Question de Orient
Question de Orient
Question de Orient
]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France
Monicault, Gaston de. Universit de Paris. Facult de droit. La Question d'Orient, le trait de Paris et ses suites (1856-1871). Thse pour le doctorat... par Gaston de Monicault,.... 1898.
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aux opinions improbation thses ; ces opinions doivent tre leurs auteurs. comme propres
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TOULLIEH, 13
1898
INTRODUCTION
THORIE
JURIDIQUE
DE
L'INTERVENTION
La souverainet tervention
est un attribut
Le porte leur souverainet. seul rapprochement de ces deux principes, en apparence absolument contradictoires, fait pressentir toutes les difficults de la thorie de l'intervention. (1) La question est, en effet, une des plus ardues et des et l'on comprendra plus discutes du droit international; aisment qu'elle ne saurait tre traite dans une introduction de quelques pages. Nous tenons cependant, dans l'histoire avant d'en l'application en rsumer les casuivre
de l'Empire Ottoman, ractres gnraux, et donner un aperu des diffrentes formes qu'elle peut revtir, et qui toutes, ont trouv place dans les rapports de l'Europe avec la Turquie. L'intervention faires intrieures
d'un tat dans les afc'est l'ingrence ou extrieures d'un autre tat. Elle ne
cf. Tanoviceano. de l'intervention, (1) Sur la thorie gnrale RolinDe l'intervention au point de vue du droit international. (Revue de droit Jacquemin. Note sur la thorie du droit d'intervention Nouvel expos international, anne 1876, p. 673). Carnazza-Amari. de non-intervention. du principe 1873). (Revue de droit international, De Floeekher. en droit international. De l'intervention de droit Cf. aussi les Traits gnraux Kebedgy. De l'intervention. international. M. 1
INTRODUCTION
doivent titre donc apparatre qui d'exceptions qu' troite. une interprtation recevoir toujours dcoule La plus importante sonl ces exceptions? Quelles do chaque tat, du droit de conservation qui sert de saurait limite pour au droit de souverainet du droit des autres tats. En effet, les personnes la libert dividus, limites dans le des gens, comme pour les inentire n'est de chacun que dans les celle d'autrui. o elle ne porte pas atteinte Et, comme a le droit, cas de lgitime dfense, l'tat sa scuncessaires les mesures de prendre ainsi tre librale mis sur en la
qu'un de modifier
pourrait trop
socits scurit
ce principe condamnerons,
des puissances d'araprs 1815, o, sous le prtexte rter le flot menaant de la rvolution, les gouvernements monarchiques sur leur trne l'tre. L'intervention Portugal, de comme en de la France de l'Autriche d'autant en Espagne, de l'Angleterre en Italie, doit tre regarplus que les souverains, s'taient coaliss pour maintenir et rtablir de les souverains ou en danger
dpossds
se trouvaient dans la ncessit de par cela faire appel l'tranger, ne pouvaient plus se considrer comme reprsentant la totalit ni mme peut-tre la made leurs sujets. jorit Si nous Alliance, raisons, n'admettons pas l'intervention de la Saintenous n'admettons l'intervention pas davantage, etpour les mmes des peuples en vue de substituer
INTRODUCTION
le rgime constitutionnel elle despotique. Qu'une c'est son nation, droit; en mais effet,
une
monarchie
absolue,
ft-
renverse
qu'un
de l'tranger, l'appui imposer nouveau c'est un acte blmable au plus gouvernement, haut degr et que le droit doit formellement rprouver. L'Angleterre politique, telreagh, si les restait donc dans les limites d'une
un
saine
dclarait lorsqu'elle par la bouche de lord Casnote du 19 janvier dans la fameuse 1821 : que dans un volutions politiques qui se produisent crer ce n'est un droit d'intervention en faveur des qu' la double condition que la scuessentiels de ces tats soient rellement srieuse autres disait-il, paroles que pas et qu'il existe une nces-
et les intrts
manire
sit imprieuse et urgente. encore Nous devons de lord la lutte Castelreagh et l'agitation
dpasseraient
n'y destine
et quitable, et il et t souhaiter commencer par le gouverneque les gouvernements, rests fidles. ment anglais, Mais, en dpit de y fussent interds 1826,l'Angleterre ces dclarations de principe, vint en Portugal et, en 1834, elle fit partie avec la France, doctrine dont le d'une quadruple et le Portugal, alliance, l'Espagne sous de don Carlos et de don Miguel, but tait l'expulsion la paix gnrale. de maintenir le prtexte de dire que certains de ce que nous venons Il rsulte
INTRODUCTION
dans la
fameuse
dclaration
du
le Prsident Monro, justifis. En ce qui concerne, disait les affaires des colonies que les puissances europennes possdent encore en Amrique, nous ne sommes pas intertervenus et nous n'interviendrons pas. Mais quant aux gouqui ont proclam leur indpendance et la mainaprs tiennent, et dont nous avons reconnu l'mancipation de mres rflexions, et d'aprs les principes de la justice, d'un pouvoir nous ne pourrions envisager l'intervention vernements europen quelconque, contrler en aucune la manifestation Unis. quoique ce point soit trs controvers, d'autrui, c'est, que s'opposer par la force l'intervention dans bien des cas, intervenir soi-mme. Nous pensons, les interventions justifie-t-il motives, sur l'intrt de l'quilibre si souvent invoqu dans la politique europenne des sicles passs ? D'aprs les principes mmes que nous venons d'indiSi l'agranquer, nous pouvons rpondre cette question: dissement d'un Etat porte positivement, et directement atteinte aux droits d'un autre Etat ; s'il constitue pour celui-ci un danger rel et certain, l'intervention est juste; mais, par contre, nous ne saurions admettre une intervention motive sur le danger ventuel natre qui pourrait d'armements excessifs, par exemple. On pourrait seulement, dans ce cas, demander des explications. Si la rponse n'tait pas satisfaisante, l'tat ls pourrait, il est vrai, tre Le droit de conservation ou de dans le but de les opprimer manire leur destine, que comme hostiles envers les Etatsd'intentions
INTRODUCTION
amen
dans
la
lgislation
mmes conditions, l'intervention lss dans leurs droits. Donc l'intervention est un droit
s'agit de mettre fin un tat de choses dangereux pour l'intervenant luimme. L'intervention est encore un droit lorsqu'elle est lorsqu'il tablie par des traits. Les cas n'en sont pas rares, et il existe actuellement de ce chef tout un ensemble de rgles juridiques spciales aux affaires ottomanes. C'est ainsi que les trois puissances protectrices du nouveau royaume de Grce, et les grandes puissances garantes de l'indpendance et de l'intgrit de l'Empire Ottoman, ont dans les affaires intrieures acquis des droits importants de ces deux pays. Ce comme dans les relations intrieures sont l des traits dtail. Aux deux causes d'intervention quer, nous en ajouterons manit. que nous venons d'indiune troisime : la raison d'hude garantie ; nous y reviendrons en
Mme lorsque les intrts d'un Etat ne sont pas directement atteints par les cruauts ou la barbarie d'un gouvernous ne saurions refuser aux autres nement despotique, pour mettre fin des actes inhumains, et cela quel que soit le gouvernement qui les ait commis, qu'il soit ou non rang dans la catgorie des nations dites civilises ; car, si nous ne pouvons pas dans les affaires d'une nation sous admettre l'intervention Etats le droit d'intervenir le seul prtexte qu'elle n'est pas civilise, pas non plus refuser le droit d'intervenir nous ne pouvons dans les affaires
INTRODUCTION
d'une
nation
civilise
qui
se rendrait
coupable
d'actes
de
ose aujourd'hui pas que personne sans cesse redes affreux massacres, Turc, que l'on doive y assister en
a t sous prtexte que la Turquie impassibles spectateurs admise participer aux avantages du Concert Europen. de cette tude l'applidans le courant Nous trouverons de juset si nous nous empressons cation de ce principe, tifier par avance les interventions qui eurent lieu en Crte croyons d'tre au nous ou en Syrie, au nom des droits de l'humanit, aussi que l'on ne peut que blmer les puissances intervenues moment d'une des rcents manire si hsitante d'Armnie. dj Grotius, de Thrace Diomde tre condamns disait et si massacres
faible
ces sujets opprims ne sont par toute personne quitable, des lois de la socit humaine. pas exclus de la protection tous les auteurs modernes se sont d'ailleurs Presque rangs cette opinion. En rsum, pour nous, l'intervention est un droit s'il y a danger positif et immdiat; s'il y a un trait, et enfin s'il des lois lmentaires de l'humanit. y a eu violation En dehors de ces circonstances, tre troiqui doivent tement interprtes, le principe de non-intervention reste entier et ne doit jamais tre enfreint; la guerre civile, pas de religion, plus que les questions n'excuseraient l'ingrence des puissances. Htons-nous nimement dire qu'il n'est pas unad'ajouter que cette opinion admise. Il s'en faut de beaucoup ; et l'on peut y a sur cette pineuse matire autant d'opinions
INTRODUCTION
diffrentes
Les uns, trs larges dans leur que d'auteurs. admettent une foule de circonstances justiapprciation, ficatives de ce droit; les autres, vrai dire le plus grand nombre, trs stricts, on principe, sont obligs d'admettre des circonstances si nombreuses chez exceptionnelles, quelques-uns qu'elles annihilent le principe. Tels sont, d'aprs nous, les motifs qui peuvent justifier l'intervention et ce sont les seuls. il en Mais souvent lorsqu'un tat aura le droit d'intervenir, aura aussi le devoir. Et c'est pourquoi nous pourrons nous dans la suite, djuger avec sArrit les Puispermettre, sances qui, aprs tre intervenues en faveur d'opprims, et aprs avoir provoqu et encourag les vellits d'indpendance des nations de l'Empire Ottoman, ont abandonn se les uns et les autres, lorsque leurs intrts politiques sont trouvs en contradiction avec leurs devoirs juri^ diques. Il nous reste signaler les diffrentes tervention est susceptible de revtir. L'intervention formes que l'in-
ou arme : l'une peut tre diplomatique ne sera le plus souvent que ]e prlude de l'autre. A un autre point de vue, l'intervention peut tre individuelle ou collective. Cette seconde manire offre de plus isolEn effet, l'tat qui intervient grandes garanties. mont, le fait souvent avec un but intress, et se trouve naturellement port abuser de sa situation ; au contraire, les rivalits et les jalousies, fatales entre co-intervenants, sont une garantie de la modration et du dsintressement les uns des de ceux-ci, qui le plus souvent, exigeront autres un protocole de dsintressement. a presque Nous verrons que l'intervention depuis le milieu toujours t de ce sicle. Quelques auteurs
collective
INTRODUCTION"
mme ne la lgitiment que sous cette forme quand il L'accord des s'agit de la dfense des droits de l'humanit. Puissances est, pensent-ils, la meilleure preuve del ncessit et de la lgitimit de leur ingrence. Nous allons suivre les diffrentes phases de l'intervention des Puissances europennes dans les affaires d'Orient.
paix mencent,
cette
priode nettement spare de la de la guerre turcoprcdente, les troubles prcurseurs russe de 1877. Nous diviserons 1 L'intervention ce travail en quatre parties : avant ; 1853 ;
de l'Europe en Orient 2 Le trait de Paris et ses prliminaires 3 L'excution 4 La raction du trait de Paris ; contre le trait de Paris.
PREMIERE
PARTIE
RSUM
DE
L'HISTOIRE EN
DE ORIENT
DE
L'EUROPE
I. Origines. Dclin Lutte de l'Islam et de la chrtient. de la puissance otto Carlowitz, mane. La question d'Orient. 1699. Belgrade, 1739. Kutehuk-Kanardji, 1774,. Jassy, 1792. Napolon 1er Tilsitt et Erfurth. Bucarest, 1812. et ses projets sur l'Orient. Politique de la Sainte-Alliance.
une lutte dont les conss'engageait quences pouvaient tre fatales la chrtient : un instant, les Arabes mettaient l'Europe en danger. Aprs avoir conquis Au moyen-ge l'Espagne ils furent Martel o ils apportrent une civilisation heureusement arrts Poitiers suprieure, par Charles
se dfendre eux-mmes, ; ils eurent bientt assez contre les nations chrtiennes lors des croisades, fortes, dans l'lan religieux qui les unissait, pour se faire et Jrusalem, des agressives et fonder Constantinople empires et des royaumes latins. de croisade, les luttes entre de l'esprit L'abandon des Turcs se substilatins et orthodoxes, l'hgmonie la l'hgmonie tuant dans l'Islam arabe, aboutirent prise de Constantinople par Mahomet II.
10
PREMIRE
PARTIE
et atteila Hongrie Au xvie sicle, les Turcs envahissent sous le glorieux de leur puissance rl'^nc. gnent l'apoge de Soliman II. Mais alors commena, pour aller toujours ottomane, en s'accenluanl depuis, le dclin de la puissance et le trait de Carlowitz (1699) ouvrit, proprement encore d'Orient telle qu'elle se prsente la question de l'Empire un premier dmembrement en sanctionnant et en conet de la Transylvanie) Turc (perte de la Hongrie l'Aud'un Etat chrtien, le droit d'intervention sacrant triche, enfin, d'assurer Depuis en faveur du Sultan ; des sujets non musulmans et les moyens ce mme Etat le droit des Lieux-Saints. Visitation parler, nous,
: Pasla Turquie ne cesse de s'affaiblir de la on 1718, l'Autriche une partie sarowitz, acquiert il est A'rai, ces proSerbie et de la Yalachie ; elle rend, vinces nier en 1739, au trait triomphe et passager Le trait de de Belgrade, de l'empire mais c'est un (1). derde Mahomet la
immixtion d'Orient. La
de la y reconnaissait l'indpendance aux Russes la libre navigation Crime et ouvrait del mer Noire. La Moldavie et la Yalachie taient vacues par les ; mais il tait consenti que, suivant les troupes moscovites circonstances o se trouveront les Principauts et leurs les ministres et la cour de Russie puissent souverains, parler en leur faveur, et la Turquie leur promet d'avoir
de Belgrade, d'une part entre la Turquie et et entre la Turquie et la Russie, d'autre part, a t l'Autriche-Hongrie, et avec la garantie du Roi trs chrtien . sign sous la mdiation Parmi les raisons qui ont dcid la France accepter le rle de mdiatrice, nous trouvons invoque la raison de l'quilibre.
(1) Le double
trait
INTERVENTION'
DE L'EUROPE
EN ORIENT
AVANT
1853
11
gard
leurs
pour
les
Princi-
et invoqu encore, plus important des Lieux-Saints qui suscita la guerre la Russie lo droit de remontrance en chrtienne do ses glises. La constamment la religion et
promet de protger chrtienne et ses glises, et aussi elle permet aux ministres de la Cour impriale de Russie de faire dans toutes les occasions velle vent, faites sine des reprsentations tant en faveur de la nouglise Constantinople que pour ceux qui la desserde les prendre en considration, comme promettant d'une puissance voi-
Porte
Depuis la paix de Kanardji (2), la Russie a t l'oracle des ngociations suivies diplomatiques prs de la Porto, l'arbitre de la paix ou de la guerre, l'me des affaires les de l'Empire. plus importantes Le trait de Jassy (1792) une partie de la Bessarabie, et le Dniester Ds lors qui devint la question assura la Russie enclav la Crime, le Bug
le pays la frontire
entre
d'Orient
des deux
Pierre I<' avait (1) Dj, la nouvelle de la paix de Passarowilz, 2 est ainsi conu : Il est libre aux dont l'article obtenu un trait en toute scumarchands des deux nations de voyager et de trafiquer, rit, d'un tat l'autre. Il sera permis aux Russes de faire des pleriet en d'autres lieux saints, sans qu'ils soient assunages Jrusalem aucun tribut ni des (kharadj) jettis, ni Jrusalem, ni ailleurs, russes exactions pcuniaires pour leurs passeports. Les ecclsiastiques de laPorte sur le territoire ne seront point molests. qui s'arrteront Cf. T. La" C'est le modeste point d dpart de prtentions exorbitantes. valle, Histoire (2) Hammer, de l'Empire ottoman, p.. 364. Histoire de la Turquie.
12
'
PREMIRE
PARTIE
le Turc, tion
lment
possdera Constantinople, des la plupart de brement proccupe l'empire possible une telle et c'est pour prvenir occidentales, puissances ou pour en profiter ventualit que celles-ci interviendront sans cesse en Orient. Par leur taient question. le situation plus Aussi, la Russie et l'Autriche gographique, dans cette grave intresses directement l'Emavait soumis ds 1787, Catherine
amiable de l Turquie. pereur Joseph II un projet de partage sous le nom Le fond de ce projet, dsign dans l'histoire de l'ancien tait la restauration de projet Empire grec, on de Catherine sous le sceptre du petit-fils auquel le nom de Constantin avait donn avec prmditation (1). Ier devait reprendre avec la Russie le projet Napolon Grec de dmembrement, quitte faire entre temps de la Turquie une allie. Pour ruiner plus srement la coalition chercha rompre France yeux pire large et en dtacher du Tsar Ottoman la
la puissance
il la aux
la perspective d'un dmembrement de l'Emdans lequel la Russie pourrait se tailler une ayant chou, de politique la Maison d'Autriche. Il s'allia pousser contre la Russie l'Empereur Ier et Franois avec qui le ainsi
chercha
le
dclar que les couronnes (1) Il tait formellement de l'Empire byzantin ne devaient jamais tre runies. Valachie et la Bessarabie devaient, dans ce projet, autonome.
INTERVENTION
DE L'EUROPE
EN ORIENT
AVANT
1853
13
devait
se trouver
occupe
en Orient
et immobilise
par
consquent Sur
les conseils
au trait
et destitue
sans la permission
manifestes,
de
de l'intde la paix
dans
sans que les troupes Principauts, 22 et 23 du trait de paix (articles turques puissent y rentrer du 7 juillet 1807). Les ngociations pour la paix devront ensuite se poursuivre avec la mdiation de la France qui se de faire cause commune avec la Russie cependant euroen vue de soustraire aux Turcs toutes les provinces et la de l'Empire Ottoman (sauf Constantinople pennes ne donne pas un rsi le travail Roumlie) diplomatique rserve sultat satisfaisant. rservait ainsi l'avenir. Mais le Tsar ne fit par prendre la
et Napolon, les Principauts se vit oblig de les lui d'Espagne, A Erfurth, ; l'un Napolon se rserve et Alexandre l'Occident,
absorb laisser
monde
du le Tsar marche la conqute ; et, sans tarder, dire son comson alli, on pourrait lot que lui abandonne L'alliance faire russe fut phmre, et, pour plice. de toutes la Russie eut besoin face la Grande Arme, l'Orient ses forces rest, 1812 ; elle : de Bucale trait signa avec la Turquie la Yalachie la Moldavie, le Tsar abandonne
14
PREMIERE
PARTIE
et la Serbie.
bouches
du Danube
et
du Danube
de placer l'intgrit de la Turquie proposa pire Ottoman, de toutes les Puissances. Cette ide sous la protection n'tait ne prvalut d'aborder le pas ; l'heure pas venue L'ide oriental. du clbre sera diplomate problme en 1841 et en 1856. et triomphera reprise les Cependant, d'Orient. question leurs intrts voisines puissances L'Angleterre dans la prenaient position et la France, attires par
commerciaux,
puissances l'Italie,
complteront La priode des origines est termine. Aux influences du dehors s'ajoute pour la Turquie le besoin de rformes s'il est possible, Ottoman qui rgnrent, ; et de l'Empire ces causes la question multiples d'Orient surgir les diffrentes au xix" sicle. vont phases de
(i) Pour toute la priode du premier Empire et spcialement pour les cf. le livre de M. Yandal : lexandre ngociations de Tilsitt et Erfurth. et Napiolon 1er.
II.
Priode
de 1821
1829.
Insurrection del Cre. Les nationalits. Indpendance grecque. Attitude L'opinion A.kerdes gouvernements. publique. man, 1820. Londres, 1827. Les trois Puissances. Navarin. 1829. L'intcrventiou tend devenir collective. Andrinoplc,
La Turquie avait ncessit s'en faisait tiennes. toires, Les Turcs mais ne les une le
de rformes, surtout
disons-nous.
La chrterri-
dans les provinces en effet conquis dvastes assimil les fltrissent ils n'ont profit
pas
qu'ils
populations. du nom de
infrieure,
d'eux
est confondue
pour
ils ne pouvaient aux chrsonger l'appliquer ainsi leur et leurs gardent organisation propre de pouvoirs munis trs larges, restreints religieux par les caprices
des sultans. sanglants Les provinces soumises ce rgime, n'attenchrtiennes, daient que le moment de se soulever. La rvolution franaise seulement avait cause surexcit de la les esprits et malgr, odieusement rvaient ou peut-tre ractionnaire de libert. mme de la
Sainte-Alliance, nation
Quand
une
il n'est unie veut la libert, et fermement opprime la Turquie va pas d'obstacles qu'elle ne puisse renverser; 8 du dans le cours xix et, si l'oeuvre sicle; l'apprendre n'est pas aujourd'hui de l'Empire les provinces chrtiennes les puissances qui en doivent peut-tre d'affranchissement plus avance dans ce sont Ottoman, porter le blme.
16
PREMIRE
PARTIE
et Milosch Obrenowitch Djla Serbie avec Karagcorgcs avait conquis quelque indpendance, lorsque le mouvement la Grce rvolutionnaire (1), qui s'y prparait gagna depuis longtemps. des Grecs avaient Si la plupart d'un une autorit qui se contentait et leurs religion les montagnards tions maritimes ottoman. Ds la fin du xvm constitues Porte mes, en sicle, les les Ioniennes avaient t institutions (Klephtes et insulaires subi tribut avec rsignation leur et respectait du moins ni jamais les populale joug accept
libre sous la protection de la rpublique s'taient foret de la Russie. Des socits secrtes qui runissaient un nombre surtout tait d'adhrents 1' htairie de jour en ou socit
Munich
Constantinople (2). les troupes ottomanes de charges d'Ali, Pacha de Janina ayant outrage la Grce entire se soulve. soutiennent Pendevant 1826, les Grecs
europens impassibles (4), une guerre des Ypsilanti, des Botpar l'hrosme Le Sultan avait d appeler son aide
s'taient dj manifests plu(1) Des mouvements rvolutionnaires sieurs reprises en Grce en 1787 notamment et. en 1797. de l'Empire (2) Lavalle. Histoire Ottoman, p. 468. 5 mars 1821. La Jonquire. (3) Proclamation Histoire Ypsilanti, de l'Empire Ottoman, p. 435. (4) La Russie avait bien, ds 1821, demand aux puissances l'autorisation et la charge de marcher contre la Turquie. Par des ngociations habiles Metternich fit reculer la Russie.
INTEItVEXTION
DE L'EUROPE
EN ORIENT AVANT
1853
17
le Pacha d'Egypte Mhmet-Ali et son fils Ibrahim; crass sous le nombre, les Grecs s'adressent une dernire fois Des ngociations sont engages, mais elles l'Europe. avortent toujours ddain du Sultan. devant la mauvaise volont, pleine de
Aprs la mort du Tsar Alexandre Ier (dcembre 1825), Nicolas Ier se dclara prt renoncer la direction exclusive des affaires de la Grce et la perspective du protectorat qui en rsulterait pour lui ; mais il dclarait en mme temps qu'il n'en pouvait tre ainsi de ses diffrends personnels avec la Porte. L'empereur Nicolas n'entendra jamais traiter comme une question europenne une affaire entre lui et cette puissance et touchant la foi des traits et l'honneur de sa couronne fut ralis. Nous allons pouvoir suivre de la Russie d'une part, des puissances vit (2) de l'autre. (1). Ce programme cette double action comme collectile Tsar, le trait
Pour rgler ses propres affaires avec la Turquie, imposa au Sultan aprs une lutte victorieuse, d'Akerman
: la navigation de la mer Noire tait ouverte de Moldavie et de Yalachie la Russie ; les hospodars librement lus ne devaient tre destitus que du consentaient stipuls du Tsar : d'importants privilges pour la Serbie. Quant aux affaires grecques (3), les gouvernements, entrans par l'opinion publique, se dcident enfin intervenir. Le 4 avril, sur les instances de l'Angleterre, qui tement
(1) Lavalle, p. 477. que la Russie (2) Il est remarquer lectivit et agit, comme telle. (3) Cf. de Viel-Castel. Histoire
de cette col-
de la Restauration. M. 2
18
PREMIRE
PARTIE
avait peur de voir la Russie rgler seule la question hellentre nique, un protocole est sign Saint-Ptersbourg, et la Russie, en vertu duquel les deux puisi'Angleterre dans la situasances s'engagent obtenir une amlioration tion de la Grce (1). Le cabinet de Paris demanda que le ft converti en un trait protocole de Saint-Ptersbourg est sign 1827, un trait et, le 6 juillet d'alliance, et la Russie qui Londres (2) par la France, l'Angleterre s'allient pour mettre urt terme un tat de choses pren outre la judiciable leur commerce. Elles invoquent raison d'humanit et ce fait appel formel deux d'entre que la Grce a adress un en faelles. L'intervention
(1) Art. 1 du prot. du 4 avril 1826 : La Grce serait une dpen la Porte un tribut dance de cet empire (turc) fet les Grecs payeraient annuel dont le montant serait de commun accord fix une l'ois pour toutes. Les Grecs seraient exclusivement gouverns par des autorits choisies et nommes par eux-mmes, mais dans la nomination desquelles la Porte aurait une certaine influence. Dans cet tat d choses, les Grecs jouiraient d'une libert publique exclusivement complte de conscience et de commerce et dirigeraient leur gouvernement intrieur. Cf. de Clercq. t. III. du trait du 6 juillet 1827 entre l'Angle(2) Un acte additionnel terre, la France et la Russie polir mettre fin la guerre turco-grecque et faire de la Bulgarie un gouvernement mi-souverain tributaire disait : I. Qu'il serait dclar la Porte que les inconvnients et les maux de l'tat de choses signals dans le trait patent, comme insparables qui subsistait en Orient depuis six ans, imposaient auxpuissanc.es, par la faute de la Porte, la ncessit d prendre des mesures immdiates des Grecs, pour nouer avec eux des relations pour se rapprocher en leur envoyant et recevant d'eux des consuls. II. Que si dans le terme d'un mois la Porte n'acceptait pas l'armistice propos par l'art. 1er du trait patent, ou si les Grecs se refusaient son excution,les Puissances signataires du trait signifieraient la partie rcalcitrante qu'elles s'efforceraient par tous les moyens leur suggreraient de prvenir toute collision, que les circonstances
INTERVENTION
DE L!EUROPE
EN ORIENT
AVANT
1853
10
Grce (1) tait dicte par des considrations de l'ordre le plus lev et le plus resmorales et politiques pectable, conformes en tous points aux saines notions du droit des geris. veur puissances dclarent aussi qu'en cas de rsistance de la Turquie, elles reconnatraient le gouvernement de fait tabli en Grce et au besoin useraient de la force. Le trait de Londres tait le dernier coup port l'oeuvre de la Sainte-Alliance, qui avait tout d'abord considr les Grecs comme des sujets rebelles, en rvolte contre leur lgitime souverain. avait jou un rle effac dans toutes ces nHsitant entre l'opinion gociations. publique qui aurait voulu soutenir les Grecs et la crainte de la Russie qui le portait les combattre de peur de les voir devenir des clients L'Autriche dvous de l'empire Metternich dclarait que moscovite, l'insurrection grecque a t l'incident le plus dsagrable de tout son ministre question d'Orient indcise. L'entente (2). Pendant tout cet pisode de la la politique autrichienne est flottante et puissances amena un blocus pciLes trois
de la
des trois
elles transmettraient des instructions immdiatement aux dispositions du trait, aux amiraux comventuelles, conformes mandant leurs escadres respectives dans les mers du Levant. III. Enfin si l'un des contendants ou mme tous les deux ne voulaient pas adhrer aux propositions de ce trait, les trois cours con tractantes ne poursuivraient pas moins leur oeuvre de pacification. Saripolos, 1879). (1) Calvo. (2) Lger. La question Trait Histoire grco-turque international. (Revue de droit international,
prendre
part
aux hostilits
entre
con-
de droit
d'Autriche-Hongrie.
20
PREMIRE
PARTIE
de cir un concours la More ctes de des et, par fique (1) de Navarin. la bataille involontaire constances imprvues, le de Navarin, malentendu le dplorable Aprs sainte. Le but la guerre Sultan appella les Musulmans est d'anantir disait la proclamation des infidles, turque, et de fouler aux pieds la nation musulmane. l'Islamisme Que tous les fidles sachent que le combat est un devoir pour guerre, Grecs. nous (2). La entreprit Russie en rpondit pour son compte, les trois dclarant non pour la les
qu'elle
russo-turque, continuent
en More et le protoLe gnral Maison dbarque du 16 novembre 1828 met la More et les cole de Londres
des trois puissances, sous la garantie provisoire comme une agression contre elles-mmes, qui regarderaient dans ces pays (3). l'entre d'une force militaire quelconque Cyclades Pendant victoires La paix Russie, ce temps et bienttla les armes russes poursuivaient leurs paix tait signe Andrinople (1829). attribue les bouches du Danube la aux navires des escadres russes,
d'Akerman
en ce qui concerne les est indpendante avec un prince fur russes, troupes et mesure des paiements la Macdoine et Les
se retirer
indemnit
de guerre l'pire,
de 125.000.000. la Thessalie,
Malheureusement
la France et la Russie n'avaient pas dclar la guerre (1) L'Autriche, au sultan. Le blocus avait pour but d'empcher les communications par mer entre les Turcs et l'arme d'Ibrahim-Pacha, alors en More. (2) La Jonquire, p. 462. (3) Cf. de Clercq, t, III, p. 508.
INTERVENTION
DE L'EUROPE
EN
ORIENT
AVANT
1853
21
les les (1) taient laisses la Turquie. C'tait une lourde faute qui, bien des reprises, et de nos jours a encore, amen dans les provinces des Balkans et Candie des soulvements et par suite Cette pacification, pennes. plie le plus clatant que la obtenir en Orient. La politique (2) port ses fruits. hautaine de grandes difficults eurodit Debidour, tait le triomRussie pt cette poque avait
et rsolue
de Nicolas
Par la perte de la Moldavie, de la Valachio et de la Grce dont le rgime nouveau tait, sans nul doute, un acheminement vers absolue, l'indpendance l'Empire Ottoman, tait de toutes parts ouvert l'indmantel, grence russe. Le grce d'tat tions Tsar la Turquie en son pouvoir, aux indemnits tait manifestement hors qu'elle de payer. Il venait d'acqurir contre elle des posioffensives en Asie. Par la libert de la mer Noire vepar les avantages considrables tenait en outre
et des dtroits,
qu'il
de la Grce), les puis(1) Aprs la guerre de 7 ans (Indpendance sances se dclarent dcides obtenir pour la Crte et Samos une bonne administration. En 1832, Samos reoit une bonne administration ; elle prospre depuis lors : la Crte attend toujours. M. F. de Martens apprcie la politique russe en (2) Voici comment Orient (Revue de droit international, 1877) : La Russie, dit-il, est, du Concert europen., le chaml'gard de la Turquie, le reprsentant En 1821-29 comme en et du droit international. pion de la justice 1833-40, ajoute M. F. de Martens, sa politique fut toujours la mme : elle n'a jamais cherch s'agrandir. Dans le mmorandum remis en mai 18S3 par Ali-Pacha aux reprsentants des puissances Chypre, la mme politique russe est ainsi juge : Dsorganiser Ottoman, l'amoindrir l'Empire par tous les moyens aussi bien que ses proson autorit possibles, dmembrer politique aurait vinces, et ensuite, s'tablir dans les contres o la confusion
22
PREMIRE
PARTIE
nait de s'assurer, par son influence sur les tats vasde tous les saux et par ses prtentions au protectorat la parajyil l'exploitait, sujets chrtiens de l'Empire, sait, et pouvait volont lui chercher querelle; il la do minait ainsi moins de frais que s'il se ft ostensible ment empar de Constantinople. Au mois de mai 1830, le Sultan reconnut l'indpendance de la Grce. La confrence de Londres reprit ses travaux donner au nouvel tat. et tudia l'organisation qui l'on proposa la couLopold de Saxe-Cobourg, de la Grce ft garonne, demanda que l'indpendance rantie par les puissance et qu'il ft donn au nouveau des limites Sur ce dernier royaume plus rationnelles. de point les puissances eurent la malheureuse inspiration ne pas cder. Lopold refusa le trne qui lui tait offert dans de telles conditions. \ Aprs trois annes de dissensions, intestines, marques par la dictature et l'assassinat du comte Capo d'Istria, les interviennent trois puissances protectrices encore, et par trait avec le roi de Bavire, lvent sur le trne de Grce Othon Ier : Mai 1832.
remplac tout ordre rgulier. Tel a t et est encore le plan de la Russie. Heureusement elle n'a plus de complices Les vnements qui ont entour la rvolution de laquelle est sorti le rgime actuel de Grce sont le dernier exemple de cette habilet perfide dont la dernire heure a enfin sonn- Sauf sur ce dernier point se trompait ou voulait Q Ali-Pacha assez volontiers paratre se tromper, nous croirions que c'est lui qui donne la plus juste apprciation de la politique russe qui n'tait videmment pas uniquement dsintresse.
III.
Lutte
Turcp-Egyptienne.
Ire en Egypte. Mahmoud et Mhmet-Ali. Les rformes priode de la lutte : IJnkiar-Sklessi, 1833. 2e priode : Convention de Londres, 1840. Convention des Dtroits, 1841. Politique des Puissances. Attitude de la France.
Dans sances
de la Grce, Turquie.
intervont, dans la guerre puissances turco-gyptienne, venir en faveur de la Turquie. Le motif de ce revirement se trouve dans la ncessit de sauvegarder l'indpendance maintenir europen. l'quilibre Cette ingrence est parfaitenient turque, avons de l'Empire Ottoman et de
vu, pendant la guerre grecque, prter au Sultan Je puissant appui de Il avait reu en rcompense de ses services Mais il avait espr mieux ide et se montra : prendre de force donner de plein gr. une force redoutable. pris tche administration. russi de rPlus dans son de
de Candie.
il n'aura plus qu'une peu satisfait; ce que le Sultan n'a pas voulu lui cette poque tait L'Egypte Comme former heureux oeuvre Mahmoud, le vice-roi
avait
son confies les provinces avait que le Sultan, Mhmet-Ali et men de front les progrs
de l'agriculture,
(1) Calvo.
24
PREMIRE
PARTIE
(1). En mme temps et surtout l'arme. il attachait tous ses soins rorganiser de Franais et principalement Avec l'aide d'europens l'industrie et du commerce comme le colonel Selve, Mhmet-Ali parvint transformer de Mamelucks en une arme "les bandes indisciplines Au contraire Mahmoud, nous le l'europenne. mutins verrons (2), avait d canonner les janissaires, ds les premiers essais d'une rforme analogue. d'EPlus fort, plus civilis que le Sultan, le vice-roi instruite gypte supportait avec peine la domination turque; et l'ide son de conqurir l'indpendance s'imposa naturellement plus tendu et il visait esprit : il voulait un pachalik moyennant un tribut. On lui a mme attribu de renverser le Grand Seigneur et de le l'arrire-pense l'autonomie mais le reproche semble peu remplacer Constantinople; fond : il est douteux que les Musulmans eussent jamais consenti reconnatre lgitime, et Mhmet Quoi qu'il en soit, il cherchait Syrie, dont les riches forts lui dance les bois ncessaires Il tait facile de trouver comme chef un autre que le Kalife ne l'ignorait pas. l'occasion eussent de prendre la fourni en abond'une flotte.
la construction
prtexte querelle avec Abdullah, pacha d'Acre, et, le 20 octobre 1831, 50.000 hommes, commands par Ibrahim, envahirent la Syrie. Mahmoud lui soumettre somme Mhmet le diffrend ses troupes et de dont il avait droit de connatre d'arrter
n'a fait souvent que continuer ou excuter les pro(1) Mhmet-Ali jets commencs ou conus par Bonaparte lors de l'occupation del800. ^ Cf. Renault, Cours. Cela n'te rien de son mrite Mhmet, et l'utilit qui sut discerner la grandeur des projets du gnral franais. (2) Chapitre des Rformes.
INTERVENTION
DE L'EUROPE
EN
ORIENT
AVANT
1853
25
en sa qualit de souverain. il eut risqu de voir rgler Le de fait Sultan confie alors l'arme
Le Pacha toutes
se garda bien d'obir; les difficults l'amiable. vizir Reschid le soin est
son
repousser
grand envahissante
: Reschid
vaincu
sa 1832). Ibrahim poursuit se sentant perdu fait appel Celles-ci commettent se tourne la faute implorant
Mahmoud
combattu le Sultan, qui avait toujours qui, miner son Empire en depuis prs d'un sicle s'appliquait rveillant chez les populations chrtiennes le dsir de l'inavait encore, dpendance, qui, rcemment tenu la rvolte des Grecs, n'hsita pas. tout Comprenant accorde protection Tsar mit l'avantage en temps qu'il suscit et sou-
son pe au service mouilla dans le Bosphore et des troupes rent autour de Constantinople. En soutenant merci; les Turcs, le Tsar mettait
retirer d'une pourrait le la Turquie, opportun de l'infidle : une flotte russe russes camp sa
le
Sultan
russe il esprait en faire un vassal. La politique : qu'elle soit le plus grand est logique dans ses variations de la Turquie le rsultat ami ou le plus grand ennemi : prpondrance est le mme, conforme au but poursuivi Constantinople et par suite possible dans la Mditerrane. libert des dtroits et accs
de France et d'Angleterre, les ambassadeurs Cependant, russes au coeur mme des troupes de la prsence effrays de la Turquie, et comprenant, eux aussi, le danger de cette situation, belle. Le 5 mai 1833 cette paix est signe; le vice-roi vacue cherchaient mnager la paix avec le re-
26
PREMIERE
PARTIE.
l'Asie
Mineure
sauf
Acre,
Tripoli,
Damas,
Alep,
qui
lui
sont cdes. Comment les puissances n'ont-elles pas, ds ce moment, empch, ? Ce fut une Constantinople situation n'taient les puissances pas toutes libres la Rvodu Tsar pour combattre ouvertement : pas le contrecarrer une par la Russie
nergique, politique de prendre une telle faute lourde. Mais dans leur L'Autriche lution elle n'osait action
; elle ne
un rebelle contre le soupas non plus soutenir n'aet hrditaire. verain lgitime Quant l'Angleterre, dans vait-ejle pas reu de Nicolas l'assurance qu'il agissait un but absolument aurait-elle comme dsintress ? Mais peut-tre et, cette si les raigouson ne lui vernements, des sentinients ver une autre pas paru suffisante, les particuliers, sont
des autres
d'aprs les leurs, : l'Angleterre tait fortement de l'Irlande. par l'agitatipn pas entrer yers en guerre lequel Mhmet,
ports il faut
juger en troudans
gne avec
ne voulait
la Rus-
en soutenant
sympathies, la politique
ni se broujUer russe.
et hsitante, embarrasse Cette politique pour mnager tout Je monde la conduira quelques annes plus tard se avec tout le monde et tre mise hors du conbrouiller cert europen. Mais Je mal tait Turquie obtenait fait, ef le Tsar un trait secrte les signait le 8 juin avec la il et et TJnkiar-Skelessi en une clause toutes
d'alliance,
par lequel
la fermeture puissances,
de juillet.
des Dardanelles
Monarchie
INTERVENTION
DE L'EUROPE
EN PRIENT
AVANT
1853
27
d'intervenir
non
seulement
contre
del Porte, mais mme contre Ce trait, mettait Constantinople la merci du Tsar. (1).
A part la Russie, personne n'tait satisfait; le Sultan les provinces cdes son sujet, et celui-ci les regrettait trouvait un butin insuffisant. Pour maintenir la paix dans des conditions aussi prcaires, il aurait au moins fallu entre la France et l'Angleterre un accord parfait. Cet accord qui semblait exister entre les deux gouverne Constanments, n'existait pas entre leurs reprsentants sur la promesse de l'ambassadeur tinople et Mahmoud, de provoquer une diversion en Arabie sur Je d'Angleterre golfe Persique, et malgr les objurgations de l'ambassadeur de France (2), se lana dans une nouvelle campagne. De ce moment, le cours des vnements se prcipite. Toujours favoris del fortune, Ibrahim Pacha remporte la
de l'empire Ottoman. Bqussin, montre claire(2) La.dpche suivante adresse l'amiral ment cette situation : Le Ministre des affaires trangres l'Ambassadeur de France le 7 juillet 1839. Constantinople, Monsienr le Baron, Le gouvernement du Roi approuve tout ce que vous avez tent (1) Lavalle, Histoire le funeste systme auprs de la Porte pour lui faire abandonner qu'elle a embrass (faire ja guerre Mhmet-Ali). Quelque juste mfiance que nous inspirassent depuis longtemps les de lord Ponsonby, nous tions pourtant loin dispositions personnelles de croire qu'il les portt au point de poursuivre un but diamtralement oppos celui que sa cour se propose en commun avec nous. Je et je ne m'en suis franchement expliqu hier avec lord Granville, Londres ne portent saurais douter que mes observations transmises leur fruitMarchal Duc DE DALMATIE. Vie de l'amiral Roussin (indite):
28
PREMIRE
PARTIE
victoire rait
de Nzib
(juin
1839)
pendant
et qu'Achmet
sur le trne de seize ans qui venait de monter le 28 juillet tait prta traiter avecMhmet, 1839, lorsque la Suremirent des cinq puissances les ambassadeurs blime-Porte au Sultan veillantes sans leur une note d'attendre pour Elle, concours. cette note s'tait qui en signant du cabinet de Paris (1) formelles C'est qu'en France enthousiasmes d'une ardente l'opinion rapides, constatant les fruits de ne rien leur accord et demandant de leurs dcider biendispositions sur ladite question
Roussin,
dsavou
toujours surexcite
de presse dont le but tait de crer on faveur Ali un mouvement celui qui avait provoqu analogue l'intervention on Grce quelques annes auparavant. Le Londres Prusse rsultat de la politique franaise fut le trait l'Autriche, de ct. do 1840,
campagne de Mhmet-
de la
un ultimatum
la restitution
immdiat
il accorderait
moyennant hrditaire
de Saint-
compter
de la France;
Roussin. Plus tard, (1) Vie de l'amiral du aprs la dfaite Pacha, le Roi dit un jour l'amiral Roussin : Amiral, vous avez eu seul raison contr nous tous .
INTERVENTION
DE L'EUROPE
EN ORIENT
AVANT
1853
29
de bombarder s'empressent A Paris, exalte Beyrouth. l'opinion toujours pousse le Roi la guerre. Thiers fait voter au milieu des applaudissements mesures table. tre les crdits ncessaires pour guerre plus fortifier Paris. Les invisont prises en vue d'une Mais le roi Louis-Philippe, qui semble raisonnable
il accepte
la lutte.
Les Anglais
recule que son peuple et que son ministre, entire serait coalise contre lutte o l'Europe Thiers est remplac par M. Guizot, reprsentant plus La France pacifique. dut faire d'amres d'Egypte se fier il l'amiti ne pouvait Isol, ditions et lui drie, vention voir se calma; rflexions mais sur le
trop
des grandes
du sultan,
les con-
des Dtroits,
signrent la satisfaction
la signature de son de celle des reprsentants Cette convention du donne Bosphore, l'entre
ct plnipotentiaire appose des quatre autres puissances. aux puissances aux navires le droit de d'inter de
dire toutes
guerre
t l'me
des
affaires
de
1839-41.
C'est vu,
de l'ambassadeur la seconde
le pacha d'Egypte. C'est aussi l'Angleterre fiter de la crise ; et elle avait su en profiter Le trait d'Unkiar-Skelessi tait dtruit. de la Russie tait unique de l'Europe. Bien plus, Russie et sa flotte de guerre mer Noire sans l'assentiment
protectorat collectif substitu le protectorat la taient ferms les dtroits ne pouvait du Sultan. plus sortir de la
30
PREMIRE
PARTIE
avait jou le principal rle dans les ngoL'Angleterre dsormais sur le crdit de ciations. Son crdit l'emportait la Russie Constantinople (i). L France sortait de cette affaire avant, et abandonner dans une posture fcheuse. Aprs s'tre mise en elle avait d faire une retraite assez peu brillante le vice-foi. Le bombardement
de Beyrouth atteinte sa considration, tandis portait gravement s'accroissait en Orient. que le prestige de l'Angleterre
(1) V. Choublier. introduction. La Question d'Orient depuis le Trait de Berlin,
DEUXIEME
PARTIE
LE
TRAITE
DE
PARIS
contenait vident,
du rle auquel longtemps partageant avec elle la tutelle collective man, les Puissances prparaient ments en Orient, et l'on pouvait
prvoir le jour o les Tsars essayeraient de reprendre de gr ou de force, le rle auprs du Sublime Portier des Dardanelles, privilgi qu'ils avaient en 1833. a t raquestion des Lieux-Saints l'antique vive et comment elle fut un simple prtexte cachant des desseins plus vastes; commentles prtentions de la Russie, l'intervention ou arme des ont provoqu diplomatique Comment Puissances Occidentales de cette intervention, ront de retracer l'histoire La Russie rclamait et quels furent les rsultats de tels sont les faits dont nous essaiedans ce chapitre. avec arrogance le droit de protecdes L'Empereur et la
tion sur les sujets orthodoxes dujSulfan. Franais, protecteur officiel et lgitime
des Latins
32
DLUX1EME
PARTIE
reine
de la
de l'Inde
de l'Empire et l'indpendance l'intgrit sauvegarder pour Et ce n'est pas un des pisodes les moins curieux Ottoman. de ces deux souved'Orient de la question que l'alliance rains et du Pimont eut avec le Sultan une politique descendant L'Autriche avec mais, alle mfiance moins du Prophte. hardie. Elle voyait des Principauts; la Russie, elle a elle n'est pas
tonn
diplomatique. encore. La Prusse s'est montre plus hsitante elle aussi, au maintien de l'quilibre Bien qu'intresse, : le roi Frelle avait peur de se compromettre europen, dric-Guillaume sans cesse prt son beau-frre, vis--vis intervenait reculer comme pour bien regret et paraissait ne pas mcontenter le Tsar affirmer le trait indpendance du 20 avril, les plpris part et ce n'est aux ngosur la qu'ils son
n'ont prussiens plus nipotentiaires ciations de Paris, jusqu'au congrs demande ont formelle des t admis allons signer essayer pendant certaine toutes
que France
Nous
les efforts de rapidement les annes 1853 1856. Nous consmauvaise ces volont de la part de la
et embrouilles. longues composition prise de Sbastopol pour l'amener enfin de poser les bases d'une entente. permettre La gagn a pris Russie avait provoqu europen mesures la : le tribunal de srieuses guerre. a sig Elle
ngociations Il ne faudra
la
n'y
qui contre
Paris
l'ambition
moscovite.
I. Ngociations
antrieures
au trait.
Les Orthodoxes et les Latins. Droits A question des Lieux-Saints. de la France. Prtentions de la Russie. Commission d'enqute Bonnes dispositions musulmane. mixte. Commission de la France. Mauvaise volont de la Russie. La mission Menchikbf. Malgr les assurances formelles de la Russie, la question des Attitude Question d'influence. Lieux-Saints est secondaire. Il rduit ses hautaine de Menchikof qui exige un trait. prtentions un sened, puis une note. Refus de la Sublime Porte. Ultimatum Invasion des Principauts. russe. Rponse Le tsar et sir Hamilton Seymour. Tentative de conciturque. Vienne. Leur chec. Guerre russoliation des ambassadeurs 1853. Entre des flottes anglo-franaises turque, 20 septembre dans le Bosphore. Protocole du 5 dcembre 1853. Sinope. du 13 janEntre de la flotte dans la mer Noire. Protocole vier 1854. L'Angleterre et la France prennent part la guerre. Trait de Constantinople, 12 mars. Convention de Londres, 20 avril. - Trait du 2 dcembre 1854. 10 avril. De Berlin, de Londres, janvier 1855. La Sardaigne adhre la convention La guerre. Confrence de Vienne. Les quatre points. Aprs la prise de Sbastopol, la Russie change de ton. Attitude de la Serbie, de la Grce et du Montngro pendant la guerre. Congrs de Paris.
Jrusalem et ardentes
avait
toujours
t le thtre
de nombreuses
les plus petites En Terre-Sainte, comptitions. choses grandissent en proportion des souvenirs qui s'y rattachent. La possession d'une glise ou mme d'une cl peut devenir une affaire de la plus haute importance pour dans les religieux chrtiens ; et d'une faon gnrale, cre la nationalit, toute Ottoman o la religion l'Empire se complique en fait d'une question question religieuse politique.
H. -3
34
DEUXIME
PARTIE
Protgs ont longtemps Latins profit Mais des sultans. bienveillance tait jour ne une rivalit et s'est trouve turc, et
par les
puissants
les de France empereurs ou de la seuls de la tolrance avec le schisme qu'augmenter par la faiblesse (1) de "jour en du insigne grec
gouvernement du moment
dispos cder aux influences convaincre par les derniers en faveur des Latins, tantt
nombre
incalculable
de firmans,
retir la veille pour le avaient "Un jour ce qu'ils au-del du remonter Sans le lendemain.. reprendre nous et pour ne citer xviie sicle, que les principaux, de documents trs respectable un nombre allons trouver contradictoires (2).
dj plusieurs glises dissi(1) Avant le tx" sicle, nous trouvons dentes : les Eglises nestorienne, armnienne, jacobite, copte. do Constantinople, refuse de se Au "ixe sicle, Photius, patriarche du pape de Rome. Del date le grand schisme. soumettre l'autorit La diffrence entre grecs,- orthodoxes et catholiques est : 1 une question thologique (procession du Saint-Esprit.; dogme de la transsous les deux espces) ;.2 une question et communion substantiation l'autorit du pape) ; 3 une quesde discipline (refus de reconnatre tion de rite (emploi de la langue grecque) ; diffrence dans les crmonies concernant le culte et l'administration des sacrements. (2) Les droits des Franais datent de la premire capitulation qui a t conclue entre Soliman II et Franois Icr; en 1535. Les capitulations suivantes, et entre autres la dernire, celle de 1740, encore en et la confirmavigueur, ne sont pour une partie que la reproduction tion de celle de 1535. Ce sont galement, ces capitulations de 1535 qui donnent, aux consuls franais des droits de juridiction sur leurs nationaux tablis dans les chelles du Levant. Les capitulations ont servi de type tous les arrangements conclus les Etats europens pour la protection l'empire Turc. entre la Sublime-Porte et de Jeurs nationaux dans
LE TRAIT
DE PARIS
35
En session En de la
aux Latins
la pos-
II leur
que
dans l'glise de Bethlem plein gr certains emplacements aux autres communions ce qui prouve bien chrtiennes, taient eux et vient l'appui de que ces emplacements ce fait que les empitements des Grecs ont t favoriss par la tolrance Ceux-ci orthodoxes, tolrance religieux des Latins. l'usage de certains sanctuaires transformer ensuite contre aux cette les
laissaient
de faire qui s'empressaient on un droit dont ils arguaient latins (2). nouveaux firmans contraire en faveur de 1635. en faveur firmans
En 1623,
des Grecs,
rvo-
En 1637 et 1639, firmans En leur entre 1666, leurs 1673 et 1675, la libre
en faveur
accordant
mains
des lieux possession qui sont en dedans et en dehors de Jrusalem. obtiennent de nouvelles concessions; ce qui a t
du Divan, tout jugement depuis 1635 leur est rendu. France obtient
1740,
des capitulations,
suivies
n'impliquait (1) Remarquons que la possession des Lieux-Saints le droit d'usufruit : cette poque, en effet, les giaours n'avaient le droit de proprit. III, p. 21. Notice. (2) Thouvenel. Nicolas 1^ et Napolon
que pas
3G
DEUXIME
PARTIE
firman
numratif (1).
des sanctuaires
exclusive-
aux Latins
le cas de rparaprvoit capitulations de la dont les religieux tions dans les endroits dpendant Jrusalem, et la jouissance France ont la possession L'article 82 des ainsi ment qu'il en est fait mention accords et actuellement dans les articles renouvels, mme prcdemet l'art. 84 com-
produire antrieure
quelque
(2). capitulations impriales du Saint-Sla coupole En 1808, un incendie dtruisit allum l'incendie, avaient pulcre. Les Grecs, qui peut-tre se faire accorder le droit en profitrent habilement pour brls. de reconstruire les btiments Mais les Latins proconformment testrent pulcre 1851. fut et la une reconstruction des principales de la du Saint-Scoupole causes des discussions de
En 1811, toutefois,
il est dclar
en rien grecque n'infirment un firman latine. Mais aussitt, les orthodoxes. En droit 1835, l'amiral Roussin leurs 1839, offices il obtint
obtient dans
de clbrer En
Latins
le
l'Ascension.
davantage
dans l'ouvrage
de M. Thouvenel
(Nico-
de 1740 : L'on n'inquitera (2) Art. 1er de ]a capitulation point les Franais de mme qui vont et viendront pour visiter Jrusalem, dit Kamama. que les religieux qui sont dans l'glise du Saint-Spulcre
LK
TRAIT
DE
PARIS
37
tructions
illicites
qui avaient
dans Jrusalem
mme dna-
on les avait ajoutes ont t auxquels dmolies, supprimes, et les lieux rtablis aux dpens de leurs auteurs, sur l'ordre obtenu par l'ambassadeur et aux cris do : Vive la France, dont le patronage reut en cette occasion, un clat inusit (1). Tels sont quelques-uns des firmans Lieux-Saints (2). qui se rapportent aux
On peut juger par ce court expos de ce qu'il pouvait y avoir d'incertitude et de confusion dans la question et l'on peut imaginer textes officiels rcent. l're des firmans D'ailleurs, n'tait verrons, pas termine. nous le contradictoires, Mais nous pouvons, ds d'invoquer sans se voir opposer aussitt un firman combien il tait difficile des plus
affirmer que les titres des Latins sont antmaintenant, rieurs ceux des Grecs et plus formels que ceux-ci. La n'taient gure de nos rivaux des rclamations plupart concessions du kalife mieux fondes que les prtendues Oniar, mort deux cents ans avant le schisme grec (3). et Grecs prit de grandes proporLa lutte entre Latins les puisles religieux tions, quand derrire apparurent La France tait, depuis Franois Ier, sances protectrices. souvent renouveles, des capitulations sous des Latins, encore dsigns en Turquie, protectrice le nom de Frengh, quelle que soit d'ailleurs leur nationaet reste en vertu
Roussin, p. 61. (1) Vie de l'amiral fera donner (2) En 1856, M. Thouvenel de Sainte-Anne de Jrusalem. (3) Au reste, le jugement condamnait formellement du Divan
nos religieux
la basilique
38
DEUXIME
PARTIE
lit.
La dernire lors
intervention de l'assassinat
de ce chef
a eu lieu tout
du pre Ycnidj-Kal, Salvatore, religieux italien. La Russie, de son ct, invoet d'Andriquait les traits (1) de Kutchuk-Kanardji et, la dfense des orthodoxes, nople, pour prtendre ou furent rads 1850, lorsque les querelles se ravivrent rcemment vives entre d'lever les religieux la voix. de Jrusalem, elle s'empressa
Les hommes faits aux questions de l'Orient comprirent ds le dbut la gravit de la situation : les questions de religion en.Turquie, sont aussi, nous l'avons dit, des questions politiques. Et cela tient l'organisation mme de l'Empire Ottoman o on a laiss les Raas s'administrer eux-mmes et plus tard invoquer la protection des Etats europens. Il est difficile de sparer une pareille question de considrations politiques, crivait ds le 21 mai 1850, lord Stratford de Redcliffe et une lutte d'influence gnrale, surtout si la en faveur Russie, comme ou peut s'y attendre, intervient de l'glise grecque, sortira probablement de la discussion imminente (2). Mais la question n'en resta pas moins en suspens. De Munich, o il tait alors ministre de France, M. Thouvenel prvoyait aussi les complications prochaines : Que donc cette querelle signifie que nous avons leve au sujet des Lieux-Saints? Constantinople J'espre qu'elle est moins grave que les journaux allemands ne la repr
(1) Nous avons cit les articles invoqus par la Russie. Voir premire partie. (2) Cit par Eugne Forcade. La question d'Orient (Revue des Deux-Mondes, mars 1854).
LE TRAIT
DE PARIS
39
Je connais l'Orient, et je puis vous affirmer que la Russie ne cdera pas. C'est pour elle une question de vie ou de mort, et il est dsirer qu'on le sache bien Paris si l'on veut pousser l'affaire jusqu'au bout (1). Or, la question n'tait pas moins grave qu'on pouvait le penser Munich et M. Thouvenel se montrait malheureusement Mais justement, on ne trop bon prophte. savait pas Paris ; les diplomates n'taient pas tous aussi et l'on esprait dsarmer la Russie par des clairvoyants, concessions. Le cabinet de Paris ne voulait aucun prix de complications en Orient. ce On prparait l'Empire, n'tait pas le moment de courir les aventures sur les bords de la mer Noire. Aussi M- de la Aralette faisait-il tous les la possibles pour ramener le calme. Il facilita de commissions turques (2) charges d'tudier formation sur place la question et de rgler le diffrend., Ce. fut mixte compose de Musulmans d'abord une commission efforts et de Chrtiens, puis une commission musulmane. Dans ces dispositions notre ambassadeur- se-trouva, conciliantes, satisfait par le firman du 8 fvrier 1852, qu'ilpleinement aprs des luttes violentes; arracher au sultan, parvint, la suite de l'enqute des commissions, Ce firman tait un succs sans doute, mais,bien.mince, de M. Sabatier laiss par
sentent!
si l'on s'en reporte au jugement M- del Valette, comme charg d'affaires, Constantinople, la mme anne. Nous avons obtenu, disait le charg.
Nicolas fer et Napolon III. tait dsintresse dans le dbat qui s'agitait sur territoire. Peu lui importait que les lieux contests Elle tait donc un arbitre tout indiqu de l'arbitre tait sujette caution. ;
40
DEUXIEME
PARTIE
au tombeau de la participation uniquement concession La premire et la cl de Bethlem. Vierge est illusoire ; la seconde est ridicule ! (1) Ce qui motivait svre de M. Sabatier, un et vive peu peut-tre l'expression c'est qu'en secret, il avait t convenu qu'on ne se servirait de discussion exemple pas de la cl. Quel significatif sans pouvoir byzantine ! Cependant avoir une cl, mme s'en servir, c'tait dj norme dans un pays o le droit de d'affaires, la glise est considr comme une prise de possession et recherch l'gal du plus grand privilge. Mais, pendant que notre ambassadeur obtenait un firman, balayer une donner un autre. Tout ce qu'avait du sultan la propu M. de la Valette avait t d'obtenir messe formelle de ne pas le faire lire solennellement, comme cela est l'usage. Ajoutons que malgr la promesse, les Russes s'en faisaient fut lu en grande pompe Jrusalem. Aprs ce succs, le Tsar ne cacha plus son but; lait le statu quo dans les affaires des Lieux-Saints. le firman il vouCette
prtention tendait consacrer un tat de choses doublement injuste. Car, s'il tait injuste de confirmer les usurpations des Grecs, il tait aussi contraire au droit et attentatoire la souverainet del Turquie, de vouloir rendre jamais par un trait, la situation anormale des religieux qui forment dans l'Empire Ottoman une sorte d'tat dans cette situation comme l'tat, bien que nous considrions lgitime dans l'ordre actuel des choses. dfinitive Les prtentions des Russes l'gard des Lieux-Saints excessives dj. Mais le Tsar allait bientt paraissaient tonner l'Europe par de nouvelles exigences.
Nicolas
/er et Najmlon
III.
LE TRAIT
DE PARIS
41
ne s'oppost laisser en suspens par l'ambassadeur ordinaire, l'on vit arriver en grand apparat en commandant Menchikof, prince russe, haut avec rang. une suite nombreuse prsageait Cet appareil
Bien
que rien
rgler les affaires le 28 fvrier 1853, Constantinople chef de la d'officiers peu se le flotte de paci-
et brillante
une mission
lord Stratford de Redjaloux cliffe. Il affecta ds son arrive un mpris choquant pour les rgles les plus lmentaires de l'tiquette et de la biensance et parla en matre; il demanda l'indpendance du Montngro la destitution du patriarche (1), rclama et celle de Garachanine, ministre grec de Constantinople de Serbie et exigea la rvocation du firman aux accord Latins obtenir ceux L en 1852. Il voulait enfin, bien sur les Grecs de la France tait le but orthodoxes qu'il des droits s'en dfendt, quivalents
prince
Menchikof
montra
cautions devait
pour bientt
le tenir pntrer
le dessein
Menchikof mandes
dsesprait
de l'envoy russe. les ministres turcs par ses desur coup, obtenait le renvoi d'un la conscration trait ou dans un officielle acte d'un
du
et l'abri et peu
mandataire
tait peut-tre jaloux du succs de l'ambassadeur (1) Menchikof M. de Leiningen, dont l'intervention venait d'amener la autrichien, du Montngro. pacification Rifaat-pacha du 19 avril 1853 : (2) Note de Menchikof Tout en voulant tre oublieux du pass et n'exigeant pour rpa-
42
DEUXIEME
PARTIE
du poison mais l'infusion pas l'amputation, dans tout son corps que l'on demande la Turquie crivait lord Stratford de Redclifl'e. Ce n'est tait rgle lo Cependant la question des Lieux-Saints 4 mai par deux firmans. Il tait dcid que la coupole du dans sa forme actuelle, serait restaure Saint-Spulcre telle quelle, avec facult pour le patriarche grec de Jrusi cette forme tait des observations, salem de prsenter altregarderaient une cl de la grande glise de Jrusalem et, pour donner une preuve de sa bienveillance, le Sultan ferait remplacer lui-mme et ses frais l'toile du sanctuaire; l'exercice du culte dans l'glise d'argent Los Latins du tombeau de la Vierge pour les Orthodoxes. devait tre commun avec priorit
tout jamais aux diffrents Enfin le Sultan confirmait rites la possession des sanctuaires dont ils avaient cette poque la jouissance soit en commun, soit d'une manire exclusive. de la Sublime-Porte, signe par les reprsentants de la France et de la Russie, semblait devoir mettre fin toute contestation. Elle tait sans doute assez peu La dcision
ration
fallacieux et l'excution de proque le renvoi d'un ministre messes solennelles, se trouvait l'empereur oblig de demander des garanties solides pour l'avenir. ]1 les veut formelles, positives et assurant l'inviolabilit du culte profess par la majorit des sujets chrtiens tant de la Sublime-Porte que de la Russie, et enfin par l'empereur lui-mme. Il ne peut en vouloir d'autres que celles qu'il trouvera dsormais dans un acte quivalent un trait, et l'abri des intprmal avis et peu consciencieux. prtations d'un mandataire Cit par de la Gorce : Histoire du Second Empire, t. I, p. 169.
LE
TRAIT
DE
PARIS
43
avantageuse pour tait bien dcide possibles. difficults. voyait le 11. Le sans au Ce n'est Ds Divan le
les
intrts
franais;
mais
la
France
. aller
bout des concessions jusqu'au venir les pas de ce ct que devaient enle 5 mai, Menchikoff lendemain, nouvelle note suivie d'une autre
une
13 mai, se faire
il
se rendit
annoncer.
do sa conduite et donner, avant prmdite de tact, l'ende son manque toute la mesure devant prsenta de la mort de la Sultane se le Sultan luiValid. se retira-
Rifaat-pacha
runi pour 18, un grand conseil turc solennellement ne tudier les notes russes, les repoussa -formellement, au droit voulant contraire pas faire un acte entirement international pendance En l'ide vain d'un et effacer totalement le ton, dclara abandonner le principe de l'indde la Sublime-Porte. Menchikof trait formel baissa
et proposa au Divan de signer un sened moins ou mme une note, il solennel, simplement la Russie avait son jeu. Il tait trop tard; dmasqu tait : ce point des Lieux-Saints n'tait plus question du protectorat, rgl ; il s'agissait les traits de Kutchuk-Kanardji nople (1829). eut t une vritable abdication de la part soi-disant (1774) reconnu et par d'Andri-
tion,
la rponse l'ambassadeur ngative, Aprs et dans un but de conciliafit en personne de Menchikof le 20 mai; dmarche dauprs
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DEUXIME
PARTIE
marche nuit
vaine.
La
mission
russe
avait
chou;
dans
la
la mer; Menchikof du 21 au 22, le prince reprenait avec l'arcontrastait ce dpart clandestin singulirement rive fastueuse du Grand Amiral. crivit lui-mme Reschid Le 31 mai, M. de Nesselrode
de la "note encore une fois la signature pour lui demander ne poula Turquie cet ultimatum, dans les huit jours: et le 3 juillet 1853, les vait rpondre que ngativement, de sans dclaration le Pruth troupes russes franchissaient guerre pour avoir un gage ; mais cette action souleva tait des Principauts tant l'occupation
ordinaire. une opration Avant de continuer ce rcit, il nous faut parler des dmarches par lesquelles, ds 1850, la Russie avait essay de diviser les puissances; et nous allons voir que les Russes, leur malgr ment habiles proches, noeuvres Bien qu'il double dans chec, se sont montrs les travaux de mines particulireet de contre-apou de ma-
s'agt
d'oprations Menchikof,
militaires
de sa prmditation, le tsar mnager l'appui de l'Angleterre Il prenait un jour part sir Hamilton forme de causerie
et c'est
une
amicale, comme il se plaisait le lui rpter; il demanda l'ambassadeur un peu tonn ce que l'Angleterre ferait en cas de dmembrement de la Turquie . Sir Hamilton Seymour avait beau prolester ne lui paraissait que la Turquie pas malade mourir, que, en tous cas, devant cette ventualit un accord
serait ncessaire, le tsar insistait : europen si dsireux que nous de prolonger l'exissoyons, disait-il, tence du malade, et je vous prie de croire que je dsire
LE
TRAITE
DE
PARIS
4J3
vivre, il peut subitement que vous qu'il continue mourir. (1) Et quelques faijours plus tard l'empereur sait venir chez lui sir Hamilton cet entrepour continuer tien. Cette fois, il alla plus loin, voulait s'occuper, et, tout en affirmant avec
autant
nergie qu'il mais de ce qui ne devrait l'ambassadeur dveloppera les Principauts, sous ma protection; La Serbie dit-il,
non pas de ce qui se forait, pas se faire, il se laissa aller un projet complet : dpartage
pourrait la Bulgarie
indpendant c'est une situation qui peut continuer. une forme recevoir de gouvernement de mme; n'y a pas de raison de faire de ce pays un tat entendre qu'il serait et Candie. il
dispos
l'Egypte L'ambassadeur ne rpondait ni oui ni non, d'Angleterre seulement vivre enremarquant que la Turquie pouvait ne voyait longtemps, qu'il pas son tat si noir que le faisait son auguste interlocuteur ; mais le tsar ne se rendait pas ces raisons et sir Hamilton Seymour s'aperut trs que pour parler sans cesse de la mort prochaine de l'homme le tsar devait la dsirer ardemment malade et qu'il tait peut-tre dispos pas tenu plus en avancer que l'poque. sir Hamilton Seymour vite core
le
au courant de ces journellement n'tait dispos prter une oreille bienentretiens, du tsar. Autrement, aux insinuations transparentes
46
DEUXIME
PARTIE
c'en tait
et
t fait
rsolue,
de la
; et la question l'assurance
d'Orient
Enfin, ne
le 18 avril
Menchikof que le but de la des Lieux-Saints, de la question ment le rglement de se contenir Tsar, incapable davantage, dmasqua
anglais que le Sultan l'avait jeu ; il dclara l'ambassadeur offens par sa mauvaise foi, et qu'il saurait bien faire cder au moins par l'imsinon par le raisonnement, les Turcs, minence Le faisait sances, entamer dans dU danger prochain. Tsar avait donc chou bien de l'Angleterre des autres auprs ; il
auprs
la peine de du gnral de Castelbajac, ambassagagner la confiance deur de France Saint-Ptersbourg, enfin essayait de son influence sur les cours de Vienne et de Berlin. Malgr tout, il restait isol ; mais il mme et il avait, nous l'avons quand troupes l'ordre d'envahir les Principauts de la stricte excution tait dcid agir donn ses
gage qui repondt (3 juillet Divan. 1853). Cet acte d'hostilit fit
tomber
les
bien s'en faire encore. La France pour ceux qui voulaient en avait peu; le 21 fvrier, M. Drouyn de Lhuys appelait l'attention do ses agents sur les complications qui pouvaient surgir en Orient de M. le par suite de la mission et depuis le mois de mars l'escadre prince Menchikof, de Toulon croisait dans les eaux de Salamine. Mais l'Angleterre, l'avait encore pas convaincue dans de la bonne cette mesure, foi et, des Russes, ne dans suivie le 7 avril,
LE TRAIT
DE PARIS
47
une
do Brunnow, britannique
Nesselrode
diffraient que les vues de l'Angleterre toto coelo de celles de la France, M. de Nesselrode forait un peu la note ; il cherchait convaincre les peut-tre autres pour se persuader lui-mme. les vues de l'Angleterre difde la France ce qui n'est tre de courte plus froisse dure;
Mais
en affirmant
En tous fraient
cas, si ce moment
essentiellement
de celles
cette dissemblance devait pas prouv, et l'Angleterre se montra d'autant tait plus
lord (1). Au reste,-l'aimable surprise recfiligne n'tait de Redclifle, cet homme pas d'hu arranger meur les choses, heureux de trop peut-tre pouvoir tre dsagrable au Tsar Nicolas (2).
qu'elle Stratford
du parlement, lord Russel et lord Palmersdu haut de leurs illusions dans une pnible
(1) Le 22 mars 1853, lord Clarendon crit qu'il ne croit pas que la mission Menchikof ait un caractre menaant pour l'indpendance et l'intgrit de la Turquie. Cit par Forcade, loc. cit.. de Redchffc, diplomate habile, connaissait fond (2) Lord Stratford les choses d'Orient et jouissait Constantinople d'une grande influence. 11 avait, dit-on. une forte rancune contre le tsar qui aurait refus de le laisser accrditer auprs de sa cour. M. de la Gorcc peint d'un mot le diplomate les Asiatiques, dit-il, n'estiment anglais: gure les A ce hommes que dans la mesure o ils s'estiment eux-mmes. Histoire du compte, nul ne devait tre plus honor que Stratford. Second Empire, t. 1, p. 165. Pour tre juste cependant, il faut ajouter que le 8 mai 1853, lord Stratford crivit Menchikof pour le moins exigeant. V. Forsupplier le ne pas rompre et de se montrer cade. mars 1854, p. 1006 et 1007, en Revue des Deux-Mondes, note.
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DEUXIME
PARTIE
du gouno craignirent la conduite pas de qualifier russe de mensongre et frauduleuse vernement (1). ralit, Le 16 juin de Nesselrode, laient Les 1853, c'est--dire les flottes huit jours aprs l'ultimatum mouilet franaise
anglaise
ne dpendaient, et de dj plus de la Russie seules. Les puissances du trait de la Turquie signataires cru qu'il tait de leur droit et de leur devoir 1841, avaient d'intervenir pris l'habitude (2), et ds le mois de runir pour de juin, M. de Buol Vienne les ambassadeurs leurs vues avait des
quatre tion.
puissances
changer
sur la ques-
Vienne
s'tait
trouve
tout
le sige le goupart, de la
d'une
ct,
l'Autricontre la
des intrts
dfendre
des Russes
de son empire ; enfin et son influence sur tous pas ses propres
ne vcrra-t-elle
La Question d'Orient des Deux-Mondes, (1) Forcade, (Revue mars 1854, p. 1010). (2) M. Drouyn de Lhuys pensait que tout devrait tre trait cinq et qu'il n'appartiendrait ni un ni deux cabinets de rgler isolment ou part des intrts susceptibles d'affecter l'Europe entire. cit par E. Forcade. (Revue des Deux-Mondes, mars 1854, p. 1017).
1 E TRAIT
DE PARIS
49
chapper? la paix.
Pour
ces
diffrentes
donc le centre
suivre
maintenant devaient
les Puissances
une attitude prendre se groupant deux deux, avec de grandes diffdistincte, rences cependant dans chaque groupe : France et Angleet Prusse do l'autre. terre d'un ct. Autriche Les ambassadeurs bientt dans les sances se runissaient devinrent officieusement et furent d'abord rsumes ;
lesquelles nettement
officielles
des protocoles de ; mais dans cette longue priode sans cesse interrompues et reprises, il est ngociations de fixer par des dates prcises le commenceimpossible qui dura si si peu de chose et rpandit fit, somme toute, longtemps, autant d'encre sur les bords du Danube qu'on devait plus ment et la fin de cette confrence de Vienne tard de sang sur le plateau note de Menchikof, A la dernire verser note responsive. notes diffraient Les de Chersonse Reschid avait (1).
une deux
diplomates
acceptable le cabinet
et pour le Tsar. pour le Sultan mticuleux fut commenc travail juin, aux Puissances. Le 27 M. Le
par
soumit runis
un
avec quelques le projet modifications, adoptrent, et firent tous leurs efforts franais, pour le faire accepter Celle-ci et par la Russie. n'opposa pas de par la Porte vive: la Sublime difficult Porte, au contraire, protestait
du Second
Empire,
tome Ir. M. 4.
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DEUXIME
PARTIE
que le projet de fusion devait et l'Anglesatisfaire tout le monde, la France, l'Autriche hter la fin des discussions en refusant terre crurent ment. Mais convaincues que Rcschid-pacha, Constantinople, selon une lactique devenue traditionnelle avait rdige le 23 juillet, quelque temps aprs l'invasion et dans laquelle le ministre des Principauts turc disait que se rservant les droits sacrs de souverainet envers ses propres sujets, il est dans l'intention sincre de S. M. L d'assurer perptuit la jouissance et de lui des privilges spirituels qui y sont confirms et immunits accorder aussi tels autres privilges qu'il grecque Sa Majest d'accorder tout conque de ses sujets chrtiens (1). plairait autre culte quel l'Eglise mme d'tudier une nouvelle note
avait demand un engagement et la participa(1) Menchikof tion des Grecs, sujets du Sultan, aux avantages accords aux autres rites chrtiens ainsi qu'aux lgations trangres accrdites prs de la Sublime-Porte, ou disposition par convention particulire. Reschid, dans sa rponse, refusait de prendre un engagement ; il voulait constater que le Sultan prenait lui-mme l'initiative de certaines reformes et daignait eh faire part la Russie : Dans le cas des privilges spirituels, de quelque nature qu'ils o, l'avenir, soient, seraient, accords ses autres sujets chrtiens, il rsulte ncessairement des sentiments de sollicitude que la Porte professe pour ses sujets, qu'elle n'en privera pas non plus les moines grecs. A la note de Vienne, la Porte demandait trois modifications principales : lo La note de Vienne semblait mettre la Russie sur le mme des privilges octroyer pied que la Turquie dans l'initiative aux Grecs. La Sublim-Porte s'y opposait ; 2" Au lieu de le sultan restera fidle la lettre et l'esprit du trait de Koutchouk-Kanardjij la .Sublime-Porte substituait ces termes: le Sultan restera fidle aux stipulations du trait de confirm Koutchouk-Kanardji par celui relatives la protection d'Andrinople, par la Sublime-Porte de la ; 3=>Au lieu des mots : conventions religion chrtienne ou dispositions particulires il tait question : d'avantages octroys ou qui seront octroys.
