Tra Mezafriko Lemaire 1906

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COMMANDANT

LEMAIRE CH.

A Travers

l'Afrique centrale.

Parolado kun projekcioj donita al la Dua Universala Kongreso d'Esperanto,


en enevo, je la sabato
Confrence avec projections donne au

Ia

de Septembro 1906a,

2 me

Congrs Universel d'Espranto,

Genve, le samedi 1er Septembre 1906,


PAR LE COMMANDANT
DU

LEMAIRE CH.,

2me RGIMENT D'ARTILLERIE BELGE,

Ancien commissaire de district de l'Equateur.


Membre d'honneur des Socits de Gographie d'Anvers, de Liverpool et de Nancy.
Laurat de la mdaille Dewez (Socit de Gographie commerciale de Paris),
et du prix Conrad Malte-Brun (mdaille d'or dcerne par la Socit de Gographie de Paris).
Laurat de la mdaille d'or de la Socit de Gographie d'Anvers.
Membre du comit international d'tudes ethnographiques cr par le congrs mondial de Mons.
Membre correspondant de la socit des 1.
etc. etc.
CHEF DE LA MISSION SCIENTIFIQUE DU KA-TANGA (1898-1899-1900).
CHEF DE LA MISSION SCIENTIFIQUE CONGO-NIL (1902-1903-1904-1905).
Membre d'honneur du Cercle Polyglotte de Bruxelles.
Membre d'honneur du comit de la Socit franaise pour la propagation de l'Espranto.
Prsident effectif de la Ligue Esprantiste belge.
Membre du comit linguistique esprantiste.
Reprsentant, la Dlgation pour l'adoption d'une langue auxiliaire internationale , les groupements
belges suivants: Cercle polyglotte de Bruxelles Socit belge des Ingnieurs et Industriels
Socit d'Etudes coloniales Socit royale de Gographie d'Anvers Touring-Club de Belgique.

Tra Mez-Afriko A travers l'Afrique centrale: aldonaj informoj


Legante tekston pri Lemaire kaj lia prelego el 1906 en la revuo de la Brusela EsperantoGrupo, mi decidis fari provon por ciferecigi la libron. Post iom da eksperimentado. mi
sukcesis, uzante la programon ScanSoft Omnipage 16. Atendante pli bonan solvon. mi lokigis
la .pdf-dosieron (11,1 mB) je www.mydrive.ch. Eblas akiri in kun uzantonomo
`rotsaert8000' kaj (gast-)pasvorto 'lemaire'..
La originala libro estas 27,5 cm alta kaj 22 cm lara. La efa enhavo estas printita dulingve,
france (nigre) maldekstre kaj esperante (verde) dekstre. La skanita versio estas nur nigre.
Mi seris iom da aldonaj informoj pri Lemaire. Evidentigis ke rete (en grandaj bibliotekoj
eble troveblas pli) ekzistas nur unu longa teksto pri li, nome Wikipedia-artikolo je
http://eo.wikipedia.org/wiki/Charles Lemaire, bazita sur teksto kiun Wim De Smet verkis por
la revuo Monato.
Kelkaj aliaj tekstoj rilatas al lia taglibro (1891-1893) kiun Daniel Vangroenweghe publikigis
en 1986: http://www.aequatoria.be/French/CogLemaireEquateur.html,
http://diglibl.amnh.org/resources/annot bibliography/bib_s_m science.html (teksto el 2003
de American Museum of Natural 'liston!) kaj
http://www.aequatoria.be/English/CogRestCollabEG.htm1 (RESISTANCE AND
COLLABORATION AT TRIE BEGINNING OF THE COLONIZATION IN MBANDAKA
(1883 1893) de Honor Vinck, Centre de Recherches Culturelles Africanistes).
-

Per www.europeana.eu mi trovis kelkajn librojn ciferecigitajn de Bibliothque nationale de


France:
Congo et Belgique ( propos de l'Exposition d'Anvers) (1894)
Au Congo : comment les noirs travaillent (1895)
Voyage au Congo (1897)
Mission scientifique du Ka-Tanga : rsultats des observations astronomiques, magntiques et
altimtriques effectues sur le territoire de l'tat indpendant du Congo.... 1-2 (1901)
Mission scientifique du Ka-Tanga : rsultats des observations astronomiques, magntiques et
altimtriques effectues sur le territoire de l'tat indpendant du Congo.... 4 (1901)
Mission scientifique du Ka-Tanga : rsultats des observations astronomiques, magntiques et
altimtriques effectues sur le territoire de l'tat indpendant du Congo.... 2 (1901)
Tiuj tekstoj kaj `Tra Mez-Afriko' kovras lian tutan esploristan karieron. Pri lia kariero kiel
estro de la Kolonia Altlernejo en Antverpeno malmulte troveblas. La konstruao ankora
ekzistas apud Middelheimparko. Gi estis transprenita de RUCA en 1965
(http://nl.wikipedia.org/wiki/RUCA) sed restis sendependa 'College voor de
Ontwikkelingslanden' kiu ajne iis 'Institute of Development Policy and Management'
(IOB) de la Universitato de Antwerpen (www.ua.ac.be ). Historiaj informoj mankas en la
universitata retpago.
roland.rotsaert(a)telenet.be junio 2009

Ouvrages du mme auteur.


Verkoj de l' sama verkisto.

Chez Ch. Bulens, diteur, 75, rue Terre-Neuve, Bruxelles.

Vocabulaire pratique. (Franais, Anglais, Zanzibarite (Swahili), Flote, Ki-Bangui - Irbou,


Mongo, Bangala.)

fr.

2.00

La Station d'quateur-Ville.

21 mois d'observations mtorologiques .

Congo et Belgique. (In-8

illustr.) .

1.00
3.50

Au Congo. Comment les Noirs travaillent.

2.00

3.50

12.00

3.00

(In-8 illustr.)

Voyage au Congo. (Grand album de 1,000 illustrations.) .


Africaines.
Contribution l'histoire de la Femme en Afrique. (In-40 grand mdian, illustr.)

Chez Henri Kistemaeckers, diteur, Bruxelles.

Histoires de Corps de Garde (par Musette).


.

Souvenirs de Sous-Lieutenant; 24 nouvelles illustres par Flasschoen

A la Socit gnrale d'imprimerie, Bruxelles.

L'Espranto.

Solution triomphante du problme de la langue auxiliaire universelle

Chez Ch. Bulens et chez P. Weissenbruch, diteurs Bruxelles.

La Mission scientifique du Ka-Tanga.


Rsultats des observations astronomiques, magntiques et altimtriques effectues sur le territoire de
l'tat indpendant du Congo, du 4 aot 1898 au 2 septembre 1900: 15 mmoires
Mmoires

15,

ter mmoire

10.00

chacun.

5.00

Chez P. Weissenbruch, diteur, Bruxelles.

La Mission scientifique du Ka-Tanga.

Ise mmoire.

Observations altimtriques: Note sur les dterminations d'altitudes; tableau dfinitif des
altitudes dtermines par la mission; table unique pour le calcul des altitudes de 0
2100 mtres dans les rgions comprises entre 12' de latitude Nord et 12" de latitude Sud. 5.00

Chez Goossens, Bruxelles.

Carte de l'itinraire parcouru par la Mission scientifique du Ka-Tanga:


2 feuilles au 1/

11111 111111

en quatre couleurs

chaque feuille :

5.00

Note prliminaire sur les rsultats des observations magntiques faites au Congo de
1898 1900, par le capitaine Lemaire.

(Bulletin de l'Acadmie de Belgique, classe des sciences,

numro de fvrier 1901).

Note sur la mouche Tsts.


(Bulletin de la Socit de gographie d'Anvers, numro de dcembre 1900.)

La Mission scientifique du Ka-Tanga.


Communication faite la Socit de Gographie commerciale de Paris. (Bulletin. de cette socit,
anne 1901, nos 6, 7 et 8).

The Belgian scientific Expedition to Ka-Tanga.


Communication faite la British Association for Advancement of Science, en son meeting de Glasgow,
septembre 1901. (Numro d'octobre 1901 de The Scottisch geographical Magazine, avec 1 carte.)

Grottes et Troglodytes du Ka-Tanga.

(Photographies et cartes.)

(Numros de novembre et de dcembre 1901 de La Gographie, bulletin de la Socit de Gographie


de Paris.)

The Congo-Zambzi Water-parting.

(Photographies et carte.)

(Numro de fvrier 1902 de The geographical Journal, bulletin de la Royal Geographical Society, de
Londres).

The Sources of the Congo.

(Photographie et carte.)

(Bulletin de 1902 de la Socit de Gographie de Liverpool.)

La Ligne de Fate Congo-Zambze.

(Photographies et carte.)

[Bulletin de 1902 de la Socit de gographie de l'Est (Nancy)]

Les Wamboundons. (Les colporteurs noirs entre l'Atlantique et le Ka-Tanga.) (carte.)


(Revue de gographie, Paris, 1902.)

Chez Goossens, 33, rue du Houblon, Bruxelles.

Atlas de 125 130 feuilles, au

1/50.000 '

en 5 couleurs, donnant l'itinraire dtaill par-

couru par la Mission scientifique du Ka-Tanga.


La 1re section a paru en 1902,

frs. 20

Chez Bulens, 75, rue Terre-Neuve.

Journal de route de la Mission scientifique du Ka-Tanga.


Premier mmoire, illustr en noir et en couleurs, et formant le commentaire de l'Atlas au 50. 000 frs. 20

Rsultats des observations mtorologiques effectues par la Mission scientifique du


Ka-Tanga.
(Ce travail paratra en 1907, sous les auspices du Service mtorologique de Belgique.)

Blanc et Noirs. Visions et souvenances.


(13n publication dans La Belgique artistique et littraire).

Chez Bulens, 75, rue Terre-Neuve.

La Mission scientifique Congo-Nil.

(Avec carte).

Rsultats des observations astronomiques, magntiques et altimtriques, effectues sur le territoire de


l'Etat indpendant du Congo, du 5 septembre 1902 au 14 avril 1905; avec carte de l'itinraire parcouru, en une feuille au

i
1.000.000

en 4 couleurs .

Pour paratre prochainement:

Note sur la cartographie astronomique et la cartographie rapide au Congo.

frs

20

AVANT

- P R OPOS:

Pour la publication de ce petit travail l'auteur a employ le type qu'il estime


pouvoir dnommer type des publications de l'avenir .
Il pense, en effet, qu'il est, ds aujourd'hui, dsirable de voir les auteurs qui
peuvent dj le faire, donner leurs travaux en deux langues, leur langue maternelle
d'une part, d'autre part la langue seconde la mme pour tous.
Le texte dans cette langue seconde devra tre de l'auteur. mme du texte en
langue maternelle, de manire faire oublier enfin le trop clbre : tradutore,
traditore .
Les gens ayant la mme langue maternelle que l'auteur ne liront pas son texte
international, qui ne s'adressera qu'aux autres, ou du moins ceux qui auront eu
la vaillance de s'assimiler la langue seconde, la mme pour tous.
C'est ce programme que rpond cette premire petite publication.
Puisse-t-elle tre une preuve nouvelle du niai fond, volontaire ou involontaire,
de l'accusation lance contre l'Espranto destructeur des langues , alors qu'il sera
le meilleur protecteur des langues naturelles, grandes et petites, parce qu'il permettra, dans un avenir plus ou moins rapproch, de n'parpiller plus son temps sur
diverses langues forcment mal connues, mais de concentrer toute son attention sur
sa langue maternelle, petite ou grande, qu'on tudiera enfin fond, et sur la
langue seconde, la mme pour tous, l'Espranto radieux.

J'ai aussi la candeur de penser que peut-tre, quelqu' homme de bonne foi, ne
connaissant rien l'Espranto, aprs avoir lu mon texte franais se dira que cela
a pu tre traduit en Espranto de manire tre compris totalement, et avec le
mme plaisir ou ennui, voire dsagrment par les Esprantistes ; et que,
s'tant dit cela, il croira cette exprience assez concluante pour qu'il se dcide
prendre connaissance de cette admirable cration humaine, autrement que par les
avant-derniers rires jaunes jaune d'or, jaune de bile des canaris qui trouvent
que le rossignol pourrait bien se dispenser de gueuler .

*
**
Commt LEMAIRE CH.

ANTAU-PAROLETO.

Por publikigi i tiun verketon, la atoro uzis modelon nomindan, la sia opinio,
modelo de l' estontaj eldonaoj .
Li, efektive, opinias ke, de hodia, estas dezirinda vidi la verkistojn kapablajn
jam tiel fari, kompreneble - eldoni siajn- verkojn per du lingvoj, t. e. unuflanke sia
lingvo natura, aliaflanke la dua lingvo, la sama por iuj.
La teksto lingvodua, devas esti de la atoro mem de l' teksto lingvonatura,
tiamaniere ke oni povos, fine, forgesi la tro faman tradutore, traditore .
Homo de sama natura lingvo kiel la atoro, ne legos la tekston internacian
kiu estos nur por la aliaj, a almena por tiu kiu estos estinta sufie kuraa por
lerni kaj akiri la duan lingvon, saman por iuj.
Tian programon obeas i tiu unua verketo. i estu, se eble, nova pruvo de la
eraro, u vola u nevola, de tiuj kiuj kulpigas Esperanton, detruisto de l' lingvoj , tiam kiam i ' estas la plej bona protektanto por ia natura lingvo, grava
a negrava, tial ke i permesos, en estonteco pli malpli proksima, ne diseti
plu tempon inter diversaj lingvoj devege malbone konataj, sed koncentrigi Ja tutan
atenton pri sia natura lingvo, malgranda a granda, kiun oni fine ellernos tutprofunde, kaj pri la lingvo dua, la sama por iuj, ora Esperanto.

* *
^

Anka mi havas la simplanimecon kredi ke ia honesto, ia bonfidulo, tute


nescianta pri Esperanto, leginte mian francan tekston, al si mem ekdiros ke tion
oni povis esperante traduki tiamaniere ke oni estu komprenata tutplene kaj kun
la sama plezuro a enuo, e enuego de l' Esperantistaro ; kaj mi kredas
anka ke, dirinte tion al si, tia homo, honesta kaj bonfida, opinios tion eksperimenton sufie gravan por ke li decidu ekkonatii kun tiu mirinda homa elpensao,
alie ol per la antalastaj kantaoj de tia lasta kanario kiu opinias ke la najtingalo
estus simple deca, ne plu faukkriegante .

Komandanto LEMA IRE CH.

DANS LE BAHR-E L-GHAZAL.


LS EUROPENS DE LA MISSION CONGO-NIL.

EN BAHR-EL-GHAZAL'.
LA EUROPANOJ D L' EKSPEDICIO KONGO-A-NEJLO-A.

12

PRFACE
DE

MONSIEUR LE GNRAL D'ARTILLERIE

SEBERT

de l'Institut de France.

Parmi les faits saillants du

2me Congrs esprantiste tenu cette anne Genve,


il convient d'accorder une mention spciale la confrence faite par Monsieur le
commandant Lemaire, de l'artillerie belge, la sance solennelle de clture, dans
l'admirable Victoria Hall .
C'tait, certes, tentative hardie que de s'adresser pendant plus d'une heure, en
employant la seule nouvelle langue, un public en partie non esprantiste, peuttre mme en partie prvenu contre l'Espranto.
Mais tel tait l'ascendant rsultant la fois et de la personnalit de l'orateur,
et du feu et de la conviction caractrisant sa confrence ; telle tait aussi l'impression dj produite par les prcdentes sances du Congrs, ainsi que par les incidents
mouvants qui avaient marqu ses diverses runions, que le succs du commandant
Lemaire a t complet.
Le choix du sujet tait d'ailleurs bien fait pour intresser l'auditoire d'lite qui
remplissait le vaisseau de Victoria Hall et dont l'attention tait trs heureusement
soutenue par de nombreuses projections lumineuses.
Le monde esprantiste sait comment le commandant Lemaire s'est illustr par
ses voyages d'exploration scientifique au Congo.
Nouveau Savorgnan de Brazza, il s'est impos la mission de faire oeuvre civilisatrice sans recourir la violence, sans lser les droits des indignes, en respectant
leurs intrts ; juste titre il s'enorgueillit d'avoir pu remplir cette tche, car il a
accompli deux traverses d'Afrique sans tirer une seule cartouche de guerre.
Or le confrencier avait choisi prcisment, comme sujet de sa confrence, l'histoire de la reconnaissance d'un pays neuf, de son occupation d'abord provisoire,
puis dfinitive, montrant steamers et locomotives parcourant l'Afrique centrale o,
ses dbuts d'explorateur, il n'avait trouv que pirogues et sentiers de caravanes.
Ces tapes et ces transformations taient prsentes de faon frappante par un
ensemble de photographies choisies.
Et ce fut un remarquable spectacle que celui de cet officier en uniforme faisant
l'histoire de l'oeuvre des Belges en Afrique, dans cette langue nouvelle, souple et

13

ANTAU-PAROLO
DE

Sinjoro GE

N E R A LO

SE BERT

de l' artilerio, membro de l' franca Instituto.

Inter la faktoj notindaj de 1' dua esperantista kongreso, okazinta tiu i jare, en
Genevo, decas atentigi speciale al la parolado parolita de sinjoro Komandanto
Lemaire, de l' belga artilerio, e la solena ferma kunsido, en la admirinda Victoria-Hall .
Estis ja, maltima provo, u ne, uzante nur la novan lingvon, paroladi dum pli
ol unu horo al kunveno parte ne esperantista, e eble parte antajuanta pri
Esperanto.
Sed tiela estis la altrudeco rezultanta, samtempe, de la personeco de l'
parolnt,de'fvkajloni rktezajlinpod;teak
estis la impreso jam farita de la antaaj kunsidoj de l' kongreso, kaj de kortuantaj
okazaoj en la diversaj kunvenoj, ke tutplena estas estinta la sukceso de Komandanto
Lemaire.
L'objekto de la parolado, ja, vere tagis por interesi la atindan adantaron kiu
plenigis la navegon de Victoria Hall, kaj kies atenton tre lerte ekscitis multe da
lumprojekcioj.
Esperantistaro tre bone scias kiel Komandanto Lemaire distingiis per siaj
vojaoj de scienca esplorado en Kongo-o. Nova Savorgnan de Brazza, li altrudis al
si plenumi elfaraon civilizacian sen uzi perforton, sen domai la rajtojn de enlanduloj, respektante ilian utilon ; tute prave li fierias sukcesinte elfari tian taskon, ar
li plenumis du transiradojn d'Afriko, sen bruligi e unu milit-kartoon.
Nu, precize, la parolanto estis elektinta, kiel objekto de sia, parolado, rakonton
pri esplorado de nekonata lando, ia ekokupado unue provizora, poste definitiva ; li
montris vaporipon kaj lokomotivon trairantajn Mez-Afrikon kie, je sia unua alveno,
li trovis nur pirogon kaj karavanvojeton.
Tiuj progresoj, tiuj aliformioj prezentiis la maniero tute alloganta, dank' al
serio da elektitaj fotografaoj.
Kaj estis vere mirinde vidi tiun oficiron, uniforme vestitan, dirantan, per la nova
lingvo, tiel fleksebla, tiel belsona, la historiadon de l' belga kreao en Mez-Afriko ;

14
harmonieuse ; et ce qui grandissait singulirement cette manifestation 'c'est qu'elle
se faisait devant le crateur mme de cette langue, devant le docteur Zamenhof,
radieux de la voir jouer le rle d'instrument de paix et de fraternit entre les
hommes, qu'il n'a cess de rver pour elle.
Quel plus noble usage en pouvait-on faire que de l'employer, et de l'employer
seule, dans de telles circonstances, proclamer, au milieu de considrations philosophiques leves, les droits et les prrogatives imprescriptibles de la race noire
que tant de civiliss blancs s'obstinent traiter comme du btail humain, pour
cela seulement que les hommes, les femmes et les enfants de cette autre race sont
d'une autre couleur que nous, parlent une langue que nous ne comprenons pas, et
ignorent forcment ce que reprsente notre civilisation.
Puisse l'expos loquent et heureux du commandant Lemaire servir de leon
ses mules et ses successeurs, dans cette oeuvre de pntration du continent
africain qui demandera, longtemps encore, efforts et sacrifices.
Tel le voeu que forment tous ceux qui ont couvert d'applaudissements sa courageuse confrence, et c'est dans l'espoir d'aider la ralisation de ce voeu que je
donne cette prface la belle confrence de mon jeune camarade d'armes.
Puissions-nous avoir souvent nous enorgueillir d'adeptes tels que le commandant Lemaire !
L'Espranto pourra alors, suivant le voeu de son inventeur, crer pour beaucoup
de ses adeptes, ct de leur mre patrie et de sa langue toujours chrie, un
nouveau pays d'adoption, dont les frontires ne seront nulle part et la capitale
partout; ce pays d'adoption verra se rencontrer, dans une atmosphre de paix et
de fraternit, les aptres de l'oeuvre de la civilisation par la science, la loyaut,
la vrit, l'humanit !

SEBRT,
MEMBR D L'INSTITUT DE FRANC.

