Gestion de Patrimoine Strategie Juridiques Fiscales Et Financieres PDF
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la Fondation de France.
Les auteurs
Coordination :
Contributeurs :
La plupart des contributeurs de cet ouvrage interviennent au sein du Master
Gestion de patrimoine de lUniversit Paris 12 (IAE Gustave Eiffel).
Serge Anouchian, expert-comptable et commissaire aux comptes, est titulaire
dun DES de Gestion de patrimoine (Clermont-Ferrand) et dun DU de Gestion
fiscale des entreprises (Dijon). Prsident-fondateur du Club Expert-Patrimoine, il est
charg denseignement lAUREP et luniversit de Montpellier. Ses domaines de
prdilection sont limmobilier dentreprise et la socit civile, ainsi que lISF. Il est
lauteur dun livre intitul LISF et les biens professionnels, paru chez Gualino.
Juriste de formation notariale, Catherine Bienvenu est Matre de confrences
associe lUniversit Paris 12. Elle est, par ailleurs, responsable juridique du ser-
GESTION DU PATRIMOINE
vice des donations et legs des Petits Frres des Pauvres. Son domaine de spcialit
est le droit de la famille.
Diplme dune matrise de Finance de march et Gestion de lpargne puis du
Master de Gestion de patrimoine de Clermont-Ferrand, Roseline Charasse Labat a
dbut en 1999 en tant que Conseil en Gestion de patrimoine Paris au sein de BNP
Paribas-Banque Prive, pour exercer ensuite la fonction dIngnieur Patrimonial
Marseille dans le mme tablissement.
Docteur en Sciences de Gestion, Pierre Chollet est Professeur agrg lIAE
Gustave Eiffel de lUniversit Paris 12. Il est responsable du Master Recherche de
Finance et coresponsable du Master dIngnierie Financire. Il dirige, par ailleurs,
le ple de recherche en Finance et comptabilit de lInstitut de Recherche en
Gestion (IRG). Ses sujets de recherche portent notamment sur les options, les produits drivs actions et lInvestissement Socialement Responsable.
Aprs un dbut de carrire Paris en qualit dIngnieur patrimonial, Vincent
Cornilleau conseille dsormais une clientle internationale Luxembourg. Il dveloppe cette clientle en sappuyant principalement sur les techniques destate planning, dassurance-vie et de constitution de socits. Il est aussi intervenant lISG
Paris sur le thme du Diagnostic patrimonial, et y est responsable des sminaires
Reprise et transmission dentreprises . Il est notamment coauteur de louvrage
Pratique du dmembrement de proprit aux ditions Litec.
Jean-Pierre Cossin est Conseiller matre la Cour des comptes, Professeur associ lUniversit de Paris 12, ancien secrtaire gnral du Conseil des impts et du
Conseil des prlvements obligatoires, membre du conseil des prlvements obligatoires. Il est galement membre de diverses commissions fiscales et du jury de
lexamen de Commissaire aux comptes. Il est lauteur dun rapport sur la fiscalit
des petites et moyennes entreprises la demande du premier ministre (1991).
Juriste de formation, Thierry Creux conseille des familles depuis 10 ans au sein
dun cabinet de conseil en Gestion de patrimoine indpendant. Il intervient plus
particulirement auprs des chefs dentreprise dans lorganisation patrimoniale,
avant et aprs la cession de leur entreprise.
Bruno Dalmas (DEA de droit de Paris II et DES Gestion de patrimoine de
Clermont-Ferrand) est fondateur de Patrimoine Office, cabinet de conseil en stratgie patrimoniale et en investissement sadressant aux groupes familiaux et leurs
actionnaires, dirigeants dentreprises et quipes dirigeantes, investisseurs en capital,
cdants et acteurs du private equity. Il assure la formation de conseillers en Gestion
de patrimoine depuis dix ans. Il est coauteur des ouvrages Pratique du dmembrement de proprit, Litec, 2007 et La socit civile, instrument majeur de la gestion
de patrimoine, Gualino, 2006.
Diplme dun DEA de fiscalit et finances publiques, Gwnalle Laize a travaill au sein du dpartement fiscalit personnelle et mobilit internationale du
VI
Les auteurs
cabinet davocats Landwell & Associs, o elle soccupait de la situation fiscale des
salaris impatris et expatris, des problmatiques lies aux transferts internationaux
et des stock-options. Plus rcemment, elle tait en charge des problmatiques juridiques et fiscales au sein du Ple Expertise Patrimoniale de la socit Cyrus Conseil
avant de sinstaller aux tats-Unis.
Sorti de lcole Nationale des Impts en 1995, Olivier Lejeune est inspecteur
principal des impts. Son domaine de spcialit est le contrle fiscal des particuliers
et la dtection des montages juridiques frauduleux.
Expert-comptable stagiaire, Benoit Nowaczyk est diplm du DESS Droit des
Affaires & Fiscalit, DJCE ainsi que du Master Comptabilit-Contrle-Audit de
lUniversit Nancy 2. Il intervient galement au sein de lenseignement de droit
fiscal du Master Droit de lentreprise de lUniversit Nancy 2.
Notaire Taverny, Matre Frdric Petit est diplm du DES Gestion de patrimoine (Facult de Clermont-Ferrand). Il est galement membre du conseil dadministration de lInstitut Notarial du Patrimoine et de la Famille et charg denseignement lUniversit Paris 12 et lUniversit Jean Moulin (Lyon 3).
Pascal Pineau est consultant et formateur, spcialiste en stratgie et communication comportementale au sein du cabinet MTISSE Formation. Son approche intgrative lui permet daborder en complment doutils oprationnels des dimensions
motionnelles et non verbales, sources de confiance et de rcurrence dans le monde
des affaires. Il travaille tout particulirement auprs des mtiers de la Banque
Finance.
VII
Remerciements
e livre est le fruit dun long travail collectif, associant une grande partie du
corps professoral actuel ou pass du Master Gestion de patrimoine de lInstitut dAdministration des Entreprise (IAE Gustave Eiffel) de lUniversit Paris 12.
Je tiens ainsi remercier sincrement les diffrents contributeurs de cet ouvrage :
Serge Anouchian, Catherine Bienvenu, Roseline Charasse-Labat, Pierre Chollet,
Vincent Cornilleau, Jean-Pierre Cossin, Thierry Creux, Bruno Dalmas, Gwnalle
Laize, Olivier Lejeune, Benot Nowaczyk, Frdric Petit, Pascal Pineau,
Emmanuelle Roy-Spiridion, Renaud Salomon, Mario da Silva et Sabine Vacrate.
Cet ouvrage est galement loccasion de remercier les autres intervenants du master : Frdric Aumont, Sylvain Cassel, Sandrine Colas-Jacomme, Fabrice Cossin,
Maria Cruz Poveda, Matthieu Dhu, Jrme Dubreuil, Christophe Ducass,
David Gandar, Maria Guibert, Daniel Guiroy, Pascal Rapallino, Jean-Philippe Sportouch
et Brnice Tournafond.
Gestion de patrimoine est un projet qui naurait pu voir le jour sans le travail de
Genevive Curlier, assistante pdagogique du programme de Master.
Jean-Pierre Rondeau (Megara Finance), par sa contribution la cration du Master
Gestion de patrimoine en formation continue de lIAE, a ouvert ce dernier de
nouveaux horizons.
IX
GESTION DU PATRIMOINE
Enfin, je tiens exprimer ici ma gratitude mon collgue Olivier Meier, lorigine de ce projet.
Quils trouvent ici lexpression de mes sincres remerciements.
Arnaud Thauvron
Partie 1
Le conseil en gestion de patrimoine
Renaud Salomon
Section 1
10
15
Le diagnostic patrimonial
Prambule
15
20
33
34
35
Pascal Pineau
Section 1
36
39
XI
GESTION DE PATRIMOINE
Partie 2
La dimension juridique de la gestion de patrimoine
45
Catherine Bienvenu
Section 1
Le rgime primaire
47
53
66
72
Le divorce
Catherine Bienvenu
Section 1
72
74
82
Les successions
Catherine Bienvenu
Section 1
83
90
100
106
Les libralits
Catherine Bienvenu
Section 1
XII
La donation simple
107
Section 2 La donation-partage
107
109
112
112
113
Section 7 Le testament
115
117
Frdric Petit
Section 1
118
123
133
140
Catherine Bienvenu
Section 1
Les mineurs
141
143
145
147
149
10 Le dmembrement de proprit
152
Bruno Dalmas
Section 1
153
162
Section 3 La n du dmembrement
168
171
11
182
La socit civile
Serge Anouchian
Section 1
184
199
206
XIII
GESTION DE PATRIMOINE
Partie 3
La dimension scale de la gestion de patrimoine
12
225
Benot Nowaczyk
Section 1
227
229
242
247
13
249
Emmanuelle Roy-Spiridion
Section 1
250
255
256
262
Olivier Lejeune
Section 1
Le rgime du micro-foncier
263
264
268
270
15
276
Jean-Pierre Cossin
Section 1
XIV
279
285
292
298
16 Le bouclier scal
300
Thierry Creux
Section 1
300
304
Partie 4
La dimension nancire de la gestion de patrimoine
17
309
Arnaud Thauvron
Section 1
311
315
317
333
339
340
343
352
XV
GESTION DE PATRIMOINE
362
Pierre Chollet
Section 1
363
373
380
20 Lpargne retraite
386
Catherine Bienvenu
Section 1
388
392
Partie 5
Le dirigeant dentreprise
21
401
Olivier Lejeune
Section 1
402
404
405
22 Les stock-options
409
410
420
431
Sabine Vacrate
Section 1
XVI
432
437
445
448
449
455
Jean-Pierre Cossin
Section 1
456
469
Partie 6
tudes de cas de stratgie patrimoniale
25 Stratgie patrimoniale
483
Vincent Cornilleau
Section 1
Le recensement patrimonial
484
486
490
495
497
501
Frdric Petit
Section 1
502
506
513
521
522
Serge Anouchian
Index
535
XVII
Introduction
Arnaud Thauvron
GESTION DU PATRIMOINE
sions). Mais le droit nest pas une discipline statique, il se gre de faon dynamique. Lutilisation des rgles du droit peut permettre daider un proche (Les libralits), de protger son conjoint (La protection du conjoint survivant) ou son
enfant incapable (La protection dun incapable). Enfin, le droit peut tre utilis
comme un outil doptimisation, que ce soit au travers du dmembrement (Le
dmembrement de proprit) ou du recours une forme particulire de socit
(La socit civile).
La Partie 3 (La dimension fiscale de la gestion de patrimoine) traite dun sujet,
combien sensible en France, limpt. Aprs une prsentation gnrale des grands
principes de limpt sur le revenu (Limpt sur le revenu), sont dtailles deux des
principales catgories de revenus patrimoniaux, ceux issus du patrimoine financier
(Limposition des revenus du patrimoine financier) et ceux provenant du patrimoine immobilier (Limposition des revenus du patrimoine immobilier et les
produits de dfiscalisation immobilire). Cette partie se termine par de longs
dveloppements sur lISF (Limpt de solidarit sur la fortune), pour finir par une
prsentation du bouclier fiscal (Le bouclier fiscal).
La Partie 4 (La dimension financire de la gestion de patrimoine) dbute par
une prsentation des diffrents produits financiers dans lesquels un particulier peut
tre amen investir (Les produits dpargne et de placement). Puis lassurancevie, support dinvestissement prfr des Franais est explique en dtail
(Lassurance-vie et les contrats de capitalisation). Une des rgles de base de la
finance est que la rentabilit espre dun placement est proportionnelle au risque
encouru. Ce principe et son utilisation sont ainsi dtaills (La gestion dun portefeuille titres). Enfin, la constitution dune pargne en prvision de la retraite fait
lobjet du dernier chapitre (Lpargne retraite).
La Partie 5 (Le dirigeant dentreprise) se focalise sur une catgorie spcifique
de particuliers, les dirigeants. Aprs une prsentation des particularits fiscales auxquelles ils sont soumis (Le rgime fiscal des rmunrations des dirigeants), le
systme des stock-options et les pistes de son optimisation sont traits (Les stockoptions). De par son activit, le dirigeant est amen prendre des risques. Il est alors
important pour lui de mettre en place des outils de protection de son patrimoine
priv (La protection du patrimoine du dirigeant). Enfin, loccasion de la transmission de son entreprise, certaines impositions sont dues. Afin dviter que ces
dernires soient pnalisantes pour lactivit conomique et la prennit des entreprises, le lgislateur est intervenu afin den limiter les consquences (La fiscalit de la
transmission dentreprise).
Enfin, la Partie 6 (tudes de cas de stratgie patrimoniale) conclut louvrage
par trois tudes de cas dont lobjet est de montrer que le patrimoine des particuliers
doit se grer de faon active et selon une approche pluridisciplinaire, faisant tout
autant appel au droit, la fiscalit et la finance.
Introduction
Public intress par louvrage
Grce la rigueur de son contenu et son approche rsolument oprationnelle, cet
ouvrage sadresse :
6,5
15%
Partie
1
L
Le conseil
en gestion
de patrimoine
e conseil en gestion de patrimoine est une activit en plein essor. Afin de protger les pargnants, la Loi de Scurit Financire de 2003 a encadr lactivit
de conseil en investissements financiers et des associations professionnelles ont fait
lobjet dun agrment par lAutorit des Marchs Financiers. Le chapitre 1, rdig
par Renaud Salomon (Cour de Cassation et Universit Paris 12) prsente les cadres
juridiques associs cette activit. Pralablement tout conseil, il est impratif de
raliser un diagnostic, par le biais dun recensement patrimonial, avant de pouvoir
aboutir une analyse puis la dfinition dune stratgie patrimoniale. Ce thme, trs
oprationnel, fait lobjet du chapitre 2, cocrit par Bruno Dalmas (conseiller en
gestion de patrimoine indpendant), Pascal Pineau (Mtisse Formation) et Vincent
Cornilleau (Natixis Private Banking Luxembourg). En matire de conseil en gestion
de patrimoine, chaque cas est un cas particulier. Il est donc primordial, pour le
conseiller en gestion de patrimoine, de tenir compte des spcificits de chaque client
dans ses recommandations afin dintgrer tout ce qui fait son patrimoine, y compris
ce qui relve de limmatriel, quil sagisse de son nom de famille ou de ses valeurs.
Cest ce thme qui est trait par Pascal Pineau au sein du chapitre 3.
Chapitre
Les professionnels
de la gestion
de patrimoine
Renaud Salomon
er
Section 2
Section
Il sagit de lobligation minimale qui simpose au professionnel. Elle se caractrise par sa neutralit, dans la mesure o elle nimplique aucune impulsion agir
mais porte sur des faits objectivement vrifiables1.
Ainsi, tout dabord, le CIF doit remettre son client, ds son entre en relation
avec celui-ci, un document comportant son statut de CIF et son numro dadhrent
lassociation dont il dpend, lidentit des tablissements promoteurs de produits
financiers avec lesquels il entretient une relation significative de nature capitalistique ou commerciale (art. 335-3 du Rglement gnral de lAMF). Par ailleurs,
larticle 335-4 du Rglement gnral de lAMF prvoit que, avant de formuler un
conseil, le CIF dlivre son client une lettre de mission, comprenant notamment la
nature et les modalits de la prestation, les modalits de linformation due au client
ainsi que les modalits de sa rmunration.
1. S. Tandeau de Marsac, La responsabilit des conseils en gestion de patrimoine, Litec, 2006, n 374.
Comme tout professionnel, le CIF est soumis au secret professionnel, dans les
conditions de droit commun, le cas chant, sous peine de sanctions pnales
(art. 226-1 du Code pnal). En outre, larticle 335-7 du Rglement gnral de
lAMF prvoit que, sauf accord exprs du client, le CIF doit sabstenir de communiquer et dexploiter, pour son propre compte ou pour le compte dautrui, les informations relatives au client quil dtient du fait de ses fonctions.
1.2 Lobligation dorganisation
Le prestataire de services dinvestissements doit constamment valuer les comptences de son client et doit, ce titre, se renseigner sur sa situation patrimoniale et
connatre les objectifs de gestion avant de prciser les oprations ou les investisse1. S. Tandeau de Marsac, op. cit.
Section
1 La responsabilit civile
La mise en cause de la responsabilit civile du conseiller suppose que soit tablie
lencontre de ce dernier une faute (1.1) en relation causale (1.3) avec le dommage
prouv (1.2).
1.1 La faute
La faute, qui est de diffrents types, peut tre limite de diverses faons.
Les divers types de faute
10
1.2 Le prjudice
La victime doit enfin tablir le lien de causalit ente la faute commise et le prjudice subi. En premier lieu, le professionnel de la gestion de patrimoine parviendra
carter sa responsabilit sil tablit que le dommage rsulte non de sa faute, mais des
11
2 La responsabilit pnale
Cette responsabilit peut rsulter dinfractions de droit commun (2.1) et dinfractions boursires (2.2).
2.1 Les infractions de droit commun
La lutte contre le blanchiment de largent sale passe par une rpression du conseil
en gestion de patrimoine lorsque celui-ci facilite, par tous moyens, la justification
mensongre de lorigine des biens ou des revenus de lauteur dun crime ou dun
dlit ayant procur celui-ci un profit direct ou indirect ou (...) apporte un concours
une opration de placement, de dissimulation ou de conversion du produit direct
ou indirect dun crime ou dun dlit (art. 324-1 du Code pnal). Par ailleurs, dans
la mesure o le conseil en gestion de patrimoine se fait remettre des fonds loccasion de sa profession, lui est galement imputable le dlit dabus de confiance en cas
de dtournement au prjudice dautrui des fonds, des valeurs ou dun bien quelconque qui lui ont t remis et quelle a accept charge de les rendre, de les reprsenter ou den faire un usage dtermin (art. 314-1 du Code pnal).
2.2 Les infractions boursires
Les infractions boursires prsentent en droit franais une double face. En effet, la
France est un des rares pays connaissant une double dfinition des actes illicites en
matire boursire, tout la fois pnale et administrative. Dans le premier cas, il
sagit des dlits, prvus et rprims par les articles L. 465-1 et L. 465-3 du Code
montaire et financier. Dans le second, il sagit des manquements administratifs au
Rglement gnral de lAMF, ds lors que les pratiques boursires ont pour effet, de
fausser le fonctionnement du march, procurer aux intresss un avantage injustifi quils nauront pas obtenu dans le cadre normal du march, porter atteinte
lgalit dinformation et de traitement des investisseurs ou leurs intrts, faire
bnficier les metteurs et les investisseurs des agissements dintermdiaires,
contraires leurs obligations professionnelles.
Cette rglementation duale vise des pratiques boursires diverses, notamment de
la part des conseils en gestion de patrimoine. Ainsi, lutilisation et la communication
dune information privilgie, avant que le public en ait connaissance, sont simultanment constitutives des dlits diniti et de communication dinformation privil-
12
13
Repres
14
Chapitre
Le diagnostic
patrimonial
ous venons de dcouvrir, dans les pages qui prcdent ce chapitre, que la
gestion de patrimoine est une activit qui embrasse un champ vaste de
matires aux frontires tendues1.
Section 1
Prambule
Section 2
Le recensement patrimonial
Section 3
Lanalyse patrimoniale
Section 4
La stratgie patrimoniale
Section
PRAMBULE
Le diagnostic patrimonial contribue la ralisation dune mission. Avant daborder le contenu de cette mission, il convient den dfinir le champ dintervention.
1. S. Tandeau de Marsac, La responsabilit des conseils en gestion de patrimoine, Litec, 2006.
15
2 La gestion dactifs
Si lon met de ct le march particulier de lart, le choix des investisseurs se
retrouve toujours face trois secteurs : le march financier, le march montaire, et
1. P.M. Guillon, La gestion de patrimoine, Economica, 1996.
16
Le diagnostic patrimonial
le march de limmobilier. Il est curieux que lassurance-vie soit systmatiquement
prsente comme un secteur dinvestissement. Ce rflexe conduit dailleurs la
confusion des clients. Un conseil qui prconise lassurance-vie peut tre rapidement
considr comme un vendeur dassurance . En outre, les fluctuations de la valeur
de rachat peuvent tre inacceptables venant dun produit dit d assurance . Il
convient de rappeler avec force que lassurance-vie nest quun mode de dtention
particulier dactifs qui peuvent tre financiers, montaires ou immobiliers ; un cadre
juridique qui, par ses caractristiques propres, recle des atouts certains.
Quoi quen disent les reprsentants des plus belles maisons de gestion, les prvisions conomiques nengagent que ceux qui les annoncent. Force est de constater
quun analyste sur deux se trompe. Cest la raison pour laquelle les principes qui
gouvernent la gestion dactifs restent profondment ancrs sur des prceptes simples. Seule une diversification permet dobtenir une relative scurit dans la fluctuation dun patrimoine en vue dobtenir une rentabilit acceptable. Quant aux meilleurs
moments pour arbitrer, nul ne sachant le niveau le plus haut pour cder un actif, ni
le plus bas pour lacheter, ici encore il est rgulirement fait rfrence aux adages
classiques : Pierre qui roule namasse pas mousse , un tient vaut mieux que
deux tu lauras , etc. Comme tout est question de mesure, ce seront le temprament
dinvestisseur du client et les conditions de marchs qui viendront temprer ou
amplifier les comportements.
3 Le conseil patrimonial
Lactivit de conseil patrimonial structure comme elle lest aujourdhui, est
rcente. On peut la dater de la fin des annes 80. Jusqu alors, beaucoup de professions lies au conseil revendiquaient la pratique du conseil patrimonial. Mais bien
peu avait un regard sur toutes les dimensions juridique, fiscale et conomique du
patrimoine priv comme du patrimoine professionnel. Le conseiller patrimonial
moderne, vritable point godsique du patrimoine global, doit dvelopper des comptences gnrales et spcifiques dans des matires aussi riches que diversifies. On
attend de lui quil affiche des comptences dans les domaines du droit civil (droit de
la famille, droit des libralits, droits des successions, droit des biens, droit des personnes), du droit social (droit de la protection sociale et droit du travail), du droit
commercial (droit des socits), du droit fiscal (fiscalit de la personne physique et
fiscalit dentreprise), et encore de la comptabilit et de la gestion. Cette ralit se
retrouve dans le contenu des enseignements universitaires ddis rcemment la
gestion de patrimoine. Il convient de noter que les champs du droit lis la gestion
de patrimoine offrent un large espace de libert. Contrairement aux ides reues, les
Franais disposent doutils efficaces, simples dutilisation, pourvu que lon en face
un emploi raisonn. Charge aux conseillers de le leur faire dcouvrir1.
1. Exemple : article 1387 du Code civil.
17
18
Le diagnostic patrimonial
ralit historique non contestable, qui ne tient pas compte de la difficult et des qualits requises pour offrir son interlocuteur une coute efficace ;
elle tient, ensuite, la matire quelle touche : largent. Il est inutile de rappeler
que la culture judo-chrtienne nourrie un rapport largent particulier que lon
ne rencontre pas, par exemple, dans le protestantisme1.
Le domaine dintervention du conseiller en gestion de patrimoine ainsi dfini,
reste fixer les modalits selon lesquelles il va raliser sa mission.
Lorganisation des informations. Le diagnostic patrimonial revt un aspect formel incontournable. En la matire chacun son style.
Traitement des informations. La mthode de traitement des informations est
propre chacun. Il convient nanmoins dtre attentif au vocable employ. La perception par le client du travail accompli peut tre biaise.
Il peut sagir :
dun bilan, cest--dire dune photographie du pass immdiat ;
dune tude : un ensemble de travaux qui prcdent lexcution dun projet ;
ou encore dun audit : procdure de contrle pour vrifier que lorganisation
patrimoniale du client correspond ses objectifs.
1. Voir sur cette approche sociologique notamment M. Weber, Lthique protestante et lesprit du capitalisme,
Gallimard, 2004.
19
Section
LE RECENSEMENT PATRIMONIAL
Utilisons une image : quoi peut bien servir une voiture de Formule 1 si lon doit
faire le Paris-Dakar ? Inversement, un vhicule tout terrain serait bien ridicule au
dpart dun grand prix.
Quel que soit le contenu de son savoir ou de ses comptences, la premire de
toutes les prcautions prendre est de les adapter aux attentes de son interlocuteur.
Il est peut-tre inutile de raliser une tude en profondeur pour un client qui souhaite
simplement mettre en place une pargne. La dmarche vise aussi viter une multi-
20
Le diagnostic patrimonial
tude dembarras au rang desquels on peut retrouver une question compltement trangre au domaine de comptence du conseiller. Si loffre de conseil nest pas en phase
avec la demande du client, il est inutile de poursuivre la relation. Par ailleurs, renoncer
rpondre une question en dehors de son champ dintervention nest pas une preuve
dincomptence, mais au contraire une preuve de lucidit plutt rassurante pour le
client. De manire schmatique, on retrouve deux types dattente chez le client :
soit il souhaite une rponse une question bien dtermine ;
soit il est dans lattente dune dmarche globale.
Lapproche spcique
Lnonc dune question particulire nappelle pas, a priori, de longs dveloppements. Elle peut se dcliner soit dans le volet juridique et fiscal, soit dans le volet
conomique.
Les questions dordre patrimonial que lon rencontre sont, par exemple :
la rdaction dune donation entre poux ;
la rdaction dun engagement collectif de conservation de titres ;
remplir une dclaration de revenus
Au plan financier, les questions semblent videntes :
21
A contrario, toutes les fois o le client exprimera des besoins plus larges, une
approche en profondeur simposera. On retrouve trs frquemment comme proccupations gnrales qui entrent dans ce type dapproche la protection du conjoint
survivant, la prparation de la retraite, la transmission de son entreprise. Toutes ces
questions embrassent en mme temps :
la nature des relations entre les individus ;
la rpartition des prrogatives, actuelle ou future, sur les biens entre le conjoint
survivant et les enfants ;
la fiscalit du patrimoine, des revenus, ou successorale ;
la rpartition des actifs du patrimoine ;
la perception de revenus complmentaires
Le niveau de renseignements requis pour rpondre aux attentes du client est bien
suprieur celui rclam pour une question spcifique. Dans ce cadre, la mission
du CGP est gnralement fixe par convention pour limiter au mieux ltendue des
travaux raliser. Ici, le CGP qui offrirait une solution produit simple ou labore, mme parfaitement adapte, serait indniablement peru comme un
marchand.
Dmarche spcique ou globale ?
Quel que soit le niveau de comptence du conseil, il y a des choses qui ne se devinent pas. Et le meilleur moyen de connatre les attentes de son interlocuteur, cest
encore de les lui demander. Lexprience nous montre que mme si cela va sans le
dire, cela va mieux en lcrivant. Cela se matrialise par des questions lmentaires.
Exemples
En quoi puis-je vous aider ? , Avez-vous une attente prcise pour laquelle vous
voulez une rponse du mme ordre, ou souhaitez-vous, au contraire, une tude approfondie de votre situation pour vrifier tous les paramtres qui pourraient influer sur la prconisation ? , Souhaitez-vous que lon ralise un bilan global, ou les seuls lments que
vous mavez confis doivent me suffire la construction dune solution ? , etc.
La mthode prsente suit un parcours ordinaire mais irrductible. Elle se dcompose en quatre tapes : la situation prsente, les projets, les obstacles la russite du
projet, et les ressources ncessaires au projet.
22
Le diagnostic patrimonial
Ltat prsent
Lcoute du client
Le CGP entre dans la phase de dcouverte de son client. Il sagit de faire connaissance. En la matire, il existe une mthode universelle qui est celle du silence et de
la reformulation des questions, pour faire prciser au maximum son interlocuteur.
Elle conduit le client mieux dfinir le sens de ses propos. Ce mode de communication tente dviter les a priori gnrs par les propres croyances et valeurs du
CGP.
Exemples
Et donc ? Pouvez-vous prciser ? Vous tes satisfait ? Cela pose problme ? Quelles
consquences ? Avant dentrer dans les diffrentes solutions que vous avez adoptes,
daprs vous, sont-elles efficaces ?... Et suffisantes ?
Linventaire patrimonial
Il correspond la partie chiffre de la phase de dcouverte du client. Dans la premire partie de lentretien, le CGP a d relever les informations relatives aux structures juridiques qui composent le patrimoine1. Si la connaissance qualitative de ces
diffrentes composantes est essentielle, la connaissance quantitative va permettre de
mieux apprhender les enjeux des questions souleves. Le CGP est-il face des
enjeux financiers significatifs ou des questions de principe entre diffrents individus auxquels il peut rpondre seul ? Cette mesure est dimportance, car elle va
permettre au CGP de vrifier si les solutions envisageables ncessitent ou non lintervention dautres professionnels du conseil. Il pourra ainsi valider, soit un travail
complmentaire raliser avec les partenaires actuels du client, soit proposer une
offre de service globale avec ses propres partenaires.
23
Repres
Il est toujours craint que linterlocuteur ressente ngativement cet interrogatoire sur le
contenu nancier du patrimoine. Il sagit, alors, de montrer que le quanta nest quun lment parmi tant d'autres. Pour y parvenir, diffrentes mthodes existent.
Exemple : Vous dtenez quoi ? Depuis quand ? Vous lavez reu comment (achat, donation,
succession) ? Combien ? (toujours la n !)
Les projets
Cette seconde phase vise dterminer ltat dsir dans lequel le client souhaiterait se retrouver une fois la stratgie mise en place. Il sagit de dfinir les objectifs mais aussi les contraintes de gestion. Autrement dit, il y a ce que le client
dsire, et la manire selon laquelle il va y parvenir. Le contrle est toujours prsent. Le CGP vrifie en permanence la sincrit des informations dlivres par le
client.
Exemple de questions
Idalement, quelles mesures sont ncessaires ? En quoi est-ce utile ? Est-ce simplement
utile pour vous, ou galement pour dautres ? Pour quel objectif ? Comment saurez-vous
que vous tes dans la bonne direction ? Comment saurez-vous que vous avez atteint votre
objectif ?
La dernire question donne un indice particulirement intressant pour le CGP. Il peut
ainsi noter les critres de russite dfinis par son client pour les constater le moment
venu.
Attention
Comme cela a t rappel prcdemment, la fiscalit nest pas un objectif patrimonial.
La volont nest pas tout. Des freins la russite existent, ils peuvent tre
extrieurs ou propres soi. Les identifier permet dvaluer les chances de russite, a priori, du projet. Il est vident que si le client exprime en mme temps des
contre-indications rdhibitoires la mise en place de la stratgie, il y a peu
attendre de son succs. Ici, on mesure aussi le niveau de motivation du client,
car ne perdons pas de vue que choisir une stratgie, cest aussi renoncer autre
chose. Par exemple, donner la nue-proprit dun bien, cest renoncer sa libre
disposition. Il serait dommage dinscrire un client indcis dans une stratgie
irrversible.
24
Le diagnostic patrimonial
Exemple de questions
Existe-t-il un aspect qui vous empche de raliser votre objectif ? Existe-t-il des inconvnients, pour vous ou pour dautres ? Et si jamais vous ny arrivez pas ? Que perdriez-vous ? Etc.
Cette phase importante, sil en est, rvle les contraintes fixes.
Cette phase identifie les moyens concrets que le client est prt mobiliser pour
parvenir son objectif.
Exemple
Le client souhaite obtenir un capital de 1 000 000 dans 10 ans. Pour cela, il est prt faire un
effort dpargne annuel de 50 000 . Or, pour atteindre son objectif avec les ressources quil est
prt y consacrer, il faudrait soit que le taux de rentabilit annuelle soit suprieur 14,5 %, soit
pour un taux plus raisonnable de 5 % quil consente allonger le terme plus de 14 ans.
Exemple de questions
De quoi avez-vous besoin pour raliser votre objectif ? Que vous faut-il exactement pour
russir ? Les avantages sont-ils plus importants que les inconvnients ? De quels moyens
disposez-vous en termes de partenaires, dpargne, de capital ? De qui avez-vous
besoin ? Que dcidez-vous ? Quand commencez-vous ?
SYNTHSE
TAT PRSENT
Donnes non chiffres
Inventaire patrimonial
FREINS
PROJETS
RESSOURCES
Pourquoi le client ne
ferait ou ny arriverait
pas
Figure 2.1
25
On entre ici dans lintimit du client. Il sagit de mler des prises dinformations
basiques et plus techniques.
Repres
tat civil
Nature du rgime matrimonial. Il permet de connatre la rpartition de la proprit des biens entre les poux. Une dclaration dISF ne la prcise pas. Sils ont
fait un contrat de mariage, il est important den avoir la copie. Il arrive frquemment que les clients ne souponnent pas le contenu ingnieux de leur
convention.
En prsence dun rgime de communaut, les rcompenses sont frquentes et
peuvent crer un passif dans la succession. Il faut alors ventiler les biens en fonction
de leur nature juridique :
26
Le diagnostic patrimonial
biens propres de Monsieur ;
biens propres de Madame ;
biens communs.
En prsence dun rgime de sparation de biens, il convient de vrifier la pertinence du rgime au jour de lanalyse :
soit le rgime de la sparation de biens a t respect et lun des poux ou les
deux ont constitu un patrimoine propre important grce une russite professionnelle ou un hritage. Dans cette hypothse, le rgime ne protge plus le
patrimoine contre le risque conomique si cest celui qui dtient lintgralit du
patrimoine du couple qui en supporte le risque ;
soit le rgime de la sparation de biens a pu aboutir un dsquilibre des patrimoines entre Monsieur et Madame, ce qui peut tre un inconvnient pour la
protection du conjoint survivant selon lordre des dcs ;
soit le rgime na pas t respect et toutes les acquisitions ont t faites ensemble (indivision). Auquel cas, il conviendra de vrifier si un rgime communautaire semble plus adapt.
2.2 La situation sociale
Il sagit didentifier le statut et le rgime social auxquels les clients sont soumis :
profession de Monsieur, de Madame ;
identifier les diffrents mandats (grant, administrateur, prsident) ;
selon le cas, demander si un chiffrage de la retraite a t ralis.
Question
Quel est le niveau de risque conomique qui pse sur lactivit ? Cette question anodine per
met de vrifier si une intervention ventuelle sur le rgime matrimonial est envisageable.
Dans cette tape, il sagit didentifier les diffrentes mutations titre gratuit (donations et testaments) qui sont intervenues dans le champ familial au sens large :
Un testament a-t-il t rdig ? Si oui, quel est son contenu ?
Une donation entre poux a-t-elle t rdige ? Si oui, en relever la copie.
Attention il nest pas rare que certains clients aient rdig sans le savoir des actes
particuliers. titre dexemple, on trouve rgulirement des donations entre poux
qui ne contiennent quune seule option : 100 % en usufruit. Jusqu la loi du 23 juin
20061, cette rdaction pouvait se rvler inadapte par rapport la capacit du
1. La loi du 23 juin 2006 a modifi la rgle dimputation pour viter cette consquence issue de la loi du
3 dcembre 2001.
27
Repres
Pour viter de rpondre des questions alors que ce nest pas lobjet du rendez-vous, gnralement les conseillers diffrent leur rponse.
Exemple : Je note que cette question vous intresse, nous y reviendrons lorsque je vous
prsenterai le rsultat de mon analyse .
Repres
Dans lacte de donation, en gnral au moins six informations sont intressantes :
Date : pour le rappel scal.
Qui reoit.
Quoi et combien.
Si dmembrement : y a-t-il une clause de rversion dusufruit ?
Si donation de parts de SCI, quelle valeur a t retenue ?
Y a-t-il une clause dexclusion de communaut ?
En prsence de plusieurs enfants, toutes les donations autres que les donations
partages peuvent contenir un risque juridique. Il peut tre intressant de connatre
les raisons pour lesquelles les clients ont procd de la sorte. Il convient de partir du
principe que ces motivations ont toujours une source valable.
Exemple
Un client donne, en 1992, un appartement lun de ses enfants qui part faire ses tudes
Paris. Valeur 1 MF, donation simple en avance dhoirie. En 2007, son deuxime enfant,
son tour dbute des tudes suprieures Bordeaux. Il souhaite lui faire aussi la donation
dun appartement dune valeur de 150 000 . Valeur de lappartement parisien :
400 000 .
28
Le diagnostic patrimonial
Question : A-t-il conscience des difficults juridiques que cette situation peut occasionner dans le temps ?
Les objectifs peuvent tre soit purement financiers, soit purement patrimoniaux,
soit la combinaison des deux. Chaque conseiller dveloppe un champ de comptence et dactivit qui lui est propre. Dfinir au pralable avec prcision les attentes
du client vitera pour les uns comme pour les autres de faire fausse route.
Exemple
Objectifs patrimoniaux : transmission, protection du conjoint survivant, protection
dun enfant diminu, etc.
Objectifs financiers : construction, recherche de revenus complmentaires, constitution
dun capital, financement des tudes des enfants, la retraite, etc.
Une fois les objectifs dfinis, il convient de les hirarchiser par ordre de priorit
et selon la dure de linvestissement. Cette prcision est essentielle pour la construction dune stratgie et dun plan de travail adapt.
2.5 Les contraintes de gestion
Aprs la dfinition de lobjectif (quoi ?), il faut tablir la faon dont le client souhaite y parvenir (comment ?). Il fixe son idal.
Avantages :
Cela vient de lui.
Si ce nest pas atteignable, le CGP lidentifie immdiatement. Il nest pas oblig
de poursuivre la relation. Est-ce bien raisonnable de courir aprs un objectif
quon ne pourra jamais atteindre1 !
Cela permet de vrifier que ce que le client attend de son CGP entre bien dans
le champ de ses comptences, et non pas celles de lavocat, du notaire ou de
lexpert-comptable.
Exemple
Comment va-t-on arriver votre objectif ? Comment saura-t-on que nous y sommes parvenus.
29
Madame
Communaut/
indivision
Passif
Total
March montaire :
Compte sur livret
Compte chques
Assurance-vie
Total
March nancier :
PEA
Comptes titres
Assurance-vie
Total
March immobilier :
Rsidence princ.
Rsidence sec.
Locatif
SCPI
SCI
Total
Total global
Associs :
M : X %.
Mme : Y %.
30
Le diagnostic patrimonial
Enfant 1 : W %.
Etc.
Capital :
Valeur des biens :
lachat.
Aujourdhui.
Financement :
crdit ? En cours ou termin ?
Revenus :
Charges :
Renseignements relatifs lassurance-vie
Il sagit de collecter des donnes. Ce nest pas le moment de faire linventaire de
tous les avantages de lassurance-vie, ou de critiquer la rdaction dune clause bnficiaire, etc.
Tableau 2.2
Intitul du contrat/
souscripteur
Date de souscription
Date de versement
des capitaux
Clause bnciaire
31
Un schma vite bien des difficults de comprhension. Les informations comptables sont ncessaires pour apprhender la situation conomique de lentreprise,
son mode fonctionnement et ses propres contraintes. Elles mettent aussi en lumire
la mthode de gestion du chef dentreprise.
SAS BIG Business
SAS GENGRANGE
100 %
51 %
40 %
C
33 %
D
Figure 2.2
Exemples
Avez-vous ralis un engagement collectif de conservation de titres : ISF/ transmission ?
Existe-t-il un pacte dassocis ?
Avez-vous song la transmission de votre entreprise, totalement ou partiellement ?
Avez-vous des projets de dveloppement, de croissance interne ou de croissance externe ?
Souhaitez-vous basculer une partie de votre richesse industrielle dans votre patrimoine priv ?
Pour y parvenir, tes-vous prt intgrer un tiers au capital ?
Etc.
2.8 La scalit
Impt sur le revenu
32
Le diagnostic patrimonial
Tableau 2.3
Immeuble 1
Immeuble 2
Immeuble 3
Selon lge du client et de ses proccupations, il peut tre ncessaire davoir une
vision prcise de cette projection.
Section
LANALYSE PATRIMONIALE
33
4 LA STRATGIE PATRIMONIALE
34
Chapitre
La dimension
motionnelle
de la gestion
de patrimoine
Pascal Pineau
arler dune gestion globale du patrimoine, cest prendre le risque dtre gnraliste et doublier la notion de spcificit de chaque cas. Cependant, ces deux
approches, globale et spcifique, sont indissociables. En quelque sorte, il sagit de
travailler la louche et la loupe.
Faire systmatiquement ce chemin de la louche la loupe, et inversement, est
ncessaire pour valider, ou non, sa solution. Cest reconnatre que cette solution
nest souvent quune bauche. Cest revenir sans cesse sur ce qui est commun et sur
ce qui est diffrenciant. L se trouve la critique constructive de son propre travail en
tant que conseiller en gestion de patrimoine. Cest ici que lon gre langle mort de
toute prise de dcision. Cest ce petit dtail anodin, plus ou moins pris en compte,
qui donne la prconisation juste et pas juste une prconisation.
Le principe de prcaution nous demande donc de partir de notre plus petit dnominateur commun, de ce qui nous est universel, de ce qui reprsente la gense de
notre patrimoine. Il nous ramne ainsi notre premire valeur, notre premier actif :
notre nom patronymique.
Section 1
Section 2
De la proprit lutilit
35
Ce nom est porteur de lhistoire vcue par les ntres et parfois dj lourd dimpacts sur les dcisions futures prendre. Le conseiller en gestion de patrimoine se
doit dintgrer cette donne. Cest dailleurs cette donne qui lui a permis dobtenir
un rendez-vous (par recommandations, par prescription ou par tlphone) pour prsenter son activit et ses services. Cest le point de dpart de toute relation humaine,
commerciale et contractuelle. Mais a-t-il fait le lien avec la gestion de patrimoine si
globale et si ddie ?
1 De la famille
Ds notre conception, les ntres nous intgrent dj dans la ligne de la famille.
Ils nous projettent dans lhistoire, imaginent un mtier, un positionnement, une qualit de vie
Pour assurer ce scnario, ils nous quipent souvent de leurs propres valeurs de
ce qui est bien et mal, de ce qui cote et de ce qui rapporte, du degr dautonomie
ou de coopration dans un projet, des droits et devoirs et de toutes les drogations
possibles pour parvenir ses fins. Et pour les plus chanceux, de moyens matriels,
de biens et de capitaux.
chacun de prendre ou de laisser ce cadeau. Cest avec leur nom patronymique
que nous allons signer et engager notre vie. Ce nom, notre nom, recouvre de nombreuses ralits : notre rputation, notre image, notre origine familiale, nos rseaux
relationnels induits, notre puissance financire, nos entits structurelles et dj nos
successions prvoir ! chacun selon sa famille. Mais dj, je possde !
Et mme sans aucun actif financier, je peux grer un potentiel. Tout nest pas crit,
bien entendu, et heureusement, mais en filagramme, lespoir des ntres vibre.
partir de ce constat, nous pouvons dcider, quel que soit lge dailleurs, de ne pas
suivre la voie trace et de renier ce nom.
Ou de le garder et de se faire un prnom. Exister
36
Traduisons-la par : Existe-t-il une ligne directrice personnelle quand vous prenez
des dcisions quant votre patrimoine ? Souvent, cette ligne nest pas consciente. Il
peut tre important de la dfinir pour mieux comprendre la motivation du client, son
motif daction. Les premiers actes patrimoniaux enclenchent sils sont russis une
croyance positive du dispositif de prise de dcision. La validation des lments
retenus, du mode de rflexion et de calcul, des conseillers sollicits se fait par la
validation des rsultats souhaits et obtenus. La fin justifie les moyens.
On ne change pas un processus qui fonctionne et qui apporte le rsultat escompt.
On le valide comme vrai. Ma manire de voir lenvironnement, de grer les
contraintes et les opportunits est la bonne, la meilleure ! Telle est ma croyance.
Bien videmment, linverse est vrai : lchec dun montage, par un effet de gnralisation, carte un systme complet de prise en compte du problme et des facteurs
qui lui sont associs : un produit, une fiscalit, un individu, un rythme de dcision,
un environnement Rares sont ceux qui analysent squence par squence ce qui est
garder et ce qui est remettre en cause. Le cerveau par un raccourci (trop) rapide
dcide que cest dornavant ainsi que a marche ou que a ne marche
jamais .
Vous remarquerez que lhonntet du cerveau nest pas toujours une donne
fiable.
37
38
Section
2 DE LA PROPRIT LUTILIT
Quelle est la mission de ce patrimoine, quelle est son utilit aux yeux de son
propritaire ?
En effet, hormis ceux qui considrent (et il y en a) que le but est davoir plus,
toujours plus, dautres pensent que leur patrimoine est un outil au service de quelque
chose de plus noble : la protection des leurs, la vie sans souci lors de la retraite, la
possibilit de changer le monde par la ralisation dun projet, dune cration, dune
invention, lindpendance pour faire ce que lon souhaite Une solution patrimoniale qui ne rpondrait pas cet aspect (peu rvl par le client car trop souvent non
recherch par son conseiller) ne saurait durer travers le temps. Le conseiller passerait ainsi du pourquoi (origine de la problmatique) au pour quoi (destination de
la solution) : quel en est lenjeu ?
39
40
41
6,5
La
dimension
Partie
juridique
de la gestion
de patrimoine
15%
44
Chapitre
Les rgimes
matrimoniaux
Catherine Bienvenu
es rgimes matrimoniaux sont une partie des rgles qui constituent le statut des
poux dans leurs rapports mutuels et dans leurs relations avec les tiers. Ces
rgles permettent de rpondre diverses interrogations, dont certaines concernent la
vie de tous les jours :
Quelle rpercussion ltat dpoux a-t-il sur le sort des biens dtenus avant et
aprs le mariage, ainsi que sur le passif, les dettes ?
Qui va grer ces biens ? Monsieur, Madame, les deux et alors dans quelles
conditions ?
Comment vont tre rgls les intrts des poux la dissolution du lien conjugal, quelle quen soit son origine ?
Mais les rgimes matrimoniaux ne sont quune partie des vnements, des relations, des devoirs, des obligations et de tout ce qui peut arriver pour le meilleur et
pour le pire un couple. Le mariage a des effets dordre personnel et financier. Le
droit patrimonial de la famille se consacre exclusivement aux effets pcuniaires.
De nombreuses autres rgles rgissent les poux, en tant que couple, comme
lobligation alimentaire, les libralits ou les successions qui sont vues dans
dautres matires et, dans leurs relations avec les autres, et au premier chef avec
leurs enfants.
45
Rgime lgal
La communaut
rduite aux acquts
(Art. 1400 Code civil et s.)
Rgimes
communautaires
(Art. 1497 Code civil. et s.)
Rgimes
sparatistes
(Art. 1536 Code civil. et s.)
Figure 4.1
46
Section 1
Le rgime primaire
Section 2
Section 3
LE RGIME PRIMAIRE
Le statut impratif de base (Code civil 214 226) est fondamental car il simpose
aux poux quel que soit le rgime matrimonial et quelle que soit la date de leur
mariage. Ces dispositions sont dordre public, on ne peut donc pas y droger, y
compris dans le contrat de mariage. Le rgime primaire permet dviter, la fois,
que ltat dpoux ne constitue une entrave lautonomie juridique, et que cette
autonomie ne nuise aux fins du mariage. Il protge la famille contre lpoux. Ces
articles ont une importance dautant plus pratique quils concernent la vie de tous
les jours et de tous les couples, mme ceux dont la valeur du patrimoine est trs
faible.
1 Le logement de la famille
Dans le but de protger le logement commun, larticle 215 alina 3 du Code civil
prvoit :
47
48
Lobligation la dette concerne les relations des poux avec les tiers.
Le principe : la solidarit
49
50
Larticle 217 du Code civil dispose Un poux peut tre autoris par justice
passer seul un acte pour lequel le consentement de son conjoint serait ncessaire, si
celui-ci est hors dtat de manifester sa volont ou si son refus nest pas justifi par
lintrt de la famille . Ainsi, lpoux autoris va agir en son nom propre pour des
actes quil aurait d faire avec son conjoint (cogestion en communaut). Ce qui
exclut tout acte sur les biens propres en communaut et les biens personnels en
rgime de sparation de biens.
51
Article 219
Circonstances
absence
maladie du conjoint
Effets
Si lun des poux manque gravement ses devoirs et met ainsi en pril les intrts
de la famille, le juge peut prescrire toutes les mesures urgentes que requirent ces
intrts. Il peut notamment interdire cet poux, sans le consentement de lautre, tout
acte de disposition sur ses biens propres ou sur ceux de la communaut, meubles ou
immeubles. Lorsque les violences exerces par lun des poux mettent en danger son
conjoint, un ou plusieurs enfants, le juge peut statuer sur la rsidence spare des
poux en prcisant lequel des poux continuera rsider dans le logement conjugal.
Sauf circonstances particulires, la jouissance de ce logement est attribue au conjoint
qui nest pas lauteur des violences. Le juge se prononce, sil y a lieu, sur les modalits
dexercice de lautorit parentale et sur la contribution aux charges du mariage. Les
mesures prises sont caduques si, lexpiration dun dlai de quatre mois compter de
leur prononc, aucune requte en divorce ou en sparation de corps na t dpose.
La dure des autres mesures prises en application du prsent article doit tre dtermine par le juge et ne saurait, prolongation ventuelle comprise, dpasser trois ans.
La mise en application de cet article requiert trois conditions : lurgence, le manquement par un poux ses devoirs et la mise en pril des intrts de la famille. Il
permet alors dlargir le domaine de la cogestion en portant atteinte la libre disposition des biens propres.
52
Cette section concerne les poux soumis au rgime lgal, issu de la loi du 13 juillet
1965, cest--dire sappliquant aux poux maris sans contrat depuis le 1er fvrier
1966 : le rgime de la communaut rduite aux acquts.
Les poux maris sans contrat avant le 1er fvrier 1966 sont soumis au rgime
lgal de la communaut de meubles et dacquts. La diffrence fondamentale vient
de ce que, dans ce cas, les biens meubles tombent toujours en communaut, cest-dire largent liquide, les comptes bancaires, les livrets, les portefeuilles de valeurs
mobilires, les actions, les obligations, le mobilier, les meubles meublants, les
tableaux, les vhicules, les fonds de commerce et ce quelle quen soit lorigine.
Les poux maris sans contrat avant le 1er fvrier 1966 ont eu la facult dopter
pour le nouveau rgime par simple dclaration notarie jusquau 31 dcembre 1967.
Peu dpoux ont us de cette possibilit. Beaucoup de couples sont encore soumis
au rgime lgal de la communaut de meubles et dacquts o tous les biens meubles sont, en principe, dans la masse commune.
Aux termes de larticle 1401 du Code civil. La communaut se compose activement des acquts faits par les poux ensemble ou sparment durant le mariage et
provenant tant de leur industrie personnelle que des conomies faites sur les fruits et
revenus de leurs biens propres . Larticle 1402 du Code civil prcise qu est un bien
commun tout bien dont les poux ne rapportent pas la preuve du caractre propre .
Ils sont communs avant mme leur perception. Chacun des poux peut nanmoins
en disposer librement aprs stre acquitt des charges du mariage (art. 223). Depuis
53
Les acquts sont tous les biens, meubles ou immeubles, acquis titre onreux par
lun ou lautre poux, voire les deux, pendant le mariage ainsi que ceux crs. Ils
comprennent notamment :
lentreprise commerciale (exploite titre individuel ou en socit), acquise ou
cre pendant le mariage, bien quexploite par un seul des poux ;
la valeur du fonds libral, cre ou acquis pendant le mariage, y compris la valeur
du matriel et des locaux ;
la valeur de rachat des contrats dassurance-vie souscrits pendant la communaut et non dnous au jour de la dissolution (Civ. 1re 31 mars 1992, Praslika,
toujours applicable sur le plan civil) ;
la valeur des contrats de crdit-bail souscrits dans les mmes conditions (Civ. 1re
1er juillet 1997) ;
la valeur des options de souscription non encore leves au jour de la dissolution du
mariage (rponses ministrielles publies aux JO des 16 juin et 23 aot 2001) ;
lindustrie personnelle, qui comprend tout ce qui provient du travail, au sens
large (ex. : table fabrique, mme un gain du loto), luvre de lesprit o le
monopole exploitation est propre mais le droit pcuniaire commun.
1.3 Les fruits et revenus de biens propres
La communaut na droit quaux fruits perus et non consomms.
Mais rcompense pourra lui tre due la dissolution de la communaut pour les fruits
que lpoux a nglig de percevoir ou a consomms frauduleusement, sans quaucune
recherche, toutefois, soit recevable au-del de cinq annes1.
54
La libralit peut stipuler que les biens qui en font lobjet appartiendront la
communaut. Les biens tombent en communaut sauf stipulation contraire, quant la
libralit est faite aux deux poux conjointement 1. En pratique, lutilisation de cet
article remplit les objectifs dun couple souhaitant transmettre un bien qui doit profiter son enfant (et son conjoint), puis ses petits-enfants. On peut envisager deux
solutions.
Analyse comparative
55
Droits :
5 % (sur 7 922) soit 396,10
10 % (sur 3 961) soit 396,10
15 % (sur 3 753) soit 562,95
20 % (sur 128 007) soit 25 601,40
Soit : 26 956 euros
(Fiscalit au 01-01-2009)
Sauf volont contraire du donateur ou du testateur3, les biens acquis titre gratuit
restent propres lpoux gratifi, y compris le capital issu du dnouement, par le
dcs du souscripteur, dun contrat dassurance-vie lorsque celui-ci constitue une
56
Forment des propres, sauf rcompense sil y a lieu, les biens acquis titre daccessoires dun bien propre 2. En matire immobilire, cest lapplication de la
notion daccession. Ainsi, un poux est propritaire dun terrain au jour du mariage.
Le couple finance la construction de la maison familiale (opration titre onreux,
acqut de communaut). La thorie de laccession permet lpoux propritaire du
terrain de conserver en propre la proprit de la maison moyennant rcompense. En
matire de biens professionnels, cest laccessoire au service de lunit dexploitation. Ainsi, le matriel destin lexploitation dun bien propre en est laccessoire
(destination conomique) ; il est propre mme sil est acquis titre onreux pendant
le mariage. Lextension dactivit dun bien professionnel propre en est aussi laccessoire, sauf cration dune clientle nouvelle (Civ. 1re 17 dcembre 1996).
Sagissant des plus-values apportes par le travail dun poux sur son bien propre,
ou mme celui de son conjoint, lui restent propres, sans rcompense.
Les biens acquis par accroissement
Forment galement des biens propres, les valeurs nouvelles et autres accroissements se
rattachant des valeurs mobilires propres3.
1. Civ. 1re 18 juillet 2000, arrt Leroux confirm par Civ. 1re 29 janvier 2002.
2. Art. 1406 al. 1.
3. Art. 1406.
4. Art. 1408.
57
Les crances et indemnits qui remplacent un bien propre forment aussi des
propres, par leffet de la subrogation relle, les crances et indemnits qui remplacent les propres 3. Par exemple, le prix de vente dun bien propre reste propre
comme lindemnit dassurance la suite dun sinistre ou lindemnit
dexpropriation.
Le bien acquis en change dun bien qui appartenait lun des poux est lui-mme propre,
sauf la rcompense due la communaut ou par elle, sil y a soulte. Toutefois, si la soulte
mise la charge de la communaut est suprieure la valeur du bien cd, le bien acquis
en change tombe dans la masse commune, sauf rcompense au profit du cdant.4
58
Il est ncessaire quil y ait une double dclaration dans lacte dacquisition :
manifestation unilatrale de volont (laccord du conjoint est inutile) ;
la double dclaration (origine des deniers et souhait de (r)emploi) est ncessaire
dans lhypothse dune acquisition. Elle nest donc pas indispensable lorsquun
poux ralise un placement laide de deniers propres (placement en compte
pargne : Civ 1re 3 novembre 1983).
Lpoux doit en outre se mnager la preuve de lorigine des deniers utiliss pour
viter toute contestation ultrieure de la part du conjoint ou des cranciers.
Le remploi a posteriori
dfaut de cette dclaration (manifestation de volont) dans lacte, lemploi ou le remploi na lieu que par laccord des deux poux et il ne produit ses effets que dans leurs
rapports rciproques2.
Ainsi :
le consentement du conjoint est ncessaire puisquil sagit de faire sortir un bien
de la communaut ;
il est, par ailleurs, utile de se mnager une preuve crite de laccord du
conjoint ;
ce remploi na que des effets limits : il est inopposable aux tiers.
1. Art. 1434.
2. Art. 1434 in fine.
59
Ainsi :
lacquisition prcde la vente ;
il faut une double dclaration unilatrale dans lacte dacquisition ;
la reconnaissance du caractre propre du bien est subordonne au remboursement de la communaut dans les dlais impartis par la loi ;
tant que la communaut nest pas rembourse, le bien est considr comme commun.
Tableau rcapitulatif des biens propres par subrogation
Tableau 4.2
Subrogation automatique
Oprations
Formalisme
Aucun
Limites
60
Type de gestion
PRINCIPE
Cautionnement
Gestion concurrente
EXCEPTIONS
Legs
Gestion exclusive
Mais (art. 1423) un poux ne peut lguer plus que sa
part dans la communaut. Un legs particulier sera
dlivr en nature ou en valeur selon le rsultat du
partage de la communaut
61
62
Biens communs
Biens propres
Du seul poux
dbiteur
Tous
Des 2 poux
Du seul poux
dbiteur
Du seul poux
dbiteur
Tous
Du seul poux
dbiteur
Tous
Des 2 poux
DATE DEFFET
Entre poux
Dcs
Au jour du dcs
Absence dclare
Divorce ou sparation
de corps
Divorce par
consentement mutuel
Loi 26.05.2004 :
Date dhomologation
Autre divorce
Ordonnance de non-conciliation
Sparation de biens
Judiciaire
Jour de lassignation
Sparation de biens
Judiciaire
Jour de lassignation
On peut noter quune dette ne aprs la date deffets entre poux et avant la date
effets vis--vis des tiers est une dette entrant dans la communaut.
5.2 Les effets de la dissolution
Dans lattente de la liquidation et du partage de la communaut, cest une indivision post-communautaire qui sinstalle.
Application des articles 815 et s. du Code civil entre les indivisaires
63
Elles ont pour but de permettre chacun des poux de reprendre ses biens propres
et de se partager lactif commun.
La reprise des biens propres
Il est destin corriger les mouvements de valeur entre les patrimoines propres et
communs1 et est soumis aux rgles dvaluation de larticle 1469 du Code civil. En
principe, la rcompense est gale la plus faible des deux sommes entre :
la dpense faite au jour o elle a t ralise ;
le profit subsistant, valu au jour de la liquidation.
Par exception :
la rcompense ne peut pas tre infrieure la dpense faite si elle tait
ncessaire ;
elle ne peut pas tre infrieure au profit subsistant lorsque la valeur utilise a
servi acqurir, conserver ou amliorer un bien.
64
Montant de la rcompense
Dpense utile
Dpense ncessaire
Une fois les rcompenses tablies, on en fait le compte, de sorte que le solde donnera
lieu rglement. Le rglement en numraire nest possible que si la rcompense est due
par la communaut un des poux. Le rglement peut, dans un sens ou dans lautre, se
faire par incorporation au partage de la communaut. Le solde des rcompenses est alors
un actif ou un passif de la communaut. Il y aura lieu de partager le solde de la communaut en attribuant lpoux crancier ou dbiteur cet actif ou ce passif.
Les poux pourront aussi procder des oprations de prlvements pralables au
partage de la communaut. Les prlvements sexercent dabord sur largent comptant, ensuite sur les meubles et subsidiairement sur les immeubles de la communaut 1. Ainsi, lpoux crancier pourra prlever des biens communs concurrence
de sa crance. En sens inverse, si cest un des poux qui est dbiteur, cest son conjoint
qui procdera au prlvement. Il ne restera plus alors qu partager la communaut par
moiti selon la volont des parties ou par voie judiciaire en cas de dsaccord.
