Lagunage
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A- PRESENTATION
Le principe de lpuration des eaux uses par lagunage naturel ou cologique est connue
depuis lAntiquit.
Il tait dj utilis dans la Chine ancienne et dans la Grce antique pour llevage des
poissons, ainsi que par les Romains par exemple, dans des bassins de dcantation o on
laissait faire la nature .
En effet, le processus dauto-puration mis en jeu dans cette technique se droule
spontanment dans les mares, les tangs et autres tendues deau, dans lesquels les micro-
organismes dgradent la matire organique et la transforment en lments minraux.
Cependant, cela conduit au phnomne deutrophisation (prolifration dalgues et diminution
de la quantit doxygne disponible) si prjudiciable aux eaux naturelles, tant que les
processus ne sont pas controls et maitriss.
Il sagit donc, dans cette technique, dune part de favoriser le lent coulement de leau dans
des bassins successifs, et dautre part de sappuyer sur une association biologique couvrant
toute une chane alimentaire, savoir :
- les bactries arobies vivant en prsence doxygne dissous,
- les bactries anarobies,
- les algues ou phytoplancton,
- et le zooplancton dans certains cas.
Dans ces conditions, il est possible dobtenir une excellente dpollution organique et au
surplus, ce que ne permettent pas les stations dpuration classiques, une trs bonne
dcontamination microbienne.
B- EVOLUTION DE LA TECHNIQUE / SES AVANTAGES
Ds 1901, la ville de San Antonio au Texas amnagea un lac artificiel de 275 ha destin
lpuration des eaux uses.
Dans les annes 20, le lagunage se dveloppa largement de par le monde, notamment aux
Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Sude ...
Malgr tout, ces bassins furent crs empiriquement, sans tude pralable, do des
dconvenues nombreuses comme par exemple la prsence de moustiques ou d'odeurs
dsagrables.
A partir de 1950, des tudes et des recherches mthodiques furent entreprises sur le
fonctionnement de ces cosystmes et le dimensionnement des installations en jouant sur la
profondeur des bassins, laration artificielle, et en recherchant la valorisation de sous-
produits.
A lissue de quoi, le lagunage a pu devenir un procd fiable, performant et cependant
rustique.
Contrairement aux autres systmes qui ncessitent des investissements importants, engendrent
des cots de fonctionnement sans contrepartie productive, et ne parviennent pas une
dpollution microbienne effective, le lagunage est un procd rustique, cologique, fiable et
peu onreux, avec des rsultats hautement satisfaisants en matire de dcontamination.
Ses avantages par rapport aux procds classiques sont nombreux :
- un cot dinstallation infrieur
- la facilit dexploitation et dadaptation
- llimination de la pollution microbienne
- labsence de consommation dnergie et de produits chimiques
- la possibilit de valoriser des sous-produits (biomasse planctonique, plantes deau, poissons
dlevage) et dutiliser leau pure pour la fertilisation et lirrigation en agriculture.
Le seul inconvnient est son emprise foncire. Il est en effet indispensable de trouver une
surface de terrain suffisante puis de ladapter aux conditions de lagunage spcifiques (terrain
impermable, tanchit des bassins,etc...)
En 1960, a dbut en Californie, la construction de lagunes haut rendement o
lpuration est conscutive laction associe des bactries et dune culture intensive
dalgues.
Cette technique a intress de nombreux pays : Thalande, Australie, Isral, France.
Actuellement le lagunage est appliqu dans une cinquantaine de pays, sous tous les climats
(Australie, Nouvelle Zlande, Inde, Afrique et mme Alaska) grce au dveloppement de
pratiques particulires aux conditions spcifiques du milieu.
De fait, il est indispensable dadapter le lagunage aux facteurs climatiques savoir la
temprature, le vent, lvaporation, la pluviomtrie et les variations saisonnires du cycle
jour/nuit (appel nycthmre).
On dnombre ainsi :
le lagunage naturel, adapt surtout aux pays temprs ;
le lagunage anarobie utilis dans les pays tropicaux ;
le lagunage ar, valable partout mais consommant de lnergie; avec une aration en
surface en pays chauds et temprs, en immersion dans les pays trs froids ;
le lagunage haut rendement.
