La Neutronique - Les Méthodes de La Neutronique
La Neutronique - Les Méthodes de La Neutronique
La Neutronique - Les Méthodes de La Neutronique
N
(t ) {r
i
(t), v
i
(t)}
i=1,N
o les r
i
(t) et les v
i
(t) sont gouver-
nes par les lois de la mcanique. Soit u une grandeur phy-
sique macroscopique caractrisant le systme et donc
dpendant de son tat : un instant t fix la grandeur u
prend la valeur u (
N
(t)). Une mesure de u consiste en cal-
culer la moyenne <u> sur une dure T dobservation :
44 Les mthodes de la neutronique
prsent, considrons non plus un systme unique de N par-
ticules, mais une collection de systmes macroscopiquement
identiques de N particules. Soit
N
une configuration possible
dans lespace des phases de ces systmes.
N
nous pou-
vons alors associer une densit de probabilit (
N
) ; la valeur
moyenne de u, <6>, est alors obtenue par :
< 6 > =_p(
N
)6(
N
) J
N
Le postulat fondamental de la mcanique statistique est que
les moyennes <u> sont identifies comme des mesures de la
grandeur macroscopique u qui ne sont autres que les
moyennes temporelles <u>
T
. Par consquent, nous pouvons
crire lgalit :
Trs schmatiquement, cette galit reprsente lhypothse
dergodicit introduite par W. Gibbs (il semble cependant que
Boltzmann [2], [3] ait t le premier introduire le concept
dergodicit). Cette hypothse stipule que lon peut rempla-
cer ltude dun systme unique par celle dune collection de
systmes macroscopiquement identiques affects de condi-
tions initiales arbitraires diffrentes.
La densit de probabilit p(
N
) est obtenue via lquation de
Liouville mentionne plus haut.
On est ainsi pass de lespace 6 N dimensions du
niveau microscopique lespace 6 dimensions (celui
dune configuration moyenne ) du niveau cintique .
En fait, dans le cas dune population de neutrons, dont le com-
portement est markovien et dont un certain nombre peut dis-
paratre par absorption, par exemple, la densit p(
N
) se
dduit des quations de Chapman-Kolmogorov.
En contractant encore une fois les dimensions pour ne
retenir que les trois dimensions despace, on atteint le
niveau hydrodynamique auquel appartiennent les qua-
tions de Navier-Stokes et lquation de la diffusion des
neutrons.
Cest donc une grandeur moyenne (le flux en phase) qui
satisfait lquation de Boltzmann ou du transport. Les
mthodes dterministes mises en uvre pour la rsolution
de cette quation ne donnent plus accs lhistoire indivi-
duelle de chaque particule du systme tudi.
La mthode probabiliste de Monte-Carlo, applique la
rsolution de lquation du transport, simule explicitement la
collection des systmes physiques quivalents considrs
plus haut, dans le cadre de lhypothse ergodique, puis opre
en fin de simulation la moyenne statistique de lensemble des
rsultats produits par chacune des simulations, limage dun
ensemble de mesures qui seraient faites et moyennes
dans un cadre purement exprimental. Cette moyenne est une
estimation statistique du rsultat recherch. Le niveau micro-
scopique est prserv, en ce sens que les caractristiques
(positions, nergies, vnements) de lhistoire simule de cha-
cune des particules des systmes peuvent tre stockes, ana-
lyses, retraites.
On remarquera que lapproche dterministe donne a priori en
tout point de lespace des phases la valeur (moyenne) de
la grandeur physique dintrt. Ce ne peut tre le cas, dans la
pratique, avec une simulation naturelle probabiliste, pour une
simple raison de statistique : la probabilit pour quune parti-
cule simule donne lieu un vnement en un point donn
de lespace est quasiment nulle.
Rfrences
[1] J. J. DUDERSTADT, W. R. MARTIN, Transport Theory, NewYork, John
Wiley & Sons, USA, 1979.
[2] L. BOLTZMANN, Weitere Studien ber das Wrmegleicgewicht unter
Gasmoleklen , Wiener Berichte, 66, pp. 275-370, 1872.
[3] L. BOLTZMANN, Thorie cintique des gaz, Trad. franaise, ditions
Jacques Gabay, 1987.
45 La neutronique
Les quations fondamentales de la neutronique
Dans le cur dun racteur nuclaire, la propagation des
neutrons est couple la transmutation des milieux dans les-
quels ceux-ci se propagent. En effet, lirradiation neutronique
et la temprature du combustible, du modrateur et de len-
semble des structures existantes prsentent des variations
spatiales et temporelles significatives. Il sensuit que la com-
position en nuclides des milieux irradis varie en espace et
en temps. Cela explique que la neutronique traite deux qua-
tions fondamentales couples, rgissant dans lespace et
dans le temps, lune le dplacement des neutrons, et lautre
lvolution des compositions isotopiques.
Lquation intgro-diffrentielle
de Boltzmann :
le transport des neutrons
La solution de lquation de Boltzmann donne la densit de la
population des neutrons en fonction du temps et de lespace.
Cette quation sapplique aussi au transport des photons qui
interviennent galement dans les tudes de racteurs, en par-
ticulier dans les calculs de protection contre les rayonnements
et les calculs dchauffement des matriaux.
Le comportement quantique des neutrons se manifeste lors
des collisions avec les noyaux, mais, pour le neutronicien, ces
collisions peuvent tre considres comme des vnements
ponctuels et instantans, dont seules les consquences lin-
tressent. Selon lnergie du neutron incident et le noyau avec
lequel il interagit, diffrents types de ractions peuvent se pro-
duire : le neutron peut tre absorb*, diffus* ou encore pro-
voquer la fission* du noyau. On rappelle que la probabilit de
chaque raction est caractrise par une grandeur appele
section efficace microscopique*. Entre deux collisions,
les neutrons se comportent comme des particules classiques,
dcrites par leur position et leur vitesse. Non chargs (parti-
cules neutres), ils se dplacent en ligne droite, au moins pour
les courtes distances pour lesquelles on peut ngliger leffet de
la gravitation.
Ltablissement de lquation de Boltzmann en neutronique
repose sur les hypothses et simplifications suivantes :
Le nombre de neutrons dans le systme considr est suffi-
samment important pour pouvoir dfinir une densit de neu-
trons. Les conditions dun racteur nuclaire, avec un ordre de
grandeur de 10
8
neutrons par cm
3
, satisfont cette hypothse ;
les interactions neutron-neutron peuvent tre ngliges vis-
-vis des interactions neutron-matire. Le rapport entre la
densit des neutrons et la densit du milieu de propagation
(eau, oxyde duranium) est de lordre de 10
-15
, ce qui jus-
tifie cette approximation. Cette hypothse est dune grande
importance, puisquelle conduit une formulation linaire de
lquation de Boltzmann, beaucoup plus simple que la ver-
sion non linaire utilise dans la thorie cintique des gaz ;
les effets relativistes sont ngligs. Dans un racteur, les
neutrons produits par fission ont une nergie cintique maxi-
male de lordre de 20 MeV, correspondant 2 % de leur
masse au repos ;
la dcroissance radioactive du neutron en proton
(n p +e
+
e
) peut tre nglige, dans la mesure o son
temps de vie dans le racteur, avant dtre absorb, est
beaucoup plus faible que son temps de dcroissance. En
effet, son temps de vie est compris entre 10
-5
et 10
-3
secondes selon les filires et sa priode de dcroissance
radioactive est de lordre de 10 minutes.
Lquation de Boltzmann exprime le bilan du nombre des neu-
trons dans un volume lmentaire B ur.uE.u
autour du
point P(r, E,
, t) [voir introduction].
b) La disparition des neutrons du domaine B, par absorption et
diffusion, les absorptions faisant disparatre les neutrons et les
diffusions les faisant passer une autre nergie et les envoyant
dans une autre direction, dans lintervalle de temps ut :
N
k
(r,t) : concentration des nuclides k au point r et lins-
tant t,
k
(E) : section efficace microscopique totale du nuclide k
pour un neutron incident dnergie E.
Les mthodes de la neutronique
46 Les quations fondammentales de la neutronique
c) Larrive de neutrons dans le domaine B rsultant des dif-
fusions. Il sagit des neutrons qui, avant la collision, taient
une autre nergie et se dplaaient dans une autre direction,
et qui sortent de la collision lnergie E et dans la direction
la direction
) =
s,k
(EE,
).
Pour les mthodes de traitement de lquation du transport, il
est usuel de reprsenter ces sections efficaces diffrentielles
sous la forme dun dveloppement sur la base des polynmes
de Legendre P
n
() :
d) La source de neutrons prompts* mis par fission induite
ou par fission spontane dans le domaine B et dans lintervalle
de temps ut :
, k
(E) : section efficace microscopique de fission du
nuclide k, pour un neutron incident dnergie E,
,k
(E) : nombre moyen de neutrons prompts mis la suite
dune fission induite sur un noyau k par un neutron incident
dnergie E,
,k
(EE) : spectre en nergie des neutrons prompts mis
de manire isotrope la suite dune fission induite sur un
noyau k par un neutron incident dnergie E,
(r, E, t) : flux scalaire en (r, E, t) [voir introduction],
,s,k
: nombre moyen de neutrons prompts mis par fission
spontane du nuclide k,
s,k
: constante de dcroissance radioactive de fission spon-
tane du nuclide k,
,s,k
(E) : spectre des neutrons prompts mis de manire
isotrope par fission spontane du nuclide k.
e) La source de neutrons retards mis par fission induite ou
spontane dans le domaine B et dans lintervalle de temps ut.
Ces neutrons proviennent de produits de fission* radioactifs
particuliers, supposs mis au moment de la fission,
dnomms prcurseurs*. Ces noyaux ont la proprit de pou-
voir dcrotre par la voie ([
,n), dcroissance [
suivie de
Espace des phases, densit et flux de neutrons
En physique des racteurs, les populations de neutrons font lob-
jet dun traitement statistique. On les dcrit en faisant appel la
notion de densit neutronique, qui reprsente le nombre moyen
de neutrons observ par unit de volume. Cette densit neutro-
nique est cependant une notion plus gnrale que la notion de
densit usuelle, car le volume lmentaire considrer nest pas
seulement un volume dans lespace physique.
Il faut, en effet, dcompter les neutrons non seulement dans
lespace, mais aussi selon leur vitesse qui nest pas la mme
pour tous et qui joue un rle fondamental sur leur devenir. Cette
densit est galement, en gnral, fonction du temps. Au total,
pour dcrire compltement une population de neutrons, il faut
donc faire intervenir trois variables despace, trois variables de
vitesse et la variable temps. Dans la pratique, les matriaux uti-
liss dans les racteurs sont isotropes. Leurs proprits (en
particulier, leurs sections efficaces) ne dpendent alors que du
module de la vitesse (ou de lnergie) des neutrons incidents,
et non pas de leur direction. Cest pourquoi on distingue sou-
vent le module de la vitesse (ou directement lnergie cintique
des neutrons) et la direction des neutrons. Cette distinction est
ralise en introduisant le vecteur unitaire bti sur le vecteur
vitesse :
Au final, la densit (qualifie de densit en phase ) est note
n (r, E,
, t) = un (r, E,
. On dfinit aussi le
flux scalaire (r, E, t) comme lintgrale sur toutes les direc-
tions du flux angulaire : (r, E, t) = j
4n
(r, E,
, t)J
.
Lintrt de connatre le flux scalaire est que le nombre de rac-
tions nuclaires produites par unit de volume et de temps,
appel taux de raction* , not (r, E, t), est calcul comme
le produit du flux scalaire et de la section efficace macrosco-
pique correspondant la raction nuclaire considre, de sec-
tion efficace microscopique (E) :
(r, E, t) = N (r, t)o(E)(r, E, t) = X (r, E, t)(r, E, t)
o N( r, t) reprsente la concentration du nuclide cible des neu-
trons au point r et linstant t.
47 La neutronique
lmission immdiate dun neutron. Comme la dcroissance
radioactive dun noyau prcurseur, suivant cette voie, conduit
lmission dun neutron unique, la source de neutrons retar-
ds scrit :
u,k
: constante partielle de dcroissance radioactive du
nuclide k, correspondant la voie ([
,n),
u,k
(E) : spectre en nergie des neutrons retards mis de
manire isotrope par le nuclide k.
f) Les sources de neutrons externes :
La variation du flux en phase dans le temps :
est gale la somme algbrique des six quantits prcdem-
ment recenses. Cette galit conduit lquation intgro-dif-
frentielle de Boltzmann satisfaite par le flux angulaire des
neutrons, (r, E,
, t) :
(1)
Cette criture de lquation de Boltzmann est gnrale, car
elle ne prjuge pas de la nature des nuclides. Cest ainsi
que, dans son application une configuration physique don-
ne, la section efficace de fission
,k
(E), par exemple, pren-
dra une valeur nulle, si le nuclide k nest pas fissile, ou que
la constante partielle de dcroissance
u,k
prendra une
valeur nulle si le nuclide k nest pas prcurseurs de neu-
trons retards.
On pourrait crire une dpendance en temps pour les sec-
tions efficaces microscopiques qui correspondrait une varia-
tion de la temprature. Elle est omise ici.
Lquation de Boltzmann existe aussi sous une forme int-
grale, forme qui constitue le point de dpart de certaines
mthodes numriques, en particulier les mthodes de type
Monte-Carlo (voir le sous-chapitre sur les formes drives des
quations fondamentales).
Dans des situations particulires (tudes de criticit et de
radioprotection conduites dans le cadre du cycle du combus-
tible, par exemple) dautres sources de neutrons sont prises
en considration, parmi lesquelles :
a) La source de neutrons issus de ractions nuclaires de type
(, n) :
: rendement de production de neutrons dnergie
E par les ractions (, n) engendres par les particules alpha
mises par dcroissance radioactive du noyau k,
,k
: constante de dcroissance radioactive du noyau k.
b) La source de neutrons provenant de ractions photonu-
claires (, n), (, 2n), (, ), etc. :
,q,k
( E
E,
par la
raction photonuclaire de type q du nuclide k,
y
(r, E
y
,
lnergie E et dans la
direction
, S (r s
, E,
) sans
subir de collision. En intgrant sur toutes les distances s
sparant le point dmission r et le point r darrive, on
obtient le premier terme qui contribue au flux angulaire
(r, E,
) :
les neutrons dnergie E et de direction
:
Les mthodes de la neutronique
quation critique Introduction du coefficient
de multiplication effectif
Pour avoir une solution stationnaire lquation, quel que soit
ltat rel du systme (critique, sur-critique ou sous-critique),
on modifie lquation (1) en divisant les sources de fission par
un facteur qui permet de rtablir lquilibre entre productions et
disparitions. Ce facteur est appel facteur de multiplication
effectif* ou k
e
. Lquation (1) devient alors lquation (3),
qui est une quation aux valeurs propres. On peut montrer que
k
e
est la plus grande valeur propre et que (r, E,
) est la
fonction propre associe.
On appelle (3) le problme critique associ et la solution
(r, E,
, E,
) et de la source de diffusion
s
(r s
, EE,
) (r s
, E,
).
Par le mme raisonnement que prcdemment, on obtient le second terme qui contribue au flux angulaire (r, E,
) :
r= r s
(
E
)
s
=
|
r
|
s
:
d
i
s
t
a
n
c
e
f
r
a
n
c
h
i
r
s
a
n
s
s
u
b
i
r
d
e
c
o
l
l
i
s
i
o
n
p
r
o
b
a
b
i
l
i
t
a
s
s
o
c
i
e
:
Point source ou point de diffusion
Point de calcul du flux angulaire
(r, E,
)
Neutrons source
S (r s
, E,
)
F
l
u
x
d
e
n
e
u
t
r
o
n
s
i
n
c
i
d
e
n
t
s
(
r
,
E
)
N
e
u
t
r
o
n
s
d
i
f
f
u
s
s
(
E
,
)
r
(3)
57 La neutronique
Analogie formelle entre les quations intgrales de Boltzmann et de Bateman
Tableau 9
Analogie formelle entre le transport en rgime stationnaire et la transmutation
Transport stationnaire volution en un point
Espace : r Temps : t
nergie : E (variable continue) Espce de nuclide : k (variable discrte)
Direction :
) Concentration en radionuclides : N
k
(r, t)
Section efficace macroscopique totale : (r, E) Taux de transmutation microscopique total :
k
(r)
Densit de collision : (r, E,
) = (r, E) (r, E,
) Activit gnralise : A
k
(r, t) =
k
(r) N
k
(r, t)
Source de neutrons : S (r, E,
) Activit source : S = 0
k
(r, t)
quation intgrale du transport : = TC + TS quation intgrale de la transmutation : A = TCA + TS
T oprateur intgral de dplacement en espace : T oprateur intgral de dplacement en temps :
C oprateur de diffusion : C oprateur de transmutation : CA vecteur dont
la k
e
composante est donne par :
Rfrences
P. H. WILSON, Analog Monte Carlo Methods for Simulating Isotopic
Inventories in Complex Systems, Nuclear Science and
Engineering, 152, 3, pp. 243-255, March 2006.
C. M. DIOP, Integral formof nuclide generation and depletion equa-
tions for Monte-Carlo simulation. Application to perturbation calcu-
lations, Annals of Nuclear Energy, 35, pp. 2156-2159, 2008.
Dans le cas o le flux provoquant les transmutations de nuclides est indpendant du temps, les quations de Bateman peuvent
tre rcrites sous la forme intgrale suivante :
k
(r) =
k
+
k
(r)
km
(r) =
km
+
km
(r)
0
k
(r,t) : taux de production du nuclide k au point r et linstant t.
