Lumieres
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de tolrance et de justice. Ce mouvement de la pense du XVIIIe sicle trouve ses racines dans la raison et les sciences. Les principes ne doivent pas tre tablis sur des a priori mais tre issus d'une dmarche utilisant les mthodes scienti!iques. Les philosophes des Lumires avaient donc tous pour but d'clairer, d'o" leur nom, l'esprit humain et la pense de leurs contemporains par la raison. Cependant, leurs ides di!!raient sur certains points. #omaine social #ans le domaine social, $ travers leurs vo%a&es et leurs relations, les philosophes dcouvrent des manires de vivre et des modles sociau' di!!rents (e' ) vo%a&es de Voltaire et *ontesquieu en +rande ,reta&ne o" r&ne une monarchie constitutionnelle, correspondances de #enis #iderot avec Catherine II de -ussie.. #ans ce domaine, le but des philosophes est principalement le bonheur de l'homme, qui ncessite le pro&rs, par la lutte contre le !anatisme et l'i&norance. Les philosophes des Lumires veulent e!!acer les discriminations et les in&alits pour une justice plus quitable et dnoncent les privil&es de la noblesse. /ne valeur importante est donc le respect de la personne humaine. Issus pour la plupart de la haute bour&eoisie ou de la noblesse, ils sont !avorables $ la libert de commerce pour amliorer la production a&ricole et l'conomie.
Voltaire dnonce en particulier la torture, l'esclava&e et la peine de mort, dans son #ictionnaire Philosophique. Pour lui, il !aut or&aniser la vie sociale selon les vraies valeurs terrestres, c'est0$0dire la proprit et la libert humaine qui permettent le pro&rs. Il combat l'oppression intellectuelle et morale, en particulier la justice e'pditive pour raison d'1tat. Pour #enis #iderot, la bour&eoisie doit dvelopper le commerce, source de pro&rs pour tous. +r2ce $ l'3nc%clopdie, il veut susciter la curiosit et vul&ariser les connaissances. L'3nc%clopdie est un recueil de 45 656 articles, rpartis en 54 volumes. Cette 7uvre, vendue $ 89 ::: e'emplaires avant 546;, est un triomphe de la raison et du pro&rs pour permettre le bonheur humain. #enis #iderot conseille $ Catherine II de -ussie une conception dmocratique de l'instruction et il d!end &alement l'ide de l'&alit devant l'imp<t. =ean0=acques -ousseau, quant $ lui, est oppos $ Voltaire ) il mprise la socit riche et corrompue. Pour lui, la socit de son temps, in&alitaire, dnature l'homme. Il a cependant des ides utopiques ) il pr<ne une ducation base sur la sensibilit naturelle de l'en!ant, l'instinct de celui0ci devant le &uider dans son volution a!!ective, intellectuelle et morale. Pour *ontesquieu, l'ordre social doit tre bas sur les lois qui diri&ent la nature. Pour lui, la libert est un droit naturel. >ociolo&ue avant son temps, il utilise une mthode scienti!ique pour anal%ser la socit. #ans les Lettres persanes, il met en vidence les d!auts de la socit !ran?aise.
#omaine politique
3n politique, les philosophes dnoncent le pouvoir absolu (par e'emple les lettres de cachet &r2ce au'quelles le roi peut !aire embastiller n'importe qui, m me sans raison. et la monarchie quand elle est de droit divin (donc l'alliance @r<ne0Autel.. Ils pensent que l'on doit &ouverner B par la raison et en vue du bien public C.
Voltaire est !avorable $ une ro%aut claire, spare de la reli&ion D un pouvoir appu% sur la bour&eoisie et &arant du pro&rs matriel et de l'ordre social. #enis #iderot veut un r&ime ro%al mais tempr par un parlement (comme en +rande ,reta&ne., c'est0$0dire un B despotisme clair C. Il s'oppose violemment $ toute !orme d'absolutisme et de t%rannie. =ean0=acques -ousseau a des ides plus dmocratiques ) dans Le Contrat social, il e'prime ses principes politiques ) autorit d'un peuple souverain qui peut chan&er ses lois et &ouvernants. La loi a autorit et doit tre l'e'pression de la volont &nrale. 3lle n'est acceptable que si elle est unanime et &arantit la libert individuelle. Il rejette le despotisme et toute autorit d'un homme sur les autres. *ontesquieu, dans l'3sprit des Lois, spare les trois pouvoirs (l&islati!, e'cuti! et judiciaire.. Il souhaite qu'un B intermdiaire C, c'est0$0dire un parlement, soit le reprsentant de la nation. >elon lui, B le despotisme repose sur la crainte, la monarchie sur l'honneur, et la -publique sur la vertu C.
#omaine reli&ieu'
#ans le domaine reli&ieu', les philosophes critiquent les do&mes injusti!is, qui vont $ l'encontre de la raison. Ils dnoncent le !anatisme, les rites et surtout la prtention de la reli&ion de tout e'pliquer. Ils pr<nent la tolrance reli&ieuse. Ils sti&matisent &alement le pouvoir de l'1&lise et critiquent la non0mise en pratique des valeurs de ses do&mes (par e'emple lorsqu'elle cautionne la &uerre..
Voltaire est diste ) pour lui, le salut est dans l'action pour le ,ien. Il croit en un #ieu (le B +rand Eorlo&er C., au commencement de toute chose mais dnonce les croisades et la >aint0,arthlm%. >a pense est contre la !oule des ides oppressives ) il ne veut pas que la reli&ion soit un s%stme ou une thorie. Voltaire ne croit pas en une reli&ion qui imposerait des rites, des do&mes ou des pr tres, reli&ion qu'il critique ouvertement dans Candide. Il d!end donc une reli&ion de tolrance, B naturelle C. Il prend la d!ense de Calas, un protestant condamn $ mort par intolrance et obtient sa rhabilitation mais ne russit pas $ obtenir celle du chevalier de la ,arre. >a devise est B crasons l'In!2me C, c'est0$0dire la superstition et toutes les !ormes de !anatisme.
