La Revue Du Praticien-Maturation Et Vulnérabilité
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La Revue Du Praticien-Maturation Et Vulnérabilité
PARTIE I / MODULE 3
MATURATION
ET VULNRABILIT
Q 45
Addictions et conduites dopantes
pidmiologie, prvention, dpistage
Morbidit, comorbidit et complications
Prise en charge, traitements substitutifs et sevrage
2
e
partie Alcool, psycho-actifs et substances illicites
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iOBJECTIFSi
Diagnostiquer une conduite
addictive (alcool,
psychotropes, substances
illicites, jeux, activits
sportives intensives).
Argumenter lattitude
thrapeutique et planifier
le suivi du patient.
Dcrire les principes
de la prise en charge
au long cours.
Expliquer les lments
de prvention et de dpistage
des conduites risque pouvant
amener une dpendance
lgard de lalcool.
ou de la drogue.
D
r
Xavier Laqueille, P
r
Jean-Pierre Oli
CH Sainte-Anne, universit Paris V-Ren Descartes, 75014 Paris
[email protected]
* Seuls lalcool et les drogues sont traits ici, le tabac ayant fait lobjet dun prcdent article.
POINTS FORTS
> La dpendance est un processus volutif qui sinstalle souvent la post-adolescence
avec une faible motivation face labstinence. Les demandes de soins sont tardives.
Lors de comorbidit avec un trouble psychiatrique, elle en aggrave le cours volutif.
Le rle du cannabis dans le dclenchement des schizophrnies est discut.
> La prise en charge est maille de rechutes et complications
psychiatriques, somatiques et sociales. Elle associe chimiothrapies
psychotropes, suivi mdico-psychologique et social, traitement des comorbidits
psychiatriques et somatiques.
> Les traitements de substitution ne sadressent quaux toxicomanies opiaces
et la dpendance tabagique. Ils agissent sur des aspects biologiques
de la dpendance. Le suivi psychologique et social permet une action
sur les facteurs tiologiques et les consquences de lintoxication.
> La loi du 31 dcembre 1970 distingue les drogues illicites dont lusage mme priv
est interdit, de lalcool, du tabac et des mdicaments, dont le msusage est sanctionn
(ivresse publique, usage en milieu professionnel, conduite automobile, crimes et dlits).
comprendre
L
es troubles lis aux substances psycho-actives sont un problme
majeur de sant publique. Le dveloppement des drogues
explose depuis les annes 1960. Classiquement, lalcoolisme,
le tabagisme* et la toxicomanie taient diffrencis. Les volutions
actuelles tendent les regrouper sous le concept daddiction. Ce
concept permet de prendre en compte les toxicomanies sans drogue.
Rencontre dun produit, dun individu et dun moment, les toxicomanies
renvoient des aspects psychopathologiques, neurobiologiques et
tiopathogniques communs. Ces troubles se caractrisent par la
frquence des complications et comorbidits psychiatriques et
ncessitent des prises en charge multidisciplinaires au long cours.
PIDMIOLOGIE
Les troubles lis aux substances psycho-actives sont des
psychopathologies graves. La mortalit et la morbidit sont leves.
Lalcool et le tabac sont les premires causes de dcs en France.
Les complications sociales sont les ruptures professionnelles et
affectives, les incarcrations et la dsinsertion progressive.
Lalcool entrane de manire directe ou indirecte 50 000 dcs
par an, et 15 25 % des hospitalisations ; 15 % des accidents de
travail ; 35 % des accidents de la route ; 60 % des agressions
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sont corrles lalcool. La consommation excessive est fixe
4 verres par jour chez lhomme et 3 chez la femme ; 4 5 % des
Franais sont buveurs excessifs, 2,5 % sont alcoolo-dpendants.
Son usage est souvent associ celui du tabac (avec des compli-
cations communes) ou du cannabis chez ladolescent. Les poly-
toxicomanes sont 50 % alcoolo-dpendants.
Le cannabis est la drogue illicite la plus consomme avec un
accroissement du phnomne depuis 10 ans. Lexprimentation
touche 50 % des sujets 19 ans, la consommation plus de 10 fois
dans lanne 30 % des garons, plus de 10 fois dans le mois 16 %
des garons. Toutefois, 50 % des adolescents nen ont jamais
pris et 70 % nen ont pas consomm lanne prcdente.
Les hronomanes en France sont estims 150 000 avec
200 dcs par an par surdosage. Un sur deux est mort dans les
30 ans ; 10 25 % sont contamins par le sida, 70 % par lhpatite C.
La cocane se dveloppe en France dans les milieux artistiques
et de la communication et le crack chez les polytoxicomanes. Les
cocanomanies pures sont rares. La faible dpendance physique
et la forte apptence entranent une sous-estimation du niveau
dintoxication. Labus et la dpendance concernent un expri-
mentateur sur deux.
Lecstasy tait consomm au mois une fois en 2000 par 5 % des
garons et 2,2 % des filles. Les autres drivs mdicamenteux
en particulier anesthsiques ont une extension sensible.
La dpendance aux benzodiazpines recouvre 2 contextes :
lanxieux pharmaco-dpendant (27 % de la population utilise
des benzodiazpines rgulirement aux doses thrapeutiques)
et 25 50 % des polytoxicomanes.
MORBIDIT-COMORBIDIT DES ADDICTIONS
NOSOGRAPHIE
Les premires classifications de lOrganisation mondiale de la
sant (OMS) insistaient sur les notions de dpendance psychique
ou pulsion consommer, dpendance physique et sevrage, tol-
rance des doses de plus en plus leves et accoutumance. Le
concept de pharmaco-dpendance a permis de centrer le trouble
sur lassutude, la perte de la libert de sabstenir ou la perte de
contrle, en relativisant la dpendance physique.
La dpendance aux substances psycho-actives est un processus
volutif, marqu par lapptence aux produits et qui envahit
lensemble de la vie psychologique et sociale. Elle sinstalle habi-
tuellement ladolescence ou la post-adolescence. Il y a dpen-
dance physique en cas de tolrance ou de syndrome de sevrage.
Les premires demandes de soins apparaissent au bout de 5
20 ans dintoxication. Les dpendances sont dites en rmission
prcoce jusqu 1 an dabstinence, en rmission prolonge au-del.
Le maintien dans les soins est un facteur de bon pronostic : 1 toxico-
mane sur 2 rechute dans les 6 mois qui suivent la rupture thra-
peutique. Les polydpendances sont la rgle. Les sujets dpendants
prsentent un certain nombre de traits de personnalit communs :
dpendance affective et intolrance aux frustrations, passivit
et agressivit, tendances transgressives chez le drogu opposes
au conformisme de faade de lalcoolique.
MATURATION
ET VULNRABILIT
Addictions et conduites dopantes pidmiologie, prvention, dpistage
Lusage nocif ou labus est la poursuite de la consommation
malgr les complications physiques, psychologiques, sociales
sans atteindre le niveau de dpendance.
Lusage occasionnel est ponctuel sans motivation autre que sociale.
Lintrt pour le produit est faible. La consommation occasionnelle
dhrone, cocane ou ecstasy chez le consommateur abusif de
cannabis doit faire craindre une polytoxicomanie dbutante.
La toxicophilie mdicamenteuse est la relation pathologique aux
mdicaments. Elle renvoie lhypocondrie et aux difficults psycho-
affectives expression somatique.
Les toxicomanies sans droguesont les comportements compulsifs
tels que le jeu pathologique, la kleptomanie, la boulimie, la tricho-
tillomanie Elles posent les mmes problmes cliniques, tiolo-
giques et thrapeutiques que les dpendances une substance.
NEUROBIOLOGIE
Les modles animaux reproduisent les effets renforants des
drogues. Le test dauto-administration et le test de prfrence
de place, dans lequel le rat manifeste une attirance pour la place
de la cage dans laquelle la drogue a t dlivre, sont les plus
connus. Les substances psycho-actives stimulent les rgions
msolimbiques et hypothalamiques, en particulier le nuclus
accumbens, supports anatomiques du systme de rcompense.
Elles favorisent la transmission dopaminergique, directement
pour les psychostimulants nicotiniques, cocaniques et amph-
taminiques, indirectement pour les opiacs, les cannabinodes
et lalcool.
La sensibilisation est la rponse dopaminergique et compor-
tementale croissante lors des premires prises de drogue. Elle
est dterminante dans linstallation de la dpendance. Elle est
croise entre les diffrentes drogues. La dpendance physique
aux opiacs concerne les neurones noradrnergiques du locus
cruleus.
TIOPATHOGNIES : FACTEURS DE VULNRABILIT
Il est classique dopposer :
L les toxicomanies psychopathologiques et les toxicomanies
socioculturelles ;
L les toxicomanies et alcoolisme primaires et les toxicomanies
et alcoolisme secondaires une psychopathologie volutive ;
L lalcoolisme dentranement, lalcoolisme nvrotique et lal-
coolisme dipsomaniaque impulsif entrecoup de priodes
dabstinence.
Dune manire plus actuelle, on dfinit des facteurs de vulnra-
bilit. Les facteurs socioculturels sont dterminants dans lexp-
rimentation et labus, les facteurs psychologiques et biologiques
dans la dpendance.
Facteurs biologiques : le pouvoir toxicomanogne des drogues
dpend de leur puissance intrinsque (hrone et crack plus puissants
que morphine et cocane), de la concentration en principe actif et
de la rapidit daction. Les facteurs gntiques contribueraient
pour 50 % aux dpendances lalcool, lhrone et la cocane.
Facteurs psychologiques : les traits de personnalit les plus frquents
sont la dpressivit, la recherche de sensations et la dsinhibition
pour les drogues illicites, lmotivit et lanxit pour lalcool ; les
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personnalits pathologiques les plus souvent rencontres sont les
personnalits antisociales et borderlines pour les toxiques illicites ;
personnalits anxieuses, dpendantes et paranoaques pour lalcool.
Toutes les psychopathologies de ladolescent peuvent voluer vers
une polydpendance, celles de ladulte vers une dpendance
lalcool ou aux mdicaments. Certaines polytoxicomanies sont
concomitantes de relations familiales pathologiques sur le mode
du rejet ou linverse dune fusionnalit affective.
Facteurs sociaux : ils renvoient laccs aux toxiques, linfluence
des pairs, la consommation de toxiques par les parents. La qualit
des relations familiales, une bonne estime de soi et une souplesse
dans les relations sociales sont des facteurs de protection.
Ladolescence est un moment de particulire vulnrabilit tant
sur le plan psychologique que sur le plan neuro-dveloppemental.
COMPLICATIONS PSYCHIATRIQUES DES DROGUES
tats confuso-oniriques : ils sont lis aux excs, associations
de toxiques et sevrage. Le bilan organique doit liminer les
causes post-traumatiques ou infectieuses.
Troubles dlirants induits : ils surviennent brutalement, rgressent
en quelques semaines et rechutent lors de la reprise du toxique.
Des phnomnes de rmanence spontane ou flash back sont
dcrits. Les pharmacopsychoses chroniques sont de diagnostic
diffrentiel difficile avec les troubles schizophrniques.
tats dpressifs, souvent masqus par les troubles du compor-
tement, ils regroupent :
L troubles de lhumeur induits par les toxiques, contemporains de
lintoxication et spontanment rsolutifs lors de labstinence ;
L troubles dpressifs du post-sevrage (tabac et psychostimulants)
ragissant mdiocrement aux antidpresseurs ;
L tats dpressifs majeurs qui ncessitent une chimiothrapie
antidpressive dose adapte ;
L ractions dpressives survenant lors des vnements de vie
ou frustrations mal tolrs, insensibles aux antidpresseurs ;
L symptmes dpressifs associs une psychopathologie
volutive, anxieuse ou psychotique.
Troubles anxieux et troubles du sommeil : ils sont favoriss par
tous les toxiques. Le cannabis peut entraner des bouffes de
panique et une anxit de dpersonnalisation.
Syndrome amotivationnel : il associe un dficit de lactivit et
une humeur dpressive. Il est plus marqu lors des dpendances
aux psychostimulants et au cannabis.
Perturbations cognitives : elles sont concomitantes des prises dalcool,
benzodiazpines ou cannabis, secondaires larrt de psycho-
stimulants. Des dmences sont dcrites pour lalcool et les solvants.
COMORBIDITS PSYCHIATRIQUES
Les toxiques aggravent les psychopathologies volutives :
intensification de la symptomatologie, ruptures thrapeutiques,
rechutes et hospitalisations, tentatives de suicide, dsocialisation.
Les comorbidits, actuelles ou sur la vie entire, sont frquentes :
L 50 % des schizophrnes pour lalcool, 25 % le cannabis, 90 %
le tabac ;
L 40 % des anxieux, en particulier phobiques sociaux, pour
lalcool ou le cannabis ;
L 5 10 % des polytoxicomanes ont un trouble schizophrnique,
60 % un trouble de lhumeur ;
L 1 alcoolique sur 4 a un trouble de lhumeur ;
L les toxiques, en particulier lalcool et le cannabis, facilitent les
passages lacte, tentatives de suicide et abus sexuels.
SUBSTANCES PSYCHO-ACTIVES
ET LEURS SPCIFICITS
ALCOOL
Lintoxication aigu entrane livresse alcoolique avec excita-
tion psychomotrice, labilit de lhumeur, incoordination motrice
et dysarthrie, sensations vertigineuses, perturbations cogni-
tives. Les troubles du jugement et la dsinhibition favorisent
les passages lacte criminels ou sexuels. Elle apparat ds une
alcoolmie 1,5 g/L, le coma alcoolique, hypotonique et hypo-
thermique, 3 g/L. Les ivresses pathologiques sont excito-
motrices (avec accs paroxystique de fureur), dlirantes et
hallucinatoires ou anxiodpressives (avec risque de suicide).
Lalcoolmie baisse de 0,1 0,15 mg/h. Les femmes sont plus
vulnrables. Les effets sont majors par des associations de
toxiques ou de sdatifs.
Le syndrome de sevrage associe typiquement insomnie,
sueurs, tremblements, cauchemars et, en cas dintoxication plus
marque, une hallucinose isole voire un delirium tremens.
Les complications somatiques peuvent toucher tous les appareils
avec des impacts hpatodigestifs et neuropsychiatriques parti-
culiers (syndrome de Korsakoff).
CANNABIS
Le principe actif du cannabis est le delta 9 ttahydro-cannabinol
(THC) : la teneur des cigarettes de haschich varie de 6 20 %. Les
concentrations sanguines sont maximales en 7 10 min et per-
sistent 3 24 h. Llimination est urinaire.
Livresse cannabique associe une euphorie et des modifications
sensorielles. dose plus leve apparaissent des illusions et hallu-
cinations. Les perturbations cognitives sont constantes (spatio-
temporalit, mmoire court terme, excution de tches multiples
simultanes). La coordination motrice est galement perturbe.
Les signes somatiques gnraux sont mineurs : hyperhmie conjonc-
tivale et mydriase, scheresse buccale, hyper-orexie, irritation
bronchique. Il ny a pas de risque ltal en cas de surdosage.
La dpendance au cannabis touche 10 15 % des consom-
mateurs. Ce risque est 2 fois plus lev chez ladolescent. Elle est
spontanment rsolutive dans 2 tiers des cas entre 25 et 30 ans.
La dpendance physique est modre avec une tolrance des
doses de plus en plus leves. Les symptmes de sevrage sont
masqus par une limination lente. Le passage aux autres toxico-
manies concerne les sujets les plus vulnrables. Les tats de
dmotivation et de dpersonnalisation sont les principales com-
plications psychiatriques. Le cannabis semble avoir un rle tio-
logique dans certains troubles schizophrniques. Les risques de
cancers du poumon sont suprieurs ceux du tabac.
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OPIACS
Les opiacs naturels et semi-synthtiques, morphine,
codine et hrone sont issus de lopium. Les mdicaments tels les
morphines retard, la buprnorphine et ceux contenant de lopium
et de la codine sont objets dabus. Les opiacs les plus toxico-
manognes sopposent aux opiacs des traitements de substitution
par leur courte demi-vie. Ils sont absorbs par voie intraveineuse
ou nasale, parfois respiratoire.
Ils entranent une euphorie, un sentiment de plaisir physique
et psychique suivi dune rverie calme. Des nauses et des
vomissements ne sont pas rares surtout lors des premires prises.
Les effets somatiques sont : bradycardie, hypotension, myosis,
constipation, scheresse buccale, analgsie. faible dose, ils
sont dsinhibiteurs et favorisent lactivit.
La dpendance lhrone est tyrannique. Dinstallation rapide,
elle est associe une dpendance physique svre. La brutalit
et la rapidit de son effet, sur une deux heures, contraignent
lhronomane des injections pluriquotidiennes qui rythment
sa journe.
Les complications des toxicomanies opiaces sont graves :
L les surdosages avec troubles de la conscience, dpression
respiratoire, pleur, sueurs, myosis svre, parfois crise
convulsive et dcs ; cet accident est favoris par les associa-
tions de toxiques ou la perte de tolrance secondaire un
sevrage ;
L le syndrome de sevrage apparat quatre douze heures
aprs la dernire prise, trente-six heures pour la mthadone.
Il associe anxit, insomnie, irritabilit, douleurs abdominales,
douleurs dorso-lombaires, rhinorrhe, diarrhe ; il rgresse
en 5 10 jours ;
L les complications virales (VIH, hpatite C [HCV], et hpatite B
[HBV]) sont lies aux pratiques dchange de seringues ;
L les infections locorgionales sont les abcs aux points din-
jection, les bactrimies avec risque de septicmie, dendo-
cardite, dencphalite, dabcs crbral ;
L les affections bucco-dentaires sont frquentes, les maladies
sexuellement transmissibles courantes malgr la baisse de la
libido et limpuissance ;
L les complications materno-ftales sont les avortements
spontans, les accouchements prmaturs, lhypotrophie du
nouveau-n, le risque de transmission du VIH et un syndrome
de sevrage du nouveau-n.
COCANE
La cocane est lalcalode du coca. Le chlorhydrate de cocane
est une poudre blanche hydrosoluble, prise par voie nasale ou
intraveineuse, parfois en association de lhrone. Le sulfate de
cocane, crack ou caillou, est fum avec une action aussi rapide
quen intraveineux.
La cocane provoque un tat dexcitation psychique. Sur le
plan somatique elle entrane tachycardie, hypertension art-
rielle, mydriase, sueurs. Leffet dure dune demi-heure une
heure et demie selon la voie dadministration et est suivi dune
adynamie anxieuse, la descente .
MATURATION
ET VULNRABILIT
Addictions et conduites dopantes : pidmiologie, prvention, dpistage
Les complications de la cocane sont :
L cardiovasculaires : infarctus du myocarde, crises hypertensives,
troubles du rythme cardiaque et ncrose de la cloison nasale
lorsque la drogue est prise ;
L neurologiques : cphales, hmorragies crbro-mninges et
accidents ischmiques transitoires, convulsions, hyperthermie ;
L fto-maternelles : accouchements prmaturs, malformations
cardio-vasculaires, hypotrophie, hyperexcitabilit et hyper-
activit du nourrisson ;
L psychiatriques : bouffes dlirantes aigus, crises dangoisse,
troubles de lhumeur et troubles dlirants interprtatifs.
AUTRES DROGUES
Ecstasy : cest une mthylamphtamine facilitant les rapports
sociaux et dsinhibitrice sexuelle. forte dose, elle entrane illu-
sions et hallucinations. Les complications sont celles des
psychostimulants avec risques spcifiques neurotoxiques et
dhyperthermie maligne.
Autres hallucinognes : le LSD ou acide lysergique, la mescaline
(lalcalode dun cactus mexicain), la psylocibine (lalcalode des
champignons psylocibes), le datura sont des hallucinognes
puissants. Leur consommation est occasionnelle et nengendre
pas de dpendance. Les effets durent quelques heures 2 jours.
Les complications sont les passages lacte graves lis au vcu
hallucinatoire (dfenestration), les dcompensations dlirantes
et les rmanences spontanes.
Amphtamines : ce sont des psychostimulants purs. Les anorexi-
gnes sont habituellement des drivs amphtaminiques. Cette
consommation touche des populations spcifiques : polytoxico-
manes, anorexiques, tudiants, sportifs ou intellectuels. La prise
damphtamine entrane : excitation intellectuelle, augmentation
de la vigilance, diminution de la sensation de fatigue, stimulation
des capacits intellectuelles, rduction du sommeil et de lapptit,
anxit puis profond abattement. Les dpressions de sevrage
sont particulirement rsistantes aux traitements antidpresseurs.
Les complications somatiques sont celles de la cocane.
Benzodiazpines : les patients suivant un traitement de plus de
3 mois peuvent voluer vers une pharmacodpendance avec
syndrome de sevrage larrt. Chez les polytoxicomanes, cest
une toxicomanie de substitution. Les benzodiazpines sont
recherches pour leurs effets euphorisants. Livresse benzodia-
zpinique se caractrise par une euphorie, une subconfusion,
une incoordination motrice et verbale, des troubles de lattention
et de la mmoire. Laltration du jugement et la dsinhibition
favorisent les actes mdico-lgaux. Les effets sont majors par
lalcool. Lintoxication aigu est souvent suivie dune amnsie
post-critique. La dpendance physique est marque par un syn-
drome de sevrage : anxit, insomnie, agitation psychomotrice,
tremblements, syndrome confusionnel et crises convulsives jusqu
15 jours de larrt.
Autres mdicaments et autres toxiques : dautres composs sont
recherchs pour leurs proprits addictives. Leur usage chez
ladolescent est de pronostic pjoratif.
L les antiparkinsoniens aux effets psychodysleptiques ;
L les antihistaminiques et antinauseux ;
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L les anesthsiques, le -hydroxybutyrate, la ketamine, la phency-
clidine, qui entrent dans le cadre des toxicomanies nouvelles, avec
parfois un usage criminel (abus sexuel et soumission chimique) ;
L les designer drugs ou produits drivs de synthse ;
L les solvants et les colles.
RPONSES SANITAIRES ET SOCIALES
Les prises en charge sont au long cours, mailles de rechutes,
sous-tendues dune motivation fluctuante.
DPISTAGE
Le dpistage dune dpendance doit tre systmatique dans
certaines circonstances : ivresse, violences en particulier sexuel-
les, troubles du comportement et tentatives de suicide, maladie
psychiatrique et complications somatiques. Le diagnostic de
dpendance est clinique, essentiellement par interrogatoire. Les
stigmates physiques les plus ordinaires sont laltration de ltat
gnral, les marques dinjection, ltat dentaire et les signes
somatiques dalcoolisme chronique.
Le niveau de dpendance lalcool peut tre valu par le
questionnaire DETA (besoin de Diminuer, Entourage, impression
de boire Trop, besoindAlcool le matin). Les stigmates biologiques,
-GT et anmie macrocytaire sont utiles. Le dosage de lalcoolmie
permet une quantification des dernires prises, les recherches de
drogues illicites dans les urines signent une prise rcente. Les opiacs
semi-synthtiques, la cocane et les amphtamines persistent
dans les urines 3 j, la mthadone 7 j, le cannabis 8 j en cas de prise
isole, 1 mois en cas de prises rgulires.
TRAITEMENTS MDICAMENTEUX
La stratgie du sevrage soppose celle du traitement de sub-
stitution. La premire prne labstinence, la seconde lutilisation
dagoniste en vue dune dsintoxication progressive.
1. Sevrage et post-sevrage
Alcool : le sevrage dalcool demande tranquillisants, vitamines
B injectables et hyperhydratation pendant une semaine ; le post-
sevrage lacamprosate et la naltexone, qui rduisent lapptence
alcoolique ou le disulfirame aux effets aversifs.
Opiacs : le sevrage dopiacs en hospitalisation permet lutili-
sation d-adrnergiques, clonidine ou guanfacine et de tran-
quillisants benzodiazpiniques ou neuroleptiques pendant
1 semaine. En ambulatoire, le traitement associe des antalgiques
type Viscralgine forte et des neuroleptiques sdatifs ; les
-adrnergiques et les opiacs sont contre-indiqus, les benzo-
diazpines viter. En post-sevrage, la naltrexone, un anti-
morphinique longue demi-vie, bloque les effets des opiacs et
permet le maintien de labstinence.
Autres drogues : le sevrage de psychostimulants et de cannabis
relve dun traitement symptomatique. Les antidpresseurs
srotoninergiques sembleraient rduire lapptence la cocane.
Le sevrage des benzodiazpines se fait par une diminution pro-
gressive avec utilisation des composs demi-vie longue.
2. Traitements de substitution
Substitution aux opiacs : les traitements de substitution agissent
sur la pharmaco-dpendance opiace dans ses aspects les plus
biologiques. Ils permettent dinclure lhronomane dans un
cadre de soins avec suivi psychologique et social. Dlivrance
sous contrle, contrles urinaires et suivi mdico-psychologique
sont les facteurs de succs de ces cures. Leur prescription est
rglemente. Les doses efficaces sont ltales chez le sujet
vierge de toxiques. Elles sont atteintes par paliers progressifs. La
dose initiale de mthadone est de 20 ou 30 mg, avec une aug-
mentation de 10 mg/j jusqu 60 100 mg/j. La dose initiale de
buprnorphine est de 2 4 mg, progressivement stabilise
entre 6 et 16 mg/j (v. Pour Approfondir).
Autres traitements : le surdosage opiac est trait par
naloxone, un antimorphinique daction rapide, avec le risque de
dclencher un syndrome de sevrage aigu et surtout une reprise
du coma dans les 2 h. Le surdosage benzodiazpinique se traite
par flumaznil.
Les thymorgulateurs et certains neuroleptiques ont des effets
agressolytiques utiles.
Le traitement des comorbidits psychiatriques est essentiel
au maintien de labstinence.
3. Suivi psychologique et social
Lattitude gnrale est une coute attentive et empathique, ni
moralisatrice ni culpabilisatrice.
Lattitude face au toxique doit tre claire.
Le suivi psychologique permet une indispensable volution qui
facilitera labandon de lhabitus toxique.
Les psychothrapies dinspiration analytique sintressent la
structuration de laffectivit globalement organise sur le mode dune
toute-puissance avec opposition aux instances de la ralit. Elles
sont difficiles mette en uvre et ncessitent un assouplissement
du cadre de soin.
Les psychothrapies cognitivo-comportementales sintressent
aux penses et aux stimuli positifs de plaisir, et ngatifs qui
entretiennent les prises de toxiques. Elles favorisent la motivation
puis le maintien de labstinence. Elles sont individuelles ou de
groupe.
Les prises en charge institutionnelles sont inhrentes aux
consultations spcialises hospitalires, aux centres de consultations
ambulatoires dalcoologie (CCAA) ou aux centres de soins spcialiss
en toxicomanie (CSST). Les sujets polydpendants voluent dans
un espace thrapeutique structurant.
Les psychothrapies familiales concernent particulirement
le cas des adolescents ; les entretiens avec lentourage familier
ou conjugal sont ncessaires.
Les groupes de patients ex-consommateurs permettent un
tayage fort et aident au maintien de labstinence.
Le suivi socio-ducatif permet :
L laccs aux droits sociaux (couverture mdicale universelle,
allocation logement, allocation adulte handicap) ;
L laccs aux hpitaux de jour, foyers de post-cure, appartements
thrapeutiques, nuites dhtel en vue dun logement social ;
L une rinsertion professionnelle, terme dune volution positive.
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MATURATION
ET VULNRABILIT
POINTS FORTS
> Alcool-tabac : 1
re
cause de mortalit en France
(60 000 dcs par an pour le tabac, 50 000 pour lalcool).
> Cannabis : 30 % des adolescents en ont consomm
plus de 10 fois dans lanne, 16 % plus de 10 fois
dans le mois. Les prises de cannabis sont fortement
corrles lalcool et sont un indicateur de difficults
psychologiques et sociales.
> 150 000 hronomanes en France, dont 10 25 %
sropositifs pour le VIH et 70 % sropositifs lHCV.
> Le dpistage doit tre ralis lors de toute dcompensation
psychiatrique ou passage lacte auto- ou htro-agressif.
> La prescription dopiacs chez lhronomane
est contre-indique dans le sevrage opiac,
celle de benzodiazpines doit tre prudente.
> La mthadone aux doses thrapeutiques est ltale
chez le sujet non dpendant.
> La mthadone ne peut tre prescrite en mdecine de ville
que par des mdecins habilits pour un patient donn.
La buprnorphine peut tre prescrite par tout praticien
avec ncessit dun suivi mdico-psychologique.
> Lhospitalisation en urgence ne se justifie
que pour les urgences psychiatriques et somatiques,
non pour le sevrage.
> Les troubles dpressifs induits par les toxiques
se traitent par labstinence et non par antidpresseurs.
retenir
HOSPITALISATION ET URGENCE
Une demande dhospitalisation doit toujours tre examine.
Lhospitalisation en urgence se justifie lors des complications
mdicales ou psychiatriques. Les demandes pour motif familial
ou social sont habituellement rcuses ou de courte dure avec
rechutes frquentes la sortie.
Lhospitalisation de sevrage est prpare, les objectifs et les
modalits prcises : absence de permission et visite, respect du
rglement intrieur, absence de prise de toxique ou de traitement
autre que prescrit. Une post-cure de quelques semaines peut
tre organise.
ASPECTS LGISLATIFS
La lgislation distingue les drogues illicites dont lusage, mme
priv, est sanctionn, des substances lgales (alcool, mdicaments),
dont le msusage est sanctionn (ivresse publique, alcool au volant
ou en milieu professionnel, vente aux mineurs). La conduite
automobile avec une alcoolmie au-del de 0,5 g/L est une
contravention et un dlit correctionnel au-del de 0,80 g.
La loi de 1954 sur les alcooliques dangereux qui permet leur
internement en milieu psychiatrique nest plus applique. La loi
du 31 dcembre 1970 dfinit linjonction thrapeutique avec le
classement par le procureur des infractions lies aux toxiques.
Addictions et conduites dopantes : pidmiologie, prvention, dpistage
La loi du 30 juin 1990 sur les hospitalisations psychiatriques
et celle sur les incapables majeurs, bien que non spcifiques des
addictions, sont utiles.
PRVENTION ET POLITIQUE DE RDUCTION
DES RISQUES
La prvention primaire est la prvention de lusage par une
information sur les effets et mfaits des substances psycho-actives,
travers une politique dducation la sant.
La prvention secondaire renvoie aux facteurs de vulnrabilit
des sujets risque par une politique ducative de proximit, le
dpistage et la prise en charge prcoce des enfants, adolescents
et familles exposs.
La prvention tertiaire ou politique de rduction des risques
permet de lutter contre les complications mdicales et les
consquences sociales avec la politique de substitution bas
seuil, laccs libre et lchange de seringues, le soutien aux asso-
ciations dusagers de drogues.
DOPAGES ET CONDUITES DOPANTES
ASPECTS RGLEMENTAIRES
Le Comit international olympique (CIO) a dfini le dopage
comme lusage dartifices susceptibles damliorer les performances.
Cette dfinition ne sapplique quaux sportifs en comptition et
une liste limite de produits. LAgence Mondiale Antidopage (AMA)
a t cre en 1999 pour tenter dharmoniser les rglements
nationaux. La France est le premier pays avoir lgifr. La loi
du 23 mars 1999 dispose dun volet rpressif qui sanctionne les
sportifs convaincus de dopage et leurs pourvoyeurs, et dun
volet prventif qui instaure un suivi mdical longitudinal des
sportifs de haut niveau. En cas de dcouverte de signes de
dopage, elle impose des soins anonymes auprs dantennes
mdicales de lutte contre le dopage.
PIDMIOLOGIE
Les enqutes de prvalence montrent que les sportifs de
haut niveau sont plus concerns (17,5 %) que les comptiteurs
dautres niveaux (10 %) et les sportifs de loisir (5 %).
Lors des contrles chez les comptiteurs, 5 % des prlvements
montrent des substances interdites : cannabinodes, salbutamol,
corticodes stimulants et anabolisants, anesthsiques locaux,
narcotiques, diurtiques et -bloquants.
SIGNES DAPPEL
Sur le plan clinique, il nexiste pas de critre formel. La sympto-
matologie est variable selon les individus, les produits consomms,
le moment de lexamen, le mode de consommation (unique ou
rpt, consommation simple ou poly-consommation). Les
signes dappel sont :
L augmentation de la masse ou de la puissance musculaire
pour lhormone de croissance ou de strodes anabolisants ;
L bradycardie et augmentation anormale des capacits de
transport en oxygne pour rythropotine ;
1 606
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L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 4 : 5 4
1 607
A / VRAI OU FAUX ?
forte dose, le cannabis est hallucinogne.
Lalcoolo-dpendance touche 1,5 % des Franais.
Le diagnostic de dpendance une substance
psycho-active ncessite le critre syndrome
de sevrage.
Le neuromdiateur du systme
de rcompense activ par les substances
psycho-actives est la srotonine.
B / VRAI OU FAUX ?
Selon les critres actuels, la rmission
est dite prcoce aprs 1 mois jusqu 6 mois
dabstinence, prolonge au-del.
La consommation rpte de cannabis
est dfinie par plus de 10 prises dans lanne
prcdant lenqute, la consommation rgulire
par plus de 10 prises dans le mois.
Les antidpresseurs sont indiqus
pour le traitement des dpressions induites
par lalcool.
Les complications de la cocane
sont cardiovasculaires, psychiatriques
et fto-maternelles.
C / QCM
Parmi ces propositions concernant la prescription
et la dispensation des traitements de substitution,
lesquelles sont exactes ?
La mthadone peut tre prescrite
par tout mdecin de ville.
La mthadone peut tre prescrite
par tous les mdecins dtablissement de sant,
public ou priv,
en hospitalisation et en consultation.
La morphine retard et la codine
sont autorises en traitement
de substitution des toxicomanies opiaces.
Le sevrage de substance psycho-active
est une indication dhospitalisation en urgence.
Lusage du cannabis est autoris titre priv,
chez soi.
Lalcoolmie maximale autorise pour la conduite
automobile est de 0,49 g/L.
6
5
4
3
2
1
4
3
2
1
4
3
2
1
M I N I T E S T D E L E C T U R E
R p o n s e s : A : V , F , F , F / B : F , V , F , V / C : 2 , 6 .
L facteurs de personnalit : recherche de sensations, exigence
de performance, personnalits pathologiques et psychopatho-
logies volutives, plaintes psychosomatiques ;
L certains sports : haltrophilie, musculation, football amricain
L sexe masculin et ge entre 25 et 30 ans.
COMPLICATIONS
Les complications somatiques sont spcifiques des produits
et de la dure dexposition. Les complications psychiatriques
sont les troubles du comportement, les dpressions, les dcom-
pensations psychotiques. Les effets long terme des associations
de produits sont mal connus. titre indicatif, la longvit des
footballeurs amricains en 1993 tait de 55 ans, alors que celle
dun Amricain moyen tait de 72 ans. I
Pour approfondir
CADRE DUTILISATION DES TRAITEMENTS
DE SUBSTITUTION OPIACE
La mthadone est dispense dans les CSST pour une
dure de 1 7 jours.
Pour les patients stabiliss, un relais de prescription
peut tre assur par un mdecin de ville habilit par le
mdecin du CSST. Lordonnance est scurise. La poso-
logie, la dure du traitement et le nom du pharmacien
sont crits en toutes lettres. La prescription est pour
14 jours, la dispensation hebdomadaire. En cas de che-
vauchement dordonnance le mdecin doit le prciser.
dfaut le pharmacien ne remettra que le traitement
complmentaire.
La mthadone peut aussi tre prescrite par tout mdecin
dtablissement de sant, public ou priv, en hospitali-
sation ou consultation.
La buprnorphine peut tre prescrite par tout mdecin
sur ordonnance scurise. La posologie et la dure
du traitement sont crites en toutes lettres. La dure
maximale est de 28 jours. Il est recommand de
prciser le rythme de dispensation ainsi que le nom du
pharmacien.
DJ PARUS DANS LA REVUE
Conduites addictives. Comment les prendre en charge
Monographie
(Rev Prat 2003 ; 53 [12] : 1291-42)
Cannabis
Monographie
(Rev Prat 2004 ; 54 : paratre)
DJ PARU
Addictions et conduites dopantes pidmiologie, prvention, dpistage
Morbidit, comorbidit et complications Prise en charge, traitements
substitutifs et sevrage.
1
re
partie - Tabac. Rev Prat 2004 ; 54 (11) : 1125-32
ref_olie_p1601 21/09/04 15:32 Page 1607
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 4 : 5 4
1 608
A / VRAI OU FAUX ?
Les purpuras vasculaires sont
secondaires des lsions de la paroi
des vaisseaux.
Ils sigent prfrentiellement
aux membres infrieurs et labdomen.
Ils sont associs des hmorragies
muqueuses.
Le purpura de Bateman survient
le plus souvent chez un nourrisson.
4
3
2
1
B / VRAI OU FAUX ?
Les purpuras aigus sont souvent
secondaires une infection.
Ils sont souvent associs
une fivre et une hyperosinophilie.
Devant un purpura aigu,
une prise mdicamenteuse
est systmatiquement recherche.
Les biguanides sont une cause
classique de purpura aigu.
4
3
2
1
C / QCM
Parmi les agents infectieux suivants,
le(s)quel(s) sont une cause de purpura
vasculaire infectieux :
Mningocoque.
Virus de lhpatite C.
Virus de lhpatite A.
Virus dEpstein-Barr.
Legionella.
5
4
3
2
1
M I N I T E S T D E L E C T U R E
QUESTION 330 (v. p. 1587)
A / VRAI OU FAUX ?
La psychiatrie est une spcialit
mdicale dont lobjet
est la pathologie mentale.
La pathologie mentale rsulte
dune atteinte psychique de causes
polymorphes.
La psychiatrie possde
des fondements scientifiques
composites et htrognes
compatibles avec la dfinition
dune science mdicale.
La psychiatrie est une combinaison
de trois disciplines autonomes :
la neurologie, la psychologie
et la sociologie.
En psychiatrie, seul le courant
neurobiologique peut prtendre
accder au niveau scientifique
de la mdecine.
5
4
3
2
1
B / VRAI OU FAUX ?
Le courant neurobiologique
qui structure la psychopathologie
prend naissance la dcouverte
de la psychopharmacologie.
Le concept de stress est utilement
envisag par les trois grands
courants qui structurent le champ
de la psychopathologie.
En psychiatrie, le courant
psychologique fondateur
de la psychopathologie ouvre
aussi bien la psychanalyse
quaux thories de linformation.
La notion de conflit structure
les trois grands domaines
de la pense psychiatrique.
Le courant social, qui fonde
lapproche des troubles mentaux,
comporte aussi bien ltude
de la dynamique des groupes,
de la structure relationnelle
et des ractions de lenvironnement.
5
4
3
2
1
C / QCM
Parmi les critres suivants, quels sont
ceux qui dfinissent soit un trouble mental,
soit un fait clinique du ressort de la psy-
chiatrie ?
Des symptmes ou comportements
cliniquement significatifs.
Des signes dalination mentale.
Comportant un sentiment
de dtresse associ.
Accompagns dune perturbation
du fonctionnement personnel.
Diffrent dune rponse
culturellement admise
un vnement de vie.
5
4
3
2
1
M I N I T E S T D E L E C T U R E
QUESTION 48 (v. p. 1595)
R p o n s e s : A : V , V , F , F / B : V , V , F , V / C : 1 , 2 , 4 .
R p o n s e s : A : V , F , V , F , F / B : F , F , V , F , V / C : 1 , 3 , 4 , 5 .
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PARTIE I / MODULE 3
MATURATION
ET VULNRABILIT
Q 45
Addictions et conduites dopantes
pidmiologie, prvention, dpistage
Morbidit, comorbidit et complications
Prise en charge, traitements substitutifs et sevrage
1
re
partie Tabac
iOBJECTIFSi
Diagnostiquer une conduite addictive (tabac)
Argumenter lattitude thrapeutique et planifier
le suivi du patient
Dcrire les principes de la prise en charge au long cours
Expliquer les lments de prvention et de dpistage
des conduites risque pouvant amener une dpendance
vis--vis du tabac.
POINTS FORTS
> Le tabagisme est un comportement appris renforc
par une dpendance pharmacologique. Linitiation
au tabagisme a lieu, dans la majorit des cas,
lors de ladolescence. La dpendance survient
en quelques mois. Cest la raison pour laquelle la plupart
des campagnes de sensibilisation sadressent
aux adolescents pour empcher cette initiation.
> La nicotine contenue dans le tabac est une substance
addictive responsable de la dpendance.
> Les traitements du syndrome de sevrage font appel
aux substituts nicotiniques et (ou) au bupropion.
Les substituts nicotiniques, en stimulant les rcepteurs
nicotiniques crbraux, augmentent la libration
de dopamine crbrale qui active le systme
de rcompense crbrale. Le mcanisme daction
du bupropion passe par linhibition de la recapture
de la dopamine et de la noradrnaline crbrale.
> Le traitement pharmacologique est surtout utile
durant les 2 premiers mois du sevrage pour attnuer
les symptmes de manque. Les rechutes ultrieures
ne sont plus imputables la dpendance
pharmacologique mais attribues diffrents facteurs
(perte de motivation, troubles de lhumeur, prise de poids).
> La rduction de consommation est une alternative
rserve aux checs du sevrage total, qui consiste rduire
la consommation de cigarettes de 50 % et compenser
par un apport nicotinique oral ou transdermique.
comprendre
P
r
Franois Lebargy
Service de pneumologie, Hpital Maison-Blanche, 51092 Reims Cedex
[email protected]
1 225
P
armi les 4 000 substances contenues dans la feuille de
tabac, la nicotine est responsable de la dpendance phar-
macologique au tabac. Comme toutes les substances
addictives, la nicotine possde des proprits psycho-actives,
dclenche un comportement dauto-administration chez lanimal,
et corrige le syndrome de manque apparaissant lors du sevrage
tabagique. Elle stimule les voies neuronales dopaminergiques
mso-limbiques et mso-corticales participant au systme de
rcompense crbrale.
Les taux de rechute aprs sevrage sont similaires ceux
enregistrs pour lalcool et lhrone (de lordre de 80 % 1 an),
et confrent au tabac le statut de drogue dure .
La prvalence du tabagisme dans le monde est en constante
augmentation, en particulier dans les pays en voie de dvelop-
pement. Selon les estimations de lOrganisation mondiale de la
sant (OMS), on comptait plus dun milliard de fumeurs en 2000.
Bien que la prvalence du tabagisme diminue lentement dans
les pays industrialiss, la population fminine et la tranche dge
18 35 ans sont particulirement touches, faisant craindre une
surmortalit par cancer dans les 20 prochaines annes.
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1 226
PIDMIOLOGIE
CONSOMMATION DE TABAC EN FRANCE
1. volution de la consommation depuis 1950
Aprs laugmentation rapide et massive enregistre entre
1950 et 1974, la consommation de tabac sest stabilise autour
dun chiffre de prvalence de 40 %. partir de 1992, une
dcroissance lente denviron 1 % par an sest amorce lors de
lentre en vigueur de la loi Evin.
Selon les chiffres de ventes publis par les industriels, les
cigarettes correspondent 90 % des produits vendus au 1
er
rang
desquels figurent les cigarettes blondes avec filtres. Toutefois,
les ventes du tabac rouler ont plus que doubl depuis 1991
paralllement aux augmentations du cot du tabac. Les ventes
de cigarillos ont augment de plus de 25 % depuis 1993.
2. Consommation actuelle dans la population
gnrale
Selon le Baromtre sant 2000 (fig. 1), 34 % des personnes de
12 75 ans dclarent fumer ne serait-ce quoccasionnellement. Les
hommes sont plus nombreux que les femmes (37 % contre 31 %).
Le taux de fumeurs rguliers (dfinis par une consommation
dau moins 1 cigarette par jour) est de 29 % (32 % chez les hommes
et 26 % chez les femmes).
3. Analyse du tabagisme par tranche dge
Vingt-quatre pour cent des adolescents (12 17 ans) dclarent
fumer occasionnellement ou rgulirement. Le tabagisme est
plus frquent chez les filles (27 %) que chez les garons (21 %)
jusqu 17 ans, mais 18 ans les comportements se rejoignent,
et au-del de 20 ans, les femmes sont moins nombreuses. Dans
cette tranche dge, 17,5 % des individus fument au moins 1 ciga-
rette par jour (cig/j).
MATURATION
ET VULNRABILIT
Addictions et conduites dopantes : pidmiologie, prvention, dpistage
0 %
20 %
40 %
60 %
39,3
31,5
47,4
48,6
50,7
42,8
51,9
43,0
46,0
38,0
33,2
24,8 25,4
18,5
16,4
7,8
12-17 18-20 21-25 26-34 35-44 45-54 55-64 65-74
ge (annes)
Hommes
Femmes
Prvalence du tabagisme (rgulier et occasionnel)
par tranche dge et selon le sexe.
(Ralis partir de donnes du Baromtre sant 2000 publies
par le CFES)
Figure 1
Les adultes gs de plus de 18 ans comptent 35 % de fumeurs,
dont 30 % sont des fumeurs rguliers. La moiti de la population
des 18 34 ans fume rgulirement ou occasionnellement.