On dfinit l activit gnralise de lensemble des nuclides comme le vecteur dont la composante k est donne par la relation :
L activit gnralise satisfait lquation intgrale suivante :
En faisant apparatre la densit de collision (r, E,
) = (r, E) (r, E,
). Elle a pour
solution le flux angulaire (r, E,
, n), dcroissance
[
, n) na lieu
que dans 0,02 % des cas.
Si on note F lensemble des nuclides fissiles qui est disjoint
de lensemble P, on peut crire lquation dvolution des
concentrations des prcurseurs, relativement au seul phno-
mne dmission de neutrons retards. Pour distinguer cette
quation de celle drive de lquation de Bateman, o toutes
les causes dvolution seraient prises en compte, on note C
, n),
t,k
(E) : nombre total moyen de neutrons mis lors dune fis-
sion induite par un neutron incident dnergie E sur le
nuclide k,
[
(k)
t,k
(E) : nombre de neutrons retards issus dun prcur-
seur n de la fission induite lnergie E sur le nuclide k,
N
k
(r) [
(k)
0
uE
t,k
(E)
,k
(E) (r, E, t) : production du
prcurseur par fission induite sur le nuclide k, sachant
qu un neutron retard mis correspond un noyau prcur-
seur form.
Habituellement, on paramtrise lmission en temps des
neutrons retards, pour chaque noyau fissile k F, en
regroupant les processus dmission par les noyaux prcur-
seurs (environ cent cinquante) en six ou huit familles notes
par le couple dindices (k, i). chaque famille sont associes
une constante de dcroissance moyenne
i
(k)
rendant compte
du rythme avec lequel sont produits les neutrons retards
issus de cette famille (elle correspond donc la pondration
des constantes de dcroissance partielle
u,
des diffrents
noyaux prcurseurs regroups dans la famille) et une propor-
tion de neutrons retards [
i
(k)
. La concentration des prcur-
seurs de la famille (k, i) est note C
i
(k)
. Elle est donne par
lquation :
(6)
60 Les formes drives des quations fondamentales
En utilisant la paramtrisation des prcurseurs, nous pouvons
crire la source de neutrons retards de lquation du trans-
port sous la forme :
o
u,i
(k)
(E) est la proportion de neutrons retards de la famille
(k, i) mis lnergie E.
Lquation du transport se rcrit alors sous la forme :
Les quations couples (6) et (7) sont appeles quations
de la cintique spatiale .
Mireille COSTE-DELCLAUX, Cheikh M. DIOP,
Fausto MALVAGI et Anne NICOLAS
Dpartement de modlisation des systmes et structures
(7)
61 La neutronique
Mthodes dterministes de rsolution
de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
breuses mthodes, dveloppes dans le cadre de la thorie
du transport des neutrons. Lexamen de lensemble de ces
mthodes fait apparatre diffrentes stratgies de calcul rele-
ves par J. J. Duderstadt et W. R. Martin [2] et synthtises
dans le tableau 10 suivant le degr de complexit du pro-
blme de transport rsoudre :
Modles simples analytiques ayant pour finalit lanalyse
dun aspect particulier du comportement de la population
de neutrons. Par exemple, la thorie du ralentissement per-
met de comprendre lallure du spectre en nergie des neu-
trons, ainsi que les particularits du comportement des
neutrons pntrant dans une rsonance ;
B. Davison et J. B. Skypes [1], dans leur ouvrage pionnier
Neutron Transport Theory, paru en 1957, prcisent que si les
problmes soulevs par la thorie du transport des particules
neutres ont t identifis et en partie rsolus avant mme la
dcouverte du neutron, par des astrophysiciens comme
K. Schwarzschild et E. A. Milne, puis plus tard par
S. Chandrasekhar qui tudiait les transferts radiatifs, par un
effet boomerang, les mthodes dveloppes par la suite
autour du transport des neutrons ont bnfici au traitement
des transferts radiatifs. La varit des situations tudier en
physique des racteurs (multiplicit des formes, des mat-
riaux, des dimensions, les htrognits, les situations sta-
tionnaires et non stationnaires) est la source des nom-
Les mthodes de la neutronique
Tableau 10
Types de problmes de transport des neutrons et stratgies de calcul
A : rsolution analytique possible N : rsolution numrique
Gomtries
Unidimensionnelle Bidimensionnelle Tridimensionnelle
Nature du problme infinie semi-infinie finie x-y et r-z gnrale
nergie
Monocintique A A A N N N
Multigroupe A A, N N N N N
Continue A A, N N N N N
Direction
Isotrope A A A N N N
Anisotrope A A N N N N
Milieu
Vide A A A A A A
Purement absorbant A A A A A A
Homogne A A A N N N
Htrogne N A N N N N
Sources
Localise : point, fil, plane A A A N N N
Fonction de Green A A A N N N
Pulse ou oscillante A A A N N N
Sans ou avec conditions aux limites - A N N N N
Quelconque N N N N N N
Dpendance en temps
Stationnaire source fixe A A A N N N
Stationnaire critique A A A N N N
Source pulse ou oscillante A A A N N N
62 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
approximations qui altrent la forme dorigine de lqua-
tion du transport. Lquation de la diffusion en est un
exemple ;
mthodes numriques dterministes mthode S
N
,
mthode des caractristiques, par exemple ou stochas-
tiques comme la mthode de Monte-Carlo permettant de
traiter des configurations complexes.
Lapproche dterministe* choisie pour rsoudre sur ordina-
teur lquation de Boltzmann en rgime stationnaire repose
sur une discrtisation de lespace des phases. Plusieurs types
de discrtisations existent pour une mme variable et des
modlisations peuvent tre conjointement introduites. Toutes
ces options possibles de discrtisation et de modlisation
associes dbouchent sur la mise au point dautant de
mthodes numriques de rsolution de lquation de
Boltzmann, chacune prsentant des avantages et des incon-
vnients.
Cette section dcrit en premier lieu et de manire succincte,
le passage de lquation du transport continue une forme
discrtise de cette mme quation. Ce sont ensuite les
grands principes de quelques-unes des mthodes num-
riques dterministes emblmatiques de la neutronique, qui
sont successivement prsents.
La discrtisation de lespace
des phases
La connaissance du flux angulaire (r, E,
), dfini dans la
section prcdente, permet daccder dautres grandeurs
dintrt valuer. Parmi celles-ci, le flux scalaire (r, E) joue
un rle fondamental, car cest partir de celui-ci que sont cal-
culs les diffrents taux de raction dont la connaissance est
indispensable pour calculer un racteur nuclaire.
La rsolution dterministe de lquation de Boltzmann station-
naire a recours la discrtisation de toutes les variables de
lespace des phases, savoir lespace r, lnergie E et la
direction
) comporte gnrale-
ment de lordre de 100 1 000 directions dans le but dobte-
nir une bonne description du flux angulaire. On note
n
la n
me
direction de la discrtisation angulaire.
Dans un racteur nuclaire, la taille du systme est de lordre
du mtre, et la taille des htrognits locales (lpaisseur
de la gaine du combustible, la longueur caractristique du gra-
dient de flux dans le crayon, etc.) est de lordre du millimtre.
Il faut, par consquent, dcouper lespace (variable r) en 10
3
mailles par dimension, ce qui donne 10
9
mailles spatiales. On
note i une maille quelconque du domaine spatial.
Lapplication dune telle discrtisation lquation du transport
conduit remplacer les drives par des diffrences finies,
par exemple, et les intgrales par des sommes discrtes ou
formules de quadrature. Au flux angulaire (r, E,
) se sub-
stituent les formes discrtises
i
g
(
n
),
g
i1/2
(
n
) et
g
i+1/2
(
n
) qui reprsentent le flux angulaire des neutrons
dans le groupe dnergie g, au milieu de lintervalle i et aux
bornes notes (i 1/2) et (i + 1/2) de cet intervalle et dans la
direction
n
. En raison du caractre linaire de lquation du
transport, la discrtisation du flux angulaire conduit lobten-
tion dun systme dquations linaires dont les
i
g
(
n
),
g
i1/2
(
n
) et
g
i+1/2
(
n
) sont les inconnues dterminer. Pour
pouvoir effectivement rsoudre ce systme, il convient de dis-
poser dautant dquations que dinconnues ; cette fin, on y
adjoint, dune part, des conditions aux limites (les valeurs du
flux angulaires aux frontires du cur du racteur, par
exemple), et, dautre part, des relations modlisant la varia-
tion spatiale du flux entre le milieu des intervalles en espace
et leurs extrmits respectives. Permettant une criture com-
pacte, le formalisme matriciel est souvent utilis pour crire
le systme dquations rsoudre.
En reprenant pour les diffrentes discrtisations les ordres de
grandeur les plus levs qui ont t mentionns plus haut,
on aboutit 10
9
10
3
10
4
= 10
16
volumes lmentaires de
lespace des phases. Par consquent, on est amen
rsoudre, chaque pas de temps, des systmes linaires
10
17
degrs de libert !
Historiquement, on comprend pourquoi les modles analy-
tiques ou semi-analytiques ont initialement domin la physique
des racteurs nuclaires, permettant ainsi de rduire drasti-
quement ce nombre de degrs de libert, tout en tant effi-
cace. Progressivement, certains de ces modles ont t asso-
cis des techniques numriques de plus en plus
sophistiques que la disponibilit de calculateurs lectro-
niques, puis dordinateurs, a fait merger.
La figure 21, ci-aprs, indique quelques-unes des principales
mthodes de rsolution de lquation du transport utilises en
neutronique :
63 La neutronique
Il a t indiqu plus haut que la rsolution de lquation du
transport par des mthodes numriques fait intervenir des for-
mules de quadrature en remplacement des intgrales conti-
nues. Il sagit dune approximation numrique entache dune
certaine erreur qui dpend de la finesse de la discrtisation des
domaines respectifs de variation des variables concernes.
En considrant, titre dillustration, une quadrature trapzo-
dale, en dsignant par J la dimension du problme trait (par
exemple, les trois dimensions de lespace) et par n le nombre
total de nuds de la discrtisation, on montre que lerreur
commise est proportionnelle :
Cette expression reprsente le taux de convergence de la
quadrature choisie en fonction de la finesse de la discrtisa-
tion. On constate donc que lobtention dune convergence cible
(valeur impose de lerreur) est dautant plus coteuse en
temps de calcul que la dimension J du problme rsoudre
est leve.
Le nombre minimal dinconnues associes au calcul de cur dun racteur nuclaire de puissance
La discrtisation impose par la rsolution numrique de lqua-
tion de Boltzmann conduit aux ordres de grandeurs minimaux
suivants pour un REP de 900 MWe :
Nombre dassemblages : 150 de 4 m de hauteur ;
nombre de crayons/cellules (combustible, gaine, zone mod-
ratrice) par assemblage : 17 x 17 = 289 ;
nombre total de cellules : 150 x 289 = 43 350 ;
nombre de rgions concentriques dans la zone combus-
tible : 3 ;
nombre de rgions par cellule : 3 + 2 = 5
nombre de rgions axiales : 40. La longueur dun crayon est
de 4 m, le gradient axial du flux tant a priori plus petit que son
gradient radial, nous avons pris une hauteur de rgion de
10 cm ;
nombre de rgions par cellule : 5 x 40 = 200 ;
nombre de cellule dans tout le cur : 8.6 10
6
;
nombre de groupes dnergie : 100 ;
nombre total de valeurs du flux scalaire (inconnues) sur tout
le cur : 8,6 10
6
x 100 = 8,6 10
8
.
Si le flux scalaire est construit partir du flux angulaire (cas de
la mthode S
N
par exemple) ce dernier doit tre galement cal-
cul. Environ 250 directions angulaires doivent donc encore
tre dfinies conduisant un nombre dinconnues valeurs
recherches du flux angulaire de lordre de :
8,6 10
8
x 250 ~ 2 10
11
La rsolution du systme dquations linaires correspondant
doit se faire par des itrations sur la source de fission, sur les
groupes dnergie thermique et fait appel des techniques dac-
clration.
Les besoins en mmoire ordinateur associs une telle rso-
lution sont estims quelques Gigaoctets.
Fig. 21. Classification des diffrentes mthodes numriques de rsolution de lquation du transport des neutrons (voir aussi Y. AZMY,
International School in Nuclear Engineering, Saclay, 2010).
Stochastiques Dterministes : discrtisation
Espace Angle / espace
Formalisme
de la diffusion
Probabilit de
collision 1D, 2D
Caractristiques
1D, 2D, 3D
Diffrences finies
1D, 2D, 3D
Nodal 1D, 2D, 3D lments finis
1D, 2D, 3D
Forme intgro-diffrentielle
P
N
, SP
N
S
N
Espace
nergie : multigroupe
un quelques milliers
Monte-Carlo
Forme intgrale
nergie et transfert
angle / nergie
continus
3D
nergie et transfert
angle / nergie
multigroupes
3D
Forme intgrale
Angle
Mthodes numriques de rsolution de lquation du transport
64 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
Libre parcours moyen et discrtisations en espace et en nergie
Le libre parcours moyen dun neutron dans la matire est la dis-
tance moyenne quil parcourt avant dinteragir. Celle-ci dpend
de la densit de noyaux-cibles N(r), et de la section efficace
microscopique dinteraction (E):
Le libre parcours moyen est linverse de la section efficace
macroscopique totale et dpend donc, en un point donn, de
lnergie du neutron. On peut dfinir autant de libres parcours
moyens que de types dinteractions : dans la dfinition prc-
dente, on substitue alors la section efficace microscopique
(resp. macroscopique) totale, la section efficace microscopique
(resp. macroscopique) partielle considre.
Quelques ordres de grandeur : dans le dioxyde duranium UO
2
enrichi 5 %, pour des neutrons lents de quelques centimes
deV, le libre parcours moyen de fission est de lordre du cm (le
diamtre dun crayon combustible), et le libre parcours moyen
de capture est dune vingtaine de cm(la dimension transversale
dun assemblage). Cependant, la section efficace des premires
rsonances de capture de luranium 238 avoisine les
10 000 barns, ce qui correspond un libre parcours moyen
dune cinquantaine de micromtres !
Pour faire un calcul neutronique correct, la discrtisation spatiale
du systme neutronique tudier doit tre de lordre de grandeur
du libre parcours moyen.
titre de comparaison, la convergence de la mthode sto-
chastique Monte-Carlo est contrle par une erreur statistique
variant comme 1/
) lintgrale
du flux angulaire ponctuel (r, E,
)
comme des moyennes pondres par le flux angulaire ponc-
tuel en nergie (r, E,
s
a
r
b
i
t
r
a
i
r
e
s
Section efficace de capture
Taux de capture
Flux
Le creusement du flux dpend
du problme trait (nombre
de noyaux, gomtrie)
nergie (eV)
Uranium 238 Rsonance 6,67 eV
Enjeux de la modlisation du phnomne
dautoprotection
La prise en compte du phnomne dautoprotection dans le
cadre dun code de transport multigroupe est indispensable.
Prenons lexemple du calcul dune cellule contenant un crayon
combustible compos duranium 238 et duranium 235, avec
un maillage en nergie dune centaine de groupes. Si le calcul
est effectu en utilisant les sections efficaces multigroupes
dilution infinie de luranium 238, au lieu de ses sections effi-
caces multigroupes autoprotges, le taux dabsorption de
luranium238 dans son domaine de rsonances est surestim
dun facteur 2 et la valeur du coefficient de multiplication effec-
tif, qui caractrise le bilan de la raction en chane stablis-
sant dans un systme nuclaire, est sous-estime de 25 %.
Les ordres de grandeur des quantits calcules sont perdus.
Le phnomne dautoprotection doit donc tre modlis dans
les codes de transport multigroupes avant tout calcul de flux.
Pour ces codes, cette modlisation peut donc tre vue comme
la dernire tape du traitement des sections efficaces.
Dans les racteurs neutrons thermiques, les rsonances les
plus importantes traiter sont les rsonances dabsorption des
noyaux lourds. Mais pour les racteurs neutrons rapides ou
pour des calculs spcifiques (calculs de rflecteurs, par
exemple), il faut aussi prendre en compte les rsonances de
diffusion des noyaux plus lgers, comme le sodium ou le fer.
67 La neutronique
Principes de la modlisation du phnomne
dautoprotection
Comme le montre lquation (3), le calcul des sections effi-
caces multigroupe autoprotges dun noyau rsonnant passe
par lestimation du flux rel (r, u) qui dpend des variables
despace et dnergie. Or, le domaine en nergie pour lequel
les noyaux prsentent des rsonances est essentiellement le
domaine du ralentissement (de quelques centaines de keV
quelques eV). Le flux utilis pour calculer les sections efficaces
multigroupes autoprotges est donc obtenu en rsolvant une
quation de ralentissement. La rpartition spatiale du flux est
calcule par le biais dune discrtisation des milieux contenant
le noyau rsonnant en diffrentes rgions dautoprotection
notes . On fait lhypothse que, dans chaque rgion dauto-
protection , le flux est ponctuel en lthargie et constant en
espace. Il est not
g
est le taux moyen de
diffusion du noyau rsonnant m dans le groupe g.
La modlisation TR a une proprit fondamentale qui est
utilise dans la suite : plus le maillage multigroupe est fin, plus
la modlisation TR crite sur ce maillage est prcise.
