Comprendre Le Paranormal

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Comprendre le paranormal

Comprendre le
Paranormal
Philippe Wallon

Comprendre le paranormal

Introduction
Comme le font remarquer les philosophes, nous n'avons jamais
accs "la ralit", nous n'en avons qu'une image, une opinion.
Celle-ci repose sur quelques postulats, des concepts non
dmontrs mais admis par tous, comme la causalit (la relation de
cause effet). A partir de l, nos savants ont prcis un certain
nombre de rgles, de "lois physiques". Celles-ci ont, peu peu,
pris la place des "vidences". Le temps, par exemple, tait
considr comme une donne intangible, jusqu' ce qu'Einstein
prcise sa nature et son caractre relatif.
L'ide que nous avons du monde repose sur notre exprience
sensible. Aussi nous admettons facilement certaines rgles,
comme la "loi de la chute des corps" (gravitation). D'autres nous
sont difficilement accessibles parce qu'elles ne sont pas clairement
visibles dans notre exprience (comme la physique quantique).
Sans que nous nous en rendions compte, nous avons fait des lois
physiques de vritables dogmes, des objets de croyance "hors
desquels point de salut".
Cependant certaines lois grant notre exprience, parmi les plus
lmentaires, ne sont pas admises par la physique : comment
expliquer qu'un paysan laboure, qu'un tudiant travaille avec
acharnement ? La rponse parat simple : une bonne rcolte pour
le premier, une profession valorisante pour le second. Or, cette
"cause" appartient au futur (ce qu'on appelle la "finalit"),
mcanisme que les sciences physiques ne reconnaissent pas.
Ainsi, nous vivons une sorte de "schizophrnie"
(tymologiquement "cerveau coup en deux") : un monde
physique rgi par la causalit, une vie quotidienne rgie par la
finalit !
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Le "paranormal" fait partie de cette exprience que nous pouvons
vivre (souvent parfois), mais qui n'est pas reconnue par les
sciences : il nous arrive de savoir prcisment ce que pense un
proche alors qu'il est loin de nous (tlpathie) ou de prvoir un
fait, hors de toute logique (prmonition).
Cette opposition "normal / paranormal" n'est pas lie la nature
des faits, mais l'opinion que nous en avons. En effet, la
tlpathie et la prmonition, quand nous la vivons, nous
apparaissent minemment "normales", au point que nous nous
tonnons qu'elles ne soient pas encore expliques. On peut donc
s'attendre ce notre vision du monde change bientt. Ce livre
voudrait agir dans ce sens...
Avant d'aborder les facults paranormales, disons quelques mots
d'"Ouriel"
Le nom de "Ouril", dit encore "Uriel" est celui du premier ange de
l'Orient. Il est souvent invoqu dans les bndictions et dans les
conjurations, pour dcouvrir les trsors cachs. Ce nom a t
choisi pour son caractre symbolique, car le "paranormal"
constitue encore l'heure actuelle un trsor cach. Trsor parce
qu'il concerne des facults trs riches et intressantes tous
points de vue. Cach parce que, malheureusement, notre culture
continue vouloir les ignorer, moins par incapacit l'intgrer
dans son "corpus" que par une sorte de crainte, probablement
hrite de l'opprobre des sicles passs. Est-ce dire que les
procs de sorcellerie sont encore dans tous les esprits ?

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I/ Les facults paranormales


A- La tlpathie
La tlpathie est probablement la facult paranormale la plus
rpandue, la plus accessible. On lappelle parfois " transmission de
pense ", mais ce terme est inexact. Il suppose lexistence dune
transmission, cest dire le passage dun " mobile " dun sujet
lautre, ce qui na jamais t montr. Cest mme linverse qui
semble attest (exprience de la cage de Faraday). De plus, le
mot " pense " se rfre gnralement un contenu mental
construit et conscient, or, la plupart des recherches soriente vers
lide que cette capacit repose sur lmotion et mane de
linconscient.
Le terme " tlpathie " parat donc plus adquat. Ce mot, qui date
du XIXme sicle, est form partir des mots grecs tl, la distance
et pathos, lexprience subie, lmotion de lme. Ces deux
lments correspondent bien aux phnomnes : une fusion entre
inconscients, dautant plus facile que les relations entre les
sujets sont plus fortes. Celle-ci apparat prfrentiellement
quand la conscience est amoindrie, durant le sommeil ou la
rverie. Les cas spontans sont parfois alors d'une prcision
extraordinaire.
Il faut cependant distinguer la tlpathie de la contagion affective,
et rserver le caractre de " paranormal " des changes entre
des sujets qui nont aucune possibilit matrielle de communiquer.
La distinction est cependant parfois subtile.
La tlpathie est la facult qui a fait lobjet du plus grand nombre
dexpriences scientifiques. Rhine la trs largement mise en
vidence depuis les annes 30, mme si ses rsultats sont d'une
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grande pauvret par rapport aux cas spontans. Ces
exprimentations ont cependant limin un certain nombre
d'hypothses sur les mcanismes possibles de ces phnomnes.
Depuis, dautres tudes ont confirm ces travaux, avec des
mthodes plus sophistiques, en particulier lors du sommeil. On a
en effet constat que ces facults taient dautant plus frquentes
que la conscience tait plus rduite (expriences du "ganzfeld").
Par lutilisation de llectro-encphalographie qui permet dveiller
le dormeur immdiatement aprs son rve, et dviter son oubli,
on a pu constater la frquence des perceptions extra-sensorielles
pendant le sommeil.
On a souvent dit que la tlpathie permettait une communication
instantane entre deux sujets, plus rapides que la lumire. Ceci ne
correspond pas l'exprience, qui montre, au contraire, que le
moment de l'mission du message et celui de sa rception sont
indpendants par rapport au temps (on peut mettre des
messages vers le pass ou vers le futur et en recevoir de mme).
En conclusion, la tlpathie dpasse donc les interprtations
actuelles en termes de sciences physiques.

1)Travaux de Rhine
Joseph Rhine a fait la plupart de ses expriences avec les cartes
de Zenner, un ensemble de 25 cartes, identiques 5 5, qui
portent chacune un symbole simple. Il a dailleurs utilis ces
mmes cartes pour explorer dautres manifestations, telles
l'annonce d'une carte cache et non connue de quiconque
(voyance) et la modification dun tirage distance (psychokinse).
Il a rpt ces expriences des milliers de fois. Il a fait entrer dans
le champ de l'exprimentation la tlpathie, la voyance et l'action
de la pense sur la matire. " Si les investigations de Rhine

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doivent tre attaques, il faut que ce soit sur dautres bases que
celles de l'analyse mathmatique ", dit lInstitut of Mathematical
Statistics (Honorton, 1975, cit par Varvoglis, 1992, p. 55)
Quelques ouvrages de Rhine :
Rhine, J.B., Extra-sensory perception, Boston, Bruxe Humphries,
1934.
Rhine, J.B., Le nouveau monde de l'esprit, Paris, A. Maisonneuve,
1955.

2) Tlpathie et simultanit
Mario Varvoglis (1992, p. 15) raconte quil fut rveill dans la nuit
du 24 novembre 1976 par la voix de sa mre qui lappela deux fois
par son prnom. Il fut troubl quelques minutes, car sa mre
vivait en Grce, plusieurs milliers de kilomtres de distance. Le
lendemain matin il apprit quun tremblement de terre avait secou
Thessalonique, o vivait justement sa mre.
On dit souvent que la tlpathie permet de percevoir
instantanment une information, malgr une distance
considrable, mais ce nest pas systmatique. Beaucoup
dexemples montrent un dcalage important entre lmission et la
rception. Dune manire gnrale, le message nous atteint quand
notre esprit est au repos, la nuit par exemple. Le moment de la
rception est alors sans rapport avec celui de son mission.
Ici, le moment de lmission pourrait tre celui de la secousse,
mme si la mre ne se souvient pas avoir mis de message. Cela
nest pas rdhibitoire, les tlpathies les plus videntes sont
souvent involontaires et parfois mme inconscientes. On pourrait
discuter une prmonition de lauteur portant sur sa mre, mais
lun et lautre phnomne reposent, en fin de compte, sur une
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sorte de " fusion affective ". Dans les cas spontans, lidentification
dun metteur et dun rcepteur est souvent difficile, le
phnomne se prsentant souvent comme une sorte de partage
dmotion.
La simultanit nest donc aucunement un critre : la tlpathie
est, dans son principe, aussi indpendante du temps quelle lest
de lespace.

3) Tlpathie et rayonnements lectromagntique


On avait pens que la tlpathie pouvait tre lie des
rayonnements lectromagntiques, qui couvrent un large champ
depuis les rayons gamma jusquaux infrarouges, en passant par
les radiations visibles. Leur rle tait envisageable, puisque notre
corps met de telles radiations, infrarouges notamment.
On a donc fait des exprimentations en plaant le sujet metteur
(ou le sujet rcepteur) au sein dune enceinte mtallique (dite
" cage de Faraday ") ou dpais murs de bton. Ces obstacles
arrtent la plupart des rayonnements, sinon tous. Or, les rsultats
ne mettent en vidence aucune diminution du phnomne dans
ces conditions (Jung, 1988, p. 34 ; Varvoglis, 1992...).
Par ailleurs, on sait que la puissance dun rayonnement diminue
avec le carr de la distance. Or, les recherches, faites entre des
sujets parfois distants de plusieurs milliers de kilomtres, ne
montrent aucun amoindrissement de ces facults. Lhypothse
dun rayonnement peut donc tre laisse de ct, du moins sous
sa forme actuelle.
Pour tenir compte de la " remonte dans le temps " dinformations
tlpathiques, on a imagin quelles sappuyaient sur lantimatire,
car aucune particule matrielle na cette capacit. On a abandonn

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cette ide, car il ne saurait y avoir de contact avec la matire,
sans une mutuelle destruction immdiate avec un fort dgagement
de chaleur, ce qui na jamais t observ.
On a ensuite voqu le rle du tachyon, particule de vitesse
suprieure la lumire imagine par Feinberg dans les annes 60
(avec Rgis Dutheil, 1990), lhypothse de mondes parallles
flches de temps inverses (avec Jean-Pierre Petit, 1993, p. 243).
On a enfin discut lide de " champ " (avec Sheldrake, 1988)...
Aucune de ces conceptions napparat vritablement propre
expliquer la tlpathie.

B- La voyance
On nomme "voyance" la perception directe, hors des moyens
habituels, de faits loigns dans l'espace ou le temps. Ce terme,
consacr par lusage, est inexact car le "clich" n'est pas
forcment visuel. Il peut se prsenter sous forme d'une voix ou
encore d'une odeur ou d'une sensation gustative. Les "divinations"
(du verbe latin "divinare" qui veut dire "deviner") peuvent se
prsenter aussi comme des vertiges, une impression de froid ou
de chaud, une sensation particulire au niveau des organes.
Nous possdons tous ce "don". Nous pouvons vivre des
"prmonitions", des voyances sur notre propre avenir. Beaucoup
de tmoignages suggreraient que notre inconscient serait
mme de " balayer " (de " scanner ") notre existence, notre pass
et notre futur. Ce nest pas une photographie du futur, mais un
ensemble dimages symboliques, issues de linconscient. La
conscience occulte habituellement ces manifestations. Do lusage
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des mthodes visant annihiler la conscience, comme la transe,
utilise depuis la plus haute antiquit.
Mais le cas plus courant est celui d'une voyance effectue par une
personne habitue une telle facult. Dans ce cas, tout comme la
tlpathie, la voyance se prsente ainsi comme un partage
d'exprience, une fusion d'insconscients. Une voyante peut dire "je
sens une douleur au niveau des poumons, ne souffririez-vous pas
de l ?". Elle peut dcrire avec prcision le mal dont souffre le
consultant et l'orienter vers tel ou tel spcialiste mdical. Cette
facult est cependant si diverses dans ses manifestations qu'il faut
l'examiner, l'examiner partir d'exemples.
Le voyant professionnel utilise souvent des cartes jouer ou des
tarots, un pendule, ou encore une boule de cristal, le marc de
caf. Il est cependant difficile de dfinir une syntaxe dfinie,
associant tel signe telle signification ( la manire des mots
dune phrase). Ce sont des " supports ", une simple aide pour une
intuition qui provient de son inconscient.
Certaines voyantes refusent dannoncer lavenir, elles prfrent
clairer le consultant sur sa dynamique profonde. La voyance,
linstar de la psychanalyse, rvle linconscient du sujet et les
tendances profondes qui laniment. Comme la mdium rvle
souvent brutalement et dune manire souvent image ce quelle
peroit, on a le sentiment que cet avenir est " crit ". Il nen est
rien, fort heureusement, toute action est libre, ou du moins elle
nest conditionne que par nos tendances profondes.
La prophtie est dun tout autre ordre : cest une annonce livre
des tiers, telle une bouteille la mer, propos dvnements dont
on ne sera jamais soi-mme tmoin. Celle-ci est exceptionnelle et
lHistoire en garde souvent la trace.

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De nombreuses exprimentations (cf. Rhine) montrent que la
voyance est observable scientifiquement.

1) Prmonition
On appelle prmonition une "voyance sur soi-mme". Elle n'est
pas forcment aise identifier car les "clichs" s'expriment de
manire symbolique : ils contiennent des images impntrables,
incomprhensibles, que seul le contexte claire. En voici un
exemple personnel :
Je me souviens de m'tre rveill un matin avec deux intuitions,
que j'ai juges immdiatement prmonitoires : la vision d'une
couleur noire, et un certain vague l'ge. J'ai pens qu'il ne
pouvait s'agir d'un deuil, car je n'tais pas vraiment triste. La
journe se passe tranquillement, mais, en quittant mon travail,
alors que j'tais charg d'un gros paquet, j'accroche une veste de
cuir, laquelle je tenais beaucoup et je la dchire. Cette veste
tait d'un bleu si fonc qu'on pouvait la croire noire. J'en ai t
attrist...
Dans une prmonition, il est souvent ncessaire de s'interroger
avec soin pour dcouvrir le vritable contenu de son intuition. On
obtient gnralement des lments suffisamment prcis pour
liminer certaines hypothses.
Ici, je savais d'emble que, si le noir avait concern un deuil, il ne
me toucherait pas directement, car ma tristesse tait modre.
Tout comme pour le rve, on doit viter une interprtation trop
rapide, et garder un certain recul. La tonalit motionnelle d'un
clich donne gnralement des informations plus justes que ses
lments formels (ce qui a trait la forme du clich, ici le noir, la
tristesse).

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Une prmonition peut aussi se traduire par un message venu de
l'Au-del... ou simplement d'un "ailleurs" :
Un ami testait un circuit lectrique sous haute tension.
Son collgue tait charg de couper le courant, pendant quil
changeait la position dlments du circuit. Soudain, une
intuition, presque une voix : " Mets un fil la terre ! ". Il
approchait du circuit lextrmit dun fil reli la terre,
quand il est jet en arrire par un norme arc lectrique.
Son collgue avait oubli de couper le courant ! "
Le plus souvent, nous attribuons ces informations la bonne
fortune, ou encore notre ange gardien :
M. T. fait du tir sportif. Nayant droit qu un nombre
limit de cartouches, il en fabrique lui-mme. Il remplissait
soigneusement ses emballages : " Regarde si tu as bien
rparti la poudre. " La pense surgit dans sa tte comme un
ordre. Il dcouvre que lune delle renferme deux fois la
quantit normale. Il aurait fait sauter son arme, et lui avec. "
Je racontai cette histoire une patiente dpressive, essayant
de lveiller lusage des intuitions positives. Elle rpliqua
alors, avec un parfait naturel : " Moi, je ne prends jamais de
billet de Loto quand je sais que je ne vais pas gagner ! ".

2) Exemples de "clichs" de voyance


Toutes les sensations physiques peuvent vhiculer des
" divinations " : vertiges, impression de froid ou de chaud,
sensibilit des organes :
Une voyante me racontait quelle sentait trs prcisment
sur elle le mal dont souffrait sa consultante. Elle pouvait

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donc le dcrire, et orienter lautre sur tel ou tel spcialiste
mdical, et dire lavance quel type dexamen apporterait
les lments diagnostiques. "
Ailleurs, on pourrait presque parler dune " voyance motrice ",
linconscient sexprimant directement au niveau de laction :
Mme K., la terrasse d'un caf, se sent pousse parler
une dame assise derrire elle. Sont alors sortis de sa
bouche des mots qu'elle ne contrlait pas, et dont elle ne
garde aucun souvenir. La femme s'effondre en pleurs :
" Tout ce que vous avez dit est vrai ! " "
Le voyant professionnel utilise souvent des cartes jouer ou des
tarots, un pendule, ou encore la boule de cristal, le marc de caf.
Il sagirait de " supports ", dune simple aide pour des intuitions
qui proviendraient de son inconscient :
Dans un centre o je venais de donner une confrence,
une mdium faisait, avec le public, des voyances partir
dobjets que lui avaient confis les auditeurs (psychomtrie).
Jcoutais avec un certain amusement ses annonces souvent
assez justes. A un moment, elle scrit : " A qui est ce
crayon ? " Aucune rponse. Elle se tourne vers moi : " Ce ne
serait pas vous, Docteur ? " Je regarde, ctait
effectivement mon porte-mine. " Voulez-vous que je vous
fasse une voyance ? " Je rplique : " Ah non, a jamais ! "
Elle rit et continue ses prdictions sur les spectateurs. Aprs
une dizaine de minutes, elle se tourne brutalement vers
moi : " Je nen peux plus, il faut que je vous dise : vous allez
faire un livre dici la fin de lanne ! ".
Le clich simpose au mdium, dpassant sa volont, lobligeant
parfois agir, toutes affaires cessantes. Ailleurs, cependant, le
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clich peut ne pas tre identifi, mme par ceux qui devraient
mieux le connatre. Rosana Nichols, voyante, raconte ainsi :
Un jour, une femme d'une cinquantaine d'annes est
venue pour connatre l'endroit o son mari rencontrait sa
matresse. Je lui rpondis que je ne voyais absolument rien.
Mais un soir, sur le mur de notre salle de sjour, je vis se
graver en lettres capitales : "V...G...X. " Durant les deux
jours suivants, je n'ai vu que ces simples lettres. Le
troisime jour, pendant que je prenais mon petit djeuner
avec mes enfants, d'un seul coup, j'entends :
"Vercingtorix ". Je trouvai ce mot tellement ridicule que je
n'en ai parl personne. Quelques jours plus tard, je
rencontre nouveau cette personne, qui me repose la mme
question. Je lui rponds : "coutez, franchement je ne vois
rien, mais j'ai entendu un mot idiot qui ne correspond
rien : Vercingtorix ". Elle sursauta en disant : "Mais c'est
une station de bus que je connais, je vais aller voir. " Peu
aprs, elle retrouva son mari assis la terrasse d'un caf
avec sa matresse, face cette station.

3) Lire dans les cartes


Texte dliane Gauthier
Lorsquon possde le don de voyance, " lire dans les cartes "
revient se livrer une traduction simultane dun texte difficile.
Celui-ci se prsente sous la forme de squences de cartes, de
configurations symboliques, mais qui ne sont en rien alatoires.
Bien que cela ne soit plus nouveau pour moi depuis longtemps, je
suis toujours fascine par le retour des mmes cartes dune
consultation lautre. Linformation majeure nest pas dmentie ;
elle se rpte, enrichie de dtails nouveaux. Il me reste tenir
compte de ces modifications et dvoiler tous les sens possibles.
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Donner une interprtation personnelle et catgorique revient
semparer du pouvoir. Il faut plutt restituer humblement ce quon
comprend afin que le consultant linterprte la lumire de son
exprience et de son pass. Je ne me lasserai pas de le rpter, le
" livre den haut " nest pas immuable et crit depuis toujours,
mais son contenu volue, dpend pour une grande part de notre
effort sur nous.

Le consultant doit avoir la libert de mettre ce qui lui est dit en


rsonance avec sa propre clairvoyance. Encore faut-il quil soit
attentif celle-ci. Cest ce quexigeait de lui loracle de Delphes :
"De quelle faon passerai-je le plus heureusement le reste de ma
vie ?" demanda, un jour, le roi Crsus la Pythie. Elle lui rpondit
: "Cest en cherchant te connatre toi mme, Crsus, que tu
vivras heureux."
Les informations issues des couches profondes en mergent par
fragments. Cest souvent aprs la consultation que ces fragments
se recomposent en un tableau cohrent. Alors seulement, la
vritable signification se dgage.
La formulation de la "prdiction" doit, avant toute chose, tre
empreinte de prudence, de pudeur et de dlicatesse. Quand on
parle aux gens de leur vie et de leurs problmes, de ce quils ont
de plus intime et de plus personnel, on risque toujours de paratre

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indiscret, brutal, et de les blesser. On ne sapproche de Psych
quavec douceur et respect.
Personne ne vient voir une voyante par pure curiosit, dsir de se
distraire ou de tuer le temps. Derrire cette dmarche, il y a une
interrogation et, souvent, une angoisse, une souffrance. La
voyante peut dire des choses dlicates, peu agrables entendre,
mais condition de prendre des mnagements, de ne pas faire
violence et, surtout, de ne rien prsenter comme inluctable. Car
la fatalit nexiste pas.
Il peut y avoir divers niveaux de lecture du message : un voyant
ne verra que le blocage, un autre ira au-del, lun verra le malheur
venir et lautre le malheur conjur. Chaque voyant, selon sa
personnalit, ses centres dintrt, son pass, interprte de faon
diffrente les indications quil recueille. Cest tout le problme : l
se situe le danger le plus redoutable qui soit : la prise de pouvoir
par le voyant qui dispose de lavenir du consultant.
En ralit, cest le consultant qui porte en lui la rponse la
question quil pose. Le voyant ne fait que lui permettre de la
rencontrer et de la reconnatre pour sienne. Mais cest le voyant
qui la formule en mots, en "prdictions". Ce problme de la mise
en forme est capital. Les mots que jemploie, sils donnent
lavenir une forme trop arrte, rigoureuse, contraignante, vont
emprisonner ou "braquer" le consultant. Seule la prdiction
formule de faon nuance, comme squence dvnements
possibles mais non inluctable, laisse subsister la libert et permet
dengendrer un avenir.
La voyance atteint une dimension hors de lespace et du temps.
Le consultant qui y pntre avec le voyant prend de la hauteur
lendroit de ses problmes et de sa souffrance. Il voit quelle peut

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tre fconde, porteuse de sa transformation. Il sen libre tandis
qu elle sexprime symboliquement devant lui sous la forme de
petits cartons colors. Il slve, en quelque sorte, dans les "paix
des cieux" pour gagner la "bataille humaine", comme dit la Jeanne
dArc de Pguy. Il brise le carcan de lespace-temps qui nous
emprisonne, la causalit linaire du monde de la matire. Quil
croie ou non en Dieu, il se hausse vers un monde suprieur.

4) Intuition et voyance
On nomme " intuition " la connaissance directe et immdiate, sans
le recours un raisonnement. Or, ce sont souvent d'authentiques
"clichs de voyance".
Certains disent que la voyance nexiste pas, sinon elle
contribuerait lvolution des sciences, en rvlant leur devenir.
On peut retourner cet argument : quest-ce quun grand savant, si
ce nest un grand intuitif ? Einstein disait quil mettait parfois des
mois formuler dune manire scientifique une intuition qui
pouvait ne durer quune fraction de seconde (Kouznetsov, 1967).
Bohr dit avoir dcouvert le modle atomique lors dun rve, alors
quil cherchait en vain depuis des mois. On raconte la mme chose
de Kkul, celui qui a dcouvert la structure spatiale du benzne.
De grands dcouvreurs donnent cependant tellement de poids
leurs " clichs " quils en perdent apparemment le souci de
scientificit. Des statisticiens amricains ont ainsi calcul que
Mendel aurait menti : ses expriences sur les petits pois nont
jamais pu tre aussi parfaites quil le prtend (Broad, Wade, 1987,
p. 37-39). On a rcemment dcouvert quil en tait de mme pour
Pasteur : celui-ci a omis de prendre en compte dans ses
publications les rsultats en faveur de la gnration spontane,
pourtant consigns dans ses carnets de laboratoire ! Il faut dire,

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la dfense de tous ces " voyants ", que le clich offre le rsultat
mais jamais le raisonnement :
A linstar dEinstein, lintuition du rsultat doit tre amene
logiquement, et cela seul le travail peut le raliser. La voyance ne
porte jamais sur un raisonnement, une dmarche rationnelle. Si
elle donne des informations dallure conceptuelle (des chiffres par
exemple), cest quelle sappuie sur lmotion. Belline (1975)
pouvait ainsi faire des prdictions chiffres parce quelles
correspondaient des motions fortes, des gains financiers
importants par exemple

5) Voyance et libert daction


(cas rapport par Louisa Rhine)
Souvent, le consultant a le sentiment que son avenir est crit. Il
en tient pour preuve le fait que souvent, quoi quil fasse, la
prdiction se ralise. Or, quand lannonce nest pas vite, cest
souvent que nous manquons dlments pour linterprter. Il ne
sagit en rien dune loi gnrale :
" Une mre rva que, deux heures plus tard, un violent
orage allait clater, et quun lustre tomberait sur la tte de
son bb qui dormait dans son berceau juste au-dessous.
Dans le rve elle vit le bb tu. Elle rveilla alors son mari
qui sexclama que ctait un rve idiot. Le temps tait si
calme. Elle alla chercher le bb et le prit dans son lit. Deux
heures aprs, un orage causa la chute du lustre, lendroit
mme o la tte du bb se serait trouve ; mais le bb
ntait plus l pour tre tu. " (daprs Louisa Rhine et
Hardy, 1989, p. 15)
Cette femme a identifi un rve prmonitoire. Les dtails en sont
limpides. Or, si nous examinons cet exemple, nous constatons que

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seuls les lments sur lesquels cette femme na pu agir se sont
produits comme ils avaient t annoncs : le futur est
parfaitement dtermin. Mais la femme a pu intervenir, le futur
nest en rien irrvocable. Ces lments sont constamment
retrouvs. Face une prdiction menaante, il ne faut donc pas
rester passif, nous devons interroger le mdium jusqu obtenir le
dtail de la prdiction.

6) Les prophties
La quasi totalit des voyances portent sur des faits dont le voyant
aura connaissance. On peut dire qu'il s'agit toujours de
prmonitions, c'est--dire des voyances sur soi-mme. l'inverse,
les prophties portent sur des faits que le sujet ne pourra jamais
observer de lui-mme.
Un certain nombre de prophties historiques sont clbres, celle
de la venue d'un Messie est parmi les plus connues. Or, le contenu
des prophties est toujours extrmement difficile interprter,
car, comme toute voyance d'ailleurs, il est symbolique : il utilise
des images et non des concepts analysables comme l'est notre
langage. Ainsi les Juifs attendent toujours le Messie, un Roi
d'Isral alors que les Chrtiens considrent qu'il est dj venu,
dans la personne de Jsus de Nazareth.
Le cas de Nostradamus est exemplaire. Les Centuries constituent
une suite de symboles curieusement agencs. Or, une tude
attentive rvle a posteriori des rapprochements tonnants. On
cite souvent l'histoire de la fuite Varennes de Louis XVI. On ne
peut jamais dcrypter ces vers. Si cela avait t possible, l'auteur
l'aurait fait. Il n'a pu aller plus loin que ces symboles parce qu'il
n'avait aucun lment de rfrence. Pour moi, Nostradamus a
menti en disant qu'il avait sciemment cod ses Centuries : il n'a vu
que ce qu'il a crit, il n'a fait que mettre ses visions en vers.
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C- Les visions, les apparitions, les fantmes


Le terme de "vision", couramment employ, est inadapt car ce
phnomne dpasse largement le domaine de la vue ; le champ
couvert est celui des cinq sens. La grande question que pose la
"vision" est de savoir si elle correspond une ralit quelconque.
Classiquement, il existe deux grands types de visions, les visions
religieuses, dont le type le plus achev est la vision christique,
comme celle vcues quotidiennement par sainte Thrse d'Avila,
et la vision de dfunts.
Pour le mdecin et le psychologue, il existe principalement deux
possibilits en dehors de la vue de la ralit ambiante : l'illusion ou
"perception dforme" et l'hallucination ou "perception sans
objet". Or la vision (ou l'apparition) ne se laisse pas rduire de la
sorte. Elle se trouve souvent confirme par les faits, qu'il s'agisse
d'un simple rve, d'une vision ou mme, chose curieuse, d'une
hallucination.
Comment interprter ces faits ? On peut penser une
communication inconsciente et intense entre les sujets, sur le
mode d'une contagion affective, ce qui expliquerait la vision
plusieurs. Il reste que certaines apparitions peuvent tre
photographies, filmes et enregistres, c'est la
"transcommunication instrumentale".
La "ralit" dune apparition pose des problmes thoriques encore
non rsolus, et qui ouvrent la question dune coalescence de notre
monde matriel et de celui du rve

1) Apparition religieuse
LEglise catholique est probablement celle qui a le plus faire face
ces phnomnes, car la Vierge Marie constitue un des thmes les
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plus frquents (cf. Bouflet, Boutry, 1997). Voici un cas manant
dun croyant, que jai personnellement rencontr :
Mr. S. me dit avoir vu la Vierge Marie de manire
distincte (en plein jour, alors quil tait dans un tat de
conscience normale). Elle lui a apport un message qui, ditil, avait une porte personnelle, puis elle a disparu. Il me
relate ces faits comme sils taient presque ordinaires. Cela
lui semble normal tant donn sa pit. A noter quil na
parl de cela qu deux ou trois membres de son entourage.
Un tel rcit est extrmement frquent, malgr lapparence.
Sattachant aux " grands cas ", lattitude des experts est souvent
passionnelle. Le catholicisme reste prudent : dans les derniers
vingt-cinq ans, seules quatre apparitions ont t considres
comme authentiques par leurs vchs respectifs. Lautorit
ecclsiastique sappuie sur la qualit du culte qui y est rendu, ainsi
que le contenu du message marial. Mais lEglise ne donne pas des
rgles " a priori ". Le cas de sainte Thrse d'Avila, par exemple, a
longtemps t contest par les autorits religieuses.
Pour interprter les apparitions, il est essentiel de se pencher sur
leur contexte. L'apparition de Lourdes, par exemple, est survenue
chez une jeune fille trs prouve (famille trs pauvre, mre
brle gravement, pre rendu presque aveugle par un accident de
travail, elle-mme reste asthmatique dun accs de cholra).
Bernadette rentrait dune intense prparation sa Communion,
elle tait donc dans une situation prdisposant au mysticisme.
Dans dautres cas, le cheminement est plus clair encore : une des
visions mariales les plus connues en France, celle de " la rue du
Bac " (Paris, 1830) sest produite chez une jeune fille trs pieuse
qui se coucha, ce soir l, " convaincue que son saint patron
exaucerait son dsir (dapparition) " (McClure, op. cit. p. 25 sq.).

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Comprendre le paranormal
De plus, elle vivait dans un ordre religieux qui esprait ardemment
un tel vnement. Le caractre " miraculeux " des visions doit tre
parfois ramen des dimensions plus psychologiques, sans que
cela doive diminuer la saintet des lieux et des personnes.
Dune manire gnrale, on peut remarquer que la Vierge Marie
est toujours apparue dans les pays o le catholicisme tait bien
implant, mais galement dans des pays en crise.
Le cas, contemporain, de Medjugorje est particulirement
significatif, dans lex-Yougoslavie, o des centaines de milliers de
fidles affluent sans discontinuer, depuis 1981, plusieurs jeunes
visionnaires y voyant la Vierge dune manire presque continuelle.
Or, lglise vient de prendre une position ngative et sans
ambigut. Sans mettre en cause la sincrit des jeunes voyants,
ni dailleurs interdire la dvotion populaire, elle naccorde pas sa
caution.

2) Sainte Thrse dAvila " voit " le Christ


Sainte Thrse est interroge par son confesseur :
" - Mon Pre. Notre Seigneur se tient prs de moi. [...]
- Comment le voyez-vous ?
- Mon Pre, je ne le vois point. [...]
- Alors comment savez-vous que c'est le Christ ?
- Je ne sais comment, mon Pre. Mais je sais que c'est lui.
[...] Une lumire claire l'entendement sans nous frapper en
tant que lumire. [...]
- Une lumire qui n'en est pas une ?
- Non, car son clat n'blouit point [...]
- Qui vous dit que c'est Jsus-Christ ?
- Il me le dit lui-mme. Mais avant qu'il me le dise,
l'entendement en moi le sait dj. " (cit par Auclair, 1960,
p. 109 sq.)
21

Comprendre le paranormal
Cette vision constitue une sorte de " savoir " immdiat, hors de
toute perception, car cette vision na aucun caractre
d" extriorit ". Elle persiste souvent lidentique, que le sujet ait
les yeux ouverts ou ferms. La vue nest donc pas en cause.
Dailleurs, personne ne voit lapparition, en dehors du visionnaire
lui-mme, comme dailleurs le confirment tous les cas o une foule
tait rassemble autour du visionnaire (Lourdes, Fatima... et
jusqu Medjugorje). Il ne sagit pas non plus dune croyance,
puisque les enregistrements lectro-encphalographiques rvlent
des tracs quivalents ceux nots lors dune perception
habituelle. Est donc fausse la dfinition habituelle de la vision :
" chose surnaturelle que voient ou croient voir certaines
personnes ".

3) Visions de dfunts
A l'oppos de ces visions mariales qu'on entoure d'une large
publicit, d'autres sont singulirement plus "intimistes", ce sont les
visions de dfunts. Elles voquent souvent l'hallucination, du fait
de la facilit les interprter suivant un mode psychanalytique :
Mme F. est hospitalise pour une tentative d'autolyse
mdicamenteuse importante, la suite du dcs de son mari.
Aprs la sortie du coma, elle apparat trs dprime. Il est difficile
de tirer d'elle le moindre mot. Jadministre un traitement
d'antidpresseur. Dans les entretiens, elle s'exprime lentement,
avec un langage pauvre, d'une manire que n'expliquent pas
entirement les circonstances, et ceci malgr une intelligence
apparemment normale et un contact correct. Cela dure plusieurs
mois. Je dcouvre progressivement qu'elle est en fait gne par un
secret trs lourd, et qu'elle n'arrive pas livrer. Elle finit par me
rvler que son mari dcd est en fait toujours l.
Tous les soirs, dit-elle, elle le retrouve, dans leur ancienne

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Comprendre le paranormal
chambre. Il est prs de la tte de son lit, debout, quasiment
immobile. Il n'apparat pas hostile son gard. Dans un premier
temps, elle hsite se coucher et s'endormir. Elle dcide de
mettre son lit dans une autre pice, et elle ne le voit plus. Mais,
avec le temps et devant labsence de raction de son " mari ", elle
revient dans sa chambre, et elle n'y prte plus attention.
Si elle m'en parle, semble-t-il, c'est qu'elle voudrait refaire sa vie,
et qu'elle imagine mal recevoir un homme sous les yeux de son
mari ! Elle finit par dmnager. Aprs quelque temps de
tranquillit, il rapparat dans le nouvel appartement. Ce n'est
qu'au bout de deux ans environ de prsence quasi quotidienne
qu'elle ne le voit plus...
Que les veuves et veufs aient une vision de leur conjoint dcd
semble assez frquent. Beaucoup n'en disent rien, pensant : "Plus
personne ne croit ces choses-l."
Mais les manifestations de dfunts ne se limitent pas aux visions
subjectives. Ils peuvent aussi se rvler de manire matrielle, au
travers de la transcommunication instrumentale en particulier.

4) Fantme ? Une exprience troublante


Je reois un jour un homme, qui se prsente incapable de parler,
trs angoiss. La famille ne comprend pas. Il venait darrter une
psychothrapie, qui semblait bien se drouler. Je dcide de
lhospitaliser pour lui donner un antidpresseur en perfusion. L'tat
du patient s'amliore, mais trop lentement mon got. Il semble
extrmement rticent. Je dcouvre peu peu l'existence d'un
secret que le patient voudrait partager. Il me raconte son enfance,
trs misrable, marque par la dchance de son pre. Les
derniers mois de sa vie furent pnibles : le pre gmissait sans
arrt, mme la nuit. On avait confi mon patient la charge de

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Comprendre le paranormal
s'en occuper. Ce n'est qu'aprs bien des entretiens qu'il me
raconte l'pisode qui suit :
Une nuit, il est rveill par des cris d'horreur, il trouve son pre
dans un tat de panique, les yeux rivs sur la fentre. Les volets
ne sont pas ferms ; dehors, un visage affreux, grimaant, de
taille beaucoup plus grande que nature, sans consistance
matrielle, mais plus dense qu'une simple vapeur. Ce phnomne
a dur, selon le patient, plusieurs minutes. Le lendemain, son pre
lui demande : "Tu as vu, toi aussi ?" Le fils nie en bloc...
L'vocation de cette scne, trente ans aprs, le plonge dans
leffroi.
Ce rcit serait probablement rest enfoui si une collgue de travail
n'avait exerc sur lui un harclement sexuel pressant et durable.
Trs rigoureux sur le plan moral, il s'est dprim. Voyant cela, il
engage une psychothrapie qui lui fait brutalement revenir la
mmoire cet pisode. Entendant cela, le thrapeute semble avoir
perdu pied. Il alterne, rapidement et sans le justifier auprs du
patient, divers traitements sdatifs, neuroleptiques et
antidpresseurs. Il pensait probablement avoir, par erreur,
dclench des hallucinations graves. Cette attitude dsaronne le
patient, qui vient alors me consulter pour une hospitalisation.
Je prends alors le parti de dire au patient que de telles choses ont
t dcrites dans des ouvrages (qu'il ne lira pas). Rassur sur son
exprience, il rvle tout sa femme, qui ne savait rien. Celle-ci
s'affole, mappelle. Je lui dis ce que jai dit son mari. Ne me
croyant qu moiti, elle tlphone au frre, puis la sur de son
mari, qui confirment les faits. Dsempare, la femme s'adresse
moi... Je la rassure comme je lavais fait avec son mari, et tout
rentre dans lordre.

