Etude Sur Le Statut Juridique Des Terres Collectives
Etude Sur Le Statut Juridique Des Terres Collectives
Etude Sur Le Statut Juridique Des Terres Collectives
Mr Mohammed EL ALAOUI
Enseignant Chercheur
lcole Nationale dAgriculture de Mekns
www.transhumancemaroc.com
REMERCIEMENTS
Les uns, pour nous avoir reu et fait part de leurs pertinents points de vue, les autres, pour
avoir accd aimablement nos dmarches et demandes dinformations documentaires.
Nos remerciements vont, enfin et surtout, tous les leveurs, nabs de terres
collectives, prsidents et membres de Conseils Communaux Ruraux, chioukhs et moqaddems
qui nous on accueilli chez eux, nous ont consacr beaucoup de leur temps et rpondu avec
franchise nos questions. Grce eux nous avons beaucoup appris sur la ralit des
collectivits ethniques de la zone du projet et sur leurs conditions socio-conomiques de vie et
de travail, souvent difficiles. Nous esprons avoir t fidles leurs propos et leurs attentes,
dans le prsent rapport.
CHAPITRE INTRODUCTIF
PROBLEMATIQUE DES TERRES COLLECTIVES AU MAROC
ET METHODOLOGIE DE SON APPROCHE DANS LE CAS
PARTICULIER DE LA ZONE DU PROJET (CBTHA)(1)
I PROBLEMATIQUE DES TERRES COLLECTIVES :
I.1. Les terres collectives : Un problme lancinant :
I.1.1. Bref aperu sur lvolution de la situation des terres collectives :
1 Avant linstauration de lIslam au Maroc, on peut dire que la proprit foncire collective
stendait sur tout territoire rural quune collectivit ethnique tribale pouvait occuper grce
son poids dmographique et militaire ainsi quaux pactes de dlimitation territoriale,
notamment pastorale, quelle pouvait conclure avec des collectivits tribales voisines.
2 Aprs linstauration de lIslam, et en application de la thorie foncire musulmane qui
distingue la proprit minente (raqaba) de lusufruit (intifa, tassarouf, menfa) - la proprit
minente tant reconnue la Communaut Musulmane (Oumma) et lusufruit tant reconnu
au dtenteur effectif de la terre et donc en loccurrence la collectivit tribale les terres
collectives seront considres comme appartenant dans lindivision aux collectivits tribales.
3 Sous le Protectorat, et afin de contrler politiquement les collectivits ethniques et de
favoriser linstallation de colons europens notamment sur les terres des tribus, lAutorit du
Protectorat soumettra ces tribus et leurs terres la tutelle administrative de lEtat, cest--dire
en fait un rgime de dpendance absolue, et ce, en vertu du dahir du 27 Avril 1919(2)
4 Aujourdhui encore, les terres collectives continuent dtre rgies par ce mme dahir du
27 Avril 1919 dont les principales dispositions sont connues :
- Reconnaissance de la proprit de terres collectives aux seules collectivits ethniques ayant
la personnalit morale ;
- Conscration du caractre inalinable, insaisissable et imprescriptible des terres collectives ;
- Comptence des seules jmas (assembles de dlgus, de notables) en matire de gestion
des biens collectifs (y compris les terres), et ce, pour tout ce qui concerne le partage de la terre
entre ayants-droit collectivistes (chefs de foyer), la mise en valeur du patrimoine collectif, le
retrait de lots, etc ;
- Octroi dun simple droit de jouissance au chef de foyer ayant-droit ;
- Etc.
___________________
(1) Projet de Conservation de la Biodiversit par la Transhumance dans le versant Sud du Haut Atlas
(MOR 99/G33/A/1G/99/PNUD/ORMVA de Ouarzazate).
(2) Dahir organisant la tutelle administrative des collectivits indignes et rglementant la gestion et
lalination des biens collectifs.
-1-
5 Malgr le dpeage systmatique dont elles ont fait lobjet depuis le Protectorat
(spoliations, accaparements, prlvements, ventes frauduleuses des tiers, melkisation de
fait,), les terres collectives constituent, aujourdhui et plus que jamais, un enjeu important
pour le dveloppement agricole et rural du pays et surtout pour la masse paysanne, notamment
pauvre, pour laquelle elles constituent lunique moyen de subsistance voire mme de survie.
6 La superficie des terres collectives est estime, actuellement, quelques 12 millions
dhectares dont 1.534.654 hectares de culture et 10.465.346 hectares de parcours. Sur ce
potentiel foncier, peine 2.100.000 hectares ont t apurs au plan juridique en application du
dahir de 1924 sur la dlimitation administrative du domaine collectif et/ou du dahir de 1913
sur limmatriculation foncire. Et environ 3.750.000 hectares sont en cours dapurement.
7 Au regard de la mise en valeur des terres collectives, le problme se pose diffremment
selon quil sagisse de terres de culture ou de terres de parcours :
- Sagissant des terres collectives de culture, leur mise en valeur se heurte divers obstacles :
Etc.
collectivits
- Sagissant des terres collectives de parcours, leur mise en valeur se heurte des problmes
dune autre nature :
Les anciens pactes pastoraux qui rgulaient lusage alternatif des parcours ont
souvent perdu de leur effectivit et, pour la plupart, ne sont pas renouvels. Do des
conflits de pturage menaant la paix sociale et lordre public ;
-2-
Les terres collectives de parcours sont souvent et pour la plupart dans un tat de
dgradation trs avance voire parfois irrversible et leur contribution la subsistance
des collectivistes leveurs reste alatoire particulirement durant les priodes de
scheresse.
I.1.2. Le problme des terres collectives dans lopinion politique publique :
1 Lopinion politique publique, telle quexprime dans les programmes des partis politiques
ou au niveau du Parlement, situe gnralement le problme des terres collectives au niveau
la fois de la lgislation rgissant les terres collectives et des modes de gestion et dexploitation
de ces terres.
2 Sagissant de la lgislation rgissant les terres collectives, et notamment le dahir du 27
Avril 1919, elle nest plus compatible avec la situation actuelle car le monde rural a connu
une profonde volution conomique, sociale et dmographique. Cette lgislation doit tre
donc rvise en profondeur(1) :
a)- Regroupement de toutes les terres statut collectif (terres collectives guich, habous,
confisques,) sous un rgime juridique unique au sein dun Office Foncier. Lexploitation
de ces terres serait confie des collectivits de travailleurs ruraux (cf. Union Marocaine
du Travail : Cahier dInformation Syndicale ; brochure N 1 ; 1961) ;
b)- Classement des biens collectifs en 3 catgories :
A collectifs habituellement cultivs ;
B Parcours dfrichables et cultivables ;
C Terrains de parcours, bois, Horme des douars :
et partage des collectifs A et B entre les ayants-droit en pleine proprit dune part et, dautre
part, transfert de la catgorie C aux communes rurales qui percevraient des droits de pacage
et bnficieraient de produits fruitiers (cf. Parti de lIstiqlal : Proposition de la loi sur la
Rforme Agraire, faite en 1963).
c)- Classement des terres collectives en 2 catgories :
Terres de culture ;
Terres de parcours;
(1) Ces propositions de rvision du statut juridique des terres collectives sont extraites des Actes du
Colloque National sur les Terres Collectives (Ministre de lIntrieur/Direction des Affaires Rurales ;
Dcembre 1995).
-3-
et transfert des terres de culture en pleine proprit aux membres collectivistes majeurs non
propritaires dune terre de superficie suprieure ou gale 2 hectares en irrigu ou son
quivalent en terre bour. Quant aux terres de parcours, elles garderaient leur statut actuel (cf.
Union Nationale des Forces Populaires : Proposition de loi sur la Rforme Agraire prsent en
Aot 1964 et Rvolution Agraire Vritable in Brochure publie en 1973 en langue arabe
par lUnion Nationale des Forces Populaires).
d)- Privatisation des terres collectives de culture et des terres guich ; chaque collectiviste
devenant dfinitivement propritaire de plein droit de la part de terre qui lui revient, et ce,
aprs tablissement des listes des ayants-droit conformment la procdure institue par le
dahir N 1-69-30 du 25 Juillet 1969 relatif aux terres collectives situes dans les primtres
dirrigation. Quant aux terres de parcours, elles devraient garder leur statut actuel mais le
Ministre de lAgriculture devrait rglementer le droit de pturage, le nombre et les espces
danimaux admettre au niveau des parcours (cf. Parti du Progrs et du Socialisme : colloque
sur la question agraire au Maroc, 20 et 21 Novembre 1980) ;
Privatisation, au profit des collectivistes, des terres collectives aussi bien de culture
que de parcours (cf. Rassemblement National des Indpendants : Proposition de loi dpose le
4 Janvier 1994).
3 Sagissant des modes de gestion et dexploitation des terres collectives, ils sont
diffremment perus et critiqus :
- Lexploitation de ces terres reste embryonnaire pour diverses raisons (difficult de
partage en raison de laugmentation du nombre des ayants-droit, non reconnaissance la
femme du droit dexploitation, maintien du statut-quo concernant les terrains litigieux,
exigut des parcelles) (cf. parti de lIstiqlal : Proposition de loi sur la Rforme Agraire
prsente en 1963) ;
- Absence dune politique de mise en valeur au profit des collectivistes et absence de
participation des ayants droit dans les dcisions doctroi de location de grandes superficies de
terres collectives dans le cadre de lirrigation par centres-pivots (cf. Union Socialiste des
Forces Populaire : Question crite) ;
- La location contractuelle de terres collectives par le Ministre de lIntrieur ne semble pas
tre, lvidence, dun grand profit pour les collectivistes ayants-droit. En dautres termes ce
profit reste dmontrer (cf. Parti du Progrs et du Socialisme : Question gnrale pose par le
parlementaire My. Ismal Alaoui).
I.1.3. Sort rserv aux terres collectives : voies de solutions proposes(1) :
1 Un premier courant de pense se dclare pour une simple refonte, mais nanmoins
systmatique, de la lgislation relative aux terres collectives aux motifs que :
- la terre collective constitue un patrimoine national mais qui doit tre mis en valeur ;
(1) Ces voies de solutions ont t dgages lissue du colloque National sur les terres collectives de
Dcembre 1995, Rabat.
-4-
- le statut des terres collectives, sil a permis la conservation et la sauvegarde de ces terres, il
nen a pas, en revanche, favoris la valorisation ;
- le mode de vie des collectivits ethniques a volu mais sans que leur patrimoine collectif ait
pu suivre le rythme de cette volution notamment en matire dutilisation des terres
collectives.
Pour ce courant de pense il suffit de rviser la lgislation relative aux terres collectives en
vue non seulement de sauvegarder ces terres mais aussi de favoriser linvestissement de la
part aussi bien des collectivistes eux-mmes que du secteur priv.
2 Un deuxime courant de pense est favorable une melkisation des terres collectives au
profit des ayants-droit. En fait 3 tendances constituent ce courant. Une premire tendance est
pour loctroi aux collectivistes dun droit de jouissance permanent pour encourager ces
collectivistes se sdentariser et mettre en valeur les terrains quils occupent ; ce qui, en
outre permettrait dviter les conflits entre collectivistes loccasion de chaque campagne
agricole. Une deuxime tendance rclame que soit attribu purement et simplement un droit
de proprit sur les lots vocation agricole, et ce, contre paiement dun juste prix. Enfin, une
troisime tendance demande lapplication du Code des Investissements Agricoles (dahir N 169-30 du 25 Juillet 1969 relatif aux terres collectives situes dans les primtres dirrigation et
prvoyant lappropriation privative indivise au profit des ayants-droit collectivistes) aux terres
collectives situes en zone bour mais, en revanche, de mettre les terres collectives de
parcours, les terres incultes et les terres boises sous le rgime du Fonds National Forestier.
Cependant lide prdominante cest celle de la melkisation gratuite des terres collectives de
culture au profit des ayants-droit et sans versement daucune contrepartie.
3 Enfin, un troisime courant de pense se prononce en faveur dune simple amlioration
des modes de faire-valoir, et ce, en modernisant et en rationalisant ces modes :
- En ce qui concerne les terres collectives de culture il y a lieu :
de consacrer, de faon rglementaire, la cristallisation des parts l o ces parts ont
t cristallises. Cela se traduirait sur le terrain par une stabilisation des populations de
collectivistes. Cette solution revient gnraliser le systme de jouissance perptuelle.
de constituer des coopratives entre les collectivistes, limage des coopratives
actuelles de la Rforme Agraire. Mais la formule cooprative nest mettre en place que l o
elle a des chances de russir, et ce, afin dviter les erreurs et donc les checs que le secteur
coopratif de Rforme Agraire a connu par endroit.
doctroyer des crdits aux collectivistes pour quils valorisent leurs terres ou, mieux
encore, doctroyer aux collectivistes dont les parts de terre ont t cristallises, et consacres
comme telles par la rglementation, une attestation dexploitation de longue dure qui pourrait
servir de garantie hypothcaire la CNCA pour octroyer les crdits aux collectivits mais
sans pour autant hypothquer le bien collectif.
- En ce qui concerne les terres collectives de parcours, il est unanimement admis que ces
terres ne doivent en aucun cas changer de statut mais quil y a ncessit de crer :
-5-
4 Lactivit agricole consiste, dune part, en un levage fixe de moutons et de chvres ainsi
que la production de crales et de fruits sur 5% 10% des terres longeant les valles fertiles
des montagnes et, dautre part, en un levage transhumant pratiqu encore par 20% 80% de
la population selon les sous-tribus et les fractions.
I.2.2. Utilisation des terres collectives de parcours dans la zone du projet :
1 Llevage transhumant est pratiqu dans les conditions suivantes :
- Dplacement du cheptel entre les hautes montagnes (t), les altitudes moyennes (automne
et printemps) et les terres en contrebas (hivers), et ce, selon deux grands itinraires :
--------------------------------(1)A noter que, en 1995, la province de Ouarzazate comptait, au total, 714 collectivits ethniques,
3.308.287 hectares de terres collectives et 218.756 collectivistes ayants-droit. Jusqu cette mme date,
1.187.622 hectares de terres collectives avaient fait lobjet de dlimitations administratives non
homologues, et ce, au profit dune quarantaine de collectivits ethniques. Et seulement, 15.000
hectares avaient fait lobjet dune rquisition dimmatriculation (cf. Actes du Colloque National sur les
Terres Collectives, Dcembre 1995, Rabat).
-7-
-Lincapacit des institutions coutumires matriser les faits de sdentarisation des foyers
dleveurs ;
- La mise en culture et la melkisation de fait de terrains collectifs de parcours par les foyers
dleveurs et lincapacit des jma en arrter ou, tout le moins, en limiter le
dveloppement anarchique ;
- Etc.
3 Quant aux facteurs exognes, ils sont divers et nombreux :
- Flou et application peu efficace des textes lgislatifs et rglementaires relatifs aux terres
collectives ;
- Manque ou insuffisance de renfort de lEtat en matire dapplication de ces textes ;
- Contraintes conomiques imposant de nouveaux modes dexistence plus individualistes, et
ce, dautant plus que les liens collectifs que seule la vie pastorale nomade parvient
maintenir intacts ont de plus en plus tendance se relcher ;
- Rle concurrent de la commune rurale par rapport celui de la collectivit coutumire
traditionnelle dans la mesure o la commune rurale est juridiquement habilite planifier et
excuter le plan de dveloppement conomique et social de sa propre circonscription
territoriale et donc en loccurrence dcider de lamnagement et de lutilisation y compris
des terres collectives situes dans le ressort de sa circonscription ;
-Etc.
