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Jeudi 18 septembre 2014 - 70

e
anne - N 21669 - 2 - France mtropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Mry
C
est son temprament, et sa
qualit premire. Manuel
Vallsprendses responsabili-
ts. Et les risques qui vont
avec. Cinq mois aprs sa nomina-
tion, enbutte autrouble et auxcriti-
ques dans son camp et jusque dans
sonquipe, lepremier ministrevou-
lait une clarification.
Il la obtenue, endeuxtemps. Ala
fin du mois daot, il a constitu un
deuxime gouvernement, homog-
ne et dlest de ses contestataires.
Mardi 16septembre, devant lAssem-
ble nationale, il a recueilli la
confiancedune majorit galement
homogne. Mais rtrcie, triqueet
inquite.
LoppositiondesdputsFront de
gauche tait connue. Labstention
unanime des cologistes confirme
leur participation de plus en plus
rtive la majorit. Surtout, le camp
desfrondeurssocialistessestlar-
gi et sdiment: le 8avril, ils taient
11 refuser la confiance; mardi, prs
de trois fois plus (31). Le premier
ministre peut se rjouir quil ny ait
pas de majorit alternative. Il sait
dsormais quil devra gouverner
avecunemajoritrelative: 269dpu-
ts lont soutenu, quand la majorit
absolue est de 289voix.
Dans la situation de crise cono-
miqueosetrouvelepayscroissan-
celarrt, interminablecrueduch-
mage, overdose fiscale, dficits
incompressibles, dette record , cela
ne laisse gure de marge pour
laudaceet larforme, les deux
tendards de M. Valls. Au contraire,
cela impose prcautions et compro-
mis, aurisque de la paralysie.
Le premier ministre en a fait la
dmonstration devant lAssemble
nationale: offensif dans le ton, sur
les principes et les vux pieux, il a
t dfensif sur le fond, les contenus
et les engagements concrets. Entre
son Jaime lentreprise, devant les
patrons le 26aot, et son Jaime les
socialistes cinq jours plus tard
LaRochelle, il sestefforclasynth-
se, laquelle est toujours plus terne,
moins emballante que les dclara-
tions damour.
Quant sonespoir affichdenga-
ger, demain, une vraie confronta-
tion avec ladroite et, pour ne pas le
nommer, un Nicolas Sarkozy sur le
retour, il est lgitime, mais constitue
aussi unaveudefaiblesse. Brandir le
repoussoir de la droite pour dmon-
trer quon est de gauche, cest recon-
natre que ce nest pas une vidence
pour tout le monde, y compris dans
soncamp.
Cest l, eneffet, auseinmme de
sa majorit, que la confrontation
sera dsormais incessante. Avec un
rendez-vous majeur et redoutable:
la discussionbudgtaire de lautom-
ne. Cest alorsquil faudradtailler et
engager, enfin, les rductions de
dpensesmaintesfoisannonces. L
aussi quil faudra donner des gages
comme la suppressionde la premi-
re tranche de limpt sur le revenu,
sortieduchapeaucemercredi pour
tenter de circonscrire la fronde. L
encore quil faudra convaincre ou,
dfaut, contraindre. Plus quejamais,
ceseralheuredevritpourManuel
Valls, cepremierministredsormais
entrav. p
Faut-il payer pour obtenir
lalibrationdesotages?
INTERNATIONALLIRE PAGE 5
3COEURS
U N F I L M D E B E N O I T J A C Q U O T
DENEUVE
CATHERINE
POELVOORDE
BENOIT
MASTROIANNI
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Socinma 10
OBAMA LANCE LA MOBILISATION
GNRALE CONTRE LE VIRUS EBOLA
PLANTELIRE PAGE 6
LES COURTISANS FONT
LA QUEUE CHEZ SARKOZY
FRANCELIRE PAGE 8
Les inquitudes
des pilotes
dAir France
Les ngociations sont aupoint
mort entreladirectionet les
pilotes. Les conditions de
transfert vers la filiale low
cost sont au cur des reven-
dications des navigants.
CAHIERCOPAGE 4
La fraude aux
cotisations sociales
un niveaurecord
Selonunrapport delaCour
des comptes, entre20et
25milliards deuros ont
chapplaScuritsociale
en2012, enraisonprincipale-
ment dutravail aunoir.
FRANCEPAGE 9
Les naufrags
de lAdmission
post-bac
Denombreuxbacheliers
nont pas obtenulaforma-
tionquils souhaitaient lis-
suedelaprocduredAdmissi-
onpost-bac. Lebacproest par-
ticulirement concern.
CAHIERCOPAGE 9
Vallsveut supprimerlapremire
tranchedelimptsurlerevenu
DITORIAL
AUJOURDHUI
tAprs unvote
deconfiance triqu,
lepremier ministre
fait ungeste pour
les classes populaires
tLamesure doit pallier
lacensure de lallgement
des cotisations
salariales par le
Conseil constitutionnel
tM. Valls napas dtaill
cetterforme, qui risque
defaire peser davantage
lachargede limpt
sur les classes moyennes
tAlaveille dela
confrencede presse
prsidentielle, lexcutif
lchedulest laile
gaucheduPSLIRE P. 7-8
U
K
p
r
i
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1
,
9
0
LE REGARD DE PLANTU
EdMiliband,
leader travailliste,
Edimbourg,
le 16septembre.
BENSTANSALL/AFP
Unpremier
ministre
entrav
COSSE: LES ADVERSAIRES DE LINDPENDANCE VEULENT SAUVER LE ROYAUME-UNI LIREP. 2-3
Algrie 180 DA, Allemagne 2,40 , Andorre 2,20 , Autriche 2,50 , Belgique 2 , Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Cte dIvoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 , Finlande 3,80 , Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,40 , Guadeloupe-Martinique 2,20 , Guyane 2,50 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 ,
Italie 2,40 , Liban 6500 LBP, Luxembourg 2 , Malte 2,50 , Maroc 12 DH, Norvge 28 KRN, Pays-Bas 2,40 , Portugal cont. 2,30 , La Runion 2,20 , Sngal 1 800 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,50 , Sude 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOMAvion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA
international
Edimbourg
Envoy spcial
L
ongtemps, la fracture que
provoquerait unvote favora-
blelindpendancedelEcos-
se na pas t srieusement va-
luedans les cercles dirigeants bri-
tanniques, tant cette perspective
paraissait releverdunevuedeles-
prit. Cauchemar Westminster,
rve Holyrood (le sige du gou-
vernement cossais Edimbourg),
la rupture de lunion scelle voici
trois cents sept ans est dsormais
peruesinoncommeuneprobabi-
lit, du moins comme une srieu-
se possibilit. LEcosse, lune des
quatre nations composant le
Royaume-Uni, pourrait fairepaci-
fiquement scession.
Alaveilledurfrendumdujeu-
di 18septembre, ni les sondages
qui prdisent la victoire du non
avecuneavanceinfrieurelamar-
ge derreur statistique , ni lobser-
vationduterrainoles partisans
du oui sont nettement plus visi-
bles, incitant leurs adversaires la
discrtionnepermettentdantici-
per le verdict des urnes. Mais la
convergence des courbes dinten-
tions de vote est spectaculaire: les
partisans de lindpendance, qui
plafonnaient 40% voici un an,
font dsormais quasiment jeugal
avec les No, thanks.
La revendication nationaliste
est longtemps reste confine
des cercles ultraminoritaires. Fon-
d en 1934, le Parti nationaliste
cossais (SNP), fer delance durf-
rendum, a t disqualifi aprs
guerre pour avoir refus la
conscription et donc la lutte
contre le nazisme. Il na cess
dtre folklorique que dans les
annes 1970, aprs la dcouverte
duptrole en mer du Nord, reven-
diqucommeunerichesseaccapa-
re par lAngleterre.
Mais cest surtout Margaret
Thatcher qui, en refusant tout
compromisavecuneEcosseacqui-
seauLabour, enbrisant les organi-
sations ouvrires et enchoisissant
cetteprovincedfavorisecomme
lieudexprimentationdesapoll
tax, a donn vigueur au dis-
coursnationaliste. Le dmantle-
ment des services publics, le gri-
gnotage des conqutes sociales de
laprs-guerre par les gouverne-
ments successifs, en affaiblissant
leslienstisss entrelescomposan-
tes du Royaume ont acclr la
renaissance dune aspiration
enfouie chez les Ecossais : le
home rule, ou gouvernement
autonome.
Mais le rfrendum sur lind-
pendance naurait jamais pris
corpssansTonyBlair, DavidCame-
ron et Alex Salmond. Aprs sa vic-
toire lectorale de 1997, M. Blair
remercie les lecteurs cossais qui
nont pas lu un seul dput
conservateur. Il organise un rf-
rendumsur la crationdunparle-
ment Edimbourg, qui emporte
plus de 74% des voix. Dot dune
majoritrelativedanscetteinstan-
ce nouvelle aprs 2007, le SNP
multiplielesrformespopulaires:
gratuit des universits et des
prescriptions mdicales.
En 2011, fort dune majorit
absolue, le parti dAlex Salmond
abat son atout : le rfrendum sur
lindpendance. Tout juste lu et
persuad de la victoire crasante
dunon, David Cameron accepte le
projet. Le premier ministre est si
sr desonfait quil rejettelide de
consulter les lecteurs sur une
alternative, la devolution maxi-
mumoudevomax(maxi-transfert
de pouvoir), qui aurait plus sre-
ment remport ladhsion des
Ecossais. Le premier ministre, qui
voulaitsansdoutefaireboirelatas-
se M. Salmond, doit sen mordre
les doigts aujourdhui. Certains de
ses amis tories lui reprochent ce
pari incertain dont il pourrait tre
la premire victime.
Car si une majorit dEcossais
dit oui jeudi, le premier ministre,
tenu pour responsable de lclate-
ment du pays, devra peut-tre
dmissionner. Quant aux tra-
vaillistes, ils seraient privs de
leurs 40siges cossais.
Pour rassurer les lecteurs, les
partisans de lindpendance ont
modrlexpressionde leur natio-
nalisme et dploy une campagne
politiqueanti-Westminster. Uti-
lisant lhostilit des Ecossais
lgard des conservateurs, ils ont
martelque seule lindpendance,
taye par les revenus du ptrole,
pouvait sauver les acquis sociaux
comme le service national de san-
t (NHS). Nombre dlecteurs du
Labour semblent avoir t sduits
par ces sirnes, promettant aussi
labandon du nuclaire militaire
au profit de dpenses ducatives
et sociales.
En face, le camp du Better
together (mieux ensemble) a
pointlesfailles: laffaiblissement
auxyeuxdumondedelensemble
britannique au dtriment de tou-
tes ses composantes ; le risque
dune fuite des emplois et des
investissements, conscutive
lrectiondefrontiresetladisso-
ciationdes rgimes fiscaux. Et sur-
tout, les incertitudes montaires
lies lapromesse, seloneuxfalla-
cieuse, dAlex Salmond de conser-
verlalivresterling, contrelavolon-
t de Londres. Pointant la monte
du terrorisme, les unionistes
ont aussi mis en garde les lec-
teurs contre linscurit qui rsul-
terait de la perte de la protection
militaire britannique.
Complexe, long, incertain, le
dmantlementdelabasedesous-
marinsnuclaires britanniquesde
Faslane(Ecosse), serait lundesdos-
siers les plus pineux ouverts par
la victoire du oui. La scession de
lEcosse, plus europhile que le res-
te du Royaume-Uni, renforcerait
aussi le risque dune sortie de Lon-
dres de lUnion europenne. Sans
compter lencouragement aux
nationalismes basque et catalan.
Mme en cas de succs du non,
les turbulences cossaises seraient
loinde sapaiser. Si les trois grands
partis de Westminster tiennent
leurspromessesduntransfertmas-
sif de pouvoirs, ils encourageront
les aspirations autonomistes des
autres composantes du Royaume,
qui exigeront une redistribution
des comptences. Dj conteste
par les Ecossais, la traditionbritan-
nique dune Constitution noncri-
teserait aussi remise encause.
Et si lestablishment politique
deLondres venait oublier les ser-
mentssolennelsdedevomaxrp-
ts ces jours-ci aux Ecossais pour
quils rejettent lindpendance, il
susciterait la revendication dun
nouveau rfrendum, voire la
colre. p
Philippe Bernard
LeParti nationaliste
cossaisacessdtre
folkloriquedansles
annes1970, aprsla
dcouverteduptrole
enmerduNord
Unchiffre recorddinscriptions sur les listes lectorales
LEcosseindciselheuredechoisirsondestin
Alaveilledurfrendumdu18septembresur lindpendance, lenonest lgrement entte
Onsetrouvedevantunnomanslandjuridiqueeuropen
Inscrits 4,3millions dlecteurs
cossais se sont inscrits sur les
listes lectorales pour rpondre
laquestion qui fait lobjet du rf-
rendumdujeudi 18septembre:
LEcosse devrait-elle tre un
pays indpendant ?
Jeunes Le chiffre record des ins-
crits reprsente 97 %de llecto-
rat potentiel. 300 000 lecteurs
qui navaient pas vot aux derni-
res lections nationales se sont
cette fois enregistrs. Parmi eux,
109 000jeunes de 16 18ans,
auxquels le Parlement cossais a
ouvert le rfrendum.
ParticipationLe taux de partici-
pationdevrait battre des records.
Estim80%, il devrait tre sup-
rieur aux 63,8%des lgislatives
de 2010et aux 50,4%des lec-
tions au Parlement cossais en
2011.
OrganisationPour voter, il faut
rsider en Ecosse. Le vote est
ouvert aux ressortissants de lUE
et ceux de pays membres du
Commonwealthensituationrgu-
lire. Les 2 608bureaux de vote
seront ouverts jeudi de 7h 22h.
Le rsultat final nest pas attendu
avant le lendemain 7h.
Des Ecossais partisans duoui, le 14 septembre, Glasgow. Sur le terrain, les militants de lindpendance
sont nettement plus visibles que leurs adversaires. ANDY BUCHANAN/AFP
Entretien
Bruxelles
Bureau europen
La juriste Marianne Dony, titulai-
re de la chaire JeanMonnet de
droit europen lUniversit libre
de Bruxelles, analyse les cons-
quences possibles pour lUnion
dune indpendance de lEcosse.
Quelles seraient les consquen-
ces pour les institutions de lUE,
dunoui cossais?
Une rgionqui prendrait son
indpendance serait unnouveau
pays et, mme si riennest prvu,
il sera difficile, pour lui, dchap-
per une demande dadhsion.
Mais onse trouve, enralit,
devant unnomans land. Les trai-
ts europens ont envisag les
procdures dadhsion, mais rien
qui concerne lindpendance
dune rgionvoulant demeurer
dans lUnion. Les textes actuels se
rfrent auxEtats tels quils sont
dfinis constitutionnellement.
Les partisans du oui disent clai-
rement vouloir rester dans lEu-
rope, voire dsirer plus dEurope
que lactuel Royaume-Uni. Cela
ne change rien la donne?
Les consquences de larrive
dunvingt-neuvime Etat mem-
bre seraient telles, pour la Com-
mission, le Parlement et les autres
Etats, que jai de la peine imagi-
ner que lonsorte ducadre des
traits qui, je le rpte, ne connais-
sent que des Etats biendfinis.
Ona dit que, pour lex-Allema-
gne de lEst, onpouvait se passer
dune demande dadhsionparce
que la dfinitionmme de la
Rpublique fdrale dAllemagne
devenait lAllemagne runifie,
donc le mme pays. Alinverse,
onne peut pas dire que lEcosse
ferait, encas de oui, partie de la
dfinitionconstitutionnelle du
Royaume-Uni, puisquelle aurait
dcid densortir
Pourrait-onimaginer une formu-
le dadhsion simplifie pour
lEcosse?
Uneprocduretrs simplifie
est possible. Rouvrir les 35chapi-
tres de ladhsionnaurait aucun
sens. Onpourrait estimer que
lEcosse, actuellement dans lUE,
satisfait tous ses critres. Il reste-
rait toutefois dterminer si, une
fois indpendante, elleles rempli-
rait encore. Quel statut donnerait-
elleauxBritanniques vivant sur
sonsol, respecterait-elle ledroit
des minorits, etc. ? Mais levrai
problmeserait defaire accepter
ladhsiondune Ecossedevenue
indpendantepar dautres Etats,
qui redoutent untel prcdent
Des juristes estiment que, ds
linstant quun citoyen europen
a bnfici de droits, on ne peut
les lui retirer, quoi quil advienne
de son Etat
Cest vrai et il faudrait, tout le
moins, untrait entre lUE et cet
Etat afinque les droits de ses
citoyens soient prservs. Mais
onne pourrait tirer argument de
cette analyse pour affirmer que
lEcosse par exemple, ouune
autre rgiondemain, devrait
devenir ducoup, de manire
automatique, le 29
e
Etat-membre.
Le dbat nest-il pas dabord
politique?
Sil existe une volont politique
de trouver une solutionsimple,
au-delde quelques lments juri-
diques incontournables, tout est
possible. Ceci dit, untrait existe,
pourvude 28signatures, mais pas
de celle de lEcosse. Le trait non-
ce quunEtat qui nest pas dans la
liste des signataires doit faire une
demande dadhsion. Mais en
dehors de ces points, tout pourrait
aller trs vite. Outrs lentement,
si certaines capitales veulent blo-
quer le processus
Comment expliquer quil ny ait
apparemment aucun scnario
prt au moment daffronter un
tel rfrendum?
Laccent est dsormais mis sur
le respect de lidentit nationale
et constitutionnelle de chaque
Etat. Onna donc pas voulu
anticiper une ventuelle
sparation, parce que cela aurait
donn le signal quunEtat
pourrait finalement tre
contraint daccepter quelque
chose dont il na pas envie.
Par ailleurs, deplus enplus de
petits Etats entrant dans lUEy
jouissent des mmes droits queles
grands. Et finalement, degrandes
rgions, commelEcosse ou
dautres, qui nont pas derelle
existencedans lUnion, peuvent se
direqueleur situationest injuste
et quelecadre national les force
rester larrire-plan.
Le rfrendumcossais inspire-
ra-t-il les Catalans, les Flamands
ou les Italiens duNord?
LEcosse est uncas particulier.
Ce nest pas une de ces rgions
riches qui veulent cesser dtre
solidaires avec le reste de leur
pays. Nous assistons une crise
gnralise des Etats et, unpeu
partout, certains se disent que
changer de cadre rendra les cho-
ses plus aises. LEcossais est
convaincuque cest Londres qui
est responsable de ses maux. Pour
les Flamands, cest lEtat fdral.
Pour dautres, cest lEuropep
Propos recueillis par
Jean-Pierre Stroobants
2
0123
Jeudi 18 septembre 2014
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Haut de Gamme
U
ne victoire du oui lind-
pendance lors du rfren-
dumenEcosse, jeudi 18sep-
tembre, ne marquerait pas seule-
mentlafindunecampagneachar-
ne, maisledbutdelonguesngo-
ciations entre Londres et Edim-
bourg. Avec un objectif : rsoudre
lincroyable casse-tte conomi-
que de la sparation. De la dette
aux rserves ptrolires, tout ferait
lobjet dun vaste marchandage,
rsume David Cobham, cono-
miste luniversit Heriot-Watt
dEdimbourg.
LEcosse pourrait, par exemple,
accepter de conserver plus long-
tempslarmement nuclaire, quel-
le dsire transfrer en Angleterre,
en change de la signature dune
union montaire. En thorie, les
ngociations devraient tre bou-
cles dici au 24mars 2016, la date
vise par le premier ministre,
AlexSalmond, pour mettre en
uvre lindpendance en cas de
victoire du oui. Un dlai serr, au
vu de la complexit des questions
rgler.
Conserver ou non la livre ster-
lingLa viabilit dune Ecosse ind-
pendante dpendrait en grande
partie des modalits choisies en
matire montaire. Le Scottish
National Party (SNP), parti ind-
pendantiste au pouvoir, souhaite
conserver la livre sterling au sein
dune union montaire avec le
Royaume-Uni, comparable la
zone euro option la moins ris-
que et la plus probable.
LEcossedevrait nanmoinsres-
pecter destrictscritresdeconver-
gence de ses finances publiques
avec Londres. Son autonomie
budgtaire serait donc limite,
explique Nathalie Dezeure, chez
Natixis. Deplus, labanquedAngle-
terre a dj fait savoir quelle
refuserait une telle option.
Dans ce cas, le plan B de
M. Salmond serait de conserver la
livre, mais au sein dune union
montaire informelle un peu
comme lEquateur, qui utilise le
dollar amricainsans cadreprcis.
Pour que cela fonctionne, le pays
devrait accumuler dimmenses
rserves de change afin dtre en
mesure de lutter contre dven-
tuelles attaques sur sa devise. Pas
sr quil ensoit capable.
Ladernireoption, moinscrdi-
ble, serait de crer une nouvelle
monnaie. Problme: le temps que
celle-ci construise sa crdibilit,
lEcosse devrait surmonter une
svre crise de dfiance sur les
marchs, tandis quelavaleur desa
devise seffondrerait.
La phase de transition serait
chaotique et trs risque, rsume
RayPerman, leprsident delInsti-
tut David Hume, un think tank
dEdimbourg. Cest bien pour cela
que le SNP, galement rticent
lide dadopter leuro, ne veut pas
enentendre parler.
Reprendreunepartiedeladette
britanniqueLenouvel Etatrepren-
drait une partie de la dette publi-
que du Royaume-Uni sa charge.
Deux critres de rpartition
seraient envisageables : selon le
poidsdelEcossedanslesdpenses
duRoyaume-Uni cequi porterait
ladettecossaise55%duproduit
intrieur brut (PIB) , ou selon le
poids de sa population. Lendet-
tement du nouveau pays serait
alors de 87 % du PIB, selon les
calculs de Natixis.
Dans les deux cas, lEcosse
devrait crer sa propre agence
dmission de la dette. Puisque le
stock dobligations souveraines
dj mises serait toujours sous
droit britannique, elle rembourse-
rait dabord le Royaume-Uni, qui
rembourseraitsontourlescran-
ciers concerns.
Dans le mme temps, lagence
commencerait mettre de nou-
veaux titres, cette fois sous droit
cossais. Les marchs feraient
automatiquement payer une pri-
mederisqueplus levecenouvel
metteur , prvient Martin Beck,
chezOxfordEconomics. Les taux
dix ans seraient ainsi de 0,70
1,70% plus levs que ceux des
obligations britanniques (2,50%),
selon les estimations. Ce qui, par
effet domino, ferait grimper les
cotsdemprunt pourlesentrepri-
ses et les mnages.
Un secteur bancaire hyper-
trophi En ltat, la taille du sec-
teur bancaire de lEcosse indpen-
dante atteindrait 1 254% du PIB,
dont 800%pour laprincipaleban-
que cossaise, Royal Bank of Scot-
land (RBS). Cest plus encore que
pour Chypre (700%) avant le nau-
frage de ses banques! Autant dire
quen cas de choc financier lEcos-
seserait incapablede renflouer les
tablissements en difficult, ce
qui inquite dj les agences de
notation. Aprs larcentecrisedes
subprimes, cest dailleursLondres
qui a vol au secours des tablis-
sements cossais.
Nanmoins, la donne serait
peut-tre diffrente dici 2016,
car nombre dtablissements
menacent de partir pour Londres
en cas dindpendance : RBS,
Standard Life ou encore Lloyds
Banking Group. Une vague de
dlocalisations serait probable,
analyse Ray Perman. Limpact
serait nanmoins limit car, dans
les faits, les centres de dcision de
ces tablissements sont dj Lon-
dres, et leurs effectifs cossais ont
beaucoupfondupendant lacrise,
ajoute M. Perman. Priv dun cen-
tre financier fort, le pays verrait
nanmoins fondre une partie de
ses recettes fiscales.
Des finances publiques dans le
rouge LEcosse, hors ptrole, est
actuellement subventionne
par Londres. Les dpenses publi-
quesparhabitantysontenmoyen-
ne de 1 300livres (1 600 euros)
plus leves quen Angleterre. Sur
cette base, le dficit de lEtat cos-
sais aurait t de 14% du PIB en
2012-2013.
Tout change avec les revenus
du ptrole. Le dficit public
tomberait alors 8%duPIB, selon
les calculs des conomistes du
gestionnaire dactifs Schroders,
soit peu prs celui du Royaume-
Uni aujourdhui (7%). Un niveau
tout de mme lev, qui laisserait
peu de marges de manuvre
budgtaires une Ecosse devenue
indpendante.
Celle-ci naurait donc pas les
moyens de financer lEtat-provi-
dence la scandinave, avec un
haut niveau de protection sociale,
dont rvent les indpendantistes,
explique David Cobham. Du
moins audbut.
Partager des ressources ptro-
lires incertaines Selon les
experts, 96% de la production de
ptroleduRoyaume-Uni et 52%de
celle de gaz se situent dans les
eaux territoriales cossaises, en
mer du Nord. Le pays rclame
donc lessentiel de ces rserves, et
surtout des revenus quelles dga-
gent, essentielles la prennit de
ses finances publiques.
Mais, l aussi, les ngociations
sur larpartitionseraient dautant
plus serres que lavenir du sec-
teur est incertain. Si la production
enmer duNordaatteint unpicla
fin des annes 1990, elle a depuis
t divise par trois.
Ces prochaines annes, la pro-
duction devrait de nouveau aug-
menter, lasuite de rcents inves-
tissements des compagnies ptro-
lires. Mais lampleur decerebond
fait dbat, et les recettes fiscales
dpendront du prix du baril, trs
volatil.
Rsultat, les projections varient
fortement. Le scnario le plus
optimiste des indpendantistes
affirme que les revenus ptroliers
seront de 6% du PIB en 2017, tan-
dis que Londres prdit quils
seront trois fois moindres.
Se dbarrasser du nuclai-
reCest lune des revendications
les plus symboliques des nationa-
listes: aller vers une Ecosse sans
nuclaire. M. Salmond a nan-
moins assur EDF, lexploitant
des deux centrales cossaises, que
celles-ci seraient maintenues
ouvertes et quelextensiondeleur
dure de vie sera possible. En
revanche, il est hors de question
denconstruire de nouvelles.
Quantlarsenal nuclairemili-
taire britannique, qui est actuelle-
ment bas sur la cte ouest de
lEcosse, les nationalistes dsirent
le transfrer en Angleterre. Un
chantier particulirement dlicat
et onreux. p
Marie Charrel
etEric Albert (Londres)
DesluscorsesEdimbourgpoursoutenirleoui
Dette, monnaie, ptrole
lecasse-ttedelasparation
Ledivorcelamiable, encas dindpendancedelEcosse,
ferait lobjet dpresngociations entreEdimbourget Londres
MobilisparDavidCameron, lepatronat
britanniquefaitdulobbyingpourlenon
PIB EN2012-2013,
ENMILLIARDS DE LIVRES STERLING
PARHABITANTEN2012
EN DOLLARS
DETTE PUBLIQUE 2013,
ENMILLIARDS DE LIVRES STERLING
TAILLE DUSECTEURBANCAIRE
EN%DUPIB
PARTDES RSERVES PTROLIRES
GOGRAPHIQUEMENT, EN%
Reste du Royaume-Uni
Soit 9,2 %du PIB
du Royaume-Uni
(en incluant
le ptrole
offshore)
1 428,8
35 671
(27 534 euros)
39 642
(30 600 euros) Ecosse
144,7
Ecosse
106
Reste du Royaume-Uni
1 166
RECETTES FISCALES 2013,
EN%
Reste du Royaume-Uni
90,9
Ecosse
9,1
Royaume-Uni
aujourdhui
Royaume-Uni
aujourdhui Ecosse
492 %
Ecosse en cas
dindpendance
1 254 %
4 %
96 %
Reste
du R.-U.
Ecosse
Un quilibre conomique en question
S
O
U
R
C
E
S
:
N
A
T
IX
IS
;
O
C
D
E
Londres
Correspondance
Depuis la publication, samedi
6septembre, dunsondage pla-
ant le oui lindpendance en
tte, les grandes entreprises sont
mobilises. Royal Bank of Scot-
land(RBS), Lloyds Banking Group,
StandardLife, Marks &Spencer,
BP: toutes ont fait part de leur pr-
occupation, menaant de dmna-
ger leur sige social, avertissant
dune possible hausse des prix,
soulignant que les rserves de
ptrole sont enforte baisseMike
Rake, le prsident duCBI, lorgani-
sationpatronale britannique, a
pes de tout sonpoids, affirmant
que 90%des entreprises cossai-
ses sopposaient lindpendan-
ce: les incertitudes vont durer au
moins dixans, a-t-il prvenu.
Cettesoudaineoffensive tran-
cheavec lelongsilence entretenu
pendant presquetoute lacampa-
gnepar les milieuxdaffaires, qui
seretranchaient derrireuneneu-
tralitdefaade. Si les entreprises
ont longtemps fait part enprivde
leurs inquitudes, elles prfraient
viter dechoisir tropouvertement
leur camp, dautant queles sonda-
ges donnaient lenon lindpen-
dancelargement entte.
Leur brusque engagement doit
beaucoup la pressionexerce
par le gouvernement britannique.
Notammment lors duncocktail
Downing Street, le 8septembre au
soir, deuxjours aprs le fameux
sondage donnant le oui vain-
queur. Le premier ministre conser-
vateur, DavidCameron, qui rece-
vait ce jour-l une centaine de
grands patrons, leur a lanc un
appel urgent laction. Il est all
jusqu voquer lesprit duBlitz et
de la victoire des Britanniques
unis face Hitler pour leur
demander de sexprimer.
Faire peur
Mais la rhtorique ne suffisait
pas. Le gouvernement britanni-
que a alors utilis sonpouvoir
dactionnaire. Ala suite des plans
de sauvetage de la crise financi-
re, il possde 25%de Lloyds Ban-
king Groupet 80%de RBS. Et sem-
ble avoir fait pressionpour que
les deuxbanques publient des
communiqus trs explicites,
affirmant quelles dmnage-
raient leur sige social plus ausud
encas dindpendance de lEcosse.
