Debelmas Jacques - Mascle Georges - Basile Christophe - Les Grandes Structures Géologiques

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SCIENCES SUP

Cours
SCIENCES SUP
LES GRANDES
STRUCTURES
GOLOGIQUES
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Jacques Debelmas
Georges Mascle
Christophe Basile
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Master CAPES Agrgation
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MATHMATIQUES
PHYSIQUE
CHIMIE
SCIENCES DE LINGNIEUR
INFORMATIQUE
SCIENCES DE LA VIE
SCIENCES DE LA TERRE
1 2 3 4 5 6 7 8
LICENCE MASTER DOCTORAT
6656508
ISBN 978-2-10-051359-8 www.dunod.com
Ce livre, destin aux tudiants en Master des sciences de la
Terre et de lUnivers, sera galement utile aux candidats aux
concours denseignement.
Cet ouvrage est consacr aux grandes structures gologiques
(chanes de montagnes, bassins sdimentaires, marges conti-
nentales, ocans), un domaine des sciences de la Terre o
les progrs sont constants et de nouveaux concepts et de
nouvelles interprtations formuls.
Cette cinquime dition entirement renouvele expose les
nouvelles donnes et fournit une synthse de leurs rsultats.
Louvrage est crit dans une perspective dynamique, cest--
dire volutive, corrlant les diffrents phnomnes en prsence :
sdimentation, dformation, volcanisme, mtamorphisme,
cinmatique, pour aboutir une classification raisonne des
structures gologiques.
Jacques Debelmas
Georges Mascle
Christophe Basile
LES GRANDES STRUCTURES
GOLOGIQUES
JACQUES DEBELMAS
est professeur honoraire
de luniversit Joseph-Fourier
de Grenoble.
GEORGES MASCLE
est professeur honoraire
de luniversit Joseph-Fourier
de Grenoble et charg de cours
lcole normale suprieure
de Lyon.
CHRISTOPHE BASILE
est professeur lobservatoire
des Sciences de lUnivers
de luniversit Joseph-Fourier
de Grenoble.

LES GRANDES
STRUCTURES
GOLOGIQUES

debelmas_prelims.fm Page I Lundi, 5. mai 2008 5:13 17

debelmas_prelims.fm Page II Lundi, 5. mai 2008 5:13 17

LES GRANDES
STRUCTURES
GOLOGIQUES

Jacques Debelmas

Professeur honoraire
de luniversit Joseph-Fourier de Grenoble

5

e

dition

Georges Mascle

Professeur honoraire de luniversit Joseph-Fourier de Grenoble
Charg de cours lcole normale suprieur de Lyon

Christophe Basile

Professeur lobservatoire des Sciences de lUnivers
de luniversit Joseph-Fourier de Grenoble

debelmas_prelims.fm Page III Lundi, 5. mai 2008 5:13 17

Illustration de couverture :

Modle numrique de terrain (MNT) la latitude des Andes centrales

(cf. fig. 8.1)

.
Il montre :
la crote ocanique du Pacifique Sud-Est (plaque de Nazca) avec la ride asismique
de Nazca

(cf. fig. 2.5)

et la fosse de subduction du Prou-Chili ;
la marge active andine

(cf. fig. 8.8)

avec la Cordillre volcanique occidentale,
lAltiplano de Bolivie, la Cordillre orientale et le Subandin de Bolivie ;
le bassin flexural amazonien et le bouclier brsilien

(cf. fig. 8.8)

.

Dunod, Paris, 2008

Dunod, Paris, 2000 pour la prcdente dition
Masson, Paris, 1991, 1997

debelmas_prelims.fm Page IV Lundi, 5. mai 2008 5:13 17
ISBN 978-2-10-053572-9


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Table des matires
Avant-propos de la 5
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dition XI
INTRODUCTION NOTIONS SUR LA CROTE TERRESTRE ET LA LITHOSPHRE 1
La crote continentale 2
Proprits rhologiques de la crote et du manteau suprieur 3
La crote ocanique 4
Zones ocaniques stables (= plaines abyssales) 4
Dorsales ocaniques 5
Lithosphre et plaques lithosphriques 6
Lithosphre et isostasie 6
Partie 1
LES STRUCTURES OCANIQUES
CHAPITRE 1 RELIEFS OCANIQUES SISMIQUEMENT ACTIFS 11
1.1 Les dorsales 11
1.1.1 Morphologie 11
1.1.2 Signication des dorsales et accrtion ocanique 14
1.1.3 Les roches des dorsales 16
1.1.4 Lge des dorsales 19
1.1.5 Lexpansion ocanique 19
1.1.6 Les failles transformantes 22
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VI Les grandes structures gologiques
1.2 Les arcs insulaires intraocaniques 25
1.2.1 Arcs du type Tonga-Kermadec ou Mariannes 26
1.2.2 Arcs du type Japon-Insulinde 34
CHAPITRE 2 RELIEFS OCANIQUES SISMIQUEMENT INACTIFS 35
2.1 Reliefs volcaniques 35
2.1.1 Les volcans ocaniques isols 35
2.1.2 Les volcans ocaniques aligns 36
2.1.3 Les plateaux ocaniques 40
2.2 Reliefs non volcaniques 41
Partie 2
LES STRUCTURES CONTINENTALES DE DISTENSION
CHAPITRE 3 LES BASSINS SDIMENTAIRES 45
3.1 Les fosss deffondrement (rifts) 48
3.1.1 Morphostructure 50
3.1.2 Sdimentation 52
3.1.3 Volcanisme 52
3.1.4 Tectonique 53
3.1.5 Donnes gophysiques 54
3.1.6 Mcanisme de formation du foss 56
3.1.7 Autres exemples 57
3.2 Les bassins sur dcrochement 66
3.2.1 Les rifts en pull-apart 66
3.2.2 Bassins dcrochants 70
3.3 Plateaux de distension tardi-orognique, type basin and range 78
3.3.1 Donnes gophysiques 79
3.3.2 ge de la distension 80
3.3.3 Mcanisme de la distension 80
3.3.4 Cadre structural de la distension 83
3.4 Les bassins proprement dits (bassins cratoniques) 84
3.4.1 Cas simples 84
3.4.2 Bassins complexes 88
3.5 Les bassins davant-chane 89
3.5.1 Le bassin molassique pri-alpin 89
3.5.2 Le bassin du P (bassin padan) 93
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Table des matires VII


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CHAPITRE 4 LES MARGES CONTINENTALES DIVERGENTES (OU PASSIVES) 97
4.1 Lensemble Mer Rouge Afars Golfe dAden : un exemple de marge volcanise 99
4.1.1 La mer Rouge 99
4.1.2 LAfar 102
4.1.3 Le golfe dAden 104
4.2 Marges sans volcanisme 106
4.2.1 La marge armoricaine 106
4.2.2 Le golfe de Gascogne 110
4.2.3 La sdimentation sur les marges passives 114
4.3 Marges de faille coulissante (marges transformantes) 116
4.3.1 Exemple : le golfe de Californie 116
4.3.2 Autres exemples 117
4.4 Synthse 118
4.4.1 Stade rift 118
4.4.2 Stade du dbut de laccrtion ocanique 120
4.4.3 Stade de lexpansion ocanique 120
CHAPITRE 5 LES MARGES CONTINENTALES CONVERGENTES ET LES ARCS INSULAIRES DRIVS 123
5.1 Donnes gophysiques sur les marges actives 124
5.2 La fosse de subduction 126
5.3 Le prisme daccrtion (arc sdimentaire) 127
5.4 Larc volcanique 131
5.4.1 Le volcanisme 133
5.4.2 Gense des magmas 135
5.4.3 Structure tectonique de larc volcanique 136
5.5 Le bassin avant-arc ou frontal (= fore-arc basin) 137
5.6 Les structures situes en arrire de larc volcanique 139
CHAPITRE 6 LES BASSINS ARRIRE-ARC 141
6.1 Bassins arrire-arc sur crote continentale amincie 141
6.2 Bassins darrire-arc ocaniss 146
6.2.1 Le bassin Tyrrhnien au cur de larc de Calabre 146
6.2.2 Le bassin Liguro-Provenal 148
6.2.3 Les bassins darrire-arc de lW-Pacique 152
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VIII Les grandes structures gologiques
Partie 3
LES STRUCTURES CONTINENTALES DE COMPRESSION
CHAPITRE 7 LES CHANES INTRACONTINENTALES 161
7.1 Chanes rsultant dun bombement de leur socle 162
7.1.1 Cas simples 162
7.1.2 Cas complexe : les Pyrnes 171
7.2 Chanes rsultant dun clivage intracrustal 178
7.2.1 Les chanes catalanes et ibriques 178
7.2.2 Le Jura 180
7.2.3 Les Montagnes Rocheuses canadiennes 183
CHAPITRE 8 LES CHANES DE SUBDUCTION 187
8.1 La chane des Andes actuelle 188
8.2 Les Andes du Prou 191
8.3 Les Andes de Bolivie, du Sud Prou et du Nord Chili 195
8.4 Les Andes du Chili central et dArgentine centrale 198
8.5 volution orognique 198
CHAPITRE 9 LES CHANES DOBDUCTION 205
9.1 LOman 205
9.2 La Nouvelle-Caldonie 208
9.3 La Nouvelle-Guine 211
9.4 Le mcanisme de lobduction 212
9.5 Lvolution du Pacique SW 214
CHAPITRE 10 LES CHANES DE COLLISION 215
10.1 Chanes liminaires 216
10.1.1 Collision de plateaux ocaniques : les Andes dquateur et de Colombie 216
10.1.2 Collision avec un arc ocanique : lle de Taiwan 220
10.1.3 Collisions rptes darcs ocaniques : les chanes paciques
de lOuest amricain 224
10.2 Chanes de collision intercontinentale 230
10.3 Le Zagros 233
10.4 LHimalaya 234
10.4.1 Les units constitutives 238
10.4.2 Lhistoire tectonique 243
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Table des matires IX


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10.4.3 Structure profonde de la chane himalayenne 247
10.4.4 Les effets de la collision sur le continent asiatique 248
10.4.5 Incidences globales 251
10.5 La chane hercynienne (= varisque) dEurope 251
10.5.1 Traits structuraux majeurs 253
10.5.2 volution structurale 261
10.6 Les Alpes 263
10.6.1 La structure actuelle 266
10.6.2 Structure profonde de la chane alpine 275
10.6.3 Lvolution structurale de la chane alpine 277
10.6.4 Distensions syntectoniques tardives dans les Alpes 285
10.7 Distension et talement terminal des orognes : bilan et synthse 288
CHAPITRE 11 LES COLLAGES 293
11.1 Le bloc de Wrangellia 294
11.2 Le bloc de Yakutat 296
chelle stratigraphique 299
Bibliographie 303
Index alphabtique gnral 317
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Avant-propos
de la 5
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dition
Cet ouvrage traite des grandes structures gologiques, cest--dire des structures
lchelle de la crote terrestre telles que les bassins sdimentaires, les marges conti-
nentales ou les chanes de montagnes.
Les ditions successives de ce livre ont montr quun tel propos rpondait un
besoin exprim par les tudiants, surtout ceux engags dans la prparation aux
concours de recrutement, ainsi que par les professeurs du Secondaire.
Il ne sagit pas dun trait exhaustif mais dune prsentation aussi simple que
possible des grandes structures de notre globe et de leur volution dynamique. Dans
cette prsentation, nous avons suppos connues les notions de base (terminologie
stratigraphique, tectonique ou ptrographique, vocabulaire et concepts de la tecto-
nique de plaques) et nous nabordons pas non plus laspect purement gophysique
des recherches dans ce domaine.
La simplicit et la concision voulue de notre rdaction, ainsi que le public auquel
il sadresse, entranent bien videmment une schmatisation. Il y a toujours un
danger dans une telle dmarche et nous nchappons pas au dilemme dj exprim
par Paul Valry : rester simple en sachant que lon nest pas tout fait exact, entrer
dans le dtail pour tre plus vrai mais en devenant difcilement lisible. Il nous est
apparu que la premire attitude permettait une vision plus globale des phnomnes
et plus adapte ce que les lecteurs peuvent dsirer y trouver.
Cette 5
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dition correspond une refonte assez profonde de louvrage rendue
ncessaire par les progrs des connaissances sur la dynamique crustale et mantellique,
progrs qui ont profondment marqu la dernire dcennie.
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Introduction
Notions sur la crote terrestre
et la lithosphre
Ltude de la propagation des ondes sismiques, en particulier des ondes P (longitu-
dinales) a permis, depuis longtemps, de distinguer, la partie supercielle de notre
globe, deux ensembles superposs :
une crote ou corce terrestre (en moyenne 30 km dpaisseur sous les continents,
moins de 10 km sous les ocans);
un manteau sous-jacent, spar de la prcdente par une surface de discontinuit
au niveau de laquelle les vitesses des ondes sismiques varient brusquement
(discontinuit de Mohorovicic, dite plus simplement Moho).
Lcorce a un comportement assez passif : le moteur des phnomnes tectoniques
est situ dans le manteau et dans un manteau dj assez profond. On constate en
effet, toujours laide des ondes sismiques, que la surface de notre globe est rigide
( lchelle du temps des sismes) sur une paisseur de lordre de 100 200 km, dite
lithosphre (corce et sommet du manteau suprieur).
Au-dessous, vient lasthnosphre o les vitesses sismiques diminuent, au moins
dans sa partie suprieure. Cette zone faible vitesse correspond un matriel
susceptible de se dformer facilement et qui est probablement le niveau auquel
seffectuent les rajustements isostatiques ainsi que le bouclage suprieur des
mouvements de convection que lon pense tre le moteur de bien des phnomnes
orogniques.
En surface, la lithosphre peut porter deux types de crote, continentale ou
ocanique.
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2 Les grandes structures gologiques
LA CROTE CONTINENTALE
Au niveau des zones continentales stables, cest--dire des grands boucliers et plates-
formes, comme celle de lAfrique ou de la Russie qui nont pas subi de dformations
depuis plusieurs centaines de millions dannes, on distingue :
la crote suprieure (10 15 km), d = 2,7, Vp = 6 km/s;
la crote infrieure (10 15 km), d = 2,8 2,9, Vp = 7 km/s.
Entre les deux, existe parfois une zone o les vitesses sismiques des ondes P
varient de 6 5,5 km/s : cette couche faible vitesse est un niveau possible de clivage
ou de glissement, dont lorigine est encore discute. On a parl de fusion commenante,
mais, 15 km de profondeur, la temprature nest que de 400 500 C, cest--dire
quon est encore en dessous du point de fusion des roches habituelles de la crote
dont on va parler.
La crote suprieure est facile interprter : sous une paisseur variable de sdi-
ment, elle montre toujours des gneiss plus ou moins granitiss, do son nom de
couche granito-gneissique (ou sialique). Cette crote suprieure afeure en effet
largement dans les grands boucliers et se retrouve, parfois visible sur toute son
paisseur, dans les chanes de montagnes, anciennes et actuelles.
La crote infrieure est plus difcile interprter, car inaccessible au niveau des
grands boucliers. Une simple croissance de vitesse des ondes P avec la pression due
la profondeur, ne suft pas pour expliquer lacclration observe. Une diffrence
de composition lithologique doit intervenir. La densit du milieu (2,8 2,9) est celle
du basalte, do le nom de couche basaltique quon lui donnait parfois. On est oblig
daller chercher la rponse dans les zones orogniques o lon peut esprer trouver
les afeurements de cette crote infrieure.
Ils sont en fait assez rares, ce qui suggre quau moment du plissement de ces
chanes, il y a pu y avoir clivage entre les deux crotes (au niveau de la couche
moindre vitesse?) et seule la crote suprieure, clive et caille, afeure en gnral.
Nanmoins, quelques coupes existent et montrent :
un ensemble suprieur o alternent roches sdimentaires diverses (gneiss,
marbres, quartzites) et des sills de roches volcaniques (amphibolitises), le tout
mtamorphis sous facis amphibolite granulite ou clogite. Citons titre
dexemple lensemble kinzigitique de la zone dIvre des Alpes, ou lensemble
leptyno-amphibolique du Massif central;
un ensemble infrieur, plus massif, fait de roches basiques (o salimentent les
sills que lon vient dvoquer), et o dominent les gabbros et les pridotites lites,
texture de cumulats. Les quilibres minralogiques de ce complexe basal indiquent
une pression de 7 9 Kbar et une temprature de 1 150 C environ.
En somme, la crote infrieure serait constitue dintrusions de matriel mantel-
lique, basique ultrabasique, au sein dune srie dorigine sdimentaire mtamor-
phise, comme on la dit, sous facis clogite amphibolite.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 2 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
Notions sur la crote terrestre et la lithosphre 3


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Sous la crote infrieure, on atteint des pridotites rubanes texture de tecto-
nites (textures porphyroblastique mylonitique) qui reprsentent le manteau sup-
rieur, ce qui correspond bien aux observations gophysiques (Vp = 8 km/s, d = 3,3).
Lancien Moho nest jamais net sur le terrain car la zone en question nafeure
que dans les rgions plisses et elle y correspond toujours un plan de dcollement
ou de glissement jalonn de mylonites et de brches pridotitiques.
Ajoutons que, sur les prols sismiques ECORS, la crote infrieure rvle
souvent une disposition lite qui soppose la transparence de la crote suprieure
(g. i-1). Elle traduit lexistence de nombreux recteurs subparallles dont
lorigine est encore discute. La tendance est dy voir des niveaux de clivages satel-
lites du Moho qui constituerait le principal dentre eux.
Dans les zones orogniques, lpaisseur de la crote continentale augmente
(le Moho senfonce), ce qui donne une racine qui peut doubler lpaisseur de la
crote (60 70 km).
Proprits rhologiques de la crote et du manteau suprieur
Les tudes sismiques ont montr que la crote tait, ce point de vue, faite de deux
ensembles superposs : une crote suprieure rigide ou fragile, et une crote inf-
rieure o les dformations se font surtout par tirement ductile (crote ductile).
Le comportement diffrent de ces deux ensembles peut entraner leur dsolidarisa-
tion. Nous en verrons un exemple avec le banc de Galice, dans lAtlantique, au large
de lEspagne NW (p. 109) : la crote ductile sy tire jusqu disparatre, si bien que le
manteau suprieur vient directement en contact avec la crote suprieure.
Pour ce qui est du manteau suprieur, on pourrait penser quen raison de la pres-
sion et de la temprature qui y rgnent, le rgime ductile sy afrmerait. Ce nest pas
le cas. On y distingue un ensemble suprieur rigide et un ensemble infrieur ductile,
comme dans la crote, si bien que dans les zones dtirement, le premier peut lui
aussi se fragmenter ou se boudiner.
Fig. i-1 Prol ECORS SWAT n
o
8 en Manche occidentale, entre Plymouth et lle dOuessant
(ECORS inform. n
o
3, 1985).
Sous une couverture sdimentaire assez paisse (A), vient une crote suprieure
pauvre en recteurs (B) et une crote infrieure lite (C).
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4 Les grandes structures gologiques
LA CROTE OCANIQUE
Elle forme le fond des grands ocans et diffre essentiellement de la prcdente par
sa minceur et labsence de couche granito-gneissique.
Zones ocaniques stables (= plaines abyssales)
Sous une paisseur variable de sdiments viennent :
La crote ocanique suprieure, seule atteinte et en partie traverse par les
forages (le forage le plus profond la traverse sur 2 km environ, prs des les
Galapagos, sous 275 m de sdiments pliocnes). paisseur 2 km environ, d = 2,5
2,7, Vp = 5 km/s. Elle montre des coules basaltiques contenant quelques
niveaux sdimentaires consolids.
La crote ocanique infrieure. paisseur 5 km, d = 2,8 2,9, Vp = 7 km/s. Sa
nature est discute puisque les forages ne lont pas atteinte. Les dragages et les
observations en submersible (banc de Goringe au SW du Portugal, g. 4.10) sur
les escarpements de failles ocaniques ouvertes ont donn des basaltes, des
gabbros mtamorphiss, des amphibolites et des pridotites serpentinises.
Pendant longtemps on a cru que cette couche se plaait dans le prolongement de
la couche basaltique sous-continentale. En fait, les choses sont diffrentes.
En effet, les ophiolites des zones orogniques, qui reprsentent des fragments
dancienne crote ocanique dtachs par la tectonique, permettent dobserver une
coupe complte de celle-ci. On y retrouve la crote ocanique suprieure (alter-
nance de sdiments et de coules basaltiques) et la crote ocanique infrieure. Or
celle-ci montre, de haut en bas (g. i-2) :
une couche dolritique massive, faite dun essaim serr de dykes basaltiques,
ayant manifestement aliment le volcanisme sus-jacent;
un ensemble gabbroque, texture de cumulats
1
;
des cumulats ultrabasiques rubans (pridotites plus ou moins serpentinises) qui
forment la base de la crote ocanique, car au-dessous viennent les pridotites du
manteau suprieur, bien diffrentes des prcdentes par leur texture de tectonites.
Le palo-Moho, comme sur les continents, est souvent difcile observer car
toutes ces pridotites sont fortement serpentinises et correspondent une zone de
glissements diffrentiels entre crote et manteau.
Par ailleurs, toutes les ophiolites des chanes du cycle alpin ne montrent pas la
succession idale prcdente. Dans les Alpes, par exemple (g. i-2), ce sont le plus
souvent des pridotites serpentinises, recoupes de faon irrgulire par des gabbros
et des lons de diabases. Les coules volcaniques suprieures peuvent manquer
compltement. Les recherches ocanographiques ont montr que ce dispositif est
frquent sur les dorsales lentes (atlantique par exemple) o des pridotites serpen-
tinises apparaissent souvent lafeurement.
1. Roches rsultant de laccumulation diffrentielle de cristaux au sein dun magma. Elles sont
souvent lites.
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Notions sur la crote terrestre et la lithosphre 5


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Dorsales ocaniques
Ce sont des reliefs sous-ocaniques volcaniques en forme de longues crtes mous-
ses qui courent tout au long des grands ocans. leur axe, il ny a plus de sdi-
ments ni de crote ocanique infrieure (g. i-3). Par contre, on voit se dvelopper,
sous la crote suprieure, une sorte de loupe de matriaux o les vitesses sismiques
atteignent 7,5 km/s. On linterprte comme un rservoir magmatique alimentant le
volcanisme toujours intense du fate de la dorsale. Il sagirait donc dun manteau
suprieur anormal, plus ou moins envahi de produits de fusion partielle, do la
Fig. i-2 Crote ocanique et ophiolites.
A. Coupe dune squence ophiolitique classique. Cest en gnral de telles sries
que lon compare la crote ocanique. Les paisseurs sont donnes titre indicatif
et peuvent tre variables. Quand elles sont trs fortes, il sagit probablement de
squences mises en place au niveau de points chauds (voir p. 37).
B. Ensemble ophiolitique atypique observ dans certains secteurs des Alpes franco-
italiennes. Il se caractrise par lextrme rduction des basaltes en coussins et des
gabbros (les pridotites serpentinises formant alors le fond ocanique) et lapparition
de brches serpentineuses ciment de calcite blanche (ophicalcites) dont lorigine
(sdimentaire ou hydrothermale) reste discute. paisseur de la coupe = 1 km environ.
C. Le banc de Goringe, au large du Portugal (voir g. 4.10). Il sagit dun panneau de
lithosphre ocanique bascul de 20 environ, situ au voisinage de la fracture
Aores-Gibraltar. Il a permis, par lobservation directe en submersible, de reconsti-
tuer une coupe de la crote ocanique atlantique. Les volcanites alcalines du
sommet de la coupe ont t mises en place ultrieurement et nont rien voir avec
la crote ocanique elle-mme.
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6 Les grandes structures gologiques
baisse des vitesses sismiques et le haut ux thermique (contrastant avec le faible ux
des plaines abyssales).
LITHOSPHRE ET PLAQUES LITHOSPHRIQUES
La lithosphre ne forme pas une carapace inerte et immobile.
Lide de la mobilit de la surface du globe a t progressivement argumente
depuis le dbut du XX
e
sicle. Les premiers arguments taient gomtriques (embo-
tement des contours continentaux) ou palontologiques (identits de ores ou de
faunes aujourdhui spares), puis gophysiques (paloples magntiques)
La mesure des anomalies magntiques des fonds ocaniques et leur interprtation
comme des marqueurs de lexpansion ocanique, ont permis de reconstituer ces
dplacements au cours des temps gologiques, en particulier pour les dernires
dizaines de millions dannes. Plus rcemment, le dveloppement de la godsie
spatiale et en particulier du GPS (Global Positioning System) a permis de mesurer
des dplacements lchelle de quelques annes. Toutes ces observations montrent
que la surface du globe terrestre est dcoupe en un nombre limit de plaques rigides
qui se dplacent les unes par rapport aux autres.
En fonction de leur dplacement relatif, on dnit trois types de limites de plaques
lithosphriques : si les plaques scartent (plaques divergentes), les limites sont des
marges de type atlantique (car frquentes sur les bordures de cet ocan). Elles sont
inertes (asismiques et non volcaniques). La crote continentale samincit progressi-
vement vers locan (g. i-3A), en acqurant dailleurs des caractres sismologiques
intermdiaires entre ces deux milieux (Vp = 6,5). Do son nom de crote interm-
diaire. En raison de ltirement qui provoque lamincissement, la crote infrieure
disparat et la crote granito-gneissique peut tre envahie de sills de produits
basiques locaux dorigine mantellique.
Si les plaques coulissent lune contre lautre, les marges sont les lvres de la faille
correspondante (marges de dcrochement et de coulissement). Les crotes en contact
gardent leur paisseur et leurs caractristiques.
Si les plaques se rapprochent (plaques convergentes), lune des deux marges plonge
sous lautre suivant une surface dite de Bnioff ou zone de subduction. Ces marges
sont dites paciques car elles sont frquentes sur les bordures de cet ocan. Le
contact plongeant est jalonn par des sismes partir de 20 km jusque vers 700 km
(g. i-3B). Pendant longtemps on a pens que les foyers sismiques jalonnaient la
surface de frottement. En fait, ils se situent au sein de la lithosphre plongeante et
manifestent les tensions internes celle-ci entre 60 et 300 km. Au-del, cest au
contraire un rgime compressif qui domine.
LITHOSPHRE ET ISOSTASIE
En mme temps que les gophysiciens tablissaient lexistence dune crote et dun
manteau, ils constataient quen dehors de quelques points du globe en cours
dvolution rapide par effondrement ou plissement, le champ de la pesanteur tait
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Notions sur la crote terrestre et la lithosphre 7


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grossirement le mme au-dessus des continents et des ocans et que par cons-
quent, il existait un mcanisme rgulateur des irrgularits de rpartition ou de
nature de la crote au-dessus du manteau.
On admet maintenant que ce mcanisme est de type hydrostatique, cest--dire
que la crote otte sur le manteau, donc que tout relief de crote continentale est
compens par une racine de cette mme crote senfonant dans le manteau,
exactement comme le montre un iceberg dans la mer. Cette comparaison est dautant
plus justie que le rapport des densits des deux milieux en prsence est du mme
ordre de grandeur dans les deux cas. Cet quilibre hydrostatique est dit isostasie.
Les tudes sismologiques ont conrm lexistence de ces racines qui peuvent
atteindre 70 km dpaisseur et donc doubler lpaisseur de la crote normale sous
certaines chanes de montagne. Quant la crote ocanique, elle nest paisse que
de 7 km et compenserait ainsi la faible densit de leau sus-jacente.
Fig. i-3 La crote ocanique.
En haut : structure au niveau dune dorsale rapide.
En bas : ses rapports avec les marges continentales.
A. Juxtaposition : marge passive (il sagit dune coupe gophysique. Comparer avec
la g. 4.9 o sont introduites les donnes sur la structure gologique de ces marges).
B. Subduction : marge active.
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8 Les grandes structures gologiques
Un tel mcanisme rgulateur implique quil y ait, en profondeur, un milieu uide,
mme si ce uide est extrmement visqueux. Pendant longtemps, on a cru quil
sagissait du manteau suprieur. On sait maintenant quil sagit de lasthnosphre.
Ce milieu est de mme composition chimique que la base de la lithosphre et ce
sont seulement ses proprits physiques qui len distinguent. La limite correspond
peu prs lisotherme 1 300 C. Elle est videmment progressive et oue, et traduit
en fait une fusion partielle trs faible du matriel mantellique.
Les phnomnes isostatiques doivent donc tre examins lchelle de la lithos-
phre et non plus de la seule crote. Or, de ce point de vue, on constate quil existe
deux types de compensation isostatique.
Si la lithosphre est paisse et rigide, elle ragira, la surcharge dun objet suf-
samment volumineux, dune faon lastique en se dformant sur une vaste surface qui
dborde largement celle de la surcharge en question, autour de laquelle apparatra donc
un anneau dprim. La compensation est dite rgionale. Un bon exemple est donn par
lnorme complexe volcanique des les Hawa. On a l des missions basaltiques bien
rassembles mergeant dun fond ocanique de 5 000 m et culminant + 4 000 m,
soit un dice volcanique de plus de 9 000 m de hauteur. Son poids a fait chir la
crote ocanique jusqu une distance de 1 000 km du centre ruptif. De plus, fait
signicatif, il existe un bourrelet saillant autour de la zone dprime, tmoignant de
llasticit de la lithosphre incurve. Pour comprendre et visualiser ce phnomne, on
peut, par exemple, plier une rgle en plexiglass sur le bord dune table : la rgle se
dcolle de la table et dessine un lger bombement au niveau de son incurvation.
LHimalaya, form de grandes lames de crotes gneissiques empiles sur la
lithosphre paisse et rigide de lInde, en est un autre exemple. De fait, la limite
Inde-Himalaya, existe une dpression de 4 5 km de creux, remplie de sdiments, le
bassin des Siwaliks, large de 200 300 km. La compensation sexerant sur une
vaste surface, la racine de telles chanes peut tre relativement modeste (50 km
seulement dans le cas particulier). Cest, en dnitive, le cas de toutes les chanes de
montagnes leves associes des bassins davant-chane.
Si la lithosphre est moins rigide, pour des raisons ptrographiques, structurales
ou thermiques, la compensation rgionale sera videmment beaucoup plus faible.
Un relief montagneux, par exemple, ne sera compens que par sa racine, mais celle-
ci sera beaucoup plus importante que pour une chane die sur une lithosphre
paisse et rigide. Autrement dit, le poids du relief nest contrebalanc que par la
pousse dArchimde sexerant sur sa racine. Par ailleurs, cet quilibre est prcaire
et ne durera quautant que les conditions qui sont son origine, une compression par
exemple, persistent. Si la compression cesse, le relief stalera beaucoup plus vite
par gravit et la racine seffacera rapidement
1
.
Le plateau du Tibet est un bon exemple de ce deuxime type de compensation.
Son altitude et sa racine de 70 km ne sont dues qu la pression quexerce la litho-
sphre indienne contre celle de lAsie (voir p. 248).
1. ce sujet, voir aussi p. 84 et 288.
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PARTIE 1
LES STRUCTURES OCANIQUES
La plus grande partie du fond des ocans est faite des plaines abyssales, 5 000 m
en moyenne. Ce sont dimmenses surfaces presque planes dont la gophysique
montre quelles reprsentent le toit de la crote ocanique non perturbe, ensevelie
sous une couche de sdiments plagiques en gnral peu paisse. Les reliefs qui
accidentent ces plaines sont le plus souvent dorigine volcanique mais se divisent en
deux groupes suivant quils sont sismiquement actifs ou non.
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Chapitre 1
Reliefs ocaniques
sismiquement actifs
1.1 LES DORSALES
1.1.1 Morphologie
La plus clbre et la mieux connue est celle de lAtlantique (g. 1.1, 1.2, 1.4, 1.6),
large de 1 000 2 000 km, slevant de fonds de 4 000 2 500 m. Quelques sommets
atteignent la surface donnant ainsi des les volcaniques, faites de basaltes tholitiques
(Jan Mayen, Islande, Aores, Ascension)
1
.
La disposition mdiane de la ride au sein de locan est trs remarquable mais elle ne
peut pas tre gnralise toutes les dorsales. Celle de locan Indien, par exemple,
bien que de morphologie trs proche, nest mdiane que dans sa partie sud. Vers le
N, elle pntre dans le golfe dAden puis se poursuit par la mer Rouge (voir p. 21).
Dans ces deux cas, le fate de la dorsale est marqu par un foss deffondrement
trs continu, le rift , profond en moyenne de 1 000 m, large de 10 50 km. Il est
bord de failles de distension vivantes (sismes), jalonnes dpanchements volcani-
ques, failles qui en dcoupent les lvres suivant une mosaque assez complique. De
plus, il est trononn, comme la dorsale qui le porte, par de nombreuses fractures
transversales qui le dcalent en autant de tronons, fractures qui sont galement le
sige de sismes (voir p. 23). En fait, cest seulement cet axe qui reprsente le relief
sismiquement actif
1. Mais ces dices correspondent en fait des points chauds concidant avec la dorsale (voir
p. 37 et g. 2.1).
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12 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
La dorsale Sud-Pacique stend, comme son nom lindique dans la partie S du Paci-
que, puis remonte vers le NE et se rapproche ainsi du continent amricain quelle
atteint au sud de la Californie. Dcale par une importante faille de dcrochement
(faille de San Francisco ou faille de San Andreas), elle est ensuite rejete le long de la
cte canadienne (dorsales de Gorda et Juan de Fuca) et disparat vers le N (pour les
modalits de cette disparition, voir g. 1.10 et 11.2).
Cette ride pacique diffre de celles de lAtlantique et de locan Indien par
labsence de rift et un relief beaucoup plus lisse. Il sen dtache en outre deux bran-
ches EW, lune vers le Chili (dorsale chilienne), lautre vers lAmrique centrale par
les les Galapagos et Cocos (dorsale des Galapagos, avec rift).
Les dices volcaniques jalonnant le fate des dorsales montrent rarement des
cnes et, en tout cas, pas de cratres classiques, tant que le volcanisme reste sous-
marin. Tout au plus laxe du rift est-il marqu dans certaines dorsales par des sortes
Fig. 1.1 Dorsale atlantique.
Dorsale en gris, rift en trait gras, RR. faille de la Romanche, V. faille Vema.
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1.1 Les dorsales 13


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de monticules isols, ne dpassant gure 300 m de hauteur. Les missions sont
surtout ssurales, donnant des bourrelets plus ou moins digits ou en coussins
(hernies de laves empiles les unes sur les autres). Il ny a pas dexplosions ni de
projections, la phase gazeuse restant dissoute dans le magma cause de lnorme
pression (200 300 fois la pression atmosphrique) qui sexerce sur la lave.
Fig. 1.2 Les axes des dorsales ocaniques et laccrtion correspondante
(direction et vitesse en cm/an).
On remarquera les diffrences de vitesse entre lAtlantique (expansion lente) et le
Pacique (expansion rapide), ainsi que la variation progressive des vitesses le long de
certaines dorsales (dorsale indienne par exemple, dW en E) qui exprime la position des
points de mesure par rapport au ple de rotation (ple eulrien).
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14 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Dans certaines dorsales, on trouve cependant des coules basaltiques normales,
planes, pouvant couvrir de grandes surfaces et ennoyant les creux topographiques.
Lactivit hydrothermale de certaines dorsales a t lune des grandes dcouvertes
des annes 1980. Le plancher du rift y montre en effet de vritables geysers deau
chaude (350 C dans le rift des Galapagos) chargs de sulfures mtalliques divers
(Fe, Cu, Zn). Il peut ainsi sdier des sortes de colonnes ou de bourrelets irrgu-
liers, de plusieurs mtres de hauteur, tapisss de cristaux, autour desquels sinstalle
souvent une faune varie.
Ces sources sont alimentes par leau de mer inltre dans les ssures de la jeune
crote ocanique, descendue jusquau voisinage des chambres magmatiques o elle
se rchauffe et se met en pression. Elle remonte rapidement par dautres ssures, en
se chargeant au passage, par dissolution, de mtaux et de soufre contenus ltat de
traces dans les basaltes dj consolids.
Volcanisme et hydrothermalisme soulignent limportant ux de chaleur qui se
dissipe au niveau de laxe des dorsales alors que les plaines abyssales sont des milieux
trs faible ux.
1.1.2 Signication des dorsales et accrtion ocanique
Les deux ancs dune dorsale sont caractriss par des anomalies magntiques alter-
nativement normales et inverses, parallles et symtriques par rapport au rift. Elles
sont dge de plus en plus ancien au fur et mesure que lon sen loigne, comme le
montrent les datations obtenues par le palomagntisme, la radiomtrie et les
mthodes stratigraphiques classiques (ge des sdiments associs) (g. 1.3).
Les anomalies magntiques sont engendres par les basaltes panchs dans laxe
du rift. Lapport de basalte compenserait lcartement des plaques litosphriques.
Mais celui-ci tant incessant, la bande basaltique mise en place est, son tour, fendue
longitudinalement et ses deux moitis scartent une vitesse pouvant varier de 1
20 cm/an. Cest le phnomne de laccrtion ocanique, grce auquel la crote
ocanique se forme sans cesse. ce titre, les axes des dorsales constituent lune des
trois limites fondamentales des plaques (g. 1.4), les deux autres tant les zones de
subduction et les failles transformantes dont on parlera plus loin.
En multipliant le taux moyen dexpansion par la longueur du rseau des dorsales
actuelles, on obtient un chiffre de lordre de 2 3 km
2
de surface ocanique forme
annuellement. Comme la surface des ocans est de 310 millions de km
2
, on peut en
dduire quelle sest forme en une centaine de millions dannes (cest--dire, en
gros, depuis le Crtac moyen).
La vitesse daccrtion nest pas constante le long dune dorsale. Elle varie en
fonction de lloignement du ple de rotation des plaques.
On peut dnir une vitesse moyenne daccrtion pour chaque segment de dorsale.
Laccrtion est lente au dessous de 4 cm/an et, dans ce cas, on constate que la
dorsale montre un rift (Atlantique, ocan Indien), dont laxe est jalonn de petits
cnes volcaniques isols. Laccrtion est rapide au-dessus de 4 cm/an et, dans ce
cas, la dorsale ne montre pas de rift (Pacique sud).
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1.1 Les dorsales 15


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Fig. 1.3 Anomalies magntiques de lAtlantique central
Numro et ge, A. transformante Aores-Gibraltar.
Fig. 1.4 Axes daccrtion ocanique (1), zones de convergence (2) et transformantes (3)
en tant que limites de plaques, limites peu nettes ou discutes (4).
AD. plaque adriatique, AR. plaque arabique, CA. plaque carabe, CO. plaque Cocos,
E. plaque genne, JF. Plaque Juan de Fuca, G. plaque de Gorda, IR. Plaque iranienne,
PH. Plaque philippine, T. plaque turque (anatolienne).
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16 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Les dorsales lentes donnent des basaltes structure porphyrique frquente, cest--
dire phnocristaux bien visibles, ce qui indique que ceux-ci ont eu le temps de
sindividualiser dans les rservoirs magmatiques situs sous la dorsale. Les basaltes
des dorsales rapides sont pauvres en phnocristaux (les laves uides des lacs de lave
en sont mme compltement dpourvues), ce qui indique un temps de passage trs
bref, voire nul, dans la chambre magmatique.
De mme, lactivit hydrothermale est plus faible dans le rift des dorsales lentes et
importante dans les dorsales o laccrtion dpasse 6 cm/an.
1.1.3 Les roches des dorsales
Ce sont essentiellement des basaltes tholitiques qui dnissent le type MORB
(Mid-Oceanic Ridge Basalts), 50 % de silice et faible teneur en potasse. Ces laves
sont issues du manteau suprieur par dcompression rapide et fusion partielle lies
sa remonte rapide.
Il peut aussi exister des laves diffrentes l o une chambre magmatique sufsam-
ment vaste permet une diffrenciation pousse (par exemple les rhyolites dIslande,
et de Tristan da Cunha
1
).
Le problme est de savoir ce quil y a sous cette couche de basaltes tholitiques,
paisse de 1 2 km daprs les donnes sismiques, car les forages nont gure
dpass 2 100 m (2 111 m, en 1994, dans le rift des Galapagos). On a certes dragu
des gabbros, des serpentines et des amphibolites mais leurs relations ne peuvent tre
observes au niveau des dorsales. Il faut sen loigner pour trouver certaines dispo-
sitions qui peuvent apporter une rponse. Cest notamment le cas de la zone de frac-
ture Vema (g. 1.1) ou du banc de Goringe, dans lAtlantique, au large du Portugal
(g. i-2). Ce panneau de crote ocanique a t rcemment soulev et bascul vers
lE. Il est eur deau ( 25 m) et son inclinaison permet dobserver plusieurs kilo-
mtres de sa tranche en dpit dune couche assez paisse de sdiments. Sous les
basaltes en coussins viennent :
un ensemble de lons basaltiques verticaux, se recoupant mutuellement. Ce sont
les conduits du volcanisme superciel;
des gabbros, trs pais (4 km), souvent tirs ductilement, daspect gneissique,
( aser-gabbros ) et mtamorphiss en amphibolites;
des pridotites serpentinises, au sein desquelles passait probablement lancien
Moho.
Cette succession se retrouve dans la plupart des ophiolites des zones orogni-
ques, que lon interprte comme des panneaux de crote ocanique caills, soulevs
et incorpors un dice tectonique lors de son plissement. Elles montrent parfois
1. La prsence de ces vastes chambres magmatiques traduit en gnral la prsence dun point
chaud (voir p. 37). Mais celui-ci pourrait provoquer aussi la fusion partielle de la crote oca-
nique, autre origine possible des produits acides voqus (Sigmarson et al., 1991, Geology, 19,
621-624).
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1.1 Les dorsales 17


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des coupes paisses de plus de 10 km, ce qui permet dafrmer quil y a l non seule-
ment la crote ocanique (6-7 km) mais une partie du manteau.
La plupart des ophiolites appartiennent au cycle alpin (leur ge va de 180
60 Ma), mais on en connat de plus anciennes, notamment dans les Appalaches, le
Massif central ou le socle alpin (Chamrousse, prs de Grenoble) o elles sont palo-
zoque infrieur, ainsi quau Maroc o elles sont prcambriennes.
Comme la crote des ocans actuels nest jamais plus vieille que 150 Ma, ces
ophiolites anciennes, tmoins dune crote ocanique disparue, sont donc particuli-
rement prcieuses.
Ces ophiolites permettent de se faire une ide des processus magmatiques qui
sont lorigine de la crote ocanique au niveau de laxe des dorsales (g. 1.5).
Fig. 1.5 Modles de structure profonde des dorsales
et des diffrenciations magmatiques correspondantes.
Dorsale lente : exemple de la dorsale E-Indienne (daprs M. Cannat, 1993).
Dorsale rapide : exemple de la dorsale S-Pacique (daprs Y. Lagabrielle et S. Leroy, 2006).
lentille de magma basale
lentille
bouillie cristalline
10 20 % de liquide
dykes
coules
MOHO
gabbros
asthnosphre
sills
de magma
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zone faible vitesse
pridotites
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(
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)
gabbros
bouillie cristalline laves (coules et dykes)
MOHO
DORSALE LENTE
DORSALE RAPIDE
asthnosphre
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18 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Lcartement des plaques litosphriques est compens par lascension de lasth-
nosphre, provoquant un abaissement de pression. La partie la moins rfractaire du
matriel pridotitique (clinopyroxne et, accessoirement, plagioclase) entre en
fusion. Ce liquide, qui correspond 5-20 % du volume total de la roche mantellique,
slve et saccumule dans des zones de distension en un ou plusieurs rservoirs
magmatiques tandis que le reste du matriel mantellique est dform et donne les
tectonites. Selon le taux de fusion partielle, elles seront reprsentes par des dunites
(taux lev), des harzburgites (taux modr) ou des lherzolites (taux faible).
Quelques donnes sismiques, vrai dire assez rares, suggrent que cette fusion
partielle commence vers 60-80 km de profondeur et que lapparition de masses
magmatiques individualises se ferait vers 20 km, alimentant directement les
rservoirs superciels.
Dans ces rservoirs, il peut y avoir sparation diffrentielle des minraux ferro-
magnsiens, denses (olivine et pyroxnes), qui donnent naissance, sur le fond, des
pridotites de type cumulat, riches en olivine et, accessoirement, clinopyroxne et
plagioclase. Au-dessus, le liquide magmatique donne des gabbros cumulatifs puis des
basaltes. Ces derniers atteignent la surface grce aux nombreuses failles de distension
du rift (dykes). Latralement, par refroidissement, ces diffrentes couches vont
donner celles de la crote ocanique. Mais leur disposition varie suivant les dorsales.
Dans les dorsales lentes, comme celle de lAtlantique, on constate que les ondes S
ne sont pas ralenties et, par ailleurs, on observe en surface des coules basaltiques
discontinues, ce qui montre que lactivit volcanique peut sinterrompre pendant de
longues priodes. Les basaltes sont ptrographiquement peu diffrencis, ce qui fait
penser des chambres magmatiques de petite taille o le fractionnement cristallin
est modeste, voire nul. Il y a peu de dykes, toujours trs localiss. Les cumulats
gabbroques sous-jacents aux basaltes sont irrgulirement disposs au sein de pri-
dotites mantelliques plus ou moins serpentinises qui peuvent donc afeurer directe-
ment au fond du rift et sur les murs des horsts qui en accidentent le fond.
Dans les dorsales rapides comme celle du Pacique, il y a ralentissement des
ondes S leur verticale et, en surface, une couche de basaltes plus rgulire et plus
paisse, avec des facis plus volus, plus troitement imbriqus. On pense donc
une chambre magmatique unique, plus vaste, constamment alimente par du liquide
mantellique. Le fractionnement cristallin y est plus facile si bien que la zone des
cumulats pridotitiques et celle des gabbros sont plus paisses, plus homognes, avec
des produits souvent lits. Les dykes forment aussi une couche paisse et continue.
Les taux daccrtion rapide sont lis la traction exerce par les plaques en
subduction (V. notamment lexemple de la dorsale Est-Pacique)
Les deux types de crote ocanique ainsi obtenus se retrouvent dans les complexes
ophiolitiques des chanes de montage.La divergence des plaques lithosphriques au
niveau de laxe de la dorsale tant compense par la remonte de lasthnosphre
sous-jacente, la vitesse daccrtion contrle la vitesse de remonte, et donc le taux
de fusion partielle (faible pour les dorsales lentes, leve pour les dorsales rapides).
Pour les dorsales rapides, lapport continu de magma permet de compenser lcartement
des plaques. La crote est alors paisse, forme uniquement de produits magmatiques,
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1.1 Les dorsales 19


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et lisse en surface. Pour les dorsales lentes, la quantit de magma produite tant
insufsante, lcartement est compens la fois par le magmatisme et par ltire-
ment de la lithosphre, formant un rift. Les failles normales fracturant le manteau
lithosphrique permettent sa serpentinisation. La crote est alors mince, forme
pour lessentiel de pridotites serpentinises dans lesquelles se trouvent quelques
corps ou panchements magmatiques, et avec un relief accident par de nombreuses
failles normales.
1.1.4 Lge des dorsales
Une rorganisation importante du rseau des dorsales sest produite au dbut du
Crtac suprieur. Elle laisse cependant persister des traces daccrtion plus
ancienne (Crtac infrieur et mme Jurassique) dans lAtlantique central (g. 1.6),
le canal de Mozambique, locan indien N et le Pacique W.
1.1.5 Lexpansion ocanique
Tous les fonds ocaniques, mme ceux des plaines abyssales, sont le rsultat dune
accrtion.
Les forages sous-marins des programmes successifs JOIDES (Joint Oceanogra-
phic Institutions Deep Earth Sounding), IPODE (International Program of Oceanic
Drilling Exploration) et ODP (Ocean Drilling Program) ont permis de connatre
lge des planchers ocaniques par celui des sdiments superposs. On trouve effec-
tivement les sdiments les plus gs au voisinage des marges continentales mais ils
nexistent que par places et non tout au long des ocans. Par ailleurs, on ne trouve
jamais de sdiments plus anciens que le Jurassique (g. 1.6, 1.7, 1.8). Tout ceci
montre que :
1. Louverture des grands ocans (ou plutt le renouvellement de leur fond) est
relativement rcente et, en tout cas, ne dbute pas plus tt que le Jurassique.
2. Les ocans souvrent par tronons successifs. Ainsi, dans lAtlantique (g. 1.6),
les sdiments jurassiques nexistent que dans la partie centrale, au large de
lAfrique de lW et des USA, ce qui sexplique dans la mesure o ce tronon est
un fragment de lancienne Msoge (ou Tthys) qui souvrait dE en W. Au dbut
du Crtac, louverture de lAtlantique Sud, puis de lAtlantique Nord, se fait
suivant une direction submridienne, perpendiculaire laxe msogen. Elle se
dveloppera ensuite jusqu nos jours, repoussant les sdiments jurassique sup-
rieur et crtac infrieur vers les seules ctes du Maroc et du Mexique.
Subsidence thermique. Une autre consquence de lexpansion ocanique est quil
y a une liaison entre la profondeur et lge du plancher ocanique. Sur les ancs des
dorsales, la lithosphre ocanique sapprofondit en mme temps quelle sloigne de
laxe daccrtion, cest--dire quelle devient plus ge. Cet approfondissement
sexplique par un refroidissement du manteau. Le manteau lithosphrique spaissit
au dtriment de la partie suprieure de lasthnosphre. Cet paississement de la
lithosphre ocanique, combin lalourdissement par contraction thermique, est
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20 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
compens isostatiquement par son approfondissement (subsidence thermique).
Alors que laxe des dorsales prsente des structures associes la formation de la
crote ocanique, la morphologie de leurs ancs correspond lpaississement du
manteau lithosphrique.
Fig. 1.6 Carte gologique simplie de lAtlantique.
T. Tertiaire indiffrenci, Ng. Nogne, Pg. Palogne, Cs. Crtac suprieur,
Ci. Crtac infrieur, J. Jurassique.
Le Jurassique ne se trouve quau niveau de lAtlantique central et jalonne le trajet
EW de lancienne Tthys, partout ailleurs disparue.
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1.1 Les dorsales 21


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Fig. 1.7 Carte gologique simplie de locan Indien
(daprs latlas gologique du Monde au 29 000 000
e
).
Les rapports entre les dorsales et la crote sous-marine dge diffrent suivant les
points, montrant que la dorsale W indienne a sensiblement conserv la mme posi-
tion depuis le dbut du Crtac, celle de Carlsberg depuis le Crtac suprieur,
tandis que la dorsale est-indienne (ou dorsale indienne proprement dite) sinstalle
locne obliquement aux structures antrieures.
AmStP. Amsterdam St-Paul, C. Comores, Ch. Chagos, Cro. Crozet, K. Kerguelen,
L. Laquedives, M. Maurice, Mal. Maldives, R. Runion, Rodr. Rodrigues, S. Seychelles.
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22 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Il existe une relation entre la profondeur de cette lithosphre et son ge, relation
qui peut servir dlment de datation :
Z (prof. en mtres) = 2 500 + 350 (t en millions dannes).
Ce calcul approximatif nest valable que jusqu 70 Ma, comme le montrent les
donnes de lAtlantique N et du Pacique S. Au-del de 70 Ma, la lithosphre tant suf-
samment refroidie, atteint un quilibre thermique qui sexprime dans la topographie
(plaines abyssales).
1.1.6 Les failles transformantes
Le prol en long dune dorsale ne montre pas une profondeur constante. Les dorsales
sont constitues de tronons bombs, longs de 50 100 km, spars par des failles
transversales, ou par juxtaposition des centres dexpansions (OSC : Overlapping
Fig. 1.8 Carte gologique simplie du Pacique.
J. Jurassique, Ci. Crtac infrieur, Cs. Crtac suprieur, PG. Palogne, NG. Nogne,
Ps. Plistocne, T. Tertiaire indiffrenci.
t
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1.1 Les dorsales 23


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Spreading Center)
1
. Il reprsente en fait une image de la ssure partir de laquelle
sest ouvert locan correspondant. Son irrgularit est lie aux discontinuits de la
crote originelle, notamment au rseau des fractures prexistantes.
1. La dcouverte de vastes structures circulaires (10-15 km de diamtre) dans les grands massifs
ophiolitiques a fait supposer que la remonte de lasthnosphre pourrait se faire sous la forme de
diapirs mantelliques de type OSC juxtaposs. Certains auteurs attribuent ce phnomne la
segmentation des dorsales.
Fig. 1.9 Failles transformantes.
Le long dune dorsale, entre les points A et B, lexpansion ocanique travaille en sens
contraire de part et dautre de la faille, do la frquence des sismes dans ce
secteur. Cest ce que conrme lexemple choisi, sur la dorsale atlantique, dans la
rgion quatoriale (daprs Sykes, 1967).
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24 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Comme cest de part et dautre de cette ssure que se produit laccrtion oca-
nique, son trac, avec ses dcalages successifs, restera stable. Cest en cela que de
telles failles se distinguent des dcrochements classiques puisque le dcalage entre
les deux segments de dorsale ne varie pas (g. 1.9). Le seul mouvement que lon y
observe est celui de laccrtion ocanique, cest--dire le mouvement de tapis
roulant des planchers ocaniques juxtaposs.
Cest seulement dans le segment sparant les deux tronons de la dorsale
(segment AB de la g. 1.9) que les dplacements se font en sens contraire et quon
observe donc des foyers sismiques. Au-del, cest--dire de part et dautre de A et B,
les dplacements se font dans le mme sens si bien que lactivit sismique redevient
faible ou nulle.
Ces accidents transverses sont marqus morphologiquement, tout dabord par une
dnivellation cause par la diffrence denfoncement des deux compartiments de
crote ocanique en contact, puisquils sont dge diffrent (donc de temprature et
de densit diffrentes), ensuite par le fait quils correspondent des sillons troits et
profonds. Par exemple, la faille de la Romanche
1
, dans lAtlantique central, est une
crevasse de plus de 7 km de profondeur qui pourrait fournir une coupe naturelle de
la crote ocanique.
Ces failles, si diffrentes des dcrochements classiques, sont dites transformantes
(terme d Wilson, 1965), parce que certaines dentre elles aboutissent une zone de
subduction. Elles limitent donc un panneau de lithosphre ocanique qui se fabrique
lune de leurs extrmits et disparat lautre. Autrement dit, en suivant ces failles,
on assiste la transformation dun processus daccrtion en processus de subduction.
Mais le terme a t largi toutes les failles lithosphriques verticales composante
horizontale rsultant de lexpansion ocanique, si bien quil recouvre trois groupes
daccidents :
Les failles dcalant simplement le rift de la dorsale (failles de rift rift), comme
la faille de la Romanche, dj voque, ou celle de St-Paul dans lAtlantique
central (g. 1.9, 4.18), les failles dOwen et de St-Paul-Amsterdam dans locan
Indien (g. 1.7), la faille San Andreas (g. 1.10 et 4.17).
Les failles de rift fosse de subduction, dont nous venons de dire quelles sont
lorigine du terme de transformante . Exemple : la faille de Juan Fernandez,
limitant au S la plaque de Nazca, au large du Chili (g. 1.10).
Les failles de fosse fosse, plus rares. La faille joignant la Patagonie aux les
Sandwich du S, en lisire mridionale du plateau continental sous-marin des
Falklands (g. 1.10), est un bon exemple. Citons aussi la zone transformante
nord-carabe (ou faille de lOriente) qui longe la cte S de Cuba, entre les fosses
des petites Antilles et de lAmrique centrale. Ce systme offre une morphologie
complexe. Il est en effet jalonn de bassins et de rides et montre un espace oca-
nique trs petit : la fosse Cayman dont le prolongement oriental permet
dobserver, suivant les points, des failles de distension ou des plis obliques en
1. Du nom dun navire ocanographique.
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1.2 Les arcs insulaires intraocaniques 25


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chelons (g. 1.11). Lensemble de ces structures a t ultrieurement comprim
et dvers au S. La structure est donc beaucoup plus varie que dans les failles
transformantes affectant seulement des dorsales.
1.2 LES ARCS INSULAIRES INTRAOCANIQUES
Un autre type de reliefs ocaniques sismiquement actifs est constitu par des aligne-
ments dles volcaniques qui diffrent du type prcdent par deux caractres : un
volcanisme dont les produits principaux sont tholitiques (tholites dites darc)
calco-alcalins et leur association avec une grande fosse sous-marine, parallle
Fig. 1.10 Failles transformantes du Pacique oriental.
A. Transformante de rift rift.
B. Transformante de rift fosse de subduction.
C. Transformante de fosse fosse.
D. Anciennes transformantes contemporaines dune direction dexpansion fonction-
nelle jusqu 10 Ma environ.
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26 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
lalignement des les, o les profondeurs peuvent dpasser 10 000 m ( trench des
auteurs anglo-saxons). Ces grandes fosses reprsentent le dpart dune zone de
subduction, donc une limite convergente.
1.2.1 Arcs du type Tonga-Kermadec ou Mariannes
Ils apparaissent en un point quelconque du domaine ocanique pour des raisons
probablement varies mais surtout gravitaires. En effet, en sloignant de la dorsale,
la lithosphre ocanique salourdit par refroidissement. Elle devient alors plus dense
que lasthnosphre sous-jacente, de mme composition chimique mais plus chaude.
Lquilibre devient instable et il suft dune simple cassure pour que lune des lvres
bascule et plonge dans le manteau auquel elle sincorporera progressivement (voir
g. 1.13).
Sa descente dans un milieu plus chaud provoque, comme nous le verrons (p. 133),
des phnomnes de fusion partielle dans le manteau sus-jacent la surface de
subduction, fusions qui donnent naissance des magmas plus acides, plus lgers.
Lorsque ces magmas remontent la surface, ils dient un arc insulaire volcanique
(tholites darc)
1
, cependant quen profondeur se mettent en place des plutons
granodioritiques.
Larchipel des Tonga-Kermadec, au NE de la Nouvelle Zlande (g. 1.12) est
constitu de volcans tholitiques et andsitiques, plus rarement rhyolitiques, asso-
cis des sdiments volcano-dtritiques et des calcaires rcifaux ocnes quater-
naires. Une tectonique rcente de distension a bascul les terrasses quaternaires.
Les les Mariannes, entre le Japon et la Nouvelle-Guine (g. 1.12, 1.14) comptent
une quinzaine dles analogues aux prcdentes. Leur intrt rside surtout dans le
1. plus forte teneur en lments incompatibles, y compris Ti et P, ainsi quen K
2
O, que les MORB.
Fig. 1.11 Fosses sous-marines et structures diverses jalonnant la transformante nord-carabe
(faille de lOriente) sur la cte S de Cuba (daprs Calais et al., 1990, simpli).
Suivant les points, ce sont des failles de distension ou des plis en chelons (A). Au S de
Santiago, le contenu de ces fosses offre mme une structure plisse vergence S
rpondant une contraction rcente.
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1.2 Les arcs insulaires intraocaniques 27


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Fig. 1.12 Arcs intraocaniques et bassins arrire-arc du Pacique W.
En haut : rgion de la mer des Philippines. Au centre : rgion Corail-Fidji-Tonga.
C : trace du prol tomographique de la g. 1.13. En bas : coupes A et B (daprs
Y. Lagabrielle, 1987). Vecteurs GPS (par rapport lEurasie), daprs N. Chamot et
P. Rabaute, 2006.
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28 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
foss ocanique (trench), largement ouvert, qui montre de nombreuses failles dexten-
sion. La sdimentation y est rduite, si bien que les roches volcaniques de larc contigu
la fosse y afeurent largement. Il sagit typiquement dun dispositif en extension.
Les archipels du Vanuatu (Nouvelles-Hbrides) et des Fidji (g. 1.12) offrent
une disposition et une histoire un peu plus compliques comprenant plusieurs stades
successifs.
locne, on avait l un seul arc dont les restes sont connus aux les Fidji seule-
ment, sous la forme de laves tholitiques ou andsitiques et de sdiments volcano-
dtritiques dforms et mtamorphiss en facis schiste vert. Ce premier ensemble
est galement travers par des plutons granodioritiques et gabbroques ocnes.
Au Miocne suprieur, une nouvelle priode dactivit met en place des laves plus
diffrencies et plus acides (andsites, dacites, rhyolites), discordantes sur lensemble
prcdent. Cette deuxime phase est interrompue par une nouvelle crise compressive
donnant des structures plisses.
400
800
1200
km
900
1200 km
F
T
- 1,5 % + 1,5 %
300
600
Fig. 1.13 Coupe tomographique Tonga (T)-Fidji (F), daprs Bijward et al, 1997).
Les coupes tomographiques sont bases sur lanalyse dun trs grand nombre de sismes.
Pour chaque cas considr, on compare les temps darrive rels avec ceux prvus par le
calcul pour un modle homogne. On peut ainsi distinguer des zones o les ondes sont
en retard (ralenties) ou en avance (acclres) parce quelles traversent respectivement
un milieu chaud ou froid par rapport la normale. Elles permettent donc de visualiser
des zones froides (fonces) et chaudes (claires).
Ici, la coupe montre un lment froid (noir), interprt comme la lithosphre pacique qui
senfonce avec un assez fort pendage puis shorizontalise au niveau de la discontinuit
des 600 km.
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1.2 Les arcs insulaires intraocaniques 29


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.Au Pliocne, le phnomne distensif reprend et die un bassin intra-arc (bassin
nord-djien) sparant les Fidji de Vanuatu (g. 1.12, coupe A). Toute activit volca-
nique cesse dans les premires qui deviennent ainsi un arc rsiduel (ou rmanent ).
Ce stade distensif est intressant et nous le retrouverons dans dautres archipels o il
est frquemment lorigine de tels arcs rsiduels (p. 30). Il souligne que la gense et
lvolution de ces arcs intra-ocaniques se fait en rgime distensif.
Au Quaternaire, le creusement de la fosse du Vitiaz, au N du bassin nord-djien,
est peut-tre lamorce dune nouvelle subduction intra-ocanique, de vergence
inverse de la prcdente, subduction qui pourrait expliquer le nouveau et lger
volcanisme basaltique qui se manifeste dans les Fidji. Une notectonique active
soulve et bascule les surfaces drosion dans les deux archipels.
Fig. 1.14 Arc volcanique intraocanique des Mariannes (Pacique W)
(inspir de Hussong et Uyeda, 1981, simpli).
FO. fosse de subduction, AV. arc volcanique actuel (dcoup en deux rides, dont
lune inactive, par un petit bassin intra-arc. On na pas dtaill, faute de donnes, la
structure profonde de cet arc o doivent exister des plutons granodioritiques).
BM. bassin arrire-arc des Mariannes, peut-tre en extension si lon en croit un ux
de chaleur lgrement suprieur la normale et quelques venues de basaltes tholi-
tiques frais.
Crote ocanique infrieure en gris clair, manteau suprieur en gris fonc. Les chif-
fres sont ceux des vitesses sismiques (en km/sec.).
La coupe schmatique place en annexe, montre la position de larc actuel (A3) par
rapport aux deux arcs rmanents (ou rsiduels) que sont la ride ouest-Mariannes,
nogne (A2), et celle de Palau-Kyu Shu, nocrtace-palogne (A1). Ces arcs,
actuellement inactifs, sont dus un phnomne dmiettement qui affecte souvent
les rides intraocaniques par dveloppement de bassins intra-arcs .
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30 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Les Petites Antilles, comme la Guadeloupe et la Martinique, reprsentent un
arc volcanique dont lactivit dbute, l encore, avec locne, puis migre peu
peu vers lW, en sloignant donc de la fosse de subduction, processus frquent la
verticale des surfaces de subduction
1
. Le substrat sur lequel sinstalle le
volcanisme nest pas connu mais il est probablement ocanique.
Lintrt de tous ces archipels volcaniques est quils montrent la gense de
magmas relativement acides partir de la subduction dune crote ocanique basique.
Peut-tre amorce-t-on ainsi ldication dune nouvelle crote continentale. On peut
donc se demander si la destine de celle-ci nest pas de grandir sans cesse aux dpens
du manteau. Ce fut certainement le cas au Prcambrien. Actuellement, le bilan
semble plutt stationnaire. En effet, les traceurs isotopiques montrent quune partie
de la crote continentale rejoint le manteau suprieur, entrane par le phnomne
de subduction, tandis quune autre, la plus profonde, est peu peu mantellise
par digestion et intrusion de produits basiques.
Les arcs volcaniques intra-ocaniques sont souvent associs des rides surtout
sous-marines, qui leur sont parallles et qui sont soit des accumulations de produits
sdimentaires, soit des arcs rsiduels comme celui des Fidji, dj voqu.
Les arcs sdimentaires sont produits par laccumulation, au point de dpart de la
zone de subduction, des sdiments quapporte sans cesse la lithosphre ocanique
plongeante. Cest le prisme daccrtion des auteurs.
Un bon exemple de cette disposition est donn par les Petites Antilles. Larc
volcanique (Guadeloupe, Martinique, Saint-Vincent, etc.) est doubl lE par un
prisme daccrtion important, particulirement bien tudi (sismique, forages, bathy-
mtrie). Il est fait dune srie de lames empiles, disposes en un ventail irrgulier
(g. 1.15 et 1.16), comme si les matriaux apports de locan senfonaient sous les
matriaux antrieurs en les soulevant peu peu.
Une particularit du prisme de la Barbade est que ses lames ne comprennent que du
Nogne alors que la couverture sdimentaire du fond atlantique va du Quaternaire au
Crtac suprieur. Cette particularit est due au clivage de la couverture en question
dans les argiles du Miocne moyen. Seuls les niveaux sus-jacents, dcolls, passent dans
le prisme. Les niveaux sous-jacents (Miocne infrieur Campanien) restent en profon-
deur mais on ne sait pas sils entrent totalement en subduction ou saccrtent plus
loin. Les donnes gophysiques et la dcouverte rcente de locne-Oligocne dans le
prisme semblent en faveur de cette deuxime interprtation qui est celle de la g. 1.15.
Une remarque supplmentaire propos de ce clivage et que, dans son plan, on a pu
mesurer une surpression de uides (25 kg/cm
2
), ce qui est intressant car de telles surpres-
sions ont t souvent invoques pour expliquer le dplacement horizontal de certaines
nappes de charriage, mais rarement mises en vidence dans les plans eux-mmes.
Les arcs rmanents ou rsiduels. Ce sont des rides sous-marines, inactives, qui se
trouvent en arrire dun arc insulaire actif dont elles sont spares par un petit bassin
crote ocanique. Comme lge et la nature de leur matriel constitutif sont ceux
1. La gense des produits volcaniques correspondants sera dtaille propos des arcs insulaires
drivant de lvolution dune marge continentale active (p. 133).
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1.2 Les arcs insulaires intraocaniques 31


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de larc actif voisin, on pense quil sagit de lanires de ces arcs dtaches par
rifting, cest--dire par lapparition et le dveloppement dun bassin intra-arc .
On peut citer comme exemple la ride dAves lW de larc des Petites Antilles
(g. 1.17B) ou les arcs rsiduels du Pacique W (g. 1.17A), beaucoup plus specta-
culaires.
Fig. 1.15 Larc intraocanique des Petites Antilles.
Dans le prisme daccrtion, la dformation se produit, soit le long de surfaces de
dcollement subhorizontales (D), soit par empilement de petits anticlinaux spars
par des failles chevauchantes (A).
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32 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
Dans la mer des Philippines (g. 1.17), et dtachs de larc des Mariannes, vien-
nent dE en W, la ride Ouest-Mariannes (1 500 m de profondeur, dge nogne
daprs les forages DSDP), puis celle de Palau-Kyu Shu ( 3 000 m, nocrtace
palogne) (g. 1.14).
Entre Philippines et Borno, larc actif allant des Clbes aux Philippines (arc de
Sangihe) a donn naissance, du S au N, aux arcs rmanents de Sulu et de Palawan,
respectivement spars par les bassins des Clbes (ocne moyen) et de Sulu
(Miocne).
Larc rmanent des Fidji, dj voqu, est spar des Nouvelles-Hbrides par le
bassin nord-djien et pourrait se raccorder larc rmanent de Lau en arrire de
larc actif Tonga-Kermadec.
Par contre, larc rsiduel ouest-mlansien est isol et reprsente un arc actif en
train de mourir.
La disposition de ces arcs peut localement tre plus complexe. Par exemple, entre
la Nouvelle-Guine et les les Salomon, il existe trois arcs embots, convexit S
(g. 1.17, 1.18) : Nouvelle-Bretagne, Woodlark et Pocklington, tous trois mme
substrat ocne. Il sagit donc bien dun arc dissoci dont llment frontal a t
jusqu une poque rcente le plus mridional dentre eux, cest--dire larc de
Pocklington qui montre effectivement une fosse, sans activit sismique. La fosse
active du systme se trouve maintenant au pied de la ride de Nouvelle-Bretagne,
Fig. 1.16 Prols de sismique-rexion dans le prisme daccrtion de la Barbade
(daprs Biju-Duval et al., Tectonophysics, 1982).
Ils illustrent la tectonique de dcollement subhorizontal (D) ou lempilement de
petits anticlinaux faills et chevauchants (A).
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1.2 Les arcs insulaires intraocaniques 33


