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Chapitre 1
Concepts et outils de lanalyse
mathematique.
1.1 Fonction et relation.
La description des syst`emes passe generalement par lassociation de grandeurs entre
elles, ce qui se traduit mathematiquement par la definition de fonctions et de relations.
Une fonction f est une loi qui, a` tout e lement x dun ensemble E, appele domaine
de definition de la fonction, associe un et un seul e lement f (x) dun ensemble F.
Les ensembles E et F peuvent contenir des e lements tr`es differents de par leur nature
(individus, nombre, tenseur,. . . ) ou leur interpretation (temps, temperature, vitesse,
esp`ece,. . . ). Lelement important dans la definition dune fonctions, cest lassociation
dun e lement unique de F a` tout e lement de E. Cette association peut parfois e tre explicitee
au moyen dune formule mathematique, dune table, dun graphe, . . . . Ce nest cependant
pas necessairement le cas.
La notion de relation generalise celle de fonction. Dans une relation, les e lements du
domaine de definition E peuvent e tre mis en correspondance avec plusieurs e lements de
F. Certains e lements du domaine de definition peuvent e galement netre associe a` aucun
e lement de F. Par exemple, on peut definir une relation entre un ensemble de sites E et
un ensemble F desp`eces indicatrices en associant a` chaque site les esp`eces qui y sont
presentes.
Bien que souvent generalisables a` des espaces plus generaux, la plupart des outils
de lanalyse mathematique sont particuli`erement bien adaptes a` letude des fonctions
reelles dune ou plusieurs variables reelles, i.e. E, F Rn . On sefforcera donc autant que
possible de traduire sous cette forme les proprietes physiques, biologiques ou chimiques
des syst`emes e tudies, donnant ainsi acc`es a` une description quantitative de letat des
syst`emes et des processus qui sy deroulent.
xx0
m
( > 0)( > 0)(x E, 0 < |x x0| ) : | f (x) a|
(1.1)
Lexistence dune limite finie de f pour x tendant vers x0 signifie que lon peut rendre
les valeurs de la fonction f (x) aussi proches que lon veut de la constante a en considerant
des points x E suffisamment proches de x0 (sauf e ventuellement x0 ).
Si f est a` valeur dans R, on e crira
lim f (x) =
ou
xx0
lim f (x) = +
(1.2)
xx0
ou si
lim f (x) = a fini
(1.6)
ou
lim f (x) = a+
(1.7)
([N])
max
max
2
[N]
F IG . 1.1
On calcule aisement
lim ([N]) = 0
[N]0
et
lim ([N]) = max
[N]+
Le premier resultat indique que le taux de croissance est tr`es faible lorsque la concentration en
nutriment est proche de zero (Plus exactement, le taux de croissance peut e tre rendu arbitrairement
petit en considerant des concentrations proches de zero.).
Le second resultat montre que le taux de croissance est proche de la valeur max lorsque les
[N]+
La notion dasymptote oblique est introduite dans le cas o`u on peut trouver des reels
a et b finis tels que
lim f (x) = ,
lim
x+
f (x)
=a
x
et
lim f (x) = ,
lim
f (x)
=a
x
et
x+
lim
i
f (x) ax = b
(1.8)
lim
i
f (x) ax = b
(1.9)
x+
ou
x
on peut encore preciser si f approche lasymptote oblique par le dessous ou par le dessus.
E XEMPLE 1.2 Esquissons le graphe de la fonction
f (x) =
x2 x 6
x+1
x1
et
lim f (x) =
x1+
et
lim f (x) = +
x+
f (x)
f (x)
= 1 = lim
x+
x
x
et
lim ( f (x) x) = 2 = lim ( f (x) x)
x+
x2 x 6
4
= x2
x+1
x+1
o`u le dernier terme tend vers zero lorsque x tend vers . D`es lors, pour de grandes valeurs de |x|,
4/(x + 1) devient negligeable vis a` vis de x 2 et f (x) se rapproche indefiniment de lasymptote
oblique. Lorsque x est grand et positif, le terme 4/(x + 1) est petit et positif de sorte que f (x)
approche lasymptote par defaut. Pour x negatif, cest linverse qui se produit et f (x) est alors
leg`erement superieure a` x 2.
y=
x2 x 6
x+1
y = x2
2
3
x = 1
F IG . 1.2
xx0
f (x)
=1
g(x)
(1.11)
g(x) f (x)
(1.12)
[N]
[N] +
[N]
[N] +
[N]0
est relativement peu precis au sujet du comportement de pour les faibles concentrations : le
taux de croissance peut en effet tendre vers zero plus ou moins rapidement. Il est beaucoup plus
instructif de remarquer que
lim
[N]0
([N])
1
max
= lim max
=
[N]
+ [N]
[N]0
Cette derni`ere expression permet en effet de remplacer la dependance reelle de en [N] par une
fonction lineaire dans un voisinage de zero.
([N]) max
x2 x 6
x+1
4
,
x+1
(x 1)
En effet,
f (x)
x2 x 6
= lim
=1
(4)
x1
x1
(4)
x+1
De meme, le comportement a` linfini peut e tre decrit par
lim
f (x) x 2,
E XEMPLE 1.5 La vitesse de propagation (vitesse de phase) des ondes de longueur donde L dans
un basin de profondeur D est donnee par1
r
gL 2D
c=
th
2
L
o`u g designe lacceleration de la pesanteur. Si la longueur donde L est fixee, c est donc une
fonction croissante de la profondeur.
Le calcul de la limite
r
r
gL 2D
gL
lim
th
=
D
2
L
2
montre que
r
gL
c
,
D
2
i.e. la vitesse des ondes en eaux profondes (les eaux peuvent e tre qualifiees de profondes si
2D/L 1) est independante de la profondeur.
Pour des faibles profondeurs, le calcul de la limite
r
gL 2D
th
=0
lim
D0
2
L
est de peu dutilite : les ondes ne peuvent se propager si la profondeur est nulle. Tenant compte
de2
th x x,
x0
on obtient
c=
1
gL 2D
th
2
L
gL 2D p
= gD,
2 L
D0
2 On
limite
ex ex
,
2
ch x =
ex + ex
,
2
th x =
sh x
ch x
(1.13)
peut verifier cette propriete en utilisant le theor`eme de lHospital pour lever lindetermination de la
th x
0
(th x)
1 + th2 x
=
= lim
= lim
=1
lim
x0 x
x0 (x)
x0
0
1
L`a o`u la profondeur est faible par rapport a` la longueur donde, la vitesse des ondes est
proportionnelle a` la racine carree de la profondeur. Cette dependance peut e tre observee sur une
carte de propagation de la maree : la distance entre les lignes cotidales diminue avec la profondeur.
Elle est aussi responsable de lalignement des fronts de vagues avec les isobathes a` lapproche de
la cote.
En pratique, on consid`ere generalement que les eaux profondes et peu profondes
correspondent respectivement a` D > L/2 et D < L/20.
Si on peut remplacer une expression compliquee f par une fonction simple g qui lui est
asymptotique, cest parce que lon consid`ere que la difference entre ces deux fonctions
f et g est negligeable. Ce concept de difference negligeable peut e tre defini de facon
rigoureuse. Une fonction f est dite negligeable par rapport a` une fonction g au voisinage
de x0 (qui peut e tre infini), ce que lon note f (x) = o(g(x)), (x x0 ), lorsque
lim
xx0
f (x)
=0
g(x)
(1.14)
si et seulement si
(x x0 )
(1.15)
E XEMPLE 1.6 Les puissances de x definissent une e chelle de mesure telle que
n Z, k N0 , xn = o(xn+k ), (x +)
En effet,
lim
xn
x+ xn+k
= lim
x+ xk
=0
Inversement,
n Z, k N0 , xn+k = o(xn ),
(x 0)
En effet,
xn+k
= lim xk = 0
x0 xn
x0
lim
xx0
f (x)
= M fini
g(x)
f (x) = O[g(x)], (x x0 )
(1.16)
Lexpression f (x) = O[g(x)] est une affirmation moins forte que f (x) g(x) ou
f (x) = o(g(x)). En effet, f (x) g(x) ou f (x) = o(g(x)) implique f (x) = O[g(x)]. La
reciproque est fausse.
Les notations o et O sont generalement utilisees pour exprimer lordre de grandeur
des termes negliges dans un developpement mathematique en precisant de la sorte le
comportement relatif de deux fonctions.
Les relations o, O et admettent les r`egles simples de manipulation :
f1 = O(g), f2 = O(g)
f1 + f2 = O(g) , C
(1.17)
f1 = O(g1 ), f2 = O(g2 )
f1 f2 = O(g1 g2 )
(1.18)
f1 = o(g), f2 = o(g)
f1 + f2 = o(g) , C
(1.19)
f1 = o(g1), f2 = o(g2 )
f1 f2 = o(g1 g2 )
(1.20)
f = o(h)
(1.21)
f 1 g1 , g1 g2
f 1 g2
(1.22)
f 1 g1 , f 2 g2
f 1 f 2 g1 g2
(1.23)
f g, 1/ f definie en x0
1/ f 1/g
(1.24)
f = o(g), g = O(h)
ou
f = O(g), g = o(h)
1.3 Derivee.
La derivee de la fonction dune variable reelle f au point x (appartenant au domaine
de definition de f ) est donnee par
f (x ) = lim
x0
f (x + x) f (x )
x
(1.25)
df
f (x) f (x )
(x ) = (D f )(x ) = lim
xx
dx
x x
(1.26)
Dun point de vue geometrique, la derivee peut e tre interpretee comme la pente de
la tangente au graphe de la fonction f . En effet, si P designe le point du graphe de f
9
(1.27)
f (x + x)
f
f (x )
x + x
F IG . 1.3
Le quotient differentiel
f
f (x + x) f (x )
=
= tg
x
x
(1.28)
f se note
d2 f
(1.29)
f (x) = 2 (x) = D2 f (x)
dx
et est appelee la derivee seconde de f . Dune facon generale,
f (n) (x) =
dn f
(x) = Dn f (x)
dxn
(1.30)
x x
(1.31)
Cette relation signifie que lerreur commise en remplacant f par lapproximation lineaire
correspondant a` sa tangente en x decrot plus vite que x x lorsquon se rapproche de
x . Remplacer f par sa linearisation au voisinage de x est donc entache dune erreur
dautant plus petite que lon se trouve proche de x .
E XEMPLE 1.7 Considerons a` nouveau la loi de Michaelis-Menten
= max
[N]
+ [N]
max
([N] [N] ) + o([N] [N]),
([N] + )2
([N] [N] )
Si [N] est grand, on constate que est pratiquement independant de [N], en accord avec
lasymptote horizontale identifiee precedemment. Pour [N] = 0, on retrouve
([N]) =
max
[N] + o([N])
E XEMPLE 1.8 Les thermistors (XBT) permettent de mesurer la temperature de leau en se basant
sur la variation de la resistance e lectrique R dune e lectrode avec la temperature T . On a, par
exemple,
1
1
R(T ) = R0 exp
T T0
R (T ) = 2 exp
T
T T0
o`u le signe negatif montre que la resistance diminue lorsque la temperature augmente.
Si on travaille a` une temperature T proche de T0 , on aura
R(T ) = R(T0 ) + R (T0 )(T T0 ) + o(T T0 )
11
soit
R(T )
= 1 2 (T T0 ) + o(T T0 ),
R0
T0
(T T0 )
c(D ) + 2.062
(D D)
L
En premi`ere approximation, toute
p augmentation de la profondeur de un m`etre saccompagne dune
variation de la vitesse de 2.06 g/L.
E XEMPLE 1.10 Depuis 1666, lechelle pratique de salinite est definie par une mesure de
conductivite. On consid`ere le ratio K15 de la conductivite e lectrique de lechantillon deau ramene
a` la temperature de 15C et a` la pression dune atmosph`ere et de la conductivite dune solution
de chlorure de potassium de fraction massique 32.4356 103 a` la meme temperature et a` la meme
pression. La salinite pratique est alors definie par (UNESCO, 1980)
1/2
3/2
5/2
2
S = 0.0080 0.1692K15 + 25.3851K15 + 14.0941K15 7.0261K15
+ 2.7081K15
Cette formule est valable dans le domaine de salinite pratique allant de 2 a` 42 (Rappelons que la
salinite pratique est sans unite).
Par definition, la salinite pratique est e gale a` 35 pour un rapport K15 unitaire.
Le graphe de S est represente a` la figure 1.4. On constate que la salinite pratique varie
quasiment lineairement avec K15 . D`es lors, si on travaille dans un domaine limite de salinite autour
3 Rappelons
que
d
sh x = ch x,
dx
d
ch x = sh x
dx
12
d
1
th x = 2 = 1 th2 x
dx
ch x
(1.32)
S
38
S
40
30
36
20
34
10
32
0.2
0.4
0.6
0.8
K15
1.2
0.9
0.95
1.05
K15
F IG . 1.4 Salinite pratique en fonction du rapport K15 . Loi reelle (trait continu en
rouge) et loi lineaire approchee (en pointille).
On verifie sur la figure 1.4 que cette loi lineaire constitue une tr`es bonne approximation de la loi
reelle. Lerreur maximale sur la salinite est de 0.05615 si on se limite aux salinite comprises entre
30 et 38 !
(x , x , . . . , xk , . . . , xn ) = lim
xk 1 2
xk xk
xk xk
(1.33)
Cette derivee partielle peut encore e tre interpretee comme le taux de variation de la
grandeur f lorsquon fait varier xk et que lon bloque toutes les autres variables. Si f
est suffisamment reguli`ere4 , on e crira
f (x1 , x2 , . . . , xn ) f (x1 , x2 , . . ., xk , . . . , xn ) =
n
k=1
+ o(x1 x1 , . . . , xn xn ) (1.34)
4 En
13
f
x1
x1
x2
f
f = x2
x = .. ,
.
f
xn
(1.35)
xn
(1.36)
(1.37)
o`u
kx x k =
(x xi )2
i=1
0
1 p/K
o`u
0 = 999.842594 + 6.793952 102 t 9.095290 103 t 2 + 1.001685 104 t 3
1.120083 106 t 4 + 6.536336 109 t 5
+ (8.24493 101 4.0899 103 t + 7.6438 105 t 2 8.2467 107 t 3 + 5.3875 109 t 4 )S
+ (5.72466 103 + 1.0227 104 t 1.6546 106 t 2 )S3/2 + 4.8314 104 S2 (1.38)
et
K = 19652.21 + 148.4206t 2.327105t 2 + 1.360477 102 t 3 5.155288 105 t 4
+ S(54.6746 0.603459t + 1.09987 102 t 2 6.1670 105 t 3 )
S3/2 (7.944 102 + 1.6483 102 t 5.3009 104 t 2 )
14
14
14
12
12
10
10
30
32
34
36
38
40
30
32
34
36
38
40
F IG . 1.5 Masse volumique reelle (`a gauche) et approximation lineaire (`a droite) en
fonction de la temperature (axe vertical) et de la salinite (axe horizontal). Isovaleurs de
1023 a` 1031 (du bleu au vert).
(t = 10, S = 35, p = 0) +
On retrouve, comme attendu, que la densite est une fonction croissante de la salinite et decroissante
de la temperature.
Pour des temperatures allant de 5 a` 15C et des salinites variant entre 30 et 40, lerreur
maximale associee a` cette approximation lineaire est une erreur en exc`es de 0.1872 kg/m3 aux
extremites de lintervalle.
15
(x a)
(x a)2
f (a) +
f (a) +
1!
2!
(x a)n+1 (n+1)
(x a)n (n)
+
f (a) +
f
() (1.40)
n!
(n + 1)!
(x a)
(x a)2
(x a)n (n)
f (a) +
f (a) + +
f (a)
1!
2!
n!
(1.42)
f (n+1) ()
(n + 1)!
(1.43)
Au moyen dune majoration appropriee de f (n+1) , on peut alors fixer une borne derreur
et on a
(x a)
(x a)2
f (x) = f (a) +
f (a) +
f (a) +
1!
2!
(x a)n (n)
+
f (a) + O (x a)n+1 ,
n!
x a (1.44)
pour approcher les fonctions transcendantes aussi precisement que necessaire par des
polynomes de degre de plus en plus e leve. Si la fonction f est indefiniment continument
derivable, il existe en general un domaine dans lequel la fonction est representee
exactement par une serie de puissances, i.e. un polynome de degre infini (Cf. tableau
1.1).
'
1
= 1 x + x2 x3 + + (1)k xk +
1+x
1
= 1 + x + x2 + x3 + + xk +
1x
( 1) 2 ( 1)( 2) 3
(1 + x) = 1 + x +
x +
x + +Ck xk +
2!
3!
xk+1
x2 x3 x4
+
ln(1 + x) = x + + + (1)k
2
3
4
k+1
x2 x3 x4
xk+1
ln(1 x) = x
+
2
3
4
k+1
1 1+x
x3 x5
x2k+1
ln
= x+ + ++
+
2 1x
3
5
2k + 1
xk
x2 x3
x
e = 1+x+ + ++ +
2! 3!
k!
2
3
x
x
xk
ex = 1 x + + + (1)k +
2! 3!
k!
2
4
6
2k
x
x
x
x
ch x = 1 + + + + +
+
2! 4! 6!
(2k)!
x3 x5 x7
x2k+1
+
sh x = x + + + + +
3! 5! 7!
(2k + 1)!
x2 x4 x6
x2k
cos x = 1 + + + (1)k
+
2! 4! 6!
(2k)!
x3 x5 x7
x2k+1
sin x = x + + + (1)k
+
3! 5! 7!
(2k + 1)!
1 < x < 1
1 < x < 1
1 < x < 1
1 < x 1
1 x < 1
1 < x < 1
x
x
x
x
x
x
&
TAB . 1.1
E XEMPLE 1.12 Considerons les fonctions f (x) = sin x et g(x) = cos x au voisinage de x = 0. Ces
17
de sorte que
(
0
f (n) (0) =
(1)k
(
(1)k
(n)
g (0) =
0
si n = 2k
si n = 2k + 1
si n = 2k
si n = 2k + 1
Les derivees successives de sin x et cos x sont bornees par 1 independamment de n de sorte que
sin x = x
x3 x5
x2n+1
+ = (1)n
3! 5!
(2n + 1)!
n=0
cos x = 1
x2 x4
x2n
+ = (1)n
2! 4!
(2n)!
n=0
En pratique, on peut tronquer ce developpement et nen utiliser que les quelques premiers
termes si on desire utiliser ces developpements limites au voisinage de x = 0. En effet, si on retient
seulement n + 1 termes
sin x = x
x3 x5
x2n+1
x2n+3 (2n+3)
+ + (1)n
+
f
(1 x)
3! 5!
(2n + 1)! (2n + 3)!
cos x = 1
x2n
x2n+2 (2n+2)
x2 x4
+ + (1)n
+
f
(2 x)
2! 4!
(2n)! (2n + 2)!
et
2n+2
x
|x|2n+2
(2n+2)
f
(
x)
2
(2n + 2)!
(2n + 2)!
1
0.523599
2
0.499674
3
0.500002
4
0.5
0.024
0.00033
2.1 106
8.2 109
1.
0.862922
0.866054
0.866025
0.14
0.0031
0.000029
1.4 107
18
En pratique, on e crira souvent, avec un degre dapproximation dautant meilleur que x est
petit,
x2
sin x x
et
cos x 1
2
La validite de cette approximation dans une large gamme de valeurs de x est confirmee par
lexamen des graphe des fonctions trigonometriques et de leurs approximations (Fig. 1.6).
1
x
b
sin x
x2
2!
cos x
F IG . 1.6
Si x nest pas petit, on peut obtenir une precision superieure en ajoutant des termes
supplementaires au developpement ou en developpant la fonction en serie de Taylor autour dun
autre point.
f (x + x) = f (x) + xi
i=1
f
(x)
xi
1
2 f
xi1 xi2
(x) +
2! i1 =1 i2 =1
xi1 xi2
n
1 n n
p f
.
.
.
x
x
.
.
.
x
(x + x)
ip
i1 i2
p! i1
xi1 xi2 . . . xi p
=1 i2 =1
i p =1
(1.45)
1
f (x + x) = f (x) + xT f (x) + xT H(x + x)x
2
o`u x represente la matrice colonne
x1
x2
x = ..
.
xn
(1.47)
(1.49)
f (x + x) f (x )
+ O(x)
(1.50)
x
Lerreur commise en approchant la derivee par difference finie tend donc vers zero
lineairement avec laccroissement x. La precision est dautant plus grande que les
donnees utilisees pour e valuer la derivee sont proches lune de lautre.
Comme le montre (1.50), lerreur associee a` lapproximation (1.48) de la derivee est
du premier ordre en laccroissement. On peut ameliorer ce resultat en remarquant que
lapproximation (1.48) revient a` e valuer la derivee en x en explorant le comportement
de la fonction uniquement a` droite de x (si x est positif). On dit que la difference est
decentree. Lapproximation centree de la derivee secrit
f (x + x) f (x x)
f (x )
(1.51)
2x
On peut verifier que cette approximation est de meilleure qualite que la precedente en
appliquant la formule de Taylor aux deux termes du membre de droite (en supposant f
suffisamment reguli`ere) :
1
1
f (x + x) = f (x ) + f (x )x + f (x )x2 + f (x )x3 + O(x4 )
(1.52)
2
6
1
1
f (x x) = f (x ) f (x )x + f (x )x2 f (x )x3 + O(x4 )
(1.53)
2
6
f (x ) =
20
(1.54)
ce qui montre que lerreur est maintenant du second ordre en laccroissement x et tend
donc vers zero plus rapidement que dans le cas de lapproximation decentree.
Si on desire e valuer la derivee seconde dune grandeur definie aux noeuds dun reseau
regulier, on e crira encore, en utilisant (1.52)-(1.53),
f (x ) =
f (x + x) 2 f (x ) + f (x x)
+ O(x2 )
x2
(1.55)
Ces approximations des derivees sont utilisees pour remplacer les probl`emes
differentiels continus par des probl`emes discrets en vue de leur resolution numerique sur
ordinateur.
21
ainsi que lechange avec les sediments. Selon la convention habituelle, tous ces flux sont positifs
sils contribuent a` un apport pour le syst`eme et negatifs dans le cas contraire.
Si tous les flux sont connus, levolution de la masse de nitrate peut e tre e valuee en resolvant
lequation differentielle ci-dessus.
E XEMPLE 1.14 Considerons lintensite lumineuse I(z) regnant dans la colonne deau a` une
profondeur z. La difference entre les intensites a` deux profondeurs z et z + dz differentes resulte
essentiellement de labsorbtion du rayonnement lumineux dans la couche deau separant ces
deux profondeurs. Si cette absorbtion ne depend que de lepaisseur de la couche deau et est
proportionnelle a` celle-ci, on a
I(z + dz) I(z) k I(z) dz
avec un degre dapproximation dautant meilleur que lepaisseur dz est faible. (Remarquez le signe
` la limite, il vient
negatif indiquant que lintensite lumineuse decrot avec la profondeur). A
lim
dz0
fonction
composee
et
derivee
Rn
fj
(1.56)
j=1
&
g
(x) =
F[ f1 (x), f2 (x), . . ., f p (x)]
xk
xk
represente la derivee partielle de la fonction composee g par rapport a` sa k-`eme variable et
e valuee au point x . Bien que lecriture des derivees partielles fasse apparatre le nom
dune variable (X j ou xk dans ce qui prec`ede), cest davantage le numero de la derivee
partielle et le domaine de definition de la fonction composee qui importent.
E XEMPLE 1.15 Si on neglige linfluence de la pression, la masse par unite de volume de leau de
mer varie avec la temperature T et la salinite S selon un loi du type
= (T, S)
Connaissant les variations de T et de S avec la coordonnee verticale z, on peut calculer le taux de
variation correspondant de la densite en considerant
= (T (x, y, z,t), S(x, y, z,t))
et
T S
=
+
z
T z S z
o`u les derivees spatiales de T et S sont calculees au point et a` linstant consideres (x, y, z,t) et o`u
les derivees partielle de par rapport a` T et S sont e valuees pour les valeurs de la temperature et
de la salinite effectivement mesurees.
La formule (1.56) doit e tre adaptee selon les differents cas particuliers rencontres.
Ainsi, les derivees partielles qui apparaissent dans cette expression seront remplacees par
des derivees habituelles lorsquelles sappliquent a` des fonctions dune seule variable.
La r`egle de derivation des fonctions composees permet aussi dintroduire la derivee
totale dune fonction F de plusieurs variables comme la derivee de la fonction dune
variable reelle t obtenue en explicitant toutes les dependances des differentes variables de
23
= lim
p
d fj
(1.57)
j=1
dy
= v,
dt
dz
=w
dt
dTs
T
T
T
T
T
= u
+v
+w
+
6=
dt
x
y
z
t
t
x
y
24
x
y
qui represente le taux de variation de f dans la direction choisie. Celui-ci est donc obtenu
par combinaison lineaire des derivees partielles de f . En prenant = 0 et = /2, on
retrouve bien linterpretation des derivees partielles de f comme taux de variation de f
dans les directions parall`eles aux axes.
