Anca Vasiliu, Enjeux Philosophiques de L'image Dans L'antiquité

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Anca Vasiliu (CNRS, Univ.

Paris-Sorbonne)
Bref argumentaire pour les 5 cours (15h) lUFSP et pour les 3 cours (9h) lUFMG en nov. 2013


Enjeux philosophiques de limage dans lAntiquit


Lune des premires difficults concernant lusage philosophique de la notion dimage
provient de la comprhension de ce terme ambigu deikn (en regard avec eidlon, traduit
habituellement par image ). Lhistoriographie de spcialit a du mal arrter le sens exact
de ce mot puisquil est difficile de discerner, pour un terme qui nest pas lexicalis ds le
dpart dans le domaine philosophique, sil faut le comprendre comme dsignant toujours une
vraisemblance (eikos) une vrit feinte, qui ressemble mais qui montre en mme temps
quelque chose qui prcisment ne sidentifie pas ce quoi cette chose ressemble , selon
lusage grec habituel chez les auteurs classiques chez qui le meilleur rle de leikn est celui
dun dispositif cognitif oprationnel plus particulirement dans le domaine ontologique : les
ralits existantes (ta onta), les ralits possibles et leurs expressions conjecturales (eikones).
Cette comprhension nous permettrait dans ce cas de traduire eikn par conjecture de
possibilit , plus prcisment : conjecture sur la possibilit de montrer ce qui est dans les
situations o ce qui est nest pas de lordre du visible et donc ne se montre pas de soi. Mais
cette solution smantique nest pas la seule, car lAntiquit retient aussi un autre sens de ce
terme qui va dans une direction diffrente, contraire en apparence au sens de la
vraisemblance. Dans certains contextes le terme signifie en effet une ressemblance
intrieure , une empreinte invisible mais dterminante pour lidentit individuelle du vivant,
laquelle eikn est associe puisquelle concerne aussi bien la nature ou lme propre de
lindividu, que le rapport entretenu par lacte de penser avec les intelligibles, rapport qualifi
de ressemblance et de rception de reflets signifiant un lien naturel avec le paradigme. Sur
ce rapport dimage et de ressemblance assure par leikn sappuie la connaissance des
formes et laccs aux genres (ou aux universaux). Ce second sens apparat la fois en
contexte notique noplatonicien et en contexte biblique, dans la version de la Septante et
dans les exgses patristiques grecques.
Mais le lexique grec de limage nest pas le seul qui soulve des difficults. Il savre
ncessaire de lanalyser aussi sous lespce de sa traduction latine par imago dans cette mme
tradition biblique, eikn tant ici rendue effectivement par imago, alors que lquivalent latin
du sens premier du terme va plutt du ct de simulacrum, voire deffigies quand eikn est
assimile agalma, comme cela est relativement souvent le cas en contexte cultuel lpoque
de lantiquit classique (puis agalma et effigies seront plutt associs au eidlon, et par
drivation ngative, biblique, lidole et au culte des dieux paens). Quoi quil en soit, eikn
nest pas rserve au dpart exclusivement aux tres vivants mais dsigne toute entit relle
existante, y compris des objets inanims et des concepts. Seul le verbe form ultrieurement
sur la mme racine (ekonzw reprsenter, figurer, reflter), semble dsigner la possibilit
dun acte de rfrence la visibilit propre, caractristique pour un tre singulier saisi comme
tel, dans ses traits particuliers comme sil sagissait dun portrait , et selon son mode
2
propre dexistence qui exprime hypostatiquement son essence (ousia)
1
. Quant son
association au divin, la restriction soulve des difficults autant en grec, o la spcialisation
du terme eikn ( image divine et non seulement du divin , donc image valeur
sacramentelle) semble acquise ds lors quelle est violemment conteste au moment de la
grande crise iconoclaste, quen latin o imago ne devient jamais un terme spcialis et
demeure lgard du divin dans le registre des proprits.