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C- LE PRINCIPE DE LEPURATION BIOLOGIQUE PAR LAGUNAGE
Le principe du lagunage repose essentiellement sur la dgradation de la matire organique
contenue dans les eaux uses, par une chane alimentaire de micro-organismes colonisant
successivement les diffrents bassins et se livrant des phnomnes de comptition, de
prdation, etc...
Les espces varient en quantit et en nature selon les caractristiques du milieu : nature des
effluents traiter, charge organique, conditions climatiques, profondeur deau.
1- les organismes vivants intervenant dans la chane
a) les bactries
Elles absorbent la matire organique et rejettent des substances minrales et des gaz.
On distingue :
les bactries puratrices
En fonction des caractristiques du milieu, certains types de bactries se dveloppent,
croissent, liminent les dchets puis chutent en nombre pour laisser la place dautres
familles qui leur tour colonisent les eaux.
On peut citer par exemple les bactries du cycle du soufre qui purent les rejets vinicoles,
celles du cycle de lazote (processus de nitritation par nitrosomonas et de nitratation par
nitrobacter ) qui sont arobies et vivent dans la partie suprieure des lagunes.
Les bactries anarobies essentiellement mthanognes, se dveloppent au niveau des
sdiments du premier bassin appel bassin de dcantation car les substances toxiques non
dgradables tels que les phnols, hydrocarbures, dtergents et mtaux lourds sy dposent par
sdimentation et ne risquent plus de saccumuler dans la chane trophique (ou chane
alimentaire).
Ainsi le processus dpuration biologique par le plancton et doxygnation progressive pourra
se poursuivre sans danger dans les autres bassins dits de maturation et de finition.
les germes pathognes
Les meilleurs indicateurs en matire de pollution microbienne sont les germes de
contamination fcale (coliformes et streptocoques fcaux) abondants et faciles analyser.
On constate que la formule du lagunage cologique permet de supprimer presque totalement
ces germes-tests et datteindre une qualit sanitaire de leau proche de celle des eaux de
baignade.
Dans les pays tropicaux notamment o les eaux uses croupissent dans les marigots, les
mares, canaux et autres voies et tendues deau, le danger de contamination par ces germes
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pathognes vecteurs de maladies graves (paludisme, hpatites, maladies intestinales, etc...)
peut tre vit grce lpuration par lagunage.
En effet, la chute de la temprature (de 37c environ 15c en moyenne), le temps de sjour
lev dans les bassins , laction bactricide des rayons ultra-violets et des microalgues et
laction bactriophage du zooplancton expliquent la disparition nombreuse de ces germes
dans les stations de lagunage et donc la dpollution microbienne considrable de ce type
dinstallation.
En outre, cela permet le rejet des eaux traites dans des milieux rcepteurs sensibles tels que
zones de baignade, de pche ou zones ostricoles.
De surcrot, il est possible dans ces conditions dutiliser leffluent la sortie du dernier bassin
des fins aquacoles et agricoles.
b)les algues (ou phyto-plancton)
Ce sont des plantes microscopiques qui, en prsence de lumire, grce leur activit
photosynthtique due la chlorophylle contenue dans leurs tissus, utilisent les substances
minrales et le gaz carbonique rejets par les bactries, pour difier leur matire et vacuer de
loxygne.
Il sagit des algues bleues, vertes, brunes et des euglniens. Selon la saison, selon la valeur
des paramtres du milieu, certaines familles se dveloppent plus que dautres.
Tout comme dans le cas des bactries, les espces les mieux adaptes croissent au dtriment
des autres mais contribuent de toute faon loxygnation du milieu, facteur majeur dune
bonne puration.
Ce sont elles qui donnent la couleur verte de leau, surtout dans les derniers bassins de
lagunage.
A leur tour, dans le cycle alimentaire de lcosystme, elle constitue la nourriture des
organismes de niveau suprieur dans la chane, cest--dire le zooplancton.
c) le zooplancton
Il sagit dune faune microscopique (de quelques dizaines de micron quelques millimtres)
se nourissant de bactries, de phytoplancton, de matire organique et parfois de jeunes larves
dinsectes.
Citons par ordre de taille croissante :
- les protozoaires,rsistants aux basses tempratures ;
- les rotifres atteignant des densits de 700.000 individus au litre ;
- les coppodes, petits crustacs, trs intressants pour laquaculture ;
- les cladocres, crustacs aussi, surtout des daphnies faciles collecter et trs abondantes la
belle saison.
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La plupart de ces animaux peuvent servir daliment aux larves et aux alevins de poissons.
