Cours de Politique Etrangère Du Cameroun
Cours de Politique Etrangère Du Cameroun
Cours de Politique Etrangère Du Cameroun
LA POLITIQUE
ETRANGERE DU
CAMEROUN
Dr. FOZEIN KWANKE
La politique trangre peut sentendre comme la politique qui permet de
donner du crdit limage dun Etat.
MASTER I
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Armand Lvy, 1982-1984. Dfenseur de
la thorie classique des RI.
Darios Batistella, Thorie des relations internationales, Paris, Presse de la fondation nationale
des sciences politiques, Dalloz, 2003. Ouvrage rfrence en matire de thories des RI.
Pahgat Korany et al. , Analyse des Relations Internationales, approche, concepts et donnes,
Montral, Gatan Morin, 1987.
Stphane Paquin et Dany Deschnes (s/d), Introduction aux relations internationales : thories,
pratiques et enjeux, Montral, Chanelire et ducation, 2009.
Hans Morgenthau, Politics among nations, the struggle for power and peace, New-York,
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Alain Plantay, La politique entre les Etats, principe de diplomatie, Paris, bdone, 1987.
(SFDI), les collectivits territoriales non-tatique dans le systme juridique international, Paris,
Bdone, 2002.
Victor Louis-Jean et donny Marianne, les relations extrieures, Universit de Bruxelles, 2005.
BIBIOGRAPHIE SPECIALISEE
Paul Biya, Pour le libralisme communautaire, Paris, Pierre Marcel Favre-ABC, 1987.
Dam Djoya Adamou, le Cameroun dans les relations internationales, Paris, LDGJ, 1976.
ARTICLES SCIENTIFIQUES
Arangio Ruiz le domaine rserv. Lorganisation internationale, le rapport entre droit international et
droit interne , RCADI,1990,4ime partie, vol 125 pp 4-484.
PLAN DU COURS
Le cours sera articul en deux parties.
Chapitre prliminaire : quest-ce que la politique trangre ?
effet autour de lui que se structure tout le systme international. La Politique Etrangre en tant que
politique publique est donc au centre de toute rflexion sur les relations internationales.
Dautre part, le postulat classique dinspiration hobbesienne selon lequel il existerait une
diffrence de nature entre les affaires du dehors et les affaires du dedans nest plus dactualit
sil le fut jamais. Dans un monde de plus en plus inter indpendant, la politique intrieure des
Etats nest pas mise en uvre dans un nant de contraintes extrieures. De mme, les choix de
politique trangre sont bien souvent tributaires de contraintes intrieures. Il existe ainsi un
lien entre politique intrieure et politique extrieure, lune et lautre en interaction
permanente ; ne pouvant tre mene ltat de la pesanteur, dans un systme international dont
la nature et les caractristiques ont connu de profondes mutations depuis le 18ime sicle.
Ceci dit, comme la soulign Alain Plantay dans la socit internationale, tout Etat compte si
faible soit il, si non comme acteur du moins comme enjeu . Tous les Etats, grands ou petits, ont en
raison de leur originalit historique, culturelle, conomique ou gographique, de leurs forces, de leurs
richesses ou de leur capacit sengager, une politique trangre spcifique qui par rapport aux autres
politiques publiques, joue un rle bien des gards primordial.
La politique trangre apparat en effet comme linstrument privilgi par lequel les
Etats sinsrent dans le jeu international, cherchent y maintenir ou mieux y accrotre leur
capacit dinfluence. Il a t affirm cet gard que
La politique trangre est la matire premire par excellence des relations
internationales ; tant donn lobjet de celle-ci (les interactions se droulant en dehors de lespace
contrl par un seul Etat) qui incluent par dfinition, les actions et dcisions des Etats en vers les
autres acteurs tatiques et non tatiques de la scne internationale .
Et de fait, comme lont relev diffrents auteurs, notamment Braillard et Mohamed Djalili
dans les relations internationales,
Une caractristique fondamentale de la politique trangre qui la distingue des autres
politiques publiques est davoir pour champ daction, un espace qui chappe en grande partie son
contrle. Si les domaines o sexercent les autres politiques publiques sinscrit dans le cadre de la
souverainet territoriale, marque par un ordre juridique bien dfinie, le champ des Relations
Internationales est celui dun milieu en partie anarchique ; caractris par des centres de pouvoir
multiples et confidentiels et donc, par laffrontement de diverses souverainets quaucune puissance
na jamais pu entirement contrle .
Par ailleurs, au sein des politiques publiques, la politique trangre prend aujourdhui une
place minente en raison des mutations profondes du systme international (quil sagisse du
dveloppement des systmes darmement de destruction massive, du phnomne de la mondialisation
ou de lapparition des problmes globaux touchant lensemble de la plante comme la destruction de
lenvironnement, lpuisement des ressources ou lexplosion dmographique) qui obligent les Etats
se proccuper non plus seulement de leur voisinage immdiat, mais des vnements qui se droulent
aux diffrents points de la plante.
De mme, en raison des changements survenus dans les systmes de valeur, de laspiration
des socits au bien tre conomique, social et culturel, lEtat a t emmen prendre progressivement
en charge y compris dans le cadre de sa politique trangre, les secteurs dactivit lis la satisfaction
de ses besoins. En prenant ainsi dsormais en compte les secteurs dactivit qui nagure lui taient peu
familiers, le champ de la politique trangre sest progressivement largi. Mais, si la matire mobilise
de nombreux auteurs qui se partagent les coles, force est de reconnaitre au-del de la concurrence des
paradigmes sur la dfinition de la politique trangre, que celle-ci est tributaire des contraintes et
dterminants qui transgressent les clivages politiques et doctrinaux. Comme la soulign Regis
Debray cet gard, les forces du changement ne font pas beaucoup changer lesprit ni les mthodes
dune politique trangre pour nombre de raisons dont la premire est quun pays ne change pas de
position sur la carte, ni langue, ni de sous sol ni de commerce extrieur en changeant de qualifications
gouvernementales .
NB : la politique trangre est donc faite de ruptures et de continuits.
SECTION I LA POLITIQUE ETRANGERE : UNE REALITE COMPLEXE
La PEC ne peut tre entire apprhende travers un paradigme unique des RI. Elle emprunte
en effet toutes les grandes coles des RI et participe de fait sur le plan doctrinal du paradigme de la
complexit. Ainsi, malgr un fond fortement inspir du ralisme classique, elle puise dans le
libralisme dans la mesure o dpassant lapproche des RI fonde sur langle de la lutte entre les
Etats dans un systme international anarchique. Elle envisage les relations intertatiques sous le prisme
de la coopration avec les institutions internationales jouant un rle minent dans la stabilisation du
systme international.
Mais dans certains de ses aspects, la PEC emprunte au constructivisme en ce quelle apprhende
les RI sur la base des rapports sociaux construits entre les acteurs du SI et de lidentit de chacun de
ses acteurs.
La PEC sinspire galement de lcole marxiste au moins dans la lecture des dsquilibres
internationaux.
aronien, occupent une place prminente. Le paradigme raliste dvelopp pendant la guerre froide
na pas perdu de son intrt avec la fin de la bipolarit et lavnement de la mondialisation impliquant
la prise en compte de lconomie, du commerce ou de lhumanitaire dans lanalyse de la politique
trangre des Etats.
Toutes ces tendances attentatoires lide de souverainet favorisent lmancipation de lindividu sur
la scne internationale. A une diplomatie dEtat, soppose des agencements des rseaux internationaux
dans lesquels laction individuelle supplante bien souvent lordre institutionnel. Cest le cas par
exemple des rseaux dentreprises disperss de par le monde, des rseaux de prdicateurs, de solidarit
marchande, religieuse ou ethnique qui font des relations internationales de plus en plus une
composition des relations individuelles. LEtat de toute vidence na plus le monople de la
socialisation internationale.
B - Les contraintes exognes
La complexit sus dcrite du fond domestique saccompagne dun renouveau de processus
dintgration rgionale qui impose aux Etats membres de revisiter leur politique trangre pour
ladapter aux exigences de la communaut. La prolifration des expriences dintgration rgionale
entrane ainsi au moins trois consquences majeures en matire de politique trangre. Il y a tout
dabord, pour les expriences dintgration rgionale les plus avances linstar de lEurope, de
lUnion Europenne et de lUnion Africaine, rgionalisation des processus dcisionnels. Ainsi, en
Europe comme en Afrique, de nouveaux acteurs rgionaux apparaissent dans les ministres des affaires
trangres avec des cultures bureaucratiques spcifiques et sappuyant sur des rfrentiels
supranationaux plutt que nationaux. Cest le cas de la commission europenne qui est prside par
Romano Prody et de la commission africaine.
Ensuite, la possibilit apparat de construire une rgionalisation des moyens mettre la disposition
des politiques trangres. Ainsi, la prsence de lUnion Europenne dans les Balkans fut finance par
la communaut et non par un seul pays. Tout comme celle de lUnion Africaine au Darfour. En matire
de dfense, certains pays en Europe envisagent la mise en commun des moyens. Aprs la
rgionalisation des dcisions, il y a donc un second niveau, la rgionalisation des moyens.
Enfin, on assiste une rgionalisation des discours. Il devient ainsi maladroit de tenir des spcificits
nationales devenues polmiques. Lintrt du milieu lemporte sur lintrt de possession. Comme le
disait Voltaire dans son dictionnaire philosophique, souhaiter la grandeur de sa patrie cest
souhaiter du mal ses voisins .
NB : les Etats de la communaut doivent parler le mme langage au dtriment des spcificits ou
particularits nationales. Le cas de la Chine est un exemple particulier notamment sa prosprit base
sur son repli identitaire.
Lissement du processus dcisionnel, lissement des moyens de la politique trangre, lissement du
discours, voil la triple volution impose par la diffusion des expriences rgionales. Elle nest pas
indiffrente la globalisation cest--dire :
--lmergence en tte de proccupation des dcideurs nationaux en matire de politique trangre, les
aspects conomiques et commerciaux nagure jugs loin de la grande politique. Ainsi, la politique
trangre classique emprunte de logiques de souverainet, dune vision du monde qui se veut globale
des intrts gopolitiques dfinis long terme, se superpose en termes de profit pour les acteurs privs,
une vision du monde en termes de march et dintrts conomiques.
--Lautre consquence cest que limmdiatet devient le critre dapprciation des rsultats dune
politique trangre et non plus le long terme. Ainsi, les ambassades se doublent de missions
conomiques, les chefs dEtats ne se dplacent plus sans une quipe dhommes daffaires.