On peut generaliser ce resultat dans Rn en adoptant un formalisme vectoriel. Ainsi,
on definit le vecteur f (ou grad f ), dit gradient de f , comme le vecteur de composantes
f
f
f
(x),
(x), . . .,
(x)
(1.59)
x1
x2
xn
Le symbole , appele nabla, constitue un operateur differentiel vectoriel qui secrit
n
= ei
i=1
xi
(1.60)
f (x1 + l1 , x2 + l2 , . . ., xn + ln ) f (x1 , x2 , . . ., xn )
0+
= ef
(1.61)
De f (x) = lim
&
E XEMPLE 1.17 La derivee totale introduite dans lexemple 1.16 peut secrire sous la forme
dT
T
= v T +
dt
t
x
a = 0
i1
xi
i
b = n
F IG . 1.7
Sn = f (xi )(i i1 )
(1.62)
i=1
o`u xi est un point arbitraire dans lintervalle [i1 , i ]. Geometriquement, cette somme
represente laire cumulee de tous les rectangles de la figure 1.7. Si on augmente
indefiniment le nombre de points de la subdivision en faisant tendre n vers linfini de
telle facon que = maxi (i i1 ) tende vers zero, Sn peut avoir ou non une limite
unique finie (independante du choix de la subdivision et des points devaluation de la
fonction). Si cette limite existe, on la note
Z b
a
f (x)dx =
lim
f (xi)(i i1 )
(1.63)
n+,0 i=1
qui sappelle lintegrale definie (ou plus simplement lintegrale) de f (x) entre a et b. On
dit alors que la fonction f est integrable au sens de Riemann dans [a,b]. On dit aussi que
f (x) est lintegrand, que [a, b] est le domaine dintegration et que a et b sont les limites
ou bornes dintegration.
Notons que linterpretation geometrique de lintegrale definie par (1.63) comme
surface situee entre le graphe de f et laxe des x nest exacte que si la fonction est
partout positive. Si f (x) prend des valeurs positives et negatives, lintegrale represente la
somme algebrique des aires au-dessus et en-dessous de laxe des x en considerant comme
positives les aires au-dessus de laxe et negatives celles en-dessous de laxe des x.
26
T Prod(t)dt
t1
E XEMPLE 1.19 Selon la theorie de la profondeur critique introduite par Sverdrup, un bloom
phytoplanctonique se produit lorsque la profondeur de la couche de melange est inferieure a` la
profondeur critique au-dessus de laquelle la production nette est positive.
Le taux de croissance du phytoplancton, i.e. le taux daugmentation de la masse du
compartiment phytoplanctonique, est donne par
1 dP
= Taux brut de photosynth`ese Taux de respiration
P dt
Dans cette expression, le taux de respiration (dans lequel Sverdrup incorpore e galement le
broutage par les niveaux trophiques superieurs) peut e tre considere comme a` peu pr`es independant
de la profondeur. Le taux de photosynth`ese depend par contre de lintensite lumineuse et est donc
une fonction decroissante de la profondeur. Si on suppose le taux de photosynth`ese proportionnel
a` lintensite lumineuse, celui-ci decrot exponentiellement.
La profondeur de compensation est le niveau vertical pour lequel les taux bruts de
photosynth`ese et de respiration sont e gaux. Au-dessus de ce niveau, on assiste a` une croissance
des niveaux phytoplanctoniques. En-dessous, par contre, la respiration depasse la photosynth`ese.
Si le melange vertical est actif, cependant, la production nette dans la couche de melange est
donnee par lintegrale sur cette couche. La profondeur critique Zc est donc definie par la relation
Z Zc
Z Zc
1 dP
dz =
Taux brut de photosynth`ese Taux de respiration dz = 0
0 P dt
0
Sur la couche ainsi definie, la photosynth`ese totale est exactement compensee par la respiration.
27
F IG . 1.8
Si on suppose le taux brut de production par photosynth`ese strictement proportionnel a`
lintensite lumineuse et que celle-ci decrot exponentiellement selon la loi de Beer
I(z) = I0 ekz
o`u k designe le coefficient dextinction lumineuse, la profondeur critique Zc peut e tre explicitee de
la facon suivante. On a
Z Zc
I0 ekz r dz = 0
0
2
r
Zc
1
k
I0
(Remarquons que lhypoth`ese kZc 1 est verifiee si I0 est proche de r.) Comme attendu, la
profondeur critique decrot avec r et augmente avec I0 .
28
Z T
f (t)dt
(1.64)
1 n
xi
n i=1
(1.65)
Z T
0
f (t)dt =
1 n
1 n
f
(x
)x
=
lim
i
f (xi)
n+ n
n+,x0 nx i=1
i=1
lim
en tenant compte de nx = T .
E XEMPLE 1.20 La distribution des caracteristiques dune population est souvent decrite par une
fonction de distribution. Ainsi, la distribution des a ges peut e tre decrite par une fonction f (a) telle
que
Z
a2
f (t)dt
a1
donne le nombre dindividus dont lage est compris dans lintervalle [a1 , a2 ]. Si a1 et a2 sont tr`es
proches lun de lautre, on peut e galement exprimer cette propriete en disant que f (a)da represente
le nombre dindividus dont les a ges sont compris entre a et a + da (o`u da est suppose tr`es petit).
La population totale est donnee par
N=
Z amax
f (a)da
o`u amax designe lage maximum (ou toute valeur au-del`a de laquelle f (a) sannule identiquement).
Lage moyen de la population est donne par
a =
1
N
Z amax
0
Z amax
f (a)ada = Z0 amax
f (a)ada
f (a)da
29
Le calcul de la moyenne est une operation lineaire, i.e. quelles que soient les
constantes , et les fonctions f et g, on a
< f (t) + g(t) >= < f (t) > + < g(t) >
(1.66)
(1.67)
Par contre,
sauf si f est elle-meme une fonction lineaire. Ainsi, leffet moyen dun forcage agissant
sur un syst`eme non lineaire nest pas e gal a` leffet du forcage moyen sur ce meme syst`eme.
E XEMPLE 1.21 Le taux de photosynth`ese (par unite de biomasse phytoplanctonique) varie
avec lintensite lumineuse I. Si on ignore le phenom`ene de photoinhibition, la relation I
est caracterisee par une croissance quasi-lineaire de pour les faibles intensites lumineuses et
lexistence dun palier max aux fortes intensites. Cette relation peut donc e tre decrite par une loi
semblable a` celle de Michaelis-Menten (en general, on lui pref`ere cependant une loi en tangente
hyperbolique ou une combinaison dexponentielles ; la forme retenue ici presente lavantage de
permettre un raisonnement analytique pour illustrer notre propos.)
(I) = max
I
+I
Considerons une cellule phytoplanctonique qui, en raison du melange vertical, passe un temps e gal
a` toutes les profondeurs de la couche de melange depaisseur H. Le taux de croissance moyen est
donne par
Z
1 H
I(z)
max
dz
< >=
H 0
+ I(z)
o`u I(z) = I0 exp(kz) designe lintensite lumineuse a` la profondeur z. On calcule aisement
1 H
I0 ekz
max
dz
H 0
+ I0 ekz
iH
max h
=
ln( + I0 ekz )
kH
0
max
+ I0
=
ln
kH
+ I0 ekH
<>=
Dautre part, lintensite lumineuse moyenne sur la couche deau consideree est donnee par
1
< I(z) >=
H
Z H
0
et
(< I(z) >) =
On constate donc que
I(z)dz =
I0
(1 ekH )
kH
max I0 (1 ekH )
kH + I0 (1 ekH )
30
i.e. la croissance sous une lumi`ere moyenne nest pas e gale a` la croissance moyenne sous un
e clairement variable.
Remarquons que cest la non-linearite de la relation I qui est a` lorigine de cette difference.
Si cette relation e tait lineaire, i.e. du type
(I) = max
on aurait simplement
< (I(z)) >= (< I(z) >) =
max I0 (1 ekH )
kH
ce qui peut sobtenir a` partir des resultats precedents en considerant le comportement asymptotique
des differentes expressions pour I0 / 0 (ce qui revient a` considerer que la lumi`ere est toujours
insuffisante pour induire un effet de saturation).
La definition (1.64) de la moyenne peut e galement e tre utilisee pour calculer une
moyenne glissante permettant le filtrage rapide des oscillations presentes dans une serie
temporelle. Il suffit pour ce faire de remplacer la serie de depart f (t) par
1
< f (t) >=
T
Z t+T /2
tT /2
f (u)du
(1.68)
Leffet de ce filtre est de diminuer fortement les oscillations de periode bien inferieure
a` T et de laisser pratiquement inchanges les signaux de periode superieure a` T . En
effet, considerons simplement le signal periodique (selon la theorie de Fourier, un signal
periodique peut e tre decompose en une serie de signaux harmoniques dont les pulsations
sont des multiples de la pulsation du signal initial)
f (t) = A sin
2t
(1.69)
Il vient
< f (t) >=
A h
2t it+T /2 A
T
2t
T
cos
=
sin
sin
=
sin
f (t)
2T
tT /2 T
(1.70)
31
<f>
f
0
1
T /
E XEMPLE 1.22 Considerons un signal saisonnier (les variations de la temperature par exemple)
auquel se superpose des oscillations de hautes frequences correspondant aux variations
journali`eres (T=1 jour) et aux perturbations induites par lalternance des depressions des
anticyclones Atlantiques (T 8 jours). La figure 1.22 montre le signal brut tel quil est enregistre
par les capteurs.
Temp
14
12
10
8
6
4
2
50
100
150
200
250
300
350
jour
-2
32
Temp
14
Temp
14
12
12
10
10
4
2
2
50
100
150
200
250
300
350
jour
-2
50
100
150
200
250
300
350
jour
-2
F IG . 1.11 Moyenne glissante avec T=3 jours (`a gauche) et T=10 jours (`a droite).
Une moyenne glissante calculee sur une periode de 40 jours permet par contre deliminer les
oscillations non desirees sans affecter exagerement le signal saisonnier.
Temp
14
12
10
8
6
4
2
50
100
150
200
250
300
350
jour
-2
1.5.2 Primitive.
On appelle primitive dune fonction continue f sur I, toute fonction F continument
derivable telle que
F (x) = f (x)
x I
(1.71)
On montre que toutes les primitives de f ne diff`erent que par une constante additive et
sont donnees par
Z
x
F(x) =
x0
f (t)dt + F(x0 )
33
(1.72)
h
ib
f (x)dx = F[x] = F(b) F(a)
(1.73)
Z x
f (t)dt = f (x)
(1.74)
x0
Z b(x)
a(x)
34
Z b(x)
f
a(x)
(t, x)dt
(1.75)
Chapitre 2
Analyse dimensionnelle.
2.1 Dimensions.
Lorsque lon construit un mod`ele dun syst`eme quelconque, on caracterise celui-ci au
moyen dun certain nombre de grandeurs qui decrivent differents aspects de ce syst`eme :
temperature, salinite, concentration en e lements nutritifs, e clairement. . .
D`es lors que lon desire combiner ces grandeurs dans une meme e quation, il
convient detre attentif aux unites dans lesquelles ces grandeurs sont exprimees. Plus
fondamentalement encore, il est necessaire de percevoir la nature des grandeurs utilisees :
longueur, temps, masse,. . . Cette nature transparat au travers des unites utilisees.
Differentes unites peuvent cependant e tre utilisees pour mesurer un meme type de
grandeurs. Ainsi, le m`etre, le pouce ou lAngstrom sont des unites de mesure des
longueurs.
Il apparat que toutes les grandeurs utilisees en physique, en chimie, en
e cologie,. . . font intervenir sept grandeurs fondamentales : la masse, la longueur, le temps,
la temperature, le courant e lectrique, la quantite de mati`ere et lintensite lumineuse. Le
tableau 2.1 presente les unites de base1 correspondantes dans le Syst`eme International
dUnites (SI). Les trois grandeurs fondamentales M, L et T sont suffisantes pour decrire
la mecanique Newtonienne. La temperature 2 , la quantite de mati`ere N et lintensite
lumineuse doivent e tre prises en compte en e cologie.
Toutes les grandeurs qui napparaissent pas dans le tableau 2.1 sont appelees des
grandeurs derivees. Les dimensions dune variable X quelconque sont les produits des
puissances des dimensions des grandeurs fondamentales composant cette variable. Ainsi,
puisquune surface sexprime comme le produit de deux longueurs, les dimensions dune
surface sont L2 . De meme, une vitesse a les dimensions LT1 puisquelle exprime lespace
parcouru par unite de temps.
Plus precisement, les dimensions [X ] dune variable X sont caracterisees enti`erement
1 En
plus des unites de base, on introduit e galement les unites supplementaires que sont le radian (rad)
et le steradian (sr) qui mesurent les angles plans et solides.
2 Remarquons que la temp
erature est generalement mesuree en degres Celsius (C) dans la plupart des
e tudes environnementales.
35
kelvin
quantite de mati`ere
N
mole
intensite lumineuse
J
candela
(2.1)
Ces exposants caracteristiques determinent la facon dont la mesure dune grandeur est
affectee par un changement dunites. Ainsi, si on passe du Syst`eme International au
syst`eme CGS utilisant le centim`etre comme unite de base pour la mesure des longueurs,
la valeur numerique des longueurs est multipliee par 100 tandis que celle des surfaces
(dimensions L2 ) est multipliee par 1002 soit 10 000.
Lorsque tous les exposants caracteristiques dune grandeur sont e gaux a` zero, cette
grandeur est dite adimensionnelle. Il en est ainsi des angles3 , de la densite relative et de
tout autre rapport de grandeurs de dimensions identiques. Les grandeurs adimensionnelles
ne sont pas affectees par un changement de syst`eme dunites. Tous les arguments des
fonctions transcendantes (sin, cos, exp, log, . . . ) ainsi que les exposants sont toujours
adimensionnels. Les nombres purs (2, 7, , e, . . .) sont e galement adimensionnels.
2.2 Homogeneite
dimensions.
dimensionnelle
et
e quation
aux
angle plan est le rapport de la longueur de larc intercepte par langle et du rayon du cercle portant
cet arc. Un angle est donc adimensionnel mais pas sans unites. Selon le SI, sa mesure sexprime en radians.
36
travail, comme lenergie poss`ede donc les dimensions ML2 T2 . Le flux de chaleur, cest-`a-dire le
flux denergie thermique secoulant par unite de surface et par unite de temps a les dimensions
ML2 T 2
= MT 3
L2 T
(2.2)
(2.3)
t0
et
d
[v] LT1
v(t) =
=
= LT2
dt
[t]
T
(2.4)
(2.5)
alors, les variables a, b, c,. . . , g, h, . . . doivent toutes avoir les memes dimensions.
Cest le principe de lhomogeneite dimensionnelle. Interpretant les dimensions comme la
sensibilite au changement de syst`eme dunites, on peut assimiler (et justifier) ce principe
a` lexpression de lindependance des lois naturelles par rapport au syst`eme dunites utilise
pour decrire le syst`eme.
Pour construire des e quations bien formees, il faut veiller a` respecter le principe
dhomogeneite dimensionnelle. Inversement, les dimensions dune grandeur quelconque
X peuvent souvent e tre obtenues en exprimant legalite des dimensions des deux membres
dune e quation dans laquelle cette grandeur intervient et en resolvant lequation obtenue
par rapport a` [X ]. Une telle e quations est appelee une e quation aux dimensions.
E XEMPLE 2.3 Si on decrit la croissance dun animal par une loi
dW
= RT
dt
(2.6)
37
soit
MT 3 = []L1
(2.8)
et donc
[] = ML1 T 3
(2.9)
Le theor`eme Pi est a` la base des essais effectues sur des mod`eles reduits par les
ingenieurs : tant que le prototype et le mod`ele reduit partagent les memes nombres
sans dimensions caracteristiques du probl`eme, les resultats mesures sur le mod`ele reduit
peuvent e tre extrapoles au prototype.
Le theor`eme peut e tre utilise e galement pour deviner la forme des lois gouvernant un
syst`eme ou pour en simplifier la presentation et lanalyse.
E XEMPLE 2.5 Considerons la force exercee sur un courantom`etre plonge dans le courant. Une
analyse rapide du probl`eme laisse deviner une dependance de la force F en la dimension D du
courantom`etre, la densite de leau , la vitesse du courant V et la viscosite dynamique de leau ,
soit
F = f (V, D, , )
(2.10)
Les dimensions des differentes variables du probl`eme sont
[F] = MLT2 ,
[V ] = LT1 ,
[D] = L,
38
[] = ML3 ,
[] = ML1 T1
(2.11)
Elles dependent des trois dimensions fondamentales M, L et T. Par le theor`eme Pi, la relation (2.10)
entre les 5 variables dimensionnelles peut prendre la forme dune e quation entre 5-3 = 2 produits
adimensionnels. Le passage de 5 a` 2 variables simplifie e videmment lanalyse du probl`eme. Si on
prend le nombre de Reynolds
V D
,
[Re] =
LT1 L ML3
=1
ML1 T1
(2.12)
F
,
D2V 2
[Ne] =
MLT2
=1
ML3 L2 L2 T2
(2.13)
Re =
et le nombre de Newton
Ne =
(2.14)
F = Cd(Re)V 2 D2
(2.15)
soit
o`u Cd(Re) est une fonction du nombre de Reynolds qui pourra e tre determinee au moyen de
mesures en laboratoire. Ces mesures peuvent e tre realisees dans les conditions les plus favorables
dun point de vue experimental, i.e. en choisissant librement la vitesse V et la densite du fluide
utilise dans lexperience. Les resultats obtenus sont valables dans toutes les conditions, quelles
que soient la densite , la viscosite dynamique ou meme la dimension D du courantom`etre.
Une connaissance a priori du probl`eme est necessaire pour bien utiliser et exploiter
la puissance de lanalyse dimensionnelle. Lidentification correcte des param`etres et
constantes dimensionnelles a` inclure dans lanalyse est capitale. Si des variables
importantes sont absentes, les resultats peuvent se reveler incomplets ou meme errones.
Dautre part, la solution peut e tre parasitee et inutilement compliquee par la prise en
compte de trop de param`etres.
La presentation de donnees sous forme adimensionnelle permet e galement de produire
des graphiques beaucoup plus compacts et plus simples a` lire.
E XEMPLE 2.6 Considerons le graphique presentant la distribution spatiale de la concentration
dun traceur passif dans un e coulement unidimensionnel caracterise par une vitesse constante
u du courant et un coefficient de diffusion lui aussi constant. Pour un rejet initial donne du
traceur passif, la concentration C(t, x) depend du temps t et de la coordonnee spatiale x. Si
on consid`ere differentes situations correspondant a` differentes vitesses u et/ou coefficients de
diffusion , ladvection et la diffusion du traceur seront modifiees et la concentration sera affectee.
Pour decrire ces differentes situations, il est a priori necessaire de tracer des courbes C(t, ) pour
differentes valeurs de t, de u et de . Pour simplifier la presentation graphique et lanalyse des
resultats, on peut cependant avoir recours a` une approche adimensionnelle en introduisant les
39
C
0.5
t = 1
0.4
0.3
t = 4
0.2
t = 10
0.1
t = 20
10
15
20
25
ux
x
=
30
(2.17)
o`u x designe la coordonnee spatiale, t est le temps, le premier terme du membre de droite
represente le processus de diffusion ( est le coefficient de diffusion) et le second terme modelise la
croissance de la population ( est le taux de croissance specifique, suppose constant). La diffusion
agit a` lencontre de la croissance de la population. La croissance exponentielle de la population
est contrecarree par la diffusion de celle-ci dans tout lespace.
40
t =
t
,
t
x =
x
x
(2.18)
Kt t
x
o`u les termes entre crochets sont des produits adimensionnels. La dynamique de la population C
depend uniquement de ces deux produits adimensionnels.
En utilisant le second produit adimensionnel, on constate que la longueur caracteristique x
est donnee par
r
x
(2.21)
Lanalyse dimensionnelle ne permet pas daller plus loin. On ne peut, par exemple, determiner
les constantes de proportionnalite dans les relations (2.21) et (2.22). La resolution compl`ete de
(2.17) fait apparatre en fait des longueur et temps caracteristiques donnes par
r
L2
Lc =
,
tc = 2c
(2.23)
8
Ces expressions sont bien du type fourni par lanalyse dimensionnelle.
u
+ v u + f e3 u = h q +
(2.24)
t
x3
x3
o`u u designe la composante horizontale du vecteur vitesse v, f = 2 sin est la frequence de
Coriolis, i.e. le double de la composante verticale locale de la vitesse de rotation de la Terre, x3
41
2.5 Determination
adimensionnels.
systematique
des
produits
(2.27)
= x1 1 x2 2 xn n
(2.28)
(2.29)
E XEMPLE 2.9 Le metabolisme dun poisson peut e tre decrit par une relation du type
T = W
(2.30)
o`u T designe le taux de consommation doxyg`ene, les depenses metaboliques par unite de temps,
W la masse du poisson et un coefficient approprie.
Dautre part, la croissance est fonction de la ration alimentaire R selon une loi du type
dW
= R e(a+bR)
dt
(2.31)
qui montre que le taux dassimilation est une fonction decroissante de la ration alimentaire lorsque
celle-ci est tr`es grande. Par derivation, on verifie aisement que le taux de croissance est maximum
pour R = 1/b.
Puisque le bilan e nergetique secrit e galement
dW
= RT
dt
(2.32)
dW
= R(1 e(a+bR) )
dt
(2.33)
R(1 e(a+bR)) = W
(2.34)
Cette derni`ere e quation peut e tre utilisee pour calculer, pour un poisson de masse W quelconque,
la ration alimentaire necessaire pour maintenir son activite metabolique.
Le probl`eme ci-dessus fait apparatre les 8 variables t, W , R, T , , b, a et dont
les 2 derni`eres sont dej`a sous forme adimensionnelle (comme exposant ou argument dune
fonction transcendante). Pour former des produits adimensionnels a` partir des autres variables,
determinons-en dabord les dimensions. On a
[t] = T,
[T ] = MT 1 ,
[W ] = M,
[R] = MT 1 ,
[] = M1 T1 ,
[b] = M1 T
(2.35)
o`u les dimensions de sont obtenues a` partir de lequations aux dimensions correspondant a`
(2.30). On remarque que toutes les variables dependent de deux dimensions fondamentales. Selon
le theor`eme Pi, il leur correspond donc 6 2 = 4 produits adimensionnels.
Les produits adimensionnels sont obtenus en calculant les produits des variables
dimensionnelles, soit
= t x1 W x2 Rx3 T x4 x5 bx6
(2.36)
et en ajustant les exposants x1 , x2 , . . . , x6 pour que soit adimensionnel. En e galant a` 1 les
dimensions des deux membres de cette e quation, on obtient
1 = [] = Tx1 Mx2 (MT 1 )x3 (MT 1 )x4 (M1 T1 )x5 (M1 T)x6
= Mx2 +x3 +x4 +(1)x5 x6 Tx1 x3 x4 x5 +x6
43
(2.37)
(2.38)
x6 =
(2.40)
(b)1/
t
b
(2.41)
(2.42)
(2.43)
On definit donc
2 = (b)1/W
(2.44)
4 = b T
(2.45)
Les resultats de la mise sous forme adimensionnelle peuvent ensuite e tre utilises pour mener
des e tudes comparatives sur lingestion et le taux de croissance de differents poissons. Les produits
4 Il
44
adimensionnels montrent que les quantites b/(b)1/ , 1/(b)1/ et 1/b representent des grandeurs
caracteristiques qui peuvent e tre utilisees pour une mise a` e chelle respectivement du temps, de la
masse et des rations alimentaires et taux de respiration de variables couvrant differentes e chelles
de grandeurs.
45
Chapitre 3
Interpolation.
Tout experimentateur se retrouve a` un moment ou un autre de son analyse face a` une
serie de donnees correspondant a` un certain e chantillonnage de grandeurs qui varient de
facon continue dans lespace et/ou dans le temps. Que ce soit pour realiser lanalyse de
ces donnees, pour les representer graphiquement ou pour forcer un mod`ele numerique, il
est alors souvent necessaire de les interpoler pour en reconstituer les variations continues.
Linterpolation de donnees est une operation a priori anodyne et qui est transparente
pour lutilisateur de beaucoup de logiciels (Excel, Surfer, Matlab. . . ). Il importe
cependant den connatre les principes pour une bonne utilisation de ces outils et
pour e viter les pi`eges quune utilisation irreflechie peut amener. Nous examinerons
successivement les probl`emes dinterpolation unidimensionnelle, typiquement des series
temporelles, et les probl`emes multidimensionnels comme ceux poses par la representation
de donnees variables dans lespace. Enfin, nous traiterons le cas particulier de
linterpolation de donnees 4D, i.e. qui varient a` la fois dans lespace et dans le temps.
46
(t t1 )(t t3 ) (t tN )
(t t2 )(t t3 ) (t tN )
+ y2
(t1 t2)(t1 t3 ) (t1 tN )
(t2 t1 )(t2 t3 ) (t2 tN )
(t t1 )(t t2 ) (t tN1 )
+ yN
(3.3)
(tN t1 )(tN t2 ) (tN tN1 )
"
y(t) = yi
i=1
t tk
ti tk
k=1,k6=i
! #
(3.4)
y
2.5
2
1.5
1
0.5
t
0.5
1.5
2.5
-0.5
F IG . 3.1 Interpolation polynomiale des donnees {(0, 2), (1, 2), (2, 0), (3, 0)}.
Contrairement a` linterpolation lineaire dont les valeurs interpolees sont toujours
comprises entre le minimum ymin et le maximum ymax des donnees initiales, linterpolation
polynomiale gen`ere souvent des valeurs sortant de lintervalle [ymin , ymax ]. Ainsi,
appliquons (3.3) pour interpoler les donnees {(0, 2), (1, 2), (2, 0), (3, 0)}. Il vient
(t 0)(t 1)(t 3)
(t 1)(t 2)(t 3)
+2
+0+0
(0 1)(0 2)(0 3)
(1 0)(1 2)(1 3)
2
7
= t 3 3t 2 + t + 2
3
3
y(t) = 2
(3.5)
Cette cubique est representee a` la figure 3.1. On constate que le polynome prend
des valeurs superieures a` 2 et inferieures a` 0. Si les donnees a` interpoler sont des
concentrations, on voit que linterpolation na aucun sens entre (3, 0) et (3, 0) puisquelle
y presente des valeurs negatives.