15
plie tiun elmontraon mirinde pligrandigis la eesto de 1' elpensinto de tiu lingvo,
doktoro zamenhof, feliega vidante in uzata kiel ilo por paco kaj frateco inter
homoj, la lia iama revo.
u oni povis fari pli belan uzadon de la lingvo ol uzi in, kaj nur in, en tiaj
circonstancoj por, meze de altaj filozofiaj konsideraoj, proklami la ne neniigeblajn
rajtojn de la negra raso, kun kiu tiom da blankaj civilizuloj obstinas agadi kiel
kun homa brutaro nur pro tio ke la viroj, la virinoj kaj la infanoj de tiu alia raso
havas, hate, alian koloron ol ni, ke ili parolas lingvon ne komprenatan de ni, kaj
nescias, devige, el kio konsistas nia civilizacio.
Dezirinda estas ke la lerta kaj elokventa klarigao de Komandanto Lemaire, estu
leciono por liaj egalemuloj kaj posteuloj, en tiu penetrado de l' Afrika Kontinento
kiu, ankora dum longatempo, postulos klopodojn kaj oferojn.
Tia estas la fervora deziro de iuj kiuj varmege apladadis lian kuraan paroladon. Esperante helpi al la efektivio de tiu deziro, mi donas tiun antaparolon al la bela parolado de mia juna armilkamarado.
Dezirinda estas ke ni povu, ofte, fierii pro adeptoj kiel Komandanto Lemaire.
Tiam Esperanto, konforme al la deziro de sia elpensinto, flanke de ilia patrolando (kun ia lingvo iame atata kaj atota) povos krei, por multe da siaj adeptoj,
duan patrolandon kies limoj estos nenie, efurbo ie ; en tiu dua patrolando, provizita je atmosfero pacemeca kaj fratemeca, renkontios la apostoloj de l' elfarado civilizacia pri, per, por, pro Scienco, Senartifikeco, Veremeco, Humaneco.

GENERALO SEBERT,
L FRANCA INSTITUTO.

16

Chers Camarades, Camarades charmantes 1

En me dcidant vous donner quelque ide de nies longs voyages


en Afrique centrale, il m'a fallu peut-tre plus d'audace que pour les accomplir ; car ces voyages mmes, et les travaux conscutifs pendant mes sjours
en Europe, m'ont toujours empch de cultiver de faon effective l'Espranto.
Je parle aujourd'hui, pour la premire fois, de faon srieuse, en public.
Cet aveu dpouill d'artifice me vaudra certainement votre pleine indulgence.
Il me faut encore vous demander cette indulgence pour le peu de choses
qu'il me sera possible de vous dire en cette sance, alors que ma mmoire
est gonfle de souvenirs suffisants pour vous entretenir non seulement des
jours, non seulement des semaines, mais des mois entiers.
Ne perdons donc pas plus de temps en prambules ; portons nous de suite
en plein pays noir, et cet effet teignons les lumires.
*

- 17 -

Kamaradoj kaj armaj Kamaradinoj !

Decidiinte doni al vi iometan ideon pri miaj jam longaj vojaoj tra Mez-Afriko,
eble mi bezonis pligrandan maltimecon ol por plenumi ilin, ar tiuj vojaoj mem,
kaj anka la diversaj laboroj kaj verkoj elsekvintaj ilin dum miaj restadoj en Eropo,
iam malhelpis min lernadi efike Esperanton.
Hodia, por la unua fojo, serioza maniere, mi publike elparolas. Tia konfeso,
tute malartifika, certe allogos al mi vian plenan malseverecon.
Necesa anka estas ke mi de vi rogu tiun malseverecon, pro la tro malmulte da
aferoj pri kiuj mi priparolos en tiu i konveno, tiam kiam mi sufie memoras por
paroladi ne nur dum horoj, ne nur dum tagoj, ne nur dum semajnoj, sed e dum
plenaj monatoj. Ni, do, ne perdu jam pli multe da tempo, kaj iru, tuje, meze de
1' nigra landego.
Por tiel fari estingu ni la lumigilojn.

18

La projection que voici fait voir le continent africain, entre l'ocan


Atlantique l'Ouest, l'ocan Indien l'Est.
La portion ombre vous montre les vastes territoires de l'tat Indpendant
du Congo, comprenant la quasi-totalit du bassin du Congo, de ses sources
son embouchure.
La ligne en trait continu indique l'itinraire parcouru en 1898, 1899 et 1900
par la mission scientifique du Ka-Tanga, dont j'avais le commandement.
Comme on le voit, nous entrmes en Afrique par la bouche du Zambze,
pour gagner la rgion des grands lacs, visiter le Nyassa, le Tanganika et le
Moro, pousser ensuite vers l'Ouest, aller toucher le Kassa, puis le lac
Di-Lolo, ensuite revenir vers l'Est en suivant la ligne de fate Congo-Zambze, trouver les sources du Congo, reprendre la direction du Nord, revoir
le Tanganika, et de l gagner de nouveau le Congo pour le descendre jusqu'
son embouchure, Banane.
Ce voyage dura 27 mois.
Dans un autre voyage, j'entrai en Afrique par Banane, remontai le Congo
jusqu' l'embouchure de l'Itimbiri, puis celui-ci pour gagner l'Oull, le
remonter son tour et arriver dans le bassin du Nil, pour descendre finalement le fleuve des Pharaons jusqu' la Mditerrane.
Cet autre voyage dura 38 mois.

19
La jena vidao montras al vi Afrikon, inter
Atlantiko Okcidente, hinda marego
Oriente.

Zo 0 r --

- Itinr aireesepdempabir1co8u9t05
----- Itinraire

couru d'aot 1902, septembre 1905

- Frontire de lEta tdmCong


Chemin der

CHELLE

^.,^

La parto kolorigata estas la vasta teritorio de Sendependa tata de Kongo-o ,


enhavanta preska la tutecon de l' landoj superverataj per Kongo-o, de iaj fontoj
is enfluo ia.

Je compte faire prochainement un nouveau voyage pour lequel j'aborderai


l'Afrique par Mombassa, d'o nous gagnerons, en chemin de fer, le lac
Victoria, puis le lac Albert-Edouard o nous aurons tracer, sur le terrain,
le 30me mridien Est de Greenwich, qui forme la frontire entre l'Etat du
Congo et les possessions anglaises de l'Ou-Ganda.
Quand sera achev ce travail, je rentrerai en Europe par une route qui n'est
pas encore choisie.
Permettez-moi d'ajouter qu'avant de pouvoir effectuer les deux traverses
d'Afrique dont je viens de vous parler, j'avais acquis quelques notions de
la vie africaine par un premier sjour de 4 ans comme commissaire du district
de l'quateur.
En outre j'avais encore accompli un voyage d'agrment d'une dure de six
mois, toujours au coeur de l'Afrique.
Si j'ai tenu vous donner ces caractristiques de dure de ma vie africaine,
c'est avec l'espoir qu'elles me permettront de vous demander de croire un peu
mon exprience si, au cours de ma causerie, il m'arrive de dire des choses
inattendues, ou contraires tout ce qui semble si bien admis jusqu'ici.
Et tout d'abord, avant d'aller plus loin, permettez moi de dire, haute et
intelligible voix, que la pntration et l'occupation de l'Afrique centrale par la
force, a t un non-sens humanitaire et conomique.
J'ai appris, par une longue pratique de presque toutes les peuplades du
centre de l'Afrique, que l'emploi des armes est inutile neuf fois sur dix, inutile
donc criminel.
Ce crime, les colonisateurs de toute race le commettent, dirait-on, inconsciemment.
C'est l leur seule excuse.
Mais il faudra bien qu'on recoure d'autres procds puisqu'on commence
voir des gens, de plus en plus nombreux, affirmer que les ngres sont des
hommes dous de tous les attributs de l'humanit, donc de tous ses droits
comme de tous ses devoirs.
Oui, de plus en plus nombreux se comptent les gens qui ont su se servir du
noir sans le menacer de coups de fusil.
Pour mon compte, j'ai fait mon premier sjour en Afrique en me conformant
aux croyances enracines qu'on ne pouvait rien obtenir du noir sans la force
brutale ; j'ai aujourd'hui la joie et la fiert de dire que je pus m'apercevoir
temps de mon erreur, et que j'ai pu faire mes deux longues traverses
d'Afrique sans brler une seule cartouche de guerre.
Cel, c'est une exprience capitale ; elle a affermi pour jamais ma conviction
que nous devons traiter les ngres non en btes mais en hommes.

*
**

_. 21
de la
La linio senintermanka montras la.maradon faritan en la 1898a, 1899a, 1900a
Scienca Esplorularo de Ka-Tanga-o, kies efo mi estis.
Kiel vi vidas, ni eniris en Afriko per la enfluo de Zambezi-o, por atingi la
regionon de l' grandaj lagoj, viziti Niasa-on, Tanganika-on kaj Moero-on ; poste
direktii okcidente, tui la riveron Kasai-o, la Di-bolo-lagon ; de tie reveni Oriente
per la pintalinio Kongo-a-Zambezi-a, eltrovi la fontojn de Kongo-o ; tiam denove
direktii Norde, revidi Tanganika-on, kaj de tie reiri al Kongo-o por malsuprenveturi sur i, is enfluo ia e Banana-o.
Tiu vojao daris dudek sepmonate.

Dum alia vojao, montrata per la linio intermanka, mi eniris en Afriko e Banana-o,
suprenveturis sur la Kongo-o de ia enfluo al la rivero Itimbiri-o ; poste sur tiu-i
por atingi Uele-on, suprenveturi sur i, alveturi e la landaro Nejlo-a, kaj fine
malsuprenveturi sur la Riverego de l' Faraonoj, is Mediteraneo.
Tiu alia vojao daris tridek okmonate.
Post ne longe, mi, kredeble, foriros de Eropo por alia transafrika vojao ; mi
enirus en Afriko e Mombasa-o ; de tie ni atingus, fervoje, Victoria-lagon, poste
Albert-Eduard-lagon, kie ni montros, memloke, la tridekan meridianon de Grinvi (Greenwich),
landlimo inter Kongoa-tato kaj la anglaj posedaoj de Uganda-o.
Fininte tiun laboron, mi revenos Eropon per vojo elektota.
Permesu ankora al mi diri ke, anta ii kapabla por efektivigi la du transafrikajn iradojn pri kiuj mi us parolis mi jam akiris kelkan ekkonon pri afrika
vivado dank' al unua kvarjara restado kie
l komisaro de 1' ekvatora distrikto.
Plie, mi faris, anka en la koro d'Afriko, plezuran vojaon sesmonatan.
Mi deziris doni al vi karakteraojn tiujn pri la darado de mia afrika vivo por
ke mi al vi ajnu prava, postulante de vi bonvolon por iomete kredi al mia sperto se,
dum mia parolado, okazos ke mi diros aferon neatenditan a kontraan je la kutima
sento a opinio.
Unue, anta darigi, mi diros, late kaj kompreneble, ke penetri kaj okupi perforte Mez-Afrikon estis eraro, humane kaj ekonomie.
ar mi longatempe interrilatis je preska iuj popoletoj de Mez-Afriko, mi sciiis
ke uzado d'armiloj estas neutila nafoje el dek, ne nur neutila, sed anka malutila,
sekve kriminala. Tiun krimon la koloniistoj iunaciaj faras, verajne, nekonscie.
Nur tio senkulpigas ilin.
Sed oni estos devigata uzi aliajn rimedojn ar homoj, pli kaj pli multaj, komencas
certigi ke negroj estas homoj posedantaj plene la proprecojn de la homaro, sekve
iajn rajtojn, iajn devojn.
Jes, pli kaj pli multaj kalkulias homoj sukcese utiligintaj la nigrulon sen minaci
lin pafile.
Pri kio rilatas al mi, mi, unuafoje, vivadis en Afriko, konformante min al tiu enradikita kredao ke estas eble ion ricevi de l' negroj nur perforte; hodia, plezure
kaj fiere, mi povas diri ke, ekvidinte sufie frue mian eraron, mi sukcesis plenumi
miajn du longajn trairadoju d'Afriko sen beligi e unu milit-kartoon.
Tio estas gravega eksperimento ; i firmigis por iam mian konvinkon, la kiu
oni devas agi kun la nigrulo ne kiel oni agas kun besto sed kun homo.

22

Supposons-nous maintenant transports brusquement en pleine brousse


africaine.
Comme bien vous le supposez ces vastes territoires offrent les sites les plus
varis.
Celui que je mets sous vos yeux vous donne une ide des rgions herbues.
Rgle trs gnrale les herbes de l'Afrique centrale sont grandes et fortes.
Par exception on trouve des rgions o l'herbe garde une taille raisonnable.
Dans le site que reprsente la projection les herbes sont hautes, paisses,
dures.
A peine y devinait-on l'troit sentier qui y serpentait, et le long duquel se
dveloppait notre colonne, forte d'une centaine de soldats et de 250 porteurs.
Les reconnaissances des journes antrieures nous avaient fait dcider qu'en
ce point-ci nous nous arrterions assez longtemps pour y amorcer une station,
dont nous laisserions l'achvement une arrire-garde.
Il tait quelque 9 heures du matin au moment o tait prise cette photographie.
Soldats et porteurs, chargs de dbrousser l'emplacement choisi, se mettent
de suite la besogne ; les uns taillent coups de machette, d'autres emportent
la rivire voisine les herbes et les broussailles abattues.
Ce travail se fait sous la direction des 5 Europens de la mission.
Il marche rapidement, et, vers midi, une nouvelle photographie est prise,
que voici.
.

Le site est dgag ; il a pris les allures d'un parc bien arbor.
Durant que 3 Europens continuent les travaux d'installation, les deux
autres, le commandant et son second, se sont assis leur table de travail, pour
mettre de suite au net leurs notes de route, leur itinraire, et pouvoir affectuer
les calculs prparatoires de l'observation astronomique du soir.

23

Nun supozu ke, tute senpere, ni estu portitaj meze de l' afrika arbetajaro.
Kiel vi certe opinias, sur tia vasta teritorio, trovias plej diversaj pej zaoj.
Kiun mi montras al vi, tiu donas ideon pri herba regiono.
Tre enerale, herbo en Mez-Afriko estas granda kaj fortika.
Escepte trovias regionoj kies herbo konservas decan kreskon.
En la pejzao de tiu fotografao herbo estas alta, dika, malmola.
Apena divenias la mallara vojeto kiu tie serpentis, kaj sur kiu longiis nia
kolono, konsistanta irka el cent soldatoj kaj ducent kvindek portistoj.
Sekve de esploretoj faritaj la antaajn tagojn, ni decidis tie .i haltadi, sufie
longatempe por ekkonstrui loejaron, kiun postgvardio estus finigonta.
Estis irkae la naa horo, matene, kiam oni faris tiun fotografaon.
Soldatoj kaj portistoj, ordonitaj por purigi la elektitan lokon, tuj eklaboradas ;
unuj tranas herbegojn kaj arbetaojn, kiujn aliaj forportas al la proksima rivero.
Tiun laboradon direktas la 5 eropaj esploruloj.
i ias rapide kaj, irka tagmezo, alian fotografaon oni faras.

Jen i.

^ **

24
Vous voyez ces deux officiers assis en plein air, en pleine lumire, suffisamment garantis des ardeurs du soleil par l'ombre des arbres sous lesquels ils se
sont installs.
Remarquez qu'ils ont enlev leur casque ; ce qui vous montre que le soleil
n'est pas si terrible qu'on le dit.
Devant eux vous voyez, plant en terre, un lourd pilier en chne, sur
lequel, au coucher du soleil, on placera l'instrument destin prendre l'observation astronomique, pour faire le point , c'est--dire calculer la latitude
et la longitude du point o l'on est arriv, afin de n'tre jamais perdu, ce
qui a t le cas de plus d'un voyageur.
^

Pendant que les 2 chefs de


l'expdition procdent ainsi
leur besogne spciale, un
de leurs adjoints dirige la
construction d'un hangar,
vritable construction la
Robinson Cruso, qui va servir
de magasin, de salle manger, de bureau de travail, de
salle de rception, etc., etc.,
aux 5 Europens.
Ce hangar-bureau-salle
manger, etc. sera compltement termin vers 14 heures ;
les tables y seront disposes ;
les caisses, les ballots, les
malles leur place ; de plus des paravents, ou parasoleil, amovibles, ferment
en partie la grande face du hangar.
C'est ce que nous montre la projection.
On y voit aussi un tas de courges qui serviront faire d'excellentes soupes.

Il m'a paru intressant de vous faire voir l'intrieur de ce capharnaum.


Le voici.
C'est bien, n'est-ce pas, comme je le disais, du Robinson Cruso.
Remarquez, je vous prie, ces paniers tresss claire voie, suspendus sous une
tagre grossire.
Ils sont remplis de lgumes du pays : haricots, patates douces, ignames,
pommes de terre ariennes, concombres, arachides, pourpier, plus diverses
espces de feuilles comestibles, analogues nos pinards.
Remarquez aussi que la table est bien garnie de bouteilles varies ; cet
indice on peut reconnatre qu'on a affaire des voyageurs belges.
Hlas ! l'abus de la boisson a de plus grosses consquences encore en
Afrique qu'en Europe.

- 25 La loko, purigita, ajnas arbaparko.


Dum ke tri europanoj darigas la manlaborojn por la loado, Ia du aliaj
europanoj, la komandanto kaj lia unuahelpanto, sidigis sin anta siaj verktabloj por tuje
netigi siajn notojn, sian vojdesegnaon, tiamaniere ke ili povu prepari la antakalkulon por la astronomia observado, vespere farota.
Vi vidas tiujn du oficirojn sidantajn plenaere, plenlume, sufie protektataj, kontra la suna flameco, dank' al la ombrao de l'arbo sub kiu ili sidas. Rimarku ke ili
forprenis siajn kaskojn ; tio montras al vi ke la afrika suno vere ne estas tiel timinda
kiel oni kutime diras.
Kontra ili vi vidas, enmetitan tere, multpezan kverkan subportilon, sur kiu,
suno-subirinte, oni metos la instrumenton por, astronomie, defini la punkton t. e.
determini la latitudon kaj la longitudon de l' loko kie oni alvenis, tiamaniere ke
oni neniam perdiu, kiel okazis je pli ol unu vojaisto.

***
Dum ke la du., esploradestroj tiele plenumas sian specialan verkon, unu el iliaj
helpantoj direktadas la konstruon de malfermata loejo, vera konstruao de Robinson
Kruzo, uzota kiel magazeno, mano-ambro, laborejo, oficejo, ambro de akceptado,
k. t. p.
Tiu malfermata loejo-laborejo-oficejo-manoambro estos tute finita je la dekkvara horo tabloj lokitaj ; pakaoj, pakegoj, ferkestoj aranitaj iliavice ; plie, formoveblaj irmiloj kontra vento, suno a pluvo parte fermos la grandan flankon de
tiu multloejo.
Tion tre bone montras la projekcio.
Sur i vi anka vidas amason da kukurboj, per kiuj ni faros bonan supon.
;

* *
ajnis al mi interesa montri al vi, interne, tiun Kafarnaumon.
Jen i estas.
Kiel mi us diris, tio vere
rilatas, u ne, al Robinson'
Kruzoe .
Rimarku, mi rogas, tiujn
korbojn maldense plektitajn,
pendantajn sub maldelikata
breto. Ili estas plenaj da legomoj enlandaj : fazeoloj, batatasoj ipomeaj ; dioskereoj ;
kukumoj ; araidoj ; portulako ;
plie, diversaj specoj de maneblaj folioj, similaj je niaj spinacoj.
Rimarku anka ke la tablo estas bone kovrata per
diversaj boteloj ; tio sciigas ke la vojaistoj estas eble belgaj.
Ho ve ! Trouzi trinkaojn estas, se eble, ankora pli grava en Afriko ol en
Eropo.

