Phrase Modalisee Cours2014
Phrase Modalisee Cours2014
Phrase Modalisee Cours2014
1.1.
Phrase/ nonc.
Constitu par une phrase (unit linguistique maximale) utilise dans un contexte prcis, dans une
certaine situation dnonciation.
Niveau danalyse pertinent: la pragmatique.
Contenu de lnonc : le sens, obtenu sur la base de la signification de la phrase et des
informations constituant son contexte.
Noter que cette dcoupe <phrase/ nonc>, largement accepte en linguistique contemporaine, nallait pas de
soi chez Saussure (dbut du XXme sicle), pour qui la phrase procdait, en tant que combinatoire libre de
signes linguistiques, de la parole .
COMPTENCE/ PERFORMANCE (Noam
Chomsky 2)
Comptence :
connaissance que le
locuteur-auditeur (idal) a
de sa langue (lexique,
syntaxe, phonologie,
smantique).
Langue : ct
social (conventionnel) du
langage : trsor collectif.
Parole : ct
individuel du langage.
Langue : entit
abstraite (systme de
potentialits : PURES
VALEURS) ; code (=
systme de signes :
SIGNES & RELATIONS
entre signes).
Parole : entit
concrte : utilisation
individuelle (actualisation)
du code de la langue, dans
la communication.
Langue : produit
[de lusage collectif, des
conventions] que
lindividu enregistre
passivement
Parole : acte
individuel de volont et
dintelligence
Langue :
dictionnaire
relations
associatives (in
absentia :
paradigmatiques) entre
signes linguistiques
combinatoire
fige 4
Parole :
relations combinatoires (in
prsentia :
syntagmatiques) entre
signes linguistiques :
combinatoire libre.
Phrase comptence
Performance :
emploi effectif de la
langue, par un sujet
parlant donn, dans
des situations
concrtes.
!!!Phrase PAROLE.
!!!Phrase unit
linguistique (opposition
linguistique/ langagier)
1
Units significatives minimales (son/ sens). Il y a des mots qui ne consistent quen un seul morphme (rose, et, ), et dautres qui
consistent en plusieurs morphmes (radical + affixes drivationnels (prfixes, suffixes) ou flexionnels et/ou dsinences : inPREF-galRADitSUFF-s DS. PL, pluieRAD-s DS.PL, marchRAD-aiIMP-ent DS.3PL, ) voire de plusieurs mots (mots composs : moulin caf, machine-outil, portemonnaie, portefeuille,). Niveau danalyse pertinent (et discipline linguistique correspondante) : morphologie (flexionnelle,
drivationnelle).
2
Chomsky N. (1965) Aspects of the Theory of Syntax, Cambridge Massachussets : MIT Press, 1965 (trad. fr., Aspects de la thorie
syntaxique, Paris : Seuil 1971). Dans cette section, les renvois la page concerneront la traduction en franais de louvrage cit
(Chomsky 1965/1971).
3
De Saussure, Ferdinand (1995/ 1916) - Cours de linguistique gnrale, Paris : Payot.
Publi en 1916, le Cours de linguistique gnrale a t rdig par les lves de Ferdinand de Saussure (1857-1913) partir de leurs
notes (Charles Bally, Albert Sechehaye, avec la collaboration de Albert Riedlinger). Ldition 1995 reproduit l'dition originale. Elle est
accompagne de l'important appareil critique tabli par Tullio de Mauro.
Les deux dfinitions corrles de la phrase et respectivement de lnonc reposent crucialement sur lhypothse
de rapports doccurrence (ou: dactualisation) entre ces deux types d'units :
une phrase telle que Je suis arrive en retard est susceptible de nombreuses actualisations, qui
influeront sur sa rfrence; prononce par Marie Dupont, le 23 mai 2008, devant le secrtariat de
sa facult, elle signifiera: Marie Dupont est arrive en retard ( la fac), le jeudi 23 mai au matin,
et prononce par Jeanne Dubois, le 4 novembre 2008, dans le hall de la Banque o elle travaille:
Jeanne Dubois est arrive en retard (au bureau) le vendredi 4 novembre 2008, au matin;
par voie de consquence, cest lnonc dune phrase assertive et non cette phrase mme (
rfrence incompltement spcifie) qui sera le lieu de lassignation dune valeur de vrit (vrai/
faux).
Lhypothse de rapports doccurrence (ou: dactualisation) entre phrase et nonc se laisse prciser par
lidentification de deux types de mcanismes interprtatifs lenrichissement contextuel, dune part, et le
filtrage contextuel, de lautre :
Ces deux dfinitions gomment en revanche les divergences structurales censes pouvoir subsister entre
nonc et phrase. Il est en effet souvent suggr, dans la littrature, que si la phrase est le rsultat de
principes de composition syntaxique et smantique, l'nonc n'aurait pas tre interprt en termes des seuls
principes compositionnels, ntant pas toujours construit en fonction de critres syntaxiques : Moi, tu sais, la
linguistique, ouais, bf ! Il y aurait donc des noncs qui ne sont pas pour autant des phrases:
En franais, la phrase minimale comporte ncessairement au moins un sujet et un verbe conjugu.
En revanche, l'nonc minimal peut tre constitu d'un seul lment, de nature quelconque : des
squences comme Bonjour ! , All ? ou Zut ! constituent des noncs, mais pas des
phrases 6. Des noncs comme Moi, partir ? , Quel dsastre ! , Voir Venise et mourir , ou
encore L, il va, je ne sais pas, moi, mais srement, enfin comment dire ? srement ragir, oui, c'est
a, ragir , ne sont pas descriptibles en termes de construction syntaxique canonique de phrases.
L'nonc peut apparatre, tantt comme une phrase incomplte ou tronque ( Moi ? jamais ! ),
tantt comme une phrase en quelque sorte surcharge et bgayante ( Ma sur, elle, son
concours, c'est pour bientt ). Si la structure de l'nonc se diffrencie souvent de celle de la phrase,
c'est parce qu'il s'agit de ralits linguistiques relevant de niveaux diffrents du point de vue
thorique (Encyclopaedia Universalis, art. nonc).
Nous nous en tiendrons, ici, la dfinition fonctionnelle (vs structurale) du couple phrase/ nonc (dfinition en
termes dactualisation). Les noncs syntaxiquement dviants mais parfaitement interprtables du (des)
type(s) voqu(s) prcdemment se laissent galement analyser en tant quoccurrences de phrases, force
dassumer, ne serait-ce quen termes oprationnels (vs thoriques), la distinction entre phrases
grammaticales, phrases interprtables et phrases acceptables.
Cf. Moeschler, Jacques et Anne Reboul (1994) Dictionnaire encyclopdique de pragmatique, Paris : Seuil, 131-132.
Cela dit, le dpart phrase/ nonc nest pas toujours aussi tranch en termes de leur structuration respective. Charles-Albert
Sechehaye analyse les noncs monormes en tant que phrases un seul terme , nonc monorme et phrase
monorme apparaissant en variation libre, dans le texte (Sechehaye, Charles-Albert (1926) Essai sur la structure logique de
la phrase, Tome 1/1, Paris : Champion, chap. I. Accessible en ligne sur : http://roman.ens-lsh.fr ).
6
certain sens, plus naturelles op. cit., p. 22). Concept appartenant ltude de la
performance 7.
Dfinitions oprationnelles.
1.2.
Enonc/ nonciation.
nonciation : acte individuel dutilisation de la langue, activit exerce par celui qui parle au moment o il
parle.
nonc : produit de cet acte, qui en garde les traces (marques nonciatives = marques du locuteur; dans les
termes dmile Benveniste 9, initiateur de la linguistique de lnonciation , en France : lhomme dans la
langue , la subjectivit dans le langage ).
Principaux reprsentants de cette mouvance en linguistique franaise : Catherine Kerbrat-Orecchioni 10,
Oswald Ducrot 11, Antoine Culioli 12.
1.3.
Phrase/ syntagme.
Nous avons dit que la phrase tait constitue de morphmes (lexicaux et grammaticaux), associs les uns aux
autres de manire incrmentielle (1.1. supra). De manire incrmentielle, cest--dire : par augmentation(s)
ou ajouts successifs, par ordre croissant de complexit.
Les morphmes se combinent pour former des mots, les mots se combinent pour former la phrase : Ils
parlent franais couramment.
La distinction comptence vs performance et labstraction du locuteur-auditeur idal sont autant dhypothses de travail
participant du cadre gnral des recherches gnrativistes ds la version standard du modle.
Lobjet premier de la thorie linguistique est un locuteur-auditeur idal, appartenant une communaut linguistique
compltement homogne, qui connat parfaitement sa langue et qui, lorsquil applique en une performance effective sa
connaissance de la langue, nest pas affect par des conditions grammaticalement non pertinentes, telles que
limitations de mmoire, distractions, dplacements dintrt ou dattention, erreurs (fortuites ou caractristiques)
(Chomsky 1965/1971 : 12).
Une distinction fondamentale est ainsi tablie entre la comptence (la connaissance que le locuteur-auditeur a de sa
langue) et la performance (lemploi effectif de la langue dans des situations concrtes) .
Est galement soulign le fait que la performance ne peut tre dite reflter directement la comptence qu
lintrieur de la premire hypothse de travail avance, savoir lhypothse du locuteur-auditeur idal (op. cit., p. 13),
et non dans les faits , puisquun enregistrement de la parole naturelle comportera de faux dparts, des infractions
aux rgles, des changements dintention en cours de phrase, etc. (op. cit., p.13).
Le rapport entre comptence et performance est un rapport dinclusion (de la comptence, la performance) : ltude
de la performance linguistique effective , oblige considrer linteraction de facteurs varis, dont la comptence
sous-jacente du locuteur-auditeur ne constitue quun lment parmi dautres (idem, pp. 12-13). Mais,
corrlativement, linvestigation de la performance navancera quautant que le permettra la comprhension de la
comptence sous-jacente (ibid., p. 20).
Les donnes de la performance, en tant quobservables, se retrouvent en amont de la modlisation de la comptence
(ou : grammaire ), cense dterminer, partir des donnes de la performance, le systme sous-jacent de rgles
qui a t matris par le locuteur-auditeur et quil met en usage dans sa performance effective. (ibid., p.13, nous
soulignons).
8
Remarquer la violation systmatique des restrictions de slection smantique (dormir slectionne un sujet anim, les adjectifs
de couleur tel vert(es), des nominaux concrets, notamment objets physiques, et les modificateurs de verbe tel furieusement,
un verbe [+intentionnel]), ainsi que les contradictions (ides ou bien incolores ou bien vertes).
9
Benveniste, Emile (1958) De la subjectivit dans le langage , Journal de Psychologie, 55, repris in : Benveniste, Emile
(1966), Problmes de linguistique gnrale, tome I, ch. XXI.
Benveniste, Emile (1970), LAppareil formel de lnonciation , Langages, 17, repris in : Benveniste, Emile (1974), Problmes
de linguistique gnrale, tome II, ch. V.
10
Kerbrat-Orecchioni, Catherine (1980) Lnonciation. De la subjectivit dans le langage, Paris : Armand Colin. KerbratOrecchioni, Catherine (1990-1994) Les Interactions verbales, tomes 1-3, Paris : Armand Colin.
11
Qui articule traitement de la phrase et traitement de lnonc en termes du contexte situationnel (composant linguistique :
signification de la phrase, composant rhtorique : sens de lnonc tant donn un certain contexte situationnel), et
opre, dans le cadre dune extension originale de la thorie nonciative de Benveniste, inspire des analyses de texte chez
Bakhtine (linguiste russe), la thorie de la polyphonie, une distinction de principe entre locuteur-allocutaire, dune part, et
nonciateur-destinataire de lautre. Cf. Ducrot, Oswald, (1980) Les Mots du discours, Paris : Minuit.
12
Thorie des oprations nonciatives. Cf. Culioli, Antoine (1990) Pour une linguistique de lnonciation. Oprations et
reprsentations, Tome 1, Paris : Ophrys.
Parmi les morphmes qui se combinent pour former des mots, on distingue, selon leur contribution
smantique et/ou fonctionnelle : radical, affixes et dsinences. Les morphmes libres sont des mots
part entire (franais, dans lexemple prcdent). Voir note 1 supra.
La distinction traditionnelle entre parties du discours (nom, verbe, adjectif, prposition, adverbe,
conjonction) et fonctions syntaxiques (sujet, complment dobjet direct, complment dobjet
indirect, complment circonstanciel, attribut du sujet, attribut de lobjet, pithte, complment du nom
(adnominal)) postule dj des regroupements fonctionnels (=pertinents pour linterprtation) des
morphmes libres constituant la phrase (= mots).
De fait, except le prdicat verbal , qui concide systmatiquement, sous cet clairage, avec le
verbe seul (Ltudiant va la fac, prdicat : va, sujet : ltudiant, complment de lieu : la fac), les
autres (vraies) fonctions sont le plus souvent ralises par des groupes de mots.
En grammaire traditionnelle dj, la phrase est donc (de manire plus ou moins explicite) envisage
comme constitue non pas directement de morphmes ou de mots, mais de groupes de mots.
Mais partir de l, lanalyse traditionnelle assignera la phrase une structure plate, comme si tous
les groupes de mots fonctionnellement dfinis en quoi elle consiste y taient linairement
additionns les uns aux autres, lun aprs lautre : groupe sujet + verbe (=prdicat) + groupe
complment.
En linguistique moderne, les grammaires de dpendance, tel le modle valences de Lucien Tesnires
vont dans le mme sens : le verbe y est pos come terme principal autour duquel gravitent sujet et
complments slectionns par le verbe (les actants syntaxiques), mais ces derniers sont placs au
mme niveau lun par rapport lautre, et tous par rapport au verbe.
Lanalyse en constituants immdiats propose par le structuralisme amricain 13 viendra suppler ce
manque. Elle comporte trois concepts opratoires : syntagme, constituant, constituant immdiat.
tant donn le morphme, unit significative (et syntaxique) minimale, et la phrase, unit syntaxique
maximale, un groupe de morphmes qui, un niveau danalyse quelconque, forme une unit
syntaxique en se combinant entre eux sera appel syntagme. Dans la phrase Ltudiant va la fac,
larticle dfini le et le nom tudiant constituent un syntagme (nominal) fonction de sujet, la+fac en
constituent un autre (toujours nominal), fonction dobjet de la prposition , +la+fac constituent un
syntagme prpositionnel complment (de lieu) du verbe, et va la fac, un syntagme verbal.
Tout morphme ou syntagme faisant partie dun syntagme plus grand sera appel constituant.
Ainsi les constituants du syntagme va la fac sont-ils : va, , la, fac, la fac, la fac. Les constituants
de nous parlons franais (la phrase mme est dsormais envisage comme un syntagme) sont : parl(radical), -ons (dsinence personnelle), nous, franais, parlons (morphmes libres), parlons franais
(syntagme).
Les deux (ou plus de deux) constituants qui forment directement un syntagme seront appels
constituants immdiats. Les constituants immdiats de la phrase Ltudiant va la fac sont ainsi les
plus grands des constituants qui forment cette phrase rien quen se combinant entre eux : le syntagme
nominal sujet ltudiant, et le syntagme verbal va la fac. Les constituants immdiats du syntagme
verbal va la fac sont le verbe va et le syntagme prpositionnel la fac, les constituants immdiats du
syntagme prpositionnel la fac sont la prposition et le syntagme nominal la fac, les constituants
immdiats du syntagme nominal la fac sont larticle la et le nom fac, les constituants immdiats du
syntagme nominal sujet ltudiant sont larticle le et le nom tudiant, les constituants immdiats du
nom tudiant sont le radical (de souche verbale) tud- et le suffixe -ant
Si, initialement, on avait suppos quun syntagme pouvait avoir deux ou plus de deux constituants
immdiats, la grammaire gnrative en est arrive, partir notamment de sa version standard tendue,
limiter le nombre de constituants immdiats de tout syntagme deux. Au sens de la thorie
syntagmatique de cette nouvelle syntaxe appele thorie X-barre tout syntagme est suppos
instancier les relations structurales suivantes :
-
13
14
par X et par YP (son complment) fusionn ZP, ce sera la premire projection de X (X) qui
projettera, de sorte que le nouveau constituant complexe sera toujours visible comme
catgorie du type de X (=XP) ; notation : Spec, X.
Cette analyse des syntagmes, qui ne comporte que des di-branchements, permet de rendre compte de
manire immdiate de lordre dintroduction des constituants dans lobjet syntaxique, assurant une
transparence maximale de la chronologie des procdures de fusion, dans la reprsentation syntaxique
gnre.
Projection maximale de la tte X (Xmax donc, not aussi
X), interprte comme syntagme de catgorie X (XP)
XP
Spcifieur
ZP
Projection intermdiaire
qui projette son tour (X et Xmax la fois) : chaque
niveau de projection est not par une barre ou un prime
YP
Complment
1.4.
Phrase/ proposition.
Distinction structurale
manifeste (distinction
syntaxique):
proposition = constituant
syntaxique de la phrase.
proposition indpendante :
Sylvie est alle la fac.
proposition
indpendante =
15
Ce qui reformule en fait lide que la proposition est un constituant syntaxique de la phrase.
On distingue, traditionnellement, aussi : phrase minimale (qui ne comporte que des lments essentiels, ineffaables : le
minimum requis pour sa grammaticalit parfois appele toujours : phrase simple), et phrase tendue (qui comporte, outre
les lments essentiels, des largissements (ou : expansions ) : pithtes conjointes venant largir les groupes
nominaux sujet ou objet, adverbiaux venant largir le groupe verbal, complments de phrase venant largir la phrase tout
entire) cf. Dubois, Jean et Ren Lagane (1993) La nouvelle grammaire du franais, Paris : Larousse-Bordas : 151-152).
Nous prserverons ici au terme de phrase simple lacception courante en grammaire gnrative (phrase uni-propositionnelle
(minimale ou tendue pourvu que (tant dans le cas de la phrase minimale que dans celui de la phrase tendue) les
arguments slectionns (pour la phrase minimale : Je le crois vs Je crois que vous avez compris) et/ou les expansions (pour la
phrase tendue : Je le pensais encore ce moment-l [arguments et expansions non propositionnels] vs Je pensais encore
ce moment-l [expansions non propositionnelles] que vous aviez compris le sens de cette opposition [argument slectionn
propositionnel] ; Avant davoir corrig les copies [expansion propositionnelle], je croyais encore [expansion non
propositionnelle] que vous aviez compris le sens de cette opposition [argument slectionn propositionnel] ; Les tudiants
sont arrivs avant la prof [expansion non propositionnelle] vs Les tudiants sont partis avant que la prof narrive [expansion
propositionnelle]) ne soient pas eux-mmes des propositions), oppose la notion de phrase complexe (=multipropositionnelle)), et opposerons la phrase tendue (= phrase qui comporte des lments non slectionns, optionnels
mais pas toujours propositionnels eux-mmes quel quen soit le niveau dincidence), la phrase minimale .
17
Premier conjoint : une proposition indpendante.
18
Second conjoint : une autre proposition indpendante.
19
Veuillez noter que la phrase complexe nest pas, elle, souligne comme un tout (virgule comprise) !
20
Cf. Riegel, Pellat & Rioul (2008/ 1994) : 472.
16
phrase simple
proposition
principale = phrase
matrice (= phrase
racine) 21
23
Phrases simples correspondantes : Sylvie va la fac pied./ Sylvie ira la fac pied./ Sylvie est alle la fac pied./
Phrases simples correspondantes : Sylvie marche vite./ Sylvie marchera vite./ Sylvie marchait vite./
Prdicat smantique vs prdicat syntaxique (au sens de la grammaire traditionnelle) : dans le cadre du prdicat nominal
(=copule+ attribut du sujet), seul lattribut du sujet est un prdicat smantique (un prdicatif, en termes de grammaire structurale).
Prdicat smantique vs groupe prdicatif (grammaire structurale) : lanalyse structurale des phrases tendues distingue, outre
le sujet (GN1), deux niveaux, incrmentiels : le groupe verbal GV (=verbe+ complments slectionns), et le groupe prdicatif GPrd
(=GV + complments de verbe non slectionns), la structure de la phrase tant Ph = GN1 + GPrd. lintrieur dune telle approche, la
notion de groupe prdicatif recoupe plus ou moins la notion logique de prdicat (vs sujet) dun jugement (exprim par une proposition
susceptible de se voir assigner une valeur de vrit (ou bien vrai ou bien faux)), mais le verbe ( valences satisfaites par le sujet et (le
cas chant) par son ou ses complments obligatoires) ny est pas le seul prdicat smantique.
Les complments non slectionns par le verbe (analyss comme des Groupes Adverbiaux (nots GAdv), mme lorsquils sont
exprims par des groupes prpositionnels (Sylvie va la fac pied), voire par des groupes nominaux (complments directs
qui ne sont pas des complments dobjet, tels les complments de prix ou de mesure : jai pay/ achet ce meuble 1000
euros/ trois fois rien, jai nag 1000 mtres), se laissent galement envisager en tant que prdicats smantiques : ce seraient
des prdicats optionnels, dans lconomie de la phrase, qui slectionnent, eux, un certain (type de) verbe/ groupe verbal (ce
qui expliquerait lexistence de relations de slection smantique fine entre ces lments : *Sylvie va la fac laiguille
(OKCette nappe est brode aiguille), Sylvie va la fac pied (*Cette nappe est brode pied).
24
25
21
22
Une phrase simple est constitue dune (seule) proposition indpendante, et certaines phrases complexes sont construites de plusieurs
propositions indpendantes celles qui ninstancient pas de relation de dpendance smantico-syntaxique, savoir les phrases
complexes composes par juxtaposition et par coordination.
Le jeu des formes verbales suggre dj que cest l notre option.
26
Accord avec le thme discursif qui nest pas le syntagme Cas Nominatif, mais un adnominal Cas Oblique. Ainsi, dans une phrase
telle La majorit des candidatsM 3PL ont3PL t admisM PL y aura-t-il accord avec les-OBL candidats, non avec la-NOM majorit. La Forme
Logique de cette phrase encode, dune manire qui reste prciser, que la prdication doit tre entendue comme portant sur les
candidats concerns plutt que sur leur nombre.
27
Tel do-support en anglais (I dont eat meat (je (=moi)-nominatif do-prs. indic. 1sg +NEG mang(er) viande je ne mange pas de
viande), Does he eat meat? (do-prs.indic. 3sg il (=lui) mang(er) viande ? mange-t-il de la viande ? ). Les auxiliaires de temps dans
les langues qui nexhibent pas dalternance qui se laisse motiver smantiquement, tel le roumain (vs le franais : am venit de la
facultate/ je suis venu(e) de la fac ; am mers pe jos/ jai march, am citit o carte/ jai lu un livre) peuvent tre entendus jouer (plus ou
moins) le mme rle. Plus ou moins seulement parce que lauxiliaire de temps requiert une interprtation compositionnelle des traits de
temps-mode-aspect distribus entre lui-mme et le verbe plein au participe pass (dans les exemples envisags), alors que le verbe
postiche cumule lensemble des traits TAM pertinents (le verbe plein ntant alors quune sorte de racine verbale codant pour une certaine
ventualit (vnement, procs ou tat)).
SylvieN
=Tmax
=TP
=T
all(er)+
Structure de prdication
(proposition)
=VP
SylvieN
=T
1
all(er)
=PP
la
=DP
facN
=NP
On peut aussi dfinir la proposition en tant que niveau danalyse linguistique distinct de celui de la phrase :
Phrase : unit syntaxicosmantique.
Exemple : Sylvie est alle
la fac
28
Cest dans cette acception-ci du terme de proposition que les mondes possibles sont envisags comme constitus de propositions
(vraies ou fausses) cf. Martin 1987 (ici mme, 2.3.1.3.1.).
29
Cf. Riegel, Pellat & Rioul (2008/ 1994) : 472.
Affir 32
Interr
Imp
;
+ (Ng)
+ (Emph)
+ (Passif)
Lintroduction de Const ds la structure profonde permet de rendre justice au postulat selon lequel
les transformations ne peuvent introduire des lments porteurs de sens (Chomsky 1971 (1965) :
180-181).
Rappelons quau sens de cette modlisation de la grammaire, en syntaxe seraient gnres non pas
une, mais deux reprsentations : une structure profonde, issue de linsertion lexicale des catgories,
par lintermdiaire de rgles de rcritures (inscrites dans le composant de base de la grammaire),
et une structure de surface, rsultat des transformations portant sur cette structure profonde. Des
30
Dubois, Jean et Franoise Dubois-Charlier (1970) lments de linguistique franaise : syntaxe, Paris : Larousse (collection
Langue et langage ).
En anglais : S, de sentence. Cette transposition en franais nharmonise donc pas les rapports entre les deux notations, en
alphabet grec et latin (dans la logique de / S, il aurait fallu sans doute avoir ici : (lire : pi )/P).
32
Nous prenons nos distances par rapport la nomenclature en place dans Dubois & Dubois-Charlier 1970, sur ce point prcis,
et dirons plutt assertion (type assertif) , employant affirmation pour lune des deux formes logiques possibles
( affirmation (type affirmatif, forme affirmative)/ ngation (type ngatif, forme ngative) ), parce que parler d affirmation
ngative nous semble participer de la contradiction dans les termes. Bien que lon puisse affirmer que non-p en langue
naturelle (Jaffirme quil nest pas l, et je peux le prouver), laffirmation en tant que telle ne saurait tre dite ngative sans
contradiction.
33
Souvent, dans la littrature, il y a hsitation sur la marque du pluriel, vu la variante phrase(s)-type(s) : types/ formes de
phrase ou : phrases ?
34
Dfinis, en termes (implicitement) transformationnels, comme ragencements particuliers des types obligatoires (Riegel
et al. 2004 (1994): 386).
35
Ngation descriptive : assertion dun contenu propositionnel ngatif (ex. Paul nest pas l pour linstant, ce que je vois).
Linterprtation des types facultatifs ne peut tre actionnelle que de manire marginale, lencontre de celle des types
obligatoires : le type facultatif qui illustre ce cas de figure marginal est encore la ngation (quand elle ralise, dans
lnonciation, un acte de dngation (ou de refus) plutt que la simple assertion dun contenu ngatif ex. Tu viens ?/ -Je ne
peux pas. Toujours dans un contexte doffre/ invitation : Un peu de rti?/ -Je ne mange pas de viande).
31
10
deux reprsentations gnres en syntaxe, seule la structure profonde fera lobjet de linterprtation
smantique :
mise en vedette de lattribut (du sujet) par le prsentatif cest que : *cest que X est 39 ;
phrase clive & impratif (mise en vedette du complment par le prsentatif cest que) et
impratif : *cest que+ verbe limpratif 40 ;
dautres sont marques, restant confines des genres discursifs particuliers :
passif & impratif (Soyez remercis pour votre cadeau. Bni soit-il !).
Remarque :
La reformulation, par Dubois & Dubois-Charlier 1970, de la thse chomskyenne des marqueurs sousjacents (seuls) responsables du sens interrogatif , impratif , ngatif (cf. Chomsky 1971
(1965) : 180-181, et, pour commentaire, Ruwet, Nicolas (1967) Introduction la grammaire
gnrative, Paris : Plon, p. 343) ignore un certain nombre de dtails, ayant trait notamment au passif
et lemphase : nous y reviendrons plus tard.
Retenons pour le moment quau sens de Chomsky 1965, aussi bien lemphase que le passif (et,
principalement, pour les mmes raisons), continuaient de fait tre analyss comme phnomnes
syntaxiques sans retombes interprtatives smantico-logiques : linterprtation smantique (des
36
Chomsky, N. (1957) Syntactic Structures, Mouton, The Hague (trad. fr. Structures syntaxiques, Paris : Seuil, 1969).
Singulier puisque les constituants obligatoires sont par hypothse mutuellement exclusifs.
La question se pose de savoir si les observables eux-mmes imposaient un tel biais ou si ce ntait l que linfluence de la
modlisation prcdente.
Phnomnes de porte de la ngation (Cest Paul qui nest pas venu (emphase dpart ngatif)/ Ce nest pas Paul qui est venu
(ngation dune phrase dj emphatise), restrictions smantico-distributionnelles lies la subordination/ lenchssement
(*Cest Paul qui est-il venu ?), ranalyse du passif comme donne morphologique/ lexicale (radical verbal passif non
trivialement distinct du radical actif, structure argumentale distincte) sont autant dlments susceptibles de fournir cette
analyse des motivations indpendantes.
39
*Cest froid que le caf est. OKLe caf est froid.
40
*Cest le dca que prenez. OKPrenez le dca (dcafin)..
37
38
11
41
Pronom abstrait (sans forme phontique), sujet dune infinitive ; son interprtation (rfrentielle) est en gnral
contrle par un argument du verbe recteur (ici, par le complment dobjet indirect lui).
12
{+assertif, +fini}
SylvieN
=Tmax
Ancrage discursif
=CP
Ancrage temporel
=TP
=T
all(er)+
Structure de prdication
(proposition)
=VP
SylvieN
=T
1
all(er)
=PP
la
=DP
facN
=NP
verbes dtat ([-dynamique, -tlique, -ponctuel] situations statiques, homognes et continues, sans
structure interne et sans limite temporelle inhrente) : tre malade, connatre qqch, aimer qqch, croire
qqch, avoir qqch, / tests distributionnels : *X est en train daimer la musique (-dynamique); OKX a
cess daimer la musique (+duratif (=-ponctuel)).
verbes dactivit ([+dynamique, -tlique, -ponctuel] actions qui peuvent avoir une certaine dure et
qui ont un point de terminaison arbitraire) : marcher, nager, danser (sans complment dsignant la
42
Il sagit bien videmment du procs dsign par le verbe. Cf. GUILLAUME, Gustave (1984) Temps et verbe. Thorie des
aspects, des modes et des temps. Paris : Champion.
Ou plutt : classes aspectuelles de situations (mtaterme entendu non comme synonyme dtat, mais comme une sorte
dhyperonyme pour : tats, actions, procs, vnements ; certains auteurs parlent de : ventualits (Vikner, Carl (1985)
Laspect come modificateur du mode daction : propos de la construction tre + participe pass , Langue Franaise 67,
Paris : Larousse, 95-113)ou de prdications (au sens de la Role and Reference Grammar cf. Van Valin, R. D. (1993) A
Synopsis of Role and Reference Grammar , in Advances in Role and Reference Grammar, R. D. Van Valin (ed.), Amsterdam :
John Benjamins Publishing Company, 1-164), puisque ce nest pas le verbe seul que lon classifie, mais le verbe avec ses
arguments (sujet, objets) , voire avec ses adverbes.
44
Telos : but, limite finale.
43
13
limite finale ou cible du mouvement 45) ; pleurer, rire, ; penser, crire, boire, (sans objet direct
explicite 46) / tests distributionnels : OKX est en train de marcher (+dynamique); *X nage en une heure
(-tlique) ; *X met une heure nager (-tlique); OKX nage pendant une heure (+duratif), OKX a cess
de nager (+duratif).
verbes daccomplissement ([+dynamique, +tlique, -ponctuel] actions/ situations qui ont une
certaine dure et qui comportent un point de terminaison prcis, au-del duquel laction ne peut plus
continuer) : fondre (intr. 47), scher (intr.), apprendre la posie par coeur, peindre un tableau/ tests
distributionnels : OKX est en train de peindre un/ le tableau (+dynamique) ; OKX peint un/ le tableau
en une heure (+tlique) ; OKX met une heure peindre un/ le tableau (+tlique)
verbes dachvement ([+dynamique, +tlique, +ponctuel] verbes dcrivant le seul point culminant
(ou : dnouement) de la situation envisage, mais pas ce qui prcde, au contraire des
accomplissements) : (se) casser, exploser, clater, trouver une solution, apprendre la nouvelle/ tests
distributionnels : *X a cess de trouver la solution (-duratif), *X est en train de trouver la
solution (!!+ponctuel); OKX a trouv la solution en deux secondes/ OKX met deux secondes trouver la
solution (+tlique).
Terminologie relativement floue, dans la littrature : tlique/ atlique, perfectif (terminatif)/ imperfectif (non
terminatif), accompli/ inaccompli.
Modalit : expression de lattitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel de son nonc. Paul court
(nonc sans marque dattitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel autre que le type de phrase :
type assertif neutre; analys, dans la littrature non-gnrativiste, comme nonc non modalis par
excellence)/ Il se peut que Paul coure, Paul court peut-tre, Paul peut courir (noncs modaliss).
Une fois la modalit intgre dans la base de la grammaire (rgle de rcriture de toute phrase comme Const
+ noyau), le type assertif neutre se laissera envisager comme modalisateur linstar des types de
phrases marqus (phrases interrogative, imprative, etc.), et linstar des phrases ; dautre part, la
diffrence, du point de vue de la modalit, entre Il court/ Je crois quil court, Il est vrai quil court pourra tre
formule non plus en termes de +modalit/ -modalit, mais en tant que diffrence de ralisation linguistique
dune seule et mme valeur modale (attitude propositionnelle de croyance du locuteur la vrit de ltat de
chose dcrit par son nonc).
Il ny a pas de correspondance terme--terme entre tiroirs verbaux et notions smantiques (temps/
temporalit, aspect/ mode daction, mode/ modalit).
Vous fermerez cette porte sans la claquer (tiroir : futur, sens : modalit injonctive).
Un pas de plus, et vous tombez dans labme (tiroir : prsent, sens : modalit implicative si
vous faites un pas de plus, vous tomberez ).
Il mavait dit quil viendrait ce soir (tiroir modal : conditionnel, sens temporel : futur du
pass) 48.
45
Distinguer nager (pendant 30 minutes) : activit/ nager cent mtres (en trois minutes), nager jusqu lle des rats (en dix
minutes) : accomplissements.
46
Distinguer : crire (pendant des heures) : activit/ crire lexercice (en cinq minutes) : accomplissement.
47
La neige fond.
48
Cf.. Le Querler, Nicole (1996). Typologie des modalits, Caen : Presses Universitaires de Caen.
14
49
Pour les besoins des analyses syntaxiques et syntaxico-smantiques faisant lobjet de ce cours sur la phrase modalise, la
distinction allocutaire (vis par le locuteur)/ auditeur (qui se trouve entendre ce qui est dit sans tre nullement vis par le
locuteur) telle que pose en linguistique de lnonciation nest en gnral pas pertinente.
En linguistique de lnonciation (notamment dans le cadre des thories polyphoniques cf. Ducrot, O. (1980) Les Mots du
discours, Paris : Minuit), distinction est galement faite entre locuteur-allocutaire, dune part, et nonciateur-destinatire (parfois
appel : nonciataire), de lautre. Ces distinctions feront lobjet de vos cours dinitiation en pragmatique.
50
Ce qui vaut de tout symbole, et mme des indices ou des icnes pour nous rfrer au classement des signes selon leur
relation au rfrent, au sens de Ch. S. Peirce ( noter que, selon cette tripartition, la plupart des signes linguistiques sont des
symboles (interjections (qui sont des indices dtats dme, sentiments etc.) et onomatopes (qui, imitant leur rfrent, sont
des icnes) mises part).
51
Ogden, C. K. et I. A. Richards (1989/1923) The Meaning of Meaning, San Diego-New York: Harcourt Brace Jovanovitch
Publishers.
52
Plus exactement : une reprsentation mentale de celui-ci.
15
Modalits dnonciation (contribution interprtative attitude du locuteur dans son rapport avec le
destinataire de lnonciation : actes de langage 53 ; syntaxiquement parlant = types de
phrase obligatoires) :
exclamation (phrase exclamative : Paul, parti !/ Que cette fentre est sale !).
emphase (Paul, il est dj parti pour Paris/ Cest PAUL 55 qui est arriv le premier. Cest
PAUL que je voudrais parler. Voil TROIS JOURS quil est parti).
impersonnel (Il est arriv trois nouveaux tudiants/ Il a t dans toute la nuit).
althiques ;
pistmiques ;
dontiques
dsidratives (volitives)
53
16
Problmes :
1. Lexclamatif, dou dintonation particulire, mais non exclusif dautres types obligatoires (cf. interroexclamatif : moi, partir pour Londres ?!), et spcificit syntaxique douteuse (car partageant les
structures des phrases dclaratives (Vous ne songez point elle !) et interrogatives (Quest-ce quelle
tait belle ! Est-il bte !)) peut-il tre envisag comme type obligatoire, dautant que, du moins selon
certains auteurs, il nexprimerait pas d acte de langage spcifique , fond sur des rapports entre le
locuteur et son destinataire ?
2. Le ngatif, qui, seul, parmi les types optionnels, na pas dapport smantique essentiellement
fonctionnel, non descriptif (hirarchie informationnelle, structuration du message), mais
reprsentationnel, descriptif (contribution smantico-logique propositionnelle), et qui semble au moins
susceptible de raliser un acte de langage spcifique (dngation, rfutation) peut-il tre envisag
comme type optionnel ?
La solution serait de re-classer les types de phrases obligatoires/ facultatifs en quatre catgories, quitte ce
que lexclamatif soit envisag comme seul reprsentant de sa catgorie (Riegel et al. 2004 (1994) : 388390) :
types nonciatifs (assertif, interrogatif, impratif) ;
types logiques (ngatif/ positif) ;
types de ragencement communicatif (passif, emphase, impersonnel) ;
type exclamatif (manifestant seulement la subjectivit du locuteur et ralisant la fonction expressive du
langage).
Cette solution ne fait que reformuler les problmes soulevs, sans y apporter de relle explication.
Lanalyse de la ngation fait limpasse sur ce qui est appel, dans la littrature, ngation descriptive, pour tirer
argument des seuls emplois illocutionnaires de la ngation : nier un contenu propositionnel constitue un
acte de langage, ce qui rapproche le type ngatif des types obligatoires (op.cit., p. 388) .
Et la distinction allgue entre types nonciatifs et exclamatif, selon le critre pragmatique de lacte de
langage spcifique , est elle-mme sujette caution, dans la mesure o :
(1) les types nonciatifs restants eux-mmes ne font pas lobjet danalyses uniformes, dans le paradigme
thorique dont procde la notion distinctive invoque (Thorie des actes de langage) : les types assertif et
impratif correspondent aux forces primitives assertive et directive, tandis que le type interrogatif procde
des forces drives (instanciant un sous-type directif : demander de rpondre) 60 ;
(2) le lien entre types de phrases et acte de langage spcifique nest pas aussi direct, ni aussi naturel, que
cette analyse le suppose 61, ne laissant pas dtre tributaire dun certain horizon thorique. En pragmatique
infrentielle 62, par exemple, les trois types de phrases en question sont censs correspondre non pas des
actes spcifiques , mais des actes gnriques dire que/ dire de/ demander (si /qu-) entendus par
Sperber et Wilson comme des schmas dhypothse (ou schmas descriptifs ) dans lesquels sont
incorpores les formes propositionnelles pleines des noncs concerns, mais qui restent typiquement sousdtermins quant ce quil est convenu dappeler intention (ou : but) illocutoire 63.
Linterprtation des types facultatifs ne peut tre actionnelle que de manire marginale, lencontre de celle des types
obligatoires : le type facultatif qui illustre ce cas de figure marginal est encore la ngation (quand elle ralise, dans
lnonciation, un acte de dngation (ou de refus) plutt que la simple assertion dun contenu ngatif ex. Tu viens ?/ -Je ne
peux pas. Toujours dans un contexte doffre/ invitation : Un peu de rti?/ -Je ne mange pas de viande).
60
Cf. Ghiglione & Trognon 1993.
61
Dans cette mme logique, on voit dans les types de phrases obligatoires des indicateurs de force illocutionnaire .
62
Cf. Sperber Dan et Deirdre Wilson, La pertinence. Communication et cognition, Paris : Minuit, 1989 (original en anglais
1986).
63
Par contre, les forces primitives assertive et directive (cela vaut dailleurs de toutes les cinq forces primitives
distingues dans la thorie logique de lillocutoire), tout en tant sous-dtermines quant aux autres composants , ce
qui en fait justement les forces illocutoires les plus simples possibles , sont bien dtermines, elles, quant au but. Le but
assertif (primitif) est de reprsenter quelque chose qui est le cas, et le but directif (primitif), de faire une tentative
linguistique pour que le destinataire ralise une action future (cf. Ghiglione & Trognon 1993). Par contre, dire que P et dire de P
(o P est la forme propositionnelle de lnonc p), en tant quactes gnriques, ne rendent manifeste quune proprit assez
abstraite de lintention du locuteur : la direction dans laquelle la pertinence de lnonc est rechercher (Sperber et Wilson
1989 : 381). Dire que rendrait manifeste lexistence dune relation descriptive (vs interprtative) entre la pense du locuteur et
un tat de choses rel ; dire de, lexistence dune relation descriptive entre la pense du locuteur et un tat de choses (non pas
rel, mais :) dsirable.
17
1.10. En guise de conclusions : retour sur les critres de classement des modalits.
a. Critres syntaxiques.
a.1. Critre du rapport fonction modale/ structure phrastique (modalit/ type de phrase) :
64
Au sens dAndr Meunier. Cf. Meunier, Andr (1974) Modalits et communication , Langue Franaise n 21, pp. 8-25.