Les probl`emes de la figure 3.1 ne font quempirer si on augmente lordre de
linterpolation : le polynome risque de presenter un comportement fortement oscillatoire
qui nest absolument pas admissible par rapport a` la nature des variables et du probl`eme
traites (Cf. figure 3.2).
y
200
150
100
50
t
20
40
60
80
100
120
-50
tk t tk+1
(k = 1, 2, . . ., N 1) (3.6)
La fonction spline est donc enti`erement definie par la donnee des 4(N 1) coefficients
k , k , k et k (k = 1, 2, . . ., N 1). Les conditions dinterpolation et de continuite de la
fonction spline determinent les conditions que doivent remplir ces coefficients.
Interpolation :
fk (tk ) = yk ,
fk (tk+1 ) = yk+1 ,
k = 1, 2, . . ., N 1
k = 1, 2, . . ., N 1
(3.7)
(3.8)
k = 2, . . . , N 1
(3.9)
fk1
(tk ) = fk (tk ),
49
fk1
(tk ) = fk (tk ),
k = 2, . . ., N 1
(3.10)
f1 (t1) = fN1
(tN ) = 0
(3.11)
f1 (t1 ) = fN1
(tN ),
f1 (t1 ) = fN1
(tN )
(3.12)
fN1
(tN ) = mN
(3.13)
qui constitue une mesure approchee de la courbure totale de la fonction y(t) sur lintervalle
considere. Vu sous cet angle, la fonction spline naturelle est la fonction la plus reguli`ere
dinterpolation des points de support.
` titre dexemple, la figure 3.3 presente le resultat de linterpolation des donnees de la
A
figure 3.2 par une spline cubique naturelle. Le resultat est bien plus satisfaisant que celui
obtenu par linterpolation polynomiale.
La determination compl`ete des coefficients k , k , k et k definissant la fonction
spline cubique passe par la resolution dun syst`eme lineaire dequations liant tous les
points de support. Cest donc une approximation globale de la fonction ; si on ajoute
de nouveaux points ou si on modifie un point de support, tous les polynomes cubiques
definissant y(t) sont modifies (et toute la procedure de calcul doit e tre repetee). Cependant,
en raison de la structure particuli`ere du syst`eme dequations lineaires correspondant a`
(3.7)-(3.10) et aux conditions terminales, leffet dune modification dun point de support
sattenue rapidement lorsque la distance au point de support perturbe augmente.
On remarque sur la figure 3.3 que linterpolation spline ninduit quun tr`es faible
depassement de la valeur maximale contenue dans les donnees. Un tel depassement
(ou une valeur inferieure au minimum des donnees) est toujours possible et est en
general tout a` faire realiste ; il serait tout a` fait fortuit et surprenant que lechantillonnage
des donnees capte parfaitement les extrema. Cependant, il est e galement possible que
cette valeur ne puissent exister dans la nature. De nombreuses variantes de fonctions
50
y
200
150
100
50
t
20
40
60
80
100
120
-50
(3.15)
i = 1, 2, 3
(3.16)
Ce syst`eme de trois e quations a` 3 inconnues poss`ede une solution unique (sauf si les
points (x1 , y1 ), (x2 , y2 ), (x3 , y3 ) sont alignes auquel cas le triangle degen`ere en un segment
de droite) qui determine de facon unique linterpolation lineaire a` linterieur du triangle
considere.
En repetant loperation separement dans chacun des triangles, on construit une
interpolation lineaire par morceau. Celle-ci est continue dun triangle a` lautre. Le
long dune arete formant la fronti`ere entre deux triangles, linterpolation bi-lineaire
(3.15) se reduit a` une interpolation lineaire entre les valeurs prises par le champs
aux deux sommets dextremite de cette arete. Deux triangles contigus presentant une
arete commune partagent e galement les sommets correspondant et les interpolations bilineaires associees concident donc sur cette arete. Les derivees partielles, constantes sur
chaque triangle, sont par contre discontinues dun triangle a` lautre.
Remarquons que la procedure permet dinterpoler les donnees dans lunion des
triangles, soit lenveloppe convexe des points de mesure. Toute tentative de determination
du champ en dehors de cette enveloppe constitue une dangereuse extrapolation.
(3.17)
i=1
hi (x, y)
N
o`u
hi (x, y) =
p
h j (x, y)
j=1
52
(x xi )2 + (y yi )2
(3.18)
Par construction, les valeurs du champ interpole seront comprises entre les valeurs
maximales et minimales des donnees initiales. Linterpolation est e galement indefiniment
continument derivable.
Lexposant p dans (3.17) est souvent pris e gal a` 2. Plus lexposant p est e leve,
moins les points e loignes influencent la valeur locale de linterpolation. Pour e viter
linfluence des points trop e loignes, on peut aussi ne prendre en compte dans (3.17) que
les points dont la distance au point courant dinterpolation est inferieure a` une certaine
distance limite (calculee pour avoir suffisamment de points de mesure ou fixee a` partir
de caracteristiques connues du champ e tudie). De facon alternative, on peut e galement
restreindre les donnees intervenant dans (3.17) aux seuls donnees correspondant aux
sommets dun triangle de Delaunay.
(3.19)
o`u E[y] designe lesperance mathematique de la variable aleatoire y et est une variable
aleatoire de moyenne nulle. En dautres termes, on suppose que, pour chaque valeur
de la variable independante x, il existe une distribution aleatoire de y dont la valeur
mesuree constitue une realisation. La moyenne de la population correspondant a` la
variable independante x est donnee par la loi lineaire b0 + b1 x. Le param`etre b1 mesurant
la sensibilite de E[y] a` x est appele le coefficient de regression.
Lapplication des techniques de regression lineaire aux donnees experimentales
suppose que lecart entre la prevision yi = b0 + b1 xi du mod`ele lineaire au point xi et
53
SSE =
2i
i=1
h
i2
= (yi yi ) = yi (b0 + b1 xi )
2
i=1
(3.20)
i=1
SSE
=
2
(yi b0 b1xi) = 0
b0
i=1
(3.21)
N
SSE
b = 2 xi (yi b0 b1 xi ) = 0
1
i=1
On calcule aisement
b1 =
N xi yi
i=1
xi
i=1
N x2i
i=1
o`u on a note
x =
yi
xi
i=1
i=1
!2
1 N
xi,
N i=1
i y)
(xi x)(y
i=1
(xi x)
(3.22)
i=1
y =
1 N
yi
N i=1
(3.23)
(3.24)
Cette derni`ere e quation montre que la droite de regression passe toujours par le point
moyen (x,
y).
La droite de regression partage en fait les points experimentaux en deux
groupes dont les e carts par rapport a` la droite de regression sont respectivement positifs
et negatifs et se compensent exactement.
Introduisant les notations
N
SST = (yi y)
2,
SSR = (yi y)
2
i=1
(3.25)
i=1
(3.26)
r2 =
SSR
=
SST
(yi y) 2
i=1
N
(yi y)
(3.27)
i=1
entre la variance expliquee par le mod`ele lineaire et la variance totale des donnees
constitue une mesure de la validite du mod`ele lineaire de regression. Il est appele le
coefficient de determination. Par construction, celui-ci varie entre 0 et 1. Une valeur
proche de 1 indique un bon accord entre les donnees et le mod`ele lineaire. Lorsque
laccord est de moins en moins bon, r2 decrot vers sa valeur minimale possible de zero.
Le coefficient de determination peut e tre rapproche du coefficient de correlation r qui
peut e tre defini pour deux variables aleatoires1 x et y par
r=
o`u
Cxy =
Cxy
sx sy
(3.28)
1 N
i y)
(xi x)(y
N 1 i=1
sy =
1 N
(yi y) 2
N 1 i=1
(3.29)
(3.30)
sont les estimateurs des e cart-types de deux variables aleatoires. Comme le sugg`ere la
` ce
notation, le coefficient de determination est le carre du coefficient de correlation. A
titre, il est e galement adimensionnel et il varie entre -1 et +1. Un coefficient de correlation
positif signifie que les variables x et y varient en phase, i.e. dans le meme sens. Un
coefficient negatif temoigne de variations en opposition de phase, i.e. a` une augmentation
dune variable correspond une diminution de lautre variable.
Il faut cependant se garder dun optimisme excessif face a` un coefficient de
determination proche de lunite. En effet, la mesure absolue de laccord entre les donnees
et le mod`ele lineaire est donnee par lerreur standard de lestimation
s
r
SSE
1 N
s =
=
(3.31)
(yi yi)2
N 2
N 2 i=1
1 En
introduisant le probl`eme de regression lineaire, nous avons suppose que seule la variable y e tait
aleatoire.
55
56
le mod`ele polynomial
y(x) = b0 + b1 x + b2 x2 + + bk xk
(3.33)
Dautres mod`eles, a priori non lineaires en les param`etres, peuvent e tre traites apr`es
transformation des donnees. Ainsi, le mod`ele
y(x) = ex
(3.34)
peut e tre ramene a` un probl`eme de regression lineaire des donnees modifiees (xi , yi ) =
(xi , ln yi ) puisque, en prenant le logarithme des deux membres de (3.34), on obtient
ln y = ln + x,
y = b0 + b1 x
soit
(3.35)
o`u b0 = ln et b1 = .
De meme, une relation du type
y(x) = x
(3.36)
(3.37)
La relation
+x
peut donner lieu a` deux types de linearisation. Soit
y(x) =
(3.38)
1 x
= +
y
(3.39)
1
+
xy
(3.40)
x
+x
(3.41)
(3.42)
y
x
(3.43)
(3.44)
i=1
o`u wi (x,t) represente le poids de la mesure i dans la reconstruction du champ. Notant les
anomalies par di et Da , cette e quation peut secrire plus simplement
N
Da (x,t) = wi (x,t)di
(3.45)
i=1
La relation (3.44) est semblable a` celle utilisee dans linterpolation par distance
inverse. Cependant, on desire maintenant ajuster les poids wi pour refleter, non seulement
la proximite des donnees au point courant, mais e galement la fiabilite et la precision des
donnees. En effet, linterpolation optimale ne devant pas passer exactement par les points
experimentaux, il importe de quantifier la contrainte representee par les mesures.
Idealement, les poids devront prendre en compte lerreur associee a` chaque type de
mesure et varier de facon inversement proportionnel a` lerreur experimentale. Ainsi,
sil sagit de reconstituer le champ de temperature, on ponderera differemment les
mesures fournies par XBT, CTD et observations satellitaires. Lerreur de mesure peut
e galement e tre influencee par le type de traitement prealable subi par ces mesures.
Par exemple, la constitution de super-observations permet de construire des nouvelles
donnees entachees dune erreur minimale en prenant la moyenne de plusieurs mesures
realisees en des points tr`es proches lun de lautre.
Les poids wi doivent e galement refleter lecart attendu par rapport au champ de
reference, i.e. lordre de grandeur normale de lanomalie. Si le champ de reference est
constitue dune moyenne climatique, lecart-type associe constitue une mesure appropriee
de cet e cart. Si le champ de reference est construit a` partir des resultats dun mod`eles
numeriques de prevision, les statistiques derreur du mod`ele pourront e tre prise en
compte.
Enfin, lajustement des poids wi doit permettre de compenser linhomog`eneite de
la distribution des points de mesure. Pour comprendre la problematique liee a` la
distribution des mesures, considerons les trois cas particuliers de distribution des points
experimentaux de la figure 3.4. Dans les trois cas, les points de mesure sont situes sur un
meme cercle centre sur le point courant o`u on desire estimer la valeur du champ.
i. Dans le premier cas, les donnees sont reparties aux sommets dun triangle
e quilateral. La valeur au milieu doit donc e tre e galement influencee par chacune des
mesures (si les erreurs et incertitudes sur les mesures sont e gales). En particulier, si
les donnees sont parfaites, on doit logiquement poser
w1 = w2 = w3 =
59
1
3
(3.46)
ii. Dans le deuxi`eme cas, les points de mesure 1 et 2 sont proches lun de lautre
et devraient logiquement apporter des informations proches. La quantite totale
dinformation apportee par les points 1 et 2 est inferieure a` celle apportee dans
le premier cas. Si les donnees sont parfaites on doit donc prendre
w1 = w2 =
1
,
3
w3 =
1
+ 2
3
(3.47)
w3 =
1
2
(3.48)
P3
P3
P3
P2
b
P1
i.
P2
ii.
P1
P1 = P2
iii.
F IG . 3.4
Pratiquement, le champs reconstruit Da est lui meme e chantillonne sur une grille
danalyse reguli`ere qui induit un nouveau filtrage. Selon le theor`eme dechantillonnage
de Nyquist, la plus petite longueur decrite par les donnees est e gale a` deux fois la distance
entre les points dobservations. La taille de la matrice doit e tre choisie en consequence.
Considerons desormais que Da represente la matrice colonne des anomalies (on a
laisser tomber les pour alleger les notations) en les differents points de la grille danalyse
tandis que d represente la matrice colonne des observations. La relation (3.45) peut
secrire sous forme matricielle selon
Da = Wd
(3.49)
o`u W designe la matrice des poids w j (xi ,ti ). Les e lements de W sont les inconnues du
probl`eme.
Le champ reel est donne par
D = Da + a
(3.50)
60
o`u a designe la matrice colonne des erreurs associees au champ interpole. De meme,
designons par o la matrice colonne des erreurs associees aux mesures. Evidemment,
ces
grandeurs ne sont pas connues, puisque le champ reel nest pas connu ; dans la suite,
on e mettra cependant une serie dhypoth`eses les concernant et permettant de resoudre le
probl`eme. Pour linstant, on suppose seulement quil ny a pas derreur systematique dans
les observations, i.e. que celles-ci ne sont pas biaisees.
` partir de ces grandeurs, on definit les matrice de covariances des erreurs C obtenue
A
en calculant le produit de la matrice colonne derreur par sa transposee et en en prenant
lesperance mathematique, i.e.
T
C = E[a a ] = ..
(3.51)
..
..
.
.
.
.
.
.
E[en e1 ] E[en e2 ] E[en en ]
o`u ei = Da (xi ,ti ) D(xi ,ti ) designe lerreur du champ interpole au point (xi ,ti ) de la grille
danalyse. Remarquons que la matrice de covariance est symetrique et definie positive.
Sur sa diagonale, on trouve les variances E[ei ei ] = i2 des erreurs aux differents points
de la grille danalyse. Les termes non diagonaux decrivent les dependances entre les
differents points de la grille danalyse.
En utilisant (3.49), la matrice C prend la forme
C = E[(Wd D)(Wd D)T ] = E[WddT WT DdT WT WdDT + DDT ]
(3.52)
Cd = E[ddT ],
CDd = E[DdT ]
(3.53)
(3.54)
(3.55)
1
1
T
C = (W CDd C1
d )Cd (W CDd Cd ) CDd Cd CDd + CD
1
(W CDd C1
d )Cd (W CDd Cd )
61
et
T
CDd C1
d CDd
(3.57)
Le calcul de W selon (3.55) suppose que lon dispose des matrices CDd et Cd .
Pour ce faire, on devrait disposer de series de mesures appropriees pour pouvoir
calculer les esperances mathematiques qui se cachent derri`ere ces matrices. Il est parfois
possible dutiliser des donnees historiques ou climatiques, si on peut supposer quaucun
changement nest intervenu dans le syst`eme entre la periode dorigine de ces donnees
et le moment e tudie. Dans un grand nombre de cas, cependant, on ne dispose que des
mesures d effectuees en un nombre limite de points. Lidee est alors de supposer que les
statistiques sont homog`enes, stationnaires et isotropes dans la region e tudiee. Dans ce cas,
les correlations dun grandeur mesuree en deux points xi et x j ne dependent plus que de
la distance |xi x j | entre ces points. D`es lors,
(Cd )i j = E[di d j ] Cov(|xi x j |)
(3.58)
o`u le membre de gauche represente la covariance calculee a` partir de toutes les paires
de mesures distantes (approximativement) de |xi x j |. Pour e tre sur que lestimation
de la covariance produise une matrice Cd symetrique definie positive, une fonction
suffisamment reguli`ere peut e tre ajustee aux valeurs calculees a` partir de (3.58).
Remarquons que la matrice Cd contient en elle a` la fois linfluence des erreurs
experimentales et de la correlation entre les donnees vraies. En effet, notant o cette erreur
experimentale et Do le champ reel aux points de mesure, on a
et
d = Do + o
(3.59)
Cd = E[ddT ] = E[Do Do T + Do o T + o Do T + o o T ]
(3.60)
(3.61)
Cd = E[Do Do T ] + E[o o T ]
(3.62)
poss`edent des e lements diagonaux positifs. Les e lements diagonaux de C seront donc minimaux pour
W = CDd C1
d
62
Une procedure semblable a` celle utilisee pour calculer Cd peut e tre utilisee pour
estimer CDd a` partir des donnees mesuree d.
Remarquons que lequation (3.55) montre que le poids des observations est
inversement proportionnel a` la covariance des donnees Cd . Ceci est bien conforme aux
principes generaux e nonces precedemment ; si une variable presente une forte variabilite,
son poids dans linterpolation doit e tre reduit. De meme, si les erreurs experimentales sont
entachees dune forte erreur experimentale prenant la forme dun bruit blanc, la matrice
E[o o T ] est diagonale, les coefficients diagonaux de Cd sont grands et le poids des points
incrimines est reduit. Enfin, remarquons que lerreur (3.57) augmente lorsque lincertitude
et/ou lerreur sur les mesures augmentent.
3.5 Krigeage
Dans la methode du krigeage (kriging en anglais) on calcule une moyenne ponderee
des observations semblables a` celle utilisee dans linterpolation par distance inverse
(3.17). Les poids sont cependant choisis differemment. Ils sont determines apr`es une e tude
de la variabilite spatiale des donnees a` representer.
Tout commence par la construction dun semi-variogramme (generalement appele
abusivement variogramme) montrant les variations de la correlation entre les donnees en
fonction de la distance d entre celles-ci. Pour construire le variogramme, on groupe toutes
les donnees par paires et on repartit ces couples dans differentes classes en fonction de la
distance qui les separe. Le nombre de classes doit e tre suffisant pour decrire correctement
linfluence de la distance entre donnees mais doit e galement e tre limite pour disposer
de suffisamment de couples dans chaque classe de facon a` pouvoir en tirer des resultats
statistiquement significatifs. On pourra par exemple fixer le nombre de classes Nc en
fonction de la r`egle de Sturge, soit
Nc = 1 + 3.3 log10
N(N 1)
(3.63)
1
2Ni
ijk (z j zk )2,
i = 1, 2, . . ., Nc
(3.64)
j=1 k=1
o`u di designe le centre de la classe i, Ni le nombre de couples dans cette classe et o`u ijk
vaut 1 si les points j et k appartiennent a` la classe i et 0 dans le cas contraire.
La semi-variance constitue un mesure de lerreur quadratique moyenne commise en
estimant la valeur du champ a` partir dune observation effectuee a` une distance d du point
courant. En general, le variogramme est donc une fonction croissante de la distance d et
presente une allure semblable a` celle de la figure 3.5.
63
b
b
b
b
b
b
b
d
F IG . 3.5 Semi-variogramme experimental (points) et approximation par un mod`ele
gaussien.
3 Lanalyse
"
3 #
d
C 1.5 0.5 d
si d a
1
a
a
(d) =
C1
si d > a
(3.65)
de donnees reelles par classes ne permet e videmment pas de decrire cette asymptote pour
d ni meme de lapprocher dans le cas o`u on dispose de peu de donnees experimentales.
64
(3.66)
h
i
3d 2 /a2
(d) = C1 1 e
(3.67)
(d) = C1
sin d/a
1
d/a
(3.68)
z p = wi zi
(3.69)
i=1
Cette relation e tant lineaire, la coherence du mod`ele de correlation spatiale exige quune
relation semblable existe entre les semi-variances, i.e.
N
(d p j ) = wi (di j ),
j = 1, 2, . . .N
(3.70)
i=1
(3.71)
de facon a` ne pas creer dextrema en dehors du domaine des valeurs initiales. Les relations
(3.70)-(3.71) constituent un syst`eme de N + 1 e quations pour les N poids inconnus wi . On
introduit alors une variable supplementaire (multiplicateur de Lagrange) pour minimiser
la variance de lestimation. Les poids sont donc finalement determines en resolvant un
syst`eme de la forme
C wp = dp
(3.72)
65
o`u
(d11 ) (d12 ) (d1N )
(d21 ) (d22 ) (d2N )
..
..
..
C = ...
.
.
.
(d p1 )
(d p2 )
..
dp = .
(d pN )
1
(3.73)
en chaque point de la grille dinterpolation. Dans le krigeage, les poids sont donc de nature
statistique plutot que geometrique.
En plus du champ interpole, le krigeage fournit une mesure de la variance des valeurs
calculees en chaque point de la grille. Celle-ci est obtenue par la relation
1
1
.. ,
.
1
0
w1
w2
w p = ... ,
wN
2
2p = data
w p Td p
(3.74)
2
o`u data
designe la variance des donnees initiales. Si on suppose que les erreurs
destimation sont normalement distribuees, cette variance peut e tre calculee pour
construire des intervalles de confiance autour des valeurs estimees. Par exemple, la
probabilite que la valeur vraie se situe dans un intervalle p (resp. 2 p ) autour de
la valeur estimee est de 68 %(resp. 95%).
Pour estimer la robustesse de linterpolation, on peut e galement avoir recours a` une
validation croisee consistant a` e carter une observation de lanalyse et a` comparer sa valeur
avec lestimation produite par application du krigeage aux donnees restantes. En repetant
loperation pour chacune des mesures considerees separement, on peut calculer lerreur
quadratique moyenne ou le coefficient de correlation entre les donnees et leur estimation
par krigeage.
Des raffinements de la methode sont possibles. Par exemple, comme dans le cas de
linterpolation par distance inverse, on peut limiter le nombre de donnees intervenant dans
la determination des valeurs en un point donne.
On peut e galement traiter des champs anisotropes en construisant des variogrammes
differents pour decrire les correlations spatiales non seulement en fonction de la distance
entre les points mais e galement en fonction de leurs positions relatives.
Il existe de nombreuses variantes de la methode du krigeage. La methode de
base presentee ci-dessus est appelee krigeage ordinaire. Elle sapplique a` des variables
stationnaires de moyenne inconnue. La methode du krigeage universel, par contre, peut
e tre appliquee a` des donnees non-stationnaires, i.e. qui contiennent une tendance. On
peut e galement e tendre le krigeage a` plusieurs variables distinctes traitees simultanement
(krigeage multivarie).
3.6 EOF.
Linterpolation optimale permet de ramener sur une grille reguli`ere des donnees
experimentales distribuees de facon quelconque de facon. En meme temps quelle fournit
66
une base rationnelle pour linterpolation spatiale des mesures, la methode introduit un
certain lissage des donnees experimentales en e liminant les structures qui paraissent peu
ou pas fiables ou insuffisamment representees par les mesures.
La decomposition en Fonctions Empiriques Orthogonales - EOF (Empirical
Orthogonal Functions) poursuit un but semblable mais pour des donnees qui varient dans
lespace et dans le temps. Plus precisement, la decomposition en EOF vise a` interpreter
les donnees comme une superposition doscillations independantes. En general, un petit
nombre de ces EOF suffisent a` decrire lessentiel de la variabilite spatiale et temporelle
des donnees. D`es lors, ces quelques EOF les plus significatives fournissent une description
compacte des donnees dans laquelle une grande partie du bruit experimental (resultant
derreurs de mesure ou de mesures peut significatives) a e te e liminee. Dans certains cas,
mais pas necessairement, une explication dynamique peut e tre donnee aux EOF ainsi
identifiees.
Lanalyse EOF est connue sous le nom danalyse en composantes principales en
statistique pure et danalyse de facteurs en sciences sociales. Dans tous les cas, il sagit
dune methode visant a` reduire les donnees initiales pour faire apparatre les informations
les plus significatives.
Considerons donc une serie de donnees variable dans lespace et dans le temps.
Notons ai j la mesure de la grandeur a(xi ,t j ) au point xi (i = 1, 2, . . ., M) au temps t j
( j = 1, 2, . . ., N). Ces donnees peuvent e tre groupees dans une matrice A dont les colonnes
decrivent letat du syst`eme au temps t j et les lignes representent levolution temporelle au
point xi . Le but de la procedure est de decrire les donnees sous la forme
M
ai j =
(k) (k)
wj
(3.75)
k=1
(k)
(k)
La condition (3.76) ne suffit e videmment pas a` determiner a` elle seule les EOF. Pour
aller plus loin, une condition similaire est demandee aux coefficients temporels, soit
(
k2 si k = l
1 N (k) (l)
2
w
w
=
=
(3.77)
j j
k kl
N j=1
0
si k 6= l
Cette condition exprime que les facteurs temporels relatifs a` des modes differents sont
non correles entre-eux. Pour k = l, k2 represente la variance associee au mode k.
Les conditions (3.76) et (3.77) suffisent pour determiner les EOF et les coefficients
temporels. Pour le voir, re-ecrivons dabord (3.75) sous la forme matricielle e quivalente
A = XWT
(3.78)
(2)
(M)
X = (1)
(3.79)
(1)
(2)
(M)
W = w w w
(3.80)
o`u
et
(3.81)
2
AAT X = XWT WXT X = Xdiag 12 , 22 , , M
(k)
(3.82)
ce qui montre que les colonnes de X, i.e. les EOF sont les vecteurs propres de la
matrice AAT . Les valeurs propres sont les variances k2 des modes correspondants.