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Comprendre le paranormal
Une telle histoire montre quun thrapeute na pas besoin
dattester la vrit dune exprience, mais seulement de permettre
la personne de ne pas se sentir " folle ". Les rfrences des
livres, mme non lus, semblent avoir suffi

5) Rve, vision et cauchemar


Le rve habituel n'est, habituellement, jamais confirm par la
ralit. Il reste que certains rves apparaissent d'emble diffrent,
par leur tonalit, leur contenu, leur message. Voici une exprience
personnelle :
Une nuit, alors que jtais reu ltranger, je fais un
rve. Celui-ci me surprend demble par sa tonalit
particulirement brillante. Ma grand-mre (dcde plusieurs
annes auparavant) est l, assise sur un canap, immobile,
comme une apparition. Je me fais la rflexion, au sein mme
du rve : " Claude Lecouteux dit que lapparition dun mort
annonce gnralement un dcs. " Je crie alors ma grandmre : " Dis-moi qui tu viens chercher. " Celle-ci reste
immobile. Je me dis alors : " Lemprire crit que le sujet
nest jamais dans un tat de conscience normale quand il a
une hallucination visuelle, or il sagit dune hallucination, et
je suis dans un tat normal. " Puis je me reprends, et
constate : " Non, je ne suis pas dans un tat de conscience
normale, puisque jai une norme pression sur les oreilles. "
Je me dis alors : " Par la pense, je vais repousser cette
pression. " Jy parviens et constate que lapparition sest
efface. Je me rveille alors. Je suis assez frapp, mais pas
vraiment inquiet. Habitu aux prmonitions, je me fais la
rflexion que si mort il y a, elle ne devrait pas frapper un
membre de ma famille. Je me rendors. A neuf heures, je
retrouve lami qui mavait invit. Il me dit aussitt : " Tu sais

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Comprendre le paranormal
ce qui est arriv cette nuit ? Le mari de ta gardienne est
mort, brutalement, quatre heures du matin ! " Cette
femme avait t absolument charmante avec moi, elle
habitait au rez-de-chausse.
Cet exemple, malgr ses paradoxes, appartient aux " songes ",
aux apparitions en rve. Comme le dit Claude Lecouteux (1986, p.
86, et 1995a, p. 89), les peuples germaniques au Moyen ge
appellent ce type de rve cauchemar ou " entit rveillant le
dormeur en loppressant ". Lvocation de Lemprire (1977, p.
28) est par contre inexacte, car sa remarque ne concerne que les
apparitions christiques et mariales.
Dans ce rve, je parais mener un vritable raisonnement, comme
si jassistais au rve de lextrieur. Je peux presque agir, la
manire dun " rve veill ", chose souvent constate dans ces
rves qui laissent un souvenir particulirement brillant (comme les
" rves de vol ").
On peut remarquer que je ne me suis pas adress lentit
comme je le faisais avec ma grand-mre. Jaurais agi comme avec
une " succube ", un dmon fminin singeant un proche pour
tromper le dormeur. Selon certains auteurs anciens, il s'agirait
d'un " fantme ", qui ne parle ni ne bouge, linverse dun
revenant qui peut se manifester bruyamment.
La discussion de la " matrialit " de lapparition a toujours t
difficile. En Occident, nous nous rangeons derrire un point de vue
adopt trs tt par lEglise catholique : " Ce qui se manifeste, ce
nest pas lme, mais la figure, la forme, laspect du dfunt ",
comme le dit St Augustin, au IVme sicle de notre re, ce qui est
conforme aux conceptions psychanalytiques.

26

Comprendre le paranormal

6) Ralit des apparitions


Depuis toujours, on s'interroge sur la ralit des apparitions. "La
Vierge est-elle vraiment venue Lourdes, Fatima, Medjugorje..."
McClure fait remarquer que jamais la Vierge n'est apparue avec un
type smite et un vtement du dbut de notre re, mais comme
une femme europenne habille en blanc et bleu, d'une manire
presque strotype.
Il reste qu'on ne peut rejeter d'un revers de main la ralit d'une
appartition. Dans le cas de Lourdes, par exemple, la simple illusion
peut tre exclue. En effet, Bernadette, dans son comportement,
n'apparat pas se conformer l'attente du public. Elle va mme
son encontre : le 25 fvrier, elle se mit en effet gratter le sol,
manger la terre qu'elle avait retire, ainsi que quelques feuilles
d'une plante sauvage ! Devant le dgot suscit par le geste, elle
dit que la Dame lui avait dit : "Va et bois la source et lave-toi en
elle", puis : "Va et mange la plante qui pousse l." Curieusement
en effet, c'est l'endroit mme qu'elle avait gratt que, deux jours
plus tard, jaillit la clbre source, point central du sanctuaire
actuel. Bernadette ne rpond donc pas au cadre de la suggestion,
ni rien d'approchant.
Souvent, quand on veut soutenir lide dune " ralit " dune
apparition, on remarque quelle concerne plusieurs personnes la
fois. Or, souvent, celles-ci appartiennent, sinon la mme famille,
du moins au mme village. Dans un tel contexte, des interactions
motionnelles fortes sinstallent presque automatiquement, par
contagion affective.
A Medjugorje, dans lex-Yougoslavie, des centaines de milliers de
fidles affluent sans discontinuer, depuis 1981, plusieurs jeunes
visionnaires y voyant la Vierge dune manire presque continuelle
(cf Laurentin, Rupcic). Des experts mdicaux ont observ les
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Comprendre le paranormal
enfants, et ont not la synchronisation des
lectroencphalogrammes et des regards des visionnaires. Une
transmission dinformations habituelles tant exclue, peut-on faire
appel des changes incluant des perceptions sensorielles
subliminales, une contagion affective, ct de perceptions extrasensorielles ? Ceci expliquerait que les visionnaires "voient" la
mme chose.
Ceci tant dit, lglise catholique vient de prendre une position
ngative et sans ambigut (cf Bouflet, Boutry). Sans mettre en
cause la sincrit des jeunes voyants, ni dailleurs interdire la
dvotion populaire, elle naccorde pas sa caution.
La vision dpasse largement le champ de lhallucination, mme si,
dans certains cas au moins, il est difficile de les distinguer.

7) Hallucination et ralit
Pour le mdecin, l'hallucination est une "perception sans objet".
L'hallucination concerne au premier chef la folie (psychoses
hallucinatoires) et des intoxications (alcool, drogues
hallucinognes). Mais elle peut survenir dans un tat proche du
normal : fatigue extrme, privation de sommeil, moins que ce
soit la classique "image hypnagogique", ces visions que nous
percevons alors que nous plongeons dans le sommeil. En d'autres
termes, elle ne correspond aucune ralit, quelle qu'elle soit.
Est-ce toujours le cas ?
Or, tout comme les rves et les apparitions, il arrive que certaines
"hallucinations" se trouvent bizarrement confirmes par la ralit.
Voici un cas qui m'a t relat :
Une nuit, une de mes collgues et amies a vu, dit-elle,
apparatre le Christ, alors qu'elle ne rvait pas. Il a engag

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Comprendre le paranormal
une conversation avec elle. Il lui tait alors vident que si
elle ne rpondait pas ses questions elle mourrait. Le
lendemain, lors d'une promenade dans les gorges du Tarn,
en prenant une photographie, elle s'est trop recule, faisant
une chute de dix mtres. Au cours de cette chute, qui lui a
sembl durer trs longtemps, elle dit avoir vu un paysage
particulier : des pturages d'un vert tendre o paissaient des
vaches. Malgr la hauteur, elle n'a souffert que de fractures
bnignes. Elle pense encore actuellement que si elle n'avait
pas rpondu l'apparition elle serait morte.
Il s'agit de ce qu'on appelait, dans les temps anciens, un
cauchemar. Ce mot signifiait "entit, esprit, provoquant des
mauvais rves" (ou "spectre nocturne"). Le revenant, ou l'entit,
apparaissait en songe et annonait l'avenir, souvent une menace ;
l'interprtation de ces songes, tait pris alors trs au srieux,
participait de la vie de la communaut. Ma collgue dit qu'elle ne
rve pas, mais l'impression d'tre veill est parfois trompeuse.
Sur le plan thologique, il n'est pas envisageable de penser que le
cauchemar de mon amie mette en jeu le Christ. Il n'a jamais
menac de mort celui qui ne pourrait lui rpondre. Il sagirait de ce
quon appelait un " incube ", un dmon masculin dont lapparence
est trompeuse.
Ma collgue relate, durant sa chute, une autre ralit. Cette chose
est connue. Albert von Sankt Gallen Heim en a tudi une
centaine. Leur trait commun : "Il n'y avait ni anxit ni trace de
dsespoir, ni douleur, mais plutt un srieux plein de calme et une
acceptation profonde. [...] La personne qui avait fait une chute
entendait souvent une musique trs belle et tombait dans un ciel
superbement bleu, rempli de nues en forme de rosaces..."

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Comprendre le paranormal
Osis et Haraldson, tudiant les expriences proches de la mort (ou
NDE) disent ainsi que, sur prs de six cents avaient vu des tres
humains, environ cent vingt avaient eu des visions de paysages
paradisiaques, enfin un peu moins de deux cents n'avaient pas eu
de visions mais avaient atteint une parfaite srnit.

8) Transcommunication instrumentale,
Images de dfunts
a) Transcommunication
On appelle " transcommunication instrumentale " le fait quun
dfunt se manifeste par un instrument. Le pre Franois Brune a
crit " Les morts nous parlent ", un ouvrage qui fait une recension
trs complte de la littrature franaise et allemande sur le sujet :
une image de visage apparat sur lcran de tlvision, une voix se
fait entendre la radio, alors quils ne devraient rien diffuser.
Lauditeur reconnat un proche dcd, qui manifeste ainsi sa
survie au-del de la mort.
Les critiques font remarquer quil sagit souvent dappareils
anciens dont la
syntonisation nest
plus trs prcise. Un
tmoin croyait
entendre une
musique doutretombe alors quil
sagissait de la
radiodiffusion du
Miserere d'Allegri.
Ailleurs la soi-disant image dun proche se rvlait tre celle dun
personnage politique mise par une station lointaine.

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Comprendre le paranormal
Il reste cependant quelques cas troublants. Lun deux ma t
communiqu, enregistr partir d'une camra de surveillance
fonctionnant en continu. Un jour, visionnant la bande, lintress
constata, durant quelques secondes, une silhouette fantomatique
blanchtre, paraissant se dplacer sans contact avec le sol.

b) Images de dfunts (ou desprits)


Parfois des visions, en particulier celle ayant trait des boules
lumineuses, laissent une trace sur la pellicule. Il arrive mme
quun clich (photo, cinma) rvle une image lumineuse
paradoxale alors mme que les intressaient navaient fait que
pressentir une
apparition.
La photo ci-contre est
tire de l'ouvrage de
Rose Morandire (que
j'ai rencontre
personnellement, et
qui m'a dit des choses
fort intressantes et
juste sur mon propre
avenir). Cette photo montre des lignes sinueuses, traces de
lumires qui se seraient dplaces durant la runion de qu'elle
animait (Nol 1976). Je n'ai pas, pour ma part, d'explication,
ceci prs que de telles manifestations me posent problme sur le
plan thorique

.En effet, pour moi, le paranormal est li aux

couches profondes de notre Mental. A ce niveau, nous serions en


contact avec les lois de la nature et ventuellement l'Outremonde. Il n'y a cependant aucune raison que des appareils, quels
qu'ils soient, aient cette possibilit. Cependant, on peut penser
que, dans certains cas, notre esprit ait la facult d'imprimer la
31

Comprendre le paranormal
pellicule. Jean-Pierre Girard en a fait la dmonstration plusieurs
reprises.

9) Photographies de "corps subtils"


Parfois, la photographie rvle une tache lumineuse qui ne
correspondait aucune perception
visuelle.
La photo ci-contre est tire de
l'ouvrage de Rose Morandire (que
j'ai rencontre, et qui m'a fait une
forte impression !). A ce moment-l,
elle est reste durant prs de deux
mois dans ce qu'elle m'a dcrit
comme un sommeil extatique (ou
extase). Selon le commentaire de
l'ouvrage, il s'agirait de la
manifestation de son "corps astral",
un des "corps subtils" qui
entourerait notre corps physique et qui serait susceptible de s'en
dtacher ("voyage astral").
Quen penser ? Tout comme pour les images des dfunts, je
penserait plutt que, dans certains cas, notre esprit ait la facult
d'imprimer la pellicule.

D- L'action de la pense sur la matire


L'action de la pense sur la matire comprend deux "grands
chapitres".

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Comprendre le paranormal
1/ Le premier fait l'objet de recherches scientifiques, en
laboratoire ou non. On groupe ces manifestations sous le terme de
" psychokinse " (en anglais " PK " pour " Psycho Kinesis "). Dans
ce registre, on diffrentie :
- la psychokinse proprement dite, reconnue comme telle,
dlibre, " volontaire " et
- les poltergeists (mot issu de lallemand et qui signifie " esprit
bruyant ") les manifestations " sauvages ", involontaires, parfois si
difficiles interprter quon les attribue un " esprit ", issu de
lAu-del. On lassocie alors parfois un ventuel fantme identifi
dans les parages.
2/ Un chapitre beaucoup plus vaste, mais d'un abord difficile sur le
plan de la recherche et ce qu'on groupe sous le terme d'"action de
la pense sur l'environnement". Dans ce registre, on peut identifier
la ralisation de souhaits, mais aussi de craintes... et d'une
manire tout ce qui peut concerner notre interaction consciente ou
non sur ce qui nous entoure. L'aspect "paranormal" est ici
beaucoup plus difficile dfinir.

E- La psychokinse
La psychokinse est, tymologiquement, la capacit de faire
bouger des choses directement par lesprit. Dans lusage, on
rserve ce terme aux phnomnes contrls, o le sujet exerce,
plus ou moins sciemment, ses facults, et on loppose aux
"poltergeists" (les "esprits frappeurs") quand les phnomnes
apparaissent spontans et dsordonns. En effet, la plupart de ces
cas ont pu tre attribus, non esprit immatriel, mais au
fonctionnement psychologique dun tre humain, classiquement
une jeune fille lge de la pubert.

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Comprendre le paranormal
La psychokinse peut tre spontane. Elle est plus frquente qu'il
n'y parat, beaucoup de cas ne sont pas bruits. En effet, si la
tlpathie et la voyance sont actuellement bien acceptes, la
facult d'agir sur les faits matriels a encore de grands relents de
sorcellerie.
Etant frquente, la psychokinse a fait lobjet de nombreuses
recherches exprimentales. Celles-ci ont dmontr le caractre
observable de la psychokinse, mais les rsultats ne sont
dcelables qu'au prix d'analyses statistiques pousses. On est loin
de l'vidence des cas spontans, et plus encore des poltergeists.

1) Psychokinses spontanes
Comme le font remarquer nombre dauteurs, la " chance " ne
serait-elle pas la forme la plus courante de psychokinse ? De tels
phnomnes sont en effet souvent mconnus, mme pour
lintress accoutum au paranormal :
Mme U., dont je connaissais les dons de voyance, me disait ne
plus supporter son interaction avec les appareils lectriques. Un
jour elle m'appela au tlphone, elle riait : elle n'avait plus besoin
de tlcommande pour sa tlvision ! Ds qu'elle entrait dans son
salon, celle-ci s'allumait, et s'teignait quand elle partait.
J'entrepris de la rassurer, alliant le conseil et une approche quasi
psychothrapique. Elle raccrocha, pour me rappeler quelques
instants aprs : je l'avais bien calme, et les appareils ne
s'allumaient plus. Les phnomnes cependant se reproduisirent.
Son mari, chef d'entreprise, homme pragmatique s'il en est, me
dclara, bien plus tard, qu'il serait souhaitable que je fasse
quelque chose pour sa femme, il ne supportait plus de ne pas
pouvoir se raser tranquille en sa prsence : la lampe de la salle de
bains clignotait ds qu'elle entrait !

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Comprendre le paranormal
Si Mme U. n'tait pas accoutume au paranormal, et qu'elle n'et
pas affaire un psychiatre, on aurait dj parl d'esprit frappeur.
Elle a d'emble conscience d'un chaos intrieur, d'un conflit brutal
de tendances contraires, et de sa relation avec ces manifestations
anarchiques. L'harmonisation de ces tendances provoque la
disparition des faits.
On peut exclure une explication lectrique. Dailleurs, la
psychokinse peut porter sur des phnomnes tout autres,
associs aux prcdents ou isols, comme chez Willi Schneider,
g de dix-huit ans. Le cas est relat par l'crivain Thomas Mann
(1977), qui en a t tmoin :
"La machine crire, pose l-bas par terre, commence
cliqueter... Qui tape la machine ? Personne... Les extrmits de
Willi sont maintenues. Avec son bras, supposer qu'il pt librer
son bras, il n'atteindrait pas la machine, du pied non plus [...]
Dj la ligne est acheve, on entend le chariot repouss
bruyamment... [...] Mais, quand on regarde la feuille, il n'y a
qu'une suite sans signification de lettres minuscules et
majuscules..."

2) Psychokinse exprimentale
La plupart des recherches scientifiques sur la psychokinses se
sont orientes vers des analyses statistiques, tudiant leffet de la
pense sur des processus alatoires, comme les tirages de carte
(avec Rhine, par exemple), la chute dune balle dans une
" cascade mcanique alatoire " (ou RMC, Nelson, cit par
Broughton, 1995, p. 243), le dplacement alatoire dun petit
robot (le tychoscope, Peoch, 1995) ou encore un phnomne
comme la priode dun corps radioactif (Schmitt, cit par
Broughton, id., p. 223). Dautres travaux tudirent les effets de
la pense sur la structure de la matire : Uri Geller, sous contrle
35

Comprendre le paranormal
scientifique, rendit des cuillres " molles comme du chewing-gum
(Panati, cit par Broughton, p. 213)...

3) Peut-on croire Uri Geller ?


Uri Geller stait rendu clbre, dans annes 70 par
dinnombrables expriences ralises devant le public et qui
consistaient, en particulier, en des torsions de cuillres. On la pris
un jour frauder, et il en a t dconsidr. Mais quen penser
aujourdhui ? Il sest, semble-t-il, reconverti dans la recherche
ptrolire (utilisant la voyance sur plan en particulier) et en vivrait
fort bien.
Plutt que dpiloguer sur lexistence ou non de ses facults, je
prfrerais renvoyer une anecdote qui ma t raconte par
lintress :
lpoque o Uri Geller officiait, un ami prestidigitateur
avait pens pouvoir le ridiculiser. Lors dune mission
tlvise, en accord avec le prsentateur, il stait fait
prsenter comme un puissant mdium. Il avait alors effectu
des torsions de cuillres, utilisant diffrents tours
dillusionnisme classique. Mais aussitt le tlphone du
studio se mit sonner. Des auditeurs appelaient affols :
regardant lmission, ils avaient cherch, comme ils le
faisaient avec Uri Geller, tordre eux-mmes les cuillres.
Celles-ci staient effectivement tordues, mais le phnomne
stait tendu dautres objets, et cela devenait
catastrophique. Ils appelaient laide.
Comment interprter cette anecdote ? Dans le paranormal, il ny a
pas dobservateur neutre. Le spectateur participe au phnomne,
quil le veuille ou non. L"acteur" de ce processus semble ici
lauditeur lui-mme. Sur les centaines de milliers quils taient

36

Comprendre le paranormal
regarder lmission, de simples considrations statistiques
expliquent la rvlation de sujets "dous". La puissance
dvocation et de conviction du petit cran aurait fait jouer
fortement lactivit mentale de ces auditeurs, les orientant dans un
sens spcifique. Ces capacits taient restes ignores, rien
ntant venu les susciter auparavant. De tels "artefacts" sont
redoutables, des personnalits fragiles pouvant sombrer devant
des faits dont la ralit est parfois incontestable.
Uri Geller suscitait, lui aussi, de tels phnomnes. On voit qu'il
n'tait pas ncessaire qu'il ait de rels "pouvoirs".

F- Les poltergeists
"Poltergeist", en allemand, signifie "esprit bruyant". On runit sous
ce nom un certain nombre de phnomnes, ds lors qu'ils ne sont
pas explicables par les moyens habituels : coups frapps, bruits
divers, dplacements, apports, disparitions d'objets, etc. Le terme
mme d'esprit renvoie l'ide d'une entit indpendante. Mais on
parvient souvent identifier un auteur, ce qui fait rentrer le
processus dans la psychokinse. L'usage prvaut cependant de
parler de poltergeist (pour un exemple, ) chaque fois que le
processus est mis en oeuvre de manire "sauvage", spontane,
incontrle, et de psychokinse dans les autres cas.

37

Comprendre le paranormal

Lhypothse dun poltergeist est frquemment souleve, mais


rarement vrifie (le poltergeist dArcachon). Gnralement, une
explication naturelle vient bout de ces nigmes, mais ce nest
pas toujours le cas.
Le sujet "rpand au dehors" son nergie, comme sil avait cass un
objet. Le conflit intrieur, tant ainsi rvl, se rsout comme
aprs une sance danalyse. Dans le poltergeist, lmotion,
sexprimant de manire brutale, sauvage, atteint une puissance
que naurait jamais une psychokinse ou une simple ralisation de
souhait.
Pour aller contre ces manifestations et "gurir dun poltergeist", il
faut tre un " catalyseur " de lmotion du groupe.
La psychokinse et le poltergeist illustrent laction directe de la
pense sur les faits. Ces manifestations voquent des pulsions
inconscientes, difficilement contrlables. Pour chaque individu,
elles ont une allure assez spcifique, utilisant prfrentiellement
des voies dj ouvertes : lun fera tomber des pierres ou des
38

Comprendre le paranormal
clous, lautre fera fonctionner des appareils lectriques dune
manire dsordonne... Laspect anecdotique de ces
manifestations souligne, si besoin tait, le dsordre intrieur de
ces personnes, au moins lors des faits. A linverse, on ne notera
gnralement pas de telles manifestations chez le sage ou le saint,
dont lquilibre inconscient sillustrera dans des actions sur la
matire cohrentes, riches et utiles.

1) Le poltergeist dArcachon, une habile manipulation


Le cas de la clinique d'Arcachon a dfray la chronique, surtout
quand l'mission "Mystre" en a fait un reportage trs
impressionnant son sujet. Malheureusement, il ne s'est rien
produit de srieux cette poque l, d'aprs l'enqute trs
pousse que l'un de nous a fait auprs des survivants, et l'un
d'entre eux en particulier, l'ancienne directrice elle-mme. Celle-ci
est reste en contact avec de nombreux membres de son quipe,
et les avait intrrogs ds l'poque du tournage. Elle a
recommenc depuis, lors de notre enqute, ce qui a encore
confirm on point de vue.
Il apparat que le Docteur Cunot a t manipul par la seconde
des jeunes filles, soi-disant auteur des poltergeists, jeune fille qu'il
connaissait lui-mme comme tant "hystrique".
Il est noter que les lments que nous relaterons ici taient
connus de l'quipe de l'mission "Mystre", puisque cette
directrice, lorsqu'ils ont interview, leur a fait part de tous ses
doutes. Mais ils ont coup son tmoignage de manire en
inverser le sens. Aucune menace de poursuite judiciaire ne les a
empch de diffuser l'mission !
Voici ce qu'en disait le Dr Cunot (Revue mtapsychique, juin
1966), propritaire depuis vingt-trois ans de l'tablissement o

39

Comprendre le paranormal
eurent lieu les prtendus faits. De plus, le Pr Robert Tocquet
(1974, p. 102 sq.), minent spcialiste du paranormal, a
personnellement enqut sur ce cas, mais il n'a t tmoin que
d'un seul lment, relat ci-dessous, des coups frapps sur la
porte qu'il tenait :
De la mi-mai jusqu'au dbut septembre 1963, la Clinique
orthopdique d'Arcachon fut harcele par la projection de
cailloux, de morceaux de moellons et de fragments de
briques dont l'origine est demeure inconnue. [...] Pendant
cette priode, les malades, la plupart allongs sur des
voitures, reurent approximativement deux trois cents
cailloux de tous calibres. [...] Les trajectoires des pierres, la
direction du tir, la vitesse, le nombre et la nature des
projections furent trs variables. L'horaire fut, lui aussi, trs
capricieux [...], mais particulirement la nuit tombante.
Jamais il n'y eut de malades blesss et si deux d'entre eux
furent touchs, ils ne le furent que trs lgrement. La seule
condition, apparemment ncessaire et suffisante, tait la
prsence dans les parages de Jacqueline R., ge de dixsept ans, ce qui autorisait tous les soupons la concernant
[comme agent du phnomne]. Mais, malgr l'troite
surveillance de la part des autres malades, jamais rien dans
ce sens ne put tre mis en vidence. Au contraire [...] elle
fut lapide copieusement. [...]
Le Dr Cunot signale que la chute des pierres commena au
moment o le personnel et les malades de la clinique
apprirent que celle-ci allait tre ferme ou vendue. A cette
poque, une malade, Anglina M., tait trs vise par les
cailloux. Ce n'est qu'aprs le dpart d'Anglina (le 7 juillet)
que Jacqueline prit en quelque sorte le relais. [...] Les chutes
de cailloux devinrent de plus en plus frquentes avec une

40

Comprendre le paranormal
prdilection toujours marque pour l'environnement de
Jacqueline... Il lui suffisait de se trouver quelques minutes
en un lieu quelconque des terrasses extrieures pour que les
cailloux se mettent tomber autour d'elle. Si elle s'absentait
de la clinique, les jets de pierre cessaient. Ds qu'elle
rapparaissait, ceux-ci reprenaient aprs une latence de cinq
dix minutes chaque fois. En mme temps le poids, la
force et le nombre des pierres lances sur les malades
augmentrent rapidement pour devenir inquitants en juillet
et en aot : certains jours, il y en eut une trentaine. "
Robert Tocquet, envoy sur place pour enquter, s'installe (en
septembre) dans la chambre contigu celle de Jacqueline. Il
crit :
" Au cours de la premire nuit que je passai dans cette
chambre, 4 heures du matin exactement, quatre coups,
relativement violents, spars par des intervalles de cinq
six secondes, furent frapps la porte de ma chambre. Au
troisime coup, je me levai et j'ouvris brutalement la porte
qui donnait sur un couloir parfaitement clair par des
lampes lectriques. Personne ne s'y trouvait. C'est alors que
retentit le quatrime coup comme s'il avait t produit par
un poing invisible, cependant que je sentais vibrer la porte
que je tenais de la main gauche. "
Nous pensions disposer ici dun tmoignage de premire main,
donn par deux observateurs scientifiquement reconnus. Le cas
aurait t particulirement intressant, car il mettait en uvre
deux jeunes filles, se succdant l'une l'autre sans intervalle dans le
mme tablissement (et qui plus est dans la mme chambre). Cela
aurait t trs tonnant, puisqu'il est statistiquement exclu que le
hasard ait ainsi runi deux sujets prsentant tous deux des

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Comprendre le paranormal
capacits aussi fortes et aussi rares. Si on limine lide dun
" esprit ", on aurait t conduit faire intervenir le personnel de la
clinique et les autres patients. Ceux-ci auraient quasiment "dict
un rle" aux deux jeunes filles.
Par contre, l'hypothse psychologique que je dveloppais dans les
versions prcdentes de cette page reste vraie, aussi je contiuerai
la mentionner. Il aurait t vraisemblable que la premire
malade, Anglina, avait pu provoquer une chute de pierre, qui
aurait pu mme avoir eu une origine normale. En effet, les
personnes prsentes taient dans une situation psychologique fort
instable : ltablissement allait fermer, les patients devaient donc
quitter un lieu o ils se trouvaient bien ; les membres du
personnel taient inquiets pour leur emploi. La rumeur a donc
trouv un terrain particulirement favorable la diffusion d'une
histoire de poltergeist.
Le Dr Cunot remarque, durant son enqute : "Jai pu noter cette
espce de refus systmatique qui est presque linverse dune
suggestion collective : tout le monde se refusant admettre une
explication irrationnelle, puis, devant limpossibilit d'une
interprtation, sefforant de ne plus y penser en s'abstenant de
tout commentaire. " (ibid., p. 105). Certes, cela n'excluait rien, car
les psychanalystes savent quun refus conscient peut masquer
linverse, au niveau inconscient (et j'ai un curieux cas personnel
ce propos), mais on peut aussi trouver une explication plus simple
encore : il ne s'tait rien pass d'anormal !
Un tel cas invite la prudence, surtout que souvent les
poltergeists ont pour cadre une situation psychologiquement
instable... Il faut se mfier de tout le monde, y compris des
scientifiques ! Mais, ce qui caractrise la science, c'est qu'elle

42

Comprendre le paranormal
reconnat ses erreurs. Il importe ici de le faire, et de diffuser trs
largement l'information.

2) Le poltergeist de Rosenheim
Lexemple le plus clbre est probablement celui tudi par Hans
Bender (professeur Fribourg, en Allemagne), connu sous le nom
du "poltergeist de Rosenheim". En voici le rcit, tir de Broughton,
p. 287.
"Par un matin froid de novembre 1967, la plupart des employs de
l'avocat Sigmund Adam se trouvaient dj au travail dans son
tude de la ville bavaroise de Rosenheim. Une des dernires
personnes arriver fut Anne-Marie Schneider, une secrtaire de
dix-huit ans rcemment embauche. Elle entra dans le hall et ta
son manteau. Alors qu'elle passait sous une lampe suspendue,
celle-ci se mit se balancer, mais la jeune fille ne remarqua rien
du phnomne. Elle se dirigea vers le vestiaire, et le mouvement
de la lampe s'amplifia. Soudain l'ampoule du vestiaire se mit elle
aussi se balancer. Un employ qui l'avait surveille son entre
lui lana : " Achtung ! Die Lampe ! " Anne-Marie se courba et
releva son manteau pour se protger. Un instant plus tard,
l'ampoule situe dans le hall explosa, projetant une pluie d'clats
de verre dans la direction d'Anne-Marie. Le balancement du fil
cessa, et avec quelques mots de remerciements l'employ qui
l'avait mise en garde, Anne-Marie prit un balai pour ramasser le
verre. Les autres membres du bureau se replongrent dans leur
travail. Ils taient habitus maintenant.
Nanmoins l'avocat tait bout de nerfs. Son bureau subissait une
autodestruction rapide et ses affaires ralentissaient
considrablement. Les tubes fluorescents fixs au plafond
tombaient sans cesse en panne. Une fois, il se produisit une forte
dtonation et tout lclairage steignit tout dun coup. Lorsque
43

Comprendre le paranormal
l'lectricien, grimp sur son chelle, examina les tubes au non, il
s'aperut que ceux-ci avaient tourn de 90 degrs dans leur
logement, interrompant la connexion lectrique. peine les avaitil tous remis en tat de marche qu'un autre bruit violent se fit
entendre et que les lumires s'teignirent toutes nouveau. Mme
lorsqu'elles n'taient pas allumes, les ampoules incandescence
explosaient sans que le filament soit endommag. Les plombs
sautaient sans raison apparente, et parfois sjectaient tout seuls
de leur logement. Les dysfonctionnements du tlphone taient
particulirement graves. Les quatre combins sonnaient en mme
temps sans qu'il y et personne l'autre bout du fil. Les
conversations tlphoniques taient souvent interrompues pendant
de courtes priodes, ou coupes carrment. Les factures de
tlphone atteignirent des montants aberrants, et nombre de
numros jamais appels taient facturs. Le liquide de
dveloppement, dans les machines photocopier, jaillissait
frquemment de son rservoir sans que l'engin ft touch.
Tout d'abord, Adam et ses employs souponnrent une dficience
du systme lectrique. Des ingnieurs de la centrale lectrique
municipale et du bureau de poste (qui s'occupait du systme
tlphonique) furent appels, et un quipement de contrle
install sur les lignes lectriques afin de dtecter tout changement
d'intensit du dbit. Ces appareillages enregistrrent de trs
importantes fluctuations du dbit, qui concidaient souvent avec
les phnomnes observs. On dconnecta l'tude de l'alimentation
lectrique municipale et l'on apporta une batterie de secours
devant fournir un courant " sans perturbation ". Les carts
d'intensit de courant et les phnomnes continurent.
Des appareils d'enregistrement furent galement branchs sur les
tlphones pour garder trace de tout appel manant des bureaux.
Presque ds leur mise en fonction, ils enregistrrent des appels
44

Comprendre le paranormal
envoys des bureaux alors que personne n'utilisait le tlphone.
Les enregistrements rvlrent un nombre considrable d'appels
l'horloge parlante (qui en Allemagne nest pas un service gratuit),
souvent six par minute. Le 20 octobre, quarante-six appels
l'horloge parlante en quinze minutes furent enregistrs. [...]
Le professeur Hans Bender de l'universit de Fribourg, enquteur
chevronn en matire de poltergeists, arriva en compagnie de
quelques collgues le premier dcembre. Une semaine plus tard,
ils furent rejoints par deux physiciens de l'Institut Max-Planck
spcialistes de la physique des plasmas, F. Karger et G. Zicha, qui
commencrent chercher des anomalies dans l'installation
lectrique et tlphonique. L'quipe de Bender remarqua
rapidement que les phnomnes inexpliqus et les perturbations
de puissance ne se produisaient que durant les heures de travail.
Il devint galement trs vite vident que tous ces phnomnes
avaient pour centre la personne d'Anne-Marie. Souvent, la
premire anomalie enregistre par le matriel de surveillance se
produisait au moment o Anne-Marie franchissait le seuil des
bureaux le matin. Bender supposa qu'il s'agissait d'un cas de RSPK
dont la jeune fille tait l'agent.
Ds leur arrive, Karger et Zicha entreprirent d'examiner les
sources d'alimentation. Le 8 dcembre, ils adjoignirent des
quipements supplmentaires ceux dj en place. Entre 16 h 30
et 17 h 48 ce jour-l, l'appareillage enregistra quinze variations
brusques du dbit intervalles irrguliers. peu prs au mme
moment, des craquements trs forts se firent entendre, similaires
ceux qu'auraient produits des tincelles gantes, cependant
chaque variation lectrique ne s'accompagnait pas
systmatiquement de ces manifestations sonores. Tous les bruits
furent enregistrs sur un magntophone. On ajouta encore des
appareils pour mesurer le potentiel lectrique et le champ
45

Comprendre le paranormal
magntique prs des enregistreurs, ainsi que l'amplitude sonore
dans les bureaux. Sur la base de leurs recherches, les physiciens
jugrent qu'ils pouvaient liminer comme causes plausibles les
variations dans l'alimentation lectrique, les voltages dmoduls
haute frquence, les charges lectrostatiques, les champs
magntiques statiques externes, les effets ultrasoniques ou
infrasoniques (y compris les vibrations), les branchements
dfectueux ou des dfauts de fonctionnement des appareils
enregistreurs et, finalement, une intervention manuelle.
Lorsque Bender eut expos sa conviction que les perturbations
taient dues la PK, l'activit de poltergeist s'intensifia. L'quipe
de Bender ainsi que les ingnieurs de la compagnie d'lectricit et
les officiers de police virent des assiettes dcoratives sauter des
murs et des tableaux se balancer et mme tourner autour de leur
crochet d'attache. Bender captura sur bande vido les lampes qui
oscillaient et les bruits de dtonation, mais il ne put enregistrer les
mouvements des tableaux. Un autre enquteur, utilisant leur
quipement, put enregistrer un tableau effectuant une rotation de
320 degrs sur son axe. L'quipe de Fribourg observa des tiroirs
s'ouvrant deux-mmes et des documents qui se dplaaient seuls.
Certains tiroirs s'jectrent compltement des meubles. Par deux
fois, un classeur de quelque 150 kilos s'carta du mur d'une
trentaine de centimtres. Tandis que se produisaient ces
phnomnes, les enquteurs notrent qu'Anne-Marie tait de plus
en plus nerveuse. Finalement elle manifesta des contractions
hystriques des bras et des jambes. Lorsqu'elle partit pour prendre
une priode de repos, les phnomnes cessrent aussitt. Peu
aprs elle trouva un emploi ailleurs, et l'avocat ne connut plus
aucune difficult. Dans les bureaux o travaillait dsormais AnneMarie quelques perturbations se produisirent, mais moins
spectaculaires et qui cessrent avec le temps.

46

Comprendre le paranormal
[...] Sur plus de trente-cinq cas qu'il avait tudis, le professeur
Bender a toujours affirm que celui de Rosenheim tait le plus
impressionnant."

4) Gurir dun poltergeist


Le gurisseur dit la famille : " Si vous ny croyez pas, je ne peux
rien faire. Pour que je puisse l'arrter, il faut absolument que tout
le monde ici y croie. " (Michelet, id., p. 54). Il a compris,
intuitivement, le processus. " Adhrer au discours des victimes
nest pas simplement une tactique destine rassurer. [... Cest]
la condition sine qua non de l'action [des gurisseurs]. " (id., p.
42).
Lobservateur fait partie intgrante du processus. Sil saffole, il
encourage le processus. Sil intervient sans crainte, imposant son
calme, il lamenuise et le fait disparatre. Son efficacit tient son
propre vcu, plus qu une conviction dordre psychologique : il dit
souvent possder un " secret venu des anctres ". Cest, pour lui
une manire dentrer dans le processus : utilisant les mmes
rfrences que les victimes, il cre alors avec elles une symbiose,
moteur fondamental du retour au calme. A contrario, lobservateur
scientifique est mal plac : sa ncessaire froideur, glaant les
protagonistes, stoppera le processus avant quil arrive, moins
quil participe, son insu, son entretien. Le religieux doit croire
au Diable sil veut agir, il ne doit pas se parer des plumes du
psychanalyste. Trop lont oubli.

4) Larmoire qui craque


(Jung, Ma vie, p. 182 sq.)
Quand on parle de "poltergeist", de manifestation sauvage de la
psychokinse, on image souvent une jeune fille l'ge de

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Comprendre le paranormal
l'adolescence, au psychisme instable. Il est donc d'autant plus
intressant de prsenter un cas qui met en jeu un psychiatre,
psychanalyste et, de surcrot, trs clbre. Voici en effet un
pisode significatif qui s'est situ dans la vie de Jung. Il date du 25
mars 1909 et prit place dans la maison de Freud. On peut le
classer parmi les "poltergeists" :
" Quelques annes scoulrent avant que Freud reconnt le
srieux de la parapsychologie [...]. Tandis que Freud exposait ses
arguments, jprouvai une trange sensation : il me sembla que
mon diaphragme tait en fer et devenait brlant, comme sil
formait une vote brlante. En mme temps un craquement
retentit dans larmoire-bibliothque qui tait immdiatement
ct de nous, de telle manire que nous en fmes tous deux
effrays. Il nous sembla que larmoire allait scrouler sur nous.
[...] Je dis Freud : " Voil ce que lon appelle un phnomne
catalytique dextriorisation. " - " Ah ! dit-il, cest de la pure
sottise ! " - " Mais non, rpliquai-je, vous vous trompez, Monsieur
le Professeur. Et pour vous prouver que jai raison, je vous dis
davance que le mme craquement va se reproduire. " Et, de fait,
peine avais-je prononc ces paroles que le mme bruit se fit
entendre dans larmoire. Jignore encore aujourdhui do me vint
cette certitude. Mais je savais parfaitement bien que le
craquement se reproduirait. Alors, pour toute rponse, Freud me
regarda, sidr. Je ne sais pas ce quil pensait ni ce quil voyait. Il
est certain que cette aventure veilla sa mfiance mon gard ;
jai le sentiment que je lui avais fait un affront. Nous nen avons
jamais plus parl ensemble. "

G- Autres actions de la pense sur la matire


L'action de la pense sur la matire est un sujet trs vaste et aux
connotations trs diverses. A ct de la psychokinse, que nous

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Comprendre le paranormal
venons de voir, il faut parler de la "ralisation de souhaits". On se
borne souvent la constater avec tonnement, ou avec angoisse
quand il s'agit de ralisation de craintes.
Dans le cadre religieux, on situe cette action dans le cadre de la
prire, mme si cette prire, dite "active" ou "utilitaire" est
souvent rprime par les prtres comme tant une forme
abtardie de la "vraie" prire, la prire d'adoration.
Il faut en dernier lieu traiter de ce qui entre dans le registre de la
Magie et de la sorcellerie.

1) La ralisation des souhaits


La ralisation des souhaits est probablement la facult la plus
banale. En effet, comme le dit Freud, nous faonnons notre
environnement avec notre inconscient. Sans que nous nous en
rendions compte, ce que nous vivons au fond de nous-mme se
transmet l'autre et l'influence, mme son insu (contagion
affective). Nos attitudes peu ou pas conscientes font que nous
profitons ou laissons passer des "chances" :
Une amie me racontait qu'un jour, alors qu'elle tait
assez dprime, elle hsitait aller un cocktail mondain
auquel elle tait invite. Ne faisant rien de particulier, et
n'ayant donc rien perdre, elle s'y rendit. L, parmi d'autres
rencontres, elle se mit parler un homme d'un certain
ge. Chemin faisant, elle finit par lui avouer qu'elle avait
depuis longtemps un projet qui lui tenait cur. L'autre lui
demanda des prcision et lui dit: "Madame, je viens de
vendre une affaire. J'ai un peu d'argent, je finance votre
projet."