Citations pertinentes : [La modalit dnonciation] se rapporte au sujet parlant (ou crivant). Elle intervient obligatoirement
et donne une fois pour toutes une phrase sa forme dclarative, interrogative ou imprative [].
[La modalit dnonc] se rapporte au sujet de lnonc, ventuellement confondu avec le sujet de lnonciation. Ses
ralisations linguistiques sont trs diverses de mme que les contenus smantiques et logiques quon peut lui reconnatre.
[Elle] caractrise la manire dont le sujet de lnonc situe la proposition de base par rapport la vrit, ncessit (vrai,
possible, certain, ncessaire et leurs contraires etc.), par rapport aussi des jugements dordre apprciatif (utile, agrable,
idiot, regrettable, ) (art. cit., pp. 13-14).
Une phrase ne peut recevoir quune seule modalit dnonciation, alors quelle peut prsenter plusieurs modalits dnonc
combines (art. cit., p. 13).
65
Cristea, Teodora (1981) Pour une approche contrastive de la modalit , in Cristea et al., Les modalits. Etudes
contrastives, Bucuresti : TUB, 8-46.
66
Ce classement concerne surtout les modalits dites dnonc (selon le critre prcdent).
67
Nous prfrons cette tiquette celle de critres fonctionnels susceptible de suggrer, tort, que lesdits critres aient
voir avec la dcoupe focus/ topique de la grammaire fonctionnelle.
68
Ce sont l des tentatives de classement (Le Querler 1996 et Charaudeau 1992) qui regroupent modalits dnonciation et
modalits dnonc. Cf. Le Querler, N. (1996). Typologie des modalits, Caen : Presses Universitaires de Caen. Cf. Charaudeau,
Patrick (1992) Grammaire du sens et de lexpression, Paris : Hachette.
69
Le Querler (1996).
70
Terme emprunt Charaudeau 1992. Noter que le contenu de cette classe nest pas identique chez les deux auteurs, malgr
des points de concidence.
71
Au gr des auteurs, la distinction <dsidratif>/ <volitif> est maintenue ou au contraire dlite. Si nous navions pas
souscrit au dlitement de cette nuance au niveau conceptuel mme, il aurait fallu noter ici ou (sans : ).
72
Vouloir, dsirer + infinitif : Je veux partir.
73
Vouloir que, dsirer que + subjonctif : Je veux que vous fassiez attention lemploi des modes dans la relative. Je ne veux
pas que tu viennes (ngation portant sur la compltive : dfendre, interdire - cf. Nouv. P. Rob.)
74
Ce classement, qui rcupre les catgories modales de la tradition logique, tout en en augmentant linventaire, concerne,
nouveau, surtout les modalits dites dnonc.
18
2. Modalits dnonciation.
Smantiquement parlant, les modalits dnonciation indiquent lattitude du locuteur dans son rapport avec le
destinataire de lnonciation : actes de langage 75 ; syntaxiquement parlant, ce sont l des types de
phrase obligatoires modulo lhsitation au sujet de lexclamation :
Hors cours.
La notion dacte de langage est dfinie lintrieur dun cadre thorique spcifique : la thorie des actes de
langage (entendue comme cas particulier de la thorie de laction). Il sagit, pour lessentiel, de ce que lon
fait (accomplit) en disant quelque chose quelquun.
Performatif vs constatif
Dans un premier temps (Austin J.L., Quand dire cest faire, Paris, Seuil, 1970 (tr. fr.)/ 1962 (original)) sont
seulement dissocis les performatifs ou : dclarations (angl. statements) dont lnonciation revient excuter
(angl. to perform) une action (exemple donn : baptiser un bateau, cest dire, dans les circonstances
appropries, les mots je baptise).
Dpourvus de conditions de vrit, lencontre des noncs qui dcrivent un tat de chose ou rapportent (=
constatent) un fait (noncs appels, dsormais : constatifs), mais sujets des conditions de russite, les
noncs performatifs remettent en cause le postulat du caractre essentiellement descriptif du langage
( lillusion descriptive , dans les termes dAustin).
Locutoire vs illocutoire vs perlocutoire
La difficult doprer des distinctions tranches entre noncs constatifs et noncs performatifs laide de
critres proprement parler linguistiques tels le critre, syntaxique, du verbe performatif la premire
personne du singulier, ou le critre, lexical, des mots performatifs (verbes ou autres) a eu pour
consquence llaboration de lappareil thorique. La question de savoir ce que veut dire, au juste, dire, cest
faire sera envisage sous un angle plus large.
Seront maintenant dfinis comme actes de langage :
1. lacte de dire quelque chose (= acte locutoire), lui-mme dcompos en plusieurs actes
gnralement coextensifs lun lautre :
produire (prononcer) des sons (= acte phontique) ;
produire des vocables (ou : mots) qui entrent dans des constructions conformes la
grammaire (=acte phatique),
et pourvus, dans lemploi, dun sens et dune rfrence dtermins (= acte rhtique) ;
2. laction ralise du fait mme de dire (en accomplissant un acte locutoire donc = acte illocutoire
de in ( dans ) acte ralis dans la locution) : promettre, poser une question, donner un
renseignement, annoncer un verdict, donner un ordre, ;
3. lacte ou leffet provoqu par la locution (vs dans la locution), sur les sentiments, penses,
agissements de lauditoire, du locuteur ou de tiers (= acte perlocutoire, de per ( par )) :
convaincre, effrayer, faire faire, (Austin 1970/ 1962).
Le noyau dur de la thorie dfendue par Austin est sans conteste la notion dillocutoire, ne, elle, en droite
ligne, dune gnralisation du concept de performatif. La spcificit de lillocutoire repose sur lexploitation
conjointe de deux axes doppositions : fonction dnotative, et respectivement conventionnel :
la distinction entre valeur (force) de lnonciation et signification de lnonc (assimile, elle, la
dnotation (=sens + rfrence)) oppose lillocution la locution ;
la distinction entre conventionnel (produit de rgles) et non conventionnel (produit des circonstances)
oppose lillocutoire au perlocutoire, comme linvariant au variable.
Austin distingue cinq types fondamentaux dillocutions :
75
Actes verdictifs [verdictives] : nonciations qui reviennent exprimer ce que lon a constat
(officiellement ou pas), partir de lvidence ou partir des raisons concernant ou bien les
faits eux-mmes, ou bien leur caractre axiologique (actes judiciaires, plutt que lgislatifs ou
excutifs : prononcer un diagnostic (par un expert : mdecin ou autre), acquitter, condamner,
dcrter, classer, valuer, etc.).
Actes exercitifs [exercitives] : nonciations consistant donner une dcision pour ou contre
une certaine faon dagir, inciter les autres se comporter de telle ou telle faon. A
lencontre des verdictifs, les exercitifs comportent un jugement (une dcision) sur ce qui devra
19
ou devrait tre, plutt que sur ce qui est : dgrader, commander, ordonner, lguer,
pardonner, etc.).
Actes promissifs [commissives] : nonciations qui visent obliger le locuteur adopter une
certaine faon dagir, sengager des degrs divers (ce terme ne sapplique pas aux seules
promesses au sens strict : promettre, sengager formellement, faire voeu de, prter serment
(jurer de), parier, etc.).
Actes comportatifs [behabitives] : nonciations qui expriment une raction la conduite ou
au sort des autres, des attitudes lgard du comportement antrieur ou simplement prvu,
dautrui (sexcuser, remercier, injurier, dplorer, critiquer, braver, etc.).
Actes expositifs [expositives] : nonciations qui visent exposer une manire de voir les
choses, dvelopper un argument, tirer au clair lusage dun mot, ou le rfrent de celui-ci
(affirmer, nier, postuler, remarquer, dcrire, tmoigner, rapporter, etc.).
Dsormais, quand nous emploierons le terme dacte de langage (ou : acte de parole), nous nous rfrerons
aux seuls actes illocutoires (ou : illocutionnaires).
Contenu propositionnel vs force illocuoire
La postrit dAustin laborera davantage encore la thorie des actes de langage (= actes illocutionnaires).
Searle (1972 (1969)) sattache oprer la distinction entre proposition exprime par lnonc et acte accompli
dans lnonciation non seulement en termes dactes (acte locutoire (notamment : rhtique) vs acte illocutoire),
mais galement en termes de la structure syntaxique de la phrase nonce (relativement aux actes
illocutionnaires mmes); ainsi discriminera-t-il deux types de marqueurs : le marqueur de contenu
propositionnel et le marqueur de force illocutoire.
Cest l une distinction qui ne se laisse apprhender directement que dans le cas des performatifs explicites, o
la principale correspond au marqueur de force illocutoire, et la subordonne enchsse, au marqueur de
contenu propositionnel :
[F je te promets [p que je fermerai la fentre]]
soit, dans la notation de lauteur, pour lacte de force F accompli propos du contenu propositionnel p : F(p).
En vertu cependant du principe dexprimabilit 76, tous les noncs se laisseraient rduire des performatifs
explicites : Searle considre en effet quun marqueur de force illocutoire (prfixe performatif Je verbe
illocutoire) sous-tend, en structure profonde, tout nonc (analyse qui correspond en tout point l
hypothse performative des gnrativistes chomskyens (cf. Ross 1970)).
Conditions de succs des actes illocutionnaires
la distinction actes/ marqueurs des actes il correspond, dans la thorie searlienne, la distinction rgles
constitutives (des actes)/ rgles smantiques (drives des premires, et gouvernant lemploi des
marqueurs dactes). Cette distinction se laisse enchsser dans une autre, dordre plus gnral : rgles
constitutives (qui crent des activits dpourvues dexistence indpendante : les rgles qui gouvernent les
jeux (football ou checs au mme titre), y compris les jeux de langage au sens de L. Wittgenstein) vs
rgles normatives (qui ont pour objet des comportements/ actions qui existent indpendamment des normes
les rgissant : linstar des rgles de politesse, la signification des phrases est justiciable de conventions). Si
les conventions smantiques dpendent des langues particulires, les rgles constitutives des actes de langage
seraient universelles.
Elles dfinissent autant de conditions de succs des actes illocutoires :
Condition(s) prliminaire(s) (qui doivent tre satisfaites pralablement, pour que lacte puisse
tre accompli : capacit de linterlocuteur, pour lordre) ;
Condition de sincrit (qui dfinit ltat psychologique du locuteur : dsir pour lordre, intention
pour la promesse, croyance, pour lassertion) ;
Condition essentielle (qui dfinit le but illocutoire : amener linterlocuteur raliser laction pour
lordre, sengager la raliser soi-mme, pour la promesse, sengager sur la vrit de la proposition
exprime, pour lassertion).
Ds quune rgle constitutive est enfreinte, lacte choue, mais cet chec est diffrent suivant la rgle
spcifique qui aura t viole.
Qui asserte que tout ce que lon veut dire peut tre dit littralement (cf. Searle 1969/ 1972).
20
Mais pas : la force avec laquelle est prsent le but (qui varie selon le degr dexplicitation de lacte, et, si
lacte est explicite, selon le verbe employ : demander de/ exiger de/ ordonner de), ni le style de
laccomplissement de lacte (annonce vs confession).
Mais pas : les relations de lnonc aux intrts du locuteur et de linterlocuteur, ni les relations de
lacte au reste du discours (rponse (question), conclusion (argument(s))).
Le contenu propositionnel (les diffrences dans le contenu propositionnel qui sont dtermines
par des mcanismes lis la force illocutionnaire : tats de choses passs, pour le rapport, tats de
choses futurs, pour la prdiction).
Mais pas : les diffrences entre actes essentiellement et non essentiellement linguistiques (qui ne
peuvent pas ou respectivement qui peuvent tre accomplis y compris sans le dire : poser un diagnostic vs
prter serment), ni entre actes institutionnels (excommunication, dclaration de guerre), et non
institutionnels, ni entre actes dont le marqueur (le verbe) est susceptible demploi performatif, et
actes dont le verbe nest pas susceptible dun tel usage (cf. se vanter, menacer).
Type dactes
But illocutoire
Direction
dajustement
REPRSENTATIFS:
Suggestion, assertion,
prdiction, rapport,
Engagement du
Des mots, au
monde.
Etat
psychologique
exprim
Croyance.
Statuts du
locuteur et de l
interlocuteur
Contenu
propositionnel
Dsir.
Position de force
du locuteur.
Action future de
linterlocuteur.
de la proposition
exprime
DIRECTIFS :
Requte, consigne,
ordre, question
Obligation de
Du monde, aux
linterlocuteur
mots.
accomplir certain(s)
acte(s).
PROMISSIFS :
Promesse, legs,
serment
Obligation du locuteur
accomplir certain(s)
acte(s)
EXPRESSIFS :
excuse, critique,
flicitation,
condolances,
remerciements
Du monde, aux
mots.
____
Intention.
Action future du
locuteur.
(croyance+
77 )
(vrit
prsuppose)
DCLARATIFS 78 :
Bndiction,
excomunication,
baptme, arbitrage
dun hors-jeu de
lavant-centre, pari sur
un trois sans atout
(annonce au bridge),
verdict de culpabilit,
dclaration de guerre
Provoquer la vrit de
leur contenu
propositionnel
Direction
dajustement
double.
(+institution extralinguistique :
statuts respectifs
bien spcifiques)
77
O llment ajout lattitude fondamentale, qui est de lordre de la croyance, est de lordre du sentiment : insatisfaction
(PLAINTE), tristesse (LAMENTATION), y compris lorsque cette attitude est fonction de (voire redondante du) statut du
locuteur : culpabilit (EXCUSE), assurance/ sentiment de supriorit (CRITIQUE)
78
Ce sont les performatifs dAustin.
21
Dans un acte de langage indirect, le locuteur ralise un acte illocutoire primaire, par lintermdiaire dun
acte secondaire, tout en ayant lintention que ce soit son intention de raliser lacte primaire qui soit
reconnue par linterlocuteur.
La demande linterlocuteur, de passer le sel (au locuteur) peut ainsi tre ralise par plusieurs types de
phrases:
1. Par une phrase (surtout interrogative) concernant la capacit de linterlocuteur passer le sel :
Pouvez-vous me passer le sel ?
2.
Par une phrase concernant le dsir/ la volont du locuteur que linterlocuteur lui passe le sel :
Jaimerais que vous me passsiez le sel, Je voudrais que vous me passiez le sel
3.
Par une phrase (ventuellement interrogative) concernant lexcution de laction par linterlocuteur :
Allez-vous (bientt) me passer le sel ?, Vous me passerez le sel ,
4.
Par des phrases concernant le dsir/ le consentement de linterlocueur dexcuter laction : Voulezvous me passer le sel ? Cela vous drangerait-il de me passer le sel ?
5.
Par des phrases concernant les raisons de linterlocuteur dexcuter cette action : Vous devriez me
passer le sel, pourquoi ne pas me passer ce sel ? Ne vaudrait-il pas mieux que vous me passiez ce
sel ? 79
6. Par des phrases enchssant lun de ces lments dans un autre, voire par des phrases enchssant un
verbe directif explicite dans
passant le sel (3), Pourrais-je vous demander (condition prparatoire du locuteur : varit de (1)
donc, o est enchss le verbe illocutoire explicite) de (bien vouloir (4)) me passer le sel ?
Comment linterlocuteur recouvrira-t-il lintention illocutionnaire du locuteur, dans tous ces cas-l ? la faveur
d informations darrire-plan mutuelllement partages , tant linguistiques que non linguistiques, ainsi que
grce ses propres capacits gnrales de rationalit et dinfrence (Searle 1975 : 60-61). La thorie des
actes de langage (notamment les conditions de satisfaction des actes), dune part, et le principe de la
Coopration de Grice (et les maximes de rgulation conversationnelle qui en drivent), de lautre interviennent,
conjointement aux informations darrire-plan, dans la modlisation searlienne de drivation de lacte primaire
partir dun acte secondaire.
La procdure de drivation de la demande de passer le sel, partir dune phrase interrogeant la capacit
de lauditeur accomplir cette action, comporterait ainsi dix tapes : (1) lidentification de lacte littral
(acte secondaire : en loccurrence, la question de savoir si lauditeur a la capacit de passer le sel au
locuteur) ; (2) lactualisation de lhypothse dobservation trs gnrale, dune conversation cooprative
(lnonc du locuteur doit donc avoir un objet, un but) ; lactualisation dinformations darrire-plan
conversationnel qui invalident linterprtation littrale : (3) labsence dindices dun intrt thorique (du
locuteur) portant sur la capacit de linterlocuteur (le sujet interprtant) performer laction , et (4) la
probabilit (trs haute) de lhypothse selon laquelle le locuteur connat dj la rponse la question
littrale (rponse affirmative) ; (5) linfrence du caractre vraisemblablement non littral de
lillocution ; (6) lactualisation, titre de prmisse de raisonnement, dune proposition ressortissant au
bagage cognitif des participants au dialogue, en loccurrence, lune des conditions prparatoires des
actes directifs (la capacit de linterlocuteur performer laction dsire par le locuteur), et (7)
lidentification de lacte littral comme question portant sur la satisfaction de cette condition ; partir de
(7), et de (8) (actualisation dinformations darrire-plan lies au scnario <DEJEUNER>), infrence de
(9) (la question sur la satisfaction de la condition prparatoire de lacte directif reprsente une allusion
la satisfaction des conditions dobissance de cet acte) ; (10) infrence du but illocutionnaire actuel (en
labsence dautres buts plausibles), partir des tapes (5) et (9).
Dans le mme article, Searle formule quatre gnralisations censes rendre compte des relations
systmatiques entre forme des phrases et type illocutoire directif de celles-ci.
Le locuteur peut faire une demande indirecte en :
En demandant si/ en affirmant quune condition prparatoire (la condition concernant la capacit de
linterlocuteur daccomplir laction dsire par le locuteur) est satisfaite ;
En demandant si/ en affirmant que la condition de contenu propositionnel (action future performe par
linterlocuteur) est satisfaite.
En affirmant que la condition de sincrit est satisfaite.
En affirmant que/ en demandant si linterlocuteur a de bonnes raisons (ou des raisons dterminantes)
dexcuter laction dsire par, soit objectives, soit subjectives (son dsir/ consentement/ bon
vouloir mme).
79
Formulations tout fait naturelles avec larme ou cette arme , la place du sempiternel sel, et qui exigent simplement
la construction dun contexte interprtatif spcifique, pour sembler naturelles telles quelles : si linterlocuteur est par exemple,
un malade en rgime hyposodique...
22
+mode daccomplissement
spcifique (consistant donner
option de refus linterlocuteur)
demande
80
Seraient dpourvus de contenu propositionnel certains actes expressifs raliss au moyen dinterjections (Zut! Ae !),
tandis que dautres auraient un contenu qui nest pas une proposition complte, mais plutt un objet de rfrence
(Vanderveken 1988 : 30) : Vive la France !
23
Austin, John Langshaw (1970) Quand dire, cest faire, Paris, Seuil.
Const
Const
Intonaffir
Intonaffir
+P
Affir
Affir
Intonaffir
SN +SV
+P
+SN +SV
(structure
profonde)
81
Dont il est question dans lpigramme de voltaire. Dans le texte voqu, le sujet est indfini, et la phrase, ouverte par deux
complments donnant le cadre spatio-temporel : Lautre jour, au fond dun vallon, un serpent mordit Jean Frron. Ce type de
construction, sujet non-topical, est une phrase thtique. Nous y reviendrons sous 3 (voir infra).
Lpigramme (pour que les litttraires ne restent pas sur leur faim) :
Lautre jour, au fond dun vallon
Un serpent mordit Jean Frron
Que pensez-vous quil arriva ?
Ce fut le serpent qui creva !
24
Taff
La transformation affirmative ainsi formule est postule pour rendre compte de lhypothse
fondamentale du modle, la distinction entre structure profonde et structure de surface, mme en
labsence de diffrences directement observables en termes de contour prosodique marqu et/ou en
termes de lordre des lments terminaux (mots 82) : il ny a donc plus de rcriture directe de la
phrase de base (affirmative active non emphatique).
Dautre part, le dplacement droite du constituant affirmatif (Intonaffir) rendrait compte du
traitement prosodique caractris en fin de syntagme prosodique maximal, donc concernant
au premier degr la fin de la squence linaire (linarise). Cette corrlation reste cependant
sujette caution, dans la mesure o, bien que le contour assertif soit, en franais du moins,
descendant, les donnes prosodiques concernent lensemble de la phrase, et non seulement
sa fin.
2.1.2. Smantique de la phrase dclarative.
Le constituant affirmatif est interprt comme une assertion dont P est le noyau (comme une assertion dont P
est le contenu propositionnel, en termes de la thorie des actes de langage).
Lassertion exprime lattitude de croyance du locuteur la vrit de ltat de chose dcrit par son
nonc (Thorie des actes de langage).
En termes de pragmatique infrentielle (Thorie de la Pertinence), lassertion exprime une relation
descriptive entre la pense du locuteur et un tat de chose du monde ou, en termes plus toffs : la
forme propositionnelle de lnonc dune phrase dclarative interprte (littralement) une pense du
locuteur qui est la description dun tat de chose rel.
Du point de vue de la hirarchie informationnelle, le constituant affirmatif permet linterprtation du sujet de
lassertion (de) P comme topique (de cette assertion), et du syntagme verbal comme commentaire, ainsi que
linterprtation des autres syntagmes nominaux (complments) comme non-topiques.
Ces faits permettent de dfinir la relation entre phrase active et phrase passive : la transformation concernant
le marqueur sous-jacent de modalit Affir (en bref : la transformation affirmative) a lieu aprs la
transformation concernant le marqueur sous-jacent de Passif (ou : transformation passive), aussi le sujet de la
phrase passive (complment de la phrase active correspondante) sera-t-il interprt comme topique de
lassertion que fonde le constituant Affir (cest--dire : de lassertion qui est linterprtation smantique du
Constituant Affir) :
Le serpent mordit Jacques Frron [Topique : serpent, Jacques Frron commentaire] Jacques
Frron fut mordu dun serpent [Topique : Jacques Frron, serpent commentaire].
Cf. Dubois et Dubois-Charlier 1970, chap. XV.
Des notions corrlatives proches mais (minimalement) distinctes.
Bien que souvent, dans la littrature, les notions de topique et de thme, et respectivement, de
commentaire et de propos (ou : rhme), soient entendues comme synonymes, et comme instanciant en
quelque sorte ou bien la relation sujet/ prdicat, ou bien la relation information donne/ information nouvelle,
une mise au point cet gard simpose. Les critres oprationnels pour la discrimination de ces couples
notionnels restent minimalement distincts.
Topique (ce qui est mis en position frontale, ce qui est annonc en premier lieu par le locuteur)/
commentaire (ce qui est introduit aprs introduction du topique): distinction syntaxique
(positionnelle).
Thme (objet du discours)/ propos (ce quen dit le locuteur 83) : distinction fonctionnelle (structure
fonctionnelle (= interprtative) des noncs vs structure formelle des phrases).
82
De toute manire, au niveau du noyau, en franais, lordre des mots et affixes directement observable en surface, ne recoupe
pas directement lordre dinsertion lexicale des constituants terminaux sous les constituants syntagmatiques concerns (en
structure profonde issue de lapplication incrmentielle, ventuellement rcursive, des rgles de rcriture) : () Aux (affixe)
+ V (racine) + SN, en structure profonde, contre racine+ affixe en structure de surface.
83
Ou : rhme. Expression contenant linformation que le locuteur dsire communiquer (au sens de lcole fonctionnaliste
praguoise (Firbas).
25
Typiquement, en franais, les sujets sont des Thmes, les Thmes sont des Topiques, et Topiques et Thmes
participent de linformation donne (rfrents dj introduits dans le discours), ce pourquoi ce sont (ou, pour
les Topiques, ils comportent), le plus souvent, des syntagmes nominaux dfinis.
Un nonc tel Un serpent mordit Jacques Frron sera donc (toutes choses gales par ailleurs 86) moins
acceptable que sa contrepartie sujet dfini Le serpent mordit Jacques Frron.
84
Strawson, Peter Frederik (1974) Subject and Predicate in Logic and Grammar, Londres : Methuen. Peter Frederick
Strawson (1919 2006), l'un des auteurs dominants de la philosophie dite du langage ordinaire, explique que le prdicat
identifie un terme universel, comme le sujet identifie un terme particulier. Il sagit en fait de sujets ressortissant une
certaine classe d'expressions, utilises pour se rfrer une personne individuelle, un objet, un vnement ou un lieu
particuliers : noms propres (Peter Strawson), pronoms dmonstratifs singuliers (celui-ci), pronoms personnels (il), descriptions
dfinies (lauteur de Sur la rfrence ( On Referring )). Comparer :
a) Peter Strawson estime que les descriptions dfinies prsupposent lexistence de leur rfrent plutt que de lasserter.
b) Celui-ci estime que les descriptions dfinies prsupposent lexistence de leur rfrent plutt que de lasserter.
c)
Il estime que les descriptions dfinies prsupposent lexistence de leur rfrent plutt que de lasserter.
d) Lauteur de On Referring estime que les descriptions dfinies prsupposent lexistence de leur rfrent plutt que
de lasserter.
85
Les exemples donns dans la rfrence cite pour illustrer labsence de correspondance terme--terme entre catgories
logico-smantiques et catgories de lanalyse grammaticale sont en fait :
(i) Sujet logique sujet grammatical (Paul a t tu par Jean vs Jean a tu Paul, les deux phrases (active et passive) tant
censes se ramener, de lavis des auteurs, une mme forme logique TUER (Jean, Paul)).
Puisque cette analyse ne correspond pas la perspective adopte ici sur les types de phrases, nous avons chang
dillustrations sur ce point prcis.
(ii) Prdicat (logique) verbe (Lhomme est mortel : MORTEL (lhomme) ; Le piano est dans le bureau : DANS (le piano, le
bureau)).
Notons ds prsent que la notion de sujet logique voque par la tradition grammaticale reste assez vague.
Sil est assez ais de dfinir (en termes gnrativistes) le sujet grammatical comme syntagme nominal porteur du Cas
Nominatif, la question de savoir ce quest un sujet logique na pas de rponse aussi directe, en grammaire gnrative.
En termes de la logique des prdicats, il sagira du sujet dun prdicat logique (prdicat qui nest, lui, pas forcment exprim
par un verbe en langue naturelle).
En termes gnrativistes, se qualifiera tre appel sujet logique un sujet de Forme Logique et donc : le sujet de la structure
profonde.
Les relations de prdication (prdicat logique-sujet logique) ressortissant, dans la phrase, la structure profonde (positions
dinsertion lexicale= positions argumentales), les deux dfinitions en arrivent, dans la pratique, dire la mme chose.
Maintenant, ce que la tradition grammaticale appelle sujet logique des phrases passives telle Paul a t tu par Jean
correspond en fait lAgent (un rle smantique ralis, dans les phrases actives correspondantes, par le sujet grammatical
(syntagme nominal porteur du Cas Nominatif)) : lAgent tant le sujet grammatical (et le Topique) des phrases actives, cest
seulement dans la mesure o les phrases passives taient analyses comme drives de phrases sous-jacentes actives, que
lon pouvait dire que le sujet logique (=sujet de la structure profonde, sujet de Forme Logique) des phrases passives soit
ralis, en surface, par le complment dagent.
La notion mme de sujet logique = Agent restera sans contenu propre, ds que la phrase passive nest plus analyse comme
drive dune phrase active sous-jacente. Mais cest l lobjet dun prochain chapitre.
86
Le vers de La Fontaine se prte justement une analyse diffrente, du fait des adverbiaux de cadre qui ouvrent la phrase :
Un beau jour, au fond dun vallon, un serpent mordit Jacques Frron.
26
etc.
Nous les tiendrons cela dit pour acquises, aux fins de la slection des exemples de phrases
interrogatives et lors des analyses menes le long de ce mmoire.
Interrogation directe (phrase racine)/ interrogation indirecte (discours rapport au style indirect :
phrase enchssement). Indirection syntaxique.
Cumul de types de phrases : interro-exclamatif, interro-ngatif, interrogation emphatique (interroemphatique dans Dubois et Dubois-Charlier 1970 : 209).
Questions factuelles (concernent ce qui est le cas ; rponse vise : phrase assertive)
vs questions dlibratives (concernent ce qui doit/ peut tre fait, non ce qui est le
cas ; rponse vise : phrase imprative)
Question-requte
Question rhtorique
Question-offre
Question-reproche
N.B. La notion de question dclarative est entendre dans une logique de formants : ce sont les questions
oui/non marques par la seule intonation (ponctuation lcrit), et, de ce fait, formellement les plus proches
des phrases dclaratives correspondantes.
[actes de langage indirects : indirection pragmatique]
87
et
question contenu propositionnel disjonctif (qui reste une question totale canonique : Tu aimes [SN le
th ou le caf] ? rponses licites y compris : Ni lun ni lautre./ Les deux.) tant trs fragile,
mieux vaut rserver le terme de QA (question alternative) la vraie question qui vhicule un prsuppos
dalternative (obligation pour linterlocuteur de choisir lune des alternatives explicites dans la question) et le
terme de question disjonctive la question totale contenu propositionnel disjonctif.
27
2.2.1.
2.2.2.
A.
88
28
2.
Contra : analyse srielle symtrique, qui place tous les membres dune QA
fondamentalement sur le mme plan, et donne ainsi P ou Q ? la mme valeur littrale qu
Q ou P ?
Exemple : Borillo 1978
Contre-arguments lanalyse srielle symtrique :
1. Caractre non pertinent de la rponse non-P (ou non-Q, ou non-Z) une QA plus
de 2 membres : Est-ce un garon, une fille ou du vent ?/ ?Ce nest pas un garon
[rponse incomplte] vs OKCest une fille. Pourquoi cela ? parce que le questionneur
veut quon lui signale la bonne hypothse, et non quon en limine une fausse (p.
136
2.
*Jai lhonneur de vous demander sil pleut ou de vous demander daller voir
le temps quil fait.
Analyse drivationnelle : Est-ce que P ou est-ce que Q ? Est-ce que P ? Sinon, est-ce
que Q ? (p. 164).
je propose de considrer les QA comme des suites de questions dont chacune conditionne
ngativement la suivante, et dinterprter par exemple Est-ce que cest un garon ou est-ce
que cest une fille ? comme une espce de condensation de la suite : Est-ce que cest un
garon ? Sinon, est-ce que cest une fille ?.
Analyse par dcrochage nonciatif :
Ceci revient simplement considrer ou Q ? dans la QA P ou Q ? () comme un dcrochage
nonciatif conscutif la question P ?, elle-mme interprtable dune manire autonome
avant (au moins logiquement) dtre intgre ce qui la suit (p. 164, nous soulignons).
Pour rendre compte des possibles diffrences non-triviales entre segments
textuels/ discursifs P, Q, R (des questions, donc des actes de parole) et
respectivement les lments constituant lalternative, qui sont, typiquement,
eux, de lordre des contenus propositionnels, lauteur propose le
formalisme : P ? Si non-X, (Q ?)
Cette analyse peut stendre aux QA de plus de 2 membres : P, Q ou R ? P ? Si non-X,
(Q ?) Si non Y, (R ?) ; chaque question est conditionne par une rponse ngative la
question prcdente, mais puisque cette prcdente, si elle nest pas la premire, est ellemme conditionne par une rponse ngative la question qui la prcde, finalement chaque
question sera conditionne par la conjonction des rponses ngatives toutes les questions
prcdentes.
Dans cette analyse, chaque question est un peu plus conditionne que les
prcdentes (p. 165).
La premire nest pas lexception, mais plutt un cas particulier o le
nombre de questions prcdentes (et donc le nombre des conditions) est
nul.
Cette analyse drivationnelle doit tre complte par une prsupposition
dalternative : une et une seule des propositions mises en question est
vraie (p. 165).
Cest grce cette prsupposition que rpondre la QA P, Q ou R ?
interprte en P ? Sinon, Q ? Sinon, R ?, en confirmant une seule des trois
propositions P, Q ou R est une rponse exhaustive : la prsupposition
dalternative impliquera alors la ngation des deux autres (p. 166).
Distinction entre faits de discours et faits de langue : continuum (dans la pratique
discursive)
QA bloque/ QA lche/ succession de QT sans marque dalternative aucune, mais
prsupposition dalternative vhicule par le contexte (168-169). Exemples dans le texte aux
29
pages indiques. Voir aussi notes aux pages 167-168, en particulier n.27.
De Cornulier, Benot (1982) Sur le sens des questions totales et alternatives,
Langages n67, pp. 55-109.
De Cornulier, Benot (1985) Effets de sens, Paris : Minuit, chap. 3.
Syntagme qu- : focalis (=foyer dinformation nouvelle), liant une variable (souligne dans les exemples ciaprs) dont la rponse fixera la valeur, au cas par cas. Le reste des lments de la phrase interrogative
ressortissent aux informations prsupposes (=dj acquises).
Qui est l ?/ prsuppos : quelquun est l.
O est-elle ?/ prsuppos : elle est quelque part.
Des notions corrlatives proches mais (minimalement) distinctes.
89
90
91
92
93
B.
C.
Quen est-il des assertives incompltes intonation suspensive (on en trouve dexcellentes
illustrations dans le dialogue entre le directeur de lhtel et le personnage camp par Julia Roberts
dans Pretty Woman) 93. Faut-il y voir un cas dindirection pragmatique (acte de question ralis par le
truchement dune assertion), comme le suggre la GALR (II, p. 44), ou bien plutt un patron moins
typique (=marginal) de phrase interrogative ? Le cas chant, faudrait-il y voir une interrogative totale
ou bien une interrogative partielle ? Puisque largument vide ouvre un espace dalternatives
pistmiques autres que oui/non (dans lexemple ci-avant, largument vide voque un paradigme
relationnel (relations de parent ou socio-amicales : sa petite amie, sa femme, sa fille, sa fiance, sa
nice, etc. )).
30
Intonation ascendante suspensive (sans modification aucune dans lordre des mots) : Il est
toujours l, votre mari ? (comparer : Il est toujours l, votre mari. intonation dclarative
descendante).
Et inversion du sujet :
Inversion simple du sujet clitique: <verbe-clitique 94 sujet> (trait dunion oblig : Es-tu
encore l ?; insertion dun -t- euphonique aprs un verbe finissant en voyelle : A-t-il compris ?
Parle-t-elle toujours aussi fort ?) ; inversion de je : systmatique au futur et au conditionnel
(dirai-je, pourrais-je, ) ; rare aprs le prsent de lindicatif (liste ferme : ai-je, suis-je, sais-je,
fais-je, dis-je, dois-je, puis-je, vais-je, veux-je, vois-je ; viter aprs dautres monosyllabes :
*cours-je, *mens-je, *pars-je, *sors-je, ).
Inversion complexe : <sujet non clitique (nom propre, syntagme nominal qui comporte
un nom substantif ou bien pronom (tonique) autre que personnel) + verbe-clitique
sujet> (trait dunion oblig entre verbe et clitique sujet, comme il en va de linversion simple ;
pas de pause-virgule aprs le sujet non clitique en tte de la phrase 95 : Paul est-il encore l ?
[sujet : syntagme nominal qui consiste en un nom propre], Le plombier est-il encore l ? [sujet :
syntagme nominal dfini (DP dont la tte est larticle dfini leD) nom substantif (plombierN (= NP)),
introduit en syntaxe comme complment (=sur) de larticle dfini tte du syntagme DP)], Celuil tait-il dj parti ? [sujet : pronom dmonstratif non clitique] ; Quelquun a-t-il une question
poser ? [sujet : pronom indfini] 96 ; noter que cette dernire question est lquivalent fonctionnel
dune question partielle sur le sujet : Qui a une question poser ? 97).
Et Est-ce que (version interrogative du prsentatif cest que+ structure phrastique 98) : Est-ce que
Paul est l ?
Les questions caches (savoir si...) sont un argument de choix lanalyse selon laquelle le complmentiseur
peut exprimer (indiquer) lui seul la valeur interrogative de la subordonne (marqueur indicatif vs descriptif) :
Je sais sil est venu (mais je ne veux pas vous le dire)
2.2.3.1.3. Interrogation totale : contrastes franais-roumain
2.2.3.1.3.1. Structures franaises sans correspondant direct roumain
dans les QT
Sujet nul (sous-entendu pour la 3me personne, inclus pour les 1re et 2me personnes, au sens de
la grammaire normative scolaire roumain)
sujet clitique roumain est phonologiquement nul donc inobservable en surface), ni dinversion
complexe donc
indirecte:
94
Pour la mmoire : sont appels clitiques les pronoms atones (=non accentus) qui prsentent une contrainte dadjacence
au verbe. Seuls peuvent intervenir entre un clitique et le verbe dautres clitiques. Clitiques sujets : je, tu, il, elle, nous, vous,
ils, elles (pronoms personnels sujets) et ce (dmonstratif sujet). Ainsi, entre je (clitique sujet) et ai (auxiliaire de temps)
peuvent licitement intervenir les clitiques objets (le lui) et ne (ngation clitique) : Je ne le lui ai pas rendu.
95
Ce qui distingue la construction interrogative dite inversion complexe de la construction emphatique topicalisation du
sujet (phrase dtachement) : Paul est-il encore l ? (inversion complexe) vs Paul, est-il encore l ? (emphase).
La construction emphatique peut concerner les interrogatives comme elle concerne les dclaratives correspondantes : Paul, il
est encore l. Ce qui ne va pas de linversion complexe, rserve, elle, linterrogation.
Si lemphase sur le sujet nest pas exclusive, dans le cas des interrogatives non plus, du pronom personnel tonique (comparer :
Lui, il est encore l./ Lui, est-il encore l ?), linversion dite complexe lest : *Lui tait-il dj parti ?/ OKCelui-l tait-il dj
parti ?).
96
Exemple emprunt Riegel, Pellat et Rioul 1994/2008 : 393. Commentaire de notre main.
97
linstar de Qui a une question poser, la question totale sujet indfini quelquun est susceptible dune lecture dpart
dfini (contre restriction explicite du paradigme dalternatives pistmiques ouvert par lindfini : Quelquun dentre vous a-t-il
une question poser ?) ou contre restriction contextuelle de ce paradigme (Quelquun [ dentre vous ici prsents ] a-t-il une
question poser ?). Cest mme l linterprtation la plus courante.
98
Construite par inversion simple du sujet clitique ce.
31
Dpourvu de tours prsentatifs en partie figs, tel cest du franais, et de vraies clives (seule loption
pseudo-clive en est une, en roumain cf. GARL II : 37 pour exemples concernant linterrogative), le
roumain na pas dinterrogatives priphrastiques non plus. Est-ce que (marqueur grammatical
sujet figement lexical) est typiquement rendu en roumain par oare (particule interrogative non
rserve linterrogation totale, linstar de est-ce que, mais incompltement dsmantise, puisque
non exclusive deffets de sens sur linterrogative quelle modalise ; en soulignant lattitude pistmique
du locuteur, de lordre de lincertitude, de lhsitation entre alternatives binaires ouvertes par la
question oui/non, oare oriente une question affirmative vers la rponse ngative ; dans les questions
QU-, oare marque ou bien limpatience ou bien lhsitation du locuteur). Du fait de ses effets de sens,
oare reprsente non seulement une condensation (1 mot pour 3 mots), mais encore une modulation
par rapport est-ce que. Dans le systme des stratgies syntaxiques-grammaticales de
Chestermann 2000, lquivalence interlinguale est-ce-que/ oare participerait galement dun level
shift , du fait du changement de niveau de marquage (marqueur grammatical/ marqueur lexical).
Est-ce que (interrogative totale)/ cumva : lquivalence est-ce que/ cumva est encore plus indirecte
que lquivalence est-ce que/ oare puisque cumva est, lui, rserv aux interrogatives totales (ce que le
marqueur franais nest pas).
2.2.3.1.3.2. Structures roumaines sans correspondant direct franais dans les QT
Inversion verbe plein (participe ou infinitif selon le cas)-auxiliaire, dans les interrogatives totales
temps compos, tour cens tre dialectal, archaque, potique (GARL II : 33) : Vazutu-l-ai ?
(potique, archaque)/ comparer : L-ai vazut ? (standard).
Particules agonistiques intgres (non disjointes) pour les interrogatives totales interprtation de
questions requtes, de forme casuelle oblique, parallles la particule interro-exclamative non
obliques dracu/ naiba dans les questions partielles (correspondants assez directs de la particule diable
en franais dans les mmes environnements) : Vii naibii (+dracului) odata ? / Cine dracu (+naiba) va mai spus-o ?
Construction spcifique des interrogatives totales lecture de question-menace : <Mai + verbe au prsent de
32
lindicatif + pronom personnel sujet +SN sujet (apposition) + complment ou circonstant> (Mai vezi tu
vreodata bani mprumut de la mine ?! Mai vine el Mircea pe la voi ?!) selon la GARL II : 41, en rgime interroexclamatif ( ?!). Noter que le fonctionnement de question rhtorique lorigine de cette interprtation (avec
inversement de polarit canonique : nu mai vezi bani , Mircea nu ma vine ), noblige pas, lui,
intonation interro-exclamative. Cest la menace qui semble y obliger (marquage paralinguistique qui lui assure
le statut dacte de langage indirect plutt que simple effet perlocutoire dune question rhtorique)
Peut-tre : la focalisation de contraste sous interrogation totale est une option reconnue pour les
phrases racines, en roumain (Vrei sa mergi CU MASINA ? ( Ai renuntat la ideea de a merge cu
trenul ? ) cf. GARL II : 892), alors quelle semble exclue en franais : Veux-tu y aller EN VOITURE ?