LE TRAIT DE PARIS
Si
Cependant, les prtentions turques taient modres. Ce que la Porte ne voulait aucun prix, c'tait le partage de la souverainet sur ses propres sujets et dans l'ordre temporel. Les Puissances pu se contenter de privilges et immunits suffisants accords aux chrtiens, quitte exiger des garanties srieuses. Mais les ambassadeurs dclarrent les diffrences insignifiantes et se montrrent trs mcontents encore du refus do la Sublime Porte. Ils le furent plus quand Nesselrode, aprs avoir accept sans la note des ambassadeurs, en fit un commenmodification taire qu'il livra la publicit. C'est qu'aussi la manire dont M. de Nesselrode voulait la note tait singulire ! Il dmontrait qu'au comprendre Ainsi le fond elle ne diffrait pas de la note Menchikof. de la diplomatie aurait abouti ramener les choses au point o elles taient un an avant! C'tait un peu dur mais il faut bien reconnatre que pour les diplomates, travail pas tout fait tort. A force d'plucher les mots dans des discussions qui font penser au plailes diplomates taient arrivs, sans s'en doyer de Figaro, douter changer le sens gnral de la note. Nesselrode n'avait L diplomatie Aprs avoir tait joue (1). mis leur dernier et vain espoir dans les auraient
(1) Le 18 septembre 1853, M. Thouvenel, alors directeur des Affaires des Affaires trangres, crivait au Gnral de politiques au ministre : Je regarde, Saint-Ptersbourg notre ambassadeur Castelbajac, boiteuse que l'on s'arrte, la quoiqu'on fasse et quelque transaction grosse question d'Orient comme entame, entame avec prmditation par le parti p. 223. moscovite. Cf. Thouvenel. Nicolas 1er et Napolon III,
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DEUXIME
PARTIE
du Tsar
et de l'empereur
d'Autriche Cracovie,
taient Turquie tembre 1853, la guerre fut dclare (1). il faut bien le reconnatre, Le tsar Nicolas,
ritres les assurances en arriver l, malgr pour et quoi qu'il de ses sentiments donnait pacifiques, qu'il de l'ambassadeur d'honneur sur sa parole affirmt fait et que la chute de pas de conqutes embarras plus grand pour lui que l'empire ! (2) pour le reste de l'Europe du Tsar On a dit que la guerre tait l'oeuvre personnelle France qu'il ne voulait turc serait un les desseins de eux-mmes et que ses ministres ignoraient Nicolas et cela est fort possible. l'empereur En tous cas, Nicolas donna cette guerre un caractre en en faisant une guerre plus redoutable de son peuple, Il rveilla le fanatisme de religion. et il faut s'imagi-
1270, la Porte fait prcder la dclara(1) Le premier Moharem, tion de guerre de ce manifeste :' Puisque le cabinet de St-Pterbourg ne s'est pas content des assurances qui lui ont t offertes ; puisque les efforts bienveillants des Hautes Puissances sont demeurs infructueux, puisque enfin la Sublime-Porte ne peut tolrer ni souffrir plus longtemps l'tat des choses actuel, ainsi que la prolongation de l'occupation des Princide son empire, le cabinet pauts moldo-valaques, parties intgrantes dans l'intention ferme et louable de dfendre les droits Ottoman, sacrs de souverainet et d'indpendance de son gouvernement, usera de jusles reprsailles contre une violation des traits qu'il considre comme un casus belli . Cf. Annuaire des Deux-Mondes, anne 53-54, appendice, p. 943. (2) Cf. lettre du gnral de Caslelbajac, Nicolas /er et Napolon, p. 199. 17 aot 1853. Thouvenel,
LE TRAIT
DE PARIS
53
que pouvaient produire les mots : Guerre sainte, chez une nation enthousiaste et croyante en mme temps que crdule et ignorante, (1) pour comprendre qu'une fois dans cette voie, et l'ct-il voulu lui-mme, le Tsar ne pouvait plus reculer, il eut t emport son tour par le qu'il avait lui-mme dchan. A la nouvelle de la dclaration de la guerre, la flotte entra dans le Bosphore. anglo-franaise elle reprenait ses travaux. Depuis Quant la diplomatie, la rupture, on ne pouvait plus esprer terminer les affaires d'Orient que par un trait ; le but des ambassadeurs tait dsormais de faciliter la conclusion de ce trait, d'offrir leur mdiation aux belligrants pour mettre un terme aux hostilits qui ne pouvaient se prolonger sans affecter les intrts de leurs propres tats, et maintenir deveOttoman dans son intgrit l'Empire nue une des conditions ncessaires de l'quilibre europen. C'est ce que constata le protocole de Vienne du 5 dcembre 1853 (2). Mais la Russie allait rendre ciliation que s'taient impossible la tche de conimpose les Puissances. autrement mouvement national
ner l'effet
mme de la classe claire (1) Pour avoir une ide de la crdulit, en Russie, voir une lettre du gnral de Castelbajac du 11 fvrier 1854 o celui-ci en donne un exemple : le bruit s'est rpandu ici, dans le peuple et dans la socit qu'un tre surnaturel, habill en moine est apparu toutcoup l'empereur Nicolas !... L. Thouvenel, Nicolas /er et Napolon III, p. 334. Une guerre de religion, crivait encore le gnral, le 7 octobre 1853, une croisade aussi ardente que celle de est possible de la part de la Russie. Cette guerre Philippe-Auguste lui-mme entran deviendrait nationale et l'empereur pourrait-tre au-del de ses intentions. (2) De Clercq. Recueil des Traits.
54
DEUXIEME
PARTIE
Nous attendrons l'attaque des Turcs sans prendre l'inile avait dit Nesselrode. Cependant tiative des hostilits, 30 novembre 1854, la flotte turque rfugie dans la rade Cet attentat (1) dtruite. de Sinope, fut entirement en Europe. Le coup frapp eut un grand retentissement disait M. Drouyn Sinope n'a pas atteint la Turquie seule, furent envoyes de Lhuys et les flottes anglo-franaises les navires dans la mer Noire, avec mission d'empcher de Sbastopol, des ports et notamment ce qui tait un singulier abus, puisque l'tat de paix subsistait. Cette paix devenait ds lors bien problmatique. On pouvait de ce moment craindre une rupture entre les russes de sortir Puissances se conoccidentales et la Russie: la diplomatie sumait en de vains efforts pour arrter la crise. A Vienne, se continuait le petit jeu de notes refuses tantt par l'un, tantt par l'autre des belligrants.
Aprs le protocole du 5 dcembre, les turcs avaient fait excuter de nouvelles propositions ; ils s'engageaient l'accord relatif aux Lieux-Saints et faire des rformes condition fussent vacues. que les Principauts Nesselrode ne voulut pas opposer un refus catgorique cette demande modre, mais il cherchait visiblement gagner du temps. Il envoyait en grand mystre Vienne le comte deux Orloff avec mission puissances maritimes Orloff devait proposer une dernire de dtacher. l'Autriche des : en cas d'chec, le comte combinaison dont Je sans intermdiaire
au Tsar de traiter
ce (1) Malgr l'tat.de guerre o l'on se trouvait, l'opinion publique, comme un attentat cause de Cf. marque des Turcs et du nombre des victimes. et ss. Nous devons reconnatre cependant n'ont fait qu'exercer leur droit de belligrants.
LE TRAIT
DE PARIS
55
refusrent
de souscrire
conditions.
1854.
29, Napolon III, dans une lettre au tsar, aprs avoir rsum l'histoire de la question disait : voil la suite relle arrivs et l'enchanement des faits. Il est clair ce point, ils doivent amener promptement, une entente dfinitive ou une rupture dcide. (1) C'est la rupture qui tait imminente. Le tsar repoussa que ou
en effet les propositions modres de Napolon, comme il avait refus celles de Ja Confrence de Vienne, et le 4 fde Russie quittaient les vrier 1854, les ambassadeurs cours de Londres et de Paris. Des prliminaires, proposs furent encore cette fois parle Cabinet de Saint-Ptersbourg, tait conclue repousss le 5 mars. Le 12, une alliance et la France. Le 14 mars, entre la Turquie, l'Angleterre la Russie remettre et la France firent l'Angleterre les Principauts sommant d'vacuer avant le 30 mars 1854 : la Russie jugea bon de ne pas donner de rponse, et le 27 mars la guerre tait dclare par les trois allies. avaient fait preuve jusque l La France et l'Angleterre un ultimatum la fait avancer modration ; elles n'avaient grande leurs flottes que peu peu et pour rpondre aux empitements successifs de la Russie. de la Turquie se trouva sMais du jour o l'intgrit d'une rieusement et l'quilibre europen menac, compromise elles n'hsitrent pas envoyer des troupes sur les bords est de glace et sera de de la mer Noire. L'Angleterre est de feu et : elle la des sur Lieux-Saints question glace
30
DEUXIME
PARTIE
si l'empire
ottoman
dit
(1). avec Quant la France, elle commena les hostilits de reentrain : la guerre de Crime allait lui permettre son rle sur une question d'ordre et d'intrts prendre et d'quisur une question de conservation europens, morale qui chappait libre; elle regagnait toute l'autorit la Russie (2). La conduite de ces deux puissances a t ferme et nette. En a-t-il t de mme de celle des puissances allemandes? et la Prusse Nous ne pouvons compter sur l'Autriche que pour la paix et nullement pour la guerre, crivait le 7 octobre 1853, le gnral Castelbajac (3) . L'vnement donna raison ne suivirent notre ambassadeur. L'Autriche et la Prusse Mais pas les allis sur le terrain militaire. c'tait dj beaucoup si l'on pouvait compter sur elles pour le maintien de la paix. Le pouvait-on vraiment ? diplomatique, activement auprs du Tsar et ne s'est jamais spare des deux puissances maritimes avec qui elle a continu signer tous les protocoles ; elle a mme occup les et c'est elle qui a fait accepter par la Russie Principauts, les bases prliminaires de la paix. L'Autriche, est intervenue tout en restant dans l'ordre
alors ambassadeur Londres, 24 mars 1853, (1) Lettre de Walewski, cite par L. Thouvenel, Nicolas /er et Napolon III, p. 102. Lord Palmerston qui dirigeait de fait le gouvernement anglais depuis quelques mois, voulait la guerre. Il avait peu confiance dans la confrence devienne ; la confrence de Vienne, disait-il, cela veut dire Buol ; Buol veut dire son beau-frre Meyendorf et Meyendorf veut dire Nicolas. Cf. de la Gorce. (2) Vandal; cours. (3) Thouvenel. Nicolas /er et Napolon
III.
LE TRAIT
DE PARIS
57
La Prusse, au contraire, n'a pas t jusqu'au bout mme de l'intervention ; le mysticisme de Frdric diplomatique lui a inspir une politique Guillaume d'hsitations et de revirements continuels (1). Le protocole du 9 avril 1854 est le dernier acte sign par les quatre puissances. Elles s'y dclarent unies dans le double but de maintenir l'intgrit territoriale de l'empire ottoman et de consolider, Sultan, dans un intrt conforme aux sentiments du et par tous les moyens compatibles avec son indles droits civils et religieux pendance et sa souverainet, des chrtiens des Prinsujets de la Porte ; l'vacuation cipauts est dclare une condition essentielle de l'excution de la premire partie de cet engagement. Les signataires s'engageaient en outre n'entrer dans aucun dfinitif avec la cour impriale de la arrangement Russie ou avec toute autre puissance qui serait contraire aux principes noncs ci-dessus, sans avoir pralablement dlibr on commun . C'est en consquence de ce protocole et la suite d'une
1854, le Marquis de Moustier crivait de Berlin : (1) Le 5 janvier tant que le roi Frdric-Guillaume IV croira que les coups de fusil entre la Russie et l'Autriche tre vits quelque prix que ce pourront soit, on ne fera rien de lui ! Il veut que l'alliance du Nord, aujourd'hui demi dchire par la plume, ne soit pas dfinitivement tranche par d'hsitation de la part l'pe. Il saisit avec bonheur toute apparence de l'Autriche en lui faisant craindre l'absence de et croit l'intimider tout concours de sa part . Rien de plus terre terre qu'un idologue quand une fois il se rsigne retenir le vol de ses penses. Bientt il de roi de Prusse) s'tait persuad que dans le prsent conflit il n'y avait aucun fruit que sa main pt cueillir. Ds ce moment Cf. il s'ingnia demeurer non seulement neutre mais immobile. de la Gorce, Histoire du Second Empire, tome I, p. 345.
5S
DEUXIEME-
PARTIE
confrence
du
14 juin
avec la Turquie,
que .l'Autriche
(20 septembre 1854), occupa les Principauts dterminer Le 10 avril,la France et l'Angleterre,pour employer l'objet de leur alliance ainsi que les moyens en commun pour le remplir, signent un trait Londres. Elles donnent europen que l'existence menacs. leurs propres tats se trouvaient de leur Le 20 avril, les deux puissances germaniques, ct, signent une convention Berlin dans le dsir d' la guerre, viter autant que possible toute participation de la paix et en mme temps d'aider au rtablissement est nette entre les deux groupes gnrale. La distinction de puissances : les signataires du trait du 10 avril s'unissent pour la guerre ; les "signataires de la convention du et la l'Autriche 20 s'allient en vue de la paix. Toutefois Prusse se dclarent prtes exercer une action offensive des Principauts et dans dans le cas d'une incorporation le cas d'une attaque ou du passage de la ligne des Balkans par Ja Russie, et ce casus bellh constitue pour la France et l'Angleterre un appui moral considrable. Le 8 aot, la France, l'Angleterre et l'Autriche, sans la de la paix, dans Prusse, posent les bases du rtablissement les quatre articles fameux qui, dvelopps et modifis, serviront de point de dpart aux ngociations de Paris. La paix ne peut tre durable, dit le Protocole, lsile protectorat russe sur les Principauts n'est supprim et remcollectif des Puissances; 2 si la plac par un protectorat navigation du Danube n'est dclare libre ; 3 si le trait du 13 juillet 1841 n'est pas rvis dans un intrt d'quilibre europen ; 4 Si la Russie n'abandonne ses prtentions sur les Grecs, sujets ottomans et si les trois puissances pour motif de l'quilibre de leur intervention active de et les intrts
LE TRAIT
DE PARIS
59
n'obtiennent servation
de la Sublime
Porte la conscration
et l'ob-
des privilges religieux des diverses communions chrtiennes (1). Le 2 dcembre, les trois puissances signent un trait la suite duquel elles envoient au Tsar une invitation comaux quatre points avant le 31 dminatoire d'adhrer cembre. se runissent Le 7 janvier, les plnipotentiaires pour recevoir l'adhsion du prince Gorchakoff. On pouvait se croire encore une fois prs du but, mais, selon l'expresion gnral de Castelbajac (2), le Tsar et la question d'Orient sont -de vrais Prote. Ils se transforment sans c'est cesse; quand on croit les saisir ils nous chappent; du quand on est le plus loign d'une solution qu'on allaient, l'ap-s'en croit le plus prs. Les diplomates prendre une fois encore. souvent des quatre points commena bien, et les deux premiers points taient dj rgls l'amiable, lorsdes diffisurgirent qu' propos de la troisime condition nant tous les efforts. Le cults qui devaient rduire La discussion la neutralisation de la Mer Noire. Le reprsentant russe, prvoyant les difficults qui propos de cette situation, surgir que luipourraient deavait astucieusement mme tait dcid repousser, troisime point tait relatif du quatrime point relatif aux immunits des populations chrtiennes, avant le troisime ; il pensait que, si toutes les autres difficults taient rsolues, mand la discussion les Puissances ne se laisseraient pas arrter par la question de la mer Noire qui, ainsi, pourrait peut-tre recevoir
gO
DEUXIME
PARTIE
pour la Russie. Les ambassadeurs ne virent pas d'inconvnient et d'Angleterre heureuse de suite la discussion du quatrime point ; ils cependant leurs cabinets qui s'y opposrent furent rompues : toute et les confrences
formellement, l'attention se portait ds lors sur les oprations militaires. Une grande victoire pouvait seule arracher aux Russes l'assentiment
que deux annes de diplomatie n'avaient pu leur faire donner. La Russie, heureusement pour nous, perdait de jour en jour de son autorit morale et de ses forces matrielles. 1855, la Sude signait un trait d'alliance avec les puissances occidentales (1), et, bien que le roi de Sude s'engaget fort peu encore, la Russie put craindre la dfection des Etats secondaires (2). Le 21 novembre
Clercq, t. VI, p. 585) Dsirant prvenir toute troubler l'quilibre europen, ont rsolu de d'assurer des Royaumes-Unis de l'intgrit le roi de Sude et de Norwge s'engage ni changer avec elle, ni lui permettre d'occuper aucune partie des territoires aux couronnes de appartenant Sude et de Norwge. S. M. le Roi de Sude et de Norwge s'engage, en outre, ne cder la Russie aucun droit de pturage, de pche, ou de quelque autre nature que ce soit, tant, sur lesdits territoires que sur les cotes de Sude et de Norwge, et repousser toute prtention que pourrait lever la Russie tablir l'existence d'aucun des droits prcits. (Art. 1). Dans le cas de de la Russie, le propositions Roi de Sude s'engage les la France et l'Anglecommuniquer terre qui lui fourniront des secours militaires afin de rsister, s'il en est besoin aux prtentions ou aux agressions de la Russie (Art. 2). (2) La Sude voulait s'affranchir de l'influence excessive de la Russie; elle esprait reprendre la Finlande. Cf.Geffroy, La Sude avant et aprs le Trait de Paris 1er juin 1856). (Revue des Deux-Mondes,
(1) L.L. M.M. (Cf. de de nature complication s'entendre dans le but Sude et de Norwge.;. ne cder la Russie
LE
TRAIT
DE
PARIS
61
de janvier avait adhr au 1855, le Pimont trait du 10 avril et envoy dos troupes en Crime (1). Le Tsar Nicolas, l'auteur de la guerre, devant les soufAu frances de ses soldats avait voulu mourir successeur trerait-il dont l'amour-propre n'tait dispos couter les avances attendue, ; peut-tre son pas en jeu se mondes Puissances.
mois
ce fut la prise de la tour do Malakoff. Aprs la chute de Sbaslopol, F Autriche crut pouvoir la Russie un projet destin servir de point de soumettre dpart de nouvelles Ce projet, ngociations. port le comte Esterhazy, les rappelait
La victoire
par du 8 aot, mais quatre points poss dans le protocole avait considrablement tendu les prtentions primitives; il exigeait encore la neutralisation de la mer Noire, la libert de
Saint-Ptersbourg
du Danube sous la surveillance des Puisnavigation la Bessarabie la Russie. sances, et il prenait les puissances En outre, rservent le belligrantes de produire dans un intrt euroqui leur appartient en sus des quatre garanparticulires pen des conditions tre muette, non pas ties. La Russie, condamne tre sourde, entendit volontiers les propositions. L'empedroit reur tum Alexandre autrichien. adhra La purement confrence et simplement l'ultimade nouqui s'tait runie
(1) Manifeste de guerre de la Sardaignc, du 4 mars 1855 : la Russie marche sur Constantinople, non comme un but final, mais pour tre en mesure de commencer une nouvelle srie d'entreprises plus ambitieuses encore ; les projets subversifs pour l'quilibre europen, menaants pour'la libert des peuples et l'indpendance des nations ne se sont peut tre jamais rvls avec autant d'vidence que dans danubiennes et dans les actes l'injuste invasion des Prmcipautw diplomatiques qui l'ont prcde ou suivie . Marions, Recueil des Traits, anne 1857.
62
DEUXIME
j'ARTI
1855, signa le 1er fvrier 1856 de son dernier protocole qui devait servir de prliminaire dfinitif le rglement Ce (1) renvoyait protocole paix. une nouvelle confrence. Paris fut dsign d'une voix unanime pour tre le sige veau a Vienne le 15 mars la camde ce congrs. Un armistice arrta les hostilits; tait termine. pagne militaire des Puissances avait sauv la Turquie de L'intervention aussi des dangers non elle l'avait prserve l'tranger; moins graves que lui avaient fait courir les mouvements des avec anxit, populations de la pninsule balkanique. C'est en effet, qu'au dbut de la guerre, le Sultan avait pu se des petits tats inddemander quelle allait tre l'attitude pendant que toutes les pendants ou semi-indpendants concenforces de la puissance suzeraine se trouveraient tres sur les bords de la mer Noire. Un soulvement, toujours moment Ottoman. La Serbie, le Montngro et la Grce, o les Russes ne se faisaient pas faute do fomenter des troubles, pouvaient Grce l'appui surfout devenir des foyers d'insurrection. craindre des de leur consquences part, et redoutables pu avoir ce pour l'Empire
par leurs cours respectives des cinq (1) Par suite de l'acceptation de renfermes dans le document ci-annex propositions (ultimatum sous le titre de projet de prliminaires, les soussigns l'Autriche) l'autorisation aprs l'avoir paraph conformment qu'ils ont reue cet effet.sont convenus que leurs gouvernements chacun nommeraient des plnipotentiaires munis des pleins pouvoirs ncessaires pour procder la signature des prliminaires de paix formels, conclure un armistice et un trait de paix dfinitif; lesdits plnipotentiaires auront se runir Paris dans le terme de trois semaines partir de ce jour ou plus tt si faire se peut. Cf. de Clcrcq. Recueil des Traits.
LE TRAIT
DE PARIS
63
la Turquie
se vit
dlivre
de
ce grave
o fut entame la question des Lieux-Saints, le Montngro s'agitait; mais nous avons vu que sur l'intervention de l'Autriche, la paix avait t faite, et malgr do la Russie, la Montagne les incitations Noire ne profita pas des circonstances pour se soulever do nouveau. De ce ct, la Turquie n'eut rien craindre. Il en fut d mme pour la Serbie. Celle-ci resta calme, beaucoup trop calme au gr de la Russie. Nous avons au point pouss l'arrogance tion du ministre Garachanine se prter renferma un mouvement dit que Menchikof avait de vouloir exiger la destitudont le tort tait de ne pas
slave. Malgr tout, la Serbie se dans une stricte neutralit; et, par reconnaissance, bien que l'tat de guerre et mis fin aux traits, le Sultan s'engagea maintenir les droits spcifis en faveur conclues entre la dans des conventions des Serbes, Sublime et la Russie (1). Trs diffrente fut la conduite Porte de la Grce.
de peine se faire couter par le roi Othon et encore moins par la reine Amlie, qui ne rvait ni plus ni moins que un empire byzantin et se voyait dj insde reconstituer talle Constantinople. Aussi le rsultat du voyage de l'envoy russe ne sefit-il pas attendre. Ds les premiers 1.200 hommes taient jours d'avril, Lamia, en Thessalie, turque, dirigs sur la frontire le brigandage sous le prtexte de rprimer qui d'ailleurs
(1) Voir Annuaire des Deux-Mondes, annes 1853-1854.
.6 5.
DEUXIME
PARTIE
les environs d'Athnes. On fit si bien galement clata d'autre 1854, l'insurrection que, au mois de janvier part en pire, et au mpris de toutes les lois du droit interdsolait national, mme veur Athnes gouvernement oprer grec laissa et des leves de subsides en fades enrlements le
la France contentrent
et
de leurs
en vain. del de
Grande
. En ralit,
l'arrter
do se mettre
fut un instant qu'il question la tte des insurgs. La Reine se montra nous poussez bout, je quitterai disait-elle Athnes, de France, dans la
; je braverai montagne de mes anctres, pril et la fatigue; je me souviendrai la croisade (2). proclamerai
directement (1) Napolon III crivit d'arrter le mouvement rvolutionnaire. Othon I" pour
le je
le supplier
(2) E. Forcade, Le Roi Othon et la Grce, (Revue des Deux-Mondes du 15 juillet 1854, p. 406). La Reine en voulait beaucoup Napolon III de ne pas entrer dans ses vues. Dans l'exil, elle revint cependant de ses prventions : Je tenais faire avouer la Reine que j'avais connue si hostile crit la reine Sophie des Pays-Bas M. Thouvenel, l'Empereur, le 18 octobre 1863, que de tous ces souverains, lui seul avait t juste et tous deux, et moi, je serai tougnreux pour eux. Ils en convinrent jours heureuse quand on rend justice notre cher Empereur . Cf. L. Thouvenel, La Grce du Roi Othon. Le roi Othon et la reine Amlie moururent Bamberg, l'un le 26 juillet 1867, l'autre le 20 mai 1875.
LE
TRAIT
DE
PARIS
G5
Devant
une
exaltation
la Turquie, le devoir (1). Le Ie" mai, M. Drouyn de Llmys du l'attention appelait gouvernement anglais sur la situation qui devenait grave, disait-il gleterre, au Pirc la ; et la suite d'un accord entre la France et l'Anune brigade de la division o elle dut rester jusqu' des troupes franaises prsence fut dbarque Forey la paix. C'est grce
danger d'intervenir
un
rel
pour
que la Grce n'avait et que le danger avait t conjur de avait donc pu poursuivre sans crainte contre la Russie.
t dcide la runion d'un Congrs, qu'avait avons-nous en reconnaissance dit, les plnipotentiaires, du rle prpondrant de la France dans l guerre de. Crime et dans toute cette phase de la question d'Orient, Paris pour en tre le sige. Us se plurent fait la France, en levant la l'hommage des runion
dsignrent renouveler
du Congrs le comte Walewski,.ministre prsidence do l'Empire, Affaires ds la premire trangres 1856. qui se tint au quai d'Orsay le 25 fvrier
(1) Dans le Journal le Sicle, cit par Forcade, (Revue des DeuxMondes, 15 juillet 1854, p. 394), le pote Panaghisti Soutzo publiait les vers suivants : Comme un mortier de bronze chauff vomit des boulets petits et grands, des cls, des chanes et des matires combustibles qui coupent les rangs ennemis et consument tout ce qu'elles touchent, montre foi aussi, o Grce, un grand mortier vomissant sur la Thessalie, sur l'pire et sur la Macdoine, des soldats et des gnraux, des combattants, des marins, des hommes loquents et politiques, et partout o un Grec se montre qu'il fasse un carnage dans l'anne turque: partout o un Grec se jette, qu'il fasse un incendie ! Les Grecs ont toujours eu l'loquence facile et enthousiaste : ils n'ont du reste pas chang et se sont montrs les mmes en 1897 qu'en 1854, voire mme qu'au sicle de Pricls.
M. 6
GG
DEUXIME
PARTIE
comme un vnement de la Le congrs s'annonait et Paris recevait les personnages plus haute importance, les plus considrables do l'Europe. Presque toutes les puissances avaient tenu y envoyer leur ministre des affaires comme premier plnipotentiaire prirent trangres. Sous la prsidence du comte Valewski, place le comte de Buol, lord Clarendon, le comte Orloff, et plus tard le baron de le comte de Cavour, Ali-Pacha, Manteuffcl. Nous n'entrerons pas dans le dtail des sances du congrs de Paris, elles se rsument dans les traits en sont le couronnement. C'est sur le trait du 30 mars 1856, et ses annexes va maintenant se porter notre attention. qui que
Nous allons essayer d'en donner une vue d'ensemble, et une apprciation un dveloppegnrale, qui trouvera ment naturel dans l'tude dtaille que nous ferons de l'excution du trait de Paris.
H. Les
traits
signs
Paris.
Apprciation
cre par le trait. gnrale. Situation 1 La Turquie. Elle entre dans le concert europen. L'article 7. Trait de de l'indpendance de l'empire Ottoman, garantie 15 avril, porte d'un tel trait. Conditions imposes la Turquie. L'article 9. Neutralisation de la mer Noire et des dtroits. Le Danube et la libert de navigation des fleuves internationaux.
2 Les puissances. Les Grandes Puissances. L'intervention collective. : a) La Russie, OEuvrc de rorganisation intrieure ; b) La France et l'Angleterre, l'alliance ne durera pas, anglo-franaise mot de Talleyrand Autriche et ; c) Les puissances allemandes, Prusse, le vrai vaincu c'est l'Autriche ; d) La Sardaigne, Remardu comte de Cavour, la question italienne est quable politique pose. de l'Empire Ottoman en 1856 : a) Principauts 3 Les nationalits danubiennes: Ottoman. b) Serbie ; c) Autres provinces de l'Empire Le Trait de Paris fait peu pour les nationalits ; mais il fait natre beaucoup d'esprances ; (d La Grce.
bien avec je
! M.
le Comte, Orloff,
dit
l'Empereur,
au premier
en-
le comte viens la
nous
apportez-vous rpondit
la paix? l'ambassadeur
chercher,
ton
tait
bien
chang allait
depuis supporter
de
et la
Russie
qu'elle vainqueurs
avait
elle-mme montrrent
Mais
une
modration victoire
avait
t la seule
importante
G8
DEUXIEME
PARTIE
et, s'ils ont pris des mepas toujours t imite depuis; de Nicolas Is", du moins sures ncessites par l'ambition n'ont-ils pas voulu dpouiller le vaincu. Us avaient pris les armes dans l'intrt de l'quilibre europen; ils eurent le courage et le bon sons de ne pas cherchera renverser cet quilibre leur profit, et, fidles l'engagement des hostipris ds le commencement aucun avantage , lits, de ne rechercher particulier de territoire ni avanils ne rclamrent ni augmentation tages politiques (1). Deux ides dominrent tation des forces de la protection les ngociations de Paris : limioffensives de la Russie et tablissement collectif de l'Europe sur la
et du contrle
Turquie. Dans ce but, les plnipotentiaires neutralisrent la mer sur le cours Noire, et assurrent la libert de navigation infrieur du Danube. Pour sparer plus compltement la de la Turquie, les reprsentants de la France avaient eu l'ide de crer sur les bords de ce fleuve un tat capable d'opposer une rsistance srieuse toute tentative Russie Mais cette ide fut repousse par le congrs; elle n'aboutit, et encore bien imparfaitement, nous le verrons, qu'aprs de nouvelles et longues ngociations (2). Enfin, le Congrs, tout en admettant l'Empire dans le concert europen, consacra, quoiqu'on Ottoman en ait pu d'invasion.
de Londres du 10 avril 1854 : Animes (1) Art. 4 du trait du dsir de maintenir les H. P. C. renoncent l'quilibre europen, retirer d'avance aucun avantage des vnements particulier qui pourront se produire. Mais actuellement (2) Cet tat est la Roumanie. encore, les peuples roumains ne sont pas tous runis sous le sceptre du roi Charles.
LE TRAIT
DE PARIS
69
Ottoman et ait sembl occup des nationalits de l'Empire ainsi avoir voulu se prparer des prtextes pour des interventions futures. Nous allons, en reprenant les trois lments de la question d'Orient, jeter successivement un coup d'oeil sur la situation faite en 1856, la Turquie, aux Puissances et aux Nationalits (1).
1 La Turquie.
La Turquie,
l'Angleterre leurs armes, ne devait pas tirer grand parti du trait. Elle avait peu brill sur les champs de bataille : l'incapacit de ses gnraux et la rapacit de ses administrateurs avaient fait oublier de ses soldats, et son arme avait de l'admiration perdu de son prestige en proportion provoque par nos troupes. La lutte devant Sbastopol avait la bravoure
constituent la question d'Orient : les Puis(1) Trois lments sances, la Turquie," les nations qu'elle a autrefois subjugues et dont les unes aujourd'hui sont libres et dont les autres cherchent le devenir. Depuis un sicle, l'Europe cherche maintenir la Turquie en poste session de son domaine. La Turquie dcline et devient chaque jour plus incapable de conserver un empire qui ne se maintient que par la violence. Les nations qu'elle a asservies cherchent s'manciper, ou, si elles le sont dj, reconqurir sur le Turc les territoires sur qu'elles occupaient avant l'invasion ottomane et reconstituer ses anciennes bases leur ancienne puissance. (Max Choublier. La Question d'Orient p. 28. Paris 1897. Chez depuis le trait de Berlin, Rousseau.)
70
DEUXIME
PARTIE
des la campagne glorieuse cependant, s'taient de Silistrie bords du Danube, et les lauriers fans au point de ne plus refleurir- (1). mis dans l'ombre Puis, malgr tout, la Turquie n'tait point sympathique. Sans doute, c'tait pour la dfendre que l'Europe tait intervenue en 1854. Mais, au fond, que lui importait l'inOttoman, sinon comme la condition tgrit de l'Empire europen? En tous cas, juge indispensable de l'quilibre s'il fallait conserver l'Empire Ottoman, personne ne se serait souci de l'agrandir et de le rendre plus fort ; et l'on n'hsita mme pas prendre contre lui des mesures dans l'intrt des sujets chrtiens du Sultan. Ds le dbut de la guerre turco-russe, les Puissances avaient constat avec satisfaction que la guerre actuelle ne saurait, en aucun cas, entraner dans les circonscriptions territoriales des deux Empires, des modifications susceptibles d'altrer a consacr en Orient l'tat des possessions et qui est galement que le temps ncessaire au
repos de toutes les autres puissances (2). de l'Empire Ottoman fut, la suite des disL'intgrit cussions rsumes dans le dixime protocole du Congrs de Paris, consacre dans l'article 7 du trait de paix. On dclare d'abord la Sublime Porte admise participer aux avantages du droit public et du concert europen. est la porte de cette formule vague ? Si elle signifie que la Turquie est soumise aux rgles du droit inelle est inutile; et cependant, il est difficile ternational, de lui attribuer un autre sens. Aussi faut-il peut-tre se Quelle
(1) De la Gorce. Op. cit., t. I. p. 46. 1er de la confrence de Vienne (2) Protocole Martens, anne 1857,
de
1853-1854,
Cf,
LE
TRAITE
DE
PARIS
71
de politesse l'gard de d'y voir une formule la Sublime Porte que l'on s'tait permis de traiter parfois barbare comme un gouvernement Aprs ce prambule, contenter l'article continue en ces termes : Leurs Majests s'engagent chacune de son ct, respecter l'indpendance territoriale de l'Empire Ottoman, garantissent et l'intgrit de cet engagement et en consquence considreront tout acte de nature y porter atteinte comme une question d'intrt gnral. n'a peut-tre Cette disposition pas toute la porte que l'on est tent de lui attribuer ; on se rappelle en effet observation que, dans la sance du congrs de Vienne du 19 avril 1855, de Russie (1), propos justement les plnipotentiaires de de la Turquie dans le concert europen, l'admission avaient eu soin de dclarer par l engager leur le 15 avril, Toutefois, qu'ils n'entendaient Cour une garantie territoriale. la point en commun la stricte
l'Autriche et la France, une convention signrent Grande-Bretagne par laquelle solidairement l'indpendance et elles garantissaient consacres dans l'article 7, et s'engagaient l'intgrit comme un casus bell toute infraction aux stipulations du trait de Paris. Nous sommes ici en prsence d'un trait de garantie qui semble bien lever les doutes que pouvait principale considrer Toutefois, il n'est pas sans intrt de constater la diffrence des deux dispositions. Si en effet, la garantie tait promise par l'art. 7, la Turquie, signataire du trait du 30 mars, pourrait l'invoquer ; elle ne le si cette garantie rsulte de l'acte peut pas, au contraire, laisser l'art. du 15 avril
(1) Prot.
7.
auquel
D'ailleurs,
que
11 du Congrs
72
DEUXIME
PARTIE
La porte de la Turquie ne se hte pas trop de se rjouir. ces sortes de conventions n'est pas considrable (1), car, un trait de garantie rellement efficace, pour tre des garants doit tre dict par l'intrt auxquels il ne le coml'intrt pas ; et si, au contraire, mande, il n'est pas besoin de trait pour provoquer l'intervention. mme de la Turquie le prouve l'vidence. L'histoire survivra Bien qu'il n'y eut aucun trait de garantie, les Puissances en 1854, tandis qu'en 1876, n'ont pas hsit intervenir du 15 avril 1856 (2), formelle malgr la convention il ne s'est trouv ' Toutes personne les garanties, comme de l'ouvrage de filigrane, les yeux qu' tre de quelque pour la dfendre. crivait le Grand Frdric, plus propres utilit (3). sont
satisfaire
(1) Remarquons aussi que ce trait de garantie pouvait aussi bien de s'appliquer contre la Turquie qu'en sa faveur ; il assure l'excution 7. l'article 9 du trait du 30 mars aussi bien que celle de l'article Les traits de garantie, thse. Paris, 1886. (2) Cf. Milovanowitch. tait, encore plus sceptique quand il disait : (3) Le grand Frdric La postrit lira avec surprisadans ces. mmoires le rcit des traitsfaits et rompus, et bien que ce soit l une chose commune,.elle.n'en excuserait pas l'auteur,s'il n'y avait pas de meilleure raison pour justifier sa conduite. L'intrt de l'tat doit servir de rgle au Souverain.; c'est l la loi suprme et inviolable laquelle le Prince peut sacrifier.,des; relations dont le maintien serait prjudiciable. l'intrt Quelquefois de l'tat, la ncessit, la sagesse, la prudence,, obligent un souverain violer les traits quand il n'y a pas d'autres moyens de salut; Un doit tre oblig maintenir sa parole, quand mme il particulier l'aurait donne inconsidrment, et s'il y manquait, on pourrait recourir la protection des lois ; mais les inconvnients qui en peuvent driver ne nuisent qu' lui seul, tandis que l'accomplissement de la parole du souverain peut nuire l'tat, et, dans ce cas, quel est celui qui serait assez fou pour soutenir qu'un Souverain est oblig maintenir sa parole ? Cit par Milovanowitch, p. 342. Op. cit.
LE TRAIT
DE PARIS
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. La Turquie tait donc admise dans le concert europen; son indpendance et l'intgrit de son territoire taient assures. Mais les Puissances voulaient en retour que le de la Sublime Porte s'levt au niveau des gouvernement civilisations les plus avances, et elles exigrent des garanties pour les chrtiens. C'est ce qu'tablissait l'article 9 (1). La Sublime Porte a pu protester; avait pas le droit. Car une convention est ensemble un acte elle n'en dans son
dont toutes les parsynallagmatiquc ties se tiennent. Admise bnficier de l'article 7, la aux consquences de Turquie, ne pouvait se soustraire l'article 9... cet gard, la Sublime Aprs de vaines protestations Porte a voulu mme contraire l'Empire assertion. s'en tirer en contestant que l'article 9 ft en quoi que ce soit l'indpendance de Ottoman. Nous allons essayer de rfuter cette
il faut le reconnatre, les L'article, prte discussion; deux paragraphes dont il se compose sont, en apparence au moins, contradictoires. Voici le texte, du premier paragraphe : Sa Majest Impour le priale le Sultan, dans sa constante sollicitude bien-tre de. ses sujets, ayant octroy un firman qui en de religion ni de leur sort, sans distinction amliorant race, consacre ses gnreuses intentions envers les populations chrtiennes de son Empire, et voulant donner un nouveau tmoignage de ses sentiments aux Puissances solu de communiquer firman, spontanment cet gard, a rContractantes ledit Les
de Paris.(Appendice
I).
74
DEUXIME
PARTIE
constatent la haute valeur de Contractantes Le firman dont il est question est cette communication. du 25 fvrier 1856 que le Sultan avait le hatti-humayoun la signature eu soin de promulguer quelques jours avant Puissances du trait pour pouvoir le dire spontanment man de sa Puisque les Puissances constatent la volont souveraine. haute valeur de la communication qui leur est faite, par cela mme, le firman fait partie du trait et devient un acte international cet acte sollicit de la volont et le devoir par gard pour la Turquie que et exig tait considr comme manant du Sultan. Les Puissances ont donc le droit et c'tait
ce qu'il soit fidlement excut, C'tait bien aussi ce que voulaient les plnipotentiaires du qui avaient insist au moment de la communication de veiller firman (1) pour faire remarquer quatrime point des prliminaires tionner cet acte dans le trait de paix dfinitif. De nouveau, dans la treizime sance, le comte Walewski du Hait dans le rappela qu'il devait tre fait mention par condescendance pour les protestations qu'Ali-Pacha avait vivement formules, dans la deuxime de la mesance, et, qui prouvent d'ailleurs l'importance de France ajouta que cette sure, le premier plnipotentiaire Mais, , serait conue la fois dans des termes propres tablir la spontanit dont le gouvernement Ottoman a us dans cette circonstance et de faon qu'il ne pt, en aucun cas, en rsulter un droit d'ingrence pour les aumention tres Puissances. D'o le second paragraphe de l'article 9: trait. que le texte mme du (2) les obligeaient men-
(1) Protocole n 2. (2) On se rappelle que par le quatrime point, les plnipotentiaires faire consacrer les immunits s'engageaient accordes aux sujets raas du Sultan,
LE
TRAITE
DE
PARIS
75
Il
est bien
entendu
saurait, de
en aucun soit
s'immiscer
soit
Mais Empire. c'est une simple politesse envers la Turquie et son reprde pure tiquette et il n'y faut pas sentant, une question chercher autre chose. Dans la quatorzime le plnipotentiaire sance, d'ailleurs, russe ayant demand qu'il soit dit au trait que les puissances la mention contractantes du Hatt comme un regardent gage objet de l'amlioration commun de leurs du sort des chrtiens on Orient, fran, les plnipotentiaires ne dif-, ais et anglais remarqurent que cette rdaction de celle qui a t faite ; ils la fre pas essentiellement seulement les travaux repoussrent pour no pas retarder du Congrs. Sans doute, au moment o elles venaient d'admettre la voeux
dans le concert europen, les Puissances no vouTurquie laient pas avoir l'air do la traiter avec trop de ddain, Mais elles tenaient affirmer hautement leur volont d'obtenir des rformes Elles pour les admettaientla chrtiens Sublime et d'en Porte surveiller participer
l'excution. aux
avantages qu'elle
accords entre pays civiliss, gnralement en devnt digne en se rformant de fond en avec M. Rolin-Joequemyns aboutirait cette conclusion 1856 la a t non seulement un acte que toute monstrueuse un acte de des
Ajoutons
que dfiance
Russie, Il
mais
d'abandon
chrtiens tenant
en rsulte
ce trait, soit
en s'en que, mme les Puissances ont un droit pour rclamer l'excution
d'intervention
76
DEUXIME
PARTIE
de la Porte, des promesses constate ou d'impuissance contrat ment comme en main rsili
soit,
en cas de mauvais
vouloir
de celle-ci,
. (2). ont adopt cette interNous verrons que les Puissances en Orient et n'ont pas cess d'intervenir depuis prtation en prsence en particulier, des 1856 (3). Si en 1860, elles se sont retranches massacres du Liban, odieux M. Benedetti derrire c'tait l'initiative une du Sultan pure fiction test que cela n'et pas empch Beyrouth. troupes Compltons l'expos et les Puissances par entre Porte la Sublime et chacune Porte qui aurait invoqu leur et le Sultan et-il juridique la France d'envoyer aide, prodes
des rapports entre la sublime Porte l'article 8 : en cas de dissentiment la Sublime de recourir de prdes
en mesure
mdiatrice. amen
la rupture
et la phrase actuelle (1) Rolin-Joequemyns. Le droit international de la Question d'Orient (Revue de droit international, 1876, p. 325). Introduction. (2) Benedetti. Nouvelles ludes diplomatiques. d'une (3) Ds 1859, la France et l'Angleterre exigeaient l'institution commission mixte, financire, la situation financharge d'examiner cire, de prparer une rforme de l'impt et de l'administration financire et de proposer des mesures dans ce but. L'inertie calcule de la Porte empcha, comme toujours, cette commission d'arriver un rsultat quelconque.
LE
TRAIT
DE
PARIS
77
nombreuses par les dissensions souleves au sein de la Confrence : c'est par ce point de Paris avait voulu ouvrir la que le congrs discussion. L'ide de la neutralit fut facilement admise, ngociations qu'elle avait la Russie, seule oppose de se montrer exigeante mer Noire commerce neutralise, de toute ce projet, n'ayant ni difficile. L'article c'est--dire nation et ouverte ferme plus le droit 11 dclare la aux aux navires navires de de
de Vienne
de toutes les Russies 13, S. M. l'Empereur et S. M. I. le Sultan n'lever et ne consers'engagent ver sur ce littoral aucun arsenal militaire maritime. Toutefois, pour le service de leurs ctes, la Sublime-Porte et la Russie se sont rserv, par une convention spciale du 30 mars, le droit d'entretenir chacune dans la mer
six grands vaisseaux btiments ctquafre lgers (1). Par une convention du mme jour (2), fut rgle aussi ferms sont aux la situation des Dtroits bqui Noire, timents paix navires sauf de guerre trangers tant que la Porte se trouve en le droit de passage rserv aux , sauf naturellement destins faire que se rserve de passage aux btiments la police du bas Danube, de dlivrer le Sultan, lgers comme amies sous pavillon il est d'usage .
pour tous les points qu'elle ne du 13 juildes Dtroits convention du droit de passage accord aux
de parler
(1) Cf. l'appendice I. 2 annexe au Trait gnral (2) Voir Ire annexe au Trait gnral de Paix.
de Paix.
78
DEUXIEME
PARTIE
navires
la police du Danube; c'est qu'en effet, le congrs s'en tait longuement occup et avait condes fleuves intersacr la rgle de la libert de navigation destins faire
do Vienne au congrs de 1815. (1), formule (Art. 15 du 30 mars 1856). Les articles une commission euro16 et 17 tablissent nationaux penne temporaire, aux embouchures charge du fleuve, de faire et une excuter commission des travaux riveraine
Cette commission qui sera permanente. l'article les rglements 17 : 1 laborera et de police fluviale ; 2 fera disparatre quelque encore trait ce vaux nature qu'elles l'application de Vienne; 3 ordonnera ncessaires sur tout puissent au Danube tre,
et fera
4 veillera,
aprs au maintien
des embouchures navigabilit de mer y avoisinantes. des rglements, que aura le droit de
Contractantes
temps deux btiments lgers aux (Art. embouchures du Danube. 19). La Commission devait se dissoudre au bout europenne et rglemente en proroge et jouit 1871, 1878 et 1883, elle existe encore de nos jours de pouvoirs tendus ; elle constitue une vritable personne
dit l'art. 15, seront appliqus au Danube et (1) Ces principes, Remarquons ses embouchures. que le trait tend la partie navigable du fleuve les dispositions que les ngociateurs de Vienne avaient demandes pour les embouchures seulement. (2) Le rle de la Commission du Danube. infrieur europenne a t restreint au cours
de deux
ans.
Successivement
LE TRAIT
DE PARIS
79
du droit de la
des gens (1), et a peu peu absorb les pouvoirs au moins Commission le bas riveraine, pour
Danube. la navigation du Danube est sous le contrle de la commission europenne pour son cours infrieur Brala ; ci sous la surveillance des Etats riverains depuis en amont des Portes de Fer. Quant au cours moyen, entre Actuellement, Brala et les Portes dcid de Fer, serait de la confrence de Londres d'une de comde la 1883 avait mission sous le contrle
qu'il
mixte
compose de la Roumanie
dlgus de et de l'Autriche
la Serbie, et d'un
membre
six rtrois europenne sigeant pendant alternativement des puissances par chacune en dehors de celles dans la reprsentes mixte. Jusqu'ici, convention la (2). de dtails au sujet del Roumanie a refus son
cette n'entrerons
elle europenne a des biens qu'elle administre; (1) La Commission fait des emprunts et a un pavillon; elle a labor l'acte de navigation En cas de europen du 2 novembre 1865. Elle a un pouvoir judiciaire. contravention au rglement, ses agents dressent des procs-verbaux en premire instance, et dont la Commisqu'ils jugent eux-mmes sion est juge d'appel. runie Londres le 8 fvrier 1883, (2) la suite d'une confrence fut signe une convention qui porte la date du 10 mars et dont voici : Art. 96. L'excution du prsent rglement quelques dispositions est place sous l'autorit d'une commission dite Commission mixte du Danube dans laquelle l'Autriche, la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie, seront chacune reprsentes par un dlgu. La prsidence de cette au dlgu d'Autriche. Commission appartiendra Un membre de la Commission europenne, dsign pour une priode des tats, prendra de six mois, par ordre alphabtique part aux tra-
80
DEUXIME
PARTIE
et de l'organisation du Danube question de la commission (1). europenne Constatons, de Paris uine pour en finir au
trs
intressante
retardait,
de cet Empire.
2 Les Puissances.
le trait de la
l'intervention de
coll'on a
puissances Puissances. en
de l'intervention
aussi
la
voir avec mfiance et si l'on peut, bon droit, lgitimit, il faut reconnatre l'intervention que, par suite spare, rdes intrts diffrents qui sont en jeu et se surveillent ciproquement, resse, mais comparaison trera. Quel but de plusieurs est plus dsintl'ingrence aussi trop souvent Une simple peu efficace. entre ces deux sortes d'intervention le mon-
la Russie en 1833? Que serait-il poursuivait si la Russie et l'Angleterre s'taient arriv seules mles des affaires de l'Orient, comme Alexandre Ier le proposait
vaux de la Commission mixte et jouira pendant cette participation, de tous les droits appartenant ses autres membres. Les Etats dj reprsents la Commission mixte ne seront pas compris dans ce roulement alphabtique Art. 97 : Les pouvoirs de la Commission mixte auront une dure gale ceux del Commission europenne du Danube Art. 107 : La Commission mixte aura son sige Giurgevo. De Clercq, t. 14, p. 141 et s. (1) Cf. les articles de M. Engelhard! sur ce sujet dans la Revue de droit international.
LE TRAIT
DE PARIS
81
plus tard sir Hamilton Seymour? Il est probable que, si ds celte poque, la Turquie n'a pas t dmembre, ce n'est pas la bienveillance des Tsars qu'il faut l'attribuer ; ils se seraient empresss de prendre une bonne part de l'Empire tervention s'ils avaient Ottoman, isole ou deux. pu poursuivre leur in-
Il est facile de voir, d'autre part, combien l'intervention de 1854 tait diffrente ; sans doute, les Puissances avaient intervenir un intrt primordial, mais cet intrt n'tait pas goste, et c'est ce qui en consacre combattaient pour l'quilibre avaient loyalement d'agrandissement pris en Orient le forme dsormais. sont les grandes gure de sens de la lgitimit. La France
vu qu'elles europen, tenu leur promesse de ne pas chercher territorial ni d'avantages particuliers.
en 1854-1856, a donc L'intervention, caractre collectif; elle gardera cette Les membres de cette collectivit, ce Puissances, terme un peu vague qui n'a
nos jours, qu'en ce qui concerne les affaires d'Orient, terme variable, puisque l'Espagne, autrefois la dominatrice du monde n'y est plus comprise et que l'Italie y est rcemment entre. Les Grandes Puissances et s'arrogent le droit de parler du Congrs de 1856, qui non content de rgler de les conditions de la paix posa des rgles gnrales droit international (1) ; une assemble de ce genre avait
(1) Les quatre rgles poses Paris sont clbres sous le nom de neutre dclaration de Paris : 1 La course est abolie; 2 Le pavillon de couvre la marchandise l'exception de la contrebande ennemie de la contrebande de neutre, l'exception guerre ; 3 La marchandise M. 6
82
DEUXIEME
PARTIE
Vienne
en 1815; de
et, selon la
transforme.
sous la direction
de M.
de Bismarck,
et les provinces la Turquie entirement remaniera gloire, des Balkans. de la pninsule la Prusse et la France, l'Italie, l'Autriche, L'Angleterre, la Russie, A. La telles sont actuellement les Grandes Puissances.
Russie.
l'Emsicles
(1) La Russie perdait en effet tout espoir de rtablir jamais son protectorat sur les chrtiens ottomans tait auquel collectif de l'Europe. La mer Noire substitu le protectorat tait neutralise ; et la Russie devait
sa flotte et supprimer U avait mme t question dtruire ses arsenaux. d'tablir du mme genre dans la mer Baltique, une neutralisation du moins des mesures pas admise, furent-elles les les Aland. Il prises en ce qui concerne est dit que ces les ne seront pas fortifies et qu'il n'y et si cette ide ne fut
ennemi ; 4 Le blocus doit guerre, n'est pas saisissable sous pavillon tre effectif. On avait aussi voulu faire de l'art. 7 du trait une rgle Les gnrale de droit international. quatre rgles de 1856 ont t successivement L'Esadoptes par presque tous les gouvernements. pagne et les Etats-Unis d'Amrique n'y ont. point adhr cependant : par suite de la guerre qui vient d'clater entre ces deux puissances, au moment mme o nous crivons ces lignes, cette situation menace d'entraner de graves consquences. (1) Rambaud. Histoire de la Russie, p. 675.
LE TRAIT
DE PARIS
83
ni cr aucun
tablissement
militaire
ou
(1) C'tait pour la Sude la rcompense de sa conduite et du trait du 21 novembre 1855 par lequel elle se dliait de son ancienne clientle russe. Enfin la Russie se voyait oblige consentir des rectifications de frontires en Bessarabie et en Asie. En change des territoires occups par les allis et que ceux-ci rendaient S. M. l'Empereur de toutes les Russies; celui-ci pour mieux assurer la libert de navigation du Danube, consentait en effet la rectification de sa frontire en Bessarabie. devait tre faite par des dlgus des Puissances contractantes article 20 . Nous verrons qu'elle a donn lieu des difficults, 20 ajoutait : le territoire cd par la Russie sera annex la principaut de Moldavie sous la suzerainet de la Sublime Porte . Sous le nom de rectification se cachait une vritable cession de territoire. Une dlimiL'article Cette rectification
(1) Voir 3e annexe au Trait gnral de Paix du 30 mars 1856. Les clauses relatives aux les Aland, comblent les voeux des Sudois, Garantie des Puissances occidentales. Fixation dfiperptuelle nitive assurance de n'avoir de Finmark, plus redouter dans les les situes en avant de Stockholm, une citadelle ou une station russe, voil donc ce que recelait pour la Sude ce fameux 5e point. Gefroy, La Sude avant et aprs le trait de Paris (Revue des Deux-Mondes, 1er juin 1856). Seulement la Sude qui avait espr recouvrer la Finlande avait vu son espoir du sur ce point. Ds 1854, le Roi de Sude avait dclar il s'engagerait que, s'il tait oblig de sortir de la neutralit, contre, des ngociations furent comjamais pour la Russie; et, en fvrier, la mences aux Tuileries. Reprises en juin 1855, elles aboutirent, suite d'une mission du gnral Canrobert Stockholm, au trait du 21 novembre.
84
DEUXIME
PARTIE
tation Mais,
devait
tre
Asie. entre
le retour pour viter de perte de terIl ne devait pas tre question frquentes. l o les Russes avaient t victorieux ritoire (1). Pour prvenir le trac de la toute contestation locale, bellum, frontire puisse l'autre mixte, deux sera vrifi un et s'il y a lieu rectifi, sans en rsulter des deux territorial cet effet qu'il l'une ou
commissaires d'un
de
commissaire envoye
et d'un Ainsi La
trop
la lutte, portt
de lui
avec un tact qu'on avaient, leurs soins viter tout ce qui humilier le vaincu. Quand pu disait
de Paris,
on se demande sur replirent avaient appris que pour faire donner dustrie de peu.
de Crime ; ils aprs la guerre le contact des peuples de l'Occident tat puissant, il ne suffit pas de lui
des troupes fortes et disciplines et que sans inet sans voies de communication les armes servent
(1) Les seuls succs de l'arme russe furent remports en Asie : la prise de Kai-s , le plus important avait contribu permettre Alexandre d'obtenir de meilleures conditions de paix.
LE TRAIT
DE PARIS
85
avaient
pays
ennemis
que le tsar Alexandre la Russie s'est rgne, des pays Elle industriels a fait tous
paix II voulut
ce que valent pour de ; et c'est l'oeuvre consacrer sa vie. s'est Sous au mise
niveau
pour ses voisins des relations amicales et se mnager Je ne crois pas, dit le duc de Broglie, alliances.
occidentale.
eu de conduite habile que y ait jamais plus heureusement celle que venait de tenir la Russie aprs l'issue malheureuse de la guerre de Crime Le gouvernement du Tsar eut la l'et sagesse de faire son sacrifice aussi que s'il dignit entier o il comme dfinitif. Enferm regard sans humeur adonn tout paisible, apparente, un travail de restauration du moment intrieure, complet dans une
rle, il ne chercha pas, par perdu le premier en retrouver une activit boudeuse et inquite un sede recueillement a dur quinze condaire. Cette attitude (1). Nous verrons annes sans se dmentir plus tard le bnfice trouve a retir qu'en mme d'obtenir la Russie et comment tout elle s'est sa revanche naturellement
avait
le jour o l'odieux abus de force d'un vaina empch la France de faire entendre ses protes-
et
la
France. victoires?
Quels De
bnfices ter-
de leurs
bnfices
avaient point ; mais ces deux puissances pendant deux ans dirig le concert ; elles avaient europen accru leur influence. considrablement
et Politique,
86
DEUXIME
PARTIE
L'Angleterre gagnait par le fait que la Russie Elle n'avait plus redouter pour le moment des ses moscovites ; ses possessions de l'Inde taient tait-il temps dlivres de ce pril. L'Angleterre
le projet d'adresse de 1857 doit accepter la paix de Paris avec satisfaction et avec joie (1). Quant la France, elle avait fait un coup de matre qui aurait pu la relever dfinitivement de ses humiliations passes. Nous avions montr
pire, notre arme avaient t les premiers rendre de nos soldats. et l'entrain Les Franais,
en effet que, depuis le premier Emn'avait pas dgnr, et les Russes hommage la bravoure
transports et mieux applus rapidement que leurs allis, avaient tenu le premier rle provisionns dans les batailles livres sous les murs de Sbastopol; eux que rejaillissait la gloire de la campagne, au point d'exciter chez les Anglais, et quelque jalousie c'est de cette poque que date, en Orient, tant en Turquie norme de la d'Europe qu'en Asie Mineure, la diffusion de la langue italienne. Il n'est langue franaise l'exclusion pas jusque dans les mers du Nord o le pavillon franais n'ait flott glorieusement; enfin, c'est Paris que s'tait tenu le Congrs ; et il faut voir dans ce fait un hommage la France dont la situation se trouvait prpondrante en 1856. La France a pu d'autres moments, tre plus redoude plus vastes branlements dans le monde, jeter plus d'clat autour d'elle; jamais elle n'a t plus respecte (2).
des Deux-Mondes, annes 1856-1857. (1) Cf. Annuaire (2) Le Trait de Paris, par un ancien diplomate. Paris,
c'est sur
te, causer
1856.
LE
TRAIT
.DE
PARIS
87
. Certes, les
la
France
s'tait
bien
releve
assist qui avaient de Paris par les troupes ceux coalises, l'occupation 40 ans auparavant, avaient avec anxit pu suivre Franais dlibrations
de ce Congrs de Vienne o l'Europe entire des mesures humiliantes notre pour nous, contre prenait ses ides librales, ceux-l devaient se pays et contre et ils taient excusables de croire l'avenir de rjouir, la France et sa prosprit. Mais ils avaient compt sans sut l'avoir entreprit l'pilogue. L'allianc-; leyrand l'homme tre anglo-franaise l'alliance dfinissait et du cheval . Sans dura peu. Le de Talprince l'alliance de il nos ne faut allis pas les pas personnels conserver cette compromise en Italie, rves de Napolon III. situation brillante, Celui-ci et ne aprs
la par il commit
, mais, vouloir
se sont 1856,
admirables
un peu le rle de beaucoup les nos troupes, soutenu le poids de la guerre. Les dtacher montraient Russes d'ailleurs, allis
faisaient l'un
tous
leurs
efforts
les deux
de l'autre,
et tandis
pour se qu'ils
vis vis des Anglais, ils nous proet ne faisaient leurs amabilits en cela que condiguaient sous les murs mmes de tinuer entretenues les relations assez froids Sbastopol Le avec les assigeants.
allait donc tre bientt rendes alliances systme ds le Congrs de Paris, en voyant vers. On le prvoyait
88
DEUXIME
PARTIE
la France et la Russie changer entre elles des politesses (1). exquises, des cordialits surprenantes.
et la : VAutriche C. Les puissances germaniques Sans doute la proPrusse (2). Le vrai vaincu,c'estl'Autriche. du Danube tait pour clamation del libert de navigation elle un succs ; et son commerce gagnait un dbouch hsitante de assur dans la mer Noire. Mais la politique ne lui avait attir que des ennemis. Pour Franois-Joseph racheter avait employ tous ses sa conduite, l'Empereur efforts assurer une entente ; au Congrs, les plnipola cess de montrer tentiaires n'avaient qu'ils voulaient paix. Malgr cela, tandis que la France et l'Angleterre suide ne pas les avoir compltement lui reprochaient vies, la Russie, de son ct, ne lui pardonnait pas et, tenace dans sa ranson immense ingratitude cune, elle l'a abandonne en 1867, et n'a rien fait pour empcher Sadowa ni en attnuer les consquences (3). De tous cts, l'horizon s'assombrissait pour l'Autriche. Au nord et au midi, deux tats grandissaient qui allaient tre pour elle des ennemis redoutables : le Pimont et la Prusse. Au sein mme de la Confdration germanique,
Deux Chanceliers, (1) J. Klackzko. p. 46. (2) Voici comment s'exprime le prambule du trait du 30 mars, au de la Prusse ; les Puissances, considrant sujet de l'admission que dans un intrt del europen, S. M. le Roi de Prusse, signataire convention du 3 juillet 1841, devait tre appel participer aux nouveaux arrangements prendre, et apprciant la valeur qu'ajouterait une oeuvre de pacification gnrale le concours de ladite Majest, l'ont invite envoyer un plnipotentiaire au Congrs. (3) Cf. Klackzko. Deux Chanceliers.
LE TRAIT
DE PARIS
89
la
Prusse
tenait
tte
l'Autriche.
Nous avait de
avons montre
dit
quelle
mfiance tout le
Vienne, avait
pendant vis--vis de
l'Autriche
; nous
de l'abstention
dans
t juste la remorque de
de prendre la direction que dj la Prusse mditait de la Confdration germanique. Ds la runion de la Dite de Francfort qui se tint Ja mme Elle anne allait (1856), la bientt crotre lorsqu'elle rivalit se manifesta hautement. inattendues. se servit de la dans des proportions se sentit assez forte,
La Prusse,
des duchs, fit clater sa puissance. et Sadowa question Ceux qui n'avaient allaient leur pas su prvoir expier insouciance. tait dfiAprs la guerre de 1867, l'Autriche nitivement de la en Allemagne ; c'est le consquence supplante de rancune de la Russie depuis les vnement En somme, dit M. Debidour, les vrais sans vainqu'on l'un et c'tait qui
1854-1856.
de finir, queurs de la lutte qui venait s'en doutt, le Pimont et la Prusse, l'autre pouvoir che abandonne Le vrai difier leur fortune par aux toute le ou desservie ce n'tait
allaient
de l'Autri-
vaincu,
de la Ptersbourg qui sortait c'tait celui de Vienne veaux, en essayant de leurrer s'tait alin l'Europe
pas lutte
de
Saintnou-
avec
des allis
trs habile qui s'tait cru tout le monde et qui, en dfinitive, (1). entire la
Sardaigne.
Nous
venons
de voir
ce qu'avait
gagn
diplomatique
de l'Europe.
90
DEUXIME
PARTIE
Prusse.
queur Le Pimont
tait-il
avec
elle le vrai
vain-
l'alliance
turco-anglo-franun petit-corps de troupes La Marmora. Pas plus quel intrt dans argent
ne comprit l'opinion qu'ailleurs, avoir le roi user ses forces et son d'Orient. Mais l'homme,
qui cette
le cabinet de Turin, savait dirigeait bien. il le voulait qu'il voulait Sans souci de sa situation M. de Cavour cas d'chec, relvement sous un mme communaut une seule Ce joug grs qu'il
ce qu'il
poque et ce voulait, en le
personnelle, qu'il risquait rvait depuis longtemps de l'Italie. 11 rvait tats italiens, et d'intrts de dont
et l'unification
runir la
sceptre les nombreux de langue, d'histoire nation. surtout, depuis Laybach c'tait le trait et
faisaient
et mme voulait
dlivrer de Vienne
son
n'avait
faire
un
le jour italienne, pas. la question il aurait au moins appris l'Europe tion italienne.
grand pose, o
une ques-
La guerre de Crime lui parut tre une occasion favorable. S'il envoyait en Orient, ne ft-ce que quelques il acquerrait le droit de participer hommes, aux ngociations pour la paix, et qui sait ? Peut-tre trouverait-il le ses projets dans le Congrs moyen d'exposer europen devait bientt se runir. qui, selon toute prvision Ses esprances furent justifies par le cinquime point du projet de Vienne, et c'est avec motion que le repr-
LE TRAIT
DE PARIS
91
sentant
du
Pimont
dt
entendre
le comte
Walewski,
de la paix, proposer au Congrs de aprs la signature Paris de s'occuper de certains points trangers au rglement des affaires d'Orient et de traiter certaines questions d'un intrt europen (1). Sans doute, les Puissances venu de mettre en discussion tiaire et aux Pimontais ; assez heureux pas le moment les projets du plnipotenmais le comte de Cavour avait t pouvoir poser la question italienne, qu'il eut subir, ds son retour rpondre avec un lgitime orgueil : ont guids dans ces dernires annes, nous ont fait faire un grand pas ; pour ne crurent
pour
la premire fois, dans le cours de notre histoire, la question italienne a t porte et discute devant un congrs europen, non pas comme Laybach ou Vrone, afin d'agraver les maux de l'Italie et do lui river de nouvelles hautement chanes, mais dans l'intention proclame de chercher un remde ses maux et de faire connatre les sympathies des grandes Puissances envers elle. (2). A peine Autrichiens trois annes s'taient-elles taient chasss d'Italie. coules, que les Le 13 fvrier 1861,
un parlement lombards, compos de dputs pimontais, et siciliens, se runissait toscans, ombriens, napolitains Turin, votaient l'unanimit l'unit de l'Italie et proclaCavour avait maient Victor-Emmanuel Ier, roi d'Italie. en de sa politique assist au triomphe ; il mourut juin 1861.
(1) Protocole 22 du Congrs. Cf. de Clercq. tudes diplomatiques. (2) Cf. Benedetti, Nouvelles Cavour elle Prince de Bismarck , p. 344.
Le Comte de
92
DEUXIME
PARTIE
3o Les Nationalits.
reste
tudier
la situation
faite
aux nationalits
soumises au joug rude de l'Empire Ottoman, du Sultan. Souvent exposs aux excs des musultraits de leurs avec ddain, les raas devaient Les d'Europe. tutelle ne russe, 9 que l'article avait assur du Sultan en
toujours l'intrt
puissances,
de la Turquie, en parlant le hatti-humayoun, du trait, en consacrant en faveur des sujets chrtiens l'intervention dit, gnral. Quelques mesures certaines nationalits des provinces sur l'Armnie de la furent prises aussi en particulier. Pninsule des le Trait
coreligionnaires la soustrayaient
et la Crte,
ne parle pas non plus ou albanaises et ne contient sur la Les Principauts dispositions. seules l'occuprent srieuse-
et de Valachie
il n'est pas question. C'est assez Montngro, dire l'insuffisance du trait de Paris en ce qui concerne les nationalits. Les Puissances Danubiennes. vouPrincipauts laient faire des Principauts, ce qu'on a appel plus tard un Etat tampon entre la Turquie et la Russie. A. Ds la confrence de la de France, Vienne, remettait M. de un Bourqueney, sur les rapport
reprsentant Principauts
(1) CL Annexe Clercq.
de Moldavie
au protocole
et de Valachie
(1).
de Vienne. De
10 de la 9e Confrence
LE
TRAIT
DE
PARIS
93
nous il
grande partie de cet la politique que la avait adopte depuis, de Vienne et l'inter-
accord, dit qui leur a t donne d'un commun la pense des trois cabinets allis a t, non l'expos, de soustraire le territoire seulement des Principauts une influence mais aussi exclusivement, qui s'y exercerait prtation d'en faire une sorte do barrire pour naturelle menacer qu'elle l'Empire plus dsormais au coeur mme Voil franchir . Voyons maintenant le remde propos : ne puisse Ottoman
le danger. les
combinaisons
la Moldavie suffisante,
force
en une seule,
d'insister sur ce que la nature a pas ncessaire faciliter cette union, sur l'identit de la langue, des lois des deux et des intrts. Provinces cet gard se prsente allis: elles
des gouvernements leur fusion administrative est de depuis constantes des articles
qui
labor organique rvlait poque o tout morale d'avec sparation Ces mmes la Moldavie et la Valachie
considrations
94
DEUXIME
PARTIE
demandent gouvernement, que ce gouvernement de force et de dure. toutes les conditions Et pour lui donner cette force croit et assurer cette
possde le
dure,
que le moyen
sous la suzerainet
et sous la garantie des puissances contractanet des immunits dont elles sont en postes, des privilges
exclusive ne sera exerce (2) Aucune protection sur elles par une des puissances Il n'y aura garantes. aucun droit dans leurs affaires particulier d'ingrence session. intrieures. L'article et nationale. Cela dit pour 23 promet une la Russie. administration indpendante
(1) Voir Protocoles 8, 9 et 14 du Congrs de Paris. reconnaissait ces privi(2) Par le trait de Paris, la Sublime-Porte elle ne les crait pas. En effet, la situation antlges et immunits; rieure des Principauts tait celle-ci : administration intrieure libre et indpendante, droit de signer des traits, droit de lgation auprs du Sultan, Les seules restrictions taient le protectorat et la suzerainet ottomane. Cf. Arntz. Situation internationale de la Roumanie de 1877). Dans le mme (Revue de droit international sens, voir Michel Boresco. Contra : Engelhardt. Celui-ci croit, que les d'une souverainet intrieure Principauts limite cl jouissaient n'avaient aucun titre la souverainet extrieure qu'elles n'avaient pas le droit de guerre ni de paix. 11 soutient mme que les traits internationaux de la Porte taient obligatoires pour les Prin leurs cipauts, dans tout ce qui ne porte pas atteinte Les Protectorats anciens et modernes.) (Engelhardt. privilges.
LE TRAIT
DE PARIS
95
Dfendues Principauts
par sont
une
arme
nationale,
naturellement
Porte, puissance suzeraine, danger (1) par la Sublime s'entendra avec les autres Puissances contractantes les mesures prendre pour arme maintenir ou rtablir
l'ordre
ne pourra
avoir
lieu
sans
un
ces puissances, entre (article 27.) L'arpralable l'intervention de la Porte au cas o le 27 limite intrieur se trouverait des Principauts Le Sultan n'a donc aucun titre administratives, permise menac pour ou s'im-
son intervention,
ne sera pas justifie trangre, par des moins que ceux-ci ne dgnrent rieurs, table anarchie (2).
n'taient demi succs pour la Ces dispositions qu'un c'tait bien peu par rapport ce qu'elle demanFrance; dait, mais tout espoir n'tait pas perdu. La Porte promet une administration tait aux Principauts indpendante de la Porte. Mais (1) L'article 26 semblait imposer l'intervention les Roumains n'ont pas cess de protester contre cette interprtation contraire aux anciens traits qui constatent l'offre d'un secours en change d'un tribut. Constatons une dernire fois, que, quelle que soit l'interprtation qu'on donnera l'article 26, elle n'atteint en rien la souverainet de la Moldo-Valachic. Elle ne porte point, en,effet, le caractre d'un droit qu'on a voulu crera la Porte, mais tout au plus d'armements faire en commun entre la Moldo-Valachie et la Turquie, cl d'une garantie contre les entraves que la Russie et l'Autriche pourraient mettre celte mesure. Bratiano. Mmoire sur la situaCf. aussi lion de la Moldo-Valachie, depuis le trait de Paris. l. Boresco. Examen de la Convention du 19 aot 1858. (2) Telle est du moins l'opinion de M. B. Boresco. (Cf. Les Roumains aprs le trait de Paris.)
96
DEUXIME
PARTIE
et nationale, et une commission europenne devait se runir sans dlai Bucarest pour tcher de s'enqurir de l'tat actuel des Principauts organisation (article et proposer les bases de leur futur 23); en mme temps, le Sultan s'en-
gageait convoqueivdes divans ad hoc, chargs d'expri l'organisation mer les voeux des populations relativement dfinitive consacre hatti-chriff collective L'organisation des Principauts. dfinitive, entre les Puissances et un par une convention devait tre place sous la garantie de toutes les Puissances signataires article 25. du Sultan
Cette clause de garantie donne aux Principauts le droit de s'adresser aux signataires, toutes les fois qu'il sera ou immunits et impose porto atteinte leurs privilges aux Puissances le devoir d'intervenir dans les mmes cas. Selon les dispositions de ces articles, les Divans furent runie Bucarest convoqus et la commission pendant des Puissances s'assemblaient que les reprsentants Paris (1). Nous tudierons l'oeuvre de la confrence de Paris ;
nous parlerons de l'organisation dont nous suivrons la marche et l'indpendance. en finissant Rappelons nexait la Bessarabie B. Serbie. treizime
nouvelle
que le trait du 30 mars an la Moldavie (articles 20 et 21). t question de la Serbie dans les sances du Congrs de Paris. Le
Il avait
et quatorzime
est. fait sans la participation (1) Remarquons que le trait des Principauts qui n'ont par consquent pas pris d'engagement. Cf. Arntz. Situation de la Roumanie internationale (Revue de droit international, ,;...; 1877).
LE TRAIT
DE PARIS
97
contient mme l'engagement de la quatorzime protocole part do Sa Majest le Sultan de rechercher de concert avec les Hautes Puissances Contractantes les amliorations actuelle de la Principaut. comporte l'organisation cet engagement ne donna pas tout le rsultat qu'on aurait pu en attendre. Ce sont les articles 28 et 29 du.trait qui contiennent les dispositions relatives la Serbie. La Serbie reste sous la Suzerainet une administration que Mais
indpendante et immunits dont elle jouit sont placs dsormais sous la (art. 28). garantie collective des Puissances contractantes Le de garnison de la Sublime Porte, est maintenu tre cause de graves difficults, trouve stipul par les rglements antrieurs. droit qui devait tel qu'il se
Enfin, l'article 29 se termine ainsi : Aucune intervention arme ne pourra avoir lieu en Serbie sans un accord pralable entre les Hautes Puissances Contractantes.
de l'Empire Ottoman. Du provinces de la Thessalie, de l'Albanie, (1), de l'Epire, Montngro de la Bulgarie et de la Crte, il n'tait de la Macdoine, pas question dans le trait de Paris.
Sur une (1) Le Congrs avait effleur la question de Montngro. autrichiens des plnipotentiaires les qui accusaient interpellation sur ce pays, les plnipotenRusses de vouloir tablir leur protectorat que leur gouvernement n'entretient avec tiaires russes rpondirent le Montngro d'autres rapports que ceux qui naissent des sympathies de des Montngrains pour la Russie, et des dispositions bienveillantes Abandonn par la Russie, Daniel Ier la Russie pour ces montagnards. fit un voyage en France, pour plaider lui-mme la cause de sa patrie : devint Europenne ; mme, la question Montngrine, par sa notorit et le prince obtint Menlt^MflTnTV-erie dlimitation des frontires " '' turco-montnegrines. /A.V1'' //\ M. 7 /^> -g; \
C. Autres
98
DEUXIME
PARTIE
de n'avaient pas cru ncessaire Plnipotentiaires et des populations de ces rgions chrtiennes s'occuper leur tat appelait des Et cependant, qui les habitaient. Les rformes. elles formaient un turque, et taient hantes par l'exemple des Helfoyer de rvolte lnes. Et. voil que non seulementlesPuissancesnedonnaient Mcontentes ces aspirations ; mais encore, pas satisfaction lgitimes do la Moldavie et de par le commencement d'organisation la Valachie, chez les peuples des Balkans elles rveillaient les ides de libert donne et par l'importance d'indpendance, au Hatti-humayoun, elles contribuaient leurrer de l'espoir aprs cela, d'une si la dlivrance situation Fautprochaine. cre par le trait et de la domination
et si vingt annes peine pas t durable avant que l'incendie, en Bosnie, s'coulrent raviv ament un bouleversement de l'Empire Ottoman et gnral runt les Plnipoientiaires nouveau des qu'un Congrs Grandes Berlin ? Puissances, non plus hlas Paris, mais
On se rappelle que la Grce avait, par sa conduite turbulente et peu correcte, oblig les allis contre elle de svres mesures de coercition. prendre D. La Grce. Aux place runions de Paris, la question les questions marque parmi gnral, au trait de paix, et le plnipotentiaire trangres franais ne voulut pas clore le congrs sans la lui soumettre : On ne saurait une situation disconvenir, anormale. a oblig dit-il, que L'anarchie la Grce ne soit dans laquelle a t livr et l'Angleterre envoyer des grecque d'intrt avait sa
ce pays
la France
LE
TRAIT
DE
PARIS
99
troupes
au
Pire,
dans
un
moment
leurs
armes
ne
cependant
pas d'emploi.
sait dans quel tat tait la Grce ; il n'ignore elle se trouve que celui dans lequel aujourest loin d'tre satisfaisant; ne serait-il pas utile, ds les le Puissances dsir reprsentes de voir les trois au congrs, manicours protectrices dplorable moyens au du d'y sentiaux
en mre qu'elles ? .
la situation avisant
d'Angleterre
s'associa
Walewski,
des situations
et qui sont loin danger dans un des pays les plus Mais
l'quilibre qui nuisent polide mettre la paix l'abri de toutintressants de l'Europe. itasont
lienne, encore
la question grecque, pas plus ne fut rsolue. Et, sans doute plonges dans leurs mres
puisque, le
ou d'ordre sauf quelques mesures financires intrieur, intressants de l'Europe est un des plus pays qui infcondes. de ces mditations attend encore le rsultat On n'ose
devant le Tribunal penser au sort qu'auraient les affaires d'un pajrs qui ne serait pas un des europen, ! de l'Europe plus intressants Le comte clure que Walewski dut se contenter de dire pour condo se ncessit de la Grce l'impor-
de s'entendre
100
DEUXIME
PARTIE
la priode A partir de 1856, commence d'excution du trait de Paris. Elle se termine, moins de vingt ans contre la France, dont aprs, dans une violente raction l'influence en Orient subit le contre-coup prpondrante des dsastres de la guerre allemande. L'tude de l'excution du trait sera l'objet de notre troisime partie. Nous la diviserons en deux chapitres : Un premier chapitre sera consacr l'intervention de dans les affaires des nationalits de l'Empire l'Europe Ottoman. Nous rservons toire de la rforme pour un second gnrale de la Turquie. chapitre l'his-
TROISIEME
PARTIE
EXECUTION
DU
TRAITE
DE
PARIS
CHAPITRE
INTERVENTION
CHEZ DE
LES
DIFFRENTES OTTOMAN
NATIONALITS
L'EMPIRE
Le
trait
s'levaient retardrent
que dj tracs
Des discussions
beaucoup plus importantes. Par ses dispositions, aussi bien que par ses lacunes, le trait de Paris allait devenir matire contestations et rcriminations. Les pays qu'il organisait, parce qulls l'taient insuffisamment, les pays dont il ne s'occupait pas, parce qu'ils
102
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
restaient s'agiter
intolrable,
allaient
bientt
L'Europe a us sans scrupule de son droit. Si l'intervention arme n'a t employe qu'en est devenue journalire l'intervention diplomatique les affaires Trois l'union troubles arrteront d'Orient. vnements dominent l'histoire des Principauts de Moldavie de Syrie et l'insurrection plus particulirement
1860, dans
notre attentioa.
I. Principauts
de Moldavie
et de Valachie.