Le pourcentage de consommateurs de tabac diminue partir
de 35 49 ans, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
Dans la tranche dge 18 75 ans, les hommes sont plus nom-
breux que les femmes (34, 5 % contre 27 %).
4. Analyse des consommations moyennes
Le nombre moyen de cigarettes quotidiennes augmente avec
lge. Entre 12 et 17 ans, les garons consomment 8,5 cig/j
contre 5,8 chez les filles. La consommation est maximale dans la
tranche dge 45 54 ans avec 18,8 cig/j pour les hommes et
15,5 pour les femmes. Le niveau de consommation est galement
li lanciennet du tabagisme. Il est de 10,6 cig/j chez les
personnes qui fument depuis moins de 10 ans, et de 14,8 cig/j
chez les fumeurs plus anciens.
5. Particularit du tabagisme fminin
La diminution rcente du tabagisme ne parat pas toucher la
tranche dge des femmes en ge de procrer (18 35 ans). En
effet, dans cette classe dge, le pourcentage de fumeuses
atteint 50 %, dont 35 % de fumeuses rgulires ; 40 % des
fumeuses cessent de fumer pendant leur grossesse. Cependant,
la prvalence du tabagisme au 3
e
trimestre de la grossesse reste
leve (environ 20 %) ; 70 % des femmes qui ont arrt pendant
la grossesse reprennent dans les 3 mois qui suivent laccouchement.
CONSOMMATION DE TABAC DANS LE MONDE
Au cours des dernires dcennies, la prvalence mondiale du
tabagisme a augment de 3,4 % par an avec des disparits impor-
tantes selon les pays. La mortalit lie au tabagisme est en aug-
mentation constante, estime en 2001 4 millions de dcs par an.
Aux tats-Unis, la prvalence du tabagisme a diminu de 45
24 % durant les trois dernires dcennies. Il nexiste pas de dif-
frence de prvalence entre les ethnies, mais la dcroissance du
tabagisme a t plus forte chez les Noirs. Au Royaume-Uni et dans
les pays dEurope du nord, lvolution globale est comparable
celle observe aux tats-Unis.
Dans les pays dEurope centrale, dEurope de lest, et en Chine
la prvalence du tabagisme atteint des taux de 50 60 % dans
la population masculine adulte. titre dexemple, le nombre de
fumeurs en Chine est estim 300 millions.
MORBIDITS, COMORBIDITS,
COMPLICATIONS
Les principales causes de dcs attribuables au tabac sont
les cancers des bronches et des voies arodigestives suprieures
(VADS), les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires
chroniques. Les effets observs aujourdhui sont les consquences
du tabagisme des annes 1950-1970. Il est donc possible dtablir
les prvisions de morbidit et de mortalit partir des chiffres
du tabagisme actuel.
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1 227
MORTALIT LIE AU TABAC
Selon lOMS, le tabac est responsable de prs de 4 millions de
dcs par an dans le monde (6 % de la mortalit globale), dont plus
de 500 000 dcs fminins. La moiti de ces dcs concernent
les pays industrialiss.
En France, le nombre de dcs attribuables au tabac est
estim 60 000/an (10 % de la mortalit globale). La moiti de ces
dcs sont dus aux cancers, lautre moiti aux maladies cardio-
vasculaires et respiratoires. Les hommes paient un plus lourd
tribut au tabagisme que les femmes (55 000 dcs masculins
contre 5 000 dcs fminins ), ce qui sexplique par le caractre
plus rcent du tabagisme fminin.
Les projections 2010-2020 font tat de 10 millions de dcs
annuels dans le monde, dont 30 % dans les pays industrialiss
et 70 % dans les pays en dveloppement.
En France, le nombre de dcs sera de 165 000 par an en
2025, soit un doublement des dcs masculins (110 000) et un
dcuplement des dcs fminins (55 000) expliqu par la forte
progression actuelle du tabagisme chez les femmes.
CANCERS
1. Cancers bronchiques
Le tabac est responsable de la presque totalit des cancers
bronchiques. On value 1,2 million le nombre de cancers bron-
chiques par an dans le monde, ce qui en fait la premire cause de
mortalit par cancer. Le nombre de cancers bronchiques chez la
femme est de 337 000 par an, soit prs du quart des cancers
broncho-pulmonaires. En France, le nombre de dcs par cancer
bronchique est de 24 000 par an, dont 3 000 parmi les femmes.
Le risque de cancer est proportionnel la consommation
cumule : il est 3 fois plus lev chez un fumeur dau moins
25 cig/j que chez ceux qui fument de moins de 14 cig/j. La dure
dexposition est un paramtre influenant considrablement le
risque : consommation gale, le risque est multipli par 20
lorsque la dure du tabagisme double. Enfin, le risque est dautant
plus lev que lge de dbut du tabagisme est prcoce.
En cas dexposition simultane dautres carcinognes, les
risques se multiplient. Si le risque relatif de cancer bronchique est
valu 1 chez un sujet non fumeur et non expos, il est multipli
par 10 chez le fumeur non expos, et par 50 chez le fumeur
expos lamiante.
La mortalit par cancer du poumon commence diminuer
chez lhomme, mais elle est en augmentation chez la femme et
devrait tre multiplie par 10 en 2025.
2. Cancers des VADS
Les cancers des VADS regroupent les cancers de la cavit
buccale et du pharynx, du larynx, et de lsophage. En France,
leur nombre est estim 15 000 par an. La fraction des cancers
de la bouche et du larynx attribuable au tabac est de 80 %, alors
que celle des cancers de lsophage nest que de 50 %.
Le tabac et lalcool sont les 2 principaux facteurs de risque qui
agissent de faon synergique. Le risque est proportionnel la
consommation : le risque de cancer de lsophage est 150 fois
plus lev chez les fumeurs de plus de 30 cig/j consommant
plus de 120 g dalcool par jour que chez les fumeurs de moins de
10 cig/j consommant moins de 40 g dalcool par jour.
3. Autres cancers
Le tabac augmente plus modestement le risque relatif de
cancer de divers organes : cancers de vessie dont 30 % sont
attribuables au tabagisme, cancer du pancras, et cancer du col
de lutrus.
MALADIES RESPIRATOIRES
En termes de sant publique, la bronchopneumopathie
chronique constitue la principale complication respiratoire du
tabagisme. En France, on estime 2 500 000 le nombre de
sujets atteints de bronchopneumopathie chronique (cest--dire
se plaignant dune toux et dune expectoration chronique dfinis-
sant la bronchite chronique). Dans 90 % des cas, le tabagisme
est la cause de la bronchite chronique. Un tiers environ de cette
population prsente un syndrome obstructif caractris par une
limitation des dbits ariens bronchiques (bronchopneumo-
pathie chronique obstructive [BPCO]) ; 20 % des patients
obstructifs, soit environ 200 000 personnes, sont hypoxmiques,
rpondant la dfinition de linsuffisance respiratoire chronique
obstructive.
Les bronchopneumapathies chroniques sont la 3
e
cause
darrt de travail dans les pays industrialiss, et sont lorigine de
15 % des hospitalisations. Actuellement, le taux brut de dcs
par BPCO est estim 26 pour 100 000 habitants. En 2020, il
devrait doubler, lamenant au 3
e
rang des dcs par maladie.
MALADIES CARDIOVASCULAIRES
Le tabac est un facteur de risque dathrosclrose lorigine
daccidents docclusion vasculaire. On estime le nombre de dcs
par maladie cardiovasculaire 110 000 par an, dont 15 000 sont
attribuables au tabac. Chez les hommes de moins de 65 ans,
prs de la moiti des dcs par cardiopathies ischmiques sont
attribuables au tabac. Le risque relatif de dcs par maladie cardio-
vasculaire est dpendant de la dose cumule : il est multipli par
2,4 pour une consommation cumule de 10 paquets-annes, et
multipli par 8,5 pour une consommation de 80 paquets-annes.
La relation entre le tabac et lartriopathie des membres inf-
rieurs est beaucoup plus nette que pour les localisations coronaires
et crbrales de lathrosclrose. Ainsi, le risque dartriopathie
chez fumeur de plus de 15 cig/j est 9 fois suprieur celui du
non-fumeur. Lvolution de la maladie est influence de faon
nfaste par la poursuite du tabagisme : les douleurs de dcubitus
sont 3 fois plus frquentes en cas de tabagisme persistant. Le
risque docclusion des pontages artriels est galement multipli
par 3 chez le fumeur. linverse, larrt du tabac rduit de plus
de 30 % les indications chirurgicales et divise par 4 la mortalit
10 ans.
La consommation de tabac multiplie par 3 5 le risque din-
farctus du myocarde et de mort subite. Il existe une relation entre
le niveau de risque et la quantit de tabac fume. En revanche, le
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1 228
lien entre le tabagisme et le risque dangine de poitrine est
moins net. Le tabac intervient en synergie avec dautres facteurs
de risque, tels que la sdentarit, lhypertension artrielle, lhy-
percholestrolmie et le diabte.
DPISTAGE ET PRVENTION
Le dpistage et la prvention du tabagisme reposent sur des
mesures collectives et individuelles qui doivent tre coordonnes.
LCHELON COLLECTIF
1. Campagnes dinformation grand public
Lefficacit des campagnes dinformation sur les mfaits du
tabac ralises depuis les 20 dernires annes (journaux, tlvision)
est difficile valuer. Certaines tudes amricaines rcentes
semblent montrer que seuls les messages stigmatisant la mani-
pulation des consommateurs par lindustrie du tabac et ceux
portant sur les risques du tabagisme passif pouvaient influencer
le comportement des adolescents.
2. Mesures lgislatives
La premire loi relative la lutte contre le tabagisme date
de 1976. La loi Veil (loi 76-616 du 9 juillet 1976) avait pour objet
dinterdire la publicit en faveur du tabac et des produits du
tabac. Elle a t renforce par la loi Evin (loi 91-32 du 10 jan-
vier 1991) obligeant rduire la publicit dans la presse crite,
assortir toute publicit dun message sanitaire fumer nuit gra-
vement la sant , et interdire la consommation du tabac
dans les lieux usage collectif. Lajout dun volet rpressif sous
forme de confiscation des supports publicitaires et de paiement
damendes pour les contrevenants est prvu par la loi, mais pro-
bablement sous-utilis. Depuis lapplication de ces lois, une dimi-
nution du tabagisme de 13 % a t enregistre, mais il est impossible
daffirmer que cette rduction est due uniquement aux mesures
lgislatives, puisque dautres actions ont t engages simulta-
nment (campagne dinformation, augmentation des prix).
3. Restriction de laccs au tabac
Leffet de la hausse du prix de vente du tabac sur la consom-
mation reste dvaluation difficile, mais elle contribue probablement,
si elle est suffisamment importante, rduire la consommation
des enfants et des adolescents. De mme, certains pays propo-
sent dinterdire la vente de tabac aux mineurs, mais les modalits
pour faire respecter linterdiction sont difficiles mettreen uvre.
Le dveloppement de consultation daide larrt du tabac, la
formation des mdecins gnralistes, le dlistage (dlivrance
sans ordonnance) des produits de substitution constituent
autant de mesures visant lutter contre le tabagisme.
LCHELON INDIVIDUEL
Le dpistage passe par le recensement des fumeurs. Quel
que soit le motif de consultation, le statut tabagique du patient
doit tre inscrit dans le dossier mdical, au mme titre que les
signes vitaux.
MATURATION
ET VULNRABILIT
Addictions et conduites dopantes : pidmiologie, prvention, dpistage
Un conseil minimal doit tre dlivr chaque fumeur. Il sagit
dune intervention brve, infrieure ou gale 3 minutes. Elle
consiste poser initialement 2 questions : Fumez-vous ? et
Souhaitez-vous arrter ? . En cas de rponse ngative, le
mdecin doit faire prciser les raisons du refus, expliquer claire-
ment les risques encourus par le fumeur, et insister sur laide
quil peut lui apporter. Il peut saider de brochures dinformation.
En mdecine gnrale, le pourcentage darrts obtenu grce
au conseil minimal est denviron 2 %/an, soit lquivalent de
200 000 arrts/an si chaque praticien sastreignait donner ce
conseil leurs patients (fig. 2).
PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENTS
SUBSTITUTIFS
BILAN CLINIQUE INITIAL
1. Histoire du tabagisme et son retentissement
Tout patient dsirant arrter de fumer doit faire lobjet dun
bilan initial complet. Il commence par prciser les circonstances
de la consultation (dmarche volontaire ou impose par lentou-
rage ou le mdecin), les antcdents somatiques (affections et
facteurs de risques cardiovasculaires, maladies respiratoires) et
lhistoire du tabagisme (ge de dbut, consommation moyenne,
tentatives antrieures darrt). Ltape la plus importante
consiste explorer 3 domaines principaux : la motivation, la
dpendance pharmacologique, et les associations morbides
ventuelles.
Algorithme de prise en charge dun fumeur lors
dune consultation de mdecine gnrale. ERM : entretien de
renforcement de la motivation ; TCC : thrapies cognitives et
comportementales.
Figure 2
Fumeur
Conseil minimal
Motiv Non motiv
Stratgies daide larrt
ERM
TCC
Traitement
pharmacologique
ERM
Stratgie
de rduction
+
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1 229
2. valuation de la motivation pour larrt
La motivation est un facteur essentiel du pronostic. La dcision
darrt du tabagisme est le rsultat dun processus de maturation
passant par plusieurs stades successifs :
L le stade pr-intentionnel au cours duquel larrt nest pas envi-
sag ; le sujet est rfractaire aux informations et aux conseils ;
L le stade intentionnel est dfini par la prise de conscience des
risques et des effets dltres du tabagisme, mais le sujet
reste hsitant en raison des bnfices que lui procure son
tabagisme ;
L le stade de prparation est la priode pendant laquelle le
sujet envisage darrter de fumer dans un avenir proche
(quelques semaines) ;
L le stade dcisionnel aboutit trs rapidement larrt du
tabagisme.
Les tests de motivations utiliss permettent dvaluer le
stade o se trouve le fumeur, les chances de russite tant maxi-
males chez les sujets se situant au stade de la dcision.
On peut utiliser une chelle visuelle analogique ou un des
nombreux autoquestionnaires permettant dtablir un score de
motivation.
Lvaluation analytique de la motivation possde un certain
nombre davantages par rapport aux tests prcdents. Elle doit
prciser les motifs qui incitent le fumeur continuer de fumer
(plaisir, dtente, contrle du stress, apprhension des difficults
du sevrage) et les raisons darrter (sant, libert, dsir de
grossesse). Lobjectif est de faire pencher la balance vers la
dcision darrt chez les individus au stade de prparation ou
dacclrer le processus de prise de conscience chez les indivi-
dus se situant au stade intentionnel. De plus, la motivation du
fumeur est fluctuante au cours du sevrage, et lanalyse initiale
de la motivation permettra de rappeler au patient ses justifications
pour larrt.
3. La dpendance pharmacologique
Elle est value par lautoquestionnaire de Fagerstrm en
6 questions (tableau). Chaque question est assortie dun score
dont la somme permet dobtenir un index de dpendance :
dpendance faible si QF 4 ; dpendance modre si 4 < QF 6 ;
dpendance forte si QF 7. Les items portant sur le nombre de
cigarettes consommes par jour et le dlai entre le lever et la
premire cigarette sont les mieux corrls la dpendance. Ce
score permet de retenir lindication dun traitement pharmaco-
logique et dadapter les posologies initiales en fonction du degr
de dpendance.
Les tentatives antrieures darrt sont aussi de bons indicateurs
du degr de dpendance.
Le nombre dessais antrieurs et la dure dabstinence consti-
tuent des lments favorables pour la russite dun sevrage. Il est
indispensable de faire prciser les mthodes de sevrage utilises,
ainsi que leurs avantages et leurs inconvnients.
Les difficults rencontres lors de ces tentatives darrt, en
particulier lintensit du syndrome de sevrage (pulsions fumer)
sont des informations essentielles recueillir pour juger de la
dpendance et anticiper les consquences du sevrage actuel.
Questionnaire de Fagerstrm
Le score est calcul par addition des points attribus
chaque question (faible dpendance QF < 4,
dpendance moyenne 4 < QF < 7, dpendance forte QF > 7).
Tableau
4. tats anxio-dpressifs
La prvalence des tats anxio-dpressifs est plus importante
chez les fumeurs dpendants que dans la population gnrale.
De plus, le syndrome de sevrage est plus intense chez les sujets
dprims et les rechutes sont plus frquentes.
Il convient donc de rechercher systmatiquement :
L un antcdent dpressif majeur ;
L un trait dpressif actuel en saidant au besoin dautoquestion-
naires danxit et de dpression (tels que le Hospital
Anxiety-Depression scale [HAD] ou encore la forme abrge
du questionnaire de Becq).
5. Autres facteurs de mauvais pronostic
Ce sont : les addictions associes (alcool, cannabis, amphta-
mines, benzodiazpines) ; le tabagisme dans lentourage.
Dans quel dlai aprs le rveil
fumez-vous votre premire cigarette ?
< 5 min . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
6-30 min . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
31-60 min . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
> 60 min . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0
Trouvez-vous difficile de ne pas fumer
dans les endroits interdits ?
oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
non . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0
Quelle cigarette trouvez-vous
la plus indispensable ?
la premire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
une autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0
Combien de cigarettes fumez-vous par jour ?
10 ou moins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0
11 20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
21 30 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
31 ou plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Fumez-vous de faon plus rapproche
dans la premire heure aprs le rveil ?
oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
non . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0
Fumez-vous mme si une maladie
vous oblige rester au lit ?
oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
non . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0
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1 230
MATURATION
ET VULNRABILIT
Addictions et conduites dopantes : pidmiologie, prvention, dpistage
TRAITEMENTS PHARMACOLOGIQUES
1. Substituts nicotiniques
Prsentations : les dispositifs transdermiques ou timbres
(doss 21, 14, et 7 mg) dlivrent une quantit constante de
nicotine sur une priode de 16 ou 24 h. Il est recommand deles appli-
quer sur peau saine, glabre et den changer lemplacement chaque
jour. Les irritations cutanes locales et les troubles oniriques dcrits
lorsque les timbres sont laisss en place la nuit sont les principaux
effets secondaires. Les gommes (doses 2 ou 4 mg) librent, lors
de leur mastication, la nicotine qui est absorbe par la muqueuse
buccale. Lintrt des gommes par rapport aux timbres est le pic de
nicotine quelles dlivrent en moins de 30 min, ce qui permet de
contrler plus rapidement les envies imprieuses de fumer. Les
effets secondaires sont lirritation buccale et les troubles dyspep-
tiques. Les tablettes sublinguales (doses 2 mg) constituent une
alternative aux gommes dont elles partagent lefficacit. Leur
tolrance buccale est meilleure. Linhaleur est un systme ressem-
blant un fume-cigarette contenant une cartouche poreuse de
nicotine en solution. La nicotine est absorbe par la muqueuse
buccale lors des aspirations successives. Ce procd permet das-
socier la substitution nicotinique et la composante comportemen-
tale. Chaque cartouche dlivre en moyenne 1 2 mg de nicotine
soit lquivalent dune gomme 2 mg.
Indications et posologies :
L en cas de dpendance faible, la prise en charge repose sur le
soutien psychologique et les stratgies comportementales.
Les gommes ou les tablettes sublinguales peuvent tre utilises
la demande pour contrler les envies de fumer ;
L en cas de dpendance modre (4 QF < 7), la substitution
nicotinique fait appel aux timbres. La posologie initiale est de
21 mg/j chez les sujets dont la consommation est comprise entre
10 et 20 cig/j. Il ne semble pas y avoir de bnfice prolonger
le traitement au-del de 8 semaines, ni prescrire des doses
dgressives comme le prconisent les fabricants. Les gommes
doses 2 mg ou les tablettes sublinguales peuvent tre utilises
la place du timbre la posologie dune gomme lheure ;
L en cas de forte dpendance (Fagerstrm 7), lobtention
dun taux de substitution adquat (> 80 %) impose le recours
des posologies plus leves. Il est parfois ncessaire dutiliser
simultanment 2 timbres de 20 cm
2
ou des gommes doses
4 mg. Le choix entre ces 2 galniques dpend des prfrences
des patients et de leur tolrance respective. En cas de persis-
tance de pulsions fumer ou de symptmes de sevrage, il est
possible dassocier aux systmes transdermiques une substi-
tution orale (gommes 2 mg, tablettes ou inhaleur). Toutefois,
le dpassement des posologies au-del de 21 mg/j et les asso-
ciations de galniques ne sont pas mentionnes dans lautori-
sation de mise sur le march de ces produits.
Efficacit : le taux dabstinence 12 mois obtenu avec les
substituts nicotiniques est compris entre 20 et 25 %, soit 2
3 fois suprieur aux rsultats des placebos. Lefficacit des
traitements substitutifs est dautant plus marque que la
dpendance pharmacologique est forte.
La principale contre-indication est linsuffisance coronaire
instable. Les substituts nicotiniques sont autoriss chez la
femme enceinte.
2. Lhydrochloride de bupropion
Bien quappartenant la classe des antidpresseurs, le Zyban
na quune autorisation de mise sur le march (AMM) pour le
sevrage tabagique.
Il inhibe la recapture de la dopamine et de la noradrnaline
crbrales, impliques dans lactivation du systme de rcom-
pense crbrale.
Les indications du bupropion sont le mmes que celles des
substituts nicotiniques : laide larrt du tabac chez les fumeurs
ayant une dpendance modre ou forte, motivs larrt.
Le choix entre ces deux classes thrapeutiques est tabli sur
la prfrence du patient souvent influence par les tentatives
antrieures, la prsence de contre-indications spcifiques,
la survenue deffets secondaires.
Lassociation du Zyban et des substituts nicotiniques peut
tre envisage demble en cas de dpendance forte ou trs
forte ou secondairement en cas de persistance de symptmes
de manque ou denvies imprieuses de fumer chez les sujets
ayant dbut un traitement par Zyban.
La posologie est de 150 mg/j pendant la premire semaine
puis de 300 mg/j partir de la deuxime semaine en 2 prises. La
date darrt du tabac doit se situer au cours de la deuxime
semaine de traitement. La dure du traitement est de 7
9 semaines.
Le bupropion rduit lintensit des symptmes de sevrage et
retarde la prise de poids pendant la dure du traitement. Le taux
dabstinence 12 mois est de 23 % (2 fois suprieur au groupe
placebo). Lassociation au timbre nicotinique permet damliorer
lgrement ces rsultats.
Linsomnie et la scheresse buccale sont les effets secondaires
les plus frquents.
Le Zyban est contre-indiqu en cas dpilepsie ou de facteurs
de risque dpilepsie (traumatisme, tumeur crbrale, alcoo-
lisme), en cas de troubles psychiatriques bipolaires ainsi que
chez les femmes enceintes ou allaitant.
Il est enfin conseill dviter la prescription concomitante de
mdicaments interfrant avec le cytochrome P450 en raison
dun risque de surdosage (neuroleptiques, antidpresseurs imi-
praminiques ou inhibiteurs slectifs de la recapture de la
srotonine, antiarythmiques,-bloquants).
3. Autres antidpresseurs
En cas dtat dpressif caractris lors du bilan initial, le trai-
tement pralable de la dpression justifie le report du sevrage
tabagique de quelques semaines. Les inhibiteurs de la recapture
de la srotonine (fluoxtine, paroxtine) sont souvent prfrs
en raison de leur bonne tolrance clinique.
En cas de dpression survenant en cours de sevrage, la pres-
cription dun antidpresseur en association aux substituts nico-
tiniques peut alors se justifier.
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L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 4 : 5 4
POINTS FORTS
> Les chiffres du tabagisme :
En France, 17,5 % des adolescents et 30 %
de la population adulte fument rgulirement.
Le tabagisme fminin est en constante augmentation
depuis 30 ans. Actuellement, 35 % des 18-35 ans
fument rgulirement. Au 3
e
trimestre de la grossesse,
25 % des femmes sont fumeuses.
Le nombre de dcs dus au tabagisme est
de 60 000 par an (10 % de la mortalit globale).
On dnombre 24 000 cancers bronchiques
et 15 000 des voies arodigestives suprieures par an.
Les autres dcs lis au tabagisme se partagent
entre BPCO (8 000 dcs par an) et les maladies
cardiovasculaires (artrites, infarctus du myocarde)
[15 000 dcs par an].
> Le conseil minimal est une intervention brve
consistant demander tout consultant
Fumez-vous ? Avez-vous essay darrter
et dlivrer une information sur les risques lis
au tabac. Il permet dobtenir un taux darrt
de 2 % par an dans la population gnrale.
> Laide larrt du tabac ncessite un bilan clinique initial
soigneux. Il doit prciser :
c
i
b
e
l
s
)
SURDIT DE
TRANSMISSION
SURDIT DE
PERCEPTION
OREILLE
INTERNE
NERF
AUDITIF
OREILLE
MOYENNE
OREILLE EXTERNE
SURDIT MIXTE
L les surdits de transmission lies
des infections de loreille moyenne
mal soignes et dont la prennisation
peut suffire retentir sur le langage de
lenfant et (ou) entraner un retard des
apprentissages (terrain prdisposant :
dysfonctionnement de la trompe
dEustache chez le petit enfant).
Le dpistage des troubles auditifs
concerne donc lenfant tout ge.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 3 : 5 3
1 226
MATURATION
ET VULNRABI LIT
Suivi dun nourrisson, dun enfant et dun adolescent normal : dpistage des troubles auditifs
Lappareil auditif priphrique et les 3 types de surdit. En cas de surdit
de transmission, laudiogramme tonal montre une conduction arienne (ronds) abaisse
alors que la conduction osseuse (barres) est normale. En cas datteinte de loreille
interne ou du nerf auditif, la conduction osseuse est abaisse : si la conduction arienne
reste accole, il sagit dune surdit de perception pure ; sil existe un cart entre conduction
osseuse et conduction arienne, la surdit est mixte (atteinte concomitante de lappareil
de transmission).
Figure 1
POPULATIONS RISQUE
Si les nouveau-ns risque bnficient
gnralement dun dpistage rapide, plusieurs
situations imposent de rester vigilant quant
linstallation possible dune surdit aprs
la naissance. Les facteursde risque ci-dessous
correspondent pour la plupart ceux dcrits
par lAnaes (Agence nationale daccrditation
et dvaluation en sant).
Nouveau-n
On estime que la moiti des cas de sur-
dit congnitale dpists proviennent de
populations dfinies comme tant
risque de surdit. Doivent tre retenus
comme facteurs de risque de surdit
congnitale :
L poids de naissance < 1 500 g ;
L antcdents familiaux de surdit ;
L malformations de la tte et (ou) du cou ;
signes cliniques orientant vers un syndrome
connu pour tre associ une surdit
(de perception ou de transmission) ;
L infections in utero : cytomgalovirus,
toxoplasmose, rubole, zona, syphilis ;
L administration dun traitement oto-
toxique ;
L ranimation nonatale > 48 h ;
L score dApgar < 4 5 min et (ou) venti-
lation mcanique de plus de 12 h ;
L hyperbilirubinmie avec exsanguino-
transfusion.
Nourrisson et petit enfant
Plusieurs situations doivent faire
suspecter lapparition dune surdit :
L doute de lentourage sur le statut auditif
(enfant trop calme ou trop ractif aux
stimulations visuelles ou tactiles) ; retard
de dveloppement du langage oral ;
L mningite bactrienne ;
L administration dun traitement oto-
toxique : aminosides, diurtiques de
lanse ;
L otites sromuqueuses rptition ;
L traumatisme crnien lorigine dune
perte de connaissance ou dune fracture
des os du crne.
Certains signes cliniques imposent
un dpistage rapide :
L lors des premiers mois de vie, labsence
de raction aux stimulus auditifs
(sommeil trop calme) ou au contraire
lexcs de ractions aux stimulus
tactiles ;
L de 3 12 mois dge lmission par
lenfant de sons non mlodiques ;
L de 12 24 mois des missions vocales
incontrles, une absence darticulation,
une absence dattention aux sollicitations
extrieures au champ visuel ;
L de 24 36 mois un retard de parole
avec des difficults darticulation
importantes associes des troubles
du comportement.
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En cas de surdit acquise dans la
petite enfance peuvent sobserver une
rgression des missions vocales et des
comptences articulatoires ainsi quune
modification du comportement. La fig. 2
reprsente les tapes normales du dvelop-
pement du langage oral jusqu 3 ans.
Adolescent
Surdit de perception :
L antcdents familiaux de surdit ;
L infections in utero (cytomgalovirus,
toxoplasmose) ;
Lmningites bactriennes ;
L maladies neurodgnratives, en par-
ticulier la neurofibromatose de type II
(dltion du bras long du chromosome 22).
Surdit de transmission avec reten-
tissement sur le dveloppement du lan-
gage oral :
L otites sromuqueuses rptition ;
L dysfonctionnement de la trompe
dEustache ;
L trisomie 21 (otites sromuqueuses+++).
DMARCHE DIAGNOSTIQUE
Elle dpend du type de surdit.
Surdit de transmission
Le tableau I rsume les causes principales
de surdit de transmission chez lenfant.
Leurs diagnostics reposent avant tout sur
les donnes de lexamen otoscopique. Les
affections de loreille externe sont le plus
souvent des affections bnignes accessi-
bles un traitement simple (corps tran-
ger, eczma, infections), en gnral
responsables dune lgre surdit de
transmission avec 10 15 dB de perte
auditive (dB HL). Parmi les affections de
loreille moyenne de lenfant, lotite sro-
muqueuse est de loin la plus frquente,
survenant sur un terrain de dysfonction-
nement tubaire. Elle est responsable dune
surdit qui sinstalle bas bruit, dans les
suites dune otite moyenne aigu, et peut
entraner jusqu 40 dB de perte auditive.
Le tympan prend un aspect caractristique :
mat, paissi et parcouru de stries vasculaires,
parfois bombant du fait de la prsence
dun liquide sromuqueux dans loreille
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 3 : 5 3
1 227
tapes normales du dveloppement du langage oral chez lenfant. (Bureau
international daudiophonologie, 1991).
Figure 2
Se retourne
vers un bruit
produit hors
de sa vue.
Aime les jouets
musicaux. Fait du bruit
avec ses lvres. Babille.
Quand on lui parle, rpond
par des vocalises.
Dit des syllabes redoubles
et ventuellement
ses premiers mots.
Cherche lendroit
do vient un bruit
hors de sa vue.
Reconnat une mlodie.
Comprend certains mots
et ordres simples.
Ragit son prnom.
G
L
I
NG
G
L
I
N
G
6 mois
I
l
l
u
s
t
r
a
t
i
o
n
s
V
.
D
E
L
V
A
L
Principales causes des surdits
de transmission de lenfant
Tableau 1
AFFECTI ON CAUSE GNTI QUE CAUSE ACQUI SE
Oreille externe hypoplasie ou agnsie bouchon de crumen, corps tranger
du pavillon eczma
agnsie du conduit furoncle, otite externe bactrienne
auditif externe ou mycosique
microtie
Oreille moyenne malformations Inflammation :
des osselets otite sromuqueuse +++
otospongiose otites chroniques (muqueuse tympan ouvert,
(rare chez lenfant) cholestatome, squellaire, fibro-adhsive)
Traumatisme (direct ou barotraumatisme :
perforation du tympan, luxation ossiculaire
Ar e u h !
12 mois
Ragit au bruit, la voix,
la musique :
sursaute, arrte
son activit
Dit aaa eu ! .
D
R
I NG
3 mois
Peut montrer sur ordre quelques parties
du corps. Comprend un mot
ou une phrase
chuchote.
Commence
reproduire
des mlodies.Comprend
un ordre complexe
comme : Donne un gteau
Sophie ! . Dit des phrases
2 mots comme Papa parti .
Utilise moi et toi .
Tu me
mo n t r e s
l e n e z ?
2 ans
Dit quelques mots
reconnaissables.
Reconnat tous
les bruits familiers.
Comprend
des phrases
courtes (sans gestes).
Ba l l o n
18 mois
Sexprime par phrases.
coute et comprend des petites histoires. Participe
aux conversations familiales et pose des questions : o ?
quoi ? qui ? . Rpond des questions simples chuchotes
loreille droite comme loreille gauche.
Chante et rcite des comptines. Utilise le je ou le tu .
Po ur q u o i
e l l e p l e ur e
l a s o ur i s ?
3 ans
ref_thai2 2/06/03 11:13 Page 1227
moyenne (fig. 3). Mal soigne, lotite sro-
muqueuse favorise le dveloppement
dune otite chronique. Lotite chronique
muqueuse tympan ouvert se
traduit par une otorrhe
muco-purulente et une
surdit de transmission
responsable de 30 60 dB
de perte. Lotite chronique
cholestatomateuse pro-
vient dune desquamation
de lpithlium malpighien
kratinisant de la membrane
tympanique lintrieur des cavits
de loreille moyenne (risque drosion des
osselets et des parois de loreille moyenne
avec terme destruction de loreille interne).
Lotite chronique squellaire se caractrise :
L par des remaniements du tympan qui peut
tre atrophi, perfor et (ou) incrust de
plaques de calcaire (tympanosclrose) ;
L par une atteinte de la chane des osselets
qui peut tre lyse ou fixe.
Une forme volutive grave est repr-
sente par lotite fibro-adhsive ou at-
lectasique dans laquelle le tympan, non
mobilisable, adhre la paroi interne de
loreille moyenne : la perte auditive est
suprieure 50 dB HL et il y a un risque de
surdit mixte si loreille interne est touche.
Les traumatismes de loreille, directs
ou pressionnels, peuvent affecter aussi
bien le tympan que la chane ossiculaire.
Enfin, les malformations de loreille
externe ou de loreille moyenne, dorigine
gntique, peuvent survenir de faon isole
ou bien dans le cadre dune atteinte syst-
mique : on parle dans ce dernier cas de
surdit syndromique .
Surdit de perception
lheure actuelle, on considre que la
rpartition des causes des surdits de
perception obit la rgle suivante : 1/3 des
surdits de perception seraient de cause
acquise (extrieure), 1/3 de cause gntique
identifie, 1/3 de cause inconnue. Les
principales tiologies des surdits de
perception acquises de lenfant sont rsumes
dans le tableau 2. Les infections contractes
in utero (cytomgalovirose, toxoplasmose)
peuvent tre responsables de surdit
volutive, non dtectables la naissance.
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MATURATION
ET VULNRABI LIT
Suivi dun nourrisson, dun enfant et dun adolescent normal : dpistage des troubles auditifs
La prmaturit avec un poids de naissance
< 1 500 g est davantage un facteur favorisant
quune cause relle de surdit congnitale
acquise. Le grand prmatur est
en effet trs sensible aux
consquences de lhypoxie
et de lacidose. Son imma-
turit hpatique et rnale
favorise lototoxicit de
certains mdicaments,
volontiers administrs en cas dinfections
nonatales (antibiotiques de la famille des
aminoglycosides). Lhypoxie ou lanoxie
nonatale peuvent avoir des causes multiples :
travail prolong, inertie utrine, placenta
prvia, circulaire du cordon, inhalation de
mconium. On incriminera une hypoxie
nonatale en cas danomalies du score
dApgar ou de ranimation nonatale
avec oxygnation prolonge. Lhypoxie
exerce un effet dltre sur lappareil
auditif en favorisant les hmorragies
intracochlaires. Lhyperbilirubinmie par
incompatibilit sanguine fto-maternelle
est responsable dune anmie hmolytique
svre lorigine de lsions anoxiques
touchant les voies auditives depuis le
tronc crbral jusquau cortex auditif
( ictre nuclaire ). En cas de mningite
bactrienne, le risque de surdit est li
un processus dossification cochlaire.
Les surdits de perception gntiques
surviennent le plus souvent de faon isole.
Plus rarement, elles sintgrent dans un
syndrome. La plupart des surdits gntiques
isoles se transmettent sur le mode auto-
somique rcessif, alors que la majorit
des surdits syndromiques sont autoso-
miques dominantes. Une centaine de
gnes seraient impliqus dans les surdits
non syndromiques. On sait depuis peu
que des mutations du gne codant pour
une protine de gap-junction , la
connexine 26 (chromosome 13q11-12), sont
responsables de prs de la moiti des
surdits hrditaires congnitales. Certaines
surdits familiales sont volutives et ne
sont pas dtectables la naissance.
Otite sromuqueuse.
Figure 3
Principales causes des surdits
de perception acquises de lenfant
Tableau 2
PRNATALES
Virales
rubole
cytomgalovirose
herps zoster
Bactriennes
syphilis congnitale
Parasitaires
toxoplasmose
Endocrines
hypothyrodie congnitale
Ototoxiques
aminoglycosides
quinine ( doses
antimalariques)
Grossesse pathologique
avec souffrance ftale
hypertension artrielle
toxmie gravidique
diabte
placenta prvia, menace
daccouchement prmatur
thylisme, toxicomanie
PRI NATALES
Prmaturit,
poids de naissance < 1 500 g
Hypoxie nonatale
Ictre nuclaire
Ototoxicit nonatale
aminoglycosides
diurtiques de lanse
POST-NATALES
Virales
oreillons
rougeole
Bactriennes
mningites
Infectieuses ORL
otites compliques
de mastodites
labyrinthites
Ototoxiques
chimiothrapie
par cisplatine
Traumatiques
fracture de los
temporal
traumatisme sonore
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TECHNIQUES DE DPISTAGE
EN FONCTION DE LGE
Une perte auditive de 40 dB dans la
rgion des frquences conversationnelles
(comprise entre 500 et 4 000 Hz) suffit
interfrer avec le dveloppement du
langage.
Si les techniques daudiomtrie com-
portementale permettent de dpister
assez aisment des surdits svres et
profondes, il est ncessaire, surtout chez
le tout-petit, de recourir des techniques
de mesures objectives pour pouvoir
dpister les surdits moins importantes.
Ces techniques objectives permettent de
dpister les dficiences auditives ds les
premiers jours de vie.
Mthodes subjectives
1. PARTICULARITS DE LEXAMEN
AUDITIF DU NOUVEAU-N
Le dpistage nonatal de surdit faisait,
jusqu peu, appel en premire intention
au babymtre de Veit et Bizaguet, appareil
portatif qui dlivre de brefs stimulus en
bruit blanc ou bruit filtr, une intensit
allant de 70 100 dB. Diffrentes rponses
peuvent tre recueillies :
L des ractions dalerte, la plus frquente
tant le rflexe cochlopalpbral (cligne-
ment palpbral immdiat et puisable) ;
on recherche galement un rflexe de
Moro, un sursaut ou des ractions
toniques des membres ;
L des ractions posturales, comme le
rflexe oculaire acoutrope prsent
jusqu la 6
e
semaine de vie (dviation
oculaire rflexe vers la source sonore
qui survient normalement 0,5 1 s
aprs le stimulus) ;
L des ractions comportementales,
comme larrt ou le dclenchement de
pleurs, dune activit de succion, ou
bien une modification de la mimique ;
L des modifications des fonctions auto-
nomes, comme le rythme cardiaque, le
rythme respiratoire, ou la tension de la
fontanelle.
Lexamen au babymtre, ralis en
champ libre, ne permet pas de dpister les
surdits unilatrales. Du fait de lintensit
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des stimulus dlivre, il dpiste uniquement
les surdits svres ou profondes. Le taux
de faux positifs a t estim 10 %.
2. TESTS RALISABLES
DE LA NAISSANCE 2 ANS
Rflexe dorientation investigation :
prsent partir du 4
e
mois de vie chez
lenfant n terme, il se recherche avec
des appeaux ou des jouets sonores calibrs
en intensit et en gamme frquentielle.
On recherche une orientation de lenfant
vers la source sonore, cette dernire tant
situe hors de son champ visuel.
Rflexe dorientation conditionne : il
peut se rechercher ds que lenfant a un
maintien suffisant de la tte, assis sur les
genoux dun adulte. Lexaminateur condi-
tionne lenfant tourner la tte vers la
source sonore laide dun stimulus visuel
tel quun jouet illumin, ou un cran vido,
situ au-dessus de la source.
Audiomtrie vocale : 9 mois, lenfant
entendant normalement ragit son
prnom. En gardant lesprit que son
langage dcoule de sa perception, on se
souviendra quil doit dire 12 mois des
syllabes rptes et 18 mois des mots
reconnaissables. lge de 2 ans, on teste
sa comprhension des ordres simples.
3. TESTS RALISABLES
ENTRE 2 ET 5 ANS
Le peep show box repose sur le condi-
tionnement de lenfant appuyer sur un
interrupteur, en rponse un stimulus
auditif, pour faire avancer des diapositives,
un film vido ou un train lectrique (train
show). partir de 3 ou 4 ans, lexamen
peut tre ralis avec un casque (examen
de la conduction arienne) ou un vibrateur
(examen de la conduction osseuse), et
permet de tester sparment chaque
oreille. partir du mme ge, on peut tester
en audiomtrie vocale la perception des
phonmes de la langue (liste de Lafon) ou la
comprhension de mots (liste de Boorsma).
Auparavant, on a recours au test de dsi-
gnation dimages voix chuchote (lenfant
doit dsigner parmi plusieurs images celle
que lexaminateur lui nomme voix chu-
chote).
4. APRS 5 ANS
Laudiomtrie retrouve les mmes
caractristiques que chez ladulte.
Mthodes objectives
Les 2 tests objectifs dcrits dans la
littrature comme les mieux adapts au
dpistage de la surdit sont les potentiels
voqus auditifs (PEA) prcoces du tronc
crbral et les otomissions acoustiques
provoques (OEAP). En consultation, une
tympanomtrie est souvent ralise.
1. TYMPANOMTRIE
Le tympanogramme explore la com-
pliance du couple tympan/chane des
osselets en rponse des modifications
pressionnelles dans le conduit auditif
externe. Il value indirectement la trompe
dEustache dans son rle dquilibration
des pressions de part et dautre du tympan.
Il est perturb lorsque du liquide est pr-
sent dans loreille moyenne.
Le rflexe stapdien est une contraction
du muscle de ltrier en rponse une forte
stimulation sonore. Cette contraction
entrane une modification de la compliance
du systme tympano-ossiculaire enregis-
trable par tympanomtrie. La voie affrente
du rflexe emprunte le nerf cochlaire et
la voie effrente le nerf facial.
2. OTOMISSIONS ACOUSTIQUES
PROVOQUES
Les otomissions acoustiques provoques
sont des sons mis par la cochle (reflet
de lactivit contractile des cellules cilies
externes) en rponse une stimulation
acoustique brve, transmis en retour par le
systme tympano-ossiculaire et enregistrs
laide dun microphone dans le conduit
auditif externe. Elles ont t mises en
vidence par Kemp en 1978. Lorsquelles
sont prsentes avec une intensit, une
reproductibilit et un spectre de rponse
suffisants, on peut conclure un fonc-
tionnement normal du systme auditif
priphrique depuis le tympan jusqu la
cochle comprise sur la gamme des
frquences intermdiaires.
Fiable, lenregistrement des otomissions
acoustiques provoques a pris une place
de premier plan dans le dpistage de la
surdit de lenfant risque. Des otomissions
acoustiques provoques franchement
prsentes permettent de conclure une
audition normale ou subnormale (seuil
auditif < 40 dB HL) sur une gamme de
frquence allant du 1 000 au 4 000 Hz
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MATURATION
ET VULNRABI LIT
(prfrentiellement entre 1 000 et 2 000 Hz).
Labsence dotomissions acoustiques pro-
voques signifie que le seuil auditif sur la
meilleure frquence perue est > 40 dB HL.
Lenregistrement des otomissions
acoustiques provoques utilise une sonde
miniaturise positionne lintrieur du
conduit auditif externe (fig. 4).
3. POTENTIELS VOQUS AUDITIFS
PRCOCES DU TRONC CRBRAL
Les potentiels voqus auditifs (PEA)
prcoces du tronc crbral sont des
potentiels de surface recueillis par des
lectrodes positionnes sur le vertex et
les mastodes, en rponse des stimulus
acoustiques dintensit dcroissante. Ils
mesurent le seuil auditif objectif de chaque
oreille sur la zone frquentielle 2 000
4 000 Hz. Cinq pics se succdent : les pics
I et II refltent la conduction du nerf
cochlaire ; le pic III, lactivit du noyau
cochlaire situ dans le bulbe ; les pics IV
et V, lactivit de structures controlatrales
au ct de la stimulation (respectivement le
complexe olivaire suprieur et le colliculus
infrieur ou le lemnisque latral sa ter-
minaison). Lintensit de stimulation la
plus faible laquelle un pic V est encore
prsent dfinit le seuil auditif objectif (fig. 5).
partir de 35 semaines dge concep-
tionnel (somme de lge gestationnel et de
lge rel post-natal), les PEA facilitent la
dtermination du degr de surdit en
latences des diffrents pics), et surdit de
perception (lvation du seuil auditif objectif,
absence dallongement des latences des
diffrents pics ou allongement htrogne).
