MHT 836
MHT 836
MHT 836
Alain Yger
matiques, Universite
Bordeaux 1, Talence 33405,
Institut de Mathe
France
E-mail address: [email protected]
1
1
3
5
10
18
21
21
25
28
29
34
37
37
39
42
47
48
53
55
55
65
78
Bibliographie
91
Index
93
CHAPITRE 1
ponctuelle
(1.1)
f (x0 ) lim
f (y) (y x0 ) dy,
0
o`
u
BRn (0,1) (x/)
,
n Vn
BRn (0, 1) designant la boule unite de Rn , Vn = n/2 /(n/2) son volume. Dans le
contexte geometrique o`
u X est parametree de mani`ere C au voisinage de x0
n
par x0 : 0 Bx0 R X , avec x0 (0) = x0 , levaluation f (x0 ) devient (par
exemple)
exp 1/(1 y2 ) dy
BRn (0,1)
qui a le merite (par rapport `a la fonction ) detre une fonction C `a support compact dans Rn (de support la boule fermee BRn (0, )), radiale, positive et dintegrale
egale `a 1 (voir Exercice 1.1). On interpr`ete alors f (x0 ) comme
(1.4)
f (x0 ) lim
f (y) (y x0 ) dy,
0
(y)) exp(1/(1 x1
(y)/2 ) dyX
f (y) BRn (0,) (x1
0
0
x (Bx )
,
f (x0 ) lim 0 0
2
0
(1 (y)) exp(1/(1 x1
0 (y)/ ) dyX
x (Bx ) BRn (0,) x0
0
k+
seulement si, pour chaque compact K , il existe une constante positive C(K)
telle que
KK (, R ou C), |, | C(K) K
Le pont entre les points de vue ensembliste et fonctionnel concernant la theorie
de lintegration est assure par le theor`eme tr`es important suivant.
`me 1.3 (Theor`eme de representation de F. Riesz [Rud]). Soit un
Theore
ouvert de Rn et une mesure de Radon reelle sur ayant la propriete de positivite
suivante :
(
)
(1.6)
K(, R),
(x) 0 x = , 0
(on dit que est une mesure de Radon positive sur ). Il existe une tribu M
contenant la tribu B() et une unique mesure positive (notee aussi par souci de
simplification) sur (, M) telle que
pour tout K compact , (K)
< + ;
pour tout K(, R), , = d ;
pour tout E M, on ait
(E) = inf {(U ) ; U ouvert, E U } ;
pour tout E M tel que (E) < +, on ait
(E) = sup {(K) ; K compact, K E}.
Inversement, si : B() [0, ] est une mesure positive telle que (K) <
pour tout compact K ,
K(, R) 7 , :=
d
K
SOUPLESSE
DU CADRE C
souplesse
du cadre C
Les etres qui ont ete introduits dans le cours dAnalyse Complexe (MHT734)
partagent tous en commun une extreme rigidite : polynomes, fonctions holomorphes, fonctions harmoniques,... Le principe des zeros isoles, le principe du
prolongement analytique, le principe du maximum, etc., sont autant dindicateurs
de cette rigidite 7.
` loppose, le fait que lon puisse construire dans Rn des fonctions C `a support
A
compact de support arbitrairement petit localisees nimporte o`
u (sur le mod`ele
de la fonction x 7 (x x0 ), o`
u est definie en (1.4) lorsque > 0 est arbitrairement petit et x0 est un point quelconque de Rn ), implique une extreme
souplesse du cadre C , souplesse dont on naura de cesse de profiter tout au long
de ce cours. Puisque le leitmotiv de ce cours sera de tester les phenom`enes irreguliers
contre des etres aussi reguliers que possible, le fait de disposer de pareille souplesse
sera pour nous essentiel.
Le lemme de partition de lunite a ete vu dans le cours dAnalyse complexe [Charp],
section IV.2. Nous le reformulons ici (dans un cadre un peu plus geometrique) et
en rappelons sa preuve.
Lemme 1.5 (partitionnement de lunite). Soit un ouvert dune sous-variete
X de RN de dimension n et ( ) une collection douverts de cette sous-variete telle
que
.
(1.7)
(1.8)
x ,
k (x) = 1.
kN
=
Kl
lN
avec Kl
Kl+1
Vl = Kl+2
\ Kl1
(on note que la somme au denominateur est finie pour x fixe et ne sannule jamais).
On realise ainsi la partition de lunite demandee.
SOUPLESSE
DU CADRE C
1 =
(BRN (x, ) X )
2 = \
(BRN (x, ) X ).
xK
xK
(x) :=
k (x)
{k ; (k)=0}
(on note que cette somme est bien definie car, pour chaque x, il y a au plus un
nombre fini de k (x) non nuls). La fonction ainsi construite convient.
t R,
(t k) = 1.
kZ
A :=
B(x, ).
xA
Si est la fonction definie en (1.4), montrer que, pour tout > 0, la fonction
/3 (x y) dy
/3 A2/3 : x 7
A2/3
est identiquement egale `a 1 sur A/3 et de support inclus dans A . Deduire de cette
construction lexistence dune suite (k )kN de fonctions de classe C `a support
compact, telles que Supp k A1/k pour tout k N , que k vaille identiquement 1
au voisinage de A, et que, pour tout k N , pour tout multi-indice (l1 , ..., ln ) Nn ,
n
n
(
) (
)
lj )
lj )
sup
[
]
[
]
(y) dy (3k)l1 ++ln .
k
1
lj
l
j
n
x
y
R
Rn
j=1
j=1
Le lemme 1.5 de partitionnement de lunite induit la construction de R ou Cespaces de fonctions susamment riches pour etre consideres comme espaces de
fonctions-test ; ce sera contre cet eventail dobjets test que nous seront amenes
`a tester les phenom`enes physiques T , ce qui nous conduira naturellement `a
la possibilite delargir le champ des phenom`enes representables par un element de
Lploc (, B(), dx) (les fonctions ) ou par une mesure de Radon reelle ou complexe
(les mesures ).
Etant
donne un compact K de , il est utile dintroduire sur chaque K-espace
vectoriel DK (, K) une collection denombrable de semi-normes 10 (sur DK (, K), il
sagit en fait de normes car NK,0 = K NK,p pour tout p N). Pour simplifier,
on se place dans un premier temps dans le cadre dun ouvert de Rn et lon pose,
pour tout K , pour tout p N,
n
(
lj )
(1.9)
NK,p () :=
sup
[](x)
sup
.
lj
x
lNn
xK
j=1
l1 ++ln p
](t)
(1.10)
NK,p,RK () := sup
sup
sup
< +
x
lj
t
lNn
tBx
j=1
l1 ++ln p
(cest le fait que Supp K et que K soit compact qui impose au second membre
detre fini). Cette definition (1.10) depend evidemment du choix des cartes locales
(Bx , x (Bx )) utilisees pour recouvrir K, mais il est aise de constater (en utilisant
les changements de carte et la r`egle de Leibniz) que deux semi-normes ainsi definies
e K de K
(pour K et p fixes) `a partir de deux recouvrements dierents RK et R
sont equivalentes en temps que semi-normes 11. Le choix du recouvrement etant
indierent (rapport `a lequivalence des semi-normes), on ne le fait plus apparaitre
par la suite.
9. Cette terminologie fonction-test vient du fait que ce sera contre ces
etres que seront
test
ees ult
erieurement les distributions (via le crochet de dualit
e , ).
10. On rappelle quune semi-norme N sur un K-espace vectoriel E (K = R ou C) est une
application N : E [0, [ telle que N () = ||N () et N (1 + 2 ) N (1 ) + N (2 ) pour
tout , 1 , 2 E, pour tout K.
11. Deux semi-normes N1 et N2 sur un K-espace vectoriel E sont dites
equivalentes si et
seulement si il existe deux constantes strictement positives 1 et 2 telles que 1 N1 N2 2 N1 .
SOUPLESSE
DU CADRE C
{
}
VK,K (0) := { DK (, K) ; NK,p () < }, p N , > 0 .
Equip
e de cette topologie (definie par une famille denombrable de semi-normes, ici
en fait de normes), DK (, K) est un espace metrisable : on peut par exemple choisir
comme distance
1 NK,p ( )
(1.12)
K (, ) =
.
2p 1 + NK,p ( )
p=0
De plus (voir lExercice 1.12), il sagit dun espace metrique complet. Un tel Kespace vectoriel topologique dont la topologie est definie par une famille denombrable
de semi-normes et qui est de plus metrisable complet est dit espace de Frechet.
Puisque chaque DK (, K), K , est equipe dune topologie, il reste `a equiper
dune topologie le K-espace vectoriel union
D(, K) =
DK (, K).
K
La topologie que lon definit est dite topologie limite inductive sur lunion des topologies definies sur chacun des sous-espaces DK (, K). Nous ne definirons pas ici
cette topologie 12, mais nous contenterons de faire comme si elle etait metrisable
(ce nest malheureusement pas le cas, nous ladmettrons ici, voir lexercice 1.12 plus
loin) et non nous contenterons, aux fins de lexploiter, denoncer un principe de
convergence des suites dans D(, K). Ce principe est le suivant :
finition 1.11 (principe de convergence des suites dans D(, K)). Soit un
De
ouvert de Rn ou dune sous-variete dierentiable X de dimension n de RN , K = R
ou C. Une suite (k )k0 delements de D(, K) est dite converger vers la fonction
nulle dans D(, K) si et seulement si :
il existe k0 N tel que toutes les fonctions k pour k k0 ont leur support
inclus dans un meme compact K0 ;
12. On se contente dindiquer quil sagit de la plus fine (i.e celle pour laquelle la collection
douverts est la plus riche) pour laquelle toutes les injections K : DK (, K) D(, K) sont
continues. Pour plus de d
etails concernant cette topologie (et en particulier le pourquoi du principe
de convergence des suites), on pourra se reporter `
a la section 5.2 du cours de C. Villani [Vil],
Th
eor`
eme III.16. Une des propri
et
es essentielles du K-espace vectoriel topologique D(, K) est que
toute partie born
ee de cet espace (i.e incluse, `
a homoth
etie pr`
es, dans nimporte quel voisinage de
la fonction identiquement nulle) doit n
ec
essairement
etre incluse dans un K-sous-espace DK (, K)
pour un certain compact K de ; ainsi en particulier, toute suite de Cauchy de D(, K) doit avoir
tous ses termes dans un m
eme DK (, K) ; tous ces sous-espaces
etant complets (voir lexercice
1.12), il en est de m
eme de D(, K).
10
p N,
lim NK0 ,p (k ) = 0.
Dire quune forme lineaire T : D(, K) K est une distribution sur revient
`a dire que sa restriction T|DK (,K) `a tout sous-espace DK (, K), K , est
une forme lineaire continue de DK (, K) dans K, la topologie du K-espace vectoriel DK (, K) ayant ete definie par la donnee du syst`eme fondamental VK,K (0)
(voir (1.11) dans la section precedente). On peut donc enoncer le crit`ere quantitatif suivant caracterisant le fait quune forme lineaire de D(, K) dans K soit une
distribution.
Proposition 1.2 (crit`ere quantitatif caracterisant les distributions). Soit T :
D(, K) K une application K-lineaire. Dire que T est une distribution equivaut
`
a dire que, pour tout compact K de , il existe un entier p(K) N et une constante
positive C(K) telles que
(1.14)
monstration. Soit T une forme lineaire sur le K-espace D(, K). Si T est
De
continue sur DK (, K) (K etant un compact de ), limage reciproque par T|DK (,K)
de la boule unite de K (pour la valeur absolue usuelle) est un voisinage ouvert de
0, donc contient un sous-ensemble appartenant `a VK,K (0). Dapr`es (1.11), il existe
donc > 0 et p(K) N tels que
(
)
(
)
NK,p(K) () < = |T, | < 1
DK (, K).
13. On convient dutiliser dans la notation le crochet de dualit
e car le principe math
ematique
de dualit
e est le principe clef en th
eorie des distributions.
`
1.4. DISTRIBUTIONS DANS Rn : DEFINITION,
CRITERE,
PREMIERS EXEMPLES 11
Exercice 1.14. Soient 1/2 < < < 1 et : R [0, 1] une fonction
plateau identiquement egale `a 1 au voisinage de [0, 1], avec Supp ]1/2, 1[. Soit
T : D(]0, [, R) R la distribution reelle sur ]0, [ definie par
D(]0, [, R), T, :=
exp(1/t) (t) dt.
]0,[
Te, = T, .
k=0
dk
[](k).
dtk
Montrer que T est une distribution reelle sur R. Est-elle dordre fini ? Meme question
pour lapplication Tp (p N) de D(R, R) dans R definie par
Tp : D(R, R) 7
k=0
dp
[](k).
dtp
Exercice 1.17. Soit (ck )kZ une suite de nombres complexes telle que lon
ait |ck | = O(|k|p ) pour un certain entier p N lorsque |k| tend vers linfini. Soit
D(]0, 2[, R). Deduire de la formule de Plancherel lexistence de la limite,
lorsque N +
N
(
)
()
ck eik d
T, := lim
N +
]0,2[
k=N
et prouver lexistence dune constante C telle que |T, | CN[0,2],p+2 (). En utilisant le lemme de partition de lunite (Lemme 1.5, adapter par exemple la construction de lexercice 1.8), montrer que lon definit une distribution complexe T dordre
au plus p + 2 sur R en posant
N
(
)
(t)
D(R, C), T, := lim
ck eikt dt.
N +
k=N
12
Tf : D(, K)
f (y) (y) d(y)
est une distribution (`a valeurs dans K) dordre p = 0 sur , puisque lon a, pour
tout compact K ,
f
(y)(y)
dy
N
()
|f (y)| dy
K,0
D(, R), T , := , =
(y) d(y)
=
(y) d+ (y)
(y) d (y).
`
1.4. DISTRIBUTIONS DANS Rn : DEFINITION,
CRITERE,
PREMIERS EXEMPLES 13
une forme lineaire continue cette fois sur le sous-espace D(, R), avec la nouvelle
topologie dont on vient de lequiper).
Exemple 1.19. Lexemple de distribution-mesure le plus cel`ebre, `a la gen`ese
meme de linvention du concept de distribution, est celui de la distribution x0
introduite par le physicien Paul Dirac au debut du XX-i`eme si`ecle :
x0 : D(, R) 7 (x0 ),
x0 .
D(, R), T , := , =
(y) d(y)
(
)
=
(y) d+ (y)
(y) d (y) + i
(y)d + (y)
(y) d (y) .
(x) = (0) + x
( x) d = (0) + x1 [](x),
[0,1]
14
o`
u la fonction [] est une fonction C sur R du fait du theor`eme elementaire des
integrales dependant
dun param`etre. On remarque que, pour tout > 0, lintegrale
equilibree |x|> (y)/y dy secrit, si supp () [R, R],
(y)
dy
dy =
(0)
+
1 [](y) dy =
1 [](y) dy
y
y
|x|>
R>|x|>
R>|y|>
R>|y|>
et converge donc, lorsque tend vers 0, vers
(y)
lim
dy =
1 [](y) dy
0 R>|y|>
y
[R,R]
dapr`es le theor`eme de convergence dominee de Lebesgue. Lapplication
(1.15)
(y)
D(R, C) 7 lim
dy =
1 [](y) dy , supp [R, R],
0 |y|>
y
[R,R]
definit une distribution dordre 1 15 sur R, dite Valeur Principale VP[1/x].
Si maintenant on ecrit la formule de Taylor `a lordre N 1 1 au voisinage de 0
pour une fonction D(R, C) (de support par exemple dans [R, R]), on obtient
N
1 dk
[](0) k
xN
dN
dxk
x R, (x) =
x +
(1 )N 1 N []( x) d
k!
(N 1)! [0,1]
dx
k=0
(1.16)
N
1 dk
[](0)
dxk
k=0
k!
xk + xN N [](x),
o`
u la fonction
N [] : x R 7
1
(N 1)!
(1 )N 1
[0,1]
dN
[]( x) d
dxN
[ y kN +1 ]R )
dkk [](0) ([ y kN +1 ]
(y)
dx
dy
=
+
N
k!
k N + 1 R
kN +1
<|y|<R y
kN 2
dN 1
([
]R [
] )
N 1 [](0)
log |y| + log |y|
+ dx
(N 1)!
+
N [](y) dy.
<|y|<R
dk
2 dx
1
(y)
k [](0)
dy
N
N
k1
(N k 1)k!
|y|> y
k<N 1
kN (mod 2)
`
1.4. DISTRIBUTIONS DANS Rn : DEFINITION,
CRITERE,
PREMIERS EXEMPLES 15
existe et que
D(R, C) 7 lim
|y|>
(y)
dy
yN
d
2 dx
1 )
k [](0)
(N k 1)k! N k1
k<N 1
kN (mod 2)
definit une distribution dordre au plus N sur R (en fait, il sav`ere que lordre
est exactement N , mais cest `a ce stade un peu plus dicile `a montrer, nous y
reviendrons). Les distributions ainsi definies et correspondant `a N = 2M pair
sont appelees Partie Finie PF[1/x2M ], M = 1, 2, .... . Lorsque N est impair (N =
2M + 1), on appelle cette distribution VP[1/x2M +1 ], comme dans le cas N = 1.
Si < 1, la fonction t R 7 H(t)t est localement integrable sur R, donc
definit une distribution-fonction que lon note t
ere N
+ . Si 1, de partie enti`
( [N, N + 1[) et si D(R, C), la formule de Taylor avec reste integral (1.16)
implique, pour 0 < < R < +,
<t<R
(t)
dt
t
N
1 dk
[](0)
dxk
k!
k=0
N
1
k=0
tN N [](t) dt
tk dt +
dk
[](0)
dxk
<t<R
[
]
tk+1
( k 1)k!
R
+
tN N [](t) dt
si ]N, N + 1[
<t<R
dk
[](0)
dxk
k<N 1
( k 1)k!