De meme,
2
AT AW = WXT XWT W = Wdiag 12 , 22 , , M
(3.83)
Les facteurs temporels sont donc les vecteurs propres de la matrice AT A. Les deux
matrices AT A et AAT sont symetrique et semi-definies positives. Elles partagent les
memes valeurs propres non nulles k2 .
En general, on numerote les EOF par valeur decroissante de la variance k2 . La
premi`ere EOF represente donc le signal le plus e nergetique. La seconde EOF, represente le
mode orthogonal au premier et decrivant la plus grande partie de la variance restante. . . La
somme des valeurs propres k2 est e gale a` la variance totale des donnees initiales.
En pratique, lidentification des EOF est generalement realisee en sappuyant sur la
decomposition en valeurs singuli`eres de la matrice A. On montre, en effet, que toute
matrice reelle A de dimensions M N peut e tre decomposee en un produit
A = UDVT
68
(3.84)
2y
4x
4y
2x
cos
+ 1B(t) cos
cos
+ 0.5(t, x, y)
Lx
Ly
Lx
Ly
(3.85)
2x
2y
cos
Lx
Ly
(3.86)
cos
4x
4y
cos
Lx
Ly
(3.87)
et
comme premi`ere et deuxi`eme EOF (Figure 3.7). La troisi`eme EOF ne presente aucune
structure particuli`ere : elle correspond au bruit inclus dans (3.85). Remarquons que,
puisque les EOF sont normalisees selon(3.76), les valeurs absolues des EOF nont aucune
signification physique.
69
10
15
20
25
30
35
40
45
50
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Les calcul des carres des valeurs singuli`eres (elements diagonaux non nuls de D)
permet de determiner la variance expliquee par chacun des modes. Dans le cas e tudie,
les deux premiers modes suffisent a` decrire le champ initial (Fig. 3.8).
On peut donc e liminer le bruit du champ initial en recombinant les deux premi`eres
EOF. Le resultat de cette operation, presente a` la figure 3.9, peut e tre compare a` la figure
initiale (Fig. 3.6).
Dans lexemple traite, les fonctions (3.86) et (3.87) utilisees pour construire le champ
(3.85) sont orthogonales. Lanalyse par EOF permet donc de les retrouver telles quelles.
Dans le cas general, lanalyse EOF tente de construire le champ comme la superposition
de modes orthogonaux, meme si celui-ci pourrait e tre represente de facon plus compacte
par des modes non orthogonaux. Dans ce cas, les modes non orthogonaux sont repartis
dans les EOF successives et peuvent ne pas sidentifier a` une EOF precise. Si ceci a`
pour effet de repartir la variance totale en un plus grand nombre de modes, le champ
reste cependant generalement decrit par un nombre limite dEOF : les valeurs singuli`eres
decroissant rapidement avec le numero des EOF.
70
10
15
20
25
30
35
40
45
50
10
20
30
40
50
60
70
80
90
10
20
30
40
50
60
70
80
90
10
20
30
40
50
60
70
80
90
10
15
20
25
30
35
40
45
50
10
15
20
25
30
35
40
45
50
71
3.5
x 10
Variance explique
2.5
1.5
0.5
6
7
Numro dEOF
10
11
12
10
15
20
25
30
35
40
45
50
10
20
30
40
50
60
70
80
90
F IG . 3.9 Reconstruction du champ de la figure 3.6 a` partir des deux premi`eres EOF.
72
Chapitre 4
Analyse de series temporelles
Les methodes modernes dobservation et denregistrement de donnees fournissent de
longues series temporelles. Lun des buts de lanalyse de ces donnees est generalement
de mettre en e vidence la variabilite ou la structure sous-jacente pour mieux comprendre
les phenom`enes impliques. Lexperimentateur pourra ainsi sattacher a` identifier les
frequences dominantes et a separer le signal principal des fluctuations associees au bruit
ou aux erreurs de mesure.
Les techniques utilisees reposent generalement sur lhypoth`ese dergodicite, i.e. on
suppose que les proprietes statistiques des series temporelles sont independantes du
temps. Dans ce cas, les moyennes temporelles des donnees sont e quivalentes a` des
moyennes densemble et peuvent e tre rattachees aux methodes statistiques standard.
2
1 N
yi
N i=1
(4.2)
73
1 Nk
yiyi+k
N k i=1
(4.3)
(4.4)
(4.5)
Cyy ()
2
(4.6)
N
N
T =
[yy(i) + yy(i+1)] = 22 [Cyy(i) +Cyy (i+1)]
2 i=0
i=0
(4.7)
o`u N N 1 est tel que la somme dans (6.39) converge vers une valeur constante.
Si la somme ne se stabilise pas, on en conclut que la serie ne poss`ede pas de temps
caracteristique integral ou on limite la somme jusqu`a la premi`ere annulation de la
fonction dauto-correlation.
74
Lorsquil existe, le temps caracteristique T est tel que les donnees peuvent e tre
considerees comme non correlees pour des e carts superieurs a` T . D`es lors, le nombre
de degres de liberte de la serie est approximativement donne par Nt/T .
` titre dexemple, considerons dabord une serie temporelle (t) purement aleatoire
A
(bruit blanc) dont les valeurs sont choisies selon une loi de probabilite normale (de
moyenne 0 et de variance 02 ) et dont les valeurs successives sont independantes. La
moyenne et la variance de la serie temporelle sont alors e gales a` celles de la loi de
probabilite dont sont issues les valeurs de la serie. De plus, on a
(
02
pour = 0
R () = 02 () =
(4.8)
0
sinon.
Lannulation de la fonction dauto-correlation pour tout delai non nul montre bien
lindependance des valeurs successives.
Considerons maintenant le signal purement periodique decrit par
yi = A sin
2it
,
T
(i = 1, 2, . . .)
o`u la periode T /t est entier. La moyenne du signal e tant nulle, les fonctions dautocorrelation et dauto-covariance sont e gales. On calcule successivement
2 =
1
2
et
2
T
de sorte que la fonction dauto-correlation normalisee presente la meme periodicite que
la serie originelle. Elle indique bien que les enregistrement separes dun nombre entier de
periodes sont parfaitement correles alors quun valeur ( = 1) caracterise lopposition
de phase pour un decalage temporelle dune demi-periode.
() = cos
75
1 si k = = 0
Z
1 t0 +T
2kt
2t
1
cos
cos
dt = 0 =
(4.12)
si k = > 0
T t0
T
T
2
0 si k 6=
0 si k = = 0
Z
1 t0 +T
2kt
2t
1
sin
sin
dt = 0 =
(4.13)
si k = > 0
T t0
T
T
2
0 si k 6=
2kt
2t
+ ak
cos
sin
dt
T
T
t0
k=1
(4.14)
Z t0 +T
2t
2kt
+ bk
sin
sin
dt
T
T
t0
k=1
T
= b
2
76
Z
2 t0 +T
2kt
ak =
f (t) cos
dt
T t0
T
Z
2kt
2 t0 +T
bk =
f (t) sin
dt
T t0
T
(4.15)
E XEMPLE 4.1 Developpons en serie de Fourier la fonction periodique f telle que f (t) = 2|t|/T
pour t [T /2, T /2] (qui prend donc la valeur 1 pour t = T /2) et qui se prolonge en une
fonction de periode T .
En appliquant les formules (4.15), on montre aisement que les coefficients bk sont tous nuls et
que les coefficients ak sont donnes par
2 T /2
8 T /2
f (t)dt = 2
tdt = 1
T T /2
T 0
Z
Z
2 T /2
2kt
8 T /2
2kt
ak =
f (t) cos
dt = 2
t cos
dt
T T /2
T
T 0
T
0
si k est pair,
2
= 2 2 (1 (1)k ) =
4
k
si k est impair.
2 k 2
a0 =
D`es lors,
f (t) =
1
4
cos(2k + 1)t
2
2 k=0 (2k + 1)2
o`u = 2/T est la pulsation fondamentale. On constate sur la figure 4.1 que le signal de depart est
de mieux en mieux approche a` mesure que lon augmente le nombre de composantes harmoniques.
77
0.8
0.6
0.4
0.2
-0.6
-0.4
-0.2
0.2
0.4
0.6
Remarquons que la serie obtenue ne contient que des fonctions cosinus. Cest une consequence
de la parite de la fonction f . Inversement, la serie de Fourier representant une fonction impaire ne
comporte que des composantes en sinus, des signaux e lementaires impairs.
2
,
T
4
,
T
6
,
T
8
,
T
Il sagit donc dun ensemble discret, mais infini, de pulsations separees de = 2/T .
Interpretant une fonction quelconque, non periodique, comme une fonction periodique
dont la periode tendrait vers linfini, la representation en serie de Fourier correspondante
est caracterise par une infinite de frequences dont le saut tend vers zero. En dautres
termes, la somme (infinie) representant la serie de Fourier se transforme en une integrale
sur un spectre continu de frequences. Ceci conduit donc a` la definition de la transformee
78
f (t) eit dt
(4.16)
1
f (t) =
2
f() eit d
(4.17)
(4.18)
on remarque que la transformee de Fourier f() joue un role analogue aux coefficients de
Fourier dans la representation (4.17) du signal puisquelle pond`ere linfluence de chaque
composante e lementaire de pulsation dans le signal total. Le calcul de la transformee
de Fourier est e galement semblable a` celui des coefficients de Fourier (4.15) puisque la
transformee est obtenue en integrant le produit du signal de depart et les fonctions de
bases sin t et cos t combinees en une exponentielle imaginaire
eit = cos t i sin t
(4.19)
On sera attentif au fait que la transformee de Fourier definie par (4.16) est, en general,
complexe. Si, comme cest generalement le cas, la fonction f (t) est reelle, alors
f() = f()
(4.20)
(4.21)
= 2| f()| cos(t + )
facteur 1/ 2 introduit dans les definitions de la transformee de Fourier et de son inverse rel`eve
dun choix particulier qui permet de maintenir une symetrie entre les deux expressions. Certains auteurs
introduisent des facteurs differents dans les definitions de la transformee et de son inverse. Le produit de
ces facteurs doit cependant e tre e gal a` 1/(2).
3 Le
79
| f (t)| dt =
| f()|2d
(4.23)
qui indique que lenergie du syst`eme peut indifferemment e tre e valuee a` partir du signal
dans le domaine temporel ou a` partir de sa transformee de Fourier, dans le domaine
frequentiel. La quantite | f()|2 decrit donc le spectre denergie du syst`eme e tudie
et permet didentifier les frequences dominantes dans le signal e tudiee. Dans le cas
particulier dun signal periodique purement harmonique de pulsation , la transformee
de Fourier est identiquement nulle sauf en o`u elle presente deux pulses (impulsions
de Dirac).
k = 0, 1, . . ., N 1
(4.24)
La transformee de Fourier discr`ete inverse (en anglais IDFT) est quant-`a-elle definie4 par
2i
kj
1 N1
x j = Xk e N ,
N k=0
j = 0, 1, . . ., N 1
(4.25)
encore les facteurs 1/ N introduits rel`event dun choix particulier induisant des expressions
symetriques des deux transformees. Des facteurs differents peuvent e tre introduits dans les expression de la
transformee discr`ete et de son inverse. Il importe seulement que le produit de ces facteurs soit e gal a` 1/N.
4 Ici
80
(4.26)
o`u la barre indique le nombre complexe conjugue. Dans ce cas, la moitie des coefficients
de la transformee de Fourier suffit a` decrire compl`etement celle-ci. Plus precisement, si
le nombre de donnees N est pair5 , les coefficients X0 et XN/2 sont reels et les coefficients
X1 , X2 , . . . , XN/2 permettent a` eux-seuls de representer les donnees sous la forme dune
somme de fonctions sinus et cosinus.
Le coefficient X0 represente alors la composante
constante du signal (au facteur N pr`es) tandis que les autres coefficients de Fourier
caracterisent limportance des differentes composantes harmoniques de pulsations
1 =
2
,
Nt
k = k1
k = 1, 2, . . ., N/2
(4.27)
1
,
2t
c = 2 fc =
.
t
(4.29)
Elle correspond a` des oscillations de periode 2t. Lintervalle de temps entre deux
donnees successives determine dont la plus grande frequence accessible a` lanalyse.
La pulsation fondamentale 1 correspond a` des signaux dont la periode est e gale a` la
duree totale de la serie de mesures. Cette pulsation fondamentale correspond e galement
5 En
pratique, la transformee de Fourier discr`ete peut e tre e valuee tr`es efficacement par lalgorithme de
la Transformee de Fourier Rapide (FFT). Cette methode nest applicable que si le nombre de donnees est
une puissance de 2. Le nombre de donnees analysees sera donc bien generalement pair.
81
(4.30)
Dans le cas habituel de donnees reelles decrites par un nombre pair de donnees, on peut
e galement e crire
"
#
N/21
1 N1 2
1
|x j | =
|X0|2 + 2 |Xk |2 + |XN/2 |2
(4.31)
N j=0
N
k=1
o`u les differents termes de la somme sont representatifs de lenergie contenue dans
les differents modes. En realite, cette e nergie est caracteristique des processus dont la
pulsation est comprise dans une bande de largeur autour de la pulsation nominale k .
D`es lors, il est dusage de normaliser ces coefficients et de definir la densite spectrale en
divisant par ,
2|Xk |2
S(k ) =
,
k = 1, 2, . . .
(4.32)
10
15
20
25
30
-1
-2
82
5.00
1.00
0.50
0.10
0.05
10
15
La figure 4.2 fait clairement apparatre que la transformee de Fourier discr`ete ne comporte que
4 termes significatifs correspondant a` X1 , X3 , X7 et X8 . On en deduit que le signal est domine par
les composantes harmoniques dont les periodes sont donnees par
T1 = T = 12 s,
T3 = 4 s,
T7 = 12/7 s,
T8 = 12/8 s
2t
2t
2t
0.85 sin
+ 0.15 sin
12
4
1.6
` levidence, les composantes de periode 12 et 4 secondes sont parfaitement captees par lanalyse,
A
a` linverse de la composante de periode 1.6 secondes. Cette derni`ere est donc artificiellement
repartie sur les periodes de bases comprises dans lanalyse discr`ete de Fourier. Un signal de
periode T = 1.5 s aurait par contre e te decrit parfaitement puisquil correspondrait a` la composante
k = 12/1.5 + 1 = 9.
4.5 Filtrage.
4.5.1 Principe general.
Tr`es souvent les series temporelles obtenues experimentalement presentent des
variations rapides et apparemment erratiques qui masquent ou obscurcissent le signal
principal que lon souhaite e tudier. Ainsi, des variations journali`eres se superposent
83
f (t )w()d
(4.33)
o`u f () designe le signal brut, fw () est le signal filtre et w() est une fonction caracterisant
le filtrage. Cette fonction w() introduit une ponderation des valeurs prise le signal brut
pour le calcul du signal filtre. On verifie par exemple que le choix
T
1
si || <
2
w() = T
(4.34)
0
sinon
w()d = 1
(4.35)
Cette condition peut aussi e tre obtenue en considerant le cas (tr`es) particulier dun signal
brut constant. Dans ce cas, (4.33) devrait fournir un signal filtre rigoureusement identique
au signal de depart. La condition (4.35) garantit quil en soit bien ainsi. On verifie que
la fonction de poids (4.34) definissant la moyenne glissante respecte bien la condition
(4.35).
84
En general, on exigera e galement que w() soit une fonction paire de son argument,
i.e.
w() = w()
(4.36)
cos (t ) + w()d
= A cos(t + )
(4.38)
w() sin d
ce qui montre que le signal voit en general non seulement son amplitude modifiee par
le filtrage mais e galement dephase. La condition de symetrie (4.36) permet par contre
dassurer lannulation de la seconde integrale de sorte que
fw (t) = A cos(t + )
w() cos d
(4.39)
w() cos d
(4.40)
qui depend de la pulsation du signal initial. Puisquun signal quelconque peut e tre exprime
comme la superposition dune infinite de signaux harmoniques par le biais dune integrale
de Fourier, leffet du filtre peut e tre enti`erement decrit par la donnee de la fonction h()
qui est appele le gain du filtre.
Dans le cas de la moyenne glissante, on calcule aisement
1
h() =
T
Z T /2
T /2
cos d =
2
T
sin
T
2
(4.41)
dont lallure est representee a` la figure 4.5.1. On remarque que le gain est proche de
lunite pour les plus basses frequences ; celles-ci sont donc peut affectees par le filtre. Par
contre, les frequences les plus e levees sont fortement absorbees par le filtre. Le signal
filtre est donc partiellement debarrasse de ces oscillations rapides. La principale critique
qui puisse e tre formulee au filtre ainsi realise tient a` lexistence doscillations du gain
aux plus hautes frequences. Celles-ci introduisent une selectivite non monotone telle que
les plus hautes frequences ne sont pas necessairement amorties plus e nergiquement que
certaines frequences plus basses.
85
h()
1
T
2
fj =
wk x j+k
(4.42)
k=N
o`u wk (k = N, . . . , N) designe les poids du filtre, suppose a` support fini. Un tel filtre
comportant = 2N + 1 poids est dit de longueur . Lexpression (4.42), avec la condition
N
wk = 1
(4.43)
k=N
correspondant a` (4.35) permet une fois encore dinterpreter le filtrage comme le calcul
dune moyenne ponderee des valeurs successives de la serie temporelle o`u la valeur f j est
obtenue a` partir des valeurs x jN , x jN+1 , . . ., x j1 , x j , x j+1 , . . . x j+N .
Conformement a` (4.36), on choisira generalement des poids symetrique, i.e. tels que
wk = wk ,
k = 1, . . ., N
(4.44)
de facon a` ne pas introduire de dephasage par application du filtre. Pour un tel filtre, la
fonction de reponse frequentielle est donnee par
N
h() = w0 + 2 wk cos(kt)
(4.45)
k=1
Dans le cas discret, la moyenne glissante est calculee par le biais dun filtre symetrique
de longueur = 2N + 1 dont tous les poids sont e gaux, i.e.
wN = wN+1 = = w1 = w0 = w1 = = wN1 = wN =
86
(4.46)
La reponse frequentielle du filtre est unitaire pour = 0 (signal constant) et decrot pour
des pulsations/frequences plus grandes. La reponse est nulle pour = T = 2/(t),
i.e. pour une longueur donde correspondant a` la longueur du filtre. Ainsi donc, une
moyenne glissante calculee sur une periode T = t annule exactement la composante
du signal a` cette periode et presente une reponse croissante pour des composantes de plus
grande periode. Remarquons que la plus petite periode pouvant e tre captee avec un pas
dechantillonnage t est 2t. La reponse frequentielle ne doit donc e tre e tudiee que dans
lintervalle [0, /t].
1
0.8
0.6
0.4
0.2
0.5
1.5
2.5
-0.2
1
(2N)!
,
2N
2 (N k)!(N + k)!
k = N, N + 1, . . . , 1, 0, 1, . . ., N
87
(4.47)
Pour realiser un filtre binomial avec une reponse frequentielle de 0.50 a` une periode
T donnee, on choisit N comme lentier le plus proche de
(T /t)2/12
(4.48)
0.00292969
0.0161133
0.0537109
0.12085
0.193359
0.225586
0.193359
0.12085
0.0537109
0.0161133
0.00292969
0.00024411
Pour e viter davoir a` tenir compte de poids trop petits, on peut negliger ceux dont la
valeur est inferieure a` , par exemple, 5 % du poids central. Il importe cependant alors de
renormaliser les poids (en divisant par la somme des poids significatifs retenus) pour que
leur somme soit e gale a` 1. Dans le cas precedent, on peut ainsi se ramener a` une filtre de
longueur 9 defini par
0.0162 0.0541 0.1216 0.1946 0.2270 0.1946 0.1216 0.0541 0.0162
(4.49)
Lorsque la longueur du filtre binomial devient importante, les poids presentent une
distribution proche de celle dune gaussienne. Un filtre aux proprietes semblables a` celles
du filtre bionomial peut donc e tre obtenu en determinant les poids directement comme les
ordonnees dune distribution normale soit
2 2
1
k t
wk = exp
k = N, N + 1, . . ., 1, 0, 1, . . ., N
(4.50)
2 2
2
Lecart-type de la distribution normale permettant un amortissement de 50 % pour une
periode T est donne par
T
=
(4.51)
6
Ici encore, afin deviter de travailler avec un filtre trop long et des poids trop petits, on
exclut les poids dont la valeur est inferieure a` 5% du poids maximum et on renormalise les
poids pour que leur somme soit e gale a` 1. Ainsi, dans le cas e voque plus haut du filtrage
dune serie de mesures annuelles avec un amortissement de 50 % de la reponse a` 10 ans,
on prendra = 1.666 annees et les poids sont donnes par (en se limitant provisoirement
a` un filtre de longueur 13 comme precedemment)
0.000367141
0.00265911
0.0134367
0.0473701
0.116512
0.199935
0.239365
0.199935
0.116512
0.0473701
0.0134367
88
0.00265911
0.000367141
En se limitant aux poids les plus significatifs, en renormalisant les poids et en arrondissant,
on obtient
0.0135 0.0477 0.1172 0.2012 0.2408 0.2012 0.1172
0.0477
0.0135
(4.52)
La figure 4.6 compare les reponses frequentielles des filtres binomial et gaussien
correspondant au cas particuliers (4.49) et (4.52). On remarque que la reponse est
effectivement de (approximativement) 50 % pour une pulsation t = 2/10 0.63.
1
0.8
0.6
0.4
0.2
0.5
1.5
2.5
F IG . 4.6 Reponse frequentielle des filtres binomial (en rouge) et gaussien (en vert) en
fonction de t dans le cas du filtrage de valeurs annuelles avec une amortissement a`
50 % de la composante de periode e gale a` 10 ans (Cas particulier (4.49) et (4.52)).
89
= 2 f()w()
(4.53)
(4.54)
Cette expression montre que la composante de pulsation dans le signal filtre est
simplement obtenue par multiplication de la composante de meme pulsation dans le
signal brut multipliee par la composante correspondante du filtre. Leffet du filtre w
sur un signal quelconque est donc parfaitement decrit dans le domaine
frequentiel par
1
wideal (t) =
w ideal () eit d
2
Z
1 c it
=
e d
2 c
sin ct
=
t
(4.56)
La meme procedure peut e tre appliquee dans le cas discret. Celle-ci conduit a`
choisir les poids du filtre en e chantillonnant la distribution continue wideal (t) aux instants
correspondants aux points de support de la serie temporelle. On prendra donc
wideal,k = wideal (kt) =
sin c kt
,
kt
k = 0, 1, 2, . . .
(4.57)
Pratiquement, la construction dun filtre sur base de (4.56) ou (4.57) est cependant
irrealisable car w(t) na pas un support borne ; le signal filtre en un instant donne depend
90
theoriquement du signal a` tous les instants passes et ulterieurs. Pour obtenir un filtre
discret utilisable pratiquement, on peut decider de tronquer le filtre en ignorant les valeurs
de wideal,k pour des k trop grands, i.e. de restreindre les poids a` une certaine fenetre
choisie de facon appropriee. Ceci conduit malheureusement a` de nouvelles difficultes si
la largeur de la fenetre choisie est insuffisante et saccompagne de lannulation brutale
des poids du filtre. On preferera donc affecter les poids successifs du filtre ideal (4.57)
dun facteur decroissant au fur et a` mesure que lon secarte du poids central wideal,0 et
assurant lamortissement progressif de la suite des poids.
Pour generer un filtre discret de longueur = 2N + 1, la fenetre de Hamming definie
par
k
hk = 0.54 + 0.46 cos
k = 0, 1, . . . , N
(4.58)
N
est parmi les plus utilisees dans ce cadre. D`es que la longueur du filtre est choisie, les
poids reels sont donc calcules selon
wideal,k hk
k = 0, 1, . . . , N
(4.59)
puis normalises pour que leur somme soit e gale a` lunite. Le resultat est un filtre realisable
qui constitue la meilleure approximation du filtre ideal pour la longueur souhaitee. Plus
le filtre est long, plus le comportement reel est proche du comportement ideal.
Il faut noter que le filtre correspondant peut comporter des poids negatifs, ce qui peut
parfois e tre surprenant.
` titre dexemple, si on consid`ere une serie de valeurs annuelles dont on desire
A
supprimer les composantes de periodes inferieure a` 10 ans au moyen dun filtre de
longueur 9, on calculera successivement
wideal,k =
2k
1
sin
,
k
10
wideal,k
0.2
0.187
0.151
0.101
0.047
k
4
k = 0, 1, 2, . . .
k = 0, 1, . . ., 4
hk
wideal,k hk
1
0.2
0.865
0.162
0.54
0.082
0.215
0.022
0.08
0.004
(4.60)
(4.61)
wk
0.271
0.219
0.111
0.029
0.005
E XEMPLE 4.3 Considerons a` titre dexemple, la serie de donnees representee a` la figure 4.7. Cette
serie est composees de 128 valeurs e chantillonnees avec un t constant. Lanalyse de Fourier de
ces donnees rev`ele la presence de composantes dont les periodes sont approximativement e gales a`
20-30 t, 5 t et 3t.
91
Dans le but de supprimer les composantes dont les frequences sont e gales a` 3-5 t, on peut
appliquer une moyenne glissante calculee sur 9 valeurs6 . Cette procedure permet deliminer la
plus grande partie des oscillations aux hautes frequences. Le filtrage nest cependant pas parfait :
de petites fluctuations apparemment e trang`eres au signal principal sont toujours presentes (Figure
4.9).
