Régis Burnet L'Égypte Ancienne À Travers Les Papyrus
Régis Burnet L'Égypte Ancienne À Travers Les Papyrus
Régis Burnet L'Égypte Ancienne À Travers Les Papyrus
TRAVERS
LES PAPYRUS
Vie quotidienne
RGIS BURNET
,,,
L'EGYPTE ANCIENNE
TRAVERS
LES PAPYRUS
Vie quotidienne
Pygmalion
INTRODUCTION
Les textes que l'on va lire sont des rescaps. Par une conjonction unique de paramtres climatiques et de rsistance du support de l'criture - le papyrus-, ils se trouvent tre quasiment les
seuls crits originaux conservs de !'Antiquit. Les autres textes
ne proviennent que de copies, dont l'exemplaire le plus ancien
date souvent du Moyen ge ( l'exception du texte biblique) : par
exemple, pour les uvres de Platon, deux manuscrits du IXe sicle,
le Bodleianus 39 et le Paricinus 1807 ; pour le De Natura Rerum de
Lucrce, deux manuscrits galement du IXe sicle, les deux
Vossianus; pour la Politique d'Aristote, deux manuscrits encore plus
tardifs, le Parisinus Coislinianus 161 (XIV" sicle) et l' Ambrosianus
B 105 sup (XV' sicle).
Non seulement les originaux ont disparu, mais four texte
mme a rarement t transmis: seuls ceuxjugs dignes d'intrt
ont t reproduits ; autrement dit, les textes littraires majeurs.
Recopier un texte pour le sauvegarder constitue un investissement coteux en temps et en argent. Mme s'ils taient nombreux, s'ils y passaient leur vie et s'ils n'taient pas rcompenss sinon spirituellement-, on voit mal comment les moines copistes
frileusement encoigns dans leur scriptorium auraient pu recopier les quittances de loyer, les dclarations d'impts, les lettres
d'amour, les pense-btes des hommes de !'Antiquit!
1. -
2. -
La conservation exceptionnelle des papyrus d'gypte s'explique donc par d'exceptionnelles conditions climatiques: seuls
les hasards de la mtorologie font que l'on connat avec autant
de prcision la vie de ceux qui demeuraient sur les bords du NiL
Qui sont ceux dont on va lire les crits?
l'poque que couvre cette anthologie (332 av. J.-C.-395
ap. J.-C.), les habitants de l'gypte sont en leur grande majorit
les successeurs des gyptiens de l'poque pharaonique: l'apport
culturel, racial, technique ou conomique des conqurants ne
modifie pas radicalement la physionomie du pays, l'exception
de quelques grandes villes. Les conditions gnrales de vie, l'agriculture, la religion voluent trs lentement et l'on retrouvera tout
au long de l'ouvrage des traits trs anciens, au point que ces
tmoignages d'une priode postrieure clairent souvent la vie
quotidienne de l'gypte des Pharaons.
9
Mais pas seulement. En gypte coexistent une multitude d' ethnies; qui ne se mlangrent que lentement. Vivant au milieu des
gyptiens de la campagne, on trouvait des habitants du monde
hellnis : Grecs, mais aussi Perses, habitants d'Asie Mineure, habi-
3. -
4. -
.,,
l
On sait les Franais curieux d'gyptologie. Or, inexplicablement, ils semblent borner leur intrt la civilisation prcdant
la conqute d'Alexandre. Pour s'en convaincre, il suffit de visiter
le Louvre. Alors qu'un nombre considrable de salles du muse
ressuscitent l'gypte pharaonique, l'gypte lagide et l'gypte
romaine occupent quelques vitrines. Il y a fort parier que l'tat
des collections n'explique pas cette portion congrue, mais plutt
un choix dlibr des conservateurs qui entendent rpondre
l'attente d'un public avide de Ramss, de Touthmsis et autres
Toutankhamon et peu curieux de Ptolmes, de Brnice et autre
Trajan gyptianiss.
Il en va de mme pour les ouvrages sur cette autre gypte.
Alors que les Anglais et les Allemands ont depuis longtemps de
grandes et belles anthologies, rien n'existe en France, l'exception
notable du petit ouvrage dirig par Paul Schubert, remarquable
travail, hlas de dimensions modestes, paru dans des ditions
helvtiques confidentielles.
11
12
5. -
XYRHYNCHOS
Au cours de cette anthologie, un nom exotique reviendra souvent: celui de la ville d'Oxyrhynchos. D'o vient cette appellation
trange ? Probablement del' oxyrhynque, un poisson dont le nom
que lui donnaient les Grecs ( oxys = pointu , rhyncos = bec )
voque la forme gnrale. Il faut noter que 1' oxyrhynque des
Grecs est appel mormyre par les biologistes et que l'on nomme
aujourd'hui oxyrhynque un crustac.
Peu de villes de l'Antiquit sont aussi bien connues 1
qu'Oxyrhynchos. Rien ne l'y prdisposait en ralit: situe
1. Julian KRGER, Oxyrhynchos. Studien zur Topographie und Literaturrezeption,
Frankfurt am Main/Bern/New York/Paris, Peter Lang, Europische Hochschulschriften 3.441, 1990.
13
Le lecteur commence le percevoir : les documents dcouverts en gypte forment une masse cyclopenne dans laquelle il
est souvent malais de se frayer un chemin. Il a pourtant fallu oprer un choix. On s'est tenu aux rgles suivantes :
GLOSSAIRE
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19
NOTES
1. -
1. Tous les textes sont publis ici dans une traduction originale, sauf exception signale.
2. Cette anthologie n'est pas un travail d'dition: aucun des
textes n'est indit, mme si rares sont les textes publis en franais ou tout simplement traduits. Les textes sont habituellement
reprs par leur numro d'dition et quelquefois par leur rang
dans quelques grandes anthologies. Le sens des abrviations
(habituelles) est rcapitul en fin de volume. Pour des cas trs
exceptionnels, on a donn le numro d'inventaire de muses ou
de bibliothques.
3. Par dfaut, les textes prsents se trouvent ~onservs sur
des papyrus: lorsque tel n'est pas le cas, la description indique le
support.
4. Pour la translittration des noms propres, les quivalents
familiers au lecteur franais ont t privilgis: Ptolme et
non Ptolemaios , Socnoponse et non Socnopaos
Nsos .Ainsi, le plus souvent l'upsilon est rendu par un y, selon
l'ancienne coutume, le kappa par un cou par un k, le chi par ch.
21
2. -
22
3. -
Les mois sont dsigns par leur nom grec ou par leur nom gyptien
Mois dans le
calendrier
grgorien
( quelques
semaines prs... )
Septembre
Mois dans le
calendrier
gyptien
Mois dans le
calendrier
macdonien
Nom
honorifique
des mois
sous les
Romains
Thth (0ro0)
(1er Thth,
dbut de l'anne)
Dios
Octobre
Pha~hi
Apellaos
Sbastos
(Augustus)
puis Germanicus
Domitianos
Novembre
(<l>aroqn.)
Hathyr
(1\0up)
Aydnaos
Dcembre
Choac
(Xoim:)
Pritios
Janvier
Fvrier
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Aot
Tybi (Tu~t)
Dystros
Mchir (Mexeip)
Xandicos
Phamnth (<l>aevro0) Artmisios
Pharmouthi (<l>apou0t)
Dasios
Pchon (ITaxrov)
Pamenos
Payni (Ilauvi)
Los
piph ('Enei<j>)
Gorpiaos
Msor (Mecropfl)
Hyperbrtaos
Nos
Sbasts
(Novus Augustus)
Ioulies
(Julius) puis
Nerneos Sebastos
(Nron Augustus)
puis Hadrianos
Germanikeos
Sterios (Sauveur)
Drousieys
Casarios
Travaux
4. - L'ADMINISTRATION IAGIDE
L'administration lagide est pyramidale, et compte quatre
niveaux. Au sommet, le roi, assist d'une srie de services: l'administration judiciaire dirige par un archidicaste, la chancellerie
dirige par l'hypomnmatographe et les finances, diriges par le
dicte. Ensuite, au niveau d'un nome (la division administrative), le stratge, assist d'un basilicogrammate (scribe royal) et
d'un nomarque (chef de nome). Le no marque dirige les services :
les finances, gouvernes par un pimlte ou un conome, la
police, domaine de l'pistate des phylacites, et la justice, dirige
par l' pistate. Ensuite, au niveau de la toparchie, le toparque, au
rle mal connu. Enfin, au niveau du village, le cmarque, sorte de
maire du village, associ au cmogrammate (scribe de village), le
plus petit des fonctionnaires royaux (cf. chapitre VI).
Royaume
Roi
Finances
Dicte
Chancellerie
Hypomnmatographe
Justice
Archidicaste
Nome
Stratge
Nomarque
Finances
conome
i--------1---iBasilicogrammate
Police pistate
des Phylacites
Justice
pistate
Toparchie
Toparque
Village
Cmarque
Cmogrammate
24
5. -
115-107: Ptolme IX Str Lathyros 110-108: le futur Ptolme X .remplace Ptolme IX.
25
37-41 : Caligula
41-54: Claude
54-68: Nron
26
F/,aviens (69-96)
69-79 : Vespasien
79-81 : Titus
81-96: Domitien
Antonins (96-192)
96-98 : Nerva
98-117 : Trajan
117-138: Hadrien
Svres (192-235)
193 : Pertinax
193-211 : Septime Svre
211-217: Caracalla
217-218 : Macrin
218-222 : Hliogabale
222-235 : Alexandre Svre
337-340: Constantin II
340-361 : Constant Jer et Constance II
rgnent conjointement.
361-363 :Julien l'Apostat
363-364: Jovien Jr
364-375 : Valentinien Jr
375-379: Valentinien II
379-395: Thodose
Sans doute le prtre qui allait sa rencontre ne faisait-il qu'entriner la situation politique de son pays : Alexandre tait le successeur des pharaons et l'on appelait le pharaon Fils de Dieu ,
Mais le Grec prit l'expression au pied de la lettre, peut-tre par
orgueil, peut-tre par calcul politique. De retour de Siwa, il abandonna les coutumes un tantinet grossires et provinciales de la
cour de Macdoine: dsormais, il n'tait plus ce gnral en chef
que ses compagnons apostrophaient familirement, son pouvoir
avait une origine divine.
Alexandre ne demeura pas longtemps en gypte : il poursuivit
son rve d'Orient et mourut Babylone en juin 323. Aucun hritier ne pouvait lui succder : son demi-frre, Philippe Arrhide,
tait moiti idiot et son fils Alexandre, n de la belle Persane
Roxane, vint au monde deux mois aprs la mort de son pre. Ses
gnraux, nomms diadoques, successeurs, se partagrent son
empire: Ptolme, fils de Lagos, reut l'gypte.
Trs vite, le nouveau matre de l'gypte consolida son pouvoir en annexant la Cyrnaque, en drobant la dpouille
d'Alexandre, qui dormit au cur d'Alexandrie, dans le Sma, le
Tombeau et en djouant les tentatives d'envahir l'gypte des
diadoques ses rivaux, Cassandre de Macdoine, Lysimaque de
Thrace, Antigone d'Asie et Sleucos de Babylonie. Par des
mariages - Lysimaque pousa sa fille Arsino - et des combats, il
russit protger le pays par ses possessions assurant un double
dispositif dfensif: une premire ceinture troitement contrle,
1.
DIODORE DE SICILE,
P. Goukowsky.
29
6. -
30
31
32
n'avait aucune lgitimit; pour conserver son pouvoir, il se rsolut devenir la crature des Romains : il acheta tour tour
Pompe puis Csar. Dpos en 58 av. J.-C., il dilapida sa fortune
pour corrompre le Snat, allant mme jusqu' promettre le poste
lev de dicte [ministre des finances] son crancier Rabirius
Postumus et payer largement le proconsul de Syrie pour qu'il le
rtablisse sur son trne.
En 51 av. J.-C., Aulte lguait par testament son royaume sa
fille Cloptre VII et son fils Ptolme XIII pour qu'ils deviennent le nouveau couple royal. Cette Cloptre VII est la fameuse
reine d'gypte qui fit rver Pascal et dont de nombreux pplums
immortalisrent la lgendaire beaut et les fastes troublants.
Pour l'heure, elle se disputait le royaume avec son frre et surtout ses conseillers, Achillas, Thodote et Pothin l'eunuque. En
48 av. J.-C., les trois compres parviennent chasser Cloptre et
dcident d'assassiner Pompe, le vaincu de Pharsale venu chercher refuge auprs de ses allis, afin de plaire Csar, le nouveau
matre de Rome. Csar n'a pas la raction attendue: il s'installe
au palais royal, devient l'amant de Cloptre et finit par conqurir l'gypte en 47 av.J.-C.
Cloptre a un fils de Csar, Csarion, qu'elle vient prsenter
Rome en 46 av. J.-C. ; aprs l'assassinat de Csar en 44 av. J.-C.,
elle fit monter Csarion sur le trne d'gypte.
Aprs Csar, elle choisit Antoine pour protger son royaume.
En 41 av. J.-C., elle se rendit Tarse dans un quipage demeur
fameux pour sduire le triumvir romain. Celui-ci succombe son
charme. Il la revit en gypte en 34 av. J.-C., o, sous sa protection,
elle se fit proclamer reine avec son fils Csarion au Gymnase
d'Alexandrie. Octave, le futur Auguste, inquiet pour son pouvoir,
dclara alors la guerre l'gypte : elle se solda en 31 av. J.-C. par
la bataille d'Actium qui vit.la dfaite d'Antoine et de Cloptre.
Lorsqu'en 30 av.J.-C. Octave gagna l'gypte, le couple mythique se
suicida et Csarion fut assassin. L'gypte passa sous la domination
romaine et le resta jusqu' la conqute arabe de 641 ap.J.-C.
7.
33
34
PREMIRE PARTIE
37
= SP93 -
1. -
41
42
n3
TEXTE DE LA PIERRE DE ROSETTE
Memphis -196 av.J.-C.
(texte grec)
< I >Au cours du rgne du jeune [roi Ptolme V] qui a succd
sur le trne son pre, matre des [deux] couronnes, couvert de
gloire, qui a rtabli l'ordre en gypte et a t pieux envers les dieux,
a triomph de ses ennemis et a ramen la vie civilise aux hommes,
seigneur des Crmonies des Trente annes, semblable
Hphastos le Grand, roi comme le soleil, grand roi des pays
Suprieur et Infrieur, n des Dieux Philopatr, approuv par
Hphastos, qui le soleil a donn la victoire, vivante image de Zeus,
fils d'Hlios, Ptolme, vivant jamais, le bien-aim de Ptah, dans la
9 anne, quand Atos fils d'Atos tait prtre d'Alexandrie, et des
Dieux Str, et des Dieux Adelphes, et des Dieux vergtes, et des
Dieux Philopatr et du Dieu piphane Euchariste [Bienfaisant], et
que Pyrrha, fille de Philinos, tait athlophore de Brnice vergte,
qu'Aria, fille de Diogne, tait canphore d'Arsino Philadelphe,
qu'Irne, fille de Ptolme, tait prtresse d'Arsino Philopatr, le 4
du mois de Xandicos, d'aprs les gyptiens le 18 Mchir [27 mars
196 av. J.-C.] Les grands prtres et les prophtes, ceux qui entrent
dans le sanctuaire pour habiller les dieux [les stolistes], les porteurs
de plume [les ptrophores] et les scribes sacrs [les hirogrammates] et tous les autres prtres des temples du pays sont venus
Memphis au-devant du roi, pour la fte de l'accession au trne de
Ptolme, vivant jamais, bien-aim de Ptah, dieu piphane
[ manifest ], Euchariste, qu'il a reu de son pre.
43
apomora quitables perues sur les vignes, les jardins et autres proprits qui appartenaient aux dieux sous le rgne de son pre
demeurent sur le mme pied. < 4 > Qu'il a aussi ordonn que les
prtres ne devaient plus rien de plus au fisc que ce quoi ils taient
imposs, jusqu' la premire anne, sous son pre.< 5 >Qu'il a dispens les membres des tribus de prtres du voyage annuel
Alexandrie. < 6 >Qu'il a ordonn qu'il n'y aurait plus aucune contribution pour la marine. < 7 > Qu'il a remis les 2/3 de l'impt sur le
byssus pay par les temples au trsor royal.< 8 >Que quelles qu'aient
t les ngligences des temps passs, il les a corriges comme il se
devait, en veillant ce qu'il tait d'usage de faire pour les dieux soit
accompli comme il convient. Qu'il a dispens tous sa justice,
comme Herms deux fois grand. < 9 > Qu'il a ordonn que ceux qui
reviennent de la guerre, et ceux qui ont t spolis de leurs biens au
temps des troubles, devaient, leur retour, tre autoriss occuper
ce qu'ils possdaient.< 10 >Qu'il a prvu d'envoyer la cavalerie, l'infanterie et la marine contre ceux qui tentent d'envahir l'gypte, tant
par mer que par terre, grands frais de bl et d'argent, afin que les
temples et tous les habitants de l'gypte puissent tre en scurit.
< Il >Que, s'tant rendu Lycopolis dans le nome de Busirite, une
ville dont on s'tait empar et qu'on avait fortifie contre un sige par
des magasins d'armes et d'autres munitions, pour dissiper l'esprit de
rvolte provoqu par des impies ayant perptr de nombreux dgts
aux temples et tous les habitants de l'gypte, il a fait le sige de la
place et l'a entoure de retranchements, de fosss et de fortifications.
Quand le Nil, qui habituellement inonde les plaines, a connu une
grande crue dans la huitime anne de son rgne, il l'a contenu en
endiguant en de nombreux endroits les dbouchs des [canaux] du
fleuve, en engageant de fortes sommes. Aprs avoir confi la garde
de ces canaux la cavalerie et l'infanterie, en peu de temps, il prit
d'assaut la ville et tua tous les impies qui s'y trouvaient, l'instar
d'Herms et Horus, les fils d'Isis et Osiris, pour subjuguer autrefois
les rebelles dans le mme pays. Quant ceux qui s'taient mis la
tte des rebelles sous le rgne de son pre, et qui avaient ravag le
pays sans respecter les temples, il les a punis comme ils le mritaient,
en se. rendant Memphis pour venger son pre et sa propre royaut.
< 12 >Profitant de sa venue, il fit excuter les crmonies prescrites
pour son couronnement. < 13 > Que, de plus, il a exempt ce qui
dans les temples tait d au trsor royal: c'tait, en bl et en argent,
une somme non ngligeable. < 14 > Pareillement, il a ordonn que
l'impt sur le byssus ne soit pas lev par la couronne, ainsi que les
frais de vrification pour ceux qui l'avaient t, jusqu' la mme
poque. < 15 >Qu'il a aussi affranchi les temples de l'impt du droit
d'artabe par aroure sur la terre sacre; il a fait de mme pour le
kramion par aroure de vignoble. < 16 > Qu'il a fait beaucoup de
donations Apis, Mnvis et aux autres animaux sacrs d'gypte, en
tant plus sensible que les rois ses prdcesseurs ses animaux, en
44
45
par une crmonie en son honneur et une fte chaque mois dans
tous les temples d'gypte : qu'ils y accomplissent les sacrifices, les
libations et toutes les crmonies d'usage, comme dans les autres
ftes, ainsi que [ ... ].Qu'ils clbrent une crmonie et une fte en
l'honneur du roi PTOLME, VIVANT JAMAIS, LE BIEN-AIM DE PTAH,
DIEU PIPHANE, EUCHARISTE, chaque anne dans les temples du pays,
partir du 1., Thth et durant cinq jours, durant lesquels ils porteront des couronnes et excuteront les sacrifices, les libations et tout
ce qu'il convient. < e > Que les prtres des autres dieux soient appels les prtres du DIEU PIPHANE, EUCHARISTE, en plus des noms des
autres dieux qu'ils servent. Que ce sacerdoce soit inscrit sur tous les
documents officiels et soit grav sur les bagues qu'ils portent.
< f > Qu'il soit permis tout particulier de clbrer la fte et d' lever le naos susmentionn dans sa maison, qu'ils accomplissent les
clbrations prescrites annuellement et mensuellement, afin que
tout un chacun puisse savoir que les hommes d'gypte exaltent et
honorent d'aprs la loi le DIEU PIPHANE EUCHARISTE ROI.
< V > Que ce dcret soit inscrit sur une stle de pierre dure en
caractres sacrs [hiroglyphes] locaux et grecs et qu'elle soit place
dans tous les temples des premiers, seconds et troisimes rangs,
ct de l'image du ROI TOUJOURS VIVANT.
47
prtres?
Les mesures< 13 >< 15 >semblent s'tre gares dans cette
partie du texte puisqu'elles renouent avec les dgrvements d'impts consentis par le souverain. Peut-tre s'agit-il des mesures
prises aprs la prise de Lycopolis. < 13 > efface les arrirs d'impts,< 14 >abroge la leve de l'impt sur le byssus et< 15 >celle
des taxes sur les champs et sur les vignobles.
< 16 >et< 17 >,enfin, rappellent les largesses faites par le roi
aux temples, qui marquent sa pit envers les dieux du pays, mais
galement le posent dans son rle de souverain dispensateur de
bienfaits. Sa gnrosit touche particulirement Memphis, l'un
des centres du culte du taureau Apis (et de son jumeau Mnvis)
cens reprsenter l'incarnation de Ptah sur terre.
Aprs ce rappel des actions du roi et une rapide invocation
la Bonne Fortune qui l'accompagne (<III>), la quatrime partie formule la contrepartie qu'accordent les prtres leur
monarque : un culte vritablement pharaonique de dieu vivant. Il
s'agit bien d'un hommage des indignes leur roi grec : le texte
se prsente comme un dcret des prtres de la chra, autrement
dit de l'gypte sans Alexandrie. Ce culte prend divers aspects.