[
]
tk+1 +
R
dN 1
[
]R
N 1 [](0)
+ dx
log t +
tN N [](t) dt si = N.
(N 1)!
<t<R
(
t>
dk
[](0)
(t)
1 )
dxk
dt
k1
t
( k 1)k!
kN 1
si ]N, N + 1[ et
tN
+ , := lim
(
t>
dk
[](0)
(t)
1
dxk
dt
t
(N k 1)k! N k1
k<N 1
dN 1
[](0)
dxN 1
(N 1)!
)
log
16
1.4.4. La distribution VP[1/f ] dans le champ complexe. Le champ complexe, de par la notion de positivite qui lui est inherente (et que materialise le
couplage de lidentite avec la conjugaison complexe, c.f. la relation zz = |z|2 0)
fournit un cadre propice `a la construction de distributions qui ne soient ni des
distributions-fonction, ni des distributions-mesure, mais plutot des distributions du
ees `a la sous-section precedente. Le mod`ele
type VP[1/x], PF[1/x2 ], t
+ , envisag
de construction VP[1/x] via lintegrale equilibree (sans correction de terme
comme cela etait necessaire dans le champ reel pour les singularites dordre strictement superieur `a 1) sadapte facilement dans le champ complexe.
Proposition 1.3. Soit est un ouvert connexe de C et f une fonction holomorphe non identiquement nulle dans . Pour toute fonction D(, C), la
limite, lorsque > 0 tend vers 0, de
(1.17)
{ ; |f ()|>}
(, )
dd,
f ( + i)
(1.18)
(
{ ; |f ()|>}
)
(, )
dd .
f ( + i)
) d
(, )
dd =
( cos , sin ) ei d 1 .
1/
0
{ ; |f ()|>} f ( + i)
`
1.4. DISTRIBUTIONS DANS Rn : DEFINITION,
CRITERE,
PREMIERS EXEMPLES 17
On utilise la formule de Taylor avec reste integral pour la fonction , cette fois
fonction de deux variables, au voisinage de (0, 0). Ceci donne
( cos , sin ) =
+( 1)1
1 ( k1 +k2 )
[](0, 0) (ei )k1 (ei )k2 +
k1 !k2 ! k1 k2
k1 +k2 2
1 (
1
(1 )2
k1 !k2 ! [0,1]
k1 !k2 !
k1 +k2 =1
( k1 +k2 )
k2
k1 +k2 =1
) )
[]( cos , sin ) d ei(k1 k2 )
k1
( k1 +k2 )
1
[](0, 0) k1 +k2 ei(k1 k2 ) +
k1 !k2 ! k1 k2
k1 +k2 2
+1 []( cos , sin ).
on voit que
{ ; |f ()|>}
(, )
dd =
f ( + i)
1/
)
[]( cos , sin )ei d d.
La limite lorsque tend vers 0 de lintegrale (1.19) existe bien est vaut
r ( 2
)
(, )
lim
dd =
[]( cos , sin )ei d d
0 { ; |f ()|>} f ( + i)
0
0
grace au theor`eme de convergence dominee. On definit ainsi une distribution complexe dont on voit que lordre est inferieur ou egal `a 1 (ce sont les derivations
de jusqu`
a un ordre total egal `a 1 qui sont impliquees dans lexpression de
[]).
dn1 (),
rad : [0, ] 7
( )
Sn1
o`
u dn1 designe la mesure surfacique sur la sph`ere unite Sn1 de Rn (cest-`a-dire
dx = n1 dn1 d). La fonction [0, ] 7 rad (), prolongee par parite `a R
tout entier, est une fonction paire de D(R, C) (avec Supp rad [R, R]) dont
18
N
1 dk
[rad ](0)
dk
k=0
(1.20)
k +
k!
N
(N 1)!
N
1 dk
[rad ](0)
dk
k=0
k!
(1 )N 1
[0,1]
dN
[rad ]( ) d
dN
k + N N [rad ]().
(x)
( )
dx
=
n1 d dn1
n1
{x>} x
S
rad ()
=
n1
d
N
1 dk
d +
d.
k!
nN +1
0
k=0
On constate alors que lon definit sur Rn une distribution dordre au plus 17 N en
posant
PF(x
si
(
), = lim
{x>}
d
d
k [rad ](0)
(x)
1 )
dx
x
( k n)k! kn
k
kN 1
]n + N 1, n + N [
PF(x(n+N 1) ), =
(
(x)
dx
= lim
0
{x>} x
(1.21)
k<N 1
dk
[rad ](0)
dk
(N k 1)k! N k1
dN 1
[rad ](0)
dN 1
(N 1)!
)
log .
Ces distributions sont les distributions Parties Finies, ou encore Parties Finies de
Hadamard, ainsi denomees en reference au mathematicien francais Jacques Hadamard (1863-1965), dailleurs grand oncle de Laurent Schwartz, dont nous avons dej`a
mentionne le role dans la gen`ese du concept de distribution.
1.5. Courants sur une sous-vari
et
e di
erentiable de RN
Dans cette section, K = R ou C et designe un ouvert dune sous-variete dierentiable X de RN . Le cas particulier N = n et X = Rn correspond au cas (dej`a traite)
o`
u est un ouvert de Rn .
17. Ici encore,lordre de cette distribution est exactement N , cest-`
a-dire la partie enti`
ere de
(n 1) lorsque ce nombre est sup
erieur ou
egal `
a 1 (sinon, lordre est 0 car il sagit dune
distribution-fonction).
E
DIFFERENTIABLE
19
les coecients des formes dierentielles etant ici exprimes en coordonnees locales
(notons que la clause (1.22) ne depend pas du recouvrement R de K utilise pour
cartographier la sous-vari
ete X au voisinage de K). On munit Dq (, K) de la
q
(, K), ce qui revient
topologie limite inductive des topologies introduites sur les DK
q
`a adopter un principe de convergence des suites dans D (, K) calque mot pour mot
sur celui de la Definition 1.11.
finition 1.21 (principe de convergence des suites dans Dq (, K)). Soit
De
un ouvert dune sous-variete dierentiable de dimension n de RN , K = R ou C.
Soit 0 q n. Une suite (k )k0 delements de Dq (, K) est dite converger vers
la q-forme dierentielle identiquement nulle dans Dq (, K) si et seulement si :
il existe k0 N tel que toutes les q-formes dierentielles k pour k k0 ont
leur support inclus dans un meme compact K0 ;
q
la suite (k )kk0 , consideree comme une suite delements de DK
(, K),
0
converge vers la q-forme dierentielle identiquement nulle dans cet espace,
i.e
(1.23)
p N,
20
k+
Le K-espace vectoriel des q-courants sur et `a valeurs dans K est note D q (, K).
Remarque 1.23. Le fait que X soit une sous-variete dierentiable de RN implique que lon dispose sur X dune n-forme dierentielle volume canonique. Cette
forme volume volX (couplee donc avec une orientation) correspond `a la metrique
euclidienne dxX sur X (voir par exemple lannexe 1, Definition B.1.1 de [Charp]).
Il y a un isomorphisme topologique naturel entre D(X , K) et Dn (X , K), `a savoir
lisomorphisme qui `a la n-forme Dn (, K) associe lunique fonction D(, K)
precedemment (D 0 (, K) D (, K)).
CHAPITRE 2
Suites de distributions, r
egularisation,
di
erentiation
(2.1)
lim Tk , = 0.
k+
(2.2)
lim Tk , = T, .
k+
(2.3)
alors
lim Tk , existe,
k+
)
D(, K) 7 lim Tk , D (, K).
k+
22
Alors, si (k )k est une suite delements dans D(, K) tendant vers 0 dans D(, K)
au sens du principe de convergence des suites de la Definition 1.11, on a
lim Tk , k = 0.
k+
Pour prouver la proposition, il faut montrer que T (qui est dej`a evidemment une
forme K-lineaire) satisfait
lim T, k = 0
k+
pour toute suite (k )k0 delements de D(, K) tendant vers la fonction nulle au
sens du principe de convergence des suites de la Definition 1.11. Si ce netait pas le
cas, on pourrait trouver une sous-suite strictement croissante dentiers (kl )l0 telle
que, pour un certain > 0,
(2.5)
l N , |T, kl | .
k Nl , |T, kl Tk , kl | /2
l N,
|TNl , kl | /2.
l+
ce qui est contradictoire avec (2.7). La proposition 2.1 est bien demontree.
|Tk , k | .
Dire que la suite (k )k tend vers 0 revient `a dire que toutes fonctions k vivent, pour
k assez grand, dans le meme compact K0 et, pour tout p N, lim NK0 ,p (k ) = 0.
k
Pour tout p N, il existe donc kp N tel que NK0 ,p (kp ) < 4p . La suite (2p kp )p
tend toujours vers 0 dans D(, K) et, quitte `a remplacer dans (2.8) Tk par Tkp et
k par 2p kp , la clause (2.8) devient
(2.9)
|Tep , p | 2p ,
tandis que la suite (p )p continue `a converger vers 0 dans D(, K) et que la condition
(2.4) reste valable (mais avec la suite (Tep )p au lieu de la suite (Tk )k cette fois).
Nous allons maintenant construire par recurrence une suite dentiers (pl )lN telle
que pour tout l N ,
pour tout = 1, ..., l 1,
1
(2.10)
|Tp , pl | l ;
2
23
on a
(2.11)
|Tpl , pl |
l1
=1
sup |Tk , p | + l + 1
k
l1
|Tkl , p | + l + 1.
=1
Pour l = 1, il sut dassurer la clause (2.11), soit |fp1 , p1 | 2, ce qui est assure
(du fait de (2.9)) d`es que 2p1 1 1, donc pour p1 choisi assez grand. Une fois que
p1 , ..., pl1 ont ete construits, il existe un entier N = N (p1 , ..., pl1 ) tel que
(
1 )
(p N ) = = 1, ..., l 1, |Tp , p | l
2
puisque, pour chaque = 1, ..., l 1, la suite (Tp , p )p tend vers 0 lorsqu p
tend vers linfini (la suite (p )p tend en eet vers 0 dans D(, K) et chaque Tp ,
= 1, ..., l 1, est une distribution sur `a valeurs dans K). La condition (2.11)
est assuree pour pl N assez grand d`es que
2pl
l1
=1
sup |Tk , p | + l + 1
k
(en vertu de (2.9)). Il est possible de choisir un tel pl . La suite (pl )lN realisant
`a la fois les clauses (2.10) et (2.11) est ainsi
construite inductivement. Comme
NK0 ,p (p ) 2p pour tout p N , la serie pl pl converge dans DK0 (, K) et la
fonction
:=
p l
l=1
|Tpl , | = Tpl , pl +
Tpl , p
=l
|Tpl , pl |
l+1
|Tpl , p |
<l
|Tpl , p |
>l
|Tpl , p | l + 1
>l
1
l
2l
>l
si lon utilise (2.11) pour obtenir la seconde inegalite et (2.10) pour obtenir la
troisi`eme. La suite (|Tk , |)k ne serait donc pas bornee, ce qui est en contradiction
avec lhypoth`ese (2.4). Le lemme 2.2 est ainsi demontre par labsurde.
k+
k+
1
sin(kt)
D(R, R), Tk , =
(t) dt.
R
t
24
(2l).
D(R, R) 7 2Z , =
lZ
2
1
1
eil =
[0, 2].
2
2
sin 2
l=k
Exercice 2.6. Soit N N et (k )kN une suite de nombres reels positifs
tendant vers 0. Soit (fk )k la suite de fonctions de C dans lui-meme, o`
u
fk : z C 7
||>k (z)
zN
,
||k (z) +
2N
zN
k
k N.
Montrer que la suite de distributions-fonction (fk )kN converge dans D (C, C) vers
la distribution VP[1/z N ] introduite dans la Proposition 1.3 comme (1.18) lorsque
f (z) = z N .
Exercice 2.7. Soit (k )kN une suite de nombres reels strictement positifs
tendant vers 0. En utilisant comme fonction-test = , o`
u : R [0, 1] est
une fonction de D(R, R), paire, identiquement egale `a 1 sur [1, 1], decroissante sur
[1, +[, montrer que la suite de distributions complexes (Tk )kN sur R2 :
(x, y)
2
D(R , C) 7 Tk , :=
dxdy
xy
+ i k
2
R
ne converge pas dans D (R2 , C) (utiliser le theor`eme de convergence monotone de
Beppo Levi pour montrer la non convergence dans D (R2 , R) de la suite (Im Tk )kN ).
Exercice 2.8. Montrer que toute fonction D(R2 , C) secrit de mani`ere
unique sous la forme
(x, y) = 00 (x, y) + x 10 (x, y) + y 01 (x, y) + xy 11 (x, y),
o`
u les quatre fonctions 00 , 10 , 01 , 11 sont des fonctions C `a support compact,
paires en x et y. Exprimer 11 comme une integrale fonction des param`etres (x, y)
sexprimant `a laide de la derivee partielle seconde ( 2 /xy)[]. En deduire que
la suite de distributions complexes (Tk )kN sur R2 , o`
u
(x, y)
Tk : D(R2 , C) 7 Tk , :=
dxdy
xy
|xy|>k
et (k )kN une suite de nombres reels strictement positifs tendant vers 0, converge
vers la distribution
T : D(R2 , C) 7 T, : =
11 (x, y) dxdy
R2
(
( 2 )
)
1
=
[]( x, y) dd dxdy.
4 R2
[1,1]2 xy
2.2. LA REGULARISATION
DES DISTRIBUTIONS
25
Une suite de q-courants (Tk )kN , avec Tk D q (, K), est dite converger vers le
q-courant nul si et seulement si
(2.12)
Dnq (, K),
lim Tk , = 0.
k+
Dnq (, K),
lim Tk , = T, .
k+
k max(1, 1/),
est une suite de fonctions C dans qui converge au sens des distributions dans
D ( , K) vers la restriction T| de T `
a louvert .
monstration. Pour k max(1, 1/) et x , la fonction
De
y Rn 7 1/k (x y) = 1/k (y x)
est de support BRn (x, 1/k) et est C . Cest une fonction-test dans D(, R)
et laction de T dessus, soit Ty , 1/k (x y), est donc bien definie. Nous allons
montrer par recurrence sur p que, pour tout k max(1, 1/), la fonction
(2.14)
x 7 Ty , 1/k (x y)
26
lj ) [
lj )
x ,
T
,
(x
y)
(x)
=
T
,
[
(x
y)]
.
y
y
1/k
1/k
lj
lj
j=1 xj
j=1 xj
Prouver ceci se ram`ene de fait (par induction en remplacant la fonction par une
de ses derivees partielles `a lordre p 1) au cas p = 1, l1 = 1, l2 = = ln = 0.
On remarque que, si ( )N est une suite de nombres reels tendant vers 0 et si
x = (x1 , x ) est fixe dans , la suite de fonctions-test
(
1/k (x1 + y1 , x y ) 1/k (x y) )
y = (y1 , y ) 7
N
converge dans D(, R) vers la fonction-test
( )
y 7
[1/k (x y)].
x1
Comme T est une distribution sur , on a donc
Ty , 1/k (x1 + y1 , x y ) Ty , 1/k (x y)
=
+
( )
= Ty ,
[1/k (x y)] .
x1
lim
(2.16)
Tx , x = lim
Ty , 1/k (x y) (x) dx.
k+
(x) 1/k (x y) dx
Ty ,
(x) 1/k (x y) dx =
Ty , 1/k (x y) (x) dx.
Tx , x =
lim Ty ,
(x) 1/k (x y) dx
k+
(2.17)
=
lim Ty ,
(y x) 1/k (x) dx .
k+
BRn (0,1/k)
Or (si est prolongee par 0 dans R \ en une fonction de D(Rn , K)), la fonction
y Rn 7
(y x) 1/k (x) dx
n
BRn (0,1/k)
est une fonction-test dans Rn , `a support compact dans xSupp BRn (x, ) ,
et lon a (dapr`es le theor`eme usuel de dierentiation des integrales dependant de
2.2. LA REGULARISATION
DES DISTRIBUTIONS
27
plusieurs param`etres) que pour chaque p N, pour chaque multi-indice (l1 , ..., ln )
avec l1 + + ln p,
n
(
]
lj )[
(y
x)
(x)
dx
(y) =
1/k
lj
BRn (0,1/k)
l=1 yj
n
(
lj )
=
[(y x)] 1/k (x) dx.
lj
BRn (0,1/k) l=1 yj
Dautre part, pour tout compact K de , on a
n
n
(
(
lj )
lj )
[](y)
[(y
x)]
(x)
dx
lim sup
1/k
lj
lj
k+ yK
BRn (0,1/k) l=1 yj
l=1 yj
n
(
]
lj )[
=
lim sup
(y)
(y
x)
(x)
dx
1/k
lj
k+ yK
BRn (0,1/k) l=1 yj
n
(
]
lj )[
(y)
(y
x)
lim sup
1/k (x) dx = 0
l
j
k+ yK B n (0,1/k)
R
l=1 yj
du fait de luniforme continuite de toutes les derivees partielles de sur le compact
K = {x Rn ; d(x, K) } (voir le cours de MHT512, Section 4.7). La suite de
fonctions
)
(
(y x) 1/k (x) dx
y 7
kmax(1,1/)
BRn (0,1/k)
est donc une suite de D(, K) convergent (au sens de la convergence des suites de
fonctions-test dans ) vers la fonction (consideree comme fonction-test dans ).
Le fait que T soit une distribution dans implique donc bien (2.17), donc (2.16).
La proposition est demontree.
( k2 z 2 )
( k 2 y 2 )
k
k 2l
exp
Ty , K (y)y l exp
zl.
z C, Fk [T ; K](z) =
2
l!
