Bertrand, Alexandre. La Religion Des Gaulois, Les Druides Et Le Druidisme
Bertrand, Alexandre. La Religion Des Gaulois, Les Druides Et Le Druidisme
Bertrand, Alexandre. La Religion Des Gaulois, Les Druides Et Le Druidisme
NOS ORIGINES
Ouvrages, dj publis
1.
Archologie celtique
2.
3.
les valles
du P
et
du Danube,
de
avec
la colla-
membre
l'Institut, 1894.
ANGERS, IMP. DE
A.
NOS ORIGINES
LA
Alexandre
MEMBRE DE
BERTRAND
L INSTITUT
A LA MEMOIRE DE
MON PERE
Alexandre-Jacques-Franois
BERTRAND
(1794-1831)
AUTEUR
du Trait du .somnambulisme
des Lettres
su?' les
(1822),
rvolutions
du globe
et
(1824),
de
l'Extase
PRFACE
leni,
tibi
approbare
vel-
sentire
qux
dice-
Ces leons sont publies telles qu'elles ont t dites. Nous sentons tout ce qui leur manque. Si nous avions vingt ans de moins, nous les aurions remanies et compltes.
Nous en aurions
fait une uvre mieux ordonne, mieux dans ses diverses parties. Mais notre ge on quilibre ne peut attendre nous rclamons l'indulgence du lecteur.
:
Des circonstances particulires nous ont permis de voir dans le sinon mieux que nos devanciers autre chose
domaine de
la religion gauloise.
Nous avons
dit ce
que nous
voyons. Le lecteur trouvera dans nos leons plutt des aperus que des dmonstrations, une orientation vers la
vrit plult qu'un expos logique de vrits dmontres.
Le
litre
Nos
des Gaulois.
Nous
a t annonc par
VIII
PRFACE
Quelques-unes de nos propositions nous paraissent avoir pour elles un grand degr de probabilit. Elles
sur des faits dj
s'appuient
nombreux.
La
prcdes d'une nous semble devoir priode chamanique, s'imposer dsormais tous les chercheurs.
la priode celtique, au contact de nos populations primitives avec le monde septentrional, que Pruner
qualifi
deux branches,
Bey
et
de Touranien.
la
Nous croyons
comme moyen
d'information sur les temps les plus loigns. Fustel de Coulanges a magistralement montr, dans sa Cit antique,
combien
lois,
il y a de survivances dans nos institutions, nos nos coutumes. Le mme travail doit et peut tre fait
dans
le
vieux que les langues indo-europennes elles-mmes. Ce langage primitif, nous devons nous efforcer de le suivre
travers les sicles et d'en
dailles celtiques
comprendre
le sens.
Les m-
Nous croyons
aux lamaseries de
Irlande de grandes
la
nons que de semblables communauts, sous divers noms, ont jou dans le monde un rle considrable comme facteurs de la propagation et de l'acclimatation des langues ces indo-europenne en Occident communauts sont nos yeux l'origine et le modle de nos grandes abbayes chrtiennes de moines occidentaux.
la civilisation
:
et
de
partie
PREFACE
IX
sur des arguments moraux. Plusieurs de nos propositions ont le caractre d'hypothses. Mais l'hypothse n'est-
pas un procd scientifique fcond? et n'est-il pas la poursuite d'un problme aussi permis de ttonner obscur et aussi compliqu que celui de la Religion des
elle
Gaulois?
Nous avons
foi
dans nos ides; nous prions le lecteur de la lgre. Ces ides sont le fruit de
Nous regretterions
qu'elles
fussent
et
compromises par
l'insuffisance de notre
argumentation
des erreurs de dtail. Nous esprons que d'autres achveront ce que nous avons
commenc.
Si
notre sincrit scientifique. Notre livre est, comme les prcdents, suivant l'expression de Montaigne, un livre de
bonne foi.
Saint-Germain, 25 dcembre 1897.
Alexandre BERTRAND.
NOS ORIGINES
Leons professes
LEON
LEON D'OUVERTURE'
Mon
la parole
savaat confrre et ami M. Michel Bral, invit prendre au Congrs des Orientalistes runi Genve en 1894%
ainsi
commenait
les
noms de certaines divinits communes aux trusques et aux Romains Le monde est plus ancien et il y a plus de continuit dans
:
((
les
l'air
comme
Le sujet du cours avait t ainsi formul relifiiuii de la Gaule aux diverses priodes de son histoire depuis les temps les plus reculs jusqu' la conversion des brancs au christianisme, d'aprs les monuments, les textes et les lgendes. Le prsent
:
Le Profefseur cludiera la
la
g-endes et ses rites avant que les derniers venus de la civilisation vinssent nous imposer leur langue et leur empire. As-
surment
il
la
est
ne peut y avoir ce sujet aucun doute, mais de ce que la langue est aryenne, il ne s'ensuit pas que la religion le soit ou qu'elle le soit en entier. Ces paroles peuvent s'appliquer avec plus de justesse encore la Gaule qu' l'Italie. Ce serait une grande erreur de considrer
comme un panthon
le prsente.
La Gaule, avant
d'en arriver
l,
des traces profondes. Ces vrits commencent s'imposer tous les esprits rflchis. L'humanit chaque pays en particulier a pass par des tats religieux successifs. De
chacun de ces
tats, reste
dans
le
un rsidu qui s'amincit toujours, mais ne disparat jamais et empche qu' aucune poque on ne trouve rellement chez
les nations civilises unit
de croyance
'.
Vous reconnaissez
les
l,
nombreuses dans
le
origines.
nous en avons L'archologie est en mesure de dmontrer donn des preuves surabondantes l'unit que apparente de
de la nationalit gauloise l'poque de la conqute romaine est une illusion. La vrit est que des tribus de types physiques trs divers_, brachycphales, dolichocphales, msatic-
d'oriphales, bruns et blonds, de grande et de petite taille gine trs diffrente, en dehors mme des Ibres et des Ligures^,
sont successivement tablies sur notre sol des poques plus ou moins loignes les unes des autres et qu'elles ont
se
toutes concouru, dans des proportions ingales, mais trs reconnaissables, la constitution dfinitive du groupe social
auquel
1.
les
noms
de Celtes et
Auguste Comte.
Voir La Gaule avant
les Gaulois, 2' dit., p. 328.
2.
LEON D OUVERTURE
mouvement.
Je ne parle pas seulement ici des races primitives que les anciens auraient qualifies d'autochtones races quaternaires (antdiluviennes de Boucher de Perlhes, nomades des ca:
vernes de Lartel), sur l'origine desquelles plane une profonde obscurit je veux parler des trois groupes principaux d'immi;
grants dont nous avons tudi avec vous les monuments et qui successivement ou paralllement ont occup l'tat distinct
une partie des contres qui sont, aujourd'hui, la France, avant de s'unir et de se confondre dans l'ensemble d'une or-
ganisation politique.
les traits
principaux par
gographiquement, chronologiquement, politiquement, en vue de prparer vos esprits retrouver dans la religion gauloise
les
mmes
divisions.
PREMIER GROUPE
le plus nombreux, le nous devons l'rection des auquel plus ne lui ont pas donn Les anciens monuments mc/alilhiques. le
Le premier groupe,
plus ancien,
ne semblent pas l'avoir distingu des deux aude ce groupe sont cependant trs trancaractres tres Les chs sous tous les rapports. Sans lui, notre histoire serait de nom.
*.
Ils
inexplicable.
L'examen de la carte des dolmens et alles couvertes'^ expose au Muse de Saint-Germain sur laquelle sont marques
1. A moins qu'il ne faille y recoauaitre des Ligures, thse qui u'a rieu d'iuvraisemblable et s'accorderait assez bien avec la doctrine de M. d'Arbois de Jubainville aux yeux duquel les Ligures ont jou l'origine de notre his-
toire
t. I,
un
p.
330-393.
2. Voir au Muse de Saint-Germain, salle 2, la carte dresse par nos soins pour laConimissiou de la topographie des Gaules, et Archologique celtic/ue et
4
les
communes o
a t constate la
prsence, en plus ou
moins grand nombre, de monuments appartenant cette catdont gorie, rvle un premier fait important. Les populations
ce groupe se compose,
mme
au
moment
puissance de dveloppement, n'occupaient qu'une partie du territoire qui plus tard fut la Gaule.
La
statistique de ces
',
monuments
dolmens
et alles
vertes
cou-
au
nombre de prs de
montre
qu'ils se rpartissent
communes dpendant
de
soixante-dix dpartements.
France actuelle, la Gaule avec ses limites naturelles qui s'arrtent au Rhin, en deux zones, l'une de l'ouest, l'autre de l'est, un simple regard
Si l'on partage la Gaule,
la
non
yeux
la loi
gnrale de distribution de ces monuments. Les dolmens et alles couvertes apparliennentpresque exclusivement la zone
de l'ouest.
Cet tat de choses ne provient pas de la destruction accidenou voulue de ces monuments dans l'autre zone. Il est la
la dilrence sensible, qui, ds l'origine, exista
Il
telle
consquence de
la direction
vraisemblance, un grand mouvement de migration affectant du nord-est l'ouest et au sud-ouest dont nous
ne pouvons pas encore dterminer avec certitude le point de dpart initial^ mais dont les traces se manifestent trs distinc-
tement de
la
Sude au Portugal en passant par le Danemark, Grande-Bretagne, l'Irlande, les les du Ganal Saintla
et de la Manche et paralllement suivant les ctes occidentales de rAllemagne du Nord, en Meklembourg, Ha-
Georges
le littoral
de
1.
Voir
la liste
de ces monuments dans noire Arc/iolofjie celtique cl Nous devons prvenir que celte liste est incomplte
gauloise un cer^
tain
Ou en
LEON D OUVERTURE
la
est
ments sont
dans
les
les
les
plus nombreux. La prsence de ces monuments de la Manche, Jersey et Guernesey, dans les
l'le
de Man,
et
Bretagne (Finistre
monuments
d'Irlande et d'Eclai-
rement que la Si nous traons une ligne idale qui, partant de Marseille, suive le cours du Rhne et de la Sane jusqu' Gray et
Mzires, pour de l s'lever la hauteur de Maubeuge en longeant les pentes occidentales de l'Argonne, puis tournant brusquement Test paralllement aux ctes de la mer du
monuments armoricains' indiquent assez migration s'est faite, on partie^ par mer^
Nord, gagner l'Elbe, puis Berlin, cette ligne pourra tre considre comme indiquant la limite d'action de cette grande migration ^ Les contres situes au sud et l'est de cette ligne
ne possdent ni dolmens, ni alles couvertes, ni spultures semblables. Pour en retrouver du ct de l'est qui soient analogues, mais dnotant une poque relativement plus rcente, il faut s'avancer jusqu'aux pieds du Caucase, sur les bords
mer Noire d'un ct, sur les bords occidenmer Caspienne de l'autre'. Nous sommes en prsence d'un monde part sur lequel le monde connu des anciens parat avoir exerc peu d'influence
orientaux de la
taux de
la
qui semble
mme
contact.
n'est point
un monde
barbare.
1.
l'abb
2.
Hamard, 1 vol. in-S, 1878. Nous y verrions volontiers un argument pour IdentiGer cette migration avec celle des Ligures. Voir, dans La Gaule avaiit les Gaulois, notre chapitre
:
Ligures, p. 233, 248. 3. Voir notre carte n" V, Archologie celtique et gauloise,
4.
I.
c.
Cf.
et
de Morgan, Ex-
une
il
est impossible de
mconnatre
la puis-
sance
Les populations mgalithiques qui y ne sont peut-tre autres que les Ligures de l'histoire^ ontt un jour cellises suivant l'heureuse expression de Henri Maravait de fortes assises.
tin,
Nous en retrouvons
histoire.
sans avoir jamais perdu entirement leur personnalit. la trace toutes les poques de notre
Pour
tout historien,
tions premires qui ont prsid la formation de la nationalit gauloise, grand compte doit tre tenu de ce premier groupe
une poque o
mtaux ou du qui, en Gaule, avant l'introduction des les mtaux taient encore, en Gaule,
moins
un pro-
duit tranger d'une raret extrme, nous offre, en dehors des civilisations classiques et du courant indo-europen^ l'ton-
nant spectacle d'une association discipline des forces humaines sous l'impulsion de croyances communes ayant tendu leur action et l'ayant maintenue pendant de longs sicles sur
de vastes contres.
De
que,
et
la
le
Sude aux Pyrnes, en Irlande comme en Armoririte funraire dominant est le mme, rite dispendieux
compliqu exigeant le maniement de blocs normes en vue de construire aux morts une demeure indestructible. Ces
les rois, les princes, les chefs de ces
le
leur de ces
menu peuple devait avoir d'autres spultures. La vamonuments royaux n'en est que plus grande.
Ces populations, bien que de races mles, mais dont le type physique appartient dj au type des races suprieures des
1. Voir Oscar Moutelius, Les temps prhisloriquesen Sude et dans les autres pays Scandinaves, traduit par Salomou Reinacli; et J. Evaus, Les ges de la
gures de l'histoire dont parlait dj le Pseudo-Hsiode. Cette thse, qui a l'avantage de combler une lacune dans nos connaissances, cadre parfaitement, comme on le verra, avec l'ensemble de nos ides. Nous conserverons toutefois,
uous
dans ce volume, ces populations le nom de mgalithiques dont nous sommes servi, jusqu'ici, dans notre cours.
LEON D OUVERTURE
races nobles
(il
*,
se
est
montrent nous
diflicile
Il
nous
de les suivre dans toutes les phases de leur dveloppement. Il nous suffira de rappeler que en dehors de leur
puissance de constructeurs, elles taient, en Gaule, ds les temps les plus anciens, en possession des deux industries qui distinguent le mieux les tribus sorties de l'tat sauvag^e, le
l'art
de
la
navigation
nous parat probable que les descendants de ces tribus pastorales et agricoles forment encore le fond principal de
nos populations rurales de l'ouest
et
du centre de
la France.
Nous croyons pouvoir retrouver chez elles, nous devons au moins y rechercher, l'cho, quelqu'affaibli qu^il soit, de leur
esprit, de leurs superstitions, de leurs lg'endes
:
esprit de
ont donn, plusieurs poques de notre histoire et tout rcemment encore, des preuves incontestables ^
ils
conservation dont
mme
que leurs
habitudes d'esprit avaient tenus longtemps systmatiquement trangers au progrs des tudes archologiques. Go sont aujourd'hui ces populations primitives que M. d'Arbois de Jubainville, d'accord, sur ce point, avec nous,
considre
comme formant
le
de la France*.
1. Il suffit
les
Hongrois.
2.
3.
Nous nous sommes amus superposer notre carte teinte des dolmens Chambre des dputs de 1817 qui a t venles
due dans
tements rpublicains. Les dpartements conservateurs recouvrent trs sensiblement les teintes fonces de la carte des dolmeus nous sommes enclin
;
croire
fortuite.
4. Cf.
t.
II,
p. xsii
ne
fait
d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de l'Europe-, 2 dit., Si de la Prface je prends la dfense des Celtes (M. d'Arbois aucune distinction entre les Celtes et les Gaulois"), ce n'est pas que je
pense tre en quelque faon issu de ces antiques hros. Ni Celte ni Franc doit De tre le dogme gnalogique de la plupart des Franais; et plus loin nos grands-pres, habitants des cavernes, coQstructeurs de monuments m:
galilbiques, les crivains de l'antiquit n'ont rien dit, ce n'est pas une raison pour rougir de ces vieux parents. On retrouvera peu peu leur histoire. Les
DEUXIEME GROUPE
Le deuxime groupe, numriquement moins considrable, moins compact surtout, si nous nous en rapportons aux donnes de rarchologie corrobores par les donnes de l'histoire gnrale, est entr en Gaule une poque sensiblementmoins ancienne sans que nous puissions en fixer la date'.
tait dj en possession des lments les plus de la grande civilisation, de tous les avantages que l'on est convenu do considrer comme l'apanage commun des Iribus imprgnes de la civilisation indo-europenne. Les nou-
Ce groupe
actifs
aux secrets de
la
mtallurgie ou
au moins en intimes rapports avec les familles qui d'Orient en avaient apport et conserv le dpt. On savait autour
bronze, produire le fer la catalane, tradition qui s'est conserve jusqu' nos jours dans le Jura et dans les Pyrnes; elles recueillaient l'or que charet
le
d'elles couler
marteler
ques mines d'tain paraissent mme avoir t exploites dans la Corrze et dans la Haute-Vienne ^ Les mines d'tain des
Cassitrides taient dj connues. Les cits lacustres sur lacs naturels et artificiels, dont la prsence a t constate sur le
les
de croyances traditionnelles communes constituait chez elles un vritable code de pratiques religieuses
qui les rapprochait les unes des autres et en faisait une unit
franais ont dj commenc remplir ce devoir de pit dejuslice. Nous sommes heureux de nous rencontrer sur ce terrain avec un rudit aussi minent que M. d'Arbois de Jubaiuville. 1. Peut-tre pourrait-on fixer le commencement de cette nouvelle migration
Un ensemble
archologues
llliale et
aux environs du
f.
xii" sicle
p. 298-313, avril, et
XLl
(1881) (avril,
mai
et juin),
historique sur V exploitation des mines mtalliques dans la Gaule. tirage part chez Didier et C'.
11
y a eu un
LEON d'ouverture
morale.
Le
temps
hommes.
Les morts
:
le lien le
mme manire
on n'en-
plus
rait\ Ce
rite,
stricte.
comme la priode prcdente, on iiicinchez quelques-unes de ces tribus, tait d'obliA Golasecca, dans la Cisalpine, sur plus de six
du
la
Il
Ce g-roupe, commele premier, se livrait, en majorit, l'lve btail. Il y a quelque raison de croire que nous lui devons
est probable qu' leur arrive en
domestication d'un certain nombre de nos espces sauvag-es. Gaule sur le Danube et en
pas encore sorties de l'tat patriarcal. Chaque tribu devait avoir sa personnalil la manire des clans cossais^ et des tribus mongoliques actuelles.
Italie, ces tribus n'taient
Autre remarque
n'offre l'apparence
d'une organisation prpare en vue d'expditions guerrires. Elles semblent s'tre infiltres dans le pays, pacifiquement, allant s'tablir dans les valles et les plaines inoccupes, tant
comp-
pour s'y maintenir plutt sur leur supriorit morale que sur la force de leurs armes, ainsi que cela a d arriver
presque tous
occidentaux.
les
S'il
les
pays
y a eu lutte, elle n'a pas t longue et elle a fini par un accord. Sur certains points de l'Armorique l'tablissement de ce groupe parat avoir revtu le caractre de
missions religieuses en rapport avec l'tablissement des Celles en Irlande.
sans doute, encore que des aperus, mais ces conjectures, consquence d'observations prcises, forment un fond, qui, bien qu'en partie hypothtique, mrite que Ton
Ce ne sont
l,
s'appuie sur
lui.
Il
il
Ce sont des
pistes suivre
je
vous
les
recommande.
la
Gaule dont
y a l une action lente et trs puissante sur faut tenir grand compte, dont nous saisissons
effets,
clairement les
1.
Voir A. Bertrand et
S.
Les
Celle-;
du P
el
du
Duniihe, 1894.
2.
10
qu'entrevoir ses causes. Le devoir de l'archologue est de les rechercher. Comme dans toutes les sciences, l'hypothse est
les confirmer,
ou
ou
les dtruire
ce sera l'afTaire
jourd'hui savoir nous contenter de vraisemblances. Le point de dpart de cette action n'est plus exclusivement
le
ici
nord-est
second groupe, et ce n'est plus une conjecture, ont pntr en Gaule, en majorit, par
;
les tribus de ce
l'Helvtie, le
Haut-Rhin
et les valles
se sont tablies de
bonne heure, en
mme
Nous ne savons pas encore oii placer la ruche primitive d'o ont essaim ces nouvelles tribus. Ce que nous savons,
c'est
que leur point de dpart prochain en Europe a t les valles du Haut-Danube, de la Drave, de la Save et de l'Inn. C'est sur le Haut-Danube que ces tribus paraissent avoir eu la
premire conscience de leur personnalit, qu'elles se sont organises en pleine libert. Nous avons tudi leurs murs
en dtail dans
le
et
du Danube. Au
dj arrives, dans ces contres, un haut degr de civilisation. Ces tribus ont t connues d'Hrodote au v^ sicle,
alors qu'elles taient dans leur plus complet tat de dvelop-
pement, quand
les Celtes
'
.
il
disait
le
Il n'est pas tonnant que l'tablissement de quelques-unes de ces tribus en Gaule y ait t l'occasion d'une rvolution sociale, sans qu'il soit ncessaire de supposer que les immi-
On
gieux
et
1.
2.
LEON d'ouverture
11
de ces qualits
la
l'tat
Gaule
TROISIEME GROUPE
Le troisime groupe suivit le second d'assez prs. Le commencement du vr sicle parat tre la date la plus ancienne de son apparition sur la rive gauche du Rhin, Ce groupe appartenait,
comme
le
mme
langue que
est
les
Danube
et
du P, Notre
que opinion groupe non seulement les Gala es des crivains grecs, mais les Cimbres ou Kimri, les Bastarnes et en remontant plus haut les Cimmriens et les
l'on doit rattachera ce
Trres
FaXTat
comme
disait
'
Plutarque
Romains.
Contrairement l'opinion de notre confrre et ami M. d'Arbois de Jubainville, nous croyons, de plus en plus fermement,
qu'il faut les distinguer
deuxime groupe) dont mon savant confrre et ami ne tient aucun compte, ce qui lui permet de rduire presque rien l'apport de la famille celtique en Gaule, qui, suivant lui, ne nous aurait gure donn que sa langue ^
La ruche
d'o,
aux environs du
vi'^
sicle
s'chappent par essaims les nouveaux venus, est galement l'est de la Germanie, mais tandis que les traces laisses par le second groupe se rencontrent surtout au sud de l'Ister, lapr-
du groupe galatique ou belge (les Kimri d'Amde Thierry), se rvle nous plus particulirement au nord du
sence
fleuve, en
et
plus au
nord dans
la Hesse, en Westphalie, etjusqu'on Hanovre. Les anctres de ce groupe, en sortant des Balkans ou des
In Vita CamiUi, c.
xv; cf. Revue archcologique, t. XXXI (187G), p. 18. Les Galates sonl les seuls Celtes dout M. il'Arbois de Jubainville reconnaisse la prsence eu Gaule {Les premiers habilunts de VEurope, 2 dit.,
1.
2.
t.
II,
Prface).
12
Karpalhes, o ils ont d sjourner, y menant, comme les Doriens avant leur descente en Grce, la rude vie de montagnards (les Galates sont nos Dorions), semblent avoir bifurqu au dbut de leur marche en avant vers l'ouest. Les uns, les
Kimro-Belg^es, se dirigeant vers
l'Oder, parvinrent
le
bassin de la Vistule et de
promptement
la
de la Pologne jusqu'
hauteur de
cimbrique.
Alpes Souahes par la Moravie, aprs avoir laiss quelques tribus en Hongrie S se sont fortement tablis sur le Nekar et sur le Mein^_, avant de passer le Rhin et do franchir les dans la direction de l'Italie. Alpes
les
Un
de nuances
Il
se
com-
pose, en majorit, de tribus de caractre guerrier faisant volontiers mtier de mercenaires gaesatae e re dicti quod ra bellando mereri essent soliti^. Ces tribus inhument, elles n'inci:
nrent plus. Elles ont un autre culte que les vieux Celtes. et religion sont sensiblement diffrentes.
Celte apparition en
Murs
de
Europe de
tribus
organises
l'tat
bandes armes, de ligues guerrires suivant l'expression de Frret, perptuellement en mouvement au milieu des populations paisibles de pasteurs et d'agriculteurs
qu'elles dfen-
daient au besoin, mais dont elles vivaient quand elles ne vivaient pas de pillage, constitue une des rvolutions sociales les
plus grosses de consquences dont le monde occidental ait t le thtre. De ce jour date en Gaule la fin de l'tat patriarcal
qui y avait
cortg-e
d'oppression
1.
Voir
le
velle srie,
2.
t.
le
Voir les dcouvertes faites dans les tumuli de ces contres publies par L. Lindenschmit daus ses Anligi/Us de noire pass payen {Die Allerlllmer iniserer heidnischen Vorzeil).
D''
3.
Polybe,
111, 22,
il
l.
4.
Comme
galatique.
LEON d'ouverture
trie et
13
mme
les arts.
Les
l'tat o elles se montrent jusque-l demi indpendantes, encore nous en Irlande l'poque de la conversion des Irlandais au christianisme, seront dsormais attaches la glbe, re-
foules dans la pratique de mtiers mpriss des conqurants. Une classe infrieure se constitue ct d'une aristocratie militaire.
dit qu'elle est presque rduite l'tat d'esclave habetiir loco '. L'Irlande seule parmi les servorum Plebs poene
Csar
pays celtiques chappa cette oppression. ^ Les teintes vertes del cinquime carte de
no[,YQ
Archolo-
les congie celtique et gauloise indiquent approximativement tres o les traces de ces tribus guerrires ont t signales.
Les parties de la Gaule o elles s'tablissent tout d'abord sont nettement circonscrites. Le mme fait se reproduira l'poque
le passage des envahisseurs franque. Les points o s'effectue sont la troue de Belfort et le coude du Rhin Mayence. Ils
:
ont laiss moins de traces en Belgique qu'ils ont cependant traverse, mais peut-tre ne s'y sont-ils pas arrts.
Les
Bourgogne,
les
mmes
provinces
et
Burgondes prendre position dans les rester pendant plus d'un sicle l'tat y
fusion
groupes prcdents.
L'existence des trois groupes si diffrents dont nous venons d'esquisser le caractre doit tre considre comme une vrit
acquise la science.
Rsumons-nous.
constitutifs de la nationalit gauloise, ceux ont concouru qui plus ou moins activement la formation du
Les lments
l'ut lgrement attuue pendaut la domiualiou romaine^ comQierce et l'iadustrie fureut remis eu houueiir, comme nous l'avons montr eu tudiant la salle romaine des Mtiers (salle XXVI), si loquente ce point de vue. Les patrons des corporations de mtiers arrivent aux bon-
1.
Celte situaliou
le
neiirs
2.
municipaux.
2'^
dit., p. 264.
14
caractre et de l'esprit national, dont le rapprochement et la fusion avaient fait la Gaule ce qu'elle tait au temps de Csar,
sont
1" Les populations sans nom historiqi auxquelles appartiennent les spultures mg-alitliiques [ge de la pierre polie).
Les tribus celtiques ou celtises, pastorales et agricoles, rite funraire dominant de V incinration [premier ge du fer, prdominance du bronze).
2
avec
rite
du
armes de bronze).
a vu trs juste en signalant la grande imde ce troisime portance groupe, qui, aux yeux de M. d'Arbois de Jubainville, est mme le seul groupe celtique ou gaulois soit Chacun de ces qui historique. groupes a eu sa religion,
ses pratiques religieuses, ses superstitions. Il y a eu action et raction des uns sur les autres de nombreuses traces en sont
:
Amde Thierry
encore compltement effaces feront le sujet de nos leons. Le pass en effet ne meurt jamais compltement; l'homme peut bien l'oublier, a crit Fustel de Coulanges', mais il le garde toujours en lui, car, tel qu'il est chaque poque, il est le produit et le rsum de toutes les poques.
Cette
recherche est
difficile;
elle
2.
gauLes Druides enseignaient que, si une partie de la population tait indigne, une autre tait originaire de contres loignes Drasidae [Druidae) memorant rvera fuisse populi parlem indigenam, sed alios quo({ue ab imulis e.climis co?i/luxisse et Iractibus transrhcnanis (Aniiuien Marcelliu, XV, 9, d'aprs imaguc). Csar commence ses Commentaires par une phrase dont nous croyons que l'on n'a pas assez tenu compte et qui est pourtant bien Le territoire de la Gaule se divise eu trois significative parties... Ces trois peuples diffrent entre eux par le langage, les ?nurs et les lois Hi omnes On nepeutgure treplus affirliugua, institutis, legibus intcrse dideruut. matif. On n'eu a pas moins continu daus l'antiquit, comme de nos
loise.
:
:
jours.
LEON d'ouverture
15
parler des Gaulois comme s'ils eussent form une units, dout on pouvait parler d'une manire gnrale sans faire aucune rserve. Devons-nous
histoire ne nous prsente-t-elle pas un autre exemple Sans les travaux des rudits de nos jours, nous analogue bien frappant! en serions encore l'tat d'esprit qu'Augustin Thierry siguale avoir exist au xno sicle Lorsque le mlange des diffrentes races dliommes que les invasions avaient mises en prsence sur le sol de la Gaule fut accompli et eut form de nouveaux peuples et des idiomes nouveaux^ lorsqu'il >j eut un roijaume de France et une nation franaise, quelle ide cette nation se fit-elle d'abord
de son origine? Si l'on se place au xu sicle et que l'on interroge la littrature de cette poque, on verra que toute tradition de la diversit des lments nationaux, de la distinction primitive des conqurants et des vaincus, des Francs et des Gallo-Romains avait disparu (Augustin Thierry, Considrations sur
l'histoire
31). 11
en
tait
de
mme
au temps de
ce qu'Augustin Thierry
fait
pour
Gaule frauque.
ir
LEON
LA MTHODE
LES SOURCES
la
religion
ou incomplet. Les historiens les plus distingus, comme Michelet et Henri Martin, les crivains spciaux comme Dom Martin, Jean Reynaud et le baron Roget de Belloguet,
ainsi
*
que Longprier
n'a
l'a
Amde Thierry
mme
Par
on croyait, on
dogmes dont la connaissance aurait donn la clef du reste. Nos meilleurs historiens, dit Longprier, ont parl de la
religion des Gaulois,
comme
ils
des juifs, des chrtiens ou des musulmans. Leur unique mthode a consist, aprs avoir relev les rares indications que
contiennent les crits des historiens, gographes, potes ou philosophes grecs ou latins, d'en tirer un expos de ce systme
auquel ils ont donn le nom de druidisme. Mais l'unit comme la dure ne peut se produire que l oh existe un livre, un
la foi et
mme
ils
que
guide les consciences. Les Gaulois, de pas eu ce code religieux. Aussi les
monuments
conserv
de la Gaule,
le
comme ceux
1.
Longprier, 'Mvres,
t.
111, p.
271.
LES SOURCES
LA MTHODE
17
locaux, de pratiques religieuses particulires qu'il est impossible de rattacher un systme unique. C'est l'archo l'pigraphie', logie proprement dite, la numismatique, nous devons demander les renseignements l'aide des-
que
runis et classs mthodiquement, on pourra composer un tableau quelque peu exact des croyances adoptes par les diverses populations de la Gaule;
des considrations jusque-l on sera oblig de se borner en contradiction avec gnrales qui risquent de se trouver
les faits positifs
que l'archologie
est
en train de mettre en
lumire.
la religion des
Gaulois
qu'il
mmes
mmes
termes, tant ces vrits s'imposent' La religion des Gaulois, crit-il, est la
et
fois
peu connue
mal connue.
qui la
Elle est peu connue, parce que les documents concernent sont bien loin d'avoir t runis et classs.
mal connue parce que a priori et sans preuves on l'a considre comme un systme philosophique. On a appel ce
Elle est
systme
et
par suite
la religion
des Gaulois du
nom
de
driii-
le nom que les Gaulois donnaient leurs prtres, ce mot ne correspondant aucune
ralit historique.
Un grand
progrs a t
fait
ordre d'tudes.
Le vu de
mythologie gauloise que nous avons organises au Muse de Saint-Germain. De nombreux albums de dessins et de photographies compltent nos
moulages. La srie des inscriptions portant des noms de divinits dcouvertes en Gaule est aujourd'hui nomsries de
breuse. M.
la patience et la tnacit
1.
Ajoutons au folk-lore.
T.
2.
3.
(18ly).
faisait dj
Frret
la flu
du
18
LA.
y russira, de runir celles qui nous manquent. Enfin, la Revue des traditions populaires met notre disposition un recueil de lgendes locales
qui sont loin d'lre sans valeur.
que vous
Nous possdons donc maintenant, Tappui de nos recherches, un nombre considrable de faits positifs, indiscutables, ruiiis pour la premire fois, sans aucun esprit de systme,
ct des hypothses mises quelquefois, dans le pass, avec
Nous runissons galement peu peu la bibliolhque du Muse *, qui est une bibliothque spciale,
trop de lgret. tout ce que les recueils de province contiennent au sujet des divinits locales. Dans presque toutes ces monog'raphies qui commencent se multiplier, il y a quelque chose prendre.
Nous chercherons
ou du moins
les classer
symboles en dterminer l'origine probable et le caractre travail dlicat, fcond en dceptions, mais qu'il faut oser en:
treprendre pour vous montrer la voie. Nous tcherons d'ailleurs de faire toujours, de notre mieux, la part du certain, du
probable, de Tincertain, du chimrique.
Mais
ne sont pas
cuments dont nous puissions tirer profit. Il existe, ou il a exist de mmoire d'homme, dans notre pays comme en Irlande, en Allemagne et dans les pays Scandinaves, de vieilles coutumes, de vieilles traditions, de vieilles superstitions, chos
affaiblis,
mais encore reconnaissables, des poques primitives. Chasss des temples, a pu crire M. Gaidoz% les dieux g'audans nos campagnes
;
nous irons
les y
Le soin mme que l'Eglise a pris de trs bonne heure de stigmatiser les vieilles croyances, de jeter sur elles l'analhme, ou de les christianiser en en changeant l'esprit, le
chercher.
plus souvent sans en modifier sensiblement la forme, par impuissance de les draciner, tmoigne hautement du rle impor1.
vendredi
2.
Cette bibliothque est ouverte au public muni de cartes d'jude, mercredi, et samedi, de 10 heures et demie 4 heures en hiver, S heures eu t.
Gaidoz,
l.
c.
LES SOURCES
LA MTHODE
19
attachement que les populations leur avaient vou '. La mthode que nous adoptons est donc l'oppos de la
vif
du
ceux qui se sont occups de la Dom Martin et Jean Reynaud en relig-ion de nos pres, M. II. Gaidoz qui a sauf indiqu la vraie voie, particulier,
mthode
sans pouvoir, faute de documents suffisants, en tirer tout le parti possible. Nous attendons avec confiance son travail
dfinitif.
Nous aborderons
quand
notre ducation positive sera faite, vrai moyen de les bien comprendre. Alors seulement nous soulverons la question des druides et du rle religieux, politique et social jou en
Gaule par ce grand corps sacerdotal dont il serait trs injuste de mconnatre l'importance. C'est l une question distincte de la question religieuse proprement dite, considre dans sa
gnralit; cette marche est logique l'influence des druides tant une influence importe, tardive, et au fond plus sociale
:
rain solide?
loin, nous plaons-nous sur un terLe tmoignage des textes ne prime-t-il pas celui des monuments et des lgendes? Avons-nous donc des mo-
numents antrieurs
Les mo-
numents runis dans nos salles mythologiques (les salles mythologiques du Muse) ne sont-ils pas d'poque romaine,
uvres
d'artistes gallo-romains, tout
n^,
au plus du
i^%
plus gn-
ralement du
Les lgendes, les pratiques superstitieuses sous la forme o il nous est possible de les saisir, n' appartiennent-elles pas galement des temps notablement postrieurs l're chrtienne? Les plus anciennes mentions qui en sont faites se rencontrent dans les Pres de l'Eglise ou dans les conciles aucun
;
de ces renseignements n'est, comme date, antrieur au iv^ sicle de notre re. Les lgendes les plus populaires ne re-
1.
moyen ge.
-0
montent
gure aiithentiquement plus haut que le moyen ge. On ne peut les suivre au del que par conjecture. La lgende de Gargantua qui parat une lgende solaire ne figure dans aucun texte avant le xu^ sicle. Quel critrium
mme
avons-nous donc qui nous permette de reconnatre, en prsence de ces documents, relativement rcents, ceux qui
portent la marque du gnie gaulois?
parties anciennes et pures
Comment dmleronsles
la part
ferons-nous
de celles
que
Il
les injQuences
vques
la politique des
nous avons parl de symboles religieux. Ces sont pour la plupart les attributs de divinits reprsymboles sentes la romaine, identifies avec les dieux du panthon
y a plus
romain. Ne croit-on pas savoir que les Gaulois rpugnaient reprsenter la divinit sous des formes humaines? Cette interdiction
la
ne passe-t-elle pas mme pour avoir fait partie de doctrine des druides; avons-nous le droit de prendre au
le droit.
Je ne crois
mme
pas avancer un paradoxe en disant que nous sommes en meilleure situation que ne l'taient Csar, Diodore, Strabon ou
Pline pour pntrer les secrets de la vieille mythologie gauloise, pour les dgager de l'enveloppe gallo-romaine qui les
dissimule. Plac un tout autre point de vue que nos devanciers, nous ne nous proposons pas pour but de reconstituer,
aprs tant d'autres dont les efforts ont t striles, renseignement secret ou public des prtres gaulois. Il est probable que, sous ce rapport, nous n'en saurons jamais plus que ce que
nous en ont
dit Csar,
de cet enseignement si peu et si mal connu, existait en Gaule il un polythisme n'y a pas, cet gard, le moindre doute
vari,
lments remontaient aux origines mmes de la nation, dont la coexistence ct du panthon officiel des derdont
les
niers temps,
si
je puis
m'exprimer
LES SOURCES
LA MTHODE
'
:
21
'(
constate par Gsar iui-rume quand il dit que Les Gaulois ont sur les Dieux peu prs les mmes ides que les autres
peuples
(c'est--dire les
Grecs
et les
Romains)
De
his
eam-
dem
fere quam reliquae gentes prte point les mmes ides aux
Le baron Roget de Belloguel, dans son Ethnognie gauloise, insiste plusieurs reprises sur cette dualit de la race et de la religion gauloises', vue trs juste
dont ce consciencieux rudit aurait pu tirer meilleur parti. Ces vieilles croyances, aprs l'invasion galatique, avaient
au second plan. L'habile politique d'Auguste les au premier. Je m'exprime mal. Quand quits et replaa druides, les deux classes qui composaient l'aristocratie gaut rejetes
loise,
et
eurent t vaincus par Csar, leur pouvoir militaire moral ananti, la rvolution religieuse se fit d'elle-mme,
presque uniquement
l'aristocratie.
Quand
leurs coles
Mar-
de Lyon et d'Autun o les fils des quits s'empressrent d'accourir, la vieille religion populaire livre elle-
mme
reprit le dessus.
Les races celtiques ou pntres de l'esprit celtique, qu'il ne faut pas confondre avec l'esprit druidique, ont toujours t
particulirement superstitieuses natio omtiis Gallorum admodu?n dedita religionibus, crit Csar ^ Strabon fait la mme
:
du Danube.
L'enseignement des druides qui tait restreint l'lite de la nation ne pouvait que trs lgrement modifier ce caractre
natif.
Le christianisme y
:
a chou. Si
Renan
a pu dire avec
Transporte chez les races polythistes, la religion chrtienne, si pure en son principe, devint un vrai paganisme. Les chrtiens du temps de Grgoire de Tours
vrit*
1.
2.
3.
4.
Baron Roget de Belloguet, Elhjiognie gauloise, t. III, p. 103, 274 etpassim. Csar, B. G., VI, 16. E. Renan, Nouvelles tudes d'histoire religieuse, 1884, p. 8.
22
eussent
pense-t-on que l'influence des druides, quelle qu'ait t leur doctrine pldloso;
Tantiquit est unanime nous affirmer qu'ils en ait pu exercer une action plus efficace, avaient une plus du ne le sur la masse firent les peuple que profonde vques
phiqiip
et les
conciles chrtiens?
Quand on parcourt
la
tel
canton
Bretagne, continue Renan \ qu'on s'arrte chacune des chapelles consacres un saint local, qu'on se fait rendre compte par les paysans des spciacart de la
lits
Normandie ou de
on
se rappelle ces
innombrables dieux gaulois qui avaient des fonctions toutes semblables et on arrive croire que dans les couches profondes du peuple la religion a en
somme peu
chang.
Si le
proslytisme chrtien et druidique a laiss ainsi, au fond, sur tant de points du territoire, les choses en l'tat, plus
forte raison en a-t-il
t de
mme
de l'administration ro-
maine qui n'a jamais fait de propagande religieuse. Bien plus souvent qu'on ne le pense, les religions nouvelles sont obliges d'accepter de gr ou de force une grande partie
de rhritage des religions qu'elles remplacent. C'est ainsi que plusieurs menhirs ont t surmonts de croix, que les pierres
troues de certains dolmens ont t encastres dans le matreautel des glises
baptistre.
servi de
Ces vrits s'clairciront vos yeux d'une lumire plus vive mesure que nous avancerons dans nos tudes. Nous esprons que vous voudrez bien provisoirement nous faire crdit,
en acceptant
comme
la religion des
moyen
ge dont l'origine rcente n'est pas dmontre et que nous dclarons tre, nos yeux, sinon pr-druidiques, pour le moins
pr-romaines.
1.
Renan,
l.
c.
2.
mgalitliiques.
LES SOURCES
LA MTHODE
23
Nous sommes donc aujourd'hui en possession de matriaux dj suffisammentnombreux pour que nous osions aborder aprs
tant d'autres, en esprant y porter quelque lumire, cette difficile
tude de
la religion
de leur histoire
et puisque,
comme nous
croj^ons
l'avoir
dmontr dans
le
la nationalit
gauloise,
au temps de Csar, tait dj compose de plusieurs lments distincts^ de caractre primitivement divers, qui bien qu'ayant fini par se fondre en une grande unit politique n'en conservaient
latentes, de leur origine premire
pas moins des traces nombreuses, bien qu'en partie nous devons interroger
chacun de ces lments part. Nous avons dit que l'ensemble de ces lments constituait
Irois
groupes
le
mgalithique,
le
celtique^ le galatiqiie.
Or
l'archologie dmontre que chacun de ces groupes l'poque o il a t prdominant avait un centre d'action particulier; le
mgalithique occupant
les
le
aux ctes de
la
Manche;
;
dominant sur
le
centre et
nord-ouest du pays le gaiatique s'lendant sur nord-est, de l'Helvtie aux embouchures du Rhin.
l'est et le
Ce n'est donc pas seulement un besoin de clart; ce sont de trs srieuses considrations d'ordre chronologique et gographique qui nous imposent la. mthode laquelle nous nous arrtons. On ne peut gure douter que chacun de ces groupes soit entr en Gaule, ou s'y soit constitu, entour de
pratiques religieuses, de rites lui propres, de traditions que nous pouvons qualifier de traditions de famille ou de race.
Le premier groupe,
rapport, se sparer
le mgalithique, parat surtout, sous ce nettement des deux autres et exige une
le
groupe celtique
par les anciens eux-mmes, comme sentent pas nous sous le mme aspect religieux. De notables diffrences les distinguent. Ces deux groupes ne doivent pas tre confondus dans la mme tude. Une carte des divinits
et superstitions
'24
archologiques, ces divinits, ces superslilions se rpartissent ingalement sur la surface du pays, chacune ayant son aire de
dveloppement particulire, rpondant au groupement primitif des diverses branches de ces deux familles. L'existence de plusieurs courants religieux se manifeste aux yeux de Tobservateur.
Chacun des
trois
concept
religieux des trois principales fractions de la nation gauloise nous dictent la marche que nous avons suivre. Le drui-
dme^
la
le fait
d'une
rvolution religieuse
gre^ un pisode dans l'e.isemble du mouvement religieux de la nation, nous tudierons ce qu'on appelle le druidisme,
en dernier
lieu.
Avant d'aborder
poserons
1
nous nous
et
lcherons de rsoudre
Quelle part dans les pratiques et superstitions populaires peut revenir au groupe mgalithique? soumis2 Quelle part au groupe celtique primitif avant sa
sion aux druides?
3"
Quelle
druides vis--vis
de
ces
dominant de leur organisation? en Gaule, sous la dominaadorait-on 6 Quelles divinits eux aucun pan-
thon particulier?
7
Quelle
ces croyances?
l'tude
du premier groupe,
lium translata.
PREMIRE PARTIE
III'
LEON
LA CIVILISATION
LE GROUPE MGALITHIQUE.
TOURANIENNE
Nous aurions grand
intrt connatre l'origine
du premier
groupe; malheureusement, bien que le rite funraire de ce groupe soit rest sur presque tous les points o il s'tablit \ inhumation bien que par consquent de nombreux sque;
lettes
et tu-
problme
puissants nous dire o nous devons placer le centre primitif de dveloppement, le point de dpart de la race ou des races
dont se composaient les tribus constructeurs de mgalithes qui certainement en Gaule ne sont point autochtones.
apport en Occident, avec tant d'autres merveilleuses crations du gnie aryen, la connaissance de la famille de langues
laquelle les langues celtiques appartiennent,, ou bien faut-il rattacher ces races au grand groupe hyperboren, touranien
de Franois Lenormanl, ainsi que la distribution des monuments mgalithiques en Europe semble l'indiquer? Nous ne
saurions
le
dernire hypothse,
nous semble toutefois de beaucoup la aprs D'autres vraisemblable. motifs trs graves, comme nous plus le verrons en dehors de la distribution gographique des mgalithes,
mre
cette solution.
28
Nous sommes, en consquence, port coujecturer que le fond de la religion des populations mgalithiques auxquelles il est impossible de refuser un profond caractre religieux, devait se rapproleurs monuments funraires en font foi
cher des croyances de ces races du nord et avoir quelque rapport avec le chamanisme des contres borales et toute la
srie de superstitions encore vivantes chez les Finnois et les
Mongols sur
le
commenons
avoir
attachions une s-
rieuse importance un groupe de religions s'appuyant uniquement, en apparence au moins, sur des pratiques magiques
ayant des sorciers pour principaux interprtes. Croire que l'tude de ces superstitions n'offre qu'un intrt de curiosit
et
serait
une grande erreur. Le mpris oia elles taient tombes au moyen ge aux yeux de la partie claire de la nation ne nous
faire illusion.
doit pas
ois
Ecoutons
la protestation
de Fran-
tations de l'esprit
chapitres les plus tranges, mais non l'un des moins importants de l'histoire de l'esprit humain et de ses dveloppe-
ments. Quelque folles qu'aient t les rveries de la magie et de l'astrologie, quelque loin que nous soyons maintenant,
grce au progrs des sciences, des ides qui les ont inspires, elles ont exerc sur les hommes, pendant de longs sicles, et
jusqu' une poque encore bien rapproche de
nous, une
influence trop profonde et trop dcisive pour tre ngliges de celui qui cherche scruter les phases des annales intellectuelles de l'humanit.
Les
mme
de
l'antiquit ont ajout foi ces prestiges; l'empire des sciences occultes, hritage de la superstition paenne, survivant au
triomphe du christianisme, se montre tout-puissant au moyen ge et ce n'est que la science moderne qui est parvenue en
Lenormant, La magie chez
1.
Fr.
les
Chaldens, Prface, p. v.
LE GROUPE MGALITHIQUE
dissiper les erreurs.
LA CIVILISATION TOURANIENNE
29
Une aberration qui a si longtemps domin tous les esprits, jusqu'aux plus nobles et aux plus perspicaces,
dont la philosophie elle-mme ne
laquelle, certaines
s'est
pas dfendue et
les noplatoniciens poques, de l'Ecole d'Alexandrie \ elle a donn une place de premier
comme chez
ordre dans ses spculations, ne saurait tre exclue avec pris du tableau de la marche g-nrale des ides.
m-
notre point de vue, cette science a une bien autre importance si elle a. comme nous le pensons, domin chez nous,
pendant de longs
sait
sicles, l'origine
de notre histoire.
On
que parmi phnomnes sociaux les mieux constats fig-ure la parent des lang-ues dites indo-europennes. Depuis prs d'un sicle ^, il est reconnu que le zend, l'armnien,
les
le
grec,
les
lang-ues
le
italiotes
(latin,
osque
ombrien), les
vieil-alle-
langues celtiques,
vieux slave,
le lithuanien, le
mand,
les
lang-ues
Scandinaves,
constituent
les
une grande
lois philolo-
famille linguistique
:
gouverne par giques communaut des racines, mme organisme grammatical, avec des diffrences qui bien que sensibles, peuvent tre
qualifies de secondaires.
table, d'une action
Il
mmes
profonde qui sur la grande majorit des nations qui s'tendent des rives du Gange aux Colonnes d'Hercule. La coms'est fait sentir
commune
munaut des
les esprits.
traditions,
comme
la
communaut de langue,
est
nations dont l'antiquit est aussi bien constate et dont le desIndo-Europens, peut-tre antrieur
A. Maury, La magie et l'astrologie dans Vantiquil. L'honneur de cette dcouverte revient Frdric Schlegel, qui en po?a les bases dans son ouvrage paru eu 1808 Langue et sagesse des Indiens. La conception de l'unit indo-europenue date de ce livre de gnie.
1. Cf.
2.
:
30
pour avoir t dilTrent, n'en a pas t moias considrable nous voulons parler des langues et des tribus touranie?i?iesK
des langues touraniennes, comprenant l'accadien (langue primitive de la Chalde), les langues tongouse, mon-
La famille
gole
reprsente un groupe presque aussi important par son tendue que le groupe aryen. Or ce groupe touranien a eu sa civilisation,
une
civilisation originale
et fconde.
La
civilisation
louranienne que l'on commence connatre n'est pas reprsente seulement par sa langue et le systme d'criture connu sous le nom d'criture cuniforme, le plus ancien systme
une conception religieuse originale assez vivace, pour que nous en retrouvions
graphique connu; l'humanit
les traces
lui
doit
que
le
dans plusieurs des religions anciennes de l'Asie et systme qui en dcoule domine encore en matre sur
o
il
aux anctres de
ce
groupe
si
qu'il faut
en
grand honneur
n'avait
;
chez nous au
moyen ge ^ Le christianisme
pu
les
draciner du cur de nos populations rurales l'islamisme n'en est pas venu plus facilement bout_, elles n'ont recul et ne se sont vanouies que devant les lumires de la science;
ce fut
point de vue
mondes
non au
est
comme au point de vue linguistique, forment deux part, galement \ivaces et qui, bien que de gnie oppos et d'ordre diffrent, mritent tous deux galement, sireligieux,
mme
il
groupes aryens n'ont t nulle part en Europe premiers occupants du sol. Pour ne parler que de ce que nous savons le mieux, aucun de vous n^ignore que les
prouv que
les
1. Tel est le nom dont se sert Fr. Leuormant et qui parat gnralement adopt, aujourd'hui. Ces ouranieus comprenaent les Scythes et probablement les Ilyperborens des historiens grecs.
2.
et l'astrologie
dans
l'antiquit, 1863.
LE GROUPE MEGALITHIQUE
LA CIVILISATION TOURANIENNE
31
Celtes ou Gaulois sont loin d'avoir trouv la Gaule inhabite, ou peuple seulement de quelques rares tribus de sauvages, comme nos premiers historiens et Amde Thierry lui-mme semblaient le croire'. La Gaule, quand les premires tribus
celtiques, c'est--dire aryennes, y ont pntr, tait dj
non
mais en pleine civilisation mgalithique dont on ne peut mconna're la forte organisation, civilisation dont l'action se faisait sentir alors de la Sude au
trs peuple,
seulement
l'autre.
le
s'est
dveloppe
courant tou-
avait prcd les Aryens en Europe,, il en avait t de mme en Asie. Les Scythes, c'est- dire des Touraniens, ce n'est plus une lgende mais un fait historique scientifiquement d-
montr, y avaient prcd les Aryas, les Iraniens et les Smites. Partout dans l'Asie antrieure, l'Aryen, l'Iranien, le Smite s'est superpos des populations plus anciennes, beau-
les
compltement
a t, Torigine, prpondrant en Asie. Nous devons reconnatre en eux les premiers pionniers de la civilisation, les
premiers rgulateurs des pratiques religieuses. La religion touranienne est avant tout un naturalisme dont le fond est la croyance la prsence d'esprits ou dmons animant ou sur veillant tout tre, toute chose en ce monde. Sur ces esprits, sur ces dmons l'homme peut exercer une action plus ou
1. Heuri Martin n'a t dsabus cet gard que dans les dernires annes de sa vie; au moment de sa mort, il prparait une rvision complte de son premier volume oi il faisait trs large la part des populations pr-celtiques. M. d'Arbois de Jubaiuville s'est rattach la mme doctrine. *
2. Coquebert-Montoret, baron de Monbret (cf. Mm. de la Soc. anl. de France, t. VU, p. 2) a entrevu cette vrit. Selon lui, plusieurs religions avaient exist en Gaule, dont l'une, la plus ancienne, tait un sabnsme ml de
chamanisme qui
cien continent.
