Droit Des Assurances
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com
Jean-François CARLOT
PLAN DU COURS - II
au 01 octobre 2001
TITRE I
LA PLACE DE L'ASSURANCE DANS LA GESTION DES RISQUES
I - EVENEMENTS GARANTIS
II - EXCLUSIONS
III - NATURE DES PREJUDICES GARANTIS
SECTION IV - Exclusions
II - EXCLUSIONS RACHETABLES
TITRE II
CHAPITRE I
L'incendie étant le plus redouté et donc figurant le plus souvent dans l'éventail des
couvertures de l'entreprise, il était logique que le contrat incendie devienne la base sur
laquelle viennent s'adosser d'autres couvertures, donnant ainsi naissance aux contrats
multirisques et, comme on le verra ci-après, aux contrats tous risques sauf.
Aujourd'hui, la plupart des contrats industriels se rangent dans une des catégories :
C'est donc à l'assuré d'apporter la preuve que le préjudice subi entre bien dans le
cadre du contrat ;
La garantie délivrée par l'assureur sera, comme toutes les autres garanties, constatée par
un contrat comportant une police de base et les éventuels avenants intervenus.
Aux termes des conditions générales (Conditions générales incendie, art. 1), le contrat
incendie comporte comme garantie de base les événements suivants :
• l'incendie ;
• la chute de la foudre ;
I - EVENEMENTS GARANTIS
Le code des assurances donne, dans son article L 122-1, une définition complète :
Toutefois, il ne répond pas, sauf convention contraire, de ceux occasionnés par la seule
action de la chaleur ou par le contact direct et immédiat du feu ou d'une substance
incandescente s'il n'y a eu ni incendie, ni commencement d'incendie susceptible de
dégénérer en incendie véritable"
Les conditions générales ajoutent " c'est-à-dire d'une combustion avec flammes en
dehors d'un foyer normal".
II - EXCLUSIONS
• les dommages causés par excès de chaleur mais sans flammes ;
Conditions générales incendie, art. 4, § B5) : " Sont exclus les dommages autres
que ceux d'incendie ou d'explosion causés aux objets assurés et provenant d'un vice
propre, d'un défaut de fabrication, de leur fermentation ou oxydation lente (les
pertes dues à la combustion avec flammes étant seules couvertes) ".
Mais un foyer normal peut devenir anormal et, dès lors, devient un incendie au
sens du contrat (le feu d'un four se communiquant à l'extracteur de fumées, par
exemple).
• les bris de matériaux entraînés par la proximité d'une source de chaleur (bris
de vitres par exemple), là aussi non liée à un incendie.
A - DOMMAGES MATERIELS
L'article L 122-2 du code des assurances dispose que seuls sont pris en charge les
dommages matériels résultant directement d'un incendie ou d'un commencement
d'incendie.
Le principe est ainsi posé d'une assurance des dommages aux biens, qu'il s'agisse de
préjudices subis par le bénéficiaire du contrat ou de ceux causés à des tiers et entraînant
une responsabilité contractuelle ou délictuelle.
Sont toujours exclus les dommages corporels qui font l'objet de contrats spécifiques
(police individuelle accident, responsabilité civile, etc.).
Les conditions générales précisent que sont garantis (Conditions générales incendie, art. 4
A1) :
Les articles L 122-3 et L 122-4 du code des assurances prévoient la garantie des
dommages causés par les secours et mesures de sauvetage.
La disparition d'objets assurés à la faveur d'un incendie est garantie, les objets étant
réputés détruits, à moins que l'asssureur preuve qu'il y a eu vol.
C - CHUTE DE LA FOUDRE
Il s'agit des dégâts causés directement par la chute de la foudre dûment constatée sur
les biens assurés.
Sont exclus tous les effets d'ordre électrique lorsqu'ils ne sont que la conséquence des
suites de la foudre circulant par l'électricité canalisée (Conditions générales incendie, art.
4, § B7), ces dommages pouvant être pris en charge dans le cadre de la garantie
dommages électriques.
D - EXCLUSIONS
Les explosions sont définies dans l'article 1 des conditions générales incendie comme une
" action subite et violente de la pression ou de la dépression de gaz ou de vapeurs ".