I.2.4. Voies de solution proposes par le projet CBTHA :
1 Pour enrayer le processus de sdentarisation et remdier, en mme temps, ses
consquences, les auteurs du projet optent pour la relance de la transhumance ; celle-ci tant
considre, par ces mmes auteurs, comme constituant la forme de production la plus adapte
pour une utilisation durable des ressources naturelles conduisant la conservation de la
biodiversit. Cette relance de la transhumance devant tre accompagne, aussi, dune
diversification des activits conomiques dans la zone projet (activits touristiques rurales et
de loisirs,) en complment lactivit dlevage pastoral transhumant.
2 Quant au rgime coutumier de gestion et dexploitation des terres collectives de culture et
notamment de parcours, il fera lobjet dune action de rnovation tendant, dune part, en
limiter les faiblesses tout en renforant ses points forts et, dautres part, le redynamiser dans
le cadre et par le biais de diverses organisations pastorales cres spcialement pour la gestion
de la transhumance, la planification de lutilisation des terres et la conservation de la
biodiversit.
3 Lensemble des actions techniques, conomiques, sociales et ducationnelles
entreprendre dans le cadre du projet doivent faire lobjet dune planification participative tant
au niveau de leur conception que de leur ralisation et impliquer lensemble des acteurs.
-9-
travail du
organisations
lexamen des territoires collectifs pour vrifier si leurs dlimitations rpondent aux
besoins rels et identifier les sources actuelles et potentielles de conflit lintrieur
des collectivits et entre collectivits.
relatifs la
- 11 -
- 12 -
4 Cest ce deuxime angle dapproche quil convient dadopter pour procder ltude
objective des aspects juridiques et institutionnels de la problmatique des terres collectives.
Cet angle dapproche prsente un double avantage : Celui de la pertinence mthodologique
quil garantit dans la recherche et lanalyse de linformation et, corrlativement, celui de la
qualit des connaissances quil permet dapporter.
5- lapproche par les pratiques et les comportement des ayants-droit et des collectivit
ethniques permet aux promoteurs du projet CBTHA de connatre comment les parcours et
leurs ressources sont grs et utiliss effectivement. Elle permet aussi de mieux identifier et
comprendre les rapports entre les pratiques daccs aux ressources pastorales dune part et les
pratiques dusage et dexploitation de ces ressources dautre part. Ce qui facilite en
consquence la comprhension des dcisions et des logiques daction en vue de la scurisation
des droits, de lamlioration des parcours par la pratique de lagdal et de la gestion raisonne
des ressources par les instances coutumires (Jma, Amghar NAgdal,).
6- cette approche par les pratiques et les comportement des ayants-droits individuels et
collectifs permet, enfin, dinterprter de manire plus raliste et donc plus objective les
pratiques et les comportement car elle les saisit dans leurs dynamique instantane. Ce faisant,
cette approche permettra certainement aux autorits et partenaires du projet CBTHA dtre en
prise avec les besoins rels et les attentes des populations dleveurs de la zone projet.
III.2- Fondements et hypothses de base de lapproche par les pratiques et les
comportements des ayants-droit.
1- les pratiques et les comportements des ayant-droit sont considres, ici, comme ayant leur
propre logique et leur propre cohrence dans le cadre et au regard du systme foncier
coutumier qui leur sert de matrice.
2- ce systme foncier coutumier est, en gnral, base dorganisations sociales locales
(tribus, fractions, douars), de dispositions coutumires (principes, rgles, conventions,) et
de pratiques coutumires qui, toutes, rgissent lappropriation de la terre collective ainsi que
laccs cette terre et son usage agricole et /ou pastoral. Ces institutions, ces dispositions et
ces pratiques coutumires sont effectives car socialement acceptes , invoques voire
revendiques ; ce qui donne sa logique interne lensemble du systme foncier coutumier,
cest dire, en somme, sa cohrence intrinsque.
3- notre approche par les pratiques et les comportement des ayant-droit et des collectivits
ethniques sappuie sur les hypothses suivantes :
- Le systme foncier coutumier local est le produit de lvolution historique ;
- Lentre en vigueur de dahir du 27 Avril 1919 relatif aux terres collectives a entran des
changements dans les pratiques et les comportement des collectivits, de la gestion et de
lutilisation de ces terres ; pratiques et comportements devenus progressivement plus
conformes aux objectifs et aux dispositions de ce dahir. Par endroit, ces pratiques et
comportements coutumiers sont rests inchangs, rendant ainsi ineffectif ce dahir. Aussi
convient-il dexaminer ce quil en est dans la zone du projet ;
- 13 -
- Les problmes lis lappropriation, la gestion et lutilisation des terres collectives sont
le fait ou le produit des relations entre collectivits ethniques elles- mmes , dune part et ,
dautre part, entre collectivistes ayant-droit eux-mmes . La solution de ces problmes appelle
souvent la ngociation , parfois le conflit, entre ces collectivits ethniques ou entre les ayantsdroit.
- Le systme foncier coutumier pastoral en vigueur dans la zone du projet, linstar dautres
systmes comme celui de lOriental par exemple, demeure caractris par des principes
coutumiers, simples, cohrents entre eux et faciles faire respecter du fait de la pression
sociale et lexistence de capacits institutionnelles locales pour rsoudre ou neutraliser les
conflits et scuriser les droits daccs et dusage des parcours collectifs. Ces principes
coutumiers restent prgnants voire mme prdominants par rapport aux dispositions du dahir
de 1919 qui restent, par ailleurs, mconnues de la plupart des ayant-doit leveurs.
- Pour cette raison, et dans la perspective de relancer la transhumance dans le cadre mme du
systme foncier coutumier pastoral encore en vigueur, les promoteurs du projet CBTHA
envisagent de rhabiliter ce systme en rnovant les principes et les institutions, et ce, en
faisant adopter, aux ayants-droit leveurs et aux collectivits ethniques, des pratiques et des
comportements nouveaux et plus rationnels en matire de gestion et dutilisation des parcours
collectifs de la zone projet. Lapproche par les pratiques et les comportements des ayant-droit
leveurs et des collectivits ethniques est donc pertinente et justifie dans notre tude.
III.3- Modalits de ralisation de ltude :
III.3-1- Axes de recherche :
1- Sur la base de la note mthodologique prpare conformment aux termes de rfrence, la
mise en uvre de ltude relative au statut juridique des terres collectives et des institutions
locales et coutumires au Maroc et dans la zone projet sarticule autour des axes suivants :
2- Evolution et situation actuelle du patrimoine collectif au plan juridique et socioconomique et donc analyse de notions cls telles que celles de collectivit ethnique (origine,
volution, organisation actuelle), de patrimoine collectif notamment pastoral (consistance, tat
actuel), dayant droit (statut) ;
3- Orientation et recommandations pour appuyer et renforcer les collectivits ethniques en
matire de conservation, de protection, dutilisation rationnelle et de mise en valeur de leur
patrimoine collectif et donc recherche de structures institutionnelles susceptibles de faire
voluer et de mieux organiser les collectivits ethniques locales, dune part et, dautre part,
proposition de modifications des textes en vigueur en vue de leur assurer adaptation,
effectivit et efficience.
III.3-2- Dmarche adopte :
1 - La dmarche adopte, ici, consiste recueillir, travers les entretiens semi-directifs, le
point de vue et les suggestions dun certain nombre de responsables dinstitutions
administratives et techniques concernes par le projet CBTHA, et ce, au niveau central,
provincial et local.
- 14 -
2- Elle consiste aussi et surtout, en une tude de terrain consacre dgager le point de vue,
les suggestions et les attentes des leveurs relevant des 3 ethnies retenues pour ltude de
terrain savoir les At Sedrat , les Imgoune et les Imeghrane . Cette tude de terrain
sera effectue sur la base dun questionnaire-guide dentretien traitant des principaux
aspects suivants :
- Mode doccupation de lespace pastoral et agropastoral de la fraction enqute. Lobjectif
tant ici dtablir une carte de loccupation de cet espace (aire dinfluence, lieux et
mouvements de transhumance, conflits dusage des parcours,) ;
- Pratiques en matire dexercice des droits dusage des terrains collectifs de parcours (gestion
coutumire des parcours, cas des agdals, problme de la mise en culture de parcelles dans les
terrains de parcours,) ;
- Utilisation rationnelle, protection et conservation des parcours collectifs (lments de
rglementation cet effet) ;
- Statut de layant droit (critres de dsignation, cas de la femme, droits reconnus) ;
- Collectivit ethnique (composition, attributions et fonctionnement de la jma ; principes et
valeurs gouvernant la vie collective et lactivit pastorale dans la zone du projet, formule
institutionnelle susceptible de relancer la transhumance sur la base de pratiques rnoves,
.) ;
- Patrimoine collectif (dlimitation, immatriculation, signification pour les ayants-droit et les
collectivits ethniques) ;
- Institutions locales (organisations professionnelles agricoles, organisations associatives,
organisation communale rurale, organisation politico-administrative ou autorit locale,).
Lobjectif tant, ici, dexaminer dans quelle mesure ces institutions locales pourraient
appuyer la ralisation des objectifs du projet compte tenu de leurs missions statutaires
respectives et de leurs moyens daction, dune part et, dautre part, de rechercher un cadre
juridico-institutionnel dune collaboration entre ces diffrents acteurs institutionnels ;
- Etude spcifique du statut socio-conomique de la femme pastorale (1) ( place et rle
de la femme dans lactivit dlevage pastorale transhumant, stratgie de dveloppement
destination de la femme pour en amliorer la condition socio-conomique, association de la
femme pastorale la conception et la gestion du processus dvolution qui sera initi par
le projet,.) ;
________________________
(1)Sur proposition du consultant, il a t jug utile dinclure dans cette tude la problmatique de la
place et du rle de la femme pastorale dans lactivit pastorale et particulirement dans
lexploitation des ressources pastorales. La femme pastorale est, en effet, un acteur part entire dans
la gestion de cette exploitation de ressources pastorales pour les besoins notamment domestiques du
foyer dleveur. Pour cette raison, le rle de la femme devait tre pris en considration dans cette tude
(voir parag. III.2.4 du chapitre II).
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______________________
(1) Par exemple : considrer lleveur enqut comme un acteur social mais resitu dans la pratique
sociale quest llevage pastoral transhumant ; privilgier le point de vue et lanalyse de lleveur et
les intgrer dans linterprtation des informations collectes ; aider lleveur enqut dvelopper une
capacit exprimer par lui-mme sa pratique, sa vision, ses attentes et ses propositions de voies de
solution mais sans prendre pour autant le point de vue et lanalyse de lleveur enqut comme des
vrits dfinitives ; aborder la problmatique des conflits dappropriation et dusage des parcours non
pas seulement avec le souci du maintien de lordre public et de la paix sociale mais aussi avec lide
que ces conflits sont porteurs de changement social ; les pratiques constates en matire de gestion et
dutilisation de lespace pastoral et agro-pastoral sont autant dindicateurs dune rationalit propre aux
leveurs de la zone du projet et quil y a lieu, en consquences, de chercher avec les leveurs enquts
des voies susceptibles de faire voluer cette rationalit afin de lui faire produire tous ses effets utiles
tout en limitant ceux qui, dun point de vue technico-conomique, sont ngatifs ; ..
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CHAPITRE II
STATUT JURIDIQUE DES TERRES COLLECTIVES AU MAROC
ET SON EFFECTIVITE DANS LA ZONE DU PROJET CBTHA
(Aspects juridiques)
I CARACTERISTIQUES DE LA PROPRIETE FONCIERE COLLECTIVE :
I.1. Origine historique, volution et essai de dfinition de la proprit
foncire collective :
I.1.1. Origine historique de la proprit foncire collective :
1 La question de lorigine de la proprit foncire collective au Maroc ne fait pas
lunanimit au sein de la doctrine.
2 Certains auteurs(1) situent cette origine dans la grande loi dvolution selon laquelle,
dans toute socit, la proprit de la terre sachemine inluctablement vers la forme privative
en passant dabord par le stade dun communisme agraire puis par le stade collectif. Et
pour des raisons lies aussi bien au milieu physique qu des circonstances politiques, sociales
et conomiques, la terre, au Maroc serait reste ce stade collectif(2). Pour ces mmes
raisons, la proprit foncire individuelle, donc privative, naurait gard quun caractre
exceptionnel et local et ne serait apparue qu la faveur de circonstances exceptionnellement
favorables (scurit politique et sociale, conditions naturelles permettant la culture comme par
exemple dans les villages btis dans des valles le long doueds, individualisation et
autonomisation de la cellule familiale,) . La proprit collective serait donc la rgle et la
proprit privative lexception. Seules les conditions de milieu physique et naturel et les
circonstances politiques, conomiques et sociales expliqueraient, selon ces auteurs, le retard
de ce mouvement dvolution de la proprit foncire de sa forme collective vers la forme
privative. La forme collective de lappropriation du sol serait donc le stade dvolution qui
correspond ce milieu physique, politique, social et conomique. A ce stade et dans ce
milieu, la proprit individuelle ne peut sy dvelopper quexceptionnellement et de faon
limite.
3 Pour dautres auteurs, notamment parmi les jurisconsultes musulmans, la proprit
foncire marocaine, lorigine, aurait t individuelle et se serait, ultrieurement, transforme
en proprit collective. Celle-ci tant le rsultat dune trs longue prolongation de lindivision
au point quil tait devenu impossible de dterminer avec exactitude la part de chacun des coindivisaires.
_________________________
(1) Voir notamment louvrage de Louis MILLIOT : Introduction ltude du Droit Musulman ,
Sirey, 1971.
(2) Le milieu physique et naturel dtermine les conditions de lexistence. Ainsi certaines rgions
sont vocation seulement dlevage pastoral nomade (Dra, Oriental,) et o lappropriation et
lutilisation de la terre ne peuvent tre que collectives par des communauts familiales largies,
fonctionnant en une conomie autonome de production et de consommation en commun. Mais l o
les conditions naturelles permettent la culture et si, en outre, les circonstances politiques sont
favorables, la proprit peut y prendre alors la forme privative .
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4 Selon la thorie foncire en Droit Musulman Malkite, il existe, en pays dIslam, deux
catgories de terres dont le statut a t fix aprs la conqute musulmane. Il sagit, dune part,
des terres cultives ou habites (mamur) et donc appropries (mamluka) et, dautre part, des
terres mortes (ard mawat) cest--dire des terres non appropries (mubaha), sans matres, et
constitues elles-mmes de deux types de terres :
- des terres sur lesquelles sexercent des droits dusage des habitants des localits voisines qui
peuvent y prendre du bois et y faire pturer leurs troupeaux. Il sagit de terres communes
(ard muchtaraka) ;
- et des terres qui ne sont pas affectes cet usage et donc appeles terres mortes (ard
mawat).
Les terres communes et les terres mortes ont une frontire commune. La terre
morte se situe la limite extrme de la terre commune . Les terres communes se
distinguent des terres collectives en ce sens que la terre collective est une terre approprie en
une sorte de co-proprit familiale ou tribale qui, de par sa structure sociale et juridique, se
distingue nettement de la terre commune.
5 Toujours selon la thorie foncire en Droit malkite, les seuls modes dappropriation et
dexploitation admis en terres mortes sont :
- El harim : Zone, aux alentours dun fonds mis en valeur, rserve pour les besoins du
propritaire de ce fonds savoir le pacage pour son troupeau et laffouage dans un rayon dun
jour de distance aller et retour, et ce, en vertu seulement dun droit dusage privatif
(Ikhtissas)(1) et non dun droit de proprit. Cette zone est donc greve dune servitude
(pacage et affouage) pour lutilit de ce fonds ;
- El ihya : Il sagit dun acte de vivification dune terre morte par la dcouverte et
lamnagement dun point deau, la construction, le dfrichement, lpierrage, le nivellement,
la plantation, les labours, etc, cest--dire, en somme, une action de mise en valeur agricole.
