Dent Et Homéopathie

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INSUFFISANCE RENALE
ET MALADIES PARODONTALES

On a un peu trop tendance en pratique bucco-dentaire quotidienne limiter lexamen


clinique ltat de la denture, rechercher une cause locale pour expliquer divers troubles qui
motivent la consultation. Trop souvent, et cela tient sans aucun doute de la formation
universitaire, ltat gnral est nglig. Par exemple, en cas de traumatisme dentaire chez un
enfant, le chirurgien-dentiste sinquite juste titre de dresser le bilan des lsions dentaires ou
des tissus mous afin denvisager la thrapeutique. Alors quun mdecin se proccupe en
premier lieu de la vaccination antittanique. Mais il est vrai que le traitement dentaire ne lui
revient pas.
Il en va de mme trs souvent dans la prise en charge dune maladie parodontale. Tout
fait logiquement, le chirurgien-dentiste met en uvre tous les moyens de diagnostic et
dvaluation des lsions, recherche les causes dirritation locale qui constituent la premire
phase du traitement par leur suppression ou par leur correction. Mais trop souvent, le traitement
est poursuivi par les techniques parodontales, certes toujours ncessaires. Et pourtant, le Pr
Pierre TONNELIER, dans son livre ( Abrg de mdecine au cabinet dentaire - SNPM 1981),
affirme :
Toute altration radiculaire, apicale, priapicale, pri-maxillaire ou cellulaire,
dorigine dentaire doit comporter un bilan rnal de laboratoire simple, en raison de laxe
pathologique tripartite dent-parodonte-glomrule . A lappui de cette affirmation
premptoire, il cite des observations cliniques portant sur 30 cas de glomrulo-nphrites
chroniques, dans lesquels on retrouve :

11 gangrnes pulpaires

17 granulomes apicaux

7 accidents muqueux pricoronaires ou kystes marginaux surinfects

6 sinusites maxillaires dorigine dentaire

1 abcs pri-mandibulaire

2 traitements radiculaires

4 parodontopathies

Il faut reconnatre que cette liste laisse perplexe et suscite une certaine inquitude
rtrospective, car chaque praticien se trouve confront tous les jours de telles pathologies
bucco-dentaires et combien de fois a-t-il demand un bilan rnal ? Sans doute y a-t-il dans tout
cela un peu dexagration, voire une exagration certaine. Lexprience clinique montre le bien

fond de lattitude de rserve des dentistes. Mais tout cela mrite rflexion.
Si lon accorde un instant un peu dintrt aux recommandations de P. TONNELIER, une
banale constatation argumente en faveur de la thse de P. TONNELIER, mme sil faut lui
donner la place quelle mrite = MERCURIUS SOLUBILIS est considr comme lun des
mdicaments homopathiques les plus importants de troubles buccaux, notamment de la
gingivite ulcro-ncrotique ou des parodontopathies en raison de pathognsie de ce toxique.
Or le mercure est galement un nphrotoxique trs puissant et en consquence lun des
mdicaments homopathiques les plus importants des atteintes rnales, dont linsuffisance
rnale chronique ! Et cette constatation banale prend un certain relief dans le contexte
mdiatique actuel propos du relargage de mercure partir des obturations lamalgame,
accuses de provoquer des troubles toxiques, rnaux entre autres. Ce qui suscite des
polmiques multiples entre les tenants de cette thse et les responsables dorganismes officiels
et mdicaux qui affirment que les quantits de mercure libr sont infinitsimales et ne peuvent
avoir de consquences mesurables. Les homopathes nont pas le mme avis sur laction de
dilutions infinitsimales. Mais il sagit l dun autre problme que nous avons abord en dautres
temps.

CLINIQUE SOMMAIRE DE LINSUFFISANCE RENALE :


Nous ne pouvons entreprendre ici une tude exhaustive. Seront seulement rappels
quelques aspects quil conviendra chacun de complter. Les consquences de linsuffisance
rnale chronique sont nombreuses, certaines discrtes, dautres qui le sont beaucoup moins au
fur et mesure de lvolution vers laggravation de latteinte rnale. Lapparition des troubles est
souvent insidieuse.

La fonction rnale assure llimination des dchets mtaboliques et en particulier des


substances azotes do une tendance progressive lhyperuricmie ou
lhyperazotmie.

La fonction urinaire est perturbe dans le sens dune polyurie mais avec perte de
concentration avec des consquences hydrolectriques = lexcrtion du potassium reste
normale assez longtemps puis elle diminue et peut tre responsable dune hyperkalimie
ncessitant parfois des traitements durgence (fatigabilit musculaire, pseudo-paralysie,
troubles de llectrocardiogramme, dme pulmonaire, acidose). Mais la polyurie peut
entraner une fuite du calcium (hypocalcmie), elle-mme responsable dune
dminralisation osseuse de la trame protique qui sexprime en clinique par
lostomalacie, lostite fibreuse dont la maladie de Recklinghausen (mandibule). Mais
surtout, cette dminralisation concerne galement les tissus osseux alvolaires et
maxillaires et dans ce contexte, les maladies parodontales napparaissent que comme un
piphnomne qui ne doit pas tre minimis = on comprend facilement que les
techniques chirurgicales parodontales sont voues lchec et ne doivent pas tre
entreprises chez ces malades, aussi longtemps que leur fonction rnale nest pas
rtablie.

Lanmie est un autre trait caractristique de linsuffisance rnale. Elle se manifeste par
une pleur, un essoufflement leffort, un souffle cardiaque anorganique. Plusieurs
facteurs lexpliquent = le dficit en hormone hmatopotique dorigine rnale qui
raccourcit le temps de vie des hmaties le dficit en fer

Les insuffisants rnaux prsentent aussi des troubles du mtabolisme de leau dans les
deux sens = dshydratation extracellulaire (chute du poids, baisse de la pression
artrielle, tachycardie) ou hyperhydratation avec tendance la rtention deau, obsit,

syndrome dmateux, hyponatrmieLes homopathes pensent ici MERCURIUS


SOLUBILIS et dautres mdicaments du mode sycotique dans sa phase hydrognode.

Lhypertension artrielle est frquente et elle est aussi la cause de laggravation de


linsuffisance rnale. Elle pose quelques problmes en chirurgie dentaire (entre autres) et
impose les prcautions dusage.

Il faut encore ajouter cette liste lasthnie, quelques troubles digestifs assez banals
(nauses, vomissements). A un stade plus avanc, des hmorragies surviennent =
pistaxis, hmorragies digestives, stomatorragies

LES SIGNES BUCCO-DENTAIRES DE LINSUFFISANCE


RENALE :

Il y a des douleurs dentaires mal expliques lors de la mastication ou de la


dglutition ;

Le malade se plaint dune bouche sche avec dshydratation de la muqueuse


buccale.

La langue donne des sensations de brlure, comme si elle tait rtie .

Les dents et la muqueuse se recouvrent de dpts bruntres et collants.

La stomatite est frquente voluant vers une gingivo-stomatite ulcreuse, parfois


suppure, notamment lorsquexistent quelques causes locales dirritation.

Lhalitose est trs marque et voque une odeur ammoniacale qui est due une forte
limination dure dans la salive. Cette ure subit laction des urases bactriennes
buccales qui la transforme en ammoniaque nausabonde.

A un stade plus avanc, il y a des parotidites et des sous-maxillites suppures.

La perturbation du mtabolisme des minraux entrane une dcalcification osseuse et


alvolaire, ce qui explique la gravit frquente des maladies parodontales, dautant plus que
lhyperuricmie entrane des troubles de la nutrition des tissus gingivaux par le fait dune
inflammation capillaire chronique. On mesure ainsi combien la chirurgie parodontale est alors
voue lchec dans ce contexte. Certes, avant dentreprendre ces traitements spcialiss, un
praticien consciencieux aura procder un bilan gnral complet. Le problme se retrouve
galement en implantologie.
Mais il existe des tats intermdiaires, lorsque le patient est lore dune pathologie
rnale encore fonctionnelle, qui va saggraver progressivement. Heureusement si lon peut dire,
la dminralisation osseuse alvolaire se voit facilement sur les clichs radiologiques = os
alvolaire comme lav, trs radio clair, la lamina dura se trouve comme gomme. TONNELIER
affirme que parfois certaines structures comme le canal dentaire infrieur ou le trou mentonnier
ne sont plus visibles. Et mme, on peut voir des lsions de lostite fibreuse de Von
Recklinghausen.

