Cours 2-Formation Du Contrat
Cours 2-Formation Du Contrat
Cours 2-Formation Du Contrat
1 V. par ex. Cass. com., 15 déc. 1992, RTD civ. 1993, p. 577, obs. J. Mestre. Néanmoins, le
fait de mener des négociations parallèles peut avoir une influence en tant qu’indice de la
faute commise par celui qui rompt finalement les négociations. En effet, la rupture
abusive des pourparlers peut être sanctionnée et, dans ce cadre, le fait que des
négociations parallèles aient été menées peut être un indice du fait que le négociateur
n’entendait pas voir les négociations aboutir (v. Cass. com., 26 nov. 2003, Bull. civ. IV, n°
186).
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l’obligation de confidentialité qu’il a volontairement acceptée,
engagerait sa responsabilité contractuelle.
3
par exemple la veille du jour prévu pour la signature après des
négociations ayant duré plusieurs mois. Elle le retient surtout
lorsque le négociateur a laissé croire à l’autre que les négociations
aboutiraient alors qu’il n’en avait pas l’intention.
3 Selon la formule de la Cour de cassation, « une faute commise dans l’exercice du droit
de rupture unilatérale des pourparlers précontractuels n’est pas la cause du préjudice
consistant dans la perte d’une chance de réaliser les gains que permettait d’espérer la
conclusion du contrat », Cass. 3e civ., 28 juin 2006, Bull. civ. III, n° 164.
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sujet. Le Code civil ne s’intéresse au contrat qu’à partir du moment
où il se conclue, c'est-à-dire à partir de la rencontre de l’offre et de
l’acceptation. C’est la jurisprudence qui a posé toutes les règles
relatives aux négociations. Par souci de lisibilité, il est devenu
indispensable que la période précontractuelle soit régie par le Code
civil. Celui-ci ne peut rester muet sur une question qui, en pratique,
est d’une importance capitale. Les projets de réforme sont sur ce
point unanimes, qui proposent tous d’intégrer cette question au
Code civil. Sur le fond, les projets sont également largement
comparables. Ils ne prévoient guère d’innovation par rapport au droit
positif : ils reprennent les enseignements de la jurisprudence. Ils
rappellent ainsi que les négociations sont en principe libres : ils
prévoient tous trois que l’initiative, le déroulement et la rupture des
négociations sont en principe libres. Ils reprennent ensuite les
tempéraments retenus par la jurisprudence en matière de rupture
abusive.
6
En matière de promesse de vente, la Cour de cassation a très
clairement écarté cette possibilité par un arrêt de 1993. Selon la
Cour, dès lors que au jour de la levée de l’option le promettant a
rétracté son consentement, la rencontre des consentements des
parties ne peut avoir lieu et le contrat ne peut donc pas être conclu.
Cette position est critiquable puisque, par définition, le promettant
s’est d’ores et déjà engagé à vendre en concluant la promesse. Il a
donc déjà donné son consentement à la vente et ne peut pas le
rétracter ; seul manque le consentement de l’acquéreur ; le jour où il
le donne en levant l’option, le contrat de vente est conclu par la
rencontre de l’offre et de l’acceptation. Au final, cette décision prive
largement d’efficacité le procédé de la promesse de vente,
l’obtention de dommages et intérêts n’étant qu’une mince
consolation.
4 Cass. ch. Mixte, 26 mai 2006, RTD civ. 2006, p. 550, obs. J. Mestre et B. Fages.
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pactes de préférence. Ils en donnent des définitions comparables,
qui reprennent les enseignements de la jurisprudence.
§ 1 – L’offre
8
1101). Les projets se proposent d’y remédier. Il peut en effet
paraître curieux que le Code ne comporte pas de dispositions sur
une question si essentielle. Les projets reprennent en grande partie
les enseignements de la jurisprudence qui, dans le silence du Code,
a dû apporter les précisions nécessaires.