Ainsi vivifie, la terre devient proprit prive de celui qui la met en valeur, et ce, en vertu du
Hadith selon lequel Quiconque vivifie une terre morte, celle-ci est lui . Le droit de
proprit fonde sur la vivification nest cependant pas dfinitif. Il steint automatiquement
lorsque la terre vivifie revient son tat initial de terre morte aprs disparition totale des
traces de mise en valeur(2).
_______________________
(1) Cest l un privilge ancestral qui repose sur la coutume et lusage immmorial. Il sera reconnu,
par la suite, dans la lgislation sur les terres collectives et dans le code forestier.
(2) Selon les juristes musulmans, la facult de vivifier nest pas libre partout. En sont exclues les terres
qui sont trop rapproches de fonds dj mis en valeur lorsque ces fonds risquent de subir un prjudice
certain. Quant la vivification de terres mortes rapproches dun centre dj mis en culture par un
tiers ou par un groupement, elle ncessite une autorisation du souverain car les usagers du harim vont
tre privs de leur droit sur ce harim.
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- El Hima : Cest lacte par lequel le sultan pouvait rserver une parcelle de terre vague la
satisfaction de besoins publics dtermins (pacage des animaux de guerre ou de btes de
Musulmans pauvres,).
- El ikta : cest la concession de terres consentie par le souverain un individu, titre soit de
proprit (iqta tamlik) soit de jouissance (iqta imta). Ces deux modes de concession ne
sont permis que lorsquil sagit de terres dont les occupants ont t soumis lIslam par la
conqute ou encore de terres non bties et non plantes, abandonnes par leurs habitants parce
que suprieures leurs besoins.
6 Au regard de ce qui prcde, et quelle que soit la thorie foncire laquelle on se rfre, il
rsulte que lappropriation collective na concern, partir de linstauration de lIslam au
Maroc, que celles des terres communes sur lesquelles stendait et sexerait le droit de harim,
car considres comme des dpendances ncessaires des terres de culture. Et cest en vertu
dune conception largie de linstitution de Harim que lappropriation collective stendra
aux terres de parcours. Terres de culture et terres de parcours se confondront en un patrimoine
collectif tribal. Les premires seront soumises un allotissement et un partage priodiques
entre foyers collectivistes, les secondes seront rserves au pturage public. Bien que difficile
distinguer, en apparence, de la terre morte, la terre de parcours en diffre, cependant, par la
nature juridique. Les terres mortes, sans matres, seront considres proprit domaniale (ard
Al Makhzen) et les terres collectives de culture et de parcours seront considres comme
proprit dmembre au profit des tribus. Les proccupations fiscales du Makhzen, depuis le
rgne du Sultan Abdelmoumen, ntaient pas trangres cette conception du statut de la
terre.
I.1.2- Evolution du statut de la terre collective :
1 Au lendemain de linstauration du Protectorat, le statut de la terre collective sera
dfinitivement fix et son volution fige, depuis.
2 Ds le 7 Juillet 1914, un dahir consacrera et maintiendra les droits du Makhzen sur les
terres collectives (droit de proprit sur les terres guich ; droit de contrle sur les autres terres
occupes en collectivit) ; les terres collectives de tribus demeurant rgies par les anciens
usages et la coutume mais sans quelles puissent tre vendues, ni dfinitivement partages.
Par ces premires mesures, prises dans lurgence, il sagissait de freiner le mouvement de
spculation et de dpossession foncires qui commenait dpouiller les collectivits
ethniques de leurs terres.
- Un dahir du 17 Juillet 1914,tout en reconnaissant au cadi une comptence gnrale en
matire immobilire, linstituait aussi comme dfenseur et gardien de la terre collective.
Lhistoire montre quil nen ft pas ainsi puisque de grandes tendues de terres collectives
avaient perdu leur nature collective.
- A partir de 1918, on commencera se proccuper dinventorier les terres collectives et lon
dcouvrira que, la faveur de circonstances politiques et conomiques favorables intervenues
la suite de linstauration du Protectorat (relative scurit publique, fixation au sol de
populations habituellement semi-nomades, dcouverte par les autochtones de la valeur de
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leurs terres car devenues objet dune forte spculation foncire, valorisation des produits
agricoles du fait de laccroissement des besoins alimentaires durant la premire guerre
mondiale, .), dimportantes superficies de terres collectives avaient t appropries
privativement moyennant vivification.
- Do promulgation du dahir du 27 Avril 1919 venu :
confier aux jmas la gestion interne de leurs terres collectives, et ce, sous la
surveillance dun tuteur savoir le Directeur des Affaires Indignes dune part
et dautre part, sous le contrle administratif dun conseil de tutelle ;
Une possession, dune longue dure ,de terres en friche et une utilisation commune de
ces terres, par pacages indistincts ;
Une longue jouissance paisible de terres par des tribus, quand bien mme cette
jouissance aurait rsult initialement de faits dinstallation ou de dpossessions
intervenues entre tribus. De tels faits ont eu lieu, en effet, bien avant le Protectorat, et
ont cr des situations de fait qui, en raison de la longue et paisible jouissance qui en a
suivi, sont devenues des situations de droit ;
Des partages successifs de jouissance dune terre peuvent lui confrer le caractre
collectif ;
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Une longue possession continue, tablie par enqute, a plus de force probante que des
moulkyas anciennes pour dmontrer et prouver le droit dune jma la proprit dun
terrain collectif ;
Une situation de possession de fait, plus que dcennale, dune terre par une
collectivit ethnique se transforme en situation de droit au profit de cette collectivit.
I.2. Fondements et volution des textes lgislatifs et rglementaires rgissant la
proprit foncire collective :
I.2.1. Textes lgislatifs :
Fondements
Dfinir le statut des terres collectives ;
Freiner le mouvement de spculation et de
dpossession foncires qui menaait de dpouiller les
collectivits ethniques de leurs terres notamment aprs
linstauration du Protectorat au Maroc (1912) ;
Instaurer un contrle politique sur les collectivits
ethniques et plus gnralement sur les campagnes.
Inventorier et apurer la situation juridique des terres
collective et, ce faisant, viter lappropriation
privative de terres collectives par le biais de la
vivification notamment.
Prlever des terrains collectifs pour les besoins de
construction de locaux administratifs dans des
primtres urbains (municipalits, centre dlimits,
zones de banlieue et priphriques) ;
Procurer aux colons europens des terres collectives
moyennant des prix drisoires. Le prtexte fallacieux
tant de mettre en valeur des terres collectives
susceptibles de ltre.
Rcuprer, au profit des collectivits ethniques, les
terres collectives que ces collectivits avaient t
contraintes, sous la pression de lAutorit du
Protectorat, de cder ou de louer aux colons vil prix.
N.B : En application du dahir du 9 Mai 1959 quelques
23.000Ha ont t rcuprs pour ce qui concerne les
terres collectives ayant fait lobjet dalinations
perptuelles de jouissance. Et si lon inclut les terres
collectives ayant fait lobjet de locations long terme,
ce sont, au total, 35.000 Ha qui auront t rcuprs.
Une partie de cette superficie a t lotie et le reste a t
remis, non pas aux collectivits ethniques
anciennement propritaires, mais au Conseil de tutelle
(Ministre de lIntrieur).
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Fondements
Constituer et alimenter le compte courant des
collectivits, ouvert la Trsorerie Gnrale ou la
Caisse Centrale du Crdit Agricole et de
Prvoyance Indigne institue par le dahir du 1er
Juin 1931.
Doit tre dpos, dans ce compte courant, le
produit :
- des cessions amiables,
- des indemnits dexpropriation,
- des baux ruraux ou des alinations de jouissance
perptuit, moins que le Conseil de Tutelle
ne dcide leur distribution entre les chefs de
famille de la collectivit,
Versement et retrait des sommes sont oprs
respectivement sur ordre et mandat tablis par le
Directeur des Affaires Indignes, et ce, sans
justification.
Les groupements ethniques doivent faire connatre
au Conseil de Tutelle et par acte notari, leurs vux
au sujet de lemploi des capitaux provenant des
cessions de terres collectives ou des transactions
passes par les collectivits ou leurs reprsentants et
des tiers et approuves par le Conseil de Tutelle.
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de litiges entre une collectivit ethnique et un particulier qui prtend avoir des
droits privatifs sur la terre collective lorsque cette terre nest ni immatricule ni
dlimite et nest donc pas dfinitivement reconnue collective.
2 La circulaire N 937 du 15 Avril 1963 rappelle aux agents dautorit, au niveau local,
leur rle en matire de dfense des intrts immobiliers des groupements ethniques de leur
ressort et les invite apporter toute lattention et la diligence souhaitables aux contentieux de
terres collectives. Cette circulaire va mme jusqu noncer une liste dactions que les agents
doivent entreprendre dans ce sens.
3 La circulaire N2528 du 18 Aot 1964 attire lattention des gouverneurs des provinces
du Nord sur les faits et les dangers de spoliations des terres collectives par divers moyens et
subterfuges utiliss par des auteurs dempitements et dappropriations. En consquence, cette
circulaire invite les gouverneurs concerns localiser et recenser les terres collectives de leur
commandement et persuader leurs propritaires lgitimes de procder leur dlimitation
administrative ou leur immatriculation. Lobjectif tant, aussi, de fixer les populations de
collectivits sur leurs terres, contribuant ainsi lutter contre lexode rural.
4 - La circulaire N 667 du 24 Mars 1971 constate que les oprations topographiques
relatives aux rquisitions dimmatriculation de terre collectives entre autres, donnent lieu
diffrents incidents dont la plupart sont motivs par lignorance des rgles de la procdure de
limmatriculation foncire. En consquence, cette circulaire invite les gouverneurs rappeler
aux autorits administratives, places sous leurs ordres, les dispositions juridiques relatives
cette procdure ; celle-ci tant la mme que pour les dlimitations administratives de terres
collectives.
Dans une autre circulaire N 668 du 24 Mars 1971, et propos de dlimitations
administratives et dimmatriculations de terrains collectifs, il est demand aux gouverneurs de
rappeler, aux autorits places sous leurs ordres, leur rle ducateur et de persuasion auprs
de la population lors des travaux topographiques requis par limmatriculation ou la
dlimitation administrative de terrains collectifs, et ce, afin dviter les obstructions des
parties.
5 La circulaire N 645 du 1973, mane du Ministre de la Justice et rappelle au personnel
judiciaire (premiers prsidents et procureurs gnraux du Roi auprs des cours dappel,
prsidents et procureurs du Roi auprs des tribunaux rgionaux, prsidents et substituts des
procureurs du Roi auprs des tribunaux du sadad)) la ncessit de ne pas perdre de vue, dans
les jugements rendre en matire de contentieux portant sur les terres collectives, lintrt des
collectivits ethniques. Autrement dit, ce personnel judiciaire a t invit se conformer aux
dispositions lgales et interdisant la cession des terres collectives en exigeant, de tout
demandeur dattestation de proprit, la production dun certificat dlivr par le gouverneur
attestant que la terre revendique nest pas collective et na pas le caractre collectif.
6 La circulaire N 1690 du 5 Juin 1974 fait tat des nombreuses requtes affluant au
Ministre de lIntrieur propos de lempitement de certaines personnes sur les terres
collectives et de la cession de ces terres par voie dactes adoulaires attestant la possession
continue (istimrar). Elle rappelle aux gouverneurs que le certificat de proprit (Moulkya) ne
peut tre dlivr quune fois que lon se soit assur que la terre en question nest pas
collective et quelle na aucunement cette qualit. Enfin, elle recommande aux gouverneurs
de faire procder au recensement des proprits collectives appropries illgalement.
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dabord, une dlimitation de ces carrires avant la fin de chaque exploitation afin
de connatre sa superficie et les quantits qui en auraient t extraites auparavant ;
ensuite, et chaque fois que ncessaire, un contrle de la quantit extraite ;contrle
opr en tenant compte des desiderata du locataire et de la priode convenue au
prable avec ladministration de tutelle.
le partage des terres collectives entre chefs de famille, et ce, parts gales de
superficie sauf si la jma en dcide autrement pour tenir compte de la qualit du sol ;
auquel cas les parts situes en bonne terre seront dune superficie infrieure celle des
autres ;
le partage doit tre maintenu pendant 10 ans au moins et ne doit tre modifi daucune
faon ;
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les chefs de famille bnficiaires du partage sont les hommes maris depuis au moins
6 mois ou les veuves de collectivistes ayant au moins un enfant. Les collectivistes de
retour en tribu peuvent bnficier du partage compter de la premire campagne qui
suit leur retour. Il en est de mme des trangers qui, par tolrance de la tribu, ont
bnfici des mmes avantages que les collectivistes et particip aux charges
communes.
En revanche, sont exclus du partage les collectivistes ayant quitt la tribu depuis plus dun
an ainsi que les collectivistes ayant plaid contre la jma pour sapproprier titre privatif une
partie du collectif.
la constitution dune rserve foncire aprs quun minimum vital ait t assur
chaque famille. Cette rserve foncire doit tre de 1/5 au moins de la superficie dans la
mesure o lexcdent le permet. Sinon, la rserve doit tre constitue de cet excdent.
Cette rserve sert la cration dun centre rural et dun noyau coopratif (cooprative
de travaux, de transformation ou de commercialisation), et ce, avec le consentement de
la jma. Cette rserve peut servir, galement, doter en terres les chefs de famille de
retour la tribu ou encore les collectivistes qui, depuis le dernier partage, auraient
acquis la qualit de chefs de famille.
les terres mises en rserve, et qui nauront pas t affectes comme indiqu ci-dessus,
sont loues des collectivistes linitiative de lautorit locale : Les revenus procurs
par les locations permettront de faire face aux dpenses communes de la tribu
(entretien de mosque, salaire du Fquih,).
Le droit de jouissance dun lot est transmissible la veuve et aux enfants en cas du
dcs du collectiviste bnficiaire, et ce, dans une indivision obligatoire entre eux. A
dfaut dhritier, le lot est dclar vacant.
Jusqu expiration de la priode de 10 ans de partage, les lots devenus vacants et ceux
prlevs sur la rserve foncire doivent tre attribus, chaque anne ou tous les 2 ans
et au gr de la jma, aux chefs de famille nouvellement admis en tant que tels.
la valeur des amliorations effectues par un collectiviste sur le lot quil exploite (
construction, plantation,) doit tre paye ce collectiviste, dires dexpert dsign
par la jma, par le nouvel attributaire collectiviste de ce lot suite un nouveau partage.
Cela tant, et chaque fois que cela est possible, il est recommand, en cas de nouveaux
partages que ces amliorations soient comprises dans le lot attribuer au collectiviste
ayant procd ces amliorations.
Le lot dont on a la jouissance ne peut tre donn en location ou antichrse (1). Par
drogation cette interdiction, les vieillards et les veuves qui sont dans limpossibilit
dexploiter eux-mme ou par leurs enfants les lots qui leur sont attribus peuvent tre
autoriss louer leurs lots pour une anne seulement. Le renouvellement de ce bail
ncessite galement une autorisation donne par lautorit locale.
_______________________
(1) Mesure de sret relle consistant, pour un crancier, pendre en possession un immeuble et den
tirer des revenus ou des fruits chaque anne, dabord au titre des intrts ds par le dbiteur ensuite au
titre de remboursement du capital de sa crance, et ce, jusquau rglement dfinitif de la crance.
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acceptation dun prix minimum de 1,50 DH le mtre-cube extrait, et ce, en plus des
bnfices en vigueur dans ce domaine ;
la circulaire N 333 du 26 Septembre 1992 rappelle tout lintrt quil y a pour les
collectivits ethniques rpondre favorablement aux demandes dacquisition de
terrains collectifs formules par des collectivits locales, et ce, moyennant laccord du
conseil de tutelle. Toutefois, ces collectivits locales nentreprennent pas toujours les
dmarches administratives et judiciaires pour raliser ces cessions de terrains leur
profit. Dun autre ct, certaines communes rurales, ayant obtenu laccord du conseil
de tutelle, se rvlent tre dans lincapacit de payer le prix de cession faute davoir
prvu, dans leur budget, les crdits ncessaires cet effet ou de disponibilit
financires suffisantes dans les caisses du percepteur. Aussi, les gouverneurs sont-ils
invits sassurer, avant lexamen de toute demande dacquisition de terrains
collectifs, de la disponibilit de ressources financires tant au niveau du budget
communal que dans les caisse du percepteur.