Tout d'abord (<a>), le roi s'associe tous les dieux de l'gypte,
qui lui tendent une arme de victoire, pour montrer son triomphe.
Dsormais, les prtres ne rendront plus un culte au seul dieu de
leur temple, mais ils adoreront conjointement (< b >) leur dieu et
leur roi. Ensuite (< c >), le roi s'immiscera mme dans le sanctuaire des dieux puisqu'une statue sacre protge par une caisse
dore (le naos) ctoie'ra les autres dieux. Il ne s'agit plus ici d'une
statue visible par tous - ou tout du moins par l'ensemble des
prtres - mais bien d'une sacro-sainte statue, appr,ochable par les
prtres de rang suprieur, image mme du dieu. Comme les
49
2. -
51
[Rponse du stratge] Simn : envoie l'accus. 1re anne, le 28 Gorpiaou [soit] le 12 Tybi.
[Verso] La 1re anne, le 28 Gorpiaou [soit] le 12 Tybi : Philista
contre Ptchn, garon de bain, pour avoir t brle.
Philista, une travailleuse qui fait partie des catques, c'est-dire des colons grecs, se plaint d'un garon de bain gyptien.
Visiblement, ce dernier a eu un geste xnophobe, en versant d'un
coup sur Philista l'eau qu'il venait de puiser - et qui tait donc
brlante - sans l'avoir fait refroidir un peu. S'il n'est pas certain
que l'incident n'ait pas t non plus provoqu par le comportement de Philista, qui a tout l'air d'une virago - ou tout du moins
.une forte femme, ne dit-elle pas qu'elle l'a elle-mme livr au
chef de la police (l'archiphylacite) et au chef du village (l'pistate) ? -, il traduit bien la difficult de la cohabitation entre les
.
Grecs et les gyptiens.
Pour se plaindre, Philista utilise une enteuxis, que l'on traduit
par ptition ou placet, l'poque ptolmaque, elle prsente toujours une forme identique. Elle est tout d'abord formellement adresse au roi, alors qu'on l'envoie au chef du
nome, le stratge - et la rponse vient bien du stratge. Ensuite,
elle se compose toujours de la mme manire : une formule d'introduction dbutant par tKoum uno K"C. ( N m'a fait du
tort, j'ai t ls par N ) qui permet de nommer celui contre
qui l'on porte plaine; un expos des motifs de la plainte; une formule polie mentionnant l'espoir de trouver justice ; une suggestion polie des mesures prendre; une brve formule d'adieu- la
formule polie eil-cuxet, sois heureux, plutt que la formule
pistolaire courante pprocro, porte-toi bien.
Le texte confirme l'importance sociale des bains dans la vie
publique. Hritage gyptien et grec, le bain est le plus souvent
entretenu par la municipalit et donne parfois lieu de somptueuses dpenses. Dtail curieux, malgr la pudeur grecque,
un homme se voit admis dans la tholos des femmes. Cela traduit bien ce que l'on pensait des esclaves: peine des tres
humains.
La deuxime plainte se rvle tout aussi pittoresque que la
premire : un Grec se promne dans le petit village de Psya et
reoit le contenu d'un pot de chambre sur ses vtements ...
52
n6
UNE ATIAQUE AU POT DE CHAMBRE
22~
av. J.-C.
53
II
1. -
PREMIERS CONTACTS
55
n8
UN VISITEUR DE MARQUE
56
2. -
57
banquiers, soldats et marchands. Petit petit, les citoyens devinrent plus nombreux car beaucoup de Grecs qui avaient servi
dans l'arme recevaient le cognomen latin et la citoyennet.
Ensuite les Grecs, c'est--dire les citoyens des trois cits
grecques, Naucratis, Alexandrie et Ptolmas. Ces villes furent
rejointes en 130 ap. J.-C. par une quatrime, Antinoupolis, la
ville d'Antinos ,fonde par l'empereur Hadrien en l'honneur
de son favori noy dans le Nil cet endroit. Au cours des annes,
certaines capitales de nomes (les mtropoles) reurent le droit
de confrer une citoyennet grecque. Et enfin les gyptiens ,
qui dsignaient moins les gyptiens de souche que les habitants
de la chra qui ne possdaient pas la citoyennet : beaucoup de
Grecs de souche se classaient parmi les gyptiens.
Les frontires entre les diffrentes catgories d'habitants
taient trs impermables. Prs de 180 ans aprs la conqute
romaine, et aprs 480 annes d'occupation grecque, on distingue
encore les diffrentes catgories des habitants de l'gypte dans ce
rsum des rgles administratives en gypte que constitue le
Gnomon de l'Idiologue.
n9
GNOMON DE L'IDIOS LOGOS
Prfectus JEgypti.
Cette attitude s'explique par l'image de l'gypte que manifestent les Romains : l'gypte se rduit Alexandrie et peut-tre aux
cits grecques, le reste n'est que la campagne, la chra, un tout
indtermin (mais fructueux cause du bl). Lorsque, cinquante
ans aprs la conqute, Germanicus visite l'gypte, il tourne son
intrt vers la seule Alexandrie.
n10
GERMANICUS VIENT EN GYPTE
1. TACITE, Annales Il, ux, 1-2, trad. P. GRIMAL in ID, uvres compltes, Paris,
Gallimard, Bibliothque de la Pliade, 1990, p. 461.
60
n Il
EXTRAIT DE LA LETTRE DE CARACALLA
m s. ap. J.-C.
Irne Apollinaire son cher frre, mille bonjours. Je fais des
vux en toute circonstance pour ta sant : moi-mme je vais bien.
Je veux que tu saches que j'ai touch terre le 6 piph et que nous
avons dcharg [le bateau] le 18 du mme mois. Je suis arriv
Rome le 25 du mme mois et Dieu a voulu que l'endroit [la communaut ?] nous ait bien accueillis. Chaque jour nous attendons
.notre dcharge, car jusqu' aujourd'hui personne en charge du bl
n'a t dli. Mille saluts ta femme, Srnos et tous ceux qui
t'aiment, chacun par leur nom. Porte-toi bien. Le 9 Msor.
[Verso] Apollinaire de la part de son frre Irne.
Ce petit texte est trs caractristique d'une certaine prose officielle, friande en pithtes et en priphrases. Probablement
empoisonn par sa femme, Claude est mort. Selon la coutume
impriale, il est dclar dieu manifest immdiatement aprs
sa mort et son successeur est proclam Imperator (en grec Autocratr) et Ccesar- un nom propre devenu titre. Le nouveau rgne
commence par des crmonies religieuses.
63
III
LES CHOS DE LA VIE DES JUIFS EN GYPTE
Les deux chapitres qui prcdent ont certainement du l'historien en mal d'vnements historiques, car les papyrus ne
donnent qu'une image affadie et indirecte des bouleversements
qui ont agit la Mditerrane antique. Les deux chapitres qui
suivent lui permettront de revenir sur cette dception. En effet,
qu'il s'agisse de la question juive en gypte ou de l'mergence
du christianisme, les documents d'poque fournissent des pices
uniques.
En ce qui concerne les Juifs en gypte, les papyrus et les ostraca
permettent de suivre de manire assez prcise leur prsence, leurs
activits, puis de prendre la mesure du drame qu'ont reprsent
les troubles de 39-41 et, surtout, la guerre juive de 117.
1. -
41
AP.j.-C.
Dosiths est n dans les annes 270 av. J.-C. En 240, il occupe
dj le poste d'hypomnmatographe (grand archiviste) de
Ptolme III et en 224, il voyage dans l'entourage du roi. Il doit
avoir une position enviable, car il bnficie d'une xnia particulire (cf. n 8). En outre, on ne mentionne pas son titre : il est tellement connu qu'on n'a pas besoin de le prsenter. En 223,
aprs avoir semble-t-il reni la religion de ses pres, le voil
prtre ponyme du culte d'Alexandre 1, l'un des tout premiers
personnages de l'gypte. En 217, on le retrouve la bataille de
Raphia, o il sauve la vie de Ptolme IV Philopatr.
1. Voici l'un des tmoignages: Sous le rgne de Ptolme fils de Ptolme et d'Arsino, dieux Adelphes, la 2~ anne [de Ptolme III], le prtre
d'Alexandre et des dieux Adelphes et des dieux Evergtes tant Dosiths fils de Drimylos,
la canphore d'Arsino Philadelphe tant Isidora fille d'Apollonios, la prtresse
d'Arsino Philopatr tant Brnice, fille de Pythangelos, etc.( CP]ud. r, 127e).
66
I,
II 0-I 0 '
67
n17
UNE PLAINTE D'UNE FEMME CONTRE SON MARI
P. Enteuxeis 23 = CP]ud.
1,
... ] .
68
n18
UNE MANIFESTATION D'ANTI:JUDASME?
Tu sais bien que les Juifs leur donnent la nause : l' expression est forte et voque une animosit brutale. Pourtant, il convient
d'tre prudent. Rappelons les faits. Manifestement, Hracls, malgr son patronyme paen, doit tre juif ou proche des Juifs puisqu'il
demande au dicte, l'un des premiers personnages du royaume,
de se proccuper du logement d'un prtre de Tebtynis ,qui est
un prtre juif. Ce dicte doit tre lui aussi l'ami des Juifs puisqu'il
compte un certain Tryphonas dans ses connaissances, qui portait
un nom assez rpandu chez les Juifs. Le prtre juif doit tre de passage Memphis ; il se rend peut-tre au Temple de Lontopolis et
semble ne pas tre le bienvenu Memphis.
Le contraire serait surprenant. Memphis n'tait-elle pas l'une
des capitales religieuses de l'gypte ? Pour le prtre d'une religion
monothiste, dclarant haut et fort que le polythisme revenait
de l'idoltrie, sjourner Memphis se rvlait une opration extrmement prilleuse. En outre, il convient de ne pas surestimer
l'expression d'Hracls. Ce dernier a une grande culture littraire et manie une forme d'ironie par exagration : chapper
aux embches, conduis-le par la main. Le terme qu'il
emploie, le verbe vomir , est trs courant dans la Septante, la
version grecque de la Bible juive : sans doute manie-t-il l'hyperbole
de manire plaisante.
Mais la conqute romaine met fin une priode relativement
faste pour les Juifs. Juridiquement, d'abord, ils perdent leur
1. Nous travaillons partir du texte et des suggestions de traduction de
Roger R.MONDON, Les Antismites de Memphis>>, Chronique d'gypte 35
(n 70), 1960, p. 244-261.
69
70
P. Land. 1912
CP]ud.
11,
71
72
,
d
'
J
.
oyennete
a1exan nne avec tous es droits et les bnfices attachs cette cit,
l'exception de ceux qui ont russi devenir phbes malgr leur
Il 1
73
< 16 >Mais si, en vous dtournant de ces querelles, vous consentez vivre ensemble avec douceur et bienveillance les uns pour les
autres, moi, je montrerai, comme par le pass, une bienveillance
pour la cit semblable celle que l'on prouve pour une maison
qui nous vient des aeux.
< 17 > Mon ami Barbillus, je peux en tmoigner, vous a toujours
soutenus devant moi et il a men pour vous le combat avec le plus
grand zle. Il en va de mme de mon ami Tiberius Claudius
Archibios. Portez-vous bien.
74
O. Edfou 41
75
CP]ud.
II,
76
= Wilck.
Aphrodisios son cher Hraclios, salut.J'ai appris de gens arrivs aujourd'hui d'lbin qu'ils ont fait route avec un esclave de notre
matre Apollonios. Il venait de Memphis apporter la bonne nouvelle de la victoire et du succs. C'est pour cela que je t'envoie spcialement une lettre, afin que je puisse tre sr de la nouvelle, que
je fte la victoire et fasse les offrandes aux dieux qui conviennent.
S'il te plat, informe-m'en rapidement, mon cher. Deux petits
esclaves de l'Oasis ont t apports au matre, l'un a quatre ans,
l'autre trois [ ... ].Je fais des vux pour ta sant, mon ami.
[Verso] Hraclios, l'intendant (n:l:tpon:o) d'Apollonios.
P. Brem. 63 = CP]ud.
II,
77
alors que je ne n'ai plus de plaisir? J'ai dj sous les yeux que je
serais toute nue pendant l'hiver. [2' main] Porte-toi bien. Le 22
piph. [Sur la marge gauche, de la ]"main] La femme d'Eudmos est
reste etje lui en sais gr. [3' main] Aline, sa fille.
78
IV
1. -
80
L'GLISE PERSCUTE
81
n29
AUTRE LIBELLE DE LA PERSCUTION DE DCE
82
selon les prescriptions, j'ai sacrifi, vers des libations et got les
offrandes, etje te demande de le certifier pour nous. Soyez parfaitement heureux.
[2' main] Nous, Aurelius Serenus etAurelius Hermas, vous avons
vu sacrifier.
[3' main] Moi, Hermas, le certifie.
[1" main] La 1,. anne de l' Imperator Ccesar Gaius Messius Quintus
Trajanus Decius PiusFelixAugustus [Dce], le 27 Payni [2ljuin 250].
83
Ce papyrus du British Museum est plus connu par les polmiques qu'il a souleves que par son intrt vritable. Il mit
en effet aux prises les papyrologues et les historiens de l'glise
1. Le Koppa est une ancienne lettre supplante par le Kappa mais utilise
pour la numrotation.
84
2. Adolf von
85
salut en Dieu.
Grce soit rendue au Matre de tout de nous avoir donn l'occasion d'voquer comme il convient ta pit incomparable, mon
bien-aim fils, car, en vrit, je fais sans cessemmoire de toi, mme
si.tu es loin. En effet, qui donc parmi les hommes n'aurait le dsir
d s'entretenir avec toi, dont je loue la pit mme par une lettre
[la suite manque].
[Verso] mon fils d'ternelle mmoire, Ammon.
Le dbut de cette lettre, qui tresse les louanges d'un des fils spirituels d'Antoine (pour mieux ensuite le. reprhdre ou pour lui
servir d'introduction ?) , contient les traits caractristiques d'un
style chrtien inspir de saint Paul et de rminiscences bibliques.
Il dbute, comme une lettre de l'aptre, par une action de grce
et il utilise le thme de la mmoire comme dans les lettres de Paul
(cf. ptre aux Romains l, 9 ; Premire ptre aux Thessaloniciens l, 3 ;
ptre Philmon 4). L'expression Matre de tout rappelle une
expression de saint Clment de Rome (Premire ptre aux
Corinthiens 8, 2). Voil une lettre bien crite, un rien pompeuse,
qui annonce le style de l'poque byzantine.
On retrouve les mmes appels la solidarit dans les nombreux billets de recommandation : ils tmoignent la fois d'une
pratique ancienne de l'glise, l'hospitalit envers les frres chrtiens - que l'on trouve ds l'institution de l'glise -, mais galement du dveloppement d'une hirarchie et d'une structure
ecclsiale de mieux en mieux constitues.
86
n 33
UN BILLET DE j.COMMANDATION
87
Cette lettre n'est pas d'un trac sr: Maria vient juste d'apprendre crire et elle en profite pour demander des nouvelles
sa mre. On trouve dans sa lettre de nombreuses allusions au
manichisme. Ainsi le Pre de la vrit: la formule se retrouve dans
les crits ma,nichens et dsigne la Lumire. Ainsi galement
l'Esprit Paraclet ( dfenseur ) qui dsigne 1'esprit de connaissance
envoy par la Lumire pour aider les hommes dans leur chemin
vers elle ; Mani, le crateur de cette doctrine, lui fut largement assimil. La mention de Pques soulve une lgre difficult : les
manichistes clbraient-ils cette fte 1 ?
n36
UNE AUTRE LETTRE MANICHISTE
1. Ian GARDNER & Alanna NOBBS & Malcom CHOAT, P. Harris 107 : Is this
another Greek Manichaean Letter ? , Zeitschrift fr Papyrologie und Epigraphik
131, 2000, p. 118-124.
88
est grande et sans limites dans nos penses et sur nos lvres, je veux,
par cette lettre, la manifester au mieux et mme l'tendre: en effet,
c'est l'esprit le plus sincre envers vous qui l'a crite et en a tmoign. Et donc, sachant que cette lettre vous rjouira plutt, nous
nous h~ons en consquence d'en faire usage et envoyer aux[ ... ]
1'expos des sentiments divinement engendrs que nous portons en
nous envers votre propre pit. Car nous nous sommes rjouis et
flicits de recevoir la fois les preuves de votre sympathie envers
nous et vos lettres qui nous taient agrables. Je veux dire [ ... ] et
dsormais, nous jouirons des quelques fruits deTesprit ; nous jouirons ensuite des fruits d l'esprit des pieux [ ... ],bien entendu. Et
rempli des deux, nous allons lever toute louange envers votre me
pleine de lumire, autant qu'il nous sera possible. Car seul notre
Seigneur le Paraclet est capable de vous louer autant que vous le
mritez et de vous rcompenser au moment appropri. Nous avons
reu le panier et nous l'agrons en vertu de votre trs pieuse prvenance. Nous avons donn au Seigneur [ ... ] ryllos ce qui lui tait
destin. Nous avons aussi reu le [ ... ]. Puissiez-vous continuer
nous aider, comme nous en formons le vu.
89
Mme jusque dans les confins de l'Empire - Philadelphie le prtre d'une obscure cit, Hermoupolis, se permet d'intervenir dans les affaires internes de l'arme. Se nommant lui-mme
pape - ce terme de respect prsent ds Homre ne sera pas
rserv au seul vque de Rome avant Grgoire VII et il est prsent avec une accentuation diffrente (mxnf; au lieu de nana)
dans le sens de prtre jusqu'au grec moderne -, Kaor fait
appel l'indulgence d'un haut .grad de l'arme romaine,
Abinnaios, lui-mme chrtien. Il plaide la cause du soldat Paul
qui a dsert: c'est la premire fois, plaide-t-il avec une certaine
navet, et la prochaine fois, on le punira ... De religi,o illicita, le
christianisme sera pass promptement au statut de religion lie
au pouvoir.
DEUXIME PARTIE
91
Le corpus des archives de Znon est sans doute l'un des plus
importants de la papyrologie grecque. Dcouverts par des fouilleurs clandestins avant la Premire Guerre mondiale, les papyrus
de Znon connurent une notorit considrable. Par leur clbrit, ils mritent une mention dans cette anthologie.
Znon est particulirement reprsentatif de ces Grecs bien
dcids mettre en valeur leur profit la terre d'gypte qu'ils
considraient comme une colonie. N Caunos (aujourd'hui
Dalian), un petit port de l'Asie Mineure situ face l'le de
Rhodes, il part faire fortune en gypte. En 261 av. J.-C., il est au
service d'Apollonios, qui vient d'tre nomm dicte, c'est-dire ministre des Finances, de Ptolme II Philadelphe. Il aura
successivement trois activits : de 261 258 av. J.-C., il arpente la
Syrie et la Phnicie pour renseigner son matre (la deuxime
guerre de Syrie venait de commencer) ; de 258 256, il accompagne Apollonios travers les nomes ; de 256 248, il e.st enfin
charg de superviser la mise en valeur de la dra, le domaine
de 10 000 aroures (2 756 ha) que Ptolme II a prt son
ministre prs de la nouvelle ville qu'il a fonde - pour le remercier? aprs des enchres?-, Philadelphie. En 248 av.J.-C., suffisamment enrichi par son poste, Znon quitte Apollonios et gre
sa fortune de concert avec son frre pharmostos. Ce dernier
93
1. -
Au nord d'Isral, sur les montagnes du Liban, Apollonios possde une vigne dont il a charg Mlas de s'occuper. Visiblement,
il a fait un bon choix car le vin produit semble tre excellent, au
point de pouvoir surpasser le vin grec 1 Isae, trois sicles auparavant, se faisait l'cho de semblables esprances : Mon bien-aim
avait une vigne sur un coteau fertile. Il la bcha, l'pierra, il y
95
2. -
EN VOYAGE EN GYPTE
96
Chronique
Du gruau, des choux : on ne peut pas dire que Znon ait des
gots dispendieux ! En revanche, il se montre trs soucieux de la
russite de ses chidra, une sorte de couscous fait avec de l'orge
concasse. De mme, pour le gruau : il n'a pas l'intention de sacrifier la coutume gyptienne qui veut que l'on limine l'enveloppe
en faisant griller l'orge ; cela la blanchit et lui donne un got fade.
Il suffit, comme le font les Grecs, de la frotter doucement la main
pour l'monder.
Dans son vtement, dans ses gots extrmement prcis, Znon
essaie de conserver un peu de la Carie en gypte. Il est trs repr;.
sentatif cet gard de ces colons qui cherchent reproduire dans
les colonies les coutumes de la mtropole. Finalement, il n'est pas
tellement loign de ces petits blancs qui se sont obstins
dans les annes 1930 btir un petit Vichy Antsirabe au cur
des montagnes de Madagasca~ : mme pour s'enrichir, mme
pour une vie plus exaltante, le colon garde la nostalgie du pays
97
98
n44
FAUT-IL ENTRANER
PYRRHus?