L’offre doit tout d’abord être précise : cela signifie qu’elle doit être
telle qu’un simple « oui » forme le contrat. L’offre doit donc contenir
tous les éléments essentiels du contrat. Il s’agit d’une notion floue,
qui a été progressivement précisée par la jurisprudence. Par
exemple, on admet que les éléments essentiels de la vente sont la
chose et le prix. L’offre doit donc désigner précisément la chose
vendue et le prix qui en est demandé. Si la proposition n’est pas
suffisamment précise, elle ne constitue qu’une simple invitation à
entrer en pourparlers. Ex. : une proposition de vente avec prix à
débattre.
9
Valeur juridique de l’offre. La question de la valeur juridique de
l’offre a une grande importance pratique. En effet, il s’agit de savoir
si l’offre créé un véritable engagement à la charge de l’offrant.
Autrement dit, doit-il maintenir son offre pendant un certain temps ?
Est-il obligé de conclure le contrat avec celui qui l’accepte ? Ou, au
contraire, est-il libre de révoquer son offre quand il le désire ?
6 Un arrêt rendu en 2008 a été interprété par certains comme ouvrant la voie à cette
solution, mais il s’agit d’une interprétation bien audacieuse.
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ce cas, ils prévoient que la révocation n’empêche pas la formation
du contrat. Autrement dit, la révocation est sans effet et le contrat
est formé par l’effet de l’acceptation. En revanche, la révocation
d’une offre faite à personne indéterminée ne peut conduire qu’au
versement de dommages et intérêts.
§ 2 – L’acceptation
8 Si la réserve concerne un élément secondaire le contrat est formé. En effet il suffit que
les parties soient d’accord sur les éléments essentiels du contrat. En pratique, le juge doit
donc parfois rechercher si la réserve portait sur un élément essentiel ou secondaire pour
déterminer si le contrat a été conclu ou s’il n’y a eu qu’une contre proposition.
11
acceptation, « il n’en est pas de même lorsque les circonstances
permettent de donner à ce silence la signification d’une
acceptation »9. Cette nouvelle formule permet d’englober les
exceptions admises jusque là et, au besoin, de les élargir. Les projets
de réforme sont tous dans le même sens qui rappellent le principe
selon lequel le silence ne vaut pas acceptation mais précisent que ce
principe peut recevoir exception en raison de « circonstances
particulières ». La formule est volontairement floue.
9 Cass. 1re civ., 24 mai 2005, RTD civ. 2005, p. 588, obs. J. Mestre et B. Fages, RDC 2005,
p. 1005, obs. D. Mazeaud.
12
jurisprudence n’est pas très nette, d’autant que la Cour de cassation
abandonne cette question à l’appréciation souveraine des juges du
fond. Mais la jurisprudence semble avoir une préférence pour la
théorie de l’émission et la Cour de cassation a pu énoncer que
« faute de stipulation contraire, une convention est destinée à
devenir parfaite non par la réception par le pollicitant de
l’acceptation de l’autre partie, mais par l’émission de celle-ci de son
acceptation »11. Il faut remarquer que ce n’est pas la position des
projets de réforme. Ils s’accordent tous trois pour retenir la théorie
de la réception (« le contrat devient parfait par la réception de
l’acceptation »). Il est en tout cas souhaitable qu’un texte apporte
une solution expresse à cette question qui n’a, en définitive, jamais
été franchement résolue par la jurisprudence. Quant au choix de la
théorie de la réception, le droit comparé y est pour beaucoup, les
auteurs ayant constaté que cette théorie était consacrée par tous les
projets européens et internationaux. Cela permet d’assurer que
l’offrant ne puisse être engagé sans le savoir.
11 Cass. Com., 7 janvier 1981, RTD civ. 1981, p. 849, obs. F. Chabas.
13
résulte la mise en place d’un processus de formation du contrat
alourdi par rapport au régime commun, passant par 4 étapes : l’offre
émanant du professionnel, la commande du destinataire de l’offre, la
confirmation de cette commande (le double clic) après correction
d’éventuelles erreurs, et enfin l’accusé de réception de la
confirmation de la commande. Mais ce schéma n’est guère éclairant
quant au moment précis où se forme le contrat.
