte historique. Et personne ne peut avoir de
relation libre vis--vis de ce contexte. Celui qui ne trouve pas sa place dans ltat
est une personne anhistorique. Cette pense tait importante pour les grands
philosophes dAthnes. Pas plus quon ne peut concevoir un Etat sans citoyens, on
ne peut concevoir de citoyens sans Etat.
Ltat, selon Hegel, est plus quun simple citoyen, voire plus que lensemble des
citoyens. Il est impossible de sabstraire de la socit. Celui qui hausse les paules
quand on lui parle de la socit dans laquelle il vit et qui prfre vivre pour luimme est un imbcile.
Ce nest pas lindividu qui selon Hegel vit pour lui-mme, mais lEsprit du monde.
LEsprit du monde retourne lui-mme en trois tapes successives. Il entend par l
que lEsprit du monde prend conscience de lui-mme en trois stades.
Lesprit du monde prend conscience de lui dans lindividu. Cest ce que Hegel
appelle la raison subjective . Un degr suprieur est celui de la famille et de lEtat,
la raison objective , parce que cest une raison qui se rvle au contact des
hommes entre eux.
La plus haute forme de connaissance de soi, lEsprit du monde latteint dans la
conscience absolue. La conscience absolue, cest lart, la religion et la philosophie.
Et, de ces trois domaines, la philosophie est la forme la plus leve de la raison,
puisque dans la philosophie lEsprit du monde se rflchit sa propre activit au
cours de lHistoire. Ce nest donc que dans la philosophie que lEsprit du monde se
ralise, atteint la parfaite galit avec lui-mme. La philosophie est le miroir de
lEsprit du monde.
Nous ne menons pas le jeu. Si un enfant attard dessine, ce nest pas le papier qui
pourra dire ce que reprsente le dessin.

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Soren
Kiekegaard
1813

Il dfendit une conception individualiste. Nous ne sommes pas seulement les


enfants de notre sicle , chacun dentre nous est une personne unique qui ne vit
quune seule fois.
Il sest oppos la philosophie de Hegel qui lui prfrait considrer les grandes
lignes de lHistoire. La panthisme des romantiques, tout comme lhistoricisme de
Hegel noyait la responsabilit individuelle.
Il eut une ducation svre et religieuse. Cest ce sentiment religieux qui le poussa
rompre ses fianailles. Cela, ainsi que les critiques quil porta la culture
europenne, fut mal peru par la bourgeoisie bien pensante de Copenhague. Il suivi
les cours de Schelling.
La religion sopposait la raison, et il fallait faire un choix. La religion et la raison
sont comme leau et le feu.
Il sattaque la conception romantique de lironie et leur jeu facile avec lillusion.
Il voit dans l ironie socratique loppos de cette forme dironie, car Socrate
utilisait lironie comme moyen daction afin de mettre en valeur la profonde gravit
de la vie.
Contrairement aux romantiques, Socrate tait aux yeux de Kierkegaard un penseur
existentiel , cest--dire quelquun dont lexistence fait partie intgrante de la
philosophie.
Il trouva que les vrits objectives prnes par la philosophie hglienne ne
pouvaient aucunement sappliquer lexistence individuelle.
Il ne sagit pas de chercher la vrit avec un grand V, mais de trouver des vrits qui
concernent la vie de tout un chacun. Il importe de trouver ce qui est vrai pour
moi . Il oppose donc lindividu au systme. Selon lui, Hegel avait oubli quil tait
lui-mme un homme. Le professeur hglien par excellence est celui qui du haut de
sa tour divoire explique le grand mystre de la vie. Il a, dans sa distraction, oubli
jusqu son nom et le fait quil est tout simplement un homme, et non la brillante
partie dun chapitre.
Une description gnrale de la nature profonde ou de l tre de lhomme ne
prsente pour Kierkegaard aucun intrt. Cest lexistence de chacun qui est
essentielle et lhomme ne prend pas conscience de son existence derrire un bureau.
Cest dans laction et tout particulirement face un choix que nous avons affaire
notre propre existence.
Un moine trouvait que Bouddha napportait aucune rponse satisfaisante des
questions aussi essentielles que la nature du monde ou celle de lhomme. Bouddha
rpondit en montrant du doigt un homme qui avait t bless par une flche
empoisonne. Lhomme ne demanderait jamais de quoi la flche tait faite.
Kierkegaard comme Bouddha ressentait avec une grande intensit que son existence
ne durait quun court instant. Il disait galement que la vrit est subjective . Ce
qui, dans son esprit, ne revient pas dire que toutes les opinions se valent, mais que
les vrits vraiment importantes sont personnelles. Ce sont seulement ces vrits qui
sont une vrit pour moi .

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Chaque homme se retrouve seul pour rpondre la question de lexistence de Dieu.


Et seule la foi peut nous permettre dapprocher ces problmes fondamentaux (le
christianisme est une question de foi). Les choses que nous pouvons savoir avec
notre raison sont, selon Kierkegaard, tout fait accessoires.
On ne peut savoir si quelquun nous a pardonn, si quelquun nous aime
On ne sinterroge pas sur la loi de la causalit , ni sur la loi de causalit quand
on reoit son premier baiser
Lessentiel nest pas de savoir si le christianisme est vrai, mais sil est vrai pour moi.
Kierkegaard a donc utilis trois notions existence , vrit subjective et le
concept de foi pour critiquer la tradition philosophique, notamment celle de
Hegel. Mais ctait aussi une critique de la civilisation car dans la socit
moderne lhomme est devenu le grand public ou la masse , et son signe
distinctif est de pouvoir parler de tout et de rien.
Nous dirions aujourdhui que cest le conformisme qui domine, cest--dire que
tous pensent et dfendent la mme chose sans avoir le moindre rel
engagement vis--vis de cette chose.
Sa plume tait acerbe , il savait manier lironie. Il pouvait lancer des formules
incendiaires comme la foule est le contraire de la vrit , ou la vrit est
toujours du ct de la minorit . La plupart des gens se contentaient de jouer vivre
sans se poser de question.
Il considrait quil y avait trois attitudes possibles face lexistence (Les trois stades
sur le chemin de la vie). Le stade esthtique , le stade thique et le stade
religieux . En utilisant le terme de stade , il veut montrer quon peut trs bien
vivre au niveau des deux stades infrieurs, et franchir soudain le foss qui vous
spare du stade suprieur. Cela dit, la plupart des gens restent au mme stade toute
leur vie.
Celui qui vit au stade de l esthtique vit dans linstant et recherche tout moment
son plaisir. Le bien est ce qui est beau, agrable ou plaisant. Un tel homme vit dans
le monde des sens. Lesthte est le jouet de ses dsirs et de ses motions. Est ngatif
tout ce qui est ennuyeux. Le romantique typique est le type mme de lesthte. Il ne
sagit pas seulement de jouissance des sens, mais lattitude ludique vis--vis de la
ralit, de lart ou de la philosophie dtermine le stade esthtique. Mme les soucis et
la souffrance peuvent tre vcus et regards dun point de vue esthtique. Cest
alors la vanit qui gouverne.
Quelquun qui vit au stade esthtique ressent rapidement un sentiment dangoisse et
de vide. Mais, si tel est le cas, il y a aussi de lespoir. Kierkegaard considre en effet
langoisse comme quelque chose de positif, car elle est lexpression quon se trouve
dans une situation existentielle . Lesthte peut choisir de faire un grand saut pour
atteindre le stade suprieur. Ce choix vient de lintrieur.
On choisit une autre conception de vie et on passe au stade thique. Celui-ci est
empreint de gravit. On tente dy vivre selon des critres moraux. Lessentiel nest
pas de savoir ce qui est juste ou faux, mais de choisir et dagir en fonction de cette
distinction.