Auparavant, une autre circulaire N 343 du 23 Avril 1992 a prcis que les
demandes dacquisition de terrains collectifs par des collectivits locales, des
administrations et des tablissements publics doivent :
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porter, pour tre recevables, sur les ralisations de projets conomiques et sociaux
spcifiques, appuys dune tude technique et financire et raliss aussitt aprs
laccord de cession ;
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_______________________
(1) la circulaire conjointe N 87 souligne la ncessit de donner la priorit, dans lexploitation
des carrires de sables, situes sur un domaine collectif ou forestier, aux collectivits locales
intresses, condition quelles en fassent la demande et quelles exploitent directement la
carrire.
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soit une vente pure et simple moyennant un prix compos dun lment fixe et dun
lment variable(1) ;
Soit un change de terrain contre des lots quips ou des units de logement ;
Soit une vente dune partie du terrain contre des lots quips ou des units de
logement ;
Soit une vente avec dlgation du prix au profit dayants-droit acqureurs de lots
quips ou de logements(2) ;
Soit un change du terrain lotir contre une proprit agricole ;
_______________________
(1) Llment fixe du prix tant constitu par la valeur dexploitation du terrain vendu. Llment
variable du prix tant gal la moiti du rsultat positif du compte dexploitation de
lopration ;compte ouvert dans la comptabilit de lacqureur mais soumis au contrle du Ministre de
lIntrieur en sa qualit de tuteur de la collectivit ethnique propritaire.
(2) Dans cette formule, le cahier des charges, labor par le Ministre de lIntrieur, prcise que
lacqureur cdera chacun des ayants-droit, dsigns par la collectivit propritaire, un lot quip
ou une unit de logement dont le prix sera pay au moyen de la dlgation dune partie du prix de
vente du terrain lotir ou construire correspondant au prix du lot quip . Par ailleurs, le prix peut
tre dlgu soit en totalit, et dans ce cas, il correspondra la valeur totale des lots quips cder
aux ayants-droit, soit en partie, et dans ce cas, le solde sera pay la collectivit propritaire en
numraire. De mme, si le prix de cession du terrain est infrieur au prix de la vente des units du
terrain ou de logement, le solde sera pay en espce numraire .
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Ainsi, par exemple, la transformation du rgime juridique des terres collectives situes
dans les primtres dirrigation en un rgime de proprit prive indivise, et ce, en
vertu du code des Investissements agricoles (dahir N 1-69-30 du 25 Juillet 1969
relatif aux terres collectives situes lintrieur des primtres dirrigation) a connu
beaucoup de difficults lors de sa mise en uvre, en raison notamment du nombre
important de collectivits ethniques et dayants-droit concerns, de la complexit et de
la lenteur des procdures arrts par le dahir N 1-69-30 concernant ltablissement
des listes dayants-droit et de la grande diversit des situations sur les terres collectives
concernes (dfinition de layant-droit, mode de partage et de faire-valoir, dimension
des parts, dispersion parcellaire, ). Au total, et jusquen lan 2000, seulement
31.170hectares ont t lotis et attribus 8.669 ayants-droit dans les grands primtres
dirrigation. A lexception du primtre du Gharb, dans les autres primtres les terres
collectives ont t souvent alloties en lots de 5 hectares et attribues des ayants-droit
sans que les jmas naient dress de listes dayants-droit conformment au dahir N 169-30 du 25 Juillet 1969.
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II.2- Sens, valeur et porte des modifications apportes au statut des terres
collectives de parcours :
1 La superficie des terres collectives de parcours est estime environ 11 millions
dhectares comprenant aussi des forts collectives.
2 Sagissant du dahir du 1919, aucune modification ne lui a t apporte en vue damliorer
les conditions de gestion, dexploitation et de mise en valeur des terres collectives de
parcours. Ces terres qui nont fait et ne font jamais lobjet de partage, ont toujours t et
continuent encore dtre utilises collectivement en leur tat naturel de vgtation, et ce, selon
les usages et les coutumes traditionnels propres aux collectivits ethniques propritaires. Sur
ces terres collectives de parcours, le dahir de 1919 et la coutume autorisent chaque chef de
foyer dexercer librement son droit de pturage sans limitation aucune, ni dans le temps, ni
dans lespace, ni dans leffectif du troupeau, ni dans lespce animale (ovin, caprin, camelin,
bovin, .), ni dans le mode de faire valoir (exploitation directe ou en association avec
quelques bailleurs de fonds). Do des pacages intensifs, une gestion irrationnelle, une
exploitation anarchique dans la plupart des parcours collectifs et une absence quasi totale de
toute action de mise en valeur de terrain collectifs de parcours. Do par consquent une
dgradation acclre, aggrave par des dfrichements au niveau de zones entires.
__________________
(1) Refonte du Code des Investissement Agricole : Bilan et valuation, Rapport de synthse. Groupe
de rflexion, fvrier 1999.
(2) Direction des Affaires Rurales/ Ministre de lIntrieur : Rapport dactivit ; Anne 2000
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____________________
(1) Refonte du CIA : Bilan et valuation. Rapport de synthse. Groupe de rflexion. Fvrier 1999.
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3 En dautres termes, layant-droit acquiert, de cet anctre commun, son droit la terre
collective, et ce, titre la fois particulier et collectif. Particulier, car il a droit une part de
terre collective dont il pourra jouir personnellement pour satisfaire ses propres besoins de
subsistance et ceux de sa famille. Collectif, car, en sa qualit de membre de sa collectivit
ethnique, il a vocation bnficier des revenus procurs par le patrimoine collectif(1) dont sa
collectivit est propritaire.
4 Ce droit la terre collective, son usage et lutilisation des ressources naturelles quelle
porte et qui est ainsi rserv aux seuls membres du groupement descendant dun anctre
commun, ne porte cependant pas sur une parcelle dfinie ou une superficie dtermine ou
encore une ressource naturelle prcise. Ce droit est indtermin.
5 Mais ce droit peut tre accord aussi des trangers sous certaines conditions imposes
par la coutume (faire partie de la collectivit ethnique durant une priode dtermine et avoir
contribu aux dpenses communes lorsquil sagit pour cet tranger de bnficier dune part
de terre de culture ; existence de pactes ou daccords de rciprocit entre fractions ou tribus
lorsquil sagit pour lui daccder une terre de parcours n appartenant pas sa collectivit
ethnique).
III.1.2- Essai de dfinition de layant-droit :
1 La lgislation actuellement en vigueur, et relative aux terres collectives, ne dfinit nulle
part la notion d ayant-droit mais elle suggre clairement, prcisment et abondamment ce
quil faut en entendre ; justement en se fondant, nous semble-t-il, sur les considrations qui
prcdent.
2 Seul le dahir du 10 Octobre 1917 relatif au rgime forestier, tel que modifi et complt,
dfinit les ayants-droit dusage en fort (population marocaines exclusivement et riveraines de
forts) ainsi que le contenu de ce droit dusage en fort (droit de parcours de bestiaux ;
ramassage de bois mort, des fruits, de lalfa, des pierres non destins au commerce ;
prlvement de bois vert et de perches pour la construction et la rparation des habitations, la
confection de charrues, fourches et objets ncessaires aux besoins familiaux).
3 Cest dire quil faut recouvrir aux intentions du lgislateur pour tenter de dfinir la notion
d ayant-droit partir dlments significatifs, quoique parpills dans la lgislation.
4 Dans le dahir du 27 Avril 1919, il est prcis larticle 4 :
Les terres collectives(2) sont rparties en jouissance, titre provisoire, entre les
collectivistes(3), conformment aux usages (us et coutumes au niveau local) et aux
directives de la tutelle ;
______________________
(1) Le patrimoine collectif sentend ici au sens de lensemble des biens meubles et immeubles
appartenant la collectivit ethnique et lensemble des droits et obligatoires y affrents.
(2)Bien que cela ne soit pas explicitement prcis dans le dahir de 1919, il sagit de terres collectives
de culture.
(3)Le dahir de 1919 ne dfinit pas ce quest un collectiviste. Cependant, il rfre aux membres
composant la collectivit ethnique.
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Ces terres peuvent faire lobjet dun partage, portant attribution chacun des chefs
de famille du groupement, dun droit perptuel de jouissance , Le partage intervient
la demande de l assemble des dlgus (jma) ou sur dcision du Conseil de
Tutelle et est ralis dans les formes et conditions fixes par dcret . Toutefois,
ce droit perptuel de jouissance est imprescriptible et ne peut tre alin ou saisi
quau profit de la collectivit elle-mme . Les lots, sur lesquels porte ce droit
perptuel de jouissance, peuvent tre changs entre attributaires . Mais leur
location ou leur mise en association entre attributaires exclusivement, pour une dure
maximale de deux annes agricoles, est subordonne lautorisation de lassemble
des dlgus .
5 Quant larrt viziriel du 14 Aot 1945, rglementant la gestion des biens collectifs
ayant fait lobjet dun partage en jouissance perptuelle, il dispose que :
Tout partage dun immeuble collectif comportant attribution dfinitive chacun des
chefs de famille de la collectivit du droit perptuel de jouissance sur une ou plusieurs
parcelles, est subordonn lautorisation du Conseil de Tutelle (Article 1er) ;
Lorsquil sagit du partage dun immeuble non encore valoris, celui-ci est divis en
autant de lots quils existe de chefs de famille admis au partage par le Conseil de
tutelle . Le partage des lots est effectu publiquement, par tirage au sort, en
prsence de deux adouls ou par devant la jma judiciaire . Chaque attributaire est
mis en possession provisoire de son lot . Et lattribution du droit perptuel de
jouissance ne devient dfinitive que si le lot est valoris . En cas de dchance dun
attributaire, prononce par le Conseil de tutelle , pour cause de non valorisation de
son lot, ce lot fait retour la collectivit qui lattribue en principe lun des enfants
de lattributaire dchu ou encore un des membres de la collectivit non encore
pourvu ou insuffisamment pourvu de terres ou, enfin, le rserve pour lusage
commun (Articles 5,6,7,8 et 9).
En cas de dchance, le lot fait retour la collectivit qui peut procder une
nouvelle attribution certaines de ses membres (non pourvus ou insuffisamment
pourvus de terres) ou le rserver pour lusage commun (Article 10).
(1)En cas de dcs de lattributaire, son droit perptuel de jouissance est dvolu lun ou plusieurs
de ses hritiers, membres de la collectivit. Le choix du ou des dvolutaires est confi la jma, sous
le contrle de lautorit locale.
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6 Le rglement de partage des terres collectives N 2977 du 13 Novembre 1957 est un peu
plus explicite quant ce quil faut entendre par ayant-droit puisquil prcise que :
Les chefs de famille, cest--dire les hommes maris depuis six mois au moins ou les
veuves de collectivistes ayant au moins un enfant ont droit chacun une part dgale
superficie ; le partage devant tre maintenu pendant 10 ans au moins sans
modification daucune sorte (Article 1er) ;
Sont exclus du partage les collectivistes absents depuis plus dun an (1) et les
collectivistes ayant plaid contre la jma en vue de melkiser leur profit une partie du
collectif sauf sils nont aucun moyen dexistence .(Article 4) ;
En cas de dcs du bnficiaire du droit de jouissance dun lot, ce droit est transfr
sa veuve et ses enfants, non dj pourvus . Ce droit demeure obligatoirement
dans lindivision entre eux. A dfaut le lot est dclar vacant (Article 6).
7 - Enfin, le dahir N 1-69-30 du 25 Juillet 1969 relatif aux terres collectives situes dans les
primtres dirrigation a transform ces terres en proprit indivise appartenant aux personnes
qui, la date de publication de ce dahir, avaient la qualit de collectivistes ayants-droit. Ce
dahir prcise dans ses articles 3 et 4 :
que les collectivistes, ayant perdu leurs droits sur limmeuble collectif la suite de
lattribution dun lot domanial conformment aux dispositions du dcret royal portant
loi N 267-66 du 4 Juillet 1966, ne devront pas figurer sur cette liste des ayantsdroit ;
Que cette liste des ayants-droit, une fois tablie par lassemble des dlgus (jma),
devra tre notifie lautorit locale et aux collectivistes ayants-droit intresss dans
le dlai de 6 mois compter de la date de publication du dahir N 1-69-30 au Bulletin
Officiel ;
_______________________
(1) Exceptionnellement, les fonctionnaires ou les militaires ayant laiss en tribus des parents leur
charge, peuvent tre admis, par la jma, au partage mais une fois que le minimum vital des
collectivistes aura t satisfait.
- 41 -
Que cette liste ne peut faire lobjet de recours que devant le Conseil de Tutelle saisi
par les intresss eux-mmes ou par lautorit locale dans un dlai de trois mois
compter de la notification.
Qui est membre dun groupement ethnique (tribu, fraction, douar ou tout autre
groupement) propritaire dune terre titre collectif et ayant sur cette terre une
jouissance titre collectif ;
Qui doit tre chef de famille, cest--dire mari depuis 6 mois au moins et qui na
jamais plaid contre sa jma en vue de sapproprier son profit une partie du
collectif ;
Qui contribue aux charges communes du groupement au mme titre que les autres
membres ;
Et qui ne doit pas avoir bnfici de lattribution dun lot domanial dans le cadre de la
politique de Rforme Agraire.
ltranger qui, par tolrance de la jma, rside au sein du groupement pendant plus
de 10 ans, jouit des mmes avantages que les autres collectivistes et participe aux
charges communs du groupement ;
10 La qualit dayant-droit peut, le cas chant, tre tablie et authentifie pour une fin
dtermine. Cest le cas prvu par le dahir N 1-69-30 du 25 Juillet relatif aux terres
collectives situes dans les primtres dirrigation et que nous avons examin ci-dessus. Cest
le seul cas o le lgislateur dcide ltablissement, par les jmas, de listes authentiques
dayants-droit collectivistes et ayant force probante ds lors que le Conseil de tutelle a statu
dfinitivement sur les oppositions relatives ces listes.
- 42 -
- 43 -
- 44 -
3 Un autre droit dusage des terres collectives de parcours de la zone du projet sest
dvelopp ces dernires annes, particulirement dans les parcours du Saghro, et ce, avec
laccord plus ou moins explicite des jmas concernes. Il sagit du droit de mise en culture de
parcelles en terrains de parcours. Cette mise en culture, qui se dveloppe gnralement l o
des possibilits dirrigation existent (proximit doueds, ou de sources, prsence de nappe),
est prsente et justifie par les leveurs enquts comme tant une ncessit conomique afin
de pallier linsuffisance des revenus procurs par lactivit dlevage pastoral notamment
durant les priodes de scheresse.
Lexercice anarchique de ce droit a profondment transform les modes traditionnels
dutilisation de lespace pastoral et donne lieu de plus en plus de nombreux et graves
conflits en matire dusage des terrains de parcours.
4 Quant aux terres agricoles, situes gnralement le long des oueds, elles sont exploites
directement par leurs propres propritaires, titre dhritages lgus de pre en fils depuis fort
longtemps. Ces terres agricoles, probablement collectives lorigine, sont aujourdhui
dfinitivement melkises en fait et en droit.