=ean0=acques -ousseau, lui, est thiste. #ans le - ve de #'Alembert, il pense que la cro%ance en #ieu est inscrite dans le c7ur de l'homme et dans sa conscience que l'on doit suivre pour connaFtre le bien et le mal. Il a donc pour valeurs la providence et la morale du c7ur. #enis #iderot, $ l'inverse, est athe. >a doctrine est hostile $ une rvlation ou $ la providence. Il se base sur le matrialisme. Pour lui, ce que l'on nomme mtaph%sique et morale n'est qu'une invention humaine dicte par nos sens. >on 3nc%clopdie est d'ailleurs une arme contre la !oi qu'il critique par des articles cachs, par e'emple l'article B >iaGo C qui ridiculise le Pape et B Hpaini C qui montre la messe comme un rite paIen. #ans le >upplment au vo%a&e de ,ou&ainville, les @ahitiens sont des bons sauva&es et leur instinct leur permet de vivre dans un bonheur paisible. Je remplace0t0il pas un m%the par un autre K
Conclusion
Les combats des philosophes ont t utiles. Ils ont conduit d'une part $ l'abolition de la torture et de l'esclava&e et d'autre part ont aid $ la rvolution !ran?aise. * me si cette dernire !ut un pisode de chaos pendant lequel ont t commises des diLaines de milliers d'e'cutions arbitraires et de crimes, elle a mis !in $ l'absolutisme et permis, $ terme, une plus &rande quit dans la socit !ran?aise. Les philosophes des Lumires sont donc en partie $ l'ori&ine de la devise actuelle de la Mrance ) B Libert, 1&alit, Mraternit C. Les &enres littraires utiliss
Les Lumires, pour !aire passer leurs ides, ont utilis tous les &enres littraires, en % ajoutant l'ironie la plupart du temps )
Le th2tre a t utilis par ,eaumarchais, dans les noces de Mi&aro, o" il critique la libert d'e'pression et la socit de son poque. Le conte philosophique est un des &enres pr!rs de Voltaire. #ans ce &enre, l'auteur met en scne un personna&e naI! mais dou de bon sens, qui dcouvre la vie et le monde et dont la pense volue. Nn peut citer Candide mais aussi *icrom&as, Oadi&, l'In&nu et ,alouc. Le dictionnaire a t utilis par Voltaire (#ictionnaire Philosophique Portati!. et bien sPr #enis #iderot et #'Alembert avec leur 3nc%clopdie (dictionnaire qui aborde et dtaille tous les sujets.. #ans le &enre pistolaire, donc le roman par lettres, Voltaire $ crit son #iscours sur l'ori&ine et les !ondements de l'in&alit parmi les hommes, *ontesquieu les Lettres persanes (roman pistolaire qui critique la socit !ran?aise et son or&anisation., #enis #iderot sa Lettre sur les aveu&les $ l'usa&e de ceu' qui voient et =ean0=acques -ousseau, bien qu'il condamne ce &enre, la nouvelle EloIse, qui propose un idal de vie naturel.
L'essai le plus clbre est celui de *ontesquieu, de l'3sprit des lois. Le roman sentimental a t adopt par #enis #iderot pour La reli&ieuse, qui est une critique de m7urs. 3n posie, on peut citer le Pome sur le dsastre de Lisbonne, en prose, de Voltaire. Le pamphlet #e l'horrible dan&er de la lecture, qui dnonce la censure, a t crit par Voltaire. Les romans de #enis #iderot sont le neveu de -ameau (un roman0dialo&ue qui parle des problmes morau', sociau' et esthtiques de son poque. et =acques le !ataliste (o" un valet et son maFtre racontent leurs di!!rentes aventures ) c'est un roman de m7urs..
Les philosophes
Les principau' philosophes des Lumires qui ont crit en lan&ue !ran?aise !urent ) ,io&raphie de Voltaire
#e son vrai nom Mran?ois0*arie Arouet, il vo%a&e en +rande ,reta&ne et s'en&a&e, par ses crits et ses implications judiciaires, au service de la libert de penser, de la justice et de l'&alit. Il est cependant controvers en raison de son mpris pour le peuple et plusieurs crits racistes. ,io&raphie de *ontesquieu
Philosophe, crivain, penseur politique !ran?ais n le 5Q6;0:5056 $ La ,rde (+ironde. D dcd le 54990:805: $ Paris. #e son vrai nom Charles0Louis de >econdat, il s'est intress au' sciences et $ l'tude de la socit. Aprs un vo%a&e en +rande ,reta&ne, o" il observe la monarchie constitutionnelle, il crit plusieurs ouvra&es sur l'or&anisation politique et sociale des 1tats et sur la sparation des pouvoirs. ,io&raphie de #enis #iderot 1crivain, philosophe et enc%clopdiste !ran?ais n le 545S05:0:9 $ Lan&res (Eaute0*arne. D dcd le 546R0:40S5 $ Paris.
