19 Chap 13
19 Chap 13
19 Chap 13
Qualit de l'eau
Bernard Festy, Philippe Hartemann, Martine Ledrans, Patrick
Levallois, Pierre Payment, Dominique Tricard
Chapitre 13
Qualit de l'eau
Bernard Festy, Philippe Hartemann, Martine Ledrans, Patrick
Levallois, Pierre Payment, Dominique Tricard
1.
1.1
1.2
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
3.
3.1
3.2
3.3
4.
Gnralits
Ressources, usages et pollution des eaux: quelques rappels
Expositions humaines et risques sanitaires: un aperu global
Eaux destines la consommation humaine
Introduction
De la ressource la distribution
valuation des risques
Gestion technique
Gestion sanitaire - surveillance pidmiologique
Quelques exemples actuels de risques
Eaux de loisirs
Introduction
Piscines
Baignades
Aspects gnraux de la gestion de l'eau
334
1. GNRALITS
1.1 Ressources, usages et pollution
des eaux: quelques rappels
L'eau est d'une importance biologique et
conomique capitale. L'hydrosphre est le fondement de la vie et des quilibres cologiques. L'eau
est la fois un aliment, ventuellement un
mdicament, une matire premire industrielle,
nergtique et agricole, et un moyen de transport. Ses usages sont donc multiples mais, s'agissant de sant humaine, ils sont domins par
l'agriculture et l'aquaculture, l'industrie et l'artisanat, les loisirs aquatiques dont la baignade et,
surtout, la fourniture collective ou individuelle
d'eau potable, utilisable des fins alimentaires
(eau de boisson, cuisine) mais aussi domestiques
et d'hygine (figure 13.1).
Le degr de qualit exigible des eaux dpend
videmment de ces usages, et on est particulirement attentif la qualit des eaux destines la consommation humaine ( E D C H ) ,
elle-mme dpendante de celle des ressources en
eau disponibles. Rappelons que l'essentiel des
ressources plantaires est reprsent par les eaux
ocaniques (- 97 %) qui constituent, certes, un
rservoir biologique essentiel l'alimentation
humaine, mais qui sont trs difficilement utilisables par ailleurs. L'eau de mer est aussi, aprs
vaporation, l'origine des ressources hydriques
continentales, souterraines et superficielles, fort
prcieuses pour l'humanit, mais souvent insuffisantes, ici ou l, en quantit ou en qualit.
Cette dernire, qui met en cause les usages des
ressources, mais aussi les quilibres cologiques
des milieux hydriques, est tout particulirement
affecte par les dchets issus des activits
humaines, trs souvent mal grs, qu'il s'agisse
de dchets solides (ordures mnagres, rsidus
industriels), gazeux (acidification ou eutrophisation lies la pollution atmosphrique), ou l i quides (eaux rsiduaires urbaines, industrielles
ou agricoles, eaux de ruissellement). Ces eaux,
plus ou moins convenablement traites, font
courir des risques au milieu rcepteur, notamment le secteur hydrique, dont les capacits
auto-puratrices naturelles sont limites. Il en
rsulte des altrations cologiques et des rpercussions sur les usages humains des eaux, plus
ou moins faciles corriger par des traitements
onreux et complexes. Donc, une bonne gestion
QUALIT DE L'EAU
335
pandage
agricole
Dchets
pandage
agricole
Eaux rsiduaires-boues
Rejet dans le milieu rcepteur
puration
Contamination probable
Eaux superficielles
Eaux marines
Ressources
en eau
(Traitement)
(Traitement)
Usages
Aquaculture
Eaux
d'alimentation
Eaux
souterraines
Baignades
Agriculture
aquaculture
Eaux
d'alimentation
Agriculture
Piscines
Source: Festy et Tricard (1989)
d'puration). Des organismes aquatiques (poissons, mollusques, crustacs) sont capables d'accumuler certains radio-lments, crant une
contamination de la chane alimentaire.