PRECAUTIONS

PRENDRE

CHEZ

LINSUFFISANT

RENAL :
Il sagit l de rappels car le dentiste homopathe ne peut chapper ces rgles de
prcautions. Tout dabord, il est ncessaire dliminer tous les foyers dentaires pouvant
entraner ou aggraver les troubles de la fonction rnale. Cette limination est dailleurs le plus
souvent demande par le mdecin traitant ou le service hospitalier, elle est mme souvent
entreprise lhpital mme.
Les dents atteintes de foyers apicaux ou de kystes doivent tre extraites, ou alors et si
possible, un rsection apicale doit tre ralise. La plus grande mfiance est exige en cas de
dents gangrenes, car la strilisation des canaux nest jamais garantie.

Schma montrant une lsion apicale sur une


prmolaire infrieure et les consquences distance,
ce que l'on appelle les infections focales.

Cependant, si la chirurgie est imprative, elle ne peut tre entreprise que dans certains
conditions car il y a des cueils viter :
1.

Les malades sous dialyse ont une fragilit des plaquettes et leur thrombopnie est
souvent infrieure 80 000/mm3.

2. Ils ont en outre un risque supplmentaire dhmorragie per- ou post-opratoire due


lhparine rsiduelle, injecte au moment de la dialyse. Une prmdication par le
mdecin est donc ncessaire.
3. Ils ont une tendance lanmie dont il faut tenir compte.
De toute faon, il est ncessaire pour le chirurgien-dentiste de runir tous les facteurs de
scurit pour la patient et donc de prendre systmatique lavis du mdecin traitant, mme avant
la prescription de certains mdicaments pouvant menacer le rein.

CONDUITE DU CHIRURGIEN-DENTISTE HOMEOPATHE


CHEZ LINSUFFISANT RENAL
Le chirurgien-dentiste homopathe se trouve naturellement charg de prendre en
charge les problmes bucco-dentaires de son patient. Tout le problme apparat lorsque les

troubles bucco-dentaires trouvent leur origine ailleurs que dans la bouche. Ce qui est le cas lors
dune insuffisance rnale. Deux cas diffrents peuvent se prsenter = le patient est dj pris en
charge par un mdecin homopathe ou bien il ne lest pas. Dans les deux cas, il ne revient pas
au chirurgien-dentiste de traiter linsuffisance rnale. Seulement, mme en rpertoriant sur les
signes bucco-dentaires, le mdicament ainsi individualis peut trs bien avoir une action sur le
plan gnral. Il faut donc demander lavis du mdecin traitant avant la prescription et l encore
on retrouve un autre problme lorsque le patient nest pas suivi par un homopathe. La plus
grande rserve sera donc la ligne de conduite.
Personne ne peut donc tre tonn que dans la prsente tude les signes buccodentaires soient valoriss ou privilgis, alors que les signes de linsuffisance rnale ne sont
quvoqus.
Un dernier point mrite un commentaire = linsuffisance rnale nexiste pas, en tant
quentit pathologique, dans le Rpertoire de Kent, on ne trouve que des signes rnaux ou
urinaires non relis une pathologie prcise, comme cest presque toujours le cas en
homopathie. Il ne faut pas oublier que les Matires mdicales ont t labores pour la quasitotalit au sicle dernier, avant que la nosologie contemporaine ne soit tablie.
Si lon rpertorie sur les signes buccaux et si lon ajoute seulement deux signes
gnraux (asthnie et anmie), lordinateur sort une liste assez longue avec en tte =
ARSENICUM ALBUM, MERCURIUS SOLUBILIS, SULFUR, puis CARBO VEGETABILIS,
CHINA, LACHESIS, MERCURIUS CORROSIVUS, PHOSPHORUS, SEPIA, PLUMBUM
METALLICUM, CAUSTICUM, KALI BICHROMICUM, etc On trouve encore un peu en retrait =
LYCOPODIUM, CALCAREA CARBONICA, NATRUM SULFURICUM, PULSATILLA, KALI
CARBONICUM, KALI NITRICUM
Cependant = il faut se mfier de ces listes et surtout il ne faut pas leur accorder une
valeur absolue car tout dpend des symptmes retenus. Il ne doit pas y avoir dides
prconues. Et surtout, la rpertorisation na de sens que lorsquelle est ralise
compter des seuls signes retrouvs dune manire sre chez le patient.
Lun des avantages de lhomopathie, outre son efficacit, est son absence
deffets secondaires. Les mdicaments homopathiques ne prsentent aucun risque de
nphrotoxicit.

MERCURIUS SOLUBILIS
Cest sans doute le mdicament le plus souvent indiqu dans les troubles buccodentaires des lutiques. Sa toxicit est bien connue, trs souvent incrimine dans des
intoxications de toutes sortes, industrielles ou autres, dont laccusation des amalgames
dentaires. Cette toxicit, quelle que soit son intensit, sexprime notamment par la gingivostomatite si caractristique au point que trop souvent ce mdicament est prescrit sans
individualisation suffisante. Cette toxicit, notamment sur le rein, explique que ce mdicament
peut tre prescrit chez des sujets diffrents, quels que soient leur type morphologique ou le
mode ractionnel en cause, ds lors que lon respecte le principe de similitude.

Les signes bucco-dentaires :

Haleine ftide, nausabonde, qui se rpand dans la pice et donc perceptible distance
du patient.

Hypersalivation ftide, visqueuse, qui tache loreiller car elle est trs nettement augmente
la nuit (modalit daggravation du remde et du mode tuberculinique).

Gencive enflamme, dmatie, ulcre, sanguinolente au moindre contact.


Gingivite daspect scorbutique. Maladie parodontale avec poches suppures.

Langue tale, flasque et enfle, gardant lempreinte des dents, sale ou saburrale (enduit
jauntre nausabond). Langue parfois fissure.

Tremblement de la langue lors de sa protrusion (tremblement mercuriel).


Tendance aux caries dentaires (3d) dont celles des collets.

Douleurs dentaires, pires la nuit, aggraves par les boissons chaudes ou froides
(tempratures extrmes)

Aphtes (degr fort), nimporte o dans la bouche mais aussi au niveau de la langue (2d).
Douleurs brlantes dans toute la bouche ou au niveau de la langue.

Nombreuses dysgueusies : got amer (3d), sucr (3d), insipide (3d), mauvais got
(3d), got mtallique (3d), got sal (3d), got acide (2d), got vaseux (3d).

Mucosits.
Scheresse de la bouche et de la langue (3d) ou du palais (2).
Sensation dagacement des dents ou quelles sont trop longues.

Comme on peut le voir, les signes bucco-dentaires sont trs nombreux et souvent au
degr fort. Et cependant, ils ne suffisent pas justifier, eux seuls, la prescription de ce
mdicament. Dabord et paradoxalement, du moins en apparence, parce quils sont communs
de nombreux mdicaments. Ensuite parce que les signes locaux doivent tre insrs dans leur
contexte gnral, qui les valorise et permet lindividualisation du mdicament indiqu.
Voici une synthse de la Matire mdicale de MERCURIUS SOLUBILIS.

Suites de troubles exprimant les caractristiques du mode lutique que des causes
occasionnelles rvlent = infections saisonnires dclenches par le froid humide, qui de
plus les aggrave - mais et cela exprime la complexit des grands polychrestes, dautres
causes voquent les modes psorique et sycotique = suppression dun coulement, dun
coryza, de condylomes, druption cutane, de l transpiration ou encore suite de
vaccinations, de traumatisme crnien, enfin de troubles provoqus par la dentition. Mais
loccasion de laction de lune de ces causes, les troubles qui sen suivent prsentent
les caractristiques du mode lutique.

Le comportement psychique reflte laction diphasique habituelle des toxiques : dabord


excitation avec = irritabilit, mauvaise humeur, inquitude et angoisses, agitation
anxieuse, comportement htif et prcipit, colres (avec impulsions tuer ou se tuer) puis dpression = paresse intellectuelle avec faiblesse de la mmoire, dcouragement,
perte de volont, prostration, rponses lentes aux questions, et dans des cas extrmes
volution vers limbcillit ou lidiotie (comme dans la syphilis !).

Tendance aux inflammations aigus et chroniques caractrises par la suppuration et


lulcration tous les niveaux. Toutes les muqueuses peuvent tre concernes = bouche
(gingivo-stomatite ulcro-ncrotique), pharynx, nez, gorge, yeux, intestins, appareil
gnito-urinaire, etc... Ces inflammations sont accompagnes de scrtions ou excrtions
abondantes, purulentes, corrosives, nausabondes.