99
n45
INTRIGUES DE COUR ALEXANDRIE
Petites maladresses, petites indlicatesses et infimes manigances de cour. Hirocls, l'entraneur des athltes d'Apollonios,
panique. Grce une souscription prive, il semblait entendu
qu'on allait ouvrir une palestre, un lieu d'entranement. Hirocls tait partie prenante de ce projet, en association avec
Ptolme, le pdotribe du texte n 44. Mais voil qu'une difficult
est intervenue: la palestre n'a-t-elle pas t dclare pour viter
100
3. -
Dernier poste occup par Znon, mais de loin celui sur lequel
on a le plus de documents: intendant de la dra d'Apollonios
Philadelphie. partir de 256 av. J.-C., Znon fait partie du vaste
chantier de dveloppement rural. Pour comprendre de quoi il
s'agit, il faudrait comparer Philadelphie aux grandes exploitations coloniales d'Algrie. Mi par intrt bien compris, mi par
idologie, le gouvernement distribue gnreusement des terres
inexploites pour les mettre en valeur ; il peut ainsi remercier ses
bons serviteurs, tout en prouvant le bien-fond de sa mission civilisatrice. Il en va de mme pour l'gypte lagide. En fondant
Philadelphie, Ptolme II rcompense ses soldats grecs par une
clrouquie (une concession) : 5 7 aroures pour les troupes suppltives, 30 pour les fantassins (8,25 ha), 100 pour les cavaliers
(27,5 ha). Et pour les grands serviteurs de l'tat, comme Apollonios, une dra, une grande surface de terre mettre en valeur :
101
LE PARADIS n'APOLLONIOS
P. :zen. Pest. A= P. Lifte 1 - Philadelphie - 259 av. J.-C.
(extrait)
Devis tabli par Stothoetis [... ] pour Apollonios la 27 anne [de
Ptolme II], le[ ... ] du mois de Phaphi de la mme anne dans le
calendrier gyptien (dcembre 259), sur l'ordre de Znon et le
contrle de Diodore.
[
... ]
102
103
On le voit, Apollonios suivait de trs prs ses cultures. Il profitait des paradis royaux et de sa propre ppinire Memphis (une
autre dra) qui servaient de champs d'exprience agronomiques.
Il faut aussi voir dans ce domaine des 10 000 aroures une exprience pilote pour acclimater de nouvelles varits et de nouvelles
techniques agricoles.
Znon s'emploie galement ngocier avec Clon, le fonctionnaire du Fayoum charg de la gestion des canaux. Il occupait
une charge essentielle puisqu'il dcidait de l'ouverture des
vannes qui irriguaient la proprit d'Apollodore et qui taient
gres par l'tat.
n49
!
R Zen. Pest. B - Philadelphie - 258 av. J.-C.
IL FAUT OUVRIR LES VANNES
104.
n 50
UNE GRVE
PS/502-Philadelphie-257 av.J.-C.
Apollonios. J'ai reu grce Zole ta lettre du 14 Pachn
[6 juillet 257] dans laquelle tu m'crivais t'tonner que je t'aie laiss
sans nouvelles de l'estimation et de la rentre des crales. Voil ce
qui est arriv. Je suis arriv Philadelphie le 16 Phamnth [9 mai],
et aussitt j'ai crit Zole, Zopyrion et aux scribes royaux [basili~
cogrammates] de venir me rejoindre pour mener bien tes ordres.
Mais il s'est trouv que Zole tait en tourne d'inspection avec
Tlests: il n'tait pas disponible. Quant aux basilicogrammates et
Pays, qui travaille chez Zopyrion, ils ne m'ont rejoint qu'au bout de
douze jours. peine taient-ils arrivs que nous nous sommes mis
arpenter la terre par cultivateur et par espce : cela dura 5 jours.
Ayant achev le tout, nous avons convoqu les cultivateurs et nous
leur avons annonc les avantages que tu leur donnes. Nous leur avons
expliqu le reste et nous leur avons propos ou bien d'estimer ce
qu'ils doivent selon les directives que tu nous as donnes dans ton
mmoire ou bien de conclure en accord avec nous une convention
selon un montant forfaitaire. Ceux qui taient prsents ont rtorqu
qu'ils allaient d'abord tenir conseil avant de nous faire connatre leur
dcision. Puis, au bout de quatre jours, ils se sont tablis dans le sanctuaire en dclarant qu'ils refusaient de faire des estimations, tort ou
raison, et ils ont affirm qu'ils abandonnaient la moisson. Car, selon
l'accord qu'ils avaient conclu avec toi, ils devaient reverser le tiers de
leur rcolte.
Darnis et moi avons copieusement argument. Mais, comme
nous n'en sommes pas venus bout, nous sommes alls voir Zole et
lui avons demand de nous accompagner. Mais il a rpondu qu'il
n'tait pas disponible car il s'occupait de l'envoi des bateliers.
Trois jours aprs nous tions de retour Philadelphie. Nous.
avons dcid, suivant le mmoire en notre possession, que, puisqu'ils n'acceptaient de faire ni estimation ni concessions, nous leur
demanderions de donner eux-mmes leur estimation, chacun selon
son opinion. Ils nous les ont remises et nous te les avons d'abord
envoyes.
Aprs nous tre occup de l'affaire, nous avons entrepris avec
les basilicogrammates l'arpentage de la terre ssame et de la terre
en broussaille. Ils nous ont remis leurs comptes le 22 Pharmouthi
[14juin]. Tu ferais donc bien de ne pas m'accuser de ngligence,
car ton service personne ne peut tre ngligent. Qu'il soit galement bien clair pour toi que depuis que les moissons ont corn~
menc, on ne trouve plus personne sur place pour donner un coup
de main.
[Au verso, l'adresse:] De Panakestor. Copie de la lettre
Apollonios. La 29 anne [de Ptolm~ Il], le 14 Los [7 juillet 257
av. J.-C.], Alexandrie. Znon.
!
1
105
Panakestor, le prdcesseur de Znon Philadelphie, rencontre une difficult majeure sur ses terres: les ouvriers refusent
de travailler. On les comprend : les salaires sont bas, les fermages
sont levs, les fermiers sont gnralement endetts. Bien souvent, leur seul salut rside dans l' anachorse, la fuite, qui exaspre
les patrons car elle contrarie les rcoltes et rduit nant leurs
investissements. Cette fois-ci, pourtant, les ouvriers ont choisi une
autre technique: ils font grve.
Le motif est la visite de Panakestor, qui veut introduire une
nouvelle faon de calculer les contributions. En effet, il propose
aux paysans gyptiens de fixer le taux de leur fermage en fonction
d'une estimation sur pied de leur rcolte : le systme semble bien
plus juste car il tient compte de la crue du Nil et de la rcolte.
Mais cette dcision de technocrate est mal prise sur le terrain. Les
paysans dclarent abandonner les rcoltes. Ils ne contestent pas la
mthode employe, mais entendent faire respecter la parole donne. Apollonios, certainement de bonne foi, a modifi les termes
de l'engagement de manire unilatrale.
Les paysans s'engagent donc dans un bras de fer: en refusant
de travailler, ils perdent aussi leurs rcoltes. Cependant, comme le
note Panakestor la fin, il parat impossible de trouver des agriculteurs libres pendant les moissons : les villageois savent bien
qu'Apollonios va transiger.
En outre, Zole, le basilicogrammate [scribe royal], refuse
d'expulser les paysans du sanctuaire. Il donne pour motif sa proccupation : organiser la rquisition des bateaux qui seront chargs de transporter les impts, collects en nature, en bl, jusqu'
Alexandrie. Peut-tre entend-il aussi laisser Apollonios et Panakestor en face de leurs responsabilits.
Panakestor attend donc la rponse d'Apollonios: reviendra-t-il
sur sa dcision ? En tout cas, ce dernier document nous apprend
que, mme dans un paradis, tout n'est pas parfait.
VI
108
et s'tre mari avec une autochtone. lev dans une double culture, il matrisait le grec, langue de l'administration, mais parlait
couramment l'gyptien dmotique avec ses administrs.
1. - LA NOMINATION DE MENCHS
n 51
L'ACTE DE NOMINATION DE MENCHS
d'une terre. En effet, la terre qu'on lui donne en location est plutt une servitude: sa location est relativement leve et l'obligation de payer 50 artabes si besoin par ses propres moyens est une
incitation la mettre en culture plus qu'un salaire 1La priode est
en effet trouble : Ptolme VIII et sa sur-pouse Cloptre II
sont en perptuelle rivalit. Cloptre jouit du soutien des
Alexandrins et des habitants du Delta, tandis que Ptolme s'appuie sur les indignes et les soldats de la Haute gypte. Au q:mrs
des hostilits, Ptolme expulsa mme les savants du Muse (la
Bibliothque d'Alexandrie et ses salles de travail, ses logements de
fonction, etc.) et organisa le premier pogrom des Juifs. Face l'intensit des combats, les paysans abandonnrent les terres qu'ils
cultivaient: la famine et l'appauvrissement gnral menaaient,
ce qui explique l'obligation de culture faite par l'administration
ses fonctionnaires.
Le versement du prix fixe d'entre en charge a t effectu
trois mois avant la publication de l'acte de nomination:
n 52
MENCHS ACHTE SA CHARGE
Menchs lui a-t-il rendu un service, qu'il rembourse ainsi ; peuttre est-il le patron de Menchs - il lui paierait sa charge en
change d'une influence - ; peut-tre cette participation s'explique-t-elle par des pratiques habituelles de la bureaucratie
lagide qui nous demeurent mystrieuses.
(extraits)
La 53 anne [de Ptolme VIII, 116 av.J.-C.], de Menchs cmogrammate de Kerkosiris. Mesure par homme et par parcelle enregistre autour du village [ ... ].
A l'est, commenant au nord, Harmiysis fils d'Harmiysis [terre]
royale ............................. 2 [aroures, 0,55 ha] ;
Ensuite au sud, commenant l'est, Ptsouchos fils de Sarapion
[terre] royale ...................... 4 1/2 [aroures, 1,23 ha] ;
A l'est, commenant un canal. ..... 1/4 [d'aroure, 6 ca];
A l'est, commenant au nord, Onnphris fils de Petearpsenesios
[terre] royale, etc.
(extrait)
Ensuite l'ouest, commenant au nord, le clros de 7 aroures de
Collouthos de l'unit de Chomnis......... 61;2 [aroures, l, 79 ha].
Terre royale .......................................... 31/32 [aroures, 0,26 ha].
[Total] .................................................
l 3/16
6 23/32
6 7/32
1 5/16
a'= 6 7/32
b'= 1 5/16
(a x b) + (bx a')+ (a'x b') + (b'x a). En ralit, la formule exacte est:
4
(ax b) sin (ab)+ (bxa') sin (ba') + (a'x b') sin (a'b') + (b'xa) sin (b'a)
4
o sin (ab) dsigne le sinus de l'angle form par le ct a et le
ct b. L'approximation de Menchs demeure raisonnable, car il
s'agit de trs petites superficies.
Il convient de noter que Menchs porte galement le rendement moyen de la terre, 4 1;2 artabes par aroure, et prcise l'espce cultive pour l'anne, le cumin noir.
n 55
UN RAPPORT DE SEMAILLES
... ]
etc.
114
116
117
Menchs, cmogrammate de Kerkosiris, de la part d'Apollodore, exi!,phe [receveur] de la fourniture et de l'impt sur l'huile du
mme village pour la 4 anne. J'ai dj prsent un mmorandum
Polmn, l'pistate du village, propos de ma dcouverte du 27
de Phaphi [28 octobre] : il y a, dans la maison de Sisos, fils de
Senapynchios, qui se trouve [dans le sanctuaire] de Thoris du village, de l'huile en fraude. J'ai immdiatement pris Trychambe,
l'agent de l'conome, pour le paiement puisque ni toi ni les autres
personnages officiels n'avez voulu m'accompagner dans la maison
dont je parle. Je m'y suis rendu. L, le susdit [Sisos] et sa femme
Taysiris m'attaqurent, me rourent de coups, nous jetrent dehors
et fermrent la porte du sanctuaire et de leur maison. Ensuite, le
4 Hathyr [2 novembre],j'ai rencontr Sisos prs du sanctuaire de
Zeus et j'ai voulu l'arrter en prsence d'Ineilotos le porte-pe et
de Trychambe. Mais Paysiris son frre porteur, Bells, Dmas,
Marn, fils de Taconnos, ainsi que d'autres dont j'ignore le nom se
sont jets sur nous, nous ont matriss et nous ont rous de coups
avec les gourdins qu'ils portaient. Ils ont bless ma femme la main
droite - et moi aussi. Le dommage se monte 10 talents de cuivre.
Je te prsente donc cette plainte pour que tu ordonnes aux autorits
comptentes d'exiger d'eux [la suite manque].
118
Menchs, cmogrammate de Kerkosiris, de la part d'Apollophane, fils de Dionysodore, cultivateur royal, du mme village. Le
20 Phaphi de la 5 anne [18 oct. 113 av. J.-C.], Nicn fils
d'Ammn, habitant dudit village, ayant laiss couler l'eau de sa
propre terre, a inond la terre royale que je possde: 21/4 aroures
[0,618 ha] qui venaient d'tre laboures. Cela a eu comme consquence qu'elles sont compltement [ravages] et que j'ai subi un
dommage se montant 20 [artabes de bl]. Par consquent, je te
119
prsente [cette plainte] afin que l'accus soit cit en justice et soit
forc me rembourser les dommages. Et s'il refuse, je te prie de
transmettre une copie de cette ptition aux autorits comptentes,
afin que l'on puisse l'enregistrer et que le roi ne puisse subir aucune
perte. Sois heureux.
120
n63
UNE FAUSSE ACCUSATION
Un certain Aryts, peut-tre pour se venger de lui et de certains de ses compagnons, dont, comme par hasard, le policier en
chef du village (l'archiphylacite Diodore), l'accuse d'empoisonnement. Cette accusation a toutes les chances d'tre fausse :
pourquoi, sinon, n'aurait-il pas comparu devant l'pistate des
121
phylacites (le chef de la police du nome) et le second personnage du nome, le basilicogrammate (scribe royal) Ammns?
Menchs, d'ailleurs, semble savoir o il veut en venir puisqu'il
accuse ses ennemis d'extorsion, Toujours est-il que ce que
Menchs prenait pour une visite de politesse a tourn en une
humiliante arrestation et qu'il juge sa tranquillit suffisamment
menace pour devoir faire appel au juge suprme, le roi, afin de
plaider sa bonne foi. Celui-ci a donn un ordre conciliant : il
enjoint au dirigeant du nome, le stratge Apollonios, de faire cesser les poursuites si Menchs se rvle de bonne foi. Remarquons
enfin la prsence d'un certain Simon~ un nom juif: il y avait une
synagogue Crocodilopolis, ce qui ne surprend pas dans l'gypte
lagide. Comme on l'a vu au chapitre III, les Juifs ne s'taient pas
VII
LES ARCHIVES D'UNE FAMILLE
SOUS L'ADMINISTRATION ROMAINE
123
124
Thaubanon
1. Maron
2. Lysimaque 1
Hraclide
Apollonios
Lysimaque-Gaius
Cronion
Dioscoros-Castor
Lysimaque Il
Apollonarion
,,,_,,,_,,,_,,_,,_J
Castor
125
Copie de divorce.
La dix-septime anne del' Imperator Csar Nerva Trajan Augustus
Germanicus Dacicus [Trajan], le [ ... ], M [ ... ] dans le district de
Polmn du nome arsinote. Cronous alias Philoumn, fille de
Castor, ge de 20 ans, ayant une cicatrice sur la jambe droite, avec
l'assistance de son tuteur, son propre pre Castor, fils de Pyrion, g
de 44 ans, ayant une cicatrice sur le ct droit du front [ ... ] et
Lysimaque, l'ex-mari de Cronous, alias Philoumn, fils d'Hraclide,
g de 30 ans, ayant une cicatrice sur le genou gauche, s'accordent
dclarer qu'ils ont dissous leur mariage l'un avec l'autre [ ... ] conclu
126
127
n67
REU DE PNALIT
Hraclide, le fils de Maron, dj mentionn dans le texte n 64ci-dessus, a bien men ses affaires et il est parvenu se faire dsigner
conservateur des archives (~t~to<j>ua). Il avait la charge des
archives publiques de son village, dans lesquelles tous les papiers
officiels taient entreposs : il recevait en dpt les documents, les
classait et les ordonnait avec l'aide de scribes et les mettait la disposition des habitants. Malheureusement, une affaire remontant
au rgne de Domitien vient grever sa gestion (cf. P. Lond. 1885 &
1888) : lors de la rorganisation des archives, des rouleaux de papyrus ont t endommags et non .remplacs. Aprs plus d'un quart
de sicle de querelles, le prfet dcide finalement que ce seront les
conservateurs en chef qui seront responsables sur leurs finances de
la rparation des rouleaux. Hraclide se voit donc condamn une
amende. Mais, comme il meurt en 114, ce sont ses fils qui doivent
s'acquitter du reliquat, la mort n'teignant pas les dettes.
n68
RENONCIATION D'HRITAGE
(fragment)
[le dbut fait dfaut] contre mon pre Hraclide, fils de Maron, qui
est devenu conservateur des archives publiques dans le nome arsinote la 10 anne du dieu Trajan [110], en mme temps que Patron,
fils d'Euangelos [... ].je cde la moiti qui m'est due dans l'hritage
entier de mon pre susmentionn afin de ne pas tre inquit des
pnalits. Sois heureux.
[2' main, signature d 'Hraclide-Valerius] Hraclide alias Valerius, fils
d'Hraclide, fils de Maron [ ... ]
128
cf.
n69
.ANNONCE DE LA NOMINATION D'HRACLIDE-VALERIUS
(fragment)
Maron, ex-exgte et Ptolme, ex-cosmte, conservateurs des
archives publiques, Hraclide aussi appel Valerius, qui a t
appoint par le stratge Apollonide du district de Polmn pour
tre contrleur de l'arpentage dans le nome oxyrhynchite, en mme
temps qu'Anthestios Gemellus, l'arpenteur, qui est dj install,
salut [la suite fait difaut].
VIII
LITURGIE ET IMPTS :
LE POIDS DE LA PRSENCE ROMAINE
130
La dclaration de dcs, importante pour toute administration, prenait dans l'gypte romaine une importance particulire
puisqu'elle permettait de faire cesser le paiement de la capitation.
Cette dclaration est particulire puisqu'elle intervient dans une
famille de prtres qui semble avoir subi une pidmie : deux morts
coup sur coup dans la famille 1
Mais la capitation n'est pas le seul impt. Nous retrouvons galement l'impt foncier, pay en nature, et vers dans des greniers
grs par des sitologues. Parmi les nombreux reus existants, en
voici un de Socnoponse 1
n 72
UN REU DE SITOLOGUE
P. Land. 1586a- Socnoponse -194 ap.J.-C.
La 2 anne de Lucius Septimius Severus Pertinax Pius [Septime
Svre], le 26 Msor. Nous, Sarapion et ses associs, sitologues du
village de Nilopolis, nous nous sommes mesurs, partir du produit
de l'anne courante de la terre publique d'Apynchis fils d'Apynchis
de Socnoponse, six artabes de bl [env. 2351.]. Total: 6 art.
132
n 74
REU D'UNE TAXE SUR LES PORCS
P. Mich. inv. 3510 1 -Thadelphie-54 ap.J.-C.
La ire anne de Nero Claudius Csar Augustus Germanicus
Imperator [!'Empereur Nron], le 29 Choac [25 dc. 54]. Hras,
femme de Aynes, fils d'Harthotes et de sa mre Tasis, a pay pour
1. PJ. SI]PESTEIJN, Three Tax-receipts from the Michigan Papyrus>>,
Zeitschrift Jr Papyrologi,e und Epigraphik 103, 1994, p. 93-97.
133
134
faisait partie des petits fonctionnaires. Les Romains, plus pragmatiques et dsireux. de faire des conomies, remirent l'honneur le
systme de la liturgie, qui tait plutt rare sous les Ptolmes. Il
s'agit d'un antique systme hrit de la cit grecque. Charge non
spcifiquement religieuse, contrairement l'acception que lui
donneront les chrtiens (le terme vient du verbe Et'toupyro, je
sers), la liturgie dsigne un service qu'accomplit gratuitement
un citoyen pour le bien de l'tat. Elle a souvent un grand poids
honorifique, mais elle se rvle fort coteuse : le liturge doit la
plupart du temps payer de ses propres deniers. Athnes, les
citoyens les plus riches faisaient ainsi profiter de leur richesse le
plus grand nombre en organisant les concours de thtre o
s'illustrrent Euripide et Sophocle, en assurant l'entretien du gymnase, en offrant la cit de nouveaux bateaux de guerre. Dans
l'gypte romaine, le systme fut tendu la perception des impts,
aux charges administratives, la police, etc., et se dveloppa lors de
l'autonomisation progressive des mtropoles. l'image de la cit
grecque, on vit fleurir les Boul ( conseils municipaux ) et les responsabilits municipales : superviser les finances municipales,
nommer les magistrats et les liturgies, financer une partie des
amnagements. Pour devenir bouleute, il fallait remplir certaines
conditions d'accs thoriques 1 : tre issu d'une famille de bouleutes, tre de langue grecque, avoir fait ses tudes au gymnase.
En ralit, certains ne savaient ni lire ni crire le grec : le degr
de fortune entrait souvent en ligne de compte, car il fallait verser
des droits d'entre colossaux. En pratique, on constate que seuls
les gros propritaires terriens devenaient bouleutes.
Le systme se rvlait assez subtil : plutt que d'imposer les
citoyens et de les cantonner dans des corves anonymes, il jouait
sur l'orgueil et le got des honneurs. Ils accomplissaient ainsi
volontairement d'immenses sacrifices financiers pour leur propre
prestige : on imagine les substantielles conomies ralises par
l'tat, d'autant que les liturges taient souvent responsables sur
leurs propres biens du bon droulement de leur charge. Choisis
par leurs concitoyens, ils taient dsigns par le stratge : cela
explique ce procs-verbal d'une lection plutt tumultueuse.