La modlisation TR des oprateurs de ralentissement
lourd permet de rsoudre de faon approche lquation (7) et
donc den dduire dans chaque rgion dautoprotection , un
flux approch not
TR
(u). Grce des formules de quadra-
ture spcifiques dduites des tables de probabilit de chaque
noyau du mlange rsonnant, des taux de raction approchs
sont calculs dans le groupe g, pour chaque composant mdu
mlange et chaque rgion dautoprotection . Ils scrivent
pour la raction q :
(9)
quivalence avec un milieu homogne infini
Les taux obtenus par lquation (9) sont entachs de lerreur
de modlisation sur les oprateurs de ralentissement rson-
nant. Pour saffranchir de cette erreur, on procde, pour
chaque groupe rsonnant g, chaque rgion dautoprotection
et chaque composant m du mlange une quivalence
avec un milieu homogne infini contenant le mlange de
noyaux rsonnants une certaine dilution dfinir.
Pour expliciter cette quivalence, on crit lquation de struc-
ture fine pour le mlange en milieu homogne infini, en mod-
lisant les oprateurs de ralentissement par le modle TR pr-
cdemment dcrit dans lquation (8) :
(10)
Cette quation permet dobtenir une expression analytique du
facteur de structure fine, qui est paramtre par la dilution
b
.
Le principe de lquivalence est le suivant :
Pour chaque groupe rsonnant g, chaque rgion dautopro-
tection et chaque composant mdu mlange, on cherche un
milieu homogne infini caractris par sa dilution (dite qui-
valente ), de faon que le taux dabsorption calcul avec le
modle TR soit le mme pour le composant mdans le milieu
homogne infini et dans la rgion dautoprotection .
Suivant que le mlange rsonnant est constitu dun seul
noyau ou de plusieurs noyaux, le traitement est diffrent.
- Dans le cas particulier o le mlange rsonnant est com-
pos dun seul noyau, on interpole, pour la dilution quiva-
lente obtenue, les tabulations de taux effectifs exacts du
70 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
noyau calculs en milieu homogne infini (voir encadr
Factorisation du flux Notion de structure fine).
- Dans le cas dun milieu homogne infini contenant un
mlange de noyaux rsonnants, lquation de structure fine
ne peut plus tre rsolue une fois pour toutes en amont du
calcul de transport, puisque les proportions des diffrents
noyaux du mlange sont inconnues. Il faut donc simuler, lors
du calcul dautoprotection, la rsolution exacte de lqua-
tion de structure fine en milieu homogne infini. Cela est ra-
lis en approchant les oprateurs de ralentissement rson-
nants par leurs approximations TReffectues sur un maillage
multigroupe extrmement fin comprenant plus dune dizaine
de milliers de groupes. Cette modlisation est alors quasi
exacte, comme expliqu ci-dessus.
On en dduit, enfin, les taux corrigs dans chaque
groupe rsonnant g et chaque rgion dautoprotection .
Cette quivalence est rsume dans la figure 25 ci-dessous.
Fig. 25. quivalence entre taux de raction homognes
et htrognes pour un mlange de noyaux rsonnants.
Lors du calcul pour un noyau seul, les formules de quadrature
peuvent tre tablies une fois pour toutes et stockes dans les
bibliothques multigroupes, alors que pour un mlange de
noyaux rsonnants, comme les proportions relatives ne sont
pas connues, elles doivent tre calcules au vol .
Modlisation dun mlange disotopes rsonnants :
exemple de validation sur un calcul dassemblage
de racteur eau bouillante.
Lexemple prsent ici est tir de ltude du benchmark inter-
national ATRIUM-10 MOX. Il sagit du calcul dun assemblage
de racteur eau bouillante. Les grandeurs physiques calcu-
les sont le facteur de multiplication effectif des neutrons, k
e
,
et les taux de raction dabsorption pour diffrents nuclides
rsonnants : uranium 238, plutonium 239, plutonium 240 et
plutonium 241. La dmarche de validation repose sur la com-
paraison des rsultats issus de trois types de calcul :
Formules
de quadrature
Tabulation pr-tablie
ou calcul direct
quivalence
71 La neutronique
Un calcul de rfrence avec le code de transport Monte-
Carlo TRIPOLI-4
est
donne dans le tableau 11.
Fig. 26. Gomtrie dun huitime dassemblage ATRIUM 10.
MOX1 : 2,69 %
MOX2 : 3,86 %
MOX3 : 5,20 %
MOX4 : 6,71 %
MOX5 : 7,55 %
MOX6 : 10,57 %
UOXG : 1,50 %
Botier
152,5 mm
Botier
Eau diphasique
Eau monophasique
Eau monophasique
Tableau 11
Coefficients de multiplication effectifs TRIPOLI-4
cart en pcm*
TRIPOLI-4
1,14016 11 pcm
Calcul ITER 1,13637 -379 33
Calcul MEL 1,13795 -221 33
Bien quaucun des rsultats des deux calculs APOLLO2 ne soit
dans les barres derreur trois carts types deTRIPOLI-4
, on
note que lutilisation du modle de traitement direct des
mlanges rsonnants permet davoir une amlioration signifi-
cative du rsultat du calcul, de lordre de 160 pcm. Cette
conclusion est confirme par la comparaison dtaille, groupe
par groupe et noyau par noyau, des calculs dterministes et
stochastiques.
titre dillustration, la figure 27 reprsente labsorption rson-
nante dans les crayons de type MOX6 dont la teneur en
plutonium est la plus forte et qui sont donc les plus sensibles
au phnomne de recouvrement de rsonances (voir fig. 28).
Le graphe infrieur reprsente les taux de rfrence (expri-
ms en pcm) calculs par TRIPOLI-4
. Le graphe suprieur
reprsente les carts relatifs exprims en % entre les calculs
APOLLO2 et le calcul TRIPOLI-4
c
a
r
t
e
n
%
A
b
s
o
r
p
t
i
o
n
(
p
c
m
)
Groupe
< 16,4 %
< 2,3 %
U 238
Pu 239
Pu 240
Pu 239
Pu 240
Pu 239
Pu 241
respectivement des recouvrements de rsonances entre lura-
nium 238, le plutonium 239 et le plutonium 240, le plutonium
239 et le plutonium240, le plutonium239 et le plutonium241.
Ces recouvrements sont visibles dans la figure 28.
Perspectives
La modlisation du phnomne dautoprotection est une des
modlisations les plus dlicates dun code de transport dter-
ministes multigroupe, mais elle a atteint dsormais une cer-
taine maturit.
72 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
U238
Pu 239
Pu 240
Pu 241
Pu 242
U235
Pu 238
41 42 43 44 45
0,01
0,1
1
10
100
14 14,5 15 15,5
0,01
0,1
1
10
100
56 58 60 62 64 66
0,01
0,1
1
10
100
1000
10 000
Fig. 28. Recouvrements de rsonances dans les crayons MOX6 .
S
e
c
t
i
o
n
s
(
b
a
r
n
)
S
e
c
t
i
o
n
s
(
b
a
r
n
)
S
e
c
t
i
o
n
s
(
b
a
r
n
)
nergie (eV)
nergie (eV)
nergie (eV)
Groupe 69
Groupe 73
Groupe 82
Les mthodes procdant par quivalence avec un milieu homo-
gne infini ont t sophistiques lextrme pour prendre en
compte des gomtries complexes, des profils de temprature
dans le combustible, des recouvrements de rsonance
Les mthodes de type sous-groupes qui, par nature, sont
beaucoup plus simples et plus prcises, puisquelles ne
requirent aucune modlisation de loprateur de ralentisse-
ment, ne sont adaptes quau domaine non rsolu ou aux
maillages multigroupe fins. La puissance informatique tant
sans cesse croissante, lavenir est certainement dans lutilisa-
tion de ces mthodes. Le prix payer est lutilisation dun
maillage nergtique suffisamment fin, mais le calcul dauto-
protection peut tre ralis sur un maillage diffrent de celui
du calcul de flux.
La discrtisation en angle
pour un groupe dnergie donn
La discrtisation lie la variable direction
de lespace des
phases est appele discrtisation en angle . Elle tire parti
de lisotropie des matriaux traverss, dj signale.
Il y a deux mthodes principalement utilises pour traiter la
variable angulaire : lune est une mthode de collocation,
connue sous le nom de mthode des ordonnes discrtes ou
de mthode S
N
; lautre est une mthode de dveloppement
du flux angulaire sur la base des harmoniques sphriques,
connue sous le nom de mthode P
N
ou mthode des harmo-
niques sphriques.
La mthode S
N
La mthode S
N
consiste choisir un ensemble de directions
discrtes dans 4 stradians : {
n
; n = 1, N} et crire lqua-
tion du transport pour ces directions. Si lon considre lqua-
tion du transport stationnaire source, pour un seul groupe g,
on peut crire :
(11)
Pour valuer lintgrale sur les angles, on utilise une formule
de quadrature du type :
(12)
En ayant ainsi choisi les N directions
n
et les N poids w
n
, on
peut crire N fois lquation (11) pour n =1,N, et avoir un
systme dquations, couples par les sources, rsoudre
pour les inconnues . Ce sont des quations
73 La neutronique
Gian Carlo Wick est un physicien thoricien
italien auquel on doit des contributions
majeures en thorie quantique des champs.
Dans ses travaux il a t conduit, pour la
rsoudre, approximer une quation intgro-
diffrentielle par un systme dquations diff-
rentielles, en remplaant le terme intgral par
une formule de quadrature [1] :
Formule de quadrature de Wick permettant
dapproximer lintgrale dune fonction arbitraire
f () dfinie dans lintervalle [-1, +1].
Plusieurs voies existent pour en dterminer les
constantes a
j
et
j
. G. C.Wick propose, comme
meilleur choix, la quadrature de Gauss* qui rend exacte lqua-
tion ci-dessus pour tout polynme en de degr infrieur 2
n-1
.
Subrahmanyan Chandrasekhar est un astrophysicien et un
mathmaticien amricain, dorigine indienne, co-laurat du Prix
Nobel de physique de 1983. Pour traiter des problmes de trans-
fert radiatif, S. Chandrasekhar reprend le schma propos par G.
C. Wick, le dveloppe significativement pour en faire une large
utilisation [2].
La mthode initialement introduite par G. C. Wick se popularise
alors sous le nom de Wick-Chandrasekhar discrete ordinate
method . La dmonstration mathmatique de sa convergence
ninterviendra quen 1958. Elle est due au mathmaticien P. M.
Anselone [3].
partir des annes 50, au Los Alamos Scientific Laboratory de
lUniversit de Californie, elle est applique au transport des neu-
trons par B. G. Carslon, C. E. Lee et K. D. Lathrop [4]. Elle est
alors souvent appele mthode S
N
(S pour Angular
Segmentation , N pour lordre de la quadrature angulaire).
Les premiers codes de calcul traitant le transport des neutrons
par des mthodes dterministes font leur apparition.
P. M. Anselone reprend son tude de la convergence de la
mthode aux ordonnes discrtes, cette fois-ci, dans le cadre
de la rsolution numrique de lquation du transport des neu-
trons, dans un document publi par Oak Ridge National
Laboratory [5]. K. D. Lathrop en tudie les effets de raies, sorte
de talon dAchille de la mthode dans des configurations
lacunaires, par exemple. Plusieurs lignes historiques de codes
S
N
une, deux et trois dimensions despace sortent des labora-
toires nationaux amricains, dANISN TORT en passant par
TWOTRAN et TWODANT, codes qui par la suite seront large-
ment utiliss dans la communaut nuclaire mondiale via leur
distribution par RSICC* et lOCDE/AEN*, tant pour les calculs
de neutronique / criticit que pour ceux de radioprotection.
Le CEA dveloppe, au cours des annes 80, les codes S
N
BIS-
TRO[6] incorpor par la suite dans le code de rseau APOLLO2
et SN1D ddi aux tudes de radioprotection. Un dveloppe-
ment original a t dintroduire dans le code SN1D [7] des sec-
tions efficaces reprsentes par des tables de probabilits,
permettant ainsi damliorer significativement le calcul de pro-
pagation des neutrons en fonction de leur nergie [8] dans des
configurations forte attnuation du flux des neutrons.
Quelques rfrences historiques
[1] G. C. WICK, ber ebene Diffusionsproblem, Zs. f. Phys., 121,
702, 1943.
[2] S. CHANDRASEKHAR, Radiative Transfer, Oxford, Clarendon Press,
1950 ; rdition : NewYork, Dover, 1960.
[3] P. M. ANSELONE, Convergence of the Wick-Chandrasekhar
Approximation Technique in Radiative Transfer Astrophys. J., 128,
124; 130, 881, 1958.
[4] K. D. LATHROP, The Early Days of the S
N
method, SLAC-PUB
5829, December 1992 ; B. G. Carlson, A solution of the transport
equation by S
N
approximations, LA- 1599, Los Alamos Scientific
Laboratory, 1953, revised version, LA 1891, 1955 ;
B. G. CARLSON, C. E. LEE, Mechanical Quadrature and Transport
Equations, LAMS-2573, Physics, TID-4500, June 1961.
[5] P. M. ANSELONE, A. G. GIBBS, Convergence of the Discrete
Ordinates Method for the Transport Equation, ORNL-4984, UC-32,
Mathematics and Computers, July 1974.
[6] G. PALMIOTTI, J.M. RIEUNIER, C. GHO, M. SALATORES, BISTRO
OptimizedTwo Dimensional S
N
Transport Code, Nucl. Sc. Eng. 104,
26, 1990.
[7] G. DEJONGHE, L. LUNEVILLE, SN1D : Code de protection nuclaire
une dimension, Rapport interne CEA, 1983.
[8] L. LUNEVILLE, Mthode multibande aux ordonnes discrtes.
Formalisme et rsultats, Note CEA-N-2832, 1998.
Aux sources de la mthode aux ordonnes discrtes ou mthode S
N
Gian Carlo Wick
1909-1992
Subrahmanyan Chandrasekhar
1910-1995
74 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
diffrentielles en espace, auxquelles il faut encore appliquer
une discrtisation spatiale.
Il existe une infinit de choix possibles pour les directions et les
poids. Par exemple, en gomtrie plane unidimensionnelle,
langle se rduisant la seule variable = cos (avec langle
entre la direction de propagation et laxe de rfrence), il est
usuel de choisir les {
n
, w
n
} correspondant une quadrature
de Gauss*.
La mthode S
N
est trs largement utilise malgr sa faiblesse
intrinsque quest l effet de raies : en prsence dune
source de neutrons trs localise dans un milieu peu diffusif,
certaines des directions choisies peuvent compltement
manquer une vue directe de la source et, par consquent,
conduire des flux presque nuls non physiques. On pallie ce
dfaut par un raffinement du maillage angulaire.
La mthode P
N
La mthode P
N
consiste utiliser un dveloppement de la
dpendance angulaire du flux en harmoniques sphriques
( une dimension celles-ci deviennent les polynmes
de Legendre, do le nomde la mthode) selon lexpression :
(13)
Puisque les harmoniques sphriques forment un ensemble
orthonorm et complet, on sait que lquation (13) est toujours
vraie, mme si, dans la pratique, on est oblig de tronquer le
dveloppement aprs les premiers termes. Pour obtenir des
quations pour les inconnues , il faut prendre les
moments de lquation du transport par rapport aux harmo-
niques sphriques. Il sensuit un systme dquations cou-
ples, diffrentielles en espace.
Les coefficients des quations P
N
sont assez compliqus
exprimer analytiquement (sauf dans le cas une dimension).
De surcrot, les quations obtenues par projection de lqua-
tion du transport sur les harmoniques sphriques sont forte-
ment couples et donc ncessitent des algorithmes de rso-
lution spcifiques. En revanche, la mthode P
N
ne prsente
pas de problmes notoires comme leffet de raies de la
mthode S
N
.
Les difficults de mise en uvre de la mthode P
N
trois
dimensions expliquent pourquoi peu de codes industriels choi-
sissent cette approche.
La mthode du transport simplifi SP
N
Dans les annes 60, pour diminuer la grande complexit des
quations P
N
pour les problmes multidimensionnels et rendre
possible leur rsolution, E.M. Gelbard [3] a propos une nou-
velle approximation baptise P
N
simplifie ou SP
N
. Le prin-
cipe de la mthode est de construire un oprateur gnralisant
loprateur de diffusion et prenant en compte la majorit des
effets de transport. Lide de Gelbard tait de supposer que loca-
lement la solution du transport tait quivalente la solution
dune quation en gomtrie plane et donc pouvait se rsoudre
par une mthode P
N
1D. Ceci permet de rduire le nombre
dharmoniques prendre en compte qui crot alors en Nau lieu
de N
2
. Dans la mthode propose, le passage des quations
locales aux quations 3D tait obtenu par une mthode empi-
rique et formelle. Aprs une phase de sommeil dune trentaine
dannes due au manque de puissance des ordinateurs pour
rsoudre ces quations, et galement au manque de justifica-
tion thorique, un regain dintrt sest produit dans les annes
1990 lorsque Pomraning [4] et Larsen, Morel and McGhee [5]
ont prsent indpendamment des analyses asymptotiques qui
justifiaient la mthode empirique de Gelbard.
Les quations SP
N
peuvent galement tre obtenues par un
principe variationnel. Ce principe fut tout dabord propos par
Pomraning pour le milieu infini et le choc anisotrope en tho-
rie monocintique et fut tendu ensuite par Brantley et Larsen
[6], dans le cadre des quations SP
3
, un milieu fini avec
prise en compte de conditions aux limites, choc isotrope et
description multigroupe de la variable nergie.
On prsente ici lanalyse faite par Pomraning qui part de la
constatation suivante : si lquation du transport est locale-
ment en gomtrie plane, alors la solution SP
N
est aussi solu-
tion de lquation du transport. Cette hypothse se justifie, par
exemple, pour un calcul homogne quand on se trouve loin
des interfaces entre les diffrents milieux.
On considre un systme de coordonnes local (i
, ]
, k
).