Troubles cutans = ruptions diverses surtout vsiculeuses et pustuleuses, prurigineuses


(aggravation la nuit la chaleur du lit) toujours caractrises par une tendance la
surinfection, la suppuration, lulcration superficielle phagdnique. Transpiration
abondante, notamment la nuit qui rend le sujet mal laise, sueurs visqueuses et de
mauvaise odeur.

Troubles neurologiques = tremblements des extrmits aggravs lmotion et la


fatigue - nombreuses douleurs = cphales, douleurs priostes localisations crnienne
et prtibiale, nettement aggraves la nuit.

Atteintes des glandes et des ganglions avec tendance aux adnites suppures.
Troubles osseux = alvolyse dans un contexte inflammatoire (maladie parodontale avec
poches suppures), ostite (dont lalvolite), priostites, etc...

Modalits :
*

Aggravation = LA NUIT, par le froid humide, par les changements de temps, par les
tempratures extrmes, par la transpiration, par la chaleur du lit.

* Amlioration = par une temprature modre, par le repos.


Voil donc les grands signes sur lesquels repose lindication de MERCURIUS
SOLUBILIS. Il faut souligner que ce mdicament de fond se trouve trs souvent indiqu pour
des troubles inflammatoires aigus ou chroniques. Et pour ces derniers, il faut rappeler la
posologie = les basses dilutions favorisent le sens centrifuge (mais ne pas donner en dessous
de la 5 CH du fait de la toxicit) en pensant aux risques de suppuration en cavit close - les
hautes dilutions (15 ou 30 CH) favorisent le sens centripte - enfin les dilutions moyennes sont
ambivalentes. Comme tous les toxiques puissants, MERCURIUS SOL. ne doit pas tre
renouvel trop souvent = une deux fois par jour au maximum dans un cas aigu, une trois fois
par semaine en pathologie chronique.
MERCURIUS est un remde possible de nphrite aigu, qui concerne le mdecin et
jamais le dentiste. Mais mme dans ce cas les signes buccaux conditionnent le choix du
remde (hypersalivation, langue flasque, tale, charge, gardant lempreinte des dents,
stomatite ou gingivite ulcreuse), ils accompagnent toujours laggravation nocturne et des
sueurs nocturnes huileuses qui laissent le patient mal laise.
Ensuite, aprs une ou plusieurs crises aigus, le patient volue vers une nphrite
chronique avec insuffisance rnale. Les signes voluent avec plus de discrtion, peuvent mme

tre discrets au point que le dentiste de ne rende mme pas compte de linsuffisance rnale,
quil na certes pas lhabitude dapprhender. La diurse est diminue avec des urines fonces,
sanguinolentes, albumineuses. On retrouve encore une fois les sueurs abondantes, visqueuses,
de mauvaise odeur, pires la nuit, mettant mal laise. Surtout, latteinte gnrale apparat avec
un amaigrissement progressif, une asthnie non explique par le mode de vie, une anmie.
Bien entendu avant lurmie terminale il se passe du temps et surtout le patient est le plus
souvent pris en charge. Paradoxalement, une tendance la sclrose se dveloppe et peut
ralentir la dgradation du parodonte. Dans toute cette priode datteinte nutritionnelle, il est
normal de voir quelques signes buccaux et gnraux de remdes comme PLUMBUM
METALLICUM (plus de sclrose, moins dinflammations), ARSENICUM ALBUM (cachexie,
agitation, anxit, troubles lsionnels plus graves) ou PHOSPHORUS (remde de
dgnrescence graisseuse du foie ou ici du rein, avec sa tendance aux congestions locales et
aux hmorragies).
Avant de poursuivre sur dautres mdicaments, il convient de donner MERCURIUS la
place qui lui revient et de rappeler ses grandes indications, aussi bien chez lenfant que chez
ladulte, en dbordant largement le cadre troit de la seule insuffisance rnale.

Mercurius solubilis chez lenfant :


Le mercure est un toxique et surtout une substance trangre lorganisme. Pourquoi
rappeler ces vidences ? Tout simplement pour rappeler que laction toxique se manifeste chez
nimporte quel sujet, quelle que soit sa morphologie. Et quil ny a pas de type morphologique
particulier. Ce nest pas ce qui se passe par exemple pour PHOSPHORUS. Le phosphore tant
lun des plus importants minraux indispensables lostogense, il module un type
morphologique qui porte son nom, le type phosphorique grand et maigre, longiligne. Cette
action mtabolique explique tout un ensemble de signes et symptmes, que lon retrouve chez
le tuberculinique la phase oxygnode. Mais le phosphore est aussi un toxique puissant qui
peut atteindre nimporte qui, ce qui explique dautres signes et symptmes, comme par exemple
laction sur le sang et la coagulation, quel que soit le biotype.
Rien de tel avec le mercure, qui na aucune action mtabolique. Cependant, il y a deux
types denfants rpondant MERCURIUS SOLUBILIS : un type gras et un type maigre.
Le type gras est le plus frquent et il offre de nombreuses similitudes avec CALCAREA
CARBONICA : sensibilit au froid humide qui joue un rle dterminant dans le dclenchement
dune pathologie O.R.L. frquente et surtout itrative chez lenfant durant la saison hivernale atteinte des formations lympho-ganglionnaires avec hypertrophie - lymphatisme et lenteur,
phobies et apathie aprs une phase dexcitation. Il est intressant de noter que chez cet enfant
qui se dfend mal, les modes ractionnels sont imbriqus. Lenfant CALCAREA CARBONICA
use avant tout du mode psorique notamment parce que cest celui de ses parents ou de lun des
deux. Ensuite, il met rapidement en uvre le mode sycotique parce que son systme
immunitaire est trop sollicit et surtout dprim par la sensibilit au froid, par le ralentissement
mtabolique et par les mdicaments trop abondamment prescrits. Certains de ces enfants
CALCAREA CARBONICA voluent vers MERCURIUS SOLUBILIS pour diffrentes raisons et
sans doute encore une fois du fait dun facteur hrditaire. Le mode lutique influence alors
laspect de la pathologie, notamment dans le sens dune tendance la suppuration et
lulcration. Or dans cette occurrence, on retrouve un autre mdicament assez complexe =
HEPAR SULFUR, autre remde important de suppuration aigu, mais aussi chronique (mais il
est aggrav par le froid et amlior par la chaleur, comme Arsenicum album). Et curieusement,
HEPAR SULFUR est le plus important remde antidote du mercure. Dj le nourrisson du type
Mercurius exprime ses difficults dfensives qui offrent encore une fois des similitudes avec
CALCAREA CARBONICA = grosse tte avec fontanelles larges, peau malsaine sujette un
eczma humide qui suppure facilement, rythme fessier (Medorrhinum). Puis rapidement