2- mcanismes dlimination de la matire organique (m.o) et des nutriments
Comme voqu prcdemment, lanarobiose se droule au fond du bassin de tte o se
dpose des boues, tandis quen surface comme dans les autres bassins ventuels cest
larobiose gnralise. Cette dernire est rendue possible grce aux changes air/eau et la
prodution doxygne due aux algues.
Dans le premier bassin (de dcantation), prdominent les bactries et en partie le
phytoplancton.
Dans le bassin suivant, leau est dj fortement pure et le phytoplancton se dveloppe
abondamment.
Dans le ou les derniers bassins, moins profonds, sdifie cette biomasse planctonique et ces
lments fertilisants qui pourront tre valoriss en aquaculture et en agriculture.
On peut rsumer lensemble du processus arobie dans les deux formules suivantes :
bactries
eaux uses + O2 boue bactrienne + effluent trait
vgtaux + lumire
sels minraux + CO2 masse vgtale + O2
D- LES DIFFERENTS TYPES DE LAGUNAGE
Les normes de qualit fixes par la lgislation en ce qui concerne le lagunage sont les
suivantes :
* MES (Matires en suspension totales) : 120 mg/l
* DCO (Demande chimique en oxygne) : 120 mg/l
* DBO5 (Demande biologique en oxygne sur 5 jours) : 40 mg/l
Tous les systmes de lagunage permettent dabaisser les valeurs de ces paramtres aux
objectifs fixs par ces normes.
1- le lagunage naturel
Sous climat tempr, le lagunage naturel microphytes (= microalgues) ncessite une
superficie de 10 15 m2 par quivalent-habitant. On compte sur une station de 2 5 bassins
disposs en srie (avec un optimum pour 3 bassins), profonds de 1 1,7 mtres o les
effluents traiter sjournent au total de 50 80 jours.
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Le premier bassin (de dcantation) est le plus profond, et le volume global de lensemble doit
tre trs important : soit de 60 80 fois plus que la quantit deffluent reu, ce qui permet une
dilution considrable et dassurer, le cas chant, de fortes variations de charge assainir.
Dans une formule complmentaire (en milieu tropical notamment) on peut cultiver des
macrophytes (roseaux, massettes ou lentilles deau par exemple) dans le bassin terminal afin
doptimiser lpuration, daugmenter loxygnation et dliminer au maximum les matires en
suspension.
Les lagunes macrophytes diffrent de celles microphytes par une plus faible profondeur
deau et doivent tre collectes rgulirement (fort taux de croissance des lentilles ou des
jacinthes deau par exemple).
2- le lagunage ar
Dans ce type dinstallation, loxygne est produit artificiellement soit en surface (arateurs),
soit en immersion (insufflation dair).
On distingue :
- une lagune daration de 3 5 m de profondeur, avec une surface de 3 m2 par quivalent-
habitant o les effluents sjournent au minimum 20 jours.
- une ou plusieurs lagunes de dcantation dune hauteur de 2 3 m, avec un temps de sjour
dau moins 2 jours.
Ce procd peut tre utilis dans des conditions climatiques difficiles (pays trs froids, couche
de glace persistante etc...) ou en complment lorsque les conditions climatiques lexigent
(saison des pluies en climat tropical) ou que la charge polluante devient trop importante (cas
des abattoirs o le volume des rejets connait de fortes variations damplitude).
3- le lagunage anarobie
Ce systme surtout employ en climat tropical, car il ncessite une temprature leve
(suprieure 25C), permet le traitement des eaux uses domestiques et agro-industrielles
(abattoirs par exemple).
Les caractristiques en sont :
- une profondeur deau importante facilitant les processus anarobies.
- une charge en matire organique leve.
La rduction de la DBO5 dpasse 80% lorsque la temprature est au dessus de 25C.
Outre la temprature, les paramtres majeurs sont le pH, qui doit rester voisin de 7, donc de la
neutralit, et le temps de sjour :
Pour 2 jours, la chute atteint 70% sur la DCO et 80% sur les MES.
On peut y adjoindre une lagune macrophytes (jacinthes deau, laitues deau par exemple),
qui, collectes, peuvent servir la fabrication de compost ou daliments pour le btail.
4- le lagunage haut rendement
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Lpuration y est obtenue grce une production algale intensive.