Aperu historique sur les Principauts. romaines de Trajah. La Moldavie et la xive sicle. Aux Indpendance complte jusqu'au avec la Porte. Ingrence de sicles, capitulations Occupation La priode phanariote. des PrincipauRusses 1829-1834. Le rglement organique. Protectorat de la Russie. ^- Rvolution de 1848. Occupation russe. Les Convention de Balta-Liman. Principauts pendant la guerre de Crime. . Le trait de Paris. Difficults au sujet des fron La Commission tires de Bessarabie. question de l'Union. ^- Les divans ad hoc. lections vicies. europenne de Bucarest. Conduite nergique Nouvelles lections. de M. Thouvenel. Confrence de Paris 1858-1839. Double lection du colonel Couza. La nouvelle et la commisconstitution Principauts-Unies. -^ La sion centrale de Fokshani. franaise. Affaires politique de 1861. La Porte accepte l'union sous Couza, 1861. temporaire Firman du 4 dcembre. Protocole du 28 juin 1864 et acte Confrence de Paris, 1866. Le Prince Charles de additionnel. 1 Hohenzollern 1866. Union sous le nom Charles I"" de Roumanie, de l'Union. Colonies
30 juin 1866. Firman d'investiture du prince Charles, 23 octobre 1866. Le Royaume de Roumanie 1881. de ces couvents. 2 Affaire des biens des couvents ddis. Origine Comment Confrence de Constantise pose la question. Scularisation des biens des couvents ddis. nople, 1864. Main-mise sur les Principauts 3 La question juive. par les Juifs. Rsultats des expulsions russes. Le danger juif en Moldavie contre les Isralites. Peret en Valachie. Mesures restrictives en 1872. Origine et motifs 4 La question des capitulations en Roumanie. des capitulations dans les Echelles du Levant. En Roumanie Elles ne sont pas non elles n'ont pas de fondement juridique. Question de. l'opportunit de leur plus motives par les faits suppression. scutions et intervention des Puissances
104
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
a occup la moldo-valaque diplomatie pendant plus de vingt ans. Nous allons l'tudier en dtail, et, pour complter l'hisnous dirons successitoire des. Principauts danubiennes, vement quelques mots de l'affaire des couvents ddis des capitulations de la question juive - et de l'utilit dans les pays chrtiens. La question de l'union I. 8.000.000 d'hommes en suppliant, au
Que veulent-ils? Chose nouvelle dans notre monde moderne, ils ne rclament pas notre assistance, comme cela s'est vu toujours, au nom seul de la justice, de l'intrt de tous, de l'humanit blesse et viole. Non ; la nouveaut et la grandeur de leur cause, c'est qu'ils se prsentent comme des frres oublis. Avec un accent qui rappelle certains grands procs plaides par des nations entires dans Thucydide et dans Tacite, lorsque la parent du sang tait encore sacre, ce qu'ils invoquent surtout, c'est la communaut d'origine ; c'est un lien de famille entre leur race et la ntre ; c'est une mme descendance, un mme berceau, la mme langue, les mmes aeux. (1) Par ces paroles enthousiastes, Edgar Quinet saluait les danubiennes, cherchait les faire connatre^ populations et, au moment o le Congrs de Paris discutait leur sort,
: Les Roumains
15 jan-
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
105
crer
en
leur
faveur
un
mouvement
de
l'opinion
publique. Quels taient donc ces frres relgus sur les bords de la mer Noire? On l'ignorait et Quinet gnralement, disait vrai quand il les disait oublis . Mais aprs plusieurs sicles d'esclavage, les Roumains ont su triompher la fois de la rsistance des Turcs et de l'inertie ou du mauvais vouloir de la plupart des Puissances, et ont constitu un peuple libre. Les Roumains descendent de la colonie romaine fonde
en Dacie, par Trajan (1), pour servir d'avant-garde et de dfense l'Empire (2). Les vtrans, laisss aprs la conqute et retranchs sur les survcu sommets et dans les dfils successives aux invasions des Carpathes, ont et ont transmis leurs la langue (3) et les
de prcieux renseignements sur la (1) La colonne trajane fourni de cette colonie romaine. conqute de la Dacie et sur la fondation est le rsultat de la combinaison roumaine des (2) La nationalit trois lments : thrace, slave, latin, celui-ci tant le principal (Xnodes Roumains, livre IVe). pol histoire (3) Edgar Quinet dmontre la parent intime de la langue roumaine avec les autres langues latines. Les savants el les voyageurs ont t drouts par les caractres slaves. C'est qu'en effet, les longtemps descendants des colons roumains avaient entirement dsappris l'cride nouveau fixer leur pense par des signes, . voulurent ture; lorsqu'ils leurs voisins ; l'alphabet forcment ils les empruntrent employ a fait longtemps mconnatre mme de la langue. En outre, l'origine le passage des invasions successives, les relations de commerce et de guerre avec des peuples trs divers avaient altr le vocabulaire priroumaine a t contamitif, la flexion et la syntaxe : la langue mine surtout slaves sans compter les lments par des lments
. 10G
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Au
enhardis besoin et
par
un
pousss refuges
d'extension, s'tablirent
montagneux
se diviser du sol les fora configuration de la Valachie, de la Moldavie, : c'esl l'origine groupes entre le monde asiatique de la Transylvanie. Situes l'Europe, malheureuses cessantes leurs Russie. La Moldavie tour leur heure et la Valachie de gloire eurent un instant englobes provinces des barbares dans de eurent empires, puissants subir les invasions
et servirent
voisins
de Turquie,
; la Moldavie,
avec II et
repousser le Grand, qui parvint de Hongrie et de Pologne. Un la Valachie, dont le prince la Moldavie
Micliel-le-Brave,
son sceptre et la Transylvanie. Mais, trop faibles le plus souvent pour tenir tte tous la fois, les Principauts rechercher leurs ennemis durent de l'un d'eux; de l les capitulations conclues l'alliance aux xiv, xve et xvie sicles sont dans Ces capitulations les circonstances avec la Turquie. donc une alliance elles ont vritable t signes ; et en
sait sous
lesquelles
ct des formes no-latines et hellniques coexistant qui en le fond propre. constituent la preuve est faite. Aujourd'hui Conserver dit M. Quinet, l'lepar miracle une langue nationale, ver en dpit de tous les obstacles, au rang d'idiome cultiv, donne un droit aux hommes et au peuple qui font ces choses. ce n'est plus la lande Quand il y a une langue, ajout-Wl au premier occupant. C'est un signe que dserte, banale, abondonne l habite un peuple, Une conscience, une personne, un droit. Edgar Quinet, Op. cit., p. 407 et 408. turcs
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
107
sont la preuve, elles ne constituent la part des principauts un acte dpendance. Il y a une certaine
dans les conditions; elle ingalit des forces (1) des deux parties ; s'explique par l'ingalit mais il serait au moins trange de trouver dans les sujet : des clauses telles que rapporte de souverain l'interdiction qui est faite aux Turcs de s'tablir dans les ou d'y des mosques, construire dont Principauts partout conqute. de Basile-le-Loup et de Malgr les efforts hroques Mathieu Bassaraba pour sauver la libert do leur patrie, les Principauts devaient bientt la proie des devenir Turcs et des Russes. Elles subirent d'abord l'oppression des Turcs. Les capitulations, en observes avec loyaut, peu dans l'administration effet, ne furent pas longtemps et les Turcs s'ingrrent peu des provinces danubiennes ; de son caractre Je droit de ailleurs les musulmans font le signe de leur
aprs avoir dpouill la dignit princire hrditaire et mme viager, le Sultan s'arrogea nommer lui-mme les hospodars. A partir de leurs pouvoirs
trois ans la dure de 1711, il rduisit et n'admit plus que les Grecs du Phanar vendue dsormais au plus offrant. Roumains dans leur une priode de histoire sous le
et qui en est une des pages les nom d'poque phanariotc du mcontentement plus tristes. Les Russes profitrent
les Turcs promettent (1) Par ces capitulations, et, en change, reoivent un tribut. de leurs armes
l'appui
108
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
contre le trop naturel des populations ; ils les excitrent ensuite, en libraeux-mmes, joug turc pour intervenir en 1711, 1739 teurs. C'est le rle qu'ils se donnrent et 1769. En 1770, ils demandrent l'indpendance pauts, et pour assurer cette indpendance, prent pendant 25 ans! Sur la domination des Princiils les occuturque allait
russe. se greffer la dortiination consacra dfinitiveLe trait de Kutchuk-Kanardji des Russes. Les Principauts taient restiment l'immixtion tues Abdul-Hamid, et Catherine exigeait, avec quelques faveurs d'une suivant pauts Russie d'avoir spciales, diminution les et leurs la promesse d'une amnistie gnrale et de tribut; mais il tait stipul que, circonstances o se trouveront les Princi-
les ministres de la cour de souverains, parler en leur faveur, et elle promet pourraient la conformment gard ces reprsentations, amicale et aux
considration d'autant
gards que les Puissances ont les unes envers les autres. Cette immixtion tait cdait des droits que la Turquie n'avait qu'elle-mme pas (1): En 1775, l'Autriche, qui depuis Carlowitz et Passarowitz possdait la Transylvanie et le Banat de Temeswar, Les traits de Jassy trait prit la Bucovine. et de Sistowa confirmrent de Bucarest, 1812, le la moins fonde
des Grecs, les hospodars le sultan, firent tous leurs efforts insurrec-
public,
1897, fas-
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
109
et la Sublime-Porto, rendit aux Roumains des hospodars indignes et septennaux. Par le trait d'Akerman (1826), la Porte s'engagea observer avec la fidlit la plus scrupuleuse les traits et actes relatifs Valachie. Dans un acte spar, il tait dit que les hospodars lus par les boards, et confirms par le Sultan, ne pourront dsormais tre destitus par la Porte que du consenteoccupation russe, fut sign le trait d'Andrinople qui accrut l'influence russe en proportion de ce que perdait la Turquie (1). Par ce trait, dit le prince Bibesco, qui ne laissait subsister entre la Turquie et les Principauts de Valachie et de Moldavie que deux liens : un tribut et l'investiture des princes protection En brisant par le sultan, la Russie imposait la Porte la dont elle entendait couvrir la Moldo-Valachie. les ces provinces la qui rivaient la Russie se crait de nouveaux droits un peu partial. Somme faisaient que se substituer chanes ment de la Russie. A la suite d'une nouvelle aux privilges reconnus la Moldavie et la
tionnel.
Ils
chourent,
(1) C'est de cet acte que le prince Bibesco [rgne de Bibesco) fait dater l'indpendance des Principauts. (2) Bibesco. Le rgne de Bibesco, t.'I, p. 7. sous le rglement (3) A cette poque (c'est--dire organique), l'autorit dont les Consuls Russes jouissaient dans ces pays tait vraiEn 1840, la Russie ment abusive, et elle n'alla qu'en augmentant. et, seule, la mauvaise fortune occupa de nouveau les Principauts, des armes lors de la guerre de Crime arrta ses progrs inquitants. autant Le trait de Paris mit un terme cette tutelle illgitime qu'excessive, puisqu'elle avait t consentie par la Turquie qui n'avait aucun titre lgal le faire. Michel Boresco. Revue de droit international public, mai-
110
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
aux rielles
Turcs, de
et
soient
les ainsi
conditions
mat-
qu'on donne en tant que nation, que de ne pas tre libre." fut confie au gnral des Principauts L'administration une constitution dite russe do Kisseleff qui leur donna que nom rellement <( rglement organique. Nul code dans le monde, maximes chrtiennes dit Quinet, n'est si riche en
peuple sa servitude,
organique impos que le rglement il Le ton est presque quand bucolique, par la Russie. contribuables. des laboureurs Que d'insinuations s'agit M (1) et d'amour pour leur arracher l'me aprs ce prambule! Ce rglement il confie consacre l'asservissement des Roumains ; une assemble de boards, du prince la dvotion de la Russie, qui a aussi un rle prponddes hospodars. rant dans la destitution l'lection Le roumain, rglement organique, tait donc, malgr dit encore un historien ses bienfaits administratifs,
de la domination russe qu'une consplutt un instrument (2) titution des pays roumains. et la Valachie avancrent 1830, la Moldavie Depuis dans rapidement de leur existence Roumains har apprirent la domination la voie des ides Dans nationale. connatre trangre et prirent les coles, leur conscience les jeunes
et aimer et rver
juin 1897, p. 330. C'est la remarque pos du trait de Kutchiik-Kanaivlji. peut le cder valablement. (1) Edgar Quinet. 1836, p. 37). (2) Xnopol. Les Roumains
que nous avons dj faite proCelui qui a usurp un droit ne (Revue dos Deux-Mondes, t. 11, p. 413. 1er mars
Histoire
des Roumains,
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITES
111
ceux qui parlent la langue roumaine (1). D'o te vient ton nom, ruisseau sans puissance, qui oses maintenir les frres spars ? s'crie un pote en s'adressant au Mil-kov. (2). C'est une poque de grand enthousiasmeLe mouvement rvolutionnaire de 1848 trouva le terrain bien prpar. Tandis que la Transylvanie cherchait secouer le joug hongrois, la Moldavie et la Valachie s'inrusse et contre les privisurgrent contre la domination lges des boards (3).
crivait (1) Ds cette poque, un voyageur, M. de Bois-le-Comte, (17 mai 1834) : la cration d'un grand duch de Dacie, qui runirait les deux Principauts m'a paru 01re ici l'expression du voeu le plus de ce pays.... A l'ide de la runion des deux provinces se gnral un prince tranger. C'est joint celle d'en remettre le gouvernement un voeu gnral qui n'est touff que par ceux qui sentigalement raient leurs intrts privs compromis ; et encore par sa ralisation en trouve-t-on ceux-l au mmes, qui s'lvent beaucoup, parmi dessus de cette considration Enfin, le vu;u de voir, soit la Dacie, dans leur tat actuel, soustraites soit mme les Principauts la d'une seule cour, et places sous exclusive et imprieuse protection ce voeu, depuis longtemps celle des grandes Puissances europennes, m'a t galement et plusieurs reprises, exprim, dj manifest, tant Jassy qu' Bucarest, et sa ralisation tait considre comme devant l'oeuvre de la rgnration de ce pays. Cit par complter les principauts danubiennes devant l'Europe, Ubicini, page 404. (2) Posies de Jean Vacarcscou cites page 478, tome II, Xenopol. En 1845 fut signe entre la Moldavie et la Valachie une convention de remarquer de douanes. 11 est intressant combien, ici, comme dans d'autres pays, l'union douanire a facilit l'union politique. et la Valachie avaient avanc dans la voie des (3) u La Moldavie les dispositions ides bien plus vite que ne le permettaient rglemenet contre la Puissance qui taires. Aussi est-ce contre cette lgislation, la Russie, plutt que contre les Princes, que la pol'avait introduite, se souleva en 1848 ; Xnopol, t, II, de ces deux provinces pulation chap. u.
112
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
les Principauts : la convention de Balta-Liman (1849), rendit au Sultan le droit de nommer les hospodars ; il fut convenu que les troupes dans les Principauts russes et turques sjourneraient La Russie envahit de l'ordre et que, pendant jusqu'au complet rtablissement un commissaire turc et un comla dure de l'occupation, missaire russe resteraient pour diriger la marche des en commun, aux hospodards, des avis et des conseils, chaque fois qu'ils remarqueraient quelques abus graves ou quelque mesure nuisible la tranquillit du pays. le rglement Sauf ^quelques modifications, restait en vigueur. L'heure de la libert n'avait organique pas encore affaires et offrir
de nouveau
avait fait consonn, mais elle approchait : la rvolution natre qu'il y avait des Roumains ; la guerre de Crime et la dfaite des Russes permirent de poser la question roumaine. de guerre, les troupes russes envahirent les Principauts (1) ; elles furent bientt remplaces par une arme autrichienne. Nous avons vu, dans leurs traits essentiels, les dispositions du trait de 1836, qui substitua au protectorat unique de la Russie, dsintresse Nous la garantie collective de l'Europe. maintenant en et par consquent suivre les plus Avant toute dclaration
allons
ments ; mais il nous faut dire un mot d'abord tion de rectification des frontires.
dveloppesur la ques-
arme de la Russie : la Ire a lieu en 1711, (1) C'est la 8 intervention la 2e en 1739^ la 3e en 1769, la 4e en 1792, la 5e en 1812, la 6e en 1829, la 7e en 1848, la 8e en 1855.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
113
Les mieux
articles assurer
on s'en
souvient
la Moldavie au trait,
dsigns ne se fit pas sans difficults. pas s'entendre. La frontire, disait Or, il se trouva Bolgrad. nom. Laquelle avait voulu d'une part, l'Angleterre dsaccord sur ce point. Autre se trouve cause
des dlgus des Puissances contractantes frontire. pour fixer le trac de la nouvelle Los dlgus doit
ne parvenaient
l'article qu'il
20,
et l'Autriche
de l'autre,
taient
de discussion
: l'embouchure
du Danube
une petite le, l'le des Serpents, russe avant la et dont le trait ne parlait pas : devait-on l'annexer guerre rien au sujet la Moldavie? Enfin le trait ne spcifiait du Delta du Danube, devait tre compris qui, semblait-il, dans les territoires vertu Delta La niers de cette fait cds, mais que la Turquie que les rclamait jamais deux en le considration
n'avait Russie
parLie se dclara
historique de la Bessarabie.
points litigieux c'est--dire sur la question terre tion obtint la refusrent devenait inextricable.
der-
la nomination
se runit en La Commission la majorit. le systme transactionnel 1857, et ratifia propos janvier limite Elle fixa le 30 mars comme dernire par la Russie. difficult autrichiennes et par la flotte par les troupes mouille du Danube. anglaise, prs des bouches terLa dlimitation de frontire tait dfinitivement l'vacuation
M. 8
114-
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
mine. du trait.
Ce n'tait
du
reste
qu'une
partie
peu
importante
le champ bien des espde dpart d'une re nouvelle rances ; il est le point pour vivre enfin et recouet la Valachie la Moldavie qui allaient Le trait du 30 mars ouvrait acen partie l'indpendance que des empitements de tout droit leur avaient au mpris peu peu complis vrer ravie. Les rviss lois et statuts dit, , tait-il aujourd'hui article 23. La vigueur Sublime-Porte en seront s'en-
sous le contrle, de l'Europe, les voeux gageait recueillir, intresses et s'entendre des populations ensuite avec les Grandes Puissances, en vue de constituer dfinitivement de ces Provinces, sous la l'organisation places dsormais de toutes les Puissances . Les Rougarantie signataires leurs voeux, librement mains allaient-ils pouvoir exprimer comme dire on le leur hautement Allaient-ils promettait? pouvoir leur dsir d'indpendance et d'union de Constantinople enfin ? Les
ngociations
de Vienne,
(1) et de Paris
une confrence (1) Les ambassadeurs avaient tenu Constantinople pour se concerter l'avance sur les points qui affectaient plus directement l'initiative et les intrts de la Porte. Dans un protocole qu'ils signrent, le 11 fvrier 1836, il est dit : La Porte confirme de nouveau dont lesdites Principauts les privilges et immunits ont joui sous sa suzerainet depuis les capitulations qui leur ont t accordes par les Sultans Bajazet [.1er et Mahmoud II La Valachie et la Moldavie, dont les territoires de l'Empire respectifs font partie intgrante chacune, comme par le pass une administration sous la suzerainet de S. M. I. le Sultan spare et indpendante Les traits conclus par la Sublime Porte continueront d'tre excuts Ce projet, dit Ubicini, avait le tort dans les Principauts. grave aux yeux des Roumains, de rduire nant leur autonomie et leurs droits comme nation. Ottoman, Cf. Ubicini, les Principauts devant l'Europe, auront
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFERENTES
NATIONALITS
H8
avaient
d troubler
cet
inquitude. hostiles de
la part de la Turquie et des vues peu favorables chez des Puissances. Il est juste quelques-unes d'ajouter qu'elles avaient fait connatre aux Roumains des protecteurs zls, au premier rang desquels se trouvait laFrarice. L'issue de la lutte qui allait s'engager tait douteuse, mais c'tait parler La question de l'union des Principauts devenait une question europenne. Elle allait beaucoup et de lutter. dj d'avoir acquis le droit de
danubiennes renverser le
des alliances de 1854, et systme quelque peu artificiel c'est ce qui en faisait la gravit. L'article 24 du trait de Paris disait : S. M. le Sultan immdiatement dans chacune des promet de convoquer deux Provinces un Divan ad hoc, compos de manire constituer la reprsentation la plus exacte des intrts de toutes les classes de la socit. exprimer Les Divans . formelle. Congrs Elle avait l'tait dclar les voeux des populations dfinitive des Principauts tait une donc promesse sance o le propose . seront appels l'orrelativement
la marche
Pour carter toute quivoque, le comte Clarendon avait fait remarquer que le Congrs s'est avant tout propos, en s'occupanf des Provinces de provoquer danubiennes, librement mise des populations . (1). l'expression nous ait habitus une Aussi, bien que la Turquie conduite peu franche et que ses diplomates soient passs
(1) Protocole 22.
116
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
matres
dans
l'art
de
tourner
les
difficults
et
dans
si peu loyale sa conduite des moyens dilatoires, l'emploi dtache de l'Angleterre ne s'expliquerait pas sans l'appui de notre politique par la se trouver unie pour justement l'ide franaise L'Autriche biennes nous un revirement Russie. Celle-ci subit, pour ne pas avait en effet, et (1). Provinces se rangea le soutenu
sparer de l'union.
cherchait
tablir
danudonc
sa domination
conomique; de la France,
soutenue
par
Pila et
de l'Autriche, ennemie et par la Prusse toujours de l'alliance Sublime-Porte beaucoup anglaise esprait se promettait de ne cder qu' la dernire extrmit. C'est firmans dans ces circonstances de convocation de tout faire
les lana que le Sultan des Divans ad hoc, avec le dsir pour empcher la libre expressans aucun
bien
arrt
sion des voeux du peuple moldo-valaque, qui, l'union et l'indpendance. doute, tait favorable Le Firman maintient dclare les anciens parties privilges intgrantes qu'il provinces pire. (2)
(1) La Russie a d'ailleurs toujours cherch manciper les peuples de l'empire Ottoman pour en l'aire des clients ; quitte se retourner contre ces mmes peuples, le jour o elle les voit chapper son influence. La politique russe en Orient prsente cet gard une remarde l'Angleterre, au contraire, serait l'ait quable unit. Le revirement pour tonner si l'on ne connaissait le caractre de lord Stratford de Redcliffe que M. Thouvenel, aprs bien d'autres ambassadeurs franais, allait avoir pour collgue Constantinople. (2) Voir le texte du firman page 927. (Appendice). (Annuaire des Deux-Mondes 1836-57,
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
117'
font partie de l'Empire Cette ide que les Principauts Ottoman est fausse : en effet les capitulations constituent, comme nous l'avons bien vu, une alliance vritable, et le fait du paiement d'un tribut ne supprime qu'ingale: pas et mme ne diminue en rien la souverainet d'un Empire, enfin, la suzerainet turque est un terme vague, un droit un peu honorifique, et, comme le droit d'investiture dnue de sanction. lui-mme, compltement Mais, si peu fonde qu'elle ft, cette ide tenait coeur Dans une circulaire du mois de juil la Sublime-Porte. souverains du let 1856, Fuad-Pacha rappela les droits sur les provinces vassales, et, aprs avoir dit Sultan, puissent jamais qu'il ne pense pas que les Principauts devenir entre la Turquie et la Russie une barrire suffirien sante (1), se plait croire qu'elles ne gagneraient et qu'elles ne peuvent tre plus parfaitel'indpendance ment heureuses que sous la domination turque. Puis il s'empresse de conclure : Consulter les deux et par conspays sur le rgime de leurs gouvernements, dont ils sont les quent sur leurs rapports avec l'Empire vassaux ides rope. nous le pensons, aux pas conforme, des grandes Puissances de l'Euconservatrices ne serait taient les du Gouvernement
(2) dispositions
Si telles
que cette ide tait un des motifs invoqus par (1) On se rappelle Cf. Expos de M. de Bourqueney la France en faveur de l'Union. annex au protocole 10 de la Confrence de Vienne dont nous avons cit un important extrait (v. plus haut). de Fuad-Pacha cite dans Ubicini, (2) Circulaire t. I, p. 31.. devant l'Europe, Principauts La question des
IIS
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
aient t s'tonner faut-il Ottoman, que les lections faites sous l'empire de la pression la plus excessive? (1) La censure de la Le fait dpassa cependant l'attente. presse fut rtablie. La Porte, dont le rle devait se borner des Divans, entra dans les la convocation permettre aux lectorale, qui assura la majorit boards et donna de droit la prsidence au Mtropolitain; le vice-prsident devait tre lu, mais forcment parmi les boards. (2) dtails de la loi M. Thouvenel protestait ; Bucarest, A Constantinople, eurola France dans la commission o il reprsentait des plaintes faisait entendre penne, M, de Tlleyfand non moins vives auxquelles M. Place, notre consul, joimais n'en La Porte s'inclinait, gnait ses rcriminations. son oeuvre ; les lections auxquelles camacam de Moldavie, furent driprsida Vogorides, et de l'Angleterre soires et la main de l'Autriche s'y voyait trop (3) pour ne pas inquiter le cabinet de Paris. Celuicontinuait pas moins
(1) Cf. Ubicini, op. cit., p. 75, 76 : De toutes les mesures librales ou utiles au pays, par lesquelles le prince G. Ghika avait honor les dernires annes de son administration, il ne resta plus que la loi des par laquelle il avait proclam l'anne prcdente, l'mancipation et l'abolition de l'esclavage dans les PrinciTchingans (Bohmiens) Mmoire siir la situation de la Moldo -Valachie de Paris. L'auteur traite ainsi le firman : Cet o il y a de tout, qu'on appelle le firman de convocation imbroglio except de la justice et de la logique. P. 51. des listes lectorales M. Victor (3) A propos de la falsification : Je Place, consul de France Bucarest, crivait au comte Walewski ait compromis regrette vraiment qu'une ingrence aussi condamnable la loyaut de l'Autriche, en lui faisant prendre part directement l'un des attentats les plus graves que le gouvernement moldave ait commis contre la sincrit des lections prescrites par le firman. Xnopol, tome II, page 5684 pauts. (2) Cf. Bratiano depuis le trait
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CHEZ
LES D1PFRKNTES
NATIONALITS
dl9
chercha ci, pour viter des complications srieuses, faire prvaloir un systme transactionnel. Peut-tre cela au dbut des ngociations, et-il t possible lorsque M. Thouvenel naison o les le proposait une vie nationale Principauts commune sous deux chefs. En tous cas, on y est revenu ; mais aprs combien de difficults ! l'instant, les vnements devenaient graves. Si l'on se dcide oprer les lections dans les conditions actuelles, crivait M. Place, le 18 juin 1857, je ne rponds plus du maintien de la tranquillit publique . Les manifestations clataient, en effet, de toutes parts ; et partout^ aux cris de : vive l'Union ! vive la Roumanie ! se tenaient de protestation; aux lections, les lecteurs unionnisles, grce une cependant bien peu nombreux habile slection, s'abstirent en masse. Il tait grand temps de prendre un parti nergique. M. Thouvenel n'avait cess de mler ses rclamations aux plaintes des Roumains et de soutenir avec fermet et dignit les intrts franais, au milieu des embches et des il pensa que le moment dcisif tait arriv, et difficults; qu'il fallait tout scandaleuses. Le 28 juillet note suivante Altesse prix obtenir l'annulation des lections des runions Pour lui-mme, recevaient dans une combi-
il adressait : J'ai
de l'Empereur mon Auguste que le gouvernement Matre, apprciant comme je n'avais cess de le supposer et de le dire, les circonstances qui ont (1) prcd et
de la duplicit de la Su(1) On eut bientt une preuve clatante du Danube publiait des lettres blime-Porte. Le 8 aot 1857, l'toile camacam ou de Moldavie, confidentielles rerues par M. Vogoridis
1.20
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
a en Moldavie, lectorales les oprations accompagn do sa Majest, dans les principaudonn au commissaire ts du Danube, l'ordre de protester contre le rsultat d'un et m'a en outre prescrit, de la en faon la plus formelle, par une dpche tlgraphique, immdiate date du 27 de ce mois, de rclamer l'annulation et absolue de ces lections. J'ajouterai que les instrucme ne sauraient de l'Empereur tions du gouvernement scrutin entach de nullit, et d'accepter ni un refus ni un aternoiement, permeltrc je prie votre Altesse de vouloir bien me mettre en mesure de faire connatre la rsolution
crites par, vernement, conduite de crivait de Porte saura
Paris dans le plus bref dlai possible dfinitive de la Sublime Porte (1). Le
avec le goului . et qui tablissaient sa complicit la du Sultan, en mme dvoilaient temps qu'elles Je suis convaincu' certaines Puissances europennes. au camaeam, Londres Musurus-Pacha que la Sublimeapprcier les services, la fermet et la sagesse de Votre et je ne crois pas qu' la suite d'insinuations Excellence; trangres, elle puisse se trouver dans la position fcheuse de vous cacher invodans sa correspondance avec elle, toute la satisfaction lontairement conqu'elle ressent, et combien elle approuve la sage et prudente duite de Votre Excellence . Et le 13 avril, M. Vogoridis, secrtaire de l'ambassade Ottomane crivait cette lettre stupfiante : Je vous rpte donc de Londres, vous conformer aux conseils et d'employer sans nulle objection toutes les personnes qu'on vous proposerait et sans vous informer si les personnes recommandes sont perverses ou mal fames. Il suffit que ces hommes soient sincrement contre l'Union : cela suffit ! Cf. Ubicini Les Principauts devant l'Europe, p. 186 et 188. Citons encore une une lettre de Photiade au camaeam Vogoridis, du 20 mai 1857 : Voil en peu de mots l'esprit de la politique de la Sudisait-il ; elle dsire que Votre Excellence agisse nerblime-Porte, contre l'Union ; mais qu'elle agisse surtout sans bruit et giquement sans divulguer qu'elle reoit de pareilles instructions principalement de la Porte. Cf. Xnopol, Histoire des Roumains, t. II. Trois annes de la question (1) Cf. Thouvenel, d'Orient, p. 119. Encore une fois, disait M. Thouvenel, dans la mme lettre, il ne
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
121
la conduite de approuvait M. Thouvenel ordre de rompre les rela(1) et lui donnait tions diplomatiques en cas de refus de la Sublime-Porte ses demandes. d'accder Monsieur ler, aux Thouvenel Turcs. tant Ennemis croient avait trouv le vrai des langage par-
5 aot,
le
comte
Walewski
avant
tout
ceux-ci, tentent
qu'ils
ils ont
homme
bout, et de les mettre jusqu'au les Turcs, pli et irrmdiable, leur race, s'inclinent
du fait accom-
et accablent
res de paroles amicales et flatteuses. C'est ce qui arriva. Ds que fut amen le drapeau de l'Ambassade franaise, on courut on le supplia; on lui aprs notre ambassadeur; et le 23, les lections de Moldavie sacrifia Reschid-Pacha, furent annules. avait t rude ; la victoire elle tait en fait n'en plus semblait apparente que que Le combat plus glorieuse relle.
; mais
des souverains
franais
nouvelles
mais de l'excution loyale du pas de l'union des Principauts, de Paris. La seconde question, pousse vivement, vient en aide la premire sans que personne ait mot dire. Le terrain est donc excellent. s'agit trait (1) L'Empereur approuve votre conduite. Si vous n'obtenez pas la vos insexcutez strictement que nous demandons, juste satisfaction tructions, et, de concert avec vos collgues de Prusse, de Russie, de Sardaigne, rompez les relations diplomatiques.
122
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
premire forme,
d'une crivait
La France a gagn la complte. le drogman de l'ambassade, M. A. Outrey* l'Aule 17 aot 1857 ; mais l'Angleterre, union ont gagn le fond et tous leurs efforts
et quelque peu jous que nous tions une M. Thouvenel qui avait dploy dans cetle campagne dut trouver de nergie et une unit de vues remarquables l'ironie dire mme par dans de l'Empereur l'apprciation : Nous le comte Walevvski mais nous avons qui lui faisait vers le tendons
de eu l'intention toujours le succs, nous prter des concessions qui, en ajournant ne le rendront (1). Est-ce bien assurer que plus certain. but; le succs que l'ajourner? unioniste Toutefois, allait les lections se firent
rgulirement; Le mouvement d'une national surtout, Les Dans demanda taire marche et
ds
lors grce
constante
Roumains,
l'avantage de la Valachie. les Divans se runirent. l'Assemble sous un Prince moldave hrdi-
politiques, et l'union
et tranger : Nous ne voulons plus, disait un orateur, de Princes, fermiers du pouvoir..., nous pres sommes las d'tre la pomme de discorde entre Puissances rivales... comme meilleures gements de Seul un Prince au dehors lois tranger ce respect demeurent lettre ont peut inspirer souverain sans morte t un au dedans lequel les Les chanau
Princes
toujours
obstacle
du 17 aot
His-
INTERVENTION
NATIONALITS
123
(1).
vota en quatre articles valaquo les mmes voeux (2), la suite d'un discours du prince L'Union, Bibesco. s'criait car elle nous promet celui-ci, la force; continuait l'hrdit, : Lui car elle seul garantit la stabilit. tranger) ncessaire, et Puis il nous force
avec la force apporter morale que lui donneront avec les ttes couronnes. ces haines, mire que, ant finiront de ces
alliances
rivalits
nous, rivalits place fait natre et entretient parmi sans lui, l'Union ne fera qu'augmenter et qui, menade se propager dans les dernires classes, jusque pays une vaste arne o toule sa vitalit et de factions. (3). des Assembles des valaque se discuter plu-
par faire de ce malheureux o toutes ses forces s'puiseront, s'teindra dans des luttes de partis L'Union tait vote deux Principauts, spara aussitt. sieurs lition par l'unanimit moins deux voix. Divan moldave
Le Divan voulut
Le
d'administration telle que l'abointrieure, questions de la corve (4); il ne se spara que le 2 janvier 1858,
au Divan de Moldavie. (Cf. An(1) Discours de M. Hourmousaki nuaire des Deux-Mondes, 1837-58, p. 680-681.) de l'Autonomie conformment aux capitulations (2) 1" Garantie de 1393-1460-1512 et neutralit du pays moldo-valaque ; 2U Union des deux Principauts sous un seul gouvernement ; 3" Prince tranger unique. (3) Bibesco, p. 506. Cf aussi lettres du prince Bibesco du 5 sept. 1856 Jean Floresco (p. 474) et les discours prononcs Cracovie cl Bucarest (p. 500 et 503). (4) Cf Ubicini, les Principauts devant l'Europe, p. 311. hrditaire; assemble 4 Gouvernement constitutionnel reprsentatif avec une
124
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
aprs
avoir
vot
l'unanimit
des remerciements
aux
vint les dissoudre, le Sultan affecta de spcifier, en parlant des deux Princide son Empire. pauts, qu'elles font partie intgrante on des dputs moldo-valaques, Malgr l'unanimit n'tait gure plus avanc qu'au premier jour, et les membres de la Commission charge ne parvenaient de faire une enqute impartiale pas se mettre d'accord (2) sur le rapport qu'ils avaient soumettre la confrence de Paris. europenne
que les Puissances avaient (1) Les auteurs roumains font remarquer confi la Turquie le soin de convoquer les Divans parce qu'elle tait la convocation devait mieux place pour cela, mais que, en droit, des Puissances. Le Sultan n'agissait qu'en tre faite par la collectivit vertu d'une dlgation. de Bucarest avait reu du Congrs les instruc(2) La Commission tions suivantes (Voir Annuaire des Deux-Mon des 1856-1857, page 926) : Les articles qui prcdent (le trait de Paris) tablissent avec preucision le caractre gnral de la tche confie aux commissaires ropens. Les questions soumises leur, tude embrassent le systme dans sa plus complte mais les principes administratif, expression; irrvocablement consacrs par le trait doivent demeurer trangers C'est pourquoi M. de Talleyrand, leur examen compltement dcourag crivait le 22 dcembre 1857 M. Thouvenel, aprs le vote par lequel le Divan valaque refusait de s'occuper de questions administratives : Il est devenu vident que nous ne nous entendrons sur ce qu'il y avait dire. C'est alors qu'a jailli l'ide lumijamais neuse de nous concerter pour nous taire, et voici l'argumentation l'acceptation de nos collgues : le que je vais proposer demain Divan a mis quatre voeux politiques sur lesquelles il est interdit la Commission de se prononcer. La Commission n'a donc s'occuper sur lesquels le Divan a refus de que des questions intrieures s'expliquer. Ergo, le travail notre point de vue = zro ! Et voil ce que nous sommes venus faire ici. Cf. Thouvenel, Trois annes de la Question d'Orient.
de Bucarest
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
125
que et moi. nous le complterons Richtoffen Basili, par un et identique destin faire connatre expos confidentiel nos cours les vrits contenir le rapport que ne saurait officiel de la commission. Ce rapport, une confrence ment au trait rdig le runie Paris du 30 mars (1) 7 avril 1858, fut communiqu 1858, conformWalewski la
comme crivait
on devait
s'y attendre.
M. de Talleyrand,
(article de la
d'ouverture, au nom
prit dfense de
l'tude
approfondie
par les agents franais d'vidence encore la ncessit. justice rendre dans la l'affaire
de Vienne la France
a toujours roumaine.
Napolon reprocher des nationalits pour des luttes les bords utile infructueuses du Danube
amour
Et si l'on peut excesif du principe la France avouer dans que sur a fait une un
oeuvre
et belle
impriale rendre
la vie
(1) Cf. Thouvenel. Trois annes de la question d'Orient. la Confrence de Paris de 1858. De Clercq. (2) Cf. ProtocoleIde (3) Les Roumains nous savent gr de cette politique tout en dplorant qu'elle n'ait pas t ferme jusqu'au bout. Dieu est trop haut et la France est trop loin dit un proverbe moldave.
J2G ne saurait
assurer que
bien-tre
de ces populations, une administration Principauts l'amliorer par tantes, qui sont aux vritables intrts de France,
en cherchant spare, des institutions le dveloppement exisconformes aux traditions, aux moeurs et du pays. Les plnipotentiaires renoncrent leur prosolution les tentrent oppo1858. de ce
de cause, arriver
une
de concilier
opinions 19 aot
est
la
Convention oeuvre
du
qu'une
transactionnelle
durable
leur
ne devaient et
btard times.
se contenter d'un sjrstme plus pouvoir d'une demi leurs satisfaction voeux lgidisait M. Bratiano
(2) ds 1857, aucun obstacle ne nous empchera de reconstituer la Roumanie; il ne s'agit plus que d'une question de temps, et quel est celui parmi nous que le plus ou moins de chemin parcourir d'avancer empchera quand il s'agit d'tre ou de ne pas tre? C'est en se servant mme do la convention arrivrent du 19 aot elle-
Dsormais,
au but.
(1) Annexe au Protocole 3. Cf. De Clercq. (2) Bratiano. Mmoire sur la situation de la Moldo-Yalachie depuis le trait d Paris.
INTERVENTION CHEZ LES DIFFRENTES NATIONALITS Nous acte. devons faire connatre les traits essentiels
127
de cet
Les principauts de Moldavie et de Valachie, constisous la dnomination tues dsormais de Principautset de Valachie demeurent Unies de Moldavie places sous la suzerainet sition ambigu convention. A force dispositions villon, parla de S. M. le Sultan. et peu C'est par dispocommence la cette
compromettante et d'hsiLation,
que on
d'incertitude
arrrivait
a des
C'est ainsi que la question du patranges. et vives discussions, fut tranche aprs de longues cration de deux drapeaux diffrents avehanderole
la hampe. 2 est de la plus haute importance en ce que, la premire reconnat et consacre les fois, la Turquie elle capilulations, n'oserait plus manes II, et l'on pouvait les contester, que dsor en vertu des capiIor, Mahomet II, leur autonomie croire
tulations Slim
Bajazet constituent la
hatti-chrifs, est-il le
privilges l'article
ne laisser
aucun
doute,
se termine
ainsi
les Principauts s'administrent libreconsquence de toute de la Sublimement et en dehors ingrence des Puisdans les limites Porte, stipules par l'accord Les articles avec la cour suzeraine. sances garantes des deux les pouvoirs dans chacune organisent excutif un hosle pouvoir appartient Principauts; cet hospodar lu vie par l'Assemble; partage podar, suivants
128
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
avec
une
lective aux
le deux
pouvoir
Commission Le
Fokshani.
pouvoir par
des magistrats
nomms
de franchise ne tarde
de satisfaction leur
que nous avons not dans les Pour donner pas reparatre. aux dsirs les plus chers des une Commission centrale
accorde
on s'empresse d'ajouter que cette n'aura pas le droit d'initiative. Mmes dispoCommission les inspecteurs sitions peu nettes pour l'arme; gnraux sont nomms alternativement des milices par les deux en chef, dans le cas de runion ; le gnral Principauts et valaque des deux armes, doit tre, lui aussi, moldave tour tour. 8 prte quivoque. En ce qui concerne il ne fait que rpter mesures d'ordre et de dfense, des articles 26 et 27 du trait du 30 mars dispositions les critiques -lui adresser seraient dernier alina de l'article 8 est ainsi le pass, suzeraine les traits internationaux les conu conclus mmes; mais : Comme par la L'article les les ; et le
aussitt
par cour
Le pass, qu'tait-ce, sinon les traits dont parle l'article 2? Or, ces capitulations laissent les Principauts entirement libres de conclure elles-mmes des conventions cables de les ; et d'autre celles de rendu part, ne leur ont nullement applila Sublime-Porte. il est illogique Donc, Il ne fallait de prserver pas parler
invoquer.
INTERVENTION leurs tions La garantie Moldaves leur La immunits, (1). convention des
NATIONALITS des
129
consacrer
usurpa-
du Puissances
19
aot (2).
de
la
tous elle
droits
lequel refus; sa
se feraient le 9 jan-
les lections vier sance. Aprs et garanti dans leurs avoir les 1859,
Moldavie
tenait
premire
les
Puissances
capitulations moldaves
reprsentants question
attendre tranger
reprirent et hrditaire.
de l'Union
et
du
prince
(1) Cf. B. Boresco. La Roumanie aprs le trait de Paris, p. 22 et Michel Boresco.La situation des anciennes Principauts politique roumaines du Danube avant 1878. (Revue gnrale de droit international public, mai-juin 1897, p. 371.) des Principaudes immunits (2) Article 9 : En cas de violation un recours la Puissance suzeraine ; ts, les Hospodars adresseront ils pourront la faire et, s'il n'est pas fait droit leur rclamation, des Puissances garantes, parvenir par leurs agents aux reprsentants Constantinople. (3) Article 46 : les Moldaves et les Valaques seront tous gaux devant l'impt et galement admissibles aux emplois publics dans l'une et l'autre Principaut. Leur libert individuelle, sera garantie. Personne ne pourra tre retenu, arrt ni poursuivi que conformment la loi. Personne ne pourra tre expropri que lgalement indemnit. Les Moldaves elpour cause d'intrt public et moyennant les Valaques de tous les rites chrtiens galement des droits jouiront : la jouissance de ces droits pourra tre tendue aux autres politiques seront cultes Tous les privilges, ou monopoles exemptions abolis M. 9
130
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
devant la dcision de l'Europe, ils no Obligs de s'incliner voulaient pas avoir l'air d'y acquiescer, ne ft-ce que par ils voulaient prouver leur silence; par cotte manifestation, leurs anciennes renonc qu'ils n'avaient aucunement A qui la Turquie faire croire pourrait-elle esprances. danubienne ne dsormais que la masse de la population la majorit crasante des fut pas unioniste, lorsqu'aprs Moldave venait dire qu'elle divans ad hoc, l'assemble parce qu'elle renferacceptait la nouvelle constitution, mait des lments, tendant la ralisation des voeux aussi unanimes que constants dans la nation? (1). avaient fait preuve de constance ; ils Les Roumains firent plus, ils s'taient, dj montrs capables d'abdiquer toute passion et toute rivalit de partis devant l'intrt la mesure de leur patriotisme, pays, ils donnrent
de l'assemble de Moldavie le 9 (1) Dclaration des Deux^Mondes, Cf. Annuaire 1838-1859, p. lo L'assemble lective de Moldavie exprime tude aux Puissances signataires du trait le Paris
du en
et garanti les droits des Principauts avec l'Empire Ottoman; capitulations 2 L'assemble lective dclare devant Dieu et devant les hommes en un seul Etat et sous un prince tranque l'union des Principauts demande unaniger, issu d'une des familles rgnantes de l'Europe, mement par les divans ad hoc dans les mmorables journes du 7 et du 9 octobre 1857,. a t, est, et sera toujours le voeu le plus vif, le plus ardent et le plus gnral de la nation roumaine ; 3 L'assemble lective de Moldavie au nom du pays ses exprime profonds regrets que ce grand voeu, dont l'accomplissement seul peut assurer le bonheur de 3.000.000 d'hommes, n'ait pas t rempli ; cependant, elle apprcie et accepte une constitution, qui renferme . des lments tendant la ralisation des voeux aussi unanimes que constants de la nation ; 4 L'assemble espre que l'Europe, dans sa justice, tiendra comptedes voeux manifests tant de fois et avec tant d'insistance par ,1a nation entire.
1859, janvier 715 : sa profonde gratipour avoir reconnu roumaines inscrits dans leurs
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITES
131
nommant colonel
Jassy Couza.
et
Bucarest
le
mme
hospodar,
le
du 19 aot, pas prvu par la convention l'Autriche dans son mcontentement les relations rompit et lit mine de vouloir envahir les Princidiplomatiques, pauts. Le reprsentant Paris parla haut qui de la Sublime-Porte la confrence de les et en
Le cas n'tait
illgalits Valachie,
une violation des clauses laboqui constituent res par la confrence l'application com, il demanda de l'acte conventionnel conclu entre plte et rigoureuse les Puissances au sujet de l'organisation des Principauts , et somma la confrence d'user cet gard l'article de la convention L'Autriche 27 du trait du 19 aot la que lui confre du 30 mars 1856 et l'article (1). de la Sublime-Porte de demander convention (2). le Sultan l'exacte du droit 8
1858
reconnut
motion
et
incontestable de la dite
et rigoureuse Mais,
perdit
par
l'Angleterre,
au ; mais demandrent bospodaralc pour lever les obstacles l'organisation Sultan de la ratifier dfinitive de l'administration dans les deux Principauts lit de la double Sans doute testations. convention, les Plnipotentiaires Dans le cas d'une les reprsentants se confondaient infraction en pro la constate se concer-
Constantinople
1859.
132
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
teraient
sans dlai
sur
les mesures
lesquelles
il
tait
de ne pas trop de la part de la Porte prudent de ce discours rsultait Une seule chose certaine scration dupe du fait accompli. La Sublime-Porte
des diplomates ; mais phrasologie plus lutter ; Fuad Pacha dut se rsigner. pouvait en considIl dclara que la Sublime-Porte prenant de la ration la recommandation confrait faite par
garantes, l'investiture
cinq des Puissances et pour cette fois, Pour les mnager Couza alla
suzeraine,
demander
l'investiture. rgla par un seul adminisl'organisation la nouvelle situation. A ministre centrale consentait, d'une et une seule
la Commission
de Fokshani
organis
rappelait, l'engagement pris par elle en comavec les Puissances des moyens coercid'employer
en cas de drogations. Elle insistait une dernire fois sur le caractre de la mesure exceptionnel qui devait en rien de prendre fin la mort de Couza et ne prjugeait l'avenir. Les Puissances,
(1) Protocole 21.
sauf l'Autriche,
firent,
sur ce point,
des
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
133
rserves nouveau
expresses. la situation
Elles
taient
dcides
examiner
la mort
tait juge l'exprience tion que dans sa haute bien-tre le Sultan Puissances des populations... s'empresserait
de l'hospodar actuel et, si elles avaient la convicheureuse, et gnreuse sollicitude pour le le Gouvernement de sa Majest d'examiner de concert avec les
les consquences naturelles garantes, qui dcouleraient d'une pareille situation (1). Des rserves aussi formelles ne laissaient de doute personne sur l'issue de roumaine, cette et le prince Couza adressa (dcem son peuple : Roumains, proclamation
est accomplie, la nationalit roumaine est fonde... vous avez runi vos esprances sur la tte d'un seul Prince. lu vous donne aujourd'hui une Roumanie Votre une... Vive la Roumanie ! Cependant au nouvel bospodar Unies devant le l'intrieur, les dont difficults le rgne aux factions ne man-
pril
extrieur,
en proie
et le Prince clata un conflit les dputs menales ambassadeurs crivirent ant, si bien que, le 25 fvrier, sur la ncessit de prvenir leurs consuls gnraux toute attaque du Prince contre la constitution et tout acte de l'Assemble Prince (2). qui pourrait compromettre les droits du
(1) Cf. de Clercq. Ces termes sont emprunts la note franaise. la Russie, la Prusse et l'Italie en firent une semblable. L'Angleterre, anne 1862-1863. des Deux-Mondes, (2) Annuaire D'autre part, la Turquie n'avait pas renonc son ingrence dans Le 1er mai 1861, le Grand Vizir disait les affaires moldo-valaques. turcs propos de rformes aux ambassadeurs dans une circulaire projetes par le prince Couza -;, la Porte en prvient les grandes
134-
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
s'envenimait.
Sur l'initiative
de la France
l'avis qu'il y avait signataires exprimrent lieu de modifier la constitution. Sans attendre^ le prince Couza, le 14 mai 1864, pronon^ ,ait la dissolution de l'assemble, et faisait accepter par le peuple une nouvelle loi lectorale Ce procd tait-il lgal? tution. elles-mmes vaient-elles modifier pouvait souvint et une nouvelle Les Principauts leurs institutions? constipouOn
le reconnt. Couza se douter que la Sublime-Porte lui avait servi alors qu'un voyage Conslantinople sur son loquence obtenir l'investiture, et, comptant du Sultan. il se rendit de nouveau auprs persuasive, Pour la seconde fois, le moyen russit, et dans le prambule d'un acte additionnel il est expressment peuvent dsormais du 19 aot, (1) la convention Unies reconnu que les Principauts modifier
ou changer les lois qui rgissent leur administration avec le concours lgal intrieure, de tous les pouvoirs tablis, et sans aucune intervention (2).
car l'organisation est l'oeuvre Puissances; qu'il s'agit de rformer d'une entente commune; la modification en doit tre par consquent de la conl'objet d'un nouvel accord entre les Puissances signataires vention de Paris du 19 aot 1858. {Livre jaune 1861, p. 76). La Sublime-Porte, tait-il dit encore dans une note communique aux ambassadeurs, ne peut adhrer l'Union qu' certaines conditions ; entre autres, que en cas de violation de l'acte constitutif et de la convention du 19 aot les mesures coercitives, si elles sont soient excutes par la Puissance suzeraine et que les ncessaires, Puissances garantes soient reprsentes en auprs du commandant chef par leur dlgu respectif. Cf. Archives diplomatiques 1861). est du 28 juin 1864. (1) L'acte additionnel Unies du de 1864. (Principauts (2) Livre jaune Danube.) Le prambule, ajoutait Il est nanmoins bien entendu que cette facult (mai
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NATIONALITS
135'
additionnel, sign par les Puissances, cause des vnements survenus des depuis 1858, s'inspirait principes franais de 1789 et confiait les pouvoirs publics au Prince, un snat et une assemble lective (art. 1) qui devaient .(art. 2). Le Prince l'aide d'un exercer collectivement des lois le pouvoir lgislatif
L'acte
prpares par lui avec et votes ensuite par la Chambre et un Snat, telles taient
et le Snat. Un
Conseil d'tat
importantes (1). Le prince Couza ne tira aucun bnfice de ce succs pas plus que des mesures librales qu'il prit dans la suite. Malgr un dcret-loi du 26 aot 1864 supprimant la corve et permettant propaysans de devenir pleinement donn aux tranpritaires; malgr le droit de proprit 1856, la suite gers de tout rite chrtien, le 23 fvrier d'un mouvement militaire Couza dut abdiquer-. Un gouvernement Sur provisoire fut constitu. la proposition de Lhys, une (2) de M. Droyn Confrence se runit de nouveau Paris, 16 mars 1866, et venu pour les Puissances d'user des rserves qu'elles ont faites en 1861 (3). Les Puissances en 1866 les mmes ides apportaient dclara le moment qu'aux confrences prcdentes. Sur la question du prince aux
ne saurait s'tendre aux liens qui unissent les Principauts l'Empire Ottoman ni aux traits en vigueur entre la Porte et les autres Puissances qui sont et demeurent obligatoires pour lesdites Principauts. Sur ce dernier membre de phrase, nous faisons toutes nos rserves. (1) Cf. Le Livre jaune de 1864. 1866. (2) Cf. Dpche du 27 fvrier ts-Unies.) (3) Protocole 1. De Clercq. (Livre jaune 1867. Principau-
136
'
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
la
Russie, fort
tat
pas
faire
et se rangea la politique franaise et de l'Angleterre. de l'Autriche Turquie, un tel dclarait de lord Cowley l'organe incompatible Ottoman (2). question dut avec le maintien tait L'entente tre rserve. de Russie,
Celle-ci,
Quant
d'Autriche
fussent que les populations n'avaient-elles Que de fois cependant de avis ! C'est ce que se contenta
remarquer l'Union,
est de Lhuys : La France convaincue dit-il, parce qu'elle est toujours lations la veulent (3) . Drouyn A la nouvelle de l'attitude imprudente engagea (4), la confrence
pour
dputs
"moldo-valaques
le gouvernement
le 7 mars 1866, trouve que l'Union des (1) S. M. dit Gorchakoff, attenn'a pas port les fruits que les Moldo-Valaques Principauts Cf. Archives daient pour leur bien-tre et leur prosprit. diplomatiques 1868, T. I. (2) Protocole 2. . du 16 mars, M. Drouyn de Lhuys disait : (3) Dans une circulaire Examinons ne serait pas venu d'achever plutt si le moment l'oeuvre des Puissances, en donnant pour base l'union, sous la suzerainet maintenue de la Porte et la garantie de l'Europe, un pouvoir fort et respect, qu'il sera toujours difficile de trouver dans le sein du pays, et que les populations dsirent choisir dans les familles Le gouvernement de l'empereur, en ce qui le rgnantes trangres. concerne, conserve les convictions qu'il a portes dans les ngociations prcdentes. Elles ont t fortifies chez lui, plutt qu'affaiblies, (Livre jaune 1867). par l'exprience. (4) Une assemble unique s'tait runie Bucarest. La Confrence vota la rsolution suivante : la confrence croit, devoir rappeler l'attention du gouvernement et des populations Moldoprovisoire
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
137
de maiatenir Puis,
l'ordre
continuant
elle se heurta
de d'Angleterre une intervention d'amener du prince tranger des dputs sparation cherchrent tentiaires sion Aprs bien dclaration
Plnipotransaction. la
s'entendirent
le (2) : La confrence la question du maintien soin de faire rsoudre de l'Union doit tre laisse l'assemble qui va se runir, (les det Valaques voter pourront sparment). puts Moldaves soit moldave, soit valaque, le cas o la majorit, se ce vote aurait pour conscontre l'Union, prononcerait des deux Principauts. Cette question quence le sparation Dans vide, aux ber l'Assemble termes que de sur d'un l'lection procdera hospodarale, 13 del Convention, ne doit de l'article un qui, tom-
veiller, et atteinte,
Les Consuls sont chargs de indigne. des votes commun accord, la libre mission immdiatement la Confrence toute
signaler
donc
tre
pose
une
fois
des Prinet les immunits que, si, d'un ct, les privilges des Puissances sont places sous la protection collective du trait de Paris, ces Puissances ne sont pas moins lies signataires par le mme trait, au devoir de veiller ce que l'tat des relations mainentre les Principauts et la Cour suzeraine soit rigoureusement subsistent entre les Puissances tenu, ainsi que les engagements qui ' et la Sublime-Porte. Valaques cipauts (1) Protocole (2) Protocole 6. 7.
138
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
encore. les
Le
tait
Mais nous savons que critique. devant leurs querelles intestines allaient donner de nouveau une runies refusa. nomprta
ils
Les deux chambres patriotisme. le comte de Flandre. Celui-ci l'unanimit dissentiment, Charles 1866. fois, la Moldavie ; et elles la de les deux assembles qui
Hohenzollern,
Valachie
se choisi
commun sa
l'avaient
ImmDevant dcider
la
l'Europe
pour donner le temps ajourne l'Assemble d'mettre un vote, en apprit, moldo-valaque se runit de nouveau au mois de mai, le rsullorsqu'elle tat entirement contraire ses dcisions. Le reprsentant avec violence, protesta rappela droit que les traits donnent de rtablir la Turquie ordre de choses lgal , et ne parla de rien moins d'une intervention proposition et l'Angleterre arme fut (2). appuye remarqurent par la Russie qu'une ; mais la de la Sublime-Porte le un que
La Confrence
qui s'tait
Cette France
intervention
du 30 juin 1866 (16 sfer 1283) est copie sur (1) Cette constitution la constitution le systme reprsentatif et belge dont elle reproduit censitaire. Voir le texte dans le Recueil des traits de l.i Puissance Ottomane du baron de Testa, t. V, p. 664.
(2) Protocoles
9 et 10.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
139
et refusrent pralable Ce serait, disait M. de Drouyn trouble matriel dont il est imposconsquences, jusqu' tinrent Bucarest prsent l'ordre tout en voulant l-
un
accord
simplement
Puissances leurs
s'en
agents
qu'elles de s'abstenir
avaient de toute
dmarche
la reconnaissance du prince Charles impliquant (2). de Hohenzollern La Turquie revint des ides moins et belliqueuses, la voie qu'on voudrait laissa entendre bien qu'elle suivrait lui indiquer. Grce l'habilet par le prince do M. Gliika, Consfantienvoy du aussi aux efforts
nople
Charles,
de Moustier, l'entente marquis d'investiture reut son firman Porte, crivait M. de Moustier
pasrsigne du prince ser par dessus tout ce que la prise de possession Elle a ensuite reconnu avoir d'irrgulier. Charles pouvait du le principe l'union dfinitive des deux Principauts, . et l'hrdit prince tranger Le firman n'tait pas en tout satisfaisant. Il
point
(1) Protocole 10. La France n'en maintenait pas moins ses droits. Quelle que soit, disait. M. Drouyn de Lhuys, la forme dans laquelle les questions intressant l'Orient se trouvent dbattues, que ce soit au moyen d'une confrence ou autrement, la France garde et maintient son droit de se mler de ses affaires et de participer leur rglement. Elle a achet ce droit assez cher pour ne pas vouloir l'abdiquer. (2) Protocole 9. 1867. (3) Le 29 aot 1866. Voir Archives diplomatiques,
140
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
laissait
subsister
avons
dj
signale
intgrante partie les limites fixes par les stipulations tions (article 3) ; or, nous avons conventions atteinte C'est n'ont jamais, en l'indpendance ainsi encore que l'article
plusieurs de l'Empire vu
ces anciennes
ce soit, port quoique et de la Valachie. de la Moldavie 4 dclare les traits signs d'autre de
qui, pour ces Provinces, obligatoires le droit comme n'auraient, par le pass,
aucun trait ou convention Or, aucun signer elles-mmes consacr un droit de ce genre (1), et, en acte n'a jamais ont toujours us du droit de traiter. fait, les Principauts entire. Des La discussion de principe restait donc deux liens cts on invoquait qui sculaires les anciennes les conventions les unissent danupopulations reconnues et dsignes Mais la Porte prtenles Princide leur
biennes
la preuve d'un lien de sujtion; y trouver les invoquaient en faveur pauts, au contraire, indpendance. Le gouvernement du
Charles ne perdit prince pas d'tablir en fait le principe dont il n'aespoir et s'effora vait pu obtenir l'aveu de la Sublime-Porte (2).
(1) Voir le firman sa date dans le Livre Jaune de 1867 (affaire des La France, en qualit de puissance garante, donna le Principauts). 29 janvier 1867, son adhsion la nomination du prince Charles de Hohenzollern. (2) Pour tre tout fait impartial, ouvertement du prince germanique nous devons Charles, signaler l'attitude au moment des vne-
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFERENTES
NATIONALITS
141
il signa la convention de Rome. tlgraphique La Sublime-Porte n'eut le pas de peine comprendre aussi formels. Le Goudanger d'actes de souverainet vernement traint dclara imprial, Reschid-pacha, do faire des rserves formelles contre international provenant se voit tout conacte d'un danu-
En 1872,
caractre biennes.
des Principauts
parla Cour suzorainclient les Principauts (1). Tel fut le dernier effort, de la Sublime-Porte. Le ministre protestation trangres Devant dit-il, rserves l'existence il du prince M. Charles, la dngation formule est aussi du devoir du Boresco, par la Gouvernement
Les traits
contracts
Sublime-Porte,
d'affirmer ventuelle, pour toute violation des droits autonomes de la Roumanie, qu'on
et de dclarer en mme temps que, essaye de lui contester comme par le pass, tous nos intrts internationaux ne tre rgls avec le gouvernepeuvent que directement (2). ment roumain.
ments de 1870. Le prince de Roumanie crivait, au roi de Prusse en juillet. 1870 : Votre Majest ne saurait pas douter un instant de mes sentiments, bien que je me voie forc de m'imposcr la plus rigoureuse rserve en prsence d'un peuple latin que ses sympathies entranent facilement vers ses congnres. Mes sentiments sont toujours l o flotte la bannire noire et blanche. La vie du prince Charles de Roumanie, 2 v. Bucarest, 1894-96, p. 35. T. II. Il me sera donn d'atteindre le but que je poursuis avec une persvrance infatigable, celui d'implanter la civilisation allemande en Orient. Lettre Bismarck, 9 mars 1872. Op. cit., p. 117, T. II. (1) Cf. Michel Boresco. La situation politique des anciennes principauts roumaines du Danube avant 1878 (Revue du droit international public), (2) Michel Boresco. Loc. cit., p. 377.
li
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
rien ; trs habilement, ne rpondit la Russie, la Prusse et l'Autriche licite de signer paraissait parfaitement
de des traits Principauts-Unies en 1873, l'Allcdouane et de commerce (1) et l'Autriche des convenma.<nic en 1877 signrent avec la Roumanie tions commerciales. dit M. Michel Boresco, pour que son indpendance politique devint complte, n'avait plus qu' recevoir le baptme du sang. Malgr son dsir de rester de 1877-1878, elle neutre pendant la guerre russo-turque de sa neutralit ne put obtenir la garantie (2) et, trop La Roumanie,
: Dans cet ordre d'ides, la prtention (1) La Porte protestait est une premire tape sur le chemin des exigences, des Principauts (Dpche d'Aarifiautrement autrement inadmissibles. importantes, dans un mmoranPacha du 19 aot 1874. Le prince Ghika rpondait dans la dum du mois de septembre : Les droits de la Roumanie question qui nous occupe ont t reconnus en fait, et les Puissances sinon ont constat par l combien il serait impossible, trangres mme inique, de nous imposer leurs traits de commerce avec la En etfcl, en vertu de l'article 23 du trait de Paris, qui Turquie. assure la Roumanie une pleine libert commerciale, de l'application ces traits notre territoire ne peut se soutenir . Le gouvernement anglais se dclara (dpche de Lord Derby, 14 septembre) : convaincu de la "Roumanie sont incompatibles avec les que les prtentions termes des traits existants ; mais i) conseille la Porte de cder L'Allemagne, au contraire, pour viter de srieuses complications. se crut en droit de conclure avec les Principauts vassales de la Turdirects et spciaux de douane, de tarif et de quie des arrangements commerce . Toutefois, pour ne pas porter atteinte la Sublime-Porte, ces traits seront signs par les Ministres et non par le Souverain. l'ambassadeur allemand (lnslructions.de du 20 octobre 1874.) premier drogman, tiques, annes 1876 et 1877. de Consfanlinoplc son Voir Archives diploma-
(2) Les articles 26 et 27 du trait de Paris, les articles 8 et 43 de la Convention du 8 aot lui imposaient le devoir de soutenir la Tur' 67 et note. quie. Clloublicr, p.
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LES
DIFFERENTES
NATIONALITES
14-3
faible
elle-mme, elle fut entrane pour la faire respecter elle dans la lutte. malgr Pour avoir livr passage aux troupes elle eut russes, subir des vexations de la part de la Turquie qui elle dclara la guerre le 30 avril. La Roumanie joua un rle dans la lutte, important sous Plevvna (1), elle reconnaissance oublia et aprs croyait avoir sauv l'arme russe sur la pouvoir compter elle se trompait. La Russie secourue, ou plutt la Bessarabie elle (2)
du vainqueur;
le petit peuple qui l'avait ne se souvint de lui que pour lui en change des marcages Aux confrences de Berlin, ais seuls obtinrent tance levrent une d'ailleurs. morale le la voix rectification Les :
prendre de la Dobroutcha.
les plnipotentiaires franen faveur et des Roumains de peu d'imporune cependant proclame fut confirme
satisfaction l'unanimit
22 mai
par
de San-Stefano, puis par le trait de Berlin. par le trait et l'galit de tous, Une condition y tait mise, la libert de culte (3) ; cette condition ne fut ralise sans distinction (1) Il est maintenant prouv que les Russes ont demand aux Roumains le venir leur secours n'importe quelles conditions. (2) Cf. Trait de San-Stefano. (3) Trait de Berlin,art. 43. Toutes les Puissances contractantes' reconnaissent l'indpendance de la Roumanie en la rattachant aux conditions exposes dans les deux articles suivants . Article 44 : En Roumanie, la distinction des croyances religieuses et des confessions ne pourra tre oppose personne comme un motif d'exclusion ou d'incapacit en ce qui concerne la. jouissance des droits civils et politiques, l'admission aux emplois publics, fonctions et honneurs ou l'exercice des diffrentes professions et industries, dans quelque localit que ce soit. La libert et la pratique extrieure de tous les cultes seront assures tous les ressortissants de l'tat Roumain aussi bien qu'aux trangers.
144
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
qu'en 1881.
1880.
La
Roumanie
fut
rige
en royaume
en
abus et aux usurpations des Turcs. Il n'en tait pas moins de faire disparatre tout jamais les causes de important discussion et d'obtenir de la Sublime-Porte la reconnaissans quiet la perte et prudent, dsormais, voque possible dans un acte international. Le seul fait nouveau tait l'abolition du tribut pour le Sultan de son droit d'investiture. Depuis lors, sous un gouvernement digne les Roumains ont su mettre profitleur libert sance formelle des droits consacrs
Cependant, tous ne sont pas runis. sont encore spars de leurs frres : Roumains Roumains des cercles de Maramures, sylvanie, et Banat (Romani (Koutzo-Wlaques, mains irrdims vexations
Roumains de Turquie, transilvaneni) Romani macedoneni), soit 40% de Rouet soumis en Autriche-Hongrie aux pires raas. des dputs Et le sna A la cou-
et en Turquie au sort ordinaire des Le 19 juin 1883, le prsident de la chambre portait ce toast : Au Roi des Roumains ! teur Gradistcanu ajoutait en relevant ce mot :
et aucune entrave ne sera apporte soit l'organisation hirarchique des diffrentes communions, soit leurs rapports avec leurs chefs spiiituels. Les nationaux de toutes les puissances, ou autres, commerants seront traits en Roumanie sans distinction de religion, sur le pied d'une parfaite galit. Article 45 : La principaut de Roumanie rtrocde S. M. l'Empereur de Russie la portion de territoire de la Bessarabie, dtache de la Russie, en suite du trait de Paris de 1856, limite l'Ouest par le thalweg du Pruth, au midi par le thalweg du bras de Kilia et l'embouchure du Stary-Stamboul.
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
145
ronnc perles
de : le
Moldo-Valacliie, Banal,
il
la Bukovine, pour : il
quelques ; mais
Roumains
(1). Personne ne parla toujours eut t juste sinon de le prudent ont raison d'esprer. Ils ne sont pas territoire. toujours.
II.
La
question
de l'union pour
de nous moins.do
difficults, leur
dans l'histoire importance avec les pays moldo-valaques. des couvents ddis (2),
des relations
avec le clerg grec, clerg roumain entre La lutte y fut. circonscrite Le Sultan n'avait donc aucun intrt de l'une des deux parties ; et, cette affaire
qui met aux prises le est la principale. chrtiens orthodoxes. religieux au triomphe de des
les
exemples
d'aigreur
sont hors
(1) Prface Rambaud l'Histoire des Roumains de Xnopol. (2) D'une faon gnrale, la question religieuse eut un rle considrable dans toutes les petites nationalits des Balkans libres postrieurement, car sous couleurs d'intrts ecclsiastiques, il s'agissait d'intrts nationaux. (Cf. Les efforts faits par les Serbes et les Bulgares pour constituer des glises autocphales.) M. 10 .
TROISIME PARTIE. - CHAPITRE I ou de la Palesque celles du Mont-Athos leur doivent en retour, protection. des ordres sont exactement les droits bnfitelles ddis ?
Quels ciaires
des monastres et quels sont Jes devoirs telle tait la question litigieuse. il faut se reporter Pour bien la comprendre, o furent se rendre tres. faites la plupart compte du rle des fondations
au temps en Roumanie et
et de l'importance de ces monaset un peu nomade par force, primitif l'ide vague encore de la patrie ; il ou des familles le lien disperss, Puis, les monastres
la tradition. o se conserve permanent au moment des invasions, servaient de refuges quand les se repliaient Roumains, obligs de fuir devant les Barbares, dans la montagne. t fonds dans un but charitable Presque tous avaient et la ddicace n'tait motive la que par le dsir d'assurer dure de l'oeuvre. Ce qui le prouve bien, tre paye au bnficiaire prescrites Trinit, en sorte, c'est que la redevance no devait
ne soit jamais que le Saint-Monastre priv du mais qu'il soit un lieu hospitalier en tout temps. ncessaire, Et ce qui excdera du revenu d'une anne l'autre, au susdit monastre duMont l'employer Athos (1). D'ailleurs, le prince dans un Cantacuzne, autre acte, spcifie avec soin, que le Mont Athos n'aura et seulement droit qu' au superflu dans les annes d'abondance (2). les moines devront
(1) D'Avril. La question des monastres dans les PrincipautsUnies (Revue des Deux-Mondes, 1862, tome 41). ^2) ... El pour que cette disposition de N. A. soit maintenue et
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
: 14*/
Ces clauses, rptes peu prs dans les mmes termes dans tous les autres actes, montrent clairement l'intention formelle des fondateurs, leur de l'oeuvre pieuse et nationale. but d'assurer la perptuit
de Mathieu Bassarabe, de 1639, diOr, un chrysobulle sait : Les monastres seuls (ceux qui ont t ddis par seront soumis aux moines leurs fondateurs eux-mmes) et ils ne l'y seront que conformment aux disdes actes ddicatoires laisss leurs qu'auront positions fondateurs (1). Il faut donc s'en rapporter uniquement trangers, ces dispositions.
respecte sous notre rgne, ainsi que sous celui de nos successeurs, et ne puisse dissiper ou aliner les biens du monastre, que personne mais, au contraire, pour que les hgoumnes ou suprieurs s'efforcent de le faire prosprer et de l'embellir, nous le ddions aux monasnon pas un ou a deux, mais tous les lres du Saint-Mont-Athos, afin que tous aient le droit de vingt monastres dudit Saint-Mont, et de prier le Seigneur pour notre vie, pour notre salut et l'inspecter, aura observer celui des ntres. Les conditions que le Saint-Mont pour la conservation du monastre, sont les suivantes: ... Des revenus on enverra au Saintdu monastre, dans les annes d'abondance, Mont seulement le superflu qui restera aprs avoir pralablement dans les mauvaises aux dpenses annuelles du monastre; pourvu aux revenus annes, le secours sera proportionn (ChrysobulJe au Mont de 1686 pour la ddicace du couvent valaque Cotrotchni sur les Eglises, les monastres, les Athos, cit dans le mmorandum sur les monastres ddis de la biens conventuels et spcialement de Valachie, principaut par G. Bengesco, Bucarest, 1858, p. 35. du prince grec Morouzy, fvrier 1799 : Cf. aussi p. 49, un chrysobulle ... Ils (les monastres des Saints-Lieux) prendront des revenus ce qui du monastre d'ici et enverront le reste, au est ncessaire l'entretien monastre auquel celui du pays est ddi; car il faut toujours que ce soit prfr, et que l'autre ne vienne qu'ensuite, selon les dis positions mmes des fondateurs des traits de la Porte ottomane, (1) Baron de Testa. Recueil t. 5, France, p. 349. M. Bengesco, op. cit., p. 75, nous donne le fordes moines grecs, envoys en qualit.d'hgoumulaire de dclaration dernier
148
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
les hgoumnesou la priode phanariote, suprieurs de ces couvents, grecs comme les hospodars, profide l'administration des Principauts trent des dsordres le plus et ngligrent les oeuvres charitables pour prlever Pendant gros du revenu du Mont au Sina Sainte,des monastres profit et du Mont-Athos surtout de Terre-
Ce fut l'origine de rclamations justifies elles donnrent lieu. sions sans fin auxquelles une commission venir des biens fut nomme dans
Lieux-Saints
En 1857, la siges ecclsiastiques. Commission de Bucarest fut charge d'examieuropenne de l'Autriche, ner la question. Les dlgus de l'Angleterre, de la France, se mirent destins de la Prusse pour d'accord et de la Sardaigne. aprs enqute, reconnatre sont que les couvents soutenir des oeuvres pies l'entretien indi-
qui, et autres
subsidiairement des gnes et couvents des Saints-Lieux . Ils engageaient se ceux-ci tait dans l'inprter une transaction qui, pensaient-ils, trt des deux parties (2).
principalement contribuer
mnes aux couvents valaques (24 mai 1856). ... J'administrerai les biens du monastre avec zle et fidlit, tchant d'augmenter autant que possible ses revenus, et de rparer avec une sage conomie tout ce qui aura besoin de rparations, d'amliorer de jour en jour l'tat du monastre, le tenant dans la meilleure rgle, selon l'es2,il des bienheureux fondateurs et selon leurs ordres conformes aux Chrysobulles et aux bases adoptes en gnral pour tous les monastres... (1) Cf. Edouard Marbeau. Un nouveau royaume, la Roumanie (correspondant d'avril et mai 1881). (2) Voici quelques extraits de ce rapport concluant : 11 n'y avait que le superflu de leur revenu qui tait appropri aux besoins des Lieux-Saints Les commissaires se croient en outre autoriss considrer les biens des couvent ddis, comme des biens religieux,
INIEliVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
149
Le
la Turquie celui de la protesta; lui dans la crainte de voir s'affaiblir grecs, les meilleurs agents de de
de
de Paris du droit
international.
l'interqui prvoit vention dans les conflits de la Turquie avec les puissances vassales ; ce qui tait le cas, puisque le gouvernement des avait pris la dfense des couvents ddis Principauts, contre les bnficiaires, sujets ottomans pour la plupart; aussi parce que par le Divan. Ils intervenaient les Puissances s'taient engages par le trait de 1856, le systme politique rviser et administratif de la Moldo(1). du reprsentant de la Russie, Aussi, sur la proposition la confrence dcida que pour donner une solution qui ce sujet entre les gouvertable au diffrend qui existe nements des Principauts et le clerg grec, les parties
au pays Moldo-Valaque, et destins principalement souappartenant tenir des oeuvres pies indignes et contribuer subsidiairement l'en tretien des couvents des Saints-Lieux. Les Commissaires croient que les couvents des Saints-Lieux poursur les biens raient-tre engags faire abandon de leurs prtentions des couvents des conditions qui ne sauraient tre prcises ici. Les dits Commissaires de plus que les couvents grecs ont font remarquer souvent dclar qu'ils ne reoivent qu'une portion minime du revenu des couvents qui leur sont ddis. L'arrangement ci-dessus serait donc et l'glise des favorable aux couvents des Lieux-Saints galement Il mettrait fin un tat de choses dplorable qui a fait Principauts. dans des mains trangres. passer la huitime partie du sol national 1862-1863. Cf. Annuaire des Deux-Mondes, (1) Cf. Jooris. Revue de droit international, 1883.
dans cette
et soutenus
Valachie
150
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
intresses
seront
invites
s'entendre
entre
elles
au
moyen d'un compromis ; dans le cas o elles ne parviendans le dlai d'un an, il sera draient pas s'entendre, Dans le cas o les arbitres ne statu par voie d'arbitrage. un surpas s'entendre, ils choisiront parviendraient arbitre. S'ils se trouvaient galement dans l'impossibilit la Sublimede s'entendre pour le choix d'un sur-arbitre, avec les Puissances garantes pour Porte se concerterait le dsigner (1). des Les parties ne purent s'entendre sur la nomination se rfrant au protocole, demanarbitres.La Sublime-Porte, da l'arbitrage de l'Europe (2). Le gouvernement du prince au contraire l'immixtion Couza repoussait europenne sans laquelle cette question, disait-il, dans apparatrait . Il proposait de placer les couvents toute sa simplicit sous l'invocation des communauts reliqui se trouvent gieuses d'Orient, sur le mme pied que les monastres roumains non ddis, et, dans un but purement pieux, de concder Ces communauts, une fois pour toutes, un dtermin capital dont le chiffre serait ultrieurement pour le revenu en tre affect aux besoins ventuels des Saints-Lieux . Le Prince proposait dplacer ce capital sous la garantie collective de la Sublime-Porte, des Puissances garantes et des Principauts-Unies (3).
(1) Protocole
13 de la confrence
de Paris.
