Feminisation Vue Par Auclert Groult Houdebine-Gravaud
Feminisation Vue Par Auclert Groult Houdebine-Gravaud
Feminisation Vue Par Auclert Groult Houdebine-Gravaud
LA FEMINISATION
Vue par Hubertine Auclert, Benoîte Groult et Anne-Marie
Houdebine-Gravaud
Dans ce travail, nous allons nous focaliser sur les personnages que sont
Hubertine Auclert, Benoîte Groult et Anne-Marie Houdebine-Gravaud. Nous
tenterons de mettre en évidence leur intérêt pour ce débat, ainsi que leurs actions
afin de souligner ce qui les rapproche et ce qui les éloigne les unes des autres.
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2. Hubertine Auclert
2.1. Biographie
Hubertine Auclert est née le 10 avril 1848 dans une famille dont les
valeurs étaient fondées sur celles des Lumières et de la République. Son milieu
familial éclairé lui a permis de devenir une féministe active dans un siècle où le
rôle des femmes était essentiellement celui de maîtresse de maison (Auba, 2007)1.
« Elle a été une des premières, des plus actives et des plus originales féministes»
(Auba, 2007).
L’essentiel, pour Hubertine Auclert, est d’obtenir le droit de vote pour les
femmes. En effet, elle estime que la détention de ce droit est la condition
indispensable pour résoudre les problèmes des femmes. Elle réclame également
que la moitié des sièges à la Chambre soit réservée aux femmes, car « aussi
longtemps qu’elles [les femmes] seront absentes de la législature, malheur à elles,
malheur aux femmes : elles seront sacrifiées » (Auclert, 8 mai 1881, cité par
Taïeb, 1982 : 115).
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Les références des sites web sont notées au sein du texte sous la forme : nom de l'auteur et date
de la mise à jour. Les références complètes se trouvent dans la bibliographie, afin d'alléger la
mise en page et de faciliter la lecture.
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Pour faire valoir les droits des femmes, elle a créé plusieurs sociétés: « La
société du droit des femmes » en 1876, qui prendra finalement le nom de
«Suffrage des femmes » en 1883, ainsi que « Le secrétariat des femmes » en 1892
(Auba, 2007).
2.2. La féminisation
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Hubertine Auclert exprime à travers ses articles le fait que
« l’émancipation par le langage ne doit pas être dédaignée» (Auclert, 18 avril
1898, cité par Taïeb, 1982 : 16). En effet, « la féminisation de la langue est
urgente, puisque pour exprimer la qualité que quelques droits conquis donnent à la
femme, il n’y a pas de mots» (Auclert, 18 avril 1898, cité par Taïeb, 1982 : 16).
Les mœurs évoluent de telle manière que les fonctions, jusque là exercées par des
hommes, deviennent accessibles aux femmes, et il n’existe pas de mot pour les
désigner. « On ne sait pas si l’on doit dire : "une témoin ? Une électeure ou une
électrice ? Une avocat ou une avocate ? […]" En mettant au point la langue, on
rectifierait les usages, dans le sens de l’égalité des deux sexes» (Auclert, 18 avril
1898, cité par Taïeb 1982 : 17).
Elle invite les usagers à adopter la forme de leur choix pour féminiser un
mot qui n’avait, jusqu’alors, pas de féminin, pour l’ancrer dans la langue à force
de répétitions (Auclert, 18 avril 1898, cité par Taïeb, 1982 : 16).
« Une élite féminine pourrait […] constituer une Assemblée pour féminiser les
mots de notre langue, rectifier et compléter le dictionnaire, faire enfin que le
genre masculin ne soit plus regardé, dans la grammaire, comme le genre le plus
noble »
(Auclert 18 avril 1898, cité par Taïeb 1982 : 16).
Étant donné que son combat est essentiellement axé sur les droits des
femmes, elle s’élève contre l’emploi essentiel du masculin dans le dictionnaire
parce que « l’omission du féminin dans le dictionnaire contribue plus qu’on ne
croit à l’omission du féminin dans le code (côté des droits)» (Auclert, 18 avril
1898, cité par Taïeb, 1982 : 16).