#'abord destin $ devenir pr tre, #iderot tudie la philosophie et la tholo&ie $ la >orbonne. Il consacre vin&t ans de sa vie $ la rdaction de l'3nc%clopdie. Ami de l'impratrice Catherine II de -ussie, il a vo%a& jusqu'$ >aint0Ptersbour&, en passant par l'Allema&ne et la Polo&ne, pour la rencontrer. ,io&raphie de =ean0=acques -ousseau
Philosophe, crivain, musicien et botaniste &enevois n le 54580:Q086 $ +enve D dcd le 54460:40:8 $ 3rmenonville.
J $ +enve, -ousseau a beaucoup vo%a&, notamment en Mrance et en +rande ,reta&ne. Il a travaill sur des sujets trs divers, de la musique $ la botanique, mais surtout sur l'homme, la socit ainsi que sur l'ducation. >es ides ont considrablement in!luenc la rvolution !ran?aise. ,io&raphie de #'Alembert *athmaticien, philosophe et enc%clopdiste !ran?ais n le 545405505Q $ Paris D dcd le 546S05:08; $ Paris. 3n!ant abandonn, il recevra le nom de =ean le -ond qu'il remplacera lui0m me par #arember& puis #'Alembert. >es premiers travau' portent sur les mathmatiques, l'astronomie et la ph%sique. Aprs sa rencontre avec #iderot, il s'impliquera considrablement dans la rdaction de l'3nc%clopdie et sera lu $ l'Acadmie !ran?aise.
Les philosophes des Lumires L'3urope connaFt au 'viiie sicle un renouveau intellectuel majeur. Pour les contemporains, la pense des philosophes permet de sortir en!in des B tnbres C de l'i&norance, d'o" le nom de B philosophie des Lumires C. Tui sont ces penseurs K Tuelle a t leur in!luence politique K I. La pense des Lumires U Les philosophes des Lumires veulent tudier le monde concret et tout e'aminer $ la lumire de la raison. Le maFtre mot de ces philosophes est B l'entendement C, qui dsi&ne la !acult de connaissance de l'homme. U Ce rationalisme les conduit $ dvelopper une pense laIque. La plupart d'entre eu' sont distes, c'est0$0dire qu'ils croient en l'e'istence d'un dieu en dehors de toute reli&ion et critiquent la superstition et l'intolrance reli&ieuse. U La philosophie des Lumires s'intresse $ tous les domaines de la connaissance ) elle est enc%clopdiste. >es deu' principau' objets d'tude sont le monde et l'homme. Pour saisir le premier, il n'est plus question d'laborer de &rands B s%stmes C censs e'pliquer le visible et l'invisible. Il !aut, de manire plus modeste, observer, mesurer, dcrire et classer. Cela marque le triomphe des sciences e'primentales.
II. Les &rands philosophes U C'est en An&leterre que l'on trouve les prcurseurs du mouvement des Lumires ) le philosophe =ohn LocGe et le ph%sicien an&lais Isaac JeVton. Le premier pense que l'homme pro&resse par l'e'prience. Le second, contrairement $ ses prdcesseurs, ne !onde pas ses tudes sur des intuitions ou des abstractions mais sur l'observation et la mesure. C'est ainsi qu'il met en vidence la loi de l'attraction universelle. U C'est en Mrance, cependant, que les ides des Lumires s'panouissent ds le dbut du 'viiie sicle. *ontesquieu critique l'absolutisme, assurant que seule la sparation des pouvoirs e'cuti!, l&islati! et judiciaire permet de &arantir la libert dans un 1tat. Voltaire condamne le !anatisme et les pratiques judiciaires abusives. U #ans la seconde partie du sicle, =ean0=acques -ousseau renouvelle la pense des Lumires. Il ima&ine une cit idale, dveloppe l'ide de dmocratie et d'un contrat pass entre un souverain et son peuple ) le contrat social. U #iderot, en!in, prend ici sa place pour son r<le majeur dans l'or&anisation et la conception de l'3nc%clopdie. Ooom #enis #iderot +ravure d'aprs une peinture de L. *. Vanloo, 'viiie sicle. W =.0L. Charmet Les philosophes des Lumires 0 illustration 5 III. La di!!usion des Lumires U Les philosophes ne sont pas toujours unanimes, mais ont mal&r tout une sensibilit commune. Ils se !ont les d!enseurs des liberts ) libert individuelle, libert de penser et de s'e'primer, mais aussi libert conomique. Ils s'opposent &alement $ l'arbitraire du pouvoir. Ces &randes ides se rpandent dans l'3urope du 'viiie sicle. U La philosophie des Lumires ne se contente pas de renouveler les ides, elle innove &alement dans la !orme des crits. Les crits philosophiques prennent encore la !orme de lettres et de dialo&ues mais investissent aussi d'autres !ormes littraires comme les pomes, les romans, les contes philosophiques, le th2tre ou encore l'opra. U Les ides des Lumires se propa&ent essentiellement dans l'lite de la bour&eoisie et de la noblesse, dans les acadmies, les salons mondains ou les lo&es ma?onniques. U >i les philosophes des Lumires ne sont pas $ proprement parler les initiateurs de la -volution !ran?aise, leurs ides sont omniprsentes dans les discours, les dbats et les te'tes de loi de la -volution (par ce biais, elles sont aujourd'hui rpandues sur une &rande partie de la plante.. *ouvement philosophique qui domina le monde des ides en 3urope au 'viiie s. =ean Le -ond d'Alembert=ean Le -ond d'Alembert
Le mouvement des Lumires tire son nom de la volont des philosophes europens du 'viiie sicle de combattre les tnbres de l'i&norance par la di!!usion du savoir. L'3nc%clopdie, diri&e par #iderot et d'Alembert, est le meilleur s%mbole de cette volont de rassembler toutes les connaissances disponibles et de les rpandre auprs du public X dYun public clair.