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dans le prolongement des fosses des Salomon et de Trobriand. Ce systme sest donc
rcemment substitu, en tant que zone active, larc ouest-mlansien, moribond.
Tout ceci traduit une rorganisation complexe du champ de contrainte rgional,
probablement lie aux modalits de la collision du plateau dOntong Java, port par
la plaque pacique, avec la plaque australienne.
En tout cas, les fosses de Nouvelle-Bretagne et de Trobriand vont peu peu
engloutir le petit bassin ocanique des Salomon, si bien quil y aura alors collision
entre larc de Nouvelle-Bretagne et celui de Woodlark. Nous retrouverons de tels
phnomnes dans le chapitre consacr aux phnomnes compressifs.
Fig. 1.17 Quelques exemples darcs rmanents.
A. Pacique SW (daprs Karig, simpli, 1972) :
Systme des Mariannes : WM. Ouest-Mariannes, PK. Palau-Kyu Shu
Systme des Philippines : Pa. Palawan, SU. Sulu, C. Clbes
Systme W-mlansien (WMl) : NB. New Britain, W. Woodlarck, PO. Pocklington,
S. Salomon
Systme des Hbrides : V. Vanuatu, F. Fidji
Systme de Tonga-Kermadec : L. Lau.
B. Carabes : arc dAvs (A) lW des Petites Antilles.
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34 1 Reliefs ocaniques sismiquement actifs
1.2.2 Arcs du type Japon-Insulinde
Plus proches des continents que les prcdentes, ils ont une origine plus complexe et
diffrente. Ils montrent en effet un substratum granito-gneissique analogue celui
du continent voisin car ils rsultent dune volution particulire de la bordure de ce
dernier et seront donc tudis avec les marges continentales actives qui leur ont
donn naissance (p. 152).
En revanche, il faut parler ici de lespace ocanique qui les spare du continent et
quon appelle mer marginale . Leur origine est lie une distension trs pousse
de la bordure continentale, distension qui entrane son morcellement et lapparition
dune crote nouvelle, de type ocanique. De telles mers sont frquentes, pour ne
pas dire la rgle, sur la marge asiatique du Pacique (g. 1.10) : mer de Tasmanie
(entre Australie et Nouvelle-Zlande), mer de Chine orientale (au N de lle de
Taiwan), mer du Japon, mer dOkhotsk (bassin des Kouriles), etc. Le mcanisme
correspondant est tudi au chapitre 6.
Fig. 1.18 Schma structural des archipels ouest-mlansiens (modi daprs Karig, 1972).
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Chapitre 2
Reliefs ocaniques
sismiquement inactifs
2.1 RELIEFS VOLCANIQUES
2.1.1 Les volcans ocaniques isols
Si certains sont mergs comme les Bermudes, les les du Cap Vert, les Canaries,
Madre, dans lAtlantique (g. 2.1), Tahiti dans le Pacique, la Runion ou lle
Maurice dans locan Indien (g. 2.2), les les Cocos dans le Pacique W, la plupart
sont rests sous-marins.
Leur origine est variable.
Certains sont ns sur laxe dune dorsale et ont ensuite t carts par le jeu de
lexpansion ocanique, perdant alors ou non leur activit suivant le jeu des fractures
de la dorsale. Cest le cas des les de Sainte-Hlne (inactive) et de Tristan da Cunha
(active) dans lAtlantique Sud, des Bermudes (inactives) dans lAtlantique Nord
(g. 2.1).
Dautres, au contraire, nont rien voir avec une dorsale et jalonnent des fractures
banales de la lithosphre ocanique. Leurs produits sont dailleurs franchement
alcalins et non plus tholitiques (Canaries, Tahiti, Runion etc.).
La forme de ces volcans sous-marins est conique ou tronconique : dans ce dernier
cas, on parle de guyot ou de seamount. Leur sommet plat souvent surmont de carbonates
de plate-forme, tmoigne de leur ancienne mersion, suivie drosion et du dvelop-
pement dun atoll, avant que la subsidence thermique de la lithosphre ocanique sous-
jacente ne les entrane sous le niveau de la mer.
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36 2 Reliefs ocaniques sismiquement inactifs
2.1.2 Les volcans ocaniques aligns
Mme si certains appareils volcaniques sont prominents, voire mergs, ils appar-
tiennent presque tous soit des alignements de volcans, soit des rides asismiques
1
.
Dans les deux cas, seule une extrmit de lalignement ou de la ride montre des volcans
actifs. Cest le cas de Tristan da Cunha lextrmit de la ride de Walvis dans
locan atlantique (g. 2.2), des les Hawa ou des Touamotou-Pitcairn dans le Paci-
que (g. 2.4). Mais beaucoup de ces alignements sont actuellement teints, comme
la ride, entirement sous-marine, du 90
e
mridien dans locan Indien (g. 2.2).
Les roches correspondantes sont des basaltes alcalins (OIB, Ocean Island
Basalt), diffrents de ceux des dorsales (MORB) et traduisant, par leur composition
minralogique, une fusion plus profonde.
1. Exception faite, videmment, des petits sismes lis au dplacement des masses magmatiques.
Toutes correspondent des points chauds, mais certaines sont situes ou sont nes
sur la dorsale et montrent donc un volcanisme p.p. tholitique (croix), dautres sont
franchement ocaniques et leur volcanisme est alcalin (points noirs).
Fig. 2.1 les
volcaniques
de lAtlantique.
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2.1 Reliefs volcaniques 37


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Leur origine est explique par la thorie des points chauds (hot spots). Ils
traduisent la remonte, dans le manteau, de colonnes de matriaux chauds, limage
dun panache de fume dans lair. Ces instabilits thermiques prendraient naissance
la base du manteau, au contact du noyau et remonteraient jusque dans lasthnos-
phre. Cette remonte rapide provoque une dcompression et une fusion partielle
relativement importante dont les produits vont traverser la lithosphre pour donner
les appareils volcaniques en surface. LIslande (g. 2.3) est un exemple typique de
point chaud superpos laxe de la dorsale Nord-Atlantique. Les alignements de
volcans traduisent donc le dplacement de la lithosphre par rapport au point chaud
et en donnent mme le sens.
Fig. 2.2 Rides sous-marines lies des points chauds dans lAtlantique Sud
et locan Indien.
Comme pour les les Hawa, elles indiquent le sens de dplacement de la lithosphre
ocanique qui les porte. Les plus curieuses sont celles des Chagos-Maldives et du
90
e
mridien dans locan Indien. Elles traduisent la migration vers le N de la plaque
indienne qui a abouti la collision himalayenne. Ces deux rides ont t certaine-
ment mises par les points chauds de la Runion-Maurice, dune part, St-Paul-
Amsterdam dautre part, mais en ont t spares par lapparition tardive de la ride
indienne (voir g. 1.7).
Dans lAtlantique S, les deux rides plus ou moins symtriques de Walvis et Rio
Grande ont t mises par un point chaud concidant avec la dorsale. La ride de
Walvis souligne la remonte de la lithosphre africaine vers le N, qui aboutira la
collision des chanes mditerranennes.
On a indiqu, quand ctait possible, lge de la crote ocanique portant les rides sous-
marines (Ci. Cs. Crtac infrieur, suprieur, Pal. Palocne, E. ocne, N. Nogne).
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38 2 Reliefs ocaniques sismiquement inactifs
20 15 25
0
km
200
400
+ 4,2% - 4,2%
Zones non
claire
65
63
Fig. 2.3 Point chaud de lIslande.
Carte danomalie en surface (en haut) et coupe tomographique (en bas). Le prol
tomographique NE-SW montre un ralentissement des ondes sismiques S, atteignant
4 % 400 km (daprs C. Wolfe et al., 1997).
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2.1 Reliefs volcaniques 39


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Lexemple classique est celui des les Hawa (g. 2.4). Alors que les volcans de
ces les sont encore actifs lextrmit SE de la ride, ceux situs plus au NW sont
teints. Ils sont gs de 40 Ma au coude de la ride, et de 70 Ma lextrmit nord de
celle-ci, aux abords du foss des Aloutiennes o la ride sengloutit.
On constate que ce coude se manifeste aussi dans dautres archipels du Pacique
comme ceux des les de la Ligne et des Touamotou, ou ceux des les Marshall,
Gilbert et Australes (g. 2.4). Cette disposition traduit un changement de direction
de dplacement de la plaque pacique la suite dune rorganisation du systme des
dorsales il y a 40 Ma. Cest donc une bonne conrmation du fait que ces aligne-
ments volcaniques sont lis un mouvement densemble de la lithosphre car tous
ces archipels appartiennent cette plaque pacique.
Si le point chaud se trouve sous laxe dune dorsale, le panache de magma vient
sy confondre avec le volcanisme propre de la dorsale et en augmente le volume.
Cest le cas de tous les dices mergs de la dorsale (Islande, Aores, etc.) car ils
montrent toujours une association de produits tholitiques et alcalins. Si la dorsale
ne se dplace pas par rapport au point chaud, les produits du panache seront rejets
de part et dautre de la dorsale, donnant ainsi naissance des bourrelets plus ou
moins symtriquement disposs (rides de Walvis et du Rio Grande, dans lAtlan-
tique Sud, g. 2.2).
Plus complexe est le cas des rides fossiles des Chagos-Maldives et du 90
e
mri-
dien (g. 2.2). La premire a t certainement en liaison avec les points chauds de
la Runion et de lle Maurice, la deuxime avec celui des les St-Paul et
Amsterdam. Mais toutes deux ont t spares de leur point dorigine par lindivi-
Fig. 2.4 Larchipel des les Hawa et les principaux points chauds du Pacique.
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40 2 Reliefs ocaniques sismiquement inactifs
dualisation tardive de la dorsale indienne. Le paralllisme de ces deux rides
souligne la trajectoire vers le Nord de la plaque indienne, lorigine de la collision
himalayenne.
La thorie des points chauds explique aussi le fait que, bien souvent, dans les
grands dices intra-ocaniques, les premires missions sont essentiellement
tholitiques et ne deviennent alcalines quultrieurement. Les les Hawa en sont
un exemple classique. Le ux thermique li au panache provoquerait, aux approches de
la surface, une fusion partielle de lasthnosphre sous les axes daccrtion des
dorsales par simple distension. Les premiers produits mis seraient donc tholitiques.
Les magmas alcalins issus du manteau profond arriveraient avec un certain dcalage
dans le temps.
Le nombre des points chauds inventoris est discut, de 50 100 suivant les
auteurs. Certains semblent bien avoir t actifs depuis plusieurs dizaines de
millions dannes (Runion). On en trouve sous toutes les plaques, que la surface
de celles-ci soit continentale ou ocanique. .
Leurs effets ne sont pas que volcaniques mais parfois aussi morphologiques
cause de la masse de matire chaude et peu dense quapportent les panaches vers
100 km de profondeur. Cest ainsi que se sont forms les bombements topographi-
ques denviron 1 000 km de diamtre et de 1 2 km de hauteur qui entourent les les
Hawa, du Cap Vert, des Bermudes, ou qui sont lorigine du massif du Hoggar,
coiff de ses pitons phonolitiques, en milieu continental.
Ces points chauds paraissent relativement xes les uns par rapport aux autres et
pourraient ainsi constituer un systme de rfrence prcieux pour juger des dplace-
ments absolus de la lithosphre.
2.1.3 Les plateaux ocaniques
Ils reprsentent lexpression purement ocanique des Grandes Provinces Volcani-
ques (ou LIP : Large Igneous Provinces). Les plateaux dOntong Java (plus de
1,8 million de km
2
) et des Kerguelen (environ 800 000 km
2
) sont les plus vastes
(g. 2.5). Ces rgions possdent une crote de type ocanique parfois trs paisse
(10 20 km) et montrent de ce fait une moindre profondeur. Elles sont constitues
principalement de basaltes magnsiens (OIB : Ocean Island Basalt) mis en place
au cours dpisodes magmatiques trs rapides. Sous cette crote, existe une zone
de matriel dense vitesse de propagation sismique leve (7,2 7,5 km/s) inter-
prte comme du matriel magmatique (gabbro) sous-plaqu , cest--dire
plaque sous la base de la crote. Ces structures sont interprtes comme larrive,
sous la lithosphre, de panaches gants (superplumes) prenant naissance dans un
manteau trs profond. Un de ces pisodes se situerait au milieu du Crtac, en
correspondance avec la grande priode magntique normale et serait responsable
de la mise en place des grands plateaux dOntong Java, Nauru, Kerguelen, Carabe
et des trapps du Parana.
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2.2 Reliefs non volcaniques 41


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2.2 RELIEFS NON VOLCANIQUES
Nous nous limiterons un exemple, celui des rides tectoniques du fond de locan
Indien
1
.
Cette dformation intraplaque de la lithosphre ocanique se manifeste dans le
nord de locan Indien, au sud du golfe de Bengale (sud du Sri Lanka), louest de
la ride du 90 E. Elle se traduit par de larges ondulations daxe E-W, espaces de 100
300 km et de 1 3 km damplitude verticale, qui accidentent le fond de la plaine
abyssale.
Les prols de sismique-rexion continue (g. 2.6) montrent la dformation
progressive des sdiments et leur pigeage dans les creux sparant les antiformes.
Des chevauchements actifs ont mme t caractriss grce des mcanismes au
foyer en compression, disposition intressante car elle pourrait tre lorigine darcs
intra-ocaniques.
La gravimtrie permet dassurer que toute la crote est concerne et que le Moho
lui-mme est ondul.
1. Cochran J.R., Stow D.A.V. et al., 1988. Site 717 (Distal Bengal Fan. Proc. ODP, Init. Repts
116, Texas A.M. University, p. 42-48 et 197-210).
Basaltes de
la Rivire
Columbia
Hawa
Plateau
Carabe -
Colombien
Trapps de
Sibrie
Trapps du
Deccan
Plateau de
Kerguelen
Runion
Plateau de
Ontong Java
Plateau de
Broken Ridge
Voringe
Manihiki
Trapps
d'Ethiopie
Plateau
de Nauru
Walvis
Rio Grande
Parana
Nazca
Galapagos
Fig. 2.5 Distribution globale des Grandes Provinces Magmatiques (LIP), incluant
les basaltes continentaux (trapps), les marges passives volcaniques, les plateaux ocaniques,
les rides sous-marines, les basaltes de bassins ocaniques, et les volcans sous-marins
(daprs Cofn et Eldholm. Rev. geophys., 1994, 32, 1.36).
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42 2 Reliefs ocaniques sismiquement inactifs
Le raccourcissement est orient presque N-S, cest--dire perpendiculairement
aux axes des ondulations et aux chevauchements, ce qui saccorde bien avec le cadre
tectonique gnral de la collision himalayenne (voir p. 250).
La rgion montre galement un ux de chaleur anormalement lev.
Fig. 2.6 Prol de sismique-rexion dans les rides asismiques du N de locan Indien
(daprs Jestin, thse, Paris, 1994).
Dans le carton de situation, la che noire indique la direction du raccourcissement
affectant ici la plaque indienne.
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PARTIE 2
LES STRUCTURES CONTINENTALES
DE DISTENSION
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Chapitre 3
Les bassins sdimentaires
Ils impliquent un affaissement superciel de la crote continentale que lon dsigne
sous le nom gnral de subsidence.
lorigine, ce terme a t cr pour dsigner le mouvement daffaissement du
fond des bassins houillers. La sdimentation de ces bassins voit en effet se rpter,
sur des milliers de mtres, couches de houille et bancs striles. Elle correspond donc
un affaissement lent, plus ou moins saccad, tal sur de longues priodes et
accompagn de laccumulation de sdiments pais qui gardent un facis deau peu
profonde pendant toute la dure du phnomne.
Cet quilibre parat surprenant au premier abord car il est vident que sil ny avait
pas eu affaissement progressif, le bassin aurait t rapidement combl et, inversement,
si laffaissement avait t trop rapide, on aurait observ des facis deau profonde. On
a donc pens que ctait le poids des sdiments qui dterminait laffaissement de la
crote sous-jacente et assurait ainsi la rgularit du phnomne. En fait, un calcul
faisant intervenir les densits des milieux en prsence (g. 3.1) montre que le dpt de
1 000 m de sdiments dans un bassin existant correspond un affaissement suppl-
mentaire de 400 600 m seulement. Il faut donc quintervienne aussi un processus
dorigine profonde qui dclenche puis entretienne ltat daffaissement chronique du
secteur considr, la surcharge sdimentaire ne faisant quamplier la subsidence.
Actuellement, le terme de subsidence tend tre employ dans un sens beaucoup
plus large dsignant lenfoncement progressif dun bassin sdimentaire. Le terme
nest li ni la vitesse ni au rythme du creusement, pas plus qu la profondeur de
dpt. Cest ainsi quil est aussi utilis pour dsigner lenfoncement progressif de la
crote ocanique par refroidissement (subsidence thermique) (p. 19).
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46 3 Les bassins sdimentaires
La subsidence ainsi dnie a des causes multiples dont les principales sont les
suivantes :
lamincissement de la crote, qui est compens isostatiquement par approfondis-
sement (g. 3.1) (subsidence tectonique initiale) ;
le refroidissement de la lithosphre, qui augmente sa densit et lpaisseur du manteau
lithosphrique, est galement compens isostatiquement par son approfondisse-
ment (on la trait dans le cas particulier de la lithosphre ocanique, p. 19 (subsi-
dence thermique) ;
la exion de la lithosphre vers le bas et son enfoncement forc en priphrie
dune charge localise (calotte glaciaire, volcan, empilement de nappes, etc.)
(subsidence exurale), par exemple bassins davant-chane (p. 89) ;
dans tous les cas, la pile de couches sdimentaires dans les bassins ainsi forms
induit galement une surcharge qui amplie la subsidence.
crote crote crote
sdiments
manteau
eau
manteau
eau
x
H1
H2
Hs
Fig. 3.1 Equilibre isostatique de type Airy : rponse de la lithosphre une surcharge locale
ou un amincissement crustal (daprs Chorowicz, 1970).
A droite : compensation isostatique dun dpt sdimentaire
H1 et H2 : tranche deau (densit arrondie 1)
Hs : tranche de sdiments dpose (densit suppose : 2,5)
x : dplacement mesurer (densit du manteau : 3,3)
Gomtriquement on peut crire :
(1) H2 + Hs = H1 + x
Pour ce qui est de lquilibre isostatique (galit des masses des diffrentes colonnes
de roche), on peut crire :
(2) (1xH2) + 2,5 Hs = (1xH1) + 3,3 x
(1) devient : H2 H1 = x Hs
(2) devient (H2-H1) + 2,5 Hs = 3,3 x
do : (x Hs) + 2, 5 Hs = 3,3 x
x = 1,7 Hs/ 2,3 = 0,65 Hs, cest dire que 1 000 m de sdiments provoquent un affais-
sement de 650 m.
En effectuant le mme type de calcul, lamincissement dun facteur y dune crote
de 30 km dpaisseur, se traduit par lapprofondissement de son sommet dun
facteur7,8-7,8/y. Un amincissement dun facteur 2 (de 30 15 km dpaisseur) se
traduit par un approfondissement de 3,9 km.
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3.1 Les fosss deffondrement 47


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Ces diffrents types de subsidence peuvent tre exprims graphiquement en fonc-
tion du temps par les courbes de la gure 3.2. Ces courbes sont construites partir
de forages ayant travers la srie sdimentaire remplissant chaque bassin. On
reconstitue la profondeur du fond du bassin une priode donne en supprimant
lpaisseur de sdiments qui sest dpose depuis cette priode, et en remontant
dautant le fond du bassin. Les bassins molassiques A1 et A2 correspondent des
subsidences exurales. La subsidence initiale et rapide de la marge atlantique et du
bassin de Vienne correspond une subsidence tectonique initiale lie lamincis-
sement crustal ; leur subsidence tardive et plus lente correspond une subsidence
thermique.
On peut donc diviser les bassins sdimentaires en trois grandes catgories :
1. Les bassins dont lvolution est principalement contrle par lamincissement
lithosphrique (bassins dtirement). Ce sont les fosss deffondrement, quel que
soit le mode dtirement de la lithosphre (rifts, bassins en pull-apart et bassins
des couloirs de dcrochement.
Fig. 3.2 Prols de subsidence.
PA. bassin de Paris (puits ESSISES 1, simpli daprs M.F. Brunet,
1986)
AQ. bassin dAquitaine (puits LACQ 301, simpli daprs M.F. Brunet,
1986)
MA. marge atlantique (forage COST B2, modi daprs J. Steckler
et M. Watts, 1978)
A1. bassin molassique pri-alpin (puits ANZIN 63, modi
daprs P. Allen et al, 1986)
A2. id. (puits SERVION1, modi daprs P. Allen et al, 1986)
P. bassin pannonique central (modi daprs J. Sclater et al., 1980)
V. bassin de Vienne (Autriche) (modi daprs J. Sclater et al., 1980)
Ces prols montrent lvolution de la profondeur du substratum du bassin au cours
du temps, dduction faite de leffet du poids des sdiments. Ils montrent donc la
subsidence tectonique relle. cause de la charge sdimentaire, le substratum est,
en ralit, une profondeur plus grande, en gnral suprieure au double.
On notera que la marge atlantique (MA) montre un prol typique avec forte subsi-
dence initiale, puis une plus faible (subsidence thermique). Le bassin de Vienne (V)
montre un prol comparable mais avec une subsidence initiale beaucoup plus
importante. Les bassins intracratoniques (PA, AQ) montrent des prols plus doux
traduisant une subsidence lente, parfois acclre au cours des priodes de disten-
sion. Les bassins molassiques (A1, A2) montrent un prol pente forte, gnrale-
ment croissante, interrompue lors de la tectonisation du bassin. Quant au bassin
pannonique central (P), sa subsidence initiale est encore en cours.
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48 3 Les bassins sdimentaires
2. Les bassins dont lvolution est principalement contrle par le refroidissement
de la lithosphre, que celle-ci soit continentale (bassins intracontinentaux propre-
ments dits), ocanique (plaines abyssales), ou de la transition continent-ocan
(marges divergentes).
3. Les bassins dont lvolution est principalement contrle par la exion de la
lithosphre (bassins exuraux), que celle-ci soit ocanique (subduction) ou conti-
nentale (bassins davant-chane).
Dans la ralit, lvolution dun bassin donn procde le plus souvent dune
combinaison ou dune succession de ces facteurs, par exemple tirement et refroi-
dissement. Compte tenu de ce facteur de complication, nous utiliserons une classi-
cation plus descriptive quinterprtative, en distinguant :
1. Les fosss deffondrement, o laffaissement est rapide et cassant, dans un contexte de
divergence.
2. Les bassins sur dcrochement, o laffaissement trs rapide est associ des
failles coulissantes.
3. Les bassins tardi-orogniques, du type Basin and Range , o laffaissement
traduit lamincissement dune chane de montagnes et son retour une paisseur
crustale normale.
4. Les bassins cratoniques, o lenfoncement est lent et progressif.
5. Les bassins davant-chane, lis une exion lithosphrique.
Les bassins sdimentaires des marges continentales, actives et passives, seront
traits dans le chapitre consacr ces marges.
3.1 LES FOSSS DEFFONDREMENT
Il sagit de structures troites et allonges, limites par des failles normales conjugues,
de sens de rejet oppos (failles antithtiques) (g. 3.5). Grce ces fractures, les fosss
deffondrement montrent presque toujours un volcanisme de type alcalin.
Ces structures sont galement dsignes sous le nom de grabens. Elles peuvent
tre dcoupes en grabens secondaires par des compartiments rests en saillie ou
horsts, auquel cas on parle de style germanotype parce quon lobserve de faon
particulirement typique dans la basse valle du Rhin. Les demi-grabens et les demi-
horsts sont limits par des failles de mme sens de rejet (failles dites synthtiques),
ce qui entrane le basculement du compartiment (blocs basculs).
Les fosss deffondrement peuvent tre des structures supercielles, de faible
importance (dimensions de lordre du kilomtre et rejets maximum dune centaine
de mtres). Cest, par exemple, le cas des fosss du champ de fracture de Banon,
dans les Alpes externes mridionales.
Ds que les fosss deffondrement deviennent dchelle continentale, cest--dire
offrent une longueur de 100 plusieurs centaines ou milliers de kilomtres et une
largeur de plusieurs dizaines de kilomtres, on constate toujours qu leur verticale se
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3.1 Les fosss deffondrement 49


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produisent des modications de la crote et du manteau suprieur. Dans ce cas, on
parle de rifts qui sont videmment les structures deffondrement les plus intressantes.
Nous prendrons comme exemple type le foss rhnan (g. 3.3 3.7).
Cette structure, longue de 300 km, large de 35 40, se place avec la Bresse, la
Limagne et dautres, sur un axe de distension qui, au Tertiaire, traversait lEurope,
de lAllemagne la basse valle du Rhne (g. 3.3). La structure profonde est
connue grce aux mines de potasse de Mulhouse, aux forages ptroliers (ptrole de
Pechelbronn) et aux prospections gophysiques.
Sa gense est manifestement synchrone de celle des Alpes, bien que la nature de
leur liaison reste discute.
Fig. 3.3 Fosss palognes de lEurope occidentale
(en noir, les dices volcaniques nognes).
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50 3 Les bassins sdimentaires
3.1.1 Morphostructure (g. 3.4)
Au S, le foss rhnan sintercale entre les deux massifs cristallins des Vosges lW
et de la Fort-Noire lE. Ces massifs correspondent des demi-horsts (paules du
rift), basculs vers lextrieur du foss. Ils sont spars de ce dernier par des failles
Fig. 3.4 Vue cavalire du foss rhnan (daprs H. Cloos, 1955).
Les massifs anciens apparaissent en gris. lOligocne, le foss se prolongeait vers la Hesse.
Depuis le Nogne, il est en relation avec le foss du Bas-Rhin (ou dpression de Rhnanie).
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majeures (faille vosgienne ct franais), de type normal et synthtique, dont le
trac est souvent en baonnette.
Au pied de ces grandes failles, vient une zone de collines o afeurent les terrains
dge secondaire, fortement faills (g. 3.5). Cest la zone des champs de fractures ,
de largeur variable, maximale dans la rgion de Saverne. La zone des collines est
spare de la plaine rhnane par de nouvelles failles, dites rhnanes , toujours
synthtiques, fort rejet, mais peu visibles dans la topographie (g. 3.5).
Le foss proprement dit, remplissage tertiaire, montre lui-mme un ensemble de
petits horsts et grabens, reprs par la gophysique. Le socle est une profondeur de
1 200 3 500 m ( fosse de Mannheim).
Fig. 3.5 Le foss rhnan (daprs Sitler, 1974).
En haut : coupe transversale (a. zone des champs de fracture, FR. faille rhnane, FV.
faille vosgienne, l. socle, 2. Msozoque, 3. Oligocne infrieur, 4. Oligocne moyen,
5. Oligocne suprieur, 6. Plio-Quaternaire.
En bas : bloc-diagramme de la partie N du champ de fracture de Ribeauvill. Entre la
faille vosgienne et la faille rhnane, se dveloppe un rseau complexe de failles
longitudinales de direction N10 N45, recoupes par des failles transversales de
rajustement orientes N90 N150.
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52 3 Les bassins sdimentaires
La direction du foss rhnan, submridienne, est oblique par rapport aux struc-
tures hercyniennes SW-NE (orientation dite varisque ) (g. 3.3) et aux ondula-
tions qui ont affect la rgion la n du Crtac en se calquant sur les prcdentes.
3.1.2 Sdimentation
Au Secondaire, la sdimentation est relativement uniforme sur lensemble du bloc
rhnan et paisse denviron 1 500 m. Rien nindique la prsence du futur foss. Les
zones de facis sont parallles aux structures hercyniennes.
la n du Crtac, le contrecoup du dbut de la convergence alpine die des
rides, toujours de direction varisque, aussitt attaques par lrosion.
Au dbut du Tertiaire, la pnplanation sachve, accompagne dun volcanisme
alcalin (ocne infrieur) qui peut traduire le dbut dune mise en distension. Celle-
ci safrme ds la n de locne, par lapparition de sdiments lacustres assez
pais, et surtout au dbut de lOligocne o il y a effondrement de la partie S du
foss, envahie par la mer longeant les Alpes. Se dposent alors des marnes, parfois
grseuses, contenant du sel gemme et des sels de potasse exploits Mulhouse, ainsi
que la roche-mre du ptrole de Pechelbronn.
Ds la n de lOligocne, se produit une rgression gnrale marque par le retour
des sdiments lacustres. Elle traduit un mouvement de soulvement, probablement li
celui des Alpes car il sattnue progressivement vers le N. Il va durer pendant tout le
Miocne si bien qu la n de cette priode, la partie S du foss est mme rode.
Une deuxime phase de distension intervient la n du Miocne, contemporaine
dune nouvelle crise tectonique alpine, dans un champ de contrainte diffrent. Il en
rsulte un jeu dcrochant snestre des bordures du foss pendant que ce dernier
seffondre nouveau mais cette fois dans sa partie N, surtout, o se trouve, comme
on la dit, le maximum de la subsidence ( fosse de Mannheim). La sdimentation
reste partout uviatile. En somme il y a eu mouvement de bascule du S vers le N
puisque leffondrement dbute au S au Palogne et se poursuit au N au Nogne.
Ltude des produits dtritiques descendus des massifs cristallins du S montre que
la remonte des bordures du foss sest faite irrgulirement, principalement au
dbut de lOligocne puis au Plio-Quaternaire, cest--dire immdiatement aprs
chacune des grandes crises distensives.
Il ny a donc pas eu effondrement de la clef de vote dun dme originel mais
soulvement dpaules de rift dj individualises.
3.1.3 Volcanisme
Lhistoire du foss rhnan saccompagne dun volcanisme ssural alcalin. Les laves
dominantes sont des essexites (tphrites, limburgites, thralites, nphlinites) et des
phonolites. Ce volcanisme montre des caractres chimiques particuliers; il est en
effet riche en Na et CaCO
3
(au point quil existe des laves faites de ce carbonate ou
carbonatites).
On a dit quil dbutait locne infrieur mais cest surtout au Miocne suprieur
quil se dveloppe. En territoire franais, les appareils sont minuscules et pratiquement
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rduits des dykes (Riquewihr, Reichshoffen, etc.). En territoire allemand, ils sont
beaucoup plus importants : Kaiserstuhl, au S, clbre par ses carbonatites, et Vogels-
berg au N (g. 3.4). Cest au niveau du premier que se situe la plus forte remonte du
Moho (24 km) (g. 3.6).
3.1.4 Tectonique
Les dislocations responsables de leffondrement du foss rhnan sont des failles
normales de direction rhnane (NNE) et varisque (NE). Sur la bordure du foss, les
failles vosgiennes (ou externes) sont de type synthtique, avec un pendage de 40 60 E,
gnralement infrieur celui des failles rhnanes (ou internes), 70 80. Le rejet des
premires (de lordre de 800 m au maximum) est, dans lensemble, infrieur celui
Fig. 3.6 La fracturation sur les marges du foss rhnan (daprs Illies, 1974, simpli).
Elle reprend danciens accidents hercyniens (NE-SW) que le foss recoupe oblique-
ment selon une direction NNE-SSW. Il sy ajoute de nombreuses ssures de tension
NW-SE matrialisant le champ de contrainte nogne actuel.
On a superpos au schma les isobathes (en km) du toit du manteau suprieur
(Moho). Sa remonte est trs nette dans la partie S du foss.
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54 3 Les bassins sdimentaires
des secondes (1 500 1 800 m). La sismique rexion perd ces failles vers 7 km de
profondeur (passage la crote ductile). Dans le centre du foss, les failles sont
frquemment NW NNW disposes en chelons (g. 3.7), ce qui est en gnral inter-
prt comme le rsultat dun jeu snestre des deux bordures du foss.
Cartographiquement, la fracturation apparat symtrique de part et dautre du foss.
Cependant les dpcentres sdimentaires sont nettement dcals, vers lE dans la
partie N, vers lW dans la partie S, donnant aux coupes dchelle crustale une allure
en demi-grabens (g. 3.7). La sismique profonde (prols ECORS) suggre que ces
demi-grabens sont limits par des cisaillements qui traversent lensemble de la
crote et dcalent le Moho, expliquant la fois lasymtrie du bassin sdimentaire et
de la remonte du Moho par rapport laxe du foss.
Le mcanisme de dformation est complexe, avec deux crises :
a) Une crise ocne-oligocne
Lanalyse structurale des dformations traduit dabord leffet dune compression
mridienne, ocne suprieur, grossirement contemporaine du plissement alpin.
Elle produit des systmes de dcrochements conjugus dextres NW-SE et snestres
NE-SW. Les fentes de tension tmoignent aussi de cette compression submridienne.
Mais ds lOligocne, le raccourcissement devient vertical (stries verticales superpo-
ses aux stries horizontales de lvnement prcdent) et provoque la cration de
failles normales dans un champ distensif E-W. Toutefois lhritage structural laisse au
foss une direction N 20 lgrement oblique par rapport la direction dextension. La
ractivation des dcrochements antrieurs en faille normales et lobliquit du foss
expliquent lallure en zig-zag des bordures.
b) Une crise nogne
Le champ de contrainte sest modi; la compression devient NW-SE. Le foss joue
alors en couloir de dcrochement snestre (alors qu la mme poque, le foss du
Bas-Rhin sindividualise paralllement ce nouvel axe de raccourcissement, g. 3.7).
Si lon remet en place les divers blocs effondrs, il reste un espace disponible de
4 5 km qui doit reprsenter la valeur de la distension tertiaire. Le rapport des
largeurs successives (avant et aprs tirement), dsign par la lettre grecque est de
6/5, soit 1,20, cest--dire quil y a eu un amincissement crustal de 15 20 %.
Ajoutons quune extension de 5 km en 50 Ma donne une moyenne de 0,1 mm par an :
on est donc loin des chiffres de lexpansion ocanique, ce qui nous amne discuter
de la terminaison S du foss rhnan. En effet, aux approches du Jura, le foss cesse
mais est relay plus lW par celui de la Bresse (g. 3.3, 3.6). Il y a l une zone
transformante entre les deux, exactement comme pour les dcalages de rifts ocaniques.
En surface, cette zone montre un champ de fractures en chelons, ce qui traduit un
faible taux dexpansion.
3.1.5 Donnes gophysiques
Les faits importants sont les suivants.
1. Anomalie gravimtrique de Bouguer ngative laplomb du foss, lie lpais-
seur du remplissage sdimentaire. Les massifs cristallins des Vosges et de la Fort Noire
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sont caractriss par des anomalies de Bouguer ngatives qui indiquent que ces
reliefs ne sont pas compenss en profondeur par des racines crustales.
2. Lpaisseur de la crote dduite de la cartographie du Moho (g. 3.6) conrme
cette absence de racine crustale sous les paules du rift, ce qui indique que le foss
rhnan et son remplissage sdimentaire se superposent une crote fortement
amincie, le toit du manteau suprieur remontant dune dizaine de kilomtres dans la
partie sud du foss. On observe galement une lgre asymtrie, lamincissement
maximum tant dcal lE de laxe du foss dans sa partie sud, alors quil lest vers
lW dans sa partie nord.
Fig. 3.7 La fracturation du foss rhnan.
En plan, la direction de raccourcissement apparue au Nogne (che blanche) a
fait jouer les bordures du foss en failles de dcrochement snestres, provoquant
ainsi lapparition de failles de Riedel disposes en chelon. La distension correspon-
dante (che noire) ouvre le foss du Bas-Rhin.
En coupe (daprs le prol ECORS), apparat une zone de cisaillement oblique qui
conditionne lextension (voir ce sujet p. 121), mais elle est pendage W au nord et
pendage SE au sud. On remarquera quelle ne sexprime pas par des failles visibles
dans la crote infrieure mais par une zone de clivage cisaillant ductile (simpli
daprs J.-P. Brun et al. 1992).
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56 3 Les bassins sdimentaires
3. Haut ux thermique, connu depuis longtemps par la chaleur qui rgne dans les
mines de potasse (le degr gothermique est de 50 100/km au lieu de 30/km
habituels), ce qui permet denvisager une exploitation dnergie gothermique
(forage de Soultz-sous-Fort).
4. Laffaissement actuel du foss, daprs des mesures godsiques prcises,
serait de lordre de 0,2 0,7 mm/an.
5. Cest une rgion fortement sismique, surtout dans sa partie N o semble se
concentrer lactivit actuelle. Ltude sismique montre dabord qu ct des
mouvements verticaux subsistent des dplacements horizontaux snestres (5 cm/
1 000 ans?), dans un champ de compression NNW-SSE. Par ailleurs, les ondes
sismiques montrent que la structure profonde de la crote est anormale sous le foss.
Il y a, sur toute sa largeur et celle des massifs cristallins bordiers, surrection dun
manteau suprieur o la vitesse des ondes sismiques est lgrement plus faible que
la normale, avec un Moho peu net.
On observe aussi, sous le foss, un amincissement de la crote profonde et lexis-
tence dune zone faible vitesse (5,5 km/s au lieu de 6,5), entre 10 et 20 km de
profondeur.
3.1.6 Mcanisme de formation du foss
Sous leffet dune distension, la crote suprieure casse suivant un systme de failles
normales conjugues dnissant un foss allong et troit, tandis quen profondeur la
crote ductile samincit en se cisaillant de manire asymtrique. Cette asymtrie dnit
deux sous-bassins (demi-grabens) dune centaine de kilomtres de long (parties N
et S du foss) et vergence oppose. La poursuite de la distension connecte ces
diffrents bassins en un foss unique, lgrement coud dans la zone de transfert.
Lamincissement est compens en surface par une subsidence qui permet le dpt
rapide dune paisse srie sdimentaire. En profondeur, il provoque la remonte du
manteau et sa fusion partielle. Contrairement aux rifts ocaniques, cette remonte est
cependant lente et le taux de fusion partielle trs faible, produisant des appareils volca-
niques ponctuels et de petite taille. La remonte du manteau et surtout les intrusions
magmatiques dans le socle du bassin sont responsables du ux thermique important,
en particulier lorsque des circulations hydrothermales utilisent les champs de failles
bordant le foss.
Lamincissement de la crote dans laxe du foss allge de manire considrable
la lithosphre. En rponse, les bordures se soulvent de manire exurale en produisant
les paules du rift (Vosges et Fort Noire), non compenses isostatiquement par des
racines crustales.
Si les consquences de la distension lithosphrique sont bien comprises, son origine
reste discute mais doit tre place dans le cadre des fosss ouest-europens contem-
porains (g. 3.3). Comme elle est synchrone et voisine de la convergence alpine, on
peut proposer lvolution suivante :
lEocne, la convergence alpine vers le N poinonne le continent europen et
induit sur la bordure occidentale du foss une tectonique en dcrochement snestre.
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lOligocne, la cinmatique des plaques se rorganise dans le domaine alpin,
avec une rotation de la direction de convergence (de N-S NW-SE) accompagnant
la formation dun rift dans le golfe de Gnes (voir p. 148). Le rift ouest-europen,
dont le foss rhnan, correspond la propagation travers le continent de cette
dchirure initie dans le domaine mditerranen .
Au Nogne, il y remobilisation des structures cres prcdemment : le sud du
foss rhnan est soulev au Miocne lextrieur du bassin molassique alpin, les
bordures du foss rejouent en dcrochement dextre, et le foss du Bas-Rhin souvre
sous leffet de la contraction alpine.
3.1.7 Autres exemples
a) Le golfe de Suez (g. 3.8 3.10)
Dorientation NW-SE, il sest ouvert au Miocne au sein du craton arabo-africain,
dans le cadre de la rotation antihoraire de lArabie par rapport lAfrique. Il est
encore marin mais sa profondeur ne dpasse pas 80 m.
Fig. 3.8 Schma structural des golfes de Suez et dAqaba.
Les zones en gris (profondeurs suprieures 1000 m) reprsentent des secteurs
crote continentale amincie, A et B trace des coupes g. 3.9 ; (daprs P. Ott dEstevou
et al., 1987 ; J. Chorowicz et al., 1987).
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58 3 Les bassins sdimentaires
Stratigraphie de son remplissage
On peut y distinguer quatre groupes de sdiments discordants les uns sur les autres :
Groupe A. Miocne infrieur. Dpts dtritiques versicolores, lacustres ou conti-
nentaux, parfois vaporitiques, pouvant dborder sur les cts du rift. Celui-ci
ntait donc pas encore individualis. Nombreux dykes et coules basaltiques.
Groupe B. Miocne moyen. Marnes plagiques et calcaires rcifaux (le foss se
forme et est envahi par la mer).
Groupe C. Miocne suprieur. Sries vaporitiques, traduisant un milieu conn.
Groupe D. Plio-Pleistocne. Calcaires algaires ou rcifaux (la mer a renvahi le
foss) coups, sur les bordures, dpandages continentaux (surrection des bordures).
Structure tectonique
Le graben est dlimit par des failles normales NW-SE, dlimitant des panneaux
basculs. Mais la structure est toujours dissymtrique, lune des bordures tant gnra-
lement contrle par une faille majeure alors que le substrat remonte en pente douce
sur la bordure oppose (g. 3.9), dnissant des demi-grabens (blocs basculs).
Le rseau de ces failles principales est compliqu par des dcrochements NNE-
SSW (parallles au golfe dAqaba et la grande faille qui le borde) et WNW-ESE
(direction dite Duwi). La gense de ces failles obit une logique dvolution :
les failles de type Aqaba et Duwi sont des dcrochements conjugus corres-
pondant une compression NW-SE. Des fentes de tension parallles
1
Fig. 3.9 Coupes transversales du rift de Suez.
En haut : style tectonique, coupes localises sur la g. 3.8 ; en blanc, le socle ancien ;
en noir, Msozoque ; en gris, Cnozoque ; (daprs P. Ott dEstevou et al., 1987).
En bas : relation avec le remplissage sdimentaire (daprs A. Perrodon, 1983).
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apparaissent aussi. Tous ces accidents sont prcoces car scells par les dpts du
Miocne infrieur;
les failles NW-SE sont des failles normales classiques permettant louverture du
foss dans un champ de distension NE-SW (
1
vertical), dabord simple (blocs
basculs), puis plus diffus qui se traduit par une fragmentation des blocs en une
srie de horsts-grabens.
Histoire du foss
De ce qui prcde, on peut dduire lvolution suivante (g. 3.10) :
1. Au dbut du Miocne et en rgime continental, des mouvements de compression
orients vers le NW (lis au plissement des chanes msogennes) entranent la
formation dun rseau de dcrochements conjugus (failles Aqaba et Duwi) et de
failles de tension NW-SE livrant passage des basaltes alcalins. Lensemble est
faiblement subsident. Aucun soulvement nest perceptible.
2. Au Miocne moyen, la distension franche sinstalle et provoque leffondrement du
foss qui est envahi par la mer. La structuration en blocs basculs se fait suivant
des failles normales NW-SE, souvent dcales par les anciens dcrochements
Aqaba et Duwi qui rejouent, do une structure en zig-zag. Les changements de
sens de basculement des blocs soprent de part et dautre des discontinuits
transverses en donnant un rift trs dissymtrique. Puis le basculement des blocs
Fig. 3.10 volution de la fracturation dans le golfe de Suez (daprs Ott dEstvou, 1987).
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60 3 Les bassins sdimentaires
cesse, ce qui laisse penser que la phase majeure dtirement crustal est acheve.
Les mouvements sont remplacs par des jeux verticaux importants en horsts-
grabens, accompagnant le soulvement des marges, ce que conrme ltude des
inclusions uides des apatites du granite du Sina, tude qui indique une remonte
de 3 000 m dans les derniers 9 Ma. La largeur de la zone implique atteint 400 km.
Toutes ces structures sont scelles par la sdimentation marine du groupe B.
3. Au Miocne suprieur, les jeux de faille sattnuent dans un contexte rgressif o
dominent les vaporites.
4. Au Plio-Plistocne, il y a ractivation de la mobilit tectonique. Le soulvement
des marges sacclre, une partie des banquettes intermdiaires merge, la subsi-
dence de la fosse centrale, envahie par la mer, augmente. La faille dAqaba fonc-
tionne alors en grand dcrochement (qui nest autre que lextrmit S de la faille
du Jourdain, voir p. 67), dcouplant lvolution du golfe de Suez (qui reste un
rift intra-continental) de celle de la mer Rouge qui va voluer en ssure ocanique
(voir p. 98).
Le soulvement des bordures donne des reliefs atteignant 1 750 m lW, plus de
2 500 m lE (massif du Sina). Le rejet total des failles normales est de lordre de
5 000 6 000 m.
La largeur actuelle du foss (80 km) compare sa largeur primitive telle quon
peut la reconstituer partir des blocs (55 km environ) donne environ 50 % dextension
( = 1,45).
b) Le foss des grands lacs de lEst africain (g. 3.11 3.14)
Il court du Zambze au S, la mer Rouge au N, soit 6 000 km, sur 40 60 km de
largeur moyenne, mais il est divis en deux branches, E et W, relies lune lautre
par un linament (faille transformante intracontinentale?) qui apparat bien sur les
images spatiales, le linament dAssoua. La branche W montre aussi un trac en
baonnette d au couloir dcrochant Tanganyika-Malawi, couloir de transtension
dextre, parallle au linament dAssoua. Tous ces linaments se calquent sur danciennes
fractures prcambriennes.
La branche orientale se termine curieusement au S : elle nest pas brusquement
interrompue par le linament dAssoua mais stale en une patte doie de failles
rayonnantes, sismiquement actives (g. 3.11), traduisant que lextension nest pas
totalement rejete lW par le linament dcrochant en question.
Le foss sest ouvert au Miocne et son remplissage est rest continental ou lacustre.
Les dpts peuvent y atteindre jusqu 8 000 m dpaisseur (g. 3.12) et les discon-
tinuits que lon y observe sont dorigine climatique ou tectonique (basculements et
rejeux de blocs).
Volcanisme
Le rift est-africain montre le volcanisme habituel de ce genre de structure, surtout au
niveau de la branche orientale, ce qui peut indiquer que la distension y est plus
importante comme on pouvait sy attendre en raison de ses liens avec lAfar.
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Fig. 3.11 Carte structurale simplie du rift Est-Africain.
Ce rift est form de deux branches qui se relaient de part et dautres du linament
dAssaoua. Dans cette zone de relais, le lac Victoria, peu profond et faible taux de
sdimentation, spare les deux branches et contraste avec les lacs qui jalonnent
celles-ci. Son origine est lie aux soulvements bordiers des deux branches du rift,
lE comme lW, qui dterminent une cuvette intermdiaire (daprs J. Chorowicz,
1983). MNT (GTOPO).
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B
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62 3 Les bassins sdimentaires
Cest au carrefour de cette branche orientale et du linament dAssoua que se trouvent
les plus grands volcans (Kenya et Kilimandjaro).
Ce volcanisme est de type alcalin, avec une certaine richesse en sodium, comme
pour tous les rifts. Cette abondance de soude est lorigine du nom du lac Natron
(branche E, au SW de Nairobi, g. 3.11). Le natron est un carbonate naturel de sodium
(CO
3
Na, 10 H
2
O) qui servait aux anciens gyptiens la prparation des momies.
Fig. 3.12 Structure du rift est-africain au niveau du lac Tanganyika
(inspir de Sander et Rosendahl, 1989).
En pointill, le remplissage mio-pliocne.
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Soulvement des bordures
Il sobserve galement ici, les lacs tant situs entre deux bourrelets montagneux
trs rguliers dont laltitude moyenne est de 2 000 2 500 m, sauf dans le rift thio-
pien o elle dpasse frquemment 3 000 m.
On a parfois attribu de tels soulvements celui du Ruwenzori, bloc prcam-
brien de 120 km de long sur 40 de large, soulev plus de 5 000 m (5 119 m), entre
les lacs Albert et douard (g. 3.13). En fait la cause de ce soulvement nest pas
trs claire car le bloc parat bien tre intrieur au foss et non sur sa bordure. De
plus, on a l des foyers sismiques anormalement profonds pour une zone de rift (27
40 km, g. 3.14).
En tout cas, ces soulvements se poursuivent actuellement dans bien des cas et
probablement par saccades comme le montre, par exemple, une curieuse inversion
du rseau hydrographique de la rivire Kafou (au N du lac Victoria) : son rseau
suprieur est devenu un lac contours digits, le lac Kyoga (g. 44), lorsque lpau-
lement le sparant du lac Albert sest soulev.
Sismicit
La carte des picentres de 26 grands sismes survenus en Afrique orientale de 1963
1970 (g. 3.14) conrme que les sismes sont lis aux fosss mais peuvent aussi
les dborder (voir notamment limportante sismicit de la patte doie tanza-
nienne). Cest en fait lensemble du continent est-africain qui est distendu.
Fig. 3.13 Le lac Kyoga et ses rapports avec le rift est-africain.
Il sagit de lancien rseau suprieur de la rivire Kafou, afuent du lac Albert,
spar de ce dernier par le soulvement rcent de la rive orientale du rift. Ce soul-
vement a provoqu une inversion du sens de circulation des eaux.
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64 3 Les bassins sdimentaires
Pour en revenir aux sismes lis aux fosss, on remarque que la profondeur
moyenne des foyers sismiques est plus leve dans la branche W (12 15 km) que
dans la branche E (4 10 km), en liaison avec le pendage des failles bordires,
pendage dautant plus faible que le foyer est moins profond. Do lide que la
distension de ces fosss est-africains pourrait tre due une faille listrique majeure,
saplatissant dissymtriquement sous le foss (g. 3.14A-B). Nous retrouverons une
explication analogue pour dautres structures distensives (p. 65, 67, 81, 102, 121).
c) Le rift du lac Bakal (g. 3.15)
la diffrence des structures prcdentes, il offre la particularit de montrer une
extension sur crote paisse (45 50 km). Il se trouve au S de la plate-forme sib-
rienne et constitue une dpression de 2 500 km de long, dont la forme est due
lhritage des structures antrieures, prcambriennes et palozoques. Le lac lui-mme,
long de 670 km, est profond de 1 200 m et entour de reliefs de 1 000 3 000 m, le
socle cristallin tant 5 000 m sous le lac.
Fig. 3.14 Sismicit dans le rift est-africain entre 1963 et 1970 (inspir de Chorowicz,
1983, et de Morley, 1989).
droite, rpartition et profondeur des foyers sismiques.
gauche, coupes interprtatives des fosss foyers profonds (type A) et peu profonds
(type B).
Elles font intervenir une faille de dtachement , peu incline.
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La section du foss est dissymtrique (plus forts rejets au NW), ainsi que la loca-
lisation du volcanisme connexe, alcalin, situ seulement sur sa lvre SE.
Le remplissage sdimentaire traduit lexistence de deux priodes successives :
De lOligocne au Pliocne infrieur (34-4 Ma), se dposent des grs ns, des silts
et des argiles surtout lacustres, cest--dire des sdiments faible granulomtrie
100 200 300
0
100
km
km
NW SE Bakal
bassin central
Mts Primorsky Mts Sayan
Manteau lithosprique Sibrien
M. Lith. Sayan
Asthnosphre
Bloc Sayan-Bakal
Bloc Sibrien
Couverture
sdimentaire Pz
Unit Bakal-Patom
Fig. 3.15 Schma structural et coupes du rift du lac Bakal.
Le tiret indique les limites du rift. A et B trace des coupes.
A. coupe de la lithosphre sous le lac Bakal ; la topographie est exagre ( 10)
(modi daprs C. Petit & J. Deverchre, 2006).
B. prol de sismique rexion et interprtation (simpli daprs R. Hutchinson et al.,
Geology, 20).
A
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66 3 Les bassins sdimentaires
qui traduisent des reliefs nourriciers trs faibles. Par ailleurs, ces dpts dbor-
dent plus ou moins largement les limites du foss actuel qui tait donc encore mal
individualis. Lpaisseur des dpts varie de 2 000 4 000 m, ce qui, en 30 Ma,
donne un taux de subsidence faible (0,07 0, 15 mm/an).
Du Pliocne suprieur lactuel (3 Ma), les sdiments, strictement limits au
foss, sont plus grossiers, torrentiels uviatiles, surtout sur les bordures du rift o
les conglomrats galets locaux traduisent un soulvement nergique des bordures.
Lpaisseur des sdiments est de lordre de 1 000 m, soit 0,35 mm/an, soit un taux
de subsidence de 0,66 mm/an, cest--dire quil est multipli par 4 9 par rapport
au stade prcdent.
Ces deux stades traduisent, comme pour les exemples prcdents, le contrecoup
de phases compressives nognes, ici celles de lHimalaya (voir p. 248).
Les donnes gophysiques montrent que le Moho est 30-40 km sous le rift,
contre 45 50 sous les plates-formes voisines (surpaisseur crustale dorigine
orognique) et quil existe, sous la zone tire, un dme de manteau suprieur
anormal.
On retrouve aussi dans le rift du Bakal un ux thermique lev et une anomalie
gravimtrique ngative due la forte paisseur de sdiments quil contient. La sis-
micit est forte, surtout concentre sur les failles bordires.
3.2 LES BASSINS SUR DCROCHEMENT
3.2.1 Les rifts en pull-apart
Ce sont des bassins qui souvrent dans la zone en distension sparant deux failles
dcrochantes parallles (g. 3.16), la fracture primitive tant souvent en ligne brise.
Le coulissement sur chacune des failles bordires tire la crote suivant un bloc
losangique qui samincit et seffondre. On remarquera que le rgime distensif est
seulement local, la dformation gnrale tant dcrochante.
Lexemple le plus classique est celui de la mer Morte le long de la faille dcro-
chante du Jourdain (g. 3.16, 3.17).
Bien que cet alignement de fosss semble tre prcd par une dpression
allonge au Crtac suprieur, cest seulement avec lOligocne suprieur-Miocne
que les indices de rifting se manifestent, mais les premiers sdiments synrift sont du
Miocne suprieur et, partir du Pliocne, les dpts des bassins sont franchement
diffrents de ceux des plates-formes voisines. Cette observation est mettre en
parallle avec le volcanisme alcalin associ ces structures, qui dbute vers 10 Ma
et connat son maximum entre 9 et 7 Ma.
Les donnes gophysiques indiquent que, sous la mer Morte, la crote est
toujours continentale mais amincie de 5 8 km par rapport une crote normale.
La transition au manteau suprieur se fait par une crote de type intermdiaire,
paisse de 4 5 km (crote continentale injecte de produits basiques?).
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Fig. 3.16 Bassins en pull-apart le long de la faille du Jourdain.
Pour le golfe dAqaba et la mer Morte, voir aussi les g. 3.8 et 7.4.
En A, coupe de la mer Morte, montrant lexistence dune grande surface de clivage
dite faille de dtachement (F) le long de laquelle seffectue, de faon dissymtri-
que, le processus de distension. Sdiments en pointill.
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68 3 Les bassins sdimentaires
Les donnes gophysiques ont galement montr que la disposition des deux
extrmits, N et S, du bassin nest pas symtrique. Au S, on a quelques grandes
failles listriques trs plates, regard N, tandis que la pente N est plus rgulire et
non concave. On a donc pens que les premires se relieraient en profondeur une
grande surface de clivage ( faille de dtachement des auteurs anglo-saxons)
stendant sous toute la dpression (g. 3.16). Nous retrouverons une disposition
analogue dans beaucoup dautres fosss deffondrement.
Un autre exemple est celui de la dpression de Salton sea, prs de Los Angeles,
le long de la faille de San Andreas (g. 3.18).
Fig. 3.17 Structures en pull-apart du golfe dAqaba et de la mer Morte
(daprs Ten Brink et Ben Avraham, 1989, trs simpli).
Dans le golfe dAqaba, le gris indique les fosses sous-marines deffondrement
(profondeurs de lordre de 1 000 1 500 m).
Pour le bassin de la mer Morte, la structure en pull-apart est indique par des hachures
horizontales. Cette structure dborde la mer Morte proprement dite.
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Fig. 3.18 Bassin de Salton Sea (Californie, USA).
En haut : carte structurale ; le remplissage du bassin de Los Angels est constitu par
lancien delta du Colorado, dcal de 300 km par rapport lembouchure actuelle au
fond du golfe de Californie (A sur le schma gographique et carte p. 117) (daprs
R. Howard, 1996).
En bas, on a galement ajout un schma de la sismicit de la Californie mridio-
nale (tir de Chen et al., Tectonics, 1991, 10, 577-586). Lactivit du rseau de failles
apparat nettement, surtout autour du bassin de Salton Sea (SS).
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70 3 Les bassins sdimentaires
3.2.2 Bassins dcrochants
Plus larges que les prcdents, ils apparaissent par distension entre des failles de
coulissement et traduisent une sorte de joint souple au sein dune masse conti-
nentale si bien quils peuvent aussi enregistrer les priodes de compression que subit
la masse en question en contrecoup du jeu des grandes plaques lithosphriques.
Un cas curieux de bassin dcrochant est celui dAndaman, dans lInsulinde
(g.3.19) et sa structure en eur (ower structure).
Il sagit du bassin mdian de Sumatra son dbouch dans la mer dAndaman.
Le bassin svase vers le haut entre ses failles bordires en donnant une structure
contenu pliss. La g. 3.19 en donne lexplication.
En France, de tels fosss, fossiles, existent au sein des structures hercyniennes et
ont t partiellement referms par les dernires phases de contraction de cette orogense.
Dans le Massif armoricain, ils en jalonnent les grands coulissements (g. 3.20). Ce
sont les bassins de Chateaulin, Laval, Ancenis, etc., dge carbonifre infrieur
(visen). Tous montrent une volution en deux phases :
Une priode douverture o la sdimentation est instable et trouble par des mouve-
ments synsdimentaires incessants, par larrive dapports dtritiques grossiers
Fig. 3.19 Structure en eur du bassin dAndaman
(tir de A.W.Bally, Seismic expression of structures, Am.. Ass. Petr. Geol. 1985)
Lexamen de ce prol de sismique-rexion montre quau Plio-Pleistocne, la eur a
fonctionn comme bassin extensif. Au Miocne, elle a jou en compression (les sdiments y
sont plisss et plus minces que de part et dautre de laccident). LOligocne est galement
diffrent sur les deux lvres indiquant ainsi un jeu de blocs cette poque.
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( dbris-ows ) et mme de vritables klippes sdimentaires descendues des
bordures en coulissement dextre. Un volcanisme synsdimentaire se manifeste
aussi, souvent acide (quartz-kratophyres), mais avec quelques coules de basaltes
dafnits tholitiques.
Une priode de comblement, fort taux de sdimentation et discordance progressive
des termes les plus jeunes sur les plus anciens.
Les bassins sont ensuite plisss, tirs et granitiss au Namuro-Westphalien (phase
sudte).
Contrairement aux rifts classiques, ces bassins montrent des anomalies gravim-
triques positives que lon explique par lexistence probable de rservoirs magmatiques
proches de la surface.
Dans le Massif central, des bassins jalonnent galement de grands couloirs de
dcrochement, notamment le Grand Sillon Houiller , submridien (avec, par
Fig. 3.20 Bassins dcrochants dans le Massif Armoricain
(bassins dinantiens de Chateaulin, Laval et Ancenis) (daprs Rolet, 1984, simpli).
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72 3 Les bassins sdimentaires
exemple, le bassin de Commentry), ou ceux, EW, de la rgion de Rodez (avec, par
exemple, le bassin de Decazeville) (g. 3.21).
Mais la structure actuelle de ces bassins est complique par le fait que la direction
de raccourcissement a vari la n de lorogense hercynienne en remobilisant les
structures initialement dcrochantes.
Fig. 3.21 volution des bassins houillers de Commentry et Decazeville (Massif Central).
P.A. : pull-apart, EXT : extension, CP : compression.
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Bassins sur dcrochement complexes. Ils montrent toujours un bassin sdimen-
taire sinstallant sur une structure dcrochante distensive mais pouvant cette fois la
dborder largement. Lensemble reprsente, comme on la dit, une sorte de joint souple
au sein dun craton, joint qui enregistre aussi, sous forme de plissements locaux, les
mises en compression temporaires de ce dernier. Distension et compression peuvent
donc sy succder ou alterner.
Le bassin de la Bnou (Nigria) (g. 3.22 et 3.23)
Long de 1 000 km, large de 50 100, il stend du golfe de Guine au S du lac
Tchad o il se termine en Y de part et dautre du plateau volcanique de Biu. Ce bassin,
remplissage crtac, est directement incrust dans le socle cristallin et montre une
srie sdimentaire paisse de 1 000 5 000 m suivant les points. Elle est essentielle-
ment continentale lacustre sauf au Turonien o la grande et classique transgression
marine lenvahit, joignant lAtlantique la Tthys au travers du Sahara.
Fig. 3.22 Le bassin de la Benou (Nigria) et ses rapports avec le bassin du Tchad.
Isobathes du toit du socle en km (daprs la carte tectonique internationale de lAfrique
au 5 000 000
e
, 1968).
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74 3 Les bassins sdimentaires
La subsidence dbute lAptien dans un contexte transtensif li louverture de
lAtlantique. Elle dure jusqu la n du Snonien (Eocne localement ?), inter-
rompue par deux phases de plissement, lune au Santonien, lautre la n du
Crtac qui correspondent des priodes de rorganisation globale dans le jeu des
plaques mondiales. Ces phases donnent des plis allongs, parallles laxe du
bassin et de vergence NW, mais font aussi rejouer en dcrochements snestres les
failles longitudinales existantes. Quelques missions de basaltes alcalins succdent
la deuxime phase et persistent au Tertiaire et au Quaternaire dans le N du bassin.
La carte des anomalies de Bouguer montre que la rgion est dans son ensemble
isostatiquement quilibre. Il y a cependant une lgre anomalie positive sur laxe
du bassin, ngative quand on sen loigne. On linterprte comme lie lamincisse-
ment de la crote sous laxe du bassin, amincissement accompagn dintrusions
magmatiques, tandis que la sdimentation spaissit dans les sillons bordiers o elle
peut atteindre localement 4 000 6 000 m.
Dautres donnes gophysiques suggrent que le fond du bassin de la Bnou est
faill sous sa couverture crtace. On en dduit que ce bassin a commenc comme un rift
mais que la zone en distension sest largie par la suite, avec ralentissement de la subsi-
dence, avant dtre interrompue par le plissement accompagn du rejeu des fractures.
Fig. 3.23 Schma structural simpli du bassin de la Benou (adapt daprs Benkhelil, 1986).
A. Mcanisme de formation en pull-apart des bassins sdimentaires albo-aptiens.
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Le bassin sud-Aquitain au Crtac (g. 3.24).
Ce bassin apparat au Trias sous forme dun large foss deffondrement limit au
N par une zone de exure (exure Arcachon-Toulouse) et au S par une srie de
grandes failles dorigine hercynienne, parallles la future chane pyrnenne,
failles dont la plus importante est la faille nord-pyrnenne (voir g. 7.9 et 7.10). Au
Jurassique, ce rgime se poursuit avec une sdimentation deau peu profonde
(vaporites, calcaires dolomitiques) et cesse avec lmersion de la n du Jurassique
et du dbut du Crtac.
Fig. 3.24 Le bassin dAquitaine et ses rapports avec le golfe de Gascogne.
Isopaques du remplissage sdimentaire (en m) ; la zone en hachure lche correspond
au domaine modrment affect par la dformation pyrnenne, et celle en
hachur serr la zone nord-pyrnenne.
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partir de lAlbien et par suite de louverture du golfe de Gascogne, le bassin
sud-aquitain souvre vers lW, vers ce golfe naissant. En mme temps, au sein de la
plaque eurasiatique, le bloc ibrique commence sa translation vers lE. Entre lui et le
socle aquitain se forme un couloir de dcrochement, ax sur la zone nord-pyr-
nenne (avec peut-tre de petits bassins en pull-apart, g. 3.25, auxquels on attribue
la mise jour des lherzolites mantelliques). La sdimentation y devient abondante
mais la dborde largement. Le caractre distensif de ce couloir se manifeste par
quelques venues magmatiques alcalines.
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Fig. 3.26 Le bassin de San Joaquin, au N de Los Angeles; exemple de bassin en transpression
(daprs Wilcox et al., 1973).
En noir, afeurement de socle. Isobathes en km. Les plis en chelons sont indiqus par des
ches (synclinaux et anticlinaux distingus par les symboles habituels).
Lhypothse de la transpression lorigine des plis est cependant discute. Certains auteurs
(cf. Van S. Mount & J. Suppe, Geology, 1987, 1143-1146) estiment en effet que le jeu de la
faille est sans effet sur ses lvres et que ces plis sont comparables ceux des Transverse
Ranges qui se dveloppent au S de la faille de San Andreas (voir p. 168 et g. 7.6).
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78 3 Les bassins sdimentaires
Comme on pouvait sy attendre, le bassin est localement pliss lAlbien, au
Crtac suprieur et lEocne, cest--dire aux priodes de compression traduisant
le rapprochement des deux blocs bordiers.
Ainsi le bassin sud-aquitain et celui de la Bnou reprsentent-ils des bassins
installs sur un couloir de coulissement distensif, bien manifest par des structures
telles que des alignements de petits fosss en pull-apart. On parle de bassins en
transtension.
Les gures compressives y sont modestes, sauf exceptions auquel cas on parle
de bassin en transpression. Un exemple spectaculaire de tel bassin est celui de
San Joaqim (Californie, au NW de Los Angeles) (g. 3.26). Il est situ en
bordure de la faille de San Andreas au contact de laquelle apparat un train de plis
en chelons.
3.3 PLATEAUX DE DISTENSION TARDI-OROGNIQUE,
TYPE BASIN AND RANGE
La Basin and Range Province est situe dans lW des tats-Unis, entre la Sierra
Nevada lW, les Wasatch Mountains et le plateau du Colorado lE, le grand
plateau volcanique de la Snake River au N. vers le S, la rgion se prolonge au
Mexique de part et dautre de la Sierra Madre occidentale (g. 3.27). Sur toute cette
immense surface, daltitude moyenne de 1 600 m, apparat une succession rgulire
de rides montagneuses culminant entre 2 000 et 3 000 m, et de bassins longitudi-
naux combls de produits alluviaux pais de 2 000 3 000 m (g. 3.28). Ces reliefs,
de longueur variable mais larges dune trentaine de kilomtres, correspondent
parfois des horsts et des grabens classiques mais le plus souvent il sagit de demi-
horsts et de demi-grabens cest--dire, en dnitive, de blocs basculs, la dnivella-
tion entre eux atteignant 5 000 6 000 m. Ces blocs sont dlimits par des failles
normales typiques, de type listrique (concaves vers le haut). Lextension quils
traduisent a t estime une valeur situe entre 10 et 35 % de la largeur originelle,
localement 100 %.
Par ailleurs ces blocs basculs sont poss plat sur un socle prcambrien apparte-
nant certainement la crote moyenne ou infrieure (facis amphibolite).
Les blocs sus-jacents, appartenant la crote suprieure, peuvent comporter du
Prcambrien mtamorphique, du Palozoque, du Msozoque et un important mat-
riel volcanique dge tertiaire. Ces diffrents termes sont tronqus par une faille
plate qui les spare du socle (g. 3.29 et 3.30) et qui est associe une certaine
paisseur de mylonites. Cette faille est manifestement un niveau de dcollement
subhorizontal mais qui coupe les failles listriques sparant les blocs. Elle reprsente
le trait le plus remarquable de la rgion, surtout en raison de son extension (jusqu
10 000 km
2
) et de lampleur du dplacement (40 km en Arizona W).
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3.3 Plateaux de distension tardi-orognique, type basin and range 79


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3.3.1 Donnes gophysiques
La crote de cette zone montagneuse a t fortement amincie pour ne plus mesurer
que 25 km dpaisseur, chiffre lgrement infrieur lpaisseur normale de 30 km.
Comme cette crote se trouve lquilibre isostatique, son paisseur rduite et lalti-
tude moyenne de la province impliquent quelle repose sur un manteau suprieur
anormalement lger. Dans ce dernier, les vitesses sismiques sont de 7,9 km/s. Il y a
donc probabilit de fusion partielle, ce qui est compatible avec un ux de chaleur
double de la normale (2 microcal/cm
2
/s) et les panchements volcaniques tertiaires.
On retrouve toutes les caractristiques des zones en distension.
Fig. 3.27 Le domaine affect par les structures de type Basin and Range.
A. GB. Great Basin.
B. MNT GTOPO.
A
B
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80 3 Les bassins sdimentaires
3.3.2 ge de la distension
Bien que ltat distensif rgne depuis le dbut du Tertiaire, date dapparition du
volcanisme, la structure actuelle sest mise en place au Miocne, dbut du remplis-
sage sdimentaire des bassins. cette poque, se produit aussi un changement de
nature du volcanisme. Jusqualors calco-alcalin (inuence de la subduction paci-
que), il devient alcalin.
3.3.3 Mcanisme de la distension
Il a t beaucoup discut, au point quon a mme suppos que ces nigmatiques
failles plates taient danciens plans de chevauchement laramiens rejouant en failles
normales. On a ensuite pens la seule distension, celle-ci entranant un tirement
extrme de la crote au cours duquel sa partie suprieure aurait jou de faon
cassante tandis que sa partie infrieure aurait eu un jeu plus plastique (ductile). Le
rsultat aurait donc t la rupture complte de la crote suprieure en blocs basculs
qui seraient ainsi venus reposer par leur tranche sur la faille plate voque, jalonne
des mylonites tmoignant du clivage intracrustal profond.
Fig. 3.28 Structure du Great Basin (Basin and Range province).
Situation sur la g. 3.27 ; massifs montagneux en gris, bassins en blanc ; les traits
noirs barbuls gurent les failles normales ; les chiffres indiquent le pendage moyen
des blocs basculs (modi daprs J. Stewart, 1978).
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3.3 Plateaux de distension tardi-orognique, type basin and range 81