peuvent apparatre des otites suppures avec la note lutique reprsente par une tendance
lulcration du tympan. Aussi bien chez CALCAREA CARBONICA que chez MERCURIUS
SOLUBILIS, la dentition peut tre retarde et difficile (convulsions).
Autres faits = MERCURIUS SOLUBILIS comme CALCAREA CARBONICA sont indiqus
dans les suites de suppression dlimination. MERCURIUS SOL. est lun des remdes de suites
de traumatisme crnien, notamment chez lenfant. Comme dailleurs NATRUM SULFURICUM,
le plus important remde du mode sycotique dans sa phase hydrognode, complmentaire de
CALCAREA CARBONICA (entre autres) dans limbibition hydrique et dans la sensibilit au froid
humide ou encore dans les consquences iatrognes de certains mdicaments dprimant le
systme immunitaire comme les antibiotiques ou les vaccins. Voil donc une situation clinique
complexe du fait de lexpression simultane de plusieurs modes ractionnels, ce qui est
lexpression dune insuffisance immunitaire. Heureusement, il y a des diffrences qui permettent
de comprendre telle ou telle situation. Chez un enfant CALCAREA CARBONICA, lindication de
MERCURIUS nest que transitoire, momentane, explique par des facteurs circonstanciels et
PSORINUM est le complmentaire diathsique de fond lorsque lenfant ne ragit plus trs bien.
Chez lenfant lutique, MERCURIUS SOL. est LE remde de fond, avec le renfort du
biothrapique lutique quest LUESINUM.
Lenfant Mercurius sol. consulte son dentiste pour = des aphtes parfois graves, toujours
rcidivants, douloureux, accompagns dadnopathies satellites, dune hypersalivation
nausabonde surtout nocturne, ou pour une gingivite, parfois dorigine herptique, mais surtout
pour des abcs dorigine dentaire notamment lorsquexiste une note dystrophique dans la
morphologie avec des caries des dents de lait plus ou moins importantes. Enfin cet enfant
grince souvent des dents la nuit, son sommeil est troubl par des rves anxiognes. Lenfant
MERCURIUS peut consulter galement pour des caries dentaires. MERCURIUS SOL. est cit
au degr fort dans le Rpertoire de KENT la rubrique Caries mais est oubli pour les
caries du collet, alors quon en trouve mention dans certaines Matires mdicales ou
publications. Dans cette localisation, sur 14 mdicaments il y en a 8 que lon peut classer parmi
les remdes indiqus dans les troubles du mode lutique = ARGENTUM NITRICUM, AURUM
METALLICUM, CALCAREA FLUORICA, FLUORIC ACID., IODUM, MERCURIUS SOL.,
LUESINUM, MEZEREUM, les autres sont AMMONIUM CARBONICUM, ARSENICUM ALBUM,
CALCAREA CARBONICA, SILICEA, THUYA et TUBERCULINUM.
Cest sans doute dans le type maigre de MERCURIUS que lon rencontre plus
volontiers la tendance aux caries dentaires. Ce type maigre correspond un enfant rachitique
chez lequel sont mis en uvre les modes tuberculinique et lutique, conjonction trs
dfavorable la minralisation dentaire. Do les caries importantes, notamment des dents de
lait avec les habituelles complications apicales comme les abcs, la gingivite, etc...

Mercurius solubilis chez ladulte :


Une fois encore, une situation complexe sur le plan diathsique se retrouve chez ladulte
Mercurius. Le mercure, il faut le rappeler, est un toxique puissant et surtout une substance
trangre lorganisme, il peut donc intoxiquer nimporte qui. Il y a adquation entre les troubles
quil produit et ceux de la syphilis et dune manire plus gnrale ceux du mode lutique, chez
nimporte quel sujet.
Le patient Mercurius consulte son dentiste le plus souvent pour une gingivite ulcroncrotique avec les signes dcrits plus haut, ou encore pour une aphtose buccale aigu ou
chronique. Ces troubles buccaux peuvent tre plus ou moins isols, mais ils se produisent le
plus souvent dans un contexte digestif = foie gros et douloureux au toucher ou couch sur le
ct droit, digestion lente avec des renvois, des rgurgitations (liquide rance), des nauses, des
brlures (pyrosis), de la flatulence abdominale (ventre dur, sensible au toucher) et de temps en

temps des priodes de diarrhe, souvent hmorragique, presque toujours suivie de tnesme. La
colite ulcreuse est frquente, ou la recto-colite, souvent par suite damibiase. Rappelons quen
1972, notre confrre Jean LEGER a soutenu la thse de rapports de cause effet entre
lamibiase sous sa forme neuro-vgtative, donc la moins connue, et la maladie parodontale. Il
expliquait que cette maladie souvent oublie pouvait concerner une grande partie de la
population de la rgion parisienne (plus du tiers !). Dans ce contexte digestif, le remde le plus
voisin est NATRUM SULFURICUM, car ils ont plusieurs troubles en commun, comme la
sensibilit au froid humide.
MERCURIUS SOL. peut galement avoir une insuffisance rnale, ce qui explique
latteinte parodontale. Ainsi, par action sur la fonction hpatique dont on connat les
consquences bucco-dentaires ou par action sur la fonction rnale, les facteurs gnraux de la
maladie parodontale sont runis pour en expliquer sa frquence, son volution et sa gravit.
Do deux vidences =la chirurgie parodontale sera dconseille sous peine de rcidive rapide
et ce aussi longtemps que les deux fonctions hpatique et rnale ne seront pas rtablies - et
comme le traitement des troubles buccaux passe dabord par celui des causes gnrales, cela
exige la prise en charge par le mdecin. Mais il existe des formes encore discrtes qui
sexpriment par une hypersalivation nausabonde, par le got mtallique prononc et par des
sueurs surtout nocturnes laissant le patient mal laise, alors que ltat gingival et surtout
parodontal nest pas encore trop dgrad. Dans ces cas encore frustres sur le plan buccal, une
action prcoce de MERCURIUS SOL. donne de bons rsultats. On peut voir encore ces
patients pour une aphtose buccale, sans retrouver le contexte gingival ou parodontal. Il est
alors parfois difficile de mettre en vidence ce mdicament sur des signes encore peu nuancs
et lon hsite souvent entre plusieurs mdicaments. Cest toute la difficult de lhomopathie,
mais cest aussi son avantage dune action prcoce et prventive sur les menaces connues
parce que bien dcrites dans la matire mdicale.
Soulignons en passant que dans ces cas encore peu marqus, lordinateur rend de
grands services. Dans le programme AIDE-HOMEO, la slection des 5 symptmes banals
suivants : got mtallique + salivation intense + haleine ftide + transpiration ne soulageant pas
+ transpiration nocturne donne 9 mdicaments = CALCAREA CARBONICA, CHELIDONIUM,
LYCOPODIUM, MERCURIUS SOL., NUX VOMICA, PHOSPHORUS et SULFUR. Mais si lon
ajoute les 4 signes gnraux suivants : Adnopathies + agitation + comportement prcipit et
tendance aux ulcrations, un seul mdicament sort MERCURIUS SOL.
Il est donc possible de mettre en vidence lindication de MERCURIUS sur des signes
encore banals, certainement rversibles ce stade. Ensuite se pose le problme diathsique,
aprs le choix du mdicament semblable, cest--dire le problme de la comprhension du
problme buccal dans une histoire personnelle volutive. Car une gingivite a toujours plusieurs
significations et la prvention de la rcidive doit tenir compte de chaque mode ractionnel mis
en uvre par chaque patient. MERCURIUS SOLUBILIS se trouve ainsi souvent indiqu du fait
de la polarit buccale de son action toxique. Il est intressant de noter quil se trouve plus
souvent indiqu pour une pathologie aigu que chronique. La pathologie aigu peut tre
interprte comme une tentative dlimination chez un sujet psorique qui ne parvient plus
maintenir son quilibre par le seul mode psorique et qui met en uvre le mode lutique jusquel en rserve, mode sollicit par son mode de vie, qui runit plusieurs facteurs datteinte des
fonctions hpatiques et rnales.

SULFUR

(Photo J. JOUANNY)

Pour n'importe quel homopathe, SULFUR voque juste titre


le mode ractionnel psorique. Mais il est vident que son indication
dans linsuffisance rnale explique que lon nait plus affaire des
sujets sthniques, ragissant avec violence aux divers acteurs
dagression par des liminations centrifuges, alternantes et
priodiques au niveau des monctoires cutans, muqueux puis
sreux, suivies dune amlioration de ltat gnral.

Cest justement parce que les liminations ne sont plus assures avec la mme
efficacit que les grandes fonctions de lorganisme sont atteintes par des pathologies
fonctionnelles dabord, puis organiques et enfin lsionnelles. Dont linsuffisance rnale nest
souvent qun lment. Autrement dit, le SULFUR insuffisant rnal a perdu de sa superbe et la
prescription de ce mdicament pose de gros problmes = bien choisir le moment, le faire
prcder de remdes complmentaires, souvent vise monctoriale, bien choisir la rptition
et la dilution, etc
On ne peut ici dcrire nouveau les diffrentes tapes de la dcompensation.
Rappelons seulement les signes bucco-dentaires principaux:

Eruptions diverses (dont lherps) autour de la bouche, sur les lvres et dans la
bouche

Aphtes ou vsicules brlantes. Ulcrations tendance phagdnique.

Scheresse buccale et sensations de brlure

Gingivite banale au dbut avec des gingivorragies frquentes, puis volution vers la
gingivite ulcreuse, puis parodontopathies de plus en plus graves, au fur et mesure
que la dcompensation saccentue.

Hahnemann crivait : Les dents se gtent, elles se dchaussent, les gencives


se rtractent et dcouvrent les dents.. . .