Tableau 4.7
Bilan du
rgime lgal
Atouts
Limites
quilibre
des patrimoines
Les rgles
de gestion
La protection
du conjoint
La rpartition
des dettes
des poux
Conclusion
1. Art. 1470.
65
66
Tableau 4.8
Clauses de prlvement moyennant indemnit
Clause
prciputaire
Stipulation de
parts ingales
Attribution
intgrale
Fondement
(Code civil)
Art. 1511
Assiette
Bnciaire
Nature de lopration
Opration de
partage
Art. 1520
Art. 1524
Avantage matrimonial
Possibilit de prvoir une clause de
reprise des apports
Art. 1515
Droit de partage
Aucune
67
Assiette
Bnciaire
Le conjoint survivant
Nature de lopration
Fiscalit
Composition
des patrimoines
Pouvoirs
de gestion
Les dettes
La dissolution
68
Biens indivis
Limites
Rgime conseiller :
aux commerants, aux poux ayant une activit
prsentant des risques nanciers ;
aux poux ayant chacun un patrimoine et
souhaitant une indpendance totale ;
aux poux ayant des enfants dun prcdent mariage.
Rgime proscrire :
si lun des poux na ni patrimoine personnel,
ni activit rmunratrice, mme pour quelques annes
(pouse voulant lever ses enfants, poux touch
par la maladie, linvalidit, le chmage).
Biens
de Madame
Composition
des
patrimoines
Rgles
de gestion
Proprit
privative
Indpendance
de lpoux
propritaire
Biens
de Monsieur
Biens constitutifs
de la socit dacquts
Proprit
privative
Indpendance
de lpoux
propritaire
69
Reprise
des biens
personnels
Biens de
Monsieur
Biens constitutifs
de la socit dacquts
partage par moiti des biens constitutifs de la socit
dacquts, sauf amnagement de la dissolution du rgime
en cas de dcs avec la prvision dun avantage
matrimonial : clause dattribution intgrale de la socit
dacquts au conjoint survivant, clause de prciput
Reprise
des biens
personnels
Ce rgime est un compromis entre la sparation de biens, dont elle emprunte les
rgles en cours de rgime, et la communaut de biens la dissolution du rgime car
les poux participent lamlioration, en valeur, du patrimoine de lautre.
Tableau 4.13
Pendant la vie
du rgime
Madame
Monsieur
Chacun des poux a droit en valeur, la moiti de lenrichissement ralis par lautre.
Le rsultat compens donne lieu au versement dune crance de participation.
70
71
Chapitre
Le divorce
Catherine Bienvenu
vec la rforme du divorce par la loi du 26 mai 2004, le lgislateur a maintenu la pluralit des cas, tout en simplifiant les procdures et en permettant
dadapter les demandes en cours dinstance. Elle prvoit galement un accompagnement des poux afin de les aider organiser les consquences de leur sparation le
plus efficacement possible, en vitant les conflits aprs le prononc du divorce.
Section 1
Section 2
Section
72
Le divorce
reprenant tous les points daccord sur la rupture du mariage et ses effets, y compris
la liquidation du rgime matrimonial. Le divorce est dsormais prononc, en principe, lissue dune seule audience, au lieu de deux auparavant.
2 Le divorce accept
Le juge constatera laccord des poux sur le principe de la rupture, sans considration des faits lorigine de celle-ci. Par contre, les poux sen remettent au juge
pour statuer sur les consquences de la rupture, faute davoir pu trouver un accord.
soit parce quil est demand titre principal, mme par un seul des poux, ds
lors que la communaut de vie a cess depuis plus de deux ans lors de lassignation en divorce (et non plus de la requte comme prcdemment) ;
soit parce quil est demand titre reconventionnel, sans condition de dlai, ni
de cessation de vie commune, ds lors que la demande principale en divorce
pour faute est rejete.
73
La nouvelle loi tendant ce que les poux rglent dfinitivement les effets du
divorce, il y a lieu den prvoir minutieusement les consquences patrimoniales en
amont. Contrairement la lgislation antrieure, le divorce est dsormais sans incidence sur les droits que les poux tiennent de la loi (pensions de retraite) ou de
conventions passes avec les tiers (assurance-vie).
Pour ltablissement des conventions relatives la liquidation du rgime matrimonial (art. 265-2), et quel que soit le cas de divorce, un acte notari nest exig que si
la liquidation porte sur des biens soumis publicit foncire. Dans les autres cas,
elle peut rsulter dune convention tablie, par les parties et leurs avocats, qui sera
soumise lhomologation du juge. Le recours au notaire est toutefois recommand
puisquil est le spcialiste du droit de la famille. Nous nvoquerons ici que les
consquences pcuniaires entre poux, mais cest bien lensemble des consquences
de la rupture qui doivent tre prvues, notamment en ce qui concerne les enfants.
Il y a lieu dtre particulirement vigilant sur la date et le report des effets du
divorce dans les rapports entre poux et la date des mmes effets vis--vis des tiers.
Une dette contracte par un poux entrera dans la communaut, vis--vis du tiers
crancier, si elle est ne entre ces deux dates. En cas de divorce par consentement
mutuel, le jugement prend effet la date de lhomologation de la convention rglant
les consquences du divorce, dfaut de clause particulire. Dans les autres cas, ses
effets sont fixs, non plus la date de lassignation, mais celle de lordonnance de
non-conciliation. Ceci ninterdit pas un des poux de demander, en cours de procdure, au juge de fixer les effets du jugement une autre date (cessation de la
cohabitation notamment). lgard des tiers, la dissolution du mariage nest opposable qu la date de la mention du jugement de divorce en marge de lacte de
mariage et des actes de naissance.
Nous verrons ainsi le sort qui est rserv aux libralits et avantages matrimoniaux
(1), au logement de la famille (2), les indemnits financires qui peuvent tre dues
entre poux (3) et la liquidation du rgime matrimonial (4).
74
Le divorce
1.1 Les donations de biens prsents
Le nouvel article 1096 du Code civil pose le principe de lirrvocabilit des donations de biens prsents entre poux (qui ont donc produit leurs effets pendant le
mariage), sauf application des dispositions de droit commun (inexcution des conditions sous lesquelles elles ont t faites et lingratitude). Comme sous lempire de la
loi antrieure, ces donations ne sont pas rvoques pour cause de survenance denfant (art. 1096 al. 3). Larticle 1096 du Code civil ne sapplique, en dehors de toute
procdure de divorce, quaux donations consenties aprs le 1er janvier 2005. En
consquence, toutes les donations faites pendant le mariage avant le 1er janvier
2005, demeurent librement rvocables.
1.2 Les dispositions cause de mort
Selon le nouveau principe de prise en compte des actes selon quils ont ou non pris
effet au cours du mariage, il y a lieu de distinguer :
les avantages matrimoniaux, qui prennent effet au cours du mariage (apport dun
bien propre par un poux la communaut, par exemple) restent irrvocables ;
les avantages qui prennent effet la dissolution du rgime matrimonial, sous
entendu par dcs ou changement de rgime matrimonial (clause de prciput,
clause de partage ingal) sont rvoqus de plein droit par leffet du divorce,
quelle que soit sa cause.
Toutefois, la libert dorganisation des effets du divorce permet, comme en
matire de libralits, lpoux qui les a consentis de les maintenir. Ici encore, cette
volont devra tre constate par le juge lors du prononc du divorce puisquils ne
pourront plus tre rvoqus.
2 Le logement de la famille
Comme nous le verrons dans la partie rserve aux rgimes matrimoniaux et aux
successions, le lgislateur organise toujours le sort du logement occup par la
75
76
Le divorce
3.1 Les dommages et intrts (266 du Code civil)
Une telle pension pourra tre fixe pendant le cours de linstance en divorce et
prendra fin avec son prononc. Elle a pour but de maintenir le niveau de vie dun
des poux. Elle sera fonction des revenus et charges de chacun des poux et est
rvisable.
3.3 La prestation compensatoire
Dnition
77
Principe du capital
Le capital peut prendre deux formes distinctes ;
le versement immdiat dune somme dargent ;
lattribution dun bien en proprit ou dun droit temporaire ou viager dusage,
dhabitation ou dusufruit (pour lattribution en proprit dun bien propre reu
par succession ou donation, le juge doit obtenir laccord exprs du dbiteur).
En cas dimpossibilit pour le dbiteur de verser immdiatement lintgralit de la
somme fixe, le capital peut tre fractionn sur une priode nexcdant pas huit ans,
sous forme de versements priodiques. Il est possible de sacquitter de la prestation
en cumulant le versement dune somme dargent, lattribution dun bien et un capital
chelonn. Le dbiteur peut se librer du solde tout moment, sans intervention
judiciaire. Le calcul du solde payer doit seffectuer partir du capital index.
Fiscalement, les incidences ne seront pas les mmes :
En matire dimpt sur le revenu : lorsque la totalit de la prestation est verse
en numraire sur moins de douze mois, ou en cas daffectation de biens ou de
droits, larticle 199 octodecies du CGI prvoit une rduction dimpt sur le
revenu1 calcule en fonction de la valeur des biens ou droits cds, qui doit tre
fixe dans la convention ou le jugement. dfaut, le dbiteur ne peut prtendre
aucune rduction dimpt. En cas de prestation mixte et ds lors que le versement est effectu sur plus de douze mois, le dbiteur ne peut bnficier de la
dduction de ses revenus, que des sommes effectivement verses. Le crancier
doit ne dclarer que ces mmes sommes (art. 156 du Code gnral des impts).
En matire de droits denregistrement : lorsque la prestation est paye sur des
biens communs, il y a application du droit de partage de 1,10 %. Lorsque la
prestation est paye au moyen de biens propres, il y a une imposition fixe de
125 sil sagit dun bien meuble, ou dun droit denregistrement de 0,60 % sil
sagit dun bien soumis publicit foncire.
La prestation compensatoire a un caractre forfaitaire et ne peut donc pas tre
rvise. Toutefois, les modalits de paiement du capital chelonn peuvent tre rvises, titre exceptionnel, et la seule demande du dbiteur. Le juge chelonnera
donc son versement sur une dure suprieure 8 ans.
1. 25 % du montant du capital, dans la limite de 30 500 .
78
Le divorce
Lexception, la rente viagre
Le juge peut, titre exceptionnel, octroyer une rente viagre1, en considration de
la situation du crancier, lorsque son ge ou son tat de sant ne lui permet pas de
subvenir ses besoins. Le montant de la rente, index comme en matire de pension
alimentaire, peut tre fix de manire uniforme ou varier selon lvolution probable
des ressources et des besoins (mise la retraite avec pour corollaire une baisse de
revenus). Il est possible dattribuer une fraction de la prestation compensatoire en
capital, lorsque les circonstances limposent, le montant de la rente tant en consquence minor. Sur le plan fiscal, en cas de cumul, seules sont prises en considration les sommes verses au titre de la rente (art. 199 octodecies II CGI), qui peuvent
alors tre dduites du revenu imposable du dbiteur.
La loi de 2004 a supprim le principe de la transmissibilit de la prestation compensatoire aux hritiers du dbiteur, qui ne sont donc plus en principe tenus personnellement son paiement. On y a substitu un mcanisme automatique de prlvement sur la succession, dans la limite de lactif de celle-ci (art. 280 du Code civil).
La prestation compensatoire constitue une dette de la succession. Sil y a galement
1. Par application de larticle 276 alina 1.
79
80
Le divorce
81
Chapitre
Les successions
Catherine Bienvenu
En labsence dexpression de volont du dfunt, la loi prvoit la dvolution de la succession (section 1). Sous rserve des dispositions dordre public, telle
que la rserve, le dfunt peut organiser diffremment la transmission de son patrimoine, par ltablissement dun testament ou dune donation entre poux confrant
au conjoint des droits supplmentaires (section 2).
Pour hriter, il suffit dtre conu et de natre viable. Il ne faut pas non plus tre
indigne (sanction suite une condamnation pnale lorsquon a attent la vie du
dfunt). On peut refuser dhriter en renonant la succession. La qualit dhritier
se dmontre par ltat civil qui est repris dans lacte de notorit dress par le
Notaire. En cas dincertitude, on aura recours un gnalogiste pour vrifier lexistence de parents.
82
Section 1
Section 2
Section 3
Les successions
Section
Un seul reprsentant dun ordre limine tous les ordres subsquents (lordre des
descendants exclut celui des ascendants : lenfant du dfunt hritera de son pre et
exclura son grand-pre, pre du dfunt). lintrieur de chaque ordre, la successibilit est dtermine par le degr, cest--dire le nombre de gnrations sparant le
dfunt de lhritier. Le parent du degr le plus proche limine le plus loign (lenfant du dfunt exclut le petit enfant).
ces deux mcanismes, la loi a ajout deux tempraments que sont la reprsentation qui permet un hritier de degr subsquent de remplacer celui qui la exclu
(le petit enfant viendra la place de son pre pour hriter de son grand-pre), et la
fente, qui permet une rpartition entre les deux familles dorigine du dfunt. Ainsi,
pour dterminer qui doit hriter, il faut procder par tapes. Les successibles doivent
tre classs par ordres, puis degrs mais il faut avoir lesprit que les mcanismes
de la reprsentation et de la fente peuvent intervenir pour rtablir une dvolution
perturbe par, notamment, le prdcs dun hritier.
1.1 Le classement par ordre (1re tape)
Le 1er ordre est celui des descendants, compos des enfants du dfunt quelle que
soit leur filiation et de leurs propres descendants sans limitation. Sil existe un descendant, il ny a pas lieu de sintresser aux autres membres de la famille pour
dterminer les successeurs.
dfaut de descendants, ce sont les membres du 2e ordre qui viendront la succession : les ascendants privilgis (les pre et mre du dfunt) et les collatraux
privilgis (ses frres et surs ou leurs descendants). Il y a concurrence entre ces
personnes. Le pre a droit un quart de la succession, la mre un quart et les frres
83
Deux lignes relies par un anctre commun, sont collatrales. Dterminer le degr
impose de calculer le nombre despaces (de gnrations) en passant par lanctre
commun.
Exemple
Le dfunt laisse un cousin germain, fils du frre de son pre (donc oncle du dfunt) et
une cousine issue de germaine, petite fille dune sur de son pre (donc tante du dfunt).
Il nexiste aucune famille du ct de sa mre.
84
Les successions
Grand-pre
Tante
Cousine germaine
Pre
Oncle
Dfunt
Cousin germain
Le cousin germain, collatral ordinaire, est au 4e degr : un degr entre le dfunt et son
pre, un 2e entre son pre et son grand-pre (galement pre de son pre et de son oncle),
un 3e entre son grand-pre et son oncle et enfin un 4e entre son oncle et le fils de ce dernier.
La cousine issue de germaine, galement collatrale ordinaire, est au 5e degr : un degr
entre le dfunt et son pre, un 2e entre son pre et son grand-pre (galement pre de son
pre et de sa tante), un 3e entre son grand-pre et sa tante, un 4e entre sa tante et la fille
de cette dernire, galement cousine germaine du dfunt et enfin, un 5e entre sa cousine
germaine et la fille de cette dernire.
Seul le cousin germain au 4e degr hritera, la cousine issue de germaine tant au 5e
degr, elle est exclue.
Les rgles ci-dessus ne sont justes que si lordre naturel des dcs est respect. La
loi y pallie par deux mcanismes que sont la reprsentation et la fente.
La notion de reprsentation
Elle ne joue que dans lordre des descendants et dans celui des collatraux privilgis. Elle permet un hritier vinc en fonction du degr, de prendre la place
de son auteur, qui, dans lordre naturel des choses et des dcs, aurait d tre appel
succder au dfunt.
Exemple
Un pre laisse 3 fils dont un prdcd ayant lui-mme 5 enfants.
Si les 3 enfants avaient tous survcu, ils auraient eu chacun 1/3. Sans reprsentation, les
2 enfants vivants, au 1er degr, excluent les 5 petits-enfants qui se trouvent au 2e degr.
Mais, par le jeu de la reprsentation, les 5 petits-enfants (du fils dj dcd) vont venir
prendre la place de leur pre et donc tre au 1er degr, comme leurs 2 oncles. Ils auront
droit, ensemble, la part du 1/3 de leur pre prdcd.
85
Si les enfants sont communs au couple quil formait avec le dfunt, il a un droit
personnel de choisir entre la pleine proprit du quart de la succession ou la totalit
en usufruit. Si un des enfants est issu dune prcdente union du dfunt, le conjoint
na droit qu la pleine proprit du quart de la succession. Ltendue des droits du
conjoint diffre selon leur nature.
86
Les successions
Les droits en usufruit du conjoint : lusufruit1 porte sur les biens existants au
dcs (biens qui se trouvent dans le patrimoine, au dcs), desquels on dduit les
biens lgus par testament. On notera que tant que le partage nest pas ralis, lusufruit peut tre converti en rente viagre la demande du conjoint ou des enfants. Si
cette conversion est impose au conjoint, elle ne peut pas porter sur le logement
occup par lui, ni sur le mobilier le garnissant. Fiscalement, le conjoint sera impos
limpt sur le revenu car il sagit dune rente constitue titre onreux et les nuspropritaires ne pourront pas la dduire de leur revenu imposable. Lusufruit peut
galement tre converti en capital si conjoint et enfants en sont daccord.
Les droits en proprit du conjoint : si le dfunt na consenti aucune libralit
(par donation de son vivant ou par testament), le quart (revenant en pleine proprit
au conjoint) sexercera sans difficult sur les biens existants au dcs. Par contre, si
le dfunt a consenti des libralits, il y a lieu de reconstituer le patrimoine sur lequel
les droits du conjoint auraient port en labsence de libralit.
Repres
3. Estimation des droits du conjoint. Soit la masse dexercice est suprieure aux droits du
conjoint (= de la masse de calcul), il sera rempli compltement de ses droits. Soit elle est
infrieure, ses droits seront rduits la masse dexercice.
Exemple 1
Monsieur a donn chacun de ses trois enfants en avancement de part successorale
1 000. Au dcs du pre, les biens existants sont de 1 200. Le conjoint a opt pour recevoir en pleine proprit.
Masse de calcul : 3 000 (les 3 donations rapportables) + 1 200 (biens existants) = 4 200
Masse dexercice : 1 200 (biens existants)
Droits thoriques : 4 200 = 1 050
Le conjoint a donc droit la quasi-totalit des biens existants en pleine proprit ; il ny
aura pas de rduction de ses droits puisque la masse dexercice (1 200) est suprieure
1. Droit qui permet lusufruitier de se servir dun bien (usus) et den recevoir les revenus (fructus) mais ne
permet pas den disposer (abusus), de le vendre par exemple. Voir chapitre Le dmembrement de proprit .
87
Les droits lgaux des pre et mre sont du quart de la succession en labsence de descendant. En consquence, le conjoint du dfunt aura la moiti ou les trois quarts de la
succession selon que les deux parents ou un seul aient survcu leur enfant dfunt.
Pour les successions ouvertes compter du 1er janvier 2007, les pre et mre nont
plus de rserve. Par contre, ils bnficient dun droit de retour sur les biens quils
ont donns leur enfant. Leurs droits lgaux restent dun quart chacun. Il y a lieu,
l aussi, de dterminer ltendue des droits du conjoint. Ces droits ne peuvent porter
sur les biens ayant fait lobjet dune libralit ou bnficiant du droit de retour aux
parents (par ordre) :
droits thoriques du conjoint sur la masse de calcul : biens existants au dcs,
auxquels on runit fictivement les biens donns ou lgus lorsquils sont rapportables et desquels on dduit les biens donns par les pre et mre ;
masse dexercice sur laquelle les droits du conjoint vont effectivement sexercer et ne comprenant que les biens existants au dcs, lexclusion des donations (rapportables ou prciputaires), des legs (rapportables ou prciputaires) et
des biens bnficiant du droit de retour aux pre et mre ;
droits du conjoint : soit la masse dexercice est suprieure aux droits du conjoint
(= ou de la masse de calcul), il sera rempli compltement de ses droits, soit
elle est infrieure, ses droits seront rduits la masse dexercice qui devra correspondre, au moins, sa part de rserve du quart de la succession (voir infra).
En labsence de descendant et dascendant privilgi
88
Les successions
dfunt soient galement ceux desdits frres et surs (ne concerne donc pas les demifrres et surs issus dune autre ascendance). Il est noter que lorsque le conjoint
a droit la totalit ou aux 3/4 de la succession, les ascendants ordinaires dans le
besoin ont une crance daliments contre la succession.
Le droit temporaire au logement est la jouissance gratuite du logement et du mobilier pendant 12 mois, mme en cas de remariage du conjoint survivant dans ce dlai.
Cest un droit dordre public qui dcoule des effets du mariage et non du droit successoral. En consquence, si le logement est lgu, le lgataire doit laisser le conjoint dans
les lieux. Sil renonce la succession, il conserve son droit. Ce droit na pas de valeur
patrimoniale susceptible dtre dduite de ses droits sur la succession.
Si le bien est la proprit du dfunt ou des poux, les charges affrentes au logement doivent tre rembourses au conjoint survivant par la succession. Si le logement tait lou, les loyers seront rembourss par la succession et pourront tre
dduits sous forme de provision ( rgulariser) au passif de la dclaration de succession. Ce droit est galement accord au partenaire li par un PACS mais nest pas
dordre public et, faute dtre un effet du mariage en loccurrence, il est un droit
successoral donc fiscalement taxable.
89
Section
La rserve des descendants est fonction du nombre denfants. Lorsque le bnficiaire de la libralit nest pas le conjoint, la rserve est une quote-part en pleine
proprit. En prsence dun enfant, la quotit disponible correspond la moiti de
la succession et la rserve lautre moiti. Le dfunt peut donc disposer de la moiti
90
Les successions
de son patrimoine au profit de toute personne de son choix. Lorsque le dfunt laisse
deux enfants, la quotit disponible est du 1/3 et la rserve des 2/3. La rserve globale
se rpartit entre les enfants. Ds lors que le dfunt avait trois enfants, ou plus, la
quotit disponible est fixe au 1/4 et la rserve globale aux 3/4. On tient compte de
lenfant prdcd sil est reprsent (rpartition par souche) et de lenfant renonant sil est reprsent ou lorsquil devra rapporter une libralit (voir le rapport
infra).
La rserve du conjoint survivant
91
En prsence
d1 enfant
QD = 1/2
R = 1/2 PP
R = 3/4 NUP
R = Totalit en NUP
En prsence
de 2 enfants
QD = 1/3 PP
R = 2/3 PP
En prsence
de 3 enfants ou plus
QD = 1/4 PP
R = 3/4 PP
En prsence denfants issus du seul dfunt, si le conjoint est gratifi en pleine proprit
(cette quote-part pourra se retrouver dans sa succession laquelle les enfants du seul
dfunt ne participeront pas), ces derniers pourront imposer au conjoint que la pleine
proprit soit convertie en usufruit en lui abandonnant la part dusufruit que ces enfants
auraient eue en labsence de conjoint. Lusufruit forc nest pas possible lorsque :
le conjoint bnficie du 1/4 en pleine proprit et des 3/4 en usufruit car il ny a
pas dusufruit abandonner par les enfants ;
le dfunt sy est oppos, mme tacitement, en laissant au conjoint le choix entre
les 3 options.
Le conjoint ne peut pas cumuler ses droits lgaux avec les libralits qui lui sont
consenties. Les libralits consenties au conjoint simputent dabord sur ses droits
successoraux. Si les libralits sont moindres que ses droits lgaux, il aura droit au
complment, dans la limite de la quotit disponible spciale. La loi du 23 juin 2006
permet au conjoint de cantonner son molument. Lorsquil est en concours avec des
descendants, il peut limiter ses droits sur une partie des biens seulement composant la
libralit : Le conjoint survivant peut dcider de prendre moins que ce que le dfunt
avait dcid de lui octroyer. En consquence, il renonce une partie de ses droits, ce
qui accrot dautant la quote-part revenant aux descendants, sans que cela soit regard
comme une libralit faite aux successibles, donc sans droit de succession.
La quote-part ainsi abandonne revient directement aux descendants et sera taxe
aux droits de succession directement au nom des enfants, plutt que de subir un
premier transfert (exonr) entre poux, puis des droits de succession (ou de donation) entre le survivant et les enfants.
92
Les successions
le rapport qui, au-del de la prsence dhritiers rservataires ou non, permet
de reconstituer la masse successorale en tenant compte des libralits que le
dfunt a consenties de son vivant ;
la rduction qui sanctionne lempitement sur la rserve hrditaire.
Ce mcanisme assure lgalit entre les hritiers. Tout hritier venant la succession doit y rapporter les biens qui lui ont t donns par le dfunt car la loi prsume
que ce dernier veut lgalit entre ses successeurs. La donation ne serait donc quune
avance sur la succession. Ainsi, la loi tablit une prsomption :
les legs sont prsums hors part successorale (anciennement prciputaires)
cest--dire non rapportables ;
les donations sont prsumes en avancement sur part successorale (anciennement en avancement dhoirie), cest--dire rapportables.
Mais le donateur ou testateur peut prvoir expressment le contraire, afin que la
donation soit hors part successorale et que le legs soit rapportable.
1. Ne pas confondre donataire , celui qui reoit, et donateur , celui qui donne.
93
Bernard
100 000
100 000
125 000
Maison :
Valeurs mobilires :
300 000
25 000
Par exception, le rapport se fera en nature sil en a t convenu ainsi dans la libralit ou
si le donataire le souhaite, la condition que le bien soit libre de toute charge et occupation. Lintrt pour le donataire est alors de remettre le bien lui-mme dans la masse
partager et de sen faire attribuer un autre.
1. Il a dj reu le bien, on lui attribue fictivement cette indemnit pour assurer lgalit avec ses cohritiers.
94
Les successions
2.2 La rduction des libralits
Lhritier dont la rserve est entame par une libralit consentie une autre personne peut exercer une action en rduction. Dans cette situation, la libralit dpasse
la quotit disponible, et empite donc sur la rserve. La libralit est alors rduite de
telle sorte que la rserve soit reconstitue.
Les hritiers rservataires peuvent renoncer exercer laction en rduction aprs
le dcs, mais aussi dsormais par avance. Dans ce cas, la renonciation porte non
pas sur le droit rserve, mais sur lexercice de laction en rduction. Cette renonciation ne peut avoir lieu que dans le cadre dun pacte de famille tabli par deux
notaires et sign, sparment, par chaque renonant pour garantir leur libert et la
bonne comprhension des consquences juridiques, qui doivent galement tre inscrites dans lacte. Le bnficiaire de la renonciation doit tre nommment dsign
ainsi que labsence de contrepartie. La renonciation peut porter sur la totalit de la
rserve ou une partie seulement ou sur un bien prcis, sans pour autant quelle dgnre en une libralit de la part du renonant (ou de ses reprsentants).
Comme on la vu plus haut, la personne ayant des hritiers rservataires (descendants ou conjoint en labsence deux) doit leur rserver une part de son patrimoine
et na toute libert que sur la quotit disponible. Ce nest quau dcs que lon peut
apprcier si, oui ou non, le dfunt a respect la rserve (raison pour laquelle la nouvelle possibilit de renoncer laction en rduction des libralits excessives avant
mme le dcs est une opportunit importante pour assurer le maintien des libralits et donc la volont du donateur).
Pour apprcier si une libralit (donation ou legs) peut conserver ou recevoir son
entire excution, il y a lieu de procder la reconstitution du patrimoine. Nous
avons vu les fractions de la rserve et de la quotit disponible. Lors du rglement
dune succession, il faut en chiffrer la valeur au jour du dcs pour pouvoir imputer
les libralits faites et savoir sil reste assez de biens dans la succession pour que les
hritiers rservataires soient remplis de leurs droits minimums que constitue la
rserve.
Comment chiffrer la rserve ?
95
96
Les successions
Puis, concurremment, les legs avec la donation au dernier des vivants. On notera
que les poux peuvent prvoir lacte de donation quelle simputera avant les
legs.
Ainsi, sil ny a pas assez de biens pour remplir chacun de ses droits, ce sont les
legs qui seront rduits en premier. Les libralits peuvent simputer sur la rserve ou
sur la quotit disponible, selon le bnficiaire et la nature de la libralit.
Simputent sur la rserve, les donations faites en avancement de part successorale aux rservataires puisquil sagit dune avance sur la succession. Cest
galement le cas de la donation faite lhritier rservataire renonant mais reprsent, sauf volont contraire du donateur. Si la donation faite au rservataire
dpasse sa part de rserve, le surplus est imput sur la quotit disponible. Si la
quotit disponible est insuffisante, lexcdent correspondra la rduction que
devra subir la libralit. Le donateur peut prvoir lacte de donation faite un
hritier rservataire que la donation simputera sur la rserve globale (celle de tous
les rservataires) de sorte que la quotit disponible sera moins vite atteinte. Mais
il ne donne pas ainsi plus de droit au rservataire ayant reu la donation qui sera,
en tout tat de cause, rduite du montant de la rserve personnelle quelle
dpasse.
On imputera sur la quotit disponible les donations faites en avancement de
part successorale dpassant la part de rserve de lhritier rservataire concern ainsi
que les libralits faites hors part successorale un rservataire et celles faites aux
non rservataires. La libralit excdant la quotit disponible est alors rductible
pour lexcdent, mme si elle est faite un rservataire car il ny aura pas imputation
sur sa part de rserve. Lorsque le conjoint est bnficiaire dune libralit, il y a lieu
de combiner les quotits disponible et spciale. Les deux quotits ne sadditionnent
pas : elles se recouvrent pour la pleine proprit et le conjoint peut tre gratifi de
lexcdent en usufruit. Ainsi, les libralits en pleine proprit simputent sur la
quotit disponible ordinaire et, pour lexcdent, sur ce que la quotit disponible
spciale lui donne en plus. Lexcdent sera rduit. Les libralits en usufruit simputent, en priorit, sur la quotit disponible spciale. Le conjoint est en concours
avec les autres bnficiaires de libralits en fonction de la nature et de la date de la
libralit.
Exemple (suite du cas)
Imputation des donations :
La donation faite Arnaud (350), hritier rservataire, a t faite en avancement de
part successorale (sinon il aurait fallu que le pre le dcide expressment). Elle simputera donc sur sa part de rserve (300) et pour le surplus sur la quotit disponible
(300).
La donation faite la nice (50) simputera sur la quotit disponible (300).
La quotit disponible nest donc plus que de 300 (50 + 50) = 200
97
300 = Bernard
50 = nice
Reste 200
Si les hritiers en font la demande, il y aura rduction des libralits dans lordre
inverse des imputations :
En premier lieu, les legs concurremment (en ce compris la donation au dernier
vivant sil na pas t prvu quelle soit rduite aprs eux) ;
Puis les donations en commenant par la plus rcente.
Jusqu prsent, la rduction soprait en principe en valeur pour les donations
faites aux successibles et en nature pour les autres. Avec la loi du 23 juin 2006, les
rgles de rduction ont t modifies. Dsormais, la rduction sopre en valeur dans
tous les cas. Il ny aura rduction en nature que lorsquelle sera demande par le
bnficiaire de la libralit lui-mme ou si laction est exerce contre un tiers dtenteur du bien donn. Le bnficiaire ayant reu trop ne rend donc pas le bien mais la
partie de sa valeur excdant ce dont le dfunt pouvait disposer son profit. Il est
donc redevable la succession dune indemnit de rduction. Cette indemnit correspond la valeur du bien donn ou lgu au jour du partage, selon son tat au jour
de la libralit, comme en matire de rapport. Elle sera acquitte lors du partage en
moins prenant si son dbiteur intervient au partage (parce quil est par ailleurs hritier) ou verse dans la masse partager.
Exemple (suite du cas)
Le legs (100) au bnfice du neveu et la donation entre poux (300) consentie lpouse
vont devoir tre rduits concurremment puisque le solde de la quotit disponible nest
plus que de 200.
Les deux libralits vont devoir tre rduites du montant de lexcdent (400 200) par
rapport au montant total des libralits (100 + 300), soit :
(400 200) / (100 + 300) = 1/2
Le legs au neveu sera rduit de 100 1/2 = 50
La donation au conjoint de 300 1/2 = 150
98
Les successions
La succession se rpartira ainsi :
50 = neveu
50 = nice
300 = Bernard
150 = conjoint
Mais il y a encore lieu de procder la liquidation de lindivision et son partage, notamment avec le rapport des libralits (supra 2.1). ce stade, on a seulement dtermin
dfinitivement le maintien (donation Arnaud et la nice) ou la rduction des libralits
(legs au neveu et donation au conjoint).
Pour les enfants, il faut procder au partage galitaire entre eux puisque la donation faite
Arnaud est prsume faite en avancement de part successorale.
La masse partageable dgage comprend :
1) En nature, les biens existants (550 50 de passif), lexception de ceux dont le dfunt
avait dispos cause de mort, avant rduction [legs au neveu (100) et donation entre
poux (300)].
2) En valeur, les rapports des libralits aux enfants (350). Il ny a plus lieu de tenir
compte de la donation la nice, comme ce serait le cas de la donation hors part successorale un rservataire car il nen a t tenu compte que pour sassurer quelle nempitait pas sur la rserve et les indemnits de rduction des libralits excdant la quotit
disponible (50 + 150).
La masse partageable est donc de :
Biens existants
500
Legs neveu
100
Donation entre poux
300
100
+ Rapport libralit Arnaud
+ 350
+ Indemnit rduction neveu
+ 50
+ Indemnit rduction conjoint + 150
650
Revenant chacun des enfants pour moiti, soit 325 chacun.
De sorte que la succession sera ainsi dvolue :
Rserve globale = 600
Arnaud = 325
Bernard = 325
50 = neveu
150 = conjoint
99
La loi n 2007-1223 du 21 aot 2007 en faveur du travail, de lemploi et du pouvoir dachat, dite loi TEPA, vise allger la charge fiscale des Franais dans divers
domaines. Elle sapplique pour les successions ouvertes compter de sa publication,
soit le 22 aot 2007. La mesure majeure concerne la suppression totale des droits de
succession entre poux et entre partenaires lis par un PACS et le principe dune
actualisation au 1er janvier de chaque anne des barmes et des abattements.
compter du
1er janvier 2008
compter du
1er janvier 2009
En ligne directe :
Sur la part de chacun des enfants vivants ou reprsents (en cas
de reprsentation, labattement se divise entre les reprsentants) ;
Sur la part de chacun des ascendants
151 950
156 357
15 195
15 636
Neveux et nices
7 598
7 818
1 520
1 564
151 950
156 357
(*) Exonration entre frres et surs si le bnciaire est clibataire, veuf, divorc ou spar de corps et
la double condition :
dtre g de plus de 50 ans ou inrme ;
davoir eu un domicile constant avec le dfunt pendant les 5 ans prcdant le dcs.
La part taxable (part nette reue sous dduction du ou des abattements) est taxe
suivant la qualit du successeur. On applique un barme progressif, chaque tranche
tant taxe un taux diffrent1.
1. Pour un calcul rapide, on taxe la totalit de la part reue la tranche suprieure et on retranche limpt des
tranches infrieures. Voir chapitre Limpt sur le revenu pour une prsentation du principe de progressivit.
100
Les successions
Taux dimposition compter du 1er janvier 2008
Tableau 6.3
Fraction de part nette taxable
Taux
Calcul rapide
En ligne directe
Nexcdant pas 7 699
5%
De 7 699 11 548
5 % PNT
10 %
10 % PNT 385
De 11 548 et 15 195
15 %
15 % PNT 962
20 %
20 % PNT 1 722
30 %
30 % PNT 54 398
35 %
35 % PNT 97 451
40 %
35 %
35 % PNT
45 %
45 % PNT 2 330
55 %
55 % PNT
60 %
60 % PNT
Taux
En ligne directe
5%
De 7 922 11 883
10 %
De 11 883 15 636
15 %
20 %
30 %
35 %
40 %
35 %
Au-del de 23 975
45 %
55 %
60 %
101
396,10
396,10
562,95
105 280
103 195,20
55 168,05
264 998,40
Tout hritier, donataire ou lgataire ayant au moins 3 enfants vivants ou reprsents bnficie dune rduction de :
610 par enfant en sus du deuxime, si la transmission sopre en ligne directe
ou entre poux ;
305 par enfant en sus du deuxime, pour les autres transmissions.
102
Les successions
conjoint depuis la loi du 21 aot 2007 puisquil nest plus redevable de droit), mais
ladministration ne peut demander le paiement intgral lun dentre eux : elle doit
le demander tous les hritiers. LAdministration dispose de 3 ans, plus lanne en
cours, pour contester les nonciations de la dclaration. Elle a 6 ans depuis la loi
TEPA (antrieurement le dlai tait de 10 ans) pour constater toute omission dans la
dclaration.
Tous les titres ou sommes dargent figurant sur ce compte seront censs faire
partie de la succession pour moiti. Toutefois, lAdministration a la facult de
retenir, comme base de calcul, lintgralit du compte joint au nom du dfunt, en
apportant la preuve notamment que lhritier na effectu aucun dpt sur ce
compte ou bien encore quil avait des revenus trs faibles ne lui permettant pas de
lalimenter.
4.2 Comptes ouverts au nom des mineurs (art. 784 du CGI)
Sil savre que le compte a t uniquement aliment par les parents, les fonds
doivent tre rapports la succession (sauf les analyser comme des cadeaux ou
prsents dusage).
4.3 Retraits bancaires avant le dcs (art. 752 du CGI)
103
Toute dette due par le dfunt envers ses hritiers, quand bien mme serait-elle
relle et sincre, ne pourra tre dduite de lactif successoral qu condition quelle
soit tablie par un document ayant date certaine ou par acte notari. Par exemple, si
un hritier a pay des factures pour le compte du dfunt avant le dcs, sans autre
formalit, il ne pourra les dduire.
au second dcs
Les comptes titres. Si, au premier dcs, le compte titres est laiss intgralement au nom du conjoint survivant seulement, sans faire tat des droits des
enfants en nue-proprit, lensemble de ces titres sera tax lors du deuxime
dcs sauf tablir un compte dadministration reprenant les diffrentes oprations ayant eu lieu entre le premier et le second dcs. Pour viter cela, il
convient simplement deffectuer un acte de partage au lendemain du premier
dcs qui organisera la gestion de ces titres et qui vitera une double taxation au
second dcs.
104
Les successions
105
Chapitre
Les libralits
Catherine Bienvenu
a libralit est lacte par lequel une personne transmet titre gratuit tout ou
partie de ses biens ou de ses droits au profit dune autre personne (art. 893 al. 1,
C. civil). Celui qui dispose doit donc avoir une intention librale et doit sappauvrir.
Il ne peut le faire que par donation, pour une transmission de son vivant, ou par legs,
pour une transmission son dcs.
Comme on la vu plus haut (chapitre Les successions ), toute libralit peut
tre touche par une action en rduction pour atteinte la rserve hrditaire. Ce
nest donc quau dcs du donateur que lon connatra le sort de cette libralit,
ce qui fragilise la situation du bnficiaire et des tiers. La loi du 23 juin 2006 a
cependant renforc la scurit juridique de la libralit. Dune part, il y est
affirm le principe de la rduction en valeur, celle en nature tant lexception et
ce, quil sagisse dune donation ou dun legs, un successible ou non. En cas
de rduction, cest donc bien une somme dargent que le gratifi sera tenu de
restituer et non pas le bien lui-mme. Dautre part, alors quil ntait possible de
renoncer exercer laction en rduction quune fois la succession ouverte, la loi
rend licite le pacte par lequel lhritier rservataire prsomptif y renonce du
vivant du disposant.
Cette innovation de la loi constitue une vritable opportunit patrimoniale, adapte la ralit conomique et sociologique de notre poque, ainsi qu lvolution
106
Les libralits
actuelle de lesprance de vie. En effet, elle va permettre de consolider les donations
qui sont faites aux petits-enfants, denvisager diffremment les transmissions de
patrimoine au sein des familles recomposes, dassurer efficacement la protection
dun enfant handicap, de faire chapper les changements de rgimes matrimoniaux
aux actions en retranchement Finalement, plus quun pacte de renonciation, la loi
consacre un vritable pacte de famille.
Section 1
La donation simple
Section 2
La donation-partage
Section 3
Section 4
Section 5
Section 6
Section 7
Section
LA DONATION SIMPLE
Section
LA DONATION-PARTAGE
107
1 La donation-partage transgnrationnelle
La donation partage aux petits-enfants en prsence denfants seffectuera par
souche. La gnration intermdiaire devra donner son accord (on retrouve lide
du pacte de renonciation la rserve). Techniquement les petits-enfants seront
censs avoir reu les biens de leur auteur direct. Une telle donation ne peut tre
consentie quentre petits-enfants. Sagissant dun partage anticip de la succession, un prsomptif hritier (enfant) au moins doit y participer. Toutefois, le donateur qui na quun enfant peut consentir une donation transgnrationnelle au
profit de cet enfant unique et de ses petits-enfants ou mme au profit uniquement
de ses petits-enfants.
Lenfant qui abandonne ainsi ses droits doit donner son consentement lacte.
Toutefois, il ne faut pas oublier que dcarter un de ses enfants lors dune donationpartage au profit de descendants de degrs diffrents fait perdre lavantage de figer
la valeur des biens donns. En effet, un des avantages de la donation-partage est de
pouvoir maintenir la valeur des biens donns au jour de la donation, pour le calcul
de la rserve, la double condition que tous les enfants de lascendant donateur aient
donn leur consentement au partage et quil nait pas t prvu de rserve dusufruit
sur une somme dargent.
108
Les libralits
Avec la rforme, il est possible de raliser une donation-partage conjonctive en
prsence denfants qui ne sont pas issus des deux poux. Dsormais :
Les enfants non communs ne peuvent donc recevoir que des biens propres de
leur auteur ou des biens communs. Sagissant des biens communs, lautre poux
ne peut pas se porter codonateur. Il nintervient que pour donner son consentement, conformment lactuel article 1422 du Code civil.
Les enfants communs, quant eux, peuvent recevoir indiffremment des biens
propres et des biens communs de leur pre et mre.
Section
Les libralits peuvent tre faites avec charge1 tant quelles conservent leur nature
de libralit (la charge ne doit pas avoir une valeur suprieure au bien donn) et que
la charge soit possible, licite et morale.
On listera ici un certain nombre de clauses.
La clause dinalinabilit (Code civil, art. 900-1) qui doit tre temporaire et justifie par un intrt srieux et lgitime. Mme dans ce cas, le donataire ou le lgataire peut tre judiciairement autoris disposer du bien si lintrt qui avait justifi
la clause a disparu ou sil advient quun intrt plus important lexige . La Cour de
cassation juge temporaire linalinabilit stipule pour la vie du donateur lorsque la
clause garantit lun de ses intrts qui est lui-mme viager.
La clause de retour conventionnel (art. 951 et 952 du Code civil) par laquelle le
donateur pourra stipuler le droit de retour des objets donns, soit pour le cas du
prdcs du donataire seul, soit pour le cas du prdcs du donataire et de ses descendants . Une telle clause vitera davoir acquitter des droits de succession si le
donataire venait dcder avant le donateur, qui serait alors son hritier. On peut
prvoir un droit de retour mme si le bien a t vendu. Lavantage sera de crer un
passif dans la succession du donataire.
La clause de dispense de rapport (art. 844 du Code civil) pour la donation hors
part successorale (voir chapitre Les successions ).
La clause de rapport forfaitaire (art. 860 du Code civil). Les rgles lgales
dvaluation du rapport peuvent tre conventionnellement modifies dans une donation simple. Notamment, il peut tre prvu de fixer le rapport une somme forfai-
1. Celui qui bnficie de la libralit doit, par ailleurs, supporter une charge.
109
110
Les libralits
111
Section
On renverra aux dveloppements sur les successions. Pour rappel, les donations
ne doivent pas porter atteinte la rserve hrditaire. Mais le donateur peut avantager la personne de son choix par le biais de la quotit disponible.
Section
Les biens doivent tre valus pour leur valeur vnale au jour de la donation. Il doit
tre tenu compte de la nature juridique et du statut des biens transmis (participation
minoritaire dune socit familiale, bien immobilier occup mais en tenant compte du
rendement locatif qui, sil est lev, ne permettra pas une dcote importante). Lors
du dcs du donateur, il y aura lieu de procder une nouvelle valuation des biens
donns (voir chapitre sur les successions : droits du conjoint survivant, rapport, rduction) afin dassurer lgalit des hritiers et la protection de la rserve.
112
Les libralits
Section
La loi prvoit que les frais et droits sont acquitts par le donataire. Cette disposition lgislative nest pas dordre public. Ainsi, il est possible de prvoir, dans lacte
de donation, une clause stipulant que les frais de donation seront la charge du
donateur. Cet avantage nest pas taxable, le paiement des droits par le donateur
ntant pas regard comme un supplment de donation.
Comme en matire de successions (voir supra), la loi TEPA du 21 aot 2007 a
allg la charge fiscale en matire de donation. Elle sapplique aux donations
consenties compter de son entre en vigueur, soit le 22 aot 2007. La nouveaut
majeure concerne lgalit de traitement entre les poux et les partenaires lis par un
Pacs et, comme en matire successorale, le principe dune actualisation au 1er janvier de chaque anne des barmes et des abattements.
Personne concerne
Montant de labattement
En ligne directe
79 221
15 636
7 818
Personne handicape
113
Taux
5%
De 7 922 15 636
10 %
De 15 636 et 31 271
15 %
20 %
30 %
35 %
40 %
114
Les libralits
au profit dun enfant, dun petit-enfant ou dun arrire-petit-enfant ou, dfaut
dune telle descendance, dun neveu ou dune nice. Ce dispositif ne peut sappliquer quune seule fois (mme aprs lcoulement dun dlai de 6 ans). Le donateur
doit tre g de moins de 65 ans et le bnficiaire avoir 18 ans rvolus ou tre
mancip.
Section
LE TESTAMENT
115
116
Chapitre
La protection
du conjoint
survivant
Frdric Petit
117
Section 2
Section 3
Section
Mais, dans 95 % des cas, les poux, par ignorance, nenvisagent pas une telle
convention. Il leur est pourtant possible, aprs deux annes dapplication du rgime
matrimonial dorigine, de modifier totalement ou partiellement leur rgime matrimonial, ce qui peut donc arriver plusieurs fois au cours dune mme union.
Compte tenu du principe de djudiciarisation, et ce depuis la loi du 23 juin 2006
(art. 1397 du Code civil), un acte notari peut tre suffisant pour oprer cette modification. Ceci nest cependant pas possible dans les cas suivants :
en prsence denfants mineurs ou de petits enfants mineurs venant par
reprsentation ;
en cas dopposition des enfants majeurs ou des cranciers ou des personnes qui
avaient t parties dans le contrat modifi.
Sous peine de nullit (nullit absolue selon une doctrine majoritaire), lacte doit
contenir une liquidation du rgime modifi, lorsque celle-ci est ncessaire (prcision
118
Il peut tre dfini comme lavantage quun poux tire de son contrat de mariage
du fait de ladoption dun rgime de communaut conventionnelle, par rapport aux
rgles de la communaut lgale.
Exemple 1 Communaut lgale avec clause de prciput sur le logement
Communaut = logement (100) + liquidits (50) = 150
Droits du conjoint sous ce rgime : 100 % du logement (prciput) + liquidits = 125
Droits du conjoint sous communaut lgale : logement + liquidits = 75
Avantage matrimonial = 125 75 = 50
Exemple 2 Communaut universelle avec attribution intgrale
Communaut = 1 000 000 (dont 400 000 dapports)
Droits du conjoint sous ce rgime = 1 000 000
Droits du conjoint sous communaut lgale = 600 000 (compt hors apports)
= 300 000
Avantage matrimonial si lpoux apporteur survit = 300 000
Avantage matrimonial si lpoux non apporteur survit = 700 000
119
120
Les biens propres mis en communaut par leur auteur peuvent tre repris par leurs
hritiers, sauf clause contraire, ce qui devrait tre une clause de style dans la
convention matrimoniale lorsque celle-ci a pour but daugmenter la protection du
conjoint survivant.
Le divorce (art. 265 du Code civil)
121
Ces clauses ont en commun quelles visent au profit du seul conjoint survivant
(possibilit de prvoir des clauses diffrentes selon que ce soit Monsieur ou
Madame), un bien prcis en nature, une somme dargent, ou une certaine quantit
dune espce dtermine de biens, le tout en pleine proprit ou en usufruit ou mme
en quasi-usufruit.
La facult dattribution ou dacquisition vise les biens propres du prdcd et
constitue une sorte dattribution prfrentielle pour le conjoint survivant. Au
contraire, la clause de prciput et la clause de prlvement moyennant indemnit ont
pour objet des biens de communaut. La clause de prciput rompt lgalit en nature
et en valeur au profit du conjoint survivant puisquelle lui permet dapprhender le
bien avant tout partage sans rien devoir. Par contre, la clause de prlvement rompt
lgalit en nature mais non en valeur, le conjoint survivant prlevant le bien mais
devant une indemnit dgal montant (ce qui ne constitue pas un avantage matrimonial et est donc utile dans les familles recomposes, sauf si le versement de lindemnit est stipul payable au second dcs). Ces clauses ont surtout pour avantage
quelles sont dexercice facultatif pour le conjoint survivant. Ce caractre essentiel
donne toute sa souplesse au mcanisme. La recherche du sur-mesure en faveur
du conjoint survivant sera atteinte en prvoyant dans lacte une srie de prciputs en
pleine proprit, en usufruit ou en quasi-usufruit, sur tout ou partie des diffrents
lments pouvant composer la communaut au dcs Reste alors au conjoint survivant faire son march .
Les stipulations de parts ingales
122
Section
123
Tableau comparatif :
Tableau 8.1
Hritiers en concours
Absence de descendants,
frres, surs ou neveux
et nices
Idem
Idem
Clauses sur droit de retour : lcarter
ou le maintenir totalement ?
Lorganiser ?
En ce sens : Rp Mi du 13 fvrier 2007
Ascendants
1. Arrt Cour Cass. Civ. 1re 21 octobre 1997 et Arrt Cour Cass. Ch. mixte 08 juin 2007.
124
Enfants issus
des 2 poux
Article 1094 1
Totalit en usufruit
Ou
1/4 en pleine proprit
+
3/4 en usufruit
ou
Quotit disponible ordinaire :
1/2 en pleine proprit si 1 enfant
1/3 en pleine proprit si 2 enfants
1/4 en pleine proprit si 3 enfants
et plus.
Loi
Usufruit
Pleine Proprit
Masse de calcul :
Biens existants + libralits non prciputaires
Masse dexercice :
Biens existants sauf les lgus, et sans
prjudicier aux droits de rserve et de retour
Commentaire
125
Par ailleurs, depuis la loi du 23 juin 2006, et sauf volonts contraires du disposant,
les libralits consenties au conjoint survivant simputent sur ses droits dans la succession (art. 758-6 C. Civ). Lorsque les libralits ainsi reues sont infrieures sa
vocation lgale, le conjoint survivant peut en rclamer le complment, sans jamais
pouvoir dpasser chacune des quotits dfinies aux articles 1094-1. Cette imputation signifie que le conjoint survivant ne prendra sa part successorale que diminue de ce quil a dj reu.
Exemple 2
Donation en pleine proprit de biens prsents son pouse : 40 (portefeuille dactions)
Biens existants au dcs de M. : 120 (rsidence principale)
1 enfant commun
Mme opte pour en PP
126
120
40
40
Rserve
160
80
80
127
128
Les hritiers du dfunt et du conjoint survivant sont-ils les mmes ? Lentente estelle bonne avec les enfants ? Avec leur famille ? Quelle est la situation matrimoniale
des enfants ? Ce bilan patrimonial doit permettre de mesurer ladquation de la
situation avec les objectifs de chacun, et de proposer, le cas chant, des conventions
visant organiser le dmembrement, voire dautres actes (donation, partage).
Analyse conomique des lments composant la succession
la distinction des biens propres, communs, indivis (en incluant ceux qui sont
hors succession , tels que les contrats dassurance-vie prsents et venir, les
successions recevoir, ceux dtenus en pleine proprit, nue-proprit ou
usufruit) ;
lanalyse par catgorie dactifs : en distinguant les stocks et les flux, lactif et
au passif, en comparant la maturit de ces biens/esprance de vie du conjoint
survivant, en incluant le patrimoine social (rversions de retraites) en analysant ltat des biens (par le biais dexpertises, par exemple) ;
lanalyse affective : (exemple : cest le dfunt qui grait le portefeuille de
valeurs mobilires, le conjoint survivant ny connat rien, maison de famille ,
souhait dun des enfants de conserver tel actif).
Analyse politique des droits et obligations de chacun sur les lments
composant la succession
En distinguant les pouvoirs dadministration et de disposition, les actes relevant dune gestion exclusive, concurrente ou de la cogestion et leurs consquences (par exemple, la vente dun immeuble pour aller en maison de retraite), les
dcisions immdiates (accepter ou non une clause bnficiaire, partager le
compte titres ou convention de quasi-usufruit, demander lemploi ou y renoncer,
cantonner lusufruit sur certains biens seulement) et les dcisions futures
(rparations faire, assemble de coproprit, arbitrage des actifs ou des modes
de dtention), ce qui relve du postulat et ce qui peut tre mis en uvre par
convention
129
Consquences immdiates : Calcul des droits de succession, modalits de paiement (paiement diffr, fractionn), quels actifs arbitrer pour payer, valuation
des biens (problme ISF antrieur dclar ou non, 30 % sur la rsidence principale, choix du cours retenir pour les valeurs mobilires).
Consquences futures : Incidence des choix daujourdhui sur la succession
future, problme des plus-values (sur un portefeuille valeur mobilire laiss au
nom des nus-propritaires ou les faire supporter par lusufruitier), incidences
futures sur le patrimoine des enfants (ISF, plus-values, transmission leurs
enfants).
2.2 La protection lgale des nus-propritaires
Lobligation pour le conjoint survivant usufruitier de faire inventaire
Au terme de larticle 600 du Code civil, lusufruitier prend les choses dans ltat
o elles sont, mais il ne peut entrer en jouissance quaprs avoir fait dresser inventaire des meubles et tat des immeubles sujets usufruit, en prsence du nu-propritaire . Le but de cet article est de permettre au nu-propritaire de se prconstituer
la preuve de la consistance des biens soumis usufruit. Les frais de lacte sont la
charge de lusufruitier. Si lusufruitier refuse de faire inventaire, le nu-propritaire
peut refuser lentre en jouissance des biens et faire ordonner leur squestre
provisoire.
Linventaire est dordre public dans les libralits entre poux en prsence de descendants (art. 1094-3 du Code civil). Pourtant, en pratique, on trouve souvent une
dispense insre dans lacte : le nu-propritaire peut cependant demander quil soit fait
inventaire, mais alors, les frais sont sa charge. Lusufruitier peut entrer immdiatement en jouissance. dfaut dinventaire effectu, le nu-propritaire peut alors prouver par tous les moyens ltat de la consistance des biens soumis usufruit.
Lobligation pour le conjoint survivant usufruitier de fournir une caution
Cette formalit la charge de lusufruitier permet dassurer le respect de ses obligations envers le nu-propritaire, et de garantir son obligation de restitution en cas
dinsolvabilit. dfaut de caution, lusufruitier peut prsenter une garantie quivalente (hypothque, gage). Lintrt de fournir une caution rside dans le cas de
msentente ou dhritiers du dfunt et de lusufruitier qui ne seraient pas les
mmes.
En cas de non-respect de son obligation de caution (art. 602 Code civil) : les
immeubles sont lous ou mis en squestre et les sommes dargent sont places
Lauteur de la libralit peut dispenser lusufruitier davoir fournir une caution. Si
130
Repres
Constat
Le conjoint survivant usufruitier lgal se trouve de plein droit soumis au droit commun de
lusufruit (art. 600, 601, 602 Code civil). Il ny a pas de titre constitutif du dmembrement ;
131
Une convention dusufruit est possible, tant sur des biens meubles quimmeubles.
Par exemple :
sur un immeuble :
prvoir qui participera et votera aux assembles de coproprit,
prvoir quen cas de vente le prix ne sera pas partag mais fera lobjet dun
quasi-usufruit ou dun remploi,
qualifier davantage ce qui relvera des grosses rparations ou des rparations
dentretien ; on pourrait aussi rpartir diffremment la charge des rparations ;
sur un portefeuille de valeurs mobilires :
dfinir le degr de libert de lusufruitier quant aux arbitrages,
organiser linformation du nu-propritaire,
dterminer qui supportera la plus-value (le nu-propritaire par principe ou
lusufruitier par convention) et organiser le moyen de la financer,
apport socit civile, mandat de gestion
La convention de quasi-usufruit
132
Dans cet acte, on fixera galement les modalits de calcul de la dette de restitution porter au passif successoral du quasi-usufruitier.
Exemple
fixer une clause dindexation (sur tel indice en rapport avec lobjet de la convention ou
lactivit de lune des parties ; en prvoyant un indice de substitution en cas de disparition de lindice de rfrence) ;
adopter le systme de la dette de valeur en prvoyant la subrogation ;
prvoir un seuil plancher (la valeur actuelle du portefeuille en pleine proprit).
Section
du conjoint survivant
Dsigner son conjoint en tant que bnficiaire dun contrat dassurance, peut se
faire sous diffrents libells, dont il faut mesurer la porte.
133
Cette clause nest efficace que si Madame X est effectivement le conjoint lors de
lexigibilit. Si le divorce est prononc, le contrat sera rput sans bnficiaire dsign alors mme que le souscripteur sest remari.
Toutefois, la jurisprudence a admis parfois que le bnfice soit vers lex-poux.
Ainsi, dans un arrt de la Cour dAppel PARIS du 11 juin 2002, dans le cas dun
contrat avec pour clause mon pouse, ne Martine D , la Cour nonce la clause
qu en mentionnant sur le bulletin individuel dadhsion les nom et prnom de sa
premire pouse, lassur a voulu faire de celle-ci la bnficiaire du capital dcs
quelles que soient les circonstances ultrieures .
Madame X
La dsignation est ici directe, donc Madame X recevra le bnfice alors mme
quelle ne serait plus le conjoint.
Madame X qui est la matresse
En principe, la stipulation pour autrui ne peut plus tre rvoque lorsque le tiers
bnficiaire a dclar vouloir en profiter (art. 1121 du Code civil et art. L. 132-9 C.
134
135
Les juges considrent ici logiquement que lopration de prvoyance carte lintention librale, ce qui carte lapplication de larticle 1096 du Code civil et donc la
dsignation devient irrvocable.
Sous lempire des textes nouveaux, il nest pas sr que la solution soit diffrente :
en effet la loi du 17 dcembre 2007 ne sapplique quaux contrats non encore accepts ; or cest cette dsignation rciproque qui caractrise lacceptation du contrat par
le bnficiaire mais aussi, peut-tre, laccord du souscripteur au sens de la nouvelle
loi : prudence donc
136
Larticle L. 132- 16 ne concerne pas cette hypothse puisque le contrat nest pas
dnou ici au bnfice du conjoint mais dun tiers et ds lors une rcompense est due
la communaut (Arrt Daignan Cour Cass Civ 1re 10 juillet 1996). Sauf donc le
cas de prvoyance (art. 1409 c.civ), une rcompense peut tre due mme si le bnficiaire est un enfant, et notamment en cas de clause bnficiaire dmembre (on
peut douter quil y ait dpense de prvoyance en ce qui concerne la nue-proprit)
Ce que lon oublie peut tre trop souvent Mais le cas dapplication des rcompenses, ntant pas dordre public, une clause du contrat de mariage (ou changement de
rgime) pourrait carter la rcompense dans cette hypothse.
Lapplication dune rcompense, quand les bnficiaires sont les enfants communs, peut avoir son intrt fiscal (au premier dcs seulement cependant car la
rcompense viendra augmenter la masse taxable de la deuxime succession).
Lorsque la rcompense est due, quel en est son montant ? La question est ici de
1. Ce qui est particulirement intressant en cas de clause dmembre lorsque le conjoint survivant est lusufruitier, puisque selon lAdministration, seul lusufruitier est redevable de larticle 990-I : Instruction 7K-1-06 du
12 janvier 2006.