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Comprendre le paranormal
Un homme vient me voir, dsespr. Il tait licenci le
lendemain et sa femme venait de lui annoncer qu'elle le
quittait. Il me demande de l'aide. Je lui propose de faire un
"bilan" crit de sa vie actuelle. La semaine suivante, il
revient, hilare. Je m'tonne. Il me raconte qu'il tait pay
par au Smic. crivant son "papier", il se rappela qu'un ami,
producteur agricole, lui avait propos, longtemps
auparavant, de prendre une "carte" pour lui. Il l'appelle
aussitt. Celui-ci confirme sa proposition, ne lui demande
aucune exclusivit, ce qui permet mon patient de s'tablir
VRP multicarte. Le fixe qu'il lui donnait atteignant presque
son salaire antrieur, mon patient dit le lendemain son
employeur : "Ne vous donnez pas la peine de me licencier,
je vous donne ma dmission". L-dessus, sa femme lui
rtorque : "Tu es un type bien, je reste avec toi !"
Nous nous laissons aller parfois au dsespoir, oubliant que la
chance est l, deux pas de nous. Un simple bilan permet parfois,
j'ai pu le constater, de prendre conscience d'ouvertures
"miraculeuses".
Freud, en bon rationaliste et laque de principe, traitait la
ralisation des souhaits de "pense magique". Pour lui, il tait
impossible d'obtenir une chose rien qu'en le pensant.
Effectivement, la "toute-puissance du dsir" n'existe pas.
Cependant, comme l'explique le modle du Mental, les dsirs qui
nous occupent habituellement appartiennent aux couches les plus
superficielles de notre pense. Mais les mystiques, les sages et les
saints, montrent bien que l'accs aux couches plus profondes de
notre "Mental" permettent des facults particulires, dites
"paranormales", la ralisation directe des souhaits en particulier.
Des expriences simples permettent de tester cette facult.

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Comprendre le paranormal

2) La " pense magique "


On appelle pense magique : " l'ide que de penser quelque chose
est la mme chose que de le faire. Elle est courante dans les
rves, dans certains dsordres mentaux, et chez les enfants. "
(Freedman, Kaplan, Sadock, 1976, p. 1313). " La pense magique
se rfre la croyance que des penses spcifiques, la
verbalisation, les gestes associs, ou les postures peuvent, d'une
faon mystique, conduire l'accomplissement de certains dsirs
ou prvenir certains maux. Les jeunes enfants sont enclins
cette forme de pense, comme consquence de leur capacit
limite comprendre la causalit.. C'est l'aspect le plus
remarquable de la pense obsessive-compulsive. Elle atteint son
expression la plus extrme dans la schizophrnie. " (id. page 385).
Ailleurs, (id. p. 632), les auteurs ajoutent : " Dans le phnomne
de la pense magique, la rgression dcouvre des modes de
pense prcoces plus que des impulsions. L'omnipotence de la
pense est inhrente la pense magique. Le patient sent que,
simplement en pensant un vnement dans le monde extrieur,
il peut faire en sorte que cette vnement arrive sans le moyen
d'une action matrielle. "
Pour le mdecin, celui qui croit la ralisation directe de sa
pense est soit immature (proche de l'enfant) soit fou. Le mdecin
ignore-t-il la prire, et son efficacit ? Il y a des mdecins croyant
comme d'autres qui ne le sont pas. Mais ils constatent tous que les
patients vivent la pense magique avec une grande angoisse. S'ils
les laissent persister dans ce cheminement, cela risque de les
entraner vers un dlire grave, dont on ne pourra les sortir que
difficilement. La meilleure solution est alors de les loigner de
cette pratique.

51

Comprendre le paranormal

3) Foi et ralisation des souhaits


La ralisation des souhaits, "foi" dans les ouvrages d'origine nordamricaine, est probablement la forme de paranormal la plus
banale et la mieux partage. Elle apparat souvent spontane :
nous constatons que nos esprances, ou nos craintes se ralisent
sans mme que nous l'ayons voulu. De nombreux livres parlent de
la force de la foi, de la puissance de l'optimisme, jusqu' raliser
nos projets les plus "fous" (cf. Robbins). Nanmoins, quand on
exploite cette facult d'une manire systmatique, on dcouvre
des dangers contre lesquels notre ducation nous a mal prpar.
J'ai longuement abord cette question dans "Montagne lve-toi".
Nanmoins, cette possibilit est voque, et avec prcision, dans
les textes les plus classiques, tels les vangiles :
"En vrit, je vous le dis, celui qui dirait cette
montagne "Lve-toi et jette-toi dans la mer" et qui
n'hsiterait pas dans son coeur mais croirait que ce qu'il dit
arrive, cela lui arrivera." (Marc, XI, 23)
En trente mots, cette citation rsume peu prs tous les
problmes pistmologiques que pose la ralisation du souhait : la
possibilit qu'une pense occasionne directement, sans
intermdiaire, un fait matriel. Mme relatant les paroles du
Christ, ce texte est plus mthodologique que religieux. Il n'est pas
conforme aux dogmes occidentaux, et gne beaucoup de
chrtiens. Le christianisme dit en effet qu'il faut prier Dieu, qui
choisit, ou non, d'exaucer le souhait. Ici, rien de tout cela : un
sujet vit une exprience sensible, au niveau de son "coeur", des
couches profondes de son tre, c'est--dire l'inconscient ; s'il n'a
plus d'hsitations ce niveau, le fait matriel arrive,
obligatoirement. Dieu n'intervient pas !

52

Comprendre le paranormal
La possibilit de la concrtisation de la pense est nie par les
sciences, et pourtant elle ne s'oppose en rien leurs prmisses,
car elles ont t dfinies dans des conditions "neutres". Voici un
court exemple pour mieux comprendre cette discussion.
On raconte quau Moyen ge un moine voulait btir une glise en
pleine montagne. Il pria, un boulement de terrain se produisit, et
le moine btit son glise.
Sur le plan des faits, les sciences ne trouvent rien redire, elle
nonce leur caractre profondment naturel. Le moine ne conteste
pas cette vision, il nignore pas que certaines montagnes sont
fragiles, il pose seulement que son souhait a t exauc, trs
prcisment. Le savant se trouve assez dmuni, car il lui aurait t
impossible de dire avec prcision le jour ou lheure dun
effondrement, ni mme son droulement exact. Il ny a donc pas
dantagonisme entre lexplication du savant et celle du croyant. Ce
dernier nattendait pas un fait anormal, mais un vnement qui
permette son projet. Il en est de mme dans le " miracle " : le
miracul ne souhaite pas une gurison anormale, mais simplement
la gurison, la sienne.
Lors de sa prire, le croyant nexamine pas les faits extrieurs.
Souvent, il se retire lcart, dans un lieu ferm, supprimant toute
perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec
intensit, son activit sinscrit dans les faits, mme si
apparemment il sen carte en sisolant dans sa cellule. Il fusionne
avec le fait, corps et me. Il " est " le fait, comme lnoncent les
orientaux ou les mystiques. A linverse, le savant examine le fait
du dehors. Jamais (du moins dans la physique), il ne doit
simpliquer personnellement dans son droulement. Il reste
" objectif " : le fait est un objet quil manipule de lextrieur. Il
procde une analyse du fait, sa division en lments connus

53

Comprendre le paranormal
(Descartes). Cette analyse, le croyant nen a cure, il traite les
vnements dune manire globale : il sintresse leur
signification dans un cadre spcifique (ici la construction dune
glise) et ne se proccupe pas du reste. Le croyant et le savant
oprent donc dune manire radicalement diffrente.
Quand le croyant se rjouit de voir son souhait exauc, le savant,
lui, hausse les paules : il invoque le hasard, la " concidence ", le
croisement opportun de deux chanes causales... Contrairement
lapparence, cet argument nen est pas un, car il ne constitue pas
lnonc dun savoir.
Comment faire intervenir la pense dans les chanes causales de
ces vnements ? Il faut tout dabord remarquer que la causalit
nest pas une donne physique mais un postulat qui comporte
deux aspects : ontologique (comme principe) et exprimental, au
niveau de lobservation.
Examinons tout dabord laspect "ontologique" : un fait rsulte
dun ensemble de causes, dont il constitue leffet. Le principe de
causalit dit que " si les causes sont prsentes, leffet doit
ncessairement se raliser ". Quand nous lchons un objet pesant
et quil ne tombe pas, nous invoquons lexistence dun facteur, que
nous devons obligatoirement trouver : un courant dair
suffisamment puissant pour empcher la chute, une force
magntique repoussant lobjet (ples de mme nature), ou encore
un lien invisible auquel serait attach lobjet. Si nous avons pu
liminer une loi connue, nous sommes tents de parler de
" lvitation ", daction de la pense. Sur le plan du principe, on
peut dire que les lois physiques constituent, en fin de compte,
quune mise en forme de notre observation.

54

Comprendre le paranormal
Ceci nous fait aborder le second aspect, exprimental, de la
causalit. Rhine, le premier, a montr que la pense pouvait
influer les faits, ceux-ci ne suivaient plus alors une rpartition " au
hasard ". Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en vidence
leffet de la pense, au sein mme des conditions exprimentales
strictes (cf. Roux).

H- La prire
Il peut paratre curieux dans un tel site de traiter de la prire. Mais
il ne faut pas oublier que la premire en date, probablement il y a
plus de trois millions d'annes, a d tre une imploration des
"Forces" (ou du "Divin"). Il s'agit de ce qu'on appelle actuellement
la "prire active".
De nombreux livres parlent de la force de la foi, de la puissance de
l'optimisme, jusqu' raliser nos projets les plus "fous" (cf.
Robbins). Nanmoins, quand on exploite cette facult d'une
manire systmatique, on dcouvre des dangers contre lesquels
notre ducation nous a mal prpar. J'ai longuement abord cette
question dans "Montagne lve-toi". Nanmoins, cette possibilit
est voque, et avec prcision, dans les textes les plus classiques,
tels les vangiles :
"En vrit, je vous le dis, celui qui dirait cette
montagne "Lve-toi et jette-toi dans la mer" et qui
n'hsiterait pas dans son coeur mais croirait que ce qu'il dit
arrive, cela lui arrivera." (Marc, XI, 23)
La possibilit de la concrtisation de la pense est nie par les
sciences, et pourtant elle ne s'oppose en rien leurs prmisses,
car elles ont t dfinies dans des conditions "neutres". Voici un
court exemple pour mieux comprendre cette discussion.

55

Comprendre le paranormal
On raconte quau Moyen ge un moine voulait btir une
glise en pleine montagne. Il pria, un boulement de terrain
se produisit, et le moine btit son glise.
Sur le plan des faits, les sciences ne trouvent rien redire, elle
nonce leur caractre profondment naturel. Le moine ne conteste
pas cette vision, il nignore pas que certaines montagnes sont
fragiles, il pose seulement que son souhait a t exauc, trs
prcisment. Le savant se trouve assez dmuni, car il lui aurait t
impossible de dire avec prcision le jour ou lheure dun
effondrement, ni mme son droulement exact. Il ny a donc pas
dantagonisme entre lexplication du savant et celle du croyant. Ce
dernier nattendait pas un fait anormal, mais un vnement qui
permette son projet. Il en est de mme dans le " miracle " : le
miracul ne souhaite pas une gurison anormale, mais simplement
la gurison, la sienne.
Lors de sa prire, le croyant nexamine pas les faits extrieurs.
Souvent, il se retire lcart, dans un lieu ferm, supprimant toute
perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec
intensit, son activit sinscrit dans les faits, mme si
apparemment il sen carte en sisolant dans sa cellule. Il fusionne
avec le fait, corps et me. Il " est " le fait, comme lnoncent les
orientaux ou les mystiques. A linverse, le savant examine le fait
du dehors. Jamais (du moins dans la physique), il ne doit
simpliquer personnellement dans son droulement. Il reste
" objectif " : le fait est un objet quil manipule de lextrieur. Il
procde une analyse du fait, sa division en lments connus
(Descartes). Cette analyse, le croyant nen a cure, il traite les
vnements dune manire globale : il sintresse leur
signification dans un cadre spcifique (ici la construction dune
glise) et ne se proccupe pas du reste. Le croyant et le savant
oprent donc dune manire radicalement diffrente.
56

Comprendre le paranormal
Quand le croyant se rjouit de voir son souhait exauc, le savant,
lui, hausse les paules : il invoque le hasard, la " concidence ", le
croisement opportun de deux chanes causales... Contrairement
lapparence, cet argument nen est pas un, car il ne constitue pas
lnonc dun savoir.
Comment faire intervenir la pense dans les chanes causales de
ces vnements ? Il faut tout dabord remarquer que la causalit
nest pas une donne physique mais un postulat qui comporte
deux aspects : ontologique (comme principe) et exprimental, au
niveau de lobservation.
Ceci nous fait aborder le second aspect, exprimental, de la
causalit. Rhine, le premier, a montr que la pense pouvait
influer les faits, ceux-ci ne suivaient plus alors une rpartition " au
hasard ". Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en vidence
leffet de la pense, au sein mme des conditions exprimentales
strictes (cf. Roux).

I- Le ddoublement
Le ddoublement pose avec une particulire acuit une question
jamais rsolue, en Occident tout au moins : la pense est-elle lie
au corps physique ?
Le mot " ddoublement " nest pas exact : voyant au loin son
corps physique, le sujet ne se peroit pas pour autant dans un
" second " corps. Il existe cependant diffrentes formes de
ddoublement, dont certaines, comme le rve de vol, sont
extrmement banales. Le ddoublement est en effet frquent,
mais on en parle peu, tant il parait hors de raison. En Europe, les
diffrentes Eglises ont largement contribu cette opinion, depuis
lpoque mdivale en particulier, lassimilant la sorcellerie.

57

Comprendre le paranormal
Depuis peu, lide sen est largement banalise, sous le nom de
NDE.
La question de la matrialit du double peut nanmoins se poser
dans la forme la plus acheve (et la plus rare), la bilocation, le fait
dtre plusieurs endroits la fois. Mais, mme chez des sujets
aussi coutumier du fait (comme, au cours de ce sicle, YvonneAime de Malestroit), le ddoublement ne reste jamais prolong,
tout au plus quelques instants.
Le ddoublement a fait lobjet dapproches exprimentales
nombreuses. Nanmoins, on n'a jamais pu valider au cours de ces
expriences la "ralit" du double l'aide d'instruments, mme les
plus sensibles (jauges de contrainte). Ceci donne toutes leurs
forces aux thories qui en font une sorte de production mentale,
issue de l'inconscient.
La "sortie du corps" peut tre provoque par un choc motionnel
trs fort, un accident ou une grande fatigue. Une rgle assez
gnrale peut ainsi tre tablie : plus laltration de la conscience
est importante, plus les faits observs savrent exacts. La sortie
du corps ne prsente aucun danger quand elle est spontane.
Cependant, certaines personnes abusent du ddoublement (ou des
tentatives dans ce sens), ce qui est lorigine dillusions ou mme
dtats proches du dlire, do une abondante littrature autour du
" voyage astral ". Il existe une sorte de toxicomanie du
ddoublement .
Quant au corps physique, lors du ddoublement, son apparence
nest pas non plus " normale ". Il est en effet frquemment
immobile, prenant lapparence du sommeil, de la transe ou mme
de la mort. La raison en est simple : pour que se produise le
phnomne, la conscience doit tre aussi rduite que possible.

58

Comprendre le paranormal
Il faut cependant garder lesprit que la suppression de la
conscience nentrane pas forcment de sortie du corps. Il existe
dimportantes variations individuelles. Mme le chaman nest pas
capable de faire un " voyage " chaque fois quil le souhaiterait (cf.
de Rosny, 1987). Linconscient demeure, quoi quon fasse,
incontrlable.
Le ddoublement est spontan, ds lors qu'un certain nombre de
conditions sont remplies. C'est pourquoi il est connu depuis l'aube
de l'Humanit. Il constitue mme un rite dans les cultures
chamaniques.
En dernier lieu, il importe de parler des possibilits d'un double
animal appel encore "garou". Cette ventualit a fait couler
beaucoup d'encre et, au Moyen ge, a fait condamner beaucoup de
gens et brler pour sorcellerie.

1) Les diffrentes types de ddoublements


Lexemple probablement le plus typique est celui o le sujet luimme se retrouve " ailleurs " que dans son corps. Cest la
classique NDE :
Le Dr L., la suite d'une intervention cardiaque grave,
s'est "retrouv" au plafond de la salle de ranimation. Il
observait, dans la plus grande srnit, les mdecins et
infirmires s'agitant autour de son corps, changeant les
flacons de perfusion et tenant divers propos. Il put vrifier
l'exactitude des comportements et des dires, en mme
temps quil apprenait quil avait chapp de peu la mort.
Cet " ailleurs " peut tre visualis, ou du moins ressenti, par un
tiers. Il peut avoir lallure dune simple intuition :

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Comprendre le paranormal
Mme U., une nuit, sent une prsence ct d'elle, dans
son lit. Il s'agit d'un homme, qu'elle connat bien. Le
lendemain matin cet homme l'appelle au tlphone : il a
rv d'elle pendant la nuit.
Dans de trs rares cas, il peut avoir une allure matrielle. Mais ce
nest quune simple apparence, qui dailleurs change dun instant
lautre :
" C'est Mre Yvonne-Aime, en civil, qui descend
prcipitamment et qui, l'air effray, me lance mi-voix ces
quelques mots :
- Prie ! Prie ! Si tu ne pries pas assez, on m'embarque en
Allemagne ! Ne le dis personne ! Avant mme que je
puisse rpondre, elle tait devenue nouveau invisible. "
(Laurentin et Maho, id., p. 55).
Le tmoignage est du Pre Labutte, lpisode se situe Paris dans
le mtro. La sur tait alors prisonnire de la Gestapo, dans
lattente dun ventuel transfert. Le double disparat ds lors que
le message est pass. Ici encore, lmotion (angoisse de mort)
apparat avoir un rle vident dans sa production. La soudaine
dissolution du double est une chose souvent reconnue. On la
retrouve dailleurs dans dautres productions psychiques, comme
les ectoplasmes, comme le montre ce texte de William Crookes
(1923, p. 162), concernant le mdium Daniel Dunglas-Home :
" J'ai vu plus d'une fois un objet se mouvoir d'abord, puis
un nuage lumineux qui semblait se former autour de lui et,
enfin, le nuage se condenser, prendre une forme, et se
changer en une main parfaitement faite. [...] Au toucher, ces
mains paraissent quelquefois froides comme de la glace et
mortes ; d'autres fois, elles m'ont sembl chaudes et

60

Comprendre le paranormal
vivantes et ont serr la mienne avec la ferme treinte d'un
vieil ami. J'ai retenu une de ces mains dans la mienne, bien
rsolu ne pas la laisser chapper. Aucune tentative ni
aucun effort ne fut fait pour me faire lcher prise, mais, peu
peu, cette main sembla se rsoudre en vapeur, et ce fut
ainsi qu'elle se dgagea de mon treinte. "

2) Le rve de vol
" La nuit, je vole comme un oiseau, jarrive me dplacer dans
des lieux inconnus... " Jen ai fait moi-mme lexprience de
nombreuses reprises, mais les recoupements que jai pu mener
avec les lieux (en principe) visits ont t vains, je ne faisais que
des voyages imaginaires.
Catherine Lemaire (1993) me disait ainsi avoir, lors dun
ddoublement, visit un pays quelle ne connaissait apparemment
pas. Elle en tait ravie, car elle cherchait depuis longtemps une
preuve de la ralit matrielle de ses dplacements. Las, peu de
temps aprs, elle dcouvrait, dans un livre de sa bibliothque, une
illustration correspondant trs exactement sa vision.
De tels voyages sont souvent associs des rves de chute
interminable, telle celle raconte par Lewis Caroll dans son livre
" Alice au Pays des merveilles ", ainsi qu de pnibles impressions
de paralysie des membres (Muldoon et Carrington, 1980). Aucune
explication mdicale na cependant t fournie pour ce type de
rves qui, comme ceux concernant des apparitions, laissent un
souvenir particulirement brillant.

3) La NDE
Le terme NDE vient de langlais " Near Death Experience ", en
franais " Expriences proches de la mort ". Comme lont bien
montr le psychiatre amricain Raymond Moody (1990) et ses
61

Comprendre le paranormal
continuateurs, cette exprience est particulirement frquente
dans les tats de " mort clinique ", mais elle est loin dtre
constante. Certains parlent dexprience de lAprs-vie (Hardy,
1986), bien que nous ne puissions faire aucun rapprochement
srieux ce sujet. Je nutiliserai pas non plus le mot de " voyage
astral ", car il fait rfrence une thse, inspire de lOrient (par
Leadbeater, Powell) et controverse, dun " corps astral ",
habituellement superpos au corps physique et qui se dtacherait
dans certaines conditions, rversibles ou irrversibles (la mort).

4) Bilocation ou ddoublement "physique"


Malgr lusage des mots ddoublement, double, on na jamais pos
que lindividu se diviserait en deux tres physiques quivalents. Le
double nest en aucune faon quivalent au corps physique. Cest
tout au plus une manifestation temporaire, sujet aux variations
psychologiques du sujet qui le produit. Voici un rcit, assez
extraordinaire, datant du XIXe sicle et observ par larchevque
dUpsal, en Norvge (cit par Lecouteux, 1992, p. 53 sq.) :
" Peter Lrdal, le magicien, alluma des herbes et tint sa
tte au-dessus de cette vapeur narcotique et nausabonde.
En quelques minutes, son visage eut la blancheur de la mort,
son corps s'affaissa dans le fauteuil aprs avoir t agit de
quelques soubresauts, et resta immobile, semblable en tout
point celui d'un dfunt. [...] Au bout d'une heure [...] les
couleurs revinrent lentement. [...] Peu aprs, Lrdal se
tourna vers moi et me dit : "A cet instant votre femme est
dans sa cuisine. [...] Pour vous prouver que je m'y suis
rendu vritablement, j'ai cach l'anneau nuptial de votre
pouse au fond de la corbeille charbon, car elle l'avait
retir pour prparer un plat." J'crivis aussitt chez moi. [...]
Ma femme me rpondit qu' l'heure dite, elle confectionnait

62

Comprendre le paranormal
un mets base de farine, que jamais elle n'oublierait cette
journe, car elle avait perdu son anneau nuptial. [...] Il lui
semblait qu'un homme le lui avait drob, qui s'tait
brivement montr dans la cuisine, vtu comme un riche
Lapon, mais qui s'tait loign sans dire un mot, quand elle
lui avait demand ce qu'il dsirait. Plus tard, on retrouva
l'anneau dans la cuisine de l'archevque, dans la corbeille
pain. "

Aussi incroyable que puisse tre ce rcit, il natteint pas ceux


rapports au sujet de Sur Yvonne-Aime de Malestroit (19011951), la personne qui a probablement manifest les formes de
ddoublement les plus diverses et les plus solidement attestes de
notre sicle :
" Yvonne tait [alors] postulante [...]. Un matin, [...] elle
tait dans ce qu'on appelle la laiterie, et elle travaillait. [...]
Elle m'a trs bien accueillie, mais j'ai eu tout de suite

63

Comprendre le paranormal
l'impression qu'elle n'tait pas l. a ne l'empchait pas de
continuer son travail. [...] Alors Sur Saint-Jean est
monte. [...] Elle l'a trouve assise sa table, crivant sa
lettre. " (Mre Marie-Anne, dposition n 102, faits dats du
21 juillet 1927, in Laurentin et Maho, 1990, p. 29)
A la diffrence du cas prcdent, la sur effectuait un travail
tant au niveau de son double (dans la laiterie) que de son
corps physique (dans sa cellule, ltage). Un tel cas, tout
fait exceptionnel, tait nanmoins, semble-t-il, assez courant
chez Yvonne-Aime, tonnante personnalit, fondatrice et
Suprieure de lordre des Augustines hospitalires.

5) Approche exprimentale du ddoublement


On a pens que le ddoublement pouvait faire lobjet dun contrle
scientifique, mais la plupart de ces expriences savrent
dcevantes. Morris (cit par Hardy, 1986, p. 72 sq.), par exemple,
utilisa un jeune chat qui cessait de miauler en prsence de son
matre. Durant les sorties du corps, il cessa effectivement de
miauler, mais ne se dirigea pas pour autant dans la direction
prsume du double. Osis (idem, p. 67) employa des jauges de
contraintes qui nont pu, malgr leur trs grande prcision,
enregistrer la moindre pression.
On peut cependant se demander si le rsultat dcevant de ces
expriences n'est pas li aux conditions exprimentales, car de
nombreux rcits soulignent qu'un double peut avoir une action
matrielle.
Ces observations montrent combien nos conceptions habituelles
sont encore loin de cerner ces observations.

64

Comprendre le paranormal

6) "Toxicomanie" du ddoublement
Comme toute exprience paranormale, le ddoublement comporte
de rels dangers. La fascination qu'il exerce peut conduire une
vritable "toxicomanie du ddoublement". Voici quelques cas qui
mont t personnellement relats :
* Une collgue racontait ainsi utiliser le ddoublement, dune
manire quasi quotidienne, pour rencontrer outre-monde son
amant dcd. Elle na arrt ces expriences quau bord de la
folie.
* Mme H. est hospitalise pour une dpression. A linterrogatoire,
elle finit par avouer que, depuis trs longtemps, elle quitte son
corps. Adolescente, elle tait plus souvent dans ses voyages que
sur terre. Aprs son mariage, son mari n'a pas tard s'en
apercevoir. Il lui a demand de s'arrter, ce qu'elle a fait, mais
rcemment la tentation est revenue. Fidle son engagement, elle
lutte contre, mais leffort la conduit jusqu la dpression, et cest
ainsi quelle mest adresse. Je la rassure, et lui suggre de
prendre conseil auprs de personnes de confiance. Ce quelle fait.
Peu aprs, son mdecin gnraliste mappelle, surpris de cette
amlioration aussi brutale que spectaculaire.
Il existe alors un rel danger psychologique. Le risque physique
est plus grave encore, car le ddoublement vrifiable requiert
souvent une perturbation grave du fonctionnement crbral. Ceux
qui le cherchent avec les mthodes chimiques sexposent la
mort, qui survient dailleurs parfois. On ne saurait sen tonner,
car le principe mme du ddoublement (lindpendance par
rapport la personne et lespace) tmoigne dun accs des
zones profondes de linconscient. Le ddoublement constitue donc
une mthode lourde, ce qui contraste avec dautres facults
paranormales, telles que la voyance ou la tlpathie.
65

Comprendre le paranormal

7) Ddoublement et chamanisme
Comme liade (1968) le rappelle, les chamans sont choisis parmi
les enfants sujets ces pertes de conscience. Cela est not par
tous ceux qui ctoient ces populations. Saint-Clair (1973, p. 22)
note ainsi, chez les Indiens dAmazonie : " Le jeune qui montre
des dispositions pour tomber facilement en transe et qui parle
avec les esprits est form par le sorcier-gurisseur pour lui
succder ". Le futur chaman (sorcier) doit possder deux
" qualits " que nous considrerions habituellement comme signes
de maladie : enfants susceptibles de faire des syncopes, des
lipothymies (vanouissements), ou mme des crises dpilepsie,
ou encore des enfants que nous qualifierions d" hystriques " ou
de " nerveux " (sujets au " spasme du sanglot " par exemple). Le
fait de pouvoir parler aux esprits voque galement pour le
mdecin lenfant tendances mystiques, ou sujet aux visions
(hallucinations), voire confinant la psychose.
Ces crises ne sont cependant pas toutes dorigine naturelle. Les
sorciers et chamans utilisent largement la pharmacope leur
disposition. On en retrouve des exemples dans tous les textes
anciens, en Occident comme ailleurs. Celui de Jean de Nynauld,
dat de 1615 (cf. 1990, p. 79), par exemple, mentionne de
nombreuses substances, parmi lesquelles des plantes toxiques
(comme la cigu), probablement utilises parce quelles amnent
un tat proche de la mort, et dautres qui suscitent les visions
(lopium). Cette liste, inspire par Jean Wier (III, 17) et par les
auteurs antiques (Agrippa, Pline, etc.), reflte la complexit du
ddoublement sur le plan thorique : imagination ou vision
paranormale de la ralit. La Datura est ce titre trs loquente.
Cette plante commune, couramment cite pour le ddoublement,
est trs toxique et hallucinogne. De plus, lodeur pouvantable de
sa dcoction, la faisant appeler " bouillon du Diable ", a largement
66

Comprendre le paranormal
servi la diabolisation du ddoublement. Dans les cultures
chamaniques, sont utilises des plantes locales dont les
caractres, et mme le nom, nous sont trs largement inconnus.
Castaneda (1972), observant les sorciers mexicains, parle, entre
autre, des cactus contenant de la mescaline (Agave americana) ou
le peyotl (Lophophora williamsi), bien connus comme
hallucinognes.

8) Les doubles animaux ou " garous "


Le double-animal est un des
sujets qui a le plus passionn
l'homme, probablement depuis
ses origines. Le plus connu est
certainement le "loup-garou" qui
est un plonasme, car le terme de
garou (de warou, issu du francique wari-wulf) signifie dj
homme-loup.
Certain rcits laisseraient entendre que
le loup-garou est un homme devenu
loup, comme le laisserait entendre la
gravure de Cranach ci-contre. Il s'agit
d'une pure lgende, car le corps
physiques ne saurait se transformer.
Cette "transformation" n'affecte que le
double.
Il ne faut pas non plus confondre la
lycanthropie (ce qui concerne les loups-garous)
avec l'hirsutisme, une affection consistant en
un accroissement anormal du systme pileux,
comme l'illustre ce tableau ancien.

67

Comprendre le paranormal
Le loup-garou n'est

pas non

plus un
tre qui s'habille
simplement d'une peau

de bte.

Lors de procs de
sorcellerie, certains

accuss

auraient dit qu'ayant vtu cette peau, ils n'ont pu la retirer. Ceci
voquerait plutt une affection psychiatrique...
Revenons au loup-garou. Il s'agit donc d'une varit de
"ddoublement" tel que nous l'avons vu dans les pages
prcdentes. Il concerne le "corps de rve" et lui seul et possde
donc ses caractres. Nous ne pouvons donc en reprsenter aucune
photographie.
ct du loup, on trouve dans les tmoignages les formes
animales les plus diverses : mammifres (souris, chiens, renards),
oiseaux (aigle, corbeau) et mme insectes. Depuis les temps les
plus anciens. On connat de tels rcits dans toutes les civilisations.
Castaneda dit en avoir rencontr un, au Mexique [1972, p. 12] :
"Je roulais de nuit en compagnie de deux amis indiens
lorsqu'un animal, qui me parut tre un chien, traversa la
route. L'un de mes compagnons fit observer qu'il ne
s'agissait pas d'un chien mais d'un coyote gant. Je ralentis
et arrtai la voiture le long de la chausse pour observer la
bte. Pendant quelques secondes elle demeura dans le
faisceau des phares puis s'enfuit. Sans aucun doute nous
avions affaire un coyote, mais deux fois la taille commune.
Trs excits, mes amis convinrent de l'aspect inusit de
l'animal et l'un d'eux avana que cela pourrait tre un
diablero [c'est--dire un sorcier]." :

68

Comprendre le paranormal
Avons nous des tmoignages de sujets "ddoubls" ? Laissons de
ct ceux des procs de sorcellerie, peu crdibles dans l'ensemble,
pour examiner ce qu'en dit Castaneda, dans le mme ouvrage, il
raconte (p. 227) :
"Je me souvenais d'avoir "ouvert mes ailes et vol". Je
me sentais solitaire, isol dans ce vol travers l'espace, me
dirigeant avec peine droit devant moi. L'impression se
rapprochait davantage de la marche que du vol. Mon corps
s'puisait. Aucune sensation de libert dans ce vol, non plus
que d'exubrance. [...] Trois oiseaux argents [...]
mettaient une lumire mtallique brillante comme celle de
l'acier inoxydable, mais plus intense, agite et vivante.
J'aimais ces oiseaux et nous nous mmes voler de concert."
Castaneda s'est interrog sur la ralit de cette exprience. Il posa
la question "des dizaines de fois" Don Juan, son Matre indien :
"Je voulais savoir si je m'tais physiquement transform en
corneille ou si j'avais simplement pens et senti comme cet
animal. Il m'expliqua qu'un dplacement du point d'assemblage
vers la rgion du bas aboutit toujours une transformation
totale..."
Comment reconnatre un "garou" ? Des erreurs rvlent les
lacunes de l'imagination du sujet ddoubl. En Hati, Claude
Planson [1974, p. 239] dit avoir rencontr une vache-garou :
"La route tait si difficile qu'il n'tait pas question d'aller
autrement qu'au pas. Je faillis pourtant, un tournant,
percuter une vache qui se tenait couche au milieu du
chemin. Eclats de phare, coups d'avertisseur, rien n'y fit. Elle
tait l, comme un bloc de pierre noire, nous regardant de
ses gros yeux vides. Je voulus sortir pour la chasser.

69

Comprendre le paranormal
Mathilda [ma femme] me retint par le bras et me dit
schement : "Assez de btises ! Reste o tu es ! Tu ne
comprends donc pas que tu n'as pas affaire une vache,
qu'il s'agit d'un tre humain mtamorphos !" [...] Il faut
avouer que j'tais bout de nerfs. Je la repoussai
brutalement et j'ouvris la portire. J'entendis alors un rire
strident, un rire de folle qui se rpercuta au loin, tandis que
la vache disparaissait, happe par la nuit."
Bien des rcits disent qu'il persiste des relations fines entre le
double animal et le sujet. Toute blessure inflige au double, lgre
ou grave, se rpercute sur le sujet lui-mme. Voici un cas, issu de
Jean Boguet et reproduit par Jules Michelet dans La sorcire :
"Un chasseur avait t envoy par un gentilhomme qurir
du gibier. A l'entre d'un bois, il est attaqu par une grande
louve. De son coutelas, il lui coupe la patte, et la met dans
sa gibecire. Dgot de la chasse ce jour-l, il retourne au
chteau, et raconte au gentilhomme son aventure. Comme
preuve il fouille sa gibecire [...] et en tire [...] une main de
femme, fine et blanche, portant une bague armorie ! Le
gentilhomme la reconnat comme appartenant sa femme.
Il appelle celle-ci, qui apparat cache dans son manteau. Le
mari carte le manteau, et dcouvre la main coupe. [...]
Impitoyable, il dnonce sa femme. Elle fut brle Riom."
[1966, note p. 147]
La frquence d'une telle remarque doit nous interroger. Castaneda
[1972, p. 14] rapporte, de mme, son dialogue avec une femme
mexicaine, Dona Luz :
"- Je connaissais une femme, me rpondit-elle. On l'a
tue. J'tais petite fille. Cette femme, disait-on, se

70

Comprendre le paranormal
transformait en chienne. Une nuit une chienne est entre
dans la maison d'un homme blanc pour y voler du fromage.
D'un coup de fusil, l'homme l'a abattue, et prcisment au
moment o la chienne expirait dans la maison de l'homme
blanc, la femme mourait dans sa cabane. Sa famille s'est
runie et a dcid d'aller trouver l'homme blanc pour lui
demander de l'argent. L'homme blanc a pay beaucoup pour
l'avoir tue.
- Comment ont-ils pu lui demander de l'argent alors qu'il
n'avait tir que sur une chienne ?
- Ils ont dit que l'homme savait trs bien qu'il ne s'agissait
pas d'une chienne parce qu'il n'tait pas seul et comme les
autres il avait bien vu la chienne dresse sur ses pattes de
derrire - comme un homme - pour attraper le fromage
plac sur un plateau pendu au plafond..."
Il est difficile d'accepter l'ide d'un double animal. Il est peu
d'expriences contrles ce propos.
N.B. Toutes les images de cette page sont tires du trs
intressant ouvrage de Genevive Carbone "La peur du loup",
dans la collection "Gallimard Dcouvertes", qui resitue
parfaitement l'histoire du loup-garou dans son contexte.

J- Autres facults paranormales


Plutt que de nous disperser parmi des dizaines de facults aussi
rares que particulires, nous avons prfr nous concentrer sur
quelques facults :
- La gurison non mdicale,
- La rsistance aux agents physiques, tels que la marche sur le feu
et la rsistance au feu,
- La possibilit de contrer les lois de la gravitation : la lvitation et
71

Comprendre le paranormal
l'hyper-gravit,
- Les stigmates.

1) La gurison non mdicale


La mdecine soigne des maladies de plus en plus graves et de plus
en plus diverses. Lesprance de vie sallonge sans cesse dans les
pays dvelopps. On tient, dans la presse et les mdia, un
discours triomphaliste. Tous les jours on nous parle de nouvelles
dcouvertes, la biologie explique maintenant telle maladie, la
synthse chimique est parvenue laborer un nouveau
traitement, plus efficace et mieux support. Ces avances font
quon ne craint plus la maladie comme il y a cent ans. Ltat
desprit a radicalement chang : on voit dfiler dans la rue les
malades du SIDA rclamant la mise sur le march de nouvelles
molcules, ds quelles se rvlent suffisamment actives ; on
demande une loi autorisant leuthanasie active, pour aider
mourir un patient qui souffre dune maladie incurable et trop
pnible
La ralit quotidienne est-elle vraiment cela ? En tant que
mdecin, je la vis dune manire toute diffrente. Jentends une
femme dire quon la traite pour son cancer du sein, mais quelle
en ressort avec un bras grossi, douloureux et quelle ne peut pas
lever plus haut que lhorizontale. Je vois un homme quon a opr
du dos, mais sans le prvenir quil aurait une rducation trs
longue et pnible, lempchant dexercer sa profession durant des
mois. Jen vois encore qui disent que les antibiotiques nagissent
plus sur leurs enfants parce quils en en trop pris, quils sont
malades une semaine sur deux ou presque Jen viens me
demander ce que je ferais moi-mme si jtais atteint dune
maladie grave, et dire autour de moi : " Moins on voit de
mdecins, mieux on se porte " !

72

Comprendre le paranormal
Il est donc temps d'examiner des possibilits "alternatives" pour
gurir. Nous allons tudier dans ce livre :
* Le magntisme
* Les gurisons miraculeuses
* Les gurisons par l'esprit
* Les gurisons par les groupes de prire
* D'autres mthodes seront abordes par la suite,

2) Le magntisme
Le mot "magntisme" est un
raccourcissement du terme "magntisme animal" imagin par
Messmer, il y a plus de deux cents ans. Beaucoup d'auteurs, et
Messmer en premier lieu, l'ont rapproch du magntisme
physique, celui concernant les aimants. Yves Rocard [1989],
physicien franais et pre de l'ex-premier ministre a cru pouvoir le
dmontrer, mais ses expriences ne sont pas reproductibles.

Pour la magntiseuse Edith Acdo, ce terme devrait tre associ


au mot "main", en le faisant remonter un dialecte ancien, o
"magne" signifierait "main".
73

Comprendre le paranormal
"Magntisme" serait une sorte de "don des mains". C'est au
travers de ses mains que le magntiseur dit qu'il voit et qu'il agit.
Acdo dit cependant qu'elle peut dterminer les troubles du
patient, avec une prcision quasi radiologique.
Cependant la voie sensorielle parat n'tre qu'un piphnomne,
sans importance quant au mcanisme du processus. Je connais
Mme C., qui se dit voyante et avoir une voyance "radiologique".
Collaborant directement avec un cabinet mdical, elle "voit"
galement le remde (homopathique) proposer dans ce cas, et
qu'elle fait fabriquer dans un laboratoire indpendant. Elle semble
agir d'une manire trs proche d'Acdo qui, elle, refuse le
qualificatif de voyante.