La direction
dpend
de lespace (puisque ce systme varie en espace), ce qui nest
pas le cas dans lquation du transport. Il faut donc faire lhy-
pothse supplmentaire que le systme local (i
, ]
, k
) varie
lentement en espace (variation quantifie par le coefficient e).
Avec cette hypothse, le terme de fuite scrit :
On obtient ainsi un problme local en gomtrie plane qui peut
tre rsolu exactement par la mthode P
N
. Si lon dcompose
75 La neutronique
la solution
1B
(z, p)du problme local en gomtrie plane sur
la base des polynmes de Legendre, on peut crire :
On tronque ce dveloppement un ordre N choisi impair. Les
coefficients du dveloppement (harmoniques) vrifient le sys-
tme coupl suivant :
pour 1 n N.
On rappelle que :
Le problme est dobtenir lapproximation de partir de
1
1B
.
On procde de la faon suivante (par analogie avec le flux sca-
laire et le courant dans lquation de la diffusion) :
pour les n pairs, on peut crire en prenant en compte la faible
dpendance de selon x et y :
pour les n impairs, on dfinit un vecteur
n
partir de lhar-
monique 1D qui vrifie :
Cela permet dcrire les quations suivantes dans le systme
global avec une erreur en u(e). Faire tendre e vers zro ramne
une quation 1D dans le systme global.
On obtient ainsi un systme dquations aux drives par-
tielles. Les quations paires sont scalaires, les quations
impaires sont vectorielles. Pour tre ferm, on doit adjoindre
ce systme un ensemble de conditions aux limites (par
exemple flux pairs nuls sur les bords ou trace normale des flux
impairs nulle sur les bords en cas de symtrie). lordre 1, on
retrouve les quations de la diffusion. Lharmonique 0 corres-
pond au flux scalaire et lharmonique 1 au courant.
Dans le cas de la gomtrie plane ou pour un milieu infini
homogne la mthode converge (quand n tend vers linfini)
vers la solution exacte du transport. Par contre, dans le cas
gnral, elle converge vers une solution diffrente (mais
proche) de la solution exacte du transport. Jusqu prsent,
aucune estimation a priori derreur na t obtenue pour mesu-
rer lcart entre la solution SP
N
et la solution exacte.
Cette approximation est disponible pour le solveur MINOS
pour les calculs statique et cintique avec choc anisotrope [7].
La rsolution se fait par limination des harmoniques paires
et rsolution par lments finis mixtes duaux. Elle est gale-
ment disponible pour le solveur MINARET. On utilise dans ce
cas une forme diagonalise des quations prcdentes [8], la
rsolution seffectuant par limination des harmoniques paires
et discrtisation par lments finis de Galerkin discontinus.
Lapproximation de la diffusion
Lapproximation de la diffusion permet de simplifier sous cer-
taines hypothses loprateur de transport de lquation de
Boltzmann, conduisant une quation simple satisfaite par le
flux scalaire.
La voie classique pour driver lquation de la diffusion de
lquation de Boltzmann passe par un dveloppement de la
dpendance angulaire du flux dans un groupe en nergie g,
g
(r,
]
(x) et
i
(y) sont appels les fuites transverses suivant
x et y.
Enfin, lintgration de lquation de la diffusion sur [x
i
, x
i+1
]
[ y
]
, y
]+1
] donne lquation de bilan :
(20b)
avec
et
Pour tablir cette quation, on remarque que :
Les mthodes nodales consistent rsoudre les quations
diffrentielles selon les directions x et y, en prenant en compte
lquation de bilan. Cette rsolution peut tre faite de faon
analytique ou en supposant une approximation polynomiale
des inconnues.
Dans le cas de lapproximation polynomiale, on introduit une
approximation des fuites transverses, soit plate, soit quadra-
tique. La rsolution du systme dquations (20a) et (20b) sef-
fectue alors pas pas, de la manire suivante :
Lintgration de lquation diffrentielle selon y, en supposant
i
(y) connu, donne une expression analytique de
i
(y)
qui, une fois drive selon y, donnera une valeur de
De mme, lintgration de lquation diffrentielle selon x, en
supposant
j
(x) connu, donne une expression analytique
de
j
(x) qui, une fois drive selon x, donnera une valeur
de
Lquation de bilan permet, enfin, de calculer les valeurs du
flux intgr dans les mailles .
Les inconnues introduites dans cette formulation sont les fuites
transverses linterface des mailles, et le flux dans les mailles.
Cette formulation sapparente la formulation mixte en approxi-
mation lments finis, dcrite ci-aprs (p. 79 et suiv.), et des
analogies, voire des quivalences, sont dmontrables dans
certains cas.
Ces mthodes ont t gnralises aux gomtries hexago-
nales.
Elles souffrent cependant de leur absence de fondements
mathmatiques, ce qui rend difficile lintroduction de la notion
doprateur adjoint (contrairement aux mthodes aux l-
ments finis dcrites dans le paragraphe suivant) utilise lors
de calculs de perturbation sur lesquels se fondent les tudes
de sensibilit des variations de paramtres, comme les para-
mtres gomtriques ou les donnes nuclaires.
79 La neutronique
Les mthodes des lments finis
Grce la mthode de Rayleigh-Ritz il est possible de rcrire
lquation de diffusion des neutrons prsente dans le para-
graphe prcdent :
(21)
sous une forme variationnelle quivalente. On suppose ici les
sections efficaces constantes en espace.
La formulation primale et son approximation spatiale
La formulation variationnelle primale du problme, la plus
immdiate crire, est :
Trouver v () tel que
o v est lespace de Sobolev des fonctions qui sont L
2
int-
grables sur le domaine spatial , ainsi que leurs drives.
L encore, on fait abstraction des conditions aux limites.
Pour simplifier, on se restreint la gomtrie 1D et son
maillage spatial {x
i
, i = 0 N + 1} dont les points sont suppo-
ss galement rpartis dans lintervalle [x
u
, x
N+1
] ; h sera alors
la distance entre deux points contigus.
Pour la mthode des lments finis dordre k, on introduit
le sous espace discret v
h
de v dfini par :
o
k
est lespace des polynmes de degr k. On note (w
)
une base de v
h
.
La formulation discrte du problme est :
Trouver
h
v
h
tel que :
Il est ensuite relativement ais de transformer ce problme en
un systme matriciel A = Q o les inconnues sont les coor-
donnes du flux
h
dans la base (w
).
La formulation discrte se gnralise videmment trois dimen-
sions, avec un dcoupage du domaine en polygones rguliers
(paralllpipdes rectangles, prismes, pyramides) bords
droits ou courbes. Par exemple, en 2D sur un maillage cart-
sien, les bases de polynmes sont illustres dans la figure 29.
On peut montrer que, dans le cas dun domaine suffisam-
ment rgulier, et sous conditions sur les sections efficaces, la
Fig. 29. Base de polynmes de degr 2 en 2D.
x x x
y
y
z z z
y
solution du problme discret est bien une approximation du
problme continu initial, et que lerreur est en u(h
k+1
).
Remarque
Il est possible de dmontrer lquivalence des approxima-
tions de type diffrences finies aux sommets des mailles
et lments finis dordre 1, condition dintgrer num-
riquement (intgration de Gauss-Lobatto) les intgrales qui
interviennent dans la formulation discrte ;
il a galement t dmontr quen utilisant une intgration de
Gauss, il est possible dobtenir une erreur en u(h
k+2
) ; cest
ce quon appelle le phnomne de super convergence .
Lapproximation du flux, telle quelle est propose ici, donne
une solution continue sur le domaine . En revanche, le cou-
rant (i.e. la drive du flux) nest pas continu. Cette continuit
du flux peut produire parfois des contraintes sur le dcoupage
du domaine, en particulier linterface cur-rflecteur o le
flux thermique subit une remonte brusque de son niveau
avant de sannuler hors cur. Ce phnomne est galement
visible linterface de deux assemblages de natures diff-
rentes (UOX et MOX, par exemple). Une bonne approximation
de la ralit doit donc ncessiter un dcoupage fin du cur au
niveau de ces interfaces, pour suivre au mieux les
brusques variations du flux.
Une alternative est de relcher la contrainte de continuit
du flux ; cela est possible en utilisant une formulation mixte du
problme.
La formulation mixte du problme
En revenant la formulation continue du problme donn par
lquation (21), on introduit linconnue auxiliaire qui repr-
sente le courant :
La formulation variationnelle mixte du problme ainsi crit est :
Trouver
80 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
o v est lespace de Sobolev des fonctions L
2
intgrables
(ainsi que leurs drives) et w est lespace de Sobolev des
fonctions vectorielles L
2
intgrables et divergence L
2
int-
grable.
La formulation discrte de ce problme est obtenue en se pla-
ant dans des espaces discrets de v et W. On ne donnera pas
ici les conditions que doivent vrifier ces espaces, mais on
illustrera simplement cette discrtisation dans le cas dun
maillage 2D cartsien. Dans ce cas particulier, les lments
finis utiliss sont reprsents dans la figure 30.
Remarque
La contrainte de continuit du flux a t relche, tout en
conservant la continuit du courant dans la direction normale
linterface ;
il est possible de dmontrer lquivalence des approxima-
tions de type diffrences finies aux centres des mailles et
lments finis mixtes dordre 1, condition dintgrer
numriquement (intgration de Gauss-Lobatto) les intgrales
qui interviennent dans la formulation discrte.
Fig. 31. Couplage des inconnues courant en gomtrie cartsienne
2D.
Fig. 32. Reprsentation schmatique des flux calculs
une interface UOX/MOX.
Flux rel
Flux calcul avec une formulation primale
Flux calcul avec une formulation mixte
MOX UOX
La rsolution du problme discret seffectue sur linconnue
courant aprs limination de linconnue flux qui est
interne la maille. Dans le cas de maillages rguliers, cart-
siens, voire hexagonaux, cette rsolution peut tre itrative,
comme montr dans la figure 31. De surcrot, cette mthode
se prte une vectorisation efficace des calculs.
Du fait du relchement de la contrainte de continuit du flux,
il est possible de rajouter des contraintes physiques de
saut du flux aux interfaces. Lutilisation des ADF* (fac-
teurs de discontinuit*), en particulier linterface das-
semblages UOX et MOX, permet alors de modliser la dis-
continuit du flux.
La figure 32 schmatise un flux rel (issu dun calcul de trans-
port fin effectu par un code de rseau), un flux calcul par
une mthode aux lments finis dordre 2 en formulation pri-
male, qui est continu linterface mais qui ne respecte pas la
valeur moyenne du flux rel et un flux calcul par une mthode
aux lments finis dordre 2 en formulation mixte, qui est dis-
continu linterface, mais qui respecte mieux la valeur
moyenne du flux rel.
La discrtisation en angle
et en espace pour un groupe
dnergie donn
Pour le calcul du flux angulaire dans un groupe donn, les dis-
crtisations en angle et en espace interviennent simultanment.
Dans ce cadre, nous allons prsenter la mthode des lments
finis et la mthode des caractristiques. On suppose pour sim-
plifier, que les sections efficaces sont constantes en espace.
La mthode des lments finis est particulirement adapte
aux gomtries non structures.
Fig. 30. lments finis mixtes Raviart-Thomas dordre 1, 2 et 3 en
gomtrie cartsienne ( : inconnue flux, : inconnue courant).
81 La neutronique
La mthode des caractristiques, qui exploite le comporte-
ment hyperbolique de lquation du transport, est beaucoup
utilise pour les calculs dassemblage, o lon veut traiter des
gomtries non structures (les crayons dans un rseau, les
tubes guides, etc.), sans pour autant passer par un maillage,
ce qui demanderait un grand nombre de mailles pour respec-
ter les volumes fissiles (on sait quau premier ordre, une erreur
de 1 % dans le volume du crayon peut induire une erreur de
lordre de 1 000 pcm sur le k
e
).
La mthode des lments finis
On considre prsent lquation de transport source dans
un groupe donn :
(22)
o q (r,
.
Nous avons dcrit prcdemment les mthodes aux l-
ments finis de rsolution dune quation du second ordre,
lquation de la diffusion.
Une faon simple de se ramener ce type dquation est de
dfinir les inconnues suivantes :
dnommes respectivement flux pair et flux impair .
En crivant lquation de transport pour les directions
et
e
reprsente une quelconque face claire de la maille
(voir fig. 33), n
e
est la normale
e
, west une fonction de base,
cest--dire un polynme dont le degr dpend de lordre dap-
proximation demand. Le flux sur les faces des mailles ntant
pas dfini, lintgrale de surface fait intervenir le saut de dis-
continuit du flux sur les faces claires :
e
+
est le flux amont
82 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
(choix upwind ) suppos connu, et
e
.
titre dillustration, supposons le domaine maill en tri-
angles. La direction
,
b
,
c
. La rsolution a
dj t faite sur les deux triangles dont les cts sont en poin-
tills. Les flux amont sont les flux valus aux points bleus et
rouges. Pour calculer les flux aux sommets du triangle ABC,
on rsout donc un systme de trois quations trois inconnues.
Remarque
Il est possible dcrire une formulation variationnelle de
lquation de transport dans un espace o le flux est continu.
Il a cependant t dmontr que la rsolution souffre de pro-
blmes doscillations.
Il est possible de parallliser la mthode de rsolution, car
les calculs sont locaux la maille et les directions peuvent
tre traites indpendamment les unes des autres moyenant
une mthode itrative ;
la mthode dordre k converge en 0 (
k+1/2
) vers la solution
exacte ; on rappelle que les mthodes aux lments finis
dcrites prcdemment convergent en 0 (
k+1
).
Comme pour la rsolution de la forme paire de lquation, lit-
ration sur les directions angulaires est acclre en rsolvant
un problme de diffusion. Pour assurer la cohrence de lap-
proximation des deux problmes, transport et diffusion, une
mthode aux lments finis discontinus est utilise pour
le problme de la diffusion.
La forme variationnelle du problme de diffusion associ :
Comme les flux ne sont pas dfinis sur les faces, les intgrales
de surface font intervenir les oprateurs [] et {} qui sont, res-
pectivement, le saut et la moyenne :
La premire intgrale de surface est un terme de stabilisation
avec un paramtre de pnalisation . La troisime intgrale
est un terme de symtrisation de la matrice.
Le paramtre est estim en fonction des proprits phy-
siques des mailles, de part et dautre de linterface.
La mthode des caractristiques
En mathmatiques, la mthode des caractristiques est une
technique rsolvant des quations aux drives partielles du
premier ordre qui, en reformulant le problme dans un sys-
tme de coordonnes curvilignes, identifie des courbes que
lon appelle courbes caractristiques ou tout simplement
caractristiques , le long desquelles lquation aux dri-
ves partielles dgnre en une quation diffrentielle ordi-
naire.
Sa discrtisation en fait une technique numrique particulire-
ment bien adapte la rsolution des quations aux drives
partielles de type transport ([3], [4], [5], [6]). Elle est, en effet,
actuellement lune des plus employes pour les calculs indus-
triels, car elle permet dobtenir un bon rapport entre prcision
et temps de calcul, tout en facilitant la description prcise de
gomtries complexes arbitraires (grce un maillage non
structur) et en assurant une solution rigoureuse (en prenant
en compte des conditions aux limites trs gnrales et un
ordre danisotropie de choc quelconque). Cette mthode est
disponible dans les codes APOLLO2 et APOLLO3 du CEA [7].
Elle a fait lobjet, au CEA, de nombreux travaux rcents ([8],
[9], [10]) sur lesquels sappuie cette description. La mthode
des caractristiques est couramment utilise dans le cadre du
schma multi-niveau APOLLO2-A mis en uvre par AREVA,
en partenariat avec le CEA pour le calcul industriel de rac-
teurs eau sous pression et eau bouillante [11].
Fig. 33. Visualisation de la rsolution sur le triangle ABC pour une
direction
o
+
c
+
b
+
A
B
C
83 La neutronique
La mthode des caractristiques est expose en deux dimen-
sions, en se plaant lintrieur dun groupe dnergie g dont
lindex est omis afin de simplifier les notations. Dans ce groupe,
lquation intgro-diffrentielle multigroupe de Boltzmann
scrit :
(23)
o q (i,
) arbitraire se fait en
employant la formule de quadrature :
Fig. 34. Mthode des caractristiques : discrtisation en espace
et en angle.
S
s
k
A
k
I
i
k
u
B
i
s
s
(25)
Pour chaque direction angulaire
, un ensemble de lignes
caractristiques interceptant les frontires des rgions discr-
tises du domaine fournit un ensemble discret de points entre
lesquels lapproximation de rgions homognes (24) peut tre
faite.
Soit
sa direc-
tion perpendiculaire. Tous les points de la droite caractris-
tique k peuvent scrire sous la forme : r = s
k
+ s
o s
k
caractrise la trajectoire k et o s, qui reprsente labscisse
curviligne le long dune courbe caractristique, varie. Pour sim-
plifier, on note r
uk
= s
k
.
La forme caractristique de lquation de transport sur la droite
caractristique k est la suivante :
(26)
Dans le cas des neutrons, les courbes caractristiques sont
des lignes droites colinaires
.
Intgration le long dune caractristique
quation de transmission
Par intgration sur une rgion de calcul B
i
le long de la droite
caractristique k, la solution analytique de lquation caract-
ristique (26) en un point quelconque r
uk
+ s
sobtient en fonc-
tion de la solution analytique au point dentre r
uk
+ s
par
lquation suivante :
(27)
o le parcours optique (s
1
) est dfini de la manire suivante :
(28)
Daprs lhypothse (24) stipulant que les sections efficaces et
le terme source q sont spatialement constants dans la rgion
de calcul B
i
, lquation (27) devient :
(29)
En choisissant comme point courant le point de sortie
(r
uk
+ s
) de la rgion B
i
, on peut donc crire : (30)
84 Mthodes dterministes de rsolution de lquation de Boltzmann
en situation stationnaire
o I
i
k
= s s
Lquation (30) est appele quation de transmission.
quation de bilan
Pour obtenir une information moyenne sur lensemble de la ligne
caractristique, il suffit de moyenner lquation (29) sur le
parcours optique en faisant varier s entre s et s pour obtenir :
(31)
Cette quation, appele quation de bilan, permet dob-
tenir des valeurs de flux moyennes le long dune trajec-
toire, tout en garantissant de manire exacte la conservation
du nombre de neutrons dans le systme.