Cette définition très large englobe toutes les formes d'explosions possibles, y compris
l'implosion.
Les explosions ne sont pas seulement provoquées par des substances explosives
proprement dites, mais qu'il existe un certain nombre de matières qui, sous la forme de
poussières en suspension dans l'air, peuvent provoquer une atmosphère explosive (farine
dans les moulins, sciure de bois dans les menuiseries, etc.).
Pour éviter toute confusion avec la garantie bris de machines, il est prévu, à l'article 4,
§ B8 des conditions générales incendie, l'exclusion des "dommages aux compresseurs,
moteurs, turbines et aux objets ou structures gonflables causés par l'explosion de ces
appareils ou objets eux-mêmes ainsi que les déformations sans rupture causées aux
récipients ou réservoirs par une explosion ayant pris naissance à l'intérieur de celui-ci".
Depuis 1990 (L. no 90-509, 25 juin 1990, JO 26 juin), le nouvel article L 122-7 du code
des assurances prévoit que les contrats incendie couvrant des biens en France, ouvrent
droit pour ces biens à la garantie "tempêtes, ouragans, cyclones".
Cette extension obligatoire, comportant une prime spécifique, prend en charge les
dommages causés par :
• franchise systématique.
À noter que la loi du 25 juin 1990 précitée, ne rend pas caduques les garanties couvrant
déjà les mêmes risques dans les contrats conclus antérieurement à sa date d'entrée en
vigueur
Cass. 1re civ., 8 juill. 1997, no 95-16.236, no 1318, RGDA 1997, p. 1096.
La loi du 13 juillet 1982 a imposé la garantie des catastrophes naturelles dans les
contrats d'assurance de chose, telles que l'incendie, mais aussi automobile, ou perte
d'exploitation...
Cette garantie obligatoire est financée par un taux de prime unique, périodiquement
révisé, identique pour tous les assurés, quel que soit leur exposition à un risque.
Cette garantie légale ne peut être mise en jeu qu'en cas d'Arrêté Interministériel de
constatation de Catastrophe Naturelle.
Dès lors, tous les dommages en résultant, qu'il s'agisse de dommages matériels ou de
dommages immatériels (pertes indirectes, pertes d'usage), sont couverts dans les
conditions du contrat, c'est-à-dire à concurrence des mêmes capitaux et sous déduction
des mêmes franchises.
Certains dommages qui ne font pas partie, sauf exceptions, d'un contrat incendie, la casse
par exemple nécessitent une extension spécifique : actes de vandalisme par exemple.
En ce qui concerne les dommages corporels causés par des actes de terrorisme ou des
attentats, ils sont indemnisés dans les conditions prévues par les articles L 422-1 à L
422-3 de Code des Assurances par le FONDS DE GARANTIE DES VICTIMES
D'ACTES DE TERRORISME ET D'AUTRES INFRACTIONS, après fixation des
indemnités par la C.I.V.I. prévue par l'article 706-4 du Code de Procédure Pénale.
Cette extension prévoit la couverture des dommages matériels autres que ceux déjà
couverts au titre de la garantie de base, causés aux biens assurés par le choc ou la chute
d'appareils de navigation aérienne ou d'objets tombés de ceux-ci.
Les assureurs, en dépit d'une fréquence infinitésimale, tiennent à percevoir une surprime.
Cela étant, le risque n'est pas illusoire notamment à proximité des aéroports. On a pu le
constater encore récemment à ROISSY où le CONCORDE s'est écrasé sur un Hôtel au
décollage. Ou bien à NEW YORK et WASHINGTON le 11 septembre 2001.
II - DOMMAGES ELECTRIQUES
La couverture chute de la foudre exclut les effets de la foudre circulant par l'électricité
canalisée.
Les matériels industriels ayant une durée de vie très limitée, on se trouve très vite
confronté à la distinction entre l'entretien normal et l'aléa. Aussi la couverture dommages
électriques est-elle assortie :
• · de deux exclusions majeures :
Les biens déjà garantis au titre de la couverture de base peuvent être assurés contre :
Le régime des catastrophes naturelles retire une grande partie de son intérêt à cette
couverture qui, toutefois, peut être prévue en principauté d'Andorre et principauté de
Monaco ou pour des installations situées à l'étranger, dans des zones à risques.