Je soigne par " imposition des mains "


(extrait de " Gurir lme et le corps ")

a) Tmoignage de Grard Thomassin


Je naime pas le mot " gurisseur " ; quand on me pose la
question, je rponds que je soigne par imposition des mains. Ma
grand-mre avait dj quelques dons : elle enlevait le feu, mais
elle nen faisait usage quavec les membres de sa famille et ses
proches. Il a fallu que mon pre ait un problme trs grave pour
que je me rende compte quil fallait vraiment que je fasse quelque
chose pour les autres. En juin 1984, mon pre a t victime dun
infarctus. Transport durgence lhpital dAvignon, il sombra
dans le coma. On diagnostiqua une pricardite. Le mdecin-chef
que vit ma mre ne lui laissa aucun espoir que mon pre sorte du
coma. Celle-ci ma donc tlphon, et je me suis rendu lhpital.
Une fois dans la chambre, jai ressenti que je pouvais intervenir.
74

Comprendre le paranormal
Jai donc pass ma main droite dans le dos de mon pre, et ma
main gauche sur son cur. Il ne ma pas fallu plus de deux trois
minutes pour commencer transpirer. Mon oncle, qui tait prsent
dans la chambre, tait oblig de mponger le front sans arrt. Jai
impos les mains environ vingt minutes avant que mon pre, qui
respirait et rlait trs fort, commence se calmer. Jai t mes
mains, jtais puis. Il ma dailleurs fallu une journe entire
pour rcuprer. Je suis rentr Cavaillon, et le lendemain matin
ma mre ma appel, trs heureuse : mon pre tait sorti du
coma. Pour toute conclusion, le mdecin dit ma mre que " le
malade lavait beaucoup aid ". Aujourdhui, mon pre vient
davoir quatre-vingt cinq ans, il se porte trs bien. Jai alors dcid
douvrir ma porte aux personnes qui avaient besoin daide.
Quand jentre dans la salle dattente, je vois dj si cest grave ou
non. Les indications sur les patients me parviennent par le regard,
sous forme de flash. Jai soign un jour un monsieur que je savais
tre prsident de socit, pre de trois enfants. Or en passant les
mains autour de sa tte, jai ressenti que ce monsieur tait prtre
! Je me suis permis de le questionner, et il me rpondit, fort
surpris, quen effet il tait all au petit sminaire avant de changer
de voie...
Il ny a pas de magie l-dedans : il faut que jarrive comprendre
le problme de la personne, aprs cest dj 70 ou 80% guri. Je
lui explique ce quelle doit faire pour se remettre sur pieds.
Je fais allonger la personne sur ma table, sur le dos et je
commence par une imposition des mains denviron cinq minutes
sur la tte, ce qui permet lesprit de se dtendre. Je viens alors
sur le cot droit et je travaille sur le plexus solaire. Bien souvent
les gens ont une sorte de boule au niveau de lestomac qui
remonte jusqu la gorge, ce qui est dorigine nerveuse. Ds la

75

Comprendre le paranormal
premire sance je parviens gnralement leur enlever cette
boule, parfois en les massant avec des huiles au niveau du plexus
solaire. Ensuite je travaille sur les jambes, la circulation du sang.
Enfin jexcute quelques passes au dessus du corps pour terminer
la sance qui dure en moyenne entre vingt et trente minutes selon
ltat de rceptivit du patient.
Depuis quinze ans que jexerce, jai obtenu, par la pratique et la
rgularit des rsultats, beaucoup de rponses, qui mont paru
dune logique vidente. Je pense maintenant quil y a surtout deux
sortes de maladies : les maladies dordre mcanique telles que
fractures, rhumatismes, arthrose, et les maladies dordre
psychosomatique telles que maladies de peau, eczma, zona,
psoriasis, mme si ces maladies ont des causes trs diverses.
Quelle que soit la maladie, il est important de poser mes mains sur
la partie atteinte. Pour un zona, je commence alors ressentir,
ainsi que le patient, une forme de chaleur, puis me viennent des
picotements dans les doigts. Suivant ce que je traite, je ressens
une douleur parfois si violente au niveau de lpaule droite que je
suis oblig dinterrompre le contact quelques secondes, pour
pouvoir rcuprer. Jabsorbe la douleur du patient : si le zona ne
fait que dbuter, je transpire lgrement ; pour un zona avanc,
je vais transpirer pratiquement sur tout le corps.
Je ne pense pas avoir eu dchec. En 48 heures la douleur
disparat et toutes les plaies sont sches. Aprs quinze ans de
pratique je suis toujours tonn de ce rsultat.
Pour bon nombre de symptmes, le meilleur gurisseur cest soimme. Trs souvent je dis mes patients : " Je peux vous aider,
mais aidez-moi ".

76

Comprendre le paranormal
Rflexions autour du magntisme
(extrait de " Gurir lme et le corps ")

b) dith Acdo
Le magntisme est affaire de " mains ". Lorigine du mot est
souvent rapporte Magnsie, ville dAsie Mineure o les Grecs
dcouvrirent la pierre daimant. Ma thorie berrichonne, qui
nengage que moi, me plat davantage Pour moi,
" magntisme " vient de magner, donc de main
Aux portes de lan 2000, nous ne sommes gure plus clairs que
ne ltaient les gens du Moyen ge. Praticienne de longue date, je
nai aucune explication rationnelle au phnomne. Pour moi, le
magntisme est cette force colossale qui mane en permanence de
tout ce qui existe et vit sur notre plante
Lorsque je dis : " Ma grand-mre, ma mre taient gurisseuses ",
chacun simagine des personnages denvergure et de renom. Pas
du tout. Qui nest gurisseur en ce terroir du Berry ? Quasiment
tout le monde, au moins en ce temps-l, savait soigner, gurir, ne
fut-ce quun seul mal, une seule misre.
Ma sensibilit personnelle me fit trs vite prouver des sensations
lorsque mes mains voluaient au dessus du corps des consultants.
Je mattachais dmler cet enchevtrement de stimuli.
Chaque tre vivant " possde " du magntisme, mais tous les
humains nen sont pas pourvus de manire gale, ni en quantit,
ni en qualit. Quel ingrdient faut-il donc ajouter pour manifester
des aptitudes devenir magntiseur ? Les magntiseurs sont
toujours gens de foi. Existe-t-il un nombre plus important de
charlatans et de brebis galeuses en cette profession quen
77

Comprendre le paranormal
nimporte quelle autre ? Pour supprimer ou diminuer les
contrefaons et les abus, peut-tre conviendrait-il de dmystifier le
sujet. Existe-t-il des techniques propres au magntisme ?
Limportance du procd est infiniment moindre... que la relation
au malade. Le magntiseur est un personnage sensible, sensitif,
de grande acuit intuitive. Faisant confiance son dieu, son don,
ses qualits de cur et ses mains, le magntiseur suit ce quil
ressent ou pressent intuitivement. Ses mains vont et viennent audessus du mal " au feeling ". Rien voir avec le travail dune
infirmire ou dun chirurgien. Cela tant, rien nempche non plus
dapprendre au moins un minimum danatomie et de physiologie
humaines. Cela permet de comprendre les maladies ou
dysfonctions, donc davoir une meilleure approche gnrale des
malades et davoir un langage commun avec les mdecins...
Comment se donne le soin magntique ? Chacun suit son instinct,
ses intuitions, ses croyances et ses mains. Pour la majorit, les
soins sont donns aux malades assis ou debout. Mais de plus en
plus nombreux sont les magntiseurs qui allongent leurs patients
sur une table confortablement matelasse.
Combien de sances sont ncessaires ? A quelle frquence
convient-il de les donner ? Lapprciation est affaire de bon sens :
tout dpend de la nature de laffection traiter et de la valeur du
praticien. Les malades habitent rarement proximit du domicile
du magntiseur, du moins Paris ou dans les grandes villes. Il
nest tout de mme pas ais de faire parcourir des centaines de
kilomtres quelquun dont les forces sont affaiblies par la
maladie, voire par la souffrance.
Pourquoi espacer les sances de trois semaines plutt que les
donner tous les jours ou tous les deux jours ? D'abord, par respect
de la Vie l'uvre chez les malades : lui donner le temps de

78

Comprendre le paranormal
rassembler son potentiel d'expression, d'y inclure ce que nos
mains, notre cur, notre esprit viennent d'y induire, et la laisser
traduire elle-mme l'amlioration... sa manire.
Actuellement, chez tout praticien correct, on peut admettre une
sance, voire deux, pour un zona, autant pour les algies et
douleurs diverses. Parfois il faudra trois cinq sances de
magntisme pour venir bout de certains troubles chroniques ;
videmment plus lorsquil sagit daccompagner des malades en
cours de traitements mdicaux longs et fatigants. Tout cela est
affaire de jugement et dvaluation, selon les cas traiter.
*
**
dith Acdo a exerc toute sa vie comme magntiseuse. Elle a
crit plusieurs livres, dont " Ces mains qui lisent les corps " et une
autobiographie sous le titre " Mmoire dune sorcire berrichonne,
le plombier du Bon Dieu ", tous deux aux ditions Trigramme. Elle
est actuellement retraite en pleine campagne, dans le centre de
la France.
Les " leveurs de maux "
(extraits de " Gurir lme et le corps ")

c) Dominique Camus
Face la maladie, la douleur physique, une seule chose compte :
que cesse au plus vite lintolrable. Cependant, bon nombre de nos
concitoyens estiment que vouloir gurir selon les rgles dictes
par la mdecine officielle nest pas toujours la faon la plus rapide,
la plus sre et la moins coteuse qui soit. Il nest pas ncessaire
darpenter en tout sens nos campagnes et nos villes pour
79

Comprendre le paranormal
rencontrer des personnes qui prfrent requrir les services
dindividus qui ont un " don " en la matire, une capacit reconnue
comme telle par leurs compatriotes. Parmi les diffrentes pratiques
de gurissage ayant cours dans notre pays, je ne parlerai ici que
de celle des " leveurs de maux ", ces gens qui ont la facult de "
lever " du corps des humains ou des animaux les maux qui les
affligent. Ils y parviennent en effectuant simplement quelques
gestes, cest pourquoi on les appelle bien souvent les " toucheurs".
Les motifs les plus frquemment invoqus pour justifier le choix de
ce genre de cure sont le caractre alatoire des thrapeutiques
prsentes par les mdecins et les limites de leur savoir. Cest
notamment le cas lorsquil sagit de traiter certaines dermatoses
comme les verrues, le zona, leczma ou le psoriasis. On met
gnralement en avant la brivet de la sance de soins et ses
effets trs rapides. Cest bien parce quil navait pas " les moyens
de traner comme a " avec son affection que notre chauffeur
routier sest fait examiner par Yvon Legalais : " Cest pas le tout,
moi quand je roule pas, jsuis pas pay ". Ces propos nous
rappellent que, pour bon nombre de nos concitoyens, le corps est
un incontournable instrument de travail, fait que nous avons
tendance oublier. Il est donc hors de question quil ne puisse
fonctionner correctement.
Il est galement des situations o la raison impose dagir
promptement. On recourt aux services dun leveur de maux,
sachant que de toutes faons " a ne fait pas de mal ", et que
lintervenant en question " a toujours su y faire ". Ceci est souvent
le cas lorsquil faut contrevenir aux ardeurs du venin inocul par la
morsure dune vipre ou faire cesser la douleur dune piqre
dabeille, dune entorse ou dune brlure. Dans le cas, bien
improbable, o le don se trouverait pris en dfaut " il sera toujours
temps dappeler le docteur ".
80

Comprendre le paranormal
Chahutant dans la cuisine avec son frre, une enfant reut le
contenu dune friteuse bouillante sur le ct du visage, le cou et le
torse. Irne Calmel nous dit : " Quest-ce que vous vouliez que je
fasse ! La petite, elle hurlait tout ce quelle pouvait. Alors je my
suis mise. On a vite dshabill la gosse et jai souffl. Comme elle
tait salement brle, a ma bien pris dix minutes. Jtais
compltement saoule aprs. Il ma fallu plus de temps pour
rcuprer que la gamine. Elle, a a t une affaire de quelques
minutes. Moi javais les poumons qui me brlaient, et puis la gorge
aussi. Mais a cest une autre affaire. "
La mre de laccidente dclare quelle a " agi comme a, sans
rflchir. Je savais quIrne [qui est sa voisine de palier] a le don
pour le feu, alors jai fait ni une ni deux... Le plus incroyable de
laffaire cest que je serrais Catherine dans mes bras et quelle ne
disait rien. Elle sentait plus rien. Quand on a appel le docteur le
lendemain matin, il nen revenait pas. Quand je lui ai racont ce
qui stait pass, il a juste dit "vous avez bien fait". Il ma
simplement prescrit une lotion pour que a cicatrise sans faire de
marques. Cest tout... On peut dire que a lui a mis des points
dinterrogations plein la tte. "
Si tout un chacun peut esprer voir mettre fin ses souffrances en
sen remettant aux bons soins dun de ces gurisseurs, le succs
de la cure suppose le respect de certaines rgles.
En premier lieu, il ne faut pas douter de lissue de lentreprise.
Comme la plupart de ses homologues, Pierre Couteux en fait un
pralable la consultation : " Si une personne vient pour se faire
soigner et quelle sen fout, il y a de grandes chances pour que a
ne marche pas. Alors aprs on a bonne mine ! Moi, les jmen
foutistes je ne les soigne pas. Il y en a qui viennent en rigolant,
sans y croire, ni rien. Et bien, je ny fais rien. " En exprimant cette

81

Comprendre le paranormal
ncessit, les leveurs de maux ne demandent aucunement leurs
patients de croire en eux personnellement. Ils doivent simplement
avoir confiance dans lefficacit du rituel.
Labstinence alimentaire est parfois lune des clauses de la cure,
notamment lorsquelle porte sur les verrues et les dermatoses "
humides ". Ne pas nourrir le mal, lattaquer lorsquil est affaibli par
le manque de nourriture, est la base de cette rgle, que suivent
aussi les intervenants. Ils sont ainsi assainis par le jene. L
encore ils nentendent pas que leurs consultants se drobent
cette exigence. Madame Paumelin affirme : " coutez, moi je me
prive de djeuner, il ny a pas de raison que la personne fasse pas
de mme. Cest pas srieux. Ceux qui veulent pas respecter les
rgles ils ont qu aller voir ailleurs. Cest ce que je leur dis. "
Lorsquil sagit dintervenir sur les brlures, le zona, les dartres,
voire les entorses, lemploi dune pommade est proscrit. Rien ne
doit faire cran entre le " pouvoir " du gurisseur et le mal. Celuici doit, en quelque sorte, tre " vierge ". Madame Durant
conseille : " Lorsque quelquun se brle, il se forme une cloque
deau. Moi je le panse et dans la minute qui suit, hop, la cloque se
met suppurer et leau sen va. Cest termin. Au bout dune
journe, on ne voit plus de cicatrice, rien du tout. Le problme
cest que souvent quelquun qui se brle met de la pommade
dessus ou va voir un docteur et cest le lendemain ou le
surlendemain quil apprend quon pouvait le panser. Dans ce cas,
a donne plus de mal et la raction du malade nest pas pareille.
La brlure ne part pas si vite et a se cicatrise pas si bien. Il reste
toujours une marque. L le pansement nest pas si efficace. Il
faudrait que le brl ne mette absolument rien dessus et vienne
tout de suite. "

82

Comprendre le paranormal
Le gurisseur dlimite la zone du corps o il va oprer. Il utilise
lindex de la main droite, le doigt qui accuse, ou parfois le pouce,
que certains considrent comme " le doigt le plus fort ". Il spare
les parties saines de celles qui sont affectes par le trac dun
cercle, gnralement effectu dans le sens de la rvolution solaire.
Il empche ainsi le mal de stendre, le prenant au pige. Il ne lui
reste alors plus qu le dtruire en faisant usage de larme de la
conjuration par excellence : la croix. Si ces personnes utilisent ce
signe li au religieux, cest faute de mieux. Leurs facults ne
rsultent pas de lacquisition dun savoir. Cest, comme le dit Jol
Joubert, " sur le tas " quils ont appris les mettre en uvre.
Lofficiant utilise souvent sa salive, substance qui symbolise
lnergie vitale du soignant. Ce geste exprime une volont forte de
vaincre ladversit. Ainsi est-ce le cas pour combattre par lhumide
un excs de chaleur provenant dun zona, de brlures ou dune
envenimation. Les patients dclarent alors prouver une sensation
de fracheur, comme si dj le venin perd de sa virulence ou le feu
sapaise. A linverse, ceux dont les verrues ou les furoncles en sont
humects en ressentent immdiatement les effets corrosifs. La
plupart la compare de lacide. Sous leffet de sa causticit les
furoncles clatent et les verrues se desschent.
Le souffle, qui reprsente la puissance interne de lofficiant, peut
tre mis contribution, notamment pour annihiler lardeur dune
brlure ou dune inflammation musculaire. Sous le souffle " froid "
de messieurs Rouvel et Legalais, les entorses, foulures et autres
luxations " disparaissent comme par enchantement ", " les nerfs
rentrent dans leur trac ".
Quand ces gurisseurs nagissent pas directement sur le corps de
leurs consultants, ils utilisent des matriaux sur lesquels la
maladie est transfre et dont ils se dbarrassent ensuite. Ils

83

Comprendre le paranormal
partent du principe que toute chose qui touche une personne
simprgne de ses proprits et donc de ses maux. Toute action
lencontre de cet objet, qui constitue ds lors un substitut de
lindividu, se rpercute sur lui. Le choix de lobjet de substitution
seffectue en fonction de son analogie avec les caractristiques
prsentes par laltration organique. Pour traiter les fivres,
madame Guilever demande de lui faire parvenir un foulard rouge
que le sujet aura appos sur son front et de lui indiquer son nom
et son prnom. Aprs avoir tritur quelques instants le tissu, le
temps quil simprgne de " sa force ", elle le soumet laction
lnifiante du vent en laccrochant un branchage. Dans le mme
registre, dautres enterrent au pied dun tremble une mche de
cheveux du souffrant ou un linge imbib de sa sueur. Le tremble,
qui nest autre que le peuplier, est choisi par analogie de nom
voquant les tremblements du fivreux.

3) Les gurisons miraculeuses


Autre discussion qui a remu le catholicisme, les gurisons
miraculeuses, celles de Lourdes en particulier. Certes, la plupart
sont encore incomprhensibles sur le plan mdical. Mais
lexplication nest pas forcment trs loin. Je voudrais prendre
pour exemple le 65me miracle de Lourdes, car il mapparat trs
significatif :
Delizia Cirolli, une jeune Sicilienne de 11 ans, souffre
brutalement de douleurs au genou, qui se rvlent provenir
dune tumeur cancreuse (un sarcome d'Ewing). Elle est
hospitalise, et sa survie est alors value trois mois. Le
chef de service propose aux parents une amputation qui
devrait entraner une amlioration du confort et une survie
de quelques mois. Les parents dcident de la sortir de
l'hpital contre avis mdical, et la ramnent chez eux. Ayant,

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Comprendre le paranormal
sur ces entrefaites, entendu parler de Lourdes, ils dcident
de l'y emmener. Mais ils n'ont pas d'argent. Aussi tout le
village se mobilise-t-il pour recueillir la somme ncessaire.
Quelques semaines aprs le plerinage, la tumeur a rgress
puis a disparu, ce que l'quipe mdicale a confirm, radios
l'appui (en 1976). Il n'y a pas eu de rechute depuis. La
Commission charge d'enquter sur les miracles de Lourdes
a conclu une gurison surnaturelle, ce que l'Eglise a
entrin (en 1989).
On dit quil y a eu environ 6000 gurisons Lourdes, parmi
lesquelles prs de 2000 dossiers ont t instruits. Depuis 1947,
sur 1 300 dossiers ouverts, 57 ont donn lieu la qualification de
gurison et 47 ont t prsents aux vques pour les examiner
sur le plan religieux. Seuls 18 ont abouti la dnomination
" miracle ". Les critres actuels sont : (1) La maladie dcrite par le
(ou les) certificat(s) existait-elle avec certitude au moment du
plerinage Lourdes ? (2) La maladie a-t-elle t brusquement
arrte alors qu'il n'y avait pas de tendance vers l'amlioration ?
(3) Y a-t-il gurison ? A-t-elle eu lieu sans l'emploi de
mdicaments ? (4) Y a-t-il lieu de surseoir conclusion ? (5) Une
explication mdicale de cette gurison est-elle susceptible d'tre
donne ? (6) chappe-t-elle aux lois naturelles ?
Dans ce 65me miracle, les trois premiers points sont acquis, mais
je ne pense pas que les trois suivants le soient. On dit qu'un
organisme sain parvient dtruire quotidiennement environ 1 000
cellules anormales, prcancreuses. C'est la baisse des dfenses
qui laisserait crotre le cancer. Dans le cas prsent, on imagine ce
qu'a pu reprsenter, pour des paysans pauvres, de s'opposer par
la force aux mdecins, de prendre en charge, par eux-mmes, la
survie de l'enfant, et enfin de runir une somme pour eux trs
importante, tout ceci au nom de la foi religieuse. Cette famille et
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Comprendre le paranormal
ce village ont vritablement communi psychologiquement
pendant plusieurs semaines, en une sorte dgrgore : la venue
Lourdes a pu constituer une image mentale trs forte, qui a
focalis positivement la vie motionnelle de ce groupe, linstar
des "groupes de gurison" actuels. L'enfant n'a eu qu' s'insrer
dans ce bain, ce qui explique mon sens lvolution positive. S'il
n'y avait pas eu de plerinage, cette histoire aurait-elle jamais t
considre comme un miracle ?
Pour moi, le critre (6) pose une grande question. En effet, la
progression des sciences largira progressivement le champ des
"lois naturelles". Ce critre doit tre mani avec la plus grande
prcaution. La gurison miraculeuse sera probablement un des
chapitres du paranormal qui entrera le plus tt dans les sciences.
En effet, il ne pose aucune question ni sur le temps, ni sur
lespace, ni mme sur la causalit...
La gurison miraculeuse s'inscrit dans un cadre plus large. En
effet, bien des exemples montrent que notre psychisme est
capable, par lui-mme, de susciter la gurison du corps. Cette
facult est encore accentue quand un groupe se runit pour
obtenir une gurison.

4) Les gurisons par le psychisme


Cette question a fait lobjet, pour les cancers en particuliers, de
nombreux travaux scientifiques. "La psychothrapie peut-elle
retarder la mort par cancer ?" La rponse semblerait a priori
positive. Diffrentes recherches montrent un taux de survie
multipli par deux la suite d'une psychothrapie. En France,
Jasmin souligne une diffrence d'volution trs significative dans
les cancers du sein suivant le type de fonctionnement psychique.
Mais, comme le souligne Alain Dorra, ces travaux ne sont pas
vraiment fiables sur le plan scientifique, et il semblerait qu'"il
86

Comprendre le paranormal
existe actuellement dans le domaine de la psycho-oncologie autant
d'tudes mettant en relation psychisme et prolifration tumorale
que de travaux qui arrivent la conclusion oppose."
Cependant, tous ces travaux, favorables ou dfavorables
l'hypothse d'une action des mcanismes psychiques sur le cancer,
ne souffrent-ils pas d'un mme handicap : ils se limitent au
conscient, dont on peut supposer, a priori, le peu d'action sur ces
processus ? Aussi, malgr toute la prudence qui s'impose dans ce
domaine trs discut, je pense qu'on doit examiner l'hypothse
selon laquelle on peut solliciter mentalement les dfenses de
l'organisme, et gurir de cette faon les maladies les plus
redoutables. J'aborderai, tout la fois, la capacit qu'ont certaines
personnes de gurir les autres, les gurisons spontanes, hors
d'une intervention mdicale, ainsi que celles dites inexpliques,
voire miraculeuses. En effet, ces diffrentes manifestations
semblent faire un tout, mme si toutes n'entrent pas dans le cadre
paranormal, loin de l :
Mme R. a prsent, il y a plus d'une dcennie, un cancer
bilatral des seins, mtastas. Aprs son intervention, son
mdecin lui prvoyait une survie ne dpassant pas trois
mois. L-dessus, comme parfois cela se produit quand
l'chance est proche, elle ralise la vanit de sa vie. Son
mari est parti avec sa secrtaire, ses enfants sont odieux et
ingrats avec elle... Sur les conseils d'une amie, elle jette tout
aux orties et se rend dans un centre de mditation aux USA.
L, on lui dit que son cancer est li un excs de rigidit...
Elle y restera plusieurs annes, et son cancer ne fera plus
parler de lui.
Beaucoup de femmes (ou d'hommes) ont ainsi, au seuil de la
mort, chang brutalement leur vie. Cette prise de conscience

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Comprendre le paranormal
semble avoir t un facteur important de leur volution favorable.
Les travaux statistiques, dont les rsultats varient largement
suivant les tudes, montreraient surtout la difficult d'identifier
des critres scientifiques de ce changement de vie.
On se souvient de Chichester qui, lors d'un examen
radiologique des poumons, a dcouvert qu'il tait condamn
par un cancer moins de six mois de survie. Prfrant
mourir en mer que dans son lit, il a pris son bateau, toutes
affaires cessantes, et a ralis les exploits qu'on lui connat.
Il est mort depuis, mais prs de deux dcennies aprs, et de
tout autre chose.
En dehors d'une possible erreur mdicale, on voque l'hypothse
que les vagues dferlantes auraient suscit massivement, et de
manire quasi constante, ses corticosurrnales, et donc les
corticodes endognes, dont le rle est connu dans l'volution des
cancers. N'auraient-ils pas dtruit le cancer d'une manire
naturelle ? Les Japonais font appel des hypothses similaires,
lorsqu'ils proposent leurs cancreux l'ascension du Mont-Blanc...

5) Gurison par les groupes de prire


Lors d'une mission de tlvision, une femme racontait qu'un
jour, alors qu'elle tait au stade terminal d'un cancer, elle entra,
par hasard, dans une glise o se tenait une runion de prire
d'un groupe charismatique. Elle observait le groupe et entendit le
prtre dire qu'il y avait parmi eux une femme en stade terminal
d'un cancer, et qu'elle serait gurie. Il demanda la personne
qu'elle veuille bien lever le bras. Sans mme y penser, elle leva le
bras. Peu de temps aprs cette prire en groupe, ses examens se
normalisaient compltement. A ce jour, elle n'a pas eu de rechute.

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Comprendre le paranormal
Ces groupes se multiplient actuellement. Et j'entends des gens,
que je supposais loin de tout cela, me dire qu'ils en font partie.
Parfois ils se runissent autour d'une personnalit marquante,
doue d'un charisme particulier. L'attitude du prtre rvle une
intuition proche de la voyance. Il a senti l'arrive de cette femme
trangre au groupe et sa maladie. Par cette annonce trs lourde,
le groupe, prpar une communion mentale positive, s'est
brutalement focalis sur cette personne. A jou une sorte de
synchronie, une contagion affective, organisant fortement les
motions sur un thme spcifique : "En visualisant le malade
guri, ils mettent une force de pense bienfaisante", dit Maguy
Lebrun, animatrice de groupes de prire, et auteur d'un ouvrage
[1987]. Le prtre, par son attitude, a ralis de plus une sorte
d'"tiquetage", comme on dit actuellement : il a dsign cette
femme au groupe. Qu'elle soit trangre a facilit les choses, car
aucune relation affective pralable n'interfrait ngativement avec
le processus. La disant mourante, il a eu un effet mobilisateur
immdiat, presque explosif, une sorte de "cri mental". La
rmission a suivi...
Dans les groupes de prire, bien des gens tmoignent : "Ce n'est
pas un miracle que les gens viennent chercher, c'est de l'amour."
La dtresse morale est la premire cible. On retrouve des
lments dj vus : "Nous sommes les capteurs, les transmetteurs
aux malades de l'nergie dveloppe par la prire de tous."
L'individu disparat, et mme l'individualit du groupe, dans une
soumission une Entit, mme si elle n'est pas explicitement
nomme. Le cadre religieux n'est pas prcis : il s'agit d'une
"forme d'amour qui, mle aux formes d'amour des autres, se
fond avec celles des "guides" pour devenir une somme. Au nom de
Dieu ou des forces cosmiques, c'est la mme chose". Ceci voque,
intimement mls, l'sotrisme et de vagues intuitions

89

Comprendre le paranormal
chrtiennes. Les dogmes habituels cadrent mal avec ce que
ressentent les participants. Une animatrice, telle Maguy Lebrun, dit
ne pas se situer dans la foi catholique. Elle ajoute : "Dieu, c'est
l'ensemble des vibrations humaines astrales, c'est la quintessence
de l'esprit, c'est peut-tre l'ensemble de toutes les forces
terrestres, de la nature, des nergies. C'est la vibration parfaite."
Cette accumulation de termes tmoigne qu'elle cherche ses
rfrences, mais on retrouve, peine cache, l'ide de Mental. Le
pre Godel, qui connat Maguy, le dit bien : "Sa conception de Dieu
est loin de la foi chrtienne, c'est un Dieu Impersonnel, un peu
la manire hindouiste."

K- La rsistance aux agents physiques


Notre organisme a la capacit de rsister des conditions
extrmes. Nous avons tous entendus parler de fakirs, en plein
Himalaya capables de scher sur eux-mmes des draps gels, par
la simple force de leur esprit.
Plus prs de nous, nous savons que certains sont capables de
marcher sur le feu ou de rsister au feu et l'eau bouillante.

1) La marche sur le feu


Il existe actuellement de nombreuses coles de marche sur le feu.
Ici la mthode fait appel une transe
auto-induite. Elle s'inspire du Japon, o
M. R. l'a apprise auprs d'un Matre qui,
dit-il, se situait dans un cheminement
mystique. D'autres pratiquants, tel Tony
Robbins aux Etats-Unis, se placent dans
un cadre plus occidental, la
Programmation neuro-linguistique, par
exemple. Voici ce qu'en dit David

90

Comprendre le paranormal
Russel : "Quand je posai le pied sur les charbons, je n'avais
aucune ide de ce que serait mon exprience. Tout en traversant
le lit de charbons ardents, je n'eus que la vague notion de marcher
sur quelque chose de chaud." Ce sujet avait, semble-t-il, mis en
veilleuse sa pense rationnelle, tat induit par le Matre, et de ce
fait contrl par lui. Bob Audrey, toujours sous la direction de
Robbins, dit : "A la dernire seconde, avant de rejoindre le rivage
[le bord du feu], agac par ce mystre, j'ai fortement press un
pied sur une pierre, un peu comme si j'crasais un mgot de
cigarette, et je me suis grivement brl."
M. R., ingnieur CNRS, a effectu sous mes yeux (et
devant une nombreuse assistance) une marche sur le feu
d'une distance de cinquante mtres (deux fois vingt-cinq
mtres sans tape intermdiaire). Avant de commencer, il
s'arrte quelques instants sur un tas de sel, destin
asscher la plante de ses pieds. Il pousse un cri guttural.
Puis il part d'une manire mcanique. Faisant un rapide
demi-tour en bout de piste, il reprend le mme chemin, en
sens inverse. Il s'arrte en fin de course un instant, lance le
mme cri, avant de reprendre une attitude normale. Il
montre ses plantes de pieds quelques observateurs. Aprs
les avoir brosses pour enlever les cendres, on constate
qu'elles ne sont en rien lses. Cependant, une braise s'est
malencontreusement place entre deux de ses orteils, le
brlant gravement.
Une telle exprience ne se situe pas vraiment dans un cadre
paranormal dans le sens habituel. M. R. est d'esprit rigoureux.
Travaillant dans un laboratoire de neurophysiologie humaine, il est
mme de connatre les capacits de l'organisme. Pour lui, le pied
ne brle pas parce que le temps de contact est trop court pour
qu'il arrive la temprature critique. Il se met en tat de transe
91

Comprendre le paranormal
(ce dont tmoigne le cri) pour supprimer les hsitations. Laisser
grer l'opration par des automatismes permet d'obtenir des
temps strictement constants. Le niveau d'inconscient qu'voque M.
R. est superficiel, comme le manifesterait d'ailleurs la brlure
entre les orteils.
Illustration : marche sur le feu (col. prive.)

2) Rsister au feu
L'tre humain peut prsenter la facult de rsister au feu, au-del
de l'imaginable. J'ai moi-mme assist une sance avec un
chaman qui laissait ses mains sur la flamme d'une bougie plusieurs
minutes sans apparemment en ressentir la moindre brlure.
L'mission "Mystres" a prsent une dmonstration de
maniement du feu par Mario Mercier, chamans et auteur de
plusieurs ouvrages [1977...]. Celui-ci prenait des braises, si
chaudes que le prsentateur disait ne pas pouvoir les approcher.
On lui avait adjoint un prestidigitateur, titre d'expert. Mercier a
donc pris les braises pleines mains, les a brises dans ses doigts,
rduites en cendres, puis a ouvert les mains. Aprs avoir frottes
celles-ci ensemble, pour en dgager la cendre, aucune trace de
brlure ! Et l'expert de confirmer la capacit tonnante du
chaman, attestant qu'il avait vrifi l'absence de prestidigitation.
Mercier expliquait ses facults en disant qu'il tait entr en contact
avec l'esprit du feu. Ainsi les braises ne le brlaient plus.
Il arrive que cette insensibilit au feu surgisse de manire
sporadique, hors d'un apprentissage et de la vie mystique. La
rsistance au feu est connue depuis la plus haute antiquit, dans
toutes les civilisations. Si la marche sur le feu apparat frquente
et de pratique relativement facile, le fait de rester durablement
dans les flammes et d'en ressortir intact, corps et vtements, est
trs rare.
92

Comprendre le paranormal
Thurston lui consacre un chapitre entier ("Salamandres
humaines"), il rappelle l'histoire du martyr chrtien saint Polycarpe
de Smyrne (vers l'an 156) :
"Il fut condamn tre brl vif. Les piles de bches
allumes flambaient violemment : les flammes, formant une
vote, encerclrent doucement le corps du martyr sans lui
faire aucun mal ; si bien que ses perscuteurs, pour en finir
avec lui, dpchrent un homme d'armes lui percer la
poitrine d'un fer de lance. Le jet de sang teignit
l'embrasement, mais quand saint Polycarpe eut expir, le
bcher fut rallum et son corps, sauf les os, fut rduit en
cendres." (p. 209)
Malgr l'exagration toujours possible, l'incombustibilit apparat
lie la vie du sujet, et donc son tat mental. Ds que cette vie
cesse, le corps subit la loi habituelle de la matire. Cette
rsistance au feu concerne le corps mais aussi les vtements.
Cette rsistance au feu se communique un tiers non entran,
par une contagion affective, d'inconscient inconscient. Thurston
crit ainsi, de Franois de Paule (p. 214) :
"On avait difi auprs de l un four chaux... et il tait
dj allum, quand on vint dire au saint qu'il s'effondrait.
Sur quoi Franois ordonna un moinillon... de prendre un
bton qu'il lui donna et de le planter l'intrieur. Il dit au
jeune garon de ne pas avoir peur, et en vrit il ne souffrit
aucun mal, et le four fut sauv."
Quand le sujet se soumet "corps et me" au Matre comptent, il
ne court pas de risque. C'est l'esprit du Matre qui,
instantanment, lui communique ses capacits. Il n'a besoin
d'aucune formation, mais, de ce fait, il n'acquiert rien. S'il s'extrait
93

Comprendre le paranormal
de cette relation, il perd tout : "Si vous me lchez la main, vous
allez brler horriblement", le prvient-on d'avance. Il faut
distinguer radicalement l'apprentissage habituel, qui porte sur des
rudiments, d'une transmission immdiate de la matrise la plus
accomplie.
Cette capacit est trangre l'intelligence, elle se rfre un
fonctionnement mental "primaire", archaque, largement
inconscient.
"Le Frre Franois [de Paule] rpondit : "Il est tout fait
vrai que je suis un rustique, et si je ne l'tais pas, je ne
pourrais pas faire des choses comme cela." Et ce disant, il se
pencha vers le feu qui tait bien grand et brlait belles
flammes. Il remplit ses mains de tisons et de charbons
ardents et les garda ainsi, et se tournant vers le chanoine, il
dit : "Vous voyez, je ne pourrais faire cela, si je n'tais un
paysan."" (Thurston, ibid., p. 212.)
On pourrait opposer cette "incombustibilit" le phnomne de la
"carbonisation spontane", dcrite depuis trs longtemps. On en
dcouvre rgulirement de nouveaux cas, et ils se ressemblent
tous.

L- Contrer les lois de la gravitation


Les lois de la gravitation nous semblent les plus parmi les plus
incontournables, et pourtant divers tmoignages attestent qu'il est
possible de lui chapper. Le cas le plus connu est le fait de s'lever
physiquement et de voler comme le ferait un oiseau, c'est la
lvitation. On ignore souvent que l'inverse existe et qu'il est
possible de devenir si lourd que personne ne peut plus nous
dplacer, c'est l'hyper-gravitation.