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Lesthte lui, ne sintresse qu savoir ce qui est amusant pour pouvoir laisser de
ct tout ce qui est ennuyeux.
Le stade thique nest pas satisfaisant pour Kierkegaard (trop srieux). Lhomme
de devoir finira par se lasser dtre si conscient de son devoir et ne jamais faillir la
rgle de vie quil sest fix. Beaucoup de personnes connaissent cette lassitude
lge adulte. Cest pourquoi beaucoup retombent au stade esthtique o la vie
ressemble un jeu.
Mais dautres franchiront la dernire tape, qui conduit au stade religieux. Au plaisir
des sens et laccomplissement du devoir, il prfreront la foi. Et mme si cela peut
tre terrible de tomber vivant entre les mains de Dieu . Pour Kierkegaard, le stade
religieux, cest le christianisme. Mais sa pense eut une grande influence sur des
philosophes non chrtiens. Au cours du XXme sicle une philosophie dite
existentielle sen inspira.

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Marx
- 1883

Marx fut tudiant en philosophie en mme temps que Kierkegaard. Il passa son
doctorat sur Dmocrite et Epicure, c'est--dire sur le matrialisme pendant
lantiquit. Suite quoi il devint le philosophe du matrialisme historique , alors
que Kierkegaard devint un philosophe de lexistence. Tous deux sont partis de la
philosophie de Hegel, puis ils ont pris leurs distances avec lEsprit du monde, cest-dire avec lidalisme de Hegel..
On dit que Hegel marqua la fin des grands systmes philosophiques. Aprs lui, au
lieu des grands systmes spculatifs, nous trouvons ce quon appelle une
philosophie de laction . Tel est le fond de la pense de Marx quand il constate :
les philosophes se bornent interprter le monde, alors quil sagit de le
transformer. Cette phrase marque un tournant dans lhistoire de la philosophie.
La pense de Marx a aussi une vise pratique et politique. Il ntait pas seulement
philosophe, mais aussi historien, sociologue et conomiste.
Il faut veiller ne pas assimiler tout ce qui se rclame du marxisme la pense
de Marx. Aprs stre dclar marxiste en 1840, il a lui-mme tenu se
dmarquer de certaines interprtations de sa pense.
Frdric Hengels, un de ses amis et collgue, a particip llaboration du
marxisme . Lnine, Staline, Mao et beaucoup dautres ont apport leur
contribution au marxisme, ou au marxisme-lninisme.
Il ntait pas un philosophe matrialiste au sens des philosophes atomistes de
lAntiquit, ou encore du matrialisme mcanique des XVI et XVIIme sicles. Selon
lui, les conditions matrielles de la socit dterminent de faon radicale notre mode
de pense. Ces conditions matrielles sont la base de tout dveloppement
historique.
Hegel avait expliqu que le dveloppement historique provenait de la tension entre
des lments contradictoires qui disparaissaient sous le coup dun brusque
changement. Marx est daccord avec cette ide, mais selon lui Hegel mettait tout la
tte en bas.
Hegel nommait cette force motrice de lhistoire lEsprit du monde ou la raison
universelle. Cette faon de voir les choses revenait, selon Marx, prendre les choses
lenvers. Lui voulait dmontrer que les conditions matrielles de vie sont le moteur
de lhistoire. Ce ne sont pas les conditions spirituelles qui sont lorigine des
changements dans les conditions matrielles de lexistence, mais le contraire : les
conditions matrielles dterminent de nouvelles conditions spirituelles.
Marx souligne particulirement le poids des forces conomiques au sein de notre
socit, qui introduisent toutes sortes de changements et par l mme font progresser
lhistoire.
Ainsi par exemple la philosophie et la science de lAntiquit avaient une conception
purement thorique. Personne ne sintressait vraiment aux applications pratiques
des connaissances qui auraient pourtant apport de notables amliorations. Tout ceci
tait li lorganisation de la vie quotidienne sur le plan conomique. Toute la vie
productive tait largement fonde sur le travail des esclaves. Cest pourquoi les bons
bourgeois de lpoque ne sembarrassaient pas damliorer le travail par des
inventions dordre pratique. On voit l linfluence des conditions matrielles qui
dterminent la rflexion philosophique au sein de la socit.

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Ces conditions matrielles, conomiques et sociales, Marx leur donna le terme


