Devincre Photo2005 Mem
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p
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l
a
t
i
v
e
x barre
y barre
z barre
Figure 4 : Fonctions colorimtriques du systme de primaires
XYZ de lobservateur de rfrence CIE 1931 2
o La distribution spectrale de lilluminant. Cette notion dilluminant est purement
mathmatique. En fait la CIE a dfini plusieurs illuminants types, reprsentatifs de sources
lumineuses relles, de faon tablir des classes de sources standards, normalises et de
permettre la communication universelle des donnes colores.
Les diffrents illuminants :
o Illuminant A : lumire mise par un corps noir port la temprature de 2856 K.
Lampe filament de tungstne de 500 W.
o Illuminant C : lumire moyenne du jour une temprature de couleur de 6774K.
Il est obtenu en interposant des filtres liquides bleus devant le faisceau dune
source A.
o Illuminant D (famille): diffrentes lumires du jour. Le D65, quilibr 6500K,
est le plus utilis mais la CIE prconise lutilisation du D50, quilibr 5000K,
pour ltude de la couleur dans les documents graphiques
21
.
21
Il existe aussi un illuminant F qui reprend les sources fluorescentes mais il nest pas
recommand en raison de sa distribution spectrale mixte. La notion de temprature de couleur ne
sapplique pas dans ce cas. Lilluminant E, lumire dgale nergie ou source qui-nergtique, nest
que thorique. Il a servi ltablissement des fonctions de mlange mais na pas de signification
pratique.
Chapitre 1
29
Figure 5 : les principaux illuminants de la CIE
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
350 550 750
nm d
i
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b
u
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p
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c
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d
'
n
e
r
g
i
e
A
D65
D50
C
Le systme de primaires XYZ a t normalis en 1931 par la CIE et constitue la base
de la colorimtrie. Les notions ainsi dfinies sont significatives de grandeurs physiques,
mesurables. Parce quelles constituent des rfrences mtrologiques, toutes apprhensions
de la colorimtrie ou interprtations diverses selon lobjectif souhait, se ramnent ce
systme de primaires.
II.2.b. Les domaines dutilisation
Cependant la colorimtrie de base, telle quelle a t nonce par la CIE, ne couvre
pas tous les champs dexploitation possibles lorsque lon souhaite tudier la couleur.
Rappelons que les trois courbes de lobservateur standard, ou fonctions de mlange, ont t
tablies pour un domaine de luminances restreint (entre 10 et 1000 cd/m
2
). Ceci
correspond une petite partie de la vision photopique. En toute rigueur, il faudrait tablir
autant de triplets fonctions de mlange que de domaines de luminance couverts. En
photographie, par exemple, nous sommes parfois confronts des luminances qui entrent
dans le domaine de la vision msopique (observation dun cran dans un environnement
sombre).
Il est noter que les lois de Grassman ne se justifient plus pour des stimuli de faibles
luminances (domaine msopique) et pour des luminances leves. Les proprits
Chapitre 1
30
dadditivit et de dilatation
22
ne sont plus vrifies et pour des stimuli proches des seuils
diffrentiels, la proprit de transitivit devient caduque
23
.
La colorimtrie nest justifie que dans des conditions o seuls les cnes fournissent
une modulation la lumire. Ainsi, linfluence des btonnets est nglige car sature. Ds
lors que le niveau dclairement chute suffisamment pour ne plus saturer les btonnets, les
fonctions de mlange telles que nous les employons ne sont plus vrifies. Si nous
souhaitons rpondre de nouveau la loi de dilatation, il faut considrer une galisation
ttrachromatique, cest--dire faisant intervenir les rponses des btonnets et des trois
familles de cnes.
De plus, lobservateur standard a t dfini dans un contexte o on sest affranchi des
phnomnes de contraste simultan et dadaptation visuelle au niveau lumineux et la
couleur.
Enfin les fonctions de mlange sont issues de rsultats exprimentaux, certes, mais
elles sont aussi une approche statistique. Bien que les tudes biologiques dmontrent de
faibles carts dus la pigmentation variable de la macula entre chaque individu, il est tabli
que ces carts deviennent importants dans des conditions de rayonnement mtamres.
Autrement dit, les fonctions de mlange ne sont plus reprsentatives, ou tout au moins
suffisantes, pour simuler lensemble des rponses possibles du systme visuel humain.
Pourtant, toute la gestion de la couleur dans la chane graphique ou les diverses tudes
visant caractriser la couleur, se rfrent lunique observateur standard 2.
Il semble alors important de prciser que plusieurs approches se partagent
aujourdhui ltude de la couleur. La vision colore tant un phnomne complexe, il est
ncessaire de diffrencier les divers axes de recherche. En effet, la colorimtrie de base vise
tablir des outils pour une qualification et une quantification de la couleur en ne
considrant que laspect physique, phnomne ondulatoire de la lumire. Ces contraintes
22
Loi dadditivit : si [A] est quivalent [B] alors [A] + [E] est quivalent [B] + [E]
Loi de dilatation : si [A] est quivalent [B] alors k. [A] est quivalent k. [B].
Loi de transitivit : si [A] est quivalent [B] et [B] est quivalent [C] alors [A] est
quivalent [C].
23
Robert SVE, Physique de la couleur, de lapparence colore la technique colorimtrique, prface de
Lucia R. Ronchi, Paris, Masson, 1996, p.72.
Chapitre 1
31
premires sont des impratifs industriels. Les domaines dutilisation sen voient donc
limits.
Paralllement cet axe, dautres tudes sintressant davantage la couleur dans son
caractre physiologique, aboutissent aujourdhui la colorimtrie des diffrences et la
colorimtrie de lapparence colore. Ainsi, toutes ces recherches se compltent et
permettent, selon lobjectif vis et le domaine dutilisation, de qualifier la couleur.
Les proprits de systme visuel humain
Dans une premire approximation, lil humain a une rponse photomtrique
logarithmique. En dautres termes, une mme diffrence relative de luminances exprimes
en Log se traduit dans lil par une mme sensation, ou mme rponse. Ceci nest valable
quentre 1 et 1000 cd/m
2
environ. Au-del de ces limites, lil fournit une rponse trs
variable. Cette proprit du systme visuel humain a t vrifie par Jones. Elle explique
lintroduction de la fonction logarithmique dans la dfinition des grandeurs exploites en
argentiques, telles que les densits. Mais aujourdhui, la colorimtrie a introduit la fonction
racine cubique qui modlise avec plus de prcision la rponse photomtrique de lil. Ainsi,
nous la retrouvons dans lexpression mathmatique de la luminance L*.
De la mme manire, lil ne montre pas une discrimination spectrale constante pour
des lumires monochromatiques dnergie gale. Nous pouvons remarquer que notre
systme visuel peroit trs vite une petite diffrence de teinte vers les 490 et 600 nm alors
quil ne diffrencie quasiment pas une variation de teinte plus importante aux bords du
spectre visible.
Les deux creux de la courbe, relatifs donc aux maximums de discrimination de lil,
correspondent aux zones de recouvrements des courbes de sensibilit spectrales des cnes
dans la rtine.
Figure 6 : Seuil diffrentiel en longueur
donde. La courbe continue correspond aux
donnes de Wright et Pitt. Elle est relative
des lumires monochromatiques. La courbe
en pointills correspond aux donnes de
Fillacier et reprsente des rsultats obtenus
partir de couleurs de surface au maximum
de saturation.
Chapitre 1
32
II.3. La dtermination des diffrences de couleur
Quels sont les outils mathmatiques proposs par la colorimtrie qui nous
permettent de juger de la qualit dune reproduction ? La pertinence dune reproduction
repose davantage sur la fidlit de restitution des carts de couleur que sur la restitution de
la couleur en soi. Cela implique la ncessit de quantifier ces carts de couleur. Cette
question est au centre des recherches car, lheure actuelle, la colorimtrie repose
essentiellement sur des modlisations statistiques et ne prend pas assez en compte les
phnomnes psychomtriques, en particulier dans ltude des diffrences de couleur.
Cependant des tudes parallles, commences simultanment aux tudes strictement
physiques, aboutissent aujourdhui la colorimtrie des diffrences qui cherche
valuer des grandeurs psychophysiques et construire des chelles psychomtriques, cest-
-dire reprsentatives dune signification perceptive.
II.3.a. Les reprsentations colorimtriques uniformes
Lexprience de MacAdam, qui est sans doute la plus connue, dmontre la non
uniformit du diagramme de chromaticit xy CIE 1931.
La variabilit de la taille des ellipses ainsi reprsentes, signifie quune mme distance
entre deux points de ce diagramme, selon le domaine spectral, ne traduit pas la mme
diffrence de perception. En fait, le diagramme a tendance dilater les longueurs donde
mdianes (les verts) et contracter particulirement les courtes longueurs donde (les
bleus).
Dautres tudes complmentaires ont suivi et expliquent que la modlisation en
ellipses nest quune simplification. Il faut surtout retenir que lapprciation de la diffrence
couleur (par un calcul de distance par exemple) est tout simplement insignifiante dans ce
diagramme puisque les domaines spectraux ne sont pas directement comparables entre eux.
Une amlioration de la reprsentation graphique a t tablie par la CIE en 1976.
Cest le diagramme uv qui a la proprit duniformiser davantage la surface des ellipses
24
.
24
Plusieurs espaces colorimtriques ont t raliss la suite de ltude de MacAdam. On
peut citer lespace lab de Hunter et lespace U*V*W* de la CIE datant de 1964.
Chapitre 1
33
Figure 7 : diagramme CIE xy Figure 8 : diagramme CIE uv 1976.
1931 Seuils diffrentiels de chromaticit obtenus par
MacAdam (agrandis 10 fois)
Aujourdhui, et depuis 1976, deux espaces sont utiliss : le CIELAB et le CIELUV.
Ils sont tous deux dfinis par rapport aux composantes trichromatiques XYZ CIE 1931 et
adapts pour la reprsentation de couleurs de surface.
Le CIE LAB :
L* = 116 . (Y / Y
n
)
1/3
16
a* = 500 . ((X / X
n
)
1/3
(Y / Y
n
)
1/3
)
b* = 200 . ((Y / Y
n
)
1/3
(Z / Z
n
)
1/3
)
Xn, Yn, et Zn sont les composantes trichromatiques de lilluminant de rfrence.
X/Xn, Y/Yn, et Z/Zn sont suprieures 0,008856.
Le CIE LUV :
L* = 116 . (Y / Y
n
)
1/3
16
u* = 13 L* . (u u
n
)
v* = 13 L* . (v v
n
)
Chapitre 1
34
u = 4 X / (X + 15 Y + 3Z) et v = 9 Y / (X + 15 Y + 3Z).
u
n
et v
n
sont les valeurs chromatiques de lilluminant.
Si Y/Yn < 0,008856 alors on dfinit L* = 903,3 Y /Yn.
Contrairement au CIE LAB, le CIE LUV possde un diagramme de chromaticit uv
qui conserve des proprits affines.
o Laxe des clarts L* est confondu laxe des neutres, ce qui signifie que chaque
point couleur est relatif un illuminant donn.
o Le chroma C* est la distance (a*b*) ou (u*v*) entre laxe des neutres et le point
couleur.
o La teinte h dfinit un angle entre laxe des abscisses et le point couleur. En
revanche, cette notion nest plus vrifie pour des stimuli proches de laxe des
neutres.
Ces trois notions permettent une modlisation mathmatique de la diffrence de
couleur, bien que la CIE nen ait jamais apport de dfinition exacte et prcise. En fait, il
faut comprendre que la notion de diffrence de couleur est sujette quelques contraintes
de mesures ; on estime que cette dernire est mesurable lorsque ltat de surface est
identique et que les conditions dclairage sont satisfaisantes. Dans ce cas, la diffrence
dapparence couleur peut tre assimile la diffrence de couleur.
Figure 9 : diagramme u*v* dans le plan de luminance L* = 50.
Les couleurs optimales sont les couleurs de surface prsentant des
chromas maximums pour un niveau de luminance fix.
Chapitre 1
35
II.3.b. La notion de seuil diffrentiel
On dfinit le seuil diffrentiel comme la plus petite diffrence perue par lil qui
provoque une modification de la perception colore.