4
20
40
60
80
100
120
-2
-4
Pratiquement, lapplication dun filtre discret de longueur = 2N + 1 nest possible en les N premiers et
N derniers instants que si on prolonge artificiellement la serie de donnees. Ceci peut e tre fait en remplacant
les donnees par leur moyenne ou en supposant que lenregistrement est periodique.
92
5.0
2.0
1.0
0.5
0.2
10
20
30
40
50
60
20
40
60
80
100
120
-2
-4
Afin dobtenir un filtrage plus efficace des hautes frequences, on realise le filtrage par un filtre
gaussien et un filtre ideal avec une fenetre de Hamming de longueur 7. Dans les deux cas, la
periode de coupure est choisie e gale a` 10t. Les resultats obtenus avec des deux filtres sont tr`es
semblables (Figure 4.10) et e liminent parfaitement les composantes non desirees.
93
20
40
60
80
100
120
-2
-4
F IG . 4.10 Filtrage gaussien (en rouge) et filtre ideal avec fenetre de Hamming (en
vert) appliques a` 4.7
Lefficacite du filtrage peut e tre examinee en calculant la transformee de Fourier discr`ete des
differents signaux filtres. On verifie sur la figure 4.11 que les filtres appliques induisent bien un
amortissement des signaux aux hautes frequences et affectent peu ceux de plus basses frequences.
Les filtres gaussien et ideal donnent des resultats pratiquement identiques. La figure confirme la
presence significative de signaux de hautes frequences dans la serie obtenue par application de la
moyenne glissante.
94
5.0
2.0
1.0
0.5
0.2
0.1
10
20
30
40
50
60
4.6 Detrending.
Un signal monotone nest pas bien decrit par sa transformee de Fourier. En effet,
celle-ci fait apparatre une multitude de composantes harmoniques qui couvrent une large
gamme de frequences (Figure 4.12). Des lors, afin de ne pas polluer lanalyse par une
e ventuelle tendance presente dans les donnees analysees, il est souhaitable de soustraire
cette tendance aux donnees avant de realiser lanalyse de Fourier. La meme procedure doit
aussi e tre realisee pour appliquer un grand nombre de methodes statistiques qui supposent
la stationnarite des grandeurs e tudiees. Il convient alors de supprimer les variations a` long
terme de la moyenne, voire de la variance.
95
1.00
0.70
0.50
0.30
0.20
0.15
0.10
10
20
30
40
50
60
F IG . 4.12 Transformee de Fourier du signal t/Nt (N=128). Le signal est forme dun
multitude de composantes dont les amplitudes decroissent avec la frequence.
4.6.1 Derivation.
Une serie temporelle x j qui nest pas stationnaire en moyenne, dont la moyenne
e volue, peut e tre rendue stationnaire par simple derivation, soit en remplacant la serie
dorigine par
xj = x j x j1
(4.62)
Si la moyenne e volue de facon non constante, on pourra calculer la derivee seconde, i.e.
la derivee discr`ete de la derivee premi`ere.
La derivation peut e tre tr`es efficace pour attenuer les variations aux plus basses
frequences de la serie temporelle. Elle peut par contre conduire a` donner un poids trop
grand aux variations aux hautes frequences. Cette technique, simple, doit donc e tre utilisee
avec prudence.
4.6.2 Filtrage.
Dans le cas o`u la tendance e tudiee est raisonnablement decrite par les donnees
disponibles, i.e. les techniques de filtrage introduites plus haut peuvent e tre appliquees
96
pour identifier et supprimer une e ventuelle tendance. Dans ce cas, lapplication dun filtre
dont la frequence de coupure est tr`es basse permet de mettre en e vidence la tendance et,
par difference, cette tendance peut ensuite e tre retiree de la serie temporelle initiale.
N1 x
j=0
j s(x j )
x j
2
+ (1 p)
Z tN1
t0
2
s (t) dt
(4.65)
Le param`etre p [0, 1] introduit dans cette expression est utilise pour ponderer
limportance des deux termes de cette expression, i.e. la contrainte portant sur
linterpolation des donnees et lobjectif de minimisation de la courbure totale. Pour une
p = 0 la procedure est e quivalente a` lajustement dune droite a` lensemble des donnees.
Pour p = 1, elle conduit a` une interpolation cubique classique passant exactement par
chaque point. Pour des valeurs intermediaires de p, la fonction spline a un comportement
mixte.
97
1
(4.66)
Cette reponse est normalement plus e levee aux basses frequences, correspondant au souci
de mettre en e vidence ces composantes. Cette expression peut e tre utilisee pour choisir le
param`etre p correspondant a` un amortissement de 50% a` une frequence donnee.
98
Chapitre 5
Modelisation dynamique a` une
e quation.
5.1 Introduction.
Un grand nombre de syst`emes peuvent e tre decrits par une e quation differentielle
exprimant le bilan dune grandeur caracteristique de letat de ce syst`eme. Ainsi la masse
totale M dun constituant quelconque presente dans une region particuli`ere de lespace
e volue en fonction du temps selon une loi du type
dM
= Production - Destruction + Echange
dt
(5.1)
o`u les trois termes du membre de droite correspondent effectivement aux taux de
production, de destruction et dechange du constituant considere. En general, on adopte
comme convention de considerer comme positif tout apport au syst`eme tandis que les
e changes avec le monde exterieur sont negatifs sils induisent une perte pour le syst`eme.
De meme la dynamique dune population dune esp`ece particuli`ere mesuree par N
(nombre dindividus ou biomasse exprimee en unites appropriees) suit une loi du type
dN
= Natalite - Mortalite + Migration/Transport
dt
(5.2)
o`u les trois termes du membre de droite representent respectivement les taux de natalite,
de mortalite et de migration ou de transport (apports exterieurs).
Dans les cas les plus simples, les termes de production/destruction et dechange (resp.
de natalite/mortalite, migration/transport) peuvent sexprimer directement en fonction
de M (resp. de N) de sorte que lequation de bilan permet a` elle seule de determiner
levolution temporelle M(t) (resp. N(t)). Dans dautres cas, la parametrisation des taux
de variation en fonction de M (resp. de N) cache une modelisation des effets combines
dune multitude de processus qui ne peuvent e tre pris en compte explicitement (ou que
lon ne desire pas prendre en compte explicitement).
99
(5.4)
N
N0
0
N 1
K
N
N
Z N
1
K + K
dN = ln N ln 1 N/K = rt
N
N
N0
1 N0 /K
N0
N 1
N 1
K
K
N(K N0 ) = ert N0 (K N)
N0 K ert
N(t) =
K + N0 (ert 1)
Z N
100
(5.6)
(5.7)
(5.8)
(5.9)
Cette solution est representee a` la figure 5.1 pour differentes valeurs de N0 . Quelle
que soit la condition initiale N0 6= 0, la population tend vers la population dequilibre K
lorsque t +.
N(t)/K
N0 > K
1
N0 < K
rt
F IG . 5.1
N =
N
K
(5.10)
dN
= N (1 N )
(5.11)
dt
dont la solution ne depend daucun param`etre (sauf la condition initiale). Les variations
du taux de croissance specifique induisent une acceleration ou un ralentissement de la
reponse correspondant a` une dilatation ou une contraction lineaire du temps. De meme,
les variations de K modifient uniquement lamplitude de la reponse.
5.2.2 Equilibre
et stabilite.
Le comportement de la solution (5.9) de (5.5) pouvait e galement e tre deduit de
lexamen de cette e quation, sans passer par sa resolution explicite. En effet, lequation
(5.5) montre que
dN
>0
dt
101
tant que N < K(N 6= 0), i.e. la population crot monotonement tant que N < K.
Inversement
dN
<0
dt
si la population est superieure a` la capacite du syst`eme. Lequilibre, correspondant a`
dN
= 0,
dt
nest possible que si N = K (ou N = 0).
Plus generalement, considerons une population decrite par une e quation differentielle
dN
= f (N)
dt
(5.12)
o`u f (N) est une fonction (non lineaire) connue de N. Le syst`eme est dit en e quilibre
lorsque la population reste constante au cours du temps.
Ceci nest manifestement possible que pour une population N correspondant a` un
zero de la fonction f , i.e.
f (N ) = 0
(5.13)
Les configurations dequilibre dun syst`eme peuvent e tre classees selon leur stabilite,
i.e. selon le type de reponse du syst`eme lorsque la configuration stable est perturbee. Pour
e tudier cette reponse, e crivons N(t) sous la forme
N(t) = N + (t)
(5.14)
(5.16)
102
Instable
N1
N2
N3
Stable
F IG . 5.2
dt
k!
"
(0)1k
f (k) (N )t
(t) = (k 1)
k1
k!
103
!#1/1k
N (E) = K 1
>0
r
(5.18)
(5.19)
1
rE
(5.20)
Elle augmente donc avec E et, pour E = r/2, elle est e gale a` 2/r, soit deux fois le temps
caracteristique en labsence de prel`evement par la peche.
104
L+
1
P
Pmax
F IG . 5.3
Le graphe de cette fonction est presente a` la figure 5.3. Si leffort de peche E est
faible, il en est de meme du prel`evement P et le temps de recouvrement est proche de
1/r. Si E augmente, le point caracteristique se deplace sur la branche L+ de la figure
5.3. Pour E = r/2, le prel`evement P est e gal a` sa valeur maximale Pmax et le point A
est atteint. Pour une valeur superieure de E, le prel`evement P diminue mais le temps de
recouvrement augmente fortement en suivant la branche L .
La strategie optimale consiste e videmment a` se placer aussi proche que possible du
point correspondant a` E = r/2, mais avec E < r/2 pour demeurer sur la branche L+ .
La difficulte reside dans le fait que, en pratique, leffort E nest pas connu a priori mais
approche par essais et erreurs en recherchant le prel`evement P maximum. Ce faisant, on
explore la region E > r/2 et, avec elle, la branche L de la figure 5.3. Si le mod`ele est
correct, ceci peut e tre catastrophique puisque le temps de recouvrement de lecosyst`eme
est alors tr`es grand si bien quune reduction de leffort de peche peut e tre insuffisante pour
revenir a` une situation de developpement stable.
(5.22)
Lintroduction dun retard dans les e quations est de nature a` induire un comportement
oscillatoire de la solution. Qualitativement, un tel comportement peut sexpliquer en
considerant la figure 5.4. Si N = K a` linstant t1 et si N(t) < K pour t1 T < t < t1, alors
le membre de gauche de (5.22) est positif dans lintervalle [t1,t1 +T [ et sannule en t1 +T .
La population est alors maximale. Aux instants ulterieurs, la population decrot puisque
N(t T ) > K pour t > t1 + T . Cette decroissance se poursuit jusqu`a linstant t2 + T o`u
t2 correspond au moment o`u N(t2 ) = K (avec t2 > t1 ). En continuant ce raisonnement, on
voit que des oscillations de periode approximativement e gale a` 4T sont possibles.
N(t)
t1
t1 + T t2
t2 + T
Etudions
maintenant (5.22) plus en detail pour montrer que ces oscillations peuvent
devenir instables si le retard devient important.
En utilisant les variables adimensionnelles
N =
N
,
K
t = rt,
T = rT
(5.23)
on a
dN
= N (t )[1 N (t T )]
(5.24)
dt
Cette e quation ne peut e tre resolue compl`etement a` partir de la seule condition initiale
N(0) ; il est en effet necessaire de disposer de levolution N(t) de la population pour T <
t < 0. La resolution de ce type dequation avec retard est e galement considerablement plus
compliquee que celle dune e quation differentielle habituelle.
Les configurations dequilibre peuvent cependant encore e tre e tudiees comme
precedemment. Les solutions de la forme N (t ) = N = Cte verifient
0=
dN
= N (1 N )
dt
106
N {0, 1}
(5.25)
Les configurations dequilibre sont donc identiques a` celles du cas sans retard. Leur
stabilite peut e tre e tudiee par linearisation comme precedemment.
Au voisinage de la configuration dequilibre N = 1, on obtient
o`u
d
(t T )
dt
(5.26)
(t) = 1 N (t )
(5.27)
(t ) = C et
(5.28)
En substituant cette expression dans (5.26), on constate que le probl`eme admet des
solutions de la forme (5.28) pour les valeurs de verifiant
= eT
(5.29)
eT
F IG . 5.5
Toutes les solutions reelles correspondent a` des < 0. Elles donnent donc lieu a`
un amortissement exponentiel de la perturbation de (5.28) caracteristique dun syst`eme
asymptotiquement stable. Dans ce cas, il ny a donc pas doscillations.
107
= eT cos T ,
= eT sin T
(5.31)
T =
+ k
2
(5.32)
Supposant > 0 (si est solution de (5.31), est e galement solution), on constate
que sannule pour la premi`ere fois pour T = /2. Injectant cette expression dans la
seconde e quation de (5.31), on a = 1 et donc T = /2.
Pour un retard T = /2, les perturbations de lequilibre N = 1 ne sont pas amorties
( = 0) mais des oscillations de pulsation (adimensionnelle) = 1 apparaissent : la
population oscille autour de sa valeur dequilibre.
Des perturbations (5.28) instables sont possibles d`es que T > /2, i.e. T > /(2r).
Lintroduction dun retard superieur a` /(2r) est donc de nature a` destabiliser lequilibre
N = K. Pour T leg`erement superieur a` /(2r), les perturbations sont caracterisees par
une pulsation (T ) proche de 1, i.e. elles saccompagnent doscillations de periode 2/r
dont lamplitude crot exponentiellement.
La destabilisation du syst`eme avec laugmentation de T constitue un resultat
relativement general des syst`emes avec retard.
se souviendra que
eix = cos x + i sin x,
D`es lors, si = + i, on a
cos x =
ex + ex
,
2
et = et (cos t + i sin t)
108
sin x =
ex + ex
2i
(5.30)
(5.33)
(5.35)
(5.36)
(5.37)
o`u a0 , a1 , . . ., an designent des constantes quelconques (an 6= 0). On montre que la solution
generale de (5.37) peut secrire sous la forme
part
Nk = Nkh + Nk
109
(5.38)
(5.39)
part
et o`u Nk
represente une solution particuli`ere de (5.37). La solution generale Nk
sexprime au moyen de n constantes dintegration apparaissant dans Nkh . Celles-ci peuvent
e tre fixees au moyen de n conditions initiales appropriees.
Si on recherche des solutions de lequation homog`ene de la forme
Nk = C zk
on verifie aisement que z doit e tre un zero du polynome caracteristique
an zn + an1 zn1 + + a1 z + a0 = 0
Comme polynome de degre n, celui-ci poss`ede toujours n zeros (eventuellement
complexes) comptes avec leur multiplicite. Si on designe par i (i = 1, 2, . . ., s) les zeros
de distincts de multiplicite i (on a donc 1 + 2 + + s = n). La solution generale de
(5.39) secrit
s
Nk = P ii 1 (k)ki
(5.40)
i=1
(5.41)
o`u P (k) designe un polynome de degre P . Il suffit en effet de rechercher une solution de
la forme
part
p
Nk = k P (k)k
(5.42)
fin du mois k, les lapins presents sur lle sont ceux presents au mois precedent, soit Nk1 ,
et les lapins nouveaux-nes engendres par les couples en a ge de se reproduire, cest-`a-dire
ceux qui e taient presents deux mois plus tot, i.e. Nk2 . On a donc
Nk = Nk1 + Nk2
(k 2)
(5.43)
Cette relation constitue une e quation aux differences homog`enes, lineaire dordre 2.
`
A partir des conditions initiales N0 = N1 = 1, elle permet de determiner successivement
N2 , N3 , . . . ce qui engendre la suite de Fibonacci
1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, . . .
Pour obtenir une expression analytique des e lements de cette suite, on recherche les
zeros du polynome caracteristique
1
+
5
z1 =
2
z2 z 1 = 0
(5.44)
z = 1 5
2
2
(5.45)
Nk+1
1
z1 =
(5.48)
Nk
5
Ce rapport nest rien dautre que le nombre dor cher aux artistes, geom`etres et
philosophes de lAntiquite et de la Renaissance.
111
dT
dT
= 2
dx
dx
(5.49)
k {0, 1, 2, . . ., N}
dT
dx
(xk ) =
Tk Tk1
+ O (x)
x
(5.51)
dT
dx
(xk ) =
Tk+1 Tk1
+ O (x2 )
x
(5.52)
ou encore
Lapproximation centree (5.52) de la derivee apparat donc la plus precise. Ceci peut
e tre intuitivement justifie par le fait que lapproximation centree, au contraire des deux
premi`eres approximations, ne privilegie ni les x > xk , ni les x < xk . Dans la discretisation
de (5.49), nous remplacerons donc la derivee premi`ere par lapproximation centree.
112
De meme, la derivee seconde presente dans le membre de droite peut e tre approchee
au second ordre en x en utilisant
2
d T
Tk+1 + Tk1 2Tk
(xk ) =
+ O (x2 )
(5.53)
2
dx
x2
` des termes en O (x2 ) pr`es, lequation differentielle du second ordre (5.49) peut
A
donc e tre approchee par lequation aux differences du second ordre
Tk+1 Tk1
Tk+1 2Tk + Tk1
=
2x
x2
(5.54)
(5.55)
u
soit encore
u x
(5.56)
Dans le cas o`u le nombre de Peclet est positif et diff`ere de 2, les zeros du polynome
caracteristique
(Pe 2)z2 + 4z (Pe + 2)
(5.57)
associe a` (5.55) sont donnes par
z1 = 1;
z2 =
2 + Pe
2 Pe
(5.58)
k
(5.59)
2 + Pe
Tk = +
2 Pe
o`u et sont des constantes dintegration a` fixer en fonction des conditions aux limites
du probl`eme.
113
Pe = 0.4
Pe = 4
x, k
b
b
F IG . 5.6 Solutions discr`etes et continues dun probl`eme aux limites pour Pe=0.4 (trait
pointille et x) et Pe=4 (trait continu et ).
114
(5.60)
o`u r, K > 0. Cette e quation prevoit une croissance exponentielle pour de faibles valeurs de
N et une decroissance de taux de croissance pour N grand. Elle peut donc e tre vue comme
e quivalente a` la loi de croissance logistique en regime discret.
Le comportement de la solution peut se deduire aisement de lexamen du graphique
` partir dune valeur quelconque, de N0 , ce graphique permet
de Nt+1 en fonction de Nk . A
de lire, en ordonnee, la valeur de N1 . Reportant cette valeur en abscisse, on en deduit la
valeur N2 suivante, . . . En procedant de proche en proche, on construit une ligne brisee
joignant alternativement des points de la courbe f a` la bissectrice principale. Les abscisses
des segments verticaux successifs correspondent a` la suites des iteres N0 , N1 , N2 , . . .
F IG . 5.7- Etude
graphique des iteres dune relation de recurence dordre un.
Dans le cas illustre a` la figure 5.7, lequilibre en N est stable. Quelle que soit la
perturbation de lequilibre, Nk N lorsque t +. La convergence est monotone,
sauf e ventuellement lors du premier pas de temps si N0 > N . Pour qualifier le fait que
Nk N quelle que soit la condition initiale N0 , on dit que lespace entier constitue le
bassin dattraction de lequilibre N .
si
Nt+1 = f (Nt )
(5.61)
(5.62)
(5.63)
(5.64)
(5.65)
N {0, K}
K
(5.66)
r > 0
(5.67)
(5.68)
Lequilibre est donc stable pour r ]0, 2[ et instable pour r > 2. La solution est oscillatoire
pour r > 1.
117
K er1
r
Sans entrer dans les details, precisons que le regime chaotique nest pas le domaine
du hasard. Si le comportement dun syst`eme chaotique semble erratique, cest parce que
son comportement ne se rep`ete jamais et depend tr`es fortement des conditions initiales :
des differences extremement faibles dans les valeurs des param`etres peuvent donner
lieu a` des resultats largement divergents. Un syst`eme chaotique nen reste pas moins
ordonne et deterministe : des effets objectifs et precisement mesurables et reperables
determinent univoquement la suite des e venements. Le determinisme est cependant
qualifie dimprevisible puisque, malgre la connaissance que nous avons de toutes les
donnees qui determinent les e venements, lextreme sensibilite aux conditions initiales
nous empeche de dire ce qui va se passer.
Lorsque r est e gal a` la valeur limite r2 = 2, le syst`eme ne poss`ede plus aucun point
dequilibre stable. Le point N = K est marginalement stable puisque les perturbations
linearisees verifient
t+1 = t
(5.69)
La solution consiste donc en des oscillations de periode 2. Pour des valeurs de r
leg`erement superieures a` r2 = 2, de telles solutions periodiques de periode 2 continuent
118
(5.70)
(5.71)
Dans le cas du mod`ele de Ricker, pour r = 2.1, on trouve par exemple une oscillation entre
les valeurs N2t = 1.37 et N2t+1 = 0.63. Ces points fixes de literation double sont stables,
ce qui signifie que la solution periodique correspondant au passage de lun a` lautre de
ces points est elle-meme stable.
Pour des valeurs de r superieures a` r4 , la solution de periode 2 devient instable. Une
solution periodique de periode 4 apparat. Celle-ci est stable dans une certaine gamme de
valeurs de r et devient elle-meme instable pour des valeurs de r superieures a` r8 .
Lorsque r augmente, le syst`eme passe au travers dune serie de bifurcations par
doublement de periode ; la solution stable de periode p devenant instable alors quapparat
une solution stable de periode 2p. La distance entre les bifurcations dans lespacer devient de plus en plus petite. Au-del`a dune certaine valeur critique rc , toutes les
solutions periodiques de periode 2n sont instables. Le comportement du syst`eme devient
alors extremement complexe : le chaos sinstalle.
(5.72)
o`u le premier terme de membre de droite represente la population des baleines qui
survivent dune annee a` lautre (0 < < 1) et le second terme modelise laugmentation de
la population adulte par les naissances intervenues T annees plus tot. Le delai T est celui
de la maturite sexuelle et est de lordre de 5 a` 10 ans. Le mod`ele suppose un sexe-ratio
unitaire et une mortalite identique des deux sexes. Le terme de recrutement est de la forme
z
1
N
T
R(N) = (1 ) N P + Q 1
(5.73)
2
K
119
(5.74)
Q
et e tudiant les perturbations de lequilibre de la forme
P
Nt = K(1 + t )
(5.75)
(5.76)
(5.77)
Lequilibre devient instable d`es quun des zeros du polynome verifie || > 1. Ces
conditions peuvent e tre discutees en fonction de , T, h et qz. Lanalyse, longue et
compliquee, montre une forte sensibilite au param`etre z.
(5.78)
(5.79)
` lequilibre Nt = Nt+1 = N et
A
h = f (N ) N
(5.80)
En ce basant sur cet e quilibre, le prel`evement durable maximum est obtenu pour N =
Nmax solution de
dh
= f (Nmax ) 1 = 0
dN
f (Nmax ) Nmax = hmax
120
Z f (Nmax )
1
Nmax
dN =
1 f (Nmax )
ln
c
Nmax
(5.81)
121
i = 1, 2, . . ., n
(5.82)
(5.83)
&
122
Dans le cas dun probl`eme differentiel lineaire impliquant une seule fonction
inconnue, on peut degager des conditions suffisantes plus simples :
'
Si an1 (x), an2 (x), . . ., a1 (x), a0 (x) et f (x) sont des fonctions continues sur
lintervalle I, alors il existe une fonction y(x) unique n-fois continument
derivable sur I qui satisfait a` lequation differentielle lineaire
L n (D)y(x) = y(n) (x) + an1 (x)y(n1) (x) + + a1 (x)y (x) + a0 (x)y(x) = f (x)
(5.85)
(5.86)
o`u x0 est un point arbitraire fixe dans I et o`u C0 ,C1 , . . .,Cn1 sont des
constantes quelconques.
La solution unique obtenu depend continument de x0 , C0 , C1 , . . . , Cn1 .
&
(5.87)
(5.88)
(5.89)
(5.90)
o`u les coefficients an , an1 , . . . , a1 , a0 sont constants (an 6= 0) et o`u la fonction f (x) est
continue sur un intervalle I, on dispose de methodes systematiques de resolution.
Pour determiner la solution generale de lequation homog`ene
an y(n) (x) + an1 y(n1) (x) + + a1 y (x) + a0 y(x) = 0
(5.91)
L n () = an n + an1 n1 + + a1 + a0
(5.92)
La solution generale de lequation homog`ene est alors obtenue a` partir de letude des
zeros du polynome caracteristique :
'
i=1
yh (x) = P i 1 (x) ei x
(5.93)
i=1
&
124
(5.94)
o`u P p (x) un polynome de degre p, on montre que lequation (5.90) admet une solution
particuli`ere de la forme
y p (x) = x P p (x) ex
(5.95)
o`u designe la multiplicite de comme zero du polynome caracteristique L n () et P p
designe un polynome de degre p (en general different de P p ). Il ne reste plus alors qu`a
identifier les coefficients du polynome inconnu P p en substituant (5.95) dans lequation
(5.90).