La ligne de partage smantique entre les diffrentes sortes dimage semble donc suivre
non lopposition basique visible/invisible, mais la distinction entre le monde des vivants
(anims) et celui des autres existants, objets, concepts ou tres non-immanents (mes des
morts, dmons, hros, dieux) dont limage permet de prendre connaissance et den dfinir,
parfois, la nature.

Pour comprendre les enjeux lexicaux et philosophiques de limage il faut tenir compte
de quelques aspects qui relvent du contexte classique de la philosophie grecque :
(1) Limage ne peut en effet tre comprise sans prendre en compte lextension
smantique des familles terminologiques concernes : eikneikonographeia(en)eikoniz ou
eidlon-idoltrie. Cette extension lexicale montre que la terminologie de limage est double,
plus exactement rflexive , puisquelle exprime dune part la production de limage-objet
et dautre part lattitude lgard des images, les pratiques et le rle cognitif accord ou non
limage et au visible, rle partag entre limage proprement dite et ce dont limage est
image (le modle, le prototype, loriginal etc.). Il va de soi que lattitude, la vnration,
ladoration ou le rejet, ainsi que le rituel lgard des images exprime demble le statut
attribu limage par rapport au statut de ce dont limage est limage, quelle soit
considre comme lombre, le reflet ou le double (la copie mensongre, leffigie exacte, le
dcalque, le masque mortuaire, ou bien le portrait flatteur, le visage gnrique de personne
, lidal visuel composite etc.). Autrement dit, quelle soit une esquisse, lpure dun objet, le
schma simplifi, ou un dploiement raliste et descriptif de traits visibles runis en un
portrait ou en un rcit dactes spcifiques, limage suppose toujours un rfrent, mais ce
rfrent reste indtermin malgr limage, puisquil nest jamais exactement et prcisment le
mme mais toujours un autre de limage qui le montre : un autre par altration (alloisis,
alter comme une ombre ou un reflet naturel) ou un autre radicalement autre, transcendant
(heteron, aliud soit comme une entit diffrente de la mme espce, soit comme un tre
radicalement diffrent, tel un daimn, un ange, une chimre, un dieu). En somme : un autre
comme une manifestation sensible, un aspect, et donc comme une image naturelle ou comme
une copie lgard dune forme intelligible ; ou un autre comme le fils par rapport au pre
dont le fils est la fois fils et image du pre (lombre, le reflet, le fils sont des exemples
platoniciens rcurrents, Rpublique, Sophiste etc.).
(2) Il y a cependant aussi un second aspect philologique dont il est important de tenir
compte dans la dfinition de limage. A savoir quil y a des glissements smantiques
importants produits lors du passage du grec au latin, des mutations sur le terrain lexical de

1
Le verbe eikoniz, sur la racine du substantif eikn, apparat chez Porphyre et chez Basile de Csare en
contexte ontologique et thologique, faisant acte du rapport entre hupostasis et ousia. Voir A. Vasiliu, Eikn.
Limage dans le discours des trois Cappadociens, Paris, PUF, 2010 ; M. Chase, La subsistence
noplatonicienne, de Porphyre Thodore de Raithu , Chra 7-8, 2010 (p. 37-52).
3
limage qui brouillent notre comprhension de la rception-perception ancienne de lobjet
visible : eikn nest pas ressenti comme lquivalent exact dimago puisquen dehors du
contexte biblique (Septante-Vulgate) qui relve dune poque tardive, eikn est traduit en latin
classique le plus souvent non par imago mais par simulacrum ou par effigies ; ou alors il est
transpos, translittr en icon chez Pline lAncien, Snque et Augustin pour dsigner une
image naturaliste
2
, tandis que plus tard le mme terme, icona, vraisemblablement
remprunt au Grecs byzantins, est employ par les mdivaux latins Alain de Lille
3
ou
Nicolas de Cues
4
pour dsigner, cette fois-ci, l image de Dieu et se confondre avec une
reprsentation de ce dernier
5
(ce qui produit encore une distorsion puisquune icne ,
pour les Byzantins, nest justement pas une reprsentation ). Mais il est important de
retenir que les glissements smantiques qui accompagnent ces traductions sont tous
rvlateurs de la diffrence mise en place non seulement par la relation de ressemblance mais
aussi par le rapport entre le statut de limage et la nature de lobjet dont limage est image
6
.