Dans des bassins peu profonds (30 60 cm), leau anime par des roues aubes, circule
lentement ce qui favorise lhomognisation et le dveloppement des algues.
Le temps de sjour est de 2 12 jours et la surface ncessaire est divise par 5 par rapport au
lagunage naturel.
Cependant, cette cotechnique exige un rayonnement solaire et une temprature suffisants, et
demande donc de prendre en compte les cycles saisonniers.
Dautre part, la photosynthse nayant lieu que le jour, il convient aussi de compter avec les
cycles jour / nuit dans le lieu envisag.
En pays temprs notamment, on pourrait coupler ce procd partir des mois de mars-avril
avec des bassins de stockage plus profonds pendant lhiver
E- CONCEPTION ET MISE EN PLACE DES INSTALLATIONS DE LAGUNAGE
E1- ETUDES PREALABLES
Il nexiste pas de modle standard quant la ralisation dun systme dpuration par
lagunage. Il faut, en somme, concevoir une station la carte aprs dtermination des
facteurs du milieu que sont les effluents traiter, les facteurs climatiques et le milieu
rcepteur dans lequel va scouler leau assainie en fin de lagunage.
1- les effluents
Diffrents facteurs sont prendre en compte :
a) la population : elle doit tre dfinie prcisment sur un terme de 10-15 ans, quelle soit
sdentaire ou saisonnire.
b) le dbit : mesurer soigneusement. Il est de lordre de 150 200 l / habitant / jour.
c) la charge organique : exprime en DBO5, elle doit tre connue afin de dimensionner
correctement les installations.
d) les concentrations bactriennes :
On compte en moyenne 10
8
coliformes totaux, 10
6
coliformes fcaux, 10
5
streptocoques
fcaux et 10
2
salmonelles. Seul le lagunage permet dabaisser ces taux de 10
3
10
5
Enfin, il est ncessaire de tenir compte de la qualit du rseau. Un rseau pas trop long, de
prfrence sparatif est souhaitable.
2 - les facteurs climatiques
Les tempratures et les dures densoleillement, en particulier, jouent un rle essentiel.
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En milieu tropical, on trouve en tte de station de lagunage, une fosse profonde de dcantation
/ digestion o ont lieu les phnomnes de sdimentation et de fermentation anarobie. Cel
ncessite un curage rgulier qui fait partie des tches dentretien de la station.
La direction des vents (qui favorisent loxygnation), lvaporation (parfois intense, elle
augmente la concentration en charge organique), la pluviomtrie et la qualit du milieu
rcepteur, enfin, doivent tre tudies afin de prvoir une gestion correcte de la station.
En effet, tenant compte de tous ces facteurs, on peut agir en cours de fonctionnement sur les
niveaux deau des bassins, sur laration ou non larrive des effluents et au passage entre
les bassins.
E2 - installation et amenagement
Aprs les tudes sur la dtermination des charges polluantes traiter et sur les facteurs
climatiques, des tudes sur le terrain doivent tre ralises :
- topographiques (site amnager)
- gologiques (nature du terrain, prsence de nappes phratiques...)
- gotechniques (qualit des matriaux, teneur en eau, niveau de la nappe)
- hydrogologiques
Tous ces critres doivent permettre de bien dimensionner linstallation :
surfaces et formes des bassins (ncessairement hydrodynamiques), profondeur de leau
(comprise entre 1 et 1,5 mtres, limite de pntration de la lumire, pour le lagunage arobie),
construction des digues et une parfaite tanchit des bassins.
Les ouvrages construire se situent :
a - en tte de dispositif = ouvrage de prtraitement
Il permet daffiner leffluent son arrive dans la premire lagune, tant constitu dun
dgrillage, dune zone de dessablage et de dshuilage.
b - entre les bassins = ouvrages de communication
c - la fin du dispositif = ouvrages dvacuation
E3- exploitation et suivi
Les oprations sont relativement simples par rapport aux stations dpurations classiques.
Mais nanmoins il est indispensable :
~ d entretenir les ouvrages de prtraitement.
~ d entretenir les digues et les abords afin dviter les prolifrations vgtales.
~ dtablir une surveillance gnrale sur le bon coulement de leau, lenlvement des
flottants, ltat des digues, la couleur de leau ...
~ de curer les boues du 1
er
bassin priodiquement.
~ dagir sur les hauteurs des niveaux deau pour prvenir les nuisances olfactives et optimiser
lpuration.
