1810 Soler

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

ARNOLDO SOLER

CHARGE DAFFAIRES DESPAGNE A TUNIS

ET SA CORRESPONDANCE 1808 1810


(pp. 43-44) Au Prsident de la Junte Suprme de gouvernement Madrid Tunis, le 9 octobre 1808. Soler suppose que le Prsident a reu quelques-unes des lettres qu'il a adresses, par des voles diffrentes, Mahon, Marseille, Alicante, don Pedro Cevallos. J'attends, dit-il, de nouveaux ordres. J'ai fait connatre au Ministre d'Etat que le corsaire espagnol Il Buen Vassalo, arm Mahon, command par le patron Francesco de la Torre, a pris et conduit Sfax, port de la Rgence, les embarcations suivantes : La tartane anglaise Oloferna,capture le 28 juin; Une autre tartane anglaise capture le 2 juillet, sans son quipage, ni ses dpches; Un brigantin anglais, le Galateo, pris le 3; Une bombarde anglaise, le Calipso, prise le 4; Le dit corsaire espagnol tant de nouveau sorti a pris, conjointement avec un corsaire franais, deux bateaux portant pavillon de Jrusalem, destination de Malte. J'ai aussi donn avis qu'une autre polacre, portant pavillon de Jrusalem, prise le 27 juillet, est arrive, et que le corsaire espagnol El San Sbastian, arm Mahon, command par le patron Miguel Soliveras, a galement conduit Tunis une bombarde sarde qui fut prise le 18 du mme mois, la sortie de Malte. Conformment aux intentions du Gouvernement et en accomplissement des obligations qui m'incombent, j'ai remis copie des dpches trouves sur ces prises, en demandant des ordres prcis sur la conduite observer en pareille circonstance avec des barques neutres. p44 Tandis que l'on procdait, au Consulat, a la vente aux enchres publiques des marchandises qui composaient la cargaison des bateaux anglais capturs que faute de nouvelles politiques je considrais comme ennemis et sujets confiscation, selon les instructions contenues dans vos lettres prcdentes arriva fort propos de Malte une barque anglaise apportant la nouvelle de la suspension des hostilits entre l'Espagne et la Grande-Bretagne. Le consul anglais me communiqua aussitt l'avis qu'il en avait reu et en mme temps rclama les embarcations et les marchandises anglaises prises et conduites ici par les corsaires espagnols. (1) Considrant que sans l'autorisation du gouvernement dont j'ai l'honneur de dpendre je ne devais pas donner de solution cette affaire, je rpondis dans ce sens au consul anglais, en ajoutant que, par prudence, jusqu'au moment o je recevrais les ordres de Votre Excellence, je retiendrais en dpt la cargaison des bateaux anglais, prt toutefois me conformer immdiatement tout ce qui me serait ordonn ce sujet.

Footnotes : (p.44) (1) L'initiative du rapprochement avec l'Angleterre partit de la Junte insurrectionnelle des Asturies. Le 30 mai 1808, deux commissaires de la Junte, don Andres Angel de la Vega et le vicomte de Matarossa, comte deToreno. quittaient Dijon pour Londres. Arrivs & Falmouth le 6 juin, les dputs espagnols se dirigent en poste sur Londres avec un officier de la marine anglaise. Ils ont une entre vue avec le secrtaire de l'amiraut, M. Wellesley Pool, et, un peu plus tard, avec Canning.

Le 12 juin. Canning crit aux dputs : Le roi m'ordonne d'assurer Vos Seigneuries que Sa Majest voit avec le plus vit intrt la dtermination loyale et courageuse de la principaut des Asturies pour soutenir contre l'atroce usurpation de la France une lutte en faveur de la restauration et de l'indpendance de la monarchie espagnole. Sa Majest est galement dispose a accorder toute espce d'appui et d'assistance un soulvement si magnanime et si digne de louange. Le roi m'ordonne de dclarer Vos Seigneuries que Sa Majest est prte a tendre son appui toutes les autres parties de la monarchie espagnole qui se montrer ont animes du mme esprit que les habitants des Asturies. Le 15 juin, s'ouvre au Parlement anglais une discussion a ce sujet. Shridan prononce un discours en faveur des insurgs espagnols. Enfin. le 1 juillet, une dclaration solennelle de S. M. Britannique rtablit entre l'Espagne et lAngleterre l'antique alliance. Cest cette dclaration dont le consul anglais Tunis donne avis Soler. Le trait de paix et d'alliance fut sign le 9 Janvier 1809. En vertude cet acte diplomatique, l'Angleterre s'engageait assister les Espagnols de tout son pouvoir et ne reconnatre d'autre roi d'Espagne et des Indes que Ferdinand VII et ses lgitimes hritiers et successeurs reconnus par la nation espagnole. Elle s'engageait en outre fournir des subsides l'Espagne pendant la dure de la guerre. V. Toreno: Op.cit., t.I, p.183-186, et tout particulirement t. II, p. 276-277.