Depuis llaboration du premier diagramme de chromaticit par la CIE en 1931, de
nombreuses tudes ont soulev le problme de la non uniformit de ce diagramme face la
notion de seuil diffrentiel. En effet, il existe plusieurs type de seuil diffrentiel : seuil
diffrentiel de luminance, de discrimination, de longueur donde, de saturation, de
chromaticit. Tous dpendent des conditions dobservation. Un premier fait est de
constater que lil ne discrimine pas de manire constante sur tout le spectre visible.
La dtermination du seuil de chromaticit est dautant plus complexe quelle met en
jeu tous les attributs de la couleur : la luminance, la saturation et le chroma. Toutes les
expriences menes visant dterminer numriquement cette grandeur ont donn des
rsultats trs variables car elles se sont heurtes la complexit des phnomnes rentrant
en jeu dans la perception colore. Il semble impossible de saffranchir de tous les
paramtres pour russir en caractriser un seul.
II.3.c. Les indices de diffrences couleur
A lheure actuelle, il existe des indices mathmatiques permettant un calcul et une
estimation de la diffrence couleur mais ils se rfrent une dfinition euclidienne non
satisfaisante car elle sous-entend une uniformit parfaite des reprsentations
colorimtriques.
E*
ab
= [(L*)
2
+ (a*)
2
+ (b*)
2
]
E*
uv
= [(L*)
2
+ (u*)
2
+ (v*)
2
]
Ces carts ne sont pas directement reprsentatifs des carts de perceptibilit. En fait,
lerreur effectue est dautant plus consquente que le point couleur considr sapproche
dune couleur sature. On ne peut donc pas considrer quun mme cart E* corresponde
une mme diffrence de perception.
Chapitre 1
36
En fait, il est possible de comparer des couleurs entre elles si celles-ci sont proches
mais la comparaison devient aberrante ds lors quil sagit de couleurs trs loignes dans le
plan, dans lespace. Un observateur reste effectivement incapable de discerner si une
diffrence de couleur est due essentiellement un cart de luminance, de chrominance ou
de saturation si cette diffrence est de lordre du seuil. En revanche, la qualification devient
plus vidente et plus prcise lorsque les couleurs compares sont trs distinctes.
Lerreur faite dans le calcul des indices tient au fait quils englobent les trois attributs
de la couleur. Ils ne tiennent compte ni de la position relative des points entre eux, ni de la
position des points par rapport laxe des neutres.
Une exprience visant reprsenter les chantillons Munsell
25
dans le CIE LAB
dmontre que cet espace nest pas aussi uniforme quon le laisse penser ; lchelle des
teintes est 2 fois plus comprime que celle des chroma. En fait, il semble impossible
dobtenir une reprsentation plane et uniforme des couleurs
26
.
De nouvelles formulations existent. Toutes abordent le problme de manire
sensiblement diffrente mais malheureusement, suivant des proccupations relatives
lindustrie du textile
27
. Concrtement, elles aboutissent des pondrations diverses des
valeurs de luminance L*, de chroma C* et de teinte h. Dans la suite de ltude, nous
utiliserons les formules du CIEDE2000 (ou E
00
) qui bnficient de recherches plus
avances par rapport aux indices CMC et CIE94. En plus de considrer les trois attributs
de la couleur, il introduit un facteur relatif linteractivit entre le chroma et la teinte afin
doptimiser les calculs dans les bleus, ainsi quun facteur dchelle appliqu laxe des a*
pour amliorer les calculs dans le domaines des neutres
28
.
25
Les chantillons Munsell sont classs de faon ce que la diffrence entre chaque plage
soit perue de manire gale.
26
SVE Robert, Physique de la couleur, de lapparence colore la technique colorimtrique, prface de
Lucia R. Ronchi, Masson, Paris, 1996, p. 165-166.
27
Le CMC (Colour Mesurement Commitee) et le E
94
.
28
Annexes, formules du CIEDE2000.
Chapitre 1
37
CHAPITRE 2
LES ETUDES SPECTRALES
La richesse des palettes couleur des manuscrits mdivaux nest pas dmontrer ;
elle est, de mme que la calligraphie et le dessin, une marque de lorigine de louvrage, un
tmoin de son histoire.
Plusieurs techniques analytiques, intressantes par leur complmentarit, sont
dveloppes dans les laboratoires de recherche. Elles permettent de complter le savoir des
historiens en apportant des donnes relatives la composition chimique des matriaux mis
en uvre dans les diffrentes uvres dart. Plusieurs dentre elles, comme la spectroscopie
Raman ou la spectrophotomtrie par rflexion, utilisent une mthode par comparaison
entre spectres mesurs et spectres de rfrence. Ainsi, en rassemblant et en recoupant les
donnes fournies par chacune de ces analyses, il est possible de dterminer non seulement
la composition chimique des constituants mais galement la provenance des uvres, leur
recette de fabrication et leurs ventuelles dgradations.
Ici, ce nest pas la composition chimique des matriaux colorants que nous
cherchons mais les caractristiques spectrales de chaque couleur, telle que nous les voyons
sur louvrage original. Une carte colorimtrique du manuscrit permet alors de visualiser
rapidement les proprits de louvrage et danticiper sur une adquation des outils de
calibration qui doivent reprsenter au mieux le sujet tudi.
Par la suite, la caractrisation de la rponse spectrale du systme dacquisition permet
de comprendre si celui-ci est en mesure de voir ou non les couleurs du sujet. Ainsi, une
premire rponse quant la cohrence du systme face la capture de linformation
colore peut tre tablie.
38
I. LA DETERMINATION DE LA PALETTE COULEUR DU
MANUSCRIT LATIN 8500
I.1. Les techniques de laboratoire
I.1.a. La spectroscopie Raman
29
Cette technique danalyse molculaire tient son nom dun scientifique indien, Sir
Raman. Elle exploite le phnomne dinteraction entre lumire et matire et a rellement
pris son essor depuis lapparition des lasers, sources monochromatiques cohrentes,
puissantes.
Son principe est relativement simple : en clairant un matriau quelconque par un
rayonnement monochromatique de frquence judicieusement choisie, on cre un
phnomne vibratoire lintrieur de la structure du compos qui, linverse de la
spectromtrie infrarouge, engendre une diffusion particulire de la lumire incidente. Cette
diffusion est lie la polarisabilit de la molcule et caractrise le matriau. En effet, le
spectre rsultant constitue une vritable empreinte digitale du compos. Il sen dgage
plusieurs raies, exprimes en nombre donde (cm
-1
) dont les frquences sont directement
lies aux vibrations cres, elles-mmes dpendantes des forces et distances inter-
atomiques, de la masse des atomes et de la structure cristalline du compos.
Figure 10 : reprsentation des raies
caractristiques du phnomne Raman.
Donne releve sur le site www.univ-
lyon1.fr (consult le 17 fvrier 2005)
29
Annexes, La microspectroscopie Raman pour lanalyse des matriaux inorganiques.
Chapitre 2
39
Lidentification du compos est possible grce une comparaison entre le spectre
mesur et des spectres de rfrence, constituants une banque de donnes importante
30
.
La spectroscopie Raman prsente de nombreux avantages dans plusieurs domaines
de recherches
31
. Pour linvestigation des uvres dart patrimoniales, elle semble tout fait
approprie puisque, non destructive, elle fournit des informations sans dtriorer lobjet
vis et sa rsolution spatiale (de lordre de quelques micromtres) permet datteindre des
zones danalyses correspondantes la taille des grains de pigments constituants une
peinture.
I.1.b. La technique PIXE
32
en anglais : ParticleInduced X-ray Emission
en franais : mission de rayons X induite par particules charges ou fluorescence X
induite par particules acclres.
Implante au LRMF, la mthode PIXE consiste mesurer la quantit de rayons X
mis par un objet lorsquil est plac dans le faisceau dun petit acclrateur de particules. Ce
rayonnement est caractristique des composs chimiques viss. Ainsi, il est possible de
quantifier la concentration de tous les lments compris entre le sodium et luranium.
galement intressante par son caractre non destructif, cette technique est
couramment utilise. En voici son principe :
Le faisceau dions incident pntre dans lobjet vis. Un lectron voisin de latome du
compos est ject, ce qui met latome en tat excit, autrement dit dans un tat instable.
Cette instabilit est immdiatement compense par larrive dun lectron externe (dune
orbitale extrieure). Lnergie ncessaire ce rarrangement est alors quantifiable par une
mesure du rayonnement X mis, caractristique de llment chimique.
30
Dans la figure prcdente, seule une vibration est observe, mais dans la ralit, on peut
aussi bien en observer une dizaine qu'aucune. De plus, l'intensit des raies Raman est beaucoup plus
faible que celle du laser dans le cas de la diffusion spontane. Dans le cas de matriaux dsordonns
(des verres par exemple) on observe des bandes larges la place des raies.
31
Un des domaines de recherche qui a beaucoup profit du potentiel de la spectroscopie
Raman est la physique du solide. En particulier, l'tude des phnomnes de rsonance qui
apparaissent lorsque l'nergie des photons incidents concide avec une nergie de transitions
lectroniques est un outil puissant pour l'investigation des proprits lectroniques des matriaux.
32
www.C2RMF.fr, site consult le 17 fvrier 2005. Annexes, avantages et inconvnients de
la mthode PIXE .
Chapitre 2
40
I.1.c. La diffraction par rayons X
33
La diffraction des rayons X est un phnomne de diffusion cohrente et lastique qui
se produit lorsque les rayons X interagissent avec la matire organise. Londe diffracte
rsulte de linterfrence des ondes diffuses par chaque atome. Elle dpend donc de la
structure cristallographique. La direction du faisceau diffract est donne par la loi de
Bragg :
2d
h,k,l
sin = n
o est longueur donde du rayonnement diffract, n lordre de diffraction et d la distance
inter-rticulaire du plan cristallographique correspondant.
Les radiations X possdent la proprit de traverser un matriau et dtre diffractes
par les atomes. La technique permet de dterminer les distances inter-atomiques et
larrangement des atomes dans les rseaux cristallins. Comme les rayons X sont diffracts
de faon diffrente par les lments du rseau suivant la construction de ce dernier,
lirradiation de la matire par rayons X permet de connatre sa nature cristallographique. Le
degr (2 thta) de diffraction dpend de lnergie du rayonnement incident et de la
distribution spatiale des atomes (structure cristalline). Le spectre de diffraction constitue
lempreinte caractristique de la structure cristalline analyse. Les mesures sont effectues
avec un appareil, constitu par un tube metteur de rayons X qui met un rayonnement
vers un chantillon, lequel diffracte une partie dun rayonnement mis vers un systme de
dtecteur. Cette technique permet principalement aux gologues didentifier les minraux.
Les spectres de diffraction peuvent tre obtenus directement partir dun fragment solide,
ou de petites quantits de poudre (spectre de poudre).
33
Annexes, La diffraction rayons X .
Chapitre 2
41
I.1.d. La spectrophotomtrie par rflexion
Cette dernire technique est rarement utilise pour une identification chimique
efficace car elle ncessite une banque de donnes de rfrence la plus complte possible. A
lheure actuelle, les quelques 150 spectres de rfrences, tablis partir de pigments purs,
secs et en poudre, sont encore insuffisants. De plus, une couche picturale tant souvent
compose de pigments mlangs et disperss dans un liant, lidentification par comparaison
des spectres nest pas vidente. Nanmoins, certains spcialistes y trouvent encore un
avantage important ; contrairement aux techniques voques prcdemment, cette mthode
est en mesure de renseigner sur la prsence de composs organiques et complte ainsi les
rsultats.
I.2. Les donnes exprimentales
I.2.a. Le dispositif
Afin de caractriser la rflectance spectrale dune couleur, il est ncessaire de viser
une plage homogne et uniforme, ce qui, compte tenu de la taille des enluminures et de la
finesse des dtails, nest pas chose vidente. Lobjectif macro du spectroradiomtre
MINOLTA CS-1000 permettait de couvrir une surface circulaire de 3 mm de diamtre en
se plaant 20 cm du sujet. Les plages slectionnes vrifient donc au mieux cette
contrainte. Nous verrons par la suite que tous les rsultats saccompagnent dune indication
quant la prcision rsultante.