d infrastructure . Le mode de pense dune socit, ses institutions politiques, ses
lois, sans oublier sa religion, son art, sa morale, sa philosophie et sa science, Marx
appela tout a la superstructure . Selon lui, les conditions matrielles supportent la
somme de toutes les penses au sein dune socit. Cest pourquoi, vu sous cet angle,
la superstructure nest que le reflet de linfrastructure du dpart.
Il met cependant en garde contre certaines interprtations (ex : la thorie des ides de
Platon ne serait quun reflet de la production de poterie et de vin athnien de
lpoque). Il y a interaction entre linfrastructure et la superstructure dune socit.
Sil avait ni une telle interaction, il aurait juste t un matrialiste mcanique de
plus. Mais il prend en considration la tension, autrement dit la relation dialectique
entre linfrastructure et la superstructure. Cest pourquoi nous disons quil prne un
matrialisme dialectique .
Tout la base, on trouve les conditions de production , c'est--dire les conditions
naturelles ou les ressources naturelles (climat ou matires premires). Cela permet de
jeter les fondations de la socit et de dlimiter quel type de production cette socit
pourra avoir. Du mme coup on dfinit clairement quel genre de socit et de culture
on aura.
La deuxime marche de linfrastructure concerne les moyens de production .
Marx entend par l les outils, les appareils et les machines dont disposent les
hommes au sein de la socit.
La troisime marche de linfrastructure est le possesseur des moyens de production.
Lorganisation du travail, cest--dire la rpartition du travail et le statut des
propritaires, cest ce que Marx a appel les rapports de production .
Le mode de production au sein dune socit dtermine laspect politique et
idologique de cette socit. Il ny a rien de surprenant ce que nous ayons
aujourdhui une manire de penser et une morale un peu diffrente de celles quon
avait autrefois. Marx ne croyait donc pas un droit naturel qui aurait t valable pour
toutes les poques. La question de savoir ce qui est moralement bien dcoule de
linfrastructure de la socit.
Ainsi dans le cadre dune socit paysanne, les parents dterminaient qui leurs
enfants devaient pouser, alors que dans les socits modernes les enfants
choisissent.
Marx dit que cest la classe dirigeante qui, en gros, dtermine ce qui est bien et mal.
Car toute lhistoire nest quune histoire de lutte des classes (ex : esclaves /
citoyens libres, seigneurs / paysans, nobles / bourgeois). Lhistoire ne fait que
retracer la lutte pour semparer des moyens de production.
Les penses et les ides des hommes ne contribuent-elles pas elles aussi
transformer lhistoire ? Oui et non. Marx tait conscient que la superstructure dune
socit pouvait influencer linfrastructure, mais il ne reconnaissait pas la
superstructure dhistoire indpendante.
A lpoque de Marx, la socit tait dite bourgeoise, ou capitaliste , et
lopposition se faisait entre le capitaliste et le travailleur ou le proltaire. Et parce
que la classe dirigeante ne veut pas laisser chapper son pouvoir, seule une
rvolution peut le faire.
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Marx sintressait tout particulirement au passage dune socit capitaliste au


rgime communisme.
Il sest intress ce qui se passe quand lhomme travaille. Hegel aussi stait
interrog et avait trouv quil y avait un rapport rciproque ou dialectique entre
lhomme et la nature. Quand lhomme travaille la nature, son travail le transforme
aussi. Autrement dit, quand lhomme travaille, il intervient au sein de la nature et la
marque de son empreinte. Mais au cours de ce processus, la nature elle aussi a une
action sur lhomme et laisse une empreinte dans sa conscience.
Dis-moi quel travail tu as et je te dirai qui tu es . Notre faon de travailler a une
influence sur notre conscience, mais notre conscience influence aussi notre manire
de travailler. Il y a un rapport dialectique entre la main et l esprit . La
connaissance de lhomme entretient donc un lien troit avec son travail.
Pour eux le travail est quelque chose de positif, troitement li au fait dtre homme.
On pourrait donc penser que cest une bonne chose dtre ouvrier. Mais cest l
quintervient la cinglante critique de Marx. Louvrier travaille pour quelquun
dextrieur, et son travail ne lui appartient donc plus. Il devient tranger son propre
travail et de ce fait tranger lui-mme (si on hait son travail, on finit par se har soimme). Il perd sa ralit en tant que personne. Marx utilise lexpression hglienne
pour dire que le travailleur est lobjet dun processus dalination.
Dans la socit capitaliste, le travail est organis de sorte que le travailleur fait au
bout du compte un travail desclave pour une autre classe sociale. Le travailleur
remet sa force de travail - et par l mme toute son existence dhomme la
bourgeoisie. Il faut se rappeler qu lpoque, les ouvriers travaillaient douze heures
par jour dans des conditions souvent difficiles et pour une misre.
Il publia en 1948 avec Friedrich Engels le Manifeste du Parti communiste , qui
commence par Un spectre hante lEurope le spectre du communisme , et qui
finit par un texte appelant la rvolte du proltariat Proltaires de tous les pays,
unissez-vous .
L exploitation , cest le dtournement de la plus-value , ou profit (prix de
vente - salaire - cot de production), au profit du capitaliste. Le capitaliste peut alors
rinvestir dans un nouveau capital, par exemple la modernisation des units de
production. Mais ce sera seule fin de pouvoir baisser les cots, et donc daugmenter
son profit.
Marx pensait que le mode de production capitaliste avait ses propres contradictions
internes, qui sauto dtruit car il nest pas guid par la raison. Le capitalisme est un
lment de progrs, une tape vers la voie du communisme.
Les usines sagrandissent et finissent par appartenir une poigne dhommes. Le
chmage sinstalle et les problmes sociaux augmentent, do crise. On peut baisser
les salaires, mais alors personne ne peut acheter, cest un cercle vicieux. Les
proltaires finissent par se rvolter et semparer des moyens de production. Une
nouvelle classe sociale, savoir les proltaires au pouvoir, dominera la classe
bourgeoise. Cest la dictature du proltariat . Mais aprs une priode de transition,
la dictature du proltariat sera son tour balaye par une socit sans classe : le
communisme .
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Ce sera lavnement dune socit o les moyens de production appartiennent tous,


cest--dire au peuple lui-mme.
Dans une telle socit, chacun aurait sa place selon ses capacits et recevrait
selon ses besoins . Le travail en outre appartiendrait au peuple, et il ny aurait plus
dalination.
Les philosophes contemporains relvent que Marx sest tromp sur plusieurs points
assez importants comme lanalyse des crises du rgime capitaliste. Marx a nglig
laspect dexploitation de la nature. Ceci tant, il est incontestable que le socialisme a
contribu rendre la socit moins inhumaine.
Aprs Marx, le mouvement sest scind en deux : dun ct la social-dmocratie
et de lautre le marxisme - lninisme .
La social - dmocratie, qui tend instaurer lentement et en douceur une socit
socialiste, sest surtout rpandue en Europe de louest. Cest en quelque sorte la
rvolution lente. Le marxisme - lninisme, qui a conserv la foi de Marx selon
laquelle seule la rvolution peut combattre la vieille socit de classes, eut beaucoup
de succs en Europe de lEst, en Asie et en Afrique.
A sa faon, chacun de ses deux mouvements a combattu la misre et loppression.
Mais cela donna lieu une autre forme doppression. Marx ne peut tre tenu pour
responsable de toutes les erreurs commises en son nom. Il navait peut-tre pas assez
rflchi au fait que ce serait des hommes qui seraient chargs de grer le
communisme, et que les hommes ont des dfauts. Aussi le paradis sur terre nest pas
pour demain. Les hommes sauront toujours se crer de nouveaux problmes.
Marx jugeait que le capitalisme crait une socit injuste. Mais quest-ce quune
socit juste. John Rawls un philosophe de la morale, sous linspiration de Marx, a
donn lexemple dune assemble qui dterminerait les lois pour la socit de
demain, assemble qui tomberait raide morte ensuite, pour se rveiller dans cette
nouvelle socit, sans savoir quelle place ils auraient dans ladite socit.