(3) Par ailleurs, lanalyse de limage doit ncessairement senrichir dune analyse des
rapports entre les dsignations de limage et la terminologie de la vision, de la vue et du
regard (hora, id, blepein, thorien, skopein etc.). De mme, elle doit senqurir de
lexpression figurative (eidlon ou skhma ou paradeigma) par laquelle on dsigne la
perception dun corps (rcipient, vase, ou articulation de membres), ou la modalit par
laquelle on analyse les composantes du visage humain. Dans Time 45b, par exemple,
lexplication de la place des yeux, appels phosphoroi dans ce contexte (au lieu de ommata)
comme si la vision tait lquivalent dune illumination, ainsi que la dfinition de la face ,
du devant (t prsqen),par rapport au visage (prswpon), lieu hgmonique puisquil
indique la direction et que les yeux sont rgana ... tj yucj pronov
7
,constituent les

2
Quelques exemples demploi du terme grec en latin classique cits par C. Auvray-Assayas, Images mentales
et reprsentations figures : penser les dieux au I
er
sicle av. n. . dans Images romaines, Paris, Presses de
lEcole Normale Suprieure, 1998 (pp. 299-310).
3
Dans le Sermon sur la sphre intelligible. Voir lanalyse de lemploi du lexique grec de limage en latin par
Alain de Lille dans A. Vasiliu, Lconomie de limage dans la sphre intelligible (sur un Sermon dAlain de
Lille) , Cahiers de civilisation mdivale, CNRS-CESCM, Poitiers, t. 41, 1998 (pp. 257-279).
4
Dans De visione Dei sive de icona. Pour les usages de la terminologie grecque de limage en latin mdival
voir les tudes de A. Minazzoli, Imago / Icona : esquisse dune problmatique , dans Nice II, 787-1987.
Douze sicles dimages religieuses, Paris, Cerf, 1987 (pp. 313-316) et K. Mitalait, Les Latins faces aux
icnes. Autour des Libri Carolini , Cra(Chra), RevuedEtudes anciennes et mdivales, 2, 2004 (pp. 59-
80).
5
La bibliographie de ces termes est trs riche. Notons toutefois que la question des enjeux philosophique de la
traduction des termes et du glissement smantique de certaines notions philosophiques est au cur du
Vocabulaire europen des philosophies, sous la dir. de B. Cassin (Paris, Seuil-Le Robert, 2004). Pour le
vocabulaire de limage et des extensions tentaculaires de la problmatique du visible, de loptique, de la
ressemblance, de la reprsentation etc. voir le condens et les multiples renvois figurant aux pp. 582-83. Voir
aussi pour les termes concerns Ch. Mugler, Dictionnaire historique de la terminologie optique des Grecs.
Douze sicles de dialogue avec la lumire Paris, Klincksieck, 1964, ainsi que larticle de S. Sad, Deux noms
de limage en grec ancien : idole et icne , CRAI, Nancy, 1987 (pp. 309-330) et pour une tude ponctuelle
consacre la mme poque que celle tudie ici, A. Vasiliu, Eikn prter imaginem. Notes sur le vocabulaire
de limage la fin de lAntiquit , dans De Znon dEle Poincar. Recueil dtudes en hommage Roshdi
Rashed, Louvain, Peeters, 2004 (pp.779-817).
6
Il faudrait, bien videmment, tendre lanalyse la traduction du vocabulaire de limage dans dautres langues,
comme lhbreu, le copte, le syriaque, larabe, qui ne sont pas concerne a priori par une culture de la parole
piphanique comme le grec, et comme le latin une moindre mesure, et qui sont parfois obliges demprunter
proprement parler la terminologie grecque de limage, comme dans le cas du dieu appel Eikn en copte.