8
~ de surveiller la qualit des eaux :
A cette fin un protocole de mesures sur les principaux paramtres que sont la temprature, le
pH, loxygne dissous, la DBO5, le taux en ions ammonium, phosphate et en coliformes
fcaux a t mis au point au centre de lagunage de Mze dans lHrault (France).
F- QUELQUES REALISATIONS DE LAGUNAGE
1)la station de lagunage naturel de Mze-Hrault en France
Suite la pollution persistante du bassin de Thau dans les annes 70, la station de Mze et le
centre de Recherches Pluridisciplinaires furent crs en 1980, afin de traiter les eaux uses et
dtudier les cotechniques ralisables partir du procd de lagunage naturel.
Dun cot dinstallation modeste (3 MF contre 10 MF pour une station classique et 25 MF
pour un raccordement la station de Ste), cette technique prsentait en outre lavantage
dune bonne dpollution microbiologique, dun cot de fonctionnement trs faible et dune
possible valorisation aquacole et agricole.
a) Prsentation
La station pure les eaux uses de 2 communes soit 8.000 habitants en priode normale et
25.000 en t, sur 12 ha et rejette leau assainie dans ltang de Thau, centre dlevage de
moules, dhutres et de poissons.
Trois bassins de forme hydrodynamique se succdent, le premier de dcantation, les deux
autres de maturation/finition.
Lassainissement sy droule comme vu prcdemment, selon le principe du lagunage naturel,
en suivant la chane trophique :
bactries phytoplancton zooplancton.
Les digues des bassins furent construites avec les matriaux argileux du site.La hauteur
moyenne des plans deau est de 1,3 m et le temps global de sjour des effluents de 70 jours.
En fonction de la charge traiter, des conditions extrieures (ensoleillement, temprature,
etc...), il est possible dagir sur la hauteur en eau, la vitesse de circulation afin doptimiser
lpuration.
b) Les prolongements
Aprs plusieurs annes de fonctionnement et de recherches, il sest avr quil sagit bien
dune technique des plus appropries pour lassainissement des villes petites et moyennes
(1.000 30.000 habitants).
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Paralllement, le centre de recherches Mze-Hrault (CEREMHER) a dvelopp les thmes
suivants :
- cotechniques dpuration (lagunage anarobie, haut rendement, macrophytes; irrigation,
fertilisation)
- tudes dimpact sur le milieu rcepteur
- traitement deffluents agro-alimentaires
- collecte et valorisation du phytoplancton
- biotechnologies aquacoles
Toutes ces recherches ont permis grce au travail en laboratoire et sur les bassins
dexprimentation en annexe des lagunes proprement dites, de crer une soixantaine
demplois (entretien, accueil, travail scientifique, transfert de technologie,...) et par ricochet
un dveloppement conomique local certain.
En effet, trois socits sont nes pour rpondre aux possibilits offertes par la filire : lune
dont le but est llevage et la reproduction de poissons dornement, la deuxime pour la
production de naissains de mollusques et qui a diversifi ses activits, la dernire enfin pour le
curage et la valorisation des boues du bassin primaire.
c) la valorisation de la biomasse et des effluents purs :
Atout non ngligeable du lagunage naturel, la valorisation des sous-produits en fonction du
climat, du contexte conomique, du foncier disponible, etc... peut tre source de revenus et de
crations demplois, permettant ainsi de couvrir aisment les frais de fonctionnement.
Ainsi, la station de Mze a dvelopp la valorisation des sous-produits suivants :
- biomasse zooplanctonique :
* commercialisation directe du zooplancton : collect puis tri par tailles, donc pratiquement
par espces, le zooplancton (daphnies, coppodes, rotifres) peut tre vendue directement
aprs conditionnement.
* grossissement et reproduction de poissons deau douce :
le zooplancton est une excellente nourriture pour les poissons aux stades alevins ou adultes
(carpes, tilapias, poissons dornement)
* prgrossissement de poissons marins : loups, daurades.
- biomasse phytoplanctonique :
* engrais verts pour lagriculture
* complment pour lalimentation animale
- valorisation des macrophytes :
* lentilles deau qui servent daliments aux poissons et aux canards.
* jacinthes deau utilises en milieu tropical pour la production dnergie (biogaz, mthane),
la production de compost, lalimentation animale.