2
2
l=0
Montrer que
DK (, C), T, = lim
k+
(x)Fk [T ; K](x) dx
K
(on sinspirera de la preuve de la Proposition 2.2). En deduire quil existe une suite
de fonctions polynomiales (Pk [T ; K])kN telle que
DK (, C), T, = lim
(x)Pk [T ; K](x) dx.
k+
28
Dnqq (, K) 7 (1)qq T,
est un (q + q )-courant sur (`
a valeurs dans K) note T . En particulier, si T
est une distribution sur et f une fonction C , la forme lineaire f T definie par
f T : D(, K) 7 T, f
est une distribution sur .
monstration. La preuve est immediate et repose sur la r`egle de Leibniz
De
qui permet darmer que si K est un compact de et p N,
max[NK,p (coe.( ))] C() max[NK,p (coe. ())]
Dnqq (, K)
(les formes dierentielles en jeu etant exprimees en coordonnes locales dans les
ouverts de carte).
T D q (, K) sous la forme
T =
k T,
kN
nq
au sens o`
u, pour tout K , pour toute forme DK
(, K),
T, =
T, k ,
kN
2.4. DIFFERENTIATION
DES DISTRIBUTIONS ET DES COURANTS
29
Dnq (, K), Tk , =
k (x) (x),
X
o`
u dxX est la mesure de Lebesgue euclidienne sur X (voir lannexe B1, Definition
B.1.1 dans [Charp]).
Le fait de pouvoir definir la multiplication f T dun q-courant par une fonction C
et de disposer de fonctions plateau (cf. le Corollaire 1.6) nous permet de reformuler
la definition dordre dun courant (ou dune distribution).
finition 2.11 (la notion dordre reformulee). Lordre dun q-courant T sur
De
est la borne superieure de tous les ordres (finis) des q-courants T , o`
u decrit
lensemble des fonctions-plateau D(, [0, 1]) subordonnees aux compacts K
inclus dans .
Exercice 2.12. Soit f une fonction holomorphe non identiquement nulle dans
un ouvert connexe de C. Soit T D (, C) une distribution sur , dordre
strictement inferieur au minimum des multiplicites des zeros de f dans . Montrer
que, si T, = 0 pour toute fonction-test telle que Supp {f = 0} = , on a
f (z)T = 0.
2.4. Di
erentiation des distributions et des courants
La raison majeure pour laquelle le concept de fonction generalisee (ou de distribution) a germe dans lesprit des physiciens tels Heaviside ou Dirac tient au fait
quil saverait necessaire, tout au moins de mani`ere formelle, de deriver des
phenom`enes physiques qui echappaient `a la modelisation en termes de fonction
(comme la masse de Dirac x0 de lexemple 1.19) ou qui, meme sil sagissait de
fonctions, presentaient des irregularites manifestes (comme la fonction H dHeaviside, cf. exemple 1.18).
Le principe de dierentiation des distributions (ou dailleurs, dans le contexte
geometrique, des courants) repose sur la formule de Stokes, transcription dans le
cadre geometrique du theor`eme fondamental de lanalyse de la dimension 1 `a la
dimension n. Nous enoncons ici le cas particulier de cette formule qui pour nous
jouera un role majeur.
`me 2.13 (un cas particulier de la formule de Stokes). Soit un ouvert
Theore
dune sous-variete dierentiable de dimension n de RN et Dn1 (, C). Alors
d = 0.
q
d,
0=
d[ ] =
d + (1)
30
ou encore
d = (1)
d.
q+1
(2.18)
La formule (2.18) et le fait que tout q-courant sapproche par des q-courants reguliers
(donc representables par des q-formes dierentielles) nous aiguille naturellement
vers la Proposition (et Definition) suivantes.
Proposition 2.5 (dierentiation dune distribution ou dun courant). Soit
un ouvert dune sous-variete dierentiable de dimension n de RN , 0 q n 1,
T
dT =
dxj ,
x
j
j=1
o`
u les T /xj , j = 1, ..., n, sont des distributions dans . En testant ce courant
contre la (n 1) forme dx2 dxn , o`
u D(, K), on trouve
T
dT, dx2 dxn =
dx1
, dx2 dxn =
,
x1
x1
= T,
dx1 dxn = T,
.
x1
x1
Pour tout j = 1, ..., n, on voit ainsi que
T
, = T,
, D(, K).
xj
xj
Cela nous conduit `a la definition suivante :
finition 2.15 (derivees partielles dune distribution dans un ouvert de Rn ).
De
Si T D (, K) est une distribution dans un ouvert de Rn , les n derivees partielles
de T dans sont les distributions sur definies par
T
(2.19)
, = T,
, D(, K).
xj
xj
Exemple 2.16 (derivees de la masse de Dirac). Si x0 est un point de Rn et
l = (l1 , ..., ln ) Nn un multi-indice, la distribution sur Rn
n
(
lj )
[x0 ]
lj
j=1 xj
2.4. DIFFERENTIATION
DES DISTRIBUTIONS ET DES COURANTS
31
est la distribution
D(Rn , K) 7
n
(
lj )
l
j=1
xjj
(
lj )
[x0 ] , = (1)l1 ++ln
[](x0 ).
lj
j=1 xj
Exemple 2.17 (derivee de la fonction dHeaviside). Cest lexemple historique , celui qui a motive lintroduction des fonctions generalisees. On a,
dH
(t) dt
,
= H, =
D(R, K),
dt
[0,[
[
]
= (t)
= (0) = 0 , ,
0
do`
u la formule importante
dH
= 0 .
dt
(2.20)
Exemple 2.18 (la formule de Cauchy-Pompeiu revisitee). Il resulte de la formule de Cauchy-Pompeiu (Proposition 1.2.1 du cours MHT734 [Charp]) que
dd
1
2
(, )
D(R , C), (0) =
.
R2
+ i
Cette formule peut etre relue dans le langage des distributions en la formule de
Cauchy en termes de distributions
[1]
(2.21)
= 0
z z
(ici 1/z designe la distribution-fonction dans R2 C associee `a la fonction localement inegrable z = x + iy 7 1/z).
Exemple 2.19 (la formule de la divergence revisitee). Soit U un ouvert borne
de Rn , de fronti`ere C 1 par morceaux. La formule de Stokes dans Rn assure que,
si est une n 1-forme dierentielle de classe C 1 `a valeurs complexes dans un
voisinage de U , i.e
:=
(1)j1 j
dxl ,
j=1
on a
j C 1 (U , C),
l=j
(2.22)
d =
,
U
le bord U etant oriente par le fait que la normale pointe vers lexterieur 2 (r`egle du
bonhomme dAmp`
ere ). Avec lorientation choisie, on verifie en parametrant le
bord au voisinage dun point regulier courant 3 que
dxl =
l=j
2. Un rep`
ere (1 , ..., n ) sur lespace tangent Ty (U ) au point y est direct si et seulement si
(1 , ..., n ,
next (y)) est un rep`
ere direct de Rn , lorientation sur Rn
etant lorientation canonique.
3. Pour sen convaincre, on pourra se ramener localement `
a un param
etrage local de U
au voisinage dun point r
egulier y (U )reg sous forme de graphe : (t1 , ..., tn1 ) 7 (t) =
(t1 , ..., tn1 , n (t1 , ..., tn1 )).
32
o`
u dU designe la mesure de Lebesgue eucldienne sur U (notee aussi dxU (cf.
Annexe B1, Definition B.1.1 dans [Charp]) et next (y) = (1 (y), ..., n (y)) est le
vecteur unitaire normal `a U en y et pointant vers lexterieur de U . En calculant
d =
n
(
)
j
j=1
xj
dx1 dxn ,
n
n
)
j )
(2.24)
[U ] = j U , j = 1, ..., n.
xj
Exemple 2.20 (la premi`ere formule de Green revisitee). Si U est un ouvert
borne de Rn et `a fronti`ere de classe C 1 , il resulte de la premi`ere formule de Green
(cf. la Proposition III.1.1 du cours MHT734 5) que
D(Rn , C),
[](x) dx =
[] dU ,
n
ext
U
U
o`
u dU designe la mesure de Lebesgue euclidienne sur le bord de U (sous-variete
dierentiable de dimension n 1 de Rn ). Cette formule se re-interpr`ete au sens des
distributions en la formule
(2.25)
[U ] =
[U ].
next
Au travers de cette formule, on comprend par exemple pourquoi, en dimension 2,
calculer le laplacien dune image discr`ete aide `a mettre en evidence les lignes de
contour, par exemple le bord des objets, figurant sur cette image.
Exemple 2.21 (la seconde formule de Green et le laplacien). Dans le cours
de MHT734 (section III.2 de ce cours, voir en particulier le Lemme utilise dans
la preuve du Theor`eme III.2.1, [Charp]), ont ete etablies (`a partir de la seconde
formule de Green) les formules
D(R2 , C),
log x [](x) dx = 2(0)
R2
n(2 n)(n/2)
[](x)
dx = n(2 n)n (0) =
D(Rn , C),
(0).
n2
x
n/2
n
R
4. Voir aussi la section III.1 dans [Charp].
5. Il sut dappliquer la formule de la divergence (2.23) lorsque (1 , ..., n ) = [],
d
esignant la prise de gradient.
2.4. DIFFERENTIATION
DES DISTRIBUTIONS ET DES COURANTS
33
log x2 + y 2
= 20 dans D (R2 , C)
[ 1 ]
n(2 n)(n/2)
(2.26)
=
0 dans D (Rn , C).
n2
x
n/2
Exercice 2.22. Montrer, dans D (R, R), les formules
d
d log |x|
= VP [1/x] &
[VP[1/x]] = PF[1/x2 ].
dx
dx
dp
Exprimer la derivee dx
en termes des distributions Valeur Princip [log |x|], p N
pale ou Partie Finie de Hadamard introduites dans la sous-section 1.4.3.
Exercice 2.23. Soit N N et T D (C, C) la distribution VP[1/z N ] introduite dans la sous-section 1.4.4. Verifier la formule
T
(1)N 1 N
=
[(0,0) ].
z
(N 1)! z N 1
Exercice 2.24 (formule de Lelong-Poincare). Montrer que, si f est une fonction meromorphe non identiquement nulle dans un ouvert connexe de C, on a, en
termes de 2-courants dans C, la formule de Lelong-Poincare :
)
[
]
(
ordre() dx dy
log |f |2 =
mult. ()
z
ero de f
pole de f
lj )
l
T =
[0 ]
lj
j=1 xj
l1 ++ln m
o`
u les l sont des scalaires du corps K.
Exercice 2.26. Soit T D (R2 , C) telle que z m+1 T = 0 pour m N. Montrer
(en utilisant le resultat etabli `a lexercice 2.25) quil existe M N et des coecients
complexes l1 ,l2 , 0 l1 m, 0 l2 M , tels que la distribution T sexprime
T =
m
M
l1 =0 l2 =0
l1 ,l2
l1 +l2
[(0,0) ].
z l1 z l2
T
= T.
(2.27)
xj
xj
j=1
Montrer que 0 est homog`ene en precisant son degre dhomogeneite. Si n = 1,
montrer que VP[1/x] est homog`ene de degre 1 et (en utilisant le resultat de
lexercice 2.25) determiner toutes les distributions homog`enes de degre 1 sur R.
Montrer que, si T est une distribution sur Rn telle que
(2.28)
D(Rn , K), > 0, F () := T, x 7 (x) = T,
34
(on dit que T est invariante par homothetie), alors T est homog`ene de degre n
(on dierenciera par rapport `a les fonctions F ). Montrer, reciproquement, que
toute distribution homog`ene de degre n sur Rn est invariante par homothetie.
2.5. La formule des sauts
2.5.1. Le cas de la dimension 1.
finition 2.28 (sauts de discontinuite jusqu`a un ordre prescrit). Soit m N.
De
Une fonction (`a valeurs reelles ou complexes) de classe C m+1 dans un voisinage
epointe =] , [\{0} de lorigine est dite presenter des sauts de discontinuite
jusqu`
a lordre m N `
a lorigine si et seulement si
pour tout l = 0, ..., m, les limites
lim
x0
dk f
dk f
(x)
=
(0 )
dxk
dxk
&
lim
x0+
dk f
dk f
(x)
=
(0+ )
dxk
dxk
existent dans C ;
dm+1 f /dxm+1 represente un element de L1loc (] , [, B(] , [, dx).
On appelle alors saut de discontinuite de f en 0 `
a lordre l, l = 0, ..., m, le nombre
complexe
dk f
dk f
l [f ; 0] =
(0+ ) k (0 ).
k
dx
dx
La formule des sauts relie ces sauts de discontinuite, les derivees successives de
la distribution-fonction f D (] , [, C) et les distributions-fonction [dl f /dxl ],
l = 0, ..., m + 1, correspondant aux derives dl f /dxl , l = 0, ..., m + 1, considerees
comme des repesentants delements de L1loc (] , [, B(] , [, dx).
Proposition 2.6 (formule des sauts en dimension 1). Soit m N et f une
fonction `
a valeurs complexes de classe C m+1 dans un voisinage epointe ] , [\{0}
de lorigine et presentant des sauts de discontinuite jusqu`
a lordre m en 0. Pour
tout l = 1, ..., m + 1, on a
[ dl f ]
dl
dl1
[f
]
=
+
[f,
0]
[0 ].
dxl
dxl
dxl1
l1
(2.29)
=0
(2.30)
[f ], = f (x) (x) dx = lim
f (x) (x) dx
0+ |x|>
dx
par le theor`eme de convergence dominee (f est localement integrable sur ] , [
puisque les limites `a gauche et `a droite en 0 existent et que f est au moins C 1 dans
] , [\{0}). Or, par integration par parties,
f (x) (x) dx
f (x) (x) dx = f ()()
x<
x<
x>
35
[f ],
= 0 [f ; 0] (0) + lim
f (x) (x) dx
0+ |x|>
dx
[ df ]
= 0 [f ; 0] (0) +
,
dx
(comme df /dx est localement integrable sur ] , [, on peut encore appliquer le
theor`eme de convergence dominee de Lebesgue). Cest la formule demandee.
d
[f ] =
(2.31)
+
0 [f ; ] .
dx
dx
Sing (f )
2.5.2. La brique de base du calcul symbolique. Une famille de distributions sur R jouant un role important dans les sciences de lingenieur (en relation avec la transformee de Laplace 6, on le verra ulterieurement) est la famille de
distributions-fonction Lp0 , , p0 , C, Re > 0, o`
u
(2.32)
Lp0 , (t) =
1
ep0 t t1 H(t), t R .
()
Comme Re > 0, cette fonction (prolongee par 0 en 0) est bien localement integrable
sur R et definit donc une distribution-fonction que nous noterons aussi Lp0 , .
Comme la variable reelle sous-jacente ici est le temps, il est naturel de la noter
t plutot que x. Notons que la restriction de toutes ces distributions `a ] , 0[ est
la distribution nulle sur cet intervalle. La proposition suivante est une application
immediate de la formule des sauts (2.29).
Proposition 2.7 (la brique de base du calcul symbolique). Si = k N
(alors () = (k 1)!), on a, pour tout p0 C,
(d
)k
(2.33)
p0 Id [Lp0 ,k ] = 0 dans D (R, C).
dt
monstration. Si nous notons pour simplifier D = d/dt, la formule des
De
sauts ((2.29), l = 1) donne
D[Lp0 ,1 ] = p0 ep0 t H + 0 (D p0 Id) [Lp0 ,1 ] = 0.
En reappliquant (2.29) (l = 1 et l = 2) `a Lp0 ,2 : t 7 tep0 t H(t), on obtient
D[Lp0 ,2 ] = p0 Lp0 ,2 + Lp0 ,1
36
2.5.3. La formule des sauts dans lespace. Nous allons etendre au cadre
de lespace la formule des sauts (2.29) au moins au cran l = 1.
Proposition 2.8 (formule des sauts dans lespace). Soit U deux ouverts
de Rn tels que U et que la fronti`ere de U soit une sous-variete dierentiable
de dimension n 1 de . Soit f : \ U C une fonction de classe C 1 dont
les restrictions f|U et f\U se prolongent en des fonctions continues au voisinage
de U (on note fint et fext ces prolongements). On suppose aussi que toutes les
derivees partielles f /xj : \ U C definissent des fonctions localement
integrables dans . On a, pour tout j = 1, ..., n, les formules suivantes (au sens des
distributions dans D (, C)) :
[ f ]
(2.34)
[f ] =
+ (fext fint ) j dU ,
xj
xj
o`
u next (y) = (1 (y), ..., n (y)), y U , designe le vecteur normal unitaire `
a U en
y pointant vers lexterieur de U .
monstration. Le resultat est local et nous pouvons remplacer par un
De
voisinage relativement compact dans dun point y0 de U (dans \ U , les
formules (2.34) sont immediates). Nous supposerons dans un premier temps que les
restrictions de f `
a U et \ U se prolongent de mani`ere C 1 (et non plus seulement
continuement) `a un voisinage de U . La preuve des relations (2.34) repose alors
sur la formule de la divergence (2.23) rappelee (et transcrite dans le langage des
distributions) dans lexemple 2.19. Grace `a cette formule, on obtient (en raisonnant
`a linterieur de U , puis `a lexterieur, avec la fonction f ), pour toute fonction-test
D(, C),
f (x)
(x) dx =
(x) (x) dx
fint (y)(y)j (y) dU (y)
xj
xj
U
U
U
f (x)
(x) dx =
(x) (x) dx +
fext (y)(y)j (y) dU (y) .
x
x
j
j
\U
\U
U
(2.35)
En ajoutant les deux identites (2.35), on obtient bien la formule (2.34) voulue.
Si lon fait simplement lhypoth`ese que les restrictions de f `a U et \U se prolongent
continuement (et non plus C 1 ) `a un voisinage de U , la premi`ere des identites (2.34)
e.
reste valable lorsque U est remplace par un ouvert retracte (sur lui-meme) U
e
En prenant une suite de tels retractes Uk tels que la suite (Uk )k tende vers U et
la suite (Uk )k vers U au sens des mesures 7 (ce quil est possible de faire), on
voit que cette formule reste valable pour U (par passage `a la limite en k). On fait
la meme chose pour la seconde formule en retractant cette fois \ U sur lui-meme,
puis en lapprochant avec une suite de tels retractes. Les formules (2.35) restent
donc valables lorsque les restrictions de f `a U et \ U se prolongent continuement
`a un voisinage de U et la proposition 2.8 est aussi demontree dans ce cas.