Suivi dun nourrisson, dun enfant et dun adolescent normal : dpistage des troubles auditifs
Dispositif denregistrement des
otomissions acoustiques provoques.
En cartouches : A : otomissions acoustiques
provoques normales ;
B : otomissions acoustiques provoques
non reproductibles.
Figure 4
PEA obtenus chez un enfant entendant
normalement. forte intensit de stimulation, les ondes
I V sont clairement identifies pour les 2 oreilles
testes. Lorsquon diminue lintensit des stimulations,
londe V est normalement suivie jusqu 30 dB des
deux cts.
Figure 5
donnant un seuil objectif cochlaire fiable.
Ils permettent de diffrencier surdit de
transmission (lvation du seuil auditif
objectif avec allongement homogne des
Bilan dune surdit de lenfant
Tableau 3
SURDI T DE PERCEPTI ON OU MI XTE
Examens audiologiques tiologie ?
tests subjectifs de laudition hrdit (arbre gnalogique)
confirmation par otomissions acoustiques dosage anticorps (rubole,
provoques et potentiels voqus auditifs cytomgalovirus, syphilis, toxoplasmose)
examen ophtalmologique, culot urinaire,
lectrocardiogramme, bilan thyrodien
tude linguistique tude de la communication
langage oral et crit intention de communiquer
phonologie, lexique, grammaire et syntaxe, moyens mis en uvre (vocaux, verbaux,
smantique mimiques, gestuels, gestuels codifis)
voix et prosodie
tude psychologique Examens radiologiques (TDM du rocher,
troubles du comportement IRM de la fosse postrieure) si :
raisonnement, abstraction, mmorisation surdit volutive (recherche de malformation)
indication dimplant cochlaire
SURDI T DE TRANSMI SSI ON
Tympan intgre tympanomtrie Otite chronique TDM si otite
tympanogramme plat : cholestatomeuse
traitement de lotite sreuse tympanoplastie
tympanogramme normal : cure chirurgicale dun cholestatome
exploration radiologique
exploration chirurgicale de loreille
moyenne, ossiculoplastie
Oreille droite
80 dB HL
70 dB HL
50 dB HL
30 dB HL
Oreille gauche
I
I
I
I
II II
III
III
III
III
V
V
V
V
V
V
V
V
A
B
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Quelle que soit la stratgie employe, il semble
raisonnable de proposer un dpistage syst-
matique avant lge de 6 mois et mme,
pour certains, avant lge de 3 mois.
Les efforts coordonns dune quipe multi-
disciplinaire sont ncessaires la prise en
charge diagnostique, thrapeutique et ven-
tuellement audioprothtique du nourrisson,
de lenfant ou de ladolescent sourd chez qui
un dficit auditif a t dpist (tableau 3).
Lobjectif nest pas de gurir la surdit mais
den neutraliser les consquences.
iPOINTS FORTSi
> La stratgie de dpistage des troubles auditifs repose actuellement
sur la ralisation en 1
re
intention dun test des otomissions acoustiques
provoques (test objectif fiable le plus rapide) suivi, en cas danomalie,
soit dun second test de confirmation des otomissions acoustiques
provoques, soit directement dun recueil de potentiels voqus auditifs
prcoces du tronc crbral (test objectif le plus spcifique).
> Si les explorations auditives objectives sont indispensables pour confirmer
le diagnostic de surdit, elles nont pas de valeur suffisante prises seules.
Aucun test objectif ne permet aujourdhui dtudier de faon satisfaisante
laudition sur les frquences graves (< 1 000 hertz), ce qui rend indispensable
le recours aux techniques daudiomtrie comportementale chez le petit
enfant pour affiner le diagnostic.
> Le bilan dune surdit infantile ne se limite pas aux investigations auditives.
Il doit tre complt par une valuation du retentissement psychologique
et langagier de la surdit.
retenir
RECOMMANDATIONS
En ce qui concerne le choix de la meilleure
stratgie de dpistage en France, lAnaes
souligne les avantages des otomissions
acoustiques provoques. Il sagit dun
examen peu invasif et rapide (quelques
minutes par oreille dans les conditions opti-
males denregistrement), son inconvnient
tant son manque de spcificit avec la
possibilit de faux positifs lorsquil est
ralis en dehors dun centre de rfrence.
Les PEA sont plus onreux et plus longs
raliser mais offrent de meilleures carac-
tristiques. Une stratgie de dpistage
acceptable est de raliser en premier un
enregistrement des otomissions acous-
tiques provoques et de ritrer le test en
cas de doute sur laudition afin de diminuer
le risque de faux positifs. Si ce doute per-
siste aprs le 2
nd
enregistrement, il sera
lev ou confirm par la ralisation dis-
tance de quelques semaines dun enregis-
trement des PEA. On peut aussi raliser
directement les PEA aprs un test anormal
dotomissions acoustiques provoques.
Le dveloppement de procdures auto-
matises de mesure des PEA, avec des temps
de ralisation plus courts, pourront peut-
tre permettre de proposer les PEA comme
examen de dpistage de 1
re
intention.
B / QCM
Parmi les propositions suivantes, concernant
le dpistage des troubles auditifs chez len-
fant et ladolescent, lesquelles sont vraies :
Le dpistage nonatal systmatique de
la surdit est inutile car toutes les surdits
congnitales sont dpistes chez les
populations risque.
1
A / VRAI OU FAUX ?
Un nourrisson normo-entendant ragit
son prnom lge de 12 mois.
Laudiogramme tonal dun patient atteint
de surdit de transmission pure montre
une courbe de conduction osseuse normale
alors que la courbe de conduction arienne
est dcale vers le bas.
2
1
Le risque de surdit gntique dapparition
retarde nexiste pratiquement plus aprs
lge de 5 ans.
Les surdits de lenfant dues des infections
fto-maternelles peuvent napparatre
que plusieurs annes aprs la naissance.
Les rpercussions de la surdit sur lac-
quisition et le dveloppement du langage
oral sont dautant plus importantes que la
dure de privation sensorielle a t longue.
Des techniques lectrophysiologiques
spcialises permettent de dpister un
dficit auditif tout ge
5
4
3
2
R p o n s e s : A : V , V / B : 3 , 4 , 5 .
M I N I T E S T
VOIR AUSSI
valuation clinique et conomique
du dpistage nonatal de la surdit
permanente par les otomissions
acoustiques
(Agence nationale daccrditation
et dvaluation en sant, 1999)
http://www.biap.org
(Bureau international daudiophonologie)
Le dpistage des ractions auditives
du nouveau-n
Veit P, Bizaguet G
(Rev Laryngol Otol Rhinol [Bord] 1968 ;
89 : 433-9)
Surdits de lenfant :
un diagnostic prcoce est impratif
Lina-Granade G, Truy E, Porot M,
Collet L, Disant F
(Arch Pediatr 2000 ; 7 : 991-1000)
DEJ PARUS DANS LA REVUE
Surdits
Monographie
(Rev Prat 2000 ; 50 [2] : 129-80)
Implantation cochlaire pdiatrique
Loudon N
(Rev Prat 2003 ; 53 : 237-9)
Q 33
Dpistage des troubles visuels
Denis D, Hadjadj E
(Rev Prat 2001 ; 51 [17] : 1947-51)
Examens de sant obligatoires
Mdecine scolaire
Mortalit et morbidit infantile
Bourrillon A, Rusch E
(Rev Prat 2003 ; 53 [4] : 415-22)
Les auteurs remercient vivement le docteur Genevive Lina-Granade pour ses prcieux
conseils ainsi que pour son aide la ralisationde liconographie.
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PARTIE I / MODULE 3
MATURATION
ET VULNRABILIT
Q 33
Suivi dun nourrisson, dun enfant
et dun adolescent normal
4
e
partie Dpistage des anomalies orthopdiques
P
r
Pierre Mary
Service dorthopdie, hpital Armand-Trousseau, 75571 Paris Cedex 12
[email protected]
iOBJECTIFSi
Assurer le suivi dun nourrisson, dun enfant
et dun adolescent normal.
Argumenter les modalits de dpistage et de prvention
des principales anomalies orthopdiques.
POINTS FORTS
> La croissance ne se fait pas vitesse constante,
et le morphotype des membres infrieurs volue
durant la croissance.
> Certaines anomalies sont une variation du physiologique.
> Certains diagnostics sont importants faire,
soit parce quils sont le tmoin dune pathologie gnrale
(neuro-musculaire, tumeur) soit parce que le pronostic
fonctionnel est svre (tableau).
> Une ingalit de longueur des membres infrieurs
doit tre suivie rgulirement pour pouvoir tablir
un pronostic dingalit en fin de croissance,
et prvoir un schma thrapeutique.
> La dmarche en rotation interne est trs frquente,
due soit une hyper-antversion des cols fmoraux,
soit une torsion tibiale interne.
> La plupart des pieds plats sont physiologiques
(pied plat valgus statique) et sont rductibles.
> La scoliose est une dformation tridimensionnelle.
Lvolutivit des scolioses est maximale durant le pic
pubertaire (loi de Duval-Beaupre).
comprendre
CROISSANCE OSSEUSE
La croissance nest pas un phnomne linaire dans le temps.
Jusque vers 3-4 ans, elle est trs importante, mais dcrot pro-
gressivement. Puis elle reste constante jusquau dbut de la
pubert, o il y a un pic de croissance, suivi dune diminution
jusqu larrt complet de la croissance : de 0 5 ans, la taille
double et le poids est multipli par 5 ; jusqu la pubert, la taille
augmente de 25 % pour 2/3 par la croissance des membres
infrieurs, et 1/3 pour le tronc. Lors de la pubert, ce rapport
sinverse : 2/3 pour le tronc, 1/3 pour les membres infrieurs. Le
diamtre thoracique est llment qui termine la croissance.
La courbe de vitesse de croissance est essentielle en ortho-
pdie pdiatrique ; elle explique lvolution et les traitements de
nombreuses pathologies (dformations rachidiennes, ingalits
de longueur).
Chaque segment osseux crot en longueur grce aux cartilages
de croissance prsents chaque extrmit. La croissance en
diamtre dpend du prioste, qui est une membrane fibreuse
entourant los. Tous les cartilages de croissance nont pas le mme
potentiel (fig. 1).
Pour pouvoir apprcier la croissance restante dun enfant, il
faut connatre son ge chronologique, son ge osseux, sa taille
debout et assise, le dveloppement de ses caractres sexuels
secondaires (classification de Tanner).
GENU VARUM, GENU VALGUM
Le morphotype des membres infrieurs se dfinit en fonction
de la position du segment distal, cest--dire de la jambe : si la
jambe se dirige en dedans, il sagit dun genu varum, si elle va en
dehors, cest un genu valgum.
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MATURATION
ET VULNRABILIT
Dpistage des anomalies orthopdiques
Les nouveau-ns ont un genu varum, avec une incur-
vation tibiale marque, qui va pendant les 18 premiers
mois de vie parfois sassocier une incurvation fmorale.
Progressivement, cette dformation va diminuer
(2 ans) et mme sinverser pour aboutir un genu
valgum (4 ans). En fin de croissance, la plupart des indi-
vidus ont un lger genu valgum de quelques degrs,
mais il existe une trs grande variabilit individuelle.
EXAMEN CLINIQUE
Linterrogatoire recherche des antcdents familiaux
de genu varum ou valgum, car il existe souvent un facteur
familial net. Les origines ethniques, les habitudes ali-
mentaires, un ventuel antcdent traumatique ou
infectieux au niveau des membres infrieurs ainsi que
la prescription rgulire dune supplmentation en
vitamine D sont nots (enqute tiologique).
La marche de lenfant se fait de manire inhabituelle,
mais efficace, et sans que cela soit douloureux. Lim-
portance de lanomalie est apprcie en charge. En cas
de genu varum, les malloles tibiales doivent tre au
contact, et on mesure lcart intercondylien. En cas de
genu valgum, les condyles internes se touchent, et cest
lcart intermallolaire qui est apprci.
Cette mesure doit tre refaite sur lenfant en dcu-
bitus, car souvent, la position debout statique est dif-
ficile obtenir. De plus, elle majore le genu varum
auquel sassocie frquemment une laxit frontale, qui
disparat lorsquon allonge lenfant. Lexamen en dcu-
bitus limine galement le faux genu varum en rap-
port avec une anomalie rotationnelle.
EXAMENS COMPLMENTAIRES
Seule une radiographie des membres infrieurs en
entier, debout, avec les rotules strictement de face est
justifie dans les cas suivants : enfant dorigine africaine
ou du pourtour mditerranen, antcdents familiaux
de morphotype anormal, caractre asymtrique de la
dformation, douleur, dformation majeure.
Sur cette radiographie standard, on tudie les axes
anatomiques et mcaniques, la structure osseuse, lorien-
tation de linterligne fmoro-tibial, le sige fmoral ou
tibial de la dformation, laspect des mtaphyses et
des piphyses, ainsi que des cartilages de croissance.
TIOLOGIE DES GENU VARUM
Dans la trs grande majorit des cas, ce genu varum
est physiologique ; il faut simplement rassurer la famille,
et proposer de revoir lenfant dans 1 ou 2 ans pour vrifier
que les choses se corrigent progressivement.
1. Maladie de Blount
Ce trouble de croissance sobserve chez les enfants
dorigine africaine ou mditerranenne. Lanomalie se
situe au niveau du compartiment mdial de lpiphyse
tibiale suprieure dont la croissance est anormale.
Lorigine nen est pas connue. La tendance laggra-
vation est pratiquement constante. La radiographie
montre lamincissement de lpiphyse, et un bec
mtaphysaire interne.
2. Rachitisme carentiel
Cest une cause de genu varum voquer chez les
enfants dorigine africaine qui nont pas de suppl-
mentation en vitamine D suffisante, ou lors dun rgime
alimentaire particulirement dsquilibr. La radio-
graphie montre un largissement de la plaque de
croissance, avec une impression de flou sur le versant
mtaphysaire, une diminution de lpaisseur des cor-
ticales. Le traitement mdical du rachitisme associant
calcium et vitamine D suffit corriger les dformations
orthopdiques si lenfant a un potentiel de croissance
de plus de 2 annes.
3. Rachitisme vitamino-rsistant
Il est beaucoup plus rare et a un caractre familial
dominant, mais il existe des cas isols. Au genu varum,
sajoutent un retard de croissance staturo-pondral,
et des troubles du mtabolisme phosphocalcique.
Le traitement mdical est indispensable, mais il ne suf-
fit pas pour corriger les dformations des membres
infrieurs.
4. Genu varum par piphysiodse
Il se rencontre dans 2 circonstances : aprs une
fracture-dcollement piphysaire de lextrmit inf-
rieure du fmur, plus rarement, de lextrmit sup-
rieure du tibia, ou dans les suites dune osto-arthrite
du genou. La lsion dorigine a ls le cartilage de
croissance dans sa portion interne et ralis un pont
osseux ou fibreux (piphysiodse) qui rend la croissance
de los asymtrique. Le traitement est chirurgical.
INGALIT DE LONGUEUR
DES MEMBRES
EXAMEN CLINIQUE
Lenfant est examin debout de face, en se reprant
sur les pines iliaques antro-suprieures. En cas din-
galit, elles ne se situent pas la mme hauteur. Il faut
alors compenser le ct court par des planchettes de
hauteur connue jusqu ce que le bassin soit horizontal.
Toute la difficult est de faire un pronostic dingalit
en fin de croissance. Il faut pour cela avoir des points de
repre (ge chronologique, ge osseux, taille debout),
et revoir plusieurs reprises lenfant pour pouvoir
Pourcentages de croissance de chaque cartilage
de croissance au niveau du membre suprieur et infrieur.
Figure 1
MEMBRE INFRIEUR
MEMBRE SUPRIEUR
30 %
70 %
60 %
40 %
80 %
20 %
20 %
80 %
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tracer un profil volutif clinique et radiologique. De nombreux
diagrammes ont t tablis en fonction de lge osseux qui
permettent de faire un pronostic le plus exact possible, et de
proposer ventuellement un traitement chirurgical si lingalit
finale risque dtre importante (> 4 cm).
TIOLOGIE
Les ingalits de longueur des membres infrieurs (ILMI)
congnitales peuvent tre dorigine malformative (hypoplasie
fmorale, ectromlie longitudinale externe, hypoplasie tibiale).
Elles sont souvent graves, car lingalit de longueur souvent
majeure sassocient des malformations articulaires. Parfois, il
sagit dhmihypertrophie syndromique (syndrome de Wiedemann-
Beckitt), ou dingalits lies des malformations vasculaires
(syndrome de Klippel-Feil).
Frquence relative des diffrents sujets traits
Tableau
GENU VARUM GENU VALGUM
Problme frquent
dinquitudes maternelles
Peu de vritable pathologie
Retenir : rachitisme
maladie de Blount
I NGALI T DE LONGUEUR
DES MEMBRES I NFRI EURS
Petites ingalits de longueur :
surveillance de lvolution
avis spcialis si volution,
et si suprieure 2 cm
Grandes ingalits :
consultation spcialise
PI EDS QUI TOURNENT
Problme trs frquent de consultation
Pratiquement pas de vritable
pathologie
PI EDS PLATS
Problme trs frquent de consultation
Seuls les pieds plats raides
et (ou) douloureux sont vritablement
pathologiques
PI EDS CREUX
Rare
Pratiquement toujours dorigine
neurologique
DMARCHE SUR LA POI NTE DES PI EDS
Problme trs frquent de consultation
Dpistage danomalies neurologiques
(IMC myopathies neuropathies )
SCOLI OSES ATTI TUDES SCOLI OTI QUES
Frquence de la scoliose :
3 % de scoliose suprieure 10 degrs
ladolescence
Rle de dpistage essentiel
du mdecin gnraliste et du pdiatre
CYPHOSES ET ATTI TUDES
CYPHOTI QUES
Attitudes cyphotiques
frquentes ladolescence
Savoir faire la diffrence entre
attitude cyphotique et vritable
cyphose beaucoup plus rare
Cyphoses vraies : avis spcialis
SPONDYLOLYSE SPONDYLOLI STHSI S
Beaucoup de spondylolyse asympto-
matique peu de spondylolisthsis
avec dplacement
Traitement si symptomatique
(lombalgies sciatalgies )
DFORMATI ONS DU THORAX
Rares
Rechercher Marfan
gne uniquement esthtique
OSTOCHONDROSES DE CROI SSANCE
Frquentes bnignes - traitement
mdical connatre
KYSTES POPLI TS SYNOVI AUX
Frquents
Connatre le tableau clinique
pour viter les explorations inutiles
EXAMEN CLINIQUE
Lenfant marche les pieds en dedans, court dune faon bizarre
ou chute frquemment. Il na pas de douleur, et nest pas
vraiment gn.
Antversion fmorale : la position du col en antversion
implique une augmentation de la rotation interne de hanche qui
peut atteindre 80 dans certains cas. Cette rotation interne
sapprcie au mieux en dcubitus ventral, et genou flchi. On
note aussi la rotation externe, sa faible importance tant un
facteur pjoratif.
Lantversion peut tre mesure cliniquement en mettant le
membre infrieur progressivement en rotation interne ; langle
dantversion correspond la saillie maximale du grand tro-
chanter et se mesure entre la verticale et laxe de la jambe.
PRONOSTIC
La gravit des ILMI acquises dpend direc-
tement du moment o se produit laccident qui
en est lorigine. Plus latteinte est prcoce, plus
lingalit sera importante. Elle peut survenir
aprs une fracture ou une infection osto-
articulaire lsant un cartilage de croissance
(piphysiodse) ou dans le cadre dune atteinte
plus globale de la croissance dont leffet est
asymtrique sur la croissance des membres
infrieurs (hmiplgie crbrale infantile).
PIEDS QUI TOURNENT
Les pieds qui tournent sont un motif frquent
dinquitude parentale, mais ils ne ncessitent
pas de traitement dans la plupart des cas. De
petites anomalies dans larchitecture des mem-
bres infrieurs dans le plan horizontal en sont
la cause.
Le fmur et le tibia ne sont pas rectilignes
dans le plan axial.
Pour le fmur, laxe de la tte et du col fait un
angle par rapport au plan passant par la ligne
bicondylienne. Cette mesure dfinit langle
danttorsion ou antversion fmorale. la
naissance, cet angle est souvent trs important
(> 35). Il va diminuer au cours de la croissance
pour mesurer environ 10 15 chez ladulte.
Le tibia a galement une torsion axiale entre
le plan frontal passant par le milieu du genou
et celui passant par la ligne bimallolaire : cest
la torsion tibiale. Elle est habituellement nulle
chez le nouveau-n et se modifie durant la crois-
sance pour aboutir une torsion tibiale externe
en fin de croissance de 20 30.
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La torsion tibiale sapprcie au mieux en dcubitus ventral, et
en flexion 90 du genou par langle fait entre le plan passant
par laxe du genou et celui passant par la pince bimallolaire.
PRISE EN CHARGE
Ces troubles ont tendance se corriger au fur et mesure de
la croissance, et ne ncessitent pas de traitement particulier,
dautant plus quils ne sont pas lorigine darthrose prcoce.
Leur seul inconvnient en cas de persistance lge adulte est
esthtique.
PIEDS PLATS
Limmense majorit des pieds plats sont des pieds plats valgus
statiques qui ne ncessitent pas de traitement. Lorsque lenfant
marche, ou est en appui sur un podoscope, larche interne est
effondre, larrire-pied est en valgus, mais cette dformation
est tout fait rductible en dcharge, lorsquon met le premier
orteil en extension, ou par la mise en rotation externe de la jambe,
pied au sol. On vrifie alors que lenfant na pas de douleur, et
que toutes les articulations sont bien mobiles ; les muscles sont
tous prsents et actifs. Aucun examen complmentaire nest utile,
il faut simplement rassurer les parents.
Deux signes doivent attirer lattention : lorsquil existe des
douleurs ou des raideurs articulaires. Le plus souvent, il sagit
dune synostose, entre deux os de larrire-pied, que lon peut
mettre en vidence sur des radiographies standard (clichs
de trois quarts) ou par la tomodensitomtrie. Plus rarement, ce
pied plat peut tre dorigine neurologique, par rtraction du
tendon dAchille, ou par spasticit prdominant sur les muscles
fibulaires.
DMARCHE SUR LA POINTE DES PIEDS
Elle est trs frquente dans les premiers mois qui suivent
lapprentissage de la marche, mais disparat dans la plupart des
cas vers 2 ou 3 ans. Elle peut aussi tre un des signes dune
pathologie neurologique centrale (infirmit motrice crbrale
fruste), priphrique (neuropathies type Charcot) ou musculaire
(myopathie de Duchenne ou congnitale).
Linterrogatoire recherche des lments pouvant faire sus-
pecter une souffrance prinatale (prmaturit, petit poids de
naissance, ranimation nonatale, infection materno-ftale),
ou des antcdents de pathologie familiale neuromusculaire
(maladie de Charcot-Marie, myopathies).
Lexamen clinique a 2 buts :
l rechercher une diminution de la flexion dorsale de cheville. Si
elle est limite en extension de genou, la rtraction porte sur les
3 chefs du triceps. Si la flexion du genou augmente la flexion
dorsale de la cheville, cest que la rtraction porte sur les
gastrocnmiens dont les insertions proximales sont fmorales ;
l reprer des lments cliniques pouvant aider au diagnostic
tiologique : trpidation pileptode, clonus de la rotule,
MATURATION
ET VULNRABILIT
Dpistage des anomalies orthopdiques
hypertonie musculaire de type spastique chez linfirme moteur
crbral) ; hypertrophie des mollets avec diminution de la force
musculaire, signe de Gowers (ncessite de saider des membres
suprieurs pour bloquer le genou en se relevant de la position
accroupie) signant une myopathie ; troubles de la sensibilit,
abolition de rflexes ostotendineux dans le cadre dune
neuropathie ; examen du rachis la recherche de signe de
dysraphisme (anomalies cutanes du raph mdian).
SCOLIOSES ET ATTITUDES
SCOLIOTIQUES
DIAGNOSTIC
Une scoliose est une dformation rachidienne qui se produit
dans les 3 plans de lespace. Elle associe une inflexion du rachis
dans le plan frontal (alors que normalement, le rachis est recti-
ligne dans ce plan), une modification des courbures physio-
logiques dans le plan sagittal, et une rotation des vertbres entre
elles dans le plan horizontal. Le tmoin clinique de cette rotation
vertbrale est la gibbosit. Pour la dceler, il faut demander
lenfant de se pencher en avant progressivement, aprs stre
assur que le bassin est bien horizontal, et que lenfant ne
plie pas les genoux. En se mettant sa tte,
on verra apparatre une ou plusieurs
asymtries entre les masses
musculaires paravertbra-
les. On mesure alors la
distance entre la saillie
maximale et la ligne
des pineuses, quon
rapporte au niveau de
lautre gouttire para-
vertbrale de manire
horizontale. La gibbo-
sit correspond la
distance entre ce point de
lhorizontale et les masses
musculaires sous-jacentes (fig. 2).
Une inflexion rachidienne uniquement dans le plan frontal ne
rpond pas cette dfinition. Il sagit dune attitude scoliotique
(fig. 3) qui compense un dsquilibre du bassin par ingalit de
longueur ou par attitude vicieuse des hanches. Si on rquilibre
le bassin, linflexion disparat.
Lquilibre global du tronc dans le plan frontal se mesure,
aprs avoir quilibr le bassin, au fil plomb par le dcalage de
la verticale de C7 par rapport au pli interfessier. On mesure
galement le dsquilibre des paules et lantpulsion des
omoplates (tmoin de la rotation vertbrale).
La ou les gibbosits sont mesures en notant leur importance
et leur localisation. Le plan sagittal est tudi : dos plat ou creux,
cyphose lombaire. Les distances entre le fil plomb et le tronc
en C7, T9, L3, et le sacrum sont notes.
Mesure de la gibbosit.
Figure 2
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Le ct de la dformation rachidienne est primordial ; les sco-
lioses idiopathiques sont thoraciques droites ou lombaires gauches.
Un examen neurologique simple est fait la recherche dun
dficit moteur (myopathie ou paraplgie acquise), dune spasti-
cit (infirmit motrice crbrale), dun dficit sensitif, dune abo-
lition ou dune exagration dun rflexe ostotendineux ou cutan
abdominal (syringomylie).
La radiographie simple du rachis dtecte les malformations
vertbrales (hmivertbres, bloc vertbral) qui peuvent tre
lorigine de scoliose.
Le problme essentiel de la scoliose est son volutivit en
priode de croissance. Le risque volutif est le plus important
lors de lapparition des premiers signes pubertaires, et cela jus-
quen fin de croissance, soit sur une priode denviron 2 ans et
demi. Lorsquune scoliose a fait la preuve de son volutivit, il
faut rapidement mettre en route un traitement orthopdique
associant corset et rducation, durant toute la priode o il y a
un risque volutif. Ce traitement na pas pour but de corriger la
dformation, mais seulement den empcher laggravation. La
kinsithrapie seule, quel quen soit le type, nest pas capable de
stopper lvolution dune scoliose. Un traitement chirurgical est
parfois indiqu.
BILAN RADIOGRAPHIQUE
On demande un clich du rachis en entier de face, debout,
bassin horizontal. Lors du premier examen, un clich de profil
doit galement tre ralis, debout, les membres suprieurs
lhorizontale, reposant sur un appui.
Lexamen radiographique a deux intrts : apprcier laspect
et limportance de chaque courbure, et rechercher une ventuelle
cause cette dformation.
Limportance de chaque courbure est mesure par langle
entre le plateau suprieur de la vertbre suprieure la plus incline
sur lhorizontale (vertbre limite suprieure), et le plateau infrieur
de la vertbre infrieure la plus incline sur lhorizontale (vertbre
limite infrieure) [mthode de Cobb] (fig. 4).
Sur le clich de profil, on mesure le degr de lordose ou de
cyphose de chaque secteur.
ENQUTE TIOLOGIQUE
Les scolioses sont idiopathiques dans 70 % des cas. Elles
peuvent tre le tmoin dune pathologie plus complexe, et cest
une des tapes essentielles de lexamen que de rechercher une
tiologie particulire. Linterrogatoire recherche : des antcdents
dinfection ou de tumeur rachidienne, une maladie gntique
(maladie de Marfan, neurofibromatose de Recklinghausen, ma-
ladie de Lobstein), une maladie neuromusculaire familiale (neuro-
pathie de Charcot-Marie, myopathie de Duchenne de Boulogne).
Lexistence dune douleur au niveau du rachis est inhabituelle
dans la scoliose idiopathique de lenfant et de ladolescent ; elle
doit faire rechercher une tumeur ou une infection.
Attitude scoliotique :
la compensation dune ingalit de longueur
fait disparatre linflexion rachidienne.
Figure 3
Mesure
de langle de Cobb.
Figure 4
CYPHOSES ET ATTITUDES
CYPHOTIQUES
Les cyphoses sont des dformations qui ne se produisent que
dans le plan sagittal, la diffrence des scolioses. Pour avoir une ide
la plus objective possible et permettant un suivi, on mesure laide
du fil plomb les flches en C7, T9, L3 et S1 (fig. 5). La moyenne
des rachis rpond lquation suivante : C7 : 30 mm T9 : 0 mm L3 :
20 mm S1 : 0 mm, mais il existe dans ce plan une grande variation,
et une limite floue entre le physiologique et le pathologique.
VL sup.
V sommet
VL inf.
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MATURATION
ET VULNRABILIT
Dpistage des anomalies orthopdiques
Les parents se plaignent souvent de la mauvaise position du
tronc de leur enfant, surtout ladolescence malgr labsence de
gne fonctionnelle.
lexamen clinique, on retrouve une exagration des flches
qui traduit lhypercyphose thoracique, mais celle-ci est en grande
partie corrige lorsquon demande au patient de
se redresser (rductibilit active). Un bilan
radiographique du rachis (clich en entier
de face et de profil) est ralis pour li-
miner une cyphose structurale ou symp-
tomatique encore souple.
Il faut expliquer aux parents que ce mau-
vais maintien na pas de consquence, et
quil est passager.
Les cyphoses par dystrophie rachidienne de
croissance ou maladie de Scheuermann : ce
sont des cyphoses douloureuses, avec une
chronologie mcanique (pas de douleur noc-
turne, recrudescence aprs des efforts phy-
siques, et disparition aprs une priode de
repos). Cliniquement la cyphose thoracique est
nettement exagre, mais elle est surtout raide,
contrairement aux simples mauvaises attitudes.
Le secteur lombaire est en hyperlordose com-
pensatrice souple. Cette dformation peut sag-
graver pendant toute la priode o le rachis crot.
La radiographie est essentielle : elle permet de
mesurer limportance de la cyphose entre les ver-
tbres les plus inclines par rapport lhorizontale,
mais aussi de montrer laspect dystrophique des ver-
tbres incluses dans la dformation (fig. 6).
Le traitement orthopdique par pltre correcteur,
puis corset anticyphose, permet la diminution des
contraintes sur la partie antrieure des corps vertbraux,
ce qui facilite leur croissance et diminue la cyphose. Il doit
tre poursuivi jusquen fin de croissance. Les indica-
tions chirurgicales sont rares.
SPONDYLOLYSE ET SPONDYLOLISTHSIS
Le spondylolisthsis (SPL) se dfinit comme le glissement
antrieur dun corps vertbral par rapport au corps vertbral
sous-jacent. La spondylolyse est une solution de continuit
acquise au niveau de listhme dune vertbre. Ces anomalies se
localisent le plus souvent en L4 ou en L5. Plusieurs facteurs
accompagnent la prsence dun spondylolisthsis : micro-
traumatismes rpts, facteurs hrditaires, facteurs mcaniques
(quilibre global du rachis et du bassin dans le plan sagittal).
Mesure des flches dans le plan sagittal.
(C7 : 30 mm - T9 : 0 mm L3 : 30 mm S : 0 mm)
Figure 5
Aspect de cyphose
sur maladie de Scheuermann :
aspect feuillet
des plateaux vertbraux ;
cuniformisation des corps
vertbraux.
Figure 6
CLINIQUE
Une lyse isthmique ou un spondylolisthsis faible dplace-
ment sont dans la majorit des cas asymptomatiques.
Les lombalgies des SPL se localisent au niveau de la rgion
lombaire ou lombo-sacre. Elles surviennent lors des positions
assises prolonges ou des efforts et disparaissent au repos. Elles
sont parfois chroniques, et imposent un traitement orthopdique
ou chirurgical.
Les sciatalgies des SPL sont identiques aux radiculalgies pro-
voques par une hernie discale, de topographie S1 ou L5.
Lenfant se tient en flexion de hanche et de genou, et le tronc
semble projet en avant, avec un pli abdominal antrieur et une
cyphose lombo-sacre, une hyperlordose lombaire compensatrice.
Le rachis lombaire est raide dans le plan sagittal (distance main-
sol augmente), les muscles ischio-jambiers sont rtracts. Les
autres lments cliniques rechercher sont ceux dune sciatique
commune (trajet douloureux, dficit sensitif, moteur, signe de
Lasgue). Des troubles urinaires sont possibles par compression
des racines de la queue de cheval.
EXAMENS COMPLMENTAIRES
Les radiographies de face et de profil suffisent au diagnostic
en montrant la lyse isthmique et le dplacement ventuel.
Lexistence dune cyphose rgionale est un lment pjoratif. La
lyse isthmique est plus facile voir sur des clichs de trois quarts.
Lorsquil existe une vritable symptomatologie radiculaire, la
tomodensitomtrie (TDM) ou limagerie par rsonance magn-
tique (IRM) aident visualiser la localisation de la compression.
VOLUTION NATURELLE
La dcouverte dune spondylolyse ou dun spondylolisthsis
mme asymptomatique, ncessite un suivi rgulier durant la
priode de croissance, et surtout lors de la pubert, car 10 % dentre
eux vont augmenter leur dplacement. Toutes les activits sportives
de loisir sont autorises.
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Ces douleurs sont dues la rptition de microtraumatismes
au niveau du cartilage de croissance de lapophyse. Elles dispa-
raissent dfinitivement lorsque le cartilage de croissance fusionne.
KYSTE SYNOVIAL POPLIT
Il sagit dune lsion bnigne, trs frquente. Le plus souvent,
ce sont les parents qui dcouvrent cette petite masse indolore
molle, non inflammatoire, mobile localise au niveau du creux
poplit. Elle peut augmenter de volume ou disparatre sponta-
nment. Elle nest pas le reflet dune pathologie intra-articulaire.
Lorsque les caractristiques sont celles que nous venons de
dcrire, aucune exploration complmentaire nest utile. I
nn :
s
DJ PARUS
Suivi dun nourrisson, dun enfant et dun adolescent normal.
1
re
partie : Dpistage des troubles visuels. Rev Prat 2001 ; 51 (17) : 1947-51
2
e
partie : Examens de sant obligatoires. Mdecine scolaire. Mortalit
et morbidit infantile et morbidit infantile. Rev Prat 2003 ; 53 (4) : 415-22
3
e
partie : Dpistage des troubles auditifs. Rev Prat 2003 ; 53 (11) : 1225-31
(v. MINI TEST DE LECTURE, p. 1140)
POINTS FORTS
> La majorit des genu varum/valgum sont
physiologiques et ne ncessitent pas de traitement.
Devant un genu varum, il faut liminer
un rachitisme carentiel ou vitaminorsistant,
une maladie de Blount. Un genu varum/valgum
asymtrique doit faire rechercher une piphysiodse
(post-traumatique ou post-infectieuse.)
> Les ingalits de longueur des membres infrieurs
(ILMI) dorigine congnitale dorigine malformative
sont graves car lingalit est souvent majeure.
Des malformations articulaires y sont associes
et en compliquent la prise en charge.
Les ILMI acquises sont dautant plus importantes
que lvnement qui en est lorigine sest produit
prcocement durant la croissance.
> 70 % des scolioses sont idiopathiques. Une scoliose
raide ou douloureuse nest pas une scoliose idiopathique.
> Les attitudes cyphotiques de ladolescent sont rductibles
et ne ncessitent pas de traitement. Les cyphoses
par dystrophie rachidienne de croissance (maladie
de Scheuermann) sont raides et douloureuses.
> Le spondylolisthsis et la spondylolyse
sont voquer devant toute douleur rachidienne
de lenfant et de ladolescent.
> Les ostochondroses de croissance se produisent
la suite de microtraumatismes rpts au niveau
des apophyses sur lesquelles sont insrs des tendons
travaillant en traction.
retenir
Lors des pisodes de lombalgies, il faut conseiller le repos et
prescrire un traitement mdical base dantalgiques, danti-
inflammatoires, et de dcontracturants.
Si la lombalgie ne cde pas un tel traitement, on peut raliser
un corset prise crurale qui immobilise correctement la charnire
lombo-sacre pour une dure de 4 6 semaines.
Les indications chirurgicales se limitent aux spondylolisthsis
volutifs et (ou) symptomatiques.
DFORMATIONS DU THORAX
(CARNE, ENTONNOIR)
Les dformations thoraciques les plus frquentes sont le thorax
en carne (pectus carinatum) et en entonnoir (pectus excavatum).
Elles sont dorigine malformatives, et doivent faire systmati-
quement examiner le rachis (scoliose-cyphose associes).
Certaines dformations thoraciques font partie de syndromes
polymalformatifs.
THORAX EN ENTONNOIR
Cest une invagination des dernires pices sternales qui
entranent avec elles larc antrieur des ctes vers la profondeur,
ainsi que la partie suprieure de la paroi abdominale antrieure.
Le thorax en entonnoir a tendance saggraver pendant la
croissance. Le traitement est uniquement chirurgical et ne doit
tre envisag quen fin de croissance. Les indications sont pure-
ment esthtiques, mais il ne faut pas ngliger le retentissement
psychologique dune telle dformation.
THORAX EN CARNE
Cette dformation est en rapport avec un excs de longueur
des cartilages costaux qui projettent en avant le sternum. Il existe
des formes totales et partielles (moyennes, suprieures, inf-
rieures), symtriques ou asymtriques. Laggravation durant la
croissance est habituelle. Une scoliose ou une cyphose est associe
dans 8 21 % des cas. Le thorax en carne est frquent dans la
maladie de Marfan. Le traitement orthopdique est envisageable
lorsque la dformation est note avant la priode pubertaire. Le
traitement chirurgical est propos aprs la pubert.
OSTOCHONDROSES DE CROISSANCE
Lenfant se plaint dune douleur prcise sur une des apophyses
o est insr un tendon qui travaille en traction : tendon rotulien
au niveau de la tubrosit tibiale antrieure (maladie dOsgood-
Schlatter), de la pointe de la rotule (maladie de Sinding-Larsen),
tendon dAchille au niveau de la grande tubrosit du calcanum
(maladie de Sever). Ces douleurs sont purement mcaniques,
augmentes par les activits sportives et disparaissent au repos.
Des signes locaux inflammatoires sont possibles. La radiographie
nest pas indispensable. Elle montre une fragmentation de lapo-
physe qui ne fait que confirmer le diagnostic clinique.
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Ophtalmologie
Q 33
1947 L A R E V UE DU P R AT I CI E N 2 0 0 1 , 5 1
Les amblyopies fonctionnelles sont dues essentiellement
3 causes.
Un phnomne de privation uni- ou bilatrale secondaire
une amtropie importante (forte myopie, fort astigma-
tisme ou forte hypermtropie), une cataracte congnitale,
une atteinte palpbrale telle que le ptsis ou les
angiomes et des traitements par occlusion non surveills
peuvent tre en cause.
Un strabisme est une autre cause possible. Lamblyopie
strabique est la plus frquente de toutes les amblyopies,
il faut cependant distinguer 2 points :
lamblyopie peut tre la cause (dans lamblyopie orga-
nique par exemple) ou la consquence du strabisme ;
dans le strabisme, plusieurs facteurs peuvent intervenir
et sont impliqus entre eux (par exemple la prsence
dune anisomtropie : une diffrence importante de
rfraction entre les 2 yeux).
Le nystagmus est la 3
e
cause possible. Lamblyopie nystag-
mique est une amblyopie bilatrale qui se dveloppe du
fait de la prsence permanente de secousses bilatrales.
Nous verrons les diffrents moyens de dpister les
troubles de la fonction visuelle en fonction de lge en
commenant par lexamen avant lacquisition de la parole,
puis chez lenfant et ladolescent. Nous terminerons par
le bilan ophtalmologique raliser devant toute suspicion
de trouble visuel.
tude de la fonction visuelle
avant lacquisition de la parole
Elle concerne le nourrisson et le jeune enfant avant lge
de 2 ans et demi-3 ans.
tude clinique
1. tude du comportement visuel
Lvaluation clinique de la fonction visuelle repose sur
ltude du comportement visuel qui doit tre corrl
avec lge et doit correspondre aux diffrentes acqui-
sitions comportementales de lenfant. La symtrie de ce
comportement tmoigne dune iso-acuit (acuit iden-
tique au niveau des 2 yeux).
Lvaluation de la fonction visuelle et le dpistage des
troubles visuels reposent sur la mise en vidence dune
amblyopie. Celle-ci est dfinie par une diminution de
lacuit visuelle. Sa frquence est value entre 1 4%
de la population. On distingue lamblyopie fonctionnelle
et lamblyopie organique.
Lamblyopie fonctionnelle est une diminution de
lacuit visuelle uni- ou bilatrale sans atteinte organique
primitive du dioptre oculaire, de la rtine, des voies ou
des centres. Elle peut tre corrige par un traitement
appropri.
Lamblyopie organique est en rapport avec une lsion
de globe oculaire ; limportance de la baisse de lacuit
visuelle nest pas proportionnelle lintensit de la
lsion.
Suivi dun nourrisson, dun enfant
et dun adolescent normal.
Dpistage des troubles visuels
PR Danile DENIS, DR ve HADJADJ
Service dophtalmologie, hpital Nord, 13915 Marseille Cedex 20.
Le dpistage des troubles visuels
chez le nourrisson, lenfant et ladolescent
repose sur la mise en vidence des anomalies
de la fonction visuelle.
Lvaluation de la fonction visuelle a pour but
de dfinir le pouvoir de discrimination
de lappareil visuel et de mettre en vidence
lexistence dune amblyopie.
Chez le nourrisson et lenfant avant 3 ans
(avant lge de la parole), lvaluation de la
fonction visuelle peut tre effectue par :
des mthodes cliniques telles que ltude
du comportement visuel en fonction de lge,
ltude de la tolrance locclusion et la mthode
du regard prfrentiel ;
des mthodes paracliniques telles que ltude
du nystagmus optocintique et llectrophysiologie
des voies optiques.
Aprs lacquisition de la parole (chez lenfant
et ladulte), les mthodes dvaluation sont alors
celles utilises chez ladulte avec des adaptations
spcifiques en fonction de lge.
Points Forts comprendre
Lapparition normale des rflexes visuels doit tre
recherche en fonction du dveloppement.
la naissance, il faut tester la sensibilit la stimulation
lumineuse avec tude du rflexe photomoteur, rflexe de
clignement la menace avec rejet de la tte en arrire.
Au cours des premiers jours, il faut sintresser au
rflexe de fixation sur un point lumineux, puis sur un
objet. Ce dplacement de lil en rponse un stimulus
napparat au cours des 15 premiers jours que si le rayon
lumineux est en mouvement et sil tombe sur une zone
rtinienne dans les limites prifovales (fova = centre
de la macula, zone de rtine responsable de la vision
fine). Ltendue de cette zone rceptive primaire aug-
mente considrablement partir de la 3
e
semaine. la
fin du 1
er
mois, le nourrisson fixe de trs gros tests pr-
sents de face. Une rotation de la tte de 30 peut tre
observe dans un essai de poursuite.
partir du 2
e
mois, le rflexe de poursuite est
prendre en compte. Du fait de la maturation du systme
nerveux central, lenfant peut suivre une cible qui se
dplace. La rotation de la tte augmente (45). Cest
lge aussi o le bb prfre fixer un stimulus structur
plutt quun champ homogne : cette fonction est utilise
dans la technique du regard prfrentiel pour apprcier
la perception du nourrisson (bb-vision).
Au 3
e
mois, apparat le rflexe de fusion : les 2 yeux se
dirigent de faon conjugue vers la lumire ou lobjet
fixer. Les mouvements de la tte et des yeux sont parfai-
tement coordonns.
Au cours du 4
e
mois, le rflexe de convergence apparat,
dabord de faon intermittente, puis de plus en plus
frquente avec la mise en place de la coordination
vision-prhension. Lapparition de cette convergence
concide avec lacquisition de laccommodation.
Du 4
e
au 6
e
mois, la vision binoculaire sbauche avec
une amlioration sensible de lacuit visuelle et une
fixation maculaire stable grce la maturation de la
macula et du systme nerveux.