§ 2 – Les exceptions
A) Le contrat réel
Les contrats réels sont ceux qui se forment par la remise d’une
chose (du latin res, la chose). Les contrats de restitution sont des
contrats réels (prêt ou dépôt par exemple). Le mécanisme du contrat
réel implique que la remise de la chose n’est pas un acte d’exécution
du contrat. La remise de la chose est une condition de la formation
même du contrat (ex. c’est par la remise de la chose prêtée que le
prêt se forme).
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« le prêt consenti par un professionnel du crédit n’est pas un contrat
réel »12 ; par conséquent, dès lors que l’offre de crédit a été acceptée
par le client, le prêteur est, par l’effet de cet accord de volontés,
obligé au paiement de la somme convenue. On le voit avec cet
exemple, en pratique la qualification de contrat réel ou consensuel a
des conséquences majeures : si le contrat de prêt est un contrat
réel, tant que la chose prêtée n’est pas remise à l’emprunteur le
contrat n’est pas formé et l’emprunteur ne peut donc en exiger
l’exécution, peu important qu’il se soit mis d’accord avec le prêteur.
A l’inverse, s’il ne s’agit que d’un contrat consensuel, l’accord des
parties suffit à former le contrat ; ainsi, dès lors que le prêteur a
accepté de prêter la chose, il doit s’exécuter ; l’emprunteur peut
exiger le versement de la somme que le prêteur s’est engagé à
prêter. Cette solution s’applique désormais à tous les contrats de
crédit proposés par des professionnels, peu important que le client
soit lui-même un professionnel ou un consommateur. En revanche, la
Cour de cassation maintient que « le prêt qui n’est pas consenti par
un établissement de crédit est un contrat réel qui suppose la remise
de la chose »13.
B) Le contrat solennel
13 Cass. 1re civ., 7 mars 2006, RDC 2006, p. 778, obs. P. Puig.
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est plus précis et, pense-t-on, mieux réfléchi, qu’un engagement
oral.
En effet, l’article 1341 du Code civil pose la règle selon laquelle les
actes portant sur une somme supérieure à 1500 euros ne peuvent
être prouvés que par écrit. Les parties doivent donc préconstituer la
preuve de leur contrat : l’écrit établi pour constater leur accord,
appelé instrumentum, en constituera la preuve en cas de litige. Seul
cet écrit sera en principe admis en preuve. Ce principe est
néanmoins tempéré par de nombreuses exceptions, qui permettent
parfois d’apporter la preuve du contrat librement, par tous moyens,
tels que témoignages, présomptions… (actes portant sur une somme
inférieure à 1500 euros, actes passés entre commerçants,
impossibilité de se procurer un écrit, perte de l’écrit par cas fortuit,
commencement de preuve par écrit…).
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ANNEXE
PROJET CHANCELLERIE :
Chapitre III – Formation
Article 19
La formation du contrat requiert la rencontre de la volonté de chacune des
parties de s’engager. Elle résulte soit de l’acceptation d’une offre, soit du
comportement des parties exprimant avec certitude leur accord.
Section 1 : La négociation
Article 20
L’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles
sont libres.
La conduite ou la rupture fautive de ces négociations oblige son auteur à
réparation sur le fondement de la responsabilité délictuelle. La faute est notamment
constituée lorsque l’une des parties a entamé ou a poursuivi des
négociations sans intention de parvenir à un accord. Les dommages et intérêts
ne peuvent avoir pour objet de compenser la perte des bénéfices attendus
du contrat non conclu.
Article 21
Indépendamment de toute rupture, celui qui utilise sans autorisation une
information confidentielle obtenue à l’occasion des négociations engage sa
responsabilité délictuelle.
Article 22
L’accord de principe par lequel les parties se sont engagées à négocier ultérieurement
un contrat dont les éléments restent à déterminer est soumis aux
dispositions du présent sous-titre.