Le cas de RBS est particulire-
ment explicite. Le 10septembre
22h16, le Trsor britannique a
envoy uncourrier lectronique
quelques journalistes britanni-
ques pour annoncer que la
banque allait mettre, le
lendemainmatin, soncommuni-
qu sur la questioncossaise. Ala
mme heure pourtant, le conseil
dadministrationde RBS dbat-
tant dusujet ntait pas termin,
donnant limpressionque Dow-
ning Street avait tlguid la
squence.
La ficelle tait tropgrosse. Alex
Salmond, lepremier ministre cos-
sais, a saut sur loccasion: Il est
maintenant clair quil y aune cam-
pagne coordonne de Westmins-
ter, orchestre par DowningStreet,
pour diffuser des histoires conomi-
ques destines faire peur.
Le chef de file des indpendan-
tistes joue sur duvelours. Lagace-
ment face Londres et la City est
trs fort enEcosse. Le soudain
dferlement davertissements
venant de personnalits nonrsi-
dentes certes influentes, mais qui
nont pas le droit de vote lors du
rfrendum, peut facilement ser-
vir de repoussoir.
Pourtant, les sondages sem-
blent indiquer quelecalcul de
DowningStreet pourrait avoir por-
t: 48%des Ecossais estiment que
leur pays yperdrait financire-
ment encas dindpendance,
contre37%qui pensent le
contraire. p
E. A.
I
ls savent que levote sera ric-
rac, mais quimporte. Les Cor-
ses enseront. Gilles Simeoni,
mairede Bastia, et Franois
Alfonsi, ancieneurodput, deux
figures dunationalismesur lle
de Beaut, feront levoyage jus-
quEdimbourg pour soutenir,
jeudi 18septembre, les indpen-
dantistes cossais. Jusquaubout
de lanuit sil le faut.
Onnest pas forcment pour
lindpendance de laCorse, recon-
nat M. Simeoni. Onnapas de
ptrole, onnapas lamme dmo-
graphie, mais ona unmme fil
conducteur: lattachement aux
identits locales et larevendica-
tionde politiques plus proches des
peuples!
Auxcts de Bretons, de Cata-
lans, de Basques, de Flamands et
mme de Qubcois, runis au
seinde lAlliance libre europen-
ne (ALE), la fdrationde partis
nationalistes europens, la dl-
gationcorse prsente enEcosse,
compose de cinqousixperson-
nalits politiques, nentendpas
rater ce moment. Je vois lem-
pressement, cest unvnement
de porte historique pour lEuro-
pe, explique M. Alfonsi. Lamobili-
sation, elle est chez nous. La dyna-
mique offensive, cest lantre!
Nations sans Etats
Quandbienmmelenonlin-
dpendancelemporterait, ces Cor-
ses qui sebattent depuis plus de
trenteans pour fairereconnatre
lasingularit culturelleet politi-
quedeleur lesentent quune
dynamiqueest lance. Quoi quil
advienne, lEcosse obtiendraplus
depouvoirs. Et cetteperspective
fait rver les insulaires. Quon
appelleadvolutionouautre-
ment, il yaaussi chez nous cette
volont desapproprier plus de
pouvoirs dans diffrents domai-
nes, indique ldiledeBastia.
Pour lheure, mme si le natio-
nalismecorse quitte peu peula
clandestinit et la violence, il res-
te difficile dimaginer lle dispo-
ser dunpremier ministre lima-
ge dAlexSalmondenEcosse, chef
de fileduoui aurfrendum.
Mais, sans aller aussi loin, ona
unespoir, avoueM. Simeoni, vo-
quant la vague progressiste qui
traverselEurope. Aprs levote
cossais viendra, ennovembre,
celui des Catalans, quele gouver-
nement central espagnol refuse
davaliser. Endpit de salgitimi-
t incontestable, rle le maire.
Pour les deuxcompres, lin-
transigeancedeMadridne fait
quillustrer unetendance defond.
CelledEtats enpleine rtracta-
tionjacobine. Les Etats-nations
sont des Etats morts, appuieFran-
ois Alfonsi. Pour lancieneurod-
put, les revendications des
nations sans Etatssont des
appels plus dEurope. Plutt
Bruxelles que Paris, Londres ou
Madrid.
Nous, onjoue fondlacarte
europenne, souligne M. Simeo-
ni, qui fut lavocat dYvanColon-
na, lassassinduprfet Erignac.
Le manque dEurope, cest cau-
se des Etats-nations, insiste
M. Alfonsi.
Auxyeuxdes Corses, voil
donc la leonquil faudrait tirer
duscrutincossais: le campdu
oui aurait t galvanis par lide
que le Royaume-Uni quitte
lUnioneuropenne. Et
M. Alfonsi dassurer: Tout le
monde veut aller Bruxelles! p
Claire Gatinois
3
0123
Jeudi 18 septembre 2014
charline
vanhoenacker
Si tu coutes, jannule tout
17:00 - 18:00
la marche de lhistoire
13:30 - 14:00
jean
lebrun
un jour dans le monde
18:15 - 19:00
nicolas
demorand
soire spciale
21:00 - 23:00
nicolas
demorand
-
rbecca
manzoni
fte
8)5,31 7,'1) *5)'1,5/)1 2& 6+,21 81('/%5.:
9-/((/+,( (*W3/5.1( 1, *&4./3 1' 1, 2/)13' 2& 6+,21
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y ."+335(/+, 21( $! 5,( 2& 6+,21
9,')W1 ./4)1 1' 0)5'&/'1
25,( .5 ./-/'1 21( *.531( 2/(*+,/4.1(
le 7/9
patrick
cohen
international&europe
O
nzejoursaprslasignature
dun cessez-le-feu ngoci
directement avec Vladimir
Poutine, lUkraine esquisse les
contours de ce quelle espre tre
une sortie de crise durable au
conflitqui ladchire. Elmentprin-
cipal de cette stratgie, la loi adop-
te, mardi 16septembre, parlePar-
lement ukrainien, qui garantit
plusdautonomieauxrgionspro-
russes duDonbass enrbellion.
Letexte, adoptpar 277voixsur
450, offre un statut spcial aux
zones tenues par les rebelles, qui
reoivent pour une dure de trois
ansledroitdecrerleurproprefor-
ce de police, de nommer procu-
reurs et juges et de grer lcono-
mie et le budget locaux. Selon le
texte, deslectionsseraientorgani-
sesle7dcembredans les rgions
concernes, afinquelles se dotent
dexcutifslocaux. Lalanguerusse
y obtient un statut quivalent
celui de lukrainien, et Kiev pro-
met de favoriser la coopration
transfrontalire entre ces zones
et la Russie.
Une autre loi, adopte gale-
ment mardi, prvoit une amnistie
pourlescombattantsayant prisles
armescontrelarmeukrainienne,
lexception de ceux stant ren-
dus coupables de crimes, de meur-
tres oudeviols et des responsables
deladestructionenvol, le17juillet,
dunavionde la Malaysia Airlines.
Avec ces textes, le prsident
ukrainien, Petro Porochenko, sen-
gage sur la voie dune rsolution
politique dun conflit qui dure
depuis cinq mois et a dj fait prs
de3000morts. Cettevoieest troi-
te. Dabordparcequeleprojetasus-
cit de vives critiques Kiev, jus-
quedanslesrangsdelacoalitionau
pouvoir. Lesprincipauxpartispoli-
tiques saccordent sur la ncessit
de ngocier avec M. Poutine, mais
divergentsurlampleurdesconces-
sions faire. Et la perspective des
lections lgislatives anticipes, le
26octobre, radicalise les positions.
Mardi, PetroPorochenkoaurait
expliqu ceux qui menaaient
denepas voter laloi avoir enper-
manence au tlphone M. Pouti-
ne, qui lui aurait clairement dit
quesesforcesprendraient Mariou-
pol (la grande ville ctire du sud
duDonbass) et iraientjusquenCri-
me si le projet ntait pas adopt.
Ensuite, le cessez-le-feu est cha-
que jour plus fragile. Ces trois der-
niers jours, au moins une dizaine
de civils et trois soldats ukrainiens
sontmortsdansdesaffrontements
Donetsk. Chaquecampserenvoie
laresponsabilit des violations.
Laccueil rserv ladoptionde
la loi par les rebelles de lest a t
mitig. Si le chef sparatiste de la
rgion de Louhansk a voqu une
premire tape vers une solution
pacifique, lenumrodeuxdespro-
russes de Donetsk a, lui, rejet tou-
teformuleinstitutionnellequi lais-
serait le Donbass dans le giron de
Kiev. Moscou, par la voixduporte-
parole duKremlin, a prudemment
voqule dbut dunrglement .
Malgr ces obstacles, Kiev veut
croire dans le succs de son plan.
Cette loi offre lavantage dtre
acceptable par Vladimir Poutine,
explique un haut responsable des
services de scurit. Formelle-
ment, les demandes de Moscou ne
concernent que la langue et lauto-
nomie. M. Poutine peut dire son
peuple quil a gagn, et se sortir
dune aventure qui na pas si bien
tourn pour lui.
Cetteconfiancedans lacapacit
du prsident ukrainien ngocier
une sortie de crise sappuie sur
uneconvictionapparemment sur-
prenante pour qui a vu les routes
du Donbass jonches de colonnes
de tanks ukrainiens dtruits dans
la contre-offensive rebelle de la
seconde moiti du mois daot :
lUkraine na pas perdula guerre.
Selon ce responsable du rensei-
gnement, les forces ukrainiennes
et les forces russes auraient perdu
au cours des combats daot un
nombre dhommes quivalent
autourdunmillier. Deplus, lester-
ritoires sur lesquels loffensive
mdiatique puis militaire de Mos-
cou a fonctionn sont infiniment
plusrduitsqueleterritoirethori-
que de la Novorossia, lensem-
bledusud-est ukrainien, surlequel
nacess dinsister le Kremlin.
Enfin, leffet dessanctionsinter-
nationalesseferait sentirassezfort
pour contraindre le prsident rus-
se revoir la baisse sonambition
de conserver lUkraine, de gr ou
de force, dans lorbite de Moscou.
PetroPorochenkonabordepas
les ngociations avec la Russie en
positiondefaiblesse, rsumelepoli-
tologue Volodymyr Fessenko. Sur
le fond des sujets qui intressent
rellement Moscou, lesdeuxparties
seront contraintes defairedes com-
promis: M. Porochenko devra don-
nerdesgagesM. Poutinesur lefait
que Kiev ne cherchera pas adhrer
lOTAN, maisil auraassezdeforce
pour le convaincre que lengage-
ment de lUkraine sur la voie euro-
penne est inluctable.
La mfiance reste toutefois lar-
gement de mise, ycompris dans le
camp de M. Porochenko. La plu-
part des responsables ukrainiens
sattendentunereprisedeshosti-
lits militaires chance plus ou
moins brve. Et aucun nimagine
M. Poutine cesser son entreprise
de dstabilisation, que ce soit sur
le champ de bataille ou en profi-
tant desfaiblessesconomiqueset
politiques de lUkraine.
En proposant de vraies ngo-
ciations, nous suivons la seule voie
que nos forces nous permettent de
suivre, explique une source au
sein du ministre des affaires
trangres. Si cela fonctionne, tant
mieux. Sinon, nous devons exploi-
ter cette pause, dabord pour
essayer de passer lhiver sereine-
ment, puis pour reconstruire notre
arme, rparer notre conomie,
nous assurer dusoutiendenos par-
tenaires trangers. Pendant ce
temps, Vladimir Poutine va aussi
prparer le coupdaprs. p
Benot Vitkine
Leszonestenues
parlesrebelles
aurontledroit
decrerleurforcede
policeetdenommer
procureurset juges
LetraitdassociationentrelUkraineetlUE
ratifienduplexStrasbourgetKiev
Kiev
RUSSI E
MOLDAVI E
ROUMANI E
Transnistrie
POLOGNE
Mer Noire
Donetsk
Kharkiv
Simferopol
Odessa
Lviv
Crime
Louhansk
Zone sous contrle des rebelles prorusses
100 km
Rgion rattache la Russie
aprs le rfrendum du 16 mars
UKRAI NE
DONBASS
Le prsident ukrainien, Petro Porochenko, devant les dputs,
Kiev, le 16septembre. VALENTYNOGIRENKO/REUTERS
Kievproposeun
statutspcial pour
lestdelUkraine
Leprsident Porochenkosengagesur lavoie
delarsolutionpolitiqueduconflit
CE DEVAIT TRE UNVOTE. Ce fut
unspectacle. Ducinma com-
me le prsident duparlement
europen, MartinSchulz, laime.
Pour ratifier, mardi 16septembre,
laccorddassociationentre
lUnioneuropenne (UE) et
lUkraine, lhmicycle de Stras-
bourgsest dot duncrangant
pour assister enduplexensimul-
tan auvote duParlement ukrai-
nien. Une premire pour un
vnement historique, sest
enthousiasm M. Schulz. Une cr-
monie unpeugrandiloquente
visant faire oublier le report
janvier2016de laccordde libre-
change? Peut-tre. Le report
visant ne pas froisser la Russie, il
fallait aussi que lUE fasse unges-
te symbolique envers lUkraine.
Message reucinqsur cinq
Kiev. Les yeuxrivs sur lcran, les
eurodputs ont pucouter les
propos euro-enflamms du
prsident ukrainien, Petro Poro-
chenko. Qui aprs ceci oserafer-
mer laporte de lEurope lUkrai-
ne?, a-t-il lanc, ponctuant son
message de promesses visant
rformer le pays et enradiquer
la corruption.
Ni la guerre dans lEst ni les tur-
bulences politiques ne peuvent
servir de prtextes empcher
ces rformes, a-t-il assur. Gloire
lUkraine, gloire lEurope!
Standing ovationdans lhmicy-
cle. Mme chose Kiev. Le vote est
remport lunanimit enUkrai-
ne; et par 535voixpour, 127 contre
et 35abstentions Strasbourg.
Parmi les opposants, ontrouve
des membres de lagauche radica-
le, delextrme droite dont le
Front national et des euroscepti-
ques, deuxVerts et unsocial-dmo-
crate, le TchqueJanKeller. Mais
dans tous les groupes (hormis les
non-inscrits) onsest abstenu.
Pas de dbat
Quelques dputs nont pas
got la thtralit de la sance.
Gilles Pargneauxest de ceux-l.
Pendant la standing ovation, le
socialiste ne sest pas lev. Il a
vot pour laccord, mais dnonce
unsimulacre de Parlement . Son
homologue Guillaume Balas
appuie: Onest lpour faire de la
politique. Je nai pas adhr une
religion! Ce nest pas dunct le
bien(lUkraine) et de lautre le mal
(laRussie). Il y atropdaspects dog-
matiques. Cest une provocation.
Si onveut combattre lextrmis-
me, cest enacceptant le dbat.
Mais de dbat, ce jour-l,
M. Schulz ne voulait pas. Le prsi-
dent duParlement a feint de ne
pas entendre une questionde
PabloIglesias, dput de la gau-
che radicale. Schulz amanqu de
tact. Ce nest pas unclimat digne
de ce Parlement , estime Philippe
Lamberts, chez les Verts euro-
pens, avouant ne pas tre fanati-
que de cette mise enscne. Cer-
tains eurodputs nont pas eu
autant de retenue. Enquittant la
salle, lundeuxaurait ainsi lch:
bande de nazis! p
Claire Gatinois
4
0123
Jeudi 18 septembre 2014
international
M
ARC
VOINCHET
ET
LA
RDACTION
DU
LUNDI AU
VENDREDI / 6H30-9H
Retrouvez la chronique de Jean Birnbaum
chaque jeudi 8h55
coute, rcoute et podcast
sur franceculture.fr
en partenariat avec
Les parents de James Foley, journaliste amricaintu par lEtat islamique, le 20aot Rochester, dans le NewHampshire. JIM COLE/AP
Washington
Correspondant
O
fficiellement, il ne sagit
pasdelannoncedunchan-
gement de stratgie. Les
propos tenus mardi 16septembre
devant le Snat par le gnral
Martin Dempsey, chef dtat-
majorinterarmesamricain, sou-
lignent cependant les faiblesses
prsumes de la stratgie arrte
jusqu prsent par Washington
contre lEtat islamique.
Depuis le dbut des oprations
ariennes amricaines en Irak, le
8aot, le prsident Barack Obama
a ritr, plusieurs reprises,
devant ses concitoyens sonenga-
gementdenepasdployerdetrou-
pes au sol. Les hommes dpchs
sur place depuis le dbut de lt
(plus de 1 500 ce jour) nont pour
missionofficiellequedassister les
troupes dugouvernement de Bag-
dadainsi que les forces de scurit
kurdes irakiennes.
Legnral Dempsey, qui sexpri-
mait mardi devant la commission
snatoriale des forces armes, a
pourtant ouvert une brche.
Pour tre clair, si je parviens la
conclusion que nos conseillers doi-
vent accompagner les troupes ira-
kiennes pour attaquer certaines
cibles de lEtat islamique, je le
recommanderai auprsident .
Pressdequestionsparlessna-
teurs, le haut grad a ajout que, si
la stratgie amricaine ne produi-
sait pasdersultats, il retournerait
devant le prsident pour recom-
mander de recourir des troupes
ausol .
La Maison Blanche a ragi en
assurant que lengagement prsi-
dentiel restait toujours envigueur
et que Martin Dempsey navait
fait quenvisager des scnarios au
cours de sonaudition.
Depuis que M. Obama a prsen-
t sa stratgie contre lEtat islami-
que le 10septembre (appuyer par
des frappes ariennes les forces
syrienneset irakiennesralliesla
lutte contre les djihadistes), de
nombreuxresponsables sinterro-
gent ouvertement sur sapertinen-
ce. Sans aller jusqu plaider pour
le retour de forces combattantes
enpremireligne dans lebourbier
irakien moins de deux mois des
lections de mi-mandat, les rpu-
blicains, qui ne cessent de plaider
pouruneinterventionplusnergi-
que des Etats-Unis, ont t nom-
breuxestimer quelesbombarde-
mentsnesuffiraientpaspourvain-
cre lEtat islamique.
Danciens responsables militai-
res ont estim de leur ct que la
prsence sur le terrain de forces
spciales amricaines deviendrait
vite une ncessit pour optimiser
les bombardements. Une recom-
mandation soumise initialement
M. Obama, selon Martin Demp-
sey, maisqueleprsident arepous-
se. Selon les experts militaires,
cette prsence serait cruciale dans
la partie de la Syrie contrle par
les djihadistes, compte tenu de la
faiblesse de lopposition non ral-
lie lEtat islamique, puisque la
Maison Blanche a formellement
exclu de cooprer avec le rgime
de Bachar Al-Assad.
Sagissant de lEtat islamique,
MartinDempseyestenfait unrci-
diviste. Le chef dtat-major avait
mis lpreuve, le 21 aot, la pr-
sentation minimaliste de la mis-
sion amricaine en Irak dfendue
jusqualors par le prsident. Ce
jour-l, le gnral Dempsey, qui
sexprimait au Pentagone aux
cts du secrtaire la dfense,
Chuck Hagel, avait abord la ques-
tionreste les semaines prcden-
tes dans langle mort des interven-
tions prsidentielles. LEtat islami-
que peut-il tre vaincu sans que
lon soccupe aussi de la partie qui
se trouve en Syrie? La rponse est
non. Il va falloir soccuper des deux
cts de ce qui nest pas aujour-
dhui une frontire, avait assn
MartinDempsey.
M. Obama avait finalement fait
sienne publiquement cette analy-
sele10septembreenassurant que
les Etats-Unis sattaqueraient aux
djihadistes o quils se trouvent,
enIrak comme enSyrie. p
Gilles Paris
P
our la premire fois, une
famille dotage amricain a
exprim publiquement son
dsaccord avec son gouverne-
ment sur la questiondupaiement
de ranons. Dans le monde anglo-
saxon, olopinionet les pouvoirs
publics ont toujours accept le
principe de ne pas verser dargent
aux ravisseurs pour dcourager
les enlvements, cest un dbat
indit.
La famille du journaliste James
Foley, dont la dcapitation avait
t rendue publique le 19aot par
lEtat islamique (EI), a rvl aux
mdias amricains quun militai-
re travaillant pour le Conseil de
scurit nationale lavait avertie,
trois reprises, quelle risquait une
inculpation pnale si elle versait
delargent auxravisseurs. Il nous
a intimids, a expliqu Diane
Foley, lamredujournaliste. Nous
tions horrifis quil nous dise a
(), nous savions, nous, que nous
devions sauver notre fils.
La mre de James Foley a gale-
ment t informe quaucun pri-
sonnier ne serait chang contre
sonfilset quil nyauraitpasdop-
rationpour tenter de le sauver. En
fait, une opration a t mene
dans le plus grand secret en Syrie
dbut juillet. Envain. Nous avons
t dissuads, a-t-elle dit, de parler
aux mdias. Nos efforts pour faire
librer Jimont reprsent une gne
pourlegouvernement. LaMaison
Blancheet lepremier ministre bri-
tannique, David Cameron, ont
martel que les dcapitations ne
changeraient rien leur ligne.
Lmergence de la parole des
famille dotages aux Etats-Unis et,
dans une moindre mesure au
Royaume-Uni, brise un tabou et
rappelle que, derrire les dclara-
tions officielles, rgne une certai-
ne confusion.
Enjuin2013, lors dune runion
duG8, enIrlande duNord, les diri-
geants avaient affirm leur refus
depayer des ranonsencasdenl-
vements de leurs ressortissants.
En janvier, linitiative de Lon-
dres, trs offensif sur cette ques-
tion, le Conseil de scurit de
lONU a adopt une rsolution
interdisant aux Etats de verser de
largent. Un message peine voil
adress par les Anglo-Saxons aux
Europens.
Pourtant, selon Reporters sans
Frontires, douze journalistes
trangers ont t librs en Syrie.
Unegrandepart, si cenest latotali-
t, la t grce des ranons. Mar-
di 16septembre, le vice-ministre
italien des affaires trangres,
Lapo Pistelli, a admis, mi-mots,
cette pratique. Nous navons
jamais effectu de blitz militaire,
mais celane veut pas dire quenous
avons toujours mis la main au
portefeuille, a-t-il assur.
Federico Mokta, un humanitai-
re italien travaillant en Syrie avec
le Britannique David Haines, et
enlev avec ce dernier, en
mars2013, a retrouv la libert le
26mai. Si Romeadmenti officiel-
lement avoir pay pour sa libra-
tion, lensembledespartiesconcer-
nes par la question des otages en
Syrie considre quune ranon a
bient verse.
LEtat islamique a revendiqu,
en revanche, le 13 septembre, la
dcapitation de M. Haines. Nan-
moins, dans le cas de ce dernier,
comme dans celui de James Foley,
le versement dune ranon
naurait pas ncessairement
conduit sa libration. Selon une
source franaise de haut niveau
issue du monde du renseigne-
ment, pour MM. Foley et Haines,
lEI demandait 100millions de dol-
lars pour chacun, une somme dli-
rante, qui nous a toujours fait dire
quils [les djihadistes] nont jamais
envisag de les librer.
De plus, la politique des grou-
pes radicaux islamistes vis vis
des otages anglo-saxons nest pas
uniforme. La branche syrienne
dAl-Qaida, leFrontAl-Nosra, arel-
ch, fin aot, grce, notamment
lintervention du Qatar, le journa-
liste amricain Peter Theo Curtis,
dtenupendant vingt-deuxmois.
Dans ce dbat, la doctrine fran-
aisealongtempstcontrairela
ligne anglo-saxonne. Depuis les
enlvements de Franais auLiban,
au milieu des annes 1980, le dis-
cours officiel sur le refus de ngo-
cier avec les ravisseurs tranchait
aveclaralit, admiseenpriv, sur
le versement de ranons.
Franois Hollande, a tent,
dbut 2013, de mettre fin ce dou-
ble discours, lors de lintervention
des soldats franais au nord du
Mali contre Al-Qaida au Maghreb
islamique (AQMI). Le 13janvier, il
avait reu, lElyse, les familles
dotagesauSahel pourexpliquerce
changement. La France, selon lui,
nepouvait financer des djihadistes
contre lesquels les soldats franais
sebattaient auMali.
Le 7mars 2013, alors ambassa-
deurdeFranceenAfghanistan, Ber-
nard Bajolet, devenu depuis
patron de la Direction gnrale de
lascuritextrieure(DGSE), avait
runi les Franais travaillant dans
lhumanitaire. Dsormais, leur
avait-il dit, selon deux tmoins,
soyez bienconscients que laFrance
nepaieraplus et ayezbienlesprit
la nature des risques encourus.
Deux Franais, Pierre Borghi et
Charles Ballard, taient alors ota-
ges en Afghanistan. Les diploma-
tes, les militaires et la DGSE
avaient reu lordre de se mettre
en retrait. Le 11 mars 2013, M. Bajo-
let, au fait des affaires dotages
pour avoir t ambassadeur Bag-
dad, rencontrait la famille Ballard,
Paris, et lui indiquait que lEtat
sopposerait, dsormais, toutver-
sement dargent do quil vien-
ne. Cette ligne dure a tendu les
relations entre lemployeur de
M. Ballard, qui avait mal accept
mal dtrelepremiersubircet-
te nouvelle politique, et les repr-
sentants de lEtat qui ne voulaient
plus sacrifier lintrt du pays
des cas individuels.
Le 22juin 2013, la grogne stait
tendue aux familles des otages
au Sahel, qui avaient organis des
rassemblements publics. Notre
devoir derservenous atimpos
jusqu ce que nous comprenions,
au bout de deux annes de silence,
que la discrtion cachait une pro-
fonde inaction, dclaraient-elles.
Cettenouvellepolitiquefranai-
se ne va pourtant pas tenir. Souci
defficacit, pression de lopinion,
respect de la valeur humaine ?
M. Hollande va contredire sa pro-
pre doctrine et donne son feuvert
au versement de ranons, que ce
soit directement par lEtat ou par
les entreprises pour lesquelles tra-
vaillent les personnes enleves. Le
29octobre 20123, les quatre otages
dArlit, enlevs, en 2010, au Niger,
retrouvent la libert. Le 20avril
2014, les quatre journalistes fran-
aisdtenusenSyriepar lEtat isla-
mique quittent leur gele. Dans
lesdeuxcas, dessommesallantjus-
qu plusieurs millions deuros
avaient t verses.
Pour Jean-Louis Normandin,
ex-otage au Liban et prsident de
lassociationOtages dumonde, le
problme nest pas ranon ou pas
ranon, cette question est depuis
longtemps caduque. Selon lui,
les Anglo-Saxons disent quils ne
payent pasmais onavu, commeau
Liban, mon poque, quils ngo-
cient dune autre manire. Les
enjeux sont avant tout politi-
ques. p
Jacques Follorou
ISRAL PALESTINE
Accordsurlareconstruction
danslabandedeGaza
NEWYORKET JRUSALEM. Les Nations unies, Isral et lAutorit
palestinienne ont concluunaccordsur le dbut de la reconstruc-
tiondans la bande de Gaza, aprs les cinquante jours de bombar-
dements israliens cet t lors de loprationBordure protec-
trice, a annonc, mardi 16septembre, auConseil de scurit,
lmissaire de lONUauProche-Orient, Robert Serry. Cet accord
prvoit une surveillance des Nations unies afindviter que les
matriauxde constructionne servent des fins militaires, a-t-il
ajout. Isral craint undtournement par le Hamas pour btir
des bunkers oucreuser des tunnels transfrontaliers. LAutorit
palestinienne estime 7,8milliards de dollars (6milliards deu-
ros) le cot de la reconstruction Gaza. (Reuters.) p
Selonlesexperts
militaires, cette
prsenceserait
crucialedanslapartie
delaSyriecontrle
parlesdjihadistes
LeParlement irakienarejet,
mardi 16septembre, les person-
nalitsproposes par lepremier
ministrepour les postes deminis-
tredeladfenseet delintrieur,
laissant ainsi vacantes ces posi-
tions cls aumoment olepays
luttecontreles djihadistes de
lEtat islamique. Les parlementai-
resavaient approuv, le8septem-
bre, unnouveaugouvernement
dirigpar Hadar Al-Abadi. Ceder-
nier avait demand undlai
dunesemainepour proposer des
candidats. LeParlement atoute-
fois acceptlanomination, mar-
di, deMehsenHassouncomme
ministredes ressources hydrauli-
ques. Leprsident duParlement,
SalimAl-Joubouri, aannonc
quelaprochainesessionparle-
mentairesetiendrait jeudi.
Enjuin2013,
lesdirigeantsduG8
avaientaffirmleur
refusdepayer
desranonsencas
denlvements
Etatislamique: la
politiqueenmatire
dotagesconteste
auxEtats-Unis
Les parentsdeJames Foleyont thorrifis
par les pressions exercespar laMaisonBlanche
Les candidats du premier ministre irakien
pour la dfense et lintrieur rejets par le Parlement
Lechef deltat-majoramricainvoquelhypothse
de troupesausol enIraketenSyrie
MartinDempseyasoulignles faiblesses delastratgiedappui arienauxforcesdeBagdad
5
0123
Jeudi 18 septembre 2014
AMonrovia, dbut septembre. TANGO
plante
AMonrovia, rongeparlapeurduvirus, manger, travailler, apprendre: toutdevientdfi
Reportage
Monrovia
Envoy spcial
Comment pleurer ses morts
Monrovia? L oplus rienne tour-
ne rond. Depuis sixmois, le virus
Ebola a plong progressivement
le pays dans la peur. Manger, tra-
vailler, apprendre, aimertout
est undfi. Mourir aussi.
Grace Pyne a les joues inondes
de larmes dunchagrinsilen-
cieux. Elle est l, dsempare, aux
portes de lhpital John-F.-Ken-
nedy, le plus grandde la ville. Sa
vieille mre diabtique est morte
la veille, leur domicile, enpartie
par faute de soins. Tous les hpi-
tauxde la ville ont eneffet ferm
leurs portes aprs lapparition, en
mars, de cette pidmie sans pr-
cdent auLiberia. Une pidmie
dclenche par unvirus identifi
auZare en1976, mais qui ntait
pas encore venufaucher les vies
sur ces ctes occidentales de lAfri-
que. Inexpriments ence domai-
ne, les hpitauxsont devenus des
centres de contamination.