2. tude de la tolrance locclusion par le test
de locclusion alterne
Ce test repose sur le principe que locclusion de lil
amblyope est mieux tolre que celle de lil sain. On
ralise ce test en prsentant un petit jouet lenfant et en
plaant la main ou un cache entre un il et le jouet : en
labsence de gne, lautre il pouvant fixer, lenfant ne
cherche pas se dgager : il ny a pas damblyopie. Sil
y a gne, lil sain tant masqu par le cache, lenfant
cherche se dgager, dplace la tte ou repousse la main
de lexaminateur en raction de dfense : lamblyopie est
probable. Ce test na quune valeur modre et dpend
de la coopration de lenfant.
3. tude de la prise de la fixation
La prise de la fixation par un il est un lment majeur
de ltude de la fonction visuelle. Si un il reprend la
fixation mais ne peut la garder la leve de locclusion,
il y a suspicion damblyopie.
4. Signe de la toupie
Lenfant est oblig de tourner compltement la tte lors-
quun objet est prsent du ct de lil amblyope afin
de continuer le fixer avec son il sain.
On prsente lenfant un jouet soit droite, soit
gauche et 2 comportements sont possibles.
En labsence damblyopie, lenfant regarde droite
avec lil droit, gauche avec lil gauche, cest la
rponse en alternance.
En prsence dune amblyopie unilatrale, lenfant
tourne la tte pour maintenir le plus longtemps possible
la fixation avec son il dominant (car il ne peut pas
changer dil fixateur), maintient la fixation de son
il sain dans tout le champ du regard, en tournant
dabord la tte, puis le corps pour suivre lobjet (signe
de la toupie).
5. tude de la fixation maculaire
Elle est ralise laide du visuscope de Cuppers ou de
ltoile de fixation de lophtalmoscope direct. Cette
mthode dtermine la prsence dune fixation maculaire
instable ou excentre qui est un argument en faveur
dune amblyopie. Cet examen ncessite une certaine
coopration. On demande au sujet de fixer avec un il
un point de fixation lumineux tandis que lon projette
sur la macula de lautre il ltoile de lophtalmoscope.
Cet examen nest pas de pratique courante et est difficile
raliser.
6. Mthode du regard prfrentiel
Cette mthode permet thoriquement dvaluer la fonction
visuelle en mesurant lacuit de rsolution spatiale de
chaque il. Elle est en gnral utilise entre lge de 3 mois
et 18 mois (plus tard en cas de retard psychomoteur).
Cette technique prsente cependant des inconvnients. Il
existe de nombreuses variations entre examinateurs et
elle peut surestimer lacuit visuelle au cours de certaines
formes damblyopie fonctionnelle (strabique et aniso-
mtropique notamment). De ce fait, il sagit dun examen
complmentaire qui doit tre confront aux autres tests
cliniques et parfois paracliniques.
7. tude de la rfraction
Cette tape est fondamentale et doit tre effectue syst-
matiquement sous cycloplgique. La cycloplgie est la
mise au repos du corps ciliaire responsable de laccom-
modation par laction pharmacologique de certains col-
lyres. Cette cycloplgie est imprative chez lenfant, car
le rflexe daccommodation est trs important et peut
fausser les mesures de la rfraction.
Ltude de la rfraction donne la mesure objective de
lamtropie de base. Elle est indispensable et doit tre
suivie dune skiascopie. Trois collyres sont habituelle-
ment utiliss en fonction de lge (tableau) : latropine,
le Skiacol et le Mydriaticum (tropicamide 0,50%). La
skiascopie, qui permet de raliser la rfraction objective,
est effectue soit laide dun skiascope lectrique, soit
laide dun rfractomtre objectif automatique.
S UI V I D UN NOUR R I S S ON, D UN E NF ANT E T D UN ADOL E S CE NT NOR MAL
1948 L A R E V UE DU P R AT I CI E N 2 0 0 1 , 5 1
Les potentiels voqus visuels par flash sont la
consquence dune stimulation globale du cortex visuel
et de la permabilit des voies optiques. Ils analysent
ainsi la possibilit de transmission et de rception dun
stimulus lumineux et ne permettent pas dvaluer la
fonction visuelle. Une amblyopie peut tre, tout de
mme, voque devant une asymtrie de rponse entre
les tracs de chaque il (amplitude diminue et temps
de latence augment).
Les potentiels voqus visuels damiers reprsentent
un stimulus foval. La valeur de lacuit visuelle est
estime grce ltude des rponses des stimulus
structurs que sont les damiers de valeur angulaire
connue. Les damiers de 60 darc (grand damiers) explo-
rent la rgion maculaire et le champ visuel paracentral
(30 centraux) et les damiers de 7 darc (petit damier) la
rgion fovolaire (5 centraux).
Ils permettent de tester le pouvoir de discrimination et
une valuation objective de la fonction visuelle chez des
sujets pour lesquels les autres mthodes sont parfois
impossibles appliquer. La prcision ne dpasse pas
2/10
e
dacuit visuelle. Aprs une stimulation par ren-
versement dune mire en damier, il existe une corr-
lation entre lamplitude du potentiel voqu visuel et la
baisse de lacuit visuelle lie une amtropie. Cette
mesure est assez bonne chez les enfants. La rponse
voque visuelle des structures de diffrentes tailles
teste la capacit fonctionnelle de zone maculaire ou
primaculaire.
3. lectrortinogramme
Llectrortinogramme (ERG) constitue lenregistrement
de lactivit biolectrique de la rtine en rponse une
stimulation lumineuse brve. Il explore lactivit des
photorcepteurs et des cellules bipolaires et reprsente
la rponse lectrique rtinienne une stimulation lumi-
neuse. Il value le potentiel daction. Il est plus utilis
pour localiser une anomalie que rellement quantifier
lacuit visuelle. Ainsi, on classe les altrations de
llectrortinogramme en fonction des critres suivants :
atteinte des couches de la rtine, atteinte du systme
tude paraclinique
Lorsquune anomalie est dcele et (ou) sil existe un doute
sur une amblyopie, des investigations paracliniques sont
ralises et reposent essentiellement sur ltude du
nystagmus optocintique (NOC), llectrophysiologie et
la cartographie crbrale.
1. Nystagmus optocintique
Cest un nystagmus physiologique provoqu. Il repose
sur le dclenchement dun mouvement de poursuite dune
cible en mouvement (tambour de Barany) en faisant passer
devant les yeux du patient des bandes alternes noires et
blanches au moyen dune charpe ou dun tambour. La
phase lente du nystagmus optocintique est un mouvement
de poursuite dans lequel les yeux suivent le mouvement
des bandes. La phase rapide est un mouvement de saccades
dans la direction oppose : lil retourne son point de
dpart. Lvaluation de lacuit est estime par le pouvoir
de rsolution lui-mme dtermin par le plus petit stimu-
lus de valeur angulaire connu qui dclenche le nystagmus.
Le stimulus est constitu par le rseau de bandes noires
sur fond blanc de plus en plus fine jusqu la perception
dune surface gris uniforme, le mouvement de poursuite
tant alors arrt. Le nystagmus optocintique devient
symtrique entre 6 mois et 2 ans.
Il na pas une origine strictement fovolaire. Ce nest
pas un moyen sr pour valuer la fonction visuelle mais
il permet de dterminer de faon simple sil existe ou
non une perception et de tester la maturation du systme
visuel. La mise en jeu dune voie sous-corticale partir
de la rtine priphrique entrane galement son dclen-
chement (la rponse nystagmique nest pas strictement
corrle avec la fonction fovolaire). Le nystagmus
optocintique semble donc dun intrt secondaire en ce
qui concerne la mesure stricte de la fonction fovolaire.
2. Potentiels voqus visuels
Les potentiels voqus visuels (PEV) sont dfinis par la
sommation des rponses corticales qui rsultent dun
changement temporel dans les caractristiques du stimulus.
Ophtalmologie
1949 L A R E V UE DU P R AT I CI E N 2 0 0 1 , 5 1
Avant 6 mois
6 mois 2 ans
2 6 ans
6 55 ans
oui
non
non
non
non
oui
(pas dAMM
avant 1 an)
oui
oui
non
oui
non
non
non
non
oui
non
non
non
non
oui ()
Mydriaticum
tropicamide
Skiacol
cyclopentolate
Atropine
0,30 %
Atropine
0,50 %
Atropine
1 %
Indication des collyres cycloplgiques en fonction de lge
TABLEAU
scotopique ou du systme photopique, en fonction de la
surface rtinienne atteinte, les atteintes autres que les
atteintes rtiniennes (cataracte, opacits cornennes).
4. lectroencphalographie quantifie
ou cartographie crbrale
Cet examen tudie la ractivit visuelle crbrale et
sappuie sur le fait que la ractivit visuelle louver-
ture des yeux est bonne chez un sujet normal et altre
pour un il amblyope. Elle est pratique laide dlec-
trodes colles sur le scalp. Louverture des yeux pro-
voque normalement llectroencphalogramme une
diminution du rythme : cest la raction darrt visuel.
Cette raction est galement retrouve en cartographie
crbrale. Lorsquil existe une amblyopie, cette rduc-
tion de lactivit crbrale dans la bande de frquence
est altre ou absente lors de louverture de lil
amblyope. Ltude de la ractivit permet alors de faire
le diagnostic, mme chez un enfant jeune, dune
amblyopie et de suivre lvolution du traitement. Plus
lamblyopie est svre, plus la ractivit visuelle est
altre. Laltration de la ractivit visuelle semble pr-
cder la baisse de lacuit visuelle. De plus, elle aurait
un intrt pronostique.
tude de la fonction visuelle
aprs lacquisition de la parole
Elle concerne lenfant et ladolescent.
partir de 2 ans et demi-3 ans
Une mesure dacuit visuelle est possible et lamblyopie
rellement chiffre. Pour bien mesurer lacuit visuelle,
il faut utiliser de bons optotypes (dessins ou lettres) pr-
sents dans des conditions permettant aux cnes fovo-
laires de fonctionner au mieux de leur possibilit (en
particulier contraste et ambiance photopique). Chez le
jeune enfant, la mesure se fait par appariement soit avec
des images, soit avec des lettres. Le choix du test est
particulirement important :
la prsentation doit se faire 2,50 m (vrifier que le
test est talonn pour cette distance), car lattention de
lenfant se disperse 4 ou 5 m;
les tests doivent tre groups en ligne pour valuer le
pouvoir sparateur qui est le plus souvent atteint en
cas damblyopie ;
les images doivent tre reconnues facilement par len-
fant (ne pas utiliser de tests avec des images dsutes
ou dmodes).
La mesure de lacuit visuelle de prs est tout fait
possible. Pour lacuit visuelle de loin, il faut toujours
tester lenfant, dabord en binoculaire puis en mono-
culaire avec les lunettes rversibles, et bien lui expliquer
ce quest lappariement. Lacuit cet ge peut
plafonner 6/10 mais, bien sr, doit tre la mme aux
2 yeux.
partir de 3-4 ans
cet ge, la mesure de lacuit visuelle de loin est
possible chez tous les enfants soit avec les tests images,
soit plutt avec les tests lettres, mais toujours par appa-
riement. Les tests sont prsents 2,50 m, il faut montrer
le symbole central et lenfant fait lappariement avec la
planche place devant lui. 3 ans, lacuit peut plafonner
8/10 mais, 5 ans, elle doit atteindre 10/10.
partir de 6 ans
Lacuit visuelle de loin peut thoriquement tre teste
5 m par le test Monoyer, mais souvent le test Cadet est
utile ou, ventuellement, une chelle de chiffres. Cest
cet ge quil faut penser vrifier quil nexiste pas de
trouble de la vision des couleurs.
Examen clinique ophtalmologique
Paralllement la dtermination de lacuit visuelle,
et donc de lamblyopie, il faut pratiquer un examen
ophtalmologique complet afin de dterminer la cause de
lamblyopie.
Interrogatoire
Linterrogatoire de la mre et de lenfant recherche les
antcdents : droulement de la grossesse, accouche-
ment, prmaturit, dveloppement psychomoteur,
maladies infantiles.
Examen ophtalmologique
1. Rfraction
Ltude de la rfraction (dj cite plus haut) doit tre
soigneuse et la plus prcise possible.
Mthode : aprs lge de 3 ans, la rfraction peut tre
pratique laide dun rfractomtre automatique objectif.
Les enfants sont suffisamment gs pour cooprer et
permettre une mesure fiable; 3 mesures sont faites chaque
examen, et une valeur moyenne est dtermine. Le rfrac-
tomtre objectif nous parat tre lappareil adquat : il
permet lobtention rapide de la valeur de la rfraction
(tir en rafale) ; il possde un coefficient de fiabilit (de
5 a 9) permettant lapprciation de la coopration de
lenfant ; il donne la mesure de la rfraction totale.
Cycloplgiques : ltude de la rfraction se fait syst-
matiquement laide de cycloplgiques qui peuvent tre
(tableau) :
le cyclopentolate (Skiacol) 1%, dutilisation intres-
sante chez le grand enfant car il ninduit pas de
mydriase prolonge. Ce mdicament est contre-indiqu
en cas de convulsions ;
atropine 0,50 % partir de 2 ans et 1 % partir de
6 ans mais linconvnient majeur est la dure de
linstillation avant lexamen et ainsi celle de la
mydriase gnante pour des enfants en ge scolaire (4 j).
S UI V I D UN NOUR R I S S ON, D UN E NF ANT E T D UN ADOL E S CE NT NOR MAL
1950 L A R E V UE DU P R AT I CI E N 2 0 0 1 , 5 1
Le cyclopentolate ne donne pas une cycloplgie aussi
parfaite que latropine, (diffrence moyenne de 0,50 diop-
tries). Elle reste nanmoins trs utile, car on obtient la
valeur de la rfraction lors de la consultation et lenfant
nest pas gn dans la semaine qui suit. Nous y associons,
20 min avant lexamen, une goutte de nosynphrine,
afin de parfaire la cycloplgie.
2. Recherche dune anomalie organique
Un examen ophtalmologique complet classique est
pratiqu systmatiquement. Pour les enfants jeunes non
cooprants, un examen sous anesthsie gnrale peut
tre indiqu.
3. Bilan orthoptique
Lexamen recherche les lments moteurs et les lments
sensoriels.
lments moteurs : tude dune dviation strabique
et de la motricit oculaire. Cela permet de mettre en
vidence un strabisme, un microstrabisme plus facile
dtecter chez le grand enfant et source damblyopie
rebelle ou une paralysie oculomotrice.
lments sensoriels : tude de la vision binoculaire dont
lanalyse permet de dterminer parfois le type de lam-
blyopie et les meilleures orientations thrapeutiques. I
Ophtalmologie
1951 L A R E V UE DU P R AT I CI E N 2 0 0 1 , 5 1
Il est important dadapter les moyens dvaluation
de la fonction visuelle en fonction de lge.
Cette valuation est toujours couple ltude
de la rfraction objective sous-cycloplgique.
Lvaluation de la fonction visuelle, pour tre
fiable, doit tre rpte, dans les mme conditions,
au calme avec persvrance.
Lutilisation en 1
er
lieu de mthodes dvaluation
clinique simples est ventuellement complte
par des mthodes paracliniques en cas de doute
sur lexistence dune amblyopie.
Tous les moyens diagnostiques doivent tre
mis en uvre le plus prcocement possible,
ds quil existe un doute sur lexistence
dune amblyopie, afin de dterminer sa cause
et de dbuter un traitement adapt et efficace.
Points Forts retenir
Denis D, Burillon C, Hadjadj E. Intrt de la surveillance de la
rfraction chez lenfant opr dun strabisme congnital. Bull Soc
Ophtalmol Fr 1997 ; 5 : 379-85.
Orssaud C, Dufier JL. Amblyopie. Encycl Med Chir, Ophtalmologie,
21-595-A-10, 13p.
POUR EN SAVOIR PLUS
La loi du 4 juillet 1975 pose le principe de la gnralisation de
la Scurit sociale, celle du 2 janvier 1978 cre une assurance
personnelle , appele prendre le relais de lassurance volontaire
destine ceux qui nentrent pas dans le cadre du rgime gnral.
Confronts au dveloppement dune nouvelle pauvret au dbut
des annes 1980, les pouvoirs publics utilisent lassurance person-
nelle pour couvrir des populations insolvables en faisant prendre
en charge leur cotisation, par le Fonds de solidarit vieillesse, les
caisses dallocations familiales ou par laide sociale. Mais ces mesures
restent insuffisantes. La circulaire du 17 septembre 1993 spcifie
nouveau que lhpital doit rester un lieu privilgi o les plus
dmunis peuvent faire valoir leurs droits et accder la dlivrance
gratuite de soins et de mdicaments en consultations externes .
La circulaire du 21 mars 1995 prconise llaboration dun plan
dpartemental daccs aux soins des plus dmunis (PRAPS), et la
charte du patient hospitalis souligne que : laccs au service
public hospitalier est garanti tous, en particulier, aux personnes
les plus dmunies quand bien mme elles ne pourraient justifier
dune prise en charge par lassurance maladie ou laide mdicale .
La loi de lutte sur lexclusion du 29 juillet 1998 dfinit les missions
sanitaires et sociales auxquelles doivent rpondre les Permanences
daccs aux soins sanitaires (PASS). La Couverture maladie universelle
(CMU) [tableau 1] est cre le 1
er
janvier 2000, car la couverture de
base de la Scurit sociale sest rduite, rendant ncessaire une
couverture complmentaire que 7 millions de rsidents ne peuvent
souscrire. La CMU dispense de lavance des frais, prend en charge le
ticket modrateur, le forfait hospitalier sans limitation de dure et
une liste de produits (prothses dentaires, lunettes, audioprothses
panier de soins ), des tarifs fixs par arrt interministriel. La
cration de la CMU et le dveloppement progressif des PASS ncessitent
de rendre compte chaque anne la confrence rgionale de sant
des activits mdicales et sociales et des dispositifs mis en place.
HISTORIQUE
Systme de soins
Lhistoire de lhpital moderne se structure en 2 priodes dingales
dures. Jusquau XVIII
e
sicle, lhpital chrtien, bas sur le principe
de charit, est administr par des religieux, et refuse de se mdi-
caliser. La cration des hospices civils en 1796 incarne une triple rvo-
lution, juridique (tablissement autonome sous tutelle de ltat),
sociale (lassistance est une charge nationale), et mdicale (apparition
de la mdecine anatomo-clinique), fondement de lhpital moderne.
En 1941, souvre une 2
e
priode : lhpital cesse dtre un hospice,
devient un centre de soins par toutes les classes de la population.
Les ordonnances de 1958 crent les centres hospitaliers universi-
taires, dont la triple mission est dassurer les soins, lenseignement
et la recherche, et la rvolution technologique des dcennies suivantes
fera des CHU les sites privilgis du progrs mdical. Mais, la loi du
30 juin 1975 instaure une sparation entre le sanitaire et le social,
crant un paradoxe avec la mission de service public hospitalier, qui
explique toute la problmatique aujourdhui, car on ne peut dfinir
la mission mdicale de lhpital public sans y joindre le social.
Prise en charge mdicale
Les assurances sociales naissent en 1928 marquant un tournant
dans les mentalits, bien quelles ne concernent que les salaris et
soient fort slectives : les femmes non salaries, les enfants et les
retraits, les malades mentaux et de longue dure en sont exclus.
Malgr les rticences du monde agricole, ladhsion de 10 millions
dassurs en 1934 plbiscite cette innovation. Les socits mutualistes
accueillent alors tous les exclus des assurances sociales au
titre du rgime complmentaire .
Les ordonnances doctobre 1945 crant la Scurit sociale auraient
d aboutir un rgime unique de couverture sociale, mais composent
avec les particularismes des rgimes antrieurs. Il en reste cette
mosaque toujours actuelle des 120 rgimes de base et des
1 200 complmentaires .
I-00-Q000
Sujets en situation de prcarit
Facteurs de risque et valuation Mesures de protection
D
r
Marjan Daneshpouy, P
r
Dominique Farge
Service de mdecine interne, hpital Saint-Louis, 75010 Paris
[email protected]
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5
I-3-Q46
887
valuer la situation mdicale, psychologique et sociale dun sujet
en situation de prcarit.
Objectifs
ref8_farge 25/04/05 15:37 Page 887
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5
888
Au 3 mai 2003, il existait 1 200 000 bnficiaires de la CMU
de base, dont environ 600 600 assurs et 150 000 personnes
en situation de grande exclusion et 4 658 000 bnficiaires de
la CMU complmentaire.
DFINITION ET FACTEURS DE RISQUES
DE PRCARIT
Dfinition
La prcarit est un tat dinstabilit sociale caractris par
labsence dune ou plusieurs des scurits, notamment celle
de lemploi, permettant aux personnes et familles dassumer leurs
obligations professionnelles, familiales et sociales et de jouir de
leurs droits fondamentaux. Elle conduit la grande pauvret
quand elle affecte plusieurs domaines de lexistence, quelle
devient persistante, compromettant les chances dassumer de
nouveau ses responsabilits et de reconqurir ses droits par soi-
mme, dans un avenir prvisible . Lemploi des termes pr-
carit ou exclusion masque la diversit des situations des
personnes concernes, marques par un cumul de handicaps et
une dissociation progressive des liens sociaux. La prcarisation
massive de lemploi, la dgradation des conditions de vie, en
particulier dans les zones pri-urbaines, sont des facteurs pjo-
ratifs au maintien dun bon tat de sant. Les transformations
de la structure familiale et de la sociabilit ont conduit laffai-
blissement des solidarits, laugmentation des divorces et du
nombre de foyers monoparentaux. Au niveau individuel, lisolement
social prive les personnes en difficult dune aide matrielle et
affective.
Facteurs de risques de prcarit
1 - Facteurs de risques sociaux
Lingalit devant la mort est une constante de la socit
franaise et semble suivre les niveaux de lchelle sociale.
Les diffrences imputes lingale couverture sociale
semblent avoir diminu entre 1960 et 1980, mais depuis 20 ans
la situation sest inverse revenant presque au point de dpart.
Si lallongement de lesprance de vie a profit tous en
20 ans, les gains ont t 2 fois plus forts 35 ans pour les
ingnieurs que pour les manuvres, pour les cadres moyens
que pour les employs de bureau. Moins ils sont qualifis, moins
les ouvriers ont recours au mdecin. Leurs dbours sont 2 fois
plus faibles que ceux des cadres suprieurs et des professions
librales, qui eux consultent et 4 fois plus chez les spcialistes.
De mme, ils dpensent nettement moins chez le dentiste et chez
le pharmacien mais ils se font, en revanche, davantage hospi-
taliser.
2-Facteurs de risques mdicaux
En France, des tudes anciennes (INSEE 1980-1981) ont montr
que toutes pathologies confondues, les patients vivant en situation
de prcarit sont atteints dun plus grand nombre de troubles
I-3-Q46
Sujets en situation de prcarit
CMU de base
Accs : toute personne, quelle que soit sa nationalit, rsidant de
faon stable et rgulire (rsidence ininterrompue depuis 3 mois),
ayant des ressources infrieures un plafond (au 1
er
octobre 2002 :
562 pour 1 personne, 843 pour 2 personnes).
Les SDF doivent lire domicile auprs dun organisme agr.
Louverture de droit se fait la date de dpt de la demande, avec maintien
des droits pour 4 ans et affiliation par la CPAM de leur lieu de rsidence.
CMU complmentaire
Accs : toute personne rsidant rgulirement en France
de manire ininterrompue depuis plus de 3 mois, dont les ressources
sont infrieures au plafond fix par le dcret (idem au plafond
de la CMU de base) ou automatiquement pour les allocataires
du Revenu minimum dinsertion (RMI).
Dpt de la demande auprs de la caisse du rgime daffiliation.
Louverture de droits se fait uniquement partir de la date de dcision
(non la date de dpt et sans effet rtroactif) et est maintenue 1 an,
renouvelable tant que les critres sont remplis.
Aide mdicale de ltat (AME)
Bnficiaires : trangers (isols ou familles) rsidant en France
de manire irrgulire, dont les ressources (dclares au besoin
sur lhonneur) ne dpassent pas le plafond prvu par la loi sur la CMU.
Procdure dattribution
1. Dpt de la demande dans les organismes dassurance-maladie et
les centres communaux daction sociale (au sein des hpitaux et sec-
toriss selon larrondissement du lieu dhabitation). Sur Paris, seuls
les bureaux daccueil de la Scurit sociale instruisent les demandes.
2. Justifier son identit (passeport, carte didentit du pays dorigine)
et une adresse (certificat dhbergement ou de domiciliation).
La date douverture du droit est la date de dpt de la demande avec
rtroactivit possible jusqu 2 mois en cas dhospitalisation. LAME est
accorde pour 1 an.
Couverture maladie universelle
Tableau 1
Les rgimes dassurance-maladie obligatoire, et notamment
le rgime gnral, auquel sont dsormais affilies les personnes
qui ne peuvent tre rattaches aucun autre rgime, ne prennent
en charge quune partie du cot de la dpense de sant, laissant
la charge de lassur un ticket modrateur . Une couverture
complmentaire facultative peut tre souscrite auprs de 3 types
dorganismes distincts : mutuelles, institutions de prvoyance,
assurances. Dsormais, le droit une couverture complmentaire
(la CMU complmentaire) gratuite est reconnu toutes les personnes
remplissant les conditions de rsidence et dont les revenus impo-
sables et non imposables de lanne prcdente, ne dpassent
pas un seuil fix par dcret qui est modul, par transposition des
rgles du RMI, en fonction de la dimension du foyer (tableau 1).
Les titulaires du RMI ont un droit automatique la couverture
complmentaire.
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889
par personne que les patients de mme catgorie socioprofes-
sionnelle vus en mdecine gnrale. Les pathologies associes
la prcarit et (ou) la misre ont des spcificits lies :
aux malades, dont les conditions de vie et les priorits dexis-
tence diffrent de celles du reste de la population, aboutissant
des consultations tardives un stade avanc de la maladie avec
complications viscrales graves dj prsentes ;
aux maladies, qui diffrent de celles observes dans le reste
de la population par : des formes cliniques graves, avec un taux
de mortalit deux trois fois plus lev ; la rmergence des
maladies infectieuses transmises par les arthropodes et les
rongeurs (rickettsiose, arthropozoonose, rage), de pathologies
carentielles chez lenfant (rachitisme) et chez ladulte (scorbut,
bribri) malnutris ou dnutris ; leur rpartition, directement lie
aux conditions socio-conomiques et au mode dexistence du
patient. Ainsi, chez les patients sans domicile fixe et (ou) vivant
dans la misre, les pathologies cutanes sont le premier motif
de consultation, puis viennent les pathologies infectieuses et den-
taires. Par contre, alors que la prvalence relle des maladies
cardio-vasculaires est analogue celle du reste de la population,
ces dernires sont une cause beaucoup moins frquente de
consultations et restent sous-estimes en labsence de dpistage.
La frquence relle des maladies psychiatriques, cause ou cons-
quence de la vie en situation de prcarit, est encore mal apprcie
mais pourrait, selon les critres diagnostiques classiques, tre
prsente chez un consultant sur trois.
3-Lien entre la sant et la prcarit
Plusieurs notions sont constamment retrouves.
Diffrence de morbidit entre femme et homme : les femmes,
grce la prsence des enfants et moins stigmatises par lab-
sence de travail, gardent plus facilement un lien avec la mdecine
de ville.
Relation certaine entre linaptitude professionnelle et ltat de
sant : parmi les allocataires du RMI, seul 1 consultant sur 2 conserve
une capacit de travail normale ; 14 % des moins de 40 ans et
65 % au-del de 60 ans sont reconnus totalement inaptes au
travail (CREDES).
Sant mentale : elle apparat comme une pathologie dominante ;
plus du quart des consultants bnficiaires du RMI, en majorit
des hommes, ont des problmes dordre psychique. La prva-
lence des dpressions est leve chez les chmeurs et les familles
de chmeurs (43 % en souffrent depuis 5 ans ou plus).
Alcool : cest un facteur de risque important dans la morbidit
observe, puisquun ouvrier qualifi a un risque de mortalit
par cirrhose du foie prs de 3 fois suprieur celui dun cadre
moyen, phnomne encore exacerb dans les milieux de
grande pauvret. Nanmoins, les petits buveurs ne sont
pas plus frquents chez les hommes RMIstes que chez les autres
patients, alors que les gros buveurs sont 2 fois plus nombreux
en situation de prcarit que dans le reste de la population. Ainsi,
en France, les malades alcooliques ne semblent pas beau-
coup plus nombreux chez les patients en situation de prcarit
que chez les autres.
Depuis la cration de la Couverture maladie universelle
(CMU), le 1
er
janvier 2000, la couverture de base
de la Scurit sociale sest rduite, rendant ncessaire
une couverture complmentaire que 7 millions de rsidents
ne peuvent souscrire.
La CMU dispense de lavance des frais, prend en charge
le ticket modrateur, le forfait hospitalier sans limitation
de dure et une liste de produits (prothses dentaires,
lunettes, audioprothses panier de soins ), des tarifs
fixs par arrt interministriel.
Le dveloppement progressif des PASS ncessite de rendre
compte chaque anne la confrence rgionale de sant
des activits mdicales et sociales et des dispositifs mis
en place.
Le droit une couverture complmentaire gratuite
est reconnu toutes les personnes remplissant
les conditions de rsidence et dont les revenus imposables
et non imposables de lanne prcdente ne dpassent pas
un seuil fix par dcret qui est modul, par transposition
des rgles du RMI, en fonction de la dimension du foyer.
Toutes pathologies confondues, les patients vivant
en situation de prcarit sont atteints dun plus grand
nombre de troubles par personne que les patients de mme
catgorie socioprofessionnelle vus en mdecine gnrale.
Les pathologies associes la prcarit et (ou) la misre
ont des spcificits lies : aux malades (conditions de vie,
priorits dexistence) et aux maladies, qui diffrent de
celles observes dans le reste de la population (formes
cliniques graves, avec un taux de mortalit deux trois
fois plus lev ; rmergence des maladies infectieuses).
Il existe une relation certaine entre linaptitude
professionnelle et ltat de sant.
La sant mentale apparat comme une pathologie dominante.
La CMU est la base de la prise en charge sociale
de ces patients.
Les patients sont caractriss par des conditions de vie
prcaires et priorits dexistence, linaptitude professionnelle
et des consultations tardives et stade avanc.
Les pathologies sont caractrises par des formes
cliniques plus graves, la rmergence des maladies
infectieuses et limportance de la pathologie mentale.
POINTS FORTS
retenir
R
Q
4
6
VALUATION CLINIQUE
La dfinition dindicateurs sociaux et (ou) mdicaux (CREDES)
terrain dune vulnrabilit susceptible dentraner la situation
dexclusion sociale et en consquence des soins, est dlicate,
bien quessentielle, pour une prise en charge sanitaire adapte
au social (tableau 2).
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890
valuation mdicale
La vulnrabilit mdicale est le fait davoir un tat de sant
source de difficults obtenir ou garder un emploi. Lindicateur
de vulnrabilit mdicale repose donc sur 3 types dinformations :
la notion de handicap contribuant lexonration du ticket
modrateur, une aide financire rgulire (allocation dduca-
tion spciale aux adultes handicaps, rente dincapacit, pension
dinvalidit), ou des difficults pour se dplacer ;
lexistence dune maladie invalidante, qui risque dtre une
cause de perte demploi ou dune incapacit trouver un emploi
(squelles daccident vasculaire crbral avec hmiplgie ou de
fractures multiples, etc.) ;
la perception par des mdecins dune note dinvalidit avec
risque vital et morbidit importante.
valuation sociale
La connaissance de la situation socio-administrative est
indispensable une meilleure collaboration entre le mdical et
le social. Un score de prcarit sociale individuelle a t
tabli par les tudes du CREDES sur 13 000 adultes observs en
1991-1992 partir de la situation en regard de 5 variables :
1) lemploi, 2) la scolarit ou 3) des diplmes, 4) la nationalit,
5) la couverture maladie. Ces diffrences sont trs accentues
selon la profession et suivent lchelle sociale. Les personnes
inscrites laide mdicale ainsi que les handicaps sont en
situation de forte prcarit. Le niveau de prcarit global du
mnage est obtenu en intgrant score mnage et score
individuel . Les familles monoparentales, constitues 9 fois
sur 10 dune femme et denfants de moins de 16 ans, sont trs
souvent en situation prcaire sur le plan social. Il existe un lien
indiscutable entre prcarit sociale et vulnrabilit mdicale,
puisque 17 % des personnes en situation socialement prcaire ,
sont aussi mdicalement vulnrables , soit 2 fois plus que
parmi les personnes qui ne sont pas dans une situation sociale
prcaire. Le taux de double vulnrabilit augmente avec lge.
Ces critres de prcarit changent pour un mme patient au
cours du temps, puisque le but des dmarches entreprises est
dobtenir le recouvrement des droits et laccs lgitime aux soins.
Lchec de rcupration dune couverture sociale peut tre aussi
li au patient, dj trop marginalis, pour tre au-del de toute
tentative de rinsertion, mais ces cas sont rares parmi les consul-
tants (moins de 5 %).
valuation psychologique
Laccueil du patient doit tenir compte de son itinraire, qui ne
lui permet plus de se dfinir que par la ngative sans domicile,
sans famille, sans lien social, parce que sans travail . Lexclusion
est la phase ultime dune trajectoire de vie, qui incidemment
chemine de la dpendance la mise hors normes et hors insti-
tutions sociales. La circulaire du 15 mars 1960 reprise par la loi
du 31 dcembre 1995, a dict les rgles de la nouvelle psychia-
trie pour viter lhospitalisation et crer des secteurs gogra-
phiques lintrieur desquels la mme quipe mdico-sociale
devra assurer pour tous les malades la continuit indispensable
entre le dpistage, le traitement sans hospitalisation quand il est
possible, les soins avec hospitalisation et la surveillance ambu-
latoire . La France comporte 800 secteurs de psychiatrie gn-
rale pour adultes et 300 pour enfants. Les centres mdico-
psychologiques (CMP, 1/70 000 habitants) constituent la pice
matresse de la politique de secteur sur laquelle sarticulent des
quipes multidisciplinaires. Dans le domaine de la pauvret et de
lexclusion, plus que la question du droit laccs aux soins, se
pose celle de la demande de soins. Lexistence dune couverture
sociale, la gratuit des soins, ne suffisent pas toujours pour que
les plus pauvres, les plus dmunis, consentent se soigner pour
des raisons dignorance, de peur ou de honte daller lhpital,
au dispensaire, dautant quil sintresse lhygine mentale. Les
enqutes du CREDOC soulignent que les grands pauvres nex-
ploitent pas les systmes en place ou du moins ne les utilisent
que de manire incomplte, discontinue . Lextrme fragilit des
patients, leur ractivit ce quils peroivent comme un refus
ou rejet, provoque des conduites dltres et, pour un certain
nombre, le systme de soins savre inefficace les aider. Les
travailleurs sociaux butent sur cette souffrance psychique, et leur
tentation est grande de renvoyer ces publics qui enrayent le fonc-
tionnement normal des institutions sociales sur le secteur psy-
chiatrique. Les assistantes sociales spcialises en psychiatrie
et intgres dans les quipes de soins des CMP sont souvent le
lien entre les divers domaines.
I-3-Q46
Sujets en situation de prcarit
A) Situation sociale du patient exclu de droits sociaux car :
pas de scurit sociale ou pas daide mdicale gratuite (AMG)
scurit sociale mais sans emploi ou emploi prcaire
faibles revenus ne permettant pas de faire lavance des frais
du ticket modrateur
avec ou sans scurit sociale, mais ne pouvant pas faire lavance
des frais, nayant pas pu avoir accs une mutuelle et (ou) chmeur
en fin de droits, et (ou) emploi prcaire
revenu global du foyer infrieur au revenu minimum calcul pour
lquivalent RMI
trangers en situation irrgulire
B) Situation familiale risque mdical, de mauvaise adhsion
au suivi des soins, car :
famille monoparentale ou clibataire
logement insalubre ou pas de logement
toxicomanie et (ou) alcool
handicap
A et B sont souvent associs.
Critres de prcarit sociale
et (ou) mdicale (source consultation
Verlaine, hpital Saint-Louis, 2003)
Tableau 2
* rvaluer lors de chaque entretien social.
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Dmarche diagnostique
Elle doit tre adapte la situation si lurgence thrapeutique est
au premier plan ; le patient relve dun service durgences, o lhospi-
talisation immdiate permet le traitement adapt dune pathologie
menaant le pronostic vital, en diffrant la prise en charge des
problmes sociaux qui ne peut se faire dans lurgence. Sinon, la
dmarche diagnostique et thrapeutique doit tre adapte au
contexte social et ces patients doivent tre pris en charge par
des mdecins, aptes un abord multidisciplinaire du patient.
Pour tout mdecin ayant prt le serment dHippocrate, la prise
en charge de ces patients ne devrait donc pas prsenter de dif-
ficults. Paradoxalement, lexercice quotidien face aux patients
vivant en situation de prcarit a abouti la reconnaissance de
spcificits qui ncessitent une adaptation du systme de sant
et des comportements mdicaux.
Adaptation aux conditions socio-conomiques du patient qui
doivent tre connues du mdecin : conditions de vie, possibilits
de rcupration des droits sociaux, degr dobservance thra-
peutique potentielle et facteurs de rsistance au traitement. Un
interrogatoire bien conduit, un examen clinique complet et des
mesures simples du poids, de la temprature et de la tension
artrielle permettent dj tout mdecin gnraliste dvoquer
la majeure partie du diagnostic. Des conduites diagnostiques de
soins primaires peuvent tre mises en pratique par tous.
Les examens complmentaires doivent tre limits, sans multiplier
des demandes inutiles davis de spcialistes.
Particularits thrapeutiques : il faut savoir mettre en route un
traitement dpreuve aprs avoir effectu les prlvements indispen-
sables, par exemple face des foyers pleuro-parenchymateux
multiples vocateurs de tuberculose ce stade avanc, sachant
que la maladie peut nanmoins tre associe au cancer. Cela per-
met de fidliser le patient lors des consultations ultrieures et de
rcuprer une couverture sociale pour complter le bilan par des
examens complmentaires plus coteux (fibroscopie, scanner)
et permettre le traitement ventuel de la noplasie redoute.
PRISE EN CHARGE THRAPEUTIQUE
Particularits
Les modalits thrapeutiques doivent tre adaptes aux
contingences lies la prcarit et au degr dadhsion possible.
La dlivrance gratuite de mdicaments, possible au sein des
permanencesdaccs aux soins sanitaires , reste active dans de nom-
breux organismes non lucratifs en ville. La dlivrance bimen-
suelle des mdicaments permet lducation du patient et
amliore lobservance. Sous le contrle du phar-
macien de lhpital, un recueil des cots permet
aisment de justifier la dlivrance gratuite des
mdicaments dans ce contexte. Si les mdicaments
sont achets en ville par le patient, la prescription
de gnriques a une efficacit comparable et un
plus faible cot dans chaque classe thrapeutique.
Seul le suivi rgulier itratif des patients permet dvaluer
lvolution de la procdure sociale en cours et de la pathologie
traite. Initialement, les patients doivent tre convoqus tous les
15 j, pour le suivi social et mdical et lvolution de lobservance
thrapeutique. Le suivi informatique permet lanalyse essentielle
des pathologies observes, de lvolution de la procdure sociale,
afin de justifier une telle politique. Ces pratiques dvaluation menes
par les mdecins eux-mmes permettent la rduction des cots.
Pronostic long terme
Dans les pays dits dvelopps, quelques tudes nord-amricaines
ont bien montr laugmentation de la mortalit globale, ainsi que
de la mortalit spcifique dorigine cardio-vasculaire, noplasique,
neurologique, infectieuse et par homicide, dans les populations
les plus dfavorises, notamment noires et hispaniques. La cor-
rlation linaire entre la mortalit globale ou les mortalits sp-
cifiques et la situation socio-conomique augmente avec la
dispersion des ingalits socio-conomiques. Ainsi, lesprance
de vie la plus leve nest pas obtenue dans les pays les plus
riches (tats-Unis), mais dans ceux o les ingalits socio-co-
nomiques entre riches et pauvres sont les plus faibles.
En Europe, seules des tudes anglaises ont analys les carts
de mortalit entre riches et pauvres, notamment en termes de
mortalit cardio-vasculaire qui contribue expliquer les diffrences
selon les pays. Ainsi, en cosse, la mortalit dorigine coronaire
est de 40 % plus leve Glasgow qu dimbourg en rapport
avec la rpartition des taux de cholestrol et le degr de pau-
prisation entre les deux villes. Selon Eurostat, 57 millions de
ressortissants de lUnion europenne vivaient en 1993 dans des
mnages pauvres, dont 13 millions denfants de moins de 16 ans,
avec un gradient nord-sud. La France se situe dans une position
moyenne avec 16 % de mnages pauvres et un taux de chmage
des jeunes de plus de 30 ans le plus lev, mais les donnes
objectives de mortalit chez les patients bnficiant du RMI ou
en situation de prcarit sont impossibles obtenir, puisquelles rsul-
tent de lexploitation des bulletins remplis par le mdecin au moment
du dcs, sur lesquels ne peut figurer aucune information concer-
nant les prestations sociales.
Principes de prise en charge au long cours
Les patients les plus dmunis sont des patients comme les
autres ; ils doivent donc pouvoir tre pris en charge initialement
par les diffrentes structures daccueil sanitaire et social dve-
loppes lhpital public ou au sein des associations prives et
des organismes caritatifs, puis une fois la rcupration des droits
obtenue (dans 60 80 % des cas) par les mdecins gnralistes
de ville. Le mdecin doit connatre le statut social du patient et
tre mme, dans sa dmarche diagnostique et
thrapeutique, de diffrencier les difficults dac-
cs au systme de soins lies linfrastructure
mdicale elle-mme de celles lies au psychisme
du patient. En situation de prcarit, les priorits
du patient sont avant tout de satisfaire des besoins
essentiels tels que manger, se vtir et se loger dans
R
Q
4
6
Ingalits sociales de sant
Monographie
(Rev Prat 2004 ; 54 [20] :
2219-72)
Pour en savoir plus
ref8_farge 25/04/05 15:37 Page 891
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5
892
des conditions souvent bien loignes des exigences requises
pour une prise en charge optimale moyen et long terme de
la pathologie observe. Ces diffrences entre ralit du patient
et thorie mdicale rendent difficiles le dpistage prcoce et (ou)
la correction des facteurs de risque de la maladie, tout comme
le traitement des complications viscrales souvent prsentes lors
des premires consultations. Le suivi rgulier dune population
nomade, du sans domicile fixe limmigr clandestin est souvent
illusoire et rend hypothtique la notion dobservance thrapeu-
tique long terme. Le rle du mdecin est donc de dterminer
lobjectif prioritaire atteindre, en accord avec le patient, compte
tenu de la pathologie observe et den suivre lvolution lors des
consultations successives. En matire de pathologie cardio-
vasculaire par exemple, le concept du risque cardio-vasculaire
absolu prend ici toute sa valeur.
En cas de situation non rgularisable ou rgularisable moyen
ou long terme, ou en cas durgence, le mdecin peut faire bn-
ficier son patient titre gratuit dexamens et de la distribution des
mdicaments prescrits. En revanche, en cas de situation rgularisable
trs court terme et sans urgence mdicale, le mdecin pourra diffrer
les prescriptions jusqu la prise en charge par lassurance maladie.
Lhpital public doit donc tre au centre dun systme de
fonctionnement en rseau alliant des comptences damont
dveloppes depuis plus de 20 ans par les organismes caritatifs
et des comptences daval une fois les droits daccs des patients
rcuprs (rseau de mdecins gnralistes de ville).
Lhpital public a souvent volu vers un ple hautement tech-
nologique, mais tous ceux qui y travaillent doivent remplir leur
mission de service public et ne pas oublier que les plus dmunis
sont des patients comme les autres, sans discrimination, et doivent
donc consulter dans les mmes conditions et lieux que dautres,
bnficiant dj dune couverture sociale au sein de consultations
de mdecine gnrale. Le recours aux consultations spcialises
(ophtalmologie, ORL, stomatologie, gyncologie) peut tre envi-
sag grce une troite collaboration avec des correspondants
sensibiliss la prise en charge de tels patients.
Les associations but non lucratif et (ou) les organisations cari-
tatives ont depuis toujours exerc un rle central dans la prise
en charge des plus dmunis. Dans chaque ville, la liste et les comp-
tences de ces associations doivent tre connues des mdecins
hospitaliers et des gnralistes pour constituer les relais damont
ou daval dans la prise en charge des patients.
Le rle du mdecin gnraliste en ville dans la prise en charge
des plus dmunis rpond souvent une vocation, mais constitue
aussi une ncessit pour certains travaillant dans des secteurs
gographiques particulirement exposs la recrudescence du
chmage et de la prcarit. lheure actuelle, des associations
de mdecins bnvoles, acceptant de prendre en charge gratuite-
ment en ville des patients en situation de prcarit, se sont
regroupes dans le cadre de lAssociation RESO. Lobjectif de ces
prises en charge adaptes est de permettre 60-80 % des
patients initialement prcaires de recouvrir des droits sociaux et
donc de rintgrer le systme de droits communs. I
Nous remercions Mme Sylvia Sueur pour son aide dans la ralisation du
manuscrit et Mme I. Fosse, psychologue clinicienne pour sa participation
la prise en charge adapte de ces patients.