-- 26
Je me hte de vous dire que, si vous voyez beaucoup de bouteilles sur la
table de notre salle manger, il n'en faut pas conclure que nous buvions
comme des trous.
J'ai toujours considr comme un devoir d'tablir, dans les groupes que je
commandais, une rgle absolue de sobrit : chaque Europen recevait 1/2
bouteille de vin au repas de midi, un petit verre de bon alcool aprs le mme
repas, un autre petit verre aprs le repas du soir.
Le repas du soir comportait gnralement, comme boisson, du th et du caf.
L'abstinence complte d'alcool ne nie parat pas indispensable ; on ne doit
pas abuser, on peut user ; mon avis une dose raisonnable de bon alcool
est d'un bon effet. Il faut toutefois avoir le courage de ne jamais la dpasser ;
il ne faut non plus permettre qu'on ait de l'alcool chez soi.
J'avais obtenu cela aisment de tous nies agents ; ils ne s'en trouvaient pas
plus mal, au contraire.
Puisque je touche au chapitre rgime , permettez-moi d'appeler votre
attention sur ces paniers remplis de lgumes du pays.
Une rgle capitale de bonne hygine est qu'il faut viter comme peste les
conserves.
J'entends par conserves, au point de vue africain, les viandes, les poissons,
les fruits, les lgumes.
L'Afrique abonde en produits animaux et vgtaux de toute nature ; il suffit
de savoir les prparer notre got.
Mais, par un inconcevable partis-pris, beaucoup d'Europens s'imaginent
que les produits d'Afrique doivent tre de nature infrieure ; il leur parat
plus riche, plus distingu, plus digne de leur rang, de se nourrir des abominables produits chimiques sortant des usines de conserves, parce que ces
produits se qualifient de suprieurs, et sont prsents sous des tiquettes
mirobolantes, garnies de nombreuses reproductions de mdailles obtenues dans
les expositions universelles.
La vrit est que l'emploi prolong de conserves dlabre tous les estomacs ;
le climat de l'Afrique tropicale n'a aucune part dans ce triste rsultat de notre
mentalit de prtentieux.
Au point de vue physiologique pur, il suffit de quelques minutes de rflexion, un homme non prvenu, pour admettre la justesse de ce que je viens
de dire.
Sans dvelopper ce point, je me contenterai de suggrer une exprience ; ce
serait de forcer quelques fabricants de conserves se nourrir, pendant un mois,
trois fois par jour, des seuls produits de leur fabrication. S'ils ne gagnent pas
tous une gastrite soigne, c'est qu'aucun, vrai dire, ne consentirait se prter
l'exprience que je propose.
Je dois ajouter que je ne condamne pas comme conserves : le sucre, le beurre,
l'huile, le vinaigre, le caf, le th, le jambon, les fromages, le lait, la farine,
les biscuits, etc..., toutes choses dont on ne trouve gnralement pas l'quivalent en Afrique centrale.
Donc peu d'alcool, pas de conserves quand on peut trouver des produits frais

27
Mi diru tuje al vi ke, vidante tiom da boteloj sur la tablo de nia mangoambro,
vi ne devas konkludi ke ni drinkis kiel truoj.
iame mi opiniis ke, al la grupoj de mi komandataj, mi, tute prave, povas altrudi tre severan regulon pri sobreco.
ia eropano ricevis duonbotelon da vino je la tagmano, glaseton da bona
likvoro post la tagmano, kaj anka alian glaseton post la vespermano.
Vespere ni trinkis, enerale, u teon u kafon.
Radikala deteno pri alkoholo ne ajnas al mi necesega ; trouzi oni ne devas,
uzi oni povas.
La mia opinio, dozo ne tro granda da alkoholo bone efikas.
Tamen oni devas esti sufie kuraa por neniam pligrandigi in.
Oui anka devas malpermesi ke la esploristoj havu alkoholon e si.
Tre facile mi konvinkis miajn kunlaborantojn tiel konduti ; kaj tio tute ne estis
malbona afero por ili, kontrae.
ar mi parolas pri la vivo-regularo, permesu ke mi ankora turnu vian atenton
al tiuj korboj plenaj da enlandaj legomoj.
efa regulo por bona higieno estas jena : forigi, kiel pesto, la konservaojn.
Mi nomas konservaoj, la afrika vidpunkto, viandojn, fiojn, fruktojn kaj legomojn.
En. Afriko oni trovas multe da kreskaoj kaj bestviandoj tre divers'specaj; sufias
nur, arani ilin la nia gustumo.
Tamen, pro nekompreneble antadecido, multaj eropanoj pensas ke la afrikaj
produktaoj estas tute malatindaj.
ajnas al ili plej rie, plej distingie, plej inde je ilia rango, se ili nutrias per
la abomenaj kemiaj produktaoj, elirintaj el ia fabrikejo de konservaoj, ar tiajn
produktaojn oni nomas superaj, kaj ilin oni prezentas mirinde surskribetajn, kun
multaj desegnoj de medaloj ricevitaj en tutmondaj ekspozicioj.
Nu la vero estas jena : uzado da konservaoj malbonigas iun stomakon ; tiu
bedarinda rezultato de nia afektema spiriteco, tute ne okazas pro la klimato afrika.
La simpla fiziologia vidopunkto, se homo ne antajuinta pripensas nur dum
kelkaj minutoj, li akceptos la pravecon de tio kion mi us diris.
Ne detale dirinte tiun aferon mi nur ekinspiros eksperimenton : devigi kelkajn
fabrikistojn de konservaoj nutrii dum unu monato, trifoje iutage, nur per la produktaoj de ilia fabrikado.
Se ili ne tute malsanias ventre, la kazo estos ke neniu el ili volos fari tian
eksperimenton, proponitan de mi.
Mi devas ankora diri ke mi ne kondamnas kiel konservaoj : sukeron, buteron,
oleon, vinagron, kafon, teon, inkon, fromaojn, lakton, farunon, biskvitojn, k. t. p.;
de tiaj produktaoj, enerale oni ne trovas similon en Mez-Afriko,
Unuparole do . malmute alkoholo, nenia konservao, kondie ke freaj produktaoj estu troveblaj sur la loko mem.
^

28
sur place. J'ajoute, comme troisime rgle d'hygine, la plus grande mfiance
de tout mdicament, et surtout -- n'en dplaise la masse de la quinine.
Pour mon compte j'ai fait sur moi-mme l'exprience de la quinine pendant
deux ans et demi ; elle m'a men 2 doigts de la tombe.
J'y renonai alors, et pour cause me semble-t-il.
Dans mes autres voyages en Afrique je rsolus de ne plus toucher un grain
de quinine ; tous mes adjoints indistinctement eurent la confiance de suivre
mon exemple. Et voici le rsultat : j'ai travers deux fois l'Afrique sans perdre
un seul agent vous entendez bien sans perdre un seul agent pour
maladie.
Si cette exprience n'est pas capitale, je demande quand une exprience
quelconque le sera.
Enfin ces trois grandes rgles de conduite : peu d'alcool, pas de conserves,
pas de mdicaments, j'ajoute encore cette quatrime : pas de concubinage
ngro-europen.
Permettez-moi de ne pas insister sur ce sujet rpugnant.

* *
Et revenons notre campement o je vais vous montrer la cuisine et le
cuisinier.
Installation rudimentaire mais singulirement avantageuse, si on y tient
la main la propret ; on s'est, en effet, install auprs d'une rivire
belle eau courante, et c'est dans cette eau courante mme que doit se faire,
trois fois par jour, le nettoyage complet de tout le matriel de table et de
cuisine. Ce matriel a t dtermin par le chef de mission ; car une des
joies d'expditions telles que celles dont j'ai le plaisir de vous parler, c'est
qu'on y apprend vivre la vie intgrale ; on ne doit pas seulement pouvoir
regarder dans les toiles et sur la lune, il faut savoir et cela est extrmement important s'occuper, en connaissance de cause, de toutes les conditions
matrielles de l'existence. Quand on prpare les cantines pour une expdition
africaine, si l'on oublie d'y mettre, par exemple, des sacs caf, il faudra s'en
passer l-bas, ou recourir l'emploi de chaussettes, ce qui, somme toute, manquerait d'esthtique.
On pourrait certes, aprs coup, se plaindre de ce qu'il ne se soit trouv
personne pour vous avertir de votre oubli.
Mais, outre que ces plaintes ne changeraient rien la situation, elles feraient
encore la preuve que vous n'aviez pas qualit pour accepter les responsabilits
du commandement, car si dj vous avez manqu de coup d'oeil pour une chose
si simple que la dtermination d'une cantine complte, on peut tre certain
qu' fortiori manquerez-vous de coup d'oeil lorsque surgiront les imprvus
d'Afrique, qui sont la joie des coeurs bien tremps, et la perte des pusillanimes.

* *
Pour que vous n'alliez pas croire que les proccupations d'un chef de mission congolaise ne sont que de ce seul ordre, en apparence terre--terre, per-

29

Kiel tria regulo higiena mi aldonas la plej grandan malfidon al kia ajn sanilo,
kaj precipe e se tio malplaas al multaj precipe al la kvinino (cinknao).
Mi eksperimentis per mi mem la kvininon dum du jaroj kaj duono ; i kondukis min al du paoj de l' tombo.
Tiam mi forlasis in, tuteprave, la mia ideo.
Dum miaj aliaj vojaoj tra Afriko, mi decidis ne tui plu e iometon da kvinino ; iuj miaj helpantoj, sen escepto, konfidis al mia ekzemplo.
Kaj jen estas la rezultato
mi, dufoje, trairis Afrikon sen
perdi e unu agenton u vi
bone adas sen perdi e unu
agenton pro malsaneco.
Se tia eksperimento ne estas
gravega, efa kaj radikala, mi
demandos kiam eksperiment
estos tia.
Fine al tiuj tri gravaj reguloj
pri vivado : malmulte da alkoholo, nenia konservao, nenia sanilo,
mi ankora aldonas i tiun kvaran : nenia kromvirineco
negra-eropa.
Permesu ke mi ne insistas
pri tiu tedega objekto.
,

***
Kaj ni revenu al nia tendaro, kie mi tuj montros al vi la kuirejon kaj la
kuiriston.
Loigo elementa sed, kondie ke oni zorgu por tio, tre facile purebla.
Oni ja loiis apud rivero kun bela kaj fluanta akvo ; en tiu akvo, trifoje iutage, oni devas zorge malpurigi la tutan manilaron kaj la kuirilaron.
Tiun ilaron aranis la efo mem de l'esplorularo.
Unu el la plezuroj de ekspedicio simila je tiu pri kiu mi us priparolas, estas
konatii kun la integrala vivado.
Estas necesa ii kapabla ne nur rigardi stelojn kaj lunon, sed anka kaj tio
i estas tute gravega ekzameni; perte kaj lerte, iujn kondiojn pri la ordinara
vivado.
Kiam oni ekaranas mang laron kaj kuirilaron por ekspedicio afrika, se oni forgesas kunpreni, ekzemple, kafsaketojn, oni estos devigata fari la kaftrinkaon sen
kafsaketo, a uzi trumpetojn ; tio vere, estus tute malestetika ; u ne !
Vi ja povos, poste la forgeso, plendi kaj plendi pro tio ke neniu avertis vin pri
la forgeso.
Tiaj plendaoj nenion anus al la afero, sed pruvus ke vi ne havis kapablecon
por akcepti la respondecojn de l' komandeco ; ar se jam al vi mankis la kapableco
por afero tiel. simpla kiel arani bonan kaj plenan manil-kaj-kuirilaron, oni povas
certii ke, a fortiori , mankos al vi kapableco kiam okazos la neantavidaoj
d'Afriko, kiuj estas ojo por koro fortika, sed pereo por timema malmultepovulo.
i

30

mettez-moi de vous montrer ici, sur cette autre photographie, un coin bien
diffrent du coin de la cuisine.
Voici, en plein air, l'observatoire mtorologique, compltant un abri couvert
o sont disposs surtout les enregistreurs de temprature, les thermomtres
maxima et minima, les hygromtres, l'vaporomtre de Piche, etc.
Vous voyez ici le baromtre mercure muni de son thermomtre-fronde
spcial ; deux udomtres, l'un plac sur le sol mme, l'autre quelque 80 centimtres de hauteur ; un enregistreur solaire ; un nphoscope ou miroir
observer les nuages ; un enregistreur barographique Richard; un actinomtre
boules conjugues d'Arago, et un actinomtre ther de Bellany, etc.
Les indications de ces divers instruments ont t releves pendant deux
pleines annes par les soins de la mission scientifique du Ka-Tanga, ce
qui, il faut peine le dire, a apport la
premire importante contribution la con1 naissance mtorologique de cette partie
de l'Afrique.
BORNEGDSIQU
-^

MIS IONSUCIENTFDIQU KA -TANGA


t0A0:26 52'. 55,
LATE ^6: 26:32;'70
ALT { 976 .2ira>

N'PWETO: 1898

^-=^`_----

Je vous ai parl tantt des observations


astronomiques que, presque chaque soir,
nous faisions pour fixer nos positions.
Cette photographie vous montre les instruments employs cet effet.
C'est le cercle mridien, instrument de haute prcision, pouvant
fournir les latitudes 1 seconde
d'arc prs, et l'heure 1/10me de
seconde de temps.
Comme accessoire et rechange de cet instrument
principal, nous disposions
d'un thodolite que l'on
voit sur son trpied.
Un troisime instrument

3i

Por ke vi ne opiniu ke
pripenso kaj okupado de efo de Kongoa esplo rado,
rilatas nur al la manaoj, permesu ke mi montru al vi, tie i, sur tiu fotografao,
parton tute alian de nia ekspedicio.
Jen estas, plenaere, la meteorologia observatorio ; plie ekzistas loejeto
apelita per herbtegmentao, kie trovias precipe la enskribiloj por varmgrado ; la
termometroj je maksimumo kaj je minimumo ; la higrometroj ; la, ekvaporiometro
de Fi (Fiche), k. t. p.
Tie i, plenaere, vi vidas la barometron hidrargan, kun sia turntermometro ; du
pluviometrojn, unu metita surtere mem, unu supertere je irka okdek centimetroj ;
sunoskribilon ; nubospegulo ; baroskribilon Riard ; aktinometron je buloj kunmetitaj
de Arago ; aktinometron je etero de Bellany, k. t. p.
La montrojn de tiu instrumentaro notadis, dum du plenjaroj, la scienca ekspedicio
de Ka-Tanga-o ; tio, u mi devas diri, donis la unuan gravan kunhelpaon al la meteorologian konon de tiu parto d'Afriko.
Mi, anta kelkaj minutoj, parolis pri astronomiaj observadoj farotaj, preska
iuvespere, por determini nian lokon o.
La jena fotografao montras la instrumentojn uzatajn por tio.

32

est destin dterminer les 3 composantes magntiques, savoir la dclinaison,


l'inclinaison et l'intensit horizontale. Cet instrument s'appelle un magntomtre ; il est, ici, mont en intensimtre.
Lorsqu'une position importante a t fixe en latitude, en longitude et en
altitude absolue, on garde le point sur le terrain en y construisant une butte
godsique, telle que celle que vous montre la figure et qui est faite de blocs de
grs rouge.
*

* *

Mais voici termins les travaux en un point donn.


La caravane se remet en route.
Voyez en quel attirail vont marcher ces courageux ngres dont on dit si
souvent tant de mal.
Voici des soldats qui portent leurs armes, leurs cartouches, et tout leur
bagage maintenu sur le dos par une courroie passant sur leur front.
C'est encore deux porteurs portant une charge double ; puis une femme qui
porte une corbeille remplie de nourriture, de pots, etc.
Mme des enfants portent allgrement leur quelque vingt kilos.
Et pendant des heures et des heures les kilomtres succderont aux kilomtres ; et tout ce monde, courageux quoique noir, fera la route journalire
sans une plainte, sans un murmure.
A condition toutefois, que les blancs de l'expdition traitent leurs noirs avec
justice, qu'ils exemptent de charge les malades et les clops, qu'ils leur fournissent ventuellement un hamac, qu'ils veillent ce que la nourriture leur
soit assure, etc , etc. Moyennant quoi ces courageux enfants des pays de
soleil parcourront chaque jour des tapes allant de 20 40 kilomtres, et plus ;
puis, arrivs l'tape, ils nettoieront l'emplacement choisi pour y dresser les
tentes ; iront chercher l'eau pour le bain, pour la cuisine ; trouveront le bois
de chauffage, iront la pche et la chasse, etc., etc.
Et seulement lorsque le blanc sera confortablement install, ces sales
ngres s'occuperont d'eux-mmes, feront cuire leur rudimentaire repas, qu'ils
arroseront d'eau sans plus.
Pour la nuit ils s'tendront autour des feux, mme le sol, dans un bout de
couverture dchiquete, ne demandant au ciel qu'une chose, leur pargner la
pluie pendant la nuit.
Car lorsque tombe la pluie, les sales ngres n'ont rien pour s'abriter.
Certes les blancs sont bien l'abri sous la tente, dans une confortable couchette. Mais ses serviteurs noirs n'ont, quand il pleut, aucun moyen de s'abriter;
alors, sous quelque arbre plus pais que les autres, ils se pressent les uns
contre les autres, le plus troitement possible afin de diminuer la surface de
leur pauvre corps expose au refroidissement direct ; et, pendant toute la nuit,
accroupis autour des feux teints, ils gmissent une interminable psalmodie,
disant leur rsignation de pauvres gens, de pauvres gens vraiment, que nous
mprisons si aisment alors que, sans eux, nous ne pourrions faire mme un
jour de marche en Afrique centrale.
Pauvres gens ! et pourtant si courageux, si aviss !

- 33 Jen estas la meridiana-cirkelo, instrumento tre preciza, per kiu oni povas ricevi
latitudon proksimuman je irka unu arka sekundo, kaj horon proksimuman je irka unu dekono da tempa sekundo.
Kiel flankao de tiu efa instrumento ni estis provizataj je teodolito, videbla sur
ia tripiedo.
Speciala instrumento estas difinita por determini la tri efikantojn magnetismajn,
t. e. deklinacion, inklinacion, kaj horizontalan intensiton.
Tiun instrumenton oni nomas magnetometro ; i estas, tie i, arangita kiel
intensimetro .
Gravan punkton determinitan latitude, longitude, kaj absolutaltitude , oni
montras loke, per geodezia monteto, tiel kiel vi vidas sur la fotografao, farita de
pecoj da rua sablotono.

Sed supozu nian laboradon finita en ia speciala loko.


Ree devas ekvojiri la karavano.
Vidu je kia arano maradas tiuj kuraaj negroj, pri kiuj, tiel ofte, oni diras
multe da malbonaoj.

Jen estas soldatoj kiuj portas siajn armilojn, kartoojn kaj tutan pakaon tenatan
surdorse, per rimeno pasanta surfrunte. Jen estas du portistoj kun duobla aro ;
tie virino portas multepezan korbon plenan da nutrao, potoj, k. t. p.
Jen infano oje portanta irka dudek kilogramojn.
Nu ! dum horoj kaj horoj, la kilometroj sekvos la kilometrojn ; kaj tiuj homoj,
kuraaj kvankam nigraj, faros la iutagan iradon sen plendo, sen murmuro, kondie
tamen ke la blankuloj de l' ekspedicio agu juste kun la nigruloj ; ke ili liberigu

34
Faut-il franchir une rivire ? Ils
vont trouver le gu au risque d'tre
happs par un crocodile. N'y a-t-il pas
moyen de traverser gu ? Ils tabliront un pont de lianes; ils abattront
quelque gros arbre et fabriqueront
une pirogue.
Et tout cela spontanment, sans
que le blanc leur soit d'aucun concours.
Heureux encore si, le pont de singes termin, les blancs ne maugrent
pas de ce que la traverse en soit si
difficile ; et pourtant le blanc n'a
qu' passer son gentil corps, alors
que le ngre traverse le mme pont,
ayant sa charge sur la tt e ou sur les paules. Mais nous n'en tenons pas
te, et nous ne notons pas, comptedansr,quloiencstra
pont de lianes, et en le traversant avec charge sur la tte, fait, pour nous
rendre service, une chose que nous ne pourrions faire nous-mmes.
Est-ce une pirogue que le noir construit ?
Observez avec quelle certitude il choisit l'arbre convenable, non-seulement
par sa forme et ses dimensions, mais encore par son essence. Observez
avec quel juste coup d'oeil il dtermine la partie qui devra fournir le
fond de l'embarcation; remarquez
l'adresse avec laquelle il excute
le creusement de
cette embarcation
primitive, sans laquelle, pourtant,
votre voyage serait
interrompu.
Et, faisant de telles constatations,
donnez une bonne
note ces sales
ngres , et remerciez-les de vous
aider si gnreusement conqurir
richesses et honneurs.

35
je aro, la malsanojn kaj la kriplajn ; ke, okaze, al tiuj i estu donata pendlito ; ke oni zorgu por ke la nutrao de l' nigruloj estu sufia, k. t. p.
Je tia kondio, tiuj kuraaj idoj de l' lando sune heligata kaj varmigata, efektivigos, iutage, maradojn da dudek, tridek, kvardek kilometroj, kaj plu ; poste,
alveninte al la tendaro, ili malpurigos la lokon elektitan por starigi la tendojn ; ili
iros erpi akvon por la bano de 1' blankuloj kaj por ilia kuirejo ; kolekti hejtan
lignaon ; fikaptadi a asi, k. t. p., k. t. p.
Kaj nur kiam la blankulo estos komforte loigata, nur tiam la malbonaj
nigruloj zorgos por si mem ; ili ekbruligos siajn fajrojn, kuiros simplegan manaon,
kun kiu ili trinkos nur akvon.
Por la nokto, ili. kuigos sin irka la fajroj, surtere mem, envolvitaj en peco da
malbona kovrilo disirata, dezirante de ielo nur unu favoron, t. e. ke ne pluvu dum
la nokto.
ar kiam ekfalas la pluvo, la malbonaj negroj havas nenion por irmi sin.
La eropano , ja, estas en bona rifuejo sub sia tendo, sur sia komforta
kuejeto sed, kiam pluvas, iliaj nigraj servistoj havas nenian rifuejeton ; sub ia arbo
pli densa ol aliaj, ili premias unuj apud la aliaj, kiel eble plej mallare, por malpligrandigi la supraon de ia malfelia korpo malvarmiantan senpere ; kaj, dum
la tuta nokto, sidantaj irka la estingiintaj fajroj, ili emas senfinan psalmokanton,
dirante sian rezignacion de malfeliaj homoj, de malfelioj, vere, kiujn tiel facile
ni malatas ; tamen, sen ili, ni ne povus mari, e nur dum unu tago, en Mez-Afriko.
Malfelioj ja ! kaj tamen kuraoj ! lertoj !
u oni devas transiri riveron ? Ili ekseras kaj trovas transirejon, riskante esti
glutataj de krokodilo.
u eble la rivero ne estas transirejebla ?
Tuj, la negroj aranos ponton per lianoj ; ili faligos ian dikan arbegon kaj
kavigos in por ricevi pirogon ; pirogo estas barko de nigrulo.
Kaj io ias propramove, sen ia helpo de l' blankulo.
Estas ja bona se, la simiaponto finita, la blankuloj ne koleras pro la malfacileco
de l' transiro.
Tamen la blankulo transportas nur sian beletan korpeton, dum la nigrulo, transirante la saman ponton, havas aron sur kapo a sultro.
Sed pri tio i ni ne interesias ; ni ne notas sur nia notlibreto ke la nigrulo,
konstruante lianan-ponton, kaj in transpasante kun aro sur kapo, efektivigas, por
nia profito, aferon, kies efektivigo ne estus ebla de ni mem.
u pirogo estas kavigota ? Observu kiel certe la negro elektas la tagan arbon,
ne nur pro ia formo kaj iaj ampleksoj, sed anka pro ia speco.
Observu kiel okulsperte, li determinas la parton e kiu ios la fundo de l' boato ;
kiel lerte li kavigas tiun primitivan barkon, sen kiu, ja, via vojaado interrompius.
Nu, farinte tiajn rimarkojn, donu bonan noton al tiuj malbonaj negroj , kaj
danku ilin pro ke ili, tiel sindoneme, kunhelpas vin por akiri riaojn kaj honoraojn.