La pollution chimique est probablement la
plus frquente, trs ressentie et trs diverse. Il
s'agit d'abord de contaminations par des composs inorganiques, par exemple:
-
sodium et chlorures;
336
usages de l'eau (tableau 13.1). La voie d'exposition dominante pour la population est l'ingestion: elle concerne essentiellement des apports
alimentaires, par l'eau de boisson elle-mme ou
des aliments contamins par l'eau in situ; cet
gard, les capacits de bioconcentration de contaminants du milieu par des organismes aquatiques, tels les coquillages, sont particulirement
dangereuses pour le consommateur (Hartemann
et coll., 1986). L'ingestion involontaire d'eau
contamine intervient au cours des loisirs ou des
sports aquatiques, ou lors d'oprations professionnelles impliquant un contact avec des eaux
fortement contamines.
La pntration pulmonaire par inhalation
d'arosols contamins par l'eau n'est pas ngligeable: elle concerne, en particulier, les activits de loisirs (piscines, spas, baignades), le
thermalisme, les milieux domestique, hospitalier ou htelier (les lgionelloses sont un exemple trs actuel de ce risque) et certains milieux
professionnels (traitement et pandage des eaux
et boues rsiduaires).
La voie cutano-muqueuse est aussi concerne dans la plupart des circonstances prcdentes, loisirs notamment. Le contact avec la
muqueuse oculaire peut tre en cause pour les
amibes libres la suite de contaminations par
lavage des lentilles cornennes l'eau du robinet.
Il est noter que les loisirs et les sports aquatiques en gnral constituent des circonstances
o sont associs les trois types d'exposition.
Enfin, citons la voie trs particulire constitue par l'accs parentral (dialyse), pouvant
tre l'origine d'intoxications chimiques, historiques pour l'aluminium, plus rcentes pour
les chloramines et certaines toxines cyanobactriennes,
ou
d'infections
bactriennes
(Pseudomonas et Aeromonas sp) (Hasley et
Leclerc, 1993).
Les contaminants hydriques sont essentiellement de nature biologique ou chimique ( O M S ,
1994; Vial et Festy, 1995). Les premiers sont des
bactries (saprophytes, opportunistes ou pathognes), des virus, des parasites, des fungi et des
(micro-) algues. Le risque hydrique microbien
est de loin le plus vident l'chelle mondiale.
Pour l'essentiel, il se manifeste court terme et
il est d'origine fcale. Dans les pays dvelopps, il survient le plus souvent dans des circonstances accidentelles, mais il revt un aspect permanent et chronique dans nombre de pays en
QUALIT DE L'EAU
337
Tableau 13.1 Quelques dangers lis aux eaux: nature et importance relative
Eaux/usages de l'eau
Loisirs: baignades
et activits associes
Loisirs: piscines, spas,
etc.
Thermalisme
Population
public
public,
professionnels
Danger biologique
et pathologies associes
+++
digestive,
cutano-muqueuse, ORL
Danger chimique
et substances associes
?
+(+)
ORL, cutano-muqueuse.
pulmonaire
drivs halognes
volatils
++
usagers
pulmonaire,
cutano-muqueuse
Hospitaliers
malades
+++
pulmonaire, ORL,
cutano-muqueuse,
septicmie
+
professionnels
consommateurs
(vgtaux crus),
professionnels
Conchyliculture
consommateurs
(concentration)
levages industriels
(volailles)
animaux.
consommateurs
Eau potable
consommateurs
digestive, pulmonaire,
cutane
++
digestive, pulmonaire.
cutane
aluminium, NO2-,
toxines algales
?
(composs volatils)
?
mtaux, organiques
organiques
+++
digestive,
(para)typhodes, hpatite A,
vibrioses, affections
neurologiques
mtaux lourds
++
digestive
++
digestive, pulmonaire,
cutano-muqueuse
338
QUALIT DE L'EAU
339
Tableau 13.2 Les principales infections humaines transmissibles par l'eau (modifi d'aprs Leclerc et coll., 1982)
Origine la plus frquente
Agent responsable
Sphre digestive
Fivres typhodes
Salmonella typhi
(Para A - B)
Gastro-entrites
E. coli
Salmonella sp.