--Enfin, la politique trangre a tendance se dfinir dans les enceintes multilatrales linstar du G7,
de lOMC, des institutions de Brettonwoods etc. Les confrences globales qui rassemblent les Etats sur
les enjeux plantaires (Rio de Janeiro, Seattle, Kyoto, Beijing) sont non seulement des hauts lieux
dinflexion des politiques trangres mais aussi des lieux daffrontement entre blocs rgionaux. Ces
grandes confrences mondiales sont devenues les domaines privilgis de la diplomatie non
gouvernementale. Les contraintes endognes ou exognes relvent que la politique trangre est un
agissement plus ou moins voulu face lvolution internationale. La politique trangre est le produit
des compromis entre le souhaitable et le possible, le prvisible et limprvisible, le compris et
lincompris. La politique trangre cest moins ses noncs et ses buts que les conditions concrtes
dans lesquelles elle est mise en uvre.
Section II Les dterminants de la politique trangre des Etats
Tous les Etats crit Montesquieu, ont un objet qui est de se maintenir et chacun pourtant, en a un qui
lui est particulier : lagrandissement tait lobjet de Rome, la guerre celui de Lacdmone, le
commerce celui de Marseille . (Dans lesprit des lois). Lobjet dont il sagit ici tant la situation du
pays et du contexte. Et de fait, une politique trangre ne se dcrte pas ex nihilo. Ses lignes de force
sont largement tributaires de dterminants structurels ou conjoncturels qui permettent den comprendre
les continuits.
Par. 1 Les dterminants structurels
Trs schmatiquement, ils peuvent tre articuls autour de deux grandes composantes : la gographie
et la culture.
A La gographie
Elle renvoie tout dabord ce que daucun ont appel le dterminisme de lespace. Sans trop sattarder
sur les controverses doctrinales qui entourent cette notion, force est de reconnatre avec Marcel Merle,
que loccupation de lespace, les dimensions du territoire, la configuration, la position gographique du
pays imposent aux Etats, des suggestions ou leur offrent des chances ingales. Telle territoire pourra
nourrir aisment sa population, telle autre regorgera des ressources minires, tel autre encore assurera
un accs facile aux richesses maritimes alors que dautres ne pourront assurer leur survie au prix
daction obstrue et onreuse sur la nature. Les lois du climat, les caprices du relief, les hasards de la
gologie ou des frontires territoriales sont des contraintes lmentaires qui historiquement ont
toujours eu une influence notoire sur le choix des politiques trangres des Etats.
Lespace demeure encore largement le support de la richesse. Pour les thoriciens de la gopolitique, il
est le facteur prminent de la puissance. Ils insistent sur ltendu du territoire, sa configuration et sa
situation. La superficie du territoire est prsente comme un gage de puissance. Mais, cet avantage se
trouve un inconvnient majeur. Les troupes de Hitler ont par exemple chou en Russie en raison
de ltendu du territoire. Ltendu du territoire allonge les frontires protger. Et comme la montr
le professeur Kontchou, ltendu du territoire est un facteur ferme de la diplomatie africaine. Selon cet
auteur, la signification de cette neutralit, facteur de ltendu gographique sur limportance
diplomatique des pays africains procde de ce que les facteurs les plus essentiels en influant les pays
demeurent le volume dmographique, la masse des richesses nationales actuelles ou potentielles.
Limportance de ltendu du territoire nentre en jeu que comme contenant de ces deux donnes dont
elles limitent ou favorisent le niveau optimal ncessaire linfluence dcisive dans un champ
diplomatique donn. Quant la configuration du territoire, elle nest videmment prise en compte dans
les calculs stratgiques. Les lments les plus importants pour apprcier le rapport entre lespace et la
puissance restent sans doute la situation du territoire. Les pays enclavs au milieu des continents sont
plus vulnrables que ceux qui disposent dune ou de plusieurs faades maritimes.
Mais, toutefois, superficie, configuration et situation du territoire ne sont que des lments de
puissance parmi lesquels il faut compter aussi les ressources humaines ou les ressources naturelles. De
fait, la gographie renvoie en tant que dterminant, la problmatique de la disponibilit ou non des
ressources naturelles sur le territoire. Elle dtermine en effet dans une certaine mesure, le degr de
dpendance des Etats vis--vis de lextrieur. Lexistence des ressources naturelles constitue un
lment essentiel la puissance dun Etat mis au service de sa politique trangre. Pour autant que cet
Etat dispose des moyens technologiques, conomiques, humains pour lui permettre dexploiter
avantageusement ces ressources.
Enfin, la gographie renvoie la situation dmographique. En effet, leffectif de la population
influence la politique trangre en imposant certaines limites la puissance de lEtat ; soit en
constituant un facteur de pression. Mais dune manire gnrale, lexprience historique de la pratique
rvle que limmensit ou linsularit du territoire, labondance des matires premires ou mme le
poids dmographique nont pas de valeur en soi. La valeur nest indissociable des conditions
dexploitation de ces ressources et de leur intgration dans une forme cohrente. Il ne reste pas moins
que la gographie commande la politique extrieure mme si la relation nest pas aussi simple que le
disent les thoriciens de la gopolitique. En effet, la position gographique dun pays sur la carte
dtermine ses frontires cest--dire aussi ses voisins. La frontire est le premier cercle de la relation
avec lextrieur en matire dchanges ou de contrle migratoire.
B La culture
Lanalyse des rapports de puissance et dchanges clef de lquilibre international ne peut elle seule
expliquer laction du diplomate. Pour quune puissance ne se borne tre simplement physique, aucun
intrt nest seulement matriel. La combinaison des forces et des vulnrabilits qui dtermine la
position de chaque Etat comporte une composante culturelle. Le terme culture dsigne ici deux notions
diffrentes.
Dune part, il sagit dun donn profond du corps social. Dautre part, lacquis de connaissance et
dexprience n de leffort de chaque individu. La culture est donc la fois contrainte inconsciente et
lment dinnovation. Cest particulirement dans la premire acception quelle exerce une grande
influence sur la diplomatie. En ce sens, elle est lexpression dun ensemble de valeurs collectives
souvent nationales cest--dire des jugements portant sur des manires dtre ou dagir reconnus
comme rles lgitimes ou obligatoires par un peuple. Et comme il ny a pas de peuple sans histoire, le
fait culturel englobe et explique le fait tatique. Alors quentre les Etats, la puissance et lintrt sont
toujours relatifs, lidentit profonde dun peuple comporte des constantes qui varient trs lentement ;
mme si leur expression est influence par les circonstances.
Cest en elle que rside la ralit principale et durable dune nation ; dans la mesure o celle-ci traduit
la commune aspiration des citoyens la dignit, la scurit, la solidarit et exprime la rfrence aux
obligations et thique respectifs ou religieuses qui font loriginalit de civilisation. Dans son ouvrage
intitul le choc de civilisations , Samuel Huntington rappelle que dans le monde daprs guerre
froide caractris essentiellement par ce que lon a appel la fin des idologies, les relations
internationales se structurent autour des clivages culturels et civilisationnels. Des espaces culturels il
convient de le souligner, ne sont pas tous lis aux frontires politiques. Ils sont souvent transnationaux
parfois infranationaux. Et ds lors, les fractures culturelles du monde nobissent pas la gographie
culturelle du monde. Les communauts musulmanes, chrtiennes boudhistes sont en effet disperses.
Quoi quil en soit, dans le jeu diplomatique, on ne saurait dissocier un Etat de la civilisation laquelle
il appartient depuis et quil exprime. Lidentit historique saffirme dans la comptition, se dveloppe
dans le relationnel. Laffaiblissement dun peuple ne rsulte pas toujours du dclin de sa puissance
matrielle, militaire ou conomique. Il peut procder de la perte de ses motivations profondes, de son
courage, de son harmonie sociale ainsi que la montre laventure vietnamienne des Etats-Unis.
Lauthenticit et la rigueur de la culture nationale renforcent considrablement le pouvoir de captation
dun gouvernement en lui fournissant une motivation thique et une expression originale. Elles
peuvent mme faire triompher le plus faible lorsquil est anim dune volont de refus fonde sur des
valeurs solides. Et lon a rcemment vu avec la force de rsistance du mouvement libanais Esbola.
De toute vidence, les facteurs culturels occupent une place prminente dans lorganisation de la
socit internationale. Depuis la fin de la guerre froide, la politique globale dpend de plus en plus des
facteurs culturels. Et de fait, les distinctions majeures entre les peuples ne sont plus idologiques,
politiques ou conomiques. Elles sont dordre culturel.
Par. 2 Les dterminants conjoncturels
Ce sont les dterminants qui nont pas de continuit historique grave linstar de la culture ou de la
civilisation mais qui dans un segment de temps plus ou moins long conditionnent les choix de politique
trangre. Cest notamment le cas de la guerre froide qui a donn naissance un ordre international
bipolaire marqu par la domination de deux super puissances dont la confrontation plantaire est
devenue la principale grille de lecture, voire de validation de la politique trangre. Et de fait, les
situations politiques en Europe, en Afrique ou ailleurs dans le monde ntaient apprhendes que sous
le prisme de cette rivalit et ne valaient que par elle bien souvent au dtriment des dynamiques locales.
La fin de la guerre froide a ainsi constitu une vritable rupture au moins deux niveaux.
Rupture tout dabord avec une lecture binaire du monde qui a prvalu jusquautour des annes
1998. La ralit sest en effet rvle plus complexe puisque les conflits que lon imputait
originellement la rivalit Est- Ouest ont disparu. La fin de la guerre froide a donc sanctionn
lclatement des cadres de rfrence travers lesquels taient saisie la ralit internationale imposant
ainsi aux diffrents acteurs, lobligation de repenser le monde.
Rupture ensuite avec une certaine tendance minimiser le rle des autres acteurs des relations
internationales qui ntaient perus que comme les instruments potentiels ou rels de ladversaire.
Ainsi, les mouvements arms, les mouvements de libration nationale, les mouvements religieux,
cologistes voire les associations humanitaires ntaient perus par les politiques trangres que
comme des agents au service de ladversaire dans le cadre de la confrontation Est-Ouest. Et non pas
comme des acteurs autonomes de la politique internationale.
Il reste que la politique trangre des Etats peut tre largement conditionne par lidologie du pouvoir
en place ou sa vision du monde. Elle peut galement ltre par la personnalit des dirigeants ou des
institutions politiques et conomiques du pays. Sur ce dernier point, il y a lieu de souligner linfluence
des types de rgimes et de la distribution du pouvoir entre les diffrentes structures administratives sur
llaboration de la politique trangre des Etats.