***
Jen modelo de tendaro montranta kiel oni ekloias por posttagmezo, vespero
kaj nokto.
Loadi subtende estas vere ojo ; tendo estas domo kiun, iutage, vi kunportas
e alia pejzaaloko.

36
Ci un type de campement montrant l'installation pour l'aprs-midi, la soire
et la nuit.
C'est une joie que d'habiter sous la tente ; elle est une maison que chaque
jour vous allez planter en un autre site ; si cette maison n'est pas grande elle
est bien suffisante au bon pays de soleil o l'on vit constamment en plein air,
en pleine lumire, n'entrant dans la tente que pour la nuit.
Il n'est pas de chambre d'htel de luxe, pas de chambre du logis le plus
princier qui puisse jamais, pour moi, remplacer ma tente, plante aujourd'hui
au bord d'une rivire cascatelles, demain dans un sous-bois, vrai parc naturel
tel que celui-ci, un autre jour au bord d'une falaise haute de 3 400 mtres
d'o tombent des torrents cumants ; ou encore sur une plage de sable o
viennent expirer les vagues de quelque grand lac africain. Chaque jour mon
domaine est nouveau ; nouveau ce que je vois ; nouveau ce que j'entends.
Quel prince vhicul par les plus beaux bateaux, par les trains les plus
rapides, par les plus riches automobiles, jouira jamais d'un domaine aussi
vaste, aussi vari, aussi pittoresque que l'Afrique entire, de l'Ocan Indien
l'Ocan Atlantique ?
Vraiment la vie des voyages d'exploration est d'un charme si grand qu'on
ne le saurait dire, mme partiellement.

* *
Il n'est pas, toutefois, donn tout le inonde de goter cette vie superbe.
Voyager est plus qu'une science, c'est tout un art, demandant et souplesse
et coup d'oeil. Nous voici dans un village o, nous avait-on dit, nous ne trouverions pas de vivres, le pays ayant t ravag par les sauterelles.
Et pourtant regardez quelle suite de paniers bonds de nourriture, apports
par une centaine de noirs, hommes et femmes !
Mais regardez surtout ce blanc qui, tenant ouvert un gros livre plein de
gravures, passe lentement devant cette centaine de noirs, feuilletant le livre
page par page, et montrant des pages en couleurs o les noirs voient des
animaux et des plantes qu'ils connaissent, des poissons de leurs rivires, des
antilopes, des lphants, etc...
Le livre montre aussi des types curieux par leurs tatouages, leurs coiffures,
leurs accoutrements, etc.
Et les noirs qui ont apport les vivres s'intressent ce que leur montre
et leur dit ce blanc qui, au lieu de recourir la force, se donne la peine
d'expliquer patiemment ce qu'il dsire, et ce qu'il est venu faire dans le
pays. Et les noirs comprennent rapidement ; ils vont s'en retourner chez eux
et dire ce qu'ils ont entendu, et lorsqu'ils reviendront vers le blanc qui leur
a montr le livre images, ils lui rapporteront tout ce qu'ils croiront susceptible de satisfaire sa curiosit d'explorateur.
Impossible, l-bas, de donner une confrence avec projections lumineuses ;
le livre images en tient lieu si le blanc a la patience de le feuilleter, pendant
deux heures et plus, ses amis noirs, qui il inspirera ainsi une si grande
confiance qu'ils porteront sa rputation des journes de marche en avant
de sa caravane ; grce quoi nulle part il ne trouvera d'inquitude ; partout,
sachant qu'il est juste, et qu'il paie tout ce dont il a besoin, on aura tout
prpar largement en vue de son passage.

- 37 Gi certe estas malgranda ; i certege, plene sufias en la bona lando de l' suno,
kie oni senese vivadas plenaere kaj plenlume, enirante la tendon nur por dormi.
Nenia ambro de luksa hotelo, nenia ambro de plej princa palaco povus, por
mi, anstatai mian tendeton, plantatan, hodia, e la bordo de rivero ; morga en
subarbaro, vere natura parko kiel tiu-i ; aliafoje apud la rando de krutao, alta je
3 a 400 metroj, el kiu falas ama torento ; u ankora sur sablobordo kie senfortigas ondoj de ia granda lago.
iutage mia bieno estas alia ; alia la vidao alia tio kion mi adas.
Kia princo, veturante per la plej bela ipo, la plej rapida vagonaro, la plej
multkosta atomobilo, iam uos bienon vastan, diversan, pentrindan kiel la tuta afriko,
de hinda Oceano al Atlantiko ?
Vere la vivado de tiaj esploraj vojaadoj estas arma pli ol oni povus diri, e
iomete !

Tamen ati tian belan


vivadon ne estas ebla por
iuj.
Vojaadi estas pli ol
scienco, estas vere arto
postulanta lertecon kaj
sperton.

Nun ni estas en vilao kie la tio kion


oni antadiris al ni ni
trovos nenian nutraon,
ar la landon ruinigis la
akridoj.
Tamen rigardu : kia
sekvado da korboj, plenaj
da nutrao, alportitaj de
irka 100 negroj, viroj
kaj virinoj !
Rigardu precipe tiun
blankulon kiu, tenante malfermata dikan libron, ornamitan je multe da desegnaoj,
malrapide pasas lalonge tia centono da nigruloj, malvolvante la libron pao post
pao, kaj montrante kolordesegnaojn sur kiuj la negroj vidas bestojn kaj kreskaojn
konatajn de si, fiojn de siaj riveroj, antilopojn, elefantojn, k. t. p.
La libro montras anka homojn originalajn pro iliaj tatuaoj, harornamoj, vestoj,
k. t. p.
La negroj, kiuj alportis nutraon, interesias pri tio, kion montras kaj diras tia
blankulo kiu, anstata uzi perforton, zorgas kaj klopodas por klarigi, pacience, kion
li deziras, kaj pri kio li venis en la lando.
Kaj la negroj rapide komprenas ; ili tuj reiros e si kaj diros kion ili adis ;
poste, kiam ili revenos e tiu blankulo, kiu montris la ilustritan libron, ili alportos
al li ion kio, la sia opinio, povos kontentigi lian scivolon d'esploristo.
Neeble, tie, fari paroladon kun lumfotografaoj ; in anstataas la libro ilustrita,
kondie ke la blankulo estu sufie pacienca por malvolvi la paojn, dum 2 horoj

38
Et il pourra se dire que, derrire lui, il ne laisse
aucune cause de mcontentement, aucun motif de haine
qui pourrait s'exercer sur quelque autre voyageur venant
aprs lui, et qui s'aventurerait sans escorte dans le pays,
sans savoir qu'on pourrait bien lui faire payer les fautes
de son prdcesseur.

S'il est adroit, ce voyageur qui attire lui les gens


en les traitant bien, il accentuera la confiance qu'il
inspire aux gens en traitant particulirement bien les
enfants, telles ces deux gentilles gamines, filles d'un
chef puissant qui avait jur, disait-on, de n'accueillir
jamais de blanc chez lui.
Ce fut en cajolant ses 2 petites filles
que je pus vaincre son opposition et
pntrer dans ses domaines aussi
aisment que partout ailleurs.

Je vous disais que si vous saviez, en parlant patiemment


aux noirs, leur faire saisir ce que vous venez faire dans leur
pays, ils se feront un plaisir de vous montrer bien des choses
que vous n'aviez probablement pas vues autrement.
Voici, par exemple, un noir mont sur une paire d'chasses, faites de 2 tiges de bambous noeuds, chacune desquelles on a laiss un turion.
Je n'ai jamais vu cet emploi des chasses signal par
aucun voyageur du centre africain ; j'ai eu soin, comme bien
vous pensez, d'acheter quelques paires d'chasses pour nos
collections ethnographiques, qu'elles n'ont certes pas dpares.
Dans le Ka-Tanga il m'arriva d'acheter un jouet qu'on ne
s'attendait pas y trouver : des toupies dont voici un type.
***

L'intressant petit bonhomme que voici est un nain ; non


pas un nain par accident de naissance, mais un nain par race; il appartient
la race des pygmes dont parlait dj Hrodote.
Le temps me fait dfaut pour vous dire tout ce qu'on connat aujourd'hui
au sujet de cette intressante race qui semble en train de s'teindre au coeur
de l'Afrique.
La taille de ces pygmes atteint en moyenne 1"30.

- 39 kaj plu, al siaj nigraj amikoj ; tiamaniere li altrudos al ili tiel grandan konfidon', ke ili
sciigos lian famon je tagoj da maro anta lia karavano ; dank' al tio, nenie li
maltrankvilios ; ie, sciante ke li estas justa, kaj pagas kion li bezonas, oni estos
lare preparinta ion por lia alveno.
Plie li povos certii ke, malanta li, estos lasata nenia kazo de malkontenteco,
nenia kazo de malamo pro kiuj, eble, estus maltrankviligota ia alia vojaisto venanta post li, kaj kuraianta eniri, sengardistare, en la lando, ar li nescias ke oni
povus, eble, postuli de li pagon, pro la uldoj kaj la kulpoj de lia antairinto.
*

**

Se vojaisto, allogante homojn per bona agado, estas lerta, li pligrandigos la


konfidon, bonagante precipe kun infanoj, tiel kiel tiuj armaj knabinoj, filinoj de potenca
efo kiu tiel ja mi estis dirita uris ke neniam li akceptos blankulon e si.
Ekkaresinte liajn du knabinojn mi sukcesis forigi lian kontrasenton, kaj eniri
en lia bienaro tiel facile kiel ie aliloke.

* **
Mi us diris al vi ke, parolante pacience kun la negroj, se vi sukcesos klarigi
al ili kion vi havas por fari en ilia lando, ili tre plezure alportos kaj montros al vi
multe da aferoj kiujn, eble, vi ne vidus alie.
Jen, ekzemple, nigrulo staranta sur iriloj faritaj el du tronke toj de bambuo ;
sur iu el ili oni lasis netranitan buronon.
Tian uzon de iriloj mi neniam adis priskribita de ia
vojaisto en Mez-Afriko.
Kiel vi certe pensas, mi tuj aetis kelkajn parojn da
ili, por mia etnografia kolektaro, tiele riigata.
En Ka-Tanga-o mi trovis
okazon aeti ludilon tute ne
antaatenditan en tia lando :
turnludilojn kies jen estas ekzemplero.
La jena interesa hometo
estas malgrandegulo, tia, ne
pro malfelia naskio, sed rase ; li estas, rase, pigmeo.
Pri pigmeoj jam parolis Herodoto.
La tempo mankas al mi por diri ion kion oni scias, hodia, tuante tiun interesan rason, kiu ajnas ekestingii en
Mez-Afriko.
Meze, tiuj pigmeoj estas kreskantaj je unu metro tridek
centimetroj.
Tiu i, kies fotografajon vi vidas, estas alkondukita en
Belglando el la 1897a.
Okazis ke mi retrovis lin, ses jaroj poste, en la 1903a.
Li fariis kuiristo en ia de niaj loejaroj.

40
Le spcimen dont vous voyez la photographie fut amen en Belgique en
1897. J'eus l'occassion de le retrouver dans l'oull six ans plus tard, en 1903.
Il tait devenu cuisinier d'une de nos stations.
**

Comme on le pense bien l'lment fminin africain offre pas mal de sujets
d'observations.
Voici par exemple des femmes dont la coiffure ne le cde en rien, comme
recherche et complication, aux coiffures les plus recherches et les plus compliques d'Europe.
Il faut des jours, des semaines, voire des mois pour achever une de ces
coiffures o les perles sont enfiles sur les cheveux mme ; ces perles sont
de toutes couleurs, blanches, bleues, rouges, et l'on ajoute galement des coquillages, nomms cauries.
On peut rire de ces coiffures, mais par quoi sera provoqu ce rire, sinon par
ce fait que nous avons devant nous une chose non encore vue, et que nous
suffit pour la trouver baroque. Permettez-moi de vous dire que, quand les
sauvages noirs voient les sauvages blancs, ils rient galement de leurs accoutrements et des dtails de leur toilette ; si bien que les sauvages blancs
et les sauvages noirs se conduisent l, exactement, les uns comme les autres.
Ils ont d'ailleurs, on peut m'en croire, encore bien d'autres points de
ressemblance.
**

Ainsi, sur la photographie que voici, vous verrez des indignes portant des
cheveux de plus de deux mtres de
long ; l'un a sa tresse droule et
tranant sur le sol, l'autre la porte
en bandoulire.
Dois-je vous dire que ces cheveux si longs ne sont que des postiches, employs par certaines populations de la rivire Oubanghi ?
Les premiers blancs qui les virent
crurent des cheveux naturels, et
se rjouirent d'une dcouverte qui
allait immortaliser leur nom. Ils ne
se donnrent mme pas la peine de
toucher les cordelettes grossires
dont sont faites ces tresses longues
et paisses.
Naturellement, les voyageurs qui
vinrent plus tard eurent une joie
non moins grande rtablir la vrit des faits, et provoquer le rire
aux dpens de leurs prdcesseurs,
^,;

41 virina
Kiel oni sendube ekpensas,
,inko de Afriko havas multe da rimarkindaj punktoj.
Jen, ekzemple, virinoj kies harornamo,
serade kaj malsimplece, nenion cedas
al la plej seradita kaj malsimpla harornamo d'Eropo.
Tagojn, semajnojn, e monatojn oni
bezonas por elfini tian harornamon, je
kiu perloj estas trapikitaj laulonge la haroj
mem ; tiuj perloj estas diverskoloraj, blankaj, bluaj, ruaj ; oni almetas, anka, konkojn nomatajn kori .
Oni povas ridi pri tiaj harornamoj,
sed kio naskos tiun ridon se ne tio ke
ni ekvidas ion antae ne viditan kaj tio
sufias por ke ni opiniu la aferon vere
strangaa.

Permesu al mi diri ke, kiam nigra sovao vidas blankan sovaon, li same ridas
lian vestaon, kaj la detalon de liaj galanterioj.
Do, la sovao blanka a nigra kondutas, en tiu okazo, uste unu kiel la
alia.
Cetere, oni povas kredi min, ili havas
ankora multe da aliaj punktoj de simileco.

42

qui avaient t si crdules parce que cela faisait leur affaire de grands
voyageurs.
Quoiqu'il en soit, ce port de cheveux faux tablit encore un point de parfaite
ressemblance entre blanc et noir.
***
Le spectacle que fournit au voyageur le dcor incessamment changeant dans
lequel il se meut, n'est pas toujours aussi anodin.
Parfois le simple pittoresque fait place au terrible.
Voyez cet adolescent ; son pre, son propre pre lui a fait trancher les
poignets.
Son crime ?
Avoir trop remarqu une des femmes de ce pre, chef important d'une tribu
A-Zand.
Dans cette tribu, comme dans beaucoup d'autres tribus africaines, les femmes
des chefs sont jalousement gardes.
Malheur qui veut s'en faire bien venir.
Un fils mme n'chappe pas au chtiment lgal.
Je dis bien lgal, au sens qu'a ce mot chez nous comme chez les noirs,
ceux-ci avant un certain code de lois que nous qualifions, naturellement, de
barbares.
Certes, pour le cas qui nous occupe, il y a l un acte de vengeance pouvantable et vraiment barbare.
Qui dira que la jalousie amoureuse n'en fait pas commettre d'analogues

43
Ekzemple, sur la jena fotografao. vi vidos enlandulojn kies hararo estas longa
pli ol du metroj ; unu havas sian harligon malvolvita kaj trenianta tere ; alia havas
in skarpe irka sia brusto.
u mi devas diri al vi ke tiaj haroj tiel longaj estas nur falsaoj, uzataj de
kelkaj loantaroj borde de la rivero Ubangi-o ?
Vidinte ilin por la unuafojo, blankuloj kredis ke tiuj haroj estas naturaj ; ili
ojis pri tia eltrovo pro kiu sia nomo balda farios fama kaj neforgesinda. Ili ne
zorgis e nur por palpi la malglatajn nuretojn, el kiuj estas aranata tiu longa kaj
densa harligo.

Kompreneble venis, poste, alia vojaisto, kiu ojis nemalplimulte, reigante la


veron, naskante la ridon pri siaj antairintoj, tiel kredemaj kaze ke ilia kredemo
estis estonta bona afero por ilia famo de vojaisto.
u tia portado de falshararo ne estas punkto de
perfekta simileco inter blankulo kaj nigrulo ?

Kion vidas vojaisto trapasante landojn senese


aliiantajn, tio ne estas iame neofendema.
Iafoje la simpla pentrindeco estas anstataata de
l' terureco.
Vidu tiun junulon. Lia patro, lia patro mem, ordonis
ke liaj manradikoj estu detranitaj.
Lia krimo ?
Li tro ekrigardis ian edzinon de sia patro, potenca
estro de ia gento Azandea.
e tiu gento kiel same e multe da aliaj gentoj
afrikaj la edzinoj de la gentestro estas tre jaluze
gardtj.

44
chez les civiliss, avec cette diffrence, pourtant, que le chef noir faisait
excuter, je le rpte, une loi, et qu'il pouvait par consquent se considrer
comme le gardien du bon ordre dans son pays.
Devant des faits tels que ceux que vous montre cette photographie, rien ne
servirait de s'indigner, mme froid.
Mais il faut avoir le courage d'admettre que ces populations du centreAfrique ont besoin que nous allions les aider voluer plus rapidement ; pour
cela il ne faut pas aller leur dire brutalement qu'elles se conduisent en barbares ; elles ne comprendraient pas ; il faut procder lentement, par une
assimilation douce et par l'exemple.
Ce n'est qu'aprs la disparition de toute une gnration noire que les enfants,
si nous nous sommes bien conduits dans le pays, auront confiance en nous et
oublieront supplices et sacrifices humains.
Je me contente d'effleurer ce sujet ; vous devinez aisment de vous-mme
tout ce qu'il y aurait dire dans cet ordre d'ides.

Peut-tre me demanderez vous si la femme noire est susceptible de provoquer de tels drames de jalousie.
Tout autant, permettez-moi de vous le dire, qu'une femme de n'importe
quelle couleur.
Au surplus, aprs la femme blanche, il est certaines noires qu'on peut
considrer sans dplaisir.
Voyez par exemple ce type altier de femme soudanaise. Tout son tre est trangement expressif; regardez la bien ; elle n'tait pas la femme qui l'on commande, mais celle qui l'on obit parce qu'elle est
belle et naturellement dominatrice.
Ceux dont l'oeil n'est pas fait aux grosses lvres et au
nez pat trouveront sans doute que cette soudanaise est
bien laide ; elle est, en ralit, une fort belle fille, trs
avantage de dame Nature, et dont la volont pouvait
dchaner la guerre entre puissantes tribus.
Voici encore un type de femme noire, une maman tenant son nourrisson sur sa poitrine. N'est-elle pas vraiment un beau type au sens absolu du mot ?

45

Malfelia kiu provas ekdelogi ilin.!


Filo mem suferos la punon lean.
Mi vere diras lean , la la senco de tiu vorto e ni tiel kiel e la nigruloj.
Efektive tiuj i havas legaron kiun, kredeble, ni kvalitigas barbara
Sendube la faro pri kiu mi parolas, estas barbarega kaj terurega veno.
Sed kiu diros ke, pro amaluzeco, similaj krimoj ne estas elfarataj e la civilition mi rediras obeigis leon ;
zaro, tamen kun tiu diferenco ke la nigra estro
.

sekve li povis opinii ke li estas nur gardanton de bonordo en sia lando.


Pri faro tia kiel montrata de tiu fotografao, estus tute neutile indigni, e
malvarmege !
Sed oni devas kurae kunopinii, ke tiaj gentoj de Mez-Afriko bezonas nian
eeston, kaj nian helpon, por evolucii pli rapide. Por ricevi tian rezultaton estus,
ja, malprave diri al ili ke ilia konduto estas tute barbara ; ili ne komprenus ; oni
povas nur agadi tre malrapide, per ekzemplo, kaj dola similigo.
Nur post la malapero de unu tuta samaularo nigra, la idaro, kondie ke ni
estu bone kondutintaj en sia lando, sufie konfidos al ni kaj forgesos la uzon de
turmentoj kaj de homoferoj.
Tiun objekton mi nur ektuetas ; vi mem facile divenos ion, kion mi havus por
diri pri tio.
Eble vi demandos u nigra virino estas kapabla
kazi tiajn dramojn de aluzeco.
uste tiel, kun via permeso, kiel virino de ia ajn
koloro.
Plie, senkulpigu mian maltimegon, estas nigrulinoj
ekrigardindaj sen malplezuro.
Vidu, ekzemple, tiun fieran modelon de Sudana
virino. ia tuta estao estas strange esprima ; rigardu
Sin atente ; i ne estis virino kiun oni ordonas, sed
kiun oni obeas, ar i estis bela kaj nature potencema.
Tiu, kies okulo ne estas kutimigita je dikaj lipoj
kaj dispremita nazo, eble opinios ke tiu sudanvirino
estas tre malbela lavere i estas tre bela, tre favorita
de sinjorino Naturo.
Kredu ke ia volo povis naski militon inter potencaj
gentoj.
Jen, ankora, modelo de nigrulino, patrino kun ideto
sur ia brusto. u, vere, i ne estas belulino, je la
plena senco de tiu vorto ?