Shigella sp.
Yersinia
Campylobacter
Giardia
Cryptosporidium
Rotavirus
Cholra
Hpatites A et E
Coquillages, E.B.*
E.B.,
aliments crus,
baignades
Vibrio cholerae
Virus
Sphre respiratoire-ORL
Lgionellose
Mycoses pulmonaires
Legionella sp.
Aspergillus sp.
Actinomyctes,
thermophiles
Affections ORL
Adnovirus
Rovirus
Piscines, baignades
Baignades (eau douce)
Meningo-encephalites amibiennes
Sphre cutano-muqueuse
Dermatomycose
Dermatophytes
Piscines
Candidoses
Candida albicans
Baignades
Leptospirose
Leptospires
Suppurations bactriennes
Streptocoque hmolytique
groupe A
Staphylococcus
Pseudomonas
Piscines
Baignades
Furcocercaires
Dermatites
*EB: Eau de boisson
340
de pollution des eaux uses reues, et des analyses compltes apporteront des indications sur
la qualit bactriologique et chimique, en fonction de laquelle on jugera, en conformit avec
les directives, du traitement leur appliquer.
Tout captage d'une eau souterraine (source
ou forage) ncessite une enqute h y d r o gologique mene par un gologue officiel en
vue de dterminer
-
Traitement de l'eau
Il est inexistant en cas d'utilisation d'eau souterraine bien protge et conforme aux normes de
potabilit et pour un court rseau de distribution. Il peut comporter simplement une tape de
filtration couple une post-dsinfection au
chlore. Il peut enfin comporter toute une srie
d'tapes lorsque la ressource est d'origine superficielle et contient donc divers polluants chimiques et biologiques. Il comporte en gnral les
tapes suivantes (le nombre et le choix des tapes
tant fonction de la qualit de l'eau brute):
-
QUALIT DE L'EAU
341
342
personne, particulirement dans les zones dfavorises. L'eau est un vhicule idal de transmission des microorganismes pathognes (virus,
bactries, parasites, champignons); certains
(virus et parasites entriques) ont une dose m i nimale infectante faible ( D M I ) caractristique
de leur infectivit: il suffit de 1 10 units
viables pour infecter un i n d i v i d u sensible;
d'autres (bactries, champignons, algues)
doivent tre prsents en quantit beaucoup plus
importante pour dclencher l'infection et la
morbidit. La D M I rapporte pour la plupart
des agents bactriens dpasse 1000 units
viables. De plus, les bactries, contrairement
aux virus et parasites, sont beaucoup plus sensibles la dsinfection par le chlore, ce qui
diminue considrablement le risque d'pidmie
dues des agents bactriens (Haas, 1983) (voir
encadr 13.1).
Les eaux uses sont trs charges en microorganismes pathognes, et les concentrations en
virus, bactries et parasites peuvent atteindre
plusieurs milliers par litre et mme le million
dans les pays en voie de dveloppement et ceux
o l'eau est plus rare. Le traitement des eaux
uses, l o il est effectu, peut rduire ces concentrations de un ou deux ordres de grandeur,
mais les effluents sont encore trs chargs. Dans
QUALIT DE L'EAU
343
344
Probabilit d'infection
(exposition 1 organisme)
Campylobacter
710 -3
1,4
Salmonella (typhi)
2,310 -3 (3,8.10 -5 )
4,3 (263)
Shigella (dys. 1)
110 -3 (4,97.10 -4 )
10 (20)
(110 -4 )
(100)
710 - 6 (1,5.10 -5 )
1 428 (667)
Poliovirus 1 (3)
1,510 -2 (3,1.10 -2 )
0,67 (0,32)
Echovirus 12
1,710 -2
0,59
Rotavirus
3,110 -1
-2
0,03
9,110
Qiardia lamblia
1,9810 -2
-1
(2,8.10 )
0,1 (0,04)
0,5
QUALIT DE L'EAU
345
346
QUALIT DE L'EAU
347
348
QUALIT DE L'EAU
europenne (1998); de mme, la C M A provisoire de 25 g/L au Qubec est en cours de rvision et, aux USA, l'EPA a retenu une concentration de 10 g/L.