3.
lui tait
commun
:
avec toutes
les
nations
du nord de
l'au'
Ce que
l'on a
appel
un poly dmonisme.
32
moins puissante
tions, de pratiques magiques, dont certains collges de prtres sont dposilaires. En Assyrie, avant la domination des Smites,, en Mdie avant celle des Iraniens, les collges de
prtres (nous parlons de 3500 4000 ans avant notre re) avaient dj fix ces pratiques par crit dans une langue qui,
aprs la conqute assyrienne, resta la langue liturgique, la langue sacre des Chaldens comme le grec et le latin dans notre liturgie chrtienne.
ces formules, ces incantations destines apaiser les esprits ou forcer leur bienveillance se trouvaient mls des
recettes mdicales, des relevs d'observations astronomiques
servant de base aux spculations des astrologues. Les mages qui formrent plus tard une caste Babylone hritrent de
cette science laquelle ils
ont donn leur nom, bien qu'elle ft tout accadienne. La Mdie, suivant l'expression d'un ancien,
la Chalde.
l'ori-
reconnaissaient qu'il y avait eu en Mdie, une poque trs recule, un foyer trs intense de superstitions raisonnes, bases sur l'observation de la nature
vrits et d'erreurs.
et de vrits explique la fortune inoue de la
mlange singulier de
Ce mlange d'erreurs
magie, dont, plus de trois mille ans aprs l'closion de cette science, nous retrouvons les traces encore vivantes non seulement en Grande-
Bretagne
et
mme
plus civilises, Athnes, Rome, Alexandrie. Nous la retrouvons encore aujourd'hui entirement matresse des esprits sur un espace immense s'tendant de la Finlande au Thibet.
11
y a
dans
le
dit Pline
ce sujet;
son opinion
est
1.
Pline,
//.
iV.,
XXX,
1, 4,
traduction Littr,
t-
II,
p. 322.
LE GROUPE MGALITHIQUE
LA CIVILISATION TOURANIENNE
lesquelles
33
il
La magie
est
du
petit
importe de s'tendre, ne ft-ce .qu' ce litre qu'tant le plus trompeur des arts, elle a eu par tout le monde et en tout
temps le plus grand crdit. On ne s'tonnera pas de l'influence extrme qu^elle s'est acquise, car elle a seule embrass et
confondu
les trois arts qui ont le plus
humain. Elle
mdecine, cela n'est pas sous douteux et, l'apparence d'avoir pour objet notre salut, elle s'est glisse comme une autre mdecine, plus profonde et
la
est
ne d'abord de
plus sainte.
En second
le
lieu,
aux promesses
de la religion,
genre humain
plus
aveugle.
;
astrologique
et tout
or tout
Enfin, pour comble, elle s'est incorpor l'art homme est avide de connatre son avenir
homme
tire
du
ciel
plus de certitude. Ainsi, tenant enchans les esprits par un triple lien, la magie s'est leve un tel point, qu'aujourd'hui mme elle prvaut chez un grand nombre de nations
le
avec
et
rois, ut et in Oriente
dans
par Zoroastre. Les auteurs s'accordent sur ce point. Mais n'y a-l-il eu qu'un Zoroastre? Eudoxe qui a prtendu
la Perse,
il-
crit
porte que Zoroastre a puis la doctrine chez Azonaces et vcut Je remarque cinq mille ans avant la guerre de Troie
qu'anciennement et presque toujours on chercha dans cette science le plus haut point de l'clat et de la gloire littraires
;
s'y
que
;
ils
vantrent la magie
34
ils la
comme je
l'ai dit
dans un livre
Gaules ont t aussi possdes par la maprcdent... Les gie et mme jusqu' notre temps, car c'est l'empereur Tibre
quia supprim^ leurs druides et cette tourbe de prophtes et de mdecins. Mais quoi bon rapporter ces prohibitions au
franchi l'Ocan et qui a pntr jusqu'o sujet d'un art qui a cesse la nature ? La Bretagne cultive aujourd'hui mme l'art
de telles crmonies qu'elle semblerait l'avoir transmis aux Perses... Ainsi tous les peuples se sont
magique avec
foi et
le
carac-
magie conformment aux dcouvertes rcentes dues au dchilrement des inscriptions cuniformes, la magie est un art dont l'origine remonte bien au del des temps historiques
l<^Que,
de la Grce
2
et
de
Rome.
n en Orient chez
les
Que
Mdes',
le
pays de
Zoroastre.
Que cet art qui, par les rapports qu'il prtendait tablir entre l'homme et les esprits de la nature, tait une religion
3*^
laquelle se rattachaient la
codifi^ de trs
mdecine
et l'astrologie, avait t
ainsi dire
bonne heure, fix par crit, immobilis pour dans des formules rythmes affectant un caractre
l'art
sacr.
4
Que
le
monde.
i.
2.
Hanc
in arcanis hahuere.
Tiberii Csesaris principatus sustulit
Namque
l'interprtation de ce texte, Fustel de Coulanges disparu chez les Gaulois, Thorin, 1879.
3.
n'a pas
4.
est un pays touranien. Nous savons aujourd'hui que la magie pour origine premire la Mdie, mais la Ciialde. Deux cents tablettes ont t dcouvertes Babylone appartenant ce
La Mdie
code.
LE GROUPE MGALITHIQUE
LA CIVILISATION TOURANIENNE
il
35
Mais
ici
tion faire.
texte de Pline,
y a une distinc-
Pline sait que la magie est origicroit savoir comment elle a pntr en
d'aprs le rsultat de nos resur ce sujet et dont les ouvrages subcherches, qui ait crit sistent, est Osthans. Il avait accompagn Xercs dans la
Grce
et
en
Italie.
Le premier,
il dissmina pour ainsi guerre faite aux Grecs par ce prince dire les germes de cet art monstrueux et en infecta tous les
;
Orphe qui le premier a de Thrace transport de proche en proche les superstitions magiques, avec les dcouvertes de la mdecine, bien que la
Thrace
oi
il
faisait
un silence comdit-il, garde et^ au la de Vlliade dans guerre de Troie, en temps plet o la magie pntre plus tard, on se bornait aux Thessalie, remdes du centaure Chiron. Partout, en Grce comme en
sur ce
fait.
magie Homre,
n'est point
insiste
Italie,,
magie est un art tranger^ un art import. Pline, au contraire, semble la regarder comme presque indigne en Grande-Bretagne Elle la pratique avec une telle foi et de
la
:
telles
elle
qui a transmis
cet art
aux
Perses.
la
L'extension de
touranienne.
l'histoire de la race
Les populations diverses, crivait Franois Lenormant* en 1874, qui de la Finlande aux bords de l'Amour habitent encore aujourd'hui le nord de l'Europe et de l'Asie, Finnois et Tchoudes, Turcs et Tartares, Mongols^ Tongouses, et dont
les
et
des
Max
Millier ont
dmontr
ls
dans les climats les plus septentrionaux^ d'une grande race qui a couvert autrefois une' immense tendue de terri-
1.
Lamagie
3t)
nous la voyons rpandue dans la haute antiquit sur une grande partie de l'Asie antrieure et les antliropolog-istes^ de leur ct, signalent d'autres tribus de cette
toire, car
race
dans l'Europe
aryennes'.
prhistorique,
avant
l'tablissement
J'ai essay de prouver ailleurs, Lenormant, ajoute Franois que ce sont ces populations qu
des tribus
ont les premires invent et pratiqu la mtallurgie, opinion soutenue galement par le baron d'Eckstein et par Alfred
Maurv.
non seulemnt du
fait
de la parent des langues qui s'y parlent, mais du fait que tous les membres de la famille ont vcu et vivent encore sous
l'empire d'une
longtemps a un Cette caractre du tronc commun. religion parspares ^ ticulier. Je laisse encore la parole Franois Lenormant
:
encore
mme religion, dont les traces se visibles mme dans les branches depuis
retrouvent
<(
Malgr qui ont forcment rsult des conditions si diverses de dveloppement auxquelles la race a t
les diffrences
soumise, je crois qu'aprs un coup d'il jet sur le magisme mdique et sur lescroyances des anciens Finnois, telles qu'elles
ont leurs expressions dans la grande pope du Kalevala,
les affinits avec le
systme que nous venons d'exposer d'adbris du recueil de la magie accadienne deviensi
frappantes que
l'existence
le lecteur
sera con-
nous
d'une
famille
de
nettement caractrise. Et cette famille, qu'on a jusqu'ici trop laisse dans l'ombre, correspondrait exactement une grande division ethnique laquelle il faut dsorreligions trs
mais
faire sa part
dans
l'histoire
gnrale de l'humanit
reli-
gieuse L'lude comparative laquelle nous venons de nous livrer conduit reconnatre une parent troite entre la
1.
2.
Pruner-Bey, de Quatrefages,
etc.
3.
La magie, La maqie,
p. 190.
p. 238.
LE GROUPE MGALITHIQUE
LA CIVILISATION TOURANIENNE
37
mag-ie chaldenne et celle des peuples ouralo-altaques ou touraniens, particulirement celle des Finnois. Les ides
religieuses auxquelles elle se rattache et sur lesquelles elle se fonde constituent un systme de mythologie' complet et
dans toutes ses parties, qui n'est qu'un dveloppement normal et logique de la forme de naturalisme
trs bien li
propre cet ensemble de peuples, du culte des esprits, des lments et de la nature. Tout concourt nous ramener
la
mme
race
de l'humanit
comme
qui lui
une
antiquit
prodigieusement
et
recule,
dmonologiques
((
magiques
bassin de l'Euphrate et du Tigre. Comme conclusion de nos recherches nous entrevoyons une famille de nations qui s'est spare avant les autres du
tronc
commun
dans
rpandant au loin la premire [dans la direction du nord] s'est constitue en tribus ayant une existence ethnique et distincte, ds une antiquit tellement rel'histoire et se
nom
cule qu'on ne saurait l'apprcier en nombres. Une intuition historique des plus remarquables avait dj conduit Bunsen cette conclusion, quand on ne possdait encore aucune des
preuves que
les tudes
puis quelques annes. L'hypothse de Bunsen devient maintenant un fait appuy par de solides arguments et qui tend
oii il
aura
de l'humanit primitive et des plus anciennes migrations des peuples aura fait un grand
pas.
Il
est de plus
en plus probable
que c'est l'influence de ce courant ^oz/ra;zzm primitif que nous devons attribuer l'rection des spultures mgalithiques et tout
dveloppement social et religieux que Ttude de ces monuments rvle^ et que les traditions classiques n^expliquent pas.
le
1.
2.
3.
le
mot
juste.
les
leons suivantes.
38
Le grand
rle
la race et la civilisation
est-il
une
illusion de notre esprit? Il faudrait, pour le croire, ne tenir aucun compte des rcentes dcouvertes de l'archologie dans le domaine de la prhistoire*, confirmant de vieilles traditions
dont il n'est pas possible de nier la valeur. Les anciens n'avaient pas compltement ignor le rle considrable que les Scythes, c'est--dire les Touraniens", d'un ct, les Hyper-
borens de l'autre, avaient jou dans le monde avant l'tablissement des grands empires historiques. Tout un chapitre de Justin, abrgeant Trogue-Pompe, nous difie cet gard.
Trogue-Pompe nous
1
dit
Que
le
les
dans
monde
non minus
illustria initia
quam imperium
habuere.
le peuple scythe avait toujours t regard comme ancien de l'univers Scytharum gens antiquissima semplus plus ancien mme que les Egyptiens. per habita,
2"
Que
le
Que
et
immense
mxdtum
in longitudi-
nem
latitudinem palet, Qu'ils ont trois fois ambitionn l'empire de l'Asie imperium Asiae ter quaesivere et qu'avant Ninus, pre de Smi4
:
ramis,
le
premier
pay tribut
pendant quinze cents ans gentos annos vectigalis fuit. Pendendi tributi finem Ninus,
Parthicum
et
Bactrianum imperium
ipsi co7ididerunt^
1.
Voir
la
les Gaulois.
Les Scythes, c'est--dire les Touraniens. Car, dit Fr. Lenormant, c'est ainsi qu'il faut eatendre le mot Scythes quand il s'agit de l'Asie, en rservant la
2.
question particulire des Scythes d'Europe. 3. Justin, Ti'ogi Pompei historiarum epitoma,
liv.
II,
1-4.
Trogue-Pom-
pe
4
est
un historien trs srieux. Nous croyons avec notre grand Frret que
de tnacit
comme
celles-ci le caractre
et d'universalit
doivent tre
considres
LE GROUPE MGALITHIQUE
LA CIVILISATION TOURANIENNE
39
Ces
aux historiens du
d'Auguste,
d'un temps
comp-
tait
parmi
ils
colonies.
en
faisait
mention
la fin
du
le
mais
groupe humain. Nous avons d'ailleurs le tmoignage d'Hrodote* qui mentionne des faits prcis. Aprs avoir rappel
qu'Homre et Hsiode ont parl des Hyperborens, il ajoute Les Dliens en parlent beaucoup plus amplement. Ils ra:
content que les Hyperborens leur envoyrent des offrandes enveloppes dans de la paille de froment. Ces offrandes passaient chez les Scythes transmises ensuite de peuple en peuple
;
,
qu' la mer Adriatique ^ De l on les envoyait du ct du midi. Les Dodonens taient les premiers Grecs qui les recevaient. Elles descendaient de Dodone jusqu'au golfe Maliaque
d'o elles passaient en Eube et de ville en ville jusqu' Caryste. De l, sans toucher Andros \ les Carystiensles portaient
Tnos et les Tniens Dlos.
comme
ret,
1.
trs srieuses.
Quel intrt
:
les
Grecs
et les
Romains
auraient-ils
? Cf.
pu
uvres
Diodore,
force des choses ne les leur imposait pas compltes, in-12 Histoire, I, p. 72.
si la
II,
Fr-
43.
2.
Hrodote,
3.
On
sait
la
Baltique aux
embou-
chures du P.
4.
les stations
40
Les Dliens ajoutent qu' l'origine les Hyperborens avaient envoy ces offrandes par deux vierges dont l'une, suivant eux, s'appelait Hyperochei l'autre Laodice. Que, pour la
accompagner par de leurs ils donnent le nom de Perphauxquels citoyens cinq res et qui l'on rend encore de grands honneurs Dlos, mais
que ces Perphres n'tant pas revenus dans leur pays,
les
ils les
avaient
fait
Hy-
perborens, craignant que ce fait se renouvelt, prirent le parti de porter sur leurs frontires leurs offrandes dans la paille de
froment
et
ment de
?es
les
Dliens de
accompagner jusqu' une autre nation... hesjeuun et Vautre sexe se coupent les cheveux en
l'honneur de ces vierges hyperborennes qui moururent Dlos. Les filles leur rendent ce devoir avant leur mariage.
Elles prennent
l'entortillent au-
dposent sur
le
monument
de ces vier-
main gauges che en entrant. Les jeunes Dliens entortillent leurs cheveux autour d'une certaine herbe et les dposent galement sur le
dans l'enceinte consacre Arlmis,
tombeau des Hyperborennes*. Les Dliens disent aussi que dans le mme sicle oii ces dputs vinrent Dlos deux autres
vierges hyperborennes, dont l'une s'appelait Arg et Taulre Opis, y taient venues avant Hyperoch et Laodice. Celles-ci
apportaient Ilylhie les tributs qu'elles taient charges d'offrir pour le prompt et heureux accouchement des femmes
de leur pays. Mais Arg et Opis taient arrives en la compagnie des dieux mmes (Apollon et Artmis). Aussi les Dliens leur rendent-ils d'autres honneurs. Leurs femmes qutent
pour
nom
dans un
de Lycie a compos en leur honneur... Les ajoutent qu'aprs avoir fait brler sur l'autel
victimes on en rpand la cendre sur
le
des
tombeau
Opis et
taient religieusement fixes. Nous ne sommes point en prsence d'une prgrination dont l'imagination seule des prtres aurait fait les frais. Il y aurait en chercher le sens.
1.
LE GROUPE MGALITHIQUE
LA CIVILISATION TOURANIENNE
41
'Arg. Ce tombeau est derrire le temple d'Artmis, prs de la salle o les Ciens font leurs festins *.
l'est et
Voil deux
monuments de
pierre,
sacrs parla religion, dans le centre mme du culte d'une des plus grandes divinits de la Grce, portant tmoignage de Tan-
ciennet et de la valeur non seulement religieuse, mais historique, des traditions concernant les Hyperborens. Peut-on
d'ailleurs douter de l'existence de cette antique civilisation
septentrionale, depuis que nous ont t rvles les antiquits primitives de la Sude, du Danemark, de l'Ecosse et de
l'Irlande, antiquits
bronze,
les
si
remontant aux ges de la pierre et du heureusement mises en lumire par les Worsaae %
Nilsson^ les John Cvans* et tout rcemment par M. Oscar Montelius^ dans son intressant ouvrage Les temps prhistoriques de la Sude, traduit par M. Salomon Reinach.
:
La
leon. J'espre qu'aprs vous tre nourvous ne serez pas tonns de retrouver en ris de ces tudes Gaule un cho de cette grande civilisation touranienne ^
commentaire de
ma
1.
Il
ya
une
II,
montre l'importance que les Den augmente encore l'intrt. Cf. Porphyre,
De
abstinentia,
A.
c. xix.
Worsaae, The primeval antiqv.ilies of Danemark, 1849; Mmoires de Danish la Socit des Antiquaires du nord, traduits par Beauvois, 1860-1875 arts, publication du South Keusington Musum, 1882. 3. S"wen Nilsson, Les habitants primitifs de la Scandinavie, 1868.
2. J.
;
4. John Evans, Les ges de la pierre, traducliou Barbier, avec 476 figures intercales dans le texte et une planche hors texte, 1878. 5. Oscar Moutelius, Les temps prhistoriques en Sude et dans les autres
pays Scandinaves, avec une carte, 20 planches et 427 figures dans le texte, 1895, ouvrage traduit par Salomon Reinach. 6. Quatrefages, dans son livre sur L'espce humaine, p. 133, se plaant Les un point de vue purement anthropologique, a crit grandes migrations de peuples se montrent peu prs partout daus l'histoire, dans les traditions, dans les lgendes du nouveau comme de l'ancien monde. Nous
:
constatons chez les peuples les plus civiliss de nos jours et chez les trila vie sauvage. La palontologie humaine, l'archologie prhistorique ajoutent chaque jour leurs tmoignages ceux
les
IV
LEON
Au nombre des superstitions qui nous paraissent remonter l're mgalithique et relever des influences touraniennes, nous placerons au premier rang le culte des pierres. Trs vivaces encore au
moyen
Il
ne s'agit pas de
superstitions isoles, sporadiques, pour constances locales, et ayant un caractre passager, mais de superstitions enracines dans le sol, se reproduisant presque
tendue de pays considrable, dont le champ de quelques-unes dpasse de beaucoup les limites de la Gaule. Nous ne de-
vons y voir ni des fantaisies, ni des bizarreries de l'esprit individuel, mais le fruit de certaines dispositions intellectuelles
de race, rgles, et
premiers se donnrent la mission de diriger les inspirations religieuses des nations en rapport avec leurs
les
La main du
et
croyances
Comment
sans cela s'expliquer leur extraordinaire vitalit? Ce sont des survivances d'un tat social disparu, oii le peuple
tait lev
tiques
et
dans la
en
que ces
43
croyances, quand elles ont une fois pntr dans les profondeurs de l'me d'un peuple.
('
Les Mongols,
dit
Alfred
Maury%
et
sicles, convertis au
bouddhisme
conservent pas moins, aujourd'hui encore, les prtres magiciens de leur ancien culte. Le mazdisme, ajoute-t-il, n'a
jamais pu draciner
les pratiques
magiques,
ni chez les
Mdes,
Le magisme,
dit de
normant, n'est autre chose que le rsultat de la combinaison de l'antique religion des tribus touraniennes avec le mazdisme, sur lequel cette religion a exerc une influence considrable.
La Mdie, aprs la conqute iranienne, est reste touranienne d'esprit et d'usages. Nous estimons que de pareils faits ont d se reproduire en
Gaule l'arrive des Aryens. La civilisation aryenne a recouvert, sans l'touffer, une vieille religion apparente aux religions touraniennes. Ce que l'on appelle ledruidisme, cet hritier du magisme mdique, au tmoignage de toute l'antiquit,
en a t imprgn, ainsi que l'avait t le magisme en Mdie et en Perse. Il ne l'a point importe en Gaule. Nous ne connaissons pas d'explication plus plausible des avons drouler devant vous.
faits
que nous
Il n'est pas douteux que les superstitions relatives au culte des pierres aient rgn chez nous l'poque nolithique % comme elles rgnaient chez les Chaldens qui rendaient, dit
Lenormant, un culte aux pierres, aux montagnes, aux arbres, aux fleuves et aux fontaines ^ Deux faits le prouvent nos
yeux
1"
pierres dures et
rares, jades, jadites, callas, chloromlanites et cristal, dans un certain nombre de spultures mgalithiques, qui certainement y figuraient comme produits de la nature dous de
La
p. 2.
44
encore de nos jours, des vertus prophylactiques attaches aux haches de pierre, aux pierres de tonnerre comme on dit,
croyance rpandue particulirement dans la rgion des monuments mgalithiques, en Armorique, en Morvan, en Ardche, en Aveyron et dans les Cvennes, o les haches et colliers
il
y a
comme
il
Un mmoire
fort
intressant de M.
Emile Carlailhac',
mmoire qui pourrait dj recevoir plus d'un dveloppement nouveau, montre combien ces recherches sont fcondes et
peuvent s'appliquer. La croyance aux pierres de foudre ou pierres de tonnerre se retrouve non seulement en France, mais en Angleterre, en Allemagne, en
combien de contres
elles
Hollande, en Danemark, en Irlande, en Sude, en Hongrie, en Finlande, en Bohme, en Sibrie, en Mongolie et en Chine, Cette extension d'une mme superstition, sous les mmes
formes, dans une zone o l'action du gnie touranien se fait sentir sous tant d'aspects diffrents, ne plaide-t-elle pas en faveur de l'origine touranienne de celte superstition en Gaule?
Encore aujourd'hui
c'est
en Silsie
et
en Hongrie, c'est--
En Hongrie,
disait Florian
Rmer au Congrs
les haches et marteaux de pierre se rencontrent chez les paysans, disperss et l, sous le nom de foudre plate, de foudre enchane, de flche de Dieu. Ces expressions
en 1867%
sont celles dont se sert encore aujourd'hui trs souvent le peuple en jurant. On rencontre abondamment ces objets dans
les vieilles
commres
et
sages-femmes,
Cartaillac,
les
45
des amulettes quelles font frauduleusement et plusieurs fois de suite bnir par les curs principalement, en les
plaant sous le coussin de l'enfant pendant le baptme; puis elles s'en servent pour gurir diffrentes maladies et font avec
elles de
la production des haches par la foudre, leurs prtendues vertus prophylactiques sont les mmes chez les paysans mag-yares,
comme
nombreuses
sorcelleries.
allemands
et slaves;
paganisme , aux dernires migrations. Je n'insiste pas, M. Emile Cartailhac est tout entier lire.
2
mmoire de
Une seconde preuve peut tre tire de ce fait que certains monuments spulcraux mgalithiques, certains blocs, dbris de monuments dtruits, taient encore au moyen ge, malgr les
dfenses ritres du clerg, un but de plerinage en vue d'obtenir des gurisons miraculeuses ou la satisfaction de vux
particuliers,
comme
tombeaux des
saints
musulmans.
Ces superstitions n'ont pu natre ni au moyen ge ni l'poque romaine. Elles sont en rapport avec une srie de monuments ayant jou un rle important bien avant l're chrtienne.
naies de Tibre et de Trajan, recueillies la superficie de plusieurs des tumulus recouvrant des mgalithes, tumulus isols
dans
la
tmoignent que ces monuments taient dj, au i^"" sicle de notre re, un but de plerinage. Ces pratiques n'ont pas disparu partout. Elles taient encore vivantes, il y a une quinzaine d'annes, dans certaines valles des Pyrnes oii sont galement signales de nombreuses spultures pr-romaines.
En
gie
un des correspondants de la Socit d'anthropolode Paris faisait une des sances la communication sui1877,
:
1.
46
ces pierres sacres le plus souvent au voisinage des fontaines*, simples blocs de granit porphyrode ou amphibolifre, abandonns sur la montagne par le glacier quaternaire et ayant autrefois servi des usages qu'il n'est plus possible de prciser. Quelques-uns de
ces blocs sont des pierres bassins 2. Elles sont, toutefois, presque toujours brutes, prsentant rarement quelque chose qui les distingue des autres grosses pierres parses sur l'Espiaut ^ 11 en est beaucoup parmi elles qui passeraient inaperues de l'observateur, si les traditions locales
et la vnrition
On trouve
des habitants ne
les
profonde valle de Labroust, creuse au cur de la chane des Pyrnes, loin de tous les courants de civilisation, ces superstitions des ges vanouis se sont maintenues avec une nergie telle que, dans plusieurs villages, notamment Portet, Jurevielle, elles se mlent intime-
Dans
la
ment aux croyances du catholicisme *. En vain les prtres les combattent en chaire, ils n'ont pas extirper de tous les curs. En vain ils font secrtement
russi les
dtruire les
pierres, vestiges de ce paganisme persistant et surtout celles prs desquelles se donnent rendez-vous les jeunes gens et les jeunes filles. Les
habitants, lorsqu'ils surprennent les ouvriers, s'ameutent, et empchent l'uvre de destruction. Quand on a pu l'accomplir sans veiller leur
attention,
ils
les
entourer de vnration.
pierre sacre
elle
tait
les remettent en place et continuent faut disperser au loin les dbris de la voir cesser le culte dont elle tait l'objet; l'endroit o
pour
que nous rvle l'lude de certains monuments de J'Armorique et de l'Irlande. Je veux parCe n'est rien ct des
des tumulus
faits
ler
comme ceux
de Gavr'Inis, du Man-er-Hoeck
et
en Irlande ^
Le tumulus de Gavr'-Inis aune loquence particulire nos yeux. Nous ne pouvons nous empcher d'y voir la caverne
spulcrale, peut-tre la retraite secrte d'un magicien, d'un
1. 2. 3. 4. 5.
le
loin.
Nom de Comme
la montagne. en Hongrie.
ments
6.
Voir au Muse des Antiquits nationales les rductions de ces monuet nos dessins dans La Gaule avant les Gaulois (2<= dit.), p. li'9, 131,
Voir James Fergusson, Les monumeiits mgalithiques, etc. (trad. Hamard), album photographique des mo7iuments mgalithiques de V Irlande au Muse des Antiquits nationales (bibliothque).
p. 219 et 230, et
47
chaman de l'poque
devaient tre les rois de cette poque, core dans certaines contres borales.
le
enau-
chaman, le sorcier, est un personnage de la plus jourd'hui, grande importance. Les familles des chamans constituent des
familles sacerdotales trs respectes, trs redoutes, trs puissantes, pouvant avoir et ayant eu sur la destine des tribus,
au milieu desquelles elles vivent, la plus grande influence. L'introduction nominale du christianisme dans ces contres
l'a
peine diminue
*.
il
ne faut
pas l'oublier, des magiciens convaincus, ayant foi en euxmmes, comme le peuple a foi en eux. L'on aurait grand tort
de les considrer comme des fous ou des imposteurs, ayant conscience de leurs impostures. Tous les voyageurs qui ont pntr dans ces pays avec un esprit observateur les ont rhabilits cet gard.
ils
usent de tous
moyens (parmi lesquels y en a de blmables) pouvant donner crance leur influence surnaturelle. Mais ils croient
eux-mmes
se regardent et
observation sagace prolonge, leur sont familiers et ils savent en tirer des effets d'une grande puissance. Ils se croient vrai-
ment
On
foi, crivait
en 4876
",
surtout
adonne
et
encore dans les contres borales, oii le culte de la magie s'est rfugi, familier avec les vertus de certaines
tait et est
1. Cf. Wraugell, Le nord de. la Sibrie (trad. Galitzine) et V Annexe B chamanisme d'aprs V enqute de la Commission russe en 1776. 2. Feuilleton du journal La Rpublique franaise, du 4 mars 1876.
:
Le
48
plantes, de certains breuvages enivrants. Certains effets de l'hypnotisme, certains phnomnes de l'extase ne leur sont
point trangers. Ils savent agir efficacement sur Timagination des autres, mais ils s'enivrent eux-mmes de leurs propres
sortilges.
Ces pratiques empiriques taient accompagnes dans l'antiquit et le sont encore de nos jours de formules obscures qui
en voilaient
rels,
si
le
si
incontestables, que
pces de philosophes*, ne ddaignaient pas d'en tirer parti. Les Romains clairs croyaient encore ces formules et le P. Hue,
qui dans son voyage en Tartarie et au Thibet a assist quelques-unes de ces crmonies magiques, n'en nie point l'efficacit*.
Muse des Antiquits nationales, o sont exposs' une rduction du monument au vingtime et le moulage des pierres
la crypte. Votre attention doit tre attire surtout tout fait original des dessins sculpts sur caractre par ces pierres. On y reconnat, sans difficult, la reprsentation
composant
le
d^un certain nombre de haches, groupes ou isoles, semblables pour I9, forme aux haches de pierre dposes dans les spultures mgalithiques sont reconnaissables gale;
ment des reprsentations de serpents; ce sont l des exceptions. La majorit des sculptures a un tout autre caractre,
dont
le
logues.
Un observateur d'un sens trs fin, M. Albert Matre, inspecteur des restaurations et des moulages du Muse, a fait ce
sujet
tre soumise.
une remarque des plus ingnieuses qui mrite de vous Examinez la loupe les lignes que la nature
trace sur la
paume
de la
main humaine
la naissance et
1.
Comme
2. Il 3.
se coutente de dire
les
4.
**'
'I
^.i
.'^^-*l
111 11
'1
!^i
ir(>i>iiirii#
49
aspect tout
lignes par la
Gavr'-Inis
sries,
agrandissez cet assemblage de photograpliie et comparez-les aux sculptures de il n'y a pas seulement analogie entre les deux
fait particulier*,
;
il y a identit elles semblent calques Tune sur l'autre. Doit-on voir dans cette concidence un simple effet du hasard?
si
nous
cherchons des reprsentations analogues, je ne dis pas identiques, soit dans l'antiquit, soit au moyen ge, nous n'en rencontrons aucune. Quelques monuments mgalithiques d'Irlande
d'Ecosse en offrent seuls de nouveaux spcimens. Pour ceux qui voudront bien se placer notre point de vue,
et
se rappeler
que
la
hache
et le serpent jouaient
un
rle
impor-
moyen ge une branche de la magie ^, l'hypothse que nous sommes dans l'anlre ou le tombeau d'un magicien
encore au
chiromancien ne paratra peut-tre pas draisonnable \ Quoi qu'il en soit des sculptures de Gavr'-Inis et de leur rapport
de la magie, il est au moins certain que, lors des funrailles des grands personnages, l'poque mgalithique, avant que la chambre funraire et la galerie qui y conduisait
avec
l'art
fussent recouvertes de terre, des crmonies qui s'accordent merveilleusement avec le caractre magique que nous leur
prtons s'y accomplissaient. Reportons-nous l'intressant rapport que notre auditeur assidu, le regrett Ren Galles, publiait en 18G4 dans les
Mmoires de
la Socit j)olymathique
du Morbihan
la suite
des
Man-Lud. Ce mmoire a
\.
aisi
Le moulage de plusieurs mains a t nais sous les yeux des auditeurs, que les piiotographies de ces moulages. Ces photographies sont dpo-
ses la bibliothque du
logique, nouvelle srie,
dans La Gaule avant les 2. Voir Ferdinand Denis, Sciences occultes, p. 50. 3. M. E.-A. Martel, dans l'intressant volume qu'il vient de publier, Irlande et cavernes anglaises, p. 168, donne le dessin d'une cellule monastique archaque, prs de laquelle la grotte de Gavr'-Inis serait un palais (voir notre pi. I). Cf. p. 157 de l'ouvrage de M. A. Martel, L'Oratoire de Gallerus (ve ou vi" sicle).
Muse o on peut les examiner. Voir Revue archoanne 1884, t. II, p. 332, article de M.Abel iMatre. Voir Gaulois (2e dit.). p. 155, la comparaison des deux sries.
50
une
le
reproduire
ici
en entier.
LE TUMULUS-DOLMEN DIT MAN-LUD
Le Man-Lud est si original que j'aurais pu me croire transport un autre temps, chez un aulre peuple que celui de nos mgalithes ordinaires. Je mettais au jour chaque coup de pioche un ordre de faits tout nouveau Me dcouvrais le thtre d'antiques funrailles dont le sol conservait encore des traces sensibles. Le Man-Lud, on le sait, forme une butte
80 mtres de long sur 50 de large, et remarquablement basse, 5, 50 seulement d'lvation. J'en dcrirai l'intrieur dans l'ordre de mes fouilles dont le point de dpart tait l'extrmit orientale du tumulus. A 10 mtres, je rencontre un alignement curviligne de
artificielle trs allonge,
petits
menhirs de 40 50 centimtres de hauteur et noys 4", 50, audessous du sommet, dans les vases dessches qui forment la tomhelle. Cette ligne de pierres avait 12 mtres d'tendue. Sur chacune des cinq
pierres debout formant l'extrmit nord, nous avons trouv le squelette d'une tte de cheval ^. Une seconde range de pierres parallles la pre-
de la premire formait avec elle en ce que ses lments au lieu de se toucher taient spars par des intervalles de 10 mtres environ. A partir de cet alignement, notre tranche, en s'avanant vers l'ouest, a trouv
mire
cette range
d'alle.
tait 3"", 50
une sorte
Elle
en
diffrait
naturel recouvert d'une couche de pierres sches s'tendant avec une paisseur de 40 centimtres dans toute l'tendue, d'une surface peu prs ovale, longue de 40 mtres et ayant 18 mtres de largeur moyenne. Cette nappe de pierre nous parat avoir eu particulirement
le sol
pour but de recouvrir le lieu oi^i certaines pratiques funraires se seraient accomplies, car nous avons trouv en la soulevant, d'abord, 8 mtres des menhirs intrieurs, un monceau de charbons de bois, puis plus loin, 12 mtres de dislance, une agglomration d'ossements d'animaux. Prcisment partir de l'endroit oi^i nous avons rencontr ces derniers dbris, c'est--dire une dizaine de mtres du centre du tumulus, la couche de pierre s'lve, puis se bombe en conchode, de manire former un galgaP semblable tous ceux que nous connaissons, mais
qui, circoustance
exceptionnelle,
*
se trouve
dont
il
Au centre du
galgal qui,
1.
La Gaule avant les Gaulois {2" dit.), reproductiou des planches du uimoire de Reu Galles, aujourd'hui peu prs introuvable en librairie. Ren Galles a
signal depuis plusieurs spultures analogues. 2. 11 semble bien que nous soyous l en prsence de tribus pastorales comparables aux tribus tartares et mougoles.
3.
Monceau de
terres et de pierres
les pierres
dominent.
4.
Vase marine.
51
une hauteur de
2',20,
celes, une crypte longue d'un peu plus de 2 mtres, larpe de lm,25 et haute de 1.10. Les parois de ce caveau sont formes d'une grossire maonnerie de pierres sches. Sa vote, au lieu de consister, comme
d'ordinaire, en une ou
est
nombre de
dalles plates,
non
tailles et
galgal. de telle sule de ces pierres peut faire crouler tout ce fragile difice. Cette crypte compltement ferme de toutes parts tait une tombe. La position relative des
ossements semble indiquer que les corps (il y avait deux ttes) avaient t replis sur eux-mmes'. Vers le milieu de la chambre taient un petit tas de charbon de bois et quelques fragments d'os calcins 2. A
l'autre extrmit
un petit couteau en roche siliceuse du pays, puis queldbris de poterie grossire et deux morceaux de silex pyromaque. ques Aprs avoir vid la chambre qui tait en partie remplie de terre, nous
lit de terre un dallage irrgulier en pierres 6 et recouverte eu dessus d'une couche de 5 centimtres plates paisses onctueuse couleur de rouille dans laquelle nous avons bientt reconnu les restes d'un plancher' de bois, dont plusieurs parcelles se sont trouves suffisamment conserves. Au-dessous des dalles un lit de terre de
le
sol naturel et
ne contenait
l'ouest
nitique;
du galgal central, nous n'avons plus trouv que la roche gramais l, comme l'est, la roche avait t aplanie, nous voulons
dire- dpouille de l'enveloppe de terre naturelle qui la recouvrait. Les ouvriers avaient probablement recul devant la difficult de l'attaquer
elle-mme.
du tumulus, au point de la plaine d'o l'on voit le soleil soir dans l'Ocan, se dresse, vers le ravin, l'alle chaque disparatre couverte mise nu par nos devanciers*. Nous n'avions plus l'explorer; mais nous devons nous rappeler que ses parois sont, en quelques endroits, couvertes de signes bizarres encore visibles dont la patience de
l'extr.mit
M. Samuel Fergusson
a pu rtablir les contours. En somme qu'avons-nous trouv? D'abord une plate-forme rocheuse
prpare sur une tendue de plus de 80 mtres en longueur et de 50 en largeur. Ensuite l'extrmit occidentale de ce plateau un beau dolmen galerie et l'extrmit orientale une avenue de pierres debout, dont
attitude accroupie est trs frquente sous les spultures mgali1. Cette thiques de France et de Scandinavie. Cf. La Gaule avant les Gaulois (2" dit.j, p. 158, et Niisson, Les habitants primitifs de la Scandinavie (dit. frau.,
p. 176 et pi. XIX).
2. 3.
Probablement d'animaux.
Ce plancher s'est retrouv dans beaucoup de spultures mgalithiques de chefs, dans le Finistre et dans les Ctes-du-Nord. 4. Ou n'a couserv aucuu souvenir de celte fouille.
i.
Fergusou,
/.
c,
52
quelques-unes supportaient des ttes de cheval. Au milieu, un galgal form de pierres sches et recouvrant une crypte spulcrale tablie d'aprs un S3'stme de construction particulier et renfermant des ossements humains et quelques objets de l'ge de la pierre polie. Entre le galgal et les menhirs, une masse de pierre artificielle couvrant le sol naturel et qui, souleve, laissa voir un mouceaude charbons; plus loin un tas d'ossements d'animaux. Enfin toutes ces choses noyes dans un monticule de vases dessches, entasses grande peine et formant une masse impermable de prs de dix mille mtres cubes. Le tumulus allong n'tait
pas destin seulement protger les crj^ptes, mais recouvrir le thtre tout entier d'une scne funraire imposante. Pour nous, le Man-Lud est une illustre tombe et ces ttes questres, ces restes de sacrifice, ces
squelettes
humains sont
pour accompagner
la dpouille
mortelle d'un
grand chef.
Ajoutons qu' cette poque existaient videmment des rites parfaitement dlinis, dnonant Texislence d'un clerg puissant capable de faire mouvoir des milliers de bras ncessaires
l'dificalion
dun
pareil
monument
'.
Le Man-Lud
Le moustoir Carnac',
mont Saint-Mi-
cheP, les tumulus de Tumiac, de Kergonfals, de la Triniten-Mer et enfin le Man-er-H'oeck^ dont la fouille a rvl un
rite particulier sur lequel
nous devons
insister.
Au Man-er-H'oeck,
l'entre de la
grav
soit le
tote?n
quelques-uns de ces signes mystrieux dont la magie grand usage; mais l n'est pas la plus grande du Man-er-H'oeck. Tout, dit Ren Galles, qui a originalit fouill ce tumulus avec le mme soin qu'il avait fait le Manchef, soit
faisait si
du
la
tait
La
La chambre
tait inviole.
\. Henri Martin, ludes d'arch. celtique, p. 2S3, croit galement l'existence de tribus sacerdotales chez les populations qui ont lev les mgalithes. 2. Voir Revue archoL, 1865, t. XII, p. 15 et suiv. Fouilles de Ren Galles. 3. Surnom d'un tumulus sur lequel a t leve une chapelle l'archange
:
saint Michel.
4. Revue archol., t. IX (1864), p. 137; p. 139-141, fig. 120, 121, 122.
La Gaule avant
les
Gaulois
(2 dit.),
53
u Immdiatement au-dessus de l'entre nous r.amassons une belle pendeloque en jaspe vert, grosse comme un uf. Au centre de la chambre est plac compltement dcouvert un grand anneau plat en jadite, lgrement ovale* de 0,93 de diamtre sur 0, 83. Sur cette espce d'a-
mulette tait appuye la pointe d'une magnitique hache galement en jadite de 0'",23 de long, du plus beau travail. Un peu plus loin en ligne droite, faisant suite la hache, deux grandes pendelo(iues en jaspe vert, encore une pendeloque de jaspe. puis une hache en jade (?) blanc, puis
trs visiblement
la petite hache et les pendeloques taient aligns, et cette ligne droite concidait parfaitement avec une des diagonales de la chambre dans la direction du nord-ouest
L'anneau,
la
grande hache,
la
ou jadite
quatre-vingt-dix en
Les terres de
belles
chambre tamises donnrent en outre cinq pendeloques en jade, quartz et agate, un prisme en
la
quartz cristallin, neuf morceaux de silex tranchants et deux petites haches ordinaires. Aucune trace d'ossements ou de
cendres, aucune urne cinraire ou autre ^
Ne sommes-nous
pas encore ici en prsence d'une crmonie relevant des pratiques de la magie?
Ce monument
est de
t l'-
poque romaine un but de plerinage. Dans les recouvrent la chambre diverses hauteurs furent
terres
qui
recueillis:
onze monnaies romaines (depuis Tibre jusqu' Trajan), dix en bronze, une en argent, cette dernire l'effigie de Domitien quelques dbris de bronze; une bague dont le chaton
;
est
marqu d'un X;
colliers
les dbris
d'une
fiole
en verre, deux
en mail bleu cannels, un grain de ple de grands verre noirtre veines d'azur, une bille de verre, et, plus pro-
de couleur
brune^
grossire, du charbon,
verl^.
et trois
1.
On connat un
La chambre,
certain
2.
comme
celle
recouverte
Commimication du
l.
D""
Closmadeuc
archol.,
c.
54
Il
tre relig'ieux.
la prtention
de reconstituer
dire touraniens,
l aussi loin
que
possible des traditions et des usag:es des Hellnes et des Latins, tout fait en dehors des traditions aryennes, et cependant, cet ensemble de monuments et de crmonies funbres
n'veille-t-il
pas en nous l'ide d'une civilisation relle? o en chercher l'orig-ine? n'est-il pas naturel de tourner les yeux
vers ce
monde
souponn
septentrional inconnu et mconnu, peine des anciens malg-r son tendue et sa vitalit,
dont l'archologie exhume aujourd'hui les remarquables antiquits et dont tant de survivances se retrouvent chez les
peuplades des contres borales. En tout cas, l'existence en Gaule, l'poque mgalithique, d'une relig-ion, avec un clerg,
chamans ou
dj,
comme
un
fait
acquise. Je vous apporte ici, je ne me le dissimule pas, des aperus plutt que des dmonstrations, mais ces aperus donnent sur
un horizon immense, derrire lequel se cache la seule explication logique de faits sociaux, autrement inexplicables. C'est
la jeune gnration, que vous tes, explorer ce domaine jai tenu vous indiquer la voie.
;
nouveau
V^
LEON
d'orig-ine
que des fragments de cristal de roche taient dposs dans les spultures mgalithiques des grands chefs, titre d'amulettes ou comme instruments de pratiques magiques, sans que nous puissions indiquer quelle puissance mystrieuse la superstition attribuait ces minraux. Des fragments
de livresde mag-ieparvenus jusqu' nous sous le nomd'Orphe^ ou recueillis par Pline dans les crits des mdecins grecs auxquels,
lires,
nous l'apprend, ces pratiques taient faminous donnent ce sujet des dtails qu'il n'est pas inutile
il
comme
de rappeler ici. Pline fait remarquer que ces pratiques antipathiques au g-nie grec sont d'origine mdique. Nous les ren-
controns en Europe
l'tat
de survivances. L'universalit de
ces superstitions prouve en eiet qu'elles manent d'une source unique qui n'est pas europenne. Il est difficile de les consid-
comme un produit de l'esprit aryen il faut remonter plus haut pour en trouver l'origine. Si, en Gaule, en Grande-Bretagne, en Irlande, tant de superstitions relevant de la magie
rer
;
point que le grand naturaliste pouvait dire, propos de la Bretagne, qu'il semblait que ce ft elle qui avait donn la
tel
magie
1.
la
Perse ^
c'est
2.
56
et
population tait compos d'lments trangers la race aryenne, comme les faits archologiques le dmontrent, ainsi que le reconnat notre minent confrre
le
en Irlande
fond de
la
et
'.
La croyance
La
formules rythmes qu'un savant comme Thophraste prenait au srieux. Ces formules appartenaient la priode d'expansion de la mag-ie, alors que l'Asie antrieure tait encore sous
la
et des
cration? Si l'on peut admettre que la constatation del vertu mdicinale des plantes, vertu relle, facile contrler par l'exprience, soit le fait d'observations locales individuelles,
parsessur des territoires tendus, sans qu'il soit besoin de lui chercher un centre d'closion particulier, il n'en peut tre de
s'ag-it de la vertu des pierres, vertu imaginaire ne rpond aucun fait d'observation, et laquelle cepenqui dant des hommes passant pour clairsont cru presque jusqu'
mme quand il
nos jours
'
:
un code en a d
au sein d'un
de ces collges de prtres-sorciers, d'une autorit reconnue, dont l'existence en Orient, ds une poque extrmement
recule, est aujourd'hui scientifiquement dmontre,
le recueillit.
La Grce
Un pome
Orphe aurait
.
cit
par Thophraste, disciple d'Aristote, Ilepi passait pour tre l'uvre d'Orphe.
Nous
xii.
Jf,
Le confesseur de Charles-Quint, Guevara, indique encore, dans un de ses crits, les qualits que l'on attribuait aux pierres prcieuses, en affirmant que ces qualits ne sauraient tre noises eu doute. Le diamant, dit-il, fortifie le
2.
uuages au sommeil. L'meraude est admirable pour l'apoplexie, contre la foudre, contre les morsures envenimes; elle rafrachit la mmoire, etc. (Ferdinand
Denis, Les sciences occultes, p. 127).
cur et peut tre d'une grande utilit aux femmes enceintes. L'amthiste s'oppose aux fumes du vin et aux dangers du poison. Le rubis invite non seulement la continence, mais il conserve la sant, garantit de l'infection de l'air et chasse la tristesse du cur. Ou peut arrter le sang au moyen du de la vue et d'inviter corail, qui a encore la proprit de dissiper les
57
possdons une reproduction plus ou moins remanie Tpoque alexandrine. Le fond doit avoir peu chang. De telles superstitions se transmettent d'ge en ge presque sans
en
altralion,
le
les
formules leur
enlevant tout pouvoir aux yeux des initis. Nous en avons la preuve dans ce fait que Pline, qui puise d'autres sources
les
mentionne
les
le
mmes
pseudo-
Quelques extraits du pome orphique,, rapprochs des indications donnes par Pline dans les livres oia il s'occupe de la
magie et des pierres prcieuses auxquelles il consacre ses deux derniers livres (XXXVI et XXXVII)^ nous montrent la
concordance des traditions.
LE CRISTAL
Orphe
soleil et
il
:
Dposez
le cristal
en sortira de
est dit
:
la
le.
flamme. Ce feu
sur des copeaux de bois sec; exposez-le au fume, puis un feu lger, puis une grande feu sucr; aucune flamme ne peut allumer les
les
pour
:
immortels".
flamme qui jaillit spontanment de son sein, il se refroidit instantanment et peut tre impunment touch par les mortels; appliqu sur les
reins,
il
en gurit
les
douleurs.
pluviis, attribu
Les traits up\ Xi9o)v taieut nombreux dans ["antiquit. Le trait De Plutarque (d. Didot, t. V, p. 95 et suiv.), raentiouue les noms d'un Btrcyllos, d'un Micias Mallotes, d'un Diodes tihodius, d'un Dnrotheus Chaldus, auteurs de traits semblables dont quelques-uns au moins
1.
la mention Dercyllos, livre !<=. remonter ces pratiques magiques au temps o les auges avaient
:
eu commerce avec
les
filles
des
hommes.
Cf.
le
apocryphes, t. I, p. 394) et Tertullien, De cullu feminarum (t. I, p. 1507 de l'dition Migne) qui rapporte avec foi la mme lgende. Toutes ces traditions concordent. Quelques-unes de ces superstitions ont encore cours dans nos
campagnes. Le recueil n'eu a pas t lait, il serait trs instructif et nous recommandons ce travail nos auditeurs. fait prsent comme une espce de miracle montre 2. Ce que la formule remonte une poque trs recule, eu tout cas antrieure Archimde et l'cole d'Alexandrie, o l'action du soleil sur les lentilles de cristal tait bien connue. Ou a trouv du cristal dans des spultures mgalithiques.
58
Pline,
est
liv.
XXWII,
Je
lis
dans
les
mdecias que
soleil.
le
meilleur cautre
une boule de
cristal
LA GALACTITE
une autre pierre galement favorable ceux qui adressent leurs prires aux dieux*; elle est pleine d'un lait divin, comme
:
Orphe
Je t'offre
les seins
l'ont appele
fille qui a conu pour la premire fois. Les anciens diamant royal, parce qu'il flchit l'esprit des dieux. On l'appelle galactite parce que, si on la brise, il coule de l'intrieur une moelle blanche semblable du lait; Tu peux en faire l'exprience, cela est facile... Offre aux jeunes mres une douce boisson o sera mle de la ga-
d'une jeune
lactite, afin qu'elles reportent leur berceau leurs jeunes enfants rassasis des trsors de leur sein. Que la nourrice suspende une de ces pierres au cou de son nourrisson, elle loignera de lui les malfices de la
mgre.
Pline, XLVl, 59
La
du
lait
broye dans
d'une manire remarquable l'aspect et le got du lait. On dit qu'elle donne beaucoup de lait aux nourrices; que, attache au cou des enfants, elle produit chez eux beaucoup de salive,
l'eau, elle
prend
et que,
mise dans
la
bouche,
elle se
fond \
la tradition
peu de variantes,
est le rle
orphique.
est
et
Si vous voulez calmer des douleurs, buvez du vin dans lequel vous avez broy une pierre pure 'ostrite. Le rsultat est infaillible, c'est une pierre semblable, une pierre bonne contre les vipres qui, l'aide de l'art habile de Machaon, rendit sans danger la blessure dont Philoctte
:
Orphe
souffrait depuis
Machaon,
instruit
neuf ans. Le fils de Ptean* n'aspirait plus tre guri; dans la mdecine par son pre Esculape, prit cette
Apollou qui parle Orphe. l'action de ces pierres ft efficace, il fallait que ceux qui voulaient y avoir recours comiiieuassent par adresser aux dieux certaines prires
2.