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Fig. 3.29 Modle de formation des structures Basin and Range .
MCC : Metamorphic Core Complex ; simpli daprs Lister et Davis, 1989.
Fig. 3.30 Faille de dtachement dans un prol de sismique rexion sous un bassin
de la Basin and Range Province.
(Marys River valley, N du Nevada, SW du plateau de la Snake River) (daprs A.W. Bally,
Seismic expression of Structural Style, Am. Ass. Petr. Geol., 1983, 2-2-2, 16).
chelle des hauteurs : secondes de temps double.
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82 3 Les bassins sdimentaires
Les donnes structurales montrent que les deux parties de crote superposes nont
pas t dformes en mme temps, la crote suprieure layant t aprs la crote
infrieure. Le mcanisme est donc plus complexe et la spectaculaire faille plate nest
sans doute pas le niveau de dcollement primitif. On aboutit donc au modle de la
g. 3.29 qui fait intervenir des surfaces de cisaillement distensives recoupant plus ou
moins obliquement la crote, surfaces dites failles de dtachement dont on a dj
voqu la possibilit dans une autre structure distensive (g. 3.16, p. 67). Les avis
diffrent suivant que ces failles se poursuivent en profondeur au travers de toute la
lithosphre (modle de Wernicke que nous retrouverons propos des marges conti-
nentales, p. 121) ou passent horizontalement dans les milieux ductiles de la crote
moyenne (modle de Lister et Davis qui inspire la g. 3.29). De toute faon, pour le
problme de surface qui nous occupe, le mcanisme reste pratiquement le mme et
permet de concilier la prsence de mylonites indiquant un milieu ductile, profond, sous
des blocs basculs tmoignant dune tectonique supercielle et cassante. Le processus
peut tre le suivant :
Dans un premier stade (g. 3.29.1), un plan de cisaillement ductile, , jalonn de
mylonites, se formerait plus ou moins horizontalement au sein de la crote, peut-
tre entre crote suprieure et crote infrieure. Viennent sy raccorder les failles
normales listriques (f) sparant les premiers blocs basculs par distension.
Ultrieurement, et sous leffet de la distension persistante, des failles listriques
plus plates et plus proches de la surface (failles de dtachement F1) apparaissent
et compliquent le dcoupage des blocs basculs (stade 2).
Au stade 3, la distension nit par provoquer un amincissement de la crote suf-
sant pour dclencher la remonte dun manteau suprieur, donc de la crote inf-
rieure amincie. Les failles de dtachement F1 sont gauchies et rapproches de la
surface avec les mylonites du stade 1, mylonites nes dans un milieu ductile mais
qui sont dsormais fossiles. Ce phnomne va entraner le glissement des blocs de
crote supercielle sus-jacents. Cest--dire qu partir dun certain stade (stade
4) une nouvelle faille de dtachement (F2) se met fonctionner en sparant ces
blocs superciels du socle sous-jacent toujours coiff de ses anciennes mylonites,
inactives (on est alors en rgime trop superciel pour que de nouvelles se
forment). La faille plate, caractristique des structures actuelles de type Basin and
Range (F2) prend ainsi son aspect dnitif tandis que le vieux socle mtamor-
phique arrive lafeurement ( metamorphic core complex , MCC).
Le comportement en profondeur du cisaillement prolongeant F2 (mais hrit
de ) est hors des limites de la gure et reste beaucoup plus conjectural.
Le phnomne distensif provoque une diminution importante de la pression qui
peut aboutir des fusions crustales et donc la mise en place de granites syntectoni-
ques dont la faible densit contribue aussi au soulvement du socle. Leur caractre
syntectonique se manifeste par le cisaillement distensif qui les affecte au voisinage
de la faille de dtachement.
Ce dispositif aboutit ramincir une crote jadis paisse.
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3.3 Plateaux de distension tardi-orognique, type basin and range 83


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3.3.4 Cadre structural de la distension
Il nest pas encore trs clair et plusieurs explications ont t avances.
1. La premire hypothse implique une distension lie au mouvement de coulisse-
ment de la faille de San Andreas (g. 3.31). Cette explication saccorde bien avec le
fait que la formation du Basin and Range Province ou Great Basin est contempo-
raine de la mise en jeu de cette faille et que son extension gographique est exactement
celle de la faille. De fait, grce une analyse stratigraphique et tectonique prcise des
blocs de la rgion de Las Vegas, Wernicke et al. ont pu calculer quentre la Sierra
Nevada et le plateau du Colorado, il y avait eu environ 247 56 km dextension pendant
les derniers 15 Ma, soit en gros 2 cm/an. Or pendant le mme temps, le dplacement
dextre de la faille de San Andreas a t de 214 48 km, chiffre du mme ordre de gran-
deur que le prcdent. Lexplication saccorde moins bien avec la forme circulaire du
Great Basin qui moule larc volcanique de la Sierra Nevada et des Cascadia Mountains.
2. Do lide que le Great Basin pourrait aussi tre un bassin arrire-arc (voir
p. 141), structure de distension classique sur les marges actives, immdiatement en
Fig. 3.31 Cadre structural des structures de type Basin and Range (daprs Stewart, 1978).
On peut y voir :
soit la consquence du jeu de la faille de San Andreas, FSA (dont ces structures sont
contemporaines et quelles jalonnent),
soit une consquence du jeu de la subduction nord-amricaine (distension dun
bassin arrire-arc).
1. Transformante et dorsale, 2. Zone de subduction, 3. Volcanisme calco-alcalin nogne.
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84 3 Les bassins sdimentaires
arrire de larc volcanique. Cette seconde explication saccorde bien avec le caractre
calco-alcalin du volcanisme, au moins ses dbuts, le ux de chaleur important,
lamincissement crustal et le caractre anormal du manteau suprieur soulev. La
difcult est dordre chronologique : la distension du Great Basin commence en
effet au moment o cesse le fonctionnement de la zone de subduction voque.
3. Une troisime explication, la plus probable (Molnar et Mnard, Nature, 1988, 334),
est un talement distensif , par gravit, dun dice orognique antrieur (ici lara-
mien) aprs que la contraction ait cess. Nous verrons, en effet (p. 290-291), que la
plupart des grandes chanes de compression saccompagnent dune crote paissie.
Celle-ci ne peut maintenir cette paisseur que si elle reste comprime, cas presque
ralis au Tibet comme nous le verrons (p. 289). Si la compression baisse, elle tend
uer sous leffet de la gravit. Cest ce qui sest pass ici quand la compression aux
limites a t remplace par le jeu dcrochant et distensif de la faille de San Andreas
et de ses annexes.
Les structures du type Basin and Range reprsenteraient le terme ultime de cet
talement dun ancien plateau, talement dans lequel les failles de dtachement ont
jou le rle essentiel (g. 10.56, p. 290).
3.4 LES BASSINS PROPREMENT DITS (bassins cratoniques)
3.4.1 Cas simples
Ce sont des dpressions ovales ou arrondies o les sdiments prolongent en conti-
nuit ceux des plates-formes voisines, beaucoup plus minces et lacunaires. Le
maximum dpaississement reste au voisinage du mme axe pendant toute lvolu-
tion. Le rapport profondeur/diamtre est de lordre de 1/100 1/50.
a) Exemple : le bassin de Paris (g. 3.32 3.34)
Il contient environ 2 500 m de couches secondaires et tertiaires en son centre (contre
quelques centaines de mtres pour ces mmes terrains sa priphrie). Cette pais-
seur correspond un taux de sdimentation moyen de 1/10 mm/an, ce qui est trs
faible compar aux taux de subsidence des autres types de bassin (voir g. 3.5). En
fait, ce chiffre ne signie pas grand chose car lvolution du bassin a d se faire
selon un rythme assez irrgulier, avec mme quelques oscillations positives (lune
la n du Jurassique, lautre la n du Crtac pour ne citer que les deux principales),
oscillations qui se traduisent par des rgressions et une mersion plus ou moins
gnrale. Ces soulvements (parfois qualis dpirognse positive, la subsidence
tant une pirognse ngative) ne reprsentent pas une tectonique aussi propre au
bassin que la subsidence : ils sont en effet contemporains de grandes crises tectoniques
mondiales au cours desquelles les plaques ont t mises, localement au moins, en
compression et ont pu ragir par des voussures.
Le ple de subsidence se dplace lgrement au cours du Secondaire (g. 3.33),
plus fortement au Tertiaire sous linuence vidente des dformations alpines et du
soulvement des paules du rift ouest-europen lE et au SE du bassin de Paris.
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3.4 Les bassins proprement dits (bassins cratoniques) 85


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Fig. 3.32 Isopaques du remplissage sdimentaire du bassin de Paris.
Fig. 3.33 Migration du ple de subsidence du bassin de Paris.
Entre le Lias (L) et le Crtac suprieur (Cs), soit 50 km, puis entre le Thantien (Th)
et le Burdigalien (Bu), soit 150 km. On remarquera que le contrecoup du premier
plissement alpin a brutalement report la subsidence maximum de 70 km vers le NW
(inspir de Pomerol, 1980).
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86 3 Les bassins sdimentaires
Ajoutons aussi que toutes les transgressions nont pas t dues des affaisse-
ments du substratum. Il faut aussi tenir compte des variations eustatiques du niveau
des mers. Par exemple, la transgression du Crtac suprieur a t provoque par
une lvation de 400 m du niveau des mers dans le monde entier.
Modle explicatif de la subsidence : il met videmment en jeu un phnomne
distensif, mais il faut expliquer le dbut du phnomne et son entretien.
Lorigine du processus apparat nettement quand on superpose la carte des zones
de subsidence permiennes et celle du bassin actuel (g. 3.34). En effet, au Permien,
alors que dbute la dislocation de la Pange, la pnplaine post-hercynienne est
soumise une distension intense qui donne naissance deux fosss deffondrement
Fig. 3.34 Fosss permiens sous le bassin de Paris (reconstitus daprs les rsultats
des forages profonds).
On remarquera leur concidence avec les zones de subsidence maximum du bassin
ultrieur.
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3.4 Les bassins proprement dits (bassins cratoniques) 87


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allongs suivant les directions hercyniennes et o se dposent 500 1 000 m de
sdiments permiens. Or la subsidence maximale du bassin de Paris se calque sur le
dessin de ces fosss quelle dborde largement. Cest donc quaprs la distension
permienne, il y a eu subsidence thermique et que celle-ci a individualis une zone
dprime plus vaste dans laquelle sinstallera la subsidence msozoque. Le dclen-
chement du phnomne de subsidence est donc une distension applique une
crote fragilise par danciennes structures, elles-mmes distensives. On le vrie
facilement sur dautres exemples : le bassin de la mer du Nord succde un rifting
permo-triasique (g. 3.35).
Cette interprtation ne peut expliquer que la formation initiale du bassin parisien,
la subsidence thermique diminuant rapidement au cours du temps. Les acclrations
ultrieures de la subsidence au cours du Jurassique, du Crtac et du Tertiaire ont
une autre origine. Elles sont synchrones dvnements affectant des rgions beaucoup
plus tendues. Ainsi, lacclration de la subsidence au Jurassique et au Crtac
apparat comme une consquence de louverture respective des domaines ocani-
ques de la Tthys alpine au SE et du golfe de Gascogne au SW. Au Tertiaire, la
formation du rift ouest-europen se traduit par le prolongement des fosss du N du
Massif Central dans le bassin parisien, ainsi que par le soulvement de sa bordure
occidentale sous leffet de la surrection des Vosges.
Fig. 3.35 Coupes du bassin de la mer du Nord.
En haut, entre les les Shetland et la Norvge (daprs Perrodon, 1983).
En bas, entre lAngleterre et la Hollande (daprs P. Huyghe, 1992). la n du
Crtac, une phase de contraction affecte le bassin, fait rejouer les failles normales
en failles inverses (F) et donne quelques plis. La distension reprend au Tertiaire.
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88 3 Les bassins sdimentaires
Finalement les bassins cratoniques apparaissent comme des structures initialement
fragilises et ultrieurement remobilises chaque rorganisation de la cinmatique ou
du champ de contrainte de la plaque lithosphrique. Ces remobilisations se traduisent
par des mouvements verticaux de faible ampleur qui se combinent aux variations
eustatiques pour contrler les paisseurs et les facis sdimentaires du bassin.
b) Autres exemples
Bassins palozoques de la plate-forme russe, du Michigan, de lIllinois, de
lOklahoma, en Amrique du N, de Tindouf et du Karroo en Afrique, ou ceux,
msozoques tertiaires du Tchad (g. 3.22), du Fezzan, du Sud-Lybien en Afrique,
dArabie, de Chine, de lOrnoque, etc.
3.4.2 Bassins complexes
Des complications de structure interviennent parfois, notamment :
1. Quand la supercie du bassin est trs grande et que son histoire est longue car il
se divise alors en bassins secondaires dans lesquels londe de subsidence
maximum se dplace, do des bassins basculs et embots les uns dans les autres.
Cest le cas du bassin du Sahara (g. 3.36).
Fig. 3.36 Le bassin du Sahara (daprs la carte tectonique internationale de lAfrique
au 5 000 000
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, 1968).
Isobathes du toit du socle en km. CB. Colomb-Bechar, G. Ghardaia, GH. Ghadams,
HM. Hassi Messaoud, T. Touggourt.
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3.5 Les bassins davant-chane 89


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2. Quand la subsidence saccompagne localement deffondrements suivis de brves
priodes de plissement. Ainsi apparat un rgime en horsts-grabens dont les failles
bordires peuvent mme tre chevauchantes. Ex. les bassins de la mer du Nord
(g. 3.35).
3. Quand ils contiennent des couches dvaporites car il peut sy dvelopper une
tectonique salifre se manifestant par des dmes de sel ou des plis diapirs (bassin
dAquitaine, bassin germano-polonais, golfe du Mexique, etc.), soit par des glis-
sements synsdimentaires en nappes (bassin germano-polonais).
4. Quand lpaisseur des sdiments devient trs grande, atteignant la dizaine de
kilomtres voire davantage, ce qui implique un amincissement ou des ruptures
locales de la crote. Un cas extrme, dinterprtation difcile, est celui de la dpres-
sion prcaspique, lW de la mer Caspienne. Dans sa partie centrale, elle montre
une srie Ordovicien-Nogne paisse de 18 25 km, peu ou pas plisse. Une
telle disposition implique un amincissement considrable voire la disparition de
la crote continentale sous-jacente, mais le mcanisme reste obscur : uage
latral, rosion subcrustale par des courants asthnosphriques? digestion par des
magmas mantelliques? ou simple tirement extrme saccompagnant dun dcou-
plage crote-manteau?
3.5 LES BASSINS DAVANT-CHANE
On appelle ainsi des bassins situs au front des chanes de montagnes et qui en
reoivent les produits drosion ou molasses, do le nom aussi utilis de bassins
molassiques.
Ils sinstallent au front dune chane en cours de plissement, paralllement sa
direction et ses structures tectoniques sur une lithosphre qui chit sous la charge
que reprsente la chane, do le nom de bassins exuraux quon leur donne
parfois. Les exemples abondent : le bassin molassique suisse au front des Alpes, le
bassin carpatique au front des Carpates, le bassin padan au front de lApennin.
LAdriatique peut tre considre comme un bassin de ce type, encore actuel, au
front des chanes dinariques.
Exemples :
3.5.1 Le bassin molassique pri-alpin (g. 3.37 3.41)
N dans le Bas-Dauphin, au pied des chanes subalpines, il se dveloppe largement
en Suisse. De Lausanne Zurich, son extension correspond exactement au front des
grandes nappes des Alpes suisses (nappes pralpines et helvtiques). Au-del du lac
de Constance, il passe au bassin bavarois puis au bassin de Vienne, au front des
Alpes orientales faites des nappes austro-alpines.
Le bassin est dissymtrique en ce sens que les plus grandes paisseurs de sdi-
ments sont au voisinage de la chane. Par ailleurs, il y a contemporanit des crises
de subsidence avec les priodes de mise en place des nappes.
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90 3 Les bassins sdimentaires
La carte des isobathes du bassin (g. 3.38) montre deux priodes de subsidence
bien distinctes :
une priode oligocne qui accompagne et succde la premire mise en place
des nappes helvtiques et penniques, cest--dire une masse paisse de 10 12 km
daprs les tudes du mtamorphisme (Frey, 1978) et en prenant 30 C/km comme
gradient gothermique (voir aussi Steck, 1984);
une priode miocne qui correspond au dbut de la grande crise noalpine qui
va affecter surtout le domaine helvtique et aboutira son chevauchement sur le
bassin molassique la n du Miocne (ainsi qu des chevauchements intramolassi-
ques, g. 3.39).
La subsidence correspondante cette priode est bien distincte de la prcdente
comme le montre le dessin des isobathes (g. 3.38), par ailleurs devenus parallles
lalignement des massifs cristallins externes dont la mise en place est en effet de
cette poque.
Ces faits permettent dinterprter lenfoncement du bassin comme le rsultat
dune exion de la lithosphre europenne, paisse et froide, donc rigide, sous la
Fig. 3.37 Les bassins molassiques suisse et padan au front des Alpes et de lApennin.
Ces deux bassins ne sont pas synchrones, le premier tant miocne, le deuxime plio-
quaternaire. On remarquera que, dans les deux cas, la subsidence est maximum l o
lpaisseur des nappes voisines est la plus forte (nappes austroalpines et nappes de
lApennin toscan et ligure).
Isobathes en km de la srie miocne en haut, de la srie pliocne en bas.
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3.5 Les bassins davant-chane 91


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surcharge quelle subit du fait de lempilement des nappes (Karner et al., 1983)
1
. Ce
bassin est dit exural . De fait, le processus migre vers le N au cours du temps :
laxe de subsidence maximum se dplace de 70 km vers le N entre le dbut de
lOligocne et la n du Miocne, soit donc 2 3 mm/an. La courbure de la lithosphre
est accompagne de failles normales, synsdimentaires, qui provoquent des change-
ments brusques de facis et dpaisseurs, voire la disparition brutale de certaines units
stratigraphiques (g. 3.39).
Compte tenu de lpaisseur et de la rigidit de la lithosphre europenne, sa
exion lastique aurait d provoquer, sa limite NW ou N, un bombement formant
le rivage correspondant du bassin molassique. Il napparat pas nettement dans la
palogographie tertiaire. Certains auteurs ont pens quil tait fragment par des
1. G. KARNER et A. WATTS, 1983. Gravity anomalies and exure of the lithosphere. J. Geoph.
Res. BB, B 12, p. 10449-10477.
Fig. 3.38 paisseur (en km) et rpartition des dpts dans le bassin molassique suisse
lOligocne et au Miocne (daprs G. Mnard, 1988, simpli).
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92 3 Les bassins sdimentaires
Fig. 3.39 volution du bassin molassique suisse (daprs Pffner, 1986, trs simpli).
Fl. Mi. Flysch puis molasse marine infrieure (Oligocne infrieur) actuellement
incorpor au domaine pliss alpin (grs de Taveyannaz et du Val dIlliez).
Li. Molasse deau douce infrieure (Oligocne suprieur), correspondant une
rgression gnrale, avec mise en place de grands cnes alluviaux conglomratiques
dans une ambiance lacustre (mont Plerin, par ex.). Cest le niveau le plus pais de la
srie (4 km).
Ms. Molasse marine suprieure (Miocne), grseuse, marquant lenvahissement du
bassin par la mer venant de la future valle du Rhne.
Ls. Molasse deau douce suprieure (Miocne suprieur), reprsentant la n du
rgime marin et larrive de nouveaux conglomrats. Il est intressant de remarquer
qu lE de Munich (g. 3.37) ce terme reste marin : ce bassin molassique bavarois et
autrichien, fortement subsident, est li la mise en place des nappes austroalpines.
A. massif de lAar, servant de repre. Il montre la progression des nappes alpines vers
le N. On constate laffaissement corrlatif du fond du bassin (che) par exion au S
(bassin exural) et failles normales au N.
Le pointill gras indique, pour chaque stade, la trace du clivage qui donnera la struc-
ture charrie du stade suivant.
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3.5 Les bassins davant-chane 93


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structures dextension et quil pourrait ainsi tre remplac par des fosss deffondre-
ment comme celui de la Bresse, mais cette interprtation est discutable, ce foss
relevant dun autre processus.
En effet, ce foss et le bassin du Bas-Dauphin, tout en ayant la situation de bassins
molassiques davant-chane, obissent une logique diffrente car ils jalonnent un
axe de distension Allemagne-Provence. Cet axe est fait dune srie de rifts mis en
place locne suprieur-Oligocne infrieur. Par la suite, cest--dire au Nogne,
celles de ces structures en creux qui taient les plus proches de laxe alpin ont t
affectes par un processus daffaissement par exion, certainement moins net quen
Suisse mais sufsant pour que, dans chacun, laire de subsidence dborde les limites
du graben palogne primitif. Ce processus rappellerait donc en plus petit celui que
nous avons voqu lorigine du bassin parisien. Il a contribu dessiner, du Bas-
Dauphin la Mditerrane, une sorte de gouttire subsidente faite dombilics
successifs (Valence, Valreas, Digne, Bas-Rhne), gouttire qui a permis la trans-
gression miocne datteindre le bassin suisse.
3.5.2 Le bassin du P (bassin padan) (g. 3.40 3.42)
Son histoire et son organisation sont beaucoup plus complexes que celles du bassin
molassique suisse car il subit les inuences successives des Alpes et de lApennin,
inuences qui sexercent dans deux zones de subsidence diffrentes.
Linuence alpine sexerce lOligocne et au dbut du Miocne (Aquitanien).
On trouve en effet, sur la bordure W et NW du bassin, une srie sdimentaire de cet ge
qui spaissit en direction des Alpes et paralllement elles (g. 3.40). Ces sdiments
afeurent dans la rgion de Cme.
Fig. 3.40 Subsidence oligo-aquitanienne dans le bassin du P
(daprs Mnard, 1988, simpli).
Elle est directement en rapport avec lvolution alpine et pas encore avec celle de
lApennin. On remarquera le paralllisme grossier qui existe entre les isobathes (en
km) et la faille insubrienne.
En noir, afeurements actuels de lOligo-Aquitanien dans la rgion de Cme (C).
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94 3 Les bassins sdimentaires
Cette srie oligo-aquitanienne succde immdiatement la phase de plissement des
zones internes alpines dont certaines units ont une vergence padane (p. 270, 275). Les
molasses de Cme reprsentent donc le remplissage dun banal bassin de exion.
Au Miocne suprieur, une nouvelle phase affecte surtout la zone externe alpine et
achve la mise en place des grandes nappes penniques et austroalpines sur le versant
W et N des Alpes, dclenchant alors la subsidence du bassin molassique suisse voqu
prcdemment, qui prend ainsi le relais de celui du P sur lautre versant de la chane.
Linuence apenninique sexerce surtout partir du Miocne moyen-suprieur
1
.
La nouvelle subsidence qui se manifeste alors dans toute la partie orientale du bassin
padan est lie, chronologiquement et gomtriquement, la mise en place des
nappes apenniniques.
Chronologiquement, car la subsidence ne devient active quaprs le Tortonien,
partir duquel les dpts padans contiennent des olistolites des nappes les plus leves
de ldice apennin (nappes ligures) (g. 3.41). Ce rgime se prolonge et sactive
pendant le Pliocne dont les sdiments sont, par ailleurs, discordants sur les structures
antrieures (phase nimiocne).
1. Les sdiments antrieurs sont dj incorpors aux plis frontaux apenniniques.
Fig. 3.41 Prol de sismique-rexion dans le S de la plaine du P, en bordure de lApennin
(daprs A.W. Bally, Seismic express. of Structur. Style, Am. Ass. Petr. Geol., 1983, 3-4-1, 15).
La subsidence post-tortonienne se lit dans lpaisseur des dpts visibles droite de
la gure. Elle est accompagne de mouvements chevauchants de lApennin qui
dforment le Nogne.
Remarquer les olistolites des nappes les plus leves de lApennin (ou nappes ligu-
res) dans le Miocne suprieur, et la migration des dpcentres (Pliocne infrieur,
au front de la faille 1. Pliocne moyen-suprieur, au front des chevauchements, 2 et
3. Quaternaire, au N des prcdents).
Pl i, m, s. Pliocne infrieur, moyen, suprieur, M. Miocne, Ol. lig. Olistolites de
matriel ligure.
chelle des hauteurs en secondes temps double.
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Dunod La photocopie non autorise est un dlit.
Fig. 3.42 Le bassin padan plio-quaternaire et ses structures (adapt de Pieri et Groppi, 1981, Castellarin et Vai, 1986).
Les isobathes (en km) sont ceux de la base de la srie pliocne.
Le bassin est fait de deux parties : au N, le monoclinal sudalpin (SA), qui senfonce rgulirement vers le S jusqu des profondeurs de
12 km pour le socle, 7 8 km pour la base de la srie plio-quaternaire.
Au S, le front des nappes apenniniques, masqu par le remplissage sdimentaire du bassin. Ce front est pliss : plis du Monferrat,
dmilie (E) et de larc Ferrare-Romagne (FR) et les bassins correspondants sont dits transports .
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Gomtriquement, car la subsidence est maximum (7 8 km pour le seul Plio-
Quaternaire) l o les nappes apenniniques sont les plus paisses et le mieux repr-
sentes, cest--dire dans lmilie et la Toscane (g. 3.42).
Ainsi, depuis le Pliocne, le bassin padan comprend-il deux parties (g. 3.42) :
une partie nord, le monoclinal sudalpin , qui senfonce rgulirement vers le S
jusqu des profondeurs de 12 km pour le socle;
une partie sud, o les sdiments masquent le front des nappes apenniniques, plisses
en arcs successifs (arcs du Monferrat, dmilie et de Ferrare-Romagne), vergence
N et correspondant autant de larges cailles empiles. Cest prcisment l o cet
empilement est maximum que laffaissement du fond du bassin est le plus fort.
Dans la partie extrieure au front apenninique, laffaissement saccompagne de
failles normales qui se retrouvent sur la bordure alpine ceinturant le bassin et qui
sont peut-tre encore actives ( arc pimontais des sismes alpins).
Ce bassin padan a galement lintrt de donner des exemples de bassins trans-
ports , car une partie du complexe sdimentaire se dveloppe sur le dos de chevau-
chements actifs (FR, g. 3.42, ou bassin situ entre les failles 1 et 2 de la g. 3.41)
(bassins dits en piggy back ).
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Chapitre 4
Les marges continentales
divergentes (ou passives)
On sait que les continents se prolongent sous la mer par le plateau continental ,
profond de 200 m au maximum, sous lequel le Moho est 25-30 km de profondeur,
puis on passe au talus continental (bien que la pente ny dpasse gure 3 5 en
gnral) au niveau duquel lpaisseur de la crote diminue rapidement. En une
centaine de kilomtres on passe ainsi aux plaines abyssales crote ocanique.
Les marges continentales correspondent cette zone de transition entre lithos-
phre continentale et ocanique. Elles rsultent de la fracturation dune crote conti-
nentale jadis continue, fracturation suivie de lvolution distensive de la ssure
originelle, cest--dire dun rift. Dans ce processus, les deux marges apparues sloi-
gnent progressivement lune de lautre (marges divergentes ), et ceci de faon
passive (marges passives ). Elles ne montrent donc aucune activit sismique. En
revanche, le rgime distensif peut tre cause dun volcanisme abondant.
On peut en distinguer plusieurs types en fonction du magmatisme contemporain de
leur formation, de lorientation des structures et de lenvironnement godynamique
dans lequel elles apparaissent.
Nous partirons des marges encadrant la mer Rouge, les Afars et le golfe dAden,
parce quon y voit les stades progressifs de louverture dun continent depuis le
stade de simple ssure crustale (rift fond ocanique) jusqu celui de golfe
ocanique . La ssuration originelle y a t galement accompagne dun volcanisme
sufsamment abondant pour quon parle de marge volcanise
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Afar
Plate-forme
Arabe
A
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G. de Suez
GPS
30 mm/an
Fig. 4.1 La mer Rouge, les Afars et le golfe dAden dans le cadre structural du bloc arabe
(inspir dOtt dEstvou, 1987).
Noir : volcanisme, ches : sens de dplacement du bloc arabe mesur par GPS,
A, B : traces des coupes de la gure 4.3. MNT GTOPO.
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4.1 LENSEMBLE MER ROUGE AFARS GOLFE DADEN :
UN EXEMPLE DE MARGE VOLCANISE (g. 4.1)
4.1.1 La mer Rouge
Elle prolonge au S le golfe de Suez mais galement le golfe dAqaba, cest--dire la
zone transformante du Jourdain dont on verra plus loin linuence structurale. Vers
le S, la structure de la mer Rouge sinterrompt et, dcale vers lW (disposition en
chelon), se retrouve dans le territoire des Afars.
a) Lvolution structurale
Les premiers sdiments syn-rift de ses bordures sont, localement, de lOligocne,
ailleurs, du Miocne infrieur ou moyen. Louverture oligocne a t accompagne
de la mise en place de nombreux dykes de basaltes et de gabbros parallles lallon-
gement gnral du foss (g. 4.2) et, dans la partie S de celui-ci, de masses impor-
tantes de rhyolites, avec mme de petits corps granitiques, qui indiquent que la
crote tait toujours continentale.
Ce volcanisme correspond lexpression supercielle dun point chaud initiale-
ment centr sur lthiopie, responsable de lpanchement des trapps formant les
plateaux dthiopie et du Yemen (g. 4.2). La prsence de ce volcanisme sur la seule
rive arabe suggre que la distension permettant la remonte du manteau suprieur
tait un processus dissymtrique de celui ouvrant le rift originel.
lOligocne, le soulvement des bordures tait encore faible nul car tous les
sdiments sont alors grain n.
Vient ensuite une priode de quiescence de 10 Ma, cest--dire jusqu la n du
Miocne qui connat le mme pisode vaporitique que le golfe de Suez. Jusque-l,
donc, lhistoire de la mer Rouge se confond avec celle de ce golfe.
Au dbut du Pliocne, louverture seffectue au sud du golfe dAqaba (lie au
coulissement snestre de la faille du Jourdain) et dans la mer Rouge, tandis que le golfe
de Suez y chappe (p. 60). Cette tape de distension plio-plistocne est bien marque
par de nombreuses discordances dans les sries sdimentaires correspondantes, puis
par le soulvement des bordures du foss des altitudes de 2 000 3 000 m et par un
puissant volcanisme (basaltes alcalins olivine et enclaves de roches crustales, dats
de 0,3 0,9 Ma), volcanisme toujours limit la bordure orientale du foss (g. 4.2).
La microsismicit indique que lextension est toujours active le long de laxe de la
mer Rouge.
b) La structure actuelle
Dans la partie S de la mer Rouge seulement, il y a apparition dune nocrote de
type ocanique, large de 5 6 km, bien reprable par sa minceur (10 km) et ses
bandes danomalies magntiques (g. 4.3). Lapparition de cette crote est contem-
poraine de la crise plio-plistocne. Entre cet axe no-ocanique et les bordures
franchement continentales, existe un domaine large de 50 100 km, masqu en
grande partie par la mer, des sdiments dtritiques ou des constructions rcifales.
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100 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
La crote y a une paisseur croissant de 10 20 km quand on sloigne de laxe de
la mer Rouge. Sa nature est discute. Il sagit probablement dune crote continen-
tale profonde. Les rares afeurements (comme celui de lle de Zabargad) montrent
Fig. 4.2 Le volcanisme de lensemble mer Rouge-Afars-golfe dAden
(daprs Bayer et al., 1989, complt et simpli).
En hachur vertical : volcanisme alcalin contemporain de louverture du rift initial
(30-10 Ma). Le long de la mer Rouge, il est surtout constitu dessaims de dykes
basaltiques et gabbroques dats de 22 Ma (en pointills).
En noir : volcanisme contemporain de louverture de la mer Rouge (alcalin tholi-
tique) (5 Ma - actuel).
A. Ile de Zabargad.
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4.1 Ensemble Mer Rouge Afars Golfe dAden : exemple de marge volcanise 101


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des pridotites mantelliques lons de diabase et de gabbro, injectes dans des
gneiss facis granulite et des amphibolites qui reprsentent la base de la crote
continentale amincie par distension. Cette ocanisation dune crote continentale
pourrait avoir dbut vers 13 Ma, alors que le phnomne distensif dbute, comme
on la dit, lOligocne suprieur (25 Ma).
Fig. 4.3 Structure de la mer Rouge.
A. Coupe du bord W du foss, dans la rgion de Safaja (A de la g. 4.1) (daprs Ott
dEstvou et al., 1987, simpli).
On y retrouve le style tectonique et les formations sdimentaires du golfe de Suez
(comparer avec la g. 3.9). En noir, lOligocne. En hachurs, les sdiments ant-
oligocnes.
B. Coupe du foss axial vers le 19
e
parallle (B de la g. 4.1) (daprs T. Juteau, simpli-
).
Ce foss est limit par deux gradins implants sur une puissante masse dvaporites
miocnes recouvertes de 200 300 m de sdiments plio-quaternaire. Leur socle est
inconnu.
Le foss lui-mme est fait de blocs basculs plus ou moins symtriques, limits par de
grands plans de faille atteignant jusqu 600 m de hauteur, inclins de 60 vers laxe,
plans sur lesquels on a pu draguer des basaltes tholitiques.
Dans laxe du foss, on peut observer une bande de basaltes rcents (ge infrieur
500 ans), large de 4 5 km, spare des gradins voisins par des fosses linaires
profondes. En fait, tout le foss est hach de failles de distension, plus ou moins
ouvertes, parallles son allongement, et de failles transverses.
Au centre, la zone dextension elle-mme, large de 0,5 1 km, est jalonne de petits
volcans rcents montrant un empilement de pillow-lavas en tubes allongs.
Toute la zone axiale montre des anomalies magntiques grossirement symtriques
remontant jusqu 1,5 2 Ma. Aprs quoi, elles sont absentes sous les sdiments et
les vaporites. Elles permettent de calculer que lexpansion moyenne a t de 1,6 cm
par an pour les deux derniers millions dannes, comme pour la dorsale atlantique
(dorsale lente). Cette analogie permet de comparer le foss axial de la mer Rouge
avec le rift de la dorsale atlantique.
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102 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
Sur les marges, la structure est celle de blocs dlimits par des failles normales. Leur
disposition est symtrique dans la partie N de la mer Rouge, mais devient franchement
asymtrique vers le S, avec des blocs troits tous basculs dans le mme sens (g. 4.4).
cette asymtrie de structure, sajoute celle qui rsulte de la rpartition du volca-
nisme ( lE seulement) et du soulvement des bordures (un peu plus net lE).
Dans ces conditions, les interprtations actuelles retiennent un modle de distension
par surface de cisaillement faible pendage (g. 4.4).
4.1.2 LAfar
LAfar est un domaine complexe o louverture ocanique se superpose un point
chaud.
La ssure crustale de la mer Rouge disparat vers le 14
e
parallle mais elle est
relaye vers lW par une ssure en chelon de mme orientation, lAfar N, qui se
dveloppe entre le plateau thiopien, lW, et un plateau moins lev, lE, dit
horst danakil (g. 4.5).
Fig. 4.4 Ouverture de la mer Rouge, entre lOligocne et le Miocne moyen,
par amincissement crustal dissymtrique.
La remonte du manteau suprieur (MS) sous la marge NE explique la concentration
du volcanisme quon y observe.
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4.1 Ensemble Mer Rouge Afars Golfe dAden : exemple de marge volcanise 103


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Le rifting et laffaissement du foss danakil commencent, comme pour la mer
Rouge, lOligocne suprieur, vers 25 Ma, ge des laves mises alors en place. Ce
Fig. 4.5 Schma structural du territoire des Afars (inspir de J. Varet, 1975,
simpli et modi).
1. Substrat prcambrien.
2. Volcanisme alcalin des plateaux et des bordures du foss (a. acide, b. basique,
c. granite miocne).
3. Volcanisme tendance tholitique (a. principaux massifs axs sur des ssures,
b. volcanisme tabulaire, en gnral sans appareils bien nets).
4. Sdiments secondaires, tertiaires et quaternaires.
En A, gure montrant que lorientation des principaux massifs volcaniques du foss
des Afars est commande par une ouverture se faisant autour du mme ple de
rotation (P) que le horst Danakil.
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104 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
sont des basaltes alcalins trs uides (trapps), souvent subaquatiques, qui afeurent
sur les bords du foss. Ils sont associs des sdiments continentaux, lacustres,
marins ou vaporitiques, mais aussi un volcanisme rhyolitique alcalin, abondant
(trachytes, rhyolites, ignimbrites, et mme granite), tmoignant de lexistence dune
crote continentale et du fonctionnement dun point chaud.
Aprs une certaine phase de quiescence, une nouvelle distension reprend une
poque rcente, encore mal prcise. La crote continentale se dchire en donnant
une ssure axiale crote de type ocanique dcele par la gophysique (importante
anomalie magntique et vitesses sismiques). Cette crote nest pas visible, coiffe
par limportant massif volcanique de lErta Ale, toujours actif, qui parat prendre
naissance vers 1,2 Ma, mais peut cacher du matriel volcanique plus ancien. Les
produits de ce volcan ssural font transition entre basaltes alcalins et tholitiques,
avec des produits de diffrenciation acides (trachytes et rhyolites) : ils peuvent donner
une ide du passage dun magma continental un magma de dorsale.
Entre cette ssure axiale ocanique et le rebord du plateau thiopien ou danakil,
crote continentale, existe un domaine large de 75 100 km o les donnes
gophysiques indiquent, comme en mer Rouge, une crote continentale amincie
mais ce domaine est ici enfoui sous les formations volcaniques rcentes. En effet, le
volcanisme axial nempche pas lactivit de centres plus latraux o coexistent
toujours basaltes et rhyolites.
Le soulvement des bordures est intense (4 000 m en Ethiopie, 3 000 m au Yemen).
Le sud de lAfar est une rgion plus complexe o la distension est plus diffuse. La
zone axiale ocanique de lAfar N est relaye par de nouveaux sillons en chelon,
tant vers lW que vers lE, toujours couronns ddices volcaniques actuels
rcents et de chimisme tendance ocanique, fonctionnant paralllement des centres
latraux alcalins (basaltes et rhyolites).
La structure tectonique, commande par dinnombrables failles de distension (g. 4.6),
se complique aussi en donnant une srie de rifts embots (rifts en rifts ), mais on
voit leurs orientations sincurver et devenir EW dans le golfe de Tadjura, passant ainsi
aux structures du golfe dAden. Il y a donc continuit structurale entre lAfar et ce
golfe et pas du tout avec le rift est-africain qui est recoup par les structures EW dans la
rgion du lac Abhe (g. 4.5). Toutefois sa prsence est certainement responsable de
ltalement et de lmiettement de la ssure crustale de lAfar N dans lAfar S.
4.1.3 Le golfe dAden
Cest un golfe ocanique o la crote ocanique afeure de plus en plus largement
vers lE et o apparat nalement la dorsale de Carlsberg (dorsale de locan Indien).
Louverture du golfe dAden est plus ancienne que les structures prcdentes, car la
crote ocanique y apparat dj au Miocne ( 10 Ma).
Dans le golfe de Tadjura, les levers bathymtriques, magntiques et gravimtriques
permettent didentier plusieurs sillons troits, caractres ocaniques, dcals par des
failles transformantes de direction NE (dont les plus occidentales ont t sismiques
en 1973) (g. 4.6). On peut y voir les premires bauches du rift dune dorsale.
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4.1 Ensemble Mer Rouge Afars Golfe dAden : exemple de marge volcanise 105


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terre, et dcal dans le mme sens, se trouve le rift axial du lac Assal,
jalonn de volcans trs rcents, qui constitue une des dernires manifestations, vers
le SE, des ssures crustales des Afars. On a donc l, sous leffet dune srie de trans-
formantes, le passage au golfe ocanique dAden.
Lensemble du rift Est-Africain mer Rouge golfe dAden correspond donc
trois limites de plaques divergentes, limites disposes en toile partir dun point triple
localis dans lAfar, dans le secteur du point chaud thiopien. De plus, les premires
traces du rifting sont contemporaines de lapparition de ce point chaud, ce qui a incit
de nombreux auteurs y proposer une relation de cause effet, la remonte du mat-
riel mantellique dans le panache chaud provoquant la divergence lithosphrique
1
1. Dans les ocans plus anciens, et en particulier locan atlantique, on retrouve galement une
association entre points chauds et formation des marges continentales divergentes. Ainsi lAtlan-
tique sud sest ouvert au Crtac infrieur la suite de lapparition du point chaud du Parana
(g. 2.5), lAtlantique nord au Tertiaire la suite de lapparition du point chaud actuellement
centr sur lIslande. LAtlantique central, pour sa part, sest form au dbut du Jurassique
(200 Ma) la suite de la mise en place dun rseau lonien gigantesque que lon suit depuis
lAmazonie jusquau Canada, et du golfe de Guine lEspagne.
Fig. 4.6 Schma structural des environs de Djibouti (passage de la ssure crustale des Afars
au golfe ocanique dAden) (daprs Boucarut et al., 1980, simpli).
1. grabens, 2. crote ocanique du golfe dAden, 3. massifs volcaniques tendance
tholitique, 4. bordure du foss des Afars, 5. volcanisme alcalin acide des bordures.
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106 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
(rifting dit actif par opposition au rifting dit passif o cest lcartement des lvres
lithosphriques qui provoque la remonte du manteau).
Le volcanisme li au point chaud ne sexprime pas de la mme manire dans les
diffrentes parties de cet ensemble. Dans les Afars, o le volcanisme est le plus
volumineux, le point chaud produit une crote de nature ocanique mais beaucoup
plus paisse, la manire de lIslande sur la dorsale Nord-Atlantique. Par contre,
le long de la mer Rouge, le volcanisme sexprime essentiellement par un rseau
lonien.
Quand la marge continentale sest forme proximit immdiate du panache du
point chaud, elle a prsent des caractristiques particulires qui dnissent les
marges passives volcaniques et qui seront probablement, plus tard, celle du secteur
de lAfar. En particulier, on y observe, en surface, des empilements de coules
volcaniques inclines vers locan (en anglais : SDR, Seaward Dipping Reector)
qui correspondent des blocs basculs vers locan naissant comme le montre le
plateau de Voringe en Norvge (g. 4.7). En profondeur, ces marges volcaniques
sont caractrises par un sous-placage important dintrusions magmatiques, ce qui
sexprime par une crote infrieure paisse et vitesse sismique leve (entre 7,5 et
8 km/s) dans la zone de transition continent ocan.
4.2 MARGES SANS VOLCANISME
4.2.1 La marge armoricaine
Nous prendrons lexemple de la marge armoricaine et, en particulier, de son extr-
mit NW dite des Entres de la Manche .
La gure 4.8 en donne la localisation, la structure en plan et la coupe.
Fig. 4.7 Un exemple de marge passive volcanique, le plateau de Voringe (Norvge)
(daprs Eldhom et al., Proc. of the Oc. Drill. Program. Sc. Results, 1989, 104, simpli).
La transition continent-ocan est marque par une paisse srie basaltique et
gabbroque (10 15 km) montrant des recteurs inclins vers locan (SDR).
CO. crote ocanique, 1. sdiments syn-rift, 2. sdiments post-rift.
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Dunod La photocopie non autorise est un dlit.
Fig. 4.8 La marge de lperon de Goban et des Entres de la Manche (daprs Montadert et al.,
1979, simpli, in Boillot et al., 1984).
Sur la coupe, les sdiments syn-rift (Crtac infrieur) sont en gris. Les couches sus-jacentes vont de lAptien suprieur lactuel.
Sur la carte, les failles normales (dge crtac infrieur) sont indiques par un trait gras barbul vers le plan de faille. La bande grise est
la limite probable continent-ocan.
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La crote est fragmente en blocs spars par des failles normales que les prols
gophysiques rvlent trs bien, mme sous une certaine paisseur de sdiments
(g. 4.9), mais seulement dans leur partie ou leur trajet suprieur. Ds que lon
senfonce dans lpaisseur de la crote, ces failles deviennent moins nettes. Leur
trajet semble cependant devenir concave vers la surface (failles dites listriques ),
auquel cas le mouvement des blocs quelles dlimitent est une rotation, ce qui nexclut
pas une fracturation annexe suivant des failles conjugues.
La rotation le long des failles listriques cre les blocs basculs typiques de ces
marges passives. Leur remplissage sdimentaire acquiert une disposition en ventail
au fur et mesure du basculement, ce qui dnit la srie sdimentaire syn-rift .
Ces sdiments contiennent souvent des olistolites issus des reliefs de failles. Par
opposition, les sdiments antrieurs au rifting ( pr-rift ) sont basculs de manire
uniforme et les sdiments postrieurs au rifting ( post-rift ) scellent les failles
normales (discordance post-rift).
Sur la marge armoricaine, de nombreux forages scientiques ont montr que la
discordance post-rift, donc larrt de lamincissement de la lithosphre continentale,
est synchrone du dbut de laccrtion ocanique. partir de ce moment, la marge
continue sapprofondir sous le seul effet de la subsidence thermique.
Fig. 4.9 Les marges continentales passives.
En haut : prol de sismique rexion travers une marge passive montrant la struc-
ture en blocs basculs et surface S (Entres de la Manche, 300 km lW de la pointe
du Finistre) (daprs L. Montadert, simpli, in Boillot et al., 1984).
1. sdiments ant-rift, 2. sdiments post-rift - Aptien suprieur-Eocne). Entre les
deux, sdiments synrift.
chelle des hauteurs en secondes de temps double.
A. Mcanisme damincissement de la marge par tirement de la crote ductile
(S. limite crote rigide-crote ductile).
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Un problme mal rsolu est celui de la terminaison de ces failles listriques en
profondeur. On pense quelles viennent se disposer tangentiellement la limite entre
crote rigide et crote ductile (niveau S) (g. 4.9A).
Mais des dispositions plus complexes encore peuvent intervenir localement. Par
exemple, les travaux mens sur le banc de Galice, au large de la cte ouest-espagnole
(g. 4.10) ont montr que, sous les blocs de crote continentale plus ou moins basculs,
existait une assez paisse couche de pridotites serpentinises sur lesquelles venaient
mourir les failles listriques. Mais le Moho sismique est plus bas. Cette disposition est
interprte comme rsultant dune disparition complte de la crote infrieure ductile,
par tirement ou cisaillement, au moment de la naissance de la marge. Cet tirement
entranerait la mise nu du manteau dans laxe de la ssure crustale primitive et son
contact direct avec la crote suprieure de part et dautre de la ssure.
Fig. 4.10 Le banc de Galice (W du Portugal) (daprs Boillot, 1989, simpli).
A. Schma de position (isobathes en kilomtres)
B. Coupe de la marge continentale portugaise au niveau du banc de Galice (S. rec-
teur sismique suppos tre le contact entre la crote continentale tire et un pais
niveau de serpentinites ayant remplac la crote infrieure. Ce recteur a t faill
dans les derniers stades du rifting.
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110 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
De plus, on pense que lamincissement et la fracturation de la marge continentale
taient sufsants pour quil y ait altration hydrothermale per descensum du manteau
suprieur, ce qui lui confrerait des vitesses sismiques de 6,7 6,8 km/sec qui sont
celles dune crote continentale. Le Moho sismique est donc situ plus bas ce qui
signie quil passe en fait lintrieur du manteau suprieur ptrologique.
En surface, le rseau des failles normales est discontinu et irrgulier (g. 4.8). On
est loin des belles marches descalier que suggrent les coupes. Cette disposition est
dailleurs rapprocher de ce que lon voit sur les bordures de rift (voir g. 3.5, p. 51).
Par ailleurs, le regard des failles listriques nest pas toujours tourn du ct de
locan. Grce la prsence de failles conjugues, les blocs de la marge peuvent
aussi tre des horsts plus ou moins symtriques dlimitant des grabens, voire des
rifts intramarges (g. 4.15).
Enn, quand il y a des niveaux dvaporites antrieurs la fracturation, ils peuvent
servir de niveaux damortissement pour les failles listriques et faciliter la rotation ou
le basculement des blocs, compliquant ainsi linterprtation des diagrammes.
Comme il existe toujours une sdimentation post-rift, on en dduit que la fractura-
tion et la rotation des blocs cessent aprs un certain temps. On considre en gnral
que cet arrt des mouvements se situe au dbut de laccrtion ocanique, cest--dire
au moment o il y a refroidissement de la marge et dtumescence thermique.
4.2.2 Le golfe de Gascogne (g. 4.11)
La marge armoricaine que nous venons dexaminer limite ce golfe lW. Entre cette
marge et celle de la cte nord-espagnole, stend un bassin triangulaire profond, la
plaine abyssale de Biscaye, crote ocanique caractrise par lpaisseur moindre
de la crote et la prsence de bandes danomalies magntiques. Ses bordures sont
trs dissymtriques. La marge armoricaine est large, avec de nombreuses marches
descalier (marge passive typique), la marge cantabrique est troite car elle a t affecte
de failles chevauchantes contemporaines du plissement de la chane pyrnenne.
La forme triangulaire du golfe de Gascogne tmoigne de son ouverture par rota-
tion autour dun ple gographiquement proche que lon prcisera plus loin. Pour
linstant, nous allons examiner ses conditions douverture.
Les donnes de forages sous-marins, jointes aux prols de sismique-rexion,
indiquent que le remplissage sdimentaire a commenc la n du Crtac infrieur
(que lon trouve seulement au NW du golfe). Le golfe tait achev au Crtac suprieur
dont on trouve les sdiments partout.
Ces faits saccordent bien avec la palogographie du bassin dAquitaine. En effet,
aprs la grande rgression de la n du Jurassique et du dbut du Crtac, la mer
revient, lAptien, partir de lAtlantique naissant, en dessinant deux golfes (Parentis
et Adour) qui souvrent de plus en plus largement vers lW (g. 3.25).
On a donc pens que le bloc ibrique aurait tourn de 30 35 par rapport au reste
de lEurope. Cette hypothse saccorde aussi avec le fait que les zones structurales
hercyniennes du massif armoricain se prolongent en Espagne sans hiatus, de part et
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4.2 Marges sans volcanisme 111


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Fig. 4.11 Morphologie du golfe de Gascogne (daprs Rehault, in Boillot, 1984).
A. plateau continental, B. talus continental, C. glacis sdimentaire masquant le
contact crote continentale-crote ocanique, D. crote ocanique (plaine abyssale).
Fig. 4.12 La virgation hercynienne ibro-armoricaine reconstitue aprs fermeture
du golfe de Gascogne et coulissement de lEspagne par rapport la France.
En pointill, les marges continentales ibrique et armoricaine. Les diffrents gurs
reprsentent les zones structurales hercyniennes. Leur dtail est sans intrt ici.
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112 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
dautre du golfe de Gascogne qui nexistait pas alors (virgation ibro-armoricaine)
(g. 4.12).
Lhypothse sappuie aussi sur les donnes palomagntiques. Les laves carbonifres
et permiennes dEspagne, dune part, celles du Massif armoricain dautre part, montrent
des dclinaisons magntiques dcales de 35 suivant une rotation snestre (anti-
horaire). Au contraire, celles du Crtac suprieur et de locne donnent des chiffres
identiques dans les deux cas. Il y a donc bien eu rotation entre le Permien et le Crtac.
Lexplication repose sur les reconstitutions de la palogographie de lAtlantique
partir des bandes danomalies magntiques (g. 4.13).
Dans le golfe lui-mme, une seule paire pntre, la 34 (Santonien, 80 Ma). La suivante
(33, Campanien, 75 Ma) ny pntre pas, ce qui montre que laccrtion y tait termine.
Pour reconstituer la forme du golfe cette poque, il suft de faire concider sur
une carte les anomalies 33 des deux cts de lAtlantique (elles sont actuellement
spares de 1 800 km). En dautres termes, on reconstitue la dorsale de cette poque,
ce qui remet les continents leur place palinspastique, au Campanien. On constate alors
qu cette poque, lEspagne tait 100 km au SSE de lEurope. Cest le plissement
pyrnen qui, au Tertiaire, refermera ces 100 km.
Pour connatre la place de lEspagne avant louverture du golfe au Crtac, on utilise
lanomalie J (= Mo) qui se trouve au large de lEspagne et qui est de 110 Ma (Aptien
suprieur), donc immdiatement antrieure louverture. En refaisant la mme opra-
tion que prcdemment, on constate que lEspagne tait situe 200 km plus au NW.
Autrement dit, le mouvement de lEspagne a t double :
un coulissement snestre vers le SE de 200 km (Albien-Campanien);
une migration vers le N de 100 km, post-campanienne.
La premire est contemporaine de louverture du golfe : le coulissement de lEspagne
sest donc fait sur une faille transformante, obligatoirement courbe. Le ple de rotation
tait dabord situ dans le N de la France, puis se dplaait peu peu vers le S, seule
faon douvrir le golfe en triangle (g. 4.14).
La faille, ou plutt la zone transformante en question, se retrouverait, trs dforme
par les actions tectoniques ultrieures, dans la zone nord-pyrnenne, effectivement
trs complexe comme nous le verrons (p. 171).
La seconde, contemporaine du plissement des Pyrnes, fait disparatre toute la
partie S du golfe de Gascogne par compression et subduction sous la marge canta-
brique. On explique facilement ainsi le style trs particulier de cette marge, bien
diffrent de celui de la marge sud-armoricaine. Les deux cts du golfe de Gascogne
sont donc trs dissymtriques.
Le mode douverture du bassin triangulaire de Gascogne se retrouve dans un
certain nombre dautres exemples, notamment dans celui du golfe de Gnes (voir
p. 148). Ce type de bassin est parfois dsign sous le nom de sphnochasme .
Les deux branches de lanomalie 34 permettent de dnir lancien axe de symtrie
du golfe. Or elles sont plus proches de la cte espagnole : 70 km de crote ocanique
manquent au Sud. Cest la partie subducte sous la marge cantabrique. Elle est trop
courte pour lavoir transforme en marge active, avec volcanisme dvelopp.
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Fig. 4.13 Les mouvements relatifs du bloc ibrique par rapport lEurope
(daprs Boillot, 1984, simpli).
A. Reconstitution de lAtlantique au temps de lanomalie 33 (75 Ma, Campanien).
Pour cela on a fait concider les anomalies 33 situes de part et dautre de la dorsale
actuelle. On retrouve ainsi la dorsale campanienne (D33). LEspagne est dplace de
100 km vers le S.
B. Reconstitution de lAtlantique au temps de lanomalie J (110 Ma, Aptien). Comme
prcdemment, on a reconstitu la dorsale de lpoque (D110) ce qui amne lEspa-
gne en position 1. Le trajet de 1 3 (200 km environ) sera parcouru entre lAptien et
le Campanien. En R, le rift intracontinental probable prcdant louverture ocani-
que du golfe de Gascogne.
C. Reconstitution de lAtlantique au temps de lanomalie 17 (40 Ma, ocne sup-
rieur). Entre le Campanien et locne, le bloc ibrique est remont de 100 km vers
le NNW, provoquant ainsi le plissement pyrnen.
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114 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
4.2.3 La sdimentation sur les marges passives
Suivant labondance de la sdimentation, on distingue des marges maigres (2 4 km
de sdiments) et des marges nourries (au-dessus de 4 km).
Les marges continentales maigres ont une topographie varie car leur structure
en blocs basculs ou dcals reste visible. Un bon exemple est celui de la marge
armoricaine du golfe de Gascogne (g. 4.8). Ces marges montrent une succession
de rides et de plateaux sparant de petits bassins o la sdimentation est de plus en
plus maigre vers le large puisque les rides font barrage aux apports continentaux.
En cas dabaissement du niveau de la mer, ces bassins peuvent voluer en lagunes
vaporites.
Les marges nourries ont une topographie supercielle plus monotone qui est celle
du dos de la chape sdimentaire ayant noy les blocs. Laccumulation des sdiments
peut avoir des causes varies telles quun barrage par des rcifs coralliens (Blake
Fig. 4.14 Ouverture du golfe de Gascogne au Crtac suprieur par rotation antihoraire
du bloc ibrique (daprs Choukroune et al., 1973).
Le ple de rotation est situ dans le N de la France et se dplace peu peu vers le S au
cours du Crtac suprieur (P1, P2, P3). Le bloc ibrique coulisse par rapport lEurope
en mme temps quil tourne (ches noires), ce qui ouvre le golfe (che blanche). Ce
modle saccorde galement avec les positions du bloc ibrique au Crtac suprieur
(g. 4.13). La zone de coulissement est, en fait, une faille transformante.
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Plateau, sur la cte orientale des tats-Unis, g. 4.15A) ou un graben (plateau
dExmouth, lW de lAustralie, g. 4.15B). Au-del de ces obstacles, lpaisseur
des sdiments diminue rapidement moins que lon nait affaire une marge
progradante o les sdiments dbordent du plateau continental et savancent sur la
crote ocanique en un talus de progradation qui masque sa limite avec le domaine
continental (g. 4.16).
La structure interne de tels talus est rendue parfois complexe par le jeu des oscilla-
tions tectoniques ou eustatiques qui provoquent la superposition ou lembotement
de talus successifs, ou par des glissements gravitaires, des coules boueuses ou
turbides qui arrivent se produire sur de trs faibles pentes (2 dans le cas du delta
sous-marin du Niger).
Une marge maigre peut naturellement devenir une marge nourrie. Une telle volu-
tion est favorable la gense de bassins ptroliers. En effet, au premier stade, il peut
y avoir formation de bassins conns forte charge organique, ultrieurement
scells sous une chape sdimentaire protectrice sufsamment paisse. Cest le cas
des bassins des ctes atlantiques de lAfrique : Congo, Gabon, Cameroun, Angola.
La gure 4.16 donne quelques exemples de ces bassins de marges passives actuelles
o se superposent les lments de complication dcrits plus haut.
Fig. 4.15 Bassins de marge passive.
A. par barrage rcifal (Plateau de Blake, E des tats-Unis)
B. par graben (plateau dExmouth, Australie W)
(daprs Perrodon, 1988, lgrement modi).
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116 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
4.3 MARGES DE FAILLE COULISSANTE
(MARGES TRANSFORMANTES)
4.3.1 Exemple : le golfe de Californie (g. 4.17)
la diffrence de la mer Rouge, le golfe de Californie ne correspond pas au rift
dune dorsale. Il lui est mme fortement oblique car il est produit par le glissement
dun fragment de la plaque nord-amricaine, matriel continental, le long des failles
transformantes de la ride est-pacique qui vient ici toucher le continent amricain.
Il y a donc dcrochement dextre de la pninsule par rapport au continent le long
de la clbre faille de San Francisco (ou de San Andreas), que lon peut considrer
comme llment le plus nord-oriental de ce faisceau de failles transformantes.
Fig. 4.16 Quelques exemples de marges nourries et progradantes (Afrique W)
(daprs Kingston et al., 1983 simpli).
En 1, sdimentation dtritique dominante. En 2, s. calcaire dominante. En 3,
s. deltaque. En 4, sdimentation argilo-vaporitique (avec diapirs)
A. sdiments ant-rift, B. sdiments post-rift.
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4.3 Marges de faille coulissante (marges transformantes) 117


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Le golfe de Californie correspond aux premiers stades de louverture dune marge
transformante. Dans ce type de marge, on nobserve plus lamincissement caract-
ristique ni la juxtaposition de blocs plus ou moins basculs.
4.3.2 Autres exemples
a) La cte N du golfe de Guine (g. 4.18)
Elle est tronque par les failles transformantes de lAtlantique quatorial. La gure
en donne la gense. Les marges de ce type se reconnaissent au fait que les anomalies
magntiques de locan voisin sont perpendiculaires la marge au lieu de lui tre
parallles.
Les ches noires chiffres (mm/an) reprsentent des vecteurs GPS par rapport lAmri-
que du Nord stable (daprs L. Flesch, 2007), les ches blanches reprsentent le cisaille-
ment global du systme et les demi-ches noires le cisaillement le long des failles.
Fig. 4.17 Le Golfe de Californie.
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118 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
b) La cte SW du Spitzberg (g. 4.19)
Le Spitzberg nest en effet que la partie merge de la marge europenne en bordure
de lAtlantique N et du dtroit, galement ocanique, qui le fait communiquer avec
locan Glacial Arctique.
La cte SW du Spitzberg est rectiligne, limite par des failles coulissantes entre
lesquelles existent des structures en pull-apart qui ont donn naissance de petits
bassins subsidents ocnes contenant parfois du charbon. Locne est en effet
lpoque douverture de lAtlantique N dans locan Glacial Arctique. Une coupe au
travers de cette marge donne videmment une srie de blocs juxtaposs, mais ils ne
manifestent ni amincissement ni basculement orients.
4.4 SYNTHSE
Si lon juxtapose tous les types de structures distensives dcrits dans les chapitres 3
et 4, on obtient un schma volutif cohrent (g. 4.20).
4.4.1 Stade rift
Sous leffet de la distension, la crote suprieure se brise en blocs basculs spars
par des failles normales listriques qui dterminent un foss deffondrement. En
profondeur, la crote est tire ductilement. Ltirement de lensemble de la crote
lamincit, ce qui est compens isostatiquement la fois par la subsidence en surface
Fig. 4.18 Marges transformantes en Afrique quatoriale.
A. Cte dIvoire, B. Ghana. En haut, mcanisme de leur gense.
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4.4 Synthse 119


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(subsidence initiale) et par la remonte rapide du manteau en profondeur. Lallge-
ment de la lithosphre laxe du rift est compens par sa remonte exurale sur ses
bordures, ce qui donne les paules du rift.
Un volcanisme alcalin se manifeste, aliment non plus par le sommet du manteau
suprieur comme on pourrait le penser au premier abord, mais par un manteau plus
profond (au moins 100 km).
La dure de ce stade est de lordre de 10 15 Ma.
Le rle des points chauds lorigine du rifting est encore discut. Quils soient ou
non le moteur initial de la divergence lithosphrique, ils provoquent un affaiblisse-
ment considrable de la lithosphre continentale, le manteau lithosphrique tant
fortement aminci par le transfert de chaleur (do les grands bombements associs
aux points chauds). Cet affaiblissement localise ultrieurement le rifting et la rupture
continentale, avec souvent plusieurs rifts divergents (point triple).
Fig. 4.19 Le Spitzberg : une marge de dcrochement
A gauche : position du Spitzberg dans le cadre structural de lAtlantique nord. Sa
cte SW est dtermine par une zone transformante importante le sparant du
Groenland (inspir de Lepvrier et Geyssant, 1985).
A droite : structure du Spitzberg. Les failles de dcrochement recoupent des sdi-
ments palozoques et msozoques qui prolongeaient ceux de la couverture groen-
landaise avant la sparation du Spitzberg. Seuls, les dpts de locne se font entre
des failles coulissantes, cest--dire dans des bassins sur dcrochement (inspir de
W.B.Hartland, in Encycl.of Europ. and Asian Rgional Geology, Chapmann & Hill, 1992).
Dv. Dvonien (Vieux Grs Rouges), H. Carbonifre, TJ. Trias-Jurassique, Cr. Crtac,
EO. ocne-Oligocne. En blanc, toutes les formations antrieures au Dvonien (PK
Sil : Prcambrien Silurien).
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 119 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
120 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
4.4.2 Stade du dbut de laccrtion ocanique
Si ltirement continue, la crote continentale, de plus en plus amincie, est injecte
de produits basiques issus du manteau suprieur, proche de la surface, cette fois,
appartenant la ligne tholitique. Ainsi se forme une crote de type ocanique dans
laxe du rift. ce stade, la mer envahit dnitivement le foss (mer Rouge).
Ce stade est enregistr dans la sdimentation par la discordance post-rift qui
scelle les failles normales du rift prcdent. Ces structures du rift, qui deviennent
inactives, constituent alors une marge passive (sans activit sismique), la divergence
lithosphrique se localisant sur laxe daccrtion, o la lithosphre est extrmement
mince, plutt que dans la marge o la lithosphre reste nettement plus paisse.
4.4.3 Stade de lexpansion ocanique
Si le processus persiste, la ssure crustale slargit en un golfe ocanique, triangu-
laire ou non, ce qui implique une accrtion ocanique avec dorsale. ce stade, les
lvres de la ssure sont sufsamment loignes de laxe thermique pour se refroidir,
donc saffaisser (stade de la subsidence thermique). Ce stade est beaucoup plus long,
de lordre de 100 Ma.
La subsidence tectonique initiale (syn-rift), comme la subsidence thermique, librent
un espace considrable o peuvent saccumuler les sdiments.
Le golfe ocanique peut devenir ensuite un ocan entre ses marges continentales.
La gure 4.20 suppose un cartement et des structures symtriques des deux
marges opposes. En fait, ces dernires ne prsentent que rarement cette symtrie, tant
pour ce qui est de leur structure que de leur volution. Par ailleurs, la gophysique a
montr que, dans quelques cas, la remonte du Moho et la zone damincissement
crote rigide
crote ductile
rebond flexural
subsidence thermique dorsale
RIFT
ACCRTION OCANIQUE
GOLFE OCANIQUE
manteau lithosphrique
asthnosphre
Fig. 4.20 Evolution dun rift vers un golfe ocanique.
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4.4 Synthse 121


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maximum de la crote ne concidaient pas. Enn des forages sous-marins ont rvl
que, mme au sein dune marge passive, le manteau pouvait afeurer directement
sous les sdiments, ce qui indique un tirement irrgulier et discontinu.
On peut videmment penser que de telles dispositions sont le rsultat du hasard,
la rupture de la crote continentale ne se produisant pas forcment dans laxe de
symtrie du systme en distension. La fragmentation des blocs peut galement faire
intervenir lhritage des structures antrieures. Mais il est plus probable quun autre
mcanisme intervienne, savoir que ltirement dclenchant le rifting soit lui-mme
un processus dissymtrique.
Pour les mcaniciens, ces volutions symtriques ou dissymtriques correspon-
dent en fait deux processus diffrents, le cisaillement pur et le cisaillement simple
(g. 4.21). Le premier se fait par tirement homogne des couches, le deuxime par
basculement, rotation et tirement des blocs juxtaposs au-dessus dune faille dite
de dtachement que nous allons dnir.
Le modle de Wernicke (cf. Nature, 291, 1898) (g. 4.22A) utilise en effet, pour
cet tirement dissymtrique, une zone de cisaillement faible pendage, dite faille de
dtachement (7 15) traversant toute la lithopshre
1
. Lamincissement rsulterait
du glissement de lun des deux compartiments sur cette faille, glissement entranant
1. Ce modle na pas t conu, lorigine, pour expliquer les marges continentales dissymtriques,
mais la structure des Basin and Ranges de lOuest amricain
Fig. 4.21 Distension symtrique ou dissymtrique en fonction du type de cisaillement
de la crote (inspir de Jolivet, 1995).
A. Cas intermdiaire.
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122 4 Les marges continentales divergentes (ou passives)
son loignement. La gure 4.22A montre quon obtient en effet un dcalage impor-
tant entre la zone damincissement maximum de la lithosphre (X) et celle de la
crote (Y). Par ailleurs, la disposition des blocs sur les marges A et B nest pas
symtrique. Dans le compartiment A, les blocs basculs reposent sur le manteau,
dans le compartiment B sur des zones profondes de la crote continentale.
Ce modle permet aussi dobtenir une dnudation tectonique du manteau sup-
rieur dans laxe du rift avant le dbut de laccrtion ocanique, ainsi quun dme
thermique, donc le soulvement dune des bordures seulement (et mme, ventuel-
lement, apparition dun rift subsidiaire excentr par rapport au premier sur cette marge
bombe). Il explique enn la rpartition dissymtrique du volcanisme sur les marges
du rift primitif.
Un modle driv du prcdent (Lister et al., 1986) propose que la faille de dtache-
ment ne traverserait pas la totalit de lasthnosphre mais seulement la crote jusqu
sa base, lite, dans laquelle elle passerait lhorizontale et se perdrait (g. 4.22B).
Lorigine de ces failles de dtachement trs plates sexplique probablement par la
structure lite de la crote infrieure et la modication progressive de sa composition
minralogique. Il en rsulte que les milieux superposs ne ragissent pas de la mme
faon une distension, si bien que des diffrences de comportement se manifestent
de part et dautre de plans de cisaillement horizontaux ou peu inclins.
Fig. 4.22 A. Modle de Wernicke pour la distension dissymtrique des marges continentales
(x : axe de la remonte asthnosphrique, Y : axe du rift).
B. Modle de Lister et al.,
A
B
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Chapitre 5
Les marges continentales
convergentes
et les arcs insulaires drivs
Ces marges sont situes la verticale dune zone de subduction
1
et montrent, de ce
fait, une activit sismique et volcanique chronique (marges actives ), cette dernire
exprime par lexistence dun arc volcanique (ou magmatique).
Nous verrons toutefois que cette proposition doit tre nuance car il existe des
marges actives sans volcanisme : elles sont associes des zones de subduction
faible pendage. Ces marges montrent galement un rgime tectonique compressif.
Nous en reparlerons donc propos des chanes de subduction.
Les marges actives sont soumises dincessantes actions tectoniques car elles cons-
tituent des limites de plaques. Certaines sont caractrises par un rgime compressif
dominant, dautres par un rgime distensif dominant pouvant aboutir lmiette-
ment de la marge qui passe alors un arc insulaire spar du continent par un bassin
arrire-arc, voire une mer marginale, crote ocanique (voir p. 141). Il y aura
donc deux types de marges actives, celles bordant effectivement un continent, dune
part, et les arcs insulaires substrat de crote continentale, dautre part.
Les deux cts, E et W, du Pacique illustrent bien cette distinction. La raison dune
opposition aussi nette est lanciennet, cest--dire le poids de la crote ocanique
implique. En effet, du ct est-asiatique, on a affaire avec une crote ancienne
1. Dite parfois plan de Bnioff ou de Wadati-Benioff .
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124 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
(jurassique suprieur-crtace), dense, senfonant facilement, tandis que, du ct
amricain, on a des crotes rcentes (tertiaires), plus lgres.
Que lon ait une vritable marge continentale ou une guirlande insulaire, on
trouve toujours deux lments fondamentaux, une fosse sous-marine ( trench des
auteurs anglo-saxons), point de dpart de la zone de subduction, et un arc volca-
nique. Ces deux lments sont parfois spars par un prisme daccrtion (= arc sdi-
mentaire) et un bassin avant-arc. En arrire de larc volcanique, les structures
observables dpendent du rgime distensif (ou compressif) auquel est soumise la
marge en question (g. 5.1).
5.1 DONNES GOPHYSIQUES SUR LES MARGES ACTIVES
Donnes sismiques
Elles concernent surtout la zone de subduction, jalonne de sismes parfois jusque
vers 700 km de profondeur. On peut ainsi constater que linclinaison de ces surfaces
est trs variable, parfois trs faible (et dans ce cas le volcanisme disparat), parfois
mme coude (peu incline dabord puis forte).
Les mcanismes au foyer montrent un rgime compressif au niveau du prisme
daccrtion, distensif au-del, au sein de la lithosphre descendante. Ils peuvent
cependant tre compressifs au contact mme des deux lithosphres en jeu.
Donnes gravimtriques
Il existe une forte anomalie lair libre ngative sur la fosse ocanique et larc
sdimentaire (quand il existe), anomalie videmment lie lpaisseur des sdi-
ments et la subduction qui loigne de la surface le matriel dense du manteau
ocanique.
Quand la subduction cesse, lisostasie fait donc merger la ride sdimentaire,
dcouplant (cest--dire dsolidarisant) celle-ci de larc volcanique le long dun
faisceau daccidents.
Il existe une anomalie gravimtrique positive sur larc volcanique, lie la
prsence des rservoirs granodioritiques. Si la subduction cesse, larc volcanique
saffaissera.
Ainsi une marge active est-elle une rgion soumise de forts dsquilibres
isostasiques tant que dure la subduction. Le ralentissement ou larrt de celle-ci
implique des mouvements verticaux importants.
Donnes gothermiques
Il existe un ux thermique faible sur larc sdimentaire, lev sur larc volcanique.
Le premier est d la prsence, sous le prisme, dune lithosphre ocanique froide,
le second est videmment li la monte des masses magmatiques.
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5.1 Donnes gophysiques sur les marges actives 125