137
La solution consacre par larrt Praslicka sapplique quelle que soit la cause de la
dissolution de la communaut. Le conjoint souscripteur pourra se voir alors attribuer
dans le partage de la communaut, la valeur de rachat (en moins prenant). Comme tout
partage de communaut, le droit de partage de 1,10 % sera appliqu. La solution est
applicable tous contrats o il y a une valeur de rachat (ce qui a contrario, exclut les
contrats dassurance dcs) et donc en ce compris les souscriptions conjointes avec
dnouement au second dcs. Quelle parade ? Sur un plan civil, il est possible de faire
en sorte que la valeur de rachat soit attribue au conjoint survivant, sans aucune
contrepartie : par le jeu des clauses de partage dune convention de mariage.
Le sort scal du contrat non dnou
138
La rponse maladroite qui a t formule amne une confusion des genres. Dire
quon ne taxe pas un bien ne signifie pas quon nen tiendra pas compte pour la
dtermination des droits des hritiers Or lAdministration semble bien indiquer
que lon ne peut effectuer une liquidation fiscale diffrente de la liquidation civile.
Par l mme, elle renvoie aux hritiers le soin de qualifier eux-mmes la valeur de
rachat, de bien commun ou de bien propre, ce qui est contraire au principe dintangibilit des rgimes matrimoniaux (et puis quid en cas de dsaccord entre
hritiers ?)1.
139
Chapitre
La protection
dun incapable
Catherine Bienvenu
140
Les mineurs
Section 2
Les majeurs
Section 3
Section 4
Section 5
Section
LES MINEURS
En principe, le mineur est priv de la capacit juridique pour tous les actes de la
vie civile. Il peut nanmoins conclure des actes dans trois circonstances :
les actes conservatoires qui ont pour but dviter une perte patrimoniale ;
les actes dadministration ds lors quil ny a aucune lsion ;
les actes autoriss par lusage.
Notamment, le mineur peut se faire ouvrir un livret bancaire (mais non un compte
de dpt) sans lintervention de ses reprsentants lgaux :
avant 16 ans, il ne pourra faire aucun prlvement sans laccord du reprsentant lgal ;
partir de 16 ans, il peut retirer seul des sommes ds lors quil ny a pas dopposition de la part du reprsentant lgal.
partir de 16 ans, une demande dmancipation pourra tre demande au juge des
tutelles condition quelle soit motive. Le mineur mancip dispose alors de tous
les pouvoirs dun majeur.
1 La reprsentation du mineur
Pendant sa minorit, lenfant est reprsent. En premier lieu, les reprsentants
lgaux de lenfant sont ses pre et mre, ds lors que la filiation est lgalement tablie et quils ont sur lui lautorit parentale. On parle alors dadministration lgale
pure et simple. En cas de prdcs de lun deux, le parent survivant devient administrateur lgal sous contrle judiciaire.
Les parents disposent dun droit de jouissance lgale sur les biens du mineur
jusqu lge de 16 ans. Ils ont alors le droit de percevoir les revenus des biens de
leur enfant, mme si ces revenus dpassent les frais dentretien et dducation
lexception de 3 catgories de biens :
141
142
Section
LES MAJEURS
Les majeurs ont, en principe, la capacit juridique dexercer les droits dont ils ont
la jouissance. Ils peuvent nanmoins en tre privs en cas daltration de leurs facults personnelles.
La loi du 5 mars 2007 a maintenu les 3 mesures judiciaires traditionnelles que sont
la sauvegarde de justice, la curatelle et la tutelle en recadrant chacune des institutions. La rforme a voulu, dune part, rserver les rgimes de protection aux seules
personnes dont laltration des facults personnelles a t mdicalement constate
(fin de la curatelle pour prodigalit, intemprance et oisivet), dautre part, renforcer
les droits de la personne en la consultant autant que son tat le permet et en adaptant
son rgime de protection selon que son tat saggrave mais aussi samliore.
Comme nous le verrons plus loin, les mesures judiciaires deviennent subsidiaires
et ne seront donc mises en place que si aucun mode de reprsentation ou dassistance plus souple nest envisageable. De manire gnrale, quel que soit le rgime
de protection, la personne charge de soccuper des biens du majeur protg ne peut
passer aucune convention sur le logement, les meubles et objets personnels du
majeur (vente, bail). Une autorisation du juge des tutelles ou du conseil de
famille, en cas de ncessit ou dans lintrt du majeur, devra tre sollicite. La
personne charge de soccuper des biens du majeur protg ne peut pas non plus,
seul, modifier les comptes ou livrets ouverts au nom de son protg, ni ouvrir un
autre compte ou livret.
1 La sauvegarde de justice
Il sagit dune mesure temporaire laissant au majeur sa capacit. Il peut donc agir
sans reprsentation ni assistance. Mais cette mesure ouvre les actions de la lsion
(action en nullit de lacte pass sil y a prjudice pour le majeur) et de la rduction
de ses engagements en cas dexcs. Outre la ncessit du constat mdical et laudition du majeur, la procdure prvoit quen cas de besoin, le juge des tutelles pourra
nommer un mandataire spcial pour accomplir des actes dadministration et de dis-
143
2 La curatelle et la tutelle
Lorsque la sauvegarde de justice se rvle insuffisante, on pourra mettre en place
dautres mesures de protection : le majeur nagira plus seul ; il sera assist sil est
plac sous curatelle. Le majeur pourra mme se voir retirer ses droits agir ; il sera
reprsent sil est plac sous tutelle.
Le curateur et le tuteur sont dsigns par le juge des tutelles qui pourra mme en
nommer plusieurs pour une mme personne, lexercice de la mission tant alors
commun. Cette nouveaut vite davoir choisir entre les parents dun enfant
majeur. Le juge pourra galement dsigner un curateur ou tuteur pour la personne
du majeur et un autre pour ses biens. Il pourra, en outre, dsigner un curateur ou
tuteur adjoint pour la gestion de certains biens ncessitant une comptence
particulire.
2.1 Les principes communs
Dans les deux rgimes de curatelle et tutelle, la loi du 5 mars 2007 instaure une
priode suspecte de 2 ans prcdant la mesure de protection pendant laquelle les
actes passs par le majeur seront susceptibles dune action en rduction ou en nullit
pendant 5 ans. Aprs louverture de la mesure de protection, les nouveaux articles
du Code civil distinguent :
si le majeur a agi seul alors quil devait tre assist, la nullit ne pourra tre
prononce que sil y a preuve dun prjudice ;
si le majeur devait tre reprsent, lacte sera nul sans condition ;
si le curateur ou le tuteur passe seul un acte alors quil devait y tre autoris par
le juge ou se contenter dassister le majeur, celui-ci sera nul sans condition.
La loi du 5 mars 2007 permet au majeur lui-mme (ou les parents du majeur incapable) de dsigner ces personnes par le mandat de protection future (voir infra) pour
le temps o il naura plus la capacit dagir seul. Le juge pourra dsigner un subrog
curateur ou tuteur, notamment pour adjoindre la famille la protection si le curateur
ou le tuteur est un mandataire judiciaire. Son rle sera de surveiller le curateur ou
tuteur ou dintervenir en cas dopposition dintrts. Comme auparavant, un curateur ou tuteur ad hoc pourra tre nomm en cas dopposition dintrts ou si les
missions confies au mandataire initial sont trop limites. Enfin, le juge pourra dcider dadjoindre un conseil de famille.
144
Dans le rgime de la curatelle, le majeur doit tre assist de son curateur pour les
actes de disposition et peut agir seul pour les actes dadministration car le majeur
na besoin que dassistance ou de contrle. Lorsquun acte crit doit tre pass, le
curateur doit le signer, aux cts du majeur. Le curateur ne peut agir seul, sauf
lorsquil y a t autoris par le juge. En sens inverse, le majeur peut tre autoris
agir seul lorsque le curateur refuse, sans raison valable, dintervenir. Le juge peut
moduler lapplication de la curatelle en prcisant les actes que le majeur peut passer
seul ou ceux que le curateur devra passer seul.
Le tuteur est, quant lui, le reprsentant du majeur qui na plus de capacit juridique.
La tutelle peut tre allge, le juge numrant alors les actes que le majeur aura la
facult daccomplir seul ou avec lassistance (et non la reprsentation) de son tuteur.
Section
Si le juge nen a pas dcid autrement, le majeur sous protection peut passer les
actes suivants, sous conditions :
Contrat de mariage et changement de rgime matrimonial : Avant, le rgime
tait le mme pour ces deux types dactes. En matire de tutelle, laccord du
conseil de famille ou des pre et mre tait ncessaire. Sous curatelle, le majeur
avait besoin de lassistance de son curateur. Avec la loi du 5 mars 2007, pour le
contrat de mariage, la personne protge devra tre assiste de son curateur ou
de son tuteur. Quant aux changements de rgime matrimonial, sous le rgime de
la curatelle comme celui de la tutelle, il fait lobjet dune autorisation pralable
du juge des tutelles ou du conseil de famille.
Mariage : Avant comme aprs la rforme, la personne place sous curatelle doit
recevoir lautorisation du curateur ou du juge. Le majeur sous tutelle devait
avoir le consentement du conseil de famille ou celui de ses pre et mre. La loi
du 5 mars 2007 impose quil soit autoris par le juge ou le conseil de famille.
145
146
Section
La loi du 5 mars 2007 a introduit une nouvelle institution en crant une mesure de
protection conventionnelle : le mandat de protection future.
Le nouvel article 428 du Code civil nonce le principe de subsidiarit des mesures
judiciaires de protection des incapables qui ne pourront tre ouvertes que si les dispositifs suivants, plus souples, se rvlent inefficaces ou insuffisants :
droit commun de la reprsentation ;
droit des rgimes matrimoniaux ou les rgles fixant les droits et devoirs entre
poux ;
mesure de protection conventionnelle, cest--dire le mandat de protection future.
La loi a prvu deux sortes de mandat :
Le mandat de protection future pour soi-mme, qui permet une personne
majeure ou mancipe ne faisant pas lobjet dune mesure de tutelle, de dsigner
un mandataire charg de la reprsenter, pour le jour o elle ne pourra plus pour-
147
148
Section
La prsence dun enfant handicap dans une famille impose de prvoir son avenir.
Il existe, ce titre, de nombreux outils en matire de droit de la famille comme en
gestion de patrimoine afin de prparer au mieux la vie de lenfant lorsque les parents
ne le pourront plus ou auront disparu, tout en vitant la charge financire la famille.
Au-del de la protection pure et simple de la personne de lenfant, il convient donc
dassurer son autonomie financire en en minimisant les consquences perverses :
lui attribuer trop de revenus risquerait de le priver daides sociales telles que
lAllocation aux adultes handicaps (AAH) qui assure aussi sa couverture
sociale ;
le doter dun patrimoine trop consquent serait pnalisant en terme de transmission
ultrieure, si lenfant na pas de descendant et que son patrimoine revienne ses
frres et surs ou neveux et nices supportant des droits de succession levs.
Des solutions personnalises existent et leur intrt a t renforc par les rcentes
rformes des successions et libralits ainsi que celle de la tutelle. Comme nous
lavons vu ci-dessus, si lenfant doit tre mis sous tutelle, les deux parents pourront
tre tuteurs conjointement, il ny aura plus choisir entre eux. Le mandat de protection future pour autrui permettra galement au survivant des parents dorganiser la
vie de son enfant, selon ses dsirs, pour le jour o il ne le pourra plus ou
disparatra.
149
150
151
Chapitre
10
Le dmembrement
de proprit
Bruno Dalmas
152
Le dmembrement de proprit
Section 1
Section 2
Section 3
La n du dmembrement
Section 4
La scalit du dmembrement
Section
153
Lusufruitier peut occuper les biens comme il peut les donner bail. Il peut encore
cder son usufruit temporairement ou dfinitivement un tiers. Il se dveloppe,
dailleurs, de plus en plus dofficines qui proposent, notamment des propritaires fonciers, de leur acheter lusufruit, pour un temps, de leurs immeubles dans un but doptimisation fiscale. En effet, le revenu locatif est soumis au barme de limpt sur le revenu
(IR), sans avantage particulier. Lintgralit du revenu est taxe. En matire doptimisation ISF au recours du bouclier fiscal ou du plafonnement ISF, ceci peut se rvler tre
une contrainte. Dans ce cas de figure, les conseils en gestion de patrimoine cherchent
minimiser le revenu imposable. Ce qui nest pas possible avec les revenus fonciers. En
revanche, en rcuprant le prix correspondant la valeur de lusufruit pour une certaine
dure, le cdant de lusufruit place gnralement cette somme dans le cadre juridique de
lassurance-vie, duquel il retirera des revenus largement dfiscaliss1.
Les charges qui reviennent lusufruitier sont celles habituellement dvolues au
locataire. Il est tenu aux rparations dentretien (art. 605 et 608 du C. civ.).
Nanmoins, les charges de grosse rparation normalement dvolues au nu-propritaire (art. 606 C. civ.) peuvent tre imputes conventionnellement lusufruitier
(art. 605 al. 2 C. civ.). Pour toute la plus-value quil aurait pu apporter, lusufruitier
ne peut, la cession de lusufruit, rclamer aucune indemnit (art. 599 al. 2 C. civ.).
1.2 Sur les valeurs mobilires
154
Le dmembrement de proprit
Les prrogatives accordes lusufruitier pour la gestion des portefeuilles de
valeurs mobilires ont t tendues par la jurisprudence1, qui lui reconnat le droit
de grer seul. En effet, les juges, comme la doctrine dominante, considrent que le
dmembrement ne porte pas sur les titres ou OPCVM individuellement, mais sur
lensemble constituant ainsi une universalit. Cest sur cette universalit que porte
le dmembrement. Cest donc elle quil convient dobserver pour vrifier si lusufruitier a bien respect son obligation de prserver la substance du portefeuille. Cette
dcision, qui permet une gestion plus efficace des portefeuilles, nest pas exempte
de toute critique au rang desquelles on retrouve :
labsence de relle garantie pour le nu-propritaire qui ne dispose que dun
contrle a posteriori sur la gestion de lusufruitier ;
sur la fiscalit des plus-values toujours la charge du nu-propritaire sauf
exception2.
Les droits sociaux
Ce sont les titres qui permettent leur propritaire dexercer une influence directe
dans la socit. La frontire de la rpartition des prrogatives entre usufruitier et nupropritaire est aujourdhui dlicate dessiner avec prcision. En effet, depuis une
quinzaine dannes3, cette question fait lobjet dune jurisprudence relativement abondante et pas toujours trs claire4. En dfinitive, on peut retenir que lusufruitier participe aux assembles gnrales ordinaires pour ce qui intresse la gestion courante de
lentreprise. Il ne peut pas tre cart de la dcision daffectation du rsultat5. Quant
au nu-propritaire, il participe toutes les assembles gnrales extraordinaires dont
les dcisions pourraient affecter directement lobjet mme de la socit6.
155
Linventaire
Selon les dispositions de larticle 600 du Code civil :
Lusufruitier prend les choses dans ltat o elles sont, mais il ne peut entrer en jouissance quaprs avoir fait dresser, en prsence du propritaire, ou lui dment appel, un
inventaire des meubles et un tat des immeubles sujets lusufruit.
156
Le dmembrement de proprit
la transmission familiale. La demande dinventaire sera gnralement mal vcue par
le parent survivant.
Lemploi des sommes
Larticle 1094-3 du Code civil dispose :
Les enfants ou descendants pourront, nonobstant toute stipulation contraire du disposant, exiger, quant aux biens soumis lusufruit, quil soit dress inventaire des meubles
ainsi qutat des immeubles, quil soit fait emploi des sommes et que les titres au porteur
soient, au choix de lusufruitier, convertis en titres nominatifs ou dposs chez un dpositaire agr.
Cette protection offerte aux nus propritaires ne concerne que les dmembrements
issus dune donation entre poux. Un dmembrement qui tirerait son origine dune
convention matrimoniale nentre pas dans le champ dapplication de ce texte. En
outre, il concerne les liquidits dtenues par le dfunt. Le lgislateur na pas voulu
laisser au conjoint survivant la possibilit de convertir son usufruit en quasi-usufruit1 sans le consentement express du nu-propritaire.
Il convient de noter que ce texte institue une protection forte pour le nu-propritaire. Dans la pratique, on observe toutefois que la clause de dispense de faire
emploi des sommes, stipule dans la dclaration doption au moment de louverture
de la succession ou dans lacte de notorit, est largement systmatise. Les liquidits tant, dans la plupart des cas, le fruit de lpargne du couple, il est malais aux
enfants dapporter au conjoint survivant une restriction dans sa capacit de
jouissance.
157
La caution
3 Le quasi-usufruit
Article 587 du Code civil :
Si lusufruit comprend des choses dont on ne peut faire usage sans les consommer,
comme largent, les grains, les liqueurs, lusufruitier a le droit de sen servir, mais la
charge de rendre, la fin de lusufruit, soit des choses de mme quantit et qualit soit
leur valeur estime la date de la restitution.
158
Le dmembrement de proprit
3.1 Dnition
Dans le cas dun quasi-usufruit, lusufruitier reprend en apparence toutes les qualits du propritaire. Il va pouvoir user du bien, en jouir, et mme le consommer.
Une expression rsume parfaitement la situation : plus quun quasi-usufruit, lusufruit des choses consomptibles serait une quasi-proprit 2.
Cest cette libert daction qui donne au quasi-usufruit tout son attrait.
conomiquement, lusufruitier va pouvoir prendre seul toutes les dcisions, sans
lautorisation du nu-propritaire. Quon ne sy trompe pas pour autant, le quasi-usufruit reste un usufruit, et se distingue de la proprit par lobligation qui est faite
lusufruitier de restituer au terme de lusufruit soit des choses de mme quantit et
qualit, soit leur valeur estime la date de la restitution. Contrairement lusufruit
classique3, le quasi-usufruit ne steint pas par la disparition de la chose.
Larticle 587 du Code civil prvoit les modalits de la restitution. Si le dmembrement porte sur une somme dargent, alors on appliquera le principe du nominalisme
montaire. Pour lutter contre lrosion montaire il pourra toujours tre envisag
dindexer la crance. Pour les autres biens, la restitution pourra se faire soit en
nature, par des choses de mme qualit et quantit, soit en valeur, son montant tant
alors apprci au jour de la restitution.
Les prrogatives du nu-propritaire
159
Larticle 587 du Code civil, sil ne dfinit pas la notion de biens consomptibles,
donne des exemples : largent, les liqueurs, les grains. Le critre essentiel retenu est
celui de la disparition immdiate du bien par sa consommation. Si lutilisation nentrane quune dgradation progressive du bien, alors on sort du champ de la
consomptibilit. Lexemple souvent retenu est celui des vhicules automobiles. Les
hritiers, usufruitiers et nus-propritaires, peuvent devoir rgler des droits de succession sur un vhicule alors quau dcs de lusufruitier, il y a de fortes probabilits
pour quil ait perdu compltement sa valeur1.
Si le quasi-usufruit porte sur les biens consomptibles par nature, il peut aussi trouver sappliquer dans lhypothse de la perte subie du bien objet du dmembrement.
Dans ce cas de figure, le dmembrement se reportera sur lindemnit perue par
lusufruitier qui exercera alors un quasi-usufruit sur cette somme dargent. Ce report
du dmembrement sur lindemnit se justifie par le mcanisme de la subrogation
relle.
Les cas de subrogation automatique :
La destruction accidentelle dun bien : gnralement le bien est assur pour la
pleine proprit. Dans ce cas, lindemnit est perue par lusufruitier qui jouira
1. Il convient de ne pas confondre la notion de consomptibilit avec celle de fongibilit . Les biens fongibles sont les biens qui peuvent se remplacer car ils nont pas de caractre propre.
160
Le dmembrement de proprit
dun quasi-usufruit. Il se peut, malgr tout, que chacun des protagonistes ait assur
son propre droit. Dans ce cas de figure, ils peroivent la valeur reprsentative de
leur droit. Le dmembrement est termin.
Lexpropriation : selon larticle L. 13-7 du Code de lexpropriation le juge
prononce des indemnits distinctes en faveur des parties qui les demandent des
titres diffrents Toutefois, dans le cas dusufruit, une seule indemnit est fixe,
le nu-propritaire et lusufruitier exercent leurs droits sur le montant de lindemnit au lieu de les exercer sur la chose. Lusufruitier, autre que le pre ou la mre
ayant lusufruit lgal, est tenu de donner caution. Si le propritaire dun bien
expropri na pu tre identifi, le juge fixe lindemnit pour le compte de qui il
appartiendra .
Les crances : si le dmembrement nat dune crance non chue, alors lusufruitier exercera un usufruit classique. Il percevra les intrts servis par le dbiteur. En revanche, si lchance du terme de la crance le dmembrement
existe toujours, alors le produit de la crance sera remis entre les mains de lusufruitier1 qui exercera un quasi-usufruit sur la somme dargent.
Le quasi-usufruit conventionnel
Cest un arrt ancien de la chambre des requtes2 que lon voque habituellement
comme source juridique qui reconnat la facult de faire porter un quasi-usufruit sur
des biens qui ne sont pas consomptibles. Le quasi-usufruit conventionnel nest en
fait quune expression de la libert contractuelle. La jurisprudence a mme admis
que cette volont pouvait ne rsulter que de la seule intention des parties3. Si le
principe est admis, sa porte reste sujette discussion doctrinale. La question qui
subsiste est celle de savoir si lon peut crer un quasi-usufruit sur tout type de bien,
y compris les immeubles.
Une partie de la doctrine considre quil faut que le bien soit au moins fongible
pour que lon puisse crer un quasi-usufruit. Un immeuble tant unique par dfinition, on ne peut crer de quasi-usufruit sur ce type de bien. Lautre partie de la
doctrine conteste cette analyse en voquant, dune part, quil nexiste aucune exigence sur le caractre fongible ou non du bien objet du quasi-usufruit et, dautre
part, que selon larticle 581 du Code civil, le dmembrement peut porter sur toute
espce de biens meubles ou immeubles.
Dun point de vue pratique, cette controverse doctrinale na que peu dimportance.
En effet, la donation de la nue-proprit dun immeuble avec rserve de quasi-usufruit va gnrer deux sources de difficult qui tirent leur origine de ladage de Loisel,
donner et retenir ne vaut !
1. C. cass., 4 oct. 1989, JCP 1990, II, 21519, note J.-F. Pillebout.
2. C. cass., ch. req., 30 mars 1926, DH 1927, p. 217.
3. C.A. Paris, 11 juin 1980, 2e ch., sect. 1, rp. gn. n G 11 655, Juris-Data n 243.
161
Section
162
Le dmembrement de proprit
vie actuelle. A contrario, la valeur de la nue-proprit de larticle 762 du Code gnral des impts (CGI) se trouve largement surestime. Le nu-propritaire de 2008
attendra beaucoup plus longtemps avant de pouvoir jouir du bien. La valeur de son
droit se trouve donc rduite.
Sil a t abrog au 1er janvier 2004, larticle 762 du CGI reste encore applicable,
notamment en matire de calcul de plus-value lors de la cession de droits dmembrs. Il convient donc de le rappeler pour mmoire :
Tableau 10.1
VALEUR
de lusufruit
VALEUR
de la nue-proprit
70 %
30 %
60 %
40 %
50 %
50 %
40 %
60 %
30 %
70 %
20 %
80 %
10 %
90 %
AGE de lusufruitier
Tableau 10.2
VALEUR
de lusufruit
VALEUR
de la nue-proprit
90 %
10 %
80 %
20 %
AGE de lusufruitier
70 %
30 %
60 %
40 %
50 %
50 %
40 %
60 %
30 %
70 %
20 %
80 %
10 %
90 %
163
Lusufruit peut parfaitement tre fix pour un temps1, sans pour autant tre viager.
Cet usufruit temporairement limit dans le temps est valu 23 % de la pleine
proprit par priode de 10 ans. Lorsquil est constitu au profit dune personne
morale, lusufruit temporaire ne peut dpasser 30 ans2.
1.2 Le champ dapplication de larticle 669 du CGI
Larticle 669 du CGI simpose pour la dtermination de lassiette taxable des droits
dmembrs lors des mutations titre onreux ou titre gratuit, quil sagisse :
des droits denregistrement ;
de la taxe de publicit foncire ;
en matire dISF lorsque la dclaration des droits dusufruit et de nue-proprit
appartient chaque titulaire3 ;
en matire dimpt plus-value immobilire, uniquement lorsque lusufruit ou la
nue-proprit provient dun immeuble dtenu par le cdant en pleine proprit
(cas du propritaire qui vend son usufruit ou sa nue-proprit).
Dans le dernier cas, larticle 74 SE, annexe II du CGI dispose :
Si la cession a pour objet la nue-proprit, lusufruit ou tout autre droit portant sur un
bien acquis en pleine proprit, la plus-value imposable est dtermine en tenant compte,
dune part, du prix du droit cd et, dautre part, du prix dacquisition affrent ce droit.
Ce prix dacquisition est rput gal une fraction, apprcie au jour de la cession, du
prix dacquisition de la pleine proprit du bien. En cas dusufruit ou de nue-proprit,
cette fraction est dtermine en appliquant le barme institu par larticle 669 du Code
gnral des impts.
En revanche, dans tous les autres cas de cession de biens immobiliers ou mobiliers, le choix est laiss aux parties de la mthode dvaluation des droits dmembrs. Ainsi, ils pourront dcider librement du prix fixer chacun des droits.
164
Le dmembrement de proprit
Reprenons les dfinitions conomiques nonces par Jean-Pierre Andrieu1 :
Dfinition conomique de lusufruit : Lusufruit est le droit de percevoir les
revenus pendant la dure du dmembrement, mais ne possde plus rien la
fin.
Dfinition conomique de la nue-proprit : Cest le droit de possder le
bien la fin du dmembrement, mais de ne percevoir aucun revenu pendant sa
dure.
1. J.-P. Andrieu, Calculs Financiers et valuations mathmatiques en gestion de patrimoine, Maxima, 1996,
p. 137.
2. J. Aulagnier, Aspects de droit civil : valuation des droits dusufruit, de quasi usufruit et de nue-proprit
par la mthode dactualisation des flux futurs , Dr. et patrimoine, nov. 1999, n 76.
165
R1
1
(1 + i )
R2
(1 + i )
+ ... +
Rn
(1 + i )
=
t=1
Rt
(1 + i )t
Exemple
Soit un actif qui va dgager les flux suivants, sur les 5 prochaines annes :
F1
F2
F3
F4
F5
100
120
140
160
170
Au-del de lanne 5, plus aucun flux ne sera peru. Le taux de rendement exig pour ce
type dactif est de 8 %. Sa valeur est donc de :
V=
100
1
(1,08)
120
(1,08)
140
3
(1,08)
160
(1,08)
170
(1,08)5
= 539,9
Lusufruitier va percevoir des revenus nets de charges (Rt), gnrs par le bien,
jusqu la fin de sa vie, soit pendant n annes (n correspond donc son esprance
de vie).
La valeur de lusufruit est donc gale :
Vusufruit =
R1
1
(1 + i )
R2
(1 + i )
+ ... +
Rn
(1 + i )
=
t=1
Rt
(1 + i )t
La valeur de la nue-proprit va tre dtermine de la mme faon. Le nu-propritaire ne disposera du bien quau dcs de lusufruitier, soit dans n annes. ce
moment l, il possdera la pleine proprit du bien. La valeur de la nue-proprit
correspond donc la valeur actualise de la pleine proprit. Si la valeur de cette
pleine proprit, dans n annes, est Vpleine proprit :
Vnueproprit =
Vpleine proprit
(1+ i )n
Exemple
Soit un bien dont la valeur anticipe dans 10 ans sera de 5 M. Pour un taux dactualisation de 9 %, la valeur de la nue-proprit la date daujourdhui est :
166
10
= 2 112 054
Le dmembrement de proprit
Cette formule pose cependant la question de la valeur de la pleine proprit dans
n annes. Pour lestimer, il est possible de suivre la mme logique, savoir que le
plein propritaire percevra grce au bien des revenus, partir de lanne n+1 jusqu
la fin de vie de ce bien, en m. On en dduit donc que la valeur, lanne n, de la PP
est :
Vpleine proprit =
R n+1
1
(1 + i )
R n+2
(1 + i )
+ ... +
Rm
(1 + i )
mn
Rt
(1 + i )
1n
t=n+1
On peut faire remarquer que certains biens ont une dure de vie infinie (on pense
notamment certains biens immobiliers), ou tout au moins indfinie. Ceci ne remet
pas en cause lvaluation actuarielle, et ce pour deux raisons :
tout dabord, plus un revenu est loign dans le temps, plus sa valeur actualise
tend vers zro. De la sorte, raisonner sur 100 ans ou un million dannes ne
change pas la valeur du bien ;
il nest pas possible de faire des prvisions sur un horizon de 50 ou 100 ans, mais
il est souvent possible de modliser lvolution future des revenus qui seront
dgags par lactif. Or, en posant un taux de croissance moyen linfini (g), il
devient trs simple destimer la valeur du bien1.
Valeur de la pleine proprit ( lanne n) dun bien dgageant des revenus augmentant chaque anne dun mme taux (g), sur un horizon infini :
Vpleine proprit ( anne n ) =
R n+1
1
(1 + i )
R n+2
(1 + i )
+ ... =
Rt
(1 + i )
t=n+1
tn
R n+1
ig
Vnue-proprit =
R n+1
n
(1 + i )
ig
Exemple
Soit un immeuble dmembr, dont la pleine proprit sera rcupre dans 7 ans. ce
moment l, il procurera des loyers nets de 15 K par an. Ce bien tant situ dans le centre de Paris, il est raisonnable destimer que sa dure de vie est infinie, et que ses recettes
nettes augmenteront chaque anne de 3 %. Le taux de rendement attendu pour ce type de
bien est de 6 %.
15
6
Vnue-proprit =
(1 + 0, 06 ) = 352,5 K
0, 06 0, 03
1. Pour une prsentation dtaille de la mthode, voir A. Thauvron, valuation dentreprise, 2e d., Economica,
2007.
167
LA FIN DU DMEMBREMENT
Cest cette consquence fiscale du partage de la proprit dans le temps qui a fait
la promotion du dmembrement. Il convient de distinguer les causes normales dextinction du dmembrement des causes particulires.
168
Le dmembrement de proprit
1.2 La vente du bien dmembr
La vente entrane le partage du prix
Autrement dit, par principe le prix de vente du bien dmembr sera rparti entre
lusufruitier et le nu-propritaire. Les modalits de rpartition du prix entre chacun
des protagonistes restent libres3 au plan civil. Au plan fiscal, pour le calcul de limpt plus-value, les parties sont aussi libres de dterminer la mthode appliquer,
sauf dans certains cas en matire immobilire4.
sauf convention contraire
169
La renonciation usufruit est vise larticle 621 alina 3 et 622 du Code civil.
Elle ne se prsume pas.
Les motivations peuvent tre multiples :
volont de librer immdiatement le bien entre les mains du nu-propritaire pour
lui restituer la libre disposition ;
volont de se sparer dun bien dont lentretien se rvlerait plus coteux que
productif ;
170
Le dmembrement de proprit
Section
4 LA FISCALIT DU DMEMBREMENT
171
172
Le dmembrement de proprit
Les modalits de saisine du CCRAD sont prvues par les articles R.64-1 et R-64-2
du LPF. Pour sassurer de la validit fiscale dun montage, le contribuable peut toujours recourir au rescrit fiscal1. Ladministration fiscale dispose de 6 mois pour
rpondre. Au-del, le schma soumis son apprciation ne pourra plus tre critiqu
sur ce fondement.
Lvolution de la position du CCRAD en matire de donation avant cession
Cet attrait se trouve conjugu avec le dsir toujours grand du donateur de vouloir
conserver les prrogatives les plus importantes sur les actifs cds. Autrement dit, il
souhaite donner mais aussi garder le contrle du bien transmis. Ds lors, les schmas
envisags par les conseils des chefs dentreprise conduisaient ces derniers a encadrer
les modalits de la donation de la nue-proprit des titres et de leur remploi.
Face cette pratique, le CCRAD sollicit par ladministration fiscale qui constatait un manque encaisser (seuls les droits de donation dont le montant tait infrieur limpt plus-value tait d), a dabord condamn une telle pratique sur le
fondement de labus de droit au motif que les conditions, obligations et engagements noncs dans lacte de donation-partage doivent tre regards comme restrictifs des droits et prrogatives normalement dvolus au nu-propritaire2. Et mme si
lacte de donation ne prvoyait aucune restriction particulire, la nature mme du
remploi pouvait caractriser cette restriction, en loccurrence le remploi au capital
dune socit civile patrimoniale3.
Mais, depuis 2005, on observe un changement radical de la position du
CCRAD4. Pour des faits similaires, il na pas qualifi les situations dabusive et
1. Article L. 64 B LPF.
2. Affaire n 2004-44.
3. Affaire n 2004-68.
4. Affaires n 2005-9 et 2006-11.
173
Dfinition
Article 751 du CGI1 :
Est rput, au point de vue fiscal, faire partie, jusqu preuve contraire, de la succession
de lusufruitier, toute valeur mobilire, tout bien meuble ou immeuble appartenant, pour
lusufruit, au dfunt et, pour la nue-proprit, lun de ses prsomptifs hritiers ou descendants deux, mme exclu par testament ou ses donataires ou lgataires institus,
mme par testament postrieur, ou des personnes interposes, moins quil y ait eu
donation rgulire et que cette donation, si elle nest pas constate dans un contrat de
mariage, ait t consentie plus de trois mois avant le dcs ou quil y ait eu dmembrement de proprit effectu titre gratuit, ralis plus de trois mois avant le dcs,
constat par acte authentique et pour lequel la valeur de la nue-proprit a t dtermine selon le barme prvu larticle 669. Sont rputes personnes interposes les personnes dsignes dans les articles 911, deuxime alina, et 1100 du Code civil. Toutefois,
si la nue-proprit provient lhritier, au donataire, au lgataire ou la personne interpose dune vente ou dune donation lui consentie par le dfunt, les droits de mutation
acquitts par le nu-propritaire et dont il est justifi sont imputs sur limpt de transmission par dcs exigible raison de lincorporation des biens dans la succession.
Ce texte est certainement le plus redoutable pour les stratgies familiales de transmission, qui ont recours au dmembrement2. En effet, il prsume fiscalement fictif
le dmembrement opr entre lusufruitier et ses prsomptifs hritiers. Autrement
dit, lusufruitier est considr comme plein propritaire du bien qui a t dmembr.
son dcs, le bien sera donc rintgr dans sa succession pour tre tax sur la
pleine proprit.
Les actes viss
Larticle 751 du CGI vise tous les actes qui conduisent au dmembrement lexception :
des donations rgulires dans un contrat de mariage (dot) ;
des donations rgulires consenties plus de trois mois avant le dcs de
lusufruitier.
1. (Loi n 2006-1771 du 30 dcembre 2006 art. 46 I finances rectificative pour 2006 Journal officiel du
31 dcembre 2006 en vigueur le 1er janvier 2007).
2. Il a t instaur en 1925 pour faire face la multiplication des dmembrements qui avaient t mis en place
la suite de la reconnaissance de labsence de taxation lextinction de lusufruit (art. 1133 du CGI, voir supra).
174
Le dmembrement de proprit
Les personnes vises
Il sagit :
des hritiers prsomptifs du de cujus et leurs descendants, mme renonant ou
exclus par testament ;
des donataires ou lgataires, mme institus par testament postrieur au dmembrement de proprit, mme renonant ;
des personnes rputes interposes entre le dfunt et les hritiers, donataires ou
lgataires et dsignes dans les articles 911, alina 2 et 1100 du Code civil.
Les limites la prsomption
Repres
Compte tenu de la survalorisation de la nue-proprit scale (cf. barme de larticle 762 du
CGI), les contribuables, pour transmettre moindre cot, prfraient se placer dans le
champ des mutations titre onreux pour appliquer le calcul conomique la nue-proprit. Pralablement, pour fournir lenfant nu-propritaire les moyens de rgler cet
investissement, les parents donnaient en pleine proprit une somme dargent correspondant la valeur conomique de la nue-proprit.
175
Dans le cadre de la fiscalit de droit commun, lusufruitier qui peroit naturellement les loyers peut dduire toutes les charges quil supporte effectivement.
Sagissant du traitement des ventuels dficits fonciers, cest le mme mcanisme
1. G. Jaffay, Peut-on dbarrasser larticle 751 du CGI de sa mauvaise rputation ? , JCP N 1998, n 22, p. 860.
176
Le dmembrement de proprit
qui sapplique1. Pour le nu-propritaire, les dpenses de grosses rparations dont il
est redevable sont dductibles des autres revenus fonciers. Ces charges sont dductibles du revenu global2 en labsence de revenus fonciers ou sils sont trop faibles
pour les absorber, si :
le dmembrement porte sur un immeuble dtenu en direct ;
le dmembrement trouve son origine dans un acte de mutation titre gratuit
(succession ou donation) ne comportant aucune charge ni condition.
177
Les modalits dimpositions des plus-values immobilires sont prvues aux articles 150 U et suivants du CGI. Ce sont les mmes rgles qui sappliquent que pour
les immeubles dtenus en pleine proprit sagissant du taux, des abattements et du
seuil de cession1. Par dfinition, le prix de vente est connu. Tout lenjeu consiste
donc dterminer le prix dacquisition du droit dmembr, pour le calcul de la plusvalue et de son imposition.
Trois cas de figure sont envisags, selon que2 :
lusufruit et la nue-proprit sont cds sparment ;
la cession porte sur la pleine proprit, aprs runion de lusufruit et de la nueproprit ;
la cession porte sur la pleine proprit, lusufruitier et le nu-propritaire cdant
ensemble.
Vente spare de lusufruit ou de la nue-proprit
Dans ce premier cas, il faut distinguer lorigine des droits dmembrs afin de
pouvoir dfinir les modalits de dtermination de leur valeur dacquisition.
Tableau 10.3
Valeur de lusufruit
Valeur de la nue-proprit
Cas n 3-1 : Le cdant dtient la pleine proprit, par runion de lusufruit et de la nue-proprit, les 2 droits
ayant t acquis successivement (par acquisition, succession, ou donation)
178
Le dmembrement de proprit
Prix dacquisition
Valeur de lusufruit
Valeur de la nue-proprit
Cas n 3-2 : Le cdant dtient la pleine proprit, par acquisition de la nue-proprit et dcs de lusufruitier
Prix dacquisition
Cas n 3-3 : Le cdant dtient la pleine proprit, la nue-proprit par succession ou donation, et lusufruit par
dcs de lusufruitier
Prix dacquisition
Valeur de lusufruit
Valeur de la nue-proprit
Cas n 1 : Acquisition titre onreux de la nue-proprit, puis de lusufruit par dcs de lusufruitier
Prix dacquisition
Cas n 2 : Acquisition de la nue-proprit par succession ou donation, puis de lusufruit par dcs de lusufruitier
Prix dacquisition
Cas n 4 : Acquisition de la nue-proprit par donation et de lusufruit par donation ou acquisition titre onreux
Prix dacquisition
179
180
Le dmembrement de proprit
Pour ce qui est du calcul de la plus-value, il faut distinguer deux cas :
Lusufruitier et nu-propritaire nont pas dispos de la pleine proprit avant le
dmembrement : le prix dacquisition est gal au prix dacquisition de la pleine
proprit1 (en cas dacquisition titre onreux) ou la valeur retenue pour les
deux droits dans le calcul des droits de mutation en cas dacquisition titre
gratuit.
Lusufruitier ou le nu-propritaire a dispos de la pleine proprit des titres avant
leur dmembrement : le prix dacquisition est ici gal au prix dacquisition initial de la pleine proprit, augment de la hausse de valeur du droit la date du
dmembrement.
Cession en pleine proprit de titres, aprs runion de lusufruit et de la nueproprit
Lusufruit pouvant tre obtenu par extinction (dcs de lusufruitier) ou acquisition, il faut distinguer deux situations :
Lusufruit a t acquis par voie dextinction naturelle : le principe est alors que
la valeur de lusufruit, pour le calcul du prix dacquisition (et donc de la plusvalue), est considre comme nulle. Par exception, lorsque les deux droits ont
initialement t transmis en mme temps deux personnes distinctes (lusufruitier et le nu-propritaire), il faut retenir la valeur utilise pour le calcul des droits
de mutation titre gratuit.
Lusufruit a t acquis titre gratuit ou titre onreux : le prix dacquisition de
la pleine proprit est donc la somme des prix dacquisition des deux droits (en
cas dacquisition titre onreux) ou des valeurs retenues dans le calcul des
droits de mutation en cas dacquisition titre gratuit.
181
Chapitre
11
La socit civile
Serge Anouchian
Ce nest pas parce que les choses sont difficiles que nous nosons pas les faire, cest
parce que nous nosons pas le faire quelles sont difficiles !
Snque
182
La socit civile
ne se dment pas avec le temps mais, au contraire, tend saccrotre et se multiplier1. La raison en est simple. Cette forme sociale a limmense avantage de laisser
aux rdacteurs de ses statuts une immense libert, qui bien entendu saccommode
particulirement bien la gestion de patrimoine.
vacuons ds prsent quelques fantasmes qui ont la peau dure. La socit civile
est un instrument de gestion patrimoniale et doptimisation. Elle nest pas un vhicule facilitant la fraude fiscale par son caractre pseudo confidentiel, et ne fabrique
pas de richesse par gnration spontane ! Cest un espace de libert avant tout,
libert statutaire, libert comptable, quil convient cependant de bien matriser car
tous ces choix, qui comportent bien videmment des interdpendances, entranent
des consquences fiscales radicalement diffrentes.
Il faut, avant tout, garder lesprit quune gestion patrimoniale dynamique ne peut
sentendre que dans le cadre dobjectifs clairement dfinis, tant il est vrai que
ceux-ci peuvent tre sujet fluctuations en fonction de lge, de la situation matrimoniale, de la composition familiale, des revenus actuels et des revenus futurs, le
tout en gardant lesprit que lensemble de ces paramtres sont bien entendus dynamiques et peuvent varier et fluctuer tout au long de lexistence.
Pour un grand nombre dindividus, la gestion de patrimoine est lart. qui consiste
construire, lorsque lon est en pleine activit, les conditions dune retraite paisible
et, pourquoi pas, des conditions de transmission optimum ses hritiers. On a coutume de classer le patrimoine en quatre grandes catgories, que sont limmobilier,
les biens mobiliers, lassurance-vie et les liquidits.
Existe-t-il une rpartition idale ? Tout dpend des aspirations profondes, actuelles et
futures, du dtenteur de ce patrimoine. Devant la diversit des solutions qui souvrent
au conseiller patrimonial, la socit civile est sans doute le moyen le mieux appropri
pour rpondre lensemble de ces problmatiques. Sans oublier, videmment, les
objets traditionnels des socits civiles, que sont dviter une indivision ainsi que la
protection de certaines personnes dans un cadre scuritaire. Lon voque ici videmment la situation particulire dpouse ou de concubine2, de lenfant mineur et, plus
encore bien entendu, de lincapable. Ceci, dans un contexte o les progrs de la science
ont considrablement allong la dure de vie humaine, en mme temps que la libralisation des murs a favoris lclatement de lancienne notion de famille, donnant ainsi
naissance une multitude de familles recomposes, avec des enfants de lits diffrents,
compliquant ainsi un peu plus la gestion de la transmission du patrimoine familial.
Aprs avoir esquiss une dfinition de la socit civile et de son mode de fonctionnement (section 1), nous tudierons tout dabord la faon optimum dutiliser la
socit civile pour grer son patrimoine (section 2), avant daborder les conditions
de la transmission de ce patrimoine (section 3).
1. Prs de 950 000 socits civiles au 31 dcembre 2002.
2. a marche aussi pour lpoux et le concubin !
183
Section 2
Section 3
Section
184
La socit civile
Exemple 2
Une SARL, dtentrice dun portefeuille de valeurs mobilires quelle se contente de
grer, autre activit purement civile, est et restera aussi commerciale avec les mmes
consquences sur le plan fiscal.
Le partage des bnfices, et la participation aux pertes, sont en gnral proportionnels la quote-part de capital dtenu. Est-ce une obligation ? La stipulation attribuant un associ la totalit des profits procurs par la socit ou lexonrant de la
totalit des pertes, celles excluant un associ totalement du profit, mettant sa
charge la totalit des pertes sont rputes non crites. 1
On aura compris, la lecture de ce qui prcde, que seules les clauses exorbitantes, attribuant lun des associs, soit lintgralit du bnfice, soit en lui imputant
lintgralit des pertes, sont prohibes. Ds lors, en vertu du principe constant que
tout ce qui nest pas expressment interdit est autoris, il est parfaitement possible
de concevoir des statuts avec des clauses de partage ingal du rsultat.
Exemple 1
A apporte 50 % du capital et a droit 80 % du bnfice, B apporte 50 % du capital et a
droit 20 % du bnfice.
Exemple 2
Mme cas que ci-dessus, les bnfices sont rpartis par moiti, mais les pertes sont supportes par A pour 75 % et par B pour le reste.
185
Cette prcaution rdactionnelle prise, il faudra veiller videmment ce que les actes
rellement passs par la socit soient conformes son objet. Lexemple le plus connu,
et par consquent le plus grand risque pour la gestion dune socit civile immobilire,
est celui de confondre une gestion traditionnelle dun patrimoine immobilier propre
avec une activit de marchand de biens. Il nest pas rare, en effet, que ladministration
fiscale puisse requalifier en opration de marchand de biens, une multitude doprations ralises par une socit civile dans un court laps de temps, et consistant en
lachat de diffrents lots immobiliers, suivi peu de temps aprs par leur revente.
Or, une socit civile qui verrait son activit requalifie en activit de marchand
de biens devrait acquitter, en lieu et place de limpt classique des plus-values des
particuliers, limpt sur les socits sur la marge ralise, aprs avoir acquitt une
TVA au taux normal sur la diffrence entre le prix de vente et le prix de revient, et
cela en ayant acquitt lacquisition les droits denregistrement classiques, sans
avoir pu bnficier de lallgement spcifique aux marchands de bien !
Faut-il insister plus encore sur la ncessit de rdiger soigneusement lobjet de la
socit civile, et de mesurer prcisment la porte de chacun des actes accomplis par
la socit ?
186
La socit civile
3 De la ncessit de tenir une comptabilit
Le rdacteur de ces quelques lignes tant expert-comptable, ne soyez pas tonn
si la rponse est indubitablement OUI !1 Mais pour quelles raisons ? Tout la fois
pour des raisons juridiques, conomiques et fiscales.
3.1 Les raisons juridiques
Il est bien rare que les statuts dune socit, ft-elle civile, ne prvoient, suivant diffrentes modalits, la restitution aux associs des oprations de lanne coule. Les
grants doivent, au moins une fois dans lanne, rendre compte de leur gestion aux associs. Cette reddition de comptes doit comporter un rapport crit densemble sur lactivit
de la socit au cours de lanne ou de lexercice coul comportant lindication des
bnfices raliss ou prvisibles et des pertes encourues ou prvues .2
Bien entendu, la loi nimpose aucune forme particulire et, plus forte raison, les
rgles de la comptabilit commerciale et lapplication du plan comptable gnral ne
sont videmment pas obligatoires. Les obligations lgales peuvent tre valablement
remplies par la rdaction dun rapport crit qui se bornerait, par exemple, indiquer
le montant du loyer peru sil sagit dun immeuble, des revenus de placement sil
sagit dun portefeuille mobilier, en indiquant ventuellement les montants du
compte en banque louverture la clture de lexercice, ainsi que la valeur acquise
par le portefeuille ou par le bien immobilier. Le droit de savoir des associs serait
vraisemblablement correctement rempli. Cependant, cela serait ncessairement
insuffisant tant sur le plan conomique que sur le plan fiscal.
Tout au long de la vie dune socit, il est frquent que les associs contribuent aux
pertes, par exemple en ramenant dans les comptes de la socit de largent ou bien, au
contraire, profitent des bnfices raliss pour sapproprier tout ou partie des bnfices
dans les conditions prvues par les statuts. Ds lors quil faut suivre laffectation,
chaque associ, en proportion des droits qui lui sont reconnus statutairement, du montant des bnfices ou la participation aux pertes, il convient de lui fournir un tat prcis
des montants qui lui sont rclams ou distribus ainsi que la justification de la formation
du rsultat, que ce soit un bnfice ou une perte. De toutes faons, il le rclamera3.
1. Oscar Wilde aimait dire : La rponse est Oui, mais quelle est la question ?
2. Article 1856 du Code civil.
3. Larticle 1855 du Code civil reconnat tous les associs le droit dobtenir, au moins une fois par an, la communication des livres et documents sociaux, voire mme de poser par crit des questions sur la gestion sociale
auxquelles il devra tre rpondu par crit dans le dlai dun mois.
187
Quel que soit limpt concern, les motifs qui militent pour la tenue dune comptabilit rigoureuse ne manquent pas.
En matire dimpt sur le revenu
Dune manire gnrale, tout contribuable qui souhaite bnficier dune dduction
fiscale doit pouvoir en justifier le bien-fond et rpondre toute demande de ladministration fiscale. titre dillustration, en ce qui concerne les revenus fonciers,
ladministration fiscale a, dans une rcente instruction1, publi un ensemble de prcisions conscutives notamment la loi de finances ayant rform les revenus fonciers. ce titre, elle a reformul les conditions de dduction des travaux qui doivent
rpondre diffrents critres, et notamment ce que la dpense :
soit engage en vue de lacquisition ou de la conservation du revenu ;
que la dpense soit effectivement paye par le propritaire qui se prvaut de sa
dduction ;
que la dpense soit dment justifie.
Il va sans dire que la production dune comptabilit en bonne et due forme,
appuye des pices justificatives facilitera grandement cette justification. Par
ailleurs, et toujours en matire de revenus fonciers, les socits civiles nayant pas
opt limpt sur les socits sont malgr tout tenu de prsenter toute rquisition
du service des impts tous documents comptables ou sociaux dinventaires, copies
de lettres, pices de recettes et de dpenses de nature justifier lexactitude des
renseignements ports sur la dclaration spcifique de socits civiles immobilires
N 2072.2
En matire dimpt sur les plus-values
Comme on le verra plus loin, le rgime fiscal des socits civiles est marqu par
ce quil convient dappeler la translucidit des socits de personnes. Jusqu un
pass rcent, et pour les associs personnes physiques, subsistait un important risque
de double imposition ou de double dduction des rsultats sociaux. Un arrt du
conseil dtat du 9 mars 2005 a mis dfinitivement fin cette situation.3 Depuis cet
arrt, les plus-values de cession de parts de socits de personnes doivent tre calcules en diminuant du prix de cession, le prix de revient des parts cdes (PV de
cession = Prix de cession Prix de revient). Ce prix de revient est dtermin par le
prix dachat des parts augment par la somme algbrique des lments suivants :
188
La socit civile
Prix de revient =
Sauf cas exceptionnel, trait par ailleurs, les parts des socits civiles sont videmment assujetties limpt de solidarit sur la fortune. Pour dterminer avec prcision la valeur des parts dune socit civile, il devient ncessaire dtablir chaque
anne un bilan, plus exactement, une situation active et passive du patrimoine de la
socit. Afin de respecter les obligations de justification, notamment des passifs
dduits, et surtout du montant du compte courant1, il convient l aussi dtablir une
comptabilit en bonne et due forme.
189
Inconvnients
190
La socit civile
Avantages
Donne, en principe, une plus grande latitude dans
lvaluation des parts sociales.
Inconvnients
Risque de faire apparatre des comptes courants
dbiteurs, au cas o la trsorerie serait prleve en
labsence de bnce comptable.
Il parait difcile de revenir en arrire.
191
Repres
Certains praticiens prconisent de constituer des socits civiles dans certaines occasions, et
notamment la naissance des enfants1, en faisant souscrire cette socit civile un bien
quelconque, par exemple des parts de socits civiles de placement immobilier, an de donner date la cration de la socit. Aprs 15 ans de dtention, et en cas de vente des parts de
la socit civile, aucun impt sur la plus-value ne sera d, mme si entre-temps la socit
civile a fait lacquisition dun autre bien immobilier, gnrateur dune trs forte plus-value !
Sans distribution
192
La socit civile
socits civiles peuvent tre, sous certaines conditions, exonres de cet impt, les
comptes courants sont, quant eux, systmatiquement imposables. loppos, en
matire de transmission, et notamment lorsquil sagira de donner la nue-proprit
des parts aux enfants, la valeur de donation sera calcule par rfrence au barme de
larticle 669 du CGI, sur la valeur en pleine proprit et, dans ce contexte, il vaudra
mieux distribuer le rsultat, ce qui aura pour consquence de diminuer la valeur des
parts de la socit civile.
Que faire au concret ? Dans lincertitude, il vaut mieux videmment ne pas distribuer le rsultat puisque lassemble des associs peut tout moment dcider daffecter aux associs, et donc de distribuer, lensemble des rsultats antrieurs laisss
en report nouveau.
193
194
La socit civile
sur les socits pour la socit civile. En effet, cette poque, le taux marginal
dimposition caracolait 54 % ce qui, ajout aux prlvements sociaux de 11 %,
portait le montant total dimposition, notamment sur les revenus fonciers 65 %.
Dans le mme temps, le taux dimpt sur les socit se limitait 34 %, voire
mme dans certains cas 15 % jusqu concurrence dun bnfice de 38 120 .
Bien entendu, pour employer une expression la mode, entre 65 % et 15 %, y a
pas photo !
Comme nous le verrons un peu plus loin, la tentation dopter limpt sur les
socits a t quasi dfinitivement carte par la loi de finances prcite. Elle a mis
fin lexonration des plus-values de cession de parts de socits civiles prpondrance immobilire dtenues depuis plus de 15 ans et ayant opt limpt socit.
Comparons malgr tous les avantages respectifs de lassujettissement dune socit
civile limpt sur le revenu ou limpt sur les socits.
Tableau 11.3
Pour limpt sur le revenu
Amortissement (obligatoire !)
Cela tant, comme on le subodore avec lexemple ci-dessous, il peut tre particulirement pnalisant davoir, tout au long dun emprunt, financer sur ses deniers
personnels limpt d sur des revenus fonciers que labsence de trsorerie empche
de percevoir. Un exemple dtaill et concret nous permettra de mieux comprendre
les contours de cette problmatique.
tude de cas
Il sagit dacheter un bien immobilier dune valeur de 300 000 , lacquisition entranant
des frais denviron 15 000 , le bien immobilier ainsi achet devant gnrer un loyer
annuel de 30 000 . Votre client souhaite emprunter 100 % de lacquisition, soit
300 000 . Il a obtenu un emprunt sur 15 ans au taux de 5 %, assurance comprise. En
matire dimpt sur les socits, lamortissement1 sera calcul au taux de 4 % (amortissement du bien sur 25 ans : 1/25) sur 80 % de lacquisition, les 20 % restant reprsentant
le terrain qui nest pas amortissable. Par souci de simplicit, nous allons raisonner sur un
loyer constant.
1. Ne pas confondre la dure damortissement de lemprunt (ici 15 ans) et la dure damortissement du bien (ici
25 ans).
195
IS (taux 15 %)
IR (taux 51 %)
30 000
30 000
Amortissement
9 600
Intrts
14 687
14 687
5 713
Base scale
15 313
Impt
7 810
Loyer
30 000
30 000
chance
28 469
28 469
7 810
Trsorerie annuelle
1 531
6 279
Trsorerie cumule
1 531
6 279
Loyer
Frais dachats
TRSORERIE
Impt acquitt
Comme prvu, ds la premire anne, leffort de trsorerie que doit consentir titre personnel notre investisseur nest pas mince : plus de 6 000 , alors que sil avait opt pour limpt sur les socits, sa socit civile aurait une trsorerie certes minime, mais de 1530 .
Comme Harry Potter, tlportons-nous maintenant neuf ans plus tard alors quil reste
encore six annuits demprunt :
La neuvime anne
FISCALIT
Loyer
IS (taux 15 %)
IR (taux 51 %)
30 000
30 000
Amortissement
9 600
Intrts
7 926
7 926
Base scale
12 474
22 074
1 871
11 258
Loyer
30 000
30 000
chance
28 469
28 469
1 871
11 258
Trsorerie annuelle
340
9 727
Trsorerie cumule
4 022
71 119
Impt
TRSORERIE
Impt acquitt
196
La socit civile
videmment, a ne sarrange pas. Alors que linvestisseur ayant opt limpt sur les
socits na eu affaire titre personnel aucun apport complmentaire, celui nayant pas
opt limpt sur les socits a d remettre de sa poche un montant global de plus de
71 000 !
Mais comme vous le devinez maintenant, cela ne va gure sarranger jusqu la fin de
lemprunt. Voyons justement ce qui se passe la 16e anne, soit exactement un an aprs le
remboursement de lemprunt.
la fin de lemprunt
FISCALIT
Loyer
IS (taux 15 %)
IR (taux 51 %)
30 000
30 000
9 600
20 400
30 000
3 060
15 300
30 000
30 000
3 060
15 300
Trsorerie annuelle
26 940
14 700
Trsorerie cumule
25 316
127 044
Amortissement
Intrts
Base scale
Impt
TRSORERIE
Loyer
chance
Impt acquitt
IS (taux 15 %)
IR (taux 51 %)
30 000
30 000
Amortissement
Intrts
30 000
30 000
Loyer
Base scale
1. Il sagit ici dun raisonnement vertu strictement pdagogique, les prvisions 25 ans relevant dune autre
plante, compte tenu de la mouvance de notre environnement fiscal !
197
4 500
15 300
30 000
30 000
4 500
15 300
Trsorerie annuelle
25 500
14 700
16 575
14 700
TRSORERIE
Loyer
chance
Impt acquitt
600 000
315 000
Amortissement (c)
80 640
234 360
Plus-value (e = a d)
365 640
121 880
Dividendes distribus
478 120
114 7482
CSG
52 5933
Reste disponible
310 779
1. Il est inutile ici dvoquer la possibilit de cder les titres de la socit civile ayant opt lIS (au lieu et place
de la cession de limmeuble) car, outre les rticences des praticiens dj voques, il y a lieu dy rajouter celles nes
de la fin de lexonration prcite.
2. Calcul 24 %, une option pour le prlvement libratoire de 18 % est possible.
3. Au taux 2008 de 11 %.
198
La socit civile
Cest alors que vous vous souvenez que loption limpt sur les socits est irrvocable
et que vous venez de perdre un client ou un ami, voire peut-tre les deux !
Il reste alors imaginer, pour les futurs acquisitions, la solution miraculeuse, celle qui
consisterait pouvoir bnficier du rgime de limpt sur les socits pour toute la gestion de la socit tout en nayant pas opt limpt sur les socits pour pouvoir, malgr
tout, bnficier de lexonration des plus-values aprs 15 ans de dtention. Pour ceux
qui auront le courage de lire cet ouvrage jusqu son terme, y compris dans les
exemples, ce sera la rcompense !
Section
Comme nous venons de le voir, la socit civile, adroitement utilise, peut devenir
un instrument de gestion irremplaable. Elle est dote de rgles suffisantes en
dfinir les contours, tout en disposant nanmoins dune trs grande libert, propre
satisfaire les envies les plus diffrentes dans le respect vident des rgles fondamentales du Code civil et du Code gnral des impts. Nous allons tenter rapidement de
voir quels sont les points sur lesquels la socit civile savre tre un outil quasiment
indispensable.