En guise de conclusion
En tant quinstrument par lequel les Etats organisent la gestion de leurs interactions ou de leurs
rapports avec les autres acteurs internationaux, la politique trangre a rcemment connu de profonds
bouleversements qui se traduisent notamment par la complexification des enjeux, lirruption de
nouveaux acteurs sur la scne internationale, lapparition de paramtres nouveaux qui commandent la
modification de perspectives voire la rforme des organigrammes. Confrontes cette ralit,
exacerbe par la fin de lordre bipolaire et lavnement de la mondialisation, les politiques trangres
des Etats dont celles du Cameroun sadaptent lenvironnement international dans une dialectique de
rupture et de continuit.
cooprer avec tous les Etats dsireux de participer cette entreprise nationale dans le respect de sa
souverainet et de lindpendance de lEtat camerounais .
A lvidence, ces principes participent tous de la lgitimation des choix et conduites de politique
trangre autant quils leur confrent leur lgitimit. Lgitimation des choix et conduites de politiques
trangres tout dabord, ensuite, ils doivent tre compatibles avec la norme largement accepte dans
les interactions entre les acteurs tatiques du systme international. Ainsi, les intrts nationaux bien
compris du Cameroun qui sous-tendent les choix et conduite de politiques trangres des dcideurs
camerounais, doivent tre lgitimes ou du moins perues comme telles par les autres membres de la
communaut internationale. La crdibilit internationale est ce prix.
Lgitimit des dcisions de politiques trangres ensuite en ce quelles possdent des principes
consacrs internationalement. Ces principes fondateurs sont dordre juridique, politico idologiques et
conomiques.
Section I Les fondements juridiques
Ils refltent la pleine adhsion du Cameroun aux principes noncs par la charte des nations unies et au
droit international rgional africain.
Par. 1 La pleine adhsion du Cameroun aux principes noncs par la charte des
nations unies.
Pupille des nations unies, le Cameroun a trs tt fait le choix de promouvoir les principes et idaux de
lorganisation universelle dans le cadre de sa politique trangre. Cest particulirement le cas de la
non- intervention dans les affaires relevant essentiellement de la comptence nationale de lEtat et du
rglement pacifique des diffrends.
A La non-intervention dans les affaires relevant de la comptence nationale des Etats
Lattachement viscral du Cameroun ce principe consacr larticle 2 par. 7 de la charte des nations
unies procde sans doute de lhistoire, celle dun Etat nouveau qui y trouve la garantie de sa propre
indpendance. Ainsi que la crit le prsident Paul Biya cet gard, le renforcement de
lindpendance des peuples apparat en effet comme la condition primordiale de la paix et du progrs
dans le monde aujourdhui : la politique trangre du Cameroun en raffirme les exigences
essentielles en toutes circonstances, autant par sa doctrine que par son action. Nous insistons plus
particulirement sur le respect de la souverainet des Etats, sur la protection par la socit
internationale toute entire et lexclusivit de lautonomie et de la plnitude de leur autonomie sur les
socits qui nous gouvernent. Autant que sur la prservation de leur inviolabilit extrieure. Une telle
action doit conduire notamment au respect scrupuleux des principes de lgalit des Etats, de la non
ingrence dans les affaires extrieures, de leur libert de pourvoir leur dfense selon les moyens
appropris . l (pour le libralisme communautaire, Paris, Pierre Marcel Favre, 1986, P. 20)
Par ailleurs, le Cameroun est partie nombre dinstruments juridiques internationaux, bilatraux ou
multilatraux qui consacrent expressment le principe de non ingrence ou de non intervention dans
les affaires intrieures des Etats. Pour la diplomatie camerounaise, le respect de ces principes constitue
avec le rglement pacifique des diffrends, la pierre angulaire de la paix et de la scurit internationale.
B Le rglement pacifique des diffrends internationaux
Linterdiction de lemploie de la force dans les relations internationales constitue de nos jours une
norme imprative du droit international tout comme son corollaire, lobligation de rsoudre les
diffrends internationaux par les moyens pacifiques. Elle est affirme par les articles 2 par. 3 et 33 de
la charte des nations unies et avec plus de force encore, par la dclaration relative aux principes du
droit international touchant les relations amicales et la coopration entre les Etats. La ferme adhsion
de Yaound ce principe cardinal des relations internationales sest systmatiquement traduite sur le
terrain diplomatique par la condamnation du recours la force dans les diffrends entre les Etats Ainsi,
linvasion du Kuweit par lIrak de Saddam Hussein a t dnonce par la diplomatie camerounaise. Il
sagit en effet dune jurisprudence constance de cette diplomatie en la matire. En effet, le Cameroun
na jamais soutenu en Afrique, au moyen orient comme dans le monde, le recours la force comme
mode de rsolution des conflits. Pas plus quil na eu faire usage de la force contre lintgrit
territoriale dun autre pays.
Au demeurant, le Cameroun na jamais t mis en cause par quelque pays que ce soit dentretenir de la
subversion ou dapporter une assistance militaire, logistique ou autre des forces rebelles opposes au
gouvernement lgal dun autre pays. Cette diplomatie de la paix se reflte concrtement dans la
fonction essentiellement tribunicienne assigne aux agents diplomatiques du Cameroun qui, dans les
diffrentes instances internationales nont de cesse de rappeler face aux convulsions et turbulences du
systme international que la force du droit doit prvaloir sur le droit de la force. Cette diplomatie de la
paix se manifeste aussi travers les diverses clauses contentieuses contenues dans les diffrents
accords et traits auxquels le Cameroun fait partie. Comme le fait observer juste titre, le professeur
Mouelle Kombi cet gard, toutes sans exception prconisent la recherche de solutions adquates
par la voie pacifique en cas de diffrends ns de linterprtation ou de lexcution dun instrument
conventionnel . Daucun ont qualifi cette dmarche volontariste de pacifiste. Il nous semble quil
conviendrait de nuancer quelque peu cette perception des choses.
En effet, historiquement, la doctrine pacifiste et antimilitariste, nadmet aucune forme de guerre mme
dfensive et prne la non rsistance y compris en cas de lgitime dfense. La paix apparat ici comme
une qute abstraite et inconditionne. Telle nest pas la position du Cameroun. Ainsi que la amplement
montr la gestion de la crise de Bakassi. En effet, face lagression nigriane en 1993, les forces
armes camerounaises ont intervenu pour dfendre lintgrit du territoire national. Elles ont ainsi pu
arrter la progression des forces ennemies et stabiliser le front. Paralllement, le gouvernement optait
rsolument pour une rsolution pacifique de cette crise en articulant sa dmarche autour de deux axes
complmentaires : diplomatie et juridictionnel.
Sur le plan diplomatique, les diffrentes instances rgionales de prvention et de rglement des conflits
notamment le mcanisme de lOUA pour la prvention, la gestion et le rglement des conflits a t
sollicit de mme que la mdiation de certains chefs dEtats parmi lesquels les prsidents Eyadema qui
a initi les rencontres de Kara entre le Nigeria et le Cameroun (au Congo, Kara 1 et 2). Le conseil de
scurit des nations unies a t galement saisi de cette agression. Laction diplomatique conjugue des
diffrents acteurs internationaux a permis indubitablement de stabiliser la crise. Paralllement, le
Cameroun a dfr laffaire devant la CIJ de la Haye ; qui dans un arrt du 10 octobre 2002, a reconnu
la camerounit de Bakassi. Mais, lapplication de larrt sest vite rvle mal aise face aux rticences
du Nigeria. Les autorits camerounaises se sont alors retrouves dans un dilemme : saisir le conseil de
scurit aux fins de lapplication de larrt en vertu de larticle 94 de la charte avec le risque de voir le
dossier senliser dfinitivement dans les marcages de la politique internationale et le jeu des intrts
ou poursuivre la recherche dun rglement ngoci sous les auspices du secrtaire gnral des nations
unies. Cest finalement pour cette deuxime option que se portera le choix du prsident de la
rpublique. Aprs bien de pripties, elle aboutira le 12 juin 2006, la signature de laccord de Greenthree entre le prsident Olesegun Obasandjo et Paul Biya sous les auspices de Koffi Annan alors
secrtaire des nations unies et en prsence de quatre Etats tmoins savoir les USA (hte du sommet),
la France, lAllemagne et le Royaume Uni. Comme le souligne fort propos le communiqu conjoint
publi cette occasion, cet accord marque une nouvelle tape dans laccomplissement par les deux
chefs dEtats de leurs obligations internationales et offre un exemple historique des relations de bon
voisinage destines durer .
Laccord de Greentree met dfinitivement un terme au diffrend frontalier entre le Cameroun et le
Nigeria. Cest un texte comprenant 8 articles auquel sajoutent deux annexes dont une carte qui donne
des prcisions sur la dlimitation de la zone concerne. Ds son article premier, il prcise que le
Cameroun et le Nigeria reconnaissent la frontire terrestre et maritime entre les deux pays ; tel que
dlimit par larrt de la CIJ et sengagent poursuivre le processus de mise en uvre dj entam.
Larticle 2 prcise que le Nigria sengage retirer lensemble de ses forces armes de la presqule de
Bakassi dans les 60 jours compter de la date de signature de laccord. Ce dlai est-il soulign peut
tre prorog par le secrtaire gnral des nations unies pour une priode totale ne pouvant excder 30
jours. Le 14 aot 2006, en application de cette disposition, le Nigria a bien transfr au Cameroun
lautorit sur la presqule de Bakassi. Le professeur Maurice Kamto, chef de la dlgation
camerounaise et Chief Bayo Ojo ont appos respectivement pour le Cameroun et pour le Nigria, leur
signature au bas du document y relatif, en prsence des reprsentants des Etats tmoins. Larticle 3 de
laccord de Greentree prescrit des obligations qui incombent la partie camerounaise en ce qui
concerne le traitement des populations nigrianes rsidant Bakassi. Larticle 4 rappelle toutes fins
utiles quaucune disposition de laccord ne peut tre interprter comme impliquant une renonciation du
Cameroun sa souverainet sur une parcelle quelconque de son territoire. De mme, larticle 7
souligne que cet accord ne peut tre entendu comme une interprtation ou une modification de larrt
de la cour internationale de justice du 10 octobre 2002 dont il nest quune simple modalit
dapplication.
NB : lopportunit, ltendu et le contenu des accords de dfense entre des pays du Nord comme la
France et ceux du Sud comme le Cameroun.