Intgration transverse
Pour traiter la coordonne transverse s
pas-
sant par le centre des mailles transverses. Lensemble des tra-
jectoires ainsi obtenues est appel traage .
Il est important de noter que le traage ne contient que des
donnes gomtriques : angle de propagation, liste des
rgions traverses et longueurs dintersections correspon-
dantes. Cette tape nest ralise quune fois et contient toutes
les informations gomtriques ncessaires au solveur.
Les quations prcdentes (30) et (31) permettent dobtenir
les variations du flux angulaire le long dune ligne caractris-
tique de direction
le long de
, direction perpendiculaire
.
Sur la rgion discrtise B
i
de volume v
i
, le flux angulaire
moyen
i
sexprime comme :
Lapproximation de cette intgrale se fait laide dune formule
de quadrature obtenue en considrant un ensemble de trajec-
toires parallles recouvrant la rgion considre. Le volume
B
i
(fig. 34) est balay par un ensemble de lignes k qui dfinis-
sent un tuyau daire transverse A
k
, de longueur I
i
k
, de flux
moyen sur la ligne
i
k
La valeur moyenne
i
sur la rgion B
i
peut donc tre approche par la formule suivante :
(32)
La sommation est faite sur les lignes caractristiques k qui
sont parallles
f
l
e
x
i
o
n
s
p
c
u
l
a
i
r
e
R
f
l
e
x
i
o
n
s
p
c
u
l
a
i
r
e
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propagation dondes planes damplitude finie dans lair ) [1]. Une
prsentation en est faite par deux auteurs, H. M. Paynter et I. J.
Busch-Vishniac, dans la rfrence [2]. Cette mthode num-
rique prsente un caractre gnrique pour traiter des problmes
linaires ou non linaires de propagation dans des milieux tant
solides que liquides ou gazeux.
Dans le domaine dtudes relevant de la rsolution de lquation
du transport des neutrons, cette mthode a t introduite, pour
la premire fois, en 1972, par le britannique J. R. Askew dans
son article A characteristics formulation of the neutron trans-
port equation in complicated geometries [3]. Lun des intrts
de la mthode des caractristiques est justement de permettre
une plus grande flexibilit dans la discrtisation spatiale (flexibi-
lit gomtrique) devant tre faite du systme physique tudi.
Elle est particulirement adapte pour les maillages gom-
triques dits non structurs . Elle est aussi intressante pour
traiter le transport des neutrons dans des configurations phy-
siques o le phnomne de streaming* est important,
comme, par exemple, dans des gomtries prsentant des vides
ou une forte attnuation du flux neutronique.
Limplmentation de la mthode des caractristiques dans les
codes de calcul de neutronique stend progressivement, ainsi
que le montre les revues critiques qui en sont faites, en 1980,
dans la rfrence [4] relative M. J. Halsall, puis en 1981, dans
la rfrence [5] par R. E. Alcouffe et E. W. Larsen du Los
Alamos National Laboratory, aux tats-Unis.
R. Sanchez est lorigine de lintroduction de cette mthode
dans les codes de neutronique du CEA [6-7]. Elle est aujourdhui
couramment applique la rsolution de problmes deux
dimensions. Elle constitue lune des mthodes de calcul de
rseau offertes aux ingnieurs neutroniciens par le code
APOLLO dvelopp au CEA.
Aux sources de la mthode des caractristiques
Georg Friedrich Bernhard
Riemann (1826-1866)
est un mathmaticien allemand
ayant apport une contribution
majeure lanalyse
et la gomtrie diffrentielle.
Ltape suivante est sa gnralisation trois dimensions des-
pace.
Rfrences
[1] Abhandlungen der Gesellshaft der Wissenshaften zu Gttingen,
Mathematisch- physikalishe Klasse 8, pp. 43 -65 (1858-59).
[2] J. ACOUST, Remarks on Riemanns method of characteristics,
Soc. Am. 84 (3), September 1988, pp. 813-821.
[3] Rapport technique AEEW-M1108, Atomic Energy Establishment,
Winfrith United Kingdom, 1972.
[4] M. J. HALSALL, CACTUS, a Characteristics Solution to the Neutron
Transport Equations in Complicated Geometries, AEEW-R 1291,
Atomic Energy Establishment, Winfrith, Dorchester, Dorset, United
Kingdom, April 1980.
[5] A review of characteristic methods used to solve the linear trans-
port equation, LAUR-136, ANS/ENS Joint Topical Meeting,
Mathematical Methods in Nuclear Engineering, April 26-29, 1981,
Munich, FRG.
[6] R. SANCHEZ, A. CHETAINE, A Synthetic Acceleration for a Two-
Dimensional Characteristic Method in Unstructured Meshes,
Nuclear Science and Engineering, 136, pp. 122139, 2000.
[7] R. SANCHEZ, L. MAO, S. SANTANDREA, Treatment of Boundary
Conditions in Trajectory-Based Deterministic Transport Methods,
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KAVENOKY (A.) and LAUTARD (J. J.), State of the Art in using Finite
Element Methods for Neutron Diffusion Calculations, ANS Topical
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USA,1983.
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Based on a Mixed Dual Finite Element Approximation, Int. Conf. on
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ERN (A.), GUERMOND (J.-L.), Theory and Practice of Finite Elements,
Springer, NewYork, 2004.
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problmes aux limites elliptiques, Springer, NewYork, 2004.
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MOLLER (J.Y.), Rsolution de lquation du transport des neutrons dans
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Nancy, 2011.
MOLLER (J.Y.) and LAUTARD (J.J.), MINARET, A Deterministic Neutron
Transport Solver for Nuclear Core Calculations, International
Conference on Mathematics and Computational Methods Applied to
Nuclear Science and Engineering (M&C 2011), Rio de Janeiro, RJ,
Brazil, May 8-12, 2011.
Mireille COSTE-DELCLAUX, Cheikh M. DIOP, Franck GABRIEL,
Jean-Jacques LAUTARD, Christine MAGNAUD,
Fausto MALVAGI, Sylvie NAURY et Anne NICOLAS
Dpartement de modlisation des systmes et structures
89 La neutronique
Mthode Monte-Carlo de rsolution
de lquation de Boltzmann
Lapproche probabiliste de type Monte-Carlo permet de
simuler la ralit lchelle microscopique pour remonter
aux grandeurs physiques macroscopiques : les neutrons sont
suivis individuellement et les vnements considrs sont les
interactions auxquelles ils donnent lieu avec les diffrents
noyaux des atomes qui constituent le milieu travers : diffu-
sions, capture, fission, ractions (n, 2n), etc. Cette suite dv-
nements est dsigne par le terme d histoire . Cest en
simulant suffisamment dhistoires de neutrons que lon peut
quantifier les grandeurs physiques macroscopiques dintrt.
La population de neutrons dans le cur dun REP en fonc-
tionnement normal produits par seconde est de quelque 10
19
.
La technologie actuelle ne permet pas encore de suivre autant
de particules. Avec un chantillon reprsentatif dun milliard
(10
9
) dhistoires, lon dtermine ainsi le facteur de multiplica-
tion effectif dun cur de REP avec une prcision statistique
de quelques pcm, et la puissance par assemblage 1 % un
cart-type.
La mthode de Monte-Carlo applique la rsolution de
lquation du transport des neutrons est rpute exacte
car capable de reproduire sans approximations les ph-
nomnes dinteraction particule-matire (par opposition aux
modlisations des mthodes dterministes : par exemple, pas
dapproximation multigroupe) dans des systmes physiques
de gomtrie tridimensionnelle quelconque. La contrepar-
tie est cependant son cot temporel : la lenteur de la
convergence statistique de la simulation qui induit une
contrainte forte sur la taille des rgions dans lesquelles les
rsultats sont recherchs, mme si, dans certaines situations,
il est possible dobtenir une estimation du flux en un point de
lespace. Pour cette mme raison, dans le cadre des tudes de
neutronique, la rsolution de lquation de Boltzmann par la
mthode de Monte-Carlo se fait gnralement en situation sta-
tionnaire.
Les codes de transport des neutrons fonds sur la mthode
de Monte-Carlo simulent la propagation des neutrons par-
tir des donnes nuclaires ponctuelles en nergie (sections
efficaces, transferts nergtiques et angulaires, spectres
dmission de particules) fournies dans les valuations
internationales (voir supra, p. 21-38). Cest la raison pour
laquelle, on les qualifie souvent de codes de transport
Monte-Carlo nergie continue et quils ont acquis le sta-
tut de code de transport de rfrence vis--vis des codes
de transport dterministes.
Les principes gnraux
Lapplication de la mthode de Monte-Carlo ([1], [2], [3]) pour
rsoudre lquation de Boltzmann sappuie sur la forme int-
grale de celle-ci prsente supra, p. 55-57.
Lintrt de cette forme intgrale est de faire apparatre les
oprateurs utiliss pour effectuer la simulation des histoires
des neutrons.
Avant dexposer les principes gnraux de lapplication de la
mthode de Monte-Carlo la rsolution de lquation du trans-
port, il est utile de rappeler la dfinition de deux grandeurs phy-
siques : la rponse dun dtecteur et la densit de collision.
La rponse dun dtecteur, note ici R (Z), est lexpression
couramment utilise pour spcifier une grandeur physique
dintrt (flux, un taux de raction, par exemple) intgre dans
une zone Z circonscrite de lespace des phases. Par dfini-
tion, R (Z) scrit :
(1)
o (P) est le flux angulaire des neutrons au point P de les-
pace des phases, dfini par le triplet (r, E,
), et s
R
(P) est la
fonction rponse ou sensibilit qui caractrise la grandeur
R (Z) : s
R
(P) = 1 pour le calcul du flux et s
R
(P) = (r, E) pour
le calcul dun taux de raction macroscopique, par exemple.
La densit de collision des neutrons entrant en collision au
point P a pour expression :
(2)
o (r, E) = (P) reprsente la section efficace neutronique
macroscopique totale au point r et lnergie E du neutron.
Il est commode ici de rcrire lexpression donnant R (Z) en
introduisant la densit de collision des neutrons entrant en col-
lision :
(3)
La forme intgrale de lquation de Boltzmann (voir encadr
p. 57) peut tre crite avec la densit de collision (P) sous
la forme compacte ci-aprs:
(4)
Les mthodes de la neutronique
o K (PP) : est le noyau de loprateur intgral de trans-
port qui fait passer la particule du point P au point P de les-
pace des phases B couvert par le systme physique tudi.
Cet oprateur intgral est le produit de deux oprateurs dpla-
cement et collision dont les noyaux sont nots respective-
ment : T (rr, E,
) et C (r, EE,
) :
Le noyau de loprateur dplacement T (rr, E,
) :
(5)
avec : r = r + s
.
En interprtant la section efficace macroscopique (r, E)
comme une densit de probabilit (probabilit dinteraction par
unit de longueur [en cm
-1
]) lexpression (5) sinterprte
comme le produit de la probabilit,
pour le neutron de ne pas avoir de collision sur le trajet de lon-
gueur s par la probabilit (r, E) us davoir une collision sur le
trajet lmentaire compris entre s et s + us. Autrement dit,
sinterprte comme la
densit de probabilit pour le neutron de franchir la distance
s = |r r| sans subir de collision et davoir une collision en r.
Le noyau de loprateur collision : C (r, EE,
)
(6)
o
s
(r, EE,
u
(P) = Q (P) est la contribution (P) des neutrons directe-
ment issus de la source,
1
(P) est la contribution (P) des neutrons ayant subi une
collision et une seule,
2
(P) est la contribution (P) des neutrons ayant subi deux
collisions,
n
(P) est la contribution (P) des neutrons ayant subi n col-
lisions et scrit :
(9)
pour n 1, les intgrations se faisant sur lespace des phases.
On remarquera que le processus alatoire de propagation des
neutrons est un processus discret de type markovien : ltat
de la particule ltape n est dtermin partir de la connais-
sance de son tat ltape immdiatement antrieure (n 1),
lhistoire dune particule constituant une chane de Markov.
Cette dcomposition (P) de en srie de Neumann, montre
donc que les histoires de toute longueur arrivant dans la zone
de rsultat contribuent la grandeur cherche R (Z).
Elle conduit naturellement la rsolution de lquation du
transport par la mthode de Monte-Carlo, cest--dire en
simulant (sur ordinateur) la chane des vnements consti-
tuant lhistoire de chaque neutron source : diffusion, absorp-
tion, multiplication, fuite hors du systme physique tudi.
90 Mthode Monte-Carlo de rsolution de lquation de Boltzmann
Fig. 36. Illustration de la dcomposition en srie de Neumann.
(n) : numro dordre de la collision ou nombre de collisions subies
par un neutron issu de la rgion source, avant darriver dans la zone
rsultat.
(1)
(2) (n)
(3)
(0)
Zone de rsultat
Rgion source
91 La neutronique
La rsolution de lquation du transport
par la mthode de Monte-Carlo
La rsolution de lquation du transport par la mthode de
Monte-Carlo consiste ainsi :
a. Construire un processus statistique appel jeu qui
reproduit, partir dune source, lhistoire des particules
mises reprsente par un ensemble de trajectoires et de
collisions bornant chaque trajectoire (diffusion, absorp-
tion). On obtient alors une chane de sites dvne-
ments : P
u
, P
1
, P
2
, , P
n
v
(Z) de R (Z), v = 1, N. La quantit X
v
(Z) est
obtenue par la moyenne empirique :
(11)
o
m,v
(Z) est le score associ lhistoire m du batch v.
e. estimer la grandeur R (Z) cherche en appliquant la loi des
grands nombres (N doit tre suffisamment grand). R (Z) est
approche par la moyenne empirique X
N
(Z) des quantits
X
v
(Z) :
(12)
Le thorme central limite stipule que les quantits X
v
(Z) sont
distribues selon une gaussienne et la variance asso-
cie X
N
(Z) est estime sans biais par :
(13)
Lintervalle de confiance est dfini par :
(14)
o e est un rel positif, c (e) tant calcul pour une densit de
probabilit gaussienne, compte tenu du thorme central limite.
Il est dusage dutiliser les valeurs suivantes de e et les valeurs
correspondantes de lintervalle de confiance :
e =
X
N
(Z)
, c(e) = 0,689 (68,9 % de confiance)
e = 2
X
N
(Z)
, c(e) = 0,954 (95,4 % de confiance)
e = S
X
N
(Z)
, c(e) = 0,997 (99,7 % de confiance).
En particulier, dans le domaine de la sret-criticit, la valeur
calcule du facteur de multiplication effectif k
e
est donne a
minima S
X
N
(Z)
.
La figure 37, ci-dessous, schmatise lalgorithme de la simu-
lation de lhistoire de particules (le jeu) se propageant dans la
matire.
Fig. 37. Algorithme gnral de principe de la simulation de lhistoire
dune particule par la mthode de Monte-Carlo dans un milieu non
multiplicateur de neutrons.
Collision :
Choix nuclide
Choix interaction
Capture strile Fuite
Fin de lhistoire de la particule
Caractristiques
aprs interaction :
Choix direction
Choix nergie
Frontire
Rflexion
Interface
de milieux
Parcours :
Choix longueur
mission :
Choix position
Choix nergie
Choix direction
On peut effectuer deux types de simulations :
Une simulation naturelle ou analogue qui utilise les lois
naturelles doccurrence des phnomnes physiques aux-
quels le neutron donne lieu ;
une simulation non analogue, souvent nomme (maladroi-
tement) simulation biaise , qui utilise des lois non natu-
relles doccurrence des phnomnes physiques auxquels le
neutron donne lieu, offrant la possibilit dobtenir un rsultat
en un temps plus court que celui requis par la simulation ana-
logue, variance gale (voir encadr, p. 102).
Les lois de tirage des vnements construction
du processus statistique
On a indiqu plus haut que la construction de lhistoire dun
neutron seffectue laide dun chantillonnage (voir encadr)
des vnements successifs auxquels donne lieu ce neutron,
de sa naissance sa disparition. Ce choix des vnements
seffectue partir des lois de probabilit qui les rgissent. Ces
densits de probabilit sont dfinies comme indiqu ci-aprs.
Le premier vnement dune histoire est la naissance dun
neutron. Faire natre un neutron, cest dterminer le point P
u
de lespace des phases appartenant la zone source do on
le fait surgir. Ce point P
u
est choisi laide dune densit de
probabilit
u
(P
u
) construite partir de la distribution de la
source S
u
(P
u
) normalise sur son domaine de dfinition BS
dans lespace des phases :
(15)
Dans la pratique la source se prsente souvent comme un
produit de fonctions dpendant respectivement de lespace,
de lnergie et de la direction, voire du temps. Ces variables
sont donc successivement chantillonnes laide des den-
sits de probabilit construites selon le principe nonc ci-
dessus. Sont ainsi fixes les caractristiques physiques ini-
tiales du neutron requises pour amorcer sa propagation.