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Darwin
1809 - 1883

Marx passa les 34 dernires annes de sa vie Londres. Darwin vcut la mme
poque que Marx, qui voulut lui ddicacer son livre Le capital , mais Darwin
refusa.
A sa mort, Friedrich Engels dclara De mme que Darwin a dcouvert les lois de
lvolution organique de la nature, Marx a dcouvert les lois du dveloppement
historique de lhumanit .
Sigmund Freud, qui vivra galement Londres, mais un demi-sicle plus tard,
montra quaussi bien Darwin dans sa thorie de lvolution que lui-mme avec sa
thorie de la psychanalyse avaient bless lhomme dans lamour naf quil portait
lui-mme .
Freud, Darwin et Marx taient des naturalistes. Le mouvement naturaliste
commena au milieu du XIXme sicle pour se poursuivre une bonne partie du XXme.
Il sagit dune conception de la nature qui ne reconnat point dautre ralit que la
nature et le monde sensible. Le naturaliste ne considre lhomme que comme une
partie de la nature.
Pour Marx, lidologie des hommes tait le produit des conditions matrielles de la
socit. Darwin montra que lhomme tait le fruit dune longue volution biologique,
et, grce ses recherches sur linconscient, Freud mis en vidence que les actions
des hommes sont souvent le fait de pulsions ou dinstincts.
De mme que les prsocratiques, qui voulaient trouver des explications naturelles
aux phnomnes naturels, durent se librer des explications mythologiques, Darwin
d se librer de la conception de lEglise concernant la cration de lhomme et de
lanimal. Il fut le premier oser contredire la bible sur la question de la place de
lhomme dans la cration.
Darwin fut un lve moyen, sintressant plus aux insectes qu la thologie quil
tudia. Il partit en voyage pendant 5 ans autour du monde sur un bateau parti au
dpart pour deux ans faire la carte de lAmrique du sud. Il put collecter de
nombreuses informations et chantillons (fossiles,). En rentrant vingt-sept ans il
tait dj un chercheur clbre, et sa thorie tait dj en tte.
Il publia plusieurs livres. Celui qui provoqua un toll parut en 1859 : De lorigine
des espces par la slection naturelle ou la prservation des races favorises dans la
lutte pour la vie . Il affirme que lvolution est due une lente slection naturelle,
parce que seuls les forts survivent.
Cette thorie de lvolution biologique se dveloppait depuis les annes 1800, avec
Jean-Baptiste Lamarck, et Erasmus Darwin, le propre grand-pre de Darwin, qui
avait dj lanc lide que toutes les plantes et les animaux staient dvelopps
partir dun petit nombre despces primitives. Mais aucun navait expliqu comment.
Cest pourquoi ils navaient pas encouru les foudres de lEglise. La bible dit que les
plantes et les animaux ont une nature immuable.
La plupart des gologues sen tenaient alors une thorie de la catastrophe selon
laquelle la terre avait plusieurs reprises subit des catastrophes qui avait radiqu
toute forme de vie, et Dieu lavait alors recre (ex : le dluge avec larche de No).

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Il prouva ses dires, comparant les espces dun mme endroit et dun endroit
diffrent, mettant en vidence le peu de diffrences entre les ftus de diffrents
animaux et humains.
Il fut clair par un expert en dmographie Thomas Malthus. Benjamin Franklin fut
lorigine du livre quil publia. Franklin montra que les espces se maintiennent en
quilibre les unes par rapport aux autres et quil y a des facteurs de limitation sans
lesquels la terre serait surpeuple. La slection naturelle ne laisse la vie quau plus
forts ou mieux adapts.
Selon Malthus, les tres humains donnent la vie davantage denfants quil ne peut
en survivre.
Darwin fut considr un temps comme lhomme le plus dangereux dAngleterre .
Lopposition des religieux fut vive. Il avait os faire de lhomme le produit de
quelque chose de fort peu romantique, savoir la lute pour la vie . Il finit
cependant sa vie dans les honneurs.
Le no-darwinisme montra limportance de lhrdit dans le processus. Tout ce
qui se cre a fondamentalement un rapport avec la division cellulaire. Quand une
cellule se divise en deux, cela cre deux cellule avec le mme patrimoine gntique,
mais il arrive que des erreurs se glissent, de sorte que le double ne ressemble pas
cent pour cent au modle. Cest la mutation. Il y a des mutations positives et dautres
ngatives.
Les premires traces de vie seraient apparues partie dune soupe originelle .
Lvolution va ensuite vers de plus en plus de complexit, comme le systme
nerveux, le cerveau.
Chaque tre fait partie dun ensemble quest lvolution qui transmet la vie.