En respectant une gomtrie de mesure
45 / 0 pour ltablissement de donnes
colorimtriques, chaque folio a t mesur
sous une source continue quilibre
2800K.
Chapitre 2
42
Il aurait t intressant de mesurer chaque plage de couleur sous plusieurs angles
dincidence afin de complter les donnes et de pouvoir constater si les courbes de
rflectance spectrale prsentent des proprits sensiblement diffrentes. Cependant, cette
manipulation na pu tre ralise pour des raisons pratiques. Ceci tant, la gomtrie de
mesure employe ici reprend la configuration des futures prises de vue. Les donnes
rsultantes sont donc significatives dune rflectance spectrale que le systme dacquisition
devra capturer.
Face la variabilit de rendu du support manuscrit, des mesures du parchemin mme
viennent complter les donnes. De plus, une mme couleur a t mesure plusieurs fois et
en des endroits diffrents ds que cela tait possible. De cette manire, il est envisageable
de constater de lgres nuances, ventuellement problmatiques pour une analyse et
reproduction future.
Bien que toutes les couleurs ne soient pas mesures la mme frquence, nous
pouvons nanmoins conclure quant aux caractristiques gnrales du manuscrit.
I.2.b. Les plages neutres
Certaines plages de couleur dmontre une courbe de rflectance relativement
monotone ce qui est significatif de tons neutres. Ces plages se distinguent parfaitement de
la teinte du parchemin, plus ou moins jauni, des contours de lenluminure aux bords du
folio. Ils ne peuvent cependant pas tre pris pour rfrence tant donn luniformit
critique de la surface mesure. En effet, de nombreuses plages sont cailles ou tout
simplement trs dtailles et modules. Les mesures sont davantage relatives une
rflectance dun mlange qu une couleur unique. De plus, ces couleurs sont
invitablement amenes bouger au niveau colorimtrique. Nous prfrerons, par
consquent, des points de rfrence indpendants de louvrage. Cela pour sassurer dune
neutralit plus certaine dans le temps et pour fixer des paramtres plus gnraux.
I.2.c. Le parchemin
Les subtilits du parchemin sont de lordre de quelques units en carts Cuv*.
Lvolution de la teinte, entre lintrieur et lextrieur des folios, reste non seulement lisible
mais prsente des particularits remarquables. En fait, de ces six courbes prsentes ci-
contre, nous relevons deux allures distinctes ; les plages A et H des folios 1 et 38
Chapitre 2
43
correspondent des mesures faites aux bords des miniatures et rvlent un coefficient de
rflectance lgrement plus important dans les bleus. Lhypothse dune matire trs
lgrement colore applique sur le parchemin avant la pose des couleurs peut tre mise.
Quoiquil en soit, la variation de teinte est extrmement subtile. Est-elle dailleurs
perceptible lil ?
0,00E+00
1,00E+01
2,00E+01
3,00E+01
4,00E+01
5,00E+01
6,00E+01
7,00E+01
8,00E+01
9,00E+01
1,00E+02
350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
nm
R(%)
A f54v H f38 H f3 A f1 A f30v C f14a
Figure 11 : Courbes de rflectance spectrale du parchemin
I.2.d. Les plages de couleurs
Nous pouvons distinguer diverses courbes de rflectance spectrale caractristiques de
chaque matire colorante. Les teintes bleues constituant les fonds des miniatures, soit dans
les encadrs soit dans les motifs de frises, rvlent une bande de rflexion spectrale
relativement troite (entre 380 et 580 nm) avec un pic situ 460 nm. Cette couleur sera
donc uniquement code, en thorie, suivant la courbe de rponse spectrale du filtre bleu.
En revanche, les teintes bleues releves au niveau dautres motifs tels que les fleurs ornant
de nombreux folios ou des lments inclus dans les encadrs eux-mmes, montrent des
rflectances spectrales plus complexes puisquelles rflchissent galement dans le domaine
des rouges.
Chapitre 2
44
Figure 12 : Courbes de
rflectance spectrale dune mme
prparation de couleur des
niveaux de luminosit diffrents.
La translation de chaque
courbe sur laxe des R (%) est
significative de laddition de
blanc la prparation colore de
manire dessiner des draps
trs fins, par exemple.
Au niveau de lexploitation colorimtrique, nous pouvons interpoler ce rsultat en
considrant que chaque courbe caractristique dune matire colorante peut se retrouver
des niveaux diffrents de luminances. Ainsi, la position des points dans le plan a*b* suit
une godsique. Une dmarche similaire peut tre adopte pour chaque couleur.
I.2.e. Les dorures
Bien que peu de dorures aient t mesures, nous pouvons remarquer que celles-ci
montrent des courbes de rflectance spectrale propres ; ds 500 nm environ, leur
coefficient de rflexion grimpe brutalement pour devient constant partir de 700nm.
Le brunissement a pour effet dteindre la brillance du matriau (celui-ci devient
sombre, de teinte brune). Contrairement nos attentes, les dorures ne prsentent pas de
difficults supplmentaires par rapport aux autres couleurs. Leur brillance est, certes, une
caractristique importante dans llaboration de lclairage lors de la prise de vue, mais dun
point de vue strictement colorimtrique, elles ne donnent pas lieu des problmatiques
particulires.
0,00E+00
1,00E+01
2,00E+01
3,00E+01
4,00E+01
5,00E+01
6,00E+01
7,00E+01
350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
nm
R (%) E f30v
G f38
I f38
Chapitre 2
45
I.3. La carte colorimtrique
Le calcul des coordonnes colorimtriques utilise lilluminant de rfrence D50,
normalis par la CIE et recommand pour ltude de tout document graphique.
En fait, les mesures dmontrent que les difficults de reproduction proviennent
davantage des subtilits de teintes, issues dun travail minutieux et extrmement dtaill,
que de caractristiques spectrales particulires telles que des pics de rflectance une ou
plusieurs longueurs donde.
Le manuscrit ne possde pas de couleurs trs satures. Sa palette ne montre pas un
espace de couleur trs large. En revanche, il est riche en nuances. Une confrontation avec
une charte de calibration standard semble alors intressante.
Le graphe suivant met en vidence la rpartition des plages de couleur du manuscrit
et celle des 24 patchs couleur de la charte GretagMacBeth. Nous voyons que cette dernire
utilise des rfrences colores bien trop satures par rapport au manuscrit. Paralllement,
peu de patchs donnent des rfrences intermdiaires ce qui peut engendrer des
interpolations grossires au niveau du calcul des algorithmes de mapping. Une ide serait
alors de concevoir une charte reprenant des patchs de rfrence des saturations moindres
mais prsentant des positions intermdiaires plus frquentes de faon assouplir, de par
une meilleure prcision, les algorithmes de mapping.
Chapitre 2
46
-100
-80
-60
-40
-20
0
20
40
60
80
-60 -40 -20 0 20 40 60 80 100 120
u*
v*
charte ColorChecker
manuscrit
Figure 13 : reprsentation des couleurs du manuscrit LATIN 8500 et de la charte ColorChecker
dans le diagramme u*v*.
Ainsi le manuscrit LATIN 8500 a t ralis par trois peintres diffrents. Leurs
palettes sont sensiblement distinctes. Cependant, lensemble du manuscrit ne dvoile pas de
disparits videntes.
Nous avons insist prcdemment sur la notion de diffrence de couleur qui ntait
fiable que si nous considrions des couleurs voisines. Ceci tient au fait que les espaces de
reprsentation ne sont pas parfaitement uniformes. Les outils mathmatiques dfinissant la
diffrence de couleur par une distance euclidienne restent ainsi significatifs entre des
coordonnes colorimtriques proches, ou relatives une zone de teinte et niveau de clart
proches.
Chapitre 2
47
II. LA DETERMINATION DE LA REPONSE SPECTRALE DU
SYSTEME DACQUISITION
La notion de sensibilit spectrale dun systme dacquisition numrique est
intimement lie la nature des filtres RVB, superposs la matrice de capteurs CCD. Ces
filtres permettent lanalyse couleur du sujet conformment la thorie trichrome, base sur
les tudes de Young, Helmoltz et Maxwell du sicle dernier.
En effet, si les capteurs ont une sensibilit spectrale dtermine (cest--dire une
rponse nergtique variable en fonction de la longueur donde monochromatique
incidente) lanalyse couleur proprement parle est vritablement obtenue grce la
combinaison de trois filtres qui modulent slectivement, ou absorbent la lumire, selon
leurs caractristiques spectrales propres.
De nombreux facteurs viennent sinterposer entre ltape de la capture et ltape de
conversion. La plupart sont technologiques et peuvent tre regroups dans la fonction de
transfert du systme. Quelques autres relvent davantage de la logique des fabricants
ingnieurs qui dterminent les performances de leurs outils mathmatiques embarqus dans
le traitement du signal captur.
La caractrisation de la rponse spectrale du systme dacquisition revient tudier,
la fois la rponse nergtique de lensemble capteur / filtres / lectronique, la nature des
filtres RVB, et comprendre le principe de conversion du signal dentre en valeurs
numriques RVB.
Lobjectif consiste enfin valuer avec plus de prcision les performances et
faiblesses du systme et den conclure quant une ventuelle procdure dutilisation
optimale.
Chapitre 2
48
II.1. Les facteurs limitatifs
II.1.a. La fonction de transfert
Ce paramtre conditionne normment la qualit du signal de sortie. Il est dfini
comme le rapport du signal de sortie sur le signal dentre. Ainsi, il reprsente la conversion
du signal lumineux en signal lectrique.
Les capteurs CCD fonctionnant par intgration temporelle de la lumire,
lclairement et le temps dintgration sont alors deux facteurs prpondrants. La fonction
de transfert est directement dpendante de la qualit des composants lectroniques en aval
des lments photosensibles. Nous savons quen pratique, cette fonction nest pas
linaire pour les basses et fortes lumires. Il nest pas rare, en effet, de constater un
phnomne de diffusion spatiale (ou blooming) ds lors que le niveau dclairement est
lev. Ceci sexplique par un dbordement des puits des photorcepteurs saturs qui pollue
les lments voisins et ainsi dtriore lanalyse du signal de sortie.
Par extension, la fonction de transfert peut galement englober la fonction de
transfert optique et la fonction de transfert du spot de balayage (surface sensible utile par
rapport la surface totale du photosite). Ce dernier point est rapprocher de la notion
dchantillonnage du signal ; pour des sujets prsentant des dtails trs fins, la fonction de
transfert doit tre en adquation avec le pas dchantillonnage de manire limiter les
phnomnes de moir.
II.1.b. La rsolution
Ce dernier paramtre ne joue pas sur la qualit du signal mais peut tre un facteur de
dgradation si nous considrons la question de la discrtisation de lespace.
Le signal dentre, analogique, continu, est converti en un signal de sortie discontinu,
discret o une valeur numrique code une surface finie. Plus la dfinition du capteur
(exprime en nombre de pixel) est leve plus la prcision danalyse (dcoupage spatial du
sujet) est fine. Ainsi pour les sujets prsentant une prcision importante dans les dtails, la
dfinition du capteur doit tre suffisante pour ne pas engendrer de moyenne spatiale
grossire. En plus dune perte dinformations, le rendu couleur est galement altr. La
moyenne colore dune surface sujet, reprsente par la valeur numrique dun pixel, nest
Chapitre 2
49
pas forcment significative des nuances originales. Lapparence colore de la surface est
alors modifie.
Le manuscrit LATIN 8500 prsente des illustrations fines et petites. Cest pourquoi,
nous avons voulu valuer les performances du systme en terme de rendu des dtails
34
. Le
cahier des charges de la BnF impose de travailler une rsolution fixe de 300 dpi. En
travaillant la dfinition maximale du systme, un champ-sujet est ainsi dfini. Le
manuscrit LATIN 8500 entre dans ces contraintes dimensionnelles. Nous avons donc
repris ces exigences.
Le numrique est encore dficient en terme de rendu des dtails par rapport aux
mulsions argentiques. Les rsultats indiquent des performances 3x 4x plus petites que
celles qui caractrisent les supports argentiques. Au niveau du manuscrit cela ne posera
sans doute pas encore de problme mais pour des documents extrmement fins, comme les
cartes et plans, des artefacts colors, synonymes dun dfaut de moir, vont fortement
altrer le rendu.