Article 23
Est une offre la manifestation de volonté, faite à personne déterminée ou
indéterminée, qui comprend les éléments essentiels du contrat et exprime la
volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation.
A défaut de l’une de ces conditions, il y a seulement invitation à entrer en
négociation.
Article 24
L’offre peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas parvenue à la
connaissance de son destinataire.
Article 25
L’offre oblige son auteur à la maintenir pendant le délai expressément prévu,
ou à défaut, pendant un délai raisonnable.
Article 26
La rétractation de l’offre, en violation de l’obligation de maintien prévue à
l’article 25, n’engage que la responsabilité délictuelle de son auteur sans
l’obliger à compenser la perte des bénéfices attendus du contrat.
Article 27
L’offre est caduque à l’expiration du délai fixé par son auteur ou, à défaut, à
l’issue d’un délai raisonnable.
18
Elle l’est également en cas d’incapacité ou de décès de son auteur.
Article 28
Est une acceptation la déclaration par laquelle son auteur exprime la volonté
d’être lié dans les termes de l’offre. Une acceptation non conforme à l’offre
est dépourvue d’effet, sauf à constituer une offre nouvelle.
Article 29
Lorsque l’offre renvoie à des conditions générales, l’acceptation emporte
approbation de ces dernières si son auteur en a eu connaissance et qu’il n’a
pas manifesté de volonté contraire.
Article 30
Le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu’il n’en résulte autrement de
la loi ou des circonstances particulières, des usages ou des relations
d’affaires.
Article 31
Faute de stipulation contraire, le contrat devient parfait par la réception de
l’acceptation. Il est réputé conclu au lieu où celle-ci est reçue.
Article 32
Lorsque la loi subordonne la formation du contrat à l’expiration d’un délai
de réflexion, le destinataire de l’offre ne peut consentir efficacement au
contrat avant l’expiration de ce délai. Lorsque la loi subordonne la formation
du contrat à l’expiration d’un délai de rétractation, il est permis au destinataire
de l’offre de rétracter son consentement jusqu’à l’expiration de ce
délai.
Article 33
Les avant-contrats régis par la présente section sont la promesse unilatérale
de contrat et le pacte de préférence.
Article 34
La promesse unilatérale de contrat est la convention par laquelle une partie
promet à une autre, qui en accepte le principe, de conclure un contrat dont
les éléments essentiels sont déterminés, mais pour la formation duquel fait
seulement défaut le consentement du bénéficiaire. La rétractation du promettant
pendant le temps laissé au bénéficiaire pour exprimer son consentement
ne peut empêcher la formation du contrat promis. Le contrat conclu
en violation de la promesse avec un tiers de mauvaise foi est inopposable au
bénéficiaire de la promesse.
Article 35
Le pacte de préférence est la convention par laquelle une partie s’engage à
proposer prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui au cas où elle
déciderait de contracter.
Le contrat conclu en violation d’un pacte de préférence avec un tiers de
mauvaise foi est nul.
Lorsque le tiers présume l’existence d’un pacte de préférence, il peut mettre
en demeure son bénéficiaire d’avoir à confirmer son existence dans un délai
raisonnable. La mise en demeure mentionne en termes apparents qu’à défaut
de réponse, le bénéficiaire du pacte de préférence ne pourra plus se
prévaloir de la nullité du contrat à son égard.
Chapitre V – Forme
Article 45
Les contrats sont parfaits par le seul échange des consentements quelle
qu’en soit la forme.
19
Par exception, la validité d’un contrat peut être assujettie à l’observation de
formalités déterminées par la loi.
Article 46
Les formes requises aux fins de preuve ou d’opposabilité sont sans effet sur
la validité des contrats.
A défaut de précision dans la loi, la nullité pour défaut ou vice de forme est
absolue ou relative selon que la forme vise à protéger l’intérêt général ou un
intérêt privé.