Ce mouvement, qui connut une intensit plus marque en Mrance, en An&leterre (sous le nom d'3nli&htenment. et en Allema&ne (Au!GlZrun&., est n dans un conte'te technique, conomique et social particulier ) ascension de la bour&eoisie, pro&rs des techniques, pro&rs de l'or&anisation de la production et notamment des communications, pro&rs des sciences souvent appliques au travail des hommes.
Con!iants en la capacit de l'homme de se dterminer par la raison, les philosophes des Lumires e'altent aussi la r!rence $ la nature et tmoi&nent d'un optimisme envers l'histoire, !ond sur la cro%ance dans le pro&rs de l'humanit. L'a!!irmation de ces valeurs les conduit $ combattre l'intolrance reli&ieuse et lYabsolutisme politique. #avid Eume#avid Eume
Certains philosophes interviennent dans des a!!aires judiciaires (Voltaire d!end entre autres Calas, un protestant injustement accus d'avoir tu son !ils. et militent pour l'abolition des peines in!amantes, de la torture et de lYesclava&e. #i!!uses dans les salons, les ca!s et les lo&es ma?onniques, les ides des Lumires sont consacres par les 7uvres des philosophes, des crivains et des savants. Les principau' reprsentants des Lumires sont, en +rande0,reta&ne, =. LocGe, #. Eume, I. JeVton D en Allema&ne, C. [ol!!, Lessin&, Eerder D en Mrance, *ontesquieu, Voltaire, #iderot, =.0=. -ousseau, tous les 3nc%clopdistes, Condillac et ,u!!on. 5. /n mouvement europen
Nn attribue &nralement un r<le prminent $ la Mrance dans l'essor de la civilisation europenne du 'viiie s. Cependant l'An&leterre est la premire insti&atrice des &rands mouvements idolo&iques et des mutations conomiques qui caractrisent ce sicle.
L'An&leterre o!!re l'ima&e d'un pa%s libre ) deu' rvolutions (5QR805QR;, avec CromVell, et 5Q6605Q6;, avec la #claration des droits ou ,ill o! -i&hts. % ont dtruit le r&ime de l'absolutisme et de l'intolrance. #e telles ides se rpandent en 3urope &r2ce au'
philosophes !ran?ais, !ascins par cette application du libralisme. Par ailleurs, les An&lais sont &alement $ l'ori&ine de diverses trans!ormations technolo&iques et scienti!iques qui dbouchent sur ce que l'on appelle aussi des B rvolutions C X dans lYa&riculture et lYindustrie X et bouleversent les donnes conomiques. 5.5. /n continent en mutation /ne rvolution scienti!ique Isaac JeVtonIsaac JeVton
La Mrance du 'viiie s. ne peut s'enor&ueillir d'avoir donn $ la ph%sique ou au' mathmatiques des &nies tels que JeVton, 3uler ou +auss, mais l'apport !ran?ais au' pro&rs des sciences est nanmoins indniable. @ous les domaines sont reprsents par de &rands savants novateurs ) en chimie, Lavoisier D en mathmatiques, La&ran&e, *on&e et Le&endre D ou encore en botanique, la !amille =ussieu.
#s lors, l'esprit humain se dlivre des contraintes tholo&iques et !ormelles pour s'intresser $ la nature, dans une nouvelle dmarche de recherche des connaissances, caractristique de l'esprit m me des Lumires. #es volutions dmo&raphiques
Cette nouvelle conception du monde inclut une r!le'ion sur le &ouvernement des socits humaines, qui sont elles0m mes en mutation. /n essor dmo&raphique accompa&ne les pro&rs de cette poque. /ne baisse &nrale de la mortalit, due au recul des trois principau' !lau' que sont la !amine, la &uerre et la peste, e'plique ce phnomne. La dure de vie s'allon&e en mo%enne de di' ans dans la seconde moiti du 'viiie s. Ce t%pe de chan&ement structurel, associ au' mutations conomiques, branle les quilibres sociau'. L'essor de la bour&eoisie
Vers 54R:, partout en 3urope, e'iste une socit d'ordres !onde sur les privil&es. Alors qu'en An&leterre aucun obstacle juridique n'emp che la mobilit sociale, la Mrance donne l'e'emple oppos ) des &roupes sociau' entiers, tels que les pa%sans, restent i&nors de la nation. Par contre, au sein du tiers tat, la bour&eoisie constitue une classe en pleine ascension ds lors qu'elle pro!ite des dveloppements industriels et commerciau' de cette priode. L'essor urbain X &nr par le surcroFt de population X o!!re un cadre $ ces nouveau' possdants qui cherchent $ !aire reconnaFtre leurs avanta&es en all&eant les entraves politiques et en voluant vers une nouvelle socit ) on constate ainsi que beaucoup de philosophes et d'crivains du 'viiie s. (Voltaire, ,eaumarchais\. sont issus de !amilles bour&eoises aises. 5.8. Le !ran?ais, lan&ue des Lumires
Les Lumires ne connaissent pas de !rontires. Le mouvement touche toutes les lites cultives d'3urope, et sa lan&ue est le !ran?ais, qui remplace le latin comme lan&ue internationale de communication.
] la cour de Vienne ou de >aint0Ptersbour&, les Mran?ais sont $ l'honneur D et leurs livres, $ la mode. Cette prpondrance tient au poids particulier de la Mrance en 3urope depuis Louis XIV, mais aussi au modle de modernisme qu'elle incarne, $ travers ses crivains et ses savants, au' %eu' des tran&ers. 3t, de !ait, c'est en Mrance que le mouvement des Lumires conquiert la plus lar&e audience intellectuelle dans l'opinion.