Le point P
u
tant connu, on choisit le point suivant P
1
de la
chane dvnements laide de la densit de probabilit
1
(P
1
) dduite du noyau de loprateur intgral de transport :
(16)
Et ainsi de suite : le point P
i
de la chane dvnements est
choisi en connaissant le point P
i1
avec la densit de probabi-
lit
i
(P
i
) :
(17)
Dans la pratique, les densits
i
(P
i
) se prsentent sous forme
factorise, conformment aux expressions (5) et (6) : on effec-
tue le choix du parcours du neutron, puis le choix de linterac-
tion et, sil sagit dune diffusion ou dune fission, celui des
caractristiques du neutron rmis (direction et nergie).
Lexpression (5) se prte directement un chantillonnage
conduisant au choix du parcours du neutron entre deux colli-
sions successives.
Dans le cas dune propagation dans un milieu homogne, la
loi du parcours (densit de probabilit) dduite de (5) prend la
forme simple suivante :
(18)
o s est la longueur du parcours. Cette longueur est chan-
tillonne en inversant la fonction de rpartition de la densit
(18) :
(19)
o est un nombre alatoire uniformment choisi entre 0 et 1
(voir encadrs, p. 93 et 94).
Lexpression (6) relative au noyau de loprateur de collision
peut tre explicite de manire faire apparatre les probabi-
lits des diffrents vnements associs une collision (voir
fig. 37) : choix du nuclide, choix du type dinteraction, choix de
la direction et, ventuellement, de lnergie du neutron aprs
diffusion, si linteraction choisie est une diffusion. Considrant
un milieu constitu dun mlange homogne de nuclides j,
le noyau de loprateur de collision scrit :
(20)
sj
(E) : section efficace microscopique de diffusion totale
lnergie E relative au nuclide j.
j
(E) : section efficace microscopique totale lnergie E
relative au nuclide j.
ij
(E) : section efficace microscopique de diffusion totale
lnergie E relative la raction nuclaire de type i (diffusion
lastique, diffusions inlastiques, [n, 2n], fission) sur le noyau
atomique j.
]
(r, E) : section efficace macroscopique totale au point r
lnergie E relative au nuclide j.
(r, E) =
j
j
(r, E) : section efficace macroscopique totale
du milieu de propagation des neutrons, mlange homogne
des nuclides j, au point r lnergie E.
ij
: multiplicit des neutrons produits lors de linteraction i sur
le nuclide j : raction (n, 2n) fission.
i]
(EE,
= 0,207 cm
1
Les probabilits associes chacun de ces trois types de rac-
tions sont :
diffusion :
s
= = 0,2566
absorption :
c
= = 0,4817
fission :
= = 0,2617
En adoptant lordre arbitraire suivant des interactions : diffu-
sion, absorption, fission :
si la valeur chantillonne de a une valeur comprise entre
u et
s
= 0,2566, par exemple = 0,11, alors cest la diffu-
sion qui est slectionne ;
si a une valeur comprise entre
s
= 0,2566 et
s
+
c
= 0,7383,
par exemple = 0,71, cest la capture strile qui est choisie ;
si, enfin, prend une valeur comprise entre
s
+
c
= 0,7383
et
s
+
c
+
s
: section efficace macroscopique de diffusion du milieu dans
lequel le neutron se propage une nergie donne E.
et
le point de calcul r.
Lestimation volumique du flux est effectue dans un volume v
donn de lespace en encaissant (attribution du score) les
valeurs prises par les estimateurs correspondants, lors de
chaque vnement se produisant dans le volume v. Les taux
de raction sont obtenus en multipliant le score par les sec-
97 La neutronique
Convergence statistique dun calcul
de transport par la mthode
de Monte-Carlo
un stade ou un autre de leur ralisation, les tudes din-
gnierie (calculs industriels de cur, conception / optimisa-
tion dun racteur, dimensionnement de protection, concep-
tion dun chteau de transport) sont marques par cette
exigence de calcul des grandeurs physiques dintrt avec la
meilleure prcision possible obtenue en un temps le plus
rduit possible. Les codes de transport Monte-Carlo, dont le
caractre naturellement chronophage compar aux mthodes
dterministes a t prcdemment soulign, tentent de rele-
ver ce dfi par la mise en uvre de diverses stratgies visant
acclrer la convergence du calcul.
Stratgies de simulation Monte-Carlo
Les deux exemples qui suivent permettent daborder la pro-
blmatique des stratgies de simulation Monte-Carlo en phy-
sique des racteurs nuclaires.
Calcul de la distribution fine de puissance
dun cur REP
Afin de pouvoir dterminer la distribution de puissance dun
cur de REP, lutilisateur dun code de transport Monte-Carlo
dfinit des volumes dencaissement en espace et en ner-
gie dans chacun desquels le flux de neutrons et les taux de fis-
sion seront calculs.
Pour un REP, le nombre de volumes spatiaux est gal :
nombre de crayons x nombre de couronnes combustibles x
nombre de pas axiaux. Lobtention dune cartographie fine de
la puissance dans le cur dun REP ncessite de lordre de :
40 000 x 4 x 30 = 4,8 10
6
volumes (dencaissements). Si lon
veut estimer un flux multigroupe dans une structure 300
groupes en nergie on aboutit un nombre dencaissements
de 40 000 x 4 x 30 x 300 = 1,44 10
9
. Dans une simulation
Monte-Carlo, chacun de ces volumes doit tre visit par un
nombre suffisant de neutrons afin de satisfaire la prcision sta-
tistique requise sur chacune des grandeurs physiques calcu-
les.
Ces chiffres sont multiplier par le nombre de types de gran-
deurs physiques calculer, flux et taux de raction. Si lon
envisage un calcul en volution temporelle isotopique avec
prise en compte de 200 nuclides pour faire une valuation
du bilan matire dans un cur, on multiplie encore ce nombre
dencaissements, par exemple par un facteur 50 si lon consi-
dre 50 pas de taux de combustion entre 0 et 60 000 MWj/t.
On comprend ainsi, quun nombre considrable dhistoires de
neutron devront tre simules pour obtenir la valeur de cha-
cune des rponses demandes avec une erreur statistique
acceptable et que le calcul dun si grand nombre de
rponses aura bien entendu une incidence significative sur
le temps de calcul.
Calcul dattnuation du flux de neutrons
dans les structures dun racteur nuclaire
Lattnuation dun flux de neutrons par des crans de matire,
de lordre de plusieurs dcades (jusqu 14 dcades) est illus-
tre par la figure 39.
Dans de telles situations, latteinte de la convergence statis-
tique dans des temps de simulation raisonnable est sou-
vent illusoire, do le recours des mthodes dacclration de
la simulation.
Convergence et facteur de qualit dune simulation
Monte-Carlo
On montre que la variance, o
2
, associe une rponse calcu-
le varie comme linverse du nombre n de particules simules:
(21)
Fig. 38. Exemple de modlisation dun cur neuf REP pour le code
de transport Monte-Carlo TRIPOLI-4
s
a
r
b
i
t
r
a
i
r
e
s
)
98 Mthode Monte-Carlo de rsolution de lquation de Boltzmann
Par consquent, pour diminuer la variance dun facteur 10, il
faut simuler un nombre 100 fois plus lev de neutrons. Le
temps de calcul sera augment dans les mmes proportions.
Cela confirme que la mthode de Monte-Carlo applique en
simulation naturelle* (ou jeu analogue*) prsente linconv-
nient dj signal de converger lentement .
Plusieurs stratgies soffrent lutilisateur pour obtenir les
rsultats cherchs en un temps plus rduit :
effectuer des calculs parallles sur un rseau de machines
ou, bien sr, une machine massivement parallle (sur le
calcul haute performance, voir infra, p. 149-161) ;
effectuer des calculs en deux tapes : calcul de rfrence au
cours duquel on stocke les informations pertinentes relatives
aux histoires de particules simules, puis exploitation de ces
informations par une fonctionnalit approprie du code
Monte-Carlo qui permet de faire des tudes paramtriques
sous certaines conditions ;
utiliser les ordinateurs les plus puissants disponibles ;
mettre en uvre des techniques dacclration de la conver-
gence, encore appeles techniques de rduction de la
variance.
Ces stratgies sont rsumes dans le tableau 13, en y indi-
quant des ordres de grandeurs de leur efficacit respective.
Elles ne sexcluent pas lune lautre. La figure 40 montre la pro-
gression approximative du nombre dhistoires de neutron pou-
vant tre simules pour raliser une tude avec le dveloppe-
ment des ordinateurs, passant denviron 5 000 dans les
annes 60, au milliard, au dbut des annes 2000 et aux cen-
taines de milliards en 2013.
Les trois premires stratgies amliorent la qualit extrin-
sque de la simulation permettant dobtenir des rsultats sta-
tistiquement suffisamment convergs en un temps plus rduit.
En reprenant lexemple prcdent dun REP, une valuation
approximative du temps de calcul requis pour obtenir par
simulation Monte-Carlo un taux de fission dans les volumes
lmentaires dun crayon combustible avec une prcision sta-
tistique de 1 %serait denviron 100 ans en utilisant un ordina-
teur monoprocesseur cadenc 2 GHz. Cette dure tombe-
rait donc thoriquement environ une anne avec une
centaine de processeurs utiliss en parallle et quelques
jours avec 10 000 processeurs.
La quatrime stratgie vise amliorer la qualit intrin-
sque dune simulation Monte-Carlo. De manire gnrale
la qualit dune simulation Monte-Carlo se mesure laide
dune grandeur appele figure of merit (FOM), dfinie par
la relation :
(22)
o t est le temps de simulation et o
2
la variance. La qualit de
la simulation est dautant meilleure, et donc la figure de mrite
dautant plus grande, quune petite valeur de o
2
est atteinte en
une dure (t) courte.
On remarquera que la figure de mrite, reste inchange si on
ne fait quaugmenter le nombre de particules simules puisque
le temps de calcul et la variance sont respectivement propor-
tionnel et inversement proportionnel au nombre de particules
simules.
Tableau 13
Stratgies de rduction des temps de calcul et damlioration de la qualit dune simulation Monte-Carlo
Stratgie Gain possible Commentaire
Calcul parallle 2 10 000 Proportionnel au nombre de processeurs.
Stockage information 100 Exploitation de linformation relative aux histoires de particules simules
une fois pour toutes pour faire des tudes paramtriques ou bien des calculs
en reprise. Contrepartie : volume de stockage.
Progrs des processeurs 2 Application de la loi de Moore : la puissance des processeurs augmente
dun facteur 2, tous les deux ans.
Techniques dacclration 1 10
15
Efficacit sur plusieurs dcades dans les problmes forte attnuation
de la convergence des neutrons.
La mise au point de ce type de techniques pour les calculs de criticit
est plus dlicat, mais dactualit.
1960 1970 1980 1990 2000 2010
IBM 360
C RAY 1
FUJITSU
CCRT
10
9
10
8
10
7
10
6
10
5
10
4
10
3
Fig. 40. volution temporelle du nombre dhistoires de particules
simules en fonction de laccroissement de la puissance
des ordinateurs.
Annes
N
o
m
b
r
e
d
e
p
a
r
t
i
c
u
l
e
s
99 La neutronique
Quelques spcificits
de la convergence
dun calcul critique
Un calcul critique*, tel quil a t dfini
supra, p. 56 (quation 3), vise dter-
miner le facteur de multiplication*
effectif k
e
, grandeur physique globale
relative lensemble du systme fissile
tudi. Comme dans lapproche dter-
ministe, on met en uvre la mthode
de litration de la puissance dont le
principe est illustr par la figure 41,
la fois pour un calcul dterministe (
gauche) et un calcul probabiliste Monte-
Carlo ( droite).
La simulation Monte-Carlo seffectue en
simulant des batchs successifs, un
batch dordre (n + 1) utilisant comme
source de neutrons les neutrons de fis-
sion issus du batch prcdent dordre
(n). La source initiale tant arbitraire, au
fur et mesure que le nombre de
batchs de neutrons simuls augmente,
le systme volue vers une situation
dquilibre.
Le facteur de multiplication effectif des neutrons nest pas la
seule valeur propre satisfaisant lquation critique. La conver-
gence du processus itratif de rsolution de cette quation fait
intervenir les autres valeurs propres et vecteurs propres solu-
tions de lquation critique. Ainsi que le montrent les relations
(23) et (24), ces modes propres (ou harmoniques dordre
suprieur) contaminent le mode fondamental, cependant
dune manire qui dcrot avec le nombre ditrations. lit-
ration (n + 1), en se limitant limpact de la deuxime harmo-
nique, on a, en effet :
(23)
(24)
o :
k
1
: est la premire valeur propre correspondant la valeur
exacte du facteur de multiplication effectif k
e
,
k
2
: est la deuxime valeur propre,
u
1
: est le premier vecteur propre correspondant au mode fon-
damental.
Les expressions (23) et (24) indiquent que la convergence
dpend dabord du rapport des deux premires valeurs
propres de ltat critique, appel rapport de dominance :
Fig. 41. Calcul du facteur de multiplication effectif, k
e
, par la mthode ditration de la
puissance. Algorithmes dterministe un groupe dnergie ( gauche, source : J.J. Duderstadt,
L. J. Hamilton, Nuclear reactor Analysis, John Wikey & Sons, 1976, p. 219) et probabiliste Monte-
Carlo ( droite).
Sous sa forme intgro-diffrentielle ( gauche) lquation aux valeurs propres rsolue est de la
forme avec et . Q
(u)
reprsente la distribution (arbitraire)
de la source initiale de neutrons permettant dengager le processus de rsolution itratif.
N = F
1
k
e
k
e
N
(n+1)
= Q
(n)
Q
(n+1)
= F
(n+1)
<
a
et <
b
k
(n+1)
=
Q
(n+1)
(r)u
S
r
Q
(n)
(r)u
S
r
k
(n+1)
k
(n)
1
k
(n)
1
k
(n)
k
(n+1)
N = .giau +
o
Q
(0)
et k
(0)
F = v
S
(n+1)
S
(n)
S
(n+1)
Q
(0)
chantillonage de Q
Stationnarit
Q = Q
(n+1)
Fin Fin
Scoring de k
eff
et
2
2
<
0
2
Calcul de la distribution
des neutrons source
de fission Q
(n+1)
Batch (n+1)
Itrations
NON
NON
NON
OUI
OUI
OUI
plus k
2
est proche de k
1
plus la convergence est lente, et, par
consquent, plus le nombre ditrations ncessaires pour
atteindre la convergence est lev, ce qui est, par exemple, le
cas des systmes physiques de grandes dimensions comme
les racteurs nuclaires de puissance.
On constate galement, sur ces mmes expressions, que le
facteur de multiplication effectif converge plus vite que le
flux de neutrons (ou que la distribution de source des neutrons
qui lui est proportionnelle).
La figure 42 reprsente une configuration de calcul connue
sous le nom de Calcul du k
e
du monde constitue duni-
ts fissiles sphriques, celle du centre tant la plus ractive.
La figure 43 montre lvolution de son k
e
en fonction du
nombre de batchs, pour diffrentes distributions initiales de la
source de neutrons. On constate que latteinte de la conver-
gence est plus ou moins rapide selon le cas. Lestimation
du k
e
est faite en moyennant les valeurs de k
e
qui sont
obtenues pour chacun des batchs simuls aprs latteinte de
lquilibre de la population des neutrons. Latteinte de lqui-
libre ou atteinte de la stationnarit est le stade dvolution de
la population des neutrons caractris par le fait que ceux-ci
ont perdu la mmoire des conditions initiales du calcul,
cest dire des conditions de leur naissance.
k
2
k
1
).
La fonction I (P) a pour rle de dfinir les domaines de lespace
des phases qui sont importants vis--vis du rsultat cherch.
Cest pourquoi I (P) est appele fonction dimportance .
En introduisant ce changement de variable dans la forme int-
gro-diffrentielle de lquation du transport, on obtient une nou-
velle quation qui rgit le flux biais *(P) et dont la forme est
similaire lquation du transport qui rgit le flux de neutrons
(P). Elle en diffre par les lois modifies dinteraction parti-
cule-matire, en accord avec le tableau 14 (page suivante).
La quantit est parfois appele paramtre de
biaisage et le vecteur est dnomm direc-
tion dintrt , cest--dire la direction dans laquelle il convient
de diriger les neutrons pour maximiser la figure de mrite.
La figure 46 permet dillustrer le mcanisme de fonctionne-
ment de la transformation exponentielle.
Principe des techniques de biaisage
Le problme rsoudre revient formellement calculer lesp-
rance mathmatique dune grandeur physique Y dfinie par :
o X est une variable alatoire estimateur naturel de Y et
g(X) la densit de probabilit associe la variable alatoire
X dfinie sur un domaine B.
Dsignons par g*(X) une densit de probabilit arbitraire asso-
cie la variable alatoire X. On peut crire lesprance
mathmatique de Y comme :
Cela montre quil est possible destimer sans biais la gran-
deur Y en construisant une chane dvnements avec une
densit de probabilit g*(X), diffrente de la densit de proba-
bilit naturelle g(X) pourvu que lon prenne comme nouvel esti-
mateur sans biais de la grandeur non plus X mais .
Dans le contexte de la simulation du transport des neutrons
par la mthode de Monte-Carlo et en pratique, cela revient,
chaque vnement concern, multiplier (on dit aussi cor-
riger ) le poids du neutron (voir supra, p. 95) par la valeur
prise par le rapport . La densit g*(X) est souvent
appele ici densit de probabilit biaise.
Les vocables biaisage , biais , drivs du terme anglais
biaising portent confusion, car lestimation faite ici avec
la densit biaise g*(X) est rigoureusement sans biais.
La capture implicite est une illustration particulire de ce
changement de densit de probabilit associe loccurrence
dun vnement.