Lannexe 1 de laccord de Greentree fixe les modalits du rgime spcial transitoire devant prvaloir
jusquau transfert dfinitif de lautorit sur Bakassi. En son article 2A, cet annexe prcise que le
Cameroun autorisera le Nigria maintenir son administration civile et une force de police ncessaire
au maintien de lordre dans la zone pendant une priode non renouvelable de deux ans, compter de la
fin du retrait des forces nigrianes. A lissu de cette priode, le Nigria retirera son administration et sa
force de police et le Cameroun reprendra ladministration de la zone. Larticle 3 de lannexe prescrit au
Nigria un certain nombre dobligations pendant la priode de deux ans qui lui est impartie ;
notamment :
--dempcher tout transfert ou afflue massif de ses ressortissants dans la zone,
--dentreprendre dans la zone, aucune activit qui compliquerait ou entraverait le transfert dautorit au
Cameroun ;
--ne pas entreprendre ou poursuivre lexploitation des ressources naturelles de la zone ni aucune
activit portant atteinte lenvironnement ;
--ne positionner aucune force arme dans la zone.
Lannexe 1 fixe galement les obligations qui incombent au Cameroun par rapport aux populations
nigrianes vivant dans la zone ainsi quaux autorits civiles et forces de police nigrianes. Larticle 5
de lannexe 1 prcise qu la fin du rgime spcial transitoire, le Cameroun exercera en toute plnitude
ses droits de souverainet sur la zone. Laccord de Greentree apparat ainsi in fine comme une vritable
rvolution dans la rsolution pacifique des diffrends internationaux.
Par. 2 La pleine adhsion du Cameroun au droit international rgional africain
Le droit international rgional africain est ce droit qui labor hier au sein de lOUA et aujourdhui au
sein de lUnion Africaine ou des organisations sous rgionales, a pour objectif la rgulation des
rapports interafricains et des relations de lAfrique avec le reste du monde. Dans lensemble, les
principes noncs procdent du droit international gnral. Mais, certaines rgles dictes constituent
en raison de leur originalit, une vritable contribution enrichissante de lAfrique au droit international
gnral. Cest le cas notamment du respect des frontires hrites de la colonisation ou de la lutte
contre le colonialisme et la discrimination raciale.
A Le respect des frontires hrites de la colonisation/dcolonisation
La fbrilit des quilibres politiques en Afrique nest pas indiffrente lorigine historique des Etats
africains. Crs la dimension des zones doccupation coloniale dtermines la confrence de Berlin
de 1885, les Etats africains souffrent aujourdhui encore de larbitraire voire de lincertitude de leurs
frontires. La plupart des conflits internationaux africains trouvent en effet leur origine dans une
contestation territoriale. Le Cameroun dont une parcelle du territoire situe dans le septentrion fut
attribu au Nigria lissu dun plbiscite organis par les nations unies, na pas spontanment accept
la perte de ce territoire. Le prambule de la constitution du 21 fvrier 1960 rappelait en effet la volont
du peuple camerounais de tout mettre en uvre pour rpondre aux aspirations des camerounais
habitant les territoires spares de la mre patrie afin de leur permettre de rentrer dans la communaut
nationale et de vivre fraternellement dans le Cameroun runi . Labandon ultrieur de ce projet
irrdentiste dans ses lois fondamentales subsquentes a t peru par les voisins du Cameroun
notamment par le Nigeria comme une acceptation du statu quo territorial cristallis dans une dcision
de la cour internationale de justice, dfavorable au Cameroun qui lavait saisie de ces revendications.
Membre fondateur de lOUA dont la charte adopte le 25 mai 1963 Addis-Abeba proclame en son
prambule (paragraphe 7) puis en son article 2 alina C et en son article 3 par. 3 le principe du respect
de lintgrit territoriale des Etats africains. Le Cameroun ne pouvait pas se djuger et na pas cru
devoir le faire. Au demeurant, ce principe a t confort ds la confrence des chefs dEtats et des
gouvernements de lOUA du 21 juillet 1964 auquel par la conscration dun uti possidetis juris
dans le droit international rgional africain.
En effet, la rsolution AG H /Res. 16 sur les litiges entre Etats africains au sujet des frontires adopte
en cette circonstance raffirme solennellement le respect par tous les Etats membres, des principes
noncs au paragraphe 3 de larticle 3 de la charte de lOUA et dclare tout aussi solennellement
que tous les Etats membres sengagent respecter les frontires existant au moment o ils ont accd
lindpendance . Il nest pas superftatoire de souligner que seule la Somalie avait alors mis des
rserves en assortissant son agrment de deux conditions :
--dune part, que lapplication du principe soit effectue selon les critres justes et quitables ;
--et dautre part, que lacceptation du principe repose sur un accord mutuel entre les parties
concernes.
Daucun ont vu dans cette rsolution, la proclamation du principe de lintangibilit des frontires
hrites de la dcolonisation, considr comme un pilier du droit rgional africain. Nulle part pourtant,
la rsolution prcite ne fait allusion un tel principe qui serait en rupture flagrante avec lidal de
construction de lunit africaine en fossilisant jamais les frontires hrites de la dcolonisation. Et
de fait, comme la relev fort justement Djena Wembou, il nexiste pas dans le droit de lOUA un
principe dintangibilit des frontires . Le professeur Maurice Kamto ne dit pas autre chose lorsquil
rappelle que ce principe est largement controvers en doctrine tant son contenu parat incertain. On
lui attache une diversit de sens parfois sans rapport rel avec sa signification exacte . En ralit, la
rsolution du Caire ntait quune demande expresse faite aux Etats africains, membres de lOUA
dadmettre le statuquo territorial en rejetant catgoriquement toute revendication ou contestation qui
serait mme fonde sur un titre juridique. Elle navait pas pour ainsi dire, comme but de confrer un
caractre intangible aux frontires ou dexclure toute modification de frontires sur la base daccord
librement ngoci. Quoi quil en soit, la rsolution du 21 juillet 1964 une double porte positive et
ngative. Comme lcrit le professeur Mouelle Kombi cet gard , positivement, elle implique
lacceptation des dcoupages territoriaux tels que dcides par les puissances coloniales avant les
indpendances. Ngativement, elle dlgitime tout rvisionnisme territorial post colonial sur une base
non consensuelle et fait chec toute modification unilatrale des frontires . Cest dans ce sens quil
faut comprendre la rfrence faite par le Cameroun dans sa requte devant la CIJ la violation
continue par le Nigria du principe fondamental du respect des frontires hrites de la colonisation.
Le Cameroun qui partage des frontires communes avec six Etats na jamais remis en cause aucune
des frontires hrites de la colonisation. Les problmes qui ont pu lopposer ses voisins et
notamment au Nigria procdent soit des vises expansionnistes du Nigria, soit de limprcision des
tracs ou de la dmarcation de la frontire avec la RCA notamment dans la partie nord au niveau des
localits de Ngaoui, Gari-gombo pour le Cameroun ou Gamboula pour la RCA ; revendiqus par les
deux pays et qui sont souvent le thtre de turbulence.
B La lutte contre le colonialisme et les discriminations raciales
Cette tche historique que les peuples africains sont disposs ou dtermins accomplir par tous les
moyens selon le prsident Ahidjo figure parmi les objectifs fondamentaux de lOUA tels que consigns
par la charte. Ds le prambule, elle proclame lengagement ferme des chefs dEtats et de
gouvernements combattre le colonialisme sur toutes ses formes. La lutte contre le colonialisme figure
parmi les sept principes directeurs numrs larticle 3 de la charte. Elle a longtemps t avec
lradication de la discrimination raciale, lun des chevaux de bataille de la diplomatie camerounaise.
Cest dailleurs au prsident Amadou Ahidjo que reviendra le privilge de prsenter la 24me cession
de lassemble gnrale des nations unies, le 8 octobre 1969, le manifeste sur lAfrique australe, le
manifeste de Lusaka.
Ce document prconise la voie pacifique pour rsoudre les problmes de lAfrique australe sans
prjudice toutefois de lobligation de recourir la force en cas dchec de linitiative africaine. Comme
le rappelle cet gard le prsident Ahidjo dans son discours comment la violence de loppression
nappellerait-elle pas la violence de la rvolte dans un monde qui senfermerait dans la surdit . Et de
fait, Yaound dont les passeports des nationaux mentionnent dj clairement quil leur est interdit de
voyager dans les pays racistes dAfrique australe milite non seulement en faveur des sanctions
internationales contre ces pays mais galement, pour un soutien accru aux mouvements de libration
nationale qui les combattent.
Ds 1972, le Cameroun est membre du comit de libration de lOUA au sein duquel il apporte une
contribution apprcie la lutte contre la domination coloniale en Afrique. Signataire de la charte
africaine des droits de lhomme et des peuples, le Cameroun accorde une vigilance particulire au
respect des droits des peuples disposer deux-mmes.
De lAngola en Afrique du sud en passant par la Rhodsie et la Namibie, la diplomatie camerounaise
apporte un appui inconditionnel aux mouvements de libration reconnus par lOUA et combattus par
les rgimes coloniaux racistes (mouvement populaire de libration de lAngola MPLA, lANC, la
Swapo ). Yaound condamne ainsi la politique de Bantoustan dans le cadre de la lutte contre
lapartheid en Afrique du sud. Elle adhre aux principaux instruments juridiques internationaux
adopts dans le cadre de lONU et qui condamnent toutes les formes de discriminations raciales en
Afrique australe. Cest le cas notamment de la convention sur llimination de toutes les formes de
discriminations raciales, la convention sur llimination de la rpression du crime dapartheid ou dans
les conventions internationales contre lapartheid dans les sports Cest dans le mme esprit quil signe
la convention de lOUA sur le mercenariat en Afrique.
Dans laffaire du Sahara occidental, le Cameroun tout en reconnaissant le droit lautodtermination
du peuple sahraoui sest oppos ladmission de la rpublique arabe sahraoui dmocratique comme
51ime membre de lOUA en fvrier 1982. Comme 18 autres dlgations en effet, le Cameroun a quitt
les travaux aprs que cette admission eut t accepte par le secrtaire gnral de lOUA, monsieur
Eden Kodjo.