Article 48
Les conventions qui ont pour objet de modifier une convention antérieure
ou d’y mettre fin sont soumises aux mêmes règles de forme que celle-ci, à
moins qu’il n’en soit autrement disposé ou convenu.
AVANT-PROJET CATALA
SECTION 2. DE LA FORMATION DU CONTRAT (ARTICLES 1104 A 1107)
§ 1 – De la négociation
§ 2 – De l’offre et de l’acceptation
20
acceptation.
Art. 1106 La promesse unilatérale de contrat est la convention par laquelle une
partie promet à une autre, qui en accepte le principe, de lui donner l’exclusivité pour
la conclusion d’un contrat dont les éléments essentiels sont déterminés, mais pour la
formation duquel fait seulement défaut le consentement du bénéficiaire.
La rétractation du promettant pendant le temps laissé au bénéficiaire pour
exprimer son consentement ne peut empêcher la formation du contrat promis.
Le contrat conclu avec un tiers est inopposable au bénéficiaire de la promesse,
sous réserve des effets attachés aux règles assurant la protection des tiers de bonne
foi.
Art. 1106-1 Le pacte de préférence pour un contrat futur est la convention par
laquelle celui qui reste libre de le conclure, s’engage, pour le cas où il s’y déciderait, à
offrir par priorité au bénéficiaire du pacte de traiter avec lui.
Le promettant est tenu de porter à la connaissance du bénéficiaire toute offre
relative au contrat soumis à préférence.
Le contrat conclu avec un tiers est inopposable au bénéficiaire de la
préférence, sous réserve aux règles assurant la protection des tiers de bonne foi.
(…)
Art. 1127 En principe, les conventions sont parfaites par le seul consentement des
parties, sous quelque forme qu’il soit exprimé.
Art. 1127-1 Par exception, les actes solennels sont assujettis à l’observation de
formalités déterminées par la loi, et dont l’inobservation est sanctionnée par
l’annulation de l’acte, à moins que celui-ci ne puisse être régularisé.
Art. 1127-2 Lorsqu’un écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, il peut
être établi et conservé sous forme électronique dans les conditions prévues au
chapitre sept du présent Titre.
Dans le cas où une mention manuscrite est requise de la part de celui qui
s’oblige, il peut l’apposer sous forme électronique si les conditions de cette apposition
sont de nature à garantir qu’elle ne peut être effectuée que par lui.
Art. 1127-3 Il est fait exception aux dispositions de l’article précédent pour les actes
sous seing privé relatifs au droit de la famille et des successions et pour les actes sous
seing privé relatifs à des sûretés personnelles ou réelles, de nature civile ou
commerciale, sauf s’ils sont passés par une personne pour les besoins de sa profession.
Art. 1127-4 Le régime de l’action en nullité pour défaut ou vice de forme, lorsqu’il
n’est pas déterminé par la loi, dépend de la nature des intérêts que la forme vise à
protéger.
Art. 1127-5 Les formes requises aux fins de preuve ou d’opposabilité sont sans effet
sur la validité des conventions.
Art. 1127-6 Les conventions qui ont pour objet de modifier une convention
21
antérieure ou d’y mettre fin sont soumises aux mêmes règles de forme que celle-ci, à
moins qu’il n’en soit autrement disposé ou convenu.
PROJET TERRÉ :
Article 13 :
Trois conditions sont essentielles pour la formation d’un contrat :
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– le consentement des parties contractantes ;
– leur capacité de contracter ;
– un contenu certain et licite.
Section 1. De la conclusion du contrat
§ 1. De l’offre et de l’acceptation
Article 14 :
La formation du contrat requiert la rencontre de plusieurs volontés fermes et
précises de s’engager.
Elle peut résulter soit de l’acceptation d’une offre, soit du comportement des
parties s’il exprime avec certitude leur accord.
Article 15 :
Est une offre la manifestation de volonté, faite à personne déterminée ou
indéterminée, qui comprend les éléments essentiels du contrat et exprime la
volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation.
À défaut de l’une de ces conditions, il y a seulement invitation à entrer en
pourparlers.