5 Enfin, celles des terres qui ne sont vocation ni agricole, ni pastorale, et qui sont situes
gnralement dans les environs immdiats des douars, elles sont attribues, sous forme de lots
individuels de 250 300 m2, des ayants-droit dsireux dy construire leurs maisons
dhabitation. Loctroi de ces lots est gratuit et ne requiert quune simple autorisation crite
dlivre par les nabs des terres collectives. Le cas chant, une partie de ces terres peut servir
dassise foncire pour des projets divers de dveloppement (coles, centres de sant, marchs,
activits touristiques,) sur dcision des jmas concernes.
III.2.3. Occupation actuelle de lespace pastoral dans la zone du projet :
1 Au moment o nous avions ralis notre tude de terrain il nexistait, notre
connaissance, aucune cartographie des droits dusage et des modes doccupation de lespace
pastoral de la zone du projet.
2 Aussi avions-nous inclus dans notre guide dentretien avec les leveurs et hommes
ressources enquts des questions relatives aux lieux et modalits dexercice de leurs droits de
pturage et avions tenu, lors de nos interviews, ce que les leveurs recensent et reprsentent,
sur de grandes feuilles et en notre prsence, les parcours quils utilisent et les axes de
transhumance quils empruntent. Par la mme occasion, ces leveurs et hommes ressources
taient invits caractriser ltat des parcours frquents (prsence ou absence de points
deau, dabris pour animaux, de parcelles mises en culture, ; degr de dgradation ;) et
signaler les parcours objet de conflit, les raisons de ces conflits et, le cas chant, les
modalits de rglement de ces conflits.
3 Le dpouillement et lanalyse des rsultats de ces enqutes de terrain permettent dtablir,
dans les tableaux synthtiques figurant lannexe III du prsent rapport, les lments
dinformation de base susceptible dalimenter une ventuelle cartographie des droits dusage
et des modes dutilisation de lespace pastoral dans la zone du projet
- 45 -
-----------------------------(1) Les parcours frquents et les axes de transhumance emprunts par les leveurs At Sedrate
enquts figurent lannexe III du prsent rapport.
(2) Les parcours frquents et les axes de transhumances emprunts par les leveurs Imgoune
enquts figurent lannexe III du prsent rapport.
- 46 -
3 - Des conflits dutilisation des parcours existent, l, aussi, cause de la mise en culture de
parcelles (comme au Saghro), des points deau et des voies de passage (comme Alatagh
Imassinine, Magaz, Aman NIgdade, Anzig,), de labsence de dlimitation de lespace
pastoral respectif chaque tribu (comme entre les Imgoune et les At Zekri Inoghrane ou
encore entre les Imgoune et les At Sedrate propos de la proprit des terrains de parcours de
Aman NIgdade, Tagmout, Timedghass, El Mers, NAt Mansour, Tafoghalt, Idmouadil,
Boulouah, Bouzergane).
III.2.3.3. Caractristiques de lespace pastoral des leveurs
Imeghrane et de sa gestion(1) :
1 - Les parcours, qui ne font pas lobjet dagdal (mise en dfens provisoire), sont ouverts au
libre pturage sans limitation aucune, ni dans le temps, ni dans lespace, ni dans leffectif et
lespce des animaux, ni dans le mode dexploitation. Ceci nest pas propre aux parcours
collectifs des Imeghrane. Cest le cas aussi des parcours collectifs des At Sedrate et des
Imgoune.
2 - Do leur dgradation avance, particulirement durant les priodes de scheresse comme
en a connues la zone du projet durant ces dernires annes..
3 - Quant aux parcours agdals, leur gestion et leur utilisation se caractrisent par les traits
suivants :
-
Dcision de cration dun agdal par la jma en vertu des droits de gestion ou
dadministration reconnus aussi bien par la coutume que par le dahir de 1919 aux jm
sur leur patrimoine collectif.
Gardiennage de lagdal est assur par 1 ou 2 Amghar NOugdal (ou appel Amghar
NIgzdou comme chez les At Outfaou et les At Zekri ou Cheikh des pturages
comme chez les At kantola ou encore Andof comme chez les At Ougrour). Ces
Amghar NOugdal sont gnralement choisis par les leveurs eux-mmes, parfois en
prsence et avec laval de la jma, comme chez les At Outfaou. Chez les At Ougrour,
ce sont les habitants des douars les plus proches de lagdal qui dsignent, parmi eux et
tour de rle, le gardien de lagdal. La dure de mandat de lAmghar NOugdal est
dune anne, renouvelable.
LAmghar NOugdal est rgnralement rmunr sur le produit des amendes infliges
aux leveurs contrevenant la rglementation coutumire rgissant lagdal.
-------------------------------(1) Les parcours frquents et les axes de transhumance emprunts par les leveurs Imeghrane
enquts figurent lannexe III du prsent rapport.
- 47 -
Utilisation de lagdal durant la priode de son ouverture est autorise tout leveur
ayant-droit ainsi quaux leveurs trangers lorsquil existe des accords de rciprocit
avec les collectivits ethniques dont ils sont ressortissants.
Chez les At Kantola, ce sont les chekhs de pturage qui dsignent par tirage au sort
les parcours devant tre utiliss par les leveurs. Lorsque lagdal comporte des
cavernes-abris (appels Ifren chez les At Affane ou Imizer chez les autres fractions),
les cavernes-abris collectifs sont utiliss librement par les leveurs tandis que les
cavernes-abris privs ne sont utiliss en priorit que par les leveurs qui en sont
propritaires. Dans toutes les fractions enqutes, les agdals ne peuvent tre utiliss
pour le pturage durant la priode de leur fermeture. Les agdals des Iguernane font
toutefois exception la rgle. En effet ces agdals sont utiliss, pendant mme leur
fermeture, pour le pturage du seul gros btail (bovins, mulets, nes) moyennant une
redevance de 25 DH par mois et par propritaire de troupeau de gros btail ; redevance
pay au gardien de lagdal.
4 - Enfin, les parcours des Imeghrane font lobjet de nombreux conflits inter-fraction,
linstar des parcours des At Sedrate et des imgoune. Par souci de cohrence dans la
prsentation de notre rapport, nous avons report, dessein, leur prsentation et leur analyse
au parag. V de ce chapitre et notamment au parag. I.4. du chapitre III.
III.2.3.4. Le phnomne de la mise en culture de parcelles dans
Les terrains collectifs de parcours :
1 Tous les leveurs enquts ont signal lexistence de parcelles agricoles irrigues ou non
dans les terrains collectifs de parcours. Ces parcelles sont lorigine de conflits intra ou intercollectivits ethniques pour cause dempitement de troupeaux et de dvastation des cultures
dans ces parcelles ou dobstruction de voies de passage de troupeaux transhumants ou encore
de rduction de superficies de pturage.
- 48 -
Localisation et recensement des parcelles mises en culture dans les terrains collectifs
de parcours ;
Clture des parcelles mises en culture existantes et interdiction de leur extension ;
Interdiction de tout nouveau dfrichement et de toute nouvelle mise en culture de
terrains collectifs de parcours ;
Contrle strict du respect de ces dispositions ainsi que des usages coutumiers en
matire de prlvement de ressources naturelles et dutilisation des pturages (lieux de
pacage, voies de passage de troupeaux, points deau,) et appui de lautorit locale
aux jmas dans lexercice de ce contrle ;
Sanctions svres lencontre des contrevenants.
- 49 -
Les parcours du douar At Youl, savoir Ighf NOughri, Amalou et Taltfraout, servent
la collecte du bois de feu et des plantes pastorales. Pour se rendre ces parcours, les
femmes sorganisent en petits groupes de 4 5 femmes afin dassurer leur scurit. Le
choix du lieu de collecte et de lheure de dpart est fix la veille et dun commun
accord entre elles. Leau est recherche, en hiver, au niveau des sources situes dans
les parcours du Saghro et, en t, au niveau de loued Majdi dans le Bouguemmaz.
Pour les femmes enqutes au douar At Hammou ou Sad, la collecte du bois de feu
donne lieu, l-aussi, la constitution de petits groupes de 4 5 femmes qui
choisissent, la veille de leur dpart, les lieux de collecte sur la base dapprciations,
sur ltat des parcours, communiques par les groupes de femmes qui sy taient
rendues les jours prcdents. Et leau de boisson est recherche la source Ighboula
de iferghass. Les femmes enqutes dclarent quelles sont conscientes de la
dgradation quelles causent aux parcours et proposent, pour y remdier, une rduction
des prix du gaz butane, de la paille et du son ainsi que de la farine.
Quant aux femmes enqutes au douar At Gmat, elles dclarent que le bois de feu est
collect dans les parcours du Saghro de Novembre Aot et raison de 5 jours par
semain,e lexception du Vendredi et du jour de souk. Cette collecte de bois
seffectue selon les mmes modalits organisationnelles que pour les femmes des
autres douar.
------------------(1) Ne sont examines ici que les conclusions relatives lexercice du droit de prlvement de
ressources naturelles et ses consquences sur ltat et la gestion des terrains collectifs de parcours.
- 50 -
Sagissant du douar Tagmout, la collecte des espces ligneuses se limite aux parcours
entourant le douar et ne ncessite pas plus de 2 3 heures par jour.
Les femmes du douar Azro collectent le bois dans les parcours des jbels Isni, Amazdar
et Tamassint, et ce, en sy rendant par petits groupes de 4 5 femmes.
Quant aux femmes enqutes au douar Tizguine, elles dclarent collecter le bois dans
les parcours Majlala, Tifriouine, Assouda, Tissadrim et Tighoummara. Lorsquil
sagit de parcours lointains, les femmes collectent dimportantes quantits de bois de
feu quelles stockent en tas sur place. Elles ne commencent ramener ce bois au douar
que les jours suivants et par petites quantits. Les plantes pastorales, dites Agri ,
sont ramenes dos de mulets partir du parcours lointain de Tighiouine. Ce parcours
a t trop dgrad durant les deux dernires annes. Ce qui a oblig les femmes daller
jusquaux parcours de Abrid Nzina sur les terres des At Sedrate et dont laccs
ncessite 1 jour de marche et 1 jour pour la collecte et le retour.
Le bois de feu et les plantes pastorales collects font parfois lobjet de vente. Il en est
ainsi au douar Asmekh o les femmes vendent les combustibles ligneux 50 DH les
100 Kg et l Agri 50 DH les 80 Kg.
La collecte du bois de feu et de plantes pastorales au niveau des parcours donne lieu
de nombreux conflits entre femmes et parfois mme entre femmes et leveurs en
raison de la pression sur ces ressources naturelles de plus en plus rares pour cause de
prlvements excessifs mais aussi de scheresse. Il en est particulirement ainsi dans
les parcours exploits par les femmes des douars Aligh NTarga, Asmekh, Taoujgalte,
Assaka, At Affane, Amezri et Azdel.
- 51 -
Le prlvement de combustibles ligneux donne galement lieu des conflits dans les
parcours des douars Assaka At Affane et Amezri. Afin de mettre fin ces conflits et
de mieux grer le prlvement de cette ressource, il a t convenu que chaque douar
dsigne un reprsentant charg dautoriser les femmes aller dans tel ou tel parcours
pour y prlever le bois. Des sanctions pcuniaires sont prvues contre les
contrevenantes (50 DH lamiable ou, en cas de refus de paiement, 500 DH payables
par le mari, aprs sa convocation par lautorit locale).
- 52 -
2 Dans ces primtres, des travaux dquipement (points deau, ppinires, pistes, bornes,
fosss, repres, bains parasiticides, silos, centres affouragement, abris pour animaux,
logements de gardiens) et de rgnration et denrichissement des pturages (travaux de
conservation des eaux et des sols, fumures et amendements, semis ou plantation despces
fourragres herbaces ou arbustives, limination despces vgtales nuisibles, implantation
de brise-vent, boqueteaux et plantes-abris)(1) peuvent tre raliss. Lobjectifs tant
denrayer la dgradation des pturages et den assurer la reconstitution en vue dune
exploitation rationnelle .
3 Les frais, ncessits par les travaux dquipement, dtudes et dexprimentation sont
totalement la charge de lEtat. En revanche, les frais de rgnration et denrichissement de
pturage sont en partie la charge des bnficiaires, concurrence dun certain pourcentage
et avec des facilits de paiement (paiement compter de louverture au parcours des zones
mises en dfens, dlai minimum de 20 ans, annuits gales et sans intrt).
4 Lexercice du droit de pturage dans un primtre damlioration pastorale est conditionn
par linscription de lleveur sur une liste nominative et la possession, par cet leveur, dune
carte de parcours.
5 Dans ces primtres damlioration pastorale, le nombre maximum et lespce des
animaux admis au pturage sont fixs compte tenu de la superficie , de ltat du sol et de la
vgtation ainsi que des conditions climatiques. De mme que sont fixes les conditions
dexploitation rationnelle du pturage par rotation du pacage sur les parcelles et pacage
diffr.
6 En outre, les associations(2) en vue de llevage de btail y sont interdites et celles
conclues antrieurement un dcret de cration et de dlimitation dun primtre
damlioration pastorale doivent tre dclares par les associs dans le dlai et les conditions
fixs par ce mme dcret et prendre fin dans le dlai accord aux associs.
7 En application du dahir N 1-69-171 du 25 Juillet 1969, et sur un total de 33 primtres
identifis en vue de leur amlioration pastorale, 6 primtres seulement ont t dlimits(3)
jusqu la veille de lentre en vigueur de la loi N 33-94, reprsentant environ 180.000 Ha au
total.
______________________
(1) Les travaux de rgnration et denrichissement ne peuvent tre effectus que dans des zones de
mise en dfens dlimites et dune superficie ne pouvant dpasser le 1/5 de la superficie du
primtre damlioration pastorale.
(2) Selon le dahir N 1-69-171 du 25 Juillet 1969, il y a association lorsque le btail appartient en
totalit ou en partie une personne non titulaire dun droit de proprit ou de jouissance sur le terrain
o le troupeau est lev, entretenu ou engraiss
(3) Ces 6 primtres damlioration pastorale taient situs dans 5 provinces :
- Province dOujda (primtre de An Bni Mathar de 68.000 ha) ;
- Province dIfrane (primtre de An Leuh de 44.700 Ha et primtre de Timahdite de 25.598
Ha) ;
- Province de Khnifra (primtre de lAarid de 25.000 Ha) ;
- Province de Chefchaouen (primtre de Zag de 10.000 Ha) ;
- Province de Taza (primtre de Tafrata de 7.000 Ha).
- 53 -
- 54 -
6 Enfin, la loi N 33-94 ninterdit pas les associations dans les zones damlioration
pastorale. En revanche, elle encourage la cration de coopratives dleveurs :
-
en accordant, tout propritaire inscrit sur une liste nominative dleveur et adhrant
une cooprative dleveurs, une rduction de 10% sur la part des dpenses mises sa
charge, suite lamlioration pastorale de son terrain priv.
la participation des populations concernes la prise de dcision mais aussi dans les
investissements au niveau de lexploitation ainsi que leur implication dans les actions
dans un cadre contractuel ;
3 Ce sont l les principaux apports de la loi N 33-94. Et cest ainsi que, dans le cadre de
cette loi et de cette nouvelle approche, environ 200 primtres de mise en valeur en bour ont
donc t rpertoris dans diverses zones agro-cologiques. Mais seulement 40 projets ont t
finaliss. Les projets achevs et ceux en cours dachvement sont respectivement en nombre
de 6 dans chaque catgories. 20 projets sont en cours dtude et 28 projets sont en cours
dachvement. Tandis que 70 projets sont programms dans le cadre du Plan de
Dveloppement Economique et Social 2000-2004 et dont 14 projets ont t lancs en 2000 et
2001(1).
---------------------(1) DAF/Cellule de Coordination des PMVB.
- 55 -
4 Toutefois, le suivi des Projets de Mise en Valeur en Bour a permis la DPAE didentifier
de fortes contraintes auxquelles se heurte la mise en uvre de ces projets. Certaines de ces
contraintes sont lies la lourdeur des procdures rglementaires, la difficult dimpliquer
les diffrents acteurs concerns, au manque de comptence ou la rticence de certains
intervenants, tandis que dautres contraintes se situent au niveau de la rigidit des procdures
financires.