30 juillet
1848. Cf. de
Clercq. Couza. 13-25 dcembre (2) Cf. Dpches d'Aali-pacha 1860, 25 septembre 1861 et note du21 mars 1862. (Baron de Testa, Op. cit., p. 368 et s.) des Principauts-Unies, (3) Mmoire du gouvernement anne 1863.) (Cf. Archives diplomatiques, juin 1863,
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
151
fit appel aux Puissances et se dclara prte s'entendre avec MM. les reprsentants des Puissances sur ce qu'il faire garantes, y aura pour d'un commun tablir, accord, les bases des instructions donner la commission . les propositions appuyait on ne s'entendait pas ; le de la Turquie. gouvernement On du arbitrale et pour fixer le choix du sur-arbitre La Russie
Une
fois
encore
la Porto
discutait,
Couza ne se prtait prince pas un arrangement. Pour les dilapidations, il mit les biens empcher couvents sous squestre. Les Lieux-Saints protestrent mme, rrent jouant que les sur les mots des donation couvents la pleine (1). et ddicace, leur biens
des et
dcla-
de la justice
au nom du Hatti-humayoun de l'Europe, acte et. qui promet qu'il ne sera port pris atteinte aux proprits et immobilires mobilires vers Le clergs chrtiens . aussi la fureur de dchana par
sir
Henry
l'Autriche,
la Russie
prit parti pour les Principauts. suivant les principes posrent, poss dans le mmoire la commission et comme tant la seule europenne, lution capital
un tre , (2) de concder accepte qui puisse de piastres turques aux Lieux-Saints. de 82.000.000
au mmoire du gouvernement des (1) Rponse des Saints-Lieux et sur les monastres grecs, p. 71, (octobre 1863). Principauts (2) Baron de Testa. Note de M. Ngri, agent des Principauts-Unies Constantinople, 10-22 aot 1863,
152
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Constantinople, en outre fonder s'engageaient Les moines une cole laque et un hpital. grecs refusde ce genre ; rent de se prter toute espce d'arrangement le protocole derrire 13; et ils se retranchaient toujours Elles la Turquie parlait la situation lorsque Le 24 dcembre et fit voter Bucarest, tion dj de la runion d'une confrence, tout coup. s'aggrava la Chambre 1863, Couza proposa contre 3, la scularisa(1). La en Roumanie
de
de tous
Russie,
et la Prusse l'Autriche protestl'Angleterre, la mesure au et la France approuvrent rent (2), L'Italie d'ameCe dissentiment moins par leur silence.... menaait ner de nouvelles l'Europe en pareil eut lieu cette msentente, Devant complications. au moyen ordinaire recourir devait fatalement d'une confrence. C'est ce qui cas : la runion de la France,
qui mit pour condition et que la disft admise l'avance que la scularisation . de l'indemnit cussion se limitt au quantum terrain Les C'tait se placer sur le vritable juridique. en effet, sont personnes morales par la volont couvents, sur l'initiative de la loi, leur a donne; qui peut leur ter la vie qu'elle plus forte raison, retirer des moines trande monastres d'accomplir le jour o indignes, la mission sociale
incapables
sont et (1) Article 1 : tous les biens conventuels de la Roumanie demeurent proprit de l'Etat . Article 2 : les revenus de ces biens sont inscrits entre les revenus ordinaires du budget de l'Etat . Article 3 : une somme est affecte aux Lieux-Saints auxquels taient, ddis quelques-uns des monastres indignes, et ceci uniquement l'intention de la ddicace.... secours, conformment (2) Cf. Testa page 384. titre de
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES'NATIONALITS
153
ils sont en
se voir contester, ft-ce pas le droit de s'exposer un droit, inhrent sa souvepar un tribunal europen, rainet d'Etat. une ngociation Au contraire, fixer pour le quantum d'une somme d'un droit due, est l'exercice priv, chait dont on peut le gouvernement un tribunal. La confrence Dans et rien librement, trafiquer de Bucarest de soumettre n'empce litige
se runit
Conslantinople le 9 mai 1864. elle reconnut 1 que les sance, 13 (30 juillet 1858) ne se sont pas
son profit, tion avait t prvu par les Puissances et consign dans un acte obligatoire ; 3 qu'en pour le dit gouvernement le devoir de la confrence est de regarder consquence, comme traire blmer a cru non ne avenues les mesures aucune le dont valeur le caractre ses yeux, arbisaurait avoir dont
et de
la manire
gouvernement
sa comptence, pouvoir dpasser (1). Puis la confqu'il ne lui appartient pas de rsoudre rence nomma de dresser un une commission charge tat gnral vernement des proprits, objet des Principauts-Unies de litige et les entre gou-' communauts le
leur nature de les classer suivant de la Turquie, grecques et leur origine, de leurs revenus de constater l'importance (2). et celle des charges qui peuvent leur tre affectes Elle pronona de ces biens, verss dans enfin le squestre
1.
154
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
des Puissances spciale sous la surveillance se spara: de Couza, la confrence A l'abdication inutiles. avait tenu 40 sances parfaitement une caisse restait La question pendante. a alin une roumain nement des couvents ddis; et les Depuis 1868,
(1). elle
le produit, pour en assigner 'des dettes dont le fisc des Principauts se l'extinction la vente nulle trouve actuellement grev . Ils dclaraient et non avenue tant qu'ils menacent de leurs anathmes III. troubles petit rale. Les Juifs pour le vendeur que pour l'acqureur, tous doux des foudres clestes et accablent (2). sont, dans les Principauts, la cause de etle ; ils ont accapar la petite industrie
des ventes
incessants
l'animosit ; par l, ils ont excit gnA la suite de mouvements les Puissances populaires, ont d faire des remontrances.
commerce
Le gouvernement laissa longtemps une grande indpendance aux Juifs, que les boards l collecemployaient tion des impts et une foule de petits mtiers dans lesquels La pouvoir mains voyaient ils s'taient situation rendus indispensables. lorsque la Roumanie se donna un
changea et
qu'ainsi le pouvoir tomba aux (3). Car les bourgeoise bourgeois des concurrents.
(1) Protocole 3. (2) Testa. Op. cit., p. 390. Protestation du 23 septembre V. aussi Lettre de l'archimandrite Germanos (Revue de droit national de 1884). (3) Bernard Lazare, L'Antismitisme,
1868. inter-
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
155
Le nombre
des Isralites
s'est
considrablement
accru
de Russie et de Hongrie par suite des expulsions (1). Fins ils ont peu peu supplant et cauteleux, les chrtiens dans les menus mtiers ; et, cantonns dans des quartiers sans se mler la population ils ont spciaux, indigne, trouv locale Ils moyen (2). excellent le plus le mise leur souvent d'chapper et, la loi
dans
mtier sur la
de prteurs
crances, solidarit
a mrit
les perscutions,
Leur population la haine des chrtiens (3), elle les explique ample-
par rurale.
leurs,
ces raisons,
ques, qu'il faut chercher non dans" l'intolrance en avons une ; nous religieuse dans l'existence Bucarest mme d'une classe preuve d'Isralites pas rale riches et honorables, et opprime, mprise (4). Le rglement qui non seulement mais jouit do l'estime de 1832 avait n'est gndcid
organique
(1) On estime leur nombre en Roumanie 300.000. (2) Desjardins. Les Juifs de Moldavie. (3) (( On a peine comprendre en France, la terreur qu'inspire aux Roumains l'envahissement des Juifs... les Roumains sont en prsence de Juifs dont le fanatisme religieux est pouss l'excs, et qui semblent vouloir suivre la lettre celles des prescriptions talmudiques qui peuvent justifier leurs manoeuvres : Le Seigneur a ordonn aux Juifs de ravir leurs biens aux chrtiens par tout espce de moyens, sjit par la perfidie, soit par la violence, soit par l'usure. (Edouard Marbeau. Un nouveau Royaume : la Roumanie Correspondant, avril et mai 1881, p. 310.) (4) Ce sont les Juifs dits Espagnols Ch. Yogcl (le nouvel Etat ses ressources et son avenir) (Revue des Deux Mondes roumain, .15,Mars 1875).
156
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
qui
n'exercent
de prendre
des Juifs est empire. Ils n'ont Depuis 1856, la situation 46 de la des droits politiques ; l'article pas la jouissance de 1858. les accorde en effet aux Moldo-ValaConvention ques de tous rites chrtiens., Et nous sion des non-chrtiens. cher de trouver cette mesure l'excluce qui implique ne pouvons nous emples Isralites, justifie,.car avec le reste.de un Etat dans par la popul'tat ; leur un
toute
assimilation
vritablement
droits
semblaient
de religion, puisque cle 23 du trait de Paris proclame la libert des cultes la loi roumaine, pour chapper cette consquence, dre les Juifs comme des trangers et ne leur donne des droits Cette de l'indignat. mesure est peut-tre au qu'il service est
sans distinction
et il quelque peu excessive, en tout cas injuste de les asauquel est soumis une militaire. quinatio
ne pourra trangre
ne peut tre colonis par des populations de race trangre 3 del , dit l'article Constitution de. 1866. Cette disposition (2) te aux Juifs
1868). Le territoire
de la Roumanie
(1) C'est, en Moldavie que les Juifs taient le .plus nombreux. (2) Elle atteint en mme temps les autres trangers tablis en
INTERVENTIONCIIEZLES
DIFFRENTES
NATIONALITS
157
le
droit
sont
puisqu'ils
les mesures les plus poque, lgislatives ont t prises contre eux. Ils n'ont pas le droit rigoureuses do domicile dans les campagnes permanent (lois de 1866, ils sont expulss comme 1867, 1869) dont vagabonds (lois de 1867 et 1871). Depuis de prendre des terres . ferme (1866) ou de tenir des cabarets on dehors des villes (1866, 1867, 1869, 1873). Une loi de 1869 dfend de les prendre comme fermiers d'octroi des communes rurales. La plupart des fonctions de mdecin ou carrires, leur sont enfin, fermes telles parles que celles rglements par l'attitude d'avocat ou Il leur est interdit
de ces professions ({). Encourage vernement et par ces qui restreignait par ces rglements lois les droits des Isralites, la population s'insurgea contre l'envahissement de ceux-ci. plusieurs reprises La circulaire de M. Bratiano, en 1867 (2), donna lieu
spciaux du gou-
Roumanie, par exemple les descendants des anciens leur clientle qui possdait une partie du sol.
hospodars
et de
des Isralites en Turquie, en (1) Cf. Isidore Lob : La situation Serbie et en Roumanie. (2) Voici le texte de la circulaire de 1867 : A tous les prfets des 51 du rglement et. la page 60 de la premire districts, par l'article collection aux judiciaire pour la Moldavie, il est dfendu lgalement ritIsralites d'affermer des proprits; par diffrentes circulaires sont prises par la res, et par celle du 5 fvrier 1866, des dispositions Valachie pour empcher les Isralites de demeurer dans les communes rurales, et de se faire entrepreneur d'htels, de cabarets et d'affermer des proprits. J'ai t inform que ces dispositions ne s'excutent Je vous invile donc les faire observer: pas partout avec exactitude. faites en sorte qu'elles soient excutes dans toute leur rigueur. Les Juifs Le Ministre : Jean Bratiano. Cit par Ernest Desjardins. de Moldavie, p. 17.
1868,
pour
une
dmarche
des actes
qui font la honte de notre poque (2). en 1872, IsmalEn 1868, une meute clata Galatz; et Vilcov furent le thtre de dsordres. des perscuts, crivait, le gouen 1870, lord la dfense
Cahul
et les chrtiens,
de Bucarest, feront bien de anglais ils sont responsables se rappeler devant que non seulement en Europe, des mauvais traitements publique, l'opinion subis par les Juifs des Principauts, mais que les Puisont le droit, en vertu europennes de Paris de 1858, qui a rgl l'organisation de Valachie et de Moldavie, de demander l'article Juifs, 46 comme de cette convention, qui les chrtiens, sances de la convention des Principauts l'excution de pour les
prescrit,
pour
les droits
lgaux et fiscaux, des personnes et la scurit vention chrtiens, n'ait accord les elle alaiss
une-galit complte pour aussi bien que pour la libert des biens, et quoique la conpolitiques ouverte pour ces droits qu'aux seuls quelcs Princiaux adhrents
droits
la porte
tendent pauts spontanment de toutes les autres religions, des Puissances L'Angleterre des dmarches
ce qui implique de la part le voeu de les voir aussi tendues (3). voulait entraner les autres cabinets dans collectives; elle n'y russit pas. La France,
(1) En somme, d'aprs M. Desjardins, Op. Cit., il y eut 90 juifs arrts, dont 34 relchs, 37 expulss et 2 noys par les Turcs. de 1868, document no 61. (2) Livre rouge autrichien (3) Cf. Lob. p. 419.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFERENTES
NATIONALITS
159
laisser
lui-mme
de l'mancipation de la population du culte mograduelle de manire, ce que le progrs civilisateur ne saque, comme le rsultat d'une prespuisse pas tre reprsent sion du dehors (1). La perscution devint moins vive ; mais la situation n'a la plupart des droits civils sont toupas chang au fond; refuss aux juifs de Roumanie, est question jours qu'il du service militaire, aujourd'hui d'exempter moyennant une taxe Peut-tre de rachat vaudrait-il obligatoire. mieux, tout en empchant de nouchercher assimiler velles immigrations, aux indignes, les Isralites tablis en Roumanie, actuellement les admettre devoirs les juifs IV. aux mmes droits, et les soumettre faudrait-il n'est aux mmes Mais que ceux-ci. soient assimilables encore
; et rien
Les
dans les Principauts jouissaient des Capitulations. C'est un fait contre lequel les Moldo-Valaqucs
cess de prolester. Celte des Capitulations se justifie-l-olle en application droit ? s'explique-t-elle on fait ? C'est ces deux points de vue que nous allons successivement la quesenvisager tion. mains rsultats Nous verrons ensuite au par quels moyens les Rouse sont et quels
systme
capilulaire
21 juin
et
15 juillet
1872.
1G0
. TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
ont-elles en Roumanie capitulations Nous ne croyons pas que jamais juridique? entre directement ce genre ait t conclu Les et les Principauts. europenne sume donc en ceci : les traits bles Les laMoldo-Valachic? actes Nous Toute la de la Porte avons 1858, base
un
fondement acte de
aucun une
dj avons-nous
connaissent
avec les principauts Turquie l'autonomie conventions qui n'ont port aucune atteinte de leur texte mme, de celles-ci ; puis, par une disposition
seront le plus souvent les capitulations qu'elles spcifient dtermines dans telles provinces ; or, jamais applicables le nom des Principauts (1). n'y a t formul D'un poque autre bien une les Moldo-Valaques ont, depuis euro colle, des Capitulations antrieure semblables ceux en Turquie de privilges ct, en pays concerne ottoman. les pays N'est-ce musulmans, pas la et preuve non les n'a pas
des Capitulations en Roumanie, L'application tifie pas davantage en fait. L'intrt primordial ncessites en pays musulman fait totalement
croit au contraire 8 de 1838, en se (1) M. Engelhardt que l'article rfrant au pass vise particulirement le rgime capitulaire. stiD'ailleurs, dit-il, le Congrs .de Berlin n'a-t-il par formellement de la Roumanie et de la pul, en proclamant l'indpendance et de protection Serbie, que les droits de juridiction constitutionnels, tels qu'ils existent aujourd'hui, resteraient en pleine vigueur, tant et qu'ils n'auraient pas t modifis d'un commun accord. Turquie Danubiennes sous le rgime des capitulations, Principauts p. 13. Cf. Articles 8, 37 et 49 du trait de Berlin.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
161
Quand des
les Musulmans et
eurent,
des rapports
avec marla
chrtiens,
Orient,
est, au moins
ce qui est une condes tats ; en Turquie, au se confond avec la loi religieuse, d'y soumettre les chrils D'ailleurs, leurs
impossible
tiens;
mprisaient sements.
tablis-
cantonns
Echelles
et vivaient
d'une
si le gouvernement il ne pouvait individuellement, rement dairement d'eux. Cette pour situation tait de la collectivit responsables
ne les connaissait
en somme d'ailleurs,
extrmement les
les
jouissaient pouvaient
que retirs
le
rsultat
sans motif
(1).
lui-mme, l'expos de la situation : (1) Voici, d'aprs Aali-Pacha On sait qu'elle tait la situation de la Turquie quand les relations avec l'Europe ont commenc; un petit nombre de ngociants tranhabitaient spars du reste de la population, gers, compltement quelques-unes des chelles du Levant. Ils avaient trs peu de rapports absolument avec les indignes, et ne se livraient qu'au commerce en ottoman leur a accord des immunits que gros. Le gouvernement les coutumes et les habitudes l'tat de la socit o ils se trouvaient, Note d'Aali-Pacha de.ee temps, leur avaient rendues ncessaires du 3 octobre 1862. Cite parB. Boresco. Mmoire sur la juridiction 1865. -Unies roumaines, consulaire dans les Principauts M. 11
162
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Franois avec
1er voulut-il II
profiter
de
ses
relations la
Suleman
la juridiction sur les la conclusion de Capitulavolontiers la juridiction de leurs les Europens sont la consquence aujourd'hui justice des n'ont force rnccic, tribunaux en prinde ne
situation
peuvent locaux,
obtenir devant
lesquels valeur.
tmoignages
au contraire, aux
sousprtexte La raison de
si les trangers ce rgime reoivent exceptionnel manque et trouvent une justice toutes les garanties impartiale Peut-tre ne les ont-ils pas toujours dsirables. trouves Les Principauts n'ont pas toujours eu une organisation aussi
de nos jours; complte que celle dont elles jouissent le joug de leurs voisins les a longtemps de empches mettre leurs institutions au niveau de celles de l'Europe occidentale, et certaines mesures de protection et surtout d'assurer taient parfaitement justifies. Mais il y eut abus : les Puissances, et l'Autriche se sont moins proccupes des droits tion de leurs consulaire
la Russie
danubiens. vu par quelle suite d'empitements illgaux la Russie a tabli sa protection sur ces provinces. Pour assurer son contrle, elle obtint de la Porte le droit de des consuls dlguer ds 1781-1782. gnraux Bucarest et Jassy, Nous avons
INTERVENTION
NATIONALITS
'163
de la Russie
en 1802 seulement, l'Angleterre, consulaire. tour la juridiction et l'Autriche et s'il russe tait abusrent difficile
trangement de dterminer
ne se mlait
(1), il tait trange cipauts vrir en Moldavie 200.000 sujets juridiction les pays locale. roumains
ainsi la qui chappaient Victimes tout d'abord de la Turquie, du Danube devinrent partir encore, colles de la Russie du et des autres abusive
de la fin du xvin 0 sicle, Puissances gnral A partir avaient mit tion moins par l'extertsion leur que celles-ci de 1856,
appliqurent
capitulaire
s'attachrent
Principauts qu'ils
les privilges
consulaire,
l'Europe de France,
de 1857, Moldavie de la juridicde l'abolition du n'en tint pas compte, de Russie et de Sar-
la mme poque, dclarrent runis Bucarest, daigue, consulaire dans leur rapport n'ayant que cela juridiction en Orient que pour protger au fond, tablie t, quant les trangers chrtiens contre la lgislation musulmane,son application n'y a pas de tienne. dans un Empire parat une anomalie est musulmans et o la lgislation o il chr.
.administration (1) La gestion des consuls russes tait devenue une M. Engelhardt dsigne la situation sous le nom de protectorat. (2) Michel Boresco. Op. cit., p. 364.
164
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
mais de la part de fut toute platonique, remarque elle avait son importance. Puissances europennes ne perdit des Principauts Le gouvernement pas une si bien qu'en 1862 (1) son droit; de reconqurir occasion toudt tre tudie de nouveau la question ; la France, envers les popubienveillants anime de sentiments jours Cette lations chrtiennes, confrence volontiers se prta de Belgrade des consuls (2). favorable ; mais l'ide l'unanimit la runion Cette confrence la juridicobtenue et en
ne put s'entendre que sur un systme transactionnel consulaire la juridiction dans son entier qui conservait et entre trangers, ou criminels civils pour les procs la comptence dans aux tribunaux abandonnait indignes les procs mixtes, sauf encore le droit d'assistance du
Constantinople (11 Dpche du Marquis de Moustier, ambassadeur M. Tillos, consul Bucarest (20 dcembre 1861) : Pour faire cesser qui portent des irrgularits du dommage leurs nationaux (des Puissances garantes) dans les Principauts et compromettent les autorits princires elles-mmes et pour lever tout doute, le marquis de Moustier recommande au consul de France de dclarer au gouvernement de Bucarest que les Puissances considrent les capitulations avec la Sublime-Porte comme tant en pleine vigueur dans les Prinet qu'elles doivent par consquent y tre obsercipauts du Danube, ves. Ce principe doit tre clairement, tabli. Toutefois, il est dsirer que nous sachions s'il est. quelques articles dans les capitulations des changements dans qui, en considration qui se sont introduits l'tat social des Principauts, selon nous, tre modifies pourraient, dans la pratique, ou qu'on pourrait laisser tomber en dsutude, afin avec leur que la lettre des anciens traits ne soit pas en contradiction anne 1862, t. II, p. 276). esprit. (Archives diplomatiques, de la suppression (2) 11 s'agissait plus spcialement tions de Serbie. Mais la question, au moins la question la mme en Serbie et en Roumanie. des Capitulade fait, tait
1NVEUVENTI0N
CHEZ
LES
DIFFERENTES
NATIONALITS
165
consul En
un chec;
faire
consulaire avec la 1869, un essai de convention Russie fut tent ; et, en 1873, la Cour suprme refusa de reconnatre aucune autre juridiction que colle des tribunaux institus en vertu d'une loi expresse (2). Bien que la juridiction consulaire n'ait pas t supprime, il n'est pas douteux que l'esprit de suite et la tnacit des Roumains ne leur donnent gain de cause dans cette affaire, comme ils les ont dj servis dans d'autres tances. Nous sommes arrivs manie, et nous circons-
ne pouvons terminer ce chapitre sans d'admiration ce petit peuple respayer notre tribut suscit aprs des sicles d'oppression, par son nergie et la puissance de sa race et qui reconquiert, grce la sagesse de son gouvernement, une place importante parmi les tats secondaires de l'Europe. disait dj que Talleyrand le point de gravit de l'quilibre europen est sur le bas Danube . une partie de notre admiration se reporte-t-elle sur la France qui a puissamment aid la dlivrance du Peut-tre
(1) Cf. Confrence tiques, de 1863. (2) Cf. Michel les Principauts
de janvier
1862 Belgrade.
Archives
diploma-
et Boresco, p. 375. M. Engelhardt (La Turquie sous le rgime des Capitulations), danubiennes la juridiction de supprimer entirement pense qu'il serait dangereux roumaine consulaire ; il faut admettre, dit-il, que la magistrature de la n'a point encore atteint ce niveau de moralit qui justifierait absolue dans ses dcisions ; elle une confiance part de l'tranger lui est encore n'est point inamovible, et si ce privilge M. Engelhardt du pouvoir dirigeant. par mfiance en 1879. refus, crivait c'est ceci
166
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Pourquoi nous en dfendre? la France a peuple roumain. le droit d'tre fire de son oeuvre. Elle n'en a pas retir grand profit : niais du moins cette fois-ci n'a-t-efle pas eu affaire des ingrats : nous ne parlons que du peuple rou-dit Bengesco, n'oublient Roumains, jamais qu'ils doivent ces deux grands bienfaits (l'Union et un Prince tranger) la France qui leur a permis de pret dans le calme. Je lent, parer ainsi, dans le recueillement main (1). enfantement de leur libert (2). Les
t. I, prface, p, 29, FrancQrRqumaine, (2) Bengesco. Riblipgrgphie un ouvrage du. mme auteur : La Question (citation emprunte en Roumanie.) dynastique
II.
Serbie.
Histoire. Incorporation l'Empire Ottoman au xv sicle. Rvolte de Kara-Gcorgc 1804. Trait de Bucarest, 1812. Nouveaux soulvements 18)5. Le ptre Miloseh Obrnowitch, son 1>-rgne (18174839) Michel Obrnowitch (1839-1842), -r Question Alexandre de l'hrdit, Kara-Georgewitch (1842-1858;. Le trait de Paris. Second rgne de Miloseh (1858-1860). Second 18604868. La question de l'occurgne de Michel Obrnowitch du et du sjour des Turcs. Protocole pation dos forteresses de Belgrade, 1862. Con8 septembre 1862, - Bombardement 1866. La convention de 1866 et frence de Constantinople, des forteresses. Milan Obrnowitch l'vacuation IV, 1868. La loi lectorale de 1869 et la reconnaissance Milan Ier, roi de Serbie, du principe de l'hrdit,
entre la Serbie' de faire un rapprochement et la Roumanie. Toujours en lutte avec l'Empire Ottoman sur lequel elle a, aprs plusieurs sicles de sujtion, relivre par sa situation goconquis son indpendance; de ses puissants voisins d'Eugraphique aux comptitions les rope, la Serbie a eu son histoire aussi trouble que deux autres Principauts danubiennes ; elle a rencontr des difficults plus grandes encore dans son dveloppeIl est naturel de la Russie en butte l'oppression et de la Turquie, du suzerain et du protecteur ; et, elle aussi a trouv mfiante envers l'Autriche, justement un appui dans l'influence de la France. Mais ici s'arrte la ressemblance. mont. Elle s'est trouve
1CS
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
race que les Roumains, ont d'autres sympathies que ceux-ci. Ils ont t entirement soumis par la Turquie, tandis que les Moldaves et les Valaques eurent toujours une indpendance au moins Les Serbes, d'une toute Mais, d'autre part, mieux groups qu'eux et thorique. stimuls par les vieux souArenirs du temps o Douschan des Romains, le tsar de se faisait appeler l'Empereur Macdoine aimant le Christ , ils se sont trouvs mieux prpars recouvrer leur autonomie et leur indpendance. Au xive sicle, la Serbie, qui formait un grand et puissant Empire, se trouva aux prises avec les Turcs alors au fate de leur puissance. Aprs une rsistance acharne, dont la bataille de Kossovo les Serbes, dfinitivement pire Ottoman. Leur servitude dura (1349) est le dernier vaincus, furent assujettis effort, l'Em-
autre
du commencement jusqu'au xixe sicle o, la voix d'un homme hardi, Kara-Georges, ils se levrent en masse contre la domination turque. La religion, l'esprit de famille, et les chants avaient entretenu en eux le sentiment national populaires et patrio-
tique et expliquent ce rveil soudain d'une nation que l'on accueilli avec transports, croyait morte (1). Kara-George, et proclam chef, hsitait accepter; quand je frappe,
intressant de donner ici quelques lignes d'un (1) Il est peut-tre de ces chants patriotiques qui rappellent par plus d'un point le rcit des exploits de Roland et de ses compagnons ; on y retrouve souvent le mme souffle patriotique, la mme admiration pour le hros, le mme : Voici le rcit de la bataille de mpris pour le tratre Kossovo : O le sang baignait jusqu'aux-genoux, c'est l qu'a Miloseh est.tomb au bord de la Stinitza Banowitch; l, bien des Turcs ont pri ; Miloseh a immol le Tsar des Turcs 12,000 soldats ; Dieu ait en sa misricorde qui pri Strahinia l'eau glace et turc Murad, et l'a engendr !
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
169
je
tue,
disait-il.
Dans
l'tat
il nous faut une main pondit-on, le caractre froce de la lutte font pressentir ide de l'tat de barbarie ou se trouvait
nous
rqui une
encore
Serbie.
Ce peuple dit un historien la lutte lui-mme, s'ignorait lui rvla sa force (1). chercha se crer des alliances. Kr-George Repouss I 01'(2), il implora l'Autriche. par Napolon Le Tsar, dans la crainte de voir aboutir ces dmarches, lui fit des avances chef de la nation Mais Napolon et s'empressa serbe. marchait de le reconnatre comme,
sur Moscou;
les Russes
avaient
11 restera
en souvenir au temple des Serbes pour tre racont et chant tant qu'il y aura des hommes et tant qu'il y aura un Kossovo. Et pour ce que tu demandes de Vouk le Maudit, maudit soit-il et le qui l'a engendr ! Maudite soit sa race et sa postrit ! Il-a-trahi Tsar Kossovo et dtach 12000 hommes, matresse, de nos hardis Saint-Ren Taillandier 1' noguerriers. (Revue des Deux-Mondes, vembre 1868, page 113.) Cf aussi Reinach (la Serbie et le Montngro). Taillandier. L,a Serbie an XK sicle (Revue des (1) Saint-Ren Deux-Mondes, 1er novembre 1868). .. (2) Voici la lettre crite par Kara-George Napolon 1er : Maj estas tua imperialis ! Gloria armorum et factorum replevit majestatis tua; imperialis orbem universum ; nationes in augustissim tua person suum liberatorem et legislatorcm suscipiunt ; hujus felicitatis particeps esse cupit Serbica natio. Monarehe ! Respice Slaveno-Serbos, quibus nec virtus deest. Tempus et occasio hanc bellica nec fides erga bencfaclorem verilatem demonstrabunt, unaque id quod digni sint protectione magna; nationis. firmissim Spe fretum responso consolari. Majestatis tuoe imperialis et fidelissimum humillimum servum, digneris, augustissime imperatqr, altissimo
170
TROISIME
PARTIE,
CHAPITRE
les rvolts. turque, ils abandonnrent Le trait de Bucarest livra la Serbie aux Turcs, et en s'en fuit en Autriche 1813, Kara-George (1). Kurhidbesoin de l'alliance de la Serbie, demanda Pacha, charg de la rorganisation aide Miloseh un des hros de l'insurrection. Celui-ci accepta l'alliance que lui proposait Kurchid; l'indignation des patriotes fut grande, mais on vit bientt quel tait Je but de Miloseh. Brutus, dit M. St-Ren Taillandier, pour cacher ses dessins. Lorenzacio jouait la stupidit faisait le mlancofrapper son coup ; Mi*
lique et le dbauch pour mieux losch s'est fait l'esclave, l'agent, parfois
des Turcs, afin de prparer ment des Serbes. En 1815 l'insurrection de deux ans de lutte,
la Turquie consentit donner aux Serbes des magistrats de leur race et de leur religion, : une assemC'tait un premier pas vers l'indpendance ble nationale runie le 6 novembre 1817, proclama Mides Serbes; ce titre ne fut conloseh, prince hrditaire sacr par la Porte qu'on 1830, En 1821, Miloseh refusa de soutenir l'insurrection
d'avoir t (i) Kara-George prit assassin, Miloseh souponn de ce meurtre fit inscrire sur la tombe de son prdcesl'instigateur seur l'pilaphe suivante : <i Ici reposent les restes de George Plrowileh le Noir, qui le premier en 1804, donna le signal de la dlivrance, et fut, plus tard, le chef suprme de la nation serbe. En 1813, les intrigues des ennemis du pays le contraignirent passer sur la terre d'Autriche, o il fut retenu prisonnier durant une anne ; aprs quoi, ayant migr en Russie, il fut reu avec la plus haute distinction et combl d'honneurs par le Tsar. Pourtant, par des motifs qu'on ignore, il quitta la Russie et rentra en Serbie, o, sur l'ordre du gouvernement turc, il eut la tte tranche: Juillet 1817. Cf. Reinach; La Serbie et le Montngro, page 107.
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
171
sa cause triompher grecque, pour ne pas voir, disait-il. sous un drapeau rival. Le trait d'Akcrman justifia les esprances des Serbes, du 15 janvier 1827, Miloseh s'criait ; et la Skouptchina Vous voyez, frres, que le temps est proche o notre pays aura sa place, parmi les tals, et jouira de tous les biens que procurent ces grandes choses ; libert religieuse, libert commerciale, tablissement d'une lgislation r<nilire. du peuple, Hier encore, le Serbe n'tait qu'un esclave tranger au sein de l'Empire dater d'aujourd'hui, il peut respirer pleins Ottoman; poumons; sa tte, son avoir, sa maison, ses domestiques ne dpendent plus d'un caprice, Je voil matre chez lui. Ce n'est pas l une conqute mdiocre (1). instruction et civilisation favorable la Serbie, sans dd'Andrinople. les Turcs, et c'est affaiblissait Ottoman, truire l'Empire alors que Miloseh put obtenir un brat (2) d'investiture Le trait
Revue des Deux-Mondes 1869, t. LXXIX, (1) Saint-Ren Taillandier. page 837. (2) En consquence, d'accord avec les dputs serbes, a t arrt ce qui suit : 1 ladite nation aura l'entire libert du culte dans les glises qui lui appartiennent; ici prsont, en vertu du diplme 2 Le kniaze Miloseh Obrnowitch et en rcompense dont il est porteur (le sa fidlit a tpa imprial est confirm dans la dignit de Ie 1' knzc d la nation Sublime-Porte, dans sa famille ; serbe, et cette dignit restera hrditaire administrer les 3 11 continuera au nom de ma Subime-Porte du pays, d'accord, avec l'assemble des notables affaires intrieures (firman du 30 novembre 1830). L'article serbes.... 28 du trait dp les droits Paris invoque les Hatts impriaux qui fixent et dterminent de la Serbie. Par cette disposition, les Puissances reet immunits de 1830. Cf- Note du ministre le firman vtent de leur sanction onstantinople, Serbe aii charg d'affaires des affaires trangres du 4 aot 1861 (Archives diplomatiques 1861).
172
"
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
titre ainsi
qui affirmaient
ce
et ils pouvaient mais vernement stable; la Porte, qu'ils avaient gagn. quels ils se prtrent, de donner l'investiture les anciens En effet, verser droits
car triomphe, de vis--vis leur indpendance d'un gouse croire en possession ce ils ne surent pas conserver tait un vritable
la Serbie.
en vigueur. pas longtemps tes par la Russie et par dcembre cra un 1838. surveiller nales. La situation le 13 juin 1839. Son fils Milan aprs. comme impliquait L'hritier successeur; de Miloseh le Prince et
suite
inamovible
supprima devenait
intolrable; mourut
qui
lui
avait le
succd,
naturel,
Michel
dsign
la suppression Le
l'investiture, bnfice
perdu. Le rgne du prince Michel fut phmre. En 1842, s'enfuit en Autriche. Alors fut nomm Kara-Georgewitch auquelle non plus brat mme d'investiture vie. confiait sa charge temps,
il
et
sa trop clbre mis1853, pendant Menchikof demanda la destitution Kara'-Geofgewitch son ministre. n'osa
Garachanine.
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
173
l'attitude du gouvernement Cependant dant la guerre de Crime, fut des plus tances faites de part qui lui taient gouvernement la lutte qui trices et, dans mettra tienne, Plus aucune serbe,
ne saurait prendre rpondit-il, part a clat entre les deux puissances protecIl observera sous occasion, la plus stricte neutralit aucun prtexte,' ne perapparput se la mit
de la Serbie.
quelque qu'un corps d'arme, parti qu'il viole les frontires de son territoire . la Serbie que la Moldo-Valachie, de l'invasion Le trait, de Paris trangre. heureuse
garder sous la protection collective de l'Europe (1). Nous avons donn, en leur temps les dispositions essentielles du trait. Le principal la avantage qu'en retirait Serbie fut la prohibition de toute intervention arme sans le consentement Restaient pralable des Puissances
29 du trait de Paris ; la separ l'article de dynastie conde, pose de nouveau depuis le changement de 1842. C'est l'vacuation des forteresses et la reconnaissance de l'hrdit moiti que tendirent de ce sicle. les efforts des Serbes
conserv,
de garnison, que les Turcs crait une situation difficile; si les conventions avaient et si les troupes turques, eu aucun n'avaient forteresses
avaient elle
toujours et t
(1) Cf. Protocole 13 et 14 du Congrs, article 28 et 29 du trait du 30 mars. (2) Milanowitch. Les traits de garantie, Paris. 1888.
174
TROISIEME
PARTIE.
CHAPITRE
Elle tait intenable, dans les condiindigne. population Mal pays et insuffisamment tions o ce droit s'exerait. de les Turcs ne perdaient ravitaills, pas une occasion pressurer tes dans devenait les chrtiens toute la ville. en jour et tendaient A Belgrade peu peu leurs possurtout la situation
Turcs
En 1858, le Consul plus critique. et faillit tre assassin par les attaqu L'affaire n'et de pas cependant garnison. l'ambassadeur de Constandiplomatiques; dont parurent il
Belgrade et les dmonstrations lui de la part des troupes ottomanes satisfaction suffisante se montraient
les Serbes
de l'tat
Skouptchina. La Porte,
aprs
avoir
Belgrade envoya mit la prtention Les dputes nationale. leur avait-il et nationale
de s'y opposer, un commissaire, Kabouli-Elfendi qui d'assister aux sances de l'Assemble Le trait de Paris ne protestrent. une administration indpendante la pleine libert ? de lgislation l'assemble en vint critiquer se rfugia au appel Miloseh les
vainement
tent
Aprs cet incident, actes du gouvernement. Somm d'abdiquer, la forteresse Miloseh. dorowitch accorde tait claire;
fit
de Serbie
dcJare-t-clIe,
avec l'hrdit
. L'intention par la Porte Ottomane Serbes voulaient l'hrdit reconqurir heureux sentiment de revenir unanime, au en milieu dclarant des :
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
175
soin
l'avenir seuls
sera frres,
heuqui fils
tes mes
aussi
unique, Michel
trne,
Prince
la
l'hrdit
1859 (2) : d'aprs les anciennes ordonnances antrieures l'anne 1839 et d'aprs colles de la Saint-Andr et du 1858, comme de aux termes halti-chrif 1830, la dignit
est hrditaire dans la famille du prince princire rgnant actuel Miloseh Obrnowitch I'!l', savoir dans sa descendance mier mle, lieu l'ordre de primogniture, d'aprs en ligne directe. A dfaut seulement et en prede personne l'hrdit de la mais
princire en conservant l'ordre toujours La Porte refusa la sanction de Miloseh Michel; en 1860, elle
(3). de primogniture cette loi, (4) et, la mort l'investiture ne consacrer au prince ainsi que
confra
elle entendit
formellement
(1) Annuaire des Deux-Mondes, 1858-59. (2) Cf. Recueil du baron de Testa, t. VJI, p. 16. (3) Georges Pcrrot. Le prince Michel Obrnowitch et l'avnement du prince Milan Souvenirs d'un voyage en Serbie (Revue des DeuxMondes), 1869. P. 137. (4) Une dputation fut envoye . Constantinople avec-un mmorandum qui porte la date du 7 mai 1860. Ce mmoire demande au Sultan : 1" de confirmer les lois sur l'hrdit et la dvolution de la sjccession au trne; 2" d'excuter le firman de 1830 sur l'interdiction du sjour des Turcs en dehors des forteresses; 3 d'abolir l'ustav du pays. <!e 1838 qui entrave l'administration
176
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
la fiction
d'une
lection
suivant
les voeux
manifests
par
d'investiture. le peuple disait le firman Michel De son ct, le prince protestait d'hrdit. son pre par droit Ds les premiers chercha assurer mettait vouloir le trait mois de son rgne, Michel son pays l'indpendance de 1856. Il avait compt
qu'il
succdait
Obrnowitch
mcontentement
l'occasion
de
lois
de la Transfiguration (1860), parla Skouptchina du Snat. (1) la milice et les attributions et concernant et de la de la Russie de la France, Fort de l'appui Prusse, Garachanine refusa de cder, les et l'Angleterre Porte. L'attitude allait eussent que l'Autriche de la protestations dernires des Puissances pour sans bien
appuy ces
hostile,
de dans
deux
s'accentuer
l'affaire poque
forteresses phase.
cette 1862,
un jeune
assassin,
de Belturc de la garnison provocation, par un sergent s'interde la police serbe, qui voulut grade. Le drogman s'en suivit. ; et une collision poser fut tu galement Les consuls des Puissances s'efforcrent de ramener le
la destitution du de 1830 dfendait des membres (1) Le firman Snat moins qu'ils ne se soient rendus coupables de quelque ou les lois du pays. L'ustav grave attentat contre ma Sublime-Porte de 1838 confirmait ces dispositions, et une loi de 1858 (5 mai) augmentait encore l'indpendance des snateurs vis--vis du prince. de Cette dernire loi fut abolie, il est vrai, aprs le rtablissement Miloseh. Mais les attributions du Snat taient, encore considrables. La Skouptchina de 1862 avait voulu les rduire; la Sublime-Port protestait qu'elle ne pouvait le faire sans violer l'ustav de 1838.
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
177
calme. rentrer
intervention, forteresses
se ct,
s'engagea termin,
contenir
la population.
Tout
donc
sans motif, commena un bombardement lorsque, de Belgrade. Cet acte inou rendait la situation grave. aussitt Les ambassadeurs en confrence de Constantinople aviser aux pour
y mettre fin au plus tt. (1) moyens propres turc leur un Le long gouvernement communiqua la conduite du gouverneur de la mmoire pour justifier a t provoqu, tait-il dit, par et a d se dfendre, les plus graves agressions contre du dehors ! (2) les hostilits venant avec acharnement d soulever des protestations Ce mmoire, qui aurait citadelle de Belgrade qui unanimes terre trouva de l'cho celui par appuy un projet osa mme prsenter dont l'article 6 est anglais vis--vis des ainsi conu : La Porte prend l'engagement la mesure de ne recourir du bomGrandes Puissances bardement de la ville que dans le cas o la citadelle serait un signal dtermin donnera l'avertis12 heures (3) fit l'avance contre ! propoune chez le reprsentant de l'Anglede l'Autriche. L'ambassadeur
de la France
di1862. (Archives du le juillet. (1) Cf dpche de M. Thouvenel anne 1862). plomatiques, (2J Cf Livre jaune 1862 (Serbie). que l'opinion publique en de Moustier fit ressortir (3) Le marquis Serbie est que l'occupation, au lieu d'tre applique exclusivement la dfense du pays contre les agressions trangres, tait considre par la Porte, comme un moyen de pression sur le gouvernement (Confrence et d'intimidation l'gard de la population. princier du 10 aot 1862). M.12
17S
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
des droits plus respectueuse et l'Italie la Russie s'y rallirent; sition l'on dt chercher Un un terrain d'entente sactionnel. l'accord du protocole les Puissances
serbes :
8 septembre
la en donnant garantes, les conseils qui ont servi de base au prsent Sublime-Porte acte de ses bonnes intentions, et en prenant arrangement, le maintien n'avoir eu en vue que de garantir dclarent des articles solider 28 et 29 du trait de Paris et le dsir de con Par cet acte, la Turquie europenne. et s'engage ne conserver dans forteresses perd plusieurs : de plus, il est les autres que la garnison indispensable interdit aux sujets ottomans de sjourner absolument en la paix dehors complte l'enceinte Les des forteresses: des droits fortifie. la suppression de juridiction ottomane c'est dfinitive en dehors et de
(1)
aussi exigrent que le gouvernement ottoman des instructions svres au gouverneur envoyt de Belgrade, acte des dclarations et prirent de la Porte cet gard comme d'un engagement. (2) Ces mesures donnaient rclamations une triste situation sans des doute quelque mais Serbes; satisfaction elles laissaient aux justes subsister
Puissances
anormale
le plus, disait ce qui me contriste rponse au message du prince Michel, le plus est de voir, mme aprs le bombardement de Bel-
des traits, (1) Cf. Marions. Recueil anne 1864. Le primtre de devait tre trac . nouveau par une Commission milil'esplanade taire mixte, compose d'un officier dsign par chacune des Puissances garantes et d'un officier turc. de M. Thouvenel (2) Cf. Circulaire jaune de 1862 (Serbie), p. 83. du 18 septembre 1862. Livre
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITES
170
grade,
les canons
des forteresses
turques Prince,
longtemps que ces fortele pays dans de continuelles resses entretiendront apprde la Serbie ne pourront hensions ; les habitants se rassurer tant donne toute En aussi que sous ce rapport aux rclamations lgitimes (1) le Michel demanda formellement prince l'vacuation des forteresses. La Franco ; elle s'attacha 1866, satisfaction de Votre ne sera pas Altesse et de
la nation.
prouver au Divan la Turquie tait favorable elle-mme que la mesure qui renoncer tout avantage des positions aurait dont est hors de proportion militaire avec les l'importance sa persistance que lui cre dans l'ordre politique (2) les conserver. du Sultan se montra Le gouvernement dispos accepter mais dans quelle mesure un arrangement; allait-il cder? difficults Allait-il laisser une vacuation oprer la garnison moyennant systmes furent ou pouA'ait-on complte; certaines restrictions? discuts.
dmarche
Plusieurs
au prince de Serbie le comUn premier projet dfrait en y maintenant la garnison mandement des forteresses musulmane. Mais quelle vraisemblance y avait-il que le obtint de troupes musulchrtien Prince obissance manes? On proposa commandement rendre alors d'tablir des garnisons sous le mixtes du Prince. Mais n'tait-ce pas plus frquents
1864-1865. 1866-1867.
et plus
P. 621.
graves?
180
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Il fallut turc.
bien reconnatre
calme et la scurit
chrtienne ne se rsignerait Jamais la population une occupation qui lui rappelait son ancienne servitude. Les Serbes voulaient sous le canon turc. devint possible sur ce terrain grce nu revirement dans la politique du cabinet de Vienne qui sous la direction de M. de Beust (1) se montrait plus favorable L'entente aux nationalits, et il fut enfin dcid que les troupes le territoire ottomanes vacueraient entirement de la Serbie. Pour donner satisfaction l'amour Sultan, le drapeau turc, qui, pensait-on, conditions, faire bon mnage avec le drapeau serbe, devait flotter ct de celui-ci. (2) du propre pouvait, dans ces tre libres, et l'on n'est pas libre
aucun changement ne devait tre fait aux En outre, citadelles sans la permission pralable du gouvernement ottoman. (3) La question des forteresses tait donc rgle la satisfaction des Serbes. Il n'en tait pas de mme de la question de l'hrdit qui se posa de nouveau en 1868, la mort de Michel Obrnowitch. de ce malheureux (4) L'assassinat
surtout avec (1) Le droit de garnison en Serbie avait t maintenu l'appui de l'Autriche ; il tait donc dvi de son but primitif qui tait hostile cette Puissance. (Cf Recueil du baron de Testa, t. VII.) (2) Cf Livre jaune de 1867 (forteresses de Serbie). du 5 Zalhitz 1283 (livre jaune 1867). En 1867, la (3) Cf firman demanda des explications au sujet d'armements Turquie qui se faisaient en Serbie. Les cabinets de Vienne, de Paris et de Londres, et plus tard celui de Berlin s'associrent cette dmarche toute platonique. accus d'avoir t l'instigateur (4) Le prince Kara-Georgewitch, de cet acte odieux, fut condamn vingt ans de travaux forcs par con-
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
181
prince
effet, le trne dans des conditions direct spcialement graves, car il n'y avait pas d'hritier de la couronne. laissait,
en
Fidle la ligne de conduite trace dans la loi de 1859, le gouvernement fit proclamer Milan Obrnoprovisoire witch IV, cousin du prince Michel et son parent le plus proche. La Porte, devant l'attitude de la France (1), de l'Angleterre (2) n'osa pas refuser l'investiture (2) et les Puissances purent considrer la question de l'hrtranche. dit comme dfinitivement Nous avons vu avec satisfaction, dclare le gouvernement franais, toute libert d'initiative laisse la Serbie pour le choix d'un souverain, et l'assemble nationale runie Belgrade, dsigner pour succder au prince Michel, un membre de sa famille, La question d'hrdit, qui, dans plusieurs circonstances prcdentes, avait t l'objet est dfinitivement tranche dans controverses, le sens des voeux du pays (4). En 1869, la Serbie se donna une nouvelle constitution. de certaines l'hrdit dans la famille Cette constitution, qui affirmait sans protestation fut accueillie Obrnowitch, (5) ; elle fut et de l'Autriche
tumace.
autrefois que Miloseh avait t souponn rappeler d'avoir fait tuer Kara-Georgewitch. 1869. (1) Cf. Livre jaune commniqu aux Chambres le 23 janvier 1868 (Archives diplomatiques autrichien 1868-69). (2) Cf. Livre-rouge (3) V. dans le livre jaune de 1869 (Serbie), p. 80, le brat d'inves11 faut de Milan Obrnowitch (donn le 25 Rebi-ul-ewel 1285).
titure
(4) Expos de la politique gnrale (Livre jaune de 1869). (5) 11 aurait pu et d s'en produire, si, comme le pense M. Ende Paris (art. 28) les immunits reconnues par le trait gelhardt,
1S2
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
en 1878. Le trait de Berlin (1) reconnut en effet de la Serbie, qui ds lors tait libre- de mol'indpendance consacre difier sa constitution. partie du droit public En 1882^ la Principaut Prince prit le titre de Milan Le principe de la Serbie. fut Ier. de l'hrdit en fait donc ? royaut et le
rige
il y a, en Serbie, un pril juif Comme en Roumanie, a d se de Belgrade le gouvernement contre lequel dfendre, Des lois de 1838 et 1861 interdisent der ou l'intrieur pays. L'Angleterre intervint en leur faveur en 1861, 1863 et d'avoir des tablissements le droit et leur refusent d'aller aux dans Juits les de rsivilles de dans le
et venir
et n'impliquaient dans sa plnitude intrieure pas la souverainet encore moins la souverainet extrieure . Cf. Engelhardt. anciens et modernes (p. 46 50). lies protectorats Remarquons toutefois que la question de la souverainet est au moins douteuse ; ici la Serbie ne peut invoquer aucun acte semblable aux anciennes trco-roumaines. capitulations (1) Art. 34 du trait de Berlin : Les Hautes Parties contractantes de reconnaissent l'indpendance la Principaut de Serbie, en la rattachant aux conditions exposes dans l'art, suivant. Art. 35 : En Serbie, la distinction des croyances religieuses et des confessions ne pourra tre oppose personne comme un motif d'exclusion ou d'incapacit en ce qui concerne la jouissance des droits civils et politiques, l'admission aux emplois publics, fonctions et honneurs ou l'exercice des diffrentes et industries, dans professions quelque localit que ce soit. La libert et la pratique extrieure de tous les cultes seront assures tous les ressortissants de la Serbie, aussi bien qu'aux trangers, et aucune entrave ne pourra tre hiapporte, soit l'organisation des diffrentes soit leurs rapports rarchique avec communions, leurs chefs spirituels.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTSS
NATIONALITS
183
1867, consuls
la suite
remirent
de Belgrade une note idengouvernement ils expriment le regret de constater tique dans laquelle les mesures les Juifs (1). d'exceptions prises contre La dmarche d'ailleurs, n'eut pas d'autres la perscution religieuse sont de ces mesures Tg4satives"qui ncessites par la situation consquences; ne fut pousse ici, comme jamais, au-del en (2), Rouet non
manie,
conomique
les-passions religieuses. avec la Serbie, en rappelant des capitulations t en Roumanie; absolument; car,
comme mmes
que la quesy a t souvent pose, mais non pas dans les Ces actes n'ont
si en fait,
que dans un pas plus raison d'tre, dans un pays chrtien leur lgitimit ne peut pas autre, d'autre part, en Serbie, en droit, comme elle l'est en Roumanie, tre conteste soumise la domipuisque la Serbie a t, sans conteste, nation turque, et que, par suite, sur son territoire. soit, les pays les traits de la Porte
chrtiens
attendent
cette
la suppression de ces capitulations. de l'accorder poque, eut-il t imprudent de conserver il est exorbitant partout qui ont t faites pour les pays
depuis Peutenles
rigoureuses
musul-
des Isralites
en Turquie,
en Serbie
et. en
(2) La libert des cultes est consacre en Serbie par l'ustav de 1838* de 1869. par l'article 28 du trait de Paris et par la constitution
III.
Montngro.
Bosnie
et Herzgovine.
Bulgarie,
etc.
Histoire, Silence du trait de Paris. I. Montngro. Question de la rectification tion de l'indpendance. tires. Rle de la France. Protocole du 8 novambre de de dlimitation 1859. Soulvement Protocole Blockhaus turcs. Rglement des proprits prives. du 3 mai 1864. Protocole du 26 octobre 1866. Nouvel de frontire II. Bosnie III turco-montngrin et Herzgovine. et confrence Soulvements de 1870.
en 1858 et 1861.
Efforts Bulgarie. pour obtenir une glise nationale. armes politique d'une pareille conqute. Tentatives Importance en 1867 et 1868. Firman de 1870.
Leurs des Balkans. IV. Les autres Provinces turques aspira La tions. Les comptitions. grande ide. Aperu rapide sur ce que l'on a appel le combat macdonien.
Nous trait
les phases de l'excution du de Paris dans deux pays, la Roumanie et la Serbie, des dispositions spciales avaient t dic-
venons
d'tudier
1856 ne s'occupait pas nommment des autres provinces des Balkans, mais il rglait dans leur ensemble les rapports du Sultan avec ses sujets et confrait aux' Puissances des droits et des devoirs envers les chrtiens de Turquie ; en outre, le trait avait fait natre les petites nationalits, des aspirations vers : c'est ces deux titres que l'histoire de l'indpendance chez toutes
du 30 mars
INTERVENTION
CHEL
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
185
dans dans
certaines ce chapitre.
parties
de l'Em-
I. Comme
l'histoire
de la Serbie,
a-t-on
dit, l'histoire
du Montngro devrait tre chante et non crite, car les luttes ininterrompues eurent souteque les Montngrins nir pour la dfense de leur patrie et de leur libert ont fait d'eux, Dieu des hommes le prserve lequel les fiers leurs fils dignes des temps hroques. de mourir dans son lit ! tel montagnards nouveau-ns. face de la Tzerna Qu'ils meurent est le Gora plutt
l'ennemi,
face au Turc,
de la Serbie, c'est--dire au xve siJusqu' la conqute du Montngro se confond avec celle de cet cle, l'histoire Elle s'en distingue car les Montngrins empire. depuis, sont le seul peuple balkanique subi la domiqui n'ait jamais nation Les ottomane. Turcs, cependant, et l'histoire se rsume ont du fait tous leurs efforts pour milieu la
La paix fut rtablie en 1853, grce l'intervenTurquie. et pendant tion du comte de Leiningen Constantinople, la guerre de Crime, resta neutre, le Montngro malgr les affinits malgr les efforts de la Rusethnographiques, dans l lutte. sa protectrice, pour l'entraner Au congrs de Paris, sur une question qui lui tait pose, le pass (1), dclara que le reprsentant du Tsar, reniant sie,
(1) La tutelle des Tsars, dit M. Engelhard, n'tait pas moins effective, comme celle que les Serbes avaient longtemps accepte quoip. 53. qu'elle ne ft pas l'objet d'un pacte formel. E. protectorats,
186
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
son d'autres
avec naissent.des
le
Montngro
des Montngrins pour de la Russie pour ces Montagnards veillantes , et le plconsidrait le Montngro turc dclara qu'il nipotentiaire de l'Empire Ottoman. comme partie intgrante Cette ble-t-il, dclaration aucune du reprsentant dans protestation turc le ne souleva, Elle semtait
Congrs.
tout arbitraire. Jamais le Montngro n'a fait cependant de l'Empire Ottoman la partie intgrante ; jamais n'a eu de droit sur cettat. Et nous n'avons pour Turquie au tmoignage le prouver qu' nous en rapporter peu suselle-mme a qui, plusieurs reprises, pect de la Turquie la Montagne-Noire formellement reconnu (1), la qualit d'tat indpendant. Le prince du DanieL inquiet juste titre s'adressa ottoman, d'Aali-Pacha, auraient de l'Albanie de la dclaration directement dclara-t-il, bien aux est
do prtendre
Montngrins la moiti
le plutt et toute
tous nos prdcesseurs du Montl'Herzgovine, puisque ces territoires, ngro, ducs de Zta, ont possd autrefois tandis que les Turcs n'ont jamais possd le Montngro. Je prie votre tion (2). Excellence de prendre acte de cette protesta-
du 12-24 sep(1) Cf. Cbotiblier. Op. cit., p. 55, note. Cf. trait tembre 1842 (Engelhardt. Ls protectorats anciens et modernes). Le 31 mai 1836. cependant, le prince Niegosch se dclara prt accepter la suzerainet ottomane, moyennant l'attribution son gouvernement des immunits dont jouissait la Serbie, et sous la condition de certaines concessions ouvertures. territoriales, et maritimes. Mais la Turquie p. 180. repoussa ces
La Serbie
et le Montngro,
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
187
cette lettre, contient un joint rapide du Montngro ; ce pays, expos de la situation y est-il dans ses limites dit, est trop resserr ; il manque, de ferres cultivables. Cet tat ne peut qu'engendrer de nouvelles Un mmorandum, luttes. porter remde ; il faut do la Principaut qu'elles reconnaissent l'indpendance (1). d'un Cet appel trouva peuple opprim peu d'cho. 1er pensa qu'il arriverait Daniel ses fins en plus vite allant C'est Paris lui-mme dans (2). implorer ce but qu'il les Souverains entreprit d'Europe. en 1857 un voyage . C'est aux Puissances y
(1) Si le Montngro reste encore plus longtemps dans ses bornes n'aura pas d'autre sort que de vivre troites, le peuple montngrin sans cesse dans un combat sanglant, comme il vivait pendant les ne demande pas les terres qu'il quatre sicles passs. Le montagnard s'est appropries jadis, mais il demande celles pour lesquelles il a l'ait la guerre dans l'poque la plus dangereuse et pour lesquelles il averse son sang, ainsi que pour son indpendance. 11 ne faut pas discuter ici de l'indpendance du Montngro, parecle droit de faire la guerre l'Empire turc et de qu'il avait toujours faire la paix avec, lui; c'est de quoi il a toujours profit effectivement. 11 y a longtemps ont reconnu la ncessit que les Montngrins urgente d'un port pour un libre commerce ; c'est pourquoi le vladikn Daniel a fait au commencement du xvm' sicle les premiers essais de runir le littoral au Montngro, d'Antivari qui y appartenait jadis, et sur lequel le sang des hros montagnards tait vers beaucoup de fois. Les prtentions sont contenues dans les points des Montngrins suivants : lo Qu'on reconnaisse du Montngro par la l'indpendance voie diplomatique; du Montngro du 2 Qu'on tende les frontires ct de l'Herzgovine 3 Qu'on fixe les confins <Ui et de l'Albanie; comme ils sont fixs du ct do du cot de la Turquie, Montngro, la ville d'Antivari 4 Qu'on ajoute au Montngro l'Autriche; (Bar) qui est fixe aux frontires et sur la mer... Cf. Coquelle. Histoire du origines, p. 325 et suivantes. (2) Daniel 1er aurait voulu Montngro aller et de la Bosnie depuis les
aussi Londres ; il
y renona
183
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
ne pouvait pas rester insensible des aspiune fois de rations si lgitimes et qui taient troubles hostile de la Turquie, dont les plus par suite de l'attitude une insurrection troupes, sous le prtexte de rprimer d'une faon inquise rapprochaient dans l'Herzgovine La France tante de la frontire montngrine. du 12 mai 1858, Napolon III fit publier dans le Moniteur Au une note officielle qui eut un certain retentissement. o les Puissances moment, disait le Cabinet des Tuileries, animes du mme sentiment d'ordre et de paix, s'occupent achever et consolider l'oeuvre du Trait de Paris, on non sans quelque raison, de voir la Turquie une attitude prendre l'gard du Montngro qui peut faire natre de nouvelles complications. Il y a deux s'tonne, dfinitivement appartenir certains districts limitrophes qui ont t rgis tour tour par la Turquie et par le Montngro ? <<Or l'histoire atteste que si les Turcs ont quelquefois attaqu avec succs le ils n'ont jamais pu se maintenir dans ce pays, Montngro, et c'est un fait incontestable que depuis bientt un sicle, placer sa suzerainet sous le grand principe de l'intl'gard du Montngro (l)La France prenait donc grit de l'Empire Ottoman... nettement suzerainet. Quant la question de frontire, elle la renvoyait parti : elle refusait la Turquie tout droit de le Montngro leur est demeur voit donc que la Porte ne saurait entirement ferm. On points rgler, de suzerainet? disait la note : la Porte A qui doivent a-t-elle un droit
devant le refus de l'ambassadeur anglais ment au sujet des dispositions de sa cour. (1) Moniteur du 12 mai 1858.
de prendre
aucun engage-
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
189
une commission
charge, territorial
sur
europenne au 8 novembre
se runit 1858,
donna lieu le trac duraient encore en 1870. auxquelles de la France, L'intervention n'en tait pas cependant, article du Moniteur. reste un simple L'amiral Jurien de la Gravire les surveiller dans la mer Adriatique envoy pour de l'arme manoeuvres et empcher turque contre le Montngro. Un navire russe vint Mais vue quand les navires franais et russes de Cettinj, la situation tait bien fut
en
Daniel,
attaqu sans motif par l'arme turque, une brillante celle-ci et remport victoire l'intervention des Consuls, ls rvolts
et le prince Daniel consentit se soumirent, d'Herzgovine arrter la poursuite. La paix fut de courte car dure, les difficults ne devaient renatre. pas tarder de l'Herzgovine C'est un soulvement qui avait t la cause mme des complications de 1858; une insurrection de la de nouveaux incidents en 1862, province provoqua de l'un de ces pays se rpercute car chaque mouvement dans l'autre ; les habitants de l'Herzgovine trouvent en effet chez leurs voisins de mme race qu'eux des secours et au besoin En 1861, un refuge. le prince Nicolas,
qui
venait
de succder
au prince Daniel, grand quiqu' parvint, ses sujets et les empcher de soutenir () ) Le prince Nicolas prit le gouvernement
(1) contenir
en 1860.
1O
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
contre
marchait Omer-Pacha. l'atMalgr lesquels correcte de Cettinj, le Sultan du gouvernement l'ordre de bloquer le Montngro qui fut envahi Nicolas
les Puissances implora qui restrent sourdes sa voix. Seul le Saint-Sige mais le }r rpondit, de tout pouvoir ne pouvait donner Pape, dpouill temporel, moral. qu'un encouragement de Constanlinople se dcidrent du Sultan. faire appel la gnrosit Celui-ci en rpondit au prince Nicolas faisant signifier dont (1) un ultimatum au plus haut degr les sentiles dispositions froissaient ments des Montngrins disait l'article ; Mirko, o, quittera le Montngro et n'y pourra (2) Sur plus rentrer. le trajet de celte route, (la route qui mne de l'Herzgovine seront Scutari travers le Montngro) plusieurs occups par les troupes impriales qui dans les blockhaus. Ainsi s'exprimait l'article garnison Cette dernire tait grave. Elle rappelait disposition prises contre tous les inconvnients On aurait Belgrade. fut malheureusement France, mesures la Serbie, et nous avons de l'occupation d tre instruit de la forteresse points tiendront 6. les Les ambassadeurs
constat de
Il n'en de la de
changer
termes
(!) V. dans Reinach (La Serbie et le Montngro, p. 192) le texte de cet ultimatum qui porte la date du 31 aot 1862. (2) Mirko, pre du prince Nicolas, avait jou un rle glorieux dans les guerres prcdentes et jouissait d'une popularit bien mrite.
INTERVENTION
CHEZ: LES
DIFFRENTES
NATIONALITES
191
avait telles
le droit conditions
de le rduire de paix
l'obissance
qui puissent vellement d'une agression de sa part. S'il tait dant, le Sultan avait le droit que donne la victoire Le pas, gouvernement et le 5 fvrier Montngro 1863, la Porlo du ne se
renona sous condition tiendrait la route blockhaus, que le Prince ouverte et qu'il ferait indemniser les voyageurs toujours en parcourant des pertes qu'ils pourraient celte prouver route. La
fit vacuer les blockhaus, mais elle s'emTurquie sur la frontire des construire, mme, pressa de faire forts dont les canons tourns sans cesse vers le Montet qui ngro, taient pour celui-ci une menace perptuelle no furent supprims de nouvelles qn'aprs ngociations. de dlimitation de frontire restait La question toujours Le Protocole de 1858 renvoyait le travail une pendante. on 1859, un trac approuv qui adopta, Turc et Montngrin. Mais il respar les gouvernements : ce fut long; tait rgler les questions d'intrts privs commission les reprsentants de la Turquie nirent fois en une premire se ruet du Montngro 1864 Cettinj pour la trace privs sur la frontire mixte
des intrts rgularisation mixte en 1859 (2). Pour plus de facommission parla se chargea de payer ses cilit, chacune des deux parties nationaux. Malgr lentement tats cette et sage mesure, le 26 octobre les rglements s'effecturent des deux 1866, les dlgus pour complter l'oeuvre
se runirent
des Deux^Mondes, (1) Cf. Annuaire (2) De Clercq, anne 1864-67, p. 20.
1862-1863.
192
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
confirme dans toute sa tede 1864, qu'il du protocole neur et auquel il est annex pour avoir mme force et dcide comme s'il en faisait partie . Ce protocole valeur qu'une commission mixte commencera au mois d'avril au plus tard, l'change prochain, nits des proprits particulires tes (1). Un second et la fixation sur les bases des indemdj arr-
arrta les dispositions pour servir protocole la rgularisation concernant de bases leurs oprations trace par la commisdes intrts privs sur la frontire de 1859 (2). avoir des griefs contre En 1870, la Porte qui prtendait sur la frontire. le Montngro (3) massa des troupes sion mixte La Europe cer la Russie L'interposition de la grande s'en inquita. serait seule assez puissante faire renonpour crivait ses dessins hostiles le Prince Porte
dire de M. de Beust, il n'y (4). Bien qu'au et pas lieu de prendre d'armements ombrage qui n'offraient aucun caractre se fit jour , bientt inquitant o seraient l'ide d'une confrence les Puisreprsentes Grorchakoff intervenantes aux transactions de 1858 parties 1860. La Commission, compose de dlgus turcs et monet de reprsentants de l'Angleterre, de l'Autritngrins sances, che, de la France, de l'Italie (5), de la Russie et de la
diplomatiques, d'Aah-Pacha. (3) Circulaire tiques, 1873. 1870. (4) Lettre du 2 fvrier
diplomatiques,
diploma-
de 1873.) (Archives diplomatiques (5) Bien que n'ayant pas particip aux actes de 1858 1860, l'Italie demanda se faire reprsenter. La non intervention ces actes, dclara M. Visconti-Venosta, ne saurait tre oppose au gouverne-
INTERVENTION
NATIONALITS
193
Confdration
germanique
la cession des droits du Montnde son gouvernement situes dans les gro sur les proprits particulires Brdos (2) ; mais le Prince Nicolas dsavoua et rvoqua son reprsentant, et le nouveau commissaire eut pour instruction tantinople Les commissaires de s'en tenir uniquement du 26 octobre 1866. ottomans au protocole de Cons-
rpondirent que postrieurement au protocole de 1866, c'est--dire le 4 septembre 1868, le prince avait dclar, dans une lettre Osman-Pacha, que toutes les terres appartenant aux habimontngrine, situes sur un point quelconque du territoire turc, appartiendront de plein droit au gouArernement ottoman (comme consquence de l'article 1er). Malgr les protestations des reprsentants montngrins, la commission dclara s'en tenir l'aveu fait par le commissaire et consign dans le montngrin premier deuxime protocole; mais avant de se sparer, les consuls l'avis qu' leurs yeux la meilleure mirent unanimement au litige serait ngro la somme effective solution que la Porte donnt au Montde 100.000 florins (3). tants des autres Alliages de la frontire
ment italien qui avait, ds cette poque, formul des rserves explicites et. dont la Porte n'a pas depuis contest le droit de s'occuper des questions du Montngro. Cf. Dpche de M. de Beust, 9 mars 1870. (Archives diplomatiques, 1873.) (1) Cf. Archives (2) Protocole 2. (3) Protocole 4. M. 13 diplomatiques, 1873.
194
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Un
nouveau
conflit
menaa
de mettre
encore
une
fois
aux prises la Turquie il fut heureusement pereur Plus de Russie tard, (1).
et le Montngro, en octobre 1872; de l'Emapais par l'intervention la guerre places albanaises part russoque lui
II. Serbe, la
La Bosnie, tomba
qui
avait
de l'tat partie autrefois des Turcs en 1463 sans avoir eu du mme clat que les
fait
La malheureuse sans
Bosnie,
dit
M.
Coquelle,
est tombe
trahie abandonne enfants, gloire, par ses propres Roi par tous, dshonore par la faiblesse, de son dernier fut incorpore (Etienne YI) (3). L'Herzgovine A"ingt ans milieu de ce sicle, plus tard et, depuis lors, jusqu'au l'histoire de ces deux Provinces se confond avec celle de l'Empire Depuis blrent; troite Ottoman. 1856, des insurrections continuelles les trou-
nous l'avons
montngrines. En 1857, l'Herzgovine se souleA'a. Si les chrtiens ont pris les armes, dit une proclamation
(1) Cf. Maton. Histoire du Montngro. (2) L'article 26 du trait de Berlin dit : L'indpendance du Montngro est reconnue par la Sublime-Porte et par toutes celles des Hautes-Parties contractantes qui ne l'avaient pas encore admise. (3) Coquelle. Histoire du Montngro et de la Bosnie depuis les origines, p. 50. (4) Ptitions aux consuls. (Annuaire des Deux-Mondes. 1857-1858, p. 699.)
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CHEZ
LES
DIFFERENTES
NATIONALITES
195'
fait
des ont
exactions
des
ce que nous possdions, foul aux pieds notre religion contre notre
pris et mang ont profan nos glises, Nous n'avons pas pris
les armes
Sultan nous apparteglorieux nons Dieu et au Sultan, mais qu'on retire ces malfaiteurs de nous! du milieu Nous prenons Dieu tmoin que Sultan ne retire si le gracieux de nous les pas du milieu malfaiteurs et ne nous accorde pas ce qui est juste, nous sommes prts mourir et nous noyer, dernier, jusqu'au ainsi notre dans mais nous mettons que tout ce qui nous appartient; confiance en Dieu, en notre gracieux et souverain, les Puissances pas europennes, qui ne A^oudront au feu et au glaiA'e des Turcs misrables chrtiens souverain et bientt les rpondit provinces en malfaiteurs, les
abandonner
pauATes Le gracieux bachibozouks, zgovine Quant une statu mme furent aux
elles
nommrent du la
rtablissement commission,
de frontire turcodu rglement charge ne put sainrer les Herzgoviniens qui furent montngrinc, ramens l'obissance par des moyens Ariolents (1). L'insurrection du suzerain guerre de celle de 1858. La commission russir mfiaient, de 1861, complique, elle fut aussi, par une aA'ec le Montngro, la rptition ne put so insurgs qui
de nouveau, Les
et,
d'Omer-Pacha
La Bosnie et l'Herzgovine.
196
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
proclamait, un pardon au nom du Sultan, plein et ils refusrent entier, avec la remise des impts arrirs, de dposer les armes, craignant tout de la prsence des refusait de supprimer. gendarmes turcs qu'Omer-Pacha La commission europenne, suspendue et renvoye Raguse, fut dissoute en octobre 1862. Cette fois encore, l'insurrection fut rprime sans que la Bosnie govine en aient retir d'autre bnfice qu'une sanglante (1). Le joug ottoman Les jamais. aussi maltraits tinua tre et l'Herzrpression que tre
aux exigences, aux aAranies, la tyrannie des l'impt, beys et des agas, aux Ariolences et aux outrages des bachibozouks. (2). Faut-il s'tonner que ces malheureuses provinces si rude? aient cherch une fois encore secouer un joug
C'est en effet en Bosnie et en HerzgOA7ine que s'alluma la rvolte en 1875. Elle fut couronne de succs, cette fois, et le trait de Berlin porta remde un tat de choses des deux proArinces dplorable en confiant l'administration l'Autriche (3).
n'eut pas de (1) En 1862 se place un incident, qui heureusement sans prvenir la Turquie, dmolit une consquences. L'Autriche, sur le territoire de petite batterie leve par les insurgs herzgoviniens Suttorina. Le cabinet des Tuileries dclara qu'il considrait cet acte comme contraire au trait de Paris qui interdit toute intervention en L'affaire n'eut d'ailleurs aucune suite. Turquie sans entente pralable. (2) Spalakovitch. Op. cit. 25 du trait de Berlin : Les provinces de Bosnie et (3) Article d'Herzgovine seront occupes et administres par l'Autriche-Hongrie.
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
197
III. Plus
La
Bulgarie
avait
soumise
ds la fin
du
xiv sicle. de Constantinople rapproche que les pays dont nous avons dj parl; spare par des Etats vassaux de la Bulgarie, la Russie et de l'Autriche, sur qui la domination ottomane pesait directement, eut plus de peine faire ses plaintes ; elle ne conquit sa libert que bien aprs eux. Pendant la priode qui nous occupe, peine se manifeste-t-il quelques vellits d'indpendance. Il est toutefois de remarquer que la marche des vnements a t la mme dans cette province qu'en Serbie et en intressant Roumanie; la Russie ses droits la Bulgarie a eu se dfendre la fois de et de la Turquie : celle-ci Aroulant maintenir entendre
de souArerainet ; celle-l cherchant imposer sa protection. Puis intervinrent les Grandes Puissances qui, au Congrs de Berlin, manciprent le peuple bulgare. En 1856, il n'en tait pas encore question. Dans les entretiens fameux qu'il eut avec l'ambassadeur le tsar Nicolas, on se le Seymour, anglais, sir Hamilton rappelle, dclara qu'il ne Aboyait pas pourquoi la Buldanugarie ne serait pas comme les trois Principauts en Etat indpendant biennes constitue (1) sous la protection de la Russie. Cette ide devait faire son chemin ; cette poque, les patriotes bulgares, mme les n'osaient pas Aviser si haut; ils rvaient plus ardents, avec raison, peut-tre indpendance ; mais persuads, mais, qu'un mouvement national avait toute chance d'chouer,
Roussel. Histoire
de la guerre
de Crime.
Introduc-
198
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
ils se contentrent nes. Tous les efforts Eglise nationale, Le clerg bulgare
de le prparer
par
des voies
dtourune
de en effet, du patriarche relevait, Constantinople qui, le plus souA'ent, nommait aux dignits les plus leves des voques grecs, mal vus de la population dont ils ne parlaient mme pas la langue. Ne suffit-il pas d'ailleurs de rappeler pour comprendre La Russie appuya ces efforts (1). Au moment de l'insurrection de la Crte, le Comit secret bulgare, encourag difficile de la Turquie, adressa la par la situation un mmoire o taient poses les condiSublime-Porte aArec le Sultan qui personnelle des Bulgares et dlguerait prendrait le titre d'Empereur un Ance-roi en Bulgarie, Eglise autonome et indpentions dante. Les Puissances, dj trs embarrasses au sujet de la suivre Candie, ne se risqurent politique pas donner un conseil au Sultan qui ne tint, ds l'abord, aucun compte du mmoire. dmarches et des formalits qui n'a rien d'excessif pour Aprs qui les ministres des hsitations, des durrent trois ans, ce de ConstansuiArantes : union le rle politique d'une l'importance du clerg en Orient, Eglise autonome ?
le Sultan se dcida accorder aux Bulgares tinople, satisfaction sur la question religieuse. Pendant ces trois annes, la Bulgarie tait reste in(1) Vers 1860, des missions catholiques de appuyes sur l'influence la France oprrent d'assez nombreuses conversions en Bulgarie, mais l'vque tout coup, le catholique Mgr Sobolski dispart 18 juin 1861, sans que l'on ait jamais su ce .qu'il tait, devenu; et le mouvement catholique s'arrta;
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
199
A la suite d'armements prte se soulever. prla Turquie fit serbes et roumains, pars sur les territoires des appel aux Puissances qui ont garanti les institutions et ont compris dans cette garantie les rapPrincipauts quite, ports des Principauts avec la Cour suzeraine (1). Le firman fut sign la date du 10 mars 1870. Il est form sous le titre OU Exarchat bulgare une administration spirituelle des affaires religieuses et spirispare. La direction tuelles de cette administration rserest exclusivement ve cet Exarchat. se fait sans aucune de l'Exarque 1er,) L'lection du Patriarche de Consparticipation dlivrera, sans le moindre retard, les ncessaires, suivant les lois de (Art
L'Exarque, presque indpendant vis--vis du patriarche On sait l'impor grec (2), est nomm par brat imprial. tance qu'a prise la question des brats (3). et en ThessaKe les IV. En Macdoine, en Albanie Puissances n'ont pas eu intervenir. de ces rgions ne rentre donc pas dans le L'histoire cadre de cette tude. ces malheureuses Ce n'est pas populations manifest leurs aspirations vers Ja libert. de la Grce en 1821, les nombreux spulA^eL'insurrection ments dont nous avons suivi la marche dans les pays
1er aot (1) Dpche de Fuad-Pacha, niqu aux Chambres le 23 janvier 1869. 1868. Livre jaune commu-
que
et l'Hel(2) Ce firman est cit en entier dans Brard. La Turquie lnisme contemporain, p, 184. constitution(3) En 1879, la Bulgarie a t rige en monarchie nelle hrditaire:
"200
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
enfin agiter
pays balkaniques. et de la dchance de la Du jour de l'affaiblissement puissance ottomane, on pouvait supposer qu'elles supporteraient aArec impatience un joug qui leur aArait toujours t odieux secouer. et qu'il leur semblait maintenant possible de Comment se fait-il donc qu'aujourd'hui encore, Turc tende sa domination sur ces paj^s ? deux causes : d'une part, mralits entre les Puissances qui ne peuvent s'entendre sur un rivalits entre les revenqui toutes,
partage de la Turquie ; d'autre part, diffrentes nations de l'Empire Ottoman en question. diquent les territoires
La Macdoine, pour ne parler que de celle-l, doit-elle tre serbe, bulgare, grecque ou roumaine ? Chacune de ces opinions sur des titres peut s'appuyer historiques incontestables. en effet, au droit rfre-t-on, que donne la possession ? La Serbie comme la Bulgarie ou la Grce, l'ont possde tour tour. Mais, ce compte, la France ou Venise, auraient bien des droits reA^endiquer en Orient, ce que l'on serait cependant quelque peu tonn de leur A^oir faire. Prfre-t-on Mais autant et comment rechercher d'auteurs, reconnatre quelle est la race dominante ? autant de statistiques diffrentes, et la quelle est la plus impartiale la S'en
populations prfrent chrtienne le joug turc quelque dur qu'il puisse tre. Il y a l, dans toute son exagration, le sentiment trs humain qui rend plus pre la haine contre un simple dissident par
encore
INTERVENTION CHEZ LES DIFFRENTES NATIONALITS le culte ennemi ou la nationalit que celle
201
un que l'on porte ou ethnographique : de l, par exemple, AriAre des Serbes contre les Bulgares, et, les jalousies slaves. confdration, rciproques souvent simple de toutes
gnrale,
mise qu'on
en
aussi pas d'une excution premire Arue. rait le croire En effet, dans une mme proArince, majorit bulgare souArent grec, ; sans tel autre ct,
n'est
pour-
les musulmans oublie compter que l'on ne faudrait et qu'il pas arriver cependant comme ils perscutent eux-mmes les chrperscuter, tiens. On A'oit comme doine nous et des autres suffit de l'aAroir est complique proA^inces signale la question de la Turquie de la Macd'Europe. Il
(1).
et l'Hellnisme (1) Sur ce sujet voir Victor Brard : La Turquie la Pninsule des Choublier, contemprains. Op. cit.; de Lavclcye, et les nombreuses brochures publies sur ce sujet, notamBalkans; ment par les soins de la Ligue de la confdration balkanique prside par M. P. Argyriadts.