I-3-Q46
Sujets en situation de prcarit
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7
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)
sur son site Internet www.33docpro.com
MINI TEST DE LECTURE
Il ny a pas de lien entre la prcarit sociale
et la vulnrabilit mdicale.
17 % des personnes en situation prcaire sont
aussi mdicalement vulnrables.
2
1
A / VRAI OU FAUX ?
Laccs la couverture maladie universelle de base :
Concerne des patients rsidant en France
quelle que soit la dure de sjour.
Concerne toutes les catgories sociales
quelles que soient les ressources.
Louverture des droits se fait la date de dpt
de la demande.
3
2
1
B / VRAI OU FAUX ?
Concernant les patients en situation de prcarit :
Ils ont un stade plus avanc de la maladie et des com-
plications plus frquentes.
Ils ont des formes cliniques et un taux de mortalit
analogues ceux de la population gnrale.
Leurs maladies sont directement lies aux conditions
socio-conomiques et au mode dexistence.
3
2
1
C / VRAI OU FAUX ?
R p o n s e s : A : F , V / B : F , F , V / C : V , F , V .
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1 71 5
PARTIE I / MODULE 3
MATURATION
ET VULNRABILIT
Q 41
Troubles anxieux et troubles
de ladaptation
P
r
Jean-Philippe Boulenger
1
, D
r
Ccile Piquet
2
, P
r
Aziz Herms
1
, P
r
Charles Aussilloux
2
1. Service universitaire de psychiatrie adulte, CHU Montpellier.
2. Mdecine psychologique enfants et adolescents Peyre Plantade, CHU Montpellier, 34295 Montpellier Cedex 5.
[email protected]
ADAPTATION ET RACTIONS
AUX VNEMENTS
TROUBLES DE LADAPTATION
Les troubles ractionnels ou de ladaptation sont caractriss
par lapparition de symptmes cliniquement significatifs dans
les registres motionnels ou comportementaux, en raction un
ou plusieurs facteurs de stress venant dborder les capacits
dadaptation du sujet. Le caractre inadapt du trouble se mani-
feste par une souffrance marque plus importante que celle qui
tait attendue, compte tenu de la nature du facteur de stress ou
bien par une altration significative du fonctionnement social,
professionnel ou scolaire. Les symptmes peuvent tre variables
et intresser diffrents registres :
L motionnel : anxit, tristesse, retrait affectif, irritabilit,
agressivit ;
L somatique : cphales, douleurs, insomnie, fatigue, sensa-
tions de tension ou de dsquilibre, troubles fonctionnels
digestifs, cardiovasculaires ou respiratoires ;
L cognitif : difficults de concentration et dattention troubles
de la mmoire court terme, intrusions de pense, ruminations
mentales, baisse de lefficience scolaire ou professionnelle ;
L comportemental : opposition, fugue, inhibition sociale, isole-
ment, actes dlictueux, abus de mdicaments ou de toxiques
(tabac, alcool, drogues), comportement suicidaire.
Le trouble de ladaptation est, par dfinition, transitoire. Il apparat
rapidement, au plus tard 3 mois aprs un vnement stressant
clairement identifiable et cesse dans les 6 mois qui suivent sa
disparition. Les troubles de ladaptation comme les autres
pathologies ractionnelles (la raction aigu de stress, ltat de
stress post-traumatique) peuvent survenir tout ge et touchent
les 2 sexes avec cependant une prdominance fminine chez
ladulte (2/3 des cas).
Le facteur de stress peut tre unique ou multiple ; il peut se
reproduire rgulirement ou tre continu, toucher une seule personne,
une famille entire, ou bien un groupe plus large ou une communaut.
Certains facteurs de stress sont associs des tapes spcifiques
du dveloppement et de la vie (entre lcole, dpart du milieu familial,
mariage, maternit et paternit, retraite, veuvage). Les facteurs de
stress les plus rgulirement retrouvs sont nanmoins communs
(difficults scolaires ou sociales, problmes familiaux ou sentimentaux,
difficults professionnelles, usage de toxiques). Il est important de
noter que certains vnements de vie a priori non traumatisants
(dmnagement, promotion, naissance) peuvent tre lorigine
de troubles de ladaptation chez certains sujets vulnrables.
POINTS FORTS
> Avec une prvalence sur la vie entire denviron 20 %, les troubles
anxieux sont les troubles psychiatriques les plus frquemment rencontrs
en pratique mdicale tant chez lenfant que chez ladulte ;
ils mritent dtre reprs du fait de leur potentiel de chronicisation
et de leur frquente volution vers la dpression ou lalcoolisme,
ou vers des tats dinvalidit socio-professionnelle.
comprendre
iOBJECTIFSi
Diagnostiquer des manifestations danxit
et (ou) des troubles de ladaptation
chez lenfant, chez ladolescent
et chez ladulte, et apprcier
leur retentissement sur la vie du sujet.
Argumenter lattitude thrapeutique
et planifier le suivi du patient.
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Malgr le flou smiologique qui le caractrise, le trouble de
ladaptation demeure lun des diagnostics les plus souvent ports
tant chez lenfant et ladolescent (4 7 %) que chez ladulte (10 %).
Lapparition dun trouble de ladaptation est souvent favorise
par la coexistence dun trouble de personnalit qui, chez ladulte,
limite les capacits de raction aux vnements certaines
conduites strotypes. Cependant, si ces symptmes apparaissent
chez un patient prsentant un trouble anxieux ou dpressif sp-
cifique prexistant, cest ce diagnostic et non celui du trouble
dadaptation qui doit tre port. Le trouble de ladaptation doit
aussi tre distingu de la pathologie post-traumatique ractionnelle
des vnements majeurs (et de ce fait moins dpendante de la
variabilit des caractristiques).
PATHOLOGIES POST-TRAUMATIQUES
Le terme de traumatisme psychique est utilis pour dsigner
une blessure, un phnomne deffraction et denvahissement du
psychisme par un afflux dexcitations violentes, vcues comme
agressantes et susceptibles de dborder les capacits de
dfense, psychologique de lindividu. Chez lenfant, les ractions
sont spcifiques, lies la dynamique dveloppementale et
limportance des relations avec lentourage. Chez ladulte au
contraire cest la nature mme et lintensit exceptionnelle du
traumatisme qui donnent aux symptmes leur caractre strotyp.
1. Pathologies post-traumatiques de lenfant
Dun point de vue psychodynamique, deux types dvnements
sont dits traumatiques :
L les situations et vnements qui entrent en rsonance avec les
dsirs ou craintes fantasmatiques de lenfant en fonction de son
niveau de maturation (par exemple, une sparation parentale) ;
L les vnements de nature ou dintensit telle quils dbor-
dent les capacits adaptatives du moi de lenfant. Ces v-
nements peuvent relever de deux sous-catgories : ceux qui
ne reprsenteraient pas ncessairement un traumatisme, mais
pour lequel lenfant prouve une dtresse majeure qui a effet
de traumatisme et dont lexemple type est reprsent par des
violences physiques entre parents sous les yeux de lenfant,
et ceux qui, du fait de leur brutalit, massivit et violence,
paraissent submerger de faon systmatique, les capacits
du sujet faire face .
Du point de vue clinique, on peut distinguer :
L des ractions immdiates diverses (troubles du comportement,
dsorganisation psychique, manifestations dangoisse, troubles
du sommeil, troubles des conduites alimentaires, manifestations
somatiques ou affections somatiques aigus) ;
L des ractions post-immdiates, dans les jours qui suivent
(troubles de ladaptation, troubles anxieux ou dcompensation
daffections psychiatriques prexistantes) ;
L des ractions post-traumatiques durables (le syndrome
dtat de stress post-traumatique).
Les principales caractristiquesde ce syndrome sont les suivantes :
L le syndrome de rptition, de remmoration ou de revivis-
cence, est llment central et quasi pathognomonique : jeux
rptitifs, remises en actes o une partie du traumatisme est
mise en scne, souvenirs rptitifs et intrusifs du trauma-
tisme fortement visualiss (hallucinations, flash-back, illu-
sions), reviviscences proprioceptives, tactiles ou olfactives,
dclenches par des lments actuels rappelant le trauma-
tisme ou lors de moments de relchement (ennui en classe,
tlvision, endormissement), attitude change lgard de
son entourage, de la vie, de lavenir (conviction que dautres
traumatismes se produiront ncessairement, sentiment profond
de vulnrabilit, perte de confiance vis vis des adultes) ;
L des manifestations dvitement sont possibles : refus de
prendre un mode de transport particulier, refus dun trajet,
dun lieu qui ressemble ou peut conduire au lieu du traumatisme,
refus de se sparer des figures dattachement avec une
angoisse de sparation pouvant prendre laspect de vritables
phobies (scolaire) ;
L des symptmes motionnels non spcifiques sont frquents :
angoisse de sparation, plaintes somatiques, comportements
rgressifs (nursie secondaire, parler bb, succion du
pouce), troubles dpressifs
2. Pathologies post-traumatiques de ladulte
Chez ladulte, cette catgorie est essentiellement dfinie par
lintensit de lvnement traumatisant dont les consquences
sont susceptibles daffecter un grand nombre de victimes ou de
tmoins du fait de la menace objective reprsente pour leur
intgrit physique ou psychologique : agressions, viols, acci-
dents, catastrophes, confrontations subites la mort
La raction aigu de stress se dveloppe dans les suites imm-
diates dun traumatisme ayant eu un impact motionnel majeur.
Son volution est souvent spontanment rsolutive en quelques
jours quelques semaines et centre, comme chez lenfant, sur
la rptition involontaire et strotype de lvnement trau-
matique dans toute son acuit motionnelle, que ce soit sous
forme de cauchemars, dimages (flash-backs) ou de penses
obsdantes. Ces reviviscences sont soit spontanes, soit provoques
par la confrontation des stimulus voquant le traumatisme ou
le contexte dans lequel il est survenu, stimulus auxquels le
patient tentera souvent de se soustraire par des conduites dvi-
tement parfois invalidantes. Ces symptmes sont gnralement
accompagns dune anxit permanente avec exagration de la
raction de sursaut et hypervigilance, parfois source dinsomnie
et de tension.
Dans les suites immdiates des traumatismes les plus violents,
des symptmes dissociatifs peuvent tre observs : hbtude,
mutisme, errance, impressions de dtachement, de dpersonna-
lisation, de dralisation. Limpossibilit de se souvenir de tout
ou partie de lvnement en est une consquence possible. Plus
spectaculaires que les symptmes prcdemment dcrits, les
symptmes dissociatifs seraient associs un risque accru de
chronicisation et de dveloppement de ltat de stress post-
traumatique.
Ltat de stress post-traumatiquenest souvent que la continuation
au-del dun mois des symptmes observs dans la raction
aigu de stress. Il peut aussi apparatre avec retard par rapport
au traumatisme, le plus souvent dans les jours ou les semaines
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles anxieux et troubles de ladaptation
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qui suivent ce dernier mais parfois aussi aprs plusieurs mois ou
annes. Le syndrome de rptition reste au centre du tableau
avec les motions intenses qui lui sont associes. Lhypervigi-
lance est prsente ainsi que lvitement de certaines situations
mais galement un certain degr dmoussement affectif, une
tendance lisolement et au dtachement, une rarfaction des
intrts et des projets ou une modification notable de la vision
du monde, ventuellement sous-tendue par des sentiments
marqus de culpabilit ou de rejet. Dans environ un tiers des cas
une volution chronique est craindre. La probabilit de survenue
de ce syndrome et son pronostic dpendent en partie du terrain
sur lequel survient le traumatisme et notamment de sa comorbidit
avec dautres troubles psychiatriques ou avec un trouble de per-
sonnalit.
Dautres types de troubles (dpression, trouble panique, pho-
bies) sont galement susceptibles dapparatre aprs un trau-
matisme violent soit isolment, soit en association avec ces
manifestations.
ANXIT PATHOLOGIQUE
La vulnrabilit anxieuse est non seulement susceptible de
se manifester loccasion dvnements de vie, traumatiques ou
non, mais galement de manire apparemment spontane
divers ges de la vie. Les principaux tableaux cliniques seront
dcrits ci-dessous par ordre chronologique dapparition et de
faon isole, sans mconnatre cependant leur frquente asso-
ciation chez les mmes individus soit de manire contempo-
raine, soit de manire successive dans le temps. Plusieurs tudes
longitudinales ont en particulier dmontr que les troubles anxieux
constats chez lenfant ne se retrouvaient pas obligatoirement
sous une forme identique chez ladulte, mais que leur prsence
augmentait notablement le risque ultrieur de dveloppement
dun trouble anxieux ou dpressif.
Chez lenfant, il est important de noter que lanxit est rarement
verbalise en tant que telle, mais doit tre recherche derrire
des manifestations somatiques, des troubles de lendormissement
et du sommeil, des troubles du comportement et des craintes
sur la sant et la mort. Par ailleurs, ces symptmes peuvent se
combiner ou se succder et ne sont pas fixs, contrairement ce
que lon peut constater chez ladulte. Chez ladolescent, beaucoup
plus rarement chez lenfant jeune, peuvent galement survenir
des attaques de panique.
ANXIT DE SPARATION
Lanxit de sparation fait partie du processus maturatif de
lenfant (nourrissons et enfants dge prscolaire). Le diagnostic
ne peut tre port que si lanxit est focalise sur la sparation
et se distingue de lanxit de sparation normale par son intensit
excessive, sa persistance anormalement prolonge et une
perturbation significative du fonctionnement social. Elle
saccompagne dun sentiment de danger menaant la figure
dattachement et dun sentiment de dtresse avant, pendant et
aprs la sparation. Lanxit de sparation est le trouble
anxieux le plus frquent chez les enfants prpubres (prvalence :
1 1,5 % ) ; elle peut survenir la suite dun vnement traumatisant
et volue typiquement avec des priodes dexacerbation et de
rmission. Lanxit dune sparation possible et lvitement des
situations relles de sparation (p. ex., partir pour aller luni-
versit ou dmnager) peuvent persister jusqu lge adulte,
mais ce diagnostic reste propre lenfance.
ANXIT GNRALISE
1. De lenfant
Chez lenfant, sa prvalence est de 3 7 % avec une incidence
plus leve chez les premiers-ns et les enfants uniques. Lanxit
gnralise se dfinit par une inquitude globale et un sentiment
de tension sans objet spcifique, concernant des vnements et
des problmes de la vie quotidienne. Le symptme principal est
une anxit non raliste et excessive avec anticipation ngative
face aux vnements futurs. Les plaintes somatiques sont fr-
quentes, dautant plus quil sagit de jeunes enfants ; le besoin de
rassurance est constant. Chez les enfants et les adolescents,
lanxit gnralise se traduit habituellement par des plaintes
moins varies que chez ladulte, et les symptmes spcifiques de
lhyperactivit neurovgtative sont souvent moins marqus.
Cet tat nvolue pas obligatoirement vers un trouble anxieux
gnralis chez ladulte mais, comme la plupart des troubles
anxieux de lenfant, il reprsente un facteur de risque pour le
dveloppement ultrieur de troubles dpressifs et de troubles
anxieux de nature diverse.
2. De ladulte
Chez ladulte, lanxit gnralise est galement frquente
(5 10 %), mais elle ne peut tre diagnostique que si ses symp-
tmes durent depuis plus de 6 mois. Dans ce cas, le trouble est
caractris par la survenue involontaire dinquitudes relatives
des vnements ngatifs mais ralistes, portant sur la vie quo-
tidienne et dont le patient surestime la probabilit de survenue.
Les ruminations caractristiques de lanxit gnralise sont
incontrlables, portent sur la famille, le travail, la sant, la maison,
saccompagnent de symptmes dhypervigilance (tension,
insomnie, fatigue, difficults de concentration, ractions de sursaut)
et sont source dun handicap fonctionnel sans lequel le diagnostic
du trouble ne saurait tre port. En mdecine gnrale, le trouble
se rvle souvent par des symptmes fonctionnels chroniques :
douleurs musculaires, cphales, insomnie, troubles digestifs.
Lanxit gnralise coexiste frquemment avec les autres
troubles anxieux et avec la dpression ; elle peut galement prcder
lapparition de ces troubles ou persister titre de squelle aprs
leur disparition.
ANXIT PHOBIQUE
Les enfants peuvent manifester des peurs focalises sur des
objets ou des situations trs varies sans que celles-ci prsentent
obligatoirement un caractre pathologique ou durable. Certaines
peurs sont dailleurs spcifiques dune phase de dveloppement,
mais elles peuvent revtir une intensit cliniquement excessive,
entranant par leur dure (au moins 4 semaines) une altration
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significative du fonctionnement social. Dautres peuvent persis-
ter chez ladulte sans tre obligatoirement lies un handicap
fonctionnel, mais elles traduisent nanmoins une vulnrabilit
anxieuse risquant de sexprimer dans certaines circonstances.
1. Phobie scolaire
Le concept de phobie scolaire recouvre 2 entits distinctes en
fonction de leur ge dapparition : vers 6 ans, il sagirait de crises
danxit lies la crainte de la sparation davec la mre, mais
aprs 8 ans lanxit prsenterait un caractre phobique (on
parle alors de refus scolaire anxieux). La prvalence est denviron
1 % dans la population gnrale ; il existe une prdominance
masculine de 3 garons pour 2 filles.
La phobie scolaire est caractrise par une peur soudaine et
intense daller lcole apparaissant chez un enfant sans problmes
scolaires antrieurs. Lintrt pour la scolarit reste conserv.
Langoisse est svre et le tableau clinique associe des signes
tels que lanxit somatique, des symptmes rgressifs, des
troubles du sommeil Chez ladolescent, il existe 2 types de
tableaux cliniques : le premier, domin par une symptomatologie
dpressive (ladolescent reste au domicile familial, enferm dans
la passivit, langoisse, les ruminations et la honte plus que la
culpabilit) et le second, caractris par la prdominance des
agirs (opposition ouverte au milieu familial, errances angoisses,
conduites addictives, comportements auto-agressifs). Le mca-
nisme psychopathologique prvalent qui sous-tend ce symp-
tme est, dans presque tous les cas, une angoisse de sparation
partage par la mre et lenfant. Chez le jeune enfant, il faut
diffrencier le refus anxieux de lcole, de langoisse de
sparation. Chez le grand enfant et ladolescent, il faut le diff-
rencier de l cole buissonnire , ainsi que du refus scolaire qui
concernent labsence dintrt port aux acquisitions scolaires.
Dun point de vue volutif, 1/3 des enfants ont une volution
favorable sur le plan scolaire et social, 1/3 ont une volution mar-
que par la persistance des symptmes avec un refus scolaire
anxieux plus ou moins persistant mais une insertion sociale
satisfaisante et 1/3 ont une volution dfavorable avec des
symptmes invalidants au niveau de ladaptation sociale. Chez les
adolescents, 40 60 %retournent en classe.
2. Phobies spcifiques
Trs frquentes dans la population gnrale (10 15 %), elles
sont limites un stimulus dtermin (objet ou situation)
comme la proximit de certains animaux, les endroits levs, les
orages, lobscurit, la foule, les espaces clos, la vue du sang
Face au stimulus phobogne la raction anxieuse est systma-
tique, pouvant parfois atteindre lintensit dune crise de panique;
cette confrontation peut aussi donner lieu une anticipation
anxieuse ou un vitement plus ou moins systmatique mais le
handicap fonctionnel est habituellement minime. Les phobies
spcifiques apparaissent le plus souvent dans lenfance, restent
stables au cours de lexistence, mais peuvent parfois saggraver
lge adulte sous linfluence de facteurs divers : survenue dattaques
de panique, traumatismes, vnements de vie, maladie (notamment
chez le sujet g).
3. Phobie sociale
Lexpression dune crainte vis--vis des trangers est un
phnomne normal entre 6 et 12 mois, et un certain niveau
dapprhension ou danxit sociale se rencontre dans la petite
enfance et lenfance loccasion de situations nouvelles ou inha-
bituelles. Lanxit sociale pathologique se caractrise par une pertur-
bation du fonctionnement social, permanente ou rpte avec
crainte ou vitement excessifs des trangers, des adultes ou des
autres enfants. Le trouble interfre de faon significative sur les
relations sociales ; toute situation sociale nouvelle ou impose
provoque une gne et un dsarroi marqus. Lenfant entretient
nanmoins des relations sociales satisfaisantes avec les personnes
connues, et lattachement aux parents ou dautres personnes
familires est normal.
galement normale chez les adolescents confronts aux
modifications de leur tissu socio-relationnel, lanxit sociale
peut saggraver cette poque de manire progressive jusqu
constituer le tableau de la phobie sociale, le plus frquent des
troubles anxieux rencontr chez ladulte (8 10 %). Dans ce
trouble, lanxit relve principalement de la crainte dtre jug
ngativement par autrui et se rvle donc essentiellement dans
les situations dinteraction sociale, notamment face aux
inconnus, aux personnes du sexe oppos ou celles occupant
une position dautorit.
Dans ces cas, les patients apprhendent ou vitent des situations
comme les runions, le fait dcrire, de manger ou de tlphoner
en public ou les situations ncessitant dinteragir avec un tiers
ou de saffirmer face un interlocuteur. La peur de sexprimer en
public est toujours prsente mais ne saurait constituer elle
seule un lment diagnostique suffisant tant elle est frquente
dans la population gnrale. Ces phobies sociales sont souvent
expliques par les patients par la peur de rougir, de trembler ou
de bafouiller ou tout simplement celle quon ne remarque leur
embarras ; contrairement au trac ou la timidit elles entranent
des consquences fonctionnelles handicapanteset des complications
qui, comme la dpression ou lalcoolisme, sont souvent rvlatrices
de troubles voluant dj depuis plusieurs annes.
Les phobies sociales de lenfant, de ladolescent et de ladulte
surviennent plus frquemment chez des sujets chez lesquels un
temprament qualifi dinhibition comportementale , reprable
ds 2 ans, associe anxit et repli dans les situations non familires
ou face des inconnus, une ractivit sympathique exagre
lors de ces confrontations.
TROUBLES OBSESSIONNELS COMPULSIFS (TOC)
Chez lenfant comme chez ladulte, la prvalence du TOC est
de 1 2 % avec une moyenne dge dapparition 10 ans et une
volution le plus souvent chronique et progressive. Il associe de
faon variable deux types de symptmes spcifiques : les obsessions
et les compulsions. Les obsessions sont des ides, des penses,
des impulsions ou des reprsentations persistantes qui sont
vcues comme intrusives et inappropries et qui entranent une
anxit ou une souffrance importante. Les obsessions les plus
communes sont des penses rptes de contamination, des
doutes rpts, un besoin de placer les objets dans un ordre
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles anxieux et troubles de ladaptation
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particulier, des impulsions agressives ou inadaptes, des images
sexuelles ou horribles Les compulsions sont des comportements
rptitifs ou des actes mentaux que lindividu se sent oblig
dexcuter pour conjurer les obsessions, diminuer le niveau
danxit ou dinconfort quil peut ressentir ou prvenir une
situation ou un vnement redout (p. ex. : laver, compter, vrifier,
accumuler, rectifier). Le diagnostic est port lorsque les
manifestations symptomatiques sont lorigine de sentiments
marqus danxit ou de dtresse motionnelle, dune perte de
temps importante (plus dune heure par jour), ou dune entrave
au fonctionnement normal de lindividu (scolaire, social ou
professionnel).
Chez lenfant le TOC peut tre partie constituante du syn-
drome de Gilles de la Tourette caractris par des tics moteurs
et vocaux parfois invalidants ou dune trichotillomanie. Fr-
quemment, lenfant, ladolescent ou le jeune adulte prsentant
des symptmes obsessionnels ou compulsifs, na pas conscience
du caractre pathologique de ces derniers, leur aggravation
progressive au cours du temps namenant le patient consulter
quaprs la trentaine du fait dun handicap croissant ou loccasion
dune dpression. Chez ladulte les troubles associent le plus
souvent obsessions et compulsions, mais lun et lautre de ces
lments peuvent aussi tre prsents isolment ; le patient reste
toujours conscient du caractre absurde ou excessif de ses
symptmes et cette autocritique le distingue des patients
psychotiques chez lesquels ils peuvent galement tre rencon-
trs. Lvolution est le plus souvent chronique, revtant parfois
des formes trs invalidantes. Certains TOC peuvent dbuter la
suite dun facteur de stress, dune grossesse ou dans les suites
de troubles du comportement alimentaire chez la femme.
Contrairement une opinion largement rpandue, lexistence
dune personnalit obsessionnelle nest pas un lment nces-
saire au dveloppement du trouble, ce dernier pouvant coexister
avec dautres types de personnalit pathologique.
TROUBLE PANIQUE ET AGORAPHOBIE
Contrairement aux troubles prcdemment dcrits dont
lvolution est progressive le trouble panique dbute brutalement
chez un adulte jeune (25 35 ans) et rsulte de la rptition
dpisodes aigus danxit : les attaques de panique. Sa prvalence
est denviron 1 2 % chez ladulte ; il est plus frquent chez la
femme (2/3).
Lattaque de panique, ou crise aigu dangoisse, se caractrise
par un dbut brutal marqu par la survenue de symptmes phy-
siques intenses : tachycardie, douleurs thoraciques, dyspne,
sensations vertigineuses, paresthsies, sueurs. Ces symptmes
saccompagnent dun sentiment de perte de contrle et (ou) de
catastrophe imminente : peur de mourir, de perdre connais-
sance, dtouffer, de devenir fou, de tomber, de vomir, de perdre
le contrle de ses sphincters. Ces cognitions catastrophiques
amnent souvent le patient interrompre ses activits et
consulter en urgence, aucune explication immdiate ntant
susceptible de rendre compte de la survenue de ce malaise. Le
caractre subit de ces crises est dailleurs vrifi par la survenue
possible de crises de panique nocturnes dont les symptmes
physiques rveillent le patient dans son premier sommeil en
dehors de toute activit onirique.
La rptition des crises va entraner chez certains individus
lapparition dune anxit intercritique de plus en plus impor-
tante et constituer ainsi de faon progressive le trouble panique
proprement dit. Cette anxit peut alors revtir soit la forme
dune anticipation permanente, le patient vivant dans la crainte
de voir se reproduire ses crises de manire inopine, soit la forme
dune anxit phobique, le patient vitant certaines situations
de peur des consquences de ses crises. Cest dans ce dernier
cas quon parle dagoraphobie, terme utilis pour dsigner, non
seulement la peur de la place publique et des grands espaces,
mais aussi la diversit des situations phobognes rencontres
chez ces patients : endroits publics, foule, transports en commun,
conduite automobile, ponts, tunnels, situations dimmobilit
prolonge (coiffeur, encombrements), loignement dun ple de
scurit
Le dclenchement du trouble panique est souvent conscutif
des facteurs de stress dont la nature varie en fonction des
sujets : surmenage, prise de toxiques, difficults personnelles ou
professionnelles, deuils, problmes mdicaux Contrairement
la chronicit observe dans la plupart des troubles prcdemment
dcrits, lvolution du trouble panique peut tre rsolutive en
quelques semaines quelques mois, mme si la vulnrabilit du
patient lexpose des rechutes ultrieures. Dans dautres cas,
une chronicisation est possible malgr la disparition des crises
de panique spontanes du fait de laggravation de lagoraphobie.
TRAITEMENT
TRAITEMENTS DURGENCE
Dans le domaine des troubles anxieux les situations
durgence se rsument la prise en charge des crises de panique
et celle des victimes de traumatismes rcents.
1. Crise aigu dangoisse ou crise de panique
La crise de panique est une urgence subjective pour celui qui
la subit mais nexpose le patient aucune consquence patholo-
gique notable. La conduite tenir se rsume des gestes simples
et de bon sens :
Lisoler le patient des stimulations anxiognes, notamment
linquitude des proches ;
lle rassurer et ddramatiser la situation par un examen
physique rapide ;
lliminer un appoint organique, notamment toxique;
lrefocaliser lattention du patient sur autre chose que ses
symptmes physiques en linterrogeant sur ses antcdents,
les circonstances dapparition de sa crise
llutter contre les effets de lhyperventilation et de lhypo-
capnie secondaire en lui faisant adopter une respiration
physiologique ;
lsi les mesures prcdentes ne suffisent pas, envisager ladmi-
nistration par voie orale dun anxiolytique dabsorption rapide
comme le diazpam, le recours une injection intramusculaire
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ayant le double inconvnient dune absorption incomplte et
lente et celui de renforcer les cognitions catastrophiques du
patient ;
lchez lenfant et ladolescent, on essaie de situer cette mani-
festation symptomatique aigu dans son contexte environne-
mental en sappuyant sur le contenu de lentretien parental et
(ou) familial.
2. Prise en charge prcoce des victimes
de traumatisme
Chez lenfant, lapproche thrapeutique individuelle ou
collective tient compte la fois de la dimension relle et de la
dimension fantasmatique du traumatisme : intervention prcoce
dans le cadre de la prvention secondaire des squelles psy-
chiques post-traumatiques ; instauration dun cadre thrapeutique
rassurant et scurisant au sein duquel lenfant peut rejouer le
traumatisme laide dun support thrapeutique (dessin, jeu)
adapt son ge et son dveloppement cognitivo-affectif,
dpistage prcoce de symptmes, mme peu spcifiques, pour
prvenir leur possible retentissement sur le dveloppement de
lenfant et sur sa vie scolaire familiale ou sociale.
Chez ladulte, bien que les techniques dites de debriefing
aient t rcemment contestes sur la base dtudes contrles
de manire scientifique, les interventions prcoces auprs des
victimes se sont imposes dans la pratique mdicale. Leurs prin-
cipaux objectifs sont :
L reprage et assistance des patients prsentant des manifes-
tations aigus de stress et notamment une symptomatologie
dissociative ;
L information des victimes et de leurs proches sur les modalits
volutives de leurs symptmes et les possibilits daide en
cas de persistance de ces derniers ;
L support psychologique et notamment possibilit dune
coute de ceux souhaitant verbaliser les motions souvent
violentes ressenties au cours de la situation traumatique.
Les benzodiazpines sont utiliser avec parcimonie ce stade,
du fait de leurs effets secondaires possibles sur les processus
mnsiques contribuant ladaptation au traumatisme subi. Les
-bloquants seront prfrs tout en contrlant des symptmes
dhyperadrnergie.
TRAITEMENTS DE FOND
1. Approches psychothrapiques chez lenfant et
ladolescent
Leurs indications ne sont pas rductibles aux seuls symptmes,
mais une valuation de la dynamique des interactions qui
sexercent entre les symptmes, la personnalit de lenfant et
lenvironnement. Cette valuation clinique repose sur : des
entretiens pdopsychiatriques ; lexploration du fonctionnement
cognitif et affectif de lenfant ; lexploration des fonctions instru-
mentales ; un avis pdiatrique ventuel (examen somatique).
Les indications de la psychothrapie sont larges et fonction
de la dynamique conflictuelle sous-jacente, du retentissement
gnral sur lactivit et le fonctionnement cognitivo-affectif, des
facteurs qui fixent actuellement lexistence du symptme, des
capacits de ressources et de mobilisation de lenfant et de son
entourage (approches psychodynamiques, thrapie familiale,
thrapie de soutien par le jeu, psychothrapie individuelle
dinspiration analytique ou autre type dapproche). Le travail ne
peut seffectuer que sil y a une alliance suffisante avec les
parents. Les processus thrapeutiques mis en uvre permet-
tront de rtablir une dynamique volutive et dattnuer la souf-
france psychique avec des moyens qui varient en fonction de
lge de lenfant (jeux, dessins). Il faut savoir parfois respecter
les demandes manifestes de ladolescent et (ou) de sa famille :
choix de la technique psychothrapique, disparition rapide du
symptme, prise en charge du malaise gnral de ladolescent
Les actions socio-ducatives visant mieux comprendre les tensions
sexerant dans le milieu de vie peuvent aussi tre utilises chez
lenfant ainsi que les thrapies familiales qui pourraient en
dcouler.
2. Psychothrapies comportementales
et cognitives
Elles sintressent principalement aux mcanismes dacquisition
et dapprentissage des comportements normaux et patholo-
giques et aux processus conscients ou inconscients de traitement
de linformation. Limites dans le temps, ces psychothrapies se
caractrisent par leur aspect trs interactif et par le nombre des
tudes scientifiques ayant dmontr leur efficacit, notamment
dans les troubles anxieux. Leurs indications privilgies sont le
refus scolaire, les comportements phobiques, lagoraphobie, les
symptmes obsessionnels et compulsifs, les dpressions dintensit
modre. Elles peuvent tre utilises seules ou en association
avec des traitements psychotropes vis vis desquels elles se
caractrisent par un taux de rechute moins lev une fois le
traitement termin.
Les principales techniques utilises en psychothrapie com-
portementale et cognitive sont : la relaxation, la dsensibilisation
(par exposition in vivo ou en imagination), laffirmation de soi, la
restructuration cognitive. Toutes visent assurer une meilleure
autonomie et un contrle accru du patient sur les divers aspects
pathologiques de son anxit, plutt quune disparition de cette
dernire dont le rle adaptatif doit tre prserv.
Vu le nombre encore limit des spcialistes des psychothrapies
comportementales et cognitives en France, signalons lintrt
potentiel des techniques de relaxation, plus facilement accessibles,
sur la symptomatologie somatique de nombreux troubles
anxieux, notamment lanxit gnralise.
3. Traitements psychotropes
Ils sont surtout utiliss chez ladulte o leur activit est
essentiellement symptomatique ; ils doivent toujours tre associs
une thrapie de soutien associant rassurance, explications
sur les symptmes et information sur le caractre adaptatif de
lanxit normale . Chez lenfant leur indication est plus rare
et leur efficacit na dailleurs jamais t formellement tablie
sur ce terrain en dehors de celle de certains antidpresseurs
dans les TOC ou les phobies scolaires. En fonction de leur dlai
daction on peut distinguer :
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles anxieux et troubles de ladaptation
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1 721
Des psychotropes ayant une activit anxiolytique rapide : Cest
avant tout le cas des benzodiazpines dont de nombreux drivs
existent sur le march. Leurs proprits pharmacologiques
sont voisines : anxiolyse, sdation, activit myorelaxante et
anticonvulsivante. Elles exposent toutes un risque de dpendance
en cas dutilisation prolonge et ne devraient de ce fait pas tre
prescrites de faon continue pour plus de 12 semaines conscu-
tives dans lanxit et pour plus de 4 semaines dans linsomnie.
Mme dans ces cas larrt du traitement devrait tre progressif
afin dviter lapparition dune anxit-rebond ou de symptmes
de sevrage. Les benzodiazpines sont indiques titre sympto-
matique dans le traitement des manifestations danxit inten-
ses et (ou) invalidantes. Elles peuvent tre utilises transitoire-
ment en association avec les antidpresseurs en attendant le
dveloppement de lactivit thrapeutique de
ces derniers. Dans lanxit gnralise elles
peuvent tre utilises seules pour une priode de
temps limite du fait de lvolution souvent
transitoire des symptmes. Dans le trouble pan-
ique, des posologies quotidiennes importantes
doivent parfois tre utilises pour obtenir un
effet thrapeutique (alprazolam : 3 4 mg/j ;
clonazpam : 4 6 mg/j). En ce qui concerne les autres psycho-
tropes daction rapide leur utilisation nest pas taye par des
essais cliniques contrls et relve donc de contre-indications
ventuelles aux benzodiazpines, ou de linefficacit de ces der-
nires : antihistaminiques ou neuroleptiques sdatifs. Les carba-
mates ne devraient plus tre utiliss.
Des psychotropes ayant une activit anxiolytique progressive,
cest--dire se dveloppant en 2 4 semaines. Il sagit avant tout
des antidpresseurs et notamment des inhibiteurs spcifiques
de la recapture de srotonine (ISRS), dont lefficacit dans les
troubles anxieux est indpendante de lexistence dune sympto-
matologie dpressive associe. Cette efficacit a t dmontre
dans lensemble des troubles anxieux de ladulte ( lexception
des troubles de ladaptation et des phobies spcifiques), mme
A / VRAI OU FAUX ?
La phobie sociale est le trouble
anxieux le plus frquent chez ladulte.
La plupart des troubles anxieux de
lenfant risquent de persister chez
ladulte sous une forme identique.
Le risque de survenue dun tat
dpressif majeur est considrablement
accru chez les adultes ayant des
troubles anxieux.
Les troubles anxieux sont rarement
associs les uns avec les autres.
Les patients diagnostiqus en
France comme tant spasmophiles
souffrent en fait le plus souvent de
troubles anxieux.
B /QCM
Lesquels des symptmes suivants peu-
vent accompagner une crise aigu dan-
goisse (attaque de panique) ?
Sensations vertigineuses.
1
5
4
3
2
1
Hallucinations.
Paresthsies.
Comportement agressif.
Baisse de la pression artrielle.
Sensation de perte de contrle.
Nauses, vomissements.
Comportement de fuite.
Dpersonnalisation, dralisation.
Dsorientation temporo-spatiale.
10
9
8
7
6
5
4
3
2
C / QCM
Parmi les troubles psychiatriques sui-
vants, quels sont ceux susceptibles de
rpondre favorablement lutilisation
dantidpresseurs inhibiteurs spcifiques
de la recapture de la srotonine (ISRS) ?
Trouble panique.
Phobie spcifique.
Phobie sociale.
Trouble obsessionnel-compulsif.
Trouble de ladaptation.
5
4
3
2
1
M I N I T E S T
R p o n s e s : A : V , F , V , F , V / B : 1 , 3 , 6 , 7 , 8 , 9 / C : 1 , 3 , 4
POUR EN SAVOIR PLUS
Phobies et obsessions.
w Andr
C (ed). Paris : Doin, 1998.
Psychiatrie de lenfant et de ladolescent.
Collge national universitaire
de psychiatrie.
Paris: In Press Editions, 2000.
Les troubles anxieux. Approche cognitive
et comportementale.
Ladouceur R, Marchand A, Boisvert JM
(eds) Paris : Masson, 1999.
Adolescence et psychopathologie.
Marcelli D, Braconnier A.
Paris : Masson, 1995.
Stress, anxit et pathologies mdicales.
Servant D, Parquet PJ.
Paris ; Masson, 1995.
La phobie sociale : un problme
mconnu
Tignol J
(Rev Prat Med Gen 2002 ; 16 [584] :
1253-7)
Lanxit de sparation : un trouble
grave de lenfant
Bailly D
(Rev Prat Med Gen 2001 ; 15 [546] :
1554-60)
Phobie scolaire : attention danger
Vera L
(Rev Prat Med Gen 2001 ; 15 [545] :
1473-6)
Dpistage du TOC en mdecine gnrale.
Rsultats de ltude ARTOC
Hantouche EG, Angst J, Erriau G et al.
(Rev Prat Med Gen 2001 ; 15 [536] :
931-6)
DJ PARUS DANS LA REVUE
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1 722
si tous ne possdent pas lAutorisation de mise sur le march
(AMM) pour lensemble de ces indications. Les ISRS doivent tre
utiliss aux mmes posologies que celles connues pour tre effi-
caces dans les tats dpressifs majeurs ; seuls les TOC peuvent
ncessiter des posologies plus importantes en cas de non
rponse aux posologies habituelles (fluoxtine : 60 80 mg/j
par exemple). Du fait de la sensibilit accrue des patients souffrant
de troubles panique aux effets secondaires des mdicaments, le
traitement sera initi aux plus faibles doses possibles sur ce terrain.
La sertraline est la seule possder une indication AMM dans les
TOC de lenfant. En ce qui concerne les autres types dantid-
presseurs, la venlafaxine possde une indication AMM dans le
trouble anxieux gnralis. Limipramine peut tre utilise en
seconde intention dans le traitement du trouble panique et la
clomipramine dans celui du TOC. Lutilisation des inhibiteurs de
la mono-amine-oxydase (IMAO) mrite dtre tente dans les
troubles anxieux rsistants et notamment dans les phobies
sociales. La buspirone est un autre psychotrope dactivit pro-
gressive dont lefficacit a t dmontre dans le traitement de
lanxit gnralise et des tats dpressifs anxieux dintensit
modre. Elle est particulirement intressante pour le traitement
du sujet g ou alcoolique du fait de son absence deffets sdatifs
ou cognitifs, dinteraction avec lalcool ou de potentiel addictif B
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles anxieux et troubles de ladaptation
POINTS FORTS
> Le caractre adaptatif de lanxit normale doit tre
respect.
> La frquence des troubles anxieux et des troubles de
ladaptation chez lenfant et ladulte est leve.
>Les troubles anxieux sont frquemment comorbides et
susceptibles de se compliquer (chronisation, dpression,
alcoolisme).
> Les troubles anxieux et dpressifs influencent la pathologie
somatique.
> Les interventions thrapeutiques, notamment chez lenfant,
sont multifactorielles.
> Le trouble doit tre restitu dans une dimension
dveloppementale et dynamique chez lenfant et dans
la trajectoire existentielle de ladulte.
> Il nexiste pas de continuit symptomatique entre lanxit
de lenfant et celle de ladulte.
> Le traitement psychothrapique, notamment les techniques
cognitivo-comportementale est systmatique.
> Des interventions prcoces dans les suites de traumatismes
psychologiques majeurs sont ncessaires.
> Lutilisation des benzodiazpines doit tre limite dans
le temps.
retenir
P
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C
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p u b l i c a t i o n b i m e n s u e l l e d e f o r m a t i o n m d i c a l e c o n t i n u e
3 0 S E P T E M B R E 2 0 0 3 / T O M E 5 3 N 1 4
De nouveaux rles pour les patients B Besoins nutritionnels et apports
alimentaires de ladulte BAthrome BVaccinations BDtresse respiratoire
aigu de ladulte. Corps tranger des voies ariennes suprieures
Vido EEG dans lpilepsie B
Soins psychiatriques aux
victimes BRevue de presse :
purpura thrombocytopnique
cancer du sein et THS B
RFRENCES UNIVERSITAIRES
DE MMOIRE DE MDECIN 1803: le Consulat organise la mdecine
OUVERTURES
M
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RDUIRE LES RSISTANCES BACTRIENNES
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ref_boulenger_1715 13/10/03 19:15 Page 1722
lments doivent tre dvelopps en parallle, avec une intensit
variable en fonction du moment volutif.
Les troubles du comportement alimentaire voluent gnra-
lement sur plusieurs annes, ils doivent bnficier de soins au long
cours, le plus souvent en ambulatoire et rarement en hospitalisation.
HYGINE ALIMENTAIRE
Les fonctions de lalimentation peuvent tre schmatises selon
4 axes principaux : nutritionnels (croissance et entretien), dpenses
nergtiques (physiologiques et psychologiques, constitution de
rserves), symbolique (qui permet, au travers du lien nourricier
mis en place ds la naissance, de structurer lindividu partir des
changes et du plaisir apport), social (mdiation aux changes
L
alimentation est indispensable la
vie sur un plan somatique, mais cest
aussi un lment fondamental sur
lequel se construit le dveloppement psychique
du sujet, et un support important de ses interactions sociales.
Anorexie mentale et boulimie se manifestent par des modifi-
cationsdu comportement alimentaire et des symptmes psychiques.
Les modifications qualitatives et quantitatives du comportement
alimentaire peuvent aller jusqu mettre en jeu le pronostic vital.
Si les symptmes les plus voyants sont somatiques ou biologiques,
lorigine en est psychologique.
Les modles tiopathogniques actuellement retenus dans les
troubles du comportement alimentaire sont multifactoriels. Ils
associent des facteurs individuels (psychologiques et biologiques),
familiaux, et culturels.
Le traitement des troubles du comportement alimentaire doit
tre multifocal, incluant une prise individuelle somatique, psy-
chique et sociale et une prise en charge familiale. Tous ces
I-00-Q000
Troubles du comportement
alimentaire de lenfant et de ladulte
D
r
Nathalie Godart, D
r
Fabienne Perdereau, P
r
Philippe Jeammet
Service de psychiatrie de ladolescent et du jeune adulte, Institut mutualiste Montsouris, 75014 Paris
[email protected]
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5
I-3-Q42
533
Expliquer les principales modalits dune hygine alimentaire correcte.
Diagnostiquer une anorexie mentale et une boulimie.
Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du patient.
Objectifs
Symptme
de dnutrition
et raction
des autres
FACTEURS RENFORANTS
Anorexie mentale en tant que trouble multifactoriel. Daprs Garner, 1993.
Figure
Famille
Insatisfaction
concernant
le poids
et la silhouette
Rgime
pour augmenter
estime et matrise
de soi
FACTEURS PRDISPOSANTS
individu (biologie, psychologie)
FACTEURS PRCIPITANTS
Culture
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534
sociaux). Une hygine alimentaire correcte doit mener bien
toutes ces fonctions. De plus, elle fournit des apports alimentaires
qualitatifs (protines, lipides, glucides, fibres alimentaires, eau,
minraux, vitamines) et quantitatifs (calories) prcis. Elle maintient
lquilibre du poids et des rserves nergtiques du sujet.