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km
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Sdiments
Prisme d'accrtion tectonique
Magmatisme
Crote continentale
Crote ocanique
Manteau suprieur lithosphrique
Zone de fusion partielle du manteau suprieur
Asthnosphre
Fosse
Arc sd.
B. avant- arc
Arc volcanique
Bassin arrire-arc
Chane intra-continentale
Altiplano
Arc volcanique
A
B
C
100 Km
B
Fig. 5.1 Coupe thorique dune marge active.
En haut, en rgime de distension (marge de type est-asiatique). Coupe inspire de
larc indonsien.
Au milieu et en bas, en rgime de compression (marge de type ouest-amricain). Coupes
inspires des Andes du Sud Prou-Chili-Bolivie (B) et du Prou central-Bolivie (C).
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126 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
5.2 LA FOSSE DE SUBDUCTION
troite et allonge, elle offre les plus grandes profondeurs ocaniques connues,
suprieures 10 000 m.
Sa pente externe (ct ocan)
Elle est douce (2 5), mais dessine par exion de la lithosphre, une sorte de vous-
sure qui la raccorde la plaine abyssale voisine (pour son explication, voir p. 8),
voussure accidente de failles de distension pouvant faire apparatre la crote
ocanique sous une couche plus ou moins paisse de sdiments abyssaux. Ces failles
ont t observes en de nombreux points (Japon, Prou-Chili, Amrique centrale,
Puerto-Rico, Timor, etc.). Elles peuvent aussi manquer (Aloutiennes E) mais, dans
ce cas, on observe la prsence dun trs gros prisme daccrtion.
En dehors des escarpements produits par ces failles normales, la pente externe de
la fosse peut tre accidente, comme nimporte quel espace de crote ocanique, par
des reliefs varis tels que des volcans sous-marins isols, parfois mme une dorsale,
active ou non.
Ces reliefs seront, soit totalement engloutis dans la zone de subduction, soit dca-
pits, la partie ainsi isole tant alors incorpore aux structures de la pente interne de
la fosse (prisme daccrtion). De toute faon, labsorption de ces reliefs cre des
perturbations de la morphologie de cette pente. Un exemple classique se situe dans
la fosse du Japon, prs de son passage celle des Kouriles (g. 5.2).
Le fond de la fosse
Cest l que la crote ocanique, plus ou moins revtue de sdiments, vient
sengloutir dans la zone de subduction. Ce fond est plat, le plus souvent vide, parfois
rempli de turbidites sur une paisseur variable.
Dans la fosse du Guatemala, on a pu mesurer la pression des uides interstitiels
dans la surface de subduction, sous la fosse. Les chiffres obtenus (40 kg/cm
2
) sont
du mme ordre que ceux de la pression lithostatique.
Pour le prisme de la Barbade, les uides sont chauds (80 120). Ils schappent
en formant des volcans de boue associs une activit biologique intense.
La pente interne (ct continent)
Son exploration a permis de voir que deux cas peuvent se prsenter :
La pente en question est la bordure du substrat de larc volcanique, cest--dire
de la crote continentale avec ses structures anciennes. Cest le cas de la fosse
dAmrique centrale au large du Guatemala. Lexistence de failles en distension y
est peu prs gnrale. De telles marges actives sont dites extensives (g. 5.2). Les
sdiments apports la fosse sont totalement engloutis avec la lithosphre oca-
nique plongeante.
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5.3 Le prisme daccrtion (arc sdimentaire) 127


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La pente interne de la fosse montre un empilement complexe de lames faites de
sdiments abyssaux dorigine ocanique, avec mme un peu de matriel crustal
ocanique, le tout recouvert par une pellicule de sdiments pigs dans les irrgula-
rits de la pente. Ici, donc, les matriaux apports par la lithosphre ocanique plon-
geante ne senfoncent pas dans la zone de subduction, du moins pas en totalit, et
sont empils en lames successives sous les apports plus anciens. De telles marges
sont dites compressives (Java, Aloutiennes). Ldice en question est un prisme
daccrtion tectonique, tout fait analogue celui dcrit pour lle de la Barbade
dans un contexte darc intra-ocanique.
5.3 LE PRISME DACCRTION (ARC SDIMENTAIRE)
Quand il existe, ce qui est le cas dans 56 % des marges actives, il se dveloppe entre
la fosse et larc volcanique. L o sa structure est connue, elle montre des plis et des
cailles chevauchantes, vergence ocanique (g. 5.3, 5.4). Mais cette disposition est
souvent masque, sous la mer, par les glissements superciels ou les coules boueuses.
Fig. 5.2 Fosse ocanique du Japon (daprs Cadet, 1987, simpli).
Observer surtout les failles de distension affectant la crote ocanique aux abords
de la fosse.
Cette crote supporte aussi quelques volcans sous-marins dont le volcan Kashima, au
premier plan, fendu en deux parties par les failles en question et dont la moiti W
senfonce peu peu dans la zone de subduction.
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128 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
Fig. 5.3 Une marge active semi-immerge : la pninsule dAlaska
(adapt de Dickinson et Seely, 1979).
AV. arc volcanique (les principaux volcans sont indiqus)
B. bassin frontal ( fore-arc basin)
AS2. prisme daccrtion msozoque
AS3. prisme daccrtion tertiaire.
Fig. 5.4 Coupe de la fosse centre-amricaine au SE dAcapulco
(daprs Casey Moore et al., 1982, simpli).
Le prisme nogne est fait de sdiments sablo-argileux deau profonde. Il se met en
place contre une marge continentale tronque. Compte tenu de son ge, de son
volume et de lpaisseur moyenne des sdiments ocaniques apports la fosse, on
estime quun tiers des sdiments senfonce dans la zone de subduction S et ne parti-
cipe pas la formation du prisme.
Le secteur A, sans recteurs, parat tre une zone de dcouplage tectonique entre
prisme et crote continentale. Les numros sont ceux des forages sous-marins.
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5.3 Le prisme daccrtion (arc sdimentaire) 129


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Au point de vue sdimentologique, ces prismes se caractrisent surtout par la
prsence de mlanges dus laction conjugue dune brchication tectonique et
dune dsorganisation des sdiments par glissement sous-marin. Pour beaucoup de
gologues europens, ces mlanges ne seraient que des olistostromes plus ou moins
tectoniss.
On y voit, cte cte, des ophiolites (basaltes, gabbros, ultramates) cest--dire
des copeaux de crote ocanique, des basaltes alcalins provenant du volcanisme
sous-ocanique banal, des sdiments ocaniques (radiolarites, argiles brunes, carbo-
nates plagiques) et des sdiments venant de larc volcanique (turbidites, sdiments
volcano-dtritiques ou grauwackes, calcaires rcifaux, etc.).
Ce qui est surtout important, cest lintrication de tous ces facis, qui contraste
avec lorganisation rgulire des sries du bassin frontal sus-jacent quand il existe.
Certains auteurs (Scholl et al., 1977) ont cependant estim que ce processus de
formation du prisme daccrtion par offscraping avait t trop systmatiquement
appliqu tous les cas et que ces prismes pourraient tre aussi le rsultat du plisse-
ment tectonique banal des sries sdimentaires dposes sur la marge continentale
plus ou moins amincie. Les sdiments ocaniques seraient, quant eux, presque

MARGE EN ACCRTION, Prisme troit (largeur 5-40 km)
16 000 Km
MARGE EN ACCRTION, Prisme large (largeur > 40 km)
8 000 Km
MARGE EN ROSION, Prisme (0 < 5 km en largeur)
19 000 Km
Sdiments davant-arc Crote ocanique
Sdiments du bassin ocanique
Butoir (continent, arc) Prisme daccrtion
Fig. 5.5 Diffrents types de marges (daprs Von Huene et Scholl, 1991,
Rev. Geophys. 29, 279-316).
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 129 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
130 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
entirement absorbs dans la zone de subduction (ce qui est obligatoire : en effet, un
offscraping total, appliqu pendant 100 Ma, une crote ocanique portant une
tranche de sdiments de quelques centaines de mtres dpaisseur, aurait donn des
prismes dun volume norme que lon nobserve videmment pas).
Ces auteurs estiment quon a surestim le volume et la proportion des sdiments
ocaniques entrant dans la composition des prismes daccrtion.
L accrtion tectonique correspond un caillage qui enlve du matriel la
surface de la plaque plongeante pour l accrter la base du prisme et paissir
ainsi la plaque chevauchante. Au contraire, lrosion tectonique caille la base du
prisme chevauchant, amincissant la plaque chevauchante (qui sapprofondit en
surface) et accrtant le matriel la plaque plongeante.
Le fait que 44 % des marges actives soient dpourvues de prisme daccrtion a
conduit les auteurs sparer les marges accrtion tectonique des marges rosion
tectonique (g. 5.5, 5.6). Toutefois, cette rosion est un phnomne quasi gnral,
comme on vient de le voir, si bien que la nature de la marge rsulte en fait de son
efcacit. On peut donc distinguer les marges prisme typique o un grand volume
de matriel est accrt, les marges petit prisme o lessentiel du matriel est
subduit et les marges sans accrtion o tout est subduit (g. 5.5 et 5.6).
Fig. 5.6 Nature des marges convergentes (Pacique, ocan Indien oriental et Carabes).
Cette projection ne permet pas de reprsenter les marges mditerranennes (ge,
Calabre) non plus que le Makran et les Sandwich du Sud (daprs Von Huene &
Scholl, 1991, Rev. Geophys., 29, 279-316).
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5.4 Larc volcanique 131


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Les facteurs qui dterminent le caractre rosif ou non de la marge paraissent tre
la vitesse de convergence (vitesse plus faible pour les marges en accrtion), le
volume de matriel arrivant la fosse (un fort apport de sdiments sous-compacts
favorise la formation dun prisme), la prsence dasprits (entranant lrosion du
bas de la plaque suprieure), labondance des uides (entranant une fracturation
hydraulique de la plaque suprieure).
Au point de vue morphologique, le prisme daccrtion peut apparatre soit comme
un simple ressaut au anc de larc volcanique, soit comme une ride sous-marine
franche, parfois merge. On parle alors darc sdimentaire.
Cest le cas des les Mentawei, face Sumatra, de la branche orientale des
Clbes (g. 5.7), de la presqule de Kenai avec lle Kodiak, dans les Aloutiennes
orientales (g. 5.3). Rappelons aussi larc de la Barbade (g. 1.15, 1.16).
Des quivalents de prismes daccrtion fossiles sobservent dans lle de Tawan
(voir p. 220), le Makran (Iran mridional, p. 208, g. 10.12 p. 231), les cailles sud
dHispaniola dans les Grandes Antilles.
5.4 LARC VOLCANIQUE
Il est parfois dit aussi arc magmatique car il existe en profondeur des plutons surtout
granodioritiques que lon voit afeurer dans les arcs anciens, plisss, soulevs et
rods.
Comme on la dit, larc volcanique est lun des deux lments morphologiques
essentiels des marges actives. Depuis longtemps on a dcrit la ceinture de feu du
Pacique (Nouvelle-Zlande
1
, Philippines, Japon, Kouriles, Aloutiennes, Cordillres
paciques nord-amricaines, Amrique centrale, Andes, Pninsule antarctique). Mais
larc des Petites Antilles ou des les Sandwich du sud dans lAtlantique, celui de
lIndonsie (Sumatra, Java, Bali, Flors, Clbes W) dans locan Indien, sont des
exemples aussi typiques.
Les arcs volcaniques peuvent se prsenter de trois faons :
les arcs situs sur une marge continentale proprement dite, cest--dire ceux qui
sinstallent sur la bordure merge dun continent (Andes);
les arcs insulaires substrat continental, spars du continent voisin par une mer
marginale (Japon, Nouvelle-Zlande);
les arcs intermdiaires entre les deux types prcdents, cest--dire ceux des
pninsules continentales actives merges (Kamtchatka, Aloutiennes orientales
et Alaska W) ou ceux dune vritable bordure continentale mais immerge
(Indonsie).
1. Les les Tonga-Kermadec et les archipels ouest-mlansiens font galement partie de cette
ceinture de feu sur le plan gographique, mais reprsentent des arcs intra-ocaniques et non le
terme ultime de lvolution dune marge continentale.
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132 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
Ces trois types ont en commun un substrat de roches continentales, parfois aminci
(crote de type intermdiaire ). Cest ce qui les distingue des arcs volcaniques intra-
ocaniques, pourtant lis une subduction mais o aucune lithosphre continentale
nintervient.
Les arcs de marge active sont relativement troits (largeur infrieure 50 km pour
la moiti dentre eux). Le volcanisme ny apparat qu une certaine distance de la
fosse, jamais infrieure 100 km car il faut, pour le dclencher, que la lithosphre
descendante atteigne une certaine profondeur (100 150 km l o sa profondeur a
pu tre dtermine par les tudes sismiques, g. 5.8).
Pour un pendage de 45, la longueur subducte doit donc tre de 140 km. Compte
tenu de la vitesse de subduction (5 10 cm/an), il faut 1,5 3 Ma pour que le volcanisme
apparaisse aprs la mise en route dun processus de subduction.
Fig. 5.7 Larc insulaire des Clbes et son cadre indonsien.
AS. arc sdimentaire, AV. arc volcanique.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 132 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
5.4 Larc volcanique 133


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Le problme inverse, cest--dire le temps qui scoule entre larrt de ce dernier
et celui du volcanisme est mal rsolu, faute, en gnral, de pouvoir prciser le
moment de cet arrt ou le temps pendant lequel des morceaux de lithosphre
subducte peuvent subsister au sein du manteau. On a avanc des chiffres de lordre
de 5 Ma, mais peut-tre sont-ils beaucoup plus levs dans quelques cas trs particu-
liers et dailleurs fort discuts comme celui des Cascadia Mountains aux
tats-Unis. Bien que situe sur une marge continentale globalement active, cette
rgion volcanique nest cependant pas en bordure dune fosse et aucune zone de
subduction nest reprable, sismiquement parlant, sa verticale. Toute subduction
semble y avoir cess depuis une vingtaine de millions dannes.
La difcult de rsoudre ce problme est due aussi ce que les marges actives de
bordure de continent sont soumises une alternance de priodes de distension et de
priodes de compression. Lors de ces dernires, la crote est paissie et le volca-
nisme orognique correspondant nest pas facile sparer de celui de la subduc-
tion antrieure.
5.4.1 Le volcanisme
Les laves de ces arcs sont, en rgle gnrale, satures ou sursatures en silice et
varient depuis des basaltes (surtout frquents dans les arcs intraocaniques) jusqu
des rhyolites par lintermdiaire dandsites et de dacites. Suivant la proportion de
SiO
2
et de K
2
O, on peut distinguer quatre types de sries volcaniques passant
progressivement les unes aux autres :
les tholites darc , peu potassiques;
Fig. 5.8 Profondeur de la surface de subduction sous les arcs volcaniques
de quelques marges actives (daprs Maury, 1984).
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 133 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
134 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
les sries calco-alcalines (basaltes calco-alcalins, andsites et dacites);
les sries calco-alcalines potassiques dont les termes dacitiques, les plus frquents,
sont appels latites;
les sries shoshonitiques, dont les termes les plus acides sont les liparites.
Dune faon gnrale, la richesse en Ca et alumine, la pauvret en Ti sont typiques
de ces sries darc.
Ces diffrents types de laves peuvent coexister et, dans ce cas, on observe gn-
ralement une certaine zonation, en ce sens que la teneur en K semble augmenter au
fur et mesure que lon sloigne de la fosse. Lexplication nest pas encore trs
claire. On a pens une contamination croissante des magmas lie un trajet de
plus en plus long dans la lithosphre ou bien la diminution progressive du taux de
fusion partielle en raison de la dshydratation de plus en plus marque de la plaque
plongeante.
La nature du manteau sus-jacent la zone de subduction semble jouer un rle
prpondrant dans les caractristiques gochimiques des laves. De plus, linuence
de la crote sus-jacente la surface de subduction, cest--dire le substratum de larc
volcanique, parat vidente en ce sens que plus la crote continentale est paisse plus
les laves mises sont riches en Si et K. Les arcs insulaires donnent des andsites et des
dacites et les arcs de marge continentale proprement dite montrent des rhyolites
( lorigine desquelles peuvent intervenir des phnomnes danatexie de la crote
continentale paissie) (g. 5.9).
Si cette liaison est vidente, la raison en est discute. Il peut y avoir contamination des
magmas par la crote continentale ou bien celle-ci, plus paisse, permettrait simplement
Fig. 5.9 Rpartitiion des sries volcaniques dans les marges actives et les arcs insulaires
(daprs Maury, 1984).
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5.4 Larc volcanique 135


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ltablissement plus facile de rservoirs magmatiques o la diffrenciation de magmas
acides devient possible.
Les volcans darc ont des styles ruptifs extrmement varis mais, en raison de la
richesse en uides des magmas, la plupart des ruptions sont de type plen
explosif. Cest parmi eux que se trouvent les volcans les plus dangereux : Montagne
Pele (Martinique), Mt Saint Helens (Cascade Range), Mrapi (Indonsie), Krakatoa
(Indonsie), Santorin (mer ge), etc. Les produits mis sont surtout des pyroclastites
allant des produits stromboliens aux ignimbrites.
5.4.2 Gense des magmas
Elle est discute, mais toutes les hypothses doivent se plier aux contraintes suivantes :
1. La profondeur de formation est de lordre de 100 km au moins, soit 30 Kbar.
2. Le liquide magmatique ne peut provenir que des pridotites du manteau et des
produits basiques dune crote ocanique mtamorphise (clogites).
3. Il faut de leau dans la zone de fusion partielle pour pouvoir faire fondre des
matriaux pridotitiques ou clogitiques sous 30 Kbar de pression et des temp-
ratures de lordre de 1 000 1 100 C, tempratures compatibles avec le ux de
chaleur observ dans les zones de subduction.
Ds lors, un certain consensus sest tabli pour privilgier le processus suivant
(g. 5.10) :
1. La crote ocanique subducte subit un mtamorphisme qui lamne dans le
facis des amphibolites puis celui des clogites, cette dernire transformation
saccompagnant dune dshydratation. Il y a donc libration dun uide aqueux
qui, haute pression, doit transporter une certaine quantit de silice et de quel-
ques autres lments.
2. Ce uide passe dans le manteau sus-jacent la lithosphre descendante et y
provoque la fusion partielle des pridotites, ce qui donne un liquide basique rela-
tivement hydrat, basaltique ou andsitique, peut-tre mme des liquides acides.
Tous remontent au sein du manteau puis de la crote sus-jacente.
3. Au cours de cette monte, ils subissent des modications pouvant avoir trois
causes : des interactions avec lencaissant (assimilation, transfert de uides et des
lments transports), surtout quand cet encaissant est continental, des diffren-
ciations par cristallisation fractionne dans des rservoirs magmatiques, des mlanges
ventuels avec dautres magmas, soit profonds, soit superciels (anatexie de la
crote continentale). Ces magmas anatectiques sialiques doivent certainement
arriver aussi en surface indpendamment des prcdents en donnant naissance
des rhyolites ignimbritiques.
Au terme de cette volution complexe, les magmas sont stocks dans des rser-
voirs superciels o ils alimentent les volcans par le jeu des failles qui souvrent ou
se ferment suivant le contexte orognique. Ils peuvent aussi se ger en profondeur
sous forme de massifs plus ou moins bien circonscrits.
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136 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
Lutilisation des marqueurs gochimiques (isotopes cosmogniques en particulier)
a permis de montrer que les lments subduits participent galement la gense de
ces magmas, conrmant ainsi une hypothse formule par Westercamp (1988) pour
expliquer certaines particularits du magmatisme antillais.
5.4.3 Structure tectonique de larc volcanique
Elle rete le fait que les marges actives sont soumises un rgime tantt distensif,
tantt compressif. On y trouvera donc :
Fig. 5.10 Schma de lvolution des magmas calco-alcalins dans les zones de subduction
(daprs Maury, 1984).
A. Par apport deau, fusion partielle du manteau sus-jacent la lithosphre en subduction.
B. Remonte diapirique du magma dans le manteau, pouvant saccompagner de diff-
renciations et dinteractions magma-manteau.
C. Arrive du magma dans la crote; sjour et diffrenciation dans des rservoirs
magmatiques; interactions possibles crote-magma.
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5.5 Le bassin avant-arc ou frontal (= fore-arc basin) 137


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soit des structures de distension, telles que bassins sdimentaires, fosss deffon-
drement sous-marins ou lacustres, remplis de sdiments dominante volcano-
dtritique
1
;
soit des structures de compression sous forme de plis et de failles chevauchantes.
Nous y reviendrons propos des chanes de subduction , p. 187.
5.5 LE BASSIN AVANT-ARC OU FRONTAL
(= FORE-ARC BASIN)
Il correspond lespace sous-marin en creux situ entre larc volcanique et larc
sdimentaire quand ce dernier est sufsamment saillant. Il est en gnral difcile de
connatre la nature de la crote sous-jacente ce bassin en raison de la couverture
sdimentaire. Les rares indications dont nous disposons montrent tantt une crote
continentale amincie (donc une crote de type intermdiaire ), tantt une crote
ocanique, ce qui impliquerait alors que la zone de subduction se soit installe au
sein de cette crote ocanique, une certaine distance de la marge continentale.
La morphologie de ces bassins est trs variable suivant la quantit de sdiments
quils reoivent et la saillie de larc sdimentaire. Les principales dispositions sont
les suivantes (g. 5.11) :
1. Larc sdimentaire est peu saillant, reste grande profondeur et reoit peu de sdi-
ments. Il forme donc une sorte de terrasse sous forte paisseur deau au pied de larc
volcanique (terraced fore-arc). Exemple : arc des Aloutiennes ouest, arc de Luzon
(Philippines), arc de Kermadec dans le cas des arcs intra-ocaniques (g. 5.11A).
2. Larc sdimentaire est plus saillant et arrive presqu la surface. Mais, suivant
le volume de lapport sdimentaire :
le bassin se remplit peine, restant donc en creux, sous une forte paisseur deau.
Exemple : le bassin entre Sumatra et les les Mentawei, bassin des Petites Antilles
entre la Barbade et St-Vincent-Grenade pour un arc intraocanique (g. 5.11B);
le bassin se remplit presque compltement, si bien que sa surface forme une sorte
de plateau continental sparant larc volcanique de larc sdimentaire, ce dernier
pouvant rester visible par une mince arte ou tre totalement masqu par la sdi-
mentation du bassin frontal ( shelved fore-arc ). Exemple : plateau sous-marin
sparant la fosse centre-amricaine du Guatemala-Nicaragua (g. 5.11C).
Il ne faut pas confondre une telle disposition avec les vritables plateaux conti-
nentaux plus ou moins faills qui prolongent parfois le substrat de larc volcanique
sous la mer (exemple : cte nord-pruvienne, g. 5.11D).
3. Larc sdimentaire merge largement. Le bassin frontal forme alors un dtroit
ou une anse de profondeur variable ( ridged fore-arc ). Exemple : baie de Cook
1. Ou greywackes des auteurs anglo-saxons.
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138 5 Les marges continentales convergentes et les arcs insulaires drivs
entre lextrmit E des Aloutiennes et la pninsule de Kenai puis lle de Kodiak
(g. 5.11E).
Le remplissage sdimentaire des bassins frontaux est surtout fait de produits
dtritiques, parfois turbiditiques, provenant de larc volcanique ou de son subs-
tratum granito-gneissique, parfois de larc sdimentaire sil est sufsamment
saillant. La connaissance de leur existence sappuie sur les quelques forages qui y
ont t effectus mais surtout sur ltude des bassins frontaux fossiles mergs. La
baie de Cook, lextrmit E des Aloutiennes (arc volcanique) est un bon exemple
car une partie du bassin est merge dans le N de la pninsule de Kenai. On a l des
sdiments dtritiques et volcanodtritiques allant des facis abyssaux au Msozoque
jusqu des facis de faible profondeur au Nogne.
Fig. 5.11 Diffrents types de bassins frontaux darc volcanique (AV)
(inspir de Dickinson et Seely, 1979).
A. Arc sdimentaire peu saillant, bassin frontal profond et peu subsident (arc des
Aloutiennes W., de Luzon, de Kermadec).
B. Arc sdimentaire arrivant la surface mais bassin peu rempli, donc en eau
profonde (bassin entre Sumatra et les les Mentawei, entre la Barbade et St-Vincent
dans les Petites Antilles).
C. Arc sdimentaire arrivant en surface et bassin pratiquement combl, donnant un
faux plateau continental (plateau sous-marin au large du Guatemala et du Nicaragua).
D. Plateau continental sans bassin frontal, avec lequel on pourrait confondre le
type C (Prou).
E. Arc sdimentaire largement merg, bassin frontal peu profond (baie de Cook =
Cook Inlet, Alaska).
La nature de la crote sous-jacente au bassin frontal nest en gnral pas connue.
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5.6 Les structures situes en arrire de larc volcanique 139


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Larc sdimentaire peut mme tre presque compltement merg comme au Makran
(Sud de lIran et Pakistan) (g. 10.12, p. 231).
5.6 LES STRUCTURES SITUES EN ARRIRE DE LARC
VOLCANIQUE
Elles dpendent du rgime auquel est soumis la marge :
Dans les marges en compression de type Ouest-amricain, il ny a plus de
bassin arrire-arc, mais un ensemble de chanes plisses de type intracontinental,
venues saccoler larc volcanique, lui-mme pliss. Certaines de ces chanes rsul-
tent du plissement dun bassin sdimentaire (chanes sudandines du Prou, par
exemple). Il est donc probable que de telles marges aient connu des stades dvolu-
tion distension dominante.
Cette question sera reprise propos des chanes de subduction.
Dans les marges en distension de type Est-asiatique, vient un nouveau bassin
sdimentaire, dit bassin arrire-arc ( back-arc basin ). Il peut montrer des stades
dvolution varis, si bien que les structures de ce type feront lobjet du chapitre suivant.
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Chapitre 6
Les bassins arrire-arc
Ces bassins prsentent la particularit dtre associs une marge continentale
convergente. Ils constituent un domaine subsident situ larrire de larc magma-
tique. Leur volution peut aller jusqu lapparition de lithosphre ocanique,
entoure de marges passives. Dans ce cas, on parle de mers marginales ou de
bassins marginaux . Un certain nombre dexemples se situent dans le domaine
mditerranen et europen (g. 6.1).
6.1 BASSINS ARRIRE-ARC SUR CROTE CONTINENTALE
AMINCIE (g. 6.2 et 6.3)
Le bassin Pannonique est un exemple de ce type de bassin, situ lintrieur de
larc de Carpates (plaine hongroise, g. 6.2). Il est li un arc volcanique nogne,
actuellement inactif, si bien quil peut tre considr comme un bassin arrire-arc
fossile qui a volu ultrieurement en bassin molassique darrire-chane.
Dun diamtre denviron 400 km, il est constitu dune srie de dpressions coales-
centes (bassins intracarpatiques) qui se dveloppent partir du Burdigalien (vers
19 Ma), et au cours du Miocne, pendant la priode o larc des Carpates acquiert sa
structure et sa forme actuelles. Il y a donc une relation entre la compression active
la priphrie de larc et la distension rgnant lintrieur de celui-ci.
Tous les bassins intracarpatiques prsentent une volution assez semblable, avec
un lger dcalage dans le temps, les plus orientaux tant un peu plus jeunes.
Un premier pisode de subsidence se traduit par un enfoncement rapide du Burdi-
galien au Serravallien moyen (19-13 Ma). Les dpts dabord clastiques et continentaux
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B. PANNONIQUE
Lithosphre ocanique
Prismes daccrtion
Bassins flexuraux
(palogne-nogne)
Autres bassins
(nogne-
quaternaire)
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Limites tectoniques
actuellement actives
Volcans rcents
CONE DU NIL
MER NOIRE
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B. MOESIEN
B. N CAUCASE
B. PARIS
Vecteurs GPS
(Europe stable)
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Fig. 6.1 Les bassins mditerranens.
La carte montre les bassins exuraux et les autres bassins oligo-nognes quater-
naires (bassins cratonique, rifts, bassins intra-montagneux). Les bassins algro-
provenal-ligure et tyrrhnien sont constitus par une lithosphre dge nogne
quaternaire ; le bassin ionien et la Mer Noire sont des fragments de la Tthys.
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6.1 Bassins arrire-arc sur crote continentale amincie 143


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deviennent franchement marins, puis marins profonds plagiques (g. 6.3A). Les
nombreux forages et prols gophysiques, effectus dans cette rgion pour la recherche
ptrolire, permettent de mettre en vidence la structure en blocs basculs et dta-
chements (g. 6.3). Cet pisode (subsidence initiale) traduit la rponse immdiate de
la crote, surpaissie lors de la collision alpine, une distension. Un tirement
ductile profond entrane une remonte du manteau suprieur et un amincissement de
la lithosphre bien mis en vidence par les donnes gophysiques (g. 6.3B).
partir du Serravallien moyen, le rgime de subsidence devient plus lent, et un
remplissage clastique (molasse) se met en place qui nira par combler le bassin
(g. 6.3A). Les environnements marins disparaissent la n du Miocne, et le dernier
remplissage est entirement continental, aliment par les reliefs de la chane qui entoure
le bassin. Deux pisodes compressifs, au Tortonien (vers 10 Ma) et au Pliocne
moyen (3 Ma), provoquent de lgres inversions sur les structures. Au Quaternaire, la
subsidence reprend dans la partie occidentale (pannonique ss) du bassin qui prsente
encore une crote mince et un fort ux gothermique (double de la moyenne normale)
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Bucarest
Belgrade
Zagreb
Vienne
Bratislava
Budapest
Cracovie
Lvov
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Bassin davant-chane Substratum
Magmatisme nogne Flyschs
TR
TC
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17-10 10-3 10-0
50
48
Fig. 6.2 Les bassins intrieurs de larc des Carpates.
Modi daprs Van Balen et al., 1999.
D. bassin du Danube, P. bassin pannonique, TC. bassin transcarpatique, TR. Bassin de
Transylvanie, V. bassin de Vienne.
A et B traces des coupes de la g. 6.3.
Les chiffres en gras reprsentent lge du volcanisme nogne, dcroissant globale-
ment vers lEst. Dans les bassins, les isopaques 2, 4 et 6 km sont reprsents.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 143 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
144 6 Les bassins arrire-arc
(g. 6.3). Le remplissage total demeure cependant assez modeste, de 1 700 4 000 m
en moyenne, avec cependant localement des paisseurs plus fortes (6 000 m) (g. 6.2).
Cette priode correspond une subsidence thermique, laquelle sajoute leffet de
la surcharge sdimentaire.
Lhistoire tectonique du bassin est relier celle de larc carpatique. Cest au cours
du Miocne infrieur-moyen que se mettent en place les nappes de yschs (yschs
moldaves) qui constituent les units externes des Carpates. Cet arc constitue un
prisme daccrtion conscutif la subduction vers lW dun fragment ocanique
tthysien situ la marge du bouclier ukrainien. Durant le Miocne, larc a migr vers
lE entranant une distension arrire-arc. Les Carpates ont donc constitu une marge
active responsable de la mise en place dun magmatisme calco-alcalin (andsites et
surtout dacites, ici dans la localit qui leur a donn son nom : pays des Daces)
(g. 6.2). On observe que le volcanisme migre vers lE en mme temps que larc.
0
40
20
60
80
Crote sup.
Crote inf.
Manteau lithosphrique
Asthnosphre
NNW SSE
Mts Highis
Mio-Plio-Quaternaire post-rift
Miocne syn-rift Magmatisme nogne
Flyschs
Ophiolites
50 km
Forages
A
B
0 5 km
0
1
2
3
4
5
6
k
m
SW NE W E
Fig. 6.3 Coupes dans le bassin pannonique.
A. Coupe montrant la gomtrie du remplissage sdimentaire : srie syn-rift en
ventail, srie post-rit progradante (simpli daprs Horvath et Tari, 1999) ;
B. Coupe montrant la structure profonde (simpli daprs Tari et al., 1999).
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 144 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
6.1 Bassins arrire-arc sur crote continentale amincie 145


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Le bassin pannonique apparat donc comme un bassin darrire-arc inachev, sans
apparition de crote ocanique, et entirement combl. Le comblement sexplique
aisment dans un tel environnement montagneux.
Le bassin gen reprsente un exemple analogue. Il est situ en arrire de la
subduction hellnique qui se traduit par une trs intense sismicit et qui tmoigne
du plongement vers le N de lithosphre ocanique (Tthys) appartenant la plaque
africaine. Le pendage est proche de 45. Le bassin gen est divis en deux sous-bassins
par larc magmatique des Cyclades, reprsent entre autres par le volcan de Santorin
et les granites quaternaires de Milos. Le substrat est entirement continental. La
bathymtrie reste modeste, dpassant rarement 1 000 m. La crote a une paisseur
moyenne de 25 km, samincissant jusqu 20 km sous la fosse nord-genne et la
mer de Crte. Le ux de chaleur est lev, en moyenne de lordre de 106 mW/m
2
,
Fig. 6.4 La mer ge.
Bathymtrie : gris clair : profondeurs
entre 1 000 et 2 000 m ; gris fonc :
profondeurs suprieures 2 000.
En noir, les les de Naxos et Paros
reprsentent un m.c.c. (metamorphic
core complex) avec remonte de
gneiss de haute temprature dats
de 25 Ma et un granite danatexie
dat de 11 Ma.
FD. faille de dtachement.
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146 6 Les bassins arrire-arc
et responsable de lanatexie qui a affect la crote Paros. Le couple dles Naxos-
Paros reprsente un metamorphic core complex , mergeant sous un dtachement
lui-mme responsable du ramincissement qui a affect, et affecte encore, ldice
orognique hellnique. lextrieur de larc, se met en place un volumineux complexe
daccrtion tectonique, la ride mditerranenne .
La situation actuelle de ce bassin voque celle qui devait rgner dans le domaine
carpatique au dbut de la formation du bassin pannonique (entre 19 et 13 Ma), avec
toutefois une complication lie ici lemboutissage du bassin par la drive vers lW
du bloc anatolien (g. 6.1).
6.2 BASSINS DARRIRE-ARC OCANISS
6.2.1 Le bassin Tyrrhnien au cur de larc de Calabre (g. 6.5 et 6.6)
Ce bassin marin, de forme triangulaire, est encadr par lItalie pninsulaire, la Sicile,
la Sardaigne et la Corse. Il se situe ainsi larrire de larc siculo-calabrais au droit
dune subduction fort pendage W du bassin Ionien sous la chane siculo-calabraise.
Cette subduction est marque en particulier par de rares sismes profonds (450 km)
et par le volcanisme de larc olien (les oliennes ou Lipari).
La structure de la mer Tyrrhnienne apparat bien sur la carte bathymtrique (g. 6.5).
On y observe une succession de reliefs, orients N-S N 30, recoups par des lina-
ments E-W N 120. La marge sarde montre une succession de marches descalier
effectuant la transition entre le domaine merg et le bassin profond (g. 6.5). Les prols
gophysiques et les donnes gologiques (forages et observations en submersible)
indiquent quil sagit dune srie de blocs basculs de crote continentale.
La partie profonde du bassin est caractrise par des plaines abyssales situes
3 600 m. Elles sont accidentes par des dorsales volcaniques (Magnaghi, Vavilov et
Marsili) qui dterminent deux sous-bassins dnomms Vavilov et Marsili. Le ux de
chaleur est trs important, atteignant localement 145 mW/m
2
. Des bandes danomalies
magntiques bien exprimes sobservent dans le bassin Vavilov. Lpaisseur de la crote
est de lordre de 10 km. Les forages ODP, ainsi que des observations en submersibles
de la dorsale Vavilov, ont montr que le substratum est constitu par une lithosphre
ocanique trs jeune (basaltes et pridotites serpentinises), ge de 5 3 Ma dans le
bassin Vavilov, et de moins de 1,8 Ma dans le bassin Marsili.
Lvolution de la mer Tyrrhnienne sest effectue en plusieurs temps. Un premier
pisode dtirement sest produit au Miocne suprieur (10 5,5 Ma) dans la partie
actuellement haute de la marge sarde (sries syn-rift du Tortonien sup.-Messinien).
Un second pisode (Messinien-Pliocne infrieur) a intress la partie profonde de
cette mme marge. Une lithosphre ocanique sest mise en place dans le bassin
Vavilov au cours du Pliocne, puis la n du Pliocne dans le bassin Marsili. Ainsi
la zone de distension maximale sest dplace dans le temps en direction de larc. Ce
dplacement vers larc a parfois t attribu une accentuation du pendage de la
subduction, explication peu convaincante dans la mesure o il ny a pas de variations
importantes des caractristiques de la lithosphre subduite. Une autre explication est
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6.2 Bassins darrire-arc ocaniss 147


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Fig. 6.5 Le bassin Tyrrhnien.
En haut : carte bathymtrique, en noir les zones de plaine abyssale (profondeur
suprieure 3 600 m).
A. Coupe montrant la structure de la marge sarde et le bassin Vavilov (crote oca-
nique en noir) ;
B. Coupe montrant la structure profonde.
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148 6 Les bassins arrire-arc
de lier cette migration un retrait de la subduction en direction de la Mditerrane
orientale (g. 6.6). Le recul de la plaque subduite qui exerce une forte traction sur la
plaque chevauchante induit sa fracturation et louverture dun bassin arrire-arc. Des
modlisations physiques (Chemenda, 1993) suggrent lexistence dun couplage entre
les deux lithosphres, suprieure et subduite, tel que lenfoncement de cette dernire
entrane la fracturation de la suprieure et louverture dun bassin. La prsence dans
cette lithosphre dune zone de fragilit, telle quun arc magmatique, aide la locali-
sation de louverture, entranant la cessation du fonctionnement de larc magmatique qui
devient ainsi un arc rmanent.
6.2.2 Le bassin Liguro-Provenal (g. 6.7-6.9)
Le bassin est de forme assez complexe. Il est limit au N et au NW par la cte cata-
lane, puis par le golfe du Lion, la cte provenale et la riviera italienne jusquau fond
du golfe de Gnes (g. 6.1). Au Sud, il stend jusqu la cte algrienne, et lE, il
est bord par les marges de Corse et de Sardaigne. Le fond est extrmement plat
(g. 6.7), peine accident par quelques petits reliefs dus au diapirisme des vapo-
rites messiniennes. Il se situe vers 2 800 m de profondeur. Ces deux faits (fond plat,
profondeur moyenne) sexpliquent par la prsence dun trs volumineux remplissage
sdimentaire dpassant 8 km dpaisseur.
Les marges sont trs troites et abruptes, sauf lemplacement du cne sous-marin
profond du Rhne et, secondairement, du Var. Elles sont profondment entailles par
des caons sous-marins (g. 6.7). Elles prsentent une structure en blocs basculs,
comme le montrent de trs nombreux prols sismiques. Des forages effectus sur les
marges de Provence et des Balares ont permis de caler les prols de sismique-rexion
Fig. 6.6 Ouverture progressive du bassin Tyrrhnien au Pliocne par retrait de la subduction.
Crote continentale en pointill ; crote ocanique en noir ; V. bassin Vavilov,
M. bassin Marsili, ASC. Arc siculo-calabrais (daprs K. Kastens, J. Mascle et al., 1988,
Geol. Soc. America Bull., 100, 1140-1156).
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6.2 Bassins darrire-arc ocaniss 149


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et de caractriser les sdiments syn-rift de lOligocne suprieur-Aquitanien (28-
20 Ma) ; les sries post-rift dbutent au Burdigalien.
Les donnes gravimtriques montrent que le trs pais remplissage sdimentaire
du bassin repose sur une crote mince (5 km). Celle-ci prsente des bandes
danomalies magntiques, symtriques par rapport laxe du bassin. Cette crote
prsente donc les caractristiques dune crote ocanique.
La forme du bassin et la gomtrie des marges suggrent une ouverture en ciseau
( sphnochasme ), autour dun pivot situ dans le golfe de Gnes, et donc une
rotation de lensemble Corse-Sardaigne par rapport la Provence.
Cette rotation est bien caractrise grce divers arguments :
Stratigraphie. Le Palozoque sarde rappelle celui de la Montagne Noire et des
massifs N-Pyrnens. Le Permien de Corse (M. Cinto) correspond celui de lEsterel.
Le Msozoque de Sardaigne prolonge celui du domaine pyrno-provenal. Les
squences ocnes des Alpes-Maritimes (Annot) et de Corse (Balagne) sont identiques.
Structure. Les linations hercyniennes et les failles tardi-hercyniennes des Maures
taient initialement dans le prolongement de leurs homologues corso-sardes, avant
la rotation ce dernier ensemble de 30 en sens horaire (g. 6.8).
Fig. 6.7 Morphologie du bassin Liguro-Provenal.
Daprs G. Gauthier et J.P. Rehault, 1986. A. plate-forme continentale, B. talus conti-
nental entaill par des caons sous-marins. C. cnes sous-marins du Rhne et du Var.
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150 6 Les bassins arrire-arc
Fig. 6.8 Drive de laxe Corso-sarde et correspondance
entre les linations dtirement hercyniennes (ches)
et les failles tardi-hercyniennes (F) des Maures et de lensemble corso-sarde.
1. daprs G. Chabrier et G. Mascle, 1975. 2. daprs M. Mattauer, 1973. Les divergences proviennent
de lapprciation de la limite de la crote provenale-languedocienne (A) et corso-sarde (B),
limite qui sert de rfrence mais est masque par le cne sous-marin du Rhne.
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Palomagntisme. Les laves permiennes de Corse et de Sardaigne dune part, et
celles de lEsterel dautre part, montrent une diffrence de leurs dclinaisons magn-
tiques fossiles de lordre de 30, impliquant une rotation anti-horaire de lensemble
corso-sarde. Les mesures effectues sur les laves miocnes de Sardaigne montrent
que lessentiel de cette rotation sest produit entre 20 et 18 Ma.
Volcanisme. La prsence dun important volcanisme calco-alcalin en Sardaigne,
mis en place entre 28 et 13 Ma, implique quune zone de subduction pendage NW
ait fonctionn cette poque proximit de la Sardaigne. Elle est mise en relation avec
le plongement dun espace ocanique tthysien situ au SE du massif corso-sarde.
Lvolution sest effectue en plusieurs tapes. Ce domaine a t affect par une
phase de rifting dbutant lOligocne suprieur (28 Ma) ; en fait, il sagit dune
prolongation du systme de rifting qui a affect lW-europen, dj voqu lorsque
nous avons trait du foss rhnan.
La subduction dun panneau de Tthys sous le bloc corso-sarde a dbut la mme
poque. Le retrait de la subduction a entran la rupture de la plaque suprieure dans
une zone fragilise par le rifting, aboutissant la rotation du bloc corso-sarde et la
Fig. 6.9 Formation des caons sous-marins du Languedoc et de Provence.
Avant le rifting (1), le bloc corso-sarde a t soulev lors de la structuration pyrno-
provenale, le relief a t rod alimentant des bassins situs au N (grs dAnnot).
Lors du rifting (2), les paules du rift se soulvent et continuent tre la proie de
lrosion.
Au Miocne (3), la subsidence du bassin entrane une inversion du drainage ; au
Messinien, le trs fort abaissement du niveau de base provoque lencaissement du
drainage et la formation des caons (type caon du Colorado).
La remise en eau du Pliocne (4), aboutit immerger les caons qui deviennent sous-
marins. Leur prol est accentu par la subsidence du bassin.
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152 6 Les bassins arrire-arc
mise en place dune crote ocanique. On a donc l un bassin darrire-arc, qui a
fonctionn durant prs de 2 Ma.
Ce bassin, situ proximit dimportants reliefs montagneux, a accueilli un trs
important remplissage sdimentaire. Ce phnomne a t exacerb par lasschement
messinien, responsable dune exagration des reliefs. Cest cette poque quont t
creuss les caons, par encaissement des cours deau alimentant le bassin (g. 6.9).
Aprs la remise en eau pliocne, les caons sont devenus sous-marins. Mais entre-temps
un nouveau retrait de la zone de subduction est intervenu ouvrant la mer Tyrrhnienne et
conduisant larrt du fonctionnement de larc sarde. Lensemble corso-sarde est
donc en situation darc rmanent.
Hormis la Mditerrane, ce type de bassin existe dans les Antilles, larrire de la
subduction carabe (voir p. 33), ainsi que dans lAtlantique S, larrire de larc de
Scotia ; mais cest surtout dans lW du Pacique que ce type de bassin est trs dve-
lopp.
6.2.3 Les bassins darrire-arc de lW-Pacique (g 6.10 6.14)
LW-Pacique est en effet caractris par lexistence de plusieurs espaces ocani-
ques situs larrire darcs magmatiques (g. 6.10). Certains ont dj t voqus
dans le chapitre des structures ocaniques (voir p. 34), comme la mer de Tasmanie,
de Corail, de Chine, du Japon, des Kouriles, de Bering (g. 6.10), sparant un arc
insulaire ( substrat continental) du continent voisin, asiatique ou australien.
Les donnes sismologiques et tomographiques indiquent que ces bassins sont
associs des subductions fort pendage (g. 6.11 et 5.1 p. 125). Les donnes
gologiques et gophysiques montrent quils prsentent un substratum complexe. Ils
contiennent parfois des fragments de crote continentale, comme le banc Yamato en
mer du Japon (g. 6.12), ou les rides de Lord Howe et de Norfolk entre lAustralie et
la Nouvelle-Zlande (g. 6.10). Ces rides montrent une paisseur crustale de lordre
de 10 15 km, et sont limites par des failles normales, indiquant quelles rsultent
dun rgime dextension.
Ces bassins constituent des mers marginales ou bassins marginaux, ainsi appels
parce que la marge continentale voisine a t sufsamment tire pour laisser apparatre
une crote ocanique en arrire dun arc volcanique originel.
Toutefois pour lessentiel le substratum des bassins marginaux est constitu de
crote ocanique comme le montrent les donnes gophysiques et les observations
en submersible.
Nous concentrerons lanalyse sur le bassin des Fiji (g. 6.13).
Cest un bassin triangulaire situ larrire (E) de larc du Vanuatu, et au S de la
fosse de Vitiaz. La carte des anomalies magntiques du bassin montre un dispositif
trs enchevtr (g. 6.14), indiquant que la structure du bassin est complexe. On y
observe en effet des zones trs troites caractrises par des bandes parallles peu
nombreuses, peu prs N-S au S du bassin, mais E-W dans sa partie N. Elles tradui-
sent lexistence de centres daccrtion multiples (g. 6.13), et fonctionnement rela-
tivement phmre. Les vitesses daccrtion sont parfois leves, atteignant jusqu
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6.2 Bassins darrire-arc ocaniss 153


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8 cm/an sur la petite dorsale NS (CSR, Fig. 6.13), longue de 880 km, situe au
centre du bassin N-Fijien, voire 10 cm/an dans le bassin de Lau.
Le ux de chaleur est trs lev, de lordre de 165 mW/m
2
, et se traduit par un
hydrothermalisme trs actif, auquel sont parfois associes des minralisations
importantes (dor dans le bassin de Manus).
Dune manire gnrale, les bassins arrire-arc du Pacique sont jeunes, nognes
ou palognes. Sauf pour les dorsales actives, leur fond est gnralement plat, car ils
JAPON
KOURILES
BERING
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CHINE EST
PHILIPPINES
CHINE SUD
SULU
CELEBES
BANDA
ANDAMAN
CORAIL
SALOMON
BISMARK
N FIJI
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Fig. 6.10 Les bassins marginaux du Pacique W.
LH. ride de Lord Howe, N. ride de Norfolk.
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154 6 Les bassins arrire-arc
Fig. 6.11 Larc insulaire et le bassin arrire-arc du Japon.
En haut : carte schmatique.
En bas : coupe sismique (vitesse des ondes P en km/s) et interprtation crustale
(croix : crote continentale, hachures : crote ocanique).
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6.2 Bassins darrire-arc ocaniss 155


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3 000
4 000 km
400
800
1 200
1 600
2 000
2 400
2 800
km
0,5 % + 0,5 %
J
MJ
MO
Fig. 6.12 Coupe tomographique de larc du Japon.
Daprs Bijwaard & Spakman, 1998 ; M. Mongolie (au Sud du lac Bakal), MJ. mer du
Japon, J. Japon (N de Honshu).
Cette coupe montre un lment froid (noir), interprt comme la lithosphre
Pacique senfonant sous lEurasie avec un changement de pendage au niveau de
la discontinuit des 660 km.
Fig. 6.14 Anomalies magntiques du bassin des Fiji.
Daprs A. Malahoff, 1979, in J.-M. Auzende et al., 1988.
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Bassin N Fiji
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NWL
WF
CSR
SP
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HH
CL Central Lau
EL Est Lau
HH Hazel Home
Jing K
CSR Centrale
NWL NW Lau
SP S Pandora
T Tripartite
WF W Fiji
160 E
170 E 180
10 S
20 S
Plateau
dOntong Java
OJ
170 E
180
Accrtion
Subduction
active
Bassin S Fiji
F
F Futuna
Fig. 6.13 Le bassin des Fiji.
Simpli daprs Y. Lagabrielle et al., 1997, Y. Lagabrielle & S. Leroy, 2007.
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sont le sige dune sdimentation importante en raison de leur proximit avec des
zones montagneuses soumises une rosion intense.
Le modle impliquant une fracturation de la lithosphre suprieure et louverture
dun bassin darrire-arc lemplacement dune zone de faiblesse prexistante (arc
magmatique ou ancienne suture) comme consquence du couplage entre les deux
lithosphres, rend bien compte de la gense de ces bassins.
En rsum, tous ces bassins sont associs des subductions fort pendage et
plongement W. Leur fonctionnement est caractris par sa brivet et linstabilit
des systmes daccrtion en relation avec les modications du systme de la subduc-
tion. Il peut sagir dune augmentation du plongement de la subduction, de son
retrait, voire dune rorganisation complte de sa gomtrie, ou encore dune combi-
naison de ces processus.
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PARTIE 3
LES STRUCTURES CONTINENTALES
DE COMPRESSION
La compression rsulte toujours dun phnomne de convergence de plaques ne
pouvant tre quilibr par un processus de subduction complte.
Quand une plaque lithosphrique portant une crote continentale est ainsi
comprime, elle se dforme. La dformation commence videmment par en affecter
les parties les plus fragiles, o se manifestent alors des phnomnes dinversion
tectonique, notamment le rejeu en failles inverses des failles normales prexistantes.
Nous en avons vu un exemple dans le bassin de la mer du Nord (g. 3.35). Si la
dformation saccentue, on obtient une vritable chane de montagnes.
On tudiera successivement :
1. Les chanes intracontinentales
2. les chanes de marge :
chanes de subduction
chanes dobduction
chanes de collision
Un dernier chapitre sera consacr des structures assez particulires que les
gologues anglo-saxons appellent collages , o les mouvements de dcrochement
jouent le rle principal.
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Chapitre 7
Les chanes intracontinentales
Ce sont les structures qui apparaissent la surface dune lithosphre continentale
mise en compression. Elles seront donc contemporaines des grandes crises orogni-
ques mondiales. On peut les grouper en deux catgories :
les chanes autonomes, cest--dire isoles au sein dune plate-forme, comme le
Haut-Atlas ou les Pyrnes. Elles correspondent un simple bombement de celle-
ci ou un caillage plus ou moins complexe, mais elles se placent le plus souvent
au niveau dun accident prexistant reprsentant une zone de fragilit particulire,
accident tel quun faisceau de failles dimportance crustale, une zone transfor-
mante, un foss deffondrement, etc. ;
des annexes des grandes chanes de collision continentale. En effet, une fois le cur
de ces grandes chanes di et si le rgime compressif persiste, la dformation
gagne des territoires nouveaux, extrieurs la chane en nition et franchement
intracontinentaux (zone externe alpine, zone subandine, par exemple), parfois fort
loin de la grande chane (Tian Shan). Ces nouvelles structures seront donc plus ou
moins contigus aux prcdentes et toujours plisses avec un temps de retard. On les
tudiera donc avec les grandes chanes en question mais certaines seront cependant
voques ici quand elles prsentent une individualit morphologique sufsante.
Les chanes intracontinentales offrent tous les intermdiaires depuis celles qui
rsultent dun simple soulvement du socle sous-jacent (ce sont les plis de fond
des anciens auteurs) jusqu celles o le socle se raccourcit sans bombement, par
clivage interne de la crote ou subduction intracontinentale. Dans ce dernier cas la
couverture sdimentaire doit sadapter au raccourcissement en se repliant sur elle-
mme. La chane nest plus alors quun simple train de plis au sein desquels le socle
sous-jacent napparat plus.
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162 7 Les chanes intracontinentales
ces deux cas extrmes, les anciens auteurs donnaient le nom de chanes de
socle et chanes de couverture . Malheureusement cette terminologie est
souvent dlicate manier car une chane donne peut tre provoque par le soulve-
ment de son socle, celui-ci restant revtu de sa couverture sdimentaire (Liban, Haut
Atlas oriental), ou bien la chane est de socle ou de couverture suivant les points
(Pyrnes). Enn, la notion mme de socle et de couverture nest pas nette. Par
exemple, le Palozoque pyrnen, peu ou pas mtamorphique partir de lOrdovi-
cien suprieur ou du Silurien, doit-il tre class dans le socle ou la couverture?
Ces termes de chane de socle ou de couverture nont en dnitive quune valeur
descriptive et pas du tout gntique. Il est plus intressant de distinguer les chanes
rsultant dun bombement de leur socle et celles provenant dun clivage crustal ou
dune subduction intracontinentale.
7.1 CHANES RSULTANT DUN BOMBEMENT DE LEUR SOCLE
Celui-ci devrait traduire, a priori, soit un surpaississement de la crote ou de la
lithosphre, soit une vritable structure arque de cette dernire entranant un soul-
vement correspondant de lasthnosphre sous-jacente. Les donnes gophysiques
nindiquent en gnral ni lun ni lautre. En fait, en raison de lnorme nergie que
ces mcanismes exigeraient lchelle lithosphrique, il est plus probable quun
clivage tangentiel se produit au sein de la crote et que seule la lame de crote sus-
jacente au clivage est susceptible de prendre une structure en vote ou en duplex.
Lapparition de ces structures serait videmment facilite par lexistence de zones de
faiblesse prexistantes de la crote granito-gneissique, telles quun amincissement
de celle-ci (bassins subsidents) ou la prsence de faisceaux de failles susceptibles de
fonctionner comme rampes.
7.1.1 Cas simples
La surface de la crote continentale dessine une vote, ventuellement affecte de
failles inverses double vergence, qui soulve sa couverture.
a) LAnti-Atlas marocain (g. 7.1)
Ce nest quun simple et large bombement de matriel palozoque, cur prcam-
brien, dpourvu de couverture secondaire et tertiaire, qui a t soulev pour la
premire fois au cours de lorogense hercynienne, puis nouveau la n du
Tertiaire et au Quaternaire jusqu 2 500 m. Ces derniers mouvements ont t enre-
gistrs et donc dats par les dformations du Nogne des bassins voisins.
Le plissement-soulvement saccompagne dune certaine fracturation laissant
passage un volcanisme plio-quaternaire. Ldice volcanique le plus important est
celui du Djebel Siroua, lW de Ouarzazate, strato-volcan montrant des trachyand-
sites nimiocnes (10 6 Ma) surmontes de basaltes et de phonolites plio-quater-
naires. Ce volcanisme est toujours alcalin.
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b) Les montagnes Rocheuses du Wyoming et du Colorado (tats-Unis, g. 7.2)
On a l plusieurs chanons atteignant parfois 4 000 m de hauteur, orients NS (Laramie
Mountains, Front Range) ou EW (Uinta Mountains). Toutes montrent un cur prcam-
brien largement soulev avec quelques restes dune couverture primaire et secondaire :
les facis y sont deau peu profonde, beaucoup franchement continentaux.
Lintrt de ces montagnes est de montrer des failles inverses dversement
oppos sur les ancs opposs de leur zone axiale . Cette tectonique est lara-
mienne (palogne) et, grce ces failles inverses, traduit une compression plus
nergique que dans les exemples prcdents.
De fait, les prols gophysiques COCORP ( Consortium for Continental Reec-
tion Proling ) ont permis de montrer que la crote sous-jacente ces montagnes
tait affecte de failles inverses trs nettes dont certaines se prolongeaient en surface
par les failles de chevauchement voques. On ne sait pas si, en profondeur, elles se
raccordent avec de grands clivages plats. En tout cas, elles expriment un raccourcis-
sement crustal important dont les modalits locales retent souvent des disconti-
nuits prcambriennes.
Fig. 7.1 Schma structural de lAnti-Atlas (daprs G. Choubert, 1971, simpli).
Pointill : Nogne, blanc : Palozoque, noir : Prcambrien, F. failles importantes,
alignement de croix : axe de soulvement, S. Djebel Siroua.
A. Coupe : N. Nogne, O. Ordovicien, C. Cambrien, PK. Prcambrien.
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164 7 Les chanes intracontinentales
Il faut ajouter que le plissement et le soulvement de ces chanes sest accom-
pagn dune certaine fracturation secondaire laissant passage un magmatisme
alcalin banal.
c) Le Liban, lAnti-Liban et les Monts de Palmyre (Palmyrides)
La montagne du Liban (3 096 m) et son annexe lAnti-Liban (2 814 m), spares par
le synclinal de la Bekaa, sont deux plis de fond, cur jurassique (g. 7.3), affectant
la plate-forme arabe de part et dautre de la faille du Jourdain qui prend, dans ce
secteur, une direction SW-NE et le nom de faille de Yammouna (ou Yamuneh).
Fig. 7.2 Les montagnes Rocheuses des tats-Unis.
Socle prcambrien en gris (PK), volcanisme et magmatisme tertiaires en noir.
Pal. Palozoque, H. Houiller, J. Tr, Tria-Jurassique, Cr. Crtac, Tert. Tertiaire.
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LAnti-Liban est relay, lE de Damas, par les Monts de Palmyre, matriel
seulement crtac-palogne, qui se suivent sur 400 km vers le NE en sattnuant
progressivement avant de disparatre sous le Nogne et les alluvions de lEuphrate.
Si le Liban et lAnti-Liban sont deux anticlinaux simples (g. 7.3), les monts de
Palmyre sont plus complexes et comprennent deux systmes de plis superposs : de
petits plis NE-SW, parallles au Liban et lAnti-Liban (dont ils sont contempo-
rains), dge miocne car recouverts dun Pliocne discordant, et de grands plis,
grossirement EW, moins accentus, dge pliocne et synsdimentaires (ce qui
permet de les dater).
Cette superposition traduit deux priodes dactivit (g. 7.4) :
Lune, miocne, correspond un champ de contrainte compressif (
1
orient NW-
SE), dj voque propos du golfe de Suez et de la mer Rouge, et qui rgne alors
dans toutes les chanes primditerranennes. Cette phase die un premier
systme de plis auxquels appartiennent aussi le Liban et lAnti-Liban. La faille du
Jourdain joue en dcrochement snestre mais en rgime compressif.
Lautre, plio-quaternaire, correspond une priode distensive gnralise et
louverture de la mer Rouge, donc un nouveau dcrochement snestre de la
faille du Jourdain accompagn du dveloppement de bassins en pull-apart.
Dans le secteur qui nous occupe,
1
devient pratiquement NS et donne des plis
approximativement EW dans les monts de Palmyre (anticlinal du Djebel Bilas, par
exemple, g. 7.4) superposs aux plis prcdents. Le Liban et lAnti-Liban ne sont
pas modis mais affects dun rseau complexe de petites failles dcrochantes dont
les directions (N 120 et N 60) sont compatibles avec celle, quasi-mridienne, de
1
.
Le plissement de toutes ces chanes saccompagne de lmission de basaltes alca-
lins classiques
1
rpartis en deux ensembles gographiques, respectivement au N et
au S du domaine pliss. Le plus important est celui du S (Djebel Druze), dans lequel
les points dmission se disposent nettement suivant une direction NW-SE.
Les datations radiomtriques et les arguments stratigraphiques montrent que le
volcanisme dbute au Miocne infrieur suivant cette direction NW-SE qui est celle
des ssures de tension parallles
1
, mais il sintensie au Plio-Quaternaire
lorsque le dcrochement snestre de la faille du Jourdain, jouant en transtension,
ouvre les ssures prcdentes.
Le fait que les chanes que lon vient de dcrire nexistent quau niveau de la faille
de Yamuneh et sattnuent peu peu quand on sen loigne, ainsi que labsence de
volcanisme dans ce secteur, montrent bien que cest le changement dorientation de
la faille du Jourdain qui est en cause, provoquant un blocage relatif du dplacement
de la plaque arabe vers le N, donc une compression locale qui sexprime par les plis
en question (g. 7.5). Ceux-ci nquilibrent videmment pas le dplacement de la plate-
forme arabe, qui est valu 60 km pour le Miocne et 40 pour le Plio-Quaternaire.
Il est donc obligatoire quil y ait eu, au moins de faon intermittente, glissement
1. Quil ne faut pas confondre avec les basaltes dge jurassique suprieur-crtac infrieur inter-
cals dans la srie stratigraphique.
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166 7 Les chanes intracontinentales
Fig. 7.3 Structure du Liban et de lAnti-Liban.
Le Liban est un anticlinal coffr, cur jurassique, dont le soulvement na pas t
sufsant pour faire apparatre le socle. Lanticlinal est limit lE par la faille dcro-
chante snestre de Yammouna (= Yamuneh) qui est laccident majeur du systme et
le prolongement de celle du Jourdain. Les nombreuses petites failles du versant W
sont des accidents tardifs, postrieurs lindividualisation du massif.
Au-del du synclinal effondr de la Bekaa, vient lanticlinal de lAnti-Liban, gale-
ment cur jurassique (Mt Hermon), coup de grandes failles obliques.
Au NE de Damas, enn, la gure montre les premiers anticlinaux des Palmyrides o
la superposition de deux phases tectoniques apparat clairement.
1. Volcanisme rcent, 2. Crtac suprieur-Eocne, 3. Crtac infrieur, 4. Basaltes
crtac infrieur, 5. Jurassique. Abrviations de la coupe : e. ocne, Cs. Crtac
suprieur, Ci. Crtac infrieur, J. Jurassique.
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latral le long du dcrochement ce qui a d se produire ds que la dpense dnergie
correspondante tait moindre que celle ncessaire la poursuite du plissement et de
son volution ventuelle en chevauchement.
Fig. 7.4 Cadre structural du plissement du Liban (L), de lAnti-Liban (AL) et des Palmyrides
(daprs Giannerini et al., 1988, simpli et lgrement modi).
1. Volcanisme, 2. plis majeurs, 3. failles, 4. dykes gabbroques des bords de la mer
Rouge et du golfe de Suez, 5. limite des chanes alpines du Taurus et du Zagros.
B. Djebel Bilas (NW de Palmyre).
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168 7 Les chanes intracontinentales
Un cas analogue de chane par blocage de coulissement est celui des chanes
Transverses (Transverse Ranges) du S de la Californie, au N de Los Angeles, o
la faille de San Andreas prend un trajet EW sur une centaine de kilomtres de
longueur ( Big Bend ) (g. 7.5, 7.6). Ces Transverse Ranges sont postrieures la
naissance de cette faille et lui sont videmment lies.
Cet exemple est dautant plus intressant que lon peut dmontrer ici le caractre
intermittent du coulissage. En effet, la dernire activit sismique sur le tronon EW
remonte 1857 et des mesures au godimtre ont montr quentre 1959 et 1973, les
dplacements y ont t faibles par rapport ceux qui se produisaient sur les branches
NW-SE (3 6 cm/an). Le Big Bend est donc rest pratiquement bloqu et a jou
alors en compression.
Fig. 7.5 Chanes par blocage de coulissement.
A. Liban et Anti-Liban (Y. faille de Yamuneh, V. volcanisme).
B. Transverse Ranges de Californie.
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d) Le Haut Atlas marocain
Avec lui on aborde des chanes de socle un peu plus complexes o lon va voir juxta-
poses des failles inverses dversement oppos (donc un fort raccourcissement
crustal) et des structures anciennes conditionnant le dveloppement et lorientation
de la chane.
Celle-ci, longue de 600 km, large de 50 150, culmine au Djebel Toubkhal
(4 165 m) et comprend, dW en E, le Haut-Atlas maritime, lAtlas de Marrakech et
le Haut Atlas oriental (g. 7.7).
volution structurale
Ds le Permo-Trias, le craton africain est soumis distension et se dcoupe, au
niveau du futur Haut-Atlas, en une srie de grabens ou dhmigrabens orients suivant
des failles hrites de lHercynien (WSW-ENE), avec mission de produits basaltiques
tendance tholitique, dats de 195 200 Ma (Trias suprieur).
Au Jurassique, locan Atlantique souvre entre Maroc et Mexique, repoussant
lAfrique vers lE. Dans ce cadre dynamique extensif, il y a ouverture dun sillon
lemplacement du futur Haut-Atlas oriental, sillon dont le comblement est achev au
Jurassique moyen. Ce sillon tait limit vers le SW par le horst du Haut-Atlas de
Marrakech au-del duquel rapparaissait une zone subsidente, le futur Haut-Atlas
maritime (rgion dAgadir-Essaouira) (g. 7.7).
Le sillon jurassique du Haut-Atlas oriental tait trs subsident (3 000 8 000 m de
sdiments calcaromarneux Cphalopodes, frangs de formations rcifales). La
subsidence tait lie un systme de failles actives (synsdimentaires), souvent dcro-
chantes et pouvant alors donner des bassins en pull-apart, au Jurassique moyen, dans
le Haut-Atlas oriental. Louverture de ces petits bassins a t aussi accompagne de la
Fig. 7.6 Coupe des Transverse Ranges (Californie)
(daprs Namson et Davis, 1988, simpli).
La coupe montre un ensemble de plis et de chevauchements forms depuis le Pliocne.
Les donnes sismiques et le dessin de coupes quilibres impliquent lexistence dun
niveau de clivage important vers 10 12 km de profondeur, reli la surface par des
rampes, ainsi quun raccourcissement de 50 km, soit donc 20 mm par an environ.
N. Nogne, E. ocne, Cs. Crtac suprieur.
Croix : roches cristallines diverses dge msozoque (granites et ophiolites).
FSA. Faille de San Andreas.
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170 7 Les chanes intracontinentales
gense de rides anticlinales locales (plis transverses) et dun magmatisme alcalin (sills
de dolrites, monzodiorites et leucogabbros jalonnant le rseau des fractures).
Distension et subsidence ralentissent au Jurassique suprieur et au Crtac inf-
rieur qui voient une mersion quasi gnrale du futur Haut-Atlas, nouveau accom-
pagn de lmission de basaltes alcalins. Ce rgime persiste au Crtac suprieur qui
ne connat que les transgressions marines classiques de cette poque.
Plus lW, lautre extrmit de la chane, le bassin du futur Haut-Atlas mari-
time nest quun bassin de marge passive, banal, o la sdimentation marine se
poursuit aprs le Dogger. Au Tertiaire, le mouvement de lAfrique vers le N modie
le cadre structural. Il entrane le plissement du Haut-Atlas au cours dune srie de
Fig. 7.7 Situation et subdivisions du Haut Atlas marocain (croix : socle ancien,
hachur horizontal : couverture sdimentaire msozoque).
A. Palogographie liasique (bassins marins en griss) : elle prgure la disposition
de la chane.
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mouvements allant de la n de locne au Pliocne, et fait rejouer les fractures
antrieures en dcrochements dextres. Tout le Haut-Atlas devient, en fait, un couloir
de dcrochement.
Le plissement-soulvement est accompagn dune intense fracturation et dun
faible volcanisme alcalin dat de 8 0,5 Ma, comme celui de lAnti-Atlas.
Structure actuelle (g. 7.8)
Elle varie suivant les points.
Le Haut-Atlas de Marrakech, qui a toujours jou en zone haute lors de lvolution
msozoque et o la srie sdimentaire est reste mince, est une chane de socle
typique, avec une zone axiale o afeurent les terrains anciens. Cest un
ensemble rigide, limit par des failles inverses double dversement, toutes repr-
sentant des rejeux daccidents hercyniens. Au S, laccident sud-atlasique se suit de
faon assez continue sous forme dune grande faille inverse ou verticale. Au N,
laccident nord-atlasique est, au contraire, un faisceau daccidents inverses ou verti-
caux, se relayant mutuellement, suivant des directions SW-NE ou EW.
Le Haut-Atlas oriental et le Haut-Atlas maritime sont, en fait, des chanes de
couverture, caractrises par une paisse srie sdimentaire et un plissement de
style jurassien : vastes synclinaux fond plat remplis de marnes lias suprieur-aal-
niennes, anticlinaux aigus cur de Lias infrieur et de Trias. Les plis sont de type
concentrique, sans schistosit : il sagit videmment dune tectonique de super-
structure.
La fracturation reste intense et il est intressant de remarquer que les failles
normales suivant lesquelles stait affaiss le bassin triasique, rejouent en failles
inverses ou pli-failles : ces accidents correspondent en effet des changements de
facis sur leurs lvres. Lensemble offre toujours le double dversement caractris-
tique (g. 7.8) et la double orientation SW-NE et EW qui facilite le dcoupage de la
chane en compartiments losangiques allongs.
Sous la chane, la crote ne montre pas dpaississement particulier. En fait, cest
grce son dcoupage en lanires coulissant les unes par rapport aux autres que le
socle atlasique sest raccourci.
7.1.2 Cas complexe : les Pyrnes (g. 7.9 7.12)
Cest une chane longue de 400 km environ sur 50 100 de large, culminant
3 400 m, et faisant limite entre le craton ibrique et le craton europen.
premire vue, elle ressemble beaucoup au Haut-Atlas, avec une zone axiale
o afeure largement le socle ancien affect de failles inverses double
dversement : au N, il sagit de la faille nord-pyrnenne, ancien accident hercynien
remis en mouvement; au S, de plusieurs accidents beaucoup plus plats donnant au
versant sud de la zone axiale une structure en cailles tangentielles, au moins pour
ce qui est de la crote supercielle (g. 7.9).
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172 7 Les chanes intracontinentales
Tous ces accidents, ainsi que la zone axiale elle-mme, sennoient vers lW sous
leur couverture msozoque partir du mridien de Pau.
La chane est cependant beaucoup moins symtrique que le Haut Atlas car elle est
complique sur le versant franais par une zone particulire, dite zone nord-pyr-
nenne qui montre des caractres particuliers. Son substratum, granito-gneissique,
est trs caill ( massifs satellites des anciens auteurs). ces cailles granito-
gneissiques sassocient quelques minuscules lames de pridotites (lherzolites, bapti-
ses prcisment ici, du nom de ltang de Lherz). Il y existe un volcanisme syns-
dimentaire frquent, bien que faible en volume.
Ces trois caractres traduisent bien lamincissement et la fracturation du subs-
tratum au voisinage de la vieille faille hercynienne quest la faille nord-pyrnenne,
Fig. 7.8 Schma structural et coupes du Haut Atlas marocain
(croix : socle ancien, hachur horizontal : couverture sdimentaire msozoque; noir :
volcanisme tertiaire. Le tiret noir souligne laxe de culmination de lAnti-Atlas).
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bordure sud de la zone nord-pyrnenne. Celle-ci correspond donc la zone de
fragilit crustale que lon retrouve lorigine de la plupart des chanes de socle.
Ajoutons que les terrains de la zone nord-pyrnenne connant la zone axiale
sont mtamorphiss en facis de haute temprature, puis, ultrieurement, en facis
de pression plus leve, accompagn de schistosit (sricitoschistes).
Lintrt des Pyrnes est aussi que la zone nord-pyrnenne reprsente un ancien
couloir transformant qui a frl la rupture, cest--dire la gense dune ssure crus-
tale, si bien que la chane acheve pourrait presque tre considre comme une
chane de collision. Cest ce que va montrer lvolution du domaine pyrnen depuis
le Trias.
a) volution structurale
Elle est insparable de celle du bassin dAquitaine et du golfe de Gascogne. On a vu,
propos de ce dernier (p. 110), que la position du craton ibrique par rapport au
craton europen a vari au cours du Crtac suprieur, ce qui implique lexistence
entre les deux cratons dune zone particulirement dformable, reste cependant
crote continentale car on ne connat pas dophiolites dans les Pyrnes.
Fig. 7.9 Schma structural et coupe des Pyrnes.
FNP. faille nord-pyrnenne, SM. Sierras marginales, ZA. zone axiale, ZNP. zone nord-
pyrnenne, ZSP. zone sous-pyrnenne.
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174 7 Les chanes intracontinentales
Du Trias au Jurassique, on avait l un bassin de subsidence en eau peu profonde,
probable consquence de la dislocation de la Pange. Ce bassin tait certainement
contrl par de nombreux accidents dont la exure Arcachon-Toulouse (g. 3.24)
et, plus au S, la faille nord-pyrnenne.
lAptien et lAlbien, par suite de louverture progressive de lAtlantique nord,
distension et subsidence reprennent brutalement. La future zone nord-pyrnenne
apparat alors comme sige de la subsidence maximum, directement limite au S par
la faille de mme nom (dpt du ysch ardoisier des gologues pyrnens, cein-
tur au N et au S de rcifs urgoniens). De plus, cette distension Aptien-Albien
saccompagne de volcanisme synsdimentaire (basaltes alcalins) et dun mtamor-
phisme thermique, particulirement bien marqu prs de la faille nord-pyrnenne.
On en conclut qu ce stade, un vritable rift sest install lemplacement de
lancien bassin subsident triasique-jurassique, rift dont laxe devait se trouver au
contact de la faille nord-pyrnenne (g. 7.10).
la n de lAlbien, commence le coulissement snestre du craton ibrique, avec
dbut de louverture du golfe de Gascogne. Ces mouvement ont deux consquences.
Le coulissement se fait probablement suivant des accidents transformants jalonns
de petits bassins en pull-apart pouvant expliquer lapparition de lambeaux de lherzo-
lites du manteau suprieur.
Quant louverture du golfe de Gascogne, elle provoque la contraction de lextr-
mit E de la zone subsidente et dabord du rift nord-pyrnen. La future zone axiale
se soulve et entrane avec elle la zone nord-pyrnenne. La subsidence est donc
rejete dans la partie N de lancien bassin triasique o sindividualise un nouveau
sillon dit sous-pyrnen, future zone sous-pyrnenne o se fait le passage des Pyr-
nes au bassin dAquitaine.
Au Campanien, et par suite de louverture de lAtlantique sud, le craton ibrique
commence sa remonte vers le N (g. 7.11). Le processus de fermeture dbute dans
les Pyrnes orientales o se dveloppe alors un lger mtamorphisme dynamique et
non plus thermique, associ une schistosit de ux.
locne, le processus gagne toute la chane pour atteindre son maximum
locne moyen. ce moment, lancien domaine nord-pyrnen devient un faisceau
de plis pour ce qui est de la couverture et un faisceau dcailles (les massifs
satellites ) pour ce qui est du socle. Toutes ces structures sont vergence N et plus
ou moins chevauches par la zone axiale. Quant au versant S de cette dernire, il est
dbit, au moins en surface, en grandes cailles vergence S, ce qui donne la
chane sa structure double dversement. Ces phnomnes sont contemporains de la
subduction de la crote ocanique du golfe de Gascogne sous la marge cantabrique
(voir p. 112 et g. 4.13).
b) Les prols gophysiques rcents ont rvl des faits intressants (g. 7.12),
savoir :
1. Que la crote ibrique est plus paisse que la crote europenne et que sa partie
infrieure est bien lite, correspondant probablement un matriel facis granu-
litique qui afeure dans les petits massifs anciens de la zone nord-pyrnenne.
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7.1 Chanes rsultant dun bombement de leur socle 175