94

Comprendre le paranormal

1) La lvitation
On appelle " lvitation " le fait qu'un sujet chappe
momentanment aux lois de la pesanteur, jusqu' s'lever parfois
fort haut. C'est une des manifestations paranormales les plus
spectaculaires. Sa ralit semblerait peu discutable. Elle est
dcrite ds les temps les plus anciens, dans toutes les religions.
D'innombrables tmoignages ont t recueillis dans les procs de
canonisation. Bouflet [1992, chap. 1] relate sa frquence chez les
mystiques, mme rcents. Il avance le chiffre de 10 % (21 cas)
sur les deux cents personnes mortes au xixe et au xxe sicle qui
ont t batifies ou canonises (p. 31). Il note (p. 41), propos
de Marie d'Agreda (1602-1665) :

" Le corps tait priv de l'usage des sens comme s'il et t mort.
[...] Il tait un peu lev de terre et aussi lger que s'il n'et
aucun poids naturel, de sorte que par un seul souffle on le
remuait, mme d'assez loin, comme une plume lgre. " Ailleurs
(p. 47), il parle des visionnaires de Garabandal (prs de
Santander, en Espagne, entre 1961 et 1965) : " Entre elles, elles

95

Comprendre le paranormal
se soulvent avec une trs grande facilit ; mais deux hommes
vigoureux arrivent peine en remuer une. "
Le plus connu des saints "lvitants" est sans conteste saint Joseph
de Cupertino (1603-1663). Prosper Lambertini (Benot xiv),
(pape sous le nom de Benot XIV), Promotor Fidei (l'Avocat du
Diable) lors du procs de batification, crit : " Des tmoins
oculaires, d'une honntet indiscutable, portrent tmoignage des
fameuses lvations au-dessus du sol..." Elles ont t observes
plus d'une centaine de fois, et ce par des tmoins aussi importants
que sceptiques :
" Quand, en 1645, l'ambassadeur d'Espagne auprs de la cour
papale, le grand amiral de Castille, traversa la ville d'Assise, il vint
saluer Joseph de Cupertino dans sa cellule. [...] Son pouse
exprima le dsir de jouir du mme privilge. [...] A cela il [Joseph]
rpondit : "J'obirai, mais je ne sais si je pourrais lui parler." En
ralit, ds qu'il pntra dans l'glise, son regard se posa sur une
statue de Mre Immacule qui se dressait sur l'autel : il s'leva
l'instant d'une douzaine de pieds au-dessus de la tte des
personnes prsentes jusqu'au pied de la statue. Aprs avoir rendu
hommage pendant un moment, il poussa son cri accoutum, vola
en arrire et retourna tout droit sa cellule, laissant l'amiral, sa
femme et la brillante suite qui les accompagnait muets
d'tonnement. " (Thurston, p. 26 et suiv.)
L'extase se rvle par le cri, qui jalonne souvent chez lui ces
pisodes. La lvitation cesse sitt que la transe se termine, comme
souvent :
" S'tant lev, il se posa sur une haute branche d'arbre qui ne
plia pas. Mais quand l'extase prit fin, elle menaa de se rompre, et
Joseph tant incapable de redescendre, il fallut utiliser une chelle
pour le sortir de ce mauvais pas. " [Guitton et Antier, 1994,
p. 178]
96

Comprendre le paranormal
Au dcours de la transe, ds lors que la conscience rapparat, le
phnomne cesse, dfinitivement. Ce n'est cependant pas le cas
de tous les saints. Sainte Sainte Thrse d'Avila, autre
" lvitante " bien connue, dit ainsi :
" Mon me tait enleve et mme ordinairement ma tte suivait ce
transport sans qu'il y et moyen de la retenir : quelquefois mme
le corps tout entier tait emport, lui aussi, et ne touchait plus
terre. [...] Lorsque je voulais rsister au ravissement, il me
semblait que des forces si puissantes que je ne sais quoi les
comparer me soulevaient par les pieds. [...] J'avoue mme que,
dans les dbuts, j'tais saisie d'une frayeur trs vive en voyant
mon corps ainsi lev de terre." [1985, p. 195-196]
Parmi les lacs, le mdium Dunglas-Home est sans doute le plus
connu des lvitants. Il faut cependant remarquer, comme le
souligne Thurston (p. 11), que la plupart de ses dmonstrations
taient ralises dans un demi-jour, propre la supercherie...
On la rencontre galement chez chez les "possds" par le Diable.
Voici deux cas : le premier, en 1907, se situe au Natal (Afrique du
Sud), relat par le chanoine Franois Gaqure, propos d'une
jeune possde de dix-sept ans, Claire-Germaine Cle :
" Le suprme exorcisme fut fait par l'vque en personne, Mgr
Henri Delalle, oblat de Marie Immacule, originaire d'Apremont,
prs de Metz, en Lorraine. Au cours de la crmonie, il se produisit
un pisode qu'on aurait de la peine croire s'il n'avait pas eu de
nombreux tmoins. Aprs deux heures et demie de prires, tout
coup la possde s'envola deux mtres de hauteur, et de l, elle
s'cria l'vque stupfait : "Eh bien, l'vque, qu'as-tu me
regarder tout bahi ? Imite-moi donc !" " Planson [1978, p. 230]

97

Comprendre le paranormal
Le second cas s'est produit en Italie, le 21 mai 1920 14 heures
et comporte une part de glossolalie :
"Il s'agit encore d'une malheureuse jeune femme livre ce
vritable supplice moral qu'est l'exorcisme, pratiqu cette fois par
le pre Pier Paulo, en accord avec l'vque Mgr Pellizari, du
couvent de Santa Maria de Campagna, prs de Florence : "Soudain
retentissent, en latin, les premires paroles de l'exorcisme
(prononces par la possde) Exorcizo te, immundissime spiritu,
omne phantasma, omnis legio... A ces mots, la possde,
saisissant de ses deux mains les pointes de ses pieds, s'enleva du
sol."" (Planson, ibid.)
Linverse de la lvitation (augmentation anormale du poids) est
souvent appele " hyper-gravitation ".

2) L"hyper-gravitation"
A l'inverse de la lvitation, on a dcrit l'" hyper-gravit ",
laugmentation anormale du poids. Bouflet (p. 63) cite le cas de
sujets qui ont, lors d'une extase, pris un tel poids qu'ils devenaient
impossibles dplacer. En voici deux exemples rcents et qui
semblent bien attests. Le premier concerne Alexandrine-Marie da
Costa (1904-1955), dont le poids normal tait de 40 kg :
"Le Dr Azevedo invita un jour soulever Alexandrine du
pav : ce moment prcis, elle revivait la monte du Christ
au Calvaire avec la croix sur les paules. Le prtre, homme
trs robuste, la prit sous les aisselles, mais tous ses efforts
furent vains. Il murmura : "En y mettant toute ma force, je
n'y arrive pas !"" (Bouflet, 1991, p. 64)
Une telle particularit a t dcrite chez cette femme, maintes
reprises. Le sujet a l'impression de ployer sous un poids norme,

98

Comprendre le paranormal
celui de la croix de la Passion. On a constat le mme phnomne
chez une autre religieuse, Catherine-Aurlie Caouette (18331905) :
"J'ai essay diverses reprises et par divers moyens de
la soulever de son sige. Je n'ai pas pu donner le moindre
branlement son corps et, en essayant de la soulever, j'ai
prouv l'effet d'un poids norme qui fatigue celui qui veut
le mouvoir." (Bouflet, id., p. 65)

3) Les stigmates
On appelle "stigmate" des plaies du ct gauche du thorax, des
paumes et des pieds ainsi que du cuir chevelu, ces plaies voquant
celles subies par le Christ le jour de sa Passion (couronne dpines,
supplice de la croix). Un de leurs caractres les plus spcifiques
est quils apparaissent subitement, souvent le vendredi (jour
anniversaire du supplice), et disparaissent dune manire aussi
inexplicable le dimanche (jour de sa rsurrection).

Ces lsions sont parfois transfixiantes (ils transpercent le membre


de part en part), elles ne sinfectent pas ( loppos de lsions

99

Comprendre le paranormal
communes chez le mme sujet) et prsentent parfois des
coulements sanguins qui ne respectent pas forcment les lois de
la pesanteur, pour lAllemande Thrse Neumann, en particulier.
Le premier a avoir prsent des stigmates est St Franois dAssise.
Il sont apparus subitement, lors dune transe (en 1226, soit deux
ans avant sa mort). Depuis St Franois, un nombre important de
sujets ont prsent des stigmates (Bouflet, 1996). Comme le fait
remarquer Bouflet, Franois dAssise a prsent une forme
nouvelle dadoration : il sest assimil au Christ, ce que personne
ne stait permis auparavant.
La chose nest pas innocente sur le plan psychologique. Les
manifestations paranormales illustraient, parfois dune manire
trs prcise, des contenus inconscients. Ceci permet dtablir une
continuit entre les stigmates des saints et dautres
manifestations, comme la dermographie des hystriques. Sil y a
une vidente diffrence dchelle, il pourrait exister une certaine
parent dans le mcanisme.

M- La Magie, la sorcellerie
La Magie est souvent confondue avec la
sorcellerie. Selon le dictionnaire Rey, la
"sorcellerie" serait une "Magie primitive",
opinion qu'on retrouve dans presque tous
les ouvrages sur le sujet. Toutes deux,
dans leur principe, consistent en une
action directe sur la nature grce des
procds dits "occultes".
Ainsi, le sorcier peut faire tomber la pluie
(ou le prtend, comme l'indique
l'illustration) ainsi que d'autres calamits. Il peut rpandre le
100

Comprendre le paranormal
mal... sous toutes ses formes. C'tait, avec l'art de gurir, un des
propos du chamanisme.
Lors des grands procs, une des accusations les plus courantes
tait celle d'avoir particip un Sabbat de sorcire, avoir tabli
une relation intime avec le Diable. Mais ce qui amenait devant le
tribunal tait probablement bien plus souvent l'allgation
d'envotement, encore courante aujourd'hui.

1) La sorcellerie
On considre traditionnellement la sorcellerie comme une Magie
qui aurait rgress vers les aspects
les plus abjects et les plus primitifs.
Pour le Moyen ge, elle s'appuyait
sur un commerce avec le Diable,
qu'attestait parfois un "pacte" (cicontre celui d'Urbain Grandier, brl
pour sorcellerie).
Actuellement, le terme de Magie
tant tomb en dsutude (trop
marqu par la Magie noire et du fait
d'une certaine confusion avec
l'illusionnisme), le qualificatif de
"sorcier" est de plus en plus revendiqu (Carlos Castaneda en est
l'exemple rcent probablement le plus connu).
De fait, la sorcellerie recouvre des pratiques trs contrastes. La
"basse sorcellerie", celle des campagnes, et une approche
chamanique de la nature, une recherche des lois qui relieraient la
pense aux faits matriels (comme Castaneda le montre, d'une
manire assez lyrique).

101

Comprendre le paranormal
Mme si la pratique sorcire survit de nos jours, elle appartient
l'Histoire, au moins en Europe.
Illustration : col. prive

a) Le Diable
Une personne vient me voir : " Dites-moi si je suis possde par le
Diable. Cest ma plus grande
angoisse. Je passe mon temps faire
des rituels pour viter cela " La peur
du Diable nest plus trs courante et
cest, dune certaine faon, bien
dommage Encore faut-elle quelle ne
conduise pas, comme pour cette
pauvre femme, des troubles
obsessionnels-compulsifs (dits
" TOC ").
Durant tout le Moyen ge, la crainte du Diable tait si monnaie
courante que, mme durant les procs, on vitait soigneusement
dvoquer les mthodes de sorcellerie et de Magie, quelle quelle
soit. Le " Marteau des sorcires ", manuel des juges lors des
Grands procs, crit par Institoris et Sprenger tait dit en petit
format pour pouvoir tre ouvert sans tre vu !
Lide de " Diable " est, paradoxalement, rcente dans lHistoire de
lhumanit. Il apparat dans le Nouveau Testament sans avoir
jamais t " prsent ". En effet sa cration apparat dans la Bible
au niveau du Livre dEnoch, texte issu de la littrature apocryphe
apocalyptique juive (Essniens), entre 210 et 60 avant J.C., dont
nombre douvrages ont t retrouvs Qumran. Dans le Nouveau
Testament, le Diable est omniprsent. La multiplication des cas de

102

Comprendre le paranormal
possession donne loccasion au Christ de manifester ses pouvoirs
dexorciste.
Antrieurement, comme dailleurs dans toutes les religions dites
" primitives " et des religions polythistes comme lhindouisme, la
Divinit nest jamais entirement mauvaise. Kali et Shiva, par
exemple, ont, tout la fois, des aspects ngatifs et positifs.
" Lucifer " est couramment confondu avec lEsprit du Mal. Or,
comme le souligne la Bible, il tait avant lange le plus proche de
Dieu, qui la dchu pour avoir voulu Lgaler. Quand Satan (stn
en hbreu signifie " lopposant, celui qui met obstacle "), il
personnifie le Mal.
Limagerie populaire montre le Diable sous forme dun bouc
debout. Or, cette reprsentation apparat directement issue de
celle de Pan, Dieu du dsir sexuel et des forces de reproduction.
Ce rapprochement nest pas vain
Notes :
L'illustration : le "Diable" de Rennes-le-Chteau (en fait une statue
d'Asmode)
Les informations de cette page sont tires du Que sais-je ? " Le
diable " n 3423, excellent ouvrage, complet et dabord assez
facile.
Mettre une majuscule au Diable peut paratre paradoxal. Nous ne
voulons faire aucune discrimination entre les diffrentes Divinits,
de quelque religion que ce soit. Le personnage du Diable est
dailleurs dorigine si trouble quelle justifie cette particularit.

103

Comprendre le paranormal

b) La sorcellerie des campagnes


La sorcellerie des campagnes persiste bel et bien, quoi quon
puisse dire. En France, on la dit plus frquente dans lOuest
(Normandie, Bretagne, Poitou-Charentes) mais cest probablement
parce quelle a t tudie l plus quailleurs. On la retrouve sous
des aspects trs divers, quon pourrait schmatiser de la manire
suivante :
* La premire forme, assez sordide, consiste dans le combat
incessant entre un soi-disant " envoteur " et un " dsenvoteur ".
Comme la bien montr Jeanne Favret-Saada, dans son livre " Les
mots, la mort, les sorts ", le mcanisme de cette sorcellerie est
des plus complexe. Un sujet note des faits dont la rptition ou le
caractre inopportun linquite. Il pense quon lui a jet un sort. Il
consiste alors un dsenvoteur qui confirme et utilise diverses
mthodes pour le dgager. L" agent ", celui qui a mobilis
lenvoteur, est souvent un proche, un habitant du mme village.
On ne saurait cependant oublier la part de lentourage qui renforce
l" ensorcel " dans sa conviction et joue un rle important dans
son affaiblissement. Cette forme de sorcellerie fait partie
intgrante des conflits de proximit, si frquents entre voisins. Elle
prend un tour " magique " du fait des traditions qui nont jamais
cess, malgr lInquisition et les Procs.
* La seconde forme nimplique nullement un " ensorceleur ". Le
sujet qui vient consulter souffre de divers maux dont lorigine peut
tre attribue au " hasard ", la " mauvaise fortune ". Ce peut
tre des maladies, accidents, etc. La mthode pour librer le sujet
est, en fin de compte assez proche de la prcdente, sauf quici on
naccuse pas un tiers. La prire, religieuse ou non, utilisant un
rituel connu ou secrte, a ici une grande part. Les saints sont

104

Comprendre le paranormal
souvent invoqus. Dominique Camus a fait de nombreux travaux
sur ce thme, en Bretagne.
* Une troisime forme confine au travail du gurisseur. Cest le
" leveur de maux ", galement bien tudi par Camus. Ici, nous
vivons une sorte de miracle au quotidien, la gurison obtenue
restant souvent inexplicable pour les sciences. Ici encore, le secret
rgne et nous sommes proches du religieux, dans un contact direct
avec les " forces de la
nature ".

c) La sorcellerie et l'histoire
Depuis 1450, et jusqu'en 1850
dans certaines contres
d'Europe, les Procs de
sorcellerie endeuill lEurope.
On a brl dinnombrables
femmes et hommes, pour
lessentiels issus de la campagne, mais aussi des notables, des
prtres en particulier. Ces procs se droulaient gnralement de
manire expditive. Certains condamns taient excuts dans les
heures qui suivaient le
jugement. La dfense tait,
souvent, inexistante. De plus,
comme le souligne Mandrou,
les accuss avouaient souvent
sans mme avoir t torturs.
Laccusation de sorcellerie
portait sur des faits trs
divers. Mais on retrouve dans les procs, dune manire de plus en
plus strotype, outre laccusation davoir utilis des mthodes

105

Comprendre le paranormal
occultes pour agir sur autrui, la participation un Sabbat de
sorcire.
Illustrations : collection prive

d) Le Sabbat de sorcires
Beaucoup de sorcires ont t brles
pour avoir particip des Sabbats,
des rencontres o elles taient senses
avoir ador le Diable sous forme dun
bouc. Cette ide date des premiers
procs, comme en tmoigne limage cicontre. Curieusement, cette adoration
concerne toujours larrire-train de
lanimal. Contrairement lapparence,
il ne sagit pas de ridiculiser davantage
la sorcire. En effet, de trs anciens cultes (ceux que les procs
condamnaient, sans le dire) concernaient justement ladoration de
sculptures en forme de fesses (culte
assimil celui de Bacchus).
Durant ces sabbats, lesdits sorciers
taient censs se livrer toutes les
ignominies, gorger des enfants, avoir
des pratiques sexuelles " contre nature ",
en particulier avec le diable " dont le
sexe tait froid et la semence brlante ",
etc. La danse et la nudit y avaient une
grande place.
En comparant les motifs des
condamnations et des pratiques
magiques actuelles, en particulier dans

106

Comprendre le paranormal
les peuples dits " primitifs ", on constate que lintelligentsia de
lpoque jugeait des faits souvent exacts partir de principes
moraux, sans se soucier de comprendre " de lintrieur ".
Lamalgame tait la rgle. Do un discours de plus en plus
strotyp. Une tude plus approfondie, partir de tmoignages
rcents, nous permet cependant de resituer et comprendre les
faits.
Illustrations : Grandes Heures du Duc de Berry (Muse de
Chantilly)
et collection prive.

e) La vraie nature des Sabbats de sorcires


Lors des procs de sorcellerie, les prvenus taient souvent
accuss davoir particip des Sabbats de sorcires. Selon la
tradition, il sagissait de runions se tenant caches, sur le
sommet dune montagne (le classique " mont chauve ") ou dans la
clairire dune fort. Ont t ainsi condamnes des rencontres de
paysans, probablement un peu rebelles, mais qui navaient pas de
vrais rapport avec la sorcellerie.

107

Comprendre le paranormal
Beaucoup plus srieuse
tait laccusation que la
gravure ci-dessus
rsume la manire
dune " bande
dessine ". Une femme
senduit le corps dun
onguent (comme le
montre bien la seconde
gravure, ci-contre). Elle
senvolait alors, passant
par la chemine, allant
au Sabbat perche sur
un balais. La formule de
longuent varie. On en
trouve une liste, assez complte dans louvrage de Jean de
Nynauld. Sy mlent des substances narcotiques, hallucinognes et
de vritables poisons, tels la cigu. On retrouve ici des lments
bien connus, ceux permettant le ddoublement.
Tout porte donc croire que, mme lpoque, les rudits
navaient aucun doute sur la vritable nature de ce cheminement
vers le Sabbat. Il sagissait dun voyage en rve. De pauvres
femmes taient ainsi brles parce quelles avaient rv !
De nombreux tmoignages rcents l'attestent, en premier lieu
l'ethnologue amricain Carlos Castaneda, qui dit avoir "vol" aprs
avoir, quant lui, fum un ensemble d'herbes.
Pour plus d'information, se reporter "Expliquer le paranormal",
chapitre B et C.
Illustrations : collection prive.

108

Comprendre le paranormal

2) La Magie
La Magie est (selon le Rey) lart de
produire des phnomnes par des
procds occultes (je mets un grand
" M " pour la distinguer de
lillusionnisme). Elle est probablement
aussi vieille que lhomme, et se
retrouve dans les crits les plus
anciens (la Bible en particulier). Ainsi,
les faiseurs de tempte (cf.
illustration) ont probablement exist
de tout temps.
Au sein de la Magie, on distingue
habituellement la " Magie blanche ", se situant dans le Bien (en
principe) et la " Magie noire ", oprant dans le Mal.
En fin de compte, lune et lautre sont bien proches, au moins par
leurs procds :
- lutilisation de matriaux spcifiques : objets " bnfiques " dans
la Magie blanche (reliques saintes, croix, pe consacre) ; objets
" malfiques " (clous de cercueil, terre de cimetire) dans le cas
de la Magie noire. Bien souvent, ce sont dailleurs les mmes qui
servent dans les deux cas (hostie consacre, objets liturgiques),
- lusage de formules spcifiques : prires religieuses (ou
apparentes) dans le cas de la Magie blanche ; prires modifies
ou dtournes de leur objet, " formules magiques "
(maldictions) dans le cas de la Magie noire.
Je ne saurais conseiller la lecture douvrage de Magie noire.
Nanmoins, on peut consulter louvrage du R.P. Johanns pour
avoir une ide des rites.

109

Comprendre le paranormal
Il faut enfin parler du plus connu des ouvrages de Magie, " Le
Grand et le Petit Albert ", recueil de secrets attribus Albert le
Grand, et quon peut trouver facilement en librairie mais en
dition expurge (et, de ce fait, difficile demploi !).
Illustration : collection prive.

a) Magie noire
Dans un site consacr au
paranormal, il importe de
parler de Magie noire. Mon
propos nest pas de la
promouvoir, en aucune
faon, mais de donner des
informations sur la manire
dont on peut la comprendre.
Le premier principe, cest
que la Magie noire repose, comme tout le paranormal, sur notre
capacit mettre en branle les lois de lUnivers. Le modle du
Mental, et ses niveaux profonds permet de donner un cadre
cette hypothse. De ce fait, il y a lieu de prendre la Magie noire,
comme la Magie dans son ensemble, avec le plus grand srieux.
Ceci ne veut pas dire quil faut en tre la victime, et surtout pas la
victime consentante.
Combien de fois ai-je vue de consultant me dire : "On m'a dit que
j'tais envot". L'envotement est en effet la pratique la plus
frquente en Magie noire, mais, fort heureusement, ce n'est
souvent qu'une illusion. Il s'agit de ragir. Et pour cela, il faut
comprendre comment fonctionne la Magie noire.

110

Comprendre le paranormal
Sur le plan pratique, la Magie noire repose sur un certain nombre
de pratiques, que nous ne dcrirons pas ici, mais qui toutes, en fin
de compte, visent susciter des images mentales trs fortes et
mobiliser la pense autour dun but nfaste. La Magie noire
sentoure donc dun crmonial qui vise mettre la pense dans
les dispositions souhaites. Les objets, poudres et philtres, nont
pas dautre but.
On ne peut pas la pratiquer impunment, car, mme si au dbut
" on ny croit pas ", les premiers effets, perceptibles par tous les
pores de la peau, font que le processus chappe la volont et
la raison. En effet, le " moteur " de la Magie (noire ou blanche) ne
se situe pas au niveau du conscient mais de linconscient profond,
et plus particulirement la part de nous-mme qui prend en
compte la ralit environnante (notre cerveau " animal "). Or,
nous ne contrlons pas ces instances (pas plus que nous ne
contrlons le fonctionnement de notre cur).
Les effets de la Magie noire ? Plutt que de rpondre de manire
moraliste, on peut sinspirer du tmoignage de Sonia Lazareff " La
sorcire blanche " : initie la Magie noire, elle se trouve
embarque dans une spirale infernale, o les deuils et les
malheurs se succdent jusqu ce quelle soit oblige de rentrer en
France.
Comment rsister la Magie noire ?
Illustration : dessin personnel.
Rsister la Magie noire

111

Comprendre le paranormal
Contrairement ce quon croit, il est
parfaitement possible de rsister la Magie
noire.
La premire chose, et la plus importante, est
de savoir maintenir son esprit dans le Bien.
Toute ide de vengeance, et mme de crainte, suscite chez nous
des " lieux de fragilit " sur lesquels viendra " saccrocher " la
Magie noire. De fait, les clous de protection qu'indiquent cette
figure me semblent une chose difficile manier et peu profitable,
au moins dans son principe.
Un patient me raconte quune de ses collgue de travail est venue
lui dire : " Tu es trs protg ! ". Son ton, et le contenu de la
conversation signifiaient, ctait pour lui une vidence, quelle avait
cherch latteindre dune manire magique. " Protg ? ", il
ltait peut-tre, mais il a surtout pens que la protection
laquelle cette femme faisait allusion venait de son tat desprit
positif.
Si vraiment vous ne vous sentez pas mme de rsister ce que
vous pressentez, nhsitez pas demander conseil. Mais noubliez
pas que vous ntes peut-tre pas blanc.
Un collgue menvoie une femme. Celle-ci me tlphone : " Je
reviens du Maghreb. Je participais une fte traditionnelle. Jai vu
une tente. Jai compris quil sagissait de celle du marabout.
Comme il ntait pas l, je suis entre. Mais, quand je suis
ressortie, il tait l, furieux. Il ma lanc ce que jai compris tre
une maldiction. Depuis, je ne men sors plus. Jai eu des
problmes ds lavion du retour, et depuis a ne sarrte pas. Jai
vu des quantits dexorcistes, et ils ne peuvent rien faire pour
moi " Jai dit cette femme qutant en province, elle pourrait voir

112

Comprendre le paranormal
le Dr V., tout fait mme de comprendre ce quelle avait, et
ventuellement de ladresser une exorciste comptent. Elle me
demande si cest un psychiatre. Quand je lui rponds : " Oui,
aussi ", elle me dit quelle na pas besoin de a !
Pour moi, cette femme ntait pas folle. Outre un problme
vraisemblablement bien rel, elle sauto-envotait et avait donc
besoin dune aide sur diffrents plans
Nallez pas voir nimporte quel exorciste. Il y en a de bons, mais
surtout beaucoup de mauvais Cest un domaine o nimporte qui
peut se donner ce " titre ".
Illustration : col. prive.

b) Envotement
Notre propos, dans ce
site, nest pas
dindiquer comment
faire un envotement,
mais de dire en quoi il
consiste et comment
se protger contre lui.
Fort heureusement,
lallgation
denvotement est bien plus frquente que lenvotement rel.
Un ami sonne ma porte, un matin : "Ma femme
est malade depuis hier soir, je suis sr que c'est ce
qu'elle a mang hier, au dner, chez vous!" Curieuse
entre en matire... Je le fais asseoir, et le
questionne : il a plant hier une haie, et cette haie a
t crase pendant qu'il tait chez nous. En outre, il a

113

Comprendre le paranormal
trouv, sur la pente btonne menant sa maison, un
chien mort... Je n'ai pas besoin d'aller plus loin.
Derrire ce discours qui pourrait paratre agressif, c'est
un homme aux abois : il est ensorcel, ou du moins il
le croit. Comme nous tions en Martinique, mon ami
avait immdiatement pens un quimbois (un sort, en
langue crole). Je l'interroge plus avant : il me rvle
que sa haie tait prs d'un arrt d'autobus. La nuit
tombant vers 18 heures, une foule importante est
encore susceptible de passer l, et des gens non
prvenus ont pu pitiner sa plantation, rcente donc
fragile. Quant au chien, probablement est-ce un animal
errant, venu mourir l. De toute faon, il ne portait
aucun des ornements habituels du quimbois...
Malheureusement, parfois lenvotement semble plus
vraisemblable :
Le Dr M. me racontait qu'une de ses patientes tait
venue le voir, dans un grand syndrome dpressif.
Cette femme rapportait son tat un envotement.
suite une jalousie amoureuse. Chaque fois qu'elle
ressentait un malaise, immdiatement un appel
tlphonique de l'pouse conduite lui demandait
comment elle se sentait... Les traitements
psychothrapiques et chimiothrapiques taient sans
effet. L'intervention d'un prtre exorciste eut, lui, un
rsultat immdiat. Mais le dpart de l'exorciste pour un
long voyage fut l'occasion d'une rechute grave, avec
reprise des accs, chaque fois suivis de nouveaux
coups de tlphone. Le prtre, de retour, fut
nouveau requis et soulagea la malade par un lourd
exorcisme. La patiente apprit peu de temps aprs que
114

Comprendre le paranormal
l'pouse avait t victime d'un grave accident. Ce
qu'elle attribua au classique " choc-en-retour ".
Combien de voyantes ont dit la personne venue les consulter :
" Vous tes envot ". Il faut alors comment ragir. La premire
chose savoir est que la premire personne qui nous envote,
cest nous-mme. Lauto-envotement est extrmement frquent,
et dailleurs des plus banal. Cest le fait de se dire quon est n
sous une mauvaise toile, et de " broyer du noir ". Ceci tant dit,
si on a de srieuses raisons de croire qu'une tierce personne vous
a envote, par des mthodes utilisant la Magie noire, on peut
utiliser les mmes mthodes.
Illustration : dcouverte d'une poupe utilise pour un
envotement (collection F-W. S.).

N- Exorcisme
Lexorcisme est,
tymologiquemen
t, le fait de
dlivrer du
Dmon. Il
constitue une des
attributions du
prtre. Dans
lglise
catholique, cette
fonction tait tombe en dsutude Dans les annes soixante-dix,
on pouvait compter sur les doigts dune main les prtres exorcistes
franais. Aujourdhui, ils sont entre 80 et 90 : pratiquement un par
diocse en moyenne, et souvent avec des quipes
daccompagnement. Signe des temps !

115

Comprendre le paranormal
L'exorcisme est requis dans tous les cas o on suppose que le
sujet est occup par un esprit mauvais. Mais, comme le remarque
Georges Minois dans son Que sais-je ? sur le Diable, l'ide
d'exorcisme semble tre apparue dans les sectes apocalyptiques
juives peu avant le Christ. Celui-ci apparat, dans le Nouveau
Testament, trs souvent dans ce rle : " en croire les Evangiles,
la possession par le Diable est aussi courante que le rhume, et
n'tonne personne" (p. 25). Georges Minois note qu'en dehors du
christianisme, cette possession par le Diable est exceptionnelle. Il
en dduit qu'elle serait trs largement induite par l'attitude du
clerg et la crainte du Diable qu'il dveloppe (souvent, semble-t-il,
pour des raisons politiques).
Il faut cependant remarquer que la possession n'est nullement
l'apanage du christianisme. Les religions traditionnelles, en
particulier celles qui reposent sur le culte des esprits (cultes
d'origine africaine en particulier) considrent la possession comme
courante. Elle fait partie d'ailleurs du culte lui-mme, sous la
forme de l'incorporation. Cependant, ces religions ignorant le
Diable (un esprit qui serait totalement mauvais), elles ne peuvent
pas reconnatre de possession de cet ordre.
Ceci tant dit, les rituels dexorcisme sont, en principe, trs
codifis, et ce depuis les temps les plus anciens. Le rituel actuel
date du 17me sicle et n'a t que tout rcemment modifi. On
connat bien le dbut du "Grand exorcisme" de lglise catholique :
"Exorciso te, immundissime spiritus, omnis incursio adversarii,
omne phantasma, omnis legio, in nomine Domini nostri Jesu
Christi, eradicare, et effugare ab hoc plasmate Dei."
Les ractions lexorcisme sont assez variables, parfois trs
fortes, ce qui fait que le canon prescrit que l'exorcisme se face en
huis clos.

116

Comprendre le paranormal
Illustration : exorciste en action (collection F-W. S.).
A consulter : " Manuale exorcismorum ", Anvers, Plantin, 1626
(rd. " Manuel dexorcisme de lglise ", en latin et franais, Paris,
Ed. Communication prestige, 1995).

1) Possession par un esprit et exorcisme


La raction d'un sujet "possd" un exorcisme est assez
variable. Le sujet peut tre menaant :
" Un psychiatre madressa Serge, dix neuf ans. Prostr
sur sa chaise, il regardait fixement le ciel en mettant des
grognements. Je commenai mon exorcisme. Soudain les
grognements saccentuent, Serge tourne sa tte vers moi et
me "fusille" d'un regard meurtrier, les yeux exorbits stris
de filets de sang, l'cume aux lvres. Il se lve et les mains
en avant, se prcipite sur moi en criant avec rage, cherchant
m'trangler. Je saisis ma fiole d'eau bnite et je l'asperge.
Il s'arrte net et se roule par terre en cumant de rage. Il se
redresse brutalement, me fixe dans les yeux. Il se prcipite
vers moi pour me mordre. Deuxime aspersion d'eau bnite,
il s'croule terre comme foudroy. Je ne lui laisse pas le
temps de se relever. Crucifix en main gauche, je saisis de la
main droite mon pe d'exorcisme et je commence le rituel
d'exorcisme. Au bout d'une heure de ce combat, l'entit du
mal qui possde Serge est plus excite que jamais. Je
concentre toute mon nergie sur les mots du rituel et je
trace sur son front l'esquisse d'un signe de croix avec le
crucifix. Il hurle, empoigne avec ses deux mains mon avantbras. Je lche le crucifix, mais de lpe que je tiens de la
main droite, je touche son poignet. Il lche mon bras et se
recule, stupfait. Je prononce les paroles du rituel. Mon pe
tient momentanment en respect le possd. Une paix
117

Comprendre le paranormal
s'installe en moi, ma voix s'affermit. Tout devient plus facile,
comme si une force suprieure se manifestait travers moi.
Aprs huit heures de combat reintant, je le laisse,
rejoignant mon domicile pour dormir. Le lendemain, je
ressens des douleurs dans tout le corps, et jai limpression
qu'une partie de mon nergie vitale me manque. Nous
arrivons alors aux tests ultimes. Il est capable d'accepter
une hostie consacre sans la vomir ou la recracher. Il
supporte l'eau bnite, il accepte les onctions d'huile et rcite
en mme temps que moi les prires usuelles. Je trouve dans
son regard une expression amicale, sans aucune lueur
provenant d'une autre prsence en lui. "
Ce rcit rappelle le film "Lexorciste", mais il ne renferme aucun
lment vritablement paranormal.
Ce n'est pas toujours le cas. Voici un exemple, rapport par un
tmoin digne de foi, qui comporte une lvitation. Il date de 1907
et se situe au Natal (Afrique du Sud). Il est relat par le chanoine
Franois Gaqure, propos d'une jeune possde de dix-sept ans
(Planson, 1978, p. 230) :
" Le suprme exorcisme fut fait par l'vque en
personne, Mgr Henri Delalle, oblat de Marie Immacule,
originaire d'Apremont, prs de Metz, en Lorraine. Au cours
de la crmonie, il se produisit un pisode qu'on aurait de la
peine croire s'il n'avait pas eu de nombreux tmoins. Aprs
deux heures et demie de prires, tout coup la possde
s'envola deux mtres de hauteur, et de l, elle s'cria
l'vque stupfait : "Eh bien, l'vque, qu'as-tu me
regarder tout bahi ? Imite-moi donc !" "

118

Comprendre le paranormal

O- L'Occultisme
Le terme "Occultisme" vient du mot
"occulte" qui veut dire "cach". Il
participe l'sotrisme, enseignement
cach (en opposition "l'exotrisme",
enseignement public).
Le contenu de l'Occultisme dpasse ledit
"paranormal", mme si ces deux
domaines ont des points communs. On
peut s'interroger sur les raisons qui ont conduit maintenir
longtemps cache toute cette partie du savoir humain. Une des
premires raisons est probablement pratique. Trs longtemps, du
fait de l'absence puis de la raret des textes crits, l'essentiel des
enseignements taient oraux, et donc transmis de personne
personne. C'est le cas du chamanisme en particulier.
Par ailleurs, tous ceux qui ont accd un certain savoir (quel qu'il
soit) savent combien il est difficile de le transmettre quelqu'un
qui n'a pas une formation pralable, parfois trs pousse. Il tait
donc ncessaire d'oprer une rude slection parmi les postulants
et de les empcher de transmettre n'importe qui ce qu'ils
acquraient.
Dans le domaine "paranormal" il ne faut pas oublier (ce qu'on fait
trop souvent, surtout dans les milieux scientifiques) qu'en plus de
la connaissance "technique" elle-mme, il importe d'avoir des
attitudes de pense trs spcifiques. En effet, le maniement direct
des lois de la nature, que constitue la Magie ou la sorcellerie,
comporte de grands risques, non seulement pour celui qui les met
en oeuvre, mais aussi pour celui qui transmet le savoir.

119

Comprendre le paranormal
Il reste qu'il existe une certaine "fascination du secret", qui n'est
pas toujours justifi. Le Christ n'a-t-il pas dit que la chandelle ne
devait pas tre garde "sous le boisseau", mais mise sur l'tagre
pour qu'elle claire toute la pice. Cette phrase rsume le principe
d'ouverture du christianisme, principe qui n'est probablement pas
pour rien dans son acharnement radiquer tout savoir secret, en
le considrant, globalement, comme de la Magie noire, un
commerce avec le Diable.
Illustration : le serpent Ouroboros, selon un manuscrit de saint
Marc.

P- Chamanisme
Le chaman (mot issu du toungouse
shaman) est, traditionnellement, le
" medecine-man ", le sorcier
charg, dans les populations
primitives de l'Asie centrale de
l'Amrique ou de l'Ocanie, tout
la fois de faire tomber la pluie... et
de soigner les maladies de tous
ordres.
Il est caractris par sa facult de se mettre en transe et, dans cet
tat, d'aller consulter l'Autre monde et les entits qui y habitent
pour traiter avec elles et rsoudre les problmes de la
communaut. C'est ce qu'on appelle actuellement le
"ddoublement " (ou OBE).
Trs longtemps, on a considr les chamans avec une curiosit
mle de commisration. Actuellement, depuis une ou deux
dcennies, au contraire, le chamanisme est la mode, et tout un

120

Comprendre le paranormal
chacun se dit avoir fait une exprience chamanique ou pratiquer
cette discipline.
L'attitude raisonnable consiste se maintenir entre ces deux
excs. Le chamanisme constitue, n'en pas douter, une
exprience particulire, l'accs au " niveau o les faits se dcident
". Mais, l'inverse, la pratique assidue du ddoublement peut
mener, comme nous l'avons vu ailleurs, l'illusion ou la folie.
L'Occidental peut-il pratiquer le chamanisme ? N'est pas chaman
qui veut. Traditionnellement, on ne choisit pas de devenir chaman.
Un vnement, souvent grave, en dcide (chute de la foudre,
maladie comportant des crises...). Le postulant doit alors passer
des preuves redoutables dans la solitude, o il vit son propre
dpeage, sur un mode intermdiaire entre le rve et la ralit (cf.
liade). Cette preuve peut entraner la mort.
Certains Occidentaux visent une exprience semblable en
prenant, sous le contrle d'authentiques chamans, diffrentes
drogues. Cette exprience, dangereuse, est faite sous contrle
mdical strict.

121

Comprendre le paranormal

II/ Comprendre le paranormal


Bien des explications ont t proposes pour comprendre le
paranormal. Nous les tudierons en quelques rubriques :
- les explications, normal et paranormal
- les explications scientifiques,
- les explications psychologiques,
- les explications religieuses et traditionnelles

A- Explication, normal et paranormal


Avant de parler dexpliquer scientifiquement le paranormal, il
faudrait parler de lexplication du normal, car on ne peut pas
demander au paranormal ce quon ne demande pas au normal.
Pour " expliquer " le paranormal comme on la fait du " normal ", il
faut noncer des lois de " co-variation " : plus on lche une bille
haut (dans le vide), plus elle va vite (acclration constante). La
difficult pour le paranormal est quon ne peut quantifier les
variations du facteur-cl (voir plus haut) : la pense.
Rhine a fait une tude scientifique du paranormal (comme ses
successeurs), mais il na pas dfini pour autant la " pense ". Il
sest limit demander ses exprimentateurs de " penser ".
Comme on le sait maintenant, lessentiel du processus est
" inconscient ", il est donc pratiquement incontrlable. En
tmoignent les difficults quont les grands " mdiums " mettre
en uvre la demande leurs facults (cf. Ury Geller, Girard
aprs les mdiums du dbut du sicle). lheure actuelle seul un
contrle " qualitatif " peut tre obtenu, mme si une vague
quantification peut parfois tre.

122

Comprendre le paranormal
Quelles sont les perspectives davenir ? De nombreux chercheurs
se penchent sur ce sujet. Dans les grandes lignes, on peut dire
que des conditions matrielles prcises sont susceptibles dinduire
un fonctionnement inconscient spcifique, dont les variations
pourraient tre quantifies. Lnorme enjeu de cette question, et
les consquences qui pourraient rsulter dune utilisation perverse
de ces facults imposent une certaine discrtion.
Cependant, pour ma part, je pense que, pour la personne
directement concerne par lexprience paranormale, celle-ci ne
saurait se situer que dans une dmarche inspire par le Bien et, si
possible, une volution spirituelle.

1) L'explication du "normal"
Lexplication du monde actuel passe par un certain nombre de
" lois physiques ".
Comment construit-on une loi physique ? On prend un fait, par
exemple laisser tomber une lourde bille. On fait alors des mesures,
par exemple chaque instant de la chute de la bille sa place et sa
vitesse. On en tire alors une loi, ici la " gravitation " permettant de
prvoir chaque instant les paramtres de la bille, moyennant une
acclration constante " g ", valant approximativement 9,81 m/s.
Cette loi nest jamais prouve. Elle est seulement valide dans
certaines conditions : vitesse initiale nulle, bille assez lourde pour
pouvoir ngliger les frottements de lair ( moins de faire
lexprience dans un tube vide), etc. On aura aussi soin dviter
des perturbations (lectromagntiques en particulier).
On tente alors une explication. Avant Newton, on parlait
dacclration de la pesanteur. partir de lui, on a parl de
" gravitation universelle ", qui consiste en lattraction mutuelle de

123

Comprendre le paranormal
tout corps (nous attirons la terre nous !). Avec Einstein et sa
thorie de la Relativit gnrale, on parle de " courbure de
lespace-temps " Dans quelques dcennies, ou quelques sicles,
une thorie plus gnrale viendra prendre sa place.
Il faut observer le comportement de certains savants et les lois en
cours de construction pour comprendre le caractre trs intuitif et
peu rationnel de la dmarche scientifique. On a montr (cf " La
souris truque ") que Mendel avait invent une bonne partie des
expriences quil a prsent lappui de sa thorie de la
gntique. Rcemment, on a constat que Pasteur avait
dlibrment masqu ses propres expriences quand elles allaient
dans le sens de la " gnration spontane ". Einstein a introduit
dans sa thorie de la Relativit gnrale un artifice de calcul, car il
ne pouvait pas admettre certaines de ses conclusions. Cette
constante a longtemps t retire des traits, arguant quil
sagissait dune fraude. Actuellement, on est en train de la
rintroduire car elle semble fournit des rsultats plus conformes
lobservation (en particulier sur lexpansion de lunivers). Ne
parlons pas des interprtations de la physique quantique dont
aucune ne convainc la totalit des experts.
Il ny a donc pas d" explication " du normal. Il y a des
interprtations qui rendent provisoirement compte des faits,
jusqu ce quune thorie plus gnrale apparaisse (comme la
conception du temps la fin du 19me sicle).
Chaque " loi " est en fait une reprsentation commode de la
ralit, qui " tient " tant quelle nest pas " rejete ".
On dit souvent, l'encontre du paranormal : "C'est une
concidence". Or, contrairement l'apparence, ce n'est pas une

124

Comprendre le paranormal
explication, car le hasard est, avant tout, une absence
d'explication.