IV.
T- Affaires
de Syrie.
Rglement
de de 1843. Massacres de l'Hedjaz cl bombardement Les Druses et les Maro Massacres en Djcddab. Syrie, 1860. du 5 septembre 1860. nites. Confrences de Paris. Convention L'Europe donne mandat la Franco de rtablir l'ordre en Syrie. 12.000 hommes dbarquent Beyrouth, sous le commandement du La Excution gnral de Beaufort rpression. d'Hautpoul. Commission de Beyrouth. d'AchmeUPacha. europenne do l'occupation. de l'Angle-^ Attitude Question de la prolongation terre. Rorganisation du Liban. Rglement du 9 juin 1861. Modifications m L'Italie Daoud-Pacha. exclue des confrences. au rglement de Joseph Karam. en 1864 et 1867. Insurrections Elles sont des consuls grce l'attitude nergique rprimes europens. Situation gnrale de l'Armnie.
Les affreux massacres a t le dont l'Asie-Mineure thtre ont provoqu l'intervention des cinq diplomatique arme de la France, grandes Puissances, et l'intervention La politique franaise, dans les affaires de 1860, a t digne des anciennes traditions ; elle a t gne seulement par l'attitude jalouse de l'Angleterre et par l'inertie habituelle de la Porte. Aprs l'vacuation trait des Dtroits l'anarchie. des troupes d'Ibrahim-Pacha, lors du de 1841, la Syrie, tait tombe dans Le gouvernement de la Porte A'oulut en profiter les anciens cette privilges qui faisaient sous la suzerainet du Sultan et le
indpendante
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
203
GouATernemcnt blir
de la famille
de Cbehab directe.
Orner-Pacha. mais elles ne protestrent; sur l'organisation tablir en Syrie. purent furent institus en 1842, Aprs de longues ngociations, sous le gouvernement deux camacams d'Essad-Pacha, ou grandes s'entendre lieutenants, tarda l'un druse, l'autre des troubles 'chrtien. pas provoquer ne craignirent gleterre Si la Porte rus, crivait Ce systme ne et l'Anque la Turquie avaient pas secoudes siens, les avons des Les Puissances
le prince druse Moktara l'un chrtiens nous auraient nous Maintenant, disperss. t autoriss, ainsi que les autres rassemblements Druses,
tomber Daoud-Pacha l'illustre par Son Excellence les troupes mme sur la nation et l'anantir... chrtienne de vous aider (2). qui sont Abbey ont l'ordre s'criait Et M. de Montalembert (3) : Il est vident une iniquit rvolqu'il y a jusqu' prsent une partialit, turcs dans le Liban, tante de la part des fonctionnaires je
nous n'en voulons pour preuve (1) Ces privilges sont indiscutables, et qui porte la que la note suivante mane de la Porte elle-mme, date du 28 juillet 1845 : Sa Majest le Sultan, dans sa paternelle sollicitude pour ses du Mont-Liban a voulu que les habitants participassent peuples de bienveillance, des faveurs de aussi ses bonts : et des marques toute espce leur ont t accordes. Leurs anciens privilges locaux de la Montagne a t place ont t maintenus, et l'administration Cf. Henry David. La question du sous une forme particulire. Liban au point considre 1861. Correspondant de vue du droit, brochure extraite du
1845.
204
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
mme une complicit vidente dans les crimes commis par les Druses... Il y a l une complicit plus odieuse encore et plus grave : c'est celle qu'on attribue gnraledans ces parages On ne ment l'agent de l'Angleterre peut expliquer cette excrable politique que parla jalousie dirai l'autorit sculaire de la France qu'inspire l'Angleterre dans les montagnes du Liban. orgaLorsque l'ordre fut un peu rtabli, un rglement nique fut institu sur le systme d'une double camacamie; auprs de chaque camaeam devait rsider un conseil de ou medjlis ; le medjlis tabli auprs du casurveillance et de maeam druse deA'ait tre compos de chrtiens druses (1845). Ce systme, haines loin d'amener un apaisement, aATvait les des troubles plus provoquer
de races; il allait grands encore que ceux auxquels il prtendait mettre fin. le jeu des intrts diArers, qui ont Mais, pour expliquer guid la marche des Arnements, il nous faut d'abord faire connatre situation les populations qui habitent le Liban, et leur respecte. En dehors des Musulmans,
nous y trouArons deux peuceux-ci, laborieux et ples : les Druses et les Maronites; pacifiques ; ceux-l nomades et guerriers (1). Les Druses,
descendent d'une ancienne secte de l'glise (1) Les Maronites grecque ; ils se sont runis au Saint-Sige de Rome en 1445 ; mais ont conserv une liturgie et une discipline particulires. Les Druses, au point de vue religieux, peuvent, tre considrs, dit M. X. Raymond, comme une espce de socit secrte dont on n'a mais qui n'a ni l'esprit de proslypas encore pntr les mystres, . X. Raymond. tisme, ni l'esprit d'intolrance La Syrie et la question d'Orient (Revue des Deux-Mondes 1860.). Cf. Aussi les ouvrages de Grard de Nerval.
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
205
quoique
beaucoup
moins
nombreux,
ont de tout
temps ex-
ne respectant leurs biens que moyenploit les Maronites, nant un tribut. tout arbitraire, tait Cependant, cet impt, et les rapports entre les deux pay sans trop de difficult, nations auraient sans l'intervention pu rester supportables, de l'Angleterre, de la France auprs jalouse de l'influence des Maronites. fondateurs comme les Louis Ceux-ci se disent en effet, descendants des du royaume de Jrusalem, une charte et de et se considrent de Saint Louis et
sauvegarde cette
des rois
rsolut L'Angleterre accrue par suite de la trs tablissements Les Anglais du Liban du loigner religieux tentrent catholicisme, temps
influence
jouissent d'abord
les
en mme firent
protestantes fermement
parmi et les
les
de tactique : ils cherchrent changer nites en excitant contre eux (2). les Druses
anne 1860, t. XV, p. 341 ; Les (1) Cf. dans Le Correspondant, Evnements de Syrie, par le vicomte de Vogu. (2) Il ne faut, peut-tre pas exagrer ce que la conduite de l'Angleavec plaisir cela est terre a eu de blmable. L'Angleterre voyait ou diminuer notre influence. certain tout ce qui pouvait ruiner des massacres comme on l'a fait Mais faut-il la rendre responsable souvent ? aux Anglais en tant que particuEn tout cas il faut rendre justice deux hommes, dit M. de la Gorce: liers. Il y a dans tout Anglais l'homme priv qui se laisse l'homme politique qui est impitoyable, Jamais ce contraste ne se montra aisment toucher par l'infortune.
206
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
La
Sublime-Porte,
auprs
cette poque, de laquelle se montra tait tout-puissant, ; c'est ainsi soulvement qu'aux des Mu-
des Druses
politique. un se joignit
la situation. singulirement qui aggrava de fanatisme eut lieu un rveil 1860, en effet, monde musulman dans l'Inde arrts tout pour entier; gagner l'envoi les massacres o ils l'Hedjaz, de naArires europuis ce surexcit
commencrent furent
heureusement
pens et le bombardement fut dans le Liban que se dchana par le mouvement Des massacres Rascheida. druse. curent lieu
par du port
de tous
Hasbe)ra,
Jahl,
Der-el-Kamar,
les Druses
avec tous les et gorgrent ravagrent des peuples barbarie que peuvent inspirer les plus mauAraises. passions Que faisaient leur les Turcs ? Ils dsarmaient leur promettant facilita et en mme tche consul des assassins.
les Maronites,
d'Angleterre ne peuvent pas tre victimes, honteuse les qualits la shameful d'un
cette condition, ce qui sauvegarde encore la temps rendit plus odieux La conduite du pacha, cmTait le Damas, et l'on sait que les Anglais en faAeur souverainement des
mieux que dans les vnements La politique que nous rapportons. dictera des dpches violentes la bienfaisance jusqu' l'amcrlumc; rassemblera des secours abondants les mmes jusqu' la profusion... mains applaudiront les deux langages. (Histoire du second Empire, t. 111, p. 314.)
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITES
20?
au lieu et,
de
assistance, on ne n'avons
le pillage, prvenir y ont donn avec un tel homme la tte des dire o le mal s'arrtera (1). sans nom ;
affaires, Nous
saurait
pas faire le rcit, de ces tueries des faits semblables et rcents en ont t la reproduction exacte (2), et sont prsents dans toutes trop fidlement les mmoires. Les d'abord sabilit consuls de tout sur jetrent un cri d'alarme : la Porte feignit
chercha
organis
qui un comit
sans que le Muchir Achmct-Pacha y furent gorgs, Le pillage y fut horrible; les y mt la moindre opposition. des Puissances, sauf le consul d'Angleterre, reprsentants cherchrent, el-Kader, admiration avec la foule dont la des fugitifs un refuge chez Abdconduite fut digne de la plus grande n'avait
pas cru la possibilit la demande des reprdes massacres et s'tait content, sentants de la France, de faire quelques Aragues dmarches auprs du gouverneur. Mais, du jour o il vit quel point
(1) Lettre de M. Braut, consul d'Angleterre Damas, M. Moore, consul gnral Beyrouth. (Voir Lenormant Les derniers vnements de Syrie, p. 130.) (2) Les massacres d'Armnie, sans compter ceux qui, diffrentes poques, curent lieu en Crte ou en Bulgarie, voire Conslanlinople mme en l'an de grce 1896. (3) Seul le consul anglais resta au consulat; il ne fut pas inquit, ce qui sembla donner raison l'accusation de connivence avec les Druses que l'on a porte contre l'Angleterre.
208
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
la
conduite il
des autorits
ottomanes
tait
lche
et hon-
teuse, mettre
mme de l'Islamisme, Aroulut, pour l'honneur fin au meurtre et au pillage. Il runit les Algriens qui l'avaient suiA-i dans son exil
et eut le courage de recueillir chez lui tout ce qui restait et d'opposer la force aux de AriA-ant parmi les chrtiens, troupes du Sultan. Que faisait pendant ce temps la diplomatie europenne ? n'avait pas su prvenir ces malheurs ; sans L'Europe doute des naArires aAraient t em'oys devant Beyrouth ; mais c'tait une menace peu efficace, et les Turcs savaient assez le fond que l'on peut faire sur le concert europen L'on peut en juger, par cettepour ne pas s'en inquiter. conversation qu'un mme Beyrouth de la Sublime-Porte. tionnaire -Le Druse. Mais ces frgates et ces vaisseaux, qui sont devant la A'ille, ne finiront-ils pas par nous combattre, si nous allons trop loin ? Le Turc. N'aie pas peur, ce sont des pouvantails faits pour effrayer les petits enfants, mais qui ne nous feront aucun mal. Le Druse. Comment donc ? Le Turc. Oui, pour qu'un seul de tous ces canons tire, il faut que cinq personnes soient d'accord, et jamais ces cinq personnes ne pourront l'tre (1). Ce Turc, si l'histoire est vraie, touchait l au point fondamental de la question d'Orient. Cette difficult, un accord, rend presque toujours d'arriver vains les efforts du concert europen, et fait, au contraire, la Franais affirme avoir entendue luientre un druse et un musulman fonc-
(1) Lenormant.
Les derniers
vnements
de Syrie.
INTERVENTION
NATIONALITS
209
de la Turquie. Cette fois-ci, cependant, avait trop prjug de la longanimit de l'Europe ; les massacres de Damas, l'insulte faite plusieurs consulats europens, poussrent les gouA'ernements bout. parfaite le Turc Entrans l'opinion questions rtablir rsultats obtenir des vnements, excits par par la brutalit dont le rle est important dans les publique de ce genre, ils se mirent d'accord, et parvinrent l'ordre. Ce fait, en mettant en lumire les
scurit
que les Puissances peuvent si facilement quand elles s'entendent pour une action effective, dans par cela mme quelle est leur responsabilit qui peuvent se perptrer de leurs dissensions. l'abri et sous
heureux
compose de dlgus de la Porte et des Puissances : L'accord que nous jugeons indispensable, disait-il, ne constituerait nullement une innovation ou un acte d'intervention considration dont on aurait redouter l'effet ou l'indpendance de la Turquie. conforme aux prcdents, et l'on n'y pourrait voir qu'une consquence logique d'une entente antrieure laquelle la Porte elle-mme a prt les mains et qu'elle doit dsirer de maintenir, parce qu'elle y trouvera donner de nouA^eaux arrangements ncessaire atteindre (2). Mais cette mesure l'insurrection tait devenue un pour la Ce serait
(1) Cf. Livre jaune 1860 (Syrie). Dpches des 5 et 6 juillet. du 6 juillet 1860 (Archives 1861). (2) Circulaire M. -
14
210'
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Le gouArcrnement des troupes en Syrie. des Tuileries dans ce sens. d'une proposition l'initiative disait M. ThouA-enel Cette combinaison d'ailleurs, ne pourrait la Porte, rsultat serait ainsi recevoir et il serait son en excution,
prit
d'un
accord collective
vident dans
que de concert outre essentiel ft qu'elle des cinq Cours. L'intervention son
(1), aA'ec le
et les troupes principe, des Arues communes, dans ne europennes, envoyes en quelque sorte que remplir une dlgation feraient des serait Puissances Ce rsultat non pas important, seulement tiens; o et pour pour la conscience publique mais aussi pour la Porte, qui, dans l'tat son administration et les chrde crise ne
se trouArent
ses finances,
sans pril, d'une pas longtemps, l'preuve aussi tendue comprimer... La proposition Il s'agissait formelle. d'une inlen^ention arme. Sur
cette inten'ention ? quel principe pouvait-on justifier La question est une question d'humanit , disait et c'est en effet la raison essentielle W. ThouA-enel, et qui elle contre la seule aurait un fanatisme suffi, Protger une population entiredisait l'empereur cruel, III, Napolon seule prsence de nos soldats, des
garantir, par la malheurs encore, c'est, comme Arous le qui la menacent dites, une oeuATC grande et utile (2). Mais, en outre, les Puissances un pouA'aient im-oquer
(1) 17 juillet 1860 au comte de Pcrsigny, ambassadeur Londres. Livre jaune 1860 (Syrie). (2) Ordre du jour du gnral de Beaufort dat du quartier gnral de Beyrouth. (Archives diplomatiques 1861). V. aussi une circulaire de M. Thouvenel du 18 janvier 1861 (Archives 1861) et l'expos de la politique extrieure gnrale.
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CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
211
rsultant,
des traits.
si la constatation
ses sujets sans promises ni de race . Qu'taient deA'enues distinction de religion les gnreuses intentions , o taient les effets de la du Sultan ? L'Europe que l'on avait constante sollicitude berne aA'ec ces mots pompeux, qui aArait admis la Turquie participer aux aA-antages du concert europen, n'avaitpas le droit de demander fidle des promesses de l'article elle change l'excution 9 ; elle avait au moins, au sujet de la valeur du le droit d'arrter les en
Et vraiment, c'tait bien le cas, de la haute valeur du Hatti-Humayoun de demander compte au A7aine formule,
quoi que l'on puisse penser de cet article, dernier paragraphe massacres.
nous dirons mme qu'il Cela nous semble indiscutable, tait de son devoir de le faire. M. Thouvenel restait d'ailleurs vention sable. sur le terrain ft collective. de la Porte, ajoutait-il, est indispenLes Puispenser de cette assertion? t irrmdiablement rduites l'imjuridique en demandant que l'inter-
du Sultan? puissance par l'opposition la pense des signataires Telle n'tait pas certainement formelle tait justedu trait de 1856, dont l'intention ment de mettre fin aux perscutions qui dsolent priodiNous croyons donc que la Ottoman. quement l'Empire de la Porte n'tait, comme on demande du consentement (1). l'a dit, qu'une fiction juridique
Phase actuelle de la question d'Orient. (Revue (1) Rolin-Jaequcmin. de droit international 1876.) Entre cette opinion et le systme qui de l'article'9 et abstrac-en lui-mme considre le dernier paragraphe
212
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
et l'Autriche
du cabinet particulier
la profranais. Au reste, elles n'avaient pas dans cette affaire : elles n'avaient pas volontiers
adhrrent
sentiments, accepta en principe la proposition ; et, Aru le nombre restreint do ses troupes de terre, proposa que la France fournt le corps d'arme ncessaire; mais nous allons voir bientt quelles conditions. La Russie tion arme troupes sement cabinet s'associa et consentit Arolontiers l'ide d'une intenrenaA'ec empressement ce que les en fussent charges. Mais cet empressans une arrire-pense que le Le ne pt dissimuler.
de Saint-Ptersbourg crit le comte de Montebello, a Gorchakoff, prince l'ordre d'insister ajout qu'il avait reu de l'Empereur pour que cette convention contnt un article par lequel les Puissances d'accord aArec la Turquie et s'engageraient, ses promesses solennelles, conformment ce que la
lion faite des autres dispositions, et interdit aux Puissances de s'immiscer en quoi que ce soit dans les rapports du Sultan avec ses sujets, voici ce que dit M. Saint-Marc Girardin : Pourrait-on s'en passer? (du consentement du Sultan). Non, selon moi, dans les cas qui rsultent de l'article 9 du trait de 1856, car l, l'Europe, je le crois, doit agir collectivement; oui, dans les cas qui rsultent de l'article 8 du mme trait, c'est--dire s'il survc nait entre la Sublime-Porte et l'une ou plusieurs des autres Puisci sances un dissentiment qui menat le maintien de leurs relations. Dans ce cas il doit y avoir un prliminaire de conciliation . Dans le cas impossible prvoir o la Turquie refuserait d'accorder la France et la Russie la rparation qu'elles ont droit de demander, ce serait le cas prvu par l'article 8 et de l'emploi de la force aprs essai de conciliation. Saint-Marc Girardin. Affaires de Syrie 1860. (Revue des Deux-Mondes, du 15 juin 1861.)
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LES DIFFRENTES
NATIONALITS
213
situation ment
des chrtiens
dans
; ce qu'il abus qui ont t signals et . ce que empch, par des mesures administratives
amliore
tout
Puissances
de plus, sans'engageraient, agir de concert avec la ailleurs, glants se produisaient comme elles seraient comrenues de le faire Turquie, l'gard de la Syrie (1). La Russie ne A'oulait pas perdre l'occasion do reprendre son ancienne influence ; elle se mnageait le droit d'interArenir son tour dans d'autres rgions. l'ide favorablement Quant la Porte, elle accueillit d'une Commission de europenne qui serait charge reviser les arrangements administratifs adopts en 1845 l'gard du Liban (2). Mais elle dclara qu'une interArention arme serait une atteinte aux droits de souArerainet du Sultan (3) et commena par s'y opposer formellement. se fit et la A-olont, l'entente Malgr, cette mauvaise confrence, runie Paris le 3 aot 1860, posa.les points de la Comrention signe le 5 septembre 1860. Il fut dcid que pour excuter sa ferme rsolution d'assurer l'ordre et la paix parmi les populations places
1860. (Livre (1) Dpche du comte de Montebello du 21 juillet jaune 1860, Syrie.) adresse, le 20 juillet 1860, par la Porte aux (2) Note officielle ambassadeurs diplomatiques 1861) : Le mode d'admi(Archives nistration du Liban, ajoute la note, aj'ant t, cette poque, dbattu et adopt avec le concours des Grandes Puissances, il est naturel que les modifications soient galement laqui doivent y tre introduites bores et arrtes de concert avec les Puissances. (3) Dpche du 27 juillet 1860,
214
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
le
Sultan
acceptait
le
concours
de troupe ; l'Empereur europen de le fournir, sauf aux autres se chargeait s'il devenait ncessaire des renforts, envoyer le nombre de 12.000 hommes.
les troupes franaurait voulu subordonner L'Angleterre des Tuileaises aux chefs turcs (1) ; le gouArernement et dclara ries s'y refusa formellement que nos soldats ne Le gouvernement tre qu'indpendants. britanpouvaient faire toutefois, nique parvint, en Syrie. du sjour des troupes Les choses tant ainsi rgles, de dsintressement un Protocole dclarent de la manire n'entendent la plus fixer six mois la dure
les Puissances
signrent
ni ne poursuiArront, dans l'excution de leurs engagements, aucun avantage aucune influence ni aucune concesterritorial, oxclusiA'e, poursuivre sion touchant tre le commerce de leurs accorde aux sujets sujets et qui de toutes les nations ne .
contractantes
pourrait
PuiSjConformmentrespritdelanoteduprinceGorchakoff, le protocole ils (les plnipotentiaires) ajoute : Nanmoins, ne peuA'ent s'empcher, Sa Majest le Sultan, 30 mars 1856, a constat en rappelantici dont l'article la haute les actes 9 Araleur, du mansde trait du
attachent prix que leurs cours respectives formment aux promesses solennelles de la Sublime Porte, il soit adopt des mesures administratiA^es srieuses pour l'amlioration du sort des populations chrtiennes de tout
(1) jaune
Cf.
du 25 juillet
1860,
de
M.
de
Persigny.
(Livre
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CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
'215
rite
Ottoman acte.
, ce dont
le plnipotentiaire . .
les apparences, l'intervention est donc collectiA'e. la suite d'une c'est entente avec les autre.s ses troupes en Syrie ; que la France envoya en. Arertu d'une des Puissances dont dlgation mandataire et qui appuyrent ses oprations par en Syrie, d'Hautpoul, et produisit immdiatement les entreprises
eut
par les Consuls que par des indemnits pour le rglement pahles. Ce n'tait
ngociations la Commission
pas chose facile obtenir les coupables se trouvaient des Turcs lit fut affirme par les commissaires tous, sauf
de Beyrouth
le reprsentant de l'Angleterre, signrent Les soussigns, suivant: aprs avoir pris connaissance des fonctionnaires des pices du procs ottomans et des cheiks drusses dtenus Beyrouth, croient devoir se borner constater circonstance que les il ne rsulte aucune que de ces pices, attnuante de nature tablir avec certitude et officiers ottomans ne sont qui ont de 6.000 pas ensanchr-
fonctionnaires
en principe, des vnements responsables, et amen le massacre glant la Montagne tiens Les (1). coupables ainsi dsigns taient
des
personnages
216
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Kurchid-Pacha faciliter
et Achmet-Pacha,
ce qui n'tait
la rpression.
tait arriv Vizir, Fuad-Pacha, de sArir. Grce lui, et grce Damas, M. Maxime aussi l'nergie de notre consul Outrey, qui, ds son arrive, aArait repris possession du Consulat de France, em'iron 160 coupables furent excuts, des secours furent organiss et des indemnits promises aux maisons religieuses qui aAraient t pilles. fut bientt fusill; mais,,soit laissa chapper les Le marchal Achmed-Pacha
Fuad-Pacha conniA'ence, soitimprtie, bandes druses, qu'il s'tait charg de cerner de concert avec l'arme franaise. La rpression n'tait pas, d'ailleurs, o elle partout aussi nergique qu' Damas. A Beyrouth, tait poursuivie ment condamn paralllement, la dtention Kurchid-Pacha fut seuleIl faut ajouter perptuelle. sur le trsor turc taient
garanties que des indemnits bien problmatiques et que la justice ne poursuiA^ait son cours qu'au fur et mesure des tapes du gnral de Beaufort, dcid occuper Damas s'il en tait besoin. donc pas sre ; les passions taient encore trop surexcites un pour ne pas faire craindre retour de Adolences ; le calme, maintenu par la prsence de nos soldats, pouA^ait faire place de nouAreaux soulvements ds leur dpart. Et cependant le terme fix approchait. Ds le mois de janvier 1861, M. Thouvenel crut de son devoir de faire connatre la situation aux cabinets europens : il demanda simplement une nouA^elle convocation de la Confrence se d'ailleurs de Paris et dclara que la France, dispo laisser ses troupes en Syrie, consentirait La situation n'tait
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
217
volontiers
leur remplacement
d'un autre
tat europen (1). Ce langage modr et sens ne fut pas accueilli, comme il aurait d l'tre. L'Autriche et la Prusse conservrent leur attitude neutre cune objection, bation. La Russie et indcise, et si elles n'levrent auelles ne donnrent non plus aucune appro-
seule appuya l'ide d'une nouvelle confrence et se plaa comme la France elle-mme au-dessus d'intrts troits et gostes. L'occupation de la Syrie, (2) est le rsultat d'une dlpar l'Europe la France, et accepte par cette Puissance en Arue d'une oeuA're urgente d'humanit, de justice et de paix. La confrence a pu, dans une pense de modration, y assigner A'entuellement un terme, mais ses prvisions cet gard deArraient selon nous rester sudisait le prince gation confre Gorchakoff bordonns la ralisation donc a t entreprise. Nous appuierons pour lequel elle Or ce but est bien loin d'tre atteint du but essentiel
de l'occupation la prolongation franaise aussi longtemps qu'elle sera juge ncessaire ou qu'un nouA^eau pouvoir n'aura pas t tabli d'un commun accord en Syrie. dont la jalousie Tout autre fut le langage de l'Angleterre ne fut mme pas dsarme par la proposition que s'tait empresse de faire la France de cder la place des troupes de la Reine ne craignit pas trangres. Le gouvernement de dvoiler son entente intime dans cette circonstance, turc et refusa d'accepter aucun reavec le Gouvernement
de M.
Thouvenel
du 18 janvier
jaune
Paris,
21S
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
nouvellement
de la convention
ne ret que la proposition de la Sublime-Porte lonlaire heur, tiaires adhra l'ide d'une Paris
moins du 5 septembref entier et vole consentement Turquie, par bonet les plnipotenconfrence, le 19 fvrier 1861. Les diversa runion se (1). La
se runirent
d'opinions qui avaient prcd gences encore dans son sein. manifestrent Le
de France demanda que l'vacuaplnipotentiaire dfition ft retarde jour o une organisation jusqu'au t donne au Liban. nitive aurait de Turquie Le plnipotentiaire Aru et ne A'oulait n'avait; jamais troupes et dclara qu'il protesta Aroir dans la prsence des qu'une manifestation des de la Porte . Le plnise leAra aussitt pour
de la Grande-Bretagne potentiaire dclarer une rsolution que l'on no pouvait pas admettre qui est d'ailleurs dcline de la par le plnipotentiaire qui seule appartient Puissance territoriale dsormais de pourvoir la scurit en Syrie. La seule concession que le plnipotentiaire l'envoi pouAroir faire, fut de proposer Arenant l'aArance que l'on organiserait si le besoin s'en faisait dbarquement, quie encourage anglais crut de navires, en condes compagnies de sentir. Mais la Tur-
succs qu'elle deArait par le premier La confrence, dans l'Angleterre, s'y refusa absolument. un but de conciliation, examina alors si l'on peut prvoir l'ordre que, dans un dlai dtermin, ment tabli en Sjrrie pour qu'il soit moral possible, sera suffisamds ce mo-
de lord John Russel du 29 janvier (1) Mmorandum du 4 janvier 1861, blue-book. (Archives diplomatiques
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
219
ment,
de fixer
discussions, Aprs de nouA'ellcs une com-ention qui prolongeait l'occupation jusqu'au 5 juin. L'vacuation fut effectivement opre cette date; mais, une dernire fois, le gouvernement affirma franais
se faisait contre son gr et Aroulut dque cette opration en posant nettement ses droits. gager sa responsabilit Nous serons les matres, dclara M. ThouArenel, d'examiner en dehors de toute qui Ariendraient dissimuler la Porte stipulation spciale, les vnements surgir en Syrie, et nous n'aArons pas
sculaires nous que des traditions de prter aux chrtiens du Liban le devoir imposeraient (1). un appui efficace contre de nouA'elles perscutions n'eut pas les consquences fl'vacuation Cependant cheuses M. Thouvenel. que redoutait la Commission D'ailleurs europenne Des deux tches avait avanc ses
celle l'une, qui lui incombaient, d'inde rparation tait acheve, sauf quelques rglements celle de rorganisademnits encore pendants (2) ; l'autre, traAraux. tion, tait en bonne un projet rendirent tinople L'laboration avaient prpar Aroie ; les commissaires Constande rglement que les ambassadeurs dfinitifs le 9 juin 1861.
avait donn lieu bien de ce rglement des opides difficults ; ici encore, il avait fallu concilier tous Fallait-il nions trs diArergentes. essayer de soumettre les sans Syriens unique ; ou valait-il chaque nation de race un acception au contraire mieux essayer un gouverneur spcial, gouverneur de donner c'est--dire,
(1) Cf. Annuaire des Deux-Mondes, anne 1861. (2) D'aprs les documents anglais les pertes s'valuent pour tout le Liban 6.000 chrtiens tus et 150 villages ou hameaux brls.
220
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
tablir
tout
au moins
un chef
druse
et un
chef maronite
tait celui du rglement de 1845, et, systme ne fussent encourabien que les rsultats pas faits pour "encore des dfenseurs ; bien plus, la comger, il trouva de Beyrouth trois camacams mission proposa d'tablir Ce second un druse. un maronite, un grec. M. Thomrenel s'leva cette combinaison, contre trs justement aurait ncessit le groupement quitable, -dire la dsagrgation. La cration des trois camacamies, dsagrgation qui est impossible, de division entre les populations si malheureusement l'antagonisme tiens et les Druses tre qui, pour des races, c'estsans la
disait-il, qu'une
cause
de Chekif-Efpar l'arrangement fendi (1). La France demanda trs nettement un gou chrtien Arerneur unique indigne (2). La Turquie absolument chrtien, accepta l'ide d'un gouArerneur jussur 44.000 habitants le Liban tifie, puisque em'iron, 35.000 chrtiens ; mais elle repoussa comprenait l'indignat. L'Angleterre soutint la mme opinion. Tel tait l'tat de la question au moment de la runion des ambassadeurs Constantinople. Il en fut de ceci mises dcider au concert comme europen. de toutes Dans les questions sou-
de Goltz,
(1) Dpches du 2 aATil et du 4 avril affaires de Syrie.) (2) N'abandonnez l'indignat M. Thouvenel, 28 mai. (Archives
1861.
(Livre
jaune extrmit
de 1861, disait
1861.)
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
221
Prusse, neur;
il fut
comrcnu
le gouverou non.
attributions
les sauA'egarder du gouA'erneur, un vkif, on cra, auprs population, de chaque communaut nomm par les chefs et notables ; un agent administratif choisi dans chaque arrondissement, dans le rite dominant compos administratif, les divers reprsentant de la population lments (art. 4.). Dans chaque commune, dit l'article 5-, mixtes, enfin, un cheikh ; dans les communes chaque lment cheikh particulier constitutif dont l'autorit de la population ne s'exercera aura un que sur ses (art. 3.) et de membres un medjlis ou conseil
du rglement tablissent l'galit de la une organisation quitable du gouverneur mixte sous les ordres et de ncessit, et aprs
administratif du medjlis central, requrir des militaires de la Syrie, l'assistance des autorits du mme . Un protocole explicatif rgulires
au rsidence Der-el-Kamar pour assigna et dcida que trois mois avant l'expiration gouverneur, une avant la Porte, de son mandat, d'aviser, provoquera 9 juin,
du Liban, arrt pour l'administration (1) Art. 1er du rglement des le 9 juin 1861 par la Turquie et les reprsentants Constantinople, cinq grandes Puissances. (Cf. De Clercq, t. VIII.)
regretter franais
pas. Un gouATcrneur indigne les Maronites, et les Druses consenti bable se soumettre
et t forcment n'auraient
parmi
probablement jamais son autorit ; il est mme prode runir des leurs. qui l'unanimit des MaKaram, Joseph par avait un certain jou la candidature autour autorit des ne runissait et son une eux.
qu'il et t difficile ronites sur le choix d'un exemple, rle au ce chef moment de
bandes
et dont
en aA'ant,
qu'un trs petit nombre sans doute t conteste maronites, toujours en ft, il n'y adopt, tel qu'il la
partie
en riA'alit avait
qu'il du systme
les rplus qu' attendre et, comme le disait M. ThouA'eest tabli assure la le bonheur et sera nous depremire serons autoriss
France
si non,
un gouverneur (1). Le non-indiindigne de bons cts. Il faut donc, nous le croyons, cependant qu'il n'tait, pas sans inconA'nients: moins indpendant., nomm et rvoqu en faisait un
par lui. Ce n'tait dfectueux du rglement pas le seul point de 1861. Chaque rite, avons-nous dit, y aArait sa reprsentation une spare. Comme il y a dans chaque religion de rites il arriva foule dans diffrents, certains que, (1) Circulaire du le-juillet 1861. Cf. De Clcrcq.
INTERVENTION
CiiEZ
LS
DIFFRENTES
NATIONALITES
223
les
chrtiens, limins
plus
nombreux,
mais
se trouvrent
nombreux,
du poiwoir excutif par les mais unis rsultait (1) ; d'o injuste. fut nomm goune
profondment, du rglement,
du Liban
Daoud
importante du l'agrment
pralableFrance dont
cette poque. Fort de cet prdominante une grande indpendance A7is--Aris de appui, il manifesta la Porte. Un peu aArant le terme fix pour l'expiration des fonctions nouveau les Puissances de Daoud-pacha, se runirent il en avait t conArenu pour aAriser, comme d'un qu'il nouveau gouverneur tre dsirable dans de
la nomination changements
ses fonctions;
n'apporta
de dtail, du medjlis
central
reprsentation
de l'lment
dans des proportions elle protesta; des autres participation du Liban a puis sa
(3). plus quitables L'Italie aA7ait t exclue mais Aali-pacha rpondit aux Puissances grandes
du Chouf o les (1) Telle tait la situation dans l'arrondissement chrtiens taient diviss en trois rites. Cf. D'Alaux. Le Liban et Daoud-pacha, 1861 (Revue des Deux-Mondes). (2) Voir Protocole explicatif du 9 juin 1861. du 6 septembre 1864 Archives diploma(3) Cf. l'arrangement tiques, anne 1863 . Cf. Dpche de M. Drouyn de Lhuys, du 6septembre 1864 (Livre jaune de 1861).
224
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
raison
d'tre
non acquis
dans
le
trait
de Paris, en leur
mais
dans :
les elle
antrieurement
faveur
dans les circonstances exceptionexplication fois (1). nelles o elle s'est produite pour la premire n'alla de Daoud-pacha Le gouvernement pas sans diffisuscites dans le cults. Il fut troubl par les agitations Kesrouan par Joseph Ce chef de parti, sans regrets renonc avaitpu tante, un instant 1866, l'agitation parce Karam. turbulent et ambitieux, n'avait pas qu'il 1865-
qu'il
tait qu'elle (2). du Kesrouan par le clerg maronite de Beyrouth se runirent Les consuls gnraux en commun les de prendre mettre fin des soulvements mesures
ncessaires
ne parque Daoud-pacha et l'esprit A7enait pas apaiser, de malgr sa modration conciliation qu'il montra dans cette affaire. du Liban, dclarrent-ils, rglement, organique des Puissances oeuvre commune et de la Porte, garantes tant la seule loi qui rgisse, le Liban, il importe de lui conserver toute sa force, tous ses effets; en consquence, ils sont Excellence dcids continuer pour leur concours moral dudit Son l'excution Le
Daoud-pacha,
rglement.
1865. L'Italie n'avait pas pris part, en effet, aux (1) Cf. Archives anciens rglements du Liban. Mais elle protesta en disant que les traits de 1856, signs par la Sardaigne, ont remplac les actes antrieurs, que ce sont eux qui rglent les choses d'Orient, et que c'est bien en vertu de l'art. 9 que les Puissances intervenaient. (2) Dpche du marquis de Moustier ambassadeur Constantinople, 14 fvrier 1866 (Livre jaune 1867, Liban).
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
225
sont prts donner gnraux cours Son Excellence Daoud-pacha pour arriver (1). le dpart de Karam Devant montra restitution pour prt l'attitude traiter. nergique Il obtint, des par consuls, leur
Les
consuls
leur
con-
assurer
Karam
se la 1867,
intervention,
de ses biens
et s'embarqua,
le 31 janvier
Alexandrie.
l'histoire de la Syrie fut exempte Depuis cette poque, de troubles et les Puissances n'eurent plus intervenir. Par un Protocole, le 27 juillet 1867, Francosign fut nomm du Liban en remplaNasri-pacha gouverneur cement de Daoud-pacha, pour une dure de dix annes. Nous ne pouArons quitter l'Asie-Mineure sans dire un mot de l'Armnie, bien que nous n'ayons aucun fait d'intervention y signaler. Si, aprs 1856, il
eut pas d'intervention euron'y dit M. Rolin-Jcequemyns, c'est que penne en Armnie, les Armniens ne se sont pas insurgs ; ils se sont borns se plaindre et on ne les couta pas (2). Les Armniens, en petits dans les groupes disperss ne se trouvent en majorit 18 A'ilayets de l'Asie-Mineure dans aucun de l'Empire , dit le livre jaune vilayet de 1893-1897. Cette l'Asie, niens Zetoun, Cette celle rappelle est la cause de difficults obtinrent, constitution dispersion des Isralites et dans un coin de qui, dans le monde entier,
en 1862, tablit
de perscutions. Les Armdans le aprs un soulvement armnienne. assemble gnrale par une
une constitution
nationale
(1) Livre
(Revue
de droit
international, M. 15
226
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE.
de
la
nation
exerce dans le
entrer
do cette Constitution rouages compliqus en dernire fonctionnement dpend toujours, bon vouloir de la Porto.* seule en possession (1). Cependant la Constitution publique Armniens l'tre, un droit important ou du moins le droit
de se plaindre auprs de la Sublime-Porte, du patriarche usa de (art. 8). Celui-ci par l'intermdiaire ce droit en 1870. Mais la situation ne s'amliora pas, car enqute,faite misrables. de San Stefano en 1876, en dvoila les dessous
qui parle
de l'Armnie
spciale cette proArince (2). est une question .armnienne rcente qui l'histoire et a t rouverte contemporaine particulirement sinistre de nos jours
(1) Rolin .Ta;quemyns. Op. cit. (2) Art. 61 du Trait de Berlin : La S. P. s'engage raliser, sans plus de retard, les amliorations cl les rformes ([n'exigent les besoins locaux dans les Provinces habites par les Armniens, et garantir leur scurit contre les Circassiens et les Kurdes. Elle donnera connaissance priodiquement des mesures prises cet effet aux Puissances, qui en surveilleront l'application. (3) Massacres de 1895-97.
V.
Crte.
Histoire. La Crte rattache l'Empire Ottoman. Les protocoles de 1830 et les droits des Puissances. Cession de la Crte Mehemet-Ali 1833. Elle retombe sous la domination turque 1841. Les insurrections. Les aspirations des Cretois. Ils veulent l'union au nouveau royaume-de Grce. Soulvements en 1858 en 1866. Appel aux Grandes Puissances. Manifestes crtriis. Politique d'interpeu nergique des Puissances. Proposition vention de la Russie. L'Autriche est dispose y adhrer, ' refuse de se prter toute espce d'intervention. L'Angleterre Hsitations de la France. Le dsaccord dans le concert eurode la Grce. La Turquie refuse une enqut pen. Attitude L'Europe la cause des chrtiens.. internationale. abandonne Notes collectives refuse de s'associer. auxquelles l'Angleterre du 8 janvier 1868. H ne donne pas Rpression. Le rglement satisfaction aux aspirations des Cretois. -- Difficults de la question crtoise. Elle est loin d'tre rsolue.
de Crte, En parlant des affaires plus que de toute recomest un perptuel autre, l'on peut dire que l'histoire soumencement. ardentes, Candie, Objet de convoitises mise tour tour aux Vnitiens, est aux secouer celle Turcs et aux a sans cesse travaill Egyptiens, son histoire, matres successifs; toujours continues encore, touffes, le joug de ses d'insurrections renaissantes rsultat. tant Aujourd'hui de fois promise Candie fut et.
ou l'union Aprs
t possde
228
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
achete, en 1204, pour 1.000 marks d'argent par la Rpuqui la possblique de Venise, au marquis de Montferrat dait alors comme Roi de Thessalonique. qui, d'autre Trop loigns pour imposer une domination les Vnipart, tait loin d'tre supporte bnvolement, soulvements. tiens eurent lutter contre de nombreux Le succs des invasions sont imprvues ; toujours peuA7ent tre soutenues; d'une occupation facile, jamais la rapides parce qu'elles toujours peu durables, parce qu'elles ne toutes les descentes suiAries d'une possession paisible, une pays offrant toujours
du montagneuse partie retraite, assure aux rebelles ; les campagnes commences clatante, finissant par une guerre de par une victoire le Arainqueur... (1) ; tels postes, qui ruine ordinairement taient alors, d'aprs l'historien de Venise, les caractres de l'occupation, tels ils sont aujourd'hui encore. mais elle chanCandie ne parant pas s'manciper; des Turcs. gea de matre et tomba sous la domination Ceux-ci, malgr les troupes et les subsides que Louis XIV la Rpublique fournit de Venise, s'en emparrent en 1669 (2). La domination aucune turque n'apporta modification mencrent au sort de Candie ; et les insurrections bientt. recom-
En 1770, un soulArement fut facilement rprim. Mais avec l'agitation de la Grce, la situation allait deA-enir plus grave. Hellnes d'origine (3), les Cretois, au moins ceux
de Venise, tome 1, pages 321 et 322. M. Daru (1) Daru. Histoire ne cite pas moins de 14 soulvements entre 1207 et 1365 (page 320. Tome I). (2) Daru, op. cit., livre XXXIH. (3) Le sang hellnique ne se retrouve nulle part ailleurs aussi pur de tout alliage tranger, car la Crte a t prserve en partie, par sa
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
229
qui ont Arcu retirs dans la montagne et ont pris peu de contact avec les autres races, n'ont en effet jamais perdu du l'espoir d'tre runis leurs frres, et les mouvements continent ont tous eu leur contre-coup Candie. Au l'espoir commencement de que les Puissances un nom'eau royaume grec y comprendraient d'organiser tous les peuples qui sont grecs par leur situation gograce sicle, les Cretois eurent de crer et qui se chargeaient
phique comme par leurs origines et leurs aspirations. Et n'tait-ce pas, en effet, le seul moyen de crer un tat de choses durable? Puisque, au nom du principe des nationalits, et au nom de l'humanit, l'Europe ou du moins et la Russie assutrois puissances, la France,l'Angleterre maient la tche d'organiser un tat nouveau, du moins fallait-il remplir cette tche j usqu'au bout et viter d'exciter des aspirations dj trop A'iA'es, pqur n'y donner ensuite Sinon c'tait se crer des diffiqu'une demi-satisfaction. cults c'tait organiser pour l'avenir; faire l'tat normal de la Crte. Les consuls l'insurrection, en
de France et de Russie d'Angleterre, avaient promis, ds 1828,dans une dpche confidentielle de s'occuper srieusement au gouvernement hellnique, de cette question : Quant aux les de Samos et de Candie, dont l'une a depuis sept ans maintenu son indpendance,
des barbares et du mlange de sang de l'invasion insulaire, dans les veines de la plupart des Grecs du slave qui coule aujourd'hui La question Cretoise (Revue des continent et des les. Laurent. 1er juin 1877, page 636). Remarquons que les musulDeux-Mondes, le croire, la race mans n'appartiennent pas, comme on pourrait ils sont de mme race que les chrtiens et pour la plupart, turque; ils descendent de gens qui, au moment de la conqute, embrassrent situation l'islamisme. Castonnet des Fosses. La Crte. (Angers, 1886.)
!230
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
et dont l'autre
est actuellement
encore
se feront tion, les reprsentants de l'alliance et l'applileurs titres la haute protection du trait de des principes cation, en leur faveur, fut partag par un grand Londres (1). Ce sentiment nombre d'hommes politiques et non des moindres. Je me la Chambre prdire, disait lord Palmerston des communes, que, si la Crte n'est pas runie la Grce, nous serons en guerre aA'ant peu d'annes par rapport cette mme le (2). hasarderai Mais la parole du noble lord, ne fut pas coute. C'est en vain aussi que le comte Capo d'Istria s'effora de son cette ide; tous les arguments triompher du gouverchourent deA^ant l'opposition systmatique nement anglais. Celui-ci qui, sans doute, regrettait dj d'aAroir soutenu une cause o le sentiment avait plus de ct de faire part que l'intrt, dclara qu'il fallait laisser la Crte la Turquie pour donner celle-ci le moyen de tenir la Grce sous son contrle . Le royaume de Grce fut donc
organis dans ces conditions dfectueuses, que depuis les Puissances ont toujours maintenues malgr les a.vertissements et les rclamations. Mieux inspir, le prince la couLopold de Saxe-Cobourg, quand on lui offrit ronne, mit pour condition de son acceptation la runion de la Thessalie et de Candie. Mais l'Angleterre avait dcid que Candie resterait irrvocablement turque, et le prince Lopold eut la sagesse de retirer sa candidature. Cepen-
du 8 dcembre 1828. Cf. La brochure La(1) Dpche confidentielle Crte devant chrtienne l'Europe (Athnes, 1866). 1866-67 du 16 f(2) V. Annuaire encyclopdique, (Discours vrier 1830).
INTERVENTION
NATIONALITS
231
cours garantes prises de remords, semblele protocole du 20 fArrier 1830. En vertu d'un contracts commun accord, les, tenues d'assurer contre aux habitants de
toute molestation, en raison de la part qu'ils avaient prise dans les troubles Dans le cas o l'autorit antcdents... serait turque exerce d'une manire blesser l'humanit, qui pourrait chacune des Puissances allies, sans prendre toutefois un engagement spcial et formel cet gard, croirait de sort son influence auprs |de la Porte, afin devoir d'interposer d'assurer aux habitants des les susmentionnes une protection contre des actes oppressifs et arbitraires '(!)'.'.Et le 8 avril, encore leur Puissances prcisaient davantage Les trois cabinets se plaisent' sentiment, se croire que dans sa sagesse claire, la Sublime-Porte conA-aincra elle-mme qu'attendu les rapports de proximit, et de religion qui unissent les Grecs de'Samos et de Crte aux sujets du nouvel Etat, une administration quitable et la domidouce est le moyen le plus certain d'y maintenir nation sur des bases inbranlables attnuer spcial pensaient rgime obtenir. (2). Les Puissances la Crte un leur faute ert promettant s'engageaient solennellement les trois
qu'elles
Si nous avons cit ces textes, c'est qu'ils crent, en faveur des Puissances et dans les affaires de Crte, un droit particulier d'intervention aux qui vient s'ajouter droits consacrs par les principes gnraux du droit international et par les textes applicables
p. 563.
l'ensemble
de
(1) Cf. de Clercq. Recueil, tome III, (2) De Clercq, t. III, p. 565.
232
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
imposent par contre, un devoir de la dans les autres affaires la note du 8 avril.
de trop se fier toutes ces t imprudent belles promesses. Samos, il est A^rai, obtint, par firman du sous lequel elle 11 dcembre 1832, un rgime particulier et un si heureux rsultat, d n'a cess de prosprer, est assez rare pour tre des Puissances, l'intervention Mais il aurait remarqu (1). Mais le sort de Candie ne fut pas aussi heureux (2). la A-ice-royaut Ds 1824, elle avait t rattache ottomane. d'Egypte et soustraite, en fait, l'administration Par un firman du 20 dcembre 1832, elle fut place dfinide Mhmet-Ali. tivement sous l'administration La guerre d'Egypte de 1840 fit retomber Candie la domination recommencrent directe (3). du Sultan, et les sous
soulvements
double de (1) Samos, dit Reclus, l'ait un commerce considrable, au nombre celui de la France, proportionnellement des habitants. C'est que la population jouit d'une autonomie et presque complte n'a rien craindre de la garnison turque de 156 hommes, troupe de parade maintenue pour la l'orme au nom du Sultan. Un tribut annuel de 47.006 francs libre les Samiens de toute autre sujtion; le gouvernement est attribu un certain nombre de notables que prside un prince dsign par la Porte. Les insulaires ont leur pavillon, que toute une flotte de chaloupes montre firement dans l'archipel. L'le de Samos jouit d'une grande prosprit matrielle Reclus. Gol. IX, p. 631. universelle, graphie de la question crtoise, Cf. l'article de M. Streit. (2) Sur l'historique La question crtoise au point de vue du droit international (Revue gnrale de droit international public, janv.-fv. 1897). (3) A vrai dire la. domination gyptienne n'avait pas ramen le
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
233
En sionns formes
1848 par
d'abord, la
1857, taient
les
Cretois,
dsillur-
en 1839 et des promises contre le gouvernement de Vly-pacha, et proplaintes surtout contre l'augmentation testrent et l'arbitraire des impts. Le Sultan qu'augmenter aux Consuls quelques aussitt des troupes, ce qui ne fit envoya l'efferArescence et les insurgs s'adressrent La Porte se rsigna faire europens.
nomm la place de Sami-pacha, l'amnistie l'observation Vly-pacha, promit gnrale, du Hatti-Iiumayoun, stricte ce qui, en juger par les n'tait et s'engagea prcdents, pas trs compromettant, * les laisser eux-mmes rpartir par indignes l'impt le recrutement d'affranchissement militaire (1). pour ces nouA^elles et grce aussi Moyennant promesses, de 800 hommes l'arrive sous les ordres d'Emin-pacha, mais il ne devait pas durer plus le calme rgna dans l'le, que les mesures blissement. Dix ans librales qui en avaient facilit le rta-
concessions.
peine plus
s'coulrent
avant
que
de nouA'eaux
dsordres Les
insurgs
des firmans,
qui tous
calme
on pourrait
signaler
plusieurs (Annuaire
insurrections des
entre
de Sami-pacha
Deux-Mondes
1857-1858). On sait que les chrtiens sont exempts du service militaire moyennant un rachat obligatoire. L'arbitraire avec lequel Vely-pacha faisait cette taxe avait t pour beaucoup dans l'insurrection percevoir de 1857.
234
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
en se runissant preuA-e d'une trs grande modration, sans armes, pour rdiger une supplique qui porterait de leurs de S. M. le Sultan, l'expos la connaissance et Je sujet de leurs plaintes . Dans cette ptition, ils demandaient la libert religieuse, des trides impts et une rorganisation une rforme besoins trs modres, si paratront en somme, aux mel'on remarque qu'elles se rduisent, sures dj promises par le Hatt de la Sublime-Porte. ces lgiLe Sultan, au lieu de donner satisfaction times revendications qu'il et pu, tout au moins, exabunaux (1). Ces demandes miner srieusement, les accueillit que les impts taient moindres ce qui tait une pitre conautres ProA'inccs de l'Empire, se solation ; que les routes, les coles et les hpitaux feraient petit petit, ce qui laissait les Cretois avec lad'avoir s'en passer longtemps encore,- et. perspective somma runies de se dissoudre, Si les personnes l'Epitropie en ce moment, crivait-il au gouArernement, se soumettent, donnent des garanties par crit de leur obissance dans l'aArenir, et si chacun retourne chez soi et tout sera oubli. Si, malgr tout ce reprend ses travaux, qui prcde, elles persistent dans leur dsobissance, la avec hauteur, en Crte que rpondit dans les
est du 26 mai 1866. Voici en gros quelles taient (1) Cette ptition les demandes des Cretois : 1 diminution des taxes et suppression de la ferme de l'impt ; 2^ Cration de voies de communication ; 3" Mise en vigueur des privilges en 1858 ; 4" tablissement d'une promis de crdit ; 5 Rforme des tribunaux devant lesquels la langue grecque serait admise; 6 Respect de la libert individuelle; 7o Libert de l'enseignement des ports et libert ; 8 Dblaiement et d'exportation; 9 Tolrance religieuse; d'importation 10 Amnistie gnrale pour tous ceux qui ont pris part au mouvement patriotique banque (Livre jaune 1867. Crte).
INTERVENTION
NATIONALITS
233
contre
elles.
rclamations
faon actes
de sui-
de prs la menace; la Porte la situation brusqua en envoyant une flotte dans les eaux de la Cane. C'tait aux vnements une
donner
et une signifiimportance cation qu'ils n'avaient et que les Cretois pas tout d'abord eux-mmes n'avaient leur donner. Les insurpas entendu gs, puisque publirent armes, la Porte un nom-eau considrait manifeste les Cretois comme tels, : Nous non pas dfense les prenons notre contre individuelle,
disaient-ils
en terminant, mais
les
promesses
disaient-ils,
protectrices Ils prenaient les protocoles. les Puissances des injures qui leur taient faites, et rendaient de toutes responsable devant le monde civilis Qu'allait faire les . consquences
que le respect dos droits que les nous ont garantis par les traits et tmoin l'autorit
de son attitude
ainsi prise partie? Serait-elle l'Europe et barbare? d'une lutte sanguinaire spectatrice impassible de ceux qui voulaient Rsisterait-elle aux sollicitations lui confier bientt centes l'organisation de l'le, plus qu'une chose (3) cratures? qui inten^enir ne lui demandrent sauver d'inno-
pour
1866 1867, t. VI11, (2) Manifeste (Livre jaune p. 303.) du 14-26 mai 1866 ; Annexe la dpche du consul (3) Cf. ptition de France, du 26 aot 1866. (Livre jaune 1867, t. VIII. Crte, et ptition du 2 fv. 1867).
236
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
au nom s'interposer au contraire, Se dciderait-elle, mconnue et des traits Ariols? de l'humanit Le concert europen, disons-le tout de suite, ne put se mettre d'accord, et les maux qui ont ravag la Crte doiArent tre imputs au compte de la diplomatie, toujours agir. Quant la Grce, si elle assuma une part de responsala blmer d'avoir bilit dans les vnements, qui pourrait cherch secourir les Cretois ? dispose ds le dbut intervenir. dclara le prince le dsir de l'Empereur, Malgr d'viter autant que possible les interventions Gorchakoff, de dans les affaires intrieures de l'Europe collectives Ottoman, l'Empire qui ont pour effet de dconsidrer et La Russie se montra affaiblir le gouvernement turc sans amener de rsultats cependant qui puissent compenser ces incomrnients, il est de l'intrt et du deAroir des Grandes Puissances de inactiAres d'A-nements qui ne pas rester spectatrices peuvent vention des consquences des Puissances pourrait avoir aussi graves. prendre L'interpour point de ont contrachsitante et divise au moment o il faudrait
dpart les engagements communs qu'elles de 1856 qui a ts en 1830, puis le hatti-humayoun une Araleur internationale par la mention qui en est faite dans les traits. (1) Rendons justice la Russie; sans doute cette attitude lui tait dicte par l'intrt, mais les ides et taient conformes au droit qui l'inspiraient les avaient l'humanit, et, si les autres gouArernements accueillies et adoptes comme ils auraient d le faire, bien des malheurs auraient pu tre eA'its.
(1) Dpche du prince Gorchakoff matiques, anne 1867. Tome 11). d 20 aot 1866. (Archives
diplo-
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
237
il
n'en
fut
La France se pas ainsi. entrer dans la mme voie, ministre des affaires trandes insdroits que de de Constntinople avoir rappel les garantes le
l'ambassadeur gres envoya tructions dans ce sens. Aprs donnent 1830, aux le trois Puissances
ottoman,
de lui pour obtenir la ralit serait constate. ral prvenir risquerait de l'Empire un
des griefs dont Il y a d'ailleurs un intrt gnmouvement insurrectionnel qui, s'il son contre (1) coup dans d'autres
d'avoir Ottoman.
fait des avait franais gouA*ernement les massacres Aroulait bien empcher et aA~ec sincrit d'obqu'il et mme t heureux
des rformes pour la Crte quelques-unes promises, il ne A'oulait pas aller au. del, et ne semblait pas dispos recommencer une de Syrie. Cette inquiexpdition tude perce dans toutes les dpches les de M. Drouyn de
aArec anxit
: l'attitude
ont pris les insurgs Ne du Consul grec lui semble suspecte. de quelques abus? que du redressement l'indpen(2) ne tendrait-il pas plutt que et dans ces conditions il se ferait
ide l'effraye
(1) Lettre du 24 aot 1861. (Livre jaune 1867.) (2) Cf. entre autres, Dpche du marquis de Moustier l'Ambasdu22 aot 1866 (Livre jaune 1867. sadeur de France Constntinople Crte).
238
TROISIEME
PARTIE.
CHAPITRE
il ne l'insurrection. Non seulement d'encourager et les la dcourager* l'encourage pas; mais il cherche bientt l'ordre de cesser recevront commandants franais scrupule des chrtiens le transport refuffo sur nos navires. L'on AToif ainsi franais oreilles ce fait qui jusque nouveau l avaient trouAr un
et rare
la misre les
les yeux
du de par l'ordre obligs des musulmans d'abandonner au fanatisme affams, femmes et d'enfants
A-ers eux des mains supqui tendaient les opprims que sous le drapeau franais croyant pliantes, asile et protection. on ne trompaient D'ailleurs, toujours de la politique apprciation embarrasse de la France que dans le rsum que l'Emen fit dans le discours d'ouverture de la pereur lui-mme saurait trouA'cr de 1867 : les Puissances se conlgislatiA-c une situation certent, y est-il dit; pour amener qui satisfasse aux A'oeux lgitimes des populations chrtiennes, rserve les droits du Sultan et prvienne des complications session dangereuses. tait possible dtriment Les dputs auraient de mnager le Sultan des chrtiens, mais ils se contentrent s'il pu se demander sans que ce ft au de phrases est de une meilleure
loin
l'attitude
dj de 1860, de la France
et. la dans
et sa conduite dans les vnements de Crte ; elle Syrie, n'est pas moins considrable dans les rsultats. Il semble d'ailleurs que la Crte soit destine plus particulirement souffrir du dsaccord des Puissances si qui se manifeste douloureusement ds qu'il s'agit de cette malheureuse le.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITES
2~39
sympathie nouveau de cette (1) en effet et nul ne songea s'tonner Le principe de notre Gouvernement, dira lord rponse. tait le principe de la non intervention, Malmesbury. nous avons fermement adhr et qui rgle laquelle notre cette
froidement aux aA'ances du prince rpondit Elle, no voulait pas faire de dmarches qui tre interprtes comme une expression de Le fait et t pour la cause des insurgs.
a t
nous avons refus de nous pense directrice lorsque associer aux notes idenliques (2). des autres Puissances Non pas que l'Angleterre et grand intrt dfendre la mais elle tait avant tout l'ennemie de la Russie: Turquie, elle soutenait L'Autriche, dans les l'une au pour atteindre indirectement dispose cette, poque l'autre contraire, se montra car (3). entrer
A7UCSde la Russie,
l'Empire
s'tait laiss grecque, (1) Mme dans l'insurrection l'Angleterre culminer on peut le dire, malgr elle. Cf. Le dplorable malentendu de Navarin. anne 1868, p. 133. (2) Sance du 20 mars 1868. The animal register, (3) Nous croyons que l'opinion mise cet gard par Je duc d'Argyll la Chambre des lords, dans la sance du 25 juin 1867, rend bien l'ide anglaise cet gard. The duke Of Argyll proceded to notice our hitcj'est an Empire, lie said, "\vitli the Turkish Empire, mark of decay and death. lie justified the crimean stamped "with'the in defence of Turkey, butagainst Avar, not as having been undertaken and dwelf upon the intetlic designs of Russia upon Constntinople, rest Avbich this country must take in the condition of the Christian [The animal of Eastern 1867, population Europe. Register p. 150-151]. Dans le mme discours, le duc d'Argyll of the Turkish Crte to the misgovernment natural discontent of a ebrislian majority that the musulman minority; and thought manner coudemned aller tbe contemptious redi'css or grievanecs had been recivcd the rising in added to tlic Authoritics, subjected to the rulc of a Cretans Avre hardly to bc iiiAvliieh for attrjbuted in connexion
240
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
de M. de sous le ministre inaugurait Austro-Hongrois aux franchement favorable une politique librale, Reust, nationalits. La Grce, de son ct, faisait entendre de pressants Aux des Puissances.
la bonne volont appels et stimulait et leurs elle rappelait trois Cours garantes, promesses si ces engagements demandait qui constituent pour et d'intervention collectives elles le droit de surveillance ; toutes, elle rappelait les traits de 1841 ont t remplis sont un engagement moral et de 1856, qui, disait-elle, de donner ceux-ci eirvers les Cretois. Elle les suppliait leur histoire et aux exiplus conforme et de la justice (1) . gences de la ciArilisation n'en subsistait La discorde pas moins dans le concert, une existence et les Puissances, dcision nergique ainsi cHVises, ne surent se contentrent ; elles pas prendre de demander de le
d'Ismal-paclia, remplacement turc d'un commissaire charg de proposer des remdes. Mais,
ce qui fut fait (2) et l'envoi d'examiner la situation et comme toujours, qui puis lui la Porte taient trs
elle rpondit aux reproches temporisait; faits par une accusation contre la Grce, habilement des discussions
profita
de l'Europe pour protester contre la note du Prince Gorchakoff; les affaires qui concernent la Crte, dclara sont purement du Aali-pacha, domaine invocation cours des de l'administration d'intervention de l'Empire,et toutedes Puissances ou de leur conAriolation ce qu'il a intrieure
ne saurait tre qu'une pour une solution clauses du pacte de 1856, de expresses
du Gouvernement Grec du mois de septembre (1) Mmorandum anne 1867.) (Archives diplomatiques, dit. Kiritli. (2) Le nouveau gouverneur fut Mustapha-pacha,
1866
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
241
justement
prvu et interdit comme tant une ingrence trangre (1). Aali-pacha profitait des circonstances pour de l'article 9, essayer de rduire nant les dispositions et il faut reconnatre que l'inertie des Puissances facilitait qu'ils n'avaient plus rien attendre ni de la Turquie. Celle-ci cese dcida envoyer un commissaire, Severpendant la nomination de reprsentants Effendi, charg d'obtenir crtois des deux religions Constntiqui se rendraient comprirent ni des Puissances aArec le Sultan et tablir, nople pour traiter directement d'accord avec lui une organisation pour la Crte. Mais les un pige ; ils rpondirent Crtois pressentirent par le madans lequel ils exposaient une nifeste du 2 septembre, dernire fois leurs voeux et leurs droits. Ils y rappellent aux Puissances les engagements qu'elles ont pris et invoquent les droits que le sang vers tant de fois pour la libert, a d leur acqurir. Enfin, ils concluent ment l'ordre qu'elle accepte et dcrte : crtoise, conformen a reu et la Arolont du peuple, : l'Assemble singulirement Les Cretois sa tche.
1 Elle rpudie pour toujours de l'le de Crte et de ses dpendances la domination ottomane. 2 Elle dclare l'union indiA7isible et ternelle de la Crte et de ses dpendances la Grce, sous le sceptre de S. M. le Roi des Hellnes, Georges Ier. de ce dcret est abandonn la foi et 3 L'excution la Araleur du gnreux coreligionnaires,et.des
16 octobre (Archives
l'aide
de tous
ses
la forte
interven-
1866,
diplomatiques,
de
242"
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
tion lont
protectrices crut
et la vo-
(1). Omer-Pacha
d'intimida-
il du 14 septembre 1866, proclamation dans les cinq jours; des insurgs la soumission exigea ncessaires les mesures si non, dclara-t-il, je prendrai de l'le et sauvegarder la Arie, la tranquillit pour assurer l'honneur Au point dclaration nement gards et les biens des sujets tranquilles les choses, c'tait o en taient de guerre. La lutte sait et continua . une vritable
les
sa tche, elle ne cessait de faire poursuivait Elle leur mondes appels aux autres Puissances.
avaient eues quelles consquences graves leur inertie entraner encore. elle leur proEnfin, dj et pourraient un accord en vue d'une intervention posait de nouveau et s'efforait nergique, l'ordre moyen de rtablir l'le tait d'en faciliter crivait Puissances, de la voie n'ont nous fait de leur dmontrer que le seul et d'assurer la tranquillit dans avec la Grce : Si les veulent sortir
la runion
le prince Gorchakoff, des expdients et dos palliatifs, que grever l'avenir des difficults c'est
ne Aboyons qu'une issue la Crte . la Grce . Mais sincrement le Chancelier sait trop dsireux russe
possible,
radicale
du 2. septembre 1866. Cf. Livre jaune (1) Proclamation V. aussi dpche de M. Derch, 3 septembre 1866.
1867, Crte.
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFERENTES
NATIONALITS
243
succs, Etat
au moins
par un simple lien de vassa celui qui existe dans les lit analogue Principauts-Unies. Ce serait une transition vers l'annexion la Grce, soluautonome, tion qui tt ou tard L'Autriche, montra gnal tante parat inA'itablc cherchait se relever la Russie; nous (1). do Sadowa, avons dj se si-
pourrait-on li la Porte
faire
de
l'le
de Crte
un
nous
sa politique. Dans une impor01' 1867, M. de Beust laisse endpche du l janvier tendre no reculerait mme les concesqu'il pas devant sions de la plus haute importance, l'alliance pour obtenir russe (2). La France cherchait se rapprocher du Cabinet de Moustiers (3) et le marquis qui consultation et de de mdecins aussi
ce revirement
dans
1866. Annuaire des Deux-Mondes, (1) Dpche du 16 novembre anne 1860-67, p. 551. une rvision du trait de Paris du (2) M. de Beust proposait 30 mars 1856 et des actes subsquents. Les remdes, disait-il, l'aide desquels on a cherch, dans le cours des dernires annes, maintenir le statu quo, en Orient, se sont montrs insuffisants maintenir les difficults que chaque jour est venu accrotre. La physionomie de l'Orient, prise dans son ensemble se prsente aujourd'hui sous un aspect essentiellement diffrent de celui qu'elle avait en 1856, et les stipulations de cette poque, dpasses qu'elles sont sur plus d'un point important par les vnements survenus depuis, ne actuelle. Beust proporpondent plus aux ncessits de la situation sait une enqute et au besoin une intervention collective dans laquelle il y aurait lieu de tenir compte dans une mesure convedu rle naturel qu'assure la Russie en Orient, la comconvenable, munaut des institutions religieuses. Il parlait mme de la ncessit du trait de Paris, relatives la mer d'une revison des dispositions Noire. Cf. Ber. Die orientalische Deux Polilik OEsterreichs, p. 59. (3) Cf. Klackzko, Chanceliers.
24'4
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
I.
hroques , pronona mit en avant l'ide d'un plbieiste, de prononcer fisait, semble-t-il, les difficults ; panace universelle
remdes
enfin
le grand
mot et
que la France et son empereur offraient tous les peuples. En ne prenant les disait notre faits que par leur ct purement matriel, On ne peut s'empcher ministre des affaires trangres. de penser que la Porte ferait un acte de haute sagesse, si les populations, non pour la forme, mais elle consultait d'une manire vraiment srieuse, en les mettant mme de se prononcer sur la cause de leurs maux et sur les remdes y appliquer (1). formellement la proposition L'Angleterre repoussa comme elle avait dj repouss la proposition franaise intervenir aucun prix; tout au russe; elle ne voulait de donner quelques conplus lord Stanley se permit-il seils. Ils suggrait l'ide que le Sultan pourrait peut-tre donner conseil la Crte un gouverneur mixte, mais il se htait chrtien, assist d'un aussitt qu'il d'ajouter Il se permettait pas imposer une solution; de soumettre une ide la Porte qui restait entirement libre de l'adopter ou non.
n'entendait seulement
bien entendu
En offrant ce conseil, le gouvernement anglais rpudie absolument la pense d'intervenir dans le droit de la Porte un jugement indpendant sur la direction de ses affaires intrieures. C'est la Porte, non lui, qu'il appartient de dcider si elle veut agir d'aprs ses recommandations On avouera qu'il est ou de les dcliner. d'tre impossible rainet d'un tat;
(1) Marquis
d'exercer
de Moustier,
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CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
245
que cette attitude est sigulirement coupable quand elle autorise le pillage et le massacre. La note franaise fut mieux accueillie par les autres de la puissances, et le 17 mai 1867, les reprsentants del Prusse et de la Russie remettaient France, de l'Italie, au divan une note identique. L'ambassadeur d'Autriche fit de son ct, le mme jour, une dmarche dans le mme nous semble venu, disaient les ambassrieusement du mal et sadeurs, de rechercher l'origine les remdes qu'il comporte. Les populations seules, librement et sincrement consultes pourraient l'indiquer. Cette consultation important s'clairer avoir lieu sur place, et il serait que les puissances fussent mises mme de directement sur l'tat rel des choses. devrait sens. Le moment
Turc tait tout Aali-pacha rpondit que le Gouvernement le droit de dispos accepter l'ide, mais se rservait qui ne devraient pas naturelles de ses droits de souvedpasser les limites rainet (1). Aprs le commentaire anticip de l'Angleterre, on pouvait prvoir que la Turquie entendait pousser dterminer trs loin les limites naturelles de ses droits de souvesi l'on reconnaissait au Sultan le droit rainet ; d'ailleurs, de dterminer la forme et le but de l'enqute, on pouvait tenir pour certain que celle-ci serait conduite de manire donner aux Cretois la moindre satisfaction En tmoignage de son zle, le Sultan le Grand-Vizir, l'amnistie et fit qui promit Aali-pacha, cesser les hostilits tout en maintenant Candie en tat de blocus. Mais les insurgs rpondirent qu'ils n'admettraient possible. envoya en Crte la forme et le but
(1) 20 juin
1867.
'iG
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
d'une commission que l'enqute mission du Grand-Vizir choua. de la Turquie de lui retirer dfinitivement L'attitude Toutes, sauf encore n'avait l'appui
(1), rsultat
et la
le lui dclarrent en l'Angleterre, rappelant qu'elles avaient voulu intervenir pour mettre fin un tat de choses qui, non seulement blessait leurs mais dont le contre-coup d'humanit, les populations chrtiennes de la Turquie pouvait sentiments en danger parmi mettre
le repos de l'Orient et les intrts de la paix gnrale (2). Mais en somme, ceux qui perdaient le plus cette dclaration c'taient les Chrtiens ; abandonns de tous, ils durent faire leur soumission. Aali-pacha, cependant, la suite de son enqute, avait violemment pris partie la Grce et les Puissances qu'il accusait de partialit l'gard des familles chrtiennes (3). Nous avons fait aux Puissances un reproche tout oppos,
(1) 11 octobre 1867. des affaires trangres de Turquie, le (2) Noie remise au Ministre 29 oct. 1867, par M. Oulrey 1er drogman de l'ambassade de France. Ds le 3 octobre 1867 le prince Gorchakof avait dit : Les efforts de morale et de diplomatie sont puiss. Les Puissances persuasion se trouvent dans l'alternative ou d'une acceptation de celte fin de non recevoir, ou de l'emploi de mesures de coercition. La premire combinaison est incompatible avec leur dignit et les intrts euroexclue de leurs prvisions. pens en Orient; la seconde a t jusqu'ici Il ne reste donc plus, selon nous, qu' prendre une altitude qui det tmoigne clairement de leurs dispositions gage leur responsabilit en face des complications de la que peut faire natre l'aveuglement Porte. diplomatiques du ier mars (3) Rapport anne 1868). plomatiques, Cf. Archives anne 1868. 1868. Livre rouge turc (V. Archives di-
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LES DIFFRENTES
NATIONALITS
247
trouv la
ne pouvons tre aussi affirmalifs. Certainede la peine la blmer d'avoir encoument, nous aurions de sa part c'tait un sentiment rag les insurgs; trop mais peut-on, au point de vue du droit pur, en naturel; en dehors tous de toute question sa conduite? La de la de sentiment, approuver en la euroa t soumise, question une confrence Turquie,
penne. Nous en parlerons nous reste faire l'tude en janvier 1868 (1). Le firman contient cernant
pendant et le produit en sera affect aux amliorations moiti comme les plus favorables aux intrts commerindiques ciaux et agricoles de l'le par l'assemble gnrale, qui, lue par toute la population, au chef-lieu du vilayet . Quant la contribution doit se runir chaque
condispositions les impts : la dimc est suspendue pour deux ans; les deux annes suivantes, elle sera diminue de quelques
d'abord
anne
de rachat
des vnements cause premire notre sollicitude, est-il dit, ayant un gal titre sujets, chrtiens de nous avons en outre dcid que les habitants la Crte du service musulmane sera donn seront de la contribution pour le rachat exempts aussi longtemps militaire, que la population de ce service; et qu'il de l'le sera exempte suite aux voeux exprims concernant certains
du
service
du 15 Ramazan 1284 (10 janvier 1868). Le imprial (1) Firman texte se trouve dans le Livre jaune de 1897 sur les affaires de Crte de juin 1894 fvrier 1897.
248
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
musulimpts, dans l'adresse prsente par les dlgus mans et chrtiens qui se sont runis la Cane, conforde notre firman imprial man mment aux dispositions ce sujet. Aprs ces fermes ces promesses allchantes de et ce tmoignage inusit de respect pour les dgrvements voeux des populations, le firman entre, sans plus tarder, paroles, dans des dtails de la nouvelle
organisation. On est frapp du soin avec lequel le Sultan s'efforce de dans tous les des chrtiens mnager la reprsentation mais nous verrons en y rouages de cette administration, de plus prs, qu'il ne faut pas trop se hter regardant d'applaudir la rforme. choideux conseillers Auprs du vali, nous trouvons musulmans et l'autre sis, l'un parmi les fonctionnaires . Mais chrtiens de l'Empire parmi les fonctionnaires comme dj que ces deux fonctionnaires, remarquons le vali lui-mme nier, c'est tout d'ailleurs, naturel), et des troupes comme aussi (et pour ce derdes forteresses le commandant de l'le, sont nomms directe-
administratives, passons aux subdivisions ou arrondissements les sandjaks seront administrs par du goudes mutessarifs, choisis parmi les fonctionnaires moiti et vernement imprial parmi les musulmans moiti des mouaparmi les chrtiens; avec les premiers, vins ou adjoints chrtiens, et les seconds, des mouavins tous, bien entendu, nomms par le gouvernemusulmans; ment imprial. Cette disposition qui, premire vue, a l'air trs quitable, est au fond profondment injuste, puisque musulmans et chrtiens ont la mme reprsentation, bien que les musul-
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
249
m ans tiens.
soient
loin
d'tre
aussi
nombreux
place est faite aux Chrtiens dans'l'admides kazas ou cantons et dans l'administration
De mme, dans les conseils d'administration placs auprs du gouvernement gnral et auprs du gouverneur des sandjaks mixtes, il y a, en dehors des membres de droit, six membres lus, dont trois musulmans et trois chrtiens, vernement mans. Ce systme d'galit de nombre entrc'les les Chrtiens se retrouve dans l'organisation elle a des inconvnients Musulmans et o judiciaire graves encore : bien que les chrtiens, au moins pour le goucentral, soient plus nombreux que les Musul-
plus peut-tre ...Les tribunaux du chef-lieu du gouvernement gnral et des sandjaks et kazas mixtes seront composs de memmusulmans
et chrtiens, lus par la population... criminels et commerciaux, entre tous les procs civils, chrtiens et musulmans et toute autre contestation' mixte et commerciaux civils jugs par les tribunaux du Con De mme encore pour la composition mixtes... aux seil gnral, charg d'tudier les questions relatives questions d'utilit publique : 12 il sera institu au centre' seront du gouvernemement gnral, un conseil gnral lu par la population et dans lequel chaque kaza sera reprsent' musulman par deux dlgus ; chaque kaza exclusivement enverra au Conseil gnral des dlgus musulmans ; il en sera de mme des kazas exclusivement chrtiens; enfin chaque kaza sulman. Enfin, l'examen les mixte sera reprsent sont par un dlgu dtermins muet
bres
impts
limitativement assurer'
des moyens
propres
la perception
250
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
la populaintgrale des revenus de l'tat et fournir tion de l'le, des facilits et des avantages dans le paiement sera dvolu au Conseil des dmes et de l'impt militaire, gnral.. Si, dans une apprciation orgagnrale du rglement nique, l'on remarque que, d'une part, le plus grand nombre des districts sont mixtes, et que, d'autre part, la population totale de la Crte est estime d'aprs les documents de l'poque, 300.000 habitants environ, dont 70.000 musulmans seulement (1), l'on sera fond avoir des craintes sur les rsultats Les Cretois aux Consuls de cette organisation. et transmirent protestrent leurs dolances
concernant europens : les rglements ne sont pas quil'administration et la justice, disaient-ils. ne forment tables, parce que les musulmans, quoiqu'ils ont le droit d'lire le mme qu'un quart do la population, nombre et de juges que les chrtiens. Par ce systme d'lection, joint au droit qu'a le gouvernement de nommer les chefs des administrations et les Prsidents des tribunaux qui sans instruction, ciaire est concentre mane. sont pour la plupart des Musulmans toute l'autorit administrative et judidans les mains de l'autorit musulde conseillers
Nous avons vu que celte plainte est fonde. Il serait des Cretois, de citer les oiseux, continue la protestation faits o ce systme a compromis la fortune, l'honneur et la religion des habitants chrtiens ; il suffit de constater qu'un chrtien obtient rarement justice contre un adver (2). Nous verrons en tudiant saire musulman l'tat
des Deux-Mondes, (d) V. Annuaire Le Trait de Berlin (2) Brunswick. anne 1866-1867. annot et comment. V. p. 90.