5 Quant la mise en uvre des projets de mise en valeur pastorale, elle rencontre des
contraintes dune autre nature (absence de paquets technologiques, insuffisance de
lencadrement, faiblesse des ressources financires). Do des rsultats modestes dans ce
domaine, au regard de limportance des parcours restant encore amnage. En effet, sur un
total de 15 PMVB ayant une composante pastorale , 11 PMVB connatraient des blocages
pour cause de conflits entre ayants-droit sur les limites des parcours et les droits dusage, de
refus des populations quant la ralisation de travaux damlioration de parcours dont elles
convoitent la mise en culture et lappropriation ou encore de mise disposition, par lautorit
provinciale, de terrains au profit de jeunes promoteurs dsireux dy crer des exploitations
agricoles alors quil sagit de terrains vocation pastorale(1).
6 En dfinitive, ce nest pas tant la loi N 33-94 elle-mme qui pose problme mais cest
plutt son application, dans lesprit et dans la lettre, qui se heurte certaines difficults. En
effet, cette loi constitue un cadre et un outil juridiques cohrents et intgrs de mesures devant
tre mises en oeuvre au service du dveloppement agricole et rural des zones bour, et ce, de
manire progressive, slective et participative. En revanche, lapplication de cette loi se heurte
des difficults diverses (incapacit des cadres assimiler la nouvelle approche qui est base
de ngociation permanente et de contractualisation des actions mettre en uvre, lourdeur de
la procdure de dlimitation des primtres, faible capacit didentification des actions
mettre en uvre, difficult de coordination entre diffrents services extrieurs intervenants,
non prise en compte de critres ethniques lors de la dlimitation de PMVB composante
pastorale , absence de consultation des collectivits ethniques concernes lors de la
dlimitation de zones damlioration pastorale situes lintrieur des PMVB dlimits, non
participation financire des populations pastorales bnficiaires de travaux de rhabilitation
de terrain de parcours alors que cette contribution financire est expressment prvue par la
loi N 33-94,).
7 Enfin, dautres facteurs contraignent la bonne mise en uvre de la loi N 33-94 et en
limite srieusement la porte. Certains sont caractre administratif (prparation htive de
certains Projets de Mise en Valeur en Bour en raison des courts dlais accords, retards dans
la signature des dcrts de dlimitation des zones de PMVB, rigidit des procdures
financires, insuffisance des moyens humains et matriels daction tant au niveau central,
provincial que local). Dautres sont lis aux PMVB eux-mmes (inadquation de certains
PMVB par rapport aux principes de la loi N 33-94, manque dintgration des actions socioconomiques, manque dadhsion des bnficiaires pour certaines actions, programmation
dactions priori et donc en contradiction avec les exigences de lapproche
participative,)(2)
-----------------------------------------(1) DE/Division de lAmlioration des parcours : Analyse Critique de la loi N 33-94 relative au
PMVB (Amnagement de lespace pastoral).
(2) DAF/Cellule de coordination des PMVB.
- 56 -
---------------(1) Il sagit dactivits prvues par les auteurs du projet CBTHA (cf. Rapport didentification du
projet, pp 37-43).
- 57 -
la formation des hommes et des femmes la gestion des proprits communes (terres
de parcours, points deau,) en vue de leur utilisation durable (techniques innovatrices de
conduite des troupeaux, cration et test de systmes de repos rotation pour environ 80.000 Ha
de pturages collectifs, mise au point de modles appropris pour des pratiques de conduites
des troupeaux en commun entre familles transhumantes et sdentaires, cration de capacits
de suivi participatif dans les organisations pastorales,).
lexprimentation dun systme collectif de mise en place de droits dutilisation des
sites cls (puits, pturages remis en tat,.. ).
lutilisation de deux bains parasiticides mobiles, et ce, selon les demandes des
organisations pastorales.
etc.
4 Ainsi, de par leur nature et leur contenu mmes, les activits prvues au projet CBTHA
participent de lamlioration pastorale au sens de la loi N 33-94 avec majeur un souci de
conservation de la biodiversit. De ce fait, ce projet se dmarque des autres projets de mise en
valeur en bour ayant une composante pastorale.
5 Do la ncessit de conserver ce projet toute son originalit en faisant de la loi N 3394 une application adapte aux spcificits juridico-institutionnelles de la zone du projet
(terres collectives de parcours et institutions coutumires relevant toujours de lapplication du
dahir de 1919, actions damlioration pastorale relevant de la loi N 33-94, institutions et
instances nationales, provinciales et locales de planification et de gestion participatives
caractre ad-hoc parce que mises en place pour les besoins dune mise en uvre efficace du
projet CBTHA).
6 Cette adaptation de la loi N 33-94 ncessite lamendement de certaines de ses
dispositions afin de la rendre applicable aux terrains de parcours en zone aride en gnral et
qui sont gnralement collectifs (Voir nos propositions dadaptation de la loi N 33-94 dans
la conclusion du prsent rapport).
V CONFLITS RELATIFS AUX TERRES COLLECTIVES EN GENERAL ET DANS
LA ZONE DU PROJET EN PARTICULIER :
1 Les conflits fonciers en gnral, et particulirement ceux relatifs lappropriation et
lutilisation des terres collectives de parcours, sont de nature et dorigine diverses.
2 La lgislation relative aux terres collectives prvoit des modalits judiciaires de rglement
de ces conflits ; modalits variables selon la nature juridique du conflit.
3 Il reste cependant rechercher et mettre en uvre des modalits rnoves susceptibles,
plutt, de prvenir, de rguler ou de neutraliser ces conflits afin quils ne dgnrent pas en
affrontements intra ou intercommunautaires (dsaccords, diffrends, oppositions dclares et
frisant parfois la rbellion, affrontements violents entranant parfois mort dhomme) portant,
ainsi, atteinte lordre public et la paix sociale.
- 58 -
V.1- Types et nature des conflits relatifs aux terres collectives en gnral :
V.1.1- Conflits relatifs la proprit collective et attribution de
comptence pour les rsoudre :
1 Relvent de la comptence de la jma ou du Conseil de Tutelle :
Les litiges qui naissent entre membres dune collectivit ethnique et qui portent sur
une terre ayant fait lobjet dune immatriculation foncire ou dune dlimitation
administrative homologue par dcret au nom de cette collectivit. La nature
collective de cette terre ne pouvant plus tre conteste, les membres de cette
collectivit propritaire ne peuvent recourir qu leur jma ou au Conseil de tutelle
pour rgler leur diffrend et se plier, ensuite, aux dcisions de ces instances ;
Les litiges entre une collectivit et un tiers gnralement tranger la collectivitqui prtend avoir droit une part de la terre collective titre de membre de la
collectivit alors que celle-ci lui refuse la qualit de collectiviste ayant-droit. Dans ce
cas, cest le Conseil de Tutelle ou le Cad qui intervient pour rgler ce genre de
litiges ;
Les litiges relatifs aux listes dayants-droit tablies par les jmas conformment aux
articles 3 et 4 du dahir N 1-69-30 du 25 Juillet 1969 relatif aux terres collectives
situes dans les primtres dirrigation. Ces listes ne peuvent faire lobjet de recours
que devant le Conseil de Tutelle saisi par les intresss eux-mmes ou par lautorit
locale dans un dlai de trois mois compter de la notification (Article 4, al.2).
Les litiges entre collectivits et portant sur une terre collective non immatricule ou
non dlimite ;
Les litiges entre une collectivit et un tiers qui prtend avoir des droits privatifs sur un
terrain de la collectivit, et ce, alors que la terre de cette collectivit nest encore ni
immatricule ni dlimite et homologue (cas nombreux de tentatives dempitement
sur des terres collectives ou de leur appropriation au moyen dactes adoulaires
tablissant la possession de la terre, et ce, sans que les adouls ou les juges ne
sassurent du fait que ces terres ne sont pas collectives ou nont aucun caractre
collectif(1)) ;
----------------------------(1) par exemple en exigeant des demandeurs de prsenter une attestation dlivre par le gouverneur,
prouvant que les terres en question ne sont pas collectives.
- 59 -
1 Il existe des conflits relatifs lexercice des droits dtenus par les jmas elles-mmes
(droits de gestion cest--dire de rpartition de la terre collective ou de rglementation des
droits daccs et dusage ; droits dalination ;) ou par les collectivistes ayants-droit (droit
une part de la terre collective de culture, droit daccs un parcours collectif, droit de
prlvement de ressources naturelles,).
2 Les causes principales de ces conflits sont nombreuses et diverses :
Forte comptition pour des ressources foncires et pastorales de plus en plus rares
pour des raisons lies, entre autres, laccroissement dmographique de la population
usagre ;
Etc.
3 - Ces Conflits ont un sens. Ils sont rvlateurs de la raret et de la valeur des ressources
disponibles au regard des droits dappropriation et dutilisation existant sur ces ressources. De
ce fait, ces droits sont porteurs denjeux pour les populations concernes.
V.2- Quen est-il des conflits dans la zone du projet ? :
1 La rgion de Ouarzazate a connu et connat encore un certain nombre de conflits relatifs
aux terres collectives de parcours. Certains conflits rcents, qui nous ont t relats lors de
notre tude de terrain, ne sont parfois quune rsurgence de conflits anciens non ou mal
rgls.
2 Nous en recensons les principaux en Annexe II du prsent rapport et nous examinerons
dans le 3me chapitre de cette tude les conflits cits par les leveurs enquts.
- 61 -
CHAPITRE III
INSTITUTIONS COUTUMIERES ET INSTITUTIONS LOCALES
ET LEUR ROLE DANS LA GESTION ET LA MISE EN VALEUR DES TERRES
COLLECTIVES DANS LA ZONE DU PROJET CBTHA
(Aspects institutionnels)
1 Sagissant de gestion et de mise en valeur des terres collectives, on peut dire que les
institutions coutumires et les institutions nationales ou locales, qui en ont respectivement la
charge, se distinguent trs nettement de par leur statut juridique tel que dfini par les textes
lgislatifs et rglementaires les rgissant..
2 Toutefois, ces institutions coutumires et ces institutions nationales ou locales sont
souvent appeles simpliquer, soit sparment, soit conjointement, soit encore de faon
complmentaire, quoique des chelles et niveaux daction diffrents, dans la gestion et la
mise en valeur de ces terres collectives, particulirement de parcours.
3 Dans la zone du projet, cependant, ltude de terrain a rvl que lintervention respective
des institutions coutumires et des institutions locales reste faible en matire de gestion et de
mise en valeur des terres collectives notamment de parcours et quil ny a, pour le moment,
aucune intgration, dans ce domaine, entre le systme coutumier et le systme institutionnel
local de dveloppement agricole et rural quil sagisse, par exemple, des institutions
communales rurales, des institutions professionnelles agricoles (chambre dagriculture,
coopratives agricoles, .) ou des institutions technico-administratives agricoles.
I LES INSTITUTIONS COUTUMIERES ET LEUR ROLE DANS LA GESTION ET
LA MISE EN VALEUR DES TERRES COLLECTIVES :
I.1 Structuration sociale coutumire en terres collectives et ses fondements :
1 Lorganisation sociale coutumire(1) en terres collectives est gnralement structure
autour de quatre institutions coutumires, ayant chacune des fonctions prcises, savoir :
Le douar, qui regroupe un certain nombre de foyers ruraux issus de dams (groupes
familiaux issus dun anctre commun) et souvent augments dtrangers venus
sinstaller au douar avec laccord de la jma . Lactivit politique et sociale de la jma
du douar se limite souvent la rpartition des charges locales caractre dintrt
gnral (accueil dhtes, collecte de fonds pour rmunrer le fquih, mobilisation de la
main-doeuvre pour des travaux damnagement et dentretien de sguias, de
pistes,). Le douar possde, dans son voisinage plus ou moins immdiat, des terrains
de parcours utiliss pour le pturage, le prlvement de bois de chauffe, etc.
----------------(1) Voir aussi notre tude de terrain dont nous donnons les rsultats en annexe ce rapport.
- 62 -
La tribu, qui regroupe des fractions, possde un territoire, un nom celui dun
anctre commun quelques traditions et valeurs communment partages (solidarit,
cohsion, fraternit, entre fractions). Si la tribu a eu jadis des institutions fortes, sans quoi elle naurait pas perdur jusqu nos jours aujourdhui elle apparat plutt
un cadre vide tant le sentiment tribal semble stre relch pour diverses raisons
(sdentarisation, mlange des familles, organisation communale et son dcoupage
territorial,) ;
2 Une telle organisation sociale coutumire est le produit de lhistoire tribale. Elle peut tre
considre aujourdhui comme la fin dun long processus dvolution de la socit tribale ;
une fin consacre par le dahir du 27 Avril 1919.
I.2. Caractres structurels :
1 A en juger par le rsultat de nombreux travaux de recherche sur les collectivits ethniques
marocaines, on peut dire que le groupement ethnique sincarne :
et dautre part, dans son chef (Amghar, moqaddem, nab,) choisi par la jma, parmi
ses membres, et auquel est confi le pouvoir excutif (prsidence des runions de la
jma, excution des dcisions de la jma, maintien de lordre public,) pour une
courte dure afin dviter une ventuelle tentative de domination de sa part.
2 Au niveau de la jma, les sous-groupes et les intrts ethniques sont assurs dune
reprsentation et dune reprsentativit opres selon un dosage complexe. Et laccs la
fonction et la responsabilit de membre de la jma est conditionn par un certain nombre de
qualits exiges du candidat (comptence, sagesse, vertu, poids socio-conomique ou
politique, exprience,).
- 63 -
de prendre toutes mesures ncessaires pour faire excuter ses dcisions ainsi que celles
prises par le Conseil de Tutelle et, le cas chant, demander lintervention de lautorit
locale qui dispose de la force publique ;
___________________
(1) La jma intervient contre les empitements et les prises de possession dune partie du collectif par
des particuliers.
(2) Vente de terrains collectifs lEtat pour la construction dcoles, de centres de sant, de CT/CMV,
de bains parasiticides,
- 65 -
_________________
(1) Accord de la fraction pour dsigner, parmi ses membres 12 personnes reprsentant les dams ou
familles, constituant la jma niabiya ;
- A leur tour, ces 12 personnes dsignent une 13me personne qui sera le nab des terres collectives. Un
PV de dsignation est tabli ;
- Ces 12 personnes et le nab dposent ce PV dsignation auprs de lautorit locale ;
- Lautorit locale dlivre une attestation administrative (Tazquiya ou caution) ;
- Remise de cette attestation administrative aux adouls pour tablissement dun acte adoulaire de
mandat au profit du nab ;
- Cet acte adoulaire est gard par le nab et photocopie de cet acte adoulaire est dpose auprs de
lautorit locale en mme temps quest dpos tout le dossier administratif du nab (extrait dacte de
naissance, extrait du cahier judiciaire ou fiche anthropomtrique, photocopie de la Carte dIdentit
Nationale, photos didentit) ;
- Envoi de ce dossier complet au sige de la province ;
- Copie de ce dossier est envoye au Ministre de lIntrieur (Direction des Affaires Rurales).
(2) A titre dexemple, il y a lieu de signaler le cas dune opposition dtermine dun certain nombre de
femmes du douar dAzro de la tribu IMGOUNE face la convoitise de la Commune Rurale de AIT
OUASSIF. En labsence des maris, cette commune avait voulu prendre possession dun terrain de
battage dont la famille Dabbagh avait la jouissance. La commune dsirait y construire des logements
pour son personnel. Lintervention trs dtermine des femmes a permis de sauvegarder le terrain
avant que le juge ne leur donnent entirement et dfinitivement raison.