Dans une interview accord au quotidien Cameroun Tribune le 18 janvier 1983, le prsident Paul Biya
a prcis la position du Cameroun : sagissant du problme du Sahara occidental, je rappelle que le
Cameroun a toujours dfendu et continuera dfendre le droit lgitime des peuples notamment les
peuples africains et cest le cas du peuple sahraoui, lautodtermination et lindpendance
conformment aux principes et dispositions pertinentes de la charte de lOUA. A partir du moment o
ce problme avait t confi par la 17ime confrence des chefs dEtats et de gouvernements de lOUA
runis Freetown un comit ad hoc des chefs dEtats africains, sa solution relevait dsormais de la
comptence exclusive de ce comit et de la confrence des chefs dEtats et de gouvernements de
lOUA, instance suprme de lorganisation. Aussi, le Cameroun considre-t-il toujours les
dlibrations du conseil des ministres du mois de fvrier 1982 Addis-Abeba, dlibrations ayant
abouti ladmission controverse de la RAD lOUA comme manifestement illgales, et par
consquent comme nulles et non avenues .
Cette position camerounaise conserve aujourdhui encore toute actualit. Les excellentes relations
traditionnelles entre le Cameroun et le Royaume chrifien ny sont pas trangres.
Le Cameroun comme la plus part des pays africains avaient rompu en solidarit avec lEgypte et
conformment des recommandations de lOUA, ses relations diplomatiques avec lEtat hbreux, la
suite de la guerre du Kippour lissu de laquelle larme isralienne stait empare du Sina
gyptien.
Face au tsunami diplomatique provoqu par cette dcision dans le monde arabe o daucun en
appelaient la rupture des relations diplomatiques avec Yaound, le gouvernement camerounais
articula sa raction autour de deux lignes de dfense. D une part, il extirpa des considrations
objectives pour faire valoir quil ne saurait tre plus royaliste que le roi aprs la normalisation des
relations diplomatiques entre lEgypte et lEtat hbreux. Le Cameroun na pas cru devoir maintenir la
rupture des relations diplomatiques avec Isral alors que lEgypte venait de les normaliser. Dautre
part, le gouvernement invoqua un argument politique inattaquable : la souverainet du Cameroun dans
la prise de ses dcisions en matire de politique trangre. Dans lensemble, la politique
dindpendance du Cameroun est dun pragmatisme qui sest accommode selon les enjeux et les
contraintes et qui sait jusquo ne pas aller trop loin dans la revendication dautonomie et de libert.
Par. 2 Lunit africaine
Le renforcement de lUnit Africaine crit Paul Biya dans son ouvrage pour le libralisme
communautaire demeure une proccupation essentielle de notre politique extrieure et constitue
notre premier maillon dans le schma dalliance stratgique constituer, avec tous les pays du tiersmonde . Il sagit tout dabord, de dterminer en fonction dun critre gographique cest--dire de
lappartenance au continent africain, ce premier cercle de solidarit lintrieur de la nbuleuse quest
le tiers-monde.
Il sagit ensuite de faire contre poids aux autres regroupements rgionaux. A cet gard, poursuit le
prsident de la rpublique, lheure des grands ensembles, la ralisation de cette unit continentale est
une ncessit vitale. Et lOUA malgr des vicissitudes invitables dues la multiplicit de ses
membres et leurs diffrences dintrts et didologies savrent dune importance capitale en tant
que cadre de concertation et daction commune de tous nos Etats, face aux adversits de la socit
internationale.
Fruit dun compromis laborieux entre tenants de la thse supranationale (groupe de Casablanca) et
partisans des conceptions privilgiant les Etats (groupe de Monrovia), lOUA porte en elle les
stigmates de ses infirmits originelles. Comme le souligne cet gard Eden Kodjo, elle ralise ce
paradoxe monumental dtre une organisation de lunit qui maintient le morcellement dun continent
dont elle est sense assurer le destin unitaire . Aussi, chez Paul Biya comme chez son prdcesseur,
lunit africaine est une ncessit ontologique. Ce projet panafricain, Paul Biya ne le conoit cependant
plus comme une affaire des Etats. Lunit africaine doit se raliser travers les peuples. Or, la charte
de lOUA ne fait rfrence au peuple quen regard leurs droits disposer deux-mmes.
Laccent est galement mis sur la souverainet et lintgrit territoriale. Aussi, sous le prsident
Ahidjo, le renforcement de lunit et de la solidarit africaine renvoie davantage la libration de
lAfrique du joug colonial ou de la discrimination raciale qu la runification du continent ou la
ralisation de lunit des peuples africains.
Par contre, Paul Biya considre quil faut aller au-del et mettre en uvre des dynamiques nouvelles.
Sagissant dune question de survie et de dignit crit-il cet gard, les africains devraient donc ds
prsent, par des analyses objectives et audacieuses, tablir le bilan de la situation et proposer de
nouveaux jalons plus fermes cette dmarche indispensable vers laffirmation de la personnalit
africaine : dans cet ordre dides, lunit africaine ne saurait rsulter de la seule entente entre les Etats,
mais doit davantage devenir laffaire des masses populaires dont les brassages au-del des frontires
mritent dtre encourags par les mouvements de personnes, la complmentarit des intrts et la
libration de leurs initiatives propres, en vue dinventer de nouvelles formes de solidarit ;
de mme, une dmarche plus raliste vers lunit recommande la promotion tous les niveaux o les
conditions semblent runies, de formules dunions conformes aux aspirations de nos peuples respectifs
pour lesquelles lOUA devra apparatre de plus en plus comme le sommet dune pyramide
institutionnelle solidement enracine dans toutes les rgions et sous rgions africaines, incarnant
lexpression la plus effective et la plus dynamique de leurs possibilits daction collective.
Cest dans ce sens que luvre dunification de lAfrique Centrale partir du cadre actuel de lunion
des Etats dAfrique Centrale UDEAC mrite tous les efforts de notre pays. Par ailleurs, la dynamique
de lunit africaine doit continuer sintgrer dans celle de lensemble du tiers-monde en particulier
celle du mouvement des pays non aligns, peuples hier coloniss dAfrique, dAmrique latine et
dAsie, aujourdhui en lutte pour une vritable libration politique, conomique et culturelle. Cette
dimension de notre action trouve dans lorganisation des nations unies, le cadre idal de son expression
en vue de ltablissement dun meilleur quilibre et dun surcrot de dmocratie dans le systme
mondial qui, ds lors quil sera soustrait la seule domination des grandes puissances, donnera aux
pays faibles, plus de confiance en eux-mmes et plus dautorit face leurs partenaires du nord .
(Page 22)
Par. 3 Le non alignement
935 87 15
Lindpendance nationale et notamment la souverainet de la libert de choix en matire de politique
trangre sont la base de la politique camerounaise de non alignement. Celle-ci procde des principes
et orientations dfinis en 1955, la confrence afro-asiatique de Bandoeng et prciss la runion du
mouvement des pays non aligns qui sest tenue au Caire en Egypte en juillet 1961. Dans son discours
loccasion du premier conseil national de lUNC, le 6 novembre 1965, le prsident Ahidjo aprs
avoir rappel que les paramtres constants de la politique extrieure du Cameroun demeurent le non
alignement et la recherche de la paix et de la coopration entre les nations a soulign les contours de
la politique camerounaise de non alignement en ces termes : en aucun moment, nous avons entendu
notre non alignement comme un splendide et agressif isolement ou comme un jeu de balanoire dont
les grandes puissances constitueraient les ples. Les voyages que jeffectue ltranger, les visites que
nous rendent les chefs dEtats amis, les relations de tout ordre (diplomatiques, conomiques et
culturelles) que nous entreprenons avec les Etats de tous les continents et les organisations
internationales expriment bien notre souci douverture au monde. Loin dtre un luxe, les multiples
liens que lhistoire tissent autour du Cameroun permettent notre pays dengager un fructueux
dialogue avec les autres nations, de mieux les connatre et de se faire connatre delles, de bnficier de
leurs expriences dans la lutte universelle pour le progrs et enfin, de marquer son dsire de cooprer
activement avec toutes les nations sans discrimination aucune et sans autre condition que le respect
scrupuleux de notre souverainet. Car, cest bien l la signification profonde de notre non alignement.
Le monde o nous vivons est un et indivisible et aucune nation ne peut se dsintresser des problmes
qui sy posent. Pour nous, le non alignement traduit simplement notre volont de prserver notre
indpendance et notre intgrit territoriale. Mais encore, notre libre dtermination dans les affaires
internationales, notre libert de contribuer apporter aux problmes mondiaux une solution conforme
nos intrts propres et notre personnalit propre, notre conception du monde et du destin de
lhumanit. Ce que nous rejetons fermement cest la domination des intrts, cest lingrence
politique ou idologique dans les affaires intrieures ou extrieures de notre pays .
NB : il y a une volution de notre politique de non alignement de lide de se tenir en marge des ples
de puissances et didologies vers la libert de choisir radicalement son quant.
Dans la pratique, le non alignement de la politique extrieure du Cameroun la conduit se dmarquer
des diffrents clubs francophones (sommets France-Afrique et francophonie) et du Commonwealth,
pour mieux grer les quilibres linguistiques des politiques au plan domestique entre le Cameroun
oriental francophone et le Cameroun occidental anglophone. Bien que le Cameroun entretienne des
relations diplomatiques avec des pays appartenant toutes les rgions du monde, et dobdience
idologique parfois oppose, il conserve avec lancienne mtropole des relations privilgies. Les
accords de coopration avec la France couvrent en effet pratiquement tous les domaines y compris les
domaines de souverainet comme la monnaie et la dfense. Le Cameroun est membre de la zone franc
et signataire dun accord de dfense avec la France. Comme la crit le professeur Mouelle Kombi
cet gard, dans un monde travaill par des contradictions de toutes sortes, le Cameroun ne peut se
targuer dtre un modle pur et dur de non alignement. On ne peut gure faire mystre de ce que ce
pays se situe lgrement mais de manire prfrentielle sur la droite du systme international .
NB : la deuxime approche intervient aprs le deuxime choc ptrolier. On ne va plus en tant que
neutre, nulle part mais partout.
Bien que partageant fondamentalement les grandes lignes de la politique de non alignement dfinies et
mises en uvre par prdcesseur, le prsident Paul Biya la revisit positivement. Le non alignement
ne signifiant ni le rejet de tout partenaire, ni le rejet de toute alliance crit-il, le Cameroun continuera
militer activement au sein du mouvement des pays non aligns. En effet, le vritable non alignement
consiste sauvegarder en permanence la possibilit et la libert de ngocier de nouvelles alliances ou
de dnoncer les anciennes. Cest dans cet esprit que notre pays devra rechercher une coopration
conomique et culturelle sans exclusive mais quitable tout en faisant ce qui est en son pouvoir pour
consolider le front uni du tiers-monde . Sous limpulsion du prsident Paul Biya, le Cameroun a
abandonn la dfiance originelle lgard des clubs francophones ou du Commonwealth pour en
devenir membre part entire. ON remarquera mme au passage que ces dernires annes, nous y
sommes bien plus prsents quaux rencontres interafricaines ; alors mme que paradoxalement lunit
africaine constitue lun des piliers fondateurs de notre politique extrieure.