#ans les autres 1tats d'3urope continentale, il n'a entraFn qu'une partie des lites. Le cas de l'An&leterre est sin&ulier ) elle a prcd et in!luenc les Lumires !ran?aises naissantes, mais ses lites n'ont pas prtendu se substituer au &ouvernement ou $ l'1&lise D sa classe diri&eante est reste impr&ne de puritanisme et s'est plus proccupe de commerce que de philosophie ) elle s'est satis!aite des acquis de sa rvolution de 5Q6;. 8. Tue sont les Lumires K
La pense du sicle des Lumires se dveloppe autour de deu' thmes majeurs ) le retour $ la nature, la recherche du bonheur. Les philosophes dnoncent dans les reli&ions et les pouvoirs t%ranniques des !orces obscurantistes responsables de l'apparition du mal, dans un monde o" l'homme aurait dP tre heureu'. Ils rhabilitent donc la nature humaine, qui n'est plus entache par un pch ori&inel ou une tare ontolo&ique D ils substituent $ la recherche chrtienne du salut dans l'au0del$ la qu te ici0bas du bonheur individuel. ] la condamnation des passions succde leur apolo&ie ) l'homme doit les satis!aire, $ condition qu'elles ne s'opposent pas au bonheur d'autrui. 8.5. #es philosophes militants *ontesquieu*ontesquieu
Cette nouvelle vision de l'homme et du monde, les philosophes la d!endent en crivains militants. Leur combat s'incarne dans la pratique de !ormes brves, !aciles $ lire et susceptibles d'une vaste di!!usion ) lettres, contes, pamphlets.
Cration littraire et r!le'ion philosophique se nourrissent mutuellement. ] cet &ard, l'anne 54R6 marque un tournant, avec la parution et le &rand succs de l'3sprit des lois, dans lequel *ontesquieu anal%se tous les r&imes politiques et tablit les rapports ncessaires qui unissent les lois d'un pa%s $ ses m7urs, $ son climat et $ son conomie. Par l$ apparaFt bien le caractre relati! du r&ime monarchique. L'anne suivante, #iderot
publie sa Lettre sur les aveu&les, et ,u!!on le premier volume de son Eistoire naturelle. 3n 5495 paraFt le >icle de Louis XIV de Voltaire. #i!!user la B rvolution dans les esprits C #enis #iderot#enis #iderot
Cette m me anne 5495, les ides des Lumires se m lent et s'a!!inent dans un creuset ) l'3nc%clopdie de #iderot, dont paraFt le premier volume. Il s'a&it d'une 7uvre qui met $ la porte de l'homme nouveau X le bour&eois, l'intellectuel X une s%nthse des connaissances con?ue comme un instrument pour trans!ormer le monde et conqurir le prsent.
3ntre 549: et 5449, les ides essentielles des Lumires se cristallisent et se rpandent. B Il s'est !ait une rvolution dans les esprits ^\_. La lumire s'tend certainement de tous c<ts C, crit Voltaire en 54Q9. >i aprs 5449 les &rands crivains disparaissent (Voltaire et -ousseau en 5446, #iderot en 546R., c'est le moment de la di!!usion ma'imale, tant &o&raphique que sociale, des Lumires D l'opinion se politise, prend au mot leurs ides ) la philosophie est sur la place publique. L'7uvre de l'abb -a%nal (Eistoire philosophique et politique des tablissements et du commerce des 3uropens dans les deu' Indes, 544:., qui condamne le despotisme, le !anatisme et le s%stme colonial, connaFt un &rand succs. Eomme politique important autant que mathmaticien, Condorcet publie des brochures contre l'esclava&e et pour les droits des !emmes, et prpare sa s%nthse de l'histoire de l'humanit (3squisse d'un tableau historique des pro&rs de l'esprit humain. Pour un despotisme clair\
3n matire politique, les Lumires mettent en cause l'absolutisme et ri&ent le despotisme clair en modle de &ouvernement. Il s'a&it de subordonner les intr ts privil&is et les coutumes au s%stme rationnel d'un 1tat cens reprsenter le bien public, de !avoriser le pro&rs conomique et la di!!usion de l'ensei&nement, de combattre tous les prju&s pour !aire triompher la raison. Ce despotisme clair inspira Mrdric II en Prusse, Catherine II en -ussie, =oseph II en Autriche. *ais les philosophes qui cro%aient jouer un r<le positi! en conseillant les princes, comme Voltaire auprs de Mrdric II et #iderot auprs de Catherine II, perdirent vite leurs illusions. Ce qu'ils avaient pris pour l'avnement de la raison et de l'1tat rationnel tait en ralit celui de la raison d'1tat, c%nique et autoritaire. \ou une monarchie modre K
*ontesquieu, lui, est !avorable $ une monarchie modre, de t%pe an&lais, o" la libert est assure par la sparation des trois pouvoirs, e'cuti!, l&islati! et judiciaire. L'An&leterre est pour lui le ro%aume le mieu' &ouvern de l'3urope, parce que le cito%en % est prot& par la loi contre tout arbitraire et parce que le roi respecte la loi qu'il n'a pas labore lui0m me, prro&ative qui appartient au' reprsentants lus de la nation.