Certes, lhpital JFKa rouvert
finaot. Mais les chambres sont
vides. Les couloirs fantomatiques,
l ogrouillaient 800malades et
dinnombrables visiteurs. Seule la
maternit affiche unsemblant
dactivit. Mais les Libriens ont
perdule peude confiance quils
avaient dans leur systme de san-
t. Unsystme qui, avant la crise,
tait dj lundes plus prcaires
dumonde.
Par les temps qui courent, les
fivres et migraines dune crise de
paludisme, les vomissements
dune srieuse gastro-entrite
vous transforment unmalade
ordinaire ensuspect porteur du
virus Ebola. Cela peut vous condui-
re vers uncentre de transit ou
disolationdEbola pour unvoya-
ge, peut-tre, sans retour. Encore
plus que de coutume, auLiberia,
onprfre donc mourir chez soi.
Cest ce que Grace Pyne a vcu.
Avant, la jeune femme aurait aus-
si beaucouppleur la disparition
de sa maman. Elle aurait mme
pay des pleureuses pour laccom-
pagner le jour des obsques orga-
nises dixjours aprs la mort. Sur-
tout, avant la mise enterre, on
aurait chant, dans, lou la
mmoire de la dfunte, anticip le
retour familier de sonesprit une
fois quitt sonenveloppe charnel-
le. Grace Pyne se serait sans doute
endette pour loger et nourrir
une famille nombreuse venue
assister la crmonie, dont le fas-
te reflte votre statut social.
Mais, ence mercredi 10septem-
bre, elle demande limpensable et
limpossible: Venir prendre le
corps de ma mre, auplus vite.
Jai appel la hotline Ebola
pour annoncer lamort et venir
rcuprer le corps, et je nai eu
aucune rponse, murmu-
re-t-elle. Les femmes laccueil de
JFKla refouleront aussi.
La manipulationdes corps, de
tous les corps, est devenue une
activit haut risque rserve
depuis le 23juillet auxburial
teams, les services de ramassage
spcialiss de la Croix-Rouge lib-
rienne. Ils filent enville auson
hurlant des sirnes de police,
depuis que lonsait que les morts
dEbola sont les plus contami-
nants, les plus dangereux. Il a ain-
si falluconvaincre les imams de
prier leurs fidles de renoncer au
rite de lavage des dfunts; aux
chrtiens ouauxanimistes de ne
plus les toucher ni les retoucher
lors des crmonies funbres.
Le problme est que les six
burial teams de la capitale sont
dbordes, comme tout le monde
dailleurs, par cette pidmie qui
chappe tout contrle et a dj
foudroy aumoins 1200person-
nes dans le pays.
Le nombre de burial teams sera
bientt doubl. Enattendant, on
fait ce quonpeut, onne peut pas
aller plus vite, concde Friday
Kowyee, coordinateur dune qui-
pe. Quelques minutes plus tt, il
avait t reudans le quartier
Capitol ByPass par des jets de pier-
res lances par des habitants du
quartier excds dattendre leur
arrive depuis plus de quatre
jours. Cest quoi lalogique? sem-
porte le frre dudfunt, Fredick
Nywante. Onnous dit de ne pas
toucher les corps, mais personne
ne vient. Pendant ce temps, onvit
o? Onfait quoi ?
Les plaintes et les gmisse-
ments remplaant la colre, le
corps envelopp dans unsac en
plastique noir est dispos par les
hommes de la Croix-Rouge, vtus
de combinaisons tanches, sur la
plate-forme arrire dunpick-up.
Ce sera la seule crmonie dadieu
pour la famille de Fredick Nywan-
te. Undeuil tronqu.
Probablement que la mre de
Grace Pyne subira le mme sort.
Soncorps finira sur unbcher,
arros dessence, une vingtaine
de kilomtres de Monrovia, aucr-
matoriumhabituellement utilis
par la petite communaut indien-
ne de la ville.
Ence moment, prs de cinquan-
te morts y brlent quotidienne-
ment, hors duregardet de
lamour de leurs proches, cendres
mlanges, pelletes la hte.
Pour quelle spulture?
Beaucoupde ceuxqui finissent
l sont morts dEbola. Dautres
pas, ceuxqui nont pas obtenule
certificat de dcs dlivr en
temps normal par les lgistes des
hpitauxde la ville, aujourdhui
auxabonns absents. Onpart du
principe que tous ont pumourir
dEbola, confirme Lewis
G. Brown, le ministre libriende
linformation.
Ce certificat ne donnerait pas
seulement le droit dorganiser
une crmonie digne. Il serait aus-
si le ssame qui lve auprs de voi-
sins devenus mfiants le terrible
souponqui pse aujourdhui sur
les familles de gens qui trpas-
sent: tait-il, ouelle, malade dE-
bola? Une rponse positive, un
doute qui flotte, et cest la quaran-
taine de vingt et unjours, dure
maximale dincubation, impose
par le voisinage. Cest la vie sus-
pendue.
La sanctionsest abattue sur
Lopard, unquartier dugros
bourgde Mount Barclay, une
vingtaine de kilomtres de Monro-
via. L, des dizaines de familles,
autrement dit plusieurs centaines
de personnes, vivent dans une
rclusion ciel ouvert depuis que
dix-sept cas ont t dcouverts il
ya une quinzaine de jours dans
deuxmaisons toutes proches.
Onest coincs l, enville, tout le
monde se connat. Les gens nous
regardent de travers et les commer-
ants ne veulent plus nous servir.
Onfait la manche pour unpeude
riz, confie Maurice Tomey. On
ne peut plus travailler nonplus,
ajoute ce plombier dune trentai-
ne dannes. Mme sort pour son
ami Suah, chauffeur de taxi, et
pour tout le quartier. Aquelques
mtres deux, dixpersonnes
prouvent encore davantage liso-
lement, invisibles derrire des
volets et des portes ferms. On
leur adit de ne plus sortir, cest l
que les autres de leur famille sont
morts, avoue Maurice Tomey.
Des gens qui ne peuvent plus
travailler, une conomie auralen-
ti, des marchs moins denses qu
laccoutume, une ville dserte et
paralyse par uncouvre-feu. Ce
sont dautres effets collatraux de
lpidmie qui nenfinit pas de
mettre le pays genoux.
Bienpeuy chappent. Rebecca
Derrick, institutrice de 55 ans l-
gamment vtue dans unensem-
ble enlinbeige, sest improvise
enpetite commerante sur le pas
de sa porte Slipway, unbidonvil-
le de la capitale. Une bassine de riz
et des bas morceauxde poulet,
vendus pour quelque cents de dol-
lars libriens, sont disposs sur
untal improvis autour duquel
ses petits-enfants jouent. Interdit
de sloigner.
Les coles sont fermes, alimi-
te la contagion, mais nos enfants
oublient ce quils ont appris et il
faut sans cesse les surveiller. Le
virus est l, des gens meurent don-
ne-sait-quoi. Et je nai plus de salai-
re, dit-elle. Les clients ne se bous-
culent pas nonplus. Ils limitent
leurs sorties, moi aussi. Et puis,
Slipway, les gens sont pauvres, or
les prix augmentent , expli-
que-t-elle. Et a ne fait sans doute
que commencer.
Dans les zones nourricires de
Nimbaet Lofa, beaucoupde fer-
miers ont abandonn les champs
oils travaillaient engroupe. Ils vi-
tent de se rassembler. Le manioc a
t ramass, mais personne ne sest
dplac pour lacheter dans ces
zones risques. Il pourrit , num-
re AdamaDiopFaye, directrice
nationale duProgramme alimen-
tairemondial (PAM, agenceonu-
sienne). Les rcoltes sont en
retard, et certains prixont t mul-
tiplis par deux, ajoute-t-elle.
Loffre intrieure diminue. Il
enva de mme pour les importa-
tions. Le pays endpend 60%
pour les produits de premire
ncessit, mais dj beaucoupde
bateauxcontournent Monrovia,
inscrit sur la liste noire des ports
de la rgion. Une crise alimen-
taire srieuse menace dexploser ,
prvoit Adama DiopFaye.
Sur le planconomique et
social, plus rienne seracomme
avant auLiberia, conclut Pierre
Mendiharat, responsable des pro-
grammes Mdecins sans fronti-
res-Paris, il y aura unavant et un
aprs Ebola. p
Christophe Chtelot
Washington, NewYork
(Nations unies)
Correspondants
U
ne coalitionpour agir, cest
ce que le prsident des
Etats-Unis, Barack Obama,
aappeldesesvux, mardi 16sep-
tembre, en prsentant les grandes
lignes du plan daction arrt par
la MaisonBlanche contre les rava-
ges causs par le virus Ebola, qui a
fait 2 461 morts en Afrique de
lOuest. La plus importante de ces
dispositions avait circul sans
attendre le discours prononc au
Centre pour le contrle et la pr-
ventiondes maladies (CDC) instal-
l prs dAtlanta (Gorgie) : lenvoi
sur place de 3 000 soldats pour
construire des centres de traite-
ment des malades et former des
personnels de sant.
Cesmilitairesserontprincipale-
ment dploys auLiberia, lun des
trois pays les plus touchs avec la
Guine et la Sierra Leone. Monro-
via entretient de trs anciennes
relations avec les Etats-Unis, du
temps de la constitution de cet
Etat par des colons amricains en
1822. Cest danslacapitalelibrien-
ne que sera cr uncentre de com-
mandement militaire pour soute-
nir les efforts travers la rgion.
Lenvoi de personnel sanitaire
et de matriel se fera lafois grce
la mise enplace dunpont arien
et dun poste avanc au Sngal,
pargn par la pandmie.
Associ la coalitionde linac-
tion dnonce le 2septembre
auxNations unies par la prsiden-
te de Mdecins sans frontires,
Joanne Liu, BarackObama a voulu
rpondre aux critiques en assu-
rant avoir pris lamesuredelapan-
dmie ds le printemps. Lundi,
son porte-parole, Josh Earnest,
avait dj indiqu que le dploie-
mentdupersonnel duCDCsurpla-
ce tait sans prcdent.
Lopinion publique amricaine
navait cependant mesurlagravi-
t de lpidmie que dbut aot,
aprslhospitalisationAtlantade
deux mdecins amricains conta-
mins au Liberia alors quils soi-
gnaient des malades. Ils taient
sortis guris des units de soins
deuxsemaines plus tard.
Mardi, M. Obama, qui avait ren-
contr Washington, le matin
mme, lun de ces mdecins, Kent
Brantly, sest montr alarmiste:
Laralit, cest quecettepidmie
vasaggraver avant que lonpuisse
constaterdesamliorations , a-t-il
assur, insistant sur le fait quelle
tait dune ampleur indite. Ce
nest pas seulement une menace
pourlascuritrgionale. Cest une
menacepotentiellepour lascurit
mondiale si ces pays seffondrent,
leurs conomies seffondrent, et si
leurs populations sont prises de
panique, aajoutleprsident des
Etats-Unis avant de sonner la
mobilisation gnrale et dinviter
les organisations non gouverne-
mentales et les fondations phi-
lanthropiques se joindre aux
gouvernements pour maximiser
limpact de notre rponse.
Car, dans cette course contre la
montre, les besoinssont considra-
bles. LONU demande dsormais
988 millions de dollars (763mil-
lions deuros) pour lutter contre le
virus, soit prs dudoubledes fonds
dj demands il y a moins dun
mois. Cest un norme dfi finan-
cier(), maisnousdevonsempcher
le complet effondrement des syst-
mes de sant des principauxpays
affects, a reconnu la responsable
des oprations humanitaires des
Nations unies, Valrie Amos. Selon
lorganisation internationale,
22,3millions de personnes vivent
dans des rgions touches par le
virus et 20000dentre elles seront
infectes dici lafindelanne.
Chargedentretenirlamobilisa-
tion aux Nations unies, Samantha
Power, la reprsentante des Etats-
Unis qui prsident le Conseil de
scuritpendantlemoisdeseptem-
bre, aconvoquuneruniondur-
gence de cette instance jeudi. M
me
Power ajugque lonnepouv[ait]
contenir [lamaladie]et quil faut
viter decder lapanique() mais
[que la] rponse collective na pas
t suffisante. Elle a prcis que
Washingtonattendaitdesengage-
ments concrets.
Les Amricains font circuler un
projet de rsolution qui devrait
tre mis au vote jeudi en prsence
dusecrtairegnral delONU, Ban
Ki-moon, de la directrice gnrale
de lOrganisation mondiale de la
sant et des reprsentants des huit
pays les plus touchs. Le texte
reprend les lments dvelopps
par M. Obama mardi, dont lam-
pleur de lpidmie et ses effets
dltres pour la stabilit des pays
touchs. Il appelletouslesacteurs
concerns fournir de manire
urgente les moyens humains et
financiers pour enrayer la propa-
gation. Lpidmie Ebolasera aussi
au centre des dbats de lAssem-
ble gnrale de lONU, le 25sep-
tembre, NewYork. p
Gilles Paris
etAlexandra Geneste
Ebola: Obamaenvoie3000militairesauLiberia
Leprsident amricainaprsentunvasteplandaction, qui prvoit unpostedecommandement Monrovia
Lamoindrefivre,
migraineou
vomissement
transforme
unmaladeordinaire
ensuspect porteur
duvirusEbola
Lpidmieestune
menacepotentielle
pourlascurit
mondialesi lespays
touchsseffondrent
BarackObama
Dansunquartierdu
grosbourgdeMount
Barclay, desdizaines
defamillesvivent
dansunerclusion
ciel ouvertdepuis
ladcouvertede17cas
CTE
D' I VOI RE
SI ERRA
LEONE
GUI NE
Monrovia
OCAN
ATLANTIQUE
150 km
LIBERIA
6
0123
Jeudi 18 septembre 2014
france
Manuel Valls lors de sa dclarationde politique gnrale, lAssemble nationale, mardi 16septembre. J.-C. COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
The Royal Embassy of Saudi Arabia In Paris
Is calling for a
TENDER
For the Restoration of the Embassy
5Avenue Hoche,Paris
Only general Contractors, who have recently completed work similar in type
and scope to this project, need to apply
The scope of Work includes:
Construction of New Basement levels below the Existing
Building
Renewal of all Building services
Interior Fit-out to a very high standard of fnish, Il all
trades
Security Works
Details of company structure, evidence of previous works and capability to
undertake the project are required in specifc format, which will be ready for
pick up by all interested General Contractors at the Embassy during its working
hours, starting from the date of this advertisement.
Pre-qualifcation document should be returned within weeks from the date of
this advertisement to the following Address :
Francois Le Grix
13-15 Rue Lamennais
75008 Paris
tender documents will be available as from 15 October 2014 to qualifed
bidders only which are to be purchased for a non-refundable amount of ( 3000 )
and to be collected from the Embassy at the following address:
The Royal Embassy of Saudi Arabia in Paris
5avenue Hoche,75008 Paris
Bids should be submitted in a sealed to the Embassy at the above address by no
later than 12.00 noon on 21 of November 2014
Bidders shall be required to submit together with their bids a tender bond in
an amount equivalents to (1%) of the bid sum ( bid bond guarantee) ( with
months) validity starting from the date of submittal, which will be released
back after the selected bid has been announced
The Embassy reserves the right to accept or reject
Any or all submissions at its sole discretion
Le Gouvernement
du Royaume dArabie Saoudite reprsent par
LAmbassade Royale dArabie Saoudite Paris
lance un appel candidatures pour les travaux de rnovation de lambas-
sade
Seules les entreprises gnrales qui ont rcemment achev des travaux de type
similaire ceux de ce projet peuvent prsenter leur candidature.
Les travaux comprennent :
Construction de sous-sols sous le btiment existant
Remplacement de toutes les installations techniques
Amnagement intrieur dun trs haut niveau de fnition,
en tous corps dtat
Travaux de scurit
Les entreprises fourniront un dossier, retirer auprs de lAmbassade durant
les heures douverture au public partir de la date de cette annonce, donnant une
description dtaille de la structure de la socit, et des rfrences permettant au
matre de louvrage dapprcier les capacits du candidat raliser les presta-
tions demandes.
Les documents de pr-qualifcation devront tre retourns dans une enveloppe
scelle dans un dlai de deux semaines compter de la date de cette annonce,
ladresse suivante :
Franois Le Grix Dcoration
13-15 rue Lamennais
75008 Paris
Le dossier dappel doffres sera disponible partir du 15 octobre 2014, pour les
entreprises pr-qualifes uniquement, et sera retirer auprs de lAmbassade
ladresse suivante :
LAmbassade Royale dArabie Saoudite
5 avenue Hoche
75008 Paris
moyennant le paiement dune somme de trois mille euros non remboursable.
Les offres devront tre retournes dans une enveloppe scelle lAmbassade
ladresse ci-dessus indique avant le 21 novembre 2014 midi.
Les entreprises fourniront avec leur offre une caution dun montant quivalent
1% du total de loffre (caution bancaire) dune validit de 4 mois.
LAmbassade se rserve le droit daccepter ou de refuser lune ou la totalit des
soumissions sa seule discrtion.
APPEL DOFFRES - AVIS DENQUETE
01.49.04.01.85 - [email protected]
U
ne communicationentrois
temps. Mardi 16septembre,
danssadclarationdepoliti-
que gnrale, Manuel Valls annon-
ceauxdputsque, en2015, 6mil-
lions de mnages seront concerns
par la baisse de limpt sur le reve-
nu. Il nen dira pas plus. A ce
moment, personne nest en mesu-
re de donner plus de dtails sur la
formequelle devrait prendre. On
travaille sur le bas du barme, la
dcote sera modifie, mais il faut
attendre un peu, indique Bercy,
qui renvoie vers Matignon pour
plus dexplications.
Deuxime service, 20heures,
aujournal deTF1. Lepremierminis-
tre ne dtaille pas plus le dispositif
prvu dans la prochaine loi de
finances mais il indique que, en
2015, 1 million de foyers suppl-
mentaires seront exempts dim-
pt sur lerevenu(IR).
Cest mercredi matin, interrog
sur France Inter, que M. Valls indi-
que que la premire tranche du
barme de limpt sur le revenu
pourrait tre supprime. [. ..] Cela
fait partie des propositions que
nous soumettrons au Parlement.
Cest--dire, pourunepersonneseu-
le, que les revenus compris entre
6011 et 11 991 euros, sur lesquels
sapplique un taux de 5,5 %,
seraient exonrs. Ainsi, les foyers
dont les revenus annuels sont inf-
rieurs 11 991 euros ne paieront
plus dIR, les autres bnficieront
dunebaisse.
En 2009, Nicolas Sarkozy avait
envisag une mesure semblable. Il
y avait renonc, le cot dune telle
baisse tant valu entre 3 et 5mil-
liardsdeuros. Amoinsquelasup-
pression de la premire tranche
ne concerne que les contribuables
dont les revenus se situent dans la
premire tranche. Le cot, alors,
serait infrieur, mais le nombre de
bnficiaires aussi. Visiblement,
cette annonce prcipite na pas
encore fait lobjet dune valuation
prcise. M. Valls sest content de
dire que le ministre des finances et
le secrtaire dEtat au budget en
diraient plus prochainement .
Les mesures de baisse dimpt que
le gouvernement sapprte pren-
dre dans le prochain budget sont
en fait loin dtre arrtes. Aprs
avoir dcid dans le budget rectifi-
catif une rduction dimpt, appli-
que ds septembre, pour les reve-
nusinfrieurs1,1smic, il aindiqu
quelle serait amplifie en 2015,
pour compenser, notamment, la
censureparleConseil constitution-
nel de la rduction des cotisations
sociales des salaris. M. Valls, en
outre, veutviterquesereproduise
une fronde fiscale. Lui-mme a
parl, mercredi matin, dunhaut-
le-cur fiscal .
Porte symbolique
Le premier ministre, se dfen-
dantvis--visdesamajoritdefai-
re de laustrit , a galement
annonc, lors de sa dclaration de
politique gnrale, une revalorisa-
tion du minimum vieillesse et le
versement dune prime exception-
nelle aux retraits percevant
moins de1200euros par mois.
Le soir, sur TF1, il a apport des
prcisions. Le minimumvieillesse,
queperoivent565000personnes,
va passer partir du 1
er
octobre de
792 800euros par mois: 8euros
par mois. Conscient, probable-
ment, de la porte toute symboli-
quedecegeste, lepremier ministre
a prfr parler dune hausse de
96euros par an, ce qui rend le
montant moins drisoire.
Quant la prime exceptionnel-
le, dont M. Valls na pas prcis
quelle date elle sera verse, son
montant serade40euros. Cenest
pas grand-chose, 40euros, a recon-
nu le premier ministre, mais cela
permet de maintenir les petites
retraites auniveauducot delavie.
Celapermetdenepasvoirlespetites
retraites baisser, conformment
lengagement que javais pris.
M. Valls tenteainsi demettreun
point final au feuilleton qui avait
dmarr cet t, avec la prsenta-
tion du budget rectificatif de la
Scuritsociale qui prvoyait legel
des pensions de retraite jusquen
octobre2015, pour une conomie
de1,3milliarddeuros. Sous lapres-
siondesamajorit, il stait engag
pargner les retraits les plus
modestes. Jusquceque, vendredi,
leministre delasantfassesavoir
que, enraisondelatrsfaibleinfla-
tion, les petites pensions ne
seraient finalement pas revalori-
ses le 1
er
octobre. Dcidment, la
communication de ce gouverne-
ment est bienchaotique. p
PatrickRoger
Lexcutifsoffreunebouffedairprovisoire
BONNE nouvelle pour Manuel
Valls et Franois Hollande: ils dis-
posent encore dune majorit
lAssemble nationale. Mauvaise
nouvelle pour eux: celle-ci nest
plus absolue, et se rtrcit aufil
des mois comme peaude chagrin.
Mardi 16septembre, le premier
ministre a obtenula confiance
des dputs par 269voixcontre
244. Le 8avril, lors dupremier
vote de confiance demand par le
gouvernement Valls 1, 306dpu-
ts staient exprims ensa
faveur. Ensixmois, les fron-
deurs socialistes ont vuslargir
leur socle dabstentionnistes de
11voix, enavril, 32, mardi.
Ce nest, il est vrai, gure plus
que leur score lors duvote ducol-
lectif budgtaire enjuillet. Mais
lexcutif se trouve dsormais
confront, dans sa propre majori-
t, une oppositiondurable et
enkyste. Alissue duvote,
M. Valls sest refus procder
des comptes dapothicaire, pr-
frant expliquer quil a dsormais
les moyens de poursuivre [sa]
mission.
Le premier ministre nest cer-
tes pas encore dans la position
dunMichel Rocard, contraint en
sontemps de gouverner grands
renforts de 49.3, pour cause de
majorit introuvable. Mais politi-
quement, et moyenterme, laf-
faire se rvle plus embarrassante
pour ungouvernement Valls 2
qui ne peut plus compter, entre
ses soutiens et ses opposants dans
lHmicycle, que sur 25 voix
dcart.
Pourquoi avoir pris le risque
dunrsultat qui sonne comme
unaveude faiblesse politique?
Pour lElyse et Matignon, ce vote
de confiance, intervenutrois
semaines aprs unremaniement
impromptu, prsente lavantage
de confrer, quarante-huit heu-
res de la confrence de presse de
Franois Hollande, unminimum
de dynamique unprsident
englu dans une rentre cauche-
mardesque et mitraill par son
propre camp.
Il permet galement dhabiller
et de clturer lpisode enraffir-
mant la ligne conomique de
lexcutif. Il ne pouvait entre
autrement, explique-t-on Mati-
gnon. Il y aeuune crise politique,
cest normal que le nombre dabs-
tentions augmente, mais ce qui
compte, cest quil y aeuune clarifi-
cationauseinde lexcutif, dugou-
vernement et dsormais de la
majorit. Laclarificationa son
cot, mais celui-ci tait invitable
et ncessaire, ajoute Carlos Da Sil-
va, dput socialiste de lEssonne,
proche de M. Valls.
Repositionnement
Mardi, comme dj finaot
luniversit dt duPS LaRochel-
le, M. Valls a bientent dans son
discours de retisser des liens avec
les frondeurs socialistes, enmulti-
pliant les rfrences sociales-
dmocrates. Il a ainsi vant lac-
tionde lamainvisible de lEtat
dans lconomie, rappel les
valeurs chres la gauche de lin-
tgrationoude lgalit, et raffir-
m quil ny aurait pas de remise
encause des 35heures. Surtout, il
senest pris, sans le citer, au
Medef et sonprsident, Pierre
Gattaz, qui ne doit pas, selonlui,
prendre le risque daffaiblir par
je ne sais quelle provocationou
surenchre le dialogue social qui
est lamarque de ce quinquennat .
Par ce repositionnement
smantique, le chef dugouverne-
ment a voulueffacer enpartie sa
dclarationdamour lentreprise
le 27aot, juge troplibrale par
beaucoupde socialistes. Ces
signes sont toutefois insuffisants
pour apaiser les frondeurs.
Les rfrences, cest bien, mais ce
sont des annonces sans lendemain
tant que Manuel Valls refuse de
revoir ses objectifs conomiques.
Onne fait pas de la politique
quavec de la rhtorique, rpond
le dput socialiste de la Nivre
ChristianPaul, undes porte-paro-
le des contestataires, qui enappel-
le dsormais M. Hollande pour
que le prsident cesse de senfer-
mer dans une politique suicidaire
et fasse enfinles bons choix.
Lonvoit cependant mal le pr-
sident concder quelque amna-
gement que ce soit la ligne vali-
de ce mardi. Quelles marges de
manuvre reste-t-il aupremier
ministre et auchef de lEtat ? Au
regardde la situationconomi-
que et budgtaire, celles-ci sont
bienminces. Enralit, lexcutif
semble se raccrocher deux
boues de sauvetage. Dunct, il
compte, droite, sur le retour
annonc de Nicolas Sarkozypour
raffirmer le clivage droite-gau-
che et permettre ainsi la majori-
t socialiste de se ressouder pour
faire front. De lautre, gauche, le
premier ministre plaide pour une
nouvelle donne europenne
pour relancer linvestissement
dans la zone euro et permettre de
desserrer ltauaustritaire.
Gouverner, cest rsister, a
martel M. Valls mardi. Mais il se
trouve de fait dans une situation
des plus inconfortables avant
dimportantes chances venir.
La majorit doit prochainement
entamer lexamenduprojet de loi
de finances et duprojet de loi de
finances de la Scurit sociale
pour 2015. Les dbats sur ces deux
textes cruciauxpour la suite du
quinquennat seront uncombat
entre lexcutif et les dputs
socialistes rcalcitrants. Riennest
donc garanti pour le gouverne-
ment. Unconseiller dupremier
ministre enconvient : Cela va
tre une bataille permanente,
mais ony arrivera chaque fois. Il
ny aurapas daccident. p
BastienBonnefous
etDavidRevault dAllonnes
Professions rglementes:
Macrondmineleterrain
Impts, retraitesM. Vallsgrnesesannonces
Lepremier ministreaannonc, mercredi, sonintentiondesupprimer lapremiretranchedelimpt sur lerevenu
Leprojet de loi rformant les pro-
fessions rglementes sera pr-
sent en conseil des ministres
avant la fin de lanne puis
examin par le Parlement en
dbut danne prochaine, a indi-
qu, mercredi 17septembre,
Emmanuel Macron, le ministre
de lconomie, sur Europe 1. Il a
prcis que cette rforme serait
labore en concertation avec
ces professions. On ne va pas
rsoudre le problme des Fran-
ais en sacrifiant les notaires ou
les pharmaciens, a-t-il ajout.
Le ministre de lconomie a pris
ses distances avec sonprdces-
seur, ArnaudMontebourg, qui
avait dclar que le projet de loi
permettrait de restituer 6mil-
liards deuros de pouvoir dachat
aux mnages: Ce nest pas vrai,
cest une illusion, a-t-il dit.
De son ct, le prsident de la
Chambre nationale des huis-
siers, M
e
Patrick Sannino, sest
dclarsatisfaitde sa rencon-
tre, mercredi matin, avec
M. Macronet la ministre de la jus-
tice, Christiane Taubira. Les
revendications de la profession
ont t entendues, a-t-il prcis.
7
0123
Jeudi 18 septembre 2014
N
icolasSarkozynapasenco-
re officiellement effectu
son retour. Pourtant, sans
attendre la finde ce fauxsuspense
que lex-prsident devrait lever
vendredi en publiant une tribune
dans la presse rgionale, le bal
des courtisans a dj dmarr
lUMP.
Depuisunedizainedejours, tou-
teunesriederesponsablesdedroi-
teontmanifestleursoutienlan-
cien prsident de la Rpublique,
vantant les qualits dun homme
quils nont pourtant pas mnag
par le pass. Ainsi, plusieurs chira-
quienssesontrallislacandidatu-
re la prsidence de lUMP de lan-
cien balladurien, avec qui les rela-
tions ont parfois t glaciales, au
prixdunremarquableexerciced-
quilibrisme.
Leprixdusoutienleplussurpre-
nant revient Dominique de Ville-
pin. Lancien premier ministre de
M. Chirac(2005-2007) aainsi chan-
g radicalement de discours sur
celui qui fut son ennemi jur pen-
dant prs de quinze ans. Nicolas
Sarkozy achang. Il atir les leons
de lexprience du pouvoir , a-t-il
dclar le 12septembre sur RMC,
aprs avoir apport son soutien
M. Sarkozydbut juin.
Lahaineentrelesdeuxhommes
avaitexploslorsdelaffaireClears-
tream, lafindurgnechiraquien,
lorsquils se disputaient la relve.
Je le pendrai un croc de bou-
cher, disaitalorsNicolasSarkozy
propos de son rival, persuad quil
avaitcomplotcontrelui. M. deVil-
lepin, qui jugeait fin 2010 que
M. Sarkozy tait un des probl-
mes de la France, dit aujourdhui
avoir tourn la page pour que
lUMP sorte de la querelle perma-
nente.
Un peu court pour les poids
lourds de la droite, qui voquent
un pacte de non-agression entre
deux hommes ayant chacun des
lienstrstroitsavecleQataret des
relations communes, notamment
le riche homme daffaires, Alexan-
dre Djouhri. Autre explication:
M. de Villepin ne supporte pas de
voir son ex-directeur de cabinet,
Bruno Le Maire, se lancer dans la
course pour la prsidence de
lUMP. Par ego, il ne peut pas sup-
porter quecelui quil acrledpas-
se, expliqueunprochedelex-pre-
mier ministre.