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Nous remarquons ainsi que cette féministe de la fin du XIXe siècle fut une
des premières à proposer la féminisation de la langue avec, pour but, l’égalité des
sexes. Ses propositions et réclamations quant à la féminisation ne seront étudiées
qu’à partir de 1960 par des linguistes féministes (Niedzwiecki, 2000 : 74).
2.3. Concrètement
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3. Benoîte Groult
3.1. Biographie
3.2. La féminisation
Nous sommes en 1984, lorsque Yvette Roudy, alors ministre des Droits de
la Femme, crée une commission de Terminologie chargée de la féminisation des
noms de métier, de titres et de fonctions. Benoîte Groult en sera la présidente
jusque 1986 (Ministère, 1998).
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Selon les termes du décret de 1984, cette commission a pour objectif, dans
le cadre de la féminisation, « d’apporter une légitimation des fonctions sociales et
des professions exercées par les femmes » (Ministère, 1998). La commission et
son travail furent vivement attaqués, notamment par l’Académie française, qui
empêcha l’adoption de ses recommandations (Dawes, 2003 : 197), mais aussi par
diverses personnalités de la vie culturelle. Il y eut ainsi des réactions telles que
celle de Dumézil, philologue et membre de l’Académie, s’exclamant : « à quand
Madame Mitterrande, Madame Fabia » (Le Nouvel Observateur, 7 septembre
1984, cité par Houdebine-Gravaud, 1999 : 45) ; ou plus récemment celle de
Beigbeder, écrivain et chroniqueur du magazine Lire, qui écrit « Je ne supporte
pas les "écrivaines", c'est physique. J'attrape une éruption cutanée dès que je lis ce
terme immonde qui envahit tranquillement toute la presse littéraire. » (Lire,
février 2005). En réponse à ces remarques, elle réplique :
On est consterné par l’ignorance ou la mauvaise foi de ceux (et celles) qui
feignent de croire que cette "commission de précieuses ridicules" créée par la
"cheftaine Roudy" (le Quotidien de Paris) pour "enjuponner le vocabulaire" (le
Figaro-Magazine) va faire assaut de "clitocartie" (France-Soir) et susciter des
mots absurdes tels que chefesse d’État,députrice ou majordame (Alain Gillot-
Pétré dans Libération)
(Groult, Réponse à quarante messieurs-dames, cité par Dawes, 2003 : 201).
D’un point de vue pratique, elle souligne son penchant pour des mots
phonétiquement proches du masculin (écrivain-écrivaine), ils auront en effet
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moins de chance d’être dénigrés : docteure et non docteuse ou doctoresse, ou
auteure et non auteuse ou autrice. Elle constate malheureusement la
« dévalorisation qui frappe systématiquement le féminin, en occurrence le suffixe
en –esse. Les mots en –esse sont vaguement ridicules » (Groult, avril 1984). Il en
est de même avec les suffixes en –euse qui ne sont pas non plus valorisants et
rappellent des mots comme menteuse ou voleuse.
Un peu plus de dix ans après la première circulaire datant de 1986, elle
constate qu’en dépit des travaux de la commission, il existe un certain désordre
dans la féminisation des noms notamment au niveau des journaux. Certains
acceptent cette féminisation, d’autres restent plus conservateurs (Houssin, 1er
février 1997). Elle relève dans le Petit Larousse de 1995, qu’apparaissent pour la
première fois les termes la juge, la ministre et la sculptrice mais cela reste tout de
même très prudent. Par exemple, à la fin de l’article du mot ministre, nous
pouvons lire entre crochets : « s’emploie parfois au féminin dans la langue
familière : la ministre » (Houssin, 1er février 1997).
3.3. Concrètement
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radiophoniques portant sur ce sujet (par exemple sur Radio-Canada, le 27
décembre 2006).
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4. Anne-Marie Houdebine-Gravaud
4.1. Biographie
C’est une des linguistes qui a travaillé en tant que telle pour la commission
de féminisation des noms de métiers, titres et fonctions avec Michèle Bourgoin,
Nina Catach, Edwige Khaznadar, André Martinet, Josette Rey-Debove et Jackie
Schön (Houdebine, 1998 : 12).
4.2. La féminisation
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Communication personnelle d’Anne-Marie Houdebine-Gravaud (courrier électronique)
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images et les discours » : l’emploi du féminin générique (Houdebine, 1992 : 154).