- 66 -
__________________
(1) Le montant des amendes varie dune fraction lautre (25 50 ou 100 DH voire mme 200 DH). Il
peut atteindre 1.000 DH si lauteur de linfraction refuse de payer sur place, lamghar nougdal, le
montant de lamende initiale. Dans ce cas, lamende est porte son plus haut niveau et doit tre
acquitte auprs de lautorit locale qui, aprs avoir dduit les frais de dossier, verse le solde la
commune rurale dont relve lauteur de linfraction.
(2) Il en est ainsi, par exemple, chez les Iguernane (douars Lahouanete, Taghya et Tassamert).
- 67 -
2 Lhistoire ancienne(1) et rcente de la zone du projet est grosse surtout de conflits inter
collectivits(2). Dans la plupart de ces conflits, les jmas sont intervenues delles-mmes ou
ont t mobilises par lAutorit locale pour les rgler, souvent dailleurs avec succs ainsi
que nous allons le voir ci-aprs travers lexamen de quelques cas rcents de conflits(3) :
1/ Chez les At Sedrate :
conflits cits par les leveurs enquts du douar Boukadour (At Sedrate Shal
Charkia). Il sagit de conflits entre les At Sedrate et les Imgoune et ayant diverses
causes :
- Limitation des voies de passage des troupeaux ;
- Empitements sur les parcours du Saghro par les leveurs Imgoune ;
- Non respect dleveurs ayants-droit de terrains dans le Saghro par les leveurs
Imgoune ;
- Accroissement du nombre de parcelles agricoles sur les terrains de parcours ; ce qui
rduit la superficie disponible pour le pturage comme cest le cas pour les terrains
situes dans le Saghro et appartenant au douar Boukadour des At Sdrate Shal
Charkia.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Ighrem Akdim (Fraction At Mraou) :
Il sagit de conflits ayant pour cause :
- les terrains mis en culture ;
- lempchement de laccs aux points deau et aux voies de passage de troupeaux
appartenant des leveurs trangers aux collectivits propritaires des terrains de
parcours.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Aguerzega (Fraction At Mraou) :
- Conflits entre leveurs Imgoune et leveurs At Sedrate cause :
_
_
_
- Tentative de rglement par lautorit locale, en urgence, dun conflit portant sur une
voie de passage revendique la fois par les Imgoune et les At Sedrate et emprunte
par les leveurs des deux tribus. La solution a consist ici dvier la voie litigieuse en
attendant quune commission rgle lensemble du contentieux entre les Imgoune et les
At Sedrate.
En gnral les jmas de tribus interviennent pour rgler ces conflits en prsence de
lautorit locale. Toutefois les leveurs considrent que pour rgler dfinitivement ces conflits
il y aurait lieu de prendre les mesures suivantes :
_
_
_
_
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Alligh NTarga (Fraction At
Outfaou) :
- Conflit entre les At Outfaou et les At Kantola cause :
_ De points deau utiliss par les leveurs At Kantola ;
_ De linterdiction, faite par les At Kantola aux femmes At Outfaou, de
prlever l agri (espce fourragre) et le bois de chauffe.
- Conflit entre les At Outfaou et les At Zekri portant sur des limites entre les terres
respectives des 2 fractions. Un rglement est intervenu en 1983 entre les jmas des 2
fractions sur la base dune convention prcisant les limites de leurs terres respectives.
Conflit cit par les leveurs enquts du douar Asmekh (Fraction At Kantola) :
- Conflit entre les At Kantola et les At Outfaou portant sur le parcours Amerdoule
NOuassaye partir du moment o les At Outfaou avaient interdit aux leveurs At
Kantola dabreuver leurs animaux sous prtexte que leau devait servir lirrigation
des terres mises en culture par les At Outfaou. Ce conflit a t finalement rgl, en
2000, par le tribunal au bnfice des At Kantola.
Conflits cits par les leveurs du douar Assaka (Fraction At Affane Est) :
- Conflit entre les At Affane Est et les At Zekri cause du prlvement dalfa opr
par des leveurs de Assaka dans les parcours des At Zekri. Ce conflit a t rgl par
les jmas respectives de ces 2 fractions aprs que les leveurs de Assaka aient reconnu
leur tort.
- Conflit entre les At Affane Est et les At Kantola portant sur la proprit du parcours
Azaghar NIguer. Les At Kantola revendiquent, pour eux seuls, la proprit de ce
parcours et y pratiquent lagriculture par endroit. Or jusquen 1985, ce parcours
appartenait, pour moiti, aux deux fractions.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Amezri (Fraction At Affane Ouest) :
Conflit, datant de 1957, entre les At Affane Ouest et les At Booli la suite de
lexpulsion dleveurs de Amezri par des leveurs At Booli. Ce conflit a t rgl par
convention entre les jmas des 2 fractions ; convention initie par lautorit locale ;
Conflit entre les At Affane Ouest et les At Zaghar (notamment les leveurs du
douar Ichebbacken) la suite du refus des Ichebbaken de laisser passer les leveurs
At Affane Ouest par laxe de passage allant du parcours Taguenousti au parcours
Taoujirt ; les leveurs Ichebbaken craignant la concurrence des leveurs At Affane
Ouest ;
- 70 -
Conflit entre les At Affane Ouest et les At Zekri dans les parcours du Saghro
cause de linterdiction faite par les At Zekri aux At Affane daller au-del du pont de
Sidi Flah pour faire pturer leurs troupeaux ;
- Conflit entre les At Affane Ouest et les At Saoune portant sur des
parcours situs entre Agdz et Ouarzazate.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Azdel (Fraction At Zaghar Est) :
- Conflit entre les At Zaghar et les At Kantola cause de parcelles agricoles et des
points deau appartenant aux At Kantola ;
- Conflit entre les At Zaghar et les At Booli (province dAzilal) portant sur des points
deau dans les parcours Ibellozen et Taguenousti.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Lahouanet (Fraction Iguernane) :
- Conflit entre les Iguernane et les At Zekri dans le Saghro relatifs des empitements
de troupeaux dleveurs Iguernane sur des parcelles agricoles appartenant aux At
Zekri. En gnral, le rglement de ces conflits consiste en un ddommagement des
propritaires des parcelles agricoles par les propritaires des troupeaux.
Conflit entre les leveurs du douar Tamezrite (Iguernane) et les leveurs du douar At
Tighfest (Fatwaka) portant sur le parcours Aguensou NTaghfest. Dans ce parcours,
les Iguernane possdent des Imizers (abris pour animaux) depuis le temps du
Protectorat. Mais les Fatwaka refusent aux Iguernane laccs ce parcours les privant
ainsi de faire pturer leurs troupeaux et dutiliser leurs Imizers. Ce litige a t port,
en 2001, devant le juge. En attendant (le jugement), ce conflit continue de donner lieu
de violentes agressions commises par des leveurs Fatwaka contre des leveurs
Iguernane.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Imider ( fraction At Ougrour) :
- conflit entre les At Ougrour et les At Zaghar portant sur les 3 agdals de Azarza, de
Akka NIaraben et de Afella NIghil. Dans chacun de ces agdals, les deux fractions
possdent des Imizers. Si louverture des agdals, les leveurs de lune et lautre
fraction y accdent simultanment, il ny a pas donc de conflit. En revanche, les
conflits deviennent invitables lorsque les leveurs de lune des fractions prcdent les
leveurs de lautre fraction.
Conflits cits par les leveurs enquts du douar Iferkhane (fraction At Toundoute) :
- Conflits entre les leveurs du douar Iferkhane et les leveurs de Ichebbaken (fraction
At Zaghar) pour des infractions rptes, commises par ces derniers concernant les
agdals des Iferkhane.
- 71 -
Conflit entre les At Zekri et les At Booli suite linterdiction faite par les At Booli
aux leveurs At Zekri de faire pturer leurs troupeaux sur les parcours des At Booli
au motif que ces parcours sont trop exigus et suffisent peine aux besoins des
troupeaux des leveurs At Booli
- 72 -
Conflit cit par les leveurs agriculteurs du douar Sidi Flah (fraction At Outfaou et
Amzaourou Arab) :
- Il sagit dun conflit entre les At Outfaou dune part et les At Zekri et les
Amzaourou Arab dautre part, portant sur lutilisation des eaux de loued Mgouna, et
ce, notamment en priode de scheresse. Les Amzaourou Arab et les At zekri
irriguent, les premiers, leurs terres partir de leur barrage traditionnel (Ougoug) situ
Taghya, et ce, en utilisant toute leau de loued en application du principe coutumier
de la priorit de lamont sur laval. Ce qui, en priode de scheresse notamment, cause
un srieux prjudice aux cultures et plantations des agriculteurs At Outfaou dont les
terres sont situes laval du barrage des Amzaourou et des At Zekri. Aussi, les At
Outfaou rclament-ils le partage, par moiti, de cette eau. Les agriculteurs Amzaourou
refusent daccder cette demande au motif quil ne peut tre port atteinte au
principe coutumier de la priorit de lamont sur laval. Do conflit ayant amen les
At Outfaou intenter une action judiciaire contre les Amzaourou Arab ;
particulirement contre 5 personnes qui seraient directement concernes par ce
diffrend.
----------------------(1) Pour illustrer notre propos, nous donnons en annexe IV du prsent rapport quelques exemples
historiques de conflits et de leurs modes de rglement pour ce qui concerne la zone du projet.
- 73 -
5 Cest que les jmas et les collectivits ethniques ont de moins en moins de capacits
institutionnelles pour rsoudre, rguler ou neutraliser efficacement les conflits et de scuriser
les droits de proprit et de jouissance des parcours collectifs. A cela plusieurs facteurs
explicatifs mais que nous formulons ici comme de simples hypothses :
- la perte, progressive mais relle, de la lgitimit de ces institutions coutumires et donc de
leur crdibilit aux yeux des membres collectivistes eux-mmes comme aux yeux des gens du
dehors;
- la sdentarisation acclre des leveurs transhumants et qui est en train de librer les
leveurs de la discipline quimposait jadis la vie pastorale. Do les signes dj perceptibles
dune utilisation anarchique des parcours collectifs et donc gnratrice de conflits inter et
intra-collectivits.
- les tensions et les conflits intra et inter-collectivits ethniques nont plus la mme fonction.
Si dordinaire, et jusqu un pass relativement rcent, les tentions et conflits entretenaient et
renforaient lidentit et la cohsion de la collectivit ainsi que lquilibre socio-politique
entre collectivits voisines, aujourdhui ils constituent plutt des facteurs de rupture de cette
identit, de cette cohsion et de cet quilibre. Car, en juger par le phnomne de la mise en
culture effrne de terrains collectifs de parcours, ces tensions et conflits sont fonds par des
intrts et des stratgies beaucoup plus individuels que collectifs ;
- 74 -
- laboutissement, aujourdhui, des collectivits ethniques creuses, car devenues, du fait des
consquences de la dcentralisation communale et du dveloppement associatif, de simples
groupements territoriaux sans rels pouvoirs aprs avoir t, il ny a pas longtemps encore, de
vritables groupements politiques.
II INSTITUTIONS NATIONALES ET LOCALES DE CONTROLE DE LA
GESTION ET DE LA MISE EN VALEUR DES TERRES COLLECTIVES :
1- Le dahir du 27 Avril 1919, on la vu, a consacr la Tutelle administrative de lEtat sur les
collectivits ethniques et sur leur patrimoine collectif. En mme temps il a pos et consacr le
principe de linalinabilit, dimprescriptibilit et dinsaisissabilit des terres collectives.
2 Cette Tutelle administrative est confie au Ministre de lIntrieur qui lexerce aux cots
dun Conseil de Tutelle ayant une mission la fois judiciaire et de contrle.
II.1- Les missions du Ministre de lIntrieur, tuteur des collectivits ethniques :
1 Il sagit de veiller lexcution des dcisions du Conseil de Tutelle et dadresser ce
dernier tous rapports jugs utiles relatifs aux collectivits ethniques et leurs biens collectifs
(litiges intra et inter-collectivits, cession de terrains collectifs, oprations de distribution de
fonds aux ayants-droit, ..) ;
2 Rgler les affaires urgentes de peu dimportance relatives aux terres collectives mais en
rfrer au Conseil de Tutelle lors de sa prochaine runion ;
3 Instruire les dossiers relatifs aux rclamations(1) ;
4 Reprsenter les collectivits ethniques en justice ou les autoriser ester elles-mmes,
notamment pour assurer la conservation des terres collectives ;
5 Autoriser les jmas passer avec des tiers des contrats dassociation agricole ;
6 Tenir la comptabilit des collectivits ethniques et dont les fonds sont dposs au Trsor.
II.2- Composition et attributions du Conseil de Tutelle :
1 Le Conseil de Tutelle se compose :
- du Ministre de lIntrieur ou son dlgu, prsident ;
- du Ministre de lAgriculture ou de son dlgu ;
- des Directeurs des Affaires Politiques et des Affaires Administratives du Ministre de
lIntrieur ou leur dlgu ;
- de deux membres dsigns, par le Ministre de lIntrieur (nabs de collectivits ethniques).
_______________________
(1) cest ainsi que, en lan 2000 par exemple, le Ministre de lIntrieur/ Direction des Affaires
Rurales a instruit 2.263 requtes sur 2340 requtes reues et concernant des litiges intra et intercollectivits portant sur des terrains de parcours, des points deau, des dlimitations, des questions du
nabat , des quotes-parts, etc (cf. Ministre de lIntrieur/Direction des Affaires Rurales : Rapport
dactivit : anne 2000 ).
- 75 -
2 Le Conseil de Tutelle tient ses runions sur invitation du Ministre de lIntrieur. Il est
assist dun secrtaire dsign par le Ministre de lIntrieur.
3 Le conseil de Tutelle examine :
- les projets et demandes motivs dont la tutelle a t saisie par crit et statue sur ceux ne
ncessitant pas un supplment dinformation ;
- toutes les questions importantes intressant les jmas et prend des dcisions (autorisation de
la passation de baux long terme et de lalination perptuit de la jouissance de biens
collectifs, autorisation de partage dfinitif de terres collectives entre chefs de famille, avis sur
lexpropriation de terres collectives au profit de lEtat, homologation de toutes transactions
passes entre des jmas et des tiers loccasion dun procs ou dun simple litige, remploi de
fonds provenant dune expropriation, emploi de loyers ou autres revenus accidentels des
collectivits ethniques). Ici, laction du Conseil de Tutelle doit tre inspire, exclusivement,
par lintrt de la collectivit ethnique ; le conseil devant prendre donc en considration les
risques et les pertes de toute nature et les avantages qui pourront rsulter pour la collectivit
(Article 13 du dahir du 27 Avril 1919) ;
- Les diffrends internes entre membres dune collectivit ethnique ou entre collectivits
ethniques elles-mmes et statue en dernier ressort sur ces diffrends(1) ;
4 Cest ainsi que, par exemple en lan 2000, ce Conseil de Tutelle a tenu 6 runions pour
procder lexamen et la prise de dcision concernant 132 affaires litigieuses intra et intercollectivits, lapprobation de 16 projets de cessions dintrt gnral portant sur une
superficie de 3.000 hectares relevant de 11 provinces, lautorisation de 64 oprations de
distribution de fonds pour un montant de 52,7 millions de Dh au profit de plus de 31.000
ayants-droit (2).
II.3 Autorit locale et son rle :
1 Lautorit locale (Cad,) nest pas juridiquement habilit intervenir directement dans
la gestion et la mise en valeur des terres collectives. Elle a cependant un droit de contrle sur
cette gestion et cette mise en valeur en tant que reprsentant du Tuteur des collectivits
ethniques au niveau local.
---------------------------(1) A noter que les litiges qui mettent en cause des tiers relvent, quant eux, de la seule comptence
du juge de droit commun (cf. Note inter ministrielle N 8/62 du 12 Mars 1962 entre le Ministre de la
Justice et le Ministre de lIntrieur).