1.
C'est
Pour que
liturgiques.
3. Les minralogistes ne savent quel minral il est fait allusion et quelle pierre a pu inspirer cette superstition. La galactilis d'Orphe et de Pline parat n'avoir qu'uae existeace imaginaire il est remarquable, toutefois, que sous ce
;
e galactilis figure une plaute, ainsi nomme dans le Dictionnaire des sciences, cause du suc laiteux quelle contient. Voir l'article Lait vgtal du Dictionnaire d'histoire naturelle.
:
mme nom
4.
5.
Iliade,
II,
Philoctte.
59
pierre merveilleuse, l'appliqua sur la cuisse au lieu de remde, et renvoya Philoctte au combat. Le noble hros tua le perflde Paris.
Pline,
XXXVII,
que mentionner
Yostritis
L'ostritis, dit-il,
il
l'apparence de l'hutre ; mais s'tend longuement sur Yophite^ varit de l'ostritis, qui
le
nom
et
vritable pierre ayant guri Philoctte^ c'est elle qui, autre d'un ct, pendant qu'il tait dans son le, Pavait prest la
\
semblables
celle
lui vient le
nom
y en a deux varits... On dit que, portes en amuqu'elle porte. lette, toutes deux gurissent les douleurs de tte et les morsures des serIl
pents.
S'il fallait
la
pseudo-Orphe, l'o^y/zVe rentrerait dans catgorie des aimants magnetes dont Pline dit qu'il n'y a
le
en croire
plus merveilleux. La lgende voulait qu'Hlnus rendt une de ces pierres vivante force de jenes et de
rien
de
continence. Cette lgende est curieuse et montre quel point ces superstitions taient lies, dans le principe, des pratiques religieuses.
J'ai
appris, dit Orphe, que pendant trois fois sept jours" Hlnus se
tint
loign
du
lit
homme
grave et continent s'abstint pendant tout ce temps de se nourrir de la chair des animaux; mais lavant, chaque jour, la pierre dans une
intarissable,
et
fontaine
l'habillant de
lui offrant
,
comme un jeune
nourrison en
la rendit vivante; puis, allumant la lava la pierre de ses propres mains et en prit le plus grand soin comme une mre qui porterait dans ses bras son petit enfant. VdiV %%?. incantations pui.S)iantes
il
il
Nous sommes en
Une vertu
au
prservatrice contre les serpents appartenait aussi selon Pline et Orphe. jais,
Pline, H. N.,
XXXVl, il, et XXXVf, 25. La priode de 21 jours que nous retrouvons daas un certain nombre de presciiptious mdicales. C'est encore la priode de traitement certaines eaux thermales.
1.
2.
60
Orphe
tous
les
mortels*.
Les reptiles fuient le jais dont la mauvaise odeur loigne Il jette un rayon de feu semblable celui d'une branche
de pin aride; mais il exhale en mme temps une odeur putride qui est insupportable. Il peut vous servir faire connatre les hommes affects d'une maladie sacre^, car, de suite, en le sentant, ils seront courbs, terrasss et privs de leurs sens, et se rouleront terre de droite et
de gauche.
Pline,
XXXVI, 34
le
nom
de
la ville et
du
Enflamme,
serpents et dissipe
l'hystrie
^ En fumigation, elle fait reconnatre Tpilepsie et la virginit. Les mages, dans l'opration qu'on appelle axinomancie*, se servent de cette pierre et assurent qu'elle ne brle pas si ce qu'on dsire doit arriver.
Citons encore
le
et
lement.
Si, l'instant de faire un sacrifice % vous portez dans la main un jaspe lgant et d'une couleur arienne, le cur des immortels sera rjoui; ils verseront sur la terre dessche des pluies abondantes
Orphe
qui fconderont les champs arides. Le jaspe merveilleux loigne galement de nos maisons la grle mle de pluie et tous les dangers qui me-
nacent
les
moissons".
et,
comme
le cristal,
secours du feu.
Pline,
XXXVII, 37
il
du jaspe dont
recueille, dit-il,
numre
comme
qui prtendent que le jaspe est avantageux ceux qui ont des harangues faire.
mensongre
l'assertion des
mages
">
odeur dsagrable. On
de.
que
que l'on appelle le yaie/, dont sont qui, en eCfet, exhale en brlant une le ja'iet est une sorte de ligite ou charbon
et
ce
terre. L'usage gaulois de porter ces bracelets pourrait tenir cette supers-
tition.
2. 3.
L'pilepsie.
4.
5.
Le pseudo-Orphe donne aussi ce renseignement. Divination par la hache. Toujours l'ide d'un sacrifice lie ces superstitions.
6.
7.
Remarquons
Toujours
ces allu^^ious frquentes la vie pastorale et agricole. semblerait indiquer que Pline croyait
61
La puissance des pierres tait rattache une doctrine gnrale concernant les produits de la terre qui mrite d'tre
rappele
:
Prte-moi, dit Orphe son disciple, une oreille attentive. La terre mal pour les infortuns mortels, mais en mme temps elle produit le remde chaque mal... C'est de la terre que viennent toutes
noire produit le
de pierres dans lesquelles se trouve une puissance prodigieuse et varie. Tous les avantages que prsentent les racines, les pierres les offrent aussi. Les racines ont une grande force, mais les pierres en ont une bien suprieure la terre les cre incorruptibles, et jamais elles ne
les espces
;
La racine meurt, elle ne verdoie que pendant un temps trs court; tant qu'elle vit, on peut en rcolter les fruits, mais, morte, quel espoir pouvez-vous conserver en elle?... Parmi les herbes que vous trouverez au printemps, les unes sont utiles, les autres nuisibles. Mais vous
vieillissent.
rencontrerez difficilement des pierres dangereuses, et cependant autant de pierres qu'il y a d'herbes.
il
y a
fait la
prface, uvre probable de celui qui a dernire recension du pome, un vrai croyant, une poque de perscution de la magie *, numre les merveilleux
Un promhim ou
mage
a le dpt.
:
Voil les privilges dont jouit celui qui celte science est rvle Lorsqu'il rpandra ses prires aux pieds des immortels, elles parviendront de suite leurs oreilles bienveillantes... Ses serviteurs le vnre-
comme leur pre et chriront la maison de leur malre. Quand il voudra, il connatra les penses les plus occultes que les hommes renferment dans leur esprit; il comprendra tous les cris que jettent dans
ront
le
cent l'avenir...
prophtes ails de Jupiter, les oiseaux dont les chants annonIl saura rendre impuissant le dard des reptiles dangereux. Il pourra gurir les hommes atteints de folie ou affligs de maladies pestilentielles..., mais les hommes ne croient plus celte science, les insenss
!
Ils l'ont
mort
exile des villes et la mprisent. Le mage, cet homme divin, est dans le combat, cet homme divin, cette vaillante pe, sans avoir
reu aucun honneur. Mais moi, s'crie l'auteur de ce promium, je dque l'or ceux qui m'couteront.
la
rdaction.
La
des diteurs du Uzp\ ),!9wv, Thomas Tyrwhitt, en a conclu que le du rgne de Constantin, poque o des dits ont t lancs contre la mauie. Mais cette opiniou, qui s'appuie sur une base bien fragile,
Un
pome
datait
n'entrane d'ailleurs aucunement comme cousquenoe le rajeunissement des pratiques et des superstitions qui fout l'objet du pome.
62
science qu'ils renfermaient n'est ni hellnique ni latine, elle deux civilisations, ce ne sont ni les Latins
Grecs qui Tonl introduite en Gaule. Elle y a pntr par le reste du monde. L'poque de
son introduction appartient la pr'-A/s^ozVe. Elle est contemporaine des grandes migrations primitives dont nous constatons
les effets,
dont les historiens grecs et latins n'ont eu que le soupon, sans cependant les avoir compltement ignores,
Plusieurs chapitres des histoires d'Hrodote, pe, Diodore de Sicile et Strabon en font foi*.
Trogue-Pom"
Les
superstitions relatives
aux
de l'Irlande la Chine, plus particulirement dans la zone septentrionale du moude, la vaste zone oppose la zone du
monde connu
des anciens ', nous ont dj donn penser que des communications entre ces deux points extrmes de la
1.
ples pour la comprhension de l'histoire gnrale. Si vous voulez arriver Yathaumaslie [c'est--dire l'tat d'me o l'on s'tonne de rien, oi
naturellement sans l'intervention du miracle] il faut non seulement se remmorer toutes les rvolutions physiques dont la terre a t le thtre depuis le commencement du monde, mais ces changements physiques du globe, il faut ajouter la considration des migrations des peuples, se rappeler que les Ibres occidentaux se sont transports au del du Pontet de la Gulchide, que les gyptiens se sont tablis dans l'Ethiopie, les Hentes de la Paphiagonie sur les bords du golfe Adriatique. La matire de notre ouvrage fournit bien des exemples de faits semblables. Plusieurs de ces faits ne seront sans doute pas nouveaux pour nos lecteurs, mais les transmigrations des Cariens, des Trres, des Teucres, des Galates ne sont pas si gnralement connues, non plus que les expditions lointaines la tte desquels taient Madys le Scythe, Thearco d"thiopie et Cobus le Trre. Les Cimmriens, qu'on appelle Trres (sinon toute la nation, au moius une de ses tribus), ont plus d'uue fois envahi les contres l'est du Pout-Euxin, tombant
l'on s'explique tout
tantt sur les Paphlagoniens, tantt sur les Phrygiens, comme ils le firent, temps o Midas, pour terminer ses jours, avala du sang de taureau (Strabon, livre I"'', p. 60, t. 1, p. 47 de la traduction de la Porte du Theil). Nous
dit-on, au
avons vu plus haut la mention que font Hrodote et Diodore de Sicile, des Hyperborens, Trogue-Pompe des Scythes dont la domination sur l'Asie aurait dur quinze sicles avant l'tablissement du royaume d'Assyrie. 2. Voir la carte de Rawlinson reproduite dans La Gaule avant les Gaulois (2e dition), p. 162, et la carte no 2 de VAllas de Franois Lenormaut annex son llintoire ancienne de VOrient Domination des Touraniena avant la dispemioji des Aryens. Cf. d'Arbois de JubainviUe Leons d'ouverture du Cours
: :
'le
lille'rature celtique.
IM.
II.
f r
.-vf
M
/
:^ ;
les cupules.
Y, Simpson
'.
1.
Archaic ncidpluruiQR of
countriea.
le
cup.<!,
circles, etc.,
vpon
.ttoues
am/ rocks
in
Scotlamf, Knjland
ces
cercles
and
other
dans riode
WDCCGLXVil. Edinburg. M. RivettCarnac nous apprend que nom de Mahados. Voir plus loin, p. 66 (note 1) et pi. V.
portent
63
dans
la
Un
autre
rattachant aux
groupe mgalithique conduit aux mmes nous voulons conclusions; parler de l'existence simultane
en Europe
et
cles concentriques avec fuses (voir pi. II) et des pierres troues*.
^"^
/..<
T^:^^^
^*
imm)
Fig. d.
de Auchiulary,
Kirkcudbrightshire (Angleterre).
3. sculptitrinf/s, pi. XIII, fig.
Kig.
2.
ces cupules,
petites
tul
Voir dans notre Archologie celtique et gauloise, 2" d., le ch. vu intiL'alle couverte de Conflanx et les dolmens trous et l'ingnieuse notice
:
de
.M.
Henri Gaidoz
U7i
Pierres et rochers
Irons (1892).
64
coupes creuses de mains d'homme la surface de certains mgalithes ou de certains rochers, souvent accompagnes de
cercles concentrique s avec
ou sans
/it'see^
L'Irlande, l'Ecosse
^_,
l'Angleterre ^ le
la
Danemark,
la
Sude,
l'Allemagne du Nord,
Suisse*
et
enfin
plusieurs de nos
provinces en possdent un certain nombre. 11 en a t signal dans les Gles-du-Nord, la Loire-Iufrieure et le Morbihan, le Finistre ^ en Bretagne, dans la Creuse, la Haute-Loire \ la
qui y sont attaches ont partout le mme caractre. Lesa^,les bonnes dames les fes, le diable, y jouent un rle ct de la Vierge que le moyen ge y a substitue. Dans quelques localij
ts
on les appelle pirides des fes, pierres de sacrifice^ pierres des sorciers, pierres des paens; en Sude, pierres des elfes^. Nous devons remarquer que ces cupules et signes acces:
ils
mens, indiquant assez clairement quel ordre de civilisation appartiennent. Les signes accessoires doivent surtout
attirer votre attention.
On ne
du hasard.
Le marquis de
1. Voir Desor, Les pierres cuelles, Geuve, 1878; J. Simpson, On archaic sculpiurings of cups and concenlric rings {Proceed. ofSoc. ant. of ScoUand, t. VI; ISeij; Naiiaillac, Les premiers hommet, etc., t. 1, p. 288 et suiv., oi sont
rsums tous les travaux autrieurs sur les pierres cupules des pierres dans Bull. Soc. d'anthropologie, 1879, p. 16i. 2. Voir p. 81 et annexe G.
3. 4.
Sacaze, Le culte
Y compris les
Orcades,voir Simpson, ^rc^aicscwZ/o/n'zVg'S, Edimbourg, 1867. et de Zurich. Desor en compte une cinquantaine.
A. Martin, R'^vue archol., 1878, p. 243. Pierre cupules du tumulus de Renongard (Coll. du Chtellierau chteau de Kernuz). Voir notre pi. III.
5.
6.
7.
Aymaril, Sur
t.
tes
du
Puij,
XXI
(1859).
8. C'est--dire des fes. Les habitants de certaines contres de la Sude, au dire de M"" Mestorf [Matriaux pour P/iist. de t'/iomme, 1878, p. 277), portent encore des ofirandes ces pierres pour les petits, c'est--dire les mes des morts eu souffrance.
9.
Op. taud.,
p. 288.
PI. ni.
Pierre cupules
(Coll.
Paul du Chatellier, au chteau de Kerouz, prs Pont-L'Abb, d'aprs une photographie de M. du Chatellier.)
ri.
IV,
-x^
>
'
,
il
A'
c,
la
chane de
Camaon
(Inde).
D'appi'S Hivett-Caniac.
65
analys
les
travaux o
:
il
concliil ainsi
Quoi
qu'il
eu
il
aucune siguification
et
du pur hasard, d'une simple similitude de l'intelligence humaine et no constituent aucun lieu ethnologique entre des populations en apparence seulement si diverses.
soient
l'effet
Mais ce qui donne cet ordre de faits son principal intrt, au point de vue oii nous nous plaons, c'est que ces mmes bassins, comme on voudra pierres cupules^ cuelles ou
les appeler,
entoures des
mmes
superstitions, se retrou-
Un
officier
de
Tarme
vett-Carnac, correspondant de la Socit des Antiquaires de France, signalait, il y a quelques annes, des cuelles ou cupules, en tout semblables aux cuelles, cupules et cercles de nos contres occidentales, aux environs de Nagpour (Inde) ;
plus tard,
il
deswar dans
montagnes de Camaon.
Il
cite
un bloc de
13 pieds de long sur 9 de large et 7 de haut, sur lequel il a compt cinq ranges d'cuelles. L'opinion des indignes est
que ces signes ont t gravs par d'anciens gants. Il nous montre ces mmes cupules graves sur des parois de rochers
elles revtent
et
mme
chane de montagnes, sont situs 2 milles et demi anglais au sud d'une localit du nom de Dvvr Hat, 12 milles de la
station militaire de Ranikhet, province de Bnars
'.
gorge o sont situs ces rochers s'lve un temple consacr Mahado ou Mahadevo {}q grand dieu)
l'entre de la
^
surnom de Siva,
le
dieu de
la
destruction et de la gnration.
1. Rivett-Cnrnac, On some ancient sculp(wiiif)s on rocks sbnilar lo Uiose found on monolilhes and rocks in Europe^ Loudou, 1817. Extrait du Journal of t/ie Asialic Sociely of Be7i(/al, 1877. Le D'' Vcrchre en avait dj remarqu
l'iudiis
66
but de nombreux plerinages*. C'est 200 yards (environ 140 mlres) du temple que se trouvent les cupules ou cuelles. On n'en compte pas moins de deux cents
50 pieds carrs.
entre ces
Et maintenant, un lien historique ou religieux existe-t-il monuments de l'Inde et les ntres ?_Nous n'hsi-
lons pas conclure affirmativement. Nous avons vu que telle a t la conclusion du marquis de Nadaillac. Eug'ne Desor,
l'habile g'olog^iie suisse, qui a fait de
ces
monuments une
tude particulire, terminait une confrence faite Genve en 4878 par les paroles suivantes
:
l'usage de graver sur les blocs erratiques, sur les menhirs, sur des rochers, des cupides ou bassins, nous
Poumons,
parat remonter l'aurore de la priode nolithique et tre contemporain de l'rection des premiers dolmens, c'est--dire
des temps o d'Orient^ ont pntr chez nous les tribus pastomtaux, se sont substitues aux Tro-
glodytes de race probablement mongole, dont les Lapons sont en l'Europe les derniers rejetons. Il nous resterait recher-
cher par quelle voie ces anciens colons d'Asie sont arrivs en Europe, si tous ont suivi le mme chemin ou, s'il y a lieu
d'admettre des
rentes, c'est l
flots succesifs,
diff-
un problme la fois vaste et ardu qu'il est impossible d'aborder dans une esquisse aussi rapide. On voit que Desor admettait une relation non quivoque, en
ces temps reculs, entre l'Orient et l'Europe occidentale.
1. Ou peut se demander avec M. Rivett-Carnac si ce ue sont pas des boles d'un ancien cuite que l'on offrait au dieu que l'on adorait sous le
sym-
nom
du Mahado. Ce qui pourrait le faire croire, c'est qu' l'intrieur du temple se trouvent des colonnes ou pilastres munis de signes semblables, indiquant une
liaison entre ces signes et les
qu'ils
la diviuit, d'autant plus elle-mme, le nom de Mahados (Voir pi. V). On voit encore de nos jours, dans les plerinages buddhiques, des femmes bindoues apporter de l'eau au Gange jusque dans les montagnes du Peujab, et en arroser ces signes dans les temples o elles vont implorer la faveur de la divinit en vue de devenir mres. (E. Desor.) Voir annexe C.
mouuments consacrs
la divinit
portent
le
mme nom
que
2.
la voie
ces populations,
PI.
V.
;f!S^^S^
(i7
Retenons de ces lignes, qu'aux yeux d'Eug-ne Desor, comme aux ntres, les mg-alilhes et le culte des pierres dont la superstition des cupules fait partie, appartiennent au groupe dont la trane des dolmens nous a permis de suivre si loin la trace.
D'un autre ct, Aymard, un autre g-olog'ue distingu, prsident de la Socit acadmique du Puy, reconnaissait
dj,
y a plus de trente ans, qu'aux traits dislinctifs des pierres bassins nous devions reconnatre des monuments appartenant une vieille religion antrieure au druidisme*.
il
Aymard
tait
crivait
une poque
elle
ses dbuts.
Son
;
n'en a que plus de poids il fut un prcurseur. Il n'est besoin d'aucune hardiesse aujourd'hui pour soutenir de pareilles doctrines. Vos esprits, s'ils n'y sont dj habitus, s'y habitueront peu peu.
1.
t.
XXIV,
p. 44.
# *
Fig. 3
Roches sculptes
XXIII.
VP LEON
LES SACRIFICES HUMAINS
probablenos jours, persist presque jusqu' montrant ainsi quel point elles taient enracines dans l'me
et
une autre catgorie de superstitions qui, depuis longtemps rpudies et honnies en Occident, nous
il
paraissent de mme origine et aussi anciennes. Nous voulons parler des sacrifices humains, bien qu'un prjug presque
classique en rattache l'introduction en Gaule aux druides erreur grave, parce qu'elle donne une ide fausse de la rforme,
:
Que
la
les sacrifices
humains
nergique-
ces pratiques
qu' l'poque
est
de
la
conqute
l'efficacit
certain.
mr examen des
textes,
que
les sacrifices
humains
maine, trs populaires et de pratique usuelle dans plusieurs parties de la Gaule et de la Germanie.
d'un autre ct, bien que leur doctrine ft d'ordre suprieur*, que non seulement les druides tolrrent en
Il
est constant,
1.
On
le
pays
69
Gaule ces dtestables pratiques, mais les autorisaient de Irur prsence. Les lmoignag-es concordants de J. Csar, de Dif dore de Sicile, de Strabon, de Pomponius Mla, de Pline le naturaliste et de Lucain ne laissent aucun doute cet gard.
Les druides
dans quelle
mesure? Tel
est le problme que nous avons rsoudre. 11 a nos devanciers. Nous lisons dans les Mmoires de proccup l'Acadmie des Inscriptions ^onv l'anne 1746
:
Un mmoire de M. Duclos sur les druides, dit le rdacteur des Comptes rendus des sances, lu le 4 fvrier 1746, fit natre de grandes discussions au sujet des sacrifices humains, au sein de l'Acadmie. Dans la chaleur qui accompagne ces sortes de disputes littraires, on s'avana jus'
et
qu' rvoquer en doute l'usage des sacrifices humains chez les Gaulois l'on prtendit fonder le pyrrhonisme cet gard sur des raisonne-
ments gnraux soutenus de quelques inductions particulires qu'on de l'essence de la religion gauloise, absolument loigne, disait-on, du polytliisme ou du moins de l'idoltrie. Mais en matire de faits les raisonnements ne peuvent rien contre les autorits. Les difrentes sciences ont chacune leur faon de procder la recherche des vrits qui sont de leur ressort et l'histoire, comme les autres, a ses dmonstrations. Les tmoignages unanimes d'auteurs graves, contemporains, dsintresss en un mot, dont on ne peut contester ni les lumires ni la boime foi, constituent la certitude historique; et ce serait une injustice
tirait
des preuves d'une espce diffrente. M. Frret, aprs la vrit de ce principe, en fit aisment l'application l'objet de la dispute. Sa mmoire lui fournit une longue suite de passages dont les uns cits l'instant mme et les autres simplement indid'exiger
s'tre
d'elle
tendu sur
qus, concoururent prouver que l'immolation des victimes humaines tait un des rites les plus universellement rpandus dans diffrentes sectes du paganisme. Bientt ces diverses autorits, runies avec ordre, for-
mrent un mmoire
fit
qu'il
et
dans lequel
le
il
voir
que
sang
des
hommes*.
druidique par excellence, les sacrifices humains liturgiques taient inconnus. M. d'Arbois de Jubainville, dans ses belles tudes sur les druides, n'eu a
Cf.
p. 51 et suiv.
Duclos
tait
membre
On
s'occupait alors
beaucoup des druides; nous relevons la mme poque, t. XXIV des iWewoVeAObservations sur la religion des (i74T), une lecture de Frret portant le titre de
Gaulois
et celle
des Germains,
les
le
Malheureusernent
mmoire sur
humains
tablis
70
ConclusioQ
L'usage des
sacrifices
humains
est
et
un
fait
il
g-nral antrieur la
dont
mmoire, en tant qu'ils auraient t dans notre pays les introducteurs de ces odieuses crmonies. La
question tait ainsi parfaitement pose et rsolue, en principe, il y a prs de cent cinquante ans, au sein de noire Acadmie.
C'est cette thse que nous reprenons en la dveloppant*. L'lude historique des sacrifices humains, comacrs par la de riles conduit la convicreligion, accompagns sacrs,
tion
sanglantes pratiques, comme pour les autres pratiques de la magie, en prsence de survivances des temps
prhistoriques,
se perptuant au sein des nationalits celtises
ou smilises
par suite de la
mitif antrieur
permanence, presque g-nrale, d'un fond priaux invasions aryennes. C'est de ce vieux fond
la 77iagie
ont remont
moyen
ge. Ce phno-
mne
couches de civilisations
distinctes
lequel ne saurait trop mditer au del des faits sociaux en cherche les lois. l'historien, qui Certains philosophes nous reprsentent l'humanit traver-
semble, est un
phnomne sur
sauvage, pastoral, agricole, passant du gouvernement patriarcal au gouvernement fothocratique, monarchique, ou rpublicain. Sous le nom de science des religions, des nous un classement analogue. esprits systmatiques prsentent
dal
les faits.
chez diffrentes nations et particulirement chez les Gaulois est rest indit; voir ce mme t. XVIU, p. 178. Nous nous sommes assur que ce manuscrit n'existe pas au Secrtariat de l'Institut.
1. Nous avions t amen par nos tudes aux mmes conclusions que Frret avant d'avoir eu connaissance de son mmoire. Frret est trop nglig. Ce merveilleux esprit, si franais, est arriv sur un grand nombre de des
sujets solutions que l'on reprend, aujourd'hui, sans lui en faire honneur, par ignorance. Ce qu'il a dit de la religion des Gaulois, en particulier, n'a pas encore t dpass. Nous en donnerons des extraits, voir An?iexe A.
71
tribus, sans apports du dehors, cette marNous entrevoyons, aujourd'hui, trs clairement,
que
rectiligne,
mais
la loi
composant d'un nombre considrable de groupes, diversement dous, ayant chacun remplir un rle distinct, l'accomplissant plus ou moins lentement, avec plus ou moins d'clat, pour disparatre, le plus souvent, dans l'ensemble en
nit se
y laissant l'hritage de leur labeur. Il y a lieu de chercher pour chaque grande manifestade tion l'esprit humain dans le domaine religieux, comme dans
les autres
chaos
et
modernes, la part de chaque groupe, son apport particulier dans l'uvre commune. Ce travail des groupes humains a commenc bien avant l'poque historique. On est oblig de
reconnatre,
nom avait
monde un
nonc par
dans
le
ou mconnus intresse
du problme des en particulier quiconque poursuit origines en vue d'expliquer l'originalit complexe des dila solution
verses nationalits,
Nous avons
dit
que
gnral de magie taient d'origine scylho-mdique. Les superstitions relatives la puissance mystique des sacrifices humains nous paraissent dcouler de
la
nom
mme
times humaines aux puissances suprieures relve d'un instinct commun presque tous les peuples primitifs. Nous retrouvons ces usages barbares chez les tribus jaunes de l'Amrique, chez les tribus noires de l'Afrique, aussi bien que chez
7'2
les Gaulois.
prononc,
loin
la
les
L'humanit a partout, un degr plus ou moins mmes instincts natifs. Mais ces instincts sont
la
de se dvelopper partout de
mme
et
manire. Tandis
que
croyance aux
esprits
s'arrte
la
cration de prtres flicheurs, elle est en Ghalde le point de dpart de rorganisalion des collges sacerdotaux aux-
quels nous devons les principaux lments de la magie et le code o se trouvent les formules destines rendre effi-
cace
le
sacrifice
humain. C'est
le
sacrifice
humain consacr
par
formules religieuses^ comme en Grce, Rome, en Gaule, qui nous semble se rattacher aux traditions orientales de la magie. Les hcatombes sanglantes du Dahomey
les
ne rentrent pas dans le mme cadre. Il nous parat certain que ces pratiques en Gaule ne sont ni d'importation phnicienne, comme on l'a prtendu, ni d'importation druidique, ce
qui est la thse la plus populaire. Comme on ne peut les rattacher au groupe celtique proprement dit, tel que nous l'avons dfini, groupe de tradition aryenne, force est de faire
remonter ces pratiques une poque antrieure, celle des mgalithes. Henri Martin, dans ses tudes d'archologique celtique, a soutenu la
mme
thse.
le talent
'
Ma
tenir,
conviction
r
est,
malgr
Grce
phnicienne n'est pas plus applicable la l'Italie... qu' la Gaule. Les mmes influences
la thse
me
paraissent avoir agi sur ces trois pays par des voies diverses. Deux passages de Pline sont, cet gard, significatifs.
Par l'un nous apprenons qu'il tait question des sacrifices humains dans la loi des XII Tables, qui par consquent
en
les
:
les autorisait,
rglementant,
comme
les
autres pra-
tiques
magiques^
1.
l'autel
Victor Brard, Origine dei cultes arcadiens. Le caractre phnicien de du Lyce, que je ne conteste pas, doit tre nue superposition un
H.
N XXVIU,
3, 4
XXX,
3 (dit, Litlr).
73
liennes, par
comme
l'an de
je
traces de la magie chez les nations itaexemple dans la loi des Xll Tables et d'autres monuments, l'ai fait voir dans un livre prcdent'. Ce n'est, en effet, que
657, sous le consulat de Cn. Cornlius Lentulus Crassus, dfendu par un snatus-consulte d'immoler un homme ce qui prouve que jusqu' cette poque on faisait de ces horribles sacrifices.
qu'il fut
;
Rome
Une
lis
humains religieux
la
taient parliculirement
aux pratiques de
mag-ie
Ainsi tous les peuples, quoiqu'on discordes et inconnus les uns des
autres, se sont accords sur ce point [l'attachement aux superstitions de la magie]. On ne saurait donc suffisamment estimer l'obligation due aux Romains pour avoir supprim ces monstruosits dans lesquelles tuer un
homme
de religion-
Le paragraphe
ment galement prcieux. Nous y lisons que le sacrifice humain devait, pour avoir son effet, tre prcd de crmonies et
de formules desquelles rien ne devait tre omis ni modifi. Ces crmonies et ces formules remontaient au del de la fondation
de
Rome
Un homme
et
une femme,
g-recs d'orig-ine,
ou de
quelqu'une des autres nations avec qui nous tions alors en g"uerre, ont t enterrs vivants dans le march aux bufs. La
prire usite, dans le sacrifice, laquelle est rcite d'abord par
le
chef du collg^e des quindcemvirs, arrachera certainement celui qui la lira l'aveu de la puissance de ces formules, puis-
sance confirme par huit cent trente ans de succs. Huit cent trente ans csl le temps coul entre la fondation de Rome et
i'a-nne oii Pline crivait ces lignes.
de Pline, remontaient donc une poque antrieure la fondation de la Ville ternelle. Pline, quelques lig-nes plus haut,
nous avait
prcautions on prenait pour la conservation et l'intgrit des formules Il y a des formules diverses. Sans une de ces formules de prires il serait inulile d'immoler
dit quelles
:
des victimes, les dieux ne pourraient tre convenablement consults. Nous avons vu les citoyens chargs des plus hautes
1.
Liv.
XWIII,
4.
74
magistratures les inaiig-urer par des formules dtermines'. Pour n'omettre ou ne transposer aucun mot, un homme pro-
nonce
la
formule
qu'il lit
sur
le rituel,
un autre
est
prpos
observer
Les paroles et charmes magiques ont-ils quelque puissance? Les gens les plus sages (c'est--dire instruits) n'en croient rien et, cependant, en masse, nos actes de
n'y croit pas
:
instants impliquent sans quon s en aperoive la croyance cette puissance. Nous trouvons dj chez Tite-Livece mlange d'incrdulit
les
tous
et
crit-il,
que
l'esprit qui
rgne aujourd'hui,
oppos ce que l'on croie que les dieux puissent intervenir dans nos affaires, est contraire ce que l'on publie les prodiges du pass; mais pendant que je raconte les choses d'autrefois, il me semble que mon cur prend, lui aussi, des
annes
et je sens
duire dans
mes
d'hommes
trs
sages ont
cru devoir recueillir pour la postrit". Peut- on s'tonner aprs cela de la persistance des survila difficult qu'il y avait draciner ces superstide tions', l'obligation o avaient pu tre les druides de les
vances! de
tolrer ?
la question, plus
il
nous tendons
le cer-
les
sacrifices humains ayant un caractre religieux sont, partout 011 nous les trouvons, un reste des vieilles superstitions cha-
2.
2.
Les exgles d'Argos, dit Pausanias qui crivait sous Hadrieu, savent bien eux-mmes que tout ce quils disent n'est pas vrai; ils n'en continuent pas moins le dire. Tant il est difficile de faire revenir le peuple sur ce qu'il a une
3.
fois
75
monde,
pu
les
Fustel de Coulanges a montr dans son beau livre La Cit antique^ avec quel succs les Aryas ont fait pntrer, au sein
:
des populations sur lesquelles ils ont tendu leur domination, les principaux lments de leur organisation patriarcale, en
leur
ts,
le culte
de leurs diviniil
sanglant. Mais
y eut des
luttes.
nomet
Eumnides, s'adressant
Phoe-
nouveaux dieux*.
un autre tmoignage.
Lycaon, fils de Plasgus, roi d'Arcadie, avait t chang en loup pour avoir sacrifi un enfant Zeus sur le Lyce, sacrifice dont la nouvelle religion avait horreur. Or tout
dernirement M. Victor Brard^ dmontre que ce culte barbare n'avait jamais t compltement aboli sur la montagne sainte d'Arcadie, mme sous la domination romaine. Les
Arcadiens-Hellnes purent succder aux Plasges comme matres du pays, ce qui ne veut pas dire qu'ils en chassrent les Plasges et que la population fut renouvele; le culte ne se
modifia pas; on continua otTrir au dieu du Lyce, l'occasion des ftes (Lycaea) qui s'y clbraient, des victimes humaines, dans une enceinte o aucun profane ne pouvait pntrer.
Platon, dans le dialogue intitul Mmos, aprs avoir rappel que, chez les Carthaginois, les lois non seulement autorisaient
les sacrifices
sacrifices taient
sacrifices taient
mme
:
et
que
mme
partout abolis
1, 2.
Eumnides d'Eschyle,
Op. luud.
v. 3, 9 et 150.
76
Il
peuple ne conserve pas toujours que des lois diffrentes. Ainsi parmi nous, il n'y a pas de loi qui prescrive les sacrifices humains; que dis-je, ce serait une impit! Mais chez les
le
de reconnatre que
mme
mme
lgislation et
les
Carthaginois ces sacrifices, loin d'tre dsavous par les lois, passent pour des actes agrables aux dieux, ce point que quelques-uns d'entre eux
immolent
comme
on
te l'a
racont; et
ce n'est pas seulement chez les Barbares qu'on trouve des lois si diffrentes des ntres sur le Lyce quels sacrifices ne font pas les successeurs d'Athamas" et cependant ce sont des Grecs!
:
'(
Platon est plus explicite au livre VIII de La Rpublique Mais par o le protecteur du peuple commence-t-il en
:
tyran? N'est-ce pas videmment lorsqu'il commence lui arriver quelque chose de semblable ce qui se
devenir
le
temple de Jupiter Lycen en Arcadie oii celui qui a got des entrailles d'une crature humaine mles celle des autres victimes se change invitablement en
le
dire,
Adamante?
rpond Thophraste est encore plus aflirmatif Encore aujourd'hui', [ji)jp'. Toj vDv, les Arcadiens continuent faire en com:
Oui, je
le sais,
celui-ci.
Platon, Miios, trad. Cousin, t. XIII, p. 35. semble que Platon confond ici deux lgendes. M. Victor Brard transforme ainsi la phrase Da7is les ftes du Lyce, comme chez les dcscendarils
1. 2. 11
d'Athamas,
p. 59).
3.
les Hellne.i
font encore
les
mmes
l'attribue,
Frret, qui cite ce texte dans son mmoire sur des sacrifices humains, comme M. V. Brard, Tliophraste. En ralit il est de Porphyre (Porphyre, Deabslinentia, II, 27) qui ne cite point Thophraste en cet endroit.
Le
\>.i-/_oi
n'est point
invraisemblable, puisque Pausanias nous donne un renseignement analogue. L'erreur vient de ce que Porphyre a beaucoup puis dans Thophraste auquel
il
25
renvoie dans sept passuges diffrents (liv. II, H, 21, 26, 32,43,53; liv. 111, liv. IV, 20) et plusieurs fois au sujet des sacrifices humains Ce n'est pas
;
!
une raison pour attribuer Thophraste des phrases propos desquelles sou nom n'est pas prononc. H est, au contraire, un long passage qui est bien de Thophraste et que nous citerons parce qu'il est une confirmation de notre
comment il s'exprime d'aprs Porphyre (II, 53) Les histoires rapportes par Thophraste font mention de sacrifices humains, nous en donnerons quelques exemples. On sacrifiait Rhodes un homme Kronos, le 6 du mois Mftageitnion (juillet). A cet effet on conservait en prison jusqu' la fte de Kronos un de ceux qui avaient t condamns mort et le jour de la fte
thse. Voici
:
on menait cet
aprs
lui
homme
fait
avoir
hors des portes vis--vis de l'autel du Bon Conseil et boire du vin, on l'gorgeait, A Salamine (de Chypre) qu'on
77
des sacrifices humains. Bien plus, certaines poques priodiques, ils vont jusqu' arroser l'autel du sang- des leurs,
mun
bien qu'ils cartent de leurs sacrifices tout meurtrier souill de sang- humain.
ils
Pausanias
du Lyce taient
secrets;
ne voulut
point pntrer ce mystre et laissa les choses tre ce qu elles avaient toujours t ds le commencement \ Il semble craindre,
l'enqute, une dcouverte dsagrable pour sa pit ou son org'ueil d'Hellne . Cette persistance de l'usage des sacrifices humains, sur le Lyce, au sein de la Grce civilise, bien aprs
le sicle
fait certain.
long--
autrefois Coroais, peudaut le mois appel Aphrodisium par les Chypriotes, oa sacrifiait un homme Agraule, fille de Ccrops et de la nymphe Agraulis. Cette coutume dura jusqu'au temps oi oa sacrifia Diomde.
Les temples d'Athua, d'Agraule et de Diomde taient enferms dans une mme enceinte. Celui qui devait tre sacrifi y tait men par des jeunes gens il faisait trois fois le tour de l'autel en courant puis le prtre le frap;
;
coup de lance dans l'estomac, et le brlait, aprs cela, tout entier sur un bcher. Ce sacrifice fut aboli par Diphile, roi de Chypre, vers le temps de Sleucus le Thologue. Il changea cet usage en celui de sacrifier un buf et le dmon agra ce bceuf la place de l'homme... Dans l'le de Chio et Tndos on sacrifiait un homme Dionysos Omadios (anthropophage). Le mme
pait d'un
sacrifice se faisait Tndos, comme le rapporte Evelpis de Caryste. Apollodore rapporte aussi que les Lacdmonieus sacrifiaient un homme Ares... Je ne dis rien ni des Thraces, ni des Scythes, ni comment les Athniens ont
fait
mourir
la fille
d'rechthe
et
faits taient
Rome
trop connus). Qui ne sait, ajoute Porphyre, que prsentement mme, la fte de Jupiter Latialis, on immole un homme ? (Traduction
de Buriguy, 1767.) M. Salomon Reinach, qui j'avais communiqu mes doutes, a cherch sur quelle autorit on attribue le passage de Porphyre Thophraste.
II
o'a rien trouv avant Frret. 11 m'apprend que c'tait encore l'opinion de Welcker (G/'/ec/a'sc/ie Goeltevlehre,!, p. 2H), opinion repousse par Beckers, De /lostiis humanis apud Graecos, 1867, p. 39. Le mme auteur dit que le pas-
sage est trs obscur. Voici ce passage, faussement attribu Thophraste Le texte grec, dont le sens gnral est clair, oQ're, en effet, quelque dif:
ficult
de
dtail,
comme
l'a
devoir le donner en grec in extenso. 'Aq)' ou [depuis le temps o les offrandes de fruits furent remplaces par des victimes sanglantes] pi/pi. toO vOv
O'jx sv
Apxsoa
|j.rjvov
to; Auxaoi,
-/.at
o'j5'
Ko(p/)8vc
vo[J.t[j.o'j
tw Kpvfo
[j.vy^|xy);
xotv) 7ro<vT
(/.:p'jAiOv
avOpwTToO'JTOjffiv,
pai'voyiTi Tcpb; to-j;
XX
KipioZoy
xr,?
xr,:;
toO
Tiap'
'/ptv
a^p-x
ayTO ai^.-
tpyo'jffr);
twv hpcbv,
ty/t-i
s% p/ri.
78
temps, mais
fices
souvenir s'en
En
dans
humains
dorienne
loi
pays du culte d'Apollon. La d'Alha" qui les abolissait tait due Lycurgue. La lgende
et l'introduction
mas nous montre que les mmes prjugs religieux existaient Orchomne de Botie. Les descendants d'Athamas avaient
sanglantes comme culte familial. Mmes pratiques sanglantes en Atlique, l'poque plassubgique. Ccrops, le premier, suivant la tradition, aurait stitu aux sacrifices sanglants l'offrande des gteaux de miel.
Mmes
traditions en Crte
les
on, des enfants Zeus, avant que les Doriens eussent introduit
dans Tle
d'Apollon *. Ces traditions, sans doute, sont vagues, mais leur concor-
le culte
dance, s'appliquant la mme priode, leur donne un certain poids. Nous sortons d'ailleurs des donnes vagues et des pr-
somptions en nous transportant Brauron, bourg de l'Attique. On sait que le bourg de Brauron est situ quelques kilomtres de
Marathon
c'est l que_,
qu Iphignie
le
la fille d'Agameinnon, fuyant la Tauride aprs vol de la statue d'Artmis. Ici l'histoire vient l'appui de la
c
lgende,
Vraie ou fausse, dit M. Victor Brard, la lgende d'Iphignie consacrant dans le temple de Brauron la statue
enleve la Tauride prouve qu'il y avait l l'poque oii la lgende a pris naissance un culte qui s'adressait une desse
sensiblement semblable VArinis taiirique, cette desse sanglante que rvraient tous les peuples de l'Asie mineure .
Or
la
l'existence de ce temple
la
ou de
croyance la vracit de
lgende
empress
d'enlever la statue,
tant
il
non pour
la restituer
la Tauride, mais,
lui
1.
Voir p. 76 (noie),
le
tmoignage de Thophraste.
79
lail attri-
Ces pratiques, ds que nous pntrons dans les couches procomme en Italie, se gnrali-
mme
caractre religieux.
Ce prjug- n'avait jamais t dracin de l'esprit des Grecs. 11 persistait vivant au fond de la populationnonlettree.il s'imposait dans les grands dangers mme la Pylhie, Pausanias raconte qu'au temps de la guerre de Messnie l'oracle de Del-
le
que
le salut
de
la patrie
:
la race
d'Epylus
si
Sacrifiez-la
pendant
la nuit
aux dieux
infernaux;
elle
offrir
prend
la fuile, sacrifiez-en
Ton viendra
sa propre
volontairement.
la fuite
fille
aprs
dans
la
famille
d'Aristodme
ce
patriotique
encore au temps de
mmes
pratiques
en Tauride, dans le Pont et dans la Cappadoce, sur les bords de la mer Noire, au centre des exploits des Cimmriens, des
Scythes et des Amazones. Nous voici sur une piste intressante qui nous loigne, de plus en plus, des influences phniciennes.
importante tenait, en Cappadoce et dans le Pont, sons diffrents noms, le culte de la desse qui portait le nom d'Artmis en Tauride comme Brauron. A Cosait quelle place
On
son principal sanctuaire, elle tait servie par six mille hirodules [esclaves sacrs) serviteurs de la desse, la tte desquels tait un prtre-roi, vritable souverain. L s'accom-
mana%
plissaient encore
du temps de Strabon de sanglants sacrides fices, auxquels prtresses prenaient part. C'est mme l, suivant le gographe grec, qu'aurait t dpose par Iphignie la vraie statue d'xVrlmis que lui disputaient Brauron et
culte de
IV, 46.
Lacdmone. Le
1.
Comana
Pausauias,
I,
33
2.
Coraaua eu Cappadoce.
80
y a
interrompue de
faits et
religieux donne de
qu'en Asie mineure, antrieurement l'introduction en Occident de la civilisation aryenne, un tat social infrieur dont
l'invasion aryenne n'a
pu
Jetons de nouveau
nn coup
du monde
connu des anciens' d'aprs les histoires d'Hrodote. Remarquons l'immense tendue dterres inconnues, terra incognita,
se dveloppant
au nord
et
l'ouest.
est le
domaine de
nous apparat comme habituer) un bien autre rle que celui que
tribuer.
que l'archologie nous rvle et qui ayant jou dans le monde (il faut nous y
l'on est port lui at-
De
touraniennes, qui ont fond les premiers Etats civiliss sur les bords du Tigre et de FEuphrate et dont les reprsentants formaient encore aux temps historiques le fond de la population
mdique. L s'est dveloppe la brillante civilisation Scandinave ^ qui met sous nos yeux ce que devait tre la civilisation
de ces Hyperborens dont
tence.
Homre
et
Hrodote attestent
l'exis-
de nos populations mgalithiques avec ce grand groupe hyperboren nous a paru probable. Il a t jusqu'ici injustement oubli. Nous avons tout intrt le bien connatre.
La parent
voyageurs modernes qui dans ces derniers temps ont explor ces vastes contres, dont une partie tait, au commencement de ce sicle, presque aussi inOr,
si
nous interrogeons
les
connue qu'au temps d'Hrodote, nous y trouvons des murs et surtout une prdominance des pratiques de la magie qui nous
reprsente ce que l'archologie prhistorique et l'lude des
carte de Franois
2.
Voir notre carte {La Gaule avcmt 'es Gaulois, 2e d., p. 162, fig. -140) et la Lenormaul Allas d'Histoire ancienne de rOrienl,'\. U, Age de la prfiondrance des ChanAles et desToiiraniens avunl les migralions aryennes.
d.
:
et
dans
les
autres
pays
81
superstitions survivantes nous font entrevoir comme Tlat probable de nos populations primitives. En sorte que nos conjec-
tures prennent pour ainsi dire un corps la vue des faits analogues constats de visu par des tmoins dont on ne peut rcuser le tmoignage dsintress.
Nous metterons sous vos yeux dans une prochaine leon un certain nombre de ces exemples.
4.
iV^
6
Fig.
4.
VI
LEON
des populations finnoises et ouralo-altaques sont dcrites est assez restreint: la plupart sont crits en langues trangres norvgien,
les
:
murs
Il
sudois, danois, russe, finlandais, peu abordables pour nous. en est, beureusement, qui sont traduits en anglais, en allefranais. C'est ces tradu(tions que
mand ou en
nous au-
rons recours. Ce que nous possdons, en ce genre, suffit nous clairer. Nous recommandons la lecture des ouvrages
suivants
1
:
l'on expose
Description de toutes les nations de l'Empire de Russie leurs murs, religions^ usages, habitations ^
habillements et autres particularits remarquables (traduit de l'allemand), Saint-Ptersbourg, aux dpens de Charles-Guil-
laume
Millier, 1776'.
Voyages du professeur Pallas dans plusieurs provinces de l'Empire de Russie et dans l'Asie septentrionale 7 vol. in-S** (traduit de l'allemand, par C. Gautbier de la
2 Pallas,
,
Peyronie, 1802).
3"
la Sibrie
par l'amiral
le fils
1.
Je dois ce rarissime
la
de
il
dpos a
bibliothque du Muse o
83
et MM. Makouchkine et Kosmine, officiers de marine 1828 Emmanuel riisse^ (traduit parle prince Galitzin). 4 Dubois de Montpereux, autour du Caucase, 5 vol. Voyage
Wrangel
in-8, 5
deux
1839
'.
Hue, Souvenirs dtin voyage dans la Tartarie et le Thibet pendant les annes 1844, 1845-1846, 2 vol. in-8, 1857.
Ces explorations du monde Scandinave, finnois, ouraloaltaquene nous transportent pas dans un monde de sauvages
dg-nrs, mais chez des tribus organises, vivant de la vie
patriarcale simple et primitive de leurs aeux; elles nous prsentent un tat social peu prs immobilis depuis des sicles.
Notre premier groupe a d passer par cet tat et s'y arrter longtemps avant son contact avec les migrations aryennes. L'tude attentive de ces populations permet qui a la foi de
se reprsenter avec toute la nettet possible certains cts de la
entrevoir.
La plup art
per
(f
s^y
Les nations du groupe finnois, dit le rapporteur de la Commission d'enqute russe en 1776% sont fires de leur patrie et tellement prises de leur pays et delle-mnies., que hors de
chez eux,
die
ils
))
meurent ordinairement de
:
la nostalgie
ou mala-
du pays
L'tude de ces tribus est donc particulirement prcieuse. Nous devons nous attendre y trouver un grand nombre de
survivances vev(\oni?ini l'origine mme des civilisations touraniennes. Ce qui frappe tout d'abord le lecteur de V Enqute,
c'est l'unit
dans
la varit
tions, ayant chacune leur vie propre, leur nom bien que se rattachant toutes au rameau finnois
Il est tonnant, A'iiV Enqute, que. la plupart de ces jieuplades finnoises. disperses, malgr la situation de leus possessions, aient conserv tant
1.
fait
sions du ct de la Scandinavie.
2.
84
et les caractrise et une si grande ressemblance avec Jes tiges finnoises originaires, ressemblance qui s'observe tant du ct de la figure et de l'extrieur qu' l'gard du caractre national, de
leur langage, murs, coutumes, superstitions, etc. Il n'est pas moins remarquable que la plupart de ces peuples n'habitent encore, aujourd'hui, que des pays septentrionaux, marcageux et couverts de forts, lesquels dans les temps les plus reculs taient les contres favorites de la nation finnoise, ainsi que le prouve leur nom d'habitants des marais {somma jame),on\.re que la chasse, la pclie, taient leur premire occupation. Une si grande ressemblance parat prouver irrvocablement que
toutes ces peuplades ne sont que des branches finnoises.
Le rapport
officiel
disting-ue,
:
Les Lettoniens
Les Estonniens
LesLiwes^;
Lesingriens; Les Tschrmisses
Les Wogoules
LesOstyaks'.
;
Un second groupe
ment touranien,
que
le
distinct
du groupe
finnois,
mais gale*
le
(c'est ainsi
rapport les dsigne), est aussi nombreux et donne lieu aux mmes observations. Leurs murs sont les mmes.
Cette division en petites nations^ qui remonte aux temps l'tat de ces primitifs, patriarcal nations, nous donne le secret
de la multiplicit des nationes gauloises qui l'poque de la conqute romaine, d'aprs Plutarque, s'levaient encore
trois
la
et tarlares et
particuliers
1.
2.
3. Quelques-unes de ces tribus sont prsentes comoie les restes du rameau hongrois et du rameau turc. 4. L'tude de ce groupe forme le second volume de V Enqute. 5. Chaque nation comptait souvent plusieurs le R. P. Hue royauts compte chez les Khalchas quatre royauts et viugL-quatre bannires chez les Mongols mridionaux douze royauts. 6. Le nombre de ces espces de royauts s'levait au mme chiffre en
;
Irlande.
85
or-
nom, catholiques ou
thodoxes, toutes ces nations, il y a cent vingt ans, n'avaient abandonn aucune des pratiques de leur ancien culle dont ou-
vertement ou clandestinement
elles suivaient
encore
les rites.
les
circonstances graves de la vie, l'autorit, la puissance de leurs anciens prtres, sorciers et magiciens, les chamans. Je
copiC;,
p.
dit des
schrmisses
Quant au
chaque communaut a un
de ces prtres est subordonn un sous-prtre &r\ qualit d'adjoint. Ces prtres sont juxtaposs a-ux papas^ et cela bien que les Tschrmisses comptassent alors 6,580 hommes et 5,951 femmes ayant reu de ces prtres choisi l'lection.
A chacun
baptme. Mais ces soi-disant chrtiens n'en clbrent pas moins, presque tous en cachette, il est vrai, leurs ftes paennes ou prennent part au crmonies de leurs frres non encore convertis autant qu'ils le peuvent faire sans tre dcouverts et
le
punis par le clerg. Mme remarque chez les Tschouwaches '. Leurs prtres sont tour tour sacrificateurs, diseurs de bonne
aventure et magiciens. Dans les villages o prtres, un sage vieillard en fait les fonctions
il
n'y a pas de
ils
ne se passent
jamais de prtres . Le christianisme n'avait pas encore pntr chez les Ostyaks le culte septentrionaux en 1776*. Ce qui en est dit montre que
des Tschrmisses et des Tschouwaches tait bien l'ancien
culte, le culte national rest
le
\.
ou
protestants de
lit
2.
mme
fid-
3. P. 4.
86
christianisme.