II.1.c. Le bruit
Le bruit peut tre de nature diffrente. Le plus important est dit bruit dobscurit et
provient de lagitation thermique au niveau des lments photosensibles. Il est rgul par
un systme de refroidissement qui souvent, le rend ngligeable.
Dautres bruits, dits bruit temporel et bruit spatial influencent galement la qualit
du signal de sortie. Le premier sexplique par les fluctuations du signal dans le temps. Le
second est d la non-uniformit de la rponse des divers lments constituants le circuit.
De manire gnrale, le bruit conditionne la dynamique du systme ; la littrature
nonce un rapport signal / bruit suprieur 45 dB pour que limage gnre ne nous
paraissent pas parasite
35
.
34
Annexes, dtermination de la rsolution .
35
TRMEAU Alain, FERNANDEZ-MALOIGNE Christine, BONTON Pierre, Image
numrique couleur, de lacquisition au traitement, Paris, Dunod, 2004, p. 28-29. p 123.
Chapitre 2
50
II.1.d. La sensibilit
Il convient de diffrencier sensibilit absolue et sensibilit relative. La premire
notion fait rfrence la quantit dnergie minimale ncessaire produire un signal utile,
cest--dire suprieur au bruit dobscurit. La seconde notion dfinit, elle, le nombre de
photons incidents ncessaires pour passer dun niveau de gris au suivant.
La sensibilit dpend de la surface de capture relle du photosite, qui peut varier
selon les constructeurs de 30 70 %, mais galement de la fonction de transfert. En effet,
lefficacit lumineuse lors de la conversion des photons en lectrons-trous, la perte
dinformations due la rflexion sur les capteurs et au transfert de charges, influencent
fortement ce paramtre.
II.2. La rponse du systme en fonction de la luminance
Une srie de tests nous a permis de vrifier la fois lindication relative la
sensibilit, donne par le fabricant, et dvaluer lallure de la rponse en niveaux de gris en
fonction des luminances sujet
36
. Trois remarques importantes savrent essentielles :
o La procdure dexport embarque dans le logiciel dacquisition, CaptureShop 4.1,
induit invitablement une correction de gamma sur les valeurs numriques brutes,
quivalente 0,46. Ceci nous fait penser une optimisation souhaite de la part du
fabricant pour adapter la restitution de limage affiche sur cran. Rappelons, en effet,
quun moniteur standard est caractrisable par une rponse en gamma de 2,2 afin de
sapprocher dune chelle de restitution psychomtrique. La valeur de 0,46 est
approximativement linverse de 2,2.
o La rponse du systme nest pas linaire en fonction du niveau dexposition ; les
courbes prsentent des pentes diffrentes alors quune simple translation, sur laxe les
ordonnes, est thoriquement attendue. Ceci dmontre linfluence du DSP au niveau du
codage des valeurs de sortie qui essaie de compenser le dfaut dexposition.
o Enfin, les courbes relatives aux surexpositions rvlent un point pivot partir
duquel la rponse en contraste chute. Ce dernier point est trs important car il borne la
36
Annexes dtermination de la rponse en fonction de la luminance .
Chapitre 2
51
linarit de la rponse. Afin dassurer un codage cohrent entre les basses et hautes
lumires, il faut effectivement se placer sur une courbe de rponse linaire. Dans le cas
contraire, il est vain desprer restituer fidlement les rapports de valeurs entre elles. Cest
pourquoi, nous fixerons, pour la suite de ltude, un point de rfrence qui nous assurera
une rponse linaire.
r ponse du syst me en f onct ion de la luminance
y =9,3124x +0,6854
y =12,869x - 14,782
y =18,522x - 24,896
y =26,891x - 34,598
y =37,117x - 63,257
y =50,205x +49,603
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
18000
0 50 100 150 200 250 300 350
luminances (cd/m2)
Vn (14bit s)
5,6
5,6 1/2
8
8 1/2
11
11 1/2
16
16 1/2
22
Linaire
(22)
Linaire
(16 1/2)
Linaire
(16)
Linaire
(11 1/2)
Linaire
(11)
Linaire
(8 1/2)
Un calcul permet dvaluer la raison gomtrique de cette progression : nous
estimons que le codage en valeurs numriques peut tre modlis par un facteur de 1,90
entre chaque pente successive. Autrement dit, une sous-exposition dune valeur de 1
diaphragme induit une pente de codage en valeur numrique 1,90 fois plus petite que la
pente lexposition normale.
Ce paramtre sera pris en compte pour sapprocher, par le calcul, dune rponse
spectrale des filtres RVB relative une source qui-nergtique. Pour cela, nous avons
suppos que chaque canal rpondait de la mme manire un unique stimulus.
Chapitre 2
52
II.3. Lacquisition trichrome
Lacquisition numrique trichrome se calque sur le principe de fonctionnement du
systme visuel humain. Dot de deux familles de photorcepteurs, les btonnets et les
cnes, nous voyons les couleurs grce une analyse du stimulus sous trois domaines
spectraux ; les cnes S M et L, dont les pics de sensibilit se placent respectivement 440
nm, 545 nm et 580nm, sont les photorcepteurs ddis notre perception colore. Ils ne
sont activs quen vision diurne. Paralllement, les btonnets sont associs la perception
de lintensit lumineuse. Leurs caractristiques spectrales et nergtiques sont connues
depuis de nombreuses annes. Elles fournissent les bases de comprhension des dmarches
scientifiques labores en colorimtrie pour fournir des outils de simulation.
En effet, les expriences dgalisation
37
, bases de la science de la couleur, exploitent le
fait que toute couleur est reproductible par synthse additive de trois lumires primaires
rouge, verte et bleue. Les lois de Grassman rgissent cette thorie
38
.
Ainsi trois fonctions de mlange ou fonctions colorimtriques dfinissent ce que lon
appelle lobservateur standard. Elles correspondent aux proportions ncessaires par canal
R, V et B pour reproduire lensemble des couleurs visibles. Il est noter que ltablissement
de ces donnes na t possible que dans des conditions exprimentales strictes qui
restreignent normment la validit du rsultat. Bien souvent, les conditions dacquisition
ne concident pas avec de telles contraintes.
Par simplification et, dfaut de navoir su tablir de donnes plus appropries,
lacquisition couleur exploite, malgr tout, ses rsultats dans son processus de codage.
37
Les expriences de Guild et Wright ont servi de support au systme de primaires RVB
normalis par la CIE en 1931.
38
On trouve dans de nombreux livres spcialiss lexplication prcise des lois de Grassman.
Pour ne citer quune seule rfrence bibliographique, TRMEAU Alain, FERNANDEZ-
MALOIGNE Christine, BONTON Pierre, Image numrique couleur, de lacquisition au traitement, Paris,
Dunod, 2004, p. 28-29.
Chapitre 2
53
II.3.a. La recherche
tat des lieux
Les capteurs CCD ont une sensibilit importante dans le domaine de linfrarouge. Ce
phnomne peut beaucoup influencer le rapport signal / bruit puisque les radiations
stimulent le capteur de manire abusive comparativement lil. Dans une logique de
reproduction, il est bien vident que lon cherche reproduire uniquement ce que nous
pouvons voir. Le signal captur nest pas utile . La sensibilit linfrarouge devient alors
parasite.
Il ny a pas ce jour de normes publies tablissant un protocole de caractrisation
spectrale des systmes de prise de vue numrique. Pourtant, les tudes et discussions sont
en cours mais ne semblent pas aboutir. Nous citerons, nouveau, deux textes qui relvent
de cette problmatique : la norme Iso 17321 Graphic technology and photography -
Colour characterisation of digital still cameras (DSCs) et la norme IEC 61966-9
Multimedia systems and equipement Colour measurement and management Part 9:
Digital Cameras. Toutes deux font rfrence lutilisation dun monochromateur afin de
quantifier au niveau nergtique la rponse des capteurs CCD
39
.
Pour ce prsent travail, nous navions pas la possibilit dutiliser un tel appareil.
Cependant, il nous semblait intressant dvaluer la rponse spectrale globale du systme,
cest--dire dobtenir des informations reprsentatives de lensemble du systme de capture.
Ainsi, un dispositif exprimental, plus grossier mais suffisant pour cette tude, a t utilis.
Les informations obtenues correspondent la rponse spectrale du systme dans son
ensemble : optique, filtres RVB superposs au capteur et signal modlis par le DSP.
39
GUILLO Stphane, mmoire de fin dtudes de lENSLL, La balance des blancs, Rglages
et effets de la balance des blancs, 2004, p.55.
Chapitre 2
54
Le dispositif exprimental
En plaant un cran au point image du faisceau envoy par un spectrographe, nous
avons pu photographier limage du spectre dcompos. Ainsi le fichier numrique rsultant
rvle la sensibilit spectrale du systme _ dans la mesure o il est capable de restituer un
certain domaine de longueurs donde _ et reste dpendant du systme de conversion.
Figure 14 : Photographie du spectre
Figure 15 : Schma du dispositif exprimental. Lappareil dacquisition capture
limage du spectre rflchi par lcran plac au point foyer image et orient sous un
angle de 45 par rapport la normale.
Les courbes obtenues laide dune exploitation logicielle donnent des intensits
numriques relatives exprimes en fonction de la position du pixel dans le fichier.
Un calcul de correspondance entre position du pixel et longueur donde, exprime en
nanomtres (nm), a donc t ncessaire. Plusieurs photographies du spectre prises sous
diffrents filtres interfrentiels permettent dtablir quelques points de rfrence entre
Chapitre 2
55
position du pixel et longueur donde. Aprs plusieurs tests, nous avons obtenu les meilleurs
rsultats en exploitant des fichiers dune dfinition de 1024 x 768 px.
Une moyenne sur cinq valeurs a permis datteindre un pas dincrmentation sur laxe
des longueurs donde en adquation avec la prcision du spectrographe. En effet, le rseau
de ce dernier possde une bande passante non ngligeable qui dcompose la lumire
suivant un pas valu quelques nanomtres. Notre chelle de correspondance aboutit
une incrmentation de 3,43 nm 0,16 nm, soit une incertitude de calcul de 4,62 %
40
.
Le dispositif possde cependant quelques limites quil convient de prciser pour une
meilleure apprhension des problmes ultrieurs :
o La notion de sensibilit spectrale nest, en thorie, valable que si nous nous
plaons dans des conditions dclairement qui-nergtique. En dautres termes, la rponse
spectrale du systme correspond sa sensibilit en fonction de la longueur donde, face
une quantit nergtique constante de lumire. Ce nest pas le cas dans notre tude pour
des raisons matrielles. La source du spectrographe montre une distribution spectrale
continue mais sa temprature de couleur est value 2800 K. Les courbes exploites sont
donc toutes relatives la source. Une srie complmentaire de mesures laide de cette
mme source quilibre 5000K et 6500K donne des informations quant lvolution des
trois courbes RVB en fonction de la distribution spectrale incidente
41
o Lensemble du dispositif exprimental spectrographe + verre de champ lve la
temprature de couleur dune valeur de 56 Md. Nous nous sommes affranchis de ce
paramtre en mesurant la distribution spectrale de la source travers lensemble du
dispositif. La suite de lexploitation se rfre donc cette dernire mesure.
o Les rsultats ne couvrent que le domaine du visible. La sensibilit dans
linfrarouge des capteurs, voque prcdemment, nest pas quantifie ici.
40
Annexes, dtermination de la rponse spectrale .
41
Annexes, courbes de rponses spectrales du systme dacquisition
Chapitre 2
56
II.3.b. Lexploitation de la rponse spectrale des filtres RVB
Plusieurs remarques sont dores et dj possibles au vu des premiers rsultats
42
:
o La rponse spectrale est significative sur un spectre stalant de 390 nm 750 nm.