46

Permettez-moi de continuer notre voyage en mettant sous vos yeux quelques


sites et paysages de ces pays lointains.
Voici le Y-Yi, en un point de forts rapides.
Cette grande rivire est un affluent du Nil blanc.
Dans les roches de granit qui barrent ici la rivire, les indignes ont
install des pcheries dont vous voyez les chafaudages ; ces chafaudages
servent maintenir sous eau d'normes nasses o le poisson, dans le remous
des eaux, pntre quasi malgr lui.
Deux ou trois fois par jour on lve les nasses d'o l'on retire la prise,
toujours srieuse.
***
Voici une autre grande rivire, la Lou-Fira, important affluent du Congo
suprieur.
Vous avez vu, tout--l'heure, une borne godsique de grs rouge ; c'est
cent mtres de ces chutes que fut tablie cette borne.
Inutile que j'insiste sur la beaut de l'interminable escalier de gants qui,
aux chutes Ki-Oubo, aboutit une dernire marche, haute d'une quinzaine
de mtres, o l'eau s'engouffre avec fracas.
Au-dessus de cette chute s'lve constamment un lourd nuage de vsicules
d'eau, visible quelque 30 kilomtres de distance, et o le soleil se joue
constamment, formant un arc en ciel perptuellement en mouvement.
***

4i

Permesu darigi nian vojaon, metante, kontra viaj okuloj, kelkajn pejzaojn de
tiu malproksima landego.
Jen estas la Y-Yi , en loko kie ekzistas fortaj akvofaletoj.
Tiu granda rivero affluas e Bahr-el-Djebel, supera branego de Nejlo-o.
En la granitaj tonegoj barantaj tie i la riveron, enlanduloj aranis fiskaptilaron,
kies trabaaron vi vidas ; tiu trabajaro estas uzata por fiksi subakve grandajn fikaptkorbojn kie fioj, je la akvoturnio, vole nevole eniras.
Du a trifoje iutage, oni levas la korbojn el kiuj oni prenas kaptaon, iam
multpezan.
**
Jen estas alia granda rivero, la Lu-Fira-o, lara brano de SuperKongo-o.
La fotografao montras al vi la belegan akvofalon de Ki-Ubo-o.

Vi vidis, sur antae montrita fotografao, geodezian monteton faritan per pecoj
da rua sablotono.
i estas konstruita irka 100 metroj interspace de tiu akvofalo.
Neutila insisti pri la beleco de tia longega tuparo por gigantoj kiu, e
Ki-Ubo-o, finias je tupego alta dekvinmetre, super kiu la rivero sin bruege etas.
Super la akvofalo, senese altias densa nubo da akvoveziketoj, videbla de
cirka tridek kilometroj, tra kiu la suno, senese ludante, desegnas ielarkon senfine
moviantan.

* **

48

Bahr-el-Ghazal.
Cette
autre photographie fut prise sur la rivire la-Lo, affluent direct du
Nous tions l'poque des eaux basses, et les roches, dcouvert, montrent
d'une faon frappante comment elles sont travailles au moment des eaux
hautes. On dirait que les flancs de ces roches granitiques ont t excavs coups
de larges cuillres ; cet effet est produit par les chocs et le frottement des
cailloux entrans par les eaux hautes, et qui viennent butter et tournoyer
contre les roches en place.
Il s'agit l du phnomne bien connu sous le nom de marmites de gants.
Le site tait singulirement embelli par de nombreux et beaux palmiers
du type borassus flabelliformis, ou borassus-ventail.
* **

Aux eaux basses beaucoup de ces rivires peuvent se traverser gu.


Lorsque vient le moment des eaux hautes il faut en assurer le passage par
le moyen de pirogues, c'est--dire de troncs d'arbres creuss.
Voici, au milieu d'un champ de sorgho, un groupe de nos soldats ayant
abattu un grand arbre pour, comme vous le voyez, y creuser une pareille
embarcation.

- 49
Tiun alian fotografaon ni faris e la rivero Ia-Lo-o, brano de Bahr-el-Ghazal'.
Ni estis epoke de nealta akvo, kaj la tonegoj, malkovrigitaj, montras, rimarkinda maniere, kiel ili estas kavigataj epoke de alta akvo.
ajnas ke la flankoj de tiuj granitaj tonegoj estas kavigitaj per lara kaj fortika kulero ; tiu efikias, perbate kaj frote, de toneroj forportataj je fortakvo ; la
tonerjkfapstunidrlaoegjinstu.
Ni havos tie la fenomenon bone konatan je la nomo de kaldrono por gigantoj
La pejzao notinde beliis per multe da grandaj palmarboj, spece borassus
labelliformis , a borasusoj ventumilformaj.
***
Kiam ilia nivelo estas nealta, multe da tiuj riveroj estas transireblaj piede.
Kiam realtias la nivelo oni devas transiri piroge, t. e. per kavigitaj arboj:
Jen estas, meze de kampo
da sorgogreno, grupo da soldatoj, faligintaj grandan arbon
por, kiel vi vidas, fari tian
barketon.
La fabrikantoj uzas nur
enlandajn ilojn, t. e. hakiletoj
kaj kurbhakiletoj.
Kiam la barketo estos sufie maldikigita, anta finigi
in, oni in trenos al la rivero

sur kiu oni in etos por


ke i prenu, propravole,
ekvilibran sidon, la kiu la
nigraj fabrikantoj vidos kiel
ili devos ekfini sian pirogon.
* **
Jeu la pirogo iranta al
la najbara rivero.
Kiajn rimedojn, kiajn mainojn disponas do, por tia transporto, la Mez-Afrikidoj ?
Kiel mainoj ili havas fortikajn lianojn, tranitajn loke mem ; anka branojn
por ruli.
Kiel rimedoj ili havas siajn brakojn kaj kuraecon.
Jungataj, je irka kvindek fortikaj homoj, ili tiras varmege tra io, dum kelkaj
penadas e la pirogo mem, sublevante kaj direktante in la necese.

50
Le travail se fait, entirement, l'aide des seuls outils indignes, consistant
en haches et herminettes de petites dimensions.
Quand l'embarcation est suffisamment dgrossie, avant de la terminer
tou-fainlre viosnlametfo,inqu'lpresa
position d'quilibre, d'aprs, laquelle les noirs constructeurs voient comment
il faut terminer le travail.
***
Voici la pirogue en route vers la rivire voisine.
De quels moyens, de quels appareils disposent, pour un pareil transport,
ces fils de l'Afrique centrale ?
Comme appareils_ ils ont de solides lianes coupes sur place, des branches
formant rouleaux ; comme moyens ils ont leur bras et leur courage.
Attels quelque cinquante solides gars aux lianes, ils tirent avec ardeur
travers tout, car il n'y a mme pas de sentier, et on passe vraiment travers
tout, durant que quelques uns font effort sur la pirogue mme, la soulevant,
la dirigeant selon qu'il est ncessaire.
On fait ainsi parfois des kilomtres avant d'arriver la rivire ; mais quels
cris de joie et quelles gambades de satisfaction quand l'arbre creus flotte
enfin sur la rivire franchir !
Toutes proportions gardes nous trouvons, chez ces noirs, les mmes sentiments que ceux auxquels nous obissons nous-mmes chaque fois qu'une grosse
difficult agit vaincue par nous.
Pour mon compte, dans des occasions pareilles je me mlais de propos
dlibr la joie des noirs, et je manifestais ma satisfaction en leur donnant
quelques heures de cong, avec une distribution de sel, qui constitue la friandise par excellence en Afrique centrale.
*

**

J'ai dit que voyager n'tait pas seulement une science, mais un art.
Quand on a la chance de ne pas faire partie d'un troupeau men par une
agence mme anglaise ; quand on n'est pas ligot par un programme forcment fix presque minute par minute ; quand on ne doit pas rserver ses
yeux aux seules curiosits catalogues, sur lesquelles un guide galonn et
autoritaire vous ordonnera de porter votre attention ; quand, enfin, le voyageur
est son propre matre, il faut qu'il ait toujours l'oeil et l'oreille aux aguets ;
il ne doit pas se contenter de voir, il doit vouloir voir, c'est--dire regarder ;
il ne doit pas seulement entendre mais vouloir entendre, c'est--dire couter.
Ainsi il se rend compte de mille choses qui, autrement, passeraient inaperues de lui.
Voyez par exemple cette roche.
A priori rien n'y semble bien remarquable.
Mais regardons d'un peu plus prs. Nous verrons alors que, tout au haut,
existe une crevasse d'o sort un arbuste. Il est dj intressant de constater
que, dans cette crevasse, au haut d'une roche granitique massive, de la terre
souleve par les vents est venue s'arrter ; puis une graine, apporte par le
vent ou par quelque animal, a t dpose dans la mme crevasse ; un beau
jour la pluie a arros abondamment ce petit coin ; la graine a germ et l'ar-

51

Iafoje estas kilometroj por tiele maradi anta atingi la riveron. Sed kia
oja kriado, kiaj eksaltoj pro kontenteco, kiam la kavigita arbo fine flosias sur la
transirota rivero !
iuproporcie ja, ni trovas, e tiuj nigruloj, la saman senton kiel e ni, iafoje
kiam ni venkis gravan malfacilaon.
Koncerne min, en tia okazo, mi tre vole partoprenis la ojon de l' nigruloj,
donante al ili ioman libertempon, kune kun salon, la plej atata frandao en MezAfriko.

* **

Mi jam diris ke vojai estas ne nur scienco sed anka arto.


Kiam oni ance arpartenas al nenia anaro kondukata de agentejo e angla ;
kiam oni ne estas enkatenigata per deviga programo, aranita preska minuto je
minuto ; kiam oni ne devas rezervi siajn okulojn nur por kuriozaoj katalogitaj,
al kiuj oni atentos la ordono de galona kaj potencema gvidisto ; kiam, unuparole, la
vojaanto estas sia propra mastro, li devas konstante embuski okule kaj orele ; li
ne devas kontentii nur vidante, sed vidadante kaj rigardante ; li devas ne nur adi,
sed voli adi, t. e. adadi kaj auskultadi.
Tiele li ekvidos mil aferojn kiuj, alie, pasus ne rimarkataj de li.
Vidu ekzemple tiun tonegon.
A priori nenio sur i ajnas iome rimarkinda.
Sed ni rigardu iom pli atente.
Kio estas tie, tute supre ? u ne fendeto, el
kiu eliras malgranda arbeto ?
Estas ja interesa konstati kiel, en la dirita
fendeto, e la supro de masiva granittonego,
haltis terao alportita de vento ; poste ia semero
alportita de vento a de ia besto, falis en la sama
fendo ; iam la pluvo multe surveris tiun kojneton ;
la semo ermis kaj ekkreskis la arbo.
Sed la dirita semo estis semo de arbo tre
avida da nutrao ; nu en la fendeto siaj radikoj
trovis tre malmulte por nutrii.
Tiu avida arbo estas fikus (figarbo) ; i
estas la figarbo de l' diablo a sufokista
figarbo kiu, kutime, vivadas parazite sur la plej
belaj arboj ; al tiuj i la figarbo de l' diablo sin
alligas per sia suilanta radikaro ; i kovras la
diritajn arbojn per vera kiraso kiu, iafoje, sufokas
la nutratan arbon.
Sed tie i, en la malplena fendeto, la kruelega

52
buste a commenc pousser. Mais cette graine
c'est la graine d'un arbre trs-avide de nourriture ; et dans la crevasse il n'y a gure rien
trouver pour ses racines ; cet arbre avide de
nourriture c'est un ficus, le figuier du diable ou
figuier-touffeur qui, d'habitude, vit en parasite
sur les plus beaux arbres, auxquels il s'attache
par ses racines suoirs, et qu'il garnit ainsi d'une
vritable cuirasse qui, parfois, touffe l'arbre
nourricier.
Mais, ici, la plante froce n'a trouv que la roche, et pourtant elle veut vivre ; alors elle s'adapte
instantanment aux conditions d'existence qui lui
sont faites, et, sans hsiter, elle projette vers le
sol, en ligne droite le long de la roche, une racine
charge d'aller trouver la bonne terre, la terre
profonde, grasse, riche de sucs qui, par cette racine comparable vraiment une conduite d'eau,
vont aller alimenter la plante jusque l chtive.
Celte racine n'avait pas moins de 12 mtres de
longueur.
Dites ! n'tait-il pas amusant de voir, sur cette roche en apparence
fiante, un aussi joli problme de dfense vitale rsolu par insignifiante simple plante.
* *
^

Voici un autre exemple des ressources et de la


souplesse de la vie vgtale. C'est la photographie
d'un arbre beurre (Bassia butyrospermum) sortant d'une solide machoire de granit.
Comme vous le voyez sur la photographie, entre deux roches trs rapproches une graine est
venue tomber au hasard, et s'est dveloppe.
Les deux roches ne laissaient entre elles qu'un
troit intervalle, peine une largeur de main.
Quand se dveloppa l'arbre il lui fallut, ou
mourir, ou se rsigner prendre une forme toute
spciale entre les deux plaques de l'tau.
C'est ce dernier parti que prit l'arbre ; alors
que son tronc est parfaitement cylindrique, dans
l'tau il est devenu aussi plat qu'un portefeuille.
Dj sur cette photographie on devine cette
forme aplatie ; on voit qu' la sortie de cette redoutable machoire de granit l'arbre s'panouit
brusquement pour reprendre sa forme naturelle ;
je vais vous faire voir de quelle troite prison
il avait pu se dgager.
Cette autre photographie a t prise latralement, angle droit de la premire ; les deux branches de la fourche qu'on voyait sur la photographie

53

kreskao trovis nur tonon ; tamen i volas vivi tial i alfarias senprokraste al la
kondioj por vivado faritaj al si ; kaj, senanceliante, i eletas, rektlinie,
lalonge la tono, radikon difinitan por iri trovi la bonan teron, la teron profundan,
grasan, rian je sukoj ; per tiu radikego, vere komparebla al ia akvokonduktoro, la
sukoj iros nutri la kreskaon, is tiam malfortikan.
Tiu kurioza radiko estis dekdumetra.
Diru nun, u ne estas amuza vidi, sur tiu tono, ajne seninteresa, tiel belan problemon
pri la defendo por vivo, solvitan de simpla kreskao ?

***
Jen alia ekzemplo de la rimedoj kaj de la fleksebleco uzataj de la kreskaaro, por vivi.
Tio estas fotografao de butera arbo (bassia butyrospermum), eliranta el fortika
makzelo granita.
Kiel vi vidas, inter du tre proksimaj tonoj, semo okaze falis, kaj ermis.
La du tonoj lasis inter si nur tre mallaran interspacon, apena manalaron.
Kiam grandiis la arbo, i devis elekti, u morton, u rezignacian aliformion, tute
specialan por eliri el la lipegoj de l' granita prenilego.
Nia butera arbo elektis aliformion ; tiam kiam ordinare sia trunko estas perfekte cilindra, en la prenilego i iis plata tiel kiel paperujo.
Sur tiu i fotografao oni ekdivenas tian platigan farmon ; oni vidas ke, elirante
el tiu terura makzelo granita, la arbo subite disveliis por reii natura ; mi tuj
montros al vi el kia mallara malliberejo i sukcese liberiis.

Tiu alia fotografao estas igita flanke, je rekta angulo rilate al la antae vidita ;
la du branoj de la forkego vidita sur la antaa fotografao, sur tiu-i supermetiis
unu sur la alia ; nun oni vidas la du makzelojn de l' prenilego granita, kaj la tutan
plation de la malfelia arbo ; la tero estas tiel tona ke la radikoj, anstata povi
profunde enradikii, devas kuii preska surtere ; jen estas unu el ili, krevinta,
versajne pro la flameco de 1' suno.
Cu tia natura fleksebleco, por obei la kazojn kapablajn aliigi ian ordinaran
formon, ne estas afero tute inda altiri al si la atenton de vojaisto-observulo ?

Cetere, vojaisto ekpruvos iom da propra valoro, nur kondie ke li alportu,


d'Afriko, kiel eble la plej multe da dokumentoj.
Tiam, eble, oni pardonos lin pri ia elmontrao malhumila, a, p li uste, bele fiera.

54
prcdente se recouvrent sur celle-ci ; on voit maintenant la machoire de
l'tau granitique et l'aplatissement complet de l'arbre ; le sol est si pierreux
que les racines, au lieu de pouvoir s'y enfoncer, sont obliges de s'allonger
ras du sol ; on en voit une qui a clat, vraisemblablement sous l'ardeur du
soleil.
Cette souplesse de la Nature se plier aux causes modificatrices d'une
certaine faon d'tre gnrale, n'est-elle pas galement digne d'attirer l'attention du voyageur-observant ?
***

C'est d'ailleurs condition de rapporter d'Afrique le plus de documents


possible, qu'un voyageur justifiera de quelque valeur.
Alors on lui pardonnera certaines manifestations d'orgueil, ou, plus exactement, de belle fiert.
La photographie que voici est une de ces manifestations; elle montre le
commandant Lemaire au moment o il atteint les sources du Congo primaire;
j'entends par l les sources d'o, depuis le plus longtemps, il s'coule de l'eau
allant l'Atlantique par le Congo.
Ce n'est que par une reconnaissance mthodique, ayant dur 6 mois, que
nous pmes fixer des points tels que celui-ci. C'est pourquoi je n'ai pas rsist
au dsir de me faire photographier aux sources du Congo primaire, voulant
garder de cette dcouverte un souvenir un peu personnel.
Que celui qui n'a jamais eu une bouffe d'orgueil me jette la premire pierre !
**

Au cours de voyages
tels que ceux dont je
vous parle, le chapitre
de la faune, comme
bien vous pensez, n'est
pas le moins intressant.
La faune africaine
est d'une varit inpuisable ; je me bornerai ici vous en montrer quelques reprsentants de choix.
C'est d'abord le lopard que voici, tu au
pige.
Ce pige se compose
d'un troit couloir solidement constitu de
pieux jointifs et de roches; dans ce couloir un morceau de viande est dispos
en appt; ce morceau de viande est reli par une corde la gachette d'un
fusil que l'on voit l'arrire du pige ; la gueule du fusil est l'intrieur du

---- 55 La jena fotografao estas tia elmontrao; i prezentas Komandanton Lemaire en


la momento kiam li, fine, atingas la fontojn de l' Kongo-o primitiva ; mi tiel nomas

fontojn el kiuj, de l' plej longatempo, akvo defluas por iri en Atlantiko per la Kongo-o.
Nur pro kaj per metoda esplorado, darinta sesmonate, ni sukcesis determini
punktojn kiel tiu-i.
Tial mi facile inkliniis igi mian portreton e la fontoj de Kongo-o primitiva,
por konservi, de tiu eltrovao, rememoron iomete personan.
etu al mi la unuan tonon tiu, kiu nenian sentis ekblovon da malhumileco !

En tiaj vojaadoj us priparolataj de mi, la apitro pri la bestaro, kiel certe


vi pensas, ne estas la malplej interesa.
La afrika bestaro estas preska senfine diversa ; pri i mi, tie i, montros al
vi nur kelke da elektitaj reprezentantoj.
Estas unue la jena leopardo, mortigita kaptile.
Tiu kaptilo konsistas el mallara vestibleto, fortike konstruita per kunemetitaj
palisegoj kaj tonoj ; interne en tiu vestibleto, peco da viando estas aranita kiel
allogilo ; tiu peco da viando estas interligata, per nureto, je la tirilo de pafilo
vidata malanta la kaptilo ; la fako de l' pafilo estas interne en la kaptilo.
Kiam besto, allogata de la viando, eniras la vestibleton, kaj ekpalpas la allogilon, i mem pafas, kaj la pafo mortigas in.

56
pige; quand l'animal, attir par la viande, pntre dans le couloir et touche
l'appt, il fait partir le coup de feu qui l'abat sur place.
Le lopard appartient la catgorie des fauves , ces animaux redoutables
toujours prts bondir sur l'imprudent voyageur; c'est bien ainsi, n'est-ce pas,
qu'on se figure le lion, le lopard, le crocodile, les serpents et tutti-quanti?
Les pauvres animaux! Quelle rputation surfaite!
Mais, en ralit! il faut des prodiges d'astuce pour voir ces fameux fauves; ils
sont, de nature, peureux, et leur plus grande proccupation est de demeurer
profondment cachs tous les yeux.
Un simple feu au campement suffit, rgle trs gnrale, les tenir distance.
Un coup de fusil les met en fuite.
Bref on ne voit pas les fauves en Afrique centrale, sinon quand on les capture
au pige; ou encore quand on les oblige se photographier eux-mmes, la nuit,
au magnsium, comme vient de russir le faire, merveilleusement, un voyageur
naturaliste allemand qui a rapport, d'Afrique, une admirable collection de
clichs montrant des lions, des lopards bondissant sur un malheureux veau
formant appt; des antilopes, des zbres l'aiguade; une maman rhinocros
avec son petit ; etc...
Ces animaux font fonctionner eux-mmes l'appareil photographique par le
moyen de fils convenablement disposs:
A mon humble avis, aucun chasseur au fusil n'a rapport des documents aussi
intressants que les photographies du voyageur allemand.
* *

Voici un zbre tu au
cours de notre voyage au
Ka-Tanga.
Rien n'est comparable,
comme lgance, aux allures d'une manade de zbres
ou d'une harde d'antilopes
bondissant, en pleine libert, travers les vastes
plaines s'tendant perte
de vue.
Il me faut dire que le zbre` est un gibier de choix
dont la chair est vraiment
trs bonne.
Voici un autre gibier digne d'attention, dont la chair est plutt peu agrable pour le palais d'un
Europen.
Mais quelle aubaine pour l'expdition quand les chasseurs abattent une
pareille pice, dont le poids atteint aisment les 3.000 kilos !
La bte dont vous avez la photographie sous les yeux a t abattue par des
chasseurs noirs.