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2. Que les structures densemble de la chane ont bien une disposition en ventail,
mais lgrement dissymtrique, les recteurs pendage N tant dominants.
3. Que tout se passe comme si la lithosphre europenne venait emboutir la lithos-
phre ibrique. Mais les avis diffrent sur limportance de ce poinonnement en
raison de la difcult dinterprtation du prol la verticale de la zone nord-pyr-
nenne, ce qui est normal, les structures jouant dautant moins en recteurs
quelles sont plus redresses.
De toute faon, et quelle que soit lampleur du poinonnement, llment impor-
tant que rvle ce prol est une amorce de sous-charriage de la crote ibrique
Fig. 7.10 volution structurale du domaine pyrnen depuis lAptien
(daprs Souquet et Debroas, 1980, simpli).
Mmes abrviations que pour la g. 7.9.
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176 7 Les chanes intracontinentales
sous la crote europenne, impliquant une remonte du manteau suprieur sous
cette dernire. Ce serait peut-tre lhritage du diapir mantellique du Crtac
moyen laplomb du rift nord-pyrnen. Une telle remonte pourrait faciliter
lemboutissement voqu.
Fig. 7.11 Cadre palogographique de la gense des Pyrnes.
(en gris clair : talus continentaux, en gris sombre : crote ocanique. Les contours
de lEspagne et de la France ne sont indiqus qu titre de repres gographiques).
A. De lAlbien au Campanien. LEspagne coulisse de faon snestre par rapport la
France, ce qui entrane la naissance de petits bassins en pull-apart (PA) considrs
comme pouvant tre lorigine des cailles de lherzolites. Ce coulissement est
accompagn dun dplacement du ple de rotation entranant louverture du golfe
de Gascogne.
B. Au Campanien. Le golfe de Gascogne est entirement ouvert. LEspagne amorce
sa remonte vers le NE.
C. Fin du Crtac. LEspagne remonte vers le NE. Le plissement commence dans les
Pyrnes orientales.
D. ocne. Le mouvement de lEspagne se fait franchement vers le N. Le plissement
stend toute la chane.
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7.1 Chanes rsultant dun bombement de leur socle 177


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c) En conclusion
Les Pyrnes sdient sur une zone fragile apparue au Trias et elle-mme calque
sur des accidents hercyniens, dont la faille nord-pyrnenne. Cette zone fragile est
devenue un rift, avec des amorces locales de ssure crustale. Les deux lvres de ce
hiatus ont couliss lune par rapport lautre avant de saffronter, mais le systme
est rest, pour lessentiel, de type intracontinental. Cest tout de mme une volution
qui annonce celle des chanes de collision : il aurait suf pour aboutir ce stade que
la ssure crustale se soit un peu plus ouverte et que lon ait eu un espace sufsant de
crote ocanique.
Mais lcaillage crustal des Pyrnes est important et annonce le deuxime groupe
de chanes intracontinentales.
Fig. 7.12 Deux interprtations du prol ECORS-Pyrnes daprs Mattauer, 1990).
Dans le modle 1, gnralement admis, la faille nord-pyrnenne (FNP), subverticale
en surface, est dcale une dizaine de km de profondeur par un important chevau-
chement vers le N. Lemboutissement du socle europen est fort.
Dans le modle 2, la faille nord-pyrnenne conserverait au contraire sa disposition
verticale sur une hauteur de 20 30 km. Emboutissement du socle europen faible
nul.
Le seul lment visible sur le prol dans ce secteur de la faille nord-pyrnenne est
un important recteur lit situ sous la zone axiale dans la zone blanche . Il
reprsenterait, soit la crote infrieure lite des massifs nord-pyrnens (modle 1),
soit la crote infrieure de la zone axiale remonte par caillage (modle 2).
En A, remonte du manteau suprieur.
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178 7 Les chanes intracontinentales
7.2 CHANES RSULTANT DUN CLIVAGE INTRACRUSTAL
7.2.1 Les chanes catalanes et ibriques (g. 7.13)
Entre le bassin de lbre et les cordillres btiques, existe une srie de chanes
faiblement leves (2 400 m maximum), dorientation NE-SW (chane catalane) ou
NW-SE (chane ibrique). La couverture msozoque y atteint une paisseur de
2 000 m et dbute par un Trias vaporites qui reprsente videmment un niveau de
dcollement quasi gnral. Cette couverture dessine des plis grands rayons de
courbure limits par des failles chevauchantes et des dcrochements, tous ces acci-
dents pouvant impliquer du matriel hercynien.
Lge de ces chanes a t tabli principalement dans leur secteur catalan grce
aux dpts marins tertiaires. Elles sont contemporaines des Pyrnes (ocne).
Mais, au Miocne infrieur, se produit aussi une phase de distension qui donne
naissance des bassins nognes superposs aux structures compressives ant-
rieures.
Sur le plan de linterprtation dynamique, il faut remarquer :
1. que lorientation des dcrochements (snestres dans la chane catalane et dextres
dans la chane ibrique), ainsi que la direction gnrale des chevauchements,
impliquent une direction de compression grossirement NS, analogue celle
responsable des Pyrnes;
2. que lexistence dcailles de socle engages dans les chevauchements montre que
ce socle a t tout autant comprim que sa couverture. Sil na pas t soulev en
bloc ou bomb en pli de fond, cest que les clivages correspondants ces cailles
ont d rester trs plats. Comme, par ailleurs, la crote garde une paisseur
normale, il faut conclure lexistence dun plan de clivage intracrustal, subhori-
zontal, rejoignant probablement la zone de contraction pyrnenne, ce qui expli-
querait la contemporanit parfaite des dformations respectives. Ce plan de
clivage pourrait se situer vers 7-11 km de profondeur o lon connat une zone de
faibles vitesses sismiques.
Sur ce plan de clivage se grefferaient des failles inverses plus ou moins concaves,
jouant comme des rampes et aboutissant en surface aux failles chevauchantes observes.
Il y a tous les intermdiaires entre ce type de chane et celles o le clivage intra-
crustal invoqu aboutit une vritable subduction intracontinentale (subduction de
type A des auteurs).
Dans ce cas, et sil existe un niveau de dcollement favorable, la couverture ne
suit pas la translation horizontale de son socle puis son enfoncement. Elle sen
dcolle et se replie passivement sur elle-mme en donnant un train de plis ou
dcailles chevauchantes.
Ces chanes apparaissent en gnral comme les annexes de plus grands ensembles
orogniques, comme vont le montrer les deux exemples choisis, le Jura et les
Montagnes Rocheuses du Canada.
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Fig. 7.13 Chanes ibriques et catalanes (daprs Guimera et Alvaro, 1990, simpli).
Lgende de la carte : 1. Trias vaporitique, 2. Msozoque, 3. Palogne, 4. Nogne,
5. plis.
Lgende des coupes : Pal. Palozoque, Tr. Trias, J-Cr. Jurassique-Crtac, Tert. Tertiaire.
Flche blanche : direction de la compression gnrale, ches noires : vergence des
structures.
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180 7 Les chanes intracontinentales
7.2.2 Le Jura (g. 7.14 7.17)
Cette petite chane, matriel presque uniquement msozoque, forme un arc appuy
au N sur la Fort-Noire et au S sur le promontoire msozoque de lle Crmieu.
a) La srie stratigraphique
Elle comporte un Trias facis germanique, dont un Keuper riche en vaporite
(1 300 m de sel et de gypse dans certains forages, soit lquivalent de lpaisseur du
reste de la couverture msozoque). Cette dernire otte donc sur un vritable matelas
Fig. 7.14 Carte structurale du Jura.
Simpli daprs P. Chauve, 1980
En noir, le front pliss chevauchant.
En A : schma de la couverture jurassienne la n de la sdimentation msozoque
montrant que lpaisseur des sdiments est plus forte lE qu lW en direction de la
marge tthysienne.
1 4 trace des coupes g. 7.15, 7.16 et 7.17. M, P, V : failles de dchirement de Morez,
de Pontarlier, du Vuache.
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plastique. Ce sel a t exploit (Lons-le-Saunier, Salins-les-Bains, Arc-et-Snans).
Le Jurassique et le Crtac prsentent des facis de plate-forme, en continuit avec
ceux du bassin parisien. Ils sont carbonats lW, et prsentent dimportantes inter-
calations marneuses allant en spaississant vers lE (vers la Suisse), en direction du
bassin tthysien. Lpaisseur augmente, depuis 1000 m lW jusque vers 2 000 m
lE (g. 7.14). Ceci implique que ds le Msozoque le socle ait t affaiss vers lE.
b) Lhistoire tectonique
La plate-forme est merge et soumise lrosion ds lEocne. Au cours de lOligo-
cne, elle subit la distension responsable de la formation des fosss deffondrement
europens. Cest ce systme quappartient la Bresse qui limite le Jura lW, ainsi
que le foss Rhnan qui le borde au NE, et aussi le couloir transformant reliant ce dernier
la Bresse et qui borde le Jura au N et au NW (p. 49). lE du Jura, le bassin molas-
sique suisse est le bassin exural frontal de la chane alpine (p. 90).
La dformation du Jura se produit la n du Miocne. La couverture sdimentaire
se dcolle sur le matelas triasique et se dplace vers lWNW. La partie E, o la couver-
ture est plus paisse et plus plastique (plus marneuse), forme un systme de plis (de
propagation) et dcailles (duplex) qui constitue la Haute Chane (ou Jura pliss)
(g. 7.14 et 7.17). La partie W, plus carbonate, demeure plus rigide, et donne lieu de
larges bandes peu dformes (les plateaux du Jura) limites par des zones troites inten-
sment cailles, dites faisceaux , orthogonales au dplacement, ou des structures
de dchirement paralllement celui-ci (failles de Morez, Pontarlier, Vuache) (g. 7.14
et 7.16). lW et au N, la couverture dcolle vient chevaucher le domaine plus externe.
En particulier lW, le chevauchement se produit sur le Miocne lacustre de la Bresse
et atteint jusqu 5 km de porte ; il est masqu par les dpts pliocnes bressans et na
t reconnu que grce des forages, puis, plus rcemment, par la gophysique.
Le raccourcissement plus important de la Haute Chane a entran son soulve-
ment. Il en rsulte que la surface topographique du Jura sincline vers lW, alors que,
Fig. 7.15 Structure de la Haute Chane du Jura.
Trac 1 sur la g. 7.14 ; daprs Y. Philippe, 1994.
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182 7 Les chanes intracontinentales
comme le montrent les donnes gophysiques, la pente du substratum est toujours
dirige vers lE. La dformation alpine est donc nettement plus intense au niveau
de la couverture.
c) Mcanisme de plissement
Pendant longtemps, on a pens que le Jura tait le rsultat du glissement gravitaire
dune couverture dcolle passivement dun socle plus oriental, ce que suggrait son
chevauchement frontal sur un bassin lacustre non dform.
Cependant le socle est et a toujours t inclin vers lE (vers la Suisse), comme le
montrent aussi bien les paisseurs des sries msozoques que les donnes gophy-
siques. Il parat difcile de faire remonter une pente un glissement gravitaire.
Lexplication retenue actuellement invoque un sous-charriage du socle du Jura
vers lE, sous la partie des Alpes o existe un surpaississement crustal (g. 7.17).
Ce sous-charriage nest en fait que la cause la plus externe du r-paississement crustal
li la collision alpine.
Fig. 7.16 Stucture du Jura externe et chevauchement
du front jurassien sur la Bresse.
En haut. transversale Lons le Saunier-Champagnole (trac 2 sur la g. 7.16) ;
En bas. transversale du Bugey ( trac 3 sur la g. 7.14) ; daprs Y. Philippe, 1994.
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Le Jura apparat donc comme une annexe des Alpes et le mcanisme de sa
formation ne peut pas tre spar de celui des Alpes externes dont il est contempo-
rain. Toutefois, sa localisation est lie une particularit stratigraphique : limpor-
tante squence vaporitique triasique. Un systme analogue existe en Himalaya
avec la chane du Salt Range (p. 234) galement lie un pisode vaporitique
localis.
7.2.3 Les Montagnes Rocheuses canadiennes (g. 7.18)
Cette chane de couverture apparat, elle aussi, comme une annexe dune grande chane,
les Cordillres paciques nord-amricaines.
a) Lvolution structurale
Elle rsulte du plissement dun bassin msozoque fortement subsident succdant
lui-mme, aprs linterruption des mouvements hercyniens peu intenses, un
bassin palozoque et mme protrozoque (srie de Belt, ou Beltien, paisse de
10 000 m). Cest dailleurs ce Protrozoque qui forme le substratum apparent
de la chane.
Toutes ces sries sont dtritiques, monotones, deau peu profonde, alimentes par
la destruction dun seuil prcambrien, le ganticlinal beltien des anciens auteurs,
qui les sparait des bassins ctiers paciques.
Les lacunes, les discordances, la prsence de quelques niveaux de basaltes alcalins
ssuraux, soulignent le rgime de plate-forme continentale eur deau.
Fig. 7.17 Plissement du Jura par sous-charriage du socle jurassien-subalpin :
coupe le long du prol ECORS Alpes.
Daprs Y. Philippe, 1994.
En bas gomtrie relle ; en haut chelle des hauteurs double. Trac 4 sur la g. 7.14.
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184 7 Les chanes intracontinentales
Lvolution du bassin est stoppe, la limite Crtac-Tertiaire, par lorognie laramienne
qui se prolongera jusqu locne. La chane obtenue est dissymtrique (g. 7.19) :
la moiti W, la plus souleve, donc la plus rode, est surtout faite de matriel
ancien (Omineca);
la moiti E, moins haute et moins rode, de matriel crtac (Foothills belt).
Lensemble est dversement E dominant et le style tectonique celui de failles
inverses trs plates affectant les deux zones prcdentes.
Fig. 7.18 Position structurale des montagnes Rocheuses canadiennes (hachur serr).
Elles se prolongent aux tats-Unis par les Rocheuses occidentales (les Rocheuses
orientales hachur large sont des plis de fond, voir g. 7.2).
En noir : batholites granodioritiques des Cordillres paciques.
Pointill : zones mtamorphiques des British Columbia Ranges (chane de collision).
RMT. Rocky Mountain Trench (dcrochement tardif limitant les Rocheuses lW).
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WSW ENE
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FOOTHILLS GRANDE PLAINE
CEINTURE DOMINECA
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WSW ENE
Protrozoque inf. (> 1600 Ma)
Protrozoque moy.-sup.
Palozoque inf.
Palozoque sup.
Magmatisme palozoque
Msozoque
Magmatisme msozoque
Cenozoque
Chevauchement activ au Cenozoque
Chevauchement activ au Crtac
Contact tectonique plus ancien Dtachement cenozoque
MOHO
Fig. 7.19 Coupe des Rocheuses Canadiennes.
Modi daprs Gologie des Rocheuses Canadiennes (Geol. Soc. America, 1994).
En haut : prol lchelle ; en bas prol avec doublement de lchelle des hauteurs.
La coupe est situe une centaine de Km au N de Calgary ; elle est compose de 3 tronons (dcals les uns par rapport aux autres). Elle
montre lempilement de lames au cours de priodes successives de dformation, dbutant au Jurassique suprieur (Nvadien), et trs
importante au Crtac (Laramien). Au Cenozoque, lcaillage se poursuit vers lextrieur, en mme temps quun systme de dtache-
ment met en place le core complex du centre dOmineca. Lors de chaque priode de dformation, les chevauchemens anciens sont
ractivs, tantt en chevauchement, tantt en dtachement.
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b) La tectonique tangentielle des Rocheuses
Cest lune des plus clbres du monde. Elle est particulirement bien connue grce
aux trs nombreux forages ptroliers qui y ont t pratiqus et permettent de suivre
les chevauchements en profondeur. On y voit un empilement dcailles concaves
vers la surface (g. 7.20) dont les contacts chevauchants reprsentent une succession
de plats et de rampes auxquels sont associs des plissements plus ou moins
intenses mais sans schistosit.
Ce style trs particulier est gnralement expliqu par une sorte de sous-charriage
du vieux socle prcambrien ant-beltien vers lW, en direction de la zone dcaillage
crustal sous-jacente la cordillre pacique, dge surtout jurassique.
Le mcanisme de mise en place de ces lames superposes a d dbuter par un
glissement lit sur lit, parallle la stratication, dans les parties profondes de la srie
sdimentaire. Il allait videmment de pair avec un dcollement total de la couverture
stratie, y compris le Beltien, par rapport au socle cristallin.
Ces structures laramiennes ont t ultrieurement retouches. Au Nogne, tout
dabord, se produit le soulvement de la chane sans quil y ait modication des
structures tangentielles antrieures. Ce soulvement est la fois une raction isosta-
tique au surpaississement crustal de la cordillre pacique et leffet dun nouvel
tat de contrainte compressive. Ces nouvelles contraintes obliques aux structures
laramiennes ont fait jouer des chevauchements en dcrochements comme celui
qui limite lW les Rocheuses canadiennes (Purcell Fault et son prolongement N, le
Rocky Mountain Trench, g. 7.18).
Il existe galement un magmatisme nogne dans les parties les plus cailles,
sous la forme de batholites granitiques dont certains peuvent tre de grande taille
(batholites de Boulder et de lIdaho, g. 7.18). Ils sont probablement lis au sur-
paississement crustal sous la Mountain Belt.
Fig. 7.20 Coupe de dtail dans la Foothills belt , lW de Calgary (Rocheuses canadiennes).
T. Tertiaire, Cs, Ci. Crtac suprieur et infrieur, J. Jurassique, Pal. Palozoque.
Les forages sont indiqus par des tirets.
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Chapitre 8
Les chanes de subduction
Elles apparaissent la verticale dune zone de subduction lorsquil y rgne un
rgime compressif (g. 5.1, p. 125). Dans ce cas, on constate en gnral que la zone
de subduction sous-jacente la chane offre un pendage trs faible.
Le pendage de la zone de subduction est sous la dpendance de plusieurs facteurs.
Les principaux sont :
Lpaisseur et la densit de la lithosphre subduite, donc son ge (les lithosphres
anciennes sont plus paisses, plus froides et plus denses) qui induit donc une
force de traction plus ou moins importante.
Le dplacement global horizontal de lasthnosphre vers lE, qui supporte les
plaques plongement E (faible pendage) et soppose au plongement vers lW
(fort pendage).
Secondairement, la convergence plus ou moins rapide des plaques en prsence
(facteur li la tectonique globale) induit une force de pousse plus ou moins
grande. Enn la prsence de otteurs , comme la ride de Nazca, est susceptible
dallger la plaque qui les porte.
Suivant les interfrences entre ces diffrents facteurs, on observe donc des sub-
ductions forte pente (suprieure 30), donnant, la surface de la plaque chevau-
chante, un rgime et des structures de distension avec un magmatisme abondant, ou
des subductions faible pente (1 10), et en surface de la plaque suprieure, un
rgime et des structures en compression avec absence de magmatisme. Lexplication
doit tre recherche dans le fort couplage des deux lithosphres si la zone de sub-
duction qui les spare est plate, ainsi que dans labsence de fentre asthnosphrique
dans la plaque suprieure (g. 5.1, p. 125).
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188 8 Les chanes de subduction
Des modlisations physiques (Chemenda, 1993) suggrent quune lithosphre
lgre en cours de subduction reste colle la plaque suprieure o elle induit un
rgime compressif. Une lithosphre dense induit un rgime distensif et lapparition
dun bassin marginal. Une lithosphre intermdiaire, lgrement plus dense que celle
de la plaque suprieure, entrane un rgime alternant : la plaque suprieure subit une
assez longue priode de distension, puis, lorsque lextrmit de la lithosphre subduite
se dtache, le rarrangement du systme induit une compression dans la plaque
suprieure. On assiste ainsi une succession dpisodes compressifs relativement
brefs entrecoupant une volution globalement ditensive.
Lorsquil y a une obliquit nette dans la convergence des deux plaques en prsence,
il se forme de grandes failles de dcrochement plus ou moins parallles la fosse et
larc magmatique (Sumatra-Andaman, Philippines, Nouvelle-Zlande, Guyaquil,
Atacama, Zagros). Il sagit l du phnomne de partitionnement de la dformation,
qui se traduit par lexistence simultane dune zone de plis et chevauchements daxes
parallles la fosse (compression perpendiculaire celle-ci) et dune zone de dcro-
chement pur galement parallle la fosse (voir Fig. 10.1, p. 217 et 10.12, p. 231).
Lexemple classique de chane de subduction est la chane des Andes et nous insis-
terons plus particulirement sur la partie centrale de cette chane, les Andes du Prou,
de Bolivie et du Nord-Chili, dautant plus intressantes que sy rencontrent les deux
dispositions que nous venons dvoquer pour le pendage de la surface de subduction.
8.1 LA CHANE DES ANDES ACTUELLE
La chane des Andes stire sur plus de 65 de latitude depuis le Cap Horn au Sud
jusqu la pninsule de Gallinas au Nord de la Colombie (g. 8.1). Elle se dveloppe
au droit de la subduction du Pacique sous la plaque Amrique du Sud, plus prcis-
ment de la subduction des plaques de Nazca au centre, Carabes au Nord et Antarc-
tique au Sud. En fait, comme le montre la gure 8.1, le Nord et le Sud de la chane
sont concerns par des phnomnes de collision avec des sries ocaniques (voir
p. 216), et seule la partie centrale de la chane, au Sud de lquateur et au Nord du
40S, correspond vraiment un systme de subduction. Tout au long de ce segment
saffrontent les plaques de Nazca et Sud-Amrique.
Les donnes cinmatiques et les mesures GPS montrent que cet affrontement se
traduit par une convergence oriente E-W une vitesse de lordre de 60 70 mm/an.
Le GPS montre aussi que lessentiel, plus des deux tiers, de cette convergence est
consomm par la subduction ; le reste est absorb par la dformation de la chane,
dont un peu plus de la moiti par dformation interne et le reste en propagation sur
les boucliers externes (brsilien, guyanais, pampen).
La sismicit importante, et caractrise par des magnitudes trs fortes (g. 8.2),
permet dimager la surface de Benioff correspondant la subduction de la lithosphre
Nazca. Le pendage est faible, et mme localement trs faible, dterminant des zones
de subduction plate ( at slab ) comme au Nord du Prou ou au centre du Chili-
Argentine, et qui correspondent des rgions sans volcanisme actif actuellement.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 188 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
8.1 La chane des Andes actuelle 189


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.
60
60
Plateaux
ocaniques
accrts
Bassins
flexuraux
Bouclier
prcambrien
Dorsales
ocaniques
et failles
transformantes
Subduction
Chevauchement
Coulissement
Volcans
10 N
10 S
10 S
20 S
20 S
30 S
30 S
40 S
40 S
50 S
80 W 70 W 60 W
0
0
Bouclier Brsilien
Bouclier Guyanais
Bouclier de
la Pampa
Plaque Amrique Sud
Plaque Nazca
Pl. Carabe
Plaque
Cocos
Plaque Antarctique
Plaque Scotia
Malouines I.
Santiago
Buenos Aires
Asuncion
Brasilia
La Paz
Lima
Quito
Bogota
San Jose
Paramaribo
Georgetown
Cayenne
B. Bannas-Apure
B. Los Llanos
B. Oriente
B. Maranon
B. Madre de Dios
B. Beni
B. Chaco
B. Cuyo
B. Neuqen
B. Magallanes
Dorsale
Sud Chili
Dorsale
Galapagos
F
.

E
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n
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16,3
15,5
19,4
7,3
22,9
1,9
23,5
1,0
10,2
9,7
20,7
2,5
3,1
9,5
15,3
16,5 32,6
Malpelo
9
0

San Felix
77
Robinson
Cruso
61
Easter (Pques)
77
10,9
11,8
20
1,7
2,2
Panama
19,4
Vecteur GPS
(vitesse
en mm/an)
80 W 100 W
50 W
1
2
3
4
5
13,2
Caracas
Puna
Montevideo
B. Rio Mayos
Fig. 8.1 Situation godynamique de la chane des Andes.
Modi daprs V. Ramos et A. Aleman, 2000, GPS daprs R. Kendrik et al., 1999
Geoph. Res. Lett., 26, 541-544, S. Norabuena et al., 1999, Science, 279, 358-362,
R. Trenkamp et al., 2002, J. S. Amer. Earth Sc., 15, 157-171.
Lle de Pques (Easter) se situe sur la plaque Nazca, en dehors du schma, la longi-
tude 110 W.
1-2-3. traces des coupes g. 8.7, 4. trace de la coupe g. 10.2, 5. trace de la coupe
g. 10.4.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 189 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
190 8 Les chanes de subduction
Un prol tomographique, orient E-W (g. 8.3) situ au niveau du S Prou et du
N de la Bolivie montre un ensemble froid subhorizontal sous la chane et qui se
verticalise au niveau du front subandin.
1949 (8,3)
1906 (8,8)
1979 (8,2)
1942 (8,3)
1979 (7,9)
1966 (8,3)
1940 (8,2)
1974 (8,1)
1942 (8,2)
1913 (7,9)
1868 (9,0)
1877 (9,0)
1995 (8,0)
1966 (7,9)
1966 (7,9)
1922 (8,5)
1943 ( 8,2)
1985 (8,0)
1906 (8,2)
1928 (7,4)
1960 (9,5)
Zone volcanique
Andes Sud
Zone volcanique
Andes australes
Zone volcanique
Equateur-Colombie
Flat slab
du Prou
Flat slab
de Bucaramanga
Flat slab
de la Pampa
10 N
10 N
10 S
20 S
20 S
30 S
30 S
40 S
40 S
50 S
80 W 70 W 60 W
0
0
Plaque Amrique Sud
Plaque Nazca
Pl. Carabe
Plaque
Cocos
Plaque Antarctique
Plaque Scotia
Malouines I.
Buenos Aires
Asuncion
Montevideo
Brasilia
La Paz
Bogota
San Jose
Paramaribo
Georgetown
Cayenne
Dorsale
Sud Chili
Dorsale
Galapagos
Puna
Malpelo
Panama
80 W 100 W
50 W
Caracas
2
0
0
2
0
0
2
0
0
3
0
0
3
0
0
3
5
0
2
5
0
1
0
0
1
0
0
1
0
0
1
5
0
1
5
0
A
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n
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Ride ocanique
200
Isobathes du toit de la
surface de Benioff
en km
6
0
0
Zone volcanique
Andes centrales
R
id
e N
a
zca
Ride Juan Fernandez
5
8
-
4
8

M
a
48-34 Ma
34-23 Ma
23-0 Ma
2
3
-
0

M
a
1
2
Lima
Quito
Santiago
Ride Carnegie
Fig. 8.2 Subduction au niveau de la chane des Andes :
isobathes de la surface de Benioff et surfaces de ruptures sismiques majeures.
Modi daprs V. Ramos et A. Aleman, 2000 ; sismes majeurs daprs B. Delouis,
1998, Thse. Lgende structurale voir g. 8.1. 1. trace du prol sismique de la fosse
du Prou (g. 8.4), 2. trace du prol tomographique (g. 8.3). On notera quen
raison de leur obliquit par rapport la direction de convergence, les rides ocani-
ques sont amenes balayer la marge.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 190 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
8.2 Les Andes du Prou 191


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.
8.2 LES ANDES DU PROU
ce niveau, la plaque ocanique Nazca senfonce sous lAmrique du Sud suivant
un angle trs faible, de lordre de 10 15 ( at slab du Prou, g. 8.2), qui tend
mme sannuler, les deux lithosphres restant colles.
Cette partie de la chane montre dW en E, donc en partant de la fosse, les ensembles
morpho-structuraux suivants (g. 8.4, 8.5, 8.6, 8.7 coupe 1, 8.8) :
1. Un prisme daccrtion trs troit, profondment immerg et constitu, et parfois
recouvert, de coules de soliuxion (g. 8.4).
3
6
9
12
400
800
FA
FS BB
1,5 + 1,5
km
Fig. 8.3 Prol tomographique travers les Andes du Prou-Bolivie.
Daprs R. Bijwaard et al.,1998, J. G. R., 103, 30.055-30.078 ; trace sur la g. 8.2. FS..
fosse de subduction, FA. front subandin, BB. bouclier brsilien.
Axe de la fosse
BSR
Chenal de subduction
Butoir
0
4 000
5 000
m
SW NE
Crote ocanique
10 km
Fig. 8.4 Le prisme daccrtion de la subduction pruvienne.
Daprs R. Von Huene et al., 1996, Tectonics, 15, 19-33 ; trace sur la g. 8.2. BSR. Bottom Simu-
lator Reector recteur sismique d aux hydrates de mthane. La zone o disparaissent les
matriaux entrans en subduction (sdiments, irrgularits du substratum ocanique ou de la
base de la crote surplombante) constitue le chenal de subduction.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 191 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
192 8 Les chanes de subduction
2. Un talus et un plateau continental immergs, structure en blocs juxtaposs ; les
forages ont montr que ce domaine a t le sige dune trs importante subsidence
(prs de 4 000 m en 35 Ma).
3. La zone ctire, o afeure le substratum prcambrien et palozoque, recouvert
dune mince srie msozoque. Ce secteur a t une zone en relief relatif depuis le
Palozoque.
4. La Cordillre occidentale, arc magmatique actuellement inactif, et ceci depuis le
Palogne, lexception de quelques missions de tufs acides et de rares coules
U
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Iquitos
Talara
Cajamarca
Trujillo
Lima
Nazca
Arequipa
Huancayo
Cusco
Arica
La Paz
Titicaca
M
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4
0
0
0 3
0
0
0
2
0
0
0
70W
80W
80W
10S
70W
15S
5S
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Volcanisme
Plio-Quaternaire
Batholites
grano-dioritiques
Socle pr-
msozoque
Principaux plis
Chevauchements
Failles normales
Coulissements
Fig. 8.5 Schma structural des Andes du Prou et de Bolivie du Nord.
Daprs F. Mgard, 1987.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 192 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
8.2 Les Andes du Prou 193


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La Paz
Quito
Lima
Equateur
70W
80W
80W
10S
10S
20S
20S
Tropique du Capricorne
F
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Titicaca
Uyuni
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Q
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Zone ctire
Cordillre occidentale
Dpression interandine
Cordillre orientale
Subandin
Bassin flexural
Bouclier brsilien
70W
Potosi
Santa Cruz
Antofagasta
Iquique
Arequipa
Cusco
Ayacucho
Trujillo
Cajamarca
Guayaquil
Iquitos
Nazca
3
0
0
0
4
0
0
0
R
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d
e

N
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z
c
a
Fig. 8.6 Grandes subdivisions orographiques de la chane des Andes.
Daprs E. Jaillard et al., 2000.
Le petit rectangle dessin au S. dAntofagasta
donne les limites de la g. 8.11, p. 199.
9782100513598-ch 08.fm Page 193 Dimanche, 27. avril 2008 12:33 12
194 8 Les chanes de subduction
basaltiques. La Cordillre est constitue dune trs paisse srie de sdiments volcani-
clastiques permo-triasiques, jurassiques et surtout du Crtac infrieur, associs
des produits volcaniques calco-alcalins. Le tout est pliss en une succession plus
ou moins rgulire danticlinaux et synclinaux orients NW-SE, plans axiaux
redresss, accompagns dune schistosit subverticale. Ces plis sont localement
perturbs par des virgations (dites ici dections ), plus ou moins EW, valeur
de rampes latrales, et qui rsultent de variations des directions de raccourcissement
lors des pisodes tectonique successifs.
Tertiaire sdimentaire
Bassin Beni
(avant-pays)
Subandin
Cordillre
orientale
Cordillre
occidentale
Zone ctire
(avant-arc)
Fosse
SW
NE
50 km
5
0

k
m Plaque Sud-Amrique
Cordillre
ctire
Valle
longitudinale
Altiplano
Plaque Nazca
BOLIVIE NORD-CHILI
p
c
j
n
q
2
Bassin Oriente
(avant-pays)
Subandin
Cordillre
orientale
Cordillre
occidentale
Zone ctire
(avant-arc)
Fosse
SW
NE
Plaque Nazca
50 km
5
0

k
m
Plaque Sud-Amrique
PROU CENTRAL
p
c
Plaque Nazca
50 km
5
0

k
m
Plaque Sud-Amrique
c
p
1
Msozoque et Palozoque
Magmatisme
Crote continentale
Matriel sous-plaqu
Crote ocanique
Manteau lithosphrique
50 km
5
0

k
m
Plaque Sud-Amrique
Plaque Nazca
n
j c p
Cordillre
ctire
Fosse
Zone ctire
(avant-arc)
Cordillre
principale
(Aconcagua)
Bassin Cuyo
(avant-pays)
CHILI-CENTRE ARGENTINE
W E
Ancienne suture?
3
Valle
longitudinale
Fig. 8.7 Coupes dans les Andes.
1. Prou daprs L. Moulin, 1989, Thse, Jaillard et al., 2000 ;
2. Bolivie N-Chili daprs P. Rochat et al., 1999, Rochat, 2000 ;
3. Chili central Argentine daprs V. Ramos et A. Aleman, 2000 ;
traces sur la g. 8.1.
Les lettres j, c, p, n, q reprsentent les ges du magmatisme (respectivement jurassique,
crtac, palogne, nogne, quaternaire).
9782100513598-ch 08.fm Page 194 Dimanche, 27. avril 2008 12:33 12
8.3 Les Andes de Bolivie, du Sud Prou et du Nord Chili 195


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La Cordillre occidentale possde un substrat granito-gneissique.
Ce style tectonique se complique, en particulier sur le versant E de la Cordillre,
o existe un faisceau de plis et chevauchements (cailles du Maraon). Mais il ny a
pas de mtamorphisme et la schistosit elle-mme reste modeste, ce qui signie que
la dformation sest effectue faible profondeur.
Cet ensemble est travers par des plutons granodioritiques, dge jurassique suprieur
crtac, que le soulvement rcent de la chane a port lafeurement. Les deux
principaux sont le batholite ctier , long de plus de 1 000 km, et celui de la Cordillera
Blanca qui porte les points culminants de la Cordillre occidentale (Huascaran,
6 768 m). Le soulvement est encore actif comme le montrent des escarpements de
failles vivantes dcalant des moraines rcentes au pied de la Cordillera Blanca et sige
de sismes (faille de Qichues : 3,5 m de rejet en 1946), ainsi que les dformations
des terrasses et cnes de pimont sur la cte. Les mcanismes au foyer indiquent un
rgime compressif.
5. La Cordillre orientale, assez mal spare de la prcdente morphologiquement. La
srie sdimentaire msozoque y est mince si bien que le socle ancien y afeure
largement, avec une structure en ventail de plis et chevauchements associs
une schistosit subverticale. Un chevauchement majeur marque sa limite avec le
Subandin. Le soulvement seffectue galement le long de failles vivantes comme
celle de Huaytapallana avec 1,6 m de rejet vertical et 0,7 m de rejet horizontal lors
du sisme de 1969.
6. Le Subandin, est ici envahi par la fort amazonienne ; il montre une srie sdi-
mentaire assez paisse, msozoque et cnozoque, non volcani-clastique, dforme
en un systme de plis et chevauchements vergence E. De nombreux prols
gophysiques (pour la recherche dhydrocarbures) montrent que ce domaine est
dcoll et chevauche le bouclier amazonien et sa couverture sdimentaire suivant
une surface subhorizontale sur laquelle se greffent les chevauchements, constituant
une classique ceinture de plis et chevauchements ( fold and thrust belt ).
8.3 LES ANDES DE BOLIVIE, DU SUD PROU
ET DU NORD CHILI
ce niveau, la plaque ocanique Nazca senfonce sous lAmrique du Sud suivant
un angle plus fort, de lordre de 30.
Cette partie de la chane montre les ensembles morpho-structuraux suivants (g. 8.1,
8.5, 8.6, 8.7 coupe 2).
1. La partie immerge du continent prsente comme prcdemment une structure de
marge en rosion (voir g. 5.5 et 5.6, p. 129-130) avec une fosse pratiquement
vide de sdiments et un avant-arc constitu de blocs basculs vers la fosse ayant
subi une importante subsidence rcente. En haut de marge afeurent des granitodes
et des squences darc calco-alcalins jurassiques.
2. La Cordillre occidentale, toujours substrat granito-gneissique, prsente en gros
la mme squence stratigraphique que plus au N, mais elle est recouverte dun
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 195 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
196 8 Les chanes de subduction
pais manteau discordant de matriel volcanique calco-alcalin, nogne quater-
naire, trs peu dform et couronn par de remarquables volcans actifs (Misti,
5 822 m ; Sajama, 6 542 m). Larc volcanique sallonge paralllement la fosse,
environ 250 km de celle-ci ; il montre une zonation caractristique des marges
actives avec une premire bande calco-alcaline suivie par une zone dominante
shoshonitique.
3. LAltiplano, est un vaste bassin endorique daltitude moyenne proche de 4 000 m,
qui porte, entre autres, le lac Titicaca (g. 8.8, 8.9) et un certain nombre de lacs sals
(salars). Cet ensemble morphostructural est situ entre les deux Cordillres occi-
dentale et orientale qui le chevauchent ; il prsente une structure plisse et
caille. Il est rempli dune paisse srie de dpts dtritiques lacustres et conti-
nentaux recoups par des discordances nombreuses ; elles sont bien dates grce
de nombreuses intercalations de tufs volcaniques et caractrisent lalternance de
brefs pisodes de compression et de priodes de distension. Le remplissage rapide
du bassin explique sa topographie plane ; le fait quil prsente une altitude leve
A
B
C
T
P
U
C
A
Fig. 8.8 Modle numrique de terrain de lAltiplano et des Andes centrales.
GTOPO, ralis par T. Dumont. A. trace de la coupe 2 g. 8.7, B. trace de la coupe
g. 8.9, C. trace de la coupe g. 8.10. A. salar dAtacama, C. salar de Coipasa, P. lac
Poopo, T. lac Titicaca, U. salar de Uyuni.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 196 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
8.3 Les Andes de Bolivie, du Sud Prou et du Nord Chili 197


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est le rsultat dun soulvement rcent, au cours du Nogne tardif, de lensemble
de lAltiplano et des deux Cordillres qui le bordent.
4. La Cordillre orientale prsente un double dversement, vers lW sur lAltiplano
et vers lE sur le Subandin. Elle montre des sries palozoques trs cailles
formant une double ceinture de plis et chevauchements multiples duplex qui
constituent les plus hauts sommets (Ancohuma, 6 427 m ; Illimani, 6 480 m).
5. Le Subandin est ici trs dvelopp (g. 8.10) ; la structure est celle dune ceinture
de plis, chevauchements et duplex, dcolls au niveau du Palozoque infrieur et
mis en place au cours du Nogne.
En rsum, labondance du volcanisme traduit, dans cette partie des Andes,
lexistence de priodes distensives ou transtensives, ce qui est sans doute li aux
variations de pendage de la surface de subduction ; les mcanismes au foyer des
sismes superciels locaux traduisent actuellement un rgime distensif. La sparation
entre les deux tronons coincide avec lentre dans la fosse de la ride de Nazca qui
jouerait le rle de otteur au sein de la plaque de mme nom.
Cord. Orientale Bassin Poopo Bassin Corque Bassin Mauri-Villaflor
Ch. Turco
F. Chuquichambi Ch. Coniri
W E
10 km
4000
0
m Ch. Huarina
F. S. Andrs
F. S. Lucia
3
6
10
6
10
6
10
Contacts
tectoniques
Tertiaire
Crtac sup.
Dvonien/Carbonifre
Silurien
Cambrien-Ordovicien
Prcambrien
Fig. 8.9 Coupe dans lAltiplano de Bolivie.
Daprs P. Rochat, 2000, trace sur la g. 8.8. 3, 6, 10. ge en Ma de niveaux de tufs.
20 km
0
5
W
E
Plio-Quaternaire
Oligo-Miocne
Permo-Msozoque
Palozoque (avec niveau repre Silurien)
Prcambrien
Forage ptrolier
Fig. 8.10 Coupe dans le Subandin de Bolivie.
Daprs D. Zubieta-Rossetti, 2001, trace sur la g. 8.8.
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198 8 Les chanes de subduction
8.4 LES ANDES DU CHILI CENTRAL ET DARGENTINE
CENTRALE
ce niveau, la plaque ocanique Nazca senfonce nouveau sous lAmrique du Sud
suivant un angle trs faible, de lordre de 10 15 ( at slab de la Pampa, g. 8.2).
Un prisme daccrtion troit existe au niveau de la fosse (g. 8.7, coupe 3), qui
montre que cette rgion reoit bien une certaine quantit de sdiments, notamment
lors des pisodes climatiques El Nio caractriss par une forte pluviosit et donc un
fort apport clastique ; une faible partie de ces sdiments nest pas entrane dans la
subduction.
La Cordillre ctire est constitue de plutons granodioritiques intrusifs dans un
substratum palozoque, et de squences volcaniques et volcani-clastiques. Leur ge
varie du Permien au Crtac infrieur et ils forment des ceintures embotes les unes
dans les autres, plus ou moins parallles, du Permien au Jurassique, puis dcales
vers lE partir du Crtac (g. 8.11). Il y a donc une apparente migration de laxe
magmatique depuis la cte actuelle vers le continent depuis le Crtac.
La valle longitudinale (ou la dpression interandine, g. 8.6) forme une dpres-
sion qui spare la Cordillre de la cte de la Cordillre principale ; elle est
parcourue par de grandes failles dcrochantes actives, comme la faille dAtacama.
La Cordillre principale est constitue de sries palozoques et msozoques
plisses et cailles, affectes dune schistosit pendage raide, mais non mtamor-
phiques, attestant l encore dune structuration faible profondeur. Cette Cordillre
porte les plus hauts sommets (Aconcagua, 6 959 m). Elle chevauche un ensemble
subandin constitu par une ceinture de plis et chevauchements qui chevauche son
tour les bassins exuraux ports par les chanes pampennes (Palozoque sup-
rieur) et le bouclier de la Pampa.
8.5 VOLUTION OROGNIQUE
Le rgime de subduction est tabli sur la bordure W de lAmrique du Sud depuis
le Permien. Antrieurement cette zone a connu une histoire complexe ; un subs-
tratum grenvillien a t mis en vidence dans la zone ctire et des vnements du
Palozoque infrieur ont t observs en Bolivie et dans les sierras Pampeanas
(Argentine).
Du Permien la n du Crtac infrieur, entre 300 et 100 Ma, la palogographie
est caractrise par un systme en extension (g. 8.12). Un arc magmatique caract-
rise la future zone ctire. Sa situation par rapport la marge demeure relativement
stable durant toute la priode. Il alimente en produits volcano-clastiques une zone
subsidente, donc crote amincie, correspondant lactuelle Cordillre occidentale.
Dans le domaine darrire arc qui constitue le bassin subsident ouest-pruvien se
met en place un ensemble volcanique sous-marin trs pais (10 km lAlbien moyen) ;
ce domaine passe vers lEst une zone moins profonde, sans intercalations volcaniques
qui traduit la prsence dun haut-fond (haut-fond du Maraon). Ce domaine darrire-
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8.5 volution orognique 199


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Substratum
Dvonien-Carbonifre
Plutons permiens
env. 282 Ma
Plutons triasiques
entre 230 et 217 Ma
Plutons liasiques
entre 199 et 175 Ma
Trias sup.-Lias
volcano-sdimentaire
Jurassique moyen-sup.
volcano-sdimentaire
Jurassique moyen-sup.
plutonique 175-145 Ma
Crtac inf.
plutonique 138 Ma
Crtac inf.
plutonique 133-106 Ma
Crtac inf.
volcano-sdimentaire
Crtac inf.
sdimentaire
Crtac sup.
sdimentaire
Tertiaire
Nogne
Quaternaire
2530
2600
2630
2700
2730
7030
Taltal
Chanaral
Caldera
7000
Remolino
El Salado
O

C

E

A

N






P

A

C

I

F

I

Q

U

E
Copiapo
Fig. 8.11 Granitodes et volcanisme msozoque
de la Cordillre ctire
au Sud dAntofagasta (Chili).
Daprs J. Grocott & H. Taylor, 2002, J. Geol. Soc. London, 159, 425-442. Situation voir
g. 8.6.
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200 8 Les chanes de subduction
arc naboutit cependant pas la naissance dun vritable bassin ocanique de ce type.
Au-del du haut-fond du Maraon, un nouveau bassin subsident, le bassin est-pruvien,
sige dun important volcanisme alcalin au Permien suprieur et au Trias (Mitu), est
ensuite combl par des squences essentiellement clastiques, issues de lrosion des
boucliers situs lEst. Plus lEst encore, correspondant au futur domaine subandin,
une plate-forme picontinentale est le sige dune sdimentation peu paisse, trs
lacunaire, caractrise certains niveaux par dimportantes formations oliennes
(qui constituent dintressants rservoirs ptroliers).
partir du Crtac suprieur, la marge subit un raccourcissement qui se traduit
par des structures compressives locales et surtout par lrosion tectonique progressive
du domaine davant arc qui va provoquer une migration de laxe magmatique qui se
localise au niveau de la Cordillre occidentale (g. 8.1 et 8.11). Un premier pisode
de plissement (Mochica) est assez bien marqu dans le Nord du Prou vers 100 Ma
(Fig. 8.13). Un second pisode majeur se situe au Santonien, vers 85 Ma ; il est
reconnu dans la zone ctire et la Cordillre occidentale ; il est en particulier carac-
tris par la mise en place de chevauchements vergence NE dans la rgion dArequipa ;
il correspond la phase pruvienne (Fig. 8.13). Au cours du Palogne, entre 58
et 30 Ma, la dformation atteint les zones plus orientales (Altiplano et Cordillre
orientale) avec la mise en place de chevauchements dans les rgions de Cusco et de
Bolivie SW ; cette longue priode de dformation majeure des Andes correspond
aux phases incaques (Fig. 8.13). Au cours du Nogne ( phases Quechua ) la
dformation gagne la zone Subandine (Fig. 8.13). Cette priode est caractrise par
un volcanisme calco-alcalin trs intense. Cest aussi au cours de cette priode que se
met en place le relief montagneux actuel.
Fig. 8.12 Bloc-diagramme du domaine pruvien au Crtac infrieur (145-100 Ma).
Simpli daprs F. Mgard, 1987. 1. zones merges, 2. volcans, 3. grs, 4. shales,
5. calcaires, 6. coules et sills volcaniques, 7. pillow lavas, 8. granodiorites et gabbros,
9. couches liasiques et triasiques, 10. Palozoque et Prcambrien.
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8.5 volution orognique 201


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En conclusion les faits importants sont :
1. La constance de larc magmatique apparu ds le Permien suprieur et qui persiste
lpoque actuelle, mme si son activit a t intermittente. Cet arc sest di
sur une crote continentale. Il sest dplac progressivement vers lEst partir du
Crtac suprieur. Il est lorigine de trs grands gisements mtalliques (or :
Yanacocha, Prou ; argent : Potosi, Bolivie ; cuivre : Chuquicamata, Chili ;
tain : Oruro, Bolivie).
2. La migration progressive de la dformation vers lE du continent, qui demeure
toutefois en rgime de superstructure.
3. La mise en place tardive du relief montagneux.
Les Andes centrales (Prou, Bolivie, N Chili) constituent donc un bon exemple
dun orogne de marge continentale li la subduction dune lithosphre ocanique
sous une lithosphre continentale. Toutefois, comme on vient de le voir, il ne sagit pas
dun systme immuable et il convient de sinterroger sur les variations quil prsente
au cours du temps, comme le passage dune marge en distension vers une marge en
compression partir du Crtac suprieur, le fonctionnement discontinu de larc, sa
migration et celle de la dformation, lapparition du relief.
Du Permien au Crtac infrieur le rgime de marge convergente en distension
implique une subduction pendage relativement fort et constant qui assure la perma-
nence de larc magmatique et induit un fort amincissement crustal du continent et, en
consquence, la formation dun bassin darrire-arc fortement subsident. Ce domaine
darrire-arc naboutit cependant pas la naissance dun vritable bassin ocanique
darrire-arc. La situation voque ainsi celle de lactuel arc indonsien Java (pendage
de la subduction de lordre de 45). On nobserve pas non plus de migration darc
vers locan ce qui implique une stabilit de la position de la zone de subduction par
rapport au continent ; il ny a pas de retrait de subduction comme on lobserve aux
Mariannes.
partir du Crtac suprieur, lvolution est caractrise par des priodes
compressives et distensives, en bon accord avec les rsultats de modlisation voqus
plus haut. Les crises tectoniques majeures qui affectent la totalit de la marge sur
plusieurs milliers de kilomtres sont, par ailleurs, contemporaines des vnements
intressant lensemble des chanes du cycle alpin, et donc relier lvolution tecto-
nique globale. Parmi ces vnements globaux, on retiendra quau dbut du Crtac
suprieur intervient une rorganisation globale du systme des dorsales ocaniques,
se traduisant par une forte augmentation des vitesses douverture dans le Pacique ;
une autre rorganisation globale intervient vers la n de lEocne moyen et, au cours
du Miocne, lorsque souvrent les dorsales du Sud Chili et des Galapagos. Dautres
phnomnes ont un caractre plus local, comme le balayage de la marge par les rides
asismiques (Nazca et Juan Fernandez et plus au Nord Carnegie).
Sur la gure 8.13, on a reprsent lvolution de la dformation dans les Andes en
regard de quelques phnomnes caractristiques de la subduction de la plaque Nazca :
vitesse de convergence, ge de la lithosphre subduite, angle de convergence. On
remarque que les priodes dintense dformation sont corrles avec les variations
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202 8 Les chanes de subduction
de ces paramtres et, en particulier, avec les moments de variation importante de la
vitesse de convergence.
Les consquences de ces changements pour la marge pacique de lAmrique du
Sud ont t une forte diminution du pendage de la surface de subduction, entranant
la mise en compression de lensemble du systme. Il en a rsult un raccourcisse-
ment densemble de la marge, des caillages intressant la fois la couverture sdi-
mentaire et le substratum, et un paississement crustal important. Lampleur du
raccourcissement, valu sur des coupes quilibres partir de donnes de surface,
110
120
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
Aptien
Albien
Cnomanien
Turonien
Coniacien
Santonien
Snonien
Maastrichtien
Palocne
Eocne
Oligocne
Miocne
Pliocne
Q
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Aymara
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q
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Laramien
Pruvien
Mochica
35 70 105 20 30 40 50 70 60 30 30 60 60 90
Age
Episode
tectonique
Convergence
mm/an
Age de la lithosphre
subduite (Ma)
Angle convergence/
axe de la fosse en
Fig. 8.13 volution de la convergence Andine depuis lAptien.
Modi daprs E. Jaillard et al., 2000. On a report sur ce diagramme les principaux
pisodes de dformation compressive, une estimation des vitesses de convergence,
lge probable de la lithosphre arrivant en subduction et lobliquit de la conver-
gence (en gris fonc, la marge derreur pour les vitesses et les ges).
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8.5 volution orognique 203


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atteint 200 km au niveau des Andes centrales, soit de lordre de 30%. La crote
paissie atteint jusqu 75 km. Les bilans de matire, raliss partir de ces coupes
quilibres (g. 8.7, coupe 2), impliquent quun volume important ait t sous-plaqu
sous la chane pour crer cet paississement crustal. Sous la Cordillre orientale,
lpaississement provient du sous-charriage des boucliers (brsilien ou pampen).
Sous la Cordillre occidentale et lAltiplano, une petite partie de ce matriel
provient du magmatisme, mais lessentiel tire son origine du sous-placage de matriel
crustal pouvant provenir de lrosion de la base de la crote de la plaque sup-
rieure (S Amrique) comme en tmoignent la migration de larc magmatique et la
subsidence trs importante subie par les zones immerges de la marge.
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Chapitre 9
Les chanes dobduction
Dans le phnomne de subduction, la lithosphre ocanique, dense, senfonce sous
une lithosphre moins dense, ocanique dans le cas des arcs intraocaniques, ou
continentale dans les marges de type andin. Cependant, on observe souvent un
dispositif inverse, cest--dire, dpaisses lames dophiolites reposant plat sur un
substratum continental et sa couverture sdimentaire. Pour dcrire ce dispositif o
une portion de lithosphre ocanique chevauche une bordure continentale, on a cr
le terme dobduction (R. Coleman, 1971). Ce phnomne est bien dvelopp dans
les chanes alpines du Pacique SW (Papouasie, Nouvelle-Guine, Nouvelle-Cal-
donie) et galement dans le domaine tthysien, en particulier en Oman.
Lobduction constitue souvent une tape prcoce au cours dun cycle de dforma-
tion. Elle est presque toujours suivie par une phase de collision si bien que les
gomtries primitives sont partiellement ou totalement masques et que mme le
domaine ocanique originel disparat. Il devient ds lors difcile de retrouver le
mcanisme de mise en place des ophiolites.
Toutefois il existe quelques cas, peu nombreux, o les structures dobduction sont
restes intactes aprs la mise en place du complexe ocanique et, dans ce cas, on
peut rellement parler de chanes dobduction.
9.1 LOMAN (g. 9.1)
la pointe orientale de la pninsule Arabe, slve la chane dOman (500 par
100 km environ), culminant un peu plus de 3 000 m au Djebel Akhadar, et qui
montre une immense nappe ophiolitique (Semail) reposant plat sur la plate-forme
arabe.
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206 9 Les chanes dobduction
Fig. 9.1 Obduction de lOman.
Simpli daprs A. Michard, 1987 ; coupes daprs Saddiqi et al., 2006.
0
50 km
5
0

k
m
SW NE
Golfe dOman
Ecailles
de Mascate
Nappe de Semail
Nappes
Hawasina Saih Hatat
Ophiolite de Semail
Sdiments Hawasina
Crote oc. Hawasina
Sdiments Turono-Campanien
Permien-Crtac PF et marge Arabe
Pc-Pz PF Arabe
Crote continentale Arabe
Lithosphre continentale
(plaque arabo-africaine)
Schistes bleus
Eclogites
Astnosphre
Ophiolite de Semail
Nappes Hawasina
Pc-Pz PF Arabe
Crote continentale Arabe
Lithosphre continentale
(plaque arabo-africaine)
Maastrichtien-Palogne
Sdiments Turono-Campanien
Permien-Crtac PF et marge Arabe
Nogne
Schistes bleus
Eclogites
Schistes bleus
grenats
ACTUEL
1
0
0

k
m
0
100 km
Fosse Turono-Campanienne Prisme Hawasina
NE
vers 80 Ma
100 km
1
0
0

k
m
0
env.
200 km
Bassin Hawasina Marge Arabe Plate-forme Arabe
SW NE
vers 95 Ma
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9.1 LOman 207


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Lautochtone de la plate-forme arabe est recouvert par un premier ensemble de
matriaux allochtones de plusieurs origines. Les units les plus basses sont consti-
tues dcailles provenant de la marge arabe ; elles sont surmontes par des units
dorigine ocanique, les nappes Hawasina, constitues de sdiments ocaniques
(radiolarites) et de laves sous-marines caractre dOIB. La nappe ophiolitique,
constitue de pridotites mantelliques et de leur couverture crustale, surmonte cet
ensemble par lintermdiaire dune mince semelle mtamorphique sous facis
amphibolite. Les basaltes du sommet de la squence ophiolitique montrent des
caractristiques gochimiques de laves darc.
La lame ophiolitique est particulirement paisse, de lordre de 15 km, dont 8 km
de pridotites, issues du manteau suprieur. Compte tenu de la largeur de la plate-
forme arabe (300 km) et de la porte du chevauchement (100 km), le dplacement
atteint au moins 400 km.
Les donnes stratigraphiques et gochronologiques permettent dvaluer la
vitesse de dplacement de cet ensemble. Les sdiments les plus rcents ports par la
nappe sont de la base du Crtac suprieur (95 Ma), alors que les plus rcents du
matriel chevauch datent du Crtac suprieur lev (75 Ma) ; le Maastrichtien
infrieur (70 Ma) est discordant sur les structures. Le dplacement sur 400 km sest
donc effectu en 20 Ma, soit une vitesse de lordre de 2 cm/an, du mme ordre de
grandeur que la vitesse moyenne de lexpansion ocanique.
Le dplacement a entran le feuilletage des pridotites qui montrent une lina-
tion dtirement ; on la retrouve galement dans la semelle mtamorphique ; elle est
oriente SW-NE, indiquant le sens de dplacement de la nappe. La minralogie de
ces pridotites basales indique que leur dformation sest effectue vers 800
1 000 C (lithosphre chaude), ce qui saccorde avec les paragenses de la semelle
mtamorphique. Au front de la nappe, les tempratures sont plus faibles (400 C,
facis schiste vert).
Le substratum de la plate-forme arabe apparat au front de la nappe, mais aussi
dans deux fentres sous la nappe (Djebel Akhdar et Saih Hatat). On y observe
plusieurs units structurales empiles caractrisant des facis de bas de marge. Les
plus basses montrent des facis mtamorphiques de haut degr : clogite (14-15
20-23 kb, 480 550 C) et schistes bleus (11 13 kb, 320 520 C), impliquant un
enfouissement grande profondeur, de lordre de 100 km pour les plus basses.
Le scnario de mise en place de cet ensemble comporte un premier pisode de
subduction, document par la chimie des laves. Les ges mesurs sur les roches
ophiolitiques et leur semelle mtamorphique ainsi que sur les sdiments, sont de
lordre de 100 95 Ma (base du Crtac suprieur), et donc presque contemporains
de ceux des sdiments qui se sont dposs sur les ophiolites. Ceci signie que le
cisaillement des ophiolites sest produit trs peu de temps aprs quelles ont t
mises en place au fond de locan. La subduction a donc concern une lithosphre
trs jeune, ge de moins de 5 Ma, donc mince et chaude.
La base du Crtac suprieur correspond un changement du rgime tectonique
global. Dans cette partie du domaine tthysien, un rgime de convergence (rappro-
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208 9 Les chanes dobduction
chement Afrique/Eurasie) succde un rgime de divergence (ouverture ocanique).
Le rapprochement sest effectu une vitesse de lordre de 2 cm/an.
On suppose que, mise en compression, la lithosphre ocanique omanaise, sest
rompue dans sa partie la moins paisse, donc la plus jeune. Une subduction intra-
ocanique sest mise en place. Un prisme daccrtion tectonique sest constitu au
front, partir des sdiments ocaniques (nappes Hawasina). La subduction a ensuite
intress la partie la plus amincie de la marge arabe qui sest enfouie profondment.
La plate-forme arabe chit sous leffet de la charge des nappes, en formant un
bassin davant-chane. En effet, les sdiments crtacs montrent une volution
depuis des facis de plate-forme, la base du Crtac suprieur, vers des facis
turbiditiques matriel continental au Snonien-Maastrichtien.
Il est cependant arriv un moment o ce matriel continental, bien quclogitis,
na plus t susceptible de senfoncer davantage. Il est remont le long dun cisaillement
chevauchant sa base, alors que son toit a fonctionn en faille normale, et perc le
dispositif sus-jacent, isolant la nappe ophiolitique et les units de sa semelle.
Le phnomne a ensuite cess, la dformation se transfrant plus au N. La litho-
sphre ocanique du golfe dOman a commenc senfoncer sous la marge iranienne,
diant le prisme du Makran (S Iran), dont la construction a dbut lEocne inf-
rieur, et qui continue sdier avec une vitesse de convergence moyenne de 2 cm/
an. ce taux, si le phnomne se poursuit, le golfe dOman disparatra dans 10 Ma.
ce moment se produira une collision entre lArabie et lIran et sdiera une
chane analogue au Zagros (voir p. 233).
9.2 LA NOUVELLE-CALDONIE (g. 9.2)
Cette le, longue de 400 km, large de 40 50, culminant 1 650 m seulement,
comprend un substratum complexe, surtout msozoque, supportant une nappe
de pridotite mise en place locne suprieur.
Les grands traits de sa structure sont exprims par la g. 9.2.
Lvolution comporte deux tapes principales.
1. Du Permien locne, se constituent les units du substratum dans un cadre
structural complexe, celui darcs insulaires et de bassins arrire-arc accrts la marge
gondwanienne (le NE de lAustralie) au Jurassique suprieur. Les produits sdimentaires
et volcaniques correspondants forment un prisme daccrtion qui est ensuite dmenbr
en plusieurs units partir du Crtac suprieur lorsque souvrent les bassins margi-
naux de Tasmanie, de Nouvelle-Caldonie et des les Loyaut. locne, lentre
de ces units dans la zone de subduction des Loyaut entrane leur superposition,
tandis que se dposent des yschs brchiques et des olistostromes discordants.
Nous nentrerons pas dans le dtail de ces units. On dira simplement que les plus
basses (Units davant-pays : Nouma, Teremba, Koumac) montrent les facis habi-
tuels, sdimentaires et volcaniques, des bassins darc du Permien au Snonien. Au-
dessus viennent, toujours en superposition tectonique, deux ensembles ophiolitiques
anciens plus ou moins dilacrs, mtamorphiss en facis de haute pression : lun
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9.2 La Nouvelle-Caldonie 209