L'volution des connaissances pidmiologiques et l'observation de contaminations d'origine le plus souvent naturelle pose la question
de l'impact sanitaire potentiel de la prsence de
ce contaminant dans les eaux distribues en
France. L'estimation des expositions est le point
crucial de cette dmarche. En effet, la connaissance des doses ingres, qui passe par celle des
niveaux de contamination des sources et de leur
historique, d'une part, et des habitudes de consommation des personnes exposes, d'autre part,
reste insuffisante et ncessite des recherches.
349
C'est pour tenir compte de la sensibilit particulire des enfants que l ' O M S prconise
d'abaisser la concentration maximale admissible
de plomb dans l'eau 10 g/L alors qu'elle se
situe actuellement 50 g/L en France et dans
toute l'Union europenne. En l'tat actuel des
connaissances, seul le remplacement des canalisations en plomb dans les rseaux publics et
privs, prsentes dans 40 % des installations de
distribution franaises, pourrait permettre de
garantir constamment le maintien de cette l i mite. Reprenant la recommandation de l ' O M S ,
l'Union europenne fixe comme objectif aux
tats membres le respect des 10 g/L en 2013,
avec un seuil intermdiaire de 25 g/L atteindre en 2003 ( U E , 1998).
350
QUALIT DE L'EAU
351
352
3. EAUX DE LOISIRS
3.1 Introduction
cot des usages dicts par l'alimentation et
l'hygine, l'eau est utilise depuis des millnaires
des fins rcratives. Les activits ludiques et
sportives en rapport avec l'eau sont nombreuses
et varies. La baignade est largement rpandue;
au del de sa fonction rcrative, elle joue un
rle social important, car elle peut tre pratique tous les ges de la vie, elle ne ncessite
pas de conditions physiques particulires, mais,
au contraire, peut tre recommande aux personnes souffrant de handicaps et aux femmes
enceintes, voire aux bbs; enfin, c'est une activit accessible au plus grand nombre. L'eau est
aussi le terrain de vritables activits sportives
permettant le dveloppement et l'quilibre
physique des pratiquants; au premier rang de ces
QUALIT DE L'EAU
de sports nautiques favorise souvent une exposition excessive aux radiations solaires.
Les sites o se pratiquent ces activits peuvent tre classs en deux catgories au regard des
dangers qu'ils prsentent et des mesures de
prvention.
353
3.2 Piscines
Gnralits
Selon les critres d'usages et de taille, les piscines
ont une vocation familiale, collective (piscines
publiques), mdicale ou thermale. Seront
envisages essentiellement ici les piscines
ouvertes au public q u i , en France, sont les seules
soumises rglementation. Ce sont des tablissements gnralement couverts, comportant
un ou plusieurs bassins permettant bain, natation ou activits apparentes dans une eau dsinfecte une temprature de l'ordre de 28 C,
et des installations collectives annexes (vestiaires, sanitaires, plages). En termes de conception,
de fonctionnement et de surveillance/contrle,
ces tablissements rglements sont assez bien
matriss aux plans technique et sanitaire. La
qualit de l'eau y est, certes, essentielle, mais ils
constituent un tout en hygine publique: eau,
bassins, sols, air, annexes. Ils se caractrisent par
des circuits respecter (vestiaires, sanitaires,
douches, pdiluves) et distincts pour baigneurs
et non-baigneurs, par des pdiluves dsinfectants avant l'accs au(x) bassin(s), par des
annexes (sanitaires, vestiaires, douches) de
capacit adapte la frquentation potentielle,
et par des matriaux, notamment de sols, d'entretien facile et assurant un compromis entre les
exigences d'hygine et de scurit.