= -57
Leopardo apartenas al la kategorio de sovaaj bestegoj , de tiuj timindegaj
bestoj iam pretaj por saltegi sur la nesingardema vojaisto.
Estas vere tielaj, u ne, ke oni imagas leonon, leopardon, krokodilon, serpentojn,
kaj tutti-kvanti .
Ho ve ! la malfeliaj bestoj ! kia famo trograndigita!
Nu ! la la vereco, oni bezonas miraklojn da ruzo por vidi tiujn famajn bestegojn.
Ili estas, nature, timemaj, kaj ilia plej granda priokupo estas restadi profunde en la
arbetaaro, kaataj por iuj okuloj.
Simpla fajro en la tendaro sufias, tre enerale, por forteni ilin.
Pafo forpelas ilin.
Unuparole, en Afriko, oni vidas bestegojn nur se oni kaptis ilin ; anka, se
oni devigas ilin sin fotografi mem, nokte, magneziome.
Tion mirinde us' efektivigis naturista vojaisto germana, kiu alportis el Afriko
mirindan kolekton da kliaoj montrantaj leonojn, leopardojn saltegantajn sur ia malfelia bovido allogila ; antilopojn, zebrojn e la trinkejo ; patrinon rinoceran kune
kun ia ido, k. t. p.
Tiuj bestoj mem funkciigis la fotografilon per la rimedo de fadenoj tage
aranitaj.
La mia humila opinio, nenia pafilasisto, is hodia, alportis en Eropo dokumentojn tiel interesajn kiel la fotografaoj de la germana vojaisto.
,

Jen estas zebro mortigita dum nia vojao en Ka-Tanga-o.


u io estus komparinda je la galopego, la saltadego de zebraro a antiloparo,
tutlibere, tra la vasta ebenao pretervide etendianta.
Plie mi, senhonte, diros anka ke zebro estas asao tute atinda, kies viando
estas vere tre bona.

**
Jen alia atinda asao,
kies viando estas, tamen, plivole, ne tre agrabla por eropa
palato.
Sed kia profito
porl'eksdicamstojbu
tian beston, kies pezo facile
atingas tri mil kilogramojn !
La besto de tiu fotografao
estas buita de nigraj asistoj.
Mi diras nigraj asistoj
ar, se oni deziras ricevi, certe,
asaon por la
manotbl,es nadkfojel
cent, ne sendi blankulon por
asi.

58
Je dis des chasseurs noirs , car, quand
on veut avoir coup sr du gibier sa table,
il faut bien se garder, 99 fois sur 100, d'envoyer les blancs la chasse. Le chasseur
blanc rapporte plus souvent la fivre qu'autre
chose. Il a beau tre muni des armes les plus
perfectionnes, il ne vaudra jamais un ngre
arm d'un ordinaire flingot. C'est que chasser
en Afrique est plutt fatigant ; il faut savoir
circuler travers la brousse
paisse, ne pas se faire
venter par le gibier ; demeurer des heures au mme
point o l'on sait que les
animaux viennent boire; se
laisser parfois manger des
moustiques, qui sont de bien
plus terribles fauves que les
grosses btes dont nous parlions tantt.
Bref, pour chasser en Afrique, il faut tre un vrai fils de Nemrod; et l'on
peut dire que les Europens dignes de ce nom sont une exception, tandis
que les noirs, ds leur plus tendre enfance, s'exercent la capture de tout
ce qui peut se manger.
Remarquez que les dfenses de la bte qui est devant vous ont t brises
par les balles des chasseurs.
*

Si les difficults de la chasse en Afrique centrale rebutent rapidement la


plupart des Europens, les douceurs de la pche, en revanche, peuvent beaucoup mieux leur convenir.
Voici le commandant Lemaire, et son second le lieutenant Paulis, taquinant
le goujon africain.
Toutefois, pas plus pour la pche que pour la chasse, ce n'est sur l'Europen qu'on compte pour approvisionner la table ; il est plus certain d'avoir
une quipe de pcheurs qui, 3 fois par jour, avant chaque repas, apporte le
produit d'une pche rgulire et toujours abondante.
*%

Je ne vous ai gure parl, jusqu'ici, que du voyageur en perptuelle promenade, de ce qu'il fait, de ce qu'il voit, ou du moins de ce qu'il
peut voir.
Si vous le voulez bien nous donnerons maintenant attention aux Europens s'installant demeure aux points occuper en permanence.

- 59 Blankulo asista ekkaptas febron plej ofte ol ion alian.


Vane li proviziis je plej perfektigitaj pafiloj, li neniam egalvaloros negron kun
simpla flingo (t. e. malbona pafilo).
Efektive asi en Afriko estas iom laciga, e lacigega ; estas necesa movii, kaj
irkairi tra la densa arbetaaro ; ne flarigi sin, odore, de l' asoto ; restadi dum
horoj en la sama loko, kie oni tion sciiis la bestoj kunvenas por trinki ;
iafoje donaci sin al la kuloj, kiuj certe estas plej teruraj sovabestoj .ol la negravaj
bestegoj pri kiuj ni us priparolis.
Unuvorte, ne asu en Afriko, se vi ne estas vera filo de Nemrod'.
Kaj oni povas diri ke, Eropanon indan titolii asisto, oni vidas nur tre malofte,
tiam kiam negro, jam infaneto, ekzercias por kapti ian maneblajon.
Rimarku ! Id, elefantostoj "de la besto vidata sur tiu fotografao, estas rompitaj
per la kugloj de l' asistoj.

* **
Tiam kiam la malfacileco
de asado en Mez-Afriko rapide tedas la plej varman
Eropanon, la doleco de fikaptado, kontrae, estas ofte
atinda.
Jen Komandanto Lemaire
kun sia unuahelpanto,
letenanto Paulis, incitetantaj, hokfadene, l' Afrikan gobion.
Tamen, ne pli por fikaptado ol por asado, oni devas
konfidi al Eropano por provizi
la manotablon ; iom pli certe
estas havi bandon de fikaptistoj kiuj, trifoje iutage, anta
ia manado, alportas la fiskaptadaon regulan, sufiegan.
is nun mi parolis preska nur,
pri vojaisto senese promenanta ; mi
diris kion li faras, kion li vidas, a
almena li povus vidi. /\
Se vi bonvolu ni, nun, ekturnos
a^ri
nian atenton al E ropanoj loantaj
11r
.2
en lokoj elektitaj por iama loado.
Alvenante tian lokon ili, unue,
R.""`
'loigos sin tute senzorge ; kiel loejoj
ili havos tendojn kaj malfermata loejetojn, similajn je tiu kiun mi montris al vi komence
de mia parolado.
Poste ili penados, por rapide konstrui unuajn domojn per enlanda materialo.
^.

A leur arrive en un pareil point ils commenceront par s'installer la diable;


comme logements ils auront leurs tentes et des hangars comme celui que je
vous ai montr au dbut de ma confrence.
Ils travailleront alors rapidement l'dification de premires maisons en
matriaux du pays.
Voici une de ces
maisons, en bambous noeuds' et
toit en herbes.
A condition de
conserver le beau
cadre de vgtation, de ne pas
abattre cette merveilleuse et riche
parure naturelle,
sous prtexte que
a amne des btes (sic), on obtiendra en peu de
temps, et bon
compte, des logements agrables,
munis de nombreuses portes et
fentres, et entours de larges vrandas. En Afrique, pays de soleil et de lumire, il faut viter de vivre dans
des locaux renferms ; il faut vivre le plus possible au dehors ; la seule prcaution prendre est de se mettre l'ombre ; seules les heures de pluie peuvent
obliger se tenir l'intrieur des maisons.
Les meilleurs microbicides sont encore le grand air, la forte lumire. Profitons-en donc puisque, l-bas, la Nature nous les donne sans compter.
**

Ds que sont acheves les premires maisons provisoires, on procde


l'dification d'une bonne salle manger.
Aprs ce que je vous ai dit vous ne vous tonnerez pas du type de salle
manger que je vais construire sous vos yeux, et dont l'originalit est d'tre
grande, large, haute, spacieuse, ouverte tons les vents.
Lorsqu'on doit lever une construction quelconque, il n'est pas mauvais de
demander, tous les Europens dont on est accompagn, de bien vouloir choisir
eux-mmes un emplacement convenable pour la construction propose, et
ensuite de bien vouloir en tablir un plan, en vous disant le pourquoi des
formes et des dimensions.
En procdant ainsi vous faites d'abord l'ducation de vos sous-ordres ; et cela
me parat un beau devoir remplir.

- 61 Jen estas tia domo, farita per tuberaj .bambuoj, kaj herbeapelita.
Kondie ke oni konservu la belan ornamaron de l' kreskaoj ; kondie ke oni ne
deetu tiun mirindan kaj rian ornamaon naturan pretekste ke i allogas bestojn
- oni ricevos, rapide kaj malmultekoste, loejon vere agrablan ; precipe se oni
aranas multe da pordoj kaj fenestroj, kune kun ;laran irkaan verandon.
En Afriko, lando de suno kaj helo, estas bona se oni evitas vivi en loejo
malhela kaj tro fermata; kiel eble plej multe oni devas vivi ekstere ; oni nur devas,
antazorge, ombre restadi ; tiu lasta konsilo rilatas nur al la hejma vivado ; mari,
manlabori k. t. p. plensune, tre enerale oni povas.
Nur pluvo okaze devigas eniri en domo por kelka tempo.
La plej bonaj mikrobmortigiloj estas, ja, la plenaero kaj la tutlumo.
Ni do profitu ilin, ar, tie, Naturo disdonadas ilin senkalkule.

Tuj kiam estas finitaj la unuaj domoj provizoraj, oni komencas konstrui bonan
manoambron.
Memorante mian antaediriton, vi ne miros pri la modelo de manoambro kiun
mi tuj ekkonstruos kontra viaj
okuloj; gi estas rimarkinda ar
granda, lara, alta, vasta, malfermata al iu vento.
Supoze ke oni devu konstrui ian ajn konstruaon, estas
iom lerte rogi de iuj siaj eropanoj, ke ili mem bonvolu
elekti tagan lokon por la
farota konstruao, kaj anka
arani planon por i, pravigante la tialon de l' formo kaj
de l' ampleksoj.
Tiel agante, vi, unue, ekedukas vian helpantaron ; tiu
ajnas al mi bela kaj agrabla
devo por plenumi.
Due, vi forigas la kritikon
kun kiu estus certe akceptata
verko tute propra de vi.
ar, en Afriko kiel en
Eropo, anka kiel en Ameriko,
Azio, Australio, e kiel en la Luno se Luno estas loata, kritikado estas facila, tiam kiam
arto estas malfacila.
Por buumi kritikantaron, nenio tiel bona kiel inviti in doni sian ideon, malkonfuze kaj klare, pri tia a tia projekto.
Tiel vi interesigas viajn junulojn pri la laboradoj ; anka vi donas al ili okazon
por antaelspiri sian ideon, kondie ke ili havu ion por elspiri.
Por la manoambro kiun ni tuj ekkonstruos, kvaza subite, mi elektis farmon
okangulan ; jen estas la konstruao eliranta el tero ; rimarku la fortikecon de l' fostoj.
Konvenas eble diri, ke ni disponas nur la enlandan materialaron, ne jam maldikigitan,
trovitan memloke ; tial, kiel fostoj por nia mano-ambro ni havas nur arbojn ne
kvadratigitajn ; la tempo, kaj anka la ilaro, mankas al ni por fabrikadi veran eropan,
trabaaron; cetere i estus tute neutila en la nuna okazo.
Rimarku, anka, ke mi tre zorge evitis faligi arbojn kiuj troviis en la veranda-o
de l' mano-ambro ; anstata nin eni, ili donos al ni, tute sen elspeze, kreskaan
ornamon tre atindan.

** *

--62
En second lieu vous' vous vitez les critiques qui ne manqueraient pas
d'accueillir un travail qui vous serait totalement personnel.
Car en Afrique, tout comme en Europe, tout comme
en Amrique, en Asie et en
Australie, tout comme dans
la Lune si elle est habite, la
critique est facile si l'art est
difficile.
Pour museler cette critique
rien de tel que de la convier
mettre ses ides, de faon
nette et claire, au sujet de tel
ou tel projet.
De cette faon vous intressez vos jeunes gens aux travaux d'ensemble, et vous leur
donnez l'occasion d'exhaler
l'avance leurs ides, condition qu'ils en aient mettre.
Pour la salle manger que
nous allons construire ici en
quelques minutes, j'avais choisi la forme octogonale ; voici la construction
sortant de terre ; remarquez la solidit des montants de la construction ; il est
peut tre bon que je vous dise que nous ne disposons encore que de matriaux
non dgrossis trouvs sur place; ainsi, comme montants de notre salle manger,
nous n'avons que des arbres non quarris; le temps et les outils nous manquent
pour faire de la vraie charpente europenne, d'ailleurs totalement inutile en
l'occurrence.
Remarquez encore que j'ai vit soigneusement de faire abattre des arbres
qui se sont trouvs dans la vranda de la salle manger ; au lieu de nous gner
ils nous donneront, sans frais, une garniture vgtale de choix.

Voici la salle manger presque finie ; je dis presque finie car elle n'attend
plus que son toit d'herbes et son mobilier.
Comme vous le montre cette photographie, le toit de la vranda a t dispos en pans coups, ce qui tait singulirement plus agrable l'oeil que si
nous avions gard un seul toit conique, semblable un norme teignoir.
Le toit est form de bambous noeuds qui constituent le plus agrable des
matriaux de construction en pays tropical, pour sa rgularit, sa solidit,
sa lgret.
Le sous-basement de la salle manger, haut de 1 mtre, sur 15 mtres de
diamtre, tait form de formidables blocs de granit mis en place par nos courageux ngres, sans autre secours que leurs seuls bras.

- 63 Jen estas la manoambro preska finita ; mi diras preska, ar i bezonas plu


nur sian herbtegmenton kaj sian meblaron.
Kiel montrate de tiu i fotografao, la veranda-a tegmento estas aranita je
duoblaj flankoj ; tio estas iom plimulte agrabla por okulo, ol se ni estus konservintaj
tegmenton tute konusa, simila je grandega estingilo.
La tegmento estas farita per bambuoj, la plej taga materialo por konstrui en
tropika lando, pro reguleco, fortikeco, nepezeco.
La subfundamento de la manoambro, alta je unu metro, diametra je dek kvin
metroj, estas farita per grandegaj granitaj tonoj, alportitaj loke, de niaj kuraaj
negroj, sen alia ajn helpo ol siaj brakoj.

Kaj nun, jen estas, finita, nia manoambro ; kiel oni vidas, i starias meze de

bela kaj granda ardeno, legoma kaj flora, boue ornama per arboj ; la arboj e
la centro estas tamarindusoj, kies frukto, manebla, estas mirinde refreiga.
La pejzao e kiu starias tiu manoambro estas pejzao tona, plej sovaa ;
-

-64

Et voici notre salle manger termine ; elle est, comme vous' voyez, plante
en plein milieu d'un jardin bien arbor ; les arbres du centre sont des tamariniers dont le fruit, comestible, est minemment rafrachissant,
Le site o s'lve cette salle manger est un site rocheux des plus sauvages;
dans bien des pays on fait fabriquer, grands frais, dans les maisons de campagne, d'affreux rochers en carton pierre.
Ici nous avons de vrais rochers, d'un pittoresque achev, dont les interstices
sont remplis de plantes varies, et o logent des animaux de tout genre.
C'est partout la vie puissante, active, dbordante.
Oui! peut-tre vit-on trop vite au pays du soleil! vaut mieux que de ne pas
vivre du tout.
Peut-tre vous intressera-t-il de connatre les lgumes et les fruits que
peuvent fournir les jardins d'Afrique; sachez qu'on y peut obtenir presque tous
les lgumes d'Europe ct des nombreux produits d'Afrique.
Voici une intressante numration de ces produits : tomates ; aubergines;
courges; concombres; pastques; melons; cornichons; petits pois; haricots
d'une douzaine d'espces salades varies: laitues, chicore; pourpier; carottes;
navets; radis; raves; choux; persil; poireaux; oignons; cresson ; asperges;
piments; pinards; pomme de terre; ignames, etc. etc.
Comme fruits: maracoujas; fraises; citrons; oranges; mandarines; bananes;
papayes; groseilles du Cap; cerises de Cayenne; avocats; goyaves; pommes de
Cashew; coeurs de boeuf; pommes-cannelle; noix d'Amrique; caf; cacao; kola;
nflier du Japon; grenades; manguier; arbre--pain; figuier; ananas; etc...
bambou d'Inde; le ricin; le rocou; le
Ajoutez cela le tabac; le coton;
poivre; l'indigo; la vanille; le bl; la vigile; etc... etc.
Et encore les produits indignes: manioc; mas; sorgho; mil; arachides;
ssame ; riz; noix de
coco; etc.

Dites-vous alors que


j'ai laiss 50 produits
non numrs, tels le
caoutchouc; le muscadier; le Jatropha curcas ; etc... etc., et vous
penserez que la terre
d'Afrique ne demande

qu' payer, au centuple,


les efforts qu'on fera

pour l'aider ne produire que des essences avantageuses pour


nous.
Mais je reviens
notre salle manger.
Voyez le bel effet de

cet ensemble; et laissezmoi vous dire encore,

- 65
en multe da landoj oni fabrikas, multekoste, e la kampodomoj, malbonegaj n
tonaojn de kartonatono.
Tie i ni havas realajn tonegojn, tute pentrindajn, kun interspacoj plenigitaj
per diversaj kreskaoj, kaj loataj de bestoj multespecaj.
ie, vivado potenca, agema, elfluanta.
Jes ! eble oni vivadas tro rapide en la lando de l' suno ; tio estas plej bone ol
tute ne viveti.
u vi ne interesius pri la legomoj kaj fruktoj kreskeblaj en afrika ardeno ?
Sciiu ke oni povas ricevi preska iujn eropajn legomojn, kune kun la multajn
produktaojn afrikajn.
Jen estas interesa denombro de tiuj produktaoj : tomato aberino (solanum
eskulentum) kukurbo kukumo kukumeto melono pasteko (akvamelono)
pizoj fazeoloj dekduospecaj salatoj diversaj : latuko, cikorio, k. t. p. portulakao karoto napo rafaneto rapo brasikoj petroselo porelo
bulbo ajlo kresono asparago peperono spinaco terpomo dioskoreoj
k.t.p.
Kiel fruktoj : marakuao (pasifloro) frago citrono orano mandarino
kokereto (fizaliso) pimenterizo (Eenia Mielii)
bananoj papajo
aakao (persea gratissima) gojavo (psidium) pomo de kau (anakardiero
okcidentala) koro de bovo (anona reticulata) cinamapomo (anona skvamoza) ;
amerika nukso kafo kakao kolao japa neflo granato mango
panfrukto (artokarpus inciza) figo ananaso k. t. p.
Aldonu : tabakon kotonon bambuon ricinon rokuon (biksa orellana)
- pipron indigon vanilon grenon vinberlianon k. t. p., k. t. p.
Anka la enlandaj produktaoj : manioko maizo sorgo milio araido
(kakaeto) sezamumo - rizo kokonukso k. t. p.
Plie mi diris ke mi ne nomis, u intence u forgese, kvindek aliajn produktaojn, ekzemple kauko, muskato, atrofao kurkasa, k. t. p.
Kaj vi pensos ke afrika tero estas tute preta por pagi, centoble, la klopodojn
farotajn por helpi in produkti nur specojn utilajn por ni.
Nun ni revenu al nia mano-ambro.
Cu vi ne opinias ke la tuteco estas vere bela.
Tuante tion, mi diros ke mano-ambro agrabla havas pli da graveco ol ajnus je simpla okulmezuro.
Jen kiale.
Pri la afrika komuna konduto la estro, bedarinde, ne havas iam ladojn por
disdoni ; okazas ke li devas severii kontra tiu a tiu i el siaj helpantoj.
Tiel okazas streo momenta, kiu trovas okazon por malstreii, precize je la
tempo por manadi ; efektive la estro inda esti tiel nomata, zorge evitas mani
aparte ; li deziregas eesti la komunajn manadojn, kaj neniam profiti sian estrecon
por apartigi sian manotablon.
Tio estas bona rimedo por montri, al siaj helpantoj, ke oni atentas sian atoritaton, nur por subteni plej gravan respondecon ol ili.
Nu, kiam okazis streeto kiel usdirite, apartenas al la efo malstrei in, en la
momento kiam li eniras la manoambron ; vorto lerte dirita, skatoleto da cigaroj
metita sur la tablo, help s por trovi rimedon forblovi la nubeton pri la deoro.