Section III Les fondements conomiques de la politique trangre du Cameroun
Lamlioration des conditions de vie et du bien-tre des populations, le dveloppement des
infrastructures et du tissu industriel national figurent parmi les proccupations majeures de la politique
trangre du Cameroun. La coopration internationale peut y contribuer utilement. Cest pourquoi le
gouvernement y attache la plus haute importance. Mais tributaire de lvolution gnrale du contexte
international et des dsquilibres internationaux, celle-ci emporte les stigmates incompatibles avec
lexigence de solidarit qui, selon Yaound devraient tre la base des interactions entre les diffrentes
conomiques des Etats. Dune manire gnrale, Yaound adhre au nouveau droit international du
dveloppement qui consacre entre autres, le principe de la dualit de lordre. Ce principe comme lcrit
le professeur Feuer, signifie qu un corps unique de rgles rgissant uniformment tous les rapports
entre Etats se substituent dsormais deux corps parallles, et gaux en dignit : dune part, celui qui
rgit les rapports entre pays dvelopps, dautre part celui qui rgit les rapports entre ceux-ci et les
pays en dveloppement et les rapports entre les pays en voie de dveloppement .
Carbonier, Flexible droit,
Partant de lvidence que lgalit de traitement nest quitable quentre gaux, le principe de la
dualit des normes apparat donc comme lexpression de la volont des Etats doprer des
transformations dans les rgles rgissant les relations internationales pour les adapter la situation
conomique des pays sous dvelopps. La critique de la mondialisation par le prsident Paul Biya
renvoie en quelque sorte cette problmatique de lingalit compensatrice consacre par le principe
de la dualit des normes en vue du rquilibrage des relations commerciales internationales.
La mondialisation fait observer le prsident de la rpublique, suggre des recettes qui reposent sur le
libre jeu des marchs. Sil semble que celui-ci soit en mesure de stimuler la croissance, il reste
prouver quil ne conduira pas la marginalisation des pays en dveloppement. Les termes de
lchange, la fixation des cours des matires premires, la dfinition des rgles du commerce
international restent en effet trs largement sous le contrle des pays du nord. Il est donc lgitime de se
poser la question : la mondialisation ne risque-t-elle pas de crer de nouveaux rapports de dpendance
plus subtils mais non moins contraignants au dtriment des pays du sud.
La communaut internationale et en particulier lAfrique se trouve donc devant un faisceau de
contradictions. Si nos pays ont indniablement bnfici de lessor du commerce mondial, le foss a
pourtant continu de sapprofondir entre eux et le monde industriel. Actuellement, 20% de la
population mondiale dtient 80% des richesses de la plante. Et il ne semble pas qu ce jour les
tenants de la globalisation aient pu dfinir une stratgie en vue de corriger ce dsquilibre qui est la
fois une menace pour les conomies des pays en dveloppement pour leurs dmocraties naissantes et
donc pour la paix
Lapplication des mcanismes imagins pour le rglement du problme de notre dette extrieure devra
tre poursuivie et si possible tendue. Les efforts faits par nos pays pour diversifier leurs productions et
en assurer la transformation sur lace devront tre soutenus. Enfin, laccs de nos produits sur les
marchs internationaux devra tre facilit un certain temps encore ventuellement par drogations aux
rgles du commerce mondial. Le simple jeu de la concurrence ne suffira pas, on le voit, assurer le
progrs conomique et social du tiers-monde et notamment des pays africains . (Extrait du discours
du chef de lEtat prononc le 07 janvier 1999 devant le corps diplomatique)
Par. 2 La mise en uvre dune diplomatie de dveloppement
Cest le complment direct de la contribution du Cameroun la rgulation des relations conomiques
internationales. Sur le terrain en effet, le Cameroun par sa politique de non alignement a opt pour une
diversification des partenaires au dveloppement, sans exclusivit ; tenant notamment des critres
idologiques. Un tissu daccords bilatraux de coopration cristallise cette option. A la diversification
des partenaires, correspond une diversification des champs couverts par les dits accords : commerce,
agriculture, pche, levage, agro-industrie, gnie civil etc. La spcificit de ces accords est quils
sefforcent dans toute la mesure du possible de tenir compte de la situation particulire du Cameroun et
notamment de lingalit des partenaires lorsquils concernent la coopration avec les pays dvelopps.
Dans le cas des accords mettant en prsence des partenaires dgal niveau de dveloppement, cest le
principe du Co-dveloppement qui est promu. En ce qui concerne plus spcifiquement les accords
commerciaux, la tendance gnrale est la concession par le Cameroun du traitement de la nation la plus
favorise ses partenaires.
Paralllement, la diplomatie camerounaise nhsite pas faire entendre sa voie dans les fora
internationaux. Cest ainsi que le prsident de la rpublique assiste personnellement toutes les
grandes confrences internationales ddies la rgulation des relations internationales, organises
notamment sous lgide des Nations Unies et auxquelles participent les pays riches du Nord et
notamment ceux du G7. Cest le cas de la 24 ime cession extraordinaire de lassemble gnrale des
Nations Unies sur le dveloppement social, au cours de laquelle le prsident de la Rpublique a plaid
pour la rduction du foss social entre le nord et le sud. Cest le cas galement du sommet du
millnaire au cours duquel le prsident Paul Biya a invit la communaut des Etats se rallier une
quipe de solidarit au plan international.
En guise de conclusion
Au regard de lensemble de ce qui prcde, il apparat clairement que dans son essence, la diplomatie
camerounaise ne procde pas de limprovisation, mais dune vision gnrale pragmatique des intrts
nationaux bien compris du pays, articuls autour de trois grands ressorts de lgitimation qui lui
confrent galement sa lgitimit la fois au plan intrieur et au plan extrieur.
Au plan intrieur tout dabord, puisque les choix oprs par les dcideurs parce que fondamentalement
en phase avec les attentes et exigences de la communaut internationale apparaissent pertinents et
ncessaires, y compris aux yeux des partis politiques qui constituent lopposition camerounaise.
Au plan extrieur ensuite, elle fait du Cameroun, un acteur prvisible des relations internationales et
donc, un facteur de stabilit du systme international.
est le chef de lexcutif, ou si comme les auteurs classiques saccordent particulirement tous le
reconnatre, la conduite des affaires du dehors est un privilge de lexcutif.
Il est naturel que ce soit celui qui incarne le pouvoir excutif ou plutt qui est le pouvoir excutif, en
soi le premier responsable. Cette lecture est dailleurs conforte par larticle 10 de la constitution aux
termes duquel le prsident de la rpublique nomme le premier ministre et les autres membres du
gouvernement, fixe leurs attributions et met fin leurs fonctions . Mais plus spcialement, le pouvoir
du prsident de la rpublique en matire de politique trangre rsulte des articles 5 et 8 de la loi
prcite. Aux termes de larticle 5, de la constitution en effet, le prsident de la rpublique qui est
galement le chef de lEtat, dfinit la politique de la nation y compris en matire de politique
trangre. Il assure par son arbitrage, le fonctionnement rgulier des pouvoirs publics. Il est le garant
de lindpendance nationale, de lintgrit du territoire, de la permanence et de la continuit de lEtat,
du respect des traits et accords internationaux. Larticle 8 prcise que le prsident de la rpublique
reprsente lEtat dans tous les actes de la vie publique. Il veille la scurit intrieure et extrieure de
la rpublique.
Il accrdite les ambassadeurs et les envoys extraordinaires des puissances trangres sont accrdits
auprs de lui. Le prsident de la rpublique qui est aux termes de larticle 5 de la constitution llu de
la nation toute entire dont il incarne lunit, exerce ce titre, la plnitude des pouvoirs dans les
rapports avec ltranger. Cette congestion des pouvoirs au sommet de lexcutif exacerbe par le
phnomne de la personnalisation du pouvoir a considrablement renforc les attributions et le rle du
chef de lexcutif en la matire de politique trangre. Le privilge du chef de lEtat sest dabord
exprim par la volont ferme et sans cesse raffirme dassurer la responsabilit personnelle des
dcisions dans la gestion des affaires du dehors, au besoin par la mise en cong du titulaire du
portefeuille des affaires trangres.
Comme le rvle Jean Franois Mbarga, cest en raison de lchec du recours lONU initi par
Charles Okala aprs le refus du Cameroun septentrional de rejoindre la fdration que ce dernier a t
remerci par le prsident Amadou Ahidjo. Son successeur Jean Fosting Betayene connut le mme sort
en avril 1963 lissu dune tourne touristique et dinformation effectue dans diverses capitales du
Moyen Orient, sans autorisation du prsident de la rpublique. Le 22 janvier 1987, monsieur William
Aurlien Eteki Mboumoua, ancien secrtaire gnral lOUA a t congdi pour faute grave, pour
avoir sign avec le vis ministre hongrois des affaires trangres, un communiqu annonant que les
deux pays taient dsireux des relations diplomatiques, sans en avoir pralablement requis
lautorisation du chef de lEtat.
Comme il le reconnatre lui-mme, dans une interview accorde lhebdomadaire jeune Afrique :
Les relations extrieures dans un pays africain nont pas de consistance comme un domaine rserv
de chef de lEtat. De deux choses lune, vous ne crez rien et vous excutez, vous prenez linitiative et
vous tes frustrs . Le prsident Paul Biya a eu renseigner lopinion publique nationale et
internationale sur les raisons vritables de ce limogeage dans un entretient tlvision, dans tous les
Etats modernes, at-il prcis, il y a des secteurs qui sont considrs comme appartenant ce que lon
peut appeler le domaine rserv du prsident de la rpublique. Ce sont la dfense, la diplomatie et la
scurit intrieure. Bien sr les autres domaines, surtout dans un rgime prsidentiel sont du domaine
du chef de lEtat, du chef de lexcutif. Mais, ces trois l jouent un rle particulier en raison de leur
incidence la fois sur la libert des citoyens, sur la paix et la guerre ventuelle, avec les trangers. Jai
certes demand au ministre de prendre des initiatives, mais attention il y a des limites. Il y a certaines
responsabilits que lon ne peut pas prendre dans lexercice de ses fonctions. Dans les trois domaines
que jai cit, on ne peut pas par exemple tablir des relations diplomatiques avec un pays sans avoir
laccord formel du prsident de la rpublique. Si le prsident laissait faire de telles choses, lide
pourrait venir un fonctionnaire ou un ministre daller dclarer la guerre et nous verrons des bombes
nous tomber sur la tte, sans savoir ce qui nous arrive .