Les apports doivent tre adapts au sujet en fonction de son
activit, de son sexe et de la priode de sa vie (enfance, adolescence,
ge adulte, femme enceinte, sujet g). Sur le plan quantitatif,
lalimentation doit apporter environ 2 200 kcal pour une femme
de 60 kg entre 20 et 40 ans ayant une activit physique habituelle,
et 2 700 kcal pour un homme de 70 kg ayant les mmes carac-
tristiques. Sur le plan qualitatif, cet apport devrait se rpartir
en 8 12 % de protines, 30 % de graisses, au minimum 50 %
dhydrates de carbone de haut poids molculaire (sucres lents),
et au maximum 10 % dhydrates de carbone de bas poids mol-
culaire (sucres rapides). Les aliments doivent tre diversifis,
incluant des crales, des lgumes et des fruits varis, des produits
laitiers, de la viande, du poisson, des ufs, des graisses vgtales,
de leau (1,5 L/j en moyenne). Les repas devraient se dcomposer
en 5 squences : petit-djeuner (35 % des apports), collation (5-10 %),
djeuner (25-30 %), goter (5-10 %) et dner (25 %), chaque
repas devant durer un minimum de 20 minutes.
I-3 -Q42
Troubles du comportement alimentaire de lenfant et de ladulte
A Refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus
dun poids minimal normal pour lge et la taille (p. ex. perte de poids
conduisant au maintien du poids corporel moins de 85 % du poids
attendu, ou incapacit prendre du poids pendant la priode de
croissance, conduisant un poids infrieur 85 % du poids attendu).
B Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros,
alors que le poids est infrieur la normale.
C Altration de la perception du poids ou de la forme
de son propre corps, influence excessive du poids
ou de la forme corporelle sur lestime de soi, ou dni
de la gravit de la maigreur actuelle.
D Chez les femmes post-pubres, amnorrhe, cest--dire
absence dau moins 3 cycles menstruels conscutifs (une femme
est considre comme amnorrhique si les rgles ne surviennent
quaprs ladministration dhormones, par exemple strognes).
SPCIFIER LE TYPE
Type restrictif (restricting type) : pendant lpisode actuel
danorexie mentale, le sujet na pas, de manire rgulire,
eu de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqus
ou la prise de purgatifs (laxatifs, diurtiques, lavements).
Type avec crises de boulimie/vomissements ou prise
de purgatifs (binge-eating/purging type) : pendant lpisode actuel
danorexie mentale, le sujet a, de manire rgulire, eu des crises
de boulimie et (ou) recouru aux vomissements provoqus ou la prise
de purgatifs (cest--dire laxatifs, diurtiques, lavements).
Anorexie mentale (anorexia nervosa)
Tableau 1
ANOREXIE MENTALE
tiopathognie
Lhypothse la plus consensuelle actuellement dveloppe est
que lanorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire
dorigine multifactorielle. Elle rsulterait de facteurs prdisposants,
de facteurs dclenchants et de facteurs renforant le compor-
tement (figure).
Les facteurs prdisposants sont pour partie individuels
(personnalit prmorbide du sujet, dpression, anxit, dficit
cognitif et motionnel, fonctionnement psychologique), biolo-
giques (perturbations du systme srotoninergique), familiaux
(gntique, antcdents familiaux, relations familiales) et culturels
(minceur idalise). Parmi les facteurs dclenchant lanorexie
mentale, on note le rgime amaigrissant et les vnements de vie
stressants dont la sparation (sparation des parents, deuils).
Les facteurs prennes tablissent un vritable cercle vicieux.
De l, diverses hypothses se sont dveloppes selon les
coles thoriques (psychanalytique, systmique, comporte-
mentaliste). Selon la thorie psychanalytique, lanorexie men-
tale commence ladolescence, moment de reviviscence des
conflits infantiles, de reprise des conflits didentification. Lano-
rexie mentale masque une dpendance extrme autrui, et
aux parents en particulier. Selon la thorie systmique, elle
serait un symptme qui traduirait un dysfonctionnement fami-
lial lors de la rencontre avec ladolescence. Le symptme
anorexique exercerait alors une fonction de prservation de
lhomostasie familiale. Pour les cognitivistes, elle rsulterait
de la rencontre dune prdisposition gntique et dun vne-
ment : le rgime. Suite cette rencontre, le patient dvelop-
perait de nouveaux schmas cognitifs qui sautorenforceraient
et lui chapperaient.
Diagnostic clinique
La prvalence de lanorexie mentale varie entre 0,5 et 1 %
des filles adolescentes. Elle commence vers 17 ans. Elle est rare
chez le garon : 5 10 % des cas. Le diagnostic dAN se fonde
principalement sur la triade symptomatique des 3 A : un
Amaigrissement (important), une fausse Anorexie (qui est en fait
initialement une restriction volontaire), et une Amnorrhe,
primaire ou secondaire (disparaissant sous contraception
orale (20 30 % des cas). Les critres diagnostiques du DSM-IV
(plus complets) ont t adopts aprs un consensus international
(APA, 1994). Ils dfinissent deux types distincts danorexie
mentale (tableau 1).
Lamnorrhe et lamaigrissement, associs aux autres signes
de lanorexie mentale, permettent gnralement un diagnostic
rapide. Il faut y penser face une jeune fille maigre, sans am-
norrhe, mais sous contraception orale.
Le diagnostic est fond sur lexamen clinique. Les examens
biologiques font le bilan de la dnutrition et recherchent
des complications ou une cause organique en cas de doute
diagnostique.
CARACTRI STI QUES
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535
Prsentation gnrale
Facis maci, anguleux, membres squelettiques (fonte musculaire), NFS : anmie, leuco-neutropnie avec lymphocytose relative
formes fminines effaces, hypertrichose, lanugu (hypoplasie de la moelle osseuse, carence en fer et/ou folates)
Cas svres : impossibilit de passer de la position assise
debout sans saider des mains (dnutrition causant la fonte musculaire)
Pleur, fatigue, intolrance au froid
Acrocyanose, froideur des extrmits, voire troubles trophiques
tat cardiaque et hmodynamique (dysautonomie par augmentation de lactivit parasympathique)
Bradycardie ECG : quasi constants : bradycardie sinusale (plus ou moins arythmie
Pression artrielle basse (dshydratation, hypovolmie) respiratoire) allongement du QT et inversion de londe T
Lorsque la dnutrition saccentue peuvent apparatre : des bradycardies
jonctionnelles, des troubles de conduction auriculo-ventriculaire,
des arythmies auriculaires et ventriculaires, tachycardie ventriculaire
et fibrillation ventriculaire
rechercher : signes dhypokalimie (lis des vomissements,
prise de laxatifs ou de diurtiques) de pricardite
Radiographie de thorax : silhouette cardiaque diminue
chographie cardiaque : paisseur des paroi diminue,
parfois panchement pricardique
Systme nerveux central
Confusion (dnutrition majeure) IRM : atrophie du tissu crbral rversible
Rarement : convulsion (substance blanche et grise : hypercortisolmie)
Hyponatrmie (potomanie)
Troubles digestifs : constants (diminution de la motricit digestive et des scrtions acides de lestomac)
Constipation Transaminases et bilirubine conjugue augmentes
Digestion difficile, ballonnements Statose hpatique lchographie
Hyperamylasmie
Troubles hormonaux
Amnorrhe, perte de la libido Fonction thyrodienne : T3, T4 et TSH normale
Ostoporose (hypercortisolmie, hypogonadisme responsables Fonction gonadotrope : hypo-strognie, baisse de la LH et FSH
dune augmentation de la rsorption et dune diminution de la formation Cortisolmie augmente
osseuse associes une carence en vitamine D et calcium) Hypoglycmie, hyponatrmie
Absorptiomtrie : diminution de la densit minrale osseuse
lvation des phosphatases alcalines
Autres
tat dentaire prcaire (caries, dchaussements dentaires) Panoramique dentaire
major par les vomissements
Calosits sur le dos des doigts
et hypertrophie des parotides
Dshydratation
tat dentaire prcaire (caries, dchaussement),
rosion de lmail
Pharingite, sophagite, gastrite,
reflux gastro-sophagien, ulcration
sophagienne, dilatation aigu
de lestomac, voire rupture gastrique,
syndrome de Mallory-Weiss
Hypokalimie (ECG)
Alcalose hyperchlormique (vomissements)
Acidose hyperchlormique (laxatifs)
Hyperamylasmie
Augmentation de la cratine et de lure,
insuffisance rnale fonctionnelle
SI GNES CLI NI QUES COMPLI QUANT LANOREXI E MENTALE EXAMEN PARACLI NI QUE
Signes cliniques et paracliniques dans lanorexie mentale*
Tableau 2A
COMPLI CATI ONS GNRALES COMPLI CATI ONS SPCI FI QUES COMPLI CATI ONS BI OLOGI QUES
Complications spciques des vomissements
Tableau 2B
R
Q
4
2
* Les mcanismes physiopathologiques et consquences somatiques sont rsums entre parenthses
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1 - Histoire clinique
Outre la triade classique des trois A , sont mis en vidence,
des degrs variables, des comportements complexes lgard
de la nourriture, associant fascination et rpulsion. On retrouve
parfois des stratgies de contrle de poids autres que lanorexie
(hyperactivit, vomissements, prise de laxatifs, de diurtique,
rarement lavements), une peur permanente de grossir. Lestime
de soi est corrle la perte de poids. Le patient nie souvent
ses troubles quil ne peroit pas. On retrouve aussi une dimi-
nution des investissements sociaux au profit dun repli familial,
dun hyper investissement scolaire et des troubles associs :
potomanie, mrycisme ou kleptomanie (qui sont des signes de
gravit).
2-Examen psychiatrique
Il recherche les symptmes danorexie mentale, les lments
orientant vers un diagnostic diffrentiel et les consquences
psychiques de la dnutrition (obsessions, dpression, troubles
du sommeil). Il retrace lhistoire de la maladie et des symptmes
prsents, puis les antcdents psychiatriques personnels ou
familiaux.
3-Examen somatique
Lexamen clinique recherche les signes de gravit, au travers
de la dnutrition, par lvaluation de la perte de poids (poids
actuel/poids initial x 100) et de ltat actuel (indice de masse corpo-
relle [IMC = poids (en kg)/taille
2
(en m]). LIMC varie dans la popu-
lationpour un mme ge et en fonction de lge. Ainsi un IMC au
50
e
percentile est denviron 18 13 ans et 21 18 ans). Ltat
hmodynamique (qui peut expliquer une mort subite) et la ds-
hydratation sont aussi valus.
lexamen, on retrouve des signes aspcifiques lis la dnu-
trition ou aux comportements associs ; ils sont dtaills dans
les tableaux 2A et 2B.
Examens complmentaires
Les examens complmentaires doivent tre mis en place pour le
bilan de la dnutrition et en cas de doute diagnostique (tableau 3).
Diagnostics diffrentiels
En cas de signes dappel somatique, on recherche une tumeur
intracrbrale, un processus malin, une pathologie inflamma-
toire, infectieuse (tuberculose), digestive (maladie de Crohn), ou
endocrinienne (maladie dAddison, panhypopituitarisme).
Il faudra liminer des affections psychiatriques telles quun
tat dlirant associ une anorexie, un tat dpressif avec
amaigrissement.
Diagnostic de gravit
Lurgence peut mettre en jeu le pronostic vital, elle est
somatique ou psychiatrique.
Sur le plan somatique, le principal danger est une dfaillance
hmodynamique. Les facteurs majorant ce risque sont des signes
de gravit : un amaigrissement important (> 30 % du poids
thorique, ou BMI < 14), un amaigrissement rapide, un pouls
< 50/min, une PA < 9/5, une hypokalimie. Ces lments impli-
quent une hospitalisation.
cela sajoutent des lments cliniques (arrt des boissons,
tat dpuisement verbalis par la patiente, apathie, troubles de
la conscience, hypothermie, potomanie). De plus, des vnements
extrieurs peuvent prcipiter une dcompensation (tat infectieux
aigu, effort intense, altitude).
I-3 -Q42
Troubles du comportement alimentaire de lenfant et de ladulte
Tous les patients
Numration formule sanguine et plaquettes Anmie, leuconeutopnie, thrombopnie
Ionogramme sanguin Hypokalimie
Alcalose/acidose hyperchlorhmique
Ure, cratinine, protinmie Dshydratation, insuffisance rnale fonctionnelle
Bilan thyrodien (pour certaines quipes) : T3, T4, TSH Baisse de la T3, T4 normale, TSH normale
Pour les patients trs dnutris
Glycmie Recherche dune hypoglycmie
Transaminases, bilirubine Hypertransaminasmie, hyperbilirubinmie
ECG Bradycardie, signes dhypokalimie, pricardite
Phosphormie, calcmie, magnsmie Hypophosphormie majore par la renutrition, hypocalcmie,
hypomagnsmie
Pour une dnutrition suprieure 6 mois
Bilan dentaire Caries
Absorptiomtrie osseuse Ostoporose
EXAMENS RSULTATS ATTENDUS
Anorexie mentale : examens complmentaires
Tableau 3
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537
Sur le plan psychique, un tat dpressif majeur et un risque
suicidaire lev impliquent une hospitalisation.
Devant les signes de gravit dcrits ci-dessus, la patiente doit
tre hospitalise pour un bilan somatique (v. bilan biologique) et
psychiatrique (valuant ltat dpressif et le risque suicidaire).
En cas durgence somatique, on distingue 3 niveaux de
surveillance :
soit en ranimation pour les cas les plus graves (dfaillance
cardiorespiratoire) ;
soit dans une unit de soins intensifs (anomalies cardiaques et
[ou] ioniques) ;
soit encore dans un milieu hospitalier (mdecine ou psychiatrie).
BOULIMIE
tiopathognie
Plusieurs conceptions tiopathogniques, non exclusives les
unes des autres, ont t proposes pour apprhender ce trouble
selon diffrentes orientations thoriques.
Selon la thorie psychodynamique, la dpendance lentourage
est habituellement massive, avec une grande vulnrabilit aux
variations de la distance relationnelle, qui provoquent parfois des
ractions dpressives ou perscutives, une intolrance la frus-
tration et la solitude et une grande difficult sengager dans
un processus de changement de leurs conduites. Selon la thorie
cognitivo-comportementale, la boulimie a comme point de dpart
des distorsions cognitives concernant limage du corps dont le sujet
est particulirement insatisfait, ce qui amne une restriction
alimentaire drastique, un amaigrissement, auxquels sajoutent
des moments de fringale , dhyperphagie impulsive et des
crises de boulimie. Secondairement, lanxit, face ces com-
portements et la prise de poids, amne des stratgies de
contrle du poids (vomissements, laxatifs) qui soulagent les
symptmes anxieux et renforcent la conduite. Comme pour
lanorexie, lapproche systmique fait du sujet atteint le stigmate
du dysfonctionnement familial. La famille nest pas la cause du
trouble, mais ses modalits relationnelles peuvent participer
sa prennisation. Limplication de certains neurotransmetteurs
a t voque dans le dveloppement des conduites boulimiques
(srotonine et noradrnaline dont les mtabolismes pourraient
tre rguls par lemploi de certains antidpresseurs potentiel-
lement utiles dans le traitement du trouble).
Diagnostic clinique
La boulimie se dfinit comme la survenue dpisodes rpti-
tifs et incontrlables dhyperphagie (crises de boulime), suivis le
plus souvent par des stratgies de contrle du poids, telles que
vomissements, exercice physique ou prise de diurtiques, de
laxatifs ou de coupe-faim. Les crises comprennent plusieurs phases :
tout dabord une excitation pralable avec une sensation de
tension dsagrable, puis laccs de boulimie o le sujet engloutit
la hte des quantits normes de nourriture de composition
variable, enfin un arrt de lingurgitation provoqu le plus souvent
par un tat de malaise physique (cphales, nauses, douleurs
abdominales) associ un malaise psychologique (honte,
remords, sentiment davoir perdu le contrle de soi). Ces crises
sont suivies ou non de vomissements. Les sujets boulimiques ont le
plus souvent un poids normal, mais certains rpondent aux critres
dinsuffisance pondrale, voire danorexie mentale. Ils prsentent
rarement un excs pondral. Comme pour lanorexie, des critres
diagnostiques (DSM-IV) dfinissent cette pathologie (tableau 4).
La boulimie concerne 1 3 % des adolescentes et des jeunes
femmes et 10 fois moins de garons. Mais des crises peuvent
concerner jusqu 28 % des adolescentes et 20 % des adolescents
gs de 10 19 ans. Lge moyen de dbut de la boulimie se situe
entre 17 et 21 ans ; 20 36 % des boulimiques ont des antcdents
danorexie. Chez les sujets atteints de boulimie, diffrentes conduites
impulsives sont frquemment prsentes, comme des achats compul-
sifs, une kleptomanie ou des conduites sexuelles dbrides.
Lassociation du terrain, des crises de boulimie et des stratgies
de contrle du poids permettent le plus souvent un diagnostic positif
sans ambigut. La dmarche diagnostique repose sur lentretien
mdical, qui met en vidence des crises de boulimie et des stratgies
de contrle du poids. Sur le plan psychique, on retrouve souvent
une humeur dpressive ou dysphorique.
R
Q
4
2
A Survenue rcurrente de crises de boulimie (binge eating)
Une crise de boulimie rpond aux 2 caractristiques suivantes :
absorption, en une priode de temps limite (p. ex. < 2 h), dune quantit
de nourriture largement suprieure ce que la plupart des gens absorberaient
en une priode de temps similaire et dans les mmes circonstances
sentiment de perte de contrle sur le comportement alimentaire
pendant la crise (p. ex. ne pas pouvoir sarrter de manger, ou ne pas pouvoir
contrler ce que lon mange, ou la quantit que lon mange)
B Comportements compensatoires inappropris et rcurrents,
visant prvenir la prise de poids, tels que : vomissements provoqus,
emploi abusif de laxatifs, diurtiques, lavements, ou autres mdicaments ;
jene ; exercice physique excessif.
C A et B surviennent tous deux, en moyenne au moins 2 fois par semaine
pendant 3 mois.
D Lestime de soi est influence de manire excessive par le poids
et la forme corporelle. Le trouble ne survient pas exclusivement pendant
des pisodes danorexie mentale.
SPCIFIER LE TYPE
Type avec vomissements ou prise de purgatifs (purging type) : pendant
lpisode actuel de boulimie, le sujet a eu rgulirement recours aux vomis-
sements provoqus ou lemploi abusif de laxatifs, diurtiques, lavements.
Type sans vomissements ou prise de purgatifs (nonpurging type) :
pendant lpisode actuel de boulimie, le sujet a eu dautres comportements
compensatoires, inappropris, tels que le jene ou lexercice physique excessif,
mais il na pas eu rgulirement recours aux vomissements provoqus
ou lemploi abusif de laxatifs, diurtiques, lavements.
Boulimie (bulimia nervosa)
Tableau 4
CARACTRI STI QUES
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L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5
538
Il faut penser ce diagnostic devant des vomissements dcrits
comme spontans mais rptitifs, une alcalose hypochlormique
inexplique, des douleurs type de reflux persistant malgr les
soins (a fortiori devant des lsions fibroscopiques sophagiennes
ou une fissuration de lsophage), des perturbations rnales
inexpliques (insuffisance rnale fonctionnelle le plus souvent),
un tat dentaire trs prcaire (boulimie ancienne), des callosits
sur les doigts (signe de Russell : souvent sur les majeurs, lies
aux irritations par les dents lors des vomissements itratifs), des
demandes itratives de diurtiques ou de laxatifs. Un examen
clinique complet est ncessaire, avec mesure du poids et de la
taille, calcul de lIMC (normal le plus souvent), prise du pouls, de
la tension, et lectrocardiogramme (ECG).
Un bilan biologique est prescrit la recherche des compli-
cations des vomissements : ionogramme sanguin, fonction rnale,
et dautres examens complmentaires, si lon suspecte des
complications (fibroscopie sophagienne, etc.), ou un diagnostic
diffrentiel.
Ce sont les vomissements et lhyperphagie qui expliquent les
manifestations physiques et paracliniques (tableau 2). Sur le plan
psychique, la boulimie saccompagne dune humeur dysphorique,
danxit et de conduites associes (scarifications, vols) lies
une instabilit et une impulsivit.
Diagnostics diffrentiels
Pour affirmer le diagnostic de boulimie, il est assez facile
dliminer les causes dhyperphagie secondaires dorigine orga-
nique : tumeur crbrale (frontale), pilepsie partielle, syndrome
dmentiel, endocrinopathie (hyperthyrodie, Cushing), syn-
drome de Kleine-Levin (prfrentiellement chez les adolescents
de sexe masculin qui associent des crises dhyperphagie, une
hypersomnie et des troubles du comportement sexuel).
Certaines hyperphagies peuvent tre rencontres dans dautres
troubles psychiatriques (accs maniaque, schizophrnie, psychose
infantile) et cest lors de lentretien psychiatrique que le diagnostic
de boulimie est limin.
Lentretien permet aussi de distinguer les crises de boulimie
du grignotage (ingestion rpte daliments sans culpabilit asso-
cie cette conduite ni comportements contre la prise de poids).
Lentretien permet aussi de diffrencier les crises de boulimie de
lhyperphagie alimentaire (surconsommation pendant les repas,
sans caractre incontrlable et incoercible).
Diagnostic de gravit
Plusieurs situations peuvent tre urgentes : les patientes trs
maigres ou maigres avec une mauvaise tolrance cardio-vasculaire
(pouls < 50) associe des vomissements (v. anorexie mentale),
et celles ayant des vomissements extrmement frquents (tat
de mal boulimique), causant une hypokalimie et (ou) avec des
troubles de conduction lECG (v. anorexie mentale).
Une hospitalisation est alors envisager en urgence pour
rhydratation et apport potassique per os ou en intraveineux
suivant le degr de lhypokalimie, avec surveillance du rythme
cardiaque.
La 3
e
situation urgente est celle dune patiente ayant un risque
suicidaire lev quil faut protger en lhospitalisant.
Devant les signes de gravit dcrits ci-dessus, une prise en
charge hospitalire doit tre ralise, avec mise en place dun
bilan somatique et psychiatrique (valuant ltat dpressif et [ou]
suicidaire). Les indications de surveillance et dorientation sont
similaires celles de lanorexie mentale.
PRISE EN CHARGE THRAPEUTIQUE
Anorexie mentale
Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du
patient.
1 - volution naturelle
Lanorexie mentale volue sur plusieurs annes avant la gu-
rison ; 40 50 % dentre elles voluent vers la boulimie. Lano-
rexie mentale devient chronique dans 20 40 % des cas. Les
complications se majorent avec la dure dvolution, mais la
gurison est toujours possible, mme aprs 20 ans dvolution.
La gurison serait de 60 80 % des cas si on prend en compte
la classique triade symptomatique ; elle est rarement obtenue
avant 4 annes dvolution. En revanche, seulement 30 50 %
des sujets seront indemnes de toute pathologie psychiatrique.
Les complications somatiques des carences nutritionnelles, des
comportements visant maigrir, des complications psychologiques
lies aux dsinvestissements affectif et social de lanorexie, se
majorent avec la dure dvolution des troubles. La dpression et
lestroubles anxieux sont trs frquents chez les sujets anorexiques
mentaux (plus de 60 % des cas). Les principaux facteurs de
mauvais pronostic sont : un long dlai avant le dbut des soins,
la prsence de vomissements et de crises de boulimie, une perte
de poids trs importante au dbut des soins, des difficults relation-
nelles parent-enfant avant lanorexie mentale, lge de dbut
(prpubre et dbut tardif), des anomalies dveloppementales
prmorbides, un chec des traitements antrieurs.
I-3 -Q42
Troubles du comportement alimentaire de lenfant et de ladulte
Trouble des conduites
alimentaires
Agman G, Corcos M, Jeammet P
EMC (Paris-France),Psychiatrie,
1994, 37-350-A-10, 16 p
Anorexie mentale
Origines et prise en charge
Godart N, Agman G, Jeammet P
Rev Prat Gyn Obstet 1997 ; 11 : 15-7
Les trois fonctions
du comportement alimentaire
(nutritionnelle, symbolique
et sociale)
Guy Grand B, Le Barzic M
Rev Prat 2000 ; 50 : 480-3
Anorexies et boulimies
Jeammet P
Cah Nutr Diet 1989 ; XXIV, 3
Practice Guideline
for the Treatment
of Patients Eating Disorders
(revision)
Am Psychiatric Assoc
Am J Psychiatry 2000
(Suppl.) ; 157 : 1
Pathogenesis
of Anorexia nervosa
Garner D
The Lancet, vol. 341 :
June 26, p1631-1635 1993
Pour en savoir plus
ref_jeammet 4/03/05 17:06 Page 538
539
2-Stratgie thrapeutique
Le traitement des anorexies mentales peut senvisager soit
en ambulatoire soit en hospitalisation (avec ou sans sparation
familiale, selon les coles), en fonction de la gravit somatique
et (ou) psychiatrique de la situation.
Compte tenu du retentissement somatique de ce trouble, le suivi
psychiatrique doit tre complt par un suivi mdical rgulier.
La prise en charge doit tenir compte de la symptomatologie
alimentaire (suivi nutritionnel), des consquences de la dnutri-
tion, du trouble psychologique et des interactions familiales
autour de lanorexie. Elle est adapte en intensit et en qualit
pour chaque sujet, en fonction de son tat.
Limplication de la famille est fondamentale en tant quallie
thrapeutique, lors de consultations psychiatriques parent-ado-
lescent et pouvant tre complte par une thrapie familiale.
Les mdicaments (anxiolytiques, antidpresseurs) nont dintrt
quen traitement dappoint des troubles anxieux ou dpressifs
caractriss. Seules les thrapies (individuelles et familiales) ont
fait la preuve de leur efficacit dans lanorexie mentale.
3-Surveillance
Sur le plan psychique, lvaluation du suivi doit inclure ltat thy-
mique, les ides suicidaires, le niveau danxit (troubles obses-
sionnels compulsifs, tat anxieux), lvolution du dni des troubles,
de lalliance thrapeutique et lvolution des symptmesalimentaires.
Sur le plan somatique, le BMI (body mass index) est un lment
fondamental de suivi du patient qui doit tre pes chaque
consultation. Il faut aussi quantifier lactivit et les boissons absor-
bes. La frquence du suivi ambulatoire doit tre intensifie en
cas de perte de poids. Ltat cardio-vasculaire est le 2
e
lment
cl de surveillance (pouls, tension, ECG).
En cas de perte de poids importante, de vomissements, de
potomanie ou de symptmes les voquant, pratiquer un bilan
biologique incluant au minimum ionogramme sanguin, cratini-
nmie et NFS (numration formule sanguine).
Outre la progression du poids, une surveillance mdicale sim-
pose la recherche dune dfaillance cardiaque congestive, et
mesure du pouls, de la pression artrielle, de la temprature, de
lionogramme incluant le phosphore, la recherche ddmes et
de symptmes gastro-intestinaux.
En cas de dnutrition svre ou de troubles ioniques, une sur-
veillance cardiaque par monitoring simpose (si poids < 70 % du
poids thorique) surtout la nuit, en raison de bradycardie nocturne.
Le lieu de surveillance doit tre adapt ltat du patient. Lactivit
physique doit tre limite.
Au long cours, la dnutrition et les dsordres mtaboliques ont
des consquences sur ltat gnral de la patiente : il faut souligner
les risques de caries, de complications dentaires, dostoporose
avec fracture, de strilit en cas de maigreur chronique, de colo-
pathie en cas dusage excessif de laxatifs, dinsuffisance rnale
chronique du fait dune hypokalimie chronique.
Tous les risques de complications aigus ou chroniques de la
dnutrition et des conduites associes ainsi que lintrication de ses
troublespsychiques et physiques, doivent tre expliqus au patient.
Enfin, il faut lui faire comprendre qu une priode cl comme
celle de ladolescence, cest son avenir physique, psychique et
social qui est menac par ses troubles.
Boulimie
1 - volution
La boulimie volue sur plusieurs annes selon 3 modalits :
50 % des patients samliorent avec le temps et les symptmes
finissent par disparatre, 30 % vont mieux, mais certains symp-
tmes persistent et 20 % ne samliorent pas.
Les complications de la boulimie sont de 2 types : physiques
et psychiques.
Les complications physiques les plus svres surviennent quand
les conduites de vomissement sont frquentes (v. Anorexie mentale).
Labus de laxatifs peut se compliquer de troubles de la motilit
colique et dune mlanose colique et (cas du sirop dipca) de
cardiomyopathie et de myopathie priphrique, dhypomagn-
smie et dhypophosphatmie. Les troubles boulimiques sont
aussi associs une hypofertilit et une perturbation des cycles
menstruels (rgles irrgulires et peu abondantes) et, moyen
terme, une atteinte osseuse type dostoporose prcoce.
La boulimie, sur le plan psychique, se complique souvent de
dpression, de troubles anxieux, disolement social, de tentatives
de suicide, dalcoolisme.
Les patients ont un meilleur pronostic sils ont peu de
symptmes, un bon niveau de fonctionnement social lors de la
mise en place du traitement, un ge de dbut ladolescence.
Les facteurs pronostiques pjoratifs sont : une longue dure
dvolution, une svrit de la conduite, un BMI bas, une obsit
R
Q
4
2
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Anorexie mentale et boulimie sont des troubles
observs ladolescence et au dbut de lge adulte,
priode o un malaise psychique sexprime bien souvent
par un trouble du comportement.
Ces troubles du comportement alimentaire peuvent mettre
en jeu le pronostic vital du fait danomalies somatiques
lies une dnutrition majeure, de conduites associes,
de conduites risque ou dun raptus suicidaire.
La morbidit somatique et sociale long terme,
au-del mme des troubles du comportement alimentaire,
est importante.
Un dpistage et une prise en charge prcoce
et continue, sur plusieurs annes, sont fondamentaux
afin dobtenir un meilleur pronostic.
Anorexie mentale et boulimie ncessitent une coordination
importante entre mdecins somaticiens et psychiatres,
le traitement du versant psychique et du versant somatique
sont tous deux indispensables et se potentialisent lun lautre.
POINTS FORTS
retenir
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540
prmorbide, une importante distorsion de limage corporelle, une
personnalit borderline , une grande impulsivit, une mauvaise
adaptation sociale, une grande mfiance dans les relations
interpersonnelles et un antcdent de tentative de suicide.
2-Stratgie thrapeutique
Il existe plusieurs modalits thrapeutiques qui pourront tre
associes entre elles. Mais un seul mdecin, psychiatre, doit arti-
culer et coordonner les soins, au vu des difficults de son patient.
Schmatiquement, les 3 principaux objectifs de la prise en charge
sont de rduire, voire supprimer, les crises boulimiques et les
comportements alimentaires anarchiques, de surveiller labsence
dapparition de complications, et de proposer un traitement de
fond des difficults dans ltablissement de la personnalit.
Le suivi somatique porte sur la recherche de complications
ventuelles et leur traitement (v. complications).
Une rducation nutritionnelle et dittique doit tre mise en
place. Une prise en charge psychothrapique individuelle et (ou)
familiale peut tre instaure (comportementale et cognitive ou
analytique), et des thrapies de groupes peuvent tre proposes.
Dans certains cas, des thrapies familiales, des techniques de
relaxation, ou un suivi psychomoteur, peuvent tre des appoints
intressants.
Les antidpresseurs srotoninergiques sont le traitement mdica-
menteux le plus utilis dans la boulimie. Ils peuvent tre proposs
pour des troubles dpressifs (6 mois au minimum) et pour diminuer
les crises sur quelques semaines (ensuite, on observe un chappement).
Les patients boulimiques ont souvent une avidit importante
pour les soins quils sont tents de commencer, mais dans lesquels
ils ont des difficults sengager dans une continuit. Le rfrent
doit les inciter poursuivre pendant plusieurs annes les soins qui
ont t mis en route. I
I-3 -Q42
Troubles du comportement alimentaire de lenfant et de ladulte
MINI TEST DE LECTURE
Le pic de frquence de lanorexie mentale
est ladolescence.
La boulimie est plus frquente chez les garons.
Le diagnostic danorexie mentale est clinique. 3
2
1
A / VRAI OU FAUX ?
Dans les tats de dnutrition grave lis lanorexie
mentale le pronostic vital nest jamais en jeu.
Lhypokalimie est une consquence
des vomissements.
Un amaigrissement rapide est plus grave
quun amaigrissement progressif.
Le traitement de lanorexie mentale
et de la boulimie se conoit sur plusieurs annes.
4
3
2
1
B / VRAI OU FAUX ?
Concernant lanorexie mentale on peut dire que :
La mortalit est denviron 10 % 10 ans
dvolution.
La boulimie peut survenir dans le tableau clinique
aprs quelques annes dvolution.
La gurison peut toujours survenir
mme aprs 20 ans dvolution.
Lvolution se fait toujours vers la psychose.
Les soins sont exclusivement psychiatriques. 5
4
3
2
1
C / QCM
R p o n s e s : A : V , F , V / B : F , V , V , V / C : 1 , 2 , 3 .
MINI TEST DE LECTURE de la QUESTION 183 p. 565
Une valuation psychologique est systmatique
lors de lexamen initial.
Le dpt dune plainte est obligatoire.
2
1
A / VRAI OU FAUX ?
Les examens des enfants de moins de 3 ans
doivent obligatoirement tre raliss sous anesthsie
gnrale.
Un examen gnital normal limine le diagnostic
de violence sexuelle.
2
1
B / VRAI OU FAUX ?
Parmi les signes suivants, lesquels sont vocateurs
dune agression sexuelle ?
Prsence dun corps tranger urtral.
dme prputial.
Cryptorchidie.
Torsion testiculaire. 4
3
2
1
C / QCM
R p o n s e s : A : V , F / B : F , F / C : 1 , 2 .
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1 835
PARTIE I / MODULE 3
MATURATION ET VULNRABILIT
Q 39
Troubles du comportement
de ladolescent
P
r
Daniel Bailly
1
, D
r
Marie-Brengre de Chouly de Lenclave
2
1. Fdration de psychiatrie de lenfant et de ladolescent, hpital Sainte-Marguerite, 13009 Marseille
2. Service de psychiatrie de lenfant et de ladolescent, clinique Fontan, centre hospitalier rgional universitaire, 59037 Lille Cedex
L
e comportement dun sujet se dfinit par sa manire dtre
habituelle ou occasionnelle, dagir dans son milieu et sur son
milieu, de ragir aux modifications de celui-ci. Le terme
conduite est aussi gnralement employ dans ce sens. Toute
personnalit, normale ou pathologique, sexprime travers les
comportements du sujet. Cest dire demble lhtrognit dun
tel chapitre qui va ncessairement regrouper des conduites et
des comportements trs divers. On pourrait mme y inclure
presque toute la psychopathologie de ladolescent, dans la
mesure o celle-ci a toujours des manifestations extrieures.
Quoi quil en soit, lhabitude a t prise de regrouper sous
les termes troubles du comportement les symptmes qui
sexpriment dans la sphre de lagir et qui mettent en cause les
relations actuelles de ladolescent avec son entourage. En effet,
ce sont des troubles qui provoquent toujours des ractions
dans lentourage, qui mettent en cause les parents et les ensei-
gnants dans leurs attitudes ducatives, parfois le groupe social
tout entier et en particulier la loi et le systme judiciaire. De ce
fait, ils motivent trs frquemment la consultation, quelle que
soit la structure psychopathologique de ladolescent.
Dun point de vue descriptif, les classifications retiennent
habituellement sous ce terme le Trouble hyperactivit avec dfi-
cit de lattention (THADA) et les comportements dits perturba-
teurs : le trouble des conduites (TC) et le trouble oppositionnel
avec provocation (TOP). Des tudes ont dailleurs montr que les
symptmes dfinissant ces diffrents troubles taient troite-
ment corrls, ce qui peut expliquer leur association frquem-
ment observe chez un mme adolescent, mais ce qui pose
aussi le problme de leurs limites diagnostiques.
DU NORMAL AU PATHOLOGIQUE
TROUBLES DU COMPORTEMENT
ET DVELOPPEMENT
Ladolescence est une priode de transition marque par
dimportants remaniements affectant essentiellement et succes-
sivement le corps, la pense, la vie sociale et la reprsentation
iOBJECTIFSi
Expliquer les caractristiques
comportementales et psychosociales
de ladolescent normal.
Identifier les troubles du
comportement de ladolescent
et connatre les principes
de la prvention et de la prise
en charge.
POINTS FORTS
> Les troubles du comportement de ladolescent ne constituent pas une catgorie homogne :
ni sur le plan clinique, ce chapitre regroupant des conduites et des comportements
divers pouvant sassocier dautres troubles ;
ni sur le plan tiologique, le dterminisme de ces troubles dpendant de nombreux
facteurs dont le poids respectif va varier dun sujet lautre ;
ni sur le plan thrapeutique, les stratgies daide et de soins proposes tant nombreuses
et devant tre adaptes chaque cas particulier.
comprendre
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L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 3 : 5 3
1 836
de soi. Le processus dveloppemental inscrit dans cette
priode implique la ncessit pour ladolescent de tester et
de modifier ses attitudes et ses comportements au fur et
mesure de son volution et des interactions vcues avec son
environnement. Cet apprentissage par essais et erreurs
revt une importance majeure pour son avenir : il permet la-
dolescent de dcouvrir puis dlaborer son propre systme de
valeurs sociales travers la prise de conscience de soi et laffir-
mation de son identit ; il lui permet datteindre la fois le senti-
ment dindividualisme et dintgration sociale. Cette volution
constante entrane des difficults spcifiques et fournit lado-
lescent des modalits dexpression particulires, variables dans
le temps.
Ainsi, les transformations inhrentes chaque domaine
saccompagnent-elles dun certain nombre de tches dvelop-
pementales, cest--dire de ralisations psychologiques qui
revtent un caractre impratif et un aspect durgence un
moment prcis du dveloppement. Ce concept de tche dve-
loppementale permet de dcrire les accomplissements
psychosociaux qui simposent tous les individus lors des pro-
gressives tapes de son dveloppement. Cest dire aussi que le
dveloppement de tout adolescent tmoigne certains
moments dune discordance entre ses diffrentes lignes
maturatives, lorigine de comportements de maturit
ingale.
Le diagnostic de troubles du comportement devra tenir
compte du niveau de dveloppement atteint par ladolescent.
Plus que la nature mme des comportements observs, cest
leur ge de survenue, leur intensit, leur dure anormalement
prolonge, leur retentissement sur le fonctionnement de lado-
lescent qui indiqueront leur caractre pathologique. Se pose ici
le problme de la dtermination du seuil permettant de dfinir la
ligne de partage entre le normal et le pathologique. Chez lado-
lescent, la distinction entre les stress normaux temporaires et
les troubles psychiques peut tre difficile si lon ne prend en
considration quun phnomne isol, une conduite ou un com-
portement donn : seule lvaluation du fonctionnement global
de la personnalit permet en gnral de saisir les interfrences
et de prciser le risque dentrave de la poursuite de lvolution
vers lge adulte.
TROUBLES DU COMPORTEMENT
ET ENVIRONNEMENT
Il est vident que lvaluation du normal et du pathologique
dans le fonctionnement dun adolescent ne saurait ignorer le
contexte environnemental. Chez ladolescent, la demande de
soins est en gnral issue dun adulte face un comportement
perturb, ou jug comme tel, de ladolescent. Certes, ce com-
portement peut tmoigner chez ladolescent de perturbations
plus ou moins profondes. Mais de nombreux comportements
jugs pathologiques par lentourage apparatront aussi en
ralit soit comme lexpression de lvolution de ladolescent,
soit comme le signe dune protestation saine, ou encore comme
le signe de la pathologie de lentourage. Le rapport lagir int-
gre dans son laboration et sa socialisation non seulement
celui qui agit, mais aussi celui devant qui, avec qui, sur qui, pour
qui on agit. Le rapport lagir se trouve ainsi subordonn aux
impratifs socioculturels propres chaque milieu et un mme
comportement peut avoir un sens trs diffrent selon quil sur-
vient chez un adolescent bnficiant dun apport familial satis-
faisant ou au contraire chez un adolescent vivant au milieu dune
dsorganisation gnrale.
Par ailleurs, les comportements des adolescents sont large-
ment domins par la notion subjective de conformit la nor-
malit suppose. Les pressions sociales de conformit aux
modles idaux, vhiculs par la culture et les mdias et, de
faon plus contraignante encore, par le groupe des pairs du
mme ge ( ladolescence, les comportements sont largement
dtermins par le groupe), peuvent rendre compte de limpor-
tance aujourdhui chez les adolescents de certains comporte-
ments. Cependant, si les comportements des adolescents pren-
nent place dans un univers familial et culturel donn auquel ils
sont souvent emprunts, ladolescent leur donne aussi un autre
sens, propre son ge, ses intrts et ses difficults.
Cest dire que le choix de tel ou tel comportement par rapport
toute autre forme dexpression symptomatique savrera tou-
jours hautement significatif et informatif, non seulement par
rapport ladolescent lui-mme, mais aussi dans ce quil indique
de son mode de relation lentourage : les troubles du compor-
tement de ladolescent ne peuvent tre compris que dans un
contexte individuel et environnemental particulier chaque
sujet, o ils prennent sens.
DONNES PIDMIOLOGIQUES
Les chiffres retrouvs dans la littrature varient considra-
blement dune tude lautre, principalement du fait de lhtro-
gnit des populations tudies et de la diversit des moyens
dvaluation utiliss.
La prvalence du THADA est estime entre 3 et 5 % chez les
enfants dge scolaire. Si le trouble dbute, par dfinition, avant
lge de 7 ans, les symptmes du THADA, en particulier les
manifestations dhyperactivit et dimpulsivit, tendent dimi-
nuer dintensit avec lge. Globalement, une rmission totale
du trouble est observe dans 20 % des cas environ, le plus sou-
vent ladolescence, une stabilit du trouble dans 40 % des cas
environ, et une aggravation dans 40 % des cas environ. Toutes
les tudes saccordent sur la trs nette prdominance mascu-
line du THADA, avec une rpartition allant de 4 9 garons
pour 1 fille.
Le TC reprsente le premier diagnostic retrouv en popula-
tion clinique. Sa prvalence est estime entre 6 et 16 % chez les
garons et entre 2 et 9 % chez les filles.
La prvalence du TOP est estime entre 2 et 16 %. Des don-
nes suggrent que le TOP pourrait reprsenter une forme rela-
tivement mineure du TC, celui-ci tant souvent prcd dun
TOP. Ainsi, le TOP apparat-il plus frquent chez les enfants gs
de moins de 10 ans, contrairement au TC, plus frquemment
observ chez ladolescent.
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Troubles du comportement de ladolescent
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DIAGNOSTIC POSITIF
TROUBLE HYPERACTIVIT
AVEC DFICIT DE LATTENTION
La caractristique essentielle du THADA (encore parfois
appel trouble hyperkintique) consiste en la persistance de
signes et de symptmes dinattention et (ou) dhyperactivit-
impulsivit plus frquents et plus svres que chez la plupart
des sujets ayant atteint le mme niveau de dveloppement.
Certains de ces signes ou de ces symptmes doivent avoir t
prsents avant lge de 7 ans. Ils doivent entraner un certain
degr de gne fonctionnelle dans au moins 2 types denvironnement
diffrents (par exemple la maison et lcole) et tre responsables
dune altration cliniquement significative du fonctionnement de
ladolescent.
Les perturbations de lattention se manifestent par linter-
ruption prmature des tches entreprises et leur abandon
dans un tat inachev. Ladolescent ne se tient pas suffisam-
ment son travail pour le terminer, il a du mal organiser et
achever ses tches correctement, passant frquemment dune
activit une autre. Il donne souvent limpression de ne pas
couter quand on lui parle, se laisse facilement distraire par des
stimulus extrieurs, avec des oublis frquents. Lhyperactivit
est responsable dune agitation excessive, tout particulirement
dans les situations qui exigent un certain calme. Ladolescent a
du mal rester assis, il remue et se tortille sur son sige, il dam-
bule dans la pice, parle sans arrt ou fait beaucoup de bruit,
manipule sans cesse des objets. Il agit comme sil tait mont
sur ressorts . Limpulsivit se traduit par des rponses prcipi-
tes aux questions avant mme quon ait termin de les poser,
par des commentaires faits la place dun autre, par limpossibi-
lit dattendre son tour dans les activits de groupe. Ladolescent
interrompt souvent les autres dans leurs activits, fait irruption
dans les conversations.
Le DSM-IV (Association amricaine de psychiatrie) distingue
3 formes cliniques en fonction de la symptomatologie prdomi-
nante : le type inattention prdominante, le type hyperactivit-
impulsivit prdominante et le type mixte.
Les tudes catamnestiques suggrant que le devenir lado-
lescence ou lge adulte peut tre influenc pour une large
part par lassociation du trouble un comportement agressif,
dlinquant ou dyssocial, la CIM-10 (Organisation mondiale de la
sant) distingue les perturbations de lactivit et de lattention,
et le trouble hyperkintique associ un trouble des conduites
(cette dernire forme clinique tant retrouve dans plus de 50
60 % des cas).