1. Cette remarque reste valable videmment pour toute autre forme de socits civiles patrimoniales.
199
200
La socit civile
Bien entendu, et par del mme la sparation des avoirs et du pouvoir, la socit
civile permettra dans les deux derniers cas dviter la prsence dun juge de tutelle,
dont on sait que la rapidit de dcision, notamment en matire financire, ne constitue pas le plus grand point fort. En pratique, les statuts pourront prvoir de donner
au grant toute latitude de gestion, avec ventuellement une limitation de son pouvoir pour des dcisions de cession, par exemple en consultant un conseil de famille.
Dautre prcautions seront prendre, en prsence denfants mineurs lorsquil sagira
demprunter, ou en prsence dincapables majeurs parce quil faudra alors prvoir
statutairement la limitation de la responsabilit de lincapable, quand bien mme
cette limitation ne serait valable quentre associs1. Il est important dinsister sur le
fait que dans ces conditions, plus que jamais, il nest pas question videmment dutiliser des statuts-type recueillis sur internet. Ces situations saccommodant trs mal
du prt--porter, mritent, coup sr, des statuts sur-mesure !
Nous voulons parler ici des alas de la vie des affaires. Certes, la loi du 1er aot
20032 a introduit linsaisissabilit de la rsidence principale de lentrepreneur individuel. Notons, au passage, que selon le Garde des sceaux, une rsidence principale
qui serait dtenue travers une socit civile immobilire ne pourrait bnficier de
cette dclaration dinsaisissabilit.3 Voil pourquoi, en tout cas dans ltat actuel des
choses, il faut rester rticent la dtention au travers dune socit civile de la rsidence principale. Il nen demeure pas moins que lintgralit du patrimoine restant
peut servir de gage aux cranciers en cas de revers de fortune dont personne nest
labri.
Le recours la socit civile, tout au moins pour une partie du patrimoine, rendra
beaucoup plus difficile, notamment en prsence dautres associs significatifs, lapprhension par les cranciers du patrimoine dtenu au travers de la socit. Il
convient toutefois de rester attentif, notamment lorsque la socit civile dtient un
immeuble lou une entreprise ayant le mme dirigeant que la socit civile, et qui
viendrait dposer le bilan. Le risque nest pas anodin de voir rechercher si les
relations financires entre les deux socits peuvent tre considres comme normales, faute de quoi la confusion des patrimoines pourrait tre dmontre et ruinerait
201
202
La socit civile
treprise des tiers, tout en favorisant une ventuelle transmission familiale, tant de
lentreprise que de limmobilier dentreprise. Il nest pas rare, en effet, que dans le
cadre de la cellule familiale, un enfant soit plus prdispos reprendre lentreprise
quun autre. Il suffira alors, en ayant pris soin de sparer limmobilier et lentreprise,
de prparer la transmission de lentreprise celui des enfants qui en a le got et les
comptences, et dgaliser le partage en transmettant lautre enfant le patrimoine
immobilier, ce qui lui assurera un revenu.
203
204
La socit civile
bont, ladministration fiscale a laiss le soin aux associs de pouvoir droger cette
attribution exorbitante du droit commun, si toutefois les associs prenaient le soin
dorganiser cette rpartition dans un acte ayant date certaine, cest--dire par une
assemble soumise la formalit de lenregistrement ou, mieux encore, par la rdaction des clauses statutaires dcidant de laffectation des rsultats en prsence de
parts dmembres. Inutile de prciser, une fois encore, lattention quil convient
dapporter aux clauses de ce type prvues dans des statuts presse-bouton !
5.2 Grer son patrimoine mobilier : professionnel (holding)
Puisque lon peut grer dans une socit civile un patrimoine mobilier et personnel, pourquoi ne pas songer y apporter les titres des socits non cotes o le
dirigeant exerce son activit. Autrement dit, pourquoi ne pas dtenir les titres des
socits dans lesquelles on exerce son activit professionnelle principale au travers
dune socit civile ?
Afin dviter une mprise, il ne sagit pas ici des titres apports une socit civile
en vue dune cession ultrieure, afin den gommer les plus-values. Cette stratgie, trs efficace et trs la mode, ncessite pour en optimiser le schma que la
socit bnficiaire de lapport des titres soit assujettie limpt sur les socits, et
lon a vu que cette option tait rarement valable pour une gestion patrimoniale efficace. Commenons tout dabord par souligner, quen matire dimpt de solidarit
sur la fortune, et sous rserve de certaines prcautions, la dtention de son patrimoine professionnel travers une socit civile nempche pas de bnficier de
lexonration lie loutil professionnel.1
Remarquons toutefois que depuis la simplification et la multiplication des socits
par actions simplifies (SAS), les SAS semblent mieux adaptes dans une stratgie
de holding de contrle, que ce soit en vue dune cession pure et simple ou pour une
transmission dans le cadre familial. Cela tant, et notamment dans le cadre dune
transmission au sein du groupe familial, lintrt de la socit civile ne doit pas tre
nglig, notamment dans son effet de levier juridique pour optimiser les techniques
traditionnelles de dissociation du pouvoir et de lavoir.
5.3 Grer le patrimoine familial - La socit civile de famille
Le titre est suffisamment loquent, cest la socit qui a vocation recevoir lensemble du patrimoine de la famille Pour y rester !
Lon aura compris que cette socit civile aura forcment un objet qui, tout en
restant minemment civil, sera suffisamment large pour y autoriser les activits
1. Pour plus dinformations, voir, entre autres, ISF et biens professionnels par Serge Anouchian, ditions
Gualino.
205
Section
Dans ce qui va suivre, la transmission sentend de celle qui est opre de son plein
gr, cest--dire de son vivant.2
206
La socit civile
tant les contraintes du droit de la famille et du Code civil, tout en maintenant sur le
plan conomique des conditions de vie dcentes, le tout si possible en optimisant les
droits de mutation.
207
Valeur
acquise
Emprunt
restant d
Rendement
annuel
Immeuble de rapport
580 000
900 000
200 000
50 000
Portefeuille dactions
300 000
350 000
15 000
20 000
20 000
900 000
1 270 000
200 000
65 000
Liquidits
Total
Bien entendu, et comme souvent dans pareil cas, ils souhaitent anticiper les transmissions de leur patrimoine pour en rduire le cot, mais tout en conservant lintgralit des revenus dont ils ont besoin, tant pour assurer leur train de vie que pour
complter leurs retraites futures.
Stratgie 1
Donation partage de la nue-proprit de limmeuble de rapport et du portefeuille
dactions.
Valeur de donation :
De limmeuble 900 000 200 000 1 =
700 000
Du portefeuille
350 000
Soit au total
1 050 000
Compte tenu de lge des donateurs, la valeur respective de lusufruit et de nueproprit est de 50 %2, soit une valeur de donation de 525 000 , chaque enfant
percevant 262 500 , ce qui aprs les abattements actuellement en vigueur3 de
151 950 chacun, aboutira une base taxable de 110 550 par enfant. On remarquera dans cette stratgie que sur le plan de limpt de solidarit sur la fortune, dont
les parents resteront redevables, la base ne pourra tre infrieure au montant retenu
dans lacte de donation.
Stratgie 2
Supposons prsent, que les poux Tairieur aient constitu ds lorigine une
socit civile, au capital de 10 000 , pour acqurir et constituer ce mme patrimoine. la date de la transmission projete, le bilan de la socit civile prsentera
les caractristiques suivantes :
1. Il est dornavant possible, sous certaines conditions, mme en cas de donation, de dduire de la valeur transmise les emprunts contracts.
2. Voir barme de larticle 669 du Code gnral des impts.
3. En 2008, aprs la publication de la loi TEPA.
208
La socit civile
Tableau 11.5
Valeur origine
Valeur
acquise
Immeuble
580 000
900 000
Capital
10 000
Portefeuille
300 000
350 000
Report
nouveau
30 000
Emprunt
200 000
Compte courant1
660 000
TOTAUX
900 000
ACTIF
Liquidits
TOTAUX
20 000
20 000
900 000
1 270 000
PASSIF
410 000
1. Ce compte courant trouve son origine dans la contrepartie du portefeuille et des apports effectus pour faire
face l'emprunt, ainsi que l'affectation des rsultats antrieurs.
2. Voir chapitre Le dmembrement de proprit .
209
Rendement
annuel
Prix dachat
Valeur acquise
Immeuble de rapport
580 000
900 000
540 000
50 000
Portefeuille dactions
300 000
350 000
211 000
15 000
20 000
20 000
900 000
1 270 000
Liquidits
Total
65 000
Valeur conomique =
t=1
Flux t
(1+R )
Chaque flux futur (Fluxt) va ainsi tre converti en une valeur la date daujourdhui,
par le biais du taux dactualisation (R). La somme de ces flux actualiss donne la
valeur du bien2.
Dans notre exemple, le calcul a t effectu sur une dure de vie moyenne de 25
ans et avec un taux dactualisation sensiblement quivalent au taux de rendement du
bien en question. De ce fait, la valeur de la nue-proprit sobtient en dduisant la
valeur de lusufruit de la valeur en pleine proprit. Au cas prsent, la nue-proprit
de limmeuble ressort 360 000 et celle du portefeuille 139 000 , soit globalement une valorisation assez nettement infrieure celle obtenue par lapplication du
barme fiscal. Et, par consquent, les droits de mutation titre gratuit sappliquant
sur une base notoirement infrieure, limpt a acquitter nen sera que moindre.
Dtail des calculs
Valeur conomique de lusufruit de limmeuble :
Le taux dintrt annuel est de 8 %, soit un taux quivalent mensuel de :
Rm = [1 + 0,08]1/12 1 = 0,6434 % par mois
La valeur de lusufruit correspond lactualisation ce taux des 300 (25 annes
de 12 mois) loyers mensuels, que lon suppose stables 4 167 :
Vusufruit = 4 167
1 (1,00643)300
0,00643
210
La socit civile
Valeur conomique de lusufruit du portefeuille dactions :
Le revenu annuel tant de 15 K, pour un taux de rendement exig de 5 %, nous
obtenons, sur un horizon de 25 ans :
Vusufruit = 15 000
1 (1,005)25
0,005
1. Voir ce sujet lexcellent article de Marc Iwanesko, dans la revue Droit & Patrimoine, N128.
2. Nous recommandons toutefois la lecture attentive des crits de Pierre Fernoux, le plus ardent dfenseur de
cette stratgie, notamment par son article rcapitulatif paru dans la Revue de Droit Fiscal, N12 du 22 mars 2007
et sintitulant SCI et dmembrement de proprit : lpilogue heureux dun long combat .
3. Notamment Saunier, Cassation Commerciale 15 mai 2007, N06-14.262.
4. Issu dun article paru en juin 2001, Ouverture N 45, Serge Anouchian.
5. Comme quoi, tout est possible !
211
Valeur actuelle
350 000
450 000
1 000 000
100 000
1 900 000
Son revenu actuel est de 120 000 par an. Bref, tout semble aller pour le mieux
dans le meilleur des mondes, mais ce brave G. Touprevu a nanmoins quelques
soucis :
Il craint dabord qu 60 ans (il en a 56), sa retraite soit largement insuffisante
pour couvrir ses besoins. En effet, avant la constitution de la socit anonyme
dont il sera question, il tait artisan plombier et dans toute la premire partie de
sa vie professionnelle, le moins que lon puisse dire, cest quil ne sest pas
proccup de ses problmes de retraite.
Malgr une relative russite professionnelle, il na absolument rien prpar
quant sa transmission, et il est parfaitement conscient quun dcs accidentel
serait catastrophique au moment de la liquidation de sa succession.
La socit civile immobilire (SCI Bastille), constitue en 1976, encaisse de la socit
anonyme un loyer de 72 000 par an. Elle a bien sr intgralement rembours les
emprunts dacquisition, et un agent immobilier rcemment consult a valu le bien
environ 1 000 000 . Parmi les solutions quil envisage, il songe vendre limmeuble de
sa SCI, mais il constitue pour linstant un complment de revenus apprciable et surtout,
il nentrevoit pas de solution de substitution dans un meilleur placement ayant, de par sa
formation et sa culture, assez peu de got pour les placements boursiers.
Le choix quil doit oprer est trs dlicat pour lui :
Dun ct, la cession nentranerait aucune plus-value, compte tenu de la dure
de dtention, et le replacement de la somme pourrait tre facilement optimis
daprs les conseils de banquiers, et cela malgr lassujettissement lISF.
De lautre ct, le placement a un revenu trs satisfaisant, quoique lourdement
tax, et prsente ses yeux une scurit dont il aimerait faire profiter ses enfants.
Quant lentreprise dexploitation, cest sa vritable fiert, mme si les dernires
annes ont connu une lgre dcrue. Les rsultats annuels sont de lordre de 60 K, nets
aprs impts, et la socit dispose dune trsorerie quasiment plthorique de 1 200 K !
Dans ce contexte, les objectifs tant clairement poss, la solution est, en ralit,
toute trouve ! La socit civile va cder lusufruit des locaux immobiliers la
socit dexploitation, pour une dure de 12 ans. Cet usufruit temporaire va tre
cd la socit dexploitation moyennant un prix de 600 000, correspondant la
valeur actuelle de 12 ans de loyers actualiss un taux de 7 %, reprsentant le rendement actuel du bien.
212
La socit civile
Dtail des calculs
Valeur conomique de lusufruit :
Le taux dintrt annuel est de 7 %, soit un taux quivalent mensuel de :
Rm = [1+0,07]1/12 1 = 0,565 % par mois
La valeur de lusufruit correspond lactualisation ce taux des 144 (12 annes
de 12 mois) loyers mensuels, que lon suppose stables 6 000 :
Vusufruit = 6 000
1 (1,00565)144
0,00565
Sur cette transaction, la socit dexploitation devra acquitter les droits denregistrement sur une valeur dfinie par larticle 669-II du CGI qui fixe 23 % de la pleine
proprit, par priode de 10 ans, la valeur retenir pour un usufruit temporaire1.
Ramene au cas prsent, la valeur de la pleine proprit est de 1 M, et celle de lusufruit temporaire, accord pour une priode de 12 ans, est de 460 K (1 000 K 46 %
car 12 ans couvrent 2 priodes de 10 ans, soit 2 23 %). Par consquent, le montant
des droits denregistrement sera de 5,10 % sur 460 000 , soit 23 460 .
Voyons prsent la situation de chacune des parties lacte.
213
Repres
La gestion dynamique dun patrimoine travers la socit civile parat pouvoir tre valablement illustre travers une rgle que jappellerai : 2 I 2 R : Imagination, Intelligence, Raison,
Respect !
Imagination, car vous laurez compris, lespace de libert que confre cet outil extraordinaire reste chaque jour explorer. Tel schma auquel personne navait song voil une
dizaine dannes, voire mme auquel tous les praticiens prdisaient la mort subite, peut se
retrouver au rang de stratgie incontournable.
Intelligence, parce que cette grande libert ne doit pas conduire inventer, ni une usine gaz, ni
mettre en uvre des stratgies complexes et coteuses pour rsoudre un problme mineur.
Raison, videmment, car mme si le souci scal demeure une proccupation constante dans
notre pays, ce qui peut tre justi tant par le taux de pression scale que par linscurit
croissante de la lgislation largement taye par les changements incessants, le but principal
dune gestion de patrimoine efcace nest pas en premier lieu de payer moins dimpts, mais
dassurer la jouissance paisible de son patrimoine aprs une priode dintense activit, tout
en optimisant les conditions de la transmission dun patrimoine si patiemment constitu.
Respect, enn, car la matire mme de la gestion de patrimoine embrasse un ventail quasiment illimit de lgislation au sein desquelles il importe de savoir respecter une hirarchisation des priorits.
Snque, encore lui, disait Il ny a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas o aller .
Puisse la socit civile tre le bateau qui, sagement conduit par un capitaine expriment
et attentif, saura conduire votre patrimoine au port que vous aurez choisi.
214
La socit civile
Annexes n 1 Faut-il amortir ? Faut-il distribuer le rsultat ?
Les rponses par un exemple rcapitulatif :
Mr & Mme Otto HECKOL souhaitent acqurir, via une SCI, un bien immobilier dont les
caractristiques sont les suivants :
Prix total
330 000
Apport personnel
30 000
Emprunt
300 000
Loyer annuel
29 000
chance annuelle
30 889
chance xe
Sur le plan comptable, cest--dire sans les consquences scales qui ninterviennent quau
niveau des associs, voici comment se passent les dix premires annes :
Anne
Loyer
29 000
29 000
29 000
29 000
29 000
29 000
29 000
29 000
29 000
10
Intrts
18 000
17 227
16 407
15 538
14 617
13 641
12 606
11 509
10 346
9 113
Amortissement
17 200
17 200
17 200
7 200
7 200
7 200
7 200
7200
7 200
7 200
Rsultat
6 200
5 427
4 607
6 262
7 183
8 159
9 194
10 291
11 454
12 687
Cumul rsultat
6 200 11 627
16 234
9 972
2 789
5 371
14 565
24856
36 310
48 997
29 000
Capital
rembours
12 889
13 662
14 482
15 351
16 272
17 248
18 283
19 380
20 543
21 775
Trsorerie
annuelle
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
Trsorerie
cumule
1 889
3 778
5 666
7 555
9 444
11 333
13 222
Anne
Loyer
Intrts
Amortissement
16
17
29 000
11
29 000
12
29 000
13
29 000
14
29 000
15
29 000
29 000
29 000
18
29 000
19
29 000
20
7 807
6 422
4 954
3 398
1 748
7 200
7 200
7 200
7 200
7 200
7 200
7 200
7 200
7 200
7 200
13 993
15 378
16 846
18 402
20 052
21 800
21 800
21 800
21 800
21 800
Cumul rsultat
62 990
78 368
95 214
113 616
133 668
Capital
rembours
23 082
24 467
25 935
27 491
29 140
Trsorerie
annuelle
1 889
1 889
1 889
1 889
1 889
24 555 26 444
28 332
Rsultat
Trsorerie
cumule
20 777 22 666
29 000
29 000 29 000
29 000
29 000
668
29 668 58 668
87 668
116 668
215
TOTAUX
Brut
Amort.
300 000
30 000
330 000
Net
Passif
300 000
30 000
330 000
Net
30 000
300 000
330 000
Brut
Amort.
Net
Constructions
Frais achat
300 000
30 000
72 000
30 000
228 000
0
TOTAUX
330 000
102 000
228 000
Passif
Capital (2000 parts)
Report nouveau
Emprunt
Compte courant
TOTAUX
Net
30 000
48 997
130 115
18 888
228 000
400 000
Emprunt
130 115
Compte courant
18 000
Total
250 997
Lamortissement est calcul sur la base dun taux de 3 % lan, hors la valeur du terrain. Les
frais Commentaires : La socit a pratiqu 10 ans damortissement, les associs ont combl,
par apports en compte courant, les insufsances de trsorerie. Le report nouveau reprsente le rsultat cumul des exercices passs (voir tableau initial). La valeur vnale de
limmeuble a bien sr augment, et lestimation ainsi donne parat raisonnable. La valeur
de la part est calcule en dduisant de la valeur vnale de limmeuble, les dettes de la
socit, qui sont reprsentes par lemprunt restant d, et les comptes-courants.
216
La socit civile
Cas n 2 : Prsentation du bilan du bilan N + 10 ans, le rsultat est distribu
Valeur vnale de limmeuble : 400 000
Actif
Brut
Amort.
Net
Passif
Net
30 000
0
130 115
67 885
228 000
Constructions
Frais achat
300 000
30 000
72 000
30 000
228 000
0
TOTAUX
330 000
102 000
228 000
400 000
Emprunt
130 115
Compte courant
67 885
Total
202 00
Brut
Amort.
Net
Passif
Net
30 000
133 668
0
28 232
192 000
Constructions
Frais achat
300 000
30 000
108 000
30 000
192 000
0
TOTAUX
330 000
138 000
192 000
500 000
Emprunt
Compte courant
Total
28 232
471 768
Commentaires : La socit a pratiqu 15 ans damortissement, les associs ont combl, par
apport en compte courant, les insufsances de trsorerie. Le report nouveau reprsente
le rsultat cumul des exercices passs (voir tableau initial). Lemprunt est rembours. La
valeur vnale de limmeuble a bien sr augment, et lestimation ainsi donne parat raisonnable. La valeur de la part est calcule en dduisant de la valeur vnale de limmeuble,
les dettes de la socit qui sont reprsentes par les comptes-courants.
217
Brut
Amort.
Net
Passif
Net
Constructions
Frais achat
300 000
30 000
108 000
30 000
192 000
0
TOTAUX
330 000
138 000
192 000
30 000
0
0
162 000
192 000
500 000
Emprunt
Compte courant
162 000
Total
338 000
Brut
Amort.
Net
Passif
Net
30 000
242 668
0
0
272 668
Constructions
Frais achat
300 000
30 000
144 000
30 000
156 000
0
Trsorerie
TOTAUX
116 668
446 668
138 000
116 668
272 668
600 000
Emprunt
Compte courant
Total
0
600 000
218
La socit civile
Cas n 5 : Prsentation du bilan du bilan N + 20 ans, le rsultat est distribu
Valeur vnale de limmeuble : 600 000
Actif
Brut
Amort.
Net
Constructions
Frais achat
300 000
30 000
144 000
30 000
156 000
Trsorerie
TOTAUX
0
330 000
138 000
156 000
Passif
Net
30 000
0
0
126 000
156 000
600 000
Emprunt
Compte courant
126 000
Total
474 000
Commentaires : Les mmes causes produisent les mmes effets ! La valeur de la part est
calcule en dduisant de la valeur vnale de limmeuble, les dettes de la socit, qui sont
reprsentes par les comptes-courants. Consquence, la valeur de la part continue de diminuer de faon signicative !
Premire constatation : La diffrence entre rsultat distribu et le rsultat mis en report
nouveau se trouve dans la valorisation de la part et lapparition du compte courant. Si
lon ne distribue pas le rsultat, on minimise le compte courant mais on augmente la
valeur de la part.
Quels seraient les rsultats obtenus si la socit civile navait pas comptabilis damortissement ?
Trs simplement, les rsultats de chaque anne seraient augments des amortissements
comptabiliss sur limmeuble (ici 7 200 ). Et, selon que ce rsultat est distribu ou laiss en
report nouveau, la valeur de la part et les montants de compte courant voluent.
10
10
15
15
20
20
Valeur Immeuble
400 000
400 000
500 000
500 000
600 000
600 000
Part sociale
Compte
courant
Part sociale
Compte
courant
Part sociale
Compte
courant
Valeur
AVEC AMORTISSEMENT
Avec distribution
101
67 885
169
162 000
237
126 000
Sans distribution
125
18 888
235
28 232
300
Avec distribution
65
139 885
115
270 000
165
270 000
Sans distribution
125
18 888
235
28 232
300
SANS AMORTISSEMENT
219
TOTAUX
220
Brut
200 000
200 000
Amort.
Net
200 000
200 000
Passif
Capital
Net
10 000
Compte courant
190 000
TOTAUX
200 000
La socit civile
Prsentation simpli du bilan douverture : gros capital
Actif
Constructions
Brut
Amort.
200 000
Net
200 000
Passif
Capital
Net
200 000
Emprunt
Compte courant
TOTAUX
200 000
200 000
TOTAUX
0
200 000
En supposant que les loyers gnrs soient systmatiquement prlevs par les associs, les
bilans de cessions, dix ans plus tard, se prsenteraient exactement de la mme faon. Par
contre, sur la base dune valeur de limmeuble de 300 000 , le prix de cession des parts
serait de 110 000 dans le premier cas, et de 300 000 dans lautre.
Calculons prsent la plus-value imposable dans les deux situations :
Capital
10 000
Capital
200 000
Valeur de limmeuble
300 000
300 000
190 000
110 000
300 000
10 000
200 000
750
15 000
Total
10 750
215 000
Plus value
99 250
85 000
10
10
Prix dachat
Frais dacquisition
Dure de dtention
Abattement en %
50 %
50 %
49 625
42 500
Abattement gnral
1 000
1 000
Plus-value imposable
48 625
41 500
13 128
11 205
286 872
288 795
5 610
15 300
Abattement dtention
Montant impt
Total encaiss (Prix de cession + compte courant impt)
Droits enregistrement la charge de lacqureur
Plusieurs constatations
En ce qui concerne le capital libr progressivement, le calcul est en tout point identique.
Le prix de revient devrait tre retrait, suivant les dispositions de larrt BARADE,
des bnfices imposs et des prlvements oprs par les associs. Mais nous avons
convenu que les associs prlevaient rgulirement leurs bnfices. Par consquent, ce retraitement ne change pas, dans cette situation, le calcul du prix de
revient entre les deux situations.
221
222
6,5
Partie La dimension
scale
de la gestion
de patrimoine
15%
Chapitre
12
Limpt
sur le revenu
Benot Nowaczyk
impt direct sur le revenu, institu par les lois du 15 juillet 1914 et du
31 juillet 1917 sapplique aux revenus perus par les personnes physiques,
directement ou indirectement1. Bien quil reprsente aux yeux des contribuables le
principal impt payer, les recettes fiscales gnres ne reprsentent que 15 20 %
des recettes fiscales totales annuelles de ltat, loin derrire un autre impt
presquindolore, la TVA, qui reprsente prs de 50 % des recettes fiscales de ltat.
Limpt sur le revenu est uniquement pay par les personnes physiques (on parle
de ce fait dimpt sur le revenu des personnes physiques, IRPP) et la dtermination
de son montant suit une procdure complexe :
1. Nous rappellerons que les revenus gnrs par les socits non soumises limpt sur les socits sont imposs directement au niveau des associs. Il sagit de la manifestation la plus tangible du concept de transparence
fiscale des socits soumises limpt sur le revenu.
225
tape 2 :
Dtermination des revenus
nets par catgorie
tape 3 :
Dtermination du revenu
brut global
Revenu brut
catgorie A
Revenu brut
catgorie B
Revenu brut
catgorie C
Charges
dductibles
catgorie A
Charges
dductibles
catgorie B
Charges
dductibles
catgorie C
Revenu net
catgorie A
Revenu net
catgorie B
Revenu net
catgorie C
tape 4 :
Dtermination du revenu
net global imposable
tape 5 :
Dtermination du montant
limpt sur le revenu d
Tous les ans, chaque contribuable dtermine dabord le montant de ses revenus par
catgorie (traitements et salaires, revenus fonciers), puis dduit de ses revenus les
charges dductibles selon la rglementation applicable chaque catgorie. La
somme des revenus nets par catgorie donne le revenu brut global, auquel il convient
de retrancher les ventuelles rductions gnrales (charges puis abattements). Il
revient alors au contribuable de dclarer ce revenu net en nomettant pas de prciser
toutes les informations personnelles utiles afin que le Trsor Public dtermine avec
prcision le montant de limpt d.
Il convient de prciser que bien que lIRPP ait vocation sappliquer lensemble
des franais, tous ne le paient pas, soit parce que le montant de leur revenu net global imposable nest pas assez important, soit parce quils nentrent pas dans le
champ dapplication de cet impt.
226
Section 2
Section 3
Section 4
Section
Chaque contribuable est imposable limpt sur le revenu, tant en raison de ses bnfices
et revenus personnels que de ceux de ses enfants et des personnes considres comme
tant sa charge.
Pour le droit fiscal, tout contribuable nest pas destin tre personnellement
imposable sur ses revenus. Le fisc retient la notion de foyer fiscal pour tablir les
redevables de limpt, cest--dire les personnes physiques qui devront payer limpt. La dtermination dun foyer fiscal est emplie de bon sens. Ainsi, un couple
mari et dsormais les couples pacss sont soumis une imposition commune sur
lensemble des revenus raliss par les poux / pacss, quel que soit le rgime matrimonial rgissant leur vie patrimoniale. Suivant la mme logique, les enfants du
couple sont rattachs au foyer fiscal de leurs parents ainsi que les personnes la
charge des parents (cf. infra pour davantage de prcisions). La fiscalit pouse en ce
sens la vision traditionnelle de la famille.
Prcisons toutefois que la lgislation applicable prvoit un certain nombre dexceptions ces principes gnraux, notamment dans le cadre de procdure de divorce ou
denfants ayant des revenus personnels tels que lintrt fiscal de la famille passe par
une imposition spare.
227
OUI
NON
Le Lieu de sjour
principal ?
OUI
NON
Lactivit professionnelle ?
OUI
Contribuable
NON
Centre des intrts
conomiques ?
OUI
NON
Non
contribuable
NON
Convention
fiscale ?
OUI
Figure 12.2
Pour ne pas tre considr comme contribuable par le fisc franais, la personne
doit rpondre successivement NON ces quatre questions puis se plonger dans
la lecture de la convention fiscale internationale dont il relve :
Le foyer doit ici tre compris dans son sens le plus commun : il sagit du lieu o
vit habituellement la personne ou sa famille. Ainsi, une personne physique dtache par sa socit pour travailler une anne dans un autre pays mais qui a laiss
1. Les cas ne sont pas cumulatifs. Une seule condition remplie suffit au contribuable pour tre redevable de
limpt sur le revenu franais.
228
Section
La fiscalit applicable est diffrente selon la nature de lactivit gnrant les revenus du contribuable. Pour cette raison, il convient de dterminer, en premier lieu, la
nature des revenus imposables, puis en calculer le montant net, en faisant application de la rglementation spcifique la catgorie de revenus.
229
La catgorie des traitements et salaires recouvre la fois les revenus tirs dune
activit salarie et les pensions et rentes. Une activit peut tre qualifie de salarie
lorsque trois critres sont cumulativement satisfaits :
il existe un lien de subordination entre le salari et son employeur ;
lemployeur sengage fournir son salari des prestations raliser pour son
compte ;
le salari peroit en contrepartie de ces prestations une rmunration.
Longtemps, la catgorie des traitements et salaires a t considre comme la
laisse pour compte des diffrentes catgories dans la mesure o les moyens de
contrle dont dispose ladministration sur les montants dclars sont autrement plus
efficaces que pour les autres catgories de revenus, le salaire dclar par un salari
ltant galement par son employeur. La minoration des revenus tait, si ce nest
impossible, tout du moins hautement prilleuse. Pour compenser , le lgislateur
avait instaur un abattement gnral de 20 % sur les salaires dclars. Un abattement tait galement appliqu tous les autres contribuables passibles de lIRPP
dans une autre catgorie si ces derniers adhraient un centre de gestion agr. Une
refonte complte de ce principe a eu lieu compter de la dclaration de revenus pour
2006, avec la perte pour les salaris de cet abattement gnral et une sanction
pour les autres catgories en cas de non adhsion un centre de gestion agr (voir
infra).
230
Dcits
Plus-values
Impt de solidarit
sur la fortune
231
Les bnfices non commerciaux regroupent lensemble des revenus tirs dune activit
intellectuelle ou librale (art. 92-1 du CGI), cest--dire une activit de nature civile et
non commerciale. Sont ainsi passibles de limpt sur le revenu dans la catgorie des
BNC, les avocats, notaires, experts-comptables, artistes, mdecins, architecte
Comme prcis ci-avant, le lgislateur a prvu quaucun revenu nchappe limpt. Larticle 92-1 du CGI est ainsi rdig :
Sont considrs comme provenant de lexercice dune profession non commerciale [...]
toutes occupations, exploitations lucratives et sources de profits ne se rattachant pas
une autre catgorie de bnfices ou de revenus.
La catgorie des BNC est donc voue regrouper les avocats et les escrocs, les
mdecins et les mres porteuses
La distinction entre revenu professionnel et non professionnel sapplique galement aux BNC, les mmes causes produisant les mmes effets, nous retrouvons les
mmes consquences quen matire de distinction BIC professionnels et BIC non
professionnels :
Tableau 12.2
BNC professionnels
232
Dcits
Plus-values
Impt de solidarit
sur la fortune
Activit de vente
ou location
Autres activits
Micro-entreprises
CA < 76 300
CA < 27 000
Rel simpli
Rel
BIC
Micro-entreprises
Activit de vente
ou location
Autres activits
CA < 84 000
CA < 30 500
Si ces nouveaux seuils sont dpasss, alors le bnfice du rgime micro-entreprise cesse de plein droit compter du mois suivant le dpassement de seuil.
Nous prciserons que lorsque lexploitant exerce une activit de vente et une autre
activit, le rgime micro-entreprise ne trouvera sappliquer que si le chiffre
daffaires total nexcde pas 76 000 (ou 84 000 en cas de dpassement) et que
le chiffre daffaires ralis sur les autres activits nexcde pas 27 000 (ou
30 500 en cas de dpassement).
233
Micro-entreprises
CA < 27 000
CA < 30 500
Dclaration contrle
CA > 27 000
BNC
Autres activits
Taux dabattement
71 %
50 %
Abattement minimum
305
305
234
Abattement
Taux dabattement
34 %
Abattement minimum
305
Ce rgime est applicable uniquement pour les contribuables ralisant des activits
caractre industriel ou commercial. Il se diffrencie du rgime rel par un
allgement des obligations dclaratives fiscales et comptables, notamment en
matire de tableaux annexes joindre la dclaration de revenus et en matire de
tenue de comptabilit. Nous prciserons donc que dans la mesure o les modalits
de dtermination du bnfice net sont identiques celles du rgime rel normal ,
celles-ci seront abordes dans ltude de la dtermination du revenu net par catgorie. (cf. infra).
Comme leur dnomination le suggre, ces diffrents rgimes ont une vertu simplificatrice, permettant au jeune entrepreneur de se familiariser doucement mais srement avec les obligations comptables et fiscales. Cependant, comme tout choix,
loption ne doit pas obligatoirement tre souscrite car son apparente simplification
cache certains effets indsirables que seul le rgime du rel normal permet de
corriger :
235
236
237
Repres
Exemple
Un contribuable exploite une petite activit de ngoce. Il tire de cette activit un revenu
net de 30 000 .
De plus, il loue plusieurs biens immobiliers qui lui apportent des fortunes diverses :
lun dgage un bnfice de 4 000 ;
lautre une perte de 12 000 .
Enfin, pour tre complet sur les activits immobilires de notre contribuable, ce dernier
vient de vendre deux appartements, gnrant une plus-value de 45 000 et une moinsvalue de 5 000 .
Pour sa dclaration de revenus, il a galement reu un document de sa banque lui prcisant le montant des produits financiers perus au titre de lanne coule, soit 1 200 .
Ce contribuable a opt pour le prlvement libratoire.
Un peu envahi par toutes ces sources de revenus et de dficits, il conviendrait de laider
dterminer le revenu brut global.
En faisant abstraction de ce qui prcde, nous obtiendrions un revenu brut de global de :
Revenu net global
Revenus bnciaires
Revenus dcitaires
Revenu brut global
238
80 200
19 000
61 200
Revenus bnciaires
Revenus dcitaires
17 700
62 500
Il apparat que ce revenu net global est suprieur de 1 300 celui calcul grossirement, en raison de limpossibilit dimputer lensemble des dficits fonciers. Que notre
lecteur se rassure, il ne sagit pas proprement parl dun stratagme destin faire peser
une charge dimpt plus grande sur les paules du contribuable puisque, nous le rappelons, le dficit imputable sur des revenus de mme catgorie peut ltre pendant les
6 prochaines annes. Il ne sagit donc l que dun dcalage temporaire :
tape 1 :
Classification des revenus nets bnficiaires
Revenus fonciers
immeuble A :
4 000
Bic professionnel :
30 000
Somme algbrique
tape 2 :
Dtermination du revenu
global
Revenu
Global
34 000
Dficits de BIC
professionnel :
2 000
Dficits fonciers
immeubles B :
12 000
Revenu
global soumis aux rgles de
droit commun de lIRPP :
21 300
(34 000 12 700 )
Produits financiers
(rgime drogatoire) :
1 200
Moins values
immobilires :
5 000
tape 3 :
Classification des revenus
nets dficitaires
tape 4 :
Dtermination du revenu net global imposable
239
Base lgislative
Fraction de la CSG
Pensions alimentaires
Cotisations sociales
La CSG sapplique aux revenus du patrimoine et des produits de placement (revenus fonciers, rentes viagres, revenus de capitaux mobiliers). Son taux de 8,2 %
peut se dcomposer en deux parties :
un taux de 5,8 % dont le montant sera dductible ;
un taux de 2,4 % dont le montant ne sera pas dductible.
Nous prciserons que la CRDS (taux de 0,5 %), le prlvement social de 2 % ainsi
que la contribution additionnelle de 0,3 % ne sont pas dductibles du revenu net
global.
240
Les pensions alimentaires concernes sont celles verses des individus lis au
contribuable par les dispositions des articles 205 211 du Code civil posant le principe de lobligation alimentaire rciproque. Le principe entend donc permettre la
dduction de lensemble des pensions alimentaires verses par le contribuable ses
ascendants ou descendants, dans la mesure o le montant vers est conforme aux
besoins du bnficiaire et en adquation avec les revenus de celui qui la verse.
Cependant, ce principe a t amnag notamment en instaurant des plafonds de
dduction :
Enfants mineurs : les sommes verses ne peuvent donner lieu une quelconque dduction si les enfants sont intgrs pour la dtermination du quotient
familial du contribuable (voir infra).
Enfants majeurs : les sommes verses un enfant majeur dans le besoin sont
dductibles dans la limite de 5 729 , et cette dduction ne peut se cumuler avec
la possibilit pour ce jeune majeur de demander son rattachement au foyer fiscal
de ses parentes.
Ascendants : les sommes verses sont dductibles et, dans le cas dune pension
alimentaire verse en nature (ascendant et contribuable vivant sous le mme
toit), il est impratif que le contribuable puisse justifier lensemble des dpenses
engages et quil entend dduire. Prcisons toutefois que dans la mesure o
lascendant est sans ressource, quil est g de plus de 75 ans et bnficiaire de
revenus nexcdant pas le plafond de ressources pour loctroi du minimum
vieillesse (7 719,52 pour une personne seule en 2008), le contribuable peut
dduire sans justification 3 296 par ascendant au titre des dpenses de nourriture et dhbergement. Les autres dpenses restent dductibles si elles sont
documentes.
Ces rgles connaissent quelques amnagements, notamment lorsque les pensions
alimentaires sont verses suite une dcision de justice (divorce) :
les pensions alimentaires verses suite une dcision de justice conscutive un
divorce ou une sparation de fait sont dductibles du revenu global ;
les prestations compensatoires verses sous forme de rente sont galement
dductibles du revenu global du contribuable.
Cotisations sociales
241
Section
Comme nous lavons dj prsent, il nest ralis quune seule dclaration par foyer
fiscal, le foyer fiscal pouvant comprendre plusieurs individus. Au niveau de la dtermination du revenu net imposable, cette pluralit de contribuable est prise en compte pour
la dtermination du revenu net imposable par ladditivit des diffrents revenus des
membres dun mme foyer fiscal. Comme nous lavons vu prcdemment, le foyer fiscal
regroupe la famille au sens traditionnel du terme, parents et enfants.
Il convient de prciser quelque peu cette notion :
seuls les couples maris ou pacss souscrivent une dclaration commune au
titre de lIRPP. Lanne de leur union, le couple fera trois dclarations : les deux
conjoints tabliront chacun leur propre dclaration pour les revenus perus du
1er janvier au jour de leur union ; le couple fera une dclaration commune du
jour de lunion au 31 dcembre ;
les concubins doivent dclarer chacun de leur ct leurs revenus, sinterdisant
alors de reporter sur les bnfices de lun, les dficits de lautre ;
les enfants compris dans le foyer fiscal sont qualifis d enfants charge ,
cest--dire les enfants mineurs non mancips ainsi que les majeurs1 sans
condition jusqu 21 ans et sous condition de poursuite des tudes jusqu
25 ans. Pour les enfants infirmes, aucune condition dge nest exige.
titre dinformation, et pour que la notion de personnes charge garde tout son
sens, les personnes titulaires dune carte dinvalidit sont considrs comme faisant
partie du foyer fiscal sans condition de lien de parent, dge ou mme de ressources2.
1. Le rattachement du jeune majeur se fait par demande crite de lintress au centre du Trsor Public du domicile de ses parents.
2. Article 196 A du CGI.
242
Taux (en %)
0%
5,5 %
14 %
30 %
Excdant 69 505
40 %
Attention, le taux prsent est un taux marginal. Il ne sapplique que sur la tranche
de revenus la plus importante :
Exemple
Un contribuable clibataire dclarant un revenu net imposable de 30 000 verra son
imposition dtermine ainsi :
De 0 5 852 : 0
De 5 852 11 673 : (11 673 5 852 ) 5,5 % = 320
De 11 673 25 926 : (25 926 11 673 ) 14 % = 1 995
De 25 926 30 000 (son revenu net imposable) : (30 000 25 926 ) 30 %
= 1 222
Soit un montant dimpt sur le revenu payer de : 3 537 , reprsentant un taux global
dimposition de 11,79 % (3 537 / 30 000 ).
2 Le quotient familial
Au risque de nous rpter, limposition au titre de lIRPP se fait sur le revenu
global dun foyer fiscal. Afin de prendre en considration cette pluralit dlments,
et notamment la prsence parfois nombreuse de futur(e)s contribuables, le droit
fiscal retient un systme de quotient familial. Ce mcanisme est galement destin
diminuer leffet progressif de limposition. Le quotient familial correspond au
rapport entre le montant du revenu net imposable et le nombre de parts dont peut
se prvaloir le foyer fiscal. Ces parts sont attribues ainsi :
243
Nombre de parts
1 part
1,5 part
2 parts
Personnes charges
Nombre de parts
+ 0,5 part
+ 0,5 part
+ 1 part
Nombre de parts
+ 0,25 part
+ 0,25 part
+ 0,5 part
Exemple
Soit une famille de 4 enfants, tous considrs comme charge et dont les parents sont maris.
Le nombre de parts est de :
Couple mari :
2 parts
Premier enfant charge :
+ 0,5 part
Deuxime enfant charge :
+ 0,5 part
Troisime enfant charge :
+ 1 part
Quatrime enfant charge : .
+ 1 part
Total :
4 parts
Poursuivons avec cette famille, et supposons que les parents ont divorc. 3 enfants sont
la charge des deux parents, le 4e tant la charge dun seul parent depuis plus de 5 ans.
Le nombre de part voluera ainsi :
Premier parent :
Personne seule avec une ou plusieurs personnes charge :
1,5 part
Premier enfant charges partages :
+ 0,25 part
Deuxime enfant charges partages :
+ 0,25 part
Troisime enfant charges partages :
+ 0,5 part
Total :
2,5 parts
244
1,5 part
+ 0,5 part
+ 0,25 part
+ 0,5 part
+ 0,5 part
3,25 parts
Quotient familial
(revenus perus en 2008)
(R 0,055) (321,86 N)
(R 0,14) (1 314,07 N)
(R 0,30) (5 462,23 N)
Excdant 69 505
Nous prciserons que le droit fiscal a entendu limiter les effets du quotient familial1. Ainsi, lavantage en impt est plafonn pour les personnes charge 2 292
par demi-part additionnelle2. Cependant, ce qui est pris dune main est redonn de
1. Article 197 I-2 du CGI.
2. Ce montant est ajuster en fonction dun quart de part additionnel ou dune part additionnelle.
245
246
ET PAIEMENT DE LIMPT
4 DCLARATION
SUR LE REVENU
2 Modalits de paiement
Une fois que le contribuable a soigneusement rempli et envoy sa dclaration au
Trsor Public, il appartient ce dernier de dterminer le montant de limpt d.
Cest la Trsorerie quil revient de recouvrer la crance dimpt que ltat a sur
chaque contribuable impos. Pratiquement, le contribuable paie en une seule fois
son impt au mois de septembre de lanne de sa dclaration. Que lon se rassure,
cela narrive quune fois, la premire.
Aprs, chaque contribuable est inscrit dans les fichiers de la Trsorerie qui met
la disposition des foyers fiscaux deux moyens pour sacquitter de son impt :
le rgime des acomptes prvisionnels, reposant sur le paiement en trois fois par
le contribuable de son impt. Les deux premiers paiements interviennent au plus
tard le 15 fvrier et le 15 mai de lanne de la dclaration, le dernier est pay au
mois de septembre. Le montant des acomptes est dtermin par rapport limpt
sur le revenu pay lanne prcdente pour les deux premiers acomptes, le mon-
247
248
Chapitre
13
Limposition
des revenus
du patrimoine
nancier
Emmanuelle Roy-Spiridion
1. Tous ces produits sont prsents en dtail au sein du chapitre Les produits dpargne et de placement .
249
Section 2
Section 3
Section
250
251
Le prlvement libratoire est obligatoirement appliqu pour les produits de placement verss des contribuables non domicilis en France. Il est toutefois important de consulter la convention fiscale internationale concerne, qui peut supprimer
ou rduire la porte de cette mesure.
1.4 Taux du prlvement
252
Le contribuable doit dclarer ces revenus pour leur montant brut peru. Pour le
calcul de limpt, un abattement proportionnel de 40 % sera appliqu automatiquement par ladministration ces revenus. Le contribuable peut dduire les dpenses
engages pour lacquisition du revenu (essentiellement les frais de garde des titres)
aprs lapplication de labattement de 40 %. Un abattement forfaitaire de 1 525 ou
de 3 050 est ensuite appliqu automatiquement par ladministration, sur le montant net des revenus distribus ainsi dtermins. compter du 1er janvier 2008, les
dividendes perus peuvent, sur option du contribuable, tre soumis un prlvement
forfaitaire libratoire de 18 %, calcul sur leur montant brut.
3.2 Revenus imposables des actions et parts non cotes dtenues
sur le PEA
Il est rappel que les conditions respecter pour obtenir la dfiscalisation des
revenus et des gains en capital sur PEA (plan dpargne en actions) sont les
suivantes : tre domicili en France, navoir quun seul PEA par personne majeure,
le conserver au minimum 5 ans sans faire de retrait et ne pas apporter plus de
132 000 en numraires ou en titres. Lorsque toutes ces conditions sont respectes,
le titulaire du PEA bnficie dune exonration des revenus et des gains en capital des titres dtenus sur son PEA.
Si les dividendes dactions ou des parts sociale perus au travers dun PEA sont
exonrs dimpt sur le revenu, une fraction de ces revenus peut, dans certaines
253
Dans les limites indiques ci-avant, les produits perus sur le PEA sont exonrs
dimpt sur le revenu. Toutefois, ils ouvrent droit au crdit dimpt de 50 % de la
mme faon que les autres revenus dactions ou parts sociales.
254
Les autres revenus de capitaux mobiliers comme les produits dobligations, demprunts dtat, les jetons de prsence perus par les membres du conseil dadministration ou du conseil de surveillance, les revenus des crances, dpts et cautionnements ou les revenus distribus non dductibles du rsultat de la socit dont ils
proviennent (rmunrations et avantages occultes, rmunrations excessives) ne
bnficient pas de labattement de 40 %. Ils sont taxs limpt sur le revenu pour
leur montant brut encaiss diminu, le cas chant, des frais supports.
Section
Les produits suivants sont exonrs limpt sur le revenu (certains sont galement exonrs des prlvements sociaux) :
les intrts des sommes inscrites sur :
un livret A de caisse dpargne, un livret dpargne populaire ;
un compte pour le dveloppement durable (ex CODEVI) ;
un compte dpargne-logement ;
255
Section
Les plus-values de cessions de valeurs mobilires peuvent tre dfinies comme les
gains en capital raliss par les particuliers sur les titres quils dtiennent. Si les titres
dtenus leur offrent des revenus (distribution de dividendes), les lois de loffre et la
demande, ainsi que la bonne sant conomique des socits font que leurs titres peuvent
voir leur valeur augmenter (ou diminuer) assurant ainsi, en cas de vente, une plus-value
(ou une moins-value), calcule sur un prix de cession diminu dun prix dacquisition.
Les plus-values ainsi ralises lors de cession de valeurs mobilires ou de droits
sociaux sont taxes limpt sur le revenu au taux de 18 % (29 % avec les prlvements sociaux) si le montant annuel des cessions excde un seuil fix 25 000
pour les cessions ralises en 2008.
256
Il est constitu, pour les titres non cots, du prix demand et, pour les titres cots,
du cours de bourse du jour de la transaction. Il comprend toutes les charges et
indemnits stipules au profit du cdant ou dun tiers. Il est diminu du montant des
frais et taxes acquitts par le cdant : commissions dintermdiaires et honoraires
dexperts chargs de lvaluation des titres, commissions de ngociation, courtages
et impt sur les oprations de bourse pour les titres cots.
257
Il est constitu du prix pour lequel les titres ont t achets par le cdant ou, en cas
dacquisition titre gratuit (succession ou donation), de la valeur retenue pour la
dtermination des droits de mutation. Il est augment des frais dacquisition : les
courtages, les commissions, les impts sur les oprations de bourse, les honoraires
dexperts, les droits denregistrement et frais dacte et/ou les droits de succession ou
de donation proprement dits, les frais dacte et de dclaration et les honoraires du
notaire.
En cas de cession de titres de mme nature achets des prix diffrents, le contribuable peut retenir une moyenne pondre des prix dacquisition.
Exemple
Un contribuable a ralis une acquisition en N6 de 100 actions X au prix de 60 , une
acquisition en N5 de 150 actions X au prix de 100 . Il vend en N, 200 actions X au
prix unitaire de 120 .
La valeur moyenne pondre dacquisition des titres est de :
[(100 60 ) + (150 100 )] / 250 = 84
Le montant de la plus-value est : (200 120 ) (200 84 ) = 7 200 .
Les clauses de variation de prix (ou clause dearn out) prvoient, lors de la cession, que lacqureur devra verser dans le futur au cdant un complment de prix
dtermin en fonction dune indexation en relation directe avec lactivit de la
socit dont les titres sont vendus1. Si la clause est mise en excution, le complment
de prix peru par le cdant est imposable au taux global de 29 % applicable aux
plus-values sur titres, au titre de lanne au cours de laquelle il est reu, quel que soit
le montant des cessions ralises au cours de cette anne.
Les clauses de garantie de passif ou dactif net prvoient, lors de la cession, que
le cdant sengage reverser au cessionnaire tout ou partie du prix de cession en cas
de rvlation, dans les comptes de la socit dont les titres sont vendus, dune dette
ayant son origine antrieurement la cession ou dune surestimation de valeurs
dactif figurant au bilan de la socit la date de la cession. Un dgrvement de
limpt initialement pay pourra tre demand par le cdant par voie contentieuse.
Lacqureur, lui, tiendra compte de cette variation de prix lors du calcul de sa plusvalue de cession (diminution du prix dacquisition des titres).
1. Par exemple, 50 % du prix de vente des titres est pay au comptant et le solde sera vers dans 1 an, mais
index dans une limite de 20 % sur le chiffre daffaires cette date l.
258
5 change de titres
Les plus-values rsultant doprations dchange de titres (offre publique, fusion,
scission, apport une socit soumise limpt sur les socits) ralises depuis
le 1er janvier 2000 font lobjet dun sursis dimposition. Aucune plus-value nest
calcule, ni dclare au titre de lanne de lchange. La plus-value dchange ne
sera prise en compte qu la date de cession. Le gain ralis sera alors calcul
partir du prix ou de la valeur des titres remis lchange, corrig la hausse ou la
baisse dune ventuelle soulte.
Le sursis sapplique de la mme faon en cas dchanges successifs. Les plusvalues ralises lors dchanges oprs avant le 1er janvier 2000 demeurent soumises
au report dimposition jusqu la cession titre onreux, au remboursement ou
lannulation des titres reus en change. Elles doivent tre portes sur la dclaration
(n 2074-I) de lanne de survenance de lvnement affectant les titres reus en
change.
259
260
Priode
Produits encaisss
18 %
Produits encaisss
18 %
18 %
35 %
18 %
0%
Plan dpargne-logement
18 %
Bnciaire
connu
Anonymat
demand
45 %
60 %
35 %
60 %
compter du 1-1-1995
18 %
60 %
Bnciaire
connu
Anonymat
demand
35 %
60 %
15 %
60 %
7,50 %
60 %
mis :
261
Chapitre
14
Limposition
des revenus
du patrimoine
immobilier
et les produits
de dscalisation
immobilire
Olivier Lejeune
investissement immobilier reprsente toujours aux yeux des particuliers une valeur
sure (la valeur refuge de la pierre) quand les autres investissements (mobiliers)
deviennent risqus, notamment aprs leffondrement des places boursires. Linvestissement
locatif prsente le double avantage dtre gnralement peu risqu (sauf crise importante
de limmobilier) et de sautofinancer. Il est le plus souvent ralis au moyen demprunts
bancaires, dont le capital et les intrts sont couverts par les loyers.
Les particuliers peuvent investir :
dans les immeubles anciens, dont le prix dacquisition est moins lev que le
neuf, pour dgager un bon rapport revenus/investissement ;
262
Section 1
Le rgime du micro-foncier
Section 2
Section 3
Section 4
Section
LE RGIME DU MICRO-FONCIER
Les personnes qui ont un revenu foncier annuel infrieur 15 000 euros sont
soumises de plein droit un rgime dimposition simplifi (dit du micro-foncier ) qui aboutit nimposer que 70 % des recettes. Ce rgime ne peut pas sappliquer dans le cas de revenus fonciers drogatoires ou spcifiques. Sil permet
aux contribuables un allgement dclaratif important (recettes brutes directement
reportes sur la dclaration de revenus), il ne permet pas la constatation de dficits. Les contribuables qui seraient de plein droit dans le rgime du micro-foncier
peuvent, toutefois, opter pour le rgime rel dimposition des revenus fonciers,
option qui est conseille lorsquils constatent un dficit foncier (recettes infrieures aux charges).
263
Une dclaration de revenus fonciers (n2044) doit tre souscrite lorsque les contribuables ont peru des loyers, des fermages ou dautres revenus fonciers (droits
daffichage, droits dexploitation de carrires, revenus de parts de socits immobilires) ou lorsquils se rservent lusage de certains biens ou droits (tangs, cours
deau, droits de pche, locaux commerciaux nus) pour un montant suprieur
15 000 euros.
Le contribuable na pas de revenus fonciers dclarer pour :
les logements dont il se rserve la jouissance. Lexonration vise les locaux
dhabitation et leurs dpendances immdiates (garages, jardins) qui sont utiliss titre de rsidence principale ou secondaire ou qui sont mis gratuitement
la disposition dun tiers en labsence de tout contrat de location ;
les locations et sous-locations en meubl, qui relvent des bnfices industriels
et commerciaux professionnels ou non ;
les sous-locations dimmeubles nus, qui relvent des revenus non commerciaux.
Repres
Le revenu net foncier dclarer est obtenu par la diffrence entre les recettes (principales
et/ou accessoires) encaisses dans lanne et les charges de proprit payes dans lanne
par le foyer scal :
Revenu net foncier = Recettes principales + Recettes accessoires Charges de proprit
1 Les recettes
Les recettes sont constitues des loyers encaisss (y compris les loyers arrirs et
les loyers perus davance), des revenus exceptionnels (pas-de-porte, droit dentre)
et des avantages en nature. Il convient dajouter ces recettes principales les subventions de lAgence Nationale pour lAmlioration de lHabitat, les sommes perues en excution dun contrat de garantie de loyers, le droit daffichage et les
dpenses mises par convention la charge du locataire (principalement des grosses
rparations, des impts affrents la proprit). Si le contribuable est assujetti
la TVA (immeubles usage industriel, commercial ou de bureaux), les recettes doivent tre dclares pour leur montant hors TVA. Elles sont alors exonres de
Contribution sur les Revenus Locatifs.
264
Il sagit notamment des rmunrations qui sont alloues aux gardiens ou concierges. Il sagit galement de lensemble des rmunrations, honoraires et commissions
verss des tiers pour la gestion de limmeuble. Il sagit enfin des honoraires
(notaire, avocat, huissier ou expert) ainsi que des autres frais de procdure supports
dans lanne.
Les autres frais de gestion sont dductibles pour un montant forfaitaire de 20 par
local. Ils reprsentent les frais de correspondance, de dplacement et de tlphone
et les frais ventuels denregistrement des baux et actes de location.
Les primes dassurance payes sont dductibles pour leur montant rel.
265
Les provisions pour charges appeles par le syndic de coproprit sont dduites du
revenu foncier de lanne de leur versement puis rgularises lanne suivante. Les
contribuable dduisent le montant total des provisions pour charges verses au syndic
au cours de lanne. Ils rgularisent, la mme anne, les provisions dduites lanne
prcdente qui correspondent, daprs larrt des comptes de la coproprit, des
charges non fiscalement dductibles (charges locatives, travaux de construction).
2.5 Les taxes foncires et taxes annexes, contribution sur les revenus
Les intrts et les frais demprunt (agios, commissions, frais de constitution de dossier, frais dinscription hypothcaire) sont dductibles sans limitation en ce qui
concerne le montant ou la dure. Les emprunts concerns doivent tre contracts pour
lacquisition, la conservation, la construction, la rparation ou lamlioration des proprits (y compris les intrts des emprunts contracts pour le paiement des droits de
succession). Les intrts des emprunts substitutifs sont galement dductibles si le
nouvel emprunt est souscrit pour rembourser ou se substituer lemprunt initial, dans
la mesure o les intrts de lemprunt initial nont pas dj t intgralement dduits.
266
3 000
20 000
10 000
27 000
Les intrts demprunt sont imputs en priorit sur les recettes brutes, soit un dficit
provenant hauteur de 7 000 des intrts demprunt et de 20 000 des charges.
Le dficit provenant des charges pourra tre imput sur le revenu global hauteur de
10 700 , il restera donc 9 300 (part du dficit provenant des charges) et 7 000 (part
du dficit provenant des intrts demprunt) imputer sur les revenus fonciers des dix
annes qui suivent.
267
Section
Les deux principaux rgimes drogatoires que sont les monuments historiques et
les oprations de restaurations immobilires (loi Malraux) permettent aux contribuables de dduire de leurs revenus (foncier ou global) les charges foncires quils
supportent et dimputer le dficit foncier obtenu sur le revenu global, sans limitation.
Ces rgimes sont extrmement favorables aux contribuables, qui peuvent ainsi
rduire leur revenu imposable dans des proportions trs importantes.
268
3 000
20 000
10 000
27 000
Ici, le dficit constat, soit 27 000 , sera dductible en totalit et sans limitation du
revenu global du contribuable.
Les propritaires dimmeubles btis situs dans certaines zones protges qui
effectuent des travaux pour une restauration complte de leur immeuble peuvent
dduire de leurs revenus fonciers les dpenses suivantes1 :
les travaux de dmolition imposs par lautorit qui dlivre le permis de
construire ;
les travaux de reconstitution de toiture ou de murs extrieurs dimmeubles existants rendus ncessaires par les dmolitions imposes ;
les travaux de transformation en logement de tout ou partie dun immeuble dhabitation, sous rserve que ces travaux soient raliss dans le volume bti
existant ;
les travaux de raffectation lhabitation de tout ou partie dun immeuble.
En cas de constatation dun dficit foncier, ce dernier est imputable, sans limitation de montant, lexception des intrts demprunt, sur le revenu global de
lintress.
Exemple
Un propritaire loue un appartement situ dans une zone protge dans lequel il a effectu dimportants travaux et il tablit sa dclaration comme suit :
1. Le propritaire doit prendre lengagement de louer le logement nu usage de rsidence principale du locataire
pendant une dure de six ans.
269
3 000
20 000
10 000
27 000
Les intrts demprunt sont imputs en priorit sur les recettes brutes, soit un dficit
provenant hauteur de 7 000 des intrts demprunt et de 20 000 des charges.
Le dficit provenant des charges pourra tre imput sur le revenu global, sans limitation,
soit 20 00 . Il restera donc 7 000 (part du dficit provenant des intrts demprunt)
imputer sur les revenus fonciers des dix annes qui suivent.
Section
Les rgimes spcifiques en matire de revenus fonciers sont nombreux et permettent aux propritaires une importante dfiscalisation en raison de lamortissement
(pour un montant rel ou forfaitaire) du bien achet. Mis en place partir de 1996,
ils concernent principalement des logements neufs ( lexception de quatre dispositifs) et prvoient toujours un engagement de location, avec une dure dfinie, des
plafonds de loyers et parfois de ressources des locataires.