(2) Ministre de lIntrieur/Direction des Affaires Rurales : Rapport dactivit : Anne 2000.
- 76 -
_______________________
(1) Entretiens avec les autorits locales de la zone du projet
(2) Lors de notre tude de terrain, loccasion nous a t donne, maintes fois de vrifier et de constater
cet tat de fait.
(3) Parfois, parce que trop conscients de leurs responsabilits ou parce que ne tirant aucun profit de
leur fonction ou encore parce que lexercice de leur fonction engendre pour eux des dpenses
financires leurs yeux importantes sans parler de la perte de temps en dmarches procdurires et
paperassires, certains nabs souhaitent mme renoncer immdiatement leur mandat.
- 77 -
3 Enfin, si lautorit locale nintervient pas directement dans la gestion et la mise en valeur
des terres collectives, elle a nanmoins une vision de ce que pourraient ou devraient tre cette
gestion et cette mise en valeur lavenir, particulirement la faveur de la mise en uvre du
projet CBTHA. Pour lautorit locale il sagit :
de dmontrer aux leveurs tout lintrt quils ont pratiquer llevage pastoral
transhumant, et ce, comparativement lactivit agricole dans les terrains de parcours,
et ce, afin de les convaincre;
II.4 - Au bilan :
II.4.1 La situation des collectivits ethniques et de leur patrimoine collectif :
1 On la vu dans le chapitre prcdent, il existait, la date de 1995 :
-
7.646 nabs.
- 78 -
______________________
(1) Commission charge de ltude du contentieux des lots agricoles restitus lEtat ;
- commission charge de la rgularisation de la situation juridique et administrative des
terres attribues dans le cadre de la Rformes Agraire ;
- commission 4/180 charge de statuer sur les demandes dacquisition ou de location des
terres agricoles de lEtat pour des projets conomiques ;
- commission damnagement touristique du littoral.
- 79 -
Ainsi, par exemple, en lan 2000, laction directe ou indirecte de cette Administration a
permis dune part, la ralisation de 180 millions de DH de recettes dont prs de 40%
provenaient des oprations de cession de terrains collectifs lEtat, aux tablissements publics
et aux collectivits locales et, dautre part, la dpense de 72 millions de DH sous forme de
distribution de fonds aux ayants-droit collectivistes, lquipement de collectivits ethniques
en infrastructures de base et, pour une faible part, au fonctionnement et lquipement de la
Tutelle(1)
III COLLECTIVITES LOCALES ET LEUR ROLE DANS LA GESTION ET
LEXPLOITATION DES TERRES COLLECTIVES :
1 Les termes de rfrence ne prcisent pas ce quil faudrait entendre par collectivits
locales ni mme quelle collectivit locale il faudrait privilgier comme acteur dterminant
devant participer, en tant que partenaire du projet, la planification de la gestion et de
lexploitation des terres collectives notamment de parcours dans la zone du projet.
2 Aussi prendrions nous lexpression collectivits locales au sens juridique cest--dire
dsignant la commune, la province et la prfecture et, enfin, la rgion.
3 Et aprs avoir examin les missions respectives de chaque collectivit locale, il sera alors
possible de dire pourquoi et quelles conditions chaque collectivit locale peut prendre en
charge tel ou tel aspect de la problmatique de la gestion et de lexploitation des terres
collectives de parcours dans la zone du projet ; problmatique situe dans celle, plus large, du
dveloppement rural.
III.1 la commune rurale :
1 De par son particularisme (particularisme de la commune rurale et de son rle dans le
dveloppement rural) et de par les responsabilits et comptences que lui attribue la charte de
1976 en matire de dveloppement conomique et social dans son ressort territorial, la
commune rurale est cense occuper, en effet, une place et dtenir un rle tous deux
stratgiques dans lconomie rurale locale (planification ou participation des projets locaux
de dveloppement rural, recherche et encouragement dinvestissements privs dans le ressort
territorial communal, quipements et infrastructures de base,).
2 Or dans la ralit, et les communes rurales de la zone du projet nchappent pas ce
constat, laction des communes rurales est entrave par de nombreux obstacles :
3 Lefficacit de laction des communs rurales en matire dun dveloppement rural base
de dveloppement pastoral, comme cela est envisag dans la zone du projet, dpend donc de
la leve, au moins partielle, des contraintes ci-dessus mentionnes. La solution de la plupart
de ces contraintes rside, cependant, dans une vision dun dveloppement rural caractre
davantage inter-communal. Ce niveau inter-communal dune coopration inter-communale
dans la rflexion et dans laction peut tre exploit car les instruments juridiques existent cet
effet (syndicat de communes, socit mixte, formule contractuelle base de programmes,).
4 Cela tant, la prrogative essentielle, et que dtient toute commune rurale en vertu de la
charte de 1976, dlaborer et dexcuter son propre plan de dveloppement conomique et
social dans sa circonscription territoriale, rencontre celle des organisations pastorales que le
projet CBTHA envisage de mettre en place en matire damnagement, de gestion et de mise
en valeur des terres collectives de parcours.
Les prrogatives respectives des communes rurales et de ces organisations pastorales peuvent
donc se valoriser mutuellement en des activits de service public (points deau,) pour ce qui
concerne les communes rurales et en actions conomiques et techniques (gestion de ces
mmes points deau,) pour ce qui concerne les organisations pastorales. Ainsi, ces activits
et actions seraient ralises dans la complmentarit des unes par rapport aux autres, et ce, au
niveau aussi bien des objectifs, des moyens mettre en uvre que des rsultats attendus.
III.2 La province :
1 Provinces et prfectures grent leurs propres affaires par lintermdiaire de leurs
assembles provinciales ou prfectorales. Ces assembles rglent, par leurs dlibrations,
toutes questions relevant de leur comptence (plan ou programmes de dveloppement
provincial ou prfectoral, plans ou programmes de mise en valeur intressant la province ou la
prfecture, dcentralisation industrielle, lancement demprunt, cration de services publics
provinciaux ou prfectoraux, extension ou entretien de routes, vote du budget provincial ou
prfectoral,).
2 En fait, provinces et prfectures manquent de prrogatives relles car, contrairement ce
quil en est pour les communes et mme pour les rgions, cest le gouverneur qui est
lordonnateur pour lassemble provinciale ou prfectorale. Par ailleurs, ces assembles nont
pas vraiment de territoire et, maintenant que les rgions ont t institues en tant que
collectivits locales, les assembles provinciales et prfectorales semblent faire double emploi
avec les conseils rgionaux.
- 81 -
Etc.
- 82 -
------------------------------------(1) Lune des originalits des AUEA du primtre irrigu de Ouarzazate rside dans le fait que ces
associations sont de vritables organisations de dveloppement agricole en gnral puisque leur rle ne
se limite pas au seul facteur eau (travaux damnagement de sguia et de gestion du rseau
dirrigation) mais stend aussi lapprovisionnement de leurs membres en intrants. Dans les valles
de montagne et les zones agricoles limitrophes des zones de parcours, les AUEA dj existantes
pourraient (fournir certains services aux leveurs (approvisionnement en aliment de btail,)
moyennant une faible rmunration, en attendant que les leveurs sorganisent eux-mmes.
- 83 -
- 84 -
CONCLUSION
(Propositions de rforme et recommandations)
1 Au terme de cette tude relative au statut juridique des terres collectives au Maroc et aux
institutions locales et coutumires particulirement dans la zone du projet, dune part et la
lumire des rsultats de notre enqute de terrain, dautre part, il convient dexaminer prsent
quelles peuvent tre les rformes apporter ce cadre juridique et institutionnel et comment
mettre en uvre celles dentre elles qui sont caractre institutionnel.
2 Ces propositions de rforme et ces recommandations de mise en uvre se situent dans la
perspective dune amlioration, dune conservation, dune gestion et dune utilisation
meilleure des terres collectives de parcours notamment dans la zone du projet, ainsi que cela
ressort des termes de rfrence qui nous ont t fixs.
I CONCERNANT LE STATUT JURIDIQUE DES TERRES COLLECTIVES :
1 Lanalyse dtaille et approfondie des textes lgislatifs et rglementaires relatifs aux terres
collectives dune part et les rsultats de lenqute mene sur le terrain pour dgager la
pratique et le comportement des acteurs (collectivits ethniques et ayants-droit), dautre part,
nous amnent faire le constat suivant :
Au niveau des textes juridiques relatifs aux terres collectives, une absence totale de
rfrence et de dispositions spcifiques aux terres collectives de parcours en matire ni
de leur protection, ni de leur gestion, ni de leur exploitation, ni de leur mise en
valeur ;
Si le lgislateur prcise ce quil faut entendre par collectivit ethnique et dfinit ses
droits (droit de proprit, droit de jouissance), il ne donne, en revanche, aucune
dfinition explicite et unifie de l ayant-droit et des droits de celui-ci
sagissant des terres collectives de parcours (droit de pturage et ses droits annexes),
ni de terrain collectif de parcours .
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Telle quelle est consacre par le dahir du 27 Avril 1919 et organise par les textes et
circulaires dapplication de ce dahir, la tutelle de lEtat sur les collectivits ethniques et sur la
gestion de leurs biens collectifs a eu pour consquence une dpendance absolue de ces
collectivits vis--vis du tuteur (Ministre de lIntrieur) et du Conseil de tutelle, et ce, du fait
du contrle priori des dcisions et des actes des jmas et de leurs nabs en matire de
protection, de conservation, de gestion et de mise en valeur du patrimoine foncier collectif.
Do le rle beaucoup plus administratif quconomique dans lequel sest cantonne
lAdministration de Tutelle ; celle-ci faisant preuve dune conception beaucoup plus
propritariste que patrimoniale des terres collectives.
2 Compte-tenu de ce qui prcde, le dahir de 1919 doit tre rvis et complt, au niveau de
plusieurs de ses dispositions, afin den faire un instrument juridique quilibr, clair, cohrent
et adapt aux conditions conomiques et sociales actuelles du pays. Quelles sont donc les
modifications apporter ce texte et pour quelles raisons ?
1/ En ce qui concerne les terres collectives en gnral :
Dfinition des critres et des modalits de dsignation des membres des jmas :
+ Dfinition de critres de dsignation des nabs (ge, naissance et rsidence au sein
de collectivit ethnique, exercice de lactivit agricole ou dlevage titre
principale) ;
+ Dfinition dun mode de choix des nab (niveau dinstruction, acte adoulaire,
approbation de lautorit locale, authentification par le juge,) ;
+ Dfinition du mandat de nab (contenu du mandat, dure dtermine du mandat,
conditions de rvocation ou de dchance,).
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Dfinition des missions de la jma dans une perspective plus patrimoniale que
propritariste de la gestion des terres collectives (rle de gestionnaire, rle dinstance
judiciaire).
Prciser les conditions et les modalits de gestion des terres collectives par les
jmas ou les nabs :
- Organisation et fonctionnement des jma (rglement intrieur prcisant les modalits
de convocation, de runion, de vote, darchivage des dlibration et des dcisions,
dexcution des dcision de gestion ou judiciaires) ;
- Rle du Tuteur et du Conseil de tutelle (contrle posteriori, rle judiciaire en appel
et conditions de recevabilit des recours en appel) ;
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Exclusion des troupeaux en association avec des non ayants-droit du bnfice du droit
au parcours ;
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et, dautre part, en raison du fait que limpact des oprations damlioration pastorale sur le
revenu des leveurs pasteurs nest qu long terme. Enfin, et supposer que cette
participation financire doit tre maintenue, il sera bien difficile ladministration didentifier
celles des collectivits ethniques ou encore, et au sein de ces collectivits, ceux des
collectivistes, qui doivent sen acquitter parce quils auront bnfici directement ou
indirectement de ces oprations damliorations pastorale, et ce, sans parler des difficults
matrielles de collecte de cette participation financire. Preuve en est que, dans la pratique, les
populations bnficiaires doprations damlioration pastorale, ralises dans le cadre soit du
CIA (dahir N 1-69-171 du 25 Juillet 1969) soit de la loi N 33-94 actuellement en vigueur,
nont jamais contribu financirement ces oprations ;
en revoyant la hausse le montant des amendes prvues aux articles 49,50 et 51 de
la loi N 33-94 en guise de sanctions aux infractions commises dans les zones damlioration
pastorale. Ce montant est en effet drisoire comparativement aux dgts causs au niveau des
parcours. Il est mme nettement infrieur comparativement au systme coutumier des
sanctions en vigueur dans les agdals de la zone du projet CBTHA par exemple.
II CONCERNANT LES INSTITUTIONS COUTUMIERES :
1 Il sagit, ici, de trouver une solution institutionnelle au problme de la mise en valeur et de
lexploitation des parcours collectifs situes dans le versant Sud du Haut Atlas. Dans cette
zone, et en raison de la ncessit de la conservation de la biodiversit, il y a lieu de maintenir
lactivit dlevage pastoral transhumant car au regard de la vocation pastorale de cette zone,
cest la seule activit socio-conomique susceptible de contribuer la valorisation du milieu
naturel et du sol, au maintien de la vie sociale et la sauvegarde de lenvironnement dans
cette zone fragile.
2 Do la ncessit de prendre, ici, les mesures dordre institutionnel suivantes :
dhabituer progressivement les esprits aux rformes qui seront introduites par le projet
dans les procdures et mthodes de travail ;
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SOMMAIRE
Chapitre introductif : Problmatique des terres collectives au Maroc et mthodologie
De son approche dans le cas particulier de la zone du projet CBHTA...1
I Problmatique des terres collectives..1
I.1. Les terres collectives : Un problme lancinant1
I.1.1. Bref aperu sur lvolution de la situation des terres collectives...1
I.1.2. Le problme des terres collectives dans lopinion politique publique...3
I.1.3. Sort rserv aux terres collectives : voies de solution proposes..4
I.2. Problmatique des terres collectives dans la zone du projet..6
I.2.1. Quelques caractristiques socio-conomiques de la zone du projet.6
I.2.2. Utilisation des terres collectives de parcours dans la zone du projet7
I.2.3. Problme des terres collectives de parcours dans la zone du projet. 8
I.2.3.1. Le phnomne de la sdentarisation et ses consquences.8
I.2.3.2. Dclin du rgime coutumier de gestion et dexploitation des
Terres collectives..8
I.2.4. Voies de solution proposes par le projet CBTHA...9
II Objet de la prsente tude..10
II.1. Aspects juridiques de la problmatiques des terres collectives10
II.2. Aspects institutionnels de la problmatique des terres collectives au
Maroc et dans la zone du projet.12
III Modalits de ralisation de ltude...12
III.1. Approche mthodologique adopte12
III.2. Fondements et hypothses de base de lapproche par la pratique et les
comportements des ayants-droit.13
III.3. Modalits de ralisation de ltude.14
III.3.1. Axes de recherche...14
III.3.2. Dmarche adopte..14
III.3.3. Formation de cadres et de techniciens accompagnant le consultant..16
III.3.4. Restitution des rsultats de ltude de terrain17
Chapitre II : Statut juridique des terres collectives au Maroc et son effectivit dans la zone
du projet CBTHA (Aspects juridiques)18
I Caractristiques de la proprit foncire collective.18
I.1. Origine historique, volution et essai de dfinition de la proprit foncire
collective..18
I.1.1. Origine historique de la proprit foncire collective18
I.1.2. Evolution du statut de la terre collective20
I.1.3. Essai de dfinition de la proprit foncire collective...21
62
I Les institutions coutumires et leur rle dans la gestion et la mise en valeur des
terres collectives..
62
62
63
67
75
75
75
76
78
78
79
64
III Collectivits locales et leur rle dans la gestion et lexploitation des terres
collectives..
80
80
81
82
IV Autres institutions locales et leur rle dans la gestion et lexploitation des terres
collectives de parcours
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83
83
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