Autre ralliement non moins
tonnant chez les chiraquiens,
celui deFranoisBaroin. Dimanche
14septembre, le maire de Troyes a
annonc dans le JDDquil apporte-
ra naturellement son soutien
M. Sarkozy si celui-ci se prsente
laprsidencede lUMP.
Si lex-ministre de lconomie
stait rapproch de M. Sarkozy ces
derniers mois, il a longtemps eu la
dent dure contre lui, critiquant
notamment le dbat sur lidentit
nationale et la droitisation de
lUMP. De sensibilit gaulliste,
M. Baroin a toujours eu dans son
viseur Patrick Buisson, lex-
conseiller de M. Sarkozy venu de
lextrme droite, inspirateur de la
campagne de 2012. Son influence
est nocive, nous devons le combat-
tre , affirmait M. Baroin en
mai 2013 dans un entretien LEx-
press.
Aprs avoir soutenu Franois
Fillondans soncombat face Jean-
Franois Cop pour la prsidence
de lUMP, fin 2012, il a donc dcid
dechangerdecampensereplaant
dans lorbite de M. Sarkozy. Avec
lespoirdtrebienplacpourMati-
gnon en cas de rlection de lan-
cien prsident. Pour lheure, son
soutienM. Sarkozynevaut toute-
fois pas pour la prsidentielle de
2017, laquelle il compte avoir une
chancede concourir.
La palme du soutien le moins
cohrent revient nanmoinsLau-
rent Wauquiez. Depuis 2012, le
dput et maire du Puy-en-Velay
navait pasdemotsassezdurspour
dnoncerlesinsuffisancesduquin-
quennat de M. Sarkozy, dont il fut
le ministre. Il reprochait notam-
ment lex-prsident de ne pas
avoir ralis larupturepromise.
Cette conviction la amen, en
aot2013, fustiger les rformet-
tes du quinquennat Sarkozy.
On nchoue pas pour deux mois
de meetings, on choue sur ce
quon na pas fait pendant cinq
ans. Le problme, ce ne sont pas les
paroles trop fortes, cest linsuffi-
sance des actes , avait-il alors
dclar, suscitant la fureur du
camp Sarkozy. Un an aprs,
M. Wauquiez soutient celui quil
critiquait hier, vantant, dans
LeMonde du 11 septembre, son
autorit et son nergie, dans les-
poir datterrir Matignon en 2017
oudobtenir ungros ministre.
Que dire enfindusoutientacite
de Jean-Pierre Raffarin Nicolas
Sarkozy?Cesderniersjours, lesna-
teurdelaVienneamultiplilespri-
ses de position en faveur de lan-
cienchef de lEtat. On a besoin de
lui parcequil aunvrai leadership,
a-t-il affirm mardi 16septembre
sur Europe1. Neuf jours plus tt, il
avait djdressNiceunportrait-
robot du futur prsident de lUMP
correspondant M. Sarkozy.
LancienpremierministredeJac-
ques Chirac (2002-2005) navait
pourtant pas mnag Nicolas
Sarkozydepuis sadfaitelaprsi-
dentiellede2012. Sopposantimpli-
citement sonretour, il lavait car-
rment accus, en2013, davoir fait
perdre son camp cause de sa
stratgie de droitisation, de son
exercice solitaire du pouvoir et
de quelques faiblesses comporte-
mentales. Aujourdhui, il lui lance
des fleurs, en faisant le pari que ce
soutien le renforcera dans sa
bataille contre Grard Larcher
pour la prsidence du Snat.
Quand un tank arrive sur la plai-
ne, il ne sert rien de se dresser
devant lui. Il vaut mieux lui dire
bienvenue, philosopheunproche
de M. Raffarin.
Les dtracteurs de M. Sarkozy
raillent, dans cette srie de dbau-
chages, unemaniredefairedela
politique lancienne. Jai lim-
pressionderevivrelaguerreChirac-
Balladur, il y a vingt ans. Sarkozy
tait dj la manuvre pour
sduire les chiraquiens, mais cela
na pas empch Chirac de
gagner, serappelleledputPier-
re Lellouche, proche de Franois
Fillon. LUMP nest pas une caser-
ne. Je mprise lacaporalisation, a
dailleurs attaqu lancienpremier
ministre, mardi lors dune conf-
rencedepresse. Moi, jesuis fier de
la cohrence des personnes qui me
soutiennent, souligne de sonct
BrunoLe Maire.
Quimporte, pourlecampSarko-
zy: la valse des ralliements nest
finalement quune opration de
communication savamment
orchestre, ne visant qu faire
apparatre lex-prsident comme
le grand rassembleur de la droite.
Celui qui serait capable dans sa
grande mansutude de renouer
avec ses ennemis dhier. p
Alexandre Lemari
france
M. deVillepin, qui
jugeaitfin2010que
M. Sarkozytait
undesproblmes
delaFrance, dit
aujourdhui avoir
tournlapage
Deuxlectionslocalesen
2015, doubleclaqueenvue
Quanduntank
arrivesurlaplaine,
il nesert riende
sedresserdevantlui,
philosopheunproche
deJean-PierreRaffarin
FrdricPchenard, unex-policierauctdelex-prsident
Profil
Il faut croirequil yprendgot:
aprs avoir men campagneaux
cts de NathalieKosciusko-Mori-
zet lors des municipales Paris,
Frdric Pchenardfranchit un
nouveaucap. Lanciendirecteur
gnral de lapolice nationale
(DGPN) devrait devenir dans les
prochains jours directeur de cam-
pagnedesonami denfance Nico-
las Sarkozy.
Sociologiquement dedroite, ce
bourgeois commeil se dfinit lui-
mme nil ya 57 ans Neuilly-
sur-Seine(Hauts-de-Seine) agran-
di dans les beauxquartiers du17
e
arrondissement deParis, quil na
jamais quitt. Fils dungrandavo-
cat daffaires, il setargue de navoir
jamais possdquune carte, celle
depolicier. Manirededire quil
najamais t adhrent de lUMP.
Nommprfet par Nicolas
Sarkozyen2009, cet ex-commis-
sairede police najamais dissimu-
lsa proximitavec lancienchef
delEtat. Nous ntions pas com-
pagnonde jeu, crit-il dans Gar-
diende lapaix(d. Michel Lafon,
2007). Mais je lai crois de manire
rgulire. () Les Sarkozyont tou-
jours fait partie de monenvironne-
ment familial.
Cest en1993, lors dune prise
dotagedans unecole maternelle
deNeuilly, que les deuxhommes
se retrouvent. Pchenardest chef
adjoint de lantigang, et Sarkozy
mairede laville. Mais cest partir
de2002, quandcelui-ci sinstalle
auministre delintrieur, quils
se rapprochent. Ds lors, la carrire
dePche, comme le surnom-
ment ses collgues, prendunenou-
velledimension. Celui qui diri-
geait ses quipes sur leterrainla
crimendosselecostume-cravate
des patrons de lapolice.
De1983, date desa premire
affectationdans uncommissariat
parisienausortir delcole natio-
nalesuprieure delapolice, jus-
quenmai 2012, Frdric Pche-
nardafait toutesacarrirelapoli-
cejudiciaire (PJ), sans quitter la
capitale. Enjuin2007, unmois
aprs larrivedeM. Sarkozy lEly-
se, il devient DGPN. Il occupait jus-
qualors lundes poste les plus
prestigieuxpour unflic: directeur
delaPJ laprfecturede police. Il
finit sa carrire depolicier en
mai 2012, larrive de lagauche
aupouvoir, qui lenvoie lascuri-
troutire.
De sa propre initiative
Enjuillet 2011, leDGPNPche-
nardavait ordonn didentifier un
haut fonctionnairesuspect de
renseigner les journalistes duMon-
de dans laffaireBettencourt. Mais,
lencroire, Sarkozyne lui aurait
riendemand. Lepatronde lapoli-
cequtait alors Frdric Pche-
nardaurait ordonncette enqute
desa propreinitiative; ellemettra
encause les services derenseigne-
ment et vaudra sonpatron, Ber-
nardSquarcini, unecondamna-
tion8000euros damendepour
collecte de donnes caractre
personnel par unmoyenfraudu-
leux, dloyal ouillicite.
Prfet hors cadre linspection
gnrale de ladministration
depuis dcembre2013, Frdric
Pchenardnest pas le premier
haut fonctionnaire issuduminis-
tre de lintrieur rejoindre lan-
cienchef de lEtat. Michel Gaudin,
ex-prfet de police de 2007 2012
et ex-DGPN, comme Pchenard,
dirige, depuis fin2012, le cabinet
de M. Sarkozy, rue Miromesnil.
Avant eux, lors de la prsiden-
tielle de 2007, uncertainClaude
Guant, qui fut lui aussi DGPN
avant de devenir ministre de lin-
trieur, avait t choisi pour diri-
ger la campagne dufutur prsi-
dent. Maire adjoint du17
e
arron-
dissement de Paris, charg de la
scurit et conseiller de Paris
depuis mars, lancienflic Pche-
nardparachve une reconversion
qui, encas de retour de sonmen-
tor lElyse, pourrait faire de lui
unministre de lintrieur. p
Yves Bordenave
C
est dsormais certifi par
lesurnes: Manuel Vallsaper-
duunpeuplus de12%deses
soutiens lAssemble nationale
encinq mois. Mardi 16septembre,
le premier ministre na reu que
269 voix favorables lissue de sa
dclaration de politique gnrale,
lui permettant certes deconserver
la confiance du Parlement, mais
avec 37 voix de moins que lors de
son premier exercice du genre,
le8avril.
Surtout, le vote a permis de
montrer que le gouvernement ne
disposaitplusdunemajoritabso-
lue lAssemble, situe
289voix. Les proches de M. Valls
ont bien essay de minimiser ce
constat, en se flicitant surtout
que les seules voix favorables
socialistes (253) permettent de
constituer une majorit relative
face aubloc dopposition(cristalli-
s 244voix). Maigre consolation,
lorsquonsait quecestlapremire
fois depuis 1962 et 36dclarations
de politique gnrale quun gou-
vernement nobtient pas de majo-
rit absolue lAssemble.
Lopposition sest raidie
Dans le dtail des votes, peu de
surprises. Comme ils lavaient
annonc une semaine auparavant,
la grande majorit des dputs
contestataires de la ligne conomi-
que, rassembls sous le collectif
Vivelagauche, sesont effective-
ment abstenus. Aprs enregistre-
ment des correctifs de vote et sans
compter les trois lus du Mouve-
ment rpublicain et citoyen,
29lus ont finalement refus de
voter la confiance: cest presque
trois fois plus queles 11 abstention-
nistesdu8avril maismoinsqueles
41duvotesurleprogrammedesta-
bilit et le principe dupacte de res-
ponsabilit, le29avril. Des dputs
frondeurs comme Arnaud
Leroy ou Rgis Juanico, respective-
ment proches dArnaud Monte-
bourgetdeMartineAubry, oucom-
me Philippe Baumel ont finale-
ment vot pour tout en promet-
tant de se donner rendez-vous lors
de lexamen du texte budgtaire,
attendu ces prochaines semaines
auParlement.
Et ce sont justement les votes
surcestextesquiinquitentlesdiri-
geants socialistes. Certains parlent
ouvertementdelapossibilitdeles
faire adopter en 49-3 ,
cest--diresansvotelAssemble.
Car au-del des socialistes, le
gouvernementnedevrapluscomp-
ter sur le soutien des cologistes,
qui, pour une fois, ont fait front
commun. Outre la dpute appa-
rente Isabelle Attard, qui a vot
contre, lintgralit des 17 mem-
bres du groupe cologistes se sont
abstenus. Il nyagurequechez les
radicaux de gauche que le soutien
reste pratiquement inaltr, avec
13 voix favorables: en cinq mois,
seul un dput est pass du pour
au contre. Enfin, chez les lus de la
Gauche dmocrate et rpublicaine
(Front de gauche et outre-mer), les
choses nont gure volu non
plus, 11 dputs votant contre la
confiance, contre 12 la premire
fois.
A droite en revanche, lopposi-
tion au gouvernement de Manuel
Vallssest raidiedepuis le8avril : le
seul abstentionniste UMP est fina-
lement pass au contre tout com-
me les trois de lUDI. Le dport
vers le centre, ce nest pas encore
pourmaintenant, soufflait, soula-
g, unsocialiste lissue duvote. p
Hlne Bekmezian
Pasdemajoritabsolue
poursoutenir
legouvernement
Encinqmois, Manuel Valls aperdu
laconfiancede37dputs
LE PREMIERMINISTRE, Manuel
Valls, a lev le flou, mardi 16sep-
tembre, sur le calendrier des pro-
chaines lections dpartementa-
les et rgionales. Il tait temps, au
vude la confusionqui stait ins-
talle. Les lections dpartementa-
les auront lieuenmars2015. La
date des rgionales, elle, est fixe
la finde lanne 2015 dcembre
selonlhypothse la plus proba-
ble, dans le cadre des nouvelles
rgions (13 aulieude 22rgions
mtropolitaines) issues duprojet
de loi dont la discussiondoit se
poursuivre auParlement.
Ce dcouplage des deuxlec-
tions locales ntait pas le premier
choixdugouvernement. Dans un
premier temps, il avait t dcid
de reporter de mars2014
mars2015 la tenue des lections
dpartementales concomitam-
ment auxrgionales. Puis, Fran-
ois Hollande ayant dcid dacc-
lrer la rforme territoriale en
commenant par rduire le nom-
bre de rgions, unnouveaureport
des deuxlections dcem-
bre2015 a t envisag.
Le gouvernement tait attach
aucouplage des deuxscrutins.
Leur report fin2015, cependant,
aurait entran une prolongation
de vingt et unmois dumandat
des conseillers gnrauxlus en
mars2008pour une dure norma-
le de sixans, soit prs de 30%de
mandat supplmentaire. Pas sr
que le Conseil constitutionnel
aurait laiss passer. Pas question,
entout cas, pour Matignon, de
jouer aupoker, surtout aprs
avoir dj essuy unrevers, cet
t, sur le projet de rductiondes
cotisations sociales des salaris.
Finaot, luniversit dt du
PS, LaRochelle, le premier minis-
tre laissait entendre que le calen-
drier pourrait tre revuet les deux
lections avances juin2015.
Mais il tait enpleine hsitation
face une double contestation.
Duct des dpartements, tout
dabord, et notamment des dpar-
tements ruraux, remonts contre
la disparitionannonce, terme,
des conseils dpartementaux,
ex-gnraux. Et duct de lAsso-
ciationdes rgions de France
(ARF), qui jugeait impossible de
mettre sur piedles nouvelles
rgions dans unlaps de temps aus-
si court, alors que le texte de loi
nest mme pas encore adopt.
LARF soulignait galement les dif-
ficults budgtaires que la cra-
tionde nouvelles rgions en
milieudanne aurait engendres.
Pragmatisme
Le gouvernement a entendu
les arguments des uns et des
autres. M. Valls a indiqu, mardi,
que, pour les dpartements, le
pragmatisme le conduisait
retenir trois solutions: fusion
dans les dpartements dots
dune mtropole, comme Lyon;
fdrationdintercommunalits
l oelles sont fortes; maintien
duconseil dpartemental dans les
dpartements ruraux. Et, ds lors,
dcouplage des lections dparte-
mentales et rgionales.
Unchoixde raison, mais politi-
quement douloureux. Car, pour la
majorit, ouce quil enreste, cela
signifie que lanne venir va tre
rythme par trois scrutins sna-
toriales enseptembre, dparte-
mentales enmars2015, rgionales
endcembre qui seront autant
de probables dfaites et, donc, daf-
faiblissements successifs. p
P. Rr.
UnT-shirt de soutien lex-chef de lEtat, lors duncampus des jeunes UMP le 31 aot. PHILIPPE HUGUEN/AFP
LesnouveauxamisdeNicolasSarkozy
Aprslavoir mis encause, plusieurstnors deladroiteserallient lancienchef delEtat
8
0123
Jeudi 18 septembre 2014
france
Emmanuel Carrre
L Royum
pRix LittRaiRe
2014
Unematrisedesdpenses
desantentrompe-lil
S
us aux patrons indlicats !
Aprs avoir rgulirement
dnonclafraudeauxpresta-
tions sociales, laCour des comptes
a dcid de sonner lalarme la
fraude aux cotisations. Selon son
rapport annuel sur la Scurit
sociale, publimercredi 17septem-
bre, le niveau des irrgularits
et desfraudes, encomptantlas-
surance-chmage, sest tabli un
niveau record en 2012 avec un
montant estim entre 20,1 et
24,9milliards deuros.
Ces nouvelles estimations sont
beaucoup plus leves que celles
qui circulaient jusqualors. En
2011, un rapport parlementaire
avait valu entre 8 et 15milliards
deuros le niveau de la fraude au
prlvement principalement le
travail au noir , contre 2 3mil-
liards seulement pour la fraude
aux prestations. Selon ces nou-
veaux chiffres, ce sont prs de 5%
des recettes dela Scu qui man-
queraient chaque anne dans les
caisses. Il faut rappeler que le
trou de la Scu devrait tre de
13,4milliards deuros en 2014.
Rsoudre la fraude aux prlve-
ments permettrait donc de rsor-
ber immdiatement le dficit.
Mais la lutte contre la fraude est
dramatiquement insuffisante,
alorsquecelle-cinecessedesedve-
lopper. La fraude transnationale,
la sous-traitance en cascade, les
faux statuts, les circuits de finance-
ment occultes compliquent latche
des agents chargs du contrle des
cotisations, sinquitelaCour, qui
estime qu peine 5,9% 7,3% des
montants dtourns font lobjet
dunredressement par les Urssaf.
En 2013, peine 1 milliard deu-
ros de redressement ont t adres-
s aux entreprises. Pis encore: le
taux de recouvrement effectif de
ces sommes serait drisoire ,
puisquil stablit seulement
quelquesdizainesdemillionsdeu-
ros, soit environ0,2%dessommes
enjeu, selonla Cour.
Plusieurs combines, dj
connues, sont cites par laCour. La
fraude passe ainsi par une sous-
dclaration des heures effective-
ment travailles, trs difficile-
ment dtectable par linspection
du travail et les contrleurs des
Urssaf, oupar lutilisation dtour-
nedustatut dauto-entrepreneur
pour des salaris dguiss en
travailleurs indpendants. La
Cour sinquite aussi des abus lis
au statut de travailleur dtach
dautrespaysdelUnioneuropen-
ne, o les cotisations sociales sont
plus faibles.
Durcir les sanctions
Selon le rapport, si la lutte
contre le travail au noir a fait des
progrs ces dernires annes, elle
reste dun niveau trop faible, sur-
toutauRgimesocial desindpen-
dants(RSI) et laMutualitsociale
agricole (MSA). La lutte contre la
fraude chez les travailleurs ind-
pendants apparat ainsi quasi
inexistante, rvle la Cour. En
2012, il y a eu ainsi seulement
357 redressements pour 2,8mil-
lions de cotisants au RSI. Ces
redressements nont ensuite
mme pas t suivis de recouvre-
ments, leRSI souffrantduneineffi-
cacit chronique.
A la MSA, il y a eu seulement
468 procs-verbaux pour travail
dissimul en 2012, sur 1,2million
de cotisants. Pour les cotisations
de retraites complmentaires,
cest pis encore, puisque les orga-
nismes ne procdent aucun
contrle. Malgr une loi vote en
2007, les contrleurs des Urssaf ne
surveillent eneffet toujours pas le
paiement correct de ces cotisa-
tions, qui slvent pourtant
56,7milliards deuros par an.
Les moyens denqute en
matire de fraude aux cotisations
demeurent largement en de des
dispositifs prvus en cas de fraude
fiscale, estime globalement la
Cour des comptes, qui appelle ce
que larsenal des inspecteurs des
impts soit aussi tendu aux
contrleurs des Urssaf. Les croise-
ments automatiques de donnes
devraient trebeaucoupplusutili-
ss. La Cour veut aussi durcir les
sanctions pour les patrons indli-
cats en les alignant sur celles pr-
vues pour la fraude fiscale. La
fraude aux cotisations sociales ne
met pas moins enpril que lafrau-
de fiscale lordre public, mart-
lent les rapporteurs. p
Jean-Baptiste Chastand
VOILQUI DEVRAITPLAIRE
Michel Sapin, le ministre de lco-
nomie la recherche de 2 nou-
veauxmilliards deuros, quil esp-
re trouver duct de lassurance-
maladie nendplaise Marisol
Touraine, sonhomologue des
affaires sociales. La Cour des
comptes, dans sonrapport annuel
sur la Scurit sociale publi mer-
credi 17septembre, montre nou-
veauquil existe des marges dco-
nomies considrables duct
de la sant.
Les magistrats, qui sinquitent
duralentissement de plus en
plus net de latrajectoire de redres-
sement des comptes, enprofi-
tent pour mettre mal lautosatis-
factiondes pouvoirs publics en
matire de matrise des dpenses
de soins.
Une tenue des dpenses en
apparenceseulementPaslapei-
ne de se fliciter dufait que lenve-
loppe octroye auxsoins nait pas
t totalement dpense en2013.
Certes, les dpenses de sant ont
t infrieures aux prvisions de
1,4milliarddeuros, unrsultat
sans prcdent. Mais lobjectif
national des dpenses dassuran-
ce-maladie (Ondam), fix
175,4milliards deuros, tait peu
contraignant, donc facile res-
pecter. Il a logiquement t sous-
excut, mais le rythme dvolu-
tiondes dpenses, lui, na pas
ralenti.
Engrande partie, les cono-
mies ne sont que daffichage, du
fait de biais de constructiondans
les prvisions, estime-t-onrue
Cambon, olona constat la
constitutionde marges de prcau-
tiontous les tages dans llabo-
rationde lobjectif national de
dpenses. La Cour juge ncessaire
dassurer une constructionplus
rigoureuse dans la dure, visant
rendre possible une matrise
plus effective et plus ambitieuse
de ladpense.
Des ngociations peu efficaces
avec les professionnels En Fran-
ce, lEtat est charg des hpitaux,
et lassurance-maladie de la mde-
cine de ville, dans le cadre de ngo-
ciations conventionnelles. La
Cour se montre trs critique sur la
capacit de celles-ci rpondre
auxbesoins des patients, en
matire daccs auxsoins notam-
ment, et mieuxassurer lefficien-
ce des dpenses.
La dissociationdes discussions
avec les professionnels mde-
cins, pharmaciens, kins ngo-
cient chacunde leur ct et une
actionbase sur les hochets finan-
ciers relvent enfait pour la Cour
davantage de la tactique que
dune vraie stratgie de sant.
Dans le viseur de la Cour des
comptes notamment, la rmun-
ration la performance des prati-
ciens gnralistes, qui sest ajou-
te aupaiement lacte. Elle
consiste auversement dune pri-
me (5480euros enmoyenne en
2013) pour respect dune liste dob-
jectifs (vaccinationdes patients,
etc.), sans quaucune pnalit
financire nait t prvue encas
de non-respect. Ce que regrette la
Cour.
Une promotion des gnriques
trop coteuse La Cour dcrit un
dispositif bout de souffle.
Pour elle, la politique de diffusion
des mdicaments gnriques,
base uniquement sur les pharma-
ciens, gnre des rsultats trop
modestes pour des cots trop
levs. Entre2007 et 2012, les
incitations financires ont cot
5,9milliards deuros. Sur 2 euros
dconomies potentielles, 1 euro
est accord aux pharmaciens,
rsume-t-elle.
La Cour juge quil est grand
temps de responsabiliser les pres-
cripteurs, ces mdecins qui ont
encore troptendance prfrer
les mdicaments princeps (de
marque) ennotant nonsubsti-
tuable sur les ordonnances, sans
tre sanctionns. Elle ajoute que
la politique des prixdoit tre am-
liore, et le rpertoire de gnri-
ques largi. Sur les mdicaments
gnriques, 2milliards deuros
dconomies par ansont possi-
bles, selonles magistrats.
Dautres sources de rduction
des dpenses sont mises en
avant: 250millions par anpour-
raient tre conomiss sur les dis-
positifs mdicaux(prothses),
unposte de dpense trs dynami-
que pour lequel les pouvoirs
publics ont pour linstant montr
peudintrt, ou500millions sur
les urgences, enrorientant les
cas considrs comme nongra-
ves vers les cabinets libraux.
Sans oublier la masse salariale
dans les hpitaux, dont la matri-
se est juge prcaire. p
LaetitiaClavreul
EnCorse, 266millions
deuros darrirs en2013
Dans la fraude aux cotisations
sociales, la Corse semble tenir
une position dominante. Sur le
milliarddeuros de cotisations
appeles auprs des entreprises
de lle en 2013, 15%nont pas
t pays spontanment, rvle
la Cour des comptes dans son
rapport. Les auteurs notent que
la Corse fait lobjet dunprofil
atypique, puisque le taux de
paiement spontan y est plus
faible que dans lensemble de
la France mtropolitaine. En
tout, les entreprises corses
devaient rgler plus de 266mil-
lions deuros darrirs de cotisa-
tion fin2013.
Daprs la Cour, il existerait sur
lle une forme dopposition au
prlvement social . Les
auteurs dnoncent notamment
une ambiance de violence plus
oumoins diffuse qui fait obsta-
cle au recouvrement des cran-
ces la Mutualit sociale agri-
cole. Celle-ci a fait lobjet dune
occupation de ses locaux lors-
quelle a voulu recouvrer les det-
tes auprs de ses affilis.
AlUrssaf, les salaris voluent
dans unenvironnement qui leur
impose de redoubler defforts et
parfois de prudence.
Pour la Cour, ces retards de paie-
ment rcurrents sont aussi dus
aufonctionnement inefficace
des services de recouvrement,
qui seraient trop petits pour
assurer un contrle efficace et
pas assez mutualiss avec leurs
homologues ducontinent.
LaCourdescomptesalertesurlafraudeauxcotisationssociales
Chaqueanne, entre20et 25milliards deuroschappent laScu, surtout causedutravail aunoir. Les combines semultiplient
9
0123
Jeudi 18 septembre 2014
france
A
prs plus de dix-sept mois
denqutes, une trentaine
de policiers de la direction
centraledelapolicejudiciaireagis-
sant sur commissionrogatoire des
jugesClaireThpaudetSergeTour-
naire ont dbarqu laube, mardi
16septembre, lAviation Club de
France(ACF), situenhaut delave-
nue des Champs-lyses Paris.
Fond en 1907, lACF est, avec
environ 200 salaris, 6515 mem-
bres et prs de 23millions deuros
de chiffre daffaires annuel, le cer-
cle de jeu parisien le plus impor-
tant. Chaque jour, entre 14heures
et 6heures dumatin, on sy presse
pour jouer aupoker, aubaccara ou
encoreaupuntobanco.
Mais mardi matin, les joueurs
noctambules nont pas pu finir
leur partie. Dix personnes, parmi
lesquelles une majorit dem-
ploys du cercle, ont t interpel-
lesetplacesengardevueNan-
terre. Celles-ci peuvent durer jus-
qu 48heures avant de possibles
prsentations devant les juges.
Croupier, banquier ou encore
directeur des jeux, les enquteurs
ont ratiss large pour tenter de
comprendre si ltablissement,
comme ils le souponnent, se livre
du travail dissimul, de labus de
confiance ou encore du blanchi-
ment dargent. De lourdes charges
lencontre du cercle, qui possde
unstatut dassociation.
Parmi euxfigureMarcel Francis-
ci, 45 ans, directeur du comit des
jeux, et vritable patron du cercle.
Le 10septembre, il avait t audi-
tionnparlacommissionsuprieu-
redesjeuxquidpendduminist-
re de lintrieur afin dobtenir le
renouvellement de lautorisation
douverturede lACF. Uneissuelar-
gement compromise aujourdhui.
Les enquteurs sintressent
notamment aux conditions de
rmunration des salaris. Dans
cetuniversolargentliquidecircu-
le en grande quantit, il nest pas
rarequelesemployssoient rmu-
nrs en espces. Cest une activi-
t trs surveille, explique le vice-
prsident delassociationet avocat
du cercle, M. Christophe Vilner.
Tout ceci est invraisemblable.
M. Francisci tenaittrsbiensabouti-
que. Selonnosinformations, lta-
blissement a dclar des pertes de
417915 euros pour lanne 2013.
M. Francisci nest pas seulement
une personnalit du monde des
jeux, il est aussi une figure de la
politique locale en Corse-du-Sud
o il dirige lUMP et est vice-prsi-
dentduconseil gnral. Eluethom-
me daffaires, une double casquet-
te quavait dj enfile son pre,
Roland, qui fut, jusqu sa mort, en
2006, lun des hommes forts de la
droite sur lle. Le pre tait proche
de Jacques Chirac, le fils, lui, na
jamais cach quil soutenait Nico-
las Sarkozy.
Cenest pas lapremire fois que
lafamilleFrancisci traversedesdif-
ficults dans la gestion des cercles
de jeux. En 2011, le cercle Hauss-
man tait ferm par les autorits
alors que les policiers soupon-
naient lorganisation de parties de
poker clandestines.
La famille administre les presti-
gieux tapis verts de la capitale
depuis le dbut des annes 1960,
au point que la valle du Taravo
dont elle est originaire est parfois
appele la valle des croupiers.
Proches du pouvoir gaulliste, les
Francisci font partiedecesCorses
qui lon a confi la gestion des cer-
clesenrcompensedeleurengage-
ment dans laRsistance.
Mais diriger ces tablissements
savre compliqu, voire dange-
reux, tant la manne dargent liqui-
dequilsbrassentattiselesconvoiti-
ses dugrandbanditismeinsulaire.
En 1982, Marcel, lan de la
famille, hrosdelaRsistancedeve-
nu empereur des jeux, tait
assassindans unparkingde lave-
nue de la Grande-Arme Paris.
Plusrcemment, lescerclesConcor-
de puis Wagram, qui ntaient pas
administrs par les Francisci, ont
eux aussi crois le chemin de la
voyoucratie. Cest chaquefois la
faveur de rivalits entre clans pour
le contrle de ces tirelires que
lespolicierssont parvenustablir
la mainmise du grand banditisme
sur ce juteuxbusiness.