- valorisation des boues de la premire lagune :
* pandage sur les terres agricoles
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* fabrication de compost partir de lombrics
- valorisation des effluents de sortie :
* irrigation- fertilisation des terres notamment en cultures marachres
* enrichissement du milieu dlevage pour la production de poissons ou de coquillages
(prgrossissement dhutres).
2) Lagunage anarobie et macrophytes Rufisque (Sngal)
a) Contexte
Non loin de Dakar, sur la commune de Rufisque, dans le cadre du Programme
dAssainissement de Diokoul et Environnants (PADE), une station dpuration des eaux par
lagunage macrophytes (en loccurrence des laitues deau) a t construite.
Suite aux problmes dinsalubrit lis au manque ou la faiblesse des dispositifs
dassainissement dans les quartiers, des quipements et amnagements sanitaires privs furent
mis en place ainsi que des rseaux dgouts faible diamtre conduisant la station de
lagunage qui traite ainsi lensemble des eaux rejetes par une population de 5.000 habitants.
b) Description de la station
Sur une surface de 0,5 ha, celle-ci se compose :
- dune fosse de dcantation / digestion (bassin primaire avec lagunage anarobie) profonde
de 1,85 m. Celle-ci permet le dpt des substances toxiques et la minralisation de la matire
organique.
- de 6 bassins secondaires couverts de laitues deau que leffluent purer franchit
successivement jusqu parvenir une qualit permettant son utilisation pour lirrigation et
larrosage.
Paralllement la collecte et le tri des ordures mnagres sur le site permettent aussi la
fabrication de compost partir de la partie fermentescible et de leau pure.
Ce dispositif a une capacit de traitement de 105 m3 deau pollue / jour et aboutit donc :
- lassainissement des eaux uses ,
- la production deau pure commercialisable (facteur important dans des pays o les
ressources en eau font souvent dfaut),
- la production de compost et de plantes aquatiques offrant un revenu rmunrant les
emplois ainsi crs par la mme opration.
d) Aspects conomiques
11
1
1
Toutes les donnes chifres suivantes sont extraites de l valuation !nanci"re # de
la station cite en !n de docu$ent dans la %i%lio&ra'hie
11
Pour raliser la construction de cette station de Rufisque qui traite donc les eaux domestiques
de deux quartiers (Castors et Arafat) avec une population de 5000 habitants le montant de
linvestissement (construction et achat de matriel) a t denviron 26 millions de Francs
CFA.
Avec un amortissement annuel denviron 2 millions de Francs CFA, les recettes conscutives
la vente de leau pure et du compost devraient, daprs le calcul dvaluation financire,
permettre de rentabiliser linvestissement sur un dlai de 6 ans et de rmunrer 15 ouvriers
hauteur de 50.000 FCFA/mois partir de la 2me anne de fonctionnement.
Cela montre bien que mme si lide dorigine est dordre environnementale, le lagunage bien
conu induit la cration de valeur ajoute : sous-produits amenant des recettes et emplois
nouveaux.
3) Le lagunage de This (Sngal)
a) Contexte
La SERAS (Socit dexploitation des ressources animales au Sngal) qui gre labattoir de
Dakar et 7 autres, dont celui de This, a mis au point, en collaboration avec le Centre de
Recherches de Mze-Hrault (CEREMHER), un systme de lagunage pour lpuration de
labattoir de This.
Les abattoirs rejettent des dchets trs polluants mais leur valorisation par lagunage prsente
un grand intrt conomique et cologique. Situs en zone priurbaine, ils disposent souvent
des terrains ncessaires la construction de bassins de lagunage.
De plus le climat africain est trs favorable au lagunage anarobie puisque le processus est
optimal pour des tempratures comprises entre 25C et 35C.
b) Description
On distingue successivement
- un prtraitement (fosse de dgrillage et dgraissage) qui fait chuter la DCO et la teneur en
MES de 30%
- un dcanteur / digesteur (traitement primaire anarobie) avec de nouveau une baisse de 60%
de la DCO et 80% en MES (profondeur 2 m, 20 m2 de surface, 4 j de temps de sjour)
- 3 bassins o seffectue le traitement secondaire :
* 1 lagune microphytes (microalgues) de 1,2 m de profondeur, o leau sjourne 22 jours.