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Fig. 9.2 Grands traits de la structure gologique de la Nouvelle-Caldonie
(daprs Paris, 1981).
Carte : T. massif de Tiebaghi, S. massif des Sources
Coupe : B. basaltes, G. gabbros, P. pridotites, e. ocne, cs. Crtac suprieur,
j. Jurassique-Trias, x. terrains ant-permiens, g. intrusion de gabbros (Oligocne).
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210 9 Les chanes dobduction
(Chane Centrale) au Crtac suprieur, lautre (Anticlinorium du Mont Pani)
locne. Ce dernier est le mieux connu, avec des clogites de 25 kb/550 C et des
glaucophanites qui ont permis de les dater de 51 37 Ma. Lexhumation de lAnti-
clinorium du Mont Pani sest effectue en contexte distensif.
Lensemble de ces units du substratum est spar de la nappe des pridotites par
la nappe de Poya, ou nappes des basaltes, comportant des basaltes et des sdiments
ocaniques du Crtac suprieur-Palocne. Cette nappe pourrait reprsenter
lancienne couverture dcolle des pridotites.
2. locne suprieur se met en place la nappe des pridotites (g. 9.2). Elle
constitue le tiers de la surface de lle; elle est surtout reprsente au Sud ( Massif
du Sud ) o elle atteint son paisseur maximum (3 4 km), mais parsme le reste
de lle de nombreuses klippes. Elle comprend de bas en haut :
une semelle de serpentinites mylonitiques,
une masse pridotitique principale, essentiellement constitue de harzburgites
massives, avec des intercalations de niveaux rubans harzburgitiques ou pyrox-
nitiques. De frquents amas de dunites y forment des poches irrgulires. Des
lherzolites, parfois feldspathiques, sont connues dans le massif de Tiebaghi
(partie N de lle) la surface des harzburgites.
Toutes ces roches ont des textures de tectonites et reprsentent le manteau sup-
rieur. Elles sont recoupes de lons de pyroxnites, gabbros, basaltes dolritiques
et contiennent des intrusions de plagiogranites.
Au-dessus des ultrabasites, mais seulement dans le minuscule massif des Sources,
prs de Nouma, on trouve des cumulats de dunite et de gabbro, en trs lgre
discordance (g. 9.2). Cest le seul tmoin connu dune crote ocanique sensu
stricto. Les basaltes sus-jacents, sils ont exist, ne sont pas connus, moins que,
par dcollement prcoce, ils ne se soient spars des ultrabasites sous-jacentes et
aient ainsi donn naissance la nappe des basaltes de Poya .
De toute faon, avec ou sans basaltes, les roches ultrabasiques de Nouvelle Cal-
donie constituent une masse obducte la suite de la mise en compression nergique
dun systme en subduction. Lobduction ne semble pas avoir cr de structures
particulires hormis peut tre la semelle de mylonites serpentineuses. Les structures
magmatiques antrieures, porphyroblastiques blastomylonitiques, avec une folia-
tion parallle au rubanement magmatique, ont t passivement transportes, ne
subissant que des ondulations dassez grande longueur donde.
En revanche, aprs sa mise en place, la dalle a t fragmente par de nombreuses
failles tardives en compartiments juxtaposs, parfois effondrs et plus facilement
conservs en klippes. Ces accidents tardifs sont souvent dcrochants.
ge de la mise en place
Les ultrabasites sont remanies dans locne terminal. Par ailleurs, dans la rgion
de Nouma, elles chevauchent cet ocne ou le refoulent devant elles. Le charriage
est donc ocne suprieur et ainsi contemporain du mtamorphisme du Nord de lle
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9.3 La Nouvelle-Guine 211


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et donc de lexhumation des facis HP qui seffectue par dnudation tectonique
(Cluzel et al., 1995). On retrouve ici le dispositif comportant un systme compressif
au front des ophiolites et un systme distensif leur arrire.
Le sens du charriage
Il est certainement du NE vers le SW. Il existe en effet une bande danomalies gravi-
mtriques importantes sur la cte E qui indique que les pridotites viennent de ce
secteur. Par ailleurs, la dalle pridotitique a provoqu son front, dans le S de lle,
des plis et des cailles dverss au SSW.
9.3 LA NOUVELLE-GUINE
Les conditions gologiques de lobduction nocaldonienne se retrouvent en Nouvelle-
Guine qui en est le prolongement N mais montre quelques dispositions supplmen-
taires, notamment une srie ophiolitique complte et beaucoup plus paisse.
Cette le comprend, au moins dans sa partie est, trois parties (g. 9.3) :
Fig. 9.3 Grands traits de la structure gologique de la Nouvelle-Guine orientale.
CO. Crote ocanique, CC. chane Centrale, OS. chane Owen-Stanley.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 211 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
212 9 Les chanes dobduction
une zone Sud, bordure de la plate-forme continentale australienne, recouverte de
dpts dtritiques deau peu profonde, qui chit sous la chane en donnant un
bassin exural dont le bord nord est dform (zone des plis nognes);
une zone centrale, montagneuse, quivalente du massif central nocaldonien,
avec une srie msozoque ocne, mtamorphise sous facis de haute pression
locne suprieur;
une zone Nord, qui afeure sur une longueur de 400 km et une largeur de 40, sur le
anc NE de la chane Owen-Stanley. Elle montre, de haut en bas, des basaltes daf-
nits tholitiques, massifs ou en pillows-lavas, avec quelques dacites (4 6 km), puis
des gabbros, texture de cumulats (4 km), et enn des pridotites (harzburgites),
dabord en cumulats (0,5 km environ) puis structure de tectonites, parfois mta-
morphises (4 8 km) qui reprsentent videmment le manteau.
Le tout est travers dintrusions tonalitiques (diorites) dates de locne (50
55 Ma).
Lge et les conditions tectoniques de la mise en place de cet ensemble sont les
mmes quen Nouvelle-Caldonie. Il existe aussi le mme mtamorphisme de rela-
tivement haute pression (glaucophane, chlorite, albite) sous les pridotites charries,
parfois interprt ici comme un effet de surcharge de cette dalle, peut-tre par
lintermdiaire des pressions de uides.
Une autre particularit de la Nouvelle-Guine est que la nappe des pridotites,
son extrmit E, est traverse de nombreuses venues volcaniques nognes
actuelles, calco-alcalines au N, shoshonitiques au S. Leur origine est encore discute
mais ce volcanisme pourrait traduire lexistence dune zone de subduction tardive
vergence S, bien que les donnes ocanographiques ne permettent pas den situer
exactement le dpart.
9.4 LE MCANISME DE LOBDUCTION (g. 9.4)
Diffrents mcanismes ont t invoqus pour tenter dexpliquer une situation consi-
dre comme paradoxale (compression brutale suivie de rajustement isostatique,
subduction bloque). Ils nont plus quune valeur historique.
Les exemples prcdents nous ont montr que les chanes dobduction prsentent
un certain nombre de caractristiques communes.
Les lames ophiolitiques obductes, tout en tant souvent trs paisses, ne prsentent
jamais lpaisseur dune lithosphre ocanique classique (40 60 km). Il sagit
donc soit de lithosphre jeune et encore mince et chaude, soit du rsultat du clivage
dune lithosphre normale, ce qui suppose lexistence de niveaux de dcollement
constitus par exemple par des zones serpentinises.
Lge de la mise en place tectonique est toujours trs proche de celui de la mise en
place magmatique. Le phnomne est donc rapide.
Il y a une association systmatique avec des units ayant subi de hautes et/ou trs
hautes pressions (HP et UHP) qui apparaissent en fentre sous les ophiolites et
qui, elles-mmes, montrent les signes dune exhumation trs rapide.
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9.4 Le mcanisme de lobduction 213


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Des modlisations physiques (Chemenda, 1993) conduisent une interprtation
qui rend compte de ces particularits. Dans ce modle, la subduction de la litho-
sphre ocanique entrane celle de la partie la plus amincie (le bas de marge) de la
marge continentale adjacente, jusqu ce que celle-ci se trouve dans les conditions
du facis clogite. Un clivage se produit alors au sein du matriel continental qui
remonte rapidement en perant le matriel ocanique sus-jacent, et en isolant un
lambeau ophiolitique. On aboutit ainsi un dispositif comportant un cisaillement
chevauchant sous le matriel mtamorphique, et un cisaillement normal au dos de
celui-ci, actifs simultanment.
Fig. 9.4 Mcanisme de lobduction.
Daprs A. Chemenda, 1993.
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214 9 Les chanes dobduction
9.5 LVOLUTION DU PACIFIQUE SW
Une rorganisation cinmatique se produit la n du Miocne (vers 12 Ma) lchelle
mondiale. Elle se traduit dans la rgion par la collision du plateau dOntong Java
avec larc des Salomon-Wallis-Samoa et le blocage de la subduction vergence sud
de Vitiaz. Elle donne donc naissance un nouveau cadre structural. Une nouvelle zone
de subduction vergence pacique, cest--dire vers le NE, apparat au S des les
Salomon et du Vanuatu (Nouvelles-Hbrides). La Nouvelle-Guine et la Nouvelle-
Caldonie deviennent des arcs rsiduels, o les structures dobduction prcoce sont
conserves (voir g. 1.18). La surrection de la Nouvelle-Caldonie et des les Loyaut
peut tre une consquence du chissement de la plaque australienne son entre en
subduction dans la fosse de Vanuatu (bombement externe).
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Chapitre 10
Les chanes de collision
Comme leur nom lindique, elles rsultent dun phnomne de collision entre une
marge continentale et une autre structure qui peut tre :
soit une crote ocanique, gnralement anormale, de type plateau ocanique, ou,
plus frquemment, un arc insulaire. Le rsultat est une chane liminaire;
soit une autre marge continentale. Le rsultat est une chane de collision intercon-
tinentale ou chane de collision sensu stricto (anciennes chanes gosynclinales
ou biliminaires des auteurs).
Selon M. Cloos (1993), une collision ne peut se raliser que si les objets trans-
ports par la plaque subduite ont une dimension sufsante. Pour un bloc continental,
il faut que lpaisseur de la crote atteigne 15 20 km ; ceci signie que les crotes
continentales trs amincies peuvent entrer en subduction, et nous verrons que cest
effectivement le cas. Pour les plateaux ocaniques et marges volcaniques, lpaisseur
limite de la crote est de lordre de 17 km; seuls les objets plus pais sont donc
susceptibles dentrer en collision. Les les volcaniques de trs grandes dimensions
(hauteur suprieure 8 km) peuvent refuser la subduction et engendrer des collisions
locales. La plupart du temps elles sont susceptibles dtre subduites, et dtre dcapi-
tes en engendrant de forts sismes. Les arcs volcaniques ayant fonctionn au moins
durant 20 Ma possdent une crote sufsamment paisse pour entrer en collision.
Dans tous les cas o un objet entre en collision cela se traduit par :
1) un saut de subduction;
2) un changement dans la cinmatique des plaques;
3) la formation dune chane de montagne.
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216 10 Les chanes de collision
10.1 CHANES LIMINAIRES
10.1.1 Collision de plateaux ocaniques : les Andes dquateur
et de Colombie (g. 10.1 10.4)
Les Andes dquateur et de Colombie reprsentent un cas de collision de plateaux
ocaniques avec une marge continentale. Situes dans la prolongation N des Andes
pruviennes (g. 8.1), lon y retrouve, lE, les mmes lments morpho-structuraux
caractristiques, mais qui sont spars de la zone de subduction par un nouvel
ensemble form de squences ocaniques, lOccidente, anciennement dnomm
Andes ophiolites .
a) La prolongation de la chane andine : lOriente quatorien et colombien
Ce domaine comporte les units suivantes (g. 10.1 et 10.2) :
1. Un arc volcanique. La Cordillre occidentale du Prou se prolonge morpho-
logiquement et en tant quarc volcanique par la Cordillre occidentale dquateur et
la Cordillre centrale de Colombie. Les points culminants sont constitus par les
volcans (en quateur : Chimborazo 6 272 m, dont le sommet constitue, en raison de
sa situation sous lquateur et de la forme de la Terre, le point de la surface le plus
loign du centre de la Terre ; Cotopaxi 5 897 m ; en Colombie : Nevado del Huila
5 760 m, Nevado del Ruiz 5 400 m).
la diffrence du Perou, o la Cordillre W est substrat continental, en quateur,
cet ensemble magmatique prsente un substrat ou un encaissant complexe princi-
palement constitu densembles ocaniques accrts, arcs et plateaux, souvent mta-
morphiss sous facis schistes verts. Le matriel a fourni des ges gochronologiques
et palontologiques 120, 90 et 50 Ma, qui caractrisent respectivement les
priodes de mise en place des matriaux et les pisodes de leur accrtion et de leur
dformation ( laramienne ).
2. La valle interandine, dpression relative (altitude moyenne 2 500 m) caract-
rise par un remplissage sdimentaire et volcaniclastique. Cest un couloir faill en
dcrochement actuellement actif (faille Dolors-Guayaquil-Pallatanga) superpos
une suture. Le remplissage sdimentaire repose sur un ensemble caill trs complexe
incluant des lames de crote continentale dge prcambrien et de squences sdi-
mentaires palozoques et msozoques, et des cailles de matriel ocanique.
3. La Cordillre orientale dquateur et de Colombie prolonge la Cordillre orientale
pruvienne. Encore dnomme Cordillre Royale, la Cordillre orientale, est constitue
par un substratum prcambrien et une ceinture de roches volcano-sdimentaires palo-
zoques et msozoques qui prsentent un mtamorphisme gnralement de degr
faible moyen. Dans sa partie mridionale, cet ensemble est travers par des plutons
calco-alcalins qui appartiennent plusieurs gnrations : Jurassique (190-140 Ma),
Crtac suprieur-Palocne (110-60 Ma), Nogne (15-10 Ma), ces derniers dcals
vers lW par rapport aux prcdents.
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10.1 Chanes liminaires 217


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La dformation principale est nogne et caractrise par des chevauchements
vergence E en quateur. Des volcans actifs, ou rcemment actifs, sont installs sur
ce domaine en quateur (Sangay 5 320 m).
En Colombie, la Cordillre orientale est ddouble. lW, la Cordillre centrale,
constitue dun substratum continental, chevauche la Cordillre occidentale ; le contact
date de lEocne (g. 10.4). lE, elle chevauche un bassin intramontagneux, la
valle du Magdalena, chevauch son tour par la Cordillre orientale ss qui montre
galement une double vergence, E et W. Vers lW, elle chevauche le bassin de Los
Llanos par lintermdiaire du Subandin. Enn cet ensemble est parcouru par des failles
dcrochantes actives, dont la faille Romeral, prolongement de la faille Guayaquil-
Dolors.
Fig. 10.1 Schma structural des Andes dquateur et de Colombie.
C, E, W. Cordillres centrale, orientale et occidentale. MNT GTOPO.
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218 10 Les chanes de collision
4. Le Subandin et les bassins dOriente et Los Llanos correspondent la migra-
tion, au Nogne, de la dformation sur le craton guyanais exur, et au plissement
de sa couverture sdimentaire (palozoque, msozoque et palogne). En quateur,
le Subandin est galement couronn par des volcans actifs (Reventador, Sumaco).
Tous ces lments andins (arcs magmatiques et chanes drives du plissement
de larrire arc) forment l Oriente quatorien et colombien. Le fait nouveau ici
est qu lW, donc ct pacique, sy ajoutent des units matriel ocanique qui
constituent l Occidente .
b) Le bloc accrt de lOccidente quatorien (g. 10.1 10.3)
Il est reprsent par la zone ctire quatorienne, et une partie de la Cordillre occi-
dentale. Dans la zone ctire, le substratum (Pion) atteint une vingtaine de km
dpaisseur, daprs les donnes gophysiques (sismique et gravimtrie). lafeu-
rement, il apparat constitu par des sries ocaniques (diabases massives ou en
coussins, cumulats gabbroques et harzburgites) dont les caractristiques gochimi-
ques sont de type OIB. Les ges fournis par les microfossiles, rcuprs dans les
sdiments inter-pillows et la srie sdimentaire sus-jacente, permettent de situer cet
ensemble vers 90 Ma (Crtac suprieur) ; les caractristiques gochimiques sont
tout fait semblables celles du plateau ocanique Carabe. Ce substratum supporte
des squences volcani-clastiques, caractrisant un arc insulaire turono-snonien
(Cayo San Lorenzo, g. 10.3). Les dformations sont scelles par le Palocne o
apparaissent des squences dtritiques matriel de provenance continentale. Au
cours du Palogne et du Nogne, ce domaine a connu un rgime en distension,
dlimitant des bassins davant-arc, o se sont dposes des squences marines. Cet
avant-arc a merg trs rcemment lors de lentre en subduction de la ride Carnegie.
Volcanisme actuel
Tertiaire sdimentaire
Msozoque sdim.
Palozoque
Prcambrien
Plateaux ocaniques
W
E
0 100 km
0
40
0
40
80
120
Zone de la Cte (Occidente)
Cordillre
occidentale
Cordillre
orientale
Subandin Bassin Oriente
Valle
interandine
Fosse
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Bouclier Guyanais
Pion
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Volcanisme et volcani-
clastique msozoque-ocne
Manteau lithosphrique
Crote ocanique
FGD
Fig. 10.2 Coupe gologique des Andes dquateur.
Daprs E. Jaillard et al., 2000. FGD. Dcrochement Guyaquil-Dolors. Trace sur la g. 8.1.
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10.1 Chanes liminaires 219


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Une grande partie du substratum de la Cordillre occidentale est constitue de
formations du mme type : sries ocaniques de type OIB, sdiments volcani-clasti-
ques et marins plagiques. On peut distinguer deux plateaux ocaniques dges
diffrents (120 et 90 Ma) prsentant des diffrences gochimiques. Ils sont recou-
verts par une puissante srie volcanique darcs composs de basaltes en coussins,
andsites basaltiques et tufs (Macuchi) de lEocne. Lensemble est trs dform et
forme des cailles chevauchant la zone ctire.
c) Les blocs accrts de lOccidente colombien (g. 10.4)
Cette rgion prsente une structure plus complexe quen quateur. La Serrania
del Baudo se situe en bordure du Pacique ; elle reprsente un arc intra-ocanique
reposant sur un substratum de type OIB, caractristique du plateau Carabe ; en
particulier les picrites de Gorgona sont dates 90 Ma. Ce domaine est chevauch
au Miocne par la Cordillre Occidentale de Colombie.
50 MA
60 55 MA
100 80 MA
W E
Arc ocne (Macuchi )
Suture
Arc crtac-palocne
(Cayo - San Lorenzo)
Arc crtac (Celica-Casma) Arc crtac (Las Orquideas - Cayo)
Pion
Pion
Pion
Pion : plateau
ocanique
Fig. 10.3 Interprtation de lvolution des Andes dquateur
au Crtac suprieur-Palocne.
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220 10 Les chanes de collision
La Cordillre Occidentale de Colombie montre un empilement dcailles dunits
ocaniques chevauchant vers lW et vers lE (sur la crote sud-amricaine). Les
cailles les plus basses ont t mises en place au Crtac infrieur (125 104 Ma,
ges obtenus sur des schistes bleus glaucophane), alors que plus rcentes lont t
au Crtac suprieur-Palocne, car leur matriel est dat entre 80-100 Ma, et elles
sont traverses par des granodiorites dge variant entre 80 et 60 Ma.
Ainsi lvolution de l Occidente nord-andin est caractrise par ladjonction
de matriel ocanique la chane de type andin.
En quateur, cette adjonction consiste en la collision de plateaux ocaniques, et
des arcs quils portent, avec la chane ; une partie de ces ensembles passe en sous-
placage et participe ldication du relief.
En Colombie, lvolution parat plus complexe, dans la mesure o certaines units
ocaniques chevauchent la Cordillre, ce qui tmoignerait dune possible phase
dobduction de lithosphre ocanique antrieurement la collision des fragments du
plateau Carabe, et o la collision de ces lments carabes sest prolonge durant le
Miocne, avec laccrtion de la Serrania del Baudo.
10.1.2 Collision avec un arc ocanique : lle de Taiwan (g. 10.5)
Elle rsulte de la collision, actuellement en cours, dun arc : larc des Philippines
avec une marge : la marge chinoise (eurasiatique).
Larchipel des Philippines est un arc insulaire volcanique (dit arc de Luzon) qui
est spar de lAsie par la mer de Chine mridionale, ouverte au dbut du Tertiaire.
La fosse de Manille est le point de dpart dune subduction pendage E. Elle est
associe un important prisme daccrtion.
Or, vers le N, on voit la mer de Chine mridionale se refermer peu peu. En mme
temps, la fosse de Manille sestompe, la sismicit devient diffuse et larc volcanique
perd toute activit. Ces changements rsultent de la collision de larc de Luzon avec
la marge continentale asiatique. La partie merge de ce systme en collision est
lle de Taiwan.
S. Baudo Fosse
Cordillre
occidentale
Cordillre
centrale
Valle
Magdalena
Cordillre
orientale
Subandin
Bassin
Llanos
Bouclier Guyanais
100 km
0
50
W E
Magmatisme rcent
Tertiaire et Msozoque
sdimentaires
Prcambrien et Palozoque
Crote ocanique
Manteau lithosphrique
Plateaux ocaniques
Fig. 10.4 Coupe gologique des Andes de Colombie.
Daprs A. Taboada et al., 2000. Trace sur la g. 8.1.
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10.1 Chanes liminaires 221


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Lge de la collision peut tre dduit des donnes stratigraphiques classiques
(cest--dire de lge des sdiments les plus rcents de la marge chinoise chevauchs
par larc insulaire, soit le Miocne), de larrt du volcanisme lextrmit N de larc
de Luzon (limite Miocne-Pliocne) et enn de lge du mtamorphisme schistes
verts li la collision (5 Ma, qui est bien la limite Miocne-Pliocne).
Lorientation des contraintes rgionales lors de la collision est donne par le sens
de dplacement de la plaque pacique, soit le NW.
Lle de Taiwan elle-mme comprend deux parties (g. 10.5 et 10.6) :
1. La chane ctire orientale, trs troite. Cest lextrmit N de larc de Luzon,
trs dforme. On y voit un puissant volcanisme andsitique dge miocne associ
des greywackes.
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)
Zone de
suture
3997
TAIPEI
50 km
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MC
AS
AV
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20 mm/an
GPS
Fosse de Ryu Kyu
150 km
Fig. 10.5 Lle de Taiwan et son cadre gologique.
Simpli daprs F. Pelletier, 1985 ; N. Mouthereau, 2000, thse ; GPS daprs Y. Yu et
al., 1999, Geoph. Res. Lett., 26, 923-926, M. Pubellier et al., 2003.
gauche : position de Taiwan par rapport larc des Philippines et la mer de Chine
mridionale. CC. crote continentale, MC. mer de Chine, AS. arc sdimentaire, AV.
arc volcanique, V. volcans actifs.
droite : grandes units constitutives de Taiwan. D. zone de dcrochement de la
suture, v. volcanisme andsitique quaternaire de la pointe nord de lle associ la
subduction des Ryu-Kyu.
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222 10 Les chanes de collision
Cette chane ctire est limite lW par une zone dcailles plus ou moins rtro-
charries vers lE, jalonnant un grand accident dcrochant, sismiquement actif.
Lanalyse structurale et les mcanismes au foyer montrent une compression trs active
vers le NW ou lW, double dune composante dcrochante snestre.
2. Le compartiment occidental forme lessentiel de lle et reprsente la bordure
dforme de la plaque eurasiatique. On nentrera pas dans le dtail de sa structure,
en disant simplement que dune manire gnrale, lge des terrains, lge et lintensit
de la dformation dcroissent vers lW, ce qui est en bon accord avec un processus
de collision se produisant dE en W.
Lintrieur du compartiment et notamment la chane centrale (qui dpasse locale-
ment 4 000 m daltitude) est un ensemble dcailles dont une partie appartient au
socle et la couverture de la marge chinoise; lautre reprsente la partie merge et
plisse du prisme daccrtion de Manille, prcdant larc de Luzon. Il sagit de
turbidites, facis deau de moins en moins profonde jusqu la n du Tertiaire.
Elles ne seront tectonises quau Quaternaire.
La plaine ctire W est un secteur particulier intressant parce que la dformation
y est en cours : les terrasses alluviales et marines sont bascules et dformes, la
sismicit intense (sismes de septembre 1999).
La structuration de Taiwan est plio-plistocne (g. 10.7) et dure toujours, comme
on la dit, ce que traduit une sismicit intense. Elle y est associe un mtamorphisme
pouvant aller, dans la chane centrale, jusquau facis schiste bleu schiste vert, dat
radiomtriquement de la n du Miocne (5 Ma).
Fig. 10.6 Coupe transversale de lle de Taiwan.
(Daprs O. Lacombe et al., 2000).
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10.1 Chanes liminaires 223


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Fig. 10.7 Evolution de la zone de suture
au cours de la collision de larc des Philippines avec la marge chinoise.
(Daprs O. Lacombe et al., 2000 ; A. Chemenda et al., 2001).
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224 10 Les chanes de collision
On remarquera labsence dophiolites dans la suture. Ces roches ont cependant
exist mais ont t dtruites par lrosion car on en retrouve des traces en olistolites
dans les sdiments constituant les cailles rtrocharries sur la chane ctire orientale.
Toutefois il est vraisemblable quaucune grande nappe ophiolitique nait jamais exist.
Des ophiolites afeurent seulement lautre extrmit de larc des Philippines
(le de Mindoro).
Soulignons, pour terminer, que la vergence des structures est tourne vers le continent,
comme dans lexemple colombien. Ce nest pas une rgle absolue. Nous verrons en
Californie un cas o la vergence des structures de collision est vers locan, ce qui a
fait parfois opposer les collisions de type Taiwan et celles de type californien .
En fait, il semble bien que linclinaison gnrale des cailles soit celle de la surface
de subduction pr-collision, autrement dit que les structures soient, en principe, de
type synthtique.
10.1.3 Collisions rptes darcs ocaniques : les chanes paciques
de lOuest amricain
Cest un domaine htrogne dans lequel on peut distinguer dE en W :
Les Montagnes Rocheuses sensu lato, ensemble de chanes intracontinentales rsul-
tant dune dformation palocne-ocne (laramienne) de la bordure W de la plate-
forme nord-amricaine. Elles sont donc lquivalent des cordillres orientales sud-
amricaines. ce premier ensemble, et toujours du ct W, sont venus saccoler
plusieurs arcs insulaires.
Laxe Sierra Nevada-Klamath Mountains, la n du Jurassique (orogense
nvadienne).
Les chanes ctires (Coast Range), au Crtac moyen (orogense orgonienne).
a) Laxe Sierra Nevada-Klamath Mountains (g. 10.8)
Il comprend des sdiments primaires, triasiques et jurassiques de type ocanique
(radiolarites et grauwackes), des ophiolites et des volcanites calco-alcalines, cest--
dire une association caractristique dun arc insulaire. Lensemble a t pliss et
caill en vergence E la n du Jurassique (car on connat des molasses tithoniques
et crtac infrieur discordantes sur les formations prcdentes formation dite de
Knoxville et des schistes bleus, ns de cette collision, dats de 150 Ma). Il y a donc
eu, cette poque, collision entre un bloc comportant au moins un arc insulaire, et la
marge nord-amricaine, collision impliquant la disparition, par subduction, de lespace
ocanique qui les sparait. Cependant la suture ophiolitique nest pas connue. On
suppose quelle a t masque par des chevauchements ultrieurs. Des ophiolites
sont cependant visibles dans le complexe nvadien mais elles sont plus anciennes ou
tmoignent dun dcoupage secondaire de larc insulaire nvadien en deux sous-arcs
spars par un troit bassin marginal (g. 10.9).
La vergence E de toutes les structures nvadiennes fait considrer que la subduction
nijurassique devait tre pendage W. La collision a t suivie de la mise en place,
dans larc nvadien, de nombreux petits corps granodioritiques (dats de 145-130 Ma)
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issus de la fusion lie au surpaississement crustal. Ces plutons seront ultrieurement
coups de leurs racines par les troncatures mdiocrtaces (g. 10.10).
Ces cisaillements tardifs rendent les structures nvadiennes difciles dchif-
frer. Ils sont vergence E dans la Sierra Nevada (mais on nen voit pas le bord W
masqu par les molasses crtaces et tertiaires de la Great Valley) et vergence W
dans les Klamath Mountains (mais on nen voit pas alors le bord E masqu par le
grand plateau volcanique rcent de la Columbia River ou le volcanisme rcent des
Cascadia Mountains).
Fig. 10.8 Schma structural des Cordillres paciques des tats-Unis
(daprs J. Aubouin et al., 1986, simpli).
1. volcanisme rcent, 2. dpts tertiaires de la Great Valley, 3. complexe franciscain,
4. ophiolites, 5. complexe de la Sierra Nevada, 6. granites nvadiens.
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226 10 Les chanes de collision
On peut nanmoins penser qu partir du Crtac moyen lensemble Sierra Nevada-
Klamath Mountains, incorpor la marge amricaine, tait devenu une chane ctire
double dversement, au dessous de laquelle commenait se dvelopper une surface
de subduction pacique vergence E (g. 10.10). Il existe en effet, en Basse Californie
et dans le Sonora, un volcanisme calco-alcalin de cet ge. Par contre il manque en
Oregon et en Californie o lon connat cependant quelques plutons intrusifs de 120
130 Ma.
Lorogense laramienne a t surtout active dans les Rocheuses plus lE. On lui
rattache ici quelques chevauchements mineurs et, surtout, des intrusions granitiques
traduisant un nouveau surpaississement crustal de larc nvadien. Cest, de toute
faon, une dformation purement intracontinentale.
b) Les chanes ctires (Coast Range)
Elles sont formes dun empilement dunits sdimentaires vergence W, donc
pendage E, qui senfoncent sous les Klamath Mountains et la Sierra Nevada. Ces units
sont recouvertes de molasses dge diffrent, et se divisent en deux ensembles :
Fig. 10.9 Une volution possible du complexe nvadien (collision et orogense nvadiennes)
(daprs Lagabrielle et al., 1986).
A, B, C. Points de repre (voir texte).
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lW, le complexe franciscain (tymologie : San Francisco), lE la srie de la
Great Valley, substratum ophiolitique (Coast Range ophiolites), qui chevauche le
complexe franciscain (Coast Range thrust) (g. 10.10).
Le complexe franciscain
Il est trs htrogne et montre, de haut en bas :
des schistes bleus (dorigine sdimentaire ou volcanique), ns de lorogense
nvadienne mais repris ici dans les structures crtaces vergence W;
Fig. 10.10 volution des chanes californiennes au Crtac et au dbut du Tertiaire.
Cette volution fait suite celle de la gure prcdente.
Ci, Cm, Cs : Crtac infrieur, moyen, suprieur; T. Tertiaire
n, o, l : chevauchements nvadiens, orgoniens, laramiens.
En bas, coupe actuelle des chanes ctires au N de San Francisco (daprs Roure, 1986).
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228 10 Les chanes de collision
des sries dtritiques (grauwackes), moins mtamorphiques, dates palontologi-
quement du Tithonique au Cnomanien basal. Leur mtamorphisme (schistes
bleus lgers) est dge crtac moyen (110-80 Ma). Leur base montre des laves en
coussins et des radiolarites : il sagit donc du remplissage dun bassin de type
ocanique ouvert au Jurassique terminal (g. 10.9);
un olistostrome matrice argilo-serpentineuse, attribu au Cnomanien terminal-
Coniacien. Il contient des blocs de toute taille provenant du dmantlement des
units prcdentes lors de leur mise en place vers lW durant la tectogense
crtac moyen et les rpliques de celle-ci au dbut du Crtac suprieur.
Sur les trois ensembles prcdents reposent des molasses post-cnomaniennes
indiquant donc lexistence dune orogense crtac moyen (dite orgonienne). Ces
molasses sont elles-mmes coupes de chevauchements laramiens (Palocne-Eocne)
ou de failles dcrochantes plus rcentes.
Les ophiolites de la Great Valley
Elles jalonnent la bordure orientale des Coast Range sur plus de 600 km de long et la
chevauchent vers lW. Elles sont recouvertes en discordance par une molasse volcano-
dtritique (formation de Knoxville) date par des fossiles du Jurassique suprieur-
Crtac infrieur (g. 10.9). Cest le dbut de la puissante srie conglomratique de
la Great Valley, provenant de la destruction de larc nvadien et dge crtac-tertiaire.
Ces ophiolites reprsentent videmment un matriel nvadien recouvert dune molasse
jurassique suprieur-crtac infrieur, le tout repris par lcaillage orgonien
vergence W, puis recouvert par la molasse crtac-tertiaire de la Great Valley.
Interprtation
Ce domaine, trs tudi depuis longtemps et par de nombreux auteurs, est un bon
exemple dvolution des ides en fonction des thories. En effet, ds lavnement de
la thorie des plaques, les ophiolites californiennes furent regardes comme les rsidus
dune crote ocanique pacique disparue par leffet dune subduction pendage E
sous lAmrique du Nord. Dans cette interprtation, les Coast Ranges taient consid-
res comme un prisme daccrtion typique avec mlanges tectoniques et mta-
morphisme de haute pression. Cest dailleurs l que fut mise en vidence, pour la
premire fois, la liaison subduction-schistes bleus. Le bassin molassique de la Great
Valley reprsentait, quant lui, un exemple typique de fore-arc basin (voir p. 137).
Ce modle sest avr trop simpliste car on reconnut par la suite que les sdiments
franciscains ntaient pas la couverture dune crote pacique crtace mais le
remplissage dun bassin de type marginal compris entre larc nvadien fossile et un
nouvel arc intraocanique situ plus lW (g. 10.10). Lexistence de ce dernier est
justie par la prsence de produits dtritiques calco-alcalins dans les sdiments
franciscains les plus occidentaux.
La question se pose de savoir ce quest devenu cet arc et quelle est la nature de
son substrat, ocanique ou continental. Les donnes gophysiques indiquent quil
existe en Californie, sous le complexe franciscain, une crote continentale qui en
reprsenterait donc lautochtone relatif. Peut-tre mme cette crote rapparat-elle
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sur la cte, au S de San Francisco, dans le bloc salinien (g. 10.8, 10.10) qui
pourrait reprsenter le reste de larc recherch, chevauch par le Franciscain. Mais il
est aussi possible que la majeure partie de cet arc ne soit plus en face de la Californie
et se retrouve maintenant dans les blocs exotiques colls lAlaska, sous leffet
des grands dcrochements du systme San Andreas (p. 295).
Quoi quil en soit, lheure actuelle, les chanes ctires sont considres comme
la consquence dun phnomne de collision dge albien, intervenu au terme de la
subduction du bassin marginal dont elles reprsentent le remplissage sdimentaire.
Les chanes californiennes montrent donc deux collisions successives, la deuxime
reprenant une partie du matriel dj tectonis par la premire. Le schma est
mme plus complexe encore car larc nvadien qui entre en contact avec la marge
nord-amricaine au Kimmridgien tait lui-mme form de la soudure darcs plus
anciens.
En rsum, lhistoire des chanes paciques dAmrique du Nord, au moins au niveau
de la Californie, peut scrire comme suit partir du Callovien (g. 10.9, 10.10) :
Au Callovien, un arc insulaire, larc nvadien sdie au-dessus dune surface de
subduction pendage W, probablement en bordure dun microcontinent form de la
soudure de plusieurs arcs. Il est spar de lAmrique du Nord par un espace ocanique
(point A de la g. 10.9).
lOxfordien, cet arc insulaire se spare en deux, faisant ainsi apparatre un bassin
marginal (point B de la g. 10.9) entre les deux rides; seule la ride orientale parat
connatre une activit volcanique.
Au Kimmridgien, au terme de la disparition du domaine ocanique A, la collision
se produit entre larc oriental et la marge amricaine. La suture ophiolitique corres-
pondante est actuellement cache. Lespace ocanique B sparant les deux rides est
cras et donne des lames ophiolitiques (associes des schistes bleus), lames sur
lesquelles se dpose la formation molassique de Knoxville. Larc nvadien est soud
lAmrique du N dans un dice vergence E.
Au Nocomien, un nouveau cycle orognique commence. Une subduction paci-
que vergence E sinstalle sous larc nvadien. Elle y ouvre un nouveau bassin
ocanique (point C de la g. 10.9), le bassin franciscain, associ un arc insulaire.
lAlbien, au terme de la rsorption du bassin C, larc vient en collision avec
lancien arc nvadien, en donnant naissance aux chevauchements vergence W des
chanes ctires. Cest lorogense orgonienne qui correspond en fait une contrac-
tion de ldice form par larc nvadien et les chanes ctires. Cet dice prend
une structure double dversement.
Au dbut du Crtac suprieur, une rplique post-orgonienne (parfois appele,
dun terme proscrire, subhercynienne ), puis, au dbut du Tertiaire, les mouve-
ments laramiens, reprsentent de nouvelles contractions apportant des retouches
un dice dj purement continental. Ces dernires actions sont ensuite compliques
par la dilacration due aux mouvements dcrochants longitudinaux du systme
San Andreas.
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230 10 Les chanes de collision
10.2 CHANES DE COLLISION INTERCONTINENTALE
Elles rsultent de la collision de deux marges continentales jadis spares par un
espace ocanique. La plupart des chanes actuelles de ce type se trouvent le long de
laxe orognique qui court de Gibraltar au Myanmar (Birmanie), ou axe msogen ;
cet axe a t depuis bien longtemps considr comme le rsultat de laffrontement
du bloc eurasiatique avec les blocs africains, arabe et indien, bien avant que ne soient
dnis les plaques lithosphriques et le terme de collision (Argand 1924) (g. 10.11).
La gense de ces chanes implique la fermeture dun ocan, donc lexistence dune
marge active. Leur volution comporte deux stades, la disparition du domaine oca-
nique, suivie de la collision proprement dite.
1. La disparition du domaine ocanique appartenant forcment lune des plaques
en prsence, seffectue par subduction sous lautre. Ce stade laisse des traces :
complexes et mtamorphisme de subduction, arcs volcaniques
2. La collision des marges ; en fait deux cas sont possibles :
Ou bien le processus de rapprochement se bloque rapidement et se transfre sur
une autre limite de plaque, cas frquent lorsque lespace ocanique est de dimension
rduite. La chane est alors rduite un paquet dcailles ophiolitiques coinces
entre des bordures continentales faiblement dformes (zones mlange color
entourant le bloc du Lut en Iran central) (Fig. 10.12 et 10.13).
Ou bien le processus de rapprochement ne peut pas se dbloquer ailleurs. La pres-
sion se maintient dans la zone de contact et les deux marges se raccourcissent en
se clivant divers niveaux. La couverture sdimentaire peut se dcoller et donner
Fig. 10.11 Collision daprs Argand.
Deux des coupes transversales de la zone daffrontement Eurasie-Gondwanie
dessines par Argand, 1924. Noir. manteau lithosphrique (sima pour Argand),
blanc. crote continentale (sal pour Argand), pointill. produits issus de la zone
axiale de la Tthys , 1. Gondwanie, 2. Eurasie.
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10.2 Chanes de collision intercontinentale 231


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Vecteur GPS
10 mm/an
Zagros
Arc volcanique
Granitodes
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Flysch
Ophiolites, mlange
color et radiolarites
Prcambrien Msozoque
Iran central
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Fig. 10.12 Carte structurale de lIran.
Modi daprs Adamia et al., 1980 ; GPS daprs Vernant et al., 2004.
1 et 2 trace des coupes g. 10.13 et 10.15
Fig. 10.13 Coupe de la suture de Yazd.
1 sur la gure 10.12 ; daprs Desmons, 1982, Gol. Alp., 58, 23 ; Ev. Eocne volcanique,
Cr. Crtac, J. Jurassique, Pal. Palozoque, Gr. granitodes msozoques, d. lon de
dacite quaternaire.
9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 231 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13
232 10 Les chanes de collision
lieu un empilement de nappes de charriages sdimentaires (Alpes, Zagros). La
crote suprieure peut se raccourcir en donnant des lames granito-gneissiques
empiles, et participer la formation dune racine crustale (Himalaya). Des cailles
de crote infrieure et de manteau suprieur (pridotites) peuvent galement se
former (Alpes).
Les chanes de collision intercontinentales forment souvent une ceinture arque
(orocline). Lensemble des chanes primditerranennes en fournit un bon exemple,
constitu de 7 arcs successifs (Fig. 10.14).
Lorigine de ces structures arques est multiple :
Il peut sagir de la compression dun domaine palogographique initialement
courbe, dans ce cas, on parle d arc hrit .
Ou bien il sagit du moulage dun promontoire de lune des marges en prsence.
On obtient un arc de poinonnement ou arc induit . Larc alpin, par exemple,
moule le bloc adriatique (ou insubrien) ; larc des Carpathes moule le promon-
toire moesien de la plaque eurasienne. La chane entire peut mouler un bloc
Promontoire
Espace libre
Rotation anti-horaire
Rotation horaire
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Egen
Taurique
Alboran
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35
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10
20 30
Kashmir
Assam
30
30
20 20
10
10
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80
70
70
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Fig. 10.14 Les arcs des chanes mditerranennes et himalayennes.
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10.3 Le Zagros 233


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comme dans le cas de lensemble himalayen autour du bloc indien, entre les deux
virgations dAssam et du Kashmir (Fig. 10.14).
Ou encore la dformation stale au niveau dun espace libre crant un deuxime
type d arc induit . Cest le cas des arcs Tyrrhnien et gen en Mditerrane,
mouls sur des zones en creux de la marge africaine (Fig. 10.14).
La mise en place des arcs induits implique des rotations daxe vertical au niveau
du matriel dform ; ces rotations sont trs bien mises en vidence par les techniques
du palomagntisme (Fig. 10.14).
En rsum, les chanes de collision intercontinentale montrent deux caractres
essentiels :
1. Une zone ophiolitifre. Si elle est troite, ce qui est trs gnralement le cas, on
parle de suture ophiolitique (Iran : g. 10.12 ; Himalaya : g. 10.18) ; elle permet alors
de reprer la position de lancien domaine ocanique. Cette zone peut cependant
slargir par suite de ltalement en nappe des units ophiolitiques, en particulier
lorsquun phnomne dobduction a prcd la collision (Himalaya, Zagros). Situer
prcisment la position de lancien domaine ocanique peut alors tre difcile et
sujet discussion (Alpes).
2. Un empilement de nappes. Ces units sdimentaires et crustales peuvent affecter :
essentiellement lancienne marge passive : cas de lHimalaya et du Zagros
les deux marges : cas des Alpes
3. Enn la dformation peut dborder largement le domaine des anciennes marges
et intresser un vaste domaine, voire ractiver des structures anciennes : cas des
chanes dAsie centrale (Himalaya-Tibet-Tian Shan ; Himalaya-Pamir).
10.3 LE ZAGROS
Le Zagros est une chane longue de plus de 1 500 km, culminant plus de 4 000 m
(4 548 m au Zard Kuh), qui domine le golfe arabo-persique et la dpression mso-
potamienne lEst (Fig. 10.12). Elle rsulte de la collision du bloc Arabe avec lIran
central. La chane elle-mme (Haut Zagros) nest pas trs large (en moyenne 100 km),
mais elle se prolonge vers lOuest par un vaste domaine pliss, qui a fait lobjet dune
intense prospection ptrolire (champs dIran et dIraq).
Les units constitutives : de lOuest vers lEst on distingue :
1. Un bassin sdimentaire reposant sur la plate-forme arabe ; partiellement occup
par la mer (le Golfe) ou parcouru par les euves msopotamiens (Tigre, Euphrate),
ce bassin est rempli de plusieurs km de sdiments nognes actuels reposant sur une
squence de plate-forme du Palozoque-Msozoque-Oligocne, elle-mme super-
pose une crote continentale prcambrienne (Arabie) dpaisseur normale. Ce bassin
est un bassin exural caractristique.
2. Une ceinture de plis et chevauchements ( Zagros fold-and-thrust belt ) qui
montre (Fig. 10.15) une srie de plis et dcailles de couverture, constitues des mmes
sries palozoques oligocnes et de Nogne. Ces squences sont dcolles
divers niveaux, en particulier celui des sels dHormuz (Cambrien).
9782100513598-ch 10.fm Page 233 Dimanche, 27. avril 2008 12:47 12
234 10 Les chanes de collision
3. Le Haut-Zagros chevauche cet ensemble au niveau du HZT (chevauchement du
Haut Zagros). Il est constitu par une srie dcailles de sdiments (Palozoque
Oligocne) ; les donnes gophysiques permettent dy mettre en vidence un
caillage du socle continental sous-jacent.
4. La zone de suture montre que les units prcdentes sont chevauches par des
nappes constitues de squences de bas de marge (ysch, radiolarites) et dunits
ophiolitiques.
5. Au-del, un arc magmatique calco-alcalin tertiaire caractrise lancienne marge
active qui bordait le continent iranien.
Comme le montrent, entre autres, les donnes GPS, la convergence est ici assez
oblique, et ceci se traduit par un rejeu en dcrochement dextre de la zone de suture.
Cependant les plis et chevauchements du Zagros fold-and-thrust belt sont bien
parallles la suture, et donc galement obliques la convergence actuelle. On observe
ici un classique phnomne de partitionnement de la dformation ; une partie de
celle-ci se traduit par des structures daxes parallles lancienne marge (compression
pure) et une autre par un coulissement au niveau de la suture.
Cet exemple dune chane, actuellement en cours ddication, nous montre donc
limportance du rle jou par la couverture dcolle, et limplication, encore faible
ici, dcailles de crote continentale dans les processus ddication dune chane
de collision intercontinentale.
10.4 LHIMALAYA
LHimalaya forme une longue chane (2 500 km) lgrement arque dorientation
moyenne WNW-ESE (N 120) situe au Nord de lInde. Vers lOuest, au Nord du
Kashmir, il se poursuit par le Karakorum. Lensemble Himalaya-Karakorum constitue
HZT
MZT
ZFT
50
40
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20
10
0
km
50 km
Haut Zagros
Suture
NE SW
A A A
A
A
Msopotamie
Manteau suprieur
A
Eocne, Msozoque et Palozoque
(noir : sel dHormuz)
Crote continentale
Quaternaire
Pliocne
Miocne
Asmari (Oligo-Miocne inf.)
Fig. 10.15 Coupe du Zagros.
2 sur la gure 10.12 ; simpli daprs Blanc et al., 2003.
9782100513598-ch 10.fm Page 234 Mardi, 13. mai 2008 6:16 18
10.4 LHimalaya 235


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la chane la plus leve de notre plante. Cette chane borde au Sud le plateau Tib-
tain, daltitude moyenne proche de 5 000 m, qui constitue le plus vaste haut plateau
terrestre (supercie 2,5 10
6
km
2
). Lensemble Himalaya-Karakorum-Tibet (HKT)
est donc le plus grand relief terrestre. Tout cet ensemble rsulte de la collision entre
le bloc continental Indien et le bloc Eurasie. LHimalaya reprsente le type mme de
chane de collision intercontinentale, encore en cours ddication. Les donnes
gophysiques montrent en effet que cette zone est le sige dune sismicit importante
(g. 10.16) avec des magnitudes fortes ( 8) et des mcanismes en compression. Les
observations GPS fournissent des vitesses de convergence de lordre de 50 mm/an
au niveau du front actuellement actif (MFT/MBT).
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120 110 100 90 80 70
40
30
20
10
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Fig. 10.16 Situation de lHimalaya.
GPS daprs Chen et al., 2000, J. G. R., 109, B01403 ; Calais et al., 2006, GRL, 33,
L24319 ; Chamot-Rooke et Rabaute, 2006 ; Sol et al., 2007, Geology, 35, 563-566.
Sismes majeurs (M 8). N et K. traces des prols tomographiques (g. 10.24).
9782100513598-ch 10.fm Page 235 Dimanche, 27. avril 2008 12:47 12
236 10 Les chanes de collision
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MBT
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B
Fig. 10.17 Structure en blocs du Tibet.
A et B. traces des coupes Fig. 10.27.
AT. dcrochevauchement dAltyn Tagh, BL. faille de Bolnai, BN. suture Bangong Nyu
Shang, BO. faille de Bogdan Shan, C. faille de Chaman, D. faille de Dauki, FR. faille
du Fleuve Rouge, H. faille dHerat, IZ. suture Indus Tsangpo, J. suture Jinsha, KL.
faille de KunLun, KN. faille de Karakorum-Nubra, MBT. chevauchement bordier
Himalayen, S. faille de Sagaing, TF. faille de Talas-Ferghana.
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Dunod La photocopie non autorise est un dlit.
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GM
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Marge Asiatique
Karakoram, Tibet
Arcs Kohistan-
Ladakh-Kangdese
Volcanites
Granitodes
Sries ocaniques
de la suture
Ophiolites
Mlanges et flyschs
Marge Indienne
Squences de bas de marge
Permien-Crtac
Massifs cristallins
internes
Squences de plate-forme
Palozoque Eocne
Haut Himalaya
Leucogranites
Cristallin
(Dalle du Tibet)
Moyen Himalaya
Craton Indien
Quaternaire
Indo-Gangtique et
des bassins intra-
montagneux
Siwaliks
35
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3
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Fig. 10.18 Schma gologique de lHimalaya.
MBT. chevauchement bordier, MCT. chevauchement central, ITS. suture Indus TsangPo, KSS. suture Karakoram-Shyok,
KKF. faille Karakoram-Nubra, AL. nappe ophiolitique dAmlang La, X. ophiolite de Xigaze, GM. massif cristallin interne
de Gurla Mandata, TM. id. Tso Morari. Principaux sommets (de lW lE) NP. Nanga Parbat (8 126 m), D. Daulaghiri
(8 167 m), A. Annapurna (8 091 m), M. Manaslu (8 125 m), XP. Xixa Pangma (8 016 m), QS. Everest (Qomo Langma ou
Sagarmatha, 8 848 m) et trs hauts sommets voisins (Lhotse 8 501 m, Makalu 8 475 m, Cho Oyu 8 153 m), K. Kangchen-
junga (8 598 m), NB. Namche Barwa (7 755 m). 1 4 coupes g. 10.19. A : coupe g. 10.22.
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238 10 Les chanes de collision
10.4.1 Les units constitutives (Fig. 10.18, 10.19)
Du S au N, on observe les units morphostructurales suivantes :
1. La plaine indo-gangtique, plaine alluviale des deux grands euves (Indus,
Gange) et de leurs afuents, est un bassin sdimentaire continental au remplissage
trs dissymtrique ; au pied de la chane, lpaisseur sdimentaire peut atteindre
6 km ; il sagit dun typique bassin exural.
2. Les Siwaliks forment une srie de chanons constitus de matriel dtritique
nogne quaternaire de type molassique (g. 10.20). Il sagit dun ensemble dcailles,
chevauchant vers le S le Quaternaire gangtique le long du chevauchement
frontal (MFT ou MST, Main Frontal Thrust ou Main Siwaliks Thrust ) ; le
dernier relief au S est parfois constitu par un anticlinal frontal, correspondant un
pli de propagation sur un chevauchement aveugle. A larrire, au N des cailles, les
dpressions accueillent des sdiments qui constituent des bassins transports : les
duns (g. 10.20).
3. Le Moyen Himalaya chevauche les Siwaliks au niveau du chevauchement
bordier (MBT Main Boundary Thrust ). Il montre des sries essentiellement
prcambriennes (1 800 540 Ma), avec localement des squences plus rcentes,
presque toutes facis continental, sauf lEocne qui prsente des intercalations
marines. Ces squences forment un empilement de nappes pluri-dformes. Les
nappes infrieures prsentent leur sommet une squence continentale oligo-miocne
(Murrees). La dformation principale est caractrise par une schistosit rgionale
faible pendage Nord, une lination dtirement sub-perpendiculaire la chane, et
des cisaillements vers le Sud. Lintensit du mtamorphisme est croissante vers le
haut de la srie ( mtamorphisme inverse ), depuis des tempratures de lordre
de 330 C dans les nappes infrieures, jusqu 650-750 C au sommet des nappes
suprieures (facis amphibolite).
4. Le Haut Himalaya chevauche le prcdent au niveau du chevauchement central
(MCT Main Central Thrust ), trs continu tout au long de la chane. Il montre une
dalle mtamorphique (Prcambrien Cambrien) sous facis amphibolite (6 8 Kb,
650-750 C)
1
, pouvant atteindre 5 km dpaisseur, dnomme dalle du Tibet ou
HHC (High Himalaya Crystalline). Toutefois ces facis amphibolite contiennent
parfois des traces de facis de plus haut degr (clogite et granulite), indiquant que
les roches lafeurement ont subi une rtromorphose.
1. 10 Kb (kilobars) = 1 GPa (gigapascal).
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10.4 LHimalaya 239


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Quaternaire (Gange) et Nogne (Siwaliks)
Nappes du Moyen Pays (essent. Prcambrien)
Bouclier Indien (Prcambrien)
Mtamorphique du Haut Himalaya
Granitodes
Unit clogitique Tso Morari (TM)
Transhimalaya
Ophiolites et mlanges
Prcambrien sup. Palozoque inf.
Palozoque sup.
Msozoque-Eocne
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schistosit rgionale
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MCT MCT MBT
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OPH.
1
Fig. 10.19 Coupes gologiques de lHimalaya.
Situation sur la Fig. 10.18.
1. Coupe passant par la klippe ophiolitique de Spongtang (Kashmir) (modi daprs
Steck, 2003) montrant la structure en nappes des sries tthysiennes.
2. Coupe passant par le Tso Morari (Lahul) (modi daprs Steck, 2003) montrant le
massif cristallin interne (unit clogitique).
3. Coupe passant par le Daulaghiri (Nepal) montrant la structure du Moyen Pays.
4. Coupe passant par la klippe de Kathmandu (Nepal central) (modi daprs Bollinger
et al., 2004, Tectonics, 23, TC5015) montrant la dformation du MCT.
9782100513598-ch 10.fm Page 239 Dimanche, 27. avril 2008 12:47 12
240 10 Les chanes de collision
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Quaternaire Gangtique (Terai)
Quaternaire des bassins transports (Dun)
Molasses Siwaliks
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MST
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Siwaliks suprieurs
< 4 Ma
Siwaliks moyens
11- 4 Ma
Siwaliks infrieurs
13-11 Ma
Quaternaire
(Terai et Dun)
Moyen Himalaya
10 km
Dun
Dun
Fig. 10.20 Structure des Siwaliks du Nepal.
Carte schmatique et coupes dans les chanons Siwaliks. Les molasses Siwaliks sont
dcolles et forment des cailles empiles selon un systme de chevauchement en
squence . La coupe 4 montre la propagation des chevauchements vers le S, et la
formation de plis sur chevauchements aveugles.
MBT. chevauchement bordier, MST. chevauchement des Siwaliks (chevauchement
frontal).
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10.4 LHimalaya 241


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Au-dessus du HHC vient une squence sdimentaire, plus ou moins complte,
allant du Cambrien lEocne infrieur, et atteignant 10 km dpaisseur, parfois
dnomme Tthys Himalaya . Cest elle qui forme les plus hauts sommets (calcaires
ordoviciens au sommet de lEverest). Les facis sont ceux dune plate-forme conti-
nentale subsidente.
Le mtamorphisme dcrot quand on monte dans la srie ( mtamorphisme
normal ). Il atteint des niveaux variables suivant les rgions : Ordovicien au Npal
central, Crtac suprieur au Kashmir.
Les isogrades sont trs resserres, et les cisaillements vers le N impliquent un jeu
en faille normale au sommet du HHC. Cette zone de cisaillement normal correspond
la faille nord-himlayenne (FNH) ou dtachement nord-himalayen. Au-dessus de la
FNH, les sries sdimentaires (Tthys Himalaya) sont plisses et cailles en une
srie de nappes ; les dversements S et N, les structures replisses et les schistosits
superposes rsultent dune dformation polyphase. Des leucogranites sont intru-
sifs dans cet ensemble. Ils forment deux ceintures parallles, lune au S, date entre
20 et 16 Ma, et lautre, plus au N, date entre 12 et 5 Ma.
Au N du Haut Himalaya, existe une srie de dmes mtamorphiques, les massifs
cristallins internes (NHC, North Himalaya Crystalline ) ; au Tso Morari, le mta-
morphisme y atteint le facis clogite de basse temprature (39 Kb, 550 C) ; ces
dmes ont t exhums trs tt, ds lEocne suprieur (40 Ma).
5. La zone de suture Indus-Zangbo est le domaine ophiolitique, marqu par une
dpression suivie par le cours suprieur de lIndus lW et du Zangbo lE. On y
observe un ensemble dcailles serres, pluri-dformes, souvent verticalises, compor-
tant des units facis ysch (provenant de lancienne base de la marge indienne),
des lames de radiolarites (ancienne couverture sdimentaire ocanique), des schistes
bleus dats autour de 100 Ma, des volcanites de type OIB, des pridotites, des yschs
greywackeux (Crtac-Palocne), et des conglomrats continentaux oligocnes.
Lensemble chevauche vers le N les granitodes du Transhimalaya et leur couverture
sdimentaire. Enn, dans deux rgions (Ladakh et Amlang La), tous ces facis,
lexception des yschs greywackeux et des conglomrats continentaux, se retrouvent
aussi au S de la suture, en klippes ottant sur les sries du Haut Himalaya.
Lensemble reprsente les restes dun ancien espace ocanique disparu par
subduction, puis dform lors de la collision des marges.
6. Les sries darc de Kohistan-Dras. lW de la chane (Kohistan, Kashmir), la
suture est ddouble ; il apparat un puissant ensemble magmatique et volcanique
basique, dafnits tholitiques, et de yschs greywackeux. Lensemble est trs dform.
Il sagit dun ancien arc intra-ocanique pig lors de la collision.
7. La chane transhimalayenne est constitue de formations magmatiques et
volcaniques, tendance calco-alcaline, dge Crtac suprieur Eocne. Ce magma-
tisme a t mis en place sur la marge dun domaine continental, le bloc de Lhasa
(S Tibet). Le bloc de Lhasa montre un substratum mtamorphique, surmont dune
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242 10 Les chanes de collision
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Plio-Quaternaire
Molasse Siwalik Quartzite
Gneiss Micaschistes
Amphibolites
Gneiss HHC
Granites palozoques
Palozoque
Msozoque
Leucogranites
TIBET
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Annapurna II
Kunchha
Ulleri
Pokhara
Linations
84 8430 85
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2
8

Fig. 10.21 Le mtamorphisme himalayen dans le massif des Annapurna.


Modi daprs Pcher in Cirio et al, 1996. Situation voir Fig. 10.18.
MCT ; chevauchement central, FNH. faille (ou dtachement) nord-himalayenne,
isogrades : Bio. biotite, Dist. disthne, Grt. grenat, Sill. sillimanite.
C
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8
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10 km
Thorungse N 6482
Thorungse S 6450
Tilicho 7134
Nilgiris 7032
Annapurna I 8091
Annapurna Sud 7219
SSW
NNE
MCT
FNH
Srie mtamorphique
micaschistes,amphibolites, gneiss
Marbres
Quartzites
Quartzites
Gneiss oeills
Moyen Himalaya
Cristallin du
Haut Himalaya
Permien
Carbonifre
Pliocne Takkhkola
Terrasses
Takkhkola
Gneiss oeills
Gneiss calciques
Gneiss, Amphibolites
Sdimentaire du Haut Himalaya
FNH
Dvonien
Silurien
Cambro-Ordovicien
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Lias Dogger
Trias
Jurass. sup. Spiti
Crtac
Isograde
Occurence
du minral
Fig. 10.22 Structure de la couverture du Haut Himalaya (rgion des Annapurnas).
Modi daprs Colchen et al., 1986. Situation voir Fig. 10.18.
MCT ; chevauchement central, FNH. faille (ou dtachement) nord-himalayenne,
isogrades : Bio. biotite, Chl. chlorite, Dist. disthne, Grt. grenat, Sill. sillimanite
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10.4 LHimalaya 243


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srie sdimentaire gnralement dpose faible profondeur ; il a t merg partir
du Crtac suprieur. La chane transhimalayenne reprsente une ancienne chane de
subduction, rsultat de la subduction de locan tthysien, et qui a prcd la collision.
10.4.2 Lhistoire tectonique (Fig. 10.23)
1. La premire tape a t marque par la disparition du domaine ocanique par
rapprochement du bloc indien et de la marge eurasiatique, grce la subduction de
locan tthysien sous la future chane transhimalayenne. Cette partie de lvolution
sest droule du Crtac lEocne moyen, comme en tmoigne le magmatisme calco-
alcalin transhimalayen dat entre 90 et 40 Ma. Elle a abouti ldication dune
vritable chane de type andin sur la marge S du Tibet : la chane transhimalayenne.
Cette subduction a aussi affect les parties les plus amincies de la marge indienne,
qui ont subi un mtamorphisme facis clogite BT (39 Kb du massif cristallin
interne du Tso Morari) dat 55 Ma.
lW de la chane, larc du Kohistan-Dras caractrise une autre zone de subduc-
tion, intra-ocanique, qui a fonctionn ds le Crtac infrieur (schistes bleus dats
de 100 Ma).
Il est vraisemblable quune partie des ophiolites a t obducte sur la marge indienne
au cours de cette priode ; on trouve en effet des cailles de mlange dge crtac
suprieur, coinces sous les nappes ophiolitiques.
2. Au terme de ce processus, est intervenue la collision des deux marges continen-
tales, lune active, au N (Tibet), lautre passive, au S (Inde). Cest alors que sest forme
la suture Indus-Zangbo dont le contenu a t caill et ject en nappes mises en
place vers le S. Lge de la collision est ocne. En effet cest partir de lEocne
infrieur (52 Ma) que les facis marins disparaissent sur les deux marges. Cest
aussi lpoque o le taux dexpansion de lOcan Indien tombe de 10 5 cm/an.
Enn, ds lEocne moyen, les grands mammifres fossiles deviennent communs
lInde et la Mongolie, prouvant quil ny avait plus dobstacles leur migration.
3. ce stade, lensemble Inde-Eurasie a t soud, mais la convergence a persist
avec lexpansion de lOcan Indien. Le rpaississement de la marge indienne sest
produit par raccourcissement (plissement) et caillage de la couverture sdimentaire,
favoris par lexistence de plusieurs niveaux de dcollement potentiels (Permien
suprieur, Trias moyen), et par inversion des fractures du socle. Lexhumation
des units sous facis clogites et schistes bleus sest ralise (date 40 Ma). Le
rpaississement a abouti la formation dune premire chane montagneuse hima-
layenne, probablement assez semblable au Zagros actuel, au front de laquelle se
dveloppait un bassin exural. Des traces de ce dernier se retrouvent dans les formations
continentales oligo-miocnes (Murrees) des nappes infrieures du Moyen Himalaya.
Lampleur du raccourcissement est estime entre 200 et 400 km, sur des coupes
quilibres.
4. Le maintien de la convergence a entran lapparition dun clivage de la crote
indienne, suivant un cisaillement majeur plat, ainsi quun rtro-caillage vers le N
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244 10 Les chanes de collision
40 S
100 Ma
Prisme d'accrtion
Arc magmatique
TETHYS
INDE
25 S
INDE
S TIBET
TETHYS
235 Ma
0 (Equateur)
10 N
52 Ma
10 N
INDE
20 N
35 Ma
15 N
INDE
25 N
HIMALAYA
15 Ma
22 N
INDE
28 N
H HIMALAYA MAHABHARAT
0 Ma
28 N
INDE
SUTURE
30 N
Bassins marins
Sdiments
Sries ante-rift Pc-PZ
Crote continentale
Magmatisme darc
Crote ocanique Tthys
Plateau ocanique
Manteau lithosphrique
Asthnosphre
Chevauchements et failles actifs
Chevauchements fossiles ou futurs
60S
50
40
30
20
10
0
10
20
30
40N

S TIBET
S TIBET
S TIBET
S TIBET
S TIBET
MCT FNH
MBT
ST
BI
MI
250 200 150 100 50 Ma
Marge Indienne
Fig. 10.23 volution du domaine himalayen depuis le Trias.
Au Permien, un rift se forme dans le continent de Gondwana ; il volue trs vite
(Trias) en ocan, individualisant deux marges continentales passives, indienne au S,
asiatique au N.