Pourtant, le prsident de lasso-
ciationdelACF, qui doitprochaine-
ment tre entendu par les enqu-
teurs, lassure au Monde: Il ny a
pas de voyous lAviation. Char-
les Pellegrini connat le sujet : il a
longtemps dirig lantigang avant
de se reconvertir dans la scurit
priveet deprendreladirectionde
lassociationdelACF, paramiti
pour Marcel Francisci. La guerre
des jeux, cest fini, assure-t-il. Lesys-
tme est hypocrite et la lgislation
sur les cercles obsolte. Sil peut y
avoir des turpitudes, il ne faut pas
les confondre avec le banditisme.
Selon les textes de 1923 puis de
1947 qui encadrent leur activit,
les cercles de jeu sont des associa-
tions but non lucratif. Le cercle
de lAviation a ainsi pour objet
une action philanthropique dont
le but est de venir en aide aux veu-
ves et orphelins des aviateurs, aux
groupements publics, semi-publics
ou privs qui ont pour vocation la
recherche mdicale et scientifique,
lassistance aux catgories les plus
dfavorises. De fait, une impor-
tante partie des gains est reverse
des associations.
Le cercle Wagram, do plu-
sieurs millions deuros despces
staient vapors dans des enve-
loppes pour atterrir dans les
poches de malfaiteurs, avait, selon
les statuts de lassociation, pour
objet notamment de promouvoir
des activits sociales, littraires,
artistiques et sportives.
Laudition dun autre homme
interpell mardi pourrait se rv-
ler intressante. Patrick Navarro,
directeur desjeuxdelACF, connat
bienle monde des jeux pour y tra-
vailler depuis plusieurs annes.
Prcdemment entendu par des
policiers, lorsdelenqutesurlecer-
cle Wagram, il avait confirm la
mainmise du milieu insulaire sur
ce cercle ferm depuis.
LACFconnatra-t-il lemmedes-
tin?Sesportesresterontclosespen-
dant la dure de lenqute, avant
unepossiblefermetureadministra-
tivedfinitive. p
SimonPiel
Undcretpourrduirelesrisquesdeblanchimentdargent
Danscet universo
largentliquidecircule
engrandequantit,
il nestpasrareque
lesemployssoient
paysenespces
Cest une belle prise pour la poli-
ce judiciaire. Mardi 16septem-
bre aprs-midi, Stphane Lucia-
ni, braqueur chevronn, issudu
gang des bergers braqueurs et
de lun de ses hritiers, Jean-Luc
Germani, a t interpell chez
lui Bastia. En cavale depuis
2011, il est notamment mis en
cause dans laffaire du cercle
Wagram. Avec ses compres,
dont M. Germani, toujours en fui-
te, il aurait pris part au
putschqui devait leur permet-
tre de reprendre la mainsur les
activits de ltablissement. Six
annes de prison ont t requi-
ses contre lui par la cour dappel
de Paris. M. Luciani est par
ailleurs mis enexamen dans las-
sassinat, le 16juin2008, de Jean-
Claude Colonna, cousin de Jean-
J Colonna, parrain de Corse-du-
Sud, mort depuis.
CoupdefiletlAviationClubdeFrance,
illustrecercledejeuparisien
Sonpatron, Marcel Francisci, luUMPdeCorse-du-Sud, figureparmi lespersonnesengardevue
LOFFENSIVEsur les cercles de jeu
est lance. Las des pisodes judi-
ciaires rptition, le ministre
de lintrieur, qui est le seul pou-
voir accorder lagrment auxcer-
cles de jeu, a dcid de rformer
leur statut qui na pas t modifi
depuis undcret datant du5mai
1947.
Unprojet de dcret, dont Le
Monde a pris connaissance, est
lexamenauConseil dEtat. Il
devrait tre appliqu avant la fin
de lanne. Lobjectif est simple:
mieuxcontrler la provenance
des fonds et rduire les risques de
blanchiment.
Concrtement, il est envisag
de renforcer les contrles tous
les niveauxduprocessus de jeu
encalquant les nouvelles rgles
sur celles qui rgissent les casinos.
Les cercles de jeuauront lobliga-
tiondinstaller undispositif de
vidoprotection lintrieur.
La cagnotte des jeux(les gains
ducercle) devratre systmatique-
ment calcule par une machine.
Jusquici, celle-ci ne reposait que
sur unsystme dclaratif, laissant
toute libert llaborationdune
fausse comptabilit. Tous les
comptes devront ensuite tre cer-
tifis par des experts comptables
chaque demande de renouvelle-
ment de lautorisationdexercer.
Relative tranquillit
Par ailleurs, la prsence obliga-
toire sur place dudirecteur des
jeuxoude sonprincipal collabora-
teur serait requise sur les lieux.
Unmoyendviter par exemple le
maintiendundirigeant fantoche
install par des quipes lies au
crime organis.
Enfin, il est prvudaligner les
modalits dagrment duperson-
nel des cercles sur celle des
employs de casino. Jusquici, il
tait courant de voir les salaris
pays enespces, avec autant de
risques de voir ces revenus chap-
per aufisc. Enrevanche, il nest
pas prvupour linstant de modi-
fier le statut dassociationloi 1901
dont bnficient les cercles de jeu.
Jusquen2008, la surveillance
de ces tablissements tait une
prrogative des renseignements
gnraux. Cest lune des raisons
de larelative tranquillit dont ils
ont pujouir jusque-l. Lieuxde
rencontrefrquents par le mon-
de des affaires, de la criminalit ou
de lapolitique, ils ont longtemps
constituune mine dinforma-
tions pour les services de police.
Mais des drives, notamment au
seinduservice des courses et des
jeux, ont conduit rtribuer leur
surveillance lapolice judiciaire.
Accus deconnivence avec le
milieu, ceservice a subi les foudres
delaPlace Beauvau lafinde 2013.
Sondirecteur, Jean-PierreAlezra, a
t limog, et unaudit at com-
mand lInspectiongnralede
lapolice nationale. Cest aujour-
dhui unfinconnaisseur des affai-
res financires, ancienpatrondela
policejudiciaire de Rouen, Philip-
pe Mnard, qui dirige leservice.
Depuis 2008, onzecercles ont t
ferms. Il enrestecinq: quatre
Paris et un Reims.
Les retentissantes affaires du
Cercle Concorde, puis duCercle
Wagram, ont achev de dcider les
pouvoirs publics se saisir de la
question. Encoulisse, onne cache
pas la volont, plus oumoins
longterme, de fermer les cercles,
voire de les remplacer par uncasi-
nodans la capitale. Si cette ven-
tualit nenthousiasme gure la
Mairie de Paris, elle permettrait
aumoins de limiter le dveloppe-
ment des parties clandestines. p
S. Pi.
TERRORISME
Lesdputsvotentlinterdiction
dequitterleterritoire
Les dputs ont adopt, dans la nuit de mardi 16septembre
mercredi, linterdictionfaite auxcandidats audjihadde quitter
le territoire. Cette dispositionest une des mesures-cls duprojet
de loi sur la lutte contre le terrorisme, examin enprocdure
durgence par lAssemble nationale. Cette interdictionserait
prononce ds lors quil existe des raisons srieuses de penser
quunindividusapprte participer des activits terroristes,
des crimes de guerre oudes crimes contre lhumanit ou se ren-
dre sur unthtre doprations de groupements terroristes. Et
ce, ds lors quexiste unrisque de porter atteinte lascurit
publique lors de sonretour sur le territoire franais .
Linterdictionserait valable sixmois renouvelable jusqu
deuxans, et nonplus indfiniment comme le prvoyait la pre-
mire versiondutexte , avec confiscationdupasseport et de la
carte didentit enchange dunrcpiss. Selonle ministre de
lintrieur, 930Franais sont impliqus dans des filires lies la
Syrie et lIrak. p (AFP.)
POLYNSIE
GastonFlossedchu
desonmandat desnateur
Le Conseil constitutionnel a constat, mardi 16septembre, la
dchance de sonmandat de snateur de GastonFlosse, lhom-
me fort de la Polynsie Franaise pendant trente ans. M. Flosse a
t condamn en2013 une peine dinligibilit de trois ans par
la cour dappel de Papeete dans une affaire demplois fictifs. Le
rejet de sonpourvoi encassation, enjuillet 2014, a renducette
condamnationdfinitive, a relev le Conseil. M. Flosse a gale-
ment t dmis doffice de sa fonctionde prsident de la Polyn-
sie le 5septembre. p (AFP.)
Justice Quatre tudiants de lEdhec
mis enexamenpour bizutage
Quatre tudiants de lEcole des hautes tudes commerciales
(Edhec) ont t mis enexamenpour bizutage. La dcision, prise
le 15juillet, a t rvle mardi 16septembre par Le Parisien.
Aprs une soire dintgration fortement alcoolise, organise
enoctobre2013 par une associationtudiante de ltablissement,
untudiant de premire anne tait tomb dune fentre. Lacci-
dent lui avait caus untraumatisme crnienet de multiples frac-
tures. (AFP.)
Encavale depuis 2011, Stphane Luciani a t arrt
LAviationClub de France, sur les Champs-Elyses Paris, mardi 16 septembre. KENZOTRIBOUILLARD /AFP
Q
ui, de ses parents ou des
mdecins, peut dcider dar-
rter les traitements dun
grand prmatur victime dune
hmorragie crbrale quelques
jours aprs sa naissance?
La mre de Titouan, n le
31 aot, prs de quatre mois avant
la date du terme, sest mue dans
plusieurs mdias, mardi 16sep-
tembre, de ce quelle juge tre un
acharnement thrapeutique de
lapart de lquipe de nonatalogie
du CHU de Poitiers, en charge de
sonenfant.
Nous ne souhaitons pas une
vie de handicaps pour notre fils ,
a-t-elle dclar dans La Nouvelle
Rpublique, quotidien rgional.
Notre bb () a euune hmorra-
giecrbraledegradeIV, leplusle-
v des lsions crbrales, dans un
lobe, et de grade II dans lautre
hmisphre. Depuis vendredi, on
sait que les squelles sont irrversi-
bles, quelles engendreront unhan-
dicap moyen lourd pour lui mais
les mdecins ne savent pas de quel
type de handicapil souffrira.
La loi Leonetti sur la fin de vie
permet un arrt des traitements
dans les situations dobstination
draisonnable : les mdecins
prennent la dcision mais la
famille doit tre consulte.
Au CHU de Poitiers, on laisse
entendre que les parents se sont
exprims sous le coup de lmo-
tion, sans disposer dinformations
dfinitives, et que rien na encore
t dcid. Il y a eu un premier
retour dune concertation collgia-
le mais on ne peut pas prendre la
va-vite une dcision de cette natu-
re, explique-t-on.
Le professeur Fabrice Pierre,
chef du ple mre-enfant, souli-
gne de son ct que le bb nest
ni enranimationintensive, ni en
situation dacharnement mais
en hydratation assez simple et
sous ventilation. Selon lui, il est
ncessaire de disposer de quel-
ques semaines de recul avant de
prendre une dcision complexe.
On ne peut pas arrter les soins
dun prma juste parce que ses
parents le veulent, prcise-t-il. On
entend les parents, mais il faut les
accompagner et surtout ne pas
prendre une dcisionprcipite.
A cette fin, le CHU de Poitiers a
sollicit lavis de lquipe de rani-
mation nonatale de lhpital
Antoine-Bclre, Clamart (Hauts-
de-Seine). Il est impossible de pr-
sumer ce qui sortira de la runion
qui runiralesdeuxquipes, avan-
ce Fabrice Pierre. A lissue de cette
rencontre, lesparentsseront prci-
sment informs par les mdecins
rfrents mais aussi par des per-
sonnes extrieures qui ont pris
part cette rflexionthique.
Loi ambigu
Si les parents poussent larrt
des soins, il parat raisonnabledele
faire, fait valoir Christian Dage-
ville, le responsable ranimation
nonatale du CHU de Nice et
auteur de diffrents textes sur les
questions thiques lies la finde
vie en nonatalogie. Il pointe
cependant lui aussi lerisquedune
dcision prcipite des parents.
Le temps ncessaire cette
rflexion favorisera ensuite le tra-
vail de deuil des parents. Ils ne
vivront pas ensuite avec lide que
leur bb est dcd leur deman-
de.
Juriste et membre de la consul-
tation dthique clinique du CHU
deNantes, DenisBerthiauconcde
que la loi est ambigu . Les
parents sont les titulaires naturels
de la protection de lintrt de len-
fant mais si leur dcision met en
pril la vie de lenfant, cest au
mdecin de choisir. Pour lui, un
cueil majeur est viter : Il ne
faudrait pas tomber dans un
domaine judiciaire, comme dans
laffaire Vincent Lambert, car ce
nest pas au juge de trancher ce
type de situation. p
Franois Bguin
Conflitentrelesparents
dunbbprmatur
etsesmdecins
Lamrednonceunacharnement. LeCHU
dePoitiers assurenavoir prisaucunedcision
10
0123
Jeudi 18 septembre 2014
culture
Tout se passe comme si Bernard
Sobel recommenait audbut. A
78 ans, et aprs avoir dirig pen-
dant quarante-deuxans le Th-
tre de Gennevilliers (Hauts-de-Sei-
ne), il se retrouve (jusquau27sep-
tembre) laffiche dune petite sal-
le de Paris, Les Dchargeurs, oil
met enscne quatre pices que
lonpeut voir sparment, ou
dans leur continuit; dans ce cas,
la soire commence 18h30et
sachve vers 22h45, mais elle est
bienrythme par des entractes
qui permettent de faire ungrand
saut entre la Chine duXIII
e
sicle,
avec deuxpices de GuanHan-
qing, et les Etats-Unis daujour-
dhui, avec celles de RichardFore-
man(n en1937).
Soit, dunct, une rflexion
sur la justice sociale dont Guan
Hanqing, dans Sauve par une
coquette et Le Rve dupapillon,
livre untableauenlev. Soit, de
lautre ct, une rflexionsur lin-
justice intime, que Richard Fore-
man, dans Old-FashionedProstitu-
tes et LIdiot savant, travaille avec
unhumour tortur.
Onpasse ainsi de la plus gran-
de clart dexposition ce qui
peut apparatre comme un
brouillardhallucinogne. Mais,
pour BernardSobel, il ny a l rien
dimpossible: lcriture de
RichardForeman, quil a toujours
dfendue, lui semble claire com-
me de leaude roche. Il la met en
scne dans unbeaudispositif
blanc qui sert dcrinaux pices
chinoises, lumineuses jusque
dans les costumes blancs, que lon
dirait de papier. Pour Richard
Foreman, ce blanc est chahut par
le dsordre dunappartement
moderne (Old-FashionedProstitu-
tes) oudes apparitions insenses
(LIdiot savant).
Dans les deuxcas, les jeunes
comdiens embotent si bienle
pas dumetteur enscne que lon
sort des Dchargeurs ense
disant: onne changera pas Ber-
nardSobel. Et cest tant mieux! p
Brigitte Salino
Thtre
L
e 30juin 1954. Tremblement
de terre dans le thtre fran-
ais. Unclair, uneillumi-
nation, un blouissement . La
soire qui a chang ma vision du
thtre, diralegrandcritiquedra-
matiquedelaprs-guerreBernard
Dort.
Il nest plus rien rest devant
mes yeux du thtre franais :
entre le Berliner et les autres th-
tres, je nai pas euconscience dune
diffrence de degr mais de nature
et presque dhistoire, affirmera
quant lui RolandBarthes.
Ce soir-l, Bertolt Brecht et son
Berliner Ensemble prsentent, au
Thtre Sarah-Bernhardt qui ne
deviendra le Thtre de la Ville
quaprs sa rnovation, en 1968 ,
Mre Courage et ses enfants, avec
Helene Weigel, la femme de
Brecht, dans lerledelacantinire
Anna Fierling. Et ce fut bien un
sisme, une rvolutionqui a chan-
g la face duthtre franais, radi-
calement et pour plusieurs dcen-
nies.
Soixante ans plus tard, le Th-
tre de la Ville a voulurendre hom-
mage cet vnement, en prsen-
tantlapicecriteparBrecht, alors
en exil, dans les premiers mois de
la seconde guerre mondiale, telle
quelleest aujourdhui jouepar le
Berliner Ensemble.
Il sagit dune tout autre Mre
Courage qua mise en scne le
directeur actuel du thtre fond
par Brecht Berlin en 1949, Claus
Peymann. Mais la rfrence est
bienl, que na pas voulugommer
le patronduBerliner.
Michel Bataillon ntait pas
danslasalle, cesoir dejuin1954. Ce
grand germaniste, traducteur et
dramaturge, qui a travaill avec
Gabriel Garran au Thtre de la
Commune Aubervilliers, puis au
Thtre national populaire (TNP)
de Villeurbanne avec Roger Plan-
chon, a vule spectacle unpeuplus
tard, lors de la reprise triompha-
le de 1957.
Brecht tait mort (enaot1956).
Michel Bataillon avait 18ans, il
tait lve au lyce Louis-le-
Grand, ostait form un groupe
thtral querejoindront peuaprs
Jean-Pierre Vincent et Patrice Ch-
reau. Si le thtre que nous com-
mencions essayer de fabriquer
esttout coupentrdanslamoder-
nit, cest grce Brecht, racon-
te-t-il. Ce qui sest pass avec la
Mre Courage du Berliner Ensem-
ble, ce nest pas la dcouverte dun
auteur dramatique et dune
uvre: Brecht tait dj unpeu
connuenFrance, et JeanVilar avait
mont la pice, en 1951, avec Ger-
maine Montero et Grard Philipe.
Ce qui a provoqu une telle secous-
se, cest la dcouverte de Brecht
comme metteur en scne, comme
homme de thtre dont lesthti-
que rompait compltement avec
celle de Vilar.
Il faut saluer, dansMreCoura-
ge, lavnement dun spectacle
duntype radicalement neuf. Spec-
tacletotalitaire[ausensdespec-
tacle total] que fonderaient,
parts gales, le texte et la reprsen-
tation, la musique, les matriaux
scniques et le jeu des acteurs ,
crit alors BernardDort.
Michel Bataillon confirme :
Ce qui tait fascinant, rvolution-
naire, ctait la manire dinventer
unecriturescniqueotout son,
musique, architecture, lumires,
costumes concourait la
construction du rcit dramatique.
Rienntait dcoratif. Cest partir
de ce spectacle que la cohrence
dramaturgique dun spectacle est
devenue une exigence.
Et donc le spectacle est entr
dans lalgende, notamment grce
aux photos de Roger Pic, qui ont
fait rver plusieurs gnrations de
spectateurs. Il y avait ce plateau
tournant totalement nouveau
en France, lui aussi sur lequel la
Mre Courage, tentant de survivre
dans la guerre avec son petit com-
merce, tirait sa charrette contre-
sens. Il y avait ces costumes, de
juteet detoilematelasse, sembla-
bles ceux des femmes des rui-
nes dans le Berlin de laprs-
guerre, qui se rpaient au fur et
mesure de la reprsentation. Il y
avait les songs de Paul Dessau.
Et puis, bien sr, il y avait Hele-
ne Weigel, actrice-monstre, haute
comme trois pommes et gniale,
dont le visage, lui aussi, vieillissait
de trente ans au fil des quelque
quatreheures quedurait lespecta-
cle. La lgende dit quelle eut droit
vingt-six rappels, lors de la qua-
trime et dernire reprsentation
de cette srie de juin1954 Paris
La fameuse distanciation
nexistait pas dans le jeubrechtien,
explique Michel Bataillon. Elle
tait oprepar lcritureet lamise
enscne, mais Brecht demandait
ses acteurs dtre tout fait
concrets. Et la Weigel jouait cha-
que motion jusquau bout, avec
unepuissanceet unevritimpres-
sionnantes, et cet humour typique-
ment viennois qui tait le sien
(lactrice tait autrichienne).
Ainsi fut-elle, cette Mre Coura-
geauralismepur, stylis, qui
a chang le cours du thtre fran-
ais, et dont les ondes de choc se
propagent encore aujourdhui.
Helene Weigel a eu bien raison de
penser quelle savait faire autre
chose que le kouglof. p
Fabienne Darge
Mre Courage et ses enfants, de Ber-
tolt Brecht. Mise en scne: Claus Pey-
mann. Thtre de la Ville, 2, place du
Chtelet, Paris 4
e
. M
o
Chtelet.
Tl. : 01-42-74-22-77. Du 17 au 26sep-
tembre 20h30. De 26 35.
Dure : 3h20. En allemand surtitr.
MreCourage, retour
suruncoupdethtre
LeThtredelaVillerendhommagelapice
deBertolt Brecht, qui fit sensationil yasoixanteans
Lespectacleestentr
danslalgende,
notammentgrceaux
photosdeRogerPic
Helene Weigel dans Mre Courage, en1957. ROGER PIC/BNF/ADAGP
INSTANTAN THTRE
BernardSobel voyage dans
letemps et dans lespace
11
0123
Jeudi 18 septembre 2014
culture
Thtre
J
e ne laisserai pas mettre en dou-
te lhonntet de lquipe diri-
geante du Thtre national de
Bretagne: la maire socialiste de
Rennes, Nathalie Appr, ne cache
passacolrefaceauxractionssus-
citespar lerapport delaChambre
rgionaledescomptes(CRC) consa-
crlagestionduTNB-Centreeuro-
penthtral et chorgraphique.
Dvoil le 9septembre par le
magazineindpendant LeMensuel
de Rennes et prsent en conseil
municipal, lundi 15septembre, ce
document, qui pingle certaines
pratiques de gouvernance au sein
de cette institution culturelle, a
provoqu une belle pagaille politi-
que. Alors que les lus locaux de
droitepointentunegestionfinan-
cireincohrente et abusive, ceux
duParti degauche(qui avaient fait
alliance avec le PS lors des lec-
tions municipales de mars) vont
jusqu rclamer la dmission de
Franois Le Pillour, directeur du
TNB depuis 1994, pour son man-
que de rigueur dans lutilisation
des fonds publics.
Ce sont des interprtations
outrancires et lalogique de latte
coupe est hors de propos, tonne
lamaire. Queditcerapport ?Il rel-
ve, sur la priode 2009-2012, un
certain nombre de dfaillances
dans la gestion de cet tablisse-
ment subventionn hauteur de
2,9millions deuros par la ville de
Rennes et de 3,1 millions par lEtat.
Encause, une augmentationsen-
sible du salaire des cadres (hors
directeur gnral) dans un contex-
te budgtaire contraint , le verse-
ment, toujours des cadres, de
primesexceptionnellesoudheures
supplmentaires alors que les
contrats de travail ou la conven-
tion collective lexcluent explicite-
ment , des frais de dplacement,
de mission, de rception
(129082euros en2012) nonenca-
drs, des modalits dutilisation
des cinq cartes bancaires du TNB
qui gagneraient tre prcises
et des procdures dachats qui ne
respectent pas les rgles de mise
enconcurrence.
Les observations de la CRC
mritent toutes dtre regardes, et
la formalisation des rgles est en
cours, prcise M
me
Appr. Dans
leurs rponses jointes au rapport
dfinitif de la CRC, la municipalit
et la direction du thtre indi-
quent que la prise en charge des
frais de dplacement, lutilisation
descartesdepaiement etlesmoda-
litsdappel doffresonttrepr-
cises par crit lors dun conseil
desurveillancele23mai. Comme
parhasard, ilsmettentenfinlescho-
sesnoirsurblanc, ironiseFranoi-
se Rubion, lue duParti de gauche
auconseil municipal.
Ce rapport apparat comme un
(gros) graindesablevenant pertur-
ber unplutt bel ouvrage. Car sil y
a une chose quaucunluni laCRC
ne contestent, cest le dynamisme
et la qualit artistique du TNB. La
saison 2013-2014 sest acheve en
beaut avec un Oncle Vania dEric
Lacascade trs remarqu, un Prix
de la mise en scne dcern par la
Socit des auteurs et composi-
teurs dramatiques (SACD) Jean-
Franois Sivadier pour son Misan-
thrope, et une frquentation en
hausse avec 14115abonns et un
total de 112970spectateurs.
Larentresannonceaussi riche,
avec plusieurs crations, dont
Contact, de Philippe Decoufl, et
lintgrale dHenry VI, de Shakes-
peare, mise en scne par Thomas
Jolly. Seul bmol delaCRCsurlacti-
vit artistique : Des rsultats
contrastsenmatirededmocrati-
sation, les catgories socioprofes-
sionnelles suprieures constituant
43%des abonns. Un reproche qui
pourraittrefaittouteslesinstitu-
tions thtrales.
Recours
Reste que les lus rennais les
plus prompts semparer de ce
rapport pour critiquer la direction
du thtre sont ceux-l mmes
qui avaient accus Franois
LePillour, pendant la campagne
lectorale des municipales,
davoir envoy un courriel tous
les abonns du TNB pour vanter
lesmritesdelapolitiqueculturel-
ledelamunicipalit socialistesor-
tante. Quils soient cologistes,
dextrme gauche ou de droite,
plusieurs candidats avaient
dnonc lutilisation de moyens
publics des fins politiques. Un
recours devant le tribunal admi-
nistratif pour rclamer linvalida-
tion des comptes de campagne de
Nathalie Appr a t dpos par
le candidat UMP, Bruno Chavanat.
Laffaire sera juge vendredi
26septembre.
Ce rapport de la CRC, ajout
cette affaire de mailing abusif,
montre les attitudes de diva du
directeur , considre Bertrand
Plouvier, la tte du groupe dop-
positionmunicipale. Sollicitepar
Le Monde, la direction du TNB na
pas donn suite. Raisoninvoque:
le journal avait eu le tort dcrire
sur la polmique suscite par len-
voi ducourriel. p
Sandrine Blanchard
LITTRATURE
Laplusanciennelibrairie
deParisendanger
La librairie historique Delamain, rue Saint-Honor, auPalais-
Royal, est menace par laugmentationde sonloyer, envisag
par le fonds qatari qui possde limmeuble. Des ngociations
sont encours, prcise sobrement la librairie, ajoutant quaucun
montant de loyer na t arrt pour le moment. Ltablissement
a t fond en1700sous les arcades de la Comdie-Franaise,
avant de dmnager sur le trottoir denface en1906. Le prsi-
dent duCentre national dulivre, Vincent Monad, a adress une
lettre auprsident dugroupe qatari ConstellationHotels France,
FadyBakhos, attirant sonattentionsur lincertitude qui pse sur
la reconductiondubail de Delamain. Le ministre de la culture
et la Mairie de Paris suivent le dossier. ConstellationHotels Hol-
dings possde galement le slect Htel duLouvre et les bouti-
ques de souvenirs situs dans le mme pt de maisons. p
Musique Accus de plagiat, RobinThicke
admet navoir pas crit BlurredLines
LOS ANGELES. Le musicienRobinThicke a admis ne pas tre
lauteur de BlurredLines, gros succs de 2013, pour lequel il est
accus, avec Pharrell Williams, de plagiat par les enfants de Mar-
vinGaye. Jai crit et produit six albums, mais le plus gros tube
de ma carrire at crit et produit par quelquundautre: jtais
jalouxet jai voulumenattribuer le mrite, a expliqu Robin
Thicke, devant une cour de Los Angeles. Le musiciena nan-
moins confirm que Pharrell Williams tait le seul compositeur
de BlurredLines. (AFP.) p
Arts
A
h, les Borgia! Les vrais, pas
ceux de la tl. Ils sont
Paris, la Fondation
Maillol, tels quils se virent,
cest--dire en peinture, voire en
armure. Plus de soixante-dix pi-
ces, tableaux, sculptures, dessins,
correspondances, bijoux, maisaus-
si desarmesqui sont lpourrappe-
ler que leur destine fabuleuse ne
fut pas de tout repos, sont runies
dans une exposition conue par
Claudio Strinati, historien dart
spcialis dans le XVI
e
sicle
romain, et par ailleurs undes prin-
cipaux responsables du ministre
italienpour les biens et les affaires
culturelles. Autant dire que sa
visionde la terrible famille diffre
unpeude celle des scnaristes des
sries tl. Car, pour lui, les Borgia,
cest dabord une des toutes pre-
mires tentatives de lunification
de lItalie.
A leur profit, certes, mais tout
de mme Il faut dire que cest
une tradition dans la famille. Et
quelle famille ! Elle comptera
deux papes, quelques cardinaux
et mme un saint (Franois,
jsuite a va de soi, canonis en
1671 malgrses huit enfants), mais
ce ntait pas des anges. Ds 1238,
quand le fondateur de la dynastie,
lEspagnol EstebanBorja, participe
la reconqute du royaume de
Valence, il est charg par le roi Jac-
quesI
er
dAragon de rpartir entre
les chrtiens les terres prises aux
Maures.
Comme charit bien ordonne
commenceparsoi-mme, lafortu-
nedesBorjadbutel. Ellesepour-
suit en Italie, o Alfonso Borja
(1387-1458), vque de Valence, est
fait cardinal en 1444 et italianise
son nom en Borgia. Il changera
une seconde fois de patronyme en
prenant celui de CalixteIII lors-
quil seralupapeen1455. Et dun!
Le deuxime, cest celui sur
lequel seconcentrelexposition, le
fameux AlexandreVI, n Rodrigo
Borgia en1431. Neveu de Calixte, il
va, grce lui, entamer des tudes
de droit luniversit de Bologne.
A 25ans, il est cardinal et, lanne
suivante, dirigelestroupespontifi-
cales.
Il est lupape en1492, nonsans
avoir sem de-ci de-l quelques
enfants. Les plus connus, Csar et
Lucrce, sont nsdeVannozzaCat-
tanei, laquelle, avant dexercer ses
talents maternels, avait t fort
connue Rome comme mre
maquerelle, position quelle occu-
paaprs avoir gaillardement gravi
tous les chelons de la profession.
Le pape sprend ensuite dun
tendron, Giulia Farnse : elle a
14ans, il est sexagnaire. Elle lui
donne, pense-t-on, deux enfants.
On peut reprocher beaucoup de
choses AlexandreVI, mais certai-
nement pas davoir manqu dins-
tinct paternel : 7 ans, son fils
Csar est nomm protonotaire
apostolique. A17, il est archevque
de Valence, et cardinal lanne sui-
vante.
Mais, la carrire ecclsiasti-
que, il prfre celle des armes et
semploie agrandir les Etats pon-
tificaux, au dtriment notam-
ment de la noblesse de Romagne.
