Bibliothquedel 194 Ecol
Bibliothquedel 194 Ecol
Bibliothquedel 194 Ecol
A
AUZIAS MARCH
ET SES
PRDCESSEURS
ESSAI SUR LA POSIE AMOUREUSE ET PHILOSOPHIQUE
EN CATALOGNE AUX XlVe ET XVe SICLES
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/bibliothquedel194ecol
Armoiries de Pre March.
ibiiothque Nat.de Pans, MsEsp. 192
p.
74
Armoiries d'Auzias March.
Bibliothque Nat.de Paris. Ms.Esp. 192
p.
84
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AUZIAS Mx\RCH
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ET SES PREDECESSEURS
ESSAI SLR L \ POSIE AMOUHELSE ET PHILOSOPHIQUE
EN CATALOGUE AUX XIV ET XA SICLES
AMEDEE PAGES
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('.cl uuM'iij;.,' Idi'iik.' le lut'' laM^irule de la liil>liollK'(|ue de l'iolo ilo> Uaiilcs Kliidrs
BIBLIOTHQUE
i
DE L'ECOLE
DES HAUTES TUDES
PUBLIEE SOUS LES AUSPICES
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES
CENT QUATRE-VINGT-QUATORZmME FASCICULE
AUZIAS MARGH ET SES PREDECESSEURS
ESSAI SUR LA POSIE AMOUREUSE ET PHILOSOPHIQUE EN CATALOGNE
AUX XIV' ET XV SICLES
AMDE PAGES
DOCTEUR KS LETTBES
l'HOFESSKDR AU 1.TCE DE LA ROCHELLE
Avec une planche en couleurs
PARIS
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LIBRAIRIE
HONOR CHAMPION, DITEUR
5, Ol AI MALAQUAIS, 5
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Ton ilroits rserv
A LA
MMOIRE DE MON BEAU-PRE
M. Kdouard MADELAINE
inCMEDR EN CHEF
DE LA VOIE AUX CBEMIKS DE rER DE l'kTAT
Niv
AVANT-PROPOS
Le chapitre crhistoire de la littrature catalane que je me
suis propos d'crire intresse la France plus d'un titre.
Des deux cts des Pyrnes orientales se parle encore la
Langue dont s'est servi k pote classique de l'ancienne Ca-
talogne^ celui qui est l'objet principal de notre tude. A l'po-
que d'Auzias March, plus srement
qu'aujourd'hui,, cette com-
munaut d'idiome tait l'indice d'une identit de race^ d'une
ressemblance dans les murs et dans les gots, auxquelles nous
ne saurions rester indiffrents sans ngliger l'histoire d'une de
nos rgions.
En outre, les relations httraires de la France et de la Ca-
talogne ont t si troites, aux xiv^ et xv^ sicles, jusqu'aprs
la mort d'Auzias March, que l'on peut voir dans la vieille posie
catalane comme un prolongement de notre littrature. Sans
doute, nos troubadours ne vont plus chercher un refuge auprs
des rois d'Aragon, comme l'avaient fait leurs prdcesseurs
aprs la bataille de Muret, et exciter par leurs chants l'mula-
tion de leurs nouveaux compatriotes.
Mais la langue nationale
de la monarchie aragonaise, bien que se propageant chaque jour
davantage dans les pays rcemment
conquis, reste l'organe de
la vie famihre et de la prose. Il faut pour l'art divin des potes
un instrument spcial, qui ait dj
fait ses preuves, et l'on 'con-
tinue versifier en provenal, ou plutt en ('limousin)), suivant
l'expression encore usite de Ramon
Vidal de
Besal'i. La Cata-
logne n'est qu'une province potique de la langue d'oc. Aussi
l'appel que lancent les sept bourgeois de Toulouse, aprs la
fondation, en 1323, du Consistoire de la Gaie Science, est-il en-
tendu par del les Pyrnes. Les Catalans prennent part
ses
concours. L'institution est pour ainsi dire commune aux deux
pays voisins jusqu' l'tabhssement Barcelone, en 1393,
d'une
Acadmie autonome.
AVANT-PROPOS
Ce besoin d'une organisation indpendante se fait sentir
l'heure mme o l'influence franaise est son maximum. Les
crivains du royaume d'Aragon ne songent pas tant se passer
de la France qu' rivaliser avec elle et par les mmes moyens,
en transportant dans leurs uvres les formes et l'esprit de notre
posie. Ils composent en provenal ou mme en franais, mais
dans leur provenal se rencontrent des catalanismes de plus en
plus nombreux, voire mme des gaucheries qui semblent annon-
cer comme ncessaire et imminent l'abandon de la parlure li-
mousine .
Mais si la langue littraire se catalanise, le prestige de la
France n'en demeure pas moins vivace. Il grandit mme dans la
seconde moiti du xiv^ sicle. Ce n'est pas seulement la France
du Midi qui s'impose la Catalogne. La France du Nord p-
ntre maintenant jusqu' elle. On en adopte, Barcelone et
Valence, les livres et les coutumes.
Dante affirme, dans son opuscule sur le langage vulgaire, que
la langue d'oc a fourni l'Italie les modles de la posie lyrique,
tandis que de la langue d'ol drive toute la posie narrative.
Il en a t de mme en Catalogne, avec cette particularit que
l'imitation de nos trouvres s'y est faite en gnral plus tard
qvi'ailleurs.
Deux genres dominent, en effet, la posie catalane vers la fin
du xiv^ sicle. Ce sont, d'une part, les contes, les nouvelles ri-
mes
comme on les appelle, la manire de nos lais et des ro-
mans bretons. On
y
retrouve leur prolixit et leur simplicit
nave. Un manuscrit encore indit nous a permis d'ajouter de
nouveaux
spcimens ceux que nous possdions dj, et quel-
ques-uns sont prcisment dus aux deux principaux initiateurs
littraires
d'Auzias, Jacme et Pre March, son oncle et son
pre. Tous ces pomes romanesques, dont la plupart procdent
de la Table Ronde, abondent en termes provenaux. C'est la ru-
nion de la France et de la Provence dans l'me catalane.
Les mmes crivains composent, d'autre part, des chansons
et des sirvents suivant les formules et dans la langue des trou-
badours,
mais en faisant encore de frquentes allusions nos
chansons de geste et notre littrature narrative. Ils ne s'as-
treignent
pas ne chanter que la Vierge et les Saints, comme le
recommande le Consistoire de Toulouse. Ils ont les yeux fixs
sur les
chefs-d'uvre
des sicles prcdents.
AVANT-PROPOS
IX
L'influence de la France sur Auzias March n'est pas moins
relle^ mais elle est plus subtile et d'autant plus malaise d-
finir qu'il s'y ajoute^ dans une certaine mesure, celle de l'Italie.
Si sa langue est nettement catalane, les rgles de la versification
et le style le rattachent encore la Provence. Il n'innove, pro-
prement parler, que par l'emploi systmatique, dans quelques
pices, des rimes fminines, suivant l'exemple de Dante et de
Ptrarque. En revanche, le fond est peu prs exclusivement
d'origine franaise dans les p.osies d'amour. Il reconnat lui-
mme qu'il a got les chansons de geste de la doulce France
,
et il s'est nourri de la matire de Bretagne. Il a surtout cultiv
la Gaie Science telle que l'avaient enseigne les troubadours.
C'est de leurs thmes qu'il s'est servi, mais il a eu le mrite d'en
montrer la vritable porte l'aide du De Amore d'Andr le
Chapelain et de V Ethique Nicomaque.
A-t-il eu une ide claire de la relation qui a exist,
au xii^ sicle, entre la thorie pripatticienne de l'amiti et la
<ioctrine de l'amour labore en France par les potes et les
grandes dames du temps ? Il semble, vrai dire, qu'elle lui a
chapp, tout comme Andr le Chapelain lui-mme, qui nous a
dvoil cependant les secrets des premires prcieuses . Mais
il a certainement mis profit l'Ethique du philosophe grec et
prcis ainsi, en remontant sans le savoir sa source philoso-
phique, la conception de l'amour qui a inspir, du xii^ au
xvii^ sicle, toutes les littratures modernes.
C'tait une singulire gageure que celle qu'imaginrent
-quelques esprits d'lite dans les hauts rangs de la socit fran-
aise, au temps d'Alinor d'Aquitaine. Faire de l'amour, non
pas une passion inluctable et fatale, mais une amiti volon-
taire et libre, comme celle qui, suivant Aristote, unit les amis
vertueux, se servir de l'exaltation morale qu'il produit et du
surcrot d'nergie qu'il donne pour transformer l'homme et le
rendre capable des plus grandes actions, purifier, en un mot,
l'affection sexuelle de tout dsir autre que celui d la vertu,
voil le rve qui a enchant au Moyen ge les mes chrtiennes
et chevaleresques, le roman qui les a charmes. Au-dessous se
placent d'ailleurs deux autres espces correspondant encore
exactement aux amitis infrieures distingues par Aristote.
C'est d'abord l'amour courtois proprement dit, l'amour humain
ou mixte , comme l'appellent Andr le Chapela'n et Auzias
AVA^'T-PROPOS
March la passion lgante et raffine, mais dont la fin dguise
est le plaisir. Les potes moralistes ne tarderont pas le quali-
fier de
(c
fol amour . C'est ensuite Tamour intress, dont le
m-ariage n'est qu'une varit.
Est-il besoin de dire que l'amour humain n'a point perdu ses
droits
cette poque, mme chez les potes ? Mais l'amotir pur,
l'idal de chastet et le dlitable tourment qui en rsulte,
quand on s'efforce de le raliser, les proccupent de plus en
plus, au Nord et au Midi de la France. Quelques-uns n'y voient,
il est vrai, que matire rflexion et substituent la chanson
d'amour les analyses psychologiques. La religion et la philoso-
phie favorisent du reste l'expansion et l'expression de ces ides.
Avec les troubadours se constitue dfinitivement la thorie du
pouvoir ennoblissant et moralisateur de l'amour. En Italie, on
disserte, la faon des scolastiques, sur ses diffrentes espces^
et la femme
y
revt un caractre et une forme anglique.
Mais d'autres potes, plusieurs troubadours et Jean de Meun,
prennent plaisir, presque en mme temps, rabaisser l'amour
et faire de la femme un tre vain, capricieux, complice et fau-
teur des faiblesses de l'homme.
Tous ces lments en apparence contradictoires se concilient
dans l'uvre d'Auzias March et en augmentent la complexit.
Il loue la femme qu'il pare un instant de toutes les vertus, puis
la dnigre, pare qu'il n'y trouve qu'inconstance et trahison et
qu'il ne peut cause d'elle s'lever jusqu' l'amour parfait.
Mais, qualits et dfauts de sa dame, tout en elle est pour le
pote une occasion d'exposer les sentiments de l'amour comme
l'avaient fait saint Thomas et Aristote. Il s'efforce visiblement
d'en donner une description scientifique. Par l il exagre une
tendance qui s'tait dj manifeste chez ses matres ordinaires^,
mais qui n'a pris tout son dveloppement qu'en Italie.
La philosophie tient encore plus de place dans ses posies mo-
rales. Sa Chanson Spirituelle fait mme appel la thologie.
Malgr certaines ressemblances de fond et de forme avec les
troubadours, il n'est plus gure ici qu'un disciple de saint Tho-
mas et d'Aristote, Son intention avoue est bien de vulgariser,,
au sens le plus noble du mot, les thories de V Ethique Nico-
maque auqvielles il mle des lments stociens, subordonnant
encore le tout la religion. Mais dans cette partie didactique
de son uvre percent dj, comme chez ses prdcesseurs, les-
AVAJNT-PROPOS
XI
principes de la morale rationnelle qui se dgagent peu peu des
doctrines grco-romaines et des pratiques de la Chevalerie.
Par ses posies amoureuses plus que par toutes les autres,
Auzias March drive donc, en droite ligne, du Midi et du Nord
de la France. Elles attestent combien tait puissant encore en
Catalogne le rayonnement intellectuel de notre pays, au mo-
ment o l'Italie commenait cependant attirer tous les re-
gards. Or c'est surtout par ses uvres d'amour que le pote ca-
talan a exerc une action fconde, non seulement sur l'ancien
royaume d'Aragon, mais encore sur l'Espagne toute entire.
Grce lui la posie castillane du xvi^ sicle, dfinitivement ac-
quise Ptrarque et ses continuateurs, est reste quelque
peu imprgne des parfums de la Provence.
La renomme dont a joui Auzias March est due pour une
bonne part Jorge de Montemayor qui avait publi une traduc-
tion de ses uvres plus lgante que fidle. Mais, avant de l'in-
terprter, il lui avait emprunt pour sa Diana ses traits les plus
brillants. On sait avec quelle faveur ce roman pastoral fut ac-
cueilli en France. Traduit plusieurs fois, il trouva mme dans
Honor d'Urf un imitateur complaisant. En lisant le Dpart de
Sireine et VAstre, les familiers de M^ de Rambouillet ne se
doutaient pas qu'ils admiraient parfois des mtaphores et des
antithses extraites du pote catalan. Ainsi il a lendu nos pr-
cieux et prcieuses du xvii^ sicle une partie des biens que
la France lui avait donns. Ne mrite-t-il pas aussi, cet gard,
de retenir notre attention ?
Considre enfin en elle-mme, la posie d'Auzias March
nous rvle pour la premire fois, non pas une pense vraiment
originale
Chrestomathie Provenale,
2^ d. Elberfeld, 1868, in-8.
Baselga y Ramrez (M.).
Notice sur la vie et les travaux de Joseph Tastu. Montpellier, 1888, in-8,
44
p.
(Extr. de la Revue des langues rom. XXXII).
Ausias March
y
su poca. Barcelona, 1882, in-8.
Samper (Frey IIipp. de).
N^ 14 Firma
y
contrafirma de derecho sobre el
azud de Mosn March (1595) .
2. Estante 3-tabla l*-n 3. Libro de concordias de
de los azudes de En Carroz
y
de En March .
3. Lios de pergaminos. Cajn 3.
n 12,
Jun-
tamiento por Pedro March, senor de Beniarj,
favor de Gaiidi'a, de un censo de 36 lihras de ca-
pital
y
lo que se le debia por prorrata hasta 5 de
julio de 1388, ante Bernardo de Boti .
C.
Gandia
(1).
(1)
Tous les pai>ier3 relatifs Gandie avaient t classs, vers la fin du
xviii^ sicle, par fray Liciniano Saez, archiviste de la duchesse de Benavente.
CHAP. I. SOURCES DE LA BIOGRAPHIE D AUZIAS MARCH
564
3. Acequia de Berniza. Sobre su ereccin
y
conservacin entre Gandia, Palma
y
Ador. Anos
desde 1457 1508 en Ganda
;
700
1. Ratificacin de las niereedes que el In-
fante D, Pedro
y
los reyes Alfonso padre hijo
hicieron de la juridiccin civil^ criminal de Be-
niarj a D. Ramon Castell^ de Pardines
y
Bernia
Mossen Pere^ Ausias Mardi.
Original papel
en forma de cuaderno
y
autgrafo del monarca.
Zaragoza, 20 Abril 1425. Description, un peu
inexacte, des documents publis dans la Rei'ista de
Bibliografia Catalana, \\,
139-153 :
700 2. Beniarj. Testimonio de la merced de la ju-
ridiccin criminal en Beniarj
y
Pardines hecha
por el rey Juan de Xavarra a Mossen Ausias March^
sin perjuicio de la que tnia Gandia.
Concordia
entre Ausias
y
Gandia
(1433)
;
Capitulaci fta e fermada entre la Universitat de
la Villa de Gandia e Mossen Ausias March sobre la
juridicci de Beniarj (16 juillet 1433)
;
707.
Almoynes.
Escritura de venta favor de
Arnaldo March de tierras en la alqueria Alfarraci
(1334,
pergO)
;
1121.
Registre de les letres e cartes del molt ait
senyor Do Alfonso, marques de Villena, comte de
Ribagora, e constable de Castella (Annes 1383-
84);
1121.
Autre registre de cartas ducales
(1388)
;
1121.
Protocoles Johan de Lorqua
(1414, 1415,
1418)
;
1122.
Protocoles Ramon Agualada
(1406)
;
1172.
Registre de cartas ducales
(1399)
;
1172.
Protocoles Ramon Agualada (1394-95)
;
1209.
Protocoles Pugeriol
(1415)
;
1210. Protocoles Pre Belsa (1423-24, 1430, 1432,
Un nouveau classement a t opr vers 1900. Nos indications sont conformes
ce dernier classement, mais nous avons conserv quelques-unes des rubriques
de Saez en langue espagnole.
DOCUMENTS INDITS
9'
1434, 1436, 1438, 1439, 1445, 1446, 1447, 1450,
1451, 1452, 1455, 1457).
Notai P. Belsa (1449-1450)
;
1211.
Protocoles Pugeriol
(1420)
;
1212.
Protocoles Pugeriol
(1417) ;
Protocoles Pre
Belsa (1426, 1443, 1444, 1448).
IV.
Valence
(1).
1. Archwo gnerai del reyno.
A.
Comunes Val. Alf. III [ad annum
1427)
;
Comunes R. D. Juan (1433-1439, lo I)
;
Comunes de la reyna D" Maria, n"
5,
leg. l''
(1443)
;
Comunes Valencie D Joan Segundo, n 2
(1458)
;
Diversorum Valentie Joan. II, n 18
(1458)
;
Curiae Joan. 2 (1436-1479, lio I).
B.
Curia del Gobernador, Litium (1426,
1438-40, 1442^
1450, 1458-1, 1458-III).
C.
Mestre Racional.
ArchU'o municipal.
Fragment de Protocole de l'anne 1447.
VI,
Barcelone.
Archi\'o gnerai de la Corona de Aragon.
Procesos originales de Cortes, t.
8, 9^ 27^^
32
;
Registro 196
;
Reg. 858 Gratia I, Petii III, Pars I
;
Reg. 2254 Martini.
\\\.
Palm A de Mallorca.
Archii'o de la Audiencia.
Liber Allegationiun. (A la fin se trouve le Mmorial cit
par D. Gabriel Llabrs dans sa Carta abierta et dont
nous devons d'abondants extraits D. Estanislau
Aguil^ bibliothcaire de Palma).
VIII.
Paris.
1. Bibliothque jSationale.
Ms Esp. 147. Libre de memories de diverses sucessos e
fets mmorables e de coses senalades de la ciutat e
rgne de Valencia e de elecciohs de jurats e altres offi-
cis de aquella.
Ces annales de Valence vont de 1308
. 1644 et ont t compiles, d'abord par Frances Joan,
puis par Frances March (qui tait n en 1556, fut plu-
sieurs fois jur de Valence et vivait encore en 1614),
enfin par Joan Llucas Yvars (Voir A. Morel-Fatio, Ca-
talogue des Mss. espagnols de la B. N.,
p. 115).
2. Bibliothque Mazarine.
Ms. 4518. Tastu (Joseph). Notes gnalogiques et biogra-
phiques sur Auzias March.
13 ff,
IX.
Cheltenham. Bibliothque de sir Thomas Phillipps.
Ms. n 8185. Noticia de varios autores
y
obras espanolas,
especialmente de todos los poetas Valencianos quai
comunic D^ Francisco Cerda D Juan Antonio
Mayans. In-4 de 151 ff.; mais plusieurs ont t arra-
chs, un peu partout. Il manque, notamment,
presque
toutes les pages sur la vie d'Aozias March. Toutefois la
12 CHAP. I. SOURCES DE LA BIOGRAPHIE d'a\ ZIAS MARCH
comparaison de ce qvii reste du travail de Mayans
(1)
avec les Notas al Canto de Turia nous fait croire qu-e
Cerd en avait utilis l'essentiel.
III
Tous ces tmoignages officiels ou privs de l'activit d'Auzias
March que novis avons minutieusement recueillis dans les ar-
chives ou les bibliothques comme dans les travaux de nos pr-
dcesseurs^ partout o subsistent quelques indices capables de
nous rvler cet homme et cet auteur d'avitrefois^ nous auto-
risent tenter enfin une tude d'ensemble sur sa vie et sur sa
famille.
Mais les documents que nous livrent les archives sont
presque toujours en un sens choses mortes. Ils enregistrent des
rsultats sans rien nous montrer des mditations et des tats
d'me qui pourraient les expliquer.
D'autre part^ quand on n'a que le livre d'un auteur^ on
risque de n'y trouver que des ides combines et exprimes
avec art^ mais sans relation apparente avec le milieu o il a
vcu^ ni avec les vnements qui ont fait battre son cur.
Une double tche s'impose donc au biographe d'un pote
tel qu'Auzias March. Il doit^ sous peine d'tre superficiel et
incomplet^ tudier l'uvre la lumire de la biographie et la
biographie la lumire de l'uvre. Il ne comprendra son tour
d'esprit^ son caractre et son humeur que s'il connat certaines
particularits qui ont influ sur sa pense avant de se reflter
dans ses crits^ et^ rciproquement^ les dtails que nous offrent
les registres des notaires ou les dossiers d'avocats restent vagues
et dnus d'intrt tant qu'on n'en a pas vu les rapports avec
(1)
Une intressante lettre de J. Ant, Mayans
y
Siscar, date du 25 mars 1783,
a t publie par la Revista critica de Historia
y
Literalura, V. 269. Rpondant
J. de Vega
y
de Sentmant qui avait cru un instant qu'Auzias March tait
originaire de Cervera et avait t tir de son erreur par les Notas al Canto de
Turia, il affirme qu'Auzias March est bien vlencien et relve quelques souve-
nirs qu'il a laisss Gandie et dans les environs.
l'homme et l'crivain
13
ses uvres. C'est pour cela qu'aprs avoir recherch, dans nos
tudes sur la chronologie des posies
(1),
l'homme sous l'cri-
vain, nous allons essayer de retrouver l'auteur travers les
documents. En l'absence d'une autobiographie ou d'une cor-
respondance c[ui nous dvoilerait plus compltement l'homme
et ses ides, nous dgagerons de ces vieux parchemins et de
ces papiers demi-rongs tous les traits de nature faire re-
vivre devant nous ce pote, en qui on n'a gure vu jusqu'ici
qu'un assembleur de mots sonores,
La vritable histoire, a crit Taine
(2),
s'lve seulement
cjuand l'historien commence dmler, travers la distance
des temps, l'homme vivant, agissant, dou de passions, muni
d'habitudes, avec sa voix et sa physionomie, avec ses gestes
et ses habits, distinct et complet, comme celui c|ue tout
l'heure nous avons quitt dans la rue. Certes, le programme
est trop beau pour que nous nous vantions jamais de l'avoir
ralis. Mais il n'en demeure pas moins le but auquel nous
nous sommes efforc de tendre, sans
y
prtendre. Au surplus,
cet idal ne s'impose-t-il pas tout particulirement l'histoire
littraire ? Les uvres, surtout celles des potes lyriques, sont
des documents intimes et personnels, des confessions o il n'est
pas impossible de dcouvrir, c[uand on les rapproche des cir-
constances extrieures, l'homme dont elles manent, avec ses
passions, ses doutes, ses colres, ses haines, ses affections les
plus profondes, ses dsespoirs et ses joies.
(1)
Romania, XXXVI, 203 ;
Introd. notre dit. crit., Chap. vir,
p.
161.
(2)
Introduction VHisl. de la litt. anglaise,
12^
d., Paris, 1905, p.
vu.
CHAPITRE II
ORIGINES PATERNELLES D AUZIAS MARCH
HISTOIRE DE SA FAMILLE
Lorsque le roi d'Aragon^ Jacme I^^ le Conqurant^ eut pris
aux Sarrasins le royaume de Valence^ il procda^ comme il
l'avait fait quelques annes auparavant pour File de Majorque^
au partage des biens abandonns par les vaincus. Parmi les
bnficiaires des donations dont la ville de Gandie et son ter-
ritoire furent l'objet^ en 1249, figure un certain Petrus Mar-
chi {i), cfui
le Roi accordait des maisons dans l'intrieur de
la ville et trois
jovates
(2)
de terre dans les environs, Beni-
quineyna, domos iii Candia et III jo [vatas'\ in Beniquineyna.
Ce Pre Mardi est sans aucun doute Tanctre auquel se
rattache toute la famille de notre pote, le chef de la dynastie.
Si on a cherch ailleurs ses origines, c'est que son nom patro-
nymique, ayant pris d'ordinaire dans les documents latins la
forme Marchi ou Marci, n'a pas t reconnu
(3).
C'est aussi
(1)
Repartimientos de los reinos de Mallorca, Valencia
y
Cerdena (Coleccin
de Doc. ind. del Archwo gnerai de Aragon, t. XI),
p.
512.
(2)
La jovata valait, suivant Bover, 16 quartres ou 2, 935, 511 1/9 palmes
carrs,
c'est--dire environ 59 ares. D. Roque Chabas [El Archwo, I, 232) tra-
duit tort jovalas par jornales .
(3)
Les
gnalogistes ont t induits en erreur par les prnoms, assez fr-
quents dans les Repartimientos, de Marchus
(p. 197),
Marcho
(p.
502, 559, 615),
Marco (p.
462),
les deux derniers au datif, et par les noms de Marques
(p.
214,
216),
Marcius (p.
166) et J. de Marc. (p.
156). La forme castillane Marco, em-
RPARTITION DE GANDIE. PERE MARCH I IS
{u'on ignorait gnralement les liens troits qui unissaient Au-
zias March et ses ascendants la ville de Gandie.
Les registres des Repartimientos ne nous indiquent expres-
sment ni d'o venait cet homme qui le Roi concdait ainsi
une part des terres reconquises^ ni quelle tait sa condition.
Mais nous pouvons_, en les examinant attentivement^ en
tirer quelques conclusions tout au moins indirectes sur Tun et
l'autre point.
Ces listes de rpartition signalent d'ordinaire la provenance
des donataires^ mais^ chose curieuse et qu'on n'a pas releve
notre connaissance^ on n'y trouve qu'assez rarement la mention
de Barcelone. Or^ comme il
y
avait assurment dans l'arme de
Jacme le Conqurant^ et_, parmi les pohladores des pays nouvel-
lement acquis^ bon nombre de Barcelonais^ on peut en induire
que tous ceux dont le lieu d'origine n'est pas mentionn^ ou
tout au moins la plupart^ taient originaires de la capitale de
la Catalogne.
Mais il n'y a l^ htons-nous de le dire^ qu'une simple pr-
somption en faveur de notre hypothse et nous serions con-
damn ne rien affirmer de prcis sur la patrie du premier
Pre March^ si un document_, un peu postrieur au Reparti-
miento de 1249^ n'tait venu nous apporter des lumires nou-
velles. Elles manent d'un acte notari du 28 juillet 1260 par
lequel les ambassadeurs de Manfred^ roi de Sicile^ s'engagrent
obtenir de leur matre le consentement au mariage de sa fille
Constance avec l'infant Pierre d'Aragon. Cette pice offre cette
particularit^ intressante pour nous^ qu'elle a t crite dans
le palais mme du roi Jacme^ pre du fianc_, et scelle par les
soins d'un notaire public de Barcelone dsign sous le nom de
Ptri Marci, c'est--dire Pre March
(1).
ploye par un diteur du xvi^ sicle (voir l'Introd. notre dit. crit.,
p. 56) a
contribu aussi mettre les biographes sur une fausse piste.
Un homonyme et presque certainement un des parents de notre Pre March,
Berenguer March, de Tarragone, est appel March dans la rpartition de Ma-
jorque
(p. 32) et Marchi dans celle de Corbera
(p. 387). Ce prnom de Be-
renguer reparatra, plusieurs reprises, dans l'histoire de la famille.
Il n'en est pas de mme de Ramon March, dont parle la Chronique de
Jacme I" (d. Aguil,
p. 480, 514,
491-492, 536).
(1)
On lit, en effet, la fin de ce document publi par P. de Bofarull (Co-
leccin de Doc. ind. ciel Arch. de Ai-agn, VI, 151) : Signum Pelri Mcrixi noiarii
publici Barehinone qui hoc scripsit et clausit die et anno predicto.
16 CIIAP, II. ORIGINES PATERNELLES d'aUZIAS MARCH
Nous n'hsitons pas identifier cet officier ministriel qui^
en 1260, instrumentait la Cour avec le personnage auquel le
Roi avait attribu, onze annes auparavant, une partie de la
plus belle rgion du royaume de Valence.
Il est remarquer d'ailleurs que tous ceux auxcjuels des
terres avaient t concdes n'taient pas tenus d'y rsider.
Des femmes
(1),
des ecclsiastiques, voire mme des enfants,
avaient reu des lots qu'ils taient incapables de faire valoir
par eux-mmes. Ils les affermrent des colons venus du dehors
ou mme aux musulmans rests dans le pays et se contentrent
d'en percevoir les revenus.
Rien ne s'oppose, par consquent, ce qu'un notaire de Bar-
celone ait pu, sans abandonner sa charge, devenir propritaire
Gandie et participer aux gnrosits d'un monarque qui avait
dj, sans doute, fait appel ses services.
C'est ainsi qu'il semble possible de rsoudre, l'aide de
textes officiels, la question si souvent dbattue de l'origine
de la famille March. L'Aragon, la Catalogne et Valence reven-
diquaient la gloire d'avoir donn le jour son plus ancien
reprsentant. La Catalogne nous parat avoir plus de titres
l'emporter dans cette lutte plusieurs fois sculaire, aussi hono-
rable pour les provinces rivales que pour la mmoire des
hommes de talent qui en taient l'objet.
S'il est probable que le fondateur de la ligne des Mardis, le
qviadrisaeul de notre Auzias, tait barcelonais, il est plus in-
contestable encore qu'il fut un citoyen sans clat, un tabellion
digne de la confiance royale, mais qui ne fit nulle action mri-
toire ni prilleuse. Les Repartimientos ne le rangent ni parmi
les nobles proprement dits, ni mme parmi les chevaliers. Ce
fut un de ces bourgeois qui composaient la haute classe, la
ma major de Vestament popular. On sait que les bourgeois ca-
talans combattirent, dans les milices des communes, ct
des troupes fodales contre les Sarrasins
(2).
Mais il n'est pas
certain que le notaire Pre March ait pris part ces nouvelles
croisades et acquis, ds le milieu du xiii^ sicle, dfaut de la
noblesse du sang, la vraie noblesse, celle que confre le mrite
(1)
C'est ainsi que le roi n'oublie pas, dans ses largesses, sa matresse
i
Thc-
iresa Gil de Vidaure
(p. 187).
(2)
Voir sur ce point Ch. de Tourtoulonj Jacmel^^ le Conqurant, I, 280.
PERE MARCH II
17
personnel. On ne peut^ en tout cas^ rien conclure de ce que son
nom figure dans les livres de rpartition. Outre que le Roi ne
rcompensa pas seulement ceux qui avaient contribu la
reconqute_, il est noter que l'attribution faite Pre March est
une des dernires et date d'une poque dj loigne de la
jirise de \ alence et de ses environs immdiats.
II
Un hritier mle^ un continuateur de la race et du nom lui
naquit^ nous ne savons quelle date. Si nous pouvons affirmer
que ce fils n'est autre que le Pre March, deuxime du nom et
du prnom, que nous rvlent les documents, c'est prcis-
ment cause de l'identit de leur prnom. C'est, en effet, un
signe distinctif de la famille March que cette transmission r-
gulire des mmes prnoms. Des preuves irrcusables nous en
seront fournies, pour ses deux branches, aux xiv^ et xv^ sicles.
Tout porte croire que cette tradition a pris naissance avant le
second Pre March que nous rencontrons Barcelone et qu'il
tient son prnom du notaire contemporain de Jacme I'". Les sur-
noms tirs de la seigneurie ou de la dignit taient, au Moyen
ge, les noms gnriques des familles nobles. Les bourgeois, de
leur ct, s'appliqurent perptuer le nom et le prnom de
l'aeul le plus lointain.
Il faut voir une autre preuve de sa filiation dans le poste de
confiance qu'occupait ce second Pre March auprs du roi
Jacme II. En 1290, il est charg par lui de vendre au seigneur
Guillem de Bellavista le chteau d'Arampruny
(1)
qui ne tar-
dera pas, par une remarquable concidence, devenir, comme
nous le verrons, une des possessions de la famille March. Ses
(1)
A propos de cette vente, D. J. Torres v Reyet (Associaci catalanista
d'excursions, III, 59) se demande si elle a t faite par devant le notaire de
Barcelone Pre March ou Pre Marques. Nous croyons qu'il s'appelait plutt
Marques, si nous rapprochons de ce document la mention Signum Ptri
Marchesii publici Barchinone notarii qui se trouve au bas d'une protestation
de l'infant Pierre (15 cet. 1260) dans Doc. ind. del Archwo de Aragon, VI, 156.
Cf. El Archwo, I, 328.
Am. Pages.
.li<:/V/.s Mardi. 2
18 CHAP. II. ORIGINES PATERNELLES d'aUZIAS MARCH
fonctions taient^ suivant une lettre royale de 1298
(1),
celles
de secrtaire ovi plutt de greffier du roi (scriptor domini r-
gis)
(2).
Elles taient compatibles avec celles de notaire public
qu'exerait son pre^ et il est vraisemblable qu'il avait d suc-
cder la charge paternelle, bien que les documents recueillis
jusqu' prsent ne le dmontrent pas. Quoi qu'il en soit, le
Roi le rcompense des services qu'il lui a rendus et lui rend
encore chaque jour en cette qualit, et il lui abandonne un
droit de past, de 400 sous de Jaca, pay annuellement par la
ville d'Alguaire.
Un troisime Pre March apparat dans nos documents, ds
le premier tiers du xiv^ sicle, et occupe, lui aussi, un emploi,
mais plus lev que celui de son pre, dans la maison du Roi,
Conseiller et matre des comptes (magister racionalis), c'est-
-dire trsorier, de Jacme II, il semble avoir jou un rle plus
actif que ses devanciers et contribu plus qu'eux augmenter
le patrimoine moral et matriel de la famille.
En 1315, il assiste, comme conseiller du roi, une transac-
tion dont est l'objet la ville de Vich
(3).
Les annes suivantes
(1319
(4),
1321-1322)
(5),
il est ml, en qualit de trsorier,
d'autres vnements du mme rgne. Sa fortune lui permet
(1)
Nos lacobus, etc. Attendentes grata et accepta servicia per vos fidelem
scriptorem nostrum Petrum Marci nobis exhibita et que exhibetis cotidie in-
cessanter, circo in renumeracionem dictorum serviciorum damus et concedi-
mus vobis ad vitam vestram illos quadringentos solidos jaccenses quos homines
ville de Alguayra et baiulie eiusdeni nobis pro cena donant et tenentur solvere
annuatim... Datum Barchinone X Kalendas junii anno XCVIII. Barcelone,
Arch. de Aragon, Reg. 196, fol. 246. On lit un peu plus loin, fol. 254, une
autre lettre sur le mme sujet adresse par le roi ses fidles hommes d'Al-
guayre (6
kal. juin 1298).
(2)
Nous ne traduisons pas le mot scriptor par notaire , comme on le fait
d'ordinaire d'aprs Du Gange. Les textes des Doc. ind. del Arch. de Aragon,
VI, 281, 291, etc., distinguent le scriptor secretarius, ou, simplement, le scriptor
domini Rgis et le notarius publicus regia auctoritate per totam terram et domi-
nacionem ejusdem. Ce sont deux titres attribus parfois la mme personne,
mais diffrents.