Indpendamment de l'entretien des sols, des
plages et annexes et des parois des bassins, du
maintien de la qualit de l'air de l'tablissement
(compromis trouver entre renouvellement
d'air et conomie d'nergie) et de la qualit de
l'eau des pdiluves, le traitement de l'eau recycle et son renouvellement partiel constituent
des processus essentiels. Le recyclage se fait par
divers systmes de circulation: hydraulicit classique avec reprise de l'eau par le f o n d ,
354
adquate et stable de dsinfectant est trs d i f f i cile et il en rsulte des risques microbiens particuliers (Legionella sp., Pseudomonas sp.). Les
grands centres aquatiques vocation ludique
sont aussi difficiles grer et vulnrables au plan
sanitaire. Dans les deux cas, la lgislation classique est mal adapte aux risques correspondants et mrite une attention particulire.
valuation du risque sanitaire
Identification des dangers, probabilit
de survenue et conditions d'exposition
Trois catgories de dangers, d'importance ingale, sont dceles. Les dangers d'ordre
physique sont relatifs des accidents et traumatismes divers (chutes, accidents de plonge,
noyade); des accidents mortels rcents, en
France, ont mis en cause les grilles du dispositif
d'aspiration de l'eau recycle en fond de bassin.
Des dangers d'ordre chimique sont souvent
relats propos des dsinfectants et sousproduits (chloramines [trichloramine volatile]
et bromamines ou haloformes volatils [chloroforme, bromoforme]). Ces sous-produits, passant en phase atmosphrique et tmoins d'une
gestion imparfaite des bassins, produisent des
odeurs et des irritations oculaires, respiratoires
et cutano-muqueuses que ressentent les usagers
et les professionnels des piscines. Le danger
biologique, enfin, est sans doute celui auquel
les hyginistes prtent le plus d'attention, bien
qu'il soit, en gnral, relativement bnin. Il
s'agit, avant tout, d'affections cutanes transmises plus par contact avec le sol ou certaines
surfaces contamines qu'avec l'eau. Ce sont
d'abord des mycoses dermatophytes (pied
d'athlte), avec paississement de la couche
corne, fissurations et atteintes de l'ongle, affectant plutt l'adulte, ou des candidoses; la croissance des fungi est favorise par l'ambiance
chaude et humide (plages et sols des vestiaires).
Les verrues plantaires ou palmaires sont galement frquentes et touchent plutt les enfants;
causes par des papillomavirus trs contagieux,
elles sont transmises par les sols ou par contact
interhumain et favorises par le ramollissement
de la peau et un asschement insuffisant.
D'autres affections cutanes sont moins
frquentes: Molluscum contagiosum, d un
poxvirus, affecte surtout les enfants par des
papules la ceinture pelvienne et est associ
l'change des serviettes; le granulome des
QUALIT DE L'EAU
piscines, d des mycobactries non tuberculeuses, localis au coude ou au genou, transmis par l'eau; des dermatites Pseudomonas
aeruginosa. Des affections oculaires, de type
conjonctivite, sont rattacher des adenovirus
ou des chlamydies. Les affections O R L
frquentes se rvlent l'occasion du bain
(courants d'air, fatigue) chez des sujets
hbergeant des microorganismes pathognes:
otites externes Pseudomonas aeruginosa,
rhinites, rhino-pharyngites, sinusites, angines
bactriennes (staphylocoque, streptocoque,
Pseudomonas sp.) ou virales (adnovirus). Les
affections digestives parasitaires (anguillulose,
giardiase) ou virales (hpatite) sont trs rares.