Nous retrouvons, en
effet, les
mmes usages
chez les Ostyaks, avec plus de dtails. Les Ostyaks paens ont des prtres appels totbaon toschba.Ces magiciens interprtent les songes, disent des prophties,
et les
commandent aux
diables
conjurent
ils
gurissent les
elfont
les sacrifices.
proprement dits, trouvent en diffrents tagnes ou des collines consacres qui se forts ces sur leurs dans endroits montagnes ils posent diff;
mais
Ces Ostyaks n'ont ni temples ni krmets ils font leurs dvotions sur des mon-
rents symboles (\m reprsentent leurs idoles^ Ils craignent beaucoup ces collines et n'y vont jamais couper de bois ni
les sources qui pourraient s'y trouver. puiser de l'eau dans un trs grand nombre de ces idoles a brl on 1712 Depuis
et dmoli les places qui leur taient con(de ces symboles) il y en a encore une assez grande quansacres;
cependant
tit.
ma-
ou une
fille,
une espce de
Les Tschrmisses, par exemple, ont un Dieu suprme, Koujoujouma ; ce dieu a une pouse qu'ils nomment Youmon Awa ou mre des dieux, pour laquelle immdiatement aprs l'tre suprme, ils ont une vnration particulires.
Us admettent des divinits subalternes bienfaisantes et s'imaginent qu'elles sont les enfants des deux divinits su-
prmes ou du moins de leur famille et que le gouvernement du monde et la distribution du sort des humains sont partags
entre ces enfants des dieux.
Pour thologie des Ostyaks est peu prs la mme ce qui regarde les ides que les Ostyaks se forment de l'tre
La
suivent les opinions des autres nations paennes, leurs sacrifices, leurs adorations sont les mmes. Ils donnent
suprme,
ils
1.
Malheureusement
il
dit
boles.
2.
Admodum
SUPERSTITIONS DU NORD
Dli
LEUROPE ET DE LASIE
87
Dieu
le
nom
ou Dieu du ciel. Outre cotte divinit ils se qui est en haut subalternes. Lous et Komdf/iien sonl des figurent des dieux noms qu'ils donnent Satan. Ils ont un dieu des eaux, Outego-Loiis
le
;
un dieu des
bois,
Massou-Lous. En
g-nral ils
de Lous, c'est--dire de Satan, leurs idoles. donnent Ce sont des figures tailles en bois ou bien des arbres, prin-
nom
cipalement ceux o les aigles font leurs nids, ou bien ce sont des rocs informes ou des pierres d'une configuration particulire et
peu commune. Les deux principales idoles des Osadressent en mme temps leur tyaks auxquelles les Samoydes culte taient poses dans l'anne 1772 sur la cte occidentale
du golfe de VOi/, dans une fort 70 werstes au-dessus d'Odorsk, dans le voisinage des yourtes' de Woksarsk. L'une de
ces idoles reprsente la figure
d'un
homme
;
et l'autre celle
d'une femme. Chacune est pose dans une cabane sous un arbre contre lequel elle est appuye elles sont toutes deux
fourrures
blanc et
la
ornes de quantit de figures tailles de fer de lames de fer ces figures qui sont en mme temps
et
;
parure ordinaire des chamans ou sorciers de la nation redes oiseaux, des prsentent des hommes,, des quadrupdes,
poissons, des canots, etc. Les
celle qui reprsente la figure
l'autre sous la fiiu-e de
hommes adressent
leurs prires
Cette mythologie est dveloppe ailleurs avec plus de dtails encore; nous n'avons pas intrt nous y arrter. Nous
devons, toutefois, insister sur leur principal dogme, le dogme l'immortalit de l'me. Frgaulois, par excellence, celui de
ret crivait dj
en 1747
1.
2.
Cabaucs.
h^^i^ Les superstitions de nos populations primitives devaient tre absolument les muaes. ^'"mmoire sur la religion des anciens peuples de l'Europe, d. in-12, t. XVIII,
p. 179.
OO
et
du monde parat avoir t commun aux Gaulois avec les peuples de la Germanie. Il se trouve, quoique ml de dtails puriles et absurdes, dans VEdda ou dans les recueils de l'ancienne mythologie des scaldes ou potes de la Scandinavie... Comme on a retrouv ce mme systme chez d'autres nations
barbares qui n'ont aucun commerce entre elles, il faut qu'il soit une suite ncessaire des premires ides qui se prsentent
aux hommes (dans certains groupes humains). // serait draisonnable de penser qu'il ait t port par les Grecs ou par les Romains chez ces diffrentes nations*.
>
Jean Reynaud, par une sorte d'intuition, soutenait la mme thse, et faisait de ces doctrines sur l'immortalit l'apanage
des peuplades scythiques et gauloises qui en auraient eu spcialement le dpts Nous retrouvons les mmes
dispositions
;
ouvrons
V Enqute^
il
Un prtre, un papas, assiste l'enterrement de leurs morts. Mais ces superstitieux ngriens retournent la fosse pendant la nuit pour enterrer desmangeailles, ce qu'ils rplent plusieurs jours de suite. Leur opinion
est,
en
effet,
que
l'on
le
monde
souterrain,
comme
la surface de
la terre et
ils
que
le
tombeau
n'est
que l'habitation
du mort. Par
aperus; quinze jours aprs la mort de son mari elle s'tait remarie et, pour apaiser les mnes de son dfunt et pour prvenir tout accident fcheux, elle s'tait rendue sur le tombeau du dcd o on la trouva couche, poussant des hurlements et des lamentations; elle pleurait et gesticulait en disant entre autres: Te voil mort hlas! hlas! ne sois du moins pas fch de ce que f ai pous ce garon plus jeune que toi, hlas! hlas! Je
n'en aurai pas moins soin de ton
fils,
enterrent leur argent pour en faire usage aux dcds et aux morts dans les tombeaux parlent et les craignent. Quelques amis de l'auteur de ce rapport qui savaient la langue finnoise, surprirent un jour une femme dans un village tschorien aux environs de Saint-Ptersbourg et l'coulrent sans en tre
Ils
cette raison
puiser.
2. J.
l'esprit de la
Gaule, p.
5.
3. P. 72.
SUPERSTITIONS DU
NOfL)
DE L'eUROPE ET DK l'aSIE
89
ils
mmes
jetaient dans
flammes du bcher
les
aux morts,
Sicile^
ils
mme
confiaient ces
et
des morts
l'autre
monde
tat
de civilisation [pro cuUu Gallorum) magnifiques et somptueuses. Tout ce qu'on croit avoir t cher aux morts, mme
est jet dans les flammes du bcher et, il n'y a bien pas long temps encore que esclaves et clients taient aussi brls aprs la crmonie funbre. (Csar, B. G., VI, 19).
les
animaux,
fait
mes des morts sont immortelles et que chathag'ore que cune d'elles s'introduisant aprs la mort dans un autre corps revit pendant un nombre dtermin d'annes. C'est pourquoi
pendant
les funrailles ils jettent
dans
le
bcher des
les
lettres
comme si
le
morts devaient
V, 28.)
rglement de leurs
comptes,
Mla,
(Pomponius
III.)
Les Gaulois
payable dans l'autre vie. (Valre Maxime, II, 6.) Nous reviendrons sur ce dogme en parlant des druides.
Le rapporteur russe avait dj dit, propos des Tschrmisses Les Tschrmisses pensent, avec la plupart des peuplades paennes de la Russie, que l'existence aprs la mort
:
est
une continuation de
:
prs
c'est
pourquoi
ils
nombre
d'autres usages sj
:
Les Finnois prtant des rapprochements intressants honoraient un dieu universel dans \q\iv joumarou joupaens
1.
Csar,
ii
VI, 19.
2.
Diod., V, 28.
90
mala (identifi
Thor)\ ils reprsentaient ce dieu sous la figure d'une g-rande statue portant un collier (torques) d'or. On sait que le collier ou torques d'or n'tait pas seulement chez
les
Gaulois un insigne militaire, rcompense du courage, c'tait encore l'allribut de certaines divinits, de Cernunnos et d'Ar-
lmis entre autres, ainsi que l'tude des monnaies d'or de la Gaule et certaines reprsentations fig-ures le dmontrent.
g-rand
celtiques, au sens que nous attribuons ce terme; quelquesunes remontent l'poque nolithique. On s'est demand sou-
vent
la plupart de ces oppida n'taient pas des lieux de runions religieuses. Les krmet^ de nos peuplades finnoises destines l'accomplissement de sacrifices relig-ieux semblent
si
Le
dans des places conont des places sacres g-nrales, d'autres particulires. Dans ces dernires des familles isoles font leurs dvolions. Dans les premires s'assemblent
les temples,
pas dans
mais en plein
Ils
sacres qu'ils
nomment
krmet.
des villag-es entiers. Ils choisissent les forts ou les collines leves. Si, par hasard, il ne s'en trouve pas dans le voisinag'e du village, on choisit un endroit o il y ait plusieurs arbres
:
il
doit
y en avoir pour
le
moins un,
le
suivant,
moins
g-rand,
Youmou-Awa,
sa
divinits infrieures.
femme, et les autres tant qu'il y en a aux Les femmes n'osent pas approcher de
hommes n'y paraissent jamais sans s'tre baigns et habills proprement. S'il est possible, ils tachent de ne pas venir la bourse vide selon Topinion de
ces endroits consacrs et les
:
le
si
comme
1.
91
des divinits qu'ils adressaient leurs prires Krmet Asch (Krmet pre), Krmet Amsha (Krmet la mre), Kr-
le fils).
Il
est difficile de
ne pas recoa-
Quand, en 1823, l'amiral Wrang-eP entreprit son voyage en Sibrie, la situation n'avait pas cliang^. Les paysans baptiss
Les chamans ou
magiciens y avaient encore beaucoup plus d'influence que le clerg orthodoxe. Les populations taient restes au fond
compltement paennes. Wrangel raconte une scne horrible; l'immolation d'un chef respect, sur l'insistance des chamans. Rien ne peut mieux
montrer
nant
la
le sacrifice
commentaire de
ma
leon sur
humains
le
Les Tschouktas eu arrivant la foire d'Osrownay y avaient apport germe d'une maladie contagieuse. Les secours de l'art fournis par le
gouvernement (il y avait Ostrownay des mdecins officiels), les prires du clerg orthodoxe taient restes impuissantes conjurer la marche du flau qui augmentait chaque jour. Dans d'aussi tristes circonstances, les rsc/iow/c^as, bien que chrtiens, se
dcidrent avoir recours la science occulte des chamans.
Ceux-ci se
runirent, firent de solennelles conjurations pour voquer les esprits et savoir ce qu'il fallait faire. Les crmonies acheves, les chamans dclarent que les Esprits irrits ne feront cesser le flau que lorsque le ver-
tueux Kotschne, l'un des chefs les plus vnres de sa nation, leur aura t ofiert en sacrifice.
Kotschne tait l'idole du peuple et peu s'en fallut que les devins ne payassent de leur vie ce conseil barbare. Cependant la maladie continuait svir, taudis que des chamans, aussi cruels que leurs divinits, demeurent inbranlables, refusant les
prsents qui leur taient offerts pour flchir la colre des Esprits, mprisant les menaces qui leur taient faites et bravant les mauvais traitements. Alors ceux-l mmes qui estimaient le plus la victime dsigne sentirent leur dvouement chanceler et crurent qu'il tait de leur devoir
le
peuple ha-
92
bitu lui obir, le vnrer et dclara qu'il voyait lui-mme par les ravages toujours croissants de l'pidmie que les Esprits s'irritaient de tant de retard. Il ajoute que, voulant avant tout sauver le peuple, il se dvoue et est prt mourir. En prononant ces mots, le vieillard
dcouvre sa poitrine et se prsente aux coups d bourreau. Mais nul n'est assez hardi pour porter sur lui une main sacrilge. 11 fallut, chose
horrible dire, s'crie
le fils
Wrangel, que
les
misrables
chamans
forassent
Peut-on, aprs cela, douter de la vracit des rcits que nous a lgus l'antiquit, quelque horribles qu'ils soient? En 1844, le P. Hue retrouvait en Tarlarie et au Thibet, malgr l'introduction dj ancienne dans ces pays non pas du
christianisme, mais
du bouddhisme et du lama)^me, qui sont des relig^ions d'un ordre lev, un tat social o ces suaux yeux du peuple. Tout ce monde
septentrional en a t et en est encore infect. Le P. Hue en manifeste plusieurs reprises son tonnement. Il y voit une uvre du diable. Le bouddhisme, en elTet, aussi bien que le
en principe. Le christianisme, rejette ces superstitions P. Hue a visit un grand nombre de lamaseries, il en admire
Torganisation, il avoue qu'on y respire une vraie pit; le haut clerg de ces lamaseries est clair. Il joue un grand rle
et les
ment avec
les superstitions
au temps
d'Aoka' s'levait unspiiitualismeetune morale qui peuvent tre mis en parallle avec l'Evangile, n'ont pas fait disparatre
les
mme
ont t obligs de tolrer, d'adopter certaines de ces pratiques devant l'impossibilit de les
ils
comme
instrument de
mages.
La mdecine,
crit le P.
1. Emile Saart, Les inscriptions de Piyadasi (l'Aoka des Grecs), n-8o, 1881. Piyadasi vivait 250 ans environ avant notre re. 2. Voyage en Tartarie et au Thtbet, I, p. 108.
vol.
93
qui ont une espce d'cole de mdescience se mlent cine dans chaque lamaserie, mais
Tartarie par les lamas
cette
:
Aussitt qu'une maladie se dclare dans une famille on court la lamaserie voisine inviter un mdecin; celui-ci se rend auprs du malade
et
commence par
peu prs
lui tter
le
tres,
comme
les doigts
pouls en promenant ses doigts sur les ardu musicien courent sur les cordes
d'un violon... Puis il prononce sa sentence. Comme d'aprs l'opinion vulgaire chez les Tatars, c'est toujours un Tchutgour, c'est--dire un diable, qui tourmente par sa prsence la partie malade, il faut, avant
tout traitement mdical, s'occuper de l'expulser. Vient ensuite
le traite-
ment.
est en mme temps apottiicaire, il porte avec lui de pilules composes de vgtaux pulvriss. Quelquesunes de ces pilules sont rellement efficaces, mais s'il en manque, il
Le lama-mdecin
n'est pas embarrass, il les remplace par des petits sur lesquels sont iuscrits en caractres thibtains^ les
morceaux de papier
noms
des remdes.
11
malade avale avec autant de confiance que les pilules vritables. Aprs que les pilules ont t prises, commencent les crmonies magiques. Ces prires sont le plus souvent accompagnes de rites lugubres et effrayants que les bouddhistes clairs rprouvent, mais sans pouvoir les empcher.
en
fait
le
Le
des
eaux
famille mongole.
Un jour,
la vieille tante
bien, disait Tokhoura, le docteur-lama, mais s'il dclare y a un Tshutgour, que deviendrai-je? Les dpenses vont nous ruiner. se dcida, cependant inviter le mdecin. Ses prvisions ne furent
pas trompes. Le lama dcida que le diable y tait et qu'il fallait le chasser au plus tt. Les prparatifs se firent avec la plus grande activit.
le soir, huit lamas arrivrent, et se mirent faonner avec des herbes sches un grand mannequin qu'ils nommrent le diable des fivres intermittentes. Par le moyen d'un pieu qu'ils avaient enfonc entre ses
Sur
jambes, ils le firent tenir debout dans la tente o se trouvait la malade. La crmonie commena onze heures du soir. Les lamas vinrent se ranger en rond, au fond de la tente, arms de cymbales, de conques marinps, de clochettes, de tambours et de divers instruments de leur bruyante musique. Le cercle tait termin sur l'avant par les Tartars de
Cdraclres sacrs.
1.
94
la famille,
au nombre de neuf; ils taient tous accroupis el presss les uns contre les autres. La vieille genoux ou plutt assise sur ses talons tait en face du mannequin qui reprsentait le diable des fivres. Le lama-docteur* avait devant lui un grand bassin en cuivre rempli de petit millet et de quelques statuettes fabriques avec de la pte de farine.
Quelques argols (bouse de vache) enflamms jetaient, avec beaucoup de fume, une lueur fantastique et vacillante sur cette trange scne. A un signal donn l'orchestre excute une ouverture musicale capable
d'effrayer le diable le plus intrpide. Les hommes nov'S^ battaient des mains en cadence pour accompagner le son charivarique des instruments, des hurlements et des prires. Puis le lama ouvrit le livre des exorcismes qu'il posa sur ses genoux. A mesure qu'il prononait les mots
sacramentels, il puisait dans le bassin de cuivre quelques grains de petit millet qu'il projetait et l autour de lui, selon qu'il tait marqu par
la rubrique.
lant,
Aprs des interpellations vives et animes qu"il adressait, en gesticuau mannequin, il donna un signal en tendant les bras droite et gauche. Tous les lamas entonnrent aussitt un brillant refrain sur uii ton prcipit et rapide. Tous les instruments de musique taient en jeu
;
gens de la famille sortant brusquement la tile se ni'rent faire en courant le tour de la tente qu'ils frappaient violemment avec des pierres
les
pendant qu'ils poussaient des cris faire dresser les cheveux sur la tte. Aprs avoir excut trois fois cette course infernale, la file rentre avec prcipitation et chacun se remet en place.
Alors pendant que tous
les assistants se
mains, le docteur-lama se leva pour aller mettre le feu au mannequin. Les hommes noirs s'emparrent du diable enflamm et coururent le porter dans la prairie, loin de la tente, pendant que le Tchutgour des fivres
se
cris et
rs accroupis dans l'intrieur de la tente, chantant leurs prires sur ton grave et solennel.
un
Bientt tout le monde sortit tumultueusement hors del tente et chacun tenant dans chaque main une torche allume, on se mit en marche,
les
hommes
tenue de
di'oite
de gauche sous
les
membres
de
la
famille. Derrire la
malade
marchaient
huit
lamas qui
faisaient
retentir les airs de leur pouvantable musique. On conduisit ainsi la vieille dans une tente voisine. Car le docteur-lama avait dcid que,
elle
Ce
qu'il
y a de surprenant,
dit le P.
Hue,
c'est
qu'aprs ce
1.
Ces lamas, nous ne devons pas l'oublier, ont dans un trs infrieur aux grands lamas.
la
hirarchie lama-
95
malade fut entirement gurie. Les accs de fivre ne revinrent pas. Vous venez d'assister une crmonie de l'anne 1844 qui pourrait bien tre la reproduction de celles que, deux mille
ans avant notre re, les magiciens chaldens ou mdes pratiquaient dj avec des formules analogues, que les chamans
rcitent encore jusque dans les contres de l'Amrique bo-
rale
le
oij
l'islamisme et
bouddhisme ont pntr depuis plusieurs sicles. Laissezmoi l'illusion de croire que, deux ou trois mille ans avant
notre re, nos anctres assistaient en Gaule des crmonies
semblables
la
et
que nous revivons ainsi les temps primitifs de est mon si je puis dire, en respirons l'esprit. L
si
longtemps insist sur ces pratiques barbares. ne viendra certainement la pense d'aucun de vous que
une poque relativement rcente par les missionnaires bouddhistes ou les marabouts musulmans. Vous y reconplus de raison de croire qu'en analogues, aussi cruelles ou aussi ridicules dont les auteurs anciens font mention, y aient t intronaissez des survivances.
Y a-t-il
Gaule
les pratiques
Vous ne
le
VHP LEON
LES INFLUENCES ARYENNES
LES FEUX DE LA
SAINT-JEAN
Si
nous n'avons pu
saisir
pour
la
chose que quelques marques extrieures des de ces temps reculs, sans pouvoir esprer en superstitions reconstituer l'esprit autrement que par des conjectures et le
rapprochement hypothtique de l'tat de ces populations avec celui des tribus, arrires, ou attardes si l'on veut, de la race
oug^ro-fnnoise restes l'tal de demi-barLarie'
;
il
n'en est
plus de
mme
deuxime groupe
qui est
un groupe de
que ce groupe parat avoir t, l'origine, relativement peu nombreux en Gaule. Son influence n'en a pas moins t considrable si on la mesure ses effets qui se font
Nous avons
encore sentir aujourd'hui et dont nous pouvons saisir l'origine, et de leurs frres de l'Iran nous est
quelle taii l'organisation sociale des
croyances, leur religion, une poque presque prhistorique. Fustel de Coulanges, dans La cit antique^ a montr quelle influence cette
vieille civilisation^
moins
vieille
cependant que
dens, avait exerce sur les deux grandes nations que nous
1.
nit est
La situatidu des Hongrois qui appartiennent cette branche de l'huniaun exemple saisissant de l'aptitude de ces tribus entrer dans la
civilisation.
grande
LES
97
avons prises jusqu'ici pour modles les Grecs et les Romains? Nous nous inspirerons de sa mthode. Quel souvenir, crit
Fustel, peut-il nous rester de ces gnrations qui ne nous ont pas laiss un seul texte crit? Heureusement le pass ne meurt
jamais compltement pour l'homme. L'homme peut bien l'oublier, mais il le garde toujours en lui. Car, tel qu'il est luimme chaque poque, il est le produit et le rsum de toutes
les
poques antrieures.
et
S'il
il
peut y
re-
trouver
que
chacune
d'elles a laiss
de Pricls, les
en
Observons
les
eux-mmes
les
marques authentiques et les vestiges certains plus reculs. Le contemporain de Cicron (je
parle surtout de l'homme du peuple) a l'imagination pleine de lgendes ces lgendes lui viennent d'un temps trs antique et
;
elles portent
tmoignage de
la
l'.
C'est
un
travail de ce genre,
qui est en nous, que nous appliquons nos efforts. Cette rsur-
mesure que nous avanons dans nos recherches, deviendra, nous l'esprons, de moins en moins hypothtique
rection,
vos yeux.
Pour
la priode
que nous abordons, si nous n'avons pas nous avons des survivances et des monuments
de quelques-unes de ces lgendes et des pratiques qui s'y rattachent conserves pieusement par presque toutes les branches de la grande famille aryenne (Aryas purs ou aryaniss) en
ce
mot
la
1.
La
98
Hommes
et
souvenir que quand ils ont jou un grand rle dans le monde *. Je choisirai, parmi ces pratiques, celle dont le caractre est
peut-tre le plus saisissant, dont Torig-ine est historiquement une des plus sinon la plus ancienne. Je veux parler des feux
de la Saint-Jean. L'anciennet, la trs grande anciennet de ces pratiques ne peut faire aucun doute elles remontent la
:
et
plus haute antiquit, elles font partie de l'hritage de croyances de rites que les tribus pastorales de civilisation aryenne ont
imports avec elles en Occident. Elles n'ont cess, avec de lg-res modifications, de jouer chez nous un rle traditionnel
qu'aprs la Rvolution franaise, au contact de la science popularise. Nous suivons historiquement leur trace en Italie partir du
viii" sicle
Ovide
dcrit en dtail
monies ont prsid la fondation de la Ville ternelle. Il les on les renouvelait chaque anniversaire
:
de la fondation de
Rome.
Bossue t, dans son Catchisme de Meaux, reconnat que ces pratiques, rattaches par l'Eg-lise au culte de saint Jean, sont
des pratiques paennes et que V glise s'est rsigne ij prendre part pour en bannir les superstitions auxquelles aprs
tant de sicles
renoncer
les populations ne peuvent se rsig-ner Ces pratiques taient, pour ainsi dire, passes dans
leur sang-.
Bossuet dfinit ces superstitions, il n'y a pas s'y tromper Danser l'entour du feu, jouer, faire des festins, jeter des
:
herbes par dessus le feu, en cueillir avant inidi jeuiiy en porter sur soi, les conserver le long de tanne^ garder les tisons
charbons du feu sacr. Tout cela est ce que l'on faisait dj Rome du temps de Romulus. Ces crmonies, Ovide, sous Auguste^ y avait pris part. Si elles n'avaient pas disparu
ou
les
1. C'est ainsi que les lgeades les plus fabuleuses en apparence se rattachant au nom de Csar, de saint Martin, de Charlemagae et de Roland, ont un fond de vrit qu'il n'est pas impossible de dgager des fables qui les recouvrent.
LES
FEUX DE LA SAINT-JEAN
99
n'tait certes pas la faute de Tglise, mille ans auparavant saint loi* tonnait dj contre puisque Ne vous runissez elles pas aux solstices, dit-il, dans un
:
du temps de Bossuet, ce
mandement
fte
le jour de la de saint Jean. Ces chansons sont diaboliques ^. Qu'tait donc, l'origine, la fte del Saint- Jean? A quelle
A une
(fte
Ovide y avait jou dans son enfance un rle analogue celui de nos enfants de chur; il nous l'apprend lui-mme Je puis dire que j'ai
solstice.
:
du
la
f ai sant par
feux aligns
j'ai
asperg
comme
le
moi, aujourd'hui, bergers, rpandez l'eau lustrale... Que laurier ptille en se consumant au milieu du foyer. Ornez
les
bergeries de feuillages, que les portes soient ombrages d'une longue et lgante guirlande. Tournez-vous du ct de l'Orient,
prononcez trois fois"* la prire d'usage en plongeant vos doigts dans une eau pure. Allumez les feux, puis faites passer vos
membres gnreux travers les amas embrass de la paille qui ptille. Le reste de l'anne, P;/5 vous protgera, vos brebis seront fcondes et vos bliers vigoureux.
J'abrge
le rcit
fait
Ovide
qui prenait part dans son enfance aux crmonies des paliqui y avait jou un rle, qui croyait, comme Pline, au pouvoir des incantations, ne connaissait ni l'origine, ni le
lies,
1.
N en
2. Cf.
t. I,
p. 14.
Il
qu'aucune de ces chansons ne soit parvenue jusqu' nous, ou, s'il en existe) n'ait pas encore t signale par les amis du folklore. Voir annexe D. 3. Il y avait aussi une desse Paies. A l'origine, les divinits romaines avaient, aux yeux des fidles, un sexe indtermin. Les formules de prires sont souvent rdiges ainsi sive deus sive dea.
:
4.
Le nombre
100
Ces
rites la fondation
comme on dit, dans la nuit des temps. de Rome taient des survivances.
Ovide cherche en expliquer le sens. Ecoulons-le, nous ne trouvons dans ses vers autre chose que le tmoignage de son
ignorance
J'ai
:
rapport l'usage,
il
me
Expositus mos
est,
mon
bonne?
ni
Turba
facit
par
o commencer.
il rend aux mtaux leur puret. On a pens que sa vertu purificatrice s'tendait aux bergers et aux brebis.
Cette premire explication lui parat trop matrielle. D'ailleurs le feu, dans ces crmonies^ n'agit rellement ni sur
les
deux principes contraires, sont cependant, les principes de toutes choses? Nos pres ont eu conscience de cette vrit. Ilsont pens que ces deux principes runis dans une mme crmonie auraient sur notre corps, comme sur nos trou2" N'est-ce pas plutt que le feu et l'eau', ces
que l'eau
et le feu
ou de mort?
An quod
La perte de
mort pour
l'exil.
au dluge de Deucalion.
satisfait
de celte hypothse.
cailloux
firent jaillir
que des bergers frappant un jour contre des une tincelle. La premire s'teignit, mais la
la paille.
1.
LES
FEUX DE
L.\
SAINT-JEAN
101
pas plutt la pit d'ne qui aurait donn naissance ne,qui, aprs la ruine de Troie, passa sain et sauf travers flammes en emportant son pre Anchise'.
Ne
ssrait-ce
lui
semblent insuffisantes.
vraisemblable
*
11
:
en
A l'poque de la fondation de Rome, quand il fallut porter les dieux Lares de nouveaux foyers, les pasteurs nos pres, au moment de quitter leurs toits agrestes pour toujours, y avaient mis le feu. Troupeaux et
paysans durent traverser
les
flammes.
,
salulsse colonos.
le
naissance.
Quod
fit
Roma
tuo.
monies.
Ovide se trompait. La critique moderne pntre dans le secret des choses religieuses plus avant que ne faisaient les
augures du temps de Cicron et d'Ovide. Les Palilies taient une manifestation extrieure du vieux culte du feu qui, avec
le
'\
l'esprit des Aryas a domin, chez les Celtes, chez les Slaves, aussi bien que chez les Perses, les Grecs et les
tribus
Romains.
A
sexe
chez les Plasges', rprsentant les forces de la nature divinises ; ct des dieux topiques, particuliers
avec
comme
chaque contre, que l'Arya ou l'Iranien ne put emporter lui dans ses migrations, pas plus que les arbres, les lacs,
tait
2.
Cette hypothse prouve que, d'aprs Ovide, l'usage de ces feux remonbiea au del de la fondatiou de Rome. Fustel de Coulaates, op. laud., 2^ dit., p. 20; Preller, Les dieux de l'an-
cienne
3.
Rome
Hrod.,
369.
102
sance divine, planait une religion suprieure plus gnrale, la devint la religion du relig-ion de la lumire cleste, du feu qui
soleil.
Le
feu tait
ce dieu, ils taient persuads qu'il descendait sur l'appel du chef de famille, plus tard, du chef de cit. Le feu tait, pour eux, l'emblme de la vie physique et morale, l'emblme de la puret, et cette ide religieuse avait
dieu';
l'autel
pris
un
tel
tel article
de
foi
chez les
nous
la
retrouvons en
Grce
et
en
La maison d'un Grec ou d'un Romain, crit Fustel de Coulanges*, renfermait un autel. Sur cet autel, il devait y avoir toujours un peu de cendre et de charbons allums c'tait une obligation sacre pour le
:
matre de chaque maison d'entretenir ce feu, jour et nuit. Malheur la maison o il venait s'teindre. Chaque jour on couvrait les charbons
de cendre pour les empcher de se consumer entirement. Au rveil, le premier soin tait de raviver le feu et de l'alimenter avec quelques branchages. Le feu ne cessait de briller sur l'autel que lorsque la famille avait pri tout entire. Foyer teint, famille teinte, taient des expressions
synonymes chez
les
anciens. La cit
comme
la famille avait
son feu
Rome
que ce feu ft toujours pur. Ce qui signifiait, au sens liltral, qu'aucun objet sale ne devait tre jet dans ce feu au sens figur, qu'aucune action coupable ne devait tre commise en sa prsence. Ce feu tait cens descendre directement du ciel. Il y avait un jour de l'anne
;
qui tait, chez les Romains, le l<""mars, oi chaque famille devait teindre son feu sacr, et le rallumer aussitt; mais pour se procurer le feu nouveau, il y avait des rites qu'il fallait scrupuleusement observer. On devait surtout se garder de se servir d'un caillou et de le frapper avec le fer*.
1.
Le feu
tait aussi
se-
condaire.
2.
La
la
existait en Irlande et dans plusieurs autres contres avant coQversion des Irlaudais au christianisme. Les seuls procds qui lussent permis taient de concentrer sur uu point la chaleur des rayons solaires ou de frotter rapidement deux morceaux de bois d'une espce dtermine et d'en
Numa,
Festus, dit.
iMiiller, p.
106). Cf.
manners and customs of the ancient Irish, I, p. 192, 221, et passim. Cf. Dupuis {Acadm. des Inscriptions, t. XXXV) Mmoire sur la manire dont les anciens rallumaient le feu sacr quand il tait teint.
O'Curry,
tlie
:
On
LES
FEUX DE LA SAINT-JEAN
103
Ces diffrenfes rgles prouvent assez que, dans l'opinion des anciens, il ne s'agissait pas seulement de produire ou de conserver un lment utile et agrable ces hommes voyaient autre chose dans le feu qui brlait
;
sur leurs autels. Ce feu tait quelque chose de divin. vritable culte. On lui adressait des prires*.
On
lui
rendait
un
tait la
feu sacr tait galement la cit. Ce culte remontait bien au del de l'tablissement des
Hellnes en Grce, des Latins en
n'tait pas
Italie.
Le Foyer,
'Eav.x,
la plus
la plus
grande, mais
Ils le
reconnaissaient implicite-
ment. Dans
deux plus
que l'on
Athna,
c'tait 'Eav.x
com-
mencer
et finir
'Eaiia.
A
tait
Olympie,
le
sacrifice qu'offrail la
:
Grce assemble
Nous touchons
ici
au
nud mme
de
la question.
la
haute antiquit.
Les
les Celtes
et sociales.
Celtes, des documents ppfeiitifs relatifs l'Irlande. La ncessit de ces runions, leur utilit, est facile comprendre. Les
Aryas et leurs descendants, mme aprs qu'ils se fussent plus ou moins mls d'autres familles, vcurent longtemps l'1. Une de ces prires, qui nous a t conserve dans le recueil des Hymnes orphiques, est conue ainsi Bend-t-nous toujours florissanl.i, toujours heureux, foyer, toi qui es ternel, beau, toujours jeune, toi gui nourris, loi gui es riche, reois de bon cur nos offrandes et donne-nous en retour le bonheur et
:
Pausanias. V,
14.
104
tat
purement
pastoral.
Un
instinct
puissant,
la
force des
oii les fa-
pussent se
donner
la
main,
et se
con-
communs'.
Il fallait
Comles
ment
fixer les
poques?
o chacun cherchait
Dans
Aryas
dans
les
pays de montagnes
les pasteurs
l't
passent seulement l'hiver sur les plateaux levs, o ils sont encore plus disperss^ Les rvolutions du soleil leur servirent de rgulateur. Ce fait parat avoir t une rgle gnet les Celtes,
montent
rale
dans
la famille
des grandes ftes chrtiennes, sont rgles par les pripties les plus frappantes du cours du soleil, les deux solstices et les
deux quinoxes:
Solstice d't
:
21 juin;
:
Solstice d'hiver
21 dcembre
au
Les jeux olympiques se donnaient au solstice d't. C'tait solstice d't que commenaient les olympiades. Quand sous rF]mpire romain on remplaa les olympiades par les mpremire indiction fut fixe au 24 septembre, l'quinoxe d'automne. Remarquons que les grandes ftes, les grands jeux de la Grce sont presque tous des ftes solaires,
des ftes en l'honneur du soleil ou des dieux deTther
:
dictions'^, la
Zens
1.
mme
de sociabilit
Les fourmis, dit Pline {H. N., XI, 36) se runissent certains jours dans des espces de marchs pour s'entendre les unes avec les autres (et quo-
niam ex diverso
ad recognitionem
mutuam
nundiiiis dantur).
2. Ces usages se retrouvent aujourd'hui chez nous, dans les dpartements sous-pyrnens; comme eu Grce, dans les plaines de la Thessalie. 3. Priode de quinze annes.
LES
FEUX DE LA SAINT-JEAN
105
A^e-
Irlande, la grande fte du pays, la fte qui runissait tous les rois de l'Irlande autour du roi suprme tait la fte
En
y aurait tout un mmoire faire sur ces jeux solaires. Donc, pour rester dans notre sujet, le solstice d't fut choisi pour une de ces grandes
de Beltn,
le
Belenus celtique.
Il
runions, une de
ces
qu'en Irlande on revisait les lois. Suivant le caractre des tribus primitives et leur org-anisation, ces assembles continurent avoir le caractre de ftes exclusivementpastoraleset religieuses, comme dans le Z,^mm, ou devinrent plus particulirement civileset politiques, comme Olympie; ou civiles, politiques et commerciales, comme Tara. Chez les Celtes nous les retrouvons dans des conditions
qui rappellent,
tive.
On m'assure
dtails
en
est de
mme
la
Les
que
la date de la
t reporte
au
l^""
mai,
du 24 juin^
La
ciaux et des trois ou quatre cents roitelets ou chefs de clan qui reprsentaient l'lite de la nation. Le jour de l'inauguration de la fte dit, O'Curry, les druides, gardiens des anciens
usages, entonnaient les formules magiques dans l'enceinte royale, y allumaient deux grands feux"" entre lesquels devaient
Jeux Lycens. Jeux Nmens. 3. Jeux Pythiens. 4. La fte tait triennale Tara, en Irlaude. 5. O'Curry, On the manners and customs of the ancient Irish. 6. 11 y avait peut-tre intrt ce que les deux grandes ftes des Celtes d'Ecosse et des Celtes d'Irlande ne se donnassent pas le mme jour, pour que l'une ne nuist pas l'autre. 11. Nous avons vu qu'au temps d'Ovide on en allumait trois.
1.
2.
lOfi
passer les bestiaux. C'tait contre lespizoolies un prservatif assur jusqu' Tanne suivante. Mais il y a plus ce feu de Beltn tait tm feu sacr, comme celui des vestales Rome.
:
la
dans sa cabane, pour l'anne, la protection des dieux. Un passage de la Vie de saint Patrice, publie par la Socit tabli la ce///<^?/e, nous apprend que le saint trouva cet usag'e
cour du roi Logaire qui lui avait accord l'hospitalit, bien que ce roi ft encore paen.
il
Or, raconte l'auteur chrtien de la Vie du saint irlandais, arriva que la veille de la fle paenne de Beltn, saint
Patrice,
tite
comme
Il
chapelle.
royal existait
en fut svrement rprimand. Un rglement ordonnant que, dans toute l'Irlande, tous les feux
fussent teints ce jour-l, et sous les peines les plus svres, ne fussent rallums qu'au feu sacr, le feu de Tara.
La mme crmonie
Si
se pratiquait
Rome
le 1""
mars', qui
mier rang,
vous doutez que les kalendes de mars* aient tenu autrefois le preil est de vieux usages auxquels vous pouvez le reconnatre. A
dans
la
demeure des
flamines', disparaissent pour faire place de nouveaux rameaux. L'arbre de Phbus* orne de ses feuillages la porte du roi des sacrifices. L'autel
de Vesta se pare d'une nouvelle couronne cueillie sur l'antique laurier des autels troyens. Ajoutons qu'alors se renouvelle le feu sacr au fond du sanctuaire o la flamme de l'autel ranime brille d'un nouvel clat
:
fieri
Ici le
renouvellement de
la
flamme
tait
entour de mys-
tre, ^rewia
m de.
usage semblable, plus significatif encore, existait dans tout l'le de Lemnos, ainsi que nous l'apprend Philostrate sans a fait souvent est citer^ On le passage allusion, qu'il y
Un
Rome,
p. 369.
2.
3.
4.
C.
Le laurier.
Philostrate, sophiste qui
vivait sous
],
p. 40
LES
FEUX DE
LA.
SA.INT-.IEA.N
107
jamais
t.
soit de la plus
que je sache, reproduit intgralement, quoiqu'il grande importance au point de vue des traditions
Nous y apprenons que penreligieuses et des survivances. dant neuf jours de l'anne tout feu devait tre teint pour tre
'
le
vaisseau sacr rapportait de Dlos oii l'le sainte par excellence, sur l'autel
d'Apollon.
du
les
ciel.
Pour
hommes ou
L'efficacit voulue ne pouimpropre aux usages sacrs. vait appartenir qu' une flamme nouvelle et non transmise.
tait
de combustions successives
si le
vestales taient fustiges par le pontife; puis qu'il fallait, ensuite, susciter un feu compltement pur pour remplacer l'ancien.
on prenait une planche taille dans le tronc d'un arbre sacr, on y perait un trou dans lequel on faisait
cette fin
tourner un btonnet jusqu' ce que les tincelles parussent. Une vestale recueillait le feu sur un crible ou tamis d'airain
et le portait
ment chez
le
les
Aryas
primitifs.
feu divin, tait engendr par le frottement d'une baguette sur VaranP. On devait se garder de se servir d'un minral et
surtout de
le
dans
dans
le rite
frapper avec du fer^ Une exception tait faite orphique en faveur du cristal Dposez, esf-il dit
:
le Ilepl a-'Owv
du Pseudo-Orphe,
le
soleil. Il
en sortira de
la
per novem quae ubi ante expiationem advenerit, nulla Lemnii parte adpellit, sed in alto interea ad promontorium agitatur, doaec fas fuerit advehere. Inferos enim deosatque tune invocantes purum, opinor, i>j;aem in mari asservant. Sed ubi aceesserit navis, ignemque quum in reliquuui vitae usuiii, tuni in artes quae eo iudigent, distribuerint novem vitam hino se esordiri aiunt. Cf. Preller, op.
ibi
viros, Veneris
dies exstinguitur
igQem
affert,
laiid., p. 369.
Remarquons ce premier exemple d'une neuvaine. La planche de bois de Festus. 3. Souvenir du temps o le bronze tait le mtal sacr, maudit
1. 2.
.
le
fer le
mtal
108
fume, puis un feu lger, puis une grande flamme. C'est que nos pres produisaient le feu sacre
si ces procds antiques sont encore prade nos en jours quelque part Europe, mais nous savons, tiqus par le tmoignage de Joannes Reiskius% qu' la fin du
Nous ne savons
xvii^ sicle
d'usage en Allemagne d'allumer contre les pizooties un feu sacr, dit feu forc dans le langage populaire, mais que ce feu devait tre produit avec
il
non seulement
tait
des crmonies particulires rappelant de tout point celles de feux du l'antiquit. Il fallait pralablement teindre tous les
village; aprs quoi le feu
nouveau
tait
allum
l'aide
du
frottement d'un cabestan contre une pice de bois perce d'un trou enduit de goudron.
Dans
encore
les
le feu
mme
manire.
Il
en
tait de
mme
en Sude.
le
mme
pro-
Nous avons reproduit le feu sacr devant nos auditeurs par le procd mais on ne russit pas toujours. 11 faut choisir son bois et faire manier le btouuet par un bras vigoureux; c'est du reste un procd bien connu des sauvages.
dcrit par Festus,
2.
Cit par
Grimm dans
sa.
Deutsche Mythologie.
3.
Cette leon a t plus courte que les autres cause des expriences.
Fig. S.
Esquimaux prparant
le
IX
LEON
[suite)
s'est
Ce n'est pas seulement la vieille tradition du feu sacr qui conserve chez nous et chez tant d'autres nations de
;
l'Europe, titre de survivances ce sont aussi plusieurs pratiques accessoires qui montrent quel point tous les dtails de la crmonie tenaient au cur des populations qui les
On
on
lui faisait
des libations de
vin doux, de miel, de certaines essences, qui aclivait le feu de l'autel. On y voyait une preuve de la joie qu'prouvait le
yeux des premires gnrations, descendant directement de l'astre lumineux, la roue du soleil tait porte en triomphe sous la forme d'une roue enflamme.
dieu.
Le feu
sacr, aux
L'usage de
XIII* sicle
la
le
roue
enflamme
la
est
dj
mentionn au
propos, de Jean
par
cite, ce
officiis,
un passage curieux de
Summa
:
de divinis
Beleth (xii sicle) oii on lit feruntur quoque in festo Johannis Bapiist brand seu faces ardentes et flunt igns, etc.,
rota in
quibusdam
locisvolvitiir'^.
pratique de la roue ardente n'avait jamais cess d'tre en usage. Elle s'est maintenue jusqu' nos jours. La roue en1.
La
2.
110
/la?nme
encore chez nous, il y a quelques annes, un rle important dans les crmonies du feu de la Saint-Jean.
En Lorraine, au
village de Basse-Kontz*, le soir de la veille de la Saintla toute Jean, population masculine de Basse-Kontz et des environs se porte sur le sommet du Stromb^rg. L on dispose autour d'une roue de
charrette, mais de manire la cacher entirement, un cylindre de paille, pesant quatre cinq livres. Le centre de l'appareil est travers par une perche sortant d'environ trois pieds de l'un et de l'autre ct qui doit servir le diriger. Sur un signal donn par le maire - (nous verrons
ailleurs le mme rle jou par les curs), on met le feu la paille et alors deux jeunes gens robustes saisissant chacun un bout de la perche, font rouler la roue ardente des hauteurs de la montagne jusqu' la Mo-
En ce moment, les cris de joie retende mains agitent des manipules de paille enflamme. Si le disque lumineux n'est pas teint lorsque les eaux de la Moselle le reoivent, on en augure d'heureuses vendanges.
selle avec toute la rapidit possible. tissent de toute part et des milliers
douteux que les nombreuses rouelles gauloises or, argent, bronze et mme en plomb (pi. Y), que possdent nos muses et collections particulires, qui sont dcrites
Il
n'est pas
en
ou figures dans
amu-
lettes se rattachant
au
rite
de la roue du soleil'.
Quant aux
le
feu sacr
prenait naissance,
*,
la
t.
V,
2. Les rois de France ne ddaignaient pas d'allumer les feux de la SaintJean. Louis XI y avait mis le feu sur la place de Grve Paris en 1471. Louis XIV lui-mme assista une fois la crmonie. Cf. Dufey de l'Yonne, dans
il
3. On a pris autrefois ces rouelles pour des pices de monnaies grande erreur. Nous aurons roccasion de revenir sur ce sujet.
4.
c'tait
une
{suite)
111
vertissements
les
du dpartement
des Deux-Svres,
nous apprend
de l'huile
Pendant que on est table le calignou ou calendeau, c'est--dire la bche des kalendes, brle dans la chemine. C'est une grande bche de chne qu'on arrose de vin et d'huile. On criait autrefois en la plaant Calene ven, tout ben ven (Kalende vient, tout va bien). Peut-on mconi
:
natre
ici
comme
tant d'autres
le
crmonies paennes, dans les pratiques des chrtiens? C'est plus g de la famiUe qui doit mettre le feu la bche.
chef ou
le
faisait,
au commencement de ce
veille
de Nol on dresse
*
la table,
devant
le
lauriers
la carigne,
vieux tronc
d'oli-
amour pendant
le plus jeune enfant s'agenouille et lui adresse une prire, puis il bnit le feu, c'est-dire qu'il l'arrose d'une libation de vin cuit laquelle la carigne rpond
par des crpitations joyeuses. On chante ensuite des Nols, jusqu' l'heure de la messe ^
En
de nier
une grande et trs vieille tradition aryenne, antrieure manifestement l'introduction du druidisme en Gaule et en tant indpendante, puisque nous la trouque nous ayons
vons bien ailleurs que dans
vu,
il
les
contres druidiques.
Nous avons
monies; mais est-ce une raison pour croire qu'ils les y avaient importes et non reues et acceptes d'une tradition plus ancienne qu'eux-mmes? Tous les faits recueillis tendent prouver qu'il y avait tradition. Dj au temps des druides ces c1.
Millin,
Cf.
t.
III,
p.
336
143,
2.
Ovide,
FiiRtes, III, v.
3.
4.
Poney, dans L'Illustration du 27 dcembre 1845. Nous aurons l'occasion d'en noter biea d'autres dans
la suite.
112
rmonies taient des survivances; ils auraient voulu dtruire ces usages qu'ils ne l'auraient pas pu.
une preuve convaincante. Aucune crmonie n'affectait plus le caractre paen que les ftes du solstice. Aucune fte chez les paens n'tait plus populaire. Les
nous en
est
chrtiens ont d se rsigner les transformer ou plutt en transformer l'esprit, en en modifiant peine les aspects extrieurs.
L'une des
ftes
est
devenue
la fte
fte
Baptiste, la fte
est
du
solstice d't.
La
du
devenue
l
la fte
Ce sont
de Nol, la fte de la naissance du Sauveur. encore des survivances. Le fait mrite que nous
il suffit de lire les descriptions que nous ont anciens de leurs deux grandes ftes solsticiales pour tre convaincu qu'un paen qui, ressuscitant, aurait assist il y a cent cinquante ans, aux ftes de la Saint-Jean,
nous y arrtions;
laisses les
poque oi elles taient dans tout leur clat et encore aujourd'hui aux ftes de Nol, ne prendre que les cts extrieurs, pourrait se croire au milieu d'adeptes de la religion du soleil.
Nous avons vu
une
reproduction presque aussi frappante des ftes o les paens Dies natalis clbraient la naissance d'Osiris ou de Mithra
:
Solis invicti
le culte
de saint Jean^, comprirent de bonne heure que, pour conserver et tendre plus facilement l'empire de leur religion, il fallait, au lieu de proscrire
toutes les observances du culte paen, s'approprier et sanctifier celles qui ne pouvaient porter aucune atteinte aux dogmes et aux traditions de
l'glise*.
)-
Ils suivirent
sous
le
rapport liturgique la
mme
les
politique
que sous
et les
vques archevques s'emparaient des circonscriptions diocsaines tablies par Diocltien et prenaient place au chef-lieu
Antiquaires de Picardie, anne 1846. cherch sanctifier certains monuments mgalithiques en les surmontant d'une croix, eu Irlande comme en Gaule.
1.
le
rapport administratif.
De mme que
Op.
laiid.
Mmoires de
la Socit des
2.
Nous avons vu
qu'ils avaient
113
le
centre de
ne se
firent
server les ftes et presque tous les cur humain leur montrait pouvoir se prter une transformation que semblaient rclamer les fidles eux-mmes.
C'tait
au
v[ sicle la
le
Grand
Quand vous serez arrivs auprs de notre frre Augustin, dites-lui qu'aprs avoir longtemps examin en moi-mme l'affaire des Anglais, j'ai pens qu'il faut abattre, non pas leurs temples, mais seulement les
idoles qui y sont. Il faut faire de Veau bnite, en arroser les sanctuaires payens, dresser des autels et y mettre des reliques car si les temples sont bien btis il faut les faire passer du culte des dmons au service du vrai Dieu, afm que cette nation, voyant que l'on conserve les lieux auxquels elle est
;
et parce qu'ils ont l'habitude de tuer aux sacrifiant de bufs en dmons, il faut leur tablir des beaucoup solennits propos de la ddicace des glises ou des ftes des martyrs.
Qu'ils fassent des feuillages autour des temples changs en glises et qu'ils clbrent la fte par des repas modestes. Au lieu d'immoler des animaux au dmon, qu'ils les tuent pour les manger et rendent grce Dieu qui les rassasie, afln que leur laissant quelques rjouissances sensibles on puisse leurinsinuer plus aisment les joies intrieures, car il est impossible d'ter des esprits durs toutes leurs coutumes en mme temps. On ne monte point un lieu haut en sautant, on s'y lve pas pas*.
Ils
de
il est difficile de dire quelle date^ imaginrent donc fixer la fte de la naissance de Celui qui tait le soleil
spirituel
du inonde,
le soleil
employes par
si
les Pres de l'Eglise) l'poque mme o les Gentils ftaient la naissance de leur dieu Soleil. Et cela est
de Nol fut place au la fte du soleil 25 dcembre dans les Eglises d'Occident et au 6 janvier dans les Eglises tant fixe cette date
vrai que, dans le principe,
la fte
le
jour de
la
naissance d'Osiris,
Aux manichens
bratis, saint
1.
cum
ipsis cele-
Augustin rpondait^
Lettre de saint Grgoire le Grand. Bfiausobre, dans son Histoire du manichisme, propose d'attribuer la fixation de la fte de Nol au pape Jules I^', mort en 317.
2.
3.
Sermo CXC
in Nalalius iJomini.
114
manichen)
sicut infi;
dles propler
hune solem, sed propter eum qui fecit hune solem Nous solemnisons ce jour, non comme les infidles cause
du
de
et
soleil,
Il
n'est
mais cause de Celui qui a fail le soleil. donc pas lonuant de retrouver chez les populations
des ftes paennes que
le christia-
la
de
les sanctifiant, de
mme
le
symbolique d'Orphe ou du Mercure criophore. Ces peintures, ces ftes, taient un langage que les gnrations se transmettaient comme le langage ordinaire en l'adapla fig-ure
'
Ce qui
tait arriv
pour
la
correspondante du solstice d't, laquelle les populations tenaient avec le mme attachement. Que fit l'Eglise? La vie du Sauveur ne prsentait
solslice d'hiver, arriva
pour
l'histoire
aucun vnement qui rappelt celte date. On eut recours du Prcurseur pour qui les fidles avaient, dans les
premiers sicles de l'Eglise, une dvotion presque gale pour le Christ. Un verset de Vvangile de
saiU
Jean*
faui quil
croisse et
que je
diminue
fte
La
de la naissance du Sauveur
de l'accroissement des jours. On fixa la fte de la naissance de saint Jean l'poque de leur diminution.
le
Ce
n'est point
trouvons dans les Pres de l'glise et en particulier dans saint Augustin ' In nalivitate Christi^ dies crescit, inJohan:
quum mundi
quum
ultimus prophetarum
latin,
les mots spes, fides, caritas qui ont, eu pour eu faire l'expression de leurs trois vertus thologales! Us n'ont pas cru ncessaire d'inventer des mots nouveaux.
signification,
2.