*Le docteur viendra-t-il ou son assistante ? (conflit entre statut de Topique du sujet nominal dans
linversion complexe et statut de Focus exig par le tour alternatif). En revanche OK Le docteur
viendra-t-il DEMAIN ? (ou APRES-DEMAIN ?)
2.2.3.2. Interrogation partielle.
2.2.3.2. 1. Interrogation partielle directe.
+humain
Qui (est-ce)
-humain
Qu(est-ce)
+sujet
qui
-sujet
que
Qui [+humain] est-ce que [-sujet] tu as rencontr ? Qu [-humain] est-ce que [-sujet] tu racontes ?
Qui [+humain] est-ce qui [+sujet] veut encore partir ? Qu[-humain] est-ce qui [+sujet] arrive ?
Inversion (simple) du sujet clitique/ inversion (simple) du sujet non clitique : distributions distinctes
(structures syntaxiques bien diffrentes !)
Inversion simple du sujet clitique
() Verbe +TEMPS - clitique sujet ()
Formes complexes : auxiliaire
Mot qu- attribut (Qui tes-vous ?, Qui est cet homme ? Quelle sera votre dcision ?) ou attribut
(Quelles gens tes-vous ? Quelles gens sont les Dupont ?)
100
Inversion de je courante pour les verbes de la liste dj mentionne (ai-je, suis-je, sais-je, fais-je, dis-je, dois-je, puis-je,
vais-je, veux-je, vois-je : Pourquoi ai-je ferm ce tiroir cl ?) ; rarissime (tour trs marqu, en particulier loral), avec les
verbes en -e - ( ?Pourquoi hsit-je ? /OKPourquoi est-ce que jhsite ?).
101
Souvent appele, dans la littrature : inversion stylistique. Les oprations stylistiques tant par hypothse supposes tre
optionnelles, seuls les cas o cette inversion est optionnelle devraient tre nomms ainsi.
102
Hanse, Joseph (1991) Nouveau dictionnaire des difficults du franais moderne, Paris-Louvain-la-Neuve : Duculot,
deuxime dition mise jour et enrichie.
33
Sujet= SN [+humain]
Attributs du sujet en
variation libre :
Qui / Quel
Qui
Qui
Qui
Qui
*Quel suis-je ?
*Quels sommes-nous ?
*Quel es-tu ?
*Quels tes-vous ?
Sujet= SN [-humain]
suis-je ?
sommes-nous ?
es-tu ?
tes-vous ?
Que suis-je ?
Que devient-elle ? 103
Qui suis-je ?
Qui est-elle ? Qui est cette
femme ?
QueCOD (Que disent-ils ? Que veulent ces gens ? Que vont dire ces gens ?)
O est + SN (O est votre guitare ? O avait t votre guitare ?)
Ngation excluant linversion simple du sujet non clitique: Depuis quand votre ami ne dort-il
plus ?/ *Depuis quand ne dort plus votre ami ? Comparer : Depuis quand votre ami dort-il?
OKDepuis quand dort votre ami? Depuis quand sest endormi votre ami ?
Ngation & mot qu- sujet (ngation excluant labsence dinversion): Combien de ne pas
(Combien dentre vous ne lont-ils pas fait ?), Quel ne pas (Quels tudiants nont-ils pas compris
lexplication ?).
Pourquoi, En quel sens excluant linversion simple du sujet non clitique : *Pourquoi rient les
enfants ?/ OKPourquoi les enfants rient-ils ? *En quel sens parlent les fleurs ? / En quel sens les fleurs
parlent-elles ?
Pour viter lquivoque :
viter la squence <Verbe + SNi+ SNj> : *O a trouv Pierre ce livre ? OKO Pierre at-il trouv ce livre ? * qui a donn Pierre ce livre ? OK qui Pierre a-t-il donn ce
livre ?
Avec, en sus de la lecture littrale compositionnelle (rponse attendue (par exemple): prof danglais), une lecture
idiomatique (disant peu prs la mme chose que : Comment va-t-elle ?). Traduction en roumain : Ce mai face ?.
Mme cas de figure donc que <Verbe + SNi+ SNj>.
104
34
Terme interrogatif en tte de phrase, renforc par cest qui/ que (viter linversion de est-ce (que/
qui)) : Quand cest que tu pars ? Qui cest que tu attends ? Qui cest qui a cass le vase ?
!!!*Que cest que
Terme interrogatif (qu-) + que (abrviation de Qu- +est-ce que) : O [est-ce] que tu vas ? Quand
[est-ce] que tu reviens ? Qui [est-ce] que tu attends ?
2.2.4. Pragmatique de linterrogation pour dtails, voir cours de linguistique vou la pragmatique
(Licence, semestre 6).
2.2.4.1. Valeur fondamentale (cf. interprtation de la phrase interrogative) : question-appel dinformation.
Tout nonc implique aux moins deux relations : une relation entre la forme propositionnelle de lnonc
et une pense du locuteur (son intention informative ostensive), et l'une des quatre relations possibles entre
une pense et ce que cette pense reprsente.
Une pense, comme toute reprsentation mentale doue d'une forme propositionnelle, peut tre utilise
descriptivement, ou interprtativement.
Quand elle est utilise descriptivement, une pense peut tre la description d'un tat de choses rel, ou
celle d'un tat de choses dsirable.
Utilise interprtativement, une pense peut tre l'interprtation d'une pense attribue (ou d'un
nonc attribu) quelqu'un, ou bien l'interprtation d'une pense qu'il serait dsirable d'entretenir d'une
certaine manire : en tant que connaissance, par exemple. D'o les cas de figure ci-contre :
METAPHORE :
105
35
IRONIE :
ASSERTION :
DEMANDE,
CONSEIL :
QUESTIONS,
EXCLAMATION :
36
soit en dfinissant demble les interjections comme espces dexclamations : exclamations brves,
parfois faites dun simple cri, destines mettre en relief un sentiment ou un geste , envisages
pourtant non pas en tant que types de phrase, mais en tant que classe grammaticale (Mauger 1968 :
382) 119,
soit en assimilant, en second, les interjections aux phrases exclamatives ( les interjections, dont la
fonction est dexprimer un sentiment plus ou moins vif, peuvent tre assimiles des phrases
exclamatives Dubois & Lagane 1997 (1973) : 162).
Remarquer que, si linterrogation totale inversion du sujet (clitique) semble exclusive de ce cumul de valeurs modales, tel nest pas le
cas des questions QU- : Mais quand/ o a-t-elle bien pu partir ?!.
La question se pose de savoir comment linterrogation (alternatives pistmiques polaires (OUI/NON) actives la fois) survit alors
lexclamation (qui nen active par hypothse quune seule, sur le mode de lvidence).
si lajout de lexclamation achve de convertir une question a priori non oriente en question oriente, et, le cas chant, sil sagira dune
sorte de question appel de confirmation (comparable Elle nest pas encore partie, nest-ce pas ?, mais en loccurrence plutt empreinte
du regret (pour son dpart prcoce)/ souhait quelle ait t encore l (pourvu quelle ne soit pas partie !) ou bien dune question
rhtorique au sens usuel .
37
Dans le classement des actes de langage propos dans Searle (1972 (1969)), lexclamation nest pas
mentionne en tant que telle, mais la description des actes EXPRESSIFS se laisse extrapoler
lexclamation : ce sont des actes typiquement raliss par des phrases exclamatives (excuse, critique,
flicitation, condolances, remerciements), et qui expriment une attitude psychologique de lordre de
la croyance ( linstar des actes reprsentatifs, dont lassertion), augmente dun lment de lordre
du sentiment (insatisfaction (plainte), tristesse (lamentation), y compris lorsque cette attitude est
fonction de (voire redondante du) statut du locuteur : culpabilit (excuse), assurance/ sentiment de
supriorit (critique)) soit, en notation : croyance + y .
Ce qui est remarquable dans cette analyse, cest que cognitif et affectif y sont runis plutt quopposs
lun lautre ( lencontre de lanalyse traditionnelle en termes des fonctions du langage (fonction expressive)).
Les thories de lnonciation, dans lespace francophone, se rallient la mme perspective :
Exclamation = Assertion + quelque chose en plus (Antoine Culioli thorie des oprations
nonciatives 121)
Exclamation = Assertion du haut degr/ du degr extrme.
2.3.1.2. Approche cognitive : pragmatique infrentielle (Thorie de la pertinence).
Rapprochement (et opposition) dire QU-/ demander QULa forme propositionnelle de lnonc dune phrase exclamative (graduelle), linstar de la forme
propositionnelle de lnonc dune question (en particulier : dune question partielle), interprte une pense qui
est elle-mme linterprtation dune pense dsirable : si assigner une valeur la variable lie par le mot
interrogatif tait pertinent pour le locuteur (ignorant, au moment de linterrogation, la rponse la question
quil est en train de poser), assigner une valeur la variable lie par le mot exclamatif serait pertinent pour
linterlocuteur.
Sous cette analyse, lexclamation graduelle (ou plutt : la forme moins que propositionnelle car
incomplte de lnonc exclamatif respectif) fournirait une interprtation de lassertion du haut degr/
du degr extrme correspondante de mme que la (forme moins que propositionnelle car incomplte
de la) question QU- fournit une interprtation de la rponse attendue.
2.3.1.3. Approche vriconditionnelle de lexclamation (thorie des univers de croyance Martin
1987 122).
En termes de valeur de vrit relativise aux univers de croyance et aux mondes possibles.
2.3.1.3.1. Notions oprationnelles.
Mondes possibles :
(1) totalit inconditionne de faits non contradictoires (le monde actuel = un monde possible parmi une infinit
dautres : extension infinie du POSSIBLE, POSSIBLE intemporel) ;
(2) lensemble des mondes alternatifs du monde m0 de ce qui est ; ces mondes alternatifs ne diffrent
de m0 que par une proposition ou par un ensemble de propositions qui sy trouvent non vrifies (conception
temporelle du POSSIBLE).
Mondes potentiels (m): ne contiennent aucune proposition contradictoire avec celles de m0 (mondes
qui prsentent comme vrai ou comme faux ce qui apparat dans m0 comme possiblement vrai ou
comme possiblement faux 123).
Le monde des attentes : chane privilgie ayant toutes les chances de se raliser (parmi le champ
infini des possibles ouverts en t0). Lun seulement des mondes possibles deviendra le monde de ce
qui est , quand lavenir sera lui aussi devenu du pass.
Mondes contrefactuels (m 124): contiennent au moins une proposition contradictoire avec celles de m0
(et donnent donc pour vraie une proposition admise dans m0 comme fausse 125).
Univers de croyance : lensemble indfini des propositions que le locuteur, au moment o il sexprime, tient
pour vraies ou quil veut accrditer comme telles 126.
121
CULIOLI, Antoine (1974) A propos des noncs exclamatifs , Langue Franaise n22, Paris : Larousse.
MARTIN, Robert (1987) Langage et croyance. Les univers de croyance dans la thorie smantique, Bruxelles : Mardaga.
Il est possible que Pierre soit revenu voque un monde o Pierre est revenu est une proposition vraie.
124
Not, dans le texte comme m barr.
125
Si Pierre avait russi laisse entendre que Pierre na pas russi, sa russite tant voque dans un monde contrefactuel (m je
narrive pas dessiner la barre sur la lettre !!!).
126
Mais il est vident, le long de louvrage, que lauteur emploie le terme, loccasion, dans son acception la plus large (la plus naturelle
aussi) de terme complexe sappliquant tout sujet de conscience : ainsi, Uil est-il cens noter lunivers de croyance de il (table des
abrviations et des symboles).
122
123
38
Indfini : parce que toutes ces propositions ne sont pas explicites (propositions latentes tenues pour
respectivement vraies ou fausses).
Variable selon les informations que le locuteur possde (connaissances acquises, faits mmoriss : la
mme phrase, nonce par des locuteurs diffrents, aura des contenus plus ou moins prcis).
Distinct de la notion dunivers de discours (=ensemble des circonstances dans lesquelles une
proposition peut tre dite vraie (circonstances dcrites par des adverbiaux de phrase (sous lAncien
Rgime, p) ou fournies par le co(n)texte interprtatif)).
Notion oprationnelle pour lanalyse de :
des contextes opaques (Oedipe voulait pouser (vs pousa 127) Jocaste/ *sa mre 128) ;
du discours direct et indirect,
de lusage de certains adverbes,
de lemploi des temps et des modes.
Univers de croyance vs image dunivers : au lieu de confrer lui-mme une proposition une valeur de vrit,
le locuteur peut situer cette proposition dans quelque univers quil voque. La reprsentation, dans le discours
(du locuteur), dun univers de croyance qui nest pas le sien ici-et-maintenant, est appele image dunivers.
Images dunivers : notion qui couvre toutes les modalits pistmiques (p. 20)
Htro-univers (U, U) : lensemble de propositions que tient pour vraies celui dont le locuteur
rapporte les dires, la pense ou la croyance ( lnonciateur ) ; ou bien lunivers du locuteur en un
temps autre que t0 (le temps de lnonciation).
Anti-univers (U) : lensemble des propositions qui, quoique fausses en t0, auraient pu tre vraies
(=que lon imagine tre vraies), donc lensemble des propositions vraies dans des mondes
accidentellement contrefactuels. Ex. : Si Pierre avait russi (Pierre na pas russi Uje, Pierre a
russi U).
distinguer des propositions fausses qui ne sauraient tre vraies en t0 (car tant le fruit de la
seule imagination du locuteur : Si Napolon tait au pouvoir (prononce en 2011)), et qui
dfinissent des mondes esentiellement contrefactuels.
Image de lunivers de croyance 129 (description de lunivers actuel du locuteur : Je crois que p, Je sais
que p).
Image (en ligne) dun univers anonyme (modalisateur pistmique renvoyant anonymement au
certain, au vraisemblable, : Il est certain que p noncs pronom sujet impersonnel (expltif il);
do sans doute lide que la prise en charge par un nonciateur spcifique (locuteur actuel 130, ou
autre 131) serait compltement dpourvue de marquage linguistique).
Commentaire :
Cette analyse ignore lapport smantique de la forme verbale (traits de temps-aspect-mode
(TAM)), au codage linguistique (grammatical) de la prise en charge par le locuteur actuel (ici:
prsent de lindicatif).
En labsence de tout renvoi quelque autre nonciateur ( la faveur de la construction
impersonnelle), les traits TAM exprimeront (par dfaut : seul sujet de conscience daccessible
dans le contexte nonciatif/ interprtatif) le degr dadhsion du locuteur actuel, la vrit de
la proposition pose comme certaine.
Comment dailleurs exprimer la distinction entre il est certain que p et on est certain que p
(forme personnelle smantique vague qui prserve elle aussi le caractre (rfrentiellement)
anonyme du sujet modal, mais projette un htro-univers de la voix publique 132, moins
127
Avec le pass simple (sans verbe modal dsidratif), le contexte est transparent : dire qudipe pousa Jocaste, cest dire quil
pousa sa mre (mme si dipe ignorait lidentit rfrentielle /Jocaste = sa mre/).
128
Ne sachant pas que la femme appele Jocaste tait galement sa mre.
129
Sorte dimage dunivers en ligne, toutes les autres tant hors ligne.
130
Comparer Je crois que p
131
Comparer Paul croit que p.
132
Rappel : on est un pronom de troisime personne qui dsigne toujours des humains (= nimporte qui, tout le monde, les gens), ne
semploie quen tant que sujet, et commande un accord du verbe au singulier : Quand on veut, on peut.
Emplois particuliers (avec diverses valeurs de style) :
on = je (On fait ce quon peut),
39
daccepter que la construction impersonnelle vhicule, elle, toutes choses gales par
ailleurs 133, une description de lunivers actuel du locuteur ( linstar dnoncs pistmiques
sujet modal je du type de je trouve certain que p, je crois que p, je sais que p) ?
Javoue ne pas saisir la porte pragmatique exacte de cette distinction, puisquen disant il est
certain que p (vs on est certain que p : htro-univers de la voix publique si ce nest dun
nonciateur identifiable dans lenvironnement cognitif du locuteur et/ou en situation de
discours), le locuteur assume cette certitude autant sinon plus que lorsquil dit je crois que
p, je sais que p).
Notation en usage :
Ui (univers dun locuteur donn linstant i)/ Ui+k (univers dun locuteur donn linstant i+k)/ Uje
(univers du locuteur (actuel)), U (image dunivers) ; Uje (univers du locuteur en un temps autre que
t0), Uil (univers de de il), Uon (univers anonyme [ ?] sagirait-il de la voix publique [comme dans les
dictons et autres proverbes] ?).
2.3.1.3.2. Classement des phrases exclamatives (Martin 1987 : chap.7) & ralisateurs.
non graduelle
graduelle
Exclamation
Lexpos des principales constructions exclamatives en franais que nous vous proposons sous 2.3.2. 2.3.4.
suivra de prs leur prsentation par Robert Martin (Martin 1987).
2.3.2. Exclamation non graduelle 134
2.3.2.1. Formants qui se rattachent directement au composant p asserte avec force dans le monde de ce
qui est mo (formes qui assertent p ou voquent p) (mme quand elles interrogent non-p).
2.3.2.1.1. [structure de phrase assertive] Mais elle est l ! (en rponse et sopposant une assertion de
linterlocuteur : Marie ne viendra pas.)
Comparer lassertion (enchanement en discours homogne): {Nous ne lattendions pas,/ Elle na pas
t invite,} mais elle est l.
40
2.3.2.1.2. [structure de question rhtorique (quivalent fonctionnel dune assertion, du fait du caractre
fortement orient de la rponse 135) formes finissant en nest-ce pas ?, non ?, pas vrai ? exclues !]
Mais enfin, ntait-il pas prsent quand la dcision a t prise ! Comparer la question inversive
correspondante (une question rponse oriente): Ntait-il pas prsent quand la dcision a t prise ? (= il
tait prsent quand la dcision a t prise, nest-ce pas ?)
Qui ne laccepterait ! Comparer la question rhtorique correspondante : Qui ne laccepterait ? (= nimporte
qui laccepterait, tout le monde laccepterait )
Comment est-ce possible ! Comparer la question rhtorique correspondante : Comment est-ce possible ? (=
ce nest pas possible ) exclamation contradictoire : le rel contredit les attentes du locuteur.
Si elle tait l ! Si elle est l ! 136 Noter la troncation, leffacement de la proposition racine : linterrogation est
attribue quelquun dautre, la mise en doute interrogative est prsente comme injustifie, car se heurtant
lvidence des faits. Comparer la question indirecte oui/non correspondante : Vous vous demandez
[maintenant] si elle est l [maintenant], Vous vous demandez [maintenant] si elle tait l [alors].
Tours non tronqus : Vous pensez si elle est/ tait l ! Pensez si elle est/ tait l ! ( bien sr quelle
est/ tait l )
Malgr la forme dinterrogation indirecte, vous pensez si ( la diffrence de vous savez si 137) est
rserv lexclamation.
2.3.2.1.3. Autres constructions :
[exclamation non graduelle & emphase par extraction du constituant focalis (phrase clive) : Cest
maintenant que tu le dis ! Cest Ren qui a t surpris ! (GM : 405).
Et [sujet] qui ne [Verbe] pas ! ajout dun argument ngatif : Et Tristan qui nest pas l ! (GM :
406)
[exclamation non graduelle & emphase par dislocation du Topique] : La grammaire, je ne men lasse
jamais ! (GM : 406)
[exclamation non graduelle renforce par apostrophe et/ou interjections] : Quoi ! 138 cette nuit ne finira
donc pas ! (Bernanos, apud GM : 407). Octave ! 139 () tu as un pied de rouge sur les joues ! (Musset,
apud GM : 406).
2.3.2.2. Formants qui se rattachent au composant fausset de p dans quelque monde contrefactuel (relevant
dune image dunivers U) .
2.3.2.2.1. [Formes smantiquement lies au contrefactuel formes qui voquent non-p] :
Mme Pierre est venu ! ( Pierre nest pas venu est vrai dans plusieurs mondes contrefactuels : sa
venue est tonnante en t0)
Il est dj l ! (on sattendait ce quil ne ft pas encore l)
Sil avait russi ! (SI conditionnel en emploi contrefactuel : Pierre na pas russi est vrai pour le
locuteur)
Dommage que tu ne sois pas avec nous ! ( Tu es avec nous (=non-p, o p est dj ngatif) vrai
dans un monde contrefactuel)
[Subjonctif de protestation]: Moi, hron, que je fasse une si pauvre chre ! ( je ne ferai pas )
[Infinitif dexclamation]: Moi, renoncer mon projet ! ( je ne vais pas renoncer ).
Voir Naples et mourir ! ( Si je voyais Naples je pourrais bien mourir, cela ne me ferait rien
(infinitif de souhait)).
2.3.3. Exclamation graduelle
Pr-requis : prdicats dsignant des proprits sujettes gradation.
Comparer :
Est-elle charmante ! / ???Est-elle ingnieur !
Est-elle grande ! /*Est-elle grande de 1m85 !
*Que ce triangle est isocle !
2.3.3.1. [Formants qui se rattachent au composant fausset de p dans au moins un monde contrefactuel
(relevant dune image dunivers U) ]
135
Selon linversion de polarits : rponse affirmative une question ngative (Nest-elle pas charmante ?), et ngative une question
affirmative (Le vois-tu l ?).
136
Lajout dexemples au prsent de lindicatif est cens prvenir toute contamination avec la lecture dsidrative (vs pistmique) de Si
elle tait l ! (SI conditionnel vs dubitatif : souhait RO dac ar fi acolo ! ).
137
Qui exprime lignorance du locuteur, quant la valeur de vrit de la proposition elle tait l.
138
Interjection.
139
Apostrophe.
41
2.3.3.1.1. [formes interrogatives : questions oui/non directes (inversion simple du sujet clitique), indirectes (si
dubitatif)]
Ces formes suggrent (je dirais plutt, ici : connotent) la fausset de p dans au moins un monde possible
(comme il en va en gnral des questions fermes (interrogations totales : le locuteur ignore si p si et
seulement si, ses yeux, p est faux dans au moins un monde possible (de son univers de croyance op. cit.,
p. 24) 140) ; lintonation exclamative indiquera, elle, que p est de fait vrai dans tous les cas, mme dans le
cas o on pourrait le supposer tre faux (cas extrme).
Est-elle charmante !
Si elle est charmante !
2.3.3.2. [Formants qui se rattachent au composant parcours des possibles ]
2.3.3.2.1. [Formes interrogatives : questions qu- directes (porte sur le syntagme nominal dans son entier
exclue ; il ny a pas dexclamation qui corresponde une QAI ouverte (interrogation partielle) telle : Qui a t
dsign comme juge ? #Qui a t dsign comme juge !); signification des exclamatives morphosyntaxiquement semblables aux interrogatives partielles : cart en intensit de la proprit ou cart
quantitatif en nombre)]
2.3.3.2.1.1. [cart en intensit de la proprit]
Quel juge a t dsign ! [bien mauvais, en tant que juge : cart en intensit de la proprit : noter
les donnes prosodiques distinctes de la phrase interrogative correspondante 141]
[phrases attributives mot qu- & ellipse de la copule : construction de fait exclusive de linterrogation]
Quelle fille charmante ! (*Quelle fille charmante ?)
Condition ncessaire : proprit attache de manire durable au sujet (dfinition dune
classe de rfrence ) 142. Comparer :
Quelle fille fatigante ! /*__________fatigue !
Quelle fille maladive ! /*_________ malade !
Qu1est-ce qu2elle est charmante !
Selon Martin 1987, il sagirait non pas dun tour rapprocher des formes interrogatives, mais dune
pseudo-subordination, linstar des tours Ce quelle est charmante ! Quelle est charmante !. Le
tour exclamatif quest-ce que p ! serait glos : Que [que1 suspensif 143, provoquant le parcours des
possibles] cela est, savoir que [que2 appositif] p (= (qu) elle est charmante) .
Glose bien plus difficile (moins naturelle) pour : Quest-ce quil a crit comme bouquins !
[quantification dobjets vs intensit de proprit] :
?? que cela est, savoir ce quil a crit comme bouquins
qui se ramne pour lessentiel : que cela est, savoir ce(la) ).
Sous lanalyse conjointe de qu1est-ce que2 p ! et de ce que p !, que2 ne serait plus appositif,
mais relatif, comme il en va de Ce quil crit comme bouquins ! voir 2.3.3.2.1.2. infra.
Lauteur met en garde cependant que, malgr lapparente relation de parent formelle entre qu1est-ce
que P !/ ce que P !/ que P !, quest-ce que p ! nest pas lorigine de ce que p, ni de que p (par
troncations successives) cf. note 22, chap.7, op.cit. (les donnes diachroniques sy opposeraient :
quest-ce que p ! tant attest le plus tard).
Contre-argument lanalyse en termes de subordination : linversion du sujet clitique !!!
Quelle est belle !
*quest-elle belle ! (pas dinversion du sujet clitique subordination)
Quest-ce quelle est belle ! (inversion du sujet clitique phrase racine)
140
Ce qui revient reformuler en termes de mondes possibles la smantique des questions fermes OUI/NON.
Quel juge a t dsign ? (accent focal sur quel, monte de la courbe intonatoire sur le mme mot, descente sur juge)/ Quel juge a
t dsign ! : dpart bas sur quel, monte de la courbe mlodique sur juge (le prdicat quantifi quant lintensit de la proprit : ici,
de la qualit de juge).
142
Op. cit., p. 107.
143
Cest--dire : qui suspend la valeur de vrit. Dans une subordonne enchsse (Paul dit que Marie est charmante, Paul sait que
Marie est charmante, Paul simagine que Marie est charmante), le que initial (en termes gnratifs : complment(is)eur) suspend la
valeur de vrit de la proposition p quil introduit : la valeur de p se dtermine entirement par le smantisme [du verbe]
introducteur (Martin, Robert, (1983) Pour une logique du sens, Paris : PUF, pp. 97-98). Cest donc au terme dun calcul interprtatif
impliquant la phrase complexe dans son entier que la subordonne pourra se voir assigner une valeur de vrit. Noter que renvoi est fait,
dans le texte de Martin 1987 :103, cette interprtation de que valeur suspensive.
Une autre manire denvisager ces choses (en termes de thorie des actes de langage): distinguer entre valeur et force
assertives (lassertion tant lacte de langage qui exprime la croyance (du locuteur) que ltat de chose dcrit par la
proposition p est le cas (p=est vrai)) : les subordonnes en que seront dites avoir seulement une valeur assertive, seule la
principale pouvant, par hypothse, avoir une force (par exemple) assertive.
141
42
Nous adopterons donc ici lanalyse plus directe selon laquelle que1 est un adverbe dintensit
QU- (= quel point, combien) (vs conjSub), analyse plus conforme lavis des dictionnaires
de langue. Cet adverbe se retrouve, en structure de surface, la position Spec,C, mais aura
t introduit en syntaxe en tant que modifieur de ladjectif (quantificateur sur la proprit
dnote par ladjectif) belle, dans la proposition enchsse. Il atteint donc la position Spec,C
suite un dplacement en priphrie gauche.
La position de complment(is)eur C est suppose rester vide, pour accueillir le verbe flchi
(pralablement incorpor la tte Flexion (=Temps)) do inversion du sujet clitique ce,
rest, lui, Spec, T, sous C).
Vous avez l une mme analyse structurale que celle propose pour les questions
partielles (parent structurale de lexclamative et de linterrogative).
Pourtant, nous avons opt pour lide que cette parent structurale na pas dexpression
directe en synchronie, tant le rsultat dune volution de la langue.
Le rapport linterrogation nest plus directement pertinent pour lanalyse en synchronie de
lexclamative (celle-ci nest pas envisage comme une espce de transforme de
linterrogative correspondante), puisque la phrase exclamative est cense comporter un
ouvreur dalternatives pistmiques proprement parler exclamatif (spcialis pour
lexclamation).
Argument pour : il ny a pas de question telle *Quest-ce quelle est belle ? (avec
linterprtation vise ici pour que : quel point vs pourquoi, en quel sens 144).
Comparer quel point est-elle belle ? insolite smantiquement si ce nest
pragmatiquement ( quel point est-elle intelligente ?, cest bien mieux comme
acceptabilit), mais tout fait grammatical.
Cest l une analyse smantique de type what you see is what you get qui nexige plus
dimplicite laborieux (rasoir dOccam 145).
En gnral, postuler des oprations nonciatives trop toffes en amont de ce qui se laisse
effectivement observer (le lien entre oprations sous-jacentes et formes observes tant
rtabli coup de troncations) participe dune politique assez douteuse : comment en effet
traiter les troncations requises en ligne, il faudrait y voir des ellipses (avec tout ce que cela
comporte de restrictions en syntaxe et smantique grammaticale) ; hors ligne, ce ne sont ni
plus ni moins que des volutions dun tat de langue un autre tat de langue.
Cela vaut (plus ou moins) de lensemble des analyses de la phrase exclamative par
Antoine Culioli (Culioli 1974, 1992) et par Robert Martin (Martin 1987).
Pour mettre en vedette des liens de parent entre exclamatives dune part, et acceptions/
constructions attestes ailleurs en langue/ discours, de lautre, les analyses en termes
(explicites ou implicites) doprations nonciatives, me semblent (au mieux) pertinentes
gntiquement parlant (gense/ mergence dune construction et/ou dune nouvelle
acception dun lexme, un tat prexistant de la langue fait de diachronie donc), sans
pour autant se laisser transposer telles quelles en termes gnratifs (gense dune
occurrence de cette construction dans la langue interne du locuteur actuel fait de
synchronie).
A lair dy survivre, de manire sournoise, le fameux principe de rcapitulation dErnst
Haeckel (1866), selon lequel lontognie rcapitulerait systmatiquement la
phylognie, principe cens exprimer le lien entre volution de lespce et
dveloppement dun individu, et dment remis en cause par la biologie moderne.
2.3.3.2.1.2. [cart quantitatif en nombre]
Combien de films ont t censurs !
Combien de courage a-t-il fallu !
Que de trsors clos en mon absence! (Colette, apud GM 146 : 404).
Que de (+Combien de) gens il y a dans la rue !
144
145
146
Olivier et Roland, que ntes-vous ici ? (Hugo, apud Nouv. P. Rob. 2007).
Diachronie (tymologie de que adverbe exclamatif intensificateur, signifiant comme , combien ) : driv du
que interrogatif pourquoi , et reproduisant ainsi, en franais, une volution smantique dj ralise en latin
pour quid (tymon de que interrogatif pourquoi ).
Principe dpistmologie qui privilgie, en matire de recherche scientifique, la solution la plus simple.
Grammaire mthodique
43
2.3.3.2.2. [pseudo-subordination : que suspend la valeur de vrit et dclenche le parcours des possibles]
Quelle est charmante !
Ce quelle est charmante ! [quantification sur lintensit dune proprit : que = conjonction de
subordination 149, introduisant une proposition compltive en apposition ce (selon lauteur, rsidu dun cela)]
Ce quil a crit comme bouquins !
147
Qui est trs certainement lorigine des analyses de Martin 1987 pour lexclamation (en particulier graduelle).
Le rapport linterrogation est invoqu dans Martin 1987 (pour dautres constructions exclamatives) en termes assez ambigus : tantt
on allgue une sorte de source dordre interrogatif (approche informellement transformationnelle), tantt (et cest l je crois loption
correcte) on pose ce rapport, en synchronie, en termes de simple proximit formelle superficielle (rapport homonymique des
constructions).
148
149149
44
(*Quil a crit comme bouquins !: preuve (selon R. Martin) du fait que, dans ces contextes (=quantification
dobjets), la proposition en que est une relative, dont ce est lantcdent.
Noter labsence dinversion du sujet clitique avec ces tours :
*Quest-elle charmante !/ OKQuelle est charmante !
*Quest-ce bte !/ OKQue cest bte !.
Le complment(is)eur que serait, dans ces constructions, non pas un vrai marqueur de subordination
(puisque les exclamatives en que sont exclusives de la subordination (denchssement) linstar des
questions partielles en que), mais un marqueur de modalit.
En tant que tel, que fait ce quil fait aussi dans ses occurrences de vrai subordonnant, quand il
suspend la force assertive de la proposition enchsse : il marque une modalit en suspension de
lassertion cf. Hirschbhler & Labelle 1992 (1994) 150 : 222. Ce pourquoi Martin 1987 parle de
pseudo-subordination , de fausse subordination.
TOURS TRONQUES (INCOMPLETS)
Distinguer ellipse : forme logique complte, forme phonologique incomplte (effacements
dans la reprsentation de surface traite par le composant phonologique), et
respectivement incompltude (=vague) : forme logique incomplte aussi !
2.3.3.2.3. [comparaison sans comparant spcifi]
Comme elle est charmante !
Comme elle sexprime bien !
Analys dans Martin 1987 en termes dauto-reprage 151 : [elle est charmante] comme elle est
charmante + ellipse de la phrase racine.
Interprtation : si on lavait compare x (laide comme un pou, belle comme Vnus, etc. : comparant
spcifi distinct du compar), du point de vue de la proprit P (quelle que soit cette proprit), on
aurait prsuppos que x est exemplairement P ; dans cette logique, comparer une jeune femme ellemme pour ce qui est du charme conduit la conclusion quelle est exemplairement charmante
(proprit quantifie dans lexemple donn).
Ce tour est analys ailleurs comme comportant un mot qu-, lorigine interrogatif, mais qui nest plus gure
attest que dans les questions enchsses (questions caches du type de : Tu sais comme (+ comment) il est
Nouv. P. Rob. 2007/ comparer la question directe (phrase racine) Comment (#Comme) est-il ?), et spcialis
dans lexclamation 152.
Un argument assez direct ou bien en faveur de ou alternativement lencontre de lanalyse en synchronie
de ces phrases exclamatives comme comparaisons tronques le mme raisonnement valant dailleurs de
lanalyse des exclamatives en que/ ce que en terme de (pseudo-)subordination relverait de lexamen des
donnes prosodiques.
Les conjonctions de subordination introduisant la compltive (que) ou la comparative (comme) ne portent pas
laccent focal dans les phrases complexes assertives phrase racine non efface, correspondant aux
exclamatives concernes, except les emplois rectificatifs mtalinguistiques (somme toute assez marqus et
rares) :
Je sais que Marie est CHARMANTE (mais je ne vais pas lpouser)
Cest l laccentuation la plus naturelle (non ncessairement oppositive : enchanement concessif plutt
que rectificatif).
Je SAIS quelle est charmante (je nen doute pas).
Je crois quelle EST charmante (non quelle le ft seulement par le pass).
??Je sais QUE Marie est charmante (non SI elle est charmante) 153.
Cela vaut mme des comparatives non triviales, a fortiori dans les structures comparative rendue triviale par
la redondance :
Elle est charmante comme sa MRE (non comme son PRE).
Elle est charmante COMME sa mre (non LINSTAR DE sa mre).
Cela tant, dans la mesure o, dans les exclamatives graduelles en que ou en comme, linstar des syntagmes
QU- dans les interrogatives partielles, et pareillement leur quivalent quel point ( QUEL POINT elle est
seule!), que et respectivement comme porteraient, eux, laccent focal (ce qui correspondrait une
150
Hirschbhler, Paul & Marie Labelle 1992 (1994) Syntaxe du franais. LUniversel et le particulier dans la langue, Montral :
Universit du Qubec Montral.
151
Mcanisme postul par Culioli 1974 (schmas circulaire de reprage).
152
Ouvrages lexicographiques et GM : 404.
153
OK sous scnario rectificatif mtalinguistique (le prof corrige ltudiant qui aura dit, fautivement, je sais si Marie est
charmante dans un contexte requrant : je sais que Marie est charmante).
45
interprtation selon laquelle llment le plus important de l(nonc) de cette phrase est le degr de la
proprit), on en dduirait que lanalyse en termes de complmentation phrase racine absente doive cder le
pas une analyse explicitement quantificationnelle (quantification pose plutt quimplique).
Largument converse ne vaut cependant pas : du fait que ?/#QUelle est charmante ! et ?/#COMME elle
est charmante ! reste(raie)nt peu frquents (voire non attests) en bon franais, alors que Comme elle
est CHARMANTE ! Quelle est CHARMANTE ! reprsente(raie)nt la rgle on ne pourra pas infrer ce
que seules des analyses pseudo-subordination ou comparaison tronque soient justes. Tout ce quon
pourra en dduire : que/ comme sont des formes atones.
Or, le caractre atone de que (qui concerne aussi bien le pronom interrogatif que (vs quoi) que la
ConjSub et le relatif) est compatible avec des analyses directement quantificationnelles du type de
[CP COMMENT/ COMBIENQU- [C queC [TP ]]]
(voques la fin de la section prcdente).
Si le trait de focalisation est associ en syntaxe loprateur abstrait QU-, du fait de labsence de
matrice phontique, cette instruction ne pourra pas jouer en forme phonologique que si elle percole
sur le premier constituant terminal dpel (que). Celui-ci tant porteur dune instruction contraire
lisible ce point de la computation par exemple [+atone], linstruction syntaxique de focalisation ne
pourra pas avoir deffets prosodiques du tout 154.
Posons, dans la mme veine, que commeQU- en vient spcifier un complmenteur non pel QUE
[CP CommeQU- [C QUEC [TP ]]]
et se voit associer linstruction de focalisation en syntaxe, tout en tant marqu (dans sa matrice
dinstructions phonologiques) du trait [+atone], linstar de queC.
Linstruction syntaxique [+Focus] aura alors des effets de FL, mais restera sans contrepartie
prosodique, du fait que le complmenteur QUE (premier candidat toutes choses gales par
ailleurs hriter du trait, dans la computation priphrique) est, lui, non pel.
Dans le meilleur des mondes possibles, le trait syntaxique de focalisation devra donc tre
effac sur comme avant traitement de sa matrice phonologique, porteuse de linstruction
incompatible [+atone], savoir en syntaxe noyau, une fois gnre la configuration de
focalisation pertinente (=interprte=lue) en FL.
En clair : [CP CommeQU- [C QUC [TP elle est [AP tcomme charmante]]]] ! instancierait un cas de
complment(is)eur rempli par une tte QUE non pele spcifie par comme (adverbial) qui
quantifierait, lui, sur la proprit dnote par ladjectif, aussi bien dans lexclamation directe que dans
lexclamation indirecte (Voyez comme elle est charmante !).
Cela revient analyser les comparatives en comme sur un mme patron (morphosyntaxique) que les
comparatives en ainsi que, de mme que (adverbial+que), mais aussi et cest l le plus intressant
de manire consistante lanalyse des interrogatives correspondantes en combien (Combien
(#Comme) laimes-tu ? [interrogation directe]/ Si tu savais combien (+comme) je laime !
[interrogation/ exclamation indirecte]/ Combien (+Comme) je laime ! [exclamation directe]).
Postuler une tte QUE non pele est ncessaire pour rendre compte de lagrammaticalit de *Comme
est-elle charmante !, ainsi que de la spcialisation de comme (vs comment, combien) pour les
structures subordination (dans les interrogatives correspondantes).
Cette analyse vaudrait aussi bien de comme comparatif (Elle est jolie comme sa sur [est jolie]) que
de comme interro-exclamatif. 155
2.3.3.2.4. [conscution sans consquence spcifie : quelle que soit la consquence, le prdicat est vrifi]
Elle est si charmante ! Comparer lassertion correspondante non tronque : Elle est si charmante que vous
allez lpouser.
2.3.3.2.5. [indfinition complments/ qualificatifs possibles seulement suggrs : tous ces complments
(parcours des possibles) vrifient ce qui est dit]
154
Plutt que de permettre, dans ce cas-ci, leffacement tardif du trait [+Focus] introduit en syntaxe noyau (et effets certains de Forme
Logique (FL)) et clon dans la reprsentation traite, post-pellation, dans la computation priphrique vers la Forme Phonologique (FP),
contre insertion de laccent focal dans la computation priphrique selon la variante par dfaut ( la fin du syntagme phonologique
maximal trait), il faut plutt penser que la computation prviendra dune manire ou dune autre la copie du trait incrimin, de lautre
ct de lpellation, dans la reprsentation sur laquelle oprera la computation priphrique : y introduire une instruction qui aura pour
toute finalit dy tre efface ne rime pas grand-chose.
155
Pour une analyse du mme type, des structures comparatives en que et en comment, voir Muller, Claude (1996) propos de que
comparatif , LINX N 34-35, Lexique, syntaxe et analyse automatique des textes. Hommage Jean Dubois, 241-254.