Il est bien vident quentre la gingivite rythmateuse du tout dbut et la maladie


parodontale plus ou moins grave qui motive la consultation, il sest pass beaucoup de temps. Il
est fort probable que le patient ait t suivi ou est suivi depuis cette poque lointaine pour divers
troubles bucco-dentaires banales. Il est aussi certain que ce patient soit dj trait pour des
troubles nutritionnels plus ou moins graves, ou pour une hypertension artrielle avre et
parfois svre ou enfin pour une insuffisance hpatique plus ou moins avance.
Labstention chirurgicale chez ces malades est la rgle. Tout au plus le chirurgiendentiste se limitera compenser les lsions parodontales, prescrire tel ou tel mdicament
action locale. Mais tout cela ne doit pas empcher le praticien de se pencher sur les signes
prsents qui confirment SULFUR :

Lapptit reste souvent conserv malgr les troubles et le rgime strict qui est impos
= besoins frquents de manger, dsirs dalcools, de caf, de bire, de sucreries,
souvent dgot de la viande Apptit souvent vite rassasi.

Abdomen rapidement ballonn aprs le repas avec sensation de plnitude post


prandiale somnolence (mais on est loin de NUX VOMICA colreux, irascible et actif
GRAPHITES et LYCOPODIUM sannoncent).

Diarrhes priodiques qui soulagent la cphale ou amliorent ltat gnral (il sagit
toujours dune limination !). Prsence frquente dune pathologie veineuse par
aggravation de la stase portale et cave = varices, plaies variqueuses, risques
dulcres variqueux.. .), hmorrodes brlantes et saignantes (mais attention leur
suppression !).

Cphales congestives ou/et migraines priodiques.

Perturbations des constantes biologiques = lithiase, cholestrol, oxalurie,


urmie

Ce patient qui autrefois se moquait des facteurs climatiques est devenu frileux, tout en
craignant la chaleur, surtout confine, en raison de nombreuses irrgularits vasculaires
apparues progressivement :

Sensations de brlure et de chaleur (aux pieds notamment = besoin de les sortir du lit)

Parties congestionnes et chaudes alors que dautres sont froides.

Aggravation par la chaleur sous toutes ses formes car elle accentue la congestion

Hypertension artrielle avec tendance la sclrose vasculaire.

Crampes musculaires (les mollets la nuit ou la plante des pieds en marchant)

Douleurs rhumatismales, voire goutteuses qui annoncent les rhumatismes.

Troubles de la fonction rnale (entre autres) = congestion rnale, pollakiurie surtout


nocturne (il y a souvent un diabte gras), brlures du mat pendant la miction,
persistant aprs

Bref, nous avons ici affaire un sujet qui sest dcompens par un mode de vie trs
dfavorable et qui paye les consquences dont il a t prvenu de longue date. Ce sujet
nlimine plus et pourtant il en a besoin plus quun autre = ses monctoires se sont ferms par
surcharge (peau, intestin, reins, sreuses articulaires). Ses troubles pathologiques autrefois
sthniques et vite surmonts laissent place une pathologie de plus en plus chronique, lente,
difficile gurir.
Dans ce contexte, il est vident que les troubles parodontaux ne sont quun
piphnomne. Toute thrapeutique chirurgicale est voue lchec et mme pire = chez ces
patients qui narrivent plus liminer, il est ncessaire de tenter de ractiver les monctoires.
Ce qui est le travail du mdecin. Mais il est impratif de na pas aggraver les liminations qui
sont encore tentes par un organisme dbord. Tous les auteurs soulignent les effets nfastes
des solutions trop souvent opposes aux divers troubles = sclrose des varices ou des
hmorrodes, ablation des hmorrodes, recours trop systmatique aux anti-inflammatoires ou
aux corticodes, etc.. Le dentiste ne doit pas ajouter cette litanie car le curetage parodontal
peut tre parfois considr lui aussi comme un blocage liminatoire.

CARBO VEGETABILIS
Le charbon vgtal est cit au degr fort dans la prsente tude et pourtant le

chirurgien-dentiste na que trs rarement loccasion de le prescrire, moins de bien connatre


les modes ractionnels qui permettent de comprendre et de deviner une volution fcheuse.
Pourtant les signes dune maladie parodontale grave sont trs nettement prsents et tous les
auteurs sont unanimes :

Les gencives sont rtractes, spongieuses, saignant facilement en les


touchant ou mme par simple succion ; elles sont trs sensibles et mme trs
douloureuses pendant la mastication ou en serrant simplement les dents.
Suintement de sang aux gencives par le brossage des dents" (Phosphorus)
(Lathoud).

Gingivite avec dchaussement et saignement, surtout au niveau des incisives


infrieures ; branlement des dents. Ulcrations bleutres brlantes, saignant.
Gingivite, pyorrhe, scorbut ; stomatite ulcreuse, aphtes, parotidites (Henri
DUPRAT).

Lorsque ces signes buccaux sont raliss dans toute leur splendeur, le patient se trouve
en gnral dans un tat gnral trs atteint et le plus souvent les solutions prothtiques
simposent. Mais heureusement, tous les patients ne viennent pas consulter un stade aussi
tardif sur le plan buccal et il ne faut pas alors manquer la prescription, pour sauver ce qui
peut ltre encore.
Selon Henri VOISIN, les sujets Carbo veg. sont des anciens (trs anciens ?) NUX VOMICA
qui ont continu dabuser largement des excs de table. Ce sont donc des psoriques trs
dcompenss et il y a une certaine logique ce que dominent largement les troubles digestifs.
Mais ce qui frappe lorsque le patient entre dans le cabinet dentaire, cest la pleur quasi
mortelle avec des sueurs froides sur le visage. Tout semble froid = lhaleine, le corps, la face,
les pieds, mais ce patient qui aime tre couvert du fait de sa frilosit ne supporte pas pour
autant la chaleur confine, il y a besoin dair frais, il veut tre vent parce quil est en tat
dhyposphyxie. Par ailleurs, il a de gros problmes circulatoires = stases veineuses (coloration
bleue des ongles ou des lvres, ecchymoses cutanes et hmorragies capillaires au moindre
choc).
Autrefois utilis dans les tats dagonie, les sujets Carbo veg. ont de gros problmes
respiratoires = cyanose, oppression, dyspne, rles muqueux, bronches envahies de mucosits
quil ne peut expectorer quavec de grandes difficults. De son Calcarea carbonica dorigine, il a
gard, outre la frilosit et la lenteur, une tendance aux peurs = anxit en fermant les yeux,
rves de fantmes, de revenants, peur du noir).
Malgr son tat de faiblesse, ce sujet a gard de Nux vomica un gros apptit avec dsirs de
caf, daliments sucrs ou sals, aversion pour les graisses, la viande et le lait. Le moindre
alcool provoque une brusque et intense rougeur du visage. Aprs les repas, il a des ructations
presque constantes, rances, graisseuses ou putrides, avec une sensation d'acidit dans la
bouche et l'estomac. Et puis peu aprs le repas, parfois au cours de celui-ci, le patient
prouve une flatulence ftides, brlantes avec une distension abdominale intense, le tout
amlior par des gaz. Le foie est douloureux, hypertrophi, paresseux, la stase portale a
provoqu des hmorrodes qui saignent facilement et la stase cave a suscit des varices
douloureuses amliores jambes allonges horizontalement. On pourrait continuer ainsi en
passant en revue tous les organes et appareils, dont le rein et la fonction rnale qui ne vont pas
bien videmment.
Bien entendu, si par hasard, un patient rpondant ce tableau venait consulter pour ses
problmes dentaires, il est bien vident quaucune praticien, mme ne connaissant rien
lhomopathie, nentreprendrait une intervention chirurgicale parodontale, dautant moins que le

simple examen dentaire ou parodontal dclenche un abondant saignement gingival =


hmorragie passive et continue de sang noirtre, dcompos, non coagulable.
Quelle peut tre la conduite tenir ? Il faut bien entendu entreprendre tout ce qui peut
ltre pour supprimer ou corriger les pines irritatives locales (extraction des dbris dentaires
frquents, dtartrage, etc) avec les prcautions habituelles. ARNICA pour le traumatisme et
CHINA pour la tendance hmorragique avec asthnie et anmie sont ici trs indiqus. Mais il ne
faut pas hsiter donner CARBO VEGETABILIS 7 CH une trois fois par semaine, avec
ventuellement lavis du mdecin homopathe sil en consulte un.