CHAPITRE 3
Support et convolution
3.1. Support et support singulier dune distribution ou dun courant
Aux fins de localiser les distributions ou tout au moins leur regularite, on introduit les notions de support et de support singulier. La definition de ces deux notions
repose sur la proposition suivante, consequence du lemme de partition de lunite
1.5.
Proposition 3.1. Soit un ouvert dune sous-variete dierentiable de dimension n de RN , K = R ou C. Soit T D (, K) une distribution dans , `
a valeurs
q
dans K (resp. T D (, K) un q-courant dans `
a valeurs dans K, 0 q n).
Lunion de tous les sous-ensembles ouverts tels que la restriction
T| soit la distribution nulle (resp. le q-courant nul) dans est encore un
ouvert T tel que T| 0. Louvert T est le plus grand ouvert de
ayant cette propriete.
e tels que la restriction
Lunion de tous les sous-ensembles ouverts
e
T|
e coincide en tant que distribution (resp. en tant que q-courant) dans
avec la distribution-fonction f , o`
u f C (, K) (resp. avec le q-courantforme dierentielle associe `
a la q-forme dierentielle C ), est un ouvert
T tel que la restriction T| coincide en tant que distribution (resp. en
tant que q-courant) avec la distribution-fonction f , o`
u f C (, K) (resp.
avec le q-courant-forme dierentielle , o`
u est une q-forme dierentielle
C dans ). Louvert T est le plus grand ouvert de ayant cette propriete.
monstration. La preuve dans la cadre geometrique de la theorie des couDe
rants englobe celle dans le cadre distributions ; on donne donc la preuve dans le
T, =
T, k = 0
kN
Supp k Supp =
car Supp (k ) (k) et que T|(k) = 0. Dans le second cas, on constate que,
pour toute (n q)-forme-test dans D(T , K),
T, k =
(k) k
T, =
(3.1)
=
e (k)
kN
kN
Supp k Supp =
Supp k Supp =
k (k) =
kN
Supp k Supp =
37
kN
)
k (k) .
38
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
=
k (k) ,
kN
et le q-courant T coincide dans T (dapr`es (3.1)) avec le q-courant forme dierentielle correspondant `a cette q-forme C .
: D(Rn , K) 7
()
egal `a tout entier, tandis que le support singulier est { ; f () = 0}. Les
distributions-fonction
log x2 + y 2
x2n n/2
D (R2 , R) &
D (Rn , R)
2
n(2 n)(n/2)
introduites en (2.26) dans lExemple 2.21 sont aussi de support R2 ou Rn et de
support singulier lorigine (dans R2 ou Rn ).
On verra plus loin que loperation de multiplication (ou resp. multiplication exterieure des distributions (resp. des courants) est une operation posant en general
de tr`es gros probl`emes la rendant souvent en pratique impossible (au moins dans
labsolu). Il est cependant un cas particulier bien utile o`
u cette operation prend son
sens.
Proposition 3.2. Soit un ouvert dune sous-variete dierentiable X de dimension n de RN , K = R ou C. Soient T1 et T2 respectivement un q1 -courant et
un q2 -courant sur (`
a valeurs dans K), tels que 0 q1 + q2 n. Si la condition
SS (T1 ) SS (T2 ) = est remplie, la definition du (q1 + q2 )-courant T1 T2 (note
T1 T2 ou T1 T2 si q1 = q2 = 0, i.e. si les courants T1 et T2 sont des distributions)
est licite.
monstration. Soit (k )kN une partition de lunite subbordonnee au reDe
couvrement de par les deux ouverts 1 := \ SS (T1 ) et 2 := \ SS (T2 ) (cf. le
Lemme 1.5). On pose
k j = 1, 2.
(3.2)
j :=
{kN ; (k)=j}
On note j la qj -forme dierentielle C sur j (`a valeurs dans K), telle que
(Tj )|j = j (cette forme existe bien du fait de la Proposition 3.1, item 2). On definit
un (q1 + q2 )-courant T1 T2 en posant, pour toute forme-test Dnq1 q2 (, K),
T1 T2 , = T1 T2 , 1 + 2
= (1)q1 q2 T2 , 1 1 + T1 , 2 2 .
La construction de ce courant est robuste , i.e. ne depend pas de la partition
(k )kN subordonnee au recouvrement = 1 2 utilisee.
T1 T2 , = T2 , f1 1 + T1 , f2 2 ,
40
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
Te D q (X , K),
Te : Dnq (X , K) 7 T , ,
ce prolongement etant independant du choix de la fonction-plateau . On pourra
donc ensuite toujours envisager les distributions (resp. courants) `a support compact
dans un ouvert de Rn (resp. dune sous-variete dierentiable X de dimension n
de RN ) comme definis sur Rn tout entier (resp. sur la sous-variete X Rn toute
enti`ere).
Le crit`ere quantitatif suivant (herite de la Proposition 1.2) permet de caracteriser
cette classe de distributions ou de courants. Nous donnons ici ce crit`ere dans sa
formulation la plus large, cest-`a-dire geometrique, englobant ainsi le cadre des
distributions et celui des courants.
Proposition 3.3 (caracterisation des distributions ou courants `a support compact). Soit X une sous-variete dierentiable de dimension n de RN et K un com
pact de X , i.e. un compact de RN inclus dans X . Un q-courant T D q (X , K)
(0 q n, K = R ou C) est `
a support compact, de support inclus dans K, si et
seulement si il est dordre fini ordre(T ) et si, pour tout > 0, il existe une constante
C > 0 telle que, si K := {x X ; distRN (x, K) }, on ait
(3.4)
D(X , K),
C(K ) NK , p(K ) ( )
C NK , ordre(T ) (),
ce qui donne bien (3.4). Reciproquement, si T est dordre fini et verifie les estimations (3.4), on voit que la restriction de T `a tout ouvert X \K , pour tout > 0, est
identiquement nulle. La restriction de T au complementaire de K est identiquement
nulle, ce qui prouve que T est de support compact, inclus dans K.
D(Rn , K) ,
T, =
al [T ]
n
(
lj )
lNn
j=1
l1 ++ln M
xjj
[](0).
lNn
l1 ++ln M
1
M!
( lj )
1
[](0) xl11 xlnn
l1 ! ln ! j=1 xlj
+1
o`
u DM
esigne (M +1)-dierentielle de au point x, i.e. lapplication (M +1) x [] d
lineaire symetrique sur (Rn )M +1 agissant sur (x, ..., x) (M + 1-fois)
n
(
j=1
xj
)M +1
[]( x).
xj
Compte-tenu de ce que
1 1
+1
M
(1 )M DM
x [](x, ..., x) d = o(x )
M! 0
42
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
au voisinage de lorigine, on a
T,
= T,
(
=
T,
lNn
l1 ++ln M
lNn
l1 ++ln M
( lj )
)
1
l1
ln
[](0)
x
x
n
1
l1 ! ln ! j=1 xlj
j
n
T , (x) xl11 xlnn (
lj )
[](0).
lj
l1 ! ln !
j=1 x
j
Ce resultat se transpose immediatement au cadre geometrique. Si X est une sousvariete dierentiable de dimension n de RN et si T est un q-courant sur X dordre
M et de support {x0 }, avec x0 X , laction de T sur une (nq)- forme dierentielle
test sexprimant en coordonnees locales autour de x0 (via x0 : t Bx0 7 x0 (t)
avec x0 (0) = x0 ) comme
(t) =
I (t) dti1 dtinq
1i1 <<inq n
T,
1i1 <<inq n
(3.7)
=
1i1 <<inq n
lNn
l1 ++ln M
aI,l [T ]
n
(
lj )
l
j=1
tjj
[I ] (0),
o`
u les aI,l [T ], I = {i1 , ..., inq } avec 1 i1 < < inq n, l = (l1 , ..., ln )
avec l1 + + ln M , sont des scalaires du corps de base K independants de la
(n q)-forme test .
3.2.3. Distributions causales sur R. Sur la droite reelle, o`
u frequemment
dans les applications pratiques le param`etre t figure le param`etre temporel, une
classe de distributions sera appelee `a jouer aussi un role important dans les applications pratiques.
finition 3.9 (distribution causale). Une distribution T D (R, K) est dite
De
causale si et seulement si Supp T [0, [.
Exemple 3.10. Les distributions-fonction Lp0 , , p0 , C, Re > 0 introduites dans la Section 2.5.2 (voir (2.32)) sont des exemples typiques de distributions
causales. Il en est de meme des distributions t
+ , 1, introduites dans la Section
1.4.3.
3.3. Produit tensoriel de distributions ou de courants
Nous nous placons dans un premier temps dans le contexte des distributions sur les
ouverts de Rn . Nous elargirons plus loin ce contexte au cadre geometrique.
43
T1 T2 , = T1 , T2 , .
La distribution T1 T2 ainsi definie est dite produit tensoriel des deux distributions
T1 et T2 .
monstration. Soit D(1 2 , K). Pour tout x0 1 , la fonction
De
y 2 7 (x0 , y)
est un element de D(2 , K), element sur lequel on peut faire agir la distribution
T2 D (2 , K). Ceci nous permet de definir la fonction
(3.9)
x 1 7 T2 , (x, ) .
Il resulte du fait que T2 est une distribution sur 2 que 1 la fonction (3.9) est
une fonction C sur 1 , `a valeurs dans K, et que lon a, pour tout multi-indice
(l1 , ..., ln1 ) Nn1 , les relations
n1
n1
(
]
(
lj )[
lj )
x
7
T
,
(x,
)
=
T
(y)
,
x
7
[(x,
y)]
, x 1 .
2
2
lj
lj
j=1 xj
j=1 xj
Comme est `a support compact dans 1 2 , la fonction (3.9) est `a support
compact dans 1 ; cest donc une fonction-test element de D(1 , K), `a laquelle on
peut appliquer la distribution T1 . On est donc en droit de poser :
(3.10)
T1 T2 , := T1 , x 7 T2 , (x, ) .
Soit (k )kN est une suite tendant vers la fonction identiquement nulle dans le
K-espace vectoriel D(1 2 , K), ce qui implique (entre autre) que toutes les
fonctions k sont supportees par un compact K0 . Soit K0 = pr1 (K0 ) et K0 =
pr2 (K0 ). Les projections sur 1 et 2 etant continues, K0 et K0 sont des compacts,
respectivement de 1 et 2 . En utilisant les inegalites
(3.11)
n1
n1
(
(
]
lj )
lj )[
[
(x,
y)]
x
7
T
,
(x,
)
=
T2 (y) , x 7
k
2
k
lj
lj
x
x
j=1
j=1
j
j
n1
[
(
]
lj )
[
(x,
y)]
(l1 , ..., ln1 ) Nn1 x K0
C2 (K0 ) NK0 ,p(K0 ) y 7
k
lj
x
j=1
j
1. Reprendre par exemple pour voir ceci la preuve de la Proposition 2.2, cf. la mani`
ere dont
on prouve que la fonction (2.14) est C .
44
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
(clause (1.14) de la Proposition 1.2 pour T2 ), on constate que la suite de fonctionstest (de D(1 , K))
x 7 T2 , k (x, ), k N
converge au sens du principe de convergence des suites dans D(1 , K) vers la fonction nulle (pour k assez grand, ces fonctions sont toutes supportees par le compact
K0 de 1 ). Comme T1 est une distribution sur 1 , on a donc
k+
Lapplication
D(1 2 , K) 7 T1 T2 ,
definie en (3.10) est donc bien une distribution `a valeurs dans K sur louvert 1 2
de Rn1 Rn2 . Cette distribution T1 T2 verifie la condition (3.8) car, pour tout
x 1 , on a
T2 , ( )(x, ) = (x) T2 , D(1 , K), D(2 , K).
Lexistence dune distribution sur 1 2 et `a valeurs dans K se pliant `a la r`egle
(3.8) est donc prouvee. Lunicite dune telle distribution resulte du lemme important
suivant.
Lemme 3.11. Soient 1 et 2 des ouverts respectifs de Rn1 et Rn2 , K = R ou
C. Le K-sous-espace vectoriel D(1 , K)D(2 , K) de D(1 2 , K) est dense dans
ce K-espace vectoriel (relativement au principe de convergence des suites introduit
dans la Definition 1.11).
monstration. Louvert 1 2 admet un recouvrement par des produits
De
de boules euclidiennes Bx By (respectivement n1 et n2 dimensionnelles) avec
Bx 1 et By 2 pour tout indice . Si (k )kN realise une partition de
lunite dans 1 , subordonnee au recouvrement de 1 par les Bx et (l )lN realise
une partition de lunite dans 2 , subordonnee au recouvrement de 2 par les By ,
la famille denombrable (k l )k,lN realise une partition de lunite dans 1
2 , subordonnee au recouvrement de 1 2 par les ouverts produits de boules
euclidiennes Bx By . Pour montrer quune fonction-test D(1 2 , K)
sapproche dans cet espace par des elements du sous-espace D(1 , K) D(2 , K)
(stable par multiplication), on peut donc se ramener `a remplacer par (k l ),
pour k, l fixes dans N. On notera k = , l = . Soit g la gaussienne (centree et
normalisee) dans Rn1 +n2 :
g : (x, y) 7
1
(2)(n1 +n2 )/2
n1
exp(x2j /2)
j=1
n2
exp(yl2 /2)
l=1
et, pour tout > 0, g (x, y) = n g(x/, y/). Pour tout k N , on introduit la
fonction
45
n1
n2
(
l ) (
l )
[ g1/k ](x, y)
l
xl
=1 y
=1
(3.12)
n1
n2
(
l ) (
l )
=
[(x , y ] g1/k (, ) d d.
l
xl
Rn1 +n2
=1 y
=1
La suite ( g1/k )kN approche la fonction uniformement sur tout compact de
Rn1 +n2 du fait de luniforme continuite de sur tout compact K de Rn1 +n2 et de ce
que (g1/k )kN realise une approximation de lunite 2. Il sut en eet de remarquer
sup | g1/k |
sup
|(x, y) (x , y )|
(x,y)K
(,) k
+2
sup
(,) k
(,) k
g1/k (, ) d d
g1/k (, ) d d
|(x, y) (x , y )|
(x,y)K
(,) k
(3.13)
+2
g(, ) d d
(,)
et de choisir assez grand, puis, une fois fixe, k susamment grand pour que la
somme des deux termes figurant dans le membre de droite de (3.13) soit majoree
par > 0 arbitraire. En remplacant dans (3.13) par nimporte laquelle de ses
derivees partielles `a un ordre arbitraire et en utilisant (3.12), on constate que la
suite (( g1/k ) ( ))kN converge vers ( ) dans D(1 2 , K). En
developpant, pour k = k0 fixe, en serie enti`ere
l
(
(1) 2
(1) 2 )
exp(X 2 /2k02 ) =
X
=
lim
X
,
l+
2 k02 !
2 k02 !
=0
=0
puis en reportant ce developpement dans lexpression de
n1
n2
(
))
k0n1 +n2
1 (
2
2
g1/k0 (x , y ) =
(x
)
+
exp
(y
n1 +n2
2k02
(2) 2
=1
=1
sous lintegrale
Rn1 +n2
46
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
Lunicite qui restait `a prouver pour conclure la preuve de la Proposition 3.5 resulte
immediatement du Lemme 3.11. Cette proposition est donc ainsi prouvee.
T1 D q1 (1 , K), T2 D q2 (2 , K) (avec K = R ou C). Il existe un unique (q1 +q2 )courant T = T1 T2 sur 1 2 X1 X2 RN1 +N2 tel que, pour toute (n1 q1 )forme dierentielle test dans Dn1 q1 (1 , K), pour toute (n2 q2 )-forme test
dans Dn2 q2 (2 , K), on ait
T1 T2 , = T1 , T2 , ,
o`
u designe la (n1 q1 ) + (n2 q2 )-forme dierentielle sur 1 2 definie
(en coordonnees locales t sur X1 et s sur X2 ) par
( )(t, s) := (t) (s).
(3.14)
(3.15)
n1 q1
n1
q1
dti
n2
q2
=1
dsj ,
=1
(3.16)
o`
u les (|U V )IJ sont des fonctions C dans U V . On definit ainsi 3
T1 T2 , := T1 , x 7 T2 , (x, ) .
On verifie que cette definition induit celle dun (q1 +q2 )-courant sur 1 2 verifiant
la clause (3.14). Lunicite resulte du fait quetant donne un produit douverts de
carte U V sur 1 2 , Dn1 q1 (U, K) Dn2 q2 (V, K) (K-sous-espace engendre
par les , Dn1 q1 (U, K), Dn2 q2 (V, K)) est un K-sous-espace vectoriel
dense dans le K-espace vectoriel des (n1 q1 ) + (n2 q2 )-formes dierentielles
dans U V qui sexpriment en coordonnees locales (t, s) (t dans U , s dans V ) sous
la forme (3.16).
`
3.4. LE THEOR
EME
DES NOYAUX
47
3.4. Le th
eor`
eme des noyaux
La theorie des distributions (ou des courants) ne permet pas seulement la
modelisation des phenom`enes physiques, elles permet aussi celle des syst`emes (concr`etement des appareils ) agissant de mani`ere lineaire et (en un sens `a preciser)
de mani`ere continue sur ces memes phenom`enes physiques. En voici un exemple,
avec le theor`eme des noyaux de Laurent Schwartz, qui nous servira de motivation
pour introduire dans la section suivante limportante operation de convolution entre
distributions (pourvu bien s
ur quelle sav`ere possible).