135
n 77
NOMINATION UNE LITURGIE
P. Ryl. 77 = Schubert 66 = SP 241 - Hermoupolis la Grande 31 oct. 192 ap.J.-C. (extrait: 1. 32-77)
136
Hermoupolis la Grande, les citoyens se sont runis sous 1a: prsidence de deux des liturges principaux de la ville : le gymnasiarque
et l'exgte. Le gymnasiarque est le magistrat le plus important de
la ville : porteur du manteau de pourpre symbole de pouvoir et
accompagn de quatre phbes, il est charg de 1'entretien du gymnase municipal : le combustible pour chauffer 1' eau des bains,
. l'huile pour enduire le corps des athltes, les rparations ncessaires... Il avait galement un rle honorifique dans la cit. L'exgte
(le directeur) prsidait le collge des magistrats de l'anne, et
avait sans doute d'autres attributions mal connues.
Un piquant dialogue s'engage, qui dvoile toutes les petites
affaires d'une bourgeoisie de province soucieuse de son importance. Car les mtropoles entendaient vivre selon l'idal grec. Les
plus petites cits se prirent pour Athnes. Hermoupolis, la ville
dans laquelle se droule l'action, se voulait une Corinthe en miniature et cherchait singer la splendeur d'Antioche ou d'phse.
Comme Antioche, on multiplia les colonnades ; comme
phse, on difia une vaste chausse menant du port la ville, le
long de laquelle se dressaient un gymnase, des bains, etc. l'instar de toutes les villes grecques, Hermoupolis regorgeait de
temples pristyle et fronton calqus sur le Parthnon qui taient
ddis Aphrodite, la Fortune, !'Empereur. On aimait en
outre par-dessus tout les ttrastyles, ces sortes de places-carrefours
d'une modestie discutable flanques de quatre colonnes monumentales surmontes de statues colossales.
Malgr le got inn pour le faste des bourgeois d'Hermoupolis,
personne n'entend devenir cosmte (ordonnateur) : ce dernier se
chargeait en thorie de surveiller l'application des rglements
du gymnase, mais devait galement organiser ses frais certaines
137
138
Le 1er Thth. la tombe de la nuit, le stratge [est all] au gymnase avec Aurelius [ ... ], a couronn gymnasiarque Aurelius Pelaas
fils d'Harpasis, fils de Hirax, et a sacrifi dans le Cresareum et dans
le gymnase. Ayant accompli les libations et les prires, il est parti
pour l'autre nome, l'Ombite. Aprs les rites habituels Di [ ... ], il a
Le stratge tant un personnage public, ses actes doivent pouvoir tre connus de tous. Son journal le prouve, ses comptences
sont larges: reprsentant de !'Empereur qui est le pontifex maximus, il possde un rle religieux qui lui fait reprsenter !'Empereur et l'tat dans les processions religieuses et lui fait prsider les
sacrifices. Il couronne galement les liturges. Il rpond aux
requtes qui lui sont adresses, dcide de certaines questions fiscales, traite les affaires administratives. Plus que jamais, le
Cresareum est confirm ici dans son rle d'difice public, sige
habituel des affaires publiques, mais l'on voit aussi que le gymnase jouait galement un rle religieux. Le travail du stratge
semble tre compliqu par le fait qu'il dirige deux nomes la
fois : le nome d'lphantine, situ juste en aval de la premire
cataracte (lphantine se situe au large de Syne, la moderne
Assouan), et le nome Ombite dont la mtropole est Korn mbo,
trois jours de navigation en aval de Syne.
Si Achille, le cosmte malgr lui du texte n 77, pouvait s'estimer relativement heureux d'accder cette fonction honorifique
que l'opulence de sa famille lui permettait de supporter, il n'en
139
P. Oxy. 1627
Par rapport au texte n 77, plus de 130 ans ont pass: les liturgies, autrefois vcues comme des honneurs, deviennent de plus
en plus lourdes. Plus personne ne veut s'en charger. Aussi un
fonctionnement nouveau fait-il son apparition. Dsormais, les
liturgies sont dues par tribu (sorte de circonscriptions lectorales ) et un organisateur ( O"UO''tt'I<;) se charge de la rpartition. Des liturgies de plus en plus diverses sont mises en place:
Aurelius Apphous est nomm archiphylacite, surveillant en chef,
d'un sanctuaire de Thoris, la desse hippopotame (cf. ci-dessus,
n 60).
141
IX
LES MILITAIRES EN GYPTE
143
Mais, avec le temps, on, estima le pays pacifi : il n'y eut plus que
deux, puis qu'une lgion. L'arme fut consacre d'autres tches :
entretenir les digues et les canaux d'irrigation, surveiller les mines
et les carrires, faire la police des routes et garder les greniers.
Les empereurs et les prfets largirent le recrutement : autrefois
rserv aux citoyens romains, on enrla les habitants des cits
grecques, puis dans les hautes classes des mtropoles des nomes, et
enfin, de manire locale. C'tait un honneur envi puisqu'en fin
de service, le soldat accdait au statut de vtran qui comportait
divers avantages, matriels et juridiques. Il recevait une prime de
dmobilisation d'un montant quivalant une dizaine d'annes
de solde. Les trangers recevaient la citoyennet romaine ( civitas),
qui incluait le droit de se marier. Les enfants ns pendant le service deviennent citoyens romains. Ceux qui taient dj citoyens
romains retrouvent leur conubium, suspendu leur entre dans
l'arme. Le vtran se voyait aussi remettre un diplme militaire,
document qui attestait de sa libration rgulire avec le cong
honorable (honesta missio) et de son tat civil. Le statut de vtran
donnait accs la notabilit locale, avec exemption des charges
civiques. Des gnrations de soldats commencrent s'tablir : on
devenait lgionnaire de pre en fils.
Au gr des papyrus, on voit que l'image de l'arme romaine ne
correspond pas la reprsentation qu'on s'en fait. Si certains
papyrus pourraient sortir tout droit de la Guerre des Gaules de
Csar, on dcouvre dans d'autres une arme bien diffrente.
Explorons deux visages de cette arme : celui de Claudius
Terentianus et sa famille, qui nous parle de militaires peu belliqueux, et celui d'un dtachement cantonn dans un avant-poste
perdu en plein dsert, Mons Claudianus.
1. -
144
n83
P. Mick.
98-117
(latin)
Claudius Terentianus Claudius Tiberianus son trs cher sei?neur et pre, mille bonjours. Avant tout, j'espre que tu es fort,
Joyeux et en bonne sant, avec tous les ntres. Chaque fois que j'ai
Sache, mon pre, que j'ai reu un manteau, une tunique et des
braies de tissu ainsi que, de Nepotianus [... ].Mais tu lui as donn les
rugueuses. Tu sais combien il a menti ses camarades. Apprends
galement que j'ai t envoy en Syrie et que je vais partir avec un
dtachement etje le lui ai demand de me les donner. Mais il a ni
avoir les rugueuses. Et il m'a dit: si tu ne me les donnes pas, je le
dis ton pre. Et si je n'ai pas besoin de [ ... ]je les lui rendrai
volontiers, afin que tu puisses rcuprer chez lui notre tui.
Kalabel et Deipistus se sont enrls dans la flotte Augusta
d'Alexandrie [... ] et personne n'a calcul ses chances de vivre [ ... ]
etje ne hais pas Marcellus pour cela. Puisque, par les dieux, tout a
n'est rien pour moi sinon des paroles, je n'ai conu aucune haine et
je vais me lancer dans les bateaux et, avec leur aide, m'inscrire dans
la flotte, moins que je ne te paraisse tre saisi par un espoir amer
et errer comme un fugitif..
Je t'en prie et t'en supplie, mon pre, car je n'ai personne de
plus cher que toi aprs les dieux, envoie-moi par Valre un glaive de
combat, une lance, un dolabre, un grappin, deux des meilleures
lances, un manteau de Castalie [?], une tunique-braie, en mme
temps que mes braies puisque je porte les mmes depuis que je me
suis enrl dans l'arme et que mes braies doivent tre renouveles.
Quand tu vas m'envoyer quelque chose, marque tout et dcris-le-moi
dans une lettre afin que cela ne s'gare pas en route. Et si tu m'cris
une lettre, adresse-la la Iiburne Neptune. Sache que, grce aux bienfaits des dieux, tout va bien dans notre maison.
Je t'ai envoy 2 amphores d'olives, une de vertes et une de noires,
elles sont semblables celles que j'ai envoyes au milieu [du
mois ?] : tu pourras ainsi les reconnatre. Je te prie et te supplie,
pre, d'aller au Delta sur un navire marchand afin que tu puisses
acheter et envoyer trois reproducteurs.
[Sur les bords] Ma mre, mon pre Ptolme et mes frres te
saluent. Salue Aphrodisia, Istyche [ ... ], Srnus le scribe, Marcellus
ton collgue, Terentius ton collgue et tous tes camarades.J'espre
que tu iras bien de nombreuses annes avec les tiens. Porte-toi bien.
146
147
148
n86
UN FILS ASSASSIN
149
n87
UN MILITAIRE FACTIEUX
150
Les deux Silvanus sont deux officiers de l'arme romaine, peuttre chargs des constructions. L'un est parti en tourne d'inspection sur les cantonnements de l'arme romaine et rapporte
l'autre ce qu'il y a vu. En retour, il demande son frre de prparer une liste d'ouvriers pour raliser un quelconque travail. On
voit que mme au fond du dsert, les Romains apportaient ce
qu'ils considraient comme le summum de la civilisation, les bains.
Il est d'ailleurs piquant de construire des bains dans un lieu dit la
mer assche 1
TROISIME PARTIE
Les papyrus concernant l'histoire et l'administration ont permis de donner quelque aperu de la socit dans laquelle vivaient
les gyptiens : ils restent le plus souvent la bordure de ce
monde. Les deux parties qui suivent, parlant des dieux et de la
vie quotidienne, font pntrer dans l'intimit des gyptiens, "des
Grecs et des Romains. Paradoxalement, elles forment la part la
plus copieuse de ce volume, alors qu'elles reprsentent la portion congrue des documents trouvs en gypte. La majorit des
papyrus et des ostraca, on l'a dit, parlent de comptes, de reus et
de testaments.
La familiarit nouvelle permise par l'tonnante conservation
des tmoignages originaux plonge les modernes que nous
sommes dans un sentiment trange. lire les papiers personnels,
les invitations, les plaintes, les requtes, on ne s'estjamais senti
aussi proches de ces gens morts il y a deux mille ans : certains
textes auraient pu tre crits ici et maintenant.
Pas tous en vrit; ces manuscrits montrent quel point le
XXIe sicle a introduit les pays dvelopps dans une re nouvelle, qui a boulevers les vieilles solidarits et les problmes qU:e
153
l'on croyait ternels. Par bien des aspects, nous sommes bien plus
loigns de la vie de 1850 que ne l'taient nos anctres de celle de
200 av. .J.-C. En revanche, certains paysans de l'gypte contemporaine ou d'Afrique pourraient se reconnatre davantage dans le
monde des papyrus que dans celui, qui leur est contemporain,
du Caire ou des grandes mtropoles africaines.
Disons donc que certains autres papyrus auraient pu tre crits
nagure ou ailleurs.
De mme, l'immersion dans le monde des dieux et des dmons
produit un sentiment de familire tranget. Superstitions 1clame
l'esprit cartsien. Et pourtant, les instincts demeurent, ces motions ambigus envers le sacr sont actuelles : pas uniquement
dans le no-paganisme qui fleurit prsentement sur Internet, mais
bien au cur de notre socit raisonnable, et, s'il prend la peine
de s'analyser un peu, au cur de tout individu.
n 92
UN CHANTAGE FACE AUX DIEUX
155
1. -
156
Nicphore, sous l'athlophore de Brnice vergte, sous la phosphore de la reine Cloptre Tha Philomtr Stra, Dikaosyn,
Nicphore, sous la c;anphore d'Arsino Philadelphe, sous la prtresse de la reine Cloptre Tha Philomtr Stra, Dikaosyn,
Nicphore, sous la prtresse d'Arsino Philopatr, qui sont en fonction Alexandrie, le 16 du mois Dystros, le 16 Tybi, Tnis ou
Akoris, du district de Mchits du nome d'Hermoupolis.
Dionysios fils d'Asclpiade, Perse, des cavaliers catques [colons
militaires] d'Apollophane et d'Exacon, a prt Dionysios, fils de
Cphale, Perse de l' pigon, 262/3 artabes de bl, que celui-ci a reues
du prteur, chez lui domicile, au taux de moiti, soit 131/3 artabes.
L'emprunteur rendra la somme totale, 40 artabes de bl, Dionysios
au mois de Los, c'est--dire Payni, de la 8 anne, en bl neuf, pur
et sans fraude, mesur conformment l'talon de bronze, et il le
livrera dans le grenier d'Akoris, sans procs, ni contestation, ni chicane d'aucune sorte.
S'il ne fait pas le remboursement comme il est crit, l'emprunteur paiera Dionysios, pour prix de chaque artabe, 3 000 drachmes
de cuivre, et, en outre, au trsor royal, 60 drachmes sacres d'argent,
en monnaie ptolmaque et rien de moins.
L'affaire se fera en faveur de Dionysios, pour le bl et toutes les
clauses du contrat, sur la personne de l'emprunteur Dionysios, et sur
tous ses biens, comme s'il y avait eu chose juge.
Le prsent contrat est valide.
Tmoins : Ptolme, fils d'Anaxagoras, Milsien ; Arimmas, fils de
Dionysios, Charistrios, Agnor, fils de Barkaos, Lacdmoniens :
Dionysios, fils de Ptolme, Macdonien, commis d'administration
du rgiment ; Eumne, fils de Polycrate, Perse ; Apollonios, fils de
Polycrate, Perse. Gardien du contrat : Ptolme.
Approuv: Moi Dionysios, fils de Cphale, Perse de l'pigon,j'ai
reu les 40 artabes de bl comme il est dit plus haut, etje ferai selon
ce qui est prescrit pour le reste. j'ai remis le titre excutoire
Ptolme.
157
...
159
160
161
2. -
Si la religion du conqurant se mle sans barguigner la religion indigne, les deux puissances conomiques et politiques
que constituent les temples et l'tat ne pouvaient que se heurter.
L'histoire de la monarchie lagide vcut la perptuelle remise en
cause d'un quilibre subtil, o le souverain, pos en dispensateur
de tous les biens de l'gypte, doit ngocier sa lgitimit avec les
prtres. Monarchie et temples sont deux puissances complmentaires: quand l'une crot, l'autre diminue.
On a vu que la Pierre de Rosette (n J) enregistrait un certain
quilibre. Les nombreux privilges attachs aux temples, en particulier le droit d'asile, gnreusement accord la fin de la
monarchie lagide, entrinent l'affaiblissement du pouvoir des
Ptolmes.
n97
UNE STLE ACCORDANT DES PRIVILGES
162
-,
autres cultes clbrs pour toi, tes enfants, tes anctres Isis et
Sarapis ; ainsi, nous serons combls de tes bienfaits. Sois heureux.
[Ordre du roi] Lysanias : qu'il en soit ainsi. 7 Mchir de la
21 anne [de Ptolme X Alexandre, 19 fv. 93 av.J.-C.].
163
3. - LA PIT EN GYPTE
Avec le recul, les questions conomique et politique de la religion tendent prendre un poids considrable au regard de la
simple religiosit. Certes, les tmoignages de la pit populaire
sont plutt rares et peuvent faire oublier que la religion se fonde
aussi sur un rapport entre l'homme et le divin. Nanmoins, on
peut brosser une esquisse rapide de cette pit en gypte.
Assurment, les Grecs et les gyptiens priaient. La mention des
prosternations (procynses) que l'on fait pour la sant de
quelqu'un et les nombreuses tras de plerinages plaident mme
164
en faveur d'une extension large. On a dcouvert en outre de nombreuses figurines dans les maisons, aux abords des villages ou dans
des temples : elles servaient de support cette pit populaire qui
brille par son absence dans les documents.
Il est avr galement que la religion en gypte ne se cantonnait pas uniquement aux grands temples, leurs fastueuses' processions et leurs coteuses crmonies. Sous l'influence grecque,
de nombreux sanctuaires privs furent rigs.
n100
DDICACE D'UN SANCTUAIRE
La 42 anne du rgne de Ptolme dieu vergte [Ptolme VIII], fils de Ptolme et Cloptre, dieux piphanes, et de la
reine Cloptre sa femme, desse vergte, sous le prtre
d'Alexandre et des dieux Ster, des dieux Adelphes, des dieux vergtes, des dieux Philopatr, des dieux piphanes, du dieu
Philomtr, du dieu Eupatr et des dieux vergtes, sous l'athlophore de Brnice vergte, la canphore d'Arsino Philopatr, de
mme sous les prtres et prtresse Ptolmas actuellement en
165
Enfin, il ne faut pas oublier les nombreuses thiases et autres associations cultuelles hrites du monde grco-romain : on se runissait, on louait les dieux, on faisait des sacrifices, on partageait de
grands banquets et, quelquefois, on avait des activits charitables
ou vergtiques.
n102
DDICACE D'UN SANCTUAIRE
Malheureusement, on ne sait pas d'o viennent ces prescriptions. Elles indiquent toutefois que le sanctuaire formait un lieu
de puret ; on devait respecter des dlais de purification pour y
entrer. Aux trois grands interdits du monde grec classique - les
relations sexuelles, la naissance et la mort - se superposent des
lments nouveaux : les rgles et la maladie.
III,
6184 , Chronique
XI
LES RECLUS DU SERAPEUM
ses caractristiques de dieu souverain et de dieu du monde souterrain, il s'assimila ses quivalents Zeus, le roi des dieux, et
Hads, le dieu des Enfers.
Le culte de Srapis connut un essor fulgurant qui ne se dmentira point jusqu' la victoire du christianisme. Outre le Serapeum
d'Alexandrie, les Ptolmes reconstruisirent et ornrent le
Serapeum de Memphis. Fonde en 3 000 av. J.-C., Memphis
occupa une place privilgie dans le royaume d'gypte. Capitale
du vieil Empire pharaonique (2890-2173 av. J.-C.), elle se situait
un point stratgique : 40 kilomtres en amont de la pointe du
Delta du Nil, elle tait la porte menant Alexandrie, en aval, et
la Basse gypte, en amont. Memphis se prsentait galement
comme la cit des dieux : Apis, le dieu du Nil associ au taureau,
y rgnait en matre.
Le Serapeum se trouvait en dehors de Memphis, sur l'actuel
site de Saqqarah, quelque distance de la fameuse pyramide
degrs de Djoser. Les fouilles, conduites ds le XIx sicle par
Auguste Mariette, donnent une ide du btiment. En prenant l'alle du Serapeum et en laissant main droite la pyramide de
Djoser, le visiteur passait devant le temple de Nectanebo II o l'on
adorait un dieu tte de faucon. Il se trouvait alors face face
avec onze statues de marbre : les potes et les sages de la Grce
antique le saluaient son entre. Ensuite, il prenait une alle
pave encadre de part et d'autre de reprsentations de dieux
grecs et gyptiens : ce mlange le prparait l'univers biculturel
du dieu. Les papyrus nous rvlent l'existence qui se menait dans
ses hauts murs.
1. -
P. Land. 42
172
LA SUITE DE L'AFFAIRE
UPZ 60 - Memphis - 29 aot 168 av. J.-C.
Dionysios son frre Hphastion, salut. Si tu es en bonne sant
et que les choses se passent bien en gnral, tout va comme je le
veux; moi aussi je vais bien, ainsi que Eudamonis, les enfants, Isias,
ton enfant et ceux qui sont la maison. J'ai bien reu ta lettre dans
laquelle tu annonais tre sauv de grands dangers et tre en retraite.
J'ai rendu grce aux dieux de te savoir en bonne sant.J'aurais pourtant aim te voir revenir en ville, l'instar de Conn et de tous les
autres qui sont revenus, afin qu'Isis, qui a sauv par tous les moyens
ton enfant qui tait parvenu aux dernires extrmits et l'a plusieurs
fois sorti d'affaire, pense trouver un peu de rconfort. Il ne faut absolument pas que tu attendes de gagner un petit quelque chose pour le
ramener : lorsque quelqu'un a tent le sort, peine sorti du danger,
il doit revenir immdiatement et saluer sa femme, ses enfants et ses
amis. Reviens dans peu de temps, s'il te plat, sauf si quelque chose
d'essentiel te retient. Prends soin de ton corps pour que tu ailles
bien. Porte-toi bien. La 12 anne [de Ptolme VI], le 30 piph.
[Verso] Hphastion.
2. -
Apollonios. Celui-ci, beaucoup plus jeune que lui, lui est comme
un fils: la mort de leur pre, il prend soin de lui.
n108
PTOLME RECOMMANDE SON FRRE AU ROI
Apollonios, lui, n'est pas fait pour la vie recluse. Certains papyrus nous apprennent qu'il fait un court sjour l'ge de 15 ans:
il quitte bien vite le Serapeum. Que faire pour assurer sa subsistance ? Ptolme le dirige vers la carrire militaire : comme de
175
177
178
179
XII
PAPYRUS MAGIQUES ET ASTROLOGIQUES
n113
UNE FORMULE MAGIQUE
182
Pour se protger des dangers de la vie, les gyptiens multipliaient les amulettes et les talismans. Les talismans sont des objets
considrs comme extraordinaires car investis d'un pouvoir de
protection. Les amulettes, de sens plus restreint, sont des objets
censs prserver de la maladie ou du malfice. Comment confrer
ces objets ce pouvoir? La raret, une pierre particulire, une
forme trange peuvent suffire faire d'un caillou ou d'un bout de
bois une amulette. Mais souvent il faut davantage : une gravure,
une statuette ou des paroles magiques. Ce dernier cas est le
plus intressant: qu'est-ce qui fait qu'une parole peut devenir
magique? Dans l'exemple prsent, il ne s'agit que de citations
d'Homre issues del' Iliade (l. m, v. 40 pour le premier et 1. IV, v. 141
pour le second) qui ont un vague rapport avec ce qu'elles sont censes produire. Homre avait-il un statut particulier chez les magiciens ? L'engouement qu'il produit provient-il uniquement de la
musicalit des vers ?
n116
UNE AMULETTE CHRTIENNE
P. Mick. 155 -
11
sicle ap.J.-C.
