Colloque Benchmark
Colloque Benchmark
Colloque Benchmark
La LOLF1 du 1er août 2001, qui constitue le point de départ de la réforme comptable de
l’Etat, comprend deux volets :
- La transparence : il s’agit d’appliquer de nouvelles normes comptables pour fournir
aux citoyens, aux parlementaires et aux gestionnaires une information comptable
plus riche et plus lisible car élaborée selon les principes comptables applicables aux
entreprises tout en tenant compte des spécificités de l’Etat.
- La fiabilité : la LOLF s’accompagne de la certification des comptes de l’Etat par la
Cour des comptes à partir de l’exercice 2006. Ainsi, les comptes de l’Etat seront
audités selon les mêmes principes qu’une entreprise et une opinion sera rendue par
la Cour des comptes.
Cette réforme comptable est au cœur de la démarche de performance et de transparence de
la gestion publique, elle contribue aussi à positionner la France au premier plan des
réformes publiques dans le monde. En effet, en faisant le choix de se réformer, la France
s’inscrit dans un mouvement initié par les pays anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, Royaume
Uni…) et lui permet d’exercer une influence notoire sur l’évolution des pratiques comptables.
Pour l’administration, l’existence de ces réformes dans d’autres pays constitue, dans le
cadre de cette réforme complexe et face à l’enjeu de la certification des comptes, une source
d’information très riche pour mener à bien la réforme. Aussi, le Ministère de l’Economie, des
Finances et de l’Industrie (MINEFI) s’est engagé dans un processus de comparaison
internationale (« benchmark ») afin de mettre en évidence les bonnes pratiques mises en
œuvre par d’autres pays sur des réformes similaires, de recenser les difficultés et de mieux
comprendre la méthodologie du certificateur appliquée à un Etat.
La méthodologie de réalisation du
benchmark s’est fondée tout d’abord
sur une recherche puis une analyse
de la documentation existante sur les
réformes en cours au sein de ces
entités.
1
Loi Organique relative aux Lois de Finances
Tendances
Dans la plupart des pays du benchmark, on constate une tendance à déployer des moyens
importants pour améliorer la gouvernance, notamment au travers du renforcement du
contrôle interne. Le contrôle interne peut être défini comme un processus permanent destiné
à maîtriser les risques, notamment ceux qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité
comptable. Il doit contribuer à donner une assurance raisonnable sur la sincérité et l’image
fidèle des comptes.
Les pays du benchmark ont compris les enjeux du contrôle interne et en conséquence, ils se
sont dotés d’outils de contrôle interne inspirés du référentiel COSO2 (formalisation du
contrôle interne via des guides et manuels comptables, réalisation de dossiers de contrôle
interne, de dossiers de clôture…). Les Cours des comptes, déployant une méthodologie
d’audit fondée sur les risques, accordent aussi une grande importance au contrôle interne
dans le cadre de la certification des comptes.
Espagne.
Non
2
COSO : The Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission
Æ Commission européenne
Avec la publication du livre blanc, la Commission européenne s’est, ces dernières années,
beaucoup investie dans le développement du contrôle interne au sein des Directions
Générales. Le contrôle interne est décliné pour tous les processus et activités des DG et
s’inscrit dans une démarche d’amélioration constante. Il convient de souligner que l’analyse
préalable des risques constitue une étape indispensable de la démarche. Dans le cadre de
l’analyse des risques, on y distingue cinq grandes catégories de risques : environnement
externe, planification processus et systèmes, ressources humaines et organisation, légalité
et régularité, information et communication.
Sur le plan du contrôle interne comptable, la Commission européenne s’est engagée dans
un projet de réforme des procédures et d’adaptation de son organisation comptable aux
nouvelles exigences de la comptabilité en droits constatés. Ceci s’est traduit par exemple par
la création de « correspondants comptables », véritables supports dans les DG pour la
compréhension des normes comptables et par la mise en place d’outils du contrôle interne
(registre des risques, dossier de clôture, dossier de révision…).
Tendances
La vérification du bon usage par les entités gouvernementales des deniers publics est
aujourd’hui complétée par une vision plus financière. Le rôle important de l’Etat et de son
intervention dans la sphère économique (émission d’obligations, de bons du Trésor,
ouverture sur les marchés financiers très internationalisés, ingénierie financière,
augmentation de la dette, etc.) ont entraîné ces dernières années une demande croissante
de transparence des finances publiques de la part des décideurs économiques, du
Parlement et des citoyens. Elle permet aux décideurs (politiques, gestionnaires) de fonder
leurs choix sur une information comptable certifiée.
Æ Royaume-Uni
La Cour des comptes britannique (National Audit Office) a offert un soutien systématique au
Gouvernement, dès lors que des questions comptables étaient à l’étude. Le NAO fut en effet
impliqué tout au long du processus de réforme comptable. Il a en particulier travaillé en
collaboration avec le Trésor pour suivre les progrès faits par chaque « département » central
(équivalent en France des ministères).
Dans son rapport intitulé « Models of Public Budgeting and Accounting Reform », l’OCDE
précise que le support du NAO a été indispensable au passage réussi vers la comptabilité en
droits constatés. Le NAO a certifié les comptes dès la première année de certification, tout
en émettant des réserves sur la régularité de certains comptes.