Article 16 :
L’offre est caduque à l’expiration du délai fixé par son auteur ou, à défaut, à
l’issue d’un délai raisonnable. Elle l’est aussi en cas d’incapacité ou de décès de
son auteur.
Article 17 :
L’offre peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas parvenue à la
connaissance de son destinataire.
Article 18 :
L’auteur de l’offre s’oblige à la maintenir pendant le délai expressément
prévu, ou, à défaut, pendant un délai raisonnable.
La révocation de l’offre faite à personne déterminée, en violation de cette
obligation de maintien, n’empêche pas la formation du contrat.
Si l’offre est faite à personne indéterminée, sa révocation n’engage que la
responsabilité civile de son auteur sans l’obliger à compenser la perte des
bénéfices
attendus du contrat non conclu.
Article 19 :
Seule une acceptation pure et simple entraîne la formation du contrat.
Article 20 :
Sauf disposition légale, convention ou usages contraires, ou usage professionnel,
le silence ne vaut pas acceptation.
Des circonstances particulières dûment constatées peuvent, toutefois, donner
au silence la signification d’une acceptation.
Article 21 :
Le contrat devient parfait dès que l’acceptation parvient à l’offrant. Il est
réputé conclu au lieu où l’acceptation est reçue. Le tout sauf disposition légale ou
conventions contraires.
Article 22 :
Dans les cas prévus par la loi ou les parties, le consentement ne devient définitif
et irrévocable qu’après l’expiration d’un délai de réflexion ou de rétractation.
Le délai de réflexion est celui jusqu’à l’expiration duquel le destinataire de
l’offre ne peut consentir efficacement au contrat.
Le délai de rétractation est celui jusqu’à l’expiration duquel il est permis au
destinataire de l’offre de rétracter son consentement au contrat sans avoir de
motif à fournir.
23
§ 2. Des conditions générales
Article 23 :
L’une des parties peut subordonner son consentement à l’acceptation par
l’autre de ses conditions générales.
Les conditions générales invoquées par une partie ont effet à l’égard de l’autre
lorsque les circonstances établissent qu’elle les a acceptées.
En cas de discordance entre des conditions générales invoquées par l’une et
l’autre des parties, les clauses incompatibles sont sans effet.
§ 3. Des négociations
Article 24 :
L’initiative, le déroulement et la rupture des pourparlers sont libres, mais ils
doivent satisfaire aux exigences de la bonne foi.
La faute dans l’exercice de la faculté de rompre est source de responsabilité.
Elle est notamment constituée lorsque l’une des parties a entamé ou a poursuivi
des négociations sans avoir de véritable intention de parvenir à un accord.
En aucun cas les dommages et intérêts ne peuvent compenser la perte des
bénéfices attendus du contrat non conclu.
Article 25 :
Indépendamment de toute rupture, l’utilisation non autorisée d’une information
confidentielle obtenue à l’occasion des négociations ouvre droit à réparation
dans les conditions du droit commun de la responsabilité délictuelle.
Article 26 :
Les parties peuvent, par un accord de principe, s’engager à négocier
ultérieurement
un contrat dont les éléments sont à déterminer. Elles doivent alors
concourir de bonne foi à leur détermination.
Article 27 :
Le régime des accords destinés à aménager le déroulement ou la rupture des
pourparlers, est soumis aux dispositions du présent Titre.
Article 28 :
La promesse unilatérale est le contrat par lequel une partie s’engage envers
une autre, bénéficiaire, à conclure, dans un délai convenu et raisonnable, un
contrat dont les éléments essentiels sont déterminés, et pour la formation duquel
seul le consentement du bénéficiaire fait défaut.
Article 29 :
Sous réserve des dispositions ci-dessous, la révocation par le promettant pendant
le temps laissé au bénéficiaire pour opter n’empêche pas la formation du
contrat promis.
Le contrat conclu avec un tiers en violation d’une promesse unilatérale
encourt la nullité si le tiers en connaissait l’existence. Le tout sans préjudice de
dommages et intérêts.