7
Ibid. les yeux sont les organes de la divination ou de la connaissance suprieure de lme .
4
connaissances anthropologiques pralables qui prcdent (au sens de prsider ou davoir
une prminence sur) la dfinition optique de la vision et de lexprience la fois visuelle
et linguistique de laspect dun objet (en loccurrence, la saisie et la nomination de la couleur).
Pour les Anciens ce point est fondamental : il sagit de linsparabilit, pour la pense
ancienne, entre limage et lacte de la vision dtermin son tour comme une action directe
ou rflchie, face--face ou mdiation par un reflet, une ombre, une trace, une empreinte, une
image.
Il faut donc tenir compte de cette insparabilit entre limage et lacte de la vision
puisquelle exprime une ralit fondatrice pour la pense ancienne, en loccurrence la grande
porosit entre la perception (ou psychologie) et lintellection (ou notique), une
porosit et une courroie de transmission en mme temps entre les deux fabriques de
limage : la fabrique visuelle et la fabrique de la pense. Cette unit tamise (appele ici
porosit ) entre la rception et la projection est en effet prsente, sous des formes
diffrentes, dans toutes les thories antiques de laisthsis et de la nosis. Or cette porosit
principielle entre psychologie et notique influe tout naturellement sur le statut de limage.
Limage apparat par consquent comme ambivalente : elle est la fois ontologique et
cognitive, elle tient lieu dobjet et de signe en mme temps. Dune part limage renforce le
caractre infaillible de la perception en la fixant, en larrtant sur une disposition formelle ou
sur la saisie dune couleur sachant quil ne sagit alors que dune proprit accidentelle dun
objet, mais que lexprience comme telle est incontestable mme si la vue nest pas
hermneutique , ne donne pas demble le sens de ce qui est ainsi vu. Dautre part, limage
ne peut pas tre considre comme le produit fig dune visualit pure puisquelle engage,
demble, la possibilit que cette sorte de perception ne soit pas rductible la saisie
exclusive des proprits accidentelles, quitte se tromper, quitte admettre demble la
possibilit de lerreur, ds lors que la disposition formelle saisie ou la couleur perue sont des
expressions, des manifestations de lexistence, en mme temps que des attributs du propre
substantiel dun tre ou dun objet de rfrence.
(4) Enfin, last but not least, lapproche lexicale de limage montre que la rfrence
ce que nous appelons l image de est exprime le plus souvent dans les textes antiques
classiques et tardifs par la nomination de lobjet lui-mme, bien que la rfrence soit
clairement l image de lobjet. Limage et le nom sont concurrentiels et engage la
substitution. Leffigie de Csar est appele Csar , et vise dailleurs tre ce quest Csar,
cest--dire quelle vise se confondre avec celui-ci non en tant qutre humain mais en tant
que Csar , en en signifiant la puissance de la fonction par lubiquit de la prsence du
pouvoir, laquelle rejaillit sur leffigie et en garantit la valeur. De mme, la mosaque qui
reprsente la Theotokos dans la conque de Sainte-Sophie de Constantinople est appele soit la
Theotokos soit la Christoio mtera comme dans le pome descriptif de Paul le Silentiaire
8
,
selon loption thologique orthodoxe ou hrtique (nestorienne) de lauteur. Limage de la
mosaque dsigne ainsi et montre ce quest cense tre effectivement la Theotokos, comme
leffigie de Csar est une attestation de la royaut en acte de Csar en la personne de Jules ou
de Constantin. Ce nest pas un dfaut dexpression ou une application simpliste de

8
Ekphrasis ou Description de Sainte-Sophie de Constantinople, v. 709, d. et trad. par M.-C. Fayant et P.
Chuvin, A Die, 1997.