Mais, la notion de domaine rserv ne vise pas seulement circonscrire un champ dintervention
privilgi, pour le monarque rpublicain. Elle tire toute sa vigueur des prrogatives y attaches.
B Ltendu des prrogatives prsidentielles
La prminence du prsident de la rpublique en matire de politique trangre se manifeste travers
son pouvoir dvocation, darbitrage et la pratique de la diplomatie direct ou diplomatie des rencontres
au sommet.
Le pouvoir dvocation traduit bien la maxime qui peut le plus, peut le moins . Il permet au chef de
lEtat de soustraire de la comptence des administrations subordonnes, des affaires auxquelles il tient
particulirement, pour les traiter directement et personnellement. Ainsi, comme la rvl monsieur
Eteki Mboumoua, la normalisation des relations diplomatiques avec le Cameroun et Isral a t initie
et trait directement au niveau de la prsidence de la rpublique. A y regarder de prs, on constate que
le pouvoir dvocation ici ne concerne pas la question de savoir sil faut ou non, renouer avec Isral,
ltablissement des relations diplomatiques tant considr exclusivement comme de la comptence du
prsident ; qui concerne davantage la mise en uvre de cette adoption qui apparemment a t chapp
au ministre des relations extrieures. Alors mme quaux termes de larticle 11 de la constitution, le
gouvernement est charg de la mise en uvre de la politique de la nation telle dfinie par le prsident
de la rpublique. Il en rsulte que la revendication prsidentielle du monople de la dcision peut
exceptionnellement saccompagner de loccultation de la facult gouvernementale de proposer la
matire de la dcision en politique extrieure. Alors mme quau contraire du gouvernement, le
prsident de la rpublique est irresponsable devant le parlement. Quoi quil en soit, lautorit sans
partage et revendique par le prsident de la rpublique en matire de politique trangre, nest pas
conteste par la classe politique et bnficie dsormais dun large consensus qui est aussi le gage et la
cohrence de notre politique extrieure.
La comptence discrtionnaire du prsident de la rpublique en matire de politique trangre
sexprime le plus souvent, compte tenu de lextrme complexit des relations internationales et de
limpossibilit matrielle de couvrir mme avec le concours de ses services, la totalit du champ par
lexercice quotidien dun arbitrage entre des propositions contradictoires voire antagonistes, manant
des autorits ou administrations subalternes. Ainsi, dans laffaire Bakassi, il a fallu plusieurs
propositions de la voie suivre pour rsoudre durablement la crise. Il va de mme de certains choix ou
dcisions rcemment adopts dans le cadre de la politique dajustement structurel. Mais en raison de la
raret de la tenue de ces instances, le pouvoir darbitrage est pratiquement dlgu au secrtariat
gnral de la prsidence de la rpublique qui na pas forcment les effectifs suffisants pour faire face
lensemble des sollicitations.
Au demeurant, comme la si bien relev Regis Debray : la congestion au sommet donne toutes ses
chances au tlguidage par la base, la logique de lautorit ensuite, au sein de nimporte quel systme,
le pouvoir appartient celui qui transmet et non celui qui conoit .
La prminence du prsident de la rpublique est conforte par le recours dsormais systmatique la
diplomatie directe ou diplomatie des sommets. Paul Biya tout comme son prdcesseur considre la
politique trangre comme un dialogue entre le chef de lEtat et ses paires. Ces rencontres au plus haut
niveau notamment avec des puissances trangres pourvoyeuses daides publiques, membres du
conseil de scurit des Nations Unies, partenaires ou adversaires sur des questions importantes ne sont
plus pour parler comme Regis Debray, de prestige ou de reprsentation mais une faon moderne de
dfendre lintgrit du territoire . Lillustration est cet gard la gestion du dossier Bakassi au cours
de laquelle le prsident de la rpublique a du plusieurs fois, se dplacer Paris, Genve, New York
pour y rencontrer son homologue nigrian, sous lgide du secrtaire gnral des Nations Unies et bien
souvent en prsence de lancien prsident franais Jacques Chirac.
La pratique de la diplomatie directe a naturellement conduit le prsident Paul Biya dessaisir le
ministre comptent de certains dossiers, occulter ainsi le circuit ordinaire e la ngociation. <Le moins
que lon puisse en dire que cette marginalisation accrue des canaux classiques de la ngociation tend
dsormais faire jurisprudence, ds lors que la prpondrance du prsident de la rpublique est
conforte par la pratique.
Par. 2 Une prpondrance conforte par la pratique
La comptence discrtionnaire du prsident de la rpublique en matire de politique trangre est
renforce par la pratique dune diplomatie ad hoc cest--dire dune diplomatie soustraite des canaux
traditionnels, pour tre conduite par le prsident de la rpublique personnellement ou travers des
intervenants officiels. La conduite solidaire de la politique intrieure est depuis le prsident Ahidjo,
lune des caractristiques marquantes du prsident de la rpublique. Ainsi, il nest pas rare qu
loccasion de ses sjours en Europe, le prsident de la rpublique conduise une intense activit
diplomatique, parfois mme en labsence du ministre des relations extrieures, voire de ses principaux
collaborateurs. Il nest pas rare aussi quil se fasse assist par des intervenants officiels qui viennent
dhorizons diverses, qui partagent le privilge dappartenir au microcosme ordinaire.
Cette pratique du tourisme intrieur est sans doute commande par lextrme sensibilit des
questions traites, qui parce quelles doivent rester secrtes, au moins le temps requis pour leur
maturit, ne sollicitent pas la prsence dautorits, fussent-elles membres du groupe.
Mais dans lensemble, lentourage officiel du chef de lEtat joue un rle minent en matire de
politique trangre. En effet, outre la division des affaires diplomatiques, le prsident de la rpublique
dispose au secrtariat gnral de la prsidence et au cabinet civil, des nombre de collaborateurs qui
soccupent peu ou presque pas des questions internationales. En effet, en matire conomique et social,
culturel , le prsident de la rpublique est entour dune quipe de conseils techniques, chargs de
mission, dattachs, de directeurs et autres qui de facto, chapeautent les diffrents dpartements
ministriels et sanctionnent les copies des membres du gouvernement. Puisquils sont les principaux
canaux travers lesquels se prenne lessentiel des dcisions dpendant directement du chef de lEtat,
lui qui est irresponsable devant le parlement.
Ils jouissent en quelque sorte dune immunit demprunt et ne sont pas par consquent responsables ni
devant le parlement, ni devant le gouvernement.
Et de fait, si dvou et si fidle soit-il, les conseillers du prince ont forcment leur propre lecture des
dossiers dont ils sont saisis. Ils ont leur propre rseau de relations, leur propre valuation des risques
etc. La consquence est que la solution qui sera finalement retenue pour tel ou tel dossier comme tant
le point de vue du prsident de la rpublique, naura t finalement initi que par tel ou tel conseiller
nayant pas des nationalits propres. Ce sont en ralit ces personnes l qui influencent les arbitrages
prsidentiels.
En raison de sa spcialisation fonctionnelle, la division des affaires diplomatiques joue un rle
consultatif dterminant en ce quelle examine, titre principal ou secondaire, les dossiers concernant
les relations avec lextrieur.
Avec tous les autres conseillers sectoriels, le conseiller diplomatique a particulirement un droit de
regard (sur les dossiers en provenance des dpartements ministriels relevant normalement de son
champ de comptence. La tentation est alors grande pour le conseiller diplomatique, de se comporter
comme une vritable doublure du ministre des relations extrieures, dans la mesure o il met des
avis dcisifs sur les propositions formules par ce dernier.
Et on a pu crire cet gard que la politique trangre au sommet de la pyramide rduit ainsi la
marge de manuvre du ministre qui na de coude franche quavec lassentiment et la bienveillance de
la prsidence .
Dune manire gnrale, la centralisation au sommet de la dcision apparat prime facie comme
lantidote lincohrence. Mais, sans nier la ncessit de la coordination au sommet, on peut
lgitimement sinterroger sur la signification de lautorit ou de la responsabilit des ministres. En
effet, dans la configuration actuelle, les ministres sont la prsidence de la rpublique ce que les
services extrieurs sont au ministre.
Lrosion des prrogatives ministrielles est parfois si grande que les partenaires prfrent sadresser
directement la prsidence ou ils sont assurs davoir une rponse plus rapide que sils saisissaient les
dpartements ministriels comptents.
Section II Lclatement de laction gouvernementale
Laction gouvernementale en matire de politique trangre se caractrise traditionnellement un
partage de responsabilits entre plusieurs dpartements ministriels. Sans doute, le souci dune
spcialisation fonctionnelle des interventions nest-il pas absent de cette configuration. Mais au-del de
ce que certaines administrations ont pu ainsi sapproprier et exercer pour leur propre compte, une
partie des comptences internationales qui devait normalement releve du personnel diplomatique,
lavantage comparatif relatif semble plutt saccommoder avec dirrvocables disfonctionnements.
Par. 1 Le partage des responsabilits ministrielles en matire de politique trangre
En principe, tous les dpartements ministriels participent ou procdent llaboration, a mise en
uvre de la politique trangre du Cameroun. Mais, alors que celle-ci est la raison dtre du ministre
des relations extrieures nagure baptis ministre des affaires trangres, elle nest pour les autres
dpartements ministriels, quun volet certes important, un bien rsiduel au regard de leurs
comptences nationales matrielles.
Paradoxalement il ne fait aucun doute que linsertion du Cameroun dans le systme international
global dpend largement de lefficacit de son appareil diplomatique. En effet, dans le monde tel quil
est aujourdhui, les petits pays ont davantage besoin de diplomates que les grands pour jouer un rle
aussi marginal soit-il dans la rgulation des Relations Internationales. Leur crdibilit en dpend.
Or dans sa configuration actuelle, il est vident que le ministre des relations extrieures nest pas
conu pour tre le pilier de la mobilisation de leffort interne en faveur du dveloppement politique et
conomique, social et culturel du Cameroun. Le rle marginal du ministre des relations extrieures
cet gard explique largement la part croissante prise par les autres dpartements ministriel dans la
mise en uvre de la politique trangre du Cameroun.