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au niveau de la suture (dat 30 Ma). Le cisaillement a pris racine la base de la
crote suprieure et a entran le chevauchement vers le S du HHC. La dformation
plastique est trs importante. La zone de MCT se traduit par un ensemble de schistes
trs tirs, parfois pais de plusieurs centaines de mtres, portant une lination parallle
au sens de dplacement (pratiquement NS) (g. 10.21). La schistosit de ux affecte
les deux compartiments sur prs de 10 km dpaisseur, de part et dautre du MCT,
avec videmment son maximum au niveau de celui-ci.
Le cisaillement du HHC a t accompagn dun apport de chaleur responsable du
mtamorphisme du substratum, sa base tant dj haute temprature. Ce mtamor-
phisme du substratum montre une disposition inverse des isogrades (g. 10.21), les
plus chaudes tant en haut (effet de fer repasser ), ce qui a parfois t interprt
comme le rsultat dimmenses plis couchs dont seul le anc inverse est conserv.
Cest en particulier ainsi que linterprtait Von Loczy, premier observateur avoir
not cette disposition des isogrades en 1878.
De plus, le chevauchement dune dalle chaude sur un ensemble relativement froid,
a provoqu la libration dune certaine quantit de uides, lors de certaines ractions
mtamorphiques. Ces uides ont percol travers la zone de MCT, et entran une
anatexie partielle du HHC, cause de la mise en place de petits massifs de leucogranites
(comme le Manaslu, g. 10.21). Les donnes isotopiques montrent en effet que ces
derniers proviennent dune source purement continentale.
Fig. 10.23 (suite)
Au Jurassique, locan (Notthys) est ouvert et commence ( partir du Jurassique
suprieur-Crtac infrieur) senfoncer par subduction sous la marge asiatique
devenue marge active, avec prisme daccrtion et arc magmatique (Ladakh-
Kangdese) constituant une chane de type andin ; vers lOuest une deuxime subduc-
tion est active engendrant un arc intra-ocanique (Kohistan).
locne, locan est compltement rsorb : les deux marges entrent en collision.
Une premire chane leve se forme. La partie la plus amincie de la marge indienne
senfonce en subduction et subit lclogitisation (Tso Morari). Du matriel ocanique
est conserv dans la suture et dborde sur la marge indienne (obduction).
Au Miocne, la pousse persistante de lInde sous leffet de louverture de lOcan
Indien, entrane le clivage et le redoublement de la crote indienne et la formation
dune seconde chane plus leve que la prcdente. Ainsi se forme la dalle cristal-
line du Haut Himalaya (HHC) au-dessus du grand chevauchement central (MCT). La
couverture sdimentaire de cette dalle ( Tthys Himalaya ) est dcolle et glisse le
long de la FNH.
Actuellement, sous leffet du mme rgime de contraintes, une nouvelle zone de
clivage plus externe apparat (grand chevauchement bordier : MBT). LInde continue
senfoncer sous le MBT, entranant le soulvement du Moyen Himalaya et la cra-
tion du relief actuel.
En bas gauche : palolatitudes de 3 points : bloc indien (BI), marge indienne (MI) et
marge tibtaine (ST) ; elle montre la sparation MI-ST au Trias, louverture ocanique
entre MI et ST durant le Trias sup. et le Jurassique, la subduction entre MI et ST
dabord lente partir du Crtac infrieur, devenant rapide partir du Crtac
moyen, la collision ocne et le raccourcissement important depuis lEocne.
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246 10 Les chanes de collision
Lge du fonctionnement de ce grand chevauchement est tabli sur des donnes
gochronologiques, faute de repres stratigraphiques. Les minraux du mtamorphisme
donnent des ges entre 25 et 10 Ma. La mise en place du HHC sest donc produite
entre la n de lOligocne et le Miocne suprieur.
Toujours faute de repres stratigraphiques, il est difcile dvaluer prcisment la
porte du chevauchement ; en se fondant sur lexistence de klippes de HHC au S de
la chane, et de fentres de Moyen Himalaya au N, on peut lvaluer au minimum
200 km. En tenant compte du dpliage des nappes du Moyen Himalaya (coupes
quilibres), on obtient une valeur de lordre de 500 km.
Cette tape a abouti un paississement crustal important, correspondant au moins
au redoublement de la crote suprieure, et donc ldication dun relief lev, ce
qui a provoqu un dsquilibre de la couverture sdimentaire. Celle-ci sest dtache
et a gliss vers le N le long de la FNH, causant de larges plis dversement N et lais-
sant nu le HHC qui a commenc tre rod. Le dtachement le long de la FNH
est dat de 12 Ma au N de lEverest ; il serait plus ancien lW (20 Ma au Ladakh).
Cest aussi vers 11 Ma que lon commence trouver dans les molasses Siwaliks du
bassin exural des arguments minralogiques et gochimiques indiquant lrosion
active des facis mtamorphiques profonds du HHC.
5. Il semble qu cette date (12 Ma) soit intervenu un blocage du sous-charriage
des sries du Moyen Himalaya sous le MCT, et quun nouveau clivage se soit produit
la base de la crote suprieure indienne, dans une zone plus externe. Il sest propag,
favoris par lexistence dune zone de dcollement potentiel dans le Vendien (Prcam-
brien suprieur-Cambrien infrieur du bouclier Indien). Ce cisaillement correspond
au MBT, et son annexe MFT. Il est encore actif actuellement comme en tmoi-
gnent la sismicit, les donnes GPS, et les observations morphologiques. Le chevau-
chement a dj atteint 100 km. Il seffectue en incorporant au volume montagneux
des copeaux de molasses Siwaliks qui constituent la ceinture de plis et chevauchements
frontaux ( Siwaliks Fold and Thrust Belt ) (g. 10.20).
Lensemble de lvolution aboutit la cration dun prisme montagneux que lon
peut assimiler en premire approximation un prisme daccrtion tectonique. Dans
cette optique, la premire tape correspond au rpaississement de la crote amincie
de la marge (nappes et cailles de la suture et du sdimentaire du Haut Himalaya) ;
elle sest effectue dans un premier temps en milieu marin. Lorsque ce prisme a
atteint un prol dquilibre, vers 35-30 Ma, le raccourcissement continu a entran
une propagation vers lextrieur (prograde) de la dformation. Celle-ci sest localise
au niveau du MCT. Un nouveau prisme montagneux sest constitu ; compltement
arien il a t soumis une rosion dautant plus intense que les montagnes taient
plus hautes.
Lrosion aboutit attnuer le prol du prisme, alors que la dformation compressive
a pour rsultat de laccentuer. Lrosion tend donc entretenir le phnomne tecto-
nique, voire lacclrer si elle est intense. On peut le vrier sur le prisme Siwalik
actuellement actif au S du MBT. En couplant analyse de terrain et modlisation num-
rique, on peut montrer que lrosion joue un rle important dans lvolution tectonique
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du systme de plis et chevauchements. Le jeu chevauchant entrane lincorporation de
nouvelles cailles au front de la chane ce qui a pour rsultat den modier le prol
topographique. Lorsque lrosion est assez efcace pour le rtablir, on assiste la
propagation vers lextrieur (plaine du Gange) du systme montagneux qui garde un
prol constant ; cest la situation qui prvaut actuellement au S de Kathmandu (Nepal
central) (g. 10.20). Lorsque lrosion est trs intense au niveau du front, la dforma-
tion se dplace vers le S, et de nouveaux chevauchements et plis apparaissent ; ce
mcanisme est luvre lW du Nepal et plus lW encore en Inde (g. 10.20,
coupe 4). Enn, si lrosion est sufsamment efcace pour entamer le Haut Himalaya,
la dformation se localise en arrire du front ; en attestent des rejeux rcents au niveau
du MCT (2 Ma) dans lE de la chane (rgion de Kathmandu, Bouthan).
10.4.3 Structure profonde de la chane himalayenne (g. 10.24)
Les prols tomographiques de la gure 10.24 en donnent une ide. Ils montrent la
prsence de plusieurs zones froides formant globalement un ensemble plongeant
vers le S, mais individuellement marques par un plongement N. Ceci est interprt
comme la trace de dlaminations lithosphriques successives, intervenues au cours
de ldication du systme Himalaya-Tibet.
La gnralisation de ces observations est la base des diffrents modles de
ux chenalis ( channel ow ) actuellement proposs pour dcrire lensemble
des phnomnes relatifs au fonctionnement du MCT (g. 10.25). Selon ces modles,
lrosion au front de la chane aurait cr un appel de matire qui aurait permis
lexpulsion dune lame chaude, donc relativement ductile, de crote indienne entre
deux surfaces de cisaillement, le MCT la base et la FNH au sommet, la crote
continentale indienne, au moins la crote suprieure, refusant la subduction sous
le Tibet.
50
40
30
20
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400
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1 600
2 000
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Kashmir
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800
1 200
1 600
2 000
2 400
TS
KL
IS
FH
MI
SL
Npal
0,5 % + 0,5 %
Fig. 10.24 Prols tomographiques ocan Indien Asie centrale.
Daprs Van der Voo et al., 1999, EPSL, 171, 720 . Traces sur la g. 10.16.
FH. front himalayen, IS. suture Indus-Zangbo, KL. front du Kun Lun, MI. marge
indienne, P. front du Pamir, SL. Sri Lanka, TS. front sud du Tian Shan. La chane hima-
layenne se situe entre FH et IS, le plateau tibtain entre IS et KL, la dpression du
Tarim entre KL et TS, lOcan Indien au sud de MI.
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248 10 Les chanes de collision
10.4.4 Les effets de la collision sur le continent asiatique (g. 10.16,
10.17, 10.26, 10.27)
Au N de lHimalaya, stend le Tibet ; cest un vaste plateau daltitude moyenne
proche de 5 000 m, interrompu par des chanes plus leves (Tanggula, Kun Lun).
Le Tibet est remarquable par lpaisseur de la crote continentale qui le supporte, proche
de 70 km, soit le double de la normale, ce qui a t interprt (Argand, 1924) comme
indiquant que la crote continentale indienne stait engage sous celle de lAsie jusqu
FNH
MCT
50 km
Tibet Inde
S N
A
MCT
FNH
50 km
Tibet
Inde
S N
B
Litosphre
Indienne
Moyen Himalaya
Cristallin du
Haut Himalaya
200 km
ITS Tibet
Inde
MCT MBT FNH
S N
C
Siwaliks
Sdimentaire
Bloc de Lhasa
Zone partiellement
fondue
Fig. 10.25 Modles dextrusion du Cristallin du Haut Himalaya (HHC).
Modi daprs Harris, 2007, J. Geol. Soc. London, 164, 511-523.
A. Modle dexpulsion dun prisme orognique entre deux ensembles rigides.
B. Modle de uage ductile gnralis entranant un renversement des isogrades.
C. Modle channel ow : uage dans la crote moyenne entretenu par lrosion
du front et la prsence dune zone partiellement fondue.
Dans les modles A et B, lrosion ne participe pas lentretien du phnomne ; son
seul effet est de dgager les zones profondes de la chane. Dans le modle C, elle
joue un rle trs actif pour entretenir le phnomne.
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Fig. 10.26 Le doublement de la crote sous lHimalaya
au Sud de la suture Indus Tsangpo daprs les prols INDEPTH.
Daprs Zhao et al., 1993, Nature, 366, 557 ; Makovsky et al., 1996, Science, 274,
1690 ; Nelson et al., 1996, Science, 274, 1684.
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AKMS JS
BNS ITS
FNH
MCT
MBT
MFT
ATF
Lhasa Qangtang
Songpan
Ganzi Tarim
HIMALAYA TIBET
Manteau lithosphrique Indien
MOHO
MOHO
MOHO
Siwaliks
Moyen Himalaya
Haut Himalaya
Sdimentaire
Bloc Lhasa
Bloc Qangtang
Bloc Songpan Ganzi Bloc Qilian
Bloc Kunlun Qsaidam Tarim
Coin asthnosphrique
SSW NNE
Plongement
de la lithosphre
indienne lE du 85
A
JS AKMS
BNS ITS
FNH MCT
MBT MFT
KLF
ATF
Lhasa Qangtang
Songpan
Ganzi
Qsaidam
Tarim
HIMALAYA
TIBET
Manteau lithosphrique Indien Manteau litosphrique Eurasien
Siwaliks
Moyen Himalaya et
crote sup. Indienne
Crote inf. Indienne
Haut Himalaya
Sdimentaire
Bloc Songpan Ganzi
Bloc Kunlun Qsaidam
Bloc Qilian
Tarim
Bloc Lhasa
Crote sup.
Crote inf.
Bloc Qangtang
Crote inf.
dorigine incertaine
Coin asthnosphrique
, 1997 selon Owens & Zandt
Lithosphre indienne
selon Jin & al., 1996;
Kosarev & al., 1999
B
SSW NNE
Fig. 10.27 Coupes travers le Tibet.
Localisation sur la g. 10.17.
A. Coupe lOuest du Tibet (82-84E), modie daprs Zhou and Murphy, 2005, J.
Asian Earth Sc., 25, 445-457.
B. Coupe au centre du Tibet (89-95E), modie daprs DeCelles et al., 2002.
AKMS. suture Anyemaken-Kunlun-Muztagh, ATF. zone dcro-chevauchante dAltyn
Tagh, BNS. suture Bangong-Nuxiang, FNH. Faille (dtachement) nord-himalayenne,
ITS. suture Indus-Tsangpo, JS. suture Jinsha, KLF. faille du Kunlun, MBT. chevauche-
ment bordier, MCT. chevauchement central, MFT. chevauchement frontal.
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250 10 Les chanes de collision
la limite N du plateau. Les prols gophysiques (INDEPTH en particulier) montrent
que la crote est effectivement redouble sous le S-Tibet, jusquau niveau de la suture
Indus-Zangbo (g. 10.26).
Le plateau tibtain est, en fait, constitu par la juxtaposition de plusieurs micro-
continents dorigine gondwanienne (Lhasa, Qangtang, Songpan Ganzi-Bayan Har,
Kun Lun, Qilian Shan-Nan Shan) qui sont successivement entrs en collision avec
lAsie depuis le Palozoque suprieur. Les structures, et en particulier les sutures
jalonnes dophiolites, ont t ractives en compression, impliquant que le domaine a
subi un raccourcissement pendant la collision himalayenne.
Mais surtout, le plateau est parcouru par de grandes fractures dcrochantes E-W
et sillonn par des fosss N-S (g. 10.17 et 10.28), encore actifs comme en tmoi-
gnent les sismes et les observations gomorphologiques. Elles indiquent un rgime
dextension E-W. Au NE, le plateau Tibtain chevauche celui du Qsaidam, daltitude
moyenne proche de 2 800 m. Au centre et lW, le contact avec la dpression du Tarim
correspond au systme dcro-chevauchant dAltyn Tagh.
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SONDE
INDE
CHINE SUD
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TARIM
Tian Shan
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1000 km
2
1
Qsaidam
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Pamir
GPS
20 mm/an
Fig. 10.28 Effets de la collision himalayenne sur lAsie sud-orientale.
Modi daprs Molnar & Tapponnier, 1975, Science, 189, 419 ; Tapponnier et al.,
1986, Geol. Soc. Sp. Pub., 19, 115-157.
1. De lOligocne au Miocne moyen (35 15 Ma), le bloc indochinois a chass lat-
ralement et couliss de prs de 600 km, par rapport la Chine (vitesse 3 5 cm/an),
le long de la faille du Fleuve Rouge. En mme temps se sont ouverts les bassins ocani-
ques de Chine du Sud et dAndaman.
2. Depuis le Miocne moyen, le mouvement intresse le bloc de Chine du Sud une
vitesse de lordre de 2 3 cm/an. Le mouvement se concentre le long des failles
dAltyn Tagh et du Fleuve Rouge (dont le sens de mouvement sest invers). En
mme temps souvrent les fosss de lOrdos (Shan Si) et du Yunnan, ainsi que plus au
Nord celui du Bakal (g. 10.17).
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10.5 La chane hercynienne (= varisque) dEurope 251


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Les prols gophysiques (ondes S) montrent que la base de la crote suprieure
du bloc de Lhasa est le sige dune anatexie importante (vers 18 20 km). Le Tibet
montre un volcanisme rcent potassique ultra-potassique, caractre adakitique ;
les donnes gochimiques sur ces laves, et les xnolithes quelles ont remontes,
suggrent la prsence dune crote infrieure sous-jacente de type indien. Ceci est
en bon accord avec les modles qui proposent que la crote infrieure indienne soit
sous-plaque sous le Tibet, voire redouble par caillages multiples. On aurait donc
ainsi sous le Tibet un triplement de la crote infrieure. Dans cette optique, la crote
infrieure indienne serait donc subduite sous le Tibet, la crote suprieure refusant
la subduction (voir ci-dessus).
Plus au N, la dpression du Tarim est chevauche sur ces deux bordures, par le Tibet
au S, et par le Tian Shan au N. Ce dernier chevauche son tour vers le N la dpression
de Dzungharie. Le Tian Shan est une chane ancienne, remobilise lors de la collision
indienne. Plus au N, encore se dveloppe le systme de fosss du Bakal.
10.4.5 Incidences globales (Fig. 10.29)
La collision indienne a donc entran la formation dun vaste systme montagneux
au centre de lAsie, ce qui a des consquences globales. Lrosion agit sur cet
ensemble montagneux et produit une masse considrable de sdiments, dont la plus
grande partie gagne le domaine marin, contribuant ldication dnormes cnes
sdimentaires aux embouchures des grands euves : Indus, Gange-Brahmapoutre,
Salwen, Mekong, Chiang Jiang (Yang Tse), Hoang Ho. En mme temps, la charge
dissoute est importante et inue sur le bilan chimique global de locan, entranant
par exemple des variations du rapport isotopique du Strontium.
Une seconde consquence concerne le climat. Lensemble Himalaya-Tibet-chanes
dAsie centrale, constitue un attracteur de haute pression pendant lhiver, et de basse
pression pendant lt, qui gouverne le phnomne de mousson et donc le climat de
toute lAsie du Sud Est et du Nord de lOcan Indien.
10.5 LA CHANE HERCYNIENNE (= VARISQUE) DEUROPE
Cest un orogne sinueux qui stend de faon discontinue de lEspagne la Tch-
quie sur prs de 3 000 km de long et 700 de large (g. 10.30). Il disparat vers lE
sous les Carpates. Le cycle orognique hercynien se droule pendant la partie sup-
rieure du Palozoque, depuis le Silurien jusquau Permien. Cette chane rsulte de
la collision du continent N-Atlantique au N et de celui du Gondwana au S. Elle est
partiellement masque par les bassins sdimentaires, et surtout a t profondment
disloque partir du Permien par les dformations ultrieures dont il faut tenir compte
pour toute reconstitution, en particulier en replaant les blocs ibrique et corso-sarde
dans leur position permo-carbonifre.
Lorogne hercynien se caractrise par une large partie centrale o afeurent les
terrains les plus mtamorphiques, ainsi que de trs nombreux granitodes. De part et
dautre de la zone centrale, viennent des bassins dvono-carbonifres peu ou pas mta-
morphiques et sans granitodes, et qui reprsentent danciens bassins davant-chane.
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252 10 Les chanes de collision
Cette relative symtrie se traduit aussi, sur le plan tectonique, par une disposition
gnrale en ventail avec double dversement des structures.
La limite N de la chane est bien marque, de lIrlande lAllemagne, par le front
varisque , grand chevauchement plat vergence N, bien connu du Pays de Galles
la Belgique (g. 10.30) et Aix-la-Chapelle (Aachen), qui fait reposer un Palozoque
70
80
90
100
110
40
30
20
10
de 500
1 000 m
de 2 000
10 000 m
> 10 000 m
60
Gange
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T
arim
de 1000
2 000 m
Fig. 10.29 Les bassins sdimentaires induits par la collision himalayenne.
Simpli daprs Mtivier, 1996, Thse et France-Lanord et Mtivier in Avouac et De
Wever (2002).
Les hauts-reliefs engendrs par la collision himalayenne sont la proie de lrosion, et
les sdiments viennent nourrir un certain nombre de bassins sdimentaires : bassin
exural molassique du Gange-Indus ; bassins intramontagneux, galement exuraux,
du Qsaidam, du Tarim, de Jungar. La majeure partie des sdiments gagne locan et
aboutit former dnormes cnes sdimentaires au dbouch des grands euves,
dont les cnes de lIndus et du Gange-Brahmapoutre (Bengale). Ce dernier reprsente
le plus volumineux ensemble sdimentaire actuel : prs de 4 000 km de longueur,
22 km dpaisseur prs de lembouchure du Gange, un volume denviron 2810
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3
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pliss et schistos sur le bassin carbonifre paralique, substratum non dform au
Dvonien. Vers lEst, le front varisque est coup par des dcrochements dextres, de
direction NW-SE, et masqu par les Carpates.
La limite S de la chane nest bien connue quau SE du massif de Bohme (g. 10.30),
o lon observe une srie de plis couchs vers le S, charriant le Dvonien-Carbonifre
pliss sur une plate-forme non dforme, et au N de lEspagne o les nappes canta-
briques reposent sur un substratum galement non dform au cur de la virgation
ibro-armoricaine . Dans tout le domaine alpin, ce contact nest plus visible. Tout
au plus, sait-on que le substratum hercynien des Alpes occidentales, trs mtamor-
phique, appartient au cur de la chane hercynienne, tandis quune grande partie des
Alpes orientales appartient dj au bassin dvono-carbonifre mridional.
Entre ces deux fronts de dformations, apparaissent galement des blocs peu
dforms : la partie NE (normande) du massif armoricain et le substratum de lW du
Bassin parisien, le substratum du Bassin aquitain, la partie centrale de lIbrie. Ces
blocs correspondent des fragments de lithosphre continentale hrits dorognes
plus anciennes (cadomienne ou panafricaine), et probablement plus rigides que la
lithosphre avoisinante lors de lorognse hercynienne.
10.5.1 Traits structuraux majeurs
On retrouve dans cet orogne les caractristiques majeures des chanes de collision
rcentes : sutures ophiolitiques, nappes crustales et bassins davant-chane. Dautres
traits structuraux y apparaissent mieux, en particulier les dcrochements ductiles, le
magmatisme et les structures tardi-orogniques qui correspondent aux derniers
stades de lvolution dune chane de collision.
a) Sutures ophiolitiques
Longtemps ignores en raison du mtamorphisme intense et de la tectonique, les
squences ophiolitiques varisques, bien que fortement dilacres, sont maintenant
connues sous la forme de roches basiques ultrabasiques dont lorigine ocanique a pu
tre montre grce la gochimie des terres rares. Leur localisation suggre lexistence
dau moins deux domaines crote ocanique, plus ou moins parallles.
Une bande N qui nafeure quau cap Lizard (pointe SW de lAngleterre) et dans
le N du massif de Bohme. Ces ophiolites appartiennent des nappes vergence
N. Leur formation a t date entre 500 et 450 Ma (Ordovicien) ; elles ont t
mtamorphises sous facis clogite 380 Ma (Dvonien moyen), et rapidement
exhumes puisquon trouve de la chromite et des spinelles chromifres dtritiques
dans le ysch Dvonien suprieur de la zone saxo-thuringienne, actuellement situ
sous la nappe ophiolitique.
Une bande S, vergence S. Les roches correspondantes, la plupart du temps mta-
morphoses entre 380 et 430 Ma sous facis de haute pression (granulite, clogite,
schistes glaucophane dont les plus clbres sont ceux de lle de Groix), sont
disperses la base dune nappe de socle constitue de gneiss leptyno-amphibo-
litiques. On les retrouve dans le NW de la pninsule ibrique, dans le Massif
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254 10 Les chanes de collision
Fig. 10.30 Schma structural de la chane hercynienne dEurope occidentale
(daprs Matte, 1986).
1. principaux chevauchements, 2. nappes cristallines internes et sutures ophioliti-
ques, 3. domaines schistosit de ux ou foliation mtamorphique, 4. bassins
dvono-dinantiens externes, 5. blocs peu ou pas dforms, 6. vergences des structures,
7. dcrochements.
A. Ardennes, E. Erzgbirge, FN. Fort Noire, G. Pays de Galles, MA. massif armoricain,
M. massif Central, MSR. massif schisteux rhnan, S. Saxe, TH. Thuringe, V. Vende.
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armoricain, le Massif Central et les Alpes (ophiolite de Chamrousse dans le
massif de Belledonne, et socle des Tauern). Dans tous ces afeurements, on
trouve des tholites associes des termes cumulatifs basiques et ultrabasiques,
de mme ge Ordovicien que dans la bande N. Il faut cependant reconnatre quen
dehors de lophiolite de Chamrousse qui na pas t mtamorphise pendant loro-
gense, linterprtation de ces roches magmatiques comme des complexes ophio-
litiques reste discute. Devant cette diffrence de mtamorphisme et la difcult
de relier structuralement les ophiolites varisques des Alpes la bande S, divers
auteurs ont prfr y voir une troisime suture indpendante.
Enn, il existe localement des ophiolites dvoniennes dans lE du Massif Central
franais (nappe de la Brevenne), qui nont pas subi un mtamorphisme de haute
pression.
b) Nappes de charriage
On peut distinguer trois grands types de dformations associes aux nappes de char-
riage, caractrisant autant de zones structurales de la chane :
Les nappes cristallines, surtout connues dans la moiti S de lorogne (Fig. 10.30
et 10.31). Elles caractrisent la zone interne de la chane. Il sagit de la superposition
de nappes de gneiss trs mtamorphiques, et mtamorphisme polyphas (haute
pression, en particulier pour les ophiolites, puis barrovien) sur des nappes moins
mtamorphises (nappes de Vende, de lAlbigeois, des Cvennes). Lamplitude
des chevauchements pourrait atteindre 200 km dans le NW de lEspagne et le
Massif Central, chiffre dchelle himalayenne. La mise en place de ces nappes
sest accompagne dune dformation ductile synmtamorphe, pizonale mso-
zonale, avec parfois disposition inverse des isogrades, comme en Himalaya. Cette
dformation correspond essentiellement un aplatissement, avec un fort allonge-
ment parallle la direction de transport, une composante cisaillante souvent
importante, et de rares plis sub-parallles lallongement (plis en fourreau).
Ce mtamorphisme et la tectonique associe ont t dats radiomtriquement en
Vende et dans le Massif Central 390-380 Ma (Dvonien infrieur), et strati-
graphiquement par la discordance du Dvonien suprieur dans le Massif Central
(Brevenne, Morvan), la Fort Noire et le Portugal.
Les nappes en plis couchs, situes en avant des nappes prcdentes, et dont la mise
en place est un peu plus rcente, pendant le Carbonifre infrieur (350-325 Ma)
(Fig. 10.30 et 10.31). Ces nappes sont bien reconnaissables dans les sries palo-
zoques o la stratigraphie est analysable. Elles ont t dcrites dans le NW de
lEspagne, avec des ancs inverses de 20 km, et dans le S du Massif Central
(g. 10.31). Ces plis montrent une schistosit de plan axial et leurs axes sont plus
ou moins perpendiculaires la direction de transport.
Les nappes de dcollement des bassins externes. Le plus bel exemple est celui de
lArdenne, bien imag par le prol ECORS (g. 10.32), o la srie ordovicienne
dvonienne est dcolle au niveau du Cambrien et du Dvonien, le long dun contact
plat situ 5 km de profondeur. La srie charrie peut tre elle-mme fortement
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256 10 Les chanes de collision
schistose. Le chevauchement se produit sur du Carbonifre montrant ainsi quil
sagit des structures tangentielles les plus rcentes. Ces chevauchements participent
la formation des bassins davant-chane, et se propagent dans ces derniers pour
les inverser au cours du Carbonifre.
Fig. 10.31 Style tectonique du Massif central mridional.
Nappes cristallines internes ( droite) et plis couchs synmtamorphes (Montagne
Noire, gauche)
(daprs Arthaud et Matte, coupe gnrale, et Mattauer, coupe de la Montagne Noire).
V. Visen, D. Dvonien, CO. Cambro-Ordovicien, PK. Prcambrien, x-y. niveau
drosion de la coupe.
Fig. 10.32 Coupe du front varisque dans le N de la France, daprs le prol ECORS
(daprs Raoult, 1986, simpli).
h. Carbonifre, d. Dvonien, CO. Cambro-Ordovicien, Pz. Palozoque mtamorphi-
que indiffrenci, PK. Prcambrien.
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c) Bassins davant-chane
La progression des effets de la collision vers lextrieur de la chane a t enregistre
par la formation de bassins davant-chane remplis par des yschs et molasses qui
dnissent deux bandes parallles (g. 10.33).
La bande N, la mieux connue, correspond aux zones dites rhno-hercynienne, qui
va du Portugal au Harz, et saxo-thuringienne, plus interne, limite au N du massif
bohmien et spare de la prcdente par la ride cristalline mdiogermanique .
Cette zone forme le substrat de lE du bassin de Paris. Les sdiments les plus anciens
sont du Dvonien moyen suprieur. Les plus frquents sont dinantiens (facis Culm)
et passent vers le N des molasses lacustres couches de charbon, dge namurien
westphalien. La transgression marine du Dvonien moyen-suprieur dans le NE du
Massif Central, et les facis dtritiques de type Culm qui lui succdent pendant le
Dinantien correspondent probablement lextrmit orientale de la bande de ysch
saxo-thuringienne.
La bande S est connue dans le S de la France et le NE de lIbrie, cest--dire dans
la concavit de la virgation ibro-armoricaine, ainsi que dans quelques secteurs des
Alpes orientales (Alpes carniques, Karawenken, g. 10.33). Les sdiments les plus
anciens sont carbonifres (visens namuriens), et esquissent le passage aux molasses
charbon comme au N, mais leur dpt est interrompu par le plissement si bien que
les bassins houillers sont ici post-tectoniques.
Tant au N quau S, les directions de transport sdimentaires sont toujours tournes
vers lextrieur de la chane. Par ailleurs, ces yschs, une fois dposs, sont rapidement
Fig. 10.33 Principales zones dafeurement des yschs varisques en Europe occidentale
(daprs Franke et Engle, 1986).
RH. zone rhno-hercynienne, ST. zone saxo-thuringienne, AC. Alpes carniques,
B. massif de Bohme, K. Karawanken, N. Montagne noire.
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affects par la dformation qui progresse vers lextrieur, et dcoups en cailles
dautant plus allochtones quon est en position interne. Leur ge est videmment de
plus en plus jeune de lintrieur vers lextrieur de la chane, ce qui saccorde bien
avec lide dun dpt syntectonique seffectuant au front dun prisme daccrtion
tectonique. Leur sdimentologie conrme cette position, car elle montre une alimen-
tation se modiant au fur et mesure de lempilement, de la progression et de lrosion
des nappes au front de la chane. Dans certains cas comme le massif du Mouthoumet
et le S de la Montagne Noire, le ysch typique passe peu peu un facis de plus en
plus grossier, avec olistolites, et nalement une vritable nappe gravitaire synsdi-
mentaire apparat, avec klippes sdimentaires de plus de 10 km
2
(caille de Cabrires).
Ailleurs, ce sont des yschs anciens, allochtones, que lon retrouve remanis dans
des yschs plus rcents.
Les bassins davant-chane les plus rcents correspondent des bassins houillers
paraliques (Pays de Galles, franco-belge, Ruhr au N de la chane, Asturies, voire
houiller brianonnais au S).
On remarquera donc que les dformations ont commenc dans les parties les plus
internes, aux abords de la zone de suture, et se sont dveloppes comme dans dautres
chanes de convergence (Alpes, Himalaya) vers lextrieur de la chane au cours
du temps.
d) Les dcrochements ductiles
Ces accidents, gnralement parallles la direction de la chane sont surtout connus
des deux cts de la virgation ibro-armoricaine (g. 10.34), snestres pour la branche
ibrique, dextres dans le massif armoricain. Ils traduisent une dformation intra-
continentale postrieure la mise en place des nappes (340 310 Ma daprs lge des
leucogranites associs). On a souvent compar ces dcrochements ceux des extr-
mits ( syntaxes ) de la chane himalayenne (p. 250). Ils suggrent comme eux
lchappement latral de la chane de montagne de part et dautre dun poinon
constitu dune lithosphre plus rigide, ici un bloc ibrique hrit de lorogense
panafricaine.
e) Magmatisme syn- et tardi-orognique
Le magmatisme granitique varisque est particulirement abondant dans les parties
internes de la chane, entre 370 et 270 Ma (Dvonien suprieur-Permien infrieur),
avec une majorit de mise en place au Carbonifre suprieur. Les parties externes de
lorogne sont beaucoup moins affectes, sans tre totalement exemptes de granites
varisques. On peut ramener ces granitodes deux types :
Les leucogranites alumineux, lis aux dcrochements et rsultant de la fusion
humide des sdiments ou des granites au contact. Ils sont riches en inclusions
sdimentaires et dpourvus denclaves basiques. Les plus classiques sont ceux du
Massif armoricain, o la dformation syn-magmatique montre clairement quils
sont contemporains du cisaillement sud-armoricain.
Les granites danatexie, beaucoup plus frquents, sont issus de la fusion dune crote
paissie. Ces granites sont souvent alcalins, et enclaves basiques indiquant la
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participation de produits de fusion mantellique. Ces granites sont tardifs dans
lvolution de lorogne, puisquils recoupent toutes les structures en nappes des
zones internes. Par contre, ils sont souvent associs des dmes gneissiques et des
bassins carbonifres, ce qui a conduit les interprter comme des metamorphic
core complex comparables ceux des Basin and Range de lOuest amricain. De
nombreux exemples montrent en effet que lors de la mise en place de ces granites
anatectiques (issus de la fusion de la crote), leur couverture glisse, formant de
grands dtachements ductiles qui contribuent amincir trs rapidement la crote
suprieure. Linterprtation en metamorphic core complex est cependant discute,
les bassins sdimentaires adjacents tant souvent forms dans un contexte dcro-
chant et non extensif, et pas toujours pendant la formation des dmes gneissiques.
Fig. 10.34 Dcrochements ductiles et chevauchements dans les virgations ibro-armoricaine (A)
et ouest-himalayenne (B), la mme chelle.
Les pointills ns indiquent les zones de suture (daprs Matte, 1986).
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260 10 Les chanes de collision
f) Structures tardi-orognique
Dans la zone axiale, le Westphalien et le Stphanien (Carbonifre suprieur) sont
prsents dans des bassins troits, sous forme de dpts limniques parfois trs pais
(4 000 m), discordants sur le substratum pliss et mtamorphis. Le degr de mta-
morphisme du substratum indique que localement, prs de 25 km de crote conti-
nentale ont disparu avant le Westphalien. Cette diminution de lpaisseur crustale
la n du cycle hercynien nest que partiellement due lrosion en surface. Doivent
aussi intervenir des phnomnes tectoniques ant-wesphalien et les dtachements
ductiles dus la mise en place des granites carbonifres.
Aprs les plissements et la mise en place des nappes, toujours plus ou moins
synmtamorphes, intervient une dernire priode de dformation qui, agissant sur un
bti dj fortement indur, provoque une fracturation importante de lEurope occi-
dentale grce de nombreux dcrochements recoupants les structures antrieures
(g. 10.35). En fait, ce rgime de dformation dcrochant a commenc, en contexte
ductile et avec de forts rejets, ds la mise en place des leucogranites. Au Stphanien
Fig. 10.35 Les dcrochements tardi-hercyniens de lEurope SW
(daprs Arthaud et Matte, 1975).
FNP. faille nord-pyrnenne, SH. Grand Sillon Houiller.
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et au Permien infrieur, les dcrochements vont se poursuivre en rgime fragile,
mais avec des rejets plus faibles, localisant de nombreux bassins houillers intra-
montagneux. Enn, partir du Permien moyen, le rgime tectonique distensif devient
gnral, et saccompagne dun important volcanisme acide (Vosges, Estrel, Corse).
Pour la France, les accidents dcrochants majeurs sont les cisaillements nord- et
sud-armoricain (g. 3.20), la faille nord-pyrnenne et le Grand Sillon Houiller du
Massif Central, ainsi appel car il est jalonn de bassins houillers (g. 3.21). La faille
nord-pyrenenne provoque un dcalage dextre de 150 km au travers de la virgation
ibro-armoricaine (dcalage ne pas confondre avec le mouvement snestre mso-
zoque voqu p. 174). Le Grand Sillon Houiller coupe le Massif Central franais en deux,
et se prolonge sous les bassins qui lencadrent au N et au S, comme lont montr les
donnes gophysiques, soit sur une longueur de 600 km et un jeu senestre de 70 100 km.
Limportance de ces dcrochements tardi-orogniques est considrable, car ils
vont localiser les dformations ultrieures, et ceci ds le Permien o ils vont rejouer
en failles normales, mais aussi pendant le cycle orognique alpin.
10.5.2 volution structurale (g. 10.36 et 10.37)
Les caractres de la chane varisque sont ceux dune chane de collision aprs fermeture
de deux domaines ocaniques, dits rhique au N et msogen (ou centralien )
au S, sparant trois domaines continentaux : au N le continent nord-atlantique, au S
celui du Gondwana, et en position intermdiaire le bloc moldanubien. Les ges de
450 500 Ma obtenus sur le matriel ophiolitique suggrent une ouverture cambro-
ordovicienne. Des donnes palomagntiques ables suggrent que ces ocans devaient
tre relativement troits.
Le premier stade de lvolution a t la disparition par subduction, au cours du
Silurien et du Dvonien infrieur, de ces espaces ocaniques. Cette subduction est
atteste par le mtamorphisme de haute pression (430-380 Ma). Les fragments de
lithosphre ocanique qui chappent au recyclage dans le manteau reviennent rapi-
dement vers la surface, comme le montre leur resdimentation dans le ysch saxo-
thuringien dvonien suprieur.
La collision des marges continentales se produit au Dvonien, en accord avec un
mtamorphisme barrovien dat partir de 380 Ma et qui peut se superposer au prc-
dent l o ce dernier existe. Par la suite, les chevauchements affectent des zones de
plus en plus externes de la chane, provoquant une exion de lavant-pays et donc la
naissance de bassins davant-chane o vont se dposer yschs et molasses. Ces bassins
vont tre eux-mmes dforms par la propagation des chevauchements vers lextrieur
de la chane. Lenregistrement de ces propagations est la base de la dnition les phases
orogniques des anciens auteurs : phase bretonne, la limite Dvonien-Carbonifre,
surtout nette dans le Massif armoricain, puis phase sudte (entre Dinantien et Namurien,
ou plus rcente suivant les rgions).
La collision continentale paissit considrablement la crote dans les zones internes.
Le dspaississement se produit essentiellement au cours du Carbonifre lors de la
gnralisation de lanatexie et de lextension ductile associe. Si on supprime par
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la pense ces phnomnes dextension, on rduit de plus dun tiers la largeur de
lorogne actuel (chiffre du mme ordre de grandeur que dans les Basin and Range),
ce qui donne une ide de limportance de ce processus longtemps ignor ou sous-
Fig. 10.36 Modle dvolution de la chane hercynienne sur la transversale
Ardennes-Massif central.
Comportement mcanique de la crote continentale et position des phases ,
simples tapes dans la construction progressive dun prisme daccrtion tectonique
(daprs Matte, 1986).
Pointill : manteau lithosphrique, Croix : crote continentale, Noir : crote ocani-
que, Blanc : sdiments palozoques, Gros points noirs : bassins sdimentaires
dvono-carbonifres davant-chane.
A. Ardenne, MA. Massif armoricain, MC. Massif central.
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estim. Il montre que ltalement distensif des chanes de montagne qui intervient
ds quelles ont atteint une paisseur crustale limite est un phnomne gnral. Les
modalits de cet talement varient videmment suivant les conditions aux limites.
Dans le Massif Central, limportance des granitisations hercyniennes tmoigne dun
rgime thermique lev rappelant celui du Tibet (p. 251).
La fusion du manteau tant systmatiquement lorigine de lanatexie, il a t
propos que ce soit lapport de magma basique la base de la crote de la chane de
montagne qui provoquerait sa fusion. Le mcanisme de fusion du manteau pourrait
tre simplement li sa remonte par compensation isostatique de lrosion en
surface, ou un phnomne de dlamination du manteau lithosphrique, qui se spa-
rerait de la crote et serait alors remplac par du manteau asthnosphrique, nette-
ment plus chaud. Un tel mcanisme permettrait dexpliquer la formation de granites
danatexie dans des zones externes de la chane hercynienne.
Dans tous les cas, lamincissement des zones internes commence pendant loro-
gnse, alors que les dformations compressives continuent dans les zones externes.
La n de lorognse est marque par le passage dun rgime tectonique compressif
un rgime dcrochant la n du Carbonifre, puis en extension au Permien.
Cependant, il convient dinsister sur certaines particularits de lorogne hercynien,
qui laissent penser que son histoire a pu tre plus complexe que ce qui vient dtre
rsum. Cet orogne hercynien correspond en fait lassemblage de deux chanes de
montagnes, spares par la zone moldanubienne, qui chappe la dformation en
nappes de chevauchement, et ne subit quun raccourcissement modr, tout comme
lavant-pays au S de la chane (socle du bassin dAquitaine, Pyrnes). Pendant la
priode ddication de la chane, les mouvements coulissants apparaissent prpon-
drants, en particulier pour une grande partie de la chane sud. Plutt que dans une
convergence frontale, la chane hercynienne sest probablement construite dans un
systme en convergence oblique, en refermant un ensemble de bassins marginaux
sparant des domaines continentaux de petites tailles. Parmi ces bassins marginaux,
certains prexistaient la convergence (ocans rhique et centralien ), dautres
ont pu apparatre en arrire des zones daffrontement, en particulier le long de dcro-
chements (bassin dvonien de la Brevenne, voire bassin dvonien saxo-thuringien).
Finalement, le modle de formation de la chane hercynienne devrait faire intervenir
un collage oblique de blocs exotiques (voir chapitre 11, p. 293), comme dans le NE du
Pacique, et pas seulement la collision frontale de deux grandes masses continentales
comme dans la chane himalayenne.
10.6 LES ALPES
On y distingue classiquement, dW en E, larc des Alpes occidentales, puis une partie
rectiligne, les Alpes centrales, passant vers lEst aux Alpes orientales, ces dernires
doubles vers le Sud par les Alpes mridionales
Elles rsultent de la collision entre la plaque eurasiatique et la plaque africaine,
plus exactement un microcontinent dit adriatique (ou insubrien, apulien, sudalpin,
suivant les auteurs) (g. 10.38 A), jadis soud lAfrique et qui doit son indpendance
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la fragmentation distensive tthysienne. Il constitue actuellement le substrat de la
plaine du P et de lAdriatique.
Au dbut du cycle alpin, cest--dire au Trias, il ny avait lemplacement des
futures Alpes, quune plate-forme continentale faiblement immerge. Cest au cours
du Jurassique que sy ouvre un espace ocanique, dit tthysien (g. 10.38 B) car il
nest que lune des branches de locan de mme nom, qui a spar les continents de
Gondwana et de lEurasie ds le Trias.
Quelles que soient sa forme et sa structure, cet espace ocanique se referme au
Crtac suprieur en laissant une cicatrice ophiolitifre. Dans la collision qui se produit
ensuite locne, les marges continentales en prsence sont clives en lames granito-
gneissiques double dversement, la zone ophiolitifre ntant quune de ces nappes.
Fig. 10.37 Modle dvolution de la chane hercynienne sur la transversale
Ardennes-Massif central (modi daprs Bard et al., 1980).
1. Ordovicien-Silurien infrieur (500-425 Ma). Deux domaines ocaniques (1 et 2) spa-
rent trois blocs continentaux (G. Gondwana, MO. zone moldanubienne, NA. continent
nord-Atlantique), sur lesquels lactivit volcanique (3) est de type spilite-kratophyre.
Dans le domaine ocanique sud (1), existe probablement un arc volcanique (4), ceci
dans lhypothse o les complexes leptyno-amphiboliques du Massif central dbutent
bien ds lOrdovicien, arc sous lequel fonctionne une zone de subduction (5).
2. Silurien suprieur-Dvonien infrieur (425-385 Ma). La subduction commence dans
le domaine N (1) et se termine dans le domaine S (2), avec mtamorphisme de haute
pression (3, en gris) dans la crote ocanique et les sdiments volcano-dtritiques
subducts (complexes leptyno-amphibolique. Le clivage de lextrme marge gond-
wanienne dbute (4), accompagn de la mise en place de granites alcalins msocrustaux
rsultant de la fusion humide de la crote dans les surfaces de clivage (5).
3. Dvonien moyen-suprieur (385-355 Ma). Accentuation du clivage de la marge
gondwanienne et empilement des cailles avec mise en place de granites dorigine
mso- infracrustale (1). Le blocage du systme au S acclre la subduction au N et
lobduction de la crote ocanique correspondante (2) avec mtamorphisme de
haute pression (3 en gris). Il y a dbut du clivage de la marge nord-atlantique, avec
gnration de granitodes infracrustaux.
4. Visen (355-325 Ma). Le clivage des marges stend vers lextrieur (1) ( phase
sudte des auteurs), prcd par le dpt de yschs (2) dans les bassins en exion
o peut se produire un volcanisme spilitique rhyo-dacitique (3). En profondeur,
lempilement et le glissement des cailles dtermine la mise en place de granites
infracrustaux et, par remonte des isogothermes, provoque un mtamorphisme
barrovien et une importante anatexie.
5. Namurien-Westphalien-Stphanien infrieur (325-295 Ma). Les aires prcocement
tectonises (au Dvonien infrieur et moyen) subissent un dernier serrage ( phase
asturienne des auteurs) verticalisant les structures (1) et se soulvent par isostasie
(crote paissie), donc srodent. Les produits alimentent les molasses houillres des
bassins limniques (2) installs sur les premires failles normales qui traduisent le
dbut du ramincissement crustal. Un volcanisme post-orognique calcoalcalin
rhyolitique accompagne la monte de granites infracrustaux (3 et 4). lextrieur de
la chane, la contraction affecte les bassins visens et westphaliens (5).
6. Permien (295-250 Ma). La crote se ramincit par talement gravitaire gnralis
de la chane le long de failles de dtachement, individualisation de bassins sdimen-
taires intramontagneux (1), structuration de la crote infrieure lite, fracturation et
morcellement de la chane grce aux grands dcrochements, accompagns dultimes
manifestations volcaniques (2).

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10.6.1 La structure actuelle (g. 10.39)
On la dcrira dans le mme sens que pour lHimalaya, cest--dire en allant de
lavant-pays vers le domaine ocanique. La marge continentale europenne et les
restes du domaine ocanique sobservent dans les Alpes occidentales et centrales, la
marge adriatique (insubrienne) dans les Alpes orientales.
a) La marge continentale europenne ou nord
Elle comprend deux parties classiquement dsignes sous les noms de zones externe
et interne.
La zone externe (dauphinoise, en France, helvtique en Suisse) montre une crote
continentale dpaisseur normale (30 km environ). On est donc encore sur le continent
europen lui-mme. Le socle externe apparat dans les massifs cristallins externes
Fig. 10.38 A. Le microcontinent adriatique (MA) au cur de larc alpino-carpathique. Ce
microcontinent, jadis reli au continent africain (AFR), sen est dsolidaris lors de la disten-
sion tthysienne, et smiette lui-mme au Nogne, donnant ainsi naissance la microplaque
autour de laquelle se moule alors larc alpin.
B. Reconstitution trs hypothtique de locan alpin au Crtac moyen (100 Ma).
MA. microcontinent adriatique, Alb. Alboran, Adr. future mer adriatique, Br. Brian-
onnais, C. Corse, Dalm. Cte dalmate, Ital. N. Italie du nord, Ital. S. Italie du sud, K.
Kabylies, S. Sardaigne, T. Taurus.
En gris, le domaine ocanique
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(Argentera, Ecrins-Pelvoux, Belledonne, Mont-Blanc, Aar), o lon retrouve un matriel
hercynien classique, assez semblable celui du massif Central, mais dont le style alpin
est celui de grandes cailles redresses la verticale et lgrement dverses vers
lextrieur de la chane. Les mesures par GPS indiquent que ces massifs se soulvent
actuellement denviron 1 mm/an (= 1 km par Ma), ainsi que leur bordure subalpine
ou helvtique. Les ges obtenus partir des traces de ssion dans lapatite (4 6 Ma)
indiquent que le soulvement aurait commenc vers la n du Pliocne.
Fig. 10.39 Grandes units palogographiques et structurales de la chane alpine.
A. Ambin, Arg. Argentera, B. Belledonne, DB. Dent Blanche, DM. Dora Maira, Eng. Enga-
dine, EP. Ecrins-Pelvoux, GP. Grand Paradis, GSB. Grand St Bernard, H. Houiller brian-
onnais, HT. Hohe Tauern, MB. Mont Blanc, MR. Mont Rose, N. Simplo. Silvr. Silvretta,
T. nappes simplo-tessinoises, Va, Vanoise, VBrg. Val Bregaglia.
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La couverture sdimentaire de ce socle montre une srie de plate-forme carbo-
nate plus ou moins subsidente suivant les points. Elle a t plisse au Miocne en
donnant naissance aux chanes subalpines
1
, en mme temps que le Jura et dans le
mme contexte mcanique, cest--dire que la contraction a entran le sous-charriage
du socle externe sous les units alpines plus internes.
La couverture, dcolle dans les vaporites du Trias et, parfois, dans les marnes
liasiques ou crtaces, se replie en cailles ou plis-faille valeur de duplex, vergence
externe, bien visibles dans les chanes subalpines franaises (g. 10.40).
En Savoie et surtout en Suisse, la couverture du Mont-Blanc et de lAar est dcolle
et jecte vers le NW en donnant les nappes helvtiques qui masquent largement la
couverture autochtone du socle cristallin redress. Ces nappes ont pris naissance
avant le plissement des chanes subalpines franaises, probablement lOligocne,
immdiatement aprs la structuration des zones internes dont certaines units (dites
nappes pralpines) les ont mme chevauches, constituant ainsi pour elles une surcharge
de 2 000 3 000 m dpaisseur.
La zone interne, ou plutt les zones internes (dites penniques en Suisse), sont spa-
res de la zone externe par une importante surface de chevauchement (chevauchement
pennique frontal ou front pennique), surtout nette en France
Ces zones internes reprsentaient, au Jurassique et au Crtac infrieur, lancienne
marge continentale du continent europen, cest--dire une zone crote amincie,
de plus en plus disloque aux approches de locan tthysien par le rifting habituel
1. Ce plissement dbute plus tt dans les chanes subalpines mridionales car celles-ci ont subi le
contrecoup du plissement pyrno-provenal au Crtac suprieur et lEocne suprieur, daxe
E-W. Il en rsulte un entrecroisement de ces plis prcoces et de ceux du Nogne qui suivent,
quant eux, la courbure de larc alpin.
Fig. 10.40 Style tectonique du massif des Bornes (chanes subalpines de Savoie).
La profondeur et le style du toit du socle sont contraints par le prol ECORS-Alpes
(g. 190) (daprs Guellec et al., 1989, C.R.A.Sc., p. 172, simplie).
Cette coupe fait ressortir la continuit de la couverture entre le Jura et les chanes
subalpines, ainsi que son dcoupage en cailles superposes : ce style est li au sous-
charriage du socle jurassien-dauphinois sous les massifs cristallins externes.
m. molasse miocne ou oligocne, Ci. Crtac infrieur, Ur. Urgonien, P. Portlandien,
Ti. Tithonique, Ox. Oxfordien, Jm. Jurassique moyen, L. Lias, T. Trias.
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des marges passives (g. 10.50). On avait donc l, juxtaposs, des blocs plus ou moins
basculs, des horsts et des grabens, spars par des failles normales qui pourront rejouer
en failles inverses lors du raccourcissement tertiaire ( inversion tectonique ).
Grce leur couverture sdimentaire, la stratigraphie permet de distinguer dans
cette marge une succession de domaines la fois palogographiques et structuraux
qui diffrent suivant les secteurs.
Dans les Alpes occidentales (g. 10.41), on y voit dW en E (jadis, du N au S),
cest--dire de lextrieur vers lintrieur (g. 10.50) : le domaine subbrianonnais,
valeur de graben complexe, passant vers le N au domaine valaisan o le caractre
rift saccentue, le domaine brianonnais, reprsentant le bloc majeur et le plus soulev
lors du rifting proprement dit, puisque ce bloc merge au Lias, le domaine pimontais,
reprsentant au contraire le ou les blocs les plus proches de locan tthysien, cest-
-dire les plus immergs. Cest l que la sdimentation sera la plus monotone (et la
plus mtamorphise lors du plissement).
Le socle de ces diffrents domaines est granito-gneissique, avec parfois un pais
Carbonifre productif ( zone houillre brianonnaise), probablement un bassin
exural tardi-hercynien classique, mais les fractions les plus internes du Brianonnais
Fig. 10.41 Zones stratigraphiques et structurales des Alpes occidentales.
A. Ambin, Br. Brianonnais, DM. Dora Maira, FH. Flysch helminthodes, GSB. Grand
St Bernard, H. Zone houillre brianonnaise, L. Lanzo, LP. Liguro-Pimontais,
M. Mont Rose, P. Pimontais, SB. Subbrianonnais, V. Valaisan, Va. Vanoise.
La Dent Blanche (DB) est une klippe austroalpine pose sur le Pennique. La zone
Sesia (S) est gnralement considre comme sa racine.
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(Grand St Bernard-Vanoise, Ambin) et du Pimontais (Mt Rose, Grand Paradis,
Dora-Maira p.p.) montrent des ensembles fortement recristalliss qui nvoquent plus
les sries du massif Central.
Dans la fraction suisse des Alpes occidentales, ces massifs de socle, mieux dgags
par lrosion montrent un style en plis penniques savoir de longs plis couchs
trs souples, schistosit de ux. Ils sont vergence nord mais, en n dvolution,
le resserrement de ldice a provoqu un pli en retour qui fait que les racines
penniques sont dversement sud (g. 10.42). Ce style est suppos se retrouver dans
les Alpes franco-italiennes (coupes A et B).
Fig. 10.42 Coupes simplies dans les diffrents tronons de la chane alpine
(hauteurs multiplies par 5).
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Des lambeaux de couverture sont pincs entre ces noyaux gneissiques, sans que
lon sache toujours sil sagit de leur couverture primitive ou dune couverture de
substitution. De toute faon, les contacts sont tellement tirs que leur nature primi-
tive reste le plus souvent incertaine. Ceci dautant plus quun mtamorphisme
facis schiste vert, parfois superpos un mtamorphisme facis schiste bleu (de
haute pression et basse temprature) affecte le tout. Les ges de mtamorphisme
voluent entre 40 et 35 Ma, soit donc locne suprieur, qui serait lge de la mise
en place de cet dice pennique, son resserrement tardif tant nogne.
On conoit que dans ce contexte tectonique et mtamorphique, les sdiments
msozoques soient peu dchiffrables en particulier ceux de la zone pimontaise, la
plus crase. Certes, comme ces derniers appartenaient encore la marge continen-
tale, ils montrent un Trias basal, un Lias encore reconnaissable par places (blem-
nites) et pas dophiolites. Mais leur intrication avec les sdiments voisins, et
contemporains, de locan tthysien, rend lanalyse difcile. On les groupait donc
sous le nom de Schistes lustrs Le dchiffrage rcent de ces derniers fait que ce
terme na plus quune valeur historique, qui est cependant commode pour des
descriptions ou des gures synthtiques.
Dans les Alpes centrales (g. 10.43), le tableau est compltement diffrent : les
ensembles prcdents font en effet place des units sdimentaires nouvelles, parmi
lesquelles la zone valaisanne notamment prend une importance particulire. On y
Fig. 10.43 Schma structural trs simpli et coupe des Alpes centrales.
AA. Austroalpin, Ad. Adula, Br. granite du Val Bregaglia, F. Falknis, Gd St. B. nappe
du Grand St Bernard (Brianonnais), H. Helvtique, LP. Schistes ophiolitifres liguro-
pimontais, M. Mont Rose, Pr. Prtigau, S. cailles de Schams (aff. brianonnaises),
SA. Sudalpin, Se. Sesia, Su. Suretta, T. Tambo
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272 10 Les chanes de collision
voit une paisse srie de schistes mtamorphiques, les Schistes lustrs des Grisons ,
dge liasique Palocne, et de facis calcaire dominant.
Ce qui est surtout important est que ce sillon se met en place sur une suture ophio-
litique nihercynienne, marque par quelques lames dultrabasites dats de 340 Ma
environ. Elle est peut-tre lorigine de la discontinuit majeure que reprsente le
chevauchement pennique frontal entre zones externe et interne.
Ces ultrabasites, longtemps considres comme tthysiennes, sont lorigine de
la notion docan valaisan qui a inspir les reconstitutions palogographiques de
ces dernires dcennies. En fait, le sillon valaisan na rien docanique. Il montre
cependant des basaltes synsdimentaires sous-marins dge jurassique et crtac
infrieur. Il sagit donc dun sillon crote amincie et fracture, de type rift. Il ny a
pas de sdiments franchement ocaniques non plus, mais une srie calcaro-marneuse
monotone, plus ou moins dtritique, dont la plus grande partie est dge crtac
suprieur. Enn son socle est granito-gnessique (nappes simploniques et massif de
lAdula).
Dautres units sdimentaires de ces Alpes centrales (Schams, Falknis) voquent
vaguement le Brianonnais sans le calquer. Le ysch du Prtigau, enn, serait daf-
nits pimontaises.
Ces units sdimentaires enveloppent des noyaux cristallins de style pennique
(nappes de Tambo et de Suretta). Ces units se corrlent si difcilement avec celles
des Alpes occidentales quon les pense spares delles par une zone transformante
datant de lexpansion thysienne.
En tout cas, au dessus, on retrouve les Schistes lustrs liguro-pimontais ophiolites
(massifs de Platta et dArosa), sous le chevauchement austro-alpin.
Au-del des Grisons, le Pennique napparat plus que dans les fentres de lEngadine
et des Tauern, au travers des nappes des Alpes orientales. Dans la premire seule-
ment, on trouve une minuscule caille calcaire, dite de la Tasna, lointaine et dernire
vocation du Brianonnais (g. 10.44), pince entre les Schistes lustrs liguro-
pimontais et ceux des Grisons.
b) Le domaine ocanique
Il nest plus reprsent aujourdhui que par des massifs ophiolitiques et leur
ancienne couverture sdimentaire. Cet ensemble se suit de la Mditerrane aux Grisons,
et, au del, dans les fentres des Tauern et de Rechnitz (g. 10.39).
Les ophiolites tmoignent de lexistence dune dorsale lente car il sagit surtout
de pridotites serpentinises, nayant exsud que peu de gabbros et de basaltes. Ces
ophiolites dessinent grossirement larc alpin mme sil sagit de nappes dont la
racine se situe probablement dans la zone dcailles ophiolitifres succdant vers
lEst lensemble Grand Paradis-Mont Rose.
Au-dessus des ophiolites, vient une srie sdimentaire typiquement ocanique qui
na t dchiffre que rcemment car elle est mtamorphique (auparavant elle tait
englobe, avec la srie pimontaise, dans les Schistes lustrs ). Elle dbute par des
radiolarites rouges qui ont donn des radiolaires de la n du Jurassique moyen ( 150 Ma),
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ce qui permet de dater de cette poque louverture de ce domaine ocanique, date
conrme par les ges absolus des ophiolites sous-jacentes les plus anciennes (160 Ma
environ).
Viennent ensuite des calcaires plagiques blancs attribus au Jurassique suprieur,
puis des shales noirs (Crtac infrieur et moyen) et enn une paisse srie de calcaires
plus ou moins marneux, dats du Crtac suprieur par de trs rares foraminifres
miraculeusement conservs.
Cette srie ocanique est dite liguro-pimontaise en France et en Italie car elle se
retrouve dans lApennin ligure. En Suisse, cest la zone de Zermatt-Saas.
peu prs partout au long de larc alpin, une partie de ces sdiments ocaniques
crtac suprieur a pu chapper au mtamorphisme en se dcollant trs tt et en glis-
sant vers lextrieur des Alpes en nappes gravitaires. Ainsi sexpliquerait, entre
autres, le clbre ysch helminthodes (dat de lextrme sommet du Crtac,
voire du Palocne) que lon retrouve maintenant en grandes klippes sur la zone
externe dans les Pralpes, lEmbrunais et les Alpes maritimes. Le matriel dtritique
de ce ysch tant dafnit sudalpine, il est probable que cette formation provient
des zones les plus internes du domaine ocanique, en bordure du domaine sudalpin
(g. 10.45).
Fig. 10.44 Tableau rsumant les positions respectives
des diffrentes units palogographiques.
Les termes gographiques en italiques correspondent des massifs de socle cristallin
ancien.
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274 10 Les chanes de collision
c) La marge continentale adriatique (= insubrienne)
peine reprsente sur la transversale des Alpes franco-italiennes, elle se dveloppe
largement dans les Alpes orientales et mridionales quelle constitue presque dans
leur totalit (g. 10.39).
Sur le versant italien des Alpes occidentales, elle est reprsente par de longues
lanires gneissique, la zone Sesia et la zone dIvre (g. 10.47), cette dernire repr-
sentant un des rares afeurements connus au monde de crote continentale inf-
rieure (voir. p. 2). On voit mme afeurer, dans le massif de Lanzo, au nord de
Turin, des pridotites considres comme une remonte du manteau insubrien qui se
serait faite lors de la collision alpine. On comprend donc que cette rgion soit le
sige dune importante anomalie gravimtrique, dite anomalie dIvre, connue depuis
longtemps, et dont linterprtation sera donne plus loin.
Dans les Alpes orientales, la marge stale largement et lon peut y distinguer
deux parties.
Une partie N chevauchant le prolongement des Alpes occidentales, et dcoupe en
plusieurs nappes. Ce sont les nappes austroalpines, avec un socle ancien, prcam-
brien primaire (nappe de la Silvretta-Oetztal) et une couverture secondaire, elle-
mme dcolle et charrie indpendamment vers le nord o elle forme les nappes
des Alpes calcaires du Nord.
Le caractre charri de cet ensemble est prouv par lexistence de deux grandes
fentres, Tauern et Engadine, o rapparaissent des massifs gneissiques, de type
Aar ou de type Brianonnais interne (Acceglio), envelopps dune couverture
helvtique-pennique difcile dchiffrer en raison de son mtamorphisme. Et,
dautre part, par la klippe de la Dent-Blanche et du Cervin (dont les racines,
discutes, seraient la zone Sesia ou celle dIvre suivant les auteurs), ainsi que par
le repos des Alpes calcaires du Nord sur le Miocne prialpin (superposition
dmontre par de nombreux forages et quelques minuscules fentres).
Une partie sud, dite sudalpine (Alpes mridionales des gographes), spare
de lAustroalpin par une fracture importante, la faille insubrienne, dite aussi
ligne du Gail . Cest un dcrochement dextre denviron 80 km de rejet horizontal,
Fig. 10.45 Locan alpin au Crtac suprieur, dj rduit par subduction, sous la marge
austroalpine (AA). Les sdiments qui sy dposent sont des calcaires plagiques
et du ysch helminthoides (en miniature) au voisinage de la marge.
marge europenne
en subduction
marge
insubrienne
prisme
daccrtion
ocanique
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qui reprsente ltat actuel du front du poinon adriatique , cest--dire le vri-
table blier qui, au Nogne, en glissant vers lOuest, a donn sa forme larc alpin.
Ce dcrochement est accompagn par des granites syntectoniques (plus exacte-
ment des granodiorites), dats de lOligocne (32-30 Ma), dont les principaux
afeurements sont ceux du Val Bregaglia et de lAdamello. Le second montre une
queue efle vers lW, manifestant bien le jeu dextre de la faille insubrienne, et ce
ds lOligocne (g. 10.43).
Il existe aussi un volcanisme calco-alcalin de cet ge dans la rgion de Padoue
(Monti Euganei).
La zone sudalpine comprend un socle ancien, prcambrien primaire, trs diff-
rent du socle hercynien plus externe, puisquil montre un Carbonifre et un Permien
marin fusulines, et une couverture sdimentaire ( laquelle appartiennent les Dolo-
mites) tmoignant dune palogographie assez varie de cette marge insubrienne
de locan alpin. Celle-ci, comme la marge europenne, tait accidente de horsts et
de grabens dont le dtail na pas sa place ici.
Sa structure tectonique, apparemment simple en surface, rvle en fait des clivages
crustaux assez importants entranant des chevauchements plats vergence sud
(g. 10.46). Ils sont dge nogne. Par leur symtrie avec les chevauchements dauphi-
nois et helvtiques, ils donnent la chane acheve une structure double dversement.
10.6.2 Structure profonde de la chane alpine
Elle est maintenant mieux connue grce aux prols gophysiques qui y ont t
raliss depuis une vingtaine dannes.
a) Alpes occidentales (g. 10.47 et 10.48)
Le prol ECORS, pratiqu dans les Alpes de Savoie et du piedmont turinois, y montre
une racine atteignant 50 60 km de profondeur la verticale des zones internes.
Fig. 10.46 Coupe schmatique de la zone sudalpine au niveau des Dolomites
(daprs Doglioni, 1987).
Le raccourcissement nogne donne des structures vergence S compliques par un
chevauchement antithtique dans le N des Dolomites.
Socle palozoque en blanc, couverture msozoque (incluant le Permien suprieur)
en hachur vertical.
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276 10 Les chanes de collision
Elle est due dabord au sous-charriage du socle dauphinois sous ldice des zones
internes. La raret des recteurs sous le massif de Belledonne suggre quil serait
constitu dun faisceau de claveaux plus ou moins redress la verticale, conformment
dailleurs aux donnes de surface.
La racine doit aussi son origine aux structures situes sous lensemble Vanoise-
Grand Paradis. De haut en bas, on y voit dabord la superposition de nombreuses lames
granito-gneissiques ployes en vote, rsultant du clivage de la crote suprieure
pennique, lames que lon attribue classiquement aux socles brianonnais et pimontais.
Au dessous, les choses sont plus conjecturales et ont fait lobjet dinterprtations diff-
rentes. Compte tenu de la densit des roches mises en jeu, il semble cependant acquis
que la crote infrieure europenne a t ddouble, ce qui implique son clivage, puis
son dcollement sous leffet de la pousse vers lOuest du manteau apulo-insubrien.
Le plan de refoulement est difcile dessiner cause de labsence de recteurs,
ce qui montre quil est assez fortement redress. Diverses donnes, sismiques et gravi-
mtriques font penser un plan inclin vers lEst 70 environ, ce qui provoque la
remonte du manteau vers la surface (anomalie gravimtrique dIvre) et mme, locale-
ment, sa mise lafeurement (massif de Lanzo), associ une lame de crote infrieure
(zone dIvre).
Fig. 10.47 Prol ECORS dans les Alpes franco-italiennes
(inspir de S.Schmid et E.Kissling, 2000, simpli).
Br. Brianonnais, P. Pimontais, Val. Valaisan, ZHBr. Zone houillre brianonnaise.
Croix : crote suprieure europenne non amincie.
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Alpes centrales et orientales (g. 10.49)
On y voit toujours lenfoncement de la crote infrieure europenne sous la totalit
de ldice mais, la diffrence des Alpes occidentales, la marge sudalpine senfonce
ici sous la crote suprieure europenne, ce qui est une forme de collision nouvelle
et particulire. Il y a, videmment, absence corrlative de remonte du manteau
(lanomalie gravimtrique dIvre, qui la traduit, cesse, comme on la dit, au passage
de la faille du Simplon).
Dans les Alpes centrales (g. 10.49 A), on remarquera que la faille insubrienne
met en contact la zone sudalpine, couverture sdimentaire non mtamorphique, et
ldice des nappes penniques montrant ici les units les plus profondes et les plus
mtamorphiques, cest--dire les nappes simplo-tessinoises. Le rejet vertical est de
lordre de plus de 20 km, ce qui est un cas presque unique au monde.
Dans les Alpes orientales (g. 10.49 B), on observe un grand plan de cisaillement
inclin vers le sud et aboutissant en surface la valle de lInn. Il cisaille la totalit
de ldice. Si on le couple avec les cisaillements pente nord que rvle la faille
insubrienne, dune part, le chevauchement de Valsugana dans les Dolomites, de
lautre, on voit se matrialiser, lchelle crustale, un didre de cisaillement induit
par un raccourcissement N-S, videmment induit par le poinonnement insubrien.
10.6.3 Lvolution structurale de la chane alpine
On voit sy succder une priode de distension et une autre de compression.
a) La priode de distension
Elle va du Trias la n du Crtac infrieur.
Fig. 10.48 Prol de tomographie sismique suivant la mme transversale.
On remarque lpaississement de la lithosphre et son plongement vers lE. La zone
froide situe au-del de 250 km de profondeur sous la plaine padane pourrait repr-
senter un lambeau de lithosphre dtach, senfonant dans lasthnosphre. Cette
coupe est extraite dun prol WNW-ESE Rennes-Lyon-Milan-Dubrovnik, daprs
Spakman, Geol. Utraeicht, 1996).
0
0
200
400
600
km
500 1000 1500
Adriatique Po Alpes
M. Central
- 2,5%
+ 2,5%
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278 10 Les chanes de collision
Fig. 10.49 Structure profonde des Alpes centrales (A) et orientales (B).
Dans le prol des Alpes orientales, la structure profonde de lantiforme des Tauern
est encore sujette discussion. On a choisi ici lhypothse qui la rend le plus
conforme la logique de collision quexprime le prol des Alpes centrales.
Il faut toutefois signaler que, dans ces mmes Alpes orientales, une hypothse
rcemment dveloppe par Schmid et al. (2004), propose qu linverse du schma
prsent ici, la lithosphre apulienne senfoncerait sous la lithosphre europenne,
donc vers le N. Cette hypothse saccorde assez mal avec les donnes du prol ECORS
et na pas t retenue ici.
Inspir de S.M. Schmid, 1996, Tectonics, (15, n 5), p. 1036-1064, pour les Alpes centrales,
et de TRANSALP Working Group, 2002, Geophys. Letters, (29, n 10), p. 92 (1-4)
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la n du Trias, le futur domaine alpin tait une immense plate-forme carbonate
au sein de laquelle souvre le premier sillon tthysien, celui de Hallstatt, dans les
Alpes orientales prgurant la limite entre Austroalpin et Sudalpin (future faille
insubrienne), mais il avorte et naboutit pas, semble-t-il, une vritable ssure crustale
fond ocanique, au moins dans le domaine alpin, la diffrence de son prolongement
dans les Carpathes.
Au Lias, un deuxime sillon apparat dans les Alpes occidentales, paralllement
au premier. Il est lamorce du futur ocan alpin car, ds la n du Jurassique moyen,
la crote ocanique y apparat. Comme on la dit (p. 56), les paules de cette
ssure se soulvent en provoquant lmersion de certains des blocs faills qui la
constituaient, notamment le bloc brianonnais qui est merg pendant le Lias et une
partie du Jurassique moyen. Les effets de la distension se font sentir assez loin sur
chacune des bordures du rift en y dessinant des blocs ou des lanires qui correspondent
aux principales zones palogographiques (g. 10.50).
Parmi celles-ci, il est possible que la zone subbrianonnaise et son prolongement
valaisan aient reprsent lamorce dun vritable rift mais qui nira pas, comme on
la dit, au stade de ssure crustale et de sillon ocanique. Il y a l, en tout cas, un
hiatus important dans le bti europen.
Plus loin encore vers le N ou lW, cest--dire dans la zone externe, on continue
observer ce style de horsts-grabens, ou de blocs basculs dissymtriques, au niveau des
massifs cristallins externes o le plissement alpin ultrieur ne les a pas trop dforms.
Ils nous donnent, en plus petit, une image de ce qui sest pass plus grande chelle
sur les marges proprement dites de locan tthysien.
Au Jurassique suprieur, louverture de cet ocan tait dj sufsante pour que,
par subsidence thermique, les marges simmergent, ce que montre la gnralisation
des facis plagiques dans toutes les zones alpines.
Le maximum dextension de locan alpin est atteint au Crtac infrieur, soit
donc 50 Ma aprs louverture, ce qui, avec le taux dexpansion ocanique moyen
des dorsales lentes (1 2 cm/an) donne locan alpin une largeur de lordre de 500
1 000 km, largeur sufsante pour la prsence de plaines abyssales 5 000 m. Sa
forme est videmment trs difcile reconstituer, dautant plus quil tait certaine-
ment coup en tronons successifs par des failles transformantes qui pourraient tre
lorigine des discontinuits structurales que lon retrouve dans la non-continuit
des units penniques (g. 10.44).
b) La priode de compression
Elle correspond la fermeture du sillon liguro-pimontais.
Cette priode se prsente diffremment dans les Alpes occidentales et les Alpes
orientales, non seulement dans le style de la collision mais dans la chronologie des
phnomnes, ce qui suggre, une fois de plus, lexistence dune faille ou dun faisceau
de failles transformantes sparant les deux ensembles.
Pour simplier, on traitera seulement le cas des Alpes occidentales (g. 10.50).
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280 10 Les chanes de collision
Trois accumulations dcailles vont sy succder, dchelle de plus en plus vaste,
savoir un prisme ocanique, un prisme crustal, un prisme lithosphrique.
Le prisme ocanique se met en place au Crtac suprieur, au cours de la subduction
de locan liguro-pimontais sous la marge sudalpine. Tandis que la sdimentation se
poursuit en surface, la marge en question, devenue marge active
1
, savance vers le NW
ou le N en raclant les sdiments ocaniques qui la prcdaient. Elle dtache aussi
des lambeaux de la crote ocanique plongeante. Ainsi sdie un prisme daccr-
tion (arc sdimentaire), matriel ocanique (ophiolites et sdiments divers, dont le
ysch helminthodes), tandis que sa partie profonde est engloutie dans la zone de
subduction. Cet arc sdimentaire arrive au contact de la marge europenne locne.
Ses parties suprieures (ysch helminthodes, notamment) sen dtachent et glissent
alors en nappes gravitaires sous-marines sur cette marge.
1. Labsence de volcanisme sur cette marge active na pas reu, pour linstant, dexplication satis-
faisante. Une possibilit est que cet arc ait exist mais ait t entirement subduit.
Fig. 10.50 volution structurale simplie des Alpes occidentales.
Br. Brianonnais, D. Dauphinois, Oc. domaine ocanique, P. Pimontais, SA. domaine
sudalpin,
SB-V. Subbrianonnais-Valaisan. Croix : crote europenne dpaisseur normale.
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Un premier prisme tectonique, dchelle crustale, se met en place locne
suprieur-Oligocne et reprsente les premiers effets de la collision proprement dite
en ce sens quil est form de lempilement de lames de la crote europenne dj
amincie et fracture comme toutes les marges passives.
En outre, le matriel ocanique ayant t compltement absorb, la partie la plus
interne de cette marge brianonnais-pimontaise entre son tour en subduction vers
45 Ma. Il sagit alors dune subduction intracontinentale, si bien que la faible densit
du matriel mis en jeu la stoppe 4 ou 5 Ma plus tard. Mais une partie de ce matriel
lger englouti a t mtamorphise en facis de haute pression. Elle va remonter
rapidement et tre ainsi jecte vers la surface en nappes plus ou moins ductiles
ds que la subduction cessera.
Cet empilement de nappes matriel mtamorphique sintriquant avec le matriel
ocanique ophiolitifre, lui-mme mtamorphique, constitue le prisme crustal voqu
prcdemment, quali de pennique puisque, pour linstant, seules les zones internes
sont affectes.
Son poids fait chir la crote sous-jacente. Ainsi se dessine la priphrie de
ldice une sorte de sillon qui reoit la mer alpine rsiduelle, ainsi que les dpts
dtritiques arrachs aux reliefs. Cest la ceinture des grs et yschs ocne suprieur-
oligocnes qui court de la Savoie aux Alpes maritimes (grs de Taveyannaz, des
Aiguilles dArves, du Champsaur, dAnnot) et montre les traces dun volcanisme
distensif calco-alcalin dont on reparlera plus loin.
Quelques millions dannes plus tard, aprs la crise de plissement du Nogne, un
nouveau sillon exural prialpin se dessinera lextrieur du prcdent, mais sans
volcanisme, conduisant cette fois la mer miocne jusquen Suisse.
Pour en revenir au prisme crustal ocne suprieur-oligocne, lempilement des
nappes et leur mtamorphisme se font dans des conditions mcaniques et thermiques
complexes qui mritent quelques prcisions.
c) Le mtamorphisme alpin
1. Il existe dabord un gradient de pression vers lintrieur de la chane (g. 10.51).
De la zone externe la zone de collision proprement dite, on passe de roches non
mtamorphiques des clogites dans les ophiolites ou des schistes glaucophane
( schistes bleus ) dans les massifs cristallins internes et leur couverture, soit donc des
facis de haute pression-basse temprature. Ils sont lis au phnomne de subduction,
puisque les pressions ncessaires ces facis impliquent un enfoncement de plusieurs
dizaines de kilomtres, tandis que les basses tempratures impliquent un matriel froid
qui a d remonter rapidement pour chapper au rchauffement.
Mais ce qui complique les choses cest que, au terme de cette remonte, le matriel
va se trouver dans les conditions dun nouveau mtamorphisme, de pression moindre
et de temprature lgrement plus leve, le facis schiste vert ( chlorite et albite),
impliquant une remonte sufsamment rapide pour ne pas avoir fait disparatre
compltement les paragenses de HP.
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282 10 Les chanes de collision
2. Dune zone lautre, laugmentation du degr de mtamorphisme nest pas
progressive, mais discontinue, chaque contact anormal correspondant un saut de
mtamorphisme pouvant aller jusqu plusieurs kilobars. Les contacts tectoniques
actuellement visibles ne sont donc plus ceux de lempilement primitif des units au
moment o elles ont t recristallises.
3. Les minraux de mtamorphisme, surtout ceux de HP-BT, ont permis la mesure
dges absolus qui apportent des contraintes la reconstitution du processus denfonce-
ment et de remonte. Les facis de haute pression sont dats de 50 40 Ma (ocne
moyen et suprieur), le facis schiste vert de 38 35 Ma (ocne suprieur).
Le processus du mtamorphisme alpin peut donc tre dcrit comme suit. La
subduction faisant disparatre locan alpin a lieu au Crtac suprieur mais, lors de
la collision ocne, le matriel englouti ltait si profondment quil nest pas
remont, si bien que nous ne le connaissons pratiquement pas en afeurement et
navons donc pas dge absolu correspondant. Comme seuls les derniers lments
entrs en subduction ont quelque chance de remonter la surface en raison de leur
Le dessin annexe indique les profondeurs atteintes par divers ensembles penniques
et les dates probables correspondantes. La barre en gris o convergent les ches
(itinraires de retour vers la surface) symbolise le facis schiste vert qui va reprendre
et partiellement effacer les recristallisations antrieures.
Daprs Agard et Lemoine, 2003, g. 42 et 43, simplie.
Fig. 10.51 Les zones de mtamor-
phisme dans les Alpes occidentales :
les facis sont ceux atteints lors de
lenfouissement maximal.
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lgret relative, ce seront ceux dont on datera la recristallisation (50 40 Ma).
Leurs minraux impliquent quils seraient descendus 40 ou 50 km de profondeur,
exceptionnellement 100 km pour ceux (rares) qui contiennent une varit de silice,
la cosite, de trs haute pression.
Le matriel ainsi mtamorphis remonte ensuite jusque vers 10 5 km pour
trouver les conditions du facis schiste vert.
d) La mise en place des nappes
On pense quelle sest ralise, pour sa plus grande part, par sous-charriage (under-
plating des auteurs anglosaxons), cest--dire par la mise en place successive de
lames supercielles, froides, issues du front de la chane, lames qui senlent sous
les units plus internes. Elles forment ainsi un cran thermique qui ralentit la monte
des isogothermes, et, en mme temps, soulve la pile des ensembles dj charris en
les rapprochant de la surface o rgne lrosion. Ces deux faits favorisent un refroi-
dissement relativement rapide et expliquent que les paragenses de haute pression-
basse temprature soient en partie conserves.
e) Cas particulier du massif simplo-tessinois (ou lpontin) (g. 10.52)
Lvolution du mtamorphisme alpin, telle quelle vient dtre dcrite, se complique
au niveau du massif simplo-tessinois. L, le matriel HP d la subduction est
effac cause dun rchauffement anomal la base du prisme daccrtion tecto-
nique. Vers 30 25 Ma, il y apparat un mtamorphisme de moyenne pression
Fig. 10.52 Le dme thermique lpontin (daprs Merle et al., 1986, in Jolivet 1995, simpli).
Les ches indiquent les linations et dplacements dge ocne suprieur (1) et
nogne (2).
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284 10 Les chanes de collision
(5-7 Kb, soit 15 20 km de profondeur) et de temprature leve (jusqu 600-700)
traduit par des facis allant du schiste vert au facis amphibolite. Il y a mme de
lanatexie dans les gneiss les plus profonds. Autrement dit, le massif simplo-tessi-
nois devient un dme thermique que lon peut considrer comme un metamorphic
core complex (m.c.c. lpontin des auteurs).
Le fort ux thermique qui est son origine est actuellement interprt comme li
un phnomne de dtachement de la racine lithosphrique alpine et la monte
conscutive de lasthnosphre. Ce dtachement est manifestement une consquence
de la croissance de cette racine au cours de la crise ocne.
f) Le magmatisme et le volcanisme palognes
Le ux thermique que lon vient dvoquer se traduit aussi par la mise en place, la
n de locne et surtout lOligocne infrieur, des granodiorites calcoalcalines de
lAdamello (45-28 Ma), du val Bregaglia, Biella et Traversella (32 27 Ma), ainsi
que des andsites de la zone du Canavse (33 29 Ma). Sans oublier celles, dtriti-
ques, du sillon des yschs dauphinois, type Taveyannaz (32 Ma). Ces roches se
mettent en place suivant des cassures plus ou moins importantes (faille insubrienne,
faille du Canavse).
Un deuxime prisme tectonique, cette fois, dchelle lithosphrique, se forme
partir de 30 Ma (Oligocne suprieur) et pourrait tre encore en formation. Il int-
resse toute la chane (prisme alpin ), en ce sens que, sous leffet du raccourcissement
qui saccentue, lavant-pays senfonce sous ldice des nappes internes, en provoquant
un certain caillage des massifs cristallins externes et le plissement des chanes subal-
pines. Ce sous-charriage augmente lpaississement crustal tandis que les zones
internes se bombent en un grand pli de fond (surtout net en Suisse).
Dune faon plus gnrale, cest une poque de soulvement des zones internes,
que lon peut dater par les traces de ssion sur apatite. Les ges les plus anciens de
cette exhumation sont de lordre de 30 Ma mais on en recueille aussi de plus rcents,
qui montrent que le mouvement est continu jusque vers 8 Ma. Le massif de Dora-
Maira, par exemple, a donn des chiffres allant de 28 13 Ma.
Pour ce qui est des structures profondes qui sdient alors, les prols ECORS
nous apportent quelques prcisions sur le prisme lithosphrique correspondant
puisque cest celui que nous observons actuellement.
Rappelons que le trait essentiel quil faut en retenir, pour ce qui est des Alpes
occidentales, est le fonctionnement du bloc insubrien comme un bulldozer refoulant
la crote europenne suivant un plan inclin 70 environ vers lEst. Du coup, le
manteau insubrien et la crote infrieure sous-jacente sont retrousss vers la surface,
expliquant ainsi lanomalie gravimtrique dIvre.
Rappelons que, dans les Alpes centrales, cest linverse, la marge insubrienne
senfonant sous la crote suprieure europenne. Dans les Alpes orientales, le
processus est plus complexe, en ce sens que la collision se fait en deux temps. Elle
se produit dabord entre les marges europenne et austroalpine en faisant disparatre
locan tthysien, la seconde passant au-dessus de la premire (au lieu de scraser
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contre). Dans un deuxime temps, la collision se fait entre les marges austroalpine et
sudapine, la seconde passant sous la premire.
Ldication du prisme lithosphrique se poursuivrait actuellement, mais selon
des modalits difciles interprter.
En effet, la sismicit et les mcanismes au foyer montrent une contrainte compres-
sive horizontale, toujours perpendiculaire larc alpin, tournant donc du N, en Suisse,
jusquau SE, voire au S, dans larc de Nice. Il existe cependant peu prs partout une
composante horizontale de dcrochement qui traduit une rotation antihoraire : celle-
ci est interprte comme le rsultat de la rotation, galement antihoraire, dune micro-
plaque formant le substratum de la plaine du P et de lAdriatique nord (g. 10.53),
probablement dtache de la microplaque adriatique telle que dnie p. 263.
Cette petite plaque padane aurait ainsi un double mouvement. Outre sa rotation,
elle jouerait aussi le rle dun poinon actif vers lOuest, poinon autour duquel se
moulerait larc alpin, ce qui implique un dcrochement dextre sa limite nord, la
grande faille insubrienne (g. 10.39) qui trouve l son explication. Larc alpin serait
donc une structure rcente.
10.6.4 Distensions syntectoniques tardives dans les Alpes
Les Alpes tant une chane de collision, cest videmment ltat compressif qui devrait
rgner partout. Or les mcanismes au foyer des sismes actuels indiquent quune partie
Fig. 10.53 Rotation antihoraire de la microplaque formant le substratum de la plaine du P.
Les foyers sismiques sont indiqus par de petits cercles. Les ches indiquent le sens de la
rotation, leur taille tant proportionne la vitesse de dplacement. Le ple de rotation
est discut. On a indiqu ici celui dAnderson et Jackson (1987). Le petit cercle limite une
zone curieusement asismique. Daprs Thouvenot et Frchet, 2007, simpli.
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286 10 Les chanes de collision
des zones internes est en distension, alors quen mme temps le rgime compressif
persiste en bordure de la plaine du P et en Savoie (g. 10.54).
Cette zone en distension est limite, lOuest, par les massifs cristallins externes du
nord, lEst par les massifs cristallins internes, deux ensembles en cours dexhumation
le long de failles distensives.
Ces failles sont spectaculaires, lOuest, au niveau du front pennique, dans le
prol ECORS (g. 10.47). Il ne sagit pas dune ractivation du chevauchement
mais de vritables failles de dtachement le long de laquelle le domaine interne
saffaisse, tandis que le massif cristallin externe voisin (Belledonne) se soulve. Il y
a donc l une ractivation dune discontinuit structurale majeure.
Arg. Argentera, B. Belledonne, D.Bl. Dent Blanche, DM. Dora Maira, Ecr. crins-Pelvoux,
GP. Grand Paradis, MB. Mont Blanc, S. Sesia.
Fig. 10.54 Existence
dune zone en distension (gris)
entre les massifs cristallins
externes et internes.
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On retrouve une disposition analogue, symtrique, de lautre ct de la zone en
extension, sur le versant du massif de Dora Maira, dont le socle et la couverture
ocanique surgissent de leur enveloppe de Schistes lustrs suivant des failles de
dtachement analogues.
Lorigine de cette zone de distension locale entre deux axes de soulvement et de
compression est encore discute.
Fig. 10.55 talement des Alpes orientales en direction du bassin pannonique
(daprs Ratschbacher et al., 1991, simpli et modi).
A. Lensemble alpino-carpathique et le bassin pannonique. En noir, les fentres des Alpes
orientales (E.Engadine, T. Tauern, R. Rechnitz). Les ches noires indiquent le sens du
raccourcissement li au rapprochement Afrique-Europe.
B. fracturation nogne des Alpes orientales. En gris les fentres (E. Engadine, T. Tauern,
R. Rechnitz).
Fd. faille de dtachement sur le anc E des Tauern. La faille du Brenner, B, est son symtri-
que sur le anc W.
FEN. faille de lEnnstal, Fi, faille insubrienne, Fj. faille judicarienne, MM. faille et bassins en pull-
apart de Mur-Mtz, F, L, ZF. bassins de Fohnsdorf, Lavanthal et Zollfeld, W. Vienne.
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288 10 Les chanes de collision
En revanche, un talement distensif lchelle de la chane, cette fois, est celui
des Alpes orientales, prises dans leur ensemble, lEst de la culmination des Tauern
(g. 10.55).
En effet, le dme des Tauern y reprsente la partie de la chane la plus comprime,
donc celle o la crote a t la plus paissie (50 km). Une telle paisseur contraste
avec celle du bassin pannonique, lE des Alpes orientales, fortement subsident, o
la crote ne dpasse pas 25 km. On assiste donc ltalement gravitaire des Alpes
orientales vers ce bassin, ce qui se traduit, non seulement par un abaissement trs
rgulier des reliefs dOuest en Est, mais surtout par des structures dtalement
trs caractristiques.
La partie glisse est en effet comprise entre deux failles majeures de dcrochement
(g. 10.55) : au S, la faille insubrienne, dextre, au N la faille snestre de lEnnstal,
jalonne de petits bassins en pull-apart. Ces deux failles offrent une disposition lgre-
ment divergente. Entre les deux, se dveloppe un rseau de failles secondaires dlimitant
de petits grabens (Zollfeld, Fohnsdorf) ou des bassins en pull-apart (Mur-Mrz, Lavan-
thal). Cet ventail de failles secondaires est plus ouvert vers lEst que celui dessin
par les failles majeures, ce qui traduit bien ltalement distensif de lensemble.
10.7 DISTENSION ET TALEMENT TERMINAL
DES OROGNES : BILAN ET SYNTHSE
Dans les pages qui prcdent, on a voqu plusieurs reprises les phnomnes
distensifs qui interviennent dans les grandes chanes de montagnes en n dvolution
et aboutissent leur affaissement et leur talement.
Il faut dabord remarquer que toute gure de distension au sein dune chane nest
pas forcment le signe dun rgime distensif gnralis et terminal. Cest le cas
typique du plateau tibtain qui montre de nombreuses structures distensives alors
que lensemble de la chane est toujours en compression et daltitude leve.
On a vu (p. 249) qu la suite de la collision Inde-Eurasie locne moyen (45 Ma),
lpaisseur de la crote avait doubl sous le plateau et ce sur plus de 1 000 km de
largeur (g. 10.26). Ce doublement de la crote tait ralis la n du Miocne. La
dformation sest ensuite propage vers le N, dans le Tien Shan et lAlta, et a continu
au S dans les chevauchements himalayens. Or ce plateau est affect de nombreux
petits grabens N-S, traduisant une extension E-W, que conrment des dcroche-
ments galement E-W (g. 10.28) et les mcanismes au foyer des sismes. Ce qui
signie que laltitude actuelle ne peut tre dpasse et que le plateau tend staler.
Les Alpes occidentales, une chelle plus rduite, montrent aussi, comme on la
dit (p. 285), une zone en distension entre deux zones de compression bordires.
Mais il existe aussi des rgions plisses du globe que lon peut interprter comme
danciennes chanes affaisses et tales : le Basin and Range nord-amricain (p. 78), le
bassin pannonique au cur de la chane carpathique (p. 141), les structures de la
mer ge au travers de la chane hellno-turque (p. 145), celles de la mer tyrrh-
nienne au travers de la chane Corse-Apennins (p. 146) et celles de la mer
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dAlboran au travers de larc btico-rifain, reprsentent trois cas o leffondrement
a fait disparatre sous la mer une partie de la chane primitive. Il faudrait ajouter
cette liste la chane hercynienne europenne (p. 264, coupe 6 de la g. 10.37).
De tels effondrements tardifs reprsentent le rsultat dune interaction complexe
entre divers phnomnes.
1. Le premier est li lquilibre qui existe entre la convergence des plaques
(responsable de ltat compressif) et la tendance ltalement gravitaire du relief
(responsable de ltat distensif). La chane peut staler ds que la compression aux
limites diminue, voire sannule lorsque la convergence cesse ou est remplace par
du coulissement.
Dautres cas possibles sont illustrs par la mer ge et la mer Tyrrhnienne o
les conditions aux limites compressives sont remplaces par un rgime distensif d
lvolution de ces tronons de chanes en bassins arrire-arc, volution lie
lvolution en retrait (voir p. 148) dune structure de subduction (subductions
genne et siculo-calabraise).
Lchappement des Alpes orientales vers le bassin pannonique relve aussi de
cette explication (p. 287).
2. Un autre facteur, essentiel, et qui se superpose au prcdent, est la rhologie de
la lithosphre, cest--dire sa viscosit, dpendant elle-mme du ux thermique
dorigine mantellique. Ce ux est susceptible dengendrer des zones chaudes et ductiles
au sein de la lithosphre et donc de faciliter son talement.
Le plateau du Tibet illustre bien linteraction entre ces deux facteurs, et les donnes
que lon peut en tirer faciliteront linterprtation des chanes effondres et tales.
Son altitude moyenne, de lordre de 5 000 m, se maintient sur une grande surface
comme si elle ne pouvait plus tre dpasse. Le plateau en tant que tel nest pas
lindice dun rgime distensif. Il montre que, compte tenu de la rsistance mcanique
de ses roches, un tat dquilibre y a t atteint et que ldice ne peut crotre que par
largissement latral. Celui-ci se ralise grce des chevauchements bordiers succes-
sifs, mais aussi par un chappement latral vers lE, en direction de la Chine,
responsable des nombreux grabens N-S voqus plus haut (g. 10.27).
Ces actions impliquent une lithosphre sufsamment chaude pour que le matriel
ait des proprits ductiles. De fait, les ondes S montrent, comme on la dit plus haut,
que la crote suprieure du bloc de Lhasa est le sige dune anatexie quasi-gnrale,
surtout vers 18 20 km de profondeur.
Ce qui nous amne rechercher les raisons de cet tat thermique particulier. On
observe que si la crote y est paisse (le double de la normale), la lithosphre est
mince, ou plutt amincie (g. 10.56). La tendance actuelle est dy voir le rsultat
dun dtachement de la partie mantellique, dtachement que semblent conrmer les
prols tomographiques de la chane (g. 10.24).
En effet, pendant la convergence lorigine dune chane, la lithosphre a d
probablement spaissir en mme temps que la crote, mme si une partie de cette
lithosphre plongeait en subduction dans lasthnosphre et ne participait donc pas
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ldice orognique. Bref il est logique de penser lexistence dune racine primi-
tive lourde (et froide car cette racine na pas eu le temps de squilibrer thermique-
ment avec son encaissant asthnosphrique chaud). Comme on nobserve pas cette
racine, on peut penser quelle sest dtache (g. 10.57). La partie reste adhrente,
ainsi allge, remonte, accompagne dun ux de chaleur dorigine asthnosphrique.
La crote sus-jacente est devenue plus ductile et moins rsistante, ce qui favorise
son talement sur une plus vaste surface.
Fig.10.56 Epaississement et amincissement distensif dans divers orognes
en n dvolution tectonique (daprs Dewey, 1988, simpli et modi).
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Effectivement cet amincissement de la lithosphre, considr comme issu dun
phnomne de dtachement ( dlamination ), se retrouve dans toutes les chanes
effondres ou tales.
On la dj voqu pour le Basin and Range (p. 84), ainsi que les proprits
ductiles de la crote de cette dernire rgion, responsables de lamincissement,
toujours en cours. Comme pour le Tibet, cette ductilit permettrait un chappement
latral. Celui-ci serait li la mise en mouvement des coulissements distensifs de la
faille de San Andreas et de ses annexes, qui dbutent au Nogne. Cest prcisment
alors que commence en effet laffaissement du Great Basin, la distension prenant le
pas sur la compression aux limites.
La mer dAlboran, au cur de larc btico-rifain, en est un autre exemple.
Rappelons que son fond reprsente les zones internes de larc btico-rifain, effondres
au Miocne. La crote actuelle y a une paisseur de 20 km environ, contre 60 km
sous les parties conserves de larc. Les donnes gophysiques montrent aussi que la
lithosphre y est mince, passant de 100 km lW 45 lE. De plus la tomographie
sismique suggre lexistence dun ou de plusieurs corps mantelliques, froids, des
profondeurs de 150, voire de 600 km. Ils pourraient stre dtachs de lancienne
racine de lorogne. Leur enfoncement est toujours en cours (foyers sismiques 150
et 600 km).
Fig. 10.57 Deux modles illustrant la notion de dtachement dune racine lithosphrique.
gauche, daprs Jolivet et al., 1998, simpli droite, daprs Malavieille et al., modi
paissisement crustal et lithosphrique
sous leffet de la convergence formation
dune racine lithosphrique froide et
lourde qui entrane la chane vers le bas
en la comprimant
Distension et talement de la chane
Dtachement
de la racine
Soulvement
1
2
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292 10 Les chanes de collision
Dans la plupart des exemples de chanes effondres que nous venons de citer, il
apparat par places ces structures curieuses dsignes sous le terme de mtamor-
phic core complex (m.c.c.). Il sagit dune extrusion de matriel chaud et ductile
qui soulve localement sa couverture. Celle-ci, reste froide et donc fragile
(cassante), glisse sur le contact fragile-ductile en se dissociant en blocs basculs. Le
contact est une surface faiblement incline, dite faille de dtachement .
Exemples : en mer tyrrhnienne, lle dElbe, avec son granite syntectonique du
Miocne terminal sur lequel ont gliss par faille de dtachement les nappes de la
partie orientale de lle. Plus loin, vers lEst, le massif mtamorphique des Alpes
Apuanes, avec son clbre marbre de Carrare, mtamorphique, pourrait aussi en tre
une annexe.
En mer Ege, le couple dles Naxos-Paros (g. 6.4), montre aussi, sous une faille
de dtachement regard N, des formations trs mtamorphiques (allant du facis
schiste vert au facis amphibolite) dates de 25 Ma et recoupes par un granite vieux de
11 Ma. Lunit sus-jacente, non mtamorphique et glisse vers le N, est elle-mme
dcoupe en petits blocs par des failles normales.
Le Basin and Range est videmment citer ici puisque cest l qua t dnie
la notion de m.c.c. (p. 81). Un volcanisme important y tmoigne dun intense ux
thermique.
Dans les chanes btiques (rsidu, rappelons-le, de larc btico-rifain, distendu et
effondr), si le cur du ou des m.c.c. nest pas connu, la phase dextension saccom-
pagne de failles de dtachement classiques, jadis confondues avec des surfaces de
chevauchement de nappes (Nvado-Filabrides). Il y a galement un volcanisme qui
dbute 23 Ma et est encore actuel. Il sagit de tholites, puis dandsites et de
trachytes, et enn de basaltes alcalins dont les plus rcents ont 2 Ma. Ce volcanisme
tmoigne dun fort gradient gothermique.
Lorigine des m.c.c. est gnralement explique de la faon suivante. Ds que la
convergence cesse, les units externes, froides, cessent dtre entranes en profondeur.
Le rgime HP/BT disparat. Il y a donc remonte des isogothermes, facilite par le
dtachement dune partie du manteau lithosphrique, ce qui fait remonter lasthno-
sphre et permet la fusion partielle du manteau asthnosphrique. Lincorporation,
la base de la crote, des magmas issus de cette fusion, porte cette crote une temp-
rature anormalement leve entranant un mtamorphisme de haute temprature,
voire lanatexie. Nous avons vu une application de cette hypothse dans les Alpes,
avec le massif simplo-tessinois et le magmatisme priadriatique palogne.
Si la dlamination, le mtamorphisme HT et lanatexie restent des phnomnes
lchelle de la chane, en revanche la monte des m.c.c. apparat comme une dispo-
sition plus locale, lie des conditions mal connues et certainement varies, comme un
sur-amincissement local de la crote, une cassure ou lhtrognit du ux thermique.
Ce qui est sr, est que la prsence de m.c.c. traduit lexistence dune crote dont la
partie profonde est sufsamment chaude et ductile pour constituer un substrat incapable
de supporter le poids de ldice sus-jacent.
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Chapitre 11
Les collages
Le concept de collage date des annes 1970 et a pris corps en Alaska o lon indivi-
dualisa un certain nombre de compartiments juxtaposs ( colls ) la cte nord-
amricaine le long de failles de dcrochement. Il savrait impossible de relier entre
eux de faon logique ces blocs de nature et dge si diffrents, si bien que lon pensa
quil sagissait de blocs dorigine lointaine, transports jusque l par le mouvement
dune lithosphre ocanique actuellement engloutie.
De tels blocs furent dsigns sous le nom de suspect terranes
1
, terme difcile-
ment traduisible en franais sinon par celui de blocs exotiques .
Lidentication des suspect terranes est fonde sur trois groupes de critre :
inclinaisons et dclinaisons magntiques fossiles diffrentes de part et dautre de
la surface de collage;
juxtaposition de faunes fossiles appartenant des provinces diffrentes, dcales
en latitude;
absence de suture ophiolitique ou de surface de chevauchement, car la juxtaposi-
tion rsulte dun coulissement (ce critre est en fait plus dlicat manier que les
prcdents car une telle surface de juxtaposition a pu tre ultrieurement trans-
forme en surface de chevauchement).
1. Le terme de terrane , isol, est synonyme de zone structurale des gologues europens,
cest--dire dun ensemble palogographique et tectonique bien individualis au sein dun orogne
et pouvant chevaucher les voisins.
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294 11 Les collages
Une certaine drive sest produite dans la notion de collage depuis quelques
annes. Le terme est en effet employ par certains auteurs pour dsigner toute struc-
ture rsultant dun coulissement qui juxtapose des compartiments diffrents quel
que soit le contexte structural.
Le terme apparat aussi pour dcrire la collision dun arc insulaire avec le conti-
nent, ce qui peut impliquer des chevauchements et des sutures ophiolitiques. Enn,
certains auteurs vont plus loin encore en en faisant le synonyme de juxtaposition
tectonique densembles structuraux diffrents, quels que soient leur composition et
le style de la zone de contact (voir, par exemple, louvrage de D.-G. Howell, Tecto-
nics of Suspect Terranes, Chapmann & Hall, 1989, 232 pages).
Dans un but de simplication et de clart, nous avons ici conserv le sens primitif
de collage en le rservant des structures particulires lies un certain mode de
dplacement de la lithosphre ocanique par rapport au continent voisin.
11.1 LE BLOC DE WRANGELLIA (g. 11.1)
Les monts Wrangell, en Alaska, lle de la Reine Charlotte et celle de Vancouver, au
Canada, bien quloigns les uns des autres (2 000 km), montrent une similitude de
caractres gologiques originaux tout fait remarquable.
Tous trois montrent, en effet, un empilement de plusieurs milliers de mtres de
laves tholitiques triasiques recouvertes de carbonates de plate-forme carniens et
noriens. Cet ensemble repose sur un complexe andsitique et des sdiments dge
permien. Il sagit donc l, probablement, des restes dissocis dun ancien arc insulaire.
Mais ce qui est surtout important est que cette srie diffre totalement des sries tria-
siques et permiennes des domaines auxquels ces blocs sont juxtaposs. Par contre, les
terrains msozoques sus-jacents, quand ils existent, sont beaucoup moins contrasts.
On pourrait penser quil sagit, comme dans bien dautres structures de raccourcis-
sement, de la juxtaposition de domaines palogographiques diffrents, les zones de
passages ayant t oblitres par chevauchement. Mais les donnes palomagntiques
obtenues sur les tholites triasiques indiquent que celles-ci ont t mises en place
une latitude beaucoup plus basse que leur position actuelle (15 N ou S). En outre, les
anciens ples triasiques de ces blocs sont diffrents de celui du continent voisin.
Do lide quon aurait l trois morceaux dun ancien arc insulaire, dit Wran-
gellia, de position primitive plus mridionale. La date darrive des fragments leur
position actuelle nest pas encore dnitivement tablie, dautant plus quelle est
variable suivant les points. Sur la base darguments discutables, on a propos des
ges allant du Jurassique suprieur pour les blocs les plus mridionaux, au Crtac
moyen pour les blocs les plus septentrionaux.
Le mcanisme de mise en place invoque des dcrochements importants. Ceux-ci
sont trs hypothtiques car antrieurs la naissance de la faille de San Andreas. Ils
sont vraisemblablement lis la migration puis la disparition, vers le N, de la
plaque fossile dite Kula (g. 11.2).
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11.1 Le bloc de Wrangellia 295