Pour autant, le r<le prminent de la noblesse dans la nation et au Parlement n'est pas remis en cause. *ontesquieu propose qu'en Mrance les B pouvoirs intermdiaires C (cler&, noblesse, parlements judiciaires. e'ercent une !orme de contr<le, comme reprsentants naturels de la nation, sur la monarchie ) son libralisme politique est donc limit au' lites. /n creuset d'ides nouvelles
Les crivains0philosophes ne marchent pas tous du m me pas. #es li&nes de parta&e se dessinent entre un courant diste (Voltaire. et un matrialisme convaincu (#iderot, d'Eolbach., entre une revendication &nrale de libert (Voltaire encore. et un souci d'&alit et de justice sociale (-ousseau.. ] la !in du sicle, une nouvelle &nration X celle des Idolo&ues X tentera d'articuler thorie et pratique et de d!inir une science de l'homme qui, par la mise en 7uvre de r!ormes politiques et culturelles, assure le pro&rs de l'esprit humain. =ean0=acques -ousseau=ean0=acques -ousseau
*ais, en raction $ l'a!!irmation de cette raison collective, le moi sensible revendique ses droits ) -ousseau, qui a pos dans le Contrat social les conditions de l&itimit de toute autorit politique, donne avec ses Con!essions le modle de l'e'pression authentique d'un tre unique et !ait de la remonte au' sources de l'en!ance et du pass l'ori&ine de toute cration littraire. 8.8. Ides et idau' des Lumires
Le !onds commun des Lumires rside dans un rejet de la mtaph%sique, selon laquelle la transcendance (#ieu. prcde la ralit (le monde.. Les termes en sont inverss ) la transcendance est ce qui reste, ce qui rsiste $ toute anal%se rationnelle, scienti!ique, historique. Par0del$ leur diversit, les hommes des Lumires ont en commun cette attitude d'esprit inspire de la mthode scienti!ique, de l'e'primentalisme de JeVton et de LocGe ) chercher dans l'investi&ation empirique des choses les rapports, les corrlations, les lois qui les r&issent, et qui ont t jusqu'$ prsent masqus par lesprju&s. -ejeter les do&mes
#u coup, la vrit est recherche du c<t du monde ph%sique, de l'univers pratique. Avec les Lumires, le re&ard intellectuel curieu' se dtourne du ciel au pro!it du monde concret des hommes et des choses. Les do&mes et les vrits rvles sont rejets. Les Lumires re!usent la prtention de la reli&ion $ tout e'pliquer, $ !ournir les raisons ultimes D elles veulent distin&uer entre les di!!rentes sphres de la ralit ) le naturel, le politique, le domestique, le reli&ieu', chacun a%ant son domaine de pertinence et ses lois, chacun e'i&eant des savoirs et des mthodes de connaissance di!!rents.
-ejet des do&mes mais pas rejet de #ieu. La plupart des intellectuels clairs restent nanmoins distes ) pour eu', l'/nivers est une mcanique admirablement r&le, dont l'ordre implique une intelli&ence ordonnatrice. B =e ne puis ima&iner, dit Voltaire, que cette horlo&e marche et n'ait pas d'horlo&er. C -ecourir $ la raison e'primentale ,u!!on
L'e'prience occupe une place centrale dans la thorie de la connaissance du 'viiie s. Cette mthode procde par l'observation, l'anal%se, la comparaison. #'o" l'importance du vo%a&e comme mo%en de connaissance D d'o" aussi le souci presque obsessionnel de la classi!ication des !aits, de la construction de tableau' ) connaFtre, c'est dcrire, inventorier, ordonner. Ainsi procde ,u!!on dans les trente0si' volumes de son Eistoire naturelle.
La raison e'primentale, ds lors, ne connaFt pas de !rontires ) les Lumires oprent une !ormidable e'pansion de la sphre de la connaissance scienti!ique. La raison est universelle D $ c<t des sciences naturelles et des sciences de la vie se dveloppent les sciences humaines ) ethnolo&ie, ps%cholo&ie, lin&uistique, dmo&raphie. #ans l'3sprit des lois, *ontesquieu invente une sociolo&ie politique, en recherchant les rapports qui unissent les m7urs de chaque peuple et la !orme de son &ouvernement. *archer vers le bonheur VoltaireVoltaire
La philosophie des Lumires procde d'un humanisme laIque ) elle place l'homme au centre du monde, et entend 7uvrer $ son bonheur. Pour Voltaire, B le vrai philosophe d!riche les champs incultes, au&mente le nombre des charrues, occupe le pauvre et l'enrichit, encoura&e les maria&es, tablit l'orphelin. Il n'attend rien des hommes, mais leur !ait tout le bien dont il est capable C.
/n tel humanisme se situe $ rebours de l'esprance chrtienne ) B La vertu consiste $ !aire du bien $ ses semblables et non pas dans de vaines pratiques de morti!ications C, crit encore Voltaire. Moin des prires et des cier&es dans les &lises, il !aut des actes. @out l'e!!ort de connaissance est orient vers l'utilit commune. Cette conception utilitariste !ait du bonheur le bien supr me. 3lle tourne le dos $ l'ide chrtienne de puri!ication par l'preuve et la sou!!rance, ainsi qu'au' notions nobiliaires et militaires d'hroIsme et de &loire.