La manire dont il rgle le probl-
me lui attirera ladmiration de
Machiavel, unconnaisseur.
Le cas de Lucrce est tout aussi
intressant, mme si sa rputa-
tion sulfureuse fut trs exagre.
Elle repose notamment sur les
crits du Suisse Johannes Burc-
kard, matre des crmonies au
Vatican, qui dcrit quelques belles
orgies maisqui, selonClaudioStri-
nati, applique le procd qui est
aujourdhui celui de la presse
scandale: il transforme les ragots
en chronique, mthode promise
unbel avenir
En fait, Lucrce fut dabord un
instrument politique pour son
pre et son frre, marie trois fois
augr des renversements dallian-
ces. Femme intelligente et culti-
ve, elle meurt en couches, assez
jeune, non sans toutefois avoir
tromp son dernier poux, le duc
de Ferrare, avec un jeune pote,
PietroBembo, qui lui ddiesesAso-
lani, des dialogues amoureux, et
avec lequel elle change une cor-
respondance enflamme. Il
deviendra ensuite secrtaire de
LeonX, puis cardinal, aprs avoir
nanmoins tent dunifier la lan-
gue italienne. Une mche de che-
veux de la belle Lucrce, qui lui
aurait appartenu, fera rver bien
des visiteurs.
Toutefois, les murs licencieu-
ses de la papaut produisent de
srieux remous. A Florence, un
moine dominicain, Savonarole,
prche la rforme plus de vingt
ansavant Luther. Des critshuma-
nistes, des tableauxdlicats, sinon
coquins, des grands artistes de la
Renaissance, il nacure: aubcher,
ces vanits!
Puis il sen prend au pape Bor-
gia, lui prdisant lEnfer. Lariposte
du pontife est sur un des murs de
lexposition, peint par un peintre
anonyme florentin: un mt, au
pied duquel brle un grand feu
avec, pendouillant au-dessus, le
moine troptmraire.
Dans la mme salle, le portrait
deLuther par Cranachmontreque
lesexcs des papes (LeonXpour ce
qui leconcerne) finirent par lasser,
mmesi des esprits brillants, mais
conciliants, tentrent en vain
damener lEglise se rformer en
douceur : ainsi Erasme, dont est
montr le superbe portrait par
QuentinMetsys.
A cette famille terrible, il faut
toutefois rendre une justice: ils
firent de Rome, cit ravage
depuis lachutede lEmpire, le cen-
tre du monde artistique. Sans ces
papes, leur fortune souvent mal
acquise et leurs gots dispen-
dieux, que serait devenu Vinci ?
Figurent de lui dans lexposition
un dessin, triple portrait suppos
deCsarBorgia, et linnarrableCV
quil expdia au duc Sforza alors
quil cherchait du travail. Et Le
Titien, et Raphal, et Michel-
Ange? Du dernier, on verra un
christ encroix, unpeuhtivement
attribu, et une piet, qui semble
plus certaine: cest une des dcou-
vertes de lexposition.
Elle rappelle tout entire la
phrase clbre mais injuste pour
les Suisses dOrson Welles dans
Le Troisime Homme: En Italie,
pendant trente ans sous les Borgia,
ils ont eu guerre, terreur, meurtres
et massacres, mais cette priode a
produit Michel-Ange, Lonard de
Vinci et la Renaissance. En Suisse,
ils ont eu cinq cents ans damour
fraternel, de dmocratie et de paix
et quont-ils produit ? Le cou-
cou! p
Harry Bellet
Les Borgia et leur temps, de Lonard
de Vinci Michel-Ange. Muse Maillol-
Fondation Dina Vierny, 59-61, rue de
Grenelle, Paris 7
e
. Tl. : 01-42-22-59-58.
Tous les jours de 10h30 19heures,
jusquau 15fvrier 2015. Entre 13.
Catalogue, Gallimard, 190p., 35.
FranceetCoreduNord, partenairesenarchologie
UneexpositionPyongyangmontreles fruits dunepremirecollaborationculturelle
AlexandreVI estlu
papeen1492,
nonsansavoirsem
de-ci de-l
quelquesenfants.
Lesplusconnus:
CsaretLucrce
Portrait prsum de Vannozza Cattanei, par Innocenzo da Imola (premire moiti duXVI
e
sicle).
SSPSAE E PER IL POLOMUSEALE DELLA CITT DI ROMA. Portrait dupape Alexandre VI par Juande Juanes (1586). FRANCISCOALCNTARA
UneautrevisiondesBorgia
AuMuseMaillol, uneexpositionrassembleles uvres inspirespar cettefamillesulfureuse
Archologie
Tokyo
Correspondant
L
a Core duNordcommence
sentrouvrir dans un domai-
ne inattendu: la protection
dupatrimoine. Lexpositionsur les
recherches archologiques de la
forteresse de Kaesong, ancienne
capitale du royaume de Koryo
(918-1392), qui sest ouverte
Pyongyang, lundi 15septembre, est
unepremire: elleest lefruitdune
coopration scientifique entre
lAutoritnationalepour laprotec-
tionde lhritage culturel et lEcole
franaisedExtrme-Orient (EFEO).
Cest la premire fois que des
quipes darchologues corens et
franais travaillent ensemble sur
un projet commun. Dans le pass,
lescooprationsaveclespayseuro-
pens consistaient essentielle-
ment en des subventions de ces
derniers des projets mens par
les Corens.
La France, seul pays de lUnion
europenne ne pas entretenir de
relations diplomatiques avec la
Rpublique populaire dmocrati-
que de Core du Nord (RPDC), fait
dans le domaine culturel une per-
ce. Elle est due au prestige de
lEFEOdans cette partie dumonde
(cettedernireest notammentpr-
senteAngkor, auCambodge), qui
a dcid le rgime se lancer dans
cette premire coopration.
Porcelaines et tuiles
La Mission archologique fran-
co-corenne travaille depuis 2011
Kaesong, situe une dizaine de
kilomtres au nord-ouest de la
zone dmilitarise sparant les
deux Cores. Ce site, tmoin de
lhistoire et de la culture de la
dynastie Koryo, comprend douze
biens(monuments, murailles, tom-
bes)qui onttinscritsauPatrimoi-
ne mondial de lUnesco en 2013.
Lexposition a lieu au muse du
Parc folklorique de Pyongyang,
auxenvirons dela capitale. Ouvert
en 2012, il couvre 200hectares et
prsentedesreproductionsdarchi-
tectures des priodes anciennes
debonnefactureselonlesspcialis-
tes et des paysages clbres de la
pninsule. Le parc, qui se veut un
miroir des traditions culturelles
corennes, est unlieuprivilgi de
visite, notammentlorsdescrmo-
nies de mariage.
Lexposition prsente des frag-
mentsdepoteries, cladons, porce-
laines et tuiles dcores dcou-
verts au cours des fouilles ainsi
que des objets provenant des col-
lections des muses de Kaesong et
de Pyongyang et des panneaux de
paraventsrecouvertsdepapiertra-
ditionnel avec des photographies
de lavancement des travaux.
Aprs leCambodge, leLaos et Viet-
nam, elle devrait tre prsente
galement enFrance.
La Mission archologique fran-
co-corenne pourrait ouvrir la
voie une coopration culturelle
entrelaRPDCet despaystrangers
dans le domaine de la protection
du patrimoine. Selon Elisabeth
Chabanol, responsable du centre
de lEFEO Soul, directrice de la
Mission archologique de Kae-
song et commissaire de lexposi-
tionPyongyang, il est tout fait
possible de travailler sur un plan
scientifique en loccurrence
archologique avec les Corens.
Nos partenaires sont certes soumis
des contraintes et il peut y avoir
desblocages maisil faut delapers-
vrance et expliquer honntement
la position de chacun. Et on par-
vient dexcellents rsultats. p
Philippe Pons
Durififi Rennesaprs
unrapportsurlagestion
duThtrenational
Lachambredescomptespointedesdfaillances.
Deslusrclamentladmissiondudirecteur
12
0123
Jeudi 18 septembre 2014
13
0123
Jeudi 18 septembre 2014 mode
ImogenBelfield, futurerocstar
Christopher Kane.
ALASTAIR GRANT/AP
BurberryProrsum.
SUZANNE PLUNKETT/REUTERS
Londres
Envoye spciale
Il nya pas que les crateurs de
prt--porter qui bnficient
dusoutienduBritishFashion
Council, les designers dacces-
soires et de bijouxont aussi
loccasionde montrer leur tra-
vail la Sommerset House, qui
est le centre nvralgique de la
FashionWeekde Londres.
Dixcrateurs de joaillerie
ont ainsi t slectionns par
des experts pour exposer la
RockVault leurs crations ori-
ginales. Parmi eux, la jeune
ImogenBelfieldest diplme
de la Sir JohnCass School of
Arts Media andDesignet a lan-
c sa marque il ya quatre ans.
Elle cumule dj juste titre
les prixdcerns par les profes-
sionnels de cette discipline.
Ses crations, qui mlent archi-
tecture et formes organiques,
sont originales, portables et
parfaitement ralises.
La collectionprsente cet-
te saisonsinspire des ppites
dor et de leurs formes alatoi-
res. Ces pices sculptes la
mainont lair sorties dusol
par unheureuxhasard. Ducol-
lier de pyrite brute, dmerau-
des et de rubis ronds auxbou-
cles doreilles entitane, cha-
quepice voque unimaginai-
re riche et sduisant. Ces
bijouxque leur auteur appelle
rockesque jewellerysculptu-
res mritent le dtour et les
grandes maisons de joaillerie
gagneraient sans doute regar-
der duct de ce genre de
talents. pC. Bi.
imogenbelfield.com
Leshautsetlesbas
delamodeanglaise
Malgrleretourglamrockrussi deTom
Ford, laFashionWeekdeLondresarvl
desbaissesdergimechezlesdesigners
Londres
Envoye spciale
U
ne file dattente o mme les VIP
attendent leur tour, uncontrle de
scurit aimable, mais pointilleux
et uncasier tlphone portable lentre
qui a dules accros auxrseauxsociaux:
bienvenue au 10 Downing Street, la rsi-
dence du premier ministre britannique.
Son pouse, Samantha Cameron, recevait
lundi soir les participants les plus
influentsdelaFashionWeeklondonienne.
Lebut decettesoire: clbrer ledynamis-
me dune industrie de la mode britanni-
que et celui de ses infrastructures.
Les programmes daide et de promo-
tionsentout genremissur piedspar leBri-
tishFashion Council (la chambre syndica-
le anglaise) sont exemplaires. Paris com-
me Milan pourraient en tirer des leons.
Cela dit, ici comme ailleurs, une part dim-
pondrable demeure: la cration elle-
mme. Impossiblededemander uncra-
teur, aussi dou soit-il, dtre perptuelle-
ment au sommet de son art. Le nombre
croissant de collections raliser et un
march satur mettent sous pression les
stylistes qui doivent concilier commerce
et cration. Et ce jeu, impossible de
contenter tout le monde.
Pour linstant, les collections dt lon-
doniennes dlivrent un bilan mitig. En
crateur expriment, TomFord sen tire
avec brio, et des voles de paillettes noires.
Ancien directeur artistique de Gucci et
dYves Saint Laurent, lAmricain a dj
survcu la fin dune re stylistique, celle
du glamour sulfureux dit porno chic.
Aprs avoir quitt la scne en 2004, il a
construit unenouvellegriffesonnomet
sest refait une place sur le territoire du
luxe. Cette saison, TomFord le vrai, luni-
queestvraimentderetouretclbrecegla-
mour sans complexe qui a fait sonsuccs.
Sur lepodium, lheureest auglamrock, au
pantalontrompette taille haute qui fait la
jambeinterminable, auxsandalesplates-
formes vertigineuses, ausmokingacr et
prcis comme une pice couture, au bro-
cartfauveetlaminirobedore. Cetteallu-
resexy, voiresexuelle, voqueluniversdu
photographeHelmutNewtonjusquedans
les robes transparentes bijoux de seins.
Cettecollectionrisqueestaussi unegran-
derussite. Pourquoi ?Parceque, danslex-
cs assum, TomFord est le meilleur, par-
ce que les coupes et matires respirent le
luxe, levrai celui quelonnecachepas. Ce
vestiairenira pas tout le monde, mais ce
nest pas son but. Il lectrise au passage
une saisonunpeumolle.
La collection Burberry Prorsum de
Christopher Bailey est aussi risque et
sloigne plus que jamais de la tradition
du trench mastic bien lev. Son thme
est pourtant consensuel : baptise Les
oiseaux et les abeilles, cest une ode la
campagne anglaise. Mais il est douteux
que quiconque se risque dans le
Devonshire dans les tenues du podium;
robe semi-transparente en tulle ruch et
mousseline, microblouson en veau
velours, veste taille de gupe en denim
et manteau dt multicolore ferm
dune grosse ceinture papillote en tulle,
composent un vestiaire sophistiqu et
exprimental. Le genre dexprience
quune marque aussi importante peut se
permettre de temps en temps : ses nom-
breuses lignes et ses dclinaisons de pro-
duits destins aux boutiques assureront
les revenus quoi quil arrive. Et puis le
final, une srie de trenchs enlin, auxcou-
leurset motifsempruntsdescouvertu-
res de vieux livres, remet poliment lac-
cent sur le produit phare de la maison.
Moins connumais dsormais li une
immense structure, Christopher Kane
dfile Londres depuis 2006 et volue
dsormais sous protectorat Kering (le
groupe possde 51 % de la griffe). Ce sou-
tien laide sans doute dvelopper une
vision plus grande chelle, et sa collec-
tion dt est celle dun crateur adulte.
Veste et pull tresss faon tweed, tailleur
pantalon en satin basque, robe en satin
blanc neige ou sang de taureau dont les
volumes laissent chapper des clats de
tulle, rehaut de motifs corde
Certainstrouvent quecevestiaireraffi-
n manque un peu de loriginalit dca-
le qui habite dordinaire les collections
de lEcossais. Mais on peut aussi y voir
une forme de maturit salutaire toute
entreprise en croissance. Comme les
autres crateurs londoniens passs par
Central Saint Martins (CMS), Christopher
Kaneagalement perduunmentor: Loui-
se Wilson, lgendaire directrice de cette
cole qui a guid plusieurs gnrations
de jeunes stylistes. Sa disparitionsoudai-
ne en dbut danne marque peut-tre la
findune re et sans cette forte personna-
lit, lducationmodedelascneanglaise
vafatalement changer. Dailleursdautres
anciens lves de CSM, prsents sur les
podiums, montrent des signes de baisse
de rgime. Jonathan Saunders et Richard
Nicoll, tous deux diplms en 2002, pati-
nent unpeu. Letalent pourlesgraphismes
et les couleurs modernes de Jonathan
Saunders se diluent dans des effets vg-
tauxet des semi-transparences brouillon-
nes.
LAustralien Richard Nicoll sest gar
danunpartenariat avec Disneyet une his-
toire de fe Clochette mal adapte son
univers minimaliste et urbain. Ces deux
talents ont les atouts pour se reprendre la
saisonprochaine, mmesi onsedemande
sils ne devraient pas tre plus avancs
dans leurs carrires aprs dix ans sur les
podiums.
Face ces vtrans, Thomas Tait est un
nouveau venu, tout juste couronn du
prix LVMH. Ses silhouettes aux graphis-
meset volumessaisissantssont trssdui-
santes, mais les tenues faon arlequin
dcompos sur fond de semi-transparen-
cesnont pasvraiment depertinence. Lac-
compagnement par des experts, inclus
dans le prix LVMH, devrait permettre
dajuster ce genre de pch de jeunesse.
La jeunesse, justement, cette qualit
ternelle de la mode londonienne, qui a
parfois vir lobsession, nest plus seule-
ment un avantage. Aujourdhui, lexp-
rience et la capacit savoir saisir les occa-
sions au bon moment semblent compter
davantage. Lheuredesstratgesasonn. p
Carine Bizet
TomFord.
JOEL RYAN/AP
prt--porter londres|printemps-t-2015
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Jeudi 18 septembre 2014 carnet
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Le 1arnet
AU CARNET DU MONDE
Dcs
Hugues Bourdais,
Marc Bourdais
et leurs enfants,
ont la tristesse de faire part du dcs
de leur mre et grand-mre,
Madeleine BOURDAIS,
survenu le 5 juillet 2014.
Ses obsques ont eu lieu dans la plus
stricte intimit.
Sa famille,
Sa compagne,
Ses amis,
ont la douleur de faire part du dcs de
Yves CHASSARD,
survenu le 14 septembre 2014,
dans sa soixante-huitime anne.
La crmonie religieuse aura lieu
le vendredi 19 septembre, 11 heures,
en l`glise Notre-Dame de l`Arche
d` Al l i ance, Par i s 15
e
, sui vi e de
l`inhumation au cimetire de Belleville,
Paris 20
e
, 14 heures.
4, rue Jobb-Duval,
75015 Paris.
19, rue Scrtan,
75019 Paris.
Jeanne Delamotte,
son pouse,
Daphn Delamotte-Pons,
Jean-Marie Pons, Albane et Adlie,
ses enfants et petites-Flles,
Jean-Paul et Monique Delamotte,
Guibourg Delamotte et David Siritzky,
Eva,
son frre, sa belle-sur,
sa nice et son conjoint, sa petite-nice,
ont la tristesse de faire part du dcs de
M. Yves DELAMOTTE,
professeur honoraire au CNAM,
ofFcier de la Lgion d`honneur,
chevalier de l`ordre national du Mrite,
ancien de la 2
e
DB,
survenu le 13 septembre 2014,
dans sa quatre-vingt-douzime anne.
La crmonie religieuse sera clbre
le jeudi 18 septembre, 14 h 30, en l`glise
Notre-Dame-de-Grce de Passy, 10, rue
de l`Annonciation, Paris 16
e
.
Le Syndicat national des auteurs
et des compositeurs (Snac)
s`associe la tristesse de la famille de
Antoine DUHAMEL,
compositeur
et se souviendra de la personnalit
singulire et attachante de l`un de ses
prsidents d`honneur qui a activement
contribu la dfense des intrts collectifs
de ses confrres et du droit d`auteur.
(Le Monde du 13 septembre.)
Marnaz (Haute-Savoie). Paris.
M
me
et M. Georges Verjus,
M. Ivan Giuntini et M
me
Fran&oise
Chibret,
M
me
et M. Denis Chevrier
ses enfants,
Pierre-Marie Verjus et Nathalie Seille,
Edouard et Olivia Giuntini, Antoine et
Ccile Giuntini, Pierre Giuntini,
ses petits-enfants,
Alban, Roman, Amaury,
ses arrire-petits-enfants,
Les familles Gtzl, Corbex, Giuntini,
ont la grande tristesse de faire part
du dcs de
M
me
Jeanne GIUNTINI,
ne CORBEX,
survenu le 25 aot 2014,
au seuil de ses cent ans.
Selon sa volont, les obsques ont
eu lieu dans l`intimit familiale.
Rappelons le souvenir de son poux,
M. Jean GIUNTINI,
dcd le 5 avril 2001.
Seuls meurent ceux qu'on oublie.
M. Jean-Pierre Hyon,
son Fls
Ainsi que toute la famille,
ont la douleur de faire part du rappel
Dieu de
M
me
Nicole HYON,
ne MAURICE,
Clamart, le mardi 16 septembre 2014,
l`ge de quatre-vingt-neuf ans.
Merci tout le personnel de la rsidence
Saint-Joseph de Clamart pour leur
gentillesse et leur dvouement.
La crmonie religieuse sera clbre
le jeudi 18 septembre, en l`glise Saint-
Pierre Saint-Paul de Clamart (Hauts-de-
Seine) 5, place Ferrari, o l`on se runira
10 heures.
Un registre signatures tiendra lieu
de condolances.
L`inhumation aura lieu au cimetire
de Fumay (Ardennes), 16 heures.
Heureux les c>urs purs,
ils verront Dieu.
MT 5.8.
Marianne Ganeau Jacquin,
son pouse,
Ulysse Jacquin,
son Fls,
Sa famille
Et ses amis,
ont la tristesse de faire part du dcs de
Pierre JACQUIN,
survenu le 11 septembre 2014,
l`ge de soixante-neuf ans.
Les obsques auront lieu le vendredi
19 septembre, 16 heures, au crmatorium
du cimetire du Pre-Lachaise, Paris 20
e
.
In memoriam.
Le Syndicat de la magistrature (SM)
a appris avec une trs grande tristesse
le dcs de
Pierre JACQUIN,
journaliste,
ancien rdacteur en chef de sa revue
Justice.
Pendant plusieurs dizaines d`annes
au Syndicat de la magistrature, Pierre y a
fait preuve d`une Fd2le prsence de tous
les instants et y a t un appui important,
contribuant la force du Syndicat de la
magistrature.
Il avait notamment fait de Justice
un journal original, aujourd`hui encore une
rfrence au-del du strict cercle syndical.
Beaucoup de magistrats du Syndicat
de la magistrature pleurent un ami.
Le Syndicat de la magistrature en entier
sait tout ce qu`il lui doit.
Le Syndicat de la magistrature prsente
sa famille, sa femme, Marianne
et son fils Ulysse, ses plus sincres
condolances.
Elle aimait la libert, elle a t libre
dans la vie comme dans la mort.
Colette JAMES,
psychanalyste,
nous a quitts, le 13 septembre 2014.
Sa famille,
Ses amis
Et tous ceux qui souhaitent lui rendre
un dernier hommage
se retrouveront le vendredi 19 septembre,
10 heures, au crmatorium du cimetire
du Pre-Lachaise, Paris 20
e
.
Laurent James,
14-16, rue des Lions-Saint-Paul,
75004 Paris.
Lucile Julia,
son pouse,
Vronique Julia,
sa Flle,
Gilbert Chevalier,
son gendre,
Martin, Marianne et Simon,
ses petits-enfants,
ont l`immense chagrin de faire part
du dcs de
Augustin JULIA,
architecte DPLG,
survenu le 14 septembre 2014,
l`ge de quatre-vingt-un ans.
La crmonie religieuse sera clbre
le vendredi 19 septembre, 11 heures,
en l`glise Saint-Martin de Louveciennes.
Il reposera aux cts de sa Flle
Hlne,
au cimetire parc de Louveciennes.
33, rue du Marchal-Gallini,
78000 Versailles.
Germain et Margaret Lignon,
Fran&oise et Guy Gillibert,
ses enfants
et leurs conjoints,
Ses nombreux petits-enfants
Et ses arrire-petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du dcs de
M
me
Marguerite LIGNON,
ancienne lve
de l`Ecole normale suprieure de Svres,
professeur agrg de mathmatiques,
survenu Caen, le 15 septembre 2014,
l`ge de quatre-vingt-onze ans.
Une bndiction aura lieu au funrarium
du CHU de Caen, le jeudi 18 septembre,
13 h 30.
Les obsques se drouleront le samedi
20 septembre, 10 heures, en l`glise
de Courniou (Hrault).
Paris. Saint-Gervais-d`Auvergne.
Alain Martzel,
son frre
Et Marie-Thrse,
sa belle-sur,
Vronique et Richard,
ses neveux
Et toute la famille,
font part du dcs de
Grard MARTZEL,
professeur des Universits (INALCO),
survenu Senda (Japon), le 6 aot 2014,
dans sa quatre-vingtime anne.
Une crmonie religieuse sera clbre
le vendredi 19 septembre, 16 heures,
Saint-Gervais-d`Auvergne (Puy-de-
Dme), suivie de l` inhumation de l`urne
dans le caveau familial.
Sincres remerciements de la famille
pour l`aide et les tmoignages de
sympathie re&us.
Mayet,
63390 Saint-Gervais-d`Auvergne.
Catherine Melnik-Duhamel
et Nicolas Duhamel,
Anne et Jean Pluyette,
ses enfants,
Alexandra et Tarik, Victoria,
Pierre-Edouard, Georges,
ses petits-enfants,
Danielle Combaz,
la femme de vie,
Ses neveux, nices
Et toute la famille,
ont la tristesse de faire part du rappel
Dieu, le 14 septembre 2014, de
M. Constantin MELNIK,
stratge en politique internationale,
homme de lettres.
La liturgie orthodoxe aura lieu le jeudi
18 septembre, 11 heures, en l`glise
des Trois-Saints-Docteurs, 5, rue Ptel,
Paris 15
e
.
Il sera inhum ce mme jour au
ci met i r e de Chal ou- Moul i neux
(Essonne).
3, square Frdric Vallois,
75015 Paris.
Marc Minkine,
son mari,
Anouk et Judith,
ses Flles,
Louna, Sacha, Noam,
ses petits-enfants,
La famille
Et tous les amis,
ont l`immense chagrin de faire part
de la mort de
Annick MINKINE,
enseignante,
femme de cur et de conviction.
Un dernier hommage lui sera rendu
l e vendr edi 19 sept embr e 2014,
15 heures, au crmatorium de Caen.
Merci aux quipes du Centre Fran&ois-
Baclesse pour leurs comptences et leur
dlicatesse.
Pas de couronnes.
Fleurs blanches apprcies.
Cet avis tient lieu de faire-part
et de remerciements.
La Fondation AMIPI-Bernard Vendre
a la tristesse d`annoncer le dcs,
le 11 septembre 2014,
dans sa quatre-vingt-dixime anne, de
M. Jean RICHARD,
membre fondateur de la Fondation.
Il a soutenu jusqu`2 la Fn son ami,
Maurice VENDRE
parti huit mois avant lui.
Il lui a t d`un prcieux soutien dans
sa lutte contre l`exclusion des plus faibles.
16, avenue Foch,
49300 Cholet.
Manuela Santos Mugnier,
Laurent Mugnier
et leurs enfants, Sacha et Ilan,
Caroline Ballanger Santos,
Cdric Ballanger
et leur Fls, Alexandre,
Hlne Mager,
Les familles Mugnier, Idels
et Ballanger,
ont la douleur de faire part de la disparition
de leur pre, beau-pre, grand-pre, ami,
Michel Adja SANTOS,
N Lom, le 7 mai 1930,
ancien haut fonctionnaire
des Nations unies.
La crmonie religieuse aura lieu
le jeudi 18 septembre, 14 heures, en
la chapelle de l`Est, au cimetire du Pre-
Lachaise, Paris 20
e
.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Anne-Marie Vitkine,
ne Lwensohn, dite Langlois,
son pouse,
Ses enfants,
Ses petits-enfants
Et ses arrire-petits-enfants,
en France et en Isral,
Les fami l l es Vi t ki ne, Langl oi s,
Lwensohn, Wasserman, Guinemer
et Heinersdorf,
ont la tristesse d`annoncer la disparition
de
Alexandre p Sacha VITKINE,
ingnieur lectromcanicien,
photographe et info-sculpteur,
prsident fondateur d`Ars Mathmatica,
engag volontaire en 1939-1945,
survenue le 15 septembre 2014,
dans sa cent cinquime anne.
Ses obsques seront clbres le jeudi
18 septembre, au cimetire parisien
de Pantin, 164, avenue Jean-Jaurs.
Rendez-vous l`entre principale,
14 h 20.
66, rue d`Aguesseau,
92100 Boulogne-Billancourt.
Olivier Btourn
Et les Editions du Seuil,
ont appris avec une grande tristesse
le dcs de
Fran,ois WAHL,
fondateur et animateur
du secteur des sciences humaines au Seuil
de 1957 1991,
survenu le 15 septembre 2014.
Tous ses amis au Seuil s`associent
la douleur de sa famille et de ses
proches.
Anniversaires de dcs
Pierre,
nous pensons toi sur la Terre.
Pascale.
Pierre et Emmanuel Levi-Valensi
rappellent qu`il y a soixante-douze ans,
le 18 septembre 1942,
les parents de Jacqueline,
Marguerite et Henri
ROSENBLUM,
son frre,
Raymond,
ont t dports de Drancy Auschwitz,
par le convoi numro 34.
Ils ont accompagn toute la vie de
Jacqueline.
Communications diverses
Le Consistoire Central
et le Consistoire de Paris
rappellent que la crmonie des dports
sera clbre
le dimanche 21 septembre 2014,
10 heures,
dans la Grande Synagogue,
44, rue de la Victoire, Paris 9
e
,
en prsence des plus hautes autorits
civiles, religieuses, militaires
et d`anciens dports.
Concerts
Concert du Patrimoine,
Stella Dupont,
maire de Chalonnes-sur-Loire
et l`Acadmie de Loire
vous invitent un concert de musique
de chambre (Bach, Barrire, Couperin,
Germiniani, Gillet),
David Simpson, violoncelle,
Nolle Spieth, clavecin,
le dimanche 21 septembre 2014,
19 heures, en l`glise Notre-Dame,
Chalonnes-sur-Loire.
Entre gratuite.
Acadmie de Loire.org
Le Fonds de dotation Robert-Debr /
Paris Ile-de-France
organise au proFt des enfants malades
de l`hpital universitaire Robert-Debr
(AP-HP)
un concert
en l`glise Saint-Eustache, Paris 1
er
,
le 24 septembre 2014, 20 heures.
Ce concert plac sous le Haut patronage
de M. Jean-Louis Debr,
prsident du Conseil constitutionnel,
bnFcie du soutien de l`association
{ Jeunes Talents ,
avec le Quatuor Hanson
et Juliette Adam, clarinette.
Au programme
Le quatuor n6 en fa mineur
de F. Mendelssohn,
Le quintette pour clarinette et cordes
en la majeur de W.A. Mozart.
Prix des places
Non numrotes : 30 -
Carr Or avec cocktail et rencontre
avec les artistes : 100 -.
Rservations
x partir de dbut aoIt, par internet :
www.jeunes-talents.org
Places Carr Or, par courrier ou
tlphone, auprs du fonds de dotation
www.fonds-dotation-robert-debre.fr
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Courrier des lecteurs: blog: http://mediateur.blog.lemonde.fr/; Par courrier lectronique: [email protected]
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Internet: site dinformation: www.lemonde.fr ; Finances : http://finance.lemonde.fr ; Emploi : www.talents.fr/ Immobilier:
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Documentation: http ://archives.lemonde.fr
Collection: Le Monde sur CD-ROM: CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
LeMondesur microfilms: 03-88-04-28-60
S
orti aucinma en2013, Made-
moiselle C., de Fabien
Constant, tait diffus sur
Canal+, mardi 16septembre
22h30. Ce long-mtrage docu-
mentaireest le portrait de Carine
Roitfeld, longtemps patronne du
Vogue franais, ternelle jeune
fille enfleurpourtant grand-
mreauchic savamment dglin-
gu, auxyeuxbleuxcharbon-
neux.