Le problme revient donc trouver la densit g*(X) condui-
sant la meilleure qualit possible de la simulation, au sens de
la deuxime expression de lesprance de Y, amliorant donc
sensiblement la figure de mrite de la simulation Monte-Carlo.
On montre que si lon prend pour g*(X) une forme construite
avec la solution du problme adjoint (pour cela il faut rsoudre
lquation du transport adjointe, voir supra, p. 58) alors on abou-
tit une simulation idale o la variance sur le rsultat est nulle :
cette simulation idale est appele jeu variance nulle .
Cependant, le problme adjoint est au moins aussi complexe
rsoudre que le problme direct. Autrement dit, ce rsultat
thorique ne peut tre transpos tel quel dans la pratique. Sa
rsolution, dans le cadre dhypothses simplificatrices (milieu
infini, particules monocintiques), inspire cependant des
formes efficaces de la densit biaise g*(X).
Fig. 46. Acclration dun calcul de propagation de particules par
la mthode de Monte-Carlo illustre dans le cas de la propagation
de neutrons (ou de gammas) dans un mur de protection. Sur cet
exemple, la fonction dimportance I(P) a t choisie de telle sorte
que les surfaces dqui-importance soient planes, la direction
dintrt
u
leur tant, par dfinition, en tout point perpendiculaire.
Source de particules Rgion
des rsultats
Surfaces dqui-importance planes
103 La neutronique
En effet, la densit naturelle du choix du parcours s, (s) on
substitue la densit biaise *(s). Daprs lexpression de
X* (P), on constate que :
*(s) allonge en moyenne les parcours s lorsque les parti-
cules vont dans la direction dintrt
u
(P) :
u
(P).
u
(P) :
et
u
(P).
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107 La neutronique
Mthodes de rsolution des quations
de Bateman gnralises
Les principes gnraux
Un milieu irradi par un flux de neutrons a sa composition en
nuclides qui volue au cours du temps par transmutation*,
soit du fait des ractions nuclaires, soit cause de la
dcroissance* radioactive des radionuclides forms.
Le tableau 15 regroupe les principaux phnomnes nuclaires
responsables de la modification de la composition du milieu
irradi. la suite dune raction nuclaire ou dun processus
radioactif (indiqus en rouge), le noyau
A
Z
X, de numro atomique
Z et de nombre de masse A, est transmut en un autre noyau.
Tableau 15
Ractions nuclaires et processus radioactifs
concourant la modification de la composition
isotopique dans un racteur nuclaire
A 4
Z 2 X
A 3
Z 2 X
(n,)
A 2 A 2
Z 1 X Z X
(n,t) (n,3n)
A 1 A 1
Z 1 X Z X
(n,d) n,(n,2n)
A A A
Z 1 X Z X Z + 1 X
C.E.,
+
,(n,p) (n,n),(n,n)
-
A + 1
Z X
(n,)
Ces phnomnes nuclaires sont responsables de lvolu-
tion spatiale et temporelle de la composition isotopique en
noyaux lourds (NL) et en produits de fission* (PF) dun
combustible irradi par les neutrons. Il en est de mme de
lvolution des produits dactivation* (PA) forms dans les
structures dun racteur et de lvolution des produits de
spallation (PS) forms dans un systme hybride acclra-
teur-racteur*, par exemple.
Ainsi, lvaluation JEFF-3.1.1* comporte lensemble de ces
nuclides dont un classement en noyaux lourds et produits de
fission est donn par le tableau 16, page suivante :
Tableau 16
Rpartition des nuclides de lvaluation
des donnes nuclaires JEFF-3.1.1 [1], [2]
dans les catgories : noyaux lourds,
produits de fission et systmes fissiles
Nombre total de nuclides 3 852 (226 stables)
Noyaux lourds 863 (Z > 80 : Hg)
Produits de fission 1 314
Noyaux fissiles* (ou systmes fissiles ) 39
Lensemble de ces nuclides pres et fils sont dcrits sous
forme de chanes de filiation plus ou moins longues, suivant
les cas. Ainsi, les chanes de filiation des noyaux lourds et des
produits de fission sont utilises pour le calcul dun racteur
nuclaire, en y oprant, le cas chant, un certain nombre de
simplifications, lies, par exemple, aux priodes des noyaux
radioactifs ou leur pouvoir capturant.
Plusieurs grandeurs physiques sont drives des concentra-
tions N
i
(r, t) des nuclides i : taux de raction macrosco-
piques*, puissances rsiduelles* gamma, bta, alpha et
sources de rayonnements correspondantes.
La dimension spatiale apparaissant dans les quations de
Bateman gnralises est impose la fois par la distribution
spatiale des concentrations des nuclides prsents avant lir-
radiation (concentrations initiales), et par le flux de neutrons
via les diffrents taux de raction. Ces quations doivent donc
tre rsolues en cohrence avec le schma numrique en
espace (maillage spatial) adopt dans la rsolution de lqua-
tion du transport.
Dans le cas du combustible nuclaire o il y a une forte inter-
dpendance entre le flux neutronique et les concentrations, les
pas de temps de la discrtisation sont dfinis de telle sorte que
le flux neutronique puisse y tre suppos constant. Dans la pra-
tique, ce nest pas toujours le temps qui est utilis comme
variable, mais deux grandeurs qui sont reprsentatives de lir-
radiation des lments (voir le tableau 5, supra, p. 13) :
La fluence neutronique* exprime en neutrons par kilobarn
(n/kb) ;
le taux de combustion* exprim en mgawatt jour par
tonne (MWj/t).
Z
A
Les mthodes de la neutronique
108 Mthodes de rsolution des quations
de Bateman gnralises
Par exemple, une irradiation dun combustible UOx enrichi
4,5 % de 45 000 MWj/t sera subdivise en une cinquantaine
de paliers dirradiation, correspondant une prsence en
racteur de trois quatre ans.
La rsolution des quations de Bateman gnralises prsen-
tes supra, p. 49, est effectue par diverses mthodes dont le
choix est dict par la nature du problme considr :
Recherche dune solution analytique sous la forme dune
combinaison linaire dexponentielles ;
mthode de lexponentielle de matrice utilisant un dvelop-
pement limit de la fonction exponentielle ;
mthodes numriques utilisant une discrtisation du temps
(ou de la variable qui y est associe).
Les principes de la rsolution analytique et de la rsolution par
la mthode numrique de type Runge-Kutta sont exposs ci-
aprs. Suivent les rsultats dun calcul dvolution illustrant,
dune part, la modification significative de composition du com-
bustible en noyaux lourds au cours de son sjour dans le cur
du racteur et, dautre part, lempoisonnement du cur par
deux produits de fission : le xnon* 135 et le samarium* 149.
La solution analytique
des quations de Bateman
Lorsque la chane de filiations* est dcrite de manire ne
contenir aucun chemin ferm, il est toujours possible dordon-
ner les nuclides de manire que le calcul du i
eme
nuclide ne
fasse intervenir que des nuclides dj calculs.
Soit c
ik
le coefficient conduisant au nuclide i depuis le
nuclide k par dcroissance et / ou par raction nuclaire et b
i
un terme source fission induite par neutron en loccurence
alimentant le nuclide i. Les coefficients c
ik
et b
i
sont suppo-
ss constants sur le palier dirradiation considr.
U 235
U 236
U 237
U 238
U 239
Np 237
6,8 j
Np 238
Np 239
Pu 238
Pu 239
Pu 240
Pu 241
Pu 242
Pu 243
Am 241
Am 242m Am 242
Am 243
Am 244
Cm 242
Cm 243
Cm 244
Cm 245
2,1 j
2,3 j
163 j
14,4 a
18 a
29 a
23,5 mn
5 h
84 % (16 h)
16 % (16 h)
89 % 11 %
10 h
(n, )
C.E.
(n, 2n)
Fig. 49. Extrait dune chane de filiation simplifie de noyaux lourds
prsents dans un cur de racteur REL. Ce schma montre
comment se forment les actinides, et en particulier le plutonium,
par le jeu combin des ractions nuclaires et des dsintgrations
radioactives.
109 La neutronique
En omettant par raison de simplicit la variable spatiale,
lquation rsoudre donnant la concentration du nuclide i
en fonction du temps t compt partir du dbut du palier dir-
radiation scrit :
(1)
La solution se met sous la forme :
(2)
o les coefficients N
s
i
et F
ik
sont dfinis par :
(3)
en supposant c
ii
0
(4)
en supposant c
ii
c
kk
(5)
o N
i
(0) = N
i
(t = 0)
On notera quen labsence de flux, cette rsolution est toujours
moins onreuse quune rsolution par discrtisation num-
rique.
La rsolution numrique
des quations de Bateman
Lorsque lon est en prsence de chemins ferms, on a recours
un schma de rsolution numrique. Celui prsent ici est de
type Runge-Kutta dordre 4, cet ordre tant choisi comme un
bon compromis entre la prcision et le cot du calcul.
Les quations dvolution rsoudre peuvent scrire sous la
forme matricielle gnrale suivante :
(6)
N (t) : vecteur des concentrations des nuclides considrs ;
S (t) : vecteur terme source ;
A (t) : matrice dvolution dont les lments non diagonaux
contiennent les termes dalimentation et les lments
diagonaux les termes de disparition des nuclides par
radioactivit et / ou raction nuclaire.
Les coefficients de la matrices sont dfinis par :
(7)
(8)
o les termes
i
,
i]
, relatifs respectivement la dcrois-
sance des nuclides i et ], et
i
(t) et
i]
(t), correspondant aux
taux de raction microscopiques associs aux nuclides i et
], ont t prcdemment dfinis (voir supra, p. 49).
Nous voyons que, daprs les expressions (7) et (8), la matrice
dvolution dpend essentiellement du temps par linterm-
diaire du flux qui est une donne fournie par les codes de
transport. Ses valeurs peuvent tre connues chaque instant,
soit parce quelles sont tabules, soit parce quelles peuvent
tre interpoles partir des valeurs tabules. Si lon effectue
un calcul sur une plage dirradiation pas trop grande , on
peut supposer la matrice dvolution constante et gale son
expression au point milieu du palier.
Dans la pratique, lorsque le point milieu du palier nest pas un
point correspondant un rsultat tabul, on calcule les l-
ments de la matrice dvolution partir des valeurs interpo-
les entre deux points de tabulation encadrant le point milieu
dvolution.
Cette hypothse, conjugue la possibilit de connatre la
matrice dvolution diffrentes valeurs du taux de combus-
tion, peut justifier lutilisation dun schma numrique de type
Runge-Kutta sans re-calcul de la matrice dvolution entre
deux pas de temps lmentaires. Ce type de technique num-
rique doit effectivement son nom aux deux mathmaticiens
allemands qui lont mise au point, Carl David Tolm Runge
(1856-1927) et MartinWilhelm Kutta (1867-1944).
Ce schma numrique repose sur lutilisation conjointe de la
mthode dEuler de rsolution dquations diffrentielles du
premier ordre et du dveloppement de Taylor un ordre fix
de N (t) et de sa drive. On pose :
(9)
Le schma Runge-Kutta dordre 4 scrit alors :
(10)
o nt est la largeur du pas de discrtisation en temps.
110 Mthodes de rsolution des quations
de Bateman gnralises
Lerreur associe ce schma numrique est proportionnelle
t
4
.
On a implicitement suppos que lhistorique du flux neutro-
nique tait connu. Dans les calculs de cur, le flux de neu-
trons nest pas connu lavance : lquation du transport et les
quations dvolution doivent tre rsolues simultanment.
Dans les faits, elles sont rsolues squentiellement par pas
de temps (ou de fluence neutronique ou de taux de combus-
tion), en adjoignant au procd numrique prcdemment
dcrit une procdure de prdiction-correction qui anti-
cipe la variation du flux neutronique sur lintervalle de discr-
tisation considr ; cette technique permet un calcul affin des
concentrations la borne suprieure de cet intervalle.
Exemples de calculs dvolution
typiques en physique
des racteurs : lvolution
des noyaux lourds et des produits
de fission
volution des noyaux lourds
Le combustible utilis dans les racteurs franais actuels est
soit du combustible base duranium appel UOx, soit un
mlange uranium-plutonium appel MOx. On peut distin-
guer dans ces combustibles, dune part, les noyaux fissiles*
tels que luranium 235, le plutonium 239, le plutonium 241,
dautre part, les noyaux fertiles* qui donnent par capture
neutronique un noyau fissile ; luranium 238 qui, par capture
dun neutron suivie de dsintgrations radioactives, donne un
noyau fissile, le plutonium239, est un exemple de noyau fer-
tile .
Au cours de lirradiation, des produits de fission* se forment
dans le combustible, comme nous le verrons plus loin, ainsi
que de nouveaux noyaux lourds* qui sont issus majoritaire-
ment des ractions de capture neutronique. Les nuclides pro-
duits et leur quantit dpendent de la composition initiale du
combustible, ainsi que du spectre des neutrons. Les figures
50 et 51 illustrent respectivement, en fonction de lirradiation,
la formation ou la disparition des isotopes de luranium (U) et
du plutonium (Pu) dans un combustible REP-UOx enrichi
4,5 % et dans un combustible MOx teneur initiale moyenne
en plutonium de 5,6 %.
Empoisonnement par les produits de fission
Leffet principal li lapparition des produits de fission* dans
le combustible est lventuelle perte de ractivit* due leur
capture neutronique. Cest ce que lon appelle lempoisonne-
ment*. Les poisons* les plus importants dans les racteurs
neutrons thermiques, et dont nous examinerons les effets
dans ce qui suit, sont le xnon 135 et le samarium 149.
En fin dirradiation, lempoisonnement de lensemble des pro-
duits de fission atteint une dizaine de milliers de pcm* dans les
racteurs eau. Les quinze produits de fission les plus absor-
bants constituent eux seuls plus de 80 %de la capture totale
des produits de fission. Parmi eux figurent les nuclides sui-
vants : Rh 103, Gd 155, Cs 133, Nd 143, Nd 145, Sm 151,
Eu 153.
Cette anti-ractivit, pnalisante dans les racteurs, peut
cependant devenir un atout dans les tudes lies au cycle du
combustible et, en particulier, dans le domaine de la sret-cri-
ticit. De nombreuses tudes ont t menes ces dernires
0.0E+00
2.0E+25
4.0E+25
6.0E+25
8.0E+25
1.0E+26
1.2E+26
1.4E+26
0 10 20 30 40 50
Fig. 50. volution des principaux noyaux U, Pu dans un combustible UOx.
C
o
n
c
e
n
t
r
a
t
i
o
n
(
a
t
/
t
M
L
i
)
Taux de combustion (GWj/t)
U 235
Pu 239
U 236
Pu 240
Pu 241
Pu 242
Pu 238
0.E+00
1.E+25
2.E+25
3.E+25
4.E+25
5.E+25
6.E+25
7.E+25
8.E+25
0 10 20 30 40 50
Fig. 51. volution des principaux noyaux U, Pu dans un combustible MOx.
C
o
n
c
e
n
t
r
a
t
i
o
n
(
a
t
/
t
M
L
i
)
Taux de combustion (GWj/t)
U 235
Pu 239
U 236
Pu 240
Pu 241
Pu 242
Pu 238
Empoisonnement par le samarium 149
La chane dvolution conduisant au samarium* 149 est pr-
sente en figure 53. Cet isotope est stable et a une section
efficace dabsorption de 60 000 barns dans le domaine ther-
mique. Aprs quelques semaines de fonctionnement, lqui-
libre, cest--dire lorsquil y a autant de samarium form que
dtruit, lanti-ractivit apporte par le samarium149 est den-
viron 600 pcm.
Si lon arrte brusquement le racteur fonctionnant avec un
flux constant depuis plusieurs semaines, la quantit de sama-
rium stable demeure dans le racteur et augmente, en raison
de la dcroissance du promthum149 de priode 53 heures
(fig. 52). Cela conduit un surcrot dempoisonnement qui
atteint une valeur limite proportionnelle au flux qui rgnait dans
le racteur avant larrt ; contrairement leffet xnon, il ny a
pas de passage par un maximumdanti-ractivit. La quantit
de samarium ne diminue que lorsque le racteur redmarre,
par absorption neutronique.
Rfrences
[1] A. SANTAMARINA et al., The JEFF-3.1.1 Nuclear Data Library
Validation Results from JEF-2.2 to JEFF-3.1.1, JEFF Report 22,
OECD 2009 NEA n
o
6807, 2009.
[2] M.A. KELLETT, O. BERSILLON, R.W. MILLS, The JEFF-3.1/-3.1.1 radio-
active decay data and fission yields sub-libraries, JEFF Report 20,
OECD 2009 NEA No. 6287, 2009.
111 La neutronique
annes sur ce quon nomme le crdit burn-up* et qui
consiste prendre en compte lusure du combustible dans les
tudes de sret-criticit.
Empoisonnement par le xnon 135
Le xnon* 135 est un gaz rare provenant de la fission suivant
la chane prsente dans la figure 52.
Cest lun des principaux poisons dans les racteurs neu-
trons thermiques, compte tenu dune part de son rendement
de fission important pour luranium 235 et le plutonium 239
(6,5 %et 7,2 %, respectivement) et dautre part, de son excep-
tionnelle section efficace de capture dans le domaine ther-
mique (
c
= 3.10
6
bains). En fonctionnement normal, lempoi-
sonnement xnon est de lordre de 3 000 pcm dans un REP ;
cette anti-ractivit asymptotique (la production et la dispari-
tion du xnon squilibrent) est obtenue au bout dun jour ou
deux de fonctionnement flux constant.
En cas darrt du racteur, liode 135 nest plus produit par fis-
sion et le xnon 135 ne disparat plus par capture neutronique.