B- laction des autres dpartements ministriels
Pratiquement tous les dpartements ministriels ont dsormais la haute main sur les problmes
internationaux intressant leur domaine. Cette dilution des responsabilits qui relativise fortement le
rle du ministre des relations extrieures est consacre par le dcret N 2004/320 du 08 dcembre
2004 portant organisation du gouvernement. Ce texte confre des attributions prcises en matire de
relation internationale des dpartements ministriels techniques. Cest ainsi que le ministre de
ladministration territoriale et dcentralise est charg de la coordination des actions Nationales et
internationales, en cas de catastrophe naturelle.
Le ministre charg du commerce est responsable outre de la ngociation et du suivi de la mise en
uvre des accords commerciaux, du suivi des relations avec les organisations internationales uvrant
dans le domaine du commerce international et de la promotion de la comptitivit des produits
camerounais sur les marchs trangers.
Le ministre de la Communication nous dit le dcret prcit apporte son concours au ministre des
relations extrieures dans son activit dinformation des gouvernements trangers et des O.I sur le
Cameroun.
En matire montaire, cest au ministre des finances quchoit la prospection, la ngociation, la
finalisation et le suivi de lexcution des accords et conventions de prts, le contrle des finances
extrieures, de la monnaie et de la rglementation des changes. Cest aussi au MINEFI quincombe en
matire conomique la coordination des actions engages avec les divers partenaires multilatraux et
bilatraux dans le cadre du programme de redressement et de relance conomique, le suivi des dossiers
de lOHADA en relation avec le ministre de la justice, le suivi des affaires du FMI de la Banque
Mondiale, lUnion Europenne, de la B.A.D et de la Banque Islamique de Dveloppement.
Le ministre de lenvironnement et de la protection de la nature est pour sa part responsable de la
ngociation des accords et conventions internationaux relatifs la protection de lenvironnement et de
leur mise en uvre.
Le ministre des forts et de la faune est responsable de la mise en application des conventions
internationales ratifies par le Cameroun en matire de faune et de chasse.
Le ministre de lindustrie, des Mine et dveloppement technique assure le suivi des affaires de
lOMPI et de lONUDI.
Le ministre de la planification, de la programmation, du dveloppement et de lamnagement du
territoire assure en mme temps dimportantes responsabilits dans le domaine des relations
extrieures, cest lui quincombe la coopration technique interne, le suivi des organismes sous
rgionales charges de lamnagement de la prservation de lcosystme sous rgionale, le suivi des
relations avec le PNUD et la commission conomique des Nations Unies pour lAfrique. Cest
ses objectifs que par ses moyens : de lharmonisation par la concertation la planification rigoureuse,
il existe une gamme tendue de procds qui permet une autorit dordonner autour dune seule
commune des initiatives prises par dautres centres ou autorits de dcision . Cet minent auteur
prcise que toute entreprise de coordination suppose au minimum la collecte des informations
ncessaires, lexistence dune procdure ou dune instance de coordination avec les partenaires en
cause, lattribution lorgane coordonateur des moyens de dbloquer en cas de conflits, le pouvoir de
dcision relevant des autres instances. Ou faute de mieux, de prendre les dispositions ncessaires pour
compenser leffet nocif des dcisions dj prises. Il ny a ainsi pas de coordination possible sans une
infrastructure approprie mais aussi, sans instauration dune hirarchie en faveur de lorgane
coordonateur.
Appliques la politique trangre du Cameroun, ces exigences permettent de mettre en vidence,
limpossible coordination ministrielle malgr la vocation du MINEREX mais aussi, les insuffisances
de la coordination interministrielle.
A Limpossible coordination par le MINEREX
Par vocation, le MINEREX devrait normalement tre le centre de gravit de laction extrieure du
Cameroun. Mais, comme nous lavons prcdemment montr, avec la diversification toujours plus
grande des tches, la spcialisation des fonctions au sein du gouvernement, le MINEREX nest plus
quun rouage dexcution parmi tant dautres plac sous le contrle permanent et sous lautorit directe
du prsident de la rpublique. Il se trouve pour ainsi dire dans la situation paradoxale dtre le seul
ministre tre spcialise dans le traitement des affaires internationales, mais dont il na plus le
monople et qui de ce fait, est align sur la position de nombreux ministres techniques. A supposer
mme quil en eut les comptences juridiques, le MINEREX naurait ni les moyens matriels et
financiers, ni les ressources humaines ncessaires pour assurer pleinement ses missions. Ainsi que
nous lavons prcdemment indiqu, le budget du MINEREX demeure malgr un accroissement
remarquable et rcent de ses crdits, largement en retrait par rapport ses besoins, quil sagisse de
lamlioration du cadre du travail ou de lamlioration des conditions de travail. En effet, si
lextension des services centraux a attnu de faon significative la promiscuit qui prvalait au sein de
ce dpartement ministriel, force est de reconnatre quen matire dquipement de services, beaucoup
reste faire notamment en ce qui concerne la modernisation de son outil de travail pour accrotre sa
capacit mobiliser et traiter linformation des diffrentes donnes dont pourraient avoir besoin les
autres administrations. Ni la bibliothque du MINEREX, ni ses archives, ni son systme de
communication et dInternet nen font un partenaire incontournable pour les autres dpartements
ministriels. La situation nest diffrente dans les missions diplomatiques qui, en sus, sollicitent pour
nombre dentre elles, une rhabilitation des difices et des quipements pour leur permettre de jouer
pleinement leur rle. Lindigence de nos missions diplomatiques avec le dlabrement des difices, des
impays de factures deau et dlectricit et de tlphone est parfois tel que nos dlgations officielles
ltranger prfrent le hall des htels pour les runions de coordination plutt que les locaux de
certaines de ces missions.
En ce qui concerne les conditions de travail, bien que le dcret prsidentiel de N 98/220 du 14
septembre 1998 ait notifi favorablement le rgime des rmunrations du personnel en service dans les
missions diplomatiques et consulaires, la question dun statut des fonctionnaires du corps de la
diplomatie conserve toute son actualit avec son corollaire, la dmotivation du personnel. Cette
situation naffecte pas seulement le prestige et la fonction de la reprsentation du dpartement. Elle a
un retentissement ngatif sur sa capacit coordonner laction extrieure du Cameroun.
Symptomatiques sont cet gard, les rapports bien souvent houleux au sein des ambassades entre les
administrations rattaches et les services diplomatiques. En principe, la coordination au sein de la
mission incombe ces derniers.
Mais du fait de leur indigence, ils nont aucune autorit sur les services techniques, vritables lots de
prosprit qui ne rendent comptent compte leur administration dorigine. Le cas le plus clairant est
celui des contrleurs financiers au sein de lambassade. Il en est de mme des services de police et de
dfense.
B La coordination interministrielle
A premire vue, elle apparat comme la rponse limpossible coordination de laction extrieure du
Cameroun par le MINEREX. Dans la configuration actuelle du gouvernement, la premire instance de
coordination de laction gouvernementale cest la primature. En effet, aux termes de larticle 12 al.1 de
la loi n 96/06 du 18 janvier 1996 portant rvision de la constitution du 12 juin 1992, le premier
ministre est le chef du gouvernement et dirige laction de celui-ci . Mais, si lorganisation du
gouvernement en fonction des comptences dfinies verticalement crent un besoin invitable de
coordination de laction de ses diffrentes composantes, force est de reconnatre que ce ne sont pas
toutes les matires qui sont susceptibles dtre soumises la coordination du premier ministre. En
occurrence, le premier ministre fut-il chef du gouvernement, ne peut connatre des matires qui
relvent du domaine rserv du chef de lEtat. Dans la pratique, il ne reoit mme pas ampliation des
correspondances inities par le ministre des relations extrieures qui, en tout tat de cause, ne rend
compte quau prsident de la rpublique.
Au demeurant, lorganigramme de service du premier ministre ne comporte pas un service ddi
spcialement aux questions de politique trangre. La congestion des pouvoirs au sommet de lexcutif
avec notamment la pratique du domaine rserv est apparue comme le contre poids aux tendances
centrifuges et la caque phonie. Le dcret n 78/026 du 16 janvier 1998 qui rgit le comit
interministriel de coordination des relations internationales procde de cette conviction. Ce comit
plac sous lautorit du secrtaire gnral de la prsidence de la rpublique est charg dans le cadre de
lorientation dfinie par le chef de lEtat, de dterminer les objectifs de la rpublique du Cameroun
dans le domaine international, de coordonner les actions des diffrents dpartements ministriels en
vue datteindre ces objectifs et de procder priodiquement lvaluation des relations extrieures .
On peut sinterroger sur leffectivit de laction de ce comit dans la coordination de la politique
trangre du Cameroun. Mais quoi quil en soit, force est de reconnatre que la prsidence de la
rpublique est le vritable sige de la coordination de laction gouvernementale dans tous les
domaines.
Dans cette configuration essentiellement caractrise par la prpondrance du chef de lexcutif ou
pour reprendre une expression du professeur Luc Sejoun par le rgne dune monarchie. Le rle du
parlement en matire de politique trangre semble plutt bien marginal.
Section III Le rle marginal du pouvoir lgislatif
NB : chaque dpartement ministriel est rattach la prsidence
Le pouvoir lgislatif dispose en vertu de la constitution, dimportantes prrogatives lui permettant
dinflchir des orientations assignes la politique trangre du Cameroun par lexcutif. Toutefois, du
fait de la confusion entre la majorit parlementaire et la majorit prsidentielle, lexercice de cette
prrogative est largement tempr de par les exigences du respect de la discipline du groupe. Quil
sagisse du contrle a priori ou du contrle a posteriori de la politique trangre. Mais, le parlement
dploie aussi des initiatives diplomatiques qui sinscrivent dans le continuum de laction
gouvernementale.
En guise de conclusion
Lamnagement organique de la politique trangre du Cameroun fait apparatre dun ct le rle
prpondrant du prsident de la rpublique et lclatement de laction gouvernementale et de lautre
ct, lintervention des acteurs aussi diffrents que le parlement et les ONG.
Si lacteur tatique demeure prpondrant, il ne laisse pas moins aux autres intervenants une certaine
marge de manuvre pour peu que leurs initiatives se situent dans le continuum de son action.
Le ministre des relations extrieures dans cette configuration napparat pas malgr sa vocation
comme le sige de la coordination de la politique trangre. Il partage ses comptences avec tous les
autres dpartements ministriels sous le contrle vigilant du prsident de la rpublique.