46
2.3.3.2.7. [phrases nominales relativisation de lattribut du sujet tour exclamatif non recens dans
lapproche en termes dunivers de croyance]
Octave ! [apostrophe] [interjection] fou que tu es ! (Musset, apud GM : 406)
Comparer : FouFOC que tu es ! [interprtation littrale en de de la gradation : tu es fou
plutt quimprudent, sur un prdicat par ailleurs gradable]/ COMBIENFOC que tu es fou !
[+gradation : tu es trs fou].
Linterprtation graduelle reste, dans ces cas-ci, possible, et mme probable, mais cest l un effet dindirection
pragmatique (interprtation infre la faveur de maximes de la conversation, notamment de la maxime de
pertinence). Mme comportement syntaxico-smantique (modulo les diffrences de ralisation morphologique
au niveau des propositions relatives, dans les deux langues) et mme type dindirection dans le cas du roumain
Nebunule ce esti !
Ce sont des structures exploites, en dehors de lexclamation, en contexte circonstanciel (circonstancielles
valeur causale, dtaches en tte de phrase) : Press que jtais de vous voir, je suis venu aussitt (GM : 481,
analys comme relativisation dun adjectif attribut du sujet, dans le cas du procd stylistique de
renforcement dun adjectif en position dtache ). Insens que je suis (exemple, hors co-texte, de que
pronom relatif, in Hanse 1991 : 793). Tour quivalent roumain : <adj + cum + sunt/ esti/ este> (Grbit cum
eram s v vd, ).
Par contre, lexclamative construite sur le mme patron, en franais, sera traduite en roumain par <adj. (forme
casuellement non marque) + ce + sunt/ esti/ este>, alternatif : <nom (<adj.)+art. df. enclitique au
vocatif+ ce + esti/ sunteti> (pour lexclamative de forme interlocutive susceptible dtre renforce par
lapostrophe en franais) : Nebunule ce esti ! Adjectifs non substantivables exclus (*Tristule ce esti !).
Lagrammaticalit de *Triste que tu es ! *Bte que tu es ! vs OKIdiot que tu es ! OKDprim que tu es !
(comparer : *Tu es un bte/ OKTu es un idiot, *Tu es un triste/ Tu es un dprim 156), pas amliore aux formes
non interlocutives (*Bte que je suis ! vs OK Idiot que je suis !) encourage une analyse syntaxique
nominalisation en franais aussi, ce qui ne va pas sans majorer les diffrences syntaxiques et smantiques
entre structure relative de dpart (qui semble favoriser les adjectifs dorigine verbale plutt que laptitude
nominalisation) et exclamative exploitant la mme ( ?) construction.
*Triste (OKAttrist) que jtais (par son dpart), je ne vous avais pas accompagns la fte
(=Comme jtais triste cause de son dpart)
156
Emploi subst. Un dprim grave, psychique. Oh! le mauvais vin de l'motion forte, celui dont la griserie atrophie la volont et prpare
les dprims et les maniaques (LORRAIN, mes automne, 1898, p. 77). TLFi.
47
quelle se dgrade si lon change de forme verbale (pass au lieu de prsent, et/ou autre
personne que 1sg), ne pouvant alors tre prserve quau mieux sous interprtation de
discours indirect mimtique :
quelle est assez problmatique contre registre factuel vs valuatif (en changeant,
naturellement, de verbe introducteur) : ?Mais je vois quil nest pas l !
Notons dabord que lexclamation non graduelle est parfaitement compatible avec le registre factuel
(tonnement face un tat de chose inattendu, mais vident) : Mais il nest pas l !
Ainsi linterprtation exclamative est-elle problmatique pour la subordonne, non pour lensemble de
la phrase, cest--dire en fait : non pour la principale. Interprte comme OKMais je le vois ! o le
fonctionne comme substitut clausal (pronom neutre), la phrase exclamative Mais je vois quil nest pas
l ! est parfaitement grammaticale. Cest lindirection de lexclamation qui est bloque, avec un
contenu propositionnel purement factuel, en prsence dun verbe recteur (oprateur dindirection) de
perception ( ?Je vois quil nest pas l !) ou de connaissance ( ?Je sais quil nest pas l !), oprateurs
dindirection compatibles avec le registre factuel dans le cas des phrases dclaratives (Je vois quil
nest pas l. Je sais quil nest pas l : Il nest pas l ) voire interrogatives (vraies questions : Je ne
vois pas sil est l, Je ne sais pas (+ Jignore) sil est l : Est-il l ? ) ou questions caches : Je vois
sil est l, Je sais sil est l : Est-il l ? )
Nous en retiendrons que lindirection syntaxique est une option bien plus lime en fait
dexclamation non graduelle quelle ne lest en fait dinterrogation totale : argument pour
48
lide que la bonne dcoupe, en fait dexclamations, nest pas : total/ partiel, mais : graduel/ non
graduel. Je trouve que __ (performatif de prdication originelle) est un environnement qui laisse
passer la valeur exclamative de la subordonne.
2.3.4.2. Exclamatives graduelles
Voyez combien de films ont t censurs !
Voyez comme elle est charmante !
Regarde ce quelle est belle ! (mais non : *Regarde quelle est belle !, la construction quelle est belle (pseudosubordination) tant rserv lexclamation directe 157).
Noter, dans ces exemples, le type smantique (verbe de perception) et la forme du verbe introducteur
(limpratif).
Mais la valeur (vs force) exclamative de la subordonne subsiste aussi bien avec un verbe de connaissance
(savoir) voire, la forme ngative (notamment en prsence dune surmodalisation selon le <possible>), avec
un verbe dopinion (ne pas arriver croire__, ne pas pouvoir croire__), lindicatif prsent (premire ou
deuxime personne notamment, ou troisime personne en tours neutres )
Je sais comme elle est charmante ! Nous savons comme elle est charmante !
Tu sais comme elle est charmante ! Vous savez comme elle est charmante !
Comme elle est charmante !
Je ne peux pas croire ce quelle est belle !
Tu ne peux pas croire ce quelle est belle !
Cest incroyable, ce quelle est belle !
Je sais comme elle est charmante fonctionne toujours en tant quexclamative indirecte, mais Je sais
comme elle est participe des questions caches (tour direct correspondant : Comment est-elle ?).
Je reconnais bien comme elle se tient mal, comme elle sourit peu (DURAS, apud Nouv.P. Rob.
2007 : exclamative indirecte)/ Je sais comme elle se tient. (question cache).
2.3.5. Lavis des dictionnaires.
2.3.5.1. TLF
QUE
I. (Emplois conjonctionnels)
A. Conjonction de subordination.
B. Conjonction de comparaison (tel que, aussi/ moins/ plus que, etc).
C. Conjonction ou adverbe exclamatif.
II. Empl. pronom. Pronom non prdicatif, marque le genre de l'inanim et assume toutes les
fonctions rgimes du substantif.
A. Interrogatif.
B. Relatif.
I.C. [Plac en tte de phrase, que indique un haut degr]
a) Que + phrase attributive. Oh! que la suite des temps est lente. Quels longs efforts pour dplacer! Comme
l'on se repose entre luttes! (GIDE, Journal, Feuillets, 1896, p. 104). Qu'il est beau! (GIRAUDOUX, Intermezzo,
1933, II, 7, p. 143). Qu'il est fidle! (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 202).
Que + autre phrase. Que je voudrais l'avoir connu! (GIDE, Si le grain, 1924, p. 415). Ah! qu'il avait peur
d'arriver trop tard! (MAURIAC, Nud vip., 1932, p. 156).
Familier
Ce qu'il est beau! Ce qu'avec trois mots je le ferais taire! (COLETTE, Bl en herbe, 1923, p. 315).
Qu'est-ce qu'il est beau! Alors, qu'est-ce qu'ils se payent notre gueule, les Fritz, depuis deux ans! (MALRAUX,
Espoir, 1937, p. 523).
b) Que + interr. ou exclam. ng. Pourquoi. Pour resserrer les nuds de cette chaste famille, que ne donne-t-on
en mariage le frre la sur et la sur au frre? (CHATEAUBR., Fragm. Gnie, 1800, p. 165). Que ne suis-je
dj au lieu de mon repos! (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 389). Ah, pensait le plus jeune, que n'ai-je
auprs de moi mon chien aux dents fraches, pour lui faire un licol de mes bras!... (MONTHERL., Bestiaires,
1926, p. 576). Qu'allons-nous visiter sa cellule! Elle est vide (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 187).
Que + de + subst. Que de problmes soulve ce destin trange! (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 109).
c) Pop. Comment que...! Il y a vingt ans, un type qui se serait conduit comme a, et comment qu'elle l'aurait
laiss tomber! (M. BERNARD, La nouvelle Nouvelle Revue franaise, 1956, p. 219 ds A. HENRY, t. de synt.
expressive, Univ. de Bruxelles, 2e d., 1977, p. 148).
2.3.5.2. Le Nouv. P. Rob. 2007
157
Exemples, analyse en tant quexclamations graduelles indirectes et commentaire emprunt Martin 1987 :108, note 27
49
1QUE conj. <quia, employ en bas latin au sens de quod le fait que, que (milieu IXe s).
2QUE adv. 1080 <bas latin quid.
1. Interrogatif : Pourquoi ?, En quoi ? Que mimporte un bonheur difi sur lignorance ? (GIDE)
2. Exclamatif : Comme !, Combien ! Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! (HUGO)
Que cest donc bte de vous tourmenter comme a ! (ZOLA)
FAM. (dans le mme sens) Ce quil est bte ! Quest-ce quelle a d pleurer (PROUST)
QUE DE loc. exclam. Combien : Que de difficults je prvois ! (RENAN).
3QUE pronom <lat. quem, accusatif de qui (842).
1. Pronom relatif (dsignant une personne ou un objet ; COD, COInd ou circ., Attribut ;
vx. : ce que, ce qui : Cote que cote, Advienne que pourra 158).
2. Pronom interrogatif (dsignant une chose).
EXCLAM. Quest-ce quon va dguster ! (DORGELES) Quest-ce quil y a
comme poussire !
2.3.5.3. Analyse des donnes lexicographiques :
Que (conjonction de subordination, conjonction de comparaison, conjonction ou adverbe exclamatif ou bien
pronom interrogatif ou relatif) bnficie, dans le TLF, dun traitement polysmique poly-catgoriel (une entre
lexicale plusieurs sens correspondant deux grandes catgorisations syntaxiques ( conjonction et
pronom )) et, dans le Robert, dun traitement homonymique (entres lexicales distinctes, selon
catgorisations syntaxiques et tymologies distinctes).
Que exclamatif maintenant a un traitement unitaire aussi bien dans le TLF, que dans le Robert, lentre
polysmique 2QUE [adv. 1080 <bas latin quid] du Robert correspondant la famille de sens regroupe sous I.
C. dans le TLF [conjonction ou adverbe exclamatif].
Au niveau de la structuration de la famille dacceptions regroupe sous I.C. dans le TLF, il faut noter que la
spcification [Plac en tte de phrase, que indique un haut degr] , situe, dans le texte, avant les trois
acceptions a), b) et c) de I.C., ne se rfre de fait qu I.C. a).
Que de (loc. exclam. Combien (de)) est affilie dans le TLF QUE-pourquoi (interrog. et exclam. : C.I. b)), et
dans le Robert, directement QUE-comme, combien (exclam.) 159, lui-mme driv de QUE-pourquoi, en quel
sens.
Si, pour le sens, le tour quest-ce que + intensit de la proprit (Qu'est-ce qu'il est beau! Quest-ce quil est
bte !)/ quantit (Quest-ce quelle a d pleurer) est rapproch, dans les deux dictionnaires, de QUE-comme,
combien, du point de vue syntaxique, le mme tour est explicitement align sur QUE-pronom interrogatif (dans
le seul Robert), du moins quand il a linterprtation quantitative (cart quantitatif en nombre Quest-ce
quon va dguster ! (DORGELES), Quest-ce quil y a comme poussire !). Ce qui va dcidment lencontre
de lanalyse de Martin 1987, et corrobore notre hypothse (voir supra 2.3.3.2.1.2.).
Le Robert emphatise dailleurs aussi le lien entre exclamatives en que (QUE-comme, combien) et interrogatives
en QUE-pourquoi (dans le respect des donnes tymologiques : quid aura subi la mme volution smantique
en latin). Encourageant ( premire vue) une analyse de QUE-comme, combien directement compatible avec
les traductions en roumain (ct (de) : marqueur de quantification/intensit, mot QU- donc)).
Par contre, le regroupement des emplois exclamatifs parmi les emplois conjonctionnels dans le TLF encourage
une analyse unifie en termes de Complment(is)eur.
Les emplois du type de comment qu'elle l'aurait laiss tomber! (M. BERNARD, La nouvelle Nouvelle Revue
franaise, 1956, p. 219 ds A. HENRY, t. de synt. expressive, Univ. de Bruxelles, 2e d., 1977, p. 148) relevs
dans le TLF, encouragent une analyse de que ! en tant que complment(is)eur pel, tay par un
oprateur de quantification non pel (variante de COMMENT) dans son Spec dabord pour la distribution Que
+ phrase non attributive (Que je voudrais l'avoir connu! (GIDE, Si le grain, 1924, p. 415) = [CP COMMENT [C
queC [TP je voudrais l'avoir connu!]]]) extrapoler, ventuellement, la distribution Que+phrase attributive
(Qu'il est beau! = [CP COMMENT [C quC [TPil est beau !]]]).
Pareille analyse reviendrait reformuler, en termes gnrativistes, lhypothse de que-adverbe
dintensit, en prenant au srieux lanalyse du TLF (sous lecture inclusive du connecteur ou :
conjonction ou adverbe conjonction et adverbe).
(ce e cu verde este optional)
158
Advienne ce qui pourra arriver. Que ici a donc partie li avec la fonction sujet, lencontre de son comportement habituel en franais
contemporain.
159
Correspondant, au sens du TLF, QUE en tte de phrase marquant le haut degr, (soit C.I.a)).
50
position canonique (in-situ) : le terme focalis garde sa place de base (position lgitimation
smantique propositionnelle vs fonctionnelle) ;
position non canonique (ex-situ) : le terme focalis se trouve, en surface, linitiale de la phrase
(en franais 160, dans des questions partielles : QUI voulez-vous parler ?) ou bien il est isol du reste
de la phrase dans des constructions appeles clives (sparation du constituant mis en vedette, par
rapport au reste de la phrase : Cest PAUL que je voudrais parler). Lentit en focus et la partie
non-focalise, c.--d. la prdication sont spares par des caractristiques prosodiques (intonation :
accentuation, mlodie), mais il ny a pas vraiment de rupture (pas de pause-virgule) entre les deux
squences. Cest l une premire diffrence par rapport aux constructions de topique.
La position de largument focalis dans la partie prsuppose (non-focalise) de la construction nest
pas comble, si bien quil y reste une lacune (analyse en grammaire gnrative (version standard
tendue : thorie du gouvernement et du liage ) comme trace de llment dplac en tte de
phrase). Cest l une diffrence essentielle par rapport aux constructions de topique, en franais 161.
Les constructions in-situ et ex-situ exhibent des traits smantico-pragmatiques diffrents (interprtation des
termes focaliss, interprtation de la construction entire).
-
160
En roumain, en revanche, le focus ex-situ est attest (galement) la faveur du dplacement en tte de phrase dun
syntagme interprtation fonctionnelle de <focus (= foyer dinformation nouvelle>), dans les phrases dclaratives : ACOLO
vreau sa merg (nu n alt parte), PAUL mi-a spus-o (nu altcineva) o les capitales marquent laccentuation focale. Cette
construction est atteste en particulier dans les langues dpourvues la fois de tours prsentatifs figs (phrases du type de
Cest une craie, Cest mon mari nonces en montrant lobjet ou la personne en question), et de construction clive, tel le
roumain.
161
Pas en roumain, o le focus ex-situ peut requrir, linstar des constructions de topique, la reprise du constituant extrapos par un pronom clitique : Pe PAUL l caut (nu pe Mircea). La pause-virgule (exclue, avec le Focus ex-situ, mais requise,
pour les constructions de topique correspondantes : Pe Paul, l CAUT nc (pe Mircea l-am i gsit) et la prosodie ( loral)
restent alors les seules marques distinctives des deux constructions.
51
trouve en contraste avec les autres options (ce qui est exclu, cest la possibilit de
substitution dune autre option loption actuellement en focus).
Typiquement, en franais, si le focus en position non-canonique (ex-situ) concerne aussi bien,
et systmatiquement, les questions partielles (directes), ce sont des phrases clives (cest
qui/que, voil que, ) que lon interprte en termes de focus de contraste 162 :
Cest PARIS que jai achet mon chapeau.
Voil TROIS JOURS quil est parti.
Comparer aux questions correspondantes :
O avez-vous achet votre chapeau ?
DEPUIS QUAND est-il parti ? 163
constructions in-situ : focus dinformation.
Il sagit de la partie de lnonc qui reprsente une information nouvelle (nouvelle pour
lauditeur) non-prsuppose. En franais comme en roumain, la rponse une question QUest un cas de focus in-situ et est interprte en termes de focus dinformation : nombre
illimit dalternatives pistmiques ouvertes, parcours non exhaustif. Comparer :
O avez-vous achet votre chapeau ?
-Jai achet mon chapeau Paris.
Position daccent de phrase dtermine par la syntaxe (rgle daccent noyau Chomsky
1971). Typiquement, en franais (comme en anglais), dans les phrases dclaratives :
membres de phrase les plus droite (derniers tre prononcs) :
Jai achet mon chapeau Paris. Comment tu le trouves ?
Un accent noyau dans une position autre que celle prdite par la rgle indiquerait un focus
expressif ou contrastif :
Jai achet mon chapeau Paris (non ma jupe) !
Constructions in-situ et focus de contraste (constructions corrlatives, focus symtriques
mme fonction grammaticale, mme rle smantique):
Je nai pas achet mon chapeau Londres, mais [je lai achet] Paris.
Jai achet mon chapeau non pas Londres, mais Paris.
Jai achet mon chapeau Paris, et non Londres.
Constructions in-situ oprateur de focalisation restrictif (par exclusion daddition vs
exclusion de substitution) :
Jachte mes chapeaux seulement Paris 164.
Ngation restrictive: Je nachte mes chapeaux qu Paris
Jai achet seulement mon chapeau Paris.
Ngation restrictive: Je nai achet que mon chapeau Paris.
3.1.2. Topique : ce dont on parle ( aboutness , -propos ) le topique chez Lambrecht (1994)
et chez Dik (1997).
Parmi les dfinitions (concurrentes) les plus frquentes dans la littrature, nous mentionnerons les
suivantes (perspective informationnelle et/ ou cognitive):
162
Pour la caractrisation focale des questions QU- appel dinformation et des constructions focus de contraste, voir Lambrecht 1994 :
282-291.
Bien que sous une interprtation du type de Cest o vous lavez achet, et non quand, qui mintresse , cest depuis quand il est
absent, et non jusqu quand il sabsentera, qui mintresse , le focus interrogatif dplac en tte de phrase dans les questions ouvertes
directes (questions appel dinformation) se laisse galement envisager en tant que focus didentification ou de contraste, la chose est
moins vidente que dans le cas des clives dclaratives correspondantes. Focus informatif (vs contrastif), bien que le syntagme
interrogatif porteur de laccent de phrase ne soit pas in situ. Dans les questions indirectes (enchsses), par contre, le focus de contraste
sur le syntagme interrog reprsente une option : Je veux savoir qui vous tes, non ce que vous tes. Comme il peut porter sur un autre
syntagme : Je veux savoir qui est parti POUR LONDRES (non POUR PARIS). Option clairement barre dans les questions QU- racines :
*Qui est parti POUR LONDRES (non POUR PARIS) ?.
164
Variante restrictive : Je nachte mes chapeaux qu Paris.
163
52
llment peu informatif : le thme dans les travaux dvelopps par lcole de Prague, puis par Firbas
(1992), le caractre plus ou moins informatif tant formul en termes de degr de dynamisme
communicatif ;
Topiques:
Fonction de reprage:
Cadres (de discours Charolles 1997):
53
170
Le terme dextraposition peut tre entendu renvoyer aussi un concept rsultatif : position engendre suite une opration de
dplacement par extraction du noyau ; cette position drive, du constituant extrait viendra en sus des positions argumentales et/ou
casuelles canoniques dont sont respectivement justiciables le rle smantique et la fonction syntaxique de celui-ci. Sont des
extrapositions les positions de priphrie gauche, voues interprtation fonctionnelle discursive actionnelle et/ou informationnelle
(positions qui interviennent dans la ralisation syntaxique des modalits dnonciation et de message). Par ranalyse smantique du
terme dextraposition, on peut y voir une position extra (= en sus des positions porte descriptive). Cette acception additive plutt que
rsultative se dessine souvent en lisr des arguments, dans la littrature gnrativiste plus rcente, justement parce quelle nest pas
engage sur lexistence ou non dun dplacement. Si dplacement il y a (eu), la position priphrique constituera une vraie chane avec
une position du noyau, en labsence de dplacement, on parlera de quasi-chane.
171
En cas dexplicitation de lalternative rejete (phrase complexe construite par juxtaposition), laccent focal frappe, souvent, dans le
second conjoint, non pas le membre de phrase statut syntaxico-smantique symtrique, mais la ngation (Pe PAUL l caut, NU pe
Mircea).
172
Pour la mmoire : dplacement de constituants depuis leur position dite de base (premire position dintgration la structure
syntaxique en train dtre cre) une position dite drive (ou, en cas de dplacements multiples dun mme constituant, dune
position drive une autre position drive).
173
Pour la mmoire : introduction de constituants leur position de base dans la structure syntaxique en train dtre cre, par fusion
dautres constituants dj intgrs cette structure.
174
En particulier: pas de marques de Cas oblique sur le syntagme nominal dtach en tte de phrase, mme lorsquil est redoubl dun
clitique oblique lui/ leur, y, en!
54
Bibliographie minimale :
Chafe Wallace L. (1976) Givenness, contrastiveness, definiteness, subjects, topics and point of view , in C. N. Li (d.)
Subject and Topic, New York, Academic Press, 25-55.
Charolles Michel (1997) Lencadrement du discours : univers, champs, domaines et espaces, Cahiers de Recherche
Linguistique 6, Universit de Nancy-2, 1-73.
Charolles Michel (2002) Les adverbiaux cadratifs : fonction et classification ,
http://www.lattice.ens.fr/siteACFT/Documents/CharollesAdverbFoncClass4111.pdf.
Dik Simon Cornelis (1997) The theory of functionnal Grammar, Berlin, de Gruyter.
Firbas Jan (1992) Functionnal Sentence Perspective in written and spoken communication, Cambridge, Cambridge University
Press.
Halliday Michael Alexander Kirkwood (1985, 2e d. 1994) An introduction to Functionnal Grammar, London, Arnold.
Lambrecht Knud (1994) Information structure and sentence form: Topic, Focus, and the mental representations of discourse
referents, Cambridge: Cambridge University Press.
3.2. Grammaire gnrative : analyse fine de la priphrie gauche. [sectiunea 3.2. este optionala]
Initialement (thorie standard tendue) apprhende comme catgorie fonctionnelle complmenteur (ou :
complmentiseur ), note C , tte dont les positions de spcification (Spec, C) interviennent crucialement
tant dans le codage grammatical des modalits dnonciation que dans celui des modalits de message, la
priphrie gauche bnficiera, partir des annes 1995, dune analyse fine , dans le cadre de lapproche
cartographique (cole gnrativiste italienne), en principal la faveur des contributions de Luigi Rizzi :
Nous nous rfrerons dans ce chapitre la premire version de cette analyse (Rizzi 1995 (1997 175)), qui
distingue non pas une, mais quatre catgories (positions) fonctionnelles distinctes, dans ce qui sera dsormais
appel le domaine Complment(is)eur :
-
Une position C interne, qui rappelle le caractre fini (tens) ou non fini (non tens) de la phrase,
slectionnant un TP ou un IP : cest l une dernire position de redondance morphologique ; en
franais, que+ indicatif, que+subjonctif, / de/ e 176+ infinitif, dans les subordonnes compltives (ou
relatives) ; catgorie sans ralisation phonologique dans les phrases racines (tte phonologiquement
vide) ;
Une position de Focus, la tte Focus prenant le syntagme Complmenteur interne pour complment, et
un autre syntagme XP, en gnral 177 dplac depuis la rgion rfrentielle de la phrase, pour
spcifieur ;
Une position C externe indicateur de Force (assertive, interrogative etc.), la tte Force prenant un
Topique-P 178 pour complment : toute phrase sera donc un cas de Force-P.
Comme nous venons de le dire, ces catgories/ positions permettront galement une analyse syntaxique plus
nuance des types de phrases obligatoires (par exemple, des phrases interrogatives inversion complexe telle
CommentQP les tudiants arriveront-ils la fac ?) :
175
Rizzi, Luigi (1997) The Fine Structure of Left Periphery , in L Haegeman (ed.), Elements of Grammar, Dordrecht: Kluwer, pp.
281-337.
176
Morphme ralisation phonologique zro (la notation e venant de langlais empty (= vide)).
177
Si dit dubitatif serait insr en syntaxe directement la position Focus (adjoint incorpor la tte focus).
178
Syntagme form de la tte Topique, du complment de cette tte (Focus-P), et dun spcifieur (ventuellement dplac depuis la
rgion rfrentielle de la phrase).
55
Force+Inter
r
QU-P
Force+Inter
r
Foc
Force+Inter
r
Foc
tQU-P
Top
Foc
DPi
Top
Top
O [+fini] = [+Temps]
+fini
+Futur 3pl}
TP
Lanalyse syntaxique de linversion dite complexe, dans les phrases interrogatives directes doit rendre compte
de :
a)
de lexistence de la construction aussi bien dans les questions OUI/NON que dans les questions QU- :
56
vs
Les tudiants, comment arriveront-ils la fac ?
Les tudiants, arriveront-ils la fac pied ?
c)
de linexistence de postposition du sujet repris par le clitique dans le cas de linversion complexe
(option licite dans le cas de lemphase sur le sujet comme Topique ex situ : topicalisation rgressive) :
de ce que linversion dite complexe (mais pas lemphase) met en jeu le seul sujet ( lexclusion
dautres arguments slectionns par le verbe) :
57
3.3. Lemphase.
La GGT standard analyse en termes demphase les constructions topique dtach (non-intgr), appeles
phrases disloques, et les constructions Focus ex-situ. La focalisation in-situ nest pas analyse comme un
cas demphase.
En franais, le focus ex-situ est typiquement instanci dans des phrases clives.
Lanalyse syntaxique de ces constructions concerne de manire cruciale la priphrie gauche de la phrase.
Phrases disloques : interprtation de Topique (Topique dtach li par un clitique dans le noyau).
Pause-virgule entre le syntagme priphrique et le reste de la phrase (dtachement).
Topicalisation progressive (sans marques casuelles sur le syntagme dtach gauche) : v. ex. plus
haut sous 3.1.2.
Topicailsation rgressive ( marques casuelles sur le syntagme dtach droite) : v. ex. plus haut
sous 3.1.2.
Phrases clives : interprtation fonctionnelle du syntagme (qui apparat comme) spar du noyau (position
dite ex situ) = foyer dinformation nouvelle (Focus didentification ou : de contraste). Pas de pause-virgule
aprs le syntagme (qui apparat comme) spar du noyau (pas de dtachement, donc).
(1) Cest/ ce sont 180 SNi 3sg/3pl qui verbe 1813sg/3pl : mise en vedette du sujet de troisime personne (cest
mon frre qui me la dit/ ce sont nos parents qui me lont dit) 182
(2) Cest/ ce sont 183 SNi 3sg/3pl que SNj 1841sg/2sg /3sg/ 1pl/ 2pl/ 3pl verbe 1851sg/2sg /3sg/ 1pl/ 2pl/ 3pl : mise en vedette de
lobjet (direct) de troisime personne (cest mon frre que jai rencontr ; ce sont nos parents que vous
avez rencontrs [accord du participe pass avec le COD antpos])
(3) Cest 186 SNi 1sg/2sg/1pl/ 2pl qui verbe 1871sg/2sg /1pl/ 2pl : mise en vedette du sujet de premire ou de deuxime
personne (tonique (moi/ toi/ nous/ vous) : cest moi qui vous le dirai/ cest nous qui vous le dirons
( !*ce sont nous qui vous le dirons))
(4) Cest 188 SNi 1sg/2sg/1pl/ 2pl que SNj 1891sg/2sg /3sg/ 1pl/ 2pl/ 3pl verbe 1901sg/2sg /3sg/ 1pl/ 2pl/ 3pl : mise en vedette du COD
de premire ou de deuxime personne (tonique (moi/ toi/ nous/ vous) : cest moi que vous aviez vu/
cest nous que vous aviez vus [accord du participe pass avec le COD antpos])
(5) Cest 191 SP/ SAdv 192 que SNj 1931sg/2sg /3sg/ 1pl/ 2pl/ 3pl verbe 1941sg/2sg /3sg/ 1pl/ 2pl/ 3pl : mise en vedette du
complment indirect/ prpositionnel (quelle que soit la personne : Cest moi/ toi/ lui/ elle/
nous/ vous/ eux/ elles que vous pensiez, cest l-bas que vous allez, cest demain que vous
partez, cest en forgeant que lon devient forgeron, cest parce quil pleut que je ne sortirai pas le chien,
cest de ton frre que Marie est amoureuse)
Syntagmes exclus au clivage :
1.
2.
ladjectif attribut du sujet (*Cest belle que Marie tait), bien que se laissant focaliser par des
moyens prosodiques et/ou morphosyntaxiques (oprateurs de focalisation, structures
paralllisme syntaxique : Marie tait seulement jolie, mais sa sur tait non seulement
belle, mais encore trs intelligente),
des adverbes et adverbiaux entirement rbarbatifs la focalisation : *Cest puisque vous
naimez pas la pluie que vous ne sortirez pas le chien par un temps pareil. (Comparer :
*Vous ne sortirez pas le chien non seulement puisque vous naimez pas la pluie, mais
encore puisque votre petit copain vient darriver) ; *Cest toujours (+encore) quil travaille.
180
58
Phrase clive interrogative : Est-ce ton frre qui te la dit ?/ Sont-ce vos parents qui vous lont
dit ? [style soutenu] Est-ce que ce sont vos parents qui vous lont dit ? [franais standard]
Phrase clive ngative : Ce nest pas mon frre qui me la dit. Ce ne sont pas nos parents qui
nous lont dit.
Phrase pseudo-clive: structure qui combine lextraction et le dtachement en tte de phrase.
1. La partie dtache = relative priphrastique (= information prsuppose)
2.
(a) proposition relative antcdent dmonstratif en partie non pel (sans matrice phontique), intgre
une construction quative o le syntagme focalis occupe la position dattribut du sujet: (1), (2)
phrases qui exhibent lalternance cest/ ce sont.
Ce N qui/que. est/sont + SNrf o N est un nom abstrait, sans matrice phontique (non prononc),
qui ne consiste quen un faisceau extrmement rduit de traits smantiques, ventuellement un seul,
appartenant linventaire des traits smantiques trs gnraux susceptibles de grammaticalisation
(HUMAIN/ NON ANIME,). Ce y aurait le statut de dterminant dmonstratif du nominal non pel
smantique vague ( adjectif vs pronom).
En termes plus humains, des phrases telles (1) plus haut se laisseraient gloser par : cette
personne qui me la dit est mon frre ( celui qui me la dit est mon frre ), ces
personnes qui me lont dit sont mes parents ( ceux qui me lont dit sont mes parents ).
195
Syntagme nominal rfrentiel (nom propre, nom commun article dfini, dterminant possessif ou dmonstratif, ou, plus
rarement, article indfini) +copule + syntagme nominal rfrentiel (nom commun article dfini/ indfini, dterminant possessif
ou dmonstratif ; nom propre), la prdication dgalit (quative, dite encore : didentification) posant justement leur identit
rfrentielle :
Marie Dubois est ma sur.
La jeune femme qui te regardait de travers tait Marie Dubois.
Mon dpart fut le facteur dcisif de son chec.
Ce projet est votre meilleur argument. Cest votre meilleur argument.
196
Inacceptable en franais standard.
59
Ce dont cette analyse est suppose rendre compte : laccord de la copule avec lattribut du sujet plutt
quavec ce en position de sujet de la phrase quative (en apparence une forme de singulier, sous cette
analyse, ce est entendu comme tte D pele dun syntagme nominal nombre variant au cas par cas,
mais invisible en surface du fait de labsence de corps phontique sur le nom (N) complment de ce).
Ce dont cette analyse ne rend pas compte : la relation entre structure profonde et structure de
surface, en particulier lordre des mots observ (proposition relative incidente au sujet (interprtation)
mais place aprs lattribut du sujet (ordre des mots observ)).
(b) construction quative intgrant, la position dattribut du sujet, une proposition compltive dont un
constituant aura subi une extraction la position de Focus (position de Focus de la compltive
enchsse sous la copule): (3) (5) phrases qui nexhibent pas lalternance cest/ ce sont.
CeDP estV [CP 197[FocusP XP [Focus Focus [ +finiP [+fini que [TP () tXP ()]]]]]]
Ce y fonctionne comme pronom cataphorique substitut clausal (annonce un constituant propositionnel
(CP)), comme il en va de ceci dans ceci est vrai : vous nous aviez vus.
Une phrase du type de cest nous que vous aviez vus se gloserait par : ce que je veux dire
est que vous nous aviez vus nous (et non quelquun dautre) .
Une phrase du type de cest l-bas que vous allez sous (5) se gloserait par ce que je veux
dire est que vous voulez aller l-bas (et non ailleurs) .
Lanalyse extraction du SN (syntagme dterminant DP) sujet, dans les phrases du type de (3) doit en
outre rendre compte de la forme qui du complmenteur interne de la compltive enchsse sous la
copule : cest l le rsultat de laccord en Cas Nominatif entre syntagme nominal sujet et conjonction
de subordination (complment(is)eur interne, la faveur dun dplacement intermdiaire la position
de Spec, +fini (Complmenteur interne = +fini). Ce dplacement intermdiaire, que nous avons
dj rencontr dans les questions QU- et dans les relatives, est (pour des raisons dont lexplicitation
margerait les vises de ce cours) un pralable ncessaire lextraction du sujet depuis sa position
casuelle (Spec, T), dans la rgion rfrentielle du noyau (rfrence temporelle), vers une position
fonctionnelle en priphrie gauche (rgion o sont ultimement dfinies les modalits dnonciation
et/ou de message) - telle la position de focalisation (Spec, Focus).
Laccord en personne et en nombre du verbe dans le noyau, avec le syntagme post-copule
porteur de laccent focal est, dans les phrases clives du type de (3), un argument de taille
pour lanalyse extraction au sens fort du syntagme focalis, depuis la position de sujet
grammatical (position dans le noyau o sont justement raliss laccord des traits de nombre
et de personne du verbe avec les traits correspondants du sujet, et lassignation du Cas
Nominatif au sujet).
Dans tous les cas ((1) (5)), la compltive attribut dans la construction quative sera son tour
marque pour interprtation focale in situ dans la phrase racine (cest--dire dans la phrase quative),
comme il en va des attributs des phrases copulatives en gnral, et alors, de manire
compositionnelle, son propre Focus deviendra le foyer dinformation nouvelle absolu de la phrase
complexe.
Le propre de cette construction (sous lanalyse prsente) : cest le complmenteur interne de la
compltive enchsse sous la copule qui est pel, et non le complmenteur externe, lencontre des
autres compltives emphatiques attestes en franais standard ( dislocation dun constituant vou
interprtation de Topique). Comparer : Je crois que cette femme, je lai dj rencontre. Lextraction,
une position de priphrie gauche, dun argument ou dun circonstant vou interprtation de Focus
est par contre une option virtuellement non actualise en bon franais, pour les compltives
enchsses, en dehors des constructions clives : *Je crois que ce roman Paul a lu tce roman. *Elle dit
que l-bas tu partiras tl-bas. *Elle dit que demain vous partirez pour Londres tdemain. Seules sont
acceptes les compltives clives : Je crois que cest ce roman que Paul a lu, Elle dit que cest l-bas
que tu partiras, Elle dit que cest demain que vous partirez pour Londres. Ou alors les compltives
membre de phrase focalis in situ (marqueur prosodique seul) : Je crois que Paul a lu ce roman (et
non cette nouvelle).
Il faut noter, en guise de conclusion, que la structure extraction de sous une compltive (vs
relativisation) du syntagme focalis semble en voie de simposer, en franais parl notamment : Cest
nos parents que vous avez rencontrs (analyse (c)), Cest nos parents qui nous lont dit (analyse (d)).
(c) CeDP estV [CP [FocusP XP [Focus Focus [+finiP que [TP () tXP ()]]]]]]
(d) CeDP estV [CP [FocusP XP3sg/pl [Focus Focus [ +finiP tXP [+fini qui [TP tXP V3sg/pl]]]]]]
197
Les pointills signalent de possibles autres positions fonctionnelles (par exemple, des positions de Topique liant des constituants in
situ dans le noyau de la compltive), C (CP) notant informellement la (projection maximale de la) tte qui code pour la valeur (vs Force)
illocutionnaire de la proposition enchsse.
60
Enseignant, tudiant, rviseur, rtracteur seraient alors analyss comme pourvus dune structure interne
non traite en syntaxe.
61
Le concept de redoublement des catgories substantives n-N, v-V, a-A, tel quintroduit par les
tenants de la morphologie distribue (Marantz 1997 notamment) revenait diviser les items
lexicaux concerns en un composant catgoriel (sorte daffixe nominalisant, verbalisateur ou
adjectivant) et un radical porteur de linformation smantique pure et de linformation
phonologique (envisags comme proprits intrinsques de litem sous lanalyse non divise de
Chomsky 1993, 1995) ; laffixe qui cre (par exemple) un nom partir dun radical
catgoriellement sous-dtermin sera en mme temps/ par l mme porteur des traits syntaxiques
de genre et de nombre normalement associs aux noms.
Dans le modle des phases maintenant (dernire orientation du programme minimaliste de la GG),
le trait de genre est analys comme intrinsque (valoris ds le lexique), le trait de nombre, come
sous-dtermin dans lentre lexicale correspondante : cest un trait approximer par la glose
quel que soit le nombre ( ou bien Pl, ou bien Sg , en franais ou en roumain), not u Nr,
dans les textes gnrativistes rcents (modle des phases, u de unspecified).
Il est vident que sous lanalyse clate la Marantz 1997, dune part, et sous lanalyse clate
suggre par Chomsky 2001, de lautre, le point de clivage nest pas exactement le mme : la
morphologie distribue emphatise la distinction intrinsque/ non intrinsque (donc : partie invarie
de litem lexical, association son-sens ne requrant pas de processus syntaxiques ou de
morphologie flexionnelle/ partie variable au gr des occurrences, association son-sens
dtermine par des processus syntaxiques et des opration morphologie flexionnelle), alors que
Chomsky 2001 a lair de jouer plutt sur la distinction formel/ non formel, grammatical/ lexical,
et de scinder en quelque sorte information syntaxique et information smantique pure de litem (la
dernire tant associe aussi, lexicalement, aux instructions phonologiques (correspondant au
radical vs affixes) :
Chomsky 1995 : LI(N) = {FF(N), TSP, MP} (litem lexical de catgorie N consiste dans la
runion de trois faisceaux/ matrices de traits : traits formels (FF de langlais : formal
features), traits smantiques purs et matrice phontique (ou plutt : jeu dinstructions
phonologiques).
Chomsky 2001 : N = {{TSP}, {TPhon}} ; n = FF(N).
-
62
prdication ( linstar dune pithte conjointe, la relative nest pas un constituant oblig du groupe
nominal), mais qui rend compte sans autre de lordre observ (art +N+relative).
La catgorie note n pourrait elle-mme clater en trois ttes fonctionnelles distinctes
regroupant respectivement des traits de genre, de nombre et de personne, la dernire
correspondant au trait de dfinitude (rfrence spcifique, unicit) normalement attribu
larticle dfini : si, dans le modle dAbney 1987, ctait plutt larticle (notamment dfini)
qui tait le prototype de la catgorie D, dans cette modlisation, ce sont parat-il les
pronoms personnels qui fourniraient lessence de la catgorie, savoir la smantique des
personnes grammaticales.
Larticle indfini (un(e) /des) serait alors une ralisation de la catgorie de nombre (trait de
nombre intrinsque, trait de genre non valoris en lexique (?)).
Encore faudrait-il expliquer laccord en personne du verbe avec le sujet indfini (un enfant
jouait dans la cour/ des enfants jouaient dans la cour) ?
3.4. Le passif.
3.4.1. Introduction.
3.4. 1.1. Morphologie passive.
En franais, comme en roumain, le passif est une forme analytique du verbe 199, appele par les grammairiens
franais ( partir du XVIIIme sicle) voix 200 et ralise laide de lauxiliaire tre + verbe au participe pass
(accord avec le sujet grammatical) :
La traite est (a t, vient dtre, tait, avait t, fut, a eu t, eut (vite) t, sera, va tre, aura t,
serait, aurait t) avalise par un banquier suisse.