(3)
ToRRES Amat, Djccionario, p. 370. Voir Balaguer, Hist. de Cat., V, 347.
(4)
RiBERA, Mil. Merc,
p. 533, n 715.
(5)
Doc. ind. del Arch. de la Cor. de Aragon, VI, 230 (20 juin 1321), Petrus
Marti [lisez Marci] thessaurarius dicti domini rgis Aragonum.
Ibid., 232
(20 dc. 1321),
Fideli nostro thesaurario Petro Marti [lisez Marci]
Ibid.,
240 (20 mai 1322),
Petrus Marcii thesaurarius domini rgis .
PERE MARCH III
19
<racheter^ le 4 fvrier 1322^ au Roi^ qui a besoin d'argent^ le
<;hteau d'Arampruny pour la somme de 120.000 sous
(1).
Cet achat fait entrer dans la famille March^ titre de franc
alleu, l'immense domaine d'Arampruny, avec ses dpendances
et ses fiefs, ses droits rels et personnels, immobiliers et mobi-
liers. Le Roi ne se rservait que la haute et moyenne justice.
Encore ne tarde-t-il pas lui concder aussi cette dernire
(2).
Le nouveau seigneur d'Arampruny prend possession de son
chteau et de ses terres, le 7 fvrier suivant, avec le crmonial
accoutum, et ses vassaux, parmi lesc[uels figurent Dona
Blanca de Centellas, chtelaine de Sitjar, et Arnau de Vilar-
nau, viennent son hommage.
Peut-tre est-ce ce moment que se place son admission
dans la chevalerie. C'tait, en tout cas, le terme naturel de la
fortune croissante de sa famille et des multiples faveurs dont
elle n'avait pas cess d'tre comble par les rois d'Aragon
(3).
La notice que lui consacre Ribera, dans son histoire de l'Ordre de
JVIuntesa, fait mme souponner qu'il eut quelques rapports avec
cette milice rcemment
(4)
organise par son suzerain, le roi Jacme
II. Ce qui est certain, c'est que, de 1323 1324, il fut un des che-
valiers c{ui combattirent en Sardaigne sous le commandement
de l'infant Alphonse et tranchrent les discussions des Pisans
et des Gnois propos de cette le en s'en emparant par les
armes
(5).
Le sige fut mis devant les places-fortes d'Iglesias
et de Cagliari qui, malgr les efforts dsesprs des Pisans,
durent ouvrir leurs portes. La Rpublique de Pise signa, le
12 juillet 1324, un trait de paix reconnaissant au roi d'Aragon
(1)
J. ToRREs Y Reyet, Associaci Cat. d'exc. cient., III, 60.
(2)
Le 18 sept. 1323.
(3)
Un document des Archives de la Couronne d'Aragon (Reg. 2589, fol.
109)
que D. Ramon d'Als a bien voulu copier pour nous, prouve qu'aux kalendes
de juillet 1323 le roi Jacme II, reconnaissant les services de son cher et fidle
trsorier Pre March, lui octroie pour lui et pour les siens, titre perptuel,
diverses immunits.
-
Cette charte sera renouvele plus tard, le 30 mars 1420,
en faveur du chevalier Jacme March, huissier d'Alphonse V, et du chevalier
Luis March, qui avait servi le roi Ferdinand, son pre.
(4)
Le 10 juin 1316. Cf. Marti.n de Viciana, Teicera parle de la Crnica de
Valencia, Valencia, 1882, in-fol.,
p. 117.
(5)
Lire le rcit, trs bref, mais lumineux, de cette expdition dans le pre-
mier livre de la Chronique de Pierre IV d'ARAcox.
20 CHAP, II, ORIGINES PATERNELLES d'aUZIAS MARCH
la suzerainet sur la Sardaigne. Le chevalier Pre Mardi dut
faire son devoir dans cette glorieuse et meurtrire campagne^
puisque l'infant^ dsireux de lui tmoigner sa reconnaissance^
lui fit donation dune ville sarde par une lettre du 29 septem-
bre 1324
(1).
A son avnement avi trne sous le nom d'Alphonse III^ le
vaincjueur de la Sardaigne ratifie_, le 13 janvier 1327^ l'aban-
don cjui lui a t fait de la moyenne justice sur le territoire
d'Arampruny
(2).
Enfin, le 25 mars 1337, usant du droit de retrait fodal
(jatica), qui lui avait t concd par le roi Jacme II
(3),
Pre
March achte Dona Blanca de Centellas, femme de Bernt
de Calders, le fief d'Arampruny, en sorte que dsormais la
possession du chteau et celle du fief seront runies dans la
mme personne.
Pre March semble avoir ralis par ce dernier acte ce qui
avait d tre l'ambition de sa vie. Sa famille est devenue une
des plus considrables du royaume et fait maintenant partie
de la noblesse catalane. Chevalier, seigneur d'Arampruny,
possesseur de grands domaines Gandie et en Sardaigne, il
a, de plus, mrit la confiance des trois rois Jacme II, Al-
phonse III et Pierre IV qu'il a servis en qualit de conseiller
et de trsorier. Le Crmonieux lui rend mme, ds le dbut de
son rgne, dans des circonstances qu'on devine aisment, un
(1)
RiBERA, loc. cit., p. 533, n 715.
Reducentes ad mcmoriam qualiter
nuper existentibus nobis in insula Sardinie propter grata et accepta servicia
per vos dilectum consiliarium nostrum Petrum Marci, thesaurarium, etc..
Ex certa sciencia damus perfecta et irreparabile donacione inter vivos, vobis
dicto Petro Marci et vestris et quibus velitis, perptue, in feudum, secunduni
morem Italie, villam vocatam Gesici sitam in curatoria de Siurgos... Datum
Barchinone tercio kalendas septembris anno Domini MCCC vicesimo quarto .
{Arch. de la Cor. de Aragon : Reg. 389, fol. 38 v, d'aprs une copie de D. Ra-
mon d'Als).
(2)
J. ToRREs Y Reyet, oc. Cit.,
p.
62.
le 21 fvrier 1331, Tere March,
est ml aux ngociations entames par le roi d'Aragon avec le roi de France
pour l'organisation d'une croisade contre les Mores de Grenade. Cf. sur ce sujet
l'art, de Joaquim Miret
y
Sans dans VAnuari de l'Institut d'estudis catalans^
1908, p.
295.
(3)
Le 21 dc. 1322 (12 kal. 1323). J. Torres y Reyet (l. c, p. 54-55) im-
prime 1332
;
mais, cette poque, Jacme II tait mort. La correction 1323
s'impose.
PERE MARCH IV 21
hommage clatant qui mrite d'tre cit. Pre March est sans
doute assez g ;
les courtisans du nouveau Roi n'ont plus
pour ce vieux serviteur le respect qui convient. Aussi Pierre IV
mande-t-il de Lrida^ le 18 juin 1336^ son procureur de Cata-
logne et ses officiers de Barcelone^ qu'ils aient traiter avec
les plus grands gards son cher conseiller^ son familier et do-
mestique Pre March^ qui a rendu ses prdcesseurs et lui
rend encore lui-mme de bons et loyaux services.
Il mourut vers 1338^ comme le prouve le testament qu'il fit
le 13 juillet 1338 par devant Pre Folqueris^ notaire de Barce-
lone
(1),
mais non sans avoir obtenu une dernire faveur du
Roi, qui lui aurait confirm, le 17 mai prcdent, le privilge
de moyenne justice dans le domaine d'Arampruny
(2).
De son mariage avec Dona Maria (dont nous ne connaissons
<(ue le prnom) il restait, croyons-nous, trois enfants mles :
Perico, Jacme et Berenguer.
Dj nous savions, par l'article de J. Torres
y
Reyet
(3),
(jue Pre March, l'acqureur du fief d'Arampruny, avait eu
un fils appel aussi Pre, comme lui. Mais trois lettres de l'in-
fant Pierre d'Aragon, conserves la Bibliothque de l'Aca-
dmie de l'Histoire, nous fournissent, sur ce quatrime Pre
March, de plus amples renseignements. Elles mentionnent, en
effet, comme attach sa propre Cour un certain Pre March,
inatre des comptes (dilectus racionalis curie nostre Periconus
Marchi). Dans la premire, du 20 janvier 1334, adresse de
Saragosse au Roi, son pre, l'infant charge ce Perico March, d-
sign aussi plus bas sous le nom de don Pre March ,
de rem-
plir diverses missions auprs de Jacme II, entre autres, celle de
lui demander une avance sur l'argent que les juifs de sa Sei-
gneurie doivent lui verser, afin d'acquitter quelques dettes de
nourriture et de vtements qui lui font grande honte (algu-
nos deudos que dei^em de uiandas e de s'estits
;
los deudos son a
el muy vergonyiosos).
Les deux autres, crites en 1335, l'une de Teruel, l'autre de
Daroca, accrditent certains envoys de l'infant et sont com-
muniques toutes les deux :
1"
Dilecto suo Pelro Marci, consi-
(1)
A. Paz y Mlia, Rei^. de Archwos, V, 369.
(2)
J. Torres y Reyet, loc. cil., p.
62.
(3)
Loc. cit.,
p.
62.
22 CHAP. II, ORIGINES PATERNELLES d'aUZIAS MARCH
liario et magistro racionali ciirise dicti Domini Rgis
;
2
Dilecto-
suo Pericono Marchi [Petro Marci, dans la seconde lettre), ra-
cionali curise nostrse.
Ce sont l deux personnages diffrents. Pre March, con-
seiller et trsorier du roi Alphonse_, nous est connu. PericO'
March, trsorier de l'infant Pierre d'Aragon, ne peut tre que
son fils. Cela rsulte videmment du diminutif du prnom tra-
ditionnel qui lui a t attribu et des fonctions identiques
celles de son pre qu'il remplit la Cour du futur Pierre IV.
Le chevalier d'Arampruny n'a pas voulu laisser s'teindre
le prnom de ses aeux, c'et t un crime contre le sang, et il
a obtenu ensuite pour son fils an, dans la maison du prince,
un emploi auquel le dsignaient des aptitudes pour ainsi dire
hrditaires.
Nous ne savons gure autre chose sur ce Perico March. Il
semble qu'il ait pris part, en 1332, dfaut de son pre trop
g,
aux expditions diriges par Ramon de Cardona contre
les Gnois en Sardaigne
(1).
Perico March ne parat pas avoir laiss de descendants mles
et avec lui s'est teinte la branche ane des Marchs. C'est ce
qui rsulte des documents d'Arampruny
(1)
o nous voyons
un Jacme March hriter des titres et des biens.
III
Il est difficile de savoir exactement quelles relations de pa-
rent unissaient ce Pre March avec les Marchs que nous ren-
controns Valence, peu prs la mme poque. Aucun t-
moignage formel n'est parvenu jusqu' nous ce sujet. La
premire mention d'un Jacme March
(2)
nous est fournie par
(1)
Feliu de la Pea, Anales de Caialuna, II, 196, 201, nomme un Pedro
March parmi les Catalans qui se firent remarquer dans cette guerre.
(1)
Loc. cit.,
p.
62.
(2)
On ne peut ajouter que peu de foi aux Trohes de Jaume Febrer qui font
remonter la famille de Jacme March au xiii sicle. Un Jacme March aurait
particip la reconqute de Cullera et la prise de Bivar (1245) et aurait eu
pour fils Guillem March, de Gandie. Le gnalogiste, auteur des Trohes. a voulu
flatter un des nombreux Jaume March du xvi^ sicle.
Feliu de la PeiIa.
[Anales, I, 294) signale un Guillem March en 1017.
JACME MARCH I 23
le Libre de Memories de Valence. On
y
lit parmi les noms des
magistrats municipaux lus^ en 1322^ Berenguer March et
Jaume March^ en 1324_,
Arnau March^ en 1340 et 1345^ Jaunie
March
(1).
Rien ne permet d'identifier les deux premiers de
ces bourgeois avec les frres de Perico.
On sait toutefois que des rapports ont exist entre Pre
March, trsorier des rois d'Aragon et un Jacme March_, venu
sans doute Valence pour
y
remplir quelque office royal. Dans
une pice des archives d'Aragon_, date du 20 fvrier 1334 et
publie par Rubi
y
Ors
(2),
Pre March reconnat, en qualit
de trsorier du roi Alphonse, qu'il est d Jaume March de
casa d'aquell mateix senyor la somme de 15.000 sous de Bar-
celone. L'infant d'Aragon, dsireux de participer aux dpenses
qu'avait entranes son mariage, les lui a donns titre gra-
cieux. En foi de quoi, et sur l'ordre mme du Roi, il lui dlivre
une quittance (alhar) ou plutt un mandat de paiement en
bonne et due forme.
Ce Jacme March nous parat avoir t, avec le chanoine
Berenguer March, un des fils puns du vieux trsorier. En
1341, son frre Berenguer le choisit pour excuteur testamen-
taire et le cjiualifie de citoyen de Valence . Mais, le 20 fvrier
1361, nous le retrouvons Barcelone avec le titre de chevalier
(miles) et recevant du trsorier du Roi, Bernt de Ulsinelles, le
complment de la somme que Pierre IV lui avait promise, quand
il n'tait qu'infant, vingt-sept annes auparavant
(3).
Paiement
tardif et qui tient sans doute ce que le Roi, parfois court
d'argent, oubliait, contrairement une parole clbre, les en-
gagements pris par le dauphin.
Il est probable aussi c[vi' la mort de son frre Perico, il a
recueilli la succession des chevaliers d'Arampruny
(4)
et c'est
(1)
Bib. Nat. de Paris, Esp. 147, p. 9, 10, 22, 27.
La forme Jacme a t
modernise par les compilateurs de ces annales. Parmi les quinze generosos
choisis pour recevoir le roi Pierre IV en 1336 figure aussi En Marti March
(p. 17). Un Francesch March est jur en 1348, justicia civil en 1353. Nous igno-
rons leur parent avec les prcdents.
(2)
Ausias March
y
su poca, p.
87. II faut lire MCCCXXX Quarto. Cf.
Ibid.,
p. 20, note 2.
(3)
Rubi y Ors, loc. cit., p. 87.
(4)
L'histoire de ce chteau vient d'tre crite par D. Francisco de Bofa-
roll, le savant directeur des Archives de Barcelone. Elle contribuera, nous
l'esprons, claircir bien des points encore fort obscurs dans la
transmission
de ce domaine.
24 CHAP, 11. ORIGINES PATERNELLES d'aUZIAS MARCII
lui que l'on peut rapporter le plus vraisemblablement l'ins-
cription grave dans la pierre^ sur le ct sud du chteau : En
lany de la enquarnacio de nostre senyor mccclxxv fo
comenada la obra del mlr d aquest castell per mose%
Jacme Marck.
Il meurt enfin_, quelqvie temps aprs^ vers 1376, comme en
fait foi une lettre de Pierre IV rapporte par Ribera
(1),
et est
enterr^ comme son pre, dans une chapelle du couvent des
Prcheurs de Barcelone
(2).
Le second frre pun de Perico March a t, selon toute ap-
parence, Berenguer March, chanoine de Barcelone et de Valence.
Peut-tre est-ce en souvenir de Berenguer March, de Tarragone,
dont nous n'avons pas retrouv de descendants, cjue son prnom
lui fut attribu. En tout cas, il est curieux de constater cjue les
deux Berenguer March du xiv^ sicle embrassrent l'tat eccl-
siastic[ue, comme il convenait cette poque aux fils de famille
dpourvus d'hritage. Docteur en droit (legum cloctor), cha-
noine de Barcelone, il dut avoir de frquents rapports avec cette
ville qui avait t le berceau de sa famille
;
mais il a surtout
habit Valence. En 1322, un Berenguer March fait partie, on l'a
vu, du corps des jurais de cette ville, mais nous ne pensons pas que
ce soit notre ecclsiasticiue, qui ces fonctions taient interdites
en vertu d'une ordonnance de Jacme II
(3).
Sacristain
(4),
puis
chanoine et prvt (prepositus), c'est--dire chef du chapitre
de Valence, ce fut un homme trs instruit et dont le souvenir
dut se perptuer dans la famille. Ses qualits de lgiste le
dsignrent aussi pour tre arbitre dans un procs auquel
(1)
Mil. Merc, n 717. La lettre est du 10 mars 1376, et le roi s'y exprime
ainsi : Propter magna servitia quae Jacobus March miles quondam habilator
Barchinonse et alii de gnre suo Nobis et Priedecessoribus nostris prsestiterunt.
(2)
A. Paz y Mlia (Z. c, p. 370) rapporte cependant, d'aprs le testament
du pote Pre March, que ce Jacme March et son pre, le conseiller des rois
d'Aragon, furent enterrs dans une chapelle du couvent des Prcheurs de Bar-
celone.
(3)
Aureum opus regalium privilegiorum civitatis et regni ]'/e;ie. Valence,
1515, in-fol., fol. 51 v.
(4)
C'est ce qu'indique VexUbris : Berengarii Marchi sacriste Valentie qu'on
lit dans un manuscrit de la Cathdrale de Valence que nous a montr D. Roque
Chabs. Il contient une copie des fueros et privilges de Jacme I'' et de ses
successeurs jusqu' Jacme II.
LE CHANOINE BERENGUER MARCH 25
donna lieu la succession d'Arnaud de Villeneuve
(1).
Une copie
authentique de son testament^ excute le 10 novembre 1480,
nous a t conserve aux Archives de la Cathdrale de Va-
lence
(2).
Ce testament fut rdig par un notaire public de
Montpellier^ le 25 fvrier 1341, et un codicille
y
fut ajout par
le testateur, le jour mme de sa mort, le 28 fvrier. Il
y
demande
tre enterr dans la chapelle Saint-Marc qui a t construite
par ses soins dans la Seu de Valence et il veut qu'il en soit fail
ainsi, mme s'il meurt Montpellier ou Barcelone. Il dcide
ensuite qu'une rente annuelle de vingt livres royaux de Va-
lence sera affecte au service de cette chapelle et verse per-
ptuit son chapelain pour les messes qu'il sera tenu d'y c-
lbrer
(3).
Enfin il dsigne au premier rang de ses excuteurs
testamentaires son frre Jacme March, citoyen de Valence,
Jacobum Marci, jratrem nieuin, civem Valentie.
A la mme poque vit Valence un Arnau March qui est
presque certainement un parent des prcdents. En 1324, il est
lu justicia civil, et, le 4 aot 1334, il achte, Gandie, une
des terres de Valcheria de Aljarraci
(4).
C'est tout ce que nous
savons de lui. et nous ne pouvons d'aucune faon le rattacher
aux autres Arnau March que nous rencontrerons plus tard.
(1)
Nous tenons ce renseignement de D. Roque Chabs.
(2)
Archivo de la Curia Eclesistica. A. 22-187
l. fol. 7.
(3)
Ce bnfice a donn lieu diverses contestations entre les hritiers et
des procs dont les pices occupent la mme liasse.
(4)
Archivo de Osuna, Gandia. Almoynes, 707. Venda por Jayme de
Quintaval
y
su muger Arnaldo March de un pedao de tierra sita en la Al-
queria de Alfarraci, auto por Estevan de Podio. Pridie Non. Augusti 1334.
CHAPITRE ni
ORIGINES PATERNELLES D AUZIAS MARCH.
HISTOIRE DE SA FAMILLE [suite).
LES POTES JACME MARCH^ PERE MARCH LE VIEUX^
ET ARNAU MARCH
La famille des Marchs s'est continue grce Jacme, qui fut
probablement le second fils de Tancien conseiller Pre Mardi.
Nous avons numr les vnements connus de sa vie ou ceux
qu'on peut vraisemblablement lui rapporter. Il pousa^ vers
1334^ Dona Constana
(1)
et eut de ce mariage deux enfants,
Jacme et Pre
(2).
Le prnom du premier a t, comme celui
de son oncle Perico, transform par addition d'un suffixe dimi-
nutif et est devenu Jacmot, pour le distinguer sans aucun
doute de son pre, tout en lui conservant le prnom hr-
ditaire. Mais Paz
y
Mlia, s'appuyant sur des pices malheureu-
sement introuvables, compte trois autres enfants : Berenguer,
matre de Muntesa, Arnau et Bartholomeu.
(1)
A. Paz y Mlia, loc. cit., 1.
(2)
Les documents d'Arampruny (J. Torres y Reyet, l. c, p. 62) et ceux
de la Curia Eclesistica de Valence sont d'accord sur ce point. On lit, dans ces
derniers, la date du 8 juillet 1485 : Item dicit ut supra quod dictus Jacobus
March, frater dicti Berengarii March, habuit duos filios, videlicet Jacobum
March militem et Petrum March secundo natum et pro filiis dicti Jacobi March
legittimis et naturalibus fuerunt tenti et reputati. Et sic fuit et est verum; et,
la date du 13 juin 1522 : Item dicit ut supra quod dictus Jacobus March,
frater dicti institutoris et patronus dicti beneficii veniens ad mortem suam
condidit ultimum testamentum in et cum quo suum instituhit heredem uni-
versalem Jactmotum March, transferens in dicto suc herede et descendentes
ab eo omnia jura patronatus que ipse habebat cum verbis sequentibus : Trans-
ferens omnia jura patronatus in dictum Jactmotum filium meum et in alios sibi
et michi succedentes...
LE CHEVALIER JACME MARCH II
27
Les deux premiers nous intressent tout particulirement.
L'un est Loncle_, Lautre le pre d'Auzias March_, tous les deux
chevaliers et potes. C'est eux surtout qu'il se rattache^ non
seulement par le sang, mais encore par les gots et les ides.
Jacme est n vers 1335. Il dut avoir en partage, en qualit
d'an de la famille, la seigneurie d'Arampruny et fut arm
chevalier le 7 dcembre 1360, au monastre de Pedralbs, de
la main mme du roi Pierre le Crmonieux
(1),
Il a racont
lui-mme son investiture dans quelques pages aujourd'hui per-
dues, mais cites par Ribera, et d'aprs lesquelles est dcrit,,
clans sa Milicia Mercenaria
(2),
le crmonial usit, en Cata-
logne, pour la rception des chevaliers de Muntesa, 11 est utile
d'en connatre les principales phases, tant la Chevalerie, avec
ses murs et ses privilges, a laiss de traces dans l'uvre
potique des Marchs.
Le damoiseau ciui se prparait recevoir l'ordre de la Che-
valerie passait la nuit qui prcdait la crmonie dans une
Eglise. A la messe du Saint-Esprit qui
y
tait clbre, le Roi
se levait aprs l'Eptre et allait lui. Deux chevaliers lui chaus-
saient les perons. L'archevque ou un autre prlat, revtu de
ses habits pontificaux, prenait le Lii>re de l'Ordre de la Cheva-
lerie et commenait les prires d'usage. Puis il bnissait l'pe
place sur l'autel. Le Roi la tirait alors de son fourreau et la
mettait dans la main droite du prtendant. Celui-ci la brandis-
sait et s'agenouillait, la tenant toujours de la main droite, pen-
dant que l'officiant lui rappelait les devoirs du chevalier, entre
autres celui de dfendre son Dieu, son roi, les royaumes et le
(1)
Le chevalier arm en 1360 ne peut pas tre le Jacme March, mari vers
1334, parce qu'il aurait eu, au moment de son admission dans l'ordre de Mun-
tesa, prs de cinquante ans. Ce ne peut tre que son fils qui a d aussi, pour les
mmes raisons, prendre part au sige de Murvedre
(1365) et crire \eDebat entre
lionor
y
Dlit o sont voqus les souvenirs de ce fait d'armes.
(2)
P. 20, n" 12
; p. 533,
nO
766.
28 CHAP. III. ORIGINES PATERNELLES d'a. MARCH (sUITe)
bien public. Ces prires termines^ le Roi prenait l'pe de la
main du damoiseau_, la replaait dans son fourreau pendant
que le clerg rcitait un rpons^ et^ aussitt aprs^ lui ceignait
l'pe^ non sans l'en avoir doucement frapp la joue et
l'avoir embrass. Le prtendant qui^ jusque-l^ avait tenu les
mains jointes au-dessus de la tte^ s'agenouillait devant le
Roi et lui baisait les mains et les pieds. Immdiatement aprs^
un chevalier dtachait son pe et deux autres lui enlevaient
les perons. Le Roi et le futur chevalier s'asseyaient chacun
sa place et la messe continuait. Aprs l'Evangile^ ils faisaient
au prtre clbrant l'offrande de quelques florins.
A la fin de la messe^ le Roi prenait les Evangiles et le cheva-
lier^ agenouill prs de lui-, jurait sur le saint livre de garder le
secret^ disant au Roi^ dans le creux de l'oreille et voix basse^
ce qu'il devait faire pour le service royal^ et il prtait aussi
serment d'observer les Ordonnances royales. Enfin^ pendant
qu'il tait encore agenouill^ le Roi le revtait d'un manteau
blanc et d'une croix vermeille.
Ribera^ qui nous avons emprunt les dtails qui prcdent,
ajoute qu' l'armement du chevalier Jacme Mardi assistrent
la reine, les infantes, l'archevque de Cagliari, plusieurs nobles,
entre autres Guillem Galceran de Rocaberti, l'abbesse du mo-
nastre de Pedralbs avec toute sa communaut, la vicomtesse
de Cabrera, femme du noble Bernt de Cabrera et un grand
nombre d'autres dames.
Aprs cette solennit, le Roi rentra dans ses appartements
de Pedralbs, et, pour mieux marquer Jacme March son es-
time et son amiti, il le fit asseoir sa table. Monseigneur le
Roi, dclare-t-il non sans fiert, s'assit au milieu de la table
droite et Madame la Reine gauche, et, auprs de la Reine,
\[m3
]a vicomtesse de Cabrera. Monseigneur le Roi voulut que
je prisse place au bout de la table prs de lui, et une autre
table s'assirent les autres riches dames et femmes de cheva-
liers, ainsi que celles des citoyens honors... Il
y
eut si abon-
dante chre qu'elle aurait pu suffire pour deux mille per-
sonnes. Et il ajoute : Aprs cela. Monseigneur le Roi prit
cong de Madame la Reine, et, revenant cheval Barcelone,
voulut que je chevauchasse avec lui et sa gauche.
Il continua jouir de la favevir royale et fut attach la
Cour, comme bi ])lupart de ses anctres, mais en qualit d'huis-
JACME MARCH II POETE 29*
sier d'armes
(1).
En juillet 1365^ il assistait au sige de Miir-
vedre occup par le roi de Castille. Il a rappel^ dans un de ses
plus beaux pomes^ le Dbat entre Honor
y
Dlit, les souvenirs
du temps o il campait devant cette place-forte^
Que lo molt ait Rey d'Arago
Tnia Murvedr' asetgats...
En 1371^ il compose^ sur la demande du roi Pierre W, trs
pris de posie et pote lui-mme, un dictionnaire de rimes
sous le titre de Libre de Concordances. Plus tard, en 1378, il se
rend Majorque pour
y
ngocier certaines affaires royales
(2)..
En 1381, on le retrouve encore auprs du Crmonieux
(3).
Le 17 septembre 1385, l'infant Jean d'Aragon, qui se pi-
quait, comme son pre, d'crire en vers et recherchait aussi
les livres, lui fait rclamer par son chambellan Janer certaines
choses que son frre, Pre Mardi, devait lui avoir rapportes
d'Angleterre, et le dbut de la lettre de l'infant son cham-
bellan autorise penser que ces choses n'taient autres
cjue des manuscrits
(4).
Une fois mont sur le trne, Jean ne tarda pas favoriser
le dveloppement de la posie, et, le 20 fvrier 1393, il charge,
sur leur demande, le chevalier Jacme March et- le citoyen Llus
d'Avers, l'un et l'autre trs habiles dans la gaie science (perilos
admodum in hac sciencia) et qui ont cueilli dans son jardin, non
pas des rejetons, mais des rameaux trs abondamment pourvus
de fleurs et de fruits (nedum surculos, sed ramos etiam in e]us
ortulo collegistis, flores et fructus uberrime affrentes) , d'orga-
niser Barcelone, sur le modle du Consistoire de Toulouse,,
des concours et des ftes poticjues. Le Roi va mme jusqu'
les nommer matres et dfenseurs de cette science
(5)
.
Jacme March a donc t un des fondateurs du Consistoire bar-
celonais de la Gaie Science.
D'autres documents nous rvlent, vers la fin de la vie de
(1)
RiBERA, op. cit.,
p. 534, n 718.
(2)
RiBERA, l. C.
(3)
R. Ferrer y Bign, op. cit.,
p.
24.
(4)
A. RuBi Y Lluch, Documents, I, 331.
(5)
ToRRES Amat, Diccionario, p. 60. La correction Marci pour Marti est
ncessaire, comme l'avait pressenti Mil.
50 CHAP. III. ORIGINES PATERNELLES D A. MARCH (sVITe)
notre pote, un Jacme March, chevalier, dput de la Gnralit
de la Catalogne. En 1389, il prend part, comme tel, aux Corts
de Mont
(1)
et la lutte qui s'y engage contre le roi Jean I^^
que l'on accuse de passer tout son temps en ftes, chasses et
exercices de gai savoir
(2).
De 1395 1397,
il exerce les mmes
fonctions, suivant Feliu de la Pena
(3).
C'est encore en tant
que dput de la Catalogne qu'il s'entremet, avec son collgue,
Jacme Gralla, citoyen de Lrida, pour le rachat d'un cens que
le roi Martin devait payer annuellement son cousin Pierre,
comte d'Urgel, et, dans l'acte du 7 septembre 1397
(4)
qui cons-
tate ce rachat, figure comme tmoin le matre de l'ordre de
Muntesa, Berenguer March. En 1398, et 1400,
il est signal
encore, avec le mme titre, dans des actes notaris
(5).
Enfin,
il est inscrit parmi les chevaliers qui assistrent, en 1413, aux
Corts par lesquelles Ferdinand de Castille fut appel au trne
d'Aragon
(6).
On ne saurait voir dans ce personnage qu'un troisime
Jacme March et probablement le fils du pote de ce nom. Il
n'est gure admissible, en effet, que le vieil huissier de Pierre IV,
dont on peut placer la naissance peu aprs le mariage de son
pre, c'est--dire vers 1335, ait pu reprsenter la Catalogne,
de 1389 1413,
alors surtout que dans la charte de cration
de la fte et des concours de la Gaie Science, en 1393,
le titre
de dput de la Catalogne ne lui est aucunement attribu.
Ajoutons seulement que le pote Jacme March est mort vers
1396
(7),
et, certainement, avant
1400,
puisque sa veuve,
Guillemona, avait pous, en secondes noces, un Desplugues
(1)
Boletin de la Real Acad. de la Historia, XIII
(1888), p.
61. Dans un cata-
logue de la Dipuiacin del gnerai de Cataluna, appartenant D. Teod. Creus,
figure parmi les dputs lus en 1389
(p. 124), Mossen Jacme March, caualler.
(2)
V. Balaguer, Hist. de Cataluna, V, 251.
(3)
Anales de Cal., II, 342.
(4)
Archive de la Cor. de Aragon. Reg. 2254, fol. 15. Nous devons la copie
complte de cette pice, publie en partie seulement par Torres Amat
(p.
366)
D. J. Mass Torrents.
(5)
J. RuBi Y Ors, loc. cit.,
p. 20, note.
(6)
Apndice al Parlamento de Cataluna
y
Compromiso de Caspe [Docum.
ind. del arch. de Aragon, III, 107).
(7)
Feliu, Anales, II, 339, 342. Il
y
est encore cit parmi les conseillers de
Barcelone, en 1395.
PERE MARCH V PERE d'aUZIAS
31
t qu'elle a t enterre, en 1400, dans le couvent des Pr-
cheurs de Valence
(1).
II
Le second fils du vieux Jacme March de Valence fut Pre
March. C'est le cinquime du nom et prnom. Avec lui se re-
noue la chane des Pre, et il contribue, comme son frre,
rehausser le nom familial du prestige de la posie. Nous ne
connaissons pas la date de sa naissance, mais elle peut tre
fixe, avec assez de vraisemblance, aux environs de 1338,
quelques annes aprs celle de son frre. Jacme avait obtenu,
par droit d'anesse, le fief d'Arampruny
;
Pre churent les
possessions que la famille avait Valence et Gandie, et sur-
tout la seigneurie de Beniarj et de Pardines, acquise une
poque inconnue, mais dont l'origine premire est, sans aucun
doute, la concession de Jacme I^^ le Conqurant.
Pre n'a pas crit, comme son frre Jacme, le rcit de son
admission dans la Chevalerie, mais il a expos, dans un pome
intitul par M. P. Meyer, h Harnois du Chei^alier
(2),
les signifi-
cations symboliques des anciennes armures des chevaliers.
C'est un code du parfait chevalier o chaque pice de l'arme-
ment reprsente une des vertvis qu'il doit acqurir. Il est
adress un trs haut seigneur (mot aut senyor) que l'auteur
ne nomme pas, mais qu'il dsigne clairement en disant qu' il
est tenu de le servir (cuy so tengutseri'ir). Nous savons
(3)
que.
pendant plus de quarante ans, il fut attach la maison d'AI
phonse, marquis de Villena, comte de Ribagora et de Dnia
y^ (1)
J. P. FusTER, Bibl. ml, Valencia, 1827, I, 12.
187
1, fol. 24.
36 CHAP, III. ORIGINES PATERNELLES d'a. MARCH (suiTe)
anne, il va en Angleterre remplir une mission dont nous igno-
rons l'objet, mais nous savons que les rois d'Aragon taient,
cette poque, en relations avec les Universits d'Oxford et de
Cambridge
(1),
et, d'autre part, Pierre IV avait promis aux
Anglais
,
qui occupaient la Guyenne, de les aider contre la
France
(2).
Pour le rcompenser de ses divers services, le marquis de
Villena lui concde, le 14 septembre 1387, le droit qui lui ap-
partenait de prlever la dme sur Valqueria de Vernia et le ch-
teau de Palma
(3).
En 1388, il assiste de nouveau aux Corts gnrales de
Mont
(4),
o son matre a jou vm rle prpondrant. Le roi
Pierre IV est mort. Son fils, Jean, vient d'tre proclam, mais
dj le mcontentement est grand dans toute la nation. On se
plaint des dpenses exagres de la Cour. Le Roi donne l'ordre,
ds l'ouverture des Corts, d'arrter tous les barons qui se sont
ligus contre lui. Mais, ayant leur tte le marquis de Villena,
ils se rfugient Casalanz, et, le Roi, contraint de cder, leur
accorde un sauf-conduit et leur permet de dlibrer
(5).
Pre Mardi n'en continue pas moins s'acquitter avec zle
de sa charge de procureur. En fvrier
1388, il figure comme t-
moin dans le partage qui est fait de certains cens entre les pa-
roisses de Dnia et dans la requte adresse au marquis par le
justicia et les jurs de Candie, en vue d'obtenir une exemption
d'impts. Ces deux actes le nomment au premier rang parmi
les cavaliers de casa del dit senyor marques
(6).
Le 28 du mme
mois, il procure son matre une mule pour le prix de 70 flo-
rins qui lui sont pays sur les revenus de la baronnie d'Arens
(7).
Le marquis le charge, le 6 juin
1388, de faire construire le mur
de son chteau de Callosa
(8).
Le 5 juillet, agissant cette fois en
(1)
A. RuBi Y Lluch, Documents,
p. 277, 282.