Lintrt pour le contribuable de se placer sous ce type de rgimes rside dans
lamortissement du bien, qui aboutit la cration dun dficit foncier. Ce dficit est
ensuite imputable sur le revenu global du contribuable hauteur de 10 700 euros1 et
sur les revenus fonciers des dix annes qui suivent. Le contribuable, pour bnficier
de ces rgimes, doit naturellement respecter les conditions lies au logement, aux
montants des loyers pratiqus et/ou aux montant des ressources du locataire. Il doit
galement souscrire une dclaration spciale (n 2044S) avec un engagement crit
la premire anne au titre de laquelle lamortissement est pratiqu.
Il est donc important, pour un investisseur, de diversifier ses placements immobiliers (immeubles neufs ou anciens, achet en rgion parisienne ou en province) afin
de trouver une formule fiscale avantageuse pour chacun dentre eux (chaque rgime
ayant des conditions diffrentes lies limmeuble ou aux loyers pratiqus, linvestisseur a le choix de placer ou non son bien sous ce rgime spcifique).
Exemple
Un propritaire loue un appartement achet en janvier 2004 pour un prix de 200 000 euros,
qui bnficie du rgime ROBIEN Classique. Il tablit sa dclaration comme suit :
270
3 000
20 000
16 000
10 000
43 000
3 000
20 000
10 000
27 000
Les intrts demprunt sont imputs en priorit sur les recettes brutes, soit un dficit
provenant hauteur de 7 000 des intrts demprunt et de 20 000 des charges.
Le dficit provenant des charges pourra tre imput sur le revenu global hauteur de
10 700 , il restera donc 9 300 (part du dficit provenant des charges) et 7 000 (part
du dficit provenant des intrts demprunt) imputer sur les revenus fonciers des
dix annes qui suivent.
271
272
Pour un investissement locatif dans le neuf depuis le
1er septembre 2006, amortissement du prix du bien :
6 % par an pendant 7 ans, puis 4 % pendant 2 ans. Le
montant total de lamortissement est donc de 50 %
de linvestissement initial.
Le Robien recentr sapplique :
aux logements acquis neufs depuis le 1er
septembre 2006, ainsi qu ceux que le contribuable
fait construire ;
aux locaux acquis depuis le 1er septembre 2006
que le contribuable transforme en logements, ou aux
logements vtustes qui font lobjet de travaux de
rhabilitation.
Les conditions :
Les conditions :
Le principe :
Le principe :
Les conditions :
Le principe :
273
274
Il est applicable aux locations conclues entre le 1er janvier 1999 et le 30
septembre 2006 pour des logements anciens non susceptibles dtre placs sous
un dispositif scal damortissement rel.
Ce nouveau dispositif remplace le Besson ancien pour les baux conclus depuis le
1er octobre 2006 avec un nouveau locataire. Il prend la forme dune dduction
forfaitaire spcique applicable sur les revenus de la location.
Le principe :
Le principe :
Le fonctionnement du dispositif :
5,74
8,27
5,36
6,39
5,51
7,49
Zone B
4,76
5,29
4,95
5,84
Zone C
Ressources apprcies par rapport au revenu scal de rfrence de lanne N-2, soit les revenus de 2006
pour un bail conclu en 2008.
6,06
9,08
Zone A
Logements sociaux :
normal
drogatoire
Types de logements
Ressources apprcies par rapport au revenu scal de rfrence de lanne N 2, soit les revenus de
2006 pour un bail conclu en 2008.
275
Chapitre
15
Limpt
de solidarit
sur la fortune
Jean-Pierre Cossin
276
Section 2
Section 3
Section 4
Section 5
Section
277
278
Section
Sont concerns :
Les objets dantiquit, dart ou de collection (tapis et tapisseries, tableaux,
peintures et dessins, gravures, objets de collection tels que livres, voitures) :
ils sont exonrs sans aucune condition et nont donc pas tre dclars.
Les droits de proprit littraire et artistique dtenus par leurs auteurs.
Les droits de la proprit industrielle (brevets, marques, dessins et modles,
procds et formules) : ils ne sont pas compris dans la base dimposition lISF
279
des non-rsidents
Les personnes physiques qui nont pas leur domicile fiscal en France, mais qui
possdent en France un patrimoine dun montant suprieur au seuil lgal, sont imposables lISF. Elles ne sont cependant pas imposables sur le montant des placements
financiers (dpts vue ou terme, en euros ou en devises, des bons et titres de
mme nature, obligations, actions et droits sociaux, des comptes courants dassocis
dtenus dans une socit ou une personne morale ayant en France son sige social
ou le sige de sa direction effective, des contrats dassurance-vie ou de capitalisation
280
Sont exonres dISF, concurrence des trois quarts de leur valeur (sans limitation
de montant), les parts ou actions de socit faisant lobjet dun engagement collectif
de conservation. Lexonration partielle de 75 % est applicable aux parts ou actions
de socits (quel que soit leur rgime fiscal) exerant une activit industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale.
Lexonration sapplique aux titres dtenus par le redevable dans une socit dtenant directement (simple niveau dinterposition) ou indirectement par lintermdiaire dune autre socit (double niveau dinterposition), une participation dans la
socit dont les titres font lobjet de lengagement collectif de conservation.
Lexonration partielle concerne alors la valeur des titres de la socit dtenus par
le redevable, dans la limite de la fraction de la valeur de lactif brut de celle-ci,
reprsentative de la participation directe ou indirecte ayant fait lobjet de lengagement de conservation.
Les conditions dapplication de lexonration de 75 % de la valeur des titres
281
282
2.2 Les titres dtenus par les salaris et les mandataires sociaux
Les conditions de lexonration partielle
Sont aussi exonres dISF, concurrence des trois quarts de leur valeur (sans
limitation de montant), les parts ou actions de socits ayant une activit industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale lorsque :
sil sagit dune socit soumise lIS, le redevable y exerce son activit principale comme salari ou mandataire social ;
sil sagit dune socit de personnes soumise limpt sur le revenu, le redevable y exerce son activit principale.
283
et parts de GFA
Les biens ruraux donns bail long terme, ou bail cessible, et les parts de GFA
(groupement foncier rural) sont susceptibles de bnficier, soit dune exonration
totale au titre des biens professionnels sils remplissent certaines conditions, soit
dune exonration partielle comme en matire de droits de mutation titre gratuit.
Les exonrations concernent :
les biens ruraux lous, pour une dure minimum de dix-huit ans ;
les parts de GFA non exploitants ou de groupements agricoles fonciers, lorsque le
groupement remplit certaines conditions1 et lorsque les parts sont reprsentatives
dapports constitus par des immeubles ou des droits immobiliers destination agricole.
Toutefois, les biens ruraux donns bail long terme ou bail cessible et les parts
de GFA sont considrs comme des biens professionnels exonrs lorsque :
le bail est consenti par le bailleur certains membres de son groupe familial
(conjoint, leurs ascendants ou descendants ou conjoints respectifs, leurs frres et
surs), ou lorsquil sagit des GFA, au dtenteur de parts (ou un membre de
son groupe familial) ;
le preneur utilise le bien dans lexercice de sa profession principale.
De mme, ces biens sont considrs comme professionnels en cas de location (ou
de mise disposition du bien lou ou encore dapport du droit au bail y affrent)
une socit qui a un objet principalement agricole, et qui est contrle plus de
50 % par les membres du groupe familial ou les dtenteurs de parts. La qualification
de biens professionnels nest retenue qu concurrence de la participation dtenue
dans la socit par celles de ces personnes qui y exercent leur activit professionnelle principale.
1. Interdiction statutaire de lexploitation en faire-valoir direct, obligation de donner les immeubles bail long
terme ou bail cessible, dlai de dtention des parts de deux ans au moins apprci au 1er janvier de lanne dimposition sauf lorsquelles ont t attribues en rmunration dimmeubles agricoles lors de la constitution ou dune
augmentation de capital du groupement.
284
Section
Lexonration des biens professionnels constitue sans doute la mesure dexonration la plus importante et la plus complexe dans son application. Les articles 885 N
885 R du CGI excluent expressment de lassiette de lISF les biens professionnels
qui relvent de deux catgories (en sus de certains biens ruraux dj vus) : les biens
dpendant dune exploitation individuelle et les parts ou actions de socits.
Constituent des biens professionnels exonrs dISF les biens ncessaires lexercice titre principal, par leur propritaire, dune profession industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale. Cette dfinition implique le respect des conditions suivantes :
Lexercice dune profession industrielle, commerciale, artisanale, agricole
ou librale. La notion de profession suppose lexistence dune activit effectivement exerce titre habituel, constant, et dans un but lucratif. Il sagit ainsi
principalement des activits professionnelles dont les rsultats sont classs dans
la catgorie des BIC, BA ou BNC.
La profession doit tre exerce par le propritaire des biens ou son conjoint.
Eu gard la dfinition du foyer fiscal, les biens peuvent tre dtenus et utiliss
par lun quelconque de ses membres, y compris le partenaire dun Pacs, le
concubin notoire, et les enfants mineurs. Par exemple, lorsque la profession est
exerce par lun des parents, les biens appartenant aux enfants mineurs peuvent
tre retenus comme biens professionnels sils sont affects cette profession.
La profession doit tre exerce titre principal. En cas de pluralit dactivits, la profession principale est celle qui constitue lessentiel des activits conomiques du contribuable (compte tenu notamment du temps consacr chaque
activit, de limportance des responsabilits, de la taille des exploitations). Si
ce critre nest pas suffisant (par exemple lorsque les activits professionnelles
sont dgale importance), lactivit principale est celle qui procure la plus
grande part des revenus. Dans le cadre du foyer fiscal, le caractre principal de
285
286
Repres
Cette limitation peut sexprimer par la formule suivante :
Valeur retenir =
Les titres concerns par la qualification de biens professionnels peuvent tre des
titres de socits relevant du rgime des socits de personnes ou des titres de socits relevant de limpt sur les socits. Toutefois, la qualification de biens professionnels implique que la socit exerce une activit de nature industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale. Par ailleurs, seule la fraction de la valeur des
droits sociaux correspondant aux lments du patrimoine social ncessaires lexercice dune telle activit est considre comme un bien professionnel.
2.1 Nature des titres susceptibles dtre qualis de biens professionnels
287
Les titres doivent tre dtenus par les dirigeants. Les propritaires des titres
doivent, pour pouvoir bnficier de lexonration, exercer titre principal dans la
socit une des fonctions de direction limitativement numres par larticle 885 O
bis du CGI. Il sagit :
dans les SARL : les grants de droit nomms conformment aux statuts ;
dans les socits anonymes : le prsident du conseil dadministration, le directeur gnral et les directeurs gnraux dlgus, les membres du directoire et le
prsident du conseil de surveillance. Les dirigeants de SAS peuvent galement
bnficier de lexonration dISF sils exercent des fonctions dont ltendue est
quivalente celles exerces par les dirigeants de socits anonymes ;
dans les socits en commandite par actions : les grants commandits (et selon
la Cour de cassation, le prsident du conseil de surveillance) ;
dans les socits de personnes soumises sur option limpt sur les socits
(socits en nom collectif, en commandite simple, socits civiles, socits en
participation) : chacun des associs en nom (dans la mesure o il exerce des
fonctions dans les conditions exposes ci-aprs).
Les fonctions doivent tre effectivement exerces et donner lieu une rmunration normale. Les titres dune socit peuvent donner droit au rgime des biens
professionnels mme sils appartiennent un autre membre du foyer fiscal que celui
qui exerce ces fonctions dans la socit. Les fonctions exerces doivent donner lieu
une rmunration normale, cest--dire en rapport avec les services rendus. En cas
dexercice simultan de fonctions de direction et de fonctions techniques dans la
socit, il est admis que la rmunration de ces dernires soit prise en compte si le
redevable y a intrt. Lexigence pose par le lgislateur concernant la perception
dune rmunration normale par le dirigeant a principalement pour objet de vrifier
que les fonctions sont rellement exerces.
La rmunration doit en outre reprsenter plus de la moiti des revenus professionnels du redevable. Pour dterminer la proportion de 50 %, les revenus
retenir sentendent de lensemble des revenus, nets de charges fiscalement dductibles (mais abstraction faite des ventuels abattements), soumis limpt sur le
288
Pour apprcier le seuil de 50 %, la priode de rfrence prendre en considration sentend de lanne prcdant le 1er janvier de lanne dimposition. Toutefois,
lorsque le seuil de 50 % nest pas atteint au cours de cette priode, il est admis de
retenir les revenus professionnels de lanne au titre de laquelle lISF est d. Dans
le cadre du foyer fiscal, la proportion de 50 % sapprcie distinctement pour chaque poux (ou concubin notoire, ou partenaire li par un Pacs). Lorsquun redevable exerce des fonctions dans deux ou plusieurs socits dont il est associ et que
ces socits ont des activits soit similaires, soit connexes et complmentaires,
lensemble des participations dans ces socits constituent un bien professionnel
unique exonr si le total des rmunrations perues de ces socits reprsente
plus de 50 % de ses revenus professionnels, et que les autres conditions sont remplies au niveau de chaque socit. Il en va de mme dans le cas o le dirigeant
exerce lune de ses activits dans une entreprise individuelle, ou dans le cadre
dune socit de personnes.
La qualification de biens professionnels implique le respect dun seuil minimum de dtention du capital de 25 %. Une participation minimale de 25 % du
capital est, en principe, exige des grants minoritaires de SARL et des associs
dirigeants de socits anonymes. Toutefois, les dirigeants sont dispenss du respect
de ce seuil minimum de dtention lorsque la valeur brute de leur participation
excde 50 % de la valeur brute de leurs biens imposables. Par ailleurs, ne sont pas
concerns par ces dispositions les grants et associs viss larticle 62 du CGI (les
grants de SARL majoritaires ou appartenant un collge de grance majoritaire,
les grants des socits en commandite par actions, les associs en nom des socits
de personnes qui ont opt pour limpt sur les socits).
La dtention dune participation minimum de 25 %, apprcie au 1er janvier de
lanne dimposition, sentend de la dtention la fois de 25 % des droits dividendes et de 25 % des droits de vote attachs aux titres mis par la socit en contrepartie de son capital social (les parts ou actions ordinaires dtenues en usufruit sont
retenues pour apprcier les droits de vote et les droits financiers).
Pour la dtermination du seuil de 25 %, il peut tre tenu compte :
de la participation dtenue directement par le redevable et les membres de son
groupe familial (le redevable, son conjoint, partenaire pour les personnes lies
par un Pacs ou concubin notoire, ses ascendants, descendants, frres et surs
ainsi que ceux de son conjoint, partenaire ou concubin notoire) ;
289
Lorsquune profession librale est exerce en socit anonyme ou SARL, les titres
de cette socit ouvrent droit lexonration des biens professionnels pour lassoci
290
Des rgles particulires sont prvues pour lapprciation du caractre professionnel des parts ou actions dtenues, le 1er janvier suivant lopration, dans la socit
bnficiaire des apports. Les associs ou actionnaires de cette socit peuvent bnficier dun rgime spcial, fond sur la recherche dune quivalence entre les parts
ou actions dtenues cette date dans la socit bnficiaire des apports, et celles qui
taient ou auraient t dtenues, si lopration navait pas eu lieu, dans chacune des
socits concernes.
Lactivit exerce par la socit doit tre de nature industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale. Sont ainsi exclues de la catgorie des biens professionnels les parts ou actions des socits ayant pour activit principale la gestion de leur
propre patrimoine, mobilier ou immobilier. Les parts ou actions de socits exerant
une activit industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale en mme
temps quune activit civile, ncessairement accessoire, ne peuvent pas bnficier
du rgime des biens professionnels pour la fraction de la valeur des parts correspondant lactivit civile.
On notera que les titres des socits holdings (y compris des holdings forme
civile) peuvent ouvrir droit au rgime dexonration propre aux biens professionnels, condition que ces socits soient les animatrices effectives de leur groupe.
Elles doivent donc participer activement la conduite de la politique du groupe, et
au contrle des filiales. Elles doivent rendre, le cas chant, titre purement interne
au groupe, des services spcifiques administratifs, juridiques, comptables financiers
ou immobiliers. Lexercice de ce rle danimation nimplique pas ncessairement
lexistence de structures importantes au sein du holding.
Les parts dtenues par le redevable dans le holding peuvent tre exonres au titre
des biens professionnels condition que :
le redevable possde (avec son groupe familial au sens de lISF) directement ou
par lintermdiaire dune socit dans la limite dun seul niveau dinterposition,
291
Section
Limpt de solidarit sur la fortune est assis sur la valeur nette des biens imposables. Les redevables doivent valuer leur patrimoine au 1er janvier de lanne dimposition et dduire les dettes le grevant. Limpt d est calcul en appliquant la
292
Labattement de 30 % pour lvaluation de la rsidence principale : Par drogation au principe selon lequel la valeur vnale des immeubles dont le propritaire
a lusage est rpute gale leur valeur libre de toute occupation, un abattement de
30 % est effectu sur la valeur vnale lorsque limmeuble est occup, au 1er janvier
de lanne dimposition, titre de rsidence principale par son propritaire. Il en est
de mme pour les hritiers lorsque limmeuble est grev dun droit temporaire au
logement du conjoint survivant (en cas dimposition commune, un seul immeuble
est susceptible de bnficier de labattement).
Lvaluation des meubles meublants : Les rgles dvaluation de ces biens ont
t simplifies pour tenir compte du caractre annuel de lISF. Les biens peuvent
tre valus comme suit :
valuation 5 % de la valeur du patrimoine ;
estimation contenue dans un inventaire simplifi, limit aux seuls meubles meublants taxables ;
valuation globale en un seul chiffre, sans quil soit ncessaire dindiquer la
valeur et la nature des divers objets (avantageux pour le redevable) ;
rfrence au prix dune vente publique intervenue dans les deux ans du fait
gnrateur (peu applique en matire dISF).
Lvaluation de valeurs mobilires : Les valeurs mobilires cotes sont values
selon le dernier cours connu, ou bien selon la moyenne des trente derniers cours qui
prcdent le 1er janvier de chaque anne. Pour chaque catgorie de titres, les redevables peuvent choisir celle des deux possibilits qui conduit lestimation la plus
293
2 Le calcul de limpt
Le montant de limpt est calcul en appliquant la valeur nette du patrimoine
imposable le barme progressif de limpt de solidarit sur la fortune, dont le
taux le plus lev slve 1,80 %. Limpt ainsi calcul fait lobjet, dans certains cas, de rductions dimpt et, le cas chant, dun plafonnement en fonction des revenus du redevable. On peut souligner que les ventuels impts sur la
fortune acquitts ltranger viennent enfin en dduction de limpt d en
France.
2.1 Le barme applicable
Lorsque le patrimoine excde 790 000 (pour 2009), il est impos conformment
au barme ci-aprs :
294
Comprise entre
Suprieure
790 000
Tarif applicable
(en 2009)
0%
0,55 %
0,75 %
1%
1,3 %
1,65 %
16 480 000
1,80 %
295
296
Les redevables qui effectuent, depuis le 20 juin 2007, des dons au profit de certains organismes peuvent imputer sur le montant de leur ISF 75 % du montant de
leurs versements dans la limite de 50 000 (limite commune avec la rduction
dimpt pour investissement dans les PME).
Ouvrent droit la rduction dimpt les dons effectus en numraire, ainsi que les
dons en pleine proprit de titres admis aux ngociations sur un march rglement
franais ou tranger, au profit :
des tablissements de recherche ou denseignement suprieur ou denseignement artistique publics ou privs, dintrt gnral, but non lucratif ;
des fondations reconnues dutilit publique (mais non des associations reconnues dutilit publique) ;
des entreprises dinsertion et des entreprises de travail temporaire dinsertion ;
des associations intermdiaires ;
des ateliers et chantiers dinsertion ;
des entreprises adaptes ;
de lAgence nationale de la recherche.
297
Section
1 La dclaration annuelle
Les personnes imposables au 1er janvier de lanne dimposition doivent souscrire
une dclaration dtaille et estimative des biens composant leur patrimoine (et le cas
chant des dettes y affrentes). La dclaration annuelle est dpose au plus tard le
15 juin, au service des impts dont dpend le domicile du redevable au 1er janvier
de lanne dimposition, quel que soit le lieu de situation des biens.
2 Le paiement de limpt
La dclaration doit tre accompagne du paiement au comptant de limpt, sans
possibilit de paiement fractionn ou diffr. Le dbiteur de lISF est la personne
qui a souscrit la dclaration, mais les poux et les partenaires lis par un pacte civil
de solidarit (Pacs) sont solidaires pour le paiement (CGI art. 1723 ter-00 B).
3 La prescription
La prescription de laction de ladministration en matire dimpt de solidarit sur
la fortune est de six ans.
4 Conclusion
Limpt de solidarit sur la fortune peut tre, indirectement, diminu par la mise
en uvre du bouclier fiscal , qui consiste limiter le montant total des imposi-
298
tions payes par le contribuable au titre de limpt sur le revenu, de lISF (retenu
aprs application des rductions dimpt et du plafonnement ventuel), des
impts locaux affrents son habitation principale et des prlvements sociaux
50 % des revenus.
299
Chapitre
16
Le bouclier scal
Thierry Creux
a loi de Finances pour 2006, modifie par la Loi TEPA (Travail, Emploi et
Pouvoir dAchat) du 21 aot 2007, a pos larticle 1er du Code gnral des
impts un nouveau principe gnral du droit fiscal : la charge dimpt pesant sur un
contribuable ne doit pas excder 50 % de ses revenus.
Section 1
Section 2
Section
6547548 644474448
300
de la rsidence principale
Le bouclier scal
Revenus pris en compte pour le
plafonnement
N
N+1
N+2
(1 er janvier)
Demande de restitution
Restitution en N+2 de la fraction
des impositions payes
en N : PL : PV immobilire +
PS sur les revenus dactivit ou
les produits de placement de
lanne N ;
en N+1 : IR sur les revenus N
+ PS sur les revenus du
patrimoine N + ISF, TF, et TH de
lanne N+1
avec : PL (prlvement libratoire), ISF (impt de solidarit sur la fortune), TH (taxe dhabitation), TF (taxe foncire),
PS (prlvement sociaux, dont RSA) et IR (impt sur le revenu).
Figure 16.1
1 Un principe de restitution
Larticle 1 du CGI limite les impts directs pays par un contribuable fiscalement
domicili en France 50 % de ses revenus. Cette limitation fait lobjet dune
demande de restitution (formulaire n 2041-DRID).
Cela implique que :
le contribuable paie ses impts et est rembours lanne suivante (il supporte le
dbours de trsorerie) ;
le remboursement du trop peru nest pas automatique, il faut le demander.
Depuis la Loi de finance pour 2009, il est possible de liquider la crance de restitution directement sur lISF de lanne N+2.
En cas dcart excdant 5 % du montant du droit restitution, le contribuable est
redevable dune majoration gale 10 % de linsuffisance de versement constate.
Cette possibilit devrait tre trs peu utilise : pourquoi attendre le 15 juin alors que
lon peut demander la restitution ds le 1er janvier de lanne ? Sans compter le risque de sanction en cas derreur.
Ce droit restitution est ouvert du 1er janvier au 31 dcembre de la 2e anne suivant celle de la ralisation des revenus pris en compte (anne de rfrence).
301
302
Le bouclier scal
lanne 2007, on tiendra compte des impositions 2008 (N+1) et 2007 (N) quand
elles sont retenues la source, pour une demande de restitution effectuer en 2009
(N+2).
Les revenus considrer sentendent des revenus raliss pour leur montant net
soumis limpt sur le revenu :
Revenus soumis au barme progressif : les revenus pris en compte sont les
revenus nets catgoriels1.
Plus-values : en matire de valeurs mobilires et de droits sociaux, les cessions
infrieures au seuil de cession de valeurs mobilires ne sont pas intgres2. En
revanche, labattement instaur au titre de la dure de dtention des titres ne
diminue pas la plus-value pour le calcul du bouclier fiscal.
En matire immobilire, le bouclier fiscal exclut la prise en compte de la plusvalue de cession de la rsidence principale et tient compte des abattements pour
dure de dtention pour les autres plus-values soumises un prlvement la
source.
Revenus soumis au prlvement libratoire : les revenus perus au cours de
lanne considre sont pris en compte.
Revenus exonrs dimpt : les revenus exonrs dimpt sont intgrs, ainsi
quun certain nombre de revenus crdits sur le compte, alors mme que le
contribuable nen a pas dispos. (intrts des PEL, CEL, livret A).
Charges et dficits imputables : Les revenus sont pris en compte dduction
faite de lintgralit des dficits dont limputation sur le revenu global est autorise (dficit foncier, dficits commerciaux professionnels), ainsi que les
pensions alimentaires verses aux enfants quelle soit due suite un jugement
de divorce ou non, et les cotisations verses dans le cadre du PERP ou autre
rgime de retraite.
303
Section
en %
234 000
100 %
201 864
86 %
32 173
14 %
809 M
131 M
16 %
678 M
84 %
518 000
6,21 %
4400 M
678 M
15,41 %
304
en Nombre
100 %
Le bouclier scal
Plus de 200 000 contribuables sont concerns par le bouclier fiscal sans tre assujettis lISF (86 % des contribuables qui peuvent bnficier du dispositif). Ce sont
les contribuables qui, pour lessentiel, ne sont pas imposables au titre de limpt sur
le revenu mais qui paient des taxes locales importantes sur leur rsidence
principale.
32 000 contribuables relevant de lISF devraient en bnficier : les redevables de
lISF ne reprsentent quune petite partie des bnficiaires du bouclier fiscal, comme
le montre le tableau ci-dessus. Nanmoins, ce sont eux qui en profitent le plus. Les
derniers chiffres communiqus par Bercy font aussi apparatre que seuls 6,21 % des
contribuables ISF bnficient du bouclier fiscal pour un cot reprsentant 15,41 %
de la collecte globale.
Au final, 40 % du cot de la restitution va aux 1 000 contribuables les plus
riches.
Tableau 16.2
Valeur globale
du patrimoine
Montant moyen
restitu en
3 513
11 000 000
3 131
8 268
36 000 000
4 354
7 608
48 000 000
6 309
8 627
16 460
3 076
54 941
1 081
251 619
32 173
21 073
TOTAL
Selon une tude du ministre du Budget, commande par Didier Migaud (Prsident
de la Commission des Finances lassemble Nationale), le nombre de bnficiaires
du bouclier fiscal en 2007 (revenus de rfrence 2005) tait de 15 066 personnes
(celles qui ont fait la demande de restitution). Parmi eux :
64 % de foyers modestes (moins de 3 353 de revenus) ;
2 242 foyers bnficiant de plus de 41 982 de revenus pour une moyenne de
restitution de 84 700 ;
671 contribuables ayant plus de 15,5 M de patrimoine ont t, en moyenne,
rembourss de 231 900 .
Le nombre de demande de restitution est assez loin des chiffres potentiels envisags. Certains contribuables ne savent pas ou ne souhaitent pas faire la demande de
restitution. Pour les contribuables non soumis lISF, il ne faut pas se poser de
305
306
6,5
15%
Partie La dimension
4
L
financire
de la gestion
de patrimoine
Chapitre
17
Les produits
dpargne
et de placement
Arnaud Thauvron
n particulier disposant de liquidits peut placer son argent sur une multitude1 de produits bancaires ou financiers. Le choix dun produit se fait en
fonction de plusieurs critres, notamment le niveau de risque que le particulier
accepte de prendre, son horizon de placement et la rentabilit quil en espre.
Soffrent alors lui des produits qui ne prsentent aucun risque, mais dont la rentabilit est limite, et dautres, les plus nombreux et varis, qui prsentent un ala
quant leur rentabilit future. Ce chapitre prsentera successivement les diffrents
critres de choix des produits dpargne et de placement (section 1), les produits
dpargne non risqus (section 2), les produits risqus (section 3), les produits boursiers (section 4), notamment les actions, pour terminer par les produits dpargne
collective (section 5).
Section 1
Section 2
1. Pour une prsentation dtaille de la fiscalit de ces produits, voir chapitre Limposition des revenus du
patrimoine financier .
309
Section 4
Section 5
Section
Selon que le placement est court, moyen ou long terme, la classe dactifs dans
laquelle seront investies les liquidits sera plus ou moins risque. Plus linvestissement est court terme, plus les actifs devront tre peu risqus car, en cas de pertes,
il sera plus difficile de se refaire . Lhorizon a galement une incidence sur la
liquidit des actifs retenus. Un investissement court terme doit ainsi ncessairement se faire dans une classe dactifs trs liquides. De mme, le choix de la classe
dactifs va tre fonction du niveau de risque quest prt prendre linvestisseur ou
de lesprance de rentabilit quil attend de son investissement, ce qui peut se traduire de deux faons :
plus lpargnant prend de risques, plus il en espre une rentabilit leve ;
plus lpargnant souhaite obtenir une rentabilit leve, plus il devra prendre de
risques.
+ de performance
+ de risque
Fonds Actions
Marchs
mergents
Petites
capitalisations
Fonds Profils
& Diversifis
(actions
+ obligations)
Grandes
capitalisations
Fonds
Obligataires
Fonds
Montaires
1 an
3 ans
4 ans
6 ans
Horizon
dinvestissement
Source : SGAM.
310
Risque
Rentabilit
espre
Section
1 Les livrets
Les livrets sont des produits dpargne qui prsentent deux caractristiques particulires : ils sont sans risque et leur liquidit est totale. Par ailleurs, les intrts
perus sont nets dimpt et de prlvement sociaux, lexception des livrets ordinaires. Ils procurent un taux dintrt dont le niveau est fix par le Journal Officiel,
sauf pour les livrets ordinaires et les livrets jeunes dont le taux est fix librement par
les tablissements bancaires1. Dans tous les cas, le montant quil est possible de
placer sur ces livrets est plafonn.
1. Le taux du livret jeune ne peut cependant tre infrieur celui du livret A.
311
Taux dintrt
(01.02.09)
Plafond
Livret A
15 300
2,5 %
15 300
2,5 %
6 000
2,5 %
7 700
3%
Livret jeune
1 600
libre
Pour disposer dun livret dpargne populaire (LEP), lpargnant doit tre redevable dun impt sur le revenu infrieur 754 en 2008. Une fois que cette condition
nest plus remplie, le bnficiaire doit en demander la clture, au plus tard le
31 dcembre de lanne qui suit.
PEL a
Retrait
Impossible pendant la
dure du plan
Non
Oui
18 Mois
Montant maximal
15 300
61 200
1,75 %
2,5 %
1 144
1 525
3,75 %
4,20 %
23 000
92 000
Prt maximal
Il est possible de dtenir la fois un CEL et un PEL afin de cumuler, sous certaines
conditions, les droits prt de ces deux types de placements. Par contre, le montant
total emprunt ne peut excder 92 000 .
312
Dans le cadre dun CEL, lpargne doit tre place pendant au moins 18 mois pour
pouvoir bnficier dun crdit un taux privilgi. louverture, le versement minimum est de 300 . Il est possible dpargner 15 300 , intrts non compris, les
fonds restant disponibles pour tout retrait tant que le minimum de 300 nest pas
atteint. Le montant du prt tant fonction des intrts acquis, il sera dautant plus
important quil a t ouvert il y a longtemps et que les fonds placs sont levs. Le
taux dintrt du CEL est de 1,75 % hors prime (au 01/02/2009). cette rmunration est ajoute, en cas dobtention dun prt li au CEL, une prime verse par ltat
gale la moiti des intrts (plafonne 1 444 ). Les intrts et la prime sont
exonrs dimpts, mais ils sont soumis aux prlvements sociaux (11 %).
En cas de non utilisation du droit au prt taux privilgi, il est possible de le
cder aux membres de sa famille, la condition que le bnficiaire dispose galement de droits dans le cadre dun CEL ou dun PEL. Il sagit donc dun support
dpargne qui peut tre utilis non pour soi, mais dans loptique de cder des droits
prt ses enfants ou petits-enfants afin de les aider lors dun futur prt immobilier.
noter, la cession du droit nimplique pas la donation du capital pargn.
2.2 Le plan dpargne logement (PEL)
313
314
Section
Contrairement aux produits prcdents, lpargnant peut parfois perdre une partie
de ses fonds dans les placements qui suivent. De faon gnrale, ils sont dits risqus
car leur rendement futur nest pas connu avec certitude. Tout dpend du type dactifs
dans lesquels ils sont investis. Les produits en euros sont peu risqus alors que ceux
en actions peuvent connatre de fortes variations de valeur.
1 Lassurance-vie
Lassurance-vie faisant lobjet de longs dveloppements au chapitre suivant, nous
nous limiterons ici aux grands principes.
Lassurance-vie permet, contre le versement dune ou plusieurs primes (versements libres ou programms), de verser un capital ou une rente une personne (le
bnficiaire) dtermine par lassur. Le versement peut se faire loccasion du
dcs de lassur (contrat en cas de dcs) ou une date dtermine par lassur
(contrat en cas de vie), la majorit des contrats couvrant ces deux cas en mme
temps. Les contrats en cas de vie permettent ainsi de se constituer une pargne,
tout en profitant dun rgime fiscal avantageux. Le principal intrt des contrats
en cas de dcs rside dans le fait que les capitaux verss le sont hors
succession.
315
316
Section
cot des produits bancaires classiques, il est possible pour le particulier dinvestir directement en bourse. la Bourse de Paris, il existe sept compartiments :
Euronext, qui est le march rglement des actions.
Alternext, le march des actions des PME cotes, mais de taille trop petite pour
ltre sur Euronext.
Le March libre, qui est un march dactions organis par Euronext Paris SA
mais est non rglement.
Le march des obligations.
Liffe, le march des produits drivs (options et contrats terme).
NextTrack, le march des trackers (ou ETF, Exchange Traded Funds).
NextWarrants, le march des warrants et certificats.
317
318
Valeur
Cours
T Act
LAFARGE
FR0000208761
CC
BBB/BAA1/A-2
5,40 % 98-02/08
105,8
2,75
3,817
Le prix payer pour acqurir cette obligation dont la valeur nominale est de 762,25 euros
est donc constitu de deux lments :
lobligation au pied du coupon : 105,8 % 762,25 = 806,46 euros ;
les intrts courus : 3,817 % 762,25 euros = 29,09 euros
soit un prix de 835,55 euros.
2 Les actions
Une action reprsente une fraction du capital dune socit, et confre principalement deux droits : un droit au dividende et un droit de vote lors des assembles
gnrales. Elles permettent leur dtenteur de dgager deux types de revenus :
les dividendes, gnralement une fois par an ;
son prix de revente futur, qui peut conduire dgager une plus-value.
Le montant du dividende dpend la fois des bnfices de lentreprise et de leur
affectation par lassemble gnrale annuelle (distribution sous forme de dividendes
ou mise en rserve afin de financer des investissements ultrieurs). Certaines socits proposent leurs actionnaires (qui peuvent refuser) la possibilit de percevoir
leur dividende non pas en numraire mais en actions.
319
7 000
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
1995
2000
2005
Pour pouvoir retrouver un titre sur la cote des actions, il faut dabord connatre son
ventuel indice de rattachement : CAC 40, NEXT 20, MID 100, SMALL 90. Les
actions sont, en effet, prsentes dans cet ordre dans La Tribune. Suivent ensuite
celles nappartenant pas lun de ces indices.
320
VALEUR
CODE
+ Mnmo
Date
15-05-08 T
Dernier
Prcd.
% veille
%
anne
SDR
+ Haut
+ haut an
Vol./OST
PER
+ Bas
+ bas an
Nb titres
Rdt
47,03
47,74
47,21
+ 1,12
12,72
47,9
56,3
820.041
15,49
46,97
38,44
224.382.883
3,88
Net
Premier
3,15
Premire partie
Le nom de la socit (ACCOR) est suivi de son code mnmotechnique (AC) qui
permet aux oprateurs de march de ne pas avoir saisir le code ISIN complet, de
son secteur dactivit ICB (5750 pour le secteur Voyage et loisirs), puis du type de
dividende vers (ici A ou E, les actionnaires ont eu le choix entre un paiement en
actions ou en espces). Enfin, si la valeur est rattache une place rgionale, cette
dernire est mentionne : B Bordeaux, Li Lille, Ly Lyon, M Marseille, Ny Nancy, Ns
Nantes.
Au dessous, le code ISIN (FR0000120404). Ce code est trs important car il identifie la
socit et doit tre mentionn sur les ordres de bourse. Ensuite, est indiqu la date de
dtachement du dernier dividende (15-05-08) ainsi que son montant net (3,15). La lettre
qui suit prcise si ce dividende a fait lobjet dun versement en une seule fois (T : totalit)
ou sil sagit dun acompte (A) ou du solde aprs paiement dun premier acompte (S).
Seconde partie
Les 5 dernires colonnes fournissent les informations suivantes :
Premier : cours douverture
SDR : le symbole indique que la valeur est ligible au SDR, puis est prcis le compartiment de rattachement au sein dEurolist (ici A, celui des socits dont la capitalisation
boursire est suprieure 1 milliard deuros.
Dernier : dernier cours cot de la journe.
+ Haut : cours le plus haut atteint dans la journe.
+ Bas : cours le plus bas atteint dans la journe.
Prcd. : cours de clture de la veille.
+ haut an : cours le plus haut atteint depuis le dbut de lanne.
+ bas an : cours le plus bas atteint depuis le dbut de lanne.
% veille : variation par rapport au cours de clture de la veille.
Vol./OST : nombre de titres changs au cours de la sance, ventuellement suivi dun ,
qui indique que les volumes tiennent compte dune opration sur titres (division du nominal, augmentation de capital).
321
Paris, les transactions se font par informatique, depuis les terminaux des
ngociateurs qui sont relis aux ordinateurs dEuronext Paris SA. Les ordres arrivent au fur et mesure de leur saisie dans lordinateur central dEuronext et sont
alors classs en premier lieu par limite de prix puis, en second lieu, par ordre
darrive. Ceci constitue ce que lon appelle une feuille de march ou carnet
dordres. Les cours sont dtermins partir des ordres qui sont entrs dans le
carnet. Selon leur liquidit, les changes de titres se font soit en continu, soit par
fixage (fixing).
Afin de rpondre aux diffrentes attentes des investisseurs, il existe plusieurs types
dordres de bourse. Ceux cherchant la rapidit de leur excution se tourneront vers
les ordres au march. Ceux voulant matriser le prix dexcution prfreront lordre
cours limit. Les diffrents ordres de bourse sont :
lordre cours limit ;
lordre la meilleure limite ;
lordre au march ;
lordre dclenchement (seuil ou plage).
Certains intermdiaires proposent des ordres complmentaires ceux de NYSE
Euronext.
322
Le donneur dordre fixe un prix limite suprieur lachat ou un prix limite infrieur la vente. Ce prix est un prix maximum en cas dordre dachat et un prix
minimum en cas dordre de vente. louverture, ces ordres sont excuts sils sont
compatibles avec le prix douverture (limite suprieure ou gale en cas dordre
dachat, infrieure ou gale en cas dordre de vente). En cas dordre prix touch
(dont la limite est gale au cours douverture), lordre peut tre excut
partiellement.
Exemple
Un ordre dachat limit 100 nest pas excut tant que le cours du titre est
suprieur 100 . De la mme faon, un ordre de vente 100 nest pas excut
tant que le cours du titre est infrieur cette somme. Un ordre nest excut que
lorsque les conditions du march sont favorables au donneur dordre, cest--dire
que le prix dexcution est identique ou plus favorable celui spcifi dans lordre
de bourse.
En sance, lordre cours limit provoque soit une excution totale ou partielle (si
les ordres en sens inverse ne correspondent pas aux quantits souhaites) si les
conditions de marchs le permettent, soit le positionnement de celui-ci dans le carnet dordres.
Exemple
Soit un ordre dachat cours limit de 1 000 titres 100 , introduit en cours de
sance. Juste avant lintroduction de lordre, le carnet dordre central se prsente ainsi :
Ordres dachat
Ordres de vente
quantit
limite
quantit
limite
1 200
97
500
98
500
96
200
99
700
95
100
100
400
80
300
101
100
75
400
102
Avant lintroduction de notre ordre 100 , aucune transaction ne peut se raliser car les
vendeurs qui sont les moins exigeants demandent un prix de 98 alors que les acheteurs
qui sont prts offrir le prix le plus lev proposent un prix limite de 97 . Dans cette
situation, loffre ne peut pas rencontrer la demande.
Une fois lordre introduit, les ordres de vente avec un prix infrieur ou gal 100 vont
pouvoir tre servis, dans la limite des quantits demandes. Lordre de vente de 500 titres
98 va tre excut, de mme que les 200 titres 99 et les 100 titres 100 . Le solde
de notre ordre dachat, soit 1 000 500 200 100 = 200 titres, va rentrer dans le carnet
dordres.
323
Ordres de vente
limite
quantit
limite
100
1 200
97
500
96
700
95
300
101
400
80
400
102
Cest le type dordre le plus couramment utilis car il permet de matriser le prix
dexcution. Le risque est cependant quil ne soit pas excut ou que
partiellement.
Lordre au cours douverture ou la meilleure limite
Il ne comporte pas de limite de prix. Cest le nouveau nom de lordre appel autrefois lordre au prix du march ( ne pas confondre avec lactuel ordre au march).
Il faut distinguer selon que lordre est introduit dans le carnet pendant les priodes
daccumulation des ordres ou en cours de sance. Il se situe entre lordre cours
limit et lordre au march.
Durant les priodes daccumulation des ordres (pr-ouverture et pr-clture), il lui
sera automatiquement attribu une limite gale au cours thorique douverture au
moment o lordre est introduit. Jusqu louverture des cotations, les limites de ces
ordres sajustent en permanence au cours thorique. En cas dexcution partielle
loccasion du fixing douverture, il est inscrit en carnet comme un ordre cours
limit dont la limite est gale au cours douverture.
En cours de sance, lordre est transform en ordre limit au prix du meilleur ordre
en carnet de sens contraire en attente dexcution. La prsence dun ordre limit de
sens oppos est donc imprative, sans quoi lordre est rejet. Il peut tre partiellement excut. Il apparat alors en carnet comme ordre cours limit avec une limite
gale au cours auquel il a t partiellement excut.
324
Ordres de vente
quantit
limite
quantit
limite
1 200
97
500
98
500
96
200
99
700
95
100
100
400
80
300
101
100
75
400
102
Lordre dachat de 1 000 titres est confront au meilleur ordre de vente, ici 98 et est
excut hauteur de 500 titres. Les 500 titres qui nont pas t achets se transforment
en ordre cours limit 98 .
Le carnet dordre devient :
Ordres dachat
quantit
Ordres de vente
limite
quantit
limite
500
98
1 200
97
200
99
500
96
100
100
700
95
300
101
400
80
400
102
Ce type dordre assure une certaine matrise du prix, mais lexcution peut ntre
que partielle.
Lordre au march
Il remplace lordre tout prix . Il est prioritaire sur tous les autres types dordres. Il ne comporte pas de limite de prix. Linvestisseur sengage acheter ou
vendre, quel que soit le prix dexcution. Il est prioritaire sur tous les autres types
dordres. Il peut tre excut des niveaux de prix diffrents, cest--dire aux
meilleures limites prsentes en carnet.
L encore, il faut distinguer selon que lordre apparat louverture ou en cours
de sance. louverture, il sagit dun ordre prioritaire sur tous les autres et il est
excut au cours douverture. En cours de sance, il bnficie de la mme rgle de
priorit et vient servir autant de limites que ncessaire jusqu excution de la quantit souhaite. De ce fait, un mme ordre peut tre excut des prix diffrents.
325
Ordres de vente
quantit
limite
quantit
limite
1 200
97
500
98
500
96
200
99
700
95
100
100
400
80
300
101
100
75
400
102
Cet ordre va tre excut pour 500 titres 98 , 200 titres 99 , 100 titres 100 et
200 titres 101 . Le carnet dordres se prsente alors de la sorte :
Ordres dachat
quantit
Ordres de vente
limite
quantit
limite
1 200
97
500
96
700
95
400
80
100
101
100
75
400
102
Lavantage de ce type dordre est que linvestisseur est assur de son excution (sauf en
cas de dgarnissage du carnet), mais il court un risque quant au prix quil va payer car il
ne le matrise pas.
326
Lordre plage de dclenchement (stop limit) intgre en plus une limite qui fixe
le maximum ne pas dpasser lachat et le minimum en de duquel loprateur
renonce vendre. Par exemple, un ordre dachat plage de dclenchement entre
45,30 et 47,10 euros nest pas excutable tant que le cours cot est infrieur 45,30
euros et cesse de ltre ds que le cours dpasse 47,10 euros. De mme, un ordre de
vente plage de dclenchement entre 52,40 et 50,60 euros nest pas excutable tant
que le cours reste suprieur 52,40 euros et cesse de ltre si le cours est infrieur
50,60 euros. Cest une combinaison dun ordre cours limit et seuil de
dclenchement.
Exemple
Ordre de vente plage de dclenchement 100/95 : lordre devient excutable ds
que le cours passe sous 100 et cesse de ltre lorsque la chute le fait passer au-dessous
de 95 .
Ordre dachat plage de dclenchement 95/100 : lordre devient excutable ds
que le cours passe au-dessus de 95 et cesse de ltre lorsque la hausse le fait passer
au-dessus de 100 .
Ces deux types dordres ne sont pas pris en compte dans le calcul du fixing
douverture. Pour un ordre dachat, le seuil doit tre suprieur au dernier cours cot.
Pour un ordre de vente, le seuil doit tre infrieur au dernier cours cot.
Le service rglement diffr (SDR)
327
328
Option dachat
(call)
droit dacheter
Option de vente
(put)
droit de vendre
Pour obtenir ce droit, lacqureur de loption doit verser une prime (le prix du call
ou du put) au vendeur de loption :
1. Cette qualification (amricaine ou europenne) na aucun rapport avec la nationalit de lmetteur ou du sousjacent.
329
330
331
Origines livrables
Qualit
chances
Janvier, mars, mai, aot, novembre. Huit chances sont cotes en permanence
Mode de cotation
En euro par tonne mtrique, livrable en silo public agr Rouen (France)
chelon minimum
de cotation
Dernier jour
de ngociation
Jour de notication
Priode de livraison
Heures de cotation
10.45 - 18.30
Il est possible dinvestir indirectement sur ce march par le biais de Fonds communs dintervention sur les marchs terme (FCIMT), qui sont une catgorie particulire de FCP. Comme leur nom lindique, les actifs dans lesquels ils sont investis
sont les contrats terme et les options ngociables. Cependant, afin den rduire
332
Section
Sous cette catgorie sont regroups les vhicules (FCP et SICAV) qui collectent
des fonds pour les investir ensuite sur les marchs. lintrieur de cette catgorie
existent des sous-catgories investies dans des classes dactifs particulires.
333
265 505
Actions franaises
39 868
Actions europennes
117 448
Actions internationales
108 190
OPCVM Obligataires
Obligations en euros
Obligations internationales
OPCVM Montaires
Montaire euro
Montaire internationale
OPCVM Diversis
OPCVM Garantis ou assortis dune protection
OPCVM Fonds formule
OPCVM de fonds alternatifs
Total
162 120
Rpartition
21,1 %
12,9 %
116 808
45 312
463 012
36,9 %
461 751
1 262
258 563
20,6 %
87
0,0 %
72 311
5,8 %
34 373
2,7 %
1 255 971
100,0 %
Certains OPCVM peut tre assortis dune protection. Cette protection peut consister dans la garantie dun taux de rendement minimal. Ce rendement minimal peut
tre fixe (par exemple 4 %) ou index sur un indice (par exemple, rendement du
CAC 40). Certaines garanties peuvent ne concerner que le montant du capital
investi. Il faut, en effet, ne pas perdre de vue quun OPCVM peut voir sa valeur
chuter en cas de baisse des cours des titres dans lesquels il est investi.
Enfin, les OPCVM ntant pas des titres cots comme les actions ou obligations,
leur prix de souscription ou de rachat correspond leur valeur liquidative, cest-dire la valeur de tous les actifs financiers dans lesquels ils sont investis (par exemple, 15 M de Danone + 30 M de France Telecom + 5 M de liquidits).
334
Les FCPR sont une catgorie particulire de FCP, dont les actifs sont principalement composs dactions non cotes ( hauteur dau moins 40 %). Un FCPR est dit
fiscal si son actif est constitu, pour 50 % au moins, de titres de socits non
cotes ou, dans la limite de 20 %, de socits cotes dont la capitalisation boursire
est infrieure 150 millions deuros. Dans ce cas, le FCPR bnficie dun rgime
fiscal de faveur puisque les produits et plus-values tirs du FCPR sont exonrs de
limpt sur le revenu. Pour pouvoir bnficier de ce rgime de faveur, linvestisseur
doit sengager conserver pendant au moins 5 ans les parts du FCPR, et y rinvestir
les gains procurs par le fonds sur cette priode. Quils relvent ou non du rgime
de faveur, les gains retirs sont soumis aux prlvements sociaux.
335
336
gal au sous-jacent
CT LT
Simple
Non
avec ou sans
Certicat
Non
Non
Non
Non
Non
Niveau de risque
Horizon de placement
Valorisation
Composante optionnelle
chance
Nature juridique
Gains plafonns
Barrire dsactivante
Borne basse
Borne haute
Haussire
Garantie du capital
Non
Oui
Non
Non
Variable
Certicat
Oui
Oui
Complexe
Infrieur au sous-jacent
Haussire et dfensive
Rplique exactement la
performance du sous-jacent.
Stratgie dinvestissement
Principe
Protection du capital
Indexation pure
Amlioration du rendement
Variable
Variable
Variable
Variable
Variable
Non
Variable
Certicat
Oui
Oui
Complexe
LT
gal au sous-jacent
Haussire et dfensive
Produits dinvestissement
337
338
Non
Oui
Certicat
Non
Non
Oui
Nature juridique
Gains plafonns
Barrire dsactivante
Borne basse
Borne haute
Dsactive le produit
Non
Variable
chance
Qualit
de la borne basse
Warrant
Ngligeable
Composante optionnelle
Strike
Non
Non
Oui
Oui
Complexe
Simple
Valorisation
CT MT
CT LT
Horizon de placement
Suprieur au sousjacent
Niveau de risque
Strike
Oui
Non
Limits
la valeur
du sousjacent
Baissire
Haussire
Baissire
Stratgie
dinvestissement
Produit de type
optionnel call simple ou
put simple.
Put
Principe
Call
Rplique exactement
linverse de la performance
du sous-jacent. Il expire
prmaturment si le
niveau prdtermin est
atteint pendant la dure
de vie du produit.
Indexation inverse
Warrant simple
Put
Baissire
Dsactivante
Strike
vendu
Strike
achet
Strike
achet
Strike
vendu
Dsactivante
Oui
Oui
Non
Oui, 2
Oui
Warrant
Oui
Oui
Complexe
CT MT
Nettement suprieure au
sous-jacent
Faible variation
Oui
Oui
Variable
Non
Oui
Certicat
Oui
Oui
Complexe
CT MT
Suprieur au sousjacent
Haussire
Combinaison dune
vente doptions avec un
achat doptions.
Call
Baissire
Dsactivante
si borne
unique
Desactivante
Dsactivante si
borne unique
Dsactivante
Oui
Variable
Limits la
valeur du
sous-jacent
Variable
Oui
Non
Oui
Non
Certicat ou Warrant
Variable
Ngligeable
Complexe
CT MT
Haussire
Chapitre
18
Lassurance-vie
de la gestion
de patrimoinee
339
Assurance-vie
Le patrimoine
pargner
et prparer
sa retraite
Diversifier
son
patrimoine
Grer
sa fiscalit
placements
immobilier
liquidits
actif
professionnel
foncier
Choisir
et adapter
son rgime
matrimonial
Protger
ses proches
Figure 18.1
Section 1
Section 2
Section 3
Section
1. En terme juridique, le contrat dassurance-vie sanalyse comme une stipulation pour autrui (art. 1121 du
Code civil). La stipulation pour autrui est une structure tripartite dans laquelle on retrouve un stipulant (le souscripteur), un promettant (lassureur, la compagnie ) et un tiers bnficiaire (le bnficiaire en cas de dcs).
340
La compagnie
La compagnie
Permet au souscripteur
de rcuprer les
capitaux (droit de rachat)
Bnficiaire (s)
Souscripteur
assur
dcd
Bnficiaire (s)
Figure 18.2
341
Souscripteur
assur
La
compagnie
Souscripteur
assur
dcd
Permet au
souscripteur de
rcuprer les capitaux
(droit de rachat)
Bnficiaire(s)
Figure 18.3
1. C. Cass. Ch. Mixte 4 arrts du 23 novembre 2004 ; Cass. 2e Civ. 17 mars 2005, 24 fvrier 2005, 5 juillet 2006 ;
Cass. 1re Civ. 6 fvrier 2007, 4 juillet 2007.
2. Cass.1re Civ. 18 juillet 2000.
3. Inst. 31 aot 1983, 7 R-11-83 n 360 ; D. adm. 7 S-352 n 6, 1er octobre 1999.
4. Article 990 I du Code gnral des impts.
342
Les produits des contrats monosupport sont imposs chaque anne. La compagnie verse alors un taux de rmunration net de frais de gestion mais galement
de prlvements sociaux.
Les produits des contrats multisupport sont, quant eux, imposs la sortie, au
moment du retrait (rachat) total ou partiel des contrats, mme sils sont investis unique-
343
Les impts directs pays par un contribuable (IR, ISF, prlvements sociaux, taxes
foncire et dhabitation sur la rsidence principale) ne peuvent plus dpasser 50 % de
ses revenus. Les intrts gnrs annuellement par les contrats monosupport sont
pris en compte dans les revenus1. Pour les contrats multisupport , seule est retenue
la part de gain comprise dans les retraits, sauf pour les contrats investis exclusivement
ou quasi exclusivement en fonds en euros, qui sont alors considrs par ladministration fiscale comme des contrats monosupport . La doctrine est trs partage ce
sujet. La prudence est, suite linstruction 13A-1-08 du 26.08.08, dinvestir au moins
20 % en VC (comme pour lamendement Fourgous, cf. paragraphe suivant).
Tableau 18.1
Type de contrat
Investissement
Contrat monosupport
100 % en fonds
Contrat multisupport
100 % en fonds
Contrat multisupport
investis en fonds et en UC
(20 % conseill)
au regard de lISF
Les contrats dassurance-vie sont dclarables lISF pour leur valeur de rachat
(capital plus intrts).
1. En augmentant le revenu, ils majorent mcaniquement le seuil des 50 %, rduisant le bnfice du bouclier
fiscal.
344
345
Les frais sur versement sont, en gnral, dgressifs et prlevs loccasion des
versements. Ils peuvent varier de 5 0 % en fonction des contrats, la concurrence
des contrats via internet tirant ces frais vers le bas. Les frais de gestion sont prlevs
annuellement et reprsentent la rmunration de lassureur. Pour les fonds en
euros , les compagnies annoncent en gnral un taux de rmunration nette aprs
346
Les versements peuvent prendre des formes diverses avec des priodicits varies,
et tre effectus sous forme de versement unique, priodiques ou bien de versements libres. Les modalits de versement sont donc purement contractuelles. Il
convient de vrifier, le cas chant, les montants minima et les frais.
2.5 Les arbitrages
Avant dvoquer limpact de limpt sur le revenu au moment dun retrait, il est
important de rappeler comment se calcule la part qui sera impose.
347
Exemple de
retrait partiel
Valorisation
du contrat
Gains
Part de gains
Capitaux
verss
Part de capital
Figure 18.4
Repres
loccasion du premier retrait, le calcul scal effectuer pour connatre la part de capital
retir est le suivant :
Part de capital
dans le retrait
(montant du retrait) (capitaux verss sur le contrat avant dduction des frais)
Valorisation du contrat au jour du retrait
En retenant les versements avant impact des frais, ladministration scale prend en compte
ce que lpargnant a rellement gagn sur son contrat. Le gain scal est donc le gain rel
pour lpargnant (diffrence entre ce quil a vers et lpargne acquise). En retenant le gain
conomique du contrat, le contribuable aurait t pnalis.
Exemple
Calcul du gain fiscal
Versement de 100 000 . Aprs des frais de 1 %, linvestissement ralis est de 99 000 .
Ces 99 000 se sont valoriss 103 000 .
Le gain conomique est de 4 000 mais le gain fiscal est de 3 000 (le souscripteur nest
pas pnalis des frais).
348
Capitaux
verss
100 000
Frais 1 000
Gain du contrat
4 000
Capitaux
investis
99 000
Capitaux
investis
99 000
Capitaux
verss
100 000
Retrait de 5 000 :
La part de capital dans le retrait est : 5 000 100 000 / 103 000 = 4 854
La part de gain imposable est donc de 5 000 4 854 = 146
Part de capital dans le retrait :
Gain fiscal
Capitaux
verss
100 000
Seuls ces 146 seront taxs limpt sur le revenu et aux prlvements sociaux et seuls
ces 146 seront pris en compte pour le bouclier fiscal (pour un contrat multisupports
investi en UC et en ).
La nouvelle valorisation du contrat est donc 103 000 5 000 = 98 000
Pour le prochain retrait, il faudra prendre en compte le montant des capitaux verss
rsiduels :
Capital initial vers part de capital retir : 100 000 4 854 = 95 146
Repres
On tient compte pour chaque retrait de la part de capital retire et la formule devient :
Part de capital = (nouveau retrait) (capitaux verss rsiduels avant dduction des frais)
dans le retrait
Valorisation du contrat au jour du nouveau retrait
349
IR ou PFL de 35 % (4)
IR ou PFL de 15 % (4)
Contrat
de plus de 8 ans
Exonration
1. Pour ne pas pnaliser les pargnants, et seulement pour les contrats qui taient dj ouverts, il a t
admis que des versements pouvaient encore tre effectus entre le 26/09/1997 et le 31/12/1997 hauteur de 200 000 F par souscripteur. Ainsi , tous les intrts et plus-value gnrs ultrieurement par ces
sommes (et par le capital dj sur le contrat) bncient dune totale exonration limpt sur le
revenu.
2. Imposition aprs un abattement de 4 600 (personne seule) ou de 9 200 (couple). Cet abattement est
annuel et sapplique au niveau du foyer scal (et non par contrat). Ce nest pas la compagnie qui applique
cet abattement mais ladministration. Si le contribuable opte pour le prlvement forfaitaire, une partie lui
sera restitue sous forme de crdit dimpt.
3. Exonration pour les contrats DSK et NSK.
4. Il existe des cas dexonrations en cas de licenciement, mise la retraite, invalidit.
Les retraits programms permettent de percevoir des revenus rguliers et de complter, par exemple, une retraite, soit en obrant progressivement son capital, soit en
fonction de ses besoins en conservant celui-ci en vue de le transmettre. Lpargnant,
avec son conseiller, estime le rendement annuel attendu sur le contrat et modifie la
hausse comme la baisse le montant des retraits.
Exemple
Monsieur G., veuf, verse 100 000 (frais sur versement 1 %, soit 99 000 investis). Le
rendement prvu au contrat est de 4 % annuel.
Il souhaite :
conserver sur le contrat les 100 000 quil a vers (en vue de les transmettre ses
enfants) ;
effectuer des retraits quivalents au gain annuel.