Au-del de ces limites, nous pouvons considrer que la rponse enregistre est assimile
du bruit, parasite.
o Les filtres ne couvrent pas une largeur spectrale quivalente. En revanche, les
zones de recouvrement sont importantes ce qui permet une modulation plus fine des
valeurs. En comparaison avec des rsultats relatifs la rponse spectrale des botiers
rflexes numriques, ce systme prsente une particularit au niveau des courbes bleue et
rouge. Celles-ci se coupent vers 515 nm, pic de sensibilit de la courbe verte. Toutes les
longueurs donde, comprises entre 390 nm et 670 nm, sont donc codes avec au moins
deux valeurs numriques.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
350,00 400,00 450,00 500,00 550,00 600,00 650,00 700,00 750,00
nm
v
a
l
e
u
r
n
u
m
r
q
i
e
r
e
l
a
t
i
v
e
Figure 16 : rponse spectrale des filtres RVB sous une source quilibre 5000 K
42
Annexes, courbes de rponse spectrale du systme dacquisition.
Chapitre 2
57
o La courbe rouge prsente une variation de contraste entre 520 et 560 nm. La
discrimination rsultante y est moindre. Elle montre galement une remonte parasite dans
les bleus. Ces deux caractristiques proviennent probablement de dfauts de fabrication du
filtre.
o En revanche, nous pouvons remarquer les pentes abruptes, en milieu de spectre,
des courbes bleue et verte, qui linverse des extrmes, marquent un arrt brutal de codage
dans ces deux canaux. Ce phnomne fait penser une correction de contraste embarque
dans le traitement des donnes.
o Les points de recouvrement correspondent des valeurs numriques leves, ce
qui montre la capacit du systme restituer correctement les valeurs neutres sur une
dynamique sujet correcte.
Simulation de la rponse spectrale face une source qui-nergtique
Afin daboutir une rponse spectrale relative source qui-nergtique, nous avons
procd une pondration de chaque valeur en nous basant sur les rsultats prcdents,
concernant la rponse photomtrique du systme. En effet, il est possible de dduire le
comportement spectral de ce dernier si nous prcisons toutefois lhypothse suivante :
chaque canal RVB dmontre les mmes caractristiques en contraste et sensibilit.
En considrant donc la distribution spectrale de la source du spectrographe, mesure
travers lensemble du dispositif, nous pouvons dduire des coefficients de
proportionnalit entre chaque quantit dnergie mise par longueur donde. Une
pondration y est ensuite apporte suivant la progression gomtrique constate sur les
courbes de rponses photomtriques. Ainsi chaque valeur numrique mesure est ramene
une nouvelle valeur simulant la rponse du systme un nouveau niveau dnergie.
Nous obtenons ainsi trois nouvelles courbes RVB qui simulent un rsultat relatif
une source qui-nergtique. Les caractristiques voques prcdemment restent
inchanges.
Chapitre 2
58
rponse spectrale des filtres RVB
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
350,00 400,00 450,00 500,00 550,00 600,00 650,00 700,00 750,00 800,00
nm
V
n
r
e
l
a
t
i
v
e
Figure 17 : rponses spectrales simules des filtres RVB relatives une source qui-nergtique.
Les rponses RVB du systme dacquisition peuvent tre modlises par la formule
suivante :
o :
o F est la fonction de transfert
o e un coefficient relatif au niveau dexposition
o s () la rponse spectrale des filtres R, V ou B
o E () la distribution de la source et
o n reprsente le bruit sur chaque valeur numrique.
Il est noter que puisque la dtermination de la rponse spectrale des filtres sest
faite en incluant la fonction de transfert, nous considrerons que le facteur F est gal 1.
Chapitre 2
59
II.3.c. Le traitement de linformation lors de lacquisition numrique
Le systme de capture possde une sensibilit spectrale propre. Il peut tre
caractris par un espace de reprsentation des couleurs qui est directement li la rponse
spectrale des filtres RVB. Trois primaires XYZ le dfinissent et dterminent galement les
donnes RVB du sujet photographi. En connaissant les coordonnes de ces primaires, il
est possible dtablir une transformation mathmatique permettant de convertir les
donnes RVB dacquisition dans un nouvel espace de reprsentation plus standard, comme,
par exemple, les espaces ddis une restitution sur moniteur.
En reprenant chaque tape depuis lacquisition du sujet sa restitution en valeurs
numriques RVB, il est possible dapprhender de manire plus juste le processus de
traitement de linformation colore.
o A travers ses filtres dacquisition RVB, caractriss prcdemment, le systme
analyse le sujet suivant trois canaux primaires et fournit, en un premier temps, trois
informations RVB relatives des quantits dnergie.
o Ces informations sont ensuite pondres via la procdure de la balance des
blancs, qui consiste rtablir les proportions entre canal R, canal V et canal B de manire
obtenir un blanc qui-nergtique, pour un rflecteur parfait. La pondration est bien sr
fonction de la nature de la source ; suivant la distribution spectrale de celle-ci, les facteurs
pondrateurs varient.
o Une fois les proportions tablies, les donnes RVB sont quantifies. En dautres
termes, le signal est dcoup en tranche, ou discrtis. Il devient alors discontinu.
o Il est alors ncessaire de pouvoir tablir un pont entre les caractristiques du
systme dacquisition, que nous engloberons dans lappellation espace dacquisition et
celles des espaces dexpression.
o Plusieurs changements de repre, de lespace dacquisition lespace XYZ, puis
de lespace XYZ lespace de restitution, aboutissent une nouvelle expression des
donnes qui sont soumises une courbe de LUT en gamma et exprimes en valeurs
numriques de 0 255.
Chapitre 2
60
Les primaires dacquisition
Rappelons que chaque priphrique, quil soit dacquisition direct ou indirecte,
daffichage ou dimpression, possde des caractristiques technologiques propres qui
dterminent un espace de reprsentation des couleurs, ou gamut. Cet espace dlimite
lensemble des couleurs reproductibles pour un priphrique donn. Il est dfini par trois
primaires RVB de restitution telles que, en additionnant leurs valeurs tristimulus XYZ, on
aboutisse lexpression mathmatique du blanc, choisi pour rfrence.
Dans le cas dun systme dacquisition numrique directe, il est important de
comprendre que lobjectif est de couvrir la totalit des couleurs visibles. Autrement dit, un
systme dacquisition de qualit doit dmontrer des primaires dacquisition telles que la
surface triangulaire dfinie par la liaison des trois points doit englober intgralement le lieu
du spectre des couleurs visibles.
Ces primaires dacquisition sont fonction de la source lumineuse utilise et
dterminent ainsi une premire expression des donnes dacquisition.
Nous avons tent des calculs de simulation en reprenant des mthodes dj tablies
au cours de recherches scientifiques
43
mais cela na pas abouti des rsultats cohrents.
Nous nous contenterons donc dvoquer nos recherches dans un document annexe afin de
ne pas suggrer de fausses interprtations.
43
mthode de Lindsay MacDonald et de Wei Ji de luniversit de Derby en Grande
Bretagne.
Chapitre 2
61
Les diverses techniques analytiques apportent des informations essentielles pour
ltude historique des uvres dart. Ceci tant, mme si elles exploitent des donnes
relatives la rflectance spectrale des composs purs, pigments et colorants prsents dans
les peintures, elles ne caractrisent pas non plus les proprits spectrales des couleurs telles
que nous les voyons sur loriginal. Ce que nous cherchons reproduire ne sont pas les
matires colorantes pures mais bel et bien le mlange des divers constituants qui crent la
couleur.
Ainsi les mesures spectrales sur le manuscrit LATIN 8500 rvlent des couleurs de
mlange, peu satures, mais dune modulation fine. Les plages mesures sont rarement
uniformes ce qui implique des rsultats moyenns. Par la suite, lexploitation des courbes
de rflectance prendra en compte ce fait par une valuation des valeurs dincertitudes.
Le systme dacquisition, lui, dmontre une rponse spectrale intressante car il est
en mesure de capturer toutes les informations colores sur lensemble du spectre visible.
En revanche, sa rponse photomtrique ne vrifie pas toujours une courbe linaire, ce qui
explique, pour la suite de ltude, le choix dun point de rfrence pour fixer le niveau de
lumination optimal.
Chapitre 2
62
CHAPITRE 3
LACQUISITION NUMERIQUE
Les couleurs sont, par dfinition, relatives la source lumineuse qui les claire.
Comme le statue la colorimtrie ; la couleur dun objet est fonction de la rflectance
spectrale de celui-ci, de la distribution spectrale de la source et de lobservateur.
Les tudes prcdentes nous ont permis de connatre les caractristiques physiques
du sujet et du systme dacquisition. Il sagit donc, maintenant de mettre en relation ces
diffrentes proprits afin de comprendre, tout dabord, les difficults constates lors des
premires prises de vue et denvisager, par la suite, des solutions pour amliorer ces
rsultats. La confrontation du sujet original au systme dacquisition reste alors pertinente
par une mise en parallle de lobjet relatif une source, face la rponse spectrale du
systme de capture.
Aprs avoir tudier les paramtres dacquisition, il est possible de relever une
configuration gnrale qui fournit des rsultats fiables. Une valuation qualitative sensuit.
Elle entrane une rflexion sur ladquation du matriel utilis et sur sa pertinence face au
sujet choisi, le manuscrit LATIN 8500.
63
I. LA CONFRONTATION SUJET/SYSTEME DACQUISITION
I.1. Le choix de la source
Figure 18 : Exemple de trois
couleurs bleues montrant des
courbes de rflectance spectrale
bien distinctes mais qui, selon la
source lumineuse employe,
sont plus ou moins
diffrencies.
Les graphes suivants montrent la distribution spectrale de plusieurs couleurs bleues
couples une source continue tungstne quilibre 2800K et couples une source
mixte Flash.
Nous remarquons que le domaine des courtes longueurs donde (les bleus) est
fortement affect de par les faibles nergies incidentes de la source tungstne ; lmission
caractristique de la matire est quasiment inexistante face lmission renvoye dans les
grandes longueurs donde (les rouges). Il devient alors trs dlicat de diffrencier une
couleur, telle que la plage F du folio 1, une autre couleur prsentant une courbe de
rflectance spectrale plus monotone, mais encore significative dune teinte bleue (plage B
du folio 1).
reflectance spectrale
0,00E+00
1,00E+01
2,00E+01
3,00E+01
4,00E+01
5,00E+01
6,00E+01
350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
nm
R(%)
B f1
F f1
I f38
Chapitre 3
64
couleurs sous la source tungstene
0,00E+00
5,00E-03
1,00E-02
1,50E-02
2,00E-02
2,50E-02
3,00E-02
3,50E-02
4,00E-02
4,50E-02
350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
nm
distribution
spectrale
(sr.m2.nm)
B f1
F f1
I f38
Figure 19 : distributions spectrales des trois couleurs bleues du manuscrit LATIN
8500 sous une source tungstne.
A linverse, la source flash diffrencie davantage les missions propres chacune des
couleurs comme le montre le graphe ci-contre. Bien que les pics dmission parasitent
lgrement les courbes, les trois couleurs ne se confondent pas entre elles.
couleurs sous la source flash
0,00E+00
5,00E-04
1,00E-03
1,50E-03
2,00E-03
2,50E-03
3,00E-03
3,50E-03
4,00E-03
4,50E-03
5,00E-03
350 450 550 650 750
nm
distribution
spectrale
(sr.m2nm)
B f1
F f1
I f38
Figure 20 : distribution spectrale de trois couleurs bleues du manuscrit LATIN 8500
sous une source flash.
Chapitre 3
65
Le spectre mixte de la source flash ne pose pas de problmes particuliers ici. Aucune
couleur nest susceptible dtre radicalement modifie par une amplification abusive du
facteur de rflectance. Cela aurait t plus problmatique en imaginant une courbe de
rflectance spectrale prsentant une monte (ou descente) significative juste au niveau dun
pic ; le produit de la source et de lobjet renvoie alors des proprits nettement diffrentes.
La couleur originale initialement perue comme bleue, devient fortement cyanne sous la
source flash.
Cette problmatique ne se pose pas ici, puisque aucune plage de couleur ne vrifie
une telle proprit. La source flash parat alors pertinente sur le point colorimtrique. De
plus, sa puissance permet de limiter le temps dexposition. Les ouvrages tant trs fragiles
la lumire, cet aspect nest donc pas ngligeable.
I.2. Quelque singularit
Une particularit concerne quelques couleurs releves sur les folios 11v, 14a, 30v et
38. Ces plages de couleurs sont de teintes diffrentes : la plage A du folio 11v apparat
lil comme neutre, les plages I et E des folios 38 et 30v sont bleues, tandis que la plage B
du folio 14a est gris-bleue. Leur point commun est de prsenter une remonte, non
ngligeable, de leur courbe de rflectance spectrale dans le domaine des rouges, partir de
700 nm environ.