TROUBLE DES CONDUITES
La caractristique essentielle du TC est un ensemble de
conduites, rptitives et persistantes, dans lequel sont bafous
les droits fondamentaux dautrui ou les normes et rgles sociales
correspondant lge du sujet. Les perturbations du comporte-
ment doivent entraner une altration cliniquement significative
du fonctionnement de ladolescent.
Le diagnostic repose sur la prsence de conduites telles que :
manifestations excessives de bagarres et de tyrannie, cruaut
envers des personnes ou des animaux, destruction des biens
dautrui, conduites incendiaires, vols, mensonges rpts, cole
buissonnire et fugues, crises de colre et dsobissance anor-
malement frquentes et graves. Ces conduites dpassent large-
ment le cadre des mauvais tours ou mauvaises blagues
ou celui des attitudes habituelles de rbellion des adolescents.
Des actes dyssociaux ou criminels isols ne sont pas non plus
suffisants pour porter ce diagnostic.
Le DSM-IV distingue plusieurs formes cliniques :
en fonction de lge de survenue, avant ou aprs 10 ans ;
en fonction de la svrit du trouble et de limportance des
dommages occasionns autrui : lger, moyen, svre.
Dans la CIM-10, sont prises en compte les conditions de surve-
nue du trouble :
le TC limit au milieu familial survient presque toujours dans
un contexte de grave perturbation des relations entre ladoles-
cent et un ou plusieurs membres de sa famille ;
le TC de type mal socialis saccompagne dune altration
globale et significative des relations de ladolescent avec les aut-
res adolescents ;
le TC de type socialis se manifeste chez des adolescents
habituellement bien intgrs dans leur groupe dge (dlin-
quance de groupe , actes antisociaux commis en bande ).
TROUBLE OPPOSITIONNEL AVEC PROVOCATION
La caractristique essentielle du TOP est un ensemble de
comportements persistants, ngativistes, hostiles ou provoca-
teurs. Ces comportements doivent survenir plus frquemment
quon ne lobserve habituellement chez des sujets dge et de
niveau de dveloppement comparables dans un mme contexte
socioculturel. Ils doivent entraner une altration cliniquement
significative du fonctionnement de ladolescent.
Peu cooprants, rsistants lautorit, les adolescents
atteints de ce trouble contestent frquemment ce que disent les
adultes. Ils dfient souvent activement les ordres ou les rgles.
Ils agacent dlibrment les autres. Ils sont habituellement col-
riques, rancuniers et susceptibles, et accusent facilement les
autres dtre responsables de leurs propres erreurs ou de leur
mauvaise conduite. Peu tolrants la frustration, ils se mettent
facilement en colre et se montrent souvent mchants, vindica-
tifs et pleins de ressentiment. Leur comportement a typique-
ment une allure provocatrice, ce qui entrane souvent des
confrontations.
DIAGNOSTIC DIFFRENTIEL
Pris sparment, les signes et les symptmes qui dfinissent
les troubles du comportement apparaissent en fait peu
spcifiques et peuvent tre retrouvs dans de nombreux autres
troubles mentaux : retard mental et troubles envahissants du
dveloppement, schizophrnie et autres troubles psychotiques,
troubles de lhumeur (dpression, dysthymie, manie), troubles
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anxieux (anxit gnralise, anxit de sparation), troubles
lis lutilisation de substances. Cest dire quil convient de sas-
surer que les signes et les symptmes observs ne peuvent pas
tre mieux expliqus par la prsence de lun de ces troubles. Les
troubles du comportement peuvent cependant aussi se surajou-
ter ces troubles.
CARACTRISTIQUES ASSOCIES
ET COMORBIDIT PSYCHIATRIQUE
La prsence dun trouble du comportement doit systmati-
quement faire rechercher dautres troubles associs. Cette
recherche doit tre dautant plus soigneuse quelle est rendue
difficile par le fait que les troubles du comportement apparais-
sent souvent au premier plan du tableau clinique (des tudes ont
montr quun entretien libre pouvait ignorer jusqu 60 % des
dpressions associes au TC).
RETARD MENTAL
Si les adolescents atteints dun THADA peuvent prsenter
tous les degrs de dveloppement intellectuel, la mesure de
lefficience intellectuelle par les tests standard retrouve fr-
quemment chez eux une dissociation importante entre le QI
(quotient intellectuel) verbal et le QI performance. La diminu-
tion du QI verbal apparat significativement lie la dimen-
sion hyperactivit-impulsivit. Ces donnes doivent tre pri-
ses en compte dans linterprtation des rsultats (les
symptmes du THADA pourraient expliquer 3 10 % de la
variance du QI).
Dun autre ct, de nombreux signes et symptmes du
THADA, du TC et du TOP peuvent tre retrouvs chez les adoles-
cents prsentant un fonctionnement intellectuel limite ou un
retard mental. Ces adolescents sont souvent dcrits comme
gocentriques, centrs sur eux-mmes mais suggestibles, cr-
dules, mythomanes, impulsifs, instables, intolrants aux frustra-
tions, adoptant selon les cas des attitudes de repli ou de passi-
vit, dopposition ou de compensation inadapte. Si le
diagnostic additionnel de troubles du comportement ne peut
tre retenu que lorsque les symptmes en question sont exces-
sifs pour lge mental de ladolescent, il nen reste pas moins que
la prvalence de ces troubles, parmi les enfants et les adoles-
cents atteints de retard mental, apparat 3 4 fois plus leve
que dans la population gnrale.
TROUBLES DE LA COMMUNICATION
Des antcdents de troubles de la communication sont retrouvs
chez 10 55 % des adolescents prsentant un THADA, alors que
la prvalence de ces troubles en population gnrale est esti-
me entre 2 et 25 %. Cette diffrence apparat essentiellement
lie la frquence leve des troubles du langage de type
expressif associs au THADA.
Inversement, environ 15 35 % des adolescents ayant ou
ayant eu un trouble de la communication prsenteraient
galement un THADA.
TROUBLES DES APPRENTISSAGES
Des antcdents de troubles des apprentissages (troubles de
la lecture, du calcul et [ou] de lexpression crite) sont galement
retrouvs chez 10 40 % environ des adolescents ayant un
THADA.
Des troubles de la communication et des troubles des
apprentissages sont aussi frquemment retrouvs chez les ado-
lescents prsentant un TC ou un TOP. Ce rsultat serait en fait
principalement li la forte comorbidit observe entre le TC ou
le TOP et le THADA. Cest dire quil convient de rechercher syst-
matiquement un THADA devant tout adolescent prsentant un
TC ou un TOP associ des dficits cognitifs ou instrumentaux.
TROUBLES DU CONTRLE SPHINCTRIEN
Des antcdents dencoprsie et (ou) dnursie sont plus
frquemment retrouvs chez ces adolescents que dans la popu-
lation gnrale.
TROUBLES DU SOMMEIL
Des troubles du sommeil persistants, type dinsomnie, sont
retrouvs chez environ 50 60 % des adolescents prsentant
un THADA. Cette prvalence apparat significativement plus le-
ve que celle retrouve en population gnrale (environ 25 %).
Ces troubles du sommeil (difficults dendormissement, veils
intra-sommeil frquents) seraient manifestes ds le plus jeune
ge dans plus de 50 % des cas.
TICS
Un THADA et (ou) un TC sont frquemment retrouvs chez
les adolescents prsentant une maladie de Gilles de la Tourette.
TROUBLES SOMATOFORMES
Des tudes montrent que les adolescents prsentant des
troubles du comportement rapportent plus de plaintes soma-
tiques (cphales, douleurs abdominales, etc.) que les autres,
lesquelles peuvent justifier un diagnostic additionnel de trouble
somatisation. Ce trouble est retrouv chez environ 25 % des
garons et 35 % des filles prsentant un THADA. Il est aussi sou-
vent mentionn dans lvolution du TC.
TROUBLES ANXIEUX
Lassociation troubles anxieux-THADA concerne environ 25
% des adolescents prsentant lun ou lautre de ces troubles, les
plus frquents tant le trouble anxit gnralise et le trouble
anxit de sparation. Plusieurs travaux plaident en faveur
dune relation privilgie entre dficit de lattention et troubles
anxieux (la dimension hyperactivit-impulsivit tant plus lie
au TC).
Globalement, plusieurs tudes suggrent que les troubles
anxieux pourraient avoir une influence protectrice vis--vis des
comportements antisociaux se produisant notamment lext-
rieur de la famille. Les garons qui prsentent un TC associ un
trouble anxieux sont significativement moins dviants que ceux
ayant un TC isol. Les taux de rcidives chez les jeunes
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dlinquants ayant un niveau danxit lev seraient ainsi plus
faibles que chez les jeunes dlinquants non anxieux. Le trouble
anxit de sparation semble toutefois avoir une action inhibi-
trice sur les actes antisociaux moindre par rapport au trouble
anxit gnralise, notamment en ce qui concerne les compor-
tements antisociaux observs lintrieur de la famille. Dans la
CIM-10, lassociation TC-anxit doit tre cote trouble mixte
des conduites et des motions . Cette catgorie diagnostique
particulire a t individualise en raison de son importance
tiologique et thrapeutique potentielle.
TROUBLES DE LHUMEUR
La prsence de symptmes dpressifs, tels que faible estime
de soi, autodprciation, dmoralisation, dysphorie ou dysthy-
mie est frquente, et plusieurs auteurs sinterrogent sur la ques-
tion de savoir si ces symptmes doivent tre considrs comme
une composante du THADA ou comme une consquence des
comportements perturbateurs. Quoi quil en soit, lassociation
dpression majeure-THADA concerne en moyenne 25 % des
adolescents prsentant lun ou lautre de ces troubles. De mme,
environ 6 10 % des adolescents ayant un THADA prsente-
raient un trouble bipolaire, le diagnostic diffrentiel entre
THADA et troubles affectifs de type maniaque savrant parfois
difficile.
La frquence de lassociation entre conduites antisociales,
humeur dpressive et dpression chez ladolescent est une don-
ne connue depuis longtemps, au point que certains auteurs ont
pu affirmer que trouble de lhumeur et TC taient 2 conditions
insparables chez ladolescent. La prvalence du TC et du TOP
est 3,5 9,5 fois plus leve chez les adolescents dprims que
chez les adolescents non dprims. La frquence de la dpres-
sion chez les adolescents prsentant un TOP ou un TC est aussi
augmente. Ces donnes ont conduit les experts de la CIM-10
individualiser au sein de la catgorie diagnostique troubles
mixtes des conduites et des motions une entit clinique parti-
culire appele trouble des conduites avec dpression.
TROUBLES PSYCHOTIQUES
Un TC ou un TOP est retrouv chez environ 30 % des adoles-
cents schizophrnes. De mme, des troubles du comportement
sont frquemment rapports dans les antcdents des sujets
qui vont dvelopper une schizophrnie la fin de ladolescence
ou au dbut de lge adulte. Cest dire que devant tout adoles-
cent prsentant un TOP ou un TC, il convient de rechercher dau-
tres signes pouvant faire suspecter une volution vers un trou-
ble psychotique (histoire prmorbide marque par des retards
de dveloppement, dficits cognitifs, bizarrerie des comporte-
ments, mfiance et susceptibilit excessives, difficults relation-
nelles et dadaptation sociale).
TROUBLES LIS LUTILISATION
DE SUBSTANCES
Lassociation troubles lis lutilisation de substances-
THADA apparat frquente ladolescence, probablement
en raison de la forte comorbidit observe entre THADA et TC.
Le TC est en effet lun des facteurs les plus prdictifs de la surve-
nue dun abus ou dune dpendance lalcool ou aux drogues
(25 55 % des adolescents prsentant un TC dvelopperaient
un trouble li lutilisation de substances). Certains auteurs sin-
terrogent mme sur le caractre artificiel de la diffrenciation
entre TC et troubles lis lutilisation de substances, labus dal-
cool et (ou) de drogues pouvant sintgrer dans lensemble des
manifestations du TC. Des tudes suggrent que les troubles lis
lutilisation de substances et le TC pourraient tre, au moins en
partie, sous-tendus par des facteurs de vulnrabilit communs.
FACTEURS TIOPATHOGNIQUES
De nombreux facteurs peuvent tre en cause dans le dter-
minisme des troubles du comportement. De limportance
respective de ces diffrents facteurs vont dpendre les formes
cliniques observes et la nature des troubles associs.
FACTEURS GNTIQUES
Toutes les tudes plaident en faveur dune agrgation fami-
liale des troubles du comportement. Les apparents au premier
degr des enfants et des adolescents prsentant un THADA ont
4 fois plus de risque de prsenter le trouble que ne le voudrait le
simple hasard. Les tudes dadoption et de jumeaux permettent
destimer le poids de lhritabilit dans ce trouble en moyenne
aux alentours de 80 %; il apparat moindre dans le TC que dans
le THADA. Des facteurs de vulnrabilit gntiques intervien-
nent cependant (ces facteurs pourraient sous-tendre certains
traits cognitifs ou de temprament, ou favoriser la survenue de
troubles neuropsychiatriques, qui vont rendre le sujet plus sensi-
ble aux facteurs de stress environnementaux et contribuer ainsi
au dveloppement des conduites antisociales).
FACTEURS NEUROLOGIQUES
Une lsion crbrale a minima ou un dsordre crbral
mineur ont longtemps t considrs comme une des causes
principales des troubles du comportement de lenfant et de la-
dolescent. Des symptmes de THADA et de TC sont frquem-
ment rencontrs chez des enfants et des adolescents prsen-
tant des dsordres crbraux rsultant de causes diverses :
traumatismes de la naissance (anoxie crbrale), infections
(rougeole), intoxications (plomb, enfants ns de mre alcoolique
ou toxicomane), pilepsie, traumatismes crniens, ainsi que
chez les enfants et les adolescents prsentant un dficit senso-
riel auditif ou visuel. Cependant, mme dans ces cas, il est sou-
vent impossible dliminer le rle probable jou par dautres fac-
teurs (retard mental, conditions socio-conomiques
dfavorables, perturbations des interactions parents-enfant).
Par ailleurs, si des signes neurologiques mineurs dimmaturit
motrice et dincoordination sensorimotrice peuvent tre retrouvs
chez les sujets prsentant un THADA, ceux-ci napparaissent
nullement spcifiques. En fait, on estime quune lsion crbrale
pourrait contribuer au dveloppement des troubles du compor-
tement dans moins de 5 % des cas seulement.
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Nanmoins, de nombreux travaux soulignent les similitudes
retrouves entre certains symptmes du THADA et les squelles
comportementales observes aprs un traumatisme ou une
lsion du lobe frontal (et plus particulirement du cortex pr-
frontal).
1. Donnes neuropsychologiques
De nombreuses tudes confirment lexistence de perturba-
tions dans les rponses aux tests neuropsychologiques explo-
rant les fonctions du lobe frontal (dficits des fonctions excuti-
ves et dinhibition) chez les sujets avec un THADA ou un TC, et
plus gnralement chez les enfants et les adolescents prsen-
tant des tendances agressives marques. Dans le THADA, les
tests perceptivo-moteurs sont pratiquement toujours pertur-
bs, en particulier dans le domaine visuo-moteur, et des troubles
de lorganisation spatio-temporelle sont frquents. Les mmes
perturbations sont retrouves, un degr moindre, chez les fr-
res et surs des sujets ayant un THADA, mme en labsence de
tout signe clinique. Un dysfonctionnement des lobes prfron-
taux, peut-tre en partie gntiquement dtermin, pourrait
ainsi sous-tendre le THADA. Ces dficits cognitifs pourraient
aussi favoriser le dveloppement du TC, en rendant ces sujets
moins sensibles aux consquences potentiellement ngatives
de leurs actes (faibles capacits dorganisation et danticipation).
2. Donnes neurophysiologiques
Des anomalies lectroencphalographiques sont frquem-
ment retrouves chez les sujets prsentant un THADA ou un TC
(augmentation de lactivit thta, gnralise ou plus localise,
activit bta excessive, pointes localises en labsence de toute
crise clinique). Ces anomalies napparaissent cependant pas sp-
cifiques (elles sont retrouves chez environ 15 % des enfants et
des adolescents sans THADA ni TC).
Les potentiels voqus visuels et auditifs sont souvent per-
turbs dans le THADA (temps de latence plus prolong et ampli-
tude plus basse, notamment dans les composantes tardives).
Ces donnes, comme les rsultats des tudes dimagerie cr-
brale fonctionnelle, corroborent lhypothse dun dysfonction-
nement des rgions prfrontales.
3. Donnes neuro-endocriniennes
et neurochimiques
Des donnes suggrent lexistence dun dysfonctionnement des
systmes catcholaminergiques (dopaminergique et [ou] noradr-
nergique) centraux dans le THADA et le TC. Un dficit srotoniner-
gique pourrait aussi sous-tendre limpulsivit et lagressivit.
Dautres facteurs pourraient aussi tre impliqus, soit en aug-
mentant la vulnrabilit du sujet au stress (systme CRH/axe
corticotrope, systme nerveux autonome), soit en favorisant les
conduites agressives (testostrone).
FACTEURS PSYCHIATRIQUES
1. Temprament
Le temprament peut se dfinir comme un ensemble dattitu-
des, de conduites et de comportements, stable dans le temps,
sous-tendu par des facteurs biologiques, en grande partie gn-
tiquement dtermins. Lhypothse actuellement dveloppe
est quil y aurait une vulnrabilit accrue aux troubles psychopa-
thologiques ds lors quil existe une incompatibilit trop impor-
tante entre le temprament de lenfant, ses capacits dadapta-
tion, son niveau dorganisation cognitive et les exigences de son
entourage. Le pattern de traits associ aux troubles du compor-
tement (THADA et TC) comprend une qualit de lhumeur nga-
tive, une faible persistance et une faible adaptabilit, des
niveaux levs dactivit et de distractibilit, des ractions mo-
tionnelles intenses. Ce pattern est proche de ce que lon dcrit
sous le terme de temprament difficile . Limpulsivit et un
haut degr de recherche de sensations pourraient aussi favori-
ser la survenue de comportements antisociaux durables.
2. Troubles psychopathologiques
La nature des relations unissant les troubles du comporte-
ment aux autres troubles mentaux est certainement complexe
(cause, consquence, coexistence) et varie probablement dun
sujet lautre.
Les relations THADA-troubles anxieux ont donn lieu diff-
rentes interprtations. Pour certains auteurs, linattention pour-
rait sinterprter comme secondaire lanxit, intrinsque-
ment lie elle, tandis que lhyperactivit pourrait reprsenter
le versant moteur de lanxit, traduisant la fbrilit dun sujet
en permanence sur le qui-vive. Pour dautres, lhyperactivit
pourrait sinscrire chez les sujets prsentant une anxit de
sparation dans une dimension provocatrice de ladulte, lagita-
tion du corps intervenant comme un appel vers lautre visant
maintenir la proximit du lien dattachement. Par ailleurs, les
adolescents anxieux prsentent souvent des niveaux dagressi-
vit verbale et physique levs. Ces adolescents peroivent de
nombreuses situations comme menaantes, lagressivit consti-
tuant chez eux une vritable raction dautodfense visant
grer leurs peurs. Ainsi, les adolescents anxieux peuvent-ils pr-
senter des colres explosives, sans commune mesure avec le
stress psychosocial qui les a dclenches, pouvant saccompa-
gner de voies de fait graves ou de destruction des biens. Chez les
sujets prsentant une anxit de sparation, ces troubles du
comportement se manifestent le plus souvent lintrieur de
leur milieu familial, et plus particulirement vis--vis de leur
mre (syndrome des parents battus par leur enfant ).
Dans certains cas, les troubles du comportement peuvent
tre assimils des quivalents dpressifs (pour certains
auteurs, les conduites antisociales pourraient reprsenter chez
les garons lquivalent de lhumeur dpressive chez les filles).
Chez ladolescent, un comportement ngativiste ou franche-
ment antisocial est frquemment rencontr dans les dpres-
sions majeures : une mauvaise humeur , une rticence par-
ticiper aux activits familiales, des envies de quitter le foyer,
lide dtre incompris et dsapprouv, une agitation, une har-
gne et des comportements agressifs sont communs (ils repr-
sentent des caractristiques associes la dpression assez
spcifiques de cet ge de la vie). Lhyperactivit motrice et les
conduites antisociales peuvent aussi apparatre comme des
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Troubles du comportement de ladolescent
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quivalents de dfense maniaque face des angoisses dpressi-
ves ou dabandon, notamment dans les cas de carence affective
prcoce et chez les adolescents prsentant un tat-limite.
Dans certaines volutions psychotiques, lhyperactivit peut
exprimer une angoisse profonde et archaque. Des ides dliran-
tes de perscution sont alors souvent associes aux conduites
agressives violentes. Les difficults diagnostiques rsident dans
le fait que les symptmes psychotiques sont alors fluctuants et
apparaissent souvent de manire sporadique.
FACTEURS PSYCHOSOCIAUX
ET ENVIRONNEMENTAUX
Lhyperactivit et les conduites antisociales peuvent aussi
apparatre comme une rponse comportementale une instabi-
lit dexistence due des facteurs socio-conomiques et fami-
liaux peu scurisants (conditions de vie matrielle dfavorables,
structures familiales clates, carence dautorit parentale,
sparations itratives, etc.).
1. Facteurs familiaux
Les conduites antisociales chez lenfant et ladolescent sont
souvent corrles au degr de dprivation parentale : spara-
tion des parents, maladie chez les parents, dfaut de soins,
dpendance sociale, pauvret des conditions de logement (pro-
miscuit), capacits maternelles dfaillantes, violences intrafa-
miliales sont autant de facteurs qui augmentent le risque de TC.
Des troubles psychopathologiques sont aussi frquemment
retrouvs chez les parents : personnalit antisociale, conduites
addictives (alcoolisme, toxicomanie), troubles psychotiques. Si ces
donnes suggrent lintervention de facteurs gntiques, il est vi-
dent aussi que la prsence de tels troubles mentaux chez les
parents concourt crer un environnement propice lmergence
de troubles psychopathologiques chez lenfant et ladolescent.
2. vnements de vie
Lhistoire des adolescents prsentant des troubles du com-
portement rvle souvent des antcdents dabus physiques et
(ou) sexuels. Les troubles du comportement peuvent alors se
dvelopper par identification lagresseur, voire sinscrire dans
le cadre dun vritable tat de stress post-traumatique. De tels
vnements pourraient aussi avoir un impact biologique et ren-
dre ces sujets plus sensibles aux stress environnementaux.
3. Facteurs socio-conomiques et culturels
Toutes les tudes soulignent la frquence des troubles du
comportement retrouvs chez les enfants et les adolescents
issus de milieux socio-conomiques et culturels dfavoriss.
Dans ces milieux, o rgnent souvent violence et dlinquance,
lenfant apprendrait trs tt intgrer les comportements
agressifs dans son registre relationnel (thorie de lapprentis-
sage social par imitation). Ce processus pourrait tre renforc
par les modles proposs dans les mdias (rle de la tlvision).
Des conditions de vie dfavorables exposent aussi les sujets
des situations de stress chronique et entravent le dveloppe-
ment de leurs comptences et de leurs capacits dadaptation.
VOLUTION ET DEVENIR LGE ADULTE
VOLUTION GNRALE
Le THADA est un trouble dveloppemental qui peut dispara-
tre spontanment ladolescence (dans 20 % des cas environ).
Les formes durables et persistantes ladolescence saccompa-
gnent le plus souvent dautres troubles mentaux qui vont assom-
brir le pronostic de manire significative qui, long terme sem-
ble principalement influenc par les facteurs psychosociaux et
environnementaux et par la prsence ou non dun TC associ
durant lenfance.
Lvolution du TOP et du TC apparat aussi extrmement
variable dun sujet lautre et semble essentiellement dpendre
de leur contexte de survenue. Les formes dbut prcoce et les
formes gnralises sont de pronostic significativement plus
dfavorable.
COMPLICATIONS
1. Consquences sur les performances scolaires
niveau intellectuel gal, les performances scolaires des ado-
lescents prsentant des troubles du comportement apparaissent
significativement infrieures celles des autres adolescents.
Cela est parfois attribu un dfaut dinvestissement scolaire ou
de stimulation parentale. Labsence de prise en compte prcoce-
ment des dysfonctionnements cognitifs et des difficults dap-
prentissage parat en fait ici jouer un rle prpondrant.
2. Consquences sur les relations sociales
Les troubles du comportement chez ladolescent sassocient
trs frquemment des perturbations des relations sociales.
Les relations parents-enfant apparaissent trs souvent conflic-
tuelles, en particulier lorsque ladolescent prsente un TOP ou
un TC. De nombreux dysfonctionnements sont alors observs
dans ces familles : augmentation du stress parental, diminution
chez les parents de lestime de soi et de la confiance dans leurs
capacits ducatives, augmentation de la consommation dal-
cool chez les parents, diminution des contacts avec les proches,
augmentation des conflits conjugaux, dpression maternelle,
relations conflictuelles entre frres et surs. Le mme pattern
dinteractions ngatives est retrouv entre ces adolescents et
leurs enseignants. Les relations avec les pairs du mme ge
apparaissent aussi souvent difficiles, les adolescents prsentant
des troubles du comportement ayant tendance tre rejets
par les autres et se regrouper entre eux. Ces difficults rela-
tionnelles concourent aggraver les difficults dadaptation
sociale que prsentent dj ces sujets, engendrant chez eux des
sentiments dchec, de rejet, de frustration et dhumiliation,
ainsi quune faible estime de soi.
3. Tentatives de suicide
Toutes les tudes montrent que les troubles du comporte-
ment augmentent le risque de tentative de suicide, et surtout de
rcidive, et ce dautant lorsque sy associent des troubles
dpressifs.
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DEVENIR LGE ADULTE
Le pronostic long terme semble avant tout li la prsence
ou non dun TC. Les formes avec TC durant lenfance (avant lge
de 10 ans) voluent plus frquemment vers un trouble de la per-
sonnalit antisociale et vers un trouble li lutilisation de sub-
stances (alcoolisme, toxicomanie). Dautres volutions sont possi-
bles, en fonction principalement des caractristiques associes
et des troubles comorbides : troubles de lhumeur, troubles
anxieux, troubles somatoformes, troubles psychotiques.
Outre le risque de criminalit et de trouble mental, les trou-
bles du comportement sont aussi prdictifs dimportantes diffi-
cults dadaptation sociale lge adulte : augmentation des
taux de sparation et de divorce, instabilit professionnelle, relations
sociales peu satisfaisantes.
TRAITEMENT
Le traitement des troubles du comportement de ladolescent
nest ni simple, ni bien codifi. Diffrentes stratgies thrapeu-
tiques peuvent tre utilises, portant sur ladolescent lui-mme
ou sur ses environnements. Si le but central de la consultation
est le reprage des lments qui vont permettre dadopter latti-
tude thrapeutique la plus adquate, il apparat ncessaire,
dune part que lexamen clinique se situe plusieurs niveaux
(symptomatique, structurel, gntique, environnemental), dau-
tre part que les diffrents traitements possibles soient confron-
ts entre eux dans leurs avantages et leurs inconvnients. Cette
valuation est indispensable pour reconnatre loriginalit de
chaque cas, de manire former pour un cas donn un projet
thrapeutique sur mesure . Si la rponse thrapeutique face
aux troubles du comportement de ladolescent nest pas uni-
voque, elle implique cependant toujours ltroite collaboration
du mdecin, des parents et des enseignants.
TRAITEMENTS CHIMIOTHRAPIQUES
Les traitements mdicamenteux sont uniquement symptoma-
tiques et ne modifient en rien lvolution long terme. Leur indica-
tion doit tre soigneusement pese compte tenu de leurs effets
secondaires. Beaucoup de ces mdicaments nont pas lAutorisa-
tion de mise sur le march (AMM) chez lenfant et ladolescent
MATURATION ET VULNRABILIT
Troubles du comportement de ladolescent
Pour approfondir
Des troubles qui dbutent le plus
souvent durant lenfance
Si, par dfinition, le THADA dbute avant
lge de 7 ans, il est rare dobserver lappa-
rition dun TOP ou dun TC chez un adoles-
cent qui ne prsentait jusque-l aucune
perturbation manifeste. Toutes les tudes
longitudinales entreprises auprs den-
fants ne manifestant pas de troubles
psychologiques montrent que seul 1 enfant
normal sur 5 ou 6 va prsenter des dif-
ficults ladolescence. Cest dire quil
convient toujours de bien prciser lge de
dbut des troubles et de rechercher lexis-
tence, durant lenfance, dautres perturba-
tions (troubles motionnels, par exemple)
qui peuvent senrichir ladolescence dun
TOP ou dun TC. Les troubles du comporte-
ment et leur persistance peuvent tre lo-
rigine de multiples conflits et entraver le
dveloppement ultrieur, et ce dautant
plus si ces troubles sont apparus prcoce-
ment durant lenfance. Ainsi, peuvent-ils se
fixer jusqu devenir une sorte de manire
dtre particulire assez organise (trait de
caractre).
Les caractristiques cliniques essentielles
du THADA, du TOP et du TC sont les mmes
chez lenfant que chez ladolescent. Seules
les manifestations associes et les trou-
bles comorbides varient avec lge. Ainsi,
le trouble anxit de sparation, les trou-
bles somatoformes, les troubles du som-
meil et du contrle sphinctrien, et surtout
les troubles de la communication et des
apprentissages apparaissent-ils plus fr-
quents et (ou) manifestes chez lenfant.
Les principes gnraux du traitement des
troubles du comportement sont les mmes
chez lenfant que chez ladolescent. Les
stratgies thrapeutiques devront cepen-
dant tre adaptes en fonction de lge et
des troubles associs. Chez lenfant, les
actions sur les parents et lenvironnement
scolaire vont revtir une importance toute
particulire. De mme, lindication des
rducations se pose-t-elle plus frquem-
ment cet ge :
Les rducations psychomotrices visent
modifier la fonction tonique, statique et
dynamique afin que lenfant organise mieux
son comportement gestuel dans le temps
et dans lespace. Elles sont trs souvent uti-
lises dans le THADA chez les jeunes
enfants.
Les rducations orthophoniques simpo-
sent ds lors quil existe des troubles de la
communication ou des apprentissages
associs.
Les rducations psychopdagogiques
regroupent un ensemble de techniques
varies qui ont pour but, grce un am-
nagement relationnel adapt et des exer-
cices pdagogiques appropris, de pallier
les lacunes laisses par les apprentissages
scolaires ordinaires. Elles concernent sur-
tout les enfants en chec scolaire.
Au total, on ne peut quinsister sur limpor-
tance dun diagnostic et dune prise en
charge prcoces des troubles du compor-
tement afin de limiter au maximum les
consquences dltres que peuvent avoir
ces troubles sur le fonctionnement de len-
fant et sur son dveloppement ultrieur.
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dans cette indication et certains dentre eux obissent des
rgles de prescription (Ritaline) et (ou) des modalits de sur-
veillance (thymorgulateurs) particulires. Cest dire que leur
emploi ncessite toujours lavis dun spcialiste en psychiatrie
de lenfant et de ladolescent.
1. Psychostimulants
Lindication des psychostimulants (mthylphnidate, Ritaline)
dans le THADA, associ ou non un TC, est maintenant bien tablie.
Les psychostimulants sont efficaces sur lhyperactivit motrice et
la distractibilit, mais aussi sur limpulsivit et lagressivit. Ils am-
liorent les interactions sociales et les performances scolaires. Ils
semblent par contre inefficaces dans le TOP ou le TC isol.
Lpilepsie, les tics et la maladie de Gilles de la Tourette cons-
tituent des contre-indications relatives linstauration du traite-
ment. Au cours du suivi, lattention doit porter sur lapparition
ventuelle de tics ou de mouvements anormaux ; le poids, la
taille, la pression artrielle et le pouls doivent galement tre
contrls rgulirement et lors de laugmentation de la posolo-
gie (les doses prconises varient de 0,15 0,6 mg/kg/j). Des
prcautions dans ladministration des psychostimulants chez la-
dolescent sont gnralement recommandes en raison dun
risque possible dusage dtourn. Il nexiste cependant lheure
actuelle aucune donne prcise concernant ce risque suppos.
2. Neuroleptiques
Leur efficacit (halopridol, Haldol, la dose de 0,05 1
mg/kg/j) dans le TC est prouve. Cependant, la frquence et la
gravit de leurs effets secondaires (notamment neurologiques)
ont conduit progressivement lemploi dautres familles chi-
miques. Ils restent nanmoins utiles lorsque les troubles du com-
portement savrent particulirement svres et invalidants et
gnent les interactions sociales et les apprentissages. Ils sont
aussi irremplaables dans certaines situations : schizophrnie,
maladie de Gilles de la Tourette (pimozide, Orap). Leur prescrip-
tion repose sur des rgles simples : commencer par de faibles
doses, fractionner les prises au cours du nycthmre (2 3 pri-
ses quotidiennes), augmenter progressivement les doses par
paliers de 7 jours au minimum sous couvert dune surveillance
clinique rgulire. Le but est datteindre une posologie optimale
en fonction dun quilibre entre efficacit thrapeutique et
effets secondaires. Devant le risque deffets neurologiques
importants aprs 3 mois de traitement, des fentres thrapeu-
tiques rptes sont prconises dans les traitements prolongs.
Les nouveaux antipsychotiques (rispridone, Risperdal) ont
lavantage dtre moins sdatifs et dengendrer moins deffets
extrapyramidaux. Ils sont cependant parfois responsables dune
prise de poids importante.
3. Antidpresseurs
Les antidpresseurs constituent une alternative intressante
dans le THADA en cas de contre-indication (tics) ou dabsence
defficacit des psychostimulants (environ 30 % des sujets
hyperactifs ne rpondent pas aux psychostimulants). Leur pres-
cription se justifie ds lors que les troubles du comportement
(THADA ou TC) sassocient des troubles anxieux ou dpressifs
caractriss.
Outre lavantage dentraner moins deffets secondaires que
les antidpresseurs tricycliques, les antidpresseurs inhibiteurs
slectifs de la recapture de la srotonine ont aussi une action sp-
cifique sur limpulsivit et lagressivit. Des cas de ractions para-
doxales associant hyperactivit motrice, insomnie et sentiment
subjectif dexcitation, ont cependant t rapports chez des
sujets hyperactifs et dprims traits par fluoxtine (Prozac).
4. Thymorgulateurs
Les thymorgulateurs apparaissent surtout efficaces
dans un certain type de TC, parfois appel agressif-affectif ,
associant : labilit affective, absence de contrle de lagressivit,
comportement explosif et impulsif.
Lefficacit de la carbamazpine (Tgrtol) et du divalproate
de sodium (Dpakote) a t prouve dans cette indication. Les
rsultats concernant le carbonate de lithium (Tralithe) sont
plus contradictoires. Des cas de ractions paradoxales (recru-
descence de lagitation et de lagressivit) ont galement t
rapports avec la carbamazpine.
5. Clonidine
Plusieurs tudes attestent de lefficacit de la clonidine (Cata-
pressan) dans la maladie de Gilles de la Tourette et sur limpulsi-
vit et lagressivit chez les enfants et les adolescents prsen-
tant un THADA et (ou) un TC. Les posologies moyennes
prconises sont de 3 4 g/kg/j (soit 0,15 0,3 mg/j) fraction-
nes en 3 4 prises. Ces posologies doivent tre atteintes pro-
gressivement en commenant par une dose initiale de 0,05 mg/j
et en augmentant les doses de 0,05 mg tous les 3 jours. Leffica-
cit apparat en gnral entre 2 4 semaines. Les effets secon-
daires les plus frquents sont une sdation, une irritabilit et
une hypotension. Des ajustements de posologie sont parfois
ncessaires dans les traitements prolongs en raison de leffet
auto-inducteur enzymatique de cette molcule.
6. -bloquants
Les -bloquants sont efficaces sur lagressivit et dans les
troubles explosifs intermittents rencontrs chez les enfants et
les adolescents prsentant un retard mental, une lsion cr-
brale ou des troubles psychotiques. Leffet anti-agressif du pro-
pranolol (Avlocardyl) apparat cependant le plus souvent for-
tes doses (250 400 mg/j en moyenne), ce qui en limite
considrablement lemploi.
TRAITEMENTS PSYCHOTHRAPIQUES
Les traitements psychothrapiques, individuels ou en
groupe, sont utiles pour traiter les troubles du comportement
eux-mmes mais aussi pour agir sur les caractristiques asso-
cies (troubles motionnels) ou pour en limiter les consquen-
ces sur le dveloppement de la personnalit. Leur indication va
dpendre du contexte de survenue des troubles, mais aussi du
niveau de dveloppement de ladolescent, de ses capacits d-
laboration et de sa motivation (et de celle de ses parents).
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1 844
1. Psychothrapies dinspiration analytique
Les indications des psychothrapies dinspiration analytique
sont larges. Elles ne reposent pas sur les conduites symptoma-
tiques observes mais sur la dynamique conflictuelle sous-
jacente. Si les structures nvrotiques reprsentent les cas les
plus favorables, en thorie, une approche analytique peut tre
propose quelle que soit la structure psychopathologique de la-
dolescent. Les principales limitations aux psychothrapies
dinspiration analytique sont le niveau de dveloppement de la-
dolescent et surtout son degr dimplication et celui de ses
parents dans la prise en charge (en raison des contraintes pra-
tiques et des conditions denvironnement ncessaires leur bon
droulement).
2. Thrapies cognitivo-comportementales
Fondes sur le conditionnement oprant, les techniques de
modification comportementale dans le THADA ont pour but de
rapprendre ladolescent des comportements adapts lenvi-
ronnement familial, scolaire et social. Ces techniques se sont
montres aussi efficaces que les psychostimulants. Elles nces-
sitent nanmoins un investissement considrable de la part de
ladolescent, du thrapeute, des parents et des enseignants.
Dans le TC, les approches cognitivo-comportementales sont
centres sur les dysfonctionnements cognitifs supposs sous-
tendre les comportements antisociaux. Diverses techniques
peuvent tre utilises (modelling, entranement la rsolution
de problmes, jeux de rles, auto-valuation).
3. Approches socio-ducatives
Des thrapies occupationnelles sont souvent proposes aux
adolescents prsentant des troubles du comportement. Leurs
buts sont multiples : travailler sur la matrise de soi et le contrle
de lactivit motrice, favoriser lexpression des motions, rtablir
lestime de soi au travers d activits socialement valorises,
favoriser les processus de socialisation.
4. Rducations
Si elles peuvent savrer utiles chez ladolescent, leur indica-
tion se pose surtout chez lenfant (v. Pour approfondir).
ACTIONS SUR LES PARENTS
Quelles que soient les techniques utilises, la prise en charge
des parents est le complment indispensable au traitement des
adolescents prsentant des troubles du comportement.
1. Guidance parentale
Expliquer aux parents les troubles et leur signification, aider
les parents reconstruire une fonction parentale satisfaisante
par des conseils ducatifs, les aider amliorer leur vcu et leur
disponibilit vis--vis de ladolescent doit faire partie du projet
thrapeutique. Des programmes dentranement aux habilets
parentales ont t spcialement labors dans ce but. Leurs
limitations tiennent surtout au degr de motivation des parents,
la svrit des dysfonctionnements familiaux et la qualit
des supports sociaux extrieurs.
2. Psychothrapies individuelles ou de couple
Une prise en charge psychothrapique des parents peut sa-
vrer indispensable. Son indication dpend des troubles psycho-
pathologiques reprs chez les parents et de leur degr de moti-
vation pour entreprendre un traitement pour eux-mmes ou
pour leur couple.
3. Thrapies familiales
Bases sur la thorie des systmes et sur la psychologie com-
portementale, les thrapies familiales se focalisent sur la famille
considre dans son ensemble et sur les modes de communica-
tion entre chaque membre de cet ensemble. Leurs buts visent
essentiellement rtablir une communication intrafamiliale
satisfaisante et favoriser le dveloppement dinteractions per-
mettant daider et de soutenir chaque membre de la famille.
Leur efficacit dans les troubles du comportement de lenfant et
de ladolescent est maintenant largement prouve. Comme pour
les programmes de guidance parentale, leurs limitations tien-
nent surtout au degr de motivation des parents et la svrit
des dysfonctionnements familiaux.
ACTIONS SUR LENVIRONNEMENT
SCOLAIRE ET SOCIAL
1. Actions sur lenvironnement scolaire
Il est indispensable daider les enseignants grer les dys-
fonctionnements cognitifs et les difficults dapprentissage que
prsentent ces adolescents. Un amnagement des conditions
pdagogiques est souvent souhaitable : intgration dans des
MATURATION ET VULNRABILIT
Troubles du comportement de ladolescent
POINTS FORTS
>Plus que sur la nature mme des comportements obser-
vs, cest sur leur ge de survenue, leur intensit, leur
dure anormalement prolonge et leur retentissement
sur le fonctionnement de ladolescent que repose avant
tout le diagnostic de troubles du comportement.
>Une analyse clinique soigneuse, la fois synchronique et
diachronique, est un pralable ncessaire ltablisse-
ment du diagnostic tiologique dont va dpendre en partie
le choix des stratgies thrapeutiques.
>Ltiopathognie des troubles du comportement de lado-
lescent doit toujours tre envisage dans une perspective
biopsychosociale, leur dterminisme dpendant de nomb-
reux facteurs interagissant entre eux et dont le poids
respectif va varier dun sujet lautre.
>La rponse thrapeutique face aux troubles du comporte-
ment de ladolescent nest pas univoque. Elle dpend du
contexte individuel et environnemental dans lequel se
situent ces troubles. Diverses stratgies daide et de
soins devront toujours tre associes dans le cadre dun
projet thrapeutique et ducatif o ladolescent est envi-
sag dans sa totalit et reli ses environnements.
retenir
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1 845
classes effectif rduit, amnagement de lemploi du temps sui-
vant un horaire relativement souple, techniques pdagogiques
appropries, sports et exercices physiques rguliers (classes
spcialises pour enfants hyperactifs).
2. Actions sur lenvironnement social
Lobservation selon laquelle la dlinquance et la dsorganisa-
tion de lenvironnement social taient lies a conduit au dve-
loppement de programmes communautaires visant amliorer
les conditions de vie dans les quartiers les plus dfavoriss. Ces
programmes comportent gnralement plusieurs volets :
actions auprs des enfants et des adolescents (activits rcra-
tives, soutien scolaire), actions auprs de la famille et des
parents (visites domicile, programmes de formation, aides
diverses), amlioration des conditions matrielles. Leur effica-
cit dpend du degr dimplication de la communaut mais
aussi de la possibilit de maintenir ces programmes dans le
temps en raison de leur cot lev. Quoi quil en soit, une prise
en charge sociale est souvent ncessaire pour aider ces familles
retrouver des conditions de vie et un statut social stables. Dans
certains cas, un placement de ladolescent en institution spcia-
lise peut savrer indispensable.
PRVENTION
Il nexiste lheure actuelle que trs peu dtudes de prven-
tion rigoureusement menes. Dans la mesure o les adolescents
risque de dvelopper des troubles du comportement peuvent
tre reprs prcocement ds la petite enfance, la prvention
doit dmarrer tt et avoir une dure suffisamment longue pour
entraner des effets long terme. Si des actions peuvent tre
menes auprs des enfants et des adolescents eux-mmes,
beaucoup dauteurs insistent aussi sur la ncessit dune pr-
vention cible sur les parents ou les futurs parents. Les tech-
niques utilises sapparentent le plus souvent celles prconi-
ses pour le traitement de ces adolescents (techniques
cognitivo-comportementales, entranement aux habilets
parentales, programmes communautaires). B
A / VRAI OU FAUX ?
Une consultation psychiatrique
simpose devant tout adolescent
ayant un comportement provocateur.
Un diagnostic de trouble hyperactivit
avec dficit de lattention pos pour
la premire fois chez un adolescent
tmoigne toujours dun dfaut de
reprage du trouble durant lenfance.
Un syndrome dpressif majeur doit
tre systmatiquement recherch
devant tout adolescent prsentant
des conduites antisociales
dapparition rcente.
Un syndrome dpressif majeur doit
tre systmatiquement recherch
devant tout adolescent prsentant
des conduites antisociales
dapparition rcente.
Lvaluation des troubles du
comportement chez un adolescent
ncessite toujours de recueillir des
informations auprs de ses
enseignants.
5
4
3
2
1
B / VRAI OU FAUX ?
Le quotient intellectuel dun adolescent
prsentant un trouble hyperactivit
avec dficit de lattention peut tre
sous-valu en raison de ses
troubles du comportement.
Lchec scolaire chez
les adolescents prsentant des
troubles du comportement rsulte
le plus souvent dun dsintrt
pour les activits scolaires ou dun
manque de stimulation parentale.
Un trouble anxit de sparation
doit toujours tre recherch chez
un adolescent prsentant des
comportements agressifs limits
au milieu familial.