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Sigmund Freud
1856

Freud naquit et vcu Vienne, o il tudia la mdecine. Il se spcialisa en


neurologie. Il travailla la psychologie des profondeurs ou psychanalyse.
La psychanalyse regroupe la description de lme humaine, et une mthode pour
soigner les souffrances nerveuses et psychiques. Sa thorie de linconscient est
importante pour comprendre ce quest lhomme.
Freud pensait qu'il existait toujours une relation conflictuelle entre l'homme et son
milieu. Il sagit plus exactement dun conflit entre, dun ct, les pulsions et les
dsirs de lhomme, et, de lautre, les exigences du monde qui lentoure. Il est le
premier avoir dcouvert la vie pulsionnelle des hommes. Cela fait de lui un des
reprsentants les plus importants des mouvements naturalistes de la fin du XIXme
sicle.
Quest-ce que la vie pulsionnelle . Il ny a pas que la raison pour guider nos
actions. Lhomme nest pas un tre purement rationnel comme ont voulu nous le
faire croire les rationalistes du XVIIIme sicle. Bien souvent, ce sont des impulsions
irrationnelles qui dterminent ce que nous pensons, rvons ou faisons. Ces
impulsions irrationnelles peuvent tre lexpression dinstincts ou de dsirs profonds.
La pulsion sexuelle de ltre humain, par exemple, est quelque chose daussi
fondamental que le besoin de succion chez un nouveau n.
En soi, ce ntait pas nouveau, mais Freud montra que ce genre de besoin
fondamentaux peuvent apparatre dguiss, masqus, et ainsi diriger nos actions sans
que nous en soyons conscients.
Il montra en outre que les petits enfants aussi ont une sorte de sexualit. Quil ait os
parler de sexualit infantile ligua toute la bonne bourgeoisie de Vienne contre lui.
Tout ce qui avait trait la sexualit tait alors tabou.
Il remarqua que de nombreuses formes de nvroses ou de souffrances psychiques
pouvaient remonter des conflits dans lenfance. Petit petit, il mit au point sa
mthode thrapeutique en pratiquant ce que lon peut appeler une archologie de
lme , en creusant dans la conscience pour trouver ce qui a provoqu la souffrance
psychique. En faisant resurgir cette exprience traumatisante dans le champ de la
conscience du patient, ce dernier peut enfin rgler son compte avec elle et gurir.
Quand nous venons au monde, nous manifestons de faon directe nos besoins
physiques et psychiques, criant lorsque lon a faim par exemple. Nous exprimons par
ailleurs de manire claire que nous dsirons dun peu de tendresse. Ce principe de
pulsion , de plaisir en nous, Freud lappelle le a . Le nouveau n nest
pratiquement quune forme de a .
Le a, ou ce principe de plaisir, nous le gardons en nous et traversons toute notre vie
dadulte avec. Mais progressivement nous apprenons modrer nos dsirs et nous
conformer aux rgles du monde qui nous entoure. Nous apprenons laisser seffacer
le principe de plaisir devant le principe de ralit . Freud dit que nous
construisons un vrai moi qui exerce cette fonction rgulatrice. Mme si nous
avons envie de quelque chose, nous savons que nous ne pouvons pas tout simplement
nous asseoir et hurler jusqu ce que nous obtenions la satisfaction de nos dsirs ou
de nos besoins.

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Il nous arrive souvent de dsirer ardemment quelque chose que le monde extrieur
nous refuse. Nous sommes donc obligs de refouler nos dsirs. Nous essayons de les
carter de nous et de les oublier.
Freud mis en vidence une troisime instance dans lme de lhomme. Ds notre
enfance, nous sommes confronts aux exigences morales des adultes de notre milieu.
Si nous nous y prenons mal pour faire quelque chose, les parents sexclament Non,
pas comme a ! ou Ce que tu peux tre bte . Ainsi nous tranons derrire nous
toutes ces exigences et ces prjugs moraux. Cest comme si nous avions intrioris
toutes ces attentes du monde extrieur sur le plan moral, et quelles taient devenues
une partie de nous. Cest ce que Freud a appel le surmoi .
La conscience fait partie du surmoi, mais pour Freud le surmoi nous prvient quand
nous avons des dsirs sales ou de mauvais got . Cela concerne surtout, cela
va sans dire, les dsirs rotiques et sexuels.
Et il souligna que ces dsirs dplacs taient dj latents au stade de lenfance. Nous
savons aujourdhui que de jeunes enfants aiment toucher leurs organes sexuels. A
lpoque de Freud, lenfant recevait alors une tape accompagne dun tu nas pas
honte , Oh le vilain ou encore Met tes mains plat sur le drap . Cela cre
un sentiment de culpabilit li tout ce qui a trait aux organes sexuels et la
sexualit. Et comme ce sentiment reste dans le surmoi, beaucoup de personnes
(Freud pense quil sagit de la majorit) vivront toute leur vie avec ce sentiment de
culpabilit li la sexualit, alors que les dsirs et les besoins sexuels font partie
intgrante de lhomme.
Tout cela entrane des nvroses.
Freud gurit ainsi une sur amoureuse de son beau frre. A la mort de sa sur, elle
se dit quil pourrait lpouser, mais cette ide se heurta son surmoi qui la trouva
indcente et la refoula sur-le-champ. Elle tomba malade, souffrant de graves
symptmes dhystrie. Freud ralisa quelle avait compltement oubli la scne o
elle se trouvait au chevet de sa sur et o ce dsir inavouable avait surgi en elle. Au
cours du traitement, ce moment lui revint en mmoire et elle le reproduisit dans une
extrme agitation, et elle en fut gurie.
Aprs des annes dexprience au contact des malades, Freud parvint la conclusion
que la conscience nest quune infime partie de lme humaine. Ce qui peut se
comparer la face merge de liceberg. Sous leau, il y a tout ce dont nous ne
sommes pas conscients, le subconscient et l inconscient .
Toutes nos expriences ne sont pas prsentes en permanence dans notre conscience.
Mais toutes les penses ou expriences qui peuvent nous revenir en mmoire, pour
peu que nous nous donnions la peine de nous concentrer, forment ce que Freud
appelle le prconscient .
Il nutilisait le terme inconscient que pour parler de ce que nous avons refoul, cest-dire tout ces penses et ces choses que nous nous sommes obligs doublier parce
quelles taient inconvenantes et dplaces, voire dgotantes. Quand un dsir est
rejet par la conscience ou le surmoi, nous le relguons ltage infrieur.

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Ce mcanisme fonctionne chez tous les tres en bonne sant, mais certains doivent
dployer de tels efforts pour refouler des penses drangeantes ou interdites quils
finissent par prouver de relles souffrances nerveuses. Car le refoul tente
constamment de remonter la conscience et les personnes spuisent maintenir cet
quilibre artificiel entre leurs dsirs et la ralit.
Cette lutte pour viter le retour la conscience entrane parfois des lapsus . Cest-dire que des ractions inconscientes peuvent guider nos sentiments et nos actions.
Freud mit jour diffrents mcanismes de cet ordre.
Il y a dabord les mauvaises ractions. Nous faisons ce que nous avons tent de
refouler (ex de louvrier qui porte un toast la sant de notre cher salaud ).
Il nous arrive aussi de projeter (ex : le garon qui dit Elle est bte au lieu de
cest bte (tu pars dj) quand on lui dit je dois rentrer chez maman . Autre ex :
quelquun de trs avare reconnatra vite lavarice chez autrui. Dernier ex : une
personne qui a honte de sintresser la sexualit aura tt fait de critiquer les autres
sur ce point, les traitant dobsd).
Freud montre que notre vie fourmille de tels exemples dactions inconscientes. Nous
oublions constamment le nom dune personne, nous tortillons nos vtements pendant
que nous parlons, nous dplaons sans nous en rendre compte certains objets
apparemment anodins.
Tous ces exemples ne sont selon lui que des symptmes, qui trahissent nos secrets
les plus intimes.
On ne peut chapper nos impulsions inconscientes. Toute lastuce consiste ne pas
faire trop deffort pour rejeter les penses inavouables dans linconscient. Il est plus
sain de laisser la porte entrebille entre conscience et inconscient.
Un nvros est quelquun qui fait tout son possible pour chasser de sa conscience
tout ce qui le met mal laise. Le plus souvent il sagit dexpriences dune telle
importance quil est vital pour la personne de les refouler. Freud appelle ce genre
dexprience particulire des traumatismes (du grec trauma, blessure).
Lors du traitement de ses patients, il tentait de forcer cette porte close ou dfaut
den ouvrir une autre. Avec laide du malade, il essayait de faire remonter la
surface de la conscience ces expriences refoules. Le patient ne sait pas, lui, ce quil
refoule. Mais il peut participer et comprendre la dmarche du praticien qui est de
faire resurgir ces traumatismes cachs.
Freud a mis au point ce quil a appel la technique dassociation libres . Le
patient est allong dans une position dcontracte et parle librement de tout ce qui lui
vient lesprit, de futilits comme de choses graves ou pnibles. Lart du praticien va
consister casser ce couvercle ou ce contrle qui maintient enferm les
traumatismes. Car ce sont prcisment ces traumatismes qui occupent constamment
le patient. Ils agissent en permanence, mais la personne ne sen rend pas compte.