`me 3.12 (theor`eme des noyaux de Laurent Schwartz). Soit un ouvert
Theore
de Rn , K = R ou C, et L un operateur lineaire de D(, K) dans D (, K) continu au
sens suivant : si (k )kN est une suite de fonctions-test convergeant vers la fonction
nulle dans D(, K) au sens du principe de convergence des suites de la Definition
1.11, la suite (L[k ])kN est une suite delements de D (, K) convergeant vers la
distribution nulle dans D (, K) au sens du principe de convergence des suites de
distributions (Definition 2.1). Il existe alors une unique distribution KL sur
telle que,
(3.17)
L[] , = KL , .
L[] , = KL , .
(x, y) 7
(, ) 1/k (x )1/k (y ) d d
.
k>1/(dist(K,)
(, ) DK (, K) DK (, K) 7 L[],
48
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
(x,y)KK
pour une certaine constante positive C(K) et un certain entier positif p(K) 2n.
La fonction KL,k est donc localement integrable (car bornee) sur K K (pourvu
que k > 1/dist(K, ), i.e que cette fonction soit bien definie sur K K). On
peut donc considerer la suite (KL,k )k>>1 comme une suite de distributions-fonction
dans , en convenant du fait quil faille, etant donne un ouvert arbitraire
relativement compact dans , choisir k > k( ) = dist( , ) pour que la suite
des restrictions ((KL,k )| )k>k( ) soit bien definie.
On verifie aisement (en approchant les integrales par des sommes de Riemann) que,
si et sont deux elements de D(, K), on a
k+
Lexistence de KL satisfaisant (3.17) resulte alors du fait que, pour tout compact
K , pour toute fonction test DKK ( , K), la suite
(
)
KL,k , k>1/dist(K,)
est une suite de Cauchy, donc convergente, dans le corps complet K. Nous admettrons ici ce resultat (cf. [Horm], Section 5.2, pour les details de ce point technique).
Il resulte alors de la Proposition 2.1 que la suite (KL,k )k>>1 converge au sens des
distributions vers une distribution KL D ( , K). La distribution KL ainsi
construite se plie dapr`es (3.20) `a la clause (3.17). Lunicite dune telle distribution
KL satisfaisant (3.17) resulte du Lemme 3.11.
49
u Rn ,
u Rn , KL (x, y u) = KL (x + u, y)
(au sens des distributions sur Rn Rn ). En dierentiant cette identite (3.22) entre
distributions par rapport aux variables reelles uj , j = 1, ..., n, il vient
(
)
+
[KL ] 0, j = 1, ..., n,
xj
yj
au sens des distributions sur Rn Rn . Ceci se traduit formellement par le fait quil
existe une distribution hL D (Rn , K) telle que
KL (x, y) = hL (x y).
Il en resulte que laction de L se trouve modelisee sous la forme
(3.23)
(3.24)
L[](y) =
hL (y x) (x) dx,
Rd
forme o`
u lon reconnait loperation mathematique de convolution dej`a rencontree
dans le cadre des fonctions ou des suites (suivant que lon adopte le point de
vue continu ou le point de vue discret), cf. le chapitre 4 du cours de Theorie de
lIntegration [Y1], et notee alors, au lieu de (3.24), L[] = hL . Ceci nous conduit
naturellement `a lintroduction dune operation entre distributions, la convolution.
Toute boite noire L agira donc, comme on vient de le voir, comme un operateur de
convolution par une certaine distribution hL .
La convolution est une operation intimement liee `a une structure algebrique de
groupe commutatif. Ceci nous privera de definir en general cette operation comme
une operation interne de D (, K) lorsque sera un ouvert quelconque de Rn ou un
ouvert quelconque dune sous-variete de dimension n de RN (il ny a en general pas
de structure de groupe commutatif sur !). Nous nous placerons donc uniquement
dans deux cas importants (au niveau des applications pratiques) :
(1) le cas (le plus important) = Rn (avec sa structure de groupe additif
usuel), qui sera celui de la convolution usuelle ;
(2) le cas = S1 S1 S1 (R2 )n , o`
u S1 est le cercle unite dans Rn (avec
sa structure de groupe multiplicatif usuel), qui sera celui de la convolution
periodique.
50
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
DK (Rn , K),
o`
u Ke D(Rn , [0, 1]) designe une fonction plateau arbitraire identiquement egale
e associe `a K via la condition des supports (3.25).
`a 1 au voisinage du compact K
Remarque 3.15 (commutativite de la convolution). Si S et T sont convolables,
il en est de meme (par symetrie de (3.25)) de T et S et lon a T S = ST , autrement
dit loperation de convolution entre distributions sur Rn est, pourvu quelle sav`ere
possible, une operation commutative.
Comme S1 S1 est un compact dans (R2 )n , la definition de loperation de
convolution entre deux distributions S et T de D ((S1 )n , K) est en revanche toujours
possible (la condition des supports (3.25) est alors irrelevante du fait de la compacite
de (S1 )n ) et on a la :
finition 3.16 (convolution de deux distributions periodiques). Soient S et
De
T deux distributions sur S1 S1 (n fois), `a valeurs dans K = R ou C. On
appelle convolee periodique de S et T et on note S per T la distribution sur (S1 )n ,
`a valeurs dans K, qui, `a toute fonction
: (1 , ..., n ) Rn 7 (1 , ..., n ) K
C et 2-periodique par rapport `a 1 , ..., n 7, associe
1
(3.27)
S per T , :=
S(ei1 , ..., ein ) T (ei1 , ..., ein ) , ( + ) .
n
(2)
La condition des supports (3.25) dans la Definition 3.14 (pour deux distributions
S et T de D (Rn , K)) est remplie dans deux cas importants.
Proposition 3.7 (convolabitite de deux distributions sur Rn dont lune au
moins est `a support compact). Si S et T sont deux elements de D (Rn , K) telles
quau moins lune des deux distributions S ou T soit `
a support compact (Supp S
Rn ou Supp T Rn ). Les deux distributions S et T sont alors convolables.
monstration. Supposons par exemple Supp T Rn . Si K Rn , on a
De
(
)
(x, y) Supp S Supp T & (x + y K)
((
)
)
x Supp S (K Supp T ) & (y Supp T ) ,
7. Donc consid
er
ee comme une fonction C de (S1 )n dans K via la correspondance naturelle
ei ( mod 2) entre le cercle unit
e S1 de R2 et le groupe quotient R/(2Z).
51
o`
u K Supp T est le compact image du compact KSupp T (ce produit est compact
car produit de deux compacts) par lapplication continue (x, y) 7 xy. Lensemble
e defini par (3.25) est donc compact comme produit de deux compacts. Les deux
K
distributions S et T sont donc convolables.
=
S(x) , (x)
f (y x)(y) dy
Rn
=
S(x) , (x) f (x y) (y) dy.
Rn
52
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
depuis le cours de Theorie de lIntegration (ce sont les inegalites de Young, voir
[Y1], Theor`eme 4.2) que si p, q, r sont trois elements de [1, ] tels que
1 1
1
+ =1+
p q
r
(lexistence de r, lorsque p [1, ] et q [1, ] sont donnes, est assurees d`es que
1 1/p + 1/q 2) et si f LpK (Rn , B(Rn ), dx), g LqK (Rn , B(Rn ), dx), alors,
lorsque f et g sont des representants mesurables respectivement de f et g `a valeurs
dans le corps K, la fonction mesurable
y 7 f (x y)g(y)
est integrable pour dx-presque tout x et que la fonction dx-presque partout definie
f g : x Rn 7
f (x y) g(y) dy
Rn
represente un element de
(3.29)
note f g,
avec
f g
r fp g
q.
1
jl
=
P (X) j=1
(X j )j
m
(3.30)
l=1
`
3.6. LES ALGEBRES
DE CONVOLUTION E (Rn , K) ET D+
(K)
53
(les j , j = 1, ..., m, etant les racines de P et les j leurs multiplicites) et que lon
note
j
m
(3.31)
T2 =
jl Lj ,l
j=1 l=1
n
note E (R , K) est equipe avec sa structure de K-espace vectoriel et loperation commutative de convolution dune structure de K-alg`ebre commutative unitaire contenant comme sous-alg`ebre lalg`ebre K(/x1 , ..., /xn ) isomorphe `
a lalg`ebre des
polyn
omes K[X1 , ..., Xn ]. Lelement neutre de cette K-alg`ebre est la mesure de Dirac (0,...,0) .
monstration. Elle est immediate : un point important est de remarquer
De
que si T1 , T2 , T3 sont trois distributions sur Rn dont au moins deux sont `a support
compact, la r`egle dassociativite du produit de convolution est satisfaite, i.e on a
(T1 T2 ) T3 = T1 (T2 T3 ). Ceci est une consequence de la definition du produit
de convolution des distributions (lorsque les distributions sont convolables, ce qui
est le cas ici) au travers du produit tensoriel (qui, lui, est bien associatif).
D+
(K) resulte de lassociativite du produit tensoriel. Le fait que P (D)[] ait un
inverse a ete demontre `a loccasion de lexemple 3.20 et repose sur la decomposition
54
3. SUPPORT ET CONVOLUTION
CHAPITRE 4
[
]
f L2 (Rn , B(Rn ), dx), fb =
lim
7
f (x)ei,x dx ,
C
N +
[N,N ]n
LC (R ,B(R ),dx)
x 7
]
g()ei,x d .
[N,N ]n
56
1
1
fb1 , fb2 =
(2)n
(2)n
Rn
Rn
x
f1 f2 dx
fb1 fb2 d.
: z C 7
(t)e
izt
dt =
(i)k
k=0
(t) tk dt k
z
k!
est une fonction enti`ere se pliant donc (voir le cours de MT734 [Charp]) au principe
des zeros isoles ; si lon suppose
(t) dt > 0
R
Np () =
( l1 ++ln )
]
[
sup (1 + x)p
[](x)
.
xl11 xlnn
l1 +l2 ++ln p Rn
sup
EES
57
On note 3 S(Rn , K) le K-espace vectoriel des fonctions C sur R telles que lon ait
Np () < + pour tout p N.
Remarque 4.2. Le K-espace vectoriel S(Rn , K) contient D(Rn , K) et nest
donc pas reduit `a 0.
Pour tout p 0, pour tout S(Rn , K), on a N0 () = Np () < +.
Ceci implique que
S(Rn , K) 7 Np ()
definit une norme sur le K-espace vectoriel S(Rn , K). Ce K-espace peut etre muni
dune distance, definie par
1
d(, ) :=
inf(Np ( ), 1).
2p
p=0
Muni de cette distance, le K-espace S(Rn , K) est ainsi muni dune topologie despace
metrisable. Comme il sagit dune topologie despace metrisable, cette topologie
peut etre definie par un principe de convergence des suites : une suite (k )k0
tend vers 0 dans S(Rn , K) si et seulement si, pour tout p N, lim Np (k ) = 0.
k+
3. Cette notation a
et
e introduite par Laurent Schwartz. Comme il larme lui-m
eme, il ne
sagissait pas de conforter son ego. Le qualificatif S vaut en fait pour sph
erique . Nous verrons
en eet plus loin (cetait pr
ecis
ement une remarque de L. Schwartz, voir [Sch]) que les
el
ements
du dual de cet espace (que lon appellera distributions temp
er
ees) sont les distributions sur Rn
qui, une fois remont
ees sur la sph`
ere unit
e Sn de Rn+1 par projection st
er
eographique inverse
depuis le p
ole Nord, se prolongent en des distributions sur cette sph`
ere (sous vari
et
e compacte de
dimension n de Rn+1 ).
58
monstration. Comme
De
Np (f )
( l1 ++ln )
sup
[](x)
l1
ln
x
x
xRn
n
1
l1 ++ln p
pour tout p N, toute suite de Cauchy (k )k0 dans S(Rn , K) est necessairement
de Cauchy dans tous les espaces C p (Rn , K), C p (Rn , K) designant lespace vectoriel
des fonctions de classe C p sur Rn , telles que
( l1 ++ln )
sup
[](x)
= (p)
< +,
l1
ln
n
x
x
xR
n
1
l1 ++ln p
(p)
k, l M (, p), Np (k l ) < .
Si lon fixe k et que lon laisse courir l vers + dans (4.6) (on raisonne `a x Rn
fixe, puis on prend le sup pour tout x), on constate que S(Rn , K) et que
k M (, p), Np (k ) < .
La suite (k )k0 converge donc vers dans S(Rn , K) car limk+ Np (k ) = 0
pour tout p N. Le K-espace S(Rn , K) est donc bien complet.
On prend maintenant plus specifiquement K = C. Sur cet espace S(Rn , C), la transformation de Fourier agit de mani`ere que lon pouvait souhaiter. Notons que cest
en pensant `a faire agir cette transformation de Fourier (qui est une transformation
de nature complexe et non reelle) que nous nous sommes cantonnes `a nintroduire
ici que le C-espace vectoriel S(Rn , C) et non le R-espace vectoriel S(Rn , R), ce que
nous avions fait jusque l`a (et reprendrons, apr`es cet interm`ede complexe, dans la
sous-section suivante).
Proposition 4.2 (transformation de Fourier et fonctions elements de S(Rn , C)).
La transformation de Fourier restreinte `
a S(Rn , C) (considere comme un sous1
n
n
2
n
espace de LC (R , B(R ), dx) LC (R , B(Rn ), dx)) definit un isomorphisme bicontinu de S(Rnx , C) dans S(Rn , C) 4. Cette transformation agit ainsi :
[
]
(4.7)
S(Rnx , C) 7
b : Rn 7
(x) eix, dx .
Rn
EES
59
1
2
(4.8)
|s(x)| dx =
|b
s()|2 d.
(2)n Rn
Rn
On a de plus les relations
(4.9)
n \
( l1 ++ln )
(
)
lj (),
[
()]
b
=
(ix
)
j
1l1 nln
j=1
n
( l1 ++l
)
(
)
\n
[]
[]
=
(ij )lj (),
b
l1
ln
x1 xn
j=1
Rn ,
Rn ,
pour toute fonction S(Rn , C). La transformation de Fourier inverse est lapplication
[
]
1
ix,
(4.10)
S(Rn , C) 7 F 1 [] : x Rnx 7
()
e
d
(2)n Rn
monstration. Les elements de S(Rn , C) sont les fonctions integrables et
De
leur transformee de Fourier se calcule comme la transformee de Fourier dune
fonction integrable, cest `a dire suivant (4.7). Cest le theor`eme de Lebesgue de
derivation des integrales `a param`etres qui permet dassurer la validite de la premi`ere
des deux batteries de formules (4.9). La seconde de ces deux batteries de formules
sobtient via des integrations par parties iterees suivant les variables. La formule 4.8
resulte du fait que S(Rn , C) est un C-sous-espace vectoriel de L1C (Rn , B(Rn ), dx)
L2C (Rn , B(Rn ), dx), couple avec le fait que la transformation de Fourier realise une
isometrie entre L2C (Rnx , B(Rn ), dx) et L2C (Rn , B(Rn ), d) (voir [Y2], Proposition
2.11), au coecient multiplicatif (2)n/2 pr`es.
Les formules (4.9) assurent que si (l1 , ..., ln ) et (l1 , ..., ln ) sont deux multi-indices,
on a, pour tout Rn , en notant pour simplifier
n
n
n
(
lj )
l
||l =
|j |lj , Dl =
,
(ix)
=
(ixj )ll ,
lj
j=1
j=1 xj
j=1
\
l ()
||l |Dl []()|
b
= ||l (ix)
[ [
]]
= F Dl (ix)l ()
]
l[
D (ix)l (x) dx
Rn
sup
[(
Rn
(4.11)
)n+1 [
] ]
l
1 + x
D (ix)l (x)
Rn
dx
< .
(1 + x)n+1
Il en resulte que la transformation de Fourier preserve globalement le C-espace vectoriel S(Rn , C). On constate aussi que les inegalites (4.11) que lon vient detablir assurent que la transformation de Fourier realise une application continue de S(Rn , C)
dans lui-meme. En particulier, la transformee de Fourier dun element de S(Rn , C)
est, comme lelement lui-meme, une fonction continue et integrable sur R. On est
60
La proposition 4.2 ore un moyen interessant de quantifier le principe dincertitude dHeisenberg (cest l`a un joli exercice, bien pour une illustration de lecon
dAgregation par exemple). Si S(R, C) est normalisee de mani`ere `a ce que
|(t)|2 dt = 1,
R
le produit des moments dinertie par rapport `a lorigine des distributions correspondant `a et `a son spectre 5 est minore par la constante absolue /2, i.e
2
(4.12)
|(t)|2 |t|2 dt
|()|
b
||2 d .
2
R
R
Pour le voir, il sut dune part dintegrer par parties
( N
) 1[
]N
1 N
Re
1
2
(4.13)
||2 |()|
b
d
t22
2 R
(on utilise la Proposition 4.2 pour passer `a la derni`ere inegalite). On peut remarquer
au passage que legalite dans (4.12) na lieu que si lon a egalite dans linegalite de
Cauchy-Schwarz utilisee en (4.13), cest-`a-dire quand et t sont proportionnelles,
ce qui correspond au fait que soit une gaussienne (lequation dierentielle du
premier ordre y (t) = t y(t) est immediate `a resoudre).
4.1.3. Le K-espace des distributions temp
er
ees `
a valeurs r
eelles ou
complexes.
finition 4.3 (distribution temperee). Les elements du K-dual topologique
De
du K-espace metrisable S(Rn , K), note S (Rn , K), sont appelees distributions temperees `a valeurs dans K (K = R ou K = C).
Clairement D(Rn , K) S(Rn , K) et linjection
: D(Rn , K) S(Rn , K)
est une application continue : si en eet une suite de fonctions test (k )k0 converge
vers D(Rn , K) au sens du principe de convergence des suites de la Definition
5. Cest le terme physique pour qualifier ce qui pour nous est la transform
ee de Fourier.