ARSENICUM ALBUM
On nous a habitu considrer ARSENICUM ALBUM comme un remde dvolution
vers une aggravation locale lors dun processus inflammatoire ou gnrale au cours dune
maladie gnrale. Et il est bien vrai que ce mdicament fait souvent des miracles ! Mais ces
indications ponctuelles font parfois oublier quARSENICUM ALBUM peut tre un remde de
fond, le plus souvent chez un sujet longiligne ayant longtemps ragi sur le mode tuberculinique,
puis par des sries de troubles de plus en plus graves.
Lorsque lon pense ARSENICUM ALBUM, on pense presquexclusivement sa
toxicit qui domine sa pathognsie et lon oublie que larsenic est naturellement prsent dans
quelques tissus = peau, sang, cellules, glandes dont la thyrode. Sa prsence dans la peau et
ses nombreuses indications en dermatologie laisse supposer son rle dans les liminations par
la voie cutane et voquent des rapprochements avec SULFUR sa phase asthnique (ou
sthnique en cas de dermatose grave) et surtout avec PSORINUM dont il partage de nombreux
signes (manque de raction, frilosit, anxit). Roland ZISSU rappelle quARSENICUM
ALBUM est un dys-thyrodien et un hypo-surrnalien (type maigre).
La toxicit de larsenic sexprime en premier lieu au niveau de lappareil digestif = gastroentrite avec des vomissements et de la diarrhe qui peut prendre une forme cholriforme avec
les risques habituels de la dshydratation conscutive. Cela explique son indication et son
efficacit dans toutes les maladies infectieuses ou toxiques qui saccompagnent dun syndrome
cholriforme. Cest un mdicament quil est prudent demporter avec soi lors de vacances dans
des pays risques.
Aprs les signes digestifs viennent les signes urinaires puis nerveux. On note dabord
une oligurie puis une anurie avec albumine. Latteinte nerveuse sexprime par des paralysies
flasques, labolition des rflexes (membres), puis par des troubles de la sensibilit nerveuse.
Lintoxication chronique permet larsenic de dvelopper une action bien plus profonde,
plus insidieuse certes mais menaante. = troubles digestifs troubles cutans troubles
respiratoires troubles nerveux et in fine une atteinte profonde de la nutrition.
Voici les principaux signes de ARSENICUM ALBUM que lon doit retrouver peu ou prou
avant de la prescrire en pathologie gnrale et en odonto-stomatologie.

Le sujet ARSENICUM ALBUM (chronique) a une nette tendance la cachexie do


les traits creuss, la face maladive, les petits sacs remplis deau sous les paupires

La peau est froide, sche, ratatine, finement squameuse.

Frilosit importante mais avec besoin dair frais, recherche et besoin de chaleur mais
crainte de la chaleur confine (il dort bien couvert dans son lit avec la fentre
entrouverte.

Ce qui ne peut chapper au dentiste = caractre impatient, irritable, critique,


susceptible, anxieux et agit. Ses nombreuses peurs se manifestent surtout lorsquil
est seul, il a peur de lobscurit, des voleurs, de la mort, de la solitude. Il se croit
incurable et redoute linutilit des soins, ce qui aggrave son anxit et son agitation,
mais celle-ci alterne avec des priodes de prostration.

Cest un sujet conome, voire avare (surtout avec lge par peur des vieux jours),
minutieux et mticuleux jusqu la maniaquerie agressive.

Il est impossible de dcrire ici tous les signes de ce polychreste et le recours la


matire mdicale simpose. Rappelons seulement quelques troubles que lon peut
observer au cabinet dentaire :
Au niveau de la bouche :

Scheresse, lvres fendilles, parchemines, langue sche et brlante,


papilles surleves et douloureuses. Dans les affections aigus = grande
soif pour de petites quantits deau froide souvent rptes.

Gingivite ulcreuse ou ulcro-ncrotique = dme, brlures intenses


amliores temporairement par une boisson chaude et aggraves par de
leau froide, saignement facile

Gingivite qui peut avoir laspect du scorbut.

Tendance aux ulcrations, aux aphtes, tendance phagdnique.

Les dents paraissent trop longues

Herps, lupus, ruptions autour de la bouche

Ces signes bucco-dentaires sont retrouvs quelle que soit par ailleurs ltat de sant de
ce patient. Les troubles rnaux qui nous intressent ici sont prsents = nphrite, urines peu
abondantes, tendance lalbumine, mictions douloureuses avec brlures de lurtre pendant la
miction, faiblesse conscutive ressentie dans labdomen. Il peut exister des dmes.
De mme, il est trs frquent que le sujet Arsenicum album soit atteint dune dermatose =
peau sche, rugueuse, cailleuse, desquamation fine comme de la farine. Toutes les ruptions
provoquent des douleurs brlantes et pruriantes, < par le froid, > par la chaleur, exacerbation
entre minuit et 3 heures du matin ou en se dshabillant.
Ce patient peut avoir aussi des troubles cardiaques ou /et respiratoires (en particulier un
asthme dont la crise survient souvent entre minuit et 3 heures du matin. Tous les troubles
saccompagnent toujours danxit et dagitation. Un patient calme et serein ne correspond pas
ARSENICUM ALBUM.

PHOSPHORUS

Ce mdicament, minemment important du fait de sa double action mtabolique et


toxicologique, prsente deux aspects opposs : son rle mtabolique explique son indication
dans des troubles typiquement oxygnodes du sujet jeune longiligne ragissant sur le mode
tuberculinique. Son action toxicologique concerne en fait une pathologie lourde ou grave
chez nimporte quel sujet, quel que soit le biotype et diverses manifestations sclreuses
du sujet g.
Ses circonstances tiologiques sont les suivantes : le surmenage intellectuel, les
convalescences de maladies graves, les pertes de liquides organiques, les pousses de
croissance trop rapide, les atteintes toxiques ou infectieuses du foie (hpatite virale par
exemple). Toutes ces circonstances devraient entraner des indications frquentes, voire
quotidiennes. Cest peut-tre le cas en mdecine gnrale, mais personnellement nous ne
trouvons quexceptionnellement son indication chez lenfant tuberculinique, peut-tre un peu
plus frquemment chez ladolescent. Il faut sans doute sen rjouir. Avant les antibiotiques,
PHOSPHORUS tait utilis avec succs dans la tuberculose osto-articulaire, mais avec
beaucoup de risque daggravation dans la tuberculose pulmonaire, qui reste aujourdhui encore
une contre-indication.
Est-il utile de rappeler son type sensible ? Il est lvidence le mme que
CALCAREA PHOSPHORICA, car le phosphore a donn son nom la constitution longiligne,
longtemps appele phosphorique . Limage de la flamme de phosphore qui sembrase trs
vite mais steint aussi vite illustre bien les troubles oxygnodes de lenfant tuberculinique :
sujet hypersensible, hyper-motif, vite exalt et passionn, mais instable, aussi vite dprim ou
puis. Cest un hyper-thyrodien, un hypersympathicotonique, un crbral (de SIGAUD).
La cyclothymie est encore plus manifeste que dans les autres mdicaments de la srie. A la
phase sthnique, lenfant peut tre actif, brillant sur le plan scolaire, dominateur, charmeur, puis
la phase dpressive apparat avec apathie, aversion pour tout effort physique et surtout mental.
Il devient alors susceptible, indiffrent, pleure facilement. Ce sujet a toujours besoin de
rcuprer aprs un effort, il a besoin de dormir longtemps et beaucoup, il mange beaucoup et
souvent, mme la nuit, avec dsir daliments sals et froids, sensation de vide et de dfaillance
sil ne mange pas. Bref, on trouve des signes qui voquent soit NATRUM MURIATICUM, soit
IODUM, ou dautres comme PHOSPHORIC ACID. son complmentaire aigu.
Les troubles bucco-dentaires de PHOSPHORUS ne sont pas spcifiques :
Lvres sches et parchemines, saignement facile.

Gencive enflamme, dmatie, ulcre, suppurante et surtout gingivorragies trs


abondantes.

Aphtes sur la face interne des joues et des lvres.

Les dents se gtent rapidement. Les gencives saignent et dcouvrent les


dents (Kent).

Enflure, hypertrophie de la mandibule, ncrose et ostite. Dchaussement des


dents avec gingivorragies faciles

Ce qui domine cest la tendance hmorragique. En pratique courante, PHOSPHORUS


est donn chaque fois que la pathologie locale volue vers laggravation, malgr la prescription
du remde correspondant qui semble pourtant bien indiqu, PHOSPHORIC ACID. par exemple
lors dune gingivite ulcreuse aigu. Ou encore lorsque NATRUM MURIATICUM semble
inefficace.