Roitfeldincarna et fixala
vogue esthtique quonsurnom-
male pornochic (quellecorri-
gesystmatiquement par rotico
chic), fixe par lobjectif dHel-
mut Newton. Cest elle qui, avec le
couturier TomFord, dont elle fut
lgrie, fit poser unmannequin
aupubis partiellement dcouvert
et taill comme unjardinet la
franaise leffigie duGdu
logoGucci...
Mademoiselle C. suit Carine Roit-
feldpendant les mois de prpara-
tion, enseptembre2012, dupre-
mier numrode sonpropremaga-
zine, CRFashionBook. Ce qui fait
unpeu, parfois beaucoup, penser
The September Issue (2009), de
R.J. Cutler, tourn en2007 pen-
dant les mois qui prcdaient la
sortie durituel et pais numrode
septembre duVogue amri-
cain. Onysuivait aussi des sances
de photographie absolument dli-
rantes shootes travers le
mondeet les mille et untracas au
jour le jour dune rdactionodes
garons sensiblestrbuchent sur
dessacs Vuittonmal rangs et des
filles ples se nourrissent dans
une cantine qui ne semble servir
que des soupes 2 calories le litre.
Comme dansMademoiselle C.,
onyvoyait aussi les dpasse-
ments de budget, les remplace-
ments de dernire minute de man-
nequins vedettes et la ncessit,
dictepar la paginationfinalise,
de jeter aupanier des reportages
photographiques tourns
grands frais par les plus grands
noms dumtier...
The September Issue, galement
sorti sur grandcran, tait le por-
trait dAnna Wintour, patronne
emblmatique de lauguste maga-
zine. Et lonna jamais cess de
comparer Carine Roitfeld cette
dernire, dont unportrait savou-
reusement parodique t incar-
n par Meryl Streepdans Le Diable
shabille enPrada(2006), de David
Frankel. Mais autantla Britanni-
queest rpute pour soncaractre
glacial, ses regards bleu-gris qui
vous transfixentcomme unrayon
laser, autantla Franaisea tout
lair dtre sonportrait invers.
Si lonpeut croire ce quonvoit
et ce qui seditaucours de lheure
quarantedufilmdeFabien
Constant, lareine dupornochic
est une bonne copine, bourgeoise
mais pas bgueule, qui dit bonjour
tout le monde et traite sonami
Karl Lagerfeld(quonvoit quel-
ques instants pouponner la petite-
fillede Carine Roitfeld, ne pen-
dant le tournage) exactement com-
mele chauffeur de limousine qui
lattendenbas de sonbureaunew-
yorkais. Acceptons-enle principe
et laugure. p
C'EST VOIR | CHRONI QUE
par Renaud Machart
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10
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Riga
Varsovie
Kiev
Ankara
Istanbul
Sofia
Odessa
Budapest
Vienne
Prague
Munich
Zagreb
Milan
Belgrade
Bucarest
St-Ptersbourg
Helsinki
Minsk
Moscou
35 40 > 40 30 35 25 30 20 25 15 20 10 15 5 10 0 5 -5 0 < -5
Amiens
Metz
Strasbourg
Orlans
Caen
Cherbourg
Rennes
Brest
Nantes
Poitiers
Montpellier
Perpignan
Marseille
Ajaccio
Nice
Clermont-Ferrand
Lyon
Chamonix
Bordeaux
Biarritz
Limoges
Besanon
Rouen
PARIS
Chlons-
en-champagne
Toulouse
Dijon
Lille
1 22
Grenoble
23 15
26 20
23 10
23 12
24 14
25 15
28 24
23 13
22 14
19 15
18 14
18 14
17 10
22 21
18 6
25 24
23 19
23 11
27 16
25 14
26 15
17 3
31 26
18 5
20 12
12 10
31 21
30 22
32 27
32 28
30 20
20 11
28 27
32 26
38 31
30 26
27 21
33 23
34 22
23 11
8 13
26 16
38 26
23 13
27 10
28 14
28 21
26 20
33 26
18 9
31 20
25 19
33 26
26 13
25
28
20
25
28
22
beautemps
bienensoleill
beautemps
bienensoleill
assezensoleill
aversesparses
soleil,oragepossible
beautemps
assezensoleill
beautemps
nuagesbas
ciel couvert
bienensoleill
pluiemodre
beautemps
bienensoleill
soleil,oragepossible
assezensoleill
soleil,oragepossible
soleil,oragepossible
assezensoleill
beautemps
beautemps
beautemps
assezensoleill
pluiemodre
soleil,oragepossible
beautemps
enpartieensoleill
bienensoleill
bienensoleill
assezensoleill
soleil,oragepossible
beautemps
beautemps
soleil,oragepossible
beautemps
pluiesorageuses
beautemps
assezensoleill
aversesparses
aversesparses
beautemps
bienensoleill
beautemps
beautemps
assezensoleill
assezensoleill
soleil,oragepossible
25 13 bienensoleill
assezensoleill
bienensoleill
enpartieensoleill
enpartieensoleill
beautemps
assezensoleill 14 11
beautemps
soleil,oragepossible
assezensoleill
assezensoleill
soleil,oragepossible
assezensoleill
Vendredi
Jeudi 18 septembre
18.09.2014
30 km/h
30 km/h
35 km/h
30 km/h
60 km/h
20 10
27 20
21 6
18 7
27
9 18
18
21 9
22 12
8
21
20
7
beautemps
assezensoleill
bienensoleill
beautemps
beautemps
bienensoleill
beautemps
beautemps
beautemps
beautemps
Samedi Dimanche Lundi
16h56
07h30 01h48
19h56
13
26
15
24
15
23
17
28
16
23
16
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14
25
15
23
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20
18
29
17
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29
18
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18
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15 24
17 27
16 27
14 25
15 27
15 26
17 25 1830
19 28
19 30
14 25
16 24
16 26
17 26
15 27
15 27
17 26
18 30
2029
15 25
15 26
14 26
14 26
15 25
13 26
15 25
16 27
15 26
11 21
16 26
19 27
15 27
16 26
20 27
21 26
19 23
17 28
14 24
19 23
32
28
26
26
29
25
Nadge
36
Odile cette tempte tropicale se dsagrge sur le nord-ouest du Mexique
En Europe
12h TU
Une dpression situe sur le proche
Atlantique canalisera encore de l'air tide
mais instable depuis la Mditerrane. Les
pluies resteront ainsi trs abondantes au
moins en premire partie de journe sur le
Languedoc, voire encore jusqu'en soire.
Ailleurs le ciel se montrera plus chaotique
et changeant, avec aussi de larges
claircies. Une volution orageuse se
manifestera l'aprs-midi, particulirement
sur la faade Ouest du pays ...
Coeff. de mare
Lever
Coucher
Lever
Coucher
Forts orages par endroits
Aujourdhui
Horizontalement Verticalement
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
Solution du n 14 - 220
Horizontalement
I. Sternutation. II. Potier. Lasso.
III. Ipca. Elu. Mi. IV. Roland
Garros. V. Im. Italie. Se. VI. Terni.
Es. Set. VII. Ute. SDF. Rosi.
VIII. Erigeaient. IX. Lino. TNT. Tar.
X. Ssame. Avens.
Verticalement
1. Spirituels. 2. Topomtrie. 3. Etel.
Reins. 4. Ricain. Goa. 5. Nantise.
6. Ur. Da. Dat. 7. Eglefin. 8. Allais.
Eta. 9. Taure. Rn. 10. Is. Sotte.
11. Osmoses. An. 12. Noisetiers.
Philippe Dupuis
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12
1. Facilitent le service. 2. Morceaux
choisis. 3. Grands chapelets.
4. Rivire et ville de Hongrie.
Evacua les dchets. 5. Excdents.
6. Possessif. Risque de tomber
n'importe quel moment.
7. Coup du sort. Fait la chvre.
8. Petit patron dans la Manche.
Un gueux chez Molire.
9. Met la France en cartes. Espces.
10. Fournisseur de margarine
et de bouts de chandelle.
Compagnon de Paul. 11. Pour
tracer droit. Met le roi en grande
difficult. 12. Ne fixent que les
grandes lignes.
I. A tendance confondre son
personnel et sa progniture.
II. Tour complet. La Terre na pas
de secret pour eux. III. Traumatis.
Conjonction. IV. Tenue lgre.
Apprciation en marge. Vient
juste de partir. V. Sur dHlios
et de Sln. Assure la liaison.
En rgion. Dmonstratif.
VI. Tout fait vraisemblable.
Indisponible pour le moment.
VII. Peut dormir six mois durant.
Mis en couleurs. VIII. Dame de
la terre. IX. Personnel. Bien
franais, mme sil na pas de bon
sens. X. Donne de lhuile. Pourra
tre soutenue, mais par la droite.
Mercredi 17septembre
TF1
20.55Blacklist.
Srie. Anslo Garrick (n16). Le Bon Samaritain
(n106). LAlchimiste (n101) U(S1, 10 12/22,
indit). Avec James Spader V.
23.25Les Experts.
Srie. Perdre la boule. Plat de rsistanceV
(S10, p. 8 et 9/23) ; Chienne de vie (saison 6,
9/24). Avec Marg Helgenberger (150min) U.
FRANCE2
20.50Dtectives.
Srie. Saccage. Frres ennemis (S2, 5 et 6/8) ;
Pot de miel (S1, 4/8). Avec Philippe Lefebvre,
Sara Martins (audiovision).
23.30Les Hommes de lombre.
Srie. La Conqute du centre. Le Tmoin
(S1, p. 3 et 4/6). Avec Nathalie Baye (95 min).
FRANCE3
20.45Des racines et des ailes.
Passion patrimoine : au fil de la Dordogne,
de lAuvergne lAquitaine. Magazine.
22.40Mto, Grand Soir 3.
23.35La Femme sans ombre.
Opra de Richard Strauss. Par le Bayerisches
Staatsorchester,dir. Kirill Petrenko. Avec Johan
Botha, Adrianne Pieczonka (205min).
CANAL+
20.45Football.
Ligue des champions (1
re
phase, 1
re
journe,
groupe F) : Ajax Amsterdam- Paris-SG.
22.50No Pain no Gainp
Film Michael Bay. Avec Mark Wahlberg, Dwayne
Johnson, Ed Harris (EU, 2013, 125min) W.
France5
20.40La Maison France 5.
21.45Silence, a pousse!
22.35C dans lair.
23.40Entre libre.
0.00Cherchez lerreur (105min).
ARTE
20.50Pas de scandalepp
Film Benot Jacquot. Avec Fabrice Luchini,
Isabelle Huppert, Vincent Lindon (Fr., 1999).
22.35LArt et lEmpire du Milieu.
[2/3] LAge dor. Documentaire (2013).
23.25Villa Amaliapp
Film. Benot Jacquot. Avec Isabelle Huppert,
Jean-Hugues Anglade (France, 2000, 95min).
M6
20.50Recherche appartement
ou maison. Tl-ralit.
1.10Damages. Srie (S2, 1/13, 45min) V.
mto&jeux crans
Lessoirestl
EuroMillions
Sudoku n14-221 Solutiondun14-220
Jeudi 18septembre
TF1
20.55Crossing Lines.
Srie. Zone rouge. Tout le monde va savoir (S2,
3 et 4/12, indit) ; Sorties de route (S1, 4/10) U.
23.45NewYork, section criminelle.
Srie. Luttes armes. msalliance (saison 10,
p. 3 et 4/8). Avec Kathryn Erbe (105 min).
FRANCE2
20.50Envoy spcial.
Magazine. Le Recyclage des vtements : de lor
dans nos armoires ; Maldives : la charia au paradis.
22.25Complment denqute.
France: que reste-t-il de ton prestige ?
23.30Alcaline le mag. Bnabar (50min).
FRANCE3
20.45Toutes nos enviesp
Film Philippe Lioret. Avec Vincent Lindon, Marie
Gillain, Yannick Renier (Fr., 2011, audiovision).
22.45Mto, Grand Soir 3.
23.45No et moi p
Film Zabou Breitman. Avec Zabou Breitman,
Nina Rodriguez (France, 2010, 100min) U.
CANAL+
20.5524: Live Another Day.
Srie (saison 9, p. 4 6/12, indit) V.
23.00Mad Men.
Srie. LIntrus (saison 7, p. 4, 50min).
France5
20.40La Grande Librairie.
Magazine. Invits : Eric Reinhardt, Frdric
Beigbeder, Leila Slimani, James Salter.
21.40Culte!
[1/4] Concerts : les dieux des stades (audio.).
22.30C dans lair.
23.40Entre libre.
0.00Stphane Hessel,
Sisyphe heureux. Documentaire (50min).
ARTE
20.50Ptit Quinquin.
Srie. [1-2/4]. Lbthumaine. Au cur du mal.
22.35Ainsi soient-ils.
Srie (saison 1, p. 5 6/8).
0.10Quelque part, mon fils.
Tlfilm. Vivian Naefe. Avec Veronica Ferres,
Kostja Ullmann (Allemagne, 2011, 90min).
M6
20.50Les Petits Mouchoirsp
Film Guillaume Canet. Avec Franois Cluzet,
Marion Cotillard (France, 2010, audiovision) U.
23.50Moi et ses ex.
Tlfilm. Vincent Giovanni. Avec Claire Nebout,
Hlne de Fougerolles (2011, audiovision, 115min).
Au programme des classes
de premire et de terminale
En vente chez votre marchand de journaux
et sur www.monde-diplomatique.fr/manuel
publie son contre-manuel
dhistoire 11,

95
Rsultats du tirage du mardi 16septembre.
4, 29, 30, 35, 50, 2 eet 4e
Rapports : 5 numros et ee: pas de gagnant ;
5 numros et e: 419829,30 ; 5 numros : 69971,50 ;
4numros et ee: 6173 ,90 ; 4 numros et e: 268,10 ;
4numros : 141,90 ;
3 numros et ee: 69,40 ; 3 numros et e: 16,70 ;
3 numros : 14,60 ;
2 numros et ee: 19,80 ; 2 numros et e: 8,40;
2 numros : 4,40 ; 1 numro et ee: 9,70.
Celong-mtrage
estleportrait
deCarineRoitfeld,
longtempspatronne
duVoguefranais
Motscroiss n14-221
Lesjeux
La reproduction de tout article est interdite sans laccord de ladministration. Commission paritaire
des publications et agences de presse n 0717 C81975 ISSN0395-2037
PRINTED IN FRANCE
Imprimerie du Monde
12, rue Maurice-Gunsbourg,
94852 Ivry cedex
Toulouse
(Occitane Imprimerie)
Montpellier ( Midi Libre )
80, bd Auguste-Blanqui,
75707 PARIS CEDEX 13
Tl : 01-57-28-39-00
Fax : 01-57-28-39-26
Prsidente :
Corinne Mrejen
15
0123
Jeudi 18 septembre 2014
IndpendancedelEcosseparSerguei
dcryptages
L
e 18septembre se joue lavenir
institutionnel, territorial et
imaginaire du Royaume-Uni.
LEcosse, pour la troisime fois
de son histoire rcente, va
rengocier son statut (aprs les
votes de1979et 1997), mais cette fois-ci de
faon radicale, la question pose portant
surlaccsunetotaleindpendance. Lac-
te dunionde 1707, qui a fait des Scotsmen
lun des quatre peuples britanniques,
pourrait avoir vcu. Les les Britanniques
changeraient ds lors de visage, offrant
lEurope un nouveau facis, dautant plus
troublant que cette mtamorphose pour-
rait enappeler dautres.
Quelques semaines plus tard, bienplus
au sud, la Catalogne prvoit dorganiser,
en toute illgalit constitutionnelle, un
rfrendumdaccs lindpendance qui,
si onenjugepar les manifestations mons-
tres de Barcelone, pourrait fort bienabou-
tir. LEspagne, tiraille depuis la fin de
lunitarisme franquiste par des pousses
rgionalistes parfois violentes, menace-
rait dimploser. Et, nen doutons pas, un
tel bouleversement des frontires inter-
nes de lEurope aurait des consquences
endomino. Danslesdeuxgrandesnations
concernes tout dabord: les communau-
ts autonomes les plus avances dEspa-
gnelaGaliceet lePays basque netarde-
raient pas, sous lefficace monitoring
de leurs puissants partis nationalistes,
rclamer semblable reconnaissance. Au
Royaume-Uni, les Gallois ne seraient pas
enreste, laussi animsparunparti rgio-
naliste solidement implant. Et bien sr,
la trs dlicate question nord-irlandaise
pourrait refaire surface, si tant est quelle
ft rgle.
Mais la nostalgie des petites diffren-
ces, pour reprendre le cruel mot de Karl
Marx voquant les rgionalismes nais-
sants, dbordelafaade ouest de lEurope.
Le fragile consensus belge serait en pre-
mire ligne et lactivisme des partis natio-
nalistes flamands trouverait dans les
modles cossais et catalans un nouveau
dynamisme. Effet enchane, le rgionalis-
me wallon pourrait chercher un rattache-
ment la France, modifiant les frontires
de la vieille Europe.
Quid en Italie des Lombards, des Sar-
des, delaminorithongroiseenSlovaquie
et bien dautres ? Une fiction, dira-t-on
dansunpays, laFrance, olergionalisme
distrait, amuse ou parfois agace, mais
sans jamais vraiment effrayer, tant notre
histoire, notreConstitutionetplusprofon-
dment notre imaginaire collectif ren-
dent impensable une scission du territoi-
re national, ft-il insulaire!
Cette actualit, perue comme exoti-
que Paris quandelle semble dramatique
Londres ouMadrid, est dabordunebelle
leon de dmocratie. Non seulement par-
cequeles peuplesfont leur lexigencepar-
ticipative et rintroduisent enfin de la
grande politique dans un dbat sclros
par lconomique ou lanecdotique. Mais,
surtout, Catalans, Ecossais ou Flamands
reprsentent ces nationalismes moder-
nes et nantis qui depuis toujours ont
renonclavoiefaciledelaviolencepoliti-
quepour se faireentendre. Les cagoules et
les bombes, si prsentes enCorse, auPays
basque ouenUlster, nont jamais eudroit
de cit et cest par la voie dmocratique
quelerveindpendantistepourraitadve-
nir. Belle leon ladresse des belliqueux!
LesouriredeParis faceauxcraintes bri-
tanniques, revers du French bashing
pratiqu outre-Manche, ne cache-t-il pas
cependant une apprhension lheure o
la principale ville de Corse est dsormais
dirige par unnationaliste et ounrgio-
nalismeentrepreneurial sedveloppefor-
tement auPays basque nord? Enfait non.
Paris reste la capitale dun pays assez
uniqueparsonorganisationterritorialeet
sa culture jacobine. Le rgionalisme nest
pas et najamais tune menace ni mme
une source deproccupationdans unEtat
unitaire, sr de son centralisme et telle-
ment diffrent de tous ses voisins fronta-
liers. Quonysonge: unEtat autonomique
(Espagne), deuxEtats rgionalistes oufor-
tement dcentraliss (Italie et Royaume-
Uni), troisEtatsfdraux(Allemagne, Suis-
se et Belgique) Seule la France semble
avoir rglduntrait deplumelaquestion
identitaire rgionale.
Mais cest surtout lHistoire qui ancre
dans les mentalits des perceptions oppo-
ses de leur identit. La force de la France
est davoir russi lanationalisationdeson
territoire. Les trois piliers de lEtat rga-
lien, larme, lefisc et lcole, ont fonction-
n de la fin de lAncien Rgime lore
des annes 1950 comme de formidables
machines uniformisatrices des mots et
des choses, aboutissant cette commu-
naut imagine reprsente par un
Hexagone.
LEtat fait la guerre mais la guerre fait
lEtat , disait lhistorien Charles Tilly. Elle
a surtout fait la nation, obligeant lors des
trois derniers grands conflits (1870, 1914,
1945) Basques, Bretonset Corsessebattre
ensemble, sous lordre dofficiers parlant
franais, dveloppant unmmeimaginai-
re de guerre, unmme ennemi, un mme
idal nationaliste. Des monuments aux
morts aux papiers didentit, des actes
administratifs au rseau postal, des ftes
rpublicaines une mme langue parle,
tout renvoie enFrance lide dunseul et
mmepeuple, duneseuleetmmeidenti-
t sans blessure ni tensions, du moins en
ce qui concerne lidentit territoriale!
Amusons-nouscomparer sur unecar-
teroutirelerseaudetransportsenFran-
ce avec celui dvelopp en Allemagne ou
en Espagne. Larchitecture en toile
autour deParis saute auxyeuxet rappelle
lextraordinaire omnipotence symboli-
que de la capitale, sige de lEtat et de la
mmoire nationale.
Sil est possible pour un Bastiais de se
dire corse et franais, il est frquent pour
unBarcelonaisdesedireuniquementcata-
lan. Cest tout ununiversmental qui diff-
re, aliment depuis des dcennies par des
partisnationalistesgestionnaires, rguli-
rement au pouvoir Glasgow, Barcelone
ou Anvers, ou suffisamment puissants
pour peser sur lorganisation des conte-
nusscolairesousurlesacteursdelasociali-
sationque sont les mdias. Jamais laFran-
ce, tout entire tourne vers les questions
ouvrire et religieuse, ne sera bouscule
par des partis rgionalistes peu puissants
et surtout eux-mmes formats par un
imaginaireunificateur dont il leur est trs
difficile de saffranchir.
Lesquestionscossaise, catalaneoufla-
mande peuvent faire trembler lEurope.
Elles sont le fait de rgions riches, poten-
tiellementviableset ayantacquisunevri-
table culture dEtat. Leur nationalisme est
inscrit dans les imaginaires populaires.
Riende tel enFrance. Bastia, Brest ouBiar-
ritz demeureront encore longtemps des
sites de villgiature franais. p
EnFrance, lergionalisme
nemenacepaslaRpublique
Lescasbretonetcorsediffrent
descascossaisetcatalan
PierreTorres
Journaliste, ancien otage en Syrie
J
uin2014, me voil ausige de laDirectioncentrale
du renseignement intrieur (DCRI) avec mes
anciens co-otages. Nous sommes face plein de
gens srement trs importants qui nous expli-
quent en chur quils ont Nemmouche et quil
taitpeut-trelundenosgeliersenSyrie. Ilsprci-
sent que, en thorie, ils ont la possibilit de le garder
encore des jours et des jours mais que bon, comme ils
lont dj depuis unmoment, ils vont devoir le refour-
guer auxBelges.
On sait que la police peut peu prs tout faire avec
ceux que lon souponne dtre terroristes, mais l, il y
aurait urgence et il faut que nous rappliquions dare-
darepourdposer. Certes, loiseauenquestionnest pas
prsdesenvoleret quandbienmmeil auraitparticip
mon enlvement, quoi quil arrive, il nest pas tout
fait prs de sortir de prison. Montmoignage na donc
nonseulement aucunintrt pratique ce moment-l,
mais il nenaaucundans labsolu.
Parmi nos htes dimportance, Camille Hennetier,
procureure, qui dirige le parquet antiterroriste. Elle
nous promet quaucune instruction ne sera ouverte
contre ce suspect, au sujet de notre enlvement, tant
quun danger psera sur les otages occidentaux. Elle
attendra que la crise soit finie. Elle comprendla gravit
delasituation. Elle nous rassure.
Troismoisscoulent jusqucequunelectureauda-
cieusedelactualitpousseonnesait qui dcrter que
letemps tait venudervler lecontenudenos dposi-
tions. Quil est faciledtreaudacieuxlorquonnest pas
enSyrieenferm entrequatre murs!
DepuislassassinatdeJamesFoley, le19aot, denom-
breuses informations ont fuit et de nombreux men-
songes ont t profrs. Cela audtriment des familles
de ceux encore dtenus en Syrie. Les mensonges peu-
vent maner de nimporte qui, pas les fuites. Ouplutt
si, nos dpositions ont pu fuiter par nimporte quel
bout de lantiterrorisme franais mais pas sans laval et
lintrt detous.
Auxquestionstellesque: Reconnaissez-vousMedhi
Nemmouche?Est-il lesarcastiqueetptulantjeunehom-
me que lon dit ? , il me faut rpondre par une autre
question: pourquoi leparquet, laDirectiongnralede
lascuritintrieureouonnesait quel juge, donnent-il
accs des dpositions qui, un jour ou lautre, seront
lgalement rendues publiques? Lequel dentre eux
a-t-il perdu Actionouvrit?
Cela relve videmment de lopration de promo-
tion. Promotion de quoi ? Nous ne le savons pas enco-
repromouvoir lanouvelleloi antiterroristeendiscus-
sion au Parlement, dmontrer que les services ser-
vent autre chose qu mettre en examen des adoles-
centes de 14ans pour association de malfaiteurs en
relation avec une entreprise terroriste , nous verrons
bien. Cequi est certain, cest quelaseulechosequi puis-
sejustifier lamiseendangerdes autresotages, cest que
quelquunouquelqueinstitutionpolicireavullapos-
sibilitdese faire mousser.
Du point de vue des organisateurs de cette fuite,
lopration a bien fonctionn. Jeune-dlinquant-Ara-
be-Syrie-attentat-France-terrorisme-antiterrorisme,
toutelartilleriesmantiqueest dballeafindefinir de
nous convaincre que nous avons toutes les raisons
davoir peur. Nemmouche nest pas un monstre. Cest
un sale type, narcissique et paum, prt tout pour
avoir sonheure de gloire. Ses raisons daller enSyrie se
rapprochaientprobablementplusdecellesqui, uncer-
tain degr, mnent des adolescents amricains abat-
tretouteleur classeoucertains denoscontemporains
participer une missionde tl-ralit, qu une quel-
conque lecture duCoran. Ce quil incarne, cest une for-
me particulirement triviale de nihilisme. Il est, cet
gard, unpurproduitoccidental, labellisetmanufactu-
rpartout cequelaFrancepeut fairesubirsespauvres
commepetiteshumiliations, stigmatisationsetinjusti-
ces. Lempilementsansfindenouvellesloisantiterroris-
tes enest lune des facettes.
Infine, toutlediscoursantiterroristeestcequi auro-
leunNemmouchedegloire. Sanscela, il auraittconsi-
dr pour ce quil est, un pauvre type qui assassine des
genspourpasserlatl. Enretour, onpeutdonnertou-
joursplusdepouvoirsauxpolicierset auxjugesdelan-
titerrorisme. Pouvoirs qui ne permettront videm-
ment pas darrter plus de Nemmouche mais qui, en
revanche, resserrentencoreunpeupluslemaillagepoli-
cier et lecontrledelapopulation. Ces nouvelles prro-
gatives concernent des restrictions de circulation et
dexpression pour certaines personnes dont le profil
seraconsidrrisqueparunouplusieursBigBrothers
bienveillants: la possibilit pour des parents dinscrire
leurs enfants aux fichiers des personnes recherches;
une association de malfaiteur une seule personne
un humour auquel Nemmouche sera des plus sensi-
bles. Et, gliss subrepticement dans letas, unarsenal de
pnalisation de la cybercriminalit qui sattaquera
davantagedesinitiativesdelibreinformationcomme
WikiLeaks, plusqudesposeursdebombesurInternet.
Jadmets avoir commis une erreur en collaborant
avec le service de police politique quest lantiterroris-
me. Celava loppos des positions et des combats que
reprsente mon engagement de journaliste. Je men
excuseauprsdesfamillesdeceuxquecettengligence
amis endanger. p
LestroispiliersdelEtat
rgalien, larme, lefisc
etlcole, ontfonctionn
delafindelAncien
Rgimeloredes
annes1950comme
deformidablesmachines
uniformisatrices
des motsetdeschoses
XavierCrettiez
Professeur de science politique
Sciences Po Saint-Germain-en-Laye,
universit de Versailles Saint-Quentin
Laseulechosequi puissejustifierlamise
endangerdesautresotages, cestque
quelquunouquelqueinstitutionpolicire
avullapossibilitdesefairemousser

Alors que l Ecosse


se prononce, jeudi 18septembre,
sur son indpendance,
le 11septembre, une norme
manifestation a eu lieu
Barcelone pour clbrer la fte
nationale de la Catalogne.
Un rfrendumsauvage, sans
lgalit constitutionnelle, sur
lindpendance de la Catalogne
doit tre organis le 9novembre.

Trois des ex- otages franais


retenus en Syrie depuis juin 2013
Nicolas Hnin, Didier Franois
et Edouard Elias et librs
le 19 avril ont reconnu Mehdi
Nemmouche comme lun de
leurs gardiens lors de leur
dtention. Le photographe Pierre
Torres a refus de rpondre
auxservices du renseignement
intrieur sur ce point lors de la
procdure didentification.
Jai commislerreurdecollaborer
avecles servicesdelantiterrorismefranais
16
0123
Jeudi 18 septembre 2014
analyses
ANALYSE
par BrunoLesprit
Service Sports
C
est lhistoire dune promotionqui
sest acheve en liquidation. Celle
du club de football de Luzenac,
communearigeoisede600mes,
qui avait obtenu de plein droit,
cest--dire sur la pelouse, sa place
en Ligue 2, le deuxime chelon professionnel.
Ce miracle sportif avait rjoui les amateurs de
contes de fes, toujours prompts encourager
en Coupe de France les Petit Poucet face aux
ogres. Acelaprs quedevait sesubstituerlivr-
esse dune aventure phmre la construction
dun projet prenne et la complte profession-
nalisationdune structure amateur.
Aprs un puisant feuilleton judiciaire de
trois mois, le rve sest mu en cauchemar. Le
Luzenac Arige Pyrnes (LAP) devait initiale-
ment ouvrir sa saison le 1
er
aot en recevant
Troyes, avantdedfierNancyouLeHavre. Engui-
se dquipe premire, libre de ses obligations,
cest finalement la rserve qui recevra le 20sep-
tembre le voisinde Tournefeuille pour le comp-
tedela DRH(divisionrgionale dhonneur). Soit
la 7
e
division. Le club rvait de se mesurer aux
puissants, il nensubsiste quelassociation.