2) Le hasard n'est pas un savoir


La dfinition du hasard est : " Combinaison de circonstances
indpendantes de nous, que nous ne pouvons ni prvoir ni
empcher, et dont nous ignorons la cause ". Faire appel au hasard
est donc laveu dune ignorance. Depuis Pascal, nous connaissons
les " lois du hasard ", mais ce mot nest quune image : les
manuels de statistiques peuvent mme ne pas le mentionner (cf.
Lazar, 1967). Ltude des probabilits ne sappuie pas sur ce
concept. Un d jouer, sil est parfait, prsente chaque face avec
une probabilit de 1/6 : si on jette ce d un nombre suffisant de
fois, la frquence observe sapprochera de cette valeur. Les
statistiques calculent la probabilit dune ventualit si aucun
facteur extrieur ninterfre (hypothse " nulle " ou H0). Si on
observe une rpartition diffrente, on invoque lhypothse
" alternative " (ou H1), dont on mesure la possibilit en terme de
" risque ". Les mthodes statistiques, maintenant trs
sophistiques, reposent toujours sur ce principe. Elles refltent les
" lois des grands nombres ", lexamen dune collection suffisante
de faits identiques (relativement au facteur causal recherch).
Elles ne portent jamais sur un cas unique. Dire que lboulement
de la montagne relve du hasard ne signifie rien. La complexit du
phnomne est telle quaucune probabilit ne pouvait tre
calcule.

B- Les explications scientifiques


Quand on traite de lexplication scientifique du paranormal, on a
tendance chercher des thories susceptibles dexpliquer
immdiatement le paranormal. Or, nous ne disposons daucune
thorie adquate. Il faut donc se pencher sur les prmisses mme
125

Comprendre le paranormal
de notre vision du monde : il existe un " trou " dans lequel sinsre
parfaitement le paranormal. Celui-ci noblige donc pas modifier
nos lois physiques.
Le temps a toujours pos un problme la physique et en pose
encore, au point que les colloques les plus scientifiques font encore
une large part la philosophie. Comme le prvoyait la physique
quantique (paradoxe E.P.R.), l'exprimentation a montr (Aspect,
1985) que le temps et lespace ne peuvent plus tre considrs
comme des donnes physiques.
Le temps apparat comme rversible et l'espace sans consistance.
Le paranormal pourrait constituer un champ privilgi
dobservation de ces paradoxes. En effet, la pense reprsente un
phnomne non-matriel, elle ne serait donc soumise ni au temps
ni lespace. On comprendrait ainsi les paradoxes de la tlpathie
et de la voyance (par exemple), qui ignorent leurs contraintes.
Le paranormal introduit une relation entre un tat psychique et un
fait (la tlpathie et la voyance, qui concernent le rapport entre
deux penses, se rfrent en fin de compte un fait, celui vcu
par le tiers). Or, les sciences physiques ne disposent daucune
dfinition de la pense qui leur permette de la faire intervenir dans
les faits.
Un point mrite cependant une discussion plus approfondie, cest
celui de la succession dans le temps de la cause et de leffet.
Les sciences " dures " peuvent donc nous aider dans labord du
paranormal. Mais il ne faut pas se prcipiter sur les lois actuelles,
quelles concernent la physique " classique ", la physique
relativiste ou quantique. Elles ne nous apprennent encore rien.
Cependant lexamen des principes des sciences laisse une place
pour examiner les relations entre les faits et la pense. Il ny a
126

Comprendre le paranormal
aucune " terra incognita ", source deffroi, comme on a pu le
croire

1) Le "paradoxe EPR"
On doit dire quelques mots de la " non-sparabilit " de la matire.
Plusieurs physiciens y ont vu un fondement possible du
paranormal. On parle souvent, ce propos, du " paradoxe EPR ",
du nom dEinstein et de ses deux lves, Podolsky et Rosen.
Dans un article commun datant de 1935, ils identifirent une
proprit nouvelle dductible de la thorie quantique, appele
gnralement la " non-sparabilit ". Cette proprit prvoit que
deux particules issues dune mme raction restaient nonspares quelle que soit leur distance apparente. Pour Einstein,
une telle conclusion signifiait la disparition du temps et de lespace
en tant que " donnes physiques ", ce quil ne pouvait admettre.
En posant ce paradoxe, il pensait montrer dune manire vidente
la fausset de la physique quantique. Or, Alain Aspect, au
Laboratoire de physique d'Orsay, en 1985, dmontra
exprimentalement la vracit de ce paradoxe. Cette nonsparabilit constitue un modle de relation indpendante de la
distance.
Cependant, ce phnomne ne permet pas des observateurs
dchanger des informations, objectives et physiques, plus vite que
la lumire. Nanmoins certains modles de la conscience y voient
une possibilit damorce dune explication de la tlpathie.

2) Le temps et l'espace
L' "homme de la rue" vit un temps irrversible, allant d'une
manire permanente et continue du pass vers le futur. Le prsent
constituant un point ("moment sans paisseur") se dplaant sur

127

Comprendre le paranormal
cette ligne. Or, la physique ne vrifie pas vraiment cette
conception.
La physique " classique ", celle de Newton, nonce un temps
rversible. Tout phnomne peut tre dcrit dans un sens ou dans
un autre sans que les lois changent : un pendule en haut de sa
course repart en sens inverse, et cela indfiniment si on fait
abstraction des frottements. Il y a une stricte quivalence entre
nergie potentielle et nergie dynamique : on peut passer de lune
lautre et rciproquement.
Le temps " irrversible " nest apparu quavec le Second principe
de la thermodynamique de Carnot (en 1824). Le temps rversible
de la dynamique newtonienne correspond une situation
exagrment simplifie (Prigogine, 1996, p. 43).
La rversibilit disparat ds que les situations se complexifient, ce
quavait dj nonc Poincar au dbut du sicle. Du Second
principe est issue la notion dentropie (ou " dsordre dun
systme "). On sait que celle-ci crot constamment dans un
systme isol. Lide dun monde voluant obligatoirement vers un
" dsordre " a longtemps constitu un paradoxe. Or Prigogine, en
particulier, souligne le caractre universel de lentropie.
Certains, comme Eddington (cit par Prigogine, op. cit., p. 27)
avaient dj entrevu cette possibilit, et avaient pos quentropie
et temps ntaient que les deux faces dun mme processus. En
termes moins thoriques, cela soulignerait que le temps serait un
caractre intrinsque de la matire et quil naurait pas dexistence
propre (cf. Cohen-Tannoudji, 1990, p. 110) : pas de matire, pas
de temps ! La discussion est un peu plus complexe propos de
lespace, mais on arriverait des conclusions du mme ordre. On
ne peut oublier quEinstein avait reli troitement le temps

128

Comprendre le paranormal
lespace (Relativit restreinte), et ceux-ci la matire (Relativit
gnrale).

3) Relation entre la pense et les faits


Jung a montr que le paranormal tait constitu par l'ensemble
des faits relis une pense par le biais d'une signification
(concept de synchronicit).
Or on ne dispose pas encore dune thorie qui rende compte de la
relation entre la matire (crbrale) et la pense et donc, a
fortiori, des rapports entre la matire et la pense, en gnral.
On peut, certes, imaginer que la matire aurait, intrinsquement,
une double nature, matrielle (suivant le sens habituel) et
spirituelle. Lapprofondissement de cette question constitue certes
une voie de recherche, mais tous les problmes ne seraient pas
rsolus pour autant. En effet, elle ne dirait pas comment introduire
la pense dans les " chanes causales ".
On pourrait se demander pourquoi on nobserve pas plus souvent
lintervention de la pense dans les expriences scientifiques. Les
raisons en sont multiples, mais cela na rien dimpossible, a priori.

4) La nature spirituelle de la matire


Selon certaines thories, la nature aurait un double aspect,
matriel et spirituel. Ce second aspect serait encore ignor par les
sciences au niveau lmentaire, faute dhypothses appropries. A
mesure de la complexification croissante de la matire, celle-ci
rvlerait sa seconde nature, l" esprit ", sous forme dune pense
primaire chez les animaux, puis de plus en plus labore au
travers de lhominisation. Cette ide, dfendue par Teilhard de
Chardin sur un plan philosophique, donnerait en mme temps une
caractrisation physique des conditions de production de la

129

Comprendre le paranormal
pense, ainsi que de ses contenus informationnels. Elle permettrait
une mise en relation des faits matriels et de cette pense, quelle
quelle soit.

5) Pense et causalit
Comment faire intervenir la pense dans les chanes causales de
ces vnements ?
Il faut tout dabord remarquer que la causalit nest pas une
donne physique mais un postulat, qui comporte deux aspects :
ontologique (comme principe) et exprimental, au niveau de
lobservation.
* Examinons tout dabord laspect ontologique :
Un fait rsulte dun ensemble de causes, dont il constitue leffet.
Le principe de causalit dit que " si les causes sont prsentes,
leffet doit ncessairement se raliser ".
Quand nous lchons un objet pesant et quil ne tombe pas, nous
invoquons lexistence dun facteur, que nous devons
obligatoirement trouver : un courant dair suffisamment puissant
pour empcher la chute, une force magntique repoussant lobjet
(ples de mme nature), ou encore un lien invisible auquel serait
attach lobjet. Si nous avons pu liminer une loi connue, nous
sommes tents de parler de " lvitation ", daction de la pense.
Est-ce envisageable, sur le plan du principe ? Parfaitement, mme
sil est inutile de se jeter sur une thorie existante (aucune delles
nexplique ce phnomne). En effet, les lois physiques nont t
dfinies que dans un cas " neutre ", celui o aucun mdium (ou
sage, ou saint) nest prsent. Sur le plan du principe toujours, rien
nempche de dire qu proximit dun tel sujet les lois physiques

130

Comprendre le paranormal
auraient t diffrentes. Celles-ci ne constituent, en fin de compte,
quune mise en forme de notre observation.
* Ceci nous fait aborder le second aspect, exprimental, de la
causalit.
Rhine, le premier, a montr que la pense pouvait influer les faits,
ceux-ci ne suivaient plus alors une rpartition " au hasard ".
Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en vidence leffet de la
pense, au sein mme des conditions exprimentales strictes
(Peoch, 1995 ; cf. aussi Roux).

6) Paranormal et sciences
Il ne faut pas s'tonner que le "paranormal" n'apparaisse pas dans
les sciences.
Tout dabord, il faut rappeler que le paranormal rsulte de
lmotion. Or, les sciences visent, en premier lieu, la maintenir
loigne des laboratoires, froids et calmes par essence.
Les sciences exprimentales visent, comme une sorte de
pralable, viter tout rapport affectif entre le chercheur et son
observation : le chercheur doit toujours conserver une attitude
neutre face ses observations. On peut dire que Rhine et ses
successeurs se sont ainsi placs dans les pires conditions qui
soient. Il est donc parfaitement comprhensible que les effets
paranormaux alors mis en uvre aient pu seulement tre
identifis aprs des calculs statistiques complexes. On ne peut, de
mme, stonner que ces effets aient mme diminu jusqu tre
indcelables (" fading "), ou mme quils aient t plus mauvais
que le hasard strict.
Le paranormal est ignor, en outre, des sciences parce quil est
appel sous dautres noms, celui d" intuition " en particulier. Nous
131

Comprendre le paranormal
avons vu que celle-ci joue un grand rle dans les sciences. Les
dcouvertes importantes tiennent pratiquement toutes une
mthodologie inductive (intuitive) et non pas dductive, issue
dune dmarche rationnelle. A limage dEinstein, travaillant des
semaines une intuition fugitive, le raisonnement se limite
gnralement donner lide une forme qui linsre dans le
cadre gnral des sciences.
Enfin, la construction mme des lois physiques, statistiques,
gomme le fait paranormal. En effet, un chercheur sappuie sur la
rptition de ses propres observations, une convergence de
rsultats. Les rsultats " erratiques " sont ignors. Or, les facults
paranormales, manation de linconscient, interviennent dune
manire incontrlable, inopine. Leurs effets sont donc, a priori,
ignors dans une srie de chiffres dont on ne retient que la
moyenne.
Il est cependant possible quun chercheur ait un tel dsir dobtenir
un rsultat quil oriente inconsciemment lensemble de ses
exprimentations (nous lavons vu avec Mendel et Pasteur). Ceci
est largement reconnu : on exige dun chercheur quil dcrive
prcisment les conditions de son exprience, on peut ainsi, en les
rptant, en tester la validit.
On peut donc dire que les bases de la mthodologie scientifique
ont t de dfinir les lois physiques dans des conditions
psychologiques quon pourrait appeler "neutres". Sur un plan
thorique, on ne sait rien de laspect quelles pourraient prendre si
la pense intervenait. Ces conditions "actives" sont cependant
accessibles sur un plan exprimental classique, comme lont
montr tous les travaux raliss dans ce cadre, ceux de Rhine en
particulier. Introduire la pense dans la causalit consistera
examiner ces variations, leur nature et leur tendue.

132

Comprendre le paranormal

7) Lois physiques,
Conditions "neutres" contre "mdiums"
Les lois physiques ont toujours t dfinies dans des conditions
"neutres", hors de la prsence d'un "mdium".
Une loi est nonce partir d'un certain nombre d'observations
convergentes. Or, le paranormal, est difficile contrler. S'il
apparat lors d'une exprimentation, il ne sera pas pris en compte,
car ses manifestations seront gommes par les statistiques
(fondes sur la moyenne des observations). Mme si un
exprimentateur parvenait produire constamment de forts effets
paranormaux, ses rsultats ne seront pas pris en compte parce
qu'ils ne seront pas confirms par d'autres laboratoires travaillant
dans les mmes conditions matrielles.
Enfin, pour valider une hypothse, il faut la poser. Or, Rhine et ses
continuateurs, en posant l'hypothse d'une intervention de la
pense dans les faits, sont parvenus la valider dans les mmes
conditions que celles utilises pour des phnomnes "normaux".
Les travaux de Rhine apportent cependant un lment essentiel :
ils montrent que le paranormal est observable dans les conditions
scientifiques habituelles. Il est mme testable : les
exprimentations taient suffisamment prcises pour que l'ide de
l'action de la pense sur les faits puisse tre exclue. On sait en
effet que certaines hypothses (comme celle de la psychanalyse)
ne sont pas testables.
On peut donc dire que l'ide d'une action de la pense sur les faits
ne peut tre exclue. En effet, elle n'est pas "prouve", car aucune
hypothse n'est jamais prouve. Suivant les rsultats
exprimentaux, elle peut seulement tre rejete (si les rsultats

133

Comprendre le paranormal
sont contraires cette hypothse) ou ne pas l'tre (si les rsultats
sont en faveur).

8) Introduire la pense dans les "chanes causales"


On croit qu'il est impossible d'introduire la pense parmi les
chanes causales des faits. Plutt que de discuter au niveau
thorique, tudions la ralisation du souhait :
On raconte quau Moyen ge un moine voulait btir une glise en
pleine montagne. Il pria, un boulement de terrain se produisit, et
le moine btit son glise.
Les sciences reconnaissent l'boulement, qu'elles considrent
comme "naturel".
Le moine nignore pas que certaines montagnes sont fragiles, il dit
seulement que son souhait a t exauc, d'une manire trs
prcise.
Le savant se trouve assez dmuni, car il lui aurait t impossible
de dire avec prcision le jour ou lheure dun effondrement, ni
mme son droulement exact.
Il ny a donc pas dantagonisme entre lexplication du savant et
celle du croyant. Ce dernier nattendait pas un fait anormal, mais
un vnement qui permette son projet. Il en est de mme dans le
" miracle " : le miracul ne souhaite pas une gurison anormale,
mais simplement la gurison, la sienne.
Lors de sa prire, le croyant nexamine pas les faits extrieurs.
Souvent, il se retire lcart, dans un lieu ferm, supprimant toute
perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec
intensit, son activit sinscrit dans les faits, mme si
apparemment il sen carte en sisolant dans sa cellule. Il fusionne

134

Comprendre le paranormal
avec le fait, corps et me. Il " est " le fait, comme lnoncent les
orientaux ou les mystiques.
A linverse, le savant examine le fait du dehors. Jamais (du moins
dans la physique), il ne doit simpliquer personnellement dans son
droulement. Il reste " objectif " : le fait est un objet quil
manipule de lextrieur. Il procde une analyse du fait, sa
division en lments connus (Descartes). Le croyant et le savant
oprent donc dune manire radicalement diffrente.
Quand le croyant se rjouit de voir son souhait exauc, le savant,
lui, hausse les paules : il invoque le hasard, la " concidence ", le
croisement opportun de deux chanes causales... Contrairement
lapparence, cet argument nen est pas un, car il ne constitue pas
lnonc dun savoir. Dire que lboulement de la montagne relve
du hasard ne signifie rien. La complexit du phnomne est telle
quaucune probabilit ne pouvait tre calcule.

9) Souhait et inversion du temps


Bien des phnomnes paranormaux tmoignent dune " inversion "
dans le temps. La moindre ralisation du souhait nous confronte
une action de la pense sur des faits en cours ou appartenant dj
au pass :
Un jour, durant une consultation, je maperois que jai
fait une grosse erreur dans mes rendez-vous. Jai
compltement oubli Monsieur B., qui devrait arriver dun
instant lautre. Il va introduire un retard insupportable
pour les autres patients. Je finis avec mon patient, ouvre la
porte, il nest pas l ! Je prends le patient suivant. Deux
heures aprs, alors que jai pris un peu davance dans mes
rendez-vous, je trouve Monsieur B. dans la salle dattente,
qui vient darriver. Il se confond en excuses. Il ne comprend

135

Comprendre le paranormal
pas, sa route sest trouve compltement bouche par un
accident. Il na pas pu mappeler...
Mme si une telle situation constitue typiquement un " non-fait "
pour le tmoin extrieur, celui qui la vit la ressent comme un
vritable choc. Or de telles constatations sont absolument
courantes, ds quon se penche sur la ralisation de souhaits.
LHistoire nous confronte nombre de miracles qui " inversent " le
temps dune manire plus manifeste encore : le Christ,
ressuscitant Lazare aprs trois jours, irait lencontre de tout ce
que nous savons sur la dcomposition des corps aprs la mort. Ici
encore, en tant que savant, nous ne devons pas dclarer forfait, ni
invoquer une loi physique connue. Nous pouvons cependant
remarquer une rgle absolument gnrale. Quand nous faisons un
souhait, notre pense prcde toujours linformation que nous
avons sur sa ralisation :
Mme B. me dit quun jour elle provoqua une lsion grave
chez son compagnon. Trs croyante, elle se mit prier
ardemment. Intrieurement, elle lutta contre lvidence de la
lsion, dont elle percevait de visu tous les signes. Peu aprs,
le mdecin consult leur annona que laccident tait sans
consquence, la lsion apparente rsultant dune anomalie
de naissance, mise en vidence cette occasion. La
dformation disparatrait en un deux jours, quand la
contusion seffacerait.
Le souhait porte ici sur labsence de consquence de laccident.
Linformation suit, de quelques heures, le souhait. La succession
cause-effet est parfaitement respecte. Est-ce un jeu de lesprit ?
Non, car le " fait paranormal " ne peut jamais tre dcrit quen
fonction de son acteur. Aussi curieux que cela puisse paratre, il en
est de mme dans toutes nos sciences, mme si nous avons trop

136

Comprendre le paranormal
tendance loublier. Cette discussion, fondamentale, sera
poursuivie dans le dernier chapitre de cet ouvrage, car elle
ncessite de reprendre les principes de lobservation leur base.

C- Les explications psychologiques


Linterprtation psychologique du paranormal repose
essentiellement sur lide dinconscient. En effet, tous ceux qui ont
lexprience dune facult paranormale ont compris que la volont
na quune prise trs modeste, voire quasi nulle sur elle. Rflchir
sur ces facults a tendance les annihiler. Il existe donc une
antinomie entre le paranormal et lactivit mentale dite " de
veille ", celle qui est la ntre au quotidien, appele aussi " la
conscience ".
La notion d" inconscient " est des plus vagues. Une penses
consciente peut devenir inaccessible linstant daprs, et donc tre
" inconsciente ". Linverse est tout aussi vident.
Linconscient a t bien explor par les psychanalystes, mais Freud
na reconnu, au sein du paranormal, que la tlpathie. Il a ignor
(ou mme rejet) toutes les autres formes. Cependant, Freud a
t membre de la Society for Psychical Research, la socit
britannique d'tude des phnomnes paranormaux. Jung, quant
lui, sest intress toute sa vie au paranormal. Un "poltergeist"
exemplaire semble avoir t d'ailleurs l'occasion de leur rupture.
Comme Freud la montr, linconscient nobit pas aux mmes
rgles que le conscient. Il ignore le temps et lespace, les
dlimitations entre les personnes... ce que nous avons souvent
retrouv dans les manifestations paranormales. Les rgles
lucides par la psychanalyse peuvent donc servir de base au
dcryptage de ces facults.

137

Comprendre le paranormal
Les thories psychologiques, et en particulier psychanalytiques
ouvrent donc la possibilit d'expliquer les pouvoirs psychiques (cf.
les ouvrages dE. Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed). Des
conceptions, telle que la "contagion affective", en continuit
directe avec les thories psychanalytiques, constitue une des
bases de bien des phnomnes paranormaux.
Mais les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes, au
moins dans leur ensemble, refusent encore souvent les
tmoignages dexpriences paranormales.

1) L'inconscient
"Inconscient", dans le langage courant veut dire "non conscient".
On sait combien cela est labile, une pense, un souvenir peuvent
tre prsents un instant et impossible rappeler l'instant d'aprs.
On a l'habitude de dcrire notre activit inconsciente comme une
suite de "couches" allant de la plus superficielle, la conscience
claire, jusqu' des profondeurs d'autant plus insondables que les
mystiques le font aller jusqu'au Plan Divin (le modle du Mental).
Cou et ses successeurs, principalement Nord-amricains, ont
parl du "subconscient" pour dsigner la "partie" toute superficielle
de l'inconscient.
Plus profondment, on situerait l'"Inconscient" (avec un I
majuscule, par convention), celui des psychanalystes. Pour Freud,
le contenu de l'Inconscient serait en majeure partie le "refoul" ce
que nous ne pouvons admettre dans notre conscience.
Jung est all plus loin encore, en acceptant que l'inconscient
renferme des penses qui n'ont jamais t conscientes, par nature
(comme des perceptions trop petites ou de dure trop courte,
dites "sub-liminales". Il pose que l'inconscient serait, en partie au
138

Comprendre le paranormal
mons, constitu d" archtypes ", des constructions symboliques
lmentaires qui se retrouvent dans les mythes les plus anciens ou
les plus loigns de notre culture.
Actuellement, rares sont les psychanalystes freudiens qui
acceptent les tmoignages de paranormal. La psychanalyse
apporte cependant des cls.

2) Paranormal et inconscient
Linterprtation psychologique du paranormal repose
essentiellement sur lide dinconscient. En effet, tous ceux qui ont
lexprience dune facult paranormale ont compris que la volont
na quune prise trs modeste, voire quasi nulle sur elle. Rflchir
sur ces facults a tendance les annihiler. Il existe donc une
antinomie entre le paranormal et lactivit mentale dite " de
veille ", celle qui est la ntre au quotidien, appele aussi " la
conscience ".
Linconscient a t bien explor par les psychanalystes. Comme
Freud la montr, linconscient nobit pas aux mmes rgles que
le conscient. Il ignore le temps et lespace, les dlimitations entre
les personnes... ce que nous avons souvent retrouv dans les
manifestations paranormales. Les rgles lucides par la
psychanalyse peuvent donc servir de base au dcryptage de ces
facults.
Cependant, Freud na reconnu, au sein du paranormal, que la
tlpathie. Il a ignor (ou mme rejet) toutes les autres formes.
Cependant, Freud a t membre de la Society for Psychical
Research, la socit britannique d'tude des phnomnes
paranormaux.

139

Comprendre le paranormal
Actuellement, rares sont les psychanalystes freudiens qui
acceptent les tmoignages de paranormal. La psychanalyse
apporte cependant des cls. Freud avait montr que linconscient
produit des " images ".
Jung, quant lui, sest intress toute sa vie au paranormal. Un
"poltergeist" exemplaire semble avoir t d'ailleurs l'occasion de
leur rupture.
Les thories psychologiques, et en particulier psychanalytiques
ouvrent donc la possibilit d'expliquer les pouvoirs psychiques (cf.
les ouvrages dE. Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed). Des
conceptions, telle que la "contagion affective", en continuit
directe avec les thories psychanalytiques, constitue une des
bases de bien des phnomnes paranormaux.
Mais les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes, au
moins dans leur ensemble, refusent encore souvent les
tmoignages dexpriences paranormales.

3) Cls de la psychanalyse pour le paranormal


Freud a ainsi soulign lindpendance de linconscient vis vis du
conscient. On ne stonnera donc pas que nombre de facults
paranormales soient attribues l" extrieur ", comme les
apparitions ou les poltergeists, et quune action psychologique
puisse nanmoins les faire cesser, dsignant ainsi lorigine relle.
Freud a pos une sorte de " frontire " entre conscient et
inconscient. Chez le sujet normal, les pulsions issues de
linconscient sont suffisamment " filtres " pour quelles troublent
peu le conscient : le paranormal est rare, ou considr comme de
simples intuitions. Chez le nvros obsessionnel (ou phobique), la
barrire est si totale que le sujet est comme " coup " de son

140

Comprendre le paranormal
inconscient : il peut alors ignorer le paranormal. Chez le sujet
psychotique (le schizophrne en particulier), linverse, cette
frontire est fragile, le sujet est menac, presque en permanence,
par les contenus inconscients : le paranormal apparat dans sa vie
quotidienne, la " pense magique " constitue une forme de pense
presque habituelle (avec cependant peu de mthodologie, ce qui
en diminue la crdibilit). Lhystrique se situe un niveau
intermdiaire, et nombre des mdiums ont t considrs comme
appartenant ce registre.
A linverse, la continuit entre conscient et inconscient, explique
pourquoi nos intuitions confinent parfois au paranormal : la pense
propos dun tre cher la tlpathie, lintuition sur lavenir la
voyance, le rve la vision ou au ddoublement. Nous passons du
plus banal au plus extraordinaire sans vritablement savoir si nous
avons quitt le " normal ". Cest dailleurs toute la difficult des
exprimentations scientifiques.
Comme Freud la montr, linconscient nobit pas aux mmes
rgles que le conscient. Il ignore le temps et lespace, les
dlimitations entre les personnes... ce que nous avons souvent
retrouv dans les manifestations paranormales. Les rgles
lucides par la psychanalyse peuvent donc servir de base au
dcryptage de ces facults. Mais Freud et les analystes nont pas
vraiment dvelopp cette argumentaire, pour prserver, semble-til, une certaine scientificit une approche alors trs controverse.
Nanmoins, des travaux plus rcents, comme les ouvrages dE.
Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed, montrent que la psychanalyse
peut rendre compte de lessentiel des observations.
La crainte des psychanalystes nest cependant pas seule
expliquer lignorance des facults paranormales qui devraient
merger durant une cure. La clientle de la psychanalyse, souvent

141

Comprendre le paranormal
faite de patients aux tendances phobiques ou obsessionnelles, est
probablement la moins confronte au paranormal.
En outre, Freud est parti des mmes prmisses que les sciences
" dures ", cest dire une vision " dcentre " du monde, sans
point dobservation particulier. Nous verrons au chapitre 9 quune
telle vue des choses gne linterprtation du paranormal.
Il faut enfin rappeler que Freud a une ide assez restrictive de
linconscient : celui-ci serait, pour lessentiel, le rsultat du
" refoulement ", du rejet de ce qui nest pas acceptable par le
conscient. Freud ignore donc, presque par principe, ce qui nentre
pas dans ce registre. Jung a t donc amen ouvrir le champ de
linconscient, il a pu alors y inclure le paranormal.
Jung, avec ses deux conceptions de l'Inconscient, ouvre un abord
du paranormal. Cest lInconscient culturel, l'ide que notre
inconscient contiendrait des mythes universels. Il nous en donne
des exemples, dont le plus connu est le "Scarabe dor". Il en fit
un exemple-type de la synchronicit.
Pour expliquer la tlpathie et la voyance, il utilise le concept
dInconscient collectif, emprunt lOrient.
Directement issue des thories psychanalytiques, la " contagion
affective " constitue probablement une des bases les plus
significatives des phnomnes paranormaux. La contagion
affective ne rend pas compte de lensemble du paranormal, mais
elle offre un premier abord de comprhension.
Ainsi les thories psychologiques, et en particulier
psychanalytiques ouvrent une perspective intressante
dinterprtation des pouvoirs psychiques.

142

Comprendre le paranormal

4) Le scarabe dor
(Texte de Jung : Synchronicit et Paracelsica, Paris, Albin Michel,
1988, p. 39)
" Il y a longtemps dj que le problme de la synchronicit
moccupe : de faon srieuse, plus prcisment, depuis le milieu
des annes vingt, le temps o, tudiant les phnomnes de
l'inconscient collectif, je rencontrais sans cesse des connexions
sries ou termes groups - que je ne parvenais plus expliquer
par le hasard. Il s'agissait en effet de "concidences" dont
l'apparition prsentait un tel caractre de "sens" que dans leur cas
l'improbabilit, d'un hasard ne pourrait s'exprimer que par un
nombre d'une grandeur immense.
Je citerai, simplement titre d'exemple, un cas que j'ai observ.
Dans un moment dcisif de son traitement, une jeune patiente eut
un rve o elle recevait en cadeau un scarabe d'or. Tandis qu'elle
me racontait son rve, j'tais assis le dos tourn la fentre
ferme. Soudain, j'entendis derrire moi un bruit, comme si
quelque chose frappait lgrement la fentre. Me retournant, je
vis qu'un insecte volant l'extrieur heurtait la vitre. J'ouvris la
fentre et attrapai l'insecte en vol. Il offrait avec un scarabe d'or
l'analogie la plus proche qu'il soit possible de trouver sous nos
latitudes : c'tait un scarabid de la famille des lamellicornes,
hte ordinaire des rosiers : une ctoine dore, qui s'tait
apparemment sentie pousse, l'encontre de ses habitudes
normales, pntrer juste cet instant dans une pice obscure. je
suis bien oblig de dire qu'un tel cas ne s'tait jamais prsent
moi auparavant ni ne s'est reprsent par la suite ; de mme ce
rve qu'avait eu ma patiente est rest unique en son genre dans le
champ de mon exprience."

143

Comprendre le paranormal

5) La " contagion affective "


Les motions sont contagieuses, on le peroit dans l'exprience
quotidienne. Qui na pas particip l'motion de l'autre comme si
c'tait la sienne. Dans un enterrement, il nous arriver de pleurer
mme si nous ne connaissons pas le dfunt ni mme la famille.
Si nous observons cette motion, elle parat venir du plus profond
de nous-mme, de notre intimit. Or ceux qui sont avec nous la
peroivent galement comme venant d'eux-mmes. Nous
participons tous la mme exprience.
Cette constatation est si banale que nous nous lexpliquons par
l"vidence". Or, sur le plan strictement logique, c'est un paradoxe
: comment considrer comme personnel ce qui appartient ne
mme temps tout le monde ?
Les psychanalystes connaissent bien ce type de communication,
qu'ils appelle "anobjectale" : elle ne diffrentie pas, comme la
conversation habituelle (dite "objectale"), le sujet (celui qui dit
"je") de l'objet (l'autre, "tu" ou "il").
Comment expliquer ce paradoxe ? L'Evolution (de Darwin) nous a
lgu les "cerveaux" de nos anctres. Ceux-ci continuent assurer
leur fonction, sous l'hgmonie des fonctions suprieures,
proprement humaines. Or, l'motion semble siger dans les zones
centrales du cerveau, que nous possdons en commun avec les
animaux. Au niveau motionnel, nous vivrions comme nos proches
"cousins", ignorant la notion de personne. La contagion affective
serait une manifestation de ce fonctionnement ancien, permanent
mais inconscient.
Comme le soulignent les psychanalystes Spitz et Bowlby, lanimal
doit, pour survivre, savoir avec une extrme prcision ce que

144

Comprendre le paranormal
" pense " ltre vivant quil a en face de lui. On ne saurait donc
stonner que, malgr son apparence primitive, ce mode de
perception amne des informations surprenantes de justesse.
Il nest pas inintressant de se souvenir que cette rgion est
galement celle de lhumeur (gaiet, tristesse) et celle des rflexes
conditionns, ce qui expliquerait lefficacit de certaines mthodes
et leurs paradoxes (mthode dauto-suggestion, mthode Cou).
Une telle contagion affective est susceptible d'tre le lit de la
tlpathie et de la voyance sur autrui, comme d'expliquer les
"visions plusieurs", ce qui a pu faire croire leur ralit.

6) Le modle du Mental (ou du Moi),


Un cadre explicatif pour le paranormal ?
Selon le modle des niveaux du " Mental " (ou du " Moi ") notre
" esprit " serait compos de sept plans (ou niveaux). Le premier
plan serait notre conscience claire et le septime et dernier le plan
Divin. Cette conception est trs largement rpandue. Elle concerne
le bouddhisme, zen en particulier, mais aussi lhindouisme, ainsi
que les mystiques, quelle que soit leur religion.
Cette hypothse est certes religieuse, traditionnelle. Mais elle
pourrait constituer un cadre logique intressant, car elle pourrait
relier les thories scientifiques et psychologiques. En effet, lide
dun Divin, dou de capacits infinies est issue de lexprience des
mystiques, des sages et des saints. La progression vers des plans
de plus en plus profonds se traduit par des capacits de plus en
plus brillantes. Le Christ, par des pouvoirs psychiques tout la fois
puissants, utiles et adapts aux circonstances. A loppos, les
malades ou les sujets fragiles accderaient aux plans profonds par
accident. Ils prsentent des capacits peu contrles, inutiles et

145

Comprendre le paranormal
surtout rigides. Ils tmoigneraient de louverture de " voies "
neuronales tablies par hasard.

7) Ego, Mental et facults paranormales


Les mystiques appellent "ego" (du latin qui veut dire "moi") ou
encore "petit je" la partie la plus superficielle de leur psych, celle
qui leur permet de dire "je". Plus ils approfondissent la
connaissance d'eux-mmes, plus ils se fondent dans le Divin, plus
cette notion de "je" disparat.
Le Mental ne considre pas les facults paranormales comme des
entits indpendantes. Elles ne font qu'exprimer les " qualits
divines ", dont tmoignent et que relatent ceux qui sapprochent
du Divin.
Laugmentation dtendue et de puissance dans les facults
paranormales tmoignent, pour eux, dun rapprochement des
niveaux profonds. Elle saccompagne obligatoirement dune perte
du " je " (il ne s'agit pas d'un choix). Dailleurs, les sujets familiers
du paranormal sur une longue priode (voyants, gurisseurs)
tmoignent dune diminution sensible de leur ego, mme quand ils
ne souhaitent nullement embrasser une vie religieuse. Ils se disent
"simple passage" d'une force qui les dpassent. linverse, plus ils
ont de " dsir ", plus ils mettent en jeu leur volont, moins ils
peuvent mettent en uvre leurs facults.
Cette mme contrainte expliquerait un paradoxe : les glises
humilient systmatiquement les sujets prsentant les capacits les
plus minentes. Elles ont, empiriquement, constat que la
diminution de lego est indispensable lquilibre psychique de ces
sujets. linverse, lenthousiasme des savants amne le " fading ",
la diminution progressive des facults du sujet dexprience si ce
nest la folie.

146

Comprendre le paranormal

8) Modle du Mental,
sciences "dures" et psychologiques
Le modle du Mental tend linconscient des psychanalystes
(relativement superficiel) sur le " supra-mental " religieux et
permet dutiliser les hypothses psychanalytiques. Un simple
exemple : les stigmates. Beaucoup ont soulign la parent avec la
dermographie des hystriques (cf. Lhermite, 1952), jusqu dire
que les stigmatiss taient hystriques. Il parat cependant difficile
dinterprter les manifestations dun esprit qui dpasse la normale
(le saint ou le sage) par des conceptions relatives des sujets aux
capacits plus limites que le sujet normal.
Le Mental propose une vision du monde centre sur lobservateur,
car il situe la rfrence ultime, la Vrit (Dieu), comme le niveau
le plus profond. Une telle conception se retrouve dans la
psychanalyse, qui tudie tout au travers du discours du sujet. Les
sciences, malgr lapparence, adoptent ce point de vue. En effet,
elles sont dites " universelles " parce quelles ne privilgient aucun
point de vue particulier, les disant tous quivalents. Mais la
description scientifique en elle-mme est bien centre sur
lobservateur. Les rgles de passage dun observateur un autre
nont rien de facile. Cest ce quon appelle la " relativit ", initie
par Descartes et complte par Einstein, laisse augurer de
lextraordinaire complexit dune ventuelle description universelle
de la " ralit ", si mme elle est envisageable.
La vision " centre " du Mental a un intrt fondamental, car elle
permet ltude thorique du paranormal. En effet, la simple
logique ncessite quon ne puisse mettre en relation que des
choses qui appartiennent un mme plan. La synchronicit de
Jung, si elle permet une description unitaire des phnomnes
paranormaux, ne permet aucune analyse sur un plan logique. Le

147

Comprendre le paranormal
Mental le permet. En effet, le sujet " actif " dans le phnomne
paranormal est mme de " dcrire " dune part sa pense (mme
sil ne peut avoir un accs indirect, du fait quelle se situe dans
linconscient) et, dautre part, de dcrire le " rsultat ". Celui-ci
constitue, pour lui et pour lui seul, une autre " pense " (comme
toute observation, quelle quelle soit). De fait, il met en relation
deux penses, et peut noncer des rgles logiques entre elles,
leurs similarits par exemple.
Cette observation centre, que redcouvre la physique moderne
(la physique des quanta), est cependant dun maniement difficile.
En effet, elle suppose que tout observateur est en mme temps
participant. Or, bien des facults paranormales sont dobtention
difficile. On est alors conduit les observer de lextrieur, en en
perdant le sens.
Bien des fraudes sont lies ce paradoxe. Lobservateur veut des
preuves. Celles-ci sont dautant plus manifestes que la
manifestation est plus extraordinaire, donc plus improbable,
difficile obtenir. La volont tant antinomique du paranormal, le
risque dchec est alors majeur : la fraude est tentante pour
l" agent " qui ne veut pas se dconsidrer. Ailleurs, les
exprimentateurs sappuient sur la rptition lidentique de faits,
pour constituer une collection statistiquement exploitable. Du fait
du " fading ", de tels impratifs constituent les pires conditions qui
soient.