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Fig. 11.1 Blocs exotiques (suspect terranes ) sur la cte SW de lAlaska.
A. Diffrentes zones dafeurement des sries de type Wrangellia (Mts Wr. : Monts
Wrangell) (daprs Jones et al., 1977).
Y. position du bloc de Yakutat (noir)
B. Schma structural du bloc de Yakutat et ses positions successives depuis locne
(daprs Bruns, 1983).
YB. Yakutat bay.
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11.2 LE BLOC DE YAKUTAT (g. 11.1)
Il forme la bordure du golfe de lAlaska au pied du mont Saint-lias (5 490 m), lun
des points culminants des cordillres paciques nord-amricaines. Comme le prc-
dent, ce bloc est limit de tous cts par des failles de dcrochements sauf au pied du
mont Saint-lias o il senfonce en subduction sous le continent nord-amricain,
dterminant ainsi un systme en compression dont fait partie le mont Saint-lias.
Cette zone de subduction est celle de larc des Aloutiennes.
Le bloc comprend, lE, un ensemble sdimentaire de marge continentale, lW,
une crote ocanique couverte de sdiments palognes pais de 3 5 km. Or les
massifs ayant donn le matriel dtritique de ces sdiments se retrouvent seulement
dans les tats de Californie, dOrgon et de Washington (cest--dire des latitudes
plus basses de 15 20) et pas du tout dans les montagnes qui bordent actuellement
le bloc en question. Les fossiles conrment cette donne.
On pense donc que le bloc sest dplac au cours du Tertiaire vers le N. Comme
pour Wrangellia, le dtail du mcanisme est encore trs hypothtique, combinant
lexpansion ocanique du Pacique E, la disparition de la plaque Kula par subduc-
tion vers le N et le coulissement de la faille de San Andreas et de ses prolongements
N (faille de la Reine Charlotte et annexes). Ce sont ces failles qui auraient associ
Fig. 11.2 Disparition des plaques Kula (K) et Farallon (F) au bord nord-oriental
de la plaque Pacique (P).
Le phnomne de subduction entranant la disparition de la plaque Farallon nest pas
encore arriv son terme. Il reste quelques rsidus qui sont, du N au S, les petites
plaques de Juan de Fuca (JF), de Gorda (G), Rivera (R) et Cocos (CO). Gorda et Rivera
sont, de plus, dcales par le fonctionnement de la faille de San Andreas depuis 20 Ma.
3a. Point triple de Mendocino (subduction nord-amricaine + failles transformantes
de Mendocino et de San Andreas).
3b. Point triple de Rivera (plan de subduction de lAmrique centrale + dorsale est-
pacique + une des transformantes du golfe de Californie).
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11.2 Le bloc de Yakutat 297


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la crote ocanique en mouvement un morceau de la marge continentale nord-
amricaine, formant ainsi le bloc composite de Yakutat. Le phnomne est toujours
en cours puisque le bloc pntre actuellement dans la zone de subduction alou-
tienne, sous le mont Saint-lias, et y subit un certain plissement.
En dnitive, il parat maintenant bien tabli quil existe sur la cte nord-amri-
caine un type de collision particulier que lon peut dsigner sous le nom de
collage , cest--dire de juxtaposition par coulissement. Ce phnomne serait li
aux rapports trs particulier de lAmrique du Nord et des structures du Pacique
oriental (dorsales plus ou moins obliques au continent, microplaques disparues de
Kula et Farallon). Il serait dailleurs toujours actif, en ce sens que des blocs conti-
nueraient arriver du S. La pninsule de Basse Californie nous donne une image du
dtachement et du dbut de la migration de tels blocs. En effet, son dplacement le
long de la faille de San Andreas se fait une vitesse de 4 cm/an, de sorte que, si le
mouvement continue, la Basse Californie sera en face de lAlaska dans 50 Ma.
Fig. 11.3 Structures ventuelles de collage au Japon.
A. Extrmit N de la plaque des Philippines, actuellement en collision avec le Japon.
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298 11 Les collages
Trouve-t-on de telles dispositions ailleurs?
On les a voques en Californie (bloc salinien, p. 229). Par ailleurs, certains
auteurs y ont fait appel pour expliquer la structure du Japon, ce qui mrite quelques
mots de commentaire.
On sait en effet que si lon supprime par la pense ldice li larc insulaire
volcanique nogne, on retrouve au Japon des structures plus anciennes constitues
de lanires spares par des contacts tectoniques subverticaux valeur de dcroche-
ments snestres rcents (post-Crtac suprieur). Ces compartiments sont forms de
terrains de nature et dge diffrents qui pourraient donc avoir t jadis trs loigns
les uns des autres, aucune transition nexistant entre eux.
Dans Honshu S (g. 11.3) o ces lanires afeurent, leur ge est dcroissant du
NW au SE puisquon trouve successivement la zone de Hida-Sangun, matriel
palozoque, la zone de Tamba-Ryoke, qui est une chane nvadienne (Jurassique
suprieur), et la zone de Shimanto, qui est une chane tertiaire rsultant probable-
ment dune collision intercontinentale, mais o le continent sud a disparu, probable-
ment dplac vers le N. On en retrouverait peut-tre un reste dans lun des massifs
anciens qui bordent la cte de Honshu N (plateau dAbukuma et massif de Kita-
kami) et qui sont sans relation avec leur contexte.
Mais on mesure immdiatement par cet exemple le danger de la notion de collage,
qui est de lutiliser comme solution de facilit : tout compartiment dont on ne saisit
pas bien les rapports avec les zones voisines, est immdiatement dclar exotique.
Le contrle palomagntique et palontologique est ds lors absolument ncessaire.
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chelle stratigraphique
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S E M E T S Y S E R E e m t s y s - s u o e g A e g a t E e s a b E R E . r r e E M E T S Y S S s - s u o y m t s e e g A e g a t E e s a b E R E . r r e E M E T S Y S
E N E C O L O H n e i n a m o n C
A 0 0 5 . 1 1 E C A T E R C 9 , 0 a M 6 , 9 9
E R I A N R E T A U Q r u e i r p u s n e i b l A
a K 6 2 1 1 a M 0 , 2 1 1
E N E C O T S I E L P n e y o m n e i t p A
a K 1 8 7 1 a M 0 , 5 2 1
r u e i r f n i n e i m r r a B
a M 6 0 8 , 1 r u e i r f n i a M 0 , 0 3 1 5 , 1
G r u e i r p u s n e i s a l e n e i v i r e t u a H
a M 8 8 5 , 2 2 a M 4 , 6 3 1
E N E C O I L P n e y o m n e i n i g n a l a V n e i c n a s i a l P N E I M R E P
a M 0 0 6 , 3 3 a M 2 , 0 4 1
r u e i r f n i n e e l c n a Z n e i s a i r r e B
a M 2 3 3 , 5 4 a M 5 , 5 4 1
n e i n i s s e M n e i n o h t i T
r u e i r p u s a M 6 4 2 , 7 E R I A D N O C E S 4 a M 8 , 0 5 1
r u e i r p u s n e i n o t r o T n e i g d i r e m m i K
a M 8 0 6 , 1 1 E U Q I O Z O S E M m l a M 4 a M 7 , 5 5 1
n e i l l a v a r r e S n e i d r o f x O
a M 5 6 , 3 1 4 a M 2 , 1 6 1
E N E C O I M n e i h g n a L n e y o m n e i v o l l a C
a M 7 9 , 5 1 4 a M 7 , 4 6 1
E R I A I T R E T n e i l a g i d r u B n e i n o h t a B
E U Q I O Z O N E C a M 3 4 , 0 2 E U Q I S S A R U J 5 , 3 a M 7 , 7 6 1 n e y o m
u q A r u e i r f n i n e i c o j a B r e g g o D n e i n a t i
a M 3 0 , 3 2 R A C 3 a M 6 , 1 7 1 R E F I N O B
n e i t t a h C n e i n l a A
E N E C O G I L O 2 a M 6 , 5 7 1 1 , 0 a M 4 , 8 2
n e i l p u R n e i c r a o T
5 , 1 a M 6 , 3 8 1 1 , 0 a M 9 , 3 3
n e i h c a b s n e i l P n e i n o b a i r P
r u e i r p u s 1 , 0 a M 2 , 7 3 r u e i r f n i 5 , 1 a M 6 , 9 8 1
n e i n o t r a B s a i L n e i r u m e n i S
E N E C O E 5 , 6 9 1 2 , 0 a M 4 , 0 4 1 a M
n e y o m n e i t t u L n e i g n a t t e H
6 , 0 a M 6 , 9 9 1 2 , 0 a M 6 , 8 4 E R I A M I R P
n e i s r p Y r u e i r f n i n e i t h R
5 , 1 a M 6 , 3 0 2 2 , 0 a M 8 , 5 5
n e i t n a h T r u e i r p u s n e i r o N
2 a M 5 , 6 1 2 2 , 0 a M 7 , 8 5 N E I N O V E D
E N E C O E L A P n e i n r a C n e i d n a l e S
2 , 0 a M 7 , 1 6 2 a m 0 , 8 2 2 E U Q I O Z O E L A P
n e i n a D n e i n i d a L
3 , 0 a M 5 , 5 6 2 a M 0 , 7 3 2 n e y o m S A I R T
n e i s i n A n e i t h c i r t s a a M
5 , 1 a M 0 , 5 4 2 6 , 0 a M 6 , 0 7
n e i n a p m a C n e i k e n e l O
r u e i r f n i 7 , 0 a m 5 , 3 8 7 , 0 a M 7 , 9 4 2
n e i n o t n a S n e u d n I
7 , 0 a m 8 , 5 8 r u e i r p u s 4 , 0 a M 0 , 1 5 2
n e i c a i n o C
1 a M 3 , 9 8
n e i n o r u T
8 , 0 a M 5 , 3 9
n e i n a m o n C
9 , 0 a M 6 , 9 9 E C A T E R C
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e g A e e s a b E R E . r r e E M E T S Y S S s - s u o y m t s e e g A e g a t E e s a b E R E . r r e E M E T S Y S e m t s y s - s u o S e g A e g a t E e s a b . r r e
n e i n a 4 , 0 a M 0 , 1 5 2 i l o d i r P n e i l o d i r P
9 , 0 a M 6 , 9 9 n e i g n i s h g n a h C 7 , 2 a M 7 , 8 1 4
n e r u e i r p u s 7 , 0 a M 8 , 3 5 2 n e i d r o f d u L
1 a M 0 , 2 1 1 n e i g n i p o L W a i h c u p n i g w o l d u l L n e i 6 , 2 a M 3 , 1 2 4
n e 7 , 0 a m 4 , 0 6 2 n e i t s r o G
1 a M 0 , 5 2 1 n e i n a t i p a C 5 , 2 a M 9 , 2 2 4
n e i m 7 , 0 a M 8 , 5 6 2 n e y o m n e i r e m o H
a M 0 , 0 3 1 n e i p u l a d a u G 5 , 1 n e i d r o W k c o l n e W 4 , 2 a M 2 , 6 2 4
n e i v 7 , 0 a M 0 , 8 6 2 N E I R U L I S n e i d o o w n i e h S
n e i d a o R 2 a M 4 , 6 3 1 3 , 2 a M 2 , 8 2 4
n e i n N E I M R E P 7 , 0 a M 6 , 0 7 2 n e i h c y l e T
3 a M 2 , 0 4 1 n e i r u g n u K 9 , 1 a M 0 , 6 3 4
n e i s 7 , 0 a M 6 , 5 7 2 y r e v o d n a l L n e i n o r e A
4 a M 5 , 5 4 1 r u e i r f n i n e i k s n i t r A 8 , 1 a M 0 , 9 3 4
n e i n n e i l a r u o s i C n e i n a d d u h R 7 , 0 a M 4 , 4 8 2
4 a M 8 , 0 5 1 n e i r a m k a S 5 , 1 a M 7 , 3 4 4
n e i g d 8 , 0 a M 6 , 4 9 2 n e i t n a n r i H
n e i l e s s A 4 a M 7 , 5 5 1 5 , 1 a M 6 , 5 4 4
n e i d 8 , 0 a M 0 , 9 9 2 E U Q I O Z O E L A P r u e i r p u s e r o c n e n o N i n i f d
4 a M 2 , 1 6 1 n e i l e h z G 6 , 1 a M 8 , 5 5 4
n e i v 9 , 0 a M 9 , 3 0 3 e r o c n e n o N i n i f d
4 a M 7 , 4 6 1 n e i v o m i s a K 6 , 1 a M 9 , 0 6 4
n e i n a v l y s n n e P n e i n 1 a M 5 , 6 0 3 N E I C I V O D R O n e i l i w i r r a D
5 , 3 a M 7 , 7 6 1 n e i v o c s o M n e y o m 6 , 1 a M 1 , 8 6 4
n e i 1 , 1 a M 7 , 1 1 3 e r o c n e n o N i n i f d
R A C 3 a M 6 , 1 7 1 E R E F I N O B n e i r i k h s a B 6 , 1 a M 8 , 1 7 4
n e i 3 , 1 a M 1 , 8 1 3 e r o c n e n o N i n i f d
r e S 2 a M 6 , 5 7 1 p n e i v o h k u r u e i r f n i 7 , 1 a M 6 , 8 7 4
n e i 6 , 1 a M 4 , 6 2 3 n e i c o d a m e r T
5 , 1 a M 6 , 3 8 1 n e s i V 7 , 1 a M 3 , 8 8 4
n e i h c a n e i p p i s s i s s i M 1 , 2 a M 3 , 5 4 3 e r o c n e n o N s i n i f d
5 , 1 a M 6 , 9 8 1 n e i s i a n r u o T r u e i r p u s
n e i r u 5 , 2 a M 2 , 9 5 3 n e i g n o r u F
5 , 6 9 1 n e i n n e m a F 1 a M n e i b i a P 2 a M 2 , 1 0 5
n e i g 6 , 2 a M 5 , 4 7 3 N E I R B M A C e r o c n e n o N s i n i f d
6 , 0 a M 6 , 9 9 1 E R I A M I R P r u e i r p u s n e i n s a r F 2 a M 0 , 3 1 5 n e y o m
n e 6 , 2 a M 3 , 5 8 3 e r o c n e n o N s i n i f d
5 , 1 a M 6 , 3 0 2 n e i t e v i G r u e i r f n i 1 a M 0 , 2 4 5
n e 7 , 2 a M 8 , 1 9 3 n e y o m
2 a M 5 , 6 1 2 N E I N O V E D E R E n e i l e f i E E M E T S Y S e s a b e g A
n e 7 , 2 a M 5 , 7 9 3 a M 0 , 2 4 5
2 a m 0 , 8 2 2 E U Q I O Z O E L A P n e i s m E a M 0 3 6 N E I R A C A I D E
n e i O E N 8 , 2 a M 0 , 7 0 4 N E I N E G O Y R C a M 0 5 8
2 a M 0 , 7 3 2 r u e i r f n i n e i u g a r P E U Q I O Z O R E T O R P a M 0 0 0 1 N E I N O T
n e 8 , 2 a M 2 , 1 1 4 a M 0 0 2 1 N E I N E T S
5 , 1 a M 0 , 5 4 2 O S E M n e i v o k h c o L a M 0 0 4 1 N E I S A T C E
n e i k 8 , 2 a M 0 , 6 1 4 E U Q I O Z O R E T O R P N E I M M Y L A C a M 0 0 6 1
7 , 0 a M 7 , 9 4 2 a M 0 0 8 1 N E I R E H T A T S
n e a M 0 5 0 2 N E I R I S O R O O E L A P
4 , 0 a M 0 , 1 5 2 E U Q I O Z O R E T O R P a M 0 0 3 2 N E I C A Y H R
a M 0 0 5 2 N E I R E D I S
a M 0 0 8 2 N E E H C R A O E N
N E E H C R A E E H C R A O S E M N a M 0 0 2 3
E E H C R A O E L A P N a M 0 0 6 3
N E E H C R A O E
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Bibliographie
Les publications en Sciences de la Terre ont
connu ces dernires annes une expansion
exponentielle, y compris dans le domaine
des tudes rgionales ; il est donc hors de
question de fournir ici une liste exhaustive.
Les titres lists ont t choisis, soit parce
quils reprsentent une synthse dactualit,
soit parce quils proposent des documents de
qualit aptes complter ceux qui sont pr-
sents dans cet ouvrage, soit enn parce
quils contiennent une bibliographie suf-
samment riche. Par ailleurs, les sources des
documents utiliss pour lillustration sont
prcises dans les lgendes.
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9782100513598-Debelmas-Livre.fm Page 316 Lundi, 21. avril 2008 1:07 13


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Index alphabtique gnral
A
abyssales (plaines), 4, 9, 22, 111
Acapulco, 128
accrtion ocanique, 14, 108,
120
Aores, 11, 12, 15
Adamello (granite), 275, 284
Aden (golfe d), 98, 104, 105
Adriatique (microcontinent),
263, 266, 285
Afars, 99, 102, 103
Alaska, 128, 138, 294
Albert (lac), 63
Alboran (mer d), 232, 289, 291
Aloutiennes (les, arc des),
126, 128, 138
Alpes, 263
Apuanes, 292
centrales, 271, 277 et suiv.
occidentales, 266 et suiv.,
279, 288
orientales, 274, 276, 284,
287
Altiplano, 193, 194,196
Altyn Tagh (faille), 249
Amlang La, 241
Amsterdam (le), 21
Ancenis (bassin d), 71
Andaman (les, bassin d), 70,
153, 188, 250
Andes, 188
de Bolivie, 195
du Chili, 195, 198
de Colombie, 216
dquateur, 216
du Prou, 191
Angola (bassin de l), 115
Annapurna, 242
anomalie dIvre, 273
Anti-Atlas marocain, 162, 172
Anti-Liban, 164
Antilles (Petites), 24, 30, 138
Apennins, 90, 94
Aqaba (golfe d), 57, 67, 68, 99
Arabe (plate-forme), 98
arcs, 232
alpin, 232, 263, 285
btico-rifain, 232, 291
hrit, 232
induit, 232
insulaires (intraocaniques),
25
magmatique, 131
nvadien, 226
rmanent (= rsiduel), 29,
30, 32
sdimentaire, 127, 131
siculo-calabrais, 232
volcanique, 123, 131
archipels Ouest-mlansiens,
32-34
Ardenne, 2
armoricains (fosss), 70
Ascension (le), 36
Assam, 237
Assoua (linament), 60
asthnosphre, 1, 17, 40, 102,
122, 144
Atlantique (ocan), 20
Australes (les), 39
Avs (ride d), 31, 33
B
Bakal (lac), 64, 236, 250
Bali, 131
Banc de Galice, 109
de Goringe, 5, 16
de Yamato, 154
Banda, 153
Barbade (le de la), 30-32, 126,
138
Bas-Dauphin, 93
Basin and Range, 78, 288, 289,
290, 291
bassins (structuraux)
arrrire-arc, 83, 125, 141
avant-arc, 137
avant-chane, 8
cratoniques, 84
en pull-apart, 66, 74, 287
en transtension, 78
9782100513598-index.fm Page 317 Dimanche, 27. avril 2008 4:24 16
318 Les grandes structures gologiques
bassins (structuraux) (suite)
en transpression, 78
tirement, 47
exuraux, 48, 89, 91
intra-arc, 29, 31
molassiques, 89
sur dcrochement, 66
transports (Piggy-back), 96
volcaniques, 131
bassins (gographiques)
Aquitaine, 75
Bas-Dauphin, 93
de Paris, 84
gen, 145, 288, 290
germano-polonais, 89
liguro-provenal, 148
de Manus, 153
mditerranens, 142
mer du Nord, 87
nord- et sud-djien, 32, 156
pannonique, 191
pri-alpin, 89
P (padan), 93, 95
Sahara, 88
San Joaquin, 77, 78
Sulu-Clbes, 153
Suisse, 91, 180
tyrrhnien, 146
Bekaa (plaine de la), 164
Benioff (surface de), 6
Bnou (bassin de la), 73, 74
Bering (mer de), 153
Bermudes (les), 35, 40
Bismark (les, mer de), 34,153
Blake (plateau), 115
blocs accrts, 219
basculs, 48, 78, 108, 110
exotiques, 293
Bolivie, 195
Boulder (batholite), 186
Bregaglia (val) (granite), 270,
275, 284
Bresse, 49, 54, 93
Brianonnais (zone), 269
C
Californie (golfe de), 69, 116
Cameroun (volcan), 74
(bassin du), 115
Canaries (les), 35
Canavese (faille du), 283
caons sous-marins
provenaux, 151
Cap Vert (les du), 35
Carabe (plateau ocanique),
40, 218, 219
Carlsberg (ride de), 21, 104
Carniques (Alpes), 256
Carpates, 141, 143, 232
Cascadia Mountains, 133, 225
Cayman (fosse), 24, 25
ceinture de feu du Pacique, 131
Clbes (les, mer, arc des), 132
Cervin (klippe du), 274
Chagos-Maldives (les, ride
des), 37, 39
chanes (gographiques)
alpine, 263 et suiv.
andine, 188 et suiv.
catalane, 178
de lOuest amricain, 224
et suiv.
hercynienne (= varisque),
251 et suiv.
himalayenne, 234 et suiv.
ibrique, 178
transhimalayenne, 241
chanes (structurales)
par clivage intracrustal, 178
de collision, 215, 216, 230
de coulissement, 166, 168
de couverture, 162
intracontinentales, 161
liminaires, 215
dobduction, 205
de socle, 162
de subduction, 187
liminaires, 215
Chamrousse (ophiolites de), 255
Chteaulin (bassin de), 71
Chine (mers de), 153
Clarion (faille), 25
Clipperton (faille), 25
Clivage intracrustal, 178
Coast Ranges californiennes,
226
COCORP (prol), 163
Cocos (les), 35
Cocos (plaque), 15
collages, 263, 293 et suiv.
Colombie (Andes de), 216
Coloured Melange (zone ), 230
Commentry (bassin de), 72
complexe franciscain, 227
leptyno-amphibol., 2, 253,
265
Comores, 21, 37
Congo (bassin), 115
Cook Inlet, 128, 138
Corail (mer de), 27, 153, 211
Cordillera Blanca, 195
Corse, 148, 149
cratoniques (bassins), 84
crote continentale, 2
ductile, 3, 80, 81, 120, 122,
289
intermdiaire, 6, 132, 137
ocanique, 4
Culm (facis), 257
D
Dalle du Tibet, 238
danakil (horst), 102, 103
Daulaghiri, 239
dauphinoise (zone), 266
Decazeville (bassin de), 72
dcrochements ductiles, 258
dections, 194
dnudation tectonique, 122
dtachement (failles de), 8, 81,
82, 102, 121, 286
mantellique, 282, 289, 291
discontinuit de Mohorovicic.
Voir Moho
Djebel Druze, 167
Siroua, 162
Dolomites, 275
dme thermique lpontin, 284
dorsales ocaniques, 5, 7, 11 et
suiv.
Atlantique, 11, 12, 13, 20, 37
de Carlsberg, 104
Chilienne, 12, 13
Galapagos, 12
Indienne, 17, 21, 37
Pacique, 12, 13, 17, 21
dorsales (activit
hydrothermale), 14
roches des), 16
Dras (arc de), 243
E
ECORS Alpes, 276, 278
Alsace, 55
Ardennes, 256
Manche, 3
Pyrnes, 177
ge (mer), 145, 288, 290, 292
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Index alphabtique gnral 319


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Elbe (le), 292
milie, 95
Entres de la Manche, 106
oliennes (les), 146
paules de rift (soulvement),
56, 60, 63, 66, 102, 104, 119,
151, 279
peron de Goban (marge de l),
107
quateur (Andes d), 216
Erta Ale (volc.), 103, 104
talement post-orognique, 84,
263, 287, 288
thiopien (plateau), 103
(rift), 61
Everest, 241
exhumation tardi-orognique,
286
Exmouth (plateau d), 115
expansion ocanique, 19
F
failles (structurales)
- de cisaillement oblique
intracrustal, 55, 64, 65, 67, 82,
102, 121, 122
de dcrochement, 23, 55, 66-
78, 116-118, 165-168, 173-
176, 178, 188, 250, 257, 259,
260, 275, 285, 287, 288, 293,
297
de dcrochement ductile, 257
de dtachement, 67, 68, 81,
82, 121, 122, 286, 292
en ower structure , 70
listriques, 64, 108, 109
synthtiques, 48
transformantes, 15, 22, 272,
273, 279
failles (gographiques)
Altyn Tagh, 236, 250
insubrienne, 93, 267-269,
274-278, 284
Jourdain, 60, 67, 99
judicarienne, 267
nord-pyrnenne, 171-176,
261
Oriente, 26
Romanche, 25, 118
San Andreas, 24, 69, 83, 116,
168, 294, 296, 297
San Francisco, 25, 116
St Paul, 118
Yammouna (Yamuneh), 164
Falklands (plateau des), 24
Farallon (plaque), 296
fentre de lEngadine, 267
des Tauern, 267, 287
Ferrare-Romagne (arc), 95
Fezzan (bassin du), 88
Fidji (les, arc), 27, 28, 32, 152,
155, 156
ssure crustale (ou ocanique),
60, 97
at slab, 188, 190
eur (structure en), 70
exural (bassin), 89
exure Arcachon-Toulouse, 76
Flors (le), 131, 132
ysch helminthodes, 273,
274, 280
Foothills belt, 184-186
fosse dAcapulco, 128
du Guatemala, 126
du Japon, 127
de Manille, 221
de lOriente, 26
du Prou, 192, 193
des Philippines, 22
de Ryu-Kyu, 221
des Salomon, 34
des Tonga, 27
foss deffondrement, 48
rhnan, 49
des Grands Lacs de lEst
africain, 60
du massif armoricain, 70
du Massif central, 72
franciscain (complexe), 227
Front Range, 165
front varisque, 252, 256
G
Gabon (bassin du), 115
Gail (ligne du), 274
Galapagos (dorsale des), 12,
14, 189
Galice (banc de), 109
germanotype (style), 48
Gilbert (les), 39
golfe dAden, 98, 104, 105
Aqaba, 57, 68
Bengale, 41
Californie, 116, 117
Gascogne, 110, 176
Gnes, 148
Guine, 117
Mexique, 89
Suez, 57
Tadjura, 103
Gorda (dorsale), 5
(plaque), 15
Goringe (banc de), 5, 16
GPS, 6
graben, 48, 287
Grand Sillon houiller, 261
Great Basin, 79
Great Valley, 228
Grisons, 271
Groix (le de), 253
Guadeloupe, 30
Guatemala-Nicaragua
(plateau), 138
guyot, 35
H
Haut-Atlas marocain, 169
Hawa (les), 8, 39, 40
helminthodes (ysch ), 273,
274
helvtique (zone, nappes), 268,
270
hercynienne (chane), 251 et
suiv.
Hida-Sangun (zone), 298
Himalaya, 234 et suiv.
Hoggar, 40
horst danakil, 102, 103
hot spots (voir Points Chauds)
hydrothermalisme des dorsales,
14
I
Idaho (batholite), 186
Illinois (bassin de l), 88
Indien (ocan), 21, 37
Indonsie, 132
Indus (suture de l), 241
insubrienne (faille), 93, 267-
269, 274, 278, 283
(marge), 263, 274
inversion tectonique, 159, 269
IPODE, 19
Iran, 231
Islande, 12, 16, 37-39
isostasie, 6, 46, 134
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320 Les grandes structures gologiques
Ivre (zone, anomalie d), 2,
274, 276, 277 , 284
J
Jan Mayen (le), 11
Japon, 127, 153, 297
Japon-Insulinde (arcs type), 34,
154, 155
Java, 131, 132
JOIDES, 19
Jourdain (faille du), 60, 67, 99
Juan de Fuca (dorsale), 5
(plaque), 15
Juan-Fernandez (le, faille,
ride), 24, 25, 201
Jura, 180
K
Kaiserstuhl (volc.), 50
Kamtchatka, 131
Karakorum, 234, 237
Karroo (bassin du), 88
Kashmir, 241
Kathmandou, 239, 247
Kenai (pninsule de), 128
Kenya, 62
Kerguelen, 21, 37, 40
Kermadec (les), 26, 32,131
Kilimandjaro (volc.), 61
Kitakami, 297
Klamath Moutains, 224
Knoxville (formation de), 224
Kodiak (le), 128
Kohistan (arc du), 237, 243
Kouriles (les), 34, 153, 154
Krakatoa (volc.), 135
Kula (plaque), 294, 296
L
lac Abhe, 103
Assal, 103
Bakal, 64, 236
Kyoga, 61
Natron, 62
Tanganyika, 62
Tchad, 73
Victoria, 61
Laddakh, 240
Lanzo, 270, 276
Laramie Mountains, 163
Lau (bassin et arc de), 32, 156
Laval (bassin de), 71
lpontin (massif), 283
leptyno-amphibolique (voir
complexe)
Lherz (tang de), 172
lherzolite, 17, 18, 172
Lhasa (bloc de), 289
Liban, 164
Ligne (les de la), 39
liguro-pimontaise (zone), 273
LIP (Large Igneous Province),
40
lithosphre, 1, 6, 187
Lizard (cap), 25
Lord Howe (ride de), 152, 153
Los Angeles, 69
Loyaut (les), 208, 214
Luon = Luzon (arc de), 220
Lut (bloc du), 231
M
Madre (les), 35
Makran (prisme daccrtion),
139, 208
Manaslu, 242
Manille (prisme daccrtion,
fosse de), 220
Mannheim (fosse de), 52
Maraon, 195, 200
marges continentales, 6, 123
daccrtion, 129
convergentes
( paciques ), 123, 130
divergentes ( atlantiques ),
97 et suiv.
maigre, 114
nourrie, 114
progradante, 115
transformantes, 116
volcaniques, 99
marginale (mer), 34, 123, 153
Mariannes (les), 26, 29
Marshall (les), 39
Marsili (bassin de), 146
Martinique, 30
Massif central, 255
Maurice (le), 35, 37
mcc. Voir metamorphic core
complex
mlanges, 129
ophiolitiques, 228, 230
Mendocino (faille), 25, 296
Mentawei (les), 132, 138
mer de Bering, 153
de Bismark, 153
des Clbes, 153
de Chine orientale, 153
de Chine mridionale, 220,
250 Corail, 153
ge, 145, 288, 290, 292
du Japon, 153
Mditerrane, 142
Morte, 66
Noire, 142
des Philippines, 27
Rouge, 99
de Tasmanie, 153
Tyrrnienne, 146
Merapi (volc.), 135
metamorphic core complex
(mcc), 82, 185, 259, 284, 292
mtamorphisme alpin, 281
himalayen, 245
Michigan (bassin du), 88
Mindoro (le de), 221
Moesien (bloc), 232
Moho, 1, 3, 4, 17, 41, 53, 109,
249
molassique (bassin), 89
Montferrat (arc du), 95
Monti Euganei (volc. Padoue),
275
Mont St Elias (volc.), 296
Mont St Helens (volc.), 135
Montagne Noire, 256, 258
Pele (volc.), 135
Montagnes Rocheuses, 224
canadiennes, 183
du Wyoming et du Colorado,
163
MORB (Mid-oceanic Ridge
Basalt), 16
Morte (mer), 66
Mozambique (canal de), 19
Murray (faille), 25
N
nappes (mise en place des)
Alpes, 283
Himalaya, 245
Oman, 20
varisques, 255
Nauru (plateau ocanique), 40,
41
Naxos-Paros (les de), 292
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.
Nazca (plaque), 95, 189, 190,
191
(ride), 193, 197, 201
Npal, 240, 247
nord-pyrnenne (zone), 5,
172, 175
Norfolk (ride de), 153
Nouvelle-Bretagne (fosse,
ride), 32, 33
Nouvelle-Caldonie, 27, 208,
214
Nouvelle-Guine, 27, 34, 211,
214
Nouvelles-Hbrides (Vanuatu),
27, 28, 156, 214
Nouvelle-Zlande, 131
O
obduction, 212
chanes dobduction, 205
Occidente colombien, 219
quatorien, 218
ODP, 19
offscrapping, 129
Okhotsk (mer d), 153
Oklahoma (bassin de l), 88
OIB (Ocean Island Basalt), 36,
40
Omineca (m.c.c.), 185
Ontong Java (plateau), 33, 34,
40, 214
ophiolites, 5, 16, 17
Alpes, 272
Andes dquateur-Colom-
bie, 218
Clbes, 132
hercyniennes, 253
Himalaya, 241
Nouvelle-Caldonie, 210
Nouvelle-Guine, 212
Oman, 207
Ouest amricain, 228
Philippines (Mindoro), 221
Ornoque (bassin de l), 88
Oriente quatorien et
colombien, 216
OSC (Overlapping Spreading
Center), 22
Ouest-Mariannes (ride), 29
Owen (faille d), 21
P
Pacique (ocan), 22
Palau-Kyu Shu (ride), 29, 32
Palmyre (monts de), 165, 167
partitionnement de la
dformation, 234
Philippines (les, mer des), 27,
221-223
Pamir, 235, 250
pannonique (bassin), 141, 288
Papouasie, 34
penniques (nappes), 270
Prou, 191
Petites Antilles, 30
Philippines (les), 32, 137, 220
pimontaise (zone), 269, 272
piggy back (structure en), 96
Pitcairn (le), 39
plateau continental, 97
plateaux ocaniques, 40, 41
(carte)
pli de fond, 161, 284
P (bassin du), 93, 284
Pocklington (arc de), 32
point chaud, 37, 105
Pralpes, pralpines (nappes),
267
prcaspique (dpression), 89
prisme daccrtion (la
Barbade), 30-32, 126
sdimentaire, 127 et suiv.,
191, 208, 208, 228, 280
lithosphrique, 283,
tectonique, 125, 127, 245,
279, 280, 283
Puerto-Rico (fosse de), 126
pull-apart (bassins en), 47, 66,
68, 72, 74, 174, 287
Pyrnes, 171
Q
98
e
mridien (ride du), 21, 36,
37
R
racine crustale, 3, 7, 8, 275,
276, 290
racines penniques, 270
Reine-Charlotte (le, faille de
la), 294
rmanent, rsiduel (arc), voir
arcs
Runion (le), 35, 37
Rhnan (foss), 49
rides asismiques de locan
Indien, 41
Ridge Basin, 69
rift intracontinental, 47, 49,
118, 174
est-africain, 60-64, 105
nord-pyrnen, 176
ocanique, 11, 14
Rio Grande (ride du), 37
Rivera (plaque), 296
Rockies Mountains, 184
Rocky Mountain Trench, 184,
186
Romanche (faille de la), 12, 23,
24, 118
rotation de la microplaque
padane, 285
Rouge (mer), 99
Ruwenzori, 63
Ryu-Kyu (les, fosse des), 151,
221
S
Sahara (bassin du), 88
Sainte-Hlne (le de), 35
salinien (bloc), 229
Salomon (les), 27, 34, 156,
214
Salton Sea (bassin de), 9
Samoa (les), 156, 214
San Andreas (faille), voir
failles
Sandwich (les), 131
Sangihe (arc de), 32
San Joaquin (bassin de), 69, 77,
78
San Francisco, 116, 168
Santorin (le volc.), 135, 145
Sardaigne, 149
schistes lustrs (Alpes), 271
Seamount, 35
SDR (Seaward Dipping
Reector), 106
Serrania del Baudo, 219
Sesia (zone), 274, 276
Shetlands (plate-forme des), 87
Shimanto (zone de), 298
Shoshonitique (magma), 134
Sierra Nevada, 224
Silvretta (nappe de la), 274
simploniques (nappes), 272
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322 Les grandes structures gologiques
simplo-tessinoises (nappes),
272, 283
Siwaliks, 8, 237, 239
sous-charriage, 182, 203, 268,
283
sous-placage, 40, 194, 203
sous-pyrnenne (zone), 173,
174
sphnochasme, 114, 149
Spitzberg, 119
St Paul (faille transformante),
23, 118
St Paul-Amsterdam (le, faille),
37, 39
St Vincent-Grenade, 137
subandine (zone), 195, 197,
218, 220
subduction, 6, 26, 30,123 et suiv.
(chanes de), 187
(fosse de), 126
intracontinentale, 178, 182
subalpines (chanes), 267, 268,
273
subsidence, 45, 86,87
thermique, 19, 45, 87, 108,
120, 144, 279
sudalpine (zone), 274, 275
Sud-Lybien (bassin), 88
Sulu (arc), 32, 33
Sumatra, 131, 132
suspect terranes, 293
suture ophiolitique, 233, 259
de lIndus-Zangpo, 241
de la chane hercynienne,
253
de Taiwan, 221
du Zagros, 234
T
Tadjourah (golfe de), 103, 105
Tahiti, 35
Tawan, 220
talus continental, 97
Tanganyika (lac), 61, 62
Tamba-Ryoke (zone de), 298
Tarim, 235, 250, 252
Tasmanie (mer de), 153
Tauern (dme des), 278, 287
(fentre des), 272, 274, 278,
287
Tchad (bassin, lac), 73, 88
Tthys, 19, 151,241, 244, 245,
266
terrane, 293
tholitique (magma), 5, 16, 25,
39, 40, 71
Tibet, 8, 235, 248, 250, 288-
290
Tian Shan, 235, 256, 288
Timor, 132
Tindouf (bassin de), 88
Titicaca (lac), 193
tomographiques (coupes) (df.
p. 28)
Alpes, 277
Andes, 191
Himalaya, 247
Japon, 155
Islande, 38
Tonga-Fidji, 28
Tonga-Kermadec (les), 26-28,
131
Touamotou (les), 36, 39
transformante (faille), 22 (v.
aussi failles)
Transhimalaya, 241
transpression (bassin en), 78
transtension (bassin en), 78
trapps du Deccan, 41
dEthiopie, 99
du Parana, 40
de Sibrie, 41
trench, 26, 124
Tristan da Cunha (le), 16, 35,
36
Trobriand (fosse de), 33, 34
Tyrrhnienne (mer), 146, 288
U
Uinta Mountains, 163
underplating, 283
V
valaisan (rift), valaisanne
(zone), 271, 273
Vancouver (le de), 225
Vanuatu (les), 28, 156, 214
varisque (chane), 251 et suiv.
Vavilov (bassin de), 146
Vema (faille), 12, 16
virgation ibro-armoricaine,
111, 254,
257, 259
virgation de lAssam et du
Kashmir (Pamir), 232, 235-237
Vitiaz (fosse de), 27, 156
Vogelsberg (volc.), 50
volcanisme alcalin, 35, 52, 62,
74, 99, 100, 104
calcoalcalin, 25, 134, 136,
144, 212, 226, 265, 284
shoshonitique, 134, 212
tholitique, 16, 25, 40, 103,
104, 133
Voringe (banc de), 106
W
Wallis (le), 156
Walvis (ride de), 36, 37, 39
Wernicke (modle de), 80, 120
Woodlark (arc de), 32, 34
Wrangell (mont), 294
Wrangellia, 294
Y
Yakutat (bloc de), 295, 296
Yamato (banc de), 154
Yammouna (Yemuneh) (faille
de), 164
Yazd, 231
Z
Zabargad (le de), 101
Zagros, 98, 233
Zangbo (suture Indus), 240
Zermatt-Saas (zone de), 272
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SCIENCES SUP
Cours
SCIENCES SUP
LES GRANDES
STRUCTURES
GOLOGIQUES
5
e
dition
Jacques Debelmas
Georges Mascle
Christophe Basile
J
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D
E
B
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A
S
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Master CAPES Agrgation
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I
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5
e
dition
MATHMATIQUES
PHYSIQUE
CHIMIE
SCIENCES DE LINGNIEUR
INFORMATIQUE
SCIENCES DE LA VIE
SCIENCES DE LA TERRE
1 2 3 4 5 6 7 8
LICENCE MASTER DOCTORAT
www.dunod.com
Ce livre, destin aux tudiants en Master des sciences de la
Terre et de lUnivers, sera galement utile aux candidats aux
concours denseignement.
Cet ouvrage est consacr aux grandes structures gologiques
(chanes de montagnes, bassins sdimentaires, marges conti-
nentales, ocans), un domaine des sciences de la Terre o
les progrs sont constants et de nouveaux concepts et de
nouvelles interprtations formuls.
Cette cinquime dition entirement renouvele expose les
nouvelles donnes et fournit une synthse de leurs rsultats.
Louvrage est crit dans une perspective dynamique, cest--
dire volutive, corrlant les diffrents phnomnes en prsence :
sdimentation, dformation, volcanisme, mtamorphisme,
cinmatique, pour aboutir une classification raisonne des
structures gologiques.
Jacques Debelmas
Georges Mascle
Christophe Basile
LES GRANDES STRUCTURES
GOLOGIQUES
JACQUES DEBELMAS
est professeur honoraire
de luniversit Joseph-Fourier
de Grenoble.
GEORGES MASCLE
est professeur honoraire
de luniversit Joseph-Fourier
de Grenoble et charg de cours
lcole normale suprieure
de Lyon.
CHRISTOPHE BASILE
est professeur lobservatoire
des Sciences de lUnivers
de luniversit Joseph-Fourier
de Grenoble.
ISBN 978-2-10-053572-9

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