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BELGIQUE-BELGI

1348 LOUVAIN-LA-N

P.P.

1245

Ed. resp. : E. Bruneau / CARI / Place Croix du Sud 4 / 1348 Louvain-la-Neuve

LESSENTIEL
DU PROGRAMME
EUROPEN MIEL

Nourrir,

oui mais...

Pourquoi aborder le nourrissement des abeilles ? Ne sait-on


pas tout ce quil faut savoir ? La
littrature compte de nombreux
ouvrages qui traitent du sujet,
mais ici aussi, la situation volue rapidement et il faut pouvoir
remettre en question certains
de nos comportements. Prenons
deux exemples.
Depuis quelques annes, on
voit que le march des sirops
de nourrissement est en progression rapide et que certains
marchands proposent des sirops en vrac des prix trs
comptitifs. On peut sinterroger sur la qualit de ces sirops
pour les abeilles.
Paralllement, le cycle de dveloppement du couvain dans nos
colonies change danne en anne avec les alas climatiques.
Certaines colonies dveloppent
de grandes surfaces de couvain
en arrire-saison pendant ou
mme aprs le nourrissement.
Que reste-t-il comme rserves
aprs cela ? Il y a deux ans, plusieurs apiculteurs ont t surpris de retrouver les abeilles
enfonces dans leurs cellules
2

Claude ENGLEBERT

lors de la premire visite de


printemps, signe dune colonie
morte de faim. Ce constat est
dautant plus malheureux quon
peut lviter avec un minimum
de surveillance.
3-2009 47 ActuAPI

UN PEU
DE BIOLOGIE

tante de lalimentation des abeilles et sont


principalement utiliss pour leurs dpenses nergtiques, fonction de leur activit
Dans la nature, (thermorgulation, nettoyage des cellules,
les sucres utiliss alimentation du couvain, rcolte et emmapar labeille pro- gasinage du nectar et du pollen). Ils peuviennent du nectar vent galement tre stocks dans les corps
produit par les nec- gras des abeilles aprs transformation.
taires oraux ou Les ouvrires font preuve dune grande efextra-oraux et du cacit dans la digestion du nectar et du
miellat (exsudat de pollen ingrs.
certains insectes Leur production denzymes au dpart des
comme les puce- glandes hypopharyngiennes, salivaires et
rons). Si la concen- post-crbrales comme la saccharase et
tration en sucres lamylase permettent de rduire les sucres
peut aller de 4 complexes en sucres simples qui pourront
60 %, les abeilles ainsi tre digrs par labeille. Ce dcouvont privilgier les page des sucres complexes se fera dans
sources de nectar le jabot. Il ne faut pas oublier que seuls
dont la concentra- les sucres simples (glucose et fructose)
tion est de 30 50 %. Elles dlaisseront les pourront tre assimils, principalement au
nectars en-dessous de 15 %.
niveau de lintestin moyen (ventricule).
Le pain dabeille, forme sous laquelle les La production de ces enzymes va dpendre
abeilles consomment habituellement le pol- en grande partie de lactivit des ouvrilen, contient de 30 35 % de sucres.
res. Chez les jeunes abeilles (nourrices),
Les sucres reprsentent une part impor- les glandes hypopharingiennes produisent
surtout de la gele
protique, mais chez
glandes
glandes
les abeilles plus ges
post-crbrales hypopharyngiennes
(butineuses), lactivit
de synthse se modiintestin
e, produisant surtout
des enzymes destins
rectum
la digestion des sucres
complexes.
Au niveau des pollens,
ce sont surtout les enzymes scrtes par
les cellules pithliales
sophage
de lintestin moyen qui
jabot
vont permettre la lyse
glande salivaire
des protines.
ActuAPI 47 3-2009

TYPE

HUMIDITE (%) PH

FRUCTOSE

GLUCOSE MALTOSE SACCHAROSE

Miel
SIROBEILLE
TRIM-O-BEE
FRUCTO-bee
Sirop vrac - LEROUGE

17,2
25,3
26,4
22,6
22,3

38,2
35,7
28,4
32,5
11,2

31,3
38,7
23,7
35,2
15,3

3-7
4,3
4,7
5
5,9

NO U RR I S S EM ENT AU SIROP
DE SUCRE
Tous les sucres sont-ils assimilables
de la mme faon par les abeilles ?