* 2 lagunes macrophytes (laitues deau) en srie, de 0,5 m de profondeur avec 10 j de sjour
dans chacune.
c) Perspectives, efficacit
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Il sagit dune unit exprimentale de petite taille dont lamortissement annuel slve
400.000 FCFA et les charges totales 550.000 FCFA/an.
Lobjectif de dpollution est parfaitement atteint et leau peut tre rutilise pour le nettoyage
des peaux.
Sur cette base, on peut envisager la construction dunits plus importantes avec une analyse
particulire sur site en fonction des disponibilits de terrain et des caractristiques propres
chaque abattoir.
4) Le lagunage partir de lentilles deau Mirzapur (Bangladesh) :
a) Prsentation
Le contexte local est celui dun pays avec une densit de population trs importante, des
inondations priodiques (la moiti du Bangladesh est inonde 6 mois / an), posant des
problmes sanitaires graves cause du manque de rseaux dassainissement (sous-
alimentation, mortalit infantile, maladies infectieuses, diarrhes, etc...) et de lutilisation des
nombreux plans deau comme les tangs, les lacs, pollus par les eaux domestiques et
industrielles, pour les besoins quotidiens (lessive, bains.etc...).
Face cette situation dsastreuse, Mirzapur, prs du complexe de lHpital Kumundini, une
station de lagunage partir des lentilles deau a t conue et ralise.
Ce systme de lagunage macrophytes, simple et plus facile utiliser que les jacinthes deau,
permet de remdier aux problmes sanitaires, produit de la matire vgtale (si linsolation et
la temprature sont suffisants, la biomasse double tous les 2 jours) et permet de nourrir des
poissons dlevage.
Il rsoud donc dun seul coup des problmes dhygine, conomiques, alimentaires et
cologiques.
b) Description du systme
Il se compose successivement
- dun systme primaire (anarobie) = puration par sdimentation et fermentation sur 0,25
ha.Profondeur de 2,5 m avec un temps de sjour de 24 h.
- dune lagune lentilles deau (Lemnaces) de 0,90 ha. La surface ncessaire est bien
moindre quavec un autre systme.
L, les effluents sjournent 24 jours et contrairement aux systmes traditionnels on ne
favorise pas la venue des algues.
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Les lentilles deau doivent recouvrir toute la surface dun film gal et sont rparties grce
des morceaux de bambous formant de petites cellules de production vitant quelles ne soient
chasses par le vent.
Cette technique demande une petite formation de base et beaucoup de surveillance mais pas
de connaissances particulires et peut tre mene bien par les nombreux paysans et ouvriers
agricoles sans terre et sans travail de lendroit.
On peut rcolter ainsi 1 tonne par jour / ha de lentilles deau soit 100 kg de fourrage haute
teneur de protine.
- dun traitement tertiaire o les lentilles deau, la recherche de matires nutritives de plus
en plus rares se transforment dune manire remarquable (le taux de protine chute, les
racines grossissent, les plantes deviennent fibreuses...), et ce faisant terminent le travail
dpuration dune manire complte.
- de lagunes pisciculture :
Sur une surface de 1 ha on lve quelques 6 varits de poissons (carpes, rohu, catla...) qui
valorisent ainsi leau pure.
Avec une rcolte bihebdomadaire, on peut produire environ 6 tonnes de poisson par an.
c) Extension / aspects conomiques
Vue la russite de lopration et la valeur ajoute cre (environ 2.000 dollars/an de
production de biomasse), on projette la construction sur 5 ans de 16 stations du mme genre
dans le pays, reprsentant une population de 350.000 personnes et donnant de lemploi 400
paysans.
Le cot en investissement est denviron 22.000 dollars.
Le systme permet moindre frais de convertir les eaux uses en biomasse vgtale et en
production de poissons tout en apportant un revenu non ngligeable des personnes
auparavant sans emploi.
Le compte dexploitation de la station de Mirzapur est le suivant :
DEPENSES
1.Salaires 2850$
2.Fournitures 1050$
3.Energie/fuel 1260$
4.Maintenance 380$
5.Fermage (2 ha) 650$
6.Amortissement 625$
7.Divers 175$
TOTAL 6990$
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RECETTES
1.Vente de poissons 6500$
2.Vente de produits agr. 850$
TOTAL 7350$
BENEFICE
7350-6990= 360$
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BIBLIOGRAPHIE
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5. Drakides C et Trotouin : Etude normative du lagunage naturel.CEREMHER,Agence de
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