La tarification, assise sur les capitaux assurés au titre de la garantie de base est liée :
IV - RISQUES ATOMIQUE
Les dommages causés ou aggravés par toute source de rayonnements ionisants, hors
de toute enceinte nucléaire, peuvent être garantis selon les modalités ci-après :
• installations soumises à la loi no 76-663 du 19 juillet 1976, JO 20 juillet : le
risque atomique devra faire l'objet d'une étude par le pool français des risques
atomiques ;
les dommages matériels (y compris les frais causés par les opérations de
décontamination), frais et pertes résultant d'un incendie ou d'une explosion causés par une
source de radioactivité, ou l'aggravation des dommages due à cette source ;
les actes de vandalisme n'entrent pas dans le cadre des actes liés aux émeutes et aux
mouvements populaires, et doivent faire l'objet d'une extension spécifique.
Mais, la "casse" pouvant constituer une infraction, elle peut être couverte, dans certains
cas, par le FONDS DE GARANTIE DES VICTIMES D'ACTES DE TERRORISME ET
D'AUTRES INFRACTIONS.
VI - RISQUES SPECIAUX
L'intérêt évident de certaines des extensions de garanties vues ci-dessus a amené les
assureurs à les regrouper dans un intercalaire "risques spéciaux" reprenant :
• tempêtes, grêle et neige sur les toitures, dans les mêmes formes que celles
étudiées précédemment (voir 1436) ; fumées : défectuosité d'un appareil de
chauffage ;
• dégâts des eaux, gel, dans des conditions tout à fait comparables à celles
figurant dans les contrats multirisques ;
On retrouvera donc très souvent ce type de couverture dans les programmes d'assurance
dommages des entreprises.
SECTION IV - EXCLUSIONS
I - EXCLUSIONS INCONTOURNABLES
1) dommages corporels
2) faute intentionnelle de l'assuré : l'article L 113-1 du code des assurances précise que
"l'assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou
dolosive de l'assuré".
Cette disposition, d'ordre public, est prolongée par l'article 4, § A2 des conditions
générales incendie qui ajoute " les dommages intentionnellement causés ou provoqués
par l'assuré ou avec sa complicité ainsi que par les mandataires sociaux de l'assuré ".
La Cour de Cassation reconnaît aux juges du fond une appréciation souveraine de la faute
intentionnelle.
3) AMENDES
II - EXCLUSIONS RACHETABLES
1.
L'article L 121-8 du Code des Assurances dispose que l'assureur ne répond pas, sauf
convention contraire, des dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère, soit par
la guerre civile, soit par des émeutes ou mouvements populaires.
Il est donc théoriquement possible de prévoir une extension de garantie aux dommages
causés par :
2.
Par ailleurs, il est possible de faire garantir les dommages causés à certains biens annexes
à l'objet de la garantie principale
• canalisations enterrées (en raison des travaux que nécessite leur accès) ;
• clôtures ;
3. . Déchets, diminutions et pertes subies par la chose assurée et provenant de son vice
propre : L 121-7 du Code des Assurances
A - MESURES DE SAUVETAGE
Rappelons que les dommages causés par les mesures de secours et de sauvetage sont
assimilés aux dommages matériels et directs et, à ce titre, sont pris en charge par le
contrat d'assurance (C. assur., art. L 122-3).
B - DECLARATION CIRCONSTANCIEE
La déclaration initiale doit mentionner tous les détails nécessaires à l'assureur pour se
faire une opinion sur les mesures à prendre et l'importance des débours envisageables.
Un état des pertes, c'est-à-dire un état estimatif des biens endommagés, détruits et
sauvés, doit être remis dans les trente jours, lequel va permettre à l'assureur de
déterminer le montant de l'indemnité à sa charge.
• trois mois après la remise de l'état des pertes, l'assuré peut procéder par
sommation,
En partique ce document, qui comprend des données techniques assez précises (valeur
des biens atteints, coefficient de vétusté, valeur des biens sauvés, etc., sera établi avec
l'aide d'un expert.
L'assuré doit communiquer à l'assureur les pièces nécessaires à l'expertise et toutes pièces
de procédure.