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CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
251
de
l'Empire
Ottoman,
ce
qu'il
faut
penser
de
malgr la
se seraient
du systme fiscal qui en cartait tout t reconnaissants aussi juste Ils auraient dveloppement de voies de communication ce malheureux chemin la
qui formation
pays, il n'y a plus une seule route, un seul soit en tat de viabilit, mme mauvaise; de de caisses de crdit du ; des amlioration publique et le commerce, pour lesquels d'allouer promettait dont devait l'emploi sur tre les dveloppement dans l'agriculle gouverrevenus de
Et peut-tre gnral. et-il l'heureux rsulLat d'amener pu avoir en CrLe. Mais au moins aurait-il apaisement Conseil
en appliquer les dispositions avec loyaut; ce ne fut de dtail qui pas fait, et de plus, une foule de rglements en modifirent le sens et en rgler devaient l'excution, en les annihilrent travaux l'effet; d'utilit formelle furent les rglements furent publique sur viols, les finances et et malgr la de nouvelles conpublics enfin, ne
un Consul anglais dpeignait rglement, Conseil gnral a adress au Gouvernement, anne Porte au ses plaintes s'y esc montre la restitution
d'anne
ordonnait
de la loi; la de la violation sujet indiffrente ; un irad imprial du supplment de dme dans tout
252
-.'
. '
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE.
restitu
aux
contribuables
de
ne se soient
pas tenus pour satisfaits ? Ils essayrent, depuis encore, de se faire rendre justice. La Sublime-Porte prit de nouveaux engagements ; elle appliquera scrupuleusement dans l'le le rglement orgaqui seraient nique de 1868, en y apportant les modifications contenues dans juges quitables (2). Ces modifications le pacte- de Halepa tablissent un quilibre plus juste entre et les musulmans; mais elles ne furent pas les;chrtiens mieux firman fut ncessaire appliques ; un nouveau en 1889, 1 et il ne semble pas, si l'on se reporte la situation telle qu'elle a t en 1895-1897, telle qu'elle est encore au commencement de 1898, que tous les firmans, hatts ou irads Entre domination aient apport des amliorations la Turquie qui veut maintenir sensibles. tout prix sa directe, .et les Cretois qui veulent tre grecs, est insoluble si les Puissances ne se dcident d'une manire nergique. En tout cas, il aurait
pour rendre la situation au moins plus acceptable fallu que la Sublime-Porte se dcidt des concessions plus larges que celles que nous avons tudies et se rsolt les appliquer loyalement L'intrt de l'Europe, crivait efficacement et sans rticence. M. Beul, en 1867, est la Crte, de la dtacher de la
de protger
Turquie, promesse qui date de quarante ans, d'obtenir le droit de pour les 200,000 chrtiens qui la peuplent, c'est--dire de s'annexer d'eux-mmes, au disposer royaume de Grce.
1878.
INTERVENTION
CHEZ
LES
DIFFRENTES
NATIONALITS
253
Le xix 8 sicle prfend faire triompher parlouLle principe des nationalits ; il n'en trouvera point de manifestation plus clatante, puisque tous les Grecs ne font qu'un. Un Empire grec appel facilit d'assimilation leuse. (1) s'agrandir rencontrera donc une et une force de cohsion merveil-
1867. (1) Beul. Revue des Deux-Mondes, Remarquons seulement qu'il faut se garder d'oublier les musulmans de Candie. 11 ne faudrait pas, ainsi que nous en avons dj fait la la situation, d'une manire -et, aprs gnrale, renverser remarque avoir tolr l'crasement cution des musulmans. des chrtiens, faciliter en Crte la pers-
VT. Grce.
cl les trois Puissances Le rgne d'Olhon 1er. _ La question financire ' Rvolution de d8B2. Question de dynnstic. On garantes. du prince George de Danemark. cherche un Roi. Acceptation -=- Cession des les Ioniennes par l'Angleterre, George I"' 1, 1863. sinistres . Modifications 1-4 novembre 1863. Les conditions du 9 mars -1861. Neutralisation des les. Adhsion de ]a Tur Attitude de la GKcc dans les affaires quie, 8 avril 1865. Ultimatum de Crte. Protestion de la Porte. turc de 8 dcembre 1868. Rupture. Intervention des Grandes Puisde Paris, 1869. Sa porte. La Grce sances. Confrence La Turquie est admise avec n'est admise qu' litre consultatif. Dclaration voix dlibralive. des Grandes Puissances. Acceptation de la Grce. Le conflit est vit. Espoir que fit natre de mdiation. pour l'avenir de la Question d'Orient celte procdure
avons du
eu l'occasion
grec Hellnes
les agilations
inA des
Porte,
en Europe,
le soulvement au Turc.
des populations vu
de Crime, cette que pondant la guerre tolre sinon encourage attitude, et la par le roi Olhon reine Amlie, tait devenue assez inquitante pour que les Puissances crussent ncessaire l'envoi de troupes au Pire.
Nous
avons
INTERVENTION
CiEZ
LES DIFFERENTES
NATIONALITS
255
Au moment
de la guerre d'Italie en 1859; pendant l'exde Syrie en 1860, de nombreuses manifestations La Grce esprait que la nation gnles Alpes et traversaient passaient secourir des opprims, n'abandon-
Mais elle fut due dans son pas le peuple hellne. cette dception fut-elle en partie la ; et peut-tre de l'impopularit du Roi et de la Reine, et de la de 1862. l'tat D'ailleurs la situation intrieure Les trois tait Puisde des finances
dplorable. la naissance
du royaume
commission, l'Anleferrc
compose et de la Russie
de temps garanti l'Emprunt Une pour viter une banqueroute. de reprsentants de la France, de se runit l'effet: lde fixer
des revenus de la Grce qui devrait tre affecte, la portion au service de l'emprunt ds prsent ; 2 de rechercher les amliorations l'administration de tirer tout qui pourraient de la Grce, afin tre introduites dans de permettre do ses ressources ce pays et de rem-
le parli possible . plir ainsi, de plus en plus ses engagements fixa 900.000 La commission, aprs enqute, an, la somme consacrer clara que pour assurer des ressources administratives gente.... Pour moins attnuer pour au service celle
fr.
de l'cmprunL,
par et d-
augmentation progressive de certaines rformes de la Grce, l'adoption et financires serait indispensable et ur-
ou du un peu la porte de leur ingrence, sous la forme ; les commissaires la dissimuler au second du cabinet point, en le signalant insafin que, dans d'Athnes, le
de sa souveraint
et de son indpendance,
256
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
o-ouvernement clair
du Roi
en fasse
l'objet
de son initiative
de sa Majest Imle gouvernement et patriotique, autoris joindre aux voeux d'autant croit se plus priale les sincres qu'il forme ce sujet, ses reprsentations au besoin une justrouveraient qu'elles pressantes, plus direct qu'a la France, dans l'intrt suffisante tification et la Russie, ce que le dveloppecomme l'Angleterre ment des ressources de la Grce permette ce pays de face aux engagements (1) garantis.... faire En 1865, embarrass l'tat que ces trois grecques Puissances se trouva ont
des finances
que jamais et le gouvernement veau s'adresser aux Puissances garantes de 1832 : il leur demanda : 1 l'ajournement des sommes
de l'emprunt du paiement
grec s'tait engag que le gouvernement solder comme compte dans les annes 1861, 1862 et 2 l'acquiesce1863, et qui sont encore en souffrance; ment la prolongation pour 5 ans encore de l'arranges'tait ment de 1859, par lequel le Trsor hellnique aux trois cours 900.000 fr. oblig payer annuellement en remboursement partiel de leurs avances pour l'emprunt Rothschild; sursis, d'un distraire 3 la conscration, de ce devant dcouler droit nouveau pour le gouvernement Grec, de une part de ses revenus pour satisfaire une autre
de 1824 et -1825) avant d'avoir crance (celle de l'emprunt pourvu au service entier des intrts de l'amortissement de la dette effectives tout . de 1832, au paiement desquels les recettes du Trsor grec doivent tre consacres avant
: 'ni. .;..-. -
conclu Athnes (1) Arrangement la Russie France,, la Grande-Bretagne, des arrrages de. 1832, Cf. de Clercq..
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
257
de Paris, Londres et Saint-Ptersbourg, les difficults reconnaissant auxquelles le gouvernement d'Athnes avait faire face, acquiescrent aux deux premiers points, demandant seulement qu'une branche du revenu affecte au pour tre spcialement convenue (1). paiement leur droit de priorit, les trois Quant abandonner Cours n'y voulurent pas consentir ; elles n'entendent dsigne de l'annuit sacrifier, dans aucun cas, leurs intrts ceux des cranciers des emprunts de 1824 et 1825 (2) dclara le ministre de France. Nous tenions signaler une intervention qui revt ici un caractre de gravit exceptionnelle, puisqu'elle porte sur le budget et pse par consquent sur l'administration tout entire de l'Etat. de la Grce. Reprenons maintenant le cours de l'histoire : la Nous allons y trouver trois questions internationales question de dynastie ; la question des les Ioniennes et le conflit avec la Turquie, auquel mit fin la confrence de 1869 (3). En 1862, le roi Othon fut renvers la suite d'une rvolution, qui, d'aprs les rapports de M. Boure, n'aurait ft
Les Cabinets
offrit la moiti des recettes de la (1) Le Gouvernement hellnique douane de Syra, ce qui fut accept. (Cf. Boudouris au comte de Gobineau, le 15, 27 janvier 1865. Livre jaune, 1866, p. 76.) (2) Cf. sur cette affaire, Livre jaune, 1866 (Grce). Communications des ministres de France, et de Russie au ministre des d'Angleterre affaires trangres d'Athnes, p. 73. (3) En 1850 l'affaire connue sous le nom d'affaire Pacifico avait t de la France. A signaler rgle sur les bons offices du reprsentant encore le protocole du 20 novembre 1852 entre les Puissances garantes et la Bavire, tablissant que l'hritier du trne devrait tre orthodoxe. M. 17
25&
TROISIME
PARTIE.
'CHAPITRE
Les Grecs auraient une grande rsistance. pas rencontr du roi et de la reine pour seulement d'un voyage profit faire semblant de tirer les uns sur les autres ; toujours du Roi, la Rvolution tait faite. Othori qu'au retour quitta la Grce sans avoir, proprement parler, abdiqu (1). Les Puissances ne crurent pas avoir intervenir, puisque/ le peuple grec est indpendant et peut invodirent-elles, est-il quer de justes motifs contre la de Sa Majest, aucune raison ; l dynastie rgnante disait le comte Russe!, ne'
des Puissances' pour laquelle dans le but d'inviter les Grecs' (2) un Ce fut aussi l'avis des
autres
Puissances. trouver en partie et et Monarque, aux Puissances qui avaient dont temps que l'exisl'adhsion tait en furent mises en nouveau
cependant cette tche incombait la forme garanti tence mme du tous avant, Alfred, suite
Il fallait
en mme
candidatures
du duc de Leuchtenberg et celle second fils de la Reine d'Angleterre. nouvel change de vues entre le rappelrent membre des familles (3) Le prince
d'un
protocole
rgnantes lu Alfred,
presque
<1) Cf. Lettre de M. Boure M. Thouvenel, (L. Thouvenel. La Grce et le roi Othon.) (2) Archives, 1863.
7 novembre
1862.
(3) Cf. dans le Livre jaune de 1862 (Grce) unedpche de M. Drouyn de Lhuys du 4 dcembre et une note identique remise au gouvernement provisoire d'Athnes le 13 dcembre 1862 (Archives diploma....... tiques, anne 1863).
' '
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITES
259
du
voulut
Le prince
Ernest
le Royaume voulait pas s'imposer son nom dans l'esprit Patrie et l'abandon
de Saxe-Gobourg refusa son tour de Grce qu'on lui proposait mutil. Il ne un peuple mcontent et attacher des Grecs la mutilation de leur de leurs frres, qui ayant combattu de la Patrie, s'en voyaient
avec eux pour l'affranchissement Ne pouvant maintenant exclus. point voir, disait-il, en quoi il est de l'intrt de l'Angleterre de sparer cette le de la Grce, je redoute secrets qui dicque les motifs tent tat. cette mesure L'exclusion ne fassent de la rien augurer de bon au nouvel l'Etat estropi grec physiet moralement; elle le rend faible et elle l'appauquement elle l'expose des dangers constants et crera, ds: vrit; des difficults innombrables celui qui sera la (1). tt d son gouvernement. les trois Puissances s'entendirent Enfin, avant la candidature du Crte
le dbut,
Guillaume prince les Hellnes et le proclamde l'accepter s'empressrent rent Roi Constitutionnel sous le nom de George 1er, Roi des Grecs, levs dans condition la fol seraient que ses lgitimes de l'Orient, orthodoxe hritiers (dcret
"et, George (5 juin) 1863). L prince accepta les droits des Puis-, en acceptant, il se plut reconnatre considrant sances garantes; que les Cours de.France, et de Russie, d'Angleterre de Puissances protectrices dclara-t-il, de la dans Grce, leur ont qualit fait acte,
du 30 mars
de l'tat
diplo- ;
20
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
cette lection
de leurs Les
la garantie de la Grce. La Grce, dclardu prince Guillaume de rent-elles sous la souverainet des trois Cours forme un Etat Danemark et la garantie constitutionnel. monarchique, indpendant, la Grce restait Comme contre-partie, anciens engagements tenue de ses
envers les Puissances; l'avnement au trne du prince George hellnique n'apportera aux engagements aucun changement financiers que la Grce a contracts par l'article 12 de la convention signe Londres le 7 mai, 1832 envers les Puissances garantes de l'Emprunt. Il est entendu galement que les Puissances veilleront d'un commun accord l'excution de l'engagement pris par le gouvernement hellnique au mois de juin 1860, sur la reprsentation des trois Cours. (1) dynastie tait donc tablie, et le droit d'intervention des trois cours garantes tait consacr. (2) Le nouveau Roi recevait comme don de joyeux avnement les les Ioniennes. Les les Ioniennes, dont la possession complte trs La nouvelle
(1) Convention du 13 juillet 1863. V. Livre jaune, 1863. Grce. (2) N et lev dans un pays o l'ordre lgal marche de front avec la libert constitutionnelle, dclara le nouveau Roi, j'emporterai dans ma nouvelle pairie un enseignement qui ne sortira j amais de ma Je jure, au nom de la sainte cl indivisible de Trinit, protger la religion des Grecs, de conserver et de dfendre l'indpendance et l'intgrit de l'tat grec et de gouverner d'aprs ses lois. des Deux-Mondes, anne 1862-1863). L'article (Annuaire 6 du trait de Londres du 13 juillet 1863 dit : Dans aucun cas, la couronne de Grce et la couronne de Danemark ne pourront se trouver runies sur la mme tte. mmoire
INTERVENTION
NATIONALITS
261
de Grce, taient, cette royaume poque et depuis les traits de 1815, un Etat libre et indpendant sous la protection immdiate et exclusive de (1) l'Angleterre. Le gouvernement les cda avec une appabritannique rence de dsintressement faite pour tonner. Il esprait ainsi affermir dans les les une influence, que cinquante ans de protectorat n'avait fait qu'affaiblir et qui diminuait de jour en jour. Ilesprait que la gnrosit de sa rsolution ne resterait pas strile, que la gratitude du peuple la vie publique les amis de la Grande ionien ramnerait et dans la Chambre, de Corfou, puis plus tard Bretagne, l'Assemparmi les dputs que les sept les enverraient ble constituante d'Athnes, qu'ainsi les reprsentants des les Ioniennes pourraient devenir les premiers serviteurs en Grce, au lieu d'tre ses britannique, plus ardents adversaires (2). Dans cet espoir, le cabinet de Londres dclara ds le mois de dcembre 1862, que en vue de donner plus de force la monarchie grecque si le gouvernement Souverain contre lequel il n'y et pas d'objection grave. du roi George ayant agr Sa Gracieuse La nomination , il serait dispos lui cder les les, de son ct choisissait un provisoire de l'influence
heureusement
le
sous le pro(1) Les Iles Ioniennes, aprs avoir t successivement tectorat de Rome, puis de Venise, furent occupes en 1797 par la France. En 1800, elles passrent sous la suzerainet nominale de la effectif de la Russie. Le trait de Sublime-Porte et sous le protectorat s'en la France. En 1809, l'Angleterre en 1806, les rendit Tilsilt, fut consacre par les traits de la suzerainet britannique empara; Vienne, 1815. (2) La Grce depuis (Revue des Deux-Mondes, la Rvolution 1864.) de 1862. E. Lenormant.
janvier
262
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Majest,
fut dcide.
Elle fut
Londres^ opre par un trait du 14 novembre 1863, sign qui avaient t parties aux actes de par les Puissances de reviser une, des clauses, dont il s'agissait Vienne, la-Russie, la Prusse et c'est--dire la France, l'Angleterre, l'Autriche. Le trait constate des les Ioniennes que l'assemble lgale des tats-Unis en faveur s'est prononce unanimement
de cette union ; et l'on ne peut que louer ici l'application nouvelle ne peut du principe, selon lequel la nationalit tre impose de force aux habitants d'un pays annex. Aprs avoir prononc la runion, le trait ajoute dans en rien 5 ; La runion des les n'invalidera existante de ces les les principes tablis par la lgislation en matire de libert, de culte et de tolrance religieuse... le principe de l'entire galit civile et politique entre les son article sujets appartenant aux divers rites consacrs en Grce par en vigueur dans les le mme protocole, sera pareillement les Ioniennes. . . . Art. 6; ; Les cours de France, d'Angleterre et de Russie en leur qualit de Puissances garantes du royaume de Grce, se rservent de conclure un trait avec le gouvernement hellnique sur les arrangements que pourra ncessiter la runion. (1)
la (1) Voici la marche qui fut adopte : 1 Le Roi prononcera dissolution de la.Chambre et ordonnera la convocation des lecteurs 2 Les lections se feront d'aprs les 1 pour l'lection des reprsentants. lois en vigueur aux sept les, c'est--dire au scrutin secret, par le suf3' Le nombre des reprsentants du. sera double frage universel. nombre actuel des dputs, c'est--dire qu'il y aura 84 reprsentants pour les. sept les ; 4 Les lections seront valides par les reprsentants eux-mmes Corfou. (Rglement des les Ioniennes.)
INTERVENTION
263-
Mais Malgr
un (1),
don
le gouvernement l'appui de l'Autriche, britannique parvint, faire insrer au trait des dispositions qu'un auteur; grec qualifie do sinistres (2). Les les Ioniennes de commerce devaient rester soumises aux traits' conclus par l'xingleterre et ainsi, non seulement les sept les ne pourraient pas profiter del situation commerciale do la Grce; mais, un rgime commercial diffrent entraner rtablissement devait forcment d'un, rseau de douanes entr elles et la Mtropole. Or, sil'union politique douanire de diffrents a souvent servi difficile' Etats, il tait d'esprer une assimilation complte, sous un rgime douanier diffrent. Une autre moins condition du trait du 14 mars n'tait fatale : l'Angleterre imposait la dmolition teresses et la neutralit perptuelle des sept les, condition ' cala et t Grce parfaitement' peu justifie; puisque elle, pable de dfendre ces les; mais condition sinistre aussi, car elle entravait la libert d'action de la Grce dans* du roi GeOfge rfusa^ la mer ionienne. L gouvernement designer le trait, et ls cinq grandes Puissances se runirent de nouveau Londres pour remdier cet tat de choses. du 25 janvier 1864, un trait fut Aprs deux protocoles Par ce trait, la neutralit'fut sign le 29 mars 1864. pas des for prparer au contraire l'union
1864 (Annexion des les Ioniennes la Grce)., offrait du poison dit encore M. Philarlos, Xnocratie dans une coupe d'or. (George N. Philarlos. en Grce, 1821-1897. Athnes, 1898.)
264
TROISIME
PARTIE;
CHAPITRE
limite
et de Paxos
et leurs
dances (1) ; bien que trs critiquables encore, tions furent acceptes. Le 8 avril 1865, fut notifie l'accession de la Turquie. Nous avons dit quels rapports troits unissent la Crte les Cretois ont toula Grce,, et avec quel enthousiasme jours accueilli les progrs du continent. Les Grecs, de leur ct, loin de dcourager les soulvements de Candie,les soutenaient souvent par l'envoi d'armes de volontaires et, par l'enrlement que le ne chercha jamais empcher. Car la Crte gouvernement est grecque: elle fait partie de ce que les Hellnes appellent la Grce du dehors r,-s%a E).) qui leur est aussi chre que la Grce du dedans : -he< (2). et de munitions Cette conduite, du gouvernement dant l'insurrection bien faite pour exciter les susceptibilits inusites penturc, prit des proportions de 1866-1868.
dpences condi-
Des Comits, installs Athnes, organisrent des sousdes volontaires ; des navires allcriptions et enrlrent les insurgs, rent, en dpit de la flotte turque, ravitailler et recueillirent, en Grce, les familles pour les transporter Cretoises rduites la plus affreuse misre; bien plus, le colonel Coroneos dbarqua dans l'le et prit le commande-
de ces deux les fut respecte lors du blocus de (1) La neutralit 1887. disait Capo d'Istria, se compose des (2) La nation Grecque, hommes qui, depuis la conqute de Conslantinople, n'ont pas cess de professer la religion orthodoxe, de parler la langue de leurs pres, et ou temporelle de leur qui sont demeurs sous la juridiction spirituelle le pays qu'ils habitent en Turquie... Cf. Gaston glise, n'importe Paris, 1892, p. 318. Deschamps. La Grce d'aujourd'hui,
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
265
ment
de la dfense
(1) ; enfin,
des corps
Athnes, quittrent enseignes dployes, avec affectation devant la lgation turque, Gouvernement cher. prit aucune mesure pour
les
que la Grce avait viol ses devoirs de neutre, son Ambassadeur, le et, aprs avoir rappel 2 dcembre le roi George d'une dclara1868, menaa tion de guerre s'il ne faisait pas droit aux rclamations contenues dans un ultimatum du 11 dcembre. Les plaintes des Turcs taient fondes. La neutralit est la non-participation (2), et l'tat la guerre neutre doit s'abstenir de tout ce qui est contraire ce principe, de faire ou de laisser enrler des troupes ; par exemple, ou d'autoriser qu'il s'agit Et il faut vait pas fait de subsides, des engagements d'officiers. reconnatre procder du moins individuels, surtout lors-
La Turquie
dclara
Grec troupes
n'aet
conformer et la Turquie
l'avenir,
de se expresse l'obligation elle aux traits existants entre aux lois internationales...
et en gnral
une analogie frappante avec les vne'(1) Tous ces faits offrent ments qui ont amen la guerre turco-grecque de 1897. (2) Cf. Renault. Cours. Turc dans de nombreuses (3) V. les dolances du gouvernement dans une dcembre 1868 et notamment dpches de septembre du 15 septembre 1868. (Archives dpche de Fuad-pacha diplomatiques, 1869, t. 4).
206
TROISIME
PARTIE,
CHAPITRE
Que l'on punisse conformment aux lois ceux qui se sont rendus coupables d'attaques contre des soldats ou des citoyens ottomans et que l'on indemnise les victimes. de ces crimes. Que les familles Cretoises s'embarquer puissent . librement et que le dans leurs foyers pour rentrer leur rapatrie-. gouvernement grec protge efficacement ment. Que les bateauxl'Enosis, soient dsarms, ou qu'au soient ferms. Que ls bandes de disperses . prvenue. la Crte moins et le Panhcllniongrecs leur soient. les ports
volontaires
existantes
de nouvelles
bandes soit',
La guerre tait imminente ; les Puissances rsolurent d'intervenir s'il en tait encore temps. pour l'empcher, Elles taient dcides tout faire pour viter la rupture. Les dpches changes pendant le mois de dcembre en ce sens par leset del Russie, reprsentants de la France, de l'Angleterre tant Constantinople qu' Athnes (1). La Prusse, l'Autriche et l'Italie, sollicites en tant que signataires du trait de Paris- de faire entendre des paroles de, conciliation Athnes et Constantinople. (2) s'y-, volontiers. joignirent ..,
22 octobre 1868, (1) Y. particulirement dpche de Safvel-pacha, du Marquis de Mouslier au Baron Bande, ministre de France Athnes, : 4 dcembre -1868; de M. Boure, 5 dcembre 1868; du baron Bande, 7 dcembre 1868. (Archives diplomatiques, 1869, t. 4), Y. aussi dans le Livre bleu grec sur le conflit Greco-Turc de 1868 notamment les-, documents ns -M et 22. (2) Cf. dpche du Marquis de Moustier, 9 dcembre 1868; dpche;
1868. attestent
des efforts
faits
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
267
entendaient
se conformer
dans le protocole du 14 avril mdiation dans le cas d'un conflit o serait engag l'un des Sur l'invitation du Cabinet de Berlin,une consignataires. frence se runit Paris, le 9 janvier 1869. Dans la premire sance, les plnipotentiaires prirent soin de dfinir leur rle et de fixer leur tche. La question
du Duc de Gramont, 13 dcembre. (Archives, 89, t. 4). La Russie prole conflit en, proclamant le principe de nonpose de circonscrire (dpche du prince Gorchakoff, intervention 17 dcembre 1868): Le t adopte l'ide d'une gouvernement Anglais de mme, lorsqu'on! confrence, pensa que les membres de la Confrence devraient s'entendre-clairement sur. un-point savoir : que les recommandations ne devront en aucun cas tre appuyes par une intervention de leurs forces navales. (Dpche de lord Clarendon, 29 dcembre 1868. -:.;' Archives, 1869, t. IV). L'Autriche fit aussi tous ses, efforts .pour faciliter une solution amiable du diffrend. Y. lettre du chevalier de llaymerle au comte de Beust, 12 dcembre 1868 ; du comte de Betisl, 'document n" 24, etc.. L'Autriche se dfend d'avoir favoris le diffrend.grco-turc et affirme, ses dispositions bienveillantes envers la Grce. Yoici, d'aprs M. de Beust l'expos de la politique autrichienne. 15 d(Beust Mcttcrnich, cembre 1868) : Nous avons toujours signal les contradictions fcheuses d'une politique qui, d'un ct, posait en principe le maintien ainsi que de l'intgrit do de Paris et de l'indpendance Ottoman et qui, de l'autre ct, souffrait que ce principe fut, l'Empire Selon nous, continuellement attaqu avec la plus complte impunit. il tait utile d'exercer une action bienveillante sut" les dterminationsde la Port pour l'amener pratiquer srieusement les rformes et : en faveur des sujets chrtiens du Sultan do sensibles am-, il aurait lu dans l'administration; mais, par compensation, essentiel de veiller avec soin ce que l'Empire ne lut pas branl par dos attaques du dehors, et de rprimer avec vigueur, tout acte hostile; des adversaires de la Porte. C'est cette fhs que nous reproduisons Nous n'en restons d'ailleurs pas. moins prts nous. aujourd'hui tre unir avec empressement toute action commune qui pourrait Livre rouge autrichien concerte entre les Cabinets pour 1868 et 1869. (Archives, 1869). .-... introduire liorations (lu trait
26S
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
Cretoise
fut
entirement
Crte eussent
de mettre fin: M. le plnipoil s'agissait 'auxquelles tentiaire de France a rappel que, d'aprs l'entente tatrac aux plnipotenet prcis blie , le but unique dans quelle mesure il y avait tiaires, tait d'examiner formules dans aux rclamations lieu de faire droit heladress par la Turquie au gouvernement l'ultimatum lnique (.1). Les Puissances faciliter demandrent une cherchaient solution.: donc amener une entente et d'une part elles y arriver, Porte la suspension de l'excude l'ultimatum Pour
la Sublime
; et d'autre prenhellnique part, elles invitrent le gouvernement ncessaires pour empcher sur son dre les dispositions territoire toute manifestation hostile ou toute expdition arme, par terre ou par mer, qui pourrait conflit avec les forces ottomanes . Il faire natre un
c'est--dire que les parties s'agit d'une mdiation, restent libres de se conformer .ou non la solution propose. Mais, chose Turquie sigeait tandis tive, au mme titre que les Grandes Puissances, que l'autre, la Grce, se vit refuser le droit d'assister aux sances autrement qu' titre consultatif tion d'un voeu du Congrs de Paris, qui avaient sign le protocole de 1856 pouvaient telle fut du moins la raison donne. La situation trange, des deux parties, clans l confrence avec voix l'une, la dlibra-
n'en tait pas moins anormale et injuste et le. reprsentant de la Grce dclara que dans de telles
(1) Protocole 1 de la confrence. V. de Clercq, t. 10, p. 222.
INTERVENTION
CHEZ
LS
DIFFERENTES
NATIONALITS
269
il ne
pouvait
consentir
siger Puissances
la conf-
plnipotentiaires
ne vou-
pas interrompre l'absence du reprsentant rsigna poque avec peine reprendre de Crime,
de leurs
travaux, mais
cette
cherchait
la situation et tout
ne perdait panslaviste, pas une occasion la dfense de tous les chrtiens, dans l'espoir ensuite sous sa protection : nous avons fait
Athnes, crivait le Prince le Gorchakoff, parvenir conseil de ne plus insister sur la parit ; cependant nous est base sur un printrouvons que la rclamation grecque (1); et, la confrence, le d'quit cipe lmentaire qu'il se croire russe dclara pourra plnipotentiaire la dfense de la Grce dans des cas o oblig de prendre il et gard le silence si le gouvernement (2). t reprsent du texte la discussion Avant d'entamer hellnique de l'ultimatum, l'esprit reprsente charg dont de les et et
de nouveau de La Valette le marquis rappela le but de la runion ; les Puissances qu'elle non pas un tribunal constituent, dclara-t-il, rendre un arrt, mais un conseil engager laissent international ne sauraient
leur qu'elles de toute autre sanction que celle une dans l'ordre rement moral,
les parties que par la et l'absence complte ncessai-. qu'impliquent telle manifestation de.
1869..Archives, 3.
1869.
2 l'opinion
TROISIME'PARTIE.
CiiAPITR
sorte de la conscience et en quelque publique (1). europenne de la question aborda alors l'tude La confrence ; qu'y turc ? Rien de fond dans l'ultimatum avait-il rpondait
ou du moins bien peu de chose. le gouvernement'grec, en reprenant les M. P. Dclyanni essayait de le montrer s'est de la note turque 5 points disait-il, (2) : La Grce, aux rgles du droit international; si conforme toujours la Turquie. c'est au contraire On ne y a failli, quelqu'un la demande de voit pas d'autre part quoi peut s'appliquer contre des sujets attaques punition pour des prtendues ottomans se-battent Quant gres, Les ; ce point ne saurait on Crte . permettre le retour avoir trait aux Grecs qui mi-
en Crte
des familles
le gouvernement hellnique y est tout dispos. deux derniers la Turquie, points sont plus graves: demande le dsarmement de plusieurs navires. A quel ces navires n'appargrec le ferait-il? ni des cor; ce ne sont ni des pirates des blockade runners leurs , agissant
Le gouvernement n'a rien voir dans risques et prils. leurs oprations en rien sa responsabilit.qui n'engagent La nation du pavillon du ^navire ne serait responsable que l'un si elle avait autoris des belligrants des objets de guerre en le dfendant pour l'autre. encore il des n'y l'envoi -
Le gouvernement turc demande des bandes de volontaires? Mais Quant prendre cet gard
engagements
(1) Protocole 3. (2) Cf. annexe au protocole 6. Le gouvernement avec la confrence au moyen de notes crites.
Grec communiquait
c{
le gouvernement d'Athnes s'y refuse ; le droit aucun devoir et no donne aucun droit des gens n'impose ses sujets d'aller se au gouvernement grec pour empcher rait note, en Crte ou ailleurs pour . En rsum, et c'est parti qu'il leur plail par l que se termine de l'ultimatum, les deux premiers no tel
battre
des cinq points le troisime est entirement et sont de nulle importance; admis par la Grce ; les deux autres sont sans restriction du droit des gens, aussi bien par les principes repousss du pays ; par consquent, la Grce que par la lgislation sans renoncer ses droits et ne pourrait s'y soumettre de ses citoyens, la libert aux pieds sans sans fouler s'exposer enfin des de dangers grosses autres (1). Les plnipotentiaires n'taient rsumrent faire connatre dans en rien leur consquences elle et pour dclarrent par dans le tre qui' pourraient non moins pour les que leurs mmorandum sentiments grec, et
modifis
rsums ment
l'ultimatum
dans grec tenu d'observer, communes les rgles de conduite Turquie etde satisfaireainsiauxrclamations vernments par la Sublime-Porte pour le pass,
en la rassurant
(1) Mmoire sur le conflit Greco-Turc, prsent la Confrence .de. Paris, par M. Rangab, le 9 janvier 1869, annex au protocole 6. Y. aussi' annexe au protocole 5, dpche adresse le 26 dcembre et le 7 janvier 1869 par le ministre des affaires trangres de Grce au ministre de Grce Paris et communique la confrence.dans la sance du 16 janvier et annexe B au protocole 6, dpche adresse par le Ministre des affaires trangres de Grce, communique la Conf ; rence dans la sance du 20 janvier.
272
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
. Et ils concluent: temps pour l'avenir de favoriser donc s'abstenir dsormais sur son territoire
la Grce ou de tolbande
de toute la
recrute
forme quelque que ce soit, toute tentative d'insurrection dans les possessions de Sa Majest le Sultan . Les reprsentants des Puissances prennent acte des dclarations du cabinet d'Athnes sur les mesures qu'il doit toises et des des familles Crepour le rapatriement procder au jugement l'engagent rapidement demandes de dommages-intrts formuls par les prendre
2 l'quipement ns secourir,
dans sous
La Confrence ne saurait douter sujets ottomans. que, devant l'expression de l'opinion unanime des plnipotentiaires sur les questions leur examen, soumises le gouvernement actes aux hellnique, principes exposs par le fait dclaration, la Grce, de conformer ses s'empresse d'tre et que qui viennent rappels, dans l'ultimatum de la Porte ne se mme dfinitivement n'tait suggre carts qu'un aux deux (1) conseil Puisne
sans caractre
Cette distinction obligatoire. toute La mais, ajoutons-le, thorique. en thorie de ne pas se soumettre cette tenir refus tte lui au Concert euroattirerait l'inimiti sur du elle la plus
s'effora
de le faire
comprendre
au
peuple
(1) Protocole 6.
INTERVENTION
CHEZ
LES DIFFRENTES
NATIONALITS
273
hellnique
: Nous
ne pouvons pas omettre, que soit pour la Grce elle ne saurait de l'encontre
dit-il,
que,
aprs notre refus d'adhrer il ne nous restait les chances de frence, plus qu' courir la guerre contre la Turquie. tandis que Malheureusement, tout prparatif sur mer nous fait dfaut, nous trouvons n'est point non plus prte sur terre (1). que la nation La Grce s'inclinait, et tout danger de conflit tait dsormais cart. La Confrence de Paris avait encore, semblait-il, qu'elle tions un autre rsultat heureux. une re nouvelle, inaugurait en arbitre entre l'a Sublime-Porte s'rigeant chrtiennes dans la de l'Errpire Ottoman, sormais, gostes, croire pouvait o les Puissances, et les popularenonceraient dOn
pour et raliseraient, dans ce coin du monde, le opprimes, rve d'un tribunal tous charg de trancher pacifiquement, <.< les litiges internationaux. crivait Depuis la Confrence, Saint-Marc Girardin, son juge, proclam la plus importante ambition. C'est la signification de la Confrence de Paris et son plus grand avantage pour la Grce (2). C'et t un beau rle en effet, et les plniposon rle de a, en prenant l'Europe tout intrt renoncement et toute
leurs intrts d'Orient, question ne plus considrer que ceux des nationalits
au peuple hellnique (1) Proclamation (Annexe au protocole 5 de la Confrence de Paris 1869). La Grce depuis la Confrence de 1869 Girardin, (2) Saint-Marc dit encore (Revue des Deux-Mondes, 1869). La question d'Orient, la question de savoir quelle Puissance l'Orient ou Constantinople, europenne appartiendra qui pour l'Europe rsume l'Orient, la question de savoir au profit de qui sera dtruit M. 18 Saint-Marc Girardin c'est--dire
'274
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
tentiaires leurs
runis
en 1869 avaient
voulu
de clore Avant gouvernements. de la Valette se plut en effet constater marquis que les Cabinets sont parvenus le conflit prvenir qui tait en Orient, et carter ainsi une cause de prt d'clater ajouta espqu'il ne donn par la Confrence que l'exemple en serait pas perdu et que l'oeuvre accomplie pacifique vertu edans l'esprit du protocole du 14 avril 1856 resterait comme prcdent dans les dissentiments . Mais aplanir Marc Girardin l'nergie un qui serait de. plus dlibration en plus invoqu commune peut comme M. Saintcomplications rait en outre pour l'Europe. Puis il
avaient
du Concert
du bon sens et de prjug La queslion d'Orient n'tait europen. 1869, et la Turquie d'interventions a t le inces-
comme
aprs redoutables
comme
mmes
difficults,
a amen aprs, le conflit des intrts et les passions se sont dchanes au Qui mme pourrait
d'Orient en est. encore question ans aprs la Confrence de Paris. et comment elle sera rgle?
l'quilibre europen, cette question est finie, nous l'esprons. Au lieu de la question d'Orient il n'y a plus que la^qucstion de l'Orient dbattant ses intrts et son avenir sous les yeux et sous le contrle de l'Europe.
CHAPITRE
II
HISTOIRE
DE
LA
REFORME
GENERALE
DE
LA
TURQUIE
des cas d'intervention, jusqu'ici d'une provoqus par la situation particulire rgion d'une nation Ottoman. dtermine de l'Empire L sances, l'action n'en est pas peut turque reste et l'on
Nous
avons
tudi
ou
ministration
des Grandes Puisl'ingrence dire qu'il n'est pas un point de l'addans lequel ne se soit fait sentir europenne. Puissances, puis eux-mmes une limite tendue aux est entre d'abord Chrtiens dans aux et
affaires enfin
nationaux,
le droit
conscration
officielle,
pas le seul
acte de
pour les Puissances dans les affaires intrieures entire do la Turquie base do notre successivement avant
tout
I. Historique.
Ce qu'est la rforme en Turquie. Rle des Puissances dans cette Rformes de oeuvre. Le Tanzimt. de Slim. Rformes Destruction Mahmoud. des Janissaires 1826. Abdul-Medjid. Le Hatti-Chrif de Gulhan 1839. Son excution : firmans sur Rsultats l'instruction la justice, etc.. du l'arme, publique, de 1839. Hatti-Chrif
Ottoman, bien qu'il L'Empire par sa situation gographique, moeurs ni la civilisation. Puissamment
organiss pour la conqute (1), les Turcs ont domin tant qu'ils n'ont trouv devant eux que des masses peu cohrentes et peu nombreuses. Incapables et d'administrer le pays conquis, ils n'ont pas d'organiser assimil leurs nouveaux sujets et ds le jour o ils ont d reculer devant des armes solidement disciplines, a commenc, nous l'avons vu, l'oeuvre des nationalits demeures intactes. Mais beaucoup de peuples chrtiens temps soumis au joug ottoman : de l'mancipation sont rests longle sont
quelques-uns
(1) Achevez mon oeuvre, dit Mahomet, Etendez la maison de l'Islam (Dar-ul-islam) par toute la terre. Dieu vous donne la maison de la guerre (Dar-ul-Harb).
HISTOIRE
DE LA RFORME GNRALE
DE LA TURQUIE
277
encore et pour ceux-l les Puissances ne peuaujourd'hui vent pas tolrer une domination qui s'exerce au mpris des droits les plus lmentaires de l'humanit (1). Et puisque les Turcs ne sont pas seulement, comme dit un mot clbre, camps en Europe, il faut les rendre il s'est trouv parmi les Suldignes d'y rester. D'ailleurs tans mmes des hommes de valeur et de sens lev, qui ont compris la ncessit de transformer des institutions fin un rgime o se retrouvent la cruaut et l'arbitraire du moyen-ge sans la loyaut et le courage. De cette double impulsion est n le mouvement de la rforme ou Tanzimat. Le premier Sultan digne d'tre honor du titre de rformateur fut Slim III (2). Slim malheureusement ne sut pas viter recueil habituel : il voulut oprer trop brusquement la rforme et chercha l'imposer une nation mal prpare. Comme la mort excepte, disait-il, il y a remde tous les maux, la gurison des ntres est l'objet de nos profondes rflexions. Nous mditons et nous prparons les moyens loigns que nous devons employer dans le temps prdestin. (3). Le premier de ces moyens lui sembla tre la rforme de l'arme qu'il voulut organiser tre sur le modle des troupes europennes, et soumetde celles-ci. Mais cette rforme la stricte discipline contraire toutes les traditions, trop contraire surannes et de mettre
tait trop
ds maintenant que toute rforme (1) Mais nous pouvons remarquer en faveur des chrtiens seuls sera fatalement voue l'insuccs parce musulman. l'orgueil (2) Mustapha III (mort en 1774), avait essay dj quelques rformes avec l'aide du Baron de Tott. qu'elle (3) Cf. Th. Lavalle. Histoire de l'Empire Ottoman, p. 418. irrite
278
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
aussi aux
habitudes
son Du moins, Slim, avait eu le temps de former neveu Mahmoud et de lui inspirer le dsir de poursuivre du peuple turc. Mahmoud, l'oeuvre de rgnration qui monta sur le trne; aprs le rgne phmre de Mustapha IV, fut un ardent rformateur. Comme Slim, Mahmoud s'attaqua et cela n'est pas pour tion militaire savons assez que l'Empire Ottoman d'abord nous l'organisatonner. Nous sur la con-
est fond
que l'arme en est l'institution qute, pour comprendre essentielle et fondamentale, celle qu'il faut saper dans ses bases avant de pouvoir s'attaquer aux autres parties de l'difice, la vieille qui reprsente le plus fidlement Turquie. Rien de plus curieux que cette arme, dont le mode rien d plus sauvage que ces janissaires de recrutement mane. Le corps de janissaires, en effet, tait compos de chrfamilles et leur tiens, arrachs tout enfants leurs sans autre pre pays, levs dans la religion musulmane, que le Sultan, sans autre patrie que leur drapeau, sans autre loi que leurs instincts Cette troupe, sanguinaires. capable des plus grands exploits, devenait dans l'inaction, aussi dangereuse pour son matre qu'elle avait t redoutable ses ennemis (1). est un vestige inou de la barbarie musulcelle d'ailleurs
disait Essad-pacha de la (1) Ces coursiers fougueux, [Histoire destruction des Janissaires) bondissant en libert dans les pturages du dsordre, se considraient comme les rois du pays, entretenaient
HISTOIRE.DE
LA
RFORME
GNRALE
DE LA
TURQUIE
279
d'abord
horde saires
sans
Mais
se rvoltrent
Mahmoud
fit publier Les janisleur valeur saires, dit, ont perdu militaire; y tait-il Les lments de force rsident dans l'tude aujourd'hui et la pratique des arts militaires est ; leur connaissance indispensable Koran nous pour votre vaincre pour lutter a trac notre les infidles contre devoir tous d'obir anim un ennemi ; ne dit-il Le disciplin. pas : employez sont en de l
Certain pouvoir le Gouvernement religion, a rsolu, au nom pour affirmer tout musulman tirs de la
son
de l'odjak des janissaires (1) . cette ordonnance, les Janissaires sur I'Et-Meidani, sans vouloir en vert entrer l'tendard se mirent mme
se en
runis Sans ni
hsiter, consentir
couter
Mahmoud et ralliant
attaqua les rebelles. les balles et l'incendie eurent d'entre eux, dit-on,
la mer, On jeta tous ces cadavres mois les poissons et pendant tier, plusieurs . ne furent pas mangeables chair humaine Mahmoud, la faveur de la terreur
inspire
le feii
sous la l'obissance.
chaudire
de ia sdition Histoire
et limaient Ottoman,
le collier p. 475.
de
de l'Empire
280
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
la une ordonnance, qui constatait publia et consacrait des Janissaires l'organisation des troupes destines les remplacer (1). Puis le
(2). Une supprims cole militaire fut cre; une nouvelle monnaie frappe l'effigie du Sultan et le portrait du descendant du Prophte affich dans les casernes, bien que cela ft essentiellement contraire aux prescriptions religieuses ; enfin, un code des protesfut prpar. Mais tant de rformes soulevrent Mahmoud se des Janissaires, Aprs l'opposition heurta celle des Oulmas ; les reprsentants de la religion du aprs l'arme se levaient contre lui et le fltrissaient nom de Sultan ghiaour. Ce duel gigantesque entre un homme et toute une nation, dit un historien (3), dura tout tations. le rgne de Mahmoud : l'homme ne faillit pas un instant. C'est Mahmoud qui prononait ces belles paroles : nos c'est que les musulmans ne soient intentions, disait-il, considrs comme tels que dans les mosques; que sous le mme point de vue les chrtiens ne soient chrtiens que dans leurs glises et que les Isralites ne soient isralites que dans leurs synagogues. Je veux que hors de ces lieux o tous rendent ils galement hommage la divinit, des mmes droits politiques et de jouissent uniformment ma protection paternelle. Le succs fut mdiocre cependant; aussi bien une rforme de cette importance ne
(1) Lavalle, p. 497. (2) Les Derviches sont des sortes de moines. Il en existe encore plusieurs ordres dont les derviches hurleurs et les derviches tourneurs sont les plus connus. (3) De la Jonquire, p. 482.
HISTOIRE
DE LA
REFORME
GENERALE
DE LA TURQUIE
281
pcul-elle tre l'oeuvre d'un seul rgne, surtout quand ce comme, celles del rgne est troubl par des insurrections Grce et de l'Egypte, comme ceux par des soulvements qui eurent lieu en Serbie et par plusieurs guerres avec la Russie, continua l'oeuvre de Mahmoud. Abd-ul-Medjid Quatre mois aprs son avnement il promulga le Hatti-Chrif de Gulhan (5 novembre 1839) qui est le premier acte d'ensemble sur la rforme et inaugure rellement l're du Tanzimat. une nouvelle y est-il dit, donner l'Empire les institutions doivent principalement administration, porter sur trois points, qui sont : Il faut, 1 Les garanties qui assurent nos sujets une parfaite leur forscurit, quant leur vie, leur honneur, tune ; 2 Un mode rgulier d'asseoir et de prlever les impts:
les principales aprs avoir numr dispositions mises en conformit de ces principes, le firman ajoute : Ces concessions impriales s'tendant tous nos sujets de quelque religion ou secte qu'ils puissent tre, ils en sans exception. Ces quelques jouiront eux seuls toute une rvolution. mots constituent
Mais l'galit des raas avec les musulmans est contraire toutes les prescriptions du Coran; dans leur mpris pour les infidles, les musulmans ne pouvaient considrer cette disposition que comme un non sens, comme une chose
282
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
ridicule
: c'est, de
dit M.
d'Avril,
comme
si l'on
eut dcid
soient
blancs
rforme
(1). devait
indiqus. points les plus formels, engagements les dispositions le nom de Dieu d'observer contre une loi rigoureuse Sultan promet faveur et qui et des charges (richvet) est une des principales que la causes
rglepour Enfin, pris les aprs avoir et avoir fait serment par du firman, le trafic le de la
se runir
loi divine
repousse de la dcadenc de
rnlpire.
donner est-il les : ce fsplus de solennit officieldit, devra tre communiqu amies ambassadeurs des Puissances encore pour qui, de soient tmoins qu'ils s'il plait Dieu, dureront
ces dispositions On ne pourrait empreintes qu'applaudir les plus nobles, des ides les plus leves et des sentiments leur n'tait tent d rester un peu sceptique si l'on gard, mme avant de s'tre confirm des suites de la rforme. par l'tude En effet, non seulement ds Musulmans l'heure; en voulant elles mcontentement avons ment un dans ce scepticisme devaient exciter le
pour les raisons que nous mais on se vouait fataleimporter essentiellement en bloc, dans
monde
civilisation
diffrente;
une organisation faite pour d'autres moeurs. C'est cet cueil que pour
Ngociations
relatives
au trait
de Berlin.
Introduc-
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA
TURQUIE
283
fois,
turcs
se heurteront
des du
toujours essais.
par
la
pas lre prises : organisation d'un Conseil des impts, promulgation dont les dispositions sont musulmans considration ou raas des et dlin-
suppression recueil de
la
prparation d'un code civil, tel est le bilan de l anne d'excution du Hait. la guerre Mais une raction musulman vil ; le peuple provoqua oeil l'alliance du Padischah avec les Chr-
et Rifaal-pacha, successeur de Rescinda apporta au des ides opposes la rforme. Heureusegrand vizirat ment cette raction ne dura pas : Une loi du 6 septembre 1843, rorganisa l'arme ainsi en qui fut mise une tat de prendre me. (1) La mme part honorable la guerre de Crices tes d'un anne,
Riza-pacha
: Musulmans, Chrtiens, paroles tous les sujets d'un mme Empereur.; les mme pre... ou Chrtiens,riches Musulmans fonctionnaires sujet qui ottoman lient la civils, ait donc balance tout militaires pleine ou
tremble; attende
que
sa rcompense.
(1) L'arme est divise en trois parties : hommes du service actif auxiliaires et troupes de la rserve (rdifj, irrgulires. (nizam), de Saint-Arnaud fournis par le marchal D'aprs les renseignements les troupes turques taient solides, mais et par le gnral Williams, les chefs incapables et le service d'intendance dplorable. (2) Cf. Engelhardt. La Turquie et le Tanzimat, t. I, p. 69.
284
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
une
srie
d'ordonnances, moumich et ,
dqui dter-
Talimatio des
de leurs
attributions. publique,
de 1845,
l'instruction
les trois
secondaire, suprieure. primaire, de 1852 sur f'administration des en 1853, d'une banque ottomane d'un Code
avait il eu en somme
d'heu-
L'ide
rforme Turquie et c'est avec enthousiasme, unanimement l'Empire au srieux l're Ottoman. toutes Les
de 1850.
peuples de ce qu'il
de l'Emet c'est
Roumains,
de l'Empire (1). Ottoman ces accs de lyrisme Malgr qui devinrent plus frle Sultan fut l'alli quents et plus pathtiques, de lorsque la France et de l'Angleterre, cette peinture toumalgr chante avons du bonheur peine y que l'tat dans lequel des peuples croire. Nous de l'Empire nous Ottoman, n'en voulons pour preuve se trouvait encore la Turquie,, dix-
(4) Annuaire
des Deux-Mondes,
anne 1850.
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
285
ans aprs la promulgation du Hatti-Chrif, et dans lequel elle est encore de nos jours. si la rforme, est garantie D'ailleurs, depuis qu'elle a t applique avec assez peu de loyaut par l'Europe, des faits comme les rcents pour que. l'on ail dplorer sept massacres d'Armnie; de succs il est difficile lorsque tait bien de croire t avec plus elle-mme. La Porte, elle-mme la Turquie l'ait qu'elle tait livre
d'ailleurs,
n'tait que la situation satisfaisante ; il est bien vrai rforme 1854, se sont consolids, mais les rglements encore affects dit
se qui en sont la consquence (1). Nous pretrouvent d'incerlilude nons acte de cette dclaration. Qu'importe que les prin? El s'ils ne sont pas appliqus consolids, cipes soient quant contester nous la valeur des principes noncs dans le Hatti-Chrif, n'y avons jamais song. euroIl ne semble pas d'ailleurs que les Gouvernements de la Turquie, pens aient fait grand fond sur les promesses essencar les notes de Vienne comme condition signalent tielle du rtablissement Ce fut des Chrtiens. liminaires (2). de la paix, l'amlioration du quatrime l'objet point du sort des pr-
(1) Cf. Annuaire des Deux-Mondes, 1854-1855, p. 685. (2) Rappelons-le : Les immunits des sujets raas de la Porte seront consacres, sans atteinte l'indpendance et la dignit de la couronne du Sultan. Des dlibrations ayant lieu entre l'Autriche, la France, la GrandeBretagne et la Sublime-Port c afin d'assurer aux sujets chrtiens du Sultan, leurs droits religieux et politiques, la Russie sera invite, la paix, s'y associ er. Projets prliminaires du 1er fvrier 1856, de Clercq. Recueil, t. VII, p. 21.
II.
Le Hatti-Humayoin
de 1856.
des Puissances son laboration.' Part qu'ont pris les reprsentants Mention qui en est faite dans l'article 9 du trait dp Paris. Considrations prliminaires. DispoDispositions principales. l'adminisla religion, la justice, les finances, sitions concernant tablit l'galit de tous les sujets 1ration. Le Hatti-Humayoun ni de classes. : Il forme de la Porte sans distinction de religipn une vritable Charte des droits des Chrtiens. Apprciation.
Nous du trait
avons du
expliqu 30 mars.
ailleurs Bien
man ,
on ralit
largement coopr des grandes aux les reprsentants puissances de Vienne de Paris, traitrent et au Congrs
et d'Autriche
la question des immunits des raas montre ils y quelle importance attachaient et nous autorise penser tait que l'Europe obtenir dcide ces immunits avec ou sans l'assentiment de la Porte. avons donn les raisons 9 consacre dans nous conpour lesquelles au profit des Puissances un de J'Empire cas, le droit Ottoman. de rpter une pas seulement
les affaires
ne nous le duc
contestera d'Argyll
Le trait
HISTOIRE DE LA RFORME GNRALE DE LA TURQUIE ; ce serait un crime (1) que de vouloir extravagance 9 consacre le renoncement tenir des que l'article sances Turquie Donc du Hatt, tout . les Puissances et la Rforme ont le droit de veiller droit d'intervention dans les affaires
287 souPuisde la
s'agit plus maintenant par un Sultan rformateur, par l'Europe; international surveiller la situation tendent Musulmans, Humayoun Porte. dsormais,
et approuves platoniquement la Rforme est un acle du droit ont le droit et le devoir d'en
l'excution
demander de peuvent compte de l'Empire Elles tout entier. et leur intervention aux Hattide la du dispositions tous les sujets
mme
protection certaines
Le Hatti-Humayoun avant la signature Sultan les en les reproduit, Chrif de Gulhan tous les
de 1856, promulgu quelques jours de Paris, du trait au donner pour et le bnfice de la spontanitapparences les dispositions compltant, de nouveau (2) ; il affirme du Hati, de
l'galit
de religion et sujets de la Porte sans distinction des dispositions concernant l'adet contient de croyance et la justice. les finances Nous allons en ministration,
(1) Le noble duc pense que les Puissances ont pu renoncer .tirer un droit d'intervention, de la communication mme de la Porte; aux droits qu'elles pourraient mais qu'elles n'ont pu renoncer avoir par ailleurs. Page 101. As a member of the cabinet winch was responsiblc for tha article (art. 9), I must express my opinion tha any such admission would bave been not only a folly but a crime. The duke of Argyll Easiern question. (2) Ce qui prouve du reste que le Hatfi-Cbrif t excut. de 1839 n'avait pas
288
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
les dire
24 articles. le Sultan,
incesdes de
utiles
et nombreux.
nation
dj port le bonheur on
augmen-
tant.
Nous
savons le
faut
penser
Seigneur annonce
la rforme et complter niveau de la nouvelle position par le concours bienveillant reu une conscration d'une re nouvelle. mence'ment sances Il est bon corrlation Hatt pen, moins semble de noter troite
qu'il veut contison Empire au pour mettre et dont il a, qu'il occupe et amical des Grandes Puisqui doit tre le commen-
et l'admission et fait
ce paragraphe la qui fait ressortir entre la promulgation du qui existe de la Turquie dans le Concert eurola condition admis ici. les 24 articles : de et l'autre. ce que le C'est du Sultan
de l'un
Aprs ce prambule, L'article 1 consacre Chrif tinction personne honneur. L'article de Gulhan de classe et de leurs
viennent
les garanties promises par le Hatti tous les sujets Ottomans, sans disni de culte, de leur pour la scurit biens, et pour la conservation de leur
2 confirme
les privilges et immunits ab antiquo... toutes les commu d'autres rites non musulmans
tous
dans l'Empire. Nous verrons en effet que les communauts ont toujours conserv, des privilges trs tendus ; les Musulmans, qui n'ont jamais leurs lois civiles consong leur appliquer
HISTOIRE
DE .LA REFORME
GENERALE
DE LA
TURQUIE
289
fondues
avec
la loi
religieuse, mpris,
n'ont faire
spciaux,
de l'Empire. Les articles des patriar3, 4 et 5 rglent la nomination leur allouer, les questions de rpaches, le traitement ration ou de construction d'difices relatifs au culte. Des mesures dit l'article le nombre cice . Toute classe distinction ou appellation tendant rendre une des sujets de mon Empire infrieure raison du culte, de la langue ou de la efface du protocole administratif de termes mprisants contribue part, maintenir les diffrences . en nergiques prises par assurer chaque la pleine seront ma.Sublime-Porte, culte, libert soit quelque de son exer-
jamais
que tous les cultes sont et seront librement prane sera tiqus dans mes tats, aucun sujet dmon Empire de la religion et ne gn dans l'exercice qu'il professe sera d'aucune manire cet gard. Personne ne inquit pourra position libert d'oprer tre contraint est excellente, dans des l'exercice conversions changer de religion . Cette disla mais incomplte. Sans doute, des cultes et la dfense formelle
un grand par force, constituait strictement devait cette applique progrs; disposition mettre fin des abus du caractre le plus odieux ; car les conversions quentes, forces l'islamisme servi lui n'ont et ont trop souvent ou filles chrtiennes Mais le droit t que trop frle rapt de dissimuler donner apparence le culte que l'on
M. 19
jeunes de lgitimit.
une
de conserver
J290 professe,
CHAPITRE n
de la libert de conscience, que la moiti doit comprendre aussi le droit de qui, pour tre entire, ont librement de religion. Or, si les Chrtiens changer au contraire t libres d'embrasser l'islamisme, toujours d'un Musulman tait l'abjuration avait t converti si ce Musulman et cherchait maintes de vives seulement retourner (1) punie de mort, mme par force l'islamisme, la foi de ses pres. A ont fait entendre
reprises,
les Consuls
europens
sans
distinction
de
dj eu, et par la force des choses, une certaine de cette mesure librale. Les Turcs, indolents avaient et les Grecs t obligs de recourir ont suffit souvent fourni de
principalement Ottoman. Il et
t longtemps administres Grecs (2). par des Princes L'article le droit 10, qui donne, chaque communaut des coles publiques d'avoir sous le contrle d'un Conseil mixte nomm termine l'numration des par le Sultan, relatives la religion. Viennent ensuite les concernant l'administration de la justice entre commerciales, correctionnelles et
(1) Telle est actuellement encore la loi du Chri : Le Musulman qui se convertit est aujourd'hui encore mis mort. Et les Turcs ont fait une large application de ce principe aux malheureux Armniens convertis par force pendant les massacresjie 1896. (2) Cf. Chapitre i. Moldo-Yalachie. L'poque phanariote.
HISTOIRE
DE LA
REFORME
GENERALE
D LA TURQUIE
291
entre
des
musulmans seront
et dfres
des
chrtiens
ou
de rites
diffrents,
des tribunaux
(Article de ces tribunaux sera 11). L'audience les parties seront mises en prsence et produipublique; ront leurs tmoins, dont les dpositions seront reues indistinctement, sous un serment prt 12). nous selon la loi religieuse de chaque culte (article doit Ce dernier paragraphe savoir, en effet,
arrter.
Il
faut
les tribunaux ottomans, que devant le tmoignage, des chrtiens n'tait pas admis, et que pour no pas tre condamn, il fallait avoir pour soi le tmoiIl est vrai que le Chrtien achetait gnage d'un Musulman. faciiement un tmoin Musulman ; l'article 12 n'en une disposition bienfaisante. pas moins ou connu aux Conseils des Patriarches (Article entre ties, 13) le droit non musulmans firman de juger dont ils certains seraient apporte avoir re-
la codification, promet des lois pen usage dans l'Empire toutes les langues commerciales et des rgles de correctionnelles, nales, appliquer dans les tribunaux mixtes . (Arprocdure ' ticle 14). une dcision destine On ne peut qu'applaudir le mettre fin tout de arbitraire la torture dans l'application (article 15) des lois. et la L'abolition d'une
de la police la justice.
(article Puis
a pour but de faire des impts, que la rforme sur tous les sujets de la Porte. peser galement et en mme temps le plus honole plus lourd L'impt rable est l'impt seuls; le paient du sang; il est injuste que les Musulmans maintenir les Chrtiens et cela contribue
292
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
d'eux. Le
Les
Chrtiens
y se-
donc ou
et d'autres des sujets Chrtiens . Avant rites non musulmans dans l'arme 1856, l'impt tait considr du kharadj, non-musulmans, pay parles comme tait le rachat du service militaire : le mais rend ce rachat ; Le Hatti-Humayoun obligatoire. c'est en cela qu'il innove. de l'article 17 disposition Dans controverses. nombreuses Chrtiens seront-ils admis dans dans les mmes alors des conflits l'accs La facultatif
souleva
cependant conditions
de les
corps
interdire
de grades ; car il est impossible obir un croire Musulman consentira qu'un jamais raa. Formera-t-on alors un corps spcial compos uniqueChrtiens des ment inimitis prlude question L'article tive. Mais de Chrtiens entre de la les ? Mais diffrents ce en crant des systme, de troupe, serait le corps Nous verrons comment la
une
rforme
administra-
une consquence inattendue de i'galit do tous devant la loi : Comme les lois qui rgissent l'achat, la vente et la disposition des proprits immobilires sont communes tous les sujets de mon Empire, il pourra tre aux trangers de possder des proprits foncires tats, en se conformant aux lois et aux rglecharges que les auront eu lieu
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA
TURQUIE
293
. Ces arrangements intertrangres en effet, et nous aurons parler ce propos des de la Sublime-Porte le systme des pour supprimer en voyons ici le premier essai. Pour des impts, le Hatt nonce des dis-
nous capitulations; terminer la question positions substituent ception locales duction rieur. Le publics prendre loppement annonce semblables taire
gnrales, qui en tablissent l'galit pour tous, au rgime de la ferme le systme de la peret promettent de calculer les impositions directe, de faon ne pas affecter les sources de la proni entraver 19). ensuite de s'occuper des Travaux promet de 20) de crer des routes et des canaux, les dispositions le mouvement du commerce int-
faciliter le dvepropres de l'agriculture et du commerce (article 24) ; il la cration de banques et autres institutions pour les arriver ainsi sources la rforme que la cration de la richesse du systme monde fonds destins matrielle de l'Emcomme cela
et financier,
s'engage
publier anne, chaque dj, le budget des dpenses 21) pour permettre aprs suprme le une
et des recet. contrle disposition de justice de il est dit : ou la mal lgales, soient leur de
des communauts chrtiennes, reprsentants Les lois contre la corruption, la concussion seront appliques, versation, d'aprs les formes tous classe les quelles sujets de mon Empire, et la nature de leurs fonctions. que
les dispositions du Hatti-Humayoun de 1856 de la plus grande quit. Elles sont dignes empreintes et constituent la Charte des populations tat civilis
'294
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
ottomanes
en mme
posent
les principes
du appliques? Aprs l'exprience en de 1839, on pouvait en douter. D'ailleurs, Hatti-Chrif n'est qu'un expos de prinlui-mme, le Hatti-Humayoun cipes ; il renvoie des rglements dont dpendait en dfinitif la rforme. maintenant Ce sont ces rglements faire connatre. qu'il nous faut
si remarquable ce rglement par une (1) On connat aujourd'hui nettet de formes et une lvation de vues qui attestent l'influence sous laquelle il a t rdig. Xe trait de Pains par un ancien diplomate (1856).
TH. Application
du
Hatti-Humayoun
de 1856,
1. Arme.
Question
de l'admission
des Chrtiens.
Loi de 1869.
Les diffrents cultes. Le IL Religion. clerg latin et la France. Le clerg orthodoxe et la Russie. Affaire de la coupole du Saint Protocole du 5 1862. Affaire du Spulcre, 1862. septembre sanctuaire de Jrusalem, 1873. Rtablissement du statu quo. glises dissidentes. Les diffrentes glises. Eglises-unies. III. Juridiction Justice. Diffrentes catgories de tribunaux. Tribunaux des communauts. du Chri. Juridiction consulaire. Loi accordant aux trangers le droit de possder des immeubles Les dnationalisations. Loi sur la nationalit, en Turquie. 1869. Mmoire de 1869. Question des Capitulations.
Les ressources de IV. Finances. ottoman. Diffrents l'Empire Les amnent l'intervention europenne. impts. emprunts 1859. Cour des Comptes. Commission franco-anglo-autrichienne, Banque ottomane avec un directeur europen. Le budget. Halls de 1863. Loi sur les biens dits Vakoufs, 1867. Loi des Ses V. Administration. Yilayets. dispositions essen Son L'lment Critiques. musulman tielles. importance. - Modifications en 1870. reste prdominant. VI. Instruction publique. Le collge franais de Galata-Sera.
Inter l'gard de la rforme. VII. Politique des Puissances du Grand Vizir. Le rapport de en 1860. L'enqute vention L'tat de la rforme cette L'enqute de 1867. Kyprili-pacha. Politique des Puissances en 1867. La France se tient poque. La dont elle demande l'excution au Hatti-Humayoun loyale. Russie : autonomie ou anatomie. Politique hsitante de l'An Ce qu'il faut penser de la Rforme en Turquie. gleterre.
296
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
de Le Hatti-Humayoun de 1856 embrasse l'ensemble l'administration Ottomane; pour en bien suivre l'excudans le dtail tion, il faudrait tudier cette administration de tous ses rouages. Mais une telle tude sortirait de notre cadre. Nous nous contenterons ment les caractres gnraux; d'en dcrire trs succinteseulement nous insisterons
un peu plus sur les questions dans lesquelles l'action des gouvernements europens ou de leurs consuls s'est plus fait sentir. particulirement Pour plus de clart, nous allons voir, dans des paragraphes diffrents, ce qui a trait l'arme, aux affaires reliadmigieuses, la justice, aux finances, l'organisation nistrative et enfin l'instruction publique. Nous jeterons ensuite un coup d'oeil sur l'ensemble de la Rforme ; nous verrons quelle a t la politique des Puissances l'gard du Tanzimat, quels en ont t les rsultats et ce qu'il faut en penser.
avons peu de chose dire. La en ce qui la concerne, tait celle de question importante l'admission des Chrtiens; elle fut tranche dans un sens du Hatti-Humayoun ngatif malgr le texte formel (1).
I. De l'arme
nous
fit tous ses efforts pour faire accepter la (1) Le Sultan, au contraire, rforme. Tmoin ce firman imprial du 9 mars 1855 antrieur par En faisant participer de cette consquent au Hatti-Humayoun manire et d'aprs leurs facults et leur position toutes les classes de sujets au service militaire, qui runit les peines et les fatigues l'honneur du service, la Sublime Porte a eu pour but d'allger la charge du sur les musulmans service, qui pesait exclusivement et de faire aussi les autres classes des sujets de l'Empire participer l'honneur et la gloire de servir l'tat et la Patrie. Ceci tant une nouvelle preuve de la gnrosit et de la sollicitude n'a cess de que Sa Majest Impriale
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
297
Mais la faute en est en partie imputable aux Chrtiens qui aussi peu d'enthousiasme accourir sous tmoignrent les drapeaux que les Musulmans poss les y accueillir. se montrrent peu dis-
le Grand Vizir ne sentait pas la domination D'ailleurs, du Sultan assez fermement tablie sur les nationalits de l'Empire pour mettre beaucoup donner des armes : Ce serait d'empressement vouloir former en 1856 le leur l'avantsras-
garde des armes du Tsar, (1) disait kier Namyk-pacha. Une nouvelle loi militaire apporta quelques se composera dornavant la dure est rduite
fut promulgue en 1869; elle celle de 1843. L'arme modifications du service actif, (mohazzaf) dont du service de rserve
quatre ans; (iktyat) auquel sont soumis, pendant un an, les soldats du service actif, aprs leur libration; du service de la des premier et second bans (rdif) par garde nationale
lequel passent les hommes librs des services prcdents; enfin des irrguliers et troupes locales (bachi-bozouks). II. Les affaires
religieuses
spciale. Elles ont en Turquie ce sont elles qui ont le plus souvent provoqu l'intervention des Puissances. Les Chrtiens, en effet, peu satisfaits se sont faits les clients des de la domination Ottomane,
l'gard de tous ses sujets en gnral, nous ne doutons pas prodiguer et de reconnaissance. que chacun n'en soit pntr de satisfaction Une des particularits de la Rforme en Turquie est qu'elle fut entredes popuvint au contraire prise par les Sultans et que l'opposition lations. (1) Engelhardt. La Turquie et le Tanzimat. Tome II, p. 39.
298
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
Etats
de mme culte, europens de et peu consciente ses devoirs concd, des pays trangers et mme dans une (capitulations)
de
de Kutchuk-Kanardji, (le trait Travaille, paie et prie comme tu voudras aux peuples demandaient les Musulmans les fidles conversion des mes, dit le Koran,
n'appartient
qui nous Dieu ; et M. Ubicini empruntons mme tions ajoute : par l, l'Islamisme, manqua, dbut, de la force d'expansion que le christianisme dans l'inflexibilit de son dogme, tempre (1). de sa morale et le dsintressement Les Puissances se sont efforces exorbitants et dj nations chrtiennes. leur par
puisa la douceur
d'accrotre influence
ces
nous l'avons
vu,
des Lieux-Saints, dbattue l'origine question latins et orthodoxes a pu entraner une guerre europenne; car la France a pris la dfense des Latins ses protgs affermir (2) et la Russie a voulu les Orthodoxes, en combattant pour eux. do ce sicle L'Angleterre, depuis le milieu sculaires, se crer Mais par le mme les missionnaires moyen une clientle sa tutelle
que la enlre
sur
qui parcourent vinces des Balkans font peu d'adeptes et ne contre le long pass de services rendus qui peuvent futter fait la situation considrable des religieux latins en Orient.
(1) Ubicini. Lettres sur la Turquie, 2e partie (les Raas), p. 7 et 10. dis(2) Voir sur le rle de la France en Orient, le remarquable cours prononc le 29 fvrier 1888, par M. Deschanel la Chambre des dputs (Journal Officiel du 1er mars).
anglicans et de la Syrie
HISTOIRE
DE LA RFORME GNRALE
DE LA TURQUIE
299
des Lieux-Saints,
c'est--dire,
la ques-
des Latins et des Orthodoxes, respectifs de Crime, d'entrer depuis la guerre menaa nouvelle phase. s'tait effondre. La Saint-Spulcre dsireuses d'viter toute complication, demander la Turquie la permission l'avis frais communs. La de rtablir le statu tait. Turquie y quo, c'estreparut
de refaire
Alors
franais
formellement mises
par les Latins n'avaient cess de protester. lesquelles Les Puissances s'entendre, parvinrent cependant le 5 septembre 1862 un protocole nople : il fut dcid que la France, la reconstruction, contribueraient et qu'il sera prescrit dans d'viter aux la dcoration fut sign la Russie
sans droit,
et
Constanti-
architectes
ou tout emblme qui serait de nature inscription des communions provoquer les susceptibilits d'aucune : il est Un additionnel disait article chrtiennes. entendu droit que nouveau le aucun ne confre prsent arrangement ni communions aux diffrentes chrtiennes, et ne
de ce protocole, des parties signataires aucun des droits qui leur taient porte atteinte demment acquis (1). aucune Les difficults la grotte de nedevaient fut pas tarder dgrade fenatre. par la Nativit
prc-
En 1869, ;
les Orthodoxes
300
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
obtinrent dfinitif
statu et, en
quo, 1873, de le
mais
le
le vol
amena au clerg latin appartenant s'en suivirent et ; des rixes complications Jrusalem intervint dclara M. Crampon, France, ds intrts et des droits de toute sable
nouvelles Consul de
de la personne de mes protgs, mise tels forfaits. (1) M. Crampon demanda qu'une enqute fut faite par une commission mixte. du Sur les instances comte de Vogu, (2) la Porte y consentit; commissaire charg avec le commissaire elle nomma de la France un
de
: 1 au rtablissement et intgral du procder complet statu quo violemment dtruit dans la grotte de la Nativit du 25 avril; 2 une enqute par la coupable agression sur les vnements La France recevait du 25 avril ainsi . Notre ambassadeur de dclarer fait, d'ordre satisfaction.
Conslantinopleen acte, mais eut soin prit du statu que le rtablissement quo est un matriel qui
ne prjuge en rien les droits de chacun et ceux tiennent de l'arparticulirement que les Latins ticle 33 des capitulations conclues entre la France et la Turquie, lesquels droits demeurent rservs. (3)
1873.'Livre , ,
jaune
pour 1873.
(Affaires
du
(2) L'Ambassadeur franais ne faillira pas au devoir qui lui incombe, de dfendre ries intrts sacrs que les traits en vigueur et une tradition trois fois sculaire ont confis sa protection exclusive. Lettre du comte de Vogu Safvet-pacha, {<> mai 1873. (3) Rponse du comte de Vogu, 17 juillet 1873. Livre jaune -1873. Voici l'art. 33 des Capitulations de 1740: Les religieux francs, qui.
HISTOIRE
DE LA REFORME GNRALE
DE LA TURQUIE
301
instruits ont donc gouvernements, par l'exprience, dans les dernires affaires relatives aux Lieuxune attitude su rserve observer. et prudente Le situation qu'ils n'en n'avaient reste pas des
journalier
rgne entre les diverses commoins disparatre que chacune une certaine mme autonomie, et se trouve Un certain de tre une nombre, petite toute-
dans l'ordre
Rome,
et ce mou-
: glises suivants unies groupes Les unies les Chaldens glises comprennent les Armniens unis, Syriens unis, les Maronites, unis, les Coptes. (1)
suivant l'ancienne coutume, sont tablis dedans cl dehors de In ville de Jrusalem, dans l'Eglise du Saint-Spulcre, appele Kamama, ne seront point inquits pour les lieux de Visitation qu'ils habitent et qui sont entre leurs mains, lesquels resteront encore entre leurs mains, comme par ci-devant, sans qu'ils puissent tre inquits . cet gard, non plus que par des prtentions d'impositions; et s'il leur survenait quelque procs qui ne put tre dcid sur les lieux, il sera renvoy ma Sublime-Porte. (1) 1 Les Chaldens unis au nombre de 30.000 avec onze voques et pour chef suprme le patriarche de Rabylonc (qui rside Mossoul) : 2" Les Syriens unis au nombre de 30.000 ont pour chef le patriarche d'Antiochc, qui rside Mardin; 3 Les Maronites au nombre de 300.000 avec le patriarche d'Antioche qui rside prs de Beyrouth ; 4 Les Armniens unis sont au nombre de 150.000 avec le patriarche de Cilicic rsidant Constantinoplc ;
302
TROISIME
PARTIE.
CHAPITR
II
Parmi
les les glises dissidentes, citons les Nestoriens, les Grecs non unis et jacobites, les Armniens, non les unis glises (1). Enfin, nationales furent non ces telles deux que groupes celle de
pas entrer dans le dtail de leur organisation. Les statuts, dit M. Engelhardt, portent des degrs diffrents l'empreinte d'une mme pense, celle de la scularisation concentr jusqu'alors partielle du gouvernement et des rabbins ; des Conentre les mains des patriarches seils civils sont crs dans chaque nation avec des attri-
qui leur confrent la gestion des affaires tempodit. soit relles, soit dans l'ordre administratif proprement dans l'ordre judiciaire (2). butions
5 Les Grecs unis au nombre de 120.000, ont pour chef le patriarche d'Antiochc rsidant Damas ; 6 25.000 Coptes, dont le patriarche rside Alexandrie. Cf. Abb Pisani. A travers l'Orient et (leons faites l'Institut catholique) ouvrage de Michel sur les glises d'Orient. (1) 1" Les Nestoriens sont au nombre de 200.000 et ont. pour chef un patriarche (catholicos) qui rside Kotchans. Une partie des Nestoriens est en l'ait indpendante du gouvernement Ottoman, tel point sur leur territoire dans les environs que les Turcs n'osent s'aventurer de Mossoul ; 2' Les Syriens au nombre de 500.000 avec un patriarche qui rside Lag-Faranc : 3 Les Armniens miadzin et pour chef 4 Les Grecs non Syrie et en Palestine 5 Les Coptes non patriarche (2) Engelhardt. d'Eschqui ont pour chef spirituel, le patriarche civil le patriarche de Conslantinople : unis au nombre de 5.000.000 dont 300.000 en sous l'autorit du patriarche de Conslantinople ; unis, au nombre de 400.000, sous l'autorit du et Tanzimal.
d'Alexandrie. Turquie
USTOrRE
DE I A REFORME
GENERALE
DE LA TURQUIE
303
en posant dans le Hattiles principes concernant la justice, tait de Humayoun une rforme complte qui non seulement s'appliprparer tous les sujets ottomans, mais porterait mme querait Porte, au systme capilulairc. Il y a en effet, en Turquie, bunaux. Les selon tribunaux la loi du Chri, atteinte (1) plusieurs c'esl--dire et auxquels catgories ceux de tri-
III.