D- Les explications traditionnelles


On considre gnralement les explications traditionnelles comme
le fruit de lignorance et de la confusion. Or, si on les examine
attentivement, on saperoit quau contraire elles pourraient
fournir des bases dinterprtation tout fait intressantes.

148

Comprendre le paranormal
Nous allons donc examiner ces interprtations traditionnelles,
successivement :
* Les forces de la nature, lanimisme (le shintosme)
* Les morts, les Esprits, le chamanisme
* Transe et possession, cultes africains
* Le polythisme, lhindouisme
* Le monothisme et les religions occidentales
* L'hypothse du "Mental", le mysticisme et le bouddhisme

1) Les forces de la nature, lanimisme


Un homme racontait, lors d'une mission de
tlvision, qu' chaque prsentation d'avions en vol
laquelle il assistait, un avion scrasait prs de lui. Il
prvenait ses amis, car, disait-il, ces catastrophes ne
le mettaient jamais en danger, mais elles risquaient de
toucher ceux qui l'auraient accompagn.
Combien de fois avons-nous invoqu la loi des sries ? Quand nous
disons, avec plus ou moins de conviction, " jamais deux sans
trois ", nous nimaginons pas une Entit, encore moins Dieu ou
Diable, mais simplement une intention, ce quon rapporterait
facilement des Forces, celles de la nature.
Je remarquai un jour quun de mes amis japonais, professeur de
facult, portait des amulettes avec lui. Il me dit trs
naturellement : " En France, la nature est calme, immobile. Au
Japon, elle bouge : cyclones, tremblements de terre, ruptions
volcaniques... On la sent vivre, constamment ". Lanimisme ne
saurait donc tre rduit une croyance de peuples primitifs. Au
Japon, il est partout, sous la forme de la religion traditionnelle, le
" shintosme " et concerne mme les intellectuels les plus adapts
et les plus subtils. Certes, le shintosme, par sa subtilit, ne

149

Comprendre le paranormal
saurait rsumer lanimisme. Mais il nous permet de ne pas voir
dans cette interprtation de la nature une croyance primitive.
Dailleurs cette croyance est-elle vraiment absente des religions
monothistes, que nous pensons " volues ". Dans le
christianisme, par exemple, il est dusage de dire que le simple
regard du non-initi suffit profaner le saint des saints dun lieu
de culte. Si le catholique ou le protestant lont un peu oubli, le
pope orthodoxe conserve encore cach ce quil a de plus sacr. Il
en est de mme dans le judasme o les rouleaux de la Torah
restent soigneusement enferms en dehors des offices. Le texte
sacr doit rester cach du regard profane (comme la Mezouza
dans la maison, ou les batim pour la prire). Dans le cadre de
lislam, la Kaaba, le rocher sacr, est toujours enferm, invisible
derrire une norme tente noire.
Le recours lanimisme est ainsi parfois une sorte de clause de
prudence, si ce nest un simple recours lefficacit :
M. A. doit tre mis en invalidit. Il y a deux ans, alors
quil circulait en voiture pour son travail, un camion le
percute de larrire. Il subit une torsion cervicale (le " coup
du lapin "), qui entrane six mois darrt de travail. Trois
mois aprs sa reprise, sur lautoroute, il vite un bouchon
devant lui, mais la voiture qui le suit le tamponne, nouveau
" coup du lapin " et six mois darrt. Quelques mois aprs sa
reprise, alors quil tait dans lappartement de son pre, une
fuite de gaz entrane une explosion, il voit arriver la flamme
sur lui, il a le temps de se protger le visage. Il nest brl
(gravement) quaux mains et aux bras. Il portait une
chemise de Nylon qui, dit-il, est devenu comme une
carapace rigide aprs lincendie qui a dvast
lappartement

150

Comprendre le paranormal
Le sujet a-t-il sa part de responsabilit dans cette tonnante
succession de catastrophes ? Les compagnies dAssurances
connaissent bien la " victimologie " : certains assurs ont en effet
une fcheuse tendance tre des victimes innocentes Pour
Freud, notre inconscient gre notre environnement trs au-del de
ce que nous imaginons (cf. la ralisation des souhaits). Le
sychiatre recherche une tendance morbide profonde.

2) Les morts et les Esprits, le chamanisme


Dans les temps anciens, le contact tait quotidien avec les Esprits
incorporels (jamais incarns) comme avec les morts (ou
dsincarns).
" Maman, le colonel a dit que nous allions mourir dans un
quart dheure. " Ma collgue, mdecin durgences, sort
peine de son sommeil quelle voit devant elle ses deux
enfants (11 et 9 ans), rptant ce message sibyllin. Elle se
lve et dcouvre que ses deux bambins opraient avec un
oui-ja, une tablette divinatoire. La mre se fche, raisonne
les enfants, puis les recouche. Une demi-heure, aprs ils
rapparaissent, hilares : " Le colonel nous a dit quil nous
avait fait une farce ! "
Qui na pas fait (ou tent de faire) se dplacer un verre en face
dune baguette portant lettres et chiffres, ou encore un guridon ?
Avec l" criture automatique ", laissant cheminer la main sur le
papier, certaines personnes ont ainsi trac des phrases dont la
facture reproduit la graphie et le style dun proche disparu ou dun
personnage clbre.
Depuis lapparition des appareils lectroniques, sest dveloppe la
transcommunication (cf. Brune, 1988). Des images sont
accompagnes de paroles, alors que lon ne devrait en principe

151

Comprendre le paranormal
rien capter. Ailleurs, une camra de surveillance relve le
mouvement dun fantme.
M. liade (1968) a dcrit les chamans, ces medecine-men qui font
profession de rencontrer les esprits lors de leurs extases, de leurs
sorties du corps. Jai rencontr Paris Emah, un Amrindien qui
exerait une profession classique quand il eut une vision, alors
quil circulait en voiture. Peu aprs, il eut une convulsion et un
diabte se dclara, saggravant progressivement jusquau coma. Il
eut alors le sentiment quayant tout perdu, il pouvait " donner sa
vie ". Quand il se rveilla, il tait guri, et nen a plus jamais
souffert. Il suivit alors lenseignement dun lama tibtain. En 1991,
alors quil tait en Grande-Bretagne et quil avait runi un petit
groupe pour un enseignement, il dcouvrit, progressivement quil
pouvait laisser ses mains sur la flamme dune bougie sans en
ressentir de brlures, et gurir par une sorte dimposition des
mains. Depuis, il parcourt le monde, et jai pu ainsi lobserver.
Une telle histoire est typique. Le sujet devient chaman aprs tre
" mort " et que son corps ait t " reconstitu os par os ", et quun
Esprit ou un dfunt lui soit apparu en rve. Parfois, il rencontre
successivement tous les " esprits des maladies " lors dune extase
durant quelquefois plusieurs jours.
Linterprtation en terme dEsprit, ou de dfunt, correspond donc
une exprience vcue de tous temps. Ceci ne saurait valider pour
autant la " ralit " de lapparition, mais empche de renvoyer ces
tmoignages au rang de simples croyances.

3) Transe et possession, cultes africains


Le troisime type dinterprtation repose en effet sur la transe. En
Occident, on parle d" tat altr de conscience ", ou encore dtat
hypnotique. Cette transe peut saccompagner dune modification

152

Comprendre le paranormal
physique du sujet, parfois considrable. On parle alors souvent de
" possession " si elle est subie, ou d" incorporation ", si elle est
dlibre. LEsprit (ou la Divinit) ne se manifeste pas comme
extrieur au sujet, mais au travers du sujet qui peut acqurir des
facults nouvelles, psychiques (mdiumnit) ou physiques
(manger des braises).
Ce sont probablement les cultes outre-Atlantique dorigine
africaine qui ont t les plus explors de lintrieur, le Vaudou
hatien, le Candombl afro-brsilien, etc. Ce sont des religions o
les choses sont donnes " voir ", la rflexion abstraite y a peu ou
pas de place. Ces transes ne sauraient tre mimes :
Lors de linitiation, par exemple, pour vrifier si la transe
est vritable, on passe une bougie sur les bras nus du
mdium. Sil apparat la moindre brlure, on conclut la
simulation (Bramly, p. 61).
Le rle du mdium est doffrir volontairement son corps au Dieu
par la transe. Lors de lincorporation, le sujet prsente des
capacits sans commune mesure avec ce quil peut faire
habituellement, ou mme ce quun humain peut faire : une jeune
femme peut ainsi boire quatre litres deau de vie en un temps trs
court. Cest lincorporation par Ex, qui cherche toujours
senivrer. A noter que ds la fin de la crmonie, elle nest plus
saoule " Elle-mme na rien bu. Ctait son Dieu. "
On peut donner de tout cela une interprtation psychologique.
Chaque sujet, prsentant un fonctionnement mental particulier,
est susceptible dentrer en transe sur un mode identifiable comme
lincorporation par un Dieu.
En Occident, on ne pratique gure lincorporation, mais lallgation
de possession est frquente. Les manifestations en sont parfois
153

Comprendre le paranormal
bruyantes, justifiant un exorcisme. La plupart des allgations de
possessions ne comportent, fort heureusement, pas de telles
manifestations. Cependant, lEglise catholique a t conduite, ces
dernires annes, porter une attention toute particulire la
fonction dexorciste, longtemps tombe en dsutude.
En rsum, lide de possession par une Entit rend compte de
manifestations parfois bruyantes, mme en Occident. Les cultes
dorigine africaine (ou quivalents) sont centrs sur lincorporation
volontaire. Ils ont acquis un contrle efficace sur ces
manifestations qui semblent dpasser les interprtations
psychologiques.

4) Le polythisme (lhindouisme)
Polythisme ne veut pas dire " adorer tous les Dieux ". Si on en
croit lhindouisme par exemple, chacun, par inclination personnelle
ou familiale, ira davantage vers lune ou lautre des Divinits du
panthon hindou. Mais, linstar du temple " au Dieu inconnu ",
relev Athnes par saint Paul, le fidle veillera ne laisser aucun
Dieu de ct ; on ne le ngligera pas, de peur quil ne se retourne
contre vous.
Pour lhindou, le paranormal est la marque du Divin. Pour
Ramakrishna, le grand mystique hindou du XIXme sicle, celui
qui accde au Divin acquiert par l mme des pouvoirs
extraordinaires (Herbert, 1972, n 1158). Les huit pouvoirs
psychiques sont :
(1) devenir aussi petit quun atome, (2) devenir aussi grand
quune montagne, (3) devenir aussi lger que du coton, (4)
devenir aussi lourd que du fer, (5) pouvoir toucher nimporte quoi
du doigt, aussi loin que ce soit, (6) raliser tous ses dsirs, (7)
crer, (8) tre parfaitement matre de tous les lments (ibid., p.
188, n. 2).
154

Comprendre le paranormal
Ces pouvoirs napparaissent pas ici comme le " don " dun Dieu
extrieur, mais comme le rsultat dune fusion avec le Divin, ce
qui se rapproche du bouddhisme.
Les pouvoirs paranormaux seraient donc des tmoins dune
volution spirituelle. Certaines coles hindoues se sont ainsi
centres sur lacquisition de pouvoirs, comme les fakirs, des yogis
se livrant publiquement des exercices asctiques. Cependant,
comme le souligne Ramakrishna (Herbert, n 558), " il faut viter
les pouvoirs miraculeux. Ils viennent deux-mmes par la vertu
des disciplines (sdhans) et des matrises des sens
(samyanama). Mais lhomme qui fixe son esprit sur les pouvoirs ne
pourra pas monter plus haut, il y restera embourb ".

5) Le monothisme et les religions occidentales


LOccident sest orient depuis deux mille ans vers le
monothisme. Mais cette volution ne s'est pas faites avec ledit
paranormal. Cette lutte cachait de grands intrts. Les Grands
procs de sorcellerie, par exemple, ont consist pour une bonne
part en une lutte entre la bourgeoisie chrtienne des villes et la
campagne paysanne, encore trs largement animiste, " magique ".
Lide reste encore aujourd'hui trs prsente. On lit par exemple,
dans Le Petit Robert, au mot sorcier " personne qui pratique une
magie de caractre primitif, secret et illicite ". Cette dfinition
suggre quil y aurait une magie volue, licite et qui stalerait au
grand jour. Est-ce le citadin ou le prince qui condamne le paysan
ou, plus prcisment, la paysanne ? Le monde scientifique perdure
dans cette attitude, mme si ses raisons ne sont plus les mmes.
Cette lutte apparat spcifique au monde occidental.
Ceci dit, la valeur du surnaturel est reconnue : le christianisme, le
judasme et lislam vnrent les sages et les saints. Ces facults

155

Comprendre le paranormal
sont considres comme tmoins de leur spiritualit et de leur
intimit avec le Divin, et ceci depuis les temps les plus anciens.
Pour le catholicisme, cest Dieu qui est lorigine du miracle. Si un
tre prsente des facults paranormales, lglise examine
principalement leur contexte. Sil s'accompagne d'une spiritualit
vidente, elle considre que ces facults procdent de Dieu. Si ces
facults coexistent avec une spiritualit pauvre ou nulle ou, pire
encore "schismatique", sa position est des plus rserve. Il ny a
pas si longtemps, elle concluait lorigine diabolique de ces
manifestations. Actuellement, elle sabstient le plus souvent de
porter un jugement.
Parmi les manifestations paranormales, outre les apparitions dj
tudies plus haut, jaimerais discuter deux cas, les stigmates et
les gurisons miraculeuses.
Le christianisme pose gnralement Dieu comme extrieur
lhomme. De fait, le surnaturel apparat comme un " don ", une
chose donne. Sur le plan pratique, cela ne pose pas de difficult.
Mais la rflexion logique ny trouve pas forcment son compte.

6) Le mysticisme et le bouddhisme
Le mysticisme et le bouddhisme sont probablement parvenus
l'hypothse la plus sophistique qui soit, en ce qui concerne le
Divin et, partant, l'interprtation du paranormal. Il s'agit de
lhypothse des niveaux du " Mental " (ou du " Moi ") selon
laquelle notre " esprit " serait compos de sept plans (ou niveaux),
en une gradation continue de notre conscience claire au plan Divin.
En Orient, cette conception est trs largement rpandue. Elle
concerne principalement le bouddhisme, le zen en particulier : " La
Vacuit est au-del de toute perception, au-del de toute prise...
au-del de l'tre et du non-tre... [Elle] est constamment avec

156

Comprendre le paranormal
nous et en nous, elle conditionne toute notre connaissance, tous
nos actes, elle est notre vie mme. " (Suzuki, 1970, p. 87). On
retrouve cette ide dans lhindouisme. Ramakrishna dit ainsi :
" Quelques mes volues ont pu atteindre le septime plan, le
plan le plus haut du samdhi, et se sont ainsi plonges dans la
conscience de Dieu... " (Herbert, 1972, n 185). Les niveaux du
Mental ne sont pas spcifiques lOrient. Ils sont aux fondements
de lexprience mystique, qui cherche le Divin au fond de soi,
comme lexpose sainte Thrse d'Avila, dans " Le chteau de
lme " (cf. 1985, p. 807 sq.).
Le sujet, parvenu au niveau Divin, prsente dtonnantes capacits
paranormales. Cest le cas du Christ, mais aussi de sage orientaux,
tels que Milarpa, ascte tibtain du XIme sicle de notre re et
personnalit essentielle du bouddhisme mahyna. Sa biographie
(p. 256) relate lapparition de divers phnomnes, dont la
lvitation et la capacit de se transformer en nimporte quelle
forme dsire.
Certes, bien des grands saints (tels saint Bernard, saint Bruno,
saint Vincent de Paul) nont jamais prsent de capacits
paranormales. Le paranormal tant manifestation de lmotion, les
tres dune parfaite galit dhumeur ont peu de chance de
produire de manifestations brillantes. Mais ils peuvent vivre le
paranormal au quotidien. Combien de sages ont ainsi dit que le
monde extrieur rpondait leur vie intrieure, comme un
vritable miroir.
Dans linterprtation du paranormal, les niveaux du Mental
introduisent une subtilit nouvelle, la notion du Dieu impersonnel.
Dans les religions monothistes, Dieu est pri comme une
personne extrieure, un Dieu personnel, le classique Deus ex
machina. Ce Dieu impersonnel nest certes pas ignor des religions

157

Comprendre le paranormal
monothistes. Cest lEsprit-Saint de la chrtient. Mais, comme le
dit trs bien Giraud dans le " Guide des religions " (p. 42), il
constitue une sorte de " Dieu inconnu ", pour les catholiques tout
au moins. Sa particularit est dtre " sans forme " (les Evangiles
le prsentent, suivant les passages, comme une colombe ou une
pluie de flammes). LOrient est, par contre, familier avec cette
notion.

III / Evaluation de vos facults paranormales


Voici quelques exercices simples et sans danger pour valuer vos
propres facults et surtout vous familiariser avec vos intuitions
profondes, qui dpassent largement notre vision " rationnelle " du
monde et de nous-mmes. Un certain entranement peut tre
ncessaire, mais il est la porte de tout le monde.
tlphone : couter votre correspondant sans
dcrocher le combin.
Lorsque le tlphone sonne, ne dcrochez pas, faites le silence
dans votre esprit et attendez quelques secondes. Vous allez
ressentir si votre correspondant est amical ou hostile, et mme le
degr dintimit que vous avez avec lui. Vous pouvez mme sentir
la nature du message qui va vous tre apport.
Vous pouvez vous exercer galement savoir si un correspondant
que vous appelez va rpondre ou non. Mais cest un peu plus
difficile, car ici leffet d" attente " joue et risque de gner votre
perception.
Courrier : lire le contenu dune lettre sans louvrir
Variante de lexercice prcdent. Tenez la lettre dans vos mains,
ou simplement regardez l, sans penser rien. Vous allez voir, de

158

Comprendre le paranormal
mme, si ce courrier vous annonce une bonne ou une mauvaise
nouvelle. Les plus comptents auront les dtails de la lettre
comme si lenveloppe tait ouverte !
Prmonition active (voyance sur soi-mme)
Vous aurez dautant plus de rsultats que vous interrogez un
avenir proche, de lordre dune journe. Cet exercice tant plus
complexe, il ncessite quelques explications. Pour poursuivre ( voir
ci-dessous chap. prmonition active)
Ralisation de souhaits simples
La meilleure rgle pour obtenir un rsultat, est de se fixer des
objectifs qui vous sont ncessaires. Ainsi, tout votre corps
adhrera facilement votre objectif. Ne faites jamais un exercice
" pour voir ", lchec est assur. Pour poursuivre, voir chapitre
suivant.

159

Comprendre le paranormal

A- Prmonition active
Vous allez tenter de prvoir le contenu de votre journe, lissue
dune rencontre par exemple, la russite dune action
Premier point fondamental : se dfier du dsir, de toute forme de
souhait. Faire le silence dans son esprit.
Avec un peu dentranement, on peroit alors la prmonition, sous
la forme dune intuition dune authenticit dpassant la raison. Il
sagit dun " message " simple, positif ou ngatif, gnralement
sans dtail, donnant la connotation " affective " de lvnement
prvu.
Parfois, il faut " aider " la prmonition. Nous avons, sur
lvnement prvu, une ide gnrale quil faut prciser. " Lisez "
alors cette intuition en la comparant des vnements connus :
Un matin, en me levant, je sens une tristesse que je vois
lie la couleur noire. Banal, direz-vous : un deuil ! Je me
suis interrog, en profondeur. La tristesse paraissait bien
modre par rapport une mort. Laprs-midi, je dchirais
malencontreusement un blouson bleu nuit !
Autre exemple : je devais affronter une rencontre trs
importante pour moi et qui se prsentait vraiment trs mal.
Mon inconscient me livra, avec une constance curieuse, le
message (en anglais !) : " no problem ". Effectivement, mon
adversaire me tira daffaire dune manire incomprhensible
pour moi, et contre son propre intrt.
Un certain entranement est nanmoins ncessaire pour distinguer
le dsir (le souhait) de la prmonition.

160

Comprendre le paranormal

B- Ralisation de souhaits simples


Premire rgle, indispensable respecter : vous ne faites pas de la
" recherche ", vous tentez de mener votre vie de la manire la plus
adquate possible. Ne faites donc pas dexprience pour
lexprience, mais limitez-vous des souhaits ncessaires. Par
ailleurs, sil existe un moyen simple dobtenir ce que vous
souhaitez, utilisez-le. Cette mthode ne sapplique que pour des
objectifs inaccessibles par les mthodes habituelles (sauf utiliser
des moyens peu compatibles avec vos possibilits habituelles).
Une amie me disait ainsi quelle navait jamais besoin de
sinquiter pour une place de parking. Elle en trouvait
toujours en face du lieu o elle se rendait.
Le souhait peut porter sur tout ce qui vous est ncessaire. Ne vous
proccupez pas de sa possibilit sur le plan matriel. Vous serez le
premier tonn de voir les moyens extrmement simples mis pas
le " Ciel " dans sa ralisation.
Il faut donc sinterroger sur ce que vous voulez rellement, ce dont
vous avez besoin. Ce peut tre tout et nimporte quoi :
Une amie avait besoin dun ordinateur et nen avait pas le
premier sous. Elle pria intensment. Elle reut alors un
courrier dune personne qui elle avait rendu service des
annes auparavant, lui disant peu prs : " Madame, vous
mavez beaucoup aid alors que jtais dans le besoin.
Maintenant que je suis sorti daffaire, veuillez recevoir
lexpression de mon remerciement. " tait joint un chque
correspondant la somme ncessaire lachat de
lordinateur.

161

Comprendre le paranormal
Il faut donc porter sur ce souhait la plus grande intensit. Un
moyen classique, vieux comme le monde, consiste prier (Dieu,
un Dieu quel que soit le nom quon Lui donne). Cest le meilleur
moyen de se mettre en position de " recevoir ".
Trois cueils :
* confondre dsir et souhait. Un dsir est luvre de la conscience
superficielle, inefficace. Le souhait, portant sur une ncessit,
touche les profondeurs de notre tre.
* sattribuer le mrite du rsultat. Il ny a pas de meilleur moyen
pour se ridiculiser, ou mme pour devenir fou. La " toutepuissance " est probablement lide la plus rpandue dans les
dlires.
* chercher la " preuve " que le souhait a bien t exauc (et que
ce ne soit pas le fait du hasard). Cette preuve nexiste pas et
nexistera jamais. Il ne faut pas oublier que la relation de cause
effet, base de la preuve, nest jamais dfinie pour un seul fait (sa
dfinition nest que statistique) et quelle lest seulement de
manire rtrograde (on retrouve toujours la cause, une fois leffet
survenu). Dans le cas prcdent, il tait impossible un qui que ce
soit de dire que le chque arriverait point nomm.
Un conseil : remercier le Ciel une fois le souhait obtenu et, si
possible, en faire profiter votre entourage. Le Ciel noubliera pas
votre gnrosit !
Des dveloppements thoriques et pratiques de cette question ont
t faits dans mon ouvrage " Montagne lve-toi, lexprience de la
foi "

162

Comprendre le paranormal

IV/ AQ sur le paranormal


(questions les plus frquemment poses)
(questions " E " = relatives lExprience, questions " T " =
approche Thorique)
E1/ Est il " normal " de navoir jamais vcu aucun phnomne
paranormal ?
E2/ Est-il " anormal " de vivre des phnomnes paranormaux ?
E3/ Comment reconnat-on une facult paranormale chez autrui ?
E4/ Comment reconnat-on une facult paranormal chez soimme ?
T1/ Y a-t-il un lien entre la folie et le paranormal ?
T2/ Sommes-nous tous " paranormaux " ?
T3/ Quappelle-t-on " sujet psi " ?
T4/ Y a-t-il une preuve de lexistence du paranormal ?
T5/ Y a-t-il une place pour le paranormal dans le monde dfini
actuellement par les sciences ?
T6/ Les lois scientifiques actuelles doivent-elles tre transformes
pour accepter le paranormal ?
T7/ Le paranormal constitue-t-il un lien entre les sciences et les
religions ?
T8/ Les miracles des saints sont-ils du " surnaturel " ou du
" paranormal " ?

163

Comprendre le paranormal
T9/ Pourquoi les saints prsentent-ils plus de facults
paranormales que les sujets " lambda " ?

E1/ Est il " normal " de navoir jamais vcu aucun


phnomne paranormal ?
Il faut tout dabord faire la diffrence entre " navoir jamais vcu "
et " navoir jamais reconnu en soi " un phnomne paranormal.
Beaucoup de gens vivent quotidiennement des faits paranormaux
mais ne les reconnaissent pas comme tels. Une femme me disait
ainsi : " Je ne prends jamais de billet de Loto si je sais que je ne
vais pas gagner ". Quand je lui ai fait remarquer quil sagissait
dun facult " paranormale " (voyance), elle a rpliqu vivement :
" Non, cest parfaitement normal ", ajoutant : " Je sais quil y a
une explication a. " Personnellement, jattends toujours ! La
plupart des personnes qui vivent le paranormal constatent quil ny
a aucune diffrence entre des intuitions trs banales, par exemple
une pense propos dun tre cher, et le " paranormal " typique
(ici la tlpathie).
En second lieu, certaines personnes, trs intuitives, proches de
leur corps et de leurs intuitions profondes, sont plus mme de
vivre et de reconnatre le paranormal que dautres, plus

164

Comprendre le paranormal
intellectuelles, tournes vers le concret. Il faut aussi faire la part
de la crainte de lirrationnel, de ce qui ne sexplique pas clairement
ou de ce qui sort du cadre habituel de notre vision du monde.
E2/ Est-il " anormal " de vivre des phnomnes
paranormaux ?
Il faut, ici, faire la diffrence entre vivre de tels phnomnes dans
lharmonie et lquilibre et les subir dans la crainte et langoisse. Je
connaissais une femme qui disait percevoir, sitt entre dans un
autobus ou un mtro, la vie des gens quelle ctoyait. Celle-ci
dfilait comme un film ds quelle regardait la personne concerne.
Elle se disait oppresse par cette facult, quelle identifiait
parfaitement comme de la voyance. Je lai aide se protger et
ne plus " voir " dune manire inconsidre.
Par contre dautres personnes constatent, pour leur plus grand
bonheur, la nature leur offrir des " messages " rpondant aux
questions quelles se posent ou ralisant leurs souhaits sans
quelles aient besoin de sen proccuper. Elles vivent
quotidiennement un change avec la nature sain, souple et
enrichissant.
E3/ Comment reconnat-on une facult paranormale chez
autrui ?
Un certain nombre de gens prtendent avoir des facults quils
nont pas. linverse un nombre probablement encore plus grand
en possdent quils ignorent, tant elles font partie de leur
" normalit ". Mme les plus grands sujets " psi " ont
gnralement mis du temps apprhender lensemble de leur
capacit (si mme ils lont jamais fait - cf. le Franais Jean-Pierre
Girard). Aussi le plus grand flou rgne en ce domaine. Il faut
cependant se souvenir que, dans le principe, nous avons tous la
165

Comprendre le paranormal
possibilit de prsenter des facults paranormales. Le plus
souvent, il sagit de facults trs tnues : penses propos dun
tre cher qui se vrifient (tlpathie), prmonitions (voyance),
ralisation de souhaits
Dune manire gnrale, le problme nest pas tant de
" reconnatre " une facult chez autrui, mais de la vivre dans
lharmonie et lquilibre, ce qui peut tre difficile si elle se
manifeste fortement et frquemment.
E4/ Comment reconnat-on une facult paranormal chez
soi-mme ?
Comme nous avons tous en nous-mmes la possibilit den
prsenter, le problme se pose surtout de contrler ces facults et
den faire bon usage. Il faut en effet se garder des illusions.
Combien jai vu de sujets disant avoir fait des " voyages astraux "
et navoir finalement fait quun rve de voyage, analogue au rve
habituel. Cependant, comme je lai dit dans mes ouvrages, nous
pouvons tre confronts brutalement une exprience
" anormale " qui nous confronte une vision du monde
radicalement diffrente. (Exemple : le cas du fantme page 21)
T1/ Y a-t-il un lien entre la folie et le paranormal ?
On rejette souvent le paranormal en disant que ceux qui disent
avoir de telles facults sont parfois " pas trs nets " sils nont pas
frquent assidment les hpitaux psychiatriques. Les
psychotiques (en particulier les autistes) sont rputs pour
prsenter des facults paranormales.
La question est plus difficile quil ny parat. En effet, Freud et les
psychanalystes ont montr que la psychose rvlait une fragilit
de la barrire conscient-inconscient. Or, les facults paranormales

166

Comprendre le paranormal
tant aussi issue de linconscient, ceux qui peuvent en faire usage
seraient aussi ceux dont la " barrire " serait la plus tnue. Il y
aurait donc une vidente parent entre les " fous " et ceux qui
sont coutumier du paranormal.
Il ne faut cependant pas oublier que les saints, et les plus grands
(le Christ en particulier) ont manifest les facults les plus
videntes et les plus diverses. On peut donc dire que les facults
paranormales ne sont en aucun cas un tmoin de folie mme sil
existe des liens.
T2/ Sommes-nous tous " paranormaux " ?
Comme lexplique le modle du Mental, en particulier, nous avons
tous, au fond de nous-mmes, la facult de manifester des
capacits paranormales. Elles sont cependant videntes que chez
certaines rares personnes. Elles peuvent tmoigner dun
dsquilibre psychique, mais aussi de saintet (cest dailleurs
pourquoi les glises, dans leur ensemble, nont jamais considr le
pouvoir paranormal comme un critre de saintet). Un
entranement peut permettre daugmenter ses facults (ralisation
du souhait, tlpathie, voyance). Mais, comme je lai montr dans
un ouvrage, cela nest pas sans risque, la folie ntant jamais trs
loin.
T3/ Quappelle-t-on " sujet psi " ?
On nomme ainsi un sujet prsentant des facults paranormales
videntes. Ne pas confondre avec " psy ", qui dsigne un
thrapeute (psychiatre, psychologue, psychothrapeute,
psychanalyste).
T4/ Y a-t-il une preuve de lexistence du paranormal ?

167

Comprendre le paranormal
Paradoxalement, non. Il nexiste aucune " preuve " du paranormal
et nen existera probablement jamais. En effet, il nexiste
discontinuit entre un fait " normal " et un fait " paranormal ". Si
je tire les bon numros du Loto, cest un fait rare, mais on ne peut
plus " normal ". Si par contre je coche les cases parce que je les ai
vus dans un rve (ou une vision), le fait sinscrit dans le
" paranormal ". Or, lannonce nappartient pas au fait lui-mme,
mais ma faon de le vivre. Certes quand J.P. Girard tord des
barres de mtal ou en modifie la structure interne, on peut dire
" on ne comprend pas ", mais cela ne veut pas dire que dans
cinquante, cent ou deux cents ans, ce fait demeurera inexpliqu. Il
nest donc pas " paranormal " par essence. Cest tout lintrt de la
notion de synchronicit de Jung, qui relie le fait une pense par
le biais dune signification. Ceci peut constituer le point commun
tous les faits paranormaux. Ici, dans lexemple du loto, le fait est
le tirage, la pense est ladite " prmonition ", la signification est
(entre autres choses) lespoir de " gain " quil reprsente.
Il ny a donc pas de " preuve " du paranormal puisque le fait luimme ne sort jamais du " normal ", mme sil peut tre
extrmement rare (comme la lvitation)
T5/ Y a-t-il une place pour le paranormal dans le monde
dfini actuellement par les sciences ?
Oui, certainement, et sur deux plans.
* Rhine a, parmi les premiers, montr que la mthode scientifique
sappliquait au paranormal, jusque dans ses outils de validation.
Les conditions exprimentales ne sont certes pas les meilleures qui
soient pour que sexprime le paranormal, mais elles ne sont pas
foncirement inadaptes. De plus, il a montr qu condition de
poser lhypothse de laction de la pense (ce que les scientifiques

168

Comprendre le paranormal
ne font pas habituellement), on pouvait lattester dans les mmes
conditions quon le fait pour les lois scientifiques.
On sait en effet que pour tablir une loi scientifique, il faut poser
une hypothse quon teste avec lexprience pour voir si on doit ou
non la rejeter. Si on ne la pose pas, on ne peut pas la tester. Il est
donc faux de dire que les lois physiques ne peuvent accepter
laction de la pense sur la matire. Il faut juste tudier les
variations au niveau des " faits " et voir sils peuvent tre corrls
une variable (dite " contrle) qui pourrait tre nomme
" pense " (mme si la pense ne peut encore tre dfinie que de
manire relative).
* Second point, qui dcoule du prcdent. Les lois physiques nont
t dfinies, de fait, que dans des conditions " mentalement
neutres " et nont jamais pris en compte ce quon pourrait
considrer comme les conditions " mentalement actives " dans
lesquelles sexerce le paranormal. En effet, supposons un savant
qui observe une srie de rsultats pour une exprience donne.
Pour tester son hypothse, il va en faire la moyenne. Le
paranormal, tant peu contrlable (puisquissu de linconscient),
sil apparat, ce sera de manire anecdotique, rare. Sa
manifestation sera donc perdue dans la masse des rsultats,
gomme par la moyenne. On ne pourra le mesurer, mme sil est
apparu.
Plus encore, supposons un chercheur suffisamment " sujet psi "
pour que tous ses rsultats dcoulent dune action de la pense.
On sait quune nouvelle loi scientifique nest jamais admise
demble. On demande une quipe indpendante de refaire les
mmes observations. Si elle les fait, on considrera les rsultats
du premier chercheur comme errons, et ils seront mis de ct. De

169

Comprendre le paranormal
ce fait, seuls les rsultats " neutres " seront pris en compte, et les
lois physiques tablies sur ces bases.
T6/ Les lois scientifiques actuelles doivent-elles tre
transformes pour accepter le paranormal ?
Non, les lois scientifiques prsentent laspect " neutre " des
relations entre les faits matriels. Cest donc un cas particulier,
simplifi, des lois de la nature, une rfrence en quelque sorte.
Que dire des lois dans un cadre " mentalement actif " ? Elles
prsenteraient probablement des aspects trs divers. On sait, par
exemple, que la priode dun corps radioactif est constante.
Diverses expriences ont montr quun sujet pouvait la modifier
grce laction de sa pense. On peut donc supposer que la
priode " neutre " correspondrait un rsultat statistique " plus
probable " autour duquel sorganiserait dautres possibilits,
dautant moins probable quelles ncessitent une action mentale
plus forte Une sorte de " tendance forte ", un peu (cest une
image) comme le pendule a tendance a rester immobile dans le
sens vertical (position dquilibre, " la plus probable "), alors que
toute action (ici matrielle) peut le dplacer vers des positions
dautant plus loin de la position dquilibre que laction est plus
forte.
Comment " expliquer " ces variations ? Elles ne sont pas plus
" explicables " que les lois habituelles, qui reprsentent, en fin de
compte, seulement une description de notre environnement, dans
les conditions " neutres " mentalement (voir Question T5). Mais
ceci nest quune supposition
T7/ Le paranormal constitue-t-il un lien entre les sciences
et les religions ?

170

Comprendre le paranormal
Avant de rpondre, il faut probablement prciser les mots
" sciences " et " religions ".
* Sans vouloir donner une dfinition gnrale aux sciences, on
peut dire quelles constituent une description prcise, organise,
logique, du monde environnant. Les sciences " dures " traitent du
monde matriel. Les sciences humaines sintressent lhumain
dans ses aspects psychologiques, sociaux
Les religions nous permettent daccder, par notre foi, la
Divinit, quel que soit le nom que nous lui donnions (un Dieu,
plusieurs Dieux, des Esprits, des Forces). Par un change avec la
Divinit, nous tentons de mieux vivre dans notre environnement.
On peut donc dire que les religions constituent une manire, tout
fait personnelle, dapprhender le monde environnant par notre
pense.
* Le paranormal est constitu par la mise en relation de la pense
et des faits (la synchronicit de Jung). Il est donc trs proches des
religions. Mais il appartient galement aux sciences, du fait quil
est analysable avec les mthodes scientifiques habituelles (cf. les
travaux de Rhine et de ses successeurs).
On peut donc dire quil constitue un trait dunion entre les sciences
et les religions.
T8/ Les miracles des saints sont-ils du " surnaturel " ou du
" paranormal " ?
Lide de " surnaturel " renvoie celle dune " sur-nature ", dune
autre nature, diffrente de celle que nous connaissons. Or, rien ne
vient, jusqu prsent, confirmer cette ide. Entre les miracles les
plus vidents et le normal, on peut observer tous les
intermdiaires. Par ailleurs, certains faits exceptionnels, tels que la
lvitation, sont autant luvre de saint que de lacs ou mme de

171

Comprendre le paranormal
" possds " par le Diable (en tout cas loigns de toute saintet).
Ainsi le concept de " surnaturel " ne semble pas pertinente, du
moins dun point de vue rationnel, scientifique.
Ceci tant pos, lide de " paranormal ", qui pose une limite
davec le " normal " et qui ne prend pas en compte la spiritualit
de la personne et ne semble pas, de ce fait, tout fait adapte.
T9/ Pourquoi les saints prsentent-ils plus de facults
paranormales que les sujets " lambda " ?
Les saints, au mme titre que les mystiques et les grands sages,
ont appris entrer en contact avec les profondeurs de leur tre.
De ce fait (voir " Le modle du Mental "), ils accdent des
niveaux o la " pense " devient active. Cependant ces facults
sintgrent harmonieusement lensemble de leur tre et de leur
vie. Elles ne constituent pas de simples " artefacts ", strotyps
et inutiles, la diffrence de certains " sujets psi ". Cest ce qui
rvle lharmonie de leur fonctionnement, en tous points, leur
spiritualit.

172

Comprendre le paranormal

Glossaire sur le paranormal


* Autisme : forme particulirement grave de psychose, qui se
caractrise par un dbut extrmement prcoce (premiers mois ou
premires annes de la vie). On a souvent dcrit chez eux des
facults paranormales particulirement videntes (poltergeists,
voyance, calculateurs prodiges). Malheureusement, linstabilit et
le dsquilibre de leur personnalit nen font gnralement pas
des sujets intressants pour ltude du paranormal.
* Barrire conscient-inconscient : dans notre exprience
quotidienne, nous navons pas, en principe, accs au contenu de
notre inconscient (en dehors des rves, des lapsus ou dautres
circonstances, rares). Les psychanalystes expliquent cela par
lexistence dune sorte de " barrire " qui empcherait le contenu
de linconscient denvahir le conscient. Cette barrire se serait
lentement difie au cours de lenfance. Il faut savoir que
linconscient est " rempli " de phantasmes, souvent brutaux et
menaants. Les maladies mentales rvleraient des anomalies de
cette " barrire ". Elle serait inexistante dans les psychoses (la
" folie ") et la nvrose hystrique, exagre (mais fragile) dans les
nvroses phobiques et obsessionnelles.
* Camus (Dominique) : ethnologue breton (de Rennes), qui a
consacr la "sorcellerie des campagne" de nombreux ouvrages.
Il montre combien celle-ci est vivace, mme si elle est cache,
refusant toute publicit, se fermant l'habitant des villes,
incapable d'en comprendre les secrets.
* Castaneda (Carlos) : ethnoloque amricain, connu pour avoir
prsent une Thse l'UCLA sur les plantes hallucinognes au
Mexique. Il aurait suivi l'enseignement d'un sorcier Yaqui, nomm
Don Juan, qui lui aurait transmis des secrets millnaires. Il les

173

Comprendre le paranormal
relate dans de nombreux ouvrages qui ont eu un succs dans le
monde entier.
* Causalit (relation de cause--effet) : les sciences dans leur
ensemble se sont appuyes sur lide quun fait (appel " effet ")
tait toujours li un autre (appel " cause ") qui la prcd dans
le temps. Ceci ne veut pas dire que la cause ait toujours t
reconnue, identifie, mais on suppose quun jour, prochain ou
lointain, on la dcouvrira. Cette cause doit, selon lusage, tre
dcouverte dans le mme " registre " que leffet : on ne peut
expliquer un fait matriel que par un autre. Toute la difficult se
situe alors dans larticulation entre la matire et la pense,
problme pos par Descartes (" dualisme ") et jamais encore
lucid. La causalit soppose ladite " finalit ". Le paranormal a
ceci de particulier que le lien entre la " cause " (pense) et leffet
(matriel ou non) nobissent pas aux rgles habituelles (voir
" synchronicit "). Dans le mot " relation de cause--effet ", il y a
le terme de " relation ", ce qui laisse entendre quil existe un
" lien " entre la cause et leffet. Or, ce lien na jamais t mis en
vidence. Plus on approfondit la connaissance de la matire, plus
on trouve de phnomnes, mais aucun napparat encore comme
" lmentaire ", indivisible. Ainsi, il existe entre les faits, une
relation " statistique " : si je lche une boule sans lui imprimer de
mouvement, elle a toutes les chances de tomber vers le bas. Mais
elle peut aussi aller vers le haut. Cest trs rare, mais cela a t
observ. En France, Jean-Pierre Girard, par exemple, en a fait la
dmonstration avec diffrents objets : on appelle ce phnomne
" lvitation ".
Il importe donc de considrer la " relation de cause--effet "
comme une description des faits, la plus probable qui puisse tre,
mais non comme un absolu, une ncessit exclusive, encore moins
comme une explication.