(2)
V. Balaguer, loc. cit.,
p. 249.
(3)
A. Paz y Mlia, loc. cit.,
p. 370, note.
(4)
Barcelone, Arch. de la Cor. de Aragon, Procesos de Cartes, t. IX, fol. 22 v".
(5)
V. Balaguer, l. c, p. 253.
(6)
Archivo de Osuna. Gandia, 1121 (2^ registre des lettres du duc, au dbut,
et la date du 20 fvrier 1388).
(7)
Ihid., Lettre du 28 fvrier 1388. Le duc l'appelle dans cette lettre, comme
dans plusieurs autres conscutives, l'honrat e aniat Mossen P. March, geiwral
procurador nostre.
(8)
Ibid. Lettre du 6 juin 1388.
LES FONCTIONS DE PERE MARCH
37
qualit de seigneur de Beniarj, il s'engage payer la ville de
Gandie un cens de 36 livres de capital
(1).
Cette mme anne, le prieur et huit frres du monastre de
Xabea, consacr Saint-Jrme, ayant t capturs par les Mores
de Berbrie et transports Bougie, le marquis Alphonse, qui
tait aussi comte de Dnia, les rachte et fait construire pour
eux, Cotalba, aux environs de Gandie, sur le territoire de
Palma, un second tablissement sous l'invocation du mme
saint. Pre March prend une grande part cette fondation
(2).
Le 26 dcembre 1391, le marquis lui octroie une rente an-
nuelle de 500 sous de Valence dont il lui renouvelle la conces-
sion quatre annes plus tard
(3).
Le 4 avril 1394, il est dsign, en mme temps que le vn-
rable Francesch Desplugues, chevalier, habitant de Valence >>,
pour excuteur testamentaire de dame Yolanda de March,
femme de Bonafocam de Vallebrera
(4).
Le
6,
la prieure du
couvent de Saint-Jrme lui verse 12 livres de monnaie de
Valence
(5).
Le 26 janvier 1395, il rglemente, en qualit de procureur
et de bailli gnral du trs haut seigneur Don Alfonso, sei-
gneur et comte de Ribagora
,
les conditions du chargement
et du dchargement des navires dans les ports soumis sa
juridiction
(6).
En fvrier, il notifie Pre Ceriol, notaire de
Dnia, certaines recommandations de son matre
(7).
Le
1^"^
.[uin, Fr. Johan Ripoll, seigneur du Genovs, grand-pre
(1)
Archive de Osuna, Pergaminos del archiva consistorial de Gandia (Cajn,
III, lio 12).
(2)
Paris, Bib. nat. Esp. 147, p.
113. Divers renseignements sur la fondation
et la dotation de ce monastre figurent dans la copie, faite en 1685, d'un acte
du 14 avril 1406 (Arch. de Osuna, Archiva Consistorial de Gandia, est. 5,
tabla
5''^.
Cf. Roque Chabas, Hist. de Dnia, II, 45
;
El Archiva, II, 126, IV,
235, 311.
(3)
Arch. de Osuna, Gandia, 1172.
(4)
Arch. de Osuna, Gandia, 1172 (Protocole de Ramon Agualada).
(5)
Ibidem, Gandia, 1172.
(6)
Ce rglement est invoqu dans un procs engag en 1447 contre un cer-
tain Trilles, propritaire d'une barque, et dont il reste des extraits dans un
registre des Archives municipales de Gandie.
(7)
Arch. de Osuna, Gandia (Protocoles Ramon Agualada, 1394-95).
38 CHAP. III. ORIGINES PATERNELLES d'a. MARCH (sUITe)
de sa femme^ fait sa petite-fille un legs dont nous ne connais-
sons pas rimportance
(1).
En 1398^ un de ses fils, le chevalier Johan March meurt lais-
sant quatre enfants mineurs dont la tutelle lui est confie par
la Cour de Gandie, le 16 avril.
Plus tard, le 3 octobre 1399,
il envoie Pre de Vilanova,
seigneur du bas chteau (castell awall) de Pop, une lettre pa-
tente du haut seigneur don Alfonso, duc de Gandie
(2),
mar-
quis de Villena et comte de Ribagora
,
pour lui faire con-
natre certaine mesure son sujet.
Il gre ses intrts propres en mme temps que ceux du duc,,
et, le
1^'
fvrier 1406, il conclut Beniarj un arrangement
avec Alit Alfaqui
?),
un des musulmans de son domaine
(3).
Le 23 avril suivant, il autorise, en qualit de tuteur des en-
fants de son fils Johan March, le rachat d'une rente de
1.000 sous au nom de ses pupilles et il certifie avoir reu de
rhonorable Pre de Soler, physicien , matre en mdecine,
citoyen de Valence, le capital qui s'levait 13.000 sous, ga-
rantis par une maison situe dans la j^aroisse de Saint-Mar-
tin
(4).
L'an de ses petits-enfants s'appelle aussi Pre March, et,,
pour viter de confondre le grand-pre et le petit-fils, on ap-
pelle l'un, suivant l'usage ordinaire en Catalogne, Pre March
major dierum, major en dies )>
(5),
l'autre Pre March junior
ou pus jove(6). Nul doute que la premire dnomination ne
soit celle que le marquis de Santillana a traduite, dans sa Carta
(1)
Fr. Cerda y Rico, Notas al Canto de Turia, d .1802, p.
291.
(2)
Arch. de Osuna, Gandia, 1121. (Feuillets extraits d'un protocole de 13-
99 et joints au 2^
registre de lettres ducales mentionn plus haut). C'est la
premire fois que le titre de duc de Gandie est attribu Alphonse d'Aragon.
Il lui a t confr par le roi Martin, le 13 avril 1399, le jour mme de son cou-
ronnement Saragosse.
(3)
Arch. de Osuna, Gandia, n 1122 (Protocole Ramon Agualada, 1406),
(4)
Ibidem. ... Super quodam hospitio... sito et posito in parrochia Sanct
Martini civitatis prfixe (Valentie), confrontato cum via publica, cum duabus
adzucaqueris et cum domibus Ptri Vives, pomerii, et cum domibus Ptri Gil,
argenterii...
(5)
Rei\ de bibliog. eut., I, 139.
(6)
Madrid, Archive histrico nacional, n 222, Parchemins des Jernimosd&
Cotalba en Gandia
(8 janvier 1409 et 20 septembre 1412).
PERE MARCH LE JEUNE
39
al condestable de Portugal, par cette expression Mossen Pero
Mardi el i'iejo
(1).
Les commentateurs expliquaient mal les
mots el v'iejo. Nos documents permettent de rsoudre dfi-
nitivement ce petit problme d'histoire littraire. Nous sa-
vons maintenant que c'est bien du pre d'Auzias c[u'il s'agit^
et^ s'il est appel Pre March le vieux , c'est cause, non de
son fils, comme on l'a admis gnralement, mais de son petit-
fils prnomm et nomm comme lui. Le tmoignage de San-
tillana prouve par l mme aussi que les posies qu'on lui
attribue, dans les Canoncrs, lui appartiennent vritable-
ment.
C'est prcisment ce petit-fils qu'il marie, le 8 janvier 1409,.
en mme temps qu'il mancipe son fils Auzias, vnements
srement concerts en vue du partage, qu'au terme de sa vie,.
il veut faire de ses biens situs dans le royaume de Valence.
En Pre March junior, damoiseau, fils de Johan March et
d'Yolanda de Vilarig, pouse Na Constana, fille de feu l'ho-
norable Francesch Cifre, de Gandie. Le contrat de mariage
qui nous a t conserv
(2)
nous apprend que, suivant les der-
nires volonts de son pre, il ne pouvait contracter mariage,
sous peine d'tre dshrit, qu'avec le consentement d'une sorte
de conseil de famille comprenant le rvrend matre de Mun-
tesa , Berenguer March, les honorables Mossn Pre March,.
Madona Alamanda de Vilarig, Madona Violant de March,
mre du dit En Pre March, Mossn Bernt de Vilarig, Mossn
Joffre de Vilarig; et En Guillem de Vilario' . Non seulement
Mossn Pre March, major dierum, d'accord avec les autres
personnes prsentes, approuve le mariage d'En Pre March,,
mais encore abandonne son petit-fils (al dit net seu) la pro-
prit pleine et entire du lieu du Verger (lo loch del Verger);
et lui donne, avec jouissance aprs son dcs, la somme de
10.000 sous. Il est stipul enfin que son petit-fils ne pourra
prendre dans ses biens, tant propres que dotaux, que la somme
de 25.000 sous, pour doter ses trois surs.
Toutes ces claoses sont videmment destines conserver
au jeune damoiseau, hritier de la race, une fortune qui lui
permette de ne pas dchoir du rang qui convient sa naissance.
(1)
Amador de LOS Rios, Obras del Marqus de Santillana, p.
10.
(2)
Madrid, Archive histrico nacionaj, oc. cit. Parchemin d:u 8 janvier1409:
40 CHAP. III. ORIGINES PATERNELLES d'a. MARCH (sUITe)
Quant Auzias March^ il reoit, avec le droit d'administrer
ses biens, la partie principale du patrimoine. Son pre lui donne,
en effet, les lieux de Beniarj et Pardines, Valqueria de Vernia
et d'autres immeubles. De son ct, Leonor de Ripoll, sa mre,
lui fait abandon de sa dot et du creix, et laisse sa fille Pey-
rona 15.000 sous
(1).
Il ne semble pas que ce partage ait satisfait tous les int-
resss. Peut-tre Pre March junior, plus
g que son oncle
Auzias, esprait-il reprsenter son pre, Johan March, dans
tous ses droits
(2).
Ce qui est certain, c'est que, comme nous
allons le montrer, il songea prendre le nom de sa mre.
C'est encore lui que nous retrouvons, semble-t-il, en 1409,
parmi les gens de guerre dsigns pour suivre le capitaine Mos-
sn Guillem Ramon de Moncada, ancien gouverneur et vice-roi
du royaume de Valence, dans son expdition en Sardaigne
(3).
III
Sur ces entrefaites, le duc de Candie meurt, peu aprs avoir
pos devant le Parlement de Barcelone, prliminaire de celui
de Caspe, sa candidature la succession du roi Martin d'Ara-
gon (4).
Le vieux Pre March croit tre arriv, lui aussi, au
terme de sa carrire et il rdige son testament avec le soin et
la prcision dont nous avons constat l'empreinte dans chacun
des actes de sa vie. C'est le patriarche qui ne veut oublier au-
cun des membres de sa nombreuse famille. Le 9 dcembre 1410,
par devant le notaire Francesch Dalmau
(5),
il choisit comme
(1)
A Paz y Mlia, op. cit.,
p. 370, n.
Sur le creix, voir plus loin
p.
63.
(2)
La reprsentation n'a t introduite dans le code de Valence qu'en 1418
par le roi Alphonse V d'Aragon. (Voy. Furs, lib. VI, rubr. V, f. 1 et
2).
(3)
La mostra de la gent que dvia anar en Cerdenya en la capitania de
Mossen Guillem Ramon de Moncada... Itleni en Pre March per dos Baciners
(sic),
y
dos Pilarts... 89 l[iures]. Bib. nat. de Paris, Esp. 147, ad ann. 1409,
p.
195-196.
(4)
V. Balaguer, loc. cit., V, 415, 422.
(5)
A Paz y Mlia op. cil,
p.
370.
TESTAMENT DE PERE MARCH LE VIEUX 41
excuteurs testamentaires ses cousins Johan Roi de Corella
et Johan de Cabrera et demande tre enseveli dans la cha-
pelle du monastre de Saint-Jrme qu'il a contribu faire
construire. A son neveu_, Mossn Jacme Castell^ il assigne la
somme de 3.000 sous qu'il rclame en qualit d'hritier de son
frre Bartholomeu March, enterr par ses soins dans la chapelle
Saint-Marc de la Seu de Valence o son autre frre Arnau doit
aussi tre inhum.
Pour l'excution de ses dernires volonts, il ordonne de
vendre les meubles de ses maisons de Gandie et Beniarj, ses
livres, ses monnaies d'argent, environ 80 marcs, ses troupeaux
et divers cens.
Il reconnat avoir reu de sa femme Leonor 40.000 sous de
de dot et il prescrit de lui en restituer
20.000, avec ses robes,
perles et bagues. Il la nomme, en outre, tutrice de sa fille Pey-
rona, et, dfaut de sa mre, la tutelle appartiendra ses ex-
cuteurs.
A chacun de ses petits-enfants. Pre, Leonor, Yolanda et
Aldona, fils et filles de Johan March, il lgue cent florins.
Autant ses neveux Guerau, Gualba et Luis March. Cinquante
florins ses neveux Jacme et Arnau March.
Enfin son hritier universel est Auzias March.
Ces dispositions prises, il continue nanmoins grer les
intrts du fils an de son ancien matre, appel Alphonse
comme lui, mais dpossd du marquisat de Villena. Le nou-
veau duc lui cde mme, titre onreux, le 14 octobre 1411,
une rente que payaient son pre les ( universits de Dnia
et du lieu de Xabea
(1).
Mais, le 31 mars 1412, dsireux de faire une bonne fin, d'en-
trer, comme le dit son matre, au service de Dieu et de laisser
les affaires temporelles pour les ternelles, il abandonne son
office de procureur qu'il avait occup pendant plus de quarante
ans. C'est la retraite qu'il veut prendre, et, pourrait-on dire
aussi, qu'il dsire faire avant de comparatre devant le Juge
ternel
(2).
Le duc, qui il remet sa lettre de procuration (carta de pro-
curacw),ne savirait se sparer d'un tel collaborateur sans lui
(1)
A. Paz y Mlia, loc. cit.,
p. 37L
(2)
Rev. de bibliog. caL, I, 139.
42 CHAP. III. ORIGI^fES PATERNELLES d'a. MARCH (sUITe)
tmoigner publiquement toute sa gratitude pour tous les
bons_, loyaux et mmorables services qu'il a rendus son pre
et lui-mme, et il lui octroie la juridiction civile et criminelle
sur le lieu de Beniarj et les alqueries, c'est--dire les fermes^
de Pardines et Vernia. Ce privilge avait appartenu, depuis
1356, Ramon Castell, descendant, comme notre Pre March,
d'un des premiers colons de Gandie aprs la conqute
(1).
Il
consistait dans le droit de connatre de toute accusation cri-
minelle et de tous les procs civils contre toutes personnes,
except les vassaux du duc, et d'infliger toute peine afflictive
aux Sarrasins qui habitaient le territoire de sa justice. Le duc
ne se rservait que la ranon et la composition pcuniaire de
la peine de mort
(2).
En acqurant ainsi la plus haute justice qui, d'aprs les Furs
de Valence, pouvait appartenir un seigneur, Pre March
obtient pour lui et pour ses successeurs la proprit pleine et
entire de son fief.
Mais la satisfaction que lui a cause la faveur du duc ne tarde
pas tre grandement attnue par un deuil qui l'atteint dans
ses sentiments les plus profonds. Sa petite-fille, par alliance,
meurt, Gandie, le 20 septembre 1412, peine ge de vingt
ans, pendant l'absence probable de son mari Pre March ju-
nior, rcemment arm chevalier. Ptri March junioris, militis,
hahitatoris i'ille Gandie quondam. Un inventaire des biens de
la jeune femme, de ses robes et de ses bijoux, dress le 9 no-
vembre suivant, nous donne, en mme temps que la date de
son testament et de sa mort, des renseignements prcis et cu-
rieux sur la toilette et les gots d'une patricienne de Gandie,
au dbut du xv^ sicle
(3).
Le 5 janvier 1413, le duc confirme le privilge et la juridic-
tion qu'il lui a concds quelques m.ois auparavant. Le nouveau
seigneur justicier, qui dsire marquer son entre en charge par
un acte de haute bienveillance, obtient, en outre, de son suze-
(1)
Le nom de R. Castellanus figure plusieurs fois dans la Rpartition de Va-
lence (Doc. ind. del arch. de Aragon, XI, 349, 366, 383, 415). C'est prcisment
lui que le roi Jacme donna, en 1248, l'alqueria de Beniarj.
(2)
Rei'. de bibliog. cal., I, 139-147.
(3)
Madrid, Archive Histrico nacional,
no
222. Jeronimos de Cotcdha. Par-
chemin du 9 novembre 1412.
MORT DE PERE MARCH LE VIEUX 45
rain et prdcesseur une amnistie en faveur de ses vassaux,
tant chrtiens que sarrasins, pour toutes les condamnations
civiles et criminelles prononces jusciue-l son profit
(1).
Mais ride de sa mort prochaine s'impose encore lui, et,
par un codicille en date du 8 mai 1413, il introduit dans son
testament quelques modifications importantes. Estimant que
la seigneurie de Beniarj et autres lieux est un apanage suffi-
sant pour Auzias, il lgue ses petites-filles Yolanda et Al-
dona, une partie de la rente que lui font les communaux de
Dnia et Xabea. Mais, en revanche, il donne son fils pour sa
maison seigneuriale de Beniarj c{u'il ne convient pas de laisser
sans armes, toutes ses cuirasses, ses arcs, flches, lances, bou-
cliers, etc. Enfin sachant que son petit-fils. Pre March junior^
prtendait abandonner, sa mort, le nom de March pour celui
de Vilarig, il dclare c{u'un tel projet est absolument contraire
sa volont. Il demande, en tout cas, qu'il ne puisse changer
de nom cjue s'il lui choit un hritage au moins gal la substi-
tution qu'il lui faisait de ses biens, dfaut d'Avizias. Si cette
condition ne se ralise pas et cjue son petit-fils prenne nan-
moins un autre nom, il veut que cette substitution soit nulle
et qu'elle ait lieu en faveur de son neveu Luis, fils de Jacme,
seigneur d'Arampruny
(2).
Sous la scheresse laconique de cette dernire clause on sent
la sourde irritation d'un homme fier du nom qu'il porte et qui,
aprs l'avoir rendu plus glorieux encore par toute une vie de
probit et d'honneur, voudrait en assurer autant que possible
la perptuit. La fin de sa vie en fut certainement assombrie.
Est-ce cause de son petit-fils ou pour remplir quelque mis-
sion de confiance de son ancien matre qu'il entreprend, aus-
sitt aprs et malgr son grand ge, de se rendre au nord-est
de l'Espagne, Balaguer, dans le comt d'Urgel ? Cette der-
nire hypothse est la j)lus vraisemblable. On sait, en effet,
que le duc de Gandie tait le vassal de Jacme le malheurtux, et
nombreux devaient tre alors les rapports qu'entretenait avec
lui l'ancien prtendant la couronne, qui s'obstinait ne pas
rendre hommage son nouveau roi, Fernand d'Antequera, et
se prparait mme lui rsister par les armes.
(1)
Rev.. de bibliog. cat., 146.
(2)
A. Paz y Mlia, loc. cit.,
p. 371.
44 CHAP. III. ORIGINES PATERNELLES DA. MARCH (sUITe)
Quoi qu'il en soit, le vieux Pre Mardi meurt, le 7 juin
1413(1)
Balaguer, loin de sa famille et du pays aime o il dsire re-
poser da.ns son dernier sommeil. Mort brutale qui voque natu-
rellement ces vers d'une de ses mditations sur la faiblesse
humaine :
Trop es cert fayt que no podeni gandir
A la greu mort, e que no
y
val metgia,
Fora ne giny, rictat e senyoria,
E trop incert lo jorn que deu venir!
(2)
[Al piint c'om naix, v. 9-12).
Quelques jours aprs, la nouvelle ])arvient Gandie, et, le
16 juin
(3),
a lieu, Xativa
(4),
l'ouverture de son testament
chez le notaire Francesch Dalmau. Aprs avoir pris connais-
sance de ses d-ernires volonts, ses |)arents et amis se proc-
cupent de faire apporter sa dpouille Gandie. Mais les com-
munications sont lentes et difficiles entre Balaguer et le
royaume de Valence. En outre, la guerre est engage entre Tlu
de Caspe et le comte d'Urgel. Balaguer est sur le point d'tre
assig par les troupes royales
(5).
Pendant ce temps on dresse l'inventaire de ses biens
(6),
afin d'excuter les legs que nous avons mentionns. Mais, pour
des raisons de haute convenance, la vente est ajourne aprs
le suprme hommage que s'apprtent lui rendre ses vassaux
et ses concitoyens.
Ce n'est que l'anne suivante, le l^'" aot
1414,
que le Roi
donne l'ordre
(7)
Mossn Ramon d'Empuries, son lieutenant
(1)
A. Paz y Mlia, loc. cit.,
p. 370.
(2)
D'aprs le Canoner de Paris. Bib. nat. Esp. 225, fol. 126. Cf. Torres
Amat, Dicc,
p.
371 et Mila, Resenija, 128 {Obras, III, 159).
(3)
Suum ultimum condidit testamentum receptum per discretum Fran-
ciscum Dalmau quondam notarium die nona Decembris anno Domini M
CCCC X et publicatum per dictum notarium die sexta dcima junii anno do-
mini M CCCC XIIIo, cum quo heredem suum universalem fecit Ausiam
March, filium suum, ad omnimodas voluntates... Valence, Arch, de la Curia
Eclesistica, A 22-187
(De homiliis ?
-Il n'y a pas de trait De
humilitate dans les uvres de Saint-Grgoire le Grand).
5. De Ignocent, sobre los siete salmos.
(Liber de con-
silio, Hist. litt., XXIX, 328, n 220).
27. Manipulus florum.
Samper
ajoute qu'il tait fils de Ramon March, seigneur d'Arampruny, et de dona
Elisen de Millas, de la maison des seigneurs de Millas, prs de Girone. Il aurait
eu, suivant lui, deux frres, Jacme et Lle, et une sur Yolanda. Jacme, l'an
de la famille, aurait succd son pre
;
Lle aurait t nomm par son frre
lieutenant-gnral du matre de Muntesa. Yolanda aurait pous Bonanat de
Vallebrera, de Murvedre. Mais on ne peut avoir que trs peu de confiance en
Samper qui parle souvent par ou-dire et a commis sur quelques points des
erreurs manifestes. D'autre part, J. Torres
y
Reyet ne mentionne pas Ramon
March parmi les seigneurs d'Arampruny. En outre, les Documents de Rubi
Y Lluch nous apprennent qu'en 1384 deux frres, Jacme et Pre March, qui
ne peuvent tre que les deux potes dont nous avons parl, taient en relation
avec un Lle March, sans dire quelle tait leur parent avec lui. Le contrat de
mariage de Pre March junior nous montre aussi Berenguer March faisant
partie, en 1409, du conseil de famille du petit-fils de Pre March le vieux. En-
fin Paz
y
Mclia affirme expressment que Berenguer tait frre do Pre le pote.
Ce sont l, il faut l)icn l'avouer, de fortes prsomptions en faveur de leur filia-
tion commune.
i
BERENGUER MARCH II. ARNAU MARCH
49
poursuivis sur l'ordre de la nouvelle reine Maria de Luna
(1),
et il est certain qu'il avait, comme Jacme et Pre, des gots
littraires assez prononcs, puisque, sur ses conseils, le domi-
nicain, frre Johan Romeu, traduisit les commentaires d'In-
nocent III sur les Sept psaumes de la Pnitence
(2).
En cher-
chant ainsi vulgariser les uvres d'un des plus grands pon-
tifes de l'Eglise, il a voulu^ comme le dit le traducteur^ dans
son Prolech, >< allumer le feu de la dvotion chez les indiffrents
et encourager les tides la prire et aux autres bonnes
uvres . Cette proccupation, si naturelle qu'elle ft chez un
homme plac la tte d'un ordre religieux de Chevalerie, d'une
milice place sous l'invocation de la Vierge Marie, le rapproche
de Pre March, presque toujours soucieux, nous le verrons,
de faire servir la posie la diffusion des ides morales.
Berenguer March fut arm chevalier Saragosse, le
14 avril
1399,
par le roi Martin, le jour mme de son couronne-
ment, et charg de la bannire de Saint-Georges
(3).
C'est de
lui que date d'ailleurs la runion des ordres de Muntesa et de
Saint-Georges
(4).
Il prit part, fen 1401. aux Corts qui eurent
lieu Segorb
(5)
et mourut San Matheu, le 8 mars 1409.
Arnau March a encore plus de titres figurer dans cette
gaierie de portraits. Pote un peu antrieur Auzias, il es!
vraisemblable qu'il a influ sur lui. Il nous a laiss, en effet,
quelques uvres dont la principale, la chanson tensonne
Presumptus cor pl de vanilais, a d tre compose de 1409
1422. Les chansonniers, qui nous l'ont conserve, rappor-
tent que la sentence par laquelle elle se terminait avait t
supprime, sur l'ordre de la reine Marguerite. Or l'on sait que
la reine Marguerite, femme de Martin I"*, marie le 17 sep-
tembre 1409, veuve le 31 mai 1410, s'est intresse aux lettres,
pendant les longs sjours qu'elle fit, aprs la mort du Roi,
Barcelone, Perpignan et Valence, et qu'elle est morte en
1422
(6).
C'est donc une poque o Auzias March n'avait pas
(1)
ZuRiTA, II, 10, ch. Lvii, fol. 415, col. 4 ;
Feliu, II, 340.
(2)
Voir plus haut,
p. 45, note.
<3)
Libre de Memories, p.
92
;
Zurita, II, 10, ch. lxix, fol. 433, col. 4.
(4)
Lib. de mem.,
p.
92.
(5)
Arch. de Osuna, 2206-1. Procesos de Certes, ad ann. 1401.
(6)
MiLA Y FoNTANALs,Otrtw, III, 334. Les dates que nous citons sont ex-
traites de P. DE BoFARULL, Los condes uindicados, II, 296.
Am. Pages.
Auzias March.
4
50 CHAP. III. ORIGINES PATERNELLES d'a. MARCH (sUITe)'
encore commenc crire cjue s'est exerce l'activit potique-
du protg de la reine Marguerite.
Mais il est difficile de savoir exactement c[uels taient leurs
liens de parent. Un Arnaldus March, i'icinus Gandie, assiste^,
le 20 avril 1373^ en qualit de tmoin^ une vente de cinquante
sous royaux de monnaie de Valence faite Johan de Cabreraj,
en prsence du notaire de Gandie^ Bartholomeu Dalmau^ par
les Sarrasins de l'alqueria dite Lo Rafal d'en Siscar
(1).
Quel-
ques annes plus tard^ le
1^^
fvrier 1406^ les protocoles de
Ramon Agualada le mentionnent comme alcaydus loci de Be-
niarj
(2).
On ]>eut identifier cet Arnau March avec celui
qu'A. Paz
y
Mlia considre comme un des frres de Pre March
et qui^ au moment o ce dernier rdige son testament^ c'est-
-dire le 9 dcembre 1410^ avait dj cess de vivre, puisque le
seigneur de Beniarj ordonne que ses cendres seront transpor-
tes de Foyos Valence dans la chapelle de la Seu.
C'est_, d'autre part, son fils, neveu, par consquent, de Perc
March, que s'adresse le legs de cinquante florins inscrit la
fin du mme document
(3).
On peut admettre que ce neveu de Pre March est bien l'au-
teur des posies attribues Arnau March, contemporain de
la reine Marguerite
(4).
Nos documents offrent quelques indi-
cations qui le concernent presque srement. Le 25 aot 1424,
sa femme Anthonia, uxor Arnaldi March, vicini ville Gandie
reconnat devoir Berenguer Bages, de Cullera, la somme de
sept livres royaux pour un mulet noir, precio unius mulli pili
negri
(5),
et, ce qui prouve tout au moins ses rapports avec
notre famille de potes, c'est que le mme bourgeois de Gan-
die sert un peu plus tard de tmoin dans un acte par lequel.
Elionor de Ripoll, veuve de Pre March, atteste qu'il lui a t
rembours par Francesch Ferrer la somme de trente hvres
(1)
Madrid, Archivo Ilistiico Nncional, n" 218. Parchemin.
(2)
Arch. de Osuna.
Gandia, n 1122.
(3)
Re^'. de Archivas, V, 370.
(4)
Les Archives d'Osuna {Gandia, n 1212 ;
Protocoles Pugeriol de 1417)
mentionnent, il est vrai, la date du 10 mars 1417, une vente faite au notaire
Guillcimo Ferrarii, de Gandie, d'une rente de 33 sous par Arnaldus March.
et Bartholomeus March, vicini ville Olive .
(5)
Arch. de Osuna, Gandia, n 1210. Protocoles P. Belsa, ad ann. 1423-24.
GNALOGIE d'aUZIAS MARCH 51
rovaux de Valence qu'elle avait donnes pour l'achat d'un
rente censive de cinquante sous
(1).
Voici donc^
(p. 52)^
si les rapports que nous avons cru d-
couvrir entre les prdcesseurs d'Auzias March sont tous fonds,
comment on pourrait reconstituer, dans ses lments essen-
tiels, sa gnalogie :
Certes ces pages n'ajouteront rien sa gloire et ne relve-
ront aucunement son mrite propre. Mais de telles recherches
ne paraissent cependant pas devoir tre inutiles l'tude de
la formation de son esprit et de sa posie. Quelque imperson-
nelle que puisse paratre son uvre, on ne peut la comprendre
entirement qu'en replaant l'auteur dans son milieu et pour
ainsi dire dans sa ligne.
La famille des Marchs n'est point de noblesse ancienne. Elle
appartient d'abord cette bourgeoisie qui constitue, Barce-
lone, la classe des citoyens honors. Mais ses premiers repr-
sentants sont dj pourvus d'emplois publics et ne tardent
pas s'lever aux plus hautes charges de la maison du Roi.
Notaires, trsoriers ou conseillers de la Cour, leur zle servir
les rois d'Aragon leur vaut l'honneur d'tre admis de bonne
heure dans la Chevalerie et de rehausser leur nom du prestige,
si grand l'poque, de la noblesse d'pe.
Leur fortune suit la mme ascension. Les rois rcompensent,
par des concessions de terres ou d'autres donations, leur d-
vouement leur personne et leur courage sur les champs de
bataille. A Barcelone et Valence, o le chef de la famille a
obtenu de Jacme
^'",
aprs la reconqute, quelques proprits,
le patrimoine familial s'agrandit et peut, vers le milieu du
xv^ sicle, tre ddoubl sans dommage pour le nom.
Les biens de Barcelone et la seigneurie d'Arampruny de-
viennent l'apanage d'une branche de la famille, ceux de Va-
lence et de Gandie, avec le fief de Beniarj, sont attribus n
l'autre.
(1)
Arch. de Osuna, Gandia, nP 1212. Protocoles P. Belsa, ad ann. 1426.
52 CHAP. III.
ORIGINES PATERNELLES d'a. MARCH (sUITe)
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CARACTRE DES MARCHS 53
Avec la richesse augmentent les loisirs. A la Cour du Roi ou
dans l'entourage des ducs, les savants et les potes se donnent
rendez-vous. On devise d'armes et d'amour au son de la mu-
sique des jongleurs. Le monarque lui-mme et ses plus hauts
barons se piquent d'crire dans la langue la plus avenante et
la plus fine ,
suivant Ramon Vidal de Besal, en limousin >',
ou plutt en provenal.
Elevs dans un tel milieu, les Marchs inclinent naturellement
vers les belles-lettres. Ils croient que le got des tudes litt-
raires est compatible avec la valeur militaire, et ils diraient
volontiers avec le marquis de Santillana ; La sienia non
embota el fierro de la lana, nin face floxa el espada en la mano
del cavallero
(1).
)
Tous reoivent d'ailleurs une ducation foncirement reli-
gieuse. Mais les cadets, qui ne peuvent aspirer ni aux titres ni
aux dignits, se consacrent plus particulirement l'tude de
la thologie en entrant dans le clerg ou la dfense de la reli-
gion et de la civilisation en s'affiliant aux ordres militaires.
Aussi la posie ne sera-t-elle point pour eux un simple dlasse-
ment, ni une pure distraction, mais surtout un instrument de
propagande morale ou religieuse.
Issu d'une famille de chevaliers, comptant parmi ses pa-
rents collatraux des ecclsiastiques ou des guerriers sou-
mis une discipline monacale,fils, neveu et cousin de potes
soucieux de moralisation, Auzias March ne pouvait que diffi-
cilement se soustraire toutes ces influences, et il serait trange
que de tels exemples et une hrdit aussi multiple n'aient pas
laiss quelques vestiges dans l'esprit et dans l'uvre d'un
crivain, en qui toutes les forces vives de la race devaient
s'panouir comme dans son dernier rameau.
(1)
Ohras del Marqus,
p.
24,
CHAPITRE IV
ENFANCE ET JEUNESSE D AUZIAS MARCH
Une petite ville^ enserre dans de hautes murailles qui la
dfendent encore contre les rvoltes toujours possibles des
musulmans^ moins d'une lieue de la Mditerrane avec la-
quelle elle communique par une platja ou grau qvie frquentent
les barques catalanes. Dans cette forteresse
(1)^
sur un des
bords de la rivire d'Alcoy^ dont les "mandres se droulent au
milieu de Vorta la plus riante, le palais o Alphonse, marquis
de Villena et duc de Dnia, reoit l'hommage de ses vassaux.
C'est Gandie o Auzias March nat, vers
1397,
probablement
dans une maison du Carrer major
(2),
peut-tre mme dans une
de celles que son quadrisaeul avait reues, en 1249, de Jacme I^^
le Conqurant.
Aucun texte n'affirme expressment que notre pote a vu
le jour Gandie. Mais ses parents
y
taient installs l'poque
de sa naissance, et, comme nous le verrons, il
y
a pass lui-
mme son enfance et sa jeunesse. Si donc il se nomme valen-
cien dans une de ses dernires posies :
La velledat en Valencians mal prova
e no se com yo fassa obra nova,
(CXII, 9-10),
(1)
Voy. la description de Viciana, Segunda parte de la Crn. de Val.,
pp.
24
et suiv.
(2)
Romania, XVI, 196.
GANDIE
55
c'est qu'il est n dans le royaume de Valence et valencien par
cela mme ou qu'habitant la ville de Valence vers la fin de sa
vie, au moment o il crit ces vers^il a pu la considrer comme
sa seconde patrie.
Gandie est presque entirement habite par des chrtiens
et jouit des liberts communales depuis le
1^
novembre 1323,
de par la volont de Jacme II
(1)
;
mais la population des envi-
rons est, sauf de rares exceptions, compose de Sarrasins
rduits une sorte de servage. Excellents agriculteurs, ils
continuent faire, par leur travail opinitre, la prosprit de
cette rgion
(2).
Leurs matres seuls ont chang, car ils jouis-
sent, sous la domination chrtienne, du libre exercice de leur
culte et de leurs lois. Comme le dit Auzias March lui-mme :
Tenir sa ley, e, si es moro, una,
e Deu ladonchs lo far segur d'ell.
(XXX, 59-60).
Le marquis de Villena, duc de Dnia, comte de Ribagora, etc.
ne rside que rarement dans ce pays. Il prfre ses possessions
du Nord. Mais, depuis 1370 environ, son vassal. Pre March,
dont il a dj apprci la valeur sur les champs de bataille, le
reprsente, en vertu d'une procuration gnrale, dans toutes
les villes, chteaux, lieux et seigneurie qui sont en son_ pouvoir
sur le territoire de Valence. C'est un chevalier sans peur et
sans reproche, un administrateur habile, et aussi, ses moments
de loisir, un crivain qui admire les troubadours et croit
J'minente dignit de la science et de la posie.