Il faut bien que cette traite soit avalise par un banquier suisse pour que notre banque engage aussi sa
signature.
Il faut bien que cette traite soit avalise par un banquier avant que notre banque nengage aussi sa
signature.
Je doutais que cette traite ft avalise par un banquier suisse.
Je doutais que cette traite et t avalise par mon banquier suisse, sil avait eu vent de la situation
obre de son tireur.
Sois (Soyez) flicit(e, s) !
Soyons bien entendu(e)s l-dessus !
La traite tant (ayant t) avalise,
La traite doit tre (avoir t) dment avalise.
En franais, peuvent tre mis au passif (conjugaison passive vs conjugaison active) des verbes transitifs
directs (+COD : ouvrir qq. ch., lire qq. ch., crire qq. ch., )) et des verbes di-transitifs (+COD, +COInd :
donner qqc. qqn), donc des verbes qui ont un complment dobjet direct.
de rares exceptions prs, les verbes transitifs indirects (parler de qq.ch, parler qqn, penser qqn/
qq. ch., contribuer qq.ch., ) nont pas de conjugaison passive, linstar des intransitifs
(inergatifs : danser, nager, ; inaccusatifs : aller qq. part, partir qq. part, venir de qq. part, ).
Cette corrlation nest cela dit pas parfaite : il existe des verbes sans COD qui peuvent tre mis au passif (les
transitifs indirects (ds)obir , pardonner : Vos ordres ont t obis, Vous serez pardonns), et des verbes
COD qui ne sont jamais mis au passif :
-
Avoir, possder (dans leur acception premire 201) : Marie a un livre./ *Ce livre est eu par Marie.
Verbes modaux + infinitif 202 : Marie peut marcher/ *Marcher est pu par Marie.
199
Tel ntait pas le cas en latin, o le passif tait une forme synthtique : on distinguait entre ama-nt (=ils aiment)/ ama-ntur (=ils sont
aims), ama-ba-nt (=ils aimaient)/ ama-ba-ntur (=ils taient aims). Seules les formes perfectives de passif taient analytiques (parfait
passif = esse (au prsent de lindicatif) + participe parfait passif accord en genre et en nombre avec le sujet (amati sunt (= ils ont t
aims))).
200
Les grammaires anciennes parlaient de : genre ou de signification du verbe pour dsigner lopposition entre action et
passion (Muller, Claude (2005) Diathses et voix en franais , dans : Interaction entre smantique et pragmatique, Actes du XIe
sminaire de Didactique Universitaire (Constanta 2004, Universit Ovidius, ACLIF), Bucarest : Ed. ASE, 73-95).
201
Jai t eue = jai t trompe (fig.)
Il est possd du Dmon
Il est possd par la jalousie (fig. : il est domin par ).
202
Les constructions V+ CODinf. sont assez rgulirement rbarbatives au passif, nanmoins on dit bien: Manger du porc est interdit aux
Musulmans (= Le Coran interdit aux Musulmans de manger du porc), Boire du caf ma t vivement dconseill par mon mdecin (=
Mon mdecin ma vivement dconseill de boire du caf). Notons galement que, dans les constructions actives correspondantes, de+inf.
nest pas un COInd mais un COD du verbe recteur, ainsi que latteste la pronominalisation en le. Comparer : Le Coran interdit aux
Musulmans de manger du porc/ Le Coran linterdit aux Musulmans, et respectivement Je me flatte de bien parler lallemand/ Je men
flatte.
63
Verbes COD interne (pleurer des larmes de joie, dormir le sommeil du juste, vivre sa vie, ) : *Sa
vie est vcue (par Jean), *Le sommeil du juste est dormi
Expressions figes : casser sa pipe (= mourir ), casser la crote (= manger ), faire autorit (=
tre reconnu comme une autorit (dans un certain domaine) ), tenir tte (= rsister ),
Des tours tels donner ordre (aux soldats, dattaquer laube), donner confirmation ( qqn, de
qqch), faire allusion (qq ch), etc., bien quils correspondent des verbes (ordonner,
confirmer, suggrer), et en dpit de labsence darticle, peuvent tre mis au passif :
Ordre formel a t donn aux soldats dattaquer laube.
Confirmation expresse nous en a t donne par courrier du 15 courant.
Allusion a t faite cet pisode malheureux dans lallocution du Prsident.
Complment de mesure : valoir (une fortune), coter (la peau des fesse), peser
(une tonne), mesurer (trois mtres), faire (= mesurer ) deux mtres de long,
courir (deux kilomtres), marcher (deux kilomtres), : *Une fortune est value
(par ce tableau)
Voix
Transitif
direct,
ditransitif
active
Sujet
passive
Complment
prpositionnel
(PAR, DE)
Phrase active
COD
Verbe
Temps/Mode
Sujet
Evnement
dnot
Ancrage
temporel
Verbe
Verbe au
participe
pass ( t)
Reformulation
ETRE
auxiliaire de
voix
Entit qui
subit
(Patient)
Rles et
valeurs
smantiques
Complment
dobjet direct
Sujet
Ralisateurs
syntaxiques
Phrase passive
Sujet
Participe pass (t)
TRE (conjugu)
Complment dagent
Votre socit a dpos le meilleur projet. (Pourtant elle na obtenu quun tiers du financement sollicit).
Le meilleur projet a t propos par votre socit. (Pourtant il a t rejet par le Ministre).
Tous les tudiants aimaient ce professeur.
Ce professeur tait aim de tous les tudiants.
Phrase active
COD
Verbe
Temps/Mode
Sujet ON (+humain, -dfini)
Reformulation
203
204
64
Par + SN
(1) verbes daction (et y assimils) :
Il fut appel par le prof.
Ce projet a t mis
dpartement.
en
place
par
votre
MAIS :
Je suis impressionne par la beaut de ces sites.
Le public tait trop mu par la scne pour
applaudir.
Le diamant a malheureusement t tonn (=
fl) par le jeune apprenti. (sens tymologique :
verbe daction).
Les touristes ont t tonns par la beaut de ces
sites historiques (sens driv, verbe psy assimil
un verbe daction : le passage la figure nest
pas toujours accompagn dun changement de la
prposition : DE).
Ce mcanisme ingnieux a t conu (+ imagin)
par un simple contrematre (verbe psy assimil
un verbe daction : noter le rapprochement
smantique du verbe crer (tre cr par)).
Ces dtails sont souvent ignors par nos
dirigeants (verbe de connaissance assimil un
verbe daction).
(2) Verbes daction agent concret (rfrence
dfinie)
Le voleur fut saisi par la Police.
Cet arbre a t frapp par la foudre.
Jai t accable dinjures [complment de moyen !]
65
Complment dagent en (passif du rsultat): tre rong aux mites/ aux rats, tre mang aux vers,
Ce tapis tait mang aux mites.
Le plancher tait rong aux rats.
3.4.1.2.3. Passif daction (passif du procs) vs passif dtat (passif du rsultat).
Critres smantico-syntaxiques
(tests distributionnels)
1a. + EN heures 207 (dure : limites atteintes)
1b. + PENDANT heures (dure : intervalle ouvert)
2. + PUIS/ ENSUITE/ AUSSITT APRS (succession
dvnements)
3. + LENTEMENT, PEU PEU, PROGRESSIVEMENT,
VITE (manire : droulement dans le temps)
tat (rsultat)
+ (Ces tablissements
ont
t
ferms
en
quelques heures)
__
__
+ (Ces tablissements
ont t ferms pendant
quelques heures) 208
__
__
205
Mais, dans ce cas-ci galement, on peut dans certains contextes envisager lagent abstrait comme une sorte dagent concret, et
employer par : saisi par une motion irrsistible, par une curiosit violente, par un souvenir tout-puissant (Gobineau, apud Nouv. P. Rob.
2007).
206
Verbes qui nexpriment jamais en franais, au passif, le rsultat (ltat) :
1.
tre caress, tre clin, tre cajol, tre secou (au sens propre)
2.
abattre, assassiner, dcapiter, excuter, fusiller, guillotiner, pendre, tuer
Exemple : Napolon faisait le bilan de la bataille : deux mille soldats franais* taient tus (ETAT ! OK morts : copule+adj)/ OK
avaient t tus : ACTION !)
207
Tout autre intervalle de temps ferait laffaire (en trois jours, en trois minutes etc.).
208
Ce test discrimine les procs (+pendant) des vnements (+en) - au sens de Vikner 1985 ; les verbes dactivit (+pendant), des
verbes daccomplissement ou des verbes dachvement (+en), au sens de Vendler 1967. Aussi ny-a-t-il rien dtonnant ce quun tas
de verbes qui acceptent pendant ne se comportent-ils pas, au passif, comme des verbes dtat, mais comme des verbes dactivit ou de
procs : tre caress, tre clin, tre cajol, tre secou ; tre vu, tre entendu, tre regard, tre cout, tre ressenti
Exemples : Lenfant malade est caress pendant quelques minutes afin quil sendorme. Ltrange phnomne a t vu pendant quelques
minutes.
66
repeinte).
+ (Le texte est lu
attentivement.
Lordre est obi contrecur.)
__
__
+(Le
contrat
dachat
a(vait) t paraph par
Julien Vasco
__
Nous
savons
que
lacceptation avait t
biffe
par
quelquun
dautre que le tireur.
Nous avons constat que
le bordereau de livraison
navait
en
effet
t
marg
par
votre
reprsentant.
Ce paysage a t peint
par un matre flamand du
XVIIme sicle.
209
Les verbes susceptibles demplois au passif dtat ou du rsultat vrai complment dagent sont des verbes dnotant des actions
telles que le fait que ltat rsulte de laction de X plutt que de celle de Y ou de Z est pertinent (dans la pratique), et directement visible
partir du (dans le) rsultat de cette action : il sensuit que lentit qui subit laction (ou qui en rsulte) est ncessairement une chose
concrte, un objet sur lequel lagent aura laiss son empreinte :
tre sign par, tre paraph par, tre marg par, tre avalis par, tre biff par, tre approuv par, tre avis
favorablement/ dfavorablement par, tre accept par [en parlant dun effet de commerce ou dun papier administratif], tre
crit par, tre fait par, tre peint par, tre ralis par
Ces verbes expriment, mme en prsence dun complment dagent, le rsultat (ltat) si tre est une forme non perfective simple,
seulement autres paramtres gaux. Comparer : Les actes sont ensuite signs par les deux parties (action). / Les actes sont dment
signs par les deux parties (rsultat).
67
passif
+P
210
68
Maintenant : dans le texte mme des Aspects (Chomsky 1965 : 104-105), lintroduction du
marqueur de passif en structure profonde nest pas ralise la faveur dune rgle de rcriture
qui place dabord la modalit en marge du noyau.
Lintroduction du morphme de passif est pose comme ralise, dans la base (=structure profonde)
la faveur dune rgle de rcriture dun adverbial de manire, constituant du groupe verbal :
Manire par passif.
Tout en tant optionnel, ce constituant adverbial nest pas compltement tranger la souscatgorisation par le verbe, puisque certains verbes y sont rbarbatifs ceux-l prcisment qui
savrent rbarbatifs la passivation (les verbes dits moyens ).
Comparer :
1a. La voiture pesait deux tonnes/ b. Jean pesa la lettre.
2a. *La voiture pesait deux tonnes lentement/ b. Jean pesa (lentement, attentivement, ) la lettre
(lentement, attentivement, ).
3a. *Deux tonnes sont peses par la voiture/ b. La lettre fut pese par Jean. 215
Cette analyse rend compte du fait que la passivation peut aussi concerner des verbes sans
complment dobjet direct ( lactif), pourvu quils sous-catgorisent un complment de manire le
sujet de surface de la phrase passive ntant pas alors, en structure profonde, un Objet direct du verbe
en franais, ces cas-l sont assez rares : Mes ordres seront obis (comparer : On obira mes
ordres).
Transformations postules dans la version standard du modle GGT (Dubois & Dubois-Charlier 1970 : chap.
XVI) :
3 dplacements droite (= descente dans larbre) :
(1) Aux tre sera dplac de sous Const, sous le noyau, droite de Aux (cette transformation rendant
compte de ce que le verbe tre va porter les marques de temps de la phrase, le verbe conjugu V
tant, lui, mis au participe pass).
(2) SP passif sera dplac aprs lobjet direct du verbe (SN2) en tant que constituant du GV.
( cette tape, le groupe verbal est constitu du verbe, du syntagme nominal
objet direct et du SP passif ).
(3) SN sujet se substitue SN passif, sous le SP passif.
1 dplacement gauche (monte) :
(4) SN objet profond se substituera la position, dsormais vide, du SN sujet profond (pralablement
dplac sous SP passif (3).
Les versions plus rcentes du modle limiteront de manire trs stricte les transformations entendues comme
lgitimes en syntaxe noyau (dplacements de droite gauche et du bas vers le haut, dans le sens de
gnration des structures arborescentes). Lanalyse du passif sera remanie en consquence.
3.4. 2. Pralables thoriques. Cas syntaxiques et rles smantiques.
Les versions ultrieures du modle GG formuleront la distinction de principe entre Cas syntaxique, dune part,
et rle smantique (thmatique), de lautre.
Le Cas syntaxique doit tre interprt (lu) en morphologie flexionnelle, dans la computation priphrique
vers la Forme Phonologique, o il sera traduit un cas [initiale minuscule !] morphologique son ralisateur
superficiel:
flexion nominale (affixe flexionnel, comme en latin ou en roumain, langues flexion nominale riche
(dclinaison) ; il en va de mme en franais pour les pronoms personnels (clitiques), qui ont des
formes de nominatif (je/ tu/ il, elle/ nous/ vous/ ils, elles) distinctes de leurs formes obliques (me/te
(accusatif, datif), le, la/ lui, les/leur (accusatif/ datif), y (locatif), en (ablatif))) ;
ou bien prfixe casuel (prposition) :
4a. Je penserai ce que vous venez de me dire (prposition = simple prfixe casuel)/ b. Jy penserai (flexion))
Le rle thmatique est lexicalement associ, lui, au verbe en tant que prdicat smantique 216 : cest un rle
smantique ayant la particularit saillante de devoir tre ralis en syntaxe par un argument du verbe
215
Exemples de base emprunts Chomsky 1971 : 146 [chap. 2], dveloppement des tests de notre main.
De fait, tout prdicat smantique ayant des arguments obligatoires en syntaxe est cens se voir associer de tels rles ds
lentre lexicale.
Un adjectif comme conforme (Ce clause contractuelle nest pas conforme la lgislation en vigueur) aura ainsi un
argument <Thme> (le syntagme nominal dont il sera prdiqu : cette clause contractuelle), et un argument
<Repre> ( la lgislation en vigueur).
216
69
(syntagme nominal, prpositionnel ou adverbial introduits en syntaxe en tant que complments ou spcifieurs
du verbe).
Du fait quil est assign par une tte lexicale substantive (=doue de traits smantiques purs), le rle
thmatique est encore appel rle- (lisez : tta).
Les rles thmatiques assigns par la tte verbale seraient ainsi spcifis explicitement dans lentre lexicale du
verbe, en sus de ses traits smantiques purs (en marge de la matrice conceptuelle du verbe), sous forme de
liste : grille thmatique (appele aussi -grille).
Linventaire des rles thmatiques varie au gr des linguistes, mais, en gnral, on reprend, dans le cadre
gnrativiste chomskyen, linventaire des Cas smantiques des grammaires casuelles (smantique
gnrative) :
-
<Thme> (argument qui ne peut manquer : tout verbe en a un) : participant non agissant au procs.
<Instrument>
La question se pose de savoir si oui ou non il y a lieu de distinguer matrice conceptuelle du verbe et grille de
rles thmatiques.
Hale & Keiser 1993 : approche configurationnelle aux rles thmatiques (vs liste de rles).
-
Lapproche configurationnelle lencodage lexical (vs lassignation) des rles thmatiques, que
dfendent Hale et Keyser 1993, explore les implications et tire les dernires consquences de loption thorique
selon laquelle la grille du prdicat est projete en syntaxe.
partir du constat qu la fois les rles thmatiques possibles, les catgories substantives (N, V, A, P) et les
relations syntaxiques une tte (Spec1 H /Compl1 H) dfinissent des inventaires ferms, Hale et Keyser 1993
formulent lhypothse que les rles thmatiques sont en fait des drivs de relations syntaxiques (lexicales)
le caractre limit de linventaire des rles- sexpliquant par linventaire ferm des catgories substantives et
des relations structurales possibles, et lexpression configurationnelle des rles- tant rgie par les principes
de Projection non ambigu, de Pleine Interprtation et de Prdication.
Les catgories substantives (N, V, A, P) sont associes des types notionnels (ou : contenus notionnels)
lmentaires 217 : CAT : V / vnement (ou peut-tre vnement dynamique) 218 (notation : e), CAT : A /
tat (notation : s (state angl.)), CAT : P / (inter)relation , CAT : N / n (notation du type notionnel
associ la catgorie N quel quil soit, de fait cf. Hale et Keyser 1993 : 69).
Mmes les verbes superficiellement mono-morphmiques sont lexicalement syntagmatiques (phrasal angl.),
en ce sens quils possdent une structure qui est syntaxique, satisfaisant les conditions de Projection non
ambigu et de Pleine Interprtation (cf. Hale et Keyser 1993 : 96).
Cette structure, la structure relationnelle lexicale du verbe (sa LRS), exprime univoquement la -grille de
celui-ci. Lentre lexicale du verbe est en fait sa LRS, et sera introduite dans la drivation s-syntaxique en tant
que catgorie syntagmatique complexe (visibilit de la LRS en syntaxe-s et linterface LF) cf. idem, p. 95.
Du coup, le glissement est fait dune approche de la -thorie en tant que module indpendant ((partiellement)
autonome) de la grammaire, une approche interprtative des rles thmatiques : la notion dassignation de
rle- se substitue celle dexpression des rles et donc dinterprtation argumentale ( linterface de FL) 219.
De mme, largument interne dune tte substantive P (prposition) se voit assigner la fois un Cas syntaxique et un
rle smantique par cette prposition (ce pourquoi les PP peuvent ne pas tre slectionns par le verbe, et
fonctionner comme complments de phrase : Paris jai appris jouer du pipeau).
217
Cette notion est trs proche de la CSR (Canonical Structural Realization) quintroduit, dans une perspective dacquisition du
langage (par lenfant), Grimshaw 1981 : la ralisation structurale canonique dun objet physique est N, celle dune action est V,
etc.
218
Nous avons cit ici Hale et Keyser 1993. En regard du classement smantique des verbes de Vendler (1967), par exemple,
la notion d vnement dynamique est redondante (les vnements (vs situations) tant entendus, dans ce classement,
comme dynamiques par dfinition).
219
Il ny a pas de mcanismes linguistiques spcifiques la structure argumentale. Par exemple, il ny a aucun processus d
assignation de rle thmatique distinct de la prdication; et il ny a pas de rles thmatiques si ce nest en tant que
relations lexicales exprimes par des projections non ambigus et pleinement interprtes de catgories lexicales
lmentaires . (Hale et Keyser, art. cit. pp. 93-94 n. trad.)
70
verbe.
o e est une position vide laquelle, en vertu des principes de Pleine Interprtation et de
Prdication, seul un syntagme nominal pourra tre fusionn (puisque V na pas de Spec).
Notons que nous nous loignons ici de la lettre de Hale et Keyser 1993, qui suggrent que cette
position vide soit tiquete dentre de jeu (comme il en allait, dans lapproche TSE en
gnral, des positions de substitution mais cette hypothse a largement t abandonne in
Chomsky 1995: chap.4). En matire de LRS, ltiquetage de la position vide est redondant en
regard des principes de Pleine Interprtation, et reviendrait en fait rcuprer lhypothse des
sous-catgorisations (des relations de slection-c) expression lexicale directe.
La LRS du verbe est interprte en termes des configurations instancies et des contenus
notionnels lmentaires associs aux traits catgoriels (ni les TSPs (traits smantiques purs)
des items, ni les autres traits formels FF(CAT) ne sont directement pertinents) : une configuration
V-VP (v-VP, dans la notation Chomsky 1995 : chap. 4), interprte comme (e1e2) exprime le
rle argumental externe (n>(e1e2)) de CAUSATEUR 220 (Agent ou Force) 221 ; une configuration V
- NP (ou DP), interprte (en) (un vnement cre ou modifie une entit) exprime le rle-
interne <THME>, une configuration [VPNP[VV PP]], interprte n>(er), exprime le rle-
<THME> (= sujet de linterrelation que [CAT : P] exprime, sujet dun prdicat de
changement ), et un rle interrelationnel <BUT>, <SOURCE> ou <LIEU>.
Les verbes inergatifs sont des verbes transitifs cachs qui incorporent leur argument
interne, des dnominaux 222 (donne lexicale cf. Hale et Keyser, art. cit., p.73).
Chomsky 1995 (chap.4) reprend explicitement son compte lide dapproche configurationnelle lexpression/
interprtation des rles thmatiques, mais il nest pas clair sil tend cette hypothse la smantique du verbe
en gnral, ou sil veut plutt dire que :
-
la matrice conceptuelle du verbe consisterait dans un faisceau (liste) de traits, dont certains,
exprimant la slection darguments thmatiques, auraient une contrepartie configurationnelle
oblige, en syntaxe.
Quoi quil en soit, les rles thmatiques et la structure argumentale qui les porte/ exprime constituent le noyau
dur de la structure profonde de la phrase (structure-D) : la proposition minimale (entit smantico-logique) ende de lancrage temporel (=relations de prdication essentielle).
Parmi les Cas syntaxiques, certains ont surtout un effet sur la structure de surface (ordre des mots) : ces Cas
sont appels structuraux. Ils sont assigns dans des configurations syntaxiques drives ( la faveur de
transformations : structure-S (structure de surface)).
Dautres seront directement traduits en Forme Logique un rle thmatique : ces Cas, assigns par une tte
lexicale son rgime (argument slectionn morphologiquement) ds la structure-D (structure profonde), sont
appels inhrents.
Cas inhrents : cas Obliques (assigns par les verbes, les prpositions ou par certains adjectifs).
Cas structuraux : Nominatif (assign par T) et Accusatif (assign par un verbe transitif).
3.4.3. Rvision de lanalyse syntaxique du passif.
Premire question : est-ce le passif qui perd un argument, ou lactif qui en gagne un (pour les verbes transitifs
directs en particulier) ?
Lanalyse traditionnelle drive le passif, comme cas marqu, de lactif, cas de figure neutre, non marqu. Telle
a t aussi lanalyse GGT standard.
Selon cette analyse, le passif perd un argument (largument le plus saillant de lactif) :
absorption de largument externe du verbe transitif, par la morphologie passive (largument
nest pas vraiment ray de la grille thmatique du verbe, mais il perd de sa saillance, ne
pouvant plus tre lexicalis comme sujet, mais pouvant, et, dans certains cas mme devant
tre lexicalis en tant que Complment prpositionnel ; corrlativement, le verbe perd
220
La philosophie du verbe lger est loin dtre la mme, dans la dernire version de la GGT chomskyenne (programme
minimaliste toujours drivation par phases), mais cela marge les vises de ce cours.
221
Dans lhypothse configurationnelle, la distinction smantique Agent /Force ne peut tre faite en tant que distinction
argumentale.
222
Le patron de lexicalisation de tels verbes drivs est appel conflation .
71
laptitude assigner le Cas structural Accusatif son argument interne). Donnes empiriques
en faveur de cette analyse : mme en labsence dun AGENT lexicalis, ce rle reste
accessible ( rfrence certes indfinie, arbitraire : Son portefeuille a t vol implicite un
(quelconque) voleur cf. Hirschbhler & Labelle 1992 (1994) : 209-211). Sous cette analyse,
comme le complment interne du verbe passif ne reoit plus de Cas Structural du verbe
(priv, au passif, de son aptitude assigner lAccusatif), il devra en acqurir un auprs de T,
ce qui en motivera le dplacement la position dassignation casuelle Spec,T (position de
sujet).
A intgrer maintenant les suggestions de la rfrence cite (analyse qui rsout en syntaxe la drivation du
passif partir dune mme tte verbale que celle qui projette la LRS active (causative)), la modlisation de
Hale & Keyser 1993, la position de Spec,v serait vide (ce qui, sous la lecture forte, voudrait dire quil ny aurait
pas de Spec,v, bien que la smantique de causation et donc la configuration v-VP subsisterait ce qui ne laisse
pas davoir lair contradictoire).
Sous la lecture littrale, cela reviendrait postuler une catgorie vide cette position thmatique (et non pas
une simple position de substitution, mais une sorte de PRO rfrence arbitraire).
Le passif dit agentif (passif daction ou passif du procs) tant cens prserver la reprsentation de laction, y
compris la reprsentation dactions en cours, le syntagme verbal devrait tre configurationnellement identique
loccurrence active, limpossibilit dinsrer un argument externe pel prs.
Ce qui est peu clair (pour moi) dans cette analyse, cest comment le verbe pourrait avoir la mme smantique
causative, en dpit des modifications de saillance relative des arguments qui correspondent aux participants
respectivement agissant et subissant du procs. Question corrlative : quel est le patron exact de cette perte
de saillance de lagent ?
Si ranalyse smantique il y a, au niveau de la tte V, il faudrait bien postuler une nouvelle entre lexicale.
Si la ranalyse ne concerne que les structures syntaxiques, comment le principe de projection (des proprits
lexicales du verbe, en syntaxe) sera-t-il satisfait ?
Une solution consistante avec la modlisation de la GG reviendra alors envisager le verbe V comme au
demeurant sous-dtermin (les TSP du verbe coderaient pour le rsultat de laction), et obtenir
compositionnellement, dans certaines phrases, une configuration transitive(-causative), argument externe
introduit auprs dune tte lgre de causation, et dans dautres, une configuration passive simple VP,
ventuellement intgre dans une structure de prdication optionnelle agentive ( FP = CAUSE (DE), qui
introduit le complment dagent (=Causateur) en tant que prdicat optionnel, auprs du VP - dans la veine des
analyses cartographiques de G. Cinque).
Les verbes causatifs (et, par extension, tous les transitifs) se laissent en effet analyser comme un cas de Y fait
en sorte que X devient V- o V note informellement la racine verbale, et V- le participe pass du verbe
substantif.
Dans les termes de Muller 2005 : Pour une phrase active comme Pierre mange le gteau, il y a en quelque
sorte deux propositions enchsses lune dans lautre Pierre fait en sorte que le gteau devient mang , et si
on veut tre complet, on doit y ajouter la simple relation de laction en cours : il y a action de manger
(art. cit., 79-80).
Cest dans ce sens quil faut entendre la smantique de la configuration v-VP selon lapproche configurationnelle
au codage des rles thmatiques (Hale & Keyser 1993).
Cela tant, lhypothse peut tre formule selon laquelle cest plutt lactif qui est construit, de faon
incrmentielle, ventuellement en syntaxe, partir du passif, et dune structure de causation, reprsente par
le verbe lger (dans lesprit de Pylkknen 2008 223 : 6-7, qui reprend cet gard largument de Kratzer 1996 224,
chez qui le verbe lger est explicitement envisag comme catgorie fonctionnelle de voix).
[ce e cu rosu : optional]
3.5. Les phrases impersonnelles.
3.5.1. Mcanisme fonctionnel allgu : d-topicalisation du sujet, caractre focal (rhmatique) de toutes les
expressions argumentales de la phrase.
Consquence logico-smantique (interprtative) : phrase thtique .
Phrase thtique :
Sert : rapporter un vnement (il est arriv plusieurs accidents), prsenter un nouvel
tat de chose (il court de drles de bruits, il rgne un silence de mort), ou introduire un
nouveau rfrent (il en sort du ptrole).
Le rfrent du terme sujet (si le sujet est un argument nominal : il est arriv trois
tudiants) est trait comme tant une partie intgrante de la situation dsigne par la
proposition dans son entier ; le sujet nominal ne rfre pas de faon indpendante, ntant
pas li au contexte (vs Lamphi tait pour le moment vide. Les tudiants [sujet rfrentiel,
223
Pylkknen, Liina (2008) Introducing Arguments, Cambidge Masachussetts, London, England : MIT Press.
Kratzer, Angelika (1996) Severing the external argument from its verb. In Johan Rooryck and Laurie Zaring, eds.,
Phrase structure and the lexicon, 109-137. Dordrecht: Kluwer.
224
72
Toutes les phrases impersonnelles sont thtiques, toutes les phrases thtiques ne sont
pas impersonnelles : Des enfants taient en train de jouer dans la cour, Un enfant tait en
train de jouer dans la cour, De leau dgoulinait sur le plancher sont galement des
phrases existentielles (thtiques) caractrises ; noter :
a.
b.
c.
d.
Construction :
transitifs directs : Il mange chaque jour une centaine de personnes dans cette
cantine/ Voix active : Une centaine de personnes mange chaque jour dans cette
cantine. Construction assez rare en franais.
di-transitifs : #__
transitifs indirects : # __.
intransitifs :
1. inergatifs : #__
2. inaccusatifs : Il est arriv trois nouveaux tudiants.
IL impersonnel fonction sujet (Cas Nominatif, accord du verbe), dpourvu de valeur rfrentielle (pronom
expltif) + verbe (accord avec il) + SN argumental ( associ de lexpltif : sujet logique)
Sujet (argumental rle thmatique non agentif, si verbe intransitif, agentif, si verbe transitif) en position
postverbale, rhmatique.
Position de complment direct, mais comportement morpho-syntaxique modifi, puisque, de toute vidence
non accusatif (pronominalisation par le/ la/ les exclue):
Il test arriv un malheur.
*Il te lest arriv. (Muller 2005 : 80)
Ce syntagme nominal ne commandant pas laccord des formes verbales non plus, lhypothse du Cas Nominatif
(assign par T) est elle aussi problmatique.
Associ de lexpltif nominal : le plus souvent indfini ou ngatif (Il y a des livres sur la table, Il nest
entr aucun tudiant dans lamphi jusqu prsent).
Associ de lexpltif clausal : proposition subordonne (finie : il vaut mieux que tu finisses tes devoirs
avant lexamen, ou non finie : il vaudrait mieux finir ses devoirs avant lexamen)
73
Il y a, il faut, il manque, il reste + Nom propre ou SN dfini, partitif (et non seulement : indfini ou ngatif):
Il y avait l Marie Dupont/ le pavillon de chasse/ du verglas/ (quelques arbres).
Pour rsoudre cette difficult, il faudrait Paul Dupont/ le professeur/ du temps/ (un
dictionnaire).
Il manque lessentiel/ la cl 225.
Corrlations systmatiques forme personnelle/ forme impersonnelle : conditionnes certains facteurs
smantico-pragmatiques.
Il court de drles de bruits (en ville).
De drles de bruits courent en ville. ( ? De drles de bruits courent).
Il est arriv un malheur/ trois tudiants.
Un malheur est arriv chez les Dupont. Trois nouveaux tudiants sont arrivs chez les Dupont.
3.5.2. Passif impersonnel
I. Construction : Il impersonnel (expltif impur : Nominatif, accord 3sg masc.) + tre (auxiliaire de voix :
traits TAM qui donnent lancrage temporel de la proposition) + verbe au participe pass (accord avec il en
genre et en nombre : m. sg.) : vnement dnot) + GN (gnralement indfini 226) valeur rfrentielle
(associ de lexpltif : interprtation argumentale : entit qui subit (patient), statut fonctionnel
informationnel/ discursif : rhmatique). Complment dagent rarissime : Il a t dcid des choses trs
importantes par le Conseil de lUniversit (Muller 2005 : 80).
II. Types de verbes :
b. transitifs directs : Il a t promulgu deux nouvelles lois/ Comparer : On a promulgu
deux nouvelles lois.
c. di-transitifs : Il nous a t dit beaucoup de choses dsagrables./ Comparer : On nous a
dit beaucoup de choses dsagrables
d. transitifs indirects : Il sera obi mes ordres/ Comparer : On obira mes ordres. Il sera
remdi cet incident dans les meilleurs dlais [circonstanciel ncessaire la compltude
pragmatique de lnonc 227]/ Comparer : On remdiera cet incident dans les meilleurs
dlais. Construction sans associ de lexpltif.
e.
intransitifs :
1.
2.
Du fait de la construction impersonnelle du passif (qui oblige un statut rhmatique du participant non agissant
au procs), et de la smantique particulirement vague (toutes choses gales par ailleurs) du pronom indfini
clitique on ([+humain]), phrase active sujet on et phrase impersonnelle passive correspondante sont en
relation pratique de paraphrase, ce qui ne peut pas tre maintenu des phrases actives et passives par ailleurs
(qui, par hypothse, ne thmatisent ni ne rhmatisent les mmes arguments) : en effet, le participant non
agissant au procs a statut rhmatique aussi bien dans la phrase active en on que dans la phrase au passif
impersonnel, et il semble difficile de voir dans le sujet on (dpourvu de variante tonique susceptible de
topicalisation) un vrai thme de discours ( moins dune lecture pragmatiquement marque on = nous ,
tu , je , selon le contexte nonciatif).
225
226
Quand le sujet rel du passif impersonnel est un objet unique en son genre (dans une situation donne), un GN dfini reste possible :
Personne ne sort ! Il a t vol le portefeuille de Marie (Marie nayant eu quun seul portefeuille sur elle). Rassurez-vous : il ne leur a pas
t dvoil le montant exact de votre dette (il ny a quun seul montant qui soit exact).
227
Exemple et commentaire emprunt Muller 2005 peut-tre pour des raisons pragmatiques de localisation de laction verbale
(Muller 2005 : 80).
228
. Verbes qui expriment le changement de place (Je suis alle la fac, Elle est venue de Londres, etc ) ou dtat (Je suis devenue prof
de franais).
74
Cf. Moeschler, Jean (1992) Lexique et pragmatique. Les donnes du problme , CLF 14, 7-36, 3.4.
Lanalyse de la ngation comme type logique (GM) va dans le mme sens (+contribution la valeur de vrit de
lnonc).
231
Moeschler 1992 : 29.
230
232
233
75
Les marqueurs de la ngation de phrase sont par hypothse non cumulatifs : ils ne se combinent pas
entre eux, ni avec des marqueurs de ngation de constituant. Aussi les forclusifs adverbiaux gure et
plus se verront-ils classer comme marqueurs de ngation de constituant :
() ne gure ( pas beaucoup )
() ne plus (indique la cessation dune action, dun tat ; selon lantonymie ne plus/ encore,
les grammaires normatives y voient parfois une ngation de constituant : ngation de encore plutt
que de toute la phrase dcrivant ltat de chose dont ne plus indique la cessation, et encore, la
continuation ; argument distributionnel : possibilit de cumul ne plus gure, ne plus jamais/ nulle part/
personne
Dans le cas de la ngation de constituant, le forclusif peut tre un pronom indfini ngatif, un dterminant
ngatif (adjectif indfini ngatif), un adverbe :
(1) Pronom ngatif :
ne personne/ Personne ne Je nai vu personne./ Personne nest arriv temps.
ne rien/ Rien ne : Je nai rien achet./ Rien ne lembte autant que le manque de politesse des voisins.
Nul ne : limpossible nul nest tenu.
Pas un ne/ (ny avoir) pas un + de + adj./ pas un + relative au subjonctif: Pas un ne recula/ De ses
partisans, il ny en a pas un de sr (Hanse 1991 : 710)/ Pas un de vos amis qui se soit souvenu de votre
anniversaire cette anne-ci.
(2) Dterminant ngatif :
Aucun(e)/ Nul(le)/ pas un(e) +N ne Aucun tudiant nest entr aprs la prof./ Nulle force au monde
n'et empch les spectateurs de se tourner vers la victime, pour voir si le coup avait port (BERNANOS,
Imposture, 1927, p.408, apud TLFi)../ Pas de rose sans pines.
() ne aucun(e)/ nul(le/ pas un(e) +N Je nai rencontr aucun tudiant dans le couloir./ Elles nont nul
argument pertinent vous opposer.
(3) Adverbe ngatif :
Ne jamais
Ne nulle part
Les marqueurs de la ngation de constituant se laissent combiner dans une mme phrase : Personne na
jamais rien compris ce cours de linguistique. Ils ne peuvent toutefois pas tre co-occurrents une ngation
de phrase, en particulier pas : *Personne na pas compris.
4.4. Ngation totale/ ngation partielle : distinction en terme de porte smantique de loprateur de
ngation (ultimement tranche par laccent focal).
a)
Autre mot porteur de laccent focal (y compris dans une clive ngative, ou dans une coordination
rectificative ngation non incidente au verbe flchi (structures paralllisme syntaxique) non pas
mais/ et non ) : ngation partielle (=ngation portant sur le seul constituant focalis).
Quand il parlait avec ses enfants, ce n'tait pas de la vie QUOTIDIENNE, mais de ses TRAVAUX, de ses
RECHERCHES (MAUROIS, Disrali, 1927, p.16, apud TLFi) 234.
En cas denchanement rectificatif, il sagira de coordination de phrases et non de coordination de
membres de phrase, dans tous les cas. En tant que membres de la phrase complexe construite par
coordination, les phrases coordonnes seront analyser comme propositions conjointes.
Lellipse de membres communs, contre interprtation parallle est toujours une option ((1), (2), (3)), et,
avec les constructions corrlatif, elle est mme obligatoire (2) :
(1) Il ne parlait pas de la vie QUOTIDIENNE avec ses enfants, mais [il parlait avec ses enfants] de
ses TRAVAUX.
(2) Il parlait avec ses enfants non pas de la vie QUOTIDIENNE, mais de ses TRAVAUX [il parlait avec
ses enfants].
234
Squence souligne = syntagme foyer dinformation nouvelle, mot en majuscules = item porteur de laccent focal.
76
Dans les exemples du type de (1) et de (3), les lments sujets interprtation parallle, dans le second
conjoint, sont articuls avec intonation plate, ou bien (alternativement) ils sont effacs (ellipse de membres
communs). Variante prfre : ellipse.
Dans les exemples du type de (2), lellipse est la seule option, ce qui est en soi problmatique (lellipse tant
cense tre une opration facultative).
Les phrases du type de (2), analyses comme constructions o mais, dans le second conjoint, est le corrlatif
de la ngation (partielle) dans le premier conjoint exhibent une autre caractristique saillante : le second
conjoint (la rectification) ne saurait manquer, tandis que cest l une option, en (1) ou en (3). Comparer :
*Il parlait avec ses enfants non pas de la vie QUOTIDIENNE.
OK
Il ne parlait pas de la vie QUOTIDIENNE avec ses enfants.
OK
Ce nest pas de la vie QUOTIDIENNE quil parlait avec ses enfants.
Ces phrases sont en relation de paraphrase avec les coordinations en ______et non (pas) + syntagme foyer
dinformation nouvelle :
Il parlait avec ses enfants de ses TRAVAUX, et non de la vie QUOTIDIENNE.
Dans les phrases ngation partielle (ngation qui porte sur le seul syntagme focalis), larticle partitif nest
pas remplac par de, mme lorsque le constituant foyer dinformation nouvelle nest pas le syntagme nominal
partitif lui-mme. Comparer :
Je nai PAS mang dcrevisses au petit djeuner. [ngation totale]
Je nai pas mang des CREVISSES au petit djeuner. (Jai mang des CROISSANTS). [ngation partielle]
Je nai pas mang des crevisses au PETIT DJEUNER. (Jen ai mang au DNER). [ngation partielle]
4.5. Ngation et quantification
Tous les tudiants ne sont pas l est (contre mmes donnes prosodiques : accent focal sur PAS) inter-ambigu
entre une lecture Aucun tudiant nest l (contenu ngatif (ngation descriptive) prdiqu de tous les
tudiants sans exception (le quantifieur universel nest alors pas dans le champ de la ngation) roum. Toti
studentii nu sunt aici), et une lecture certains tudiants le sont, dautres pas (tous dans le champ de la
ngation roum. Nu toti studentii sunt aici).
4.6. Ngation et porte : quelques cas particuliers.
TOUJOURS PAS = continuit (=pas encore) / PAS TOUJOURS = discontinuit (= pas tous les coups,
parfois, quelquefois).
PAS MME = limite suprieure non atteinte (roum. Nici chiar)/ MME PAS = liite infrieure non atteinte
(roum. Nici macar)
() pas mme () la vaine science humaine ne peut faire que vous lvitiez (Camus, apud
Cristea 1971 : 74)
Mme pas sa mre ne le reconnatrait (Barthes, apud Cristea 1971 : 74)
77
GURE PLUS (DE)= quantitatif (plus de y est non pas mot ngatif (forclusif), mais quantifieur indfini
comparatif de supriorit de beaucoup/ PLUS GURE = temporel (plus y est mot ngatif).
Ce village ne compte gure plus de 700 habitants. (Acest sat nu (cred c) are mai mult de
700 de locuitori)
Je ne vais plus gure Mamaia. (Nu prea mai merg la Mamaia).
Aprs sans que, en prsence ou bien dun indfini susceptible (par ailleurs) demploi ngatif
(personne, rien 236, ), ou bien dune principale ngative. Emplois par influence du cotexte,
dconseills par lAcadmie : Il la battue plate couture sans que personne ne pt sy opposer 237.