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Plus on fait deffort pour ne pas penser quelque chose, plus linconscient, lui, se
charge dy penser. Cest pourquoi il faut couter les signaux de linconscient. La
voie royale qui selon Freud mne linconscient, ce sont nos rves. Il publia un
livre De linterprtation de nos rves . Il explique que nous ne faisons pas des
rves comme a, par hasard. A travers eux, les penses inconscientes essaient de se
frayer un chemin jusqu la conscience.
Freud, aprs avoir pass des annes traiter ses patients et analys leurs rves, mais
aussi les siens, parvient la conclusion que les rves permettent la ralisation du
dsir. Chez les adultes, les dsirs sont souvent dguiss. Car mme quand nous
dormons, nous exerons une censure svre vis--vis de ce que nous nous permettons
de dsirer.
Ce mcanisme de refoulement est moindre dans le sommeil qu ltat de veille, mais
il est suffisamment fort pour dplacer lobjet du dsir que nous refusons dadmettre.
Do la ncessit dinterprter les rves. Il y a le contenu manifeste du rve, qui
trouve sa source dans les vnements de la veille, et le contenu latent . Celui-ci
peut remonter trs loin, parfois jusqu la petite enfance.
Cette dmarche doit tre accomplie avec le thrapeute, qui aide le patient
accoucher de linterprtation du rve.
La transformation du contenu latent en contenu manifeste est le travail du rve .
On peut parler de jeu de masque ou jeu de signes quant au vrai objet du rve.
Linterprtation du rve procde en sens inverse, en dmasquant, en mettant en
vidence tous les signes pour dvoiler le thme cach derrire (ex du jeune homme
qui reoit deux ballons de sa cousine, alors quil est all la veille dans un parc
dattraction. Les ballons peuvent symboliser la poitrine de la cousine, quil dsire
dsir refoul).
Il voyait dans le rve la satisfaction masque de dsirs refouls .
La psychanalyse eut beaucoup de succs, dans le domaine psychiatrique, mais aussi
dans des domaines comme lart et la littrature.
Refoulement, actes manqus, rationalisation, tous ces phnomnes nont pas t
dcouverts par Freud. Mais il a t le premier a trouver le parti que la psychiatrie
pouvait en tirer.
Les peintres et les crivains tentrent leur tour dexploiter ces forces inconscientes
dans leur travail crateur. Cela vaut surtout pour les surralistes.
En 1924, Andr Breton publia le Premier manifeste du surralisme , o il dclare
que lart doit jaillir de linconscient. Lartiste doit selon lui retrouver dans
linspiration la plus libre possible des images oniriques et tendre vers une
surralit o il nexiste plus de frontires entre le rve et le monde rel. Lartiste
doit passer outre la censure impose par la conscience afin de laisser libre cours
son imagination et accueillir les mots et les images qui lui viennent.
Freud a prouv en quelque sorte que tous les hommes sont artistes. Un rve est en
soi une petite uvre dart. Pour interprter les rves de ses patients, Freud d
recourir toute une srie de symboles, comme lorsquil sagit danalyser un tableau
ou un texte littraire.
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Les recherches ont montr depuis que nous rvons environ vingt pour cent de notre
temps de sommeil, soit deux trois heures par nuit. Si on nous drange pendant une
phase de rve, nous devenons nerveux et irritables. Cela veut dire que tous les
hommes sont ns avec le besoin de donner une expression artistique leur situation
existentielle. Car nous sommes la matire mme de nos rves.
Cest nous qui allons dans notre vcu chercher les lments qui vont servir au
droulement du rve, et nous en jouons tous les rles. En dautres termes, quelquun
qui prtend ne pas sintresser lart se connat bien mal.
Freud avait en outre prouv de faon magistrale limportance de la conscience chez
lhomme. Ses pratiques thrapeutiques achevrent de le convaincre que nous gardons
quelque part enfoui au plus profond de notre conscience tout ce que nous avons vu et
vcu. Et tout peut remonter la surface. Ex : quand nous disons je lai sur le bout
de la langue , a me rappelle quelque chose , nous ne faisons quillustrer le
chemin que parcourt justement ce qui tait dans linconscient et qui trouve une porte
entrebille pour se faufiler vers la conscience.
Parfois cela ne marche pas, les artistes le savent. Mais parfois toutes les portes et les
tiroirs darchives sont ouverts et tout coule de source : cest l inspiration .
Certains enfants qui tombent de fatigue se mettent parfois dormir les yeux ouverts,
et parler en utilisant des mots quils nont pas appris. Ces mots et ces penses
taient prsents dans leur conscience, et cest uniquement quand il oublient toute
prudence que ces mots sortent. Cest pareil pour un artiste : il ne faut surtout pas que
sa raison et ses rflexions aprs coup empchent lpanouissement dune motion
plus ou moins inconsciente.
Il est essentiel pour un artiste de se librer . Les surralistes essayrent de se
mettre dans un tat tel que les choses semblaient venir delles-mmes. Ils se
mettaient devant une feuille de papier vierge et notaient tout ce qui leur passait par la
tte. Ils appelrent cela lcriture automatique .
Lartiste surraliste est aussi, sa manire, un mdium , cest--dire un maillon
intermdiaire. Il est un mdium pour son propre inconscient. Il y a sans doute un
lment inconscient dans tout processus de cration. La cration est la production de
quelque chose de nouveau, fruit de la collaboration intelligente de limagination et de
la raison (do le terme composition). Cette dernire touffe trop souvent
limagination. Mais la raison est ncessaire pour permettre de faire le tri parmi toutes
les nouvelles ides.
Lpoque
contemporaine