Mari une premire fois, il a eu, comme nous avons cru pou-
voir l'induire de plusieurs faits, quatre fils, dont l'an devait
jjorter le mme prnom que lui et est mort en bas-ge.
Devenu veuf, il pouse, Valence, le 2 septembre 1379,
Elionor de Ripoll, avec l'espoir d'avoir un autre fils qu'il
appellera Pre, comme le premier qu'il a perdu. Mais, si la date
du mariage indique par D. A. Paz
y
Mlia est exacte, il semble
<jue les joies de la maternit aient t refuses pendant long-
temps sa seconde femme.
(1)
ElArchiiv, IV, 323.
i(2)
Cronica del rey en Pre, per B. Desclot, ch. l, d. Buchon, p. 605.
56 CHAP. IV. ENFANCE ET JEUNESSE DAUZIAS MARCH
Une fille lui nat. Il lui donne le prnom de Peyrona^ la
plaant ainsi sous la protection de saint Pierre^ auquel taient
vous les fils ans dans sa famille. Il doit renoncer au rve
qu'il avait fait^ une seconde fois, de transmettre son patri-
moine, avec ses titres et dignits, un enfant mle qui lui
succderait entirement. Sa dconvenue se change en la plus
profonde affliction, lorsqu'il s'aperoit que sa fille est sourde-
muette de naissance.
Un autre fils vient heureusement attnuer sa douleur. C'est
Auzias, n, avons-nous dit, vers 1397, mais plutt avant
qu'aprs. Cette date reste simplement probable parce qu'elle
rsulte du rapprochement de deux faits, l'un certain, mais
indtermin, l'autre dtermin, mais invoqu dans un acte de
procdure. Disons cependant qu'il faut renoncer dfinitive-
ment le faire natre, en 1381, comme l'a propos D. Ant. Paz
y
Mlia_, s'appuyant unic{uement sur la date du mariage de
son pre avec Elionor de Ripoll. D. Ant. Paz
y
Mlia nous
apprend, d'autre part, que Pre March a mancip son fils le
8 janvier 1409, en mme temps qu'il lui a fait donation de la
seigneurie de Beniarj et autres lieux. Il est facile, ds lors,
de reconnatre que la date de 1381 est trop avance, car, ce
compte, Auzias March n'aurait t mancip qu' 28 ans.
Un des renseignements de D. A. Paz
y
Mlia lui-mme nous
permet d'entrevoir tout au moins la vrit. Si Pre March
mancipe son fils Auzias, c'est pour qu'il puisse, avant sa mort
qu'il sent proche, lui cder tous ses droits. Or il est prsumer
qu'il a accompli cet acte ds que son fils a atteint l'ge requis,
c'est--dire 12 ans. En plaant sa naissance aux environs de
1397, il avait donc 12 13 ans au moment o son pre rdi-
geait ses dernires volonts
(1).
Cette date est encore confir-
me par le Mmorial de la Audiencia de Palma qui fixe 1422
la reddition par Elionor de Ripoll des comptes de tutelle de
(1)
Remarquons que, d'aprs les Furs (liv. V, rubr. VI, fol. 3, 10, 14),
la
majorit de 15 ans fait cesser la tutelle pour les deux sexes. Auzias March,
soumis en 1409 la tutelle de sa mre, n'avait donc pas enoore 15 ans.
D'autre part, la substitution que son pre fait en faveur de Pre March /vu'or
nous permet d'aboutir la mme consquence, car le fds qui n'avait pas
15 ans ne pouvait pas tester (Furs, Hv. VI, rubr, IV, fol. 43, 102) : d'oii la n-
cessit de cette substitution. Cf. Ch. de Tourtoulon. op. cit., II, 262 et suiv.
SAINT AUZIAS DE SABRAN 57
son fils
(1).
D'o il est possible de conclure qvi' cette date
Auzias March avait dpass sa majorit.
Auzias^ prnom nouveau, inconnu jusque-l en Catalogne et
qui a longtemps exerc en vain la curiosit des biographes. Il
faut
y
voir, comme je l'ai tabli ailleurs
(2),
le nom vulgaire de
saint Elzar de Sabran, dont l'histoire singulire mrite d'tre
conte. N en Provence, prs d'Apt, en 1285, ce riche seigneur,
fils du comte d'Ariano, Hermengaud de Sabran, pouse, l'ge
de dix ans, Delphine de Glandenez. Mais la jeune fiance a
vou Dieu sa virginit, et, le soir de ses noces, exhorte son
mari suivre son exemple, lui citant pour modles sainte C-
cile et saint Valrien, saint Alexis et sa femme et d'autres
saints et saintes qui ont gard la continence monastique sous
le toit conjugal. Elzar, touch de la grce, fait alors le mme
vu, et, pour s'aider le garder, se soumet, aux cts de sa
femme, la discipline la plus austre et au jene le plus rigou-
reux. Il meurt Paris en 1325 et est canonis en 1369. Quant
sa femme, elle fut simplement batifie
(3).
La renomme de saint Auzias dpassa fies limites '^de la Pro-
(1)
E l'altra cxcepcio que s diu per la part altra es que la dita Na Elionor
de Ripoll fonch tudriu de Mossen Auzias March, son fill, de la quai administra-
cio no don compte, e pero resta deutora al dit son fill, lo quai deute hauia de
pagar la dita Na Peyrona com a hereua de la dita Na Elionor llur mare. La
quai excepcio no obsta, car la dita Na Elionor, en aprs fet major son fill mos-
sen Auzias, fonch per aquell diffinida, e resta aquell deutor en .VIII. milia
y
tants sous, los quais lo dit Mossen Auzias March li confes deure ab contracte
de resta de finament de comptes. E no obsta dir lo que diu la part altre,
que ladita Na Elionor, aprs de formar lo dit debitori dels dits .VIII. milia
DLXXXVI sols II. dinars, aquella hauria administrt e rebuts los fruyts del
dit Mossen Auzias, los quais prenien tanta sumaque pa gauen los dits .VIII.
M. DLXXXVI sols II, e restaua en poder de aquella la major cantitat
;
al que
satisfent, se diu que en l'any .XXII. fonch lo dit compte e format dit debitori, e en
aprs cessa esser ver que la dita Na Elionor de Ripoll rebes fruyts ni rendes
algunes de dits lochs, e si alguna cosa rebe ho rebe com a procuradriu del dit
Mossen Auzias March, son fill, per lo quai altre vegada fonch diffinida ab carta
rebiida per en Frances Dalmau a XXXI. de Maig any mil CCCCXXIV
;
e de
aqui auant no rebe pus res per que, en l'any XXV., Mossen Auzias March hauia
fet procurador a Lluch Pons notari per a que li rebes ses rendes. E per o no
obsta tal excepcio...
(2)
Romania, XVII, 189.
(.3) De Forbin d'Oppde (la marquise), La Bienheureuse Delphine de Sa-
bran, Paris, 1883, in-8",
p.
44 et suiv.
58 CHAP. IV. ENFANCE ET JEUNESSE DAUZIAS MARCH
vence^ et^ dans l'Espagne du nord-est^ se rpandit vite le rcit
de la chastet exemplaire des deux povix^ bien faite pour
merveiller des esprits entichs des thories de l'amour pur.
Un imitateur des troubadours tel que Pre March ne pouvait
pas mettre son fils sous un patronage plus agrable son cur
de pote,
Auzias n'a jamais parl de son pre, aucune allusion ne lui
chappe. Mais il dit, non sans quelcjue arrogance de grand sei-
gneur :
Yo so aquest que m dich Auzias March !
(CXIV, 88).
Ce n'est pas seulement un aveu de sa propre valeur, (/est
aussi un hommage indirect cette longue srie d'aeux qui ont
donn, avant lui, un peu d'clat au nom qu'il porte.
Tout ce que nous savons de celle qui, aprs lui avoir donn
le jour, veilla sur ses premires annes, se rduit quelques
lignes d'actes officiels. Peut-tre cependant convient-il de voir,
dans un de ses vers, un tmoignage de la tristesse qui devait
assombrir le visage de sa mre, chaque fois que ses regards se
portaient sur Peyrona, la pauvre sourde-muette. Heureux,
dit la femme du peuple Jsus, heureux le ventre cjui te porta !
Malheureux, dit, avec une sorte de rancune, le pote Auzias,
malheureux le ventre d'o je suis n;
D'un ventre trist exir xn'ha fet Natura !
(LVIII, 29).
II
Quelles furent son enfance et son adolescence ? Nous ne
pouvons gure que le supposer ou plutt le deviner d'aprs ses
uvres.
Damoiseau ou donzell, c'est--dire fils de chevalier, il tait
destin hriter du fief paternel, et le mtier des armes devait
^tre sa carrire naturelle. Il semble qu'il en ait fait l'appren-
SON EDUCATION 59
tissage de bonne heure auprs de quelque chevalier de haut
rang, peut-tre auprs du duc de Gandie lui-mme^ l'accompa-
gnant la chasse^ dans ses voyages ou dans ses expditions,
tirant de rarc_, maniant la lance et rpe, soignant les chevaux
et les prsentant son matre
(1).
Edvication rude et de plein
air. Une de ses strophes les plus connues nous en signale les
fatiffues :
No m pren axi com al petit vaylet
qui va cercant senyor qui festa 1 faa,
tenint-lo calt en lo temps de la glaa
e fresch d'estiu com la calor se met...
(LXVIII, 1-4).
Il as&iste de brillants tournois dont un souvenir se retrouve
dans 'cette comparaison :
Null junyidor no feu encontre tal
d'on fos content com yo veent lo rench.
(LX, 31-32.
(1)
Ce sont les exercices que nous dcrira, avec quelque ironie, le valencien
Jacme Roig, dans son Spill, compos vers 1460 :
Un cavalier
gran bandoler
d'antich linatge
me prs per patge :
ab ell vixqu
fins que n'ixqui
ja home fet.
Ab l'hom discret,
temps no hi pcrdi :
d'ell aprengui
de ben servir,
armes seouir :
fuy caador,
cavalcador
dels bons dels rgnes,
bona ma n rgnes,
peu,
y
sperons,
de tots falcons
y
de sparver,
ginet, coser,
de cetreria,
menescalia,
sonar, ballar,
fins a tallar,
ell m'en monstr.
(Ed. Roque Ciiabas, v.971-995).
60 CHAP. IV. ENFANCE ET JEUNESSE d'aUZIAS MARCH
Quelques-uns de ces travaux font encore l'objet des vers
suivants :
Tt cavalier en com,
poch li val temprar lo cos,
ne dret estar sobr'aspre dos
d'un fort cavall e b rgir,
si Is afs d'armes vol fugir,
,
tt quant ha fet es quasi va.
Aigu es qui b junyir
e luytar vestit e nuu
que jams vesti arns cruu...
(CXXYIII, 320-329).
Il a connu et probablement aim les ftes pompeuses et les
solennits qu'il affectera plus tard de mpriser. Les chansons
de geste et les romans de Chevalerie l'ont aussi agrablement
charm :
Colguen les gents ab alegria festes
Places, carrers e delitables orts
sien cercats, ab recont de grans gestes.
(XIII, 1, 3-4).
Segons de molts havem hoydes gestes,
crehent los tais qui descolen les festes.
(XLIII, 22-23).
Mos fets d'amor ab los Romans acorden.
(LXXIII,
5).
C'est sans doute aussi dans ces ftes et dans ces delitables
orts y>, o se runissaient les potes de Barcelone et de Valence^
l'imitation de ceux de Toulouse
(1),
que notre page reut ses
premires leons de galanterie obligatoire. Mais son esprit s-
rieux se porta de prfrence vers la pratique des vertus prives
et sociales qui taient l'honneur de la Chevalerie. Il put en lire
l'exposition la plus complte et la plus susceptible de lui
plaire_, non seulement dans le Libre del orde de Ca^ayleria de
matre Ramon Lull, mais encore et surtout dans le pome de
(1)
Ilist. de Languedoc, X, 193.
LES SEPT ARTS
61
son pre sur le Harnois du Chevalier, vritable code en vers du
parfait gentilhomme.
Pre March avait des gots littraires trop marqus pour
que son fils n'ait pas t initi^ durant ces annes dcisives de
la premire jeunesse^ la science et aux arts qui florissaient
son poque.
Nous ne savons ni o ni comment l'instruction lui fut donne.
Mais il est certain qu'il a t un de ces clercs maris de plus en
plus nombreux en Espagne
(1)^
comme en France
(2)^
partir
du xiv^ sicle, en dehors des rois et des princes, tels que Jean I^^
d'Aragon et Charles de Viane, en dehors mme des notaires et
des avocats qui avaient t autrefois les seuls laques lettrs.
Sous la direction de ses matres, quels qu'ils furent, le jeune
Auzias traversa le Trivium et le Quadrivium. Il apprit d'abord,
sous le nom de Grammaire, le latin, langue curiale, universelle,
qui devint bientt comme sa langue maternelle. De la Dialec-
tique ou Logique et de la Rhtorique, quelques traces subsis-
tent jusque dans ses dissertations potiques sur le Bonheur
(3).
La Musique ne lui est pas inconnue et il lui emprunte plusieurs
mtaphores
(4).
Des autres parties du Quadrivium, Arithm-
tique, Gomtrie et Astronomie, il n'y a gure que la dernire
lui en
contestent le droit. Auzias March se pourvoit alors auprs de la
Cour du Gouverneur, en se fondant sur ce fait que, pendant
plus de quinze ans, Yhayhe et sa femme ont eu Beniarj leur
domicile continu et principal et qu'ils ont pay pendant tout ce
temps leurs droits de vasselage. Il rclame encore du demandeur
le serment de bonne foi, et, le 26 mars 1450, le gouverneur
Don Johan Roiz de Corella, rend un jugement d'avant faire
droit ordonnant de laisser les choses en l'tat, sans prjuger le
fond, sous peine de mille florins.
Auzias March est ml, vers la fin de sa vie, un autre procs
dont il nous est malheureusement impossible de connatre l'ori-
gine. Dans les registres de la Cour du Gouverneur figure, la
date du 7 janvier 1458, une mention
(3)
indiquant qu'une
plainte a t porte par l'honorable Na Elionor, femme de
(1)
A. Gimnez Soler, op. cit., p.
224.
(2)
Valence, Arch. gen. del reyno. Curia del gobernador. Litium ad an. 1450,
cah. II, fol. 25.
(3)
Ibidem. Diversorum Valentie Joan. II, n 18, fol. 77.
84 CHAP. V.
l'ge mur. la vie publique d'auzias march
l'honor En Francesch de Vilanova contre l'honorable Mossn
Ausias March . Cette note a t biffe. Mais, par une premire
lettre du roi Juan, qui n'est encore que lieutenant du roi Al-
phonse, nous apprenons que si, d'une part, Elionor de Vilanova
accuse Auzias March, celui-ci, par une sorte de demande recon-
ventionnelle, porte contre son mari, Francesch de Vilanova,
l'accusation de crime. Le roi Juan, devant qui l'affaire est vo-
que, dcide qu'il
y
a lieu de laisser Auzias March en libert el
de s'emparer, au contraire, de Francesch de Vilanova pour l'in-
terrogatoire et le jugement duquel il dsigne tout d'abord, en
qualit d'assesseur, le docteur en droit Johan de Gallach, citoyen
de Valence.
Le 2 aot 1458, Francesch de Vilanova n'est pas encore jug.
Auzias March se plaint., La roi Juan, qui vient d'tre appel au
trne d'Aragon par la mort de son frre le Magnanime, dcide
qu'il
y
a lieu d'examiner cet homme coupable d'avoir per-
ptr )), suivant son accusateur Auzias March, divers crimes
normes . Il recommande de le tenir enferm et sous bonne
garde
(1).
Mais, le 23 septembre, l'affaire est encore l'instruc-
tion, faute par le roi d'avoir nomm un assesseur aux juges ordi-
naires de la Cour du Gouverneur, Cette dsignation est faite la
demande d' Auzias March et de Garcia de Boray, procureur du
fisc royal
(2)
.
III
Quelle fut son attitude envers la royaut dans les dlibra-
tions des Corts auxquelles il prit part durant cette seconde partie
de sa vie ? Rien ne nous permet de le savoir. Trois fois cepen-
dant, il V reprsente Vestament militar^ comme il l'avait fait dj,
lorsqu'il n'tait encore que damoiseau. La premire fois, ce fut
Mont, en 1435, aprs la dfaite de Ponza
(3).
La reine Marie,
qui prsida aux dbats, invita les dputs des trois royaumes
prendre les mesures ncessaires pour aider son malheureux
(1)
Ibid., Comune Valcncie D"^ Joan Segundo, n 2, fol. 7 v.
(2)
Ibid. Comunes Valentie Joan. II,
nO
1, fol. 42.
(3)
Barcelone. Arcl. de la Cor. de Aragon, Procesos de Cortes, t. XXXII,
fol. 7.
SA PARTICIPATION AUX CortS
85
poux. Six galres furent quipes^ et^ places sous les ordres de
Bernt Johan de Cabrera, elles allrent grossir l'escadre du roi
Alphonse, en Italie
(1).
Ces secours taient insuffisants. Le roi de Navarre, revenu
d'Italie, o il avait t fait prisonnier avec son frre, convoc[ua
de nouvelles Corls, cette fois-ci particulires, en 1436. Sur la
liste des Valenciens, qui se runirent Morella, le 15 janvier
1437, nous relevons les noms des chevaliers Auzias et Alphonse
Mardi
(2).
Des contributions supplmentaires pour la guerre
d'Italie furent consenties de toutes parts
(3).
Dix ans ajjrcs, en 144G, a lieu, Valence encore, une session
des Corts sous la prsidence du roi de Navarre. Auzias Mardi
y
sige
(4),
et, dtail qui mrite d'tre relev, charge aussitt
aprs son fils Francesch March, par une procuration en bonne
et due forme, de toucher rindemnit (salariu-n) c|ui lui revient
de ce chef
(5).
De tous ces faits, o nous voyons Auzias March dans son rle
de seigneur et surtout de seigneur justicier ou justiciable, une
conclusion se dgage pour ainsi dire d'elle-mme. Trs attach
ses prrogatives, il les exerce avec le sentiment le plus vif
de son importance. De ses vassaux il exige la soumission et le
respect. Vis--vis de son suzerain, le duc de Gandie, qui presque
toujours ne fit qu'un avec le roi ou son lieutenant, vis--vis des
magistrats publics qui les reprsentent et. revendiquent de plus
(1)
V. Balaguer, op. cit., VI, 73.
(2)
Valence, Arch. gen. del reyno, Comunes R. D. Juan (1433-39), li'o I
;
Cu-
rise Joan. 2 (1436-1479), lio I.
(3j
V. Balaguer, l. c, 75.
(4)
P. FusTER, Bib. valenciana, I, 24, emprunte ce renseignement Borrull
Y ViLANOVA, Exposicin la Acad. de S. Carlos, p. 6, note 5. Ce dernier l'a ex-
trait d'un ouvrage sur les Furs
y
Corts imprim Valence en 1482.
(5)
Arch. de Osuna, Gandia, n 1210, Protocoles P. Belsa, ad ann. 1446.
Ibid., 1210,
janvier
(?)
1457, il reoit
(?)
1400 sous de Jacme Dalmau.
(4)
Arch. de Osuna, Gandia, 1210, Prot. P. Belsa : le 18 juillet 1432, il paie
150 sous de rente entre les mains de Franccsch Dalmau, notaire de Valence, et
100 sous Felip Boyl et sa femme Agns ;
le 18 septembre, 120 sous Fran-
cesch Dalmau.
le
1^' juillet 1438,
Berenguer... de Gandie.
le 17 janvier 1457,
Auzianus March, miles, dominus loci de Beniarjo , nomme Anthonium
Garcia , de Dnia.
(1)
Romania, XVII, 191, 203.
)
Vol,, sur ce point ,.0.
prenure ,..*
sur la
a,ro,,o,sie
*fP';: '';,';;.
.,:! Marrft,
dans
Rommia,
XXXVl,
211 et
s,v., el le chap.
VU
,<le
duction notre
dition
critique.
110 CHAP. VIII.
Ce manuscrit a t acquis
rcemment par la Bibliothque de l'Institut d'Estudis Catalans.
Am. Pages.
Auzias Mardi.
"
130 CHAP. I. LA POSIE CATALANE AU XIV^ SIECLE
OU qu'elle n'ait pas de mari^ je puis lui exprimer par mes
chants le grand amour que j'ai pour elle^ afin de la disposer
plus vite devenir ma femme ou pour proclamer ses bonnes
qualits, ses belles manires et son maintien honnte, en sorte
qu'un autre se hte de la prendre pour femme et que sa bonne
renomme se rpande parmi ceux qui ne la connaissent pas. Si
elle est marie, je puis galement la chanter pour la louer, pour
clbrer son beau maintien et ses bonnes manires et pour r-
pandre sa bonne renomme
(1).
Mais ce qui finit par les proccuper plus encore que le fond,
c'est la forme. Ils s'attachent imiter leurs prdcesseurs,
redire ce qu'ils ont dit. On ne doute pas certains moments
qu'ils aient cd au plaisir facile du pastiche.
Le besoin d connatre les lois des genres traditionnels, les
procds mathmatiques grce auxquels on peut gagner
coup sr les violettes, glantines et autres fleurs artificielles
du Gai Savoir, les dtermine bientt codifier de nouveau,
aprs Hue Faidit et Ramon Vidal, les rgles de leur art. Ja-
mais on n'a compos plus de traits potiques, plus de gram-
maires, plus de dictionnaires de rimes qu' cette poque.
Alors qu'on n'en compte gure que trois, dont un crit par un
catalan, pour la priode classique de la littrature provenale,
il en reste sept au moins pour le xiv sicle
(2).
On n'invente
plus, on inventorie.
Les Catalans ont pris une grande part l'laboration de ces
savants travaux.
Un an aprs le premier concours de Jeux floraux, suivant
l'expression que l'on adoptera plus tard, le chancelier du Con-
sistoire, Guilhem Molinier, est officiellement charg de rdiger
le trait de prosodie, grammaire et rhtorique, connu sous le
titre de Flors del Gay Saber ou Leys d'amors. L'uvre n'est
acheve qu'en 1356. Nous savons, par la rdaction la plus longue
qui en a t faite, que Molinier avait t aid ou plutt conseill
par un certain Bortholmieu Marc
(3).
Mais, comme les Flors
(1)
Leys d'amors, III, 124.
(2)
Voyez Mila, Antiguos tratados de gaya ciencia (Revista de Archivas, VI,
313 ;
Obras, III, 279).
(3)
E adonx comezero de bocca a mestre Guilhem Molinier, savi en dreg,
que el fes e compiles las ditas reglas, am cosselh del honorabble e reveren
senhor mossen Bortholmieu Marc, doctor en leys. Hist. de Lang., X, 184.
Cf. p.
205 et 342.
TOULOUSE ET LA CATALOGNE
131
ont t non seulement copies pour tre envoyes telles quelles
en divers lieux^ mais encore rsumes par l'auteur lui-mme
et que le seul exemplaire de cet abrg versifi se trouve en
Espagne
(1)^
on peut supposer que ce Bortholmieu Marc est
un catalan qui a concouru ce travail de copie ou d'abrvia-
tion ou tout au moins qu'il a t fait sa demande ou sur ses
conseils pour servir aux Catalans. Si nous ajoutons, d'autre
part, que le prnom de Bartholomeu a t usit dans la famille
des Marchs et que, comme nous l'a appris A. Paz
y
Mlia, le
pote Pre March lui-mme a eu un frre ainsi appel, on ad-
mettra comme possible qu'un membre de la famille March
soit venu en France, ds le milieu du xiv^ sicle, pour
y
chercher
les recettes potiques de l'Ecole Toulousaine
(2).
Cette hypothse est rendue plus vraisemblable par ce fait
qu'un second rsum, mais celui-l en prose, du livre de Moli-
nier, a t compos peu prs la mme poque par Jean de
Castellnou, un des sept mainteneurs du Consistoire de Tou-
louse, la demande du ^( noble En Dalmau de Rochaberti,
fils de feu le trs noble En Dalmau, vicomte de Rochaberti .
Ln peu auparavant il avait coinment et critiqu le Doctrinal
de trohar de Ramon de Cornet et adress son Glosari l'infant
Pierre, comte de Ribagora, fils de Jacme II d'Aragon,
celui-l mme que Cornet qualifie ainsi, dans la conclusion de
son ouvrage :
Mos libres es complitz.
Dieu ne sia grazitz
E la Verges Maria
;
E vuelh que donatz sia
A'n Pedro, filh del Rey
D'Arago, qar \o vey
Savis, cert e valen
E de trobar saben
(3).
(1)
Ce manuscrit, provenant du monastre de San Cucufat del Valls, se
trouve actuellement aux Archives de la Couronne d'Aragon. Cf. Mila, ihid.,
506 ;
Chabaneau, Hist. de Lang., X, 179. Une copie en a t faite par Tastu
en 1837, et figure la Mazarine sous la cote 4526.
(2)
Remarquons aussi que Bortholmieu Marc ne se trouve mentionn ni
parmi les mainteneurs, ni parmi les honorabbles senhors de capitol de Tho-
losa , ni enfin parmi les bourgeois, licencis, docteurs ou marchands qui les
accompagnent.
(3)
J. B. NouLET et C. Chabaneau, Deux manuscrits du A'7T'^ sicle, Mont-
peUier-Paris, 1888, in-S,
p.
214. Cf. Mila, Obras, III, 288.
132 CHAP. I. LA POSIE CATALANE AL XIV^
SIECLE
On comprend ds lors combien furent troits les rapports
qui unirent la Cataloone et le Consistoire de Toulouse. Cette
institution fvit en quelque sorte commune, durant cette pre-
nire priode, aux crivains des deux cts des Pyrnes. C'est
rinfant Pierre, oncle du roi Pierre IV d'Aragon, qui parat
avoir favoris ses dbuts ce rapprochement littraire. Pote
lui-mme, il avait protg les potes
(1)
avant de revtir,
comme certains troubadours de jadis, la robe de saint Fran-
ois (1358).
Son fils Alphonse
(2)
n'hrita pas seulement de
ses titres, auxquels il ajouta plus tard celui de dvic de Gandie,
mais aussi de son amour des lettres : nous avons vu ce qu'il fut
pour Pre Mardi.
A l'influence de l'infant Pierre est d, au moins en partie,
le govit pour la posie provenale que manifestrent sa nice
Constance
(3),
femme de Jacme II de Majorque, et surtout
son neveu Pierre IV le Crmonieux. Celui-ci, qui professait
pour le talent de son oncle une relle estime, puisqu'il lui en-
voyait, le 8 juin 1355, un sirvetitesch sur le bon air et la no-
blesse )) de l'le de Sardaigne
(4),
avait d'abord cultiv la posie
amoureuse, puis trait des sujets plus austres, donnant l'un
de ses fils des conseils sur la Chevalerie
(5)
ou raillant l'autre
d,u mariage qu'il venaitde contracter malgr sa volont
(6).
Sous
(1)
Le chroniqueur Muntaner raconte (chap.
298)
qu'il composa une dana
un serventesch et une chanson qu'il chanta lui-mme ou fit chanter par les jon-
gleurs En Romaset, en Comi et En Novellet, l'occasion du mariage de son
frre, le roi Alphonse III, en 1327. Cf. Mila, Ohras, III, 306.
Le 8 mai 1331,
le fils d'Alphonse III lui recommanda son jongleur Allons Fernndez (A. Rubi
Y Lluch, Documents, I, 101).
(2)
Voy. sa gnalogie dans notre article de la Revista de bibliografia caialaua,
, 133.
(3)
Mila, Ohras, III, 457. Son fils l'infant Jacme de Majorque (-j- 1375)
aimait aussi la posie. Le dominicain Fr. Pre Saplana, qui avait traduit la
Consolalio de Boce, lui conseillait, dans sa ddicace, de mettre le livre en
rimes pour qu'il ft plus plaisant , e srie m semblant, Senyor, que vos qui
sabets be la art de trobar vos occupassets en lo dit libre de fer-lo en rimes, per
o que
fos pus plasent. (Libre de Consolacio
;
dit. Aguil, dans la Bihlioteca
Catalana)
.
(4)
Archivio Storico Sardo
(1906), II, 434. Cf. Rubi y Llucii, Documents,
L
168.
(5)
P. DE BoFARULL, Los condcs de Barcelona vindicados, II, 272
; Cf. Rubi
Y Llucii, op. cit.,
p.
276.
(6)
Ibid., 288. Cf. Rubi y Lluch, o. c,
p.
281.
t
PRINCIPAUX POTES 133
son rgne et suivant son exemple fleurit toute une pliade de
potes. C'est d'abord Pau deBellviure que nous mettons en tte_,
pour rester fidle au tmoignage un peu vague de Santillana
(1)^
et qu'une seule strophe contre les femmes a rendu clbre et
signal Auzias March. Ce sont surtout les chevaliers Jacme
March et Pre March^ frres par le sang et par l'esprit^ Tun
attach la Cour du Roi^ l'autre la personne de son cousin
Alphonse_, comte de Ribagora et de Dnia. Citons encore le
vicomte Felip Dalmau de Rocaberti_, qui participe avec Jacme
March une tenson ou plutt un dbat entre l'Hiver et
VEt dont le Roi lui-mme prononce la sentence
(2),
Bernt de
S^ contemporain^ nous le verrons^ de Pre March et en rela-
tions potiques avec lui^ Bernt Metge qui^ en 1381,
compose
des noi'es rimades intitules par Mil Libre de Fortuna e Pru-
dencia
(3),
et le majorquin Guillem de Torrella qui crit, vers la
mme poque et dans le mme mtre, une fable plus cu-
rieuse qu'intressante
(4).
Nous ne connaissons que le nom de
Guerau de Queralt qui vient de nous tre rvl par une r-
cente publication
(5).
En revanche, plusieurs nouvelles
anonymes du manuscrit de Carpentras tel qu'il tait dans son
tat primitif, peuvent tre attribues la mme priode, parce
qu'elles trahissent les mmes influences trangres.
Pour la premire fois, en effet, au moment mme o les
potes catalans s'efforcent visiblement d'affranchir la langue
littraire de l'norme tribut qu'elle avait pay jusque-l au
limousin
ou au provenal et cju'il ne reste plus dans leurs
vers qu'un petit nombre de termes exoticfues, la littrature de
la France du Nord, aprs celle de la France du Midi, envahit
la Catalogne. Plus qu'autrefois les livres franais sont recher-
chs et lus avec avidit. Ds le 21 juillet 1339,
le roi Pierre IV
d'Aragon en demande un sa sur et ajoute qu'il aime beau-
coup lire de tels ouvrages (en leyr taies libros trobemos plazer
(1)
Op. cit., 10.
On sent dj chez Pau de Bellviure l'influence des
romans bretons. Voir le dbut de sa chanson Dompna gentil dans Mil,
Obras, III, 459.
(2)
T. Amat.,
p.
367
;
Baselga, Cane, de Zaragoza, p.
25.
(3)
MiLA, Obras, III, 378.
(4)
Ibid.,
p. 365.
(5)
RuBio Y Li.ucH, op. cit., 251.
134 CHaP. I. LA POSIE CATALANE AU XIV^ SIECLE
e recreacion
} (1),
Les infants et lui^ comme nous le prouve leur
correspondance
(2),
achtent^ font copier ou traduire, prtent
aussi les romans bretons Lancelot
{3),
n le livre
de la Table
Ronde, Mhadus, Guiron le Courtois, Tristan, etc., ainsi que
les Chroniques des rois de France. En 1385, l'infant Joan em-
prunte Le March, nomm dans la mme lettre que Jacme et
Pre March, et, presque certainement, leur parent, le livre
de Godefroy de Bouillon )>
(4).
La France ne leur fournit pas seu-
lement des livres, mais aussi des tapisseries reprsentant
Charlemagne, le roi Artus, la Table Ronde, le Chastel d'Amour,
Godefroy de Bouillon
(5).
Le Roi aime tout particulirement
les scnes de Chevalerie et l'on sait avec quel soin il rorganise
cet ordre dans ses Etats.
Parmi les romans venus de France, les uns sont en prose,
d'autres en vers octosyllabiques rimant deux deux. Ce mtre
est aussi celui des lais bretons dont quelques-uns, ayant pn-
tr en Catalogne, au mme moment et peut-tre sous quel-
ques-uns des titres prcdents, devaient tre chants par des
jongleurs ambulants ou })ar ceux de la Cour. Certes il avait t
employ dans la littrature morale, didactique et mme
pique de la Provence, et notamment dans le Brei>iari d'amor,
trs populaire en Catalogne. Le catalan Ramon Vidal s'en
tait servi pour son Castia-gilos. On le retrouve mme encore,
au dbut du xiv sicle, dans le Salut d'amour
(6),
pome cata-
lan rempli, suivant le procd de Matfre Ermengau, de cita-
tions empruntes aux troubadours. Mais c'est certainement
sous l'influence de la littrature franaise qu'il reprend, au
Sud-Est des Pyrnes, une vogue inattendue dans les longues
compositions potiques moins savantes, sinon plus popu-
laires que les autres, et qu'on appelait noves rimades, d'un
nom driv encore du provenal. Mais si la forme de ces nou-
velles )), com.me celle des lais narratifs franais, est le plus sou-
(1)
Ibid.,
p. 118.
(2)
Ibid.,
p. 119, 126, 135, 141, 146, 172, 196, 201, 278, 314.
(3)
Sur une traduction catalane en prose du Lancelot, acheve le 16 mai
1380, YoirRei^. de bibliog. cat., III, 9.
(4)
Ibid.,
p.
331.
(5)
Ibid.,
p. 157, 170.
(6)
Romania, XX, 193.
LES GENRES ET LES UVRES POTIQUES 135
vent le vers de huit syllabes^ certaines offrent cependant des
vers de sept ou mme six syllabes : d o l'on peut conclure que
le nom de ?ioi'es rimades s'est appliqu toute posie en rimes
apparies. D'autre part^ ce genre de posie seiTible avoir port
aussi dans quelques cas^ au xiv sicle tout au moins, le noiTi
de lay, en souvenir des lais bretons, inais cette appellation ne
tarde pas tre rserve aux noi>es rimades d'un caractre l-
giaque qui furent combines, sous le noin de codolada, avec
la cobla capcaudada des provenaux, et devinrent trs popu-
laires en Catalogne partir du xv^ sicle
(1).
De ces noires rimades, les unes, visiblement inspires par les
livres imports de France
p.
448.
I
(4)
Rei'. de Bibliog. cat., I, 44
;
Mila,
p.
10
;
p.
448.
(5)
Mila, Obras, III, 334.
(6)
Voyez ci-dessus, p.
49-50.
(7)
Baselga, op. cit., p.
19.
ARXAU MARCH
181
malheureusement suivi d'un jeu de mots qui nous choque :
De cors de cor, de boca per so dir :
Ecce ancilla Domini
;
jiat mihi secundum verhum tuum.
Le vers de la natU'itat de J.-C, suivant l'vanoile de saint
Jean^ qui commence par Un novell frui/t exit de la rebaa
(1)
et
comprend douze huitains^ une tornada et une endre^a^ ne res-
semble aucunement aux Nols populaires. 11 n'y a pas de posie
plus savante. La thologie la plus abstruse s'y donne libre car-
rire et
y
prend pour auxiliaire la philosophie d'Aristote,
comme en tmoignent ces vers o il dfinit Dieu :
Un pensament concebut acabat,
Acte perfet, eternal, insensible.