Sont heureusement rarissimes, car gravissimes,
les mningites virus (adnovirus) ou protozoaires (mningo-encphalite amibienne p r i m i tive [ M E A P ] ) du groupe des amibes libres
(Naegleria fowleri); la M E A P est plus frquemment lie aux bains en tang, en rivire ou en lac
qu'aux piscines o elle a t parfois dcrite chez
des sujets jeunes frquentant des bassins trs mal
grs. Certaines affections sont plus particulirement lies aux nouveaux bains (spas et
consorts), dues Pseudomonas aeruginosa (folliculites cutanes surtout, cystites et prostatites,
pneumopathies parfois) et Legionella pneumophila (syndromes pseudogrippaux et, surtout,
lgionellose, par inhalation d'arosol septique)
(Denboer et coll., 1998).
De nombreux facteurs conditionnent, i n d i rectement ou directement, les risques prcdents, notamment biologiques. En voici
quelques-uns:
-
355
356
d'utilisation prive de piscines domestiques ou collectives. Des efforts d'ducation sanitaire doivent tre engags pour
empcher l'accs des jeunes enfants ces
bassins sans la prsence d'un adulte.
En deuxime lieu, on voudra viter les sources
de pollution des diffrents milieux (air, sols et
eau). La principale source de pollution est le
baigneur lui-mme. En moyenne, il apporte 30
millions de bactries et 0,5 g de matires
organiques au cours d'une baignade. D'autres
sources interviennent: les non-baigneurs, l'eau
alimentant la piscine, l'air ambiant et les
matires amenes par le vent. Les actions visant
viter l'introduction de la pollution concernent:
-
le respect des rgles d'hygine: avec un rglement diffuser par les moyens d'information
adapts aux divers publics concerns et la
faire respecter;
QUALIT DE L'EAU
Action administrative
En France, le dcret du 7 avril 1981 modifi en
1991 a fix les normes d'hygines et de qualit
applicables aux piscines. Il dfinit non seulement les mesures de prvention dcrites cidessus, mais galement une obligation de rsultats concernant la qualit de l'eau. Les
principales normes de qualit sont reportes au
tableau 13.4.
Certains des paramtres sont suivis quotidiennement par l'exploitant, d'autres mensuellement. Le contrle sanitaire des piscines est
effectu une fois par mois par la DDASS. Les
techniciens sanitaires vrifient la salubrit
gnrale de l'tablissement et la qualit de l'eau,
tant physicochimique que microbiologique. Les
rsultats des analyses, effectues par un labora-
357
Tableau 13.4 Normes de qualit relatives aux eaux de piscines (extrait de l'annexe 1 du dcret n 81-324 du 7
avril 1981 modifi par le dcret n 91-980 du 20 septembre 1991)
Paramtres
Normes
Transparence
Pouvoir irritant
Aucun
pH
Conformes totaux
Conformes fcaux
0 dans 100 mL
0 dans 100 mL
358
Responsable
Qualit de l'eau
Activits aquatiques
Dcs ventuel
Noyade - hydrocution
Traumatismes
Accidents divers
Affections srieuses
Insolation - dshydratation,
brlures - allergies
(risque immdiat d au soleil)
Cancer de la peau
(risque diffr associ au soleil)
Toxi-infections alimentaires
(Coquillages - pche pied)
Envenimations (contacts
animaux ou vgtaux)
Baignades
3.3 Baignades
Gnralits
Notre civilisation moderne utilise de plus en
plus le milieu aquatique pour les loisirs, les
vacances et diverses activits nautiques et
ludiques. Si certains de nos anctres vivaient
dans des cits lacustres et si certaines populations, en particulier asiatiques, vivent encore sur
l'eau et sont donc assez tt immunises contre
divers dangers biologiques lis ce milieu, le
retour la nature du citadin vivant dans un
monde aseptis s'accompagne de diverses
manifestations pathologiques. Ainsi, la leptospirose est devenue la maladie des loisirs aquatiques aprs avoir t celle des goutiers, maintenant tous vaccins! Le tableau 13.5 prsente
un rsum des dangers en relation avec la baignade, parmi lesquels la dermatite circadienne
est de description plus rcente (De Gentile et
coll., 1996).