Lpoque contemporaine a vu la philosophie se dvelopper dans de nombreuses


directions. Un courant important est l existentialisme

Lexistentialisme Nietzsche sest lev contre la philosophie de Hegel. Il opposa, cet intrt
dsincarn pour lhistoire et ce quil appelait une morale desclave chrtienne,
Friedrich
la vie elle-mme. Il voulut oprer une transmutation de toutes les valeurs afin que
Nietzsche
lpanouissement des forts ne soit pas entrav par les faibles.
1844 - 1900
Selon lui, le christianisme et la tradition philosophique staient dtourns du monde
rel pour montrer le ciel ou le monde des ides . Mais cest prcisment ce
quon a voulu faire passer pour le vrai monde qui est illusoire. Sois fidle la terre,
disait-il, ncoute pas celui qui te promet une vie meilleure dans lautre monde .
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Jean-Paul
Sartre
1905 - 1980

Il fut le chef de file des existentialistes, et rencontra Simone de Beauvoir, autre


philosophe existentialiste.
Il fut proche du mouvement marxiste.
Il dclara Lexistentialisme est un humanisme . Il voulait dire que les
existentialistes nont dautre point de dpart pour leur rflexion que lhomme luimme. Cela dit, la perspective est autrement plus sombre dans cette forme
dhumanisme que sous la Renaissance.
Sartre fait partie de la branche dite athe de lexistentialisme. On peut considrer sa
philosophie comme une analyse impitoyable de la situation de lhomme aprs la mort
de Dieu.
Le mot cl est le mot existence. Mais ce terme ne recouvre pas seulement le fait
dexister. Les plantes et les animaux aussi existent, ils vivent eux aussi, cette
diffrence prs quils nont pas se soucier de ce que cela signifie. Lhomme est le
seul tre vivant qui soit conscient de sa propre existence. Etre un homme, ce nest
pas comme tre une chose.
Il prtend que lexistence prcde toute signification quon veut bien lui donner. Le
fait que jexiste prcde la question de savoir ce que je suis. Lexistence
prcde lessence , dit-il. Par essence on entend tout ce qui constitue une chose,
cest--dire sa nature ou son tre . Mais Sartre ne pense pas que lhomme ait
une nature inne de cet ordre. Cest lhomme de se crer lui-mme.
Dans toute lhistoire de la philosophie, les philosophes se sont interrogs sur
lessence de lhomme, sur sa nature. Mais Sartre pensait que lhomme ne possde
pas une nature ternelle de ce genre. Cest pourquoi se poser des questions sur le
sens de la vie en gnral na aucun sens. Nous sommes en dautres termes
condamns improviser. Nous sommes ces acteurs quon a pousss sur scne sans
quon leur ait distribu de rle bien dfini, sans manuscrit en main et sans souffleur
pour nous murmurer ce que nous avons faire. Nous seuls devons choisir comment
nous voulons vivre.
Mais quand ltre humain prend conscience de son existence, de la mort qui lattend
un jour, et quil ne trouve pas de signification, il est pris dangoisse, dit Sartre.
Kierkegaard avait dcrit langoisse comme tant caractristique de la situation
existentielle de lhomme. Sartre ajoute que lhomme se sent tranger , de trop,
dans un monde dpourvu de sens. Quand il dcrit cette tranget au monde, il
rejoint les thses de Hegel et Marx. Ce sentiment dtre un tranger sur terre cre un
sentiment de dsespoir, dennui, de dgot et dabsurdit.
Sartre dcrit lhomme de la ville au XXme sicle. La Renaissance avait montr se
faon quasi triomphale la libert et lindpendance de lhomme, alors que pour
Sartre la libert est un poids terrible. Lhomme est condamn tre libre, dit-il.
Condamn parce quil ne sest pas cr lui-mme, et cependant libre. Car une fois
quil est jet dans le monde, il est responsable de tout ce quil fait .
Nous sommes condamns toute notre vie faire des choix. Il nexiste aucune valeur
ou norme ternelle pour nous guider. Do limportance du choix . Nous sommes
entirement responsables de nos actes. Sartre insiste beaucoup sur ce point :
lhomme ne peut pas rejeter la responsabilit de ses propres actes sur autrui ou autre
chose.

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Nous devons assumer nos propres choix et non prtendre que nous devons aller
travailler ou que nous devons tenir compte des convenances de la socit
bourgeoise pour savoir comment nous allons vivre. Quelquun qui subit des
pressions de lextrieur devient un tre anonyme qui se fond dans la masse. Cette
personne se ment elle-mme pour entrer dans le moule, elle se rfugie dans la
mauvaise foi. La libert de lhomme, au contraire, nous pousse devenir quelque
chose, tre autre chose que des pantins, exister vritablement, de manire
authentique .
Cela concerne en priorit nos choix en matire de morale. Pas question de rejeter la
faute sur la nature humaine , la misre de lhomme et ce genre de choses.
Mais si Sartre soutient que lexistence na pas de signification en soi, cela ne veut
pas dire pour autant quil est heureux quil en soi ainsi. Il nest pas un nihiliste ,
cest--dire quelquun qui considre que rien na de sens et que tout est permis.
Sartre pense que la vie doit prendre un sens. Cest un impratif. Mais cest
nous de donner un sens notre propre vie. Exister, cest crer sa propre existence.
La conscience est toujours consciente de quelque chose. Et ce quelque chose est
autant d nous mme quaux conditions extrieures. Cest nous qui pouvons
dcider dans une certaine mesure de ce que nous voulons percevoir en choisissant ce
qui a un sens pour nous.
Deux personnes peuvent tre dans un mme endroit et percevoir des choses
compltement diffrentes. Une personne qui attend un rendez-vous ne remarquera
que labsence de celui-ci par exemple.