C'est assurment un avant-got de ce que nous offrira bien-
tt la Muse scolastique d'Auzias Mardi.
Dans le septain^ que nous a conserv la codolada de Pre
Torroella
(2),
nous rencontrons le couplet^ obligatoire chez les
potes de l'potjue^ sur le vasselage amoureux. Plus intres-
sante pour nous est sa Cano d'amor tenonada
, bien
qu'il
y
mette aux prises deux abstractions^ l'Entendeinent
(lo seny) et le Cur. L'Entendement reproche au Cur son
orgueil qui le pousse rechercher les honneurs (grans estais)
o il n'a trouv que tristesse et envie. Le Cur rpond qu'il
espre malgr tout et cju'il vaut mieux jouir d'un peu de bonheur
(henanana) que passer sa vie dans la vulgarit. Quelque
grandes souffrances qu'il doive en rsulter pour lui_, il s'engagera
dans l'amour des dames cjui a t, pour tant de hros, la source
de la gloire : Bni soit, ajoute-t-il, l'orgueil qui fit valoir Tris-
tan, Lancelot, le roi Alexandre, et aussi le haut prince Galeot,
Palamde
(3),
Brunehort
(4)
et Agravain
(5),
Agamemnon qui
(1)
Ibid.,
p. 322.
(2)
Ibid.,
p.
187.
(3)
G. Paris, op. cit.,
63.
(4)
Personnage du roman de la Table Ronde Claris et Laris. Cf. ///.s7. liiL,
XXX, 127.
(5)
P. Paris, Les Romans de la Table Ronde, III, 316
;
Hist. litt., XXX, 72,
89, 266.
182 CHAP. II. LA POSIE CATALANE DE 1393 A 1430
commanda les Grecs et conquit tous les grands Troyens. Si
donc^ l'orgueil me fait valoir grce aux dames^il
y
en a eu beau-
^coup d'autres avant moi !
Be hag' erguU qui fech valer Tristany,
e Lanalot, e 1 rey Alaxandri,
de Galeot fait princep atrasi,
Palomides, Brunor e-s Agrauany,
Agamanon fonch dels Grechs capita,
conqueridor de tots los grans Troyans.
Si donchs ergull, migencant dones, fa
valer a me, molts d'altres son abans !
(Paris, B. N. Esp. 225
;
v. 49-56).
Ce dbat^ dont la sentence a t omise sur l'ordre de la reine
Marguerite
(-J-
1422)^
permet de classer Arnau March parmi les
potes moralistes qui ont prcd Auzias. Elle est remarquable
aussi par ses allusions aux romans franais et dnote la faveur
dont ils jouissaient encore^ au dbut du xv sicle^ auprs des
Catalans et des Valenciens.
Mil
(1)
rapporte la mme poque le Testameut d'En Bernt
Serradell de Vich, o est mentionn, ct de Tristan et de
Lancelot, un Gobernal qu'il faut identifier sans doute avec
Guvernal ou Governal^ un autre hros de la Table Ronde
(2).
Des romans bretons procdent aussi les Retgles d'amor, en
prose, que Ton a attribues Domingo Masc, jur de Valence
et vice-chancelier ou chancelier des rois Jean I^'^ et Martin I^^(3).
Ce n'est, en ralit, qu'un fragment de traduction
(4)
du livre
(1)
Obras, III, 352.
La date exacte est 1419. Le texte a t publi par
M. Aguilq, Canoner de les obretes en nostra lengua materna mes divulgades
durant los segles XIV, XV e XVI, Barcelona,1873,
in-4o.
(2)
De Lanalot ni Gobernal, Mai s'es legit... C'est un cuyer de Tristan.
Voy. Le Roman de Tristan par Thomas,
p.p.
J. Bdier, [Socit des Anciens
textes
franais, 1902), in-8, vers 2132 et
p. 34, 35. Cf. La folie Tristan de
Berne,
p.p.
J. Bdier (mme collection, 1907). v. 455 et 459.
(3)
Ferrer y Bign, op. cit., 27
; Mass Torrents, Manuscritos Cat. de la
Bib. de S. M.,
p. 36 ; Morel-Fatio, Kat. Lit., p.
110.
('i) Voici, d'aprs le manuscrit 2. Ll. I de la Bib. du roi d'Espagne Madrid,
fol. 46 v**, les premires lignes de cet ouvrage : De les retgles d'amor.
Ara
vengam a les retgles d'amor. Galter, yo m esforare quet mostre les retgles
d'amor ab gran breuitat, les quais lo rey d'amor, ab la sua propria bocha, dix
encara, don aquelles par escrit a tots amants. Car hun cavalier de Bretanya
INFLUENCE DE LA FRANCE 183
d'Andr le Chapelain^ De arte honesle ainandi, qui contient,
comme Ta dit Gaston Paris
(1),
Je code le plus complet de
Tamour courtois tel qu'on le voit en action dans les romans
de la Table Ronde y). Plusieurs crivains eatalans, et, en parti-,
culier, Auzias March
y
ont puis, comme ncus le verrons,
quelques-unes de leurs ides sur l'amour. Signalons enfin,
comme appartenant la mme zone d'influence
,
le Testament
d'amor, crit aussi en prose par un anonyme, vers la fin du
xv sicle, en lo castell de la Perillosa Guarda
(2)
.
Mais, ds cette poque, quelques crivains songent se lib-
rer de rnorme tribut que la littrature catalane paie depms
longtemps la France. L'auteur de la nouvelle de Frrc-de-
Joie
(3)
refuse de parler franais, quelque belle langue c{ue ce
soit. Bernt Metge, de son ct, abandonne, on l'a vu, les mtres
subtils et complic[us des troubadours pour le genre plus facile,
mais plus prosaque, des noves rimades. Mais Tun et l'autre em-
ploient encore des formes limousines . D'autres, au contraire,
prtendant ne rien entendre l'art de trouver , comme le
pote des Cobles de la divisi del rgne de MaUorca
(4),
se rsi-
gnent n'crire que des couplets grossiers en parler catalan
(algunas copias grosseras en parlar catal), ou, s'ils sont ins-
truits dans la potique provenale, au point cju'ils en devien-
nent les interprtes, comme Llus d'Avers
(5),
ils revendiquent
le droit de le faire en catalan et s'crient firement : Puisque
denientre que ell anas a veure tt sol la selua del rey Artus, e com fos entrt
dins la selua, huna joue fembra, la quai era plena de marauellosa bellesa e
caualchas hun marauellos cauall tota en cabells va exir a carrera a aquell ca-
valier. La quai lo caualler salud encontinent e ella respos-li ab cortesa pa-
Taula... Il est facile de reconnatre dans ce passage le chap. VIII d'Andr
le Chapelain : De regulis amoris.
Nunc ad amoris rgulas accedamus.
Rgulas auiem amoris sub multa tibis, Gualteri, conabor ostendere brevitate,
quas ipse rex amoris are proprio dicitur protulisse et cas scriptas cunctis aman-
tibus direxisse. Nom quidam Britanniae miles dum solus causa videndi Ar-
turum silvam regiam -peragraret... (Andreae Capcllani regii Francorum de
Amore, d. E. Trojel,
p. 295).
(1)
G. Paris, op. cit.,
104.
(2)
Boletin de la Sociedad Arqueolgica Luliana, III, Sept. 1890, p.
289-296.
(3)
Romania, XIII, 275.
(4)
MiLA, Obras, III, 328.
L encore (str. 18 et 19)
se trouvent des
souvenirs du roi Artus et du Roman de Troie.
(5)
Ibid., 295.
184 CHAP. II. LA POSIE CATALANE DE 1393 A 1430
je suis catalan^ je ne dois pas me servir d'une autre langue que
le catalan (car pus jo son catal, no m dech servir d'altra len-
guatje, sin del meu) !
Il
y
a, chez Folquet de Marseille
(Rayn., Choix, III, 156),
des dizains plus compliqus encore, en ABBACBB
AA.
(6)
Voy. ci-dessus, p. 146, note 1.
(7)
Cane, de Baena, I,
p.
277.
252 CHAP, III. ALZIAS MARCH ET LES TROUBADOURS
rcents^ dont quelques-vins appartenant la Castille . Une
seule fois^ il abandonne tout fait les mtres des troubadours
pour adopter Varte mayor des Castillans dans sa brve
de-
manda ))
Johan Moreno^ Ab molta rah me desenamore, mais
il
y
retrouve^ sans le savoir^ un type de vers que la France du
Nord avait mis en honneur ds le xiii^ sicle
(1).
Partout ailleurs ce ne sont que strophes de dcasyllabes
ordinaires et rarement d'octosyllabes^ unissonants, capcaudats,
croals, etc,^ tous parfaitement conformes la technique de
TEcole Toulousaine. Il n'est pas jusqu'au jeu quelque peu
puril des allitrations qu'avaient dfini les Leys (I^ 186) sous
le nom de rims derwatius, dont on ne trouve un spcimen dans
la spara Si m demanau lo greu turment que pas.
Quant au style^ il nous rappelle chacjue instant celui des
troubadours. Mil
(2)
lui-mme n'hsite pas reconnatre leur
ressemblance pour la forme des comparaisons. La plupart
y
sont^ en effet^ composes de deux parties. L'une^ commenant
d'ordinaire par Axi com ceJl, Si coin, Si col, etc.^ pose^ ds le dbut
de la strophe, le terme objectif du rapport. C'est une chose,
un tre, un fait qui offre quelque analogie avec la situation ou
les sentiments du pote. La seconde, place la fin de la mme
strophe ou dans la strophe suivante, continue par ces mots
Axi m'ha prs ou Pren m'enaxi, et dcrit les motions mmes
qu'il prouve, ses tats subjectifs. L'image, comparaison ou
mtaphore, ne fait pas corps avec l'ide
;
elle la prcde et la
prpare. Souvent une seule ne suffit pas
; ce sont trois et quatre
faits concrets dont chacun est comme le symbole figur de ses
dispositions intimes. Ce procd, driv de la posie latine et
assez frquent chez les troubadours, a pris, avec Auzias March_^
une plus grande extension, mais le tour
y
est plus grave, com-
pass, moins gracieux. La matire de ces comparaisons n'est
d'ailleurs ni trs noble, ni trs varie. Plus sovivent encore que
(1)
A. Morel-Fatio, L'arte mayor et l'hendcasyllabe,
p. 3 (Extrait de la Ro-
mania, XXIII). Cf. Hisl. litL, XXIII, 580.
(2)
Trovadores en Esp.,
ire
d.,
p. 487 {Obras, II, 516). Mil rapproche des
vers X, 1-16 d'Auzias March une comparaison de Peire Espagnol (Rayn.,
Choix, V, 314) et ajoute que le pote catalan dveloppe plus que les proven-
aux. Le fait est quelquefois exact, mais les ides exprimes par P. Espagnol
n'ont aucun rapport avec celles d'Auzias.
LE STYLE 253
le Roi et le vassal_, le marin
(1)^
le mdecin, le malade, le
vieillard, Termite, le condamn mort, etc., en font les frais.
Mais, quelles qu'elles soient, elles produisent sur le lecteur,
pour peu qu'il connaisse les troubadours, l'impression du dj
vu
.
En revanche, le caractre le plus saillant de la langue d'Au-
zias March est d'tre nettement catalane. Pour la premire
fois, la posie d'au-del des Pyrnes renonce l'idiome pro-
venal. Et cependant nous dcouvrons
et l quelques restes
de l'ancienne langue littraire. L'exemple le plus curieux est
celui que nous offrent les vers :
E fin' amor de mi s partr breument,
E si com fais drut cercar dlit.
(VIII, 3-4).
L'expression de fais
drut, -< faux amant , se rencontre dans
Gaucelm Faidit
(2)
et probablement chez d'autres troubadours.
(1)
Pren m'enaxi com al patr qu'en platja
t sa gran nau e pens' haver castell.
Veent lo cel esser molt clar e bell,
creu fermament d'un 'ancor' assats haja.
E sent venir sopts un temporal
de tempestat e temps incomportable :
leva son juhi que, si molt es durable,
cercar los ports mes qu'aturar li val.
(II, 1-8).
Cf. FOLQUET DE LuNEL :
E pren m'en cum al marinier,
quant s 'es empenhs en auta mar
per esperansa de trobar
lo temps que mais dezir'e quier,
e quant es en mar prionda,
mais temps e braus sa nau sobronda
tant quel perilh non pot gandir,
ni pot remaner ni fugir.
{Quant beulatz, Ed. Eichelkraut)
(2)
Qu'ieu non ai ges tal coratge,
Cum li fais drut an
Que van galian,
Per qu'amors torna en soan.
(Rayn., ChoLr, III, 284).
254 CHAP. III. AUZIAS MARCH ET LES TROUBADOURS
Elle n'tait plus comprise en Catalogne au xvi^ sicle et a
donn lieu, chez les copistes et les diteurs d'Auzias March,
aux interprtations les plus fantaisistes. D'autres mots gardent
le sens un peu spcial qu'ils avaient dans la posie provenale,
par exemple tart et apercehiit
(1)
(V, 24 ; LXXI,
65). On re-
trouve encore quelques formes provenales er (X,
21);,
enquer
(XCVII, ll),a}/cell {XYU,Al),cesi{U,
32),
k ct de leurs qui-
valents catalans, et une seule fois, la prposition de aprs le
comparatif : pus fort dolor d'aquesta (XIII,
20) (2).
Ainsi l'on peut dire des posies amoureuses d'Auzias March
ce qu'on a dit du Canzoniere de Ptrarque
(3)
: l'imitation des
troubadours
y
clate de toutes parts, non pas que les passages
que nous avons cits soient ncessairement la source unique
et directe des vers correspondants de notre auteur, mais parce
qu'il connaissait srement des textes trs analogues. Il s'tait
si bien assimil la posie provenale qu'il ne pouvait, et pour
le fond et pour la forme, que la continuer. Il a voulu tre un
pote la manire de Guiraut Riquier ou de tel autre trouba-
dour moraliste. Il
y
a sans doute plus de dlicatesse, plus de
couleur, moins de scheresse dans ses modles. Mais, quelle
que soit la diffrence des talents et des langues, malgr la di-
versit des temps et des lieux, on croit parfois, en lisant le
pote catalan, avoir sous les yeux quelque chansonnier pro-
venal. En un mot, c'est un troubadour attard.
Et pourtant il serait impossible d'apprcier compltement
Auzias March, si on ne voyait en lui qu'un dernier rayon de la
posie provenale. Son talent est plus complexe, son uvre
plus profonde.
(1)
Cf. FOLQUET DE MARSEILLE :
Sitt me sxii a tart aperceubutz.
(Bartsch., Chr., 119).
(2)
Cf. Bertran Carbonel :
Aisi co am pus finamen
de negun autre aymador...
Car enaisi engan' aquel la gen
pus sotilmen d'autre enganador...
(Appel, Pyop. Ined.,
p. 57, 61)
(3)
GiDEL, Les troubadours et Ptrarque, Angers, 1857, in-8,
p.
103.
CONCLUSION
255-
Auzias March aspire, nous l'avons dit, aux dlices de l'amour
pur, mais il se sent aussi attir vers des plaisirs moins nobles.
C'est un homme tiraill en sens contraires, qui souffre de l'im-
possibilit de satisfaire les tendances opposes de sa double
nature. De l cette mlancolie, ce rel mcontentement de
soi-mme qui assombrit ses posies plus que celles des autres
troubadours.
Son uvre est en mme temps plus scientifique, et, partant,
plus abstraite et plus aride. Il ne se contente pas de dcrire les
effets de l'amour en pote amoureux de belles images et de
rimes sonores. Quelque soin qu'il apporte la forme, on sent
que le fond est encore ce qui importe le plus Auzias March..
Il analyse ses passions comme un psychologue habitu
scruter les mobiles du cur humain, comme un philosophe-
recherchant mthodiquement quelle est l'essence et quelles
sont les diverses modalits de l'amour.
C'est par ces deux caractres qu'il s'loigne des troubadours
de la priode classique et qu'il dpasse mme ceux de la dca-
dence.
Est-ce bien l que rside son originalit ?
CHAPITRE IV
LES POSIES AMOUREUSES
(
Sldle
)
. RAPPORTS d'aUZIAS MARCH
AVEC DA>"TE ET PETRARQUE
De la Provence l'Italie il n'y a qu'un pas. En tudiant l'in-
luence qu'ont d exercer les Italiens sur Auzias March nous
ne quitterons pour ainsi dire pas la posie des troubadours o
est contenu en germe tout l'art de Dante et de Ptrarque. Ces
affinits secrtes ne semblent pas avoir chapp aux potes
catalans. Vers la fin du xiv^ sicle^ Lorenz Mallol imite, dans
des strophes encore demi-provenales, une canzone de P-
trarque
(1).
Mais c'est surtout durant le premier tiers du
xv^ sicle que la Catalogne tourne ses yeux du ct de l'Italie.
Alphonse V d'Aragon entreprend la conqute du royaume de
Naples et invite ses compatriotes en mettre mieux profit les
richesses artistiques et littraires. Vers 1429, la Divine Comdie,
lue depuis longtemps la Cour d'Aragon, est traduite par un
autre provenalisant, un algutzir du Roi, Andreu Febrer.
11 a pour compagnon d'armes Jordi de Sent Jordi qui feuillette
son tour les Rime de Ptrarque et en reproduit quelques anti-
thses dans une de ses chansons la mode provenale.
On sait aussi qu'Auzias March avait guerroy en Sardaigne
contre les Gnois, en 1420. D'autre part, ses relations avec le
Magnanime, dont il avait t le grand fauconnier Valence
et cjui il continuait fournir, aprs la reddition de >saples,
des animaux pour la chasse, son allusion aux Tables Eugubines
(1)
Voy. ci-dessus, p.
186.
l
DANTE 257
rcemment dcouvertes prs de Prouse, ses ptres au nouveau
roi napolitain^ Lucrce d'Alagno et au bouffon royal^ Mossn
Borra, tout prouve que, s'il n'a pas connu par lui-mme l'Italie^
il tait du moins au courant de ce qui s'y passait et s'intres-
sait mme aux premires manifestations de la Renaissance.
Il est naturel^ ds lors^ que cet admirateur des romans fran-
ais et des chansons provenales ait subi l'attrait de la Muse
italienne.
En vain, a dit un minent critique espagnol, a-t-on voulu
rattacher son platonisme erotique aux chansons des proven-
aux. L'amour trs raffin, quintessenci^ mtaphysique et
abstrait d'Auzias March vient directement de la Vila jS uoi>a
et du Corii'wio, et quelque peu du Canzoniere de Ptrarque. Le
gnie d'Auzias le poussait davantage vers le premier, bien qu'il
ait fait profession et tir vanit d'imiter le second. Il ne nous
est pas possible de souscrire entirement ce jugement que for-
mulait, en 188.'), D. M. Menndez
y
Pelayo (I). Certes Auzias a
d se sentir plus attir par la gravit philosophique de Dante^
et nous lui dcouvrirons peut-tre aussi, notre tour, plus de res-
semblances avec l'amant de Batrice qu'avec celui de Laure.
Mais on rapprocherait en vain de ses posies la \ ita Nuova et
le Conviio. La description que nous offre le premier de ces
ouvrages, ainsi d'ailleurs que les Canzoni, de l'amour idal, des
maux et des langueurs o il jette celui qui le ressent, avait t
faite maintes et maintes fois par les troubadours
(2),
et c'est
eux que Dante en avait emprunt directement, ou par l'in-
termdiaire des potes du dolce stil nuovo, les principaux l-
ments. C'est eux aussi que s'tait adress Auzias March et
il en avait rapport des traits si prcis et si particuliers qu'on
ne saurait douter, encore une fois, malgr l'autorit inconteste
de D. M. Menndez
y
Pelayo, qu'il les ait recueillis sur le sol
mme de la Provence. Quant aux ides
philosophiques du
Convwio, elles ne peuvent avoir inspir l'analyse minutieuse
({ue fait Auzias des passions de l'ame humaine dans ses chan-
(1)
Ilist. de las ideas esllicas n Espana, I, 393.
(2)
Voy. A. Jeanroy, Grande Encyclopdie, art. Dante, p.
893.
C'est aussi
l'opinion d'ART. Farinelli (Appunti su Dante in Jspagna, p. 37)
et il ajoute
qu'il a de la peine croire qu'Auzias March ait connu la Vila Nuova ni un quel-
conque des opra minora de Danle.
Am. Pages.
Auzias March.
>
^258 CHAP. IV. DANTE^ PETRARQUE ET AUZIAS MARCH
sons d'amour, et, s'il
y
a, sur d'avitres points de doctrine, une
parent indiscutable entre les deux potes, cela tient unique-
ment la communaut des sources auxquelles ils ont puis,
c'est--dire la scolastique.
D. M. Menndez
y
Pelayo ne dit rien de la Diidne Comdie.
C'est cependant le seul ouvrage de Dante qu'Auzias March
ait connu avec certitude, puisqu'il le cite dans ces vers :
bon' amor a qui Mort no triumpha,
segons lo Dant historia recomta.
(XLV, 89-90).
'.
bon amour, dont la Mort ne triomphe pas. suivant l'his-
toire que raconte le Dante.
Ce passage mal compris jus-
qu'ici, cause du texte fautif in amor... qu'en ont donn tous
les diteurs, ne se rapporte pas, comme on l'a dit
(1),
l'pisode
de Francesca di Rimini. Il ne saurait
y
tre question que de la
Comdie mme, de cette histoire qui nous raconte com-
ment l'union de Dante et de Batrice a pu persister aprs la vie
terrestre. C'est un effet du vritable, du bon amour, de cette
amiti parfaite, dans laquelle, ajoute le pote, une mme me
gouverne deux corps , Citation intressante qvii nous rvle
le sens profond c[u'attribuait Auzias March la Dii'ine Comdie.
Elle tait essentiellement pour lui le rcit de l'affection pure
et rciproque que Dante et Batrice s'taient voue. C'est la
mme interprtation qu'aboutit M. Jeanroy, lorsqu'il dit de
la Divine Comdie et de son immortel auteur que l'ide de
son amour toujours vivant pour Batrice plane sur tout le
pome
(2).
h'Etifer est celle de ses trois parties cjui semble avoir laiss
le plus de traces chez le pote catalan. Dsespr, il dclare,
dans la chanson Colguen les gents, qu'il renonce toute joie.
Il veut vivre avec les morts auxquels il ressemble plus qu'aux
(1)
B. Sanvisenti, 1 piimi influssi diDatUe,
p.
387 et A. Farinelli, op, cit.,
p.
37.
(2)
Op. cit., p.
896.
LA DIVISE COMDIE
259
vivants et interroger^ comme le grand Alighieri^ les mes infer-
nales :
e vaja yo los spulcres cercant,
interrogant animes infernades,
e respondran, car no son companyades
d'altre que mi en son continuu plant.
(XIII, 5-8).
Cette plainte continuelle
que font entendre les mes de
l'enfer rappelle bien < les clameurs dsespres, les plaintes des
damns qui, suivant Dante
{Inf., l, 115-117), rclament
grands cris une seconde mort .
Fr. Pelayo.
Briz a imprim en otros tiempos, dans son dition de 1864, p.
VII.
(4)
Dans la traduction Montemayor et Romani, imprime en 1579.
(5)
Cits par V. Mariner.
(6)
Traltato del debito del CavalUera, Parma, 1596, 4, p.
118.
PTRARQUE
ET AUZIAS
MARCH
265
tonioBuoni,
le
portuoais
Odoardo
Gomez
(1),
Diego de Saave-
dra
(2)
etc
Euoenio de
Salazar,
dans sa Sili'a de poesia, le place-,
rsolument
ava^nt
Ptrarque (3).
Vicente
Mariner,
qui a traduit
en
distiques
latins
toutes les
uvres
d'Auzias
March, est, a vrai,
dire, fort
embarrass.
On lui a
dit
qu'il tait
contemporain
de
J-acme le
Conqurant.
Ptrarque
a donc pu
l'imiter.
Bien mieux,
ne lui a-t-on pas
rapport
qu'
Florence
ou
possdait,
crites de
la main mme de
Ptrarque,
des
posies
d'Auzias
Mardi
?
Cela
lui suffit, et, aussitt,
il ajoute
qu'il a bien pu
les copier lors cl un
voyage Lombez
dans
les
Pyrnes !
Mais,
d'autre
part, Juan
de Resa affirme
qu'Auzias
March a
vcu au
milieu de
xve sicle-
du temps de
Calixte
III. A qui
ajouter
foi ?
Dcidment
con-
clut-il navement,
il est
bien
difficile
de
savoir la
vente (4).
Ainsi, faute
d'esprit
critique,
la
plupart
des
crivains
du:
xviie sicle voient dans
notre
auteur
l'inspirateur
de
Ptrarque,,
jusqu' ce qu'un
diteur
du
Canzoniere,
Alessandro
Tassom,.
raillant ceux
qui veulent
faire
d'Auzias
March
une
antiquaille
d'Eo-ypte
,
mette fin leurs
anachronismes.
Aprs
lui, J. Ko-
driguez
(5),
Fr. de
Sarmiento (6),
et
Ant.
Snchez
(7)
se ren-^
dent
l'vidence.
.
A la fin du
xvine sicle la
discussion
est
close.
Mais, en
dehors
de Tassom,
qui s'est
efforc
d'tablir
quelques
rapprochements
entre
Ptrarque
et
Auzias
March,
tous
s'en
sont
tenus
dans
les
deux
camps des
affirmations
gratuites
ou
de
purs
racontars.
III
Il faut
arriver la
deuxime
moiti
du
xixe sicle
pour trou^
ver en
Espagne un
essai de
dmonstration,
avec
preuves
al ap-
(1)
Cit,
ainsi que Buoni,
par
A.hssandro
Tassoni,
Rime di Fr.
Pelrarca...
con le
considerazioni
ri.edute e
ampUaie,
Modne, 1711,
m-4,
p.
xxii.
(2)
Repblica
Literaria, 1670, p.
32.
^
3 Cit par A. F.k......
ap. .U, p. 46,
d'-P-^--H.o.Jn.a,o,
IV, m
(4)
Vincentii
Marinerii
VakrUini
opra omnia,
Tournay, 1633, 8 ,
p.
51^
suiv. (Cf. l'Introd. not. d.
crit.
, p.
93).
(5)
Biblioleca
Valentiria, 1747,
4,
p.
68.
, ,.
j A 177=i
(6)
Memorias
para la hisl.
de la poesia
y
polas
espanoles,
Madrid,
177o,
^^
^l''pLl?CastelUnras
anieriores al siglo XV,
Madrid, 1779,
I, 56,
note 151.
264 CHAP. IV. DANTE^ PETRARQUE ET AXJZIAS MARCH
pui;, de rinfluence de Ptrarque sur Auzias March. Il est l'uvre
d'Amador de los Rios
(1)
et ne porte que sur les chansons
d'amour traduites en castillan par Georges de Montemayor.
Plus complet que Tassoni, Amador de los Ri'os envisage cepen-
dant les mmes exemples^ mais tous deux sans aucun effort
pour en faciliter le contrle, avec des rfrences insuffisantes.
C'est une raison de plus pour en faire une tude attentive,
mais en suivant le classement de notre dition.
XIII. CoLGUEN LES CENTS AB ALEGRIA FESTES.
Cette chanson^ dit Amador, a une certaine saveur ptrar-
quiste, sans expliquer en quoi ni pourciuoi.
Nous
y
avons
signal plus haut au moins une allusion incontestable la
DU'ine Comdie.
XV. Sl'PRES CRANS MALS UN BE M SERA CUARDAT.
Les vers 17-32 sont une rminiscence ptrarquiste, dit encore
Amador.
On en pourrait dire autant de la plupart des stro-
phes d'Auzias March. Il
y
reproche sa dame sa froideur et son
indiffrence. Que de potes en ont fait autant sans avoir jamais
lu Ptrarque !
XXIII.
Lexant a PART l'estil dels trobador^.
Amador est ici plus prcis. Auzias March imite, dit-il, les deux
premiers vers du sonnet 224 :
Cara la vita e dopo lei mi pare
Vera onest, che'n bella donna sia,
dans les vers suivants, dont il souligne le
2^
et le
3^
:
Tots som grossers en poder explicar
o que mereix un bell cos e honest.
Jovens gentils, bons sabents, l'an request,
e, famejants, los cov endurar.
(v. 17-20).
(1)
Hist. crit. de la lit. esp., VI, 496-523.
PTRARQUE ET AUZIAS MARCH 265
Il
y
a loin de la distinction entre la por i'ilana et la por
gentil qu'tablit Auzias March et la honte qvie fit prouver
Ptrarque^ tout occup de Laure^ sa chute dans un ruisseau.
15.
On peut en dire autant des vers 229-230 :
Car la rah contrasta l'apetit
e l'apetit n'obeheix la rah,
qu'Amador compare ce vers du sonnet 80 :
La voglia e la ragion combattuto anno...
(Lasso, ben so...).
et,
quelquefois aussi, J. Gardair, Philos, de Saint Thomas, Les Passions et la i'O-
lont, Paris, 1892, in-12.
(2)
Manifestum est quod homo non est anima tanlum, sed aliquid compo-
situm ex anima et corpore (S. Th., I, 75, 4).
UNION DE l'aME ET DU CORPS
289
CXXIII_, 40). C'est elle qui est le principe, non pas seulement
de
la pense, mais encore de la vie corporelle et du mouvement.
Aussi notre pote loue-t-il l'intelligence de sa darne parce
qu'elle gouverne un peuple de penses subtiles et imprime
son beau corps un impeccable mouvement :
Venecians no lian lo rgiment
tan paciffich com vostre seny regeix
suptilitats que l'entendre us nodreix
e del cors bell sens colpa I mouiment...
(1)
(XXIII, 33-36).
C'est que l'me est prsente tout le corps et pntre en
mme temps dans chacune de ses parties
(2),
en sorte que
l'ablation d'un membre ne peut aucunement la faire prir, pas
plus qu'un dplaisir ne saurait mettre fin l'amour qui occupe
l'me tout entire :
Axi com es en nos l'anima tota,
en tt lo cors e tota'n cascun membre
;
tallant alg, no cal per ao tembre
que per aquell ella romanga rota :
la mi 'amor es en lo tt d'aquesta...
(CXVI, 131-135),
C'est dans cette union troite de l'me et du corps que rside,
suivant Auzias March, la cause mme de son malheur, de son
impuissance raliser l'amour pur. De l aussi son dsir tant de
fois exprim et jamais satisfait de se donner la mort
L'arma coman a Deu lo qui l'ha fta,
lexant lo cors desastruch per malastre,
Ja no li plau de sos volers lo rastre,
puys ab dolor viu per ell, no discreta...
(LXXVI, 29-32).
Ni la connaissance sensible, ni 1 amour lui-mme ne pour-
raient se produire, si l'me et le corps n avaient pas d'troits
rapports. C'est par l'intermdiaire du corps que l'me reoit
l'impression des objets extrieurs. C'est par l'intermdiaire des
(1)
Cf. LXI, 22.
(2)
Unde oportet animam esse in toto corpore, et in qualibet ejus parte...
Unde non dividitur per accidens, scilicet per divisionem quantitatis... [S. Th.
I, 76, 8).
A:.:. Pages.
Anzics Mardi. 19
290 CHAP. V. POSIES AMOUREUSES. SOURCES SCOLASTIQUES
yeux, comme Tont bien compris les troubadours, que l'amour
s'introduit dans l'me humaine.
Per nostres ulls l'hom d'est' amor s'enflama...
(LXXXVII, 131).
Lo gest dels ulls e de aquells la forma
fet han en mi passi molt estranya,
per l'apetit que lot per carn se guanya
ab altre molt que d'opini s forma...
(CXVI, 121-124).
Les espces sensibles, qvi'admettait saint Thomas avec toute
la scolastique et auxquelles nous avons vu Auzias March faire
une allusion assez obscure
(1),
tablissent cette communication
entre le monde extrieur et nous.
Si nous considrons maintenant l'me en elle-mme, dans ses
proprits les plus hautes, dans sa vie intellectuelle, nous trou-
vons l'Entendement et la Volont par lesquels elle se distingue
du corps, et la Mmoire, qui garde encore des objets les images
sensibles, mais dont l'Entendement dgage peu peu les espces
intelligibles. Ces trois facults que Ramon Lull compare aux
trois personnes en Dieu
(2),
et qui, suivant Dante, acquirent
plus de subtilit aprs la mort
(3),
Auzias March nous les repr-
sente, dans une de ses plus intressantes chansons, comme trois
cits invincibles appartenant au mme roi. Un soldat valeureux
s'en empare enfin, aprs un vif combat, puis il laisse la tte de
deux d'entre elles, comme vassal, leur ancien seigneur, condi-
tion qu'il renonce la troisinae et en perde mme le souvenir.
7est ainsi qu'Amour a triomph des trois puissances de son
me
(4).
Il a pris ensuite pour conseiller son Entendement, pou\
(1)
Voy. ci-dessus, p.
213.
(2)
Hist. Lia.,
XXIX, 109.
(3)
Mem^oria, intelligenzia, e voluntade.
In atto moto pi che prima acute.
[Purg., XXV, 83-84).
(4)
Un imitateur d'Auzias, Pre Seraf, dira plus tard :
Los trs poders que l'esperit procura,
Enteniment, memoria
y
voluntat,
Guian aquell ab tanta potestat
Qu'en llur parer tt son poder atura.
[Obras poet., d. Barcelone, 1840, p. 47).
LES TROIS FACULTES 291
alo;uazil sa volont, et il lui dfend d'user dsormais et mme de
se souvenir de sa Mmoire qu'il lui a ravie :
Los trs poders qu'en l'arma son me fora
;
dos m'en jaqueix, de l'altr 'usar no gos...
De fet que fuy a sa merc vengut,
l'Enteniment per son conseller prs,
e mon Voler per alguazir l'a mes,
dant f casc que may sera sabut
en lur merc lo company membrar,
servint casc lealment son offici,
si qu'alg d'ells no sera may tan nici
qu'en res constrast que sia de amar.
(X, 23-24; 33-40).
Ailleurs encore (XXVII^ J^-8), Auzias March reproduit la
mme division, mais substitue la Mmoire l'Imagination. On
sait^ en effet,
^I^e,
pour Aristote et pour saint Thomas, elles sont
intimement unies.
Si l'amour lui enlve, avec la Mmoire ou l'Imagination,
l'usage de la parole (X, 43-44) et le fait paratre innocent
,
c'est qu'il s'adresse plus particulirement aux deux facults
proprement spirituelles, l'Intelligence et la Volont.
Par r Intelligence, l'homme recherche la vrit, par la Volont,
il aspire au bien ou au plaisir
(1)
:
La Voluntat a b
y
a dlit salta,
l'Enteniment sol entendre 1 ver mana.
(C, 187-188).
A la fois intelligent et dou de volont, l'homme sait donc
pourquoi il veut. C'est la caractristique de l'inclination hu-
maine, ce par quoi la volont se distingue de l'apptit purement
corporel et bestial
(2)
:
Axi com so compost de molts contraris,
ma voluntat e l'apetit son varis...
{CXVI, 149-150).
(1)
Cf. CXI, 29-30.
^2)
Cf. CXVII, 49-50.