174

Comprendre le paranormal
Ainsi, on ne saurait demander la " cause " des phnomnes
paranormaux, puisque la " cause " des phnomnes normaux nest
pas encore lucide.
* Cause (des saints) : procs destin dfinir sur la personne
est susceptible dtre batifie ou canonise. A rcemment t
supprim pour acclrer la procdure. Il est toujours ncessaire
que la personne ait suscit au moins un miracle pour tre batifi.
* Difficults psychiques : on parle souvent de " dpression "
pour dsigner lensemble des difficults psychiques. Or, pour le
psychiatre, la dpression est caractrise par une association (
des degrs divers) de tristesse, dangoisse, dinhibition et de
douleur morale. notre poque, beaucoup de gens souffrent
psychologiquement. Les causes en sont multiples : clatement de
la famille, exode rural, perte des cadres sociaux... auxquels il faut
ajouter une dsillusion devant les sciences. Celles-ci ont apport
un bien-tre matriel, mais pas de solution aux principaux
problmes de la vie quotidienne. De plus, ces sciences, dans leur
recherche dune crdibilit, rejettent une bonne part de
lexprience de tous les jours, ds lors quon ne peut pas
intgralement lexpliquer. La part du " normal " se restreint ; des
phnomnes dune certaine banalit apparaissent ainsi
paranormaux, alors quils ne le sont en rien. (voir aussi " folie ")
* Einstein (Albert) : Physicien amricain d'origine allemande
(Ulm 1879 - Princeton 1955), dont l' uvre a radicalement
marqu la physique et la pense scientifique du XXe sicle. Il est
l'origine des thories de la Relativit restreinte qui tend le
principe galilen de relativit aux phnomnes
lectromagntiques. Il gnralise la thorie de la relativit
restreinte en y intgrant les phnomnes lis la gravitation
(Relativit gnrale).

175

Comprendre le paranormal
* Enfant : le paranormal apparat comme une manation de
linconscient. Lenfant vit beaucoup plus avec ses intuitions que
ladulte. Chez lui, la barrire conscient-inconscient est plus faible,
voire inexistante. De ce fait, on ne stonne pas de voir des
facults exister chez lenfant et disparatre mesure que lge
avance. Certaines steignent ds trois-quatre ans, dautres plus
tard. linverse, les poltergeists sont rputs lis des
adolescents (souvent des filles). Par ailleurs la " pense magique "
est la base de la pense de lenfant.
* Exprimentations : Depuis Rhine, dans les annes 30, de
nombreux scientifiques ont tudi le paranormal laide des
mthodes scientifiques habituelles. Certes, ces conditions
semblent loin dtre les meilleures. Rhine, par exemple, constatait
un rapide " fading " (diminution) des facults de ses sujets ou
mme des rsultats plus " mauvais " que le hasard. Mais ces
exprimentations ont eu le mrite de " prouver " lexistence de
liens entre la pense et la matire.
* Favret-Saada (Jeanne) : ethnologue franaise d'origine
tunisienne, matre de recherche au CNRS, est principalement
connue pour son excellent livre "Les mots, la mort, les sorts",
dcrivant par le menu sa recherche sur la sorcellerie dans le
Bocage de l'Ouest. Elle montre, avec une grande finesse
d'observation, le mcanisme de la sorcellerie, associant par des
liens subtils et combien pervers l'ensorceleur, la victime et son
voisinage et le ds ensorceleur.
* Finalit : conception selon laquelle un fait peut tre expliqu
par un autre qui lui fait suite dans le temps ( linverse de la
causalit ou lexplication, dite " cause " doit toujours lavoir
prcd). Dans les sciences de la matire, la finalit na, en
principe, aucune valeur explicative. Par contre, on ne saurait

176

Comprendre le paranormal
rendre compte du comportement de lhomme (et probablement
des tres vivants dans leur ensemble, au moins partir dun
certain moment de lvolution) sans faire appel la finalit :
leffort de ltudiant nest pas explicable par lachat de livres (par
exemple), mais par lobtention dun diplme (futur), celui de
lemploy par larrive dun salaire la fin du mois (entre autres
choses), etc.
* Folie : les troubles mentaux (graves) sont de nature diverses.
Ceux que voient habituellement le psychiatre sont de deux
ordres : nvroses et psychoses. Dautres troubles ne donnent pas
lieu consultation. Cest la justice qui y est confronte, au travers
des actes dlictueux : personnalits perverses et les sociopathies
dont la demande de soin est rare ou inexistante. Le paranormal
est souvent associ " folie ", car, pour des raisons qui ne doivent
rien au hasard (voir aussi " barrire conscient-inconscient ").
* Fraude : le paranormal, probablement plus que tout autre
domaine dobservation, est le lieu de prdilection de la fraude et
de lillusion. La demande du public va de pair avec la difficult
dobtention des phnomnes. Mme les plus chevronns des
" sujets psi ", devant la demande de reproduire lenvi leurs
facults, se sont laisss aller la fraude. Ce qui ajoute la valeur
de lobservation personnelle (" observateur participant ") qui,
seule, permet une relle comprhension du paranormal. (voir " le
modle du Mental ")
* Freud : mdecin autrichien (1858-1939), fondateur de la
psychanalyse. Il est un des premiers avoir compris que
linconscient avait un fonctionnement continu. Il a nonc les
rgles de base de son fonctionnement. Mme sil nadmettait que
la tlpathie, les rgles quil a dcouvertes sont fondamentales
connatre pour comprendre le paranormal (voir en bibliographie les

177

Comprendre le paranormal
ouvrages de Laborde-Nottale, Si Ahmed et de Ph. Wallon). Il a par
contre souvent dit que notre inconscient faonnait notre
environnement. S'il pensait aux attitudes positives ou ngatives,
proches du conscient, on peut tendre cette ide notre
inconscient profond et son action sur la ralit.
* Hallucination : pour le psychiatre, cest une " perception sans
objet ". Elle est caractristique de la psychose hallucinatoire, dont
elle est le symptme central. Mais elle existe aussi chez le sujet
normal : la fatigue, le manque de sommeil, les toxiques (LSD,
hachisch, alcool) peuvent les provoquer. Elle est aussi normale
(mais parfois surprenante) dans la priode transitoire entre veille
et sommeil (" image hypnagogique "). Certaines hallucinations
sont aussi le fait de circonstances exceptionnelles : accident, chute
dans le vide (voir hallucination et ralits)
* Inconscient : dans le langage banal, on appelle ainsi ce qui
nest pas conscient. Mais on sait que ce qui nest pas conscient
un moment donn peut ltre linstant suivant. Freud a ainsi
distingu le " subconscient ", dont le contenu peut devenir
facilement conscient, de l" inconscient ", habituellement
inaccessible. Il a expliqu cette impossibilit par le refoulement,
une force que nous mettions en place parce que nous ne pouvions
supporter de voir apparatre en nous telle image, telle pense
Mme si cette ide nest pas rejete lheure actuelle, on
considre, avec Jung et ses successeurs, que le contenu de
linconscient ne se rsume pas au " refoul ". Certaines penses
sont inconscientes par nature (comme celles qui ont trait notre
fonctionnement biologique interne), certaines perceptions sont
inconscientes parce quelles sont de taille trop petite ou quelles
sont trop brves (elles sont dites " sub-liminales "). Les orientaux,
avec le modle du Mental (ou du Moi) vont plus loin. Le conscient

178

Comprendre le paranormal
ne serait que le niveau le plus superficiel de notre " activit
psychique ", dont le plus profond serait le Plan divin.
"Inconscient collectif" : Jung explique certains phnomnes
paranormaux (tlpathie, voyance) par le fait que les couches
profondes de notre inconscient ne nous seraient pas
"personnelles". Nous aurions accs ce niveau l'inconscient
d'autrui.
"Inconscient culturel" : Jung constate que souvent les rves ne
sont interprtables que si on connat les mythes. Il constate mme
que certains patients semblent avoir directement accs des
mythes compltement trangers leur culture d'origine. Il postule
que l'inconscient serait susceptible de contenir, sous la forme
d'archtypes, les grand mythes de l'humanit.
* Jung (Carl-Gustav) : psychiatre suisse (1875-1961), il a
dvelopp les hypothses de Freud sur linconscient. Il a nonc,
en particulier, lide que notre inconscient ne nous tait pas
personnel. Nous pouvions le partager avec dautres (Inconscient
collectif). Dans certains cas, nous pouvons mme avoir
directement accs des notions anciennes ou trangres notre
culture (Inconscient culturel). (uvres de Jung sur le paranormal)
* Lazareff (Sonia) : nice de Pierre, l'ex-directeur de FranceSoir, Abidjan, elle se fait initier la magie et la sorcellerie la
sorcellerie et la Magie africaine. Elle pratique durant de
nombreuses annes. Dans son ouvrage "La sorcire blanche", elle
nous montre quels sont les effets, et surtout les alas, d'une telle
pratique. Elle est actuellement Paris, o elle travaille comme
mdium.
* Mental (ou Moi) : thorie orientale qui postule lexistence, au
sein de notre activit psychique de sept niveaux (ou plans), dont
179

Comprendre le paranormal
le plus superficiel est notre conscient et le plus profond le plan
Divin. Cette thorie constituerait un modle intressant pour
expliquer le paranormal .
* Marche sur le feu : facult plus frquente quon ne le croit, on
trouve souvent des stages proposant de telles marches. Antony
Robbins, en particulier dit que ds le premier soir dun stage de
trois jours 95 % des participants acceptent de marcher avec lui et
le russissent. Il est vident que cette facult ne sacquiert pas
pour autant. Elle est directement lie une " relation affective "
forte avec le "meneur de jeu".
* Miracle : dune faon gnrale, on appelle " miracle " un
phnomne inexpliqu qui se situe dans un cadre religieux,
souvent en relation avec un lieu (saint) ou un personnage dune
haute spiritualit. Pour les gurisons miraculeuses, un certain
nombre de critres ont t noncs (Lourdes) comme tant (1) La
maladie dcrite par le (ou les) certificat(s) existait-elle avec
certitude au moment du plerinage ? (2) La maladie a-t-elle t
brusquement arrte alors qu'il n'y avait pas de tendance vers
l'amlioration ? (3) Y a-t-il gurison ? A-t-elle eu lieu sans l'emploi
de mdicaments ? (4) Y a-t-il lieu de surseoir conclusion ? (5)
Une explication mdicale de cette gurison est-elle susceptible
d'tre donne ? (6) chappe-t-elle aux lois naturelles ?
* Modle : on appelle " modle " une reprsentation simplifi de
la ralit, dans le but de pouvoir lanalyser. On vrifie alors,
exprimentalement, les dductions labores sur le modle, pour
en tester la validit.
* Naf (simple desprit) : le " naf ", paradoxalement, tient une
des premires places dans le paranormal, tant lintelligence et les
facults conscientes semblent antinomiques avec ses

180

Comprendre le paranormal
manifestations. Le Christ ne disait-il pas dans son Sermon sur la
montagne : " Heureux les pauvres en esprit, car ils verront
Dieu " ? On a tent de traduire de multiples manires cette
phrase, tant elle choquait. Or, il nest qu regarder nombre de
disciplines spirituelles, en particulier le zen, qui cherche
retrouver la simplicit de lenfance. " Navet " ne doit pas tre
confondu avec " crdulit ", le fait de croire nimporte quoi sans
analyse. Ltude du paranormal a trop souffert dune telle attitude.
* Nvrose : maladie psychologique caractrise par un conflit
intrieur. Le nvrose reconnat la nature pathologique de son
trouble, mais il ne peut pour autant le faire disparatre. Freud a
t lun de ceux qui ont le plus aid en comprendre le
mcanisme. Parmi les nvroses, les plus connues sont les
" nvrose dangoisse ", les " nvroses phobiques ", les " nvroses
obsessionnelles " et les " nvroses hystriques ". On dcrit
maintenant diffrentes formes de transition avec les psychoses.
Les nvroses hystriques, chez qui la barrire conscientinconscient est faible, sont ceux qui prsentent le plus de facults
paranormales. linverse, les nvroses phobiques et
obsessionnelles, chez qui cette barrire est trop " forte " ignorent
jusqu la possibilit de tels phnomnes.
* Normal : caractre de ce qui est " dans la norme ". Le mrite de
ce mot est quil se rfre clairement une construction artificielle
et provisoire, contingente lpoque. De ce fait, des facults
comme la tlpathie ou la voyance sont, suivant lobservateur,
normales ou paranormales (voir explication, normal, paranormal).
* Objectif, subjectif : on appelle " objectif " ce qui se rfre un
" objet " par opposition au " subjectif " qui concerne le " sujet ".
Les sciences de la matire et de la vie ont toujours veill tre
" objectives ", cest--dire maintenir lobservateur en dehors de

181

Comprendre le paranormal
lobservation. Elles pensaient pouvoir donner du monde qui nous
entoure une reprsentation " universelle ", une ralit
indpendante de lobservateur. Or, la " relativit " montre bien la
vanit dune telle entreprise, la physique des quanta probablement
davantage encore. Ledit paranormal ne peut cependant tre
totalement dfini que de manire subjective. Voir ce sujet " le
modle du Mental ".
* Paranormal : Ce mot, dorigine anglo-saxonne, qui signifie
tymologiquement " ct du normal " (du grec " para " =
" auprs de ") et dsigne un certain nombre de phnomnes (qs)
nappartenant pas la " norme " habituelle de nos sciences,
principalement les sciences dites " dures ". Cette norme est
rcente (au XVIIme sicle, Descartes et Newton, par exemple,
considraient Dieu comme " faisant partie " des sciences).
Cependant lide dune " norme " nest pas mauvaise en soi, le
paranormal tablissant un lien " physique " entre lobjet habituel
des sciences (la matire) et notre pense, il ne saurait entrer dans
la dmarche habituelle (cf. synchronicit)
* Pense : Il parat impossible, a priori, de dfinir la pense pour
permettre de la relier un fait (synchronicit). Cest dailleurs une
des raisons qui maintiennent le paranormal en dehors des thories
scientifiques. En effet, le paranormal concernant des faits
(matriels ou non), il importe de trouver une dfinition
" opratoire " de la pense, cest--dire qui permette de la faire
entrer dans un raisonnement de type scientifique. Or, depuis
Descartes, personne nest parvenu le faire (do le " dualisme "
pense-matire). Rhine et ses continuateurs ont contourn cette
difficult en se contentant dobserver la diffrence statistique entre
les faits tels quils auraient d survenir " au hasard " (sans
influence extrieure) et lobservation relle. Cette approche
exprimentale, on le conoit bien, ne permet aucune ouverture
182

Comprendre le paranormal
thorique quant la relation pense-fait (par contre, le modle du
Mental permet cette relation).
* Phantasmes : contenu inconscient assez lmentaire et
souvent brutal, de connotation sexuelle, agressive ou damour.
Ils se rvlent dans toute leur ampleur dans les rves ou les
cauchemars, mais nous les percevons parfois, sous une forme
filtre (cf. barrire conscient-inconscient), dans des conditions
particulires de notre vie. Ils peuvent nous surprendre au point
que nous ne les reconnaissons pas comme ntres.
* Planson (Claude) : ancien directeur du Thtre des Nations, il
dcouvre le vaudou hatien lors d'une mission. Il consacrera
cette religion plusieurs ouvrages o il parle en tant qu'initi, ce qui
est rare pour un Occidental.
* " Psi " (sujet) : on appelle ainsi une personne susceptible de
prsenter une facult paranormale, surtout sil manifeste une
certaine matrise.
* " Psy " : il importe de distinguer, parmi les diffrents
thrapeutes :
- le " psychiatre " qui est toujours, du moins en France, un
mdecin spcialiste, interne des hpitaux ou titulaire du CES de
psychiatrie (titres protgs par la loi),
- le " psychologue ", qui est (selon la loi) obligatoirement titulaire
du DESS de psychologie (5 ans dtudes). Les tudes de
psychologie se tiennent la Facult de Lettres et sont issues
(historiquement) de la philosophie.
- le " psychothrapeute ", qui est, la diffrence des deux
prcdents, simplement une fonction (dont le nom nest pas
protg par la loi), celle de soigner (en principe) au travers de la
parole,

183

Comprendre le paranormal
- le " psychanalyste ", galement une fonction non protge par la
loi. Le psychanalyste doit avoir, en principe, fait une psychanalyse
personnelle.
* Psychose : maladie psychologique caractrise par un trouble
majeur de la relation avec la ralit. Elle peut tre lie la prise
dun toxique (LSD, haschich, alcool) ou non. Elle est alors dite
" psychogne ". Parmi les psychoses classiques, on peut citer la
schizophrnie, la paranoa Les psychanalystes attribuent la
psychose lirruption permanente des contenus issus de
linconscient, ce quils interprtent comme une fragilit de la
barrire conscient-inconscient. Le paranormal, manation de
linconscient, apparat donc assez frquent chez les sujets
psychotiques, mais il est encore plus souvent allgu. Ladite
" pense magique " est une des bases de la pense du psychotique
(voir aussi nvrose).
* Pouvoirs psychiques : on appelle parfois ainsi les facults
paranormales, en ce quelles fournissent un " pouvoir " sur la
matire. Ce mot recouvre en fait une illusion, ceux qui pratiquent
le savent bien, car la simple ide de pouvoir personnel, et donc de
" je ", est antinomique aux facults paranormales, quelles quelles
soient.
* Qualitatif, quantitatif : on appelle " observation qualitative "
celle qui permet dobserver les qualits dun fait, sans quon puisse
dfinir didentit entre deux faits (ce qui permet de les rassembler
en collections). La psychologie, pour lessentiel, fait lobjet
dobservations qualitatives. linverse, on parle dobservation
" quantitative " quand on peut faire intervenir un chiffrage. Celui-ci
nintervient que si on peut dfinir lquivalence de deux
observation, et donc effectuer des collections dobservations
identiques (par rapport llment considr). partir de l, on

184

Comprendre le paranormal
peut tenter de dfinir des comparaisons (plus grand, plus petit)
dont la valeur est dite " objective ", indpendante de
lobservateur.
* Quanta (physique des) : initie par Einstein avec leffet
photolectrique, elle est luvre dune multitude de savants
minents. Si, sur le plan pratique, elle nest plus conteste, elle
est dune telle complexit thorique quaucune interprtation na
vue encore le jour. L" interprtation de Copenhague ", souvent
mise en avant, nest quun " plus petit dnominateur commun " et
ne se rfre qu des gnralits, encore pas toujours admises. Il
est inutile de prciser que, contrairement lapparence, la
physique des quanta est incapable dexpliquer le paranormal (cf.
les explications scientifiques)
* Ramakrishna : sage hindou (1836-1886) d'origine brahmane
qui fut probablement une des plus grandes mes de l'Inde durant
ces derniers sicles. Il explora mentalement toutes les grandes
religions. Son enseignement, exclusivement oral, fut pieusement
recueilli par ses disciples et dit en franais par Herbert.
* Rationnel : on dit dune logique quelle est " rationnelle " quand
elle correspond un certain nombre de rgles, dont les principales
sont le " tiers-exclu " et la " causalit ". Par une extension abusive,
on considre comme rationnel ce qui est conforme au sens
commun. Les sciences, durant toute leur histoire, ont oblig des
remaniements bien peu " rationnels " dans ce sens (rotation de la
Terre autour du Soleil, Relativit, physique quantique). Le
paranormal obit un certain nombre de rgles logiques qui sont
cependant fort loignes de ce sens commun (lensemble de ce
site en fournit de nombreuses illustrations).

185

Comprendre le paranormal
* Relativit : contrairement ce quon pense souvent, la
relativit a t initie par Descartes, avec ses " repres ". Il a,
probablement un des premiers, compris quon ne pouvait dcrire
les phnomnes de manire adquate quen fonction dun
" repre " trois dimensions (x, y, z). Il avait nonc les rgles de
passage entre deux observateur immobiles lun par rapport
lautre. Einstein a, quant lui, nonc, dans la Relativit
restreinte, les rgles de passage entre deux observateurs dont la
vitesse relative tait constante. Dans la Relativit gnrale, il a
nonc les rgles permettant de passer entre deux repres
prsentant une acclration relative constante. On ignore tout des
rgles de passage entre deux repres quelconques. La complexit
extrme de la Relativit gnrale laisse deviner lextraordinaire
difficult de lnonc de telles rgles. De fait, lide dune " ralit "
unique reste un postulat, largement fonde sur lexprience, mais
encore non vrifie de manire scientifique. Le sera-t-elle jamais ?
Il est probablement inutile de rappeler que la Relativit est
incapable dexpliquer le paranormal, du moins dans ses aspects
actuels et ses extensions prvisibles.
* Rhine (Joseph Banks) : professeur de psychologie, travailla, avec
son pouse Louisa, sur la parapsychologie ds 1927, l'universit
de Duke Durham (Caroline du Nord, USA). A l'aide des tests les
plus rigoureux, et sur des milliers d'expriences, ils attestrent de
la ralit (statistique) de l'influence de la pense sur les faits (ainsi
que la tlpathie et la voyance). Ils publirent de nombreux
travaux scientifiques.
* Saint : depuis les temps les plus anciens, on a identifi des
sujets dont la vie et laction tmoignaient dune trs grande
spiritualit. Certaines glises, dont le catholicisme ont dfini des
critres de saintet. Un vritable procs (dit " cause ") est instruit
pour dfinir si la personne peut tre vnre comme telle. On se
186

Comprendre le paranormal
doute cependant que bien des saints minents nont jamais t
canoniss (lHistoire rcente le montre bien) alors que dautres
lont t pour des raisons bien trangres leur vie (si mme ils
ont vcu, comme saint Georges qui na jamais exist et tait en
fait une divinit gauloise). Ces saints ont souvent, mais pas
toujours, prsent des pouvoirs paranormaux.
* Spiritualit : tymologiquement " ce qui a trait la vie
spirituelle " et donc au Divin. Mais il ny a probablement pas de
mot plus difficile dfinir, dautant plus que la vraie spiritualit
chappe lintelligence, et donc aux mots. Nanmoins ceux qui
ont connus des tres profondment spirituels nont eu aucun doute
sur leur volution. Une grande spiritualit saccompagne souvent,
mais pas toujours, de phnomnes paranormaux. Saint Bernard,
saint Benot, etc. nont prsent (en apparence tout au moins),
aucune facult particulire.
* Stigmates : on appelle ainsi des traces qui apparaissent sur la
peau, et qui concernent gnralement des sujets mystiques,
profondment religieux. Ils figurent la Passion du Christ et se
composent, suivant les cas, des marques de clous dans la paume
des mains (ou aux poignets) et le dos du pied. Parfois, ils
s'accompagnent des traces voquant la Couronne d'pine et la
blessure reue au ct gauche par le Christ. Ces lsions peuvent
tre "transfixiantes", cest--dire qu'elles constituent un trou
passant au travers du membre, laissant parfois voir le jour. Ces
lsions ne suppurent pas ( l'inverse d'autres lsions chez le
mme individu) et se jouent mme de la pesanteur, remontant le
long du corps (cf. Thurston, Bouflet).
* Synchronicit : on entend gnralement par ce mot la
survenue, au mme moment ou dans un instant bref de faits
(matriels ou psychologiques) porteurs de la mme signification,

187

Comprendre le paranormal
sans quon puisse tablir entre eux de relation de cause--effet.
Jung en a fait le prototype de la " relation acausale " (cest--dire
" sans cause "). Dans son uvre, il a donn plusieurs dfinitions
de ce mot, mais toutes se rejoignent autour de la conception de :
" une relation entre un fait et une pense par le moyen dune
signification ". Cette dfinition parat tout fait propre fournir un
cadre au paranormal. En effet, ce qui le caractrise, en fin de
compte, cest dtablir une relation entre un fait (matriel ou non)
et une pense, ce quaucune science na jamais pris en compte, du
moins jusqu prsent. Do le terme de " paranormal ". La
" norme " reprsentant la description habituelle de ces sciences
(sciences de la matire et de la vie, sciences humaines).

188

Comprendre le paranormal

Bibliographie sur le paranormal


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* Wallon, Ph., Expliquer le paranormal, Paris, Albin Michel, 1996.
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Winkin, Y., La nouvelle communication, Paris, Le Seuil, col. Points, 1981.

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Comprendre le paranormal

Ouvrages de Philippe Wallon


sur le paranormal
" Le paranormal ", Paris, PUF, col. Que sais-je ? (n 3424),
2002, 2me dition, 7me mille
Ouvrage court (128 pages) et accessible tout
public, prsentant les facults paranormales les
plus courantes, l'approche scientifiques qui en ont
t faites, ainsi que les interprtations. Cette
nouvelle dition est illustre, montrant une
lvitation, diffrents aspects de la psychokinse
(de Jean-Pierre Girard) ainsi que plusieurs
fantmes. Toutes ces photographies, indites pour
la plupart, ont bien entendu toutes les garanties
de srieux ncessaire. Cet ouvrage montre ce
qu'un esprit rationnel peut penser du paranormal, en restant
l'cart des illusions et des erreurs (ainsi que des passions) trop
frquentes dans ce domaine. (prix public : 6,5 euros ; 42 francs)

" Expliquer le paranormal, les niveaux du Mental ", Paris, Albin


Michel, 1996
Cet ouvrage analyse dune manire
approfondie les principales facults
paranormales au travers dun nombre
important de cas cliniques issus des collection
de lauteur et de la littrature. Des
interprtations dtailles sont donnes qui
permettent de comprendre comment on peut
actuellement interprter le paranormal partir
des thories largement admises actuellement.
(Prix public : 15 euros ; 98 francs TTC)

196

Comprendre le paranormal

Montagne lve-toi, lexprience de la foi,


Paris, Ed. du Dauphin, 1990
Lauteur expose, partir de son exprience
personnelle et dune analyse approfondie de la
littrature, le contexte et les mcanismes de
laction de la pense sur les faits. Il en montre
les risques, souvent mconnus et gnralement
non abords pas les ouvrages sur le sujet, et les
manires dy remdier. (Prix public 13,60 euros,
89 francs)

" Gurir l'me et le corps, au del des mdecines habituelles",


Paris, Albin Michel, 2000
fOuvrage collectif rassemblant dix-neuf
contributions, manant de mdecins, prtres,
psychanalystes, thrapeutes, universitaires
(ethnologues, historiens...), journalistes ainsi
que des praticiens (sophrologues, voyante,
magntiseur...). On dcouvre ainsi que nous
avons tous en nous la facult de gurir, mais
qu'elle doit tre sollicite, car elle appartient
l'inconscient dont nous n'avons pas la matrise.
Dans un style clair, accessible tous, cet
ouvrage fait le point sur le sujet, tant
controvers des modes de la gurison non
mdicale (prix public 15 euros ; 98 francs).

197

Comprendre le paranormal

" La contagion affective, ou le domaine complexe, subtil, de


l'empathie", Paris, Le Dauphin, 2000
Ouvrage traitant d'un phnomne
particulirement curieux et ignor du grand
public, quoi que constat quotidiennement, la
"contagion affective". Nous percevons ce que
vit un intime comme si cela manait de nousmme, nous sommes envahi par ce ressent
celui qui nous fait face, au point que nous
avons le sentiment d'tre un seul tre...
Comment expliquer l'angoisse que nous
transmet l'un, la dpression de l'autre, ou
encore le "coup de foudre" ? Ouvrage destin
en premier lieu au professionnel de la
relation, thrapeute, avocat, mais aussi tous
ceux qui veulent mieux comprendre leurs rapports aux autres et,
en fin de compte, leur propre fonctionnement psychologique (prix
public 13,70 euros ; 90 francs).

" Matriser sa vie, les 7 niveaux du Mental ", Genve, Jouvence,


2001
Matriser sa vie, est-ce possible ? Par des
exercices prcis et expliqus simplement, ce
livre guide un approfondissement que nous
pouvons mener par nous-mme et sans
risque. Des forces nouvelles natront en nous,
nous utiliserons les alas de notre vie comme
source de savoir, nous dcouvrirons le monde
dans sa dynamique intime, nous vivrons son
droulement avec srnit et ne craindrons
plus le futur et ses incertitudes. la porte de
tous les publics, ce livre na pas la prtention
de remplacer un thrapeute ou un mdecin,
mais il permet de voir plus clair, dutiliser au
mieux notre potentiel, au-del mme de ce que nous aurions
jamais imagin (prix public : 12,90 euros ; 84,62 francs).

198

Comprendre le paranormal
" Dieu voici comment les Franais te prient", Paris, Fayard, paratre
en avril 2002
Rflexion sur la prire dans les religions
prsentes en France
Collectif sous la direction d'Alexandra
Demarigny et Philippe Wallon
Si la pratique religieuse officielle a
diminu, la prire na jamais t aussi
vivante, vibrante, ncessaire
quaujourdhui. Le monde a chang, les
progrs technologiques se sont imposs
tous, le raisonnement scientifique est
enseign ds lcole, mais cest par une
prire intime que lhomme exprime ses
motions, ses doutes, ses espoirs, ses
colres, ses remerciements, sa tristesse.
Cet ouvrage est un guide pour celui qui
sinterroge sur sa foi, sa pratique ou sa
vie. Une grande force, une profonde srnit et une tonnante
posie se dgagent des paroles de ces hommes et de ces femmes
issues des diffrentes religions. Malgr les apparences, nous prions
tous le mme Dieu. La prire relie les humains, par-del les
croyances, les dogmes et les conflits (prix public 20 euros ; 131,19
francs).

Ouvrages d'Eliane Gauthier


sur la voyance
Eliane Gauthier, comdienne de formation, tait la "Julie" de la
clbre srie tlvise "L'Ile aux enfants". Une exprience
personnelle de la psychanalyse, acquise aprs la dcouverte de
son "don", l'ont amene comprendre que la voyance reposait sur
la communication d'inconscients, sur la facult de saisir l'autre. Par
trois ouvrages, elle nous fait profiter de son
exprience.
"Voyance, de la dpendance la libert",
Paris, Ed. Albin Michel, 1995
Dans ce premier livre, Eliane Gauthier, mdium
atypique, raconte comment elle a dcouvert par
hasard et rcus, avant de l'accepter non sans
peine au terme d'une psychanalyse, son "don".
Celui-ci peut s'avrer trs bnfique. A la

199

Comprendre le paranormal
condition de n'tre pas une "diseuse de bonne aventure"
irresponsable et de ne pas prendre le pouvoir. Car "notre avenir
n'est pas prfabriqu. Il nous appartient et il faut user de la
voyance sans abdiquer sa libert". Alors seulement, la voyance
peut tre d'une aide prcieuse

"La voyance et votre destin, la fatalit


n'existe pas", Paris, Ed. Pygmalion /
Grard Watelet, 1998
L'auteur dveloppe ses conceptions de la
voyance, entirement oppose celle,
simpliste, d'une "Madame Irma". Si on claire le
chemin du consultant sans prendre le pouvoir,
en lui rvlant ce qu'il sait "sans savoir qu'il
sait", il pourra chapper un pass qui
obscurcit son avenir et l'empche d'accder la
libert. Car notre avenir n'est pas crit " en
dehors de nous". La voyance ne consiste pas
le lire et s'y rsigner, mais aider le forger.

"Voyants, mode d'emploi", Paris,


Buchet/Chastel, 1999
Ce petit guide pratique (qui n'a pas
d'quivalent) donne aux personnes qui
consultent des voyants - il y en a des millions
en France - des conseils sur la faon de tirer
le meilleur parti de leurs consultations. Il aide
comprendre comment fonctionne la
voyance et comment, souvent sans que le
voyant s'en rende compte, elle peut devenir
dangereuse si on ignore tout d'elle.. Enfin, le
livre il propose au lecteur de "tester"
rapidement son propre don, car celui-ci existe, des degrs
divers, chez chacun d'entre nous.

200

Comprendre le paranormal
Table des matires
I/ Les facults paranormales __________________________________________ 2
A-La tlpathie _____________________________________________________ 4
1)Travaux de Rhine ____________________________________________________ 5
2)Tlpathie et simultanit______________________________________________ 6
3)Tlpathie et rayonnements lectromagntique____________________________ 7

B-La voyance_______________________________________________________ 8
1)Prmonition _____________________________________ Erreur ! Signet non dfini.
2)Exemples de "clichs" de voyance______________________________________ 11
3)Lire dans les cartes __________________________________________________ 13
4) Intuition et voyance _________________________________________________ 16
5) Voyance et libert daction (cas rapport par Louisa Rhine) _______________ 17
6) Les prophties______________________________________________________ 18

C-Les visions, les apparitions, les fantmes______________________________ 19


1) Apparition religieuse ________________________________________________ 19
2) Sainte Thrse dAvila " voit " le Christ ________________________________ 21
3) Visions de dfunts __________________________________________________ 22
4) Fantme ? Une exprience troublante __________________________________ 23
5) Rve, vision et cauchemar ____________________________________________ 25
6) Ralit des apparitions ______________________________________________ 27
7) Hallucination et ralit ______________________________________________ 28
8) Transcommunication instrumentale, Images de dfunts ___________________ 30
a) Transcommunication______________________________________________________ 30
b) Images de dfunts (ou desprits) _____________________________________________ 31

9) Photographies de "corps subtils" ______________________________________ 32

D- L'action de la pense sur la matire _________________________________ 32


E- La psychokinse _________________________________________________ 33
1) Psychokinses spontanes ____________________________________________ 34
2) Psychokinse exprimentale __________________________________________ 35
3) Peut-on croire Uri Geller ? ___________________________________________ 36

F- Les poltergeists __________________________________________________ 37


1) Le poltergeist dArcachon, une habile manipulation ______________________ 39
2) Le poltergeist de Rosenheim __________________________________________ 43
4) Gurir dun poltergeist ______________________________________________ 47
4) Larmoire qui craque _______________________________________________ 47
(Jung, Ma vie, p. 182 sq.) _______________________________________________ 47

G- Autres actions de la pense sur la matire ____________________________ 48

201

Comprendre le paranormal
1) La ralisation des souhaits ___________________________________________ 49
2) La " pense magique " ______________________________________________ 51
3) Foi et ralisation des souhaits _________________________________________ 52

H- La prire_______________________________________________________ 55
I- Le ddoublement _________________________________________________ 57
1) Les diffrentes types de ddoublements_________________________________ 59
2) Le rve de vol ______________________________________________________ 61
3) La NDE ___________________________________________________________ 61
4) Bilocation ou ddoublement "physique" ________________________________ 62
5) Approche exprimentale du ddoublement _____________________________ 64
6) "Toxicomanie" du ddoublement______________________________________ 65
7) Ddoublement et chamanisme ________________________________________ 66
8) Les doubles animaux ou " garous " ____________________________________ 67

J- Autres facults paranormales ______________________________________ 71


1) La gurison non mdicale ____________________________________________ 72
2) Magntisme_____________________________________ Erreur ! Signet non dfini.
a) Tmoignage de Grard Thomassin ___________________________________________ 74
b) dith Acdo ____________________________________________________________ 77
c) Dominique Camus________________________________________________________ 79

3) Les gurisons miraculeuses ___________________________________________ 84


4) Les gurisons par le psychisme ________________________________________ 86
5) Gurison par les groupes de prire ____________________________________ 88

K- La rsistance aux agents physiques _________________________________ 90


1) La marche sur le feu ________________________________________________ 90
2) Rsister au feu _____________________________________________________ 92

L- Contrer les lois de la gravitation ____________________________________ 94


1) La lvitation _______________________________________________________ 95
2) L"hyper-gravitation" _______________________________________________ 98
3) Les stigmates_______________________________________________________ 99

M- La Magie, la sorcellerie__________________________________________ 100


1) La sorcellerie _____________________________________________________ 101
a) Le Diable______________________________________________________________
b) La sorcellerie des campagnes ______________________________________________
c) La sorcellerie et l'histoire _________________________________________________
d) Le Sabbat de sorcires ___________________________________________________
e) La vraie nature des Sabbats de sorcires ______________________________________

102
104
105
106
107

2) La Magie _________________________________________________________ 109


a) Magie noire ____________________________________________________________ 110
b) Envotement ___________________________________________________________ 113

N- Exorcisme_____________________________________________________ 115
1) Possession par un esprit et exorcisme _________________________________ 117

202

Comprendre le paranormal
O- L'Occultisme __________________________________________________ 119
P- Chamanisme ___________________________________________________ 120
II/ Comprendre de paranormal
119
A- Explication, normal et paranormal _________________________________ 122
1) L'explication du "normal" __________________________________________ 123
2) Le hasard n'est pas un savoir ________________________________________ 125

B- Les explications scientifiques _____________________________________ 125


1) Le "paradoxe EPR"________________________________________________ 127
2) Le temps et l'espace ________________________________________________ 127
3) Relation entre la pense et les faits ____________________________________ 129
4) La nature spirituelle de la matire ____________________________________ 129
5) Pense et causalit _________________________________________________ 130
6) Paranormal et sciences _____________________________________________ 131
7) Lois physiques, Conditions "neutres" contre "mdiums" ________________ 133
8) Introduire la pense dans les "chanes causales" ________________________ 134
9) Souhait et inversion du temps ________________________________________ 135

C- Les explications psychologiques ___________________________________ 137


1) L'inconscient______________________________________________________ 138
2) Paranormal et inconscient___________________________________________ 139
3) Cls de la psychanalyse pour le paranormal ____________________________ 140
4) Le scarabe dor ___________________________________________________ 143
5) La " contagion affective " ___________________________________________ 144
6) Le modle du Mental (ou du Moi), Un cadre explicatif pour le paranormal ? 145
7) Ego, Mental et facults paranormales _________________________________ 146
8) Modle du Mental, sciences "dures" et psychologiques ___________________ 147

D- Les explications traditionnelles ____________________________________ 148


1) Les forces de la nature, lanimisme ___________________________________ 149
2) Les morts et les Esprits, le chamanisme________________________________ 151
3) Transe et possession, cultes africains __________________________________ 152
4) Le polythisme (lhindouisme) _______________________________________ 154
5) Le monothisme et les religions occidentales____________________________ 155
6) Le mysticisme et le bouddhisme ______________________________________ 156

III/ Evaluation de vos facults paranormales

155

A- Prmonition active ______________________________________________ 160


B- Ralisation de souhaits simples ____________________________________ 161
IV/ AQ sur le paranormal
160

203

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