Alors que le phosphore est un nphrotoxique important, les matires mdicales


ninsistent pas trop sur les signes rnaux = tendance la dgnrescence graisseuse du foie,
du cur, du pancras et des reins (urines peu abondantes, troubles, blanchtres et sdiment
rougetre).
Dans PHOSPHORUS, il y a une nette tendance aux troubles osseux = ostites,
tendance la ncrose et la suppuration, en autres au niveau des maxillaires. Sil y a
conjonction de linsuffisance rnale, de la dtrioration de ltat gnral et dune maladie
parodontale et si lon trouve les signes de PHOSPHORUS, nous conseillons personnellement
de confier le traitement un mdecin homopathe. PHOSPHORUS nest pas un mdicament
facile prescrire. Il faut se mfier des dilutions basses, en dessous de 5 CH ; des prises
rptes, sans oublier la contre-indication absolue chez le tuberculeux.

NATRUM MURIATICUM
Le chlorure de sodium joue un rle mtabolique essentiel dans la rgulation des
changes ioniques entre les cellules et le milieu intrieur. Aussi les fuites minrales dont le
sodium, le chlore et le potassium entranent-elles des troubles de la nutrition (amaigrissement
prdominant la moiti suprieure du corps et infiltration cellulitique de la moiti infrieure), une
atteinte des muqueuses (avec alternance de scheresse et dun tat catarrhal), des troubles
cutans (face huileuse, peau sche ailleurs, eczma solaire , acn, urticaire, verrues, etc...),
enfin des perturbations psychiques (dprime, asthnie psychique et physique, repliement sur
soi avec besoin de solitude, aggravation par la consolation, etc...).
Il est classique de prsenter les sujets rpondant NATRUM MURIATICUM comme des
longilignes, maigres ou amaigris, ragissant lectivement sur le mode tuberculinique. Cest le
premier mdicament de la dminralisation cellulaire, consquence de la dshydratation, ellemme conscutive aux fuites minrales. Mais il ne faut pas perdre de vue que le sodium est
hydratant, et de plus dprimant et irritant. Autrement dit, avec le chlorure de sodium, il existe
des perturbations du mtabolisme de leau par consquent de la fonction rnale. Aussi, existe-til des sujets dont le remde est NATRUM MUR. et qui ont tendance la rtention deau, aux
dmes, qui nont certes rien voir avec ce que lon retrouve dans NATRUM SULFURICUM.
NATRUM MURIATICUM est lun des mdicaments de linsuffisance rnale, de la
nphrite chronique avec rtention chlorure, proche dans ce cas de ARSENICUM ALBUM du
fait de la tendance la cachexie, lamaigrissement avec asthnie et anmie. On constate une
augmentation des urines qui sont colores, charges en sels, contenant un sdiment rouge
comme de la brique pile. Les envies sont frquentes, il y a parfois une incontinence en
marchant, ou mme en ternuant.
Malgr quelques dmes plus ou moins discrets, il sagit plutt de bouffissures ici ou l,
le sujet insuffisant rnal du type Natrum muriaticum est amaigri, visiblement dprim, au
comportement rserv, voire secret, qui rpond par monosyllabes et avec une mauvaise volont
vidente. Il supporte mal les tentatives de comprhension, devient alors irritable. En
linterrogeant, on apprend quil souffre de cphales battantes, de palpitations cardiaques
leffort ou aux motions. Il a parfois des crises dasthme aggraves dans une pice chaude et
ferme, amliores au grand air.
Sur le plan digestif, malgr la maigreur, lapptit est souvent conserv, mais vite

rassasi. On ne retrouve pas systmatiquement le dsir daliments sals et la soif vive qui ne
sexpriment que durant des priodes de dshydratation. En mangeant, des sueurs huileuses
apparaissent au visage. Quelquefois, la dglutition est difficile par manque de salive. Enfin, il y a
souvent une tendance la constipation atonique par scheresse avec de temps en temps une
diarrhe aqueuse.
Voici donc le cadre gnral grands traits dessins dans lequel apparaissent les
troubles bucco-dentaires. Le patient vient consulter pour :

Une gingivite souvent importante, parfois daspect scorbutique avec un dme


gingival et des gingivorragies importantes.

Le patient se plaint dune sensation de scheresse buccale alors que lon constate le
plus souvent une salive importante.

Les aphtes sont frquents.

La langue est rarement intacte. Il y a des vsicules brlantes, des ulcrations, des
zones dpapilles, des sensations de brlure (NATRUM MURIATICUM est un remde
important de glossodynies).

Enfin, il existe de nombreuses douleurs dentaires, pouvant aller jusqu de vraies


nvralgies faciales (suivant la courbe solaire).

PULSATILLA
La variabilit des symptmes, avec parfois un ct paradoxal laissant perplexe,
caractrise la premire phase du mode tuberculinique. Il se passe quelque chose, mais les
prmisses ne suffisent pas prciser quoi exactement. Il y a augmentation des oxydations, puis
destruction cellulaire et lensemble des dchets de cellules dtruites provoque un
encombrement de la circulation veineuse. Cest le stade de PULSATILLA. En quelques mots
voici les signes les plus caractristiques de ce grand mdicament : variabilit des signes
psychiques (humeur changeante, pleurs faciles, consolation rapide et recherche, enfant du
soleil et des giboules ) et physiques (douleurs erratiques, selles variables) - congestion et
stase veineuse - coulements pais et doux, non irritants, de toutes les muqueuses - absence
de soif mme au cours de la fivre - plus mal le matin que le soir - aggravation par la chaleur
et amlioration par le frais ou les applications froides.
La congestion veineuse est le trait dominant de PULSATILLA. Or celle-ci se produit dans
deux cas :
1.

La congestion veineuse peut se voir en cas datteinte de la fonction hpato-digestive


surcharge par un mode vie dfavorable = sdentarit, excs alimentaires,
caractristique du mode ractionnel psorique. Les liminations se font mal, la congestion
artrielle stablit, de mme que la congestion cave et porte. PULSATILLA est ici un
complmentaire ventuel dun sujet chez lequel SULFUR se trouve dpass.

2.

La congestion veineuse peut tre explique par lencombrement de la circulation


veineuse par suite des destructions cellulaires par dminralisation. Cest le mode
tuberculinique, le sujet ayant besoin de minraux pour acclrer ses oxydations, seule
moyen de dfense dont il dispose.

Pour ces raisons, on peut dire que PULSATILLA est un remde carrefour impliqu dans
deux modes ractionnels = psorique ou tuberculinique. Dans le premier cas, il se trouve proche
de GRAPHITES par la tendance aux ralentissements, aux difficults liminatoires, mais ce
dernier est un frileux trs sensible au froid, alors que PULSATILLA est certes un peu frileux,
mais il craint surtout la chaleur sous toutes ses formes qui provoquent et aggravent de
nombreux troubles, dont des douleurs dentaires en rentrant par exemple dans une pice
surchauffe en venant du froid. Dans le second cas, PULSATILLA se trouve proche de SEPIA,
qui est son remde daggravation, lorsque la congestion veineuse se concentre sur un organe et
notamment au niveau du petit bassin. Mais heureusement, de nombreux signes les diffrencient
mme sils sont relis par la physiopathologie = le comportement psychique est oppos.
Mme sil ne sagit de notre part que dhypothses, il semble que linsuffisance rnale de
PULSATILLA rsulte de la tendance la congestion veineuse. Les signes urinaires ne sont pas
spcifiques, ni caractristiques. Il en va de mme pour les signes bucco-dentaires, banals en
eux-mmes = scheresse buccale, sans soif, gingivite banale avec tendance aux
parodontopathies, dysgueusies, douleurs dentaires.
Lindication repose donc avant tout sur le comportement psychique fait de dpendance
affective, de recherche perdue de la sympathie ou de lamour, dmotivit larmoyante, sujet
passant facilement des larmes aux rires, facilement vex, irrsolu et rsign, souvent triste,
mais adorant tre consol (tout le contraire de NATRUM MURIATICUM et de SEPIA.
Ensuite, la congestion veineuse priphrique est la critre essentiel de la prescription avec
notamment lintolrance la chaleur sous toutes ses formes, la trs grande variabilit des
symptmes qui laisse perplexe le praticien.