66
ce propos, qu'une agrable salle manger a bien plus d'importance qu'il
n'y parat premire vue.
Voici.
Dans la vie commune africaine, le chef n'a pas toujours, malheureusement,
que des loges adresser il lui arrive de devoir se montrer svre pour l'un
ou l'autre sous-ordre.
Il se produit ainsi des tensions momentanes, qui trouvent l'occasion de se
dtendre prcisment l'heure des repas ; car le chef digne de ce nom vite
soigneusement de manger part ; il tient assister aux repas en commun,
et ne jamais se prvaloir de sa qualit de chef pour se rserver une
table diffrente.
C'est l'un des bons moyens de montrer ses adjoints que l'on ne se prvaut
de sa qualit de chef que pour supporter de plus lourdes responsabilits qu'eux.
Eh bien ! lorsque se sont produites des tensions comme celles que je viens de
signaler, c'est au chef qu'il appartient de les dtendre en entrant dans la salle
manger; un mot dit adroitement, une caisse de cigares mise table pour tout le
monde, permettent de trouver le moyen de dissiper les petits nuages de service.
Et ce mot viendra bien plus facilement, et trouvera plus facilement ds mes
bien disposes, si la salle manger est gaie et si son seul aspect porte
la satisfaction.
La salle manger propos de laquelle je viens de tant parler, ralisait heureusement ce desiderata.
;

***

J'ai dit que les premires constructions sont leves rapidement, en matriaux du pays, arbres non quarris, herbes, lianes, etc.
Bientt le moment vient o l'on peut fabriquer des briques, dbiter des bois
de construction, si bien qu'aux btiments encore primitifs succdent, un beau
jour, les lgantes maisons
l'europenne, s'levant au
milieu de parcs de fleurs, le
long d'alles bordes d'arbres fruitiers.
Remarquez, sur la maison
que voici, la chemine ; c'est
que cette maison est construite dans un pays o il fait
souvent trs froid, froid au
point que du feu est indispensable chaque soir.
J'ai eu, en ce qui me concerne, relever, de nombreuses fois, des tempratures minima de 2 degrs centigrades,
seulement, au-dessus de zro.
Nous voil loin de l'Afrique de convention o l'on rtit tout le temps.
*

**

67

Tia v orto ekvenos pli facile, kaj i trovos, pli certe, koron allogieman; se la
mano-ambro estas gaja, kaj se ia simpla vidio emigas al la kontenteco.
La mano-ambro pri kiu mi us tiom parolis, efektivigis tian psikologian demandon.
***

Mi diris ke la
unuajn konstruaojn
oui faras rapide per
enlanda materialo,
arboj ne kvadratigitaj, herbo, lianoj,
k. t. p.
Balda okazas la
momento kiam oni
povas fabrikadi brikojn, kvadratigi arpentlignaojn.
Tiam ia konstruao
primtvaes,o im
anstataata de belaj
domoj erope konstruitaj, stariantaj
meze de parko flora
kaj arba, lalonge aleoj borderitaj je fruktarboj.
Rimarku la kamenon sur la jena domo.
Tiu i estas konstruita en lando kie ofte malvarmas, kaj malvarmas tiel ke fajro
estas necesega preska iuvespere.
Pri kio rilatas al mi, multfoje mi notis minimumojn de du centigradoj super nulo.
Vere u tio ne malproksimigas nin de la interkonsenta Afriko, senese varmega ?

Kiam daradas la restado de l' blankuloj, kiam jaroj sekvas jarojn, tiam la loejaroj
eropaj, en Meza-Afriko, povas atingi nekredeblan vastigon.
Vidu tie i misionon de Blankaj Patroj , borde de l' Tanganika-o.

68
Lorsque le sjour des blancs se prolonge, que les annes succdent aux
annes, alors les installations europennes au coeur de l'Afrique peuvent
prendre un dveloppement inattendu.
Voyez ici une mission des Pres Blancs, la rive du Tanganika.
Sur un peron qui domine le lac de 80 mtres environ, les Pres Blancs ont
cr une importante communaut de noirs christianiss ; une superbe cathdrale domine le tout.
^*
La voici intrieurement.
Regardez bien cette glise trois nefs, et observez qu'on n'y voit que de la
brique, ou plus exactement de la terre cuite.
Songez que pour donner aux colonnes la forme lgante que vous leur voyez,
les Pres blancs ont fabriqu des pices de terre cuite de toutes formes et de
toutes dimensions, dont certaines psent plus de vingt kilos.
Dites-vous que les carreaux qui dallent cette glise ont t faits sur place ?
Dites-vous que l'autel, le banc de communion, les bancs de prire, tout a t
fait sur place ?
Dites-vous enfin que cela est le rsultat du travail des noirs du centreAfrique, dirigs par quelques hommes de bonne volont, patients et sachant
ce qu'ils veulent ?
Dites-vous tout cela et alors, alors, vous conviendrez avec moi que le ngre,
le noir, est bien autre chose n'est-ce pas ? qu'une vulgaire bte de somme,
peine digne du nom d'homme.
Dans cette glise de M'Pala, moi qui ne suis pas croyant, j'ai entendu la
messe chante par 1500 noirs ; je dis bien 1500 noirs, dont les voix convaincues roulaient, sous ces votes, avec des bruits de tonnerre.
Si vous me demandez si ces noirs ne faisaient que prier, je vous
dirai de nouveau : regardez cette glise si
belle ; c'est de leurs
mains qu'elle fut difie.
^

Voici, auprs de la
cathdrale, une maison
d'habitation de ces admirables Pres Blancs,
qui, croyez-le bien, ne
se contentent pas d'apprendre aux noirs
prier sans plus, mais
qui leur enseignent surtout bien travailler.
Chaque matin les
classes reoivent par
centaines les enfants

- 69 -

Sur antaustarao, alta


je irka okdek metroj
super la lago, la blankaj
Patroj kreis tre laran
komunaon da nigruloj
kristanigitaj; belega
katedra preejo superstaras la
tutaon.
^

jen estas interna


vidajo de i.
Rigardu atente tiu a
trinavan preejon ; notu
ke oni vidas sur i nur
brikon, a, pli uste,
terkuiritaon.
Pensu ke, por doni al
la kolonoj ilian elegantan
formon, la blankaj Patroj
fabrikadis irka dudek
formojn de terkuiritaoj,
iuamklepse, el kiuj kelkaj pezas pli ol dudek kilogramojn.

Diru al vi ke la kahelojn de l' kahelaro, oni fabrikadis loke.


Diru al vi ke la altaro, la benko por komunii, la benkoj por prei, io estas
rita loke.
Diru al vi, fine, ke io tio estas rezultato de l' laborado de l' negroj, nur, mi
diras, de l' negroj de Mez-Afriko, gvidataj de kelkaj homoj bonvolaj, paciencemaj,
kiuj scias kion ili celas.
Diru al vi ion tion, kaj tiam, tiam, vi, kune kun mi, konsentos ke la negro, la
nigrulo, estas tute alia, u ne, ol vulgara laborbesto, apena nominda homo.
En tiu preejo de M'Pala-o, mi, ne kredulo, adis meson kantatan de mil
kvincetgroj,mbdasilkvncetgroj,splnekviatj,sub
iuj arkaoj tondrege resonegis.
Se vi demandas al mi u tiuj negroj faris nenion ol prei, mi rediros : Rigardu
tiun preejon tiel belan ; i estas farita per iliaj manoj.

Jen, apud la katedrapreejo, domo de tiuj mirindaj blankaj Patroj kiuj, kredu
min, kontentias instruante la negrojn ne nur pri preo sed anka pri bonlaboro.
iumatene la lernejo plenias per centoj da infanoj, lernontaj legadon, skribadon,
kalkuladon.
Posttagmeze oni okupas sin per kampara laborado, brikfabrikado, vaporsegado,
orado, kalkfabrikado, k. t. p.
Vidu, sur tiu fotografao, paron da bovetoj ekdresataj por ,jugo.
Vere, misiisto, iureligia, estas, nuntempe, la plej nobla reprezentanto de
civilizacio o en la kolonioj.

-70

apprenant la lecture, l'criture, le calcul ; l'aprs-midi c'est le travail des


champs, des briqueteries, de la scierie vapeur, de la forge, du four chaux, etc...
Voyez, sur la photographie, une couple de bouvillons qu'on dresse au joug.
En vrit les missionnaires de toute confession sont, actuellement, le plus
pur lment de civilisation des colonies.
Je tiens rpter que je ne suis pas croyant ; en rendant aux missionnaires
la justice qui leur est due, j'obis la seule vrit.

*
J'ajoute que les Pres Blancs ne sont pas prcisment seuls bien faire en
Afrique.
Je vais avoir le plaisir de vous montrer les rsultats obtenus par une autre
catgorie de blancs, par les agents de l'tat du Congo.
Mais, auparavant, permettez que je vous donne une ide de la richesse de
certaines rgions, en gros btail.
Voici une photo prise chez les Dinkas du Bahr-el-Ghazal ; elle appartient
un ensemble de 4 photographies qui furent ncessaires pour photographier
tout le troupeau de ce seul groupe ; ce troupeau comptait plus de 1200 ttes.
Si le temps me le permettait j'aurais bien des choses vous dire
propos de ces Dinkas, habitants de pays inonds, qui courent encore nus
comme la main, et dont la moralit est pourtant remarquable.
***
Mais le temps me presse. Passons donc.
Voici, dans une de nos stations,
un groupe de boeufs dresss au
joug et au collier.
En ce seul point on comptait
300 boeufs aptes la traction des
chariots.
Leur dressage avait t fait par
un paysan flamand, sachant
peine lire et crire.
***

Le voici, debout sur


1111 chariot attel de
boeufs dresss par lui.
Il y a, sur cette photographie, d'autres Europens qui laisseraient
volontiers croire qu'ils
taient pour quelque
chose dans le splendide rsultat obtenu par
le paysan flamand.

Mi deziras rediri ke mi ne estas kredanto ; ladante la misiistaron, mi nur obeas


la verecon.
Mi aldonas ke la blankaj Patroj ne estas solaj por bonfari en Afriko.
Mi tuj ekmontros al vi rezultaton ricevitan de alia kategorio de blankuloj, de la
Kongotataj agentoj.
Sed antae, permesu ke mi donu al vi iometan ideon pri la brutara rieco de
iaj afrikaj regionoj.
Jen estas fotografao farita e la Dinka-oj de l' Bahr-el-Ghazal' ; i apartenas al

kunao da 4 fotografaoj, kiujn oni devis fari por ricevi la tutan brutaron de tiu
nura grupo ; tiu brutaro konsistis el pli ol mil ducent kapoj.
Se mi havus sufie da tempo, mi havus, por diri al vi, multe da detaloj pri Dinka-oj,
loantoj de superakveblaj landoj ; ili vivadas ankora nudaj kiel mano, kaj tamen ilia
bonmoreco estas tute rimarkinda.

Sed la tempo premas min. Ni do preterpasu.


Jen estas, en ia de niaj loejaroj, grupo da bovoj dresitaj por jugo kaj cirkakolo.
Nur. en tiu posteno, estis 300 bovoj kapablaj por tiri veturilon. Ilia dresado
estas farita de flandra kamparano, apena kapabla legi kaj skribi.

^
^*
Jen li, staranta sur veturilo jungata ,je bovoj dresitaj de li.
Estas, sur la sama fotografao, aliaj eropanoj kiuj, volonte, lasus kredi ke ili,
iomete, e iomege, kunhelpis pri la mirinda rezultato ricevitan de l' flandra vilaano.
Neniu el ili, krom la oficiro surevale, havis, morale, rajton por figurii sur la
fotografao, kie ili ekzistas tute parazite.
Mi lasis ilin sur la fotografao nur por, okaze, diri ke ili tute ne meritis esti sur
i, tiam kiam tian honoron dekfoje meritas enk (Schenk), la flandra kamparano.
Efektive, de tiu sukcesa dresado rezultis ke la arojn, is tiam transportitajn
homkape, nun oni povas veturigi.
Tial, el ie kie la nigruloj estis tiel liberigataj de sia malfelia portista metio,
el ie tie, eliris dankema sento al la blankulo kio ricevis tian rezultaton, al enk, flandra
kamparano, scianta apena legi kaj skribi.

***

-72
Aucun d'eux, sauf l'officier cheval, n'avait le
droit moral de figurer sur
la photographie, o ils
n'existent qu'en parasites.
Je ne les ai laisss sur
la photographie que pour
pouvoir dire qu'ils ne mritaient pas de s'y trouver, tandis que Schenk, le
paysan flamand, y mritait
10 fois sa place.
Car, pour avoir russi
dresser ces attelages, il
avait obtenu ce rsultat
que les charges transportes jusqu'alors sur des ttes d'hommes, pouvaient
maintenant tre transportes dans ses chariots ; et de partout o les ngres
taient ainsi soulags de leur triste mtier de porteurs, s'levait un sentiment de reconnaissance pour le blanc qui avait obtenu ce rsultat, pour
Schenk, le paysan flamand qui savait peine lire et crire.

* *

Le voici encore, s'occupant cette fois du dressage de dromadaires.

Malheureusement il ne semble pas que ces prcieux animaux puissent servir


au Congo; le sol y serait trop souvent humide pour leurs pieds ; et peut-tre
aussi n'y trouvent-ils pas la nourriture laquelle ils sont habitus; en tout cas
l'essai ne devrait pas tre trop vite abandonn.
*

**

Voici une des curieuses faces de la prise de possession du centre-Afrique par


les blancs.
Vous avez sous les yeux le capitaine Joubert, un breton qui s'tait enrl
sous la bannire anti-esclavagiste du cardinal Lavigerie ; aprs avoir fermement bataill contre les marchands d'esclaves, lorsque la paix fut ainsi assure
dans le pays o il s'tait install, le capitaine Joubert pousa la fille d'un
chef noir, et vous le voyez ici en compagnie de sa femme et de ses trois premiers
enfants. Je fis prendre cette photographie il y a dj six ans ; je sais que,
depuis, la famille de Joubert a augment.
L'homme vit heureux, au bord mme du Tanganika.
Tout le pays qu'il a protg le connat et l'adore.
Ses enfants sont levs chez les soeurs de charit qui secondent les Pres
Blancs du Tanganika.
Si bizarre que cela puisse paratre, le capitaine Joubert est un homme
heureux, peut tre parce qu'il est retourn fort prs de la Nature.

- 73 -

en estas ankora li, ekdresanta unu bajn kamelojn.


Bedarinde ne ajnas ke tiu multvalora besto povas utili en Kongoalando ; la
tero ajnas, tie, tro ofte malseka por iaj hufoj ; estas anka ebla ke kamelo ne
trovas, en Kongo-o, sian kutiman nutraon.
Tamen tian provadon oni ne devas tro frue esigi.
i

Jen estas kurioza flanko de la blanka


okupado de l' nigra Afriko.
Vi havas kontra viaj okuloj Kapitano uber
Joubert), britano, kiu varbiis al la standardo
kontrasklaveca de Kardinalo Lavierio (Lavigerie).
Bataladinte kurae la vendistojn de sklavoj,
certiginte pacon en la lando kie li loiis, kapitano uber edziis je filino de nepra gentestro ;
kaj vi vidas lin, kune kun edzino lia, kaj iliaj tri
unuaj infanoj. Tiu fotografao estas jam sesjara ;
de tiu tempo la familio plimultiis.
Tiu soldato vivadas felia, borde mem de
Tanganika-o.
La tuta lando protektita de li, konas kaj
amegas lin.
Liaj infanoj estas edukataj e la religiulinoj kiuj
kunhelpas al la blankaj Patroj de Tanganika-o.

4@le 4111e.

^^^^

Tiel strange ke ajnas la


afero, kapitano uber estas homo tute felia, eble ar li reiris
tre proksime de Naturo.
Jen aliaj infanoj de
blankuloj, de protestantaj gemisiistoj
amerikaj. Magi', arli', kaj Allan'
Banks', kiujn vi us vidas, nas
kiis meze de 1' Vangataoj de
l' Ekvatordistrikto, en 1888a,
1891 a et 1892a.

74
Voici d'autres enfants de blancs, de missionnaires protestants.. amricains :
Maggie, Charlie et Allan Banks, que vous voyez en ce moment, sont venus au monde, au milieu des Wangatas de l'Equateur, en 1888, 1891 et 1892.
J'eus inscrire moi-mme les deux derniers l'tat-civil du district dont
j'tais alors le commissaire.
Je considre comme d'une importance capitale, tous points de vue, l'arrive
de la femme blanche au coeur de l'Afrique.
Quelles que soient ses qualits le clibataire paratra toujours, au ngre polygame ou non, un tre mal quilibr ; et cette opinion ne sera que trop souvent
justifie ; ce n'est pas la place de discuter ici la grave question de la discipline
sexuelle; mais il est certain qu'elle est plus grave encore en Afrique que partout
ailleurs; ce n'est pas parce que nous en prenons l'aise que nous avons moins
tort de ne pas respecter le noir dans la personne de ses femmes et de ses filles.
De nombreuses haines trop justifies ont t provoques par l'Europen abusant,
sans vergogne, de sa force et de son isolement, pour mfaire au point de vue
sexuel.
On comprendra que je n'insiste pas autrement, ici, sur ce point dlicat et
douloureux.
** *
J'aime mieux vous montrer l'admirable rsultat de l'occupation, par les
Belges, du point o le Congo devient navigable aux steamers de rivire.
Nous sommes ici sur le Stanley-Pool, au point terminus du chemin de fer
qui runit les steamers de mer aux steamers fluviaux du Haut-Congo.
Il y a vingt-cinq ans les rives de ce vaste Pool ne connaissaient que les
pirogues des sauvages.
Pour atteindre ces rives, en venant d'aval, il fallait parcourir, pendant
400 kilomtres, une route de caravanes abominablement tourmente; tout ce
qui arrivait ici tait apport tte d'hommes, en charges de 30 35 kilos.
C'est par petits morceaux que les premiers petits steamers jets sur le
Haut-Congo arrivrent Lopold-Ville; pour un steamer de 35 tonnes il fallait
employer 3000 porteurs, pour l'apport de prs de 150( pices assembler sur
les chantiers rudimentaires du Stanley-Pool.
Aujourd'hui un chemin de fer de prs de 400 kilomtres runit Matadi, o
touchent les steamers de mer, Lopold-Ville, d'o partent les steamers de
rivires.
Plus de cent steamers flottent sur les eaux du Haut-Fleuve et de ses affluents;
et constamment les chantiers du Stanley-Pool ont de nouveaux steamers en
construction.
Les wagons du chemin de fer apportent par milliers et milliers les produits
europens qui seront emports dans l'intrieur du pays bord de ces steamers,
dont les cales se bonderont, pour le retour, de marchandises d'exportation:
ivoire, caoutchouc, rsines, gommes, teintures, bois de luxe, caf, cacao,
huiles, etc... etc.
Et si vous voulez vous rendre compte de l'importance du rseau navigable du
Haut-Congo, sachez qu'un steamer partant de Lopold-Ville et remontant le
Congo par une de ses rives, par exemple la rive gauche; puis entrant dans tous
les affluents et sous-affluents, pour les suivre le long d'une rive et les redes-

- 75 Mi enskribis mem la du lastajn, .sur la leregistro de l' distrikto, kiel komisaro


mi, tiame, estis.
La mia opinio, la eesto de la blanka virino, meze de Afriko, estas iukaze gravega.
Kiaj ajn estas liaj kvalitoj, fralon, negro, u monogama u poligama, rigardos
iame kiel malekvilibrulo ; kaj tia opinio estos tro ofte pravigata; ne estas loko, tie
i, por diskuti la gravan problemon pri la seksa disciplino ; sed estas certa ke i
ios pli kaj pli grava en Afriko ol ie alie ; malgra nia seneno pri la negroj, ni
estas tute malpravaj ne respektante ilin pri iliaj virinoj kaj filinoj.
Multajn malamegojn tro pravigitajn naskis la Eropano trouzante, sen detenemo,
sian perforton kaj izolecon, por malbone agadi rilate al la seksa demando.
Kun via konsento mi ne insistas plie, tie i, pri tiu delikata kaj dolora demando.

**
Mi preferas montri al vi, la mirindegan rezultaton de la belga okupado de
l' loko kie Kongo-o ipireblias por riveripoj.

I 1E.7'7.
-

`
^i^^^^
^. ^

^[s
^^

Ni, tie i, trovias e Stanley-Pool, fino de 1' fervojo interliganta la maripojn


al la riveripojn de superKongo-o.
Anta dudek kvin jaroj, borde de tiu vasta lageto, oni vidis nur pirogojn de
sovaoj.
Por atingi tiun bordon, suprenmarante, oni devis sekvi karavanvojeton terure
malfacilan, longan 400 kilometre.
ion, tie i, oni alportis homakape,- je aroj da 30 a 35 kilogramoj.
La unuaj vaporipoj, flositaj sur la superKongo-o, alvenis en Leopold-Ville disigitaj
je nepezantaj pecoj ; por vaporipo tridek kvin tuna, oni devis uzi tri mil portistojn,
por alporti irka mil kvincent pecojn, kunigotajn sur la malperfektaj laborejoj de
Stanley-Pool.
Hodia fervojo, irka 400 kilometra, interligas Matadi-on, e kie ankras la
maripoj, kaj Leopold-Ville, el kie foriras riveripoj.
Pli ol cent vaporipoj veturas sur akvoj de l' superKongo-o kaj de iaj branoj ;
kaj senese la laborejoj de Stanley-Pool havas novajn ipojn por konstrui.

-76
cendre le long de l'autre, aura, .en revenant son point de dpart par la rive
droite du grand fleuve, parcouru 40.000 kilomtres, soit le tour complet de la
Terre l'Equateur.
Ce chiffre colossal se passe de commentaires.