Un traitement pharmacologique
simpose devant tout adolescent
prsentant un trouble des
conduites.
4
3
2
1
C / QCM
Parmi les facteurs suivants, quels sont
ceux qui, chez un adolescent prsen-
tant un trouble des conduites, sont
prdictifs dune volution globalement
dfavorable ?
Apparition du trouble avant lge
de 10 ans.
Antcdents familiaux dalcoolisme,
de toxicomanie ou de troubles de
la personnalit de type antisocial.
Antcdents personnels de trouble
hyperactivit avec dficit de
lattention durant lenfance.
Trouble limit au milieu familial.
chec dune prise en charge psycho-
thrapeutique de type analytique.
5
4
3
2
1
M I N I T E S T D E L E C T U R E
R p o n s e s : A : F , V , V , V , V / B : V , F , V , F / C : 1 , 2 .
DEJ PARUS DANS LA REVUE
Hyperactivit avec troubles de
lattention de lenfant
Monographie
(Rev Prat 2002 ; 52 [18] : 1985-2025)
Prise de risque chez ladolescent :
les facteurs de vulnrabilit.
Michel G
(Rev Prat Med Gen 2001 ; 15 [525] :
238-42)
Les enfants battent aussi
leurs parents
Purper-ouakil D, Douniol M, Le Heuzey MF,
Mouren-Simeoni MC
(Rev Prat Med Gen 2001 ; 15 [532] : 609-11)
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1 937
PARTIE I / MODULE 3
MATURATION ET VULNRABILIT
Q 43
Troubles du sommeil
de lenfant et de ladulte
D
r
Yves DAUVILLIERS
1
, D
r
Marie Joseph CHALLAMEL
2
, P
r
Jacques TOUCHON
1
1. Service neurologie B, hpital Gui-de-Chauliac, 34295 Montpellier, 2. Unit INSERM 480, Lyon.
[email protected]
L
es troubles du sommeil sont frquents, affectant 15 50 %
des populations tudies. Les patients peuvent se plaindre
dinsomnie, de somnolence diurne excessive (hypersomnie),
de parasomnie. Seul un interrogatoire minutieux du patient
et (ou) du conjoint permet didentifier certains de ces troubles et
leurs origines.
Chez ladulte, le sommeil normal se droule en priode noc-
turne sur 1/3 des 24 heures. Le sommeil normal comprend
2 tats physiologiques : le sommeil lent diffrenci en 4 stades
en fonction de sa profondeur et le sommeil paradoxal (fig. 1).
Le sommeil lent et le sommeil paradoxal sont le rsultat du fonc-
tionnement de rseaux neuronaux diffrents, mais associant
tous deux un rseau excutif responsable du sommeil, et un
rseau permissif contrlant le dclenchement du sommeil.
Diffremment, lveil est quand lui, le rsultat de lactivit de
nombreuses structures redondantes.
La rgulation du sommeil fait appel 3 processus : homo-
stasique, accumulatif, augmentant rgulirement pendant la
veille et diminuant pendant le sommeil ; circadien, indpendant
du sommeil, dpendant de loscillateur circadien (horloge biolo-
gique interne), influenant la temprature et la vigilance ; ultra-
dien, correspondant lactivit alterne de populations de
neurones interconnects, sommeil paradoxal-on et som-
meil paradoxal-off .
TROUBLES DU SOMMEIL DE LADULTE
INSOMNIE
On estime quentre 20 et 25 % des patients consultant en
mdecine gnrale sont insatisfaits de leur sommeil ou se plai-
gnent dinsomnie chronique. La prvalence de linsomnie est
plus leve chez les femmes et augmente avec lge. Linsomnie
peut se manifester sous diffrentes formes : difficults dendor-
missement en dbut de nuit (insomnie initiale), rveils noctur-
nes frquents ou prolongs (insomnie de maintien), rveil mati-
nal prmatur et incapacit de se rendormir (insomnie par veil
prcoce), sommeil non rparateur. Linsomnie initiale touche
davantage les jeunes adultes alors que les difficults de main-
tien du sommeil sont plus frquentes chez les personnes plus
ges. En plus de ces critres, dautres paramtres, comme
la frquence (plus de 3 nuits par semaine), lintensit (latence du
sommeil et dure des veils intra-sommeil) et la dure de lin-
somnie (plus dun mois) sont utiles pour dterminer la svrit
clinique de la plainte dinsomnie et le besoin dintervenir. Lin-
somnie est presque toujours associe une plainte de fatigue
diurne qui se manifeste autant sur le plan mental que physique ;
il existe aussi des difficults attentionnelles et de concentration
ainsi que des perturbations de lhumeur.
POINTS FORTS
> Les troubles du sommeil regroupent principalement les insomnies, les hypersomnies,
les parasomnies et les troubles du rythme circadien. Leurs rpartitions, tout comme
leurs causes, diffrent en fonction de lge.
> Les troubles du sommeil ne doivent jamais tre ngligs, car ils peuvent tre le point
dappel de pathologies lourdes : maladies neurodgnratives, maladies gntiques,
syndrome dapnes du sommeil, dpression, hypertension artrielle
comprendre
iOBJECTIFSi
Diagnostiquer les troubles
du sommeil du nourrisson,
de lenfant et de ladulte
Argumenter lattitude
thrapeutique et planifier
le suivi du patient
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1 938
Selon lanciennet des troubles, linsomnie peut tre classe
en insomnie transitoire (quelques jours), insomnie court
terme (quelques semaines) et insomnie chronique (plusieurs
mois), la prise en charge tant diffrente selon ces sous-types.
Pour la majorit des individus, les insomnies transitoires ou
court terme sont lies un vnement motionnel trau-
matisant ou une pathologie organique. Les insomnies chroniques
sont souvent dtiologie complexe et doivent tre apprhendes
de faon rigoureuse afin den dterminer lorigine.
Linsomnie peut tre primaire ou secondaire plusieurs
autres conditions mdicales, psychiatriques ou des troubles
spcifiques du sommeil.
1. Insomnie primaire
Il existe 3 types dinsomnie primaire :
Insomnie psychophysiologique : ce type dinsomnie dbute sou-
vent chez ladulte jeune, bon dormeur auparavant, en rapport
avec un facteur dclenchant stressant. Ensuite cette insomnie
volue pour son propre compte en rapport avec la prsence de
facteurs perptuants (mauvaise hygine de sommeil) et des fac-
teurs aggravants. Mme sil ny a pas de profil type de person-
nalit qui caractrise tous les individus souffrant dinsomnie, on
trouve certains traits de personnalit plus frquemment dans
cette population que chez les bons dormeurs. Parmi ceux-ci,
notons un temprament anxieux qui se manifeste par de lappr-
hension, une hypervigilance , et des ruminations excessives
relies surtout au sommeil. Enfin, un certain perfectionnisme,
une hyperactivation physiologique et cognitive se retrouvent
souvent chez linsomniaque.
Mauvaise perception du sommeil : cette insomnie concerne des
patients qui se plaignent dune perturbation de leur sommeil
avec souvent une rduction importante de la quantit de leur
sommeil sans que ces perturbations puissent tre objectives.
Insomnie idiopathique : cette insomnie, rare, dbute dans
lenfance avec des difficults dendormissement et de maintien
du sommeil (tableau 1).
2. Insomnie secondaire
Linsomnie peut tre associe une maladie psychiatrique,
neurologique, algique, une prise de substances ou des maladies
spcifiques du sommeil. Le rle des facteurs psychologiques et
psychiatriques est important, aussi bien dans la gense de lin-
somnie que dans son entretien. En pratique clinique, il nest pas
toujours facile dtablir un diagnostic diffrentiel entre insomnie
primaire et insomnie secondaire un trouble danxit gnrali-
se ou une dpression, car certains symptmes (difficults du
sommeil, fatigue, problmes de concentration, irritabilit) sont
communs aux 3 conditions. Les facteurs toxiques, souvent dordre
mdicamenteux comme les corticodes, certains antidpresseurs,
la thophylline et surtout labus de psychotropes (principalement
les hypnotiques), sont frquemment lorigine dune insomnie.
Par ailleurs, lintoxication thylique tout comme son sevrage sont
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles du sommeil de lenfant et de ladulte
EVEIL
SOMMEIL PARADOXAL
STADE 1
STADE 2
STADE 3
STADE 4
HEURES
1 2 3 4 5 6 h
Hypnogramme dun adulte jeune.
Figure 1
Critres diagnostiques de linsomnie primaire
(DSM-IV)
Difficults initier ou maintenir le sommeil, ou sommeil non
rparateur, pour plus dun moi.
Les difficults de sommeil ou ses consquences (p. ex. fatigue)
produisent une dtresse marque ou une gne importante sur
le fonctionnement social, occupationnel ou autre.
Les difficults de sommeil ne se produisent pas exclusivement
dans le contexte dun autre trouble psychiatrique ou du sommeil.
Les difficults de sommeil ne rsultent pas directement des effets
physiologiques dune substance ou dune condition mdicale.
Tableau 1
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des sources frquentes dinsomnie. De plus, de nombreuses affec-
tions organiques peuvent tre responsables dveils intra-som-
meil telles la dyspne, la pollakiurie et la douleur (quelle soit dori-
gine musculaire, digestive, rhumatismale). De nombreuses
affections du systme nerveux central (de causes vasculaires,
tumorales, inflammatoires ou neurodgnratives) peuvent aussi
occasionner des troubles du sommeil, principalement la maladie
dAlzheimer et la maladie de Parkinson.
La prvalence des troubles du sommeil augmente avec lge,
tout comme celle des pathologies spcifiques du sommeil, par-
fois lorigine de linsomnie.
Syndrome dapnes du sommeil : il est particulirement fr-
quent, retrouv jusque chez 30 % des sujets gs de plus de 65
ans et plus frquent chez les patients traits par des benzodia-
zpines. Il correspond 10 15 % des causes dinsomnie, et prs
de 40 % des sujets atteints du syndrome dapnes du sommeil
rapportent une plainte dinsomnie.
Syndrome dimpatience des membres infrieurs et syndrome de
mouvements priodiques des membres : ces diagnostics doivent
tre voqus de principe chez tout malade consultant pour une
insomnie. Il augmente avec lge en prvalence et en intensit,
pouvant affecter plus de 20 30 % des sujets gs. Le syn-
drome dimpatience des membres infrieurs est une cause fr-
quente dinsomnie dendormissement et le syndrome de mouve-
ments priodiques des membres dinsomnie de maintien.
3. Prise en charge thrapeutique
Il faut, dans un premier temps, liminer une cause organique
et (ou) toxique aux troubles du sommeil, qui ont alors traits de
faon spcifique. Lexploration polysomnographique peut sav-
rer ncessaire pour exclure la prsence dautres troubles du
sommeil comme les apnes ou les mouvements priodiques des
membres.
Thrapie non mdicamenteuse : retrouver une bonne hygine du
sommeil savre indispensable chez linsomniaque. Une thrapie
cognitivo-comportementale peut tre bnfique chez le sujet
se plaignant de troubles du sommeil, troubles dont les causes
organiques auront au pralable t limines. Outre la diminu-
tion du temps pass au lit, les horaires de veille et de sommeil et
la dure de la sieste ont modifis. Lagenda du sommeil est un
outil trs utile pour valuer linsomnie. On demande au patient
dindiquer tous les matins lheure du coucher et du lever, desti-
mer le temps requis pour sendormir, la frquence et la dure
des rveils nocturnes ainsi quune estimation de la dure et de la
qualit du sommeil. La technique de gestion du stimulus
contrle qui correspond grer lhoraire du coucher en fonction
de la propension au sommeil est aussi prconiser. Enfin,
les dysfonctionnements cognitifs doivent tre corrigs
(croyances et attitudes errones vis--vis du sommeil).
Thrapie mdicamenteuse : le problme est plus souvent en rap-
port avec la ncessit de larrt des hypnotiques pris de faon
abusive depuis de nombreuses annes que la prescription dun
nouvel hypnotique. Le sevrage doit tre progressif ; le succs
est souvent difficile obtenir. Toutefois, la prescription ponc-
tuelle dhypnotiques (pendant au maximum 2 3 semaines) ou
dantidpresseurs peut savrer utile dans certains cas, mais uni-
quement dans linsomnie transitoire ou court terme .
HYPERSOMNIE
1. Narcolepsie
La narcolepsie est une affection rare (0,026 % de la popula-
tion gnrale), caractrise par 2 symptmes majeurs, la som-
nolence diurne excessive et les cataplexies. La somnolence
diurne excessive est souvent le symptme le plus invalidant,
caractrise par des accs de sommeil rcurrents toujours res-
taurateurs dun veil normal. Les cataplexies sont caractrises
par des pertes brves et brutales (le plus souvent partielles) du
tonus musculaire, sans altration de la conscience, en rapport
avec des motions fortes. Ce symptme est trs htrogne
dans sa prsentation clinique, tant sur le plan de son intensit
que par sa frquence, mais il est quasi pathognomonique de
cette affection. Les autres symptmes de la narcolepsie, les hal-
lucinations hypnagogiques, les paralysies du sommeil et la mau-
vaise qualit du sommeil, sont considrs comme accessoires,
car inconstants et dots dune faible valeur prdictive. Lge de
dbut de la narcolepsie est variable et stend de la petite
enfance lge adulte avanc ; cependant, la majorit des
patients rapportent le dbut de leurs symptmes pendant lado-
lescence. Le caractre familial de la narcolepsie est connu
depuis la description princeps de la maladie, mais ne reprsente
que moins de 10 % des patients narcoleptiques. Le diagnostic de
la narcolepsie est clinique ; il ncessite cependant un enregistre-
ment polygraphique du sommeil coupl un test itratif de
latence dendormissement le jour qui confirme le diagnostic
(latence moyenne dendormissement infrieure 5 min et au
moins 2 endormissements en sommeil paradoxal) ainsi quun
typage HLA de classe II (fig. 2). Un typage HLA srologique DR2-
DQ1 et plus prcisment oligonuclotidique DRB1*1501-
DQB1*0602 conforte le diagnostic, retrouv dans plus de 92 %
des cas chez les personnes dorigine europenne (et dans 20 %
Latence moyenne d'endormissement (min)
Sujets tmoins
(n = 12)
Narcoleptiques
(n = 128)
25
20
15
10
5
0
9 11 13 15 17
heures
Tests itratifs de latence dendormissement chez des
narcoleptiques et des sujets normaux.
Figure 2
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de la population gnrale). Plus rcemment, il a t montr que
la narcolepsie tait mettre en rapport avec la perte de fonction
des neurones hypocrtinergiques, situs dans la partie latro-
dorsale de lhypothalamus. Les taux dhypocrtine dans le
liquide cphalo-rachidien (LCR) sont en effet effondrs chez
lhomme, et lanalyse anatomo-pathologique post mortem rap-
porte une disparition quasi complte de ces neurones. Un mca-
nisme neurodgnratif, auto-immun est lhypothse la plus
probable. Un cas de narcolepsie a toutefois t mentionn en
rapport avec une mutation sur le gne hypocrtine, comme
dans le modle narcoleptique canin (mutation sur le gne
codant le rcepteur 2 de lhypocrtine).
Le traitement de la somnolence diurne excessive reposait
initialement sur les drivs amphtaminiques, il fait maintenant
appel en premire intention au modafinil. Le mode daction de ce
mdicament nest pas totalement lucid ;
le mthylphnidate peut aussi savrer utile
en cas de mauvaise rponse. Le traitement
des cataplexies est aussi pharmacologique;
les anti-dpresseurs, initialement les tricy-
cliques et les inhibiteurs de la monoamine
oxydase (IMAO) taient particulirement
efficaces sans que leurs actions passent par
une amlioration de lhumeur. Actuellement,
les inhibiteurs de la recapture de la sroto-
nine ou de la noradrnaline ou des 2 sont
plus souvent prescrits, car aussi efficaces
et dots de moins deffets secondaires. Les
traitements base dhypocrtine ou dago-
nistes hypocrtinergiques seront vraisem-
blablement les traitements de demain.
2. Hypersomnie idiopathique
Lhypersomnie idiopathique est une
affection rare, rcemment identifie et d-
tiopathognie imprcise. Elle est caractri-
se cliniquement par une somnolence
diurne excessive plus ou moins perma-
nente, le sujet se plaignant dtre rarement compltement
veill. Sur ce fond de somnolence, il existe des accs de som-
meil souvent de longue dure et non restaurateurs dune vigi-
lance normale. Le sommeil de nuit est de bonne qualit, de lon-
gue dure avec trs peu dveils intra-sommeil. Le rveil est
particulirement difficile, marqu par une ivresse du sommeil
avec une lenteur didation associe. Lge de dbut de la mal-
adie est souvent avant 30 ans et les formes familiales sont fr-
quentes. On ne retrouve jamais les autres symptmes de la nar-
colepsie, savoir les cataplexies, les paralysies du sommeil, les
hallucinations hypnagogiques. Lenregistrement du sommeil est
indispensable pour liminer une autre cause dhypersomnie.
Lenregistrement de nuit est suivi de tests itratifs de latence
dendormissements. Il est souvent ncessaire, pour affirmer ce
diagnostic, de raliser un second enregistrement du sommeil
sur une dure de 24 heures, afin de mettre en vidence la dure
anormalement longue de sommeil. Le traitement de la somnolence
diurne excessive par modafinil est particulirement efficace,
comme dans la narcolepsie. Toutefois, linertie au rveil demeure
le plus souvent mal contrle.
3. Hypersomnies rcurrentes
Les hypersomnies rcurrentes sont rares, de dure et de
priodicit variables et dorigine souvent inconnue. Le tableau
le plus classique est le syndrome de Kleine-Levin qui est caract-
ris, outre par des accs de sommeil rcurrents, par des troubles
des comportements alimentaires et sexuels ainsi que par des
troubles psychiques. Le diagnostic est purement clinique. Lvo-
lution est le plus souvent spontanment favorable aprs plu-
sieurs annes de rcurrence. En fonction de la rptition et de
la svrit des pisodes, un traitement prventif peut tre
propos, reposant sur le lithium ou la carbamazpine.
4. Troubles respiratoires au cours du sommeil
Le syndrome dapnes du sommeil est frquent, affectant entre
5 et 10 % de la population gnrale. Il est plus frquent chez
lhomme, proche de 50 ans et obse. Le tableau clinique associe
des signes diurnes : une somnolence diurne excessive de degr
variable et non rcupratrice, des cphales matinales, des
troubles de la libido ainsi que des troubles mnsiques. Il existe
aussi des manifestations nocturnes : le ronflement, une polyurie
nocturne, une hypersalivation et une hypersudation, ainsi que
des arrts respiratoires retrouvs par lentourage. lexamen
clinique il peut exister une obsit, une hypertension artrielle
et parfois des anomalies de la filire oropharynge. Il est carac-
tris par la survenue rpte darrts respiratoires (de plus de
10 secondes) au cours du sommeil, complets (apnes) ou partiels
(hypopnes). Ces vnements respiratoires saccompagnent
dune dsaturation en oxygne et (ou) dun microveil (fig. 3).
Les apnes ou hypopnes peuvent tre de type obstructif
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles du sommeil de lenfant et de ladulte
EMG
EEG
EEG
Pnasal
Thorax
Poes
SaO2
Enregistrement dapnes obstructives au cours du sommeil (EMG :
lectromyodiogramme ; EEG : lectrocphalogramme ; Pnasal : pression nasale ;
thorax : sangle thoracique ; Poes : pression sophagienne ; SaO2 : saturation en
oxygne).
Figure 3
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tmoignant dune origine priphrique (cas le plus frquent),
central (trouble de la commande ventilatoire) ou mixte. Le dia-
gnostic positif se fait sur lenregistrement polygraphique du
sommeil qui comptabilise le nombre dvnements respiratoires
par heure de sommeil, pathologique quand plus de 10 apnes et
(ou) hypopnes surviennent par heure de sommeil.
Les complications de ce syndrome dapnes du sommeil
sont nombreuses, outre les accidents de la circulation par
la somnolence diurne excessive, les complications hmody-
namiques avec une hypertension artrielle, les manifestations
ischmiques cardiaques et (ou) crbrales, une hypertension
artrielle pulmonaire ainsi quun cur pulmonaire chronique.
La prise en charge thrapeutique dpend principalement de
la svrit de ce syndrome dapnes du sommeil. La ventilation
en pression positive applique au moyen dun masque nasal
demeure toutefois le traitement de rfrence. Une chirurgie du
voile du palais, des amygdales, de leurs piliers et de la paroi pos-
trieure du pharynx largissant lespace pharyng est parfois
efficace ; elle est seulement propose dans le cas de syndrome
dapnes du sommeil peu svre (moins de 25 apnes/hypop-
nes par heure). Enfin, la pose dune prothse davance mandi-
bulaire peut aussi tre discute dans les cas peu svres.
Le syndrome de rsistance des voies ariennes suprieures est
une autre pathologie respiratoire au cours du sommeil. Les
manifestations cliniques de ce syndrome sont proches de celles
du syndrome dapnes du sommeil, associant une somnolence
diurne excessive, une asthnie matinale et un ronflement,
notamment chez lhomme. Il est aussi frquent chez lhomme
que chez la femme. Lexamen clinique retrouve souvent
un facis triangulaire avec un petit menton, un rtrognathisme,
un palais ogival ainsi quune malocclusion dentaire. La polysom-
nographie associe un enregistrement de la pression sopha-
gienne (reflet de la pression pleurale) confirme le diagnostic en
montrant des ractions dveils de quelques secondes faisant
suite des efforts inspiratoires de plus en plus soutenus (cres-
cendo) en rapport avec une augmentation de la rsistance des
voies ariennes suprieures et rarement accompagnes de
dsaturation en O2. La prise en charge ne diffre pas fondamen-
talement de celle du syndrome dapnes du sommeil.
SYNDROME DIMPATIENCE ET DE MOUVEMENTS
PRIODIQUES DES MEMBRES
Le diagnostic de syndrome dimpatience des membres
infrieurs et de syndrome de mouvements priodiques des
membres doit tre voqu de principe chez tout malade consul-
tant pour une hypersomnie. Le syndrome dimpatience des
membres infrieurs, souvent sous-diagnostiqu, associe clini-
quement un besoin irrsistible de bouger les jambes des pares-
thsies, prfrentiellement le soir au moment du coucher,
ncessitant des mouvements rpts de celles-ci. Ces sympt-
mes, plus svres au repos, sont soulags par le mouvement.
Le syndrome dimpatience sassocie le plus souvent au
syndrome de mouvements priodiques des membres qui, lui, ne
peut tre diagnostiqu quaprs la ralisation dune polysomno-
graphie qui objective ces mouvements. Cliniquement, ce
syndrome est difficile voquer, la plainte peut toutefois venir
du conjoint qui a t tmoin de mouvements rpts des membres
infrieurs pendant le sommeil.
Lorigine de ces 2 affections est mal connue, probablement
multifactorielle, avec des mcanismes physiopathologiques
vraisemblablement trs proches. On trouve comme facteurs
favorisants principalement la carence martiale, la grossesse, lin-
suffisance rnale, les atteintes de la moelle et des nerfs priph-
riques, mais aussi le diabte, les affections du rachis, la maladie
de Parkinson, la sclrose latrale amyotrophique ou la prise de
certains antidpresseurs et neuroleptiques.
Le traitement est le mme pour le syndrome dimpatience
des membres infrieurs ou le syndrome de mouvements prio-
diques des membres. Il fait appel principalement aux benzodia-
zpines, aux agents dopaminergiques et aux opiacs.
PARASOMNIE
Une parasomnie peut survenir pendant le sommeil lent (lger
ou profond) et le sommeil paradoxal.
1. Parasomnies du sommeil lent profond
Elles sont les plus frquentes, regroupant principalement
le somnambulisme et les terreurs nocturnes. Plus frquentes
chez lenfant, elles affectent 2 % de la population adulte.
2. Parasomnies associes au sommeil
paradoxal (SP)
Elles incluent principalement les cauchemars (notamment
chez lenfant), les paralysies du sommeil (rares en labsence de
narcolepsie) et les troubles du comportement en SP. Cette der-
nire parasomnie, peu frquente, survenant le plus souvent en
seconde partie de nuit est caractrise par labsence datonie
musculaire caractristique du SP et par une activit motrice
anormale plus ou moins labore tmoignant de la mise en acte
dun rve. Les critres diagnostiques associent des donnes cli-
niques et polysomnogaphiques. Seuls les patients ayant pr-
sent des manifestations motrices en SP avec, de faon asso-
cie, une augmentation de lactivit lectromyographique
tonique et phasique en SP, peuvent tre formellement consid-
rs comme atteints de cette affection. La frquence des piso-
des est trs variable, tout comme son intensit, parfois caract-
rise par des paroles, des cris avec quelques mouvements
corporels, parfois svres avec des actes violents auto- et (ou)
htro-agressifs. Cette parasomnie est plus frquente chez
le sujet g, de sexe masculin et dans un contexte de maladie
neurologique. Cette parasomnie est en effet frquemment asso-
cie une maladie neurodgnrative avec parkinsonisme,
pouvant de plus tre le symptme annonciateur de la maladie
sous-jacente. Dans un mode de rvlation aigu, une cause
mdicamenteuse et (ou) toxique doit tre recherche. Ltiopa-
thognie de cette affection reste encore incertaine chez
lhomme ; toutefois, plusieurs lsions anatomiques et (ou)
fonctionnelles du tronc crbral peuvent dclencher cette
parasomnie. Sur le plan thrapeutique, le clonazpam est
la molcule de rfrence du fait de sa frquente efficacit.
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TROUBLES DU RYTHME CIRCADIEN
1. Syndrome de retard de phase
Cette pathologie du sommeil est caractrise par une impos-
sibilit de sendormir avant 2 heures du matin au moins. Le som-
meil de nuit une fois dbut se fait sans discontinuit ; il est de
quantit et qualit normales si lheure de rveil spontan peut
tre respecte. La somnolence diurne excessive nest pas de
rgle si le temps de sommeil de nuit est suffisant. Ce syndrome,
rare, environ 2 % de tous les troubles du sommeil, est plus fr-
quent chez lhomme et dbute souvent ladolescence. Il existe
un profil psychopathologique frquemment associ.
2. Syndrome davance de phase
Cette entit, encore plus rare, est de mme type que la prc-
dente, mais dans le sens oppos. Cliniquement, les sujets sendor-
ment particulirement tt dans la soire et finissent leur sommeil
vers 2 ou 3 heures du matin. La dure et la qualit du sommeil sont
normales. Une cause gntique (mutation sur le gne hper2) a t
retrouve dans une forme familiale de cette affection.
Les troubles du rythme circadien doivent tre investigus par
un agenda de sommeil, une actimtrie ainsi quune polysomno-
graphie qui confirme labsence danomalie du sommeil et limine
ainsi dautres pathologies du sommeil. Un enregistrement de
la temprature rectale pendant 24 heures est souvent utile et
objective un dcalage de phase de celle-ci tout comme les ryth-
mes de scrtion de la mlatonine. La prise en charge thrapeu-
tique de ces troubles est soit une chronothrapie par changement
progressif de lhoraire de coucher et de lever, soit un traitement
par la lumire (photothrapie) afin de resynchroniser lensemble
de la structure circadienne.
TROUBLES DU SOMMEIL DE LENFANT
Les troubles du sommeil chez le jeune enfant sont frquents.
Ils ont un lien avec le processus mme de maturation du rythme
veille/sommeil, mais ils sont aussi le reflet de lvolution psycho-
affective de lenfant et de ses relations avec ses parents.
DIFFICULTS DE SOMMEIL DE LENFANT
ET DVELOPPEMENT DU SOMMEIL
1. Structure du sommeil nocturne
La structure du sommeil nocturne se modifie trs rapidement
au cours des premiers mois de vie. Elle ressemble, ds lge de 9
mois, quelques diffrences prs, celle de ladulte : en premire
partie de nuit, le sommeil devient rapidement trs stable, et il est
presque exclusivement compos de sommeil lent profond. Les
veils survenant au cours de cette priode correspondent souvent
des veils incomplets, inconscients. En seconde partie de nuit, des
veils brefs, spontans, physiologiquessurviennent chaque change-
ment de cycle. Entre 1 et 6 ans, le nombre des veils diminue avec de
plus un allongement du cycle de sommeil, une augmentation du
temps de sommeil lent profond et de la stabilit du sommeil para-
doxal. Chez le jeune enfant, la survenue entre minuit et 5 heures du
matin dveils brefs est donc normale.
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles du sommeil de lenfant et de ladulte
Agenda du sommeil reprsentant des veils longs (en noir), des veils matinaux trs irrguliers et un dcalage de
lhoraire des siestes et du sommeil nocturne (en gris)
Figure 4
AGENDA DE SOMMEIL
15.12
16.12
17.12
18.12
19.12
20.12
21.12
22.01
B R R
B R B
B R B
B R R
B R R B
R R
B R R
B R R
0 h 2 h 4 h 6 h 8 h 10 h 12 h 14 h 16 h 18 h 20 h 22 h 0 h
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2. Installation du rythme jour/nuit
Le nouveau-n dort par priodes de 3-4 heures (rythme
ultradien), presque autant le jour que la nuit. Un rythme jour/nuit
stable sinstalle normalement dans les tout premiers mois de vie,
les priodes de veille et de sommeil les plus longues survenien-
nent heures fixes : diurnes pour les premires, nocturnes pour
les secondes. Ce rythme circadien de 24 heures ne peut sinstal-
ler sans donneur de temps ; chez le nouveau-n : la relation
mre-enfant, trs tt, lalternance du jour et de la nuit, la rgula-
rit des prises alimentaires et la disparition progressive de
celles-ci dans la nuit. La rgularit des moments de promenade
et dchanges ; un peu plus tard, celle des heures de siestes, de
coucher et surtout de rveil le matin aident le nourrisson dans
linstallation de ce rythme.
3. Dures et besoins de sommeil
Lvaluation de la dure du sommeil est facilite par la tenue
dun agenda de sommeil (fig. 4). En moyenne, le temps de som-
meil diminue de 16-17 heures la naissance, 14-15 heures
6 mois, environ 13 heures 2 ans, 9 heures 10 ans et 7,5 heures
ladolescence.
Lvaluation des besoins de sommeil propres chaque enfant
est plus difficile puisquil existe une grande variabilit interindivi-
duelle avec, trs vite, des enfants grands et petits dormeurs
(avec des diffrences de 2-3 heures par rapport aux dures
moyennes donnes pour chaque ge). La possibilit dune priva-
tion de sommeil doit donc tre value sur le comportement
diurne de lenfant : un enfant anormalement hyperactif, fatiga-
ble, et irritable manque probablement de sommeil ; en revanche,
mme si le temps de sommeil parat peu important, il est proba-
blement suffisant si lenfant est calme, indpendant et joyeux.
4. Organisation des siestes
Chaque fois quexiste des difficults de sommeil, il faut tre
trs attentif la rpartition du sommeil de jour, au nombre et
la dure des siestes et le rorganiser de faon quil ressemble
le plus possible ce qui correspond lge de lenfant (tableau 2).
En effet, des siestes trop frquentes pour lge de lenfant, une
sieste supprime trop prcocement, une sieste daprs-midi se
prolongeant aprs 16 heures, une sieste de matin trop prcoce
(avant 9 heures du matin) peuvent entraner un retard du cou-
cher et des veils nocturnes. Il peut exister aussi, partir de
2 ans, une corrlation ngative entre la dure du sommeil diurne
et celle du sommeil nocturne.
INSOMNIES DU JEUNE ENFANT
Linsomnie du jeune enfant repose sur la plainte des parents
dune insuffisance de sommeil. Elle correspond un trouble de
linstallation et du maintien du sommeil nocturne. Elle se traduit
par des difficults dendormissement avec opposition au cou-
cher ou pleurs, des veils nocturnes (souvent multiples) ou plus
rarement par une nuit courte. Linsomnie habituelle du petit
enfant correspond rarement une diminution anormale du
temps de sommeil. Ces troubles du sommeil sont frquents :
21 30 % des enfants de 2-3 ans rveillent rgulirement leurs
parents. Les vritables insomnies sont rares (moins de 20 %
des enfants vus pour des troubles du sommeil en consultations
spcialises).
1. Difficults dendormissement
et veils nocturnes
Conditionnement anormal lendormissement : chez lenfant de
moins de 3 ans, le trouble le plus frquent est un conditionne-
ment anormal lendormissement : lenfant ne sest jamais
endormi seul ou ne sait plus sendormir seul. Il est incapable de
sendormir sans biberon, sans tre berc, sans tre promen en
voiture ou couch contre ses parents, sans leur prsence jusqu
lendormissement ; celui-ci est parfois long mais peut aussi tre
rapide. Le sommeil avant minuit est trs stable, des veils multi-
ples surviennent entre minuit et 5 heures. Le problme nest pas
celui des veils, qui sont physiologiques, mais rside dans linca-
pacit de lenfant sendormir seul, sans laide de ses parents.
Les endormissements nocturnes sont gnralement rapides
(< 10 min), si toutes les conditions (ou presque) du premier endor-
missement sont redonnes.
Syndrome de prise alimentaire nocturne : ces veils multiples
se compliquent trs souvent dun excs de liquide nocturne.
On parle dexcs de liquide lorsque la quantit de liquide noc-
turne, eau, lait ou sirop dpasse 200 grammes par nuit. Les
veils sont multiplis par lexcs de liquide qui entrane une dis-
tension de la vessie. Ce trouble saccompagne trs frquem-
ment de difficults alimentaires diurnes.
Troubles par insuffisance de limites : ce trouble correspond une
absence ou une incohrence des routines de coucher proposes
lenfant, un manque de fermet des parents qui se laissent
dborder par les multiples demandes de lenfant pour viter d-
tre mis au lit, qui se sentent coupables de dire non, qui ont peur
des pleurs de lenfant ou de ses caprices, surtout sils survien-
nent la nuit, parfois par peur de rveiller les voisins ou un autre
enfant.
2. Troubles de linstallation du rythme jour/nuit
La peur quun enfant nait pas assez dormi, les conseils
souvent donns de ne jamais rveiller un enfant qui dort font que les
difficults dendormissement ou les veils nocturnes se compliquent
dun trouble de linstallation du rythme circadien de 24 heures. Il sagit
dun retard de phase favoris par une opposition au coucher avec
Organisation des siestes chez lenfant
Importance de lorganisation temporelle des siestes
3 siestes 6 mois : matin, dbut daprs-midi, fin daprs-midi
2 siestes entre 9 et 12 mois : fin de matine, dbut daprs-midi
1 sieste partir de 15 ou 18 mois : dbut daprs-midi
Disparition de la sieste partir de 3 ans
La persistance dune sieste rgulire aprs 6 ans doit faire
voquer une privation de sommeil ou une hypersomnie
Tableau 2
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coucher et lever tardifs, des veils nocturnes avec sommeil
rattrap le matin (ces levers tardifs mme sils ne surviennent que
2 fois par semaine peuvent entraner tous les jours un dcalage des
siestes et surtout du sommeil nocturne), ainsi qu une sieste trop
prcoce aprs le rveil du matin (avant 9 heures).
3. Insomnies symptomatiques
Certains symptmes doivent faire suspecter une cause organique:
veils nocturnes longs (suprieurs 15 min) associs
ou non un temps de sommeil sur les 24 heures trs diminu
(de plus de 2 heures par rapport la moyenne pour lge) ;
veils apparaissant ds la premire partie de la nuit,
un sommeil agit entre les veils ;
existence dune fatigue diurne, de siestes inopines, dune
hyperactivit pathologique ;
prsence de troubles du comportement : timidit anormale,
agressivit ;
existence dun ronflement trs sonore, de troubles alimen-
taires, de rgurgitations anormales.
Lexamen somatique doit tre systmatique. Certaines donnes
apportes par lexamen de lenfant peuvent orienter vers
la recherche dune cause organique : la prsence dun retard
staturo-pondral ou dune cassure de la courbe de poids ou
de taille, plus rarement dun excs de poids ; un examen neurolo-
gique ou psychomoteur anormal.
Certaines affections sont recherches :
une affection neurologique ou mentale avec ou sans dfi-
cits sensoriels (ccit en particulier) et (ou) pilepsie. Certains
de ces dficits, plus souvent dorigine gntique comme les syn-
dromes de Rett, de Willi-Prader, dAngelman, de Smith-Magenis,
sont presque systmatiquement associs des insomnies gra-
ves lies des troubles spcifiques de linstallation du rythme
circadien et (ou) des anomalies de la structure du sommeil ou
des apnes du sommeil ;
une affection mdicale : les diabtes insulino-dpendant
et insipide (en raison de la pollakiurie), lasthme, leczma sont fr-
quemment associs une insomnie. Chez les jeunes enfants il faut
systmatiquement liminer : une otite chronique, un reflux gastro-
sophagien, une intolrance aux protines du lait de vache. Chez
tous, il faut penser une ventuelle cause mdicamenteuse: traite-
ment par psychostimulants, corticodes;
une affection lie au sommeil : syndrome dapnes obstruc-
tives, syndrome de mouvements priodiques des membres ;
une cause psychologique ou psychiatrique : troubles
anxieux, prcocit, dpression, syndrome dhyperactivit avec
troubles de lattention, autisme, carences affectives graves.
4. Prise en charge
Comportementale : il faut prvenir les troubles du sommeil du
petit enfant en donnant progressivement lhabitude aux petits
nourrissons de sendormir seuls dans leur lit, dans leur chambre.
Si des difficults persistent aprs 6 mois, il est trs important de
prendre en charge la plainte des parents, de prendre le temps de
les couter, de les rassurer. Il faut souvent rorganiser le som-
meil et les siestes sur 24 heures : rveiller progressivement lenfant
heure fixe, la tenue dun agenda de sommeil convaincra
les parents de limportance de ces conseils (fig. 4).
Au moment du coucher, il faut demander aux parents dinsti-
tuer un rituel du coucher, mais aussi de laisser lenfant sendor-
mir seul, sans leur prsence, sans laide dun biberon de quelque
contenance quil soit. Chez les plus grands qui prsentent une
opposition au coucher ou qui arrivent dans la chambre paren-
tale, il faut instituer des limites, mais aussi parfois savoir reculer
un peu lheure du coucher.
Lorsquil existe un conditionnement lendormissement et
que la prsence des parents est ncessaire, il faut supprimer les
conditionnements, laisser progressivement pleurer lenfant ; sil
existe un excs de liquide, insister sur le fait quun nourrisson de
plus de 6 mois bien portant, na pas besoin dalimentation noc-
turne et demander aux parents de diminuer progressivement
sur 10 15 jours la quantit et la qualit de chaque biberon.
Psychologique : les troubles du sommeil de lenfant apparais-
sent trs souvent lorsque les parents sont trop anxieux ou
dpressifs, lorsquil existe des difficults de sparation mre-
enfant, une msentente parentale Une aide psychologique doit
alors tre propose.
Mdicamenteuse : les somnifres sont rarement indiqus si
le dveloppement psychomoteur de lenfant est normal ; il est
important de ne pas banaliser la prise de somnifre. Ils peuvent
avoir un effet paradoxal et ont de toute faon un effet transitoire.
Ils devraient rarement tre prescrits avant lge de 1 an. Si un trai-
tement somnifre est institu, il doit tre de courte dure et
le sevrage, comme chez ladulte, tre progressif. Lorsquune
cause organique est dcele, laffection en cause doit tre traite.
TERREURS NOCTURNES, SOMNAMBULISME
ET CAUCHEMARS
Il sagit, chez lenfant de moins de 10 ans, de manifestations
tout fait bnignes, qui ne deviennent anormales que si elles
sont frquentes. Ces troubles font partie dans la classification
internationale des troubles du sommeil des parasomnies.
Les troubles de lveil : terreurs nocturnes et somnambulisme
surviennent en premire partie de nuit, 1 3 heures aprs
lendormissement. Ils correspondent un veil dissoci en som-
meil lent profond.
MATURATION
ET VULNRABILIT
Troubles du sommeil de lenfant et de ladulte
POINTS FORTS
> Une thrapie cognitivo-comportementale doit tre
instaure devant toute insomnie chronique primaire
non organique.
> Il faut savoir reconnatre un sujet atteint dhypersomnie
et en valuer son origine. Le risque accidentel par
endormissement au volant est en effet souvent mconnu.
Chez un sujet somnolent et ronfleur, notamment avec
une pathologie cardiaque, il faut penser au syndrome
dapnes du sommeil, le confirmer et instaurer rapidement
un traitement par ventilation en pression positive.
retenir
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1. Terreurs nocturnes
La prvalence des terreurs nocturnes occasionnelles chez
lenfant de 3 10 ans est de 14 %. Lpisode est gnralement
unique dans la nuit. Le dbut est brutal. Lenfant sassoit sur son
lit, les yeux sont grands ouverts, effrays, il hurle. Il existe une
hypersudation. Il peut prononcer des paroles incohrentes. Les
essais pour le rveiller sont souvent inoprants et peuvent
entraner des ractions agressives ou provoquer un rflexe de
fuite. Les terreurs nocturnes durent de 1 10 minutes.
2. Somnambulisme
Le somnambulisme dans sa forme simple est une manifesta-
tion frquente, 10 30 % des enfants prsentent occasionnelle-
ment un pisode de somnambulisme. Trois pour cent dentre eux
font plusieurs accs par mois. Lenfant se lve, a les yeux grands
ouverts, mais ne parat pas voir, le visage est inexpressif, la dam-
bulation est lente, le somnambule peut raliser des actes relative-
ment labors : viter des meubles, descendre des escaliers, mais
il est maladroit et peut accomplir des actes dangereux. Le som-
nambule est gnralement docile si on nessaye pas de le rveiller.
Ces pisodes durent habituellement moins de 10 minutes.
Ces 2 parasomnies partagent les mmes caractristiques cli-
niques : il existe une histoire familiale de terreur nocturne ou de
somnambulisme dans 60 90 % des cas. Elles surviennent
gnralement dans les 3 premires heures de sommeil. Il existe
une amnsie de lpisode et la possibilit dune raction agres-
sive ou dun rflexe de fuite si on tente de rveiller lenfant.
Ces 2 parasomnies partagent les mmes facteurs favorisants :
un stress, une anxit importante, une fivre, une activit mus-
culaire intense trop tardive dans la journe, une distension de
la vessie par des boissons trop abondantes le soir, peuvent tre
des facteurs dclenchants, de mme quune privation de som-
meil ou des rythmes veille-sommeil trop irrguliers.
3. Terreurs nocturnes ou cauchemars ?
Les terreurs nocturnes sont trs souvent confondues avec
des cauchemars ; le cauchemar est un mauvais rve, il apparat
en seconde partie de nuit au cours dune priode de sommeil
paradoxal ; lenfant est parfaitement conscient davoir fait un
mauvais rve et sen souvient le lendemain.
4. Prise en charge
La conduite tenir dpend de lge, de limportance et de
la frquence des parasomnies. Dans les formes simples, il suffit
de rassurer et dexpliquer le mcanisme du trouble lenfant et
sa famille, en insistant sur leur banalit et leur caractre tran-
sitoire. Il faut demander aux parents de ne pas tenter de rveiller
lenfant, dintervenir le moins possible. Chez les jeunes enfants,
il faut rorganiser les rythmes veille/sommeil et restaurer ven-
tuellement une sieste. Chez tous, surtout si les dambulations
sont importantes, il faut protger des accidents en vitant
les meubles dangereux en posant des verrous haut placs aux
portes et aux fentres et des rideaux pais.
Un traitement mdicamenteux nest prescrit que lorsque les
accs entranent des perturbations familiales importantes, lors-
quil existe une dambulation prolonge et (ou) des actes dange-
reux. Le clobazam, une dose de 5 10 mg au coucher, me parat
lun des plus efficaces et des plus anodins. B
POUR EN SAVOIR PLUS
Troubles du sommeil de ladulte
La narcolepsie. Le sommeil normal et pathologique.
Billiard M, Dauvilliers Y, Carlander B.
2
e
Ed. M Billiard, 1998.
Les syndromes dapnes du sommeil. Le sommeil normal
et pathologique.
Krieger J.
2 Ed. Billiard M, 1998.
Vulnrabilit psychologique linsomnie.
Morin CM.
Revue Neurologique 2001, 11: 67-70.
Troubles du sommeil de lenfant
Linsomnie de lenfant. Aspects cliniques et traitement.
In Pathologie du sommeil et de lveil.
Navelet Y.
Ed. M Billiard, 1998.
Protger le sommeil de votre enfant.
Ferber R.
ESF, Paris, 1990.
Le sommeil de votre enfant. Sant au quotidien.
Kahn A.
Odile Jacob, 1998.
Lenfant et son sommeil.
De Leersnyder H.
Rponses : Robert Laffont, 1998.
Le sommeil, le rve et lenfant.
Thirion M, Challamel MJ.
Ed. Albin Michel, 1999.
DEJ PARU DANS LA REVUE
Faut-il oprer le syndrome dapne du sommeil et du ronflement ?
Pessey JJ
(Rev Prat Med Gen 1999 ; 13 [451] : 352-3)
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