En comparaison la rponse spectrale du systme dacquisition, il semble que ce
dernier soit aveugle face cette singularit. Rappelons cependant que le dispositif
exprimental qui nous a permis de caractriser la rponse spectrale du systme nexploitait
que le domaine du visible. Mais nous lavons prcis prcdemment, les capteurs CCD ont
une sensibilit importante dans les infrarouges.
Chapitre 3
66
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
380 430 480 530 580 630 680 730 780
nm
plage A folio 11v
filtre R
filtre V
plage B folio 14a
plage E f30v
plage I folio 38
filtre B
Figure 21 : courbes de rflectance spectrale de quatre couleurs prsentant des montes
importantes partir de 700 nm et confrontes la rponse spectrale des filtres RVB dacquisition.
Il est possible que le systme dacquisition soit dot dun filtre IR, absorbant les dites
radiations, mais cette question na pu tre souleve. En considrant que le systme ne
peroive pas cette remonte dans les fortes longueurs donde, lanalyse de ces couleurs est
assimilable celle de lil. En revanche, si la sensibilit du capteur dans les radiations
infrarouges nest pas compltement limine, le signal lumineux captur se diffrencie
grandement de celui que nous pouvons percevoir. Ainsi, il donne lieu une interprtation,
en valeurs numriques, aberrante.
I.3. La dynamique du sujet face la courbe de rponse
Le manuscrit LATIN 8500 ne prsente pas une dynamique trs importante. Le
parchemin constitue llment le plus lumineux tandis que les zones les plus sombres se
situent souvent sur de petites parties colores des peintures. Ces deux zones prsentent
tout de mme des modulations certaines en terme de teintes quil est important de pouvoir
restituer.
Chapitre 3
67
Le systme dacquisition prsente, lui, une dynamique de restitution nettement plus
importante. En revanche, sa rponse ntant pas linaire selon le niveau dexposition, il
semble ncessaire de dterminer quelques points de rfrence qui permettront de fixer
lensemble du sujet sur une courbe de rponse satisfaisante.
Daprs les rsultats obtenus prcdemment, il est pertinent de prfrer une lgre
sous-exposition afin de bnficier dune courbe de rponse proportionnelle entre les basses
et hautes lumires.
0
50
100
150
200
250
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 L*
V
n
gamme Kodak F f14a
G f14a B f14a
C f33 F f33
O f54v A f11v
B f11v A f54v
A f33 C f14a
A f1 A f3
I f33
Figure 22 : Valeurs numriques en fonction de la luminance L*.
Lensemble du sujet est trs largement compris dans la dynamique de la gamme de
gris Kodak.
La difficult majeure retenue au regard des multiples mesures faites sur le manuscrit
LATIN 8500, provient de la complexit des mlanges colors ; rares sont les couleurs
prsentant des rflectances spectrales avec un pic localis dans un domaine de longueurs
donde. La plupart, en effet, couvrent une largeur de spectre importante, de manire
relativement monotone, ce qui pose des problmes de discrimination au niveau de
lacquisition numrique.
Chapitre 3
68
Mme si le systme est capable de voir toutes les longueurs donde dans le visible, il
nest pas forcment en mesure de moduler toutes les nuances de teintes et de luminosit
dans une dynamique de codage finie.
La conversion des valeurs numriques dacquisition en valeurs numriques de
restitution, dans un espace de travail donn, reste problmatique ; la procdure de
calibration couleur permet au DSP de prendre des repres et dtablir un mapping cohrent
par rapport aux caractristiques spectrales des filtres RVB.
II. LES PARAMETRES DACQUISITION
II.1. La dtermination de lexposition
Les courbes de rponse photomtrique du systme nous permettent de fixer un
niveau de lumination tel que lensemble du sujet bnficie dun codage linaire en valeurs
numriques. Il faut pour cela viter les surexpositions et rgler lclairement tel que lindice
de lumination soit gale 13, pour ISO 100.
Ainsi, nous nous assurons que toutes les valeurs du sujet restent cohrentes entre
elles ; un mme cart de luminance dans les basses et hautes lumires se traduit par un
mme cart en valeurs numriques. Par la suite, la courbe de gamma de 0,46,
accompagnant lexport de limage dans le logiciel Photoshop, induit une amplification des
basses lumires au dtriment des hautes lumires mais nous ne pouvons nous en affranchir.
Notre dmarche sappuie sur les proprits des fichiers bruts, cest--dire non exports du
logiciel dacquisition CaptureShop Photoshop. Elle reste pertinente si nous envisageons
de ne pas passer par la procdure dexport. Dans le cas contraire, il faut considrer un
priphrique de restitution impliquant un gamma inverse 0,46, soit approximativement de
2,2.
En pratique, la valeur numrique maximale atteinte est de 12000, la dynamique nest
donc pas intgralement utilise (rappelons que la quantification initiale est de 14 bits soit
16384 valeurs possibles). Cependant cela ne pose pas vritablement de problme car une
quantification sur 12 bits reste suffisante dans une grande majorit des cas et
Chapitre 3
69
particulirement dans notre cas, o le sujet ne prsente pas une dynamique propre trs
importante. Il est tout de mme possible de moduler des luminances suprieures. Le
manuscrit tudi ici ne prsente pas de luminances trs leves ; lexception des reflets des
dorures, aucune plage du sujet ne se trouve au-del de la rfrence.
Paralllement, une sous-exposition engendre un bruit parasite qui est plus lisible dans
les basses lumires. Lcart-type, relev sous Photoshop avec chaque valeur numrique
mdiane, permet une valuation du bruit ; il est significatif de la dispersion (exprime en
valeur numrique) dune plage de couleur.
Puisque chaque valeur numrique est relative la mdiane dune zone slectionne,
elle saccompagne donc dune donne dincertitude qui renseigne quant luniformit de la
plage considre. En prenant en compte 1x la valeur de lcart-type, nous nous assurons
68% que la valeur mdiane est significative. Ainsi, en traant lvolution de lcart-type en
fonction du niveau de lumination, nous pouvons constater que celui-ci augmente avec les
surexpositions ainsi que dans les basses lumires.
Nanmoins, la droite que nous considrons ici (Ev = 13) nengendre pas encore de
bruit trs consquent puisquil nexcde pas 5% des valeurs numriques impliques. Nous
jugeons alors ce parasitage ngligeable.
II.1.a. L'volution colorimtrique
Une srie de prise de vue de la charte ColorChecker 24 patchs permet de constater
lvolution colorimtrique de chacune des plages de couleur en fonction de la lumination.
Les rsultats confirment la dmarche prcdente puisque les donnes L*u*v* relatives
une lgre sous-exposition fixe prcdemment, sont celles qui sapprochent le plus des
points de rfrence.
Il est noter que les coordonnes u*v* calcules partir des relevs des valeurs
numriques sur les fichiers ne se superposent pas exactement aux donnes de rfrence.
Ces carts peuvent tre, en partie, expliqus en considrant les incertitudes sur les mesures
spectrales et les incertitudes des relevs sur les valeurs numriques
44
.
44
Au regard des carts-types accompagnant chaque relev, nous pouvons quantifier cette
dernire incertitude par une quivalence en delta u*v*. En fait, cette dernire incertitude n'est que
trs minime puisqu'elle n'excde pas les 1% sur chaque valeurs u* v*. Ceci nous permet de nous
Chapitre 3
70
diagramme u*v*
-150
-100
-50
0
50
100
150
-100 -50 0 50 100 150
u*
v
*
f5,6 1/2
f8
f8 1/2
f11
f11 1/2
f16
f16 1/2
rfrence
Figure 23 : volution colorimtrique de la charte ColorChecker en fonction du niveau de
lumination. Reprsentation dans le plan u*v*.
Les surexpositions dforment littralement les couleurs alors que les sous-expositions
permettent de conserver une certaine linarit. Nous remarquons que les graphes
correspondants sont de forme homothtique ce qui laisse penser que les sous-expositions
conservent les rapports de couleurs entre elles.
assurer de la fiabilit d'une comparaison entre valeurs colorimtriques u*v* calcules partir des
donnes spectrales dune part et partir des relevs de valeurs numriques dautres part.
Chapitre 3
71
diagramme u'v'
0,25
0,3
0,35
0,4
0,45
0,5
0,55
0,6
0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45
u'
v'
f 5,61/ 2
f 8
f 81/ 2
f 11
f 111/ 2
f 16
f 161/ 2
rf rence
Figure 24 : volution colorimtrique de la charte ColorChecker en fonction du niveau de
lumination. Reprsentation dans le diagramme uv.
Dans le diagramme de chromaticit u*v* associ lespace CIELUV, nous pouvons
effectivement considrer que les sous-expositions conservent lattribut de la teinte.
Rappelons tout de mme que les coordonnes u*v* sont fonction de la luminance L*, ce
qui signifie que le diagramme doit tre lu en imaginant une reprsentation dans lespace
avec laxe des luminances L* perpendiculaire au plan u*v*. En fait, en traant les mmes
points dans le diagramme uv, nous nous affranchissons de L*. Ainsi, nous pouvons
conclure quant au rel effet de lexposition sur la chroma.
Selon le domaine spectral, lexposition influe plus ou moins sur la couleur. La sous-
exposition a tendance augmenter la puret de la couleur ; les points s'loignent de
l'origine.
Chapitre 3
72
II.2. Le choix de lespace de reprsentation
diagramme u'v'
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 u'
v
'
manuscrit
lieu du spectre
adobe 98
sRVB
Figure 25 : reprsentation des couleurs du manuscrit LATIN 8500 dans le diagramme uv et
gamuts des espaces de restitution Adobe 98 et sRVB.
Le graphe, reprenant les donnes uv des mesures sur le manuscrit, montre que celui-
ci ne prsente pas de couleurs trs pures. Lensemble des mesures rvle mme des
couleurs comprises dans les espaces de restitution sur moniteur. Ceci nous fait penser
quen thorie, aucune couleur nest susceptible dtre fortement altre par les
performances restreintes des priphriques de restitution. Dans une logique de
reproduction, il convient de prserver, au plus la couleur absolue, au mieux les rapports de
couleurs entre elles. Ici, nous prfrerons, par consquent, un mode de calcul
colorimtrique absolu lors de la conversion des donnes dans lespace de restitution. De
plus, cela assure une certaine rptitivit de codage entre les diffrentes prises de vue ; ce
mode ne modifiant pas les coordonnes des points ds lors quils se trouvent dans le gamut
considr, aucune couleur extrieure ne vient affecter ses voisines.
Chapitre 3
73
Ds lacquisition, le logiciel CaptureShop demande lutilisateur de choisir un espace
de travail dans lequel seront dfinies les couleurs du fichier. Ainsi, un calcul de conversion
entre l'espace dacquisition et l'espace de restitution sopre directement par le logiciel
dacquisition.
Entre les divers espaces de reprsentation accessibles, il sagit de choisir celui qui
prsente un gamut ncessaire et suffisant. En dautres termes, lespace de restitution doit
la fois couvrir lensemble des points couleurs du sujet et ne pas tre trop large de manire
coder les couleurs efficacement. Le logiciel dacquisition tend utiliser un espace adapt
un codage des couleurs impliquant un gamma de 2,2
45
. Nous avons beaucoup utilis
lespace Adobe 98 pour cette tude car il rpondait ce critre. De plus, les ateliers de la
BnF respectent un cahier des charges qui spcifie lutilisation dun espace de travail afin
duniformiser la production.
Ceci tant, il existe un nouvel espace colorimtrique, le ECI RGB. Cet espace, de
lEuropean Color Initiative, est en voie dtre standardis. Il peut tre intressant dans le
cadre dune gestion de la couleur qui se veut la plus souple possible. En revanche, il est
dfini pour un illuminant de rfrence D50 et une LUT en gamma de 1,8. Il semble donc,
lheure actuelle, inadapt avec le logiciel CaptureShop, moins que ce dernier rvise ses
courbes dexport !