350
dont capital
Taux de PFL
Taux de PS
Impts PFL+PS
99 000
102 960
2 960
2 875
97 125
85
35 %
12,1 %
40,03
2 920
100 000
104 000
4 000
3 736
93 390
264
35 %
12,1 %
124,34
3 876
100 000
104 000
4 000
3 592
89 798
408
35 %
12,1 %
192,17
3 808
100 000
104 000
4 000
3 454
86 344
546
35 %
12,1 %
297,17
3 743
100 000
104 000
4 000
3 321
83 023
679
15 %
12,1 %
319,80
3 680
100 000
104 000
4 000
3 193
79 830
807
15 %
12,1 %
218,69
3 781
100 000
104 000
4 000
3 070
76 759
930
15 %
12,1 %
252,03
3 748
100 000
104 000
4 000
2 952
73 807
1 048
15 %
12,1 %
284,0
3 716
100 000
104 000
4 000
2 839
70 968
1 161
4 600
7,5 %
12,1 %
140,48
3 859
10
100 000
104 000
4 000
2 730
68 239
1 270
4 600
7,5 %
12,1 %
153,67
3 846
dont intrts
Retrait brut
Valeur du contrat
dbut danne
Valeur du contrat
n danne
Pour des contribuables imposables la tranche dimpt la plus leve (40 %), sur 10 ans, le taux
moyen dimposition ressort 5 %, contre 52,1 % par exemple pour des revenus fonciers.
70 %
50 %
40 %
30 %
351
Section
En labsence de bnficiaire au dcs du souscripteur, ou si la clause est inapplicable (trop complexe, dcs du bnficiaire), les capitaux tombent dans lactif
successoral et sont taxs aux droits de succession. Au contraire, si le bnficiaire de
lassurance-vie est dsign (de faon prcise ou identifiable par sa qualit de
352
du souscripteur
353
Acceptation ralise
compter du 18 dcembre 2007
Formalisme
respecter
Consquences
de lacceptation
sur le contrat
dassurance-vie
1. Cass. 2e Civ. 2 juin 2005 ; CA Bordeaux, 5e ch. 4 octobre 2005 arrt dfinitif. Voir aussi CA Paris, 27 mai 2003
et CA Rennes 1re ch. B, 4 mars 2004 ; Cass. Ch. mixte 22 fvrier 2008.
354
En ltat actuel de la lgislation1, les capitaux transmis par le biais de lassurancevie avec une clause dmembre ne subissent aucun droit : ni au versement des fonds
au conjoint quasi-usufruitier, ni lexercice par les enfants de leur crance de
restitution.
Afin de protger les intrts des enfants (et donc dviter lalination du capital
par le conjoint sans autre actif successoral sur lequel ils pourraient faire valoir leur
crance), de rendre opposable cette crance aux yeux de ladministration (rdaction dune clause de quasi-usufruit de prfrence notarie) et dapprcier les
consquences fiscales, il convient dtre assist par un professionnel pour ce type
de clause.
1. BOI 7 K-1-06 suite rp. Min. Perruchot N60024 sur les clauses bnficiaires dmembres et loi TEPA du
21 aot 2007 instaurant lexonration de droits de succession pour le conjoint survivant (et exonration des capitaux
issus de contrats dassurance-vie).
355
356
3 La scalit successorale
Les capitaux verss au bnficiaire relvent dun rgime fiscal diffrent selon la
date de souscription du contrat et des versements des primes et lge de lassur lors
de ces versements.
3.1 La scalit des versements effectus avant 70 ans
Il existe dsormais une fiscalit pour les versements effectus sur un contrat
depuis le 13 octobre 1998. Les capitaux dcs1 sont soumis une taxe forfaitaire
de 20 %, aprs un abattement de 152 500 par bnficiaire et ce, quel que soit le
lien de parent entre le souscripteur-assur et le bnficiaire.
Exemple
Souscription dun contrat lge de 65 ans pour un montant de 200 000 .
Le dcs intervient 10 ans aprs, le capital sest valoris 300 000 .
En prsence dun seul bnficiaire (un seul abattement de 152 500 ) :
Imposition 20 % sur 147 500 : (300 000 152 500) 20 % = 29 500
Le capital transmis est donc de 270 500
En prsence de 2 bnficiaires parts gales (deux abattements de 152 500 ) :
Chacun recevant 150 000 , labattement de 152 500 permet de transmettre les
300 000 sans droit.
Pour les contrats ouverts compter du 20 novembre 1991, les primes2 verses
aprs 70 ans sont soumises aux droits de succession3 pour leur fraction excdant
30 500 (abattement unique quel que soit le nombre de contrats et de bnficiaires).
Les droits de succession sont calculs en fonction du lien de parent entre le souscripteur-assur et le bnficiaire.
1. Capitaux dcs = capitaux verss sur le contrat + intrts produits (article 990 I du Code gnral des impts).
2. Primes = capitaux verss sur le contrat uniquement (article 757 B du CGI).
3. Tarif des droits de succession : articles 777 et s. du CGI.
357
358
Bnciaire
Date de
souscription
du contrat
Le conjoint, le
partenaire Pacs,
sous condition les
frres et surs3
Autres
Bnciaires
(dont les enfants)
Primes1 verses
avant le 13 octobre 1998
Avant lge
de 70 ans
Aprs lge
de 70 ans
Primes1 verses
aprs le 13 octobre 1998
Avant lge
de 70 ans
Aprs lge
de 70 ans
Contrat souscrit
avant
le 20 novembre
1991
Contrat souscrit
aprs
le 20 novembre
1991
Imposition2
au-del de
30 500 de
primes verses
(intrts
exonrs)
Exonration
totale
Imposition2
au-del de
30 500 de
primes verses
(intrts
exonrs)
359
Patrimoine compris
entre 156 357 et 308 857 (*)
Patrimoine
suprieur 308 857 (*)
Solutions prconiser :
Solutions viter :
Capital trop lev en assurancevie : un capital dcs suprieur
152 500 par bnciaire, entrane
une taxation 20 %, au lieu de
bncier de labattement de
156 357 .
Capital trop faible en assurancevie : laisse un actif successoral
suprieur 156 357 et donc
taxable.
(*) Cumul de labattement successoral de 156 357 (qui tait de 150 000 et qui est revaloris tous les
ans) et de celui de 152 500 spcique lassurance-vie.
360
Enfants
Tiers :
Petits-enfants,
concubins
Optimisation
juridique
Arbitrages : pas de
scalit au moment
des arbitrages
Rachats :
faiblement taxs
Prlvements
sociaux : sur les
multisupports, les
PS sont prlevs
uniquement en cas
de rachat et ne sont
jamais dus en cas
de dcs
Conjoint
et Partenaire Pacs
Revenus et ISF
361
Chapitre
19
Gestion dun
portefeuille titres
Pierre Chollet
n portefeuille titres regroupe un ensemble de produits dpargne et de placement ou, en dautres termes, dactifs financiers (actions, titres de crances
ngociables court et moyen termes, obligations, parts dOPCVM) et de produits
drivs (notamment optionnels). La gestion de portefeuille consiste constituer un
ensemble dactifs et en faire voluer la composition en vue datteindre les objectifs
fixs par linvestisseur. Au cours des dernires dcennies, le march de la gestion
dactifs a connu une croissance rapide linstar de celui des marchs financiers. La
gestion dactifs pour compte de tiers sest fortement dveloppe au plan mondial.
Les socits de gestion et les prestataires de services dinvestissement graient en
France, en 2006, un encours brut de 2 639 milliards deuros1.
Section 1
Section 2
Section 3
Performance de portefeuille
1. La gestion dactifs pour compte de tiers en 2006 , Revue mensuelle de lAutorit des Marchs Financiers,
novembre 2007.
362
LMENTS FONDAMENTAUX
DE LA GESTION
1
DE PORTEFEUILLE
La gestion de portefeuille, dabord centre sur les actions, sappuie sur des
concepts et mthodes issus de la thorie moderne de portefeuille initie par
Markowitz (1952)2.
1 Rentabilit et risque3
Les concepts clefs sont dfinis par souci de simplification, sur la base dun placement en actions. La gestion de portefeuille sappuie sur deux notions essentielles :
la rentabilit et le risque.
1.1 Le taux de rentabilit dun actif
Deux mthodes de calcul du taux de rentabilit, sur la base des donnes historiques existent :
Rentabilit classique
St St-1 + D t
St-1
363
R n = (1 + R t ) 1
t=1
St + Dt
St 1
Rn = Rt
t=1
Rentabilit
classique
cumule
en %
Rentabilit
logarithmique en %
Rentabilit
logarithmique
cumule
en %
Date
Cours
en
Dividende
en
20,95
21,90
4,53
4,53
4,43
4,43
21,77
0,59
3,91
0,60
3,83
21,59
0,83
3,05
0,83
3,00
20,00
0,50
5,05
2,15
5,18
2,18
21,00
5,00
2,74
4,88
2,70
21,88
4,19
7,05
4,11
6,81
21,40
2,19
4,70
2,22
4,59
21,40
0,00
4,70
0,00
4,59
21,88
2,24
7,05
2,22
6,81
10
21,72
0,73
6,27
0,73
6,08
11
21,90
0,83
7,15
0,83
6,91
12
22,60
3,20
10,57
3,15
10,06
Rsultats et commentaires :
Les colonnes 4 7 fournissent pour les deux mthodes les taux de rentabilit pour chaque
date et la rentabilit cumule. Les rsultats sont sensiblement diffrents, ce qui illustre le
fait que le choix de la mthode nest pas neutre.
364
1 n
R it
n t=1
Le risque dun actif peut tre assimil la dispersion (ou variabilit) de sa rentabilit autour de sa moyenne. La mesure la plus utilise est la variance (ou sa racine
carre : lcart-type). La variabilit dune action sur une priode dtermine est
donne par lcart-type de la srie des taux de rentabilit de cette action sur un certain nombre n de sous-priodes (de jours par exemple). La variance de la rentabilit
dune action sur un an est calcule sur la base des 250 taux de rentabilit quotidiens
(nombre approximatif de jours douverture du march)2. Le calcul pourra tre effectu sur une priode plus courte (par exemple 90 jours), de manire coller
davantage lvolution du march.
La variance dune srie de taux de rentabilit passs est gale la somme des
carrs des carts entre ces taux de rentabilit et le taux de rentabilit moyen, divise
par le nombre dobservations moins une3 :
2i =
1 n
( R it R i
n 1 t=1
)2
1. Le calcul est identique que lon utilise des rentabilits logarithmiques ou classiques .
2. Seuls les cours des jours douverture du march sont retenus. Si la base de donnes utilise contient des cours
pour des jours de clture, il convient de les enlever.
3. Le calcul tant effectu sur un chantillon et non sur lensemble des donnes historiques, nous utilisons lestimateur de la variance (division de la somme des carrs des carts par le nombre dobservations moins une et non
par le nombre dobservations).
365
Les cours futurs des actifs (et les taux de rentabilit) sont des variables alatoires,
dont on suppose connues les distributions de probabilit. La rentabilit anticipe ou
esprance de rentabilit est mesure par le concept statistique desprance
mathmatique.
Le risque peut tre apprhend par la variance des taux de rentabilit. Celle-ci
correspond la dispersion des taux de rentabilits futurs autour de lesprance de
rentabilit. Cependant, cette mesure du risque est uniquement justifie dans le cas
o les rentabilits sont distribues selon une loi symtrique, ce qui est le cas de la
loi normale suppose suivie par les rentabilits logarithmiques des titres (hypothse
gnralement faite en gestion de portefeuille). Dans le cas contraire, la variance
constitue une mesure trs critiquable du risque1. Dans la pratique, les calculs de
rentabilit et de risque sont le plus souvent effectus sur la base des donnes historiques. Ceci revient considrer que lvolution passe de la rentabilit permet de
prvoir la rentabilit future2.
2.2 Dcomposition du risque dun actif
Le risque dun actif est compos de deux lments : le risque spcifique et le risque systmatique. Le risque spcifique (ou risque diversifiable) est li aux caractristiques du titre (notamment son volution boursire) et celles de son metteur.
Lautre composante du risque est le risque systmatique (ou risque de march ou
risque non-diversifiable)3. Ce risque est couramment mesur par le coefficient bta
(), appel coefficient de volatilit (voir Repres).
1. Ce point qui correspond une question majeure fait lobjet de dveloppements dans les ouvrages de thorie
financire consacrs la gestion de portefeuille.
2. Ceci constitue une limite fondamentale de lapproche, dans la mesure o les cours futurs des titres ne rpliquent pas forcment leurs volutions passes.
3. Le risque systmatique ne doit pas tre confondu avec le risque systmique, qui correspond au risque deffondrement du systme financier.
366
Repres
Le coefcient
Le coefcient de lactif i est gal au rapport entre la covariance des rentabilits (entre le
titre et le march) et la variance du march :
i =
iM
2M
Si i > 1 : lactif est quali de volatil ou doffensif. une variation du taux de rentabilit de
march de 1 % correspond une variation de celle du titre suprieure 1 % (si i = 1,2 la variation de la rentabilit du titre sera de + 12% ( 12 %), si celle du march augmente (baisse) de
10 %.
Si i < 1 : lactif est peu volatil ou dfensif. une variation du taux de rentabilit de march
de 1 % correspond une variation de celle du titre infrieure 1 % (si i = 0,5 la variation de
la rentabilit du titre sera de + 5 ( 5 %), si celle du march augmente (baisse) de 10 %.
Si i = 1 : lactif a une rentabilit qui volue de manire identique celle du march.
Exemple
Connaissant le taux dintrt sans risque (0,04) et les taux de rentabilit de laction BIL
et du march :
Dates
Rentabilit du march
0,18
0,12
0,1
0,09
0,05
0,02
0,15
0,14
0,02
0,04
0,12
0,07
March
E(R)
0,0800
0,0733
Variance
0,008760
0,003347
cart-type
0,0936
0,0579
1) Le titre BIL rapporte plus que le march, mais il correspond de manire logique un
niveau de risque plus lev.
2) La covariance entre le titre et le march est gale : 0,0050.
367
Un portefeuille est caractris par les actifs qui le composent et par leurs poids
relatifs dans celui-ci. Comme pour un actif, deux caractristiques majeures sont
analyses : la rentabilit et le risque.
La rentabilit du portefeuille est gale la moyenne pondre de celle des actifs
qui le composent. Lesprance de rentabilit dun portefeuille compos de N titres
est gale :
N
E(R p ) = i E(R i )
i=1
Varp = 2p = i j ij
i=1 j=1
368
ij
i
Repres
E (Ri) * = Rf + E(RM) Rf i
1. Un coefficient de corrlation de +1 entre deux actifs (actifs parfaitement corrls positivement) correspond au
seul cas o la diversification na pas dintrt.
369
Exemple
partir des donnes et des rsultats de lexercice 2, calculez la rentabilit thorique
espre du titre BIL laide du MEDAF. Quelle dcision prconisez-vous de prendre?
Rsultats et commentaires
E (RBIL) * = Rf + [ E(RM) Rf ] BIL
E (RBIL) * = 0,04 + [0,0733 0,04] 1,494 = 0,0898
La rentabilit thorique espre du titre BIL daprs le MEDAF est de 8,98 %.
Or, lesprance de rentabilit du titre est de 8 %.
Laction BIL est donc survalue. Elle rapporte moins que ce quelle devrait rapporter
daprs le MEDAF, compte tenu de son risque.
Il est donc conseill (uniquement sur la base du modle et en considrant que ses hypothses sont valides) de vendre le titre.
370
371
Repres
Compte tenu dune situation quelque peu diffrente dans la ralit, la gestion dun portefeuille dun client, par un professionnel ou le conseil en gestion de portefeuille, nous semble
reposer sur trois principes majeurs :
Connaissance du client et dnition de ses objectifs dinvestissement
analyse de sa situation patrimoniale, nancire, scale, familiale, professionnelle ;
tude de sa personnalit, et dtection dventuels lments de comportements psychologiques (peur de perdre, effet de mmoire, mimtisme, versatilit) ;
tude de son prol de risque ;
valuation de ses connaissances et expriences des produits nanciers ;
dnition prcise des ses objectifs dinvestissement (dure, risque accept).
Depuis le premier novembre 2007, la rglementation (AMF) oblige lintermdiaire faire
remplir son client un questionnaire prcis reprenant lessentiel des lments ci-dessus1.
Analyse permanente de lvolution des marchs et bonne connaissance des produits nanciers
suivi permanent de la situation conomique, de lvolution et des perspectives des diffrents marchs (nanciers, des changes, des matires premires, des biens et services, de
limmobilier), tant au plan national quinternational ;
bonne connaissance des produits nanciers proposs et de leurs mcanismes. Ne jamais
proposer au client un produit dont on ne matrise pas les principes fondamentaux,
notamment en matire de risque, nous semble constituer un principe thique essentiel ;
prise en compte de lexistence dinefciences de march et de la psychologie comportementale des investisseurs.
Diversication du portefeuille fonde sur larbitrage entre le risque et la rentabilit
dnition de la stratgie dinvestissement compte tenu de lensemble des points prcdents (client, marchs et produits) ;
diversication : le matre mot. Envisager les diffrents facteurs de diversication : classe
dactifs, pays, secteurs, types dOPCVM, types de gestion ;
choix des diffrents supports dinvestissement et de leurs pondrations. Ce choix est
fond sur un arbitrage entre la rentabilit et le risque du portefeuille, compte tenu des
objectifs de linvestisseur et de sa situation (patrimoniale, nancire, scale). La rentabilit attendue par linvestisseur, en dautres termes, sa prime de risque, est directement
lie ses propres caractristiques et notamment son attitude vis--vis du risque.
1. Voir pour plus de dtails le dossier : Linvestissement en Sicav et FCP (OCVM) , octobre 2007, disponible
en ligne sur le site de lAutorit des Marchs Financiers. www.amf-france.org.
372
1. Pour plus de dtails sur les Conseillers en Investissements Financiers consulter : www.amf-france.org/affiche_page.asp?urldoc=cif.htm et chapitre Les professionnels de la gestion de patrimoine de cet ouvrage.
373
374
La gestion dun portefeuille (ou dun fonds) peut tre profile en fonction de
laversion au risque de linvestisseur, cest--dire de son profil de risque . Sont
ainsi proposs des profils types plus ou moins diffrents selon les rseaux de distribution. Trois profils principaux existent :
Prudent : les fonds sont investis principalement en obligations ou en produits de taux court terme (titres de crances ngociables court terme). Le
potentiel de rentabilit et de risque est modr1.
quilibre : les investissements se rpartissent de manire quilibre entre les
actions et les produits de taux (obligations et titres de crances ngociables
court terme). La rentabilit et le risque sont considrs comme moyen.
Dynamique : lessentiel du portefeuille est investi en actions. Le potentiel de
rentabilit et de risque est lev.
La gamme des profils peut tre largie aux deux extrmits (profils srnit
offensif ).
Afin dobtenir des performances adquates ces profils, le recours au fonds de
fonds (multigestion) sest largement dvelopp au cours des dernires annes. Les
contrats dassurance-vie multisupports proposent des services similaires travers
diffrentes options de gestion . En fonction du profil de lassur, et donc de loption choisie, le poids relatif des investissements en euros et dans les diffrents fonds
prslectionns (essentiellement composs dactions) est modul.
1. Cependant, le placement en titres de crances est soumis au risque dvolution des taux dintrt et au risque
de crdit (dfaut de lmetteur). Attention galement aux risques, qui peuvent tre relativement importants, lis
lutilisation de certains fonds montaires qualifis de dynamiques .
375
Pour les fonds actions, le type dentreprise dans lequel se fait linvestissement
permet de dfinir le style de gestion. Deux critres sont utiliss : la valorisation des
entreprises et leurs perspectives dvolution. Trois types principaux de styles sont
proposs :
valeur (value) : De manire obtenir une rentabilit leve, le portefeuille est
investi dans des titres sous-cots. La valorisation de la socit sa juste valeur
devrait se traduire par une hausse des cours dans le futur ;
croissance (growth) : Le portefeuille est investi en valeurs de croissance, cest-dire dans des socits correctement values, mais dont les perspectives de
croissance devraient permettre de bnficier dune hausse des cours ;
mixte (blend) : Le portefeuille est gr de manire raliser un compromis entre
les styles value et growth .
376
Il sagit enfin, par classe dactifs, de slectionner les valeurs inclure dans le portefeuille (ou exclure). Cette slection est base plus ou moins selon les fonds, sur lutilisation de mthodes issues des modles dvaluation dactifs et de loptimisation de
portefeuilles. Certains fonds moins enclins utiliser la gestion quantitative prfrent
recourir davantage lanalyse fondamentale et au jugement des gestionnaires. La capacit du grant en matire de stock picking est dterminante. Dans les grandes institutions
de gestion dactifs, cette fonction est assure par des grants spcialiss par classe dactifs. La slection des valeurs correspond une approche du type bottom up.
Le processus de gestion suivi par un fonds, dans la pratique, varie en fonction du
type de fonds et de gestion. Il est aussi susceptible dvoluer au cours du temps.
377
Lobjectif est de dgager une rentabilit suprieure celle du march. Les informations disponibles sont utilises pour acheter les titres sous-valus et vendre les
titres survalus. Les grants de fonds sont supposs tre mieux informs que les
investisseurs individuels et plus mme de par leur exprience, de dtecter les bonnes opportunits. Le stock picking joue ici un rle essentiel.
378
Dnition
Global macro
Long short
Le grant effectue dans le mme temps des achats et des ventes dcouvert qui lui
permettent de proter tant de la hausse que de la baisse des marchs. Lorsque les
positions acheteuses et vendeuses sont quilibres, le grant nest plus du tout expos
la variation des marchs. On parle alors de stratgie market neutral.
Distressed
securities
Le grant se positionne sur des socits en grande difcult et dont le risque de faillite est
proche. Elles gnrent donc une meilleure rentabilit proportionnelle leur niveau de risque.
Arbitrage
Event driven
Le grant prote des mouvements sur les cours provoqus par les rapprochements
dentreprises (OPA, OPE, fusions).
Source : ww.sicavonline.fr/index.cfm?action=u_speciaux.fondsalternatifs
Lobjectif est ici datteindre une performance financire tout en respectant des
principes thiques. Les fonds thiques regroupent aujourdhui deux types de fonds :
les fonds solidaires (ou de partage) et les fonds dInvestissement Socialement
Responsable (fonds ISR).
la diffrence des premiers, les fonds ISR connaissent un dveloppement important. Ces fonds investissent en fonctions de critres lis la morale, la responsabilit
sociale de lentreprise, le dveloppement durable. Trois approches existent :
la slection des titres (screening) de manire positive. Le fonds investi dans les
socits qui respectent le mieux les critres retenus (best in class) ou qui font le
plus defforts pour y parvenir (best effort) ;
la slection des titres de manire ngative. Certains secteurs ou certaines socits qui ne respectent pas les critres retenus sont exclus (secteur de larmement,
par exemple) ;
379
Section
PERFORMANCE DE PORTEFEUILLE2
Rp Rf
p
1. www.novethic.fr.
2. Pour une approche dtaille voir louvrage : Grandin P., Hbner G. et M. Lambert, Performance de portefeuille, Pearson Education, 2006.
380
Rp Rf
p
Ce ratio permet, comme le prcdent, de classer des portefeuilles de risque diffrents. Son interprtation reste dlicate lorsque que le ratio est ngatif. Sur une
priode donne, le portefeuille qui a le ratio le plus lev est celui qui dgage la
meilleure rentabilit compte tenu du risque systmatique du portefeuille. Lutilisation
de ce ratio suppose donc que linvestisseur ait un patrimoine, sinon un portefeuille
de titres, diversifi. Une autre limite de cette mesure est lie au calcul des des
fonds. Leur estimation implique la rfrence un indice de rfrence. Lindice
choisi est-il pertinent par rapport aux fonds analyss ? De plus, en cours de priode
danalyse, si le grant dun fonds a modifi son exposition au march, le du fonds
a vari. Ainsi, le estim un moment donn (par exemple en fin danne) ne correspond pas forcment au niveau de risque rel du fonds en cours danne.
381
Rp
U
V
W
X
Y
Z
0,16
0,07
0,35
0,25
0,16
0,28
0,30
0,04
0,40
0,35
0,18
0,28
1
0,1
1,5
1,2
0,7
1,9
Le taux sans risque est gal 4,5 %. La rentabilit du march est de 25 % sur la
priode.
Rsultats :
En utilisant la dfinition des mesures de performance vues ci-dessus nous obtenons :
Fonds
Ratio
de Sharpe
Ratio
de Treynor
E*
E* Rp
de Jensen
0,3833
0,1150
0,2500
0,2500 0,16
0,0900
0,6250
0,2500
0,0655
0,0655 0,07
0,0045
0,7625
0,2033
0,3525
0,3525 0,35
0,0025
0,5857
0,1708
0,2910
0,2910 0,25
0,0410
0,6389
0,1643
0,1885
0,1885 0,16
0,0285
0,8393
0,1237
0,4345
0,4345 0,28
0,1545
382
383
ER
(ER)
1 n
ERt ER
n 1 t =1
Cette approche, qui prend en compte lcart de rentabilit et le risque, est intressante. Elle est de plus en plus utilise, y compris dans les documents communiqus
par les fonds. Cependant, certaines rserves doivent tre formules. Si le benchmark
ne correspond pas la composition relle du fonds, ces mesures nont pas vraiment
de sens. De mme, la comparaison de fonds qui ont des benchmarks diffrents est
en thorie impossible. Or, de nombreux benchmarks diffrents sont utiliss par les
fonds
Beaucoup dautres mesures ont t proposes, notamment pour analyser les performances de la gestion alternative1.
1. Voir Grandin P., Hbner G. et M. Lambert, Performance de portefeuille, Pearson Education, 2006.
384
385
Chapitre
20
Lpargne
retraite
Catherine Bienvenu
386
Lpargne retraite
pour les personnes nes en 1949, 162 trimestres pour celles nes en 1950, 163 trimestres pour ceux ns en 1951 et 164 trimestres pour les assurs ns en 1952.
La loi Fillon de 2003 prvoit un allongement progressif de la dure de cotisation dun an pour tous les rgimes, sauf les rgimes spciaux, jusqu 168 trimestres
(42 ans), raison dun trimestre par anne de 2009 2012. Un systme de dcote et
de surcote est instaur, permettant de partir en retraite plus tt ou plus tard, moyennant un cot ou un gain en terme de pension verse et le cumul emploi-retraite est
rendu plus souple. Dans un but de prservation du pouvoir dachat des retraits, les
retraites sont indexes sur les prix la consommation. Toutefois, dans le mode de
calcul de la retraite, ce ne sont plus les 10 meilleures annes de salaires dont il est
tenu compte, mais dsormais les 25 meilleures. Pour rattraper des annes de cotisation, les salaris peuvent racheter des trimestres au titre de leurs annes tudes, dans
la limite de 3 ans mais un cot non ngligeable.
Le systme de retraite franais se compose de trois strates, avec :
les rgimes de base obligatoires ;
les rgimes complmentaires obligatoires
des formes dpargne retraite collective ou individuelle.
Un assur est affili la fois aux rgimes de base et aux rgimes complmentaires
lexception des religieux, qui ne disposent pas dun rgime complmentaire. Par
le biais de leur entreprise, certains assurs peuvent tre affilis une pargne retraite
collective (PRE ou PERCO). Les non-salaris peuvent bnficier, de faon volontaire, de produits de type Loi Madelin. Enfin, tous les assurs peuvent souscrire un
PERP de faon individuelle.
Nous verrons les rgimes obligatoires (section 1) avant de nous intresser lpargne retraite (section 2), trs en vogue car devenue indispensable face lavenir
incertain du systme des retraites et qui est fiscalement attrayante.
Repres
387
Section 2
Section
Les rgimes de retraite de base (1) couvrent les mmes assurs que les rgimes de
retraite complmentaire (2) et suivent des principes qui leur sont communs (3).
On notera quil existe des rgimes dits spciaux tels quEDF-GDF, SNCF ou
de la Banque de France, plus favorables aux salaris, qui ne participent pas, ou peu,
cette construction gnrale, mais suivent le mme principe. Le rgime des fonctionnaires dtat est galement en dehors de cette construction car les pensions sont
payes sur les ressources publiques. Par contre, les autres agents publics (agents non
titulaires de ltat, agents dtablissements publics, fonctionnaires territoriaux et
hospitaliers) ont des rgimes trs semblables ceux du secteur priv dans leurs
principes.
388
Lpargne retraite
2 Les rgimes de retraite complmentaire obligatoires
Ils concernent les mmes assurs que les rgimes de base, lexclusion des religieux. Ils reposent galement sur le mcanisme de la rpartition avec un systme de
points, dont le nombre est fonction de la dure et du montant des cotisations.
Pour les salaris, le rgime de base et le rgime complmentaire sont grs par
deux organismes distincts (par exemple la CNAV et une caisse ARRCO), voire trois
pour les cadres (avec la caisse AGIRC). Pour les non salaris, la mme caisse gre
souvent le rgime de base et le rgime complmentaire.
Retraite de base
MSA
Mutualit sociale
agricole
Retraite complmentaire
Cadres de lindustrie, du
commerce et des services
ARRCO
Ouvriers et employs de
CNAV
lindustrie, du commerce et
Rgime gnral de la
des services
Scurit sociale
Agents non titulaires de
ltat et des Collectivits
publiques
Salaris relevant
dentreprises ou de
professions statut
particulier
Fonctionnaires
AGIRC
Retraite compl.
des cadres
IRCANTEC
Retraite de base
Retraite complmentaire
Fonctionnaires de ltat,
magistrats et militaires
Agents de la fonction
publique territoriale et
hospitalire
CNRACL
Caisse nationale de retraites des agents des collectivits
locales
Ouvriers de ltat
FSPOEIE
Fonds spcial des ouvriers des tablissements de ltat
RAFP
Retraite
additionnelle
389
Retraite de base
Retraite complmentaire
Exploitants agricoles
MSA
Mutualit sociale agricole
Artisans, commerants et
industriels
Professions librales
CNAV
Religieux
CAVIMAC
IRCEC
390
Lpargne retraite
lge de la retraite sous la forme dune rente ou dun capital. Dans lattente de
lheure de la retraite, les fonds ainsi verss sont grs, collectivement (fonds de
pensions notamment) ou individuellement.
La retraite par rpartition fonctionne sur la redistribution : les cotisations verses par les actifs actuels sont rparties entre les retraits, les actifs futurs feront de
mme lorsque les actifs actuels deviendront les retraits. Ce systme est fond sur
la solidarit entre les assurs et entre les gnrations. Il protge contre les alas de
lconomie, puisque les cotisations sont redistribues immdiatement aux retraits
et permet de donner une dimension sociale aux retraites en tenant compte de certaines situations telles que la maladie, la maternit ou le chmage, priodes non travailles mais comptabilises dans le calcul du montant de la retraite. Toutefois, son
efficacit repose sur le renouvellement des gnrations actives. Un dsquilibre
dmographique entrane invitablement un dsquilibre financier, comme actuellement : pas assez dactifs face aux retraits dont le nombre augmente en raison de
lallongement de la dure de la vie.
Les retraites sont essentiellement finances par des cotisations sociales verses par
lassur et, le cas chant, par son employeur, qui sont assises sur les revenus du
travail (salaires, traitements, revenus professionnels). Toutefois, plusieurs rgimes
sont financs, pour partie par le budget de ltat (et donc par limpt) tels que le
rgime agricole ou celui des agents de ltat. Aux cotisations sociales salariales et
patronales sajoutent un certain nombre de ressources dordre fiscal, telles que
laffectation dune fraction de la CSG ou les prlvements sur les produits du patrimoine et des placements.
391
Le mcanisme de la compensation dmographique permet des transferts de cotisations entre les rgimes prsentant le meilleur ratio cotisants/retraits et ceux en
prsentant un moins bon. Ce systme a permis dassurer le versement des retraites
des mineurs, les entreprises minires ayant rduit fortement leurs effectifs, diminuant dautant le nombre de cotisants, pour un nombre toujours important de
retraits.
Dans les rgimes de base, la compensation sopre :
la fois au sein de chaque catgorie de rgimes de base, cest--dire entre les
diffrents rgimes de salaris, entre les rgimes de non-salaris et au sein du
rgime des pensions des agents de ltat ;
et entre chaque catgorie de rgimes de base.
Dans les rgimes complmentaires, la compensation sopre :
la fois au sein des diffrentes caisses regroupes au sein de lArrco (retraite
complmentaire des salaris non cadres) et lAgirc (cadres) ;
entre lArrco (dont les cotisations sont assises sur le plafond de la Scurit
sociale) et lAgirc (dont les cotisations sont assises sur la fraction du salaire
suprieure au plafond).
Section
Comme nous lavons vu ci-dessus, un assur est affili la fois aux rgimes de
base et aux rgimes complmentaires. cot de cette couverture, il existe des rgimes facultatifs vers lesquels les franais se tournent de plus en plus, encourags par
les mesures fiscales et sociales de la rforme Fillon, mais aussi par la prise de
conscience de lavenir incertain du systme de retraite par rpartition, pour y trouver
la possibilit de sassurer des revenus complmentaires. De son cot, ce type dpargne permet lemployeur une rmunration indirecte de ses salaris.
392
Lpargne retraite
Lavantage essentiel de lpargne retraite est loctroi dune enveloppe de dduction fiscale au titre de limpt sur les revenus. Les sommes verses sur un PERP, un
PRE et aux rgimes Prfon et Corem sont dductibles du revenu imposable dans
la limite dun plafond global. Ce plafond global tient compte de labondement reu
sur un PERCO et des cotisations verses, un rgime supplmentaire de retraite
dentreprise ou sur un contrat Madelin, qui ont dj t dduites des revenus professionnels. Lenveloppe de dduction fiscale est propre chaque membre du foyer
fiscal (elle est mentionne sur lavis dimposition des revenus de lanne prcdant
celle des versements). Dans les couples maris ou Pacss, il est possible de bnficier du plafond de dduction non utilis ou utilis partiellement par le conjoint ou le
partenaire.
Lenveloppe se calcule en retenant le montant le plus lev entre :
soit 10 % des revenus professionnels de lanne prcdente (2007 pour la dclaration des revenus 2008 souscrire en 2009), nets de cotisations sociales et de
frais professionnels, dans la limite de 8 fois le plafond de la Scurit sociale
(25 747 en 2008) ;
soit 10 % du plafond annuel de la Scurit sociale de lanne prcdente, soit
3 218 en 2008.
Il y a lieu de dduire de ce montant :
393
394
Lpargne retraite
au moment de la retraite, le plan peut tre maintenu et le retrait pourra continuer
lalimenter, sans bnficier de labondement. Il continue cependant de profiter de la
franchise dimpt sur le revenu sur les produits et plus-values.
Le PERCO ne peut tre mis en place que si lentreprise dispose dun Plan dpargne entreprise. Leur fonctionnement est analogue, except le plafond dabondement.
Le PERCO prsente plusieurs avantages fiscaux, mme si les sommes verses par le
salari ne bnficient pas de dductibilit fiscale : les sommes verses par le salari
et provenant de lintressement ne sont pas imposables. La participation investie
dans un PERCO peut tre abonde. De mme, labondement nentre pas dans le
revenu imposable du salari. la sortie, le capital est exonr dimpt sur le revenu
(hormis les prlvements sociaux). La rente viagre est, en revanche, soumise
limpt sur le revenu. Mais, sagissant dune rente viagre titre onreux, seule une
partie de la rente est imposable, contrairement au PERP par exemple. La valeur en
capital de la rente viagre constitue dans le cadre du PERCO (mais aussi dun
PERP), parce que assimile une retraite, chappe lISF la double condition
que :
La loi du 11 fvrier 1994, dite loi Madelin, a pour objectif de permettre aux travailleurs non-salaris non agricoles (TNSNA) de se constituer une retraite facultative, en permettant la dduction des cotisations verses librement des revenus professionnels. Aprs cessation de lactivit professionnelle, la sortie se fait obligatoirement sous forme de rente. Les TNSNA concerns sont :
395
396
Lpargne retraite
partie de la CSG paye est dductible du revenu imposable. De plus, largent plac est
bloqu jusqu 60 ans ou lge de la retraite. Les cas de dblocage anticip sont trs
peu nombreux (expiration des droits lassurance-chmage, invalidit, liquidation
judiciaire pour les commerants ou travailleurs indpendants), ce qui en fait un produit
moins souple que le PERCO. Il existe galement un cas de dblocage en capital au
moment de la retraite : lachat de la rsidence principale par ceux qui nen auraient pas
t propritaires au cours des deux dernires annes et dont les ressources sont infrieures aux plafonds de lattribution du prt taux 0 %. Mais alors, le capital ainsi
dbloqu est soumis limpt sur le revenu, avec une possibilit dtalement sur 5 ans.
Enfin, il faut tenir compte des frais (en cours dpargne, de gestion annuels, sur les
versements, les arbitrages et les profits raliss ainsi quen cas de transfert du plan vers
un autre organisme). Lors du versement de la rente, des frais seront encore prlevs.
En pratique, les frais sont nettement plus levs sur un PERP quune assurance-vie.
1. Lorsque lge du dpart la retraite se situe entre 10 et 20 ans, la part minimale de lpargne investie en euros
est de 40 % par rapport lpargne totale. Elle de 90 % moins de 2 ans de la retraite.
397
6,5
15%
Partie
5
D
Le dirigeant
dentreprise
Chapitre
21
Le rgime scal
des rmunrations
des dirigeants
Olivier Lejeune
Section 2
Section 3
401
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Section
402
Les rmunrations des associs des socits de personnes nayant pas opt pour
limpt sur les socits (IS), ne sont pas dductibles des rsultats de la socit et sont
assimiles un mode de rpartition des bnfices sociaux. Les rmunrations non
dductibles sont soumises limpt sur le revenu au nom des bnficiaires dans la
catgorie qui correspond la nature de lactivit de la socit (BIC, BA, BNC ou
revenus fonciers). Lorsque le grant est un tiers non associ, sa rmunration relve
des traitements et salaires.
1. Voir section 2.
2. Si elles correspondent un travail effectif.
403
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Exemple
Monsieur X est associ et travaille dans une SARL qui na pas opt pour lIS et qui a
pour activit lachat/revente de matriel informatique. Sa rmunration ne sera pas
dductible des rsultats de la socit et sera impose dans la catgorie des Bnfices
Industriels et Commerciaux, au nom de Monsieur X.
Si Monsieur X est grant non associ, il est considr comme un salari, sa rmunration
sera impose dans la catgorie des Traitements et Salaires.
4.2 Pour les socits qui relvent de limpt sur les socits
Les rmunrations des associs de socits de personnes (ayant opt pour lIS)
sont imposes selon les mmes rgles que celles applicables aux rmunrations des
grants majoritaires de SARL. Lorsque le grant est un tiers non associ, sa rmunration relve des traitements et salaires.
4.3 Pour les socits civiles
Lorsque la socit civile est soumise limpt sur le revenu, les rmunrations
verses lassoci grant sont imposables limpt sur le revenu dans la catgorie
qui correspond la nature de lactivit de la socit (BA, BNC, revenus fonciers).
Exemple
Pour une SCI qui a pour activit la location nue dun bien, la rmunration du grant
associ est impose au titre des revenus fonciers.
Pour une SCI qui pour activit la sous location dun bien, la rmunration du grant associ
sera impose en BNC. Il est rappel que les rmunrations des grants associs de SCI de
construction-vente relvent de la catgorie des bnfices industriels et commerciaux.
Lorsque la socit civile est soumise limpt sur les socits sur option, les
rmunrations de lassoci (grant ou non) relvent de larticle 62 du CGI avec une
imposition selon les rgles des traitements et salaires. Lorsque la socit civile est
soumises limpt sur les socits de plein droit (activit commerciale), les rmunrations verses lassoci relvent de la catgorie des BNC.
Section
Les dirigeants et cadres sont rembourss des frais engags dans le cadre de leur
activit, soit par des remboursements de frais rels, soit par des allocations forfaitaires.
404
Les allocations forfaitaires pour frais verses aux dirigeants salaris de socits
(SA, SAS, SARL ou toutes socits passibles de lIS) sont considres comme un
lment de rmunration imposable limpt sur le revenu au nom du bnficiaire,
dans la catgorie des traitements et salaires. Elles doivent donc tre ajoutes la
rmunration principale pour lassiette de limpt sur le revenu. De mme, les allocations forfaitaires pour frais verses aux dirigeants relevant de larticle 62 du CGI
font partie de la rmunration imposable au nom de leur bnficiaire limpt sur
le revenu.
Section
405
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
relev de frais gnraux). Lorsquils ne sont pas inscrits sur le relev de frais gnraux, ni identifis en comptabilit, ils sont considrs comme avantages occultes non
dductibles du bnfice social et alors imposables entre les mains du bnficiaire
dans la catgorie des revenus de capitaux mobiliers, sans abattement et sans crdit
dimpt1.
Les avantages en nature peuvent faire lobjet de deux modes dvaluation pour
limposition du bnficiaire :
valuation pour leur montant : logement et nourriture et, sur option, vhicules et
outils informatique ou de communication ;
valuation forfaitaire optionnelle : vhicules et outils informatiques ou de
communication.
Pour les vhicules, lvaluation forfaitaire de lavantage en nature est gale 9 %
du cot total dachat TTC du vhicule (6 % sil a plus de cinq ans) ou 30 % du cot
global annuel TTC en cas de location avec ou non option dachat. Ces montant sont
proratiser en cas dachat ou de location en cours danne. Pour les outils informatiques ou de communication, lvaluation forfaitaire de lavantage en nature est
gale 10 % du cot dachat TTC des outils ou 10 % du cot de labonnement
TTC.
Tableau 21.1 Tableau rcapitulatif des rmunrations
des dirigeants et leur catgorie dimposition
Socit anonyme de type classique
Prsident du conseil dadministration, directeur gnral, directeur gnral dlgu
Traitement xe ou proportionnel
TS
TS
Administrateurs
Jetons de prsence ordinaires
RM
TS
BNC
406
TS
RM
TS
BNC
RM
TS
SARL
SARL soumise lIS
Grant minoritaire (rmunration)
TS
CGI art. 62
TS
BNC
Catgorie
correspondant
lactivit de la socit
(BIC, BA)
TS
CGI art. 62
TS
BNC
Catgorie de revenus
correspondant
lactivit de la socit
TS
CGI art. 62
TS
407
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Socit civile
Soumise limpt sur le revenu
Catgorie de revenus
correspondant
lactivit de la
socit (BA, BNC,
Revenus fonciers)
TS
Soumise lIS
a. de plein droit : associ grant (rmunration)
BNC
b. sur option :
- cas gnral : associs grants ou non
408
CGI art. 62
Chapitre
22
Les stock-options
Section 2
409
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Section
1 Dnitions et terminologie
Le mcanisme des stock-options accorde la possibilit pour les bnficiaires doptions dacqurir, dans le futur, un nombre donn dactions de leur socit ou de la
socit mre du groupe un prix et des modalits fixs lors de lattribution des
options. Les actions acquises pourront ensuite tre cdes.
Les stock-options peuvent tre mises par des socits par actions (SA, SAS, SCA),
quelles soient cotes ou non. Les bnficiaires des options sont, en principe, les salaris de
la socit, ainsi que certains dirigeants1. Par ailleurs, une socit peut octroyer des options
des dirigeants ou des salaris dune socit faisant partie du mme groupe quelle.
De mme, peuvent bnficier doptions de souscription et dachat dactions :
les prsidents de conseil dadministration, les directeurs gnraux, les directeurs
gnraux dlgus et les membres du directoire des SA ;
les grants des Socits en Commandite par Actions ;
les dirigeants des SAS.
Les autres dirigeants sociaux, notamment les administrateurs ou les membres du
conseil de surveillance des SA, sont en principe exclus du bnfice des options.
Enfin, les options ne peuvent pas tre consenties aux salaris ou aux dirigeants
sociaux dtenant plus de 10 % du capital social.
Le mcanisme des options peut tre rsum en 4 tapes principales :
DATE
DATTRIBUTION
DES OPTIONS
DATE
DACQUISITION
DES OPTIONS
DATE
DEXERCICE
DES OPTIONS
La date dacquisition
des options est la
date laquelle le
bnficiaire acquiert
le droit dexercer
ses options et donc le
droit dacqurir les
actions
correspondantes
DATE
DE CESSION
DES ACTIONS
La date de cession
des actions est la date
laquelle les actions
obtenues par
lexercice des options
peuvent tre cdes.
Figure 22.1
1. Sagissant des options consenties aux dirigeants, partir du 31 dcembre 2006, le conseil dadministration
(ou le conseil de surveillance) doit dcider :
soit de leur interdire de lever leurs options avant la cessation de leurs fonctions ;
soit de leur imposer de conserver, au nominatif, jusqu la cessation de leurs fonctions, tout ou partie des
actions issues doptions dj exerces.
410
Les stock-options
Le gain financier ralis par le bnficiaire de loption se dcompose en trois
lments :
Le rabais, accord par la socit sur le prix de souscription ou dachat des
actions. Ce rabais correspond la diffrence entre la valeur relle du titre au
moment o loption est attribue et le prix fix pour lexercice de loption. Le
rabais maximal autoris est de 20 % de la moyenne des cours de bourse des
20 sances prcdant la date dattribution de loption ou du cours moyen
dachat ;
Exemple
Si la moyenne des cours de bourse des 20 sances prcdant la date dattribution de
loption slve 45 , le montant maximum du rabais que peut consentir la socit
slve : 45 20 % = 9 . Ds lors, le prix de souscription minimal est de 36 .
Cours
de laction*
Valeur de march de laction au jour
de la cession des actions
100
Plus-value de cession (15)
85
Gain dacquisition (45)
Prix dexercice
Annes
40
N
N+2
N+3
Attribution
Exercice (ou
Leve) de
loption
N+4 ou N+5
Revente
des actions
Figure 22.2
411
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
2 Un cadre lgal et contractuel strict pour bncier
dun rgime scal et social de faveur
Le rgime fiscal franais applicable au gain dexercice diffre selon :
(1) que le plan est conforme au droit franais (ou qualifi ), cest--dire quil satisfait les conditions essentielles poses par la loi sur les socits commerciales, et
(2), si le plan est conforme au droit franais, que la socit et les salaris bnficiaires respectent les conditions poses par le Code Gnral des Impts (CGI)
pour bnficier du rgime de faveur.
2.1 Le cadre lgal et contractuel
Le plan doit tre qualifi au regard des dispositions nonces aux articles L. 225177 L. 225-186 du Code de commerce et 174-8 174-21 du dcret du 23 mars
1967. Cette question va galement se poser pour les plans trangers. Selon larticle
163 bis C du CGI, si le plan est qualifi, les conditions suivantes doivent tre respectes pour bnficier du rgime de faveur (cf. supra) :
La forme nominative des actions ;
Le respect dune priode de blocage de quatre ou cinq ans selon la date dattribution des options ;
Le respect des obligations dclaratives spcifiques.
Concernant le respect de la priode de blocage, il faut distinguer la date de disponibilit juridique et la date de disponibilit fiscale. La premire est la date laquelle
les options pourront tre leves par le salari. Cette date avant laquelle les options
ne peuvent pas tre exerces est librement fixe par la socit dans le rglement du
plan. La seconde est la date partir de laquelle le salari peut cder ses titres pour
bnficier du rgime dimposition de faveur (cf. supra).
Le rglement du plan va permettre lacquisition des droits (vesting), sur la base de
conditions de performance pr-dtermines. Cette performance est mesure sur une
dure de 3 5 ans de manire gnrale. Ainsi, le salari va acqurir des droits options
mais, en rgle gnrale, le rglement du plan ne lui permettra pas de les lever avant un
dlai souvent calqu sur le dlai dindisponibilit fiscale. Le rglement du plan indique
galement quelle date les options non exerces deviennent caduques.
N
N+1
N+2
N+3
N+4
N+5
N+6
N+7
N+8
N+9
N+10
20 %
20 %
20 %
20 %
20 %
Date dattribution
Figure 22.3
412
Les stock-options
2.2 Les obligations dclaratives
Pour ce qui est du respect des obligations dclaratives, plusieurs situations sont
distinguer.
Les obligations dclaratives de lemployeur
413
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Le non-respect des obligations dclaratives spcifiques par la socit ou par le
contribuable entrane la dchance du rgime de faveur et lapplication des ventuelles sanctions, pnalits et intrts de retard en fonction de linfraction.
Lorsque la plus-value dacquisition est traite en droit fiscal et en droit social
comme un salaire (priode dindisponibilit ou obligations dclaratives non respectes), de mme quen cas de rabais excdentaire, la socit franaise est tenue de
reporter le gain dans un bulletin de salaire au nom du salari et de prlever les charges sociales y affrentes. Toute moins-value de cession est imputable sur la plusvalue dacquisition soumise charges sociales.
Les obligations dclaratives du salari
414
Les stock-options
Par ailleurs, la plus-value de cession ventuelle est dclarer dans les conditions
de droit commun. Il convient donc de remplir le cas chant une dclaration des
plus-values (formulaire 2074), la totalit du gain ainsi dtermin est reporter en
case 3VG de limprim 2042. Enfin, le salari doit annexer sa dclaration des
revenus les tats de leve et de cession, le cas chant, qui lui ont t transmis par
son employeur.
2.3 Le rgime scal et social
Traitement du gain dexercice
415
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Repres
Pour les options attribues avant le 27 avril 2000
18 % (29 % prlvements sociaux inclus) pour les options attribues avant le 20 septembre 1995 ;
30 % (41 % prlvements sociaux inclus) pour les options attribues aprs le 20 septembre 1995 mais avant le 27 avril 2000 ;
Pour les options attribues compter du 27 avril 2000
30 %, pour la fraction du gain dexercice infrieure ou gale 152 500 euros (41 % prlvements sociaux inclus)4 et
40 %, pour la fraction du gain dexercice suprieure 152 500 euros (51 % prlvements
sociaux inclus)4.
Si les titres sont conservs pendant une priode supplmentaire dau moins deux annes
courant compter (i) de lexpiration de la priode dindisponibilit scale de 4 ans calcule partir de la date doctroi (ii) mais aussi de lexercice des options, le taux proportionnel est rduit comme suit :
18 %, pour la fraction du gain dexercice infrieure ou gale 152 500 euros (29 % prlvements sociaux inclus) ;
30 %, pour la fraction du gain dexercice suprieure 152 500 euros (41 % prlvements
sociaux inclus)1.
Si les conditions tenant la priode dindisponibilit de 4-5 ans ainsi quaux obligations dclaratives sont satisfaites, le gain doption peut tre compltement exonr dimpt sur le revenu si le montant total des cessions ralises par le contribuable ainsi que les membres de son foyer fiscal nexcde pas, au cours de lanne fiscale considre, un certain plafond (25 000 compter du 1er janvier 2008).
Si la priode dindisponibilit de 4/5 ans nest pas respecte, le gain dexercice est
impos comme un complment de salaire au barme progressif dimpt sur le
revenu (au taux de 0 % 40 % pour les revenus 2007). La rgle dite du quotient
est applique automatiquement et limite ainsi leffet de la progressivit. Le gain
dexercice est galement soumis cotisations sociales (approximativement 45 %
pour lemployeur et 20 % pour le salari)1.
Exemple
Une option est attribue le 1er janvier 2003 et leve le 1er janvier 2007. Si le bnficiaire
de loption fait une leve/vente, la partie de lavantage infrieure 152 500 supporte
un taux global de 41 % et celle suprieure un taux de 51 %. Sil dcide de ne vendre ses
titres issus de la leve que le 1er janvier 2009, on considre quil les a port deux ans
aprs lachvement de la priode dindisponibilit, et donc, il va bnficier du taux rduit
416
Les stock-options
de 29 % pour la fraction infrieure 152 500 et 41 % au-del. La dure totale est alors
de 6 annes entre lattribution et la cession.
Si dans le mme exemple, il ne lve loption que le 1er janvier 2009, il doit conserver les
titres jusquau 1er janvier 2011 pour bnficier des taux rduits, soit une dure totale de
8 annes entre lattribution et la cession.
Repres
Nouveaut
417
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Le traitement scal et social des gains doptions
1/ Plus-value dacquisition
OPTIONS ATTRIBUES AVANT LE 20/09/1995
Cession aprs 5 ans
29 %
41 %2
41 %2
2/ Plus-value de cession
Imposition au taux de 29 %2
1. Par exception, lavantage tir de la leve de loption est exonr de cotisations de scurit sociale,
mme si le dlai de dtention na pas t respect, ds lors que loption a t attribue avant le 1er janvier
1997 par une socit de capitaux immatricule au Registre du Commerce et des Socits depuis moins de
quinze ans et a t leve aprs le 31 mars 1998. Lavantage reste nanmoins soumis la CSG et la CRDS,
non en tant que salaire mais en tant que revenu du patrimoine. Des contributions sociales spciales
(patronale et salariale) pour les attributions consenties partir du 16 octobre 2007 (circulaire de la
Direction de la Scurit sociale du 8 avril 2008).
2. Si le montant total de cessions de valeurs mobilires du foyer scal excde 25 000 euros compter du
1er janvier 2008 CSG/CRDS et prlvement social inclus.
3. La fraction dacquisition excdant 152 500 correspond au cumul ventuel des gains dacquisition
annuels.
418
Les stock-options
2.4 Les exceptions au dlai dindisponibilit de quatre ou cinq ans
Exceptions vises
Le dlai de quatre ans nest pas opposable dans les cas prvus par larticle 91 ter
de lannexe II du Code gnral des impts, savoir :
licenciement du titulaire ;
mise la retraite ;
invalidit ;
dcs du titulaire.
Linvalidit correspond au classement dans la deuxime ou la troisime des catgories prvues larticle L. 341-4 du Code de la scurit sociale. La mise la
retraite sentend de la situation juridique prvue par les articles L. 122-14-12 et 13
du Code du travail qui prvoient la possibilit pour lemployeur de rompre le contrat
de travail dun salari :
qui a atteint lge lgal ou conventionnel (i.e. prvu par la convention collective
ou le contrat de travail) de la retraite ;
ET peut bnficier dune pension de vieillesse au taux plein.
Les salaris qui partent volontairement la retraite ne sont pas concerns par cette
mesure dexception et doivent ainsi respecter le dlai dindisponibilit.
Loption attribue dans le cadre dun plan de stock-options est personnelle son
titulaire, et na donc pas de valeur patrimoniale. Ainsi, la valeur de loption nest
pas imposable lISF. En revanche, les actions issues de la leve des options figurent lactif de lISF. Ces actions pourront bnficier des dispositions de larticle
419
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
885 I quarter du CGI permettant une exonration de 75 % de la valeur des titres
dtenus par les dirigeants et salaris, sous la condition de conserver les titres pendant 6 ans.
Conclusion
Les instruments dpargne salariale ont pour objectif premier de permettre la
fidlisation des salaris, et surtout des dirigeants, un moindre cot. Cependant,
la loi NRE a durci la fiscalit des stock-options rendant moins attractif ce type
dinstrument. La loi de Finances pour 2005 a introduit un nouvel outil de rmunration : lattribution dactions gratuites. Selon une enqute ralise par un cabinet
daudit les actions gratuites sont en train de prendre le pas sur les stock-options.
Alors quen 2005, 85 % des attributions dactions relevaient de plan de stockoptions, en 2006, 55 % de ces attributions sont constitues par des plans dactions
gratuites, associs ou non des conditions de performance et/ou de prsence. Il
est vrai que les plans dactions gratuites constituent, pour les entreprises, un outil
de motivation plus attrayant aux yeux de leurs salaris que les stock-options
puisquils leur donnent droit un gain certain, quelle que soit lvolution du cours
de laction en bourse alors que leur cot comptable est quasi identique celui des
stock-options.
Section
420
Les stock-options
Exemple
Monsieur Conseil, 42 ans, mari et 2 enfants (3 parts fiscales), dclare lanne de la cession de ses actions issues de la leve de son plan de stock-options, un revenu imposable
de 100 000 ainsi quune plus-value dacquisition de 40 000 .
Son plan lui a t attribu le 31 mai 2000 et lopration de leve vente a eu lieu le
7 juillet 2006. Il a le choix entre :
tre impos au taux forfaitaire de 30 % pour la partie de la plus-value dacquisition infrieure 152 500 ;
tre impos sur option limpt sur le revenu dans la catgorie des traitements et salaires
Solution n1 :
Rgime de plein droit
(plus-values)(*)
Salaires
Plus-value acquisition
Abattement de 10 %
Imposition globale
Prlvements sociaux
Solution n2 :
Option imposition
Traitements et Salaires (*)
100 000
100 000
40 000
40 000
10 000
13 501
23 930 (**)
22 879
4 400
4 400
421
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Option imposition Traitements et Salaires
+ Dscalisation*
Salaires
100 000
Plus-value acquisition
40 000
Abattement de 10 %
13 501
40 000
Imposition globale
10 879
Prlvements sociaux
4 400
Intgrer une stratgie de dfiscalisation pour gommer limpt ne doit pas tre lunique
but de cette stratgie. Courir aprs une rduction dimpt ne doit pas tre le seul leitmotiv du bnficiaire du plan car le cot de linvestissement est gnralement plus cher que
limpt lui-mme. Lobjectif doit toujours rester patrimonial.
422
Les stock-options
1er Cas : Leve ds la fin du dlai dindisponibilit fiscale
Plus-value de cession : 27 %
Plus-value dacquisition : 41 % ou 51 %
N+4
N<6
Leve
Cession
N
Attribution
Plus-value de cession : 27 %
N+1
N<6
Leve
Cession
Figure 22.4
Exemple
Monsieur Invest a bnfici dun plan de stock-options le 23 aot 2000 dont les donnes
sont les suivantes :
Nombre doptions : 10 000
Valeur dattribution : 5
Date de fin dindisponibilit fiscale : 23 aot 2004
Cours du 24 aot 2001 : 10
Cours du 26 aot 2004 : 25
Cours du 20 aot 2006 : 60
1er cas : - M. Invest lve ses options le 26 aot 2004
Plus value dattribution constate = 10 000 (25 5) = 200 000
et vend lintgralit de son portefeuille le 20 aot 2006
Plus value de cession = 10 000 (60 25) = 350 000
Impt PVA : (152 500 30 %) + (47 500 40%) = 64 750
181 250
Impt PVC : (350 000 16 %) = 56 000
Prlvements sociaux : (200 000 + 350 000) 11% = 60 500
2e cas : - M. Invest lve ses options le 24 aot 2001
Plus value dattribution constate = 10 000 (10 5) = 50 000
et vend lintgralit de son portefeuille le 20 aot 2006
Plus value de cession = 10 000 (60 10) = 500 000
Impt PVA : (50 000 30 %) = 15 000
155 500
Impt PVC : (500 000 16 %) = 80 000
Prlvements sociaux : (500 000 + 50 000) 11% = 60 500
}
}
423
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Le pari fait sur lenvole du titre a fonctionn. Le gain brut est de 25 750 , auquel
il conviendra de soustraire lISF li lenrichissement dactions pendant la priode de
dtention des titres. Si, dans la mme priode, le titre avait perdu la moiti de sa valeur,
le bnficiaire du plan aurait pu imputer, comme nous le verrons plus loin, la moins-value
de cession sur la plus-value dacquisition. Maigre consolation puisquil aurait surtout
accus une perte en capital.
4 Leve et portage
Pour les plans attribus depuis le 27 avril 2000, et selon que les titres aient ou
naient pas t conservs pendant deux ans aprs la priode dindisponibilit fiscale,
la plus-value dacquisition subira limpt des taux diffrents. En effet, lever des
options aprs la priode dindisponibilit fiscale donne la possibilit son bnficiaire de bnficier dun rgime de faveur dont les taux dimposition sont diffrents
selon le respect dun dlai de portage.
Exemple
Madame Optimis a 52 ans, elle est marie et a 3 enfants. Le 16 avril 2001, elle sest vue
attribuer un plan de stock-options quelle a lev dans le courant de lanne 2007. Les
donnes sont les suivantes :
Nombre doptions : 20 000
Prix dattribution : 10
Cours au jour de la leve : 40
Plus-value dacquisition : 600 000
Elle se demande quel moment vendre ses actions pour optimiser la fiscalit relative
la plus-value dacquisition (PVA).