5
lhomonymie. Limage emprunte, en effet, son modle autant les traits, la ressemblance de
lexpression visible, que la nature corporelle invisible des attributs ou fonctions de celui-ci
nature prte ici aux tesselles, au marbre, au bronze ou une monnaie dor faisant fonction
non de support neutre mais de milieu investi dune dunamis, dune puissance instrumentale
ajoute par limage pour interprter, signifier et garantir en mme temps la mise en acte de la
mdiation universelle effectue par la Mre de Dieu, ou lactualisation du pouvoir absolu
exerc par lEmpereur. De fait, la nomination de limage joue souvent soit sur le
dcrochement, laltrit, la diffrence, soit sur lhomonymie entre figure et support
9
.
Daprs Grard Simon cette ambigut foncire de limage serait une consquence de
la catoptrique ancienne qui induirait une conception optique fonde sur le ddoublement
ontologique : il y a quelquun dans le miroir
10
. Mais, plus largement que la justification
catoptrique de ce dispositif double de limage, capable la fois de constituer quelque chose de
rel et dinduire une rfrence, dtre un vecteur ou deffectuer un transfert didentit, se joue
me semble-t-il dans ces deux exemples les plus courants de la littrature thologique
chrtienne encore hritire de la tradition antique, lun des cas typiques de la
complmentarit ancienne entre nomination et dsignation (ex. : Socrate, un homme).
Limage participerait ainsi de la structure duelle du langage, fonde sur lunit de deux
natures : la nature raliste (nominative et descriptive) et la nature rfrentielle du langage (en
tant qunonc et dfinition). De cette union, et non de lexclusion rciproque pose comme
condition par le traitement mdival latin de la thorie du signe, rsulte lune des connivences
les plus complexes qui se sont tisses entre le langage et lambigut visuelle entretenue par
limage lpoque de lantiquit tardive, une poque o svit la fois la fascination pour les
discours et lattrait irrsistible lgard de toute ralit qui se prsente comme visible. Une
connivence qui vient de loin, qui provient, en loccurrence, de ce paralllisme tonnant qui
domine la comprhension ancienne des structures de la perception visuelle et des structures du
langage. Cela ne veut pas dire que lon voit comme on parle ou comme on lit. Mais il est
fondamental, pour celui qui cherche dfinir limage ancienne, de situer celle-ci en rapport
avec le statut du langage, sur un mme plan de ralit seconde par rapport un tre ou
une chose, et de saisir en mme temps la diffrence qui les spare dans le rgime de

9
Le premier exemple dhomonymie dans les Catgories (I, 1a 3) met en regard pour le vivant (zon) un homme
(nqrwpoj) et linscription ou la transcription des traits dun homme, gegrammnon, terme traduit le plus souvent
par portrait . Il y a l comme une sorte de dfinition matricielle de limage, une dfinition par dfaut dune
part en rapport avec ltre vivant, dont limage se distingue essentiellement, de lautre en rapport avec le
langage, qui nomme les deux, ltre et son image du mme nom. Une autre dfinition sous-entendue de limage,
toujours dans un jeu homonymique entre lidentit figurative et le support, transparat dans la manire dont sont
dsigns les objets qui dfilent lextrieur de la caverne et dont les prisonniers aperoivent les ombres :
ndrintaj ka lla za lqin te ka xlina ka pantoa ergasmna, oon ekj ( des statuettes
anthropomorphes et autres vivants en bois et en pierre , Rpublique, 515a). L encore, la prsence objective
de choses faites de diverses sortes de matriaux, le support de limage en somme, prime comme le son dune
voix sentend avant que lon ncoute ce quelle dit rellement. Dans aucun de ces deux exemples, chez Aristote
ou chez Platon, limage nest lobjet dune perception directe, mais toujours le fruit de la superposition
homonymique entre deux ralits, celle dun objet de dpart et celle dun objet cible, entre lesquelles ni le
langage ni limage ne font demble la distinction. Mais alors que les noms et les dfinitions introduisent ensuite
les critres de sparation entre une connaissance ontologique et lepistm qui suppose une rduction logique,
limage, elle, demeure muette et comme aveugle son propre gard. Limage tantt montre et tantt voile
la diffrence, et joue toujours de cette lambigut.
10
Voir surtout Le regard, ltre et lapparence, Paris, Seuil, 1988 (en particulier, pp. 148-165).