45
Rappelons que la courbe dexport, dite linaire, implique obligatoirement une LUT en
gamma de 0,46, ce qui est approximativement linverse de 2,2. A lheure actuelle, il reste impossible
de modifier ce paramtre. Le logiciel ne prsente pas de souplesse, de champ daction, lutilisateur
qui souhaite travailler autrement.
Annexes, les protocoles exprimentaux, dtermination de la sensibilit.
Chapitre 3
74
III. LANALYSE COLORIMETRIQUE
III.1. Les carts de couleur
Dans un premier temps, nous obtenons des carts de luminances moindres en
appliquant le niveau dexposition explicit prcdemment. Comme le montre le graphe
suivant, les carts ne dpassent pas une valeur de 2, ce qui est acceptable.
delta L* / rfrence
plage 1
plage 2
plage 9
plage 15
plage 7
plage 12
plage 16
plage 11
plage 14
plage 4
plage 6
plage 18
plage 3
plage 8
plage 13
plage 5
plage 10
plage 17
-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
plages de la ColorChecker
d
e
l
t
a
L
*
f5,6 1/2
f8
f8 1/2
f11
f11 1/2
f11 1/2
f16
Figure 26 : carts de luminance L* de chaque plage de couleur de la charte ColorChecker.
Les points sont tris sur laxe des teintes des rouges vers les bleus.
Les mesures de rflectance spectrale permettent de calculer les coordonnes uv de
chaque couleur et de reprsenter graphiquement la position des points dans le diagramme
de chromaticit.
Le systme dacquisition fournit des rsultats de qualit puisque les points couleur
relevs sont trs proches des points de rfrence.
Chapitre 3
75
diagramme u'v'
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
u'
v'
rfrence
PDV
lieu du spectre
D65
Flash
Figure 27 : reprsentation des couleurs de la charte ColorChecker dans le diagramme uv.
Les points sont relis entre eux pour se rendre plus facilement compte des distorsions de couleurs
entre donnes du fichier et donnes de rfrence. Ainsi un mouvement gnral peut tre relev.
Les deltas E (E) permettent de quantifier les carts de couleurs. Nous avons utilis
la dfinition du E
00
afin de prendre en compte la non-uniformit des espaces et les
paramtres de perception des diffrences couleurs. Rappelons quune apprciation des
carts de couleur par un calcul de distance euclidienne est insuffisante pour rendre compte
des phnomnes complexes jouant sur notre vision colore. Un mme cart chiffr ne
signifie pas forcment une mme perception de diffrence couleur. Le E
00
, dfini par la
CIE, tente de considrer davantage ces multiples paramtres afin de fournir des indications
plus significatives. Cela contribue une meilleure interprtation qualitative des rsultats.
Nous avons vu que le principe de caler lexposition du fichier un niveau de
lumination dtermin (Ev = 13), permettait dobtenir des carts de luminance optimaux sur
toutes les plages colores de la charte. Les calculs de E qui suivent sintressent donc
davantage aux carts de chromie.
Chapitre 3
76
Il est souvent donn la valeur de 1 pour quantifier un E correspondant au seuil de
perception des diffrences couleur. Ici, les carts sont plus importants mais restent tout de
mme raisonnables dans la plupart des cas. Les zones les plus critiques sont les neutres
(plages 19 24) ainsi que les deux patchs jaunes-oranges. En fait, nous nous apercevons
que les neutres manquent beaucoup de luminosit alors que les deux plages de couleur
scartent de leur rfrence suivant laxe des u*.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
7,00
p
l
a
g
e
9
p
l
a
g
e
1
5
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l
a
g
e
1
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l
a
g
e
2
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l
a
g
e
7
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l
a
g
e
1
2
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l
a
g
e
1
6
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l
a
g
e
1
9
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l
a
g
e
1
1
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l
a
g
e
4
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l
a
g
e
1
4
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l
a
g
e
6
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l
a
g
e
1
8
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l
a
g
e
2
2
p
l
a
g
e
2
3
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l
a
g
e
3
p
l
a
g
e
2
0
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l
a
g
e
8
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l
a
g
e
2
4
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l
a
g
e
5
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l
a
g
e
1
3
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l
a
g
e
2
1
p
l
a
g
e
1
0
p
l
a
g
e
1
7
delta E 2000
Figure 28 : carts CIEDE2000 (ou E
00
) obtenus sur le fichier brut.
III.2. Lexprience visuelle
Une exprience de comparaison visuelle semble alors intressante pour tenter
dapprcier les carts de teinte tels que nous les obtenons en premier lieu. Il est possible
quau niveau perceptuel, le systme soit suffisamment performant pour ne pas restituer des
carts de couleurs visuels trop grossiers.
Chapitre 3
77
Rappelons que lanalyse qualitative des fichiers de prise de vue implique
obligatoirement deux mthodes :
o la premire, utilise jusqu maintenant, fournit des critres objectifs qui sont les
coordonnes colorimtriques de chaque plage de couleurs considres. A partir des carts
calculs entre donnes de rfrence et donnes releves sur les fichiers images, nous
obtenons des indications chiffres.
o La seconde mthode, et la plus immdiate, est lapprciation visuelle directe. Elle fait
donc appel notre subjectivit et reste fortement dpendante du priphrique de sortie.
Dans cette tude, nous nous sommes limits une apprciation sur moniteur
46
. Cependant,
il est connu que ce dernier nest pas sans dfaut en terme de restitution des couleurs mais
son tude approfondie ne rentre pas dans ce prsent travail.
Ces dernires informations ne sont pas directement en relation avec les rsultats de la
premire mthode. En effet, puisque les espaces de couleur ne sont pas uniformes, nous ne
pouvons considrer quun mme cart de couleur correspond une mme sensation de
diffrence couleur. Afin de ne pas chercher en vain un rglage ultrieur qui sefforce de
minimiser laveugle ces carts, nous avons tenter de caractriser un pont entre seuil
dacceptation de diffrence couleur et cart de couleurs chiffrs. Ainsi, nous obtenons de
nouveaux critres qualitatifs qui permettent dvaluer le rendu final des images avec plus de
pragmatisme.
Chaque plage de la charte ColorChecker a donc bnfici dun rglage de courbes
RVB sous Photoshop de faon confondre sur lcran la couleur de rfrence et la couleur
du fichier. Les nouvelles valeurs numriques sont alors releves. Nous obtenons ainsi les
coordonnes colorimtriques L*u*v* correspondantes.
46
Les rsultats qui suivent ont t obtenus partir dune visualisation sur un moniteur CRT,
dans un environnement lumineux relatif la lumire du jour. Les plages de couleurs nont pas t
spares de leur contexte ; lassimilation avec la couleur de rfrence sest faite en considrant les
couleurs environnantes du sujet.
Chapitre 3
78
Relativement aux seuils dacceptation
47
, les carts E
00
sont plus ou moins
importants. En considrant quun rapport de 2 entre seuil et rsultat soit acceptable pour
juger la restitution des couleurs correcte, nous voyons que les zones les plus critiques sont
les neutres et les couleurs claires rouges et jaunes. Ces dernires montrent en effet des
rapports pouvant atteindre 6 fois le seuil de perception.
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
7,00
p
l
a
g
e
9
p
l
a
g
e
1
5
p
l
a
g
e
1
p
l
a
g
e
2
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g
e
7
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e
1
2
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a
g
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1
6
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g
e
1
9
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e
1
1
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a
g
e
4
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a
g
e
1
4
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a
g
e
6
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a
g
e
1
8
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l
a
g
e
2
2
p
l
a
g
e
2
3
p
l
a
g
e
3
p
l
a
g
e
2
0
p
l
a
g
e
8
p
l
a
g
e
2
4
p
l
a
g
e
5
p
l
a
g
e
1
3
p
l
a
g
e
2
1
p
l
a
g
e
1
0
p
l
a
g
e
1
7
delta E2000 fichier brut
delta E2000 fichier
Figure 29 : carts E
00
du fichier brut compars aux carts du fichier corrig daprs
lexprience visuelle.
47
Le seuil dacceptation couleur varie avec le domaine spectral. Cela nest pas surprenant si
nous gardons en mmoire les expriences dterminant les seuils diffrentiels, cites dans les
paragraphes prcdents. Lexprience est relative aux performances du priphrique de sortie
(cran) qui ne sont pas ngliger. Elles peuvent expliquer une discrimination moins exigeante
(E> 1) car elles restent soumises des limites technologiques. En fait, ces rsultats ne sont pas
prendre comme des rfrences absolues mais comme indications pour valuer qualitativement la
restitution des couleurs. Si les carts entre les couleurs de rfrence et celles issues du fichier image
sont proches des seuils dacceptation, nous pouvons considrer que la reproduction (dans sa
restitution sur cran) est bonne.
Chapitre 3
79
IV. VERS UNE OPTIMISATION DES RESULTATS
IV.1. Regard sur la charte ColorChecker
Au regard des premiers rsultats relatifs la charte ColorChecker 24 patchs, il semble
possible de relever quelques dfauts de couleurs gnraux :
o Le fichier brut, cest--dire sans correction, dmontre une lgre dominante colore
dans les neutres clairs alors que les plages colores sont beaucoup plus proches des
rfrences. Il faut se remmorer les rsultats exprimentaux prcdents, relatifs aux
rponses des filtres dacquisition. Les points de recoupement ntant pas au mme niveau,
nous pouvions anticiper sur un dfaut de dominante colore, plus critique dans les neutres
et hautes lumires.
o Les plages les plus satures sont trs sensibles un dfaut de luminance.
o Les bleus manquent souvent de puret, ce qui nous rappelle, encore une fois, lallure
des rponses spectrales des filtres RVB ; la courbe du rouge prsentait une remonte
parasite dans le domaine des bleus
48
. Ceci a directement pour effet que les teintes bleues
engendres sont ternies par linformation R parasite.
o Les couleurs du rouge au vert-jaune prsentent des carts de teinte importants.
Face ces constatations complexes, une correction globale sest avre inefficace. Les
effets sont antagonistes. Il sagit ici de trouver une correction jouant sur une slection de
couleurs. Concrtement, elle ne peut tre prise en compte quau niveau des algorithmes de
mapping.
Nous avons donc procd un calcul mathmatique visant minimiser les carts
E
00
. Dans un premier temps, la charte ColorChecker a servi de support pour trouver les
fonctions de correction. A partir des observations faites sur le graphe suivant, trois zones
distinctes ont t traites sparment :
48
Chapitre 2, dtermination de la rponse spectrale du systme dacquisition, p.56.
Chapitre 3
80
o Une partie du fichier (v' infrieur 0,45) ncessite une correction s'apparentant une
simple translation sur l'axe vertical v'.
o Une autre partie demande une correction de teinte suivant l'axe horizontal u'.
o Les neutres ont galement bnfici dune correction indpendante.
diagr amme u' v'
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
u'
v'
rfrence
PDV
lieu du spectre
D65
Flash
adobe
Figure 30 : zones de correction dans le diagramme uv daprs les donnes du fichier brut.
Au final, les rsultats se caractrisent par une fonction polynomiale dans chaque canal
RVB. Ces fonctions sappliquent sur les valeurs numriques linaires, directement issues de
la matrice de passage de lespace de reprsentation considr.
Les rsultats de la simulation dmontrent effectivement de nouveaux carts E
00
nettement rduits. A lexception de deux plages de couleur dans les rouges, tous les patchs
sapprochent de leur rfrence.
Cependant, nous remarquons que le degr le plus significatif des fonctions de
correction est le degr 1
49
. Autrement dit, les fonctions peuvent sapparenter des
fonctions affines dont le coefficient de pente est, de plus, trs voisin de 1. Ceci signifie que
49
A lexception de la fonction de correction de la partie suprieure jouant sur le canal Vert.
Voir en annexes, les fonctions de correction par zone de couleur.
Chapitre 3
81
la correction apporte reste trs minime. Nous pouvons nous en rendre compte facilement
en traant les nouvelles valeurs numriques en fonction des valeurs initiales. Les courbes
obtenues sont quasiment superposes la droite mdiane dquation y = x.
correction de la partie
infrieure
0
50
100
150
200
250
0 100 200
Vn initiales
V
n
c
o
r
r
i
g
e
s
Figure 31
correction de la partie
suprieure
0
50
100
150
200
250
0 100 200
Vn initiales
V
n
c
o
r
r
i
g
e
s
Figure 32
Chapitre 3
82
correction des neutres
0
50
100
150
200
250
0 100 200
Vn initiales
V
n
c
o
r
r
i
g
e
s
Figures 31, 32 et 33 : Valeurs numriques corriges en fonction des valeurs initiales (fichier brut).