10.
3. Saint
[suite)
115
Beausobre a raison,
si la
3S4, devait tre parfaitement au courant des considrations qui avaient prsid cette rglementation et son tmoig-nae,
voil sous la formule
gnaient la fte du solstice d't. Et c'est ainsi que nos ftes chrtiennes sont des survivances^
bien celle de l'glise que nous la retrouvons chez Bossuet, le dernier des Pres de l'Eglise aprs
Cette doctrine est
si
saint Augustin.
Sur
D.
la fte
de
la
Pourquoi
Elle
naissance de
saint Jean-Baptiste?
R.
ne
fait
cela
prdite.
D.
R.
rait sa naissance:
D.
R.
D.
R.
Est-ce pour cela que l'on allume des feux de joie? Oui, c'est pour cela. L'glise prend-elle part ces feux? Oui, puisque dans plusieurs diocses, en particulier dans celui-ci,
*.
avait prdit son pre Zacharie qu'on se rjouil'appelleras Jean et il sera ta joie '.
qu'il n'y avait point d'tat-civil dans l'autin'y eu avait assurmeDt pas en Jude. Le cens ordonn par Auguste portait sur le nombre des habitants et n'exigeait point que l'on prit note de la date des naissances. Quand un personnage s"tait distingu par ses vertus
1.
quit.
par ses bienfaits, quand il mritait d'tre lev la dignit de saint et honor ce titre, sa fte chez les chrtiens tait fixe au jour de sa mort qui tait, presque toujours, la seule date prcise de son existence sur laquelle on et des donnes exactes. Il n'y a d'exception cet gard que
et
d'tre
pour le Christ et le Prcurseur dont la date de naissance prcise ne nous est cependant rvle nulle part dans l'vangile. Les Pres de l'glise n'ont jamais prtendu que le 24 juin fit effectivement le jour de naissance de Saint-Jean, ni le 23 dcembre celui de la naissance du Christ.
Bossuet, Catchisme de Meaux, p. 267. Saint Luc, i, v. 13-14. 4. Nous avons vu que le feu tait d'ordinaire allum par le maire, mais il n'tait pas rare qu'il y et en mme temps dans la mme ville un feu allum
2.
3.
116
J).
R.
~ Pour en bannir
Jean.
Quelles sont ces superstitions? Danser l'entour du feu, jouer, faire des festins, chanter des chansons dshonutes, jeter des herbes par dessus le feu, en cueillir
B.
R.
avant midi ou jeun, en porter sur soi, les conserver le long de l'anne, garder des tisons ou des charbons du feu et autres semblables.
Nous ne devons donc pas nous tonner que tant de souvenirs pr-chrliens soient demeurs vivants au sein des populations, mme dans les pays les plus anciennement christianiss. L'ENous verglise s'est charge elle mme de nous les conserver.
rons que les druides avaient dj fait de mme. Nous pouvons esprer, si nous procdons avec prudence, reconstituer,
jusqu' un certain point, la vie religieuse de nos plus anciennes populations. Notre devoir est de l'essayer. Je compte
que vous m'y aiderez. Je vous ai dj donn des exemples de crmonie des feux de la Sainl-Jean et de
la persistance de la
celle
de la bche de
Nol. Je pourrais les multiplier et vous invite en recueillir de nouveaux. Je possde un certain nombre de lettres manant des
lves ou auditeurs de ce cours portant tmoig'nag-e que, dans feux de la Saint-Jean plusieurs de nos provinces, l'usag^e des
persiste toujours.
Le
secrtaire
du Dner
celtique^
en 1885:
Nous ftons encore dans le Finistre la fte de la Saint-Jean; s'il y a la paroisse une chapelle sous le vocable de saint Jean, c'est sur la place voisine que le bcher est tabli. Sinon, c'est sur la place de l'les carrefours. Chaglise paroissiale et, dans certaines contres, < tous cun apporte un fagot, une bche, une branche d'arbre ou d'ajonc. Le feu est mis par le recteur' aprs les prires du soir, soit prs de la chapelle, soit au bourg. On se dcouvre, on dit quelques prires communes; aprs un cantique ou deux chants l'unisson, l'on ouvre une ronde. Les attards qui jettent leurs fagots dans le bcher provoquent
dans
d'universels cris de joie.
par
1.
le
maire
et
le
cur devaut
le portail
de
l'glise
Le cur de
la
{sn/tp)
117
bcher commence tomber, les jeunes garons et les reprennent la ronde au chant d'un giverz ou d'un soon qui jeunes n'ont pas toujours un caractre religieux. Puis Viin des danseurs rompt la chane et saute par dessus le brasier un autre fait de mme aprs un
filles
;
nouveau tour de danse. Tout le monde finit par tenter l'preuve. Si de hues et ne quelqu'un tombe ou roule dans le feu, il est couvert rentre plus dans la chane de danse. L'on a bien soin d'emporter un tison quand ou rentre. On n'est gure all la crmonie du bcher que pour cela. Ce tison protgera la maison contre le feu du ciel, contre les incendies, contre certaines maladies et certains malfices. On ne l'attache pas comme le buis bnit du dimanche des Rameaux, la tte du lit prs du bnitier. 11 est enferm
gard jusqu' la Saint-Jean prochaine, avec le mme de famille. Le rameau de buis ne sert qu' orner une chapelle ardente et bnir les morts. Tantad sant Jeann, le feu de la Saint-Jean, u'est pas un feu de joie, c'est un feu sacr dont on loigne
et
soin
que
les papiers
les
blasphmateurs
et les ivrognes.
Une
dun, vers
s'en perd,
mme
poque
',
me
disait
coutume
mais il y a quelques annes, le feu tait encore dans tout son en portent tmoignage. clat. Tous les habitants de B^uUou La veille de la fte on alluriiait le feu au coucher du soleil l'aide de menu bois plac autour d'une perche surmonte d'une croix de fleurs.
le
Le clerg venait en procession, chantant des psaumes et et des hymnes, cur entte, y mettre le feu. Ce feu tait bni par le cur ^ Quand le bois tait moiti consum, chacun emportait un petit charbon dans sa maison avec la ferme foi que ce charbon du feu bnit prserverait la famille contre les atteintes du feu du ciel. Dans certaines familles on garde
aussi Veau bnite de la veille de la Saint-Jean.
Dans un autre dpartement, dans la Lozre, monie avec quelques variantes signaler
:
mme
cr-
En gnral ', les curs n'allument plus chez nous le feu de la Saint-Jean. recommandent, au contraire, leurs ouailles de fuir maintenant ces ftes qui n'ont plus aucun caractre religieux. Ce qui a sauv ces feux,
Ils
c'est que les maires s'y sont substitus aux curs*. Sur plusieurs points du dpartement, ce sont eux aujourd'hui, qui mettent le feu au bcher au milieu de cris de Vive M. le Maire, viee la Rpublique! On danse au:
i.
1885.
Le cur l'aspergeait probablement 'eau bnite. Autre lettre de l'un de mes auditeurs. 4. Nous avons vu que le feu municipal tait la plus ancienne tralition. C'est donc uu retour au pass.
2.
3.
]18
tour du feu en chanlant des chansons en patois mdiocrement morales qui se terminent par la Marseillaise. Lorsque les feux sont teints, les
mnagres rentrent
fte
la maison, tandis
la nuit.
la fois.
de
Ce
protgeant les vieilles superstitions au profit de la Rpublique, n'est-il pas un fait noter? Les maires rpuecclsiastique,
lique avait
si
l'intrt
de l'Eglise, ce qu'avaient dj vraisemblablement fait les druides durant la priode prcdente, ha. Marseillaise se mlant de vieilles chansons en patois est un phnomne analogue
celui des
psaumes remplaant les hymnes paens. L'histoire, comme l'amour, est un recommenceur. Un autre renseignement, d'une source analogue, me venait du dpartement de l'Aisne, concernant la commune de Vorges prs Laon
:
Tous
les
ans, le 23 juin au
soir,
s'lve
l'extrmit de Vorges un
hi^cher haut d'environ dix mtres, la confection duquel ont contribu tous les gens du pays. Les uns ont apport des fagots, des copeaux,
les
autres des bches, de vieilles corbeilles, etc. Le bcher est maintenu par une longue perche ressemblant assez au mt de cocagne. Sur les huit heures du soir, les autorits communales se rendent
l'glise
o un
office
les
est clbr
sapeurs pompiers et suivis par la population du pays notablement augmente ce jour-l des curieux des villages voisins, clerg, maire, adjoints, conseillers municipaux, garde-champtre et notables se rendent professionnellement au feu, c'est--dire au bcher
Puis, assortes par
prpar.
Arriv l, le prtre s'avance au pied du bcher et adresse la foule qui l'entoure une allocution de circonstance qui, il est vrai, n'est gure coute. Aprs cette espce de sermon en plein air, le cur de Vorges
asperge
le
qu'on
trs
lui
prsente,
bcher d'eau bnite, puis, prenant une torche enflamme il allume lui-mme le feu qui doit faire du bcher en
peu de temps un norme amas de braises et de cendres. De tous les environs, de la montagne de Laon surtout, on aperoit la lueur de l'immense brasier cher aux Vorgienset dont chacun d'eux emporte prcieusement qui une braise, qui un peu de cendres. Les pompiers inondent ce qui peut rester du bcher. Dans le pays on conserve toute l'anne les dbris du feu de Saint -Jean la tradition, doivent prserver du feu du ciel et des maladies qui, d'aprs
contagieuses.
119
De nouvelles
En Saintonge,
la
lettres
m'crivait une de
mon
enfance, pas
Quand
tlamme
s'levait
quelque
vieille
bien haut, une danse se formait interrompue par paj'sanne se frayant passage travers les danseurs pour
teint,
il
le porter la hte dans la maison, o, devait feu de l'anne suivante prserjusqu'au soigneusement ver le logis de tout malheur. Le bois consum, lorsqu'il ne restait plus
que des cendres, les jeunes gens sautaient non par dessus, mais au beau milieu; malheur celui qui se brlait. Les fadets le poursuivraient; on a vu des fiances abandonner le maladroit vou ainsi aux esprits.
Aujourd'hui, ajoutait
veaux dans
la contre. Je
gigantesque
bcher
mon correspondant, presque plus de feux noume promets d'allumer l'anne prochaine un sur les hauteurs qui dominent mon domaine, un
la
ronde'.
seule-
ment
l'Eglise mais
les
pouvoirs
devant
les
pas russi la dtruire. Elle disparat de la science. Il est temps de recueillir ce progrs
^
qui en reste.
les
renseig^nements
que nous avons pu runir en dehors de notre cours. L'uvre que nous faisons en recueillant ces survivances est loin d'tre
uvre de simple
et religieuse.
curiosit,
Un
rudit d'un
tait
en
mme
temps un
sicle dernier,
joua
mme
anne
Sou projet a
'
ralis cette
mme.
la
Breuil [op. laud.) cite le curieux dcret suivant, rendu en 1652, par municipalit de Nuremberg: Considrant que, suivant une mauvaise habitude paenne, chaque anne la Saint-Jean, dans les villes aussi bien que dins les villages, les jeunes gens vont quter pour recueillir de l'argent et
2.
du bois en vue de faire ce que l'ou appelle le feu solslicial; qu' cette occasion, on boit et l'on ripaille, on danse autour du feu, on saute par-dessus en y brlant certaines hrbes et fleurs et qu'on rpand ainsi l'incendie dans les ctiamps, le Conseil de la ville de Nuremberg interdit tons ces agissements et
autres ineptes superstitions paennes et dangereuses.
3
Annexe
HE
120
comme prsident du Corps lgislatif, Dupuis, de l'Acadmie des Inscriptions, dans son clbre ouvrage, V Origine de tous les cultes^ dirig contre le christianisme, arguait de ces survivances pour formuler cette tonun
rle politique
membre
nante
et
:
vogue
Jsus
tait
quune
personnification
du
soleil.
S'il est uue fable, crivait Dupuis, qui semble chapper l'analyse que nous avons entreprise de faire des posies religieuses et deslgendes sacres par la physique et l'astronomie, c'est sans doute celle du Christ ou la
lgende qui. sous ce nom a le soleil 'pour objet et cependant telle est notre conclusion La vie du Christ est une fable, une lgende solaire, ainsi que
:
les autres.
Mais
si les
beaucoup des
en lumire l'appui de sa thse sont des ralits. Il faut distinguer entre l'Evangile qui ne relve que de Jsus-Christ
et les
crmonies du culte qui sont remplies de survivances. Bien maladroits sont ceux qui le nient, croyant ainsi servir
jamais bon, dans l'intrt d'une cause, de mconnatre une vrit. Cette vrit se
la religion. Il n'est
La
socit religieuse,
comme
maines, relve du pass rempli d'atavisme, c'est--dire de survivances''. Pour nous bien connatre, il faut que nous connaissions ce pass, quelque lointain qu'il soit: c'est quoi nous
la vrit et
du progrs de
la
Aux
pratiques des feux et des herbes de la Saint-Jean relevant des ftes certainement de mme orighie accom-
pagnat
(ie
les ftes du printemps. Les fles de mai, les chansons les reverdies mai, sources de notre posie lyrique au moyen ge, sont une survivance des ftes consacres Vnus. Ces ftes, dit M. Gaston Paris, remontent cer-
tainement l'poque paenoe. Ou peut reconstituer eu partie ces anciens chauls des kalendas mayas. Ne serait-il pas possible de retrouver de mme au moins l'cho des vieux chants des palilies aoathmatiss par l'glise? En tout cas, les reverdies sout un nouvel lment de la reconstitution de notre
pass paen. (Les origines de la posie lyrique en France au moye7i ge, par Gaston Paris, membre de l'Institut, 1892; extrait du Journal des savanls.)
LES FEUX DE
L.\
SIST-.TE\N (suite)
121
Ce que
l'on appelle
maintenant
la religioji
chrtienne
'
naissance du genre humain jusqu'au temps o Jsus-Christ s'est incarn, poque partir de laquelle la vraie religion qui
existait dj
commena
Quousque
unde vera
religio^
quae
jam
\.
Relirjio
chvisUana.
p. 3.
2.
LEON
des survivances les plus anciennes, pr-romaines et pr-druidiques, sont les superstitions relatives aux herbes
Au nombre
la.
de
Saint Jean, qui dans l'antiquit faisaient pendant aux superstitions relatives la vertu des pierres et avaient vrai-
semblablement la
dens.
Il
mme orig-ine
les traits de
est naturel
la plupart des
qu'on y ait t plus fidle. La vertu de herbes solsticiales n'est pas, comme celle des
'
pierres,
relle.
La mde-
cine en constate tous les jours les heureux effets. Les pratiques recommandes pour en faire la cueillette relvent seules
de la mag-ie. Ces herbes, dans l'antiquit, comme au moyen ge et jusqu'au commencement de ce sicle, taient vendues durant les
ftes
du
comme nous
l'avons
dit,
n'taient
pas seulement des ftes religieuses, mais des assembles, c'est-dire de grandes runions, des foires o les commerants affluaient de toutes parts. S'y rendaient
galement
les devins,
tourbe de mdecins
druidisme^ On y faisait provision de remdes pour l'anne. C'est l un trait de physionomie del vie antique qu'il nous est facile de faire revivre par la pense.
qui dshonoraient
le
La
foire de
ce caractre
1.
2 3
Qui sont au solstice d't dans leur plus grand panouissement, XXX, 4 hoc geniis vatum medicorumque Encore bien plus la grande foire de Nijni-Novgorod en Russie.
Plioe,
:
.
123
Parmi
de
fait
vertus pharmaceutiques. Pline en fait mention, comme l'avait avant lui Dioscoride que l'on croit avoir t le matre de
saint Luc. La tradition remontait jusqu' Orphe. Les druides avaient recueilli cet hritage sans le dgager de l'alliage des superstitions magiques. Le druidisme tait, en effet, infest de
magie. Le tmoignage de Pline ne laisse aucun doute cet gard. GalUas utique possedit [ars ?nagica] et qindem ad nos-
Tiberii
Caesoris pinncipatris
siis-
druidas eo)mm et hoc genus vatutn medicorumque \ Plusieurs de ces superstitions magiques ont persist chez
sicle,
faits par l'Eglise pour les dtruire. Il encore des traces dans nos campagnes. En tout cas, ces pratiques taient encore trs populaires au commencement du
xvni sicle.
Quelques-uns, crit Tliiers*, pour se garantir des malfices, ou des cliarmes, vont cueillir certaines plantes de grand matin, jeun, sans avoir lav leurs mains, sans avoir pri Dieu, sans parler personne, sans saluer personne en chemin, et les mettent ensuite sur la personne malficie ou ensorcele Ils portent sur eux une racine de chicore, quils ont touche genoux avec de l'or et de l'argent le jour de la nativit de saint
Macchabe
'.
En
1808, cent ans aprs, Millin* retrouve ces superstitions le midi de la France.
1. Les Gaules ont t aussi possdes par la magie et mme jusqu' notre temps; car c'est l'empereur Tibre qui a supprim leurs druides et cette tourbe de prophtes et de mdecins qui s'y rencontrent. (Trad. Littr. t. II, p. 324.) Nous commenterons plus loin ce texte. Ce sont les sacritces humains et certaines pratiques sacrilges et non les druides que visaient les dcrets
des empereurs, aiusi que Frret l'avait dj reconnu. 2. J.-B. Thiers, Trail des superstitions suivant L'criture, Paris, 170. 3. Nous n'avons pu dcouvrir ce que Thiers entendait par l.
4. Millin,
Voyage dans
les
dpartements du Midi,
t.
IIl,
p. 345 et suiv.
1-4
la place
les
de Noailles
la
gens de
cam-
dix fieures tout y est couvert d'une quantit considrable de fleurs el d'herbes aromatiques. Le peuple attache ces
pagne y affluent
et
cueillies, ce
plantes des vertus superstitieuses el se persuade que si elles ont t jour mme, avant le lever du soleil, elles sont propres gurir
beaucoup de maux. Ou s'empresse, l'envi, d'en acheter pour en des prsents et pour en remplir sa maison.
faire
de nos auditeurs, natif du Perche, nous affirme qu'autour de lui ces usages existent encore
:
Un
La veille de la Saint-Jean, avant le coucher du soleil, les paysans du Perche continuent cueillir l'herbe dite herbe de la Saint-Jean. C'est une herbe tranante, trs aromatique, qui a de petites fleurs d'un bleu
<v
violet. On y ajoute d'autres fleurs galement aromatiques On en fait des croix, des couronnes que l'on suspend au-dessus des portes des habitations et des tables. On les vend comme le buis du dmianche des Ra-
meaux. On garde ces couronnes sches d'anne en anne. Si un animal meurt, une vache par exemple, aprs avoir nettoy l'table avec soin on entasse au milieu toutes ces herbes sches auxquelles le temps ne semble pas faire perdre leurs vertus. On y met le feu; on ferme hermtiquement l'table, afin que la fume pntre dans tous les interstices. On est
persuad que
l'on
a chass
les
germes de
la
maladie'.
l'instinct
la
de la dcouverte de
monte
bufs
en re-
la
maladie des
et des porcs,
druides
[les
gnaient qu'il faut, aprs avoir cueilli avec des crmonies particulires
afin
le
samole,
le
jeler dans
que
les
animaux puissent
la
l'avaler.
sistaient cueillir
plante de la
main gauche
jeim\
Ce ren?ei;Tnei-nent est le seul que nous ayons obtenu de nos auditeurs. pratiques ont probablement beaucoup plus disparu que celles des feux de la Saint-Jean 2. Pline, H. N., XXIV, 63, t.
1.
Ces
3.
Pline leur
donne ce
titre
plusieurs reprises.
195
que dans l'auge, o on la broie '. Quelles taient en dfinitive ces herbes de
Il
la
Saint-Jean?
avec
les
pays, c'est--dire
avec
indications des observances imposes par la tradition. Elles sont au nombre de dix, savoir
:
L'armoise
Le lycopode
L'orchis,
Anthmis;
Arlemisia;
La camomille
L'armoise; Le chiendent
repense);
;
Glechoma hederica
Le lycopode.
L'orchis;
La
dit Pline
verveine.
et
Que nous
Anthmis
qu'en pen-
XXII, 26)
L'anlhmis a t trs clbre par Asclpiade... On la recueille au et on la garde pour en faire des couronnes. Dans la mme saison les mdecins pilent les feuilles et en font des tablettes; mme
printemps
1.
'(
lidein [druidae]
banc
(liv.
sinistra
manu
samolum herbam nooiinavere nascentem ia humidis et morbos suum bouiuque, nec respi-
XXIV,
de
la
quam cauali depoaere ibique coaterere paturis Le sauiole, Samolus Valerandi (Linne), crot dans les marcs fort de Saiut-Germain.
63, 1).
2.
ce qu'eu
peuseutuos paysans.
126
prparation pour les fleurs et la racine. Toutes les parties de la plante mlanges se donnent la dose d'une drachme contre les morsures de
toutes les espces de serpents
;
morts;
elle est
emmnagogue;
en boisson, cette plante expulse les ftus elle est diurtique et chasse les calculs.
l'ee-
On
gilops.
Mche,
humides.
toutes ces
ne l'emploie qu'en tisane, contre les faiblesses d'estomac. On l'emploie aussi quelquefois avec succs contre
de savoir,
si
On
la
la
Artemisia (Pline,
Des femmes
XXV,
36)
mme
nom
des plantes.
Ainsi Artmise,
femme
de Mausole, adopta
la
que cette plante a t appele ainsi du nom de la desse ArlinisIUithye,allenda qu'elle est employe particulirement pour les maladies des femmes. Elle jette beaucoup de rejetons comme
l'absinthe;
mais
elle
Pline n'entre pas dans plus de dtails, se rservant de reparler des vertus de cette plante propos de ses varits,
qui sont au
nombre de prs de
^ l'estragon
il
soixante,
comprenant entre
autres, l'absinthe
et la citronnelle.
il
A l'article Absinthe
dit qu'
. .
Il
l'usage de celte plante, l'une des plus aises trouver, et l'une des plus utiles et qui est employe dans les crmonies religieuses
fait
du peuple romain. En
effet,
dans
il
se
des courses de quadriges au pied du Capitole et on donne au vainqueur de l'absinthe boire, nos anctres ayant jug
que
l'honorer que de lui donner la sant Labsinlhe fortifie l'estomac, aussi fait-on du vin d'absinthe ^ On
c'tait assez
I
1.
Pline,
XXVII,
28.
XIV, 19, 7. Il y est dit que Caton faisait du vin d'absinihe en plantant des absinthes au pied des vignes. Le raisin prenait le got de l'ab2.
Voir
liv.
sinthe.
LES IERDES DE
LA.
SAINT-JEAN
127
en donne boire
:
la
pare branches, dans trois setiers d'eau de pluie et on laisse refroidir cette dcoction l'air pendant un jour et une nuit. Il
faut y ajouter
on
fciit
bouillir six
du
sel.
est trs
ancien'.
faut suivre les instructions de Pline. L'absinthe, prpare autrement, fait mal l'estomac et la tte, au lieu que
il
Mais
la dcoction qu'il
amollit
ventre, le gurit
s'il
douloureux, chasse
les flaluosits,
les vers
le se/2,
d'estomac et
avec
nard celtique
et
un peu de vinaigre.
got, elle aide la digestion. Pline lui reconnat encore bien d'autres proprits du mme genre*. Il est aussi une absinthe marine, artemisia maritima^^
par quelques-uns seriphium. Les initis aux mystres en portent un rameau la main. Le voyageur qui 'porte de l'armoise et de la sauge sur lui ne ressent point, dit-on, de
d'fsis
nomme
lassitude.
On
la
main dans
les
sauge
de l'armoise
fatigue.
'<
Quelques
personnes, crit
comme Grimm *,
en Allemagne, prservateurs de la
se font des cein-
Jean.
Un proverbe superstitieux enseigne que quiconque porte sur soi de Yarmoise et de la sauge ne sent pas la fatigue en
voyage.
Pline,
il
C'est exactement
la
1. Tous ces remdes taient de tradition et se cotnuiLiaiquaieat de guratlou eu guratioa depuis une trs haute antiquit. 2. L'numratiou des bienfaits de l'absinthe se coutinae pendant toute une page. C'est un boniment de charlatan que Pline extrait des livres de mdecine grecs ou plutt alexandrins qui n'taient qu'une reproduction de livres
plus anciens.
3.
4.
Grimm, Deutsche
Mi/thol., p. 584.
lie
de vertus
l'ar-
lui
Il
dcrit la varit quaLinne et Littr de Triticum par repense (chiendent). On attribuait dans l'antiquit de trs nombreuses vertus.
n'y a point d'herbe plus agrable aux btes de
somme
soil
vg:'le,
en foin, pourvu qu'on la mouille un peu. On dit que sur le Parnasse on en exprime le suc qui est trs abondant et doux. Ailleurs,
soit sctie et
dfaut de ce suc,
l'herbe,
on emploie
la
mme
pile,
la dcoction on ajoute du vin et du miel; quelques-uns y font entrer encore un tiers d'encens, de poivre et de myrrhe. On la fait cuire de nouveau dans un vase d'airain pour les maux de dents et les fluxions
des yeux. La racine bouillie dans du vin gurit les tranches, la dysurie et les ulcres de la vessie; elle brise les calculs. t>a graine est plus diurtique;
elle
particulier aux
Tout cela
est bien de la
mdecine de charlatans. La
suite le
les
faite
1. Nous n'avons point de renseignements gur l'usage que l'on en France, la campagne.
fait,
eu
2. Pline,
3. 4.
.").
XXIV,
les
118.
Draconum morsibua.
Toujours
Il
mmes
remde.
129
:
Le Dictionnaire des
scie?ices
s'exprime ainsi
Les racines
de ce gramen sont blanchtres, douces, nutritives au point de servir d'alimentation. Leurs proprits mdicinales sont apritives, diurtiques,
11
Pline. A-t-on y a loin de l Il faut le croire, vertus nos foi ces dans campagnes? plus de puisque le gramen fait partie des herbes de la Saint-Jean. Il
serait
bon de
Glechoma hederica^ lierre terrestre (Pline, XVI,62-XXIV, 49) Les Grecs nomment cliaincissos un lierre qui rampe terre sans s'lever; bro3^ dans du vin, la dose d'un acla*
:
bule,
il
est
bon pour
la raie;
les
feuilles
avec de
la
graisse
s'emploient pour les brlures. Pline se borne* ces indications parce qu'il a dj consacr^ un long- chapitre au lierre en g-nral dont il compte
jusqu' vingt espces. Le chamsecissos en est une varit. Aucune prcaution n'est prescrite pour le cueillir; je trouve seu-
lement
faite
comme
une couronne
cphalalg-ie .
Le Dictionnaire des
sciences,
au mot
apprend que cette plante, doue de qualits pectorales, est souvent prescrite comme expectorante contre les catharres
pulmonaires.
Hypericum perforatiim, mille -perluis ou chasse -diable c La (Pline, XXVI, 53, 54) graine en est astringente; elle
:
resserre le ventre; elle est diurtique. On la prend avec du vin pour les maux de vessie. Prise dans du vin, elle gurit
\! hypericum
en
effet,
unedesherbesdelaSaint-Jeanlesphisrecherches.
1. 2.
XXXIV,
49.
3.
4.
130
mifuges. L'huile d'olives dans laquelle on a mis infuser des sommits fleuries de mille-pertuis est, dit-on, efficace dans
les
le
nom
d'huile liypericum.
noms
tonnerre
et les esprits
malfaisants, aussi la cueille-l-on dans une grande crmonie qui a lieu la Saint-Jean.
happa
XXIV, H6):
de philanthropos une herbe velue qui s'attache aux vtements*. Une couronne de celte plante mise sur la tte calme la cphalalgie. Celle qu'on appelle lappa canaria % pile avec le plantin et le mille-feuille dans du vin, gurit les carcinomes^ Il faut renouveler ce to.
nom
pique tous les trois jours; elle gurit aussi les porcs, tire de terre sans entremise du fer et jete dans la lavure qu'on leur fait boire ou donne avec du lait et du vin. Quelques-uns
ajoutent qu'il faut, en l'arrachant, prononcer ces paroles Oest herbe argemon^ remde trouv par Minerve pour les porcs qui en mangent.
:
ce
La bardane
est
rhumatismes,
et contre certaines
maladies de
la
peau comme
superstitions
modernes qui
s'y
Selago, le lycopode (Pline, XXIV, 62, 63) A in. Sabine ou brathy\ comme l'appellent les Grecs, res:
semble
la plante
appele selago.'
On
du fer j avec
la
main
par l ouverture
1.
Cf. liv.
XXt, 64.
2. Cf. liv. 3. 4.
XXVI, 6S*
AlfectioQS cancreuses.
Le samole
5.
n'est plus d'aucun usage en pharmacie. Espce de genvrier. Je ne connais pas son ideatification exacte.
131
gauche de
bien lavs
vin.
lois
la
tunique, comme si on voulait faire un larcin ; il d'un vtement blanc, avoir les pieds nus et
On
avoir pralablement sacrifi avec du pain et du l'emporte dans une serviette neuve. Les druides gau-
ont prtendu qu'il faut toujours l'avoir sur soi contre les accidents et que la fume en est utile pour toutes les maladies des yeux'.
Dictionnaire des sciences
:
On
a attribu autrefois la
plante appele lycopode des proprits diurtiques et antidysentriques. Elle tait aussi prconise contre la plique^ maladie des cheveux. Aujourd'hui la poudre qui se trouve
dans
la
capsule et qui se
les
nomme
La poudre de lycopode
sert aussi
saupoudrer
Le Dictionnaire
des superstitions rappeles par Pline. Le Trait des supo'stitions de Jean-Baptiste Thiers nous apprend qu'elles taient
XXVI,
62)
Il y peu de plantes aussi merveilleuses que Torchis, herbe feuilles de poireau, tige haute d'une palme, fleurs pourpre, racine forme de deux tubercules qui ressemblent
aux
dans de l'eau, excite l'amour le plus petit ou le plus mou, Les pris dans du lait de chvre, rprime les dsirs amoureux... racines de cette plante gurissent les ulcres de la bouche
;
de la poitrine et
Le Dictionnaire
nales de Torchis.
est vident
que
les qualits
que
lui
pr-
1. On doit voir par ce qui prcde que ces formules n'taient pas parliculiresaux druides de la Gaule, mais taient puises par eux un fond commua tout oriental. Druides chez Pline est identifi Mages. 2.
Au
132
tait la
LA.
ment
Sur
mdecine antique associe la magie tenait uniquela ressemblance des racines avec les parties viriles
la dernire
de certains animaux.
herbe de
la Saint-Jean, la verveine,
nous
XXV,
59)
Aucune plante
\
que Xhirabotane
pristros^
les
(herbe
latins
verbena
comme nous
l'avons dit% que portaient dans leurs mains les ambassadeurs envoys l'ennemi. C'est avec elles qu'on balaye la table de Jupiter:, qu'on fait les purifications et expiations pour les maisons. Il y en a deux espces... Quelques-uns
et
sont les
ploient l'une et l'autre pour tirer les sorts et prdire l'avenir ; mais les mages surtout dcbiteiit des folies sur cette plante^. Ils disent que si on s'en frotte on obtient ce qu'on veut, on chasse
les fivres,
on
vu ni de
le
la
Lune
?ii
du
donn en expiation
la Te?Te des
rayons
et
fer '\
l'arracher de la
du miel ; qiiil faut la circonscrire avec main gauche et l' lever en Vair^ puis
sparment,
si
racine.
Us ajoutent que
on asperge une
manger avec
les les
On
la
morsures de serpents
^.
2.
XXII,
3,
'<
Parmi
un s'app lait verbenaire. ehez les Latins, au del de la fondation de Rome. 3. On ne peut supposer que les mages et les Latins aient emprunt ces superstitions
4. 5.
Ici,
les ambassadeurs envoys l'ennemi pour pour redemander clairement les choses enleves, Ces usages, comme beaucoup d'autres, remontaient,
aux Gaulois.
le fer n'est
il
par exception,
instant
que
des serpents. Il faut vente de ces panaces ait commenc dans un pays o les pasteurs taient chaque instant, eux et leurs troupeaux, exposs ces dangers. Ce ne peut avoir t ni en Italie, ni eu Gaule.
la
A chaque
133
La verveine
les
tait clbre
el les
et
chez
tard,
les
la
composition des
une plante
tribu tant de proprits merveilleuses. Aussi fut-elle considre comme une sorte de panace universelle d'o lui vint
le
et pourtant son odeur vulgaire d'herbe tous maux amre et aspresque nulle, sa saveur assez fade, lgrement une manire aucune en vogue aussi tringente, 7ie justifient
nom
extraordinaire.
l'hydropisie, les
On l'a, tour tour, vante contre l'ictre', maux de gorge, la chlorose, les ulcres et une
em,
faute ploye dans les maladies des yeux. Dans les campagnes d'autres remdes, on fait quelquefois des cataplasmes drivadans les douleurs pleurtiques, en faisant bouillir les tifs
le
seul emploi
im peu
raison-
La verveine
la
est encore en grande rputation en Bretagne. Ces divers extraits contiennent intrinsquement lapreuve de trs haute antiquit de ces prjugs, ainsi que de leur ori-
gine
Si
commune.
nous n'avions
salutaires,
si
ment
vraiqu' des plantes ou des herbes la cueillette n'en avait pas t entoure
faire
jusqu'au
les prescriptions les plus bizarres, si je puis plus absurdes, on pourrait croire la polygnsie, auraient divers des de ces Les remdes. pays dire, pasteurs les propridiverses dates des isolment et dcouvrir en pu
moyen ge des
ts curatives.
Mais comment alors s'expliquer la croyance des qualits mdipersistante, en Italie lafois et en Gaule, des pratiques aussi folles qui ne peunales imaginaires*
1.
La jaunisse.
Les plantes
et les
2.
134
vent relever que de formules mag'iques, uvre de collges de prtres qui les auraient fixes k une poque oii toute science
se concentrait dans la magie.
La
un grand
rle chez
les
crmonies de
la cueillette des
il appaprit naissance. Pline laisse entrevoir ce rle, rat dans tous ses dtails propos de la cueillette du gui. Bien
herbes
Le mot
n'est
malheureu-
fort.
Le
grande mysticit', quand il s'agit des druides, serait le symbole de r immortalit communique l'me humaine. Il y faudrait voir la rvlation
du mystre suprme de
la
cratio?i.
le gui serait le et la unie au distincte du Crade crature Crateur symbole teur^ puisant perptuellement la vie dans le sein de l'tre ter-
qui le supporte. L'esprit mystique de la croyance des druides ne permet pas d'admettre que les vertus attribues au
nel
Il s'agit ici
de purification
M. Henri Gaidoz a
spirituel article,
t.
fait justice
paru dans
le
la/?eui<e de
II, p.
68-81. Je vous
recommande
La
cueillette
du gui
est, dit-il,
les croyances populaires de tous les peuples offrent de nombreux parallles. Le gui jouissait en Gen?ianie du mme prestige qu'en Gaule ; il ii appartenait donc pas en propre aux
que auquel
aux herbes de
la
relve point de la thologie druidique. Ce que nous dit Pline de la cueillette du gui ne mrite
Une
Il
nous montre
le
prtre gau-
avoir eu de relles dans les pays d'origine. Il se peut aussi qu'elles aieut dgnr. Ce serait une preuve de plus de l'anciennet de ces prescriptions.
1. 2.
t.
I.
135
le
reprsenter jouant un rle analogue dans d'autres crmonies. Ouvrons donc Pline et relisons la curieuse description
^
druide^ en action.
qu'il
nous
fait
de la crmonie*
Il ne faut pas oublier, propos du gui, l'admiration que les Gaulois ont pour cette plante. Aux yeux des druides (c'est ainsi qu'ils appellent leurs mages) rien n'est plus sacr que le gui et l'arbre qui le porte, si toutefois c'est un rouvre; le rouvre est dj par lui-mme l'arbre dont ils font les bois sacrs ils n'accomplissent aucune crmonie religieuse sans le feuillage de cet arbre, tel point qu'on peut supposer au nom de druide une tymologie grecque *. Tout gui venant sur le rouvre est regard comme envoy du ciel ils pensent que c'est un signe de l'lection que le dieu mme a faite de l'arbre. Le gui sur le rouvre est extrmement rare et, quand on en trouve, on le cueille avec un trs grand appareil reli;
;
il
commencement de
faut que ce soit le sixime jour de la lune, jour qui leurs mois, de leurs annes et de leurs sicles
qui durent trente ans; jour auquel l'astre, sans tre au milieu de son cours, est dj dans toute sa force. Ils l'appellent d'un nom qui signifie remde universel. Ayant prpar, selon les rites, sous l'arbre, des sacrifices et
un repas,
ils
font approcher
dont
les
Un
prtre vtu
Phne, H. iV., XXI, 95 (trad. Littr). M. H. Gaidoz fait remarquer avec beaucoup de justesse que Pline n'avait certainement pas assist lui-mme la crmonie qu'il dcrit si pompeusemeut, qu'il en parlait par ou-dire et que nous ne devons, par consquent accepter comme certain que le fond mme du rcit. Ce rcit n'en est pas moins trs instructif. Nous retoraboQS ici dans les prescriptions de la mdecine magique. Cette croyance la vertu du gui n'a pas compltement disparu. Dans certaines parties de la Bretagne, crivait M. Ltizel M. Gaidoz, on suspend encore une branche de gui au-dessus de la porte des curies et des tables pour protger les animaux. Le gui est galement encore employ comme simple, pour combattre les maux d'entrailles et l'pilepsie, pour faciUter les accouchements. Il figurait encore dans les pharmacopes du sicle
1. Cf.
2.
dernier; aujourd'hui
lois n'taieut
la
pharmacie n'eu
fait
plus usage
pas
les
seuls dans
l'antiquit
honorer
le gui.
Le gui, dit M. Gaidoz, devait aussi chez eux possder des vertus particulires, car c'est justement au gui que Virgile compare le rameau d'or qui doit servir de talisman son hros visitant les enfers
l'attention des Latins.
:
Quale solet silvis brumali frigore viscum Fronde vivere noua, quod non sua semiuat arbos El croceo foeiu tereles circumdare Lruncos,
Talis erat species, etc.
gnral,
commun
un grand
ApO; (chne).
136
reoit sur
de blanc monte sur l'arbre et coupe le gui avec une serpe d'or on le une saie blanche puis on immole les victimes eu priant que le dieu rende le don qu'il a fait propice ceux auxquels il l'accorde. On croit que le gui pris en boisson donne la fcondit tout animal strile rt
;
qu'il est
un remde contre
tous les
les
peuples
vieille
org^anisation laquelle prsidaient des collges de prtres qui avaient le privilg-e de ces receltes mdicales. Pline attribue
mme
ce privilge attribu
premire rputation de magiciens La magie est ne d'abord de la mdecine, personne nen doute natam primum e mede:
cina (magices)
nemo
dubitat
(Pline,
XXX,
1).
Ce qui
la Tartarie et
du Thibet nous
pu
tre
empar plus
tard.
Hue pour
guide*
Au
fin juillet, le
maserie'
la
(le
P.
la
une annexe de
cette
montagne) campagne) pour se livrer aux travaux d'herborisation. Les maisons disponibles en logrent autant qu'elles purent en contenir et le reste habita sous des lentes abrites par les grands arbres de la petite lamaserie. Tous les malins, aprs avoir rcit les prires communes, bu le th beurr, et mang de la farine d'orge, tous les tudiants en mdecine de
lalamaserie retroussaient leursrobesel se dispersaient sur lamontagne, sous la conduite des lamas qui leur servaient de professeurs. Ils taient
tous arms d'un bton ferr et d'une petite pioche, une bourse en cuir remplie de farine tait suspendue leur ceinture, quelques-uns portaient
Hue et son compagnon avaient reu l'hospitalit dans lamaserie, espce de maison de campagne situe dans commencrent arriver Tchogordan (c'est le nom de
sur
le
la facult
Avant
coucher du
soleil, les
1.
et
au
181.
Cette lamaserie, situe en plein dsert, comptait deux mille lamas vivant en communaut, divise eu classer. Une de ces classes tait ce qu'il appelle la facult de mdecine. Le P. Hue visita ensuite une autre lamaserie qui
2.
comptait quatre
initie
lamas.
137
d'normes fagots de branches, de racines et d'herbes de toutes espces. les voyant descendre pniblement la montagne, appuys sur leurs btons ferrs, on les et plutt pris pour des braconniers que pour des mdecins. Nous fmes souvent obligs d'escorter ceux qui ar-
En
apprentis
rivaient, spcialement chargs de plantes aromatiques car nos chameaux, attirs par l'odeur, se mettaient leur suite et auraient brout sans
;
destins au soulagement de l'humanit. scrupule ces simples prcieux Le reste de la journe tait employ tendre sur des nattes tous ces
produits du rgne
entiers.
La rcolte des mdecins dura huit jours cinq autres au triage et la classification des divers articles. Le quatorzime jour on en distribua une petite quantit chaque tudiant, la majeure partie demeurant la proprit de la favgtal.
On en consacra
Le quinzime jour fut un jour de fte. Il y eut un de th au lait, de farine d'orge, de petits gteaux compos grand fris au beurre et de quelques moutons bouillis. Ainsi se termina celte La facult reprit gament le chemin de la expdition botanico-mdicale.
cult de mdecine.
festin
grande lamaserie. Les drogues recueillies Tchogardan sont dposes la pharmacie elles ont t compltement dessches gnrale de la lamaserie. Quand la chaleur d'un feu modr, on les rduit en poudre puis on les divise par petites doses qu'on enveloppe proprement dans du papier rouge tiquet en caractres thibtains*. Les plerins qui se rendent la lamaserie achtent ces remdes un prix exorbitant *. Les artares monsans en emporter une bonne provisiont gols ue s'en retournent jamais^ car ils ont une confiance illimite dans les herbes de la lamaserie de Kounboum. Sur leurs montagnes et dans leurs prairies, ils trouveraien. bien les mmes plantes et les mmes racines, mais quelle diffrence avec celles qui naissent, croissent et mrissent dans le pays de Tsong-Kaba,
;
la patrie
du Bouddha
vivant.
Les mdecins Ibibtains sont empiriques. Ils assignent au corps humain quatre cent quarante maladies, ni plus, ni moins. Les livres que les lamas de Kounboum sont obligs d'tudier et d'apprendre par cur traitent de ces quatre cent quarante maladies. Ces livres sont un ramassis d'aphorismes plus ou moins obscurs et d'une foule de receltes particulires.
Quoique capables d'observations et tenant, en particulier, grand compte de l'tat des urines du malade qu'ils examinent avec grand soin, ils font entrer beaucoup de pratiques superstitieuses dans l'exercice de la
mdecine. Cependant, malgr tout ce charlatanisme qui tonne chez des hommes qui ne manquent pas d'instruction, il est certain qu'ils sont
1.
2.
la
mapour
giques que
videmment
faites
de centaines de lieues,
138
en possession d'un grand nombre de recettes prcieuses et il serait tmraire de penser que la science n'a rien apprendre des lamas.
Mdie, patrie des mages, ont pass par l'intermdiaire d'Orphe d'un ct, des druides ou des communauts analogues de l'autre, chez les tribus tablies en
Occident.
Le
P.
Hue donne
et trs instructifs
pour nous de leur charlatanisme. Les lamaseries sont une fondation bouddhiste, une raction
contre les cultes moins spiritualistes du chamanisme. Mais les lamas, les docleurs-lamas, n'ont point repouss les vieilles
Ils acceptent la doctrine qui veut que superstitions tartares. toute maladie soit cause par la prsence d'un diable, d'un
L'administration
des simples qu'ils donnent en pilules qui sont des spcisouvent actifs sont destins, suivant eux, prparer
fiques faut atteindre par d'autres procds l'expulsion du diable qu'il dont ils ont seuls les formules.
lama ordonne des prires conformes la qualit du diable qu'il faut dloger. Si le malade est ricbe, s'il est le lama dclare que le diable dont la possesseur de nombreux troupeaux, la maladie est un diable puissant et terrible. Comme natre a fait prsence diail n'est pas dcent qu'un grand tcliugour voyage comme un petit un beau beaux de lui doit on habits, son expulsion, blotin prparer
Aprs
le
traitement mdical,
le
aprs un jeune et vigoureux chechapeau, une belle paire de bottes et surtout val. S'il n'a pas tout cela, il est certain que le tchugour ne s'en ira pas... le diable est telleIl peut arriver qu'un cheval ne suffise pas, car parfois trane sa suite un grand nombre de serviment lev en
dignit qu'il courtisans. Alors
le
le lama exige moins ou richesse de la grande du est illimit. Cela dpend toujours plus
teurs et de
malade.
Le
P.
Hue
Il
en raconte
une des plus singulires. plusieurs. J'ai cit, p. 93, nous reportent certainesorcelleries ces Ces crmonies,
plus de trois mille ans avant notre re. Pntrons-nous donc de plus en plus de cette vrit que le
1.
Hue, op.
laiid.,
t.
I,
p. 109.
139
monde
autres,
hommes
la
que nous sommes bien jeunes, nous de l'Ouest, ns bien tard la civilisation et
que dans
comme
de nos faiblesses
sociales, de nos prjug-s religieux, il faut toujours tenir grand compte de ce que nous devons Thritage du pass, de ce qui est en nous titre d'atavisme. Nous pouvons n'accepter ce
pass que sous bnfice d'inventaire, nous ne pouvons ni en nier l'existence, ni mconnatre de quel poids il pse sur nous.
De
les faibles,
beaucoup aujourd'hui de l'irresponsabilit en criminalit. Beaucoup de ceux qui sont encore hants des vieilles
parle
On
XP LEON
LE SWASTIKA OU CROIX GAMME
l'ensemble des Iradilions et superstitions relatives au culte du feu et du soleil, chez les Gaulois, se rattache un signe
solaire dont la destine a t des plus brillantes et qui montre,
les pratiques dont nous avons dj parl, nous voulons parler de la ci'oix des survivances', puissance gamme ou swastika* dont nous pouvons suivre l'histoire
la
signe hiratique on prophylactique du xv sicle environ avant notre re jusqu' nos jours, puisque, aujourd'hui,
il
comme
le
Thibet
et le
Japon,
longue priode qui ne peut tre value moins de 3500 ans, le stvastika ou croix gamme* se montre avec une persistance de formes des plus remarquables, des plus si-
Durant
cette
gnificatives,
dans
la
des anciens.
Le tableau que nous mettons sous vos yeux' renferme les diverses varits de ce signe sacr. Nous y avons joint un certain nombre d'autres signes solaires dont nous aurons
parler plus tard.
Sur
en Asie Mineure, en Grce et dans les les hellniques, Chypre, Rhodes, en Italie, en Gaule, en Angleterre, en Ir1. 2.
3.
Swastika est
Notre
pi. Vli^
le
nom
gamma se
croisant.
PI.
V.
5-^mcf<J
cViinU^
J v9vX^r3Ca.V!V; ^lv*tJ
r.-.5r.:..:,jrT,Li
+ ^
ffi
^
S
gu
^
iJ^
^'!
71
+;^;'^^
5>s,C4.*
PEBa aaai
U3
=^^'-^
Le Swastika.
141
jusqu'au Thibet et au Japon, nous retrouvons ce signe y jouant encore ou y ayant jou un rle symbovie, el
dans l'Inde
lique important.
Le swastika, nous
crit,
lui
nom
sans-
ce symbole soit d'origine indoue, n'a assurment pas eu partout la mme valeur, n'a pas jou partout le mme rle.
advenu de la croix chrtienne, nous le retrouvons quelquefois avec le caractre de simple amulette, ne relevant d'aucun culte particulier, appartenant plutt l'arsenal
il
Gomme
est
mme
il
descend au rang
oubli
l'on
veut en dterminer
Les gnrali-
poques
les
monuments.
Depuis une vingtaine d'annes ce signe a t l'objet de nombreux travaux, dont quelques-uns sont considrables et
manent
Un
trs
grand
nombre de monuments
recueillis et publis.
de
faits les
concernant ont t
traduit
daos le Journal asiatique, t. IV (1829), Description du Tuhel (sic) du chinois par le P. Hyacinthe, traductioa revue par Klaprotb, p. 243 Les femmes et les filles des environs de Lha-Saa ont ordinairement un
1.
Je
lis
petit
bonnet de velours de
tines, des
pho
laine rouge ou vert pointu par le haut; des botjupes d'lamine noire ou rouge ornes du signe rh et appel dhoungLa description est Je 1791.
142
LuDWiG MiiLLER, V emploi et la signification dans laiitiun rsum en franais, quit du signe dit croix gamme, avec
(iOpenhague, 1877'.
croix occups de la question de la Il a mmoire. gamme ont largement puis dans ce savant servi de base tous les autres. Il nous servira de guide.
se sont
2"
the Fylfot^
and swastika
esq.,
vol. (2 partie) de
Travail galement original. 2 planches. A dfaut de ces deux uvres capitales vous trouverez un
292-326,
bon rsum des opinions diverses mises presque jusqu' ce en 1889 par M. le jour dans une brochure publie Bruxelles
comte Goblet d'Alviella, professeur d'histoire des religions
l'Universit de Bruxelles, sous le litre de
:
La
croix
gamme
ou swastika, tude de stjmbolique compare, avec de nombreuses figures intercales dans le texte ^.
ce
problme
au
un
article relatif
mme sujet, publie en 1888 par l'illustre commandeur de Rossi, le savant et heureux explorateur des catacombes*; et enfin, l'article Croix du Dictionnaire des antiquits chrtiennes de l'abb Martigny, dit. de 1877, p. 214.
Gaule, car, si le swastika n'y avait t qu'un motif banal d'ornementapas pntr ou n'y avait nous n'aurions pas tion, comme la grecque, par exemple, nous en occuper.
Parlons d'abord de
la
1.
En
danois
Oltiden
115 p., avec 56 bois dans le texte. 2. Nom de la croix gamme chez les Anglo-Saxons.
3.
mme
4.
brochure a t reproduite dans La migration des symboles, du auteur (Paris, chez Ernest Leroux, 1891). Commandeur de Rossi, dans Bulletin d'archologie chrtienne, 1888,
Celte
^.T
143
peut affirmer, toutefois, qu'il y Vif les diverses modifications du signe) ds le viii^ sinon ds le x^ sicle avant noire re, puisque des
sieurs formes (voir pi.
On
tait dj
matrices de swaslika, ainsi que des swastika imprims sur des fragments de vases d'argile ont t dcouverts dans la
couche archologique de l'une des stations lacustres du lac du Bourget (Savoie) *, appartenant au premier ge du fer ou la fin de l'ge du bronze ^
Fig. 6
Matrices pour empreiutes de swaslika et de cercles dcouvertes dans les stations lacustres de la Savoie.
Des matrices
mmes
tres de
des dbris de vases analogues portant les signes dcouverts, les uns, dans les tourbires lacuset
Laybach %
les autres,
en Hongrie dans
le
cimetire
prhistorique de Pilhi*, permettent de supposer que les superstitions relatives au swastika s'tendaient toutes les tribus
celtiques des contres des lacs avoisinant le
Danube,
qui, dans
1.