Leve / vente sans portage :
Impt total = (152 500 30%) + (600 000 152 500) 40% = 224 750
Prlvements sociaux = 600 000 11% = 66 000
Leve des options et portage des titres pendant deux annes :
Impt total = (152 500 18%) + (600 000 152 500) 30% = 161 700
Prlvements sociaux = 600 000 11% = 66 000
Contrairement la premire situation o aucun effort de trsorerie nest demand au
porteur doptions, la seconde hypothse, qui gnre un gain de 63 050 , demande de
disposer de liquidits consquentes pour lever ses options et pouvoir attendre la fin du
dlai de portage. Dans le cas o le bnficiaire du plan ne dispose pas des fonds ncessaires pour lever son plan, le recours lemprunt reste une solution envisageable.
424
Les stock-options
5 Diffrer lenrichissement par la leve des options au sein
du Plan pargne entreprise (PEE)
Depuis la loi NRE du 15 mai 2001 (art. L. 443-6 du Code de travail), il est
possible dutiliser les avoirs indisponibles au sein du PEE ou PEI (Plan pargne
Interentreprises) pour lever ses options. Les actions souscrites laide de ces
fonds sont alors inscrites sur le Plan dpargne Entreprise. Le rgime fiscal des
PEE sapplique et les actions issues de la leve sont inscrites dans un compartiment spcial. Elles sont indisponibles pendant une priode de cinq ans compter
de la leve, les cas de dblocage anticip ntant pas admissibles pour les titres
issus de plans de stocks-options, lexception du dcs du bnficiaire. Lors de
la dlivrance des fonds du PEE, les gains (plus-values et dividendes) ventuels
seront taxs au titre des prlvements sociaux uniquement. Limpt sur les plusvalues dacquisition et de cession est alors gomm (au terme du dlai de
5 ans).
Exemple
Madame Optimis possde un PEE ouvert en 1999 dans la mme socit qui lui a attribu
son plan de stock-options. Chaque anne, elle y investit ses liquidits. Avant lopration
de leve des options de son plan, le PEE se compose comme suit :
Nombre Actions
Prix Acquisition
60 000
Liquidits
Actions S acquises en 1999
1 000
22 000
40 000
1 500
35 000
60 000
20 000
30 000
1 500
45 000
60 000
1 200
38 000
48 000
3 000
95 000
120 000
1 500
50 000
60 000
500
16 000
20 000
625
24 000
25 000
Cours actuel
Les avoirs indisponibles cumuls se composent ici des liquidits et des actions acquises
de 2003 2006, soit 225 000 . Ces avoirs pourront tre utiliss par Madame Optimis
afin de lever ses options et acqurir ainsi 20 000 actions de la socit S au prix de
200 000 (20 000 10 ) au sein de son PEE. Afin de dgager les liquidits ncessaires
la ralisation de cette opration, Madame Optimis vend la quasi intgralit des actions
S indisponibles.
425
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Leve puis vente
au sein du compte
titres, pendant le dlai
de portage
Prix dacquisition
global
200 000
200 000
200 000
Cours au jour
de la leve
800 000
800 000
Plus value
dacquisition
600 000
600 000
Prix de cession
global(1)
900 000
900 000
900 000
Plus-value de cession
100 000
100 000
700 000
Impt plus-value
dacquisition
290 750
224 650
Dont prlvements
sociaux
66 000
66 000
Impt plus-value
de cession
27 000
27 000
Dont prlvements
sociaux
11 000
11 000
77 000
Prlvements sociaux
la dlivrance des fonds
Lopportunit fiscale de pouvoir utiliser les fonds indisponibles du plan dpargne entreprise doit suivre un projet patrimonial bien dfini lavance. Dans lexemple de Madame
Optimis, en fin danne 2007, son disponible financier pour faire face un ventuel
imprvu nest plus que de 98 000 contre 298 000 en dbut danne.
426
Les stock-options
de limposition sur la plus-value dacquisition et la plus-value de cession, dans lhypothse o la donation a lieu postrieurement au dlai dindisponibilit fiscale.
En effet, donner des titres pralablement la cession donne lavantage de pouvoir
effacer la plus-value dacquisition et la plus-value de cession et de profiter des abattements lis aux transmissions titre gratuit.
Sil est vident que la donation efface la plus-value de cession, une controverse
existait quant leffacement de la plus-value dacquisition. Cette question a t
rsolue par la rponse ministrielle Chartier du 25 avril 2006 qui valide dsormais
la purge de la plus-value dattribution affrente au droit transmis. Sil sagit de la
pleine proprit des titres, toute la plus-value dacquisition est purge. Lorsque la
donation ne porte que sur la nue-proprit, lors de la cession des titres levs, limpt
affrent la plus-value dacquisition lie lusufruit demeure imposable et payable
par le nu-propritaire. Cest galement lui qui est redevable de limposition de la
plus-value de cession calcule sur la valeur de la pleine proprit.
La loi TEPA du 21 aot 2007 a relev les abattements de donation en ligne directe.
Ainsi, chaque parent peut donner chacun de ses enfants 150 000 en exonration
de droits de mutation. Cette loi prvoit galement que pour toutes les options attribues compter du 20 juin 2007, la donation donnera dsormais lieu taxation de
la plus-value dacquisition des titres entre les mains du donateur.
Cette technique permet donc de lever ses options et dacqurir des titres qui pourront tre donns aux enfants. Ce sont ces derniers qui vendront leurs nouveaux
actifs. La valeur dentre dans le patrimoine des enfants correspond au cours du titre
au jour de la donation.
Exemple
Madame pargne (58 ans) souhaiterait transmettre lintgralit de la valeur de ses stockoptions chacun de ses deux enfants. Deux solutions lui sont proposes :
Oprer une leve/vente sur son plan de stock-options puis donner les liquidits ;
Lever les options et consentir une donation de la pleine proprit des titres pralablement
une cession
Hypothse 1 : Oprer une leve / vente sur son plan de stock-options pour donner
les liquidits ses 2 enfants
Leve / Vente puis donation
des capitaux aux enfants
Prix global dattribution
200 000
800 000
600 000
290 750
427
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Leve / Vente puis donation
des capitaux aux enfants
Dont prlvements sociaux
66 000
Enrichissement net
309 250
309 250
231
300 019
(*) Prise en charge des droits par les enfants (taux 2007)
200 000
800 000
600 000
800 000
47 370
800 000
752 630
552 630
(*) Prise en charge des droits par les enfants (taux 2007)
Cette stratgie, intressante de par lconomie dimpts ralise, ne peut se faire que dans
lhypothse o le titulaire du plan de stock-options possde les liquidits pour lever son
plan. En effet, dans lexemple de Madame Epargne, cette dernire doit, pour lever ses
options et transmettre ses enfants, acheter les actions au prix dattribution (200 000 ),
ce qui suppose quelle dispose du financement ncessaire. Si elle ne peut pas financer
cette acquisition par fonds propres, lemprunt peut tre opportun et pas uniquement que
dun point de vue financier
428
Les stock-options
7 La donation avec charges
La prise en charge du passif par les enfants est une opration effet de levier
consquent, qui reste complexe raliser dans la pratique. Nous allons voir que ce
schma ncessite lintervention dun notaire patrimonial matrisant parfaitement
lenvironnement fiscal du schma pour rdiger lacte, et quil ncessite galement
laccord de lorganisme de crdit quant au transfert de la dette.
Loptimisation consiste en la leve des options par le bnficiaire du plan laide
dun financement par crdit dans un premier temps, puis en la donation des titres et de
la charge du crdit aux enfants dans un second temps. Ces derniers cderont ultrieurement leurs actions pour rembourser le crdit et disposer de la diffrence des fonds.
Exemple
Reprenons lexemple prcdent.
Madame pargne ne possde finalement pas les liquidits ncessaires pour lever ses stockoptions mais dsire toujours autant affecter son plan de stock-options une politique transmissive.
Elle sadresse donc un tablissement financier qui accepte de financer sa leve en lui consentant
un emprunt de 200 000 au taux de 6 % / an. Madame pargne souscrit donc cet emprunt et
finance la leve des options. Elle transmet ensuite ses 2 enfants la fois lactif de 800 000 et
le passif de 200 000 , soit une donation de 300 000 par enfant en pleine proprit.
Donation de lactif et du passif puis cession
des titres par les enfants
Prix global dattribution
200 000
800 000
600 000
tape n 1 : emprunt
200 000
800 000
200 000
600 000
27 370
800 000
200 000
572 630
(*) Prise en charge des droits par les enfants (taux 2007).
429
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Ce schma prsente lavantage, pour le donateur, de ne pas avoir avancer le prix dacquisition des actions en bloquant, par exemple, des capitaux rmunrs par ailleurs.
Lenrichissement des enfants est moindre que lexemple prcdent, toutefois. Il permet lenrichissement du groupe familial par lconomie des droits de mutation du fait de la rduction
de la base imposable. Du fait des schmas de donation, il est important de consolider effectivement lintention librale par le remploi des capitaux de la part des enfants.
Salaires
Abattement de 10 %
10 000
Plus-value dacquisition
40 000
430
40 000
Imposition globale
11 930
Prlvements sociaux
Chapitre
23
La protection
du patrimoine
du dirigeant
Sabine Vacrate
431
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Nous prsenterons ainsi successivement le cas de lentrepreneur individuel (section 1), puis celui du dirigeant de socit (section 2), mettrons en vidence les
consquences dune procdure collective sur sa responsabilit (section 3) ainsi que
les conditions de mise en cause de sa responsabilit fiscale et sociale (section 4),
pour terminer par des prconisations afin doptimiser sa protection (section 5). Nous
verrons ainsi les meilleures parades qui reposent sur le choix du rgime matrimonial, de la structure sociale et la prparation de la dvolution patrimoniale aux hritiers.
Section 1
Section 2
Section 3
Section 4
Section 5
Section
432
La loi du 1er aot 2003 pour linitiative conomique a apport une limitation au
principe de confusion des patrimoines, en ajoutant un nouveau chapitre dans le Code
de commerce intitul De la protection de lentrepreneur individuel et du conjoint
et contenant les nouveaux articles L. 526-1 L. 526-4.
Ces nouvelles dispositions permettent, en effet, lentrepreneur individuel de
faire dclarer insaisissable sa rsidence principale. En cas de difficults dans lentreprise individuelle, les cranciers de lentrepreneur pourront toujours saisir les
biens personnels de lentrepreneur, mais plus sa rsidence principale. Ce bnfice
est obtenu par une simple dclaration devant notaire, faisant lobjet dune publicit. Cette formalit ne protge cependant que des dettes contractes par lexploitant loccasion de son activit professionnelle postrieurement sa dclaration
dinsaisissabilit.
La Loi de modernisation de lconomie (LME), publie, adopte le 4 aot 2008,
a tendu la dclaration tout bien foncier, quil soit ou non bti, ds lors que le
dclarant ne la pas affect son usage professionnel.
Contenu du dispositif
Seuls les exploitants individuels commerants, les artisans, les agents commerciaux, les professions librales et les agriculteurs sont concerns. La dclaration dinsaisissabilit ne joue qu lgard des crances professionnelles,
cest--dire des crances nes loccasion de lactivit professionnelle du dclarant. Cette dclaration vise les droits dtenus sur limmeuble dans lequel est
fixe la rsidence principale du dclarant. Peu importe quil sagisse de droits en
pleine proprit, en jouissance ou en nue-proprit. Peu importe galement que
limmeuble soit un bien propre, commun ou encore indivis. Lorsque limmeuble
est indivis, linsaisissabilit porte cependant uniquement sur les droits indivis du
dclarant.
Linsaisissabilit peut galement jouer au profit de lexploitant qui a sa rsidence
principale dans un immeuble usage mixte, professionnel et dhabitation. Dans la
premire version du dispositif, lexploitant devait joindre sa dclaration un tat
descriptif de division, dans lequel devait tre dsigne la partie de limmeuble affecte lhabitation. De cette faon, seule la partie professionnelle de limmeuble
pouvait tre saisie par les cranciers. La LME a supprim la ncessit de produire
ce document, comme le prconisait le garde des sceaux dans une rponse ministrielle du 30 aot 2006. La dclaration dinsaisissabilit peut-elle jouer dans le cas
o les droits que lexploitant dtient sur sa rsidence dhabitation consistent en des
433
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
parts sociales dune SCI propritaire du logement ? A priori, une rponse ngative
simpose car il ne sagit que de droits indirects sur limmeuble dhabitation.
Nanmoins, ce cas de figure tant assez rpandu, il est probable que le gouvernement ou les tribunaux seront amens prciser ce point.
Les modalits de la dclaration dinsaisissabilit
La dclaration doit tre faite obligatoirement devant notaire, sous peine de nullit.
Cette dclaration doit faire lobjet de formalits de publicit afin de la rendre opposable tous (notamment aux cranciers de lexploitant) :
publication de la dclaration au bureau des hypothques du lieu de situation de
limmeuble, la date de cette publication marque alors le point de dpart de
linsaisissabilit ;
obligation de porter mention de la dclaration sur le registre de publicit lgale
caractre professionnel auquel le dclarant est immatricul ;
enfin, si le dclarant est mari sous un rgime de communaut (lgale ou
conventionnelle), il devra justifier que son conjoint a bien t inform des consquences sur les biens communs des dettes contractes dans lexercice de sa
profession.
Le sort de linsaisissabilit en cas de cession des droits immobiliers
434
Lentrepreneur individuel doit porter une attention toute particulire son rgime
matrimonial. Il est opportun de conclure un contrat de mariage pour choisir un
rgime de sparation de biens ou de participation aux acquts qui permettent, en
effet, de protger les biens du conjoint. linverse, dans un rgime communautaire,
les cranciers de lentreprise peuvent saisir non seulement les biens de lentrepreneur, mais galement les biens du conjoint. Le danger est dautant plus grand que la
communaut rduite aux acquts (rgime lgal) sapplique automatiquement aux
poux qui dcident de ne pas faire de contrat devant notaire, avant de se marier.
Larticle 1401 du Code civil dispose, en effet, que la communaut se compose
activement des acquts faits par les poux ensemble ou sparment durant le mariage,
et provenant tant de leur industrie personnelle que des conomies faites sur les fruits
et revenus de leurs biens propres . Lensemble des biens acquis aprs le mariage
435
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
(hors successions et donations) appartient donc aux deux conjoints parts gales. En
cas de divorce, il faut donc partager la totalit du patrimoine commun mme sil se
compose exclusivement de biens financs par lun des poux seulement.
Rappelons, en outre, que la communaut contrarie lautonomie professionnelle des poux car elle exige lintervention du conjoint loccasion de certains actes stratgiques de la vie professionnelle : acquisition de titres,
emprunt, caution, aval, octroi de garantie.
Les prconisations
La sparation de biens
Ce rgime pose un principe dindpendance entre les poux, tant sur le plan de la
rpartition de leur patrimoine que sur celui des droits de leurs cranciers et sur la
rpartition des pouvoirs. Cette solution est idale pour des poux susceptibles
dexercer des activits professionnelles indpendantes, souvent exposes au risque
de dfaillance.
La sparation de biens avec socit dacquts
Ce rgime conventionnel constitue un moyen adapt la cration dune communaut plus rduite que la communaut lgale actuelle. Les biens des conjoints restent
en partie spars, et seuls les investissements effectus au cours de la vie commune,
via la socit dacquts, sont mis en commun et donc partags en deux parts gales
en cas de rupture ou de dcs. Ce rgime est souvent choisi par des poux anims
de linspiration communautaire, sans tre dsireux de faire tomber en communaut
les actifs professionnels ou leurs gains et salaires.
La participation aux acquts
Aux termes de larticle 1569 alina 1 du Code civil, pendant la dure du mariage,
ce rgime fonctionne comme si les poux taient maris sous le rgime de sparation de biens . On associe, sui generis, une indpendance patrimoniale des poux
pendant le mariage une gale rpartition en valeur des acquts entre les poux,
la dissolution du rgime. la dissolution du mariage, on compare le patrimoine des
deux poux. Celui qui sest le plus enrichi doit reverser 50 % de la diffrence
lautre, sous rserve de la possibilit de retirer lactif professionnel de la crance de
participation. La notion dacquts napparat quau moment de la dissolution et ne
reprsente quune valeur comptable, une somme dargent.
436
Les banques exigeaient le plus souvent que le cautionnement ait un caractre commercial, afin de se prvaloir des rgles du droit commercial :
Stant ports caution de lensemble des engagements pris par leur socit, sans
limitation de dure ou de montant, les dirigeants taient souvent appels aprs avoir
cess leurs fonctions au sein de la socit. En cas de dcs, la dette passait aux hritiers. Sauf clause contractuelle prvoyant des cas de rsiliation du cautionnement, il
ne restait plus au dirigeant, soucieux de se librer, qu invoquer lextinction de la
dette, de sorte que son engagement accessoire subisse le mme sort. Or, il a t jug
que certains vnements affectant la socit nentranaient pas cette extinction :
la transformation de la socit en une autre forme (sauf mention expresse contraire) ;
la perte de la qualit dassoci ou la cessation de fonctions ;
la cession des titres sociaux ou dun bloc de contrle ;
437
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
les oprations de restructuration : fusion, scissions, APA, TUP (en cas de fusion,
les cautionnements garantissant les crances de la socit absorbe sont transmis
de plein droit puisquil sagit daccessoires de ces crances. Un revirement de
jurisprudence rcent est venu durcir la position de la chambre commerciale en
validant le cautionnement des dettes antrieures mais aussi postrieures la date
de la fusion1. Le dirigeant reste donc tenu galement de lobligation de
couverture.
Les difcults lies la rvocation du cautionnement indtermin
La loi Dutreil a renforc le dispositif de protection au travers de nouvelles dispositions insres dans le Code de la consommation.
Lengagement de la caution
438
La loi Jacob en faveur des PME, adopte le 2 aot 2005, renforce la protection du
conjoint en cas de divorce, lorsque les poux avaient contracts ensemble ou sparment des emprunts ou des cautionnements pour lexploitation dun commerce. Ainsi,
aux termes du nouvel article 1387 alina 1 C. civ. :
Lorsque le divorce est prononc, si les dettes ou srets ont t consenties par les poux,
solidairement ou sparment, dans le cadre de la gestion dune entreprise, le TGI peut dcider den faire supporter la charge exclusive au conjoint qui conserve le patrimoine professionnel ou, dfaut, la qualification professionnelle ayant servi de fondement lentreprise.
Les dbats ont fait ressortir que ce nouveau dispositif ne vise qu rpartir les
charges entre les conjoints, sans pour autant porter atteinte aux droits des tiers qui
conservent les actions de droit commun contre chacun des poux. Ainsi, dans le cas
o lpoux non exploitant est co-emprunteur, il bnficiera dun recours, inexistant
jusqualors, contre lpoux exploitant. Sil est caution, il utilisera le recours qui
existe dj contre le dbiteur principal, qui lui permet dagir avant mme davoir
rgl le crancier poursuivant (2032. C. civ.).
Le vritable bouleversement en matire de renforcement de la protection du dirigeant caution a t apport par la LME. Jusque-l, le dirigeant caution des dettes de
son entreprise ne pouvait faire lobjet, en cas de difficults financires, de la procdure de redressement personnel de surendettement des mnages.
La LME fait dsormais bnficier le dirigeant de bonne foi, qui sest port caution
pour sa socit, de la procdure de surendettement et de rtablissement personnel
qui profite actuellement aux personnes physiques pour apurer leurs dettes non professionnelles. Le deuxime alina de larticle L. 332-9 est complt par une phrase
ainsi rdige : La clture des oprations de liquidation entrane aussi leffacement
de la dette rsultant de lengagement que le dbiteur a donn de cautionner ou dacquitter solidairement la dette dun entrepreneur individuel ou dune socit.
On peut sinterroger sur limpact de louverture concomitante dun rtablissement
personnel du dirigeant (loi Borloo du 12 mars 2004) et dune procdure collective
de sa socit. Dans ce cas prcis, le recours du crancier bancaire serait teint ds la
clture de la procdure de surendettement qui aura lieu dans les 10 mois de la saisine
du TGI, sans compter lventuelle suspension des poursuites qui peut tre ordonne
durant la priode dobservation des 9 mois. Les banques perdent ainsi, en substance,
la seule garantie personnelle qui survivait lextinction du passif social en cas de
liquidation judiciaire.
1.4 Cautionnement et procdure collective de lentreprise
Quelles sont les rpercussions de louverture dune procdure collective lencontre du dbiteur principal sur ltendue, lexigibilit et lextinction du cautionne-
439
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
ment ? En la matire, les dispositions du droit des procdures collectives, applicables aux cautions, ont t fortement impactes par les nouvelles mesures portes par
lordonnance du 18 dcembre 2008 qui est entre en vigueur le 15 fvrier 2009.
Cette ordonnance est issue de la LME.
Sort des cautions en cas de dfaut de dclaration de la crance principale
Lordonnance (art. L. 611-10-2) tend les catgories de garants du dbiteur autoriss se prvaloir de laccord de conciliation homologu et tend cette protection
laccord simplement constat (mesure qui ne valait jusque-l que pour laccord
homologu) : Les personnes coobliges ou ayant consenti une sret personnelle
ou ayant affect ou cd un bien en garantie peuvent se prvaloir des dispositions de
laccord constat ou homologu.
Il ressort de ce texte un rayonnement important puisque toutes les srets personnelles sont concernes, du cautionnement la garantie autonome en passant par les
lettres dintention. Les srets relles, sont galement vises. Cest le cas de la fiducie et de la clause de rserve de proprit.
Sort des cautions en cas de sauvegarde
440
Les cautions solidaires sont toujours appeles par les banques lors de la liquidation
judiciaire de lemprunteur, et gnralement ds que le jugement de liquidation a t
rendu. Leur mise en jeu est immdiate.
441
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
remise de la chose au crancier (traditio). Lopposabilit aux tiers est assure par la
publicit ou par la dpossession du constituant qui remettrait un tiers le bien gag.
Lordonnance valide galement les pactes commissoires (clause prvoyant que le
crancier devient de plein droit propritaire du bien gag en cas de non-paiement de
la crance garantie) jusquici prohibs. En outre, en cas de gage constitu par un
tiers (cautionnement rel), le crancier na daction que sur le bien affect en garantie. Elle ne permet donc pas au crancier bnficiaire de rclamer au constituant le
paiement des sommes dues par le dbiteur, mais seulement de demander la ralisation du bien donn en garantie.
Lordonnance de 2008 renforce lefficacit du gage sans dpossession pour le
crancier, en le dotant dun droit de rtention.
Gage de stocks
Cette nouvelle garantie peut savrer fort utile pour obtenir un financement pour
une entreprise qui dtient des stocks fortement valoriss. Il sagit dun gage sans
dpossession portant sur des biens fongibles et circulants (lentre en vigueur de ce
dispositif est soumise la publication dun dcret dapplication). Le gage des stocks
est destin garantir tout crdit consenti par un tablissement de crdit une personne morale de droit priv ou une personne physique dans lexercice de son
activit professionnelle. Cette garantie sera utilisable quelle que soit la forme du
crdit ou sa dure (prt, autorisation de dcouvert en compte, escompte). Elle ne
pourra pas tre constitue au profit de cranciers autres que des tablissements de
crdit.
Ainsi, pourront tre donns en gage :
les stocks de matires premires ;
les approvisionnements ;
les produits intermdiaires, rsiduels et finis ainsi que les marchandises appartenant au dbiteur et estimes en nature et en valeur la date du dernier
inventaire ;
sont exclus les biens appartenant autrui, notamment ceux faisant lobjet dune
clause de rserve de proprit.
Le gage ne produira effet que sil est inscrit sur un registre public, tenu au greffe
du tribunal dans le ressort duquel le dbiteur a son sige ou son domicile. Le constituant sera responsable de la conservation des stocks en quantit et en qualit dans
les conditions prvues par larticle 1137 du Code civil. Le crancier pourra, tout
moment et ses frais, faire constater ltat des stocks (art. L. 527-5, al. 3 nouveau).
En cas de diminution de 20 % de la valeur des stocks par rapport celle mentionne
dans lacte de gage, le crancier pourra mettre le dbiteur en demeure soit de rtablir
la garantie, soit de rembourser les sommes prtes dans la proportion de la diminution. Sil nobtient pas satisfaction, le crancier pourra exiger le remboursement
442
Lobjectif est ici de pouvoir utiliser la mme hypothque en garantie de plusieurs crdits successifs, dans la limite dun montant maximal dtermin et avec
des modes de publicit allgs. Lobtention du crdit sen trouvera facilit puisque ce systme permet la rutilisation dune hypothque pour la garantie dune
nouvelle crance. Le rechargement se fera soit au profit du mme crancier, soit
au profit dun autre crancier. Le rechargement devrait donc permettre de raliser des conomies dans la mesure o il serait moins onreux quune nouvelle
affectation hypothcaire. Toutefois, le rechargement ultrieur ne peut seffectuer
que dans la mesure o la crance dorigine a t totalement ou partiellement
rembourse.
Prt viager hypothcaire
2.2 La ducie
443
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
personnes morales assujetties limpt sur les socits, les fiduciaires sont limitativement numrs par la loi : Banque, Trsor public, Poste, Caisse des Dpts et
Consignations, Banque de France, Assurances
Lordonnance de 2008 a modifi la premire version de la fiducie et le nouveau
rgime est applicable depuis le 1er fvrier 2009. Le nouveau dispositif autorise
dsormais les personnes physiques constituer une fiducie des fins de garantie et
de gestion et tend corrlativement aux avocats la qualit de fiduciaire. En outre, il
est dsormais prvu que le contrat de fiducie prendra fin au dcs du constituant
personne physique et les biens et droits jusqualors transfrs dans le patrimoine
fiduciaire seront de plein droit rapports sa succession (C. civ. art. 2029 et 2030).
Les objectifs assigns ce contrat sont varis :
Fiducie sret : Utilise an de garantir une crance
Cette garantie est trs efficace pour le crancier auquel la proprit dun bien appartenant son dbiteur ou un tiers est transfre, tant que le dbiteur ne sest pas
acquitt de sa dette. En pratique, une socit pourra transfrer la proprit dune partie
de ses biens meubles corporels ou incorporels, ou mme ses immeubles, un patrimoine fiduciaire ayant pour objet de garantir le remboursement dun crdit. Les biens
remis en fiducie formeront un patrimoine autonome (un patrimoine daffectation).
Repres
Le fiduciaire est charg ici de grer librement les biens qui lui sont transmis et cette
technique est plus sre que le mandat (risque de rvocabilit). Quant la fiducie libralit, elle nest pas autorise en France. Elle ne saurait donc tre utilise dans le cadre
de lorganisation de la succession de personnes physiques en vue doprer la transmission dun patrimoine titre gratuit (fiducie libralit). En revanche, la transmission
dun patrimoine titre onreux (fiducie transmission) pourra tre pratique.
444
La survenance dune procdure collective est une source de danger pour le chef
dentreprise qui peut subir des sanctions patrimoniales et pnales cette occasion.
Les dirigeants dune personne morale de droit priv peuvent tre condamns
supporter tout ou partie du passif social si leur gestion a t dfectueuse et a
contribu donner une mauvaise sant la socit en cause (Loi du 25 janvier
1985, C. com. art. L. 651-2, al. 1). Le dirigeant se retrouve dans lobligation de
payer la part du passif de la socit caus par sa faute. Les sommes verses
entrent dans le patrimoine de la socit en vue de lapurement de son passif.
Depuis la loi du 26 juillet 2005, le dirigeant ne peut tre poursuivi en comblement
du passif social quen cas de rsolution dun plan de sauvegarde ou de redressement
judiciaire ou en cas de liquidation judiciaire de la socit. Louverture dune procdure de sauvegarde et, contrairement au rgime antrieur la rforme de 2005, la
mise en redressement judiciaire ne permettent pas dagir contre le dirigeant.
Les conditions de laction en comblement
Dunod. La photocopie non autorise est un dlit.
Insuffisance dactif
Lexistence et le montant de linsuffisance dactif doivent tre apprcis au
moment o statue la juridiction. Les dettes nes aprs le jugement douverture de la
procdure collective nentrent pas dans le passif pris en compte pour la dtermination de linsuffisance dactif pouvant tre mise la charge des dirigeants sociaux.
Faute de gestion
En labsence de dfinition par les textes, ce sont les tribunaux qui ont donn cette
qualification certains actes commis par des dirigeants sociaux : recours abusif au crdit, absence de dclaration de cessation des paiements dans les 15 jours,
oprations ruineuses , choix inopportuns , absence de tenue de comptabilit
ou fictive ou irrgulire, gestion sociale hasardeuse , poursuite tmraire
dune exploitation.
445
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Lordonnance de 2008 a supprim la sanction de lobligation aux dettes sociales cre par la loi de sauvegarde de 2005 car elle fait double emploi avec la
condamnation au comblement du passif social.
En consquence, larticle 135 complte larticle L. 653-4 afin dnumrer les fautes commises par le dirigeant dune personne morale de nature lexposer une
condamnation la faillite personnelle. Cette suppression renforce limpact du comblement de passif, qui se trouve dsormais tre la seule sanction patrimoniale encourue au moment de la liquidation judiciaire.
suspecte
Notion
La priode qui sest coule entre la date de la cessation des paiements et le jugement dclaratif est propice la fraude et le dbiteur aux abois peut tre tent dorganiser son insolvabilit. Il peut aussi favoriser certains cranciers au dtriment des
autres, au mpris du principe dgalit des procdures collectives. Afin dassurer
cette galit, le lgislateur entend faire entrer dans lactif du dbiteur les biens qui
en taient sortis frauduleusement, et les actes suspects pourront tre attaqus selon
des procds plus simples que ceux de laction paulienne.
Les modalits de laction
Lacte annul doit avoir t accompli entre la date de cessation des paiements et
le jugement douverture. Peuvent galement tre annuls certains actes titre gratuit
faits dans les 6 mois prcdant la cessation des paiements. La nullit produit pleinement ses effets par le retour au statu quo ante : les sommes payes doivent tre
restitues au dbiteur et les biens dlivrs en nature doivent tre restitus.
Un rgime particulier
446
447
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
avoir dtourn ou dissimul tout ou partie de lactif du dbiteur ;
avoir frauduleusement augment le passif du dbiteur ;
avoir tenu une comptabilit fictive ou fait disparatre des documents comptables
de lentreprise ou de la personne morale ou stre abstenu de tenir toute comptabilit lorsque les textes en font lobligation ;
avoir tenu une comptabilit manifestement incomplte ou irrgulire au regard
des dispositions lgales.
2.2 Rpression
Section
448
Section
449
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
pose donc dun patrimoine propre, distinct du patrimoine de ses associs. En raison de lexistence de ces deux patrimoines distincts, si la socit accumule des
dettes et doit subir une procdure collective (redressement ou liquidation judiciaire), les cranciers de la socit ne pourront pas saisir le patrimoine personnel
des associs, mais seulement celui de la socit. La responsabilit des associs
dune socit de capitaux est en effet limite au montant de leurs apports : si des
associs ont apport 37 000 euros pour crer une SA, la contribution aux pertes
implique quils perdront leur apport en cas de pertes importantes, mais quils ne
subiront pas dobligation aux dettes sociales (cette rgle connat toutefois quelques exceptions, notamment en cas de comblement de passif).
Les formes de socits les plus courantes sont :
la socit responsabilit limite (SARL) ;
lentreprise unipersonnelle responsabilit limite (EURL) ;
la socit anonyme (SA) ;
la socit par actions simplifie (SAS) ;
la socit par actions simplifie unipersonnelle (SASU).
Tableau 23.1
Formes individuelles
Commerants
450
Artisans
Formes sociales
Professions
librales
Socits
de capitaux
Socits
de personnes
Personnalit morale
Non
Non
Non
Oui
Oui
Immatriculation
Registre du
commerce et des
socits (RCS)
Rpertoire
des mtiers
(RM)
Non
RCS
RCS
Responsabilit des
membres
Indnie
Indnie
Indnie
Limite aux
apports
Indnie
Associs multiples
Non
Non
Non
Un ou
plusieurs
Oui
Apports
Non
Non
Non
Oui
Oui
Fraction
minimum
libre
Nombre
dassocis
ou dactionnaires
minimum
Direction
Commissaire
aux comptes
SARL
20 %
Grant
(associ ou non)
Non, sauf
dpassement
des seuils
SA
37 000
20 %
SA conseil :
Pdt du CA/ DG
SA directoire :
Prsident du Directoire
Oui
SAS
20 %
Prsident
Oui/Seuils LME
SNC
Pas dobligation
2 (commerants)
Grant
(associ ou non)
Non sauf
dpassement
des seuils
Socits
civiles
Pas dobligation
Grant
(associ ou non)
Non
451
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Rgime de lentre en socit en fonction de la forme sociale
452
Les parts de SARL sont librement transmissibles en cas de liquidation de communaut (L. 223-13 al.). Elles peuvent donc tre attribues lun ou lautre des poux
mais les statuts peuvent carter le partage et subordonner lentre de lpoux non
associ personnellement un agrment des autres associs.
Dans les socits par actions
Lorsque la liquidation de la communaut intervient entre des poux dont lun seulement est associ dune socit en nom collectif, le fort intuitu personae qui gouverne
la socit subordonne cette transmission lagrment unanime des associs. Il sagit
dune rgle dordre public qui ne souffre aucune disposition statutaire contraire (art.
L. 221-13 C. Com). Cest pourquoi la transmission des parts de SNC, suite un
divorce, suppose une confrontation des rgles du droit des socits qui empchent le
conjoint de devenir associ, et des rgles propres aux rgimes matrimoniaux qui prvoient une dvolution automatique des titres dans le patrimoine du conjoint.
Complexit du rgime transitoire de lindivision
453
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
3 Le changement de rgime matrimonial en cours de vie
commune
3.1 Les modalits
La loi autorise les conjoints modifier leur rgime matrimonial aprs deux annes
dapplication. Ceci est possible ds lors que le changement est subordonn la
condition que lintrt de la famille le commande et quil existe une convention
modificative, homologue par voie judiciaire.
3.2 Les nouveauts
Procdant ainsi, le conjoint pense ne pas avoir apurer le passif social. Or, lorsque
la liquidation du rgime antrieur est rendue ncessaire, lpoux in bonis pourra tre
poursuivi sur ses biens propres pour la moiti des dettes entres dans la communaut
du chef de son conjoint. Cela sans compter, le risque dannulation du changement
durant la priode suspecte pour fraude aux droits des cranciers.
454
Chapitre
24
La scalit
de la transmission
dentreprise
Jean-Pierre Cossin
455
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
paiement dintrts. Le repreneur doit pouvoir dduire fiscalement les intrts de
lemprunt quil a souscrit. Il doit aussi acquitter les droits denregistrement sur la
mutation.
Le cdant ralise gnralement des plus-values lors de la transmission de lentreprise, qui sont en principe imposables au proportionnel (taux de 16 %, pour les plusvalues professionnelles et immobilires et taux de 18 % pour les plus-values sur
valeurs mobilires) auquel il faut ajouter 11 % de prlvements sociaux. Les plusvalues peuvent tre des plus-values professionnelles ou des plus-values prives,
selon le rgime fiscal de lentreprise cde ou selon les modalits de cession retenues. Le cdant peut dans certains cas bnficier dune exonration. En cas de transmission titre gratuit, il convient aussi de distinguer la situation du repreneur
(donataire ou hritier) et celle de lex-exploitant (donateur ou dfunt) au regard des
dispositions fiscales applicables.
Le donataire (ou lhritier) supporte les droits denregistrement (de donation ou de
succession) sur la valeur relle (ou encore appele valeur vnale ) de lentreprise
quil a reue. Les droits de succession et les droits de donation sont calculs partir
des mmes tarifs, dont les taux sont fonction du degr de parent existant entre le
dfunt et lhritier, ou entre le donateur et le donataire. Toutefois, les droits dus
loccasion dune donation sont moins levs que les droits de succession, en raison
des nombreuses rductions existantes incitatives la transmission anticipe du patrimoine et notamment de lentreprise. Lex-exploitant (dfunt ou donateur) est pour
sa part soumis ventuellement limposition des plus-values constates , dans le
cas o il sagit dune transmission entrant dans le champ dapplication des plusvalues professionnelles. En effet, la transmission gratuite de biens relevant du
rgime des plus-values des particuliers exonre ces dernires.
Section 1
Section 2
Section
456
457
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
les seuls commandits, de socits civiles professionnelles, dentreprises unipersonnelles responsabilit limite, dune exploitation agricole responsabilit limite,
dune exploitation agricole responsabilit limite uniquement entre personnes
parentes en ligne directe ou entre frres et surs et, le cas chant, les conjoints de
ces personnes. La dduction est galement possible pour les associs des socits
responsabilit limite de famille qui ont opt pour le rgime des socits de
personnes.
Le principe de non dductibilit des intrts demprunt souscrit
par une personne physique pour acqurir les titres dune socit soumise
limpt sur les socits
Les intrts de lemprunt souscrit pour acqurir des titres dune socit soumise
limpt sur les socits par une personne physique ne sont pas dductibles pour la
dtermination de limpt sur le revenu puisque les titres en cause sont fiscalement
considrs comme un lment du patrimoine priv de lacqureur.
Les exceptions au principe de non dduction des intrts des emprunts
souscrits pour acqurir les titres dune socit soumise limpt
sur les socits
458
1. Attention ne pas confondre rduction dimpt et rduction de la base imposable (point prcdent).
459
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
La dduction des frais nanciers dans le cadre de la cration dune socit
holding de rachat avec exercice dune option pour le rgime de lintgration
scale
Afin de dduire les intrts de lemprunt souscrit pour acqurir des titres de
socits soumises limpt sur les socits, les repreneurs, personnes physiques,
constituent gnralement une socit soumise limpt sur les socits. Le mcanisme est alors le suivant : la socit nouvellement constitue fait lacquisition
des titres quelle inscrit son actif dans la catgorie des titres de participation et
contracte lemprunt ncessaire au paiement du prix dacquisition ; les intrts de
lemprunt constituent une charge dductible de la socit cre (holding de
rachat). Toutefois, la dductibilit ne peut produire deffet que si la socit holding de rachat dgage des rsultats fiscaux imposables dun montant suffisant.
Pour faciliter la dduction relle des intrts de lemprunt, la socit holding
peut opter pour lapplication du rgime fiscal de groupes (rgime de lintgration
fiscale). Cette option permet la dduction des intrts des emprunts du rsultat
densemble du groupe, cest--dire, en ralit, des rsultats de la socit rachete
elle-mme et ce, parce que le rgime de lintgration fiscale permet de compenser
les rsultats bnficiaires et dficitaires de chacune des socits membres du
groupe. Il faut que les conditions exiges pour exercer loption soient remplies et
en particulier que la socit holding possde au moins 95 % du capital et des
droits de vote de la socit rachete. Cette option ne produit ses effets que dans la
mesure o la limitation de la dduction des frais financiers dans les groupes intgrs (amendement Charasse) qui concerne les cas dacquisition des titres par la
holding aux personnes qui contrlent cette mme holding, nest pas applicable.
1.2 Les droits denregistrement dus par le repreneur (cessionnaire)
En application de larticle 719 du CGI, les droits denregistrement (et les taxes
additionnelles) sont dus sur toutes les mutations titre onreux de fonds de commerce (clientles commerciales et les clientles civiles). Ils sont perus sur le prix,
augment des charges ou, si elle est suprieure, sur la valeur vnale. Les mutations
titre onreux de fonds de commerce et de clientle sont soumises un droit denregistrement peru au profit de ltat et aux taxes additionnelles communales et
dpartementales.
460
Il faut distinguer entre les cessions de parts et les cessions dactions. Les cessions
dactions, de parts de fondateurs ou de parts bnficiaires de socit par actions non
cotes en bourse et qui ne sont pas prpondrance immobilire supportent des droits
denregistrement au taux de 3 % plafonn 5 000 par mutation. Les cessions de
parts sociales dans les socits dont le capital nest pas divis en actions ( lexception
des cessions de participations dans des personnes morales prpondrance immobilire qui supportent un taux de 5 %) supportent des droits denregistrement au taux de
3 %. Pour la liquidation du droit de 3 %, il est fait application de labattement de
23 000 (qui est global pour toutes les parts reprsentatives du capital).
Les droits denregistrement sont assis sur le prix exprim, augment ventuellement des charges, ou sur la valeur relle (ou vnale) si elle est suprieure.
Les plus-values ralises par le cdant sont en principe imposables, quelle que soit
la qualification fiscale du cdant. Toutefois, ce principe souffre de trs nombreuses
drogations qui conduisent des possibilits dexonrations.
Le rgime dimposition des plus-values de cession dpend da la qualification fiscale du cdant. Lorsque le cdant est une personne physique (ou une socit de
personnes caractre patrimonial) le rgime dimposition des plus-values dpend de
la forme juridique et du rgime fiscal de lentreprise cde. En cas de vente de titres
dune socit soumise limpt sur les socits on applique les rgles dimposition
des plus-values des particuliers. En cas de vente dune entreprise individuelle ou de
parts de socits relevant du rgime fiscal des socits de personnes exerant une
activit professionnelle, par une personne exerant dans cette socit une activit,
on applique les rgles dimposition des plus-values professionnelles.
461
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
2.1 Le rgime dimposition des plus-values ralises par une entreprise
La transmission dentreprise peut prendre la forme dune branche complte dactivit. Dans ce cas, la socit cdante ralise des plus-values de cession du fonds de
commerce qui sont en principe imposables au taux de droit commun de limpt sur
les socits. Dans certains cas et sous certaines conditions, les plus-values de cession dune branche autonome dactivit peuvent tre totalement ou partiellement
exonres (articles 238 quindecies du CGI).
Selon les termes de cet article, les plus-values ralises loccasion de la cession
dune branche complte dactivit par une socit soumise limpt sur les socits
sont totalement exonres si les lments cds soumis aux droits denregistrement
ont une valeur infrieure 300 000 . Elles sont partiellement exonres (et de
manire dgressive) lorsque les lments cds soumis aux droits denregistrement
ont une valeur comprise entre 300 000 et 500 000 . Toutefois lexonration,
totale ou partielle, ne concerne pas les plus-values ralises cette sur les biens
immobiliers btis ou non btis.
Lexonration sapplique aux seules socits PME. Il sagit dentreprises qui ont
moins de 250 salaris et un chiffre daffaires infrieur 50 M ou un total du bilan
462
Lorsque le cdant de lentreprise est une personne physique, les plus-values ralises lors de cessions de petites entreprises sont susceptibles de bnficier de nombreuses exonrations conditionnelles, qui peuvent tre incompatibles entre-elles.
La plus-value en cas de cession dune entreprise individuelle ou de parts
de socit de personnes exerant une activit professionnelle
463
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Si lentreprise exerce une activit de prestation de services, de location en meubl professionnelle ou une activit librale, lexonration est totale lorsque le
montant du chiffre daffaires est infrieur 90 000 alors que lexonration
nest que partielle lorsque le chiffre daffaires se situe entre 90 000 HT et
126 000 HT.
Le mcanisme dexonration partielle (dgressive en fonction de laugmentation
du montant du chiffre daffaires) a t institu pour viter l effet de seuil en
cas de dpassement du seuil dexonration totale, en permettant le lissage de
limposition. Sa mise en uvre conduit la taxation partielle de la plus-value
gale au rapport existant entre dune part, la diffrence entre le chiffre daffaires
de 250 000 HT et dautre part, le montant de 100 000 HT lorsque le montant
du chiffre daffaires est compris entre 250 000 HT et 350 000 HT pour les
entreprises de ventes, ou au rapport existant entre dune part, au numrateur la
diffrence entre le chiffre daffaires et 90 000 HT et dautre part, au dnominateur, le montant de 36 000 HT, lorsque le montant du chiffre daffaires est compris
entre 90 000 HT et 126 000 HT, pour les prestataires de services.
Les seuils de chiffre daffaires retenir correspondent la moyenne des chiffres
daffaires raliss par lentreprise au cours des deux exercices clos, ramens le cas
chant douze mois, au cours des deux annes civiles qui prcdent la ralisation
de la plus-value de cession.
En cas dactivits mixtes, cest--dire lorsque lactivit de lentreprise se rattache
aux deux catgories, celles des ventes de marchandises et celles des prestations de
services, les rgles suivantes sappliquent :
lexonration est totale est si le montant global du chiffre daffaires nexcde pas
250 000 et si le montant affrent aux activits de prestataire nexcde pas
90 000 ;
lexonration est partielle, lorsque le montant global du chiffre daffaires nexcde pas 350 000 et que le montant affrent aux activits de prestataire nexcde pas 126 000 . Dans ce cas le montant exonr de la plus-value est dtermin en appliquant le moins lev des deux taux qui aurait t dtermin si
lentreprise avait ralis le montant global de son chiffre daffaires dans la catgorie des ventes de marchandises ou si lentreprise navait ralise que des
activits de prestataire.
Lexonration des plus-values ralises lors de la cession de petits fonds
Larticle 238 quindecies du CGI exonre totalement ou partiellement les plus-values
ralises loccasion de la cession dune entreprise individuelle (ou dune branche
complte dactivit) sous rserve que les conditions suivantes soient remplies :
lactivit de lentreprise doit tre commerciale, artisanale, industrielle, librale
ou agricole ;
464
465
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
naire (pour lapprciation de cette condition il nest pas tenu compte des parts
dtenues par le groupe familial).
Lexonration porte sur les plus-values ralises sur les lments de lactif immobilis de lentreprise, lexclusion des ventuelles plus-values sur les immeubles ou
sur les parts de socit prpondrance immobilire inscrits lactif.
Le cas particulier des plus-values portant sur des biens immobiliers
Les rgimes dexonration des plus-values ralises loccasion de la transmission dentreprise prvus larticle 151 septies A (cas du dpart la retraite) et
larticle 238 quindecies (cessions infrieures 300 000 euros) du CGI ne bnficient
pas aux plus-values ralises sur les biens immobiliers. Mais larticle 151 septies B
du CGI permet dappliquer un abattement de 10 % par anne de dtention au-del
de la cinquime sur la plus-value long terme ralise loccasion de la cession
dun immeuble professionnel, ce qui peut conduire une exonration de la seule
plus-value long terme lexpiration dun dlai de dtention de 15 ans.
Labattement de 10 % pour dure de dtention sapplique aux plus-values long
terme portant sur des biens immobiliers affects lexploitation de nature commerciale, industrielle, artisanale, librale et agricole et ralises par des entreprises
relevant de limpt sur le revenu (entreprises individuelles et socits de
personnes).
Le rgime des plus-values en cas de cession de titres de socits soumises
limpt sur les socits
466
467
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
les titres cds doivent tre des titres dune socit exerant une activit commerciale, industrielle, artisanale, agricole ou financire ou ayant pour objet
exclusif la dtention de participations dans des socits ayant une activit ligible (holding). Ainsi, sont exclus du bnfice de labattement les titres de socits
grant un patrimoine mobilier ou immobilier, et notamment les titres de socits
prpondrance immobilire (par exemple la SCI ayant opt pour limpt sur
les socits) ;
les titres cds doivent tre des titres de socit ayant son sige dans un tat de
lUnion europenne ou dans un tat faisant parti de lespace conomique
europen.
La dtermination de labattement du tiers seffectue comme suit :
le point de dpart de la dure de dtention est fix au 1er janvier de lanne dacquisition des titres cds. Pour les titres acquis avant le 1er janvier 2006, la date
dacquisition est rpute tre celle du 1er janvier 2006 ;
labattement sapplique la plus-value nette dtermine dans les conditions de
droit commun ;
en cas de cession de titres acquis des dates diffrentes, labattement est dtermin soit titre par titre, sil sagit de titres identifiables, soit en retenant le prix
de revient moyen dacquisition en rpartissant la plus-value proportionnellement en fonction des dates dacquisition (rgle du premier entr premier sorti)
sil sagit de titres fongibles.
Lapplication de labattement du tiers sur la plus-value de cession par anne
de dtention au-del de la cinquime en cas de dpart la retraite du cdant
Lorsque la cession des titres est effectue par un dirigeant de PME qui fait valoir
ses droits la retraite, le cdant peut retenir la date effective dacquisition des titres
cds et non la date du 1er janvier 2006. Les modalits de calcul de la plus-value et
de labattement du tiers sont identiques celles prvues dans le rgime de droit
commun, mais lapplication anticipe du rgime transitoire en cas de dpart la
retraite exige que les conditions prvues larticle 150 0 D ter du CGI soient
respectes :
le cdant doit cder lintgralit des titres quil possde sil ne dtient pas plus
de 50 % du capital de la socit, ou il doit cder plus de 50 % des droits de vote
de la socit sil en dispose de plus de 50 %. En cas de dtention du seul usufruit
des titres la cession doit reprsenter plus de 50 % des droits dans les bnfices ;
le cdant doit avoir exerc de manire continue pendant cinq ans des fonctions
de direction de la socit dont il cde les titres. Les fonctions de direction vises
sont celles prvues larticle 885 0 bis du CGI (grant, prsident, directeur
gnral, membre du directoire, prsident du conseil de surveillance) ;
le cdant doit avoir dtenu directement ou indirectement (notamment en tenant
compte des titres dtenus par le groupe familial), et de manire continue, au
468
Section
Lors de la transmission titre gratuit dune entreprise, le bnficiaire de la transmission (donataire ou hritier) supporte les droits de donation ou de succession,
compte tenu du degr de parent existant entre le dfunt et lhritier ou entre le
donateur et le donataire. Les droits en cas de donation avec ou sans dmembrement de la proprit ou en cas de prparation de la transmission avec la conclusion
dengagements de conservation, sont substantiellement rduits par rapport la transmission par dcs. Pour lex-exploitant (dfunt ou donateur), limposition des plusvalues constates lors de la transmission gratuite nexiste que dans le seul cas o
celles-ci sont qualifies fiscalement de professionnelles et encore, sous rserve
quelles ne puissent bnficier dune exonration.
469
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
tarifs applicables en ligne collatrale et entre personnes non parentes non lis par un
PACS. Les droits se calculent sur la valeur relle (valeur vnale) de lentreprise la
date du dcs. Toutefois en application de larticle 764 A du CGI, il peut tre tenu
compte, pour la liquidation des droits de mutation par dcs, de la dprciation
ventuelle rsultant dudit dcs et affectant la valeur des titres non cots ou des
actifs incorporels transmis.
Tableau 24.1 Tarif des droits applicables en ligne directe (au titre de 2009) :
Fraction de part nette taxable
Taux
5%
De 7 922 11 883
10 %
De 11 883 et 15 636
15 %
20 %
30 %
35 %
40 %
Tableau 24.2 Tarif des droits applicables en ligne collatrale et entre non
parents non lis par un PACS (au titre de 2009)
Fraction de part nette taxable
Taux
35 %
45 %
55 %
60 %
NB : il est rappel que les droits de donation sont liquids sur une valeur qui est
susceptible de bnficier aussi des abattements existants en cas de succession.
Le paiement des droits denregistrement dus raison de lensemble des mutations
titre gratuit portant sur des entreprises (y compris les donations entre vifs portant sur des
biens dont la proprit est dmembre) peut tre diffr pendant cinq ans, puis fractionn
sur une priode de dix ans. Pour bnficier du paiement diffr et fractionn, la transmission gratuite doit concerner les entreprises exerant une activit industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale et rpondre aux conditions suivantes :
en cas de transmission dune entreprise individuelle : lentreprise doit avoir t
exploite par le dfunt ou le donateur, et la mutation doit porter sur lensemble
des biens affects lexploitation ;
en cas de transmission de parts sociales ou dactions de socits non cotes en
bourse : le bnficiaire doit avoir reu au moins 5 % du capital social de la socit.
470
Larticle 787 B du CGI fixe les conditions remplir pour bnficier de lexonration partielle en cas de transmissions titre gratuit de parts ou dactions de socits.
Le mcanisme mis en place repose sur lobligation de souscrire des engagements de
nature assurer la reprise de la socit : le futur dfunt doit souscrire un engagement de conservation des titres pour lui et ses ayants droits (dit engagement
collectif ) dont, en principe, lexistence au moment du dcs permettra aux hritiers de souscrire un autre engagement (dit engagement individuel ) qui leur fera
bnficier de lexonration partielle hauteur de 75 % de la valeur des parts ou
actions transmises1.
Lexonration partielle de 75 % de la valeur des titres reus ncessite que les
conditions suivantes soient runies au moment de la transmission gratuite :
les titres transmis doivent faire lobjet dun engagement collectif de conservation en cours depuis au mois deux ans la date de la transmission. Depuis le
26 septembre 2007, lengagement collectif de conservation est rput acquis
lorsque les parts ou actions dtenues depuis plus de deux ans au moins par une
personne physique seule ou avec son conjoint ou le partenaire li par un PACS
atteignent les seuils de dtention de 20 % ou de 34 % sous rserve que cette
personne ou son conjoint ou le partenaire du PACS exerce depuis deux ans au
moins son activit professionnelle ou une des fonctions de direction prvues
larticle 885 O bis du CGI dans la socit concerne ;
1. Le mme mcanisme sapplique aussi en cas de donation dentreprise : le donateur doit souscrire lengagement dorigine et le (ou les) donataire(s) doivent sengager conserver les titres de lentreprise transmise.
471
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
lengagement collectif doit avoir t souscrit par le dfunt (ou le donateur) pour
lui et ses ayants droits titre gratuit avec dautres associs ;
lengagement doit porter au moins sur 20 % des droits financiers et des droits de
vote attachs aux titres, sils sont ngociables sur les marchs rglements, et au
moins sur 34 % dans les autres hypothses ;
les hritiers (ou les donataires ou lgataires) qui dsirent bnficier de lexonration partielle de 75 % doivent prendre lengagement pour eux et pour leurs
ayants droits titre gratuit, de conserver les titres pendant une dure de quatre
ans compter de la date dexpiration de lengagement collectif dorigine ;
lun des associs ayant souscrit lengagement collectif de conservation ou lun
des hritiers (ou donataires ou lgataires) doit exercer dans la socit, pendant
la dure minimale de lengagement collectif de deux ans et pendant les trois
annes qui suivent son activit principale ou lune des fonctions vises au 1er de
larticle 885 O bis du CGI ;
des attestations de la socit concerne doivent tre produites lors de la transmission et tout au long de la priode vise par lengagement collectif de
conservation.
Lexonration partielle peut aussi sappliquer lorsque les titres faisant lobjet de
lengagement collectif de conservation sont dtenus directement ou indirectement
par lintermdiaire dune socit interpose dont les titres font lobjet de la transmission (cas des socits holdings). Par ailleurs, lengagement collectif de conservation
est prsum exister lorsque le dfunt (ou le donateur) a exerc les fonctions de direction de la socit au moins pendant deux ans la date de la transmission et quil
possdait avec son conjoint au moins 34 % des titres dune socit non cote ou
20 % des titres dune socit cote.
Lorsque toutes les conditions sont remplies, lexonration partielle porte sur 75 %
de la valeur des titres transmis titre gratuit aux hritiers (ou donataires) ayant souscrit
lengagement la date de la transmission. Elle est susceptible dtre remise en cause
en cas de non-respect des engagements souscrits par les hritiers (ou donataires), ou si
lune des conditions poses par larticle 787 B du CGI venait faire dfaut.
Lexonration partielle de 75 % en cas de transmission titre gratuit dune
entreprise individuelle
Larticle 787 C du CGI dfinit les modalits dapplication de lexonration partielle de 75 % en cas de transmission titre gratuit dune entreprise individuelle :
lexonration de 75 % porte sur lensemble des biens meubles et immeubles,
corporels ou incorporels, affects lexploitation dune entreprise individuelle
ayant une activit industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou librale ;
lexonration ne sapplique quen cas de transmission de lensemble des biens
utiliss pour lexercice de lactivit professionnelle ;
472
473
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Les rductions sappliquent concurrence de la fraction de la valeur des biens
transmis reprsentative directement ou indirectement de la nue-proprit des biens.
Cette valeur est dtermine conformment aux dispositions de larticle 669 I du CGI
en fonction de lge de lusufruitier.
La donation de la nue-proprit permet de bnficier dune diminution des
droits dus lors du dcs
Le dmembrement de la proprit1 permet la transmission de lentreprise sous
forme de la donation de la nue-proprit aux ayants droits, qui en deviendront pleinement propritaire lors du dcs de lusufruitier, ou lorsque ce dernier fera donation de lusufruit. En cas de donation de la nue-proprit de lentreprise, les droits
dus sont calculs sur la valeur de la seule nue-proprit, qui dpend de lge de
lusufruitier. La rpartition entre la valeur de lusufruit et la valeur de la nue-proprit est prvue par larticle 669-I du CGI. Elle sapplique en cas de cession titre
onreux comme en cas de donation.
Pour la liquidation des droits denregistrement, la valeur de la nue-proprit et de
lusufruit est dtermine par une quotit de la valeur de la proprit entire, qui est
dtermine selon le barme suivant :
Tableau 24.3
ge de lusufruitier
Valeur de lusufruit
Valeur de la nue-proprit
21 ans rvolus
90 %
10 %
31 ans rvolus
80 %
20 %
41 ans rvolus
70 %
30 %
51 ans rvolus
60 %
40 %
61 ans rvolus
50 %
50 %
71 ans rvolus
40 %
60 %
81 ans rvolus
30 %
70 %
91 ans rvolus
20 %
80 %
10 %
90 %
Lorsque lusufruit est constitu pour une dure fixe, il est estim 23 % de la
valeur de la proprit entire pour chaque priode de dix ans de la dure de lusufruit, sans fraction et sans gard lge de lusufruitier.
474
475
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Labattement de 300 000 en cas de donation de lentreprise ses salaris
En application de larticle 790 A du CGI, un abattement de 300 000 est applicable
pour le calcul des droits de mutation titre gratuit, sur option des donataires, les
donations en pleine proprit de fonds artisanaux, de fonds de commerce, ou de
clientles dune entreprise individuelle ou de parts ou actions dune socit,
concurrence de la fraction de la valeur des titres reprsentatifs de la clientle sous
rserve que certaines conditions soient remplies :
lentreprise ou la socit doit exercer une activit industrielle, commerciale,
artisanale, agricole ou librale ;
la donation doit tre consentie aux personnes titulaires dun contrat de travail
dure indtermine depuis au moins deux ans, et qui exercent leurs fonctions
temps plein, ou dun contrat dapprentissage en cours au jour de la transmission, conclus avec lentreprise dont le fonds de commerce ou la clientle est
transmis ou avec la socit dont les parts ou les actions sont transmises. On
souligne que lexistence dun lien de parent entre le donateur et le ou les
donataires na pas pour effet dexclure la donation du bnfice de
labattement ;
la valeur du fonds de commerce ou de la clientle objet de la donation, ou appartenant la socit dont les parts ou actions sont transmises, est infrieure
300 000 ;
lorsquils ont t acquis titre onreux, le fonds ou la clientle doivent avoir t
dtenus pendant plus de deux ans par le donateur ou la socit ;
les donataires doivent poursuivre titre dactivit professionnelle unique et de
manire effective et continue, pendant les cinq annes qui suivent la date de la
transmission, lexploitation du fonds ou de la clientle transmis ou lactivit de
la socit dont les parts ou les actions ont t transmises et dont lun deux
assure pendant la mme priode la direction effective de lentreprise. Si cette
condition nest pas respecte, le ou les donataires doivent procder au paiement
des droits de mutation non acquitts, assortis des intrts de retard. Toutefois, en
cas de procdure de liquidation judiciaire dans les cinq ans, il nest pas procd
la dchance du rgime de faveur.
Labattement de 300 000 est exclusif de labattement de 75 % rsultant de lapplication des articles 787 B et 787 C du CGI.
476
Les principales exonrations de plus-values prvues en matire de cession dentreprise sappliquent aussi aux transmissions gratuites sous les mmes conditions.
Les exonrations applicables sont celles :
qui concernent les petites entreprises lorsque les conditions prvues larticle
151 septies du CGI sont runies ;
qui concernent les petites cessions lorsque les conditions prvues larticle 238
quindecies du CGI sont runies.