292 CHAP. V. POSIES AMOUREUSES. SOURCES SCOLASTIQUES
L'Amour sera prcisment dfini cette volont bonne, cons-
ciente d'elle-mme et de sa fin
(1)
:
Volenters acte de b es dit...
Aqueir amor que s diu voluntat bona.
(IV, 47).
(XLV, 25).
Dans cet amour la volont suit toujours la connaissance. Non
seulement Auzias March dclare qu'en lui la Volont et la Rai-
son s'accordent pour aimer Plena de Seny :
Ma Volentat ab la Rah s'envolpa
e fan acort la qualitat seguint,
(II, 33-34),
mais plac entre deux dames, comme le personnage imaginaire
d'Aristote, saint Thomas et Dante, entre deux mets galement
apptissants, il a choisi celle que l'Entendement lui a indique
comme la plus digne d'tre aime. C'est l'Entendement,
ajoute-t-il, qui triomphe de la sensualit. Bien que le premier
mouvement ne soit point en lui, c'est cependant lui qu'il ap-
partient de dcider : il est le guide assur de la Volont. Qui donc
murmurerait contre lui, alors que la Volont, par cjui l'action
s'excute, le reconnat pour seigneur, et, si elle discute avec lui,
se guide finalement sur ses indications ?
EU es qui ven la sensualitat.
Si b no es en ell prim mouiment,
en ell esta del tt lo jutjament :
cert guiador es de la Voluntat.
Qui es aquell qui encontra d'ell reny,
que Voluntat, par qui 1 fet s'excuta,
l'atorch senyor, e, si ab ell disputa,
a la perfi se guia per son seny ?
(IV, 33-40).
(1)
Cf. Cerveri :
Hom ditz amors de so qu'es volontatz
Que ven d'azaut...
et N'At de Mons :
Amors es volontatz...
Ces deux passages, cits par M. J. Anglade, op. cit.,
p. 258, peuvent tre
LES PASSIONS SUIVANT SAINT THOMAS 293
La volont est donc subordonne la raison
(1).
C'est pour-
quoi Auzias March^ aprs maints troubadours, associe TAmour
et la Connaissance (VII,
22),
et croit incapables d'aimer ceux
qui sont dnus d'intelligence.
Quelque dtermine qu'elle soit en apparence par ces soUicita-
tions,la Yolont,que saint Thomas et Auzias Mardi
(2)
appellent
aussi l'apptit rationnel, demeure libre, suivant le pote aussi
bien que suivant l'auteur de la Somme, chaque fois que l'homme
se dcide avec pleine connaissance entre deux ou plusieurs
partis. La libert ne disparat que dans l'apptit sensitif, quand
la raison, loin de les dominer, est asservie aux passions
(3).
IV
La thorie de la volont et de l'apptit nous introduit au
cur mme de la conception thomiste des passions dont les
rapprochs de cet autre du Breviari d'amor :
Per qu'ieu die tt premieiramen
A la demanda responden
Dels davan digz enamoratz,
Qu'amors es bona voluntatz...
(Rayn., Lex., I, 516).
Amor, quo yeu ay dit desus,
Es bona voluntat, ces plus,
Plazers, affectio de bes...
[Brev. d'amor, I, 25; v. 579-581).
Tous ont pour origine cette dfinition de l'amour par Aristote et saint Tho-
mas : Amare est velle alicui honum [S. Th., I-II, 26, 4).
(1)
Si ergo intellectus et voluntas considerentur secundum se, sic intellec-
tus eminentior invenitur... [S. Th., I, 82, 3).
Intellectus est prior volun-
tate . (Ibid., art. 2). Duns Scot soutenait la thse contraire : Voluntas est su-
perior intellectu.
(2)
Appetitus sensitivus et appetitus rationalis, id est voluntas, sunt duae
potenti (S. Th., I, 80, 2).
Elle est
LA HAINE d'aprs ARISTOTE 297
Il ne s'agit que de lui dans le dbut de cette piee^ tout im-
personnel qu'il soit et inspir directement d'Aristote pour quel-
ques-uns de ses traits
(1),
Cette influence est encore plus sensible
dans l'numration qui suit des causes de la haine. L'amiti
pour Aristote, l'amour pour saint Thomas et pour Auzias March,
a une triple condition : le bien, le plaisir et l'intrt. Suivant
notre auteur, d'accord sur ce point avec Aristote seulement,
puisque saint Thomas a nglig d'en parler tout au moins dans
sa Somme, les causes de la haine sont aussi au nombre de trois.
Ce sont l'injustice ou le mal (iniquitat), le dplaisir (desalt) et
le dommage (dan)
(2).
Arrivant enfin son propre cas, il nous
montre la lutte acharne ({ue se livrent dans son me l'Amour et
la Haine (v, 25-40). L'Amour en sort encore vainqueur, mais
avec l'appui du mauvais dsir (joli voler). Saint Thomas s'tait
dj demand, propos de la haine, utrum. odium sit fortius
quam amor
(3),
si bien que la mme chanson nous offre la fois
des traces de YEthique Nicomaque et de la Somme de Thologie.
Il panche enfin dans le maldit Vos qui sabeu la haine que
lui inspire l'amour mercenaire de Na Monbohi. Son devoir, a-t-il
jointe celle de l'aversion dans les vers suivants :
E, si remey a ma dolor trobs,
fora content, car yo n desig exir :
los vostres fets me fan vos avorrir,
e no s pot fer que ab vos pratics.
Mon partiment no pusch bn acabar.
(LXV, 17-21).
(1)
Aristote dveloppe des ides analogues : Eth. Nie, IX, 3, 1165 b, 32. Le
regret {tto;, desiderium) dont parle Aristote dans Eth. Nie, II, 4, 1105 b,
23, est exprim par le mot enyorament (v. 8). Deux autres passages de la mme
pice, XL, 20 et 21, ont t suggrs par Elh. Nie, IX, 8, 1168 a, 30, 1169 a,
13
;
VIII, 14, 1161 b, 16 sqq.
(2)
Eth. Nic.,YU,3, 1156 a, 34 sqq. ; 5,1157 a, 14; IX, 3,1165 ft,l. Les
Leys d'amors font le mme rapprochement : Ayssi cum de peccat se podon
segre trs cauzas malas, colpa, pena e dampnatges, trs autras eau 'as mot
bonas se podon segre de be, so's assaber : cauza honesta, contraria a colpa
;
cauza deleytabbla, contraria a pena
;
cauza utils, contraria a dampnatge.
(Hist. de Long., X, 194).
(3)
5. Th., I-II, 29, 4.
298 CHAP. V. POSIES AMOUREUSES. SOURCES SCOLaSTIQUES
dclar dans la pice prcdente^ est de dnoncer, de < maudire
)
les vices dont souffre son poque :
Donchs lo maldir no deu ser en oblit,
puys que virtut mostra l'hom vicis...
(XLI, 27-28).
Mais la passion autour de laquelle gravite pour ainsi dire
toute l'uvre d'Auzias March est la douleur. Il n'est pas une
de ses posies amoureuses cjui n'en exprime quelc[ue aspect.
Elle rpand sur elles une sombre mlancolie, une morne tris-
tesse
(1)
analogue celle qui caractrise Cino da Pistoia selon
M. Bartoli
(2).
Mais elle tait dj chez les potes provenaux,
et c'est eux, autant qu' Dante et Ptrarque, qu'Auzias
March en a demand l'ide premire, tandis que saint Thomas
lui en fournit les principales variations.
La premire cause en est son amour mme et l'impossi-
bilit d'en satisfaire toutes les aspirations
(3).
Une seconde
consiste dans le terrible refus
(4)
;'
cfue
lui oppose sa dame et
qui l'empche de raliser la bienveillance rciproque, condition
de l'amour
(5).
C'est enfin sa propre nature c|ui le fait succomber
l'attrait de l'amour sensuel.
Un des inodes les plus remarquables de la douleur provient de
la mmoire. Le souvenir d'un plaisir peut engendrer la tristesse
et le dgot, quand on n'est plus dans la mme dispostion d'es-
prit cju'au moment o on l'a prouv pour la premire fois. Tel
est prcisment le thme par lec[uel dbute le livre d'Auzias
March. Il nous en inontre immdiatement l'esprit ainsi que
linspiration dominante. Elle est due, ici encore, saint Thomas
dont le passage suivant exprime exactement les mmes ides :
Si vero consideretur delectatio, proiit est in menioria, et non in
actu, sic per se nata est causare sui ipsiiis sitim et desiderium,
(1)
Le mot est de M. A. Morel-Fatio : F. de Herrera, L'hymne sur Lpante,.
p. 9.
(2)
Storia, IV, 117. Cf. Hauvette, op. cit.,
p. 80.
(3)
Amor vel appetitus boni est causa doloris [S. Th., I-II, 36, 3).
(4)
XIX, 19.
(5)
Quod autem est contra inclinalionem alicujus, nunquani advenit ei
nisi per actionem alicujus fortioris : et ideo potestas major ponitur esse causa
doloris ab Augustino [S. Th., I-II, 36, 4).
LA DOULEUR ET LE PLAISIR 299
quando scilicet hoino redit ad illarn dispositionem in qua erat sibi
delectahile quod prseteriit; si vero immutatus sit ah illa disposi-
tione, memoria delectationis non caust in eo delectationem, sed
fastidium, sicut vleno evistenti memoria cihi [\.\. Converti au
bien, dcid dire adieu aux vains plaisirs d'autrefois, notre
pote met profit les remarques du Docteur Anglique : il
souffre de se rappeler ces satisfactions imaginaires. Chacune
d'elles lui cause maintenant un vif regret, une vritable dou-
leur
(2)
:
Fora millor ma dolor soferir
que no mesclar poca part de plaer
entr'aquells mais qui m giten de saber !
Com del penst plaer me cov' exir,
las, mon dlit dolor se converteix !
Doble s l'afany aprs d'un poch repos,
si co 1 malalt qui per un plasent ms
tt son menjar en dolor se nodreix.
(I, 25-32).
En sens inverse, de la douleur peut sortir le plaisir. C'est un
motif trs ancien que l'on fait remonter Homre et aux tra-
giques grecs, mais cjui a trouv dans Platon, Aristote, Snque
et saint Augustin son expression la plus nette
(3).
Auzias March
l'a connu par les troubadours, peut-tre aussi par Ptrarque et
surtout par saint Thomas. C'est la mlancolie des amants et
des potes, dit M. Ribot
(4),
qui consiste se complaire dans sa
propre souffrance et la savourer comme un plaisir . On sent
que la prsence du plaisir dans la souffrance, ce sentiment de
douceur qui tempre les douleurs les plus amres, a surpris notre
pote-philosophe. Il en est comme ravi et semble justifier par
lui le long gmissement qu'exhalent ses posies.
On peut distinguer dans cet tat deux linents principaux.
(1)
S. Th., I-II, 33, 2.
(2)
La pice XC No s maraf^ell dveloppe plus longuement les mmes ides.
(3)
Fr. Bouillier [Du plaisir et de la douleur, Paris, 2^ d., 1877, pp.
133-
150) a cit les passages les plus caractristiques de ces auteurs.
(4)
Psychologie des sentiments, Paris, 1908, in-8, 7^
d., p.
64.
300 CHAP, V. POSIES AMOUREUSES. SOURCES SCOLASTIQUES
Il
y
a d'abord un plaisir secret au sein des afflictions et Ton
prouve du charme gmir et pleurer :
Alguna part e molta es trobada
de gran dlit en la pensa del trist...
(XXXIX, 9-10).
C'est aussi ce que lui rpond son Cur qui il reproche ses
plaintes et ses cris dans la chanson Clatnar no s deu qui mal cerca
e l troha.
Enfin les v. 31-34 sont inspirs de cette ide que les vertus et les vices ne sont
pas des puissances (Eth. Nie, II, 4, 1106 a, 6; les dispositions ne suffisent
pas pour tre vertueux, pas plus que les dons artistiques pour tre bon pote
{Ibid., VI, 4, 1140 a, 6 sqq.),
(1)
... Singulare in rbus materiahbus intellectus noster directe et primo
cognoscere non potest... Unde intellectus noster directe non est cognoscitivus
nisi universalium (S. Th., I, 86, 1).
LA PEUR 305
mort (v. 25-32)
(1).
Mais cette dernire peut disparatre par
crainte d'un mal plus grand :
Por de pijor a molts fa pendre mort
per esquivar mal esdevenidor...
(LVII, 1-2).
et il cite^ aprs saint Thomas
(2)
et Dante, l'exemple de Caton
d'Utique qui s'est suicid pour viter la servitude.
Il dpeint enfin avec les dtails les plus minutieux les effets
physiques de la frayeur qvi'il prouve en prsence de sa dame :
la pleur, le tremblement et le mutisme. Ces phnomnes
avaient dj t numrs par saint Thomas. La description
qu'en donne aprs lui notre Auzias mrite d'tre cite : elle ne
manque ni de vie, ni de couleur :
Mos sentimients son axi altrais,
quant la que am mon uU pot divisar,
que no m'acort si so'n terra ne mar
y
els membres luny del cor tinch refredats.
Si 1 trob en part on li pusca res dir,
yo crit alg per que ah ell m'escs
aquesta por, per qu'ella no m refus,
crehent mon mal de mala part venir.
'
No trob en mi poder dir ma tristor
e de ao ne'n surt un gran dbat.
Le meu Cor diu que no n'es enculpat,
car del parlar la Lengua n'es senyor.
La Lengua diu qu'ella b ho dira,
mas que la por del Cor fora li toi,
que sens profit esta corn parlar vol.
e, si ho fa, que balbucitar.
Per esta por vana la pensa' st,
sens dar conseil per execuci.
No es senyor en tal cas la Rah :
l'orgue del cors desbaratat esta.
La ma no pot suplir en lo seu cas
;
mou-se lo peu, no sabent lo perqu
;
tremolament per tots los membres v,
per que la sanch acorre al pus lias.
(LXIX, 25-32, 41-56).
(1)
5. Th., I-II, 42, 2.
(2)
S. Th., II-II, 215, 2.
Am. Pages.
Auzias March.
20
306 CHAP. V. POSIES AMOUREUSES. SOURCES SCOLASTIQUES
L'audace qu'il nomme ardiment (LXIX,
35)
et qu'il oppose
la crainte (tembre) sous le nom de /iar (LIV,
42),
prsente plu-
sieurs espces. La plus rare est le courage contre la mort. C'est le
sujet de la pice Vengut es temps que sera conegut o l'on re-
marqvie encore l'influence certaine de VEthique Nicomaque
(1)
et de la doctrine suivant laquelle le courage est un milieu entre
la lchet et la tmrit.
La colre est une tendance agressive comme l'audace et que
l'homme ressent, quand le mal est prsent et qu'il a immdiate-
ment lutter contre lui. Auzias March l'prouve surtout contre
lui-mme, quelque amour qu'il ait pour sa propre personne,
parce qu'il dcouvre en lui de mauvais dsirs. L'homme ra-
tionnel qui est en lui peut, en effet, s'irriter, comme l'a montr
saint Thomas
(2),
contre l'homme sensible, pour le punir, pour le
chtier chaque fois qu'il le mrite. C'est le sujet de la chanson
Ahtaldoloro il analyse, dans un passage dj cit
(3)
un
des
principaux effets de la colre qui est de troubler notre rai-
son et de nous rendre fous
(4),
comme l'avait dj dit Snque.
De mme le fol amour suscite en lui la colre, et ces deux pas-
sions luttent l'une contre l'autre au point qu'il ne sait laquelle
des deux l'a emport (LXV). Mais un des plus curieux effets de
sa colre contre sa dame est prcisment de mettre mieux en
relief l'amour qu'il a pour elle :
Quant ira s mor, amor de mi s desterra...
(CXVI, 29).
(1)
III, 10,
1115 b, 17.Les v. 13-16, qui sont trs obscurs, prennent un sen&
acceptable si on les rapproche de l'Eih. Nie, III, 9, 1115 a, 29, o Aristote sou-
tient que la forme la plus belle du courage consiste affronter les prils de la
guerre, mais que cependant celui qui supporte une longue maladie fait aussi
preuve de courage. D'o l'ide d'Auzias que c'est en face de la mort que se r-
vle le couard,
quand il voit auprs de lui des femmes qui le veillent ou le
soignent .
On
y
sent partout la froideur, la monotonie, aucun art, mais
beaucoup d'artifice. En se mettant ainsi uniquement au service
de la religion, sous la direction du bon abb Mossn Bernt
Fenollar, un disciple pourtant d'Auzias March, qui avait or-
ganis le certmen de 1474, la posie catalane se condamnait
elle-mme
une irrmdiable dchance.
(1)
Voir l'Introduction not. d. crit.
p. 38.
(2)
Voir Les Trohes en lahors de la Verge Maria, publ. par Fr. Marti Grajales.
(3)
Hist. de la lilt. espagnole (trad. Magnabal), I, 307.
ROMEU LULL
401
C'est aussi l'inipression que laisse la lecture du Jardinet
d'orats. Le titre mme de jardinet de fous indique suffisam-
ment qu'en 1486^ l'poque o fut compos ce recueil_, les so-
lennits potiques importes de Toulouse n'taient plus prises
au srieux. On raillait les plaisirs innocents que gotaient les
potes dans les jardins fleuris, dans les delitables orts
vants
par Auzias March.
Romeu Lvill
("ir
1484) est le principal de ces derniers trouba-
dours de la Catalogne. Pote facile, il subit, lui aussi, plus en-
core cjue Pre Torroella, l'ascendant d'Auzias March. Il suffit
de lire les premiers vers de ses chansons d'amour pour se con-
vaincre immdiatement que son admiration pour lui est alle
jusqu' l'imitation.
Fantasiant Amor a mi descobre...
(XVIII,
1).
M. Menndez
y
Pelayo a cit de lui
dans son Antologia (XIII, 297) un autre loge o il appelle Auzias la gala
de los poetas amorosos .
(3)
C'est du moins ce qu'assure Juan Antonio Mayans, dans une lettre
Cerd
y
Rico, du 27 mai 1780, dont le regrett J. Serrano
y
Morales nous a
communiqu les lignes suivantes : Se honr con traducir Ausias March,
Faria en la
2'^^
parte de Aganipe, pag. 34, c.
2,
pag. 63 (sic). rsous n'avons
pas pu contrler cette affirmation, mais Gallardo, Jnsayo, II, 994, a publi
un sonnet Bien piiede amov hacer lo que quisiere qui la rend fort vraisemblable.^
CAUSES DE SON DISCREDIT ^1
Batrix est devenue Dulcine )>, a dit Victor Hugo
(1).
Le che-
valier Auzias doutait dj des vertus de sa Thrse. Les lecteurs
de Don Quichotte n'y croient plus
(2).
D'autre part^ la dcadence de la scolastique^ commence la
.fin du xv^ sicle avec la Renaissance
(3),
ne devient manifeste
qu'au dbut du xvii sicle. On conteste l'autorit d'Aristote.
Il est hors de doute qu'Auzias March, le profond philosophe
,
chez qvii les lecteurs du xvi^ sicle aimaient lire l'expos po-
pulaire des doctrines en vogue, devait perdre de son prestige, au
fur et mesure qu'elles taient abandonnes.
Des causes plus particulires chacun des deux royaumes,
runis l'un l'autre par Ferdinand le Catholique, interviennent
aussi.
En Catalogne, on crit de moins en moins clans la langue ma-
ternelle, et les uvres de cette poque rvlent, quand on les
examine de prs, l'invasion de murs et d'expressions nouvelles.
Les potes anciens, avec les finesses de leur langue littraire ou
limousine , sont peu compris. Auzias Mardi devient tranger
son propre pays.
En Castille, les sympathies C[u'avait excites Boscn dimi-
nuent mesure que la langue nationale s'affine et prend une
tournure plus gracieuse et plus souple. Herrera le qualifie lui-
mme, non sans quelque ddain, d'tranger par la langue {es-
trangero de la leiigua)
(4),
tout en voulant le disculper. Un
reproche semblable pouvait tre fait, plus forte raison,
Auzias March, qui avait crit dans une langue plus rude encore,
alourdie par des comparaisons mal incorpores la pense et
la phrase, seme d'expressions vulgaires et parfois triviales. Cela
ne manqua pas. Sa langue est inculte
(5)
finit par dire l'his-
torien Mariana, refltant sans aucun doute le jugement port
(1)
Philosophie, II, William Shakespeare, Paris, 1882, in-8, p. 85.
(2)
On sait qu'aprs la publication de Don Quichotte les livres de chevalerie
ne furent presque plus rimprims en Espagne. Voir E. Babet, op. cit., p. 359.
(3)
A. BoNiLLA Y San Martin, Luis Vipes
y
la jilosofia del Renacimiento,
Madrid, 1903, in-S,
p. 565.
(4)
Obras de Garcilasso de la Vega con anotaciones de F. de Herrera, Sevilla,
1580, in-40,
p. 78. Cf. A. CosTER, op. cit.,
p.
276.
(5)
Sermo incomplus, acutus tamen, multis quesententiarum et ingenii lumi'
nibus illustris (De rbus hispani, lib. XXIII, cap. III),
422 CH.4P. IX. INFLUENCE D AUZIAS MARCH
sur le pote catalan par tous les lettrs contemporains dsireux
de doter l'Espagne d'un langage et d'un style aussi lgants et
aussi relevs que ceux de l'Italie.
L'admiration dont Auzias March avait t l'objet pendant
plus d'un sicle fait place dsormais un oubli immrit. Il
n'en sortira qu'au moment o ses principaux matres, les
troubadours^ auront attir de nouveau l'attention du puMic,
l'poque du romantisme.
CONCLUSION
L'u\Te d'Auzias March est la plus importante, la plus com-
plte et la plus fconde qu'ait produite la posie catalane issue
de l'Ecole toulousaine.
Nous avons pens que le seul moyen de le connatre et de
l'apprcier tait de le replacer dans sa famille ci\ ile et litt-
raire, de remonter aussi loin que possible dans l'tude de ses-
origines paternelles et de ses sources intellectuelles.
Sa biographie et celle de ses prdcesseurs s'imposaient d'au-
tant plus qu'il a t comme le dernier anneau d'une chane
d'hommes qui ont tous jou un rle marquant dans l'histoire
politique ou potique de leur pays. Certaines traditions s'taient
depuis longtemps implantes chez ses anctres qui, s'ajoutant
l'hrdit, constituaient des influences auxquelles il lui tait
difficile de se soustraire. 11 suffit de jeter les yeux sur cette
longue suite d'-ascendants ou de collatraux chevaliers ou eccl-
siastiques lettrs, comprenant les Pre, les Jacme, les Berenguer
et les .Amau March, pour reconnatre qu'il a t vraiment levir
hritier et a prouv le dsir et presque le besoin de leur ressem-
bler, non seulement comme homme, mais encore comme cri-
vain.
Soldat d'vm grand courage comme la plupart de ses parents,
Auzias March a combattu avec l'infant Pierre pourle roi d'Aragon,
contre les Gnois et les Cherguiotes pour la suprmatie catalane
dans la Mditerrane. Seigneur de Beniarj, fauconnier d'Al-
phonse V durant quelques annes, il a gr son domaine et IcC
vnerie royale avec l'activit que Pre March avait mise au ser-
vice du marquis de Villena, premier duc de Gandie. Autant
qu'on peut en juger travers des actes notaris et des pices de
]rocdure, il a t un administrateur zl et mthodique. Il est
fier surtout du nom qu'il porte, heureux de s'asseoir sur les
424 CONCLUSION
plus hauts bancs dans les Corts auxquelles il prend part^ jaloux
enfin de ses prrogatives politiques ou seigneuriales.
Ces traits de caractre sont comme les lments que sa race a
dposs en lui. Ses aeux, chevaliers attachs la personne des
rois d'Aragon ou des ducs royaux
, dominent encore son exis-
tence politique.
Sa vie prive ne rpond pas sa vie publique. Il tait d'un
naturel facile s'mouvoir, d'une complexion amoureuse dont
il s'est vant lui-mme. Quoique mari, il a eu des matresses
moins intellectuelles et moins chastes que Pleine de sens ou Lis
entre chardons. Plusieurs de ses uvres en font foi. Mais d'autres
aventures moins potiques encore, des liaisons ancillaires qu'il
a avoues in extremis, prouvent qu'il a ressenti toutes les mo-
tions de l'amour," mme les plus vulgaires.
Il a donc parl de ce sentiment en pleine connaissance de
cause, et cela peut contribuer sauvegarder quelque peu son
originalit de pote erotique.
Parmi ses anctres, certains avaient contribu rallumer en
Catalogne le flambeau de la posie provenale aprs Cerveri de
Girona. Il n'est pas certain que Mossen Bortholmieu Marc, ad-
joint Guilhem Molinier pour la rdaction des Leys d'amors,
ait appartenu sa famille et servi d'intermdiaire entre les
potes de Toulouse et ceux de Barcelone. Mais nous savons
combien Jacme et Pre March, son oncle et son pre, ont con-
tribu propager, au sud des Pyrnes, l'influence de la littra-
ture franaise et provenale et les rgles de la nouvelle cole.
Les rois d'Aragon et leurs parents, les comtes de Ribagora, cul-
tivent ou aiment tout au moins les lettres. Tout ce qui vient de
France continue avoir pour eux et pour leur entourage un
parfum incomparable de grce et de distinction.
Jacme March tient une place prpondrante dans cette re-
naissance potique. Un des premiers, il imite ds 1365 dans des
contes rimes, dans des noi>es rimades, crites la manire des
lais bretons, les romans de la Table Ronde. Les dbats, quelques
sirvents moraux et des chansons d'amour nous ramnent la
Provence. Autant ses nouvelles sont faciles lire, de style
simple, presque populaire et de premier jet, autant ses autres
uvres dnotent la recherche savante, les efforts, souvent heu-
reux, dans le choix et dans l'agencement des rimes. La France du
Midi, avec son art subtil et raffin, l'emporte en fin de compte
LES PREDECESSEURS D AUZIAS MARCH 425
sur la France du Nord. On le voit bien dans son Dictionnaire de
rimes
oi les rgles svres et rigoureuses des troubadours sont
docilement acceptes.
Mmes inspirations et mmes genres chez Pre March. Lui
aussi est un pote de veine fluide dans ses nouvelles rimes-.
Mais ses autres posies, amoureuses ou morales, quoique plus
travailles, gardent encore un peu de leur aisance et de leur
clart. C'est surtout un pote moraliste, naturel et vigoureux
la fois, qui sait exprimer en des traits incisifs et nerveux des
lieux communs de morale gnrale, des sentences bien faites
pour se graver dans la mmoire.
Ces potes chevaliers suivent dj quelques-uns des procds
de l'Ecole de Toulouse. Sans doute, leurs cobles sont pour la
plupart conformes aux rgles nonces dans les Leys d'amors.
Mais ils empruntent en fait aux anciens troubadours des xii^ et
xiii^ sicles une partie de leurs thmes. Ils continuent louer
la beaut et les mrites de leurs dames, se plaindre de leur
froideur, et clbrer les vertus moralisatrices de l'amour. Ils
prtendent surtout rendre la morale accessible et agrable
tous, comme l'avaient fait d'ailleurs maints provenaux, mais
ce n'est ni la morale scolastique, ni encore moins la morale reli-
gieuse. Aprs l'amour courtois, leur religion principale est l'hon-
neur et la gloire, la morale de la chevalerie ou des honntes
gens , comme on dira au xvii sicle, qui se subordonne la
rgle chrtienne sans se confondre avec elle.
Ce fut au chevalier Jacme March et un bourgeois de Barce-
lone, Lluis d'Avers, que le roi Jean I^^" confia, en 1393,
le soin
de crer dans la capitale de la Catalogne une Acadmie analogue
celle de Toulouse. Certains potes catalans la considraient
comme ncessaire, si l'on en juge par les envois qu'ils avaient
faits, en de des Pyrnes, au premier consistoire du Gay saher.
On en adopte les crmonies et les principaux statuts. La posie
n'est pas seulement encourage pour ses effets civilisateurs :
elle doit servir surtout la glorification de la Vierge. Mais, soit
que la mort des premiers mainteneurs ait dsorganis l'insti-
tution peine ne, soit plutt, comme nous l'avons vu, que les
conseillers de Barcelone n'aient pas voulu en faire les frais, elle
ne semble pas avoir persist longtemps.
Une seconde tentative est faite en 1414 par Henri de Villeua,
426 CONCLUSION
Elle n'a pas donn de rsultats plus durables. Aprs lui, les
potes se runissent de temps en temps, Barcelone et Va-
lence, dans des jardins analogues ceux de Toulouse, proposent
des prix, formulent des questions auxquelles il faut rpondre
pQti<juement
;
mais il n'y a pas, durant la premire moiti du
XT^ sicle, d'Acadjiie proprement dite, d'organisation vrai-
ment officielle. Nous possdons le recueil des posies couronnes
Toulouse. Aucun recueil du mme genre n'existe pour la Cata-
logne. Les Canoners qui nous restent sont des compilations
faites ponr des particuliers.
Certes, il ne faut pas regretter que l'imitation de la France
soit reste incomplte sur ce point. Les concours acadmiques,.
avBC leurs joyas et autres fleurs potiques, n'ont suscit dans
notre Midi que de ples et monotones versificateurs. La posie
s'y trane, aux xiv^ et xv^ sicles, dans d'insipides composi-
tions. C'est la strilit et la mdiocrit littraire son plus haut
degr. 11 en aurait t de mme en Catalogne, si les pratiques de
l'Ecole Toulousaine s'y taient implantes de meilleure heure.
Elle
y
aurait perdu l'intressante floraison potique qui carac-
trise la fin du xiv^ et la premire moiti du xv^ sicle.
A ce moment, les lettres, encourages par tous les rois qui se
succdent sur le trne d'Aragon, cultives par de grands sei-
gneurs comme les Mardis, Andreu Febrer, Jordi de Sent Jordi,
Masdovelles, etc. sont dans des conditons plus favorables en
Catalogne qu'en Languedoc. L est une des raisons de leur
succs. Il faut ajouter que la nation catalane, qui aspire l'h-
gmonie parmiles Etats Mditerranens, prtendavoir sa littra-
ture comme les autres peuples, et, si elle emploie encore le pro-
venal, c'est qu'il est en quelque sorte la langue internationale
de la posie. Son rgne est d'ailleurs vivement attaqu et ne
tardera pas prendre fin, prcisment avec Anzias March.
Arnau March parat nanmoins avoir subi, un des premiers,
l'influence des Jeux floraux. Sa can de Nostra Dona r-
pond bien leur programme habituel. 11 s'attache au genre pu-
rement religieux, sans abandonner cependant les sujets pr-
frs de ses parents. Il reste, en outre, fidle la Provence une
poque o, les uvres de Dante, Ptrarque et Boccace, se r-
pandant un peu partout, auraient fait oublier les troubadours,
si on n'y avait retrouv leurs thmes pour ainsi dire transfi-
gurs. Dante et Boccace seront bientt traduits et Ptrarque
AUZIAS MARCH POETE DE l\4MOUR 427
imit. Les Catalans reconnaissent en eux, sous une forme plus
riche et plus colore, la tradition provenale qu'ils s'efforcent de
rajeunir, et ils s'imposent surtout leur attention, quand leur
roi veut annexer 1 Aragon une portion de l'Italie.
Vers 1430, Auzias Mardi s'est propos de continuer l'uvre
lyri([ue et morale de ses prdcesseurs, mais en la raffinant et en
l'approfondissant, et de plus, en rendant dfinitif l'abandon,
commenc par d'autres, du vocabulaire provenal que les
potes catalans avaient affect d'employer jusque-l.
Il a eu, en effet, le mrite de nationaliser la langue potique,
ralisant ainsi entirement le vu que Lluis d'Avers avait for-
mul la fin du sicle prcdent. S'il reste encore dans ses chan-
sons quelques expressions provenales, d'ailleurs bien rares,
ce ne sont qu'archasmes de copiste ou licences potiques, 11 est
vraiment le premier qui on puisse donner le titre de trouba-
dour catalan.
Cette rvolution dans la forme n'empche pas son uvre
d'tre encore essentiellement provenale dans son fond et dans
son contenu.
Pote de l'amour ou pote moral, il fait entendre les mmes
requtes et les mmes plaintes, reprenant les doctrines de
l'amour courtois avec toutes les variations dont les avaient en-
richies les troubadours de la dcadence. Il croit aux vertus enno-
blissantes et bienfaisantes de l'amour. Il exagre la critique
aussi bien que la louange ds femmes. Ce sont les mmes impr-
cations contre le relchement des murs dans la socit con-
temporaine.
Les moyens artistiques mis en uvre dans ses premires po-
sies, les plus travailles de tovites, ressemblent aussi ceux de
ses modles. Toujours rimes et rythmes avec un soin minu-
tieux, elles prsentent les mmes mtaphores, ou, tout au moins,
les comparaisons
y
ont le mme air de famille. Elles se succdent
les unes aux antres, chacjue strophe en exprimant une nouvelle,
indpendantes en apparence du motif principal auquel il est,
dans certains cas, souvent malais de les rattacher. Enfin, ses
chansons ne s'adressent qu' des esprits cultivs et exige^nt pour
tre comprises un vritable travail. Elles man((uent de
spim-
tanit, et le pote semble jjrendre ])laisir se cacher. L ob-
scurit est un de ses tlfants les plus graves, qu'il tient de son
428 CONCLUSION
matre Arnaut Daniel, et de beaucoup d'autres anciens trou-
badours. Ses pices sont souvent des nigmes qui laissent l'es-
prit du, quand il en a trouv le mot. On lui en veut d'avoir
pris l'attitude du Sphinx pour n'exprimer que des lieux com-
muns.
Si sa posie parat parfois se distinguer de celle des trouba-
dours, c'est qu'il en a supprim les lments objectifs pour n'en
retenir en quelque sorte que les ides. Ni les qualits physiques
de sa dame^ ni la nature extrieure ne le proccupent. Tout ce
qui fait pour nous le charme de la chanson provenale et des
Rime de Ptrarque est systmatiquement nglig. C'est l'esprit
ou mme l'ide, non la personne de sa daine qu'il aime et nous
dcrit. Le renouvellement du printemps, le chant des oiseaux
et les flevirs ne- tiennent pour ainsi dire aucune place dans ses
compositions.
C'est qu'il a voulu tre dans toutes ses posies, amoureuses,
funbres ou morales, un pote-philosophe, analyser des tats
d'me plus que des situations, des sentiments plus que des sen-
sations, des ides plus que des motions. L est son origina-
lit. C'est par l qu'il a prtendu renouveler les thmes tant re-
battus par ses devanciers. Provenaux ou Catalans.
D'autres avant lui, Folquet de Marseille, les potes du dolce
stil nuoi>o, Dante lui-mme avaient fait de la chanson, comme
on l'a dit
(1),
une province de la mtaphysique -^, appliquant
la peinture de l'amour les procds de la scolastique. Mais nul
n'avait eu l'ide de mettre en vers, tantt sous une forme
image, tantt dans leur nudit abstraite, la psychologie tho-
miste des passions de l'amour et les doctrines morales extraites
par l'Ecole de VElliique Nicomaque et des ouvrages post-
rieurs. Aucun surtout n'avait tent de s'adresser Aristote lui-
mme pour recouvrir d'un vtement potique ses ides sur le
Bien, la Vertu ou le Bonheur, ou lui emprunter sans le citer
quelques traits destins sans doute fortifier telle ovi telle de
ses opinions, afin de la faire accepter plus srement des clercs
et des initis.