Onde () o lon ne jette rien sans que tout ne remue (Hugo, apud NOUV.P.ROB.).
Noter que le premier cas de figure (, mot potentiellement ngatif ne/ , ne mot potentiellement
ngatif) a une smantique du type de (p &non-q), et le second cas de figure ( principale ngative), une
smantique du type de [non (p & non-q)] (p&q) 238.
Mais dans aucun de ces cas, la ngation de q (non-q) nest le fait de ne : elle est le fait de la prposition sans.
Ne lui-mme continue dy jouer vide.
B. + INDICATIF
Cest plus difficile que je ne pensais. Ce nest pas plus difficile que je ne lenvisageais. Il est autre que
je ne croyais (Hanse 1991 : 622).
o
= Je ne pensais pas que ce soit aussi difficile , Je nenvisageais pas que ce ft aussi
difficile , Je ne croyais pas quil ft ainsi .
Ils se compltent plutt quils ne sopposent (Hanse 1991 : 623). Je subissais son amiti plutt que je
ne la choisissais (Sagan, apud Hanse 1991 : 746). Glos ce que je faisais, ctait subir son amiti,
non la choisir , afin de mettre en vedette lide que le second terme de la comparaison, lindicatif,
soit ni en quelque sorte (Hanse 1991 : 746).
o
= Ils ne sopposent pas, ils se compltent , je ne choisissais pas son amiti, je la
subissais .
Une possible explication unitaire des emplois de ne sans valeur ngative propre, en perspective
onomasiologique (gnration de la phrase nonce) :
235
Soit la ngation de Jean pense tre fort ce qui revient dire que linterprtation de cet nonc serait du type de:
Jean est plus fort que Jean pense tre fort .
236
Mais qui fonctionnent comme indfinis non ngatifs dans des contextes affirmatifs : Il la battue sans que personne
nintervienne. Avez-vous rencontr personne ? (= cinevaR, pe cinevaR). A-t-il rien dit ? (=a spus ceva R ?)
237
Comparer : il la battue plate couture sans que quelquun (n) intervienne. O il ny a pas dinfluence directe dun indfini
vocation ngative, et, partant, ne expltif peut manquer. Exemples attests toutefois assez peu fiables (voir sources):
(1) Sur un site islamique (sans que quelquun sans ne expltif): alors, le savant dit : O, toi le mcrant, sil nest pas
valable selon la raison quune barque existe sans que quelquun la fabrique et sans menuisier, .
(2) Et, dans un article en ligne de Rima Elkouri, sur un crivain noir vivant Montral, et qui, aprs avoir crit un roman
intitul Comment faire lamour avec un Noir, a crit un roman intitul Je suis un crivain japonais, paru chez Grasset
cf. www.cyberpresse.ca sans que quelquun avec ne expltif : Il ne se passe pas une journe (..) sans que
quelquun ne vienne lui dire : Ah ! cest vous qui avez crit Comment faire lamour .
238
Glos : ncessaire que p et q , jamais p sans q .
78
239
Sans que ne
Loccurrence de ne dpourvu de valeur ngative propre en prsence de sans (que) smantique ngative et dun indfini
susceptible, par ailleurs, de fonctionnement ngatif est une illustration de ce mme cas de figure : la proposition ngative
correspondante (quivalente) est infre, quand elle est active la faveur de la confusion des indfinis prsents dans le
cotexte de sans que, avec de vrais forclusifs (=mots ngatifs accompagnant ne, et susceptibles de porter laccent focal : pas,
rien, personne etc.). Ainsi, sous lnonc Il la battue sans que personne ne sy oppost (=sans que quelquun sy oppost)
pourra-t-on lire il la battue et personne ne sy est oppos.
240
79
En ce qui concerne la quantit, Aristote adopte le point de vue extensionnel qui sera en grande partie celui de
la logique contemporaine : chaque terme possde une extension (l'ensemble des objets qu'il dsigne) et une
comprhension (les caractres qu'on nonce quant on dfinit le terme).
Le terme homme a pour extension la classe des objets auquel il peut tre appliqu : Socrate, Platon,
Pierre, Jacques... et comme comprhension la classe de ses caractres : tre vivant, bipde,
omnivore...
Les propositions universelles considrent toute l'extension du sujet, les particulires seulement une partie.
5.1.3. Types de propositions catgoriques selon la qualit et la quantit :
Les quatre premires voyelles de l'alphabet latin A, E, I, O qui dsignent traditionnellement ces propositions
sont respectivement la premire et seconde voyelle du mot latin affirmo ( j'affirme ), et la premire et
seconde voyelle du mot latin nego ( je nie ) 244.
5.1.4. Thorie de l'infrence immdiate : analyse des relations ncessaires entre propositions.
raisonner = infrer.
infrer = tirer d'une ou de plusieurs propositions donnes et connues comme vraies ou comme fausses
(qu'on appelle prmisses) une ou plusieurs propositions nouvelles (qu'on appelle conclusions) juges
vraies ou fausses en fonction de la relation logique que l'on a tablie entre elles et les prmisses.
241
Philosophe grec du IVe sicle avant Jsus Christ (av. J.-C.). La mis en forme traditionnelle des crits dAristote relatifs
la logique, dits sous le nom dOrganon (gr. outil, instrument ) vers 60 av. J.-C. par Andronicus de Rhodes ayant t le
fait de Boce (cinq sicles plus tard, soit au Ve sicle aprs Jsus Christ (apr. J.- C.)), le carr logique (ou : carr des
oppositions) est encore connu, dans la littrature, sous le nom de carr de Boce . Sont particulirement concerns, pour
ce qui est de la dfinition des diffrentes espces de propositions (appeles, dans le texte : nonciations), et des oppositions
entre celles-ci, deux traits : De linterprtation, dune part, et les Premiers analytiques, de lautre.
242
Tous les noncs du langage ordinaire ne prsentent pas spontanment la structure< Sujet-(Copule-)Prdicat>. Il faudrait
donc les transformer pour les rendre conformes cette structure logique. Parmi les procds utiliss, le plus simple est celui
de la transformation du verbe en copule+participe prsent : Quelque Grec vit (Certains Grecs vivent) devient ainsi Quelque
Grec est vivant (Certains Grecs sont vivants).
243
omnis homo iustus est [universelle affirmative] ;
nullus homo iustus est (= omnis homo iustus non est) [universelle ngative] ;
aliquis homo iustus est (= non omnis homo iustus non est) [particulire affirmative] ;
aliquis homo iustus non est (= non omnis homo iustus est) [particulire ngative].
244
Autre notation frquente, dans la littrature, qui intgre la lettre identificatrice du type de proposition
catgorique entre les symboles S et P (sujet, prdicat) : SaP, SiP, SeP, SoP.
80
infrences immdiates = infrences qui partent d'une seule proposition, juge vraie ou fausse;
infrences dites mdiates (cas particulier : syllogisme) = infrences qui partent de deux propositions
au moins (deux exactement dans le cas du syllogisme).
infrences immdiates valides = infrences qui, partant d'une prmisse suppose vraie, conduisent
ncessairement une conclusion vraie.
validit formelle d'un raisonnement vs vrit factuelle des propositions qui le constituent : un
raisonnement peut tre valide mme si certaines propositions qui le composent sont fausses. <Tout
homme est un automate donc Quelque homme est un automate> est, pour Aristote, une infrence
valide.
Une srie d'infrences immdiates sont rassembles sous la forme traditionnelle du carr logique. Ce
carr donne un nom aux relations infrentielles qui existent entre des propositions A, E, I et O.
contradictoires
contradictoires
La relation de contrarit oppose deux propositions de mme quantit (universelle) mais de qualit
diffrente. Les propositions contraires ne peuvent tre vraies en mme temps, mais peuvent tre fausses
en mme temps.
La relation de subcontrarit oppose galement deux propositions de mme quantit (particulire) mais de
qualit diffrente. Les propositions subcontraires ne peuvent tre fausses en mme temps, mais peuvent
tre vraies en mme temps.
contraires
subcontraires
La relation de subalternation oppose (de prime abord) deux propositions de mme qualit (ou bien
affirmative, ou bien ngative) mais de quantit diffrente. La vrit de la subalterne infrieure
(particulire) suit de la vrit de la suprieure (universelle).
subalternes
( suprieure affirmative)
81
subalternes
( suprieure ngative)
Pour rendre justice aux distinctions logiquement pertinentes (QUANTITE : quantification universelle/
quantification existentielle ; QUALITE : ngation/ affirmation), plutt quaux limitations des langues naturelles
employes comme mtalangue (do deux formes de quantificateur universel, selon lenvironnement affirmatif
(tout) ou ngatif (aucun)), nous proposons de reformuler explicitement le quantificateur universel des
propositions ngatives aucun en termes du quantificateur universel tout, soit : aucun 245 N nest A 246 = tout N
est non-A.
Voir quipollence nullus homo iustus est = omnis homo iustus non est [universelle ngative] au niveau
des exemples latins dorigine.
Nous avons opt pour la formule (mtalinguistique) tout N est non-A plutt que pour tout N nest pas A,
puisque la dernire reste sujette ambigut, en franais langue naturelle du moins ( certains N sont A /
Aucun N nest A ), avec prpondrance de linterprtation particularisante.
Au sens de la thorie de lassertion quesquisse Aristote notamment dans De linterprtation, si la quantification
(universel/ particulier) porte sur le sujet, la qualification (affirmatif/ ngatif) porte sur la prdication, donc sur
le lien entre sujet et prdicat, plutt que sur le prdicat tout seul tant donne par la copule (est/ nest pas),
en de du prdicat proprement parler. Cest l une nuance prcieuse pour ltude de la syntaxe des langues
naturelles.
Opter pour la formule (mtalinguistique) tout N est non-A ignore cette nuance, allant dans le sens dune
articulation des formules mtalinguistiques en termes de ngation interne (NEG+prdicat) ou/et externe (NEG
+ proposition (=Quant+sujet+copule+(NEG+)prdicat)), si lon procde la gnralisation dune seule
expression de quantification, dans le carr logique, comme il est suggr dans les exemples latins
dorigine (reformulation de nullus et daliquis en terme du quantificateur universel omnis voir plus haut
troisime note de ce chapitre). Pour la mmoire:
c o n t r a i r e s
s
u
b
a
l
t
e
r
n
e
s
QUELQUE HOMME EST JUSTE
[particulire affirmative]
=NON (TOUT HOMME EST NON JUSTE)
245
246
contradictoires
s u b c o n t r a i r e
s
u
b
a
l
t
e
r
n
e
s
N de : nom.
A de : adjectif.
82
Notons, avant de clore cette section, quil est crucial, la dfinition de la subalternation comme <opposition
en quantit>, que lopposition opre selon deux paramtres distincts <Quantit (quantificateur universel /
quantificateur existentiel )/ Qualit (affirmation/ ngation)>, plutt quen termes doprateurs daffirmation/de
ngation ayant dans leur champ non seulement un seul et mme prdicat, mais encore un seul quantificateur
(le quantificateur universel ). Ce nest que dans cette perspective que le lien naturel entre universelle
affirmative et particulire affirmative (=subalternes suprieure affirmative) et respectivement entre
universelle ngative et particulire ngative (=subalternes suprieure ngative) reste directement saisissable,
au plan mtalinguistique :
subalternes suprieures
subalternes suprieure
affirmative
subalternes suprieure
ngative
subalternes infrieures
subalternes
( suprieure affirmative)
subalternes
( suprieure ngative)
5.1.6. Types de propositions catgoriques selon linhrence du prdicat (P) au sujet (S) :
Propositions catgoriques de inesse ( tre dans ) appeles aussi assertoriques: inhrence de P S non
modifie 249.
Propositions catgoriques modales : inhrence de P S modifie 250.
247
248
249
250
83
propositions catgoriques modales, o la ngation, si ngation il y a, porte tantt sur le modus, tantt sur le
dictum, tantt sur les deux.
Analogie (purement formelle 251) propose ici : quantificateur modus, prdicat dictum. Cette analogie serait
susceptible de fonder lextrapolation du carr logique des propositions assertoriques aux infrences sur les
propositions catgoriques modales.
Ncessaire
Impossible
(=NECESSAIRE QUE P)
(=IMPOSSIBLE QUE NON-P)
Possible
Contingent
(=POSSIBLE QUE P)
(=NON NECESSAIRE QUE NON-P)
Carr pistmique :
Certain
Exclu
(=CERTAIN QUE P)
(=EXCLU QUE NON-P)
(=EXCLU QUE P)
(=CERTAIN QUE NON-P)
Probable
Incertain
(=PROBABLE QUE P)
(=NON CERTAIN QUE NON-P)
(=NON EXCLU QUE P)
Carr dontique :
Obligatoire
Interdit
251
Puisque, du point de vue smantique, et compte tenu de la syntaxe des langues naturelles, ce serait plus juste dassocier
modus et prdicat et dictum et sujet (voir noncs modalit de dicto).
84
(=OBLIGATOIRE QUE P)
(=NON PERMIS QUE NON-P)
Permis
Facultatif
(=PERMIS QUE P)
(=NON OBLIGATOIRE QUE NON-P)
85
Pour ce qui est de lanalogie <quantificateur modus, prdicat dictum>, comparer les dfinitions modales
en termes des primitifs ncessaire, certain et respectivement obligatoire, lexpression alternative des AIEO de
inesse en termes du seul quantificateur universel:
Soit :
NECESSAIRE QUE P
CERTAIN QUE P
OBLIGATOIRE QUE P
TOUT HOMME EST JUSTE
86
Carr althique :
Ncessaire
(=ncessaire que p)
(=non possible que non p)
Impossible
(=non possible que p)
(=ncessaire que non p)
c o n t r a i r e s
s
u
b
a
l
t
e
r
n
e
s
Possible
(=possible que p)
(=non ncessaire que non p)
contradictoires
s u b c o n t r a i r e
s
u
b
a
l
t
e
r
n
e
s
Contingent
(=non ncessaire que p)
(=possible que non p)
252
Dans sa forme initiale, o les colonnes correspondent la relation contradictoire (ngation du modalisateur), la table des
conversions/ implications comporte des solutions de continuit des implications, pour les contradictoires de il nest pas
ncessaire que p et respectivement de il nest pas ncessaire que non-p , marques ici par des gras et des signes
dexclamation ; les conversions (ou : quivalences) des propositions modales oprateurs abstraits de lordre du <possible>
et du <ncessaire>, mises en vedette ici par les italiques, seront dfinies plus loin dans le texte (commentaire de la table) :
Il se peut que p soit le cas
87
remarquerons que la conversion, en termes de il arrive que, des valeurs modales althiques formules en
termes de il se peut que, savre tre un cas de substitution synonymique triviale (sans jeu aucun des
ngations), lencontre de ce qui se passe lors de la conversion de il est ncessaire que en il se peut que ou
respectivement en il est impossible que.
Comparer les conversions non triviales du <ncessaire> en <possible> et <impossible>, sous (1a) aux
conversions triviales (par substitution synonymique sans jeu des ngations) du <possible> (en formulation
mtalinguistique verbale : il se peut que) en <contingent> (en formulation mtalinguistique verbale : il arrive
que) sous (1b):
1a.
NECESSAIRE : Il est ncessaire que p = il ne se peut pas que non-p (il nest pas possible que non-p) =
il est impossible que non-p ;
POSSIBLE : Il nest pas ncessaire que non-p = il se peut que p (il est possible que p) = il nest pas
impossible que p ;
CONTINGENT : Il nest pas ncessaire que p = il se peut que non-p (il est possible que non-p) = il
nest pas impossible que non-p ;
IMPOSSIBLE : Il est ncessaire que non-p = il ne se peut pas que p (il nest pas possible que p) = il
est impossible que p.
1b.
NECESSAIRE : il ne se peut pas que non-p (il nest pas possible que non-p) = il narrive pas que nonp;
POSSIBLE : il se peut que p (il est possible que p) = il arrive que p ;
CONTINGENT : il se peut que non-p (il est possible que non-p) = il arrive que non-p ;
IMPOSSIBLE : il ne se peut pas que p (il nest pas possible que p) = il narrive pas que p.
Ce qui nous conduit lide (qui remonte Ablard 253) que le possible et le contingent tant quivalents (ainsi
que, selon Ablard, Aristote lui-mme laurait suggr), il ny a que trois modalits logiques de base le
ncessaire, le possible et limpossible le carr modal althique pouvant tre envisag alors comme un triangle
(cf. Le Querler 1996 : 48).
Que se passe-t-il ds que lon se tourne vers les langues naturelles ? Par exemple, en franais et en roumain ?
Les adjectifs possible et contingent sont certes parasynonymes 254. Encore que leur comportement syntaxique
ne soit pas identique, seul possible instanciant un emploi doprateur de phrase :
2a. Il est possible que Socrate coure.
2b. *Il est contingent que Socrate coure.
()
() Il ne se peut pas que p ne soit pas le cas
Il se peut que p ne soit pas le cas
force de rtablir les implications du ct droit, nous perdrions la corrlation horizontale entre les colonnes (en termes de la
relation contradictoire) ; mais nous retrouverions une certaine version (incomplte relationnellement) du carr de Boce
(contradictoires, contraires et subcontraires en clair, encore que dans dautres positions relatives, mais subalternes
compltement occultes):
Il se peut que p soit le cas
253
Dans son ouvrage intitul Dialectica, o il commente (entre autres) le carr de Boce.
Ainsi, ladjectif contingent tant dfini, dans le Petit Robert (2007) comme : Qui peut se produire ou non , avec des
renvois : accidentel, 1casuel, conditionnel, ventuel, fortuit, 1incertain, occasionnel, et des exemples illustratifs du
type de : Evnement contingent, chose contingente (soumis(e) au hasard), lune des acceptions de ladjectif possible (3
possible) sera (selon le mme dictionnaire) qui peut se raliser, tre vrai ; qui peut tre ou ne pas tre , avec des renvois
: contingent, ventuel. Et des illustrations du type de : Averses possibles en fin de journe. De possibles chutes de neige.
Une aggravation possible de la maladie. Une rechute est toujours possible. Il ny a plus aucun doute possible. Il est possible
quil fasse froid cette nuit (il se peut que).
254
88
Do la ncessit de comparer le comportement de ladjectif oprateur possible avec celui du verbe oprateur il
arrive que 255 :
3a. Il est possible que Socrate coure.
3b. Il arrive que Socrate coure.
Ainsi que lattestent maintenant les exemples sous (4), les deux oprateurs de phrase nont pas le mme
comportement en regard dun dictum descriptivement marqu pour le virtuel :
4a. Il est possible que Socrate coure un jour.
4b. *Il arrive que Socrate coure un jour.
4c. OKIl arrivera un jour que Socrate coure 256.
Dautres verbes oprateurs de smantique [-ncessaire] se rangent, cet gard, soit du ct de il est possible
que (le verbe modal il se peut que+SUBJONCTIF), soit du ct de il arrive que (les verbes factuels il se fait que,
il se trouve que+ INDICATIF) :
5a. Il se peut que Socrate coure un jour.
5b. *Il se fait que (+Il se trouve que) que Socrate court un jour.
Il arrive que se range en revanche avec il est possible que (+ il se peut que) quant la possibilit
denchanement sur mais () pas maintenant, se dissociant cet gard des verbes factuels il se fait que, il se
trouve que :
6a. Il est possible que (+ Il se peut que, +Il arrive que) Socrate coure, mais (il ne court) pas
maintenant (+ il nest pas en train de courir maintenant).
6b. ???Il se fait que (+ Il se trouve que) Socrate court, mais (il ne court) pas maintenant 257.
En 6a, lenchanement par ___mais (il ne court) pas maintenant (+ il nest pas en train de courir
maintenant) oblige une lecture du dictum ou bien habituelle ( Il se peut que Socrate coure dhabitude
(+quil soit un coureur (professionnel)) ), ou bien temporellement discontinue (itration : il se peut que
Socrate coure de temps autre ), interdisant la lecture soit en train de courir choix privilgi en
labsence de lenchanement.
Toutes choses gales par ailleurs, cest--dire en labsence dlments co(n)textuels favorisant les
lectures habituelle ou frquentative, Il est possible que (+ il se peut que) Socrate coure sera en effet
entendu au sens de il est possible que Socrate soit en train de courir [au moment t0 o jnonce la
phrase].
Ce qui barre, en 6a, la lecture dactualit ( tre en train de courir en t0 ) obligeant lune des interprtations
marques (directement ou indirectement) pour la discontinuit, courir de temps autre , ou bien courir
dhabitude/ tre un coureur (professionnel) cest la conjonction de la perspective modale pistmique initiale
sur p (<NON CERTAIN (p)>), au constat que p nest pas le cas (constat consistant avec la subalterne
suprieure de cette prdication pistmique valeur modale pistmique contradictoire, savoir : <CERTAIN
(non-p>). Soit, en notation abrge :
<* NON CERTAIN (p) & constat (non-p), donc : CERTAIN (non-p)>.
Ce qui barre, en 6a, la lecture dactualit ( tre en train de courir en t0 ) obligeant lune des
interprtations marques (directement ou indirectement) pour la discontinuit, courir de temps
autre , ou bien courir dhabitude/ tre un coureur (professionnel) cest la conjonction de la
perspective modale initiale dincertitude sur p (<NON CERTAIN (p)>), au constat que p nest pas le
cas (constat consistant avec la modalisation <CERTAIN (non-p>). Soit, en notation abrge, o ??
symbolise le caractre problmatique de la conjonction, et * son impossibilit :
< ??NON CERTAIN (p) & constat (non-p)>, donc : <*NON CERTAIN (p) & CERTAIN (non-p)>.
Nous remarquerons que CERTAIN (non-p) est, techniquement parlant, force dextrapoler le carr
logique aux modalits (pistmiques), la subalterne suprieure (ngative) de NON CERTAIN (p). Et
nous savons dj que la vrit de la subalterne infrieure est cense suivre de la vrit de la subalterne
suprieure. Faut-il en dduire que ce qui est exclu soit aussi, et en mme temps, incertain
(=douteux) ?!
La relation logique entre subalternes suprieure et infrieure, dfinie sur le carr des propositions
assertoriques (propositions quantifies : universelle affirmative, particulire affirmative ; universelle
ngative, particulire ngative), en termes dimplicature quantitative 258 ne se laissera extrapoler telle
255
Un verbe factuel.
O le marqueur descriptif de [+virtuel] (un jour) porte sur le modus, marqu, dailleurs aussi grammaticalement, pour le
virtuel (affixe de futur).
257
Acceptable, la limite, sous lecture habituelle (ou dispositionnelle) : si donc Socrate tait entendu avoir lhabitude de courir
tous les soirs (a fortiori si Socrate tait un athlte (coureur professionnel) plutt quun philosophe).
256
258
Ce qui vaut de lensemble tout entier vaut galement de lun (quelconque) de ses membres : si la proposition tout
homme est non-violent est vraie, alors la proposition quelque homme est non-violent lest aussi.
89
quelle au carr modal quau prix dune reformulation des modalits en termes directement
quantifis (extensionnels): force, par exemple, de dfinir ce qui est contingent, incertain, facultatif
comme ce qui est faux dans au moins un monde possible (ce qui est impossible, exclu, interdit tant
faux dans tous les mondes possibles ) on pourra dire que limpossible implique le contingent, lexclu
implique lincertain, lobligatoire, le facultatif. Car tre faux dans tous les mondes possibles implique tre
faux dans un monde possible, tout comme la vrit de tout homme est non-violent implique la
vrit de quelque homme est non-violent .
En labsence dune telle reformulation extensionnelle des modalits (au plan mtalinguistique), tout ce
que lon pourra avancer, ce sera que la subalterne infrieure est oriente vers la subalterne suprieure
correspondante : ce qui est incertain (=douteux) a davantage de chances de ne pas tre que dtre (ce
qui est exclu nayant aucune chance dtre).
Les marqueurs des modalits {[-ncessaire], [-impossible]} semblent donc se ranger, en franais, le long dun
continuum, en termes de [virtuel], [discontinu] :
[-discontinu]
Il se fait que
[-virtuel]
Socrate court.
[+virtuel]
[+discontinu] 259
Il se trouve que
Il est possible
que
Il se peut que
Il peut se faire
que 260
Il peut arriver
que 261
Sil arrivait
que 262
<contingent ponctuel>
<contingent discontinu>
prdication valide
Socrate coure
un jour/ Socrate
coure
[ dhabitude :
soit un
coureur ], mais
il ne court pas
maintenant.
Socrate coure
un jour,
<possible>
prdication validable 263
La distinction entre <contingent> et <possible> est donc maintenir en langue naturelle, mme si elle se
laisse rduire en logique (par le jeu des mta-termes).
NCESSAIRE
ncessit analytique (=de dfinition): Tout ce quoi on rfre doit exister. Appelons cela
laxiome de lexistence (Searle 1969 :121, apud Kronning 2001 : 68).
ncessit analytique mathmatique : Un nombre premier doit tre impair (Kronning
2001 : 77).
ncessit analytique argumentative (pseudo-analyticit des fins argumentatives) : Un
regret, a doit tre inutile, ou ce nest plus un vrai regret (Beauvoir, apud Kronning 2001 : 77).
259
90
Comparer : ?Leau doit bouillir 100 degrs/ OK Leau bout 100 degrs 264 (Kronning 1996 :
37).
Si tu lances une pierre dans lair, il faut quelle retombe.
Une fois n, il faut aussi mourir. 265
futur althique : Est-ce de Galile que le Christ doit (+OKva 266) venir ? (Jean 7 : 41, Bible 1975,
apud Kronning 2001 : 78).
futur althique du pass : Cependant, pour Lisbeth, la date du dpart approchait : elle
devait (OKallait) quitter Paris le dimanche suivant (Martin du Gard, apud Kronning 2001 : 78).
Adjectifs oprateurs de phrase : il est ncessaire que (+subjonctif)/ de (+infinitif), il est invitable que
(+subjonctif)
Il est ncessaire dtre expos ce type de stimuli avant un ge critique, pour apprendre parler.
Il est ncessaire que lon soit expos ce type de stimuli avant un ge critique pour que lon apprenne
parler.
Invitable a de nombreux synonymes lecture premire 267 althique: [consquence] immanquable, [coup]
imparable, [rformes] incontournable [s] ,[destin] inluctable, [consquence] fatal[e] [du capitalisme].
Pourtant aucun de ces synonymes nest susceptible de vrai emploi doprateur de phrase et ne joue donc le rle
dun modalisateur althique.
Quand ils fonctionnent comme attributs de ce, dans le tour (familier), cest +Adj, employ en incise, leur
interprtation semble tre sensible au contexte. Cest en particulier le cas de ladjectif fatal.
Dans un
Dans un
Le gnie est fatalement condamn ntre quimparfaitement compris de la foule (R. Rolland, in P.
Rob.) ;
Laventure devait fatalement tourner mal. (P. Rob.)
La cause et leffet sont lis ncessairement. (P. Rob. : adverbe de manire)/ La cause et leffet sont
ncessairement lis (modalisateur de re).
Le srieux que donne ncessairement la pense continuellement fixe sur tout ce qui est grand
(Stendhal, in P. Rob.).
POSSIBLE
verbes modaux : pouvoir +infinitif (possibilit interne (capacit)/ externe (possibilit matrielle)), il se
peut que + subjonctif, savoir au conditionnel prsent ngatif+infinitif
264
La rgularit ou loi exprime par la phrase modalise doit se laisser envisager comme produit dune infrence, pour que le
verbe devoir soit licite (Kronning 1996).
265
Exemples de notre main, sur le modle des exemples devoir althique emprunts aux crits de Hans Kronning.
266
Argument linguistique pour linterprtation althique vs pistmique de ces noncs lecture futurale : relation
paraphrastique : V-FUT probablement/ certainement/ sans doute barre (Kronning 2001 : 74).
267
Ainsi que dautres, dont lacception ncessaire (ncessit althique) est drive, en franais familier, dun sens premier
obligatoire (ncessit dontique) : forc, oblig, obligatoire. la faveur dun co(n)texte orient vers lalthique, ces
adjectifs fonctionneront comme modalisateurs althiques, dans la mme structure syntaxique. Une fois lance dans lair, la
pierre retombera, cest oblig (+cest forc, + cest obligatoire). Cest forc connat mme un emploi douvreur de phrase : une
fois lance dans lair, cest forc quelle retombe. Et, dans le P. Rob. : Cest forc quil perde/ Il perdra, cest forc.
268
Comparer : il se peut que votre fille ait tourn mal (lecture pistmique : ventualit).
91
Locutions verbales comportant le nom chance ( possibilit de se produire par hasard ) 269: il y a peu
de chances, il y a des chances, il y de fortes chances, il y a une bonne chance (pour) que + subjonctif
Il y a des chances que votre fille gurisse, si vous suivez la lettre ces quelques conseils.
Il est possible que votre fille tourne mal aussi, vous savez.
Vous ntes manifestement pas des personnes possiblement (+ventuellement) intresses par cette
offre (= susceptibles dtre intresses par . Cf. Les personnes possiblement (+ventuellement)
intresses par cette offre (P.Rob.)).
CONTINGENT
Verbes factuels : il arrive que+ subjonctif/ il arrive qqn de +infinitif, il se fait que, il se trouve que+
indicatif 270
Est-ce que par hasard vous ne seriez pas complice ? (P. Rob.)
Si par hasard tu le vois, prviens-le ( au cas o ) (P. Rob.).
Dinde : Gros oiseau dont la chair, quand on la mange l'occasion de certains anniversaires religieux, a
mets
des
vertus
de
ferveur
et
de
grces.
Incidemment,
c'est
un
excellent
[Le Dictionnaire du Diable (1911)].
Il nest pourtant pas ncessaire que tous les vnements finissent mal. (Cristea 1981 : 42).
Adverbes de modalisation qui ralisent, la forme affirmative, le <ncessaire>, employs dans des
phrases ngatives : pas forcment, pas ncessairement
IMPOSSIBLE
Pas de ralisateurs spcifiques, hormis ladjectif impossible lui-mme (oprateur de phrase il est impossible de
+ infinitif/ que+ subjonctif) : formes ngatives de certains ralisateurs du POSSIBLE.
269
92
Remarques.
(1) NecessaireALTHIQUE : Cest+adj / ctait + adj (fatal, forc, oblig, obligatoire).
Noter qu limparfait (ctait fatal), la faveur de la rupture davec linstance dnonciation actuelle (<moi-icimaintenant>), ladjectif marquera la ncessit althique, mme si la proposition donnant son antcdent ce
na pas dorientation althique particulire :
Paul y est arriv, ctait fatal.
Linterprtation pistmique peut tre retrouve alors dans les contextes choques (discours rapport de
paroles ou de penses) :
Paul devait y arriver, ctait fatal. (= Paul doit (+va) y arriver, cest fatal pensait Jean (dont le
locuteur rapporte donc les penses)). Style indirect libre.
(2) propos de la notion de cotexte (dj) althique .
Remarquer que, dans lexemple donn (Et il faut que a arrive, cest fatal), le modalisateur il faut que nest pas
dcisif lui seul: le contenu propositionnel modalis y joue aussi (arriver verbe factuel smantique de type
<CONTINGENT>). Comparer :
Il faut que Paul russisse lui mettre la main dessus, cest fatal. (lectures possibles : althique et
pistmique).
Il faut bien que Paul russisse lui mettre la main dessus, cest fatal. (lecture pistmique seule, en
raison de ladverbe bien).
(3) Possibilit althique et porte extra-prdicative.
Il se peut que (+il se peut faire que, +il peut se faire que 274) votre fille tourne mal aussi, vous savez.
Contexte (scnario) : dit par le pre, zonard, dune jeune drogue, lagent de police.
En dautres mots : cela peut vous arriver aussi, vous ntes pas labri de ce type de dboires, malgr votre
uniforme ) 275.
Pour moi, il ne sagirait pas l de <probabilit> (modalit syntaxiquement extra-prdicative, donc
smantiquement extra-prdicative aussi, donc pistmique), mais de <possibilit (matrielle)> (modalit
althique). Contra : Le Querler 2001. Cela revient dire donc que le <possible althique> nest pas exclusif de
porte extra-prdicative. En particulier, dans lapodose (= assertion) dune macrostructure
conditionnelle, et avec une protase (= supposition) et un prdicat (dictal) consistants avec la
lecture de <possibilit matrielle>, il se peut que, il peut arriver que, il peut se faire que etc. ne laissent
pas de marquer le <possible althique> plutt que l<ventualit pistmique>. Comparer :
Si le ciel se couvre, il se peut quil pleuve. (prmisses non actuelles possibilit matrielle 276)
Le ciel se couvre : il se peut quil pleuve. (prmisses in prsentia 277 probabilit)
A : Quel temps fait-il Londres aujourdhui ?
B : Il se peut quil pleuve, je nen sais rien. (prmisses de raisonnement au mieux implicites (topos 278
du temps pluvieux Londres) absence de certitude (valeur pistmique explicite, renforce par lincise je
nen sais rien): peut-tre bien quil pleuvra, peut-tre quil ne pleuvra pas )
Le subjonctif aprs comment se fait-il que sexplique par la remise en cause du contingent actuel : je nen
crois pas mes yeux/ mes oreilles . Le contingent (althique) y est intgr une stratgie discursive
pistmique (doute).
274
275
276
277
278
93
Je sais que Paul est malade. (= je crois que Paul est malade et Paul est de fait malade : savoir =
croyance vraie)
(a) Savoir est un verbe factif (vrit du dictum prsuppose), croire et penser, non :
Ni Je crois que Paul est malade ni Je pense que Paul est malade nimpliquent la vrit de
Paul est malade .
La croyance est donc (au mieux) un savoir faible, un savoir par dfaut. Do la possibilit de dire :
Je crois (+pense) que Paul est malade, mais je nen suis pas sr. (o il est vident que les verbes
modaux croire et penser nexpriment plus la certitude, ft-ce faiblement, mais la simple probabilit).
Jean croit que Paul est malade oriente plutt vers le faux, du point de vue du locuteur ( je ne le
crois pas , je sais que tel nest pas le cas ).
Jean pense que Paul est malade ne prjuge en rien de lopinion du locuteur.
Jean sait que Paul est malade . Je sais que Paul est malade .
Jean ne sait pas que Paul est malade . Je sais que Paul est malade .
Je savais que Paul tait malade Je sais que Paul tait malade .
Je ne savais pas que Paul tait malade Je sais que Paul tait malade .
La logique pistmique, inaugure par les travaux de Hintikka 281, se prsente comme une logique de
lpistmologie tudiant lensemble des consquences logiques relatives aux affirmations de connaissance.
Quelle consquence puis-je tirer par exemple du fait de savoir quil pleut dehors ? Si je sais que telle chose est
vraie, alors : je ne sais pas quelle nest pas vraie, je crois quelle est vraie, je sais que je sais quelle est vraie,
je connais toutes les consquences logiques de sa vrit, etc.
Adjectifs oprateurs de phrase (il est que + indicatif) : sr, certain, incontestable, vrai, vident+
indicatif 282
279
94
Ngativisation de ralisateurs de lincertitude 283 : ne pas douter (+indicatif 284), sans doute
Je ne doute pas quil est sincre (P.Rob). Je ne doute pas quil le fera (Hanse 1991 : 351).
Il est sans doute (+sans nul doute, +sans aucun doute) sincre.
PROBABLE
Verbes modaux dopinion et dapparence : croire que, penser que; se douter que/ de ce que ; paratre
que, sembler que + indicatif (ou conditionnel)
Verbes modaux smantique initiale non pistmique (polysmie de marqueurs) : pouvoir, devoir
+inf.
283
95
Vos bons amis vous laisseront vraisemblablement tomber, maintenant que votre divorce vient dtre
prononc.
La runion sera probablement reporte la semaine prochaine.
Peut-tre que les tudiants ont compris votre explication.
Adjectifs oprateurs (Il est/ parat que +subjonctif) : possible, douteux ; marqueurs de certitude
ngativiss : il nest pas certain que, il ne parat pas certain que+subjonctif ; marqueur de
probabilit ngativis : il est improbable que 294
290
96
Il
Il
Il
Il
Adjectifs oprateurs (ou locutions): (il est que +subjonctif) : exclu, hors de question ; impossible
(attraction de lalthique vers lpistmique)
Peut-tre est-ce suite lloignement du <moi-ici-maintenant> propre limparfait, que lexpression connat un
affaiblissement de son caractre fortement subjectif lorigine de la slection du subjonctif par ailleurs (sorte de glissement
vers lobjectif).
296
La forme perfective de linfinitif dictal nest quun indice faible en faveur dune lecture pistmique, puisque cette
interprtation ne survit pas aux contextes normalement suspendant cette interprtation, telles linterrogation (interrogation
totale, vraie question appel dinformation) ou la ngation.
Noter que Peut-elle tre rentre pied ? nest susceptible de lecture pistmique que sous interprtation dlibrative de la
question mme (question dlibrative = question adresse soi-mme, en cas dhsitation : serait-elle rentre pied ? ).
Alors, la question dlibrative pourra tre entendue porter sur la manire dont Sylvie est rentre ( pied, en voiture, en mtro,
par le tram) et non sur sa capacit dtre rentre de cette manire : je me demande si elle est rentre pied et non je
me demande si elle peut (= est capable de) lavoir fait .
De mme, la question Peut-elle avoir fini sa thse avant Nol? entendue comme question dlibrative recevra une lecture
pistmique, si elle est prononce au mois de fvrier suivant Nol ( aurait-elle fini sa thse avant Nol ? ), mais une
lecture althique si elle est prononce au mois de novembre prcdent ( sera-t-elle capable de finir sa thse avant Nol ? ).
Dans ce second cas de figure, cette question peut mme apparatre dans un contexte interrogatif standard, en tant que
question appel dinformation (adresse autrui).
97
interrogation (totale : vrai appel dinformation) : Peut-elle rentrer pied, Docteur ? (appel
dinformation concernant ltat de sant de la patiente, sa capacit de faire telle ou telle chose 299)
interrogation partielle (question-QU) : Quand est-ce que Paul ne doit pas travailler, en tant que
catholique pratiquant ? avec, pour rponse attendue : En tant que catholique pratiquant, Paul ne doit
pas travailler le dimanche). 303 Dans le cas de la question, la lecture pistmique est barre, seule
restant disponible, au vu de la restriction en tant que catholique pratiquant (= si Paul est un
catholique pratiquant ), la lecture althique de condition ncessaire ( ne pas travailler le
dimanche est alors prsent comme condition ncessaire pour tre un catholique pratiquant ),
telle que dfinie dans Kronning 2001 : 79; comparer leffet de sens toujours althique nomm
par Hans Kronning ncessit analytique argumentative : Paul doit ne pas travailler le dimanche, ou
ce nest pas un vrai catholique. Noter que, sortie du contexte immdiat de lchange question-rponse,
lassertion En tant que catholique pratiquant, Paul ne doit pas travailler le dimanche ne barre pas au
mme titre la lecture pistmique (ainsi que latteste la possibilit de substitution de devoir par sans
doute : En tant que catholique pratiquant, Paul ne travaille sans doute pas le dimanche).
Comparer galement la question (ou le couple question-rponse) un nonc tel: Pierre doit travailler
mme le dimanche, maintenant lecture pistmique parfaitement licite.
Que doivent tre lhomme et le monde pour que le rapport soit possible entre eux ? (Sartre, apud
Kronning 2001 : 73 ; lecture althique : condition ncessaire).
subordonne en puisque : Pierre ne peut pas venir aujourdhui, puisquil doit partir pour Londres ce
soir (lecture pistmique barre (probabilit), lecture althique permise ncessit althique (futur
althique : va partir )).
297
Noter que la ngation a le mme effet sur se pouvoir (impersonnel pronominal), prservant ainsi lacceptabilit dnoncs
problmatiques sous lecture pistmique (de il se peut) : Il ne se peut pas quelle soit rentre pied par un temps pareil
(impossibilit althique : impossibilit matrielle). Comparer : ???Il se peut quelle soit rentre pied par un temps pareil
(nonc acceptabilit problmatique pour des raisons smantico-pragmatiques : par un temps pareil (mauvais temps)
oriente vers NE PAS RENTRER A PIED, voire NE PAS SORTIR, contrairement au modal il se peut que, qui exprime (par
dfaut) la <probabilit> (valeur de possible pistmique)).
298
Noter lapport de a ngation contre un contexte normalement vou interprtation pistmique.
299
Plutt que demande de permission.
300
Comparer une question-QU portant sur le temps : Quand peut-elle rentrer ?, davantage oriente vers la lecture
demande de permission que vers linterprtation de vrai appel dinformation, qui favorise la lecture althique (capacit,
possibilit matrielle).
301
Reprise lallocutaire ou un tiers. En clair, lallocutaire (ou bien un tiers) aura dit pralablement p (qui renferme le
modus et le dictum de la squence puisque p, ou respectivement si p), ou au moins celui qui nonce puisque p/ si p lui
attribue cette pense.
302
Voir note 2 supra.