(pp. 46-48) Au Prsident de la Junte Suprme Tunis, le 9 octobre 1808. Le systme invariable de ce gouvernement, de s'emparer des richesses que, par tolrance, il laisse s'accumuler entre les mains de quelques personnes, lui suggre des moyens infaillibles pour raliser ses projets de manire a conserver quelque apparence de droit. Un des moyens les plus efficaces est celui relatif aux revenus des douanes de la Rgence. Sous prtexte de favoriser quelques riches particuliers, le bey leur cde les douanes moyennant un prix annuel qui n'est pas moindre de 250.000 piastres, (2) en basant ses calculs sur ce que peuvent donner les entres, d'aprs les apparences de l'tat politique de l'Europe. C'est ainsi que pendant trois annes, jusqu'au mois de septembre dernier, le cad de Sfax, Mohamed Djellouli, sujet distingue que le bey ne perd pas de vue, a t le douanier. L'interruption du trafic des places de Marseille (3) et de Livourne (4) avec la Rgence a rduit p47 presque rien les droits perus l'importation pendant les annes passes, de sorte que le douanier a support des pertes considrables de ce seul chef.
Footnotes (p. 46) : (1) Hadji Youns ben Youns tait un notaire tunisien, homme de confiance du garde des sceaux,mais non garde des sceaux lui-mme, comme le dit M. Plantet : op. cit., t. III, p.481. (2) Soit 150,000 francs, la piastre tunisienne valant 0 fr.60. (3) Cette interruption tait la consquence de la rigueur avec laquelle taient appliqus les dcrets relatifs au blocus continental. Le consul de France fait connatre au ministre Champagny par une lettre en date du 17 juin 1808 que les sujets du bey sont disposs reprendre leurs relations avec Marseille sitt qu'ils cesseront de craindre la confiscation laquelle ils taient exposs par la visite d'un corsaire anglais. Il demande donc une modification sur ce point au dcret imprial du 17 dcembre.(Plantet : Corr. Beys Tunis, t. III, p. 174,177,181 etc.) (4) Livourne tant aux mains de la France, la situation tait donc identiquement mme. Le commerce tunisien en souffrait beaucoup, car depuis de longues annes les relations commerciales entre ce port et la Rgence taient fort dveloppes. (Voir Paul MASSON : Histoire des Etablissements et du Commerce franais dont l'Afrique Barbaresque (1560-1793), p.9l.)

Prvoyant qu'il allait se ruiner, il refusa au bey de prendre dsormais sa charge ce fermage, allguant pour motif la cessation du commerce d'importation et, en outre, le prjudice subi du fait de ne pas percevoir les droits qui taient auparavant obligatoirement pays par les sujets toscans, gnois et les Grecs des Sept Iles (1) qui maintenant prtendent acquitter le 3% comme sujets franais (2). Le bey, se voyant dans l'obligation de se charger de percevoir les revenus de la douane, a song aussitt aux moyens dont il pourrait user pour ne pas avoir a souffrir dans ses intrts. Le premier a t de dclarer au consul de France qu'il ne pouvait pas reconnatre comme sujets franais les Grecs des Sept- Iles et que ceux-ci paieraient les droits de douane comme les sujets du Grand Seigneur, c'est--dire comme les Tunisiens. Le second moyen, qui porte prjudice tout le monde, fut d'annuler l'ancien tarif. (3) Les p48 consuls d'Angleterre et de France lui ont fait observer qu'ils n'avaient pas qualit pour consentir une pareille innovation et qu'ils devaient attendre les ordres de leur gouvernement respectif. Le bey a rpondu qu'il ne contreviendrait aucun article des traits de paix et qu'on ne percevrait pas plus que le droit tabli, savoir 3% sur les Europens, mais valu sur la valeur

courante qu'avaient aujourd'hui les marchandises et non en se conformant au tarif ancien, dont les prix fixs pour chaque sorte taient extrmement infrieurs aux prix actuels, ce qui causait une perte injuste au fermier des douanes.