Quelques mois plus tard, Yvette Roudy, présente lors de l’exposé de ce
rapport, créait la commission de féminisation des noms de métiers, titres et
fonctions qu’allait présider Benoîte Groult (Houdebine, 1992 : 154).
Cette linguiste estime que le français est une langue vivante et que, dès
lors, il doit s’adapter aux évolutions des mœurs. Le fait de féminiser des noms fait
partie de ce travail d’actualisation du français. « C’est un droit des femmes (qu’on
leur récuse), que celui de se faire désigner comme le permet la langue »
(Houdebine, février 1999 : 11).
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La place des femmes dans la société contemporaine est un des facteurs qui
poussent Anne-Marie Houdebine-Gravaud à travailler pour la féminisation. Ainsi,
elle déclare :
4.3. Concrètement
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· Règle 2e : Pour les termes en –eur ou –teur : l’emploi de la dérivation à
partir du verbe de base si elle existe ou est simple à effectuer ou
l’utilisation d’un affixe qui entre dans une série reconnaissable (-eur / -
euse, -teur / -trice, etc.).
Dix ans après, elle remarque que « on relève toujours dans les usages
comme dans les attitudes, les incertitudes des sujets parlants » (Houdebine, 1998 :
33). Cependant, « la féminisation est constamment majoritaire […] » et
« l’ensemble des témoins, tous âges et milieux sociaux confondus, favorisent
l’épicénie, c'est-à-dire la stabilité des formes (règles 1, 2a) un ou une ministre,
journaliste, professeur ou la féminisation attestée, ou attestable par dérivation
(conductrice, règle 2b, 2c) (Houdebine, 1998 : 33).
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5. Conclusion
Après l’étude de ces trois figures importantes de la féminisation des noms,
on peut observer l’existence de liens entre elles. En effet, Hubertine Auclert est
citée par Benoîte Groult et par Anne-Marie Houdebine-Gravaud. Ces dernières
ont travaillé ensemble dans le cadre de la commission de féminisation des noms
de métiers, titres et fonctions.
Chacune a œuvré avec les moyens de son époque dans le but commun
d’établir une égalité entre l’homme et la femme au niveau de la reconnaissance
sociale. Hubertine Auclert a traité de la féminisation au travers des journaux
féministes dans un siècle où la femme n’avait pas de pouvoir dans la société.
Benoîte Groult a travaillé sur ce sujet via ses romans féministes, puis à travers la
commission de féminisation en supportant les insultes proférées par les esprits
conservateurs du français. Anne-Marie Houdebine-Gravaud a également apporté
sa contribution au débat par la commission de féminisation et par divers ouvrages.
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Bibliographie
Sources primaires
Monographies
AUCLERT Hubertine, 1982 (dép. légal), La citoyenne 1848-1914, préf. et notes
d’Edith Taïeb, Paris, Syros (Coll. « Mémoire des femmes »), 134 p.
NIEDZWIECKI Patricia, 2000, Le langage au féminin. Les mots pour la dire, préf.
de Benoîte Groult, Bruxelles, Labor, (Coll. « La Noria »), 189 p.
Articles
HOUDEBINE-GRAVAUD Anne-Marie, 1987, « Le français au féminin », La
linguistique, 23/1, p. 13-34.
Sources secondaires
Monographie
LAUBIER Claire, 1990, The condition of woman in France, 1945 to the present. A
documentary anthology, London, J.E. Flower (Coll. Twentieth Century
French texts), 200 p.
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Articles
BEIGBEDER Frédéric, 2005, « Mon premier article réac », Lire : Magazine des
livres, 332 (février 2005), p. 10.
Sites web
COSSIGNEUL Brigitte, Benoîte Groult, écrivaine, mai 2007
http://www.annuaire-au-feminin.net/bioGROULTbenoite.html, consulté
le 16/12/2007.
GROULT Benoîte, Infolangue, hiver 1997-1998, cité par Noëlle Guilloton, « Ainsi
est-elle », Dossier linguistique - Entrevue avec Benoîte Groult, 2007,
http://www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/dossiers_linguistique
s/entrevues/groult_nguilloton.html, consulté le 16/12/2007.
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