Le
but
de
la
musulmane
des Puissances
euro-
et
la
de faon
la loi euro-
pens. Un code
en 1858; plus tard, un code de compnal en Turquie; furent imports merce, imits du code franais fut de et le seul rsultat tre appliqus, ils ne purent le dsarroi rformateurs, en outre dans l'administration. absorbs de remdier par des questions de textes, aux abus les plus graves, Les
mettre
ncylifrent
des juges, pousse en Orient, jusqu'aux dit Si la Turquie veut nous imiter,
dans ce que nous nous imite qu'elle chez elle ; qu'elle ce qu'on trouve avons et de de notre nous magistrature l'intgrit emprunte n'oublie notre administration ; mais pas que les qu'elle
sous l'article
48 du
Hatti-Hu-
304
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
et de gouvernement, de justice principes fondamentaux dans le monde entier, doivent tout en tant des vrits ncessairement se manifester sous des formes qui diffrent selon les temps et les climats. (1) tablie, on le sait, par consulaire, Quant la juridiction l'amourles capitulations ombrage (2) elle portait
en Turquie lgislatives (Revue (1) Van den 13erg, Les rformes ' 1897. de Droit international, de 1740 qui rglent (2) Yoici les principaux articles des capitulations la juridiction consulaire : ou quelque autre d15 : S'il arrivait quelque meurtre sordre entre les Franais, leurs ambassadeurs et leurs consuls en dde nos officiers selon leurs us et coutumes, sans qu'aucun cideront puisse les inquiter cet gard. avait un diffrend avec un marchand Article 26 : c< Si quelqu'un Article franais et qu'ils le portassent chez le kadi, ce juge n'coutera point Et s'il leur procs si le drogman franais ne se trouve prsent entre les Franais, les Ambassadeurs et arrive quelque contestation les Consuls en prendront connaissance et en dcideront selon leurs us et coutumes, sans que personne puisse s'y opposer. Article 52 : S'il arrive que les consuls et les ngociants franais avec les consuls et les ngociants d'une aient quelques contestations il leur sera permis, du consentement autre nation chrtienne, et la des parties, de se pourvoir par devant leurs ambassadeurs rquisition qui rsident ma Sublime-Porte Article 65 : Si un Franais ou un protg de France commettait quelque meurtre ou quelque autre crime, cl qu'on voult que la justice en prit connaissance, les juges de mon Empire et les officiers ne pourront y procder qu'en prsence de l'Ambassadeur et des Consuls ou de leurs substituts, dans les endroits o ils se trouveront : et, afin qu'il ne se fasse rien de contraire la noble justice ni aux Capitulations Impet d'autre, avec attention, aux perquiriales, il sera procd-de.part sitions et recherches ncessaires. (En pratique, cet article n'est pas appliqu. Le coupable, tion consulaire.) dans le cas ici prvu, est dfr la juridic-
Article 70 : Les gens de justice et les officiers de ma SublimePorte, de mme que les gens d'pe, ne pourront sans ncessit entrer par force dans une maison habite par un Franais ; et, lorsque le
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DE LA RFORME GNRALE
DE LA TURQUIE
305
propre (1) de la Sublime Porte qui, plusieurs reprises, chercha obtenir des Puissances la suppression de ce rgime spcial. Au Congrs de Paris, Aali-pacha attaqua vivement les Les privilges Capitulations. qui en dcoulent, dclarat-il (2), nuisent leur propre scurit (des Europens) et de leurs transactions, au dveloppement limitant l'intervention de l'administration la juridiction dont locale; les agents trangers couvrent leurs nationaux constitue une multiplicit de Gouvernements dans le Gouvernement un obstacle infranchissable toutes et, par consquent, Et les plnipotentiaires les amliorations. reconnurent unanimement la ncessit de rviser fixent les rapports ainsi Puissances, dant en Turquie; sent protocole, commerciaux les stipulations qui de la Porte avec les autres
des trangers rsique les conditions et ils dcidrent de consigner au prle voeu qu'une dlibration soit ouverte
ou le Consul, l'Ambassadeur on en avertira cas requerra d'y entrer, l'endroit en dans les endroits o il y en aura, et l'on se transportera t commises de leur part, question, avec les personnes qui auront cette disposition il sera chti, et, si quelqu'un contrevient dans le Recueil des actes internatioCf. Le texte des Capitulations t. I. de Gabriel Efendi Noradounghian, naux de l'Empire Ottoman, avec les lgations d'accord Hatli-Chrif de 1856 a institu, Conslantinople et dans la plupart des grandes villes de trangres et de commerce correctionnels Ottoman, des tribunaux l'Empire et d'trangers. Remarquons qu'il existe mixtes, composs d'indignes Un actuellement en Egypte, toute une juridiction mixte rgulirement organise. (1) En elles-mmes, les capitulations la dignit du Sultan. Quelques-unes concessions rciproques. (2) Protocole p. 47. 14 du Congrs
ne portent aucunement atteinte sont de vritables traits, avec De Clercq. Recueil, a. 20 t. VII,
de Paris.
306
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
de la paix, entre ia Constantinople, aprs la conclusion Puissances contracPorte et les reprsentants des autres ce double dans une mesure but, tantes, pour atteindre propre times. baron saires donner Il s'agissait, satisfaction en effet, tous les les intrts expressions selon lgidu
de Bourquericy, de conserver les garanties ncesaux trangers et de les proportionner aux rformes introduit dans son administration.
que la Turquie
les Puissances ne crurent abanCependant, pas pouvoir donner les avantages et. les garanties ncessaires prcieux la juridiction consulaire. Celle-ci fut conque leur donnait serve ; mais la Porte de son ct, ne renona poir d'en obtenir et trs habilement droit de proprit Ce droit, rclam la suppression. Elle aborda propos de l'extension la question, foncire en Turquie. pas l'esde nouveau du
tait jusqu'alors par les Puissances, formellement refus aux trangers. La terre, considre comme une chose sainte ne l'origine, par les Musulmans, tre possde* en effet, que par des Musulmans: pouvait il y avait l en quelque sorte l'exercice d'un droit relirserv aux croyants seuls. Le Hatti-Humayoun gieux de modifier ce principe ; nous avons dj vu promettait en 1862, y revint de luiquelles conditions. Aali-pacha, mme et montra au dsir dans cette affaire portionn qu'il avait : Le Gouvernement un empressement d'obtenir la suppression du Sultan, dit-il prodes dans
des Grandes Puissances reprsentants (1), vis des autres nations selon les principes en droit et il doit d'iir conservation,
HISTOIRE
DE LA RFORME
GNRALE
DE LA
TURQUIE
307
ces mmes principes son gard .... voquer reconnatre en admettant que les Puissances, dans le Concert lui avaient donn europen, se croire leur gale. Tout a donc ces Capitulations Aali-pacha, except souvent mises en avant pour justifier avec la situation actuelle compatibles
Il
faut
bien
la Turquie le droit de
dit encore chang, surannes qui sont des prtentions inet de nature ren-
dre impossible la marche du Gouvernement rgulire En effet, comment accorpourra-t-elle (la Sublime-Porte) der le droit de venir comme s'tablir, propritaires, des populations ne reconnaissent qui ne relvent ses lois, pas qui de son autorit, qui pas ne se soumettent
pas
aux obligations les sujets de Sa Majest Impauxquelles riale le Sultan se trouvent assujettis, quine sont justiciables ? Du reste la ncessit et trangers que de tribunaux la lgimit de la modification des Capitulations ont t reconnues solennellement signapar les Hautes Puissances 1856 et consignes dans un taires du trait du 30 Mars du Congrs de Paris (1). des protocoles d'Aalise mirent la disposition Les ambassadeurs mais l'enles bases de cette rforme, pacha pour discuter elle ne fut complte qu'en 1867. le droit 1867 accorde aux trangers La loi du 18 juin aux lois et en se soumettant des immeubles de possder . eux-mmes les sujets ottomans qui rgissent rglements les trangers propritaires (article l01'). En consquence, tente fut difficile; sont leurs assimils biens sujets ottomans immeubles ; ils devront aux pour ce qui se conformer concerne aux r-
glements tributions
308
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
a pour point capital : Cette assimilation directement 3 de les rendre justiciables civils tation terminer ottomans de cette (1). Un protocole loi par les Puissances
effet
nettement
accorde ne les
porte traits
la personne et les biens couvrir et qui continueront meubles des trangers devenus d'immeupropritaires du sujet tranger est inviolable bles la demeure conformment aux Traits, et les agents de la force pusans l'assistance du Consul y pntrer blique ne peuvent cet tranger ou du dlgu du Consul dont relve si le Consul est plus de neuf heures de marche, Toutefois, des perquisitions De plus : Ces parties dehors ment tions peuvent tre faites ne sont sans son assistance. qu'aux En libre-
dispositions
marche
; ils le seront dans les localits moins loignes comptents si les parties le demandent. L'appel cependant suspendra l'excution et ne pourra tre jug l'astoujours qu'avec sistance du Consul. Enfin, la publicit des audiences est
(1) Cf. Loi du 18 juin 1867 concdant aux trangers le droit de 1867, p. 1419). proprit immobilire (Archives diplomatiques, du 8-20 mars, (2) La Russie y adhra en 1873. Cf. Protocole Annuaire de l'Empire de Russie pour l'anne 1874, diplomatique p. 221. transmission au consul du procs-verbal de la (3) Sauf seulement visite.
HISTOIRE
DE LA RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
30'9
garantie et la libert de dfense assure (1). Par la mention qui en est faite dans ce protocole, dit. M. Boure, ces deux grands principes prennent le caractre d'un enga. gement international Les trangers devenaient donc, dans certains cas, justiciables des tribunaux locaux ; mais ces cas taient strictement dtermins et limits par des garanties spciales. trop le rpter, disait encore M. Boure (1), le protocole n'a pas drog aux Capitulations ; il a suppl ce qu'elles auraient eu de vain et d'inexcutable pour des circonstances non prvues par elles, c'est--dire pour les cas o il n'y aurait ni consul ni drogman et o pourtant, raison mme des distances gers propritaires dehors de toute autorit et de leur isolement, d'immeubles ne pourraient les tranvivre en On ne saurait
et de toute loi. judiciaire La nouvelle loi, si bien accueillie par notre ambassadeur, avait, en ralit, de grands inconvnients ; elle donnait pour la premire fois l'autorit turque, le droit de pntrer, sans le concours des Consuls, dans le domicile
de M. Roure, 17 aot 1868. Cf. Livre jaune : Le (1) Circulaire 18 donne, non pas seulement aux trangers, mais tous paragraphe les sujets ottomans, la publicit des audiences et la libert de la dfense assures par le Hatti-Humayoun, mais que le Gouvernement du Sultan avait, laisses l'tat de promesses. Ces actes considrables n'ont pas besoin d'tre comments ; il faut toutefois remarquer que de ces deux grands principes dans le protocole les rend indiscutables et leur imprime le caractre d'un engagement international dont les Puissances signataires sont en droit de demander l'excution, aussi bien pour les sujets ottomans que pour leurs la Turquie nationaux. Nous devons nous en applaudir et fliciter d'tre entre dans la voie des rformes qui, si elle y marche rsolu Cf. Etudes pratiques sur la question doivent la rgnrer. ment, Paris 1869, sans nom d'auteur. et capitulations. d'Orient. Rformes (1) Loc. cit. l'insertion dsormais
310
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
des trangers ; et, quelles que fussent les prcautions ce droit et en viter les garanties prises pour limiter abus, il n'en portait pas moins atteinte aux immunits culaires des Europens en Orient. La Sublime
et les s-
ainsi et n'entendit pas en Porte le comprit en euxles [privilges rester l; aprs avoir diminu autant que cela tait en son mmes , elle voulut limiter pouvoir, le nombre de ceux auxquels ils s'appliquaient. Et il faut reconnatre les dnationalisations, droits, et portait remde un abus vident de concert En 1841, la Turquie obtint, qu'en prenant des mesures elle agissait dans la plnitude contre de ses
sances, la revision des listes des protgs fut dcid que tous les sujets qui abandonneraient nationalit le pays et vendre devraient quitter immeubles.
En 1863, un rglement labor d'accord avec les reprsentants des Puissances, limita le nombre des inet dfinit la nature, dignes employs aux Consulats, l'tendue et la dure de la protection dont ils jouissent. Enfin, sation en 1869 (3) fut promulgue une loi sur la naturaliqui exige de tout sujet ottoman dsireux d'acqurir une nationalit du l'autorisation trangre, pralable
de sujets ottomans leurs (1) Un grand nombre chappaient en acqurant une nouvelle nationalit au moyen juges naturels de formalits rendaient trop faciles. que la Russie et l'Autriche et la Russie peuvent avoir quelque intrt poli(2) Si l'Autriche le nombre de leurs protgs, il n'en est pas de tique augmenter mme de la France, dont la protection est trop souvent recherche par des individus dsireux seulenrent de se rclamer d'elle dans des affaires vreuses. (3) Loi du 19 fvrier 1869 sur les dnationalisations. t. I, p. 7, circulaire du 26 mars 1869. Cf. Nicolads,
HISTOIRE
DE LA RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
311
turc
et
tablit
aussi la Russie qui fit atteignaient entendre des protestations ; la France parut aussi s'mouen aucune voir, mais la loi ne portait manire atteinte Grce, aux traits (2). existants, et les Puissances durent s'y soumettre
du gouverne(1) Cf. Sur les motifs de cette loi, le mmorandum ment Ottoman (Livre jaune 1869, t. X, p. 63). (2) Cf. Livre jaune prsent la session des Chambres de 1869-70. Il est dit dans l'expos gnral des affaires politiques : Un moment, on put croire que le dlit appelleraitune nouvelle intervention des Puissances. Toutefois, l'tude faite de la loi ottomane par les soins du Gouvernement de l'Empereur a eu pour rsultat de mettre hors de doute qu'elle tait d'accord avec les principes gnraux du droit. Cf. Dans le Livre jaune de 1869, t. XIII, p. 69, l'avis du comit du contentieux institu du Ministre des affaires trangres : auprs le Comit, consult sur la question de savoir si la loi ottomane sur la nationalit, 1869, est contraire dans toutou publie le 19 janvier en gnral et particupartie de ses dispositions au droit international lirement si elle porte atteinte aux droits et privilges reconnus par nos capitulations avec la Porte : Considrant que de ce qui prcde il faut conclure que la nouvelle lgislation ottomane sur la nationalit est, dans son ensemble et dans toutes ses parties, en harmonie avec les rgles et les dispositions consacres par la lgislation des nations civilises ; que, par consquelconque aux prinquent, il est impossible d'y voir une atteinte cipes du droit international. de la loi nouvelle une Considrant que, pour qu'il rsultt et les atteinte aux droits et privilges confrs par les capitulations la qualit ou que cette loi, en reconnaissant usages, il faudrait certains leur enlevt, en tout ou en partie, individus, d'trangers les privilges qui leur sont actuellement attribus, ou bien que, par ceux une disposition elle retirt Ja qualit d'trangers rtroactive, antobtenue en vertu de la lgislation rgulirement qui l'auraient rieure. Qu'on devrait galement considrer comme une atteinte indirecte
312
TROISIEME
PARTIE.
CHAPITRE
II
La Sublime
Porte
rsolut
tions un coup dcisif. d'avril 1869, Aali-Pacha exposa les abus qui, d'aprs lui, auraient t commis sous le couvert de ces textes. Il est contraire la justice et aux traits, dclara-t-il, que les sujets trangers ne payent pas les mmes impts que les sujets du Sultan (1) ; et que les Consuls et leurs drogmans se soustrayent la justice des tribunaux ottomans ; En matire le Consul, contrairement judiciaire, ajoutait-il, ce qui se pratique n'a pas examiner le degr de justice du jugement rendu! et le drogman n'est que le dfenseur du sujet tranger intress dans la cause ; sa prsence n'est donc pas indispensable, les Puissances europennes. Inutile le prtendent de dire que les prtencomme
tions mises dans le mmorandum, sont contraires plusieurs sicles de tradition, en mme temps qu'au texte mme des. Capitulations. Les dernires phrases de ce factum leurs le vritable objet, qui n'tait en dvoilent d'ail-
aux capitulations toute disposition qui aurait pour effet d'imposer certaines catgories d'trangers la nationalit ottomane contrairement leur volont.
Considrant qu'aucune disposition de ce genre ne se trouve dans la loi du 19 janvier 1869 Qu'ainsi les capitulations et les usages conserveront, aprs la publication de la loi du 19 janvier 1869, toute l'autorit qu'ils avaient prcdemment. Est d'avis : Que la loi du 19 janvier 1869- n'a rien de contraire au droit international en gnral, et qu'elle ne porte aucune atteinte aux droits et privilges reconnus par les capitulations et consacrs par les usages. (1) Voir cependant aises de 1740. les art. 13, 24, 25, 63, 67 des capitulations fran-
HISTOIRE
DE LA
REFORME
GENERALE
DE LA TURQUIE
313
d'abus
que fois
l'abolition
des
dmontr,
est-il
bien
l'existence
des capitulations porte d'entraves des institutions et la marche rgulier dans l'Empire, A plus ces forte ses abus
de la civilisation
gouvernement et sa dignit,
imprial en laissant
manquerait-il
encore les qui aggravent tions (1). Grce aux efforts de M. de La deur Constantinople, La Porte dclarations. droits des Puissances il ne
Vallette,
notre
fut
n'obtint
pas qu'elle doive en car la justice ottomane n'offre pas assez de garanobtenir, ties pour permettre aux tats de l'Europe de lui confier le Ami soin de la vie et de l'honneur de leurs sujets. sincre Testa, de nous la Turquie, crivait en 1866 le baron de ne pouvons pas nous dissimuler que sugg la Sublime Porte de chercher supprirer aujourd'hui ce serait lui donner un conseil mer les Capitulations, . Ce serait en au coin d'une marqu insigne perfidie. des dnis de justice et prparer tous cas ouvrir l're incessantes outre des interventions ; ce serait aggraver mesure une situation dj pleine de difficults.
et il ne semble
IV. cause
La
a t pour directs
la Turquie
une
Il y a en Turquie
: la dme
sur tous
(1) Cf.
Etudes
pratiques
sur
la
question
d'Orient.
Paris
1869.
314
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
les produits, le vcrgu qui pse sur la fortune mobilire et un peu la faon de 1' income tax, et la immobilire, seuls ont capitation ou kharadj que les non-musulmans le payer et qui, nous l'avons vu, est considre comme rachat du service militaire. le timbre, les sont les patentes, Les impts indirects Si ces deux catgories octrois et pages, les douanes... que payaient la Porte d'impts l'on ajoute les tributs l'Egypte, la Moldavie, la Valachie et la Serbie, l'on arrid suffire largevera un chiffre de recettes qui aurait ment faire face aux dpenses courantes d'un tat bien administr. Mais elles ne suffisent pas au Gouvernement et la Porte, qui les reoit du reste trs diminues aprs avoir us des procds habituels en cas de dtresse des monnaies et la cration financire, tels que l'altration Les eut recours des emprunts. d'un papier monnaie, alors pour prendre des mesures de Puissancs intervinrent turc garantie, plupart. furent dsigns pour faire partie du conseil suprme du la situation financire, de prtrsor charg d'examiner parer la refonte des lois sur leg impts et de prendre des mesures pour ramener l'ordre dans l'administration. Mais les trois membres europens eurent peu d'influence au sein de la commission ; ils ne pouvaient traiter le maja.de que comme fait le mdecin appel dans un harem : la dame lui tend un bras de dessous ou de derrire et c'est tout (1). un rideau . des prteurs, leurs nationaux "pour la Des commissaires anglais, franais et autrichiens en faveur
Les mesures financires, du Hattiprises en excution furent la cration d'une cour des comptes et Humayoun
(1) Brunswick. Rformes, p. 112.
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
315
d'une banque ottomane dont le gouverneur doit tre alterun anglais et un franais. nativement En 1863, un Hatt vint affirmer la ncessit d'tablir une exacte balance des recettes et des dpenses (1) c'est un budget. Cette rforme est des plus importantes, car la publicit du budget de l'Etat est la condition essentielle d'une bonne administration, s'il n'en est pas la dire dfaire condition suffisante. Htons-nous de dire peu d'application et qu'aprs la confection s'en perdit totalement. eut qu'elle d'un ou deux
Abd-ul-Aziz dispositions cependant, Hatt dans lequel il promulgua peu aprs un nouveau afin de remdier au mauvais tat des finanrecommande, ces, de rduire les traitements excessifs, de recouvrer les impts exactement et sans vexation, (2) et consent, pour donner l'exemple, la suppression de ses 5000 bourses mendes sommes alloues aux Sulsuelles et la rduction tanes. (3) Mais ces rformes drables tre touchaient des intrts trop consiinvtrs pour la voie des
financire, peut tre rattache la rforme un cor" du rgime foncier, destine soumettre l'impt tain nombre de terres qui en taient exemptes.
1863. (Archives diplomatiques, de janvier 1863.) (1) Hatt imprial des (2) Ceci fut peu observ. On lit en effet dans un manifeste du 9 mars 1876: Si l'Europe pouvait savoir musulmans, patriotes : le vilayct.de.,,.. ce que ces mots, qu'on lit parfois dans les journaux des finances la somme de..... racontent vient d'envoyer au ministre elle serait poude misres, de dsespoirs et de mauvais traitements, vante. du 21 fvrier 1863. (3) Hatt
emprunts. A la rforme
316
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
en Turquie se compose de La proprit immobilire . biens Mulks et de biens Vakoufs. (1) On dsigne par Mulks les biens qui se transmettent et peuvent tre vendus pour ,1e paiement des dettes. Par Vakoufs, (2) on dsigne des biens consacrs des Mosques ou des tablissements abandonne la nue proreligieux auxquels le propritaire (3) soit pour prit ne conservant qu'un droit d'usufruit, lui seul, soit pour lui et ses descendants directs. L'usufruitier acquiert ainsi l'immense avantage do jouir de son immeuble l'abri des avanies et sans -paisiblement payer d'impt, car son bien est devenu chose sainte. (4). Ce rgime accroissait dmesurment les biens de mainmorte ; il portait un grave prjudice l'Etat qu'il privait d'une notable portion de ses revenus. Sur les instances des cabinets de Londres et de Paris (5), dans la famille sans restrictions
(1) Il est bien entendu que nous n'entendons pas exposer en dtail foncire de l'Empire Ottoman. l'organisation de ces biens est centralise de au ministre (2) L'administration l'Evkaf. les biens Yakoufs comprennent, environ le tiers (3) Actuellement, du territoire. L'Europe mridiouniverselle. (Reclus. Gographie - nale. ) (4) Ce sont les Vakoufs coutumiers. (5) Cf. Livre jaune (1867), t.. IX, p. 152 et s., note du22 fvrier 1867, sur le Hatti-Humayoun de 1836. Le Gouvernement franais demandait, entre autres : le libre exercice du droit de proprit pour les ' trangers ; La rforme des biens vakoufs et la gnralisation du systme des proprits mulks ; Une rforme dans mode de transmission le rgime hypothcaire de la proprit offrant et l'tablissement d'un toutes les garanties de entre les mains des
qui dprcient
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
317
un
rescril,
1867(1),
dict
des dispositions relatives aux fondations prjudice pieuses et sans porter atteinte aux stipulations des fondateurs do ces oeuvres. En compensation, la. redevance priodique fut augmente, mais ces mesures en dj insuffisantes elles-mmes, facultatives, rgnante. Ce rgime avaient sauf pour de dfaut plus le grave les Vakoufs fonds par encore (2). de rester la famille
anormal
subsiste
V. d'tablir
Dans l'ordre
administratif,
des races. C'est l'galit des vilaycts consacra une organisation limite, nouvelle, d'abord titre d'essai, au vilayet du Danube ; tendue ensuite toutes les provinces avoir t au xvi ou. Livas, d'Anatolie reu de l'Empire. sicle, divis les en petits gouverdeux gouverneottoman
la rforme
eut
le territoire
un rgime destin diffrent, niais exorbitants des gouverneurs; pas renatre, et c'est encore en
que fut dirig le Tanzimat partie contre les gouverneurs des Medles pouvoirs dont le double but fut d'augmenter
Musulmans leurs proprits, en les empchant de vendre leurs terres ou d'en disposer avec une entire libert comme les chrtiens peuvent le faire (1) Cf. Archives diplomatiques, 1867, p. 1391. des (2) En 1873, cependant, une loi pronona la scularisation Vakoufs ; elle resta sans excution.
318
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
jlis
et d'assurer
aux
non-musulmans
une
reprsentation du Hatti-
la dispo17 (in fine) dont l'article Humayoun une rforme dans la : Il sera procd sition suivante et communaux des conseils pour provinciaux composition la sincrit garantir nauts musulmanes, voles dans des choix des chrtiennes des commudlgus et la libert des et autres, avisera l'emexactement et des dcipromesse
les conseils.
Ma Sublime-Porte
ploi des moyens les plus efficaces de connatre des dlibrations le rsultat et de contrler sions prises : La excution (). loi des vilayets mit cette
administrs est divis en Vilayets, par des VaL'Empire administr lis, le Vila3ret en Sandjaks, par des Mutessarifs; en Cazas avec des Camacams ; puis en cm^le'Sandjak mries avec des Mudirs est assist nombre d'un et des Mouktars conseil (2). en dehors de droit, Le Vali d'un
certain
quatre autres membres dont deux sont lus par la population musulmane et les deux autres par la population non musulmane (3). Il est assist aussi d'une haute cour, prside par le chef de la magistrature et compose de conseillers mans (Mumez) (4). dont trois musulmans et trois non musul-
(1) Loi de 1864. (2) Les communes (nahis) sont administres par un mudir de qui rlvent les mouklars, administrateurs des villages, lus par les habitants. (3) Titre (4) Titre I, chapitre I, chapitre V, article 13. 19. n, article
HISTOIRE
319
De mme du
if,
dans dos reprsent Encore faut-il que le dans le et l'galit est rien malheureuseles diverses circonscii
donc
de l'expliquer
du Caza, le Cadi,
le
les chefs
musulmanes comit
non en
lectoral.
payant annuellement et g de trente ans accomplis... choisira... Remarquons en passant que le systme adopt est le systme censitaire Le comit, dit la loi, choiet non le suffrage universel. sira : 1 Pour le conseil d'administration, un nombre de de celui des membres du conseil gal au triple la population non musulmane, dont la moiti appartenant s'il y a lieu, devant tre rpartis, entre les ces derniers non 2 Pour le communauts diffrentes musulmanes; candidats tribunal les mmes La liste conseils du Caza, des candidats . est transmise l'assemble des Caza en mme nombre et dans
des membres
de perau conseil
V. Chapitre
n de la loi.
320
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
et au
tribunal
du
Caza.
La
liste tiers
est en
aux deux
les noms communaut, chaque qui pour (1). le moins de voix dans les communes auront obtenu le mutessarif nomme parmi les personnes lues Enfin, d'administration
communaux par le Caza, les conseillers de la commune. et les mumez du tribunal Cette tion teurs.
a un dfaut primordial, sa complicaorganisation la plupart extrme qui la rend inaccessible des lecMais
ce n'estpas est facile de montrer tout, etilnous les apparences, la reprsentation des non que, malgr musulmans celle des musuln'est pas proportionne mans. Elle ne l'est pas, cela o les est non de toute vidence, sont autres dans plus mme, les chefs les
nomles des
musulmans bien
lectoraux,
qu'ils
comprennent
sont en majorit de Musulmans. composs Ds la premire la machine est donc fausse. opration, encore au moment du triage Enfin, l'ingalit reparait dfinitif qui est confi un fonctionnaire musulman, sous la dpendance de l'autorit communale, dans la catgorie que nous avons tudie. Voici du reste un exemple des rsultats de la loi : dans le Sandjak de Janina, nait 11 mahomtans, la population totale le Conseil 2 chrtiens d'administration et 1 isralite, comprealors que compoplac le mutessarif
de cette circonscription
se serait
(1) Donc : la liste primitive pour les membres du tribunal porte 18 noms, l'assemble communale en choisit 12, le comit lectoral du Gaza, 8, le mutessarif, 6.
HISTOIRE
DE LA RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
321
eti.500
cette loi permit d'implanter une administration mixte, c'est--dire, comme nous venons de le voir, en majorit musulmane (2). dit M. Engelhardt, telle qu'elle tait somme, conue, la premire loi des vilayets associait des clauses d'un libralisme des rticences autoritaires relatif, qui dvoilaient de maintenir de s'arrter craindre la constante du pouvoir central proccupation la prminence de l'lment musulman et au point o il pouvait la classe infrieure des modifie en 1870 (4). En
qu'elles ne fournissent armes contre lui (3). La loi des vilayets fut lgrement VI. L'instruction
publique s'est ressentie en Turquie de la sparation nettement marque entre les raas et les Musulmans et du caractre religieux qui est l'me de l'orchrTandis que les communauts entire. ganisation tiennes leurs donnaient librement croyances, confi aux Ulmas conforme un enseignement fut les Musulmans le soin d'instruire (5).
le Levant-
(Rformes),
d'aprs
cite l'appui de celte assertion un rap(2) Brunswick (Rformes) port du consul anglais de Monastir. T. I, p. 198. Tanzimat, (3) Engelhardt. (4) Simplifie par une loi du 5 janvier 1876, elle a t refondue en 1880. et de rigidit fanatique cette cor(5) Par son esprit d'immobilisme Ottoman une des causes les plus poration est devenue pour l'Empire actives de destruction: Cf. Morel. La Turquie et ses rformes. M. -21
322
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
d'une qu'
manire
troite
et
l'instruction tentative
(1) aucun
progrs, en 1846.
des tudes
et bor-
que deux
degrs
la cration d'coles pour obtenir de M. Boure et de bler cette lacune; et, grce l'entente on adopta un projet d'ensemM. Duruy avec Fuad-pacha, un premier ble qui marque de pas vers la scularisation l'enseignement. Le rsultat lyce le plus lves saillant de ce projet fut la cration ouvert le 1er septembre 1868. devaient coudoyer du Ce des
de Galata-Sra, les
chrtiens, en franais.
Malgr lui suscita au dbut, le et les difficults que le Saint-Sige sous l'gide de la France. lyce de Galata-Sra progressa
comment caractrise la doc(1) Voici, au contraire, Fuad-pacha, trine musulmane : <.< Ceux qui prtendent, au nom de cette religion, enchaner la marche de notre socit, loin d'tre des musulmans ne sont que des mcrants insenss. Et il ne faut, pas croire que la science musulmane soit diffrente de celle des trangers. Non, la science est une. C'est un mme soleil qui claire le monde des intelligences. Et l'Islam est l'expresssioii universelle comme, d'aprs notre croyance, de toutes les vrits et de toutes les lumires, une dcouverte utile, une connaissance nouvelle, quelque soit le lieu de sa manifestation, chez les paens comme chez les musulmans, Mdine ou Paris, l'Islam. Testament politique de Fuad-pacha, appartient toujours dat du 3 janvier 1869. (Revue de Paris, 1er novembre 1896.)
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GENERALE
D LA TURQUIE
33
G'est menc.
seulement
depuis
1870
que
son
dclin
com-
la cration, Cour de
en 1868, d'un
Conseil
justice; (1) et nous aperu que nous nous prodes diffrentes branches de
VII.
Nous
terminerons :
l'tude l'enqute
en Vizir
sien
des faits gnraux gnalant 1860 et celle des Consuls Les Puissances, la rforme, le Sultan l'tat vite
europens dsillusionnes
l'efficacit
de
en 1859 l'occasion d'un complot contre prirent de vives remontrances sur pour faire celui-ci les ambassadeurs gouvernements, expride voir que la Turquie ne s'aidait pas
mrent
Livre jaune 1869. T. IX. Page 14S. Rescrit. (1) Cf. Rescrit imprial. de ces deux conseils : aussitt aprs le HattiP. 150. Voici l'histoire Chrif de 1839 avait t cr un conseil de rformes. 11 fut scind en 1854 en grand conseil de justice et conseil du Tanzimat charg runis de nouveau en 1861, sous des oeuvres lgislatives. Ils furent de le nom de Grand-Conseil de justice jusqu'en 1868. La distinction faire croire une space Conseil d'Etat et de la Haute-Cour pourrait administrative et l'autorit ration, nettement marque entre l'autorit L'organisation nouvelle, dclara le Sultan, a pour base la. judiciaire. excutif et du pouvoir judiciaire, du pouvoir religieux et sparation civil. Il n'en tait rien. Jusqu'en 1880, les agents de l'administration intervinrent, comme ministre public et furent chargs du comdes sentences. mandement et de l'excution du nom de corps des Evet EffenLe Conseil d'Etat fut ridiculis dim c'est--dire : Oui, Monsieur . ce qui ne donne pas une haute ide de son indpendance.
324
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
par elle-mme, qu'elle ne procdait pas une application suffigraduelle et soutenue des rformes, qu'une impulsion sante ne se manifestait pas pour atteindre le but marqu par le Firman de 1856 (1). La Porte s'empressa de rpondre par de nouvelles promesses, res de son bon vouloir. Comme ce n'est giques, l'abme par des assurances rit-
que par l'adoption de mesures nerdclara le Sultan, que nous pouvons nous tirer de o nous sommes et sauver encore la foi et l'Em-
les habitudes, les pire, il faut abandonner ou transformer actes qui occasionnent toutes ces dpenses ; il faut rorgaavec l'aide de Dieu, l'administration niser, gnrale du du pays sur un pied propre lui rendre la confiance monde (2). Les Puissances, cette fois, ne furent pas dupes; la Russie, tout au moins, ne voulut pas se payer de bonnes du trait de Paris, demanda une paroles et s'autorisant enqute sur la situation des Chrtiens et l'tat de la rforme. Bien que d'aprs les termes mmes de la demande du Prince Gorchakoff, l'enqute dt tre faite conjointement par les cinq Puissances, (3) l'Angleterre qui n'avait pas
1859.
immdiate de la part (3) La Russie demandait. : 1 Dclaration des cinq grandes Puissances, qu'elles ne pourront tolrer plus longde l'Emtemps l'tat de choses actuel dans les provinces chrtiennes d'une organisation, pire Ottoman ; 2 Cration ayant pour but. de. donner aux provinces chrtiennes de la Porte des garanties efficaces, et rassurer propres faire droit aux griefs lgitimes des populations en mme temps l'Europe sur la probabilit des complications qui touchent ses intrts gnraux comme ceux de la Turquie. Cf. d'Avril, Ngociations relatives au trait de Berlin. P. 63.
HISTOIRE
DE LA RFORME
GNRALE
DE LA
TURQUIE
325
de 1854, craignit de d'empitements voir tourner au profit de sa rivale, une dmarche qu'elle ne pouvait pas croire entirement dsintresse; peut-tre, au fond, n'avait-elle pas tort. Sur la proposition du marquis de Moustier, l'enqute, de S. M. Britannique, fut. pour mnager la susceptibilit confie au grand Vizir lui-mme. La mission de Kyprili-pacha fut interrompue par les vnements de Syrie. Le Grand Vizir avait eu le temps cependant connatre. tration de prparer un rapport qu'il nous faut faire
comme de juste par un loge de l'adminis Il est compltement ottomane. faux, dit-il, que chrtiens aient systmatique eu se plaindre de la moindre de la part de leurs concitoyens
abus sont trop criants pour qu'il puisse les comme sinpasser sous silence et nous pouvons recueillir dans la bouche d'un haut cres, des aveux qui prennent une valeur particulire fonctionnaire ottoman, ; la collection des dmes, ajoute-t-il, de la police l'organisation rurale et l'tat des routes donnent de justes sujets de plaintes tous vos sujets, sans distinction. criminels offrant plus La cration de quelques tribunaux de garanties aux accuss est l'une des rformes qui rpondraient le mieux aux voeux du pays. Les rglements qui la perception de l'impt foncier et rgissent aujourd'hui des contributions rformes. indirectes, demandent aussi quelques
Mais certains
En rponse ce rapport, le Prince Lobanof exposa de nouveau la ncessit de faire un plan de rforme l'laboration duquel participeraient les cinq grandes Puissances,
326
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
un s'y refusa et se contenta de communiquer taient : abolition principales projet dont les dispositions indirectes ; tablissement de la ferme des contributions des impts directs ; orgad'un contrle sur la perception Le Divan nisation dans les provinces ; cration de la gendarmerie des le tmoignage de cours criminelles qui admettraient Chrtiens. (1) L'tat des provinces en 1860, ne s'en tenir qu'aux documents de la Porte, tait, on le voit, assez maubien minimes taient les progrs raliss. officiels
vais; Mais le temps avait peut-tre manqu. Quatre ans sont bien peu de chose pour une oeuvre aussi considrable que le crcelle du Tanzimat. Faisons donc aux rformateurs dit de quelques annes encore, et passons immdiatement l'anne 1867. Quel tait cette poque, l'tat de l'Emsur ce pire Ottoman ? Nous avons pour nous renseigner point, une srie de rapports rdigs par les consuls des diffrentes Puissances. Nous trouvons aussi des indications dans les documents diplomatiques publis prcieuses l'occasion des vnements de Crte ; car il est remarquer qu'alors, comme de nos jours, la question de la Crte a donn rforme une recrudescence gnrale. l'laboration des projets de
27 mai, 1861. Cf. Annuaire des. Deux(1) Projet d'Aali-pacha, les annes 1863-1864, des commissaires Mondes, 1861. Pendant spA siciaux furent du Grand-Vizir. chargs de continuer l'enqute aussi dans le Hatt imprial, le Sultan gnaler promulgu par Abd-ul-Azis l'occasion de son avnement le l" juillet 1861, le passage suivant : je tiens proclamer que mon dsir pour la prosprit de mes sujets mes peuples qui sont trouveront en moi la persvrance assurer et que ceux de n'admettra aucune distinction, de diffrentes religions ou de diffrentes races mme justice, la mme sollicitude et la mme leur bonheur. (Archives 1861).
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
827
Les
tout
unanimes dans
de notables
reste
que nous avons branche de l'administration, efforts ont et pour noter, dont
t faits
malgr les nombreux la loi sur les vilayets pas, ou fait d'autre totalement
oublies.
pour
l'instruction
publique,
n'a pas acquis l'impartialit dsirable, que la justice que sur les diffrentes les impts psent classes ingalement de sujets, sur tous (1). lourdement le ct dangereux de la loi sur le Nous avons montr immobilire accorde aux de proprit trangers. Enfin, rien ou peu prs rien n'a t fait en ce qui conou les travaux cerne l'industrie, l'agriculture, publics (2). La situation tait donc peu rassurante; les Puissances droit s'en inquitrent. Toutes reconnurent mais la Turquie, sidences reparurent -La France, des rformes d'imposer son projet; les dischacune apportait au sein du Concert europen. du encourageants la stricte excude rformes. encore assez la ncessit
les rsultats malgr peu de 1856 en demandait chercher l'lment d'autres musulman
bases avait
de la Crte a t provoqu (1) On se rappelle que le soulvement par l'abus des impts. Rformes. Tanzimat chap. 23 et 24. Brunswick, (2) Cf. Engelhardt.
328
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
de pour tenir groupes les diverses populations Ottoman et que seul, il tait capable d'une pal'Empire reille tche. Elle voulait prparer et provoquer une fusion de la sous le gouvernement des diverses nationalits de vigueur Porte. voire mme les remontrances Aussi les encouragements, ne furent pas mnages la Turquie (1). des 1867 (2), notre ministre Ds le mois de fvrier affaires trangres adressait la Porte un projet complet de rformes tarder, ries donna une nouvelle et d'excuter sans qu'il la pressait d'adopter amicale du cabinet des Tuileet cette intervention
au mouvement rforimpulsion n'tait-il mateur. Mais ie marquis de Moustier pas trop confiant lorsqu'il crivait : Je suis heureux de constater les dispositions favorables des ministres ottomans dans la question des rformes. Ils ne se sont pas mpris surle caractre amical des avertissements que nous avons d leur faire entendre ? Peut-tre surtout les Turcs considraientils le caractre amical le gage de l'inertie sous prtexte pouvoir, leurs errements de ces remontrances, comme du cabinet de Paris, et pensaient-ils de soi-disant continuer rformes, de la protection de la France.
l'abri
Le gouvernement russe exposa des vues opposes celles du gouvernement franais. La Russie, peu confiante dans la bonne volont du Sultan et peu difie sur la force de son gouvernement,
(1) Cf. Archives 1867. Dpches du marquis de Moustier. du 22 fvrier 1867 (Livre jaune 1867. T. X. (2) Le Mmoire rformes Page 152) passe en revue les principaies promises par le de 1856 et expose ce qui manque encore leur exHatti-Humayoun cution.
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
329
considrait dcisive.
des dix dernires l'preuve Pour elle, le Turc, dfinitivement les chrtiens, sur les accorde devait nationalits une large
comme incadchu
mulsumanes
de l'Empire sait. Le terrain sur lequel nous nous sommes toujours Gorchakoff et qui semble aujourd'hui tre placs, crivait aussi celui de Vienne, le dveloppement du c'est--dire, bien-tre domination lien qui intrieur du Sultan des populations et mme leur chrtiennes autonomie la seule sous avec la un
le dmembrement
de vasselage,
cette autonomie
tant
ces populations de la confiance inspirerait voie pratique sembl la meilleure pour rsoudre toujours sans conflagrale problme sans conflit hostile, oriental, tion gnrale et en mme
garantie nous a
temps sur une base d'humanit ou anatomie (2) , telle est etd'quit (1). Autonomie la polirsumait la faon brutale dont le gnral Ignatieff le en l'exagrant, tique du Tsar, pour en faire ressortir caractre Le dant tion temps tomb Nous moment, net et dcisif. Hatti Humayoun, disait le Chancelier, peu pour est rest en rponl'amliora-
ferait au projet franais, des Chrtiens; d'ailleurs, inappliqu pour en dshrence. croyons ont t qu'on
bien il puisse
faites
(1) Cf. Dans les Archives chakoff de l'anne 1867. au baron (2) Gorchakoff 2 dcembre 1866.) Archives
du prince (Dpches
Gordu
330
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
serait sans aucun effet, et que le gouver reproduction dans la ns'est mis par l lui-mme nement ottoman des garanties nouvelles cessit d'accorder qui feraient ses paroles accueillir (1). par des sujets chrtiens Quelques jours plus tard, il disait encore : aucune de n'a t observe et ne peut l'tre ces garanties judiciaires seront Turcs, tant qu'ils tant que les Turcs c'est--dire, la doctrine du Coran n'auront qui trace pas renonc turc Un magistrat les clauses du Hatti-Humayoun sans mane violer (2). dans le Cabinet un de Ptersbourg du 13 avril mmoire expose toute sa poli: Le Cabinet impa surabonl'exprience de ces rformes, leur les lois une ligne Chrtiens. de dmarcation infranchissable entre eux et les mme appliquer qui voudrait ne pourrait pas le faire de la Socit musul-
fondamentales
ainsi que les funestes consquences impossibilit pratique des demi-mesures adoptes jusqu' prsent. Voici ce que demande la Russie : Crer un ordre de choses social, aux exigences et administratif politique appropri respectives des chrtiens et des mulsulmans de l'Empire OLtoman ; organiser leur coexistence sans les parallle sacrifier leur les uns aux autres sous et en assurant l'autorit leur scurit du et Sulcommune
4 et 16 mars 1867. (1) Le prince Gorchakoff au baron de Brunnow, (Archives 1868, T. 2, p. 637.) (2) Cf. Mmoire du 24 mars 1867.(Archives diplomatiques,1868, T.2.) (3) Voir mmoire russe sur la Rforme en Turquie : 6-18 avril 1867. (Archives 1868, t. Et, p. 650.
HISTOIRE
DE LA
RFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
331
On taient
le
voit,
deux
diamtralement et dcentralisation.
opposs
de la France
et de la Russie, de Crte,
l'Autriche et l'Angleterre? quel parti prenaient Nous avons signal, propos des vnements le revirement l'a
l'Autriche de la Russie et qui a rapproch soutenir la cause des nationalits. Le Gouverse montra Puissances dispos contraindre s'entendre la Porte avec
les autres
entrer faire
Nous
ne saurions encore
mieux
ses vues
donnant
l'aide
on a cherch maintenir le
Orient, cultes En
se sont
matriser
semble force
de rsistance
du Sultan...
n'en faut pour faire faire aux Cabinets de. qu'il srieuses rflexions demander ce et pour les engager qu'il faire dans le but de prserver l'Europe y aurait des convulsions domination de o la jetterait l'croulement subit de la et si le moment n'est pas venu ottomane,
motifs
du trait de Paris du revision une procder 30 mars Les Puis1856 et des actes subsquents... sances devraient donc se runir en Confrence, dcider en commun des moyens employer, puis le rsultat
332
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
serait
prsent
la
Sublime-Porte
avec
toute
l'autorit
de l'Europe un avis unanime (1) . qui appartient : Le besoin M. de Beust crivait Enfin, le 22 janvier, en vue de une entente entre les Puissances d'arriver le danger d'une est irrcusable intervention, prvenir L'Autriche Provinces faisait tous dfendait chrtiennes ses efforts conflagration (2) . gnrale par une
donc le systme de l'autonomie des sous la suzerainet de la Porte et mnager Cabinet une entente entre
les Puissances.
pour Toutefois le
de Vienne une
ne tarda
en arrire et reprendre pas revenir c'est--dire moins conforme librale, plus tions : ds l'anne M. de Beust suivante, raffermir change Quant ou au l'autorit l'excution du Sultan loyale exigeait des rformes (3).. avant chute ; il
s'employa, seulement
dsireuse la
tout
d'empcher
d'exhorter mme
d'insister
des rformes,
branler tans.
de peur de contribuer, en le faisant, la puissance chancelante de l'Empire des SulDerby ne sera la ruine devoir
Il ne sera pas de notre politique, disait lord la Chambre des Lords, d'acclrer une issue qu'il en dfinitive, d'viter, pas possible, je veux dire de l'Empire turc, car si cela doit arriver, notre
de 1868, document n 89. rouge Autrichien (2) Dpche du 22 janvier 1867. Archives 1868, T. 2, p. 480. 1868. Entre autres, les dpches du (3) Cf. Livre rouge autrichien Sultan du 5 et du 24 mars 1868.
(1) Livre
HISTOIRE
DE LA
REFORME
GNRALE
DE LA TURQUIE
333
ce que cela se fasse aussi graduellement que possible et avec le moins de danger (1) . L'Italie et la Prusse, sans manifester d'avis bien tranch, accueillaient favorablement l'ide d'une confrence. Les Grandes pas sur les moyens adopter ; mais elles taient unanimes rprouver l'tat de choses existant dans l'Empire ottoman et demander des rformes. tout Porte. Dans en effet, un mmoire de du 25 mai Fuad-pacha essaya, Puissances le exagraient la rforme est admis, davantage tait en disait-il; dans les 1867, fait Nous impartial, avons signal leurs il nous faut citer griefs ; pour tre fa rponse de la Puissances ne s'entendaient
sera de veiller
prouver que les ; et, qu'en ralit, pril de la situation bonne voie; le principe de l'galit il a pntr et pntre chaque jour moeurs de la nation, comme une
conqute pour les uns, comme un acte de justice pour les autres. Puis, aprs avoir tudi l'excution du Hatti-Humayoun, en en reprenant une une, il conclut : De l'examen les dispositions qui notamil faut conclure points, prcde, que sur certains la rforme ment en ce qui touche la tolrance religieuse, est entirement accomplie civile, d'galit principes de rpuen triomphant le plus difficile, mais assurment tre un obstacle et de prjugs gnances qui semblaient nouvelles des institutions invincible l'tablissement ; et qu'enfin le succs des travaux auxquels se voue actuclletels que les ; que sur d'autres, elle a fait un pas seulement,
(1) Extrait d'un discours de lord Derby, cit par le prince Gorchakoff dans une lettre au baron de Brunnow des 4 et 16 mars 1867. (Archives 1868, p. 637.)
334
TROISIME
PARTIE.
CHAPITR
II
ment
le
qutes On nous
imprial de trouver
a pour
gage
les
con-
Cependant, jusqu'en plus ou. moins de hte et avec plus sur les bases du Hatti-Humayoun France. raction dait. Nous contre verrons
ce gage un peu illusoire. se continua 1870 la rforme avec ou moins de sincrit de la l'gide une violente dfen-
et sous
que faut-il penser du Tanzimat? du Tanzimat a pris naissance dans le dsir do L'ide la Turquie de mettre fin son isolement et d'entrer dans le systme ; mais quand la Porto pensa avoir europen En rsum, des Grandes Puissances, elle chercha a gagn la confiance l'oeuvre de la rforme traner en longueur et elle y a si bien russi, est encore que la question pendante actuellement. Il serait quelque peu ambitieux une solution sur un sujet (2). part de vouloir qui divise les diplomates nous ne pouvons nous dans la du gouessentiellede notre
Cependant, de dire que nous avons peu confiance car elle suppose avant tout la lacisation qui sont
et l'mancipation du raa, au gnie mahomtan. contraires disait M. Paul par excellence ; il a gard,
L'Orient, tradition
Deschanel,
sur l'excution du Hatti-Humayoun de 1856, (1) Considrations (25 mai 1867). Archives 1868, T. 3. p. 974. de Constantinople (2) Les ambassadeurs ont, en 1897, prsent des plans de rformes : on ne saurait dire quel en sera le sort.
HISTOIRE
DE LA RFORME
GNRALE
DE
LA TURQUIE
33!}
indlbile;
et l'un
des traits
de ce reli-
le mlange, la confusion avec les affaires civiles. c'est une l'orateur de les faire connaissance approfondie ces paroles citation
des dont
choses on ce
de
nous qui se
: C'est
difficults tous
l'avorlcment
de Midhat-pacha et du parti de la jeune on a pu dire avec raison furent qu'ils effort intellectuel dont les Turcs aient
spectacle, justement parce qu'ils la politique ottomane aussi les ; et c'est ce qui explique des politiciens erreurs, les mcomptes occidentaux, fort aviss, mais qui demandaient l'Empire pourtant des rformes des mesures, Turc, incompatibles, je ne avec son organisation, mais avec son dis pas seulement <( existence croire paraissaient qu'ils parce qu'ils comme le ntre, tan<! avaient affaire un tat politique en prsence d'une ils se trouvaient dis qu'en ralit mme, thocratie orthodoxie Nous guerrire, immuable d'une (1). fodalit religieuse, d'une
grand donn le
nous empcher, ne pouvons quand on parle de la cette rponse de nous rappeler de la Turquie, rgnration au sujet M. Thouvenel, du chef des Derviches hurleurs, de l'avenir monde, de l'Empire il faut comme Ottoman l'esprer, : Si c'est tout la fin du forc-
s'arrangera
du 29 fvrier 1888.
336
TROISIME
PARTIE.
CHAPITRE
II
ment, si ce n'est pas la fin du monde, tout ira de mal en pis (1). lui M: Thouvenel nous emprunterons Pour terminer, mme ces paroles peut-tre un peu dures, mais significatives : Pour rformer le Turc il faudrait d'abord l'empaler (2).
Trois annes de la Question d'Orient, p. 362. (1) Thouvenel, Girardin, qu'avec le Hatti(2) Croire, disait en 1858, Saint-Marc faire en quelques annes ce qu'elle a la Turquie pourra Humayoun travaill pendant 400 ans ne pas faire, c'est, selon moi, ressembler avec le ceux qui croient avancer la marche du temps en avanant sur le cadran d'une pendule... La Turdoigt la marche de l'aiguille de l'Europe. Proclamer et pratiquer l'galit quie n'est pas l'heure de toutes les races qui habitent le sol de la Turquie, c'est faire plus les janissaires : c'est changer la base fondamentale que de dtruire Je crois l'opration de la socit musulmane... ncessaire, mais le (p. 968) : J'ai lu bien des malade peut prir dans l'opration. livres sur la question Girardin et plus je d'Orient, ajoute Saint-Marc l'ai tudie, plus je me suis convaincu d'Orient que la question n'tait qu'on puisse trancher d'un seul coup ; pas un noeud gordien c'est un chapelet, qu'il faut dfiler grain grain. p. 973. SaintMarc Girardin. Les voyageurs en Orient. (Revue des Deux-Mondes, 15 avril 1858.) M. Choublier est galement de cet avis : La conclusion s'impose, dit-il. L'Islam la masse des Turcs lui est fidle, le est immuable, reste est profondment corrompu ; ni les uns ni les autres ne veulent sauver leur pays; il prira plutt que de changer. Une exprience de 50 annes ajoute son vidence la certitude qu'en 1840 exprimait. M. Guizot : 11 n'y a rien esprer du monde musulman, ni pour sa ni pour les Chrtiens que le malheur propre rforme, ses lois. (Choublier. Question d'Orient, p. 50.) Contra: La Turquie et ses rformes Eug. Morel. L'auteur croit que le gouvernement Turc est entr saris arrire-pense dans la voie, des rformes. a placs sous (Paris 1866). sincrement et
QUATRIME
PARTIE
REACTION
CONTRE
LE
TRAIT
DE
PARIS
Aprs la guerre de Crime et le Congrs de Paris, la la premire place parmi France, qui venait de reconqurir les Puissances, avait eu en Orient une influence prpondrante. C'est que. furent des nationalits sous la pression du Cabinet des Tuileries dcides la plupart des interventions en faveur
; et c'est aussi d'aprs ses conseils et selon ses vues que la Rforme fut entreprise. Mais la Russie s'tait rsigne avec peine la situation qui lui tait faite dans la mer Noire et n'avait jamais sa libert d'action. perdu l'espoir de reconqurir La Turquie, d'autre part, subissait avec impatience l'intervention incessante de l'Europe qui avait fini par ter toute indpendance au gouvernement de la Porte. Les uns et les autres taient prts ragir contre cette situation. Les vnements de 1870 leur fournirent l'occasion qu'ils et le dsastre de la France leur permit, grce attendaient, la connivence ou l'inertie des autres Puissances, de porter un coup fatal l'oeuvre du Congrs de Paris.
M. -22
subit le contreL'Influence de la France, prpondrante jusque-l, Raction contre le Tanzicoup de la guerre franco-allemande. Rves d'unit mat. Essais de centralisation. islamique. de la France. cherche se partager les dpouilles L'Europe Rsultats fcheux.
I. priode la mort
L'excution active de
du
Tanzimat
tait
entre
dans
rforme,
et, second
il y russit peu prs.compltement. par les vnements, Les Prussiens nous allons donc nous dbartriomphent, rasser de la civilisation alors Conslantinople. , disait-on Rformer et par l'Empire tement l'islam, la Turquie, rejeter sur Ottoman tel mais la rformer par elle-mme et remanier trangre d'une centralisation for-
reprendre sur les pays tributaires ou vassaux, les droits avait perdus; elle eut des qu'elle de ramener les Principauts vellits Danubiennes et mme en l'Egypte de sous son obdience l'oeuvre directe; elle s'effora, qui des un mot, Les dtruire de dcentralisation
le programme du Divan, qui, les vues du parti de la jeune Turquie. une violente raction.
s'tait
annes. poursuivie pendant les quinze dernires fonctionnaires admis faire partie chrtiens,
RACTION
CONTRE , TRAIT
DE PARIS
339
Conseils
administratifs chrtiens
ou du
de justice furent eux-mmes, pour l'inamovibilit qui leur avait tructeurs furent franais de l'arme franais grec, La du lyce de Galata-Sera sujet ottoman. des Capitulations, l'avons vu, tenait ardeur, et l'on des
remplac
qui depuis longtemps, coeur la Porte, fut dans les journaux de assertions du genre
trouve
Constantinople
ont t accordes Capitulations par Suleyman de la puissance Loin d'offrir le caractre l'apoge turque. de concessions la faiblesse arraches du Sultan, elles sont et restent nement un don purement ottoman est en droit gracieux que le Gouverde reprendre, et qu'il
si les bnficiaires ne renoncent reprendra pas sponta Il ne fut pas difficile leur situation nment privilgie. aux Puissances de montrer sont, que les Capitulations comme d'autres traits, des conventions de la Turquie qu'il ne peut dpendre ratre (1). De telles paroles n'en sont des temps. Pendant synallagmatiques, seule de faire dispapas moins un signe
ainsi la France partie, prenait que la Turquie de les Puissances de leur ct, profitaient europennes, leur de substituer notre affaiblissement essayer pour
ne seraient-elles pas par elles-mmes des con(1) Les capitulations ventions synallagmatiques, elles auraient cependant revtu ce caractre par la mention qui en est faite dans les traits subsquents.
340
QUATRIME
PARTIE
influence de recueillir
notre
influence
traditionnelle dchu
et sculaire, .
et
la clientle
de l'Etat
d'Autriche lui revenait de qu'elle L'Empereur pensa sa collaet chercha toutes les occasions droit, d'imposer boration L'Italie, la France. qui venait la faveur du dsarroi gnral, de pr-
Rome* crut bon, de son ct, d'affirmer d'occuper tendus des documents concernant droits la possession les sujets pontificaux. La allait Russie, bientt tout en le prparant la neutralit en plus coup de dcisif la mer
qu'elle Noire,
encourageait
porter de plus
ouvertement
le mouvement
panslaviste. Si l'on ajoute l'Angleterre qu'en Syrie, dont la haine n'tait encore, pas assouvie miner l'influence donns habilement la raction
et la
Prusse,
s'employaient
franaise par des encouragements nos ennemis, l'on aura une ide de contre dans la France, ses anciens
universelle
s'y enfoncer plus profondment que (1). La Porte sous le coup des vnements jamais qui venaient d'branler semblait du mme l'Europe, prise la guerre de Crime. vertige qu'aprs de la France avaient exalt le vieil cette fois c'taient ses dfaites Alors orgueil les.victoires musulman:
de
(2). On rva de reconstituer un vaste Empire musulman et de fonder l'unit Cette utopie, dit encore islamique. M. Engelhardt, avait le caractre d'une protestation contre
(1) Cf. Sur tout ceci : Engelhardt eh. vin, ix, x et xi. T. IL p. 98. (2) Engelhardt,
la Turquie
et le Tanzimat
t. 11,
RACTION
CONTRE LE TRAIT
DE PARIS
341
les institutions
aux tats chrtiens et elle empruntes mettait ainsi en danger les rares conqutes obtenues au nom de la civilisation moderne. Disons plus : elle tait la ngation du principe de scularisation sans lequel la rforme ne pouvait aboutir. Le peuple turc revenait sur ses pas, en consacrant nouveau, comme insparable de sa souverainet, le pouvoir spirituel du Padischah (1).
de la Porte et l'essai de selfd'amour-propre qui en fut fa consquence, ne lui furent governement A la suite de cette exprience funeste, pas profitables. des troubles se produisirent en Bosnie et en Herzgorine, et le Congrs de Berlin consacra l'intervention des Puissances en Turquie plus troitement que jamais (2). Mais la guerre de 1870 allait avoir des consquences d'une bien autre porte.
L'accs
loc. cit., p. 117 (1) Engelhardt, 1870 la main stimulatrice de la France se fut (2) Lorsqu'aprs retire, le vernis europen se dtacha d'un seul coup ; les abus, des suivant le mot d'un de nos agents, abus sans nom et sans nombre, s'talrent de nouveau au grand jour, si bien que ds 1875 clatait, une nouvelle en Bosnie et en Herzgovine, insurrection, et plus grave que toutes les prcdentes. Confrence 2 fvrier 1897, p. 29. plus tenace Vandal du
IE. Rvision,
du Trait
de Paris.
La note du prince Gorchakoff. Rponse des Puissances. Conf rence de Londres, 1871. La France doit y tre reprsente. Jules souleves par M. de Bismarck Difficults pour empcher et le bomdu sauf-conduit Favre de s'y rendre. La question de Paris. - Trait du 13 mars sign au nom de la bardement France par le due de Broglie. Nouveau rgime de la mer Noire. Le Danube.
Je ne lis jamais la correspondance de Constantinople , disait M. de Bismarck. Le chancelier voulait ainsi faire entendre volontiers des affaires qu'il se dsintresserait d'Orient, si en change la Russie ne mettait pas d'entrave sa politique occidentale; et qu'il verrait sans jalousie les conqutes du tsar en Turquie, pourvu qu'on ne s'oppost pas des conqutes de la Prusse Rhin. Le Tsar y avait trop d'intrt demi-mot. Aussi bien prparait-il le recueillement une revanche sur la rive gauche du pour ne pas comprendre depuis longtemps dans qui, pour tre pacifique, et de la bienveille moment de Paris venu qui
n'en serait pas moins fconde.' Assure de la neutralit de la Prusse, lance de l'Autriche (1), la Russie crut d'obtenir la suppression des articles
du trait
(1) Dans sa fameuse dpche du 1er janvier 1867, M. de Beust disait qu'il n'y avait dans cette affaire qu'une question d'amourpropre laquelle l'Europe ne devait pas s'arrter.
RACTION
CONTRE
LE TRAIT
DE PARIS
343
lui
un grave prjudice : dos deux Puissances le portaient s'y opposer, intresses en effet, l'une, plus directement la France tait dans l'impossibilit matrielle de le faire ; l'Angleterre guerre du Concert taient la lettre la avait, par son attitude tout indiffrente crdit au dans sein franco-allemande, europen. les dispositions que le au baron cette lettre,
l'autre,
perdu
Telles connue
prince de Brunnow, le
de l'Europe, Gorchakoff
lorsque crivait
fut le
chancelier
de
des forces la France trer En Noire pavillon de toute tion n'est dite leurs
navales
outre, est
formellement
conven-
paix. Il rsulte
ferm -
qu'en
que les ctes de l'Emexposes toutes les agressions, pire russe se trouvent du moment mme de la part des Etats moins puissants, la Russie o ils disposent, de forces navales auxquelles de faibles btiments opposer n'aurait que quelques de cette Cette prter premire partie de la dpche ne saurait des condicela est certain, La Russie subissait,
dimensions.
critique.
344
QUATRIME
PARTIE
onreuses ; et l'on ne saurait s'tonner qu'elle ait profit des vnements pour chercher en obtenir la suppression. Mais le prince Gorchakoff motivait la rsolution soi-disant sur des considrations de son gouvernement lions tout au moins contestables. juridiques Le trait de 1856, disait-il, a t viol notamment en ce dont l'union danubiennes, qui concerne les Principauts prvue et interdite ; il a t viol sur un autre point encore : l'accs des dtroits et de la mer Noire a t ouvert des escadres entires. Cette dernire assertion tait au moins hasarde (1) et la Porte n'eut avait t formellement que les navires de guerre qui pas de peine prouver avaient pntr dans la mer Noire l'avaient fait dans des circonstances de nature excuser la tolrance dont ils avaient bnfici. Quant la Roumanie, il est certain que son existence entant qu'tat un et indpendant tait contraire au Trait; mais la Russie n'ajoutait pas que cette situation avait t des signataires ; ce qui la Admettons, cependant, qu'il y ait lgitimait certainement. eu de vritables infractions au Trait, on ne pouvait se fonder de nouvelles ; et, pour en commettre si l'une des Puissances Contractantes se trouvait lse par de certaines dispositions, elle devait emsur ce motif consacre de l'accord unanime
la non-excution
est vrai, s'tait montre assez tolrante; (1) La Turquie.il n'avait contre elle sur ce point aucun grief srieux. D'ailleurs, de rcriminations des Puissances, la Sublime-Porte avait une circulaire du 28 septembre 1868 que dsormais il absolument d'autre exception que pour celui des btiments sur lequel se trouverait un Souverain ou le chef d'un tat dant. Cf. (Recueil des traits de la Porte Ottomane du Testa, t, V. p. 181.)
RACTION
CONTRE
LE
TRAIT
DE
PIUJS
345
c'est--dire lgaux, ployer les moyens nion d'une nouvelle Confrence. Mais koff' avait cru pouvoir souleva bien se mettre d'unanimes plus
provoquer le prince
la ruGorcha-
au-dessus
la forme,
russe,
en effet,
sur
le
caractre
obligatoire
de prinpar une dclaration moins qu' nier le caractre Notre internationaux. Auadmettre en droit, clauses que essenqui dcladu
dans celles
sa scurit en Orient; indispensable sur ce insiste et elle la prononait. Mais, et Gorchakoff de la Turquie, aucune disla Russie n'a, vis--vis point, malveillante ; elle croit au contraire position cre un danger permanent tion actuelle (1), de l'intrt de tous de mettre fin. Aussi noncer Sa Majest Sa Majest audit btiments se croit le Sultan trait qui en droit la fixa que la situaauquel il est de d-
de Paris
et en devoir
convention le nombre
et spciale et la dimen-
veraines
ride guerre que les deux Puissances dans la mer Noire ; elle d'entretenir se rservent loyalement les Puissances signataires et ga-
en informe
sur le trait de documents dans Voir cette lettre le.Recueil.de (i) Paris de d'Aneberg : N" 1. C'est ce recueil que renvoient les cotes des documents que nous citons dans cette partie.
34G
QUATRIME
PARTIE
rantes
du Trait
gnral, intgrante.
dont
cette
Convention
spciale
dclaration vnements
sur les diffrents Cabinets impression d'en avoir t loyalement pas pour satisfaits
n'est disait le comte Granville, souleve, question donc pas de savoir si le dsir exprim par la Russie doit amical tre examin avec soin dans un esprit par les Puissances mais bien de savoir si ces Puisco-signataires, sances doivent accepter la dclaration fait et sans leur consentement, mme n'avait disait Russie, d'un contrat solennel. pas d'hsitation: le comte Granville, que, de son propre s'est dlie d'ellela Russie
touche un Trait europen, si qu'une Puissance ce n'est de concert avec les Puissances qui ont pris part ce Trait (1). Le Cabinet anglais, entendait en rpondant ne critiquer la d'une que manire la forme et il aussi sous
prsentait
jours aprs, qu'il d'une Confrence de tous les proposition trait de l86, et qu'il se serait alors prt rvision des articles incrimins (2).
ajoutait accueilli la du la
signataires volontiers
1870, document
n 9,
RACTION
CONTRE LE TRAIT
DE PARIS
347
tmoigna
des mmes
sentiments
(2) fit, au nom de la dlgation semblable. Le Cabinet de Vienne attention du gouvernement russe
au milieu squences de sa dtermination, qui se produisait de circonstances o plus quejamais avaitbesoin des l'Europe son repos et son avenir la foi des garanties qu'offre Traits. (3) M. de Beust du Cabinet de Ptersbourg, rappela ensuite contraire aux que le procd
gnprincipes raux du droit international, tait aussi dans le cas partid'une les plnipotenculier, illgalit flagrante, puisque tiaires runis en 1856, avaient eu soin de spcifier que la Convention ne sans l'assentiment disposition, en particulire ment comme tionale. Devant devant une Cette tre ni annule pourra des Puissances signataires acquiert dit M. de Beust, ni modifie du trait. une valeur
ajoutant
stipulation sous-entendue
unanime souleve par la note, et la rprobation se faisait dont M. Otto Russl l'motion gnrale, quoique
avec un peu d'exagration peut-tre Gorchale prince le mot de guerre, prononait lorsqu'il koff comprit qu'il avait t trop loin. sans tarder, Il eut le bon esprit de cder, et fit savoir, l'ide serait dispos, accepter que son gouvernement l'interprte,
1870.
348
QUATRIME
PARTIE
d'une d'en
Confrence
et il fut dcid que .la y consentirent, de 1856, des traits les signataires Prusse convoquerait se charge qui le gouvernement sauf la France, anglais rait de transmettre il fut l'invitation. dcid que la de nouveaux pourAprs se runirait confrence
(1). l'initiative
M. (2).
de
Bismarck
proposa
aussitt
parlers, Londres.
avait
convie, avait
bien
qu'elle
ft
envahie
allemandes elle
Gorchakoff (1) Document n 33. Voici en quels termes le prince l'ide d'une Confrence, annonait l'adhsion de son gouvernement tout en dfendant sa manire : Nous ne saude voir primitive rions admettre, d'un principe thorique sans disait-il, que l'abrogation application immdiate, qui ne fait que restituer la Russie un droit dont aucune Grande Puissance ne saurait tre prive, puisse tre considre comme une menace pour la paix, ni qu'en annulant un point du trait de 1856, elle implique du tout. l'abrogation Sa Majest l'Empereur son adhsion aux maintient entirement principes gnraux du trait de 1856, et elle est prte s'entendre avec les Puissances signataires de cette transaction, soit pour en confirmer les stipulations soit pour y substituer tout autre gnrales, arrangement quitable qui serait jug propre assurer le repos de l'Orient et l'quilibre europen. Rien ne semble ds lors s'opposer ce entre en explication que le Cabinet de Londres, si cela lui convient, avec les signataires du trait de 1856. Pour notre part, nous sommes prts nous associer toute dlibration pour objet qui aurait des garanties gnrales destines consolider la paix de l'Orient. de Ver(2) No 37 Lettre de M. Otto Russel au comte Granville, sailles le 22 novembre 1870 : Le Chancelier (M. de Bismark) m'autorisa tlgraphier Londres, que si Votre Seigneurie y conl'initiative de proposer une Confrence dans le but sentait, il prendrait de chercher trouver une solution pacifique une question que je lui avais franchement dmontr tre de nature dans l'tat actuel, nous forcer faire la guerre la Russie, avec ou sans allis.
RACTION
CONTRE LE TRAIT
DE PARIS
349
de 1834-1856, un rle
et elle avait
encore
en en
de Bismarck,
Elle Europe, pour que l'on pt se passer avait t convie ; mais pouvait-elle l'invitation accepter alors que son existence Pouvait-elle, qui lui tait faite? mme cussion tait une disenjeu, prendre part tranquillement sur la neutralit de la mer Noire, et sur le nombre laisser dans le Bosphore ? pntrer tre en effet de s'abstenir. digne semblait
des bateaux
Le parti le plus d'enMais, d'autre part, n'tait-il pas de bonne politique un plnipotentiaire trouvevoyer Londres qui peut-tre de ramener la discussion rait moyen de Constantinople aux affaires sort de l'Europe de la France ? Favre, et d'intresser les Puissances au
Jules
patriotisme de la diplomatie, et
un
ardent, s'arrta
mais aux
se mler pour un Puissances protocole proposent de prendre pour lequel on conviendra et nous donnerons territoire franais, confrence.
ds le rpoirdit occupe de ses propres de l'Europe... que les prliminaire base l'intgrit notre adhsion dans du la
: Je ne con Et il ajoutait, le 4 dcembre abansens pas ce que ma malheureuse trahie, patrie, en de leur victoire, donne par ceux qui abusent aille, des potentats compagnie lui soire qu'on voudrait Les sentiments qui la perdent, (1) imposer. jouer le jeu dri-
obissait Jules Favre en faisant auxquels sont trop nobles et trop levs pour qu'on cette rponse, entraner ; mais puisse lui faire un grief de s'y tre laiss (1) Document n 77.
3oO
QUATRIME
PARTIE
il faut
avouer
que
l'abstention
aurait ne s'y trompa pas. Chaudordy le droit de obtenir une dcision, avant de prendre voulu, et c'est quoi il s'effora les intrts discuter franais; lui chaptout d'abord. (1) Mais, aprs avoir vu cet espoir n'en persista pas moins conseiller per, M. de Chaudordy de Paris l'adhsion Que au gouvernement pure et simple. n'tait-elle de la France savoir? La situation pouvait-on encore ? Et critique plus pas la mme en 1813, sinon notre avait su la retourner M. de Talleyrand cependant ne dsesprait et au fond M. de Chaudordy pas d'arprofit, Il finit par obtenir l'adhsion river un rsultat semblable. de Paris (2), et Jules Favre fut dsign du gouvernement dfaut : son talent d'orateur, la France pour reprsenter de traditions sa prsence Bismarck veillait France diplomatiques, la Confrence. tout faisait Mais, beaucoup esprer M. de Versailles, de de-
M.
de
la moindre
cet gard, dans (1) Voici comment M. de Chaudordy s'exprimait du 15 dune circulaire aux reprsentants de la France l'tranger, cembre 1870 : u 11 est ais de se rendre compte de la position dlicate o se trouverait plac un plnipotentiaire franais, entendant parler de la mer Noire et du nombre de vaisseaux qui doivent y naviguer, tandis qu'on brle nos villes et qu'on massacre les habitants, s'il n'tait pas admis de la guerre qui absorbe toutes nos qu'on s'occuperait galement penses Il serait donc ncesssaire qu'avec l'appui nos des tats neutres, intrts puissent, tre discuts dans la Confrence. Mais l'absence de rsolution sur ce point vous expliquera suffisamment notre incertitude, et ds lors, nous devons nous borner attendre la dcision du Gouvernement de Paris.
(2) No 89.
REACTION
CONTR
LE
TRAITE
DE
PARIS
3ol
le
ou du moins de le retarder dpart du plnipotentiaire, assez pour rendre sa prsence inutile. M. de Bismarck ne devait pas avoir de peine y arriver, car il n'tait avoir des scrupules sur les pas homme employer. moyens un pour sortir de Paris investi, sauf-conduit de traverser les lignes ennequi lui permt mis. Sur les instances du Cabinet de Londres, le ChanceFavre, 11 fallait Jules
dut promettre d'en dlivrer un au reprsenprussien tant de la France. 11 ne s'agissait que de le faire attendre. M. de Bismarck fit savoir la dlgation de Tours que -f( le sauf-conduit sera accord aussitt que M. Jules Favre le chef rclamera pouvait pas, disait-il, faire dlivrer le sauf-conduit par la Chancellerie prusofficielle au sienne, car ce serait donner Une conscration Gouvernement Il fallut provisoire donc s'adresser mais, quivalait, Jules lieu, n'tait de Paris. au gnral en chef des troupes cette condition qui paraissait en ralit, un refus. En effet, Favre, mme qui devait en faire luipar un parlementaire de l'arme de sige. Il ne au commandant en
lier
du choix qui pas inform et la nouvelle ne pouvait avait t fait de sa personne, lui de Bordeaux, en arriver c'est--dire que par la dlgation au hasard tait livre Puis, (1). plus de pour qu'elle sret, deux qui tait pas avoir M. de Bismarck armes, facile les suspendit un incident en soulevant : de cette faon, Jules relations entre les ce d'avant-postes, ne devait Favre
son sauf-conduit.
(1) M. de Chandordy, 29 dcembre 1870, n 106. La dlgation ne communiquait plus avec Paris que par pigeons voyageurs.
^52
QUATRIEME
PARTIE
Cependant, un
les
Puissances franais un de
neutres, siger de
dsireuses la
Confrence
moyen ce que,
conserv
et trans-
l'invitation
du gouvernement anglais par la valise de M. Washburne. Mais il tait difficile de au dpourvu ; la valise fut arrte enfin parvint de Londres Jules Favre,
etlorsqu'elle plusieurs jours aux avant-postes, destination, de la Confrence les travaux taient dj commencs. seulement aujourd'hui, par l'intermdiaire lettre que Votre le 29 dcembre m'annoncer Je reois, crivit
10 janvier, 9 heures du soir, de M. le Ministre des Etats-Unis, la m'a fait l'honneur et par M. le de m'crire bien elle veut laquelle comte, de Bernstorff
Excellence, dernier,
a pri de qu'elle faire tenir ma disposition le sauf-conduit qui m'est ncessaire pour franchir les lignes prussiennes et assister comme reprsentant de la France la Confrence qui doit s'ouvrir Londres . Malgr marck, mencer tions, tout, Jules Favre partir, de le retenir de Paris (1). allait quand encore, Dans M. de Bisfit ces comcondi-
pensa que son dpart serait d'un fcheux effet et prendrait les apparences d'une fuite, et il rpondit firement : Je ne demanderai pas un sauf-conduit, je s'il m'est donn par l'intervention de l'Anglet'attendrai;
fut commenc sans qu'un avis pralable en (1) Le bombardement ait t donn, ce qui est contraire la pratique du droit international.
REACTION
CONTRE LE TRAITE
DE PARIS
353
j'en Favre
userai, resta.
mais
la condition sur
bombardement
que jamais,
cependant, la France.
paraissait
L'Europe
que prenait
gleterre, effraye de la responsabilit qu'elle avait assume dans ces vnements, semblait la tche dispose faciliter de notre Le 4 fvrier, le comte Granville reprsentant. de Sa Majest britanLyon s, reprsentant de Bordeaux : Si le plninique auprs de la dlgation de la paix porter la question tenait franais potentiaire crivait, lord devant la Confrence, je me trouverais de Prsident, de m'opposer qualit cet effet aux membres de la Confrence. de la Confrence, ou mme en ma oblig, ce qu'il s'adresst Mais, si, la fin
aprs une des sances, il dsides plnipotentiaires rait profiter de la prsence pour leur dans ce cas, je n'aurais soumettre pas quelque question, aurait agir indiviintervenir. plnipotentiaire Chaque comme son devoir duellement selon ce qu'il considrerait en ce qui et pour moi-mme, ou d'aprs ses instructions, me concerne, pas de prter attention je ne manquerais frandit par le plnipotentiaire ce qui pourrait m'tre ais (1) . une avance de la part ne pas s'y mprendre, se fit reprsenter La France du Gouvernement anglais. celui-ci la Confrence ; mais lorsque par le duc de Broglie C'tait, arriva Londres, les travaux franais n'avait taient n'et et le plnipotentiaire ture un acte qu'il
(1) Document n 172. M. 23
pu discuter.