Il % a l$ un optimisme !ondamental, au' e!!ets mobilisateurs ) les hommes des Lumires croient au pro&rs possible des connaissances, $ la capacit de la raison de saper les
conventions, les usa&es et les institutions qui contredisent la nature et la justice. Pour eu', l'avance de la science &arantit la marche vers le bonheur. Cette !oi dans le pro&rs ind!ini de l'humanit se trouve d'ailleurs con!orte par les dcouvertes scienti!iques et la croissance conomique du sicle. S. La di!!usion des Lumires
Le mouvement des Lumires se distin&ue des mouvements intellectuels qui l'ont prcd par son destinataire ) l'opinion publique. Voltaire, #iderot et leurs amis sont des a&itateurs d'ides D ils veulent discuter, convaincre. Les pro&rs de l'alphabtisation et de la lecture dans l'3urope du 'viiie s. permettent le dveloppement de ce qu'on a appel un B espace public C ) les dbats intellectuels et politiques dpassent le cercle restreint de l'administration et des lites, impliquant pro&ressivement des secteurs plus lar&es de la socit. La philosophie est $ double titre B l'usa&e public de la raison C, comme le dit `ant ) $ la !ois le dbat public, ouvert, contradictoire, qui s'enrichit de la libre discussion, et l'a&itation, la propa&ande pour convaincre et rpandre les ides nouvelles. S.5. Les ca!s et les salons littraires
Le sicle des Lumires invente, ou renouvelle pro!ondment, des lieu' propices au travail de l'opinion publique. Ce sont d'abord les ca!s, o" on lit et on dbat, comme le Procope, $ Paris, o" se runissent Montenelle, Voltaire, #iderot, *armontel, et qui sont le rendeL0vous nocturne des jeunes potes ou des critiques qui discutent passionnment des derniers succs de th2tre ou de librairie.
Ce sont surtout les salons mondains, ouverts par tous ceu' qui ont quelque ambition, ne serait0ce que celle de paraFtre X et souvent, des !emmes jouent un r<le essentiel dans ce commerce des intelli&ences, dpassant le simple badina&e et la prciosit. *ais il !aut % tre introduit. Les &randes dames re?oivent artistes, savants et philosophes. Chaque h<tesse a son jour, sa spcialit et ses invits de marque. Le modle est l'h<tel de la marquise de Lambert, au dbut du sicle. Plus tard, *me de @encin, rue >aint0Eonor, accueille *arivau' et de nombreu' autres crivains. *me +eo!!rin, *me du #e!!and, =ulie de Lespinasse, puis *me JecGer re?oivent les enc%clopdistes. Les &ens de talent s'% retrouvent r&ulirement pour con!ronter leurs ides ou tester sur un public privil&i leurs derniers vers. *ondaines et cultives, les cratrices de ces salons animent les soires, encoura&ent les timides et coupent court au' disputes. Ce sont de !ortes personnalits, trs libres par rapport $ leurs cons7urs, et souvent elles0m mes crivains et pistolires. S.8. Les acadmies et les lo&es
Les acadmies sont des socits savantes qui se runissent pour s'occuper de belles0lettres et de sciences, pour contribuer $ la di!!usion du savoir. 3n Mrance, aprs les !ondations monarchiques du 'viie s. (Acadmie !ran?aise, 5QSR D Acadmie des inscriptions et belles0
lettres, 5QQS D Acadmie ro%ale des sciences, 5QQQ D Acadmie ro%ale d'architecture, 5Q45., naissent encore $ Paris l'Acadmie ro%ale de chirur&ie (54S5. et la >ocit ro%ale de mdecine (544Q.. Le cler& et, dans une moindre mesure, la noblesse % prdominent. 3n province, il % a neu! acadmies en 545:, S9 en 546;.
Ces socits provinciales re&roupent les reprsentants de l'lite intellectuelle des villes !ran?aises. Leur composition sociale rvle que les privil&is % occupent une place moindre qu'$ Paris ) S4 a de nobles, 8: a de &ens d'1&lise. Les roturiers constituent RS a des e!!ecti!s ) c'est l'lite des possdants tranquilles qui si&e l$. *archands et manu!acturiers sont peu prsents (R a..
@outes ces socits de pense !onctionnent comme des salons ouverts et !orment entre elles des rseau' provinciau', nationau', europens, chan&eant livres et correspondance, accueillant les tran&ers clairs, lan?ant des pro&rammes de r!le'ion, des concours de recherche. Nn % parle ph%sique, chimie, minralo&ie, a&ronomie, dmo&raphie.
Parmi les rseau' clairs, le plus dvelopp est celui de la !ranc0ma?onnerie, quoique rserv au' couches suprieures et au' hommes. Je en An&leterre et en 1cosse, la !ranc0 ma?onnerie, &roupement $ vocation philanthropique et initiatique, concentre tous les caractres des Lumires ) elle est thiste, tolrante, librale, humaniste, sentimentale. 3lle connaFt un succs !oudro%ant dans toute l'3urope, o" l'on compte des milliers de lo&es en 546;. Les milieu' civils, militaires et m me reli&ieu', lis au' appareils d'1tat, % sont tout particulirement &a&ns. Ji anticlricales (elles le seront au 'i'e s.. ni rvolutionnaires, les lo&es ont contribu $ rpandre les ides philosophiques et l'esprit de r!orme dans les lieu' politiquement strat&iques. La discussion intellectuelle l'emporte sur le caractre sotrique ou sectaire. >urtout, les lites % !ont, plus encore que dans les acadmies, l'apprentissa&e de l'&alit des talents, de l'lvation par le mrite et non par le privil&e de la naissance. S.S. Les bibliothques, les livres, la presse
Voisines des acadmies, souvent peuples des m mes hommes avides de savoir, les bibliothques publiques et chambres de lecture se sont multiplies, !ondes par de riches particuliers ou $ partir de souscriptions publiques. 3lles collectionnent les travau' scienti!iques, les &ros dictionnaires, o!!rent une salle de lecture et, $ c<t, une salle de conversation.