183
n119
UN PHILTRE D'AMOUR
jette-le sur les braises pendant que tu diras la prire qui suit au lever
de la lune. Et elle viendra sur place. [La prire fait suite.]
PGMI, 247-262
185
186
Tout ce qui prcde apparat comme gesticulations de petit magicien. Dans les documents d'gypte, on trouve les textes d'une magie
beaucoup plus impressionnante. Pour avoir le droit de la pratiquer,
il convient d'abord de devenir un vrai magicien. Le papyrus de
Berlin nous renseigne :
n122
COMMENT ACQURIR UN ASSISTANT DMONIAQUE
PGMI, 1-42
Acqurir un dmon comme assistant : il te dira tout explicitement, il vivra, mangera et dormira avec toi.
Prends donc ensemble deux de tes ongles et tous les cheveux que
tu as sur la tte. Prends un faucon circen et rends-le dieu dans le
lait d'une vache noire, auquel tu auras ml du miel attique.
Ensuite, lie-le avec une pice d'toffe incolore [cd pure], mets prs
de lui les ongles et les cheveux, prends du papier royal, cris dessus
ce qui suit l'encre de myrrhe, mets-le avec les ongles et les cheveux
puis enduis-le avec de l'encens non coup et du vin trs vieux.
Voil ce que tu criras sur le papier : a ee 111111 tttt 00000 uuuuuu
oxocooxocococo. Mais cris-le en le disposant sur deux colonnes :
a
cocococococococo
'\)'\)'\)'\)'\)'\)
ee
00000
111111
tttt
tttt
111111
'\)'\}'\)'\)'\)'\)
ee
cocococococooxo
a
Prends le lait avec le miel et bois-le avant que le soleil ne se lve,
et une chose divine sera dans ton cur.
Prends le faucon, pose-le dans un temple fait en genvrier, couronne ce mme temple, places-y un repas de denres sans me [vgtales ?] , et tiens prt du vin trs vieux. Avant de te coucher, fais une
prire devant ce mme oiseau en lui offrant un sacrifice comme le
veut la coutume et dis cette prire : a ee 111111 tttt 00000 uuuuuu
COOXOCO(J)O)(J)O), viens chez moi, bon agriculteur, Agathos Damn [bon
gnie] Arpon Knouphi Brintathn Siphri Briskylma Arouazar Bamesen Kriphi
Niptoumichmoumaph, viens moi, saint Orion, toi qui demeures au
00000
187
nord, qui roules les flots du Nil et qui les joins la mer, en y mlant
[la vie] comme le fait le sperme de l'homme dans la vie sexuelle, toi
qui as difi le monde [sur une base] indestructible, qui es jeune le
matin et vieux le soir, toi qui passes le ple qui es sous la terre et qui
te lves en soufflant le feu, qui as spar les mers en un mois, qui
mets sans cesse ton sperme dans le figuier sacr d'Hermoupolis. Tel
est ton vrai nom : Arbath Abath Bacchabr.
Mais en partant, sois sans souliers et marche reculons, commence le repas de vivres et de tout ce qui a t prpar, en approchant ton visage de son visage comme le compagnon du dieu. Ce
rite exige une puret totale ; cache, cache le rite et abstiens-toi de
relations avec une femme pendant sept jours.
defixio.
n123
UNEDEFIXIO
189
[A]
iaeropa<J>peveouvo81;\,ap111:p1<1>1aeuem<J>1p11:1pa18ovuoevep<1>aProea1
aeropa<J>peveowo8tapt11:pt<J>iaeueat<l>tp11:tpa18ovuoevep<J>aProea
eroPa<1>peveouvo8tap111:pt<J>iaeuea1<1>1p11:tpa18ovuoevep<1>aProe
roPa<J>peveouvo0taptKpt<J>taeuem<J>tpKtpat0ovuoevep<J>aPro
Pa<1>peveouvo8tap1Kpt<J>taeueat<1>tpKtpa;\,18ovuoevep<1>aP
a<1>peveowo81;\,aptKpt<J>taeuea1<1>1pKtpa;\,18ovuoevep<1>a
<J>peveowo8tap1Kpt<J>taeuem<J>tp11:1pa18ovuoevep<1>
peveowo0taptKpt<J>iaeueat<!>tpKtpat0ovuoevep
eveouvo0t;\,ap111:p1<1>1aeuem<1>1pKtpa18ovuoeve
veouvo0taptKpt<J>iaeuem<J>tpKtpat0ovuoev
eouvo0taptKpt<J>iaeueat<J>tpKtpat0ovuoe
owo0taptKpt<J>taeuem<j>tpKtpat0ovuo
ouvo81;\,ap1Kpt<j>taeuem<j>tpKtpa18ovuo
wo81aptKp1<j>1aeuem<j>tpKtpa18ovu
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111
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t
190
Ul a~epaev0roouep0eavae0pe:uoro0veape~a. Je dpose
devant vous ce sort (Katafoo), dieux des Enfers, Pluton, CorYesemmigadn [Isis la Grande ?] , Cor-Persphone-Ereschigal,
Adonis alias Barbaritha, Herms l'Infernal-Toth Phkensepseu
Earecthatou Misonctach, Anubis le Puissant Psriphtha qui tiens les
clefs de !'Hads, esprits (airov) infernaux, dieux et desses morts
prmaturment, jeunes gens et jeunes filles, anne aprs anne,
mois aprs mois, jours aprs jours, nuits aprs nuits, heures aprs
heures.Je vous adjure, vous, tous les esprits de ce lieu, d'assister cet
esprit du mort (veKuatrov).
Lve-toi pour moi, Esprit du mort, qui que tu sois, mle ou
femelle, et va dans tous les lieux, dans tous les quartiers, dans toutes
les maisons, pour lier Copria, que sa mre Tasis engendra, dont tu
as les cheveux de la tte, Ailourion, qu'engendra une mre du
nom de Copria, afin qu'elle n'ait plus de rapports anaux ou vaginaux et qu'elle ne puisse plus donner de plaisir un autre jeune
homme ou un autre homme qu'au seul Ailourion, qu'engendra
une mre du nom de Copria : qu'elle ne puisse plus ni boire, ni
manger, ni trouver le sommeil, ni aller bien, ni trouver la paix de
l'esprit ou de l'me, dans son dsir pour Ailourion, qu'engendra sa
mre Copria,jusqu' ce que Copria, qu'engendra une mre du nom
de Tasis, dont tu as les cheveux, surgisse, brlante [de passion], de
tous les lieux et de toutes les maisons, et coure vers Ailourion qu'engendra une mre du nom de Copria; qu'elle aime, qu'elle adore, de
tout son esprit et de tout son souffle, d'une passion rotique incessante, perptuelle et constante, Ailourion, qu'engendra une mre
du nom de Copria, avec un amour divin, depuis ce jour, depuis cette
heure, jusqu' la fin de sa vie elle, Copria.
Car je t'adjure, Esprit du mort, par son nom terrible et
effroyable, lui dont le nom fait s'ouvrir la terre, lui dont le nom fait
trembler les Esprits de peur, lui dont le nom fait s'agiter les fleuves
et les mers, lui dont le nom fait se fendre les rochers : par le nom
d'Adona Barbaritham Barbarithaam Chelombra Barouchambra,
par le nom d'Abrasax Ambrath Ssngn Barpharangs, par le nom
de Ia Sabath Ia Pakenpsth Pakenbrath Sabarbatiath
Sabarbatian Sabarbapha Mari Marmarath le Glorieux, par le nom
d'Ouserbenth, par le nom d'Ouserpat, par le nom de Marmarayth
Marmarachtha Marmarachthaa Amadra Maribth.
Ne dsobis mes ordres, Esprit du mort, qui que tu sois, mle ou
femelle, mais lve-toi pour moi et va dans tous les lieux, dans tous les
quartiers, dans toutes les maisons, et lie Copria, que sa mre Tasis
engendra, dont tu as les cheveux de la tte, Ailourion, qu'engendra
une mre du nom de Copria, afin qu'elle n'ait plus de rapports
anaux ou vaginaux et qu'elle ne puisse plus donner de plaisir un
autre jeune homme ou un autre homme; qu'elle ne puisse plus ni
boire, ni manger, ni trouver le sommeil, ni trouver la paix de 1'esprit
ou de la pense, dans son dsir perptuel, de jour comme de nuit,
191
193
effroyable. La croyance au pouvoir du nom secret d'un dieu traverse !'Antiquit: connatre ce nom permettait de profiter du
pouvoir de ce dieu. Aussi la magie antique (et celles qui l'ont suivie) use-t-elle, voire abuse-t-elle, de l'usage de ces noms puissants:
elle les inscrit sur des amulettes pour leur donner du pouvoir, les
fait rciter dans des prires, profrer devant des dieux ou des
dmons. Plusieurs noms sont numrs par le magicien: 1) Adona, l'autre nom (prononable) de Yahv dans la religion juive. Il
s'assortit de Barbaritham (voir plus haut) et de Baruch ( bni de
Dieu en hbreu). 2) Abrasax qui rappelle le chiffre 4 du ttragramme, mais qui peut tre aussi interprt comme une forme
grcise de Ha Brachah, la bndiction , ou bien une contraction du grec abros sa, le beau sauveur. Ce mot mystrieux a pu
recevoir bien d'autres interprtations, car il connut une immense
fortune, tant chez les gyptiens que chez les Romains (qui l' crivaient Abraxas, ce qui a peut-tre donn abracadabra, autre palindrome) : on le retrouve sur nombre d'amulettes et dans des crits
gnostiques. Il s'appelle galement Sesengen Bar-Pharangs que
l'on pourrait lire Sesengen, fils de Pharangs , le nom d'un
dmon (G. Scholem). 3) Ia Sabath, l'un des noms de Dieu dans
la Bible (Yahv Sabath, le dieu des armes). Il est assorti d'une
srie de noms obscurs, ainsi que de Marmarath, seigneur des
seigneurs , nom que portent les anges du 24e et du 29e dcan.
4) Ouser-Bentth et Ouser-pat. Ouser voque Osiris, le dieu
gyptien, et il est appel ba des dieux (vie des dieux) et fort.
Encore une fois, on constate l'extraordinaire mlange des
croyances, des religions, des anglologies et dmonologies, qui
informe la magie gyptienne.
Fort de ce nom et de la menace qu'il reprsente, le sorcier
peut rappeler l'esprit tout ce qu'il entend qu'il fasse. Il conclut
par la formule maintenant, maintenant, vite, vite , qui termine
la plupart des adjurations. Sans doute pour renforcer son propos,
il ajoute une srie de caractres magiques et des lettres.
Par l'adjuration (K), le magicien rpte sa menace. Il utilise la
forme Moi je suis , qui caractrise les rvlations divines (en
particulier dans le judasme et le christianisme), mais galement
des lgitimations de pouvoir (chaque fois que les dieux sont censs se manifester dans les hommes : les rois dans les proclamations, les dfunts dans le Livre des Morts, etc.). Le magicien
lgitime ainsi sa menace en se revtant de la puissance du dieu,
195
196
n 125
UNE DIABOL
PGMIV, 2475-2496
Grande est la matresse Isis. Copie d'un livre sacr trouv dans les
archives d'Herms. La mthode concerne les 29 lettres utilises par
Herms et Isis quand elle chercha son frre et mari Osiris. Invoque
le soleil et tous les dieux des cieux propos de tout ce sur quoi tu
veux recevoir un prsage. Prends 29 feuilles d'un palmier mle et
cris sur chacune des feuilles le nom des dieux, puis, ayant pri,
enlve-les deux par deux, et lis celle qui reste en dernier : tu trouveras en quoi consiste ton prsage et tu recevras une rponse claire.
197
1. 0. NEUGEBAUER & H.B. VAN HOESEN, Greek Horoscopes, American Philosophical Society, Memoirs of the American Philosophical Society 48, 1959.
198
199
Texte
Horoscope
Soleil
Blier
Cancer, 7
Horoscope calcul
Blier, 25
Cancer 17
Lune
Lion, 4
Vierge, 9
Mercure
Gmeaux, 12
Lion, 10
Vnus
Sagittaire, 24
Mars
Scorpion, 22
Lyre, 12
Lion, 23
Cancer, 17
Jupiter?
Saturne
Pars Fortunce
Lyre, 25
Capricorne 27
Vierge, 26
Lyre, 1
Il y a de nombreuses erreurs dans cet horoscope. Seule la position de Saturne, de Jupiter et du Soleil est juste ; l'horoscope
semble tre galement bien calcul. En revanche, la position de
Vnus est astronomiquement impossible tandis que le calcul de
la pars fortun est impossible vrifier. Il y a galement des
erreurs dans les maisons.
QUATRIME PARTIE
Banalit et mystre:
les voix de la vie prive
XIII
1. -
Activit principale du grenier bl du monde mditerranen, l'agriculture. Znon (cf. chapitre V) et Menchs (cf. chapitre VI) nous y ont dj bien prpars. Mais voici des petites
demandes, toutes quotidiennes, qui ont chapp au cmogrammate [scribe de village] et l'intendant.
n129
'TRAVAUX AGRICOLES
203
L'utilisation des bufs dans les labours et les semailles tait courante dans les terres rendues meubles par l'inondation. Ces animaux lourds ont en effet une grande force pour pitiner la terre,
ce qui permet de la labourer et de faire entrer les semailles. Mais
les bufs sont des animaux chers : on se les prte mutuellement,
on met en commun ses forces pour avoir davantage d'efficacit.
Encore aujourd'hui, dans certains pays d'Afrique ou d'Asie, de
telles pratiques sont traditionnelles : cette lettre aurait pu tre
crite Madagascar, o l'on utilise des omby (les zbus) que l'on se
prte les uns les autres pour fouler les rizires.
L'gypte ne cultivait pas que du bl, les gyptiens ne mangeaient
pas que du pain: Znon entretenait dj des vergers (if. n 48).
Outre les fruits, il faut aussi nommer les dates, les figues, les pistaches et les olives.
n130
DE~DE DE SURGEONS
204
pour qu'il chasse les souris Toca. Envoie-moi s'il te plat cette
somme. J'ai aussi prt 8 dr. Dionysios, le prsident de Nermera
et il ne me les a pas rendues : sache-le. Porte-toi bien. Le 24 Payni.
Dans les vignes et les vergers, les souris grignotent : on fait appel
un spcialiste de la dratisation. On ne sait gure comment il
procdait. Il n'est gure plausible de penser qu'il les charmait avec
une flte, comme dans le conte : employait-il des chats, des
piges? En tout cas, son service n'tait pas donn: 8 drachmes
permettaient d'acheter 48 pains et reprsentaient plus de huit fois
le salaire journalier d'un ouvrier.
n132
LAGUER LES OLMERS
205
P. Ryl. 238
= SP 143 -
Au Fayoum, on ne se proccupait pas que des souris 1Les sangliers endommagent les cultures et ravagent les champs : il faut
les chasser. Alypius, un gros propritaire du Fayoum, qui a
adress une correspondance fournie son intendant Hroninos,
emploie des chasseurs professionnels pour se dbarrasser de
cette nuisance.
206
n135
LA VISITE
DU PROPRITAIRE
207
2. -
BANQUIERS ET COMMERANTS
III'
s. ap. J.-C.
1' s.
ap. J.-C.
208
[Date de
dpart]
Huile
D'Attalion
de Crte
[le... ]
[vin]
D'Aigeai
le 20
[Navire]
ue s. ap.J.-C.
[Tonnage]
[Le 25 ?]
[le navire de X], [n] artabes
fils de
Szomenos,
Les Furies et
La Fortune
Le26
2 000 artabes
l'akatos
[aKmo, bateau entre 60 et
lger utilis
80m'
pour le cabotage
[Chargement]
[Responsable
du contrle ?]
[Transporte,
pour X, n]
demijarres
d'huile, (et)
pour Srnos, 41
demijarres
d'huile
Asclp [... ]
[Charge[Port
ment]
d'origine
[Date de
dpart
[vin]
D'Aigeai
le 20
[ vide]
D'Ostie
le 1[ ...]
[ vide]
DeLib(-)
le 5
Huile
Du Canal
le 26
[vin]
De Paltos
le20
[actuellement 'Arab
alMulk
en Syrie]
De Laodice le 18
[en Syrie]
[vin]
[Navire]
de Diodros, fils
d'Athnodotos
Sarapis (et)
Fortune
La plauda
[navire
inconnu de
Dmtrios, [fils
de X],
Philomtr
[le navire] de
Lu dus
Pompeius
Mtrodros,
[nom]
l' akatos (?) de
Publius lEelius
Anni [... ],
l[ ... J
l'akatosde
Basiln, fils de
Libys (?),
Athna R[ ... ]
[le navire] de
Znon, fils de
Prtos (... ),
Dragon
l'akatosde
Cassian us, fils
de Kyros, et de
Dominus, fils
d'Agathocls,
Espoir (et)
[ ... )
[vin et
figue]
De Gagai
le 6
[actuellementYenice
en Turquie]
[bois et
huile]
DeSid
[vin)
D'Anele 13
mourion
[aujourd'hui
Eski-anamur,
sur la cte de
Pamphylie)
le 7
[Tonnage]
[Chargement]
[Responsable
du contrle ?]
[n] artabes
Transporte
pour le
nauclre [n]
Garres) de vin
rouge d'Aigeai
Idem.
22 500 (?)
[artabes]
[entre 675
et 900 m']
(Revient)
vide.
))
[le navire) de
Nen, fils de
Varus,
Asclpios (et)
Sarapis
210
Journes
de
navigation
Distance
approximative
en miles marins
Vitesse
moyenne
en nuds
410
7
817
600
1080
3,5
5,6 2,6
22
1
Libyssa : 730
Liviopolis : 1130
?
Libyssa: 1,4
Liviopolis : 2,1
?
7
9
21
20
460
490
810
760
2,7
2,2
1,6
1,6
14
700
2,1
n139
PTITION D'UN VENDEUR DE LENTILLES
211
3. -
MDECINS ET CHIRURGIENS
212
Quel est le meilleur moment pour une catabrocation ? Dans toutes les
maladies, le meilleur moment pour une catabrocation est lorsque la
maladie commence crotre. Car, lorsque les organes sont modrment tendus, l'affection n'est pas son paroxysme, et n'empire
pas. La catabrocation, applique en cas de paroxysmes rpts, peut
se trouver tre un remde l'affection. Il arrive qu'en chaque occasion, les symptmes deviennent plus violents et plus gnants, jusqu' ce que la maladie connaisse son pic et aille en s'amliorant, les
organes tant calms de nouveau cause de la catabrocation ...
Ce catchisme mdical discute les mrites compars de l' embrocation, une fomentation applique sur les parties inflammes
du corps, et de la catabrocation, l'immersion ou la baignade de
certaines parties du corps.
Le papyrus suivant montre l'avance des connaissances opthamologiques grecques :
n141
QUESTIONNAIRE D'OPHTALMOLOGIE
Ce catchisme ophtalmologique explique le soin de deux maladies de l' il, le glaucome et le staphylome. Le glaucome dsigne
un obscurcissement de la pupille qui, encore aujourd'hui, peut
1. Marie~Hlne MAR.GANNE, L'Ophtalmologie dans l'gypte grco-romaine
d'aprs les papyrus littraires grecs, Leiden/New York/Kln, Brill, Studies in
Ancient Medicine 8, 1994.
213
n142
QUESTIONNAIRE DE CHIRURGIE
Enfin, voici la trs belle lettre d'un mdecin qui demande des
conseils pour raliser des empltres.
n143
UN MDECIN
P. Merton 12- origine inconnue - 28 aot 58 ap. J.-C.
Charas son trs cher Dionysius, mille bonjours et bonne sant
pour toujours. J'ai t aussi ravi de recevoir une lettre de toi que si
j'tais vraiment chez moi; part cela, nous n'avons rien.Je dispense
de t'crire de grands remerciements, car ce sont ceux qui ne sont
pas nos amis que nous remercions avec des mots. J'ai confiance de
me renforcer dans une certaine srnit et d'tre capable de te donner en retour sinon l'quivalent, du moins une petite partie de ton
affection mon gard. Tu m'as envoy deux copies de prescriptions, l'une portant sur l'archagathien, l'autre sur le caustique.
L'archagathien est compos correctement, mais le caustique ne
comporte pas le bon poids de rsine. Indique-moi s'il te plat un bon
caustique qui puisse tre utilis sans danger pour cautriser la plante
de pied, car j'en ai un besoin urgent. En ce qui concerne le [caustique] sec, tu crivais qu'il y en a de deux sortes. Envoie-moi la prescription du dissolvant, car l'empltre aux quatre substances est lui
aussi sec. Cette lettre est scelle avec. Porte-toi bien et rappelle-toi ce
1. Marie-Hlne MARGANNE, La Chirurgi,e dans l'gypte grco-romaine d'aprs
les papyrus littraires grecs, Leiden/New York/Kln, Brill, Studies in Ancient
Medicine 17, 1998.
214
4. -
215
II-III s.
216
vieille :je suis une femme seule et dmunie. Voil ce qui s'est pass
en ville, le 19 du mois dernier : une certaine Eucharion, affranchie
de Longinus, l'escorta pour aller apprendre le chant et d'autres
choses et, au moment de quitter ma maison, fit entrer Peina avec
le bras droit band. Quand j'en demandai la cause, elle me dit que
l'enfant avait t renverse par un certain Polydeuchs, un esclave
qui conduisait son ne, si bien que tout son bras avait t bris, que
certaines parties avaient t mutiles et que le reste tait vif.