354
QUATRIME
PARTIE
du 13 mars, de la
il nous
faut runie
dire
Confrence
La confection
ad hoc, crivait le comte du protocole est un vritable trade l'Autriche, reprsentant on dfait toujours ce qu'on avait fait la en effet, voulaient, dclaration russe, du so
de la
la question de principe, vise par la note Gorchakoff et la rfuter dans une dclaration mais ils ne s'entendaient pas sur les termes
employer. Nous
devons
attacher
une
avait ds le
de l'Au-
ce qu'il soit constat, entre en dlibration, runion, que la confrence sur le contenu de la circulaire russe du 19/31 capitale mais bien sur certaines qui notamment mer Noire. celles l'opinion : Dans
Et il ajoutait, pour bien marquer vernement sur la foi due aux traits -dire, dans le
1856, reste
du comte
Apponyi
M. de Beust,
REACTION
CONTRE
LE
TRAITE
DE
PARIS
35^
Le
comte
Granville,
ds l'ouverture
de la avaient le
Confrence, devoir de
rappela que les Plnipotentiaires, discuter avec une parfaite libert la Russie. Et la dclaration suivante nipotentiaires, tiel du droit dlier des
les propositions de fut signe : les plreconnaissent essenque c'est un principe des gens, qu'aucune Puissance ne peut se d'un trait, ni en modifier les conde l'assentiment entente des parties amicale (1)
d'une
discutrent ensuite le fond mme plnipotentiaires de la demande du prince le plnipotentiaire Gorchakoff; russe dclara que le trait de 1856 a eu essentiellement le tort droit de porter une de souverainet atteinte grande des Puissances l'indpendance du riveraines (2). Puis,
concessions sur des questions aprs quelques rciproques de mots, un trait fut sign le 13 mars 1871 (3). Il abroge les articles 11, 13 et 14 du trait de 185G (4). c'est--dire et que que la mer Noire n'est plus neutralise les Puissances riveraines ou en construire leurs peuvent relever de nouveaux. Une convention arsenaux annexe
(1) Annexe au Protocole no 1. (Voir ce Protocole dans le Recueil d'Angeberg, p. 337. (2) Protocole 2. (3) Le duc de Broglie, apposa sans difficult sa signature au trait ; Le Gouvernement franais, avait-il dit, (Protocole 5) saisit avec empressement l'occasion de maintenir la rgle salutaire de la socit europenne, savoir n'apporter aucun changement essentiel aux relations des peuples entre eux, sans l'examen et le consentement de toutes les Grandes Puissances, pratique tullaire, vritable garantie de paix et de civilisation, laquelle trop de drogations ont t apportes dans ces dernires annes. (4) Art. 1er. Cf. le Trait de Londres, l'appendice II.
356
QUATRIME
PARTIE
la convention du 30 mars spciale abroge limitation des forces navales de la mer Noire. Quant ils restent aux dtroits du
1856
sur
la
soumis
et des Dardanelles, Bosphore aux rgles de l'article 10 du trait de dite des Dtroits, avec une mo-
Ils restent, en principe, ferms cependant. tous les navires de guerre, sauf, comme par le pass, ceux qui sont destins la police du Danube et au service des Lgations de Constantinople, et pour lesquels tan s'tait rserv le droit de dlivrer des firmans sage. Mais une disposition importante nouveau trait donne encore au Sultan lesdits Dtroits, de le Sulde pas2 du l'article d'ouvrir
la facult
en temps de paix, dans le cas o la Sublime Porte le jugerait ncessaire l'excution pour sauvegarder des stipulations du trait de Paris du 30 mars 1856. Cette annule la convention disposition du trait du 30 mars 1856. L'article 4 du trait proroge de la commission Les sitions Nous des Dtroits et l'article 10
annes
la dure
dessein, fleuve.
(article. 8) que les Hautes Puissances Contractantes renouvellent et confirment toutes les stipulations du trait du 30 mars 1856, ainsi que ses annexes Enfin, qui ne trait. La sont pas annules ou modifies par le prsent
il est dclar
Russie,
t donne ce qu'elle
la leon de modestie malgr qui lui avait au dbut de la Confrence, avait donc obtenu Elle avait ray d'un trait de plume les
voulait.
RACTION
CONTRE LE TRAIT
DE PARIS
357
onreuses des traits de 1856; plus heureuse stipulations que la France en 1866, elle avait t paye de sa neutralit dans la guerre allemande (1). une goutte de sang, dit M. Sorel, sans dplacer un soldat, sans dpenser un rouble, elle (la Russie) avait effac du droit public de l'Europe la trace de ses dfaites de Crime. Elle avait pris sa revanche de Sbastopol et se replaait, sans conteste, au premier rang des Puissances. Ses diplomates avaient dploy tant de bonnes grces et la force des vnements tait telle que la allait tre naturellement France, loin de lui en vouloir, porte rechercher son amiti. (2). Sans verser
(1) On a appel cela la politique diplomatique (2) Sorel. Histoire t. II, p. 256.
N. B. M. Bengesco vient, de faire paratre une bibliographie On y trouvera des renseignements la Question d'Orient. prcieux.
de
CONCLUSION
La
de Crime Dans
et le trait
de Paris de 1858,
les Confrences
de Syrie, c'est la diplomatie, ce sont les armes aux raas d'abord la scurit, puis qui assurent instant possible la rgn-
et rendent un l'indpendance ration de l'Empire Ottoman. Il semblait suivre pulsion avaient France l'difice aucun
se pourdevait que cette double entreprise dsormais d'un mouvement sr et continu, sous l'imcollective des Grandes Puissances, dont les droits solennelle. Mais ds que la reu une conscration dut retirer sa main des affaires ottomanes, affaiblie ait tent sans que l'Europe s'croula tout entier effort pour jamais en arrter la ruine, et l'on put croire Le de rgnrer la Turquie. l'espoir de l'excs mme du mal. cependant
les peuples se soulevrent fortement comprims, Trop menaces dans leurs et les Puissances, avec violence, intrts, isole se souvinrent de la Russie, enfin mettait de leurs devoirs. en L'action danger ; et les nouveau fut runi
l'quilibre Puissances
comme la Turquie, ont agi cette fois avec neten 1856, un alli mnager, de cet Etat. vis--vis tet et hardiesse elles de la Porte, des promesses sur la valeurs difies franchement et elles de le principe quivoque et l'indl'autonomie consacrrent et sans
posrent l'intervention,
360
CONCLUSION
pendance
de
plusieurs dont
des
nationalits
chrtiennes
de
le essay de retracer des vnements cours ont donc t la prparation plus a peut-tre tude ce cot, notre et par rcents, plus de Paris du trait L'histoire intrt rtrospectif. qu'un dont les stipule trait de Berlin de comprendre permettra nous avons lations actuellement rgissent C'est en principe, du moins. encore ainsi les affaires d'Orient, dans que l'on retrouve, et sous avec les mmes difficults de l'hisrptition encore que les mmes la
de Crte et dans les affaires se reproduiront de massacres sera le thtre plus effroyaque l'Armnie bles encore que ceux du Liban. Mais, ni la Porte ni les Puissances n'ont t instruites par se Les Cabinets par les vnements. leurs intrts gostes et par leurs sont trop souvent carts du point
europens, guids rivalits mesquines, de vue juridique oubli les devoirs d'Orient. La
par les traits et ont trop souvent ont assums vis vis des chrtiens s'est gare dans les mmes
su s'entendre
pour
Vu : le Doyen, GARSONNET. Vu
APPENDICE
Trait de paix el d'amiti conclu Paris, le gnral 30 mars 1856, entre la France, l'Autriche, la Grande-Bretaet la Turquie. gne, la Prusse, la Russie, la Sardaigne (Ech. des ratif. Paris, le 27 avril 1856) (1).
Au
NOM BE DlED
OUT-PurSSANT,
Leurs Majests, l'Empereur des Franais, la Reine du RoyaumeUni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, l'Empereur de toutes les des Ottomans, aniRussies, le Roi de Sardaigne et l'Empereur ms du dsir de mettre un terme aux calamits de la guerre, et voulant prvenir le retour des calamits qui l'ont fait natre, ont rsolu de s'entendre avec Sa Majest l'Empereur d'Autriche sur les bases donner au rtablissement de la et la consolidation en assumant par des garanties efficaces et rciproques, et l'intgrit de l'Empire Ottoman. A cet effet, l'indpendance Leurs dites Majests ont nomm pour leurs Plnipotentiaires, savoir : comte S. M. l'Empereur des Franais : Le sieur Alexandre, Colonna Walewslri, Grand Officier de Snateur de l'Empire, l'Ordre imprial de la Lgion d'Honneur, Chevalier Grand Croix de l'Ordre questre des Sraphins, Grand Croix les l'Ordre des Saints Maurice et Lazare, dcor de l'Ordre Imprial du Medjidi de 1 classe, etc., etc., etc.. son Ministre et Secrtaire d'tat au paix, dpartement des affaires trangres, et le sieur Franois-Adolde phe, baron de Bourqueney, Grand Croix de l'Ordre Imprial dcor la Lgion d'Honneur et de l'Ordre de Lopold d'Autriche, (1) Ce texte est emprunt au recueil des traits de de Clercq.
362
APPENDICE
du portrait du Sultan en diamants, etc., etc., etc., son envoy et Ministre Plnipotentiaire extraordinaire prs S. M. I. et R. ; : le sieur Charles-Ferdinand, d'Autriche S. M. l'Empereur Grand Croix de l'Ordre Imprial de comte de Buol-Schauenstein, de la Couronne de Fer de et Chevalier d'Autriche, Lopold de la Lgion d'Honlre classe, Grand Croix de l'Ordre Imprial et de l'Aigle-Rouge neur, Chevalier des Ordres de l'Aigle-Noir d'Alexandre des Ordres Impriaux de Prusse, Grand-Croix de Russie, Grand Croix Newski en brillants et de l'Aigle-BIanc de l'Ordre de Saint-Jean de Jrusalem, dcor- de l'Ordre Impet rial du Medjidi de l 10 classe, etc., etc., etc son Chambellan de la Maison et des AfConseiller intime actuel, son Ministre faires Etrangres, Prsident de la Confrence des ministres, et le Grand Croix de l'Orsieur Joseph-Alexandre, baron de Ilbner, de la Couronne de Fer, Grand Officier de l'Ordre dre Imprial Imprial de la Lgion d'Honneur, son Conseiller intime actuel et la Cour et Ministre Plnipotentiaire son envoy extraordinaire de France. et de la Grande-Bretagne S. M. la Reine du Royaume-Uni d'Irlande : Le trs-honorable comte George Guillaume-Frdric, baron Hide de Hindon, de Clarendon, Pair du Royaume-Uni, du trsConseiller de S. M. B. en son Conseil priv, chevalier noble Ordre de la Jarretire, Chevalier Grand Croix du trs-honorable Ordre d Bain, principal secrtaire d'Etat de S. M. pour les Affaires Etrangres, et le trs-honorable Henri-Richardde Conseiller Charles, baron Cowley, Pair du Royaume-Uni, S. M. en son Conseil priv. Chevalier Grand Croix du trs-honorable Ordre du Bain et Ambassadeur extraordinaire et Plnipotentiaire de S. M. prs S. M. l'Empereur des Franais. S. M. l'Empereur de toutes les Russies : Le sieur Alexis, comte Orlofl' son aide de camp gnral et gnral de cavalerie. Commandant du quartier gnral de S. M., membre du Conseil de l'Empire et du Comit des Ministres dcor des deux portraits en diamants de Leurs Majests feu l'Empereur Nicolas et l'Empereur Alexandre II, Chevalier de l'Ordre de Saint-Andr en diamants et des Ordres de Russie, Grand Croix de l'Ordre de SaintEtienne d'Autriche de lre classe, de l'Aigle-Noir de Prusse en
APPENDICE I
363
de Sardaigne et de plusieurs diamants, de l'Annonciade autres Ordres trangers et le sieur Philippe, baron.de son Brunnow, Conseiller priv, son envoy extraordinaire et Ministre Plnipotentiaire prs la Confdration Germanique et prs S. A. R. le Grand Duc de Iesse, Chevalier de l'Ordre de Saint-Wladimir de l>'e classe, de Saint-Alexandre Newski, enrichi de diamants, de de Sainte-Anne de l 10 classe, de Saint-Stanislas l'Aigle-Blanc, de 0 classe, lr 0 classe. Grand Croix de F Aigle-Rouge de Prusse de l 1' Commandeur de l'Ordre de Saint-Etienne d'Autriche et de plusieurs autres Ordres trangers. S. M. le Roi de Sardaigne : le sieur Camille Benso, comte de Cavour, Grand Croix de l'Ordre des Saints Maurice et Lazare, Chevalier de l'Ordre du Mrite civil de Savoie., Grand Croix de l'Ordre Imprial de la Lgion d'Honneur, dcor de l'Ordre Imprial du Medjidi de lrc classe, Grand Croix de plusieurs autres Ordres trangers, Prsident du Conseil des Ministres et son Ministre et Secrtaire d'Etat pour les finances et le sieur Salvator, Grand Croix de l'Ordre des Saints MauMarquis de Villamarina, rice et Lazare, Grand Officier de l'Ordre Imprial de la Lgion d'Honneur etc., etc., etc.; son envoy extraordinaire, et Ministre la Cour de France ; Plnipotentiaire Et S. M. l'Empereur des Ottomans, Mouhammed-Emin-AaliPacha, grand Vizir de l'Empire ottoman, dcor des Ordres Impriaux du Medjdi et du mrite de premire classe, Grand'Croix de la Lgion d'honneur, de Saint-Etienne de l'Aigle d'Autriche, Rouge de Prusse, de Sainte-Anne de Russie, des Saints-Maurice' et Lazare de Sardaigne, de l'Etoile polaire de Sude et de plusieurs autres Ordres trangers ; et Mehemmed-Djemil-Bey, dcor de l'Ordre Imprial du Medjdi de seconde classe et Grand'Croix de l'Ordre des Saints-Maurice et Lazare, son Ambassadeur extraordinaire et Plnipotentiaire prs S. M. l'Empereur des Franais, accrdit en la mme qualit, prs S. M. le roi de Sardaigne ; Lesquels se sont runis en congrs Paris. tablie entre eux, Leurs L'entente ayant t heureusement la des Franais et l'Empereur d'Autriche, Majests l'Empereur de la Grande-Bretagne et d'Irlande, l'EmReine du Royaume-Uni pereur de toutes les Russies, le Roi de Sardaigne et l'Empereur
3G4
APPENDICE
des Ottomans, considrant que, dans un intrt europen, S. M. le Roi de Prusse, signataire de la convention du treize juillet mil aux huit cent quarante et un, devait, tre appele participer prendre, et apprciant la valeur qui nouveaux arrangements gnrale, le concours de ajouterait une oeuvre de pacification au Ladite Majest, l'ont invite a envoyer des plnipotentiaires Congrs. En consquence, S. M. le Roi de Prusse a nomm pour ses plsavoir : Le sieur Othon Thodore, baron de Mannipotentiaires, des Affaireteulel, prsident de son Conseil et son ministre trangres, Chevalier de l'Ordre de l'Aigle-Rouge de Prusse, premire classe, avec feuilles de chne, couronne et sceptre : Grand Chevalier de l'Ordre de Commandeur de l'Ordre de Hohenzollern, de l'Ordre de Saint-Etienne de Saint-Jean de Prusse, Grand'croix Newski, Grand' Hongrie, Chevalier de l'Ordre de Saint-Alexandre et Lazare, et de l'Ordre du Croix de l'Ordre des Saints-Maurice Nichan-Iftihar de Turquie, etc., etc., etc. ; Et le sieur Maximicomte de Hatzfeldt-Wildenburglien-Frdric-Charles-Franois, Schoenstein, son Conseiller priv, actuel, son Envoy extraordinaire et Ministre plnipotentiaire la cour de France, Chevalier de l'Ordre de l'Aigle rouge de Prusse, seconde classe, avec feuille de chne et plaque : Chevalier de la Croix d'honneur de Hohenzollern, premire classe, etc., etc., etc. Les Plnipotentiaires, aprs avoir chang leurs voirs, trouvs en bonne et due forme, sont convenus suivants. pleins poudes articles
ARTICLEPHEMIER. 11 y aura, dater du jour de l'change des ratifications du prsent trait, paix et amiti entre S. M. l'Empereur des Franais, S. M. la Reine du Royaume-Uni del GrandeS. M. le Roi de Sardaigne, S. M. I. le Bretagne et d'Irlande, Sultan, d'une part, et S. M. l'Empereur de toutes les Russies de l'autre part, ainsi qu'entre leurs hritiers et successeurs, Leurs Etats et sujets respectifs, perptuit. ART. 2. La paix tant dites Majests, les territoires mes, pendant la guerre heureusement tablie entre leurs conquis ou occups par leurs arseront rciproquement vacus. Des
APPENDICE
365
le mode de l'vacuation arrangements spciaux rgleront qui devra tre aussi prompte que faire se pourra. ART. 3. S. M. l'Empereur de toutes les Russies s'engage restituer S. M. le Sultan, la ville et citadelle de Kars aussi bien ottoman, dont les troupes que les autres parties du territoire russes se trouvent en possession. ART. 4-, Leurs Majests l'Empereur des Franais, la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, le Roi de Sardaigne et le Sultan s'engagent restituer S. M. l'Empereur de toutes les Russies, les villes et ports de Sbastopol, BalaKamieseh, klava, Kerlch, Jeni-Kaleh, Kinburn, Eupatoria, ainsi que tous autres territoires occups par les troupes allies. ART. 5. Leurs Majests l'Empereur des Franais, la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, l'Empereur de toutes les Russies, le Roi de Sardaigne et le Sultan accordent une amnistie pleine et entire ceux de leurs sujets t compromis qui auraient par une participation quelconque aux vnements de la guerre en faveur de la cause ennemie. Il est expressment entendu que cette amnistie s'tendra aux sujets de chacune des parties belligrantes, qui auraient continu, pen tre employs dans le service de l'un des dant la guerre, de guerre seront immdiatement prisonniers rendus de part et d'autre. des Franais, S. M. la Reine du ART. 7. S. M. l'Empereur et d'Irlande, S. M. le Roi de la Grande-Bretagne Royaume-Uni de toutes les Russies et S. M. le Roi de Prusse, S. M. l'Empereur de Sardaigne dclarent la Sublime Porte admise participer aux avantages du droit public et du Concert europen. Leurs Majests et chacune de son ct, respecter l'indpendance s'engagent, de l'Empire Ottoman, garantissent en comterritoriale l'intgrit et considreront de cet engagement mun la stricte observation en consquence, tout acte de nature y porter atteinte comme une question d'intrt gnral. ART. 8. S'il survenait entre la Sublime Porte et l'une ou dissentiment qui plusieurs des autres Puissances signataires, un autres belligrants. ART. G. Les
1 la Sublime Porte et
relations,
avant
de recourir
YH. <j.
le Sultan,
un firman qui, en pour le bien tre de ses sujets, ayant octroy de religion ni de race, conleur sort sans distinction amliorant envers les populations chrintentions sacre ses gnreuses tiennes gnage aux Puissances de sa volont tent la haute de son Empire, de ses sentiments et voulant donner un nouveau tmoi cet gard, a rsolu de communiquer ledit firman, man contractantes spontanment contractantes constasouveraine. Les Puissances de cettte communication. cas, donner 11 est bien entendu aux dites Puisen aucun le droit
valeur
qu'elle sances
ne saurait
soit collectivement, soit sparment dans de S. M. le Sultan avec ses sujets, ni dans l'admiles rapports intrieure de son Empire. nistration de s'immiscer ART. 10. La Convention 13 juillet Ottoman relative du 1811 qui maintient la clture des dd'un com-
rgle de l'Empire l'antique et des Dardanelles, troits du Bosphore mun accord. L'acte les Hautes sent trait, conclu
a t rvise
ce principe, entre est et demeure annex au prParties Contractantes, et aura mme force et valeur que s'il en faisait par-
tic intgrante. ART. 11. La mer Noire marchande formellement de toutes et les est neutralise: nations, soit ses eaux au de interdits ouverts et ses la marine ports sont de guerre
perptuit, soit des Puissances riveraines, sauf les exceptions mentionnes trait. ART. 12. ports Libre de toute del
aux articles
entrave,
dans
les
mer Noire,
de sant, de douane, do police, rglements conus au dveloppement des transactions commeresprit favorable ciales. Pour donner aux intrts commerciaux et maritimes de
APPENDICE I
3g7
toutes les nations la scurit d'sirable, la Russie et la Sublime Porte admettront des Consuls dans leurs ports situs sur le littoral de la mer Noire, conformment aux principes du droit international. ART. 13. La mer Noire tant neutralise, aux termes de l'article 1-1, le maintien ou l'tablissement sur son littoral d'arsenaux militaires maritimes devient sans ncessit, comme sans de toutes les Russies et objet. En consquence S. M. l'Empereur S. M. I. le Sultan s'engagent n'lever et ne conserver sur ce littoral aucun arsenal militaire maritime. ART. 1-1 Leurs Majest l'Empereur de toutes les Russies et le Sultan, ayant conclu une convention l'effet de dterminer la force elle nombre des btiments lgers, ncessaires aux services de leurs ctes, qu'elles se rservent d'entretenir dans la mer Noire, cette convention est annexe au prsent trait. ART. 15. L'acte du Congrs de Vienne, ayant tabli les des fleuves qui sparent principes destins r.'gler la navigation ou traversent plusieurs Etats, les Puissances contractantes stipulent entre elles, qu' l'avenir ces principes seront galement Elles dclarent que appliqus au Danube et ses embouchures. cette disposition fait, dsormais, partie du droit public de l'Europe, et la prennent sous leur garantie. du Danube ne pourra tre assujettie aucune La navigation entrave ni redevance qui ne serait pas expressment prvue par les stipulations contenues dans les articles suivants. En conssur le quence il ne sera peru aucun page bas uniquement du fleuve, ni aucun droit sur les marchanfait de la navigation dises qui se trouvent bord du navire. Les rglements de police et de quarantaine tablir, pour la sret des Etats spars ou traverss par ce fleuve, seront conus de manire favoriser, des navires. Sauf ces autant que faire se pourra, la circulation rglements, il ne sera apport aucun obstacle, quelqu'il soit la libre navigation. de l'article ART. 16. Dans le but de raliser les dispositions prcdent, une commission dans laquelle la France, l'Autriche, la Prusse, la Russie, la Sardaigne et la Grande-Bretagne, la Turquie seront chacune reprsente par un dlgu, sera
3GS
APPENDICE I
travaux ncessaires charge de dsigner et de faire excuter les du Danube, les embouchures pour d'gager depuis lsatcha, des sables et ainsi que les parties de la mer y avoisinantes, autres obstacles qui les obstruent, afin de mettre cette partie du condifleuve et les dites parties de la mer dans les meilleures Pour couvrir les frais de ces tions possibles de navigabilit. travaux, ainsi que des tablissements ayant pour objet d'assurer aux bouches du Danube, des droits et de faciliter la navigation la mafixes d'un taux convenable, arrts par la Commission, tre prlevs, la condition expresse jorit des voix, pourront que, sous ce rapport, comme sous tous les autres, les pavillons de toutes les nations seront traits sur le pied d'une parfaite galit. ART. 17. Une Commission sera tablie et se composera des de la Bavire, de la Sublime-Porte et du dlgus de l'Autriche, "Wurtemberg (un pour chacune de ces Puissances) auxquels se runiront les Commissaires des trois Principauts danubiennes, aura t approuve parla Porte. Cette Comdont la nomination 1 laborera les rglements de mission qui sera permanente, 2 fera disparatre les entraves navigation et de police fluviale; de quelque nature qu'elles puissent tre, qui s'opposent encore l'application 3 ordonnera du parcours Commission embouchures sinantes. ART. 18. au Danube des dispositions du trait de Vienne : et fera excuter les travaux ncessaires sur tout le fleuve: et 4 veillera, aprs la dissolution de la au maintien de la navigabilit des Europenne, du Danube et des parties de la mer y avoi-
Il est entendu que la Commission Europenne aura rempli sa tche et que la Commission riveraine aura termin les travaux dsigns dans l'article prcdent, sous les nos 1 et 2 dans runies en conl'espace de deux ans. Les Puissances signataires, frence, informes de ce fait, prononceront, aprs en avoir pris acte, la dissolution de la Commission Europenne, et, ds lors, la Commission riveraine permanente jouira des mmes pouvoirs que ceux dont la Commission Europenne aura t investie jusqu'alors. ART, 19. Afin d'assurer l'excution des rglements qui auront
APPENDICE
369
t arrl/'s
d'un commun accord, d'aprs les principes ci-dessus noncs, chacune des Puissances contractantes aura le droit de faire, stationner, en tout temps, deux btiments lgers aux embouchures du Danube. AUT. 20. En change des villes, ports et territoires numrs dans l'article 4 du prsent Trait et pour mieux assurer la libert de la navigation du Danube, S. M. l'Empereur de toutes les Russies consent la rectification de sa frontire en Bessarabie. La nouvelle frontire partira de la mer Noire, un kilomtre l'est du lac Bouma-Sola, rejoindre perpendiculairement la route d'Akerman, suivra cette route jusqu'au val de rajan, le long de la rivire de passera au sud de Bolgrad, remontera la hauteur de Saratsika et ira aboutir KataYalpuck jusqu' En amont de ce point, l'ancienne frontire mori, sur le Pruth. entre les deux Empires ne subira, aucune modification. Des dlgus des Puissances contractantes, fixeront, dans ses dtails, le trac de la nouvelle frontire. ABT. 21. Le territoire cd par la Russie sera annex la de Moldavie, sous la suzerainet de la Sublimeprincipaut Porte. Les habitants de ce territoire jouiront des droits et priviet, pendant l'espace de trois lges assurs aux Principauts, annes, il leur sera permis de transporter ailleurs leur domicile, en disposant librement de leurs proprits. ART. 22. Les Principauts de Valachie et de Moldavie continueront jouir, sous la suzerainet de la Porte et sous la garantie des Puissances contractantes, des privilges et des immunits dont elles sont en possession. Aucune protection exclusive ne sera exerce sur elles par une des Puissances garantes. 11 n'y aura aucun droit particulier d'ingrence dans leurs affaires intrieures. ART. 23. La Sublime-Porte s'engage conserver auxdiles et nationale, une administration Principauts, indpendante ainsi que la pleine libert, de culte, de lgislation, de commerce et de navigation. Les lois et statuts aujourd'hui en vigueur seront reviss. Pour tablir un complet accord sur cette rvision, une Commission spciale, sur la composition de laquelle les HautesPuissances contractantes se runira sans dlai, s'entendront, u. -24
370
APPENDICE I
Celle comBucharest, avec un commissaire de la Sublime-Porte. mission aura pour tche de. s'enqurir de l'Etat actuel des Principauts et de proposer les bases de leur future organisation. AHT. 2-i. S. M. le Sultan promet de convoquer immdiatement, clans chacune des deux provinces, un Divan ad hoc, la plus exacte compos de manire constituer la reprsentation des intrts de toutes les classes de la socit. Ces Divans seront les voeux des populations relativement appels exprimer des Principauts. Une instruction du dfinitive l'organisation Congrs rglera les rapports de la Commission avec ces Divans. en considration mise par les ART. 23. Prenant l'opinion sans retard, au sige deux Divans, la Commission transmettra, actuel des Confrences, les rsultats de son travail. L'entente finale avec la Puissance suzeraine sera consacre par une Convention conclue . Paris, entre les Hautes Parties contractantes : conforme aux stipulations de la Convention, et un hatti-schriff de ces Provinces constituera dfinitivement l'organisation pinces dsormais sous la garantie collective de toutes les Puissances signataires. ART. 26. Il est convenu qu'il y aura, dans les Principauts, une force arme nationale, organise dans le but de maintenir la sret de l'intrieur et d'assurer celle des frontires. Aucune entrave ne pourra tre apporte aux mesures extraordinaires de dfense que, d'accord avec la Sublime-Porte, elles seraient appeles prendre pour repousser toute agression trangre. ART. 27. Si le repos intrieur des Principauts se trouvait menac ou compromis, la Sublime. Porte s'entendra avec les autres Puissances Contractantes sur les mesures prendre pour maintenir ou rtablir l'ordre lgal. Une intervention arme ne pourra avoir lieu sans un accord pralable entre ces Puissances. ART. 28. La Principaut de Servie continuera relever de la Sublime-Porte, conformment aux Hats impriaux qui fixent et dterminent ses droits et immunits, placs dsormais sous la Contractantes. En consquence, garantie collectivedesPuissances ladite Principaut conservera son administration indpendante
APPENDICE I
371
et nationale, ainsi que la pleine libert de culte, de lgislation, de commerce, et de navigation. ART. 29. Le droit de garnison de la Sublime Porte, tel qu'il se trouve stipul par les rglements est maintenu. antrieurs, Aucune intervention arme ne pourra avoir lieu en Servie sans un accord pralable entre les Hautes Puissances Contractantes. ART. 30. S. M. l'Empereur de toutes les Russies et S. M. le Sultan maintiennent, dans son intgrit, l'tat de leurs possessions en Asie, tel qu'il existait lgalement avant la rupture. Pour sera locale, le trac, de la frontire prvenir toute contestation vrifi et, s'il y a lieu, rectifi, sans qu'il puisse en rsulter un prjudice territorial pour l'une ou l'autre des deux parties. A cet effet, une commission mixte, compose de. deux commissaires russes, de deux Commissaires ottomans, d'un commissaire franais et d'un commissaire anglais, sera envoye sur les lieux, immdiatement des relations diplomaaprs le rtablissement tiques entre la cour de Russie et la Sublime Porte. Son travail dans l'espace de huit mois, dater de devra tre termin du prsent trait. l'change des ratifications ART. 31. Les territoires occups pendant la guerre par les des Franais, l'Empereur troupes de Leurs Majests l'Empereur la Reine, du Royaume Uni de la Grande Bretagne et' d'Autriche, aux termes des Conventions d'Irlande et le Roi de Sardaignc, le 12 mars 1854-, entre la France, la signes h Constantinople, Grande Bretagne et la Sublime Porte, et le 15 mars 1855, entre la Sardaigne et la Sublime Porte, seront vacus aprs l'change du prsent trait, aussitt que faire se pourra. des ratifications feront l'objet d'un arranLes dlais et les moyens d'excution gement entre la Sublime Porte et les Puissances dont les troupes occupent son territoire. ou Traits qui AKT. 32. Jusqu' ce que les Conventions existaient avant la guerre entre les Puissances belligrantes, aient t ou renouvels ou remplacs par des actes nouveaux, le aura lieu rciproqueou d'exportation commerce d'importation en vigueur avant la guerre ; et ment sur le pied des rglements traits leurs sujets, en toute autre matire, seront respectivement sur le pied de la nation la plus favorise.
de l'autre aux de toutes les Russies, part, relativement pereur au prsent trait et aura les d'Aland, est et demeure annexe mme force et valeur que si elle en faisait partie. ART. 34. seront plus Le Trait prsent Paris, dans sera ratifi et les ratifications semaines ou
l'espace
de quatre
de quoi, les Plnipotentiaires ont appos le sceau de leurs armes. Fait Paris, le 30e jour A.
Bt'OL
En foi
respectifs
l'ont
sign
et y
du mois
de mars
1856. BOURQUENEY.
IlUB.VER.
WALEWSKI.
ScHATJENSTEIN.
ARTICLE ADDITIONNEL ET TRANSITOIRE. Les stipulations ventions des Dtroits, en ce jour ne seront signes, cables aux btiments
de guerre employs par les belligrantes pour l'vacuation par mer des territoires occups leur par leurs armes ; mais lesdites stipulations, reprendront entier effet, aussitt que l'vacuation sera termine. Fait Paris, le 30e jour du mois de mars 1856. signatures.
Suivent
les mmes
APPENDICE
373
1" Annexe
au Trait
gnral
de Paix
du 30 mars
1856.
Convention dite des Dtroits, signe Paris, le 30 mars 1856, entre la France, la Grande la Prusse, l'Autriche, Bretagne, la Russie, la Sardaigne et la Turquie. le (Ech. des ratil'.. 27 avril 1856.) Au NOM DE DIEU TOUT-PUISSANT, Leurs triche, d'Irlande, Majests la Reine le Roi l'Empereur du Royaume des Franais, d'Aul'Empereur Uni de la Grande et Bretagne l'Empereur du 13 juillet de toutes 1841, leur les Russies, le Roi et S..M.
en commun
dtermination
Ottoman, rgle de l'Empire les dtroits des Dardanelles et du Bosphore sont laquelle aux btiments de guerre trangers tant que la Porte se en paix. d'une part, et S. M. le Sultan, de l'autre, Majests, de renouveler la Convention Londres conclue le 1841, sauf
de se conformer
l'ancienne
modifications de dtail quelques qui ne au principe aucune atteinte sur lequel elle repose. portent En consquence, Leurs dites Majests ont nomm cet effet que pour le Trait principal. Plnipotentiaires leurs pleins pouvoirs, trouvs Lesquels, aprs avoir chang en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants. ARTICLE PREMIER. S. M. a la ferme riablement vertu le Sultan, d'une part, dclare qu'il de maintenir, l'avenir, le principe rsolution invacomme ancienne et en tabli, rgle de son Empire les mmes
dfendu aux btiments de duquel il a t de tout temps d'entrer dans les dtroits des trangres guerre des Puissances et du Bosphore, et que tant que la Porte se trouve Dardanelles en paix, dtroits. S. M. n'admettra aucun btiment de guerre dans lesdits
Et Leurs
Majests
l'Empereur
d'Autriche,
la Reine du Royaume
374
APPENDICE
Uni
le Roi de Prusse, Grande Bretagne et d'Irlande, de toutes les Russies et le Roi de Sardaigne, de l'Empereur du Sultan l'autre part, s'engagent respecter cette dtermination et se conformer au principe ci-dessus nonc. de la
ART. 2. Le Sultan se rserve, comme par le pass, de dlivrer des firmans de passage aux btiments lgers sous pavillon de guerre, lesquels sont employs comme il est d'usage au service des lgations des Puissances amies. ART. 3. La mme exception s'applique aux btiments lgers sous pavillon de guerre que chacune des Puissances Contractantes est autorise faire stationner aux embouchures du des rglements Danube, pour assurer l'excution relatifs la libert du fleuve et dont le nombre ne devra pas excder deux pour chaque Puissance. ART. 4. La prsente Convention, annexe au Trait gnral, et les ratifications en sign Pai'is en ce jour, sera ratifie, seront changes dans l'espace de quatre semaines, ou plus tt, si faire se peut. En foi de quoi les Plnipotentiaires y ont oppos le sceau de leurs armes. Fait Paris, le 30e jour Suivent respectifs l'ont signe et
les mmes signatures que celles places au bas du Trait gnral de paix dont cette Convention forme la premire annexe,
APPENDICE
375
2e Annexe
au Trait
gnral
de Paix
du 30 mars
1856.
Convention relative au nombre et la force des btiments de guerre riveraines entretiendront que les Puissances dans la mer Noire, signe Paris, le 30 mars 1856, entre la Russie et la Turquie. (Ech. des ratif.. le 27 avril 1856.)
Au NOM DE DIEU TOUT-PUISSANT, S. M. l'Empereur de toutes les Russies et S. M. I. le Sultan, en considration le principe de la neutralisation de la prenant mer Noire, tabli au protopar les prliminaires consigns cole n 1, sign Paris, le 25 fvrier de la prsente anne, et voulant, nombre ont d'un commun le accord, consquence, rgler, et la force des btiments se sont rserv, lgers qu'Elles d'entretenir dans la mer Noire pour le service de leurs ctes, rsolu de ont nomm S. M. dans signer, cet effet : ce but, une convention spciale et en
de toutes les Russie : le sieur Alexis, l'Empereur Orloff, son aide de camp gnral, etc.. et le sieur Philippe, de Brunnow, son conseiller priv, etc. I. le Sultan, Mouhammed-Emin-Aali-Pacha, A'ezir de l'Empire Ottoman et Mehemmed-Djemil-Bey, Lesquels, aprs avoir chang leurs pleins-pouvoirs bonne et due forme, sont convenus Hautes des articles Parties ARTICLE PREMIER. Les Contractantes Et S. M, etc.
trouvs :
en
suivants
dans la mer Noire n'avoir gent mutuellement la force et les dimenments de guerre que ceux dont le nombre, sions sont stipuls ci-aprs. ART. 2. Les Hautes tenir, Parties Contractantes se rservent
s'engabtid'autres
d'en-
de vapeur dans cette mer, six btiments chacune, d'un tonnage de la flottaison, mtres de longueur cinquantes au maximum, et quatre btiments huit cents tonneaux lgers ou voile, d'un tonnage qui ne dpassera pas deux cents vapeur chacun. tonneaux
376
APPENDICE
ART. 3.La prsente Convention, annexe au Trait gnral, sera ratifie, et les ratifications en sign Paris, en ce jour, seront changes dans l'espace de quatre semaines, ou plus tt si faire se peut. En foi de quoi les Plnipotentiaires ont appos le sceau de leurs armes. Fait Paris le 30e jour respectifs l'ont signe et y
APPENDICE
377
3 Annexe
au Trait
gnral
de paix
du 30 mars
1856.
Paris
le et la
Au NOM DE DIEU TOUT-PUISSANT, S. M. l'Empereur des Franais, S. M. la Reine du RoyaumeUni de la Grande-Bretagne et d'Irlande et S. M. l'Empereur de toutes les Russies, voulant tendre la mer Baltique l'accord si heureusement les bienfaits vention tabli entre Elles en de la paix gnrale et ont nomm cet effet, les noms le Trait Orient, ont rsolu et consolider de conclure par l une con-
des Plnipotentiaires
qui
sont
les mmes
gnral.)
leurs pleins pouvoirs, trouvs Lesquels, aprs avoir chang en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants : de toutes les Russies, l'Empereur au dsir qui lui a t exprim pour rpondre par Leurs Majests et la Reine du Royaume-Uni des Franais de la l'Empereur et d'Irlande, dclare ne Grande-Bretagne que les Iles d'AIand seront pas fortifies, militaire tablissement et qu'il n'y ou naral. sera maintenu ni cr aucun ARTICLE PREMIER. S. M.
annexe au Trait gnral ART. 2. La prsente Convention, en ce jour, sera ratifie et les ratifications en sign Paris, dans l'espace de quatre semaines ou plus tt, seront changes si faire se peut, respectifs l'ont signe et y
En foi de quoi les Plnipotentiaires ont appos le sceau de leurs armes. Fait Paris le 30e jour du mois
de mars
1856.
378
APPENDICE
la France, 1856 entre Paris le 15 avril signe et l'inet la Grande-Bretagne, pour la garantie de l'Empire Ottoman.
S. M. l'Empereur S. M. la Reine du
des Franais,
lande, voulant rait de leur part toute infraction Paris ont nomm cet effet pour (Suivent que pour les noms des
d'Autriche et S. M. l'Epereur de la Grande-Bretagne et d'Irl'action combine aux stipulations leurs Plnipotentiaires, qui qu'entranede la Paix de savoir: les mmes
Plnipotentiaires
sont
le Trait
gnral),
trouvs Lesquels, aprs avoir chang, leurs pleins pouvoirs, en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants : ARTICLE PREMIER. Les Hautes sent solidairement Ottoman, 1850. infraction Puissances aux stipulations signataires dudit du Trait, sera entre elles consacres Parties contractantes garantisde le
l'Empire 30 mars
prsent
Trait
sans retard
militaires
ART. 3, Le prsent Trait sera ratifi, seront changes dans l'espace de quinze faire se peut, En foi de quoi, les Plnipotentiaires ont appos le sceau de leurs armes. Fait Paris le 15e jour du mois d'avril
respectifs
l'ont
sign
et y
1850.
AVALEWSKI,
BUOL,
APPENDICE
11
Trait
Londres le 13 mars 1871 entre la France, sign la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la l'Autriche, l'Italie, Russie et la Turquie, reviser les stipulations du pour Trait de Paris du 30 mars sur la navigation de l 1856, mer Noire et du Danube. Londres, le (Ech. des ratif. 15 mai 1871).
Au NOM DE DIEU TOUT-PUISSANT, de la Rpublique S. M. franaise, Roi de Prusse, S. M. l'Empereur d'Aul'Empereur d'Allemagne, Roi de Bohme, triche, de Hongrie,S. M. etc., et Roi apostolique la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, S. M. le Roi d'Italie, S. M. l'Empereur de toutes les .Russies et S. M. l'Empereur leurs reprsentants dans trait tion des Ottomans, en confrence ont jug ncessaire de runir Londres, afin de s'entendre la revision des stipulations du 1850 (1), relatives la navigaLe chef du Pouvoir excutif
qu' celle du Danube. assurer dans ces contres de nouDsirant en mme temps au dveloppement de l'activit commerciale de velles facilits les Hautes Parties Contractantes ont rsolu de les nations, et ont nomm cet effet, pour leurs plniconclure un trait, savoir : potentiaires toutes Le sieur Chef du Pouvoir excutif Jacques-Victor-Albert, le texte de ce trait le de la Rpublique franaise, de l'ordre duc de Broglie, chevalier de Clerc, t. VII, p. 59.
(1) Voir
380
APPENDICE
II
et plnipoambassadeur extraordinaire de la Lgion d'Honneur, tentiaire de la Rpublique Franaise prs S. M. B., etc. roi de Prusse, le sieur Albert, S. M. l'Empereur d'Allemagne, son ministre d'Etat et Chamcomte de Bernstorff-Stintenburg, de son ordre de la Maison Impriale bellan, grand commandeur en diamants et grand croix de son et Royale de Iohenzollern avec des branches de chne, grand croix ordre de l'Aigle-Rouge de l'ordre ducal de la branche Ernestine de la Maison de Saxe, de Russie- de de Saint-Stanislas chevalier de l'ordre Imprial premire classe et de l'ordre Royal du Lion d'Or de la Maison de Massau, Grand croix de l'ordre Royal du Mrite civil de la couronne de Bavire, de l'ordre de la Lgion d'honneur de France, de l'ordre Imprial du Lion et du Soleil de Perse ; de l'ordre royal et du Christ de Portugal, militaire extraordietc., ambassadeur naire et plnipotentiaire de S. M. I. et R. prs S. AI. B., etc. S. Al. l'Empereur Roi de Bohme, etc. et Roi aposd'Autriche, comte Apponyi, chamtolique de Hongrie, le sieur Rodolphe, bellan, conseiller intime de S. M. I. et R. A., chevalier de l'ordre de la Toison d'or, grand croix de l'ordre Imprial de Lopold. son ambasssadeur extraordinaire prs S. AI. B. etc, S. AL la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande le trs-honorable Granville (Georges) comte Granville, lord Levesson, pair du Royaume-Uni, chevalier du trs noble ordre de la Jarretire, conseiller de S. AL en son conseil priv, lord gardien des Cinq-Ports et conntable du chteau de Douvres, chancelier de l'Universit de Londres, Principal secrtaire d'tat de S. Al. pour les affaires trangres, etc. S. AI. le Roi d'Italie, le chevalier Charles Cadorna, ministre d'Etat, snateur du Royaume, Chevalier Grand'croix, dcor du et de Saint-Lazare grand cordon de ses Ordres de Saint-Alaurice et de la Couronne d'Italie, son Envoy Extraordinaire et Alinistre Plnipotentiaire prs S. Al. B., etc. S. AI. l'Empereur de toutes les Russies, le sieur Philippe, baron de Brunnow, son conseiller des Ordres de actuel, Chevalier Russie, de l'Aigle-Rouge de Prusse de la premire classe, commandeur de Saint-Etienne de Hongrie, Grand'croix de l'Ordre de
II du Mrite
de l'Ordre cl
Plnipotentiaire
Et, S. AI. l'Empereur des Ottomans, Constantin Alusurus-Pacha, Aluchir et Arizir de l'Empire, dcor des Ordres de Impriaux l'Osmani et du Aledjdi de premire Grand'Croix de classe, l'Ordre des Saints-Alaurice et Lazare et de plusieurs autres Ordres son Ambassadeur trangers, prs S. Al. B., etc. Extraordinaire, et Plnipotentiaire
Lesquels, aprs avoir chang leurs pleins pouvoirs bonne forme, sont convenus des articles suivants : ARTICLE PREMIER. Les articles du 30 mars il, 13 et 14 du trait
trouvs
en
de Paris
1856, ainsi que la convention spciale conclue entre la Sublime Porte et la Russie, et annexe audit article 14, sont : suivant abrogs et remplacs par l'article ART. 2. nelles et Le principe de la clture des Dtroits des Darda-
du Bosphore, tel qu'il a t tabli par la Convention avec la facult pour 1850 (1) et maintenu, spare du 30 mars lesdits Dtroits en temps de paix aux S. Al. I. le Sultan d'ouvrir btiments unies et allies, dans le cas de guerre des puissances ncessaire o la Sublime Porte le jugerait sauvegarder pour du trait, de Paris du 30 mars 1856. l'excution des stipulations ART. 3. La mer la marine marchande Noire reste ouverte, comme par le pass, de toutes les nations. par l'article 16 du Trait de
tablie
du Trait, sont cosignataires de dchacune reprsentes par un dlgu, et qui a t charge Isakncessaires les travaux depuis signer et de faire excuter ainsi que les du Danube, les embouchures. tcha, pour dgager des sables et autres obsde la mer Noire y avoisinantes, parties et afin de mettre cette partie du fleuve tacles qui les obstruent, de naconditions de la mer dans les meilleures les dites parties La dure actuelle. maintenue dans sa est composition vigabilit, de ultrieure est fixe pour une priode de cette Commission les Puissances (1) A'oir le texte de cette Convention, de Clercq. t. VII, p. 71.
382
APPENDICE
II
douze ans, . compter du 24 avril 1871, c'est--dire jusqu'au de l'emprunt contract, 2 i avril 1883, terme de l'amortissement sous la garantie de la Grande-Bretagne, par cette Commission de la France, de l'Italie de l'Autriche-Hongrie, de l'Allemagne, et de la Turquie, ART. 5. Les conditions de la runion nouvelle de la Commission riveraine, tablie par l'article 17 du Trait de Paris du entre les 30 mars 1856, seront fixes par une entente pralable sans prjudice de la clause relative aux Puissances riveraines, d'une Danubiennes: et en tant qu'il s'agirait trois Principauts 17 dudit Trait, cette dernire fera de l'article modification spciale entre les Puissances cosignal'objet d'une convention gnataires. de la partie du Danube ART. 6. Les Puissances riveraines o les cataractes et les portes de fer mettent des obstacles la se rservant de s'entendre entre elles l'effet de faire navigation, leur disparatre ces obstacles, les Hautes Parties Contractantes reconnaissent ds prsent le droit de percevoir une taxe provisoire sur les navires de commerce sous tout pavillon, qui en dsormais jusqu' l'extinction de la dette contracte profiteront et elles dclarent l'article 15 du pour l'excution des travaux; cette partie du fleuve pour Trait de Paris de 1850 inapplicable le laps de temps ncessaire au remboursement de la dette en question. ART. 7. Tous les ouvrages et tablissements de toute nature crs par la Commission europenne, en excution du Trait de Paris de 1856, ou du prsent Trait, continueront jouir de la mme neutralit qui les a protgs jusqu'ici et qui sera galement respecte l'avenir dans toutes les circonstances par les Hautes Parties Contractantes. Le bnfice des immunits qui en drivent s'tendra tout le personnel administratif et technique de la Commission. 11 est bien entendu que les dispositions n'affec^ de cet article feront en rien le droit de. la Sublime-Porte de faire entrer, comme de tout temps, ses btiments de guerre dans le Danube en sa qualit de Puissance territoriale.
II renouvellent
383 et
Contractantes
confirment que
ART. 9. Le pr.'sent Trait, sera ratifi, seront changes Londres dans l'espace plus tt si faire se peut.
en ou
En foi de quoi, les Plnipotentiaires ont appos le sceau de leurs armes. Fait Londres, le 13e jour
respectifs
l'ont
sign
et y
de Mars
1871.
384
APPENDICE
II
Convention
la le 13 mars entre Londres, 1871, signe la convention et la Turquie, Russie spciale pour abroger dans navales entretenir du 30 mars 1856, sur les forces la mer Noire, Au NOM DE DIEU TOUT-PUISSANT
S. Al. l'Empereur de toutes les Russies mutuellement anims du dsir de consolider et de bonne ont Empires, et ont nomm
heureusement existant intelligence, dans ce but de conclure une Convention rsoulu cet effet pour leurs Plnipotentiaires (1).
Lesquels, aprs avoir en bonne et duc forme, ARTICLE PREMIER. 30 mars 1850 entre
trouvs pleins pouvoir, des articles suivants. conclue de toutes et la force Noire Paris, les est les 18et
S. Al.
Russies et demeure
relative S. Al. I. le Sultan, de guerre des deux H. P. C, dans abroge. ART. 2. tions nes, ou plus En La prsente en seront changes tt si faire
des btiments
la mer
foi de quoi, les Plnipotentiaires y ont appos le sceau cle leurs armes. Fait Londres, le 1^713 du mois
respectifs
l'ont
signe,
et
de mars /^V.O'
1871. ''.'MulfeBus.
BRUNNOW.
de Londres
du 13 mars 1871.
TABLE
DES MATIRES
ORIENT I
Lutte de l'Islam et de la Chrtient. Dclin de Origines. La question Carla puissance Ottomane. d'Orient. lowitz 1699. Belgrade 1739. Kutchuk-Kanardji 1774. 1er et ses projets sur l'Orient. Jassy 1792. Napolon - Bucarest 1812. Politique de la SainteTilsitt et Erfurth. Alliance
II Priode de 1821 Les nationalits. 1829. Indpendance' de la Grce. Attitude Insurrection des grecque. Akerman 1826. Gouvernements. L'opinion publique. Londres 1827. Les Trois Puissances. Navarin. 1829. L'intervention tend devenir collective. Andrinople III Les rformes en Egypte. MahLutte turco-gyptienne. lre priode de la lutte : Unkiarmoud et Mhmet-Ali. de Londres 1840. Skelessi 1833. 2e priode : convention des Puissances. Convention des Dtroits 1841.Politique Attitude de la France M. 25
15
23
386
TABLE
DES MATIRES
DEUXIME
PARTIE
LE
TRAIT
DE
PARIS
I La question des Lieux au Trait. antrieures Ngociations Droits de la France. Saints. Les Orthodoxes elles Latins. Prtentions de la Russie. Commission d'enqute mixte. Bonnes dispositions Commission musulmane. de la de la Russie. La mission France. Mauvaise volont MenchikolT. Malgr les assurances formelles de la Russie, est secondaire. Question d'inla question des Lieux-Saints hautaine de Alenchikoff fluence. Attitude qui exige un Il rduit ses prtentions un sened puis une trait. Invasion des Princinote. Refus de la Sublime-Porte. Ultimatum russe. Rponse turque. Le tsar et pauts. Tentative de conciliation sir Hamilton des Seymour. A'ienne. Leur chec. Guerre russoambassadeurs Entre des flottes turque, 20 septembre 1853. anglo-fran Protocole du 5 dcembre 1853. aise dans le Bosphore. Entre de la flotte dans la mer Noire. ProtoSinope. 1854. L'Angleterre cole du 13 janvier et la France Trait de Constantinople, part la guerre. prennent de Londres, 10 avril, de Berlin, 12 mars. Convention 1854. La Sardaigne 20 avril. Trait du 2 dcembre de Londres, janvier 1855. adhre la convention La guerre. Confrence de A'ienne. Les quatre points. la Russie change de ton. Aprs la prise de Sbastopol, Attitude de la Serbie, de la Grce et du Alontenegro, pendant la guerre. Congrs de Paris
33
II Les traits signs Paris. tion cre par les traits. Apprciation gnrale. Situa-
TABLE
DES MATIRES
387
Elle entre dans le concert 1 La Turquie. europen. L'article 7. Trait de garantie et d'indpendance de l'Em15 avril. Porte d'un trait de ce genre. pire Ottoman, Conditions imposes la Turquie. L'article 9. Neutralisation de la mer Noire et des Dtroits. Le Danube et la libert de navigation des fleuves internationaux. Les Grandes Puissances . L'inter2 Les Puissances. a) La Russie. OEuvre de rorgavention collective. b) La France et nisation intrieure. l'Angleterre. Mot de ne durera L'alliance anglo-franaise pas. c) Les puissances allemandes : Autriche Talleyrand. c'est l'Autriche. et Prusse. Le vrai vaincu, d) La Remarquable politique du comte de Cavour. Sardaigne. La question italienne est pose. ottoman en 1856. a) Princide l'empire 3 Les nationalits b) Serbie, c) Autres provinces de pauts danubiennes. Le trait de Paris fait peu pour les Ottoman. l'Empire mais il fait natre beaucoup d'esprances. nationalits, * La Grce
67
TROISIME EXCUTION DU
PARTIE DE PARIS
TRAIT
diffrentes Ottoman.
I de Moldavie et de Valachie.
Principauts
Aperu historique sur les Prinlo La question de l'Union. de Trajan. La Dacie. Colonie romaine cipauts. Indpendance complte jusLa Moldavie et la Valachie. Aux xive, xv, xvi<s sicles, capitulations qu'au av sicle. La priode pliaavec la Porte. Ingrence de la Russie.
388
TABLE
DES MATIRES
Occupation des Pincipauts nariote. par les Russes 1829 Protectorat de la Russie. 1834. Le rglement organique. Rvolution de 1848. Occupation russe. Convention Les de Balta-Liman. pendant la guerre Principauts au sujet des de Crime. Le trait de Paris. Difficults Comfrontires de Bessarabie. La question de l'union. de Bucarest. Les Divans ad hoc. mission europenne Elections vicies. Conduite nergique de Al. Thouvenel. de Paris 1858-1859. Nouvelles lections. Confrence du colonel Couza. Principauts-Unies. Double lection constitution et la commission centrale La nouvelle de Fokshani. La politique franaise. Affaires de 1861. La Porte accepte l'union temporaire sous Couza 1861.Firman du 4 dcembre. Protocole du 28 juin 1864 et acte Confrence additionnel. de Paris 1866. Le prince Charles de Hohenzollern 1866. Union sous le nom de Charles 1er, roi de Roumanie, 30 juin 1866. Firman vestiture, 23 octobre 1866. Le royaume de Roumanie 2 Affaire couvents. d'in1881.
des biens des couvents ddis. Origine de ces Comment se pose la question. Confrence de 1864.Scularisation des biens des couvents Consiantinople ddis.
Alain mise sur les 3 La question juive. Principauts par les juifs. Rsultats des expulsions russes. Le danger contre juif en Moldavie et en Aralachie. Alesures restrictives les Isralites. Perscutions et intervention des Puissances en 1872. 4 La question des capitulations en Roumanie. Origine et motifs des capitulations dans les Echelles du Levant. Dans les pays chrtiens, elles ne sont pas motives par les faits. En Roumanie, elles n'ont pas non plus de fonde Question ment juridique. de l'opportunit de leur suppression II Principaut de Serbie. 103
Histoire. Incorporation l'Empire Ottoman au xve sicle. Rvolte de Kara-Georges, 1804. Trait de Bucarest. 1812. Nouveaux soulvementsl815. Le ptre Miloscb Obrenovitch
TABLE Son
DES MATIRES
389
premier rgne (1817-1839). Michel Obrenovitch. Question de l'hrdit. Alexandre Kara(1839-1842). Georgevvitch (1842-1858). Le trait de Paris. Second rgne de A'Iilosch (1858-1860). Second rgne de Michel 1860-1868. La Obrenowitch. question de l'occupation des forteresses et. du sjour des Turcs. Protocole du 8 septembre 1862. Bombardement de Belgrade, 1862. Confrence de Constantinople, 1866. La Convention de 1866 et l'vacuation des forteresses. Milan Obrenovritch IV,1868. La loi lectorale de 1869 et la reconnaissance du principe Milan I, roi de Serbie de l'hrdit.
167
Histoire. Silence du Trait de Paris. I. Montngro. Rle de la France. ProtoQuestion de l'indpendance. cole du 8 novembre 1858. Protocole de dlimitation, 1859. Soulvement de 1862. Les Blockhaus turcs. Rglement des proprits prives. Protocole du 3 mai 1864. Protocole de 26 octobre 1866. Mouvel incident de frontire de 1870. et confrence turco-montngrine Soulvements en 1858 et 1861. et Herzgovine. Efforts III. Bulgarie. pour obtenir un glise nationale. Tentatives Importance politique d'une pareille conqute. armes en 1867-1868. Firman de 1870. IL Bosnie IV. Leurs autres provinces turques des Balkans. La grande ide . les comptitions. aspirations, \peru rapide sur ce qu'on a appel le Combat macdonien Les IV Syrie. Massacres de l'Hedjazet bombardement Rglement, de 1845. de Djeddah. Massacres en Syrie, 1860. Les Druses elles Confrences de Paris. Convention du 5 sepAlaronites. tembre 1860. L'Europe donne mandat, la France derta-
184
390 blir
TABLE
DES MATIRES
Beyrouth l'ordre en Syrie, 12.000 hommes dbarquent du gnral de Beaufort sous le commandement d'Hautpoul. La Excution d'Achmet-Pacha. Commisrpression. Question de Beyrouth. de la prolongasion europenne Attitude de l'Angleterre. tion de l'occupation. Rorganisation du Liban. Rglement du 9 juin 1861. Daoud Insurrections de exclue des Confrences. pacha, l'Italie Alodification au rglement en 1864 et 1867. Joseph Karam. Situation gnrale de l'Armnie V Crte. Histoire. La Crte rattache Ottoman. Le Prol'empire Cesde 1830 et les droits des Puissances. tocole sion de Candie Mhmet-Ali, 1833. Elle retombe sous la Les insurrections. Les domination turque, 1841. aspi Ils veulent rations des Cretois. l'union au nouveau Soulvements en 1858 et en 1866. royaume de Grce. Appel aux grandes Puissances Alanifeste Cretois. Poli Proposition d'intertique peu nergique des Puissances. vention de la Russie. L'Autriche est dispose y adhrer. refuse de se prter toute espce d'intervenL'Angleterre tion. Hsitations de la France. Dsaccord dans le Concert europen. Attitude de la Grce. La Turquie refuse une enqute internationale. L'Europe abandonne la cause des chrtiens.Notes collectives auxquelles l'Angleterre refuse Le de s'associer. du 8 janRpression. rglement vier 1868. Il ne donne pas satisfaction aux aspirations des Cretois. Difficults de la question Cretoise. Elle est loin d'tre rsolue VI La Grce.
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Le rgne d'Othon 1er. La question financire et les trois Puissances garantes. Rvolution de 1862. Question de du prince dynastie. On cherche un roi. Acceptation George de Danemark. George 1er, 1863. Cession des les Ioniennes par l'Angleterre, 14 novembre 1863. Les conditions sinistres . Alodification du 9 mars 1864. Neudes les. Adhsion de la Turquie, 8 avril 1865. tralisation
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de la Grce dans les affaires de la Crte. Attitude Ultimatum Protestations de la Porte. turc du 8 dcem Intervention bre 1868. Rupture. des grandes puis sances. Confrence de Paris, 1869. Sa porte. La La Grce n'est admise qu' titre consultatif. Turquie Dclaration des est admise avec voix dlibrative. grandes de la Grce. Le conflit est puissances. Acceptation vit. Espoir que fit natre cette procdure de mdiation, pour l'avenir de la question d'Orient
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II de la Turquie.
gnrale I
Ce en Turquie. Rle qu'est la rforme Historique. des puissances dans cette oeuvre. Le Tanzimt. Rformes de Slim. Rformes de Mahmoud. Destruction des Ja Le Hatti-Chrif 1826. Abd-ul-Medjid. de nissaires, Firmans sur Gulhan; 1839. Son excution. l'arme, Rsultats du Hattil'instruction publique, la justice, etc. Chrif de 1839 II Le Hatti-Humayoun de 1856. Part qu'on pris les rprsen Mention qui en est tants des puissances son laboration. faite dans l'article 9 du trait de Paris. Dispositions prin Considrations prliminaires. Dispositions concipales. l'administrala justice, les finances, la religion, cernant tablit l'galit de tous les tion. Le Hatti-Humayoun de religion ni de classes. sujets de la Porte sans distinction Il forme une vritable charte des droits des chrtiens. Apprciation III Application du Hatti-Humayoun de 1856. des chrtiens. Loi et la 286 276
Le clerg
latin
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de la et la Russie. Affaire . Le clerg orthodoxe coupole du St-Spulcre 1862, protocole du 5 septembre 1862. Affaire du sanctuaire de Jrusalem, 1873. Rtablisse Les diffrentes ment du statu-quo. glises. Eglises nnies. glises dissidentes. JuridicIII Justice. Diffrentes catgories de tribunaux. Tribunaux du Chri. Juridiction tion des communauts. consulaire. Loi accordant aux trangers le droit de poss der des immeubles en Turquie. Les dnationalisations. 1869. Mmoire de 1869. Question Loi sur la nationalit, des capitulations. DiffOttoman. IV Finances. Les ressources de l'Empire rents impts. Les emprunts amnent l'intervention euro Commission 1859. franco-anglo-autrichienne, penne. Cour des comptes. Banque ottomane avec un directeur eu Le budget. Hatts de 1863. Loi sur les biens ropen. Vakoufs, 1867. La loi des Ses V Administration. vilayets. dispositions L'lment essentielles. Son importance. Critiques. Alodifications musulman reste prdominent. en 1870. Le VI Instruction de Galatapublique. Collge franais Sera. VII Politique des Puissances l'gard de la Rforme. Intervention en 1860. la Russie. L'enqute du grand 2 Vizir. Le rapport de Kyprili-pacha. de L'enqute 1867. L'tat de la Rforme cette poque. Politique des Puissances en 1867. La France s'en tient au Hatti-Humayoun, dont elle demande l'excution loyale. La Russie : autonomie ou anatomie. Politique hsitante de l'Autriche. Ce Scrupules de l'Angleterre. qu'il faut penser de la rforme en Turquie
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qu'alors en Orient, en subit le contre-coup.Raction contre Essais de centralisation. Rve d'unit le Tanzimt. islamique. L'Europe cherche se partager les dpouille de la France. Rsultats fcheux
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II Rvision du trait de Paris. La note du Prince Gorchakoff. Rponse des Puissances. Confrence de Londres, 1871. Difficults La France doit y tre reprsente. souleves par M. de Bismarck pour empcher Jules Favre de s'y rendre La question du sauf-conduit et le bombardement de Paris. Trait du 13 mars, sign au nom de la France par le duc Nouveau rgime de la mer Noire. Le Danube. deBroglie.
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CONCLUSION. APPENDICEI. Le Trait de Paris et ses annexes . . ,^-r--r-^. APPENDICE II. Le Trait de Londres
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et C"--.
le Mans.
Assoc'ation
ouvrire
S, rue du Porc-tpic.
INTRODUCTION. Thorie juridique de l'intervention PREMIERE PARTIE RESUME DE L'HISTOIRE DE L'INTERVENTION DE L'EUROPE EN ORIENT AVANT 1853 I Origines. - Lutte de l'Islam et de la Chrtient. - Dclin de la puissance Ottomane. - La question d'Orient. - Carlowitz 1699. - Belgrade 1739. - Kutchuk-Kanardji 1774. Jassy 1792. - Napolon Ier et ses projets sur l'Orient. - Tilsitt et Erfurth. - Bucarest 1812. - Politique de la Sainte-Alliance II Priode de 1821 1829. - Indpendance de la Grce. - Les nationalits. - Insurrection grecque. - Attitude des Gouvernements. - L'opinion publique. - Akerman 1826. Londres 1827. - Les Trois Puissances. - Navarin. - Andrinople 1829. - L'intervention tend devenir collective III Lutte turco-gyptienne. - Les rformes en Egypte. - Mahmoud et Mhmet-Ali. - 1re priode de la lutte: Unkiar-Skelessi 1833. - 2e priode: convention de Londres 1840. Convention des Dtroits 1841. - Politique des Puissances. - Attitude de la France DEUXIEME PARTIE LE TRAITE DE PARIS I Ngociations antrieures au Trait. - La question des Lieux Saints. - Les Orthodoxes et les Latins. - Droits de la France. - Prtentions de la Russie. - Commission d'enqute mixte. - Commission musulmane. - Bonnes dispositions de la France. - Mauvaise volont de la Russie. - La mission Menchikoff. - Malgr les assurances formelles de la Russie, la question des Lieux-Saints est secondaire. - Question d'influence. - Attitude hautaine de Menchikoff qui exige un trait. - Il rduit ses prtentions un sened puis une note. - Refus de la Sublime-Porte. - Invasion des Principauts. - Ultimatum russe. - Rponse turque. - Le tsar et sir Hamilton Seymour. - Tentative de conciliation des ambassadeurs Vienne. - Leur chec. - Guerre russo-turque, 20 septembre 1853. - Entre des flottes anglo-franaise dans le Bosphore. - Protocole du 5 dcembre 1853. - Sinope. - Entre de la flotte dans la mer Noire. - Protocole du 13 janvier 1854. - L'Angleterre et la France prennent part la guerre. - Trait de Constantinople, 12 mars. - Convention de Londres, 10 avril, - de Berlin, 20 avril. - Trait du 2 dcembre 1854. - La Sardaigne adhre la convention de Londres, janvier 1855. La guerre. - Confrence de Vienne. - Les quatre points. - Aprs la prise de Sbastopol, la Russie change de ton. - Attitude de la Serbie, de la Grce et du Montenegro, pendant la guerre. - Congrs de Paris II Les traits signs Paris. - Apprciation gnrale. - Situation cre par les traits. 1 La Turquie. - Elle entre dans le concert europen. - L'article 7. - Trait de garantie et d'indpendance de l'Empire Ottoman, 15 avril. - Porte d'un trait de ce genre. Conditions imposes la Turquie. - L'article 9. - Neutralisation de la mer Noire et des Dtroits. - Le Danube et la libert de navigation des fleuves internationaux. 2 Les Puissances. - Les "Grandes Puissances". - L'intervention collective. - a) La Russie. - Oeuvre de rorganisation intrieure. - b) La France et l'Angleterre. - L'alliance anglo-franaise ne durera pas. - Mot de Talleyrand. - c) Les puissances allemandes: Autriche et Prusse. - Le vrai vaincu, c'est l'Autriche. - d) La Sardaigne. - Remarquable politique du comte de Cavour. - La question italienne est pose. 3 Les nationalits de l'empire ottoman en 1856. - a) Principauts danubiennes. - b) Serbie, - c) Autres provinces de l'Empire Ottoman. - Le trait de Paris fait peu pour les nationalits, mais il fait natre beaucoup d'esprances. - La Grce TROISIEME PARTIE EXECUTION DU TRAITE DE PARIS CHAPITRE PREMIER Intervention chez les diffrentes nationalits de l'Empire Ottoman. I Principauts de Moldavie et de Valachie. 1 La question de l'Union. - Aperu historique sur les Principauts. - La Dacie. - Colonie romaine de Trajan. - La Moldavie et la Valachie. - Indpendance complte jusqu'au XIVe sicle. - Aux XIVe, XVe, XVIe sicles, capitulations avec la Porte. - Ingrence de la Russie. - La priode phanariote. - Occupation des Principauts par les Russes 1829-1834. - Le rglement organique. - Protectorat de la Russie. - Rvolution de 1848. - Occupation russe. - Convention de Balta-Liman. - Les Principauts pendant la guerre de Crime. - Le trait de Paris. - Difficults au sujet des frontires de Bessarabic. - La question de l'union. - Commission europenne de Bucarest. Les Divans ad hoc. - Elections vicies. - Conduite nergique de M. Thouvenel. - Nouvelles lections. - Confrence de Paris 1858-1859. - Double lection du colonel Couza. - Principauts-Unies. - La nouvelle constitution et la commission centrale de Fokshani. - La politique franaise. - Affaires de 1861. - La Porte accepte l'union temporaire sous Couza 1861. - Firman du 4 dcembre. - Protocole du 28 juin 1864 et acte additionnel. - Confrence de Paris 1866. - Le prince Charles de Hohenzollern 1866. - Union sous le nom de Charles Ier, roi de Roumanie, 30 juin 1866. - Firman d'investiture, 23 octobre 1866. - Le royaume de Roumanie 1881. 2 Affaire des biens des couvents ddis. - Origine de ces couvents. - Comment se pose la question. - Confrence de Constantinople 1864. - Scularisation des biens des couvents ddis. 3 La question juive. - Main mise sur les Principauts par les juifs. - Rsultats des expulsions russes. - Le danger juif en Moldavie et en Valachie. - Mesures restrictives contre les Isralites. Perscutions et intervention des Puissances en 1872. 4 La question des capitulations en Roumanie. - Origine et motifs des capitulations dans les Echelles du Levant. - Dans les pays chrtiens, elles ne sont pas motives par les faits. - En Roumanie, elles n'ont pas non plus de fondement juridique. - Question de l'opportunit de leur suppression II Principaut de Serbie. Histoire. - Incorporation l'Empire Ottoman au XVe sicle. - Rvolte de Kara-Georges, 1804. - Trait de Bucarest, 1812. - Nouveaux soulvements 1815. - Le ptre Milosch Obrenovitch - Son premier rgne (1817-1839). - Michel Obrenovitch. (1839-1842). - Question de l'hrdit. - Alexandre Kara-Georgewitch (1842-1858). - Le trait de Paris. - Second rgne de Milosch (1858-1860). - Second rgne de Michel Obrenowitch. - 1860-1868. - La question de l'occupation des forteresses et du sjour des Turcs. - Protocole du 8 septembre 1862. - Bombardement de Belgrade, 1862. - Confrence de Constantinople, 1866. - La Convention de 1866 et l'vacuation des forteresses. - Milan Obrenowitch IV, 1868. - La loi lectorale de 1869 et la reconnaissance du principe de l'hrdit. - Milan I, roi de Serbie III Montngro. Bosnie et Herzgovine, Bulgarie, etc. I. - Montngro. - Histoire. - Silence du Trait de Paris. Question de l'indpendance. - Rle de la France. - Protocole du 8 novembre 1858. - Protocole de dlimitation, 1859. Soulvement de 1862. - Les Blockhaus turcs. - Rglement des proprits prives. - Protocole du 3 mai 1864. - Protocole de 26 octobre 1866. - Mouvel incident de frontire turco-montngrine et confrence de 1870. II. - Bosnie et Herzgovine. - Soulvements en 1858 et 1861. III. - Bulgarie. - Efforts pour obtenir un glise nationale. - Importance politique d'une pareille conqute. - Tentatives armes en 1867-1868. - Firman de 1870. IV. - Les autres provinces turques des Balkans. - Leurs aspirations, les comptitions. - La "grande ide". - Aperu rapide sur ce qu'on a appel le "Combat macdonien" IV Syrie. Rglement de 1845. - Massacres de l'Hedjaz et bombardement de Djeddah. - Massacres en Syrie, 1860. - Les Druses et les Maronites. - Confrences de Paris. Convention du 5 septembre 1860. - L'Europe donne mandat la France de rtablir l'ordre en Syrie, 12.000 hommes dbarquent Beyrouth sous le commandement du gnral de Beaufort d'Hautpoul. - La rpression. - Excution d'Achmet-Pacha. - Commission europenne de Beyrouth. - Question de la prolongation de l'occupation. Attitude de l'Angleterre. - Rorganisation du Liban. - Rglement du 9 juin 1861. - Daoudpacha, l'Italie exclue des Confrences. - Insurrections de Joseph Karam. Modification au rglement en 1864 et 1867. - Situation gnrale de l'Armnie V Crte. Histoire. - La Crte rattache l'empire Ottoman. - Le Protocole de 1830 et les droits des Puissances. - Cession de Candie Mhmet-Ali, 1833. - Elle retombe sous la domination turque, 1841. - Les insurrections. - Les aspirations des Crtois. - Ils veulent l'union au nouveau royaume de Grce. - Soulvements en 1858 et en 1866. Appel aux grandes Puissances - Manifeste Crtois. - Politique peu nergique des Puissances. - Proposition d'intervention de la Russie. - L'Autriche est dispose y adhrer. - L'Angleterre refuse de se prter toute espce d'intervention. - Hsitations de la France. - Dsaccord dans le Concert europen. - Attitude de la Grce. - La Turquie refuse une enqute internationale. - L'Europe abandonne la cause des chrtiens. - Notes collectives auxquelles l'Angleterre refuse de s'associer. - Rpression. - Le rglement du 8 janvier 1868. - Il ne donne pas satisfaction aux aspirations des Crtois. - Difficults de la question crtoise. - Elle est loin d'tre rsolue VI La Grce. Le rgne d'Othon Ier. - La question financire et les trois Puissances garantes. - Rvolution de 1862. - Question de dynastie. - On cherche un roi. - Acceptation du prince George de Danemark. - George Ier, 1863. - Cession des les Ioniennes par l'Angleterre, 14 novembre 1863. - Les conditions "sinistres". - Modification du 9 mars 1864. - Neutralisation des les. - Adhsion de la Turquie, 8 avril 1865. - Attitude de la Grce dans les affaires de la Crte. - Protestations de la Porte. - Ultimatum turc du 8 dcembre 1868. - Rupture. - Intervention des grandes puissances. - Confrence de Paris, 1869. - Sa porte. - La Grce n'est admise qu' titre consultatif. - La Turquie est admise avec voix dlibrative. - Dclaration des grandes puissances. - Acceptation de la Grce. - Le conflit est vit. - Espoir que fit natre cette procdure de mdiation, pour l'avenir de la question d'Orient CHAPITRE II Histoire de la Rforme gnrale de la Turquie. I Historique. - Ce qu'est la rforme en Turquie. - Rle des puissances dans cette oeuvre. - Le Tanzimt. - Rformes de Slim. - Rformes de Mahmoud. - Destruction des Janissaires, 1826. - Abd-ul-Medjid. - Le Hatti-Chrif de Gulhan, 1839. - Son excution. - Firmans sur l'arme, l'instruction publique, la justice, etc. - Rsultats du Hatti-Chrif de 1839 II Le Hatti-Humayoun de 1856. - Part qu'on pris les rprsentants des puissances son laboration. - Mention qui en est faite dans l'article 9 du trait de Paris. Dispositions principales. - Considrations prliminaires. - Dispositions concernant la religion, la justice, les finances, l'administration. - Le Hatti-Humayoun tablit l'galit de tous les sujets de la Porte sans distinction de religion ni de classes. - Il forme une vritable charte des droits des chrtiens. - Apprciation III Application du Hatti-Humayoun de 1856. I Arme. - Question de l'admission des chrtiens. - Loi de 1869. II Religion. - Les diffrents cultes. - Le clerg latin et la France. - Le clerg orthodoxe et la Russie. - Affaire de la coupole du St-Spulcre 1862, protocole du 5 septembre 1862. - Affaire du sanctuaire de Jrusalem, 1873. - Rtablissement du statu-quo. - Les diffrentes glises. - Eglises unies. - Eglises dissidentes.
III Justice. - Diffrentes catgories de tribunaux. - Juridiction des communauts. - Tribunaux du Chri. - Juridiction consulaire. - Loi accordant aux trangers le droit de possder des immeubles en Turquie. - Les dnationalisations. - Loi sur la nationalit, 1869. - Mmoire de 1869. - Question des capitulations. IV Finances. - Les ressources de l'Empire Ottoman. - Diffrents impts. - Les emprunts amnent l'intervention europenne. - Commission franco-anglo-autrichienne, 1859. - Cour des comptes. - Banque ottomane avec un directeur europen. - Le budget. - Hatts de 1863. - Loi sur les biens Vakoufs, 1867. V Administration. - La loi des vilayets. - Ses dispositions essentielles. - Son importance. - Critiques. - L'lment musulman reste prdominent. - Modifications en 1870. VI Instruction publique. - Le Collge franais de GalataSera. VII Politique des Puissances l'gard de la Rforme. - Intervention en 1860. - la Russie. - L'enqute du grand Vizir. - Le rapport de Kyprili-pacha. - 2 L'enqute de 1867. - L'tat de la Rforme cette poque. - Politique des Puissances en 1867. - La France s'en tient au Hatti-Humayoun, dont elle demande l'excution loyale. - La Russie: autonomie ou anatomie. - Politique hsitante de l'Autriche. - Scrupules de l'Angleterre. - Ce qu'il faut penser de la rforme en Turquie QUATRIEME PARTIE REACTION CONTRE LE TRAITE DE PARIS I Consquences de la guerre franco-allemande au point de vue de la rforme. - L'influence de la France, prpondrante jusqu'alors en Orient, en subit le contre-coup. Raction contre le Tanzimt. - Essais de centralisation. - Rve d'unit islamique. - L'Europe cherche se partager les dpouille de la France. - Rsultats fcheux II Rvision du trait de Paris. - La note du Prince Gorchakoff. Rponse des Puissances. - Confrence de Londres, 1871. - La France doit y tre reprsente. - Difficults souleves par M. de Bismarck pour empcher Jules Favre de s'y rendre - La question du sauf-conduit et le bombardement de Paris. - Trait du 13 mars, sign au nom de la France par le duc de Broglie. - Nouveau rgime de la mer Noire. - Le Danube CONCLUSION APPENDICE I. - Le Trait de Paris et ses annexes APPENDICE II. - Le Trait de Londres