On note cependant que lexonration conditionnelle prvue en cas de dpart la
retraite de lexploitant individuel ou de lassoci de la socit de personnes ne sapplique pas aux transmissions gratuites.
477
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
Lexonration spcique des plus-values constates en cas de transmission
par donation ou succession dune entreprise individuelle ou de parts
de socits de personnes
478
3 Conclusion
Comme il vient dtre soulign, la fiscalit de la transmission dentreprise comporte divers aspects tels que la dductibilit des frais financiers dacquisition, limposition des plus-values ralises ou constates et lexistence de droits
denregistrement.
Dautres aspects fiscaux doivent tre pris en compte pour apprcier les consquences dune transmission dentreprise, et particulirement les incidences en matire
dimpt de solidarit sur la fortune.
En matire dimpt de solidarit sur la fortune des dispositions existent galement
pour en attnuer le cot du passage de lentreprise de la catgorie de bien professionnel exonr celle de bien imposable. Les rductions dimpt de solidarit sur
479
LE DIRIGEANT DENTREPRISE
la fortune impliquent, l encore, que la transmission ait t prpare et quelle
conduit prendre des dcisions, telles que le dmembrement de la proprit au
moment du dpart la retraite du dirigeant, ou la conclusion dun engagement de
conservation des titres.
480
6,5
15%
Partie
tudes de cas
de stratgie
patrimoniale
Chapitre
25
Stratgie
patrimoniale
Vincent Cornilleau
483
Le recensement patrimonial
Section 2
Laudit patrimonial
Section 3
Prconisations patrimoniales
Section 4
Synthse de la prconisation
Section 5
Section
LE RECENSEMENT PATRIMONIAL
1 Situation sociale
Madame Gonzalez est guide de tourisme dans un parc dattraction proche de Paris.
Monsieur Gonzalez est cadre dune socit DFFG Capital , spcialise dans le
conseil en Fusions et Acquisitions. Il y exerce la fonction dingnieur financier.
2 Libralits antrieures
Monsieur et Madame Gonzalez nont jamais effectu de donations vers leurs
enfants. Ils nont reu aucune libralit de leurs parents ce jour.
484
Mme
700 000
250 000
30 000
2 000 000
10 000
500 000
Liquidits :
TOTAL
Communaut
30 000
3 450 000
10 000
Stratgie patrimoniale
4 Composition du patrimoine professionnel
Monsieur Gonzalez a particip la cration de DFFG Capital au commencement
de son activit professionnelle, en 1968. Il en dtient 170 000 titres qui reprsentent
5 % du capital social. Aujourdhui, cette socit sest fortement valorise grce au
dveloppement dun rseau commercial charg dapporter des affaires et de remployer les capitaux dgags par les oprations de conseil. tel point que DFFG
Capital vient de se faire acheter, fin 2007, par une compagnie dassurances.
Les titres de Monsieur Gonzalez valaient la constitution de la socit 1 . En
2008, suite au rachat, ces titres sont valus 40 . Monsieur Gonzalez se retrouve
donc la tte dun patrimoine professionnel de 6 800 000 .
5 Objectifs patrimoniaux
Monsieur Gonzalez souhaite stopper son activit professionnelle pour se livrer
sa nouvelle passion : la voile. Madame Gonzalez arrtera probablement de travailler
aussi. Ils ont pour objectifs :
de se constituer des revenus complmentaires pour leur retraite ;
danticiper la transmission des nouveaux capitaux de manire galitaire vers les
enfants.
Lentente du couple est parfaite.
6 Contraintes
Dun point de vue civil, les conditions dans lesquelles seront dtenus les biens sont
dterminantes pour organiser les pouvoirs des poux sur ces derniers. Dun point de
vue fiscal, si la perception de revenus complmentaires suffisants rtablir leur train
de vie actuel ne pose priori pas de problme, les conditions dans lesquelles vont tre
perus ces revenus sont primordiales. Il faudrait en effet tenir compte :
de lISF ;
de limpt plus-value ;
de la fiscalit sur les revenus, notamment au travers du bouclier fiscal ;
des droits de succession et de lanticipation de la transmission vers les enfants,
au premier dcs comme un second.
485
Repres
Plan
An de rpondre aux objectifs des poux Gonzalez, nous proposons le plan suivant :
Section 1 : Que se passerait-il en cas de vente de lintgralit des titres puis du dcs de
Monsieur Gonzalez ? Cest la phase daudit de notre rexion.
Section 2 : Que faudrait-il faire pour aider Monsieur Gonzalez mieux atteindre ses objectifs ? Cest la phase de prconisations patrimoniales.
Section 3 : Synthse, an de mesurer la pertinence du conseil/sa valeur ajoute.
Section 4 : Proposition de solutions pour le remploi des capitaux.
Section
LAUDIT PATRIMONIAL
Monsieur Gonzalez sest mari aprs avoir acquis les titres DFFG. Ils constituent
donc pour lui des biens propres (art. 1405 du Code civil). Il peut en disposer sans
laccord de son pouse (art. 1428 du Code civil). Leur vente entrane la perception
dun prix. Attention, dfaut de dclaration de remploi1 lors du rinvestissement, ce
prix de vente serait prsum commun (art. 1402 du Code civil).
1.2 Aspects conomiques et scaux
Vente et impt sur la plus-value
486
Stratgie patrimoniale
la plus-value. Sans prendre en compte une ventuelle revalorisation du prix dacquisition des titres1, la vente de 100 % des titres entrane un impt plus-value de :
Valeur dun titre (prix de vente)
Prix dacquisition
Plus-value
40,00
1,00
39,00
11,74
27,26
4 634 370
Suite la vente, Monsieur va placer 4 634 370 , ce qui va lui permettre dobtenir
des revenus complmentaires pour sa retraite. Nous pouvons penser que ce placement procurera un rendement net moyen de 4 % par an, soit environ 185 000 de
revenus complmentaires par an, et sans entamer le capital plac.
Vente et ISF
Monsieur Gonzalez ne bnficie pas de lexonration dISF au titre des biens professionnels, car il ne remplie pas les conditions de larticle 885 O bis du CGI. Par
ailleurs, Monsieur Gonzalez na jamais souscrit dengagement de conservation de
titres lui permettant de bnficier dune exonration de 75 % sur lassiette taxable
de ses titres, tel que dispos larticle 885 I quater du CGI. Suite au rachat de DFFG
Capital en 2007, le prix du titre stant envol, lISF devient donc un rel
problme.
1. En raison de frais dacquisition non exposs dans le cadre de cette hypothse qui viendraient simputer sur la
plus-value brute taxable.
487
Les capitaux issus de la vente des titres DFFG sont des biens propres de Monsieur
Gonzalez1. Ils composent sa masse successorale.
Aspects civils
Lobjectif est ici de se focaliser sur la transmission par dcs des capitaux issus de
la vente, en les isolant du reste du patrimoine taxable, afin de mieux comparer cette
situation nos solutions.
Dtermination du taux de succession applicable :
La masse successorale de Monsieur se compose de :
La moiti des biens communs
1 725 000
4 634 370
30 000
6 389 370
488
Stratgie patrimoniale
Concernant les enfants : Les droits slvent globalement 501 010 .
Assiette brute en pleine proprit
4 634 370
2 317 185
1 158 592
Abattement
156 357
Assiette nette
1 002 235
Droits de succession
250 505
Total
501 010
Pour le paiement de ces droits, les enfants peuvent choisir de le reporter au dcs
de lusufruitier, moyennant le paiement dun taux dintrt lgal (articles 1717 et
397 du CGI).
2.2 Transmission des capitaux issus de la vente au deuxime dcs
Lors du dcs de Madame Gonzalez, Grgoire et Olivier recevront les biens objets
du dmembrement de proprit (capitaux issus de la vente et biens propres de
Monsieur) en exonration de droits de succession (art. 1133 du CGI). Des droits de
succession seront dus sur les biens en pleine proprit que Madame a recueilli du
partage de la communaut au premier dcs, de la mme manire que sur ses biens
propres, sils nont pas t consomms.
Durant la vie des poux : La vente des titres entrane la perception dun prix de
vente net dimpt plus-value de 4 634 370 . Ce capital plac lui permet de percevoir environ 185 000 de revenus annuels1, sans entamer le capital. Ces revenus
supporteront limpt sur le revenu ou un prlvement libratoire. Ils pourraient
conduire payer lISF.
Transmission aux enfants : Au dcs des poux Gonzalez, les enfants peroivent
le capital de 4 634 370 sous la forme des placements effectus. Pour cela, ils
auront pays 501 010 de droits de succession, soit un capital net transmis de :
4 133 360 .
1. 4 634 370 4 % = 185 374 .
489
Section
PRCONISATIONS PATRIMONIALES
Une fois devenus des biens communs, les titres peuvent tre transmis la fois par
Monsieur et par Madame. Quels avantages ? Cela permet de doubler les abattements
lors des donations, mais aussi de mieux profiter de la progressivit des droits de
mutation titre gratuit.
Exemple
Monsieur Driant dtient un bien dune valeur de 1 000 000 . Il a un fils unique, Frdric,
quil souhaiterait aider sinstaller par une donation en pleine proprit.
Si ce bien est un bien propre
Valeur en pleine proprit
1 000 000
Abattement
156 357
Base taxable
843 643
Droits payer au taux progressif de 30 % :
197 116
Rduction de 50 % :
98 558
Total : 98 558
Si ce bien est un bien commun
Valeur en pleine proprit par donateur :
500 000
Abattement :
156 357
1. V. Cornilleau et B. Dalmas, Pratique du dmembrement de proprit , Litec Professionnel n 344 et
suivants.
490
Stratgie patrimoniale
Base taxable :
343 643
Droits payer au taux progressif de 20 % :
66 956
Rduction de 50 % :
33 478
Total :
33 478
Soit une conomie fiscale de 65 080 . Cest, en partie, pourquoi les changements de
rgimes matrimoniaux sont souvent prconiss pour prparer la transmission du patrimoine dun couple dont tout ou partie des biens sont propres. Attention, cette conomie
ne doit pas faire oublier les consquences civiles dun tel ameublissement, notamment en
terme de partage de pouvoir.
Les poux Gonzalez vont ainsi apporter les titres la communaut. Pour cela, ils
doivent changer de rgime matrimonial.
Procdure
Larticle 1397 du Code civil dispose que, aprs deux annes de mariage, les poux
peuvent modifier les rgles qui rgissent leur union par un acte notari. Depuis 2004,
ce changement est peu coteux pour les poux1. De plus, la Loi du 23 juin 20062 en
a simplifi la procdure. Les enfants tant tous majeurs, le passage au tribunal dinstance nest plus ncessaire. Les poux Gonzalez pourraient adopter le rgime de la
communaut universelle. Grce ce rgime, lensemble des biens meubles et
immeubles, prsents (sous rserve dapport la communaut) et venir, deviennent
communs. Cest le rgime idal pour les poux qui souhaitent avant tout se protger
lun et lautre. Une clause dattribution intgrale en pleine proprit permettrait au
conjoint survivant de jouir et de disposer des mmes biens jusqu son propre dcs.
Il ne reste donc plus qu prendre rendez-vous avec le notaire et organiser les donations des titres de DFFG Capital.
Non seulement la donation gomme la plus-value latente taxable sur le bien transmis, mais elle bnficie davantages fiscaux importants :
abattements de 156 357 par donateur et par donataire, entre parents et enfants ;
1. L. n 2003-1311, 30 dc. 2003, art. 19-5. En cas de changement de rgime matrimonial, larticle 1133 bis du
CGI permet une exonration du droit fixe et du droit de timbre de dimension sur lacte du notaire portant le changement ou la modification du rgime matrimonial en vue de ladoption dun rgime communautaire, ainsi que sur
les actes dresss en vue de laccomplissement des formalits que cette modification ou ce changement rendent
ncessaires.
2. Loi n 2006-728 du 23 juin 2006 portant rforme des libralits et des successions.
491
La donation partage est privilgier. Elle fige la valeur des biens donns au jour
de la donation pour le rapport des donations et garantie ainsi une stricte galit entre
les enfants au jour de la succession. Lacte stipulera la rversion de lusufruit vers
le conjoint survivant, afin que ce dernier conserve un train de vie identique celui
men durant leur vie commune. Depuis lexonration des droits de succession du
conjoint survivant, cette rversion nest plus taxe. Une clause dinterdiction
daliner les titres reus par les nus-propritaires sauf accord des donateurs viendra
renforcer la scurit juridique de notre stratgie. Enfin, une clause de retour en cas
de dcs du donataire est souvent stipule.
Donation en nue-proprit
Grce aux donations en nue-proprit, les poux Gonzalez anticipent sur la transmission de leur patrimoine et conservent les revenus qui leurs sont ncessaires pour leurs
vieux jours. Les poux Gonzalez sont tous les deux gs de moins de 61 ans le jour de
la donation, la valeur de la nue-proprit donne est de 50 % (art. 669 du CGI).
Valeur en pleine proprit
6 800 000
Valeur en nue-proprit
3 400 000
1 700 000
850 000
Abattement individuel
156 357
Assiette taxable
693 643
152 116
Rduction de 35 %
53 240
98 875
Total global
395 500
1. Article 64 LPF. Pour le Comit consultatif pour la rpression des abus de droit (CCRAD), il ny a pas dabus
de droit donner avant de cder. Mais sous rserve que le donateur ne se rserve pas la libre disponibilit du prix
de cession .
492
Stratgie patrimoniale
2 La vente des titres DFFG
Une fois les titres donns, il ne reste plus qu les vendre au prix de cession de
6 800 000 . Les titres ont t donns en nue-proprit et les parents et enfants sentendent pour vendre les titres. Cette vente entrane le paiement dun impt plusvalue sur lusufruit rserv, la charge des nus-propritaires1.
Attention, la vente dun actif dmembr entrane obligatoirement le partage du
prix de vente (art. 621 du Code civil), sauf convention contraire conclue avant la
vente prvoyant le remploi ou un quasi-usufruit. Au regard des objectifs des poux
Gonzalez, le remploi est envisag. Le prix de cession sera donc report sur dautres
actifs dmembrs aux moyens d'une convention de subrogation relle2 afin den
percevoir les revenus.
Pour ce qui est de la prise en charge des droits par le donateur, en principe, cest
aux donataires qui revient la charge du paiement des droits de donation. Par exception, lorsque les frais et droits dune donation sont mis la charge du donateur,
ladministration fiscale ne les considre pas comme une donation supplmentaire
(art. 1712 du CGI). Si la prise en charge des droits par le donateur est courante, elle
nest pas toujours opportune. Cest le cas en lespce lorsque usufruitiers et nuspropritaires vendent les titres donns.
2.1 Les poux Gonzalez ont pris leur charge les droits de donation
Dans ce cas, les enfants donataires, qui revient la charge de limpt plus-value,
ne pourront pas revaloriser le prix de revient de leurs titres du montant des droits de
mutation acquitts.
Calcul de limpt plus-value sur lusufruit rserv3 :4
Prix de cession
6 800 000
Prix dacquisition :
valeur initiale de la pleine proprit des titres
accroissement de la nue-proprit4
Majoration pour frais de mutation
170 000
3 298 000
0
3 468 000
3 332 000
1 002 932
493
Prix de cession
Prix dacquisition :
170 000
3 298 000
accroissement de la nue-proprit
395 500
3 863 500
2 936 500
883 886
Nous remarquons que la prise en charge des droits de mutation par les enfants
permet une conomie dimpt plus-value de : 395 500 30,1 % = 119 045 .
Remarque
La plupart du temps, les enfants paient cet impt grce des donations de titres en pleine
proprit ou un partage partiel de titres au moment de la vente1. Mais les parents peuvent
aussi donner des liquidits en pleine proprit.
6 800 000
Droits de donation
395 500
Impt plus-value
883 886
5 520 614
1. Pour un cas rel chiffr, voir Vincent Cornilleau et Bruno Dalmas Pratique du dmembrement de proprit ,
ed. Litec Professionnel n 649 et suivants.
494
Stratgie patrimoniale
Tout comme dans la premire hypothse, les poux Gonzalez auront subir lISF
sur les capitaux dmembrs1, et bnficieront ventuellement du bouclier fiscal sur
limposition de leurs revenus.
Section
SYNTHSE DE LA PRCONISATION
495
Donation en nue-proprit
(les enfants paient les droits) puis vente
6 800 000
6 800 000
1 995 800
883 886
395 500
4 634 370
5 520 614
Revenus bruts1
185 000
222 000
Droits de succession
501 010
Net peru
4 133 360
5 520 614
Dautres rflexions sont possibles. Nous navons envisag que la vente de 100 %
des titres compare une donation de 100 % des titres en nue-proprit. Les donations peuvent aussi salterner et se cumuler. Il existe de multiples combinaisons de
stratgies. Trois dentre elles sont noter :1
1) La conservation dune partie des titres en pleine proprit et la conclusion dun
engagement de conservation des titres ISF sur le fondement de larticle 885 I
quater du CGI.
Quels en seraient les effets attendus ? Dans un premier temps, lengagement de
conservation permet une diminution de 75 % de la base taxable des titres, et donc
une conomie substantielle dISF. Dans un second temps, les titres conservs plus
de 8 ans donneront lieu exonration totale dimpt sur la plus-value2 (art. 150 0 D
bis du CGI). Inconvnients : Cest une stratgie de capitalisation en optimisation
dimpts qui ne peut tre mene seule car elle ne permet pas la perception de revenus complmentaires3. Cest une prise de risque tant sur lvolution du cours du titre
que sur la prennit des avantages fiscaux en vigueur.
2) La donation de titres en pleine proprit permet une exonration totale de limpt sur la plus-value et un dplacement de la charge dISF sur les enfants, souvent
situs dans une tranche infrieure celle des parents. Si la perception de revenus
complmentaires semble alors compromise, il faut envisager le recours la socit
civile. Cette alternative complexe mettre en uvre nest pas sans entraner de risque au regard de la notion dabus de droit.
3) Mus par la principale volont de changer denvironnement gographique, et
afin de satisfaire au mieux la vie de loisirs qui les attend, Monsieur et Madame
Gonzalez pourraient aussi se dlocaliser. Afin doptimiser fiscalement cette dloca1. Hors ISF et hors application du bouclier fiscal.
2. Les prlvements sociaux resteront dus, soit 11 % en 2007.
3. Sauf les ventuels dividendes des actions DFFG.
496
Stratgie patrimoniale
lisation, il serait alors prfrable de ne cder les participations quune fois install
dans leur nouveau lieu de vie, condition bien sr que la fiscalit sur les plus-values
y soit plus favorable. Mais ceci est une autre problmatique
Section
1 Ligne directrice
Dun point de vue fiscal, le choix des produits dinvestissement devra prendre en
compte la volont de percevoir des revenus complmentaires, en optimisation dimpts IR et ISF. En effet, en fonction de la nature des produits financiers (les enveloppes daccueil des capitaux issus de la vente) et de leur contenu (actions, obligations, produits de taux, immobiliers) une fiscalit particulire va sappliquer. Il faut
donc concilier : exigence de performance du placement, aversion au risque, disponibilit des capitaux, libert de gestion, et fiscalit.
Nous le savons, la fiscalit sur les revenus est bien souvent plus pnalisante que la
fiscalit sur les plus-values. Notre stratgie sera donc dviter les produits qui distribuent
des revenus, pour privilgier les produits dits de capitalisation. Sur ces derniers, les
poux Gonzalez pourront exercer un contrle des revenus en fonction de leurs besoins.
Ce contrle dans la perception de revenus complmentaires permet par ailleurs de mieux
matriser la rduction ISF lie au mcanisme du plafonnement. En effet, ces produits de
capitalisation dgageront des produits dont lassiette de taxation est trs faible. Ces produits permettent de distinguer les revenus conomiques (les revenus rellement encaisss) de la notion fiscale de revenus imposables (revenus pris en compte pour la dtermination de limpt sur les revenus, de lISF et du bouclier fiscal) En effet, revenus conomiques et revenus imposables ne squivalent pas toujours. Car, pour le calcul du plafonnement, seuls les revenus imposables sont pris en compte. Ces revenus imposables
tant plus faibles que les revenus rellement encaisss, le plafonnement joue plus facilement. La logique est la mme concernant lapplication du bouclier fiscal.
Exemple
Monsieur Gonzalez souscrit un contrat dassurance-vie et rachte tous les ans sur ce contrat
une somme de 150 000 . Ce rachat comporte les premires annes une partie trs faible
dintrts et de plus-values. Disons 3 % la premire anne. Ainsi, Monsieur Gonzalez dclare
en revenu imposable 4 500 pour le calcul du plafonnement, alors quil jouit dune somme
de 145 500 (son revenu conomique) pour satisfaire son train de vie.
497
Les contrats de capitalisation bnficient du mme rgime fiscal que lassurancevie en ce qui concerne les rachats. Ils restent taxables aux droits de succession, mais
sont compris pour leur valeur nominale pour le paiement de lISF. Toute la valorisation est ainsi exonre dISF. La souscription de plusieurs contrats et lorganisation de rachats successifs permettront de rduire dautant mieux la base taxable
lISF.
Les portefeuilles de valeurs mobilires
Dans certaines situations, les comptes titres ont pour vocation de fournir des revenus complmentaires peu ou pas fiscaliss. Depuis la Loi de finances pour 2009, le
seuil annuel de cession de valeurs mobilires a t fix 25 730 . Cest donc une
mesure utiliser puisquelle permet dobtenir 25 730 de revenus complmentaires
1. Vincent Cornilleau et Bruno Dalmas Pratique du dmembrement de proprit , ed. Litec Professionnel
n 440 et suivants.
2. En gnral 8 ans parfois prorogeable pendant une priode identique.
3. Confirm par la rponse ministrielle Pinte n7706 du 22 janvier 2008.
498
Stratgie patrimoniale
sans aucun impt, ni prlvements sociaux. La marge de manuvre est nanmoins
assez rduite car le seuil de cession annuel est assez facilement dpass.
dfaut dexonration, dans les quatre premires annes du placement, les revenus complmentaires issus de ventes dune partie du portefeuille seront taxs au
taux de limpt plus-value de droit commun, soit 30,1 %. Ce taux tant plus bas que
celui du prlvement libratoire de lassurance-vie et des contrats de capitalisation1,
ces derniers ne devraient tre employs aux rachats quen n+5. Bien sr, il convient
aussi de tenir compte du taux dimposition limpt sur le revenu du contribuable,
qui peut tre plus bas que le taux dimposition limpt plus-value, notamment en
cas de passage la retraite ou dabsence de revenu une priode donne. Dans ce cas,
les rachats sur assurance-vie ou contrat de capitalisation, avec option pour lIR,
resteraient prfrables2.
Il faut donc organiser des relais entre les diffrents produits daccueil des capitaux.
499
Cest la raison pour laquelle une allocation dactifs pertinente est une allocation dactifs suivie dans le temps. Elle doit constamment sadapter, afin dindexer
le profil de linvestisseur sur lvolution des risques lis aux marchs boursiers. Une
fois lallocation dactifs dtermine, elle est rpartie sur lensemble des produits
daccueils des capitaux, en fonction de leur utilisation, et notamment de leur vocation fournir des revenus complmentaires dans le temps.
500
Chapitre
26
Approche
dynamique
du rglement
patrimonial
dune succession
Frdric Petit
Section 1
Section 2
Section 3
Section 4
501
Valeur actuelle
60 000
30 000
90 000
100 000
300 000
460 000
460 000
502
10500
17 500
160 000
52 500
80 500
Actifs de communaut
Montaire (liquidits) :
200 000
Actions :
586 266
10 000
Immobilier :
300 000
400 000
450 000
150 000
300 000
Monsieur et Madame Clermontois se sont consentis en 1985 une donation classique au dernier des vivants.
Monsieur et Madame Clermontois ont donn en 1997 la nue-proprit de limmeuble locatif. La valeur en pleine proprit tait lpoque de 2 300 000 F
(350 633 ).
503
504
52 500
80 500
64 000
60 000
80 000
117 253
Montaire : 1/2 40 %
40 000
Meubles :
2 000
505
250 000
293 133
Immobilier
1/2 Rsidence principale
1/2 Rsidence secondaire
150 000
200 000
450 000
158 500
10 000
Section
506
Le quasi-usufruitier est redevable dune dette de restitution envers le nu-propritaire, dune valeur nominale. Au dcs du nu-propritaire figure lactif de sa succession une crance de restitution. Elle est pourtant souvent oublie Pour quelle
valeur doit-on la porter lactif de la dclaration de succession ?
507
Art. 587 C. Civ : charge de rendre, la fin de lusufruit, soit des choses de
mme quantit et qualit soit leur valeur estime la date de restitution . Au dcs
du nu-propritaire, la crance est donc indtermine dans son montant ; sur le plan
fiscal, il convient donc de faire une dclaration estimative (valeur en pleine proprit
des titres au jour du dcs du nu-propritaire) et une rvision de la perception lorsque le montant exact sera connu.
Solution 2 : Approche dmembrement
Il nous semble que la crance de restitution devrait porter sur la valeur en nueproprit des titres initialement objet du quasi-usufruit tel quils sont cots au jour
du dcs du nu-propritaire. Dans cette approche, si les titres existent toujours dans
le patrimoine du quasi-usufruitier son dcs, le nu-propritaire en devient automatiquement plein propritaire.
Reste qu notre connaissance, lAdministration ne sest pas prononce formellement sur lvaluation de la crance de restitution au titre du quasi-usufruit.
Tableau 26.5
Approche Pleine proprit
Approche dmembrement
Liquidits
Valeurs
mobilires
508
Il faut alors calculer les parts recueillies par les hritiers de Mr Clermontois. On
recalcule leur part de donation en fonction de lusufruit de leur mre (ge fix au
jour de la donation faite par le mari) dtermin suivant le barme applicable lpoque (art. 762 CGI).
La part de chaque enfant tait en ralit de :
Part donne par Monsieur : 1 150 000 F
Soit en nue-proprit (50 %) = 575 000 F, soit 287 500 F pour chaque enfant
Abattement 300 000 F donc montant des droits : 0
Ils ont droit une restitution de 18 500 F soit 2 820 , rclamer au plus tard le
31/12 de la 2e anne suivant le dcs (art. 196-1 LPF).
509
Article L. 132-8 Code des assurances : Les hritiers sont considrs comme
bnficiaires dtermins ; ils ont droit au bnfice de lassurance en proportion de
leurs parts hrditaires .
Le conjoint est un hritier lgitime1 (lgal, par donation entre poux). Faut-il
alors tenir compte de la dvolution ab intestat ? (par exemple, 100 % usufruit) ou
tenir compte des libralits ? (par exemple : 1/4 en pleine proprit et 3/4 en usufruit). La rponse est donne par un Arrt2 : par Mes hritiers , il faut donc comprendre tous les successeurs . La jurisprudence assimile linstitu contractuel
gratifi de luniversalit des biens un lgataire universel ; la mme solution sapplique un lgataire titre universel (cf. art. 1010 du C. Civ.). La donation entre
poux de biens venir est assimilable un legs quant sa nature juridique (cf. Michel
Grimaldi).
Donc, ici, le bnfice du contrat sera rparti en fonction de loption du conjoint
survivant. La clause mes hritiers peut ainsi aboutir un dmembrement.
Mme Clermontois est donc usufruitire des capitaux, non en vertu du contrat de
mariage mais en vertu ici de son option au titre de larticle 757 du Code civil (les
poux navaient pas fait de donation entre poux ). La question est alors de savoir
si Mme est quasi-usufruitire ?
En premier lieu, le droit commun de lusufruit a vocation sappliquer (art. 601
et 603 C. Civ.) et ds lors lusufruitier doit fournir caution, dfaut il doit employer
les capitaux en concertation avec le nu-propritaire. Une clause contraire est possible (le texte ntant pas dordre public), mais tel na pas t le cas ici. En second lieu
la question est de savoir si larticle 1094-3 C. Civ. est applicable (texte dordre
public, applicable aux libralits entre poux, en usufruit, en prsence de descendants et permettant ceux-ci de demander emploi des sommes dargent) ? La doctrine semble partage : pour certains, lassurance-vie est vecteur dune donation
indirecte3 ; pour dautres, larticle 1094-3 ne serait pas applicable au motif que lassurance-vie est hors succession4. Dans les deux cas il y a ncessit dtablir une
convention de quasi-usufruit !
1. Depuis lordonnance du 23/12/58 lui confrant la saisine.
2. Cour Cass. Civ. 1re du 04 avril 1978 (cf. : 4 surs dont une lgataire universelle ; cest elle qui est considre
bnficiaire en tant que seule hritire).
3. Mmento Patrimoine 2005/2006 n 28453.
4. M. Grimaldi et B. Savoure, Lusufruit et le quasi-usufruit : questions de droit civil , Droit et Patrimoine,
nov. 1999.
510
Larticle 990-I concerne les primes verses aprs 13 octobre 1998 et avant 70 ans
(et aprs 70 ans si contrat souscrit avant le 20 novembre 1991), qui sont, aprs abattement de 152 500 par bnficiaire, taxable forfaitairement 20 % (taxation
acquitte par la compagnie sur la valeur de rachat pour les contrats dassurance-vie
et sur les primes verses pour les contrats dassurances dcs).
Dmembrement : combien de bnficiaires ?
Rponse ministrielle Perruchot1 : Lusufruitier est le seul redevable de la taxe
de 20 % ds lors quil est le bnficiaire exclusif du capital dcs. ce titre il bnficie de labattement de 152 500 . La circonstance que les sommes, rentes ou
valeurs soient rparties par la volont du nu-propritaire et de lusufruitier nest pas
de nature remettre en cause cette analyse. Il est prcis que lorsque les sommes
rentes ou valeurs sont verses, lors du dnouement du ou des contrats, plusieurs
usufruitiers dsigns comme bnficiaires, chacun dentre eux bnficie dun abattement de 152 500 .
1. Rp. Min. Perruchot n 60024 du 09/08/05 ; Rp Min. Chatel n 50207 du 09/08/05 ; Rp Min. Dassault
n 1870 du 25/08/05 ; reprises dans une instruction 7K-1-06 du 12 janvier 2006.
511
512
Repres
En prvision dune bonne gestion post-successorale des contrats dassurance-vie, il est
conseill de souscrire plusieurs contrats.
En effet, on ne pourrait renoncer partiellement : risque de taxation (donation indirecte).
Ex. : clause bnciaire : le conjoint survivant dfaut mes enfants du premier lit le
conjoint pourrait accepter tout puis faire un don manuel.
La multiplicit des contrats va permettre au bnciaire daccepter les uns et de renoncer
aux autres, et ainsi dobtenir du sur-mesure selon ses objectifs.
La solution scale1 : La renonciation du premier bnciaire du contrat dassurance-vie a
pour effet dattribuer le droit au capital au second bnciaire dsign. Par suite les droits
de succession ventuellement dus sur la valeur du capital acquis au dcs de lassur sont
liquids en fonction du lien de parent existant entre le second bnciaire et lassur .
Section
Pavillon
50 % de la nue-proprit (Mme)
37 140
50 % de la nue-proprit (enfants)
37 140
Actions
50 % de la nue-proprit (Mme)
37 140
50 % de la nue-proprit (enfants)
37 140
513
4,00 %
75,24 %
24,76 %
soit : 74 280
Portefeuille dactions TOTAL GABON (586 266 )
Taux de rendement net :
6,00 %
87,43 %
12,67 %
soit : 74 280
Tableau 26.7
Mme
Enfants
1/2 de la nue-proprit de la RP
37 140
37 140
37 140
37 140
Mme
Enfants
Attribution
Totalit de la nue-proprit de la rsidence principale
Totalit de la nue-proprit des actions
74 280
74 280
1. Donnes issues du portail intranet des notaires de France NOTAIRE EN LIGNE module CALCULS
FINANCIERS selon la mthode de calcul tir de louvrage Calculs financiers et valuations mathmatiques en
gestion de patrimoine distribu par lADSN, dans la collection Institut Notarial du Patrimoine .
514
Actions
Nue-proprit : 100 % aux enfants
Figure 26.1
1. Instruction du 27 mars 1996 (7G 2 96) n 25 et Instruction du 25 septembre 1998 (7G 14 98)
2. Rp Mi PFIMLIN JO 12/02/54.
515
Fonds verss
Actifs du contrat
Cie dassurance
Fonds dmembrs
Valeur de rachat
Ab initio
Crance ab initio ?
Crance suite rsiliation
du contrat ?
M
E
M
B
R
E
M
E
N
T
Figure 26.2
516
dun dmembrement
Contrat dassurance
Les souscripteurs
Lusufruit
Le nu-propritaire
Lassur
Le nu-propritaire
Les bnficiaires
Prdcs
de lusufruitier
Les personnes
choisies par le
nu-propritaire
Clauses prvoir :
origine des fonds
gestion des fonds
gestion des rachats et partage des fruits
ralisation des avances
versements complmentaires
Prdcs du
nu-propritaire
Capital
dmembr entre
lusufruitier et les
hritiers du
nu-propritaire
517
518
Co-souscripteurs
Lassur
(Le dcs de lassur
dclenche le paiement
du capital dcs)
Les bnciaires
On pourrait ici aussi suivre le droit des biens, et appliquer les solutions rendues sur
le portefeuille de valeurs mobilires (cf. Arrt BAYLET).
La convention devra en dterminer les titulaires, ltendue de la libert darbitrage,
les modalits dinformations
Avances
Interdire ou amnager.
Prvoir par exemple, que le nu-propritaire demandant une avance, devra verser les
intrts an de sauvegarder les droits de lusufruitier.
Versements
complmentaires
dassurance-vie
Souscription contrat
dassurance vie en dmembrement
Prdcs de lusufruitier
Prdcs du nu-propritaire
Nue-proprit
un prsomptif
hritier
Oui
(Intrt
de origine
des fonds)
Non
Autres cas :
(ex : St Civ)
519
520
Rpartition du patrimoine :
Tableau 26.9
Plein proprit
Usufruit
Portefeuille de valeurs
mobilires (Mme) :
250 000
Immeuble locatif :
450 000
Contrat de
capitalisation :
586 266
Quasi-usufruit
Meubles : 5 000
Liquidits : 58 500
(100 000 41 500 frais et droits 1re
succession)
Portefeuille de valeurs mobilires (Mr) :
160 000
Partie prix de vente de la rsidence
secondaire : 200 000 + Assurance-vie
150 000 = 573 500 Rinvestissement
300 000 en contrat dassurance-vie.
Enfants
Conjoint
survivant
200 000
(Donation sur
partie prix vente
rsidence
secondaire)
300 000
(assurance-vie)
RP 300 000
Meubles 5 000
Liquidits
80 000
(100 000
20 000 frais et
droits stratgie)
Aprs stratgie
Portefeuille de valeurs
mobilires (Mme)
250 000
200 000
50 000
293 133
Portefeuille de valeurs
mobilires
160 000
150 000
Rsidence principale
300 000
Contrat dassurance-vie
450 000
Liquidits
57 630
Meubles
10 000
Meubles
Passif
Total
Droits : 217 463
1 410 763
Total
138 500
10 000
573 500
85 000
Droits : 0
521
Chapitre
27
Serge Anouchian
onsieur Jean Aymar dirige une socit prospre dans la distribution darticles culturels. Ses locaux devenus trop exigus, il fait lacquisition, via
une SCI, dun bien immobilier que la SCI finance par un crdit sur 15 ans.
Les caractristiques de cette acquisition sont les suivantes :
Tableau 27.1
Prix dacquisition
752 000
Apport personnel
50 000
Emprunt souscrit
702 000
Taux - Dure
chance annuelle
67 632
chances constantes
Loyer de dpart
75 000
Taxes foncires
3 500
Taux impt/Revenu
40 %
CSG, CRDS
11 %
Bail 3, 6, 9
522
5%
1 Consultation
La premire conclusion, comme le dmontre le tableau (annexe N 1), cest que
les ennuis ne font que commencer ! Lexplication est simple ! La SCI gnre des
revenus fonciers qui sont imposs, que ce rsultat soit disponible ou non1. Il faudra
donc annoncer Jean Aymar quil nest pas au bout de ses peines, et que sur les 15
ans venir, cest au total 271 000 quil aura dcaisser !
Bien entendu, compte tenu dun rendement assez favorable, linvestissement
savre trs judicieux, et particulirement profitable au terme du remboursement. Le
loyer procure un rendement de 10 %, ce qui sexplique notamment par les conditions avantageuses dacquisitions. Mais la situation de Jean Aymar lempche, au
moins pour les cinq annes venir, de prlever sur sa trsorerie personnelle les
sommes prvues par le tableau ci-dessus.
Que faire ?
Une augmentation de loyer serait une solution ruineuse, quand bien mme les
locaux pourraient tre lous un prix suprieur.
Un emprunt in fine nest pas plus envisageable, car Jean Aymar ne dispose pas
de liquidits propres garantir le remboursement de lemprunt lchance.
Une option limpt sur les socits (IS) est carter car une revente du bien
lore de la retraite nest pas exclue. Autant garder lespoir dune exonration
dfinitive au bout de 15 ans.
Lidal serait de bnficier des conditions de lassujettissement lIS, sans toutefois y opter, puisquune telle option est irrversible et prive le dtenteur des parts de
la socit civile de lexonration des plus-values de cession acquise aprs 15 ans de
dtention ! En effet, si la SCI dclarait ses rsultats sous le rgime de lIS, le tableau
deviendrait le suivant (voir tableau annexe N 2). Le financement se droulerait
1. Voir chapitre La socit civile .
523
Valeur actuelle
9,97 %
23 672
2%
47 105
5%
34 283
10 %
23 637
1. Amortissements de la construction, soit 528 000 sur une dure de 33 ans, le terrain ntant jamais amortissable.
2. Voir mme 52,1 % partir du 01.01.09.
524
Il encaisse le prix de cession de 23 672 euros et devra sacquitter dun impt sur
les plus-values de 29 %. Par simplification, nous ngligerons lincidence du prix
dacquisition des parts de la SCI. Pendant 16 ans, il ne sera pas titulaire des revenus
et, par consquent, sera dcharg de toute imposition, y compris au titre de lISF ce
qui, par ailleurs, tait dj le cas3. Au terme des seize ans, lusufruit steindra et la
pleine proprit des parts sera reconstitue. Jean Aymar redeviendra, sans aucune
imposition supplmentaire, plein propritaire des parts de la SCI et des revenus
attachs.
Pour lui, les objectifs sont parfaitement atteints, il conserve son patrimoine et le
revenu futur, ainsi que lespoir de plus-value potentielle la revente. Par ailleurs,
non seulement il ne mettra plus la main la poche pour payer chaque anne un
complment dimpt, mais il reoit une somme de prs de 17 000 euros aprs
impt4 ! De plus, sil le souhaite, il pourra en profiter pour transmettre ses enfants
la nue-proprit des parts de la socit civile dans des conditions idales, cest-dire pour un cot quasiment nul, compte tenu des nouveaux abattements de la loi
TEPA. Bref, cest le bonheur !
1. Sur le sujet, P. Fernoux, Gestion fiscale du patrimoine, fiche stratgique de limmobilier nu , Revue fiduciaire.
2. comparer au rendement actuel des SICAV infrieur 3 % !
3. Remarquons, malgr tout, que cette stratgie favorise lapplication ventuelle du bouclier fiscal.
4. Soit : prix de cession de lusufruit temporaire de 23 672 , moins limpt sur plus-value de 29 %.
525
Elle dcaisse le prix de son usufruit temporaire de 23 672 , qui sera considr
comme une immobilisation incorporelle, amortissable sur 16 ans, soit 1 480 par
an. Elle sacquitte des droits denregistrements calculs selon le barme prcit de
larticle 669-II du CGI qui prvoit quen cas dusufruit temporaire, sa valeur est
fixe par rfrence la pleine proprit, soit 23 % de la pleine proprit par priode
de 10 ans. Au cas prsent, les droits denregistrements, au taux de 5,1 %, seraient
assis sur 46 % de la pleine proprit. Dans notre exemple, la SCI, cre il y a peine
1 an, a financ son investissement par un emprunt 100 %. La valeur relle des
parts, compte tenu de lendettement, peut-tre estim 50 000 euros, soit 46 %
une valeur de lusufruit de 23 000 euros, et donc des droits denregistrements, sans
abattement, sagissant dune SC prpondrance immobilire, de 1 173 euros.
En matire dIS, la socit dexploitation devra imposer le rsultat dgag par la
SCI, sous dduction de lamortissement de lusufruit. Corrlativement, les sommes
rellement distribues par la SCI ne seront pas imposes (art. 238 bis K du CGI). Ce
qui donne, sur seize ans, le tableau figurant en annexe N3.
Au niveau de la socit dexploitation, le calcul de limpts sur les socits a t
prvu au taux unique de 33 1/3 %, car on peut supposer que la socit continuera
faire des bnfices annuels suprieurs 38 120 .
On peut aussi remarquer que, ds la premire anne, la socit dexploitation
percevra de la socit civile une trsorerie de 3 868 . Elle bnficie galement
dun crdit dimpt la premire anne grce la prise en compte des frais dacquisition (qui slvent 24 116 ), ce qui reprsente en trsorerie une ressource
(recette) de 27 984 , quil est bon de comparer au prix dacquisition de lusufruit
temporaire des parts quelle a effectivement dcaisses (23 672 ) ! Bien sr, pendant les 14 annes suivantes, la socit dexploitation devra supporter un dcaissement annuel, dailleurs tout fait minime, pour percevoir, lissue du remboursement par la socit civile de lemprunt contract, un montant significatif de
65 661 .
Globalement, et sous rserve de quelques prcautions dont il sera question ci-dessous, la socit dexploitation aura galement ralis une opration trs profitable :
sur le plan financier, en faisant un investissement dont la rentabilit faciale est de
plus de 9 %, et dont le dcaissement rel schelonne sur les 14 annes
suivantes ;
sur le plan juridique, par une rdaction adroite des statuts, elle sera mme de scuriser sur une trs longue priode ses conditions locatives, tant au niveau du cot de
la location que des autres conditions (travaux, dmnagement, changement
dobjet).
526
Il nest pas utile, ici, de revenir sur le long et douloureux dbat qui agite la communaut professionnelle sur le fait de savoir qui, de lusufruitier ou du nu-propritaire, est associ. Il suffit de faon trs pragmatique de se souvenir que seul
le nu-propritaire est, au plan du droit civil et du droit fiscal, propritaire. Cela,
pourtant, ne doit pas conduire exclure lusufruitier de toute participation aux
assembles gnrales ordinaires, voire mme le laisser prendre part au vote
concernant laffectation des rsultats.
En ce qui concerne notre situation, il faut prconiser dinscrire dans les statuts
que lusufruitier devra tre convoqu toutes les assembles gnrales, et quil
disposera du droit de vote en ce qui concerne les rsolutions daffectation du
rsultat annuel.
Enfin, il y a lieu de prvoir de maintenir son droit de vote, pour toutes les rsolutions
dcidant des relations locatives de limmeuble, proprit de la socit civile.
Sur la rpartition des rsultats
527
528
1. Les textes fiscaux permettent dtaler sur cinq ans la perception de lindemnit perue.
2. Il sagit, en gnral, du notaire qui sera appel se charger des formalits de dclaration de succession du
dfunt.
3. Il ne faut pas cacher quil nest pas facile, dans la pratique, de faire comprendre ces enjeux, certains de nos
amis les banquiers .
529
530
3 500
36 400
71 500
67 632
18 564
Foncier
Revenu
Encaissement
Emprunt
Impt
Cumul en K
19 941
67 632
72 573
39 099
3 553
33 473
76 125
3 660
21 367 22 845
67 632 67 632
73 661 74 766
41 896 44 794
3 606
31 765 29 972
77 267 78 426
24 377
67 632
75 887
47 798
3 715
28 089
79 602
15
30
45
61
77
35 100
Solde annuel
75 000
intrts
Loyer
Anne
27 614
67 632
78 181
54 145
3 827
24 036
29 324
67 632
79 354
57 498
3 884
21 856
83 238
31 098
67 632
80 544
60 977
3 943
19 567
84 487
32 940
67 632
81 752
64 588
4 002
17 164
85 754
10
93
111
128
146
165
25 966
67 632
77 026
50 914
3 770
26 112
80 796 82 008
36 838
67 632
84 223
72 232
4 123
11 991
88 346
12
185
205
19 506 20 247
34 852
67 632
82 979
68 338
4 062
14 641
87 041
11
41 045
67 632
86 769
80 481
4 247
6 288
91 016
14
16
4 376
0
43 273 45 590
67 632
88 071 89 392
84 850 89 392
4 311
3 221
92 382 93 767
15
226
248
271
227
38 902
67 632
85 487
76 278
4 185
9 209
89 671
13
16 000
Amortissements
23 864
27 732
27 732
Solde annuel
Cumul
67 632
Emprunt
Impt SARL
71 500
Revenu
Encaissement
92 000
71 600
Frais achat
3 500
35 100
Intrts
Foncier
75 000
Loyer
Anne
31 765
77 267
3 606
8 631
67 632
73 661
24 973
22 371
2 759 2 602
7 699
67 632
72 573
23 099 25 896
3 553
16 000 16 000
33 473
76 125
19 908
2 463
9 597
67 632
74 766
28 794
3 660
16 000
29 972
78 426
11 637
67 632
77 026
34 914
3 770
16 000
26 112
17 565
15 321
2 343 2 243
10 598
67 632
75 887
31 798
3 715
16 000
28 089
79 602 80 796
13 156
2 165
12 714
67 632
78 181
38 145
3 827
16 000
24 036
82 008
11 047
2 110
13 831
67 632
79 354
41 498
3 884
16 000
21 856
83 238
8 968
2 079
14 991
67 632
80 544
44 977
3 943
16 000
19 567
84 487
6 893
12
11 991
56 232
4 123
17 444
4 796
20 091
67 632
85 487
60 278
4 185
16 000
9 209
89 671
13
2 644
408
2 151 2 236
18 742
67 632 67 632
82 979 84 223
52 338
4 062
16 000 16 000
14 641
87 041 88 346
11
2 074 2 098
16 194
67 632
81 752
48 588
4 002
16 000
17 164
85 754
10
22 948
67 632
88 071
68 850
4 311
16 000
3 221
92 382
15
1 947
-4 456
2 355 2 509
21 492
67 632
86 769
64 481
4 247
16 000
6 288
91 016
14
60 474
64 930
24 461
89 392
73 392
4 376
16 000
93 767
16
531
532
3 553
71 500
67 632
3 868
Encaissement
Emprunt
Solde
4 940
67 632
72 573
71 600 23 099
3 500
Foncier
16000
33 473
Revenu
16000
Amortissements
92 000
35 100
Intrts
76 125
Frais achat
75 000
Loyer
Anne
6 029
67 632
73 661
25 896
3 606
16000
31 765
77 267
7 134
67 632
74 766
28 794
3 660
16000
8 255
67 632
75 887
31 798
3 715
16000
9 394
67 632
77 026
34 914
3 770
16000
26 112
79 602 80 796
29 972 28 089
78 426
10 549
67 632
78 181
38 145
3 827
16000
24 036
82 008
44 977
3 943
16000
19 567
84 487
11 722
67 632
12 912
67 632
79 354 80 544
41 498
3 884
16000
21 856
83 238
11
12
14 641
4 062
14 120 15 346
67 632 67 632
81 752 82 979
48 588 52 338
4 002
16000 16000
17 164
16 591
67 632
84 223
56 232
4 123
16000
11 991
10
17 854
67 632
85 487
60 278
4 185
16000
9 209
89 671
13
19 137
67 632
86 769
64 481
4 247
16000
6 288
91 016
14
Annexe 3 Acquisition via une SCI dont lusufruit des parts est dtenu par une socit lIS
20 438
67 632
88 071
68 850
4 311
16000
3 221
92 382
15
89 392
89 392
73 392
4 376
16000
93 767
16
25 896 28 794
27 984
Cumul
7 134
Solde disponible
6 029
8 255
10 005
30 319
1 480
31 798
9 394
11 033
33 434
1 480
34 914
10 549
12 100
36 666
1 480
38 145
25 790
23 761
21 881
20 131
1 750
18 491
1 640
16 941
1 551
48 588
10
12 912
14 354
43 497
14 120
15 546
47 109
1 480 1 480
44 977
15 346
16 783
50 859
1 480
52 338
11
16 591
18 068
54 753
1 480
56 232
12
17 854
19 403
58 798
1 480
60 278
13
19 137
20 791
63 002
1 480
64 481
14
20 438
22 232
67 370
1 480
68 850
15
89 392
23 731
71 912
1 480
73 392
16
15 456
1 484
14 014
1 442
12 588
1 426
11 151
1 437
9 674
1 477
8 125
1 549
6 471
1 654
4 677
1 794
70 338
65 661
11 722
13 206
40 018
1 480
41 498
4 940
9 014
3 868
8 057
27 314
24 116
7 134
24 416
Impt pay
24 116
IS
21 620
Trsorerie perue
73 080
71 600 23 099
Base imposable
Amort. usufruit
Rsultat scal
Anne
533
Index
A
Abattement pour dure de dtention, 259
Ab intestat, 124
Acceptation bnficiaire du contrat, 354
Acquts, 54
Action en comblement de passif, 445
Action en retranchement, 120
Actions, 319
Activit professionnelle principale, 229
Administrateurs, 402
Administration lgale pure et simple, 142
Administration sous contrle judiciaire, 142
Adulte handicap, 149
Allocation stratgique dactifs, 377
Allocation tactique dactifs, 377
Amendement dit Fourgous , 344
Amortissements dans une socit civile, 190
Approche top down, 377
Arrt Barade, 191
Arrt Baylet, 203
Arrt Praslicka, 138
Ascendants privilgis, 88
Assurance dcs, 342
Assurance-vie, 133, 254, 315, 339
Attribution de performance, 384
Attribution prfrentielle du logement, 90
Audit patrimonial, 486
Autonomie bancaire des poux, 51
Autorit des Marchs Financiers, 373
Avantages en nature, 401
B
Banqueroute, 447
Barme progressif, 243
Bnfices agricoles, 232
C
Capital, 191
Cautionnement, 437
Cdant, 461
Centre des intrts conomiques, 229
Certificats, 330
Cessionnaire, 457
Changement de rgime matrimonial, 490
Clause alsacienne, 121
Clause bnficiaire, 352
Clause bnficiaire de lassurance-vie, 528
Clause bnficiaire dmembre, 511
Clause dadministration, 110
Clause de dispense de rapport, 109
Clause de prciput, 122
Clause de rapport forfaitaire, 109
Clause de rserve dusufruit, 112
Clause de residuo, 127
Clause de retour, 492
Clause de retour conventionnel, 109
Clause dexclusion ou dinclusion de la communaut, 110
535
GESTION DE PATRIMOINE
Clause dinalinabilit, 109
Clause dinterdiction daliner, 492
Clauses bnficiaires, 133
Clauses dattribution et de prlvement, 122
Clauses de garantie de passif ou dactif net, 258
Clauses de variation de prix, 258
Communaut de meubles et acquts, 66
Communaut lgale, 53, 118
Communaut rduite aux acquts, 53
Communaut universelle, 67
Communaut universelle de biens prsents et
venir, 121
Compte dpargne logement, 313
Comptes terme, 314
Confusion des patrimoines, 432
Conseiller en gestion de patrimoine, 7
Conseiller en investissement financier, 7, 373
Contrat bonus de fidlit, 345
Contrat de capitalisation, 254, 316, 342
Contrat terme ferme, 332
Contrat monosupport , 343
Contrat multisupport , 343
Contribution la dette, 48
Contribution sociale gnralise (CSG), 240
Convention de quasi-usufruit, 132, 506
Convention dusufruit, 131
Cotisations sociales, 241
Curatelle, 143
D
Dclaration dinsaisissabilit, 433
De cujus, 117
Degr, 83
Dlai de renonciation, 346
Dlivrance terme du bien donn, 112
Dmembrement, 278
Dmembrement de la clause bnficiaire, 355
Dmembrement des parts de socit civile,
206
Dvolution successorale, 83
Dirigeant, 431
Dispositif Besson ancien, 274
Dispositions cause de mort, 75
Dissolution de la communaut, 63
Diversification, 370
Divorce, 72, 451
Donataire, 469
Donation avec charges, 429
Donation de residuo, 110
Donation dusufruit successif, 124
Donation graduelle, 111
Donation partage, 107, 123, 492
Donation partage dans les familles recomposes,
108
Donation partage transgnrationnelle, 108
536
E
change de titres, 259
Engagement de conservation, 281
Entrepreneur individuel, 432
pargne logement, 312
pargne retraite, 386
pargne retraite collective, 387
Esprance de rentabilit, 366
ETF Actifs, 336
valuation des biens donns, 112
Exonration des biens professionnels, 285
F
FCP, 333
FCPI, 296
FCPR, 296
Fente, 83
Fiducie, 443
FIP, 296
Fonds communs de placement risque (FCPR),
296, 335
Fonds communs de placement dans linnovation
(FCPI), 296, 335
Fonds dinvestissement de proximit (FIP), 296
Foyer fiscal, 227
G
Gage, 441
Gains de cessions de valeurs mobilires, 249
Grants majoritaires, 403
Grants minoritaires, 402
Gestion active, 378
Gestion alternative, 379
Gestion collective, 375
Gestion conseille, 374
Gestion dactifs, 373
Gestion de laprs cession, 110
Gestion dlgue, 375
Gestion des dficits, 267
Gestion thique, 379
Gestion garantie, 378
Gestion indicielle, 378
Gestion libre, 374
Gestion passive, 378
Gestion sous mandat, 375
Groupe familial, 467
Index
H
Handicap, 149
Hritier, 469
Hoirie, 93
Horizon de placement, 309
Hypothque rechargeable, 443
I
Immeubles historiques, 268
Impt de solidarit sur la fortune, 276
Impt sur le revenu, 225
Impt sur le revenu des personnes physiques,
IRPP, 225
Intgration fiscale, 460
Intrts demprunt, 457
Inventaire, 130
Investissement locatif, 262
Investissement socialement responsable (fonds
ISR), 379
L
Libralit, 106
Lieu de sjour principal, 229
Liquidation de la communaut, 63
Liquidation du rgime matrimonial, 80
Livrets, 311
Logement, 89
Logement commun, 47
Logement de la famille, 75
Loi Fillon, 387
Loi Madelin, 395
Loi Malraux, 268
M
Mandat de protection future, 140, 147
Mandat judiciaire, 52
Market timing, 377
Masse commune, 66
Masse de calcul, 87
Masse dexercice, 87
Mention au rpertoire civil, 140
Meubles meublants, 293
Micro-entreprises, 233
Micro-foncier, 263
Modle dvaluation des actifs financiers, 369
Modification du rgime matrimonial, 118
N
Non-rsidents, 280
Nu-propritaire, 130
O
Objets dantiquit, dart ou de collection, 279
Obligation la dette, 48
Obligation demploi, 110
Obligations, 318
OPCVM, 333, 362
Optimisation de portefeuilles, 371
Option pour limpt sur les socits, 194
Options ngociables, 328
Ordre, 83
Ordres de Bourse, 322
Organismes de placement collectif immobilier
(OPCI), 334
P
Participation aux acquts, 70
Passif dans la communaut lgale, 62
Patrimoine immobilier, 202
Patrimoine mobilier, 203
Patrimoine propre, 56
Pension alimentaire, 77, 241
Pensions de retraite, 280
Performance dun portefeuille, 380
Petits fonds, 464
Pied du coupon, 319
Placements financiers, 280
Plan dpargne en actions, 317
Plan dpargne entreprise, 394
Plan dpargne logement, 313
Plan dpargne pour la retraite collectif (PERCO),
394
Plan dpargne retraite populaire (PERP), 396
Plan pargne entreprise, 425
Portage, 424
Portefeuille titres, 362
Prciputaire, 93
Prlvement doffice, 251
Prlvement libratoire, 250
Prlvement obligatoire, 252
Prlvements sociaux, 343
Prlvement sur option, 251
Prestataire de services dinvestissements, 9
Prestation compensatoire, 77
Prt viager hypothcaire, 443
Prime de risque, 369
Procdure collective, 431
Produits boursiers, 309
Produits de dfiscalisation immobilire, 262
537
GESTION DE PATRIMOINE
Produits dpargne collective, 309
Produits dpargne et de placement, 309
Produits drivs, 362
Promesse de bail terme, 528
Protection du conjoint survivant, 117
Protection dun incapable, 140
Purge des plus-values dacquisition, 426
Q
Quasi-usufruit, 508
Quotient familial, 243
Quotit disponible, 90
R
Rapport successoral, 93, 341
Rduction des libralits, 95
Rductions ou crdits dimpt, 246
Rduction sur les droits dus, 102
Rel simplifi, 233
Rgime primaire, 47
Rgime Robien, 270
Rgimes complmentaires, 387
Rgimes matrimoniaux, 45
Rgime rel simplifi , 235
Remboursements de frais, 405
Remploi, 59
Remploi des capitaux, 497
Rmunrations des dirigeants, 401
Renonciation exercer laction en rduction
(RAAR), 127
Rente viagre, 79
Rponse ministrielle Bataille, 138
Repreneur, 455
Reprsentation, 83
Reprsentation du mineur, 141
Rserve dun usufruit successif, 112
Rserve hrditaire, 90, 95, 341
Rsidence principale, 293, 435
Responsabilit civile, 10
Revenu, 236
Revenus de capitaux mobiliers, 249
Revenus du patrimoine financier, 249
Revenus du patrimoine immobilier, 262
Revenus fonciers, 263
Rversion de lusufruit, 492
Risque dun actif, 365
S
Sauvegarde de justice, 143
SCI, 522
Sparation de biens pure et simple, 68
Service rglement diffr, 327
SICAV, 333
Socit civile, 182
Socit civile de portefeuille, 182
Socit civile immobilire, 182
Sortie en rente viagre, 351
Stipulations de parts ingales, 122
Stock-options, 409
Stock picking, 377
Stratgie patrimoniale, 483
Style de gestion, 376
Subrogation, 59
Succession, 82
T
Taux de rentabilit dun actif, 363
Testament, 115
Titres de PME, 280
Titres dtenus par les salaris et les mandataires
sociaux, 283
Trackers, 336
Tracking error, 383
Traitements et salaires, 230
Transmission titre gratuit, 469
Transmission titre onreux, 456
Transmission de lentreprise, 455
Transmission de son patrimoine, 339
Tutelle, 142
U
Units de compte, 343
Usufruitier, 130, 278
V
Valeurs mobilires, 293
Vesting, 412
Volatilit, 366
W
Warrants, 330
538
GESTION DE PATRIMOINE
Stratgies juridiques, fiscales
et financires
Quel montage laborer pour faire fructifier un patrimoine et/ou
rduire son imposition ? Comment utiliser les rgles juridiques
pour protger un patrimoine des alas de la vie et pour le
transmettre un proche dans les meilleures conditions ?
Comment optimiser le patrimoine dune personne ? Quelles
stratgies pour le dirigeant dune entreprise ?
Clair et complet, cet ouvrage rassemble toutes les connaissances
ncessaires pour raliser un diagnostic patrimonial, lanalyser
et dfinir une stratgie patrimoniale :
ARNAUD THAUVRON
Docteur en sciences
de gestion, Matre de
confrences lUniversit
Paris 12 dont il dirige
lInstitut dAdministration
des Entreprises
(IAE Gustave Eiffel).
Spcialiste de la finance,
il y codirige le master
Gestion de patrimoine.
LES
ISBN 978-2-10-053864-5
www.dunod.com
Public :
tudiants des masters
de gestion de patrimoine,
de droit (fiscal ou notarial)
et de finance.
Professionnels (conseillers
indpendants, salaris
des rseaux bancaires).
Particuliers souhaitant
apprhender globalement
leur patrimoine.