Comme nous n'avons pas de stratge, je n'ai pas fait de ptition, en
supposant la blessure superficielle. Or elle est incurable, et je ne
peux supporter la peine de ma petite servante : elle est en danger
de mort et la crainte de sa mort m'treint; lorsque tu la verras, tu
te sentiras aussi dsespr. Presse par la ncessit, je viens trouver
refuge auprs de toi comme mon dfenseur, etje demande d'tre
aide et de recevoir de toi...
217
monnaie d'argent ainsi que ce qui a t pay pour elle sa matresse Aline susmentionne par Thn, fils de Dionysios, fils de
Lon et d'Isione, de la mme cit, g d'environ 43 ans, de taille
moyenne, de peau couleur de miel, de visage allong, une cicatrice
sur le mollet droit, savoir huit cents drachmes d'argent du mon-
nayage imprial et dix talents de bronze [soit] trois mille drachmes.
Ni Thn ni quelqu'un d'autre de son entourage ne peut faire
rclamation l'affranchie Euphrosyne ou quelqu'un de son
entourage, ni de la ranon ni de toute autre chose en aucun cas.
Le certificat d'affranchissement ...
218
21. L'affranchi de moins de trente ans qui a reu sa manumission du prfet est comme celui qui a t affranchi aprs trente ans.
22. Les biens des Latins [c'est--dire des personnes affranchies
selon la Lex]unia Norbana, les Latini]uniani, qui vivaient comme des
affranchis mais mouraient comme des esclaves] sont donns leur
patron, ses fils, ses filles et ses hritiers. Les legs faits par ceux
qui n'ont pas encore acquis la libert romaine lgale sont confisqus.
9. En ce qui concerne les affranchis des citoyens grecs,. s'ils
meurent sans enfants et intestats, ce sont leurs patrons ou leurs fils
qui hritent, pour autant qu'ils existent et qu'ils estent en justice; les
filles ou toute autre personne n'hritent pas: c'est le fisc qui hrite.
20. Les legs faits des esclaves qui ont connu les fers puis ont
t affranchis ou ceux qui ont t affranchis avant trente ans
seront confisqus.
145 av.J.-C.
La 15 anne [de Ptolme VIII], le 16 piph.
Un esclave d'Aristogne, fils de Chrysippe, d'Alabanda, ambassadeur, s'est chapp Alexandrie.
Il se nomme Hermon, alias Nilos ; Syrien de naissance, de la ville
de Bambyce ; environ 18 ans, taille moyenne, sans barbe ; jambes
bien faites ; creux au menton ; signe prs de la narine gauche ; cicatrice au-dessus du coin gauche de la bouche : le poignet droit
tatou de lettres barbares.
Il avait [quand il s'est enfui] une ceinture contenant en monnaie d'or trois pices de la valeur d'une mine, et dix perles; un
anneau de fer sur lequel il y a un lcythus et des strigiles ; son corps
tait couvert d'une chlamyde et d'un prizma.
Celui qui le ramnera recevra 2 talents de cuivre et 3 000
drachmes; celui qui indiquera le lieu de sa retraite recevra, si c'est
dans un lieu sacr, 1 talent et 2 000 drachmes; si c'est chez un
homme solvable et passible de la peine, 3 talents et 5 000 drachmes.
Si l'on veut en faire la dclaration, on s'adressera aux employs
du stratge.
S'est encore chapp avec lui Bion, esclave de Callicrats, un des
archyprtes de la cour.
Taille petite ; paules larges ; jambes fortes ; yeux pers. Il avait,
lorsqu'il s'est enfui, une tunique, un petit manteau d'esclave, et un
coffret de femme du prix de 6 talents et 5 000 drachmes de cuivre.
Celui qui le ramnera recevra autant que pour le premier. Faire
de mme la dclaration, pour celui-ci, aux employs du stratge.
219
On trouve ici les rcompenses promises pour la fuite d'esclaves voleurs. Il s'agit manifestement d'une affiche duplique
pour les villes o l'on pensait que se trouvaient les esclaves. La
somme en rcompense parat norme.
Le premier esclave est jeune, il a dix-huit ans, et on l'appelle
na;, jeune homme. Nomm Hermon, il est srement de naissance syrienne ; la Syrie, l'ennemi du Lagide, fournissait beaucoup d'esclaves. Il porte sur son poignet des lettres barbares qui
sont sans doute le syriaque utilis Bambyce. Beaucoup d'esclaves
en portaient, moins qu'il ne s'agisse des marques pour les
esclaves fugitifs (mme si on les apposait souvent au front). Il
s'agissait sans doute d'un esclave attach au service personnel de
son matre puisqu'il porte un lcythe, le vase mettre de l'huile,
des parfums et des xystres, des strigiles pour gratter la peau. On les
trouve figurs sur un anneau, ce qui prouve son emploi d'esclave
lcythophore (porteur de lcythe). Le lcythe a toujours la
mme forme d'un vase trs bomb avec un col trs troit. Le
liquide pouvait ainsi s'couler goutte goutte. L'esclave le porte
sur un bracelet, un collier ou un anneau.
Il porte galement deux vtements. Le prizma est le manteau
de servitude, une sorte de tablier. Il porte galement une chlamyde, manteau d'homme libre, peut-tre pris son matre.
La rcompense est extrmement forte. Son montant diffre
selon l'endroit o on retrouvera l'esclave. Dans un temple o on
trouve traditionnellement refuge, elle est plus faible, car on peut
supposer que Hermon n'a pas de complice. Dcouvert chez un
particulier, l'esclave ne peut qu'avoir t vol: son nouveau
matre serait alors lourdement puni pour ce dlit, assez frquent.
On prcise chez un homme solvable car si le coupable est trop
pauvre pour payer l'amende et les dommages et intrts, le
matre ne veut pas s'engager payer le surplus de la rcompense.
Le second esclave appartient l'un des hauts fonctionnaires
de la cour. Son signalement est moins dtaill, son ge incertain ;
il possde une particularit physique qui le distinguera facilement, il a les yeux pers. Alors que le premier esclave s'est enfui
en accompagnant son matre au bain, le second a disparu en faisant main basse sur ce que contenait l'appartement de sa matresse : un coffret de femme et 5 000 drachmes. Bion est un
esclave voleur.
XIV
HISTOIRES DE FEMMES
1. -
droit des
n150
GNOMON DE L'IDIOS LOGOS
15. Il n'est pas permis aux affranchis des citoyens grecs de. tester, l'instar des citoyennes grecques.
23. Il n'est pas permis aux Romains de se marier avec leurs
surs, leurs tantes, mais le mariage avec les filles de leur frre [leur
221
Accord.
A Protarque de la part de Zos fille d'Hraclide assiste de son
frre Irne fils d'Hraclide, et d'Antipatros, fils de Znon. Zos et
Antipatros reconnaissent qu'ils ont rompu l'un et l'autre le contrat
222
223
Quoique les centurions de l'arme romaine n'aient pas d'autorit lgale, ils jouissaient d'un grand prestige et se trouvaient
parfois conduits jouer un rle d'arbitre. Ici, un mari se plaint
de ce que sa femme l'ait quitt en le pillant et se soit remarie
sans avoir divorc au pralable. Sa demande ne laisse pas, cependant, d'tre curieuse : pourquoi s'en proccuper au bout de plusieurs mois et surtout, pourquoi la femme aurait-elle emport
des outils ? Il semble que notre homme prpare le terrain et que
cette plainte ne soit envoye que pour excuser le retard mis
payer les taxes ...
Si cette ptition jette un doute sur la sincrit de son auteur,
d'autres documents prouvent l'envi que certaines femmes se
rvlaient parfois de vraies pestes.
n153
(1)
P. Oxy. 282 = Mitt. Chrest. 117 - Oxyrhynchos - 29-37 ap.J.-C.
QUERELLE DE MARIAGE
224
n154
UNE QUERELLE DE MNAGE
(2)
L'affaire continue et Dmtrous apparat comme une ventable virago. Aprs avoir divorc avec pertes et fracas, l'ancienne
femme de Tryphon, accompagne de sa mre Thnamounis,
prend violemment partie la nouvelle femme. L'altercation se
rvle extrmement violente puisque la jeune femme, enceinte,
avorte.
2. -
Mener son mari une vie impossible ne prouve pas l'indpendance. D'autres tmoignages, plus essentiels, dmontrent
que les femmes pouvaient avoir une vritable libert dans leur
manire de grer leur fortune et leurs biens.
Tout d'abord, les femmes avaient le droit de tester:
n155
L'HRITAGE D'UNE FEMME
225
Mme si ce testament nous est parvenu de manire trs fragmentaire, il nous permet de comprendre que dans le droit
romain, la femme avait le droit d'hriter et de lguer son gr.
Aurlia fait de sa mre sa lgataire universelle : elle lui accorde
centjours pour accepter l'hritage.
Ce testament trange provient-il d'une querelle de famille ?
Plus probablement, la mre d'Aurlia est veuve et ne jouit que
d'une part de l'hritage de son mari, dont la partie la plus importante fut transmise ses enfants: Aurlia entend la protger
pour le cas o elle viendrait dcder avant elle. Il semble en
effet vident que son hritage passera ensuite ses enfants.
Il faut noter la prsence d'un curator: depuis le dbut du
me sicle ap. J.-C., la loi romaine obligeait les filles ges de 12
25 ans d'y avoir recours.
Ensuite, elles pouvaient louer :
n156
BAIL D'UNE MAISON
226
crite dans une langue assez lche, cette lettre indique que
Thas est la vritable matresse du domaine. Elle demande
Tigrios de s'occuper des terres, des animaux et des impts. Les
femmes avaient une bonne raison de payer les taxes temps car
elles risquaient davantage des peines d'emprisonnement que les
hommes : les juges estimaient sans doute que les hommes pouvaient davantage rgler leurs dettes.
Troisime tmoignage : la plainte d'Apion, mcontent qu'une
femme gre l'exploitation de son mari.
n158
UNE FEMME D'AFFAIRES 1
P. Oxy. 2342 - Oxyrhynchos - 102 ap. J.-C.
Au Seigneur prfet Gaius Minicius Italus d'Apion fils d'Apion
d'Oxyrhynchos, marchand de vin. La 2 anne du Seigneur Trajanus
Ca:sar, Pasion, fils de Sarapion, qui tait mon partenaire et crancier,
mourut Alexandrie. Il avait dshrit ses enfants cause d'un
dsaccord et fait de sa femme Brnice son successeur. Elle garda le
stock de vin chez elle sous clef et fit main basse sur tous les produits
de la vente, lorsqu'elle a appris la mort de son mari loin de chez lui.
Ses fils dpravs font pression sur elle pour ne pas dire combien elle
a obtenu, ni parvenir un accord sur l'affaire. Elle n'a pas rembours ce qu'elle gardait en dpt ni la reconnaissance de dette. Elle
227
1.
j
Sarap10n
Pasion
B&mj
Sarapion
Apollonius
Diogenes
1
Horion
229
230
III,
Alors que le texte n 160 contient une lettre banale et charmante d'une femme enceinte qui donne des nouvelles, en prend
et remercie sa mre de ses petits paquets, la lettre suivante est
plus singulire. Un peu obscure, elle reflte toutefois une
croyance trs fortement ancre en gypte la suite de la mdecine grecque : le prmatur de sept mois survit alors que celui de
huit mois meurt. Il y a sans doute une raison magique ces considrations - le chiffre 7 a toujours t considr comme sacr mais une cause mdicale n'est pas exclure: certains troubles de
la grossesse comme !'clampsie interviennent au cours du dernier trimestre.
La mortalit infantile tait en effet considrable : un tiers des
enfants mouraient avant leur 1er anniversaire et plus de 2/5 avant
l'ge de cinq ans. Ce poids de la mortalit infantile faisait baisser
drastiquement l'esprance de vie que l'on estime 22 ans pour
les femmes et 25 ans pour les hommes. En ralit, un enfant qui
survivait ses cinq ans pouvait esprer vivre plus d'une quarantaine d'annes.
XV
DE LA NAISSANCE LA MORT
P. Fay. 28 =Hengstl25
232
vergtide -
126-127 ap.J.-C.
Duplicata de contrat de nourrice. La 16 anne de !'Empereur
Csar Nerva Trajanus Augustus Germanicus Dacicus [Trajan], le
30 Sbastos. Ptolmas vergtide du nome d'Arsino. Hlne, fille
de Hrn, Perse, d'environ 40 ans, cicatrice au coude droit, assiste
de son tuteur et frre Nilos, fils de [ ... ] d'environ vingt ans, cicatrice
au ct gauche du front, s'engage vis--vis de Sarapin, fils
d'Asclpdiade, de la tribu Philaxithalassienne et du dme d'Althaa,
d'environ 31 ans, sans signe particulier, nourrir et allaiter chez
elle de son propre lait pendant deux ans partir d'aujourd'hui [ ... ]
l'enfant du sexe fminin nomme Corinthia, ne de l'esclave ayant
appartenu Sarapin, nomme Tych, en recevant de lui comme
salaire mensuel pour ses dpenses et l'allaitement [ ... ] drachmes,
plus deux cotyles d'huile [ ... ] un kramion de vin, quatre poules [ ... ] .
Qu'il ne soit donc pas permis Hlne au cours du temps fix de
rendre Sarapin le petit esclave, ni d'avoir chez elle un second
nourrisson, ni de gter son lait, ni [ ... ] aucune autre chose [ ... ] de
lui donner les soins convenables [ ... ].Si elle rend l'enfant ou transgresse quelqu'une des clauses susdites, qu'elle paie sur-le-champ son
salaire augment de moiti, le double des dommages, une amende
de [ ... ] drachmes et autant au trsor.
233
(extraits)
234
1er s.
ap. J.-C.
n166
EXERCICES D'CRITURE
1. 1
1. 2
1. 3
1. 4
1. 5
Koa
1. 7 [numraux de
1. 12 [syllabes :]
1. 13
1. 14
1. 15
1. 16
1. 17
1. 18
i X: : v
nJ6'j
ALPHABTI~UE DE MTIERS
P. Teb. 278 - Tebtyni~ - 1r s. ap. J.-C.
UNE LISTE
pt6Kono [boulanger]
Pcx$eu [teinturier]
yvaeu [foulon]
opuo [armurier (fabricant d~ lances)]
atoupyo [huilierJ
235
roypa$o [peintre]
]1tT]'t) [tailleur]
0ropmconot6 [fabricant de cuirasse]
mp6 [mdecin]
TC.et't01tO [serrurier]
Ml;o [foulon]
uoTCono [carrier (fabricant de meule)]
n168
INVITATION UN ANNIVERSAIRE
Tyrannos alias lsidoros et Ninnos alias Chrysippos, ex-gymnasiarques responsables de l'examen du statut civique, de la part
d'Heron, fils de Souchion, petit-fils de Diodoros, de mre
Hermion, et de la part de son pouse divorce Thaubarion, fille
d'Heron, petite-fille d'Heron, tous deux enregistrs, Heron dans le
quartier d'Hellenion, Thaubarion dans celui des Bithyniens et environs, avec pour rpondant lgal le mme Heron. Notre fils tous
deux, Isidoros, ayant atteint ses 13 ans la prsente 11 anne de
notre matre Antoninus Csar [Antonin le Pieux], et devant tre
examin, nous avons soumis les pices lgales. Moi, Heron,j'ai t
enregistr sur la dclaration de la 2 anne du divin Hadrien [119
ap.J.-C.] au quartier de Phanesios, sur celle de la 16 anne du divin
Hadrien [134 ap. J.-C.J, et sur la dclaration par maisonne de la
9 anne de notre matre Antoninus Csar [146 ap. J.-C.] au quartier d'Hellenion, ayant t enregistr sur la liste de la 9 anne en
mme temps que mon fils Isidoros examin. Et moi, Thaubarion,
j'ai t enregistre sur la liste de la 16 anne et celle de la 9 anne
du quartier des Bithyniens et environs. Quant notre fils examin,
Isidoros, nous l'avons dclar tous deux au registre des naissances
de la 6 anne de notre matre Antoninus Csar [143 ap.J.-C.], au
quartier d'Hellenion. Les parents de mon pouse Thaubarion ont
236
Horion t'invite l' picrisis de son fils le 15 dans sa maison partir de la s heure.
237
n" 171
P. Teb. 104 = SP 2
UN CONTRAT DE MARIAGE
= Mitt. Chrest. 285 = Hengstl 72
- Tebtynis -
92 av.J.-C.
238
239
Dans ce papyrus d'invitation, on repre de nombreuses analogies avec une pratique ayant cours plus de dix-huit sicles aprs :
la mre de famille (et non le pre) invite sa table, car un mariage
ne saurait tre clbr sans banquet. Toutefois, les rjouissances
commencent tt puisque les convives sont censs arriver ds la
9 heure (en l'absence de date, il parat impossible de savoir
l'heure exacte, mais en tout tat de cause, la 9 heure se situe le
matin). Remarquons en outre que l'invitation vient plutt tard :
qui oserait envoyer une invitation pour le lendemain ?
On dcouvre quelquefois dans les papyrus des traces de l'an
cienne coutume d'inceste de l'gypte pharaonique :
n173
DES JUMEAUX INCESTUEUX
240
n174
UNE DCLARATION DE DCS
XVI
AMUSEMENTS ET PLAISIRS
1. -
Depuis son enfance, mon ami Tryphon l'a gard, a veill sur lui
comme un enfant dans ses bras. Je ne sais o aller ; mon navire a
242
fait naufrage. Je pleure mon oiseau chri que j'ai perdu ! Ah, que
j'embrasse son poussin, l'enfant du guerrier, du bien-aim, du
Grec 1Grce lui on disait ma vie russie, et l'on m'appelait le bienheureux, le grand homme parmi les amis des animaux. j'agonise :
. mon coq s'est perdu, il est tomb amoureux d'une poule assise et
m'a abandonn. Qu'une pierre gt sur mon cur etje serai en paix.
Et vous mes amis, adieu 1
243
244
Un commentaire d'Archiloque;
Callimaque, La Cration;
Eschine, [ ... ] ;
Dmosthne, [ ... ] ;
[Un commentaire] sur I'fliaded'Homre;
Un commentaire sur les Iditikoi logoi de Dmosthne ;
Callinique, [ ... ] ;
[
... ] ;
Hrodote, [ ... ] ;
Xnophon, [ ... ] ;
Aristote, Constitution d'Athnes;
Thucydide, Histoires;
Xnophon, Cyropdie;
Callinique, Diaphoroi logoi.
2. -
FTES ET JEUX
n180
DES DANSEURS
P. Hibeh 54 = Hengstl 93 = Deijlmann 5 = SP 95 = Wilck. Chrest. 477 Hibeh - 245 av. J.-C.
Dmophon Ptolme, salut. Envoie-nous par tous les moyens
le joueur de flte Petys avec, la fois, les fltes phrygiennes et les
autres. Et s'il est ncessaire de dpenser quelque chose, paie-le : je
te rembourserai. Et envoie-nous aussi Znobios, l' effmin, avec des
tambourins, des cymbales et des crotales. Les femmes ont besoin de
lui pour le sacrifice; qu'il ait le plus bel habit possible. Va aussi
chercher l'enfant d'Aristion et ramne-le-nous. Et si tu as pris l'esclave [mot mot le corps], donne-le Semphtheus pour qu'il
puisse nous l'apporter. Envoie-moi galement,autant de fromages
que tu le peux, des poteries vides, et des plantes de toutes sortes,
ainsi que des friandises, si tu en as. Porte-toi bien.
Charge-les bord avec des gardes qui aideront dcharger le
bateau.
[Verso] Ptolme.
246
n181
UNE DANSEUSE S'ATIACHE LES SERVICES D'UN FLTISTE
CPRXVIII, 1- prov. inconnue - 231 av.J.-C.
Sosos, fils de Sosos, Syracusain de naissance, s'est lou
Olympias [fille de X], danseuse athnienne, ayant Zophyre, fils de
Marikos, Galate de naissance, comme tuteur, sur les termes suivants : il doit collaborer avec elle en jouant de la flte partir du
mois d'Hyperbrtaos de la 16 anne [de Ptolme III] pour
douze mois, avec un salaire mensuel de 45 drachmes de bronze.
Sosos recevra comme avance d'Olympias 50 drachmes de bronze. Il
ne sera absent d'aucun concours ou d'aucune autre occasion
laquelle Olympias sera prsente ; il ne fera pas de reprsentation
pour qui que ce soit sans le consentement d'Olympias. Le contrat
est sous la garde d'Olympichos fils d'Hrodote. Cloptre [ ... ].
Sosos a environ 30 ans, est de haute stature et de peau coulur
de miel. Olympias a environ 20 ans, est petite, a la peau blanche et
le visage rond [ ... ]. Zopyros a environ x ans, a la peau couleur de
miel. Olympichos a environ 40 ans, est de taille moyenne, a la peau
couleur de miel, le visage allong et devient chauve sur le front.
crit dans la 16 anne, en Hyperbrtaos.
Ce texte exceptionnel montre que les artistes pouvaient s'associer. Ici, c'est la femme, Olympias, qui dirige l'association, promise visiblement un bel avenir : le salaire promis parat
extrmement lev. Il faut dire qu'Olympias ne se produit pas
de petites ftes villageoises mais entend participer avec son nouvel associ des concours musicaux lors des grandes crmonie's
ou des jeux publics. Voici un compte de ces jeux :
n182
COMPTE POUR DES JEUX PUBLICS
P. Oxy. 519 = Wilck. Chrest. 492 = SP402 - Oxyrhynchos n s. ap. J.-C.
[ ... ] de cette somme, ont t pays le 23 Mchir:
Pour un mime ............................................................... .496 dr.
Pour un rcitant d'Homre ......................................... ..448 dr.
Pour un musicien ........................................................... [ ... ] dr.