E XEMPLE 5.1 Considerons le mouvement dune corps de masse volumique et de volume V
dans une colonne deau stratifiee. Soit z la coordonnee verticale (positive vers le haut) et (z) la
distribution verticale de la masse volumique de leau. Lequation du mouvement vertical du corps
sobtient par application de la loi de Newton en tenant compte du poids du corps et de la poussee
dArchim`ede, soit
d2z
V 2 = V g + (z)V g
dt
soit
d2z
(z)
=
1 g
dt 2
(z) +
(z z )
dz z=z
et
d2z
g d
=
(z z )
dt 2
dz z=z
(la densite diminue lorsque z augmente si la colonne deau est stable), lequation devient
d2z
+ N 2 z = N 2 z
dt 2
La solution generale de lequation homog`ene
d2z
+ N 2z = 0
dt 2
125
2 = iN
On a donc
zh (t) = C1 exp iNt +C2 exp iNt
o`u C1 et C2 sont des constantes dintegration quelconques. Utilisant la correspondance entre les
fonctions trigonometriques et les exponentielles imaginaires,
eix = cos x + i sin x,
cos x =
ex + ex
,
2
sin x =
ex + ex
2i
126
Chapitre 6
Modelisation dynamique avec
interactions.
Les probl`emes environnementaux sont generalement caracterises par des interactions
fortes entre leurs differentes composantes, quil sagisse desp`eces chimiques qui
reagissent lorsquelles sont mises en contact lune avec lautre ou desp`eces differentes
dun reseau trophique qui se nourrisent lune de lautre. Par une modelisation
mathematique adaptee, on peut decrire ces interactions pour en decrire la dynamique,
les configurations dequilibre et les instabilites. Les mod`eles mathematiques les plus
simples comprennent un syst`eme dequations differentielles qui sont couplees par des
termes souvent non lineaires.
Cette section presente les concepts et methodes mathematiques danalyse
fondamentaux applicables a` ce type de mod`ele.
(6.1)
v+ = k+ [A][]
(6.2)
(6.3)
De meme
d[D]
d[A]
d[B]
= v+ ,
= V + ;
= v+
dt
dt
dt
Si la reaction inverse est e galement possible, le syst`eme tend vers lequilibre
A + B C + D
(6.4)
(6.5)
(6.6)
= (v v+ )
(6.7)
= (v v+ )
(6.8)
= (v+ v )
(6.9)
= (v+ v )
(6.10)
(6.11)
v+ = v
(6.12)
[C] [D] k+
=
= Keq
[A][B] k
(6.13)
cest-`a-dire
soit
20
(6.14)
o`u est une constante superieure a` lunite (de lordre de 1.0 a` 1.1 pour beaucoup de
reactions) o`u T designe la temperature en C et k20 est la constante de reaction a`
20 C. Une forme semblable a` (6.14) est e galement souvent utilisee pour representer
la dependance du taux dactivite des bacteries ou du zoo-plancton en fonction de la
temperature.
Solutions de base pour des reactions simples dordre 0, 1 et 2.
Reaction dordre 1
Une reaction dordre un est une reaction du type
AB
(6.15)
(6.16)
Lorsque le mecanisme dune reaction est inconnu, une reaction du premier ordre
(6.15) peut e tre propose si les concentrations des reactifs et des produits varient
exponentiellement comme dans (6.16).
De facon e quivalente, on reconnat une reaction dordre un peu le fait que les courbes
des concentrations en fonction du temps apparaissent comme des droites sur une e chelle
logarithmique.
129
Reactions dordre 2
La plupart des reactions du second ordre de la chimie aquatique sont dun des types
A+A B
A+B C
A + R 2R
(6.17)
(6.18)
(6.19)
d[A] = 2k[A]2
dt
d[B] = k[A]2
dt
donc
kt[A]20
[A]0
, [B](t) = [B]0 +
1 + 2kt[A]0
1 + 2kt[A]0
Levolution de la concentration du reactif A est telle que 1/[A](t) est une fonction
lineaire croissante de t.
[A](t) =
d[B]
= k[A][B]
dt
En prenant la difference de ces deux e quations, on a
d
([A] [B]) = 0
dt
et
[B](t) = [A](t) + [B]0 [A]0
D`es lors
et
d[A]
= k[A]([A] + [B]0 [A]0 )
dt
Z [A](t)
[A]0
Soit
d[A ]
=
[A ]([A ] + [B]0 [A0 ]0 )
Z t
0
k dt
[A](t) =
[B](t) =
[A](t)
[A]0
= ln
k([B]0 [A0 ])t
[B](t)
[B]0
i.e. que ln[A]/[B] e volue lineairement au cours du temps. Une representation de cette
grandeur en fonction de t permet donc didentifier la pente de la droite avec k([B]0
[A]0 ).
La reaction auto-catalytique est decrite par les e quations differentielles
d[A]
= k[A][R]
dt
d[R]
= k[A][R]
dt
et peut donc e tre traitee comme (6.18).
Les reactions dordre 3 ou plus sont rares. Elles correspondraient en effet a` des
interactions de 3 molecules. Lorsquon e crit une reaction de ce type, il sagit generalement
de lecriture compacte dune suite de reactions simples. Si la loi daction des masses
est valable pour chacune des reactions simples, elle nest cependant pas valable pour la
reaction totale sans approximation. Il arrive meme souvent que la reaction totale puisse
e tre approchee par une loi dordre zero du type
d[A]
= k0 .
dt
Cest le cas, par exemple, de la production de methane et la liberation des produits
dhydrolyse (NH3 , PO
erobique des sediments.
3 ) dans une couche ana
A B 2 C
(6.20)
131
B et C. On a
d[A]
= k1 [A]
dt
(6.21)
d[B]
= k1 [A] k2 [B]
dt
(6.22)
d[C]
= k2 [B]
dt
(6.23)
Remarquons que
d
([A] + [B] + [C]) = 0
dt
de sorte que
[A] + [B] + [C] = Constante
Les e quations (6.21) - (6.23) peuvent e tre resolues successivement. Si on suppose
quinitialement [B]0 [C]0 = 0, alors
[A] = [A]0 ek1t
k1
[A]0 (ek2t ek1t )
k1 k2
k2 ek1t k1 ek2t
[C] = [A]0 1 +
k1 k2
[B] =
2
A
C
Inversement, si k2 k1 , on a
[A] = [A]0 ek1t
k1
[B]
[A]0ek1t
k2
[C] [A]0 (1 ek1t )
ce qui correspond a`
k
1
A
C
132
Dans les deux cas, on constate que la dynamique de la reaction globale est dictee par
la cinetique de la reaction la plus lente.
Il sagit l`a dun principe tout a` fait general de modelisation des syst`emes dynamiques.
Il faut e tre particuli`erement attentif a` parametrer precisement la dynamique des processus
les plus lents car ce sont eux qui gouvernent la dynamique globale. Les processus les plus
rapides peuvent par contre e tre consideres comme immediats sans engendrer derreur
importante. Les variables detats liees par les processus tr`es rapides peuvent elles-memes
e tre groupees pour former un agregat unique, diminuant ainsi la dimension du probl`eme.
Ainsi, dans le cas o`u k1 k2 , il est inutile de traiter separement les esp`eces A et B. La
transformation de A en B e tant quasi-immediate, on ne distinguera pas ces deux esp`eces.
Le schema de reaction (6.20) sapplique particuli`erement bien a` loxydation de
lammonium en nitrite puis nitrate par le biais des reactions successives
3
+
NH3 + O2 NO
2 + H + H2 O
2
1
NO2 + O2 NO
3
2
(6.24)
(6.25)
(6.26)
d[A]
+ (k1 + k2 )[A] = k2C
dt
133
et
[A](t) =
k2C
(1 e(k1 +k2 )t ) + [A]0e(k1 +k2 )t
k1 + k2
[B](t) =
k1C
(1 e(k1 +k2 )t ) + [B]0e(k1 +k2 )t
k1 + k2
De meme
k2C
,
k1 + k2
[B] =
k1C
k1 + k2
1
k1 + k2
(6.27)
Lenzyme E et le substrat S se combinent pour former un complexe SE qui est luimeme converti en un produit P. Lors de cette derni`ere e tape, lenzyme est e galement
reformee de sorte que lenzyme nest pas consommee par la reaction mais permet
seulement daugmenter la vitesse de la transformation globale. Lenzyme E et le substrat
S sont en e quilibre avec leur complexe SE. La constante de reaction k2 est generalement
petite par rapport a` k1 et k1 .
134
(6.28)
d[S]
= k1 [E] [S] + k1 [SE]
dt
(6.29)
d[E]
= k1 [E] [S] + k1 [SE] + k2 [SE]
dt
(6.30)
d[P]
= k2 [SE]
dt
(6.31)
(6.32)
en sappuyant sur la cinetique rapide de la premi`ere reaction et la realisation quasiimmediate de lequilibre. Dans ce cas,
k1 [E] [S] (k1 + k2 )[SE]
(6.33)
(6.34)
Dautre part, en combinant les e quations (6.28) et (6.30), on verifie aisement que
[E] + [SE] = e0
(6.35)
o`u e0 est une constante : la somme des concentrations des formes libre et combinee de
lenzyme est constante.
En combinant les relations (6.34) et (6.35), on obtient
[SE] =
e0 [S]
Keq + [S]
(6.36)
D`es lors,
d[P]
e0 [S]
= k2
dt
Keq + [S]
(6.37)
Dans le cas o`u la reaction (6.28) est celle de la synth`ese cellulaire, P designe la
biomasse produite et k2 e0 represente le taux de croissance maximum. Exprimant ce
dernier sous la forme k2 e0 = max [P], on retrouve la loi classique de Michaelis-Menten
d[P]
[P] [S]
= max
dt
Keq + [S]
(6.38)
[P] [S]
dt
Keq
et la reaction est du second ordre.
La simulation numerique de levolution des concentrations des differentes esp`eces
permet de mettre en e vidence les conditions de validite de lhypoth`ese (6.32). Si les
concentrations initiales de P et SE sont nulles, on observe une premi`ere phase tr`es courte
pendant laquelle les concentrations du substrat [S] et du produit [P] sont tr`es peu modifiees
tandis que les concentrations de [E] et [SE] varient rapidement pour atteindre un pseudoe quilibre.
Dans une seconde phase, les concentrations des differentes esp`eces varient lentement
jusqu`a la transformation compl`ete du substrat en produit P. La duree de la premi`ere phase
est de lordre de
1
tc =
(6.39)
k1 (S0 + KM )
o`u S0 = [S](0) designe la concentration initiale du substrat. En effet, la phase initiale
est caracterisee par le fait que [S] reste pratiquement constant. D`es lors, (6.28) peut e tre
approche par
d[SE]
k1 S0 [E] k1 [SE]
dt
k1 S0 [(e0 [SE]) k1 [SE]
k1 S0 e0 k1 (S0 + Keq )[SE]
Le temps caracteristique de la croissance exponentielle de [SE] (et de la decroissance
correspondante de [E]) est donc donne par (6.39). Dans beaucoup de situations
experimentales, ce temps est tr`es court et le comportement rapide du syst`eme nest pas
observable. En tout cas, la premi`ere phase peut e tre ignoree et le syst`eme peut e tre
raisonnablement decrit par (6.37) ou (6.38) si on sinteresse uniquement a` des e chelles
de temps bien superieures a` tc .
136
dN
dt = aN bN P
(6.40)
dP = cN P dP
dt
Assorti de conditions auxiliaires appropriees decrivant les populations initiales N0 et P0
de la proie et du predateur, ce syst`eme permet, par integration (numerique), de decrire le
populations des deux esp`eces a` tous les instants ulterieurs.
Afin detudier la dynamique de (6.40), il est avantageux dintroduire les variables
adimensionnelles
u() =
cN(t)
,
d
v() =
bP(t)
,
a
= at,
d
a
(6.41)
dv
= v(u 1)
d
(6.42)
Cette expression du mod`ele fait clairement apparatre que, aux variations de lechelle
temporelle et aux mises a` e chelles des variables decrivant les deux populations pr`es, la
dynamique du syst`eme depend du seul param`etre adimensionnel representant le rapport
du taux de mortalite du predateur et du taux de croissance de la proie.
La resolution analytique compl`ete du syst`eme (6.42) nest pas possible. Cependant,
on peut obtenir des informations importantes sur la dynamique du syst`eme en examinant
lexistence et la nature des solutions particuli`eres correspondant a` des valeurs constantes
de u et v. Celles-ci correspondent a` lannulation des seconds membres de (6.42) et sont
donc donnees par
(u, v) = (0, 0)
et
(u, v) = (1, 1)
(6.43)
Ces couples definissent les points critiques ou points dequilibre du syst`eme e tudie. Si
le syst`eme est abandonne dans une telle configuration a` un moment donnee, alors les
137
derivees temporelles de u et v sont nulles et le syst`eme demeure dans cet e tat indefiniment.
Le point dequilibre (1, 1), en particulier, decrit les populations constantes de la proie et
du predateur qui peuvent cohabiter dans le syst`eme e tudie.
Au del`a de lexistence des points critiques, il importe den definir la nature
en effectuant une analyse de stabilite locale. Pour ce faire, comme dans le cas
unidimensionnel, on linearise les e quations au voisinage du point e tudie.
Considerons tout dabord le point critique (0, 0) correspondant a` labsence de proie et
de predateur. Considerant une petite perturbation de cet e tat, la linearisation des e quations
(6.42) conduit a`
du
dv
u,
v
(6.44)
d
d
dont la solution est donnee par
u() = C1 e ,
v() = C2 e
(6.45)
v() = 1 + ()
(6.46)
et supposant que ces perturbations sont faibles devant lunite, levolution des
perturbations au voisinage du point critique peut e tre approchee par
d
= (1 + ) ,
d
d
= (1 + )
d
(6.47)
(6.48)
(6.49)
obtenue a` partir de (6.42). Lequation (6.49) e tant a` variables separees, elle peut e tre
integree exactement. On obtient
u + v ln u = H
(6.50)
139
Une trajectoire fermee dans le plan de phase represente une solution periodique
presentant des oscillations (pas necessairement harmoniques) des deux variables. La
condition initiale determine lamplitude et la periode des oscillations. Une solution
type est presentee a` la figure 6.2. Les oscillations des deux populations sont dephasees
denviron un quart de periode ; la population de la proie est maximale ou minimale lorsque
la population du predateur est e gale a` sa valeur dequilibre, elle est e gale a` sa valeur
dequilibre lorsque la population du predateur est extremale. Les maxima des populations
du predateur suivent immediatement les maxima de la proie.
La relation (6.50) constitue une integrale premi`ere du syst`eme, i.e. une relation entre
les variables qui est conservee au cours du temps. Un syst`eme possedant une telle integrale
premi`ere est qualifie de conservatif.
Le mod`ele de Lotka-Volterra constitue un exemple tr`es utilise dinteraction entre
esp`eces. Malheureusement, il souffre dun probl`eme structural qui limite son applications
140
aux syst`emes reels. En effet, si on perturbe leg`erement le syst`eme decrivant une trajectoire
donnee, celui-ci se retrouve sur une trajectoire differente caracterisee par un amplitude
et une periode modifiees. La nouvelle trajectoire nest pas partout tr`es proche de la
trajectoire initiale. Ce probl`eme dit dinstabilite structurale est classique des syst`emes
conservatifs.
Pour la petite histoire, citons lapplication de Gilpin (1973) du mod`ele de LotkaVolterra a` la modelisation de la dynamique des populations de li`evre et de lynx, les
premiers constituant e videmment la proie des seconds. Le mod`ele de Lotka-Volterra
fournit des trajectoires de phases proches de celles deduites des releves de capture
danimaux a` fourrure dans la Baie dHudson entre 1845 et 1835, les populations des
deux esp`eces fluctuant dans le temps. Malheureusement, les donnees montrent que les
maxima de population de lynx prec`edent les maxima de population de li`evre suggerant
donc que les li`evres se nourrissent de lynx ! Lexplication la plus probable de ce paradoxe
est certainement a` chercher du cote de la strategie des trappeurs qui devaient se detourner
de la capture des li`evres lorsque les populations e taient faibles et se tournaient alors vers
la capture plus profitable du lynx. Les donnees de capture ne donnent donc pas une image
fiable des variations des populations vraies des deux esp`eces.
Des variantes du mod`ele de Lotka-Volterra ont e te proposees. Ainsi, si on represente
la croissance de la proie par un mod`ele logistique, on a
dN
= a(N N/K) bN P,
dt
dP
= cN P dP
dt
(6.51)
dP
= c(N N0 ) P dP
dt
(6.52)
Ces mod`eles peuvent e tre analyses en utilisant les memes techniques a` celles utilisees
ci-dessus.
0 = g(x0 , y0 )
(6.54)
est appele un point critique, point fixe ou point dequilibre du syst`eme. Si les conditions
initiales du syst`eme sont prises en un tel point, le syst`eme ne quitte jamais cet e tat.
La courbe decrite de facon parametrique par (x(t), y(t)) dans le plan de phase (x, y)
constitue la trajectoire de phase du syst`eme. Le syst`eme (6.53) poss`ede une et une seule
solution correspondant a` chaque point du plan de phase au voisinage duquel les fonctions
f et g verifient les conditions du theor`eme dexistence de la solution. Dans le cas dun
syst`eme autonome comme (6.42), i.e. dun syst`eme dont la dynamique ne depend pas
explicitement du temps, chaque tel point du plan de phase se trouve sur une et une seule
trajectoire. En dautres termes, les trajectoires ne peuvent se croiser, sauf e ventuellement
en certains points particuliers appeles points singuliers.
La direction devolution du syst`eme lorsque le temps t augmente peut e tre indiquee
par une fl`eche attachee a` chaque trajectoire.
Le pente de la trajectoire en chacun des points du plan de phase est donnee par
dy y g(x, y)
= =
dx x
f (x, y)
(6.55)
en chacun des points pour lesquels le second membre de cette e quation est bien defini (ou
meme infini). La trajectoire est verticale en un point (x, y) o`u f sannule et g diff`ere de
zero. Elle est horizontale l`a o`u g(x, y) = 0 mais f (x, y) 6= 0. Les points singuliers sont ceux
qui laissent le second membre indetermine. En particulier, les trajectoires correspondant
a` un point dequilibre stable se reduisent a` un seul point.
Toute e volution periodique du syst`eme est representee dans le plan de phase par une
trajectoire fermee.
(6.57)
x 0
y 0
o`u la notation ()0 signifie que les derivees sont e valuees au point (x0 , y0 ). Faisant de
meme pour g, lapproximation de (6.53) secrit
= a + b ,
= c + d
(6.58)
142
c=
g
x
,
0
d=
g
y
(6.59)
=
(6.60)
c d
dt
Toute linformation sur la dynamique du syst`eme et linteraction entre les esp`eces qui
le compose est contenue dans la matrice de communaute (community matrix)
a b
A=
(6.61)
c d
La solution de (6.60) peut generalement e tre exprimee en fonction des valeurs propres
et des vecteurs propres de A. A cet effet,recherchons des solutions de (6.60) de la forme
particuli`ere
0 t
=
e
(6.62)
0
i.e. des solutions o`u les deux variables independantes varient proportionnellement.
Substituant cette expression dans (6.60), on voit quune telle solution nexiste que si
0
(6.63)
= 0
A
0
0
i.e. si est une valeur propre de A. Celles-ci sont obtenue en resolvant lequation
caracteristique
a
b
(6.64)
dtm (A I) = 0 =
c
d
o`u I designe la matrice identite. Dans les cas les plus simples, lorsque les valeurs propres
de A sont distinctes, la solution compl`ete du probl`eme linearise (6.60) secrit comme la
combinaison des modes fondamentaux
(1)
(2)
(1)
1t
(t) = C1 v
e +C2 (2) v(2) e2t
(6.65)
(1)
(1)
(2)
v =
,
v =
(1)
(2)
sont les vecteurs propres associes a` 1 et a` 2 .
143
(6.66)
144
(b) = 0. Les trajectoires de phase sont des courbes fermees tournant autour du
point dequilibre. Celui-ci est un centre. Les trajectoires correspondantes sont
periodiques.
(c) > 0. Les trajectoires de phase divergent en tournant autour du point
dequilibre instable. On parle de foyer instable.
iii. 1 = 2 . Si les valeurs propres sont confondues, le point dequilibre apparat
comme un nud (stable ou instable en fonction du signe des valeurs propres)
e ventuellement degenere 2 . Dans ce dernier cas, les trajectoires sont radiales.
a une e toile si les blocs de Jordan sont tous de taille unitaire et un nud sinon.
145
6.2.3 Generalisation.
Les notions precedentes peuvent e tre generalisees aux syst`emes de n e quations
differentielles du premier ordre. Les concepts de stabilite ne sont pas modifies. De meme,
une solution decrit toujours une trajectoire qui est maintenant une courbe dans un espace
146
a` n dimensions. Cet espace, qui generalise la notion de plan de phase, est appele lespace
de phase. Les representations graphiques dun tel espace sont e videmment impossibles
pour n > 3. Par contre, on peut considerer des representations graphiques des coupes
bidimensionnelles de cet espace de phase.
Tout syst`eme comportant des e quations dun ordre superieur au premier ordre peut
e tre transforme en un syst`eme e quivalent du premier ordre en introduisant des variables
dependantes supplementaires. Par exemple, lequation du troisi`eme ordre
x(3) + a2 (x, y)x + a1 (x, y)x + a0 (x, y) = f (x, y)
(6.67)
est e quivalente a`
x
x2
x3
= x2
= x3
= f (x, y) a2 (x, y)x2 a1 (x, y)x1 a0 (x, y)x
(6.68)
Enfin, lanalyse dans lespace de phase peut aussi e tre e tendue aux syst`emes
dependants du temps en introduisant une variable dependante supplementaire qui
sidentifie au temps. Ainsi, on remplacera le syst`eme
x = f (t, x, y),
y = g(t, x, y)
(6.69)
par
x = f (z, x, y),
y = g(z, x, y),
z = 1
(6.70)
Competition.
Considerons tout dabord le cas de deux esp`eces en competition. Notons N1 et N2 les
populations correspondantes. Si on suppose que les deux populations sont caracterisees
par une croissance logistique en labsence de lautre esp`ece, on e crira, par exemple
h
dN1
N1
N2 i
=
r
N
1
1 1
12
dt
K1
K1
(6.71)
h
i
dN2 = r2 N2 1 N2 b21 N1
dt
K2
K2
o`u r1 , r2 , K1 , K2 , b12 et b21 sont des constantes positives. Les ri designent les taux de
croissance lineaire et les Ki les capacites portantes. Les constantes b12 et b12 mesurent
linfluence reciproque des deux esp`eces. Les termes correspondant montrent la reduction
du taux de croissance dune esp`ece induite par la presence de lautre esp`ece.
Les e quations (6.71) peuvent e tre rendues adimensionnelles en posant
u1 =
N1
,
K1
N2
,
K2
K2
a12 = b12 ,
K1
u2 =
= r1t,
a21 = b21
=
K1
K2
r2
r1
(6.72)
Il vient
du1
dt = u1 (1 u1 a12 u2 ) = f1 (u1 , u2 )
(6.73)
(o`u le dernier point critique nest possible que pour certaines gammes de valeurs des
param`etres).
La stabilite des points critiques depend des valeurs propres de la matrice de
communaute
f1 f1
a u
2u
a
u
12
12
1
2
1
u1 u2
A=
=
(6.75)
f
f2
2
a21 u2
(1 2u2 a12 u1 )
u1 u2 (u1 ,u2 )
On verifie aisement que le point (0, 0) est toujours instable puisque la matrice de
communaute correspondante secrit
1 0
A=
(6.76)
0
148
(6.77)
dont les valeurs propres sont 1 et (1 a21 ). Par consequent, lequilibre est stable3 pour
a21 > 1 et instable pour a21 < 1.
De meme, la matrice de communaute relative a` lequilibre (0, 1) secrit
1 a12 0
A=
(6.78)
dont les valeurs propres sont 1 a12 et . Par consequent, lequilibre est stable pour
a12 > 1 et instable pour a12 < 1.
Lorsque les conditions sont remplies pour que le troisi`eme e quilibre de (6.74) soit
possible, sa stabilite depend du signe (de la partie reelle) des valeurs propres de
1
a12 1
a12 (a12 1)
A=
(6.79)
1 a12 a21 a21 (a21 1) (a21 1)
soit
1,2 =
h
1
(a12 1) + (a21 1)
2(1 a12 a21 )
q
i
[(a12 1) + (a21 1)]2 4(1 a12 a21 )(a12 1)(a21 1)
(6.80)
Sans entrer dans la discussion du signe de (6.80), on peut remarquer que le syst`eme
est globalement stable. En effet, les trajectoires de phases pointent toutes vers linterieur
du rectangle [0,U1] [0,U2] si on prend U1 et U2 suffisamment grands.
Considerons maintenant les differentes combinaisons possibles des param`etres du
probl`eme.
a) a12 < 1, a21 < 1.
Les points (1, 0) et (0, 1) sont tous deux instables et constituent des points de selle.
Lequilibre est stable au point (u1 , u2 ). Toutes les trajectoires convergent vers ce
point (centre).
b) a12 > 1, a21 > 1.
Pour de telles valeurs des param`etres, les configurations (1,0) et (0,1) sont toutes
les deux stables. Puisque 1 a12 a21 < 0, le point (u1 , u2 ) est aussi admissible et
3 Le
cas a21 = 1 est donne lieu a` un e quilibre marginalement stable au sens de lanalyse infinitesimale.
Une analyse non lineaire compl`ete simpose alors.
149
150
2 (1 + 2 ) + 12
2 trace A + detA
a12 1 + (a21 1)
<0
1 a12a21
det A =
(a12 1)(a21 1)
<0
1 a12a21
151
Si b12 et b21 sont grands et que K1 et K2 sont semblables, alors les deux esp`eces
se livrent a` une concurrence feroce et lequilibre stable ne peut e tre realise que par la
disparition compl`ete dune des deux esp`eces (a12 > 1 et a21 > 1). La determination de
lesp`ece qui lemporte depend de lavantage initial de lune ou lautre esp`ece.