La rserve diode 135 accumule en fonctionnement dcrot
en formant du xnon 135 et le niveau de celui-ci augmente
pour atteindre un maximum au bout denviron dix heures,
avant de dcrotre nouveau. Dans un REP, lanti-ractivit
maximale due ce pic xnon est denviron 3 700 pcm, ce
qui peut empcher le racteur de redmarrer instantanment.
Il est donc indispensable de prendre en compte, dans la
conception des curs, lexistence de ce phnomne.
De surcrot, cet effet xnon peut tre lorigine de perturba-
tions de la rpartition de puissance dans le cur, du fait de
sa section efficace de capture particulirement leve.
Fig. 52. Chane dvolution du xnon 135.
Dcroissance
, t)
,k
u
(E) : spectre nergtique dmission des neu-
trons prompts de fission.
u,i
u,i
(E) : spectre nergtique des neutrons retards
de la famille i.
i
i
: fraction de neutrons retards de la famille i.
i
i
: constante de dcroissance de la famille i.
C
i
C
i
(r, t) : concentration des prcurseurs de la famille i.
=
i
i
: fraction totale de neutrons retards.
1 : fraction de neutrons prompts.
On dfinit les grandeurs suivantes :
taux de disparition et de transfert des neutrons not de faon
simplifie Rn :
taux de production des neutrons par fission not de faon
simplifie Fn :
En remarquant que le taux de production des neutrons
prompts scrit :
On rcrit les quations (3) et (2) sous la forme :
(5)
(6)
On introduit loprateur de production totale de neutrons:
(7)
On drive, finalement, le systme dquations suivant :
(8)
(9)
Pour dcrire le comportement du racteur nuclaire unique-
ment en fonction du temps, on intgre les quations (8) et (9)
en angle, en nergie et en espace sur tout le cur du rac-
teur. Au pralable, on multiplie la seconde quation par le
spectre en nergie des neutrons retards
u,i
, puis les deux
quations par une fonction poids dfinir w.
(k
u
)
(k
u
)
(k
u
)
(k
u
)
117 La neutronique
On dfinit, prsent, les grandeurs cintiques effec-
tives suivantes :
nombre pondr de neutrons dans le racteur :
nombre pondr de prcurseurs dans le racteur :
nombre moyen de neutrons produits dans le racteur :
fraction effective de neutrons retards pour la famille i :
fraction effective de neutrons retards :
nombre moyen de neutrons transfrs dun point de lespace
des phases un autre dans le racteur :
ractivit :
La ractivit apparat comme la diffrence entre le terme de
production et le terme de disparition et de transfert des neu-
trons normalis par le terme de production.
temps moyen de reproduction des neutrons dans le rac-
teur :
[]
e
est de lordre de 25 microsecondes dans un racteur de
puissance neutrons thermiques.
Les deux quations (11) et (12) prennent alors les formes
simples suivantes :
(13)
(14)
Par ailleurs, on peut montrer que la fonction poids w dduite
de la rsolution de lquation adjointe de ltat critique :
(15)
est un choix optimal [1].
Du point de vue physique, cette pondration en angle, en
nergie et en espace par la quantit adjointe n
+
u
de la densit
critique n
u
signifie que tous les neutrons napportent pas la
mme contribution la ractivit : cette contribution varie selon
leur position dans lespace des phases ; les neutrons qui nais-
sent dans les rgions o la densit neutronique est la plus le-
ve psent plus que ceux qui naissent en priphrie du
cur, ces derniers ayant une probabilit de fuite hors du rac-
teur plus leve que les premiers.
La rsolution directe des quations de cintique spatiales (1)
et (2) reste encore peu courante, en raison de son cot lev
en temps de calcul. Cependant, les puissances de calcul
actuelles et futures permettent de lenvisager, tant par la voie
dterministe que par la voie stochastique, comme le montrent
les rfrences [2] et [3].
Les quations (13) et (14) permettent de dterminer lvolution
temporelle, en fonction de la ractivit, du nombre pondr
de neutrons et de prcurseurs dans le racteur. Les quantits
[]
e
, [
i
]
e
et []
e
intervenant dans ces quations sont
gnralement dtermines en remplaant dans leurs dfinition
respectivement w et n par n
+
u
et n
u
, ce qui ncessite la rsolu-
tion de lquation critique et celle de son quation adjointe.
Ces quations peuvent tre tablies directement dans le cadre
de la thorie de la cintique ponctuelle, souvent utilise en
physique des racteurs nuclaires.
(11)
(12)
118 Mthodes de rsolution en temps des quations
couples de la cintique spatiale
Les quations de la cintique
ponctuelle
Dans le cadre de la cintique ponctuelle, la population neu-
tronique est modlise uniquement du point de vue temporel,
en moyennant en angle, en espace et en nergie les pro-
prits du racteur. Le modle de la cintique ponctuelle
revient donc supposer que tout le racteur est concentr en
un mme point despace et que tous les neutrons ont le mme
vecteur vitesse.
Lvolution du nombre total de neutrons dpend de trois types
de paramtres :
Le facteur de multiplication effectif k
e
;
le temps de vie moyen des neutrons dans le racteur ;
les paramtres de neutrons retards.
On a vu, au paragraphe tablissant les quations de la cin-
tique spatiale (supra, p. 59 et 60) que les prcurseurs de neu-
trons retards ne sont pas traits individuellement : leurs
contributions la production de neutrons retards sont rpar-
ties en quelques groupes ou familles de noyaux prcur-
seurs. On note I ce nombre de familles. Les calculs classiques
de racteurs impliquent aujourdhui six ou huit de ces familles,
dont les caractristiques sont, pour chacune (repre par lin-
dice i, 1i I) :
La quantit totale de neutrons retards issus des noyaux
appartenant cette famille, note [
i
;
une constante de dcroissance, note
i
(ou la vie moyenne
associe, note
i
) rendant compte du rythme avec lequel
sont produits les neutrons retards issus de cette famille.
Ces caractristiques, issues du lissage de mesures menes
aprs activation de matriaux fissiles sont, dans le cas de
luranium235, regroupes dans le tableau 17, ci-dessous. On
y trouve galement, la ligne Valeur moyenne , les carac-
tristiques quil conviendrait dutiliser, si lon souhaitait raliser
un traitement de la production des neutrons retards plus
grossier, en regroupant lensemble des noyaux prcurseurs
en une seule famille.
On peut tablir directement les quations de la cintique ponc-
tuelle en effectuant un bilan du nombre total de neutrons n(t)
et du nombre de prcurseurs dans chaque famille C
i
(t).
Pendant un intervalle de temps ut, neutrons dispa-
raissent, donnant naissance par fission , en moyenne,
neutrons prompts. Dans ce mme inter-
valle de temps,
i
i
C
i
(t) neutrons retards naissent cons-
cutivement la dcroissance des prcurseurs.
Par ailleurs, pendant un intervalle de temps ut,
i
C
i
(t) prcur-
seurs de la famille i disparaissent alors que
apparaissent.
On obtient ainsi les quations de la cintique ponctuelle :
(16)
En exprimant le facteur de multiplication effectif en fonction de
la ractivit , , le systme (16) se rcrit :
(17)
On remarque que ce systme a la
mme forme que celui donn par les
quations gnrales (13) et (14), les
quantits effectives paramtrant ces
quations, []
e
, [
i
]
e
et []
e
, tant
ici remplaces par les grandeurs , [, et
. Cette dernire grandeur, gnra-
lement note *, correspond au temps
de vie des neutrons dans un racteur
critique.
Tableau 17
Constantes de dcroissance, vies moyennes et proportions
de neutrons retards pour la fission de luranium 235
(donnes issues de JEFF3.1)
Groupes
i
(s
-1
)
i
= (s) [
i
(pcm)
de prcurseurs
1 1,247 10
-2
8,021 10
1
22
2 2,829 10
-2
3,535 10
1
102
3 4,252 10
-2
2,352 10
1
61
4 1,330 10
-1
7,516 131
5 2,925 10
-1
3,419 220
6 6,665 10
-1
1,500 60
7 1,635 6,117 10
-1
54
8 3,555 2,813 10
-1
15
Valeur moyenne 7,681 10
-2
1,302 10
1
665
i
1
119 La neutronique
En premire approche, on peut considrer que le fonctionne-
ment normal des racteurs sopre par succession de plages
o la ractivit demeure constante (barres de contrle, plus
ou moins insres, des cotes maintenues pendant un cer-
tain temps).
Le systme dquations diffrentielles (17) est donc un sys-
tme linaire homogne coefficients constants dont la solu-
tion est une combinaison linaire de (I +1) solutions particu-
lires. On recherche ces solutions particulires, pour la
population neutronique et pour la population des prcurseurs,
sous la forme :
o o
]
est un paramtre dterminer.
La solution gnrale scrit donc :
On montre que les o
]
sont solution dune quation en oappe-
le quation de Nordheim* :
(18)
Une fois les valeurs possibles des o
]
trouves, la rsolution
du problme complet sachve par la dtermination des
constantes A
]
et B
i]
partir des conditions initiales n(t = u) et
C
i
(t = u).
Une faon pratique de procder est de rsoudre graphique-
ment lquation de Nordheim. On met en vidence ses racines
en traant lhorizontale dans un diagramme reprsentant la
fonction () figurant au second membre de lquation (18)
(fig. 54).
On constate, sur ce graphe, que lon trouve toujours (I + 1)
racines, si I est le nombre de familles de neutrons retards.
Parmi ces (I + 1) racines, I sont toujours ngatives et corres-
pondent des transitoires, tandis que la dernire, du signe de
la ractivit, correspond au mode dominant asymptotiquement.
Pour le cas des trs grandes ractivits (qui correspondent
des conditions accidentelles), des considrations simples
dordres de grandeur permettent dexpliciter lexpression de la
plus grande racine de lquation de Nordheim, note
u
. De
manire approche :
Cette expression peut encore scrire :
o k
e
(1 ) reprsente la contribution des seuls neutrons
prompts au facteur de multiplication.
Cette formule montre que si k
e
(1 [) > 1 (ou > [), le rac-
teur diverge en neutrons prompts seulement, la population de
neutrons se multipliant alors avec la priode :
donc extrmement rapidement, selon la loi :
Le racteur est, dans un tel cas, dit critique prompt et la
valeur = ( de lordre de 665 pcm pour luranium 235,
daprs le tableau 17) apparat comme une limite suprieure,
au-del de laquelle le comportement du racteur est rgi par
les neutrons prompts.
En revanche, lorsque la ractivit est trs petite et infrieure
, le comportement du racteur est dcrit par :
o
Le temps est caractristique du noyau fissile et vaut de
lordre de 0,0866 s, dans le cas de luranium 235.
La population de neutrons se multiplie alors avec la priode :
Fig. 54. Rsolution graphique de lquation de Nordheim. Cas dune
ractivit ngative.
-
2
-
S
-
6
-
1
6
-
0
<0
()
*
120 Mthodes de rsolution en temps des quations
couples de la cintique spatiale
selon la loi :
0
Le pilotage du racteur est donc tout fait possible, lors de
lintroduction de petites ractivits.
On peut aussi remarquer que larrt complet de la raction en
chane nest effectif qu la fin de lmission de neutrons retar-
ds, soit aprs quelques minutes.
La cintique tridimensionnelle
La modlisation de situations incidentelles ou accidentelles
dun cur de racteur ncessite de prendre en compte la
variation rapide de la population neutronique au sein du cur
du racteur. Laccident enveloppe retenu pour le dimension-
nement, vis--vis de lvolution incontrle de la fission
nuclaire, est ljection dune grappe de commande*. Cette
jection est provoque par la rupture du mcanisme de com-
mande de la grappe et est due la diffrence de pression
entre la cuve et lenceinte. Elle entrane un emballement local
trs violent de la fission nuclaire (quelques millisecondes),
cependant limit par les contre-ractions neutroniques qui per-
mettent larrt immdiat du racteur. On conoit que ce type
daccident, pour tre tudi avec prcision, ncessite un
modle 3D de neutronique et de thermo-hydraulique associ.
Les quations de la cintique neutronique spatiale ont t pr-
sentes supra, p. 59 et 60.
Usuellement, on les rsout sous la forme simplifie suivante :
(19)
avec :
On travaille ici avec un spectre de fission prompt moyen ind-
pendant de lnergie du neutron incident, un nombre moyen
de neutrons prompts mis et des familles de prcurseurs ind-
pendantes du systme fissile.
Aprs intgration de lquation (2), la concentration C(r, t) du
prcurseur i sexprime en fonction du flux scalaire par :
(20)
La rsolution dune telle quation est trs coteuse du fait
quelle sexprime dans un espace de dimension sept. On peut
estimer les temps dun calcul typique en supposant que les-
pace est discrtis en 10
3
x10
3
x10
2
points, que langle nces-
site de lordre de 50 directions, que lnergie est discrtise
en une vingtaine de groupes et que la discrtisation tempo-
relle ncessite de lordre de 10
3
pas de 10
-2
s. cela, il faut
rajouter les itrations ncessaires pour prendre en compte les
contre-ractions thermo-hydrauliques. On obtient de lordre de
10
11
inconnues. Chaque inconnue est couple par un systme
matriciel. En estimant 100 le taux de remplissage du sys-
tme matriciel, on obtient une estimation de lordre de 10
16
oprations flottantes pour une simulation cintique tridimen-
sionnelle.
Pour pallier ce cot important en temps de calcul, diffrentes
approximations ont t proposes au cours des annes, en
fonction de la puissance disponible sur les ordinateurs.
Modles de simplification
Le premier modle simplificateur repose sur la discrtisation
angulaire. On utilise le plus souvent un oprateur de diffusion
(
.B
en SP
N
(solveur MINOS [9]), et plus
rcemment en transport (solveur MINARET [10]) avec l-
ments finis discontinus (voir supra, p. 81).
On considre lquation de la cintique dans laquelle on a
pralablement intgr les quations de prcurseurs comme
prsent plus haut et on utilise une discrtisation en nergie
multigroupe.
On choisit, comme oprateur spatial, loprateur de diffusion
et on considre un pas de temps |T
p
T
p+1
] sur lequel on effec-
tue une intgration en temps. Lquation de la cintique
devient, en supposant :
g
constante sur un pas de temps :
Fig. 54. Schma de principe des modlisations en quasi statique, quasi statique amlior et multi-chelle.
Du quasi statique au multi-chelle
QS (r, t) = o (t)
g
(r)
indpendant de r indpendant de t
IQS (r, t) = o (t)
g
(r, T)
indpendant de r grossier en temps
ME (r, t) = o
g
(R
, t)
g
(r, T)
grossier en espace grossier en temps
T0=t0
T0=t0 T1=t4 T2=t8
T1=t4 T2=t8 T0=t0
t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8
Temps grossiers et fins
Maillages grossiers et fins
Temps grossiers et fins
Maillages grossiers et fins
Temps grossiers et fins
Maillages grossiers et fins
t1 t2 t3 t5 t6 t7
t1 t2 t3 t5 t6 t7
0
0
0
t
t
t
}}
}}
}}
123 La neutronique
o on a pos : et .
On fait ensuite des hypothses sur les variations en temps des
sections efficaces, du coefficient de diffusion et du flux que
lon crit sous la forme :
avec :
Diffrents choix sur les fonctions o
p
(t) et l
p
(t) sont possibles.
Les sections efficaces et le coefficient de diffusion sont sup-
poss variations linaires sur le pas de temps. Pour le flux,
le choix dune variation linaire en t conduit au schma clas-
sique de Crank-Nikolson et le choix dune reprsentation para-
bolique en t permet, en autres, dobtenir le schma implicite.
Dans les simulations de transitoires accidentels, les deux
schmas peuvent tre utiliss successivement : le schma de
Crank-Nikolson plus prcis est utilis au cours de lexcursion
de puissance et le schma implicite plus stable est utilis dans
la phase de chute de la puissance due la chute des barres
de contrle.
On considre ensuite une reprsentation spatiale sur une
base dlments finis. Le flux est alors dcompos sous la
forme :
On remplace les par leur reprsentation dans lquation
de la cintique, intgre sur le pas de temps. Aprs multiplica-
tion par des fonctions poids P
]
(r) (mthode de Galerkin), on
intgre sur le domaine complet en espace. On obtient alors un
systme matriciel dordre N6 (N tant le nombre de nuds
dans la base dlments finis et 6 le nombre de groupes
dnergie). chaque pas, on est conduit rsoudre un sys-
tme linaire:
Le systme prcdent est rsolu par itrations en utilisant dif-
frentes mthodes dacclration. La mthode de rebalan-
cing par condensation sur les groupes dnergie est trs effi-
cace ; elle est quivalente un prconditionnement par une
mthode quasi statique.
Lextension de la mthode au solveur SP
N
MINOS (gomtrie
cartsienne et hexagonale) suit le mme principe. Cependant
du fait de lapproximation mixte utilise, on introduit deux
reprsentations diffrentes sur le pas de temps pour les flux
pairs (scalaires) et les flux impairs (vectoriels). Le systme
matriciel rsoudre sur le pas de temps est crit en termes de
flux impairs. Le solveur permet, au choix de lutilisateur, de
prendre en compte le terme diffrentiel
de lquation (19) uniquement sur le flux scalaire, sur le flux et
le courant ou sur toutes les harmoniques.
La cintique en transport S
N
permet damliorer la modlisa-
tion dans les configurations fortement htrognes. Le code
TORT-TD[11] permet deffectuer de tels calculs pour des go-
mtries cartsiennes et cylindriques. Le schma en temps est
un schma implicite et la discrtisation en espace est de type
diffrences finies. Plus rcemment, la cintique en transport
S
N
a t implmente pour le solveur MINARET du code
APOLLO3