Celui des potes scolastiques dont il se rapproche le plus est
l'auteur de la Dis'ine Comdie. Il a connu et admir ce pome
o la philosophie et la thologie sont partout prsentes et il s'en
(1)
M. Jeanroy, Rev. des Deux-Mondes,
le'
fv. 1903, p.
689.
AUZIAS MARCH POETE-PHILOSOPHE 429
est inspir. Comme Dante^ il a une prdilection pour l'Ange de
l'Ecole^ bien qu'il ne le nomme pas, et, comme lui, il tire de
la Somme les analyses psychologiques et la plupart des ides
qui forment la base de son uvre. Par l, il se rattache vrai-
ment ritalie. Il est plus prs de Dante et de ses prdcesseurs
que de Ptrarque en qui la Scolastique avait rencontr un de ses
premiers et plus ardents adversaires.
Philosophe, il l'est, d'abord, mais d'une faon discrte et pour
ainsi dire subconsciente, dans ses Chansons d'Amour. Au pre-
mier coup d'il, on n'aperoit que leur parent avec la posie pro-
venale. Mais, qu'on les examine de plus prs et peu peu se
rvle toute la terminologie thomiste. Puis, ce sont les princi-
pales passions reprsentes avec les caractres que leur prte le
Docteur Anglique. Il n'y a presque pas un des traits par o il
peint l'amour et ses drivs qu'on ne puisse, en cherchant bien^
retrouver dans quelque coin de l'immense difice thologique.
Les Cants d'amor d'Auzias March sont la psychologie de saint
Thomas mise au service de la lyrique provenale par un trou-
badour tellement imbu de scolastique que ses conceptions en
sont le plus souvent comme des rminiscences ou des applica-
tions.
Philosophe, il l'est plus nettement dans ses pomes sur
l'amour et dans ses lgies sur la mort de sa dame, o, un des
premiers, il s'est affranchi, pour mieux disserter, des rgles un
peu troites de la chanson, et, plus qu'aucun provenal, des en-
traves de la rime. Mais ici interviennent, pour expliquer sa doc-
trine de l'amour et ses diverses espces, non seulement saint
Thomas, pour qui l'amiti vertueuse d'Aristote et l'amour ang-
lique ne font qu'un, mais encore bon nombre de potes ou de
thoriciens de l'amour courtois qui avaient, la manire de
Guiraut de Calanso ou d'Andr le Chapelain, appropri aux
murs de la Chevalerie les thories de YEthique Nicomaque sur
l'amiti.
Philosophe, il l'a t encore et surtout dans ses posies mo-
rales sur le Courage, la Crainte de la Mort, le Bonheur, le Mrite
et la Vertu. Si parfois il s'en tient des lieux communs, ainsi
que l'avaient fait ses anctres Jacm.e et Pre March, dans
d'autres pices, il est un vulgarisateur de la morale d'Aristote,
concilie
avec le Christianisme,
suivant le formule de saint
Thomas et du prince de Viane. Mais l o il est entirement.
430'
coNCLu&iorsr
sinon un penseur, du moins un historien de la philosophie, c'est
lorsqu'il expose et critique du poimt de vue d'Aristote les prin-
cipales thories sur le Bien et le Bonheur. Sa posie devient alors
vritablement scientifique et didactique.
Philosophe, doubl cette fois d'un thologien, Auzias March
l'est enfin dans son unique posie religieuse o il traite les plus
graves problmes de la Prescience divine et de la Grce, peu
prs comme le faisaient, la Cour de Castille, certains potes du
Cancionero de Baena. Ce n'est pas la chanson religieuse, conforme
aux prceptes de l'Ecole de Toulouse, le cantique ou l'hymne,
dont Arnau March nous a laiss quelques spcimens. C'est une
mditation sous forme de prire, une confession qui prsente un
Lel accent de vrit et une telle lvation que Romeu Lull, cher-
chant l'imiter la fin du xv^ sicle, ne pourra qu'en reproduire
les principales beauts.
C'est le couronnement de son uvre, o le pote nous montre,
sous se& diverses faces, notre double nature s'efforant, mais en
vain, de raliser l'amour pur, la perfection intellectuelle et la
charit chrtienne. Nul n'a eu un sentiment plus vif des misres
de l'homme, retenu ici-bas par le corps, appel par son me
une vie suprieure. De l toutes les tristesses. d'Auzias March
;
de l son pessimisme raisonneur et pntrant. On n'en com-
prend la vritable origine que si on ne le regarde pas comme
un hritier pur et simple de la posie provenale, mais encore
comme un penseur qui la frquentation d'Aristote et sa propre
exprience ont montr la difficult de raliser dans notre vie
l'idal de saintet que propose le Christianisme.
Auzias March est un noble devenu clerc, un seigneur qui ne
s'est pas seulement nourri de romans et de chansons, mais de la
science peu prs telle qu'on la connaissait de son temps, et en
a rapport une notion plus complte et plus vraie de la nature
humaine. Ce n'est pas encore un homme de la Renaissance, ni
un humaniste, mais il laisse l'impression d'un esprit qui l'di-
fice intellectuel et social du Moyen ge ne suffit dj plus.
Ce qui fait l'originalit et le mrite mme d'Auzias March est
aussi la source de ses imperfections. En transportant la philo-
sophie dans la chanson
provenale, il est arriv superposer les
subtilits de la scolastique aux raffinements lgants de l'amour
courtois. C'est le trohar dus plus compliqu, la posie ferme
double tour. On ne peut que regretter quil n'ait pas voulu
APPRCIATION GNRALE 431
crire pour le vulgaire )-. Quand il a pris pour modle^ non paf
Arnaut Daniel^ mais tout autre troubadour moins alambiqu^ .
il a prouv, par exemple dans la chanson Ao infall recorl,et dans
quelques autres uvres de sa premire manire, que la posie
catalane pouvait rivaliser avec celle des Provenaux. Le mai
est qu'il a trop souvent recherch les formes d'art les plus con-
tournes, et son obscurit a fini par lui nuire auprs des lecteurs
modernes avides de lumire et de simplicit.
Il tait cependant capable d'crire avec clart. Ses pomes
didactiques ou purement philosophiques, mme ceux qui sont
rimes suivant les formules un peu triques des Leys d'amors,
prsentent souvent, trop souvent mme, la prcision de la pro&e
la plus scientifique. Si ses raisonnements sont parfois mal or-
donns, ses ides difficiles suivre, il a su exprimer avec nettet
quelques-unes des conceptions les plus profondes de la philo-
phie scolastique ou pripatticienne. Mais on n'y trouve gure
plus les symboles dont il les avait revtues dans la chanson.
L'uvre reste trop abstraite et d'une trop grande scheresse
potique. Si bien que l o Auzias March est pote, il est diffi-
y
cilement comprhensible, et, l o il est accessible tous, il
tombe dans le prosasme.
Tel a t Auzias March, avec ses qualits que je me suis efforc
de mettre en vidence, et ses dfauts que je n'ai pas essay de
dissimuler. Il ne semble pas qu'il ait t, dans toute la force du
terme, un pote original. Il a manqu d'imagination cratrice.
Cela tient en partie la race catalane, essentiellement positive
et amoureuse du rel. Voil povirc[uoi elle n'a fait que rpter, en
fait d'amour, parfois avec talent, mais sans un accent de relle
sincrit, la vieille chanson provenale, La posie philosophique,
qui demande pkis de rigueur et plus d'exactitude, aurait pu lui
convenir davantage, et c'est ce qu'avait compris Auzias March,
mais il n'a pas svi se crer, comme Dante, un style susceptible de
donner sa pense l'ternit des belles choses.
C'est un pote incomplet, mais un grand pote , a dit
M. Mil
y
Fontanals (Ij, un de ceux qui, en Espagne, l'ont jug
le plus impartialement, sans l'indulgence excessive qu'entrane
parfois le patriotisme littraire. C'est, sans doute, le plus remar-
(1)
Resenya,
p.
198 (Obras, III, 238).
432
CONCLUSION
quable des potes catalans^ mais, si nous le comparons aux cri-
vains de toutes les nations vraiment dous du gnie potique, il
doit tre plac parmi les poetae minores, qui, dans quelques-unes
de leurs uvres ou dans un grand nombre de vers, s'lvent au-
dessus d'eux-mmes et rencontrent la vraie beaut.
Par les plus claires de ses posies la faon provenale, il a
exerc une influence considrable, non seulement sur ses succes-
seurs en Catalogne, mais encore sur la plupart des ciselevirs de
sonnets castillans au xvi^ sicle. On a pris plaisir lire et
imiter en lui surtout le pote de l'amour, mais il mrite encore
d'tre tudi pour les ides morales et philosophiques qu'il a su
exprimer parfois avec bonheur et toujours dans une langue
bien catalane, sonore, cadence et vigoureuse.
^T3
POUR LE COMMENTAIRE D'AUZIAS MARCH
TABLE DES POESIES ANALYSEES OU MENTIONNES ET DES VERS CITES
EXPLIQUS OU TRADUITS
Les chiffres romains dsignent les pices
; les chiffres arabes en caractres gras
indiquent les \'ers, les autres les pages.
I.
, 171
;
Jochs
Florals de, 3, 168, 174, 186.
Baret (Eugne), 170, 225.
Barrientos (Fray Lope de), 362.
Bartoli (Ad.), 127, 285, 298.
Bastero (A.), 407 n.
Batalla (Bartholom), notaire, 11.
Bayrent (chteau de), 32 n.
Beamonte (Juan de), prieur de San
Juan, 332 n.
BATRICE, 222, 257, 258, 328, 347,
358, 360, 421.
BATRix d'Arborea, 66.
BDiER (J.), 182 n.
Bellavista (Guillem de), 17.
Bellot (Jacnie), 103 n.
Bellviupe (Pau de), 133, 232, 234.
Belmonte (Fray Diego de), 362.
Belsa (Pre), 8, 9, 11, 80, 81, 90, 92,
104.
Beneni, 82.
Beniarj, 7, 8, 31, 34 n., 37, 38, 40,
41, 42,43, 45, 50, 51, 56, 69, 73, 76,
77, 78, 80, 82, 92, 94, 97, 98, 99,
100, 102, 103, 104 n., 118, 121, 155,
423.
Benia, 102.
Beniopa, 35.
INDEX ALPHABETIQUE 441
Beniquineyna, 14.
Benot de Sainte-More, 229.
Berbrie, 114. Voyez Mores.
Berenguer, de Gandie, 103 n.
Berenguer de Noya, 170.
Bergada (Guillem de), 124, 179.
Bernart de Ventadorn, 240, 242,
244 n., 249, 316 n.
Bernart Tortitz, 316 n.
Berniiard de Chartres, 148.
Bernia, alqueria. Voy. Vernia.
Bernia, Berniza, rivire, 7, 8, 99.
Bertoni (G.), 316 n.
Bertran Albaric, 245 n.
Bertran Carbonel, 124, 254 n.,
316 n.
Bertran de Born, 138, 156.
Bestiaire, 281.
Beuter, 262.
Bible (La), 185, 243, 282.
Bihlia rimada e en romans, 125.
Billet (En Marti), 173.
Blanch (Johan), 129.
Blanes, 10.
Blanes (Joffre de), 94 n., 104, 116,
118, 119.
Blanes (Vidal de), 91.
Bleguer (Caat), 78.
BoccACE, 185, 189, 190, 192, 268, 329,
340, 395, 426.
BocE, 132, 185, 191.
Bofarull (Francisco de), 23 n.
BoFARULL (Manuel de), 2 n., 65 n.
Bofarull (P. de), 15.
BoiL (Lois de), 79.
Boil (Mossn Ramon), 190.
BoLEA (Fernando de), 363.
Bologne, 127, 286, 327.
Bonifacio, 66 n., 67.
BoNiFAzio Calvo, 347.
BoNiLLA Y San Martin (A.), 421 n.
BoRAY (Garcia de), 84.
BORJA Y DE CaRRO DE ViLARAGUT
(Angela), 1 n.
BoRRA (Mossn). Voy. allander.
BoRRULL Y ViLANovA (Fr. Xavicr,)
2, 110 n.
BoscAN (Juan), 261, 403, 404, 408-
412, 415, 417, 420, 421.
BoT (Bernardo de), notaire, 7.
Bou (Baltasar), 89.
Bou (Pre), 101.
Bou (Teresa), 210, 211, 272.
Bougie, 37.
BouiLLiER (Fr.), 299 n., 300 n.
BouTRoux (Em.), 392 n.
BoYL (Agns), 103 n.
BoYL (Felip), 103 n.
Bretagne (Matire de), 230.
Breviari, 45 n., 229 n.
Breviari d'omor, 46 n., 62, 125, 293,
325.
Brudieu (Joan), 251 n., 407.
Brunehort, 181, 182.
Brunetto Latino, 46 n., 47 n., 48,
62, 322, 323, 324, 325, 328, 391.
Brut (Roman de), 188 n.
BuoNi (Giac. Ant.), 263.
Buridan, 260.
Bussot (Franci), 173.
c
Cabanyelles (Pre), 89.
Cabestany (Guillem de), 124, 227,
239, 242.
Cabrera (Bernt de), 28.
Cabrera (Bernt Johan de), 85.
Cabrera (Johan de), 41, 50.
Cabrera (Vicomtesse de), 28.
CagHari, 19, 28.
Calatrava (Le matre de), 33.
Calders (Bernt de), 20.
Calixte III, pape, 110, 111, 176, 204,
262, 263, 394.
Callosa (Chteau de), 36.
Calvete de Estrella (Juan Crist-
bal), 418.
Calvi, 66.
Cambridge, 36.
Camoens, 420.
Campani (Niccolo), 220 n.
Canal d'En Bnites (La), 73 n.
Canals (Antoni), 175, 186, 190.
Canrionero de Baena, 194, 362, 430.
442
INDEX ALPHABETIQUE
Cancionero de Stitniga, 219.
Canoner d'Amor, 173, 174, 398.
Canoniques de reys, 47 n.
Cantique des Cantiques, 208, 315.
Captana (Mossn Anton), 173.
CardonA (Comte de), 188, 189.
Cardon.\ (Berenguer), notaire, 10,
104 n., 116.
Cardona (Ramon de), 22.
Cardona. Voy. F01.CH DE Cardona.
Carlos d'Aragon, prince de Viane,
46 n., 61, 71, 76 n., 80, 82, 83, 95,
174, 287, 307, 362 n., 363, 395, 429.
Carlos (Don), fils de Philippe II, 278
413.
Carpentras, 133, 177.
Carro (Carroz) de Vilaragut
(Luis), 1 n., 210, 211, 404, 413 n.
Cartagena (Alonso de), vque de
Burgos, 362.
Carvajal, 219.
Casalanz, 36.
Caspe (Parlement de), 40, 168.
Castella (Jacme), neveu de Pei'e
March V, 41.
Castella (Ramon), seigneur de Be-
niarj, 8, 42.
Castella (Ramon), 64 n.
Castelldefels, 118.
Castellnou (Jean de), 131, 170.
Castell, 151.
Castellv (Pre de), 117.
Castiglione (Baldassre), 411.
Cast de Muncada, 5.
Catala, cuyer, 112, 116.
Catherine de Lancastre, 64.
Caton (Dionysius), 177.
Caton d'Utique, 199, 259, 282, 305,
377.
Catulle, ami de Juvnal, 281.
Catulle, pote, 241.
Cava (La), 230.
Cavalcanti. V. Guido Cavulcanti.
Cenpey (Guerau), 104 n.
Cent Ballades, 184.
Centella.s (Blanca de), chtelaine de
Sitjar, 19; 20.
CiiDA Y Rico (Fr.), 2, 11, 12, 420 n.
Cerdan (Gimnez), 383.
Cret, 2 n.
Ceriol (Pre), notaire, 37.
Cervera, 12 n., 407.
Cervera (Guillem de), 124, 126.
Cervantes, 262, 414, 420.
Cerver de Girona, 124, 126, 224,
286, 292 n., 395, 424.
CSAR, 140, 284, 377 n.
Cestars (Aymon de), 135.
Cetina (Gutierre de), 417.
Chabaneau (C), 165, 186.
Chabas (Roque), 14, 24 n., 25.
Charlemagne, 134, 140.
Charles VII, roi de France, 66.
Charles d'Aragon. Voy. Carlos
d'Aragon.
Chartier (Alain
),
184 n., 395.
Chastel d'Amour, 134.
Chergui, 67 n., 68, 69, 75.
Cherguiotes (Les), 422.
Chiaro Davanzati, 326, 328.
Chrtien de Troies, 318.
Chrtien Legouais, 164, 229.
Christine de Pisan, 138 n.
Chroniques de Bretagne, 164.
Chroniques des rois de France, 134.
CicRON, 177, 185, 228, 284, 312, 313,
314, 321, 322, 324, 328, 399.
CiFRE (Constana), 6, 39.
CiFRE (Francesch), 39.
CiNO da Pistoia, 286, 298, 327, 329,
333 n.
Claris et Laris, 181.
Clef d'Amours [La], 280.
Clopatre, 230.
Clermont (Auvergne), 114.
Closts (Ramon), 104 n.
Cohles de la divisi del regjie de Mal-
lorca, 183.
CoLL (Marti), notaire, 103 n.
CoLONNA (Egidio), 46 n., 48.
CoMi (En), 132 n.
Comtes de Barcelone. Voy. Barce-
lone.
Confort ou Remde d'amours, 150.
Constance, femme de Frdric de
Sicile, 34.
INDEX ALPHABETIQUE 443
'Constance, femme de Jacme II de
Majorque, 132.
Constance, fille de Manfred de Si-
cile, 15.
CoNSTANA, femme de Jacme March I,
^26,
31 n.
Constantinople, 173,
Corbera, 15, 172.
Corella, 82.
Cornet (Ramon de), 131, 170.
Cots. Voy. Mont, Morella, Segorb,
Valence.
Corse (La), 66, 67, 69, 75, 187.
CosTER (A.), 411 n.
Cosiums de Espanya, 114.
Cotalba, 37, 63 ; Couvent de Saint
.Jrme de, 37, 41, 45, 63, 89, 92,
93.
COTARELO Y MoRI (E.), 170 11.
Cour d'amour, 238 n.
Court Amoureuse, 165.
CozoNDO (Caat), 103.
CozoNDO (Hamet), 103 n.
CozoNjJo (Maymo), 103 n.
Crats, 307.
Creus (Teod.), 30 n.
CuUera, 22 n., 50.
CvRA (Galceran), 72.
ahrugada (Guillem Berenguer), 67.
avall (Ramon), 179.
oT (Ali), 78.
urm, 55, 81, 82, 399.
D
Dalmau (Bartholomeu), notaire, 50.
Dalmau (Jacme), 103Ln.
Dalmau (Francesch), notaire, 40,
44, 57 n., 103 n.
Dante (Alighieri), 121, 127, 128, 177,
185, 188, 190, 192, 232, 250,
256-
262, 267, 277, 280, 282, 283, 286,
287, 290, 292, 298, 305. 319, 320,
327, 328, 331, 333, 342, 343. 347,
351, 358, 360, 391, 393, 405, 408,
409, 413, 426, 428, /i29, 431.
Daroca, 21.
David, 234.
Daviny (En Domingo), 116, 117.
De dilectio e carital, 45 n.
De humiliiate
(?)
de Saint Grgoire,
45 n.
De notes e proser de cant de Sanla Ma-
ria, 45 n.
Delcluze (E. J.j, 268 n.
Deiphine de Glandenez, 57.
Delphine de Sabran (La Bienheu-
reuse), 57, 342.
Dnia, 32, 35, 36, 41, 43, 69, 70, 80,
104 u.
Denk (O.), 226 n.
Descartes, 294.
Desdevises du Dezert, 381 n.
Desplugues, 30.
Desplugues (Francesch), 37.
Desplugues (Guillemona), 31 n.
Despuig
(?)
(Esteban), notaire, 25 n.
Despuig (Luis), 400.
Dezpla (Jacme), 82.
DlAN, 201.
Diccionari e fhrs de cobles, 47 n.
Diego de Fuentes, 2, 262.
DiEz Daug, de Aux, (.Jacme), 82.
DiEz (Rodrigo), 394.
DiNO Frescobaldi, 286.
Djerba, 68.
Dolce stil nuoi'o, 127, 327, 328, 330,
331, 342, 347, 428.
Doi.Ms (Hugo), 72.
Dominicains (Les), 125, 192, 285.
Doria (Brancaleone), 35.
Dormi secure, 46 n.
Du Gange, 18 n.
Dugas (L.), 312, 357 n.
DuGUEscLiN (Bertrand), 32, 33.
Dulcine, 421.
E
Ecole de Toulouse. Voy. Consistoire.
Elche, 32.
Elzar de Sabba.n. Voy. Saint El-
ZF.AR.
Empuries (Ramou d'), 44.
Endvmion, 27'j-
Ei-iriuKi-, 365, 370, 373, 374.
444
INDEX ALPHABETIQUE
Epicuriens (Les), 312, 373.
Erill (Arnau d'), 179.
Erill (Ramon Roger d'), 179.
Ermengart de Narbonne, 176, 314.
EscoLANO (Gaspar), 2.
EspiNOSA (Nicolas), 413 u.
Estocians, 371. Voy. Stociens.
Etablissements de Saint-Louis, 78.
Ethica vtus, 314.
Eugubines (Tables), 109, 256, 384 n.
Evangelis e exemples del Novell Tes-
tament, 45 n.
Evangile (L'), 282, 367.
Eve, 217, 243.
Exacutori [Excitatori ?)
de penssa a
Deu, 45 n.
Exal. Voy. Xal.
Examenon, Exameron, 45 n.
Exemplari, 46 n.
Exemples de la S. Escriptura, 45 n.
ExiMENiz (Francesch), 115, 175.
ExiMENO (Micer Francesch), 79.
Exposicid dels VII psalms, 115.
Exposicions dels Salms, 114.
Facet, Facetus, 135, 228, 282.
Faguet (Em.), 344.
Fara y Sousa (Manoel de), 420.
Farinelli (Arturo), 185, 188, 189,
257 n., 272.
Fauriel (C), 235.
Febrer (Andreu), 184, 187, 188, 256,
426.
Febrer (Jaume), 22 n.
Feliu de la PEfiA, 22, 30, 69.
Fnelon, 331.
Fenollar (Bernt), 111, 177, 204,
394, 400.
Ferdinand le Catholique, 421.
Fernand I**^ d'Antequera, roi
d'Aragon, 30, 43, 64, 168, 169, 172,
180.
Fernandez (Allons), 132 n.
Fernandez de Heredia (Juan), 403.
Ferrandez (Pre), 117.
Ferrer (Francesch), 50, 179, 180,
234, 242, 394, 395, 400.
Ferrer de Guissona (Gernim),
407.
Ferrer y Bign (Rafal), 3, 174,
399 n.
Ferruix (Gabriel), 180.
FlAMMET'JA, 268.
Figueres, 398.
FiGUERES (Hierny), 1, 2 n., 195,
413 n.
Flandres (Les), 381.
Florence, 211.
Florinde, 230.
Flors del Gaij Saber. Voy. Lsys
d'amors.
FoGASsoT (Johan), 173, 174.
FoLGH DE Cardona (Femando), 404.
Folqueris (Pre), notaire, 21.
FOLQUET DE LuNEL, 253 D.
Folquet de Marseille, 124, 239,
251 n., 254 n., 428.
Font d'en Carro, 82.
FoNTANELLA (Franccsch), 407.
Foyos, 50.
France (La), 36, 61, 78, 131, 136, 228,
230,315,323, 343,424,425.
Francesco da Barberino, 319, 320.
Francina (Na), esclave d'Auzias, 95.
116.
Frdric de Luna, 68, 69.
Frdric IT, roi de Sicile, 34, 320.
Frre de Joie, 135, 183.
Frondino e Brisona, 135.
Fu.MEYT, 78.
G
Gabriel (L'Ange), 180.
Gay Saber, Gaie Science, 29, 30, 114,
115, 124, 130, 135, 165, 166, 167,
171, 174, 196, 228, 231, 232, 332,
407, 425.
Galeot, 181, 182.
Galice (La), 32.
Galien, 279.
Gallacii (Johan de), 84.
Gallardo (B. J.), 420 n.
INDEX ALPHABETIQUE
445
Galter, Gualterius, 182, 183.
Galvany (Pre), 179.
Gandie, 7, 8, 12 n., 14, 15, 31-33, 34 n,
36-38, 41, 42, 44, 50, 51, 54, 65, 67,
69, 70, 72, 73, 75-80, 83, 97-100,
103, 106, 111, 116, 187.
Garcia (Anthoniiis), 104 n.
Garcilaso de la Vega, 261, 403,
411, 412, 415, 416, 420.
Gardair (J.), 288 n.
Garrigas (Bernt de), notaire, 34.
Gasc (Na Yolant), 101.
Gaucelm Faidit, 157, 239, 246 n.,
253.
Gautier. Voy. Galer.
Gavaudan, 273, 346.
Gazali, 314.
Gnes, 66, 68.
Gnois (Les), 19, 22, 67, 68, 187,
256, 423.
Geoffroy de Montmoutii, 188 n.
Gesici, 20 n.
Gestes, 229.
GiL DE Vidaure (Teresa), 16 n.
GiL (Pre), 38 n.
GiL Polo (Gaspar), 2, 69.
Gilles de Rome, 46 n., 285.
Giraldi (Lilio Gregorio), 413.
Giraud d'Espagne de Toulouse,
242.
Gobernal, Governal, Guvernal,
182.
Godefroy de Bouillon, 134.
Gomez (Odoardo), 263.
Gralla (Jacme), 30.
Granvelle (Cardinal de), arche-
vque de Besanon, 413.
Graziella, 350.
Grenade, 408.
Guergues. Voy. Chcrgui.
Gui d'Uisel, 238.
Gui Nantull, 126.
GuiDO Cavalcanti, 127, 286, 327.
Guido delle Colonne, 229.
GuiDO GuiNicELLi, 127, 286, 327,
328.
GuiDO Orlandi, 286, 327, 328.
GuiLHEM d'Aquit.\ine, 249.
Guillaume, vque d'Auxerre, 314.
Guillaume II, vicomte de Nar-
bonne, 66.
Guillaume de Lorris, 248 n., 323.
Guillaume de Machaut, 164, 184,
242 n., 395.
Guillem Vedel de Mallorca, 170.
Guillen Veneciano (Maestro), 191.
Guimera (Madona Ysabel de), 185.
GuioT (Dionis), 174, 399.
Guiraut de Bornelh, 232, 245 n.
GuiRAUT de Calanso, 248, 249, 316,
317, 319, 323, 325. 328, 333, 429.
Guiraut Riquier, 124, 125, 238 n.,
249, 254, 286, 303 n., 325, 328.
GuiRON LE Courtois, 134.
GuiTTONE d'AREzzo, 127, 326.
Guyenne (La), 36.
H
Hanapes (Nicolas de), 46 n.
Haurau, 282 n.
Henri de Bar, 164.
Henri III de Castille, 64.
Hercule, 139.
Hermengaud de Sabran, comte
d'Ariano, 57.
Herrera (Fern. de), 412 n., 418, 419,
420, 421.
Heyse (P.), 246 n.
HippocRATE, 234, 270, 279, 380.
HiPPOLYTE, 282.
HiTA (L'archiprtrc de), 362.
Homre, 299.
Horace, 281.
HoYos (Juan Lpez de), 262, 414.
Hue Faidit, 130.
Hugo (Victor), 421.
Iglesias, 19.
Image du Monde, 47 n.
Imprial (Micer Francisco), 408.
Innocent III, pape, 'i5 n., 46 n., 49,
Inquisition (L'), 125, 129.
Instiluci de art de cavalieria, 47 n.
ISEULT, 188.
446 INDEX ALPHABETIQUE
Italie (L'), 67, 68, 109, 187, 188, 223,
232, 251, 256, 257, 261, 323, 331,
341-343, 415, 422, 427, 429.
Jacme d'Aragon, vque de Va-
lence, 190.
Jacme I*^' le Conqurant, 14, 15,
17, 24 n., 31, 51, 54, Cl, 123, 124,
263, 419.
Jacme II, roi d'Aragon, 17-21, 24, 55,
126, 131.
Jacme de Majorque (L'infant),
132 n.
Jacme II de Majorque, 132.
Jacme le Malheureux, comte d'Ur-
gel, 43, 44.
Jacmena
(?),
103 n.
Jakes d'Amiens, 330 n.
Janer (Joan), chambellan, 29.
Jardinet d'orats, 401.
Jason, 229.
Jean XXI, pape, 47 n.
Jean de Galles, 47 n., 48, 62, 322,
324, 374.
Jean de Garlande, 228.
Jean de Meun, 313, 324, 325.
Jean de Werden, 46 n.
Jean
1er,
j-oi d'Aragon, 29, 30, 33, 36,
48, 61, 134, 136, 137, 149, 157, 162,
164, 167, 171, 182, 185, 190,
Jeanne de Naples, 67.
Jeanroy (Alfred), 231, 258, 315 n.
Jehan le Bel, 330 n.
Jess, 400.
JSUS, Jsus-Christ, 282, 324, 326,
327, 377, 391.
Joan (L'infant). Voy. Jean I^'', roi
d'Aragon.
Joan (Francs), 11.
Joan del Pobo, trsorier, 9.
Job (Le livre de), 282.
Jochs Florals. Voy. Barcelone.
Jofue de Foixa, 170.
Johan (Pcre), 94 n.
Jolia (Andreu), notaire, 72.
JONATHA'4, 284.
Jordi de Sent Jordi,
187, 188, 189,
240, 256, 426.
Jourdain (Ch.), 288 n.
Jovades de Na Maria, 79.
Juan (Honorato), vque d'Osma,
278, 413.
Juan II, roi de Castille, 251, 361, 362..
Juan II, roi de Navarre,
8, 9, 69, 76,
80, 84, 85, 173, 395.
Jucar (Le), 102.
Juifs d'Aragon (Les), 21, 125.
JuLiA (Mossn), 91 n., 114.
JuLiA (Mossn Miquel), 116.
JUVNAL, 281.
K
Kerkenah. Voy. Chergui,
I
Lamartine, 350.
Lambert, 177.
Lanceloi, 134, 175, 181, 182, 230.
Lancelot du Lac, 142.
Lanfranco Cigala, 246 n., 347.
Langlots (Ern.), 324.
Las naturas, d'alcus auzels e d'alcunas
bestias, 281.
Laure, 222, 225, 257, 270, 273-275,
330, 348, 351, 360.
Leconte de Lisle, 277.
Len (Fray Luis de), 418, 419.
Lonard d'Arezzo, 288, 363.
Lrida, 21, 30, 62 n., 136, 285.
Lth, 259.
Lejjs d'amors, 129, 130, 136, 146, 162,
170, 188, 193, 224, 250, 252, 297 n.,
325, 424, 425, 431.
Libre de Memories de la ciitiat e rgne
de Valencia, 11, 23, 98.
Limousine (Ecole, Langue, Posie),
111, 123, 169, 175, 183, 224, 412.
Livre de l'Ordre de la Chevalerie, 27.
Lombez, 263.
LoPEz (Adam), ciiyer d'Auzias,
103 n.
Lopiz (Adam), fauconnier, 82.
INDEX ALPHABETIQUE 447
LORQUA (Johan de), notaire, 8.
Llabrs (Gabriel), 5, 11, 119 n.
Llibre apellai Cidratus, 46 n.
LUhre de Cilurgie {Clergie) apellai
Cidrat, 47 n.
LuciLius, 362.
Lucrce, dame romaine, 265.
Lucrce, pote latin, 370.
LucREziA, 329.
LPEZ DE Mendoza (Inigo). Voy.
SA?yTILLANA.
LuLL (Ramon), 47 n., 48, 114, 115,
124, 126, 127, 149, 224, 290.
LuLi. (Romeu), 390, 401, 402, 403,
409, 430.
Luther, 392.
LUYS d'IxER, 5.
Lynce, 229, 284.
II
Madrigal (Alonso de), vque
d'Avila, 362.
Magdelo.n, personnage de Molire,
318.
Mahomet, 81, 82.
Majorque, 66.
Malferit (Jacme de), 102, 103.
Mallol (Lorenz), 186, 256.
Manche (La), 381 n.
Manfred, roi de Sicile, 15.
Manual de Concells, 191.
Manuel (Ferrant), 251.
Marc (Bortholmieu), 130, 131, 424.
Marcabrun, 243.
March (Aldona), fille de Johan
March, 34, 41, 43, 64.
March (Alphonse), 85.
March (Anthonia), 50.
March (Arnau), jiislicia civil de Va-
lence, 8, 25.
March (Arnau I), 41, 50.
March (Arnau II), pote, 41, 43, 49,
50, 180, 182, 191, 224, 230, 251,
426, 430.
March (Bartholomeu), 26, 41, 191.
March (Bartholomeu), d'Oliva, 50.
March (Berenguer), jur de Valence,
23, 24.
March (Berenguer I), chanoine de
Valence, 10, 21, 23, 24, 26, 35, 46.
March (Berenguer II), matre dfr
Muntesa, 24, 26, 30, 39, 45 n., 48,
49, 114.
March (Berenguer), de Tarragone,
15, 24.
March (Felip), 94, 116, 117.
March (Francs), 11.
March (Francesch), justicia civil de
Valence, 23 n.
March (Francesch), citoyen de Bar-
celone, fils de Pre March V, 34,
118.
March (Francesch), fils d'Auzias, 85,
89, 93, 108,
March (Gerni), 119 n., 120.
March (Gualba), 41.
March (Guerau), 41.
March (Guillem), 22.
March (Guillemona de), 30.
March (Jacme), combattant de Bi-
var (1245),
22 n.
March (Jacme), fils de Ramon
March, 48.
March (Jacme I), 21-26, 27 n., 31,
35, 101.
March (Jacmot, Jacme II), pote,
3 n., 26-29, 31, 32, 34, 43, 47-49,
65, 133, 135, 138, 141-148, 155,
162, 163, 165, 166, 170, 191, 224,
230, 251, 361, 424, 425, 429.
March (Jacme), dput de la Gn-
ralit de la Catalogne, 30.
March (Jacme), seigneur d'Aram-
pruny, fils de Pre March V, 34,
118, 119.
March (Jacme), huissier d'Al-
phonse V, 19 n., 41.
March (Jaumc), jur de Valence,
2.',
March (Jaume), du xvi^ sicle, 22.
March (Johan), fils de Pre March V,
34, 38, 39, 40, 64, 101.
March (Johan), fils d'Auzias, 94, 104,
112.
448 INDEX ALPHABETIQUE
March (Johana), femme de Jacme
March d'Arampruny, 118.
March (Johana), fille d'Aiizias, 94,
116, 118.
March (Leonor), 35, 41.
March (Lle), 48 n.
March (Luis) , neveu de Pre March V,
41.
March (Luis), 19 n.
March (Marti), 23 n.
March (Pedro Ausias), de Cervera,
407.
March (Pre I), notaire du roi d'Ara-
gon, 14-17, 124.
March (Pre II), secrtaire-greffier
du roi d'Aragon, 17, 18.
March (Pre III), trsorier et con-
seiller des rois d'Aragon, 6,
18-24.
March [Pericd, Pre IV), trsorier,
6,
21-24, 26, 35.