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Simone de
Beauvoir

Simone de Beauvoir, elle, a essay dappliquer lexistentialisme lanalyse des rles


sexuels. Sartre avait bien montr que lhomme ne peut se rfrer une quelconque
nature ternelle. Cest la mme chose quand il sagit de limage que lon se fait
des sexes. Il nexiste pas selon elle une nature fminine ternelle. Cest pourtant
ce que la conception traditionnelle veut nous faire croire.
Il est tout fait dusage daffirmer que lhomme a une nature qui aime transgresser,
une nature transcendante . Cest la raison pour laquelle il cherchera toujours un
sens et un but hors de chez lui.
La femme, au contraire, passe pour avoir une orientation de vie compltement
oppose. Elle est immanente , cest--dire quelle veut toujours tre l o elle est.
Son domaine, cest la famille, la nature, et toutes les choses qui lentourent. Nous
dirions aujourdhui que la femme sintresse davantage des valeurs douces que
les hommes.
Selon Simone de Beauvoir, il nexiste pas de nature fminine ou nature
masculine . Bien au contraire, il tait du devoir des hommes, selon elle, de se librer
de ces prjugs et de ces idaux fortement ancrs.
Elle publia en 1949 Le Deuxime Sexe . Elle pensait la femme, celle que notre
culture a relgu au rang de deuxime sexe . Les femmes taient rduites ntre
que des objets pour les hommes, eux seuls apparaissent comme des sujets.
La femme perd ainsi la responsabilit de sa propre vie.
Cette responsabilit, il faut la reconqurir. Elle doit se retrouver et ne plus lier son
identit celle de lhomme. Car lhomme nest pas le seul opprimer la femme. Elle
sopprime elle-mme en nassumant pas la responsabilit de sa propre vie. Elles
doivent dcider dtre libres et indpendantes.
Lexistentialisme a influenc la littrature. On peut mentionner Albert Camus,
lirlandais Samuel Beckett, le roumain Eugne Ionesco, et le Polonais Witold
Gombrowicz. Tous ont en commun ce quon appelle l absurde .
Le thtre de labsurde soppose au thtre de raison. Le but consistait montrer
labsurdit de lexistence pour faire ragir le public, pour le contraindre trouver une
forme dexistence plus authentique.
Ce thtre met souvent en scne des situations banales. On a pu ce titre dire que
ctait presque une forme d hyperralisme . Lhomme est reprsent exactement
tel quil est. Mais si tu montres sur une scne de thtre exactement ce qui se passe
dans une salle de bains un matin comme les autres dans la maison de monsieur Tout
le monde, tout le monde rit. On peut interprter ce rire comme tant une protection
qui vite chacun de se reconnatre mis nu sur scne.
Le thtre de labsurde prsente parfois aussi des traits surralistes. Les personnages
sur la scne se retrouvent dans les situations les plus invraisemblables, comme dans
un rve. En voyant ces acteurs voluer dans des conditions imposes sans pouvoir
manifester leur dsaccord, le public, lui, est oblig de stonner et de ragir justement
ce manque de raction.
Cest la mme chose avec les films muets de Chaplin. Tout le comique rside dans le
fait quil nest pas du tout surpris dtre ml des situations compltement
invraisemblables. Par le biais du rire, les spectateurs sont contraints de sinterroger
sur leur propre existence quil peuvent enfin voir avec une certaine distance.

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Courants
philosophiques
du XXme sicle

Parmi les autres courants philosophiques qui se sont panouis au XXme sicle, on
peut citer le nothomisme , qui reprend les thses de Thomas dAquin.
Quant la philosophie analytique ou lempirisme logique , il remonte Hume
et lempirisme britannique, mais aussi la logique dAristote.
Sans oublier le no-marxisme et ses drivs, le no-darwinisme , ainsi que
limportance capitale de la psychanalyse .
Enfin, le matrialisme est profondment ancr dans lhistoire de la philosophie.
La science moderne doit beaucoup aux travaux des prsocratiques. On est toujours
la recherche de cette fameuse particule lmentaire qui serait lorigine de la
matire. Personne nest en mesure dexpliquer vritablement ce quest la matire .
Les questions philosophiques restent poses. Sartre avait raison daffirmer que les
problmes existentiels ne pouvaient pas se rgler une fois pour toute. Une question
philosophique est par dfinition une question laquelle chaque gnration, voire
chaque personne, est et restera confronte.
Cela nest pas rconfortant, ou bien, au contraire, en se posant ce type de question
nous sentons que nous sommes en vie.
Que ce soit la science, la recherche ou la technique, tout dcoule de la rflexion
philosophique.
Le courant cologique de la philosophie a une grande importance au XXme
sicle. De nombreux philosophes tirent la sonnette dalarme en montrant que la
civilisation occidentale est fondamentalement sur une mauvaise voie et va
lencontre de ce que notre plante peut supporter. Ils essaient daller au del des
propositions concrtes pour limiter la pollution et les catastrophes cologiques. Notre
mode de pense occidental est malade, disent-ils. Ils ont par exemple problmatis la
pense mme de progrs. A la base, il y a lide que lhomme est suprieur , quil
est le matre de la nature. Cette pense se rvle extrmement dangereuse pour la
survie de la plante.
Beaucoup de philosophes se sont appuys sur les penses et les ides des autres
cultures pour tayer leurs critique, tudiant les penses et coutumes des peuples
traditionnels (indiens par ex).
Au sein mme des milieux scientifiques, des voix de chercheurs se sont leves pour
dire que la dmarche scientifique se trouve confronte un changement de
paradigme . Cest--dire que les chercheurs remettent en cause de manire
fondamentale le mode de pense scientifique. Dans plusieurs domaines cela a port
ses fruits, par exemple lmergence de mouvements alternatifs qui privilgient
une approche globale des problmes et essaient de crer un autre mode de vie.
Mais tout ce qui est neuf nest pas forcment intressant, tout comme ce qui est vieux
nest pas forcment jeter.
Ces dernires annes nous avons t envahi par ce que lon peut appeler de
nouvelles religiosits ou encore
nouvel occultisme ou encore la
superstition moderne . Cest devenu une vritable industrie, proposant un nouvel
art de vivre, qui a profit du dclin du christianisme, et de la nostalgie du
mystique .

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Lunivers est immensment grand. Les distances se comptent en annes lumire,


sachant que la lumire va trois cent mille kilomtre la seconde. On ne sait pas si
la vie existe ailleurs que sur terre.
Quand nous observons le ciel, cest le pass que nous observons vu le temps quil
faut la lumire pour nous parvenir.
Notre soleil et notre plante font partie de la galaxie appele voie lacte. Il existe une
centaine de milliard de ces galaxies. Ces galaxies ne sont pas immobiles, mais se
dplacent les unes par rapport aux autres. Plus elles sont loin et plus elles de
dplacent vite. Le monde est en expansion. Cette expansion pourrait tre due un big
bang originel. Au dpart, toute la matire aurait t condense et elle aurait explos.
Nous sommes des poussires dtoiles, car toute la vie a t cre partir de cette
matire.
Mais do venait cette matire ?...
Une question qui se pose est de savoir sil y a une expansion unique, ou si, aprs une
phase dexpansion il y a une phase de compression, suivie nouveau dune
expansion
Nous vivons aujourdhui lre plantaire. La fin de lhistoire, ou lore dune
nouvelle poque ?

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