Collection
L'ge
2. 3.
et Ernest Chantre,
Gaulois.
et Le catalogue de l'exposition prhistorique des Muses de 4. province et des collections particulires de la Hongrie, par le D^ Joseph HamNota. Le n 102 reprsente 120, vitrine 2i, n" 87, 88, 89, 91. pel, 186, p
le
signe de
l'S,
144
le
LA.
traverses par le navire Ai^go. Les Argonautes ayant pris une des branches de l'Eridan^, se trouvrent au milieu des lacs dont le pays des
Celtes est couvert.
autre preuve de la dvotion que les tribus occupant ces contres avaient alors pour ce sig-ne hiratique
page 90 le volume que nous avons publi de concert avec M. Salomon Reinachs. Vous y remarquerez une srie de plaques de ceinture en feuilles de bronze, sur lesquelles sont imprimes au repouss, ct d'au la
tres
ou prophylactique; ouvrez
ornements
du swastika
partie intgrante du costume de ces tribus. Nous les retrouvons Sigmaringen", dans la fort de Hagnenau* et dans les
spultures des environs d'Alaise^ (Doubs). Les tombes de Hallstalt, au sud de Salzbourg, en avaient dj prsent de beaux spcimens^ Des cartes archologiques dresses par nos
soins', d'aprs les
le
Muse poss'taient
Nous retrouvons
du
et
Cantal, du Lot, du Tarn, du Gers, des Landes, des Hautes Basses-Pyrnes et de la Haute-Garonne ".
Nous avons conjectur que ces tribus pastorales, qui remontaient le Danube, avaient primitivement camp dans les
1.
2. 3.
4.
5.
6.
La branche qui passait pour communiquer avec le Rhne. Les Celtes dans la valle du Danube et du P. Analogues aux ceintures actuelles des Tyroliens. Mes carnets et L. Lindenschmit. Collection Nessel Haguenau et le meuble volets n 11 de
Salle VI, vitrine centrale.
la salle
VI
du Muse.
7.
Baron von Sacken, Grabfeld von du Muse, salle VI, u" 25.
8. 9.
meuble
volets
10.
Ces cartes ont t dposes la bibliothque du Muse. Voir au Muse les belles fouilles du gnral Edgar Pothier, salle VI,
I.
vitrine
>
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14
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"H.
O
a.
3
a)
145
du grand
fleuve'. Presses
par
les
lentement gagn
Pyrnes o elles trouvaient des valles et pturages analogues ceux qu'elles avaient abandonns. Ce sjour de nos pasteurs celtes dans les Pyrnes succdant leur premier
habitat dans les Alpes
ponrr;iit expliquer l'erreur
d'Hro-
sources do
V hier
(le
Danube) au mont
Pyrne
dans
les
deux stations
migrants. remarquable que, dans ces mmes valles pyrnennes, nous reirouvions, longtemps
N'est-il pas
l'esprit des
aprs* il est vrai, le swastika dans toute sa puret, non plus sur des poteries d'u-
sage vulgaire ou sur des ceintures o il revt surtout le caractre de signe prophylactique, mais sur de petits cippes ou
autels anpigraphes, o
il
est manifeste-
ment un symbole
divin
"
(lig.
7\ Nos autels
laquelle
que nous
le
verrons,
la
croix
gamme
ou
Fig. 7.
swastika est un signe originairement solaire, mais parce que les cippes au swastika
se trouvent
associs un
nombre
relativement considrable d'autels ddis un Apollon ou un Hlios sous le nom d'Abellio^ Julien Sacaze, dans ses
1.
les valles
du Danube
et
2.
3. 4. 5.
Les Helvtes appartenaient un autre groupe, Hrod., liv. II, 33; IV, 49.
du P, p. 8. le groupe kimrique.
Muse,
salle
de Mythologie,
les Cretois,
une
Crelensibus
10
146
Inscriptions
dieux ptjrnens ne compte pas moins de huit cippes ddis au dieu Abellio ou Abelio, ABELIONNI DEO' (fig". 8). Le swastika n'tait pourtant pas exanciens
,
le
trouvons au-deset
Fig.
8.
*.
Autel pyraea.
Fig.
9.
Autel pyrnen.
Mino'vae
signification du symbole devait avoir quelque chose de vague; sur d'autres cippes le swastika est surmont
La
d'une palme (fig. 9} rappelant probablement le culte d'une Artmis. Toutefois le rapport du signe avec les dieux de la lumire
domine. Outre Abellio, il existait, crit J. Sacaze, dans la valle de Larboust, une divinit locale appele //z7/o/i qui joue
1.
2.
Moulage au Muse,
Nos 18, 19, 32, 34, 52, 59, 60 et Ci. salle XXI, u 21717.
147
encore un rle dans les lgendes du pays, comme dieu solaire et dieu musical *. Ailleurs Abellio tait la divinit pyrnenne dont taire d' adoration (qui est dans ces valles la mme que
celle
ler
du swastika) avait le plus d'tendue . Il est bon de rappeque la divinit ou les divinits que les Romains identifiaient
avec leur Apollon taient parmi les plus populaires en Gaule, comme le prouve le nombre des pithtes celtiques accoles
au
d'Apollon, pithtes qui, sans doute aucun, sont autant de dsignations de cultes locaux. Nous en connaissons dix*
:
nom
gounus, SihhtLUG ,
comme
Vero tutus. Quelques-uns de ces cultes, ceux de Borvo et de Grannus, se retrouvent dans plu-
Le nombre de
tiquits nationales ne possde malheureusement aucun original. 11 a d se contenter de moulages, dont six sont exposs
n^
Les originaux de ces moulages appartiennent la collection du Muse de Toulouse qui^ depuis que les moulages ont t
excuts, s'est beaucoup enrichie. Voici ce que m'crivait en 1873 le distingu conservateur du Muse de Toulouse, M. Ro-
schach
Les
monuments anpigraphes du Muse de Toulouse qui portent la croix gamme ont t acquis depuis mon catalogue % ce qui explique le manque de renseignements dont vous vous plaignez. Malheureusement,
avant d'appartenir M. Barry, de qui j'en ai obtenu la cession, ils faisaient partie d'une collection prive, celle du colonel Dupuy, mort depuis longtemps, qui avait nglig de noter les provenances. Il
rsulte, cepen-
dant, des renseignements oraux recueillis par M. Barry que les raonu1.
J.
2.
Alfred Maury, Revue archoL, 2= srie, I, 58. nous avait oblig de nous adresser directement au conservateur.
3. Cf.
4.
148
LA.
menls avaient
t dcouverts
dans
la
la valle
dans
celle
de
Neste, en
soit
le
dans
massif
de montagnes enchevtres qui sparent les sources de la Garonne de celles de l'Adour. Le signe qui vous intresse occupe surtout le socle des autels. Les cultes locaux les plus frquents dans la contre sont ceux
de Jupiter. le baron d'Agos Tibiran, prs Saint-Bertrand-deune nombreuse collection d'autels provenant des possde Comminges,
cVAbeUo
et
J'apprends que
mmes
localits. Plusieurs
la croix
gamme.
Ces renseignements taient parfaitement exacts, comme on n'en pouvait douter, venant d'un archologue aussi qualifi en assurer depuis de que M. Roschach. Nous avons pu nous n'tait visu. Mais cette collectiou prive pas la seule qui existt Dans une de nos excursions pyrnennes nous dans le
pays.
corBag-nres-de-Bigorre^ chez le pasleur Frossard, la Socit des Antiquaires de France, qui les do respondant avait recueillis lui-mme Monsri dans la valle de la
2
A A
Neste.
3
Bagnres-de-Luchon, chez M. le D-- Gourdan. Chez le regrett J. Sacaze, Saint-Gaudens*. Concluons l'existence, dans la Gaule mridionale, an4 la
conversion des Gaulois au christianisme, de pratiques se rattachant au culte du soleil et du feu dont nos autels comme nos plaques de ceinturon portent tmoitrieurement
les
Pyrnes ne sont
de ce culte. D'autres pas les seuls qui rappellent l'existence la de Mditerrane. les bords sur monuments existent
lieu dit Transportons-nous dans les Bouches-du Rhne, au une sur Velaux^ Pertitse Lrf BocheL, esplanade qui paprs rat avoir t une enceinte sacre, laquelle on pntre par une
:
pour
le
1.
de Bagiires-de-Luchoa o
chef.
2.
Celte collectiou iiuportaute a t donne par M'ik^ Vve J. Sacaze au Muse la famille s'est trausporte depuis la mort de sou
Canton de Berre. Uu
oraloii-e a t lev
140
Iioc/ic-Perli/se),s']e\a\Qn{, autrefois, deux statues, aujourd'hui mutiles, devenues la proprit de M. J. Gilles* (fig-. 10). La prsence de l'une d'ellestait dj signale en 1824% sans que per-
de la niettre
sonne, pendant prs de soixante dix ans, se soit donn la [leine l'abri. La dcouverte de In seconde (1873), en-
Fio:.
ramena
M. Gilles
qui en a
Les deux statues sont en calcaire coquillier d'un grain trs fin et blanc provenant des carrires situes entre Cnlessane et Condoux, commune la plus rapproche de Vlaux. Les statues sont assises sur levrs
jambes la manire des divinits de l'Fpypte et de Tlnde. Klies ont dans cette position une hauteur de 0",98, ce qui leur donnerait,
1. J. Gilles,
Slalislique du dpar/emenl des Boi/ches-du-B/ine, t. II. p. 889. La description de la stalue que la Sfatisiiqve dit perdue esllout A fait etrnrice.
2. 3.
150
tant debout, une taille de 1,75. Les ttes manquent mais il est facile de reconnatre que, si elles avaient eu les cheveux longs, il en resterait
les paules; elles devaient avoir la tte rase. Le torse est long, fluet et arrondi. Elles ont les bras et les jambes nus le bras droit inclin en avant, la main appuye sur la cuisse, tandis que le bras gauche porte la main sur la poitrine en signe de prire '.
,
Leur costume se compose d'une tunique faite d'toffe grands carreaux peints en rouge, serre, en justaucorps, jusqu' la ceinture, tandis que la partie infrieure formant jupe, borde d'une frange en torsades tombe en plis troits et rguliers couverts de petits carrelages peints de mme couleur et descend jusqu'au milieu des cuisses. La poitrine est couverte d'un pectoral superpos la tunique. Ce pectoral est orn de
grecques
que ou le
ces sculptures
de quadrillages sculpts en relief; ce qui paratrait indiquer dans l'original taient faites au repouss sur le fer bronze.
et
Ce que M. J. Gilles appelle ^^ grecques et des quadrillages sont une des plus anciennes formes de swastika. M. Gilles oublie galement qu'au-dessous de ces signes sont suspendus
des croix branches gales rappelant la croix que portaient sur la poitrine les rois d'Assyrie des ix* et x" sicles avant J.-C.
et qui n'est
1.
(fig.
11 et 12).
Flouest
p. 343.
Voir la bibliothque du Muse, les dessins et estampages de M. Ed. et la reproduction de l'un d'eux Revue archoL (2 srie), juin 1880,
:
Gilles u'a
pas permis
moulage.
151
La grande importance
;
pera personne haute antiquit; leur rection peut dater d'une poque voisine de la conqute de la Narbonnaise par les Romains mais elles
;
oii
M.
comme
sur l'oppidum d'Entremonts prs d'Aix. Ce lieu devait tre un lieu depuis long-temps consacr, les statues s'tre
substitues
un
Il
pourrait y avoir l de
Ce que nous avons appel r^M*ie boudd/tique^ prie g-alement de graves rflexions. Il ne s'agit pas de relever la thse d'une prdication du bouddhisme de akia-Mouni en
R>^
m^^^
<x)^<^t^t:.:p''
3,j(.
v>-i.iiiiH*-V<<:*
bn-W<>Til^^
4\ <V( Ux-tvtr
ii<tt <x
avec
le
signe de la croix.
Fior.
12.
Gaule une poque antrieure au christianisme mais, sans aller si loin, ne peut-on pas supposer une infiltration jusqu'en
;
Gaule, quelque route que ces pratiques aient suivie, de certains lments des cultes qui, dans l'Inde, donnrent naissance
au bouddhisme du rformateur royal Piyadasi . Nous pourrions tre, encore ici, en prsence d'influences septentrionales,
continuation des influences touranienncs ouralo-altaques Ce point de sur lesquelles nous avons longuement insist.
1. 2.
(2 srie),
juin 1880.
152
vue, qui parat au premier abord bien bardi et presque tmraire, la suite de nos leons prouvera, je l'espre, qu'il s'ap-
De quelque
prouve.
Un
second monument,
la
pierre de Bobernie?'^
bien qu'anpig-rapbe, est peut-tre plus loquent en(pl. tX), core que les statues de 'V^laux. Cefrag'menl de pierre, dont le
dpos au Muse de Saint-Germain, salle de Mytholog-ie (salle XXI), sous le n" 3S132, et qui parat tre le reste
moulage
est
d'une pierre debout^ porte trs distinctement et assez profondment grav sur sa face antrieure un superbe swastika du
type
le
connu pour tre un symbole solaire. Au-dessous se voit un animal fantastique, la tte recourbe en arrire, dans une attitude qui rappelle celle de certains
Gaule
swastika
fut plus
spcialement en honneur,
centre et l'ouest, nous
le
d'tre la seule.
Dans
le
retrouvons
srie dite
comme emblme
la
armoricaine, dont la frappe parat remonter la fin du iv^ ou au commencement du m" sicle avant notre re\ Le swastika
ou ttraskle, comme l'appelle Hucher, s'y montre sous diverses formes sur des mdailles' tte de Blnus, l'Apollon
gaulois. Les
la
nuque y
sont,
l'Institut,
nom de la proprit de M. Sauvaire, correspondant de prs de Moutfort (Var). 2. Voir E. Hucher, Vart gaulois, t. II, fig. 12, 13, 14, 15, 16, 17, 160, 169, 218, et plus loin notre Iron sur les statres gaulois. .3. Nous prfrons te terme de mdailles celui de monnaies, parce que
1.
FJoberriier est le
ri. VIII.
P
JHi
l^jt.
Face,
Pierre de Roberuier,
fonimune de Montfort (Vai).
153
En dehors des
menlion spciale
Au
statres d'or,
:
dit E.
Hucher,
si
mme
cantonnent
le
champ de
les
videmment
galement pointes accostes de cercles la mdaille. Ces quatre protomes de au char quatre coursiers fougueux attels
affecte la
forme du swastika.
Fis. 13.
toutes les mdailles de ce type nous mettent en prsence de swastika vritables, nous voulons dire d'une des
Que
fin
formes consacres du symbole solaire, je ne doute pas qu' la de nos tudes vous en soyez convaincus, comme nous. Que
ques leons. mdailles ne peut en tout cas vous chapper ^ Nous avons
reprsent quelques-uns de ces signes
l'esse
sur-
Le
me fassent encore crdit pour quelcaractre solaire des signes figurs sur les
notre planche VII,
couch
le
cn^ la
rouelle,
le
triktron, lLfoudre.
Dans
que gallo-romaine,
nord-est, autres spcimens de notre symbole, d'poautels pyrnens. il est vrai, comme nos
le
des Vebourg, dans le t. XLIV-XLV, p. 147 des Jahrbilcher reins von Alterthumsfreunden im Rheinlande
:
Dans le cours de mes fouilles du cimetire gallo-romain de Strasbourg, au moment o j'extrayais d'une des tombes une belle urne en verre, on vint m'avertir qu'un objet en mtal tait visible dans la tombe n 88.
1.
2.
la salie
une
srie de
photographies re-
prsentant
mdailles sur lesquelles tiguraient les sigues auxquels il faisait allusion. Ces photographies sont dposes la bibliothque du Muse.
154
Lorsque je pus m'y rendre, je reconnus une plaque de cuivre replie aux deux extrmits dont l'une porte une dchirure et a retenu par l'oxydation une partie de l'toffe qui la recouvrait. J'emportai la plaque, et la soumis un nettoyage minutieux la suite duquel parut un thau 'ph(fig. 14) nettement marqu au milieu de la plaque. Je dois avouer qu'au premier abord je vis dans ce signe une des formes de la croix dissimule dont se servaient les chrtiens l'poque des perscutions et dont
nicien^
les
le
mUieu d'o
ce coffret
Fig. 14.
1.
IPBikiRK
Fig. 15.
2.
serait
la seule
spulture
compltement paen du cimetire o celte tombe chrtienne rend cette conjecture invraisemchanoine Straub,
est
blable.
Le
coffret, conclut le
Un second coffret semblable au premier, sur lequel le mme thau phnicien tait imprim trois fois (fig. 15) ct d'une croix ordinaire branches gales, plus petite de dimension et une autre croix oblique donne
encore plus d'importance
1.
la
premire dcouverte.
est
155
Le caractre paen du swastika est encore, s'il est possible, urne cinraire, dcouverte rue Rouplus sensible sur une
land,RouenSen 1837
(fig.
16).
Fig. 16.
6.
Fig.
n.
lgant coiret, dcouverte sur l'oppidum celtique de Nasium 20827 (Bovioles) qui appartient au Muse de Saint-Germain (n
1.
trine 4, no 17474.
15G
de l'Inventaire)
mme
forme
(fig-,
17).
comme nous
:
l'ap-
prend une
croix
lettre indite
du 10 octobre 1879
un ex-voto avec
ex-voto des Pyrnes et une fiole en dessous du mme monogramme^. en crislaP marque Une inscription dcouverte Orang-e, dite mosaque du Chat^
porte galement
le
mme
signe cruciforme*.
Fig. 18.
Les Burgondes et les Francs, quand ils entrrent en Gaule au m* au iv" sicle, connaissaient la valeur prophylactique du
swaslika. Le signe se voit sur une plaque de ceinturon d-
couverte dans
grav sur
1.
la
2.
Le gnreux donateur de l'intressant autel de Saintes. Trouve dans le clbre tombeau dit de la femme artiste, de Sniot-M(lu" sicle
dard-des-Prs
3. Ici le
de noire re\
pourrait tre une marque de fabrique. Ai'luellement au Muse d'Avignon, o elle nous a t signale par notre confrre et ami M. Hron de Villefosse. Plusieurs mosaques avec croix gam-
monogramme
4.
mes sont
encastre dans
signales Tbessa (Afrique), par M. Ch. tiuprat. L'une d'elles a t le pavement de anl'glise {Mm. Soc. arcli. de Constanline,
J57
monuments de
la
mme
(fig.
Au
nelles
ve sicle la croix
du swasLika
en
tte
de quelques
Le doute
est
donc impossible;
Fig. 19.
Fibules uirovingieQues.
chez nous croix gamme, swastika par les brahmanes, les jainas et les boiidilliisles, a t connu des Gaulois, qui Tout adopt
suivant les temps et les contres comme signe hiratique, symbole d'une de leurs divinits, ou simplement prophylactique, portant, en lui, une vertu magique, du viii^ ou x^ sicle
comme
aprs J.-C, poque oii il l'un des signes de la croix reconnus par
iv^ et v^ sicle
Aux
1.
VIF
et viiie sicle,
nous
le
L.
Lindensctimit, Die Alterlhumer unserer Heidnischen Vorzeit, t. I, o l'esse alterne avec le swastika, Heft X, Taf. VII, etc. Edmond Le Blaut, Insc chrt. de la Gaule, t. 1, pi. X, n 38. L'iaset^t
ciiption qui
appartient au Muse Saint-Pierre Lyon notre re. (E. Le Blant, p. 137, n'l.)
datd
510
de
158
^ Mon signes de la croix, sur des monnaies mrovingiennes confrre et ami M. Hron de Yillefosse me signale deux
la croix lampes chrtiennes du Muse de Lyon marques de gamme et remontant vraisemblablement la mme priode que nos monnaies.
Si
la
monuments
paens ne vous tait pas encore suffisamment dmontre, ouvrez le Lapidariwn septentrionale aux pp. 184, n 366;
281, n 546; 287, n 553
vous y trouverez la reprsentation d'autels levs par des lgionnaires ou des auxiliaires Juou des gnies, sur le fronton desquels sont piter, Minerve
:
beau type.
comme acquis le culte du des soleil et du feu a superstitions de nos pres, non seulement dans des contres o paraissent avoir domin
Nous considrons donc
le
fait
fait partie
mais dans des contres qui ne semblent pas avoir subi leur influence. Et maintenant, quelle est l'origine du
les druides,
swastika? quelles ont t ses prgrinations? quelle a l sa valeur premire? Comment expliquer ce triomphe d'un mme
symbole, travers les sicles, ayant pour couronnement son jamais, adoption par une religion qui semble lui garantir, la dure?
C'est ce
chaine leon.
1.
Prou, Catalogue des monnaies mrovingiennes de la Bibl. nationale [Can' 13, 14 et 15; XIV, n 23 XXXVI, pi. XH, u 22; XIII,
;
n30.
Fig. 20.
D'aprs
t.
I,
i).
160).
Xir LEON
LE SWASTIKA
[suite]
Les superstitions
Saint-Jean,
le
relatives
aux herbes
et
aux feux de
la
par
et
le rle hiratique et prophylactique jou en Gaule swastika nous ont rvl l'existence du culte du soleil
suivre les pratiques des feux de la Saint-Jean, c'est--dire du feu solsticial, du ix^ sicle avant notre re
Vous avez pu
jusqu' nos jours. Une srie de monuments vous a montr que le symbole du swastika n'tait pas moins ancien.
J'ai dit
que
pour ainsi
dire, recueilli
main des paens, pour en faire un de leurs symboles, tmoignant ainsi de la grande valeur mystique de ce signe. Nous ne saurions nous en tonner. Les symboles sont un vieux lande
la
gage transmissible
gion peut s'en
comme
Chaque
reli-
emparer en
les
les
preuves. Cet exemple de survivance est trop prcieux au point de vue de l'histoire des religions pour que nous ne
le
On
verra l'article
Monogramme du
Christ
le
1. De ce que les motss;;es, carilas, fides soot des expressions pr-chrtiennes, en conclura-t-ou que les trois vertus thologales, la foi, Vesprance et la chai'il, sont un emprunt des chrtiens au paganisme ?
100
revtit
signe de la croix passa avant de pouvoir se montrer ouvertement. Elle d'abord des formes plus ou moins dissimuls'. La croix dite
est
\
gamme^-]
se
compose de
quatre gamma croiss. Suivant l'illustre chevalier de Rossi, ce ne serait qu'au v'' sicle seulement que la croix proprement dite commena d'tre d'un usage habituel.
frquente dans les calacombes, la croix gamme s'y rencontre, en effet, avant tout antre symbole de mme nature, mais elle ne disparat pas avec le temps; elle
Sans tre
1res
s'associe
aux
tantt la
autres signes, quand ceux-ci apparaissent, croix droite surmonte du rho-^*, tantt la croix
La place de ces croix gammes, seules ou accostes des autres signes, est presque toujours la mme dans les calacombes. Elle est inscrite en tte ou la
fin
+,
tantt au chrisme ou
mono-
nomcroix
brenses.
En
(pi.
JX),
la
gamme figure sur trois peintures mystiques des catacombes, dont deux trs anciennement connues ont t bien souvent
en 1849 seulement parle reproduites. Le troisime, dcouverte commandeur de Rossi, ne se trouve pas dans les anciens recueils.
1
est orne de fossor (pi. X|) dont la tunique trois swastika, l'un prs de Tpaule, l'autre au bas de la jupe.
Le Diogenes
la
Au-dessous de
dont l'un,
le Christ,
Nous croyons
tre, le
commandeur de
tait
cette explication, bien que patronne par un savant illusRo&si, tout fait errone. L'abb Martigny aurait d
la
L'R grec.
Boldetti,
II,
Osservazioni sopra
352; Perret,
t.
cimeterii di
pi.
t.
sanli marlivi.
;
Rome,
pi.
1820,
;
p.
351,
IV,
XXI,
I,
XXXV, XLVll
X,
t.
V,
Roller,
pi. LXII,
Les Catacombes
de Rome,
Bu/let.
pi.
XXXII
XXXIII,
XCIV; de
t.
Rossi,
pi.
suUerranea,
II,
XXXVII-XXXVlll,
92;
Roma
PI.
IX.
/'
vu-
)j|'
K
DOMITFA.IVLIANETI
FILIE
IN
PAGE
X.
Oye
BIXIT.
ANNif m. Mlflf.
ORAf
XEX. NOTlf
DEFVNTA C T IDVS
MAZAf
\
^^^^^f-'^,
lU/TIKU/
L
L.^
lOTIKH
Ft'taln ya/i'^
CVM SPIRITA
ANO
ET DIONI COSS
PI. X.
Dioeenes Fos?or.
D'aprs Boldetti.
LE SWASTIKA
2
{suite)
161
bis
qui swastika
vers lui
comme pour
Deux
sont
peints ou brods
au bas de
tunique du
Pastor
Ici se place
par Millingen, reproduit dans le grand Dictionnaire des Antiquits grecques et romaines^ de MM. Daremberg- et Saglio% se voit une scne reprsentant un phbe agaant un chien avec une tortue qu'il tient suspendue un fil au-dessus de la tte de l'animal. Cet phbe, probablement le serviteur de
quelque temple ^ porte une riche tunique constelle de trois swaslika, comme celle du /o.s.sor, accosts de cercles centrs,
l'ide
que ce signe
un simple ornement, un ornement banal, sans signification mystique. La troisime peinture des catacombes^, qui est
celle de l'ange Gabriel
au moment o Tobie
lui prsente le
poisson mystique (fig. 2), repousse cette hypothse, d'ailleurs peu vraisemblable par elle-mme. La tunique blanche de l'ange, comme celle du fossor, comme celle du pastor, est orne
de la croix
gamme
la
(pi.
XI
et XII).
La dmonstration
tacombes a
gamme dans
les ca-
mme
cruciformes auxquels
qui,
vances''.
elle fut
valeur mystique que les autres signes de trs bonne heure associe et
eux-mmes d'ailleurs, sont en tant que signes des surviLa croix quatre branches gales que porte le pape
du
roi assyrien
mme que celle qui se voit sur la poitrine Samsi-voul qui rgnait 835 ans avant J.-C.
gamme avec le
chrisme est encore
L'association de la croix
.plus remarquable sur le clbre sarcophage de saint Ambroise servant aujourd'hui de soubassement la chaire de l'glise de
1.
T.
I,
p. 69S,
fig.
834.
2.
3.
sacrs.
t.
IFI, pi.
XXXV;
H,
pi.
LV.
pl^XXlll, quelques-uns des signes cruciformes des uiouuineuls paens et des monuments clirU'^us.
4.
Nous donnons,
comniuns
11
16'2
LA.
mme nom
Au-dessous
du fronton, orn du chrisme accost de Va et w el des colombes, se dveloppe une magnifique frise compose d'lgantes croix g'ammes, spares les unes des autres par des rosaces
ou cercles centrs*,
d'anciens sig'ues paens associs des signes chrtiens sur des monuments funraires, n'existe pas seule-
La confusion
ment
Rome
:
el
le
mme
fait
en
Irlande
des stles spulcrales ornes de caractres oghamiques^ portent la figure du swastika, sous toutes ses formes, auxquelles on trouve associ le dessin d'une pointe de flche ou
carreau de Tlior% le triklron et le disque solaire, tandis qu' ct ou sur la face oppose sont graves les diffrentes varits de la croix. Le monog'ramme
le
de javelot reprsentant
constanlinien seul,
le
chrisme ne
semble
remar-
est
quer que sur quelques-unes de ces stles, tandis qu'une des faces, la face antrieure, est exclusivement consacre aux sig-nes plus particulirement chrtiens, sur la face oppose, la
comme
si
le
clerg
mnager
popu-
nouvellement converties*.
donc prouv que en Gaule, Rome, en Angleterre, en Irlande, la croix gamme, c'est--dire le sw;s///<;a, est bien un
est
signe mystique que les chrtiens ont emprunt au paganisme, une poque non encore exactement dtermine, mais qu'il
faut faire
remonter, au minimum, la fin du m" sicle de notre re; ce signe est chez les chrtiens une survivance. Or ne sont susceptibles de ces survivances prolonges, obstines, indestructibles,
dpose, l'origine,
1.
que les symboles dans lesquels a t une puissance de vie latente assez nergi-
Cf. p.
monumenti
salle
2.
Giuseppe Allegranza, Spiegazione e reftessioni sopra alcuni sacri Le moulage de la frise est au Muse, MUcmo, p. 43. XXVI. A Pergatue le ornait de mme la balustrade du temple d'Athn.
aiilichi di
Lj^
3. PI.
X*.
%|1
>lii
4. PI. XAi.
PI.
XI.
I SM::.
fe"-vT
-^
.'
,;,Siiii!i
mm
^\
-^/^^jtgg^'^^^te,..,.^
1.
.
2.
3.
'
d'aprs le
'
Commandeur de
Rossi.
Scne
X!
X
3
-ni
O)
'S
o o
>
ce
PL
XIII.
m'.^^
:3J
'
m
fe-
,^
:4^
:
ii" vi.
^c.^"-s
-^
'^---
ou vue
Face et revers.
LE swASTiKA {sue)
163
que pour tre incessamment susceptible de rajeunissement. Il faut, en un mot, que le symbole ait eu son aurore une valeur
mystique,
telle
quelle
ait
populations auxquelles il tait prsent comme le rsum, le signe visible d'un dogme, d'une croyance. Le swastika a jou
ce rle. Cette nergie cache qu'il contient provient de ce qu'il
a t longtemps, trs longtemps, le symbole universellement respect d'abord en Orient, puis en Occident, de la divinit dont le culte est peut-tre le plus ancien, et a t le plus populaire :Ia
Que
,
ce
symbole
on pourrait
dire prhisto-
rique disques en terre cuite dcouverts par Schliemann Hissarlik' dans les ruines de la ville que le l'intrpide explorateur identifie avec la Troie homrique
les
centaines
de
dmontrent suffisamment.
JNous n'avons point discuter ici la question homrique. Elle est trs bien rsume dans Y Histoire de l'art de MM. Perrot et Chipiez ^
Nous devons en
dcombres
remonter
auxquels
il
peuvent
Le ment
une
non seule-
disques sont mme disposs de manire donner le sentiment d'un mouvement giratoire, sentiment que rveillent en nous
la
mme
srie.
seulement
'
exhum
des croix
gammes
associes
mme
alors dj la
croix ordinaire et
1.
PI.
XWJ^
2.
3
4.
T. VI, p. 134 el suiv. Perrot et Chipiez, op. laud., t. VI, p. 305 et suiv. Le triskle est uu signe solaire.
164
nombre de plaques
la cit des Atrides
dans
les
elles appartiennent incontestablement cette belle civilisation genne, on dit mme volontiers mycnienne % qui prcda la conqute dorienne
du
xii sicle.
ici
encore trs
recul.
nous suivons
le
swastika, de plus en
plus qualifi
dans tout
qu'en
le
comme signe hiratique, ou prophylactique, bassin de la mer Ege avec prolongement jus
Italie.
Premirement Ch?/pre^ cette perle de la Mditerrane que nous avons possde un jour et o nous avons laiss sous
la
forme
d'difices religieux la
et
trace inoubliable
de notre
de notre domination. Chypre est une des les les passage plus riches en sanctuaires auciens. De bonne heure en rapport avec l'Egypte, l'Asie Mineure et mme l'Asie centrale,
r
elle a
donn
du vieux monde.
Un
temples d'Aslart, temples d'Aphrodite, temples d'Apollon. Les fouilles qui y ont t pratiques il y a une tren-
Palma de
le
la
Cesnola Larnaca',
livr
Dali', Athinau,
Paphos^
Curium', ont
un
si
gnral a pu en former,
il
est aujourd'hui le
main.
des antiquits figurent des vases recueillis dans les sanctuaires ruins des temples ou dans les spultures
Au nombre
1. PI.
2.
xyg;
t.
3. 4. 5. 6. 7.
VI, p. 86.
Au temple
d'Apollon.
PI.
XIV.
'-?
'
-^
73^
4ii
Swastika sur
D'aprs Schliemann.
PI.
XV.
5fS
> t^
J4/J
Swastika
et
LE SWASTIKA
[sUlte)
165
Un
Paphos 49 pieds anglais de profondeur*. Quelques-unes de ces poteries peuvent remonter au viii'' sicle avant notre re.
Gamiros est une vieille ville, dj clbre au temps d'Homre ^ Pendant que le gnral de la Cesnola fouillait Chypre, un autre archologue explorait l'le de Rhodes et dcouvrait Camiros une ancienne et trs intressante ncropole, d'auayant t dtruite cinq cents ans avant notre re, les objets recueillis dans ces spultures sont, en partie, dats. Des vases d'une grande beaut,
tant plus intressante
que
la
ville
menc
passs en Angleterre. Salzmann, l'explorateur^ en avait comla publication, malheureusement arrte par sa mort.
Sur un des vases publis^ reprsentant une joule arme entre deux hros, le swastika plane au-dessus de l'un d'eux en manire de signe protecteur.
Quittons les les et rendons-nous Athnes. A la porte d'Athnes est un antique cimetire dcouvert, il y a quelques annes seulement, mais dj clbre par le nombre de vases
trs originaux qui s'y sont rencontrs, vases d'un caractre si
spcial
est aujourd'hui
un terme consaau
vi% sinon au
sicle
les
auteurs de V Histoire de la cramique typiques publis par dont le est un cortge funbre, le dfunt est regrecque'^ sujet sur un char sa demeure dernire, suivi de prsent port
lomhs and temples, by gnerai Louis Palma 210, pi. XLIV-XLV, et les vitrines de notre Muse des antiquits naliouales (:ialle dite de Mars). 2. Iliade, II, v. 656. Camiros est une ville de l'le de Rhodes.
1.
Cf.
Cyprus.
Ils
ancient
cities,
di Cesnola.
New- York,
3.
Muse Napolon
III, pi.
Ott.
sicilische Vasenbilder, pi. Ill, 1869. 4. Olivier Rayet et Maxime CoUignon, Histoire
Dipylon
5.
est le
nom
la ville
donnant sur
I).
166
pleureuses. Deux oiseaux (deux canards ') sont peints sur un des panneaux du char, un autre canard vole en avant, comme
pour guider le cortge. Il est entour de trois superbes siomtika dominant les chevaux qui tranent le char^
Fig. 21.
Vase du Dipyloa.
Est-il possible
Je vous
recommande encore un
remonter trsarchaque dcouvert Thbes en Botie, pouvant au commencement du vif ou la fin du vui sicle sur lequel
1.
Nous voyons
XVI{. Cfr.
fig. 6,
le
nes cinraires.
2. PI.
llirschfeld,
t.
Annali delV
IX, pi.
histitulo, t.
XLIV
(1872), p. 131,
tav. K,
et
Monumenti,
XL,
et
notre
pi.
XVIII.
03
3
T3
PI.
XVII.
nsSJ^Tp-
Thbes
(vue ou
vme
D'aprs Boehlan, Bootische Yasen {Jahrbiicher des deutschen Institutcs, 1888, p. 337)
LE SWASTIKA [suHe]
le
167
swastika
est associ
une desse de
:
le
un animal sacr du temple. La prsence des deux serest galement pents associs au swastika sur Tune des faces
noter ^
Le swastika
ment
ments
taux.
Millier
tait
des vte-
sacerdo-
Ludwig
en signale
l'Wl'V^wVWV
une dcouverte
Tachi prs Thbes en Botie*'' et
conserve au Muse
llvi
-A'jiiV%W/'i'!kV
;',oM
i*^''''
de
Fig. 22.
mme
22).
Remontons au nord de la pninsule hellnique. Nous trouvons Damascium (Epire) une drachme d'argent la tte
d'Apollon, portant au revers le trpied sacr entre deux
swastika
'.
N'est-ce pas
un
symbole parlant?
sous ce rapport plus riche encore que la Grce.
L'Italie
est
Fig. 23.
Fibule d'or.
],
Signalons
fibule
d'abord
une
Muse grgorien,
pi.
LXVII,
6.
d'or
(fig.
23)', d'une
grande
lgance, dcouverte
1.
2.
3. 4.
Ludwig MuUer,
Cette rarissime
8.
appartient au Cabinet de Vienne. Cf. Sallet, 12. Zeitschrift fur Numism., Uo s., 112, et Lud. Millier, op. laud., p. 13, fig. 5. Muse (j)-gorien, I, pi LXVII, u" 6,
mdaille
-168
Gsere dans uq
deux
fibules de
il
est
pour des bijoux sans rapport avec le culte. 11 n'en est pas de mme des
vrai^ passer
si
comte
Fig. 25.
Gozzadini
Villanova, la
exhu-
Fibule dcouverte en
Italie.
mes
dont nous
avons constat
prsence
dischi"
Compte rendu,
p. 486.
Pog-g-io-Renzo^jprs Chiusi,
que Conestabile dans son savant mmoire Sopra due nous montre trs nombreuses Cre. Les vases dont des fragments ont
t trouvs
Cumes% en
Gampanie, paraissent encore plus anciens. Aux environs du ni^ sicle^ avant notre re nous retrouvons
Di un sepulcrelo etrusco, Bologne, 18.54, pi. VIU, fig. 3. Muller, op. laud., p. 15, n 16. Revue archologique, nouvelle srie, 1874, t. 1, p. 209 ArchoL cel, et
1.
Goz/.adiiii,
2.
3.
Ludwig
Le Muse
urnes.
4. fig.
Lubbock, Socit des Antiq. de Londres (tirage part), tav. IX, nos ij 2, 3, tab. X, n" 2, 5, p. 10 et 15. Quatre de ces vases provenant de Ci^re sont au Muse du Vatican, un Parme (cf. Museo etrusco, 11, tab. XC), car il est dit qu'ils provieuneut de la grande tombe de Ctere ou de la clbre tombe
Regalini Galassi (Mus. elrusc, tav. XCVIII, partie lie). 5. Raoul-Kochette, Acad. des Inscript. (Mm.), t. XVII;
pi. IX, fig.
9.
Ces
fragments ont t recueillis prs de l'emplacement de Cumes en Campauie une profondeur qui marquait rtablissement des spultures de la plus ancienne poque, au-dessous des tombeaux de l'poque hellnique. Cumes est une ville des plus anciennes de l'Italie mridionale. Nous ignorons, dit Gosselin (Strabon), t. II, p. 243, trad. de Laporte de Theil (eu note), en quel sicle Cumes fut fonde il y a des motifs pour penser que ce fut antrieurement la guerre de Troie .
;
6.
Edmond Le
Blant, qui
XVIII.
^
Prtre laur.
^'-iy,^
1.
2.
Guerrier gaulois.
LE swASTiKA. [suite)
le
169
le
vtement d'un
Le personnag'e prtre, barbu*, assis sur un sige, un long bton la main, est couronn de feuilles de laurier. Celte figure appartient une
fresque ornant une paroi du caveau spulcral. Sur une autre ^ paroi tait peint un guerrier cheval, arm du long bouclier ovale et du casque cornes, armement particulier aux
Gaulois.
comme
pourquoi le prtre laur ne serait-il pas un druide? Raoul^ Rochette qui a rendu compte de cette dcouverte place, comme M. Helbig, ces peintures au ju* sicle avant notre
re, en pleine priode de l'influence gauloise. Il est vrai que nous sommes Capoue, mais les Gaulois Senons avaient bien souvent dj, dans leurs excursions, dpass Rome et donn
la
main aux Samnites. Uhypothse que nous aurions sous les yeux un cavalier gaulois n'est donc pas inadmissible. L'Italie nous offrirait un grand nombre d'autres exemples de
monuments antrieurs au christianisme sur lesquels figure le swastika*. Nous ne nous y arrterons pas; mais nous ne pouadress pour avoir des renseiguemeiits sur cette tomb?, aprs avoir pris l'avis du savant le plus comptent eu ces matires, M. Helbig, nous a en Les tombes de voy la note suivante Capoue publies, Bull. napoL, n. s.,
:
appartiennent au mme groupe que les tombes dont dans les Mon. delV Inst., X, pi. LV {A?inal. dell' Inst., 1878, p. 107-108). Pour dterminer l'poque de ces tombes nous avons les donnes suivantes 1 Aucune de ces tombes ne contient de vase attique. Or nous savons que l'exportation des vases attiques dans l'Italie occidentale
vol. 1!, pi.
X-XV,
p. 117,
le
Grand
2o
Dans toutes
noire trs
fine et
dors, plus des vases peints d'excution nglige qui proviennent de fabriques campaniennes. Il est prouv que la fabrique de ces deux espces de vases a commenc vers la tin du iv^ sicle et a dur pendant tout le ni*. Un autre terme est fourni par le fait que toutes les tombes qui appartiennent au groupe en question sont trs riches et doivent remonter une poque o Capoue tait trs florissante. La prosprit de Capoue fut anantie
par
les guerres puniques. En combinant ces donnes, ou doit attribuer les tombes de Capoue une priode dont la limite suprieure est 301 et la limite
x^pi.
2. PI. 3.
X)^2.
:
4.
Voirie compte rendu de Raoul-Rochette dans \e Journal des savants Aq ].%\i'i. Cf. Instit. arch. de Rome, Monumenti, t. X, pi. X vase en bois dcouvert
170
mdailles (collect. quel le duc de Luynes compare le casque publi par Caylus, t. III, pi. XXXIII, et sept autres casques avec symboles
solaires, dont
un dcouvert Vulci.
Fig. 26.
Casque de bronze de
la
coUectiou de Luynes.
bronze trouv en
de noire planche, crit le duc de Luynes, est un casque de Italie. D'une trs belle conservation, ce casque, en forme de bonnet phrygien, a sa partie antrieure couverte de cheveux onI.e
del
y paraissent dans une espce de frise. L'apex est motoffe molle brode de croix, de fleurons et d'un autre signe o je reconnais des toiles de diffrentes grandeurs.
comme une
couverte euApiilie; cylindre en terre cuite avec swastika dans Gozzadini, De quelques mors de cfieval, p. 17. Ces cylindres double tte taient au nombre
de 108; coupe de Noiadaus Ludwig Mller, p. 16, fig. 18 au Muse de Copenetc. une hache de bronze sur le talon de laquelle figure le swastika (versant italien des Alpes), appartient au Muse de Saint-Germain, etc., etc.
hague,
1. Cf. Inst.
arch. de
t. I,
p. 73,
pi. III
et B, article
du duc de Luyues.
PI.
XIX.
1.
Cf.
i.
et
LE SWASTIKA
[suile]
171
tre ici
m-
connu. Co signe est grav plusieurs reprises sur le sommet du casque l o porte naturellement le coup dirig par une
main ennemie (fg. 26). Nous avons vu le swaslika servant d'ornement sur
nique du Pastor et de personnages attachs au culte, soit chrtien, le
fossoi\ soit paen, le
la tu-
jeune
phbe
Grce
(pi.
SlXf,
1 et
2). Il est
impos-
un ornement banal. Le
n2 o
ties
culirement significatif.
la
27).
Nous
ter-
minerons en reproduisant
la
:
la figure
prtre,
comme
Fig. 27.
Minerve
dha
Ij
Mythologie figure,
p. 67.
partir
du xv% sinon du
xx'' sicle
swastika, la croix
gamme
tispice
Cette figure publie dj par M. Goblet d'Alviella o elle sert de fron son livre sur la Migration des symboles, nous avait paru suspecte. M. Robert von Schneider, conservateur des Kunslhislorisc/ie Sammlungen des
1.
la demande de notre atni M. E. Pottier, a bien voulu nous rassurer... Ce sujet, nous crit-il, est peint sur un cratre de notre Muse. On en ignore la provenance, mais sa conservation est parfaite et le swastika peint sur la poitrine du Hlios est absolument authentique. Cf. la mtope d'un temple d'Athna, dcouvert par Schiemann dans les ruines de Ylliiim recens grec, oi Hlios radi est reprsent sur un quadrige. Traja,
A. H. Kaiser hauses,
172
dans
dont
ce
et
en
Italie,
un symbole
sacr,
symbole a servi quelques fois d'ornement il n'a jamais perdu sa valeur hiratique ou prophylactique et n'a pas cess d'tre en rapport avec le soleil ou les dieux de la lumire
cleste.
^^^\0mMmmMAi(;^,
Fig. 28.
la
question d'origine.
Nous
prochaine leon.
XIIP
LEON
{suite)
LE SWASTIKA
le
culte
du swastika ou de
la croix
gamme rgnant dans le bassin de la Mditerrane, sur les les de la mer Ege, en Grce, et en Italie comme en Gaule, partir du xv*' sicle, pour le moins, avant notre re, sans
que la croyance la valeur hiratique ou la puissance ma'/^we de symbole ait pris fin, jusqu'au moment o le christianisme en le recueillant, en l'adoptant, lui ait donn une vie nouvelle.
fortune de ce symbole n'avait pas t beaucoup moindre dans le nord de l'Europe. Nous avons vu quel rle il jouait
La
encore en Irlande au
la
vi^
ou
vu*"
mme
le
aprs
retrou-
vons triomphant galement en Scandinavie. L, comme en Irlande, nous sommes en dehors de l'influence romaine qui
ne
s'y
fit
sentir
qu' partir du
ii^
sicle
de notre re, et
Rome
de ce ct. Le christianisme ne pntra en Scandinavie que dans les environs du rx*^ sicle. Les Ilyperborens adoraient
Thor, le dieu de la foudre, aprs avoir ador Apollon. Nous ne devons pas nous tonner de retrouver chez eux en grand
honneur
le
soleil et
du
feu.
Le sivastika, nous dit Ludwig Mller, dans son trs intressant mmoire de 1877', se montre ds l'ge du bronze en Sibrie et en Scandi1.
Ludwig
4L Suivant
l'auteur
du mmoire,
swaslika a sans doute t import comme le triklron, signe galement solaire, par une tribu gui, traversant l'Asie mineure, est venue -^'tablir en
le
174
navie au dessus d'une inscription runique grave sur un hloc erratique de l'le de Seeland, probablement sacre (fif?. 41)*, sur une coupe de
provenant d'un tombeau de Sibrie (fig. 30), sous le fond de vases de bronze destins tre suspendus, trouvs en Pomranie, dans les les orientales du Danemark et en Vestgotland, entn dans
terre peinte,
des sculptures sur rochers de la Sude mridionale =. Tous ces signes' sont indubitablement en relation les uns avec les autres. Il y a lieu de
les
mettre en rapport avec les croyances religieuses. A l'pe du fer le swastika reprsentait le dieu suprme dans la Germanie septentrionale
et la Scandinavie, tandis que le triktron (autre signe solaire) tait le symbole d'un autre dieu, sans doute de celui qui reprsentait plus par-
ticulirement
le soleil *.
nombreuse des antiquits Scandinaves portant la marque du swastika est la srie des bractates ^ Les bractatesnesontpas des monnaies mais desespces d'amuletla srie la plus
tes, trs
Mais
re, avant
en vogue en Scandinavie du vi* au ix^ sicle de notre la conversion des Danois au christianisme. La plu-
part portent des runes, associes au swasliK-a, qualifi par les archologues du nord du marteau de ThorK
croyons que ces deux signes ont pu y pntrer aussi directement par le nord de la Caspienne Il n'est pas ncessaire de les faire venir d'Asie mineure qui n'est pas leur pays d'origine. d. Je ne crois pas que cette inscription ait t dcliilTre. 2. Voir les rfrences dans le mmoire de Ludwig Millier. 3. Ludwig Millier fait allusion aux diverses formes que sur ces monuments
.
revt
4.
le
pi.
Vl^
sur lesquels figure le swastika; accost ou non du triktron, nous devons signaler une srie d'objets recueillis dans les marais de Nydam (Julland), poque du fer, comprenant un os taill en forme de pointe de javelot sur lequel, outre le swastika, est imprim le foudre compos de deux fourches se faisant pendant l'extrmit d'un mme manche, signe bien connu comme reprsentant le tonnerre et l'clair. (Ce signe se retrouve dans l'Inde comme attribut du dieu-soleil Viscbnou.) Six peignes en os dont trois portent le mme foudre, trois le swastika: un pommeau d'pe en os, un di.que d'ivoire, probablement une amulette, une plaque de bronze en forme de croix, une extrmit de fourreau d'pe en os. Cf. Engeihardt, Thorsberg Mosefund, etc. Copenhague, 1863,
:
Parmi
pi. XI, So
5.
XIII;
H, Vimosefimdet,
;
pi. II, 5,
15;
V,
9.
LudwigMuller, op. laud., fig. 37. 38, 39, 40; Worsaae, A'orrfwA-e Oldsager, 1839, pi. XCV, fig. 401 XCVI, fig. 406. 6. On trouve souvent dans la main de T/ior un vritable marteau (Ludwig MiJller,o;). laud., p. 111). Le marteau joue galement dans les catacombes, la tte ou la fin de quelques inscriptions funraires, le mme rle que le
swastika, voir Boldetti, op. laud., hb.
I,
LE swASTiKA
{suite)
175
si
Bgge
a pu dmontrer que les runes, sur ces mdailles, n'avaient aucun sens prcis et consistaient seulement en des combinai-
sons de lettres donnant l'amulette une valeur magique^. La prsence du signe sacr, symbole du dieu Thor (la croix
gamme) donnait
tait ignore
encore, ajoute ce savant, plus de puissance cette combinaison de lettres runiques dont la valeur relle
du
public.
Worsaae, dans un mmoire d'une grande sagacit, avait dj dmontr que ces runes n'avaient aucun sens et devaient tre
mises surle
mme rang
que
les signes
bouddhistes ou des prtres chaldens. Nous sommes toujours en pleine priode paenne, bien que dj les Wikings commencent mettre le nord on rapport avec Byzance. Nous
pourrions taler sous vos yeux de nouveaux exemples de cette survivance du symbole paen bien au del des temps chrtiens. Il ne parat pas douteux, en effet, que les urnes cinraires avec empreintes du svvaslika (les chrtiens n'ont jamais incinr) recueillies dans un des cimetires de Lithuanie, remon-
n'appartiennent des spultures paennes. Nous en dirons autant des plombs de douane, frapps des mmes caractres*, recueillis galement dans les
tant
ix- sicle,
aux environs du
du Dnieper, dont quelques-uns figurent sur notre planche VU. Nouveau etremarquable exemple de survivance.
eaux
rputalion presque universelle de ce signe dans les conque nous venons de parcourir et qui comprennent (TEgypte et l'Arabie exceptes) presque tout le monde connu
tres
La
des anciens, plusieurs sicles avant et plusieurs sicles aprs notre re, n'est donc pas douteuse, pas plus que son caractre
hiratique, peut-tre intermittent, mais indiscutable. Ce signe a videmment fait partie intgrante d'un culte primitif, trs
Mm. Soc des Antiq. du nord Copenhague, 1871, p. 364. Comte Coostautia Tyszkiewicza, Fouilles de lumulus en Lithuanie Berlin, 1868 (ea polonais). Ou peut consulter cet albuui la Bibliothque du
1.
2.
Voir
Muse.
A cl du swastika, la croix simple et plusieurs autres signes cabalistiques sont assez frquents sur ces vases et sur ces plombs.
176
tendu
les chrtiens.
tre
jou un rle analog-ue celui que joue la croix chez Pouvons-nous en dterminer l'orig-ine, le cen?
de diffusion
en saisir
le
sens primitif?
Bien des opinions ont t mises, k cet gard, parmi lesquelles domine ce sentiment que le swastika est un signe, ou
symbole aryen et consquemment que l'origine de ce signe, de ce symbole, doit tre cherche dans les contres arroses par
rindus
pays,
et le
comme
Gange. Que ce signe soit trs ancien dans ces en Occident, qu'il y ait jou un trs grand rle
domin, brahmanes, janas, bouddhistes, et probablement dans les sectes qui les ont prcdes le fait n'est pas douteux.