**
En cette station si vivante de Lopold-Ville on ne voit pas seulement des
trains, des chantiers, des steamers.
Dans un coin
entour de verdure, s'lve un laboratoire de recherches bactriologiques vous y
voyez ici l'oeuvre un de mes
courageux amis
d'Afrique, le docteur Van Campenhout.
Pendant que
l'industrie et le
commerce s'panouissent sur les
rives du HautCongo, des hommes, de modestes
savants, dans le
silence de ce laboratoire bactriologique install
grands frais
Lopold-Ville, patiemment suivent au microscope l'volution du microbe de
Laveran, de la filariose, du trypanosome, des divers infiniment petits causes
de la fameuse fivre africaine, du bri-bri, de la maladie du sommeil, etc...
Dj de prcieux enseignements d'exprience sont sortis des laboratoires de
Lopold-Ville ; plus d'un Europen leur doit la vie, et plus d'un la sant.
Grce ces installations de science pure, grce au dvouement parfois
dangereux pour eux-mmes de savants mdecins, c'est de moins en moins
au hasard que s'administrent les mdicaments, et en particulier la quinine qui,
jusqu'ici, pourrait bien avoir tu plus de gens qu'elle n'en a sauvs.
Aujourd'hui l'oeil de la Science peut suivre, dans notre sang mme, l'volution de l'hmatozoaire, et l'action exacte du traitement quinique.
Et les fous dangereux , les potes , les savants peuvent, une fois
encore, prvoir de prochaines et nouvelles victoires remportes sur le minotaure africain.
Or ces victoires seront les plus satisfaisantes du monde, puisqu'elles auront
confin le douloureux ncrologe africain entre des limites se rapprochant de
plus en plus des limites de mortalit dans nos rgions tempres.

77
La vagonaro] alportas, je miloj kaj miloj, la produktaojn eropajn ; tiujn ','i forportos, interne en la landego, la diritaj ipoj, kies kavaoj plenios, pur reveni, per
komercaoj eksteren sendeblaj, t. e. elefantosto, kauko, rezinoj, gumoj, kolorigiloj,
lukslignaoj, kafo, kakao, oleoj, k. t. p
Cu vi deziras ektaksi la gravecon de l' ipirebla retego de superKongo-o ?
Nu ! supozu vaporipon forirantan el Leopold-Ville kaj suprenirantan Kongo-on
la unu el iaj bordoj, ekzemple la maldekstra ; plie enirantan en iuj branoj kaj
branetoj por suprensekvi ian bordon kaj malsuprensekvi la alian ; fine malsuprenirantan la riveregon la la sama maniero ; nun sciigu ke tiu vaporipo, reveninta
al ia forira punkto, estos plenumita kvardek mil kilometrojn, t. e. lalonge, unu
tutan grandan cirklon de 1' teraglobo.
Tian nombron grandegan, nekredeblan, oni ne devas komentarii.

**
Eu tiu Leopold-Ville tiel vivanta, oni vidas ne nur vagonarojn, laborejojn, vaporipojn.
En ia kojno, irkaata per verdao, starias laboratorio por bakteriologia serado ; vi vidas en i, plenlabore, unu el miaj kuraaj amikoj d'Afriko, doktoron
Vane Kampenot (Van Campenhout).
Dum industrio kaj komerco ekfloras sur la bordoj de l' superKongo-o, en la silento de tiu laboratorio, konstruita multelspeze en Leopold-Ville, homoj, modestaj
scienculoj, paciencege observadas, per mikroskopo, la evolucion de l' Laverana mikrobo, de la filariozo, de l' tripanozomo, unuparole de 1' diversaj senfine malgranduloj, kazoj de l' fama afrika febro, de l' beriberio, de l' malsaneco dormada, k. t. p.
Jam gravaj eksperimentaj sciigoj eliris el la laboratorio de Leopold-Ville ; pli ol
unu eropano al i devas la vivon, kaj multaj la lanon.
iafoje danero
Dank' al tiaj institutoj de nobla scienco, dank al la Sindoneco
por ili mem de kleraj kuracistoj, malpli kaj malpli hazarde oni donas la kuracilojn,
kaj speciale la kvininon kiu, is hodia, estas eble mortiginta pli da homoj ol i kuracis.
Hodia la okulo de l' scienco estas kapabla observadi, en nia sango mem, la
evolucion de hematozoaro kaj la veran agadon de l' kvinina kuracado.
Kaj la daneraj frenezoj , la poetoj , la scienculoj povas, unufojo
plie, antavidi novan venkon venkotan kontra la afrika_ minotoro .
Nu ! tia venko estos la plej kontentiga el iuj, ar i limigos la doloran nekrologion afrikan, inter limoj alproksimiantaj, pli kaj pli, la limojn de morteco en
nia mezvarma regionaro.
Unufojo plie, la homaro agema, iniciatema, malkvietema, febrema, kiu penadas
kaj konsumias pri industrio kaj komerco, hav o s okazon por danki la noblan sciencon, kaj profunde klinii al i pro novaj servoj.
Kaj la scienco pri kiu mi tie i parolas, ne estas Ia scienco de l' specialistoj
tro ofte inkliniantaj arani siajn eltrovojn kiel partoj de fondinto .
Mi parolas, kiel certe oni pensas, pri la scienco kunigita je la filozofio, kies vera
karaktero, kune kun vera profito, estas la malprofitemeco.
Malprofitemeco !
Kiel bela kaj nobla sento !
Ja ! pri la granda afrika kreao, oni povas vidi, ne nur la flankon almilitan kaj
avidecan, sed anka por la koroj de nuntempaj soldatoj, misiistoj, scienculoj la
flankan salvemam kaj sindonemam.

78
Une fois de plus l'humanit active, entreprenante, agite, fivreuse, qui se
dpense et se consume dans l'industrie et le commerce, pourra dire merci la
Science pure, et s'incliner profondment devant elle en remerciement des
nouveaux services rendus.
Et la Science dont je parle ici n'est pas la Science des spcialistes, qui sont
trop enclins mettre leur dcouvertes en parts de fondateurs .
Je parle, on le pense bien, de la Science allie la philosophie, et dont le
vritable caractre, en mme temps que le vritable intrt, est le dsintressement.
***

Dsintressement !
Le beau et noble sentiment !
Car dans la grande oeuvre africaine ce n'est pas seulement le ct conqutes
et convoitises que l'on peut voir, c'est surtout, pour les coeurs de modernes soldats, de missionnaires, de savants, l'oeuvre de rdemption et de sacrifice.
Il serait trop simple, il serait fort inique d'aller chercher d'emble les
richesses et la jouissance sur une terre on l'on a sem, des sicles durant, la
terreur et la mort.
Les gnrations sont solidaires : Delicta majorum immeritus lues !
Les nations de l'Europe ont expier en Afrique le crime de leurs anctres,
l'homicide d'une race ; mais la justice qui rpare est mre de la prosprit
qui rcompense.
Plusieurs des problmes les plus poignants que soulve aujourd'hui la condition morale et sociale des populations ouvrires du vieux continent, trouveront une solution normale par la mise en valeur des vastes ressources de
l'Afrique.
La charit entre peuples et races n'est pas
moins sainte ni moins fconde que celle
entre les hommes individuels.
Et les artisans de cette charit entre peuples et races sont les jeunes hommes de
savoir, de dsintressement, qui donnrent
leur vie l'oeuvre des Belges en Afrique.
Sous ce grand mimosa que reprsente la
photographie, nous mimes en terre le corps
de deux de nos amis, accidentellement noys
dans le Tanganika.
L'un d'eux n'avait que vingt-deux ans, et
tait dj docteur en Sciences naturelles.
Le docteur Jean de Windt avait accept
avec enthousiasme de m'accompagner au
Ka-Tanga ; il a sa place marque dans le
groupe de ceux qui ont donn leur vie
l'oeuvre congolaise, pour la faire grande, par
amour pour elle mme, sans pense de lucre,
sans espoir de rcompense plus haute que
le bonheur personnel d'avoir servi plus faible

Estus vere tro simpla, vere tre 'maljustega, trovi tuj kaj nepre, riecon kaj
uecon sur tero kie oni dissemis, dum jarcentoj, teruron kaj morton.
La posteularoj estas solidaraj : delicta majorum immeritus lues /
La eropaj nacioj devas elpagi, en Afriko, pro la krimo de siaj prapatroj, pro
la hommortigado de ia raso ; sed la justeco kiu rebonigas, estas patrino de 1' prospereco kiu rekompencas.
Multaj el la plej kortuantaj problemoj, demandataj hodia, pri la morala kaj
sociala stato de la laborema loantaro de l' malnova kontinento, trovos normalan
solvon per la profitan aranon de l' vastaj provizoj d'Afriko.
La bonfarado. inter popoloj kaj rasoj estas sankta kaj fruktoporta, tiel kiel inter
homoj individuaj.
Nu ! la efikantoj de tia bonfarado
inter popoloj kaj rasoj, estas la junoj
kleraj, sindonemaj, kiuj oferis sian
vivon al la belga kreao de Kongotato.
Sub tiu granda mimosao, montrata
de l' fotografao, ni enterigis du el niaj
amikoj, malfeliokaze dronintaj en
Tangik-o.
Unu el ili estis apena dudek du
jara, kaj tamen li jam estis doktoro de
naturaj sciencoj.
Doktoro Jean de Windt estis akceptinta entuziasme akompani min e
Ka-Tanga-o; li apartenas al la grupo de
tiuj kiuj donis sian vivon al la Kongo-a
kreao por pligrandigi in, pro amo
al i, sen pripenso profitema, sen
espero pri rekompenco pli grava ol
la persona felio servi pli malfortan
malgrandulon, tiom kiom estas malgrande servi la
^rardiilon.

afoje, en la afrika arbetaaro, subite montrias humila


tombeto, rememorigante blankulon tie falintan, tie enterigitan
Tiam oni zorgas por honori, k iel eble plej bone, la malaperinton.
La bando pecevestata, kies
uniformoj, peco je peco alkroiis al la dornoj de senfina
vojo, prezentas armilojn, dum

80
que soi, car il est grand de servir les petits autant qu'il est, petit de servir
les grands.
* *

Parfois, dans la brousse africaine, on dcouvre brusquement un humble


mausole gardant la mmoire d'un blanc tomb et enterr l.
Alors on rend au disparu les honneurs dont on dispose; la troupe dpenaille, dont les uniformes sont demeurs accrochs aux ronces de l'interminable route, prsente les armes, tandis que, sous les plis du drapeau, le chef
de la colonne dpose sur la tombe une couronne faite de perles de traite, de ces
mmes perles que les femmes noires mettent dans leurs cheveux.
Les noirs, en constatant en quel respect sont tenus, par nous, les ntres qui ont
succomb la tche, sentent s'veiller dans leur coeur un sentiment nouveau;
ils sentent instinctivement que cette crmonie des honneurs au mort reprsente
de la grandeur morale, et dans leur coeur s'imprime une empreinte qui nous est
un peu favorable.
C'est ici l'exemple, le bon exemple qui produit ses heureux effets.
**

Et pour finir cette causerie qui vous aura sans doute paru aussi longue
qu'elle m'a, moi, paru brve, je vous dirai encore une des scnes les plus
mouvantes auxquelles il est parfois donn aux explorateurs d'assister.
Voici, dans la brousse du Bahr-el-Ghazal, un petit groupe d'Europens, une
double ligne de soldats sous les armes.
Depuis deux ans ils peinent pour occuper un pays ingrat tout point de
vue ; et ils ont atteint leur but sans brler, entendez-vous bien, sans brler
une seule cartouche de guerre.
Pour rcompenser ses officiers d'une si haute conduite vis--vis de populations mal armes, le chef de l'expdition, l'officier qui vous parle en ce
moment, a demand et obtenu des dcorations pour ses jeunes adjoints.
Et voici que les dcorations sont arrives et que, devant la troupe qui prsente
les armes, le commandant de l'expdition attache sur la poitrine de ses lieutenants l'toile qui dira qu'ils ont bien mrit.
Dans cette brousse perdue il n'y a ni musiques, ni drapeaux claquant au
vent, ni foule enthousiaste, ni rien, en un mot, de ce qui caractrise ici de
telles crmonies.
Il n'y a pas mme, chose rare, de reporters de journaux.

- 81 la komandanto, sub la fl ago, metas sur 1 a tombeto kroneton faritan per komercaj
perloj, tiuj samaj perloj atataj de nigrulinoj por ornami ilian hararon.
Vidinte kiom ni ategas tiujn, kiuj falis en sia tasko, la nigra raso eksentas,
en sia koro, ekvekii nova sento ; i instinkte sentas, ke tia honora ceremonio al
la mortinto, estas morala fiereco, kaj, en ia koro presias impreso tute favora al ni.
Tio estas la ekzemplo, la bona ekzemplo elfaranta bonan efekton.
.

***
Nun por fini tiun paroladon kiu, certe, ajnis tiel longa por vi kiel mallonga
por mi, mi diros ankora unu el la plej kortuantaj scenoj, videblaj okaze por
esploristoj.
Jen, en la arbetaaro de Bahr-el-Ghazal', malgranda grupo da Eropanoj ; anka
duobla vico da soldatoj kun armiloj
.

De du jaroj ili klopodas, por okupi landon malatindan je iu vidpunkto ; iam,


ili plenumis la demandon, ne bruliginte, ne bruliginte, adu bone, e nur unu militkartoon.
Por rekompenci siajn oficirojn, pro tiel bela konduto kontra loantaroj malbone
provizataj da armiloj, la ekspediciestro t. e. la oficiro kiu us nun parolas al vi
rogis, kaj ricevis, ordenojn por siaj junaj kunhelpantoj.

82

Et pourtant la scne nous empoignait tous jusqu'au fond ds moelles, car


nous savions que ces distinctions, si chrement payes d'ailleurs, avaient t
noblement mrites.
Oui, j'ai la fiert de le dire, nous tions contents de nous-mmes, et c'est
pourquoi, en cette scne de remise des rcompenses, j'avais joie et orgueil de
donner l'accolade aux rcompenss.
On dit aujourd'hui, au nom des principes d'galit humaine, au nom de la
vanit des distinctions honorifiques, on dit que la croix d'honneur doit disparatre.
Pour parler ainsi il faut ignorer qu'il est des gens qui attachent tant de prix
une croix bien mrite, qu'ils lui sacrifieraient la fortune et la vie, et qu'il est
des services qu'on pourrait difficilement payer avec une autre monnaie.
Les rformateurs prtendent parler au nom de la raison ; les faits actuels
leur opposent un clatant dmenti.
Je n'ai pour le prouver, que le choix des exemples.
Quel pays, aujourd'hui, n'a pas, parmi ses enfants, un certain nombre
d'explorateurs qui on dcerne, couramment et sans conteste, le titre de hros.
Ces explorateurs des contres inconnues font, pour la Patrie et pour la
Science, des merveilles de courage, luttant, chacun de leur pas, contre la mort
qui les menace sous toutes les formes, contre la flche ou la balle du sauvage,
contre la maladie surtout, contre la faim parfois.
Ce sont des soldats en campagne, plus exposs que n'importe quel coinbattant dans la plus meurtrire des guerres.
Ce sont de tels hros, ayant subi toutes les privations, toutes les tortures,
avec l'unique pense d'tre utiles leur pays ; ayant mis en oeuvre toutes les
ressources d'une haute intelligence et d'un grand caractre, la fois savants,
diplomates, soldats, qui se dclarent pays amplement, pour leur jeunesse
passe sous un soleil de feu, dans des luttes terribles et obscures, par le bout
de ruban qu'on leur octroie, parfois en le marchandant.
Vraiment si la croix d'honneur donne une heure de joie ceux qui la
Patrie doit tant, voil bien son existence justifie !
Mais il est bien d'autres braves gens encore dont les
actes de courage peuvent tre assimils ceux du soldat
devant l'ennemi.
Le mcanicien de chemin de fer sur sa machine, devant
qui un obstacle se dresse, qui a le temps de sauter terre et
de se prserver, et qui reste son poste, au devoir, faisant
tout le possible jusqu' la dernire seconde pour sauver
les vies humaines qui lui sont confies ; le sauveteur qui livre
son canot la mer furieuse pour tenter d'arracher la mort
des hommes que la vague guette et va saisir ; le capitaine
du vaisseau que la tempte va engloutir, et qui reste son
bord, rsolu sombrer avec son btiraient tant qu'il y a sauver un seul matelot, un seul passager ; tant d'autres encore
dont la vaillance ne saurait se payer que par quelque chose qu'on n'achte
pas avec de l'argent.
A tous ceux que je viens de citer, demandez s'ils ont pay trop cher ce bout
de ruban des braves.

83
Nu ! la ordenoj estas alvenintaj ; kaj, kontra la tamento prezentanta armilojn, la
komandanto alkroas, sur la brusto de siaj letenantoj, la stelon, dirontan ke ili
estas meritintaj.
En tiu nekonata arbetaaro, estas nek muzikistaroj, nek flagoj brue malvolviantaj per la vento, nek amaso entuziasma, nek io ajn, unuparole, je kio, en niaj
landoj, karakterizias tia ceremonio.
E ne eestas tie mirinda punkto gazetistoj, por sciigi la tutmondon pri via famo.
Kaj tamen la sceno kortuis nin, is la fundo de l' spinaj cerebroj, ar ni sciis
kiom noblege estis gajnita tiu distingilo vere tremulte pagita.
Jes, mi estas fiera diri ke ni estis kontentaj pri ni mem ; tial, en tiu okazo,
disdonante rekompencojn, mi estis oja, mi estis fiera kisi la rekompencitojn.
Oni diras, nuntempe, je la nomo de l' principoj de homa egaleco, je la nomo
de 1' vaneco de honoraj distingiloj, oni diras kaj rediras, ke la honoran krucon oni
devas nuligi.
Por tiel diri, oni devas nescii ke estas homoj, kiuj atas krucon bone merititan
tiel ke, por i, ili oferus riecon kaj vivon ; oni devas nescii ke estas tiaj servoj,
kiujn oni malfacile pagus per alia mono.
La reformantoj certigas ke ili parolas sae, tre sae ; la nunaj faktoj kontradiras ilin.
Kiel pruvo mi havas lavole ekzemplojn por elekti.
u estas lando, hodia, ne kalkulante, inter siaj filoj, kelkan esploriston, ordinare, kaj tute prave, nomatan heroo ?
Tiu esploristo de nekonataj landoj, plenumas por la patrolando kaj la scienco,
mirindaojn da kurao, batalante iu page kontra la morto minacanta lin iumaniere, kontra la sago a la kuglo de l' sovao, kontra la malsaneco ofte, kontra la malsateco iafoje.
Li estas soldato en militiro, pli minacata ol iu ajn batalanto en la plej mortiganta milito.
Estas tia heroo, suferinta iun senigon, iun turmenton, nur kun la deziro utili
al sia patrolando ; uzinta tutmaniere grandan inteligentecon kaj belan karakteron, samtempe scienculo, diplomato, soldato ; estas tia heroo kiu opinias ke, pro sia juneco
pasita sub fajra suno, en bataloj teruraj kaj nekonataj, oni sufie pagas lin per
peceto da rubando, iafoje, ja, donata marande.
Vere se la honora kruco donas unu horon da ojo al kiu la patrolando tiom
uldas, u i ne estas tute pravigata ?
Sed estas anka multe da kuraoj, kies kuraecon oni povas similigi je tiu
de soldato kontra malamiko.
La fervoja mekanikisto sur sia maino, kontra kiu barilego subite ekmontrias,
kiu havus tempon por salti surtere kaj sinantagardi, sed kiu restadas sialoke, por
sia devo, igante la tutan eblecon is la lasta sekundo, por savi la homajn vivojn
konfiditajn al li ; la savisto kiu flosas sian barkon sur la maro furioza, por ekforpreni de 1' morto, homojn kiujn la ondego embuska balda ekkaptus ; la ipestro
de ipo balda englutota pro ventego, kiu restadas al sia benko, decidata dronumi
kun sia ipo tiel longe kiam estos e nur unu maristo, unu vojaanto saveblaj ; tiom
da aliaj anka, kies la braveco estas pagebla, nur per io, kion oni ne povas ricevi,
a aeti per mono.
Al kiuj mi us citis, demandu u ili pagis tromulte por la peceto da rubando de l'
bravuloj.

84
Tous rpondront : Non ! mille fois non !
Ds lors au lieu de conspuer ces vains hochets de gloriole, songeons faire
en sorte qu'on ne les dcerne qu' bon escient.
L, et l seulement, me parat tre la vrit, la vrit humaine videmment.
Je termine.
Parmi les hommes dont l'humanit doit s'honorer il n'en est peut-tre pas,
en ce moment, de plus digne que le crateur de l'Esperanto.
Le gouvernement franais a fait Zamenhof chevalier de Lgion d'Honneur.
Souhaitons que tous les gouvernements, suivant ce bel exemple, dcorent
leur tour notre glorieux matre !
Et souhaitons surtout qu'ils lui rendent, de son vivant encore, l'hommage qui
attend certainement son oeuvre, je veux dire l'adoption officielle de l'Esperanto
par tous les peuples de civilisation.
Vive Zamenhof ! Vive l'Esperanto !

COMMANDANT LEMAIRE CH,

- 85 -iuj respondos ne ! milfoje ne !'


Sekve, anstata malsati tiujn vanajn ludiletojn de gloreco, ni zorgu por ke oni
donu ilin, nur lamerite.
Tie, kaj nur tie, gajnas al mi, estas la vereco, la homa vereco kredeble.
Mi finas.
Inter la homoj pri kiuj la homaro devas rajte fierii, eble, en la nuna tempo,
neniu estas pli inda ol la elpensinto d'Esperanto.
La franca registaro kreis Zamenhof, kavaliro de la honora legio.
Ni deziregu, tutkore, varmege, entuziasme, ke iuj registaroj, sekvantaj tiun belan
ekzemplon, ordenu, siavice, nian gloran majstron.
Ni deziregu, anka, ke la registaroj efektivigu, dum la vivo de Zamenhof, la
respektdevon tiel meritatan de lia verkado, t. e. la oficialan alprenigon d'Esperanto
de iu popolego a popoleto civilizema.

Vivu zamenhof ! Vivu li ! Vivu Esperanto ! Esperanto Vivu !

KOMANDANTO LEMAIRE

CH.

IMPRIMERIE SCIENTIFIQUE
A. -J. WITTERYCK, DITEUR
NOUVELLE PROMENADE, 4, BRUGES

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