303
Dans le cas de : Quand est-ce que les Chrtiens ne doivent pas travailler ? Les Chrtiens ne doivent pas travailler le
dimanche, la lecture par dfaut de devoir sera dontique (modalit du faire). Voir infra 6.5.
98
Enchanement sur des prmisses convoques in absentia : Daprs les prvisions mto, le
temps doit samliorer demain. (Kronnig 2001 : 76 : lecture pistmique barre (probabilit), lecture
althique permise futur althique va samliorer ).
enchanement sur des prmisses convoques in praesentia : Le ciel se dcouvre. Le temps doit
tre en train de samliorer.
adverbe pistmique bien : Paul doit bien travailler demain.
Rfrences de la section:
Kleiber, G. (1983). Lemploi sporadique du verbe pouvoir en franais , in J. David ; G. Kleiber, (ds), La
notion smantico-logique de modalit. Paris : Klincksieck, Collection Recherches Linguistiques, vol. 8,
183-201.
Kronning H. (1996). Modalit, cognition et polysmie : smantique du verbe modal devoir , Uppsala ;
Stockholm : Acta Universitatis Upsaliensis : Almqvist & Wiksell International.
Kronning, H. (2001). Pour une tripartition des emplois du modal devoir , Cahiers Chronos 8 : 67-84.
Le Querler, N. (1996). Typologie des modalits, Caen : Presses Universitaires de Caen.
Le Querler, N. (2001). La place du verbe modal pouvoir dans une typologie des modalits , Cahiers Chronos
8, Amsterdam-Atlanta : Rodopi, 17-32.
Sueur, J.-P. (1979). Une analyse smantique des verbes devoir et pouvoir , Le franais moderne 47.2 :
97-120.
Sueur, J.-P. (1983). Les verbes modaux sont-ils ambigus ?, in : J. David ; G. Kleiber, (ds), La notion
smantico-logique de modalit, Paris : Klincksieck, Collection Recherches Linguistiques, vol. 8, 165182.
Tutescu, Mariana (2005) LAuxiliation de modalit. Dix auxi-verbes modaux, Bucuresti : Editura Universitatii
din Bucuresti
Van der Auwera, J. ; Plungian, V. (1998). Modalitys semantic map, Linguistic Typology 2 : 79-124.
5.2.4. Modalits pistmiques et modalits vridictoires.
5.2.4.1. Les modalits vridictoires.
La notion de modalits vridictoires a t formellement dfinie dans le cadre de lapproche smiotique aux
modalits que propose Algirdas-Julien Greimas. Cette thorie des modalits se veut adquate lanalyse de
textes/ discours, et se laisse apprhender dans ses relations aux autres composantes de la smiotique
greimassienne ( programme narratif , structure actantielle , carr smiotique ). Prsenter ici de
manire tant soit peu consistante ce modle marge certes nos vises. Aussi allons-nous simplement introduire
les repres ncessaires une saisie de la porte de la catgorie modale qui nous concerne en particulier.
Dans le cadre de lapproche smiotique, ce sont la dfinition opratoire de la modalit en amont de la thorie
( modification du prdicat par le sujet , dans et par lacte de langage mme) et la dfinition de tout acte
(acte de langage y compris) en termes de ce qui fait tre qui fournissent les concepts lmentaires dont la
combinatoire donnera la typologie des modalits retenues : ltre vs le faire. Ces concepts lmentaires seront
redfinis de manire plus formelle comme jonction du sujet et de lobjet (catgorie smantique qui rend
compte de ltat du sujet par rapport un objet de valeur quelconque, projete sur le carr smiotique sous les
catgories de la conjonction (sujet possdant lobjet) et de la disjonction (sujet ne possdant pas lobjet)),
et respectivement comme transformation (catgorie smantique qui rend compte de ce qui arrive lors du
passage dun tat lautre, projete sur le carr smiotique sous les catgories de lassertion et de la
ngation).
La modalisation se laisse maintenant dfinir en tant que production d'un nonc dit modal, d'tat ou de faire,
surdterminant un nonc descriptif, d'tat (ou : de jonction du sujet et de l'objet) ou de faire (ou : de
transformation). Do un premier classement des modalits :
la comptence (l'tat ou l'acte en puissance) : l'tre modalisant le faire (dans la dfinition de lacte
comme ce qui fait tre , cest l le ce qui );
la performance (l'acte ou l'action) : le faire modalisant l'tre (dans la dfinition de lacte comme ce
qui fait tre , cest l le faire tre );
la vridiction : l'tre modalisant l'tre;
la factitivit : le faire modalisant le faire.
99
En bref :
dtat
nonc modal
de faire
Modalisation :
d'tat
(jonction du sujet et de l'objet)
nonc descriptif
de faire
(transformation de lobjet, par le
sujet)
comptence
performance
vridiction
factitivit
Dans une situation dnonciation donne (un nonciateur disant quelque chose un nonciataire son
destinataire, son interlocuteur), les modalits vridictoires sont dfinies comme modalits de ltre: est
vridictoire un nonc modal dtat (endoss par lnonciataire) modifiant un nonc descriptif toujours dtat
(mais dont la responsabilit revient lnonciateur).
Le prdicat modal peut tre trait comme catgorie smiotique et dcompos en:
tre // non-tre / paratre // non-paratre,
soit, en carr smiotique :
vrit
/tre/
/Paratre/
m
e
n
s
o
n
g
e
s
e
c
r
e
t
/Non-paratre/
/Non-tre/
fausset
Comme toute catgorie smiotique, le prdicat modal vridictoire sarticule en deux schmas (dfinis par la
relation contradictoire), deux axes (laxe des contraires et laxe des subcontraires 304), et deux deixis (positive et
ngative, correspondant, positionnellement, aux relations de subalternation du carr logique classique). Les
deux schmas vridictoires sont la manifestation et limmanence, soit: /paratre/ /non-paratre/ =
manifestation ; /tre/ /non-tre/ = immanence. Les deux axes vridictoires : [/tre/ & /paratre/] = vrit,
pour laxe des contraires, et respectivement, [/non-paratre/ & /non-tre/] = fausset, pour laxe des
subcontraires. Les deux deixis, positive et ngative (selon leur point de dpart) dfiniront respectivement le
secret ([/tre/ & /non-paratre/]) et le mensonge ([/non-tre/ & /paratre/]).
Rfrences de la section:
GREIMAS, A.J. (1976) Pour une thorie des modalits , Langages 43, Paris: Didier-Larousse, 90106.
GREIMAS, A.J. et COURTS, J. (1979) Smiotique. Dictionnaire raisonn de la thorie du langage,
Paris: Hachette.
304
Dfinis positionnellement, mais pas intensionnellement, comme dans le carr logique classique, puisque constitu de
(mta-)prdications par hypothse susceptibles dtre vraies en mme temps ou fausses en mme temps
100
COURTS, J. (1991), Analyse smiotique du discours. De l'nonc l'nonciation, Paris: Hachette, 302
p.
HBERT, L. (2003), Lanalyse des modalits vridictoires et thymiques : vrai/faux,
euphorie/dysphorie , Semiotica, Bloomington, Association internationale de smiotique, 144, 1/4, p.
261-302.
305
Comptence pragmatique (orient vers/ conditionnant le faire somatique305) ou cognitive (oriente vers/ conditionnant le
faire cognitif305) ? Nous prsumons que la surmodalisation pistmique (selon le /savoir/) concerne (selon Greimas 1976) la
seule comptence cognitive. Autrement dit : lpistmique sur-modalise(rait) le vridictoire (ce que capte la formule
mtalinguistique de /savoir-vrai/).
306
Drghicescu, Janeta 1981 La valeur modale avr> en franais et en roumain type de modalit vridictoire , in :
CRISTEA, Teodora et al. (1981), Les Modalits. Etudes contrastives, Bucuresti : TUB, 140-172.
101
<VRAI> - <vrifi>
<avr>
5.2.4.4. Emploi des formes verbales dans lnonc modalis vridictoirement (indicatif ?
subjonctif ?)
Il est vrai que entrine 310 lassertion (on est en droit dire il est vrai que p condition que lon
sache que p soit le cas, autrement dit si lon avait le droit de dire aussi je sais que p 311), ce qui
explique lusage de lindicatif (+ indicatif) ; et cela vaut des emplois o la prise en charge par le
locuteur est maximale (1), comme dans ceux o le locuteur ne fait que concder la vrit de p ( son
interlocuteur (2)) :
(1) Il est vrai quil fait froid [le locuteur sort sur la terrasse, en bras de chemise, et constate par lui-mme la
temprature extrieure 312, ou bien : le locuteur est bien au chaud le soir, dans son sjour, devant la tl, et
commente la Mto, qui vient dannoncer -20C Bucarest pour le soir en question 313).
307
MARTIN, Robert (2001) Sur la smantique du possible , Revue de Linguistique Romane, Janvier-Juin 2001, Nos
257-258, Tome 65, 5-23.
308
Autrement dit : propos des tats de chose (le nom res (ABLATIF re) signifiant, en latin, prcisment cela : chose ).
309
Cf. Drghicescu 1981.
310
Au cas o vous lavez oubli, cela veut dire : valide , confirme .
311
Il sagit donc dune condition pralable de lacte de langage ralis en disant il est vrai que p (= prsuppos
pragmatique). La distinction est importante, pour comprendre que la ngation de il est vrai que p ne continue pas impliquer
je sais que p , pour signifier je sais que non-p (contrairement la prsupposition smantique ou lexicale, non affecte
par la ngation du pos,: les noncs Jean continue de fumer et Jean ne continue pas de fumer impliquent tous les deux que
Jean a fum par le pass).
312
Dire alors il est vrai quil fait froid plutt que : il fait vraiment froid met en scne un dialogue (ne serait-ce que virtuel) ; le
locuteur peut en effet dire il est vrai quil fait froid, en ayant dcouvert cet tat de chose :
si quelquun a de fait soutenu quil faisait froid, auquel cas lnonc il est vrai quil fait froid sera interprt
comme confirmation de cet nonc antrieur rel ;
en labsence de dialogue rel, pour confirmer verbalement une hypothse telle il doit faire froid aujourdhui ,
quil aura lui-mme entretenue avant de sortir (et de la vrifier par les sens).
102
(2) Il est vrai quil fait froid, mais je sortirai quand mme.
Bien que rput marquer un jugement de vrit actualis par affirmation (seulement) faible ( lencontre de : il
est incontestable, indubitable, indniable que qui marquent un jugement vridictoire actualis par affirmation
forte) 314, il est vrai que savre tre rbarbatif au subjonctif mme dans des circonstances amenant
normalement lemploi de ce mode avec les verbes dopinion, de dclaration ou de perception savoir la
forme ngative, la forme interrogative, sous un si conditionnel.
Deux explications de possibles ( premire vue) :
1) Lexpression vridictoire volue (aura volu) prfrentiellement vers une smantique du type de
SAVOIR QUE p (elle ne sait pas que p, vous ne savez pas que p, savez-vous que p 315 o p est
lindicatif) plutt que vers une smantique du type de CROIRE/ PENSER QUE p (je ne crois/ pense pas
que p/ croyez-vous que p o p est (de prfrence) au subjonctif). On peut y voir le reflet
linguistique (syntaxique) du statut pragmatique (illocutoire) de lacte de vridiction, qui a le savoir
pour condition prparatoire. Contre-argument : tant lnonciation de (a) Il est vrai que les tudiants
ne sont pas partis que celle de (b) Il nest pas vrai que les tudiants sont partis, mengagent,
moyennant le jeu des ngations, lassertion de la mme condition prparatoire 316 : Je sais que les
tudiants ne sont pas partis, ou lassertion de Les tudiants ne sont pas partis (tout court). cet
gard, il est vrai que p se comporte donc plutt comme croire que p et non comme savoir que p. En
effet, Je crois que non-p et je ne crois pas que p engagent lassertion de non-p, alors que je savais
que non-p engage je sais que non-p, et non-p, tandis que je ne savais pas que p, lassertion de
je sais que p ou de p (tout court).
2)
Lexpression vridictoire prdique justement de la proposition asserte, et non de ltat de chose dcrit
par celle-ci (voir distinction de Martin 2001), aussi lemploi typique serait-il celui de citation directe
aprs il est vrai que (soit la notation logique il est vrai que p ). Or cet emploi (le style direct
li de la grammaire normative roumaine 317) a pour vertu dfinitoire de suspendre les effets
syntaxico-smantiques de lenchssement, qui devient trivial (enchssement, oui, subordination non).
En contexte doublement marqu pour le doute (si oppositif et ngation du marqueur vridictoire), sous
la plume dun conomiste amricain, nous retrouverons il nest pas vrai que + subjonctif (par
assimilation je ne crois pas que) :
Effectivement, sil nest pas vrai que le march mondial soit vraiment plus ouvert aujourdhui
quhistoriquement, il est encore moins vrai quil nexiste [toujours SUBJONCTIF ( ?)] pas dalternatives.
(WALLERSTEIN, Immanuel (2002) La Mondialisation nest pas nouvelle ,
Le Capitalisme historique, Postface la seconde dition,
sur : www.binghamton.edu/fbc/wpost-12.htm)
la forme interrogative aussi, lindicatif cde le pas au le subjonctif, en contexte oppositif (si p, est-il
vrai pour autant que q ?):
Si donc la mondialisation nest pas la bonne faon de caractriser la situation actuelle, est-il vrai pour autant
que rien ne soit nouveau ?
313
Mme remarque que dans le cas du scnario de constat (vrification par les sens) : il est vrai que p continue exprimer la
confirmation ou bien dune nonciation antrieure relle de p (les dires du prsentateur de lmission peuvent fonctionner
comme antcdent discursif), ou bien dune nonciation seulement virtuelle.
314
Cf. Drghicescu 1981 : 149-150.
315
Comparez Savez-vous que la prof est arrive lheure ? : Croyez-vous quelle soit arrive lheure ?
316
Comme nous lavons dj signal, lnonciation de Il est vrai que les tudiants sont partis et lnonciation de Il nest pas
vrai que les tudiants sont partis mengagent respectivement vers je sais quils sont partis et je sais quils ne sont pas
partis (conditions prparatoires (ou : prsupposs pragmatiques) contraires).
317
Exemple : Zice c vii sau nu vii, mai Ioane ? Comparer aux questions indirectes correspondantes (vraie subordination). Si
la question indirecte a pour allocutaire Ion : Vrea s tie dac vii sau nu (vii). Si la question indirecte a pour allocutaire un
tiers : Vrea s tie dac Ion vine sau nu (vine).
103
(Wallerstein 2002)
Est-il vrai que Tom Cruise, Alain Souchon, Depardieu sont timides ?
Est-il vrai quil nest pas bon pour les chats de manger souvent du thon ?
Est-il vrai que cela peut abaisser mon taux de cholestrol ?
(http://fr.answers.yahoo)
(Cano Sant)
Sil est vrai que + indicatif (alors que le bon usage requiert un subjonctif, en suspension de
lassertion (et de la croyance) aprs les verbes dopinion, de dclaration ou de perception enchsss
sous si conditionnel/ hypothtique 318 cf. Hanse 1991 : 902) 319 :
Sil est vrai que cest travers les expriences diverses que se dveloppe le savoir-faire, cette anne en sera
encore une fois le reflet 320. (www.iet-notre-dame.be).
Le subjonctif dit dattraction semble galement bloqu (il est vrai que tant lui-mme au subjonctif
continue entriner lassertion):
Bien quil soit vrai que, toutes choses gales par ailleurs, une amlioration du chiffrage du refroidissement
associ aux arosols devrait [CONDITIONNEL 321] conclure une amlioration de lestimation de la sensibilit
climatique, les barrires derreur sont trop grandes ()
(www.reclimate.org)
Dans le cas des noncs interro-ngatifs, orients par hypothse 322 vers laffirmation, lindicatif est de
toute manire attendu, vu la prise en charge par le locuteur lui-mme (question appel dadhsion vs
vraie question appel dinformation):
Vous navez pas vu ma main. Nest-il pas vrai quelle est belle ? (Marivaux, apud Good, Kathleen F. (1986)
Truth and signification in Marivauxs Monde Vrai, Eighteenth-Century Studies, Vol. 19, N3 (Spring 1986), The
John Hopkins University Press, 355-372).
Il est faux que lacte extrieur ne soit pas proprement bon en lui-mme.
Il est faux que nous ne devions recevoir que passivement et ngativement le choc des passions (Jacques Rmi
A. Texier et al., 1860, Encyclopdie tologique, p. 1038, sur : http://boks.google.ro )
Il semble donc que le raisonnement valant de il est vrai que ne vaut plus de son contradictoire 323 il est faux
que, dont le comportement syntaxique lapparente aux expressions pistmiques. Notons toutefois qu la
faveur de lexplicitation de lopration cognitive et/ou nonciative en quoi le jugement vridictoire
consiste, il est faux que recouvrira laptitude de il est vrai que prdiquer de la proposition asserte, plutt
que de ltat de chose dcrit par celle-ci (au sens de la de Martin 2001). Nous aurons, en effet :
318
Comparer donc sil est vrai que [cela est/ ?*soit utile] plutt : Sil sait que [cela est (*soit) utile], qu : sil croit que
[cela soit (+ est) utile], qui privilgie le subjonctif, tout en tolrant aussi lindicatif aprs si conditionnel/ hypothtique.
319
Le subjonctif doit tre employ aprs la forme ngative ou interrogative des verbes dopinion, de dclaration ou de
perception (). De mme sils sont introduits par un si conditionnel . Mais lauteur ne manque pas de nuancer : Lusage
actuel est beaucoup moins rigoureux que celui du XIXe sicle (Hanse, 1991 :902).
320
Le co-texte suivant le passage directement pertinent labore le thme de ces expriences diverses : Ds septembre, nos
lves de 7me Gestion dInstitut de Beaut ont dcouvert un mode particulier o strass et paillettes sont de mise : maquiller
les jeunes prtendantes au titre de Miss Hainaut 2008 fut une approche nouvelle du maquillage et participer au dfil du
groupe de Je suis moi et a se voit .
321
Comparer lnonc sans enchssement, pour vous convaincre de ce que lemploi du conditionnel, ici, va dans la mme
direction que lemploi de lindicatif : non vers la suspension de lassertion, la faveur de la subordination une ide de
doute, mais vers lassertion (ft-elle affaiblie). Une amlioration du chiffrage du refroidissement associ aux arosols devrait
conclure une amlioration de lestimation de la sensibilit climatique.
322
Au cas o vous lavez oubli, cela veut dire : par dfinition .
323
Contraire, dans une logique plurivalente qui accepte le ni vrai ni faux comme tierce valeur de vrit (parfois nomme
indcidable).
104
alors mme que ne pas dire que, ne pas prtendre que (dans leurs acceptions respectives dclaratives/
dopinion et non quand ils signifient exiger ), linstar de ne pas croire que sont typiquement suivis du
subjonctif (expression de lincertain, du doute 324). Comparez :
Il est faux de dire, en gnral, que nous agissons [INDICATIF !] toujours prudemment lorsque nous choisissons
le parti le moins probable, pourvu quil garde encore quelque probabilit de preuve intrinsque ou extrinsque.
(Jacques Rmi A. Texier et al., 1860, Encyclopdie tologique, p. 1038, sur : http://boks.google.ro )
Il est faux de dire que les crdits de la ville ont [INDICATIF !] baiss de 30% La Courneuve (prcisions
concernant la mise en uvre du Plan de cohsion Sociale dans cette localit).
sur : www.travail-solidarite.gouv.fr/ ).
5.2.4.5. Modalits pistmiques, sources du savoir et degrs dadhsion. Le mdiatif (ou :
testimonial, ou encore : videntiel).
Dans lespace anglophone, ltude des sources du savoir redouble, en lisr, ltude des modalits
pistmiques, sans pour autant sy confondre. Savoir une chose et se donner les moyens de justifier cette
attitude pistmique restent choses distinctes.
Cest dans ce paradigme thorique que nous devons situer lvidentiel (correspondant franais de langlais
evidential). Ne pas ramener ce terme la notion (au demeurant vridictoire) d<vident>, qui ne correspond
(au mieux) qu un cas particulier dvidentiel : qui est saisi par la perception/ constatation directe ).
quivalents franais : testimonial (si le tmoin invoqu est la source allgue plutt que le locuteur lui-mme
au moment de la parole), mdiatif (terme qui focalise sur lentit intermdiaire du savoir)
Perception :
Emprunt :
Infrence :
324
Je ne dis pas quil lait fait : jhsite laffirmer (P. Rob. 1990)
Je ne prtends pas quil lait dit ou quil la dit. Prtendez-vous quil la dit ? ou quil lait dit ? (comme croire, le verbe
serait sujet hsitation entre subjonctif et indicatif, sans que cela ne soit ncessairement/ rgulirement doubl dune
quelconque contrainte interprtative (orientation prfrentielle vers la certitude ou vers le doute). Mais : je ne prtends pas
(=je naffirme pas) quil le fera (le subjonctif (fasse) donnerait prtendre le sens dexiger (Hanse 1991 : 773).
325
105
On peut tendre la notion de modalit pistmique aux cas o il s'agit de l'attitude du locuteur par rapport
ce dont il parle, non pas au moment o il en parle, mais au moment o il en a pris connaissance. Un exemple
spectaculaire en est fourni par les systmes verbaux comme celui du bulgare, o des formes diffrentes
marquent que le locuteur a ou n'a pas t lui-mme tmoin des faits qu'il prsente. Dans le premier cas, les
grammairiens parlent de mode non mdiatif, dans le second, de mode mdiatif, ou, en anglais, d'
evidentiality [sic]. l'intrieur de ce dernier, il peut y avoir encore des formes diffrentes selon que la
connaissance a t obtenue par ou-dire, ou par dduction partir d'indices (NB: on utilise souvent en franais
les termes testimonial et non testimonial , mais le mot testimonial , construit l'origine pour traduire
l'anglais evidential , dsigne aussi quelquefois le mode non mdiatif: l'ambigut tient ce qu'on ne prcise pas
qui est le tmoin: le locuteur lui-mme, ou la source laquelle il se rfre?)
Ces distinctions ne sont pas aussi nettement marques dans la morphologie du verbe franais. Mais elles
existent dans la langue. Ainsi une phrase comme Il parat que Jean est Paris indique que la prsence de
Jean a t signale au locuteur par quelqu'un d'autre. L'intressant, dans cette structure, est qu'elle ne relve
pas du simple discours rapport: Il parat que... ne sert pas rapporter l'existence d'une opinion que l'on
pourrait ensuite, ventuellement, dclarer fausse. Au contraire le locuteur de Il parat que... prend son
compte cette opinion qui ne vient pas de lui: il fait comme si elle tait juste, et il en tire des conclusions. (Il
parat que Jean est Paris, va le voir) Ducrot, Schaeffer, et al., 1995: 585 (apud Laureandeau 2004) 327.
Les exemples strictement morphologiques de mdiatf existent d'ailleurs bel et bien en franais aussi: le
conditionnel dit de distance (ou encore : journalistique, selon lemploi prototypique de cette forme verbale)
comporte bien la mdiation implicite d'une source : Le premier ministre partirait pour Isral 328. la diffrence
du ralisateur lexical il parat que (+ indicatif), avec le conditionnel de distance, le locuteur ne reprend pas
son compte la croyance ou les dires de la source implicite.
Dautres auteurs, au contraire, prennent le parti de distinguer mdiation et modalits pistmiques :
Dans la conception large, lvidentialit englobe la notion de modalit comme expression de lattitude
pistmique du locuteur. Dans la conception troite, lvidentialit est le pendant et le complment pistmique
de la modalit. Il nous semble quon ne peut que gagner en clart si lon oppose, plutt quon nintgre, les
concepts de modalit et dvidentialit et quon rserve donc le terme de modalit lexpression de lattitude
du locuteur et celui dvidentialit lexpression du mode de cration et/ ou de rcolte de linformation, quitte
utiliser ventuellement un autre terme par exemple celui de marquage pistmique comme hyperonyme
mtalinguistique, pour souligner le lien naturel qui existe entre les deux phnomnes linguistiques.
Dendale & Tasmowski 1994 329, apud Tuescu 2005 330 : 56.
La question des sources du savoir est galement au cur de la problmatique, plus large, de ladhsion du
locuteur aux informations quil prsente. Notion graduelle sil en est : adhsion totale < adhsion partielle <
rserve subjective < mise distance < refus dadhsion (non adhsion).
Lvidentiel (testimonial, mdiatif) grammaticaliserait alors la mise distance (Cristea 1983 331 : 82-84).
327
Laurendeau, Paul (2004) Modalit, opration de modalisation et mode mdiatif , Delamotte-Legrand. R. dir. Les
mdiations langagires, Volume l, Des faits de langue aux discours, Dyalang CNRS, Publications de l'Universit de Rouen,
Rouen, pp 83-95.
328
Exemple et commentaire emprunts Laurendeau 2004.
329
Dendale, Patrick et Liliane Tasmowski (1994) Prsentation , Langue Franaise 102, mai1994. Numro ddi
justement ltude des marques linguistiques des sources du savoir.
330
Tutescu, Mariana (2005) LAuxiliation de modalit. Dix auxi-verbes modaux, Bucuresti : Editura Universitatii din
Bucuresti.
331
Cristea, Teodora (1983) Ladhsion et ses ralisations linguistiques en franais et en roumain , in : Cristea, Teodora
et Alexandra Cunita (1983) nonciation et contrastivit. Etudes contrastives, Bucuresti : TUB, 24-98.
106
Obligatoire
Interdit
(=OBLIGATOIRE QUE P)
(=NON PERMIS QUE NON-P)
Permis
Facultatif
(=PERMIS QUE P)
(=NON OBLIGATOIRE QUE NON-P)
Verbes modaux
Obligation interne (morale) : se devoir de + inf., avoir + inf., force m(t, lui, nous, vous, leur) est de +
inf., il me (te, lui, nous, vous, leur) faut (fallait, faudra, faudrait, ) + inf. ;
falloir + subj., devoir + inf.
Je me dois de le prvenir.
Force lui fut de reconnatre quil avait tort.
Jai lui parler/ Je nai rien faire/ Avoir des lettres crire
(Nouv. P. Rob.2007)
Obligation externe : devoir, falloir + inf., falloir + subj. ; tre tenu (+SN, +inf.)/de (+inf.), tre forc de,
tre oblig de, tre dans lobligation de + inf. 332; valoir mieux (il vaut mieux (+mieux vaut)) + inf., subj., il
convient de + inf. ( tre conforme aux usages, aux ncessits, aux besoins ), il convient que, il est
souhaitable que + subj. ; navoir qu + inf.
dontique thorique :
Nous devons nous opposer linjustice autant que les lois le permettent (Montherlant, apud Kronning
2001 : 67).
332
En revanche, obliger qqn faire qqch (en particulier avec un sujet anim) a un fonctionnement descriptif vs
modal : Ses parents lont oblig travailler (Nouv. P. Rob. 2007). La chose est moins assure avec un sujet
gnrique (inanim, abstrait) : Tout nous oblige admettre son existence (Paulhan, apud Nouv. P. Rob. 2007).
333
Dans le tour, juridique (droit commercial), Le preneur est tenu des dgradations, tre tenu de + SN signifie
[ rfrent du SN] est/sont la charge du [rfrent du sujet] ( les dgradations sont la charge du preneur ).
107
Pour atteindre le boulevard Montparnasse, jai d me frayer un chemin travers les couples dansants
(Mauriac, apud Kronning 2001 : 67).
Il faut manger pour vivre, non vivre pour manger (lecture gnrique vs spcifique dontique thorique).
Il faut partir ds que possible.
=Il faut que lon parte ds que possible (rfrence spcifique vague obligation pratique ou obligation interne).
Adjectif oprateur de phrase ddi : obligatoire (il est obligatoire de+ inf., que + subj.).
Vous devez obligatoirement prsenter votre passeport la frontire. (Nouv. P. Rob. 2007).
Mtalangue vs ralisateurs en langue naturelle : pouvoir faire (MAIS AUSSI : pouvoir ne pas faire 334) ; ne
pas devoir faire (plutt que : ne pas devoir ne pas faire, par trop analytique) ;
lexmes ddis : permettre ( qqn, de faire qqch), autoriser qqn faire qqch. ; tolrer, admettre, souffrir
supporter que + subj.
Ils nauraient pas tolr quon fermt ce cercle [de jeu] (Morand, apud Nouv. P. Rob. 2007)
Il ne supporterait pas plus longtemps quon se ficht de lui (Gide, apud Nouv. P. Rob. 2007)
Sil marrivait de me convertir, je ne souffrirais pas que cette conversion ft publque (Gide, apud Nouv. P.
Rob. 2007)
Mtalangue vs ralisateurs en langue naturelle : ??devoir ne pas faire/ OK ne pas devoir faire ; ne pas
pouvoir faire ;
Verbes ddis : interdire, dfendre ( qqn, de faire qqch) ; expression performative : dfense de + infinitif.
Mtalangue vs ralisateurs en langue naturelle : ne pas devoir faire (accent focal sur le modal plutt que
sur la ngation) ; pouvoir ne pas faire (MAIS AUSSI : pouvoir faire 335), surtout en prsence de ladverbial
toujours
Modaux ddis (verbes + adv. toujours) : avoir (toujours) la facult de + inf., pouvoir (toujours) + inf.
Vous avez toujours la facult de refuser (Nouv. P. Rob. 2007)/ Vous pourrez toujours refuser/ Vous pourrez
toujours ne pas y aller.
108
La valeur radicale correspond la valeur d'origine du verbe modal (sens lexical premier), la valeur pistmique,
une acception drive ; le verbe modal en vient ainsi indiquer un degr (quelconque) de probabilit
d'actualisation du procs, allant du moins probable (ventualit) au trs probable (vraie probabilit
d'actualisation, quasi-certitude) : les modaux vocation smantique premire althique et/ou dontique
peuvent tous dvelopper des valeurs pistmiques (selon le cas : ventuel, probable).
Valeurs radicales des verbes pouvoir et devoir
Nature du causatif
Causatif externe (au sujet)
[-anim]
Causatif externe (au sujet)
[+humain]/ [+anim]
Causatif interne (au
sujet : proprit stable du sujet)
POUVOIR
possibilit 338
DEVOIR
ncessit
permission 339
obligation
capacit 340
___
337
Tradition anglo-saxone.
Source de la possibilit = conditions matrielles possibilit matrielle (Le Querler 2001 : 22).
339
Source de la possibilit = anim humain permission (idem).
340
Source de la possibilit = qualit du sujet capacit (ibid.)
341
Vetters, C. (2004) Les verbes modaux pouvoir et devoir en franais, Revue belge de philologie et dhistoire LXXXIII, p.
657-671.
342
Ich musste enorm viel schlafen : Moi-mme javais besoin dnormes quantits de sommeil. http://www.linguee.de/deutschfranzoesisch/uebersetzung/ich+muss+schlafen.html; et, dans le dictionnaire allemand-franais de Pierre Grappin (Larousse
1963), on retrouve la mme tendance ne pas rendre par devoir les occurrences lecture d auto-obligation de mssen :
Man musste die Klarheit seiner analyse bewundern : on ne pouvait pas ne pas admirer la clart de son analyse. Da muss ich
lachen : laissez-moi rire !
343
Ccile Barbet note, dans son projet de thse : Van der Auwera & Plungian (1998: 80) parlent quant eux, dans leurs
cartes smantiques diachroniques de la modalit, de participant internal necessity (need) ; ils proposent lexemple (2), que
lon peut aisment traduire en franais avec devoir, cf. (3) :
(2) Boris needs to sleep ten hours every night for him to function properly.
(3) Boris doit dormir dix heures par nuit pour tre en forme, tre efficace (Barbet 2008 : 2).
Dautre part, elle propose de rinterprter lauto-obligation comme cas particulier de ncessit pratique.
344
Krnning 1996, 2001. Les valeurs modales du verbe devoir, dans Krnning 1996 : 4.1. sont en effet dfinies en termes de la
distinction (mtalinguistique) TRE/ FAIRE TRE: NCESSIT DE FAIRE TRE vridicible (ncessit dontique : obligation/
NCESSIT DTRE vridicible (ncessit logique : ncessit althique)/ NCESSIT DTRE non vridicible mais montrable
(ncessit pistmique : haute probabilit) cf. op. cit., p. 29 ; 72. Nous avons explicit, ici, lopposition <faire (tre)/ tre>
en termes du contenu smantique de la proposition modalise, dans une perspective explicite dinterprtation de lnonc
(discrimination de la valeur modale).
338
109
Les valeurs radicales du verbe modal ne sont compatibles quavec un prdicat modalis de lordre des activits
(Elle peut[capacit]/ doit [obligation] nager pendant trois heures), des accomplissements (Elle peut [capacit]/
doit [obligation] peindre le tableau en une heure) ou des achvements (Si quelquun peut [capacit] trouver
votre chien en moins de 24 heures, cest bien elle/ Elle doit [obligation] trouver votre chien en 24 heures/ Les
lves internes peuvent [permission] sortir jusqu telle heure/ doivent [obligation] rentrer avant telle heure)
tous ces dictums tant de lordre du faire, donc.
La valeur pistmique, par contre, est surtout compatible avec un prdicat modalis de lordre des tats : Elle
peut/doit tre fatigue, Elle peut/doit aimer la linguistique 345 ou avec les formes perfectives de prdicats du
faire, qui envisagent la situation concerne (activit, accomplissement ou achvement) en question comme
ayant atteint sa limite finale : Elle peut [ventualit : probabilit faible]/ doit [probabilit forte] avoir nag
pendant trois heures.
Modalit rfre au sujet/ modalit rfre lnonciateur 346 : relation du modal au sujet
grammatical.
Les valeurs modales radicales seraient rfres, au premier degr, au sujet grammatical du modal, et
seulement au second degr, lnonciateur (Guimier 1989).
Cest ce que signale par ailleurs aussi la qualification de modalits orientes vers lagent
(Bybee & al. 1994).
Par contre, les valeurs modales pistmiques seraient directement rfres lnonciateur.
Les valeurs radicales seraient conditionnes selon cette analyse, une coalescence du modal avec le verbe
modalis. Le modal (entendu alors comme auxiliaire) porterait sur le verbe plein (et son ou ses
complments slectionns, obligatoires ou optionnels 349 donc en fait : sur le prdicat), en-de de la relation
de celui-ci avec le sujet. Le sujet serait incident (au sens guillaumien du terme) lensemble
{modal+verbe+}, et non pas au prdicat modalis tout seul, ni au modal pris de manire autonome.
La distinction entre valeurs modales radicales et valeurs modales pistmiques dun mme marqueur
modal supposment polysmique serait ramener des oprations de vise phrastique diffrentes,
dans la gense mentale de lnonc (introduction dudit modalisateur respectivement prcoce (avant
introduction du sujet) et tardive (aprs introduction du sujet)) 350.
Porte interne/ externe (du modal, par rapport la proposition) opposition syntaxique
corrlative lopposition valeurs radicales / valeurs pistmiques (Sueur 1979, 107113 ; 1983, 167-168, apud Fuchs 1989 : 83) ; terminologie Le Querler 1994, 2001 :
incidence (syntaxique) intra-prdicative/ incidence (syntaxique) extra-prdicative.
345
Noter que la construction aspectuelle tre en train de+infinitif, tout en filtrant (test distributionnel) des activits et des
accomplissements (aspect lexical [+dynamique]), est elle-mme de lordre des tats : aussi des noncs du type de Elle peut/
doit tre en train de courir auront-ils des lectures pistmiques (respectivement : ventualit/ probabilit forte).
346
Guimier 1989.
Entendue comme distincte de lincidence syntaxique (Le Querler 2001).
348
Guimier 1989.
349
Certains complments de verbe non obligatoires (optionnels) ne laissent pas de faire lobjet dune certaine forme de
slection smantique il en va ainsi des complments de manire, qui ne peuvent se combiner librement avec nimporte quel
verbe : les verbes moyens, par exemple, ainsi que nous lavons appris ds le chapitre introductif, sont la fois rbarbatifs la
complmentation (modification) de manire, et au passif.
350
Guimier 1989.
351
Thorie du gouvernement et du liage. Dnomination la fois dune version de la grammaire gnrative chomskyenne
postrieure la Thorie standard tendue, et dun (couple de) module(s) de la grammaire, lintrieur de la variante
paracheve de cette thorie, connue sous le nom de thorie des principes et des paramtres ( ct dautres modules, telles la
thorie X-barre ou la thorie des traces (dj formules en termes TSE), la thorie des rles thmatiques, la thorie du Cas, la
thorie des Barrires, la thorie du gouvernement propre et la thorie du contrle dont il sagira prcisment dans cette
section).
347
110
verbal-sujet) 352, la thorie du gouvernement et du liage propose une approche diffrente de la distinction entre
emplois radicaux et emplois pistmiques, qui rend au modal son statut de verbe plein, rgissant une
proposition compltive. Selon que le verbe modal assigne ou non un rle thmatique au groupe nominal qui en
surface occupe la position de sujet modal, distinction sera faite entre constructions contrle et constructions
monte.
Pouvoir/ devoir radicaux : verbes contrle 353.
Verbes pleins, qui slectionnent thmatiquement deux arguments internes, dont leur sujet superficiel :
un argument propositionnel (une proposition infinitive), qui remplit le rle- 354 typiquement appel
<Thme> : en loccurrence, il sagira de lobjet de la capacit, de la permission (pouvoir), ou de
lobligation (devoir)) argument introduit en syntaxe comme complment (= sur) du verbe modal
(un CP 355 : [CP C [IP ]]) ; cet argument reprsente, en termes danalyse des modalits dnonc, le
dictum ;
qui reoit un rle smantique de la tte lexicale prdicat dans cette proposition (un verbe plein
linfinitif (cas le plus frquent : Paul peut nager 100m en deux minutes), mais galement, sous rserve
de compatibilits smantiques 358, un adjectif ou une prposition ttes du syntagme attribut du sujet 359
(Ces jours-ci, les pargnants doivent tre attentifsA (= doivent prter attention/ faire attention/ faire
gaffe) au moindre changement du taux dintrt / Tous les associs devront tre prsentsA (= se
prsenter, venir) cette runion du Conseil dadministration/ Le jour de lAssemble gnrale des
actionnaires vous devrez tre tous devantP le sige de la socit avant 8h15) ;
qui se voit assigner un Cas abstrait par la tte fonctionnelle I (correspondant syntaxique de laffixe
dinfinitif) un Cas structural, non interprtable linterface smantico-logique ( linstar du Cas
Nominatif assign par T 360), appel Cas nul , puisque la fois postul pour un constituant nominal
352
Pouvoir et devoir sont censs tre introduits en syntaxe sous le nud M(odal) de lAux(iliaire), et le verbe plein linfinitif,
sous V, tte du groupe verbal.
Rappelons que sous cette analyse du verbe et de ses inflexions, la catgorie (abstraite) Auxiliaire regroupe plusieurs ttes
fonctionnelles, la tte (obligatoire) regroupant les traits de temps-mode-aspect (non perfectif), ainsi que les traits de nombre
et de personne (traits daccord), tte note Tps (= Temps) ; une tte qui introduit laspect accompli (avoir ou tre et laffixe de
participe pass), note Parf (ait) ; une tte qui regroupe les modalits dnonc et les modaux aspectuels, note M (=Modal),
qui peut tre ou bien un marqueur de modalits (abrg Mod) ou bien un aspectuel (not Asp), ncessairement suivis de
linfinitif. Mod introduit les modalits dnonc telles les modalits ralises par pouvoir ou devoir. Laspectuel introduit en
syntaxe des priphrases aspectuelles comme aller+inf., venir de+inf., tre en train de + inf., tre sur le point de+inf. La tte
Parf est itrable, sous le nud Auxiliaire, pour que la modlisation rende compte de la possibilit de formes composes
perfectives aussi bien pour V que pour le modal ou laspectuel, ainsi que des formes aspectuelles dites surcomposes (cf.
Dubois et Dubois-Charlier 1970 : 105-111).
Le groupe verbal est analys comme complment de lAuxiliaire, avec qui il formerait un constituant SV (syntagme verbal), qui
sera, lui, compos, par la suite, avec le sujet grammatical, sous le nud maximal P (phrase) cf. Dubois et Dubois-Charlier
1970 : 93-104.
Il est ais de voir que cette analyse corrobore directement lide dune composition du verbe modal avec le verbe plein
linfinitif, avant composition de lensemble [modal+ verbe plein], avec le sujet de la phrase.
353
Cf. Hirschbhler, Paul et Marie Labelle (1994) Syntaxe du franais. Luniversel et le particulier dans la langue, Universit
du Qubec Montral, polycopi (317p). Pour analyse des constructions monte et contrle franaises, en termes de la
Thorie des principes et des paramtres : 283-293 ; 302-314 ; pour la suggestion danalyser les verbes modaux devoir et
pouvoir comme susceptibles dinstancier les deux constructions : 313, (61a). Application effective de lanalyse des deux
constructions ces verbes, de notre main.
354
Rle smantique assign par une tte (do le symbole de : ) lexicale, statut de prdicat smantique (un verbe, un
adjectif, une prposition) son argument slectionn.