Des monuments, des traditions en font foi. Les planches que nous mettons sous vos yeux^, sur lesquelles sont dessins un
petit
swastika et les signes connexes, donnent immsentiment que nous sommes dans une des rgions o a le plus manifestement domin le culte dont ces signes sont le symbole. Ces monuments s'chelonnent comme date de
o figurent
diatement
250 ans environ avant notre re jusqu'au vi" sicle aprs J.-C, mais nous pouvons en suivre le dveloppement dans l'Inde jusy a, d'ailleurs, de fortes raisons de croire qu'en Tan 250 avant notre re, quand le grand roi Piyadasi faisait sculpter, sur les rochers des environs de Djoumir prs
Il
ses admirables dcrets*, quand les rois indo-scythes, la suite des conqutes d'Alexandre le Grand, faisaient frapper des monnaies au swastika, ce signe tait dj un symbole
Bombay,
sacr depuis un
nombre considrable de
sicles
^.
Ces planches, dont nous devons les dessins l'obligeance de M. Louis Rousselet, l'auteur de Llride des Rajahs*, nous montrent portant des swastika, les monuments suivants
:
1. 2.
3.
PI.
Sencivl, Les inscriptions de l^iijadasi Paris, Imprimerie nationale, 1881. Telle est Topluion deuioa confrre de l'IasUtut, M. Emile Seuart, auteur de La lgende de Buddha, Paris, E. Leroux, 1882.
,
Emile
xx^-xxi^
4.
Parij=,
Hachette,
187.j
03
d
C8
>
m
S)
'a a,
<s
2
=
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(
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<s>
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a.
53
>
<A tn <o
':^=^^
a 0) u
(D
r:
LE SWASTIKA
Fig-. 1.
[suite]
\Ti
sicle
Fragment du
pilier
(iii
avant notre re). Pidestal d'une statue jana^ des premiers sicles Fig. 2. avant notre re, Gwalior.
Fig. 3.
160
aprs J.-C.
Fig. 4.
du sarcophage de saint Ambroise Milan. Fig. 5. Fragment d'un bas-relief du temple de Jowar
dans
Rajpoutana date probable iv*" et v^ sicles. Revers d'une ancienne monnaie bouddhiste Fig. 6.
le
:
(coll.
Cunningham). On
rouelle huit rayons. Revers d'une mdaille trouve Oudjein (coll. Fig. 7. de Calcutta). Croix branches gales dont chaque branche se
termine par un cercle au centre duquel figure le swastika. Revers de monnaies trouves entre l'Indus et Fig. 8.
laDjemmah, de Kounanda,
dhiste).
frre
d'Amogha
(priode boud-
Fig. 9.
Gharispore,
Statue d'un Tirthankar (saint jana) dans un Fig. 10. des temples de Sounaghur. Le swastika est grav sur la poitrine du saint, comme sur la poitrine de Vischnou, comme sur
celle
d'Apollon du clbre vase grec du Muse de Vienne^. Sur la planche suivante sont runis les principaux symboles
le
ou emblmes
monuments bouddhistes
la
roue solaire;
le trila,
espce
de trident qui joue dans cette symbolique le foudre dans la symbolique grecque.
le
mme
rle
que
trait
au culte du
soleil et
du
feu.
2.
3.
p.
172.
12
l'?8
1 de nos CoiilemporaiQes du monuments, les inscriptions dont nous reproduisons un fragment en fac-simil ont un intrt bien plus vif encore pour nous, en ce que le signe du
swaslika y prcde ou suit, comme dans les inscriptions funraires des catacombes, les dits rendus vers le milieu du
itf^iri>r^i-
X^c^AfCori-
SlIKOri&l
Hb-'iil
,i;<-r/'/.r/'
Fig. 28.'
Fragment du X[V<=
dit
du
roi Piyadasi.
D'aprs Gunningham.
iJ
{^
ECJ.
>^^ tl
y
(?'
X 6rCr/^-A L
o-
I
Fig. 29.
^^ IL
4^
avant notre re par le clbre roi du Magadha, Aoka, qui s'appelle Itii-mme Piyadasi; roi bouddhiste, rformateur prchant ses peuples une morale du caractre
m''
sicle
plus lev, d'inspiration si chrtienne que ses dils semblent justifier la parole de saint Augustin que nous avons dj
le
rappele
Je
Le cliristianisme
iiest qii
religion ternelle.
me
mes
LE SWASTIKA
{suile)
17'J
quGs fragments de la traduction que nous a donne de l'un de CCS dils M. Emile Senart'.
En
Les
tte de Tinscription, le
observent diverses pratiques dans la maladie, le mariage ou d'une (ille, la naissance d'un enfant, ou au moment de se mettre en voyage. Ces pratiques extrieures sont vaines et sans valeur. Je ne dis pas qu'il faille les abandonner mais elles ne portent de fruit que quand on y joint l'esprit religieux qui seul est tout-puis-
hommes
d'un
fils
savoir les gards pour les esclaves, les serviteurs et les matres, douceur envers les animaux, l'aumne. Ces vertus sont ce qui s'appelle les uvres de la religion. 11 faut qu'un fils, un ami ou un matre
sant
:
la
lise
On
ces prescriptions qui de droit. Voil ce qui est bien. dit : L'aumne est une bonne chose mais il n'est d'aumne et de
;
charit mritoire que celle qui mane de l'esprit religieux. Convaincu que c'est par cette conduite seule qu'il est possible de mriter le ciel, on la doit suivre avec zle. Le mrite des pratiques ordinaires est limit la
vie prsente.
La pratique de
produit pas
le
la loi religieuse n est pas lie au temps ; elle ne rsultat que l'on envie sur la terre, elle assure pour l'autre
monde une
infinie
moisson de mrites.
Aucun philosophe paen n'a eu des accents de pit semblables. Et ces maximes que Piayadasi mettait sous l'in-
si
vocation du swastika vers 2S0 avant notre re n'taient pas nouvelles. Elles manaient de l'esprit primitif du bouddhisme
incarn,
je puis dire, 500 ans avant notre re,
dans
la
peril
Bouddha
vivants et le signe sacr que le porte sur la poitrine, notre a^oix gamme, tait dj
Bouddha
que
le
swastika, dans
le
comme
la rouelle
(la
roue du
soleil)
et
le
triskle reprsentaient le
mouvement
giratoire de l'astre.
La
ne peut
laisser
Le sens du symbole ne parat s'tre jamais compltement perdu. Il s'est mme mieux conserv que celui des feux de la
/
1.
p. 226.
180
Saiiil-Jean,
comme
le
et la monnaie de Damaslicum l'omphalos delphien accost du swaslika, et, enfin, pour parier une dernire fois de pays rests sous l'intluence de l'Inde, le tableau magique tibtain
le
que semble protger le vieux signe solaire^ peint huit fois sur cadre, dans l'intrieur duquel s'talent les signes cabalis-
Fig. 30.
D'aprs A. Wedflel, The Imddhism of Tibet.
parfaitement documente d'un symbole religieux de caractre bien dfini dont la valeur, cependant, jusqu' ces derniers jours, tait presque
tiques
(fig.
30).
Nous avons
l l'histoire
compltement mconnue.
Ludwig
Millier,
dans
les
occups du
mme
signe
monogramme
2.
que
3.
Voir plus haut, p. 172. A. Weddel, The Buddhism of Tibet or l'encadrement du tableau.
Op. laud., p. 102.
Lamaism,
p. 453.
Nous ne donnons
LE SWASTIKA.
[suitc)
181
plis que renferme le nom de swafttika. D'aprs Hoffmann, il aurait exprim l'union des deux facteurs principaux masculin et fminin. M. Emile Burnouf est d'avis qu'il a tir son origine de l'appareil dont se servaient les anciens Aryas pour allumer le feu sacr (l'arani) qui consistait en deux pices de bois ayant au point de jonction un trou o par rotation d'une baguette naissait le feu. Ce feu tant iden-
M.
tifi
avec Agni, le principe de la vie, le sioastikn aurait eu le mme sens. Les critiques qui se sont occups de ce signe propos des antiquits du bassin de la Mditerrane l'ont confondu avec les croix anses et le tau
phnicien avec lesquels il n'a aucun rapport et lui ont par suite attribu le sens de vie ou de salut. D'aprs d'autres explications, ce signe serait compos de deux lettres mystiques ou symboliques, ou bien de deux traits de foudre et reprsenterait le tonnerre. On y a vu aussi les raies de
la
roue du char du
soleil.
tre accepte.
Liidwig Millier,
le
bonne voie
et indi-
a, dit-il, d'autres
ment
dants.
la figure
symboles d'origine asiatique qui montrent comdu signe doit tre compose et quelle en a t la signi:
fication
symbolique, savoir le riskle et les signes linaires corresponLe triskle compos de trois jambes humaines tournant autour
(fig.
Il
d'un centre
ptuel.
43) indique videmment un mouvement circulaire perdans l'Asie mineure mridionale l'emblme du dieu suprme, Zeus assimil Baal, comme on peut l'infrer des monnaies frappes Aspendus au milieu du v^ sicle avant J.-C. (v. fig. 44, 45)'. Sur une monnaie cellibiienne (fig. 46)* frappe dan? le sud de l'Espagne, le
tait
soleil apparat derrire le visage auquel les trois jambes sont attaches. Les signes (triskle et ttraskle) qui forment le type ordinaire
disque du
sur
les
monnaies de
taient de
la Syrie
(fig.
temps d'Alexandre
le
Grand
des symboles du dieu principal des Lyciens ^ Or, entre les figures de tous ces symboles et celles des signes en question mconnatre... (le swastika) il y a une concordance que l'on ne saurait
mme
c'est
exprim par la figure avec raison lui on le avec triskle, peut par analogie donner le nom de ttraskle. Ce signe ayant t employ comme type montaire en mme temps dans les mmes pays que les autres, il y a le symbole d'une divinit, de la tout lieu de croire a t
circulaire perptuel qui est
donc un mouvement
et
de ce signe
qu'il
le
galement
divinit d'o
le
le
mane
et
mouvement du monde,
le
soit
monothisme
dans
soit
soleil.
1.
ll'6\
p. 103.
2.
num. sur
mdailles
celt., pi.
LXXXVI,
12;
Alos Heis?,
p. 322, pi.
XLVII,
3, 5 et 10.
Apollon.
18-2
LA.
Il
y a peu de choses
changera
de dix-neuf ans.
O placerons-nous le centre primitif de ce culte? Ici encore, Ludwig Millier nous semble avoir eu une vue trs juste de la
solution. Aprs limination de toutes les hypothses visant
mmoire en
arrive
naissance du symbole date de que l'poque qui prcde la dispersion des tribus aryennes et que celles-ci l'ont apporte de la mre-patrie dans les pays o
conclusion
la
le
symbole
M. Goblet d'Alviella, dans La migration de^ symboles^ rejette, au contraire, bien loin cette solution Les deux premiers habitats de notre symbole, crit-il,
:
le
nord de
il n'est point n l )>, et M. Goblet d'Alviella pense a t y apport d'un centre commun intermdiaire qui
mais
serait la
Thrace
est
une
L Anthropolo-
gie^, soutenait peu prs la mme thse C'est dans le nord de la presqu'le des Balkans et non dans l'Inde que l'tude
seule de lag-ographie de ce style symbolique conduit placer le centre de diffusion . Ces conclusions nous paratraient
justes
si
symbole est parvenu jusque dans en Mongolie? Nous avons nous mme, dans Z G?^/e avant les Gaulois, ds 1884% signal la Thrace et les Balkans
rinde
et
comme un
actif,
d'laboration de la ci-
ou
ar//en?ie,
son centre primitif d'closion. jamais prtendu placer Nous persistons croire et de plus en plus fermement
faut attacher
qu'il
si
anciennes
1.
et si
les
noms d'Orphe,
UAnlhropologip.,
2<-
IV, p. 564(1893).
2.
iiit.,
p. 2CG.
LE SWASTIKA
{nulle)
183
il
et
que ces lgendes, le plus haut que noiis dans le temps, ne nous transportent pas remonter puissions au del du xx'' sicle. Or, antrieurement cette date, les
Balkans
et les valles
l'ge
de la pierre polie qui ne comporte pas un dveloppement de civilisation aussi avanc que celui que semble indiquer l'ensemble des dogmes qui se rattachent au culte du feu. Ds le
XL^ sicle, au contraire, prs de
avant
l'art
le
jour o
les
de la mtallurgie et que
comment pour
elles l'ge
du
un
centre,
ci-
vilisation et d'laboration
nos yeux avec aujourd'hui les dbris de cette civilisation sous de cuivre de statuettes de son cortge de temples, sanctuaires, ou de bronze, ses castes sacerdotales et ses milliers de briques
avec inscriptions contenant une liturgie dmoniaque ou maa donn des traductions ^ gique dont Franois Lenormant
Cette civilisation primitive, antrieure l'panouissement des civilisations aryenne et smitique, se rattache par des affinits
sibethniques aux races touranienne, mongolique, rienne, ouralo-altaque, scythiqiie des anciens, chez lesquelles
loswasiika,
comme
la
magie, a
si
le
bouddhisme et le lamasme, ainsi qu'il a pntr dans l'Inde bien avant le bouddhisme officiel. Il serait tmraire d'tre
plus prcis.
parat
Nous nous arrtons cette orientation qui nous des lgitime et logique. Le point prcis d'apparition
est aussi impossible
symboles
dterminer que celui de l'apdes diffrentes branches de la faparition de la langue-mre ou touranienne. mille aryenne
i.
L'Ir^lam n'a
jamais reui
les patriarches.
les
2.
Fr.
184
Pour
en vous
le
sentiment trs
vif
de la haute
ducatrice du g-enre humain, lisez les excellents articles de mon confrre et ami,
comme
particulirement
et
des Monuments
dernier qui ouvre la seconde anne Mmoires (fondation Piot) intitul Le vase
le
:
minimum
SirpoulaKCe vase d'ar 3300 avant notre re, sur leddicatoire^, est
orn de gravures au trait d'une perfection qui ne permet pas de mconnatre l'nergie cratrice extraordinaire des fondateurs de ce petit royaume, dont le retentissement travers
les sicles,
fait
quand on est pntr de leurs uvres, parat un historique non seulement logique, mais dmontrable.
et Mmoires publis par l'Acadoiie des inscriptions et bellesdirection de Georges Perrot et Robert de Lasteyrie, membres Le vase d'argent d'Entmna dcouvert par M. de II, p. 4-28
:
1.
Monuments
sous
la
t.
lettres,
de l'institut,
Sarzec, par M.
PI.
XXH.
Amulettes reprsentant
la
roue du
soleil (or,
bronze
et
plomb).
Voir au Muse, salle XVll, vitrine 22, la srie des types, et salle de Numismatique en or. (vitrine des bijoux) une rouelle
/***"
XIV
LEON
[suite)
signe solaire qui tmoigne de l'existence du culte du soleil et du feu introduit en Gaule
n'est point le seul
Le swaslika
un autre: par les tribus ,Q\i\c^\iQ?> owproto-celtiques^ lien est la rouelle, dont la popularit fut plus gnrale encore et persista
comme
celle
la
conqute
romaine. La constatation de ce fait a d'autant plus de valeur au point de vue de l'histoire religieuse de la Gaule, que la popularit de ce symbole, comme celle du swastika, s'tendait,
de l'Occident. Sur tout ce parcours on retrouve ses traces. Nouveau tmoignage de la profonde impression partout laisse par le culte et les pratiques dont ces signes sont les
symboles.
La
Gaule.
la
d'enceintes
en bronze
et
mme
en plomba
On en
un commerce,
analogue au commerce des mdailles et autres souvenirs pieux vendus en Bretagne les jours de pardon, la porte de nos glises.
1.
les
Gaulois.
2.
3.
Comme
les
18(3
Les numismates y avaient cru voir une des formes de la monnaie primitive *. L'ensemble des faits connus prouve que
reprsentation incontestable, le symbole le plus ancien de l'astre lumineux dont le culte remonte Torigine de la civilisation des Aryas, s'il ne l'a pas prcde. La
rouelle est la reprsentation du disque, puis du char du soleil
.
la rouelle est la
MM.
cette
Des textes
tait
des
telle
la rouelle jouait
au moins gal celui du swastika, n'a jamais t dpossde. Notre planche XXI^,
compose par l'auteur de Vlnde des Rajahs^, notre demande, met sous nos yeux une srie de monuments d'une loquence
persuasive.
Roue sur le dos de trois lphants couronnant le arc de triomphe de Sanchi, trs ancien centre reliprincipal gieux avec monastre bouddhique et nombreux topes' (ii ou
N^
1.
iii"^
sicle
2.
la
avant notre
le
N"
dont
Sur
re).
base est entoure d'adorateurs, grand chaitya de Sanchi (ii'' ou iii^ sicle avant notre re).
N
N"
3.
4.
Mme reprsentation que toujours Sanchi. Roue place comme objet d'adoration sur un autel
len** 1,
de la grotte d'Oughiri (montagne du soleil). Ces quatre roues sont douze rayons, mais (n S) nous trouvons une roue quatre rayons seulement, comme beau-
coup de nos rouelles, Gwalior au-dessus d'un taureau sur le pidestal d'un Tirthankar^ Le major Cunningham* repr1.
Ludwig Millier, op. laud., 1877; Hron de ViUefosse, Sole sur un bronze dcouvert Landouzy- la-Ville {Revue archoL, janvier 1881); Giidoz, Eludes sur la mythologie gauloise, le dieu gaulois du SAeil et le symbolisme
2.
XXXII.
PL XXIII.
booo
TTTTi^znm
>ooo
oooooo o o o o
oooo
^OOOQOOOOOOOg
oooo
o o
OOQOOO
oooo o o
{suite)
187
sente dans son mmoire sur les topes de l'Inde un certain nombre de monuments semblables Bhilsa et Jag-annalh
sous
le titre
de Symbols of Biiddha.
ont,
s'il
Les textes
d'loquence encore.
Dans son Essai lgende du Buddfia, M. Emile Senart cite un hymne au soleil o nous lisons: Les sept toiles un coursier unique au attellent le char la roue unique la roue au triple moyeu' sur laquelle nom meut septuple*
sur la
\
dit
le
M. Gaidoz,
Rig-Vda,
est postrieure
pour avoir protg le chemin de la roue\ Cette roue, ajoute Emile Senart, est reprsente comme faite d'or, charg-e d'ornements
d'or. Elle apparat l'orient et se met en mouvement travers l'espace. Vischnou, le grand dieu solaire, ainsi que le Bouddha sont souvent reprsents par la ?'oue. Des traces de
dans
est lou
symbole ont persist dans certains dtails des langues aryennes. Les Latins disaient: la roue du soleil, la roue de
ce
Phbus,
la
le
soleil.
lumine magna
Aliitonans -poterat.
(Lucrce, VI, v. 433.)
Nous avons vu
ques contres
par une roue
1. 2.
la
que jouait et joue encore dans quelroue enflamme aux ftes del Saint-Jean. Le
le rle
La roue six rayons. 3. Le cours du soleil. 4. .AL Henri Gaidoz, aux exemples que nous avons cits, tn ajoute d'aulres aus?i probants, o dans des ftes populaires christianises figurent des couronnes de Heurs, des disques allums que les enfants et les jeunes gens lancent en l'air. A Riom, le li juin, la procession de Saint-Amable, on porte encore aujourd'hui une grande roue de fleurs devant la chsse du saint. Cette roue de Heurs, qu'aucun usage chrtien n'explique, est celle du dieu pa'ien dont on clbrait la fte au solstice d't et que les fervents de SaintAmable transportrent la fte de leur patron . A Douai, rapporte encore M. Gaidoz, la procession de Gayaut, qui avait lieu le troisime dimanchi^ de juin, avait un caractre si paen que le haut clerg l'interdit la fin du sicle
188
point de dpart de ces survivances est le mme l'Asie antrieure. Ouvrez V Histoire de l'art dans l antiquit e. MM. Per-
Le
ret et Chipiez
roue du
soleil
dans un temple de
L'inscription
la
Basse -Chalde.
par MM. Oppert
Soleil,
le
dchiffre
para.
Ce
bas-relief, dit
M. Perrot,
est
un
hommag-e rendu au dieu Soleil par un roi appel Nabou-Abla-Idin que l'on place vers l'an 900 avant notre re. Mais l'on
sait
que
les villes
de la Basse-Chalde,
comme
tent
Sippara, ainsi que leur dieu remonune poque beaucoup plus recule^
celles
achvent
dmonstration
'.
bantes encore sont les reprsentations du Jupiter g-aulois la main appuye sur la
^.'i!iiSJa!l& .^iatgBS6
roue ou
Rappe-
Fig. 31.
Bretagne par les lgionnaires romains et Minerve, sur lesquels larouelle. Jupiter ^ le foudrc ct Ic swaslika alternent comme t symboles de la divinit ^
i
, i
Nous avons vu
pass. Le principal d'un gant d'osier,
laire gaulois
1.
le
swastika, sous
le
nom
de croix
gamme
ornement de
le
cette procession tait une grande roue suivie gant Gayaut, dans lequel M. Gaidoz voit un dieu so-
dgnr.
T.
11,
2. Il se confirme de plus eu plus que cette civilisation remonte plus de 4000 ans avant notre re.
3.
ns 516, 524
4. 5.
Atlas des Monnaies gauloises de M. Henri de La Tour, Paris, 1892 pi. IV, n 1914.
;
pi. II,
Hron de
Lapidarium septentrionale,
{suite)
189
modifie, a eu
ter
le
mme
honneur.
On
que
la
La
monuments
et
mon-
naies antiques, soit le prototype du chrisme ou du monogramme constanlinien. Le labarum est, matriellement, un
tendard mithriaque^ Nous ne pouvons faire un pas la poursuite des symboles sans rencontrer les plus remarquables survivances^
Fig. 32.
Jupiter la roue.
Pourquoi s'tonnerail-on que les chrtiens aient accept comme symbole de leur Dieu la croix du labarum persan, puisqu'ils avaient dj accept, titre de signe
les croix solaires,
mystique, toutes
presque sans exception (pi. XXP). Ce n'est sous toutes ses formes, ainsi que la seulement le swastika pas rouelle plus ou moins modifie, mais la croix droite branches
gales, la croix
1.
que
les
la poitrine,
Cf. V.
Duruy,
Eist. des
Romains,
VII, p. 41 et suiv.
t.
Antiquaires du Rhin,
assertions.
Nous lious entr, ce sujet, dans de nombreux dtails, justifiant nos Nous ne les reproduisons pas. La question du labarum serait ici
ne faut pas confondre
la croix
un hors-d'uvre.
3. Il
avec
le cruciflx.
190
qui
(isl
solaire.
Nous avons vu
du
(p.
150,
roi assyrien,
Assur
Nazir Habel
Samsi-Vul qui rgnait en 850, Vous retrouverez cette croix sur un grand nombre de cy-
sur quelques monnaies des princes achmnides. Les chrdomine dans les fresques de
Ravenne.
Fig. 33.
Et maintenant, pourquoi avons-nous insist sur des faits qui semblent ne toucher que d'assez loin au sujet du cours?
symboles chrtiens
un
intrt, je
ne dirai pas suprieur, mais plus gnral et touchant de plus prs nos tudes^ nous en faisait un devoir le besoin que
:
la force des
survivances, de la part
grande que le pass, un pass quelquefois trs lointain, occupe dans le prsent. Les langues ne sont pas les seuls lments de grande civilisation qui remontent la plus haute
nous pouvons retrouver chez nous les traces de ce pass, qui, latent aux yeux du vulgaire, se rvle la patience des chercheurs. L'tude du culte des fontaines que nous
antiquit. Or,
aborderons dans
nouvelle.
la
La Gaule
XV^
LEON
ct du culte des pierres, ct du culte du soleil et du feu existait en Gaule le culte des eaux, des sources, des fontaines, des lacs et des rivires.
Ce culte
trs
rpandu parat
reli-
mme
gieux de nos populations primitives, celui qui parlait le mieux leur esprit et leur cur. Ce culte a laiss sur le sol les
traces les plus
nombreuses
et les
plus profondes.
Nous ose-
reconstituer la physionomie.
Nous
le
nos campagnes, conserv sous la protection des saints locaux. La grande antiquit de ce culte n'est pas discutable. On ne peut en attribuer l'origine au christianisme on sait que le
;
christianisme a
introduit par
commenc par
Rome
le
combattre^.
fait superficielle, se
fit
peine sentir
la
On ne
tivement peu nombreux, avaient abandonn aux druides gouvernement des mes.
Ces superstitions, ces pratiques qui relvent de la vieille croyance aux esprits, peuvent avoir t plus ou moins rgles,
rglementes par les druides,
ment
1.
pour
les
comme cela parat avoir galefeux solsticiaux; les druides n'en ont point
Saint loi dfendait aux chrtiens d'allumer des cierges autour des fonad fontes, vel ad arbores luminaria facial. Un
et
192
Ce culte,
comme
s'il
comme
celui
du
au temps des druides. Nous allons nous efforcer d'voquer l'esprit de ce vieux culte.
de Ptigny rclamait dj cette tude, il y a prs de soixante ans, dans un article de la Revue numismatique
J.
:
La nationalit celtique,
superficielle de
crivait-il*,
la
couche
reparatre avec les formes du christianisme, lorsque l'invasion des barbares eut balay l'ordre des choses imprial et l'on peut dire qu'elle se retrouve presque
civilisation
romaine.
commena
tout entire au
sol
moyen
ge. Alors, en
efl'et,
gaulois, si multiplies qu'on y comptait les peuples par centaines, se rtablir partout sous les chefs fodaux, qui, dans beaucoup de lieux, taient les descendants des familles patriciennes gauloises, propritaires
territoire avant la conqute romaine. La premire famille des ducs de Bourbon, sur laquelle fut ente la branche des Captiens qui porte ce nom, prtendait descendre du dieu topique Borbo. Ne voit- on pas les sources sacres o les Celtes allaient boire la sant, continuer leurs mi-
du
L o
tait
un
collge de druides,
la
vent suivre, la seule qui puisse leur promettre la gloire de proclamer quelques vrits nouvelles. Qu'ils se htent de rassembler ces dbris
prts prir de notre vieille nationalit.
ce
vu.
Il
y aurait un
g-ros
vo-
lume, trs intressant et trs instructif, crire surleculte des eaux en Gaule. Nous vous recommandons ce travail. L'anciennet, la vitalit, l'tendue de ces superstitions, dont les pra-
trouvent encore dans un grand nombre de nos villag-es, ne manqueront pas de frapper vos esprits. Vous y reconnatrez
un nouvel
que
1.
et trs fort
argument en faveur de
'
la
le
ait
Revue nwnism., Ifo srie (1837), p. 66. Nous avons t trs frapp de trouver caches dans un modeste compterendu bibliographique ces affirmations si conformes nos ides prsentes, et que personne n'avait releves depuis un demi-sicle. 3. Plus particulirement les populations rurales de l'ouest et du centre de
2.
493
puis une poque bien antrieure la domination romaine. Plusieurs chapitres de l'ouvrage, dont nous indiquons l'intVous lirez avec fruit sur le culte des eaux rt, sont dj faits
!
MM.
en Gaule l'poque romaine les consciencieux travaux de Greppo*, Ghabouillet ^, Gharles Robert % Boucher de
Molandon*
et PI.
Baudot*.
cernent exclusivement
le culte
plusieurs essais de statistiques des sources sacres^ signales l'attention des archolog'ues par le culte qui leur est encore
utile secours ceux qui voudraient approfondir cette intressante question. Je fais allusion aux travaux, dont quelques-uns sont dj anciens, de l'abb J. Mah ^ de Boisvillette'', L. Rosenzweig^ Bulliot%
la
France. Nous ne
sommes
perstitions, de ces pratiques, remontent jusqu' la priode laquelle nous devons l'rection des monuments mgalithiques. Nous retrouvons plusieurs
de ces pratiques en dehors de la Gaule, non seulement dans le groupe aryen, mais plus naves, ce semble, et plus profondment encore enracines dans les curs, chez les tribus finnoises du groupe touranien, tel qu'il nous est prsent dans VEnqute de 1776 sur les populations de l'empire de Russie
(cf.
op.
laud.
Description
de toutes
les
nations,
etc.,
Saint-Ptersbourg,
1776).
1.
les
J.-C.-H. Greppo, correspondant de l'Institut, tudes arc/iologiques sur eaux thermales et minrales de la Gaule Vpoque romaine. 1 vol. iu-8,
318 p., chez Leleux, 1846. 2. A. Chabouillet, 'Notes sur les inscriptions et les antiquits provenant de Bourbonne-les-Bains. '"Essai de catalogue gnral des monuments piyraphiques relatifs Borvo et Damona, dans Hevue archol., 1880, p. 18, 65 et
Charles Robert, Sirona dans Revue celtique, t. IV, p. 133. Boucher de Molandon, Nouvelles ludes sur l'inscription romaiie rcemment trouve Mesves [dpartement de la Nivre), dans Mmoires lus la Sor3.
4.
bonne dans
les
sances extraordinaires
du Comit imprial
des
Travaux
histo-
Imprimerie impriale,
1868, p. 37.
5. Henri Baudot, Rapport sur les dcouvertes archologiques faites aux sources de la Seine, orn d'un plan et de seize planches graves et lithogra-
phies. Dijon et Paris, 1845. 6. J. Mah, Essai sur les antiquits voir Annexe D.
du Morbihan,
7. "M. de Boisvilette, Statistique archologique d'Eure-et-Loir, t. I: Indpendance gauloise et Gaule romaine, chapitre Hydrographie. Chartres, 1864. 8. Rosenzweig, Les fontaines du Morbihan, dans Mmoires lus la Sorbonne
[Archologie), 1867, p. 235 et suiv. 9. J.-G. Bulliot, Le culte des eaux sur les plateaux duens, dans Mmoires lus la Sorbonne, 1868, op. laud., p. 11.
13
194
Gomart',
et
Florian Vallentin',
et fontaines
dont
la
frquen-
tation l'poque romaine est constate par des inscriptions ou des ruines. Sans tre parfaites, les tudes qui en ont t
faites
par l'abb Greppo, Charles Robert, Boucher de Molandon et M. A. Ghabouillet, ne sont plus refaire. Il suffit de
les complter.
le
plus complet de tous, soit arriv, dans sa nomenclature des eaux thermales et minrales romanises, au chiffre trs res-
pectable de quatre-vingt-cinq stations, ce n'est l qu'un tout petit coin du sujet. Au point de vue o nous nous plaons, ces
bains officiels qui relvent plutt de l'hisloire de la mdecine que de l'histoire des religions, nous intressent mdiocrement.
L'eau thermale ou ferrugineuse y gurissait, non le dieu. Il s'y faisait des cures ^r\.on des miracles. L'tude de ces stations
est l'affaire
ces bains se
formrent des centres de populations plus romaines que celtiques. Ces eaux taient efficaces. Elles ont conserv depuis
l'poque romaine une brillante clientle devant laquelle auraient fui les modestes divinits celtiques si le christianisme
ne
les
Greppo
Aquse,
nous
Ax
Aquse,
Baden
(Suisse);
(Allier);
Aqu
Bourbon-P Archambault
Aquai
Aqu Gonvenarum,
Capvern''
\. Gh. Gomart, ludes sainl-quentinoises, t. III, 1862-1870, p. 350 et suiv. La fontaine de Saint-Quentin, le Jour de l'Ascension. Saiat-Queatin, 1870,
2. J. 3.
Sacaze, Inscriptions antiques des Pyrnes. Floriaa Vallentin Les dieux de la cit des Allobroges, dans Revue celt.
tique,
4.
Nous
Greppo qui
les a classes
par d-
mme
trs
probablement
que
7.
li
Bormo de Bourbon-l'Archambault.
Identification incertaine.
195
(Bel-
Aqu
Nisinei%
Luchon
(Loire)
:
(Haute-Garonne);
Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhne)
Aquee
Siccse, Seysses-
Tolosanes (Hr.iute-Garonne); Aquae Tarbollicee, Dax (Landes); Fons TungroCalentes Aquse, Chaudes-Aygues (Cantal)
;
rum, Spa (Belgique); Luxovium, Liixeuil (Haules-Saone) Vicus Aquensis, Bagnres-de-Bigorre (Hautes-Pyrnes).
En dehors
fontaines eurent galement de vritables dvots [cultores fontis) l'poque gallo-romaine. Les ex-voto recueillis autour des
mmes prouvent
l'aftluence des
divinits auxquelles
vux s'adressaient nous a t transmis par la reconnaissance de ceux qui avaient t exaucs. Nous connaissons ainsi les desses ou nymphes Acionna*, Aventia% Garpunda'',
Glulonda'',
aussi les
du panthon grec
et latin'*. Elles
ap-
Nom
de
la divinit.
Lecture incertaine.
Ideoticatiou incertaine.
3.
4.
Cf.
Jollois,
Annales de
la
Socit des
.
sciences d'Orlans,
5.
Longueniar, pijraphie du Haul-Poilou, p. 145. Source de Mesves (Nivre). Cf. Boucher de Molaudou, op. laud. 8. Ausoue, De claris urbibus, 14. 9. Cliarles Robert, op. laud. 10. Sources du ruisseau l'Eure (Gard); cf. Boissieu, Inscrip. de Lyon,
6.
7.
\.
32,
p. 49. Orelli-Henzen, n" 6081. 11. L'Yonne; cf. Caylus, Recueil d'antiquits,
t.
sur Auxerre,
12. 13.
1. 11,
p. 6; Orelli,
u" 187.
Catalogue du Muse de Langres, p. 7, n 11. Henri Baudot, op. laud. 14. Le plus ancien des ex-voto parait remonter l'an 20 de notre re; voir Creuly, Les descendants immdiats d'Eporedorix, etc. {Rev.arch., t. IV (1861),
p. 18.)
196
parliennent
alors
la
dernire
Fig. 34.
Siroua de Sainte-Fontaine.
sources.
il
Les mdecins gallo-romains avaient amnag bien d'autres On sait que les bains taient la mode Rome. Mais que l'usage en ft dj rpandu en Gaule pour que
faut
leur
nombre soit aussi grand; la trs grande majorit des Romains de Gaule ne l'taient que par adoption. Or, des renil
rsulte qu'en
Cippe dcouvert a Saiate-FonLaine, en 1751 a t dtruit lors de l'incendie Bibliothque de Strasbourg en 1870. Un moulage en existe au Muse de Saint-Germain, don de Charles Robert, et un autel dcouvert Bauinberg (Ba ct vire), moulage au Muse de Saint-Geimaiu, sur lequel Sirona figure part. d'Apollon. Cf. Charles Robert, dans Revue celt., t. IV, p. 6 du tirage 2. Fragment de statue dcouverte aux sources de la Seine (moulage au
de
la
Muse de Saint-Germain).
197
dehors des localits au nombre de trente auxquelles nous avons dj fait allusion, cinquante autres stations existent en
de l'occupation romaine'. Assurment ces quatre-vingt-cinq* stations ont dj leur loquence. Ce n'est cependant que la trs minime partie des
les traces
Gaule portant
Nous pouvons en effet, sources sacres de l'poque celtique. de la couche bien au-dessous pntrer plus profondment,
romaine. Ces sources sacres sont alors lgion.
par milliers, crit Florian Vallentin', qu'il faut compter dans la mythologie gauloise les divinits tantt mles, tantt femelles, des fontaines, des lacs et des rivires. Le
C'est
clerg a eu soin de nous en conserverie souvenir. Ces sources, ainsi que disait J. de Ptigny, faisaient des miracles. Les
abbs, les vques, dont ces localits dpendaient, n'ont pas voulu en interrompre le cours. Ces miracles se faisant au nom
du dmon, ils dcidrent qu'ils se feraient au nom des saints, de ces et, en effet, il s'agit bien de miracles, puisque les eaux
fontaines, de ces sources, de ces rivires, n'avaient et n'ont
mystrieuse que leur prtaient les gnies et les nymphes. Les plerinages et les neuvaines continurent et n'ont cess qu'en partie. Les conciles cherrussirent pas *. Il fallut cder chrent les arrter, ils
aucune vertu
relle
que
la vertu
n'y
Manosque (Basses-Alpes), Bourg-Saint-Andol, Selles et Reones-les-Baius (Aude), Sylvans (Aveyron), Aleth (Ardche), Desaignes Valoa prs Falaise (Calvados), Ides et Vic-en-Carlads (Cantal), Evaux (Creuse), Alais et Nmes (Gard), Eucausse et Labarthe-deAurel et Montlimar
\.
Gserial (Ain),
et
(Drme),
Rivire (Haute-Garonne), Balaruc (Hrault), AUevard, Lamotte-Ies-Bains, Pontde-Beauvoisin Saunay et Uriage (Isre), Saint-Denis-sur-Loire (Loir-et-Cher), (Loire), Bagnols et Javols (Lozre), Ser-
Sail-les-Chteaumorand,Salt-en-Douzy maise (Marne), Nancy et Pont--MouSon(Meurthe),Saint-Avold (Moselle), SaintFonHonor, Saiut-Parize, Foutaine-les-Vertus (Nivre), Saint-Auiaud (Nord), taine de la Herse (Orne), La Bourboule, Chteauneuf, Pontgibaud, Saint-MartBains de-Royat et Vicie-Comte (Puy-de-Dme), Cauterets (Hautes-Pyrnes), Niederbrouu (Bas-Rhin), CharVernet Escal
d'Arles,
das,
(Pyrnes-Orientales),
bonnires (Rhne), Forges et Sainte Marguerite (Seine- Infrieure), Ahbeville Menthon (Savoie). (Somme), Plombires (Vosges), Roirsdorf (Prusse rhnane), nos 2. Nous donnons ce chiffre comme un point de dpart. Nous invitons conainsi le en des relations qu' ont complter, auditeurs qui province, trler les renseignement donns par l'abb Greppo. 3. Les dieux de la cit des Allobroqps.
4.
et
notre Annexe D.
198
aux prjugs populaires, tant ces pratiques taient enracines dans le cur de nos vieux Celles. Cette preuve morale est
convaincante.
Nous sommes
sources sacres.
tent
;
loin
de connatre
travail
le
nombre exact
des
Aucun
mais
mand
rait
la lecture suffisent
une enqute gnrale des cultes locaux relatifs aux fontaines. Ouvrons la Statistique (TEwe-et-Loir de M. de Boisvilette, relevons et mditons ses renseignements et ses
observations. Par sa constitution gologique, le dpartement
ne possde point d'eaux thermales et seulement trois sources, trs lgrement ferrugineuses; et cependant^ dans chacun des
arrondissements de Chartres, Chteaudun, Dreux, Nogent-leRotrou, les sources saintes abondent. La vertu de ces sources
relve donc
uniquement d'ides superstitieuses, hritage des temps o nos pres peuplaient d'esprits la nature entire. Ces esprits, mes de tous les tres, constituaient des divinits,
ministres du Dieu suprme. Les saints leur ont succd*. Il est bien remarquable que la majorit des sources du pays Chartrain*, ancien centre du druidisme, soient situes dans des
villages,
anciennes dpendances
Le clerg
ft
pour
par immersion, devinrent des baptistres consacrs saint Jean; sur d'autres s'levrent des chapelles et des glises. Ici
la
source est sous le porche, l sous la chaire, ailleurs sous matre-autel lui-mme.
le
En tte des sources chartraines qu'on peut appeler sacres' la fontaine Saint-Maur de Saint-Rmy d'Auneau * est surtout populaire dans la
1.
2.
3.
la
Village neval.
4.
de
2?5
199
Beaace, par l'anciennet, la vei'tu et l'affluence de son plerinage que Chevart fait remonter, avec la tradition, au temps gaulois. Elle gurit les paralytiques, les goutteux et les pileptiques' qui s'y rendent en foule,
de la Saint-Jean, y jidssent souvent la nuit *, puisent la Son aspect n'offre rien de monumental piscine et invoquent le patron. c'est un modeste bassin carr d'environ un mtre, plac au nord de
la veille surtout
:
la sacristie et couvert l'glise dans l'angle du contrefort, le plus voisin de d'une vote de briques close par un grillage. On y descend par un mais sa position, sa rputation, son jour petit escalier de trois marches',
faire le reprsentant authentique d'un chrtiens. des premiers ges baptistre A Aunay-sous-Auneau la source dite fontaine Saint-loi est place sous l'glise mme, une dizaine de mtres de profondeur; on y accde
mme
de dvotion s'accordent en
le roc. C'est
du dehors au moyen d'une galerie, et d'un escalier tournant taills dans encore l un baptistre primitif. On y vient puiser de l'eau
pour
les maladies des bestiaux. Autre ancien baptistre Saint- Jean-Vierre-fixte *. Le 23 juin, veille de la fte de Saint-Jean-Baptiste, est un jour de grand plerinage l'glise du village. Tous emportent de l'eau de la fontaine situe ct gui ne se
la
elle est
maux
''.
et surtout celle
puise ce jour-l ; elle est rpute souveraine pour des enfants qu'on plongeait autre&
fois
attire
aussi
un nombreux
concours de gens la veille de la fte on y vient chercher de l'eau que l'on conserve pieusement. A Sainte-Genevive de Senantes la fontaine est en grande dvotion; il y a grande affluence pour la gurison de la fivre. Le vendredi de mai, jour o la messe est clbre dans la chapelle,
affluent
gurir,
pour remercier
velles.
de
les
les prires fait le voyage jeun'' pendant neuf jours ^', aprs et l'on fait bnir la fontaine de l'eau de aussi on boit, jeun, d'usage, par le prtre et toucher la statue de Sainte-Genevive la chemise que lait avec dvotion, par soi-mme le malade porte dans la neuvaine
:
On
1.
Ou
sait
que
miracles.
2. Usage antique, frquent aux temps paens. Voir Bouch-Leclercq, //is^oiVe de la divination dans .V antiquit 3. Parce que, videinmeut, le terrain s'est exhauss avec le temps.
.
4. Bourg de 200 habitants dont le nom rappelle l'existence d'un monument /. c, p. xcii. mgalithique, dolmen ou meuhir. Boisvilette, 5. Comme Lourdes. 6. Bourg de 845 habitants, chef-lieu du prieur de Saint-Hdaire-sur-Yerrc.
7.
Nous avons dj vu
le
Saint-Jean.
8.
200
L nanmoins
lique
;
persiste
un dernier
souffle druidique,
ce n'est diabo-
au Russay, entre Prouais et Senantes, une ouverture existe de temps immmorial dans le mur de la grange dixmeresse que nul n'a pu boucher et que personne, aujourd'hui encore, n'oserait essayer de boucher ;
ainsi le vrai et le faux se touchent souvent sur le
mme
^
terrain'.
le Ciotns encore la fontaine Saint-Chron de Coulombs place dans chur de la premire glise de l'abbaye. Son humilit et aussi son utilit lui ont fait traverser sans encombre les temps orageux qui ont renvers le sanctuaire o elle s'abritait et elle donne une eau excellente aux
habitants du bourg.
Au bord du chemin de Brezolles Nonancourt, prs et l'esl deSaintLubin-de-Cravant^, vers le haut de la c^te, la fontaine des Bougrins qui ne tarit jamais gurit des fivres si l'on en boit avant le lever du soleil.
Les fivreux vont encore en vneuaine trs suivie
le
16 mai Saint-Ger-
main^ vers
la
A Saint-Gourgon de Fonlaine-la-Guyon" on vient pour la gurison des douleurs, de prfrence les mercredis et vendredis, et de trs loin au grand plerinage des 8 et 9 septembre *. Les trangers emportent de la
fontaine ou plutt
du rservoir maonn, connu sous ce nom, de l'eau quand il y en a. La fontaine de Saint-Sanctin de Chuimes' sur le bord de la rivire d'Eure et sous l'arche du pont gurit de la gale. Une lgende chrtienne
est attache cette source.
Certaines sources qui ne gurissent plus sont restes des lieux de runions annuelles certainement traditionnelles.
Une source enfonce dans le sol, comme celle de Saint-loi d'Aunaysous-Auneau, ancien baptistre peut-tre comme celle-ci, existe non loin de Voves% prs d'une belle pierre celtique. La fontaine des Genivres,
sorte de puits
la
M. de Boisvilette
est
videmment un fervent
le
catholique,
croyant au
vin^ sicle).
4. 5. 6.
Charte de V abbaye de Saint-P'ere-en-Valle, 100 habitants. Village de 108 habitants, chef-lieu de l'abbaye de Bonneval et de lproserie. Localit de nom bien celtique, 580 habitants. Toutes ces dates sont noter. Village de 294 habitants dpendant de l'abbaye de Marmoutier. Chef-lieu d'une prbende du chapitre de Chartres.
7.
8.
201
:
ces sources
servaient de baptistre, ces fontaines taient consacres. Existait-il quelque rapport entre les maux dont on allait chercher
la
gurison
et
un pouvoir lgendaire
attribu
relation
locaux
saints
nous chappe. Plusieurs de ces saints sont des saints les anciens missionnaires ou vques du pays les
:
Eman, Laumer,
Gourgon, Jacques, Laurent, Marcelin, Martin, Meen, Svre et Vigour, et parmi les saintes: Agathe, Agns, Anne, Genevive et Mabille, plus Notre-Dame sous
divers vocables. Ces saints et ces saintes ne sont point des
gurisseurs de maladies spciales. Les sources des autres contres ont d'autres patrons, leur
patronage galement est tout local, et ne tient nullement la vertu particulire de ces saints en tant que gurisseurs de maux
physiques. L'histoire des abbayes dont dpendaientces sources pourrait peut-tre donner la solution du problme. Notre sen-
clerg
Nous qui avait pris leur place aurait en partie conserves. n'avanons point ces conjectures la lgre. Le dpartement
d'Eure-et-Loir, qui ne comprend qu'une partie du territoire des anciens Carnutes, compte -z/-mn^e-^/^/ff/re sources sacres.
Ces sources se partagent presque galement entre les quatre arrondissements qui chacun rpondent un groupe de tribus
distinct.
12 sources. 13 10
de IVogent-le-Rotrou,
:
9'
1.
Chuismes
Fontaine-la-
O02
11
ftes
et
et fontaines, qu'ils s'cheplerinages rattachs aux sources lonnent de janvier fin dcembre, de manire ce que pres-
les
le
mois
les
Il
est
probable
rele-
n'tait oubli.
:
Nous
en
dates suivantes
3, 11
et 21
7,8, 9, 15 et 16 septembre^; 9 octobre; 11, 26, 27 novembre; 1'' dcembre. Nous nous refusons voir l de simples effets
du hasard.
Plusieurs bourgs et villages dont dpendent ces sources d'une eau sans aucune vertu relle n'ont plus aucune importance aujourd'hui et paraissent en avoir eu trs peu au moyen et villages que ge. Ils ne se distinguent des autres bourgs
liens plus
ou moins
troits
*,
abbayes de BonnevaPdeMarmoutiers
au moyen ge, mais ne faut-il pas faire remonter ces traditions jusqu'aux druides? et les abbs n'ont-ils pas pris ces petites localits sous leur
sante influence ecclsiastique est vidente
le
(prieur
dpendant de l'abbaye de
;
Bonneval); Mre-glise; Saiut-Emau Saint-Prest: Saiut-Remy-soiis-Auueau Sours Ver-les-Ghartres; Voves. Arrondissement de Dreux Auel; Les Chtelets; Goulombes; Digues Foutaine-les-Ribours Maillebois; La Puisaie; Les Ressnintes; La Saucelle; Seuantes; Senonches; Saint-Lubiu-de-Cravant; Vert-en-Drouais. Arrou; Brou; Charray (commune de Arrondissement de Chleaudun
:
La Fert-Villeneuil ; Montboissier Montigoy; Cloyes); Equllly prs Saint-Avit; Prouville Uuverre Yron (commuce de Cloyes sur-Loir [Yron est un bourg de 48 habitants prieur dpendant de l'abbaye de Thiron fo7ide en li&6par
: ;
Thibaut IV, comte de Ckteaudun). Bazoches-Gouet; Ghamprond-eu-GaArrondissement de Nogent-le-Rotrou Luignes; Saiut-Denis-lesFrag Charbonnires; Fontaine Simon tiiie; Puits Saint-Jeau-Pierre-fixte; Saint-Victor-de-Button.
:
; ;
Except fvrier, avril et aot, sur lesquels les renseignements manquent. eu septembre. y aurait lieu de chercher pourquoi les ftes se multiplient 3. Abbaye de l'ordre de Saint-Benot toude par Foulques en 842. 4. Abbaye fonde prs de Tours par saint Martin en 371 aprs sou ordination et la fondation de l'abbaye de Ligugey eu Poitou. 5. Abbaye de l'ordre de Saint-Benot fonde en 1H3 par Bernard de Pon1.
2. 11
thieu.
203
Remy-d'Auneau (23 habitants), guilly (26 hab.), Yron (48 hab.), La Fontaine-Guyon (58 hah.), Saint-Pre-en-Valle
(100 hab.), Saint-Lubin-de-Gravant (100 hab,), Saint-Eman (108 hab.), Mre-glise (144 hab.), Saint- Jean-Pierrefixte (200
hab.), aient t jamais autre chose que des centres religieux. D'o leur serait venu ce privilge si des superstitions locales
ne
quand le christianisme s'tablit dans la sommes encore en prsence de survivances. Nous contre?
s'y attachaient dj
Aurions-nous eu
la
le
culte chrtien
la
de
saint Seine
si
dj
nymphe
vnre de la
Nous n'avons malheureusement sur aucun autre dpartements un travail aussi complet; toutefois, les renseignements partiels recueillis ailleurs conduisent aux mmes rsultats Charles Gomart% dont l'tude porte sur un seul arrondis!
1. Un trs grand nombre d'abbayes portent le nom de Fontaine. Fontaine-Andr, ancien abbaye de Suisse, au canton de Neuchtel. Fontaine-Daniel, abbaye d'hommes, dans le Maine, une lieue de la
ville
de Mayenne.
Fonlaine-Gurard, abbaye en Normandie, fonde vers 1187. Fontaine-Jean, dans le Gtinais, fonde en 1124. Fontaine-le-Comle, abbaye d'hommes, du diocse de Poitiers. Fontaine-Saint-Martin, abbaye de filles, ordre de Saint-Benot dans
Je relve Fontaine-les-Dlanches, abbaye d'hommes 2 lieues d'Amboise. dans le Dictionnaire des Postes un peu plus de trois cents localits portant le nom de Fontaine ou Fontaines avec divers qualificatifs. Des recherches
le
Maine.
devraient tre faites relatives aux lgendes qui peuvent tre attaches ces
localits.
tudes saint- giientinoises, t. III, p. 351. Dans les communes Benay; Fieulaine, Flavy-Martel Fontaine-les-Clercs Fontaine Notre-Dame Fontaine Uterte ; Gricourt Holnon Marteville PleineSelve; Regny; Ribemont, Saint-Quentin; Sissy Surfontaine; Tugnes, Ver2.
3.
-,
mant.
Les fontaines appartenant ces communes sont places sous l'invocation d'un saint, avec une lgende chrtienne et frquentes par de pieux plerinages elles montrent que ni la rflexion, ni l'exprience n'ont pu du
;
truire la confiance
de leurs eaux
"
(Ch.
la vertu
204
;
Georges saint Pierre, des clercs et des ermites, vocables tous les saints et les trangers aux vocables d'Eure-et-Loir
;
saintes
sont tout autres. Ce n'est donc pas le caractre des comme patron des sources'.
croit,
Ch.
Gomard
comme
La lgende chrtienne, crit-il, s'est substitue la mythologie cella plupart des fontaines de Pitique dans les plerinages qui se font cardie. Les saints ont remplac les fes.