Il existe diverses catgories de baignades,
amnages ou n o n , littorales (eau de mer) ou
intrieures (eau douce: rivire, lac, tang) qui
connaissent des problmes spcifiques lis la
contamination par des eaux uses, plus ou
moins pures, ou des eaux de ruissellement qui
vhiculent divers polluants. L'puration naturelle joue un rle variable selon les circonstances, tandis qu'en milieu marin les mares
ont une influence trs forte sur la qualit de
l'eau, voire de la plage.
valuation du risque sanitaire
Le risque est avant tout microbiologique, mais
l'encadr 13.2 montre bien que les dangers associs la baignade ne sont pas seulement lis la
qualit de l'eau.
La transmission des microorganismes peut se
faire par ingestion d'eau ou par contact direct
avec la peau et les muqueuses. Pour de n o m breux parasites, l'homme n'est qu'un hte dans
leur cycle vital, et les matires fcales sont un
vhicule de concentration. Les eaux uses
rejetes dans les eaux de surface constituent
alors un excellent moyen de transmission. Les
rgions dans lesquelles le niveau socioconomique et l'hygine sont plus faibles sont
aussi exposes, quelle que soit la temprature de
la rgion.
La contamination des eaux de surface est
frquente, que ce soit par les eaux uses
urbaines, par des sources ponctuelles de pollution (fosses septiques) ou par les excrments
d'animaux domestiques ou sauvages. Ces
sources sont associes une augmentation de
frquence des maladies entriques, des maladies
respiratoires ou des affections cutanes, comme
l'ont montr plusieurs tudes pidmiologiques
(Gallaher et coll., 1989; Lemmow et coll.,
1996).
QUALIT DE L'EAU
359
360
QUALIT DE L'EAU
361
Grande-Bretagne (Fleisher et coll., 1998) partir de quatre enqutes estivales ralises de 1989
1992 sur quatre sites diffrents. Ces enqutes
auprs de baigneurs, par rfrence des nonbaigneurs, ont montr que, selon les affections
(gastroentrites, infections respiratoires aigus,
infections oculaires et auriculaires), celles lies
la baignade durent de 4 8 jours, entranant un
traitement dans 4,2 22,2 % des cas et une cessation d'activit dans 7 25,9 % des cas selon
les maladies. Le pourcentage de maladies
attribuables la baignade va de 34,5 % pour les
gastroentrites 65,8 % pour les atteintes auriculaires (53,3 % pour les affections oculaires et
40 % pour les infections respiratoires). C'est la
premire tude valuer aussi prcisment le
poids du risque sanitaire li la baignade dans
les eaux marines affectes par la pollution
domestique et rpondant nanmoins aux
critres europens et amricains de qualit.
Prvention technique et sanitaire
La prvention des risques lis aux baignades
s'exerce principalement deux niveaux: la qualit sanitaire de l'eau et des plages, et la prvention des accidents.
Les mesures techniques et administratives
permettant d'assurer la qualit de l'eau sont
encadres par la directive europenne du 8
dcembre 1975. Elle a tabli les normes de qualit des eaux de baignade et indiqu les mesures
adopter pour en assurer la surveillance. La
rglementation franaise repose sur un dcret de
1981 modifi en 1991. Les points de surveillance sont choisis en fonction de la frquentation des baignades, de la nature des lieux, des
risques particuliers de pollution pouvant exister.
La surveillance s'exerce gnralement du 15 juin
au 15 septembre pour les baignades en mer et
du 1 e r juillet au 31 aot pour les baignades en
eau douce. Le programme de surveillance comporte une visite bimensuelle des sites, au cours
de laquelle des prlvements d'eau sont effectus
en vue de l'valuation de paramtres microbiologiques (coliformes et streptocoques fcaux; les
coliformes totaux sont de faible intrt) et
physicochimiques. Les principales normes servant l'interprtation des rsultats obtenus sont
prsentes au tableau 13.6.