EES
61
1.11, cette suite delements, consideree cette fois, ainsi que sa limite, comme une
suite delements de S(Rn , K), converge vers dans S(Rn , K). Il en resulte que la restriction dune distribution temperee `a D(Rn , K) definit un element de D (Rn , K).
Par contre, toutes les distributions `a valeurs complexes sur Rn ne peuvent etre
considerees comme les restrictions `a D(Rn , K) de distributions temperees. La Proposition 4.3 clarifiera precisement cet etat de fait.
Le K-espace vectoriel S (Rn , K) est equipe naturellement dune topologie, dite
faible. On se contentera dy enoncer (ce qui sura `a nos besoins) un principe de
convergence des suites. Pour etre en phase avec le fait que lon souhaite considerer le
K-espace topologique S (Rn , K) comme un sous-espace de D (Rn , K), il est naturel
que ce principe de convergence des suites soit coherent avec celui que lon a introduit
pour les suites de distributions dans la Definition 2.1. Une suite (Tk )k0 delements
de S (Rn , K) converge donc vers un element T S (Rn , K) si et seulement si
(4.14)
S(Rn , K),
lim Tk , = T, .
k+
Proposition 4.3 (deux caracterisations des distributions temperees). Une distribution T D(Rn , K) est temperee (i.e. peut etre consideree comme la restriction
`
a D(Rn , K) dune distribution temperee) si et seulement si lune des proprietes
suivantes (equivalentes) est satisfaite 6 :
(1) Il existe un entier p N et une constante C 0 telles que
(4.15)
|T, | C Np ()
D(Rn , K) ;
(2) la distribution Te sur Sn \ {(0, ..., 0, 1)} Rn+1 deduite de T par projection stereographique inverse (depuis le p
ole Nord (0, .., 0, 1)) se prolonge
en une distribution sur Sn (consideree comme sous-variete compacte de
dimension n de Rn+1 ), `
a valeurs dans K.
monstration. Prouvons dabord lequivalence avec le premier point. Les
De
elements du dual topologique du K-espace vectoriel metrisable S(Rn , K) sont les
applications lineaires Te de S(Rn , K) qui sont continues en = 0, i.e telle que
limage reciproque de la boule unite ouverte du corps K contienne un element du
syst`eme fondamental (4.5). Ceci signifie donc quil existe p N et > 0 tel que
(
)
S(Rn , K),
Np () < = |Te, | < 1.
Ceci equivaut `a dire quil existe une constante positive C = 1/ telle que la condition
(4.15) soit remplie pour tout element de S(Rn , K), donc en particulier pour tout
fonction-test D(Rn , K). Si une distribution T est temperee, elle se prolonge
comme un tel Te en une forme lineaire continue sur S(Rn , K) et T = Te|D(Rn ,K)
satisfait donc (4.15). Reciproquement, si T verifie (4.15), on peut prolonger T `a
S(Rn , K) de la mani`ere suivante : on approche dans S(Rn , K) (ce qui est possible)
un element quelconque de S(Rn , K) par une suite de fonctions-test (k )k0 ; la
suite de scalaires (T, k )k0 est de Cauchy dans K car
|T, k T, l | C Np (k l )
6. La premi`
ere constitue un crit`
ere quantitatif bien utile. La seconde fournit lexplication de
la notation S pour sph
erique et non, comme on le pense souvent, pour Schwartz .
62
et converge vers une limite l dans K, laquelle limite ne depend que de et non de
la suite dapproche (k )k0 . En posant Te, = l = l(), on prolonge bien T en
une forme lineaire continue sur S(Rn , K).
Prouvons maintenant lequivalence avec le second item. La projection stereographique
depuis le pole Nord ((0, ..., 0, 1)) sur le plan xn+1 = 0 induit (dapr`es le theor`eme
de Thal`es) la correspondance
( X
Xn )
1
, ...,
Rn .
(X1 , ..., Xn , t) Sn \ {(0, ..., 0, 1)}
1t
1t
On verifie que la transformation inverse est
(4.16)
( 2x
2xn
x2 1 )
1
(x1 , ..., xn ) Rn
,
...,
,
Sn \ {(0, ..., 0, 1)}.
1 + x2
1 + x2 x2 + 1
Dire quune distribution T sur Rn se prolonge, une fois remontee sur la sph`ere
Sn via la transformation (4.16), en une distribution sur cette sph`ere (pole Nord cette
fois inclus) revient `a dire quelle se prolonge en une distribution Te dans un voisinage
U du pole Nord (par exemple limage reciproque par projection stereographique
inverse de U = {x > R} pour R >> 1, `a laquelle on adjoint le pole Nord).
A) Prouvons dabord que si T peut se prolonger en une distribution sur Sn alors
T verifie le crit`ere (4.15). Dapr`es le crit`ere quantitatif donne dans la Proposition
1.2 (on note que Sn est une sous-variete compacte), quil convient ici dadapter du
cadre des ouverts de Rn au cadre des ouverts dune sous-variete de dimension n
de Rn+1 (voir la Section 1.5), on voit que le fait que T puisse ainsi se prolonger
equivaut au fait quil existe un entier p = p(U ) et une constante C 0 telles que,
pour toute fonction-test de support dans {x > R}, on ait
[
( X
Xn )]
1
(4.17)
|T, | C NU , p(U ) (X, t) Sn 7
, ...,
,
1t
1t
la norme NU , p(U ) etant exprimee `a partir de calculs de derives conduits cette fois
sur des fonctions sur la sph`ere, parametree au voisinage de U par (X1 , ..., Xn1 , t) =
(X , t), sachant que
2
t2 = (X , t)
Xn = 1 X12 Xn1
sur Sn . On remarque que si (X, t) et x sont echanges par projection stereographique,
on a (voir (4.16))
(4.18)
1
1 + x2
=
.
1t
2
EES
63
n
(
lj )
lj
j=1 xj
[](x)
Cl ()
(1 + x)2(l1 ++ln )
Il resulte de la Proposition 4.3 que la classe des distributions temperees est preservee
par derivation. Tout operateur dierentiel realise dailleurs un operateur continu de
S (Rn , C) dans lui-meme.
Exemple 4.4 (E (Rn , K) S (Rn , K)). Toute distribution `a support compact
sur Rn est temperee. En eet, ceci resulte de la Proposition 3.3 (le crit`ere (3.4)
implique que la clause (4.15) soit satisfaite).
Exemple 4.5 (distributions periodiques suivant un reseau de rang n). Montrer
que toute distribution T periodique par rapport `a un reseau de rang n de Rn
(sous-groupe libre de Rn de rang n), i.e
T, = T, ( + )
est temperee.
Exemple 4.6 (mesures `a croissance lente et representation des distributions
temperees en ces termes). Une mesure de Radon : K(Rn , K) K ( = +
si K = R ou = (+ ) + i( + ) dapr`es le Theor`eme 1.3 de representation
64
d||(x)
(4.20)
< +.
(1
+ x)p
n
R
Si de plus la mesure est une mesure `a densite f (x) dx avec f localement integrable,
on dit, si (4.20) est remplie, que f est une fonction `
a croissance moderee 7 . Le fait
que soit `a croissance lente est aussi equivalent au fait quil existe un entier p N
tel que
R > 0,
(4.21)
(
1 + R )p
n
d||(x)
|| ([R, R] ) =
[R,R]n (x)d||(x)
Rn
Rn 1 + x
d||(x)
(1 + R)p
= C(1 + R)p ,
(1
+ x)p
n
R
do`
u la validite de (4.21) avec p = p. Reciproquement, si (4.21) est remplie, on a,
pour tout multi-indice k = (k1 , ..., kn ) Zn ,
n
(
)p
(1 + |kj |) .
|(k + [1, 1]n )| C 1 +
j=1
On en deduit
Rn
d||(x)
(1 + x)np +n+1
kZn
kZn
k+[1,1]n
d||(x)
(1 + x)np +n+1
)p
(1
+
|k
|)
j
j=1
C
)p +1+1/n < +
(
n
kZn
j=1 (1 + |kj |)
(
1+
1
puisque
< + pour > 0. Les mesures `a croissance lente
kZ (1 + |k|)
constituent des exemples de distributions temperees (dordre 0), do`
u le fait quon
les appelle aussi mesures temperees . En eet, si la mesure verifie (4.20) et si
D(Rn , K), on a
d||(x)
p
(x) d(x) sup (1 + x) (x)
n
(1
+ x)p
n
n
R
R
R
d||(x)
Np (),
(1
+ x)p
n
R
ce qui prouve que le crit`ere quantitatif (4.15) est bien rempli avec ce p. Grace au
theor`eme de representation de Riesz (Theor`eme 1.3), il resulte de ce meme crit`ere
que si T est une distribution temperee (`a valeurs dans K) verifiant donc le crit`ere
` ne pas confondre avec la notion de fonction `
7. A
a croissance lente . Une fonction `
a
croissance lente sur Rn est une fonction C sur Rn (`
a valeurs dans K = R ou C) dont toutes les
d
eriv
ees sont `
a croissance mod
er
ee. Toute fonction `
a croissance lente d
efinit bien s
ur une fonction
`
a croissance mod
er
ee.
EES
65
lj )
(4.22)
T =
[T,l ]
lj
lNn
j=1 xj
l1 ++ln p
S T, = Sx , Ty , (x + y)
(on note que x 7 Ty , (x + y) est bien une fonction test, voir lexemple 3.18).
En combinant le crit`ere (4.15) pour S et le crit`ere (3.4) de la Proposition 3.3 (T
est `a support compact), on constate que S T se plit aussi au crit`ere (4.15), avec
p = p(S) + ordre(T ), ce qui implique que S T est aussi temperee.
2
1
(x) (x)
(4.23)
S(R, K), VP[1/x], =
dx.
2 R
x
4.2. Transformation de Fourier des distributions temp
er
ees
Le fait que la transformation de Fourier realise un isomorphisme topologique de
S(Rn , C) (Proposition 4.2) induit la possibilite de definir par dualite la transformee
de Fourier (ou spectre pour les physiciens) .
finition 4.11 (spectre dune distribution temperee). La transformation qui
De
`a T S (Rnx , C) associe la distribution Tb S (Rn , C) definie par
(4.24)
S(Rn , C) , Tb, = T,
b
est appelee transformation de Fourier des distributions temperees ou encore prise
de spectre (des distributions temperees). Il sagit dun isomorphisme topologique
entre S (Rnx , C) et S (Rn , C).
66
1
()
b
()
b
\ = VP[1/x],
d
VP[1/x],
b =
2 R
( eix eix ) ) )
(1
(
=
lim
(x)
dx d
+ 2 [,]
R
( eix eix ) )
)
(1 (
=
lim
d (x) dx
+ 2 R
[,]
(
sin(x) )
= i
lim
d (x) dx
R + [,]
(
)
= i
(x) dx
(x) dx .
[0,+[
],0]
(
)
, ...,
[](x0 ) =
Q(ix1 , ..., ixn )eix,x0 (x) dx
T,
b = Q
x1
xn
n
R
i,x0
=
Q(i1 , ..., in )e
() d
n
R
]
[
=
P (1 , ..., n )ei,x0 () d = P ()ei,x0 ,
Rn
EES
67
f (x) =
aj (x) cosj , x,
j=1
HK : Rn 7 sup , x.
xK
n
n
pave K = [R, R] est 7 j=1 |j |.
Nous aurons aussi besoin de la definition suivante, completant dans le cadre de
plusieurs variables le cours dAnalyse Complexe [Charp].
finition 4.15. Une fonction F : Cn C est dite enti`ere (en les n variables
De
z1 , ..., zn ) si elle est continue et si, pour chaque j = 1, ..., n, pour chaque (z1 , ..., zn )
dans Cn , la fonction
7 F (z1 , ..., zj1 , , zj+1 , ..., zn )
est une fonction enti`ere de la variable complexe .
Armes de ces definitions, nous pouvons enoncer le resultat suivant.
`me 4.16 (theor`eme de Paley-Wiener, version distributions). Nous avons
Theore
le resultat en deux volets suivant.
Soit T une distribution `
a support inclus dans le convexe compact K de Rn .
La distribution Tb est une distribution-fonction F , o`
u F est une fonction `
a
croissance lente (voir lexemple 4.7) qui est la restriction `
a Rn dune fonction
enti`ere de n variables (notee aussi F ) telle que
M N tel que
(4.27)
> 0, C > 0, z Cn , |F (z)| C (1 + z)M eHK (Im z)+Im z .
Reciproquement, si F est une fonction enti`ere de n variables verifiant (4.27),
alors la restriction F|Rn de F `
a Rn definit une distribution-fonction temperee
n
[F|R ] qui est image par la transformation de Fourier (au sens des distributions temperees) dune distribution T E (Rn , C), de support inclus dans
le convexe compact K ; cette restriction F|Rn est donc necessairement une
fonction C `
a croissance lente sur Rn .
8. Emport
e par une avalanche `
a lage de 26 ans alors quil skiait dans les Montagnes Rocheuses
pr`
es de Ban (Alberta), le jeune math
ematicien anglais Raymond Edward Paley (1907-1933) neut
pas le temps de connaitre la r
eputation quil m
erite. Norbert Wiener (1894-1964) fut lun des
pionniers de la th
eorie du signal moderne.
68
T ,
b =
T , ()
(x) ei,x dx
Rn
T , () ei,x (x) dx
=
n
R
=
Tx , ei,x () d
Rn
du fait de la linearite et continuite de T (qui explique ici le fait que prise dintegrale
et action de T commutent, ce qui se voit par exemple si on approche lintegrale
definissant ()
b
par des sommes de Riemann 9. Ceci montre que la transformee de
Fourier de T au sens des distributions temperee est la distribution-fonction [F ] o`
u
F : Rn 7 Tx , ei,x .
Cette fonction est une fonction C dans Rn (on le montre comme dans lexemple
3.18, voir aussi largument utilise dans la preuve de la Proposition 2.2) et, pour
tout multi-indice l Nn , on a
(4.28)
n
(
lj )
l
j=1
xjj
=
=
Tx , ei(z1 x1 ++zn xn )
La fonction F est continue sur Cn (du fait que Tx est une distribution) et le theor`eme
de Morera (voir [Charp]), couple avec le theor`eme de Fubini, implique aussi que
F est une fonction enti`ere en les n variables z1 , ..., zn . En utilisant le crit`ere (3.4)
de la Proposition 3.3 et le fait que pour x tel que d(x, K) et z C, on ait
| exp(i(z1 x1 + + zn xn ))| = exp
n
(
)
xj Im zj exp(HK (Im z) + Im z),
j=1
on montre que les estimations (4.27) sont satisfaites (lentier M quil convient de
prendre est ici lordre de T ). En appliquant le meme crit`ere (3.4), mais cette fois
au second membre de (4.28), on constate que la fonction de figurant precisement
dans ce second membre est aussi en O(M ) au voisinage de linfini. Ceci montre
que F est bien une fonction `a croissance lente.
On ne donnera dans ce cours une preuve de la reciproque que dans le cas n = 1 et
K = [R, R] (en fait, dans le cas n = 1, on ram`ene aisement le cas o`
u K est un
segment [a, b] de R `a ce cas). On se donne une fonction enti`ere F en n variables
9. On retrouve ici largument utilis
e plusieurs fois dans ce cours, par exemple lors de la preuve
de la Proposition 2.2.
EES
69
complexes satisfaisant aux estimations (4.27) (ici HK (Im z) est donc `a remplacer
par R |Im z|) puisquon se place en dimension un. Du fait que
Rn , |F ()| C1 (1 + ||)M
(prendre = 1 et z = Rn dans (4.27)), on constate (il sut dinvoquer les
batteries de formules (4.9)) que lon definit une distribution temperee T sur Rn en
posant
1
F ()()
b
d.
S(Rn , C), T, =
2 Rn
On a en particulier
1
bb
S(Rn , C), T,
b =
F () ()
d =
F () () d
2 Rn
Rn
dapr`es lexpression (4.10) de la transformation de Fourier inverse au niveau des
fonctions-test, et par voie de consequences, au niveau des distributions par dualite.
On a donc bien Tb = F|Rn au sens des distributions temperees. Il reste `a prouver
que le support de T est bien inclus dans [R, R]. Pour cela, nous montrons que si
Supp [R + 0 , +[ pour un certain 0 > 0, alors T, = 0 (de mani`ere tout `a
fait symetrique, on prouverait quil en est de meme si Supp ] , R 0 ]).
Prenons donc une fonction-test de support dans [R + 0 , +[ pour un certain
0 > 0. On a donc, compte-tenu du choix de ,
()
b
=
(t) eit dt.
[R+0 [
(z)
b
=
(t)eizt dt.
[R+0 [
Cette integrale converge du fait que D(R, C). De plus, on peut utiliser le
theor`eme de Morera [Charp], toujours couple avec celui de Fubini, pour montrer
que z 7 (z)
b
est une fonction enti`ere. En utilisant des integrations par parties
(comme pour la seconde des batteries de formules 4.9), on constate que pour tout
entier k N, pour tout z C,
dk
(iz)k (z)
b
=
[](t) eizt dt
k
[R+0 ,+[ dt
et donc quil existe une constante telle que
(4.29)
e(R+0 )|Im z| .
(1 + |z|)M +2
F () ()
b d = 0.
T ,y
F () ()
b d &
F () ()
b d
[T iy,T ]
[T iy,T ]
70
(sur les segment verticaux du contour T,y ) sont toutes deux majorees en module
par y C1 (1 + T )2 e(R+1)y et tendent donc vers 0 lorsque y > 0 est fixe et T
tend vers +. Il en resulte legalite des deux integrales (toutes deux absolument
convergentes en vertu des estimations (4.27) et (4.29)) :
(4.30)
F () ()
b
d =
F ( + iy) (
b iy) d.
R
e
d
0 y/2
C0 /2
d C0 /2 e
.