Footnotes : (p47) (1) Les iles Ioniennes. (2) Lettre du consul Dvoize au comte de Champagny. Tunis, 23 octobre 1807. Dvoize rsiste a la prtention du bey et de son grand douanier de faire payer 10% de droits aux importations de Gnes. Les Gnois sont devenus Franais et ne doivent payer que 3%. (Plantet : Op.cit., t. III, p. 172.) Le Ministre l'approuve dans l'affaire des droits de douane imposs aux Gnois. (Plantet: Op.cit., t. III, p. 173.) Peu aprs le douanier se dsiste de sa prtention de percevoir un droit de 10% sur les marchandises provenant de la rivire de Gnes.(Plantet. Op.cit., t. III, p. 176.) Cest alors qu'il avise le bey de son refus de prendre les douanes ferme et que celui-ci se voit oblig de les faire rgir pour son compte. (3) Ce tarif avait t arrt le 7 fvrier 1753. Il fut augment dans une proportion qu'indique le tableau ci-dessous : Marchandises Cafe Sucre Girofle Cochenille Draps londrins Fil Fer en barres Laines dEspagne Mouchoirs de soie Noix muscades Papiers gris, 12 rames Sucre en pain Salsepareille Safran Souffre en canon Tartre Verdet Vermillion Plantet: Op.cit., t. III, p. 177-178. Prix de lancien tarif 50 piastres le quintal 28 100 12 la livre 75 la pice 200 12 le quintal 180 128 la douzaine 5 la livre 20 358 le quintal 1 p. la livre 10 piastres 7 le quintal 14 100 320 Prix actuel du Bazar servant au nouveau tarif 200 piastres le quintal 100 600 45 225 600 30 500 21 14 50 115 5 40 15 40 400 900 -

Et c'est ainsi qu'a t effectu le changement de tarif,et, en attendant, que l'on s'en accommode ou non, ds ordres ont t donns pour que les droits d'importation dans la Rgence soient perus de cette faon. Etant donne la teneur de l'article 23 de notre trait de paix, (1) stipulant que les Espagnols devront payer les mmes droits que les Franais ou que la nation la plus favorise Tunis, j'ai cru qu'il ne m'appartenait pas de protester ou de prendre parti dans la discussion ce sujet que le bey a eue avec les consuls ci-dessus dsigns. Je me borne a vous faire connatre les intentions du bey et la faon dont elles sont dj excutes, vous priant de m'adresser ds ordres sur la conduite a tenir en pareille occurrence.

Footnotes : (p48) Ce trait fut sign entre l'Espagne et la Tunisie en janvier 1791. L'article 23 dit... Les Espagnols pareront, a Tunis, pour les objets qu'ils tirent d'Espagne, les mmes droits que pareront les Franais, avec la distinction entre les marchandises d'Espagne qui seront introduites sur des navires espagnols, pour lesquelles on devra payer autant de pour cent de droit de douane qui se payent par les marchands franais quand ils importent des objets qui ne sont pas de France. De mme on devra payer comme font les Franais pour les marchandises qui ne sont pas dEspagne et seraient importes sur des navires d'une autre nation.(Rousseau: Annales Tunisiennes, p. 473) Sur les conditions dans les quelles ce trait fut sign par l'Espagne, qui fit cette occasion un don de 230,000 piastres fortes au bey, voir Plantet : Op. cit. t. III, p. 167 et 177.

(pp. 50-51) A don Pedro Cevallos Tunis, le 15 novembre 1808. J'ai reu une lettre du consul gnral de Sa Majest dans la Rgence deTripoli de-Berbrie, relative au brigantin Messaoud, portant pavillon du bey, pris et conduit Sfax par le corsaire espagnol Il Buen Vasallo, patron Franceseo de la Torre, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dire dans ma lettre du 12 juillet dernier. Voici le contenu de la lettre de Tripoli : Comme suite votre, lettre du 20 juillet dernier, contenant les arrts et condamnations du brigantin, sous pavillon et passeport tripolitain, pris par p51 un de nos corsaires, et en vertu de ce dont vous me faisiez part, j'ai annonc au bey que le vrai propritaire l'avait tromp, qu'il n'avait pas ses papiers en rgle, que vous l'aviez dcouvert depuis, que vous en aviez fait la preuve par la dclaration mme du capitaine et des marins maltais qui taient bord et, en outre, par tous les documents que vous y avez rencontrs. Le rsultat fut une juste condamnation comme bonne prise. Ce prince ne laissa pas de reconnatre la vrit du fait et, comme consquence, voulut que tout se terminal tranquillement puisque tout s'tait rgulirement pass. Je pense que vous avez donn connaissance de ce fait notre chef, auquel j'ai aussi expliqu pourquoi j'avais donn ce brigantin une patente et un certificat.

ARNOLDO SOLER CHARGE DAFFAIRES DESPAGNE A TUNIS ET SA CORRESPONDANCE 1808 1810 THESE POUR LE DOCTORAT PRESENTEE A LA FACULTE DES LETTRES DE PARIS PAR GASTON LOTH TUNIS SOCIETE ANONYME DE LIMPRIMERIE RAPIDE 1905 Retrieved on March 3, 2010, from http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58084565

Vous aimerez peut-être aussi