6
traitement du dcalage, principalement dans le registre du principe de non-contradiction
auquel le langage est, lui, ncessairement tenu, tandis que limage nest justement pas tenue
respecter
11
.


Image de soi, image de lautre

Dans le cas particulier qui suppose la saisie dun individu humain et non de tout tant
singulier, le contraste entre les deux niveaux de connaissance laccs au nom (homonyme de
portrait) et laccs la dfinition essentielle de lexistant particulier samplifie et le partage
des rles se focalise sur cette connaissance transitive ou rfrentielle qui suppose plusieurs
niveaux, des niveaux qui sont autant de degrs de la ressemblance que de lieux o limage
montre ncessairement son cart. Jnumre ces niveaux et ces degrs en chiasme : la
diffrence avant la ressemblance.
On peut considrer comme lieux de diffrence, donc dcart essentiel de limage
lgard de lobjet vis : (1) la singularit inatteignable de lindividu, (2) sa nature propre en
tant que vivant et (3) son identit propre en tant que personne dtermine par un fond
irrmdiablement invisible (lme, les actes, les vertus, la personne). Tandis que la
ressemblance, au contraire, vise atteindre le principe de lexistant sous lespce : (1) de
lidentit du vivant avec lui-mme (Atoswkrthj est la seule identit vraie de Socrate, dira
Plotin
12
, identit face laquelle aussi bien lhomme Socrate que lme de Socrate et a fortiori
le portrait de Socrate ne sont pas Socrate) ; (2) de limage du genre (lhumanit, en
loccurrence, serait la seule forme par laquelle on peut avoir un accs visuel simultanment au
principe et au rsultat
13
) ; enfin (3) de laspect physique proprement parler, le corps, le
visage, ce qui non seulement est demble visible dun homme mais aussi susceptible dtre
copi sur un autre support ce que lon ne peut faire ni avec lidentit singulire auto-
rfrente ni avec lidentit du genre, car si on copiait le genre limage ainsi obtenue nest
quune image vide, une an-eikn.
Il est assez ais de remarquer la correspondance qui apparat travers ce chiasme entre
les lieux de la diffrence essentielle inatteignable par limage et ceux de la ressemblance par
laquelle limage arrive combler son cart. Les degrs de ressemblance par lesquels une
image vise atteindre son objet sont aussi les lieux o limage scarte ncessairement de
lobjet, non pour le trahir mais au contraire, pour rester fidle la distinction foncire entre sa
nature et celle de son objet. Cette distinction joue le rle de condition de possibilit sine qua
non pour lexistence dune image, et plus gnralement pour la connaissance en relation
propre la connaissance fournie par une eikn ou par un reflet.
Mais que vient faire la connaissance de soi dans cette affaire de visibilit et dimage ?
La connaissance rflexive peut donner de lhomme trois sortes de projections : soit une image

11
Sur cet aspect, voir les dveloppements thoriques et historiques analyss en contexte byzantin par Ch. Barber,
Contesting the Logic of Painting. Art and Understanding in Eleventh-Century Byzantium, Brill, 2007.
12
Ennade V, 7, 1, 3 (T. 18).
13
Pour exemple, cest la lecture que donne Grgoire de Nysse de la dfinition de lhomme comme limage de
Dieu, en suivant dailleurs plutt la classification aristotlicienne des catgories de ltre que la relation
paradigme-copie platonicienne. Voir De hominis opificio chap. V et XVI.