Les miels sont principalement constitus


de fructose (38,2 % - de 27,2 44,3 %)
et de glucose (31,3 % - de 22 40,8 %).
Seuls ces sucres simples sont directement
assimilables par les abeilles. Les autres sucres doivent faire lobjet dune transformation pour tre scinds en sucres simples. Si
les sucres habituellement prsents dans les
miels (glucose, fructose, saccharose, trhalose, maltose, mlzitose, maltotriose...)
sont assimils par les abeilles, il nen va pas
de mme dautres sucres pour lesquels elles
ne disposent pas des enzymes ncessaires
(rafnose, rhaminose, xylose, arabinose,

20

pH

5,5

5,2

4,9

4,6

4,3

3,1

3,7

10

30

6,7

40

Cristallisation des sirops

6,4

50

galactose, mannose, lactose, dextrine, insuline...). Certains de ces sucres comme le rafnose sont prsents en faible quantit dans
les miellats. Des essais en cagette montrent
que des abeilles nourries avec ces sucres ont
une dure de vie rduite. Il faut ds lors
faire attention ne pas donner de sirops
contenant ce type de sucres aux abeilles.
Plus la composition dun sirop sera proche
des miels, plus il sera accept facilement
par les abeilles et pourra tre donn tardivement en saison. Si le travail de scission
est trop important, il faudra le rserver aux
abeilles dt.

6,1

60

pH

70

1,3
0,7
18,4
5,5
0

Chaque sucre prsente une vitesse de cristallisation diffrente. Ainsi, le fructose ne


cristallise qu trs
haute concentration
comparativement au
des miels 2009
maltose ou au glucose. Le tableau cidessous montre la solubilit des diffrents
sucres. Une fois stock
par labeille, le sirop
devra contenir du fructose en quantit sufsante pour viter sa
cristallisation dans les
rayons.

5,8

80

3,4

Nombre de miels

90

7,3
2,2
0,7
1,6
41,6

3-2009 47 ActuAPI

AUTRE
DI-

TRIASSIMIL
1,5
0,1
0,3
0,1
10,8

0,2
0,9
0,1
0,4
Sucre

Solubilit

Fructose
Glucose
Saccharose
Maltose

78,9 %
47,2 %
66,7 %
43,8 %

TRINON ASSIMIL
0
0,1
0,1
0

HMF
(MG/KG)
0-5
Non dtect
26,2
> 100
19,4

Doit-on acidifier son sirop


de nourrissement ?

Une pratique courante consiste acidier


son sirop de nourrissement (de fabrication
maison la plupart du temps) en y ajoutant
par exemple 5 ml de vinaigre par litre.
On constate que le miel est acide. Le pH de
9 miels sur 10 tait compris entre 3,9 et 5
cette anne. Cette acidit vient de lacide
gluconique produit par lenzyme glucose
oxydase apporte par labeille. La digestion
des sucres dpend de lactivit des enzymes
qui est elle-mme inuence par lacidit du
milieu dans lequel elles se trouvent. Ainsi,
la saccharase a son activit optimale un
pH proche de 6, la diastase de 5,2 et lacide
gluconique de 4,6. La technique qui consiste acidier un sirop de saccharose et le
chauffer pour le scinder produit cependant
de lHMF qui devient toxique pour labeille
lorsquil dpasse 30 mg/kg. La concentration
en HMF va augmenter dans le temps, surtout
en milieu acide. Il ne faut donc pas conserver des sirops acidis trop longtemps. En
prsence dHMF, le nourrissement doit absolument tre ralis par des abeilles dt qui
ne sont pas destines passer lhiver, et non
par des abeilles dhiver au risque de rduire
leur dure de vie.

ActuAPI 47 3-2009

INDICE
DIASTASIQUE
2,1 - 61,2
Non dtect
4,8
Non dtect
Non dtect

Lanalyse de sirops du commerce

Nous avons analys en laboratoire plusieurs


sirops prsents sur le march. Ce dernier est
en pleine volution et il est souvent bien
difcile de connatre la composition relle
et lorigine des sirops proposs, linformation au consommateur laissant franchement
dsirer dans ce domaine.
Pratiquement, on constate que ces sirops
prsentent des caractristiques fort diffrentes. Deux dentre eux ne devraient pas
tre donns tardivement, lun cause de
sa teneur en HMF beaucoup trop leve,
lautre cause de sa haute teneur en sucres
scinder.
Curieusement, des sirops qui devraient logiquement cristalliser dans les rayons vu leur
forte teneur en maltose ne semblent poser
aucun problme aux utilisateurs. Ce phnomne un peu droutant demande une tude
plus approfondie que nous ne manquerons
pas de raliser.