LYCOPODIUM
LYCOPODIUM ( pied de loup , plante herbace dont on utilise les spores) a une
action lective sur le foie et sur lappareil digestif (mtabolisme de lacide urique, de lure, du
cholestrol, etc...), sur lappareil rnal (lithiases) et gnito-urinaire, sur la peau et les muqueuses
et enfin sur le systme nerveux (asthnie physique et mentale).
En fait tout dcoule de latteinte hpatique et tous les troubles se manifestent
progressivement et saggravent vers une dnutrition gnrale. Il se passe donc du temps entre
les premires atteintes facilement rversibles et les troubles graves. Cest ce que lon constate
galement au niveau des dents et de leurs tissus de soutien.
Au dbut, les signes bucco-dentaires voquent un autre mdicament, notamment NUX
VOMICA = gingivite banale, gingivorragies abondantes (le foie joue un rle capital dans les
mcanismes de la coagulation), ou encore aphtose buccale priodique. Les signes
concomitants restent trs banals: scheresse buccale avec absence de soif (signe inconstant,
en tout cas pas aussi caractristique que dans PULSATILLA), dysgueusies (got amer, de
fromage, de moisi). Les troubles digestifs qui prcdent ou accompagnent les troubles buccodentaires voquent galement NUX VOMICA: dyspepsie flatulente, pyrosis, distension
abdominale (mme sil mange peu), sensation de plnitude, constipation avec besoins
inefficaces, dfcation souvent douloureuse par constriction spasmodique de lanus ou
prsence dhmorrodes procidentes et douloureuses (< au toucher, assis et > par un bain
chaud), on ne retrouve pas lantipristaltisme, ou du moins aussi prononc que dans NUX
VOMICA. Mais LYCOPODIUM a une faim vorace vite rassasie que na pas NUX VOMICA, de
mme quune faim nocturne (qui annonce sans doute PSORINUM et que lon retrouve aussi
dans PHOSPHORUS, autre grand remde du foie). Au dbut, il nest pas facile de distinguer

ces deux remdes car les signes ne sont pas trs diffrencis. Progressivement, les diffrences
apparaissent: NUX VOMICA est aggrav juste aprs le repas, avec besoin de desserrer sa
ceinture, besoin de faire une sieste qui amliore. LYCOPODIUM est aggrav deux ou trois
heures aprs le repas, entre 16h et 20H, priode de la digestion qui fait participer le foie.
Dans une deuxime priode, ltat gnral se trouve atteint, comme dailleurs les
troubles digestifs et bucco-dentaires: ructations et brlures intenses, ulcre gastro-duodnal,
dyskinsie biliaire pouvant aller jusqu la lithiase ou la colique hpatique, gingivite ulcreuse
avec parodontopathies, herps croteux et pruriant des commissures labiales, ruptions
vsiculeuses dans la bouche.
Enfin, dans un troisime tableau, laggravation est manifeste aussi bien sur le plan
gnral quau niveau des diffrents appareils. Le sujet tend maigrir mais garde un gros ventre,
lasthnie physique apparat et contraste durant une priode plus ou moins longue avec un
intellect conserv. Les constantes biologiques sont perturbes: acide urique, ure, cholestrol,
acides gras, triglycrides, etc... Lappareil rnal et gnital nchappe pas: lithiase urinaire,
coliques nphrtiques, urines avec dpt de sable rouge non adhrent, actonmie avec
vomissements, prostatisme, impuissance avec dsirs conservs, etc... Sur le plan buccodentaire, la maladie parodontale domine et surtout saggrave.
LYCOPODIUM correspond progressivement un mode psorique
devenant de moins en moins efficace, ce que lon peut rsumer en
quelques termes: LYCOPODIUM limine mal car ses monctoires sont
devenus insuffisants. De ce fait, LYCOPODIUM assimile mal et la
dnutrition le guette. La peau reflte les difficults liminatoires: urticaire
chronique du fait du rle du foie dans la fonction anti-toxique, eczma qui
saigne au moindre contact, dermatoses sborrhiques et lsions fissuraires
et hyperkratosiques.
Lintellect se trouve ensuite atteint (difficult de concentration, perte de la
mmoire, erreurs en parlant ou en crivant...), de mme que le
comportement. On a souvent dit, et juste titre, que LYCOPODIUM
prsente deux tendances opposes: une hypersensibilit avec motivit
marque, besoin avide de tendresse et daffection, manque de confiance en
soi, anxit chronique avec peurs diverses.
Le patient en est conscient et ressent sa sensibilit comme une faiblesse quil cache par
un comportement orgueilleux, autoritaire, susceptible, irritable avec des colres relativement
rares mais violentes, intolrance la contradiction. De nombreux signes voquent encore une
fois NUX VOMICA, mais ce dernier semble plus instinctif = il ragit dabord et rflchit ensuite,
tout le contraire de LYCOPODIUM. Tous deux ont un rveil difficile avec mauvaise humeur.
La posologie ne pose pas de problme au dbut du fait du fonctionnement encore
satisfaisant des monctoires. Une 7 CH deux trois par semaine donne de bons rsultats. Avec
la dcompensation, ce mdicament devient difficile prescrire. Il faut souvent ncessaire de le
faire prcder par des complmentaires daction ponctuelle, traitement qui revient au mdecin.

SEPIA
Lindication de ce mdicament dorigine animale signifie que les consquences des

facteurs tiologiques psoriques ont fini par susciter une congestion veineuse importante,
notamment au niveau du petit bassin. Loriginalit anatomique fminine explique sans doute que
ce mdicament soit plus frquent chez les femmes. Mais, comme cela a t dit plusieurs fois,
lorsquun seul mode ractionnel ne suffit plus maintenir lquilibre de sant, dautres modes
sont alors utiliss, cest le cas pour SEPIA, mdicament de troubles du mode psorique, mais
galement ici du mode sycotique (productions tumorales = polypes, papillomes - torpidit de
certaines manifestations comme les dermatoses comme le psoriasis ou les mycoses...). Le
mode psorique est tout de mme dominant et prcde le mode sycotique = alternances et
successions daffections cutanes et muqueuses, dont pour ces dernires la muqueuse
buccale.
Par ailleurs, la congestion veineuse qui prdomine dans SEPIA explique son indication
frquente dans le traitement de troubles typiquement tuberculinique. Et les lastopathies et les
ptses qui sen suivent donnent SEPIA un rle dans le traitement de certains troubles
lutiques. Cest donc un mdicament poly-diathsique.
Les troubles de la fonction hpatique rsultent selon notre hypothse, comme ceux de
PULSATILLA, de la congestion veineuse.
La gingivorragie est sans doute la sonnette dalarme de la congestion veineuse portale
ou cave. La gingivite apparat galement, HAHNEMANN avait dj remarqu que la gencive
gonfle et devient douloureuse, ulcration de la gencive, saignement de la gencive, les
dents se gtent rapidement, branlement des incisives infrieures, toutes les dents
deviennent branlantes et douloureuse... . Kent ajoute Les gencives se rtractent et
dcouvrent les dents . VANNIER et POIRIER parlent de pyorrhe .
Mais, et cest encore un leitmotiv, tous ces troubles apparaissent progressivement, ce
qui permet dans certains cas une action prventive. Les troubles bucco-dentaires ne sont
pratiquement jamais isols et font partie de latteinte de lappareil digestif et des consquences
sur la circulation veineuse, portale dabord, puis cave, enfin gnral.
Comme LYCOPODIUM, SEPIA reprsente une tape daggravation du mode psorique =
dabord du fait du blocage des monctoires (peau surtout, muqueuses ensuite dont la
constipation). LYCOPODIUM se caractrise par une atteinte directe du lobule hpatique, SEPIA
par une atteinte prfrentielle du systme porte. On se reportera la Matire mdicale pour
rafrachir ses souvenirs sur lensemble des troubles de ce mdicament, notamment sur le
comportement psychique largement dcrit.

CONCLUSION
Linsuffisance rnale nest pas du ressort thrapeutique du chirurgien-dentiste, cest une
vidence. Comme cest autre vidence que les insuffisants rnaux ont trs souvent de gros
problmes bucco-dentaires, dont les parodontopathies ne sont quun lment.
Tout le problme est celui de la prescription par le dentiste de mdicaments
homopathiques, certes indiqus par le contexte local qui lui revient, mais qui ont
obligatoirement une action gnrale. En fait tout est une question de choix, de rflexion, afin de
ne pas nuite au patient. Chaque fois que possible, nous conseillons la collaboration avec un
mdecin homopathe.
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Dernire modification : 13 novembre 2011

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