Il convient de remarquer que ce sont les groupements adimensionnels a12 et a21 (et
e ventuellement les conditions initiales) qui gouvernent levolution ultime du syst`eme.
Le ratio des taux de croissance naffecte en rien la stabilite des solutions. Il modifie
seulement lechelle de temps de la dynamique du syst`eme.
N1
N2
dN1
= r1 N1 1
+ b12
dt
K1
K1
(6.82)
dN
N
N
2
2
1
= r2 N2 1
+ b21
dt
K2
K2
o`u r1 et r2 sont les taux de croissance lineaire des deux esp`eces, o`u K1 et K2 les
capacites de lenvironnement pour ces deux esp`eces et o`u b12 > 0 et b21 > 0 caracterisent
laugmentation du taux de croissance dune esp`ece en presence de lautre.
Le syst`eme (6.82) peut e tre e crit en variables adimensionnelles en posant,
u1 =
Il vient
N1
,
K1
N2
,
K2
K2
a12 = b12 ,
K1
u2 =
= r1t,
r2
r1
K1
a21 = b12
K2
du1
dt = u1 (1 u1 + a12 u2 ) = f1 (u1 , u2 )
(u1 , u2 ) =
(0, 0),
(1, 0),
1 + a12
1 + a22
,
1 a12 a21 1 a12 a21
152
(6.83)
(6.84)
(0, 1)
si
(6.85)
En procedant comme a` la section precedente (seuls les signes des coefficients a12 et
a21 sont modifies), on montre aisement que (0, 0) est un noeud instable tandis que les
points (1, 0) et (0, 1) sont des points de selle. Ces trois points sont donc instables. Si
1 a12 a21 < 0, le syst`eme ne peut donc presenter dequilibre stable ; les deux populations
explosent (sont non bornees).
F IG . 6.5 Plan de phase dans le cas o`u a) 1 a12 a21 < 0 et b) 1 a12 a21 > 0
Si 1 a12 a21 > 0, lequilibre est stable en (u1 , u2 ) : toutes les trajectoires convergent
vers ce noeud stable. Remarquons que cet e quilibre est caracterise par u1 , u2 > 1, ce qui
correspond a` N1 > K1 , N2 > K2 . Linteraction des deux esp`eces permet donc le maintien de
populations superieures aux populations dequilibre lorsque les esp`eces vivent isolement.
Nk+1 = r Nk exp(a Pk )
(6.86)
P = N [1 exp(a P )]
k+1
k
k
o`u r(> 0) represente le taux de croissance net de la proie en labsence de predation et o`u
a(> 0) mesure lintensite de linteraction entre les deux esp`eces.
153
ln r
P =
N =0
a
ou
r ln r
P =0
N =
a(r 1)
(6.87)
Nk = N + k
k
k
o`u 1, 1
(6.88)
N
N
Pk = P + k
Dans le cas de lequilibre trivial N = P = 0, il vient
k+1 = r k ;
k+1 = 0
(6.89)
Lequilibre est donc stable si r < 1 (Nk 0 pour k +), instable pour r > 1 et
marginalement pour r = 1 (Nk = N0 k).
Pour r > 1, les perturbations de la seconde configuration dequilibre e voluent selon
= k N a k
k+1
(6.90)
Na
1
+
k
k+1 = k 1
r
r
1
N a
k+1
k
=
(6.92)
k+1
k
1 Na
1
r
r
ce que lon peut noter
xk+1 = Axk
154
(6.93)
(6.94)
Ax0 = x0
(6.95)
i.e. est une valeur propre de A et x0 un vecteur propre associe. Le syst`eme sera stable si
toutes les valeurs propres de A sont inferieures a` 1 en module. Si une des valeurs propres
est telle que || > 1, le mode correspondant crot exponentiellement et le syst`eme est
instable.
Dans le cas particulier e tudie, on a
1 N a
Na
2
|A I| =
+ Na = 0
(6.96)
= 1+
1 Na
r
1
r
r
En utilisant la valeur de N donnee dans (6.87), on montre que les deux zeros sont
complexes conjugues et que leur produit, N a, qui est aussi e gal au carre de leur module
commun, est strictement superieur a` 1 pour r > 1. On en deduit que cet e quilibre est
toujours instable. Il est donc illusoire de vouloir representer un syst`eme reel presentant
un e quilibre stable avec ce mod`ele. De plus, les simulations numeriques montrent que
lequilibre non trivial (N , P ) est e galement instable pour des perturbations damplitude
finie ; la solution crot sans borne. Le mod`ele ne peut donc e tre applique tel quel a` aucun
syst`eme reel.
Une modification possible de de (6.86) consiste a` introduire une saturation dans la
dynamique des proies, par exemple, en y incorporant la loi de Ricker. On aura alors
Nk
a PK
Nk+1 = Nk exp r 1
K
(6.97)
Pk+1 = Nk [1 exp(a PK ]
dont la dynamique peut presenter des configurations dequilibre stable.
155
Chapitre 7
Modelisation au moyen dequations aux
derivees partielles.
7.1 Dynamique de population avec distribution dage.
Le mod`ele de croissance logistique avec retard (5.22) peut e tre generalise pour tenir
compte du fait que la dynamique de la population a` un instant t donne depend dune
certaine moyenne des populations aux instants precedents. On aura alors lequation
integro-differentielle
Z
dN
1
= r N(t) 1
W ()N(t )d
(7.1)
dt
K 0
o`u W () designe une fonction de ponderation decrivant linfluence de la taille des
populations aux instants passes sur la disponibilite actuelle ou sur la qualite des
ressources. Lequation (5.22) constitue un cas particulier de (7.1) o`u la fonction W ()
est non nulle pour le seul retard T . De meme, lequation (5.5) sobtient a` partir de (7.1)
en posant W () = ().
De facon alternative, on peut interpreter le terme entre crochets dans (7.1) comme
un terme correctif au terme Malthusien rN tenant compte de la distribution des a ges au
sein de la population ; une population trop jeune, immature ou au contraire trop a gee
presentant des taux de reproduction et de croissance faibles. Dans cette optique, on peut
rendre plus explicite la dependance de la dynamique en la structure de la population en
decrivant explicitement sa distribution dage.
Soit n(a,t) la densite de population au temps t en fonction de lage a, i.e. n(a,t) est
telle que le nombre dindividus dont les a ges sont compris entre a1 et a2 (> 0) est donne
par
Z
a2
n(a,t)da
(7.2)
a1
Z t
0
m(a + )n(a + ,t + )d
(7.3)
Soit encore
n
n
(a,t) + (a,t) t + O (t 2 ) = m(a)n(a,t)t + O (t 2)
a
t
(7.4)
(7.5)
Z amax
b(a)n(a,t)da
(7.6)
o`u amax designe lage maximum pour lequel b(a) est non nul.
Les e quations (7.5) et (7.6) constituent le mod`ele devolution de la population. Celuici est donc enti`erement decrit par la donnee des lois b(a) et m(a). En plus de (7.6), il
convient dimposer une condition initiale du type
n(a, 0) = f (a)
(7.7)
a+t
m(s)ds
a
(7.8)
(7.9)
157
t
II.
n(0,t) =
Z amax
a=t
I.
a
n(a, 0) = f (a)
F IG . 7.1
II.) Pour a < t, par contre, la condition initiale (7.7) est sans influence ; les individus
concernes sont tous nes entre linstant initial t = 0 et linstant considere. La solution
est donc conditionnee par la condition auxiliaire (7.6) qui sert de condition initiale
de sorte que
Z a
n(a,t) = n(0,t a) exp
m(s)ds
(a < t)
(7.11)
0
(7.12)
Une telle solution auto-similaire est caracterisee par une structure des a ges constante a`
tous les instants ; seul le nombre total dindividus varie au cours du temps.
Substituant (7.12) dans (7.6) et (7.11), on a
Z a
g(a) = g(0) exp a
m(s)ds
(7.13)
0
et
g(0) =
Z amax
b(a)g(a)da
= g(0)
Z amax
0
b(a) exp a
158
Z a
0
m(s)ds da
(7.14)
Posant
() =
Z +amax
0
Z a
b(a) exp a
m(s)ds da
(7.15)
on observe que (27) ne represente une solution du probl`eme que si est la solution unique
de lequation1
() = 1
(7.16)
Si (0) > 1, la solution de (7.16) definit une valeur > 0 et la population crot
exponentiellement au cours du temps. Si (0) < 1, la solution de (7.16) correspond a`
une valeur negative de et la population decline exponentiellement.
Considerons le cas particulier o`u b(a) est non nul uniquement au voisinage de
a = a0 et o`u la mortalite est une fonction lineaire de lage, i.e. b(a) = (a a0 ) et
m(a) = m0 + a. Il vient
Z +
Z a
() =
(a a0 ) exp a
m(s)ds da
0
0
Z +
a2
=
(a a0 ) exp a m0 a
da
(7.17)
2
0
a20
= exp a0 m0 a0
2
La population ne pourra donc se maintenir que si
a20
1
exp m0 a0
2
(7.18)
(7.19)
e quation admet une solution unique puisque () est une fonction decroissante de .
e quation sera e tablie plus loin dans le cas general tridimensionnel.
159
(7.21)
(7.22)
C(0,t) = g(t)
II.
x = ut
I.
C(x, 0) = f (x)
F IG . 7.2
Dans le domaine I, situe sous la droite x = ut, la solution est enti`erement determinee
par la distribution initiale f (x), laquelle est simplement translatee dune distance ut, i.e.
C(x,t) = f (x ut),
pour x > ut
(7.23)
Dans le domaine II, i.e. pour des temps superieurs a` x/u, la solution ne depend que de
la condition a` la fronti`ere amont, i.e.
C(x,t) = g(t x/u),
pour x < ut
(7.24)
160
i. Les caracteristiques sont des courbes (ou des surfaces) le long desquelles se
propagent naturellement linformation et, en particulier, les conditions initiales.
ii. Il est impossible dextrapoler la solution au travers des caracteristiques.
Ces proprietes complementaires se retrouvent bien dans la discussion du mod`ele avec
structure dage et dans le mod`ele dadvection unidimensionnelle.
Lexistence de caracteristiques permet de classer les EDP. Considerons lequation du
second ordre
2 u
2 u
2 u
u
u
a 2 + 2b
+c 2 +e + f +g u = 0
(7.25)
x
xy
y
x
y
o`u a, b, c, d, e, f et g sont des fonctions reelles des variables independantes x et y.
Si ac < b2 , lequation poss`ede deux familles de caracteristiques reelles. Les deux
caracteristiques qui se croisent en un point donne sont chacune porteuse dune partie
de la solution. La combinaison de ces deux e lements determine compl`etement la
solution. Lequation differentielle est dite hyperbolique.
Lequation hyperbolique du second ordre la plus simple est
2
2 u
2 u
c
=0
t 2
x2
(7.26)
(7.27)
Celle-ci decrit les deformations dune membrane tendue sur une courbe de support.
Si ac = b2 , lequation admet une seule famille de caracteristiques reelles. Elle est
dite parabolique.
Il en est par exemple ainsi de lequation de la chaleur
T
2 T
=k 2
t
x
(7.28)
161
c
=0
t 2
x2
(7.29)
k
k
k
uik+1 2uki + uk1
2 ui+1 2ui + ui1
i
c
=0
t 2
x2
(7.30)
(7.31)
et sa discretisation naturelle
si on note
Cette discretisation sugg`ere de faire avancer la solution dans le temps selon la
recurrence
uk+1
= f (uk1
, uki1 , uki , uki+1 )
(7.32)
i
i
162
x
L
Limite de la zone dinfluence de la C.L. en x = 0
i+1
b
i
i1
b
b
x
Limite de la zone dinfluence de la C.L. en x = L
k1
k+1
F IG . 7.3 Discretisation de lequation des ondes (7.29) dans un domaine spatial fini.
u
(0, x) = g(x)
t
(7.33)
u(t, L) = h2 (t)
(7.34)
2 u 2 u
+
=0
x2 y2
(7.35)
(7.36)
(7.37)
(7.38)
o`u
soit
La figure 7.4 illustre la dependance entre les variables resultant de cette discretisation.
La valeur de linconnue en un point est une fonction de toutes les valeurs voisines.
Il ny a pas de direction preferentielle de propagation de linformation (pas de
caracteristique).
164
j+1
b
b
b
j1
y
i1
i+1
Une solution unique peut e tre generee a` linterieur dun domaine borne en tout point
de la fronti`ere duquel une condition limite unique est imposee.
Probl`eme parabolique.
Lequation parabolique
u
2 u
= 2
t
x
(7.39)
uk 2uki + uki1
uk+1
uki
i
= i+1
t
x2
(7.40)
(7.41)
2u
+
u
i
i+1
i1
t
x
165
(7.42)
D`es lors, toutes les variables dun meme pas de temps sont liees entre-elles par des
e quations algebriques du type
k+1 k+1
g(uk+1
, ui+1 ) = f (uki , uki+1 , uki1)
i1 , ui
(7.43)
En raison de ces e quations, toutes les valeurs au nouveau pas de temps k + 1 doivent e tre
determinees simultanement.
La dependance entre les valeurs de la discretisation est illustree a` la figure 7.5.
x
L
i+1
i1
b
b
b
b
k1
k+1
Cette fois, une seule condition initiale doit e tre imposee. Dans un domaine borne
(x [0, L]), une condition limite supplementaire doit e tre appliquee en chacune des
extremites de lintervalle [0, L], ou, plus generalement, en chaque point de la fronti`ere.
Ceci permet de determiner compl`etement la solution pour tout t > 0.
(7.44)
t
z
z
z
o`u t designe le temps et z represente la coordonnee verticale (croissante vers le haut).
En labsence de terme de diffusion ( = 0), lequation 7.44 se reduit a`
C
C
+ (w + ws )
=0
t
z
(7.45)
qui est en tout point semblable a` (7.5) avec une mortalite nulle. Lequation est donc de
nature hyperbolique et decrit le transport passif le long de la caracteristique
z (w + ws )t = constante
(7.46)
(7.47)
t
z
z
Elle est donc de nature parabolique et decrit la distribution progressive de la distribution
initiale.
Le mod`ele 1D vertical (7.44) sappliquant generalement a` la colonne deau, il doit
e tre resolu dans un domaine limite par la surface et le fond. Differentes conditions limites
peuvent alors e tre appliquees selon la nature de la grandeur C e tudiee. Remarquons
cependant que lequation est du second ordre par rapport a` la coordonnee spatiale et
requiert donc deux conditions aux limites (en chaque instant) en plus de la donnee de
la distribution initiale en tout point de la colonne deau.
3 La
derivation de cette e quation sera explicitee plus loin dans le cas general tridimensionnel.
167
T
=0
z f ond
(7.48)
1
T
=
Jheat
z sur f ace c p
(7.50)
o`u Jheat designe le flux de chaleur en surface (quantite de chaleur traversant la surface
par unite de surface horizontale et par unite de temps), et c p representent la masse par
unite de volume et la chaleur massique de leau. Ce flux de chaleur depend a` la fois de
letat de latmosph`ere et de la temperature de leau en surface. En effet, lechange de
chaleur sensible entre la colonne deau et lair depend de la difference de temperature
entre ces deux milieux. De meme, levaporation et les radiations en ondes longues issues
des couches superficielles depend de la temperature de leau et de lhumidite specifique
des lair environnant. La prise en compte des differents facteurs influencant lechange
thermique est extremement complexe. Une modelisation simple de ces e changes est
cependant possible sous la forme
T
= Q + (Tair Tsur f ace )
z sur f ace
(7.51)
o`u les coefficients Q et permettent une modelisation globale des differents processus
responsables de lechange.
Dans le cas o`u les donnees sont insuffisantes pour e valuer le flux de chaleur en surface
(ou les coefficients Q et de la formulation (7.51)) mais que les observations satellitaires
decrivent levolution de la temperature en surface, on peut e galement e crire
T
= (Tobs Tsur f ace )
z sur f ace
(7.52)
qui introduit un terme de rappel (nudging) de la temperature calculee Tsur f ace vers
la temperature observee Tobs . Lintensite de ce terme de rappel est gouvernee par le
param`etre representant linverse du temps caracteristique du rappel.
168
7.5.1 Equation
de continuite.
Avant de considerer une substance quelconque, examinons dabord le cas particulier
de leau elle-meme. Delimitons, par la pensee, un volume de reference V , fixe mais
de forme quelconque. Soit la surface laterale de ce volume et n la normale unitaire
exterieure. La masse totale du fluide comprise dans le volume de controle est donnee par
M (t) =
ZZZ
dV
(7.56)
o`u designe la masse par unite de volume. Le transport du fluide au travers de la surface
laterale du volume de controle constitue la seule cause possible de variation de M (t).
Pendant un petit instant dt, la masse de fluide traversant un petit e lement d de normale
n, est donnee par
n vddt
(7.57)
o`u v et designent la vitesse et la masse du fluide a` lendroit et a` linstant consideres. En
travaillant par unite de temps et en integrant sur la surface laterale totale du volume de
controle, on obtient
ZZ
d
M (t) =
v n d
(7.58)
dt
169
Remarquons que le signe moins devant lintegrale du membre de droite trouve ici sa
justification puisque laugmentation de la masse M saccompagne dun flux net negatif
au travers de la surface . Il vient donc
ZZZ
ZZ
d
dV =
v n d
(7.59)
dt
FdV =
F nd
(7.60)
+ (v) dV = 0
(7.61)
t
+ (v) = 0
(7.62)
t
En developpant le second terme, lequation de continuite peut encore secrire
ou encore
+ v + v = 0
t
(7.63)
Dt + v = 0
(7.64)
(. . .) + v (. . .)
(7.65)
t
qui mesure le taux de variation dune grandeur pour une particule fluide donnee.
La forme (7.64) est bien adaptee pour faire apparatre les simplifications appropriees
a` loceanographie. En effet, en bonne approximation, leau de mer, melange dun grand
nombre de substances differentes, peut e tre consideree incompressible4 de sorte que
Dt = 0 et donc
v = 0
(7.66)
Dt (. . .) =
4 Dans l
etude de lhydrodynamique marine, on ignore les variations de densite de leau de mer sauf dans
la projection de lequation de quantite de mouvement sur la verticale o`u les petites variations de densite
sont amplifiees par la multiplication par lacceleration de pesanteur g. Ceci donne naissance au concept de
poussee.
170
7.5.2 Equation
de bilan.
Le bilan de masse des substances (ou organismes) dissoutes ou en suspension peut
e tre formalise comme dans la section precedente. Soit C la concentration volumique, i.e.
par unite de volume, de la substance e tudiee.
La masse totale de cette substance dans un volume de controle quelconque est donnee
par
ZZZ
M C (t) =
(7.67)
CdV
Evaluons
maintenant les taux de variations de cette masse induits par les differents
processus en jeu.
La substance est dabord transportee par le fluide au travers de la fronti`ere du
volume de controle. Le flux total (masse par unite de temps) correspondant est
donne par lintegrale
ZZ
Cv n d
(7.68)
o`u le signe negatif est introduit pour quune valeur positive de ce terme corresponde
a` une augmentation de la masse au sein du volume de controle.
La substance est e galement soumise a` la diffusion. Celle-ci represente les
mouvements desordonnes des particules fluides qui ne produisent aucun
mouvement net mais induisent, a` petite e chelle du moins, lhomogeneisation
progressive des proprietes du fluide. Selon le mod`ele classique de Fourier-Fick, le
flux de diffusion Jdi f f est suppose proportionnel au gradient de la propriete e tudiee,
soit
di f f
JC = C
(7.69)
o`u le coefficient est le coefficient de diffusion. Le signe negatif est introduit dans
cette expression car le transport seffectue de la zone de plus forte concentration
vers les zones o`u la concentration est plus faible et seffectue donc dans le sens
oppose a` celui du gradient (pour rappel, le gradient pointe toujours dans la direction
de croissance la plus rapide de la grandeur).
Dans le cas de lequation de continuite, ce terme e tait absent puisque la diffusion
de leau dans leau ne correspond a` aucun transfert de masse.
Integrant les flux de diffusion sur la surface totale du volume de controle, il vient
ZZ
di f f
JC
n d =
ZZ
C n d
(7.70)
production-destruction dont le taux par unite de volume est donne par Qc . Ce taux
est positif dans le cas dune production et negatif dans le cas de la disparition du
constituant C. Dans le volume de controle, on a donc
ZZZ
Qc dV
(7.71)
ZZZ
CdV =
ZZ
C(v + vs/m ) n d +
ZZ
C n d +
ZZZ
Qc dV
(7.72)
(7.74)
Cag = iCi
(7.75)
i=1
o`u Ci sont les concentrations des esp`eces de base et i des constantes definissant le poids
respectif de ces differentes esp`eces dans lagregat. La dynamique de chacune des esp`eces
de base est decrite par une e quation du type
Ci
+ Ci (v + vis/m ) Ci Qic = 0
t
C
v
C
=
i t
i Qic (Civis/m)
i=1
i=1
(7.76)
(7.77)
Les differents termes du membre de gauche ne posent aucun probl`eme. Ils sexpriment
aisement en terme de la nouvelle variable Cag :
i
N
Cag
C
i
i
(7.78)
i t + C v C = t + (Cag v) Cag
i=1
Par contre, les termes places dans le membre de droite font toujours apparatre les
concentrations partielles Ci . Afin de reduire la portee du mod`ele, il est indispensable de
173
developer des parametrisations appropriees de ces termes qui ne font apparatre que les
seules variables relatives aux compartiments retenus dans le mod`ele afin de pouvoir e crire
Cag
ag
+ (Cag v) Cag = Qag (Cag vs/m )
t
(7.79)
processus couvrent une vaste gamme de temps caracteristiques, de moins dune seconde
a` lechelle climatique, de la diffusion moleculaire a` la circulation oceanique profonde.
10 8
circulation
thermo-haline
marees
10 6
1000 km
circulation
tourbillons
geostrophiques
10 4
ondes
inertielles
1 km
fronts
ondes
internes
10
houle
ondes
accoustiques
tempetes
10 0
couche
de
melange
1m
micro
turbulence
10 -2
1 cm
1 seconde
10 -2
10 0
1 minute
1 heure
10 2
10 4
1 jour
10
1 an
10 6
10 8
10
100 1000
10 10
F IG . 7.6 Echelles
caracteristiques de temps et despace de la variabilite marine.
(7.80)
o`u y =< y > designe la variable operante dans la fenetre spectrale retenue et y represente
la fluctuation a` plus haute frequence superposee. On a donc
< y >= 0,
< y >= y
(7.81)
Appliquant loperateur de moyenne < . . . > a` chacun des termes de (7.74), on obtient
C
+ C v + < C v > = C + < Qc > < Cvs/m >
t
(7.82)
i.e. les fluctuations disparaissent de tous les termes lineaires mais pas des termes non
lineaires.
Comme dans le cas de lagregation, la parametrisation des termes de productiondestruction (et, dans une moindre mesure, celle de la sedimentation/migration) doit e tre
adaptee pour faire apparatre uniquement les variables moyennes y.
Par exemple, dans
le cas dun processus qui depend fortement du cycle jour-nuit, comme beaucoup de
processus biologiques, il peut e tre tr`es difficile de filtrer ces oscillations et de degager une
parametrisation appropriee sappuyant sur des variables moyennes defines par un temps
caracteristique bien superieur a` 24 heures.
Sans entrer dans le detail de la parametrisation de ces termes, le terme dadvection
illustre la complexite de cette procedure. En effet, la moyenne du terme non lineaire
dadvection donne naissance a` deux termes dans (7.82) :
< Cv >= C v + < C v >
(7.83)
Le premier terme correspond au produit des valeurs moyennes et se trouve sous une forme
appropriee. Le second terme, par contre, fait apparatre exclusivement les fluctuations.
Cette moyenne du produit des fluctuations peut jouer un role important d`es quil existe une
correlation significative entre les variables. Dans ce cas, il ne peut e tre ignore mais il ne
peut pas non plus e tre integre tel quel au mod`ele operant dans la fenetre spectrale choisie.
176
(7.84)
(7.85)
o`u k designe lenergie cinetique des fluctuations turbulentes et la longueur
caracteristique des plus grands tourbillons non resolus.
Il faut remarquer que, alors que la diffusion moleculaire est isotrope, i.e. presente
la meme efficacite dans toutes les directions de lespace, la diffusion turbulente devient
anisotrope a` partir dune certaine e chelle. Dune part, en effet, les mers et oceans
presentent des longueurs caracteristiques horizontales bien superieures aux longueurs
caracteristiques verticales (limitees par la profondeur). Dautre part, la stratification inhibe
les e changes verticaux. Il en resulte que les tourbillons oceaniques sont generalement
plutot bidimensionnels que tridimensionnels. D`es lors, la diffusion selon les directions
horizontales et verticale est caracterisee par des intensites differentes et des coefficients
de diffusions differents. On e crira donc
v
h hC
< C v >=
C
z
(7.86)
h et
v designent les coefficients de diffusion horizontale et verticale et
o`u
h =
ex + ey
x
y
(7.87)
v = (Ri ) k
(7.88)
o`u (Ri ) est une fonction decroissante du nombre de Richardson mesurant la
stratification, i.e.
b
N2
Ri = z = 2
(7.89)
v v
M
z z
177
+ (v + vs/m )C = h h hC +
v
+ Qc
(7.90)
t
z
z
ZZZ
CdV
(7.92)
(7.93)
179
(7.95)
h(x, y) + z = 0
(7.96)
Dans ces deux relations, on suppose que la coordonnee verticale z est mesuree
positivement vers le haut. Remarquons que le fond est ici considere independant du
temps (au contraire de la surface libre qui e volue au cours du temps). Cest e videmment
une bonne approximation pour beaucoup de processus et pour des e chelles de temps
inferieures a` lechelle des mouvements sedimentaires ou geologiques.