La surveillance des 3416 lieux de baignade
recenss en France en 1997 s'exerce sous la
responsabilit du ministre charg de la sant et
362
Tableau 13.6 Normes franaises de qualit relatives aux eaux de baignade (extrait de l'annexe 1 du dcret
n 81-324 du 7 avril 1981 modifi par le dcret n 91-980 du 20 septembre 1991)
Guide
Imprative
Frquence
d'chantillonnage
Conformes totaux/100 mL
500
10 000
Bimensuelle*
Conformes thermotolrants/100 mL
100
2000
Bimensuelle*
Streptocoques fcaux/100 mL
100
Bimensuelle*
Salmonelles/1 L
**
Entrovirus PFU/10 L
**
pH
6-9***
**
Coloration
Pas de changement
anormal de la couleur ***
-
Bimensuelle*
Bimensuelle *
0,3
0,3
Bimensuelle*
Bimensuelle*
Paramtres
Microbiologie
Physico-chimie
1 ***
Bimensuelle*
Transparence (m)
80-120
**
Absence
Bimensuelle*
* Lorsqu'un chantillonnage effectu au cours des annes prcdentes a donn des rsultats sensiblement plus favorables que
ceux prvus la prsente annexe et lorsqu'aucune condition susceptible d'avoir diminu la qualit des eaux n'est intervenue, la
frquence d'chantillonnage peut tre rduite d'un facteur 2.
** La teneur est vrifier lorsqu'une enqute effectue dans la zone de baignade en rvle la prsence possible ou une dtrioration possible de la qualit des eaux.
*** Dpassement des limites prvues en cas de conditions gographiques ou mtorologiques exceptionnelles.
Tableau 13.7 Classement* des zones de baignade en France selon les critres europens pour la saison 1997
Nombre de
sites classs
A:
bonne qualit
B:
qualit moyenne
C:
momentanment pollu
D:
mauvaise qualit
Eau de mer
1829
59,8 %
33,2 %
6,95 %
0,05 %
Eau douce
1587
42,3 %
49 %
7,8 %
0,9 %
Total
3416
51,7%
40, 5 %
7,3 %
0,5 %
* Les eaux classes A ou B sont conformes aux normes microbiologiques europennes et les eaux classes C ou D ne le sont pas.
QUALIT DE L'EAU
de ses services dconcentrs. l'issue de la saison, les baignades font l'objet d'un classement
en fonction de leur qualit microbiologique. Les
rsultats du classement obtenus pour la saison
balnaire 1997 sont prsents au tableau 13.7.
En France, les causes de pollution des baignades classes C ou D rpertories par le m i nistre charg de l'environnement sont les suivantes.
Des pannes ou incidents sur les rseaux d'assainissement ou sur les stations d'puration;
Des pollutions diverses issues du bassin versant, comprenant, notamment, les pollutions
diffuses dues aux rejets agricoles;
363
plus large qui concerne l'amlioration environnementale des rgions ctires. La campagne
vise amliorer la comprhension de l'environnement ctier et promouvoir la prise en
compte des questions environnementales dans
le processus de dcision par les autorits locales
et leurs partenaires. Les quatre sujets ou critres
de proccupations sont:
-
l'enseignement et
nementale;
l'information
environ-
4. ASPECTS GNRAUX
DE LA GESTION DE L'EAU
L'eau est un domaine o de nombreuses valeurs
limites de qualit ont t fixes. Cette situation
est favorable pour la gestion au quotidien d'installations, mais elle prsente un risque frquent
q u i est celui de voir certains responsables considrer que l'action mener consiste uniquement vrifier que ces limites sont respectes.
Dans ses recommandations, l ' O M S insiste
largement sur la ncessit d'adapter les valeurs
guides au contexte sanitaire local. Ainsi, la politique sanitaire dans le domaine de l'eau doit
reposer sur une analyse des risques rels et sur la
dfinition de priorits q u i pourront, d'ailleurs,
varier entre pays, l'intrieur d'un mme pays
ou d'une mme zone administrative.
364
QUALIT DE L'EAU
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