Article 30 :
Le pacte de préférence est le contrat par lequel une partie s’engage auprès
d’une autre, bénéficiaire, à lui proposer en priorité un contrat le jour où, libre de
conclure, elle s’y déciderait.
Article 31 :
Lorsque, en violation d’un pacte de préférence, un contrat a été conclu avec
un tiers qui en connaissait l’existence, le bénéficiaire du pacte peut demander au
24
juge de le substituer au tiers dans le contrat conclu. Le tout sans préjudice de
dommages et intérêts.
(…)
Section 5. De la forme du contrat
§ 1. Dispositions générales
Article 68 :
En principe, les contrats sont parfaits par le seul échange des consentements.
Par exception, certains contrats sont assujettis à l’observation de formalités
déterminées par la loi. Leur inobservation est sanctionnée par l’annulation du
contrat, à moins que celui-ci puisse être régularisé.
En outre, la loi subordonne la formation de certains contrats à la remise
d’une chose au débiteur.
Article 69 :
Sauf dispositions spéciales, les conditions d’annulation du contrat pour vice
de forme sont déterminées par les articles 78 et suivants.
Article 70 :
Sauf disposition légale contraire, l’absence de mentions informatives prescrites
par la loi fait présumer un vice du consentement lorsque ces informations
sont de nature à déterminer le consentement au sens de l’article 36.
Cette présomption peut être détruite par la preuve contraire.
Article 71 :
La preuve des contrats s’établit conformément aux dispositions des
articles 1315 et suivants (selon la numérotation actuelle).
Article 72 :
L’acte authentique est celui qui a été reçu par officier public ayant le droit
d’instrumenter dans le lieu où l’acte a été rédigé, et avec les solennités requises.
Il peut être dressé par voie électronique s’il est établi et conservé dans des
conditions fixées par décret en Conseil d’État.
Article 73 :
L’acte qui n’est pas authentique par l’incompétence ou l’incapacité de l’officier,
ou par un défaut de forme, vaut comme acte sous signature privée, s’il a été
signé par les parties.
Article 74 :
L’acte sous signature privée est celui qui requiert seulement la signature des
parties.
Article 75 :
La signature identifie celui qui l’appose. Lorsqu’elle est apposée par une partie
au contrat, elle manifeste son consentement.
La signature électronique est reçue lorsqu’elle consiste en l’usage d’un procédé
fiable.
Article 76 :
Quiconque propose, à titre professionnel, par voie électronique, la fourniture
de biens ou la prestation de services, met à disposition les conditions
contractuelles
applicables d’une manière qui permette leur conservation et leur reproduction.
Sans préjudice des conditions de validité mentionnées dans l’offre, son
auteur reste engagé par elle tant qu’elle est accessible par voie électronique de
son fait.
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L’offre énonce en outre :
1o les différentes étapes à suivre pour conclure le contrat par voie électronique
;
2o les moyens techniques permettant à l’utilisateur, avant la conclusion du
contrat, d’identifier les erreurs commises dans la saisie des données et de les
corriger
;
3o les langues proposées pour la conclusion du contrat ;
4o en cas d’archivage du contrat, les modalités de cet archivage par l’auteur
de l’offre et les conditions d’accès au contrat archivé ;
5o les moyens de consulter par voie électronique les règles professionnelles et
commerciales auxquelles l’auteur de l’offre entend, le cas échéant, se soumettre.
Article 77 :
Pour que le contrat soit valablement conclu, le destinataire de l’offre doit
avoir eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande et son prix total, et de
corriger d’éventuelles erreurs, avant de confirmer celle-ci pour exprimer son
acceptation.
L’auteur de l’offre doit accuser réception, sans délai injustifié et par voie
électronique, de la commande qui lui a été ainsi adressée.
La commande, la confirmation de l’acceptation de l’offre et l’accusé de
réception sont considérés comme reçus lorsque les parties auxquelles ils sont
adressés peuvent y avoir accès.
26