La surface et le fond constitue des fronti`eres naturelles du fluide que celui-ci ne peut
traverser. On en deduit que la derivee materielle des relations (7.95) et (7.96) est nulle,
180
soit
+ us + vs ws = 0
t
x
y
h
h
uf +vf +wf = 0
x
y
(7.97)
(7.98)
(7.99)
dz +
Z
v
h
dz + ws w f = 0
(7.100)
Les deux integrales peuvent e tre exprimees en fonction des transports integres sur la
profondeur
U (x, y,t) =
Z (x,y,t)
h(x,y)
u(x, y, z,t)dz,
V (x, y,t) =
Z (x,y,t)
h(x,y)
v(x, y, z,t)dz
(7.101)
U (x, y,t) =
x
Z (x,y,t)
u
h(x,y)
(x, y, z,t)dz
(7.102)
D`es lors
Z
u
h
us u f
x
x
x
h x
Z
v
V
h
(x, y, z,t)dz =
vs v f
y
y
y
h x
(x, y, z,t)dz =
(7.103)
(7.104)
i h
h
h i
+
+ ws us vs
wf +uf +vf
=0
x
y
x
y
x
y
181
(7.105)
Tenant compte des conditions aux limites (7.97) et (7.98) et introduisant la notation
H(x, y,t) = (x, y,t) + h(x, y)
U = U ex +V ey ,
(7.106)
Il vient finalement
H
+ h U = 0
(7.107)
t
qui constitue la forme bidimensionnelle integree sur la profondeur de lequation de
continuite ; puisque leau de mer est consideree incompressible, toute divergence du
transport horizontal doit e tre compensee par une augmentation de la hauteur de la colonne
deau.
Appliquons le meme traitement a` lequation (7.90). Nous definissons la concentration
moyenne sur la colonne deau par
y,t) = 1
C(x,
+h
(7.108)
C(x, y, z,t)dz
Integrons ensuite les differents termes de (7.90) (en negligeant les termes de migrationsedimentation).
La derivee temporelle de la concentration donne naissance a` deux termes :
Z
C
h
dz =
Cdz Cs
(HC)
=
Cs
t
t
t
(7.109)
h (uC)dz = h
uCdz usCs h u f C f h h
(7.110)
h iz=
(wC)dz = wC
= wsCs w f C f
h h hC dz = h
h hCdz h hC
h
z=
h h hC
v
dz = v
= J f Jsdi f f
z
z
z
h
z=h
di f f
o`u J f
di f f
et Js
(7.111)
z=h
z=h
h h
(7.112)
(7.113)
Qc dz = H Q c
(7.114)
C
(HC)
+ (vC) dz =
+ h
uCdz
(7.115)
t
t
h
h
Pour adapter cette forme au mod`ele 2D, le second terme du membre de droite doit e tre
H et U. Pour ce faire, decomposons chacune des variables 3D
exprime en fonction de C,
en sa moyenne sur la profondeur et sa deviation par rapport a` cette moyenne (notee par ),
i.e.
U
C = C +C ,
u = + u
(7.116)
H
Il vient alors
Z
Z
uCdz = UC +
uC dz
(7.117)
h
uC dz = K shear HC
(7.118)
Les differents termes relatifs a` la diffusion horizontale (7.112) ne font pas non plus
apparatre explicitement les variables moyennes. Une nouvelle modelisation du processus
de diffusion en terme de ces variables simpose donc selon5
h hCdz = K di f f HC
(7.119)
qui se combine avec (7.118) pour former un terme de diffusion unique combinant les deux
processus.
Si on parvient a` exprimer les flux, a` la surface et au fond, ainsi que le terme
le mod`ele bidimensionnel
de production Q c en terme de la concentration moyenne C,
complet secrit donc
(HC)
di f f
+ h UC = h HK tot hC + H Q C + J f Jsdi f f
t
(7.120)
183
Jf
C U
+ hC = h K tot hC + Q C +
t H
di f f
Js
(7.121)
Cette expression montre que linfluence des flux en surface et au fond est inversement
proportionnelle a` la profondeur.
185
Chapitre 8
Modelisation au moyen de nuages de
particules.
8.1 Modelisation Lagrangienne.
En e crivant lequation de bilan (7.90), nous avons represente letat du syst`eme par la
concentration de quelques variables caracteristiques. Le concept de concentration ainsi
utilise est lie a` celui de milieu continu. Selon cette approche, pour decrire le syst`eme
marin, on suppose que lon peut definir des grandeurs locales variant dun point a` lautre
du syst`eme. Cest ainsi, par exemple, que lon caracterise la distribution de la masse
par unite de volume . Celle-ci est calculee en considerant le rapport entre la masse m
dun e chantillon et le volume de cet e chantillon. Pour obtenir une grandeur locale, on
souhaiterait calculer
m
lim
(8.1)
0
` proprement parler, cette limite na pas de sens. En effet, d`es lors que lon descend
A
a` lechelle moleculaire, voire atomique, le rapport m / presente un comportement
erratique et ne poss`ede pas de limite au sens mathematique du terme.
Dans lapproche des milieux continus, on definit donc la masse par unite de volume
par
m
=
(8.2)
186
condition que lon sinteresse a` des longueurs caracteristiques bien superieures a` celle
des individus formant ces populations.
Le concept de milieu continu ne sapplique par contre pas a` la representation et a`
letude de la dynamique dindividus pris isolement. Si, par exemple, on peut e tudier la
dynamique des populations de harengs en mer du Nord en decrivant celle-ci au moyen
de sa concentration, il nest pas possible de proceder de la meme facon pour e tudier le
comportement dun individu dans un banc. Pour cette derni`ere e tude, il est necessaire
de pouvoir distinguer lindividu dans le groupe. De meme, pour e tudier et modeliser la
migration des baleines, on preferera suivre chaque individu specifiquement au cours de
son periple. Cette approche donne lieu a` des mod`eles individus centres (ou Individual
Base Model - IBM en anglais).
Une approche semblable est possible lors de letude de la dispersion de polluants.
Ainsi, la plupart des mod`eles de dispersion dhydrocarbures, une nappe de polluant est
representee comme un ensembles de particules dont on suit les e volutions separees au
cours du temps.
Les mod`eles individus centres et les mod`eles de dispersion dhydrocarbures e voques
ci-dessus correspondent a` une description Lagrangienne du syst`eme : les variables du
mod`ele sont attachees a` chaque individu ou chaque particule dont on suit levolution au
cours du temps. Cette approche soppose a` lapproche Eulerienne developpee au chapitre
precedent et qui consiste en la description des variations spatiales et temporelles des
grandeurs caracteristiques. L`a o`u lapproche Eulerienne decrit les variations temporelles
en un point fixe, lapproche Lagrangienne decrit levolution temporelle pour une particule
donnee en suivant celle-ci au cours de son mouvement. Ces deux approches se retrouvent
au niveau des methodes experimentales dobservation : les lignes de mouillages decrivent
les courants et les proprietes de leau en un endroit fixe alors que les bouees derivantes en
fournissent une description Lagrangienne.
Z t+t
t
v dt
s(t) + vt + o(t)
187
(8.4)
Dans la majorite des cas, la vitesse v des particules est la vitesse du fluide. Comme celle-ci
est generalement donnee dans un formalisme Eulerien selon v = v(s,t), lequation (8.4)
secrit dans ce cas
s(t + t) = s(t) +
Z t+t
t
v(s(t ),t ) dt
(8.5)
t+t
v dt + d
(8.6)
(8.7)
di = 2Kt
(8.8)
o`u designe un vecteur aleatoire issu dune distribution Gaussienne normalisee.
Lexpression (8.8) est pleinement justifiee dans le cas o`u le coefficient de diffusion
est constant et uniforme. Dans ce cas, elle conduit, avec (8.7), a` une augmentation de la
variance de la position varie proportionnelle au nombre de pas de temps (ou au temps
total e coule) et au coefficient de diffusion K comme le mod`ele Eulerien correspondant.
Dune part, on verifie aisement que la solution du probl`eme unidimensionnel de
diffusion
C
2C
=K 2
(8.9)
t
t
188
h x2 i
1
exp
4Kt
4Kt
(8.10)
(8.11)
(8.13)
tL2
t
(8.14)
En comparant les deux expression (8.11) et (8.14), on en deduit que les deux (8.9) et
(8.12) decrivent le meme phenom`ene de diffusion pour autant que
L = 2Kt
(8.15)
De plus, par le theor`eme de la valeur centrale, la distribution binomiale utilisee dans (8.12)
tend vers une distribution normale ce qui justifie pleinement (8.8).
Dans le cas de la diffusion turbulente, variant dans le temps et lespace, la formule
(8.8) nest plus strictement e quivalente a` la modelisation Eulerienne correspondante.
Elle est cependant generalement employee pour obtenir separement les differentes
composantes de di en remplacant le coefficient de diffusion par le coefficient de diffusion
turbulente dans la direction correspondante.
pre-definies. Alors que ses caracteristiques sont generalement reduites a` une seule valeur
moyenne pour toute la population dans un mod`ele Eulerien, il est donc possible de tenir
compte des differences entre individus et de tenir compte de linfluence de ces differences
sur la dynamique du syst`eme.
La construction dun mod`ele individu-centre passe par trois e tapes importantes :
i. Avant tout, il convient de dresser la liste des individus ou groupes dindividus dont
on desire suivre levolution et dassocier, a` chaque individu, les caracteristiques
pertinentes pour letude envisagee : position dans lespace, a ge, taille, e tat
nutritionnel, . . .
ii. Les individus sont destines a` e voluer dans un certain environnement dont il faut
definir les caracteristiques : topographie/bathymetrie, conditions hydrodynamiques
et physiques, forcages,. . .
iii. Enfin il faut definir les r`egles qui regissent la dynamique de chaque individu. Outre
les r`egles de mise a` jour de la position pour tenir compte de ladvection et de la
diffusion, on decrire ainsi, par exemple, les r`egles qui conditionnent les migrations
verticales et horizontales, la strategie de selection des proies, la reproduction, . . .
En pratique, la mise en place dun mod`ele individu-centre ne demande aucune
technique mathematique ou numerique complexe. la simplicite de lapproche de base est
pour beaucoup dans linteret porte a` ces mod`eles. Cependant, lanalyse de la dynamique
dun tel mod`ele est generalement heuristique. Lapproche la plus courante consiste a`
multiplier les experiences numeriques en variant les param`etres et parametrisations dans
le but didentifier des conclusions globales. Dans les meilleurs des cas, cependant les
conclusions sont essentiellement statistiques. Elle permettent didentifier des correlations
entre grandeurs globales caracteristiques de lensemble de la population mais fournissent
rarement une explication mecanistique de la dynamique du syst`eme e tudie.
8.4 Comparaison
Lagrangien.
entre
les
mod`eles
Eulerien
et
En presence dun rejet local, par contre, lapproche Lagrangienne est particuli`erement
bien adaptee. En effet, alors que le traitement Eulerien du probl`eme requi`ere la resolution
dune e quation du type de (7.90) dans toute la zone couverte par le mod`ele, lapproche
Lagrangienne permet de se concentrer uniquement sur la zone reellement affectee par le
rejet o`u se trouvent un nombre important de particules.
Les biologistes habitues a` decrire la physiologie des individus sont spontanement
attires par lapproche Lagrangienne. Celle-ci permet, par exemple, une description plus
naturelle de la succession des stades des copepodes ou des comportements individuels.
Un grand niveau de complexite, et donc de realisme, peut e tre atteint dans la modelisation
Lagrangienne des comportements individuels tout en suivant une approche simple et
instinctive. Pour obtenir une description globale dune population, cependant, il faut
simuler le devenir dun tr`es grand nombre dindividus interagissant entre-eux pour
obtenir des resultats statistiquement significatifs. Lapproche Eulerienne, representant
globalement la dynamique dune population peut alors se reveler preferable, meme si elle
demande une parametrisation artificielle des effets des interactions (non-lineaires) entre
individus sur lensemble de la population.
Ceci sugg`ere une approche intermediaire dans laquelle la dynamique des populations
est decrite par un mod`ele Eulerien dans lequel les parametrisations des interactions entre
individus sont developpees en se basant sur des mod`eles de processus de type individucentre.
191
Annexe A
Exercices proposes
A.1 Equations
differentielles
1) y =
sin2 x
,
sin y
2) 2 y = y ,
Rep. : y = (x + C)2
3) 1 + y2 + xyy = 0,
Rep. : x2 (1 + y2) = C
4) (1 + ex )yy = ex ,
Rep. : y2 = 2 ln(1 + ex ) + C
5) y 2y = ex sin x,
1
Rep. : y = C1 + C2 e2x ex sin x
2
6) y 7y + 6y = sin x,
7) y =
Rep. : y = C1 ex + C2 e6x +
1
(5 sin x + 7 cosx)
74
4y2
y2
x2
Rep. : y =
x
x2 + Cx + 4
dq q
+ = V (t)
dt C
192
C V0
(sin t + RC[exp(t/RC) cost])
1 + 2R2C2
9) Un flotteur plonge dans leau subit son propre poids et la poussee dArchim`ede
(egale au poids du liquide deplace). Si la section A du flotteur est constante, la
hauteur immergee z(t) du flotteur varie selon
m
d 2z
= mg Agz
dt 2
1 cos
Ag
t
m
11) La vitesse a` laquelle un fluide secoule dun reservoir est proportionnelle a` la racine
carree de la hauteur de liquide au-dessus de lorifice.
Dans le cas dun reservoir cylindrique de section (horizontale) constante A perce
dun orifice a` sa base, determinez le niveau du liquide dans le reservoir en
fonction du temps sachant que le reservoir se vide en un temps T .
Rep. : y(t) = y0 (1 t/T )2
193
12) La resistance exercee par lair sur un corps en chute libre est souvent supposee
proportionnelle au carre de la vitesse du corps. Sous cette hypoth`ese, determinez la
vitesse dun corps en chute libre en resolvant
dv
= +g kv2
dt
(v(t) 0)
g
1
t + ln
k
k
g e2t gk 1
k e2t gk + 1
1 + e2t
2
!
gk
di
+ Ri = V
dt
Rep. : i =
V
R
b)
y1 = 2y1 5y2 sin 2x, y1 (0) = 0,
y2 = y1 2y2 + x,
y1 = C1 e3x + C2 e2x
y2 (0) = 1
2
2
2
4
y = 2 sin x + 1 sin 2x 2x + 1
2
3
3
194
L
R
y1 = y1 ,
y2 = y2 + 2 y3 ,
c)
y3 =
2 y2 .
y1 = C2 ex
y = 2C ex + C e2x
3
3
1
15) Un medecin arrivant sur le lieu dun crime constate que la temperature du mort
est de 32 et que la temperature de lair ambient est de 18C. Deux heures plus
tard, la temperature du mort est descendue a` 26. En supposant que le taux de
refroidissement du corps est proportionnel a` la difference de temperature entre lair
et le corps de la victime (loi de Newton) et que la temperature du corps au moment
du dec`es e tait de 36C, determinez le temps e coule depuis la mort de la victime
jusqu`a larrivee du medecin.
Rep. : 54 minutes
16) Soit un circuit e lectrique RC-serie dont la resistance varie au cours du temps selon
R = + t o`u et sont des constantes positives. Si une difference de potentiel E
constante est appliquee, la charge q du condensateur varie selon
1
Rq (t) + q(t) = E
C
Determinez q(t) si q(0) = q0 .
Rep. : q(t) = EC + (q0 EC)
+ t
1/C
17) Soit une goutte deau tombant du ciel. En supposant que la goutte reste parfaitement
spherique,
a) determinez le rayon r(t) de la goutte a` chaque instant sachant que le taux
devaporation de leau est proportionnel a` la puissance de la surface de la
goutte ;
1
R32 22+2 1+ (3 2 ) t 32
0
Rep. :
R0 e2 t
si 6= 3/2
si = 3/2
195
x(t)
= 1 x(t)
y(t)
= 1 x(t) 2y(t)
e1t e2t
2 1
19) Si on tient compte des pertes de memoires, le taux de memorisation dun cours est
donne par
dA
(t) = (M A(t)) A(t)
dt
o`u et sont des constantes positives, o`u A(t) designe la quantite de mati`ere
memorisee et o`u M designe la quantite de mati`ere totale a` memoriser.
Determinez la quantite de mati`ere memorisee lorsque t .
Determinez A(t) si A(0) = 0.
Rep. : A = M/( + ), A(t) = A (1 e(+)t )
20) Si un medicament est administre en continu via une perfusion, la concentration x(t)
de ce medicament dans le sang est gouvernee par lequation
dx
(t) = x(t)
dt
o`u et sont des constantes positives.
Determinez la concentration du medicament dans le sang lorsque t .
Determinez x(t) si x(0) = 0.
Rep. : x = /, x(t) = x (1 et )
21) Si la croissance dune certaine esp`ece de poissons suit une loi logistique et si un
nombre constant de poissons est peche chaque annee, la dynamique de la population
de cette esp`ece peut e tre representee par lequation
dP
(t) = P(t)( P(t))
dt
o`u , et sont des constantes positives.
Dans le cas o`u = 5, = 1, = 4, P(0) = P0 ,
determinez P(t) ;
Rep. : P(t) =
196
1 P0 4
ln
3 4P0 4
22) On consid`ere deux reactifs A et B qui se combinent pour former une troisi`eme
esp`ece chimique C. La reaction est telle que, pour chaque gramme de A implique
dans la reaction, 4 grammes de B sont utilises. On observe que 30 grammes de
C se sont formes en 10 minutes. Determinez la quantite de C presente a` chaque
instant sachant que la vitesse de la reaction est proportionnelle aux produit des
` linstant initial, il ny a pas de C mais seulement
concentrations des deux reactifs. A
50 grammes de A et 32 grammes de B.
Rep. : C(t) = 1000
1 e0.1258t
25 4 e0.1258t
Rep. : h = 10m
d 4y
= w0
dx4
0x
w0 2
x (x )2
24EI
25) La distribution de la temperature T (r) dans la region comprise entre deux sph`eres
concentriques de rayons r = a et r = b (a < b) est gouvernee par
r
d2T
dT
+2
=0
2
dr
dr
o`u T (a) = T0 ,
T (b) = T1
Determinez T (r).
Rep. :
T0 T1 ab T1 b T0a
+
ba r
ba
26) La distribution de la temperature T (r) dans la region comprise entre deux cylindres
concentriques de rayons r = a et r = b (a < b) est gouvernee par
r
d 2 T dT
+
=0
dr2
dr
o`u T (a) = T0 ,
197
T (b) = T1
Determinez T (r).
Rep. :
T0 ln r/b T1 ln r/a
ln a/b
A.2 Equations
aux differences
1) Trouvez la solution pour chacune des relations de recurrence suivantes donnees
avec leur condition initiale.
Rep. : 2.3n
a) an = 3an1 , a0 = 2
b) an = an1 + 2, a0 = 3
Rep. : 3 + 2n
n(n + 1)
2
Rep. : (2 + n)2
c) an = an1 + n, a0 = 1
Rep. : 1 +
d) an = an1 + 2n + 3, a0 = 4
e) an = 2an1 1, a0 = 1
Rep. : 1
1
Rep. : (3n+1 1)
2
Rep. : 5n!
f) an = 3an1 + 1, a0 = 1
g) an = nan1 , a0 = 5
Rep. : 2n n!
h) an = 2nan1 , a0 = 1
2) Resolvez les relations de recurrence suivantes avec les conditions initiales donnees.
a) an = 2an1 pour n 1, a0 = 3
Rep. : 3 2n
b) an = an1 pour n 1, a0 = 2
Rep. : 2
Rep. : 3 2n 2 3n
Rep. : 2n+1 (3 n)
g) an = an2 /4 pour n 2, a0 = 1, a1 = 0
Rep. : (2)n1 n
2n+1 si n impair
0 si n pair
1 si n pair
1 1 n
1 n
Rep. : [( ) + ( ) ] soit
2n
0 si n impair
2 2
2
h
n
n i
Rep. : ( 2)n cos
+ sin
4
4
i) an = an2 pour n 2, a0 = 0, a1 = 3
Rep. : 3 sin
n
2
n
3n
3n
Rep. : ( 2) cos
+ 4 sin
4
4
3) Resolvez les relations de recurrence suivantes avec les conditions initiales donnees.
198
3
Rep. : ((2)n + 4.3n)
5
Rep. : 3.2n 5n
Rep. : 3.2n + 4n
Rep. : 4 3n
Rep. : 2 + 3(1)n
q
h
1 35 (1 + 15)n
6) Une personne depose 1000 dollars sur un compte en banque qui rapporte un interet
annuel de 9 %.
a) Etablissez une relation de recurrence pour calculer le montant accumule sur le
compte a` la fin de n annees.
b) Trouvez une formule explicite pour calculer le montant sur le compte a` la fin
de n annees.
c) Quelle est la valeur du compte apr`es cent ans ?
Rep. : a) an = an1 (1 + 0.09),
a) Etablissez
une relation de recurrence pour calculer la population mondiale
dans n annees apr`es 1995.
b) Trouvez une formule explicite pour calculer la population mondiale au bout
de n annees apr`es 1995.
c) Quelle sera la population mondiale en 2010 ?
Rep. : a) pn = pn1 (1 + 0.03),
8) Le mouvement erratique des particules au sein dun fluide est appele mouvement
brownien. Celui-ci est responsable de la diffusion des proprietes du fluide dans
tout son volume. On peut donner un mod`ele unidimensionnel de ce processus en
considerant une particule qui, a` chaque instant, poss`ede une probabilite p = 1/2 de
se deplacer dune unite vers la droite et une probabilite q = 1/2 de se deplacer dune
199
unite vers la gauche. Si on consid`ere que les particules peuvent e tre absorbees par
des parois situees en x = 0 et x = N, alors, la probabilite Pk pour quune particule
situee a` labscisse x = k N soit absorbee par la paroi situee en x = 0 est la solution
de lequation aux differences
Pk = pPk+1 + qPk1
(0 < k < )
avec
P0 = 1 et
Determinez la probabilite Pk (0 k ).
P = 0
Rep. : Pk = 1
k
l
9) Un mod`ele pour calculer le nombre de homards captures par annee est fonde sur
lhypoth`ese que le nombre de homards captures dans une annee est la moyenne du
nombre capture au cours des deux annees precedentes.
a) Trouvez une relation de recurrence pour {Ln } o`u Ln est le nombre de homards
captures au cours de lannee n en tenant compte de lhypoth`ese de ce mod`ele.
1
Rep. : Ln = (Ln1 + Ln2 ) n 3
2
(1)n
100000
7 + n3
3
2
= 0
(A.1)
t = 1.6
0.8
t = 0.5
0.6
0.4
0.2
2
200
x
1
t = 2.1
0.5
2.5
-0.5
-1
201
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Analyse dimensionnelle.
2.1 Dimensions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Homogeneite dimensionnelle et e quation aux dimensions. .
2.3 Theor`eme Pi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.4 Variations caracteristiques. . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.5 Determination systematique des produits adimensionnels. .
Interpolation.
3.1 Interpolation unidimensionnelle. . . . . . . . .
3.1.1 Interpolation lineaire. . . . . . . . . . .
3.1.2 Interpolation polynomiale. . . . . . . .
3.1.3 Interpolation spline. . . . . . . . . . .
3.2 Interpolation multi-dimensionnelle. . . . . . .
3.2.1 Interpolation bi-lineaire. . . . . . . . .
3.2.2 Interpolation par distance inverse. . . .
3.3 Estimation lineaire. . . . . . . . . . . . . . . .
3.3.1 Probl`eme de base de regression lineaire.
3.3.2 Estimation au sens des moindres carres.
3.4 Analyse objective. . . . . . . . . . . . . . . . .
3.5 Krigeage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
202
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1
1
2
9
16
20
21
22
24
26
29
33
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35
35
36
38
40
42
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46
46
46
47
48
51
51
52
53
53
56
58
63
3.6
4
EOF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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5.2.2 Equilibre
et stabilite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2.3 Mod`ele de gestion des peches et temps de recouvrement.
5.2.4 Mod`ele de croissance logistique avec retard. . . . . . . .
5.3 Mod`eles discrets. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3.1 Classification et resolution des e quations aux differences
5.3.2 Rapport avec les e quations differentielles. . . . . . . . .
5.3.3 Analyse qualitative des syst`emes discrets non lineaires .
5.3.4 Mod`ele discret avec retard. . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3.5 Mod`ele discret pour la gestion de la peche. . . . . . . .
Modelisation dynamique avec interactions.
6.1 Mod`eles continus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.1.1 Modelisation des transformations biochimiques. . . . .
6.1.2 Reactions composees . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.1.3 Reactions reversibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.1.4 Reaction enzymatique . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.1.5 Mod`ele proie-predateur de Lotka-Volterra. . . . . . . .
6.2 Analyse dans lespace de phase. . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.2.1 Stabilite locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.2.2 Stabilite globale, solutions periodiques et cycles limites.
6.2.3 Generalisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
203
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73
73
75
78
80
83
83
86
87
89
95
96
96
97
97
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99
99
100
100
101
104
105
108
109
112
114
119
120
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127
127
127
131
133
134
137
141
142
145
146
6.3
7
7.5.1 Equation
de continuite. . . . . . . . . . . . . . .
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156
156
157
158
159
160
162
166
169
169
171
172
174
178
180
184
184
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187
189
190
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A Exercices proposes
192
A.2 Equations
aux differences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
204