March (Pre V, major dicrum), pote,
4, 7, 8, 10, 24 n., 26, 29; 31-36, 38-
40, 42, 44-46, 48-50, 55, 56, 58, 63,
69, 79, 86, 97, 101, 112, 113, 115,
118, 119, 131-133, 135-137, 148-
151, 153-157, 160, 162, 163, 106,
169, 174, 191, 213 n., 224, 234, 322,
325, 342, 361, 423-425, 429.
March (Pre VI, junior],
6, 35, 38,
40-
43, 48 n., 56 n., 101, 118.
March (Pre VII), fils d'Auzias, 93,
94, 116.
March (Peyrona), 35, 40, 41, 56,
57 n., 58, 73, 87, 88, 119.
March (Ramon), 15.
March (Ramon), seigneur d'Aram-
pruny, 48 n.
Mauch (Yolanda de), femme de Bo-
nafocam de Vallebrera, 37.
March (Yolanda), fille de Johan
March, 34, 41, 43.
March (Yolanda), fille de Ramon
March, 48 n.
March de Pina, notaire, 79.
Marchus, 14 n.
Marcius, 14 n.
Marc (J. de), 14 n.
Marguerite, reine d'Aragon,
49, 50.
180, 182.
Maiia, femme de Pre March III, 21.
Maria de Luna; reine d'Aragon, 49.
Marian'a (Juan de), 421.
Marie, femme d'Alphonse V d'Ara-
gon, 9, 64, 67, 84, 103, 110, 383.
Marie de Champagne, 314.
Mariner (Vicente), 262, 263, 420.
Marques, 14.
Marques (Pre), notaire, 17 n.
Marseille (Bibhothque de), 177.
Marsile Ficin, 341.
Marta, esclave d'Auzias,
94, 95, 116,
117.
Mart (Castellana), 94.
Mart (Constana), 94, 104 n.
Mart, cuyer, 116.
Mart (Francesch), 91, 94 n.
Mart (Ramon), 125.
Martin l'^i'.roi d'Aragon,
11,30,38 n.,
40, 49, 147 n., 162, 167, 168, 175,
179, 180, 182, 186, 190.
Martnez (Bonifacio), 4 n.
Martnez de Toledo (Alfonso), ar-
chiprtre de Talavera, 362.
Martnez (Pre), 400.
Martorell (Damiata), 81, 88.
Martoreli. (Francesch de), 81, 88.
Martorell (Galceran), 89.
Martorell (Isabel de), femme d'Au-
zias March, 80, 81, 88, 90, 92, 108.
Martorell (Jammot), 81, 89.
Masc (Domingo), 182.
Masdovelles, 194, 426.
Masdovelles (P. Johan de), 399.
Mass Torrents (J.), 1 n., 30 n.,
189 n., 416 n.
Mataplana (Hugo de), 124.
Mateu (Johan), 172.
Matfre Ermengau, 46 n., 48, 62,
125, 134, 232, 238 n., 326.
Mayans y Siscar (J. Ant.), 2, 11, 12,
420 n.
Mde, 229.
Mliadus, 134.
Mmorial de la Audiencia de Palma
de Mallorca,
5, 56.
INDEX ALPHABETIQUE
449
Mena (Juan de), 383 n.
Mendoza (Diego Hurtado de), 415-
417.
Menndez y Pelayo (M.), 226, 257,
258, 271, 278, 409 n., 410 n., 420 n.
Mercadeu (Berenguer), 83.
Mercader (Juan), 10.
Mercader Mallorqu (Lo), 179.
Mescua (Francesch de), 177, 394,
Metge (Bernt), 133, 135, 136, 183,
185, 189, 190.
Metge (Mestre Fcrrando), 399.
Mey (Joan), 403 n.
Meyer (Paul), 31, 149, 241, 245 n.,
326.
Michel-Ange, 405.
MiLA. Y FoNTANALs (Manucl), 3, 128,
133, 177, 182, 186, 189, 225, 226,
232, 251, 396, 403, 431.
Milanais (Les), 68.
MiLLAs (Elisen de), 48 n.
Minerve, 413 n.
MiQUEL DE LA ToR (Mcslrc), 114,
231, 232.
MiRET Y Sans (.Joaquim), 20 n.
Moine de Montaudon (Le), 156,
160, 188, 238 n., 319.
Molire, 222, 318.
MoLiNiER (Guilhem), 130, 424.
MoNBOiii (Na), 96, 199, 210, 211,
220, 221, 272, 297, 335, 395.
MONBOY. Voy. MoNROIli.
MoNCADA (Guillem Ramon de), 40.
MoNPALAU (Johan de), 72, 104.
MoNTAGXJT (Johan de), 101, 119.
MoNTALEMBERT (Ch. de), 315 n.
MoNTANHAGOL (Guilhcm), 124, 246,
318.
MoNTEMAYOR (J. dc), 2, 212, 262 n.,
407, 414, 415, 419.
Mont (Corts de), 30, 35, 36, 84.
Monteioy, 90.
Montpellier, 25.
MoNYO (Francesch), 101.
MoRATA (Johan), 72.
Morel-Fatio (Alfred), 11, 112 n.,
175, 228, 298 n., 418.
Morella (Corls de), 85.
Moreno (.Johan), 111, 116, 204, 252,
39^.
MoRER (En Francesch), 174.
Mores de Berbrie (Les), 37 ;
de
Grenade, 20 n.
MuNA (Barthomeu), 103 n.
Mlntaner (Ramon),
126, 132.
Muntesa (Ordre de), 19, 27, 30, 48, 49,
114, 400.
Murvedre, 27 n., 29, 32, 137, 1.38.
l\
Najera, 33, 69.
Naples, 65, 82, 83, 75, 109, 173, 204,
219, 256.
Navagiero (Andra), 408.
Negre (Johan), ccuyer, 64 n.
Ngre (Marti), 116.
Neptune, 407.
Nioa, 80, 89, 102.
Nmes, 231.
Novellet (En), 132 n.
o
Obrador y Bennassar (Mateu),
114 n., 126 n.
Oliva, 50, 73 n., 78.
Oi.ivA (Comte d'), 401.
Oliver (Bernt), 45 n.
Oliver (Francesch), 184 n.
Ordinacions de la Iglesia, 46 n.
Origfne, 284.
Orphe, 167.
Ortiz (.J. Mariano), 2.
OroN DE Granson, 184, 395.
Ovide, 175, 185, 190, 228, 280.
Oxiord. 36.
Pages (Am.), 3 n., 129 n.
Palamde, 181, 182.
Palazol (Berenguer de), 124.
Palerme, 320.
Palma, prs dc Gandie,
8, 36, 37, 99,
100.
Am. Pages.
Auzias Alarch. 29
450 INDEX ALPHABETIQUE
Palma de Malloica, 5, 11, 115.
Pardines, 8, 31, 40, 42, 69, 73, 76-80,
97, 98 n., 118, 121.
Paido (Mossn Pero), 172.
Paudo de la Casta (Pre), 92.
Paris (Gaston), 183, 318.
Paris, 164, 165, 167, 285 ;
Universit
de, 62, 320.
Parques (Les), 348.
Pascal (Biaise), 230, 392.
Pastor (Simon), 176.
Paz y MLiA (Ant.), 4, 26, 34, 45 n.,
48 n., 50, 55, 56, 63 n., 131, 362.
Pedrall.s, 27, 28.
Pedrcgiier, 81. 90,
91.
Pedrell (Felip), 251- n., 407 n.
Pedro, conntable de Portugal, 39,
111.
Peire Bremon Ricas Novas, 227.
Peire Cardenal, 114, 160, 188, 232,
243, 382.
Peire Espacmol, 252 n.
Peire Ramon de Tolosa, 235, 236,
237 a., 268, 284.
Peire Rogier, 241 n., 316 n.,
Pelayo Briz (Fr.), 262 n.
Penyafor'i (Ramon de), 125, 407.
Pres de l'Eglise (Les), 363, 392.
Prez (Johan), 9.
Prez de Guzman (P.), 169, 362 n.
Perillosa Guarda, 183.
Periz de Fozes (Thomas), 129.
Prouse, 109, 257, 384.
Perpignan, 49.
Perteoas (D' J. Rodrigo), 4, 9.
Petit (Jules), 330 n.
PfItrarque, 185, 186,
188-190, 192,
195, 225, 233, 240, 241, 250, 254,
256, 257,
261-276, 278, 286, 295,
298, 329, 331, 342, 344, 347, 348,
350, 351, 353, 358-360, 393, 405,
406, 408, 409, 413-415, 418-420,
426, 428, 429.
Phdre, 282.
Philippe II, roi d'Espagne, 112, 413,
414.
Philippe III, roi de France, 285.
Philippe de Vitky, 164 n.
Pikerus (Gaston), comte do Foix,.
164.
Pierre II d'Aragon, 124.
Pierre, comte d'Urgel, 30.
PrERRE d'Aragon (L'infant), 15,.
17 n.
Pierre d'Aragon (L'infant), comte
de Rihagora,
8, 32 n., 131, 132,.
148, 155, 424.
Pierre d'Aragon (L'infant), duc de
Noto, 68, 69, 423.
Pierre IV te Crmonieux, roi'
d'Aragon, 6, 11, 19 n., 20-24,
27,
29, 32, 33, 36, 45, 61, 71, 128, 132,.
133, 136, 137, 142, 149, 157, 162,.
164.
Pierre de Bi.ois, 315.
Pierre d'Espagne, 47 n.
Pierre-Gauthiez, 261 n.
Pierre t e Cruel, roi de Caslille, 32,.
33, 138, 154.
Pmoan (J.), 5, 65.
Pise (Rpublique de), 19.
Platon, 177, 284, 299, 310, 312, 329,.
331, 338, 341, 345, 370, 374.
Platoniciens (Les), 371.
Pompe, 140.
Pons (Lluch), notaire, 57 n., 72..
Pons de Capduelu, 273, 346.
Ponza, 84.
Pop, 38.
PoRTOGiL (Agns de), 103.
Portugal (Le), 403.
PouRciioT, 300 n.
Prcieuse (Littrature), 414 n..
Prince de Galles, 32, 33.
Prince ]Noir. ^oyez Prince de
Galles.
Procs de les Oln>es, 413 n.
Prodtcus de Cos, 139.
Provenaux (Les). Voy. Troubadours..
Proxida (Isabel de), 99.
Proxida (Mossn), 179.
Puculull (Johan), 173.
Pugekiol, notaire, 8, 9.
PujOL (Jean), 405-407.
Pygmalion, 274.
Pyrame, 229.
INDEX ALPHABETIQUE 451
o
QuADRADO (J. Maria), 3, 225, 271,
350, 419 n.
Quaestiones de Anima, 46 n.
Que la persona rlca salvar no s pot,
46 n.
QuERALT (Guerau de), 133.
QuERALT (Pre de), 179.
Querquens. Voy. Chergui.
Questiones de la anima e del cos,
46 n.
QuEVEDO (Fr. de), 419.
QuiLS (xNicolas), 190.
QuiNTAVAL (.Jayme de), 25 n.
QuixADA (Fray Toms), 415 u.
K
Rafal d'en Siscar (Lo), 50.
Rafol, 80, 88, 89, 102.
Raimon de Miraval, 227.
Ramo (Francesch Jharoni), 2 n.
Rebollet (Chteau de), 82.
Rgnier (Mathurin), 95.
Renaissance (La), 109, 159, 190, 220,
248, 257, 273, 276, 343, 363, 391,
406, 421, 430.
Renard {Roman de), 11.
Reparlimientos de los reinos de Mal-
lorca, Valencia
y
Cerdena, 14, 15,
16, 90, 124,
Resa (.Juan de), 2, 237 n., 262, 263,
404.
Retgles d'amor, 182.
Rhodes, 394.
Rhne (Le), 350.
Rhythmus de Contempla Mundij 62,
283, 284.
Riambau d'Aurenga, 244 n.
Ribagora (Comte de), 69.
RiBALTA (Juan de), 110.
RiBELLEs (Elvira de), 101, 119.
RiBELLES (Gaspar de), 5.
RiBERA (Rodrigo). 2, 19, 24, 27, 28.
RiBOT (Th.), 299, 300 n., 301.
Richard de Fourmval, 175.
RiGAUT DE Barbezieux, 150, 238,
316 n.
RiMiNi (Francesca di), 258.
RiPOLL (Elionor ou Leonor de), 34,
40, 41, 45, 50, 55, 56, 57 n., 67, 72,
87, 101.
RiPOLL (Fr. Jehan), seigneur du Ge
novs, 37.
RiPOLL (Pre de), 101, 119.
Robert d'Anjou, roi de iNaples, 175..
RoBERT Greatheat, de Lincoln,.
320, 362.
RocABERT (Le vicomte), 142.
RocABERT (Felip Dalmau de), 1331
RocABERT (Fra), 174.
RocABERTi (Guillem Galceran de)>
28.
RocH.\BERTi (Dalmau de), 131.
RoAYAL (Ali), 82.
RoAYAL (Caat), 82.
RooAYAL (Mnhommat), 82.
RoDocANAcni (E.), 220 n.
Rodrigo (Don), roi wisigoth, 230.
rodrguez
(j.),
263.
Roger de Castell, 150.
Roger de Castell (Madona), 151,.
153.
Roi de Corella (Fra Joan), 164.
Roi DE Corell.a (Johan de), cou-
sin de Pre March V, 41.
RoiG (Jacme), 2 n., 59 n., 89, 17S
177, 394.
Roiz DE Corella (Johan), gouver-
neur de Valence, 83.
Roland, 140.
Romagne (La), 327.
Roman de Jaufre, 316 n.
Roman de la Ro'ie, 280.
Roman de Troie, 183 n., 229.
Roman i (Baltasar de), 40'i, 407, 413,
415 n.
Romasrt (En), 132 n.
Rome, 190, 230, 285.
RoMEU (Jacme), 79, 101.
RoMEU (Johan), 45 ii., 49.
RoQUAFouT (Johan), 398, 400.
RosELL (Pai), notaire, 10, 92.
Rossa (Na Francina), 401.
452 INDEX ALPHABETIQUE
RossEi.L (G.), 126 n.
RoviRA (Pre), 89.
RuBERT (Francesch), notaire, 99.
RuBi Y Lluch (Ant.), 48 n., 128,
136, 164 n., 168, 226, 271, 278.
RuBi Y Ors (J.), 1 n., 3, 4 n., 23,
65, 225, 271.
RuBioLS (Pre), 10, 79, 101.
Saavedra Fajardo (Diego de), 263.
Sabrugada, dominicain, 125.
Saez (Fray Liciniano), archiviste,
7 n., 8 n.
Saint Alexis, 57.
Saint Ambroise, 45 n., 313.
Saint Augustin, 259 n., 299, 363,
377.
Saint Bernard, 175, 190, 283, 315.
Saint Bonaventure, 125.
Saint Christophe, 400.
Saint Elzar de Sabran, 57, 342.
Saint Franois d'Assise, 132, 283.
Saint-Georges (Ordre de), 49.
Saint Grgoire, 45 n.
Saint Isidore de Svilt.e, 47 n.
Saint Jean, 234.
Saint Jrme, 45, 307 ;
Couvent de
Saint Jrme. Voy. Cotalba.
Saint Marc, 98 n., Chapelle
de la
Seu de Valence, 10, 25, 35, 41, 50,
93, 116, 120.
Saint-Martin, paroisse de Valence, 38.
Saint Mathieu, 389 n.
Saint Paul, 283.
Saint Pierre, 282.
Saint Silvestre, 46 n.
Saint Thom.vs d'Aijuin, 115, 125,
127, 185, 259 n., 260, 270, 280 n.,
284, 285, 287, 288, 290-295, 297-
303, 305-308, 320-323, 326, 327,
328, 331-333, 340, 341, 343, 344,
357, 360, 363, 369, 377, 378, 380,
382, 384-386, 388-393, 428, 429.
Saint Valrien, 57.
-Saint Vicent Ferrer, 64, 111, 185,
285.
Sainte Ccile, 57.
Salamanque, 418
; Ecole de
, 418.
Salazar (Eugenio de), 263.
Salmarius (Johannes), 103 n.
Salomon, 234, 284.
Salleri, 46 n.
Salut d'amour, 134.
S.\mp);r (Hipp. de), 2 n., 48.
Samson, 234, 284.
San Cucufat dei Valls, 131 n.
;
Corts
de , 66.
San Matheu, 49.
Sanchez (Ant.), 263.
Sanchez de ias Brozas (Fr.), 412 n.,
418.
San (Gabriel), 10.
San (.Jehan), notaire, 87, 92, 104 n.
Sandoval (Beatiiu de), 5.
Santaf (Nicolau), 98.
Saniillana (Marquis de), 38, 39, 53,
95, 111, 133, 156, 169, 174, 184 n.,
188, 362, 363, 393, 408.
Sanvisenti (B.), 271, 272.
Saplana (Fr. Pre), 132 n., 190.
Saragosse, 38, 169, 285.
Sarola (Francesch), 9.
Sardaigne (La), 19, 20, 22, 40, 66, 67,
69, 120, 126, 132, 256.
Sarrasins (Les), 14, 16, 42, 55, 76, 80,
81, 89, 103.
Sarmieno ivr. de), 263.
Sav.i-Lopez (P.), 127 n.
Scar.^no (N.), 241.
ScHJFF (M.), 282 n.
Schisme d'Occident (Le), 179.
Scolastique (La), 181, 192, 258, 276,
428, 429.
ScoRNA (Bernt de), 90, 92.
ScoRNA (Castellana), 91.
ScoRNA (Constana, Castella), 81, 82,
90, 91, 102.
ScoRNA (Damiata), 91, 114.
.Sc:ORNA (Johana), femme d'Auzias
March, 90, 91, 92, 93, 94, 102, 104,
116.
SroT (Duns), 293 n., 322, 371.
ScRivA (Mossn Jachme), 184 n.
ScuDRY
(Mlle
de), 318.
INDEX ALPHABETIQUE 453
Secundum quod dicit Filosopus in se-
cundo de Anima, 115.
Segorb (Corts de), 49.
SNQUE, 62, 105, 190, 259 n., 282,
284, 299, 306, 361, 362, 363, 366 n.,
370, 372, 373, 374, 377, 391.
Seraf (Pcre), 290 n., 405, 406.
Sereno, Sirne?, 188.
Sermojs dvminicals, 46 n.
Serradell de Vich (Bernnt), 182.
Serrano y Morales (J.), 420 n.
Seseli.es (Blay), 398.
Sete Saisis, 135.
Sville (Ecole de), 418.
Sibylle (La), 186.
Sicile (La), 34, 66, 75, 109. 127.
Sidrach, 46 n., 47 n., 48, 62.
Silgucs, 151.
SiLius Italicus, 281.
Siurcs, 20 n.
Sochate, 379.
S (Benial de), 33, 133, 135, 149.
SoLER (Pre de), mdecin, 38.
SoMA (Duchesse de), 261, 408.
Sorda, 151.
SoRDEL, 124, 246, 318.
Sors (Lonard de), 173.
Spano (Anthonius), 103 n.
Spinoza, 331.
Streye (Mossn Anlhoni), prtre,
117.
Stociens (Les), 306, 312, 370, 371,
373, 382, 391.
Stocisme, 159, 370, 391.
Sl'aris (Isabel), 176, 177.
Sulamite (La), 208.
Sur.i.Y Prud HOMME, 370.
Siimari de rgles de dret, 47 n.
Suna. Voy. una.
T
Table Bonde (Le livre de la), 134.
Table Ronde (Romans de la), 162,
181-183, 318, 342, 424.
Taine (Henri), 13, 276 n.
Tallander (Antoni), 109, 257, 377.
TAMAYODEVARc:As(Th.),412n.,4l7n.
Ta.ntale, 229, 382.
Tapia (Juan de), 219.
Tasso (Bernardo), 409.
Tassoni (Alessndro), 263-266, 268-
270.
Tastit (Joseph), 11, 112 n., 131 n.,
396.
Tecla de Borja (i\a), 111, 176, 204,
394.
Teruel, 21.
Tesaurus paupenim, 47 n.
Testament d'umor, 183.
Thopiirasie, 312.
Thf.hse, 197, 209-212, 215, 221, 222,
265, 274, 398, 407, 421.
Thrse ni: Jsus (La bienh.), 407.
Thse, 229.
Thisb, 229.
Thomas (Antoine), 319.
Thomas d'Irlande, 47 n., 48, 62.
TiBERirs Gracciti's, 167.
TicKNOR (G.), 400.
TiRABOscHi (G.), 114 n., 232 n.
TiTE-LVE, 399.
TiTYos, 259, 280.
TixioN, 259.
ToLSA E DE MuNCADA ( Angcla)
,5,
87.
ToLSA (Johan), 5.
ToRELLi (Pomponio), 262, 267.
ToRNER (Joseph), 405 n.
ToRRAs Y Bages (J.), 278, 333 n.
ToRRE (Alfonso de la), 332 n.
ToRRELLA (Auzias), 94, 116.
ToRRELLA (Guillem de), 133, 135.
ToRRELLA (Jaume), 10.
ToRREs Y Reyet (J.), 3, 17 n., 20 n.,
21, 48 n.
ToRROELLA (Pcrc), 181, 188, 219,
395, 396, 397, 398, 401.
Toitose, 32.
Toscane (La), 127, 326, 327.
Toulouse, 60, 129, 285 ;
Acadmie ou
Consistoire'dc, 29, 128, 129, 131,
132, 157, 162, 165, 167, 184, 186,
192, 224, 231, 252, 342, 400, 401,
423-426; 430 ;
Jardin des Augus-
tincs de , 129, 174 ;
Universit
de , 175.
t54
INDEX ALPHABETIQUE
Trahella, 80, 89, 102.
TRA^'STAMARE (Heuri de), 32, 33.
Trasfort, 179.
Trsor de la lengua francesa, 47 n.
Tribaldos de Toledo (Luis), 262,
419.
Trilles, 37.
Tristan, 134, 175, 181, 182.
Trohar dus, 250, 343, 430.
Troubadours (Les], 123, 125, 129,
132, 134-136, 139, 142, 148, 156,
157, 162, 163, 170, 171, 174, 185,
188, 189, 192, 193, 224-225, 274,
.285, 290, 295, 316, 320, 326, 330,
340, 343, 346, 347, 358, 361, 382,
393, 408, 422,
424-431.
Trouvres (Les), 189.
"
Tudela, 76.
TuLLIL'S, Voy. ClCRON.
Turcs (Les), 394 ;
Croisade contre les
, 173.
Turmeda (Auselm), 179.
u
rUc Brunet, 238, 242 n.
Vc n'E Bruxdei., 316 n.
Ufa de Gandie, 82.
LTguccione, 47 n.
LTguti, 47 n.
Ulsinelles (Bernai de), 23.
Urf (Honor d'), 414 n.
V
Valence, 31, 35, 45, 49-51, 55, 60, 61,
70, 75, 78, 82, 83, 91-93, 98, 99,
102, 104, 106, 110, 111, 116, 118,
119, 121, 162, 172, 175-177, 185,
1:90, 191, 210, 219, 224, 231, 285,
-394, 398-400, 403, 404, 406, '.07,
413, 426. Corts de64, 85, 285
;
Couvent des Prcheurs de , 31,
33
;
Eglise Saint-Thomas de
,
92, 112
; La Seu de, 177, 190.
Valire Maxime, 190.
Valladolid, 404.
Valldonzella, 174.
Vallebrera (Bonai'ocani de), 37,
Vallebrera (Bonanat de), 48 n.
Vallespir, 2 n.
Vallmanya (Anthoni), 173, 174,
229 n., 398.
Vaucluse, 350.
Vega y de Sentmanat (J. de), 12 ii-
Vega (Lope de), 419.
Vfgce, 399.
Velasco y Santos (Mijruel), 3,
Vnitiens (Les), 209, 289.
VNUS, 201, 248, 317, 318, 331, 335,
336, 337.
Vrard (Ant.), 176 n.
Verdaguer (Fr.), 73.
Veriier (Lo loch del), 39.
Vernia, alqueria, 8, 36, 40, 42, 69,
73, 79, 97, 98 n., 121.
Vernia, rivire. Voy. lernia.
ViAAK (Prince de). Voyez Carlos
d'AitACON.
Vich, 18.
ViCH (Galceran de!, 99.
ViciANA (Martin de), 99.
Vida de Sent Sih'csivc (Part de la),
46 n.
Vidal de Besalxj (Ramon), 53, 123,
124, 130, 134, 170.
Vierge Marie (La), 177, 180, 197,
202, 203, 220, 246, 324, 342, 358,
361, 387, 394, 398, 400, 403, 425.
Vigny (Alfred de), 277.
ViLA (Pre Albert), 251 n., 407.
Vilajoyossa, 103 n.
ViLAPLANA (Guillem), notaire, 103 n.
Vn.ARAGUDA (Na), 67.
Vilaragut (Mossn Anton), 190.
ViLARAGUT (Berenguer de), 67, 179.
Vilarasa (Luis de), 184.
Viljvrig (Alamanda de), 39,
64.
ViLARiG (Bernt de), 39.
ViLARiG (Guillem de), 39.
ViLARiG (Joffre de), 39.
ViLARiG
(
Yolanda de), lemme de Je-
han Mardi, 34, 39, 64 n., 101.
ViLANOVA (Elionor de), 83, 84.
ViLANovA (Francesch de), 84.
ViLANOVA (Pre de), 38.
IMDEX ALPHABETIQUE 455
ViLARNAU (Arnau de), 19.
ViLEiA (Luis Juan), 278, 405.
ViLi.Ai.BA Y EsTANA M^aith. de),
41 n.
ViLLALPANDO (Juaii dc), 408.
ViLLF.NA (Henri dc), 69, 105, 108-172,
175, 186, 190, 425.
Villon (Franois), 283.
Vi.nyoi.es (Micer Narcis), 101.
Virgile, 100, 162, 185, 188 n., 190,
191, 234, 259, 275, 280, 306 n.
Vives (Luis), 278, 421 n.
Vives (Pre), 38 n.
Weciissler (E.), 235 ii.
Xabea. 37, 41, 43
Xuu,, 81, 82.
Xal, 80, 81, 102.
Xativa, 44, 79, 103 n., 104 n.
Xnophon, 139.
Yiiayue, more de Beniarj, 83.
Yolande, fille du duc de Bar, 164.
Yoi.ANT, esclave d Auzias March,
116, 117.
Y'vANT (liarthomeu), 102.
Y'vARs (Jean Lluoas), 11.
Yvo, 397.
ZoRGi (B.), 319.
ZuRiTA (G.), 34, 65 n.
H^"l
TABLE DES MATIERES
PREMIRE PARTIE
Auzias March et sa famille
Pages
Ava>:t-Propos
vu
Bibliographie
xv
CHAPITRE PREMIER
LES SOURCES DE LA BIOGRAPHIE d'aUZIAS MARCH ET DE SA FAMILLE
I.
Pre March II
(1298),
greffier du roi Jacme II.
Pre MarchlII,
matre des comptes et conseiller de Jacme II, conseiller d'Alphonse
III et de Pierre IV, acquiert en 1322 le chteau d'Arampruny,
-r 1338. Un de se; enfants Peiic, Pre March IV, matre des
comptes de Pierre IV
17
III.
Jacme March II, arm chevalier en 1360 par Pierre IV. Rcit de
son investiture. Huissier du roi. Prend part au sige de Murvedre en
1365. Ses relations avec son frre Pre March V et l'infant d'Aragon
(1385).
Il est charg, en 1393, avec Lluis d'Avers, d'organiser, Bar-
celone, le Consistoire de la Gaya Sciencia.
Auzias March est mis par le roi, en 1426, la tte de son office de
fauconnerie de Valence. Nature de ses fonctions. Sa livre. Son
amour de la chasse. Accusation porte contre lui. Il cesse ses fonc-
tions et retourne Gandie, assagi par l'exprience 70
CHAPITRE V
l'ge mur, la vie publique d'auzias march
I.
Trs jaloux de son autorit et des honneurs qui lui sont dus, Au-
zias March reoit l'hommage de ses vassaux musulmans de la valle
de Xal (1439). Sa fermet. Autre hommage seigneurial dont il est t-
moin Pedreguer (1443).
Transaction consentie par Jacme Diez
Daug, procureur du prince de Viane (1444). Il envoie au roi Alphonse,
Naples, des faucons et des chiens de chasse (1443-44). Procs aux-
quels il est ml
80
III.
Divers autres
revenus.
Premires
tentatives de raction contre l'influence franaise. La ballade : Luis
de Vilarasa 178
V.
Conclusion.
A. Tassoni et J. Amador de
los Rios prtendent dmontrer les emprunts qu'Auzias March a faits
Ptrarque. Examen critique de ces rapprochements. Trois concluants,
douze non probants. Autres exemples. Arguments nouveaux de B.
.Sanvisenti : leur peu de valeur
26J
IV.
Diffrences profondes entre Auzias March et Ptrarque et pour
le fond et pour le style. Leur ressemblance porte essentiellement sur
la tristesse que leur font prouver les tendances contradictoires de
leur nature
, , . . 273
TABLE DES MATIERES 465
CHAPITRE V
LES POSIES AMOUREUSES (suite)
.
LEURS SOURCES SCOLASTIQUES ET PHILOSOPHIQUES : SAINT THOMAS ET ARISTOTE
Pages
Caractre philosophique el didactique des posies d'Auzias March.
Mgr J. Torras
y
Bages
277
I.
Auziofi March.
30
4e'6
TABLE DES MATIERES
ra.'PS
poilaiice de telle docliine. Les rapports de l'amilic avec le bonheur.
C'est l'allachemcnt de deux personnes fond sur leurs qualits
propres. Trois sortes d'amitis : l'amiti de vertu, l'amiti de plaisir,
l'amiti d'intrt. L'amiti vertueuse implique les deux autres. C'est
une bienveillance rciproque et rciproquement connue, une estime
mutuelle. vSeule elle est durable et ralise une seule et mme me en
deux corps.
Thophrasle el Cicron. Saint Ambroise. Aelred et le
De spirituali amicitia (xii*' sicle)
IL
En Italie, union
troite de la posie et de la philosophie en Toscane, Bologne. Le
Dolce stil nuovo. Les espces de l'amour. La femme anghse. Dante,
les trois amours et la Divine Comdie. La Nature, la Philosophie, la
Thologie. Boccace : le Filocolo et VUrbano. Ptrarque, rebelle la
scolastique, subit indirectement l'influence d'Aristotc.
Ce que de-
viendra plus tard la doctrine de l'amour pur constitue par les potes
et les philosophes
IV.
Auzias March recueille ces diverses interprtations et en tire sa
conception de l'amour. L'amour est une science. II en recherche la na-
ture et les effets. Sa division en trois espces est l'objet presque cons-
tant de ses posies. L'amour intress. L'amour mixte ou humain,
chant par les troubadours et dcrit par Andr le Chapelain, rsulte
de l'union de l'me et du corps. De l son caractre insatiable et pr-
caire. L'amour honnte ou amiti pure prsente le? mmes qualits
et requiert les mmes conditions que l'amiti vertueuse d'Aristotc.
Difficult de raliser l'accord parfait qu'il exige, soit par la faute de
sa dame, soit par la sienne propre. L'imperfection de la femme.
L'amour pur rserv l'ange.
Exa-
men des thories des savants sur le Bonheur. Auzias March, historien
de la philosophie. Comparaison avec Sully Prudhomme. Platon, Aris-
tote, Epicure, les Stociens [Estocians). Auzias March se place au
point de vue mme d'Aristote pour critiquer Platon et les successeurs
d'Aristote
30'!
468 TABLE DES MATIERES
Pages
II.
Le vice. Ignorance et
faiblesse de l'homme. Comment on peut faire le mal tout en connais-
sant le bien. Les principaux vices de son temps. Peire Cardenal. Les
prlats, les papes, les rois, les seigneurs
; la sodomie. Le dsordre so-
'
/
cial
; , . .
"374
III.
La religion d'Auzias March. l'in surnaturelle de l'homme. La
vie apostolique et religieuse au-dessus de la vie philosophique. Le
vertus thologales : Foi, Esprance, Charit. La Grce. Les invoca-
tions la Vierge dans plusieurs posies, et la chanson religieuse Puya
que sens tu. Prire Dieu. Il implore son secours. L'atrilion et la con-
trition ,384
L'esprit chrtien et l'esprit paen semblent dj en dsaccord chez Au-
zias March, avant la Renaissance 390
CHAPITRE IX
l.NFLVENCE d'aUZIAS MAUCU SUR LES LITTERATURES CATALANE ET CASTILLANE
I.
A Sville, Fer-
nando de Ilerrera le combine avec Ptrarque.
- Lope de Veofa
;
Fr. de Quevedo ; Vicente Mariner, sa traduction latine (16.33) ;
Ma-
noel de Faria
y
Sousa
^t08
Causes de la dfaveur dont Auzias March est l'objet dans toute l'Es-
pagne du xvii^ au xix^ sicle
'i"-0
CONCLUSION
Les prdcesseurs d'Auzias March. Auzias March pote de l'amour.
Auzias March pote-philosophe. Apprciation gnrale 423
Poun LE COMMENTAIRE d'Auzias March. Table des posies
analyses ou mentionnes et des vers cites, expliqus ou traduits. 433
Index Alphabtique 439
Table des matires 457
SAINT-AMAND (chER).
IMPRIMERIE BUSSIRE.
^1
CORRECTIOxNS ET ADDITrONS
XII, note, ligne 2, lire : de Auzias Mardi, (tu lieu de : cI'Aii/.ias Mardi.
2,
note, 1. 3, lire : molt, au lieu de : mol.
'1, note I, l.
3,
lire : haber los, au lieu de : habcr;i lo>.
.'>,
1. 16, lire : mossn.
72,
dernire ligne, lire : n'a pas hsit.
7^,
1. 6, mette: une virgule entre l'imaginar el, qn'allrc.
79,
dernire ligne, lire : plaidait, au li>-a dr : la|)iilait.
90,
I. i4, lire : a t.
i83, notes, 1
7,
lire : tibi.
208, 1. (),
lire : fume, au lieu de : feu.
239,
I. 12, supprime: la virgule entre de mmo ipio el. (uillcni.
'')8, I. 12, mettez une virgule aprs mixte.
2.59, I. 18-19, Ole: la virgule aprs franchit ri mftlr:-la aprs dame.
270,
dernire ligne, lire : vcritat.
272, I.
17,
lire : appele.
29'>, 1. 2'i, lire : de, au lieu de : del.
.M)3, note
5,
lire : ^a.
317,
titre courant, lire : Galanso,
397,
1. 21, lire : Torroella.
(Jii'on me permette enfin de signaler ici quelques autres corrections mon
Introducci a Pedici cri lien de les obres de Aii:ias Mardi :
P. 'SS, 1. i3, lire : reimprs, nu Heu de : rcimpresa.
I*. i65, i. 2^,
lire : \'.\ sentit.
P.
176,
La posie Molt he tardt /?<;(/<,' au fol. 73 du ms. M.
P. 180, mette: X avant la porsie Si com liun rcy et \U avant Si com riclat.
AS Bibliotlieque de l'cole
162 ratique des hautes
B6 tudes. Section des
fasc.194
sciences historiques
et philologiques
C7RCULATE
AS
MONOGRAPH
PLEASE
DO
NOT
REMOVE
SLIPS
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