Pour un danseur ............................................................ 1 [ ... ] 4 dr.
[
... ]
247
248
n184
UNE PERMISSION D'EXERCER LA PROSTITUTION 1
SB9545-lphantine-142
Ammonias et les collecteurs qui sont avec lui pour collecter la
taxe sur les prostitues Thinpapremithis, salut. Nous t'avons
donn permission de t'engager dans la prostitution. La 6 anne du
Seigneur Antoninus Csar [Antonin le Pieux], le 26 Thth.
[2' main] Brasidius, fils de Valens, a sign.
3. -
LE TOURISME EN GYPTE
Autre activit trs frquente en gypte : le tourisme. Les croisires sur le Nil ne datent pas d'hier 1 Tout le Bassin mditerranen s'est prcipit dans ce pays mystrieux et aguichant qui,
avec la vieille cit d'Athnes, avait la faveur des excursionnistes.
n185
UN TOURISTE SUR LE NIL
P. Lond. 854 =Dei,jlmann 10 = Wilck. Chrest. 117 - r-n s. ap. J.-C.
Narchos [ ... Hliodore]. Puisque beaucoup [partent en
voyage] et [se lancent dans un] voyage en bateau, afin de visiter les
uvres de la main de l'homme, je les ai imits et ayant entrepris le
voyage en remontant le fleuve, je suis arriv Syne, d'o le Nil
prend sa source, puis en Libye o Amon psalmodie ses oracles
tous les hommes, j'ai appris des choses de bon prsage, et j'ai grav
le nom de mes amis sur les sanctuaires pour un souvenir perptuel 2 La prire ...
[Verso] A Hliodore.
249
pas le seul: on trouve sur les temples d'gypte les traces du passage (parfois ancien) des curieux qui s'y sont succd.
Si le voyage sur le Nil connat la faveur des touristes antiques, l'un des grands classiques, une expdition quasiment
mythique, est le plerinage au Colosse chantant de Memnon.
Il s'agissait en fait d'une statue funraire d'Amnophis III
(XVIIIe dynastie, XIV' sicle av. J.-C.) situe prs de la Valle des
Rois Thbes (Louqsor), que les Grecs ont prise, peut-tre par
homophonie, pour une statue de Memnon, le hros troyen mort
aux cts d'Achille. la suite d'un tremblement de terre, aux
dires de Strabon 1, en 26 av. J.-C., la statue se serait fissure et le
bloc laiss en place aurait mis des sons. Les scientifiques affirment que ce chant n'tait d qu'aux craquements de la
pierre provoqus par le rchauffement du soleil, mais les plerins, ayant remarqu que ce phnomne ne se produisait qu'
l'aurore, en attribuaient la paternit Memnon lui-mme, qui
tait fils d'os (!'Aurore) et de Tithon. Rapidement, un plerinage se mit en place et l'on trouve de nombreuses inscriptions
sur la statue.
Hlas, au II sicle, l'empereur Septime Svre, dans un grand
lan de retour au paganisme pour s'opposer au christianisme,
voulut faire restaurer la statue : enfin rpar, Memnon ne chan.;.
terait-il pas mieux? Le contraire se produisit: priv des fortuites
fissures, le Colosse se tut.
250
'""1
n187
INSCRIPTION DE PON DE SID
251
l'in-
n189
LA PREMIRE VISITE DE L'IMPRATRICE
lnscr. Colosse de Memnon 29 - Thbes - 20 nov. 130 ap. J.-C.
Quand, en compagnie de !'Impratrice Sabine, j'tais auprs de
Memnon. Toi qui es le Fils de !'Aurore, Memnon, et du vnrable
Tithon, et qui es assis en face de la ville thbaine de Zeus, ou bien
toi Amnoth, roi gyptien ce que rapportent les prtres instruits
des rcits anciens, reois mon salut, et, en chantant, accueille favorablement, ton tour, l'pouse vnrable de !'Empereur Hadrien.
Ta langue a t coupe, ainsi que tes oreilles, par un homme barbare, l'impie Cambyse. Certes, par sa mort lamentable il en fut
puni, frapp de la mme pointe d'pe qui lui avait servi tuer
impitoyablement le divin Apis. Mais moi, je ne pense pas que ta statue puisse prir, et j'ai dsormais sauv et immortalis ton me par
mon esprit. Pieux en effet furent mes parents, Balbillus le sage et le
roi Antiochos, Balbillus, pre de ma race, de sang royal, et le roi
Antiochos, pre de mon pre. C'est de leur race que je tire mon
noble sang et ces vers sont de moi, Balbilla la pieuse.
Julia Balbilla crit des vers de mirliton et aligne les poncifs. Elle
fait tout d'abord cho de la lgende d'Apis et de Cambyse, raconte par Hrodote 2, qui expliquerait la mutilation de la statue. Puis
elle use du topos littraire de la survie par la littrature : comme
Horace qui voyait dans ses pomes un monument inscrit dans de
l'airain ternel, elle se voit bien vivre jamais par son inscription
sur Memnon. Artifice littraire, en vrit : c'est avant tout dans sa
race qu'elle se fie, et de dployer une ingnue vanit nobiliaire.
Antiochos IV (38-72)
Roi de Commagne
Balbilius
Prfet d'gypte
, _ j_ _ _
C. Julius Antiochus
C. Julius Antiochus
Consul en 109
Julia Balbilla
Dame d'honneur
1. Marguerite YOURCENAR, Mmoires d'Hadrien, 1951, in ID, uvres romanesques, Paris, Gallimard, Bibliothque de la Pliade, 1982, p. 444.
2. HRODOTE, Histoires III, 29-30.
252
n190
lA VISITE DE L'EMPEREUR ET DE L'IMPRATRICE
Inscr. Colosse de Memnon 30 -Thbes - 21 nov. 130 ap.J.-C.
4. -
253
XVII
MALADIES, MEURTRES ET FAITS DIVERS
255
(extrait)
La 4 anne, le 6 Hathyr. Osororis basilicogrammate [scribe
royal]. La 5 anne du mois courant, en patrouillant dans les
champs autour du village, j'ai trouv [biff: du sang] une effusion de sang [biff: mais pas de corps] et j'ai appris des villageois que Thodote, fils de Dosiths, tait parti dans cette
direction mais n'tait pas revenu. Voil mon rapport. [La suite est
trs mutile.]
256
Dans les journaux scandales, on emploierait le terme juridique srieux: une plainte contre X. X, ce sont les assassins
qui ont attaqu les paisibles chasseurs de livres, ce sont les
meurtriers de Calabalis et de Nilos qui ne sont pas revenus
depuis trois semaines. Mais aussi, Aurelia Tisais semble sre de
son fait : pourquoi ne s'agirait-il pas d'un accident? Le pre et le
fils auraient-ils donc tant d'ennemis?
Beaucoup moins mystrieux, mais sans doute plus dramatique, voici le rapport d'un envoy du stratge Hirax : une
petite esclave a trouv la mort d'une horrible faon.
n197
RAPPORT D'UN ACCIDENT
257
L'enqute [ ... ]
Sarapion son frre Darion, salutations et sant pour toujours.
mon arrive Alexandrie, le [ ... ] du mois ci-aprs, j'ai appris de
certains marins [arrivs] Alexandrie que Sa[ ... ]eilla [avait tmoign] contre moi au tribunal, que la maison de Secunda a t
fouille, que [ ... ]ma maison a t fouille [ ... ],et [que je puisse
savoir] si les choses sont vraiment ainsi. Aussi, s'il te plat, cris-moi
une rponse ce propos, afin que je puisse moi-mme prsenter
une ptition au prfet. N'y manque pas.Je ne me parfume pas jusqu' ce que j'en aie des nouvelles de ta part. Mes amis m'ont press
de devenir l'ami de la maison du palefrenier en chef [l' archistatore]
Appolonius, afin que je puisse me prsenter avec lui l'enqute. Le
chef des stratges et Justus le policier sont en prison, comme l'a
ordonn le prfet, jusqu' l'enqute, moins qu'ils ne persuadent
le palefrenier en chef de les laisser en libert jusqu' l'enqute. En
ce qui concerne le Chauve, cris-moi comment ses cheveux repoussent sur sa tte. N'y manque pas. J'ai dit Diogne ton ami de ne
pas me tromper en ce qui concerne la dpense de ce qu'il m'a
emprunt. Ue vais frquenter?] le palefrenier en chef.Je te prie et
te conjure de m'crire une rponse sur ce qui s'est pass. Par-dessus tout, prends soin de toi pour tre en. bonne sant. Prends soin
de Dmetrous et de notre pre Darion. Porte-toi bien. L'an 9 de
Tiberius Csar Augustus [Tibre], le 15 Choac.
[Verso] remettre mon frre Dorion.
258
HILARION RECOMMANDE
259
Protarque de la part de Dionysarion, fille de Protarque, assiste de son frre Protarque, etd'Hermione, citoyenne [d'Alexandrie],
assiste d'Hermias, fils d'Hermias, le fils de son frre. Dionysarion
reconnat invalide l'accord que le fils dcd de ladite Hermione,
Hermias, fils d'Hermias, a soumis, avec Hermione pour garante, au
mme tribunal, la 21 anne de Csar en Phaphi. Dionysarion
reconnat avoir reu d'Hermione, de la main la main et hors de
la demeure, cause de la mort de son mari, la dot qu'elle avait
apporte Hermias sous la garantie d'Hermione. Un vtement
valant deux cent quarante drachmes, des boucles d'oreilles, une
bague, [ ... ] et cent drachmes d'argent. Elle reconnat que [ledit]
accord est invalide ainsi que tout ce qui y est mentionn. Ni
Dionysarion ni quelqu'un d'autre agissant pour elle ne peut ester
contre Hermione ni contre les hritiers du dfunt Hermias, ni
propos de la dot, du mariage, ou de tout autre chose, crite ou
verbale, depuis les temps anciens jusqu' aujourd'hui. Puisque
Dionysarion est enceinte, elle n'estera pas contre Hermione propos des frais d'accouchement en excipant de cette affaire, et elle est
autorise exposer le bb et se marier un autre homme. Le
contrat est valide, et, en outre, si elle le transgresse, elle est passible
des dommages et intrts fixs. Nous demandons [que ce contrat
soit enregistr]. La 22 anne de Csar [Auguste], Pchon ...
XVIII
UNE GALERIE DE CARACTRES
Le chapitre prcdent l'a montr : les papyrus d'gypte donneraient matire maints romans. Ils nourriraient galement la
rflexion de plus d'un moraliste : leur manire, ils dressent le
portrait de leurs auteurs et pourraient servir de point de dpart
une thorie des caractres qu'affectionnaient tant les Anciens, et
aprs eux, les crivains du Grand Sicle. Selon son temprament,
chacun se lamentera ou se rjouira de cette permanence des travers et des penchants humains. L'historien des murs prendra
plaisir lire les tmoignages originaux et non littraires des comportements antiques.
1. -
LES STUDIEUX
n 202
262
Influencs par l'mile de Jean:Jacques Rousseau et par le prjug qui voudrait que la prise en considration de l'enfance soit
une proccupation moderne, nous estimons souvent que l'enfant
ne comptait pour rien dans l' Antiquit. Cette lettre du ue s., miraculeusement conserve, vient nous persuader du contraire: l'enfant qui crit dans une orthographe et une grammaire dplorables
n'hsite pas menacer son pre de cesser de lui obir; il fait la
loi. Nous essayons de rendre le tour enfantin de la lettre.
Manifestement, Thn le pre a beaucoup du son rejeton.
Alors qu'il lui avait promis de lui faire visiter la brillante capitale
de la province, Alexandrie, il est parti furtivement, le 12 Tybi
(environ le 7 janvier), probablement en prtextant d'avoir
affaire en ville, Oxyrhynchos, le bourg le plus proche, situ
une quarantaine de kilomtres d'Alexandrie. Pour soulager sa
conscience et apaiser son fils, il envoie un petit cadeau. Au bout
de six jours, le 18 Tybi, Thn-fils, ne voyant pas revenir son pre,
dcouvre la supercherie. Il crit son pre en l'accusant de l'avoir
tromp. Le cadeau? Une belle salet - le gamin emploie pch.:ta,
des gesses, une sorte de pois chiche d'eau, l o nous dirions
des nfles - qui l'a bien dsabus (mystre des langues,
Thn emploie ici le verbe navaco qui signifie abuser, exactement comme dans le franais contemporain, on emploie dsabuser pour dcevoir ) .
Plein de rage, le jeune Thn menace de devenir insupportable,
de cesser d'tre bien lev, et, suprme intimidation, de cesser de
s'alimenter. Il a d'ailleurs dj mis sa menace excution puisque
sa mre, excde, demande Archelas, probablement son prcepteur, de le garer de sa vue. Railleur, il se moque de son gniteur
en utilisant sur le verso de la lettre son diminutif, Thonas , le
nom que son pre devait lui donner dans l'intimit.
Thn-pre s'est-il laiss flchir par cette lettre d'un machiavlisme naf? Aucun document ne peut le confirmer. Seule reste
cette lettre, qui tmoigne des petits drames d'une vie familiale
263
LA VIE D'TUDIANT
P. Oxy. 2190 =Schubert IO- Oxyrhynchos -v. 100 ap.J.-C. 1
, .. Thn, son seigneur et pre, salut.
Tu nous as soulags de notre trs grand abattement en dclarant
que les vnements au thtre te sont indiffrents, mais j'esprais
gagner de splendides avantages en revenant rapidement [en bateau]
et qu'aije reu de mon empressement? Pour l'instant, dans ma
recherche d'un tuteur, j'ai dcouvert que Chrmon le professeur et
Didyme, fils d'Aristocls, avec qui il y avait un espoir que je puisse
moi aussi russir, non seulement ne se trouvent plus en ville, mais en
plus sont des dbris dans les mains desquelles la plupart des lves
ont pris le droit chemin du gaspillage de leur talent.
Je t'ai crit auparavant, tout comme j'ai crit l'entourage de
Philoxne, pour qu'ils considrent l'affaire, et ils m'ont prsent
l'homme qui a leur faveur. Quoiqu'il demandt l'indulgence de
Thn ,tu l'as immdiatement rejet, tu l'as toi-mme condamn
sous prtexte qu'il ne possderait pas la bonne formation. Quand j'ai
inform Philoxne de ta faon de voir, il a pens la mme chose et a
dclar qu'il ne plaignait la cit que pour cette pnurie de sophistes ;
et de dire qu'il lui semblait que Didyme, un de ses amis qui tient une
cole, est descendu [en bateau] et qu'il s'occupera des autres. En
particulier, il a commenc encourager les fils d'Apollonios le fils
d'Hrods de frquenter sa classe. En effet, eux comme lui cherchent jusqu' maintenant un professeur plus styl, puisque le tuteur
dont ils frquentaient les cours est mort. Mais moi, qui cherche des
professeurs dignes de ce nom et qui ne peut pas voir Didyme mme
de loin,je suis dsespr que lui, qui tait professeur dans la chra, se
soit mis en tte de rentrer en comptition avec les autres 1
Aussi, sachant cela - je veux dire qu'il n'est pas bon de quitter un
professeur, moins de payer pour rien des tarifs exorbitants, et que
je dpends de mon propre effort-, cris-moi rapidement ce qu'il
t'en semble.J'ai toajours Didyme sous la main, comme le dit aussi
Philoxne, et il me fournit toute l'aide. qu'il peut. En attendant,
j'coute ceux qui dclament, parmi lesquels Posidonios: peut-tre,
si les dieux le veulent,j'y arriverai.
Dsesprs par tout cela, nous ngligeons nos personnes. Il n'est
pas demand ceux qui ne sont pas encore aux affaires de prendre
soin d'eux, surtout lorsqu'ils ne peuvent pas apporter d'argent. Car,
264
ne s. ap. J.-C.
2. -
LES AMOUREUX
n 205
P. Magd. 14 = P. Enteuxeis 49
267
268
3. -
LES INGRATS
n 209
STROUTHOS OU LE FILS INDIGNE
269
qui, si ce que je dis dans ma ptition est vrai, peut limiter sa violence
et le contraindre me donner des assurances pour ma pension, afin
qu'il la paie rgulirement dans le futur. Lorsque cela sera fait,
Roi, j'aurai obtenujustice.
[De Diophans] : Ptolme : si cela est possible, tu rconcilies
toi-mme le pre avec Strouthos. Mais s'il campe sur ses positions, tu
me l'envoies et je ferai en sorte que les choses changent. La
26 anne [de Ptolme III], le 23 Dasios = 5 Phaphi. [21 nov. 222
av.J.-C.]
[Notation au verso] Strouthos a comparu et dit qu'il donnera
Pappos deux drachmes de cuivre par mois pour sa subsistance.
Pappos tait prsent et s'est dclar satisfait de ces termes.
Le vieux Pappos comptait sur son fils Strouthos pour lui procurer une vieillesse paisible et dgage des soucis matriels. La
solidarit entre les gnrations tait une coutume, et dans certains cas, une obligation lgale, puisque Pappos peut comparatre
devant Dioscourids. Malheureusement, il apprend ses dpens
qu'il a engendr un ingrat: non seulement le rejeton nglige son
vieux pre, mais en outre, il le vole. bout d'arguments, Pappos
en est rduit taler ses affaires de famille devant le stratge. Il
fait bien, car il obtient gain de cause, mme s'il doit faire des
concessions: au lieu de l'artabe de bl et de 2 drachmes de pension, il faudra qu'il se contente des quatre drachmes.
n 210
ANTONIUS OU LE FILS PRODIGUE
270
271
4. -
LES INQUIETS
n 212
PTOLME OU LE MAQUIGNON POSSD 1
P. Mich. 679 = SB 1386'7 - prov. inconnue - II sicle ap. J.-C.
0
[Par] Sarapis l Toi, qui que tu sois, qui lis la lettre, fais un petit
effort et traduis aux femmes ce qui est crit dans cette lettre et transmets-le-leur.
Ptolme sa mre Zosime et sa sur Rhodous, salut 1Vous me
faites des reproches par des lettres et par des messagers, comme si
j'avais mal fait. Aussi, je jure par tous les dieux que je n'ai rien fait
de ce qui a t dit, part ce qui concerne les nes de Karas. Mais
vous sembliez mentir en m'attendant. Et si vous tes en colre parce
que je n'ai rien envoy mme sij'ai entendu, la raison est que j'ai
reu un coup de sabot de cheval et que j'tais en danger de perdre
mon pied, ou mme ma vie. Je vous en veux, parce que vous ne vous
tes pas enquis de moi, ni par des mots ni par des lettres. Plaisent
aux dieux que 'aurait t bien [vingt lignes manquent].
Mais je l'ai aussi retenu et il s'est amus pendant quatre jours,
nuit et jour. Le jour d'aprs, quand il n'y eut plus une goutte
boire, il s'est lev en me disant: Veux-tu que l'on t'achte au march une mine de viande? J'ai dit: oui. Immdiatement, je lui
ai donn deux pices de quatre oboles pour la mine de viande. Bien
qu'il ait pris les deux pices de quatre oboles, il n'a ramen ni la
viande ni la monnaie, etje ne l'ai plus jamais revu.Je ne vous cris
pas cela pour l'argent mais pour dire son tat d'esprit propos de
ma sur. Par respect de vous tous, je lui ai interdit de lui parler de
l'argent qu'il lui devait. Par les dieux, j'tais dsespr quand j'ai
appris ce qu'il a fini par devenir, cause d'un peu d'argent.
Je regrette que toi, Rodhous [ ... ],tu ne te sois pas prsente pour
le 25 du dieu. Je te supplie de venir chez moi pour le 70 du dieu,
comme dans ta propre maison. La mme affection demeure. Supplie
aussi la vieille de venir. En ce qui concerne la lettre que vous m'avez
envoye, comme je ne l'ai pas reue,j'ai dit: Non, par Srapis, je ne
le rejette pas, car je ne suis pas stupide. [6 lignes manquent].
Elle est totalement maladroite. Comme tu tais loin de moi,
j'tais dans le dsespoir pendant quatre jours, de peur qu'elle soit
malade ou qu'elle ait connu quelque autre problme et j'ai envoy
ma sur, en utilisant Karas comme un prtexte. En apprenant comment elle va, j'ai rvl toute l'affaire. Son frre Ammonios [a dit]
ma sur qu'elle tait partie. Quand j'ai entendu qu'elle tait partie, cela m'a rendu joyeux de ce qu'elle n'tait pas malade et qu'aucun mal ne lui tait advenu. Mais je suis en colre parce qu'elle ne
1. A. BLOW:JACOBSEN & V. P. McCARREN; P. Haun. 14, P. Mich. 679, and
P. Haun.15 - a Re-edition , 'Zeitschrifl far Papyrologie und Epigraphik 58, 1985, p. 71.
272
m'a pas dit au revoir; elle est partie sans moi. Mais il n'y a rien d'inhabituel dans son manque de considration. Moi je voulais vous
envoyer le tout. Je prie que vous soyez en bonne sant. Saluez
Tapsois et sa mre Isarous.