Nourrissement de printemps
Faut-il nourrir systmatiquement
au printemps ?

Normalement non, mais il faut tre trs vigilant et sassurer que les colonies disposent dassez de rserves (7-8 kg) jusquaux
premiers beaux jours de rcolte (n fvrier dbut mars). Pour le savoir, il faut connatre leur poids avant lhivernage et vrier
leur prise de nourriture. Les risques seront
dautant plus importants que le dveloppement du couvain se sera prolong tard
en saison. La consommation est trs basse
lorsque les tempratures sont faibles et plus
importante lorsquelles deviennent plus clmentes et surtout lorsque la reine reprend
sa ponte. Ds ce moment, les rserves vont

fondre comme neige au soleil. Il faut rester


trs attentif. Le suivi des balances prsentes
sur le site www.cari.be peut vous aider estimer la consommation dautres colonies en
fonction du climat.
Les apports en protines

Le pollen est indispensable pour la production de gele royale. Au printemps, ce sont


les apports en protines qui vont permettre la relance de la ponte. Cest surtout
ce moment de lanne que les sources de
pollen devront tre prsentes proximit
du rucher. Comme nous lavons vu, ce sont
surtout les jeunes abeilles qui vont pouvoir
proter de ce pollen. On conseille de donner des cadres de pollen en cas de besoin
(conditions climatiques ne permettant pas

Robert LEQUEUX

3-2009 47 ActuAPI

aux abeilles den rcolter) ou de donner du


pollen frais dcongel dans un nourrisseur.
Certains apiculteurs prfrent sparer le
pollen du candi vu que ces substances ne
seront pas utilises par les mmes abeilles.
On peut mme placer le pollen lextrieur
des ruches (par exemple pelotes de pollen
moulu plac dans des botes ufs en carton comme des mangeoires oiseaux). Ceci
permet de mieux lier le dveloppement des
colonies aux conditions climatiques locales. Lapport de pollen frais fait partie de
la prophylaxie pour viter le dveloppement
de nosmose dans les colonies. Attention,
on ne peut nourrir ses colonies quavec du
pollen dorigine connue pour viter les apports de maladies extrieures. Cette remarque concerne galement les nourrissements
au miel.
Que penser du nourrissement
de stimulation ?

Le nourrissement spculatif se fait en


prsence dune bonne reine et de jeunes
ActuAPI 47 3-2009

abeilles en nombre sufsant (ce qui correspond au dbut du mois de mars chez nous).
Le fait de crer une mielle articielle par
des apports de nourriture (sirop 50/50) ou
de miel en dbut de saison va automatiquement dvelopper la ponte de la reine. En cas
de manque de pollen (cas assez frquent),
un apport en protines est galement ncessaire pour obtenir un rsultat satisfaisant. Il
est inutile en cas de mielle de saule marsault. Ce type de nourrissement est conseill
lorsquon doit disposer de bonnes surfaces
de couvain pour la pollinisation de fruitiers
(pommiers). Il faut tre trs attentif lisolation de ses ruches dans ce cas, car vous
augmentez les risques de refroidissement du
couvain, trs dommageable pour la colonie
en dbut de saison. Il faudra galement suivre les colonies de prs par la suite, car ce
dveloppement prcoce est souvent synonyme dessaimage avant lheure. Pour viter
cela, une solution consiste constituer des
ruchettes au dpart des cadres de couvain
excdentaires ds que la saison le permet.
Comme vous pouvez le constater, une telle
technique ne doit tre utilise quen cas de
besoin.

Journe de NAMUR
Programme Miel
Environnement de labeille
Dimanche 31 janvier
Une journe dinformation est organise
aux facults Notre-Dame de la Paix Namur
Place de la Justice, auditoire M5 (facult de Mdecine)
pour prsenter le bilan des activits dveloppes dans le secteur apicole
avec laide du programme Miel de la Communaut europenne.
9 h 45 : Accueil des participants

- 2009, anne exceptionnelle : mielle, Apimondia, la sant de labeille,


- 2010, nouveaux projets...,
- Election du comit daccompagnement
14 h
Confrence :

Evaluer et amliorer son environnement mellifre


Confrencier : Philippe GODART

JOURNE GRATUITE

3-2009 47 ActuAPI

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