La presse en!in contribue $ la constitution d'un espace public savant, mal&r la censure, toujours active. Le =ournal des savants, le *ercure de Mrance, les priodiques conomiques sont en !ait plut<t ce que nous appellerions des revues. Par les recensions d'ouvra&es et par les abonnements collecti!s des socits de pense, un public loi&n des centres de
cration peut prendre connaissance des ides et des dbats, des dcouvertes du mois, sinon du jour. R. L'3nc%clopdie Planche e'traite de l'3nc%clopdiePlanche e'traite de l'3nc%clopdie
/n ouvra&e X ou plut<t un ensemble de S9 volumes auquel ont collabor 59: savants, philosophes et spcialistes divers X incarne $ lui seul la vaste entreprise humaniste et savante des Lumires ) c'est l'3nc%clopdie. @ravail collecti! men sur prs de vin&t ans, le projet repose sur un animateur essentiel, #iderot, qui en d!init ainsi lYobjet ) B Le but d'une 3nc%clopdie est de rassembler les connaissances parses sur la sur!ace de la @erre, d'en e'poser le s%stme &nral au' hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre au' hommes qui viendront aprs nous, a!in que les travau' des sicles passs n'aient pas t des travau' inutiles pour les sicles qui succderont, que nos neveu', devenant plus instruits, deviennent en m me temps plus vertueu' et plus heureu'... C. *ais cette somme est aussi un combat ) sa rdaction et sa publication voient se heurter raison et reli&ion, libert et autorit. R.5. /ne !ormidable aventure ditoriale
LYhistoire de lYdition de LY3nc%clopdie (ou #ictionnaire raisonn des sciences, des arts et des mtiers. est $ la !ois lon&ue et comple'e, jalonne de succs et de revers pour les auteurs. Les hautes protections dont ceu'0ci bn!icient ne sont dYailleurs pas tran&res $ la violence de la bataille ) dans lYentoura&e m me de Louis XV, *me de Pompadour ou +uillaume de *alesherbes, directeur de la Librairie et responsable de la censure ro%ale, soutiennent lYentreprise, tandis que la reine et les jsuites cherchent $ la ruiner.
Les atteintes $ la reli&ion et les pro!essions de !oi matrialistes, nombreuses dans lYouvra&e, suscitent procs, demandes dYinterdiction, pamphlets, arr t du Conseil dY3tat. La parution des volumes est plusieurs !ois interrompue et menace. 3n cours de publication, lYimprimeur craint dY tre en!erm $ la ,astille, et supprime de sa propre initiative les passa&es quYil ju&e les plus dan&ereu', ce qui complique un peu plus les choses. R.8. /n maFtre dY7uvre ) #iderot
Le succs !inal tient $ la tnacit de #iderot, assist les premires annes de dYAlembert. >i lYouvra&e a pour point de dpart la traduction et lYadaptation en !ran?ais de la C%clopaedia (5486. de lYAn&lais 3phraim Chambers, le chantier, que leur a con!i le libraire et diteur Le ,reton, va bien au0del$. LYide de traduire Chambers est abandonne ) une 7uvre ori&inale sYannonce.
#iderot a le culte des ides, de la raison humaine et du pro&rs, ce qui !ait de lui le reprsentant par e'cellence des Lumires. Il vise en !ait $ livrer un panorama complet des connaissances scienti!iques et du dbat philosophique au milieu du 'viiie sicle. LYquipe des rdacteurs est nombreuse, car le principe retenu a t de sYadresser au' spcialistes des questions traites, de !a?on $ atteindre une e'actitude technique irrprochable.
*ais derrire les noms plus ou moins illustres des contributeurs, =ean0=acques -ousseau, ou Voltaire, lYarchitecte ,londel, lYastronome Le -o%, le juriste @oussaint, etc., cYest #iderot qui demeure maFtre dY7uvre et relit, corri&e, et coordonne plus de 45 ::: articles. R.S. /ne place de choi' pour lYillustration
La place quYelle rserve au' illustrations est une caractristique de lY3nc%clopdie, et un !ardeau supplmentaire dans une aventure ditoriale complique.
Certes les &ravures sont moins sujettes $ polmiques que les articles de !ond sur des notions abstraites ou comple'es telle que B -aison C, B Eomme C, ou B Christianisme C. *ais lYabondance et la qualit dYe'cution de ces &ravures suscitent des !rais importants, envisa&s ds le dpart dans un pari de rentabilit ) en 549:, lors de la premire o!!re au' souscripteurs de lYouvra&e, il est prvu 8 volumes de planches pour 6 volumes de te'tes.
LY3nc%clopdie se compose !inalement de 54 volumes de te'tes et de 55 volumes de planches (plus 8 volumes dYinde' et 9 de supplments.. Ainsi le principe de lYima&e est0il ren!orc en cours de route, et lYillustration joue0t0elle sa part, considrable, dans la vise enc%clopdique. Les machines qui sont dmontes et dtailles, les outils qui sont prsents et e'pliqus contribuent $ un lo&e du &nie humain $ travers son e'pression la plus positive. R.R. /n best0seller au 'viiie sicle
La masse des souscripteurs de lY3nc%clopdie varie au cours des vin&t et une annes qui sYcoulent entre la sortie du premier volume et du dernier, de 5495 $ 5448. Au moment o" le livre va commencer $ paraFtre, ils sont 5::: qui sYen&a&ent $ lYacheter et acceptent dYavancer 8: a du montant du pri' total. Par la suite, ce nombre double, triple et m me quadruple pour en!in se stabiliser autour de 8 9::.
LYouvra&e a%ant t imprim $ plus de R ::: e'emplaires X ce qui est considrable pour lYpoque X, la vente !erme dYun peu plus de la moiti du tira&e est !aite avant lYarrive du livre en librairie. Nutre les esprits cultivs tran&ers lisant le !ran?ais, les imitations et traductions assureront la di!!usion de lY7uvre dans toute lY3urope, % rpandant lYesprit des Lumires.