7
identique de lui-mme en tant que vivant visible par lui-mme ce qui est absurde puisque le
vivant est unique et quil ne peut pas y avoir deux mme ; soit une image alinante du
genre (une image typologique de lhumanit ou de la chevalinit) ; soit limage particulire
dun tranger familier , appel le plus souvent theos ou daimn, qui serait plus propre
dfinir ltre dans sa conscience mme de vivant que ne lest lidentit de lhomme lui-mme
dans sa singularit et dans son unicit dindividu seul, visible et agissant ; mais cette dernire
image comporte un statut part, entre la visibilit dun reflet et linconsistance, voire
lvanescence et la presque invisibilit de celui-ci
14
. Ce quoi lhomme na pas un accs
visuel direct ce qui ne se voit pas : lme, la pense, les vertus, la volont, le jugement, bien
quil sagisse de ce qui est le plus lui-mme dans lhomme constitue en effet le domaine
commun de la connaissance de soi : le domaine partag de la conscience dtre au fond de soi
une sorte dtranger soi-mme, et davoir recours un reflet de cet autre-soi dans un
miroir propre, mme de servir didentit de fortune, de rictus, de grimace, dexpression
conventionnelle le cas chant, chaque fois quune ncessit particulire lexige de lindividu.
Cette rflexivit cognitive, dploye dans des textes concernant la contemplation et son
corollaire limitation, conjugue le prcepte delphique avec les modes dindividuation (par les
attributs et par les actions) qui font de lindividu une personne, un tre conscient dtre lui-
mme (on peut lappeler aussi un sujet moral ). Cest de cette connaissance rflexive de
lindividu et du portrait qui cherche tre une image fidle sa conscience de soi, que je
traiterai, travers un choix de textes platoniciens, noplatoniciens et chrtiens du II
e
, III
e
et

14
Voir lexemple dApule, propos du daimn et du reflet katoptrique. Apule dcrit dans De deo Socratis
cette problmatique de la connaissance de soi et de laccs lidentit grce la mdiation du reflet et de la
ressemblance, mais, comme dans le cas le plus frappant du discours sur le miroir dans lApologie (XIII-XVI), il
utilise la mdiation dun reflet des fins qui ne sont pas confines un rapport strictement priv soi. La
conscience (conscientia), dont Apule est le premier parler explicitement et nommment dans De deo Socratis,
est bien ce qui constitue le fin fond de soi en rapport avec la connaissance de soi et le daimn personnel, alors
que Snque (De Clementia, I, 1) mettait en rapport ce terme avec lintrospection (inspicere) des vertus de
lme. Cependant, laccs la conscience nest pas ouvert par une connaissance directe de soi-mme, une
connaissance dont le risque serait dobjectiver, de mduser et de saliner invitablement ce noyau commun
ltre (universel) et la singularit du soi. Il faut avoir sa disposition un moyen adapt. Or loutil scopique
ncessaire cette fin est fourni, selon Apule, par le dieu propre (deum suum, de la classe suprieure des
dmons, sublimiore daemonum (De deo Socratis, XVI, 155, 2 et XVII, 157, 3) qui habite lhomme sans se
lapproprier et sans sy identifier. Le dmon livre la connaissance de soi une image comme une cartographie
intrieure vraisemblable. Cest le reflet de cette mdiation que lon peroit la suite dune longue dmarche
dinstruction et de contemplation, dans la distinction des ressemblances et par un usage la fois dialectique et
rflexif du langage en tant que pure relation, dans un rapport la fois rflchi et thique (responsable) envers soi
et envers autrui. Le dmon propre est, dit Apule, autant audible (telle la voix quentendait Socrate) que visible,
car rien ninterdit aux hommes dont lme est parfaite de contempler aussi la figure dun dieu (contemplandi
diuinam effigiem, De deo Socratis, XIX, 166-167). Pour loccurrence du terme conscience , dans De deo
Socratis, XVI, 156 : Ainsi donc, vous tous qui coutez par mon truchement cette divine thorie de Platon,
sachez bien, en vous disposant chacune de vos actions et de vos rflexions, quavec de tels gardiens lhomme
ne peut avoir aucun secret ni dans son cur ni au dehors : le dmon simmisce dans tout avec curiosit, inspecte
tout, se rend compte de tout, descend au plus profond de nous, comme la conscience. Ce gardien priv dont je
parle, gouverneur personnel, garde du corps familier, curateur particulier, enquteur intime, observateur
inlassable, spectateur insparable, tmoin invitable, improbateur du mal, approbateur du bien Proinde uos
omnes, qui hanc Platonis diuinam sententiam me interprete auscultatis, ita animos uestros ad quaecumque
agenda uel meditanda formate, ut sciatis nihil homini prae istis custodibus nec intra animum ne foris esse
secreti, quin omnia curiose ille participet ; omnia uisitet, omnia intellegat, in ipsis penitissimis mentibus uice
conscientiae deuersetur. Hic, quem dico, priuus custos, singularis praefectus, domesticus speculator, proprius
curator, intimus cognitor, adsiduus obseruator, indiuiduus arbiter, inseparabilis testis, malorum inprobator,
bonorum probator (Paris, Les Belles Lettres, 1973, trad. J. Beaujeu, p. 36, je souligne).