2
(1
+
||)
(1
+
||)2
R
R
En faisant tendre y vers linfini dans (4.31) et en utilisant (4.30), il vient bien
(
)
1
Supp [R + 0 , +[ = T, =
F () ()
b
d = 0.
2 R
Le meme raisonnement vaut si Supp ] , R 0 ]. Ceci etant vrai pour tout
0 > 0, il en resulte bien que Supp T [R, R]. La distribution-fonction F|Rn
est donc bien transformee de Fourier dune distribution `a support dans [R, R]. Le
second volet du theor`eme de Paley-Wiener est bien demontre dans ce cas particulier
(n = 1, K = [R, R]). La preuve dans le cas general suivrait les memes lignes,
mais exige une plus grande familiarite avec les fonctions de plusieurs variables
reelles ou complexes (il faut aussi exploiter le fait quun convexe compact de Rn
est intersection de tous les demi-espaces fermes de Rn qui le contiennent).
p N, p > 0, z Cn , |(z)|
b
p
eHK (Im z)
.
(1 + z)p
EES
71
z Cn 7
(x) exp(i(z1 x1 + + zn xn )) dx =
Rn
(4.33)
=
(x) exp(i(z1 x1 + + zn xn )) dx
K
est une fonction enti`ere (en n variables). Les estimations (4.32) sobtiennent (comme
celles de la seconde batterie de formules (4.9)) par integrations par parties successives.
Pour ce qui est du second volet (volet reciproque), on peut appliquer le Theor`eme
4.16 (volet reciproque aussi) qui assure que |Rn est la transformee de Fourier
dune distribution T `a support compact (inclus dans K). Comme est enti`ere,
la formule de Cauchy (voir [Charp], chapitre II) assure (cest un resultat connu
comme theor`eme de Weierstrass, consequence en fait des inegalites de Cauchy)
que les derivees `a tout ordre de |Rn sont controlees de la meme mani`ere que
|Rn , cest-`a-dire en O((1 + )p ) pour tout p N lorsque tend vers linfini
(estimations (4.32) lorsque Im z = 0). La restriction |Rn de `a Rn est donc un
element de S(Rn , C), donc T en est un aussi (dapr`es le Theor`eme 4.2). Comme T
est `a support compact inclus dans K, T = [], o`
u DK (Rn , C). Le second volet
du Theor`eme 4.17 est ainsi demontre.
J1 ( 2 + 2 )
(1 , 2 ) 7 2 1 2 2 ,
1 + 2
o`
u J1 est la fonction de Bessel dindice 1 :
1
z
J1 (z) =
cos(z sin ) d =
0
2
k=max(0,1)
(1)k ( z )2k
, z C.
k!(k + 1)! 2
Montrer que la transformee de Fourier de la distribution d|z|=1 /2 (mesure uniforme de masse totale 1 sur le cercle de centre 0 et de rayon 1) est la fonction
(1 , 2 ) 7 J0 ( 12 + 22 ),
o`
u J0 est la fonction de Bessel dindice 0 :
(1)k ( z )2k
1
J0 (z) =
cos(z sin ) d =
, z C.
0
(k!)2 2
k=0
72
constituent une sous-alg`ebre de lalg`ebre des fonctions enti`eres (les operations etant
laddition, la multiplication, et la multiplication externe par un scalaire), appelee
alg`ebre de Paley-Wiener. Lalg`ebre de Paley-Wiener PW(Cn ) contient les fonctions polynomiales en n variables complexes. Dapr`es le theor`eme de Paley-Wiener
(Theor`eme 4.16), les restrictions `a Rn des elements de PW(Cn ) sont exactement
les transformees de Fourier au sens des distributions temperees des elements de
lalg`ebre de convolution E (Rn , C). De plus, on a la proposition suivante :
Proposition 4.5 (transformee de Fourier des distributions et convolution). Si
S S (Rn , C) et T E (Rn , C), on a S T S (Rn , C) et la transformee de Fourier
de S T au sens des distributions temperees est donnee par
(4.35)
\
S
T = Tb Sb
o`
u le produit `
a droite dans (4.35) est le produit de la fonction F = Tb (`
a croissance
n
b En particulier, la transformation de
lente sur R ) par la distribution temperee S.
Fourier realise un isomorphisme de C-alg`ebres entre lalg`ebre E (Rn , C) et lalg`ebre
des restrictions `
a Rn de lalg`ebre de Paley-Wiener PW (Cn ).
monstration. La premi`ere assertion a dej`a ete mentionnee (exemple 4.8).
De
Le calcul de la transformee de Fourier de S T donne :
\
(4.36)
S
T , = S , T , (
b + ) .
Or
T , (
b + ) = T ( ), ()
b
= T\
, = [FT (), ei() ], ,
o`
u FT designe la fonction correspondant `a la distribution fonction Tb. On a donc
b
\
S
T , = S , [FT () ei() ], = S, Fd
T = FT S, ,
do`
u la formule (4.35) si lon utilise labus de notation (licite) FT = [FT ] = Tb.
EES
73
().
, =
74
(4.37)
o`
u = Z e1 Z en designe le reseau dual de et det := det(e1 , ..., en ).
Remarque 4.25. En cristallographie, cette formule sommatoire de Poisson se
concretise physiquement : limage dun reseau cristallin apr`es diraction au travers
dun prisme correspond (aux constantes dechelle pr`es) au reseau cristallin dual. On
retrouve bien ici le fait que la transformation de Fourier (materialisee optiquement
par la diraction) echange les objets localises et les objets dius (et correspond du
point de vue mathematique `a la dualite en alg`ebre lineaire).
monstration. On remarque que, si S(Rn , C) et si A est une matrice
De
(n, n) reelle inversible (correspondant `a un isomorphisme du R-espace Rnx ), on a,
par changement de variables dans lintegrale de Lebesgue, pour tout Rn ,
1
1
i,x
()
b
=
(x) e
dx =
(A1 y) ei , A y dy
det
A
n
n
R
(4.38)
R
1
i t [A1 ] , y
1
=
(A y) e
dy.
det A Rn
Comme le spectre de est donne par
c
b
, = , ,
(4.39)
(n fois)
()
b
=N
)
(x) eit dt
N
(
) )
(t)
eit dt =
lim
N +
=N
(
(t)
lim
N +
( sin(N + 1/2)t ) )
dt
sin(t/2)
12. Math
ematicien francais, Sim
eon-Denis Poisson (1781-1840), fut lun des pionniers de la
th
eorie des s
eries et des int
egrales de Fourier. Ses contributions `
a la th
eorie naissante des probabilit
es (loi de Poisson, processus de Poisson) sont aussi tr`
es significatives.
EES
75
(2k+1)
M
( sin(N + 1/2)t )
( sin(N + 1/2)t )
(t)
dt = 2
(t)
dt.
sin(t/2)
2 sin(t/2)
R
(2k1)
k=M
bZ , = 2
(2k) = 2
k=M
(2k),
kZ
(2)n
() =
(2
b
).
(4.41)
S(Rn , C),
det
S(R, C),
(k ) =
kZ
2
(2k/
b
).
kZ
Sous cette forme (4.42), la formule sommatoire de Poisson peut apparaitre comme
une formule de resommation permettant dexprimer la somme dune serie convergeant lentement comme la somme dune serie convergeant tr`es rapidement : cest
par exemple le cas si (t) = exp(t2 /2) (cette fonction est
fonction propre de la
transformation de Fourier, correspondant `a la valeur propre 2) et est tr`es petit ;
la serie de gauche dans (4.42) converge tr`es lentement, tandis que la serie de droite
converge excessivement rapidement, au point que les premiers termes permettent
immediatement de calculer numeriquement sa somme. Cest l`a lun des interets majeurs de la formule sommatoire de Poisson en mathematiques fondamentales, par
exemple en theorie analytique des nombres. On profite ici, avantageusement cette
fois, du principe dincertitude dHeisenberg (plus est localise, plus son spectre est
dius).
Exercice 4.26. Montrer que la formule sommatoire de Poisson (4.42) sapplique pour la fonction t 7 exp(|t|) (qui nest pas C au voisinage de 0, mais qui
sinon satisfait les proprietes de decroissance `a linfini partagees par les elements de
S(Rn , C)). Montrer que lon obtient alors, pour > 0,
1
.
(4.43)
e |k| = 2
2 + 4 2 k 2
kZ
kZ
76
1(1 1
1 )
t
.
t 2
t
e 1
En utilisant les developpements limites `a droite de 0, montrer que f se prolonge
continuement sur [0, +[, avec f (0) = 1/12. En utilisant la formule (4.43) etablie
`a lexercice 4.26, montrer que
(4.44)
f : t ]0, [7
t 0, f (t) = 2
k=1
1
.
t2 + 4 2 k 2
En deduire que f est decroissante sur [0, +[ (ceci peut-il se voir directement sur
lexpression (4.44) de f ?) et retrouver le fait que (2) = 2 /6.
Une application importante de la formule sommatoire de Poisson est liee `a limportante question de lechantillonnage en ingenierie mathematique. Cette question
conditionne le passage du digital `a lanalogique et vice-versa. Il est facile de se
convaincre intuitivement que si une fonction continue F : R R definissant une
distribution temperee [F ] presente des oscillations trop rapides, il est impossible
de restituer cette fonction F `a partir de la suite de ses echantillons (F (k ))kZ ,
etant un pas dechantillonnage a priori fixe. En revanche, si les frequences presentes
dans la decomposition spectrale de F restent en module en dessous dun seuil
donne (le spectre de [F ], considere comme distribution temperee sur R , est nul
hors de [, ]), on peut esperer que la restitution de F soit possible `a partir de
la suite des valeurs echantillonnees (F (k ))kZ pourvu que le pas soit assez petit
(en fonction bien s
ur de ). Cest dans ce sens que va precisement le theor`eme de
Shannon-Nyquist 13 que nous enoncons ci-dessous, dans sa version distributions .
`me 4.28 (theor`eme dechantillonnage de Shannon-Nyquist, version disTheore
tributions). Soit F une fonction C `
a croissance lente (voir exemple 4.7) sur R
telle que la transformee de Fourier de la distribution [F ] soit une distribution `
a
support compact, inclus dans [, ]. Si < /, la connaissance de la liste des
echantillons (F (k ))kZ sut `
a la restitution compl`ete de la fonction F .
monstration. Soit T la distribution (de support inclus dans [, ]) definie
De
par
1 c
[F ], (t).
2
Dapr`es la Proposition 4.5 et la formule sommatoire de Poisson (Theor`eme 4.24) la
transformee de Fourier (au sens des distributions temperees) de la distribution
T 2/ Z =
T ( + 2k/ )
T, =
kZ
est
T \
2/ Z = 2 Tb Z .
13. Ing
enieur
electrique am
ericain, Claude Elwood Shannon (1916-2001) fut un des pionniers de
la th
eorie de linformation ; on lui doit lintroduction de la notion dentropie et la mise en
evidence
de son r
ole majeur dans les probl`
emes de gain ou de compression dinformation, les bases de la
th
eorie du codage, etc.. Le r
esultat que nous citons ici, attribu
e `
a Shannon et `
a Harry Nyquist
(1889-1976), physicien su
edois collaborateur de Shannon aux Bell Labs, est un principe majeur
en th
eorie de la communication et dans le traitement des signaux ou des images.
EES
77
Dapr`es la formule dinversion de Fourier (voir la formule 4.10 au niveau des fonctionstest, donc aussi des distributions temperees par dualite), on a Tb = [F ]. La transformee de Fourier inverse de la distribution
T Z =
F (k ) k
kZ
T ( + 2k/ ).
kZ
Si < /, on remarque que, si est une fonction plateau de support dans louvert
] /, / [ identiquement egale `a 1 au voisinage de [, ], on a
(
)
T ( + 2k/ ) = T ;
kZ
F (k ) sinc
(4.45)
F (t) =
,
kZ
o`
u la fonction t 7 sinc (t) est la fonction
sin(t)
t
correspondant `a la transformee de Fourier inverse de la fonction caracteristique
de lintervalle frequentiel [, ]. De plus, la serie au second membre de (4.45)
converge uniformement sur R. Ce resultat se demontre `a partir de la formule de
Plancherel du cours de L3 (voir [Y2], Theor`eme 2.8). Dans le cas o`
u F est toujours
dans L2C (Rt , B(Rt ), dt), mais verifie seulement
(
)
b
|F ()| d
au lieu de
|Fb ()| d = 0
t 7
||
||
pour un certain > 0, lerreur uniforme que lon commet en remplacant F par le
membre de droite de (4.45) lorsque / est majoree en module par . Ce seuil
/ au del`a duquel apparait le probl`eme du sous-echantillonnage est dit seuil de
Nyquist.
78
D (Rn , K) T D (Rn , K)
79
{Re > 1} 7
P1 () P (i) () d
Rn
est une fonction holomorphe dans le demi-plan ouvert {Re > 1} (cela resulte du
theor`eme de Morera, voir [Charp], combine avec le theor`eme de Fubini). Du fait
de la relation de Bernstein (4.48) et de la formule dintegration par parties (en fait
la formule de Stokes `a plusieurs variables) appliquee de mani`ere repetitive en les
variables x1 , ..., xn les unes apr`es les autres, on voit que, si Re >> 1, on a la
relation
P1 () P (i) () d =
Rn
(4.50)
(
)
1
P () Q 1 , ..., n ,
, ...
, [P (i ) ] d.
=
p( 1) Rn
1
n
La relation (4.50) permet de prolonger la fonction (4.49) en une fonction meromorphe (notee 7 , ) dans tout le plan complexe 16. Il ny a aucune raison
a priori pour que = 0 ne soit pas un pole 1 de ce prolongement ; cependant, la
fonction meromorphe 7 , se developpe en serie de Laurent au voisinage
de = 0 (lordre de ce pole est fini) et lon convient de noter , le coecient
de 0 dans ce developpement. Comme
(
)
(log(P ()))k k
P () = exp log(P()) =
k!
k=0
et que toutes les distributions fonction [1l1 . . . nln (log(P ()))k ] sont temperees pour
tout multi-indice l, pour tout k N, on voit que
7 ,
definit une distribution temperee. Mais il resulte de la relation (4.50) que
[
]
P (i) , =
P1 () P (i) P (i) () d
= [1], .
Rn
=0
80
On a donc bien trouve la distribution temperee cherchee, donc aussi par Fourier
inverse la solution fondamentale S.
Des exemples importants emaillent les cours precedents (en particulier le cours
dAnalyse Complexe [Charp]). En voici une liste des plus importants.
Exemple 4.33 (solution fondamentale du laplacien). Une solution fondamentale temperee de loperateur de Laplace (ou encore laplacien)
:=
2
x2j
j=1
1 [
1
log x2 + y 2 =
[log |x + iy|]
2
2
(n/2)
[x2n ]
2 n/2 (n 2)
(ceci resulte de la formule de Green, voir [Charp], chapitre 3). On note que comme
2 n > n, x 7 x2n est bien une fonction localement integrable. La norme ici
est la norme euclidienne.
Exemple 4.34 (solution fondamentale de loperateur de Cauchy-Riemann).
Lorsque n = 2, une solution fondamentale de loperateur de Cauchy-Riemann
1(
)
=
+i
z
2 x
y
est la distribution fonction
1[ 1 ]
1 [1]
S=
=
.
x + iy
z
Ceci resulte de la formule de Cauchy-Pompeiu (voir [Charp]) qui assure que si
D(R2 , C) (en fait C 1 `a support compact sut),
1
dxdy
(z) =
, z C.
2i
C z
Exemple 4.35 (Le cas de la dimension 1). Attention ! Si P (d/dx) est un
operateur dierentiel tel que
1
jl
=
P (X) j=1
(X j )j
m
l=1
(les j , j = 1, ..., m, etant les racines de P et les j leurs multiplicites) et que lon
note
j
m
S=
jl Lj ,l ,
j=1 l=1
81
dapr`es le Theor`eme 4.31, mais elle nest pas en general causale ! On pourra en
calculer une en exercice.
4.3.2. L
equation de la chaleur. Si Rn est un ouvert de Rn et
(t, x) 7 (x, t)
un champ de temperature dans ce domaine (t designant ici le temps), le premier
principe de la thermodynamique, couple avec lequation de Green (qui arme 18
que le flux du gradient de sortant dun volume ferme est egal `a lintegrale dans
ee volume de la divergence de ce champ de gradient, cest-`a-dire du Laplacien ),
assure que obeit (en les variables (t, x), t > 0, x ), `a lequation de la chaleur
(on dit aussi equation de Fourier)
(
)
PT
(4.51)
x [] =
,
t
c
o`
u designe le coecient de diusivite thermique, PT la productivite thermique,
la masse volumique du materiau dans lequel seectue la propagation, et c la
chaleur specifique de ce meme materiau. Au coecient pr`es, loperateur dierentiel
en jeu ici est loperateur de la chaleur
2
x .
t j=1 x2j
t
n
(4.52)
Il est important de disposer dune solution fondamentale temperee pour cet operateur. Il est possible dans ce cas particulier de calculer pareille solution, ce que
nous allons faire ici en exercice.
Si S est une telle distribution temperee sur Rt Rnx , on definit une distribution
temperee Fx [S] sur Rt Rn en utilisant la r`egle de dualite :
(4.53)
Fx [S], (t, x) := S , (t, x) 7
(t, ) ei,x d .