273
5. -
LES RAFFINS
n 214
AQUILAS OU LE PHILOSOPHE
274
n 215
FLAVIUS HERCULANUS OU LA TENDRE AMITI
Flavius Herculanus, qui est sans doute un gros fermier (qui travaille l'table), crit Aplnarion, avec qui il parat entretenir
des relations plus que tendres, mme si elle ne parat pas tre sa
sur. Est-ce une faon hyperbolique de s'exprimer? Est-<:e davantage que de l'amiti? En tout cas, il y a de belles formules dans
cette lettre qui exprime la douleur de 1' loignement d'une amie.
n216
AURELIUS THNINOS OU L'AMI CULTIV
275
217
EUNOOS OU LE PRCIEUX
XIX
Les historiens de !'Antiquit l'indiquaient dj: la mort exerait une grande fascination sur les gyptiens. L'importance de la
survie matrielle du cadavre en vue de sa survie spirituelle, le
faste des enterrements, l'importance des croyances lies la
mort, envotent en tout cas nos contemporains. Et pour l'historien, les pratiques lies au dcs et aux funrailles donnent de
prcieux renseignements sur la mentalit des gyptiens. En effet,
en abordant les terres o rgne la mort, on atteint des zones sensibles o s'exprime la sensibilit profonde. Il ne faut donc pas
s'tonner de ce que ni les Grecs, ni les Romains, ni les gyptiens
n'aient voulu abandonner leurs pratiques funraires: en gypte,
elles se sont mlanges et ont form une synthse particulire
et indite.
277
Pour les gyptiens, tout d'abord, le rituel des funrailles consistait faire du mort un nouvel Osiris, un nouveau dieu revivifi.
Le dfunt s'associait symboliquement aux preuves subies par
Osiris : la mort et la ressuscitation grce la protection d'Isis et
d'Anubis. Aprs la mort de l'individu, on oignait son visage, on
vidait son corps, on le dposait dans le sel de natron pour le desscher et on l'emmaillotait. Ensuite, devant le tombeau se droulait la Rsurrection. On dressait le sarcophage sur un
terre-plein de sable et on le pleurait. Puis, le prtre procdait au
rituel de l'ouverture de la bouche et de l'imposition de l'il oudjat, l' il protecteur d'Horus. Le dfunt tait alors devenu un
Osiris et pouvait tre plac dans son tombeau.
Pour les Romains, le rite funraire tait bien diffrent. Aprs
l'avoir lav, on exposait le cadavre dans la maison, visage dcouvert et vtu de blanc. Puis on prenait un moulage de sa tte, que
l'on peignait, garnissait de cheveux et incrustait d'yeux en verre.
Cette imago reprsentait le dfunt: c'tait elle que l'orateur
adressait sa laudatio, son loge funbre. Pour les Romains, en
effet, l'immortalit rsidait dans la bonne renomme dont on
conservait la mmoire. Aprs l'enterrement, l'imago tait place
parmi les anctres, dans l'atrium de la demeure, avec un rsum
de l'loge funbre. Ds lors, elle s'associait aux gnies domestiques, qui il convenait de rendre un culte.
Les portraits du Fayoum semblent se trouver mi-chemin
entre ces diffrents cultes. Ils s'insrent dans une srie de dveloppements rgionaux de l'art romain: la notion romaine d'honorer un mort dans un buste commmoratif fut interprte selon
les sensibilits locales. En Cyrnaque ou Palmyre, on retrouve
le mme got pour les portraits funraires.
En gypte, certains portraits sont de simples planches
peintes 1 : ils ne sauraient reprsenter le mort dans le rituel de
1. On distingue plusieurs sortes de portraits : des linceuls peints, figurant le
dfunt soit en pied, soit son visage; des cartonnages; des portraits en pltre
(buste, masque, masque et mains) ; des portraits peints sur une planchette de
bois et insrs dans les bandelettes ou dans le cartonnage. Pour les portraits en
bois, on utilisait des planches de sycomore ou d'acacia, que l'on enduisait d'un
pltre qui permettait de fixer la peinture. On utilisait des pigments locaux:
charbon pour le noir, ocre naturelle pour les bruns, azurite pour les bleus, ocre
jaune ou orpiment (arsenic sulfur) pour les jaunes. Pour lier les pigments, on
utilisait le plus souvent de la cire (la fameuse cira punica dcrite par Pline) chauffe (technique dite l'encaustique ).
278
2. -
PAPYRUS ET FUNRAILLES
280
n 218
LETIRE DE DEUIL
P. Oxy. 115 =Deij3mann 11 = Wilck. Chrest. 479 - Oxhyrhynchos n sicle ap. J.-C.
Irne Taonnphris et Philon, bon rconfort.
En deuil, j'ai pleur sur le bienheureux, comme je pleure pour
Didymas. Et toutes les choses qu'il convient de faire, je les ai faites,
ainsi que tous les miens, paphrodite et Thermouthion, Philion,
Apollonios et Plantas. Mais, cependant, contre de telles choses, on
ne peut rien. Aussi rconfortez-vous l'un l'autre. Portez-vous bien.
Le l'Hathyr [28 octobre].
[Verso] Taonnphris et.Philon.
281
Stud. Pal.
XXII,
56 - Soconponse -
II-In
sicle ap.J.-C.
Huile: 12 dr. 2 ob.; cythra [Ku0pa, vase en terre] : 2 oh.; couverture rouge: 4 dr. 19 ob.; cire: 12 dr.; myrrhe: 4 dr. 4 oh.; miel:
4 ob. ; graisse : 8 ob. ; lin : 136 dr. 16 oh. ; masque : 64 dr. ; huile :
41 dr.; prparation (~tpaKov) pour le lin: 4 dr.: huile fine: 4 dr.;
salaire de Tourbon : 8 dr. ; torches : 24 dr. ; prix d'une vieille tunique :
8 oh. ; friandises : 20 ob. ; orge : 16 dr. ; entaille de la pierre : 4 dr. ;
gomme : 8 dr. ; petit masque : 14 dr. ; 2 artabes de pain : 21 dr. ;
pommes de pin : 8 ob. ; guirlandes : 16 oh. ; pleureuses : 32 dr. ; [prix]
de l'ne du bateau : 8 dr. ; pices : 12 oh. Total : 440 dr. 16 oh.
282
Une fois enterrs, les morts faisaient l'objet d'un culte (libations, offrandes) et d'une surveillance constants :
n 224
PLAINTE POUR VIOLATION DE SPULTURE
283
corps qui y taient ensevelis, et en mme temps ont emport le mobilier que j'y avais mis, pour un montant de 10 talents de cuivre.
Comme la porte est reste grande ouverte, il s'est trouv que des
corps en bon tat laisss sans spulture ont beaucoup souffert des
loups, qui les ont dvors.
Par consquent, j'intente une action contre Poris [... ] et son
frre Phagnis : je demande qu'ils soient conduits devant toi et,
aprs une enqute prcise, que l'on prenne une bonne dcision.
Sois heureux.
3. -
284
P. Ross. Georg.
III,
285
Par consquent, Mre, comme une femme raisonnable, rassemble tes affaires en recevant la lettre par Harpocras : fais ce qu'il
y a le plus raisonnable pour nous. Tu peux mettre en location certains de tes biens, mettre les autres en lieu sr et te hter de venir
chez nous. Bon courage, Madame !
CPR VI, 81
= SB 13946 -
286
,,/
XX
POURQUOI ONT-ILS CRIT?
288
1. -
Que l'criture ne soit pas le mdium de la transmission d'informations, une srie de remarques convergentes et bien connues
nous le prouvent. La difficult est d'abord technologique: la technique d'criture dans !'Antiquit n'tait pas trs performante. Le
support, le papyrus, cotait extrmement cher. Si l'on en croit les
estimations de prix ralises par H.J. Drexhage 1, la feuille de papyrus cotait au ier et au ne sicle environ 4 dr., ce qui reprsentait
prs de 5 jours de salaire d'un ouvrier agricole. En outre, l'encre
tait difficile utiliser et les critoires peu performantes.
Ensuite, il convient de noter la trs faible quantit de personnes
sachant lire. Selon les tudes de William Harris 2, il est probable
qu' peine 2 4 % de la socit connaissait ses lettres. En effet, le
nombre d'endroits pour apprendre lire tait extrmement
rduit et supposait, pour y entrer, un niveau social lev. La plupart des changes commerciaux se faisaient oralement et l'on pouvait parfaitement conduire ses affaires sans tre lettr. Pourquoi
apprendre crire, d'ailleurs? Les crivains publics n'taient pas
rares, et l'on pouvait toujours faire autrement pour viter d'avoir
crire. Les gyptiens illettrs, enfin, n'taient pas dnus d'ingniosit : Petays, le cmogrammate illettr, a rempli apparemment
sans souci son office en dirigeant les scribes de son bureau.
Il convient galement de remarquer que l'absence de systme
postal pour les particuliers conduisait une utilisation intensive
des messagers qui pouvaient porter des nouvelles autant crites
qu'orales. L'anonymit du systme de transport n'existant pas, le
recours un document crit n'tait pas ncessaire : le messager
pouvait aussi bien dlivrer le message oralement. Et mme lorsqu'une administration postale tait mise en place, comme c'tait
le cas avec le cursus publicus, les postiers ne se considraient pas
comme de simples convoyeurs sans bouche ni oreilles : ils pouvaient tre questionns par les destinataires et servaient probablement d'espions !'Empereur.
1. Han~::Joachim DREXHAGE, Preise, Mieten/Pachten, Kosten und Lohne im
Romischen Agypten bis zum Regi,erungsantritt Diokletians, St. Katharinen, Scripta
Mercaturre, Vorarbeiten zu einer Wirtschaftsgeschichte des rmischen
gypten 1, 1991
2. William W. HARRIS, Ancient Literacy, Cambridge/London, Harvard
University Press, 1989.
289
Enfin, il ne faut pas croire que l'invention de l'criture engendra immdiatement son adoption : un obstacle pistmologique
majeur contribua freiner la diffusion de l'crit : la rsistance
obstine de la civilisation orale. Longtemps l'crit fut subordonn
l'oral, comme l'ont montr les travaux d'Eric Havelock :
Les formes de langage et de pense de l' oralit originelle considre comme une technologie de conservation perdurrent longtemps aprs l'invention [de l'criture] [... ].Alors que l'alphabet,
par son efficacit phontique, tait destin remplacer l'oral par
l'crit, la premire tche qu'on lui assigna historiquement fut de
rendre compte de l'oral, avant que celui-ci ne ft remplac 1
2. -
290
291
Avant de rpondre la question, dbarrassons-nous immdiatement de trois cas de figure qui justifient le recours l'crit.
1. Les textes littraires mis sous forme de lettres. Les ouvrages de
Snque ou de Pline le Jeune sont des lettres destines passer
la postrit, c'est--dire tre conserves : il convient de ne pas
se laisser abuser par l'artifice littraire et de les classer parmi les
autres textes littraires. Malgr la critique qu'elle a essuye, la distinction d'Adolf Deissmann entre Epistel (lettre littraire) et Brief
292
4. -
La volont de conserver et de se souvenir, un moyen de combattre l'absence: ces deux raisons permettent d'expliquer le
recours coteux - en temps, en nergie, en comptence et en
argent- l'crit de bien des documents. Tous ne peuvent pourtant pas tre analyss par ces deux facteurs. Prenons par exemple
la lettre de Mystarion : Mystarion son cher Stototis, mille bonjours. Je t'ai envoy mon cher Blastos pour les btons fourchus
294
296
l'crit. Pourquoi, par exemple, beaucoup d'invitations ressemblent celle-ci: Hrais t'invite au repas l'occasion du mariage
de son enfant, dans sa maison, demain le 5, la 9 heure
(n 172) ? Qui aurait l'ide d'inviter quelqu'un, dujour au lendemain, au mariage de sa fille ? La proximit de date suppose que
le destinataire habitait la mme ville et pouvait aisment tre prvenu par oral. En outre, certaines lettres pouvaient tre retouches par une autre main, ce qui suppose que 1' on avait fait appel
un scribe : pour lancer leurs invitations, mme les illettrs voulaient crire . Une rgle de politesse semble sousjacertte : il
fallait recevoir une invitation crite. Comment expliquer ce
recours ? De nouvelles recherches sur la valeur de l'crit dans
l'Antiquit grco-romaine demeurent encore conduire.
BIBLIOGRAPHIE
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1104 n 200.
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1211n4.
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CPR
VI, 81 n 227.
XVIII, 1 n 181.
DeijJmann
5 n 180.
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Ghedini.
1n12.
11 n 31.
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Hengstl
10 n 13.
309
15 n 58.
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40 n 205.
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65 n 103.
72 n 171.
82 n 202.
88 n 208.
93 n 180.
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100 n 144.
107 n 131.
123 n 149.
128 n 61.
157 n 159.
161n226.
Mitt. Chrest.
8 n 7.
19 n 61.
39 n 5.
42 n 59.
117n153.
224 n 205.
285 n 171.
Naldini
1 n 27.
5 n 35.
19 n 33.
21 n 31.
29 n 34.
32 n 213.
35 n 30.
40 n 37.
42 n 32.
78 n 175.
O. Berol.
inv. 25470 n 76.
O. Claud.
1 n 87.
4 n 88.
53 n 89.
141 n 91.
156 n 90.
O. Deiss.
64 n 193.
O. Edfou
41 n 21.
O. lphantine
114 n 14.
O. Mich.
91n129.
Olsson
17 n 198.
30 n 19.
32 n 130.
56 n 132.
77 n 131.
P. Abinn.
32 n 37.
P. Alex.
29 n 33.
P. Amst.
26 n 116.
P. Bingen
46 n 57.
77 n 138.
P. Bouriant
14 n 163.
21 n 81.
25n175.
P. Brem.
63 n 25.
P. Bruxelles
13 n 70.
P. Cair. Zen.
59060 n 44.
59067 n 43.
59092 n 41.
59129 n 42.
59156 n 48.
59251 n 1.
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11 n 43.
P. Dion.
15 n 93.
P. Enteuxeis
13 n 159.
23 n 17.
25 n 209.
49 n 205.
79 n 6.
82 n 5.
83 n 7.
P. Fam. Tebt.
10 n 64.
12 n 65.
13 n 66.
14 n 67.
17n 68.
18 n 69.
P. Fay.
28 n 162.
114 n 132.
P. Fior.
127 n 135.
332 n 92.
367 n 216.
P. Gen.
19 n 169.
139 n 71.
inv. 111n142.
P. Giss.
19 n 22.
27 n 24.
40 n 11.
80 n 204.
P. Gradenwitz
2 n 15.
P. Graux11
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P. Grenj. JI
73 n 31.
P. Hal.
1 n 2.
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P. Hibeh
54 n 180.
P. land.
92 n 45.
97n2ll.
P. !FAO
104 n 18.
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114 n 128.
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63 n 36.
P. Leid.
C n 110.
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1n46.
P. Lond.
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713 n 31.
717 n 220.
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1980 n 68.
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2 n 159.
14 n 205.
24 n 6.
33 n 5.
42 n 7.
P. Merton
12 n 143.
P. Mich.
145 n 164.
155 n 117.
157 n 28.
158 n 29.
217 n 206.
424 n 121.
P. Paris
467 n 83.
468 n 84.
6 n 224.
10 n 149.
471 n 85.
23 n 109.
473 n 86.
47 n 111.
482 n 27.
69 n 78.
679 n 212.
P. Philadelphie
757 n 123.
33 n 80.
inv. 3510 n 74.
P. Prague
P. Miss.
114 n 136.
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P. New York University inv. P. Princ.
38 n 133.
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P. Oxy.
51 n 194.
P. Rainer Cent.
67 n 8.
Ill n 172.
P. Rainer Unterricht
115 n 218.
119 n 202.
7 n 166.
178 n 165.
219 n 176.
P. Reinach
282 n 153.
15 n 93.
294 n 198.
43 n 156.
299 n 131.
P. Ross. Georg.
315 n 154.
1, 20 n 141.
413 n 177.
III, 2 n 226.
475 n 197.
P. Ryl.
519 n 182.
77 n 77.
528 n 208.
197 n 73.
705 n 82.
238 n 134.
724 n 144.
P. Teb.
744 n 199.
9 n 52.
804 n 127.
10 n 51.
886 n 126.
14 n 59.
896 n 192.
17 n 58.
932 n 157.
30 n 56.
1021n13.
33 n 8.
1189 n 26.
39 n 60.
1381n105.
43 n 63.
1477 n 103.
49 n 61.
1627 n 79.
67 n 55.
1676 n 215.
84 n 53.
1680 n 213.
87 n 54.
2190 n 203.
104 n 171.
2342 n 158.
278 n 167.
2601 n 30.
333 n 196.
2782 n 96.
730 n 195.
2791n168.
1099 n 62.
2792 n 170.
P. Turner
2843 n 147.
9 n 178.
3069 n 214.
14 n 140.
3555 n 146.
42 n 201.
3809 n 145.
P. Yale
3812 n 217.
134 n 114.
3834 n 118.
P. 'Zen. Pest.
3994 n 207.
51n45.
4339 n 179.
311
An 46.
B n 49.
PGL
1214 n 124.
PGM
1, 1-42. n 122.
I, 247-262 n 120.
IV, 2455-2464 n 119.
IV, 2475-2496 n 125.
VII, 661-663 n 113.
xxna, 11-17 n 115.
PSI
340 n 45.
402 n 139.
406 n 38.
429 n 47.
502 n 50.
1016 n 101.
1041 n 34.
SB
939 n 223.
3451n104.
3924 n 10.
4254 n 193.
6824 n 28.
6825 n 29.
7249 n 206.
7572 n 160.
9199 n 95.
9545 n 184.
9564 n 18.
9633 n 193.
10239 n 154.
11586 n 174.
12199 n 183.
12606 n 161.
12637 n 75.
13867 n 212.
13946 n 227.
Schubert
5 n 169.
7 n 71.
9 n 202.
10 n 203.
26 n 208.
27 n 30.
39 n 99.
44 n 144.
46 n 139.
55 n 4.
56 n 112.
60 n 20.
66 n 77.
SP
2 n 171.
6 n 151.
15 n 144.
37 n 101.
78 n 222.
88 n 44.
93 n 1.
95 n 180.
97 n 106.
100 n 111.
105 n 199.
107 n 19.
108 n 131.
109 n 132.
113 n 12.
114 n 92.
116 n 204.
120 n 210.
125 n 208.
140 n 135.
143 n 134.
147 n 216.
151 n 215.
153 n 213.
161 n 37.
165 n 175.
179 n 47.
182 n 41.
195 n 103.
207 n 2.
208 n 4.
211n10.
212 n 20.
215 n 11.
234 n 149.
235 n 13.
241 n 77.
242 n 78.
244 n 99.
266 n 139.
269 n 5.
272 n 108.
276 n 60.
309 n 162.
335 n 195.
336 n 196.
337 n 197.
339 n 51.
360 n 192.
362 n 79.
383 n 73.
402 n 182.
416 n 8.
Stud. Pal. XXII,
56 n 221.
Suppl. Mag.
22 n 116.
76 n 114.
Tibiletti
1 n 226.
2 n 211.
20 n 214.
24 n 37.
UPZ
8 n 112.
14 n 108.
18 n 109.
59 n 106.
60 n 107.
70 n 111.
77 n 110.
121n149.
187 n 224.
Wilck. Chrest.
3 n 196.
17 n 24.
22 n 11.
41 n 78.
48 n 192.
60 n 19.
76 n 99.
96 n 94.
97 n 106.
101n159.
117 n 185.
127 n 31.
129 n 37.
140 n 144.
160 n 51.
165 n 58.
231 n 54.
233 n 56.
407 n 82.
445 n 12.
448 n 63.
477 n 180.
479 n 218.
484 n 172.
492 n 182.
494 n 197.
TABLE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. Papyrus, plomb, parchemin, cire et poterie . . .
2. Les hritiers de l'gypte des pharaons . . . . . . .
3. Grec, copte, latin, hiroglyphique ou dmotique
4. Pourquoi cette anthologie ? . . . . . . . . . . .
5. Oxyrhynchos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les limites de cette anthologie . . . . . . . . . . . . . . . .
.7
8
9
10
11
13
14
Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
17
Notes
21
21
1.
2.
3.
4.
5.
22
23
24
25
28
30
33
313
PREMIRE PARTIE:
37
41
41
51
55
55
57
63
65
65
70
76
80
80
81
85
Deuxime partie:
Les voix du pouvoir et de l'administration
91
107
109
111
117
130
Troisime partie :
Les voix des dieux et des dmons
X. Les temples d'gypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. Anciens et nouveaux cultes . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Les rapports entre religion et tat . . . . . . . . . .
3. La pit en gypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
153
155
156
162
164
Quatrime partie :
Banalit et mystre: les voix de la vie prive
XIII. Mille et une activits, mille et une conditions . . . .
1. Les travaux agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Banquiers et commerants . . . . . . . . . . . . . . . .
3. Mdecins et chirurgiens . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4. Le monde des esclaves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
181
201
203
203
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277
277
. ;i .....................
XX. Pourqu01. ont-11 s ecnt.
1. L'criture, un choix positif dans !'Antiquit ..
2. crire pour laisser une trace ..............
3. La lettre comme acte de prsence ..........
4. L'crit comme acte d'autorit .............
288
.
.
.
.
.
280
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Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299
Abrviations et index des sources
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303
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NOUVEAU DICTIONNAIRE
DE MYTHOLOGIE GYPTIENNE
par Isabelle Franco
AFFAIRES ET SCANDALES SOUS LES RAMSS
par Pascal Vernus
La Crise des Valeurs dans l'gypte du Nouvel Empire.
VOYAGE DANS LA BASSE ET LA HAUTE GYPTE
par Vivant Denon
A l'origine de l'gyptologie, la dcouverte de l'empire des pharaons
par le fondateur du Louvre.
CHAMPOLLION
par Hermine Hartleben
La biographie fondamentale consacre au plus grand
gyptologue franais.
LE SECRET DES BTISSEURS DES GRANDES PYRAMIDES
par Georges Gayon, Matre de recherche au CNRS
Nouvelles donnes sur la construction des monuments mgalithiques.
L'AVENTURE ARCHOLOGIQUE EN GYPTE
par Brian M. Fagan
Grandes dcouvertes, pionniers clbres, chasseurs de trsors
et premiers voyageurs.
DJSER ET LA li' DYNASTIE
par Michel Baud
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L 'GYPTE ANCIENNE
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