Cette fable cruelle et difiante le petit
contre les gros, le village contre la capitale, le
footdenbascontrecelui denhaut, lepot deter-
re contre le pot de fer, avec dnouement connu
grce La Fontaine se devait davoir son Pre
Fouettard. Il a emprunt la moustache sourcil-
leusedeFrdricThiriez, lepatrondelaLiguede
football professionnel (LFP), dont lAssociation
franaise de football amateur (AFFA) vient de
rclamer la dmission. Accus de livrer ce sport
aubusiness et duvrer pour une ligue ferme
entre nantis, lavocat plaide la scurisation du
foot progrce auxrecettes de droits tl.
Pour lui, lanomalie Luzenac tait une folie.
En 2012-2013, la Ligue 2 a enregistr une perte
nette de 21millions deuros, suprieure celle
delaLigue1. Sedanet LeMansavaient dposle
bilan en fin de saison, aprs Grenoble en 2011.
Fut redout unscnario la Gueugnon, clubde
National (troisime division), qui avait cess
cette mme anne son activit sept journes
du terme du championnat, en semant la ziza-
nie dans le classement.
Luzenac estimait nanmoins avoir les reins
assez solides. Son prsident tait Jrme
Ducros, un promoteur immobilier dont la
socit affiche prs de 100millions deuros de
chiffre daffaires et son directeur gnral une
figure mdiatique, FabienBarthez, gardiendes
champions du monde 1998. Le 5juin, la Direc-
tion nationale du contrle de gestion (DNCG),
gendarmefinancier dpendant de laLFP, signi-
fiaune interdictionde monte aprs avoir exa-
min le dossier financier. Confiants, les diri-
geants portrent laffaire devant le Comit
national olympiquedusport franaispuisletri-
bunal administratif de Toulouse, qui invalida
la dcision de la DNCG. Le 7aot, coup de th-
tre, celle-ci rendit unavis favorable.
Dialogue sans conciliation
Le plus difficile restait faire: obtenir laval
du conseil dadministration de la LFP alors que
le championnat de deuxime division avait
repris la semaine prcdente. Il fut refus en
invoquant labsence de stade rpondant aux
normesdescurit. Sur cettequestion, undialo-
gue de sourds sengagea ds le dbut, la fran-
aise, sansconciliation, maisparchangedelet-
tres recommandes.
Le promu fut sitt inform quil ne pourrait
continuer voluer dans lenceinte communa-
ledeFoix(3000places). Unrglement delaLFP
recommande en Ligue 2 une jauge de 12000
(dont 8000 assises), alors que laffluence
moyenne dans cette division na pas dpass
les 8000spectateurs en2013-2014.
Le camp de Luzenac affirma avoir trouv un
accorddeprincipepour migrer austadeErnest-
Wallon de Toulouse. Lui fut oppose alors lab-
sence de systme de vidosurveillance dans ce
temple du rugby (celui du Stade toulousain).
Cette carence na pourtant pas empch la
tenuedematchs defoot, delaslectionfranai-
se des espoirs et mme du Toulouse FC. Pru-
dent, le LAP attendait lofficialisation de son
accession pour dbuter les travaux. Le pige
sestrefermsurlui : pourjustifiersoninflexibi-
lit, la LFParguera que rienna t fait
Le combat tait perdu davance. Dun ct,
lamateurismeet lanavet duLAP, sonincoh-
rence aussi lorsquen dsespoir de cause il de-
manda une rintgration en National quil
avaitdemblecarte. Delautre, laraideurpro-
cdurire toute sovitique de la LFP, qui a mis
sur lepourrissement pour carter lindsirable.
La Ligue sest montre infiniment plus souple
pour sauver des eaux le RC Lens, menac selon
la DNCG dun dpt de bilan et qui attend tou-
jours largent promis par lhomme daffaires
azri Hafiz Mammadov. Il est vrai quelepatron
des Sanget Or, Gervais Martel, est ducnacleen
tant quancienvice-prsident de la Ligue.
Sur le plan sportif, le signal lanc par la LFP
est entout cas dsastreux. Sils nourrissent des
ambitions, des pensionnaires actuels de Natio-
nal aussi modestes que Le Poir-sur-Vie (Ven-
de) ou Chambly (Oise) seraient bien inspirs
dentamer la mise aux normes de leur quipe-
ment, respectivement les stades de lIdonnire
et des Marais (1000 places). Mais la solution la
plus raisonnable consisterait plutt perdre
leurs matchs pour spargner une preuve de
force fatale avec M. Thiriez. p
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RVE SEST
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L
aligneesttablie. Vingt-qua-
tre ans aprs Notre ami le roi,
lelivrepercutantdeGillesPer-
rault consacr HassanII et publi
en1990, OmarBrouksyprolongele
rcit de la cour marocaine avec le
portrait sansconcessiondesonfils,
Mohammed VI, hiss sur le trne
enjuillet1999.
Gilles Perrault transmet le flam-
beaulauteur danslaprface: Le
royaumedeHassanII, ctait lech-
teau de Barbe-Bleue. En comparai-
son, celui de M6 serait plutt celui
de la Belle aubois dormant avec en
sous-sol la caverne dAli Baba.
Deuxrgnes, deuxstyles, maisune
mmeamertume.
Cest peu dire que le portrait de
lactuel roi du Maroc dress par
Omar Brouksy est dabord le fruit
dune immense dception. Sur-
nomm le roi des pauvres aprs
sonaccessiondupouvoir, lesouve-
rainest aujourdhui dcrit comme
le roi en or massif ou le roi
cash.
Salu comme levisage moderne
duroyaume, il est rest unintou-
chable, selon Omar Brouksy, un
gardiendestraditionsjugeshumi-
liantes, comme la rituelle crmo-
niedallgeance. Lechangement
lespagnole dont ont rv cer-
tains, rsume lauteur, nest pas
lordredujour.
Travail long et rigoureux
Journaliste talentueux, Omar
Brouksy a lui-mme prouv cette
dsillusion, dabord comme rdac-
teur en chef du Journal hebdoma-
daire, puis au sein du bureau de
lAFPauMaroc.
Titrepharedelapressemarocai-
necren1997, leJournal hebdoma-
daire, qui se distinguait par ses
enqutes et ses rvlations, a cess
deparatre, touffpar les detteset
boycott par les annonceurs, selon
une stratgie bien rode du pou-
voir.
Puis, alors quil travaillait pour
lAFP, etmalgrlesprotestationsde
lagence, Omar Brouksy stait vu
retirer sonaccrditation.
Derrire les masques, le titre de
ce livre nest pas le produit dune
vengeance, mais un long travail
rigoureuxfondsur des tmoigna-
ges, loindes anecdotes people.
Avec une prcision parfois
glaante, lauteur dcrit la prda-
tion conomique dun roi pre-
mier homme daffaires auMaroc,
prsent dans tous les secteurs stra-
tgiques dupays.
Colrique, inaccessible, le roi
dans sonpalais gouverne avec une
poigne de fidles, ce qui donne
lieu un chapitre ravageur, sans
doute le plus sidrant: Le poten-
tat et ses potes.
Dans ce cercle restreint, crit
Omar Brouksy, la lutte pour la
proximitparrapportauroi engen-
dre des relations qui peuvent aller
de laservilit laviolence physique
en passant par une tension perma-
nente.
Certes, lesdroitsdelhommeont
fait quelques progrs par rapport
aurgnedupre, maisOmarBrouk-
sy dcrit avec froideur la prison
secrte contemporaine de Tamara,
prs de Rabat, ou la sous-traitance
de la torture des prisonniers accu-
ss de terrorisme et capturs par la
CIA. Les rformes amorces aprs
le printemps arabe de 2011 ny ont
rienchang et la constructiondun
Etat de droit reste ici, pour une lar-
gepart, enchantier.
Cest bien l toute la dception
marocaine. p
Isabelle Mandraud
Football: Luzenac oucommentliquiderunpromu
Mohammed VI derrire les masques
Omar Brouksy
Gallimard, 240 p., 16,90 euros
RECTIFICATIF
aMode Contrairement ce quindiquait la lgende de la photoappo-
se larticle Le style britannique face aumarch plantaire (Le Mon-
de du16septembre), lIrlandais J. W. Andersonprsentait Londres sa
collection, portant sonnom, et noncelle de Loewe (pour laquelle il tra-
vaille galement).
LE LIVRE DU JOUR
Lefils denotreami
le roi, MohammedVI
17
0123
Jeudi 18 septembre 2014
Abord de la Perle
Envoye spciale
I
ls chantent. Apleine voix.
Ah! Quest-ce quonest serr
Aufondde cette bote!
Chantent les sardines
Chantent les sardines
Ah! Quest-ce quonest serr
Aufondde cette bote!
Chantent les sardines
Entre lhuile et les aromates.
Ensemble, ils crient ces mots idiots, le
regard mal assur, dans un sourire forc.
Que va-t-on leur rserver, cette fois ? Ils
ont 20ans peine. Ilsvivent leur premire
navigation bord du sous-marin. Sur la
Perle, cest un joyeux djeuner du diman-
che. Dans la caftria exigu o se serre
lquipage, les nophytes chantent
debout pour leurs ans, sous les hues.
Pour eux, le temps nest pas venude man-
gersereinement. Desbolspassent demain
en main. Entre deux ritournelles, ils ava-
lentprsentavecdeshaut-le-curdinf-
mes mixtures.
Dansleurtenuebleuemarinenationa-
le, Simon, Jean-Marie ou Romain, dit
Joyeux, ne sont aujourdhui que des
nos puants aux traits tirs de fatigue.
Ils partagent ununiquevu: rejoindre au
plus vite la famille des sous-mariniers. Le
bidou (jeune) Thomas, si volontaire,
quetous apprcient, sourit. Onatant tra-
vaill pour arriver l! Avant de devenir
marin, Cyril, dit Viril , undes barreurs, a
pris le temps dtre pizzaolo, puis de ven-
dre des matelas. Jtais tellement dcid
quandjemesuis engag! Aujourdhui, ils
esprent ne pas dcevoir leur nouveau
pre, le marinexpriment qui les guide
bord. A leur passage, les anciens crient
pour rire: Papa! Papa!
Une famille? Ils sont 75 bord du sous-
marin nuclaire dattaque Perle, dont
12officiers. Fils de policier ou de marin, de
paysan ou de garagiste, ils nont rien de
commun, si ce nest lhistoire quils vont
crire sous leau aufil des navigations. Les
nav. Chaqueanne, aprs des semaines
exigeantes de formation et dentrane-
ment, les quipages partent quatre mois
enmer. Ainsi coups dumonde, des leurs,
ils cohabitent.
Dans ce petit univers, chacun com-
prendvitequil doit rester saplace. Latra-
ditionveutquelonenlvesongradedeses
paules dans le poste central des opra-
tions. Les marins constatent: Ontravaille
ensemble, mais chacunsait qui il est. Ato-
micienspcialistedesinstallationsnuclai-
res, cuisinier, radio, navigateur Ces fra-
tries sont jalouses de leurs diffrences.
Pas de mlange des genres! , lance le
matre principal Guillaume G. avec son
accent du Midi. Aprs les fils et les pres,
voici les officiers et les officiers mariniers
(OM). Les premiers sont issus de lEcole
navale. Les seconds de lEcole de maistran-
ce. Les OM ont une carrire courte
quinze ans. Ils rsument : On na pas la
mme vision des choses. Une affaire de
classe, les bourgeois face au peuple, que
lon cultive, par confort. Car chacun est
bienchez soi.
Les officiers mariniers ont les mains
dedans . Ils font tourner la machine. Ils
exercent leur autorit sur les jeunes avec
paternalisme, la manire des Compa-
gnonsdudevoir. Il yapeuencore, ilsnhsi-
taient pas distribuer des claques. Les offi-
ciers, que le matre dhtel sert toujours
avec des couverts en argent Christofle,
nont pas les mmes gots. Ils comman-
dent pourtant les marins avec la mme
intention. Certains ymlent unsentiment
de supriorit naturelle. Ils savent. Dci-
dent. Distillent avecparcimonielinforma-
tion. La hirarchie sera respecte tant que
lon pourra saluer de vrais chefs. Dans
les rangs infrieurs, on respecte les guer-
riers. On mprise le ma guise larbi-
trairede sonsuprieur.
Et puis il y a ceux de lavant et ceux de
larrire. Lestables delacaftriareprodui-
sent cette gographie interne, dans le sens
de la marche. A larrire du sous-marin,
autour de la chaufferie nuclaire, mcani-
ciens et lectriciens forment un monde
part. Deuxsas les isolent des espaces com-
muns. Ces bouchons gras vivent la
guerre distance. Les deux tranches du
navire abritant les machines sont expo-
ses unechaleur intense, dans uneatmo-
sphre sature et bruyante. L, dans cet
enchevtrement de condenseurs, de pom-
pesetdecircuitslectriques, ceuxqui effec-
tuent les rondes, les rondiers, seront les
premiers dceler une avarie fatale. Un
jour, jepourrais avoir le choixde laisser cla-
querdeuxpersonnesdans lecompartiment
machines oude faire remonter le bateau,
sait le premier matre GuillaumeG.
Bouchons gras versus opration-
nels. Les ops, concentrs sur la tacti-
que militaire, sont dits aussi les sacs
main parce que ce sont des prcieuses
qui ne mettent pas les mains dans le cam-
bouis, ironise unmarin.
Tous cependant se rejoignent : On est
danslammebotedemtal. Cettemachi-
ne de guerre est des plus exigeantes. La
moindre faute et elle deviendra cercueil.
Lerreur dune personne peut envoyer
toutlemondeaufond, rsumelepremier
matre NicolasC., un expert du bord qui
sest engag 17 ans.
Les nossembarquent ainsi dans un
parcours impitoyable: pour rester sous-
mariniersils devront progresser, oupartir.
Simon, Thomas et les autres sont prts
tout accepter ce dimanche. Ils ne pensent
qu dcrocher le certificat lmentaire
quil faut obtenir la premire patrouille
en mer, sous peine dtre marqu au fer.
Pour certains, ce sera rdhibitoire, on ne
va pas leur confier la chaufferie nuclaire
sans ces connaissances, souligne le com-
mandant ensecondde la Perle, Axel R.
Aprs trois mille heures de plonge, les
jeunes passeront le certificat suprieur. Et
ainsi de suite, sans rpit possible. Unsous-
marinier use untiers de sa vie profession-
nelle sur les bancs des coles internes. Il
faut huit anspour former unpremier ma-
tre spcialiste de la propulsion; dix ans
pour faonner uncommandant.
Le Breton FlorianK., grand regard bleu
au milieu de ses taches de rousseur, a des
grands-parents agriculteurs. Son pre,
trente ans de pche sur un chalutier du
Conquet (Finistre), lui a interdit de suivre
ses pas. Le fils a obtenu un bac profession-
nel industriel. Il se sent port. Je me disais
que ce ntait vraiment pas naturel de sen-
fermer comme a. Jesuis surpris enbien.
Au collge, combien de sous-mariniers
ontentenducettefameusephrase: Tunar-
riveras rien! Pour eux, lascenseur social
fonctionne encore, admet le second ma-
tre JulienD., lectricien. Mais les plus
anciensvoquentuneviepasseavecune
pe au-dessus de la tte. Quand je me
suis engag, jenesavais pas quejallais pas-
ser autant de temps en cours, observe le
chefdupont, SbastienJ., 34ans. Achaque
cycle, onrepartlentranement. Onreplon-
gedanslesdocs. Etonsefaitcasserledos. Jai
eudesmomentsdedcouragement. Jai sou-
vent rv daller faire leveur de chvres
dans le Larzac. JulienD. , 28ans, juge cette
pressionexcessive. Enbas, onnestpasfor-
cment prt a, ajoute-t-il. Il yaunetel-
le pnurie de comptences dans la marine
que vous tes considr comme un ancien
aubout dequatre mois de mer.
Les ans partagent un sentiment de
dclin. Ils pensent que le niveausaffaiblit.
On fait monter trop vite les jeunes, esti-
me le prsident des officiers mariniers,
Franck V. Ils doivent nous prendre pour
des vieux cons. Mais on doit passer le flam-
beau du sous-marin. Selonlui, la base du
mtier, chasse, purge et tradition, ny
est plus. Aujourdhui, la marine peine
fidlisersestroupes. Il faut faireavecles
jeunes qui arrivent, tout juste uncandidat
pourunposte. Quandonaunjeunemoti-
v, maintenant, on essaie de le choyer ,
reconnat unan.
La gestion des hommes par les tats-
majors est critique. Et, dans la famille des
sous-mariniers, beaucoup butent pr-
sent devant lampleur des sacrifices
consentirpour fairepartiedecettelite. Ce
dimanche, leplus svredes presnest
pas celui qui a le moins subi quand il tait
un no. Le second matre AntonyR.,
sept navigations dj, apayleprixfort, et
sapetite famille avec lui, pour avoir quitt
son travail de paysagiste dans le centre de
la France. Les trois premires annes ont
ttrsdifficiles. Il lui estarrivderegret-
ter davoir tout lch sur les conseils dun
marin qui lui avait vendu du rve. Il dit
aujourdhui : Je peux tre fier. Jai fait un
cheminnorme.
B
on an, mal an, les nos puants
vont devenir des bouchons gras,
des opset, pourquoi pas, des offi-
ciers. Ce qui compte, finalement, cest le
momentolonentredanslamachine. Offi-
ciers ou non, les anciens se retrouvent
ensemble, les jeunes aussi , constate le
commandant de la Perle, Jrme Colonna
dIstria. Le pacha a 39ans. Il est le vieux,
le plus expriment dubord. Ce Corse, fils
denseignants, a choisi larme par voca-
tionet le sous-marinpour sa complexit.
Les nos se sont toujours serr les
coudes. Ils dorment lavant, au milieu
des torpilles, dans ce passage bruyant qui
sert aussi de local de sport et de remise
pour les poubelles. Ils finissent par trou-
ver des avantages cet inconfort. Com-
ment renoncer aprs avoir tant encaiss?
Le rondier Thibault P., 22ans, dj mari,
lit Hlie de Saint-Marc ses heures per-
dues pour les valeurs humaines . Un
petit carnet de citations ne quitte pas sa
poche. La jeunesse nest pas faite pour le
plaisir, elle est faite pour lhrosme, lui
enseigne Paul Claudel. Ce fils de marin a
dcrochlameilleurenoteaucertificatl-
mentaire. Il sait que sonavenir est l mais
hsite encore sur la voie suivre: mcani-
cienouop? Sa hirarchie choisira pour
lui. Ainsi vogue la famille adoptive des
sous-mariniers, fragile construction
humaine. Jalouse de ses traditions. Elle,
contre le reste dumonde. p
f Sur Lemonde.fr
Le grand format
Prochain pisode: Gibraltar
enqute
Danslafamille
dessous-mariniers
Lerreurdunepersonne
peutenvoyer
toutlemondeaufond
NicolasC.
premier matre
Nathalie Guibert
Lquipage de la Perle,
dans la caftria, lheure durepas.
NATHALIE GUIBERT
Unmoissous
lesmers 3/5
Notrereporter
NathalieGuibert
estlapremire
femmeavoirvcu
dansunsous-marin
nuclaireenmission.
Coupsdumonde,
75marins
cohabitent dans
cet univers
ochacundoit
rester saplace
18
0123
Jeudi 18 septembre 2014
Socit ditrice duMonde SA
Prsident dudirectoire, directeur de lapublication Louis Dreyfus
Directeur duMonde, membredu directoireGilles vanKote
Directeur des rdactions Jrme Fenoglio
Directricedlgue lorganisationdes rdactions Franoise Tovo
Directeurs adjoints des rdactions Luc Bronner, Marie-Pierre Lannelongue, Arnaud Leparmentier, Ccile Prieur
Directeurs ditoriaux GrardCourtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann
Rdacteur enchef, responsable de la rdaction numrique Vincent Fagot
Rdacteurs enchef et chefs de services Christophe Ayad (International), Thomas Wieder (France),
Virginie Malingre (Economie), AurlianoTonet (Culture)
Rdacteurs enchef dveloppement ditorial Julien Laroche-Joubert (Projets),
Vincent Giret (Diversifications, Evnements, Partenariats)
Chef dditionChristian Massol
Directeur artistique Aris Papathodorou
PhotographieNicolas Jimenez
Infographie Eric Bziat
Mdiateur Pascal Galinier
Secrtairegnrale du groupe Catherine Joly
Secrtairegnrale de la rdactionChristine Laget
Conseil de surveillance Pierre Berg, prsident, Sbastien Carganico, vice-prsident
C
est unhonneur auquel Jean-Marc
Ayrault, professeur dallemand devenu
premier ministre, navait jamais eu
droit: Manuel Valls sera reu djeuner Ber-
linpar Angela Merkel, lundi 22septembre. Les
deuxdirigeants donneront ensuite une conf-
rence de presse propos de la ligne conomi-
que de la France. Manuel Valls compte sur lin-
dulgence de la chancelire.
Las, les augures ne sont pas favorables.
M
me
Merkel est affaiblie enAllemagne, qui ne
va pas pouvoir tenir de discours dbonnaire
ces fichus Franais, aussi menteurs que les
Grecs ence qui concerne leurs promesses bud-
gtaires nontenues.
Explication: la chancelire a subi, dimanche
14septembre, une gifle lectorale. Dabord, les
communistes rnovateurs (Die Linke) ont
obtenu28%des voix auxlections rgionales
de Thuringe, dans lest dupays, et ils cher-
chent dsormais sallier avec les sociaux-
dmocrates. Vingt-cinqans aprs la chute du
mur de Berlin, unmembre de Die Linke pour-
rait devenir ministre-prsident dunEtat fd-
r allemand. Soncandidat, BodoRamelow,
navait pas hsit tenir meeting devant une
statue de Marxrouge vif. Cette alliance est peu
probable, mais le simple fait de lvoquer est
dj une victoire pour Die Linke. Ala veille du
scrutin, Angela Merkel avait accus par avance
les sociaux-dmocrates, allis potentiels de
Die Linke, de vouloir faire entrer Karl Marx
lachancellerie de Thuringe. Unspectre hante
la rgion, patrie de Goethe, de Bachet de
Luther, semble nous susurrer la chancelire.
Le spectre ducommuniste.
Tout cela prte sourire, mais le propos est
sincre de la part dune fille de pasteur, du-
que sous la dictature de RDAet lanticom-
munisme viscral. Il est aussi tactique. La gau-
che ne pourra mettre finaurgne dAngela
Merkel quenformant une triple alliance entre
le Parti social-dmocrate (SPD), les Verts et Die
Linke. Le prsident duSPD, Sigmar Gabriel, ne
verrait pas cette hypothse dunmauvais il
pour les lections de 2017, mais il devra
convaincre ses troupes ainsi que les Verts,
pratiquement aussi anticommunistes quAn-
gela Merkel.
La chancelire, elle, a tout intrt austatu
quo, qui lui permet de demeurer ternelle-
ment aupouvoir avec le SPDconfin au
secondplan. Ces scnarios restent bienloin-
tains, mme si tout finit par arriver enAllema-
gne. La preuve, unVert a pris la directionde la
trs conservatrice rgionduBade-Wurtem-
berg en2011.
Mais court terme, la vraie nouvelle vient
dailleurs, de la droite de lchiquier politique.
Auxrgionales du14septembre, le parti anti-
euroa fait untabac. Alternative fr Deuts-
chland(AfD), qui souhaite labandonde la
monnaie unique europenne, a recueilli 10,6%
des voixenThuringe et 12,2%dans le Brande-
bourg, la rgionautour de Berlinqui organi-
sait des lections le mme jour. Unsuccs qui
intervient aprs celui de Saxe enavril (9,7%
des voix) et des europennes de juin(7,1%).
Populisme muscl
Laffaire est gnante. Alternative fr Deuts-
chlandtait lorigine unparti de professeurs
allemands, thoriciens de la politique cono-
mique, qui expliquaient quune unionmon-
taire ntait pas viable sans unionpolitique.
Avec 4,7%des suffrages auxlections fdra-
les de septembre2013, il ntait pas parvenu
franchir la barre des 5%ncessaires pour
envoyer des dputs auBundestag. Mais voici
que la machine semballe. LAfDsimplante
auprs des classes populaires de lancienne
Allemagne de lEst. Les motivations sont ht-
roclites: contre leuro, pour la famille tradi-
tionnelle, contre les Franais mais pour les
Russes, contre la criminalit des trangers.
Bref, unpopulisme de droite bienmuscl.
Depuis des dcennies, les chrtiens-dmo-
crates allemands (CDU) ont unaxiome: ne
jamais laisser merger sur leur droite unautre
parti. Traditionnellement, ils chargeaient les
Bavarois de lUnionchrtienne sociale (CSU)
trs sociaux, trs catholiques, trs droitiers
de ramener les brebis gares dans le gironde
la droite dmocratique. Par undiscours fr-
lant linfrquentable.
Mais sur les terres dAllemagne de lEst,
trangres auxcatholiques bavarois, cest
Angela Merkel qui va devoir faire le travail.
Elle lavait fait avant les lections rgionales,
critiquant, une trentaine de kilomtres de la
frontire polonaise, la criminalit trangre
auprs dune populationobsde par les vols
dautomobiles. Celane peut plus durer com-
me aujourdhui. Nous sommes unpays
accueillant, mais celaveut dire que tout le mon-
de doit respecter nos lois, avait-elle lanc.
Sur leuro, surtout, la chancelire va devoir
reconqurir la confiance de ses concitoyens.
Enprsentant, dbut septembre, sonbudget
sous la coupole duReichstag, elle sest dite
fire de ses finances publiques lquilibre
et attendque la France fasse de mme. Ce qui
vaut pour lAllemagne vaut pour lEurope,
a-t-elle dclar. Endeuxphrases, elle a par
avance rejet les demandes de nouveaux
dlais franais: Le financement de lcono-
mie crdit doit cesser et le fait de tenir nos
promesses doit enfindevenir lamarque de
fabrique de lazone euro.
Aulendemainduscrutinde Thuringe et de
Brandebourg, Angela Merkel a choisi de traiter
par le mpris le succs de lAfD, ne mettant
pas le sujet lordre dujour de la runionde
dbriefing de sonparti. Mais ce rsultat naura
certainement pas amadou la chancelire.
WillkommeninBerlin, Monsieur Valls! p
[email protected]
0123
EUROPE | CHRONI QUE
par Arnaud Leparmentier
WillkommeninBerlin, Monsieur Valls
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LHUMEUR
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pTirage duMonde dat mercredi 17 septembre 2014: 287 832 exemplaires. 2
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premires marches du
pouvoir moscovite, Alina
Kabaeva poursuit sa fulgurante
ascension. Mdaille dor aux
Jeuxolympiques dAthnes en
2004, sacre plusieurs reprises
championne dumonde et dEuro-
pe dans sa spcialit, la gymnasti-
que rythmique, cette jolie brune
de 31 ans, qui la presse russe pr-
te une liaisonavec le prsident
Vladimir Poutine, a t promue,
mardi 16septembre, prsidente
duconseil dadministrationdu
Groupe national mdiatique
(NMG), le plus grandgroupe de
presse priv propouvoir dupays.
Lannonce a t sobre Alina
MaratovnaKabaevaaaccept lin-
vitationdes actionnaires de
NMG, selonunporte-parole ,
pour dsigner celle qui va dsor-
mais diriger unvritable empire
mdiatique.
Fond en2008, le groupe, qui
dtient 25%de la premire cha-
ne russe (Pervy Kanal) et des
actions dans de nombreuxautres
mdias, dont le quotidienIzves-
tia, est la proprit de loligarque
Iouri Kovaltchouk. Egalement
prsident de la banque Rossia, ce
dernier, proche duprsident Pou-
tine, est aujourdhui vis par les
sanctions prises par les Etats-
Unis et lEurope aprs le conflit
entre lUkraine et les sparatistes
russes duDonbass soutenus par
Moscou. Jusquici, Alina Kabaeva,
qui prsidait dj le conseil de
surveillance de NMG, occupait la
fonctionde dpute duparti du
Kremlin, Russie unie.
Ala veille dendosser sonnou-
veaurle la tte de NMG, lex-
championne, lue la Douma, la
Chambre basse duParlement,
depuis 2007, avait annonc son
intentionde dmissionner de
sonmandat. Lexplicationna pas
tard, mais les commentaires
sont rares. Icne glamour de la
presse magazine russe Vogue
lui a consacr sa couverture en
2004, porteuse de la flamme
olympique auxJeuxdhiver de
Sotchi enfvrier, auct de la
star dutennis Maria Sharapova,
la clbre Alina Kabaeva est deve-
nue unsujet taboudepuis sa sup-
pose relationintime avec le pr-
sident Poutine.
Nez rempli de morve
La vie prive duprsident rus-
se, divorc officiellement de sa
femme Lioudmila enavril, est
une ligne rouge enRussie. Protes-
tant quil nyavait pas unmot
de vrit sur sa liaisonavec la
gymnaste, Vladimir Poutine avait
mis engarde: Jai toujours euun
sentiment ngatif lgardde
ceux qui, avec leur nez rempli de
morve et leurs fantasmes roti-
ques, singrent dans lavie des
autres. Le journal Moskovski Kor-
respondent, lorigine de ces
rvlations, a cess de paratre.
Mardi, les premiers ragir
la nominationdAlina Kabaeva
ont t les opposants duKremlin.
Sur soncompte Twitter, lavocat
russe Alexe Navalny, enbutte
auxautorits et toujours poursui-
vi par la justice, a crit: LaRus-
sie devient unEtat tribal. Blo-
gueur populaire, RoustemAdaga-
mov, plus connusous le nomde
Drugo , laisse de sonct
entendre que cette nomination
pourrait avoir t motive par le
souci de mettre labri des sanc-
tions internationales la dpute
Kabaeva, encitant celles dcides
par lUnioneuropenne le 12sep-
tembre lencontre de personna-
lits russes. Dans la liste figure
notamment la dpute Svetlana
Jourova, vice-prsidente de la
commissiontrangre de la Dou-
ma et ex-championne olympique
de patinage. p
Isabelle Mandraud
(Moscou, correspondante)
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Jeudi 18 septembre 2014

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