En fait, lacquisition couleur est tout fait satisfaisante si nous nous bornons cette
unique rfrence : la charte ColorChecker. Il reste, nanmoins, vrifier si le systme
conserve cette mme pertinence face un sujet photographique rel. Les fichiers image du
manuscrit LATIN 8500 dmontrent-ils des carts E
00
du mme ordre ? Si tel est le cas, le
systme, dans la configuration considre, resterait efficace.
IV.2. Regard sur le manuscrit LATIN 8500
IV.2.a. tat des lieux des prises de vue
Tout dabord, une remarque importante concernant lincertitude des relevs : les
plages de couleur du manuscrit ntant pas uniformes, les carts-types accompagnant
chaque valeurs numriques mdianes restent non ngligeables. En fait, en considrant une
incertitude de de lcart-type, nous arrivons, pour certaines plages, une imprcision
en u*, v* et L* parfois gale plus de 50% des carts que nous essayons doptimiser. De
telles plages ne sont donc pas prises en compte pour juger de la qualit dacquisition ainsi
que celle de la correction apporte.
Chapitre 3
83
C f38
K f54v
J f54v
B f38
H
M f54v
D f38
F f54v
H f54v
C
A f38
E f54v
N f54v
D f54v
D
C f54v
B f54v
A f54v
F
O f54v
A
G
H f38
L f54v
G f54v
E
B
I f38
G f38
I
I f54v
E f38
P f54v
0
2
4
6
8
10
12
incertitude
delta E2000
Figure 34 : carts E
00
du manuscrit LATIN 8500.
A lexception de quelques plages, les rsultats sont du mme ordre de grandeur que
ceux relatifs la charte de calibration. Les barres du graphique sont classes par teinte allant
du rouge au bleu. Il ne sen dgage pas de zone spectrale plus critique quune autre.
Nanmoins, si nous regardons les carts de luminances dune part, et les carts de chromie
dautre part, nous pouvons constater que, si les deux prcdents indices CIEDE2000
critiques (plage A et C) sexpliquent par un cart de luminance non ngligeable, il nen est
pas de mme pour une grande majorit des autres plages. En fait, les couleurs rouges sont
plus altres sur laxe u alors que les autres domaines spectraux montrent des carts plus
importants sur laxe v.
Cela rejoint de prs les diffrentes zones releves lors de lanalyse de la charte, cest
pourquoi une mme correction a ensuite t employe. Ceci tant, les rsultats des fichiers
bruts (sans correction) ne sont pas mdiocres. Bien quils soient encore suprieurs aux
carts trouvs lors de lgalisation visuelle, ils peuvent tre considrs comme satisfaisants.
Globalement, ils reprsentent 2x le seuil dacceptation, ce qui, dans le contexte des arts
graphiques est trs honorable.
84
III.2.b. Les corrections apportes
Les fonctions de correction trouves prcdemment, lors de lanalyse de la charte,
ont t directement appliques aux plages de couleur du manuscrit suivant les mmes
slections spectrales. Non sans tonnement, nous pouvons constater que les carts ne sont
pas forcment minimiss. Au contraire, lamplification est importante. Il ny a pas de zone
spectrale plus altre quune autre ; la chute ou le gain de lindice CIEDE2000 ne semble
pas tre li un tel critre.
0
2
4
6
8
10
12
delta E2000
delta E2000 corrig d'aprs la charte
Figure 35 : carts E
00
du fichier brut et du fichier corrig daprs les rsultats de la charte.
Pouvons-nous alors supposer que la charte nest pas suffisante pour rendre compte
de modulations relativement fines, en teinte et en luminance ?
Nous nous sommes employs une correction plus spcifique. Suivant une dmarche
similaire, de nouvelles fonctions ont t calcules. Bien quelles soient galement
modlises par des polynmes, leurs courbes dmontrent une tout autre allure
50
.
Cependant, elles ne fournissent pas une correction performante, la mme image que les
fonctions issues de la charte. Alors que les donnes v se rapprochent de leur rfrence, les
valeurs u sen loignent, ce qui accentue le dfaut constat dans les rouges.
50
Annexes, fonctions de correction par zone de couleur.
Chapitre 3
85
0
2
4
6
8
10
12
delta E2000 delta E2000 corrig
Figure 36 : carts E
00
du fichier brut et du fichier corrig spcifiquement.
Finalement, les corrections apportes ne savrent pas beaucoup plus pertinentes que
les rsultats obtenus sur les fichiers bruts. Peut tre sagit-il dune trop grande simplification
mathmatique ou encore, peut tre que la palette couleur nest pas assez large pour relever
une tendance plus gnrale.
Quoiquil en soit, il ne faut pas perdre de vue que lanalyse couleur de systme assure
lacquisition de linformation. Aujourdhui, le traitement embarqu dans le DSP satisfait
parfaitement les exigences de la charte et reste tout a fait correct pour un sujet plus
particulier tel que le manuscrit. Il est nanmoins possible de rflchir une future
modification de ce traitement en envisageant un nouvel outil de calibration.
Chapitre 3
86
IV.3. Discussion
Il nest pas du tout assur quun espace soit dautant plus pertinent quil couvre une
grande surface du diagramme de chromaticit. En fait, la qualit et lefficacit dun espace
couleur rsident davantage dans ses mthodes mises en uvre dans le codage de la couleur.
Autrement dit, lattribution dun triplet de valeurs numriques RVB un triplet de valeurs
tristimulus XYZ est fonction des algorithmes de mapping, eux-mmes dpendants des
outils mathmatiques employs et surtout des points de rfrence choisis.
Ce dernier point renvoie directement la question du sujet statistique, cest--dire la
charte, sur lequel repose les calibrations des appareils. Cette charte est conue spcialement
pour reprendre les caractristiques majeures quil est statistiquement trs frquent de
rencontrer. En dautres termes, elle est capable de donner des rfrences dans la plupart
des configurations de prises de vue. videmment, cet outil, par sa dfinition mme, reste
souvent pertinent. Nanmoins, nous pouvons tout de mme discuter quant lefficacit de
la charte ColorChecker 24 patchs pour la calibration dappareils de prise de vue directe.
Ne proposant que 24 points de rfrence, elle manque lvidence de modulation de
teinte. Elle engendre donc des algorithmes qui sont contraints dinterpoler trop largement
afin dtablir des ponts entre les diffrentes rfrences. Nous comprenons ainsi quune
couleur, qui nest ni reprsente dans la charte, ni sur les droites des algorithmes, est code
de manire trs approximative voire destructrice.
Le manuscrit LATIN 8500 prsente justement ce type de difficults. Ses couleurs
tant dune modulation trs fine, en teinte et en luminance, elles ne peuvent bnficier dun
codage aussi prcis. Il peut tre envisag de construire une nouvelle charte, reprenant non
pas les caractristiques dun sujet moyen, mais les caractristiques de la palette couleur du
manuscrit. Ainsi, lespace de couleurs propos serait plus rduit mais aussi plus prcis.
Nous pouvons alors considrer que cet outil impliquerait des calculs (codage) plus adapts.
Chapitre 3
87
CONCLUSION
De par son rle dans la diffusion et la sauvegarde du patrimoine, la Bibliothque
nationale de France sintresse de prs aux questions relatives la conservation de
documents. Aujourdhui, les ateliers du Dpartement de la reproduction se sont quips en
matriel de prise de vue numrique et cherchent valuer la pertinence de cette nouvelle
technologie afin de fixer des mthodes raisonnes pour la production venir.
Si la maniabilit des supports photographiques traditionnels est connue depuis de
nombreuses annes, la technologie numrique ne reste pas moins borne de propres
contraintes techniques, malgr son apparente souplesse. Cependant, elle prsente lavantage
supplmentaire indniable de produire des documents plus prennes. En assurant une
recopie rgulire des fichiers en fonction de lvolution technologique, nous pouvons
considrer que les archives numriques ont une dure de vie infinie. Cest pourquoi, il est
important de sattacher, maintenant, la qualit des fichiers ds lacquisition afin dassurer
lintgrit des fonds de sauvegarde court et long terme.
En plus de documents de travail, les reproductions sont des supports de substitution
de premier intrt puisquelles contribuent la diffusion et la conservation du patrimoine.
Elles se doivent de restituer lintgralit des caractristiques de leurs modles dans les
limites des supports employs.
La diversit des collections de la Bibliothque nationale de France est certes
apprciable mais elle reprsente aussi une difficult supplmentaire pour apprhender les
problmatiques lies la reproduction. Ayant constat que certains manuscrits mdivaux
prsentaient des difficults de restitution colore pour les mulsions argentiques, nous
avons souhait savoir si ce problme perdurait en numrique. Ainsi, le choix dun
manuscrit, le LATIN 8500, a orient notre tude vers une confrontation du sujet et du
systme dacquisition afin dtablir dventuelles incompatibilits.
La couleur est un phnomne complexe ; si sa mtrologie est assure par la
colorimtrie, son entire qualification fait appel des notions plus subjectives que lon ne
peut dfinir mathmatiquement. La reproduction est un outil de fond. Elle apporte toutes
les informations de contenu, mais reste borne aux limites technologiques pour restituer les
88
informations formelles. La couleur tant intimement lie au support, aux matires
colorantes, ltat de conservation et aux conditions dobservation, sa restitution absolue
ne peut tre intgralement matrise. Nanmoins, sa reproduction, quelle soit sur supports
argentiques ou numriques, sappuie, dans un premier temps, sur ltude spectrale du sujet
et du systme de capture. La condition sine qua non pour obtenir ce que lon souhaite est,
de manire vidente, lassurance que le systme dacquisition soit en mesure de voir
lobjet considr.
Ainsi une brve tude de la composition des manuscrits explique les difficults
rencontres lors des mesures spectrales sur loriginal ; les couleurs mises en jeu sont
complexes car issues de mlanges multiples. Bien que relativement rduite, la palette
prsente des caractristiques colorimtriques fines. Le choix de la source est, de ce point de
vue, important. Alors quune source tungstne a tendance fondre entre elles les nuances
dans les bleus, le flash dissocie davantage les courtes longueurs donde. Il permet galement
de rduire les temps de pose ; louvrage nest pas soumis un niveau dclairement et une
temprature levs pendant trop longtemps, ce qui nest pas ngligeable pour la
conservation du document.
Au niveau du systme dacquisition, deux tapes sont distinctes. La rponse spectrale
sest avre satisfaisante puisque le systme est en mesure danalyser toutes les longueurs
donde du visible. En revanche, le traitement de linformation, embarqu dans le DSP, peut
tre plus critiqu. Plusieurs paramtres ont t soulevs. La linarit de la rponse nest pas
vrifie pour nimporte quel niveau de lumination. Afin dassurer une restitution cohrente
sur lensemble des valeurs du sujet, il faut lgrement sous-exposer les prises de vue. De
plus, le format brut relatif au logiciel dacquisition CaptureShop ne permet pas, pour
linstant, dviter la procdure dexport qui embarque systmatiquement une courbe de
gamma de 0,46 dans le fichier. Autrement dit, pour retrouver une rponse linaire, il faut
obligatoirement appliquer au fichier un paramtre de restitution qui possde une courbe de
gamma inverse. Bien que cette valeur de 0,46 corresponde approximativement 2,2, cest-
-dire le gamma standard des priphriques daffichage, nous pouvons nanmoins regretter
ce manque de souplesse, dautant plus quil ne sagit que dun standard et non dune valeur
raisonne en fonction de la nature du sujet. Enfin, la performance du traitement est toute
vrifie si nous nous bornons la restitution de la charte. Mais nous percevons bien quil
peut tre rapidement mis en dfaut pour des sujets plus particuliers. Le manuscrit tudi ici
Conclusion
89
prsente des subtilits dlicates qui prouvent un peu les algorithmes de mapping. Une
solution serait alors de constituer une charte plus reprsentative de la palette couleur du
manuscrit afin dengendrer un traitement, soit une conversion du signal dentre en valeurs
numriques, plus adapt.
Conclusion
90
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