8
IV
e
sicles. Mais il ne sagit videmment pas du portrait comme genre, du portrait public
ou portrait dapparat que les platoniciens rcusent au titre mme de leur philosophie.
Dans les deux situations philosophiques le recours laltrit et la rflexivit
inhrente la ressemblance qui ouvre laccs lidentit, y compris dans le cas de lidentit
propre , situations spcifiques pour la connaissance subjective appele ici connaissance en
relation, limage qui intervient diffrents paliers dans la relation de ressemblance et dcart
est le plus souvent une image de lordre de leikn. Cest une image qui noue le lien par le
biais dune conjecture de vraisemblance et de visibilit surdtermine, en allant jusqu
devenir plus vraie que nature et donner son corps propre la ralit mme de la relation
quelle tablit. Eikn recouvre dans ce cas le statut dune image raliste (image
ontologique ou realia), alors que dans le cas de la connaissance objective dune chose en
prsence, limage est subordonne un nom propre et aurait ce titre un statut dimage
idale (ou nominaliste ), renvoyant lide de la chose comme un identifiant, mais
sans tablir le lien entre la ralit de la chose elle-mme et le rseau de dterminations
didentit et de diffrence tabli par limage lgard de son modle. Il va de soi que le
rgime de visibilit de ce dernier type dimage est plus restreint, bien que le terme gnrique
qui dsigne le plus souvent cette image soit celui deidlon. La spcialisation terminologique
nest cependant pas vraiment rigoureuse ni lpoque classique ni dans les textes plus tardifs ;
il est donc difficile de se fier la seule analyse du lexique pour tirer des conclusions avant
queikn ne devienne un vritable instrument conceptuel dans les dbats thologiques
chrtiens du IV
e
sicle.
Prend ainsi place dans limage dun tre un rapport dialectique entre limage elle-
mme et le visible, entre la ressemblance qui affirme lappartenance de cet tre-l un genre
commun, et la participation de certains traits visibles (le plus souvent du visage) une
dfinition de la singularit de cet tre-l (exemple classique : le nez camus de Socrate). Se
font ainsi face non pas un mais bien deux modles luniversel et le particulier, le genre ou
lespce et lindividu , deux modles qui dterminent la nature de la ressemblance et son
degr de manifestation visible chaque niveau de ressemblance et selon chaque degr dcart,
dautonomie propre des moyens visuels. Selon ces deux types de modles, la ressemblance se
dfinit comme homoisis lgard du premier, et comme mimsis pour le second ; mais
notons quici encore le vocabulaire nest pas un indice sr de la distinction. En revanche, prise
sous le coup de cette double attache, envers le modle du genre et envers celui du singulier,
limage joue un rle majeur dans lclairage de ce qui est peru comme identit de soi. Celle-
ci se dfinit non comme une consquence de la ressemblance factice, mais comme une
ralit propre (ontos) de la ressemblance (comme une eikon onts), comme une ralit qui
tend produire un mode de connaissance spcifique du lien eikastique qui articule de faon
singulire ces deux modles, du genre et du particulier, en chaque existant. Ce lien assure
chaque fois une conjecture de possibilit qui sactualise ou qui ne sactualise pas, se laisse
voir ou ne se voit pas puisque lexpression est opaque ou quelle naboutit pas la
concidence requise avec lexistant.



9
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