355
Rappel : syntagme complment(is)eur, tte C pele (que + TP (T de [+Temps]), de/ + IP (propositions [-Temps],
telles les infinitives) ou non pele ( + IP), qui a la vertu de protger son domaine phrastique (son complment) TP ou IP
de toute influence / ingrence syntaxique externe (assignation casuelle, processus daccord). Avec les modaux :
complmentiseur phontiquement nul, suivi dune proposition infinitive (le dictum : IP).
356
Si le modal est lui-mme un verbe fini (verbe un mode personnel), et que donc la proposition soit [+ Temps].
357
Sujet dictal (= sujet du dictum) donc.
358
Voir cet gard les paraphrases entre parenthses, qui attestent de la smantique de type faire (ou du moins
[+intentionnelle]) des prdicats concerns (malgr la construction copulative par dfaut voue interprtation tat ).
359
Dans le cas de locutions adjectives telle surP le qui-vive (Ces jours-ci, les pargnants doivent tre sur le qui-vive (= doivent
ouvrir lil)), le rle smantique <Thme> sera assign au pronom non pel PRO par la locution comme un tout (fonctionnant
comme un adjectif), et non par la tte P de smantique (compositionnelle) situative.
360
Distinction est faite, en grammaire gnrative, entre Cas structural (marqu typiquement par la position du syntagme
nominal qui en est porteur, en particulier dans les langues morphologie nominale pauvre, tel le franais) le Nominatif
(assign par T) et lAccusatif (assign par le verbe transitif (verbe de smantique causative), en gnral son argument interne
rle- de <Thme>), dune part, et Cas inhrent (ou : Oblique), de lautre marqu, en franais, par une prposition (en
roumain, par une prposition et/ ou par la flexion (dsinences casuelles)). Si le Cas structural nest pas interprt linterface
logico-smantique, le Cas inhrent le sera (trait syntaxique pleinement interprtable, donc). Si le Cas structural est assign
une position syntaxique drive (appele de ce fait position casuelle except le Cas Nominatif des expltifs impurs tel Il en
franais (Il ny a que trois tudiants dans lamphi, il est arriv trois tudiants, il tait une fois), assign la position dinsertion
lexicale de lexpltif (position de base)), le Cas inhrent est assign largument nominal dans sa position de base (position
argumentale).
111
non pel, et assign par une tte I, exclusive de traits syntaxiques daccord susceptibles de signaler,
en surface (grce leur ralisation morphologique), la prsence et la composition de traits du nominal
non pel (postul par lanalyse) 361;
et dont linterprtation rfrentielle est contrle par le sujet du verbe modal (mme rfrent) 362.
Emplois radicaux 363 (modalit du faire 364) porte smantique 365 intra-prdicative
(modalit rfre au sujet syntaxique 366) :
Possible, pour le sujet, par ses qualits inhrentes (=capacit 367 physique ou intellectuelle due au
sujet lui-mme) :
Elle peut venir pied, sa jambe est dpltre (capacit physique) 368.
Elle peut faire ces calculs plus vite que vous (capacit intellectuelle).
b.
Possible, pour le sujet, par les circonstances en gnral (=possibilit matrielle 369, pour le sujet,
de faire quelque chose = capacit due une situation dans laquelle se trouve le sujet, ne dpendant
pas de lui-mme) :
Elle peut venir pied, puisquil ny a plus de verglas 370.
Elle peut faire ces calculs maintenant : elle vient de recevoir les derniers chiffres de vente.
Linventaire des Cas inhrents nest cela dit pas trs bien spcifi, dans ce cadre thorique : Partitif (sujet postverbal (indfini)
associ dun expltif : Il est arriv des tudiants), Locatif, Ablatif, Allatif, autant de termes emprunts aux grammaires de
langues morphologie casuelle riche (tel le finnois), et/ou la grammaire casuelle localiste (o les notions correspondantes
taient directement dfinies en tant que rles smantiques susceptibles de ralisations superficielles par divers marqueurs :
Position, Pr-/Postposition, Flexion).
Noter la re-conversion syntaxique des concepts respectifs, au sens de la Thorie du Cas abstrait, en GB : on y opposera, en
effet, rle smantique et Cas abstrait (Cas syntaxique), dune part, mais galement Cas abstrait (Cas syntaxique) et cas
morphologique (ralisation en surface du cas abstrait syntaxique), de lautre.
361
la diffrence du sujet nul des langues romanes tel litalien ou le roumain, dans les phrases verbe fini, dont on peut
infrer la composition de traits daccord (personne et nombre notamment) partir des dsinences personnelles du verbe : am
(1sg) citit scrisoarea, a (3sg) citit scrisoarea , et qui est cens porter le Cas Nominatif, comme ses correspondants pels en
franais : jai lu la lettre, il a lu la lettre. Ce sujet nul-ci tait tiquet pro, en termes de la Thorie du Gouvernement et du
Liage.
362
PRO expltif et verbes modaux : rare (emplois radicaux de dicto ou externes). Exemple emprunt Krnning
1996 : 79. Ds le premier jour, il ne doit plus y avoir de levain dans vos maisons (JEAN 19 :7, Bible 1982)
363
364
365
366
367
368
369
370
112
c.
Possible, pour le sujet, par le truchement dun individu ou dune institution investis dautorit
(=permission 371) :
Elle peut venir pied, son mdecin ly autorise.
Elle peut faire ces calculs, son client ly a autorise.
Valeur primaire (primitive) : <Possible, pour le sujet ()> = non impossible (possible
unilatral 372).
II.
IV.
Concession : Elle peut prendre le mtro, en tout cas, nous ne lattendrons pas.
Dlibration : Je me demande comment je pourrais encore y arriver temps.
Intensification : Quest-ce quelle peut tre agaante !
Suggestion de faire 379 : Vous pouvez venir pied, si a vous dit
Injonction : Tu peux te taire, oui ! 380
Question-requte : Pouvez-vous me passer le sel, sil vous plat ? 381
Question-offre : Puis-je vous offrir un digestif ?
Question-demande de permission : Puis-je masseoir ? 382
Question-excuse : Puis-je mexcuser de vous avoir importune ?
Question-aveu : Puis-je vous dire que je vous aime plus que bien ?
Ces emplois, qui ont tous un rapport avec la force illocutoire de lnonc, semblent tre du
type que Van der Auwera & Plungian (1998) appellent emplois postmodaux. Lapproche
typologique de Van der Auwera & Plungian (1998) suggre que de faon universelle lvolution
diachronique que subissent les expressions modales est :
Modalit du faire modalit de ltre Valeurs postmodales (ou : illocutoires)
371
113
Dans une tude prsente au 7e Colloque Chronos, Carl Vetters et Claude Barbet se sont
attachs tester cette hypothse sur des corpus diachroniques franais. Les donnes
analyses confirment, pour le franais au moins, le bien-fond des hypothses de Van der
Auwera & Plungian : en ancien et en moyen franais, les emplois radicaux sont prdominants,
alors que la valeur pistmique est plutt rare. Quant aux valeurs postmodales, elles
apparaissent mis part quelques occurrences isoles plus anciennes au XVIIe sicle et
deviennent vraiment courantes au XVIIIe sicle.
Porte smantique vs incidence syntaxique
Il ny a pas de corrlation systmatique entre, dune part, incidence syntaxique intra-prdicative et, de lautre,
emplois radicaux du modal pouvoir (porte smantique intra-prdicative), ni entre incidence syntaxique extraprdicative, et porte smantique extra-prdicative (qui caractriserait aussi bien lemploi pistmique que les
emplois sporadique et concessif) puisque, si les effets de sens radicaux (porte smantique intra-prdicative)
sont systmatiquement raliss par des constructions syntaxiques incidence intra-prdicative du modal, la
lecture pistmique peut tre aussi bien le fait de constructions incidence syntaxique extra-prdicative, que
de constructions incidence syntaxique intra-prdicative.
Incidence syntaxique intra-prdicative : pouvoir porterait sur le prdicat en-de de la relation prdicative
pouvoir-sujet du modal. Prdicat complexe qui assignerait un rle smantique (unique) au sujet grammatical.
Sige de la capacit, cible de lautorisation.
Comparer :
Il se peut quelle vienne pied.
Pouvoirpistmique + infinitif monte :
__ peut bien [IP ti tre venue pied] Ellei peut bien [IP ti tre venue pied]
Pouvoirradical + infinitif contrle :
Ellei peut [IP PROi lire 100 pages par jour]
incidence syntaxique
extra-prdicative
incidence syntaxique
intra-prdicative
porte smantique
intra-prdicative 385 :
114
385
Modalit de re.
115
OKNgation :
elle ne peut pas venir pied,
son mdecin linterdit/ elle a une jambe dans le pltre/ il y a
du verglas.
*Ngation :
*Pour faire de lexercice, elle ne peut pas bien venir pied.
OKInterrogation
:
Peut-elle venir pied ?
*Interrogation
*Pour faire de lexercice, peut-elle bien venir pied ?
OKquestion-QU
:
Qui peut venir pied ?
Quand peut-elle venir pied ?
Comment peut-elle grimper la pente ?
+circonstant temporel, +circonstant de manire :
Aujourdhui elle peut grimper la pente.
Elle peut grimper la pente en sappuyant sur une canne.
(capacit)
____
en le du complment de pouvoir :
-Peut-elle venir pied ?
-Elle le peut, sa jambe est dpltre.
386
116
Rfrences
Charaudeau, P. (1992). Grammaire du sens et de lexpression, Paris : Hachette (Education).
Kleiber, G. (1983). Lemploi sporadique du verbe pouvoir en franais , in J. David ; G. Kleiber, (ds), La notion smanticologique de modalit. Paris : Klincksieck, Collection Recherches Linguistiques, vol. 8, 183-201.
Kronning H. (1996). Modalit, cognition et polysmie : smantique du verbe modal devoir , Uppsala ; Stockholm : Acta
Universitatis Upsaliensis : Almqvist & Wiksell International.
Kronning, H. (2001). Pour une tripartition des emplois du modal devoir , Cahiers Chronos 8 : 67-84.
Le Querler, N. (1996). Typologie des modalits, Caen : Presses Universitaires de Caen.
Le Querler, N. (2001). La place du verbe modal pouvoir dans une typologie des modalits , Cahiers Chronos 8, AmsterdamAtlanta : Rodopi, 17-32.
Sueur, J.-P. (1979). Une analyse smantique des verbes devoir et pouvoir , Le franais moderne 47.2 : 97-120.
Sueur, J.-P. (1983). Les verbes modaux sont-ils ambigus ?, in : J. David ; G. Kleiber, (ds), La notion smantico-logique de
modalit, Paris : Klincksieck, Collection Recherches Linguistiques, vol. 8, 165-182.
Van der Auwera, J. ; Plungian, V. (1998). Modalitys semantic map, Linguistic Typology 2 : 79-124.
Barbet, Ccile & Carl Vetters (2013). Pour une tude diachronique du verbe modal pouvoir en franais : les emplois
postmodaux' ,Cahiers Chronos 26 : 315336
7. Adverbe 389 de manire/ adverbe modalisateur. Porte smantique et incidence syntaxique 390.
Adverbe de manire : prdiqu secondairement du syntagme verbal.
Contribue au contenu propositionnel.
Reste dans le champ de la ngation.
Est focalisable.
Adverbe modalisateur de re : incidence syntaxique dite intra-prdicative . MAIS :
Ne contribue pas au contenu propositionnel (exprime lattitude de lnonciateur par rapport son
propre discours).
Nest pas dans le champ de la ngation.
Nest pas focalisable.
Porte smantique : commente plus lnonciation que lnonc.
Quelle structure syntaxique ?
Adverbe de manire :
Elle ne prononce PAS correctement votre nom./ Elle ne prononce PAS votre nom correctement./
Elle ne prononce pas votre nom CORRECTEMENT, elle distord les voyelles nasales.
Elle ne fera PAS ce voyage dune seule traite.
Il na PAS fait ce voyage dune seule traite./ Il na pas fait ce voyage DUNE SEULE TRAITE, il a
pass la nuit Lille.
Il na PAS lu attentivement cette revue ( de manire attentive , avec attention ).
Il na pas lu ATTENTIVEMENT cette revue, il la seulement feuillete. / Il na PAS lu cette revue
attentivement.
Ce fichier na pas t ACCIDENTELLEMENT effac ( dune manire fortuite, imprvue , par
hasard ). 391 Le fichier est effac.
Il nest PAS mort accidentellement ( par suite dun accident ). Il est mort.
Remarque. La distribution ne Aux pas Adv V Obj (frquente avec des adverbiaux aspectuels : Ils ne sont pas
encore arrivs la fac, Elle na pas encore lu le mode demploi du nouvel engin) reste relativement rare avec
des adverbes de manire:
Elle na PAS bien lu (*lu bien) le mode demploi du fer repasser 392.
389
Ou : adverbial pour y inclure aussi les groupes prpositionnels (PP) de smantique apparente
(accidentellement, mais aussi par hasard, certainement, mais aussi sans nul doute).
390
Pour la distinction porte smantique/ incidence syntaxique, cf. Le Querler 1996. Terme usuel en grammaire
gnrative : porte (angl. scope).
391
Lire ce symbole : implique .
392
Noter la difficult de focaliser bien mme dans lemploi de manire.
117
Adverbe modalisateur :
118
TABLEAUX DE GRAMMAIRE
Modalits dnonc. Phrases double prdication.
119
Maman, dordinaire intraitable sur les questions dheure (), permettait que je prolongeasse la veille
(Gide, Nouv. P. Rob.).
394
Ceux qui nacceptent pas que la vie soit une partie quil faut toujours perdre (Mauriac, Nouv. P. Rob.).
395
Mais, avec le sens de considrer comme vrai, rel , reconnatre , lindicatif est de mise : jadmets que
jai eu tort (Nouv. P. Rob.). Avec le sens de supposer (admettre seulement titre provisoire comme vrai),
subjonctif, nouveau : en admettant que cela soit vrai, admettons que ce soit vrai.
396
Je consens ce quil y aille (Nouv. P. Rob.).
397
Le prof veut bien que vous remettiez le mmoire la semaine prochaine.
398
Il ne supporterait pas plus longtemps quon se ficht de lui (Gide, Nouv. P. Rob.). Dans cette acception,
supporter veut dire subir de la part dautrui sans ragir, sans se rebeller, sans interdire . Par voie de
consquence, la forme ngative, le verbe pourra signifier linterdiction.
399
Je ne souffrirais pas que cette conversion ft publique (Gide, Nouv. P. Rob.).
400
Ils nauraient pas tolr quon fermt ce cercle [de jeu] (Morand, Nouv. P. Rob.).
401
Pronom non pel (=non prononc, sans forme phontique) sujet (argumental) dun infinitif.
402
Ou : volitives, ou : boulestiques. Certains auteurs distinguent volitif et dsidratif.
403
Si dictum [+favorable].
404
Si dictum [favorable].
120
Paul
veut ...
dsire ...
souhaite ...
Paul
VEILLE CE QUE
[= veut que ... et fait en sorte que tel soit
le cas : rsultat atteindre]
Paul
tient ...
veille ...
soppose ...
SOPPOSE CE QUE
[= ne veut pas que ... ]
+ SUBJONCTIF
(sujets diffrents)
+ INFINITIF
( sujet PRO 412 contrl par le complment
dobjet indirect du verbe principal)
121
dfavorable>]
< favorable> (neutralis du point de vue de la distinction
<prospectif>/ <rtrospectif>, rsolue au niveau du dictum)
IL VAUT MIEUX QUE ...
Jespre 436
413
Il vaut mieux que (+ Il est bon que) vous layez lu avant-hier [subjonctif pass & repres temporels
dantriorit dans la compltive : rtrospectif]/ que vous le lisiez demain [subjonctif prsent et repres temporels
de postriorit : prospectif]. Noter que mieux vaut nest disponible que pour les emplois prospectifs : mieux vaut
que vous le lisiez demain/ ???mieux vaut que vous layez lu hier.
414
Contre compltive non marque pour lantriorit (laspect perfectif), lorientation prospective ou
rtrospective de lapprciation se jouera dans le verbe principal. Il aurait mieux valu que vous arriviez lheure
[conditionnel pass (irrel) du verbe principal (prdicat apprciatif) : rtrospectif]/ Il vaudrait (+vaut) mieux que
vous arriviez lheure [prsent de lindicatif ou conditionnel prsent du verbe principal (prdicat apprciatif) :
prospectif].
415
Mais le jeu des formes verbales et (dans la compltive) des repres temporels peut induire une orientation
prospective : il serait bon de relire ce rapport demain, juste avant la runion.
416
Cf. Nouv. P. Rob., sans exemple toutefois.
417
En principe, lautre cas de figure (trouver normal/ trange de + infinitif, contre identit rfrentielle des
sujets) devrait tre attest aussi. Le fait est que les dictionnaires consults ne citent point de tels exemples. Soit :
Tu trouves normal de boire trois bires de suite ? (si le destinataire lui-mme a bu les trois bires).
418
Cf. Nouv. P. Rob., sans exemple toutefois.
419
Cest normal de vouloir se reposer aprs un tel effort. (Nouv. P. Rob.).
420
Cf. Nouv. P. Rob., sans exemple toutefois.
421
Mme remarque que prcdemment.
422
Il fait beau croire aux prodiges lorsque les prodiges nous arrangent (Cocteau, Nouv. P. Rob. : il est
commode de ).
423
Cest laid de fourrer les doigts dans son nez. (Nouv. P. Rob.).
424
Ce nest pas beau de mentir. (Nouv. P. Rob.).
425
Formules familires, hypocoristiques (utilises quand on sadresse des enfants) dpourvues de corrlat
impersonnel suivi du subjonctif. Toute prdication apprciative ne donne pas lieu aux mmes effets syntaxiques
(ne se prte pas aux mmes constructions).
122
JESCOMPTE QUE
+INDICATIF 426 (FUTUR 427)
Jescompte
+INFINITIF (mme sujet)
<favorable rtrospectif>
JE ME RJOUIS 428 QUE ...
JE SUIS RAVI(E) (ENCHANT(E) etc.) QUE ...
JAIME (MIEUX429) QUE 430
Je me rjouis de ...
Je suis ravi(e) (enchant(e)) de ...
Je me flicite de (= je , et je
men flicite) 437
Jaime 438
Jaime mieux que
+ SUBJONCTIF (sujets diffrents) Jaime 439
+ INFINITIF (mme sujet)
<dfavorable rtrospectif>
JE REGRETTE QUE (tu/Marc ... ) ...
JE SUIS DSOL(E) QUE ...
JE REDOUTE QUE (tu/Marc/cela ... ) ...
JAI PEUR QUE
NE1 ...
Je regrette de ...
Je suis dsol(e) de ...
Je redoute de 440 ...
436
123
JE CRAINS QUE
NE1 ...
(= je ne veux pas que (tu/Marc/cela ... ) ...,
mais je crois que tel est le cas)
JE MINDIGNE QUE431
ELLE SE PLAINT QUE 432
+ SUBJONCTIF (sujets diffrents)
Je me rjouis de
Je mindigne de
Je minquite de
Elle se plaint de
Elle souffre de
+ INFINITIF (mme sujet)
Je lei hais de
+ INFINITIF
+INDICATIF (sujets identiques ou diffrents,
( sujet PROi contrl par
fait rel (ralis)) le complment dobjet direct de har)
Je me rjouis de ce que
Je mindigne de ce que
Je minquite de ce que
Elle se plaint ( quelquun : son patron) de ce que 435
Elle souffre de ce que
+ SUBJONCTIF (sujets diffrents,
fait suppos ou irrel (=pas encore ralis))
437
124
[modalits pistmiques :
<probable>, <certain>]
Je me doute que ...
Je crois que 442 ...
pense
trouve
estime
IL SEMBLE QUE
Il parat que
Il me (te, lui) parat que
Il me (te, lui) semble que
+INDICATIF
+ SUBJONCTIF
+ INDICATIF
441
= <incertain>.
JE MATTENDS CE QUE . . . + SUBJONCTIF! (= je crois que + INDICATIF)
443
Ou : possible pistmique .
444
Mais: Peut-tre que + INDICATIF!
442
125
2. Lemploi
QUI ...
QUE ...
DONT ...
SUBJONCTIF
O ...
AUQUEL ...
laquelle, auxquel(le)s
DUQUEL ...
de laquelle, desquel(le)s
445
Interrogation furtive y compris : je cherche quelquun qui fasse ce travail ( je le cherche, mais le trouveraije ? ). Comparer : je trouverai bien quelquun qui fera ce travail (lindicatif y marque la confiance du
locuteur).
446
Aprs un autre subjonctif. Dans les noncs du type de : Je regrette que ce soit lui qui ait t nomm il
sagirait moins dattraction modale que de relation smantique avec le verbe principal qui requiert lui-mme le
subjonctif (comme si lon disait : je regrette quil ait t nomm). Noter toutefois que le subjonctif reste
optionnel, dans la relative (Je regrette que ce soit lui qui a t nomm est toujours possible, pour souligner la
ralit du fait), alors quil est obligatoire dans la compltive (on ne peut pas dire : *je regrette quil a t
nomm). Cf. Hanse 1991 : 903.
126
3. Modalits implicatives.
SI
vous voulez
(votre femme veut)
vous avez achet
vous vouliez
vous aviez voulu
(subordonne : protase)
SI
IMPARFAIT de lindicatif
PLUS-QUE-PARFAIT de lindicatif
CONDITION (HYPOTHSE)
en franais:
* SI + FUTUR / CONDITIONNEL
- R 450-
une Renault.
en roumain:
OK
DAC + VIITOR / CONDITIONAL
447
Qui fonctionne plus souvent, en langue naturelle, comme si hypothtique. Do lemploi des guillemets. Voir
plus bas (dans le texte) Condition vs hypothse.
448
Dans le cas des conditionnelles standard, la corrlation ou en logique : limplication est bel et bien
figure comme se droulant (de la protase lapodose), i.e. comme un enchanement temporellement ordonn
(Si P alors Q), et qui sinscrit ainsi dans squentialit du texte : [] + siP + alorsQ + [] . (Achard-Bayle, Guy
(2006) Connexit(s), Cadrages co(n)textuels, Porte(s) , sur : http://edel.univpoitiers.fr/corela/document.php?id=1278). Le terme de conditionnelles est employ dans ce texte au sens des grammaires normatives
(traditionnelles), sans gard pour la distinction smantique condition/ hypothse. Cela dit, lordre progressif protase + apodose caractrise ou bien les noncs
(mtalinguistiques) de la logique formelle (si p, alors q), ou bien, en langue naturelle, les corrlations de type hypothtique (supposition vs condition au sens strict).
449
La distinction modale entre potentiel (avec une suite possible de type espoir que tel sera le cas : sil venait,
je serais contente et jespre quil viendra) et irrel du prsent (avec une suite possible du type regret
que tel ne sera pas le cas : sil venait, je serais contente mais hlas, il ne viendra pas) cf. Le Querler 1996 :
108 est (pour cette construction) pragmatique plus que smantique, cest--dire marge la smantique de la
construction grammaticale <si+ imparf., cond. prs.>, mme compte tenu de lapport compositionnel des
lexmes qui la ralisent au cas par cas. La distinction est rsolue en termes de lenchanement (inter- voire
transphrastique). Lattitude pistmique du locuteur, de <croyance forte que p> ou de <savoir que non-p>, qui
tranche linterprtation, nest accessible que co-textuellement (par la suite donne au discours du locuteur) ou en
termes du contexte situationnel (dans lexemple donn : sil est mutuellement vident, pour le locuteur et son
interlocuteur-interprtant, que la personne en question ne saurait venir).
Nous distinguerons <potentiel (fait ralisable)> et <irrel du prsent> en termes syntaxico-smantiques. Une
construction d-balance (asymtrique), conditionnel prsent dans la principale, et plus-que-parfait de
lindicatif aprs si signifiera l<irrel du prsent> : Je partirais volontiers [maintenant] sil tait venu me
remplacer ; la construction balance (symtrique) conditionnel prsent dans la principale, et imparfait de
lindicatif aprs si codera pour le <potentiel (fait encore ralisable)> : Je partirais volontiers sil venait me
remplacer (avec, pour suite possible, qui confirme, le cas chant, linterprtation smantico-syntaxique obtenue
au niveau phrastique : ___et jespre quil viendra) ; et la construction balance conditionnel pass dans la
principale, et plus-que-parfait de lindicatif aprs si codera pour l<irrel du pass> : Je serais volontiers partie
[ce matin, hier] sil tait venu me remplacer. Le caractre irralisable du fait suppos est alors marqu dans la
subordonne hypothtique (par le plus-que-parfait de lindicatif), tant dans le cas de lirrel du prsent que dans
celui de lirrel du pass.
450
formes en -r- (radical du futur et du conditionnel)
127
Condition vs hypothse :
Lordre des conjoints : [si p, (alors) q] favorise linterprtation hypothtique (supposition : ventuel,
potentiel, irrel). [q, si p] favorise par contre la lecture conditionnelle. Comparer : Sil vient me
remplacer, je partirai./ Je partirai sil vient me remplacer.
Les restrictifs bloquent la lecture hypothtique au profit de la lecture (bi)conditionnelle ( si et
seulement si ): q, seulement si p, [q ne] que si p. Comparer : Je partirai sil vient me remplacer/ Je
partirai seulement sil vient me remplacer, Je ne partirai que sil vient me remplacer.
Coordination : q, si p1 et que [+subjonctif =p2] : Si vous voulez acheter une voiture neuve et que vous ayez
besoin dun financement complmentaire, vous souscrirez cette carte de crdit.
3.1.2. Autres tours conditionnels/ hypothtiques
En cas de vol de votre carte bancaire, Protecarte couvre votre prjudice.
(Si votre carte bancaire a t vole . . . )
dfaut dune assurance Protecarte, vous ne toucherez pas dindemnit.
(Si vous navez pas dassurance . . . )
condition davoir souscrit Protecarte, vos prjudices seront couverts.
(Si vous avez souscrit Protecarte, ...)
(Faute davoir souscrit Protecarte, vos prjudices ne seront pas couverts.)
(Si vous navez pas souscrit Protecarte, ...)
condition
... condition que ...
... pourvu que ...
CONDITION
+ rserve
... si tant est que ...
... sous rserve que ...
+ subjonctif
(sujet 1 = sujet 2)
... condition de
+ infinitif (prsent, pass)
+ subjonctif
SUPPOSITION (hypothse)
+ restriction 451
... moins que... ne 452 ... supposer que ..., ...
Suppos que ..., ...
En supposant que/ En
admettant que ..., ...
+ subjonctif
+ subjonctif
(sujet 1 = sujet 2)
Au cas o ..., ...
... moins de ...
+ infinitif
+ conditionnel
... sauf si ...
en cas de + SN/ cas
+ indicatif (prsent,
auquel (auquel cas)
imparfait, plus-queparfait) 453
451
Le fait exprim par la proposition principale cesse dtre vrai si la condition est remplie (autrement dit ce fait
EST LE CAS, sous restriction que le fait exprim par la subordonne ne soit pas le cas)
452
NE dit expltif (sans valeur ngative - cf., en roumain: M` tem s` nu vin` (= M` tem [de faptul] c` ar putea
veni) Nu vreau s` vin`).
453
Mme rgle de concordance que SI conditionnel.
128
... ,
La BNP vous
fait / fera
ferait
aurait fait
ROUMAIN
oricare
oricine
orice
oriunde
oric@t de + Adj. / Adv.
+ CONDI|IONAL-OPTATIV
PREZUMTIV
INDICATIV
baissait
ultrieurement
avait baiss.
129
3.4.1. Expliquer
Pour rpondre une question portant sur la (les)
Parce que (P)
cause(s)
cause de (SN)
(POURQUOI?)
... cause de
laugmentation de la masse
en raison de
montaire allemande =
suite
... faute dune baisse des taux dintrts allemands
=
... force dinterventions sur les marchs =
Le SME est en danger
CAUSE DE la nouvelle crise montaire
(effet (situation) dfavorable)
Si vous ntes pas mme de fournir une rponse une question Pourquoi?,
vous direz (comme pour nimporte quelle question):
Je ne sais pas / Aucune ide.
Si vous ne voulez pas y rpondre,
Si vous voulez
narguer votre interlocuteur,
couper court la conversation,
vous direz :
De-aia/ Uite-a]a
Squence
Acte
Conscuter
Parce que =
3.4.2. Conscuter
(Le point de vue de lInterlocuteur)
CAUSE
Fait (prmisse): connu(e)
COMME
je ne peux (pas)
TANT DONN QUE
pargner,
VU QUE
PUISQUE
PARCE QUE
FAUTE DE
pouvoir pargner
Ne pouvANT pas pargner
GRCE votre contrat Prsence,
FORCE Dtudes personnalises,
CAUSE DE
EFFET
Consquence: inconnue
je rentabilise.
454
Elle accepta avec joie, non quil y et entre nous beaucoup dintimit, mais elle aimait nos enfants. (Mauriac,
Nouv. P. Rob.).
130
POUR
EN VUE DE
+ SN
...
CONTRE
(but)
dans votre intrt
dans le but de . . .
dans un but dsintress
des fins lucratives
+ SN
(but viter)
...
POUR
AFIN DE
+ infinitif
EN VUE DE
histoire de
question de
+ infinitif
Verbe de mouvement
+ infinitif 455
aller
venir
etc.
. . . POUR QUE
. . . AFIN QUE
+ Subjonctif (prsent)
(but)
. . . DE SORTE QUE
(consquence voulue)
CAUSE // BUT
CONSQUENCE // BUT
... TROP ... POUR
... POUR QUE
POUR
POUR
+ infinitif pass
+ infinitif prsent
QUE + Subjonctif
+ Subjonctif
Pour avoir souscrit une
Vous avez souscrit une
... DE SORTE QUE
... DE SORTE QUE +
assurance-vie, vous
assurance-vie pour payer
+ Indicatif
Subjonctif
payez moins dimpt.
moins dimpts.
455
Je vais (chez le boulanger) acheter du pain ( je vais chez le boulanger pour acheter du pain ). Construction
lorigine du futur proche (jachte du lait, puis je vais acheter du pain = jachterai du pain tout de suite ).
131
+ Prposition
, AU: au printemps, au mois de janvier (fvrier, mars,
avril, mai, juin, juillet, aot, septembre, octobre, novembre,
dcembre); au XIXe sicle, lpoque (= cette poque-l),
lpoque de Louis XV, une poque domine par ... ;
- le 10 mars au matin/soir;
- midi/minuit (sans article!)
la fin (de);
lissue de la runion / la guerre;
en fin de semaine (danne) (sans article!);
au milieu de (... du sicle dernier / du XIXe sicle / des
annes 80);
la mi-janvier (fvrier, ...);
au dbut (de) (au dbut du chapitre), au
commencement (de) (au commencement du printemps);
en dbut daprs-midi (danne) (sans article!);
dans le courant du mois de mai (Il repassera dans le
courant du mois de mai).
456
Chapitre non compris dans la matire prparer pour lexamen, except les sections marques dun
astrisque.
132
4.1. LOCALISER une action dans le temps, par rapport au MOMENT DE LA PAROLE*
avant
aprs
AUJOURDHUI
JE DIS AUJOURDHUI:
Il a fait beau
Il fait beau
Il fera beau
(hier)
(en ce moment)
(demain)
autrefois (jadis)
maintenant
plus tard
dans le pass
en ce moment
dans/ lavenir
par le pass
pour le moment
ultrieurement
nagure
prsent
de nos jours
ces temps-ci
ces derniers temps
avant
ce jour-l
aprs
AUJOURDHUI
JE DIS AUJOURDHUI:
Il a fait beau
Il a fait beau
Il a fait beau
(la veille)
(ce jour-l)
(le lendemain)
(un peu/
ce moment-l
(un peu / bien ) plus tard
beaucoup) plus lpoque
(peu / longtemps) aprs
tt
alors
(peu/ bien)
avant
auparavant
IL Y A 3, 4, 5 ... jours/semaines/mois/ans
AVANT-HIER
(matin)
(aprs-midi)
(soir)
HIER
AUJOURDHUI
DEMAIN
APRS-DEMAIN
DANS/DICI 3, 4, 5 jours/semaines/mois /ans
ce soir
cette semaine
ce mois(-ci)
cette anne(-ci)
la semaine (lanne) prochaine,
le mois (lan) prochain (qui vient / venir)
4.2. LOCALISER une action dans le temps, par rapport un MOMENT distinct du MOMENTDE LA
PAROLE*
la semaine (lanne) prcdente
3, 4, 5 ... jours (semaines, ans) AUPARAVANT /
le mois (lan) prcdent / davant
PLUS TT
LAVANT-VEILLE
(au matin)
(dans laprs-midi)
(au soir)
LA VEILLE
ce soir-l / ce jour-l / ce mois-l
CE JOUR-L
cette semaine-l / cette anne-l
(LE JOUR MME)
la semaine (lanne) suivante/ daprs
LE LENDEMAIN
le mois (lan) suivant/ daprs
(matin)
(aprs-midi)
(soir)
LE SURLENDEMAIN
3,4,5, jours (semaines, mois, ans)
APRS / PLUS TARD
4.3. Indiquer les LIMITES du procs, dans le temps
133
EN MME TEMPS
457
Paul est sorti en mme temps que toi, analys comme simultanit de la sortie de deux individus, donc
comme simultanit de deux vnements distincts.
134
Action 1
Action 2
Il est sorti
PENDANT QUE
TANDIS QUE
ALORS QUE
(pass compos)
(prsent)
(prsent)
Action 1
Action 2
Il est sorti
COMME
jarrivais.
(pass compos)
Il sort
AU MOMENT O
jarrive.
(prsent)
(prsent)
Il sort (toujours) QUAND
(prsent)
(prsent)
Verbe 1
Verbe 2
plus-que-parfait
plus-que-parfait
pass compos
pass compos
imparfait
imparfait
prsent
prsent
futur
futur
...
...
(INDICATIF)
Verbe 1
Verbe 2
pass compos
imparfait
imparfait
pass compos
je mangeais.
(imparfait)
SIMULTANIT
(imparfait)
SIMULTANIT
jarrive.
Il tait sorti
Il est sorti
Il sortait (toujours)
Il sort
Il sortira
(il va sortir)
SIMULTANIT
& RPTITION
Action 2
[fait ralis 459]
***
... quand ...
SIMULTANIT
&
DURE
POSTRIORIT IMMDIATE
TOUT DE SUITE
Action 2
APRS
... ds que ...
... aussitt que ...
... une fois que ...
(temps simple)
(temps compos)
Je suis vous ds que jai fini.
Je viendrai aussitt que jaurai fini ce rapport.
Il faisait (toujours) taper le rapport aussitt quil lavait
rdig.
Ds
(...)
Aussitt + SN 1 + participe pass (...)
Une fois
(...)
Aussitt le rapport rdig, il est mont me voir.
SITT dit, SITT fait.
Action 1
458
Seules les cases marques par *** feront lobjet de linterrogation (emploi de lindicatif pour marquer la
ralit (le caractre ralis) du fait dcrit dans la subordonne temporelle (introduite notamment par aprs que),
en tant quoppos au caractre virtuel (inactuel, pas rel) du fait dcrit dans la subordonne introduite par avant
que (cf. section LANTERIORITE).
459
Ou envisag sous cet clairage (pour les situations postrieures t0).
135
Postriorit immdiate
. . . ds que . . .
. . . aussitt que . . .
(temps simple)
(temps compos)
Je suis vous ds que jai fini ce rapport.
COMPRENDRE
Action postrieure
prsent
(postriorit (postriorit immdiate))
futur
imparfait
(postriorit (postriorit immdiate) & rptition)
toutes les fois que
toujours
dhabitude
il la fait taper.
(pass compos)
il le fit taper.
(pass simple)
LE PASS SIMPLE
V1 er
- ai
- as
-a
-mes
- tes
- rent
V2 ir
- is
- is
- it
- mes
- tes
- irent
V3
- is
- is
- it
- mes
- tes
- irent
- us
- us
- ut
- mes
- tes
- urent
- ins
- ins
- int
- nmes
- ntes
- inrent
136
il paracheva
ils parachevrent
il bnficia
ils bnficirent
il acheta
ils achetrent
il jeta
ils jetrent
il gela
ils gelrent
il souleva
ils soulevrent
-a- / --
ils accomplirent
ils choisirent
ils finirent
ils fournirent
ils russirent
ils blanchirent
-i-
-i-
PASS SIMPLE
il bnficia
ils bnficirent
ils finirent
ils sortirent
- AI
- AS
-A
- RENT
FUTUR
il bnficiera
ils bnficieront
ils finiront
ils sortiront
- RAI
- RAS
- RA
- RONT
PASS SIMPLE
il sortit ...
il perdit ...
il fit ...
-uPASS SIMPLE
il eut
il sut
il put
il voulut
il fallut
il valut
je mis
je pris
il dit ...
(ils dirent)
-inPARTICIPE PASS
(il a) EU
(il a) SU
(il a) PU
(il a) VOULU
(il a) FALLU
(il a) VALU
(jai) MIS
(jai) PRIS
(jai) DIT
PRSENT DE LINDICATIF
il SORT...
il PERD ...
il FAIT ...
il ACCOMPLIT
(ils ACCOMPLISSENT)
(MAINTENANT)
!! Paul vit ALORS tous ses espoirs svanouir. (VOIR: pass simple)
Paul vit ACTUELLEMENT Paris. (VIVRE: prsent de lindicatif)
4.7. LANTRIORIT*
(Action 1)
AVANT
(Action 2)
Avant que (ne*) + subjonctif (prsent), . . .
Avant de + infinitif (prsent), . . .
Avant + SN, . . .
Jusqu ce que + subjonctif (prsent), . . .
En attendant de + infinitif (prsent / pass **), . . .
Jusqu + SN / alors, . . .
En attendant ( + SN) , . . .
Dici + SN / l, . . .
* ne expltif (voir supra)
** action acheve, accomplie
Mettre en vedette le repre temporel:
trois jours
A FAIT
longtemps
IL Y A
VOIL
ANTRIORIT
ANTRIORIT &
DURE
QUE
je cherche le joindre
je ne lai pas vu
je lattends
137
5. Le DISCOURS RAPPORT
DISCOURS
DIRECT
(dialogue)
JE travaille pour Sims, Dawson and Dick, dit/a dit Paul lemploy.
JE suis arriv HIER des Etats-Unis dclare/a dclar Paul lemploy.
JOUEREZ-VOUS la Bourse pour VOTRE propre compte? lui demande/a demand
lemploy.
Comment pourrait-on briser ce monopole? demande/a demand Paul lemploy.
DISCOURS Paul dit/a dit lemploy
QUIL travaille/travaillait pour Sims, Dawson
INDIRECT
and Dick.
Paul dclare/a dclar lemploy
QUIL est arriv HIER / tait arriv LA
VEILLE.
Lemploy LUI demande/a demand
SIL jouera/jouerait (+allait jouer) la Bourse
pour SON propre compte.
Paul demande/a demand lemploy
COMMENT on pourrait/pouvait briser le
monopole des firmes dj en place.
1.1. Mode demploi
Verbes introducteurs:
- dire, affirmer, dclarer, maintenir, soutenir, annoncer, faire savoir, rtorquer, rpliquer ...+QUE
- demander, vouloir savoir, senqurir ... + SI 460 / O / QUAND / COMMENT / QUI / CE QUE...
Personnes
X sadresse TOI (VOUS):
Je
IL (ELLE)
Nous ILS (ELLES): nous = X + quelquun dautre
NOUS: nous = X + TOI (VOUS).
Tu JE
Vous NOUS
JE (vous = pronom de politesse)
[indices syntaxiques : accord du verbe flchi
formel (2pl), mais accord smantique du participe
pass et de ladjectif attribut du sujet, au sg.,
spcification du genre selon le genre naturel de
lindividu auquel on sadresse]
X sadresse un TIERS:
au prsent
conditionnel prsent
Discours indirect
verbe introducteur
un temps pass
IMPARFAIT (indicatif)
Si conditionnel
Si dubitatif
460
138
Futur proche
Futur du pass priph.
CONDITIONNEL
SI
d. pourrait/pouvait briser ce
monopole.
(a. = antriorit; b. = simultanit; c. = postriorit; d. = conditionnel valeur modale)
N.B. Mme rgle de concordance que celle qui est de mise aprs que, o, quand, comment etc. (discours
rapport (style indirect)).
La concordance des temps est une forme de distanciation, en rfrence aux dires rapports (en style indirect). Les
vrits ternelles, indiscutables (scientifiques, analytiques) sy soustraient (Il maintenait que la terre tourne
autour du soleil).
Sy soustraient galement les propositions dcrivant des situations qui restent futures, du point de vue du
locuteur actuel (non seulement du point de vue du premier locuteur, dont les dires seront rapports) : Il ma dit
que la runion commencera [plutt que : commencerait, allait commencer] dans un petit quart dheure. Quand
je suis arrive la fac, ce matin, il vous disait que Marie arrivera [plutt que : arriverait, allait arriver] par le
train de 16h.
139