Rn
La distribution Fx [S] definie par (4.53) est appelee transformee de Fourier partielle
de S suivant les variables x (de variables duales ).. Dans le cas particulier etudie ici,
exiger que D (Rt Rnx , C) soit une solution fondamentale temperee de loperateur
(4.52) equivaut (dapr`es les Propositions 4.5 et 4.4) `a dire que Fx [S] est solution de
(
)
+ 2 Id [Fx [S]] = Fx [0 (t) 0 (x)] = 0 (t) [1] ().
t
En utilisant la formule des sauts dans le cadre multi-D (Proposition 2.8), U etant
louvert {t > 0} Rt Rnx , combinee ici avec la Proposition 2.7, on constate quune
distribution (dailleurs temperee) sur Rt Rn solution de
)
(
+ 2 Id [] = 0 (t) [1] ()
t
est la distribution
82
1
i,x
: D(Rt
7 , (t, ) 7
(t,
x)
e
dx
(2)n Rn
1
(t, x) ei,x dx ,
= H(t) exp(t2 ) , (t, ) 7
n
(2) Rn
Rnx , C)
1
d
1
t2 i,x
2 /2 i ,x/ 2t
x 7
e
e
e
d
=
e
(2)n Rn
(2)n Rn
(2t)n/2
2
1
=
ex /4t .
(4t)n/2
Ceci implique, si on le reporte dans (4.54), quune solution fondamentale temperee
reelle de loperateur de la chaleur (4.52) est la distribution temperee (causale en t) :
1
x2 /4t
(4.55)
S : D(Rt Rnx , R) 7
H(t)
e
,
(t,
x)
.
(4t)n/2
Voici comment on peut exploiter la connaissance dune telle solution fondamentale.
Considerons une distribution T E (Rnx , R) et la distribution T = 0 (t) T (x)
dans Rt Rnx . On peut convoler les distributions S et T (puisque T est `a support
compact) et construire ainsi une solution distribution S T de
(
)
[(
) ]
x [S T] =
x [S] T = T = 0 (t) T (x).
t
t
La distribution ainsi construite est solution de lequation de la chaleur
(
)
(4.56)
x [] 0
t
dans louvert {t > 0} puisque la restriction de la distribution T `a cet ouvert est
la distribution nulle. Dautre part, si (tk )k0 est une suite de nombres strictement
positifs tendant vers 0+ , on constate que la suite des distributions fonction
(
[
])
1
exp(x2 /4tk )
n/2
k0
(4tk )
converge vers la masse de Dirac 0 (x) dans Rn . Ainsi 19, lorsque T = [g], o`
u g est
une fonction continue `a support compact dans Rn , la distribution
S Tg = S (0 (t) [g](x))
correspond dans {t > 0} `a la solution de lequation de la chaleur (4.56) dont la
valeur au bord (cest-`a-dire la valeur initiale sur lhyperplan {t = 0}, i.e. `a
linstant t = 0) est la distribution fonction x 7 g(x) sur Rnx . Cette distribution
19. Pour justifier proprement ceci, ce que lon pourra faire en exercice, il faut dans un premier
temps supposer que T = [], o`
u D(Rn
x , R), puis utiliser la Proposition 2.2 qui permet la
r
egularisation de [g].
83
2 )
2
c
[E] = 0,
(4.57)
2
t
x2j
j=1
o`
u c designe la vitesse de propagation dans le milieu (ce peut-etre celle du son 20,
celle de la lumi`ere, etc.). Cette equation est appelee equation des ondes. Dans le cas
n = 1, on lappelle equation des cordes vibrantes ; dans le cas n = 2, cest lequation
des membranes vibrantes.
Loperateur dierentiel
2
c2 x
t2
est appele dalembertien et note c ou simplement sil est normalise avec c = 1.
Le cone ferme de Rt Rnx defini par
(4.58)
c
[E](t, x) 0 , t R, x ]0, L[,
t2
x2
20. En loccurrence, 343 m`
etres par seconde dans lair.
84
conduit `a la resolution de
f (x) g (t) = c2 f (x) g(t) c2
f (x)
g (t)
=
= 2 C,
f (x)
g(t)
o`
u 2 est une constante. Le syst`eme `a resoudre est donc
g (t) + 2 g(t) = 0
& f (x) +
2
f (x) = 0.
c2
Ceci conduit `a
f (x) = A cos((/c) x) + B sin((/c) x) &
Nous napprofondirons pas ici cet aspect, relevant plus de lanalyse harmonique que
de la theorie des distributions.
b) Le cas n = 3.
Lorsque n = 3 et c = 1, verifions quune solution fondamentale temperee de
loperateur des ondes, i.e. une solution temperee de
[Et,X ] 0 (t, X) (ici X := (x, y, z))
de support inclus dans le cone du futur {t X} (en fait ici plus precisement
dans la fronti`ere de ce cone) est donnee par
( 1
)
d2 () dt,
(4.59)
E3 , (t, X) =
t
(t, t)
4 S2
]0,[
o`
u d2 designe la mesure de Lebesgue sur la sph`ere unite S2X de R3X .
Verifions le en exercice. On note que, dans lexpression proposee en (4.59) pour
decrire laction de E3 , lintegrale
1
d2 ()
= MtS2 [X (t, X)].
(t, t)
4 S2
represente la moyenne de la fonction X 7 (t, X) sur la sph`ere de centre lorigine
et de rayon t. On note que pour > 0, par derivation par rapport au param`etre
sous lintegrale,
]
[
]
2 [
2
M S2 [X (t, X)] = M S2 X 7 2 [(t, X)] .
2
t
t
(4.60)
Dautre part
(4.61)
]
[
] ( 2
2 )[
2
+
M
[X
7
(,
t)]
M S2 x 7 X [(t, X)] =
S
2
puisque le Laplacien dune fonction radiale r 7 (r), r = X, sexprime en dimension 3 dans R3 \ {(0, 0, 0)} par
X [(X)] = (X) +
2
(X).
X
[
]
E3 , = E3 , =
M S2 [X 7 (t, X)]
=
=
=
=
]0,[
85
dt
=t
[ ( 2
[
]]]
2
2 )[
2 X 7 (t, X)
M
dt
S
t2
2
=t
]0,[
[( 2
[
]]]
2 ) [
2 M S2 X 7 (t, X)
dt
2
t
=t
]0,[
[
]] ]
d [(
)[
M S2 X 7 (t, X)
dt
t
=t
]0,[ dt
[
]
(
[
]]
)[
M S2 X 7 (t, X)
t
=t
0
]
[
)[
]
(
[
]
M S2 X 7 (t, X)
t
=t
t=0
0+
On a bien ainsi verifie que la distribution E3 S (Rt R3X , R) definie par (4.59)
verifie au sens des distributions dans Rt R3X lequation
E3 = 0 (t, X).
c) Le cas n = 2 ( membranes vibrantes )
On prend ici encore c = 1. On rapporte le plan aux coordonnees (x, y) (z = x + iy).
Le fait de disposer dune solution fondamentale temperee E3 de support inclus dans
le cone du futur {t (x, y, z)} (donnee par (4.59)) pour loperateur des ondes
dans Rt R3x,y,z induit la construction dune solution fondamentale temperee E2
pour loperateur des ondes dans Rt R2x,y (supportee aussi par le cone du futur
dans cet espace). Il sut en eet de poser, si D(Rt R2x,y , K),
(4.62)
le fait que E3 soit supportee dans Rt R3x,y,z par le cone du futur justifie en eet
la definition (4.62) ci-dessus, meme si la fonction
(t, x, y, z) 7 (t, x, y) 1(z)
nest plus `a support compact. On verifie en eet que si D(Rt R2x,y , K),
[
]
=
E3 (t, x, y, z) , t,x,y,z (t, x, y) 1(z)
[
]
= (t, x, y) 1(z)
= (0, 0, 0).
t=x=y=z=0
86
`a poser := sin , on a
[
]
M S2 X 7 (t, x, y) 1(z) =
2 /2
=
(t, cos sin , sin sin ) sin d d
(4.63)
2 0
0
2
d d
=
(t, cos , sin )
.
2 2
0
0
En reportant (4.63) dans (4.60) (via lexpression de laction de E3 donnee par
(4.59)) on trouve que la solution fondamentale temperee E2 pour dans Rt R2x,y
est donnee par
1
(t, x, y)
(4.64)
E2 (t, x, y), (t, x, y) =
dx dy dt.
2
t2 |z|2
t|z|
Il sagit dune distribution fonction temperee et de support inclus dans le cone du
futur (mais non plus cette fois portee par la fronti`ere de ce cone comme cetait le
cas pour E3 dans Rt R3x,y,z ). La distribution (t, x, y) 7 E2 (t, x, y) dans Rt R2t,x,y
est solution fondamentale de loperateur des ondes dans Rt R2x,y .
Exercice 4.37 (propagation donde `a partir de conditions initiales donnees).
Soient T1 et T2 deux distributions dans D (R2x,y , R). En utilisant la distribution
E2 introduite en (4.64), montrer quil existe une unique distribution reelle E sur
Rt R2x,y , de support dans {t 0}, telle que
E = 0 (t) T1 (x, y) + 0 (t) T2 (x, y).
Si T1 = [g1 ] et T2 = [g2 ], o`
u g1 et g2 sont des fonctions C sur R2 , montrer que E
est la distribution fonction C dans [0, [R2x,y correspondant `a la fonction
[ [ ]]
(t, x, y) 7 u(t, x, y) = L[g1 ](t, x, y) +
L g2 ,
t
o`
u
t
h(x + t, y + t)
d d.
L[h](t, x, y) =
2
1 ||2
=+iD(0,1)
On remarque que E satisfait E = 0 dans {t > 0}, donc obeit bien `a lequation
des ondes. Les conditions initiales (x, y) 7 g1 (x, y) et (x, y) 7 g2 (x, y) (imposees
en t = 0) regissent la propagation de londe.
Remarque 4.38 (membranes vibrantes). Comme pour le cas n = 1 (cordes
vibrantes, voir la Remarque 4.36), on peut envisager le probl`eme sous un tout autre
2
angle en supposant que lon ne travaille plus dans Rt Rx,y
mais dans Rt U , o`
u
2
U est un ouvert borne de fronti`ere reguli`ere dans R (la surface dun tambour par
exemple). On etudie les vibrations dune membrane tendue fixee au bord (comme
la peau dun tambour precisement). Comme en dimension n = 1, on peut chercher
les solutions stationnaires (x, y) 7 f (x, y) g(t) de lequation des ondes
( 2
)
c2 x,y [E] 0
2
t
dans louvert Rt U cette fois. Il sagit ici encore dun probl`eme danalyse harmonique que nous netudierons pas dans ce cours.
87
4.3.4. Hypoellipticit
e. Plusieurs operateurs importants introduits dans ce
cours (et dej`
a de fait presents dans le cours dAnalyse complexe, voir [Charp]), tels
loperateur de Laplace dans Rn , celui de Cauchy-Riemann dans R2 , les operateurs
P (d/dx) en dimension 1, etc., partagent une propriete importante : ils admettent
tous une solution fondamentale dont le support singulier est inclus dans {0}. De
fait, nous avons le resultat suivant.
Proposition 4.6 (caracterisations de lhypoellipticite). Soit
(
)
, ...,
= P (D)
P
x1
xn
un operateur dierentiel en n variables `
a coecients constants (P K[X1 , ..., Xn ],
K = R ou C). Les trois proprietes suivantes sont equivalentes.
(1) Toutes les solutions fondamentales de loperateur P (D), i.e. les distributions T telles que P (D)[T ] = 0 au sens des distributions, ont leur support
singulier inclus dans {0}.
(2) Il existe au moins une solution fondamentale pour loperateur P (D) dont
le support singulier est inclus dans {0}.
(3) Pour toute distribution T D (, K), o`
u est un ouvert de Rn , on a
(
)
(4.65)
SS (T ) SS P (D)[T ]
(4.66)
88
(4.67)
o`
u S est une distribution de support inclus dans Rn \ BRn (x0 , ). Tous les points de
la boule ouverte BRn (x0 , ) sont donc inclus dans le support singulier de P (D)[ T ]
puisque la distribution P (D)[T ] coincide avec la distribution fonction [ ] dans la
boule ouverte BRn (x0 , 2). Multiplions (4.67) avec lidentite de partitionnement
1 = + (1 ). On en deduit
(4.68)
(
)
P (D)[ T ] = P (D)[T ] + (1 ) P (D)[T ] + S P (D)[(1 ) T ]
= [ ] + Se ,
On fixe maintenant une nouvelle fonction plateau D(BRn (0, 2/3), [0, 1]), identiquement egale `a 1 au voisinage de BRn (0, /3). On a, en decoupant au second
membre de (4.69) T0 en T0 = T0 + (1 ) T0 ,
(4.70)
( T0 ) P (D)[ T ] = ( T0 ) [ ] + ( T0 ) S .
89
Bibliographie
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e de lUE MHT734 :
http://www.math.u-bordeaux1.fr/~pcharpen
/enseignement/fichiers-master1/Analyse_Complexe.pdf
[Horm] L. H
ormander,The analysis of linear partial dierential operators I : Distribution theory
and Fourier Analysis (second edition), Springer Study Edition, Springer Verlag, 1990.
[Kant] J.M. Kantor, Math
ematiques dEst en Ouest, Th
eorie et pratique : lexemple des distributions, Gazette de la SMF, vol. 100, Avril 2004,
http://smf4.emath.fr/Publications/Gazette/2004/100/smf_gazette_100_33-43.pdf
[Marc] J.P. Marco (ed.), Math
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[Y0] A. Yger, Analyse complexe et Distributions, Ellipses Marketing
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[Y1] A. Yger, Th
eorie de lInt
egration, polycopi
e de lUE MHT512 :
http://www.math.u-bordeaux1.fr/~yger/mht512.pdf
[Y2] A. Yger, Espaces de Hilbert et Analyse de Fourier, polycopi
e de lUE MHT613 :
http://www.math.u-bordeaux1.fr/~yger/mht613.pdf
91
Index
di
erentiation
dune distribution ou dun courant, 30
Dirac
distribution de, 13, 30
Paul, 1, 13
peigne de, 24, 38, 73
distribution
`
a capacit
e de m
emoire finie, 51
divergence
formule de la, 31, 36
dual, r
eseau, 73
Amp`
ere
r`
egle du bonhomme d, 31
Baire
propri
et
e de, 10
Banach-Steinhaus
th
eor`
eme dans le cadre Fr
echet, 47
Bernstein
Joseph, 78
th
eor`
eme de, 78
Bessel
fonctions de, 71
boite noire, 48
Ehrenpreis, L
eon, 78
espace S(Rn , K), 56
calcul symbolique, 35
Cauchy-Pompeiu
formule de, 31, 80
Cauchy-Riemann
op
erateur de, 89
Cauchy-Riemann, op
erateur de, 80
causale
distribution sur R, 42
chaleur
equation de la, 81
op
erateur de la, 81
choc, 3
compact
distribution ou courant `
a support, 40
convolution, 49
de deux distributions p
eriodiques, 50
usuelle de deux
el
ements de D (Rn , K),
50
cordes vibrantes
equation des, 83
courant, 19
croissance lente
fonction `
a, 64
mesure `
a, 63
croissance mod
er
ee
fonction `
a, 64
faible
topologie, 21
fonction
g
en
eralis
ee, 1
test, 8
fonction support
dun convexe compact de Rn , 67
Fourier
equation de, 81
action de la transformation sur S(Rn , C),
58
action de la transformation sur
S (Rn , C), 65
Fourier inverse partielle
transform
ee des distributions temp
er
ees,
82
Fourier partielle
transform
ee des distributions temp
er
ees,
81
Fr
echet
espace de, 9
futur
c
one du, 83
Green
premi`
ere formule de, 32
dalembertien, 83
d
eriv
ees partielles
de distribution, 30
Hadamard
Jacques, 1, 18
Heaviside
93
94
INDEX
fonction d, 12, 31
Oliver, 1, 12
Heisenberg
principe dincertitude, 55, 60, 75
Hilbert, transformation de, 73
hypoellipticit
e, 87
D q (, K), 25
de convergence des suites de D(, K), 9
de convergence des suites de Dq (, K), 19
propagation
equation de, 83
impulsion ponctuelle, 3
r
egularisation
dun courant, 28
dune distribution par convolution, 25
r
eseau, 38
r`
egle
du bonhomme dAmp`
ere, 31
Radon
mesure de, 3
resommation, formule de, 75
restriction
dune distribution, 12
Riesz
th
eor`
eme de repr
esentation de, 4
Riesz, op
erateur de, 73
Laplace
op
erateur de, 80, 89
Laplacien, 32, 80, 89
Lelong-Poincar
e
formule de, 33
limite inductive
topologie, 9
Malgrange, Bernard, 78
Malgrange-Ehrenpreis, th
eor`
eme, 78
mesure
de Radon, 3
euclidienne induite, 1
moyenne-p
eriodique, fonction, 71
multiplication
des distributions, 39
ext
erieure des courants, 39
noyaux
th
eor`
eme des, 47
Nyquist
Harry, 76
seuil de, 77
ondes,
equation des, 83
ordre
dun courant, 29
dune distribution, 11, 29
p
eriodique
convolution, 50
distribution, 50, 63
Paley, Raymond Edward, 67
Paley-Wiener
alg`
ebre de, 72
th
eor`
eme version distributions, 67
th
eor`
eme version fonctions test, 70
Partie Finie
distribution dans R, 15, 65
plateau
fonction, 6
Poisson
formule sommatoire de, 74
Sim
eon-Denis, 74
ponctuel
courant `
a support, 42
distribution `
a support, 41
principe
de convergence des suites dans D (, K),
21
sauts
de discontinuit
e`
a un ordre prescrit, 34
formule dans lespace, 36
formule en dimension 1, 34
Schwartz
Laurent, 1
th
eor`
eme des noyaux, 47
Shannon
Claude Elwood, 76
Shannon-Nyquist
th
eor`
eme d
echantillonnage, version
distributions, 76
Sobolev
Serguei, 1
solution fondamentale, 78
spectre, 60, 65
sph
erique
distribution, 57, 61
st
er
eographique, projection, 62
Stokes
formule de, 29, 31
support
dune distribution ou dun courant, 38
dune fonction continue, 3
singulier dune distribution ou dun
courant, 38
supports
condition des, 50
tensoriel
produit de deux courants, 46
produit de distributions, 43
unit
e
lemme de partition de l, 5
Valeur Principale
INDEX
95