Tendances
Les services gouvernementaux d’audit interne participent de façon grandissante à la maîtrise
de la qualité comptable. Dans le respect de leur indépendance, leur rôle est de participer à
l’efficacité du dispositif de contrôle interne en évaluant de manière régulière la qualité
comptable et en proposant systématiquement des recommandations sur l’amélioration du
dispositif. Cette évolution fait écho aux bonnes pratiques de gouvernance existantes au sein
du secteur public.
Outre le fait de concourir à assurer une bonne gouvernance, l’audit interne constitue aussi
un support au certificateur dans la réalisation de ses audits annuels et dans l’émission de
son opinion. Cependant, l’exploitation par les Cours des comptes des travaux de l’audit
interne, autorisée par les normes d’audit internationales, n’est réalisable que si les services
d’audit répondent à certains critères de qualité.
Tendances
La mise en place des droits constatés dans les Etats constitue un projet de grande ampleur
qui s’étale sur plusieurs années, étant donné le périmètre de la réforme et les spécificités de
l’activité des Etats. Si le contrôle interne, l’audit interne et le dialogue avec le certificateur
constituent des facteurs clés de succès, la plupart des Etats du benchmark présentent une
certification avec réserve. Les principales difficultés rencontrées sont les suivantes :
- La correcte comptabilisation des actifs militaires (inventaire et valorisation). Le
Canada, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France et l’Australie sont ou ont été
confrontés à ce problème. En Australie, des incertitudes quant à la correcte
comptabilisation des actifs du ministère de la Défense ont généré des réserves sur
l’exercice 2002/2003. La correcte comptabilisation des actifs militaires, complexe, se
fait généralement dans le cadre d’une trajectoire pluriannuelle.
- Les faiblesses de la piste d’audit et notamment le manque de traçabilité. Ceci est
naturellement lié au périmètre large des activités d’un Etat entraînant l’existence de
multiples applications informatiques. Par conséquent, la réforme comptable conduit
généralement à moyen terme à la mise en œuvre d’un PGI.
- Les systèmes informatiques utilisés au sein des ministères sont en effet souvent
antérieurs à la réforme comptable et ne sont donc pas nécessairement tous conçus
pour prendre en compte les nouvelles informations requises par la comptabilité en
droits constatés. L’adoption de la comptabilité en droits constatés s’est donc
généralement accompagnée par une évolution des systèmes d’information des Etats
et organisations. Là aussi, des trajectoires sont fréquentes dans le déploiement de
nouveaux systèmes d’information plus intégrés.
1990 1990
Etats Unis Nouvelle
Zélande
Royaume Uni
1995 1995
Australie
Etats Unis
Refus de
certification Nouvelle
Canada Zélande Certification
sans réserve
2000 Royaume Uni 2000
Certification
France avec réserves
Australie
U.E
Certification Canada
avec réserves Certification
sans réserve
Æ Australie
Le gouvernement australien a effectué un effort d’investissement significatif dans les
systèmes d’information en 2002-2003, à hauteur de 3,1 milliards de dollars australiens, soit
environ 7% des dépenses opérationnelles de l’ensemble du gouvernement et 1,1 milliard de
dollars d’investissement. Cette introduction de nouvelles technologies a certes accru la
complexité et engendré de substantiels coûts et des risques supplémentaires lors de
l’implantation des systèmes. Mais elle a pu fournir le cadre pour une productivité, une qualité
de service en hausse et une amélioration de la dimension comptable. Cet effort
d’investissement s’est donc accompagné, pour être réellement efficace et prévenir les
défauts potentiels, d’un développement parallèle des procédures de contrôles des systèmes
d’informations.
Tendances
Les ISC assumant un nouveau rôle de certificateur complémentaire de leur mission de
vérification des comptes, elles ont naturellement été amenées à adopter des méthodologies
d’audit comptable et financier proches de celles existantes pour le secteur privé. C’est
pourquoi on constate la généralisation de l’adoption des normes ISA (secteur privé) et
INTOSAI (secteur public).
Normes locales
basées sur les
normes ISA
La convergence de l’approche d’audit des Cours des comptes vers une démarche quasi
analogue à celle utilisée par les auditeurs externes du secteur privé est illustrée par les
évolutions suivantes :
- La généralisation de l’approche par les risques ;
- La préparation de la mission avec la définition préalable de la stratégie d’audit. Cette
phase est l’occasion de découper les activités de l’Etat par ministère et par cycle et
de déterminer le seuil de signification ;
- L’évaluation du contrôle interne dans une phase intérimaire. Cette étape permet à
l’auditeur de s’assurer de la couverture des risques et d’adapter la stratégie d’audit
(en cas de faiblesse du contrôle interne, utilisation de tests de détail);
- La prise en compte des travaux de l’audit interne. A l’instar du secteur privé, les
travaux de l’audit interne doivent remplir certains critères (existence, qualité, etc.)
pour être pris en compte, et l’auditeur peut ponctuellement avoir recours à des
expertises spécifiques (systèmes d’information, évaluation de certaines provisions) ;
- L’adoption d’un processus de communication continu avec l’audité afin de faciliter
l’identification anticipée des risques.