L'article 14 des conditions générales incendie (" dispositions diverses ") précise : "Les
inventaires des objets et marchandises sujets à une quelconque dépréciation ne seront
produits aux assureurs qu'à titre de renseignements généraux et d'indication des
existences au jour de l'arrêté de ces inventaires, sans qu'en aucun cas les prix qui y
figurent soient opposables à l'assuré comme une présomption ou une preuve de la valeur
des objets et marchandises qui y sont mentionnés."
L'assuré doit transmettre à l'assureur tous avis, lettres, convocations, assignations, actes
extrajudiciaires et pièces de procédure qui seraient adressées, remis ou signifiés à lui-
même ou à ses préposés, concernant un sinistre susceptible d'engager la responsabilité de
l'assuré.
L'article 19 des conditions générales incendie précise : " Au cas où l'assuré ferait obstacle
à l'exercice de cette faculté, les assureurs seront en droit de lui opposer la déchéance de
leur garantie ".
Enfin, les assureurs se réservent également les possibilités de transaction avec les
personnes lésées, aucune autre transaction ne pouvant leur être opposée.
"Si les dommages ne sont pas fixés de gré à gré, une expertise amiable contradictoire est
toujours obligatoire sous réserve des droits respectifs des parties".
· EXPERT DE COMPAGNIE
On ne peut pas dire pour autant que les "experts de compagnie" opèrent dans le cadre
d'un mandat : leurs travaux et les propositions qu'ils peuvent être amenés à formuler
auprès des assurés et de leurs experts n'ont donc qu'une valeur d'appréciation technique et
ne sauraient en aucun cas engager la compagnie sur l'application du contrat et donc la
prise en charge effective du sinistre.
La jurisprudence est constante sur ce point et l'on peut estimer que l'expert de compagnie
agit non comme mandataire, mais comme locateur d'ouvrage.
Les honoraires de l'expert d'assuré sont en principe pris en charge au titre d'une
garantie facultative "honoraires d'experts".
La nomination de ces experts et leur reconnaissance réciproque sera constatée par un acte
de nomination d'experts souvent rédigé, dans le cadre de sinistres importants tout au
moins, lors d'une réunion de constitution d'expertise.
Lors des sinistres pouvant mettre en jeu la responsabilité de tiers, ces derniers, dûment
convoqués, sont invités à intervenir à l'acte de nomination d'experts, à exprimer leurs
éventuelles réserves et à désigner un représentant pour suivre les opérations d'expertise.
Ce dispositif a pour but évident d'accélérer le règlement de manière que, lorsque les
responsabilités seront examinées au fond, il ne puisse y avoir aucune contestation
ultérieure sur le quantum des dommages et donc sur l'importance du recours.
Les assureurs faisant partie de l'APSAD ont élaboré entre eux une convention, non
opposable aux tiers, prévoyant un calendrier précis et des mesures coercitives en cas de
non-respect de ladite convention.
Les opérations d'expertise se déroulent dans un cadre amiable même si les experts
missionnés par les deux parties ne trouvaient pas de terrain d'entente.
Dans ce cas, l'article 13 des conditions générales incendie prévoit : "Si les experts ainsi
désignés ne sont pas d'accord, ils s'adjoignent un troisième expert. Les trois experts
opèrent en commun et à la majorité des voix".
" Faute par l'une des parties de nommer son expert, ou par les deux experts de s'entendre
sur le choix du troisième, la désignation est effectuée par le président du tribunal de
grande instance ou du tribunal dans le ressort duquel le sinistre s'est produit. Cette
nomination a lieu sur simple requête de la partie la plus diligente ".
7 - PROCES-VERBAL DE CLOTURE
La fin des opérations d'expertise est sanctionnée par la rédaction d'un procès-verbal
constatant dans la plupart des cas l'accord des parties sur le montant des dommages (et
non pas sur le montant de l'indemnité).
Mais en tout état de cause, les travaux techniques des experts peuvent servir de base à
l'expert judiciaire éventuellement désigné, et au Tribunal.
8 - SAUVETAGE
L'article 121-14 du code des assurances, relayé par l'article 13 des conditions générales
incendie, précise que l'assuré ne peut faire aucun délaissement des objets garantis,
comme cela se pratique notamment en matière d'assurance maritime.