Rien n'est pittoresque comme le spectacle que prsente la fontaine de le jour de l'Ascension. Villageois et villageoises ont dsert les villages d'alentour pour se rendre la fontaine. On est tonn de l'affluence de monde qu'on y voit arriver des villages d'Holmon, VerSaint-Quentin
mand,
Ktreilley, Fayet, Selenecy, Maissemy et de Saint-Quentin \ Presque tous les plerins ont la main un gros bouquet de cette fleur parfume qu'on appelle potiquement mai-blum. J'ose dire que chaque alle du bois ressemble ce jourAttilly,
Marteville, Savy,
mme
de
la ville
. un parc anglais. C'est pour les personnes pieuses un plevnr, pour les lgantes villageoises une occasion de montrer rinage leurs rubans et leurs jolis minois. Tout l'espace compris entre la fontaine et les bois est encombr de paysans, de paysannes qui genoux,
de ce ct
numro du 25 mars
1862, en
parlant de la fontaine de Saint-Quentin, rapporte une coutume qui existait autrefois dans toutes les communes environnantes. C'tait d'aller le y^f novembre de 3 4 heures du matin en plerinage la fontaine. On
dont chapassait la nuit en cet endroit, on y entretenait un grand feu cun emportait un peu pour allumer la lampe de la maison.
Les tudes de
Bulliot sur
le
culte
des eaux
dans
le
nous que pays Eduen sont presque aussi instructives pour le sur de Boisvillette M. celles de pays Chartrain, bien que M. Bulliot se soit surtout proccup de trouver en pays
duen
plet
Il
n'est
com-
des fontaines sous le que de ce cl. La liste qu'il dresse de cinquante-huit^ moins ne s'lve vocable de l'aptre pas
1. Les divinits paennes des sources thermales, Borvo, Grannus, Sirona, sont au contraire des divinits spcialement secourables aux malades. Borvo et Grannus sont des Apolhns gurisseurs, Sirona une Artmis. 2. La fontaine de Saint-Quentin est situe une certaine distance de la
ville,
dans le bois d'Holmon. C'est certainement l un ancien usage paen, un souvenir un peu confus de la rnovation du feu solslicial. Voir plus haut. 3. Surpassant dj notablement le chiffre des fontaines sacres d'Eure-et-
Loir.
205
Or Martin, l^oi, un peu plus tard, faisant la guerre aux superstitions paennes relatives aux fontaines, aux arbres, aussi bien qu'aux pierres, si des fontaines
sainl
lui sont consacres, elles doivent l'tre
'
comme
au
mme
titre
que
les
chapelles rig-es sur l'emplacement des temples renverss. Saint Martin, pas plus que saint loi, ne niait les miracles
aux fontaines paennes au nom des dmons; il exio-ea qu'ils se fissent au nom du Christ ou de ses saints. Les fonfaits
des superstitions paennes qu'en dtruisant les monuments auxquels ses souvenirs se rattachaient ou en les christianisant*.
avant d'tre, comme aujourd'hui, des sources saintes^. Ces cinquante-huit fontaines Saint-Martin ne sont pas les
1.
Saint Martin
exorcisait les
fontaines
(Bulliot,
La mission de saint
Martin, op. laud., p. 6). 2. Les 58 sources de Saint-Martin se trouvent dans les communes suivantes (nous relevons les indications donnes par M. Bulliot eu suivant l'ordre des pages) Saint- Germain-du-Bois (chapelle et fontaine, p. 54), Bellenot et
(p. 60), Charigny et Roilly avec trois fontaines (p. 62), Vic-deChassenay (p. 62), Lantilly (p. 64), Massigny-les-Vitteaux ^p. 70), Fresne (p. 78), Nod, Etalente et Saint Martin-du-Mont (p. 89), Vanaire (p. 99j, Darois et Salives (101), Arceau (p 104), Brognon (p. 105), Senay (p. 108), Gorboin et Couchey (p. 112), Bouillaud (p. 118), Mavilly (p. 125), Saint-Komaiu (p. 138), Baubigny (p. 140), Cordesse (p. 235), Foissy (p. 240), Gissey-surOuche (p. 251), Baume-Laroche (p. 252), Chissey (p. 270), Saint-Martin- de-la Mre (p. 270), Beaurey-Beauquay (p. 279), Laizy (p. 289), La Commelle-sous-
Cissey-le-Vieil
Beuvray
(p. 302),
(p.
293),
Saint-Sernin-du-Bois
(p. 303),
(p.
301),
Saint-Martin-de-Chazelle
(p. 326),
(p.
Certenne
334),
Maison-Dru
(p.
roux
(p.
Cressy-sur-Somme
(p.
(p. (p.
317),
303),
tophe- en-Brionuais
347), Roussillon
(p. 350),
La Petite-Verrire
et
Chteau-Chinon Glux-en-Gleune
(p.
335),
Ghaumart
Gienne
(356),
Saint-Hilaire
Vauclair
362), 410),
(p. 368),
Laroche-Milley
(p.
(p. 398),
Commagny
Cla-
404),
(p.
AUuy
429),
(p.
Bazolles et Huez
421),
Corbigny
(p. 425),
mecy
Druyes-les-Helles-Fontaiues
(p. 435).
206
seules fontaines saintes du pays duen. Outre les fontaines duen renferme, ayant le mme caracSaint-Martin, le
pays
tre de saintet,
et
de sources
diviniss au
temps du paganisme.
et
populaire.
la tiraient de toutes parts les plerins et les malades. Aucune rgion de ni culte un plus plus gnral Gaule, peut-tre, n'avait pour les sources Tous les cours d'eau tributaires de la Seine taient diviniss.
Dans ce pays accident o ils mergent du calcaire, parfois de grottes, de creux de roches, de vallons pittoresques ou abruptes, chaque fontaine avait son gnie, sa dame, sa cloue, qui recevait les frandes des habitants.
vux
et les of-
Cette nouvelle srie est aussi loquente que la prcdente. Non seulement M. BuUiot nous y rvle des pratiques absolu-
ment paennes, mais insiste sur ce fait caractristique, commun du reste aux fontaines Saint-Martin, que bien souvent
l'oratoire voisin est construit sur les ruines soit d'un sace//^<m,
soit d'un
A
du
vocable
saint patron du lieu. Elle est le but d'un plerinage. Les malades vout d'eau en nombre boire pour tre guris, mais doivent absorber les tasses y la gurison est infaillipair; dans le cas contraire, s'ils se mprennent,
blement compromise*.
Arc-sur-Tille
existait
appareil, dans
laquelle on a recueilli
bronze
-,
la
le agglomration confirme l'opinion d'aprs laquelle la de Gaule en t aurait pierre culte des eaux l'poque dj pratiqu de haches et de silex trouvs dans les polie. Il existe d'autres exemples
l'entour
cette
fontaines.
La fontaine de Chaignes
de Saint-Romain de Dau-
renfermait bigny, en longeant la base du plateau d'AUvenet La cage qui cette fontaine, lorsque nous l'avons visite, il y a trente ans, tait forme,
comme
celle
dalle de prs de 2 mtres, reprsentant un long personnage d'une nudit un complte, indiquait une divinit mentionne par Courtpe comme
1. 2.
3.
Mission de saint Martin, op. laud., p. 42. Mission de saint Martin, op. laud., p. 104. Missioti de saint Martin, op. laud., p. 62.
207
y avaient t trouvs
prcdemment'.
Le prieur^ de Commagny, une des plus anciennes dpendances de Vahbaye de Saint-Martin d'Autun, fut ddi par les mornes de saint Hilaire, matre de saint Martin, sur une colline au sud-ouest de MoulinsEngilbert, prs de la voie romaine, et j^assait pour tre lev sur l'em-
placement d'un oratoire paen'. Une source sacre, accessoire ordinaire des temples et particulirement des sanctuaires ruraux, coulait au pied; elle est aujourd'hui ddie saint Gervais ; une ancienne statue du saint
est place
dans une niche sous la vote qui recouvre la fontame. Le jour de Saint-Laurent, on y trempait les nouveaux-ns, et s'ils taient malades, leurs langes. Dans les temps de scheresse le peuple descendait la s'alue dans
l'eau
pour obtenir de
la pluie*.
Et M. BuUiot ajoute
ici
toutes les
traces
encore subsistantes des superstitions celtiques que combattait saint Martin % toutes les fontaines, les pierres lgendes de chaque hameau
l'oubli.
est la fertilit
nous nous arrtions. Vous voyez quelle du sujet. Je vous demande, toutefois, la per-
mission d'extraire encore de mes notes quelques renseigneles dpartements d'Eure-et-Loir, de la de Cte-d'Or, de la Nivre, de l'Yonne et de Sanel'Aisne,
ments
prouvant que
La Bretagne au moins
majeure partie des
p. 202.
2.
Dans
le
pays dueu
comme
dans
le
pays Chartraia
la
foQtaines sacres dpendaient des abbayes. Voir plus haut, 3. Cf. Collin et Gharleuf, Sainl-Honor-les-Baiiis, p. 281.
4. Cette pratique se retrouve eu Bretagne. Dans certaines paroisses du Morbihau, dit Mah, ou a conserv la coutume d'aller certains jours processionnellement la fontaine avec la statue du saint pour la plonger dans l'eau.
observer l'ingnieux rudit, une coutume semblable existait eu certains j)ays dans l'antiquit. Tous les ans les femmes d'Argos allaient prendre au temple la statue de l'allas-Atlien et la conduisaient en pompe au fleuve Inachus o on la baignait Rome o la desse Cyble tait (Callimaque, Hymne 2). Mme crmonie de l'Almon, affluent du Tibre (Ovide, plonge solennellement dans les eaux Fastes, liv. IV, v. 337). Saint Augustin (Cii de Dieu, II, 4) fait mention de
Plus cet usage est bizarre, ajoute-t-il, plus il pour anantir quelque ancienne superstition.
est
probable
effet, fait
qu'il
a t tabli
En
cette
crmonie pendant laquelle on profrait de si tranges obcnits que les confus mulliludo dehidt abire confusa. spectateurs devaient s'en retirer et qu'il n'a pu dtruire. 5. BuUiot aurait d ajouter 6. Sans vouloir dire qu'une aussi grande abondance de faits pourraient tre
:
208
serait
la fort
:
Quiconque ayant puis de l'eau la fontaine en rpand sur le perron du chteau seulement quelques gouttes, rassemble soudain des eaux
charges de grle,
fait
gronder
le
tonnerre
et
voit
l'air
obscurci par
d'paisses tnbres*.
La Villemarqu
tait
fait
remarquer que
la
mme
tradition exis-
chez les Gallois. Les montagnards de Snowolon, dit-il, racontent encore, aujourd'hui, que si quelqu'un agite l'eau du
lac
Dulenne de manire
le faire rejaillir
jour.
On ne
La
foi
un orage s'lve avant la fin du douter ce soit l une lgende celtique. que peut aux vertus de la fontaine Baranton ne s^'est pas perdue.
1835, dit l'auteur des Contes populaires, au mois d'aot, les habitants de la paroisse de Goncoret* se rendirent processionellement, bannires et croix en tte, au chant des hymnes et au son des cloches, la
En
demander de
la pluie
au
Ciel.
Le chevalier de Freminville cite une fontaine sacre situe Primelin sous un dolmen . Emile Souvestre en signale trois
*
Il
n'est pas,
ar^yioricaine
une seule
Si toutes les [op. laud., p. 237) avait dj dit dans le ne se trouvent d'une glise ou fontaines voisiiage pas nous avons constater avait d'une chapelle, pu quil ny point de
Rosensweig
chapelle ou d'glise qui n et sa fontaine particulire portant le mme vocable quelle. Nous avons des exemples, chose trange,
les
de chapelles riges sur la source elle-mme quels que fussent inconvnients et les difficults d'une pareille construction.
,
un nombre considrable
dans
1.
le
p.
318, ci-
3.
4. 5. 6.
Freminville, Antiq. du Finistre. Em. Souvestre, Le Finistre en 1836, p. 94. N. Quellien, La Bretagne armoricaine, p. 213.
et suiv.)
t.
;
Les dieux de la cit des Allobroges [Revue celtique, t. IV, p. Les divinits indig'etes des Voconces (Bull, de VAcad. delphinale,
Xll, 187(3).
209
dans
Les divinits nationales qui y prsidaient, crit-il, avaient t relji,'ues les laraires des carrefours, desservis par les sevirs augustaux,
choisis
gnralement parmi les affranchis, tandis que les prtres des temples rigs dans la contre au^ h?^- dieux de l'Olympe taient de haut rang et d'origine ingnue, pontifes, augures et flamines*.
regrett Sacaze n'tait pas moins affirmatif dans ses tudes sur les divinits des valles pyrnennes. Mais plus riche encore en sources sacres et superstitions
Le
relevant des temps payons est le Limousin oii les archologues du pays nous assurent que les fontaines saintes sont au nombre
de cent cinquante (voir Arinexe D). Le Limousin est avec la Bretagne et le Morvan l'un des pays oii les traditions celtiques sont le plus tenaces.
le savant le plus comptent en pareille excellent son travail intitul Un vieux rite mdans matire, un doublement intressant pour nous, dical, mentionne usag-e pratiqu Monlailland en Berry, o l'on va la fontaine de
Enfin M. Gaidoz,
la
migraine*.
On voit encore aujourd'hui, dans les Chenevires de Montailland, une fontaine qui porte le nom de Sainte-Rodne et qui n'a cess d'tre un objet de dvotion. Cette fontaine, assez semblable aux citernes de nos marachers, est entoure de quatre murs dans l'un desquels est encastre
une image imparfaite de la sainte. On y vient d'assez loin pour la migraine mais le malade qui veut obtenir sa gurison doit placer sa tte dans une lgre excavation^ naturelle ou factice (?) de la paroi de droite, en se tenant suspendu au-dessus du bassin l'aide d'une flche de fer plante dans
;
cette intention que pour aider puiser l'eau. Cette certaine adresse, n'est pas sans danger, et il y a d'annes une fille se noya, dit-on, en voulant l'excuter. J'omets jeune peu dessein plusieurs superstitions grossires, rpudies par l'glise*.
la muraille, tant
un temps immmorial,
le
Ce sont
2.
H. Gaidoz,
Un vieux
rite
du Berry,
3. 4.
1864, p. 72.
A rapprocher
Ce sont celles-l justement que nous aurions aim connatre. 3. Mmoires de la Socit des Antiq. de France, t. I, 1817, p. 428 d'une lettre de M. Thomas de Saint-lMars.
14
210
un peuple immense'
se
les paralytiques, les aveugles, les malades de tout genre viennent y chercber la gurison de leurs infirmits. Ils partent de grand matin des villages o ils ont couch, et des prairies o ils ont t obligs de bivouaquer; car ils sont en grand nombre et se rendent au
temple consacr saint Estapin. Ce temple est situ dans une gorge qui s'ouvre vis--vis de la ville de Dourgne et au midi de la montagne. Les
plerins font neuf fois
le
tour
du temple
et se
la plate-
membre
pour
troduire dans un des trous pratiqus dans les afflig auquel ce trou est destin. Il y en a de diffrents calibres
la tte, la cuisse, la
jambe,
le
assure que les boiteux marchent droit, que les aveugles voient, que les paralytiques recouvrent l'usage de leurs membres*.
h\si fontaine de Montes
Lorsque cette premire preuve n'a pas russi, les plerins ont recours ou de Saint-Jean. Cette fontaine est situe dans la gorge qui suit immdiatement celle o est bti le temple de Saint-Es-
tapin.
Bien que les noms des divinits gauloises prsidant ces sources nous soient parvenus en trspetit nombre, nous avons, ce semble, le droit de conclure maintenant que l'usag-e de diviniser les sources en leur attribuant de mystrieuses vertus
tait
ces divinits,,
gnral chez les Celtes. Il est probable que beaucoup de comme chez les Plasges^, taient innommes et connues uniquement sous le nom gnrique qui, en celtique,
rpondait au deus ou au dea des Latins, associ au nom topique de la source, sans que peut-tre le sexe de la divinit
1. Ce prodigieux concours tant devenu la cause de scandales et de dbauches, le temple de Saint-Estapin fut ferm en 1765 par arrt du parlement de Toulouse. Il fut rouvert quelque temps aprs, ferm de nouveau par la Rvolution. Le culte depuis a t repris avec zle. (Note de M. Clos.) 2. Le temple est le dpt de bquilles et autres instruments devenus inutiles
Clos.)
Les Hrodote, H, 52-53 Plasges ne donnaient ni nom ni surnom aucun des dieux. On a longtemps ignor l'origine de chaque dieu, leur forme, leur nature et s'ils avaient tous exist de tout temps, ce n'est, pour ainsi
dire,
le sait.
Je pense, en
;
effet,
qu'Homre
et Hsiode
ne
vi-
vaient que quatre cents ans avant moi or ce sont eux, qui, les prerniers, ont crit en vers la thogonie, qui ont parl des surnoms des dieux, de leur culte,
de leurs fonctions,
taient ce
et qui
mme
tat d'esprit,
Les Celtes avant les druides dans lequel taient encore les Germains au
temps de Tacite.
211
pugnance
de
cette
l'anthropomorphisme est
deus sive dea, suivant l'antique formule. La run des traits particuliers
priode. On a souvent attribu l'influence des druides l'absence de reprsentations figures des divinits chez les Celtes. C'est une erreur. de L'antipathie existait ds
l'ge
la pierre et l'ge
du bronze
la
phrase de Tacite o
il
est parl
de cette interdiction s'applique non aux druides, mais aux Germains. C'est, au contraire, l'poque o rgnaient les druides
qu'apparaissent les premires reprsentations des dieux sous la figure humaine. Les noms des saints et des saintes que le
christianisme a substitus aux gnies paens nous sont seuls parvenus, mais ces noms se rattachent des usages, des
crmonies, des pratiques, des plerinages qui sont bien celtiques dans leur essence et dont la plus grande partie taient
dj, l'poque
demander
la rv-
du gnie mythologique de nos pres. Les druides ont pu prsider ces crmonies suivant un principe presque gnral dans la haute antiquit en dehors du groupe aryen, la
chaman ou
druide, pour
que
le sacrifice
ou
les introducteurs.
culte en Gaule.
ct des fontaines, les lacs taient galement l'objet d'un Nos renseignements sont moins riches cet
que chez nous les lacs sont relativement rares. Nous avons toutefois de ce culte un exemple historique que nous pouvons considrer comme typique. Nous voulons parler du culte paen que l'on rendait encore au lac
Il
mme
que nous en
saisis-
est vrai
uns offraient, en
les jetant
dans
le lac,
lin et
1,
S. Gregorii episc.
2.
[).
874.
212
de drap, mme des toisons entires, d'autres des fromages, de la cire, des pains et mille autres choses, chacun suivant ses moyens. Ces pral'occasion d'une tiques taient suivies de sacrifices d'animaux. C'tait fte. On faisait conduire en ce lieu des charrettes de provisions pour <rois
jours, que l'on passait, tout entiers, faire bonne chre. Le quatrime s'en retourner, il ne jour, quand tout le monde tait sur le point de
s'lever un furieux orage, ml de tonnerre et lueur desquels il tombait tant d'eau et de pierres qu'on dsesprait de sa vie et de son retour. Les paysans du pagus n'en c(^ntinuaient pas moins de se rendre, au jour dit, au bord du lac et d'y
manquait jamais de
d'clairs,
la
accomplir leurs crmonies impies, quand, dit Grgoire de Tours, un vque du pays, inspir par la Divinit, eut la pense d'difier, au bord du lac, une chapelle sainl Hilaire de Poitiers, dans laquelle il dposa
Ne continuez pas, mes chers des reliques du saint disant, au peuple fils, pcher devant le Seigneur. Il n'y a dans le lac aucune puissance a laquelle vous deviez ces pratiques *.
:
ias, si,
partir de ce
moment,
Quant
des pices de monnaie; et il n'est en pleripas certain que Ton n'y aille pas encore isolment
lui jeter
la
nage*.
1. Nolite, ftlioli, peccare ante Dominum, nulla est enim religio in stagna. Noliie maculare aninius vestras in his rilibus vanis, sed potius cognoscite Deum. Nous donaoQS cet extrait de Grgoire de Tours, d'aprs Dom Martin La Re:
ligion des Gaulois, t. 11, p. 57. 2. Il serait intressant d'y faire des fouilles.
DEUXIEME PARTIE
XVP LEON
RSUM DE LA PREMIRE PARTIE
Les religions, quelque moment de leur existence que nous les examinions, sont toutes, plus ou moins, remplies de survivances'.
tout logique
dans toutes ses parties, comme peut l'tre un systme de philosophie. Les religions recueillent, dans le cours de leur
dveloppement, des lments nouveaux qui les rajeunissent transforment, mais sans qu'elles se dbarrassent jamais compltement de leur pass. Ces reliques du pass, l'il perset les
picace d'un observateur habitu aux recherches scientifiques peut les retrouver.
Ces observations trouvent particulirement leur application dans les pays dont la population, comme en Gaule, se compose de plusieurs couches successives et diverses, de conqurants ou d'immigrants, de complexion religieuse diffrente,
ayant eu chacun leurs divinits particulires qu'ils ont du
tenter d'introduire dans
le
ont d conserver
les Grecs, puis les
les
titre
Romains
du Nord
populations qui s'tendaient du Rhin l'Ocan, de la mer la Mditerrane, ils y trouvrent et nous signalent eux-mmes des Ligures, des Ibres, ou Aquitains, des Celles,
1.
et
du
216
les
des Galates et des Belges formant un corps de nation auquel Romains purent bien donner un nom ethnique gnral, qui
les comprenait tous indistinctement, mais dont les diverses branches n'avaient pourtant pas perdu tout caractre de per-
sonnalit, sans
compter
les
couches primitives
et
profondes
la
dont ni
les
Grecs, ni les
couche des populations quaternaires ei celle, bien plus importante par le rle prpondrant qu'elle a jou, l'origine, la couche laquelle nous devons l'rection des monuments mgalithiques et l'introduction de la civilisation que ces monuments reprsentent. Mais cette diversit de population dont la consta-
donne
la clef
de notre
n'tait point
pour
frapper Timagination des historiens grecs et latins, mme les plus srieux et les plus philosophes. Csar* et Strabon y font
allusion sans en signaler l'importance. Ils n'y insistent pas. L'existence en Gaule d'une aristocratie militaire et d'une aristocratie religieuse
dominant le
une
est
tout ce qui leur semble digne de mention. Dans cette constitution sociale si diffrente de la leur, ils ne voient rien d'anor-
mal, rien qui mrite explication et passent. L'tat religieux de la Gaule semble les laisser un peu moins indiffrents, mais
ils
n'en voient que le ct extrieur, sans chercher rien approfondir. L'existence d'une puissante corporation o se recrutent les druides, jouissant de nombreux privilges, entre
les
la
la fois devins et mdecins, parmi lesquels se trouvent mme des astronomes et des philosophes, a seule attir leur attention.
De
leurs doctrines,
une seule
est
mise en lumire
la
1.
qu'il
avait plus qu'on ne pense la conscience de ces diversits dans la population Gallia est omnis divisa i?i partes trs... Hi omnes lingua, instide la Gaule tuas, legibus inter se differunt. Csar aurait d ajouter qu'ils diffraient ga-
lement sous
2.
le
rapport du culte.
217
raissent
croyance l'existence d'une autre vie. Ces prtres leur appacomme des espces de mages, disciples de Zoroastre.
Quelle action ces mages, ont-ils eue sur les croyances populaires? nous en croyons Csar, malgr le monopole de l'enseig-nejouissent, cette action aurait t nulle sauf sur un croyance l'immortalit de l'me. Sur les principaux
ils
,
Si
meiit dont
point dieux
la
Mercure, Apollon Minerve, Mars et Jupiter, les Gaulois auraient eu des ides analogues celles des autres natio7is\ La
:
religion populaire n'existe pas pour lui^ En dehors de la croyance des Gaulois une autre vie, un seul usage, une seule
pratique religieuse, lui parat mriter une mention spciale: la pratique habituelle des sacrifices humains auxquels les
druides prsident. L'originalit de la religion des Celtes, aux yeux des historiens ou moralistes grecs et romains, se rsume en ces deux faits croyance une autre vie; pratique rituelle
:
sur les dieux en gnral et les divinits du panthon grec en particulier^, des ides analogues celles des autres nations. des sacrifices humains; pour
le reste,
S'en tenir ces tmoignages serait se faire une ide bien fausse et bien incomplte de la religion des Gaulois et du
caractre des druides.
le
Le
religion, que les druides, ainsi que nous l'apprend Csar, fussent venus de la Grande-Bretagne leur en apporter une. Nous ne voyons pas d'un autre ct que ni les Phniciens, ni
une
Grecs aient eu, en dehors des ctes, aucune influence religieuse sur le pays. Nous avons assez insist, sur ce point dans
les
nos premires leons, pour esprer vous avoir convaincus. Nous n'avons trouv aucune trace sensible de culte l'po-
que quaternaire ou
mme
cela ne veut
1.
De
his
eamdem
fere
quam
{B, G.,
VI, XVII).
2. Frret a dj montr combien, sous ce rapport, les ides de Csar taient fausses. dit. in-12, t. XVIII, p. 161 et suiv. (1796) et notre Annexe A.
.3.
Adopt par
les
Romains.
218
pas dire que les populations fussent alors prives de religion, mais seulement qu'aucun monument de cette religion ne nous
parvenu*; l'tude des monuments mgalithiques, au contraire, nous a rvl avec nombreuses preuves l'appui, durant
est
la
le
priode de la pierre polie, une re de ferveur religieuse sur caractre de laquelle le magnifique dveloppement du culte
des morts ne peut laisser de doute. Ce n'est pas seulement par l'aspect monumental des chambres spulcrales dont la solidit, comme celle des pyramides d'Egypte, a dfi les sicles,
nous ont
mais par leur contenu, que ces importantes spultures initis aux secrets du pass. Je veux parler de cette
abondance de pierres prcieuses trangres au pays, jade, jadite, callas ou turquoise, chloromlanite, cristal, perles
d'or dposes auprs des morts, par centaines dans certains
monuments, aussi bien que de ces sculptures bizarres que nous retrouvons presque identiques des deux cts du dtroit
de la Manche, en Irlande, en Ecosse,
comme
en Armorique
et
jusque dans l'Inde, x'^joutons que des crmonies magiques s'accomplissaient dans ces caveaux. Les sagaces observations
de M. Abel Matre nous ont permis de conjecturer que l'alle couverte deGavr'-Inis tait la tombe d'un chiromancien, aprs
avoir peut-tre t sa demeure, celle, au moins, d'un magicien.
Au Man-er-H'oech, au Man-Lud, les crmonies funraires dont nous saisissons les traces, bien que d'un autre genre, nous ont prsent le mme caractre cabalistique. Nous avons
assist
un
sacrifice de
chevaux dont
les
ttes,
quand
la
chambre
dans
fut ouverte parle regrett RenGalles, reposaient encore sur des menhirs aligns en demi-lune; nous avons trouv
la chambre spulcrale une grande et superbe hache en chloromlanite reposant sur un disque ovale en jade, prcde et suivie d'autres haches et de grosses perles en callas, traant
sur
le
la direction de la
marche du
soleil,
1. La perfection de certains dessins et gravures de l'poque des cavernes indice d'un dveloppement intellectuel trs remarquable, rend cette absence
219
tique.
de ne pas attacher une signification mysparat impossible Comment mconnatre la signification de ces fouilles?
l'tat
Et peut-on se refuser y voir une sorte de rvlation de social qui rgnait alors au nord-ouest de la Gaule?
Ces
faits
empruntent une plus grande importance l'tenzone gographique sur laquelle dominent les monul'ouest de la Gaule,
grande partie de l'Irlande, les contres mridionales de de l'Angleterre, la Scandinavie presque tout entire, les ctes
la
Germanie jusqu'
et
les
hauteur de Berlin, Plus l'ouest, nous retrouvons en Portugal. Ils reparaissent au Maroc, en
la
Algrie
pied du Caucase, les ctes sud-ouest de la le pays des Hittites, en Syrie, plusieurs contres de l'Inde
Des
dans
ou dans
spulcrale,
de cercles
gravs sur des roches erratiques ou des rochers, n'ont d vous laisser aucun doute sur la parent religieuse de ces monuments.
Des tribus de
mme
civilisation
l'est
temps historiques, de
pothse
ont parcouru par del les l'ouest, ces vastes contres. L'hy-
est-elle invraisemblable?
dmontr
considrations.
Examinons
normant
^
;
nouveau la carte
la
lgende Age de la prpondrance des Chamites Touraniens avant les migrations aryennes 3500 ans environ avant J.-C. Pntrons-nous de ce que dut
et des
1.
mditons-en
2"=
Jit.,
planche V,
et la carte
com-
plte dpose au
2.
3. J. A.
5.
Muse de Saint-Germain,
Cf.
gauloise, 2^ d., p.
17,".
Histoii'e
carte, n" 2.
220
tre cet
le
centre, occupant
les contres qui seront bientt la Chalde, l'Assyrie et la Mdie, s'tendait alors surtout le nord de l'Asie et dbordait
sur l'Europe. Rappelons-nous qu'au v" sicle avant notre re*, tout le nord de cet empire tait encore terra incognita pour les Grecs, et nous serons amens nous demander si, pen-
dant ces trois mille ans de vie ignore, ce monde primitif n'a pas d faire son uvre, comme le monde aryanis. Cette
uvre que nous ignorions^ de grandes dcouvertes commencent nous en rvler la puissance. Elles nous apprennent par le tmoignage de monuments
:
Que
cette
tait occupe,
l'est
depuis l'antiquit la plus recule, comme elle encore aujourd'hui, par une srie de tribus appartenant
un groupe linguistique particulier: le groupe touranien, faisant pendant, pour ainsi dire, au groupe mridional des langues
dites indo-europennes.
2
Que
ce
rieurement '
Hongrois, ne non seulement les encore Finnois, auquel appartiennent une de la vous ternature, reprsente pas des dshrits
nelle barbarie
chrtienne
les
Turcs
et
les
ou
une destruction
lente,
mais
parait,
au
contraire, avoir donn naissance la plus ancienne civilisation du monde, une civilisation, pour le moins, aussi ancienne
que
qu'il ft
questiodd'Hbreux,
des reprsentants de ces tribus toud'Assyriens raniennes, disons scythiqiies, pour nous servir du terme sous
lequel les Hellnes les ont connues, avaient fond, au sud de la Msopotamie, des cits florissantes auxquelles la Bible
fait
1. Voir la Carte du monde connu des anciens, d'aprs Hrodote [La Gaule avant les Gaulois, 2" dit., p. 162). 2. 11 parat de plus en plus probable que la civilisation gj'ptienne est fille de la civilisation chaldenne. Justin soutenait dj, d'aprs Trogue Pompe,
que
la civilisation
la civilisation
gyptienne.
RSUM DE
LA.
PREMIRE PARTIE
221
Touraniens ne possdaient pas seulement, 3,500 ans au moins avant notre re, l'criture cuniforme* que les Assyriens conservrent comme criture sacre, mais tout un systme religieux compos de formules et d'incantations magiques, graves sur des briques crues dont un grand nombre sont parve-
nues jusqu' nous, et qui ont pu tre dchiffres. Le souvenir vague mais persistant s'tait conserv en Orient^ de la longue
On
rapporte,
leur
paya
tribut
fond de la population mdique, chez laquelle se dveloppa l'institution des mages, tait touranienne. Nous pouvons y suivre^ a pu dire Fr. Lenorle
mant,
dveloppement de
l'esprit touranie7i,
paux
JNous avons vu que la caractristique de cette antique religion tait la croyance aux Esprits dont la nature entire est
remplie, esprits gnralement mal disposs pour les humains et dont il faut conjurer les malfices par des formules et des incantations". C'est, au fond, le chamanisme de nos jours, tel
que
lie,
les
voyageurs nous
et
le
en Tartarie
chez
les
lir
une
srie
de la manire
tations
1. Cf.
l
(coll.
Hachette),
vol., p. 570.
2.
Nouvelle preuve de
qui, sans doute, ont besoin d'tre expliques, tiennent un grand fond de vrit,
3.
que mritent les vieilles lgendes mais qui, presque toujours, con42
:
Justin,
dit.
Panckoucke,
liv.
Il,
;,
p.
quinquentos annos vecligalis fuit. Pendendi tributi finem Ninus, rer Assyriorum,
imposait. 4. F. Lenormant, La magie chez les Chaldens. 5. Dont les prtres avaient le dpt. Il y avait eu en Chalde une classe sacerdotale, de toute antiquit. Les mages furent leurs successeurs.
6.
D' Laenrot, Les anciens chants magiques du peuple finnois (en sudois).
22'-2
mant. Vous vous rappelez que les Finnois appartiennent famille touranienne. Voil tout un vieux monde ressuscit
de
la vraie pr-histoire.
Or, ce groupe de superstitions dpendant du culte chamarattacher non seulement les superstinique, nous ont paru se tions relatives la vertu des minraux, l'astrologie, aux exor-
cismes, mais la puissance des sacrifices humains, superstitions au temps de Csar, qui rgnent qui rgnaient encore en Gaule encore et sont trs vivantes dans plusieurs contres borales.
plus des humains croire que l'origine de la pratique sacrifices rituels doit tre cherche chez les Touraniens et non chez les
Nous vous en avons cit des exemples rcents, dont Tun drame des plus mouvants. Nous inclinons de plus en
est
un
Smites,
oii ils
nous paraissent
s'tre
conservs,
comme
chez
Nous
Quand, du
fait
de l'existence de
mahados ou identiques (les dolmens cercles concentriques fuses), ainsi que de la superstition relative aux pierres de tonnerre que nous retrouvons s'chelonnant de l'Irlande aux rives du Gange, nous rapprochons cet
trous, les cupules^ les
autre
fait,
la
succession de grandes
scythiques, tartares, mongoliques, commenant avec les Scythes de Justin une poque prhistorique, se renouvelant aprs bien des tentatives ignores
invasions
au
vi sicle
Khan; au xivS avec Timour ou Tamerlan, nous sommes de ces immenses dplaceoblig de reconnatre la possibilit
ments, de ces conqutes lointaines, consquence logique de la vie nomade des tribus scythiques qui portaient ainsi au
loin la propagation de leur langue et de leur culte. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette question. Contentons-
nous
que
la
223
du cl du nord
niennes
et
et
la pense la vie sociale des tribus mgalithiques, c'est chez les Finnois et les autres peuples de civilisation touranienne que
nous avons d en
aller
Voil un premier fond religieux qui, dans une certaine mesure, ragit encore sur nous. La religion des Gaulois serait une
nigme indchiffrable
ces vrits.
nous n'en demandions pas la solution Beaucoup de nos superstitions que le christiasi
nisme
et la science ont
antique origine. A l'ge de la pierre succde, en Gaule, l'ge des mtaux (bronze et fer). De nouvelles influences religieuses trs puissantes,
remplacent, durant cette priode, les influences que nous avons qualifies de scythiques. Des tribus apparentes aux
Celtes, cantonnes dans les Balkans et sur le haut
une poque antrieure au x^ sicle, passent le nombre, incessamment suivies par des tribus de mme race ou du moins de mme civilisation dont la valle du P est
bientt inonde
comme
la valle
du Danube'. La
civilisation
de ces tribus est d'un ordre suprieur celle des tribus mgalithiques qui, bien que plus nombreuses, sont celtises par
les
niennes,
surtout
pastorales
les
nouveaux venus
nous apportaient,
taient, en
majeure
avec
le rite
inhumaient), le culte du feu sacr que nous retrouvons chez tous les peuples de civihsation aryenne. Une rvolution religieuse aussi profonde est l'indice d'une rvolution sociale
importante.
de nos conjectures que Jusqu'ici nous n'avions eu l'appui
des
monuments muets,
toujours
1.
Danube
el
du P.
224
comme
culte se prsente
rantes, sans doute, mais non pas mortes encore et une srie de monuments qui ne sont plus absolument muets. Nous mettons
les pieds
sur
le
domaine de
l'histoire.
Nous
faisons allu-
aux crmonies
autres
solsticiales,
aux
petits autels
pyrnens
et
ou
le
nous
les
armoricaines. Ces pratiques, ces symboles traditionnels sont d'autant plus intressants pour nous qu'ils nous transportent incontestablement bien au del de l'poque o le druidisme a
Gaule. Nous avons vu les pratiques des feux de la Saint-Jean faire partie des crmonies qui se reproduisaient Rome aux anniversaires de la fondation de la Ville ternelle o, disait la lgende, elles avaient jou
d prendre possession de
la
un
rle.
Au
sicle
le sens.
Les symboles de la roue et du swastika remontent, de leur ct, en Asie-Mineure et dans les les de la Mditerrane,
quinze sicles au minimum avant notre re. Ils ne semblent pas moins anciens dans l'Inde. En Gaule, aux environs du viii sicle, ils
apparaissent dans les stations lacustres. Les plaques de ceinturon des ncropoles de la fort de Haguenau, des tumulus
et des
Vlaux,
la pierre
Sauvaire ^
pyrnens, les autels des cohortes en Grande-Bretagne tmoignent du respect dont les symboles du swastika et de la roue
taient rests entours en Gaule pendant plus de huit sicles.
dernier tmoignage, le plus clatant, de la valeur mystique attache au swastika est le fait reconnu par l'Eglise elle1
.
Un
les valles
du Danube
et
du P,
p. 89 et suiv.
2. 3.
plauche S.Mir
225
mme, que
pri.
ds
Mme phnomne
s'est
Saint-Jean et un grand nombre de cultes locaux o les saints ont pris la succession des divinits paennes*. Or dos impressions aussi persistantes, aussi vivaces, aussi gnrales, seraient inexplicables, si elles n'taient le rsultat de croyances
ayant longtemps et fortement domin les populations, chez lesquelles nous en retrouvons les traces encore chaudes sous
les
cendres qui les recouvrent. Le caractre de gnralit et ineffaabilit de ces croyances autorise une autre affirmation
:
la persistance
dans
le
Ces croyances, ces usages, ces pratiques, les druides les ont trouves tablies, enracines dj dans le cur des populations, lorsque de l'Angleterre
ou de l'Irlande
ils
sont venus
apporter en Gaule les bienfaits de leur puissante et savante organisation. Ils les ont acceptes et diriges ils ne les ont
:
o jamais
mis
le pied.
fond religieux de la Gaule est d l'appoint de deux courants distincts bien caractriss un courant scy:
En rsum,
thique ou touranien, d'origine septentrionale, pntrant chez des populations vraisemblablement de mme origine; un
courant probablement celtique, trs postrieur, d'origine caucasienne pour en indiquer la direction et le point de dpart
prochain, dpositaire des principaux lments de cette civilisation aryenne destine par sa supriorit l'empire du monde. Nos vieilles populations taient dj pntres de cet
esprit
nouveau quand
les
druides ont
fait
leur apparition en
XLVIl ad
Public.)
Quum
templa, idola, luci la honorem Dei couvertuntur, hoc de illls fit quod de hominibiis quuui ex sacrilegis et impiis lu veram religionem convertuntur . Cf. plus haut, p. 113, !a lettre de saint Grgoire le Grand au sujet de la couversion des Anglais.
2. .le
me
l'importance.
15
226
morale du pays,
La Gaule consquemment
cune explosion originale
et
spontane du sentiment religieux, bien que ce sentiment ft trs profond chez nos populations
primitives, natio est o?nnis Gallorum admodam dedita reli(jionibiis^. Elle a t, si je puis dire, un rceptacle de
rayons
venus
d'ailleurs. Elle
La
en
Le sentiment
dit Quatrefagcs, avec beaucoup de justesse, est un animal religieux ; c'est un des caractres qui, avec le langage articul, le distingue des animaux; mais ce sentiment inn, l'tat vague, n'est pas une
dans
le
cur de l'homme.
L'homme, a
religion.
ait
pu mettre
profit le
don inn
a fallu que, pendant la priode mystrieuse d'enfantement de l'humanit, le langage prt une forme d-
de la parole,
finie,
les divers
le
types de langues s'laborassent, pour de l se rpandre dans monde, et la science est en mesure de dmontrer que ces
laboratoires n'ont pas t nombreux. Les langues n'ont
fait
depuis que
se modifier,
t cr de-
puis les temps historiques. A bien des gards, il en est de mme des symboles religieux. Les ides religieuses pour se transmettre l'tat de religion ont besoin, comme les langues,
de revtir des formes dfinies. Ds la plus haute antiquit, leur langage a t le symbole. La cration des principaux
contemporaine de la cration du langage et de l'criture. Sous ces divers rapports, il n'y a rien eu de spontan en Gaule. Il tait donc naturel d'aller chercher au de-
symboles
est
hors
le
mieux dterminer
1.
Comment
ces premiers
germes
Csar, B. G., VI, 16. cet instinct trs prononc chez les tribus russes d'origine finnoise. Voir plus haut, p. 89.
2.
Nous avons vu
227
de religion se sont-ils dvelopps? Sous quelle protection s'y sont-ils acclimats et maintenus? Les tribus sauvages
livres
conjectur que cephnomne de survivance tait d en Gaule l'existence de familles de chamans pour la priode lou-
ranienne; l'autorit hrditaire du pre de famille ou de chef de tribu pour la priode aryenne, c'est--dire la condition sociale primitive des deux groupes.
La
et le
les
tudes
si
in-
tressantes que les historiens et voyageurs des pays du nord ont faites sur le chamanisme^ mettent ces vrits dans tout leur jour.
druides arrivent en Gaule, y tablissent leurs congrgations, s'imposent aux chefs de tribus
les
un certain moment
par la supriorit de leur savoir et la force de leur discipline. Sous leur influence, les populations de la Gaule se transfor-
ment
et
et reli-
manqu
jusque-l.
Le chamanisme
dis-
Gaule se
arrter ce
quand la conqute galatique vint dveloppement normal et jeter chez nos anctres
dont
ils
un
tat de trouble
ment.
C'est ce qu'il
second se-
mestre.
Voir V Annexe B.
L'Irlande celtique et druidique
le
1.
2.
avait
XVir LEON
LES SYMBOLES RELIGIEUX SUH LES MONNAIES GAULOISES
A un certain moment apparaissent en Gaule diverses traces d'une organisation sociale dont le caractre rvle une ide directrice. Nous nous proposons de suivre la piste ces traces
rvlatrices.
symboles religieux. Malheureusement pour le progrs de nos lumires, crivait rillustre Lamarck, nous sommes presque toujours extrmes
dans nos jugements
comme
il
ne nous est
commun
entrevoyons la trace de la main des druides. Voici ce que nous lisons dans la Revue numismatique^ sous la signature de l'un de nos numismates les plus autoriss^,
membre
de l'Institut
les
Aujourd'hui que
1. 2.
Lamarck, Philosophie zoologique, 1809. lleoue numism., 3" srie, t. 11, 2^ trimestre de
229
dans lequel
ide exacte des aptitudes des Gaulois s'assimiler les usages du milieu ils se trouvaient et imiter ce qui frappe leurs yeux, on ne
saurait trop tudier, sur leurs monnaies, toutes les modincations apportes de copies copies dans les types*. Trop longtemps on a cherch y
crer des symboles de conceptions scientifiques ou religieuses. S'il y en a quelques exemples, c'est encore pour moi lettre close. Il ne faut pas
perdre de vue un fait c'est que nous ignorons presque compltement la religion des Gaulois. Renonons donc deviner des mythes et des rites hypothtiques vitons de chercher sur les monnaies gauloises des faits
: :
les
lui-mme.
dans
L'auteur de cet article n'est pas seulement prudent pour Il est svre pour les imprudents qui s'engagent
la voie
Cette voie ne
mne
rien
qu
renoncement ou du dcouragement^ Pour comprendre la porte de ces rflexions, ce qui jusqu' un certain point les excuse, il faut se rappeler que des tentamalheureuses o des extravagances taient mles de judicieuses observations avaient eu quelque succs il y a un
tives
quart de sicle. M. de Barthlmy n'y a vu que les extravagances. Ces tentatives, si l'on spare l'ivraie du bon grain, sont loin cependant d'avoir t infructueuses. Maudet de Penhouet,
qui le premier a attir l'attention sur les monnaies du type
1. Il faut se rappeler, pour bleu comprendre cette phrase, l'opiniou gnralement accepte par les numismates, que les monnaies gauloises sont des imitations ou dgnrescences des monnaies grecques et en particulier des monnaies de Philippe II de Macdoine. 2. Ed. Lambert, en 1848, combattait dj, avec beaucoup de raison, cette espce de scepticisme qui n'est pas nouveau chez les numismates Dire, avec quelques-uns, en se renfermant dans des gnralits vagues et nbuleuses qui ne conduisent rien, que le montaire barbare, en copiant les types des monnaies grecques qu'il avait sous les yeux et dont il cherchait s'inspirer, ne comprenait pas mme les objets qu'il reprsentait, nous semble outrepasser de beaucoup les bornes de la vraisemblance et de la raison. < Habent iainen et facundiam suam magistrosque sapienliae druidas, dit Mla (liv. III). Vouloir poser en principe et d'une manire absolue que les Gaulois ne pouvaient faire que des copies serviles et incomprises, cela nous parat une erreur grave (Ed. Lambert, Rponse la dissertation de M. A. Deville sur un symbole gau:
lois (extrait
des
Mm. de
la Soc.
t.
IV.
2'"
srie,
p. 5 de l'extrait).
230
armoricain', y signale dj des symboles solaires, et il a raison. Il attire l'attention sur la coiffure uniforme des ttes dont
les
les
rayons qu'on voit plusieurs ttes de divinits, celles d'Apollon et de Milhra. Et il n'a pas tout fait tort, comme
j'espre le dmontrer ^
En
Baveux, publiait sous le titre de Essai sm^ la numismatique un excelgardoise du nord-ouest de la France, 163 p., 12 pi.,
lent
mmoire^ o
il
le
caractre relile
gieux
respect et la
trs marqu sur les confiance de tous, caractre qu'il reconnat mdailles celtiques. Les types des monnaies gauloises sont get emblmatiques . Pntr de ces nralement
symboliques
ides, Ed.
Lambert
avoir
le
caractre du symbole.
Il
l'attention des
1.
numismates
2.
3. 4.
La
;
tte
en S
5. 6. 7.
8.
La
Ivre couche;
Le Pgase Le cheval
et l'hippogriffe;
l'il, la
9.
10.
un
astre
aux
rayons flamboyants
Mdailles attribues aux Armori1. Archologie armoricaine, 3 livraison cains avant la conqute du pays par les Romains. Prsomptions qu'elles rap:
pellent
2.
le
naies du
baron de Donop croyait de mme voir, dans les ttes de montype dcouvertes Jersey, des reprsentations de Vischuou et de Krislina. Les mdailles gallo-italiques, description de la trouvaille de Vile de Jersey, par le baron de Donop, Hanovre, 1838,
En
1838, le
mme
3.
Complt en
231
Le
14.
Il
La roue quatre rayons. Le croissant; Le buf tte leve vers le ciel La croix.
;
est difficile
en
effet
sig-nes et reprsentations
mme
qui croient oiseux de leur chercher une signification et soutiennent que les montaires gaulois eux-mmes en ignoraient la valeur ne leur refusent pas ce caractre, symboles
il est vrai, aurait t dj perdu quand on les sur les Il ce monnaies. est, semble, d'aulant plus gravait intressant d'en dterminer Toriglne. Ed. Lambert a la foi plus robuste ; il ne dsespre pas de
dont
le
sens,
pntrer le sens de quelques-unes de ces nig^mes*, il s'attaque d'abord au cercle^ la roue, la croix; au croissant; aux astres
radieux
et
au symbole de
IS^-. Il
La Saussaye ^ avait
dj dit que la roue pourrait tre une sorte de signe abrg du char d'Apollon . Ed. Lambert est plus affirmatif et nous avons vu* que le caractre solaire de la roue est, en effet, in-
On a le droit de s'tonner qu'on ait t si long le reconnatre, etqu'aux yeux de quelques numismates temps la question semble encore douteuse.
contestable.
valeur du cercle et du cercle point n'est pas plus contestable. On nous accordera galement que le croissant est la
la plus grande modestie des efforts pour lever un coin du voile qui cache ces mystres. Il semble Quelles s'en excuser dans sa rpouse M. A. Deville {op. laud., p. 2) que soient, crit-il, les difficults que l'on rencontre, en parcourant une route ardue et hrisse d'obstacles, n'est-il pas convenable que les hommes dvous au culte des antiquits nationales essaient, s'il est possible, de rendre raison de ces symboles muets qui sont imprims sur les espces montaires de la Gaule? C'est en provoquant l'examen des hommes clairs qui peuvent y prendre part, que l'on parviendra, il faut du moins l'esprer, faire quelques pas vers le progrs. Gela ne vaut-il pas mieux que la dsesprance de l'cole qui domine aujourd'hui.
1.
La
qu'il a faits
2.
.3.
Numism. de
Cf.
la Nurhonnaise, p.
ISii.
.j6.
4.
plus haut, p.
232
reprsentation de la lune. Le cercle rayons et l'astre radieux placs sur plusieurs mdailles en dessus de riiippogritTe et du
griffons nous disent assez clairement leur valeur. Ces symboles appartiennent au langag^e commun de la symbolique
g-nrale.
On pourrait croire,
il
nos m-
une imitation de monnaies grecques. Il n'en est pas de mme de l'S que Lambert dclare tre une des manifesdailles
numismatique gau-
la
Ce symbole parut de trs bonne tieure et se maintint pendant toute dure du monnayage gaulois. On peut le remarquer ds la premire priode*, soit au dessus du sanglier, soit comme accessoire d'entourage la tte du droit, soit la partie suprieure du revers o il y a un animal dvorant un monstre ou serpent, soit accompagnant de
chaque ct
centr^.
la face
mystrieux de
trois,
Dans
la
sacr, soit qu'il se prsente au nombre tournoyant avec des globules autour d'un cercle premire classe de la seconde priode, S parat se conles
du taureau
cependant on le trouve aussi isol sur quelques espces*. Il est probable que c'est encore lui que nous retrouvons dans l'agencement tripartite des cheveux de la tte de Belenus et dans l'entourage perl d'une partie des monnaies armoricaines de la troisime classe. Nous le voyons mme sur une petite monnaie d'or occuper la place du conducteur dirigeant, au dessus du coursier,
droit;
du
le
d'oeil
mdiatement
la
Lambert.
Il rectifia
ses
1.
2.
3. 4.
Lambert
divise le
monnayage
Id., pi. II, n<" 12, 23, 28. H. Dans ce premier travail, Lambert faisait les conjectures suivantes, peu satisfaisantes assurment, et qui montrent qu'il ne faut pas juger des faits
observs par les conclusions qu'on en tire. Il disait En examinant la forme de quelques figures de ce genre, nous avons cru reconnatre que ce symbole aurait t compos, dans l'origine, de deux croissants opposs, superposs et runis par l'un des points extrmes ce pourrait tre alors une manire d'exprimer la course et la rvolution de l'astre qui prside aux nuits. Si on
:
voulait lui donner une valeur phoyilique, on pourrait supposer qu'il serait l'iniliale de sul, sonl, saul, gui parait avoir t le nom du soleil chez les Celtes.
MONWIES GAULOISES
'
233
qui
parut seulement en 1864, vingt ans aprs la premire. Revenant sur le symbole de la roue, des anneaux et des rouelles,
il
y reconnat que
l'S est le
symbole des
traits
lancs par
le
dieu du tonnerre.
Nous reproduisons, la fin de ce travail, une figurine de bronze trouve en 1772 sur la montagne du Glitelel entre Saint-Dizier et Joinville*,
reprsentant Jupiter-Taranus des Gaulois, arm de la foudre s'appuyant sur une roue six rayons et portant en bandoulire, autour du corps, neuf symboles de l'S enfils dans un anneau mobile ce n'est donc pas
:
qui porte la roue, signe de la marche du grand astre de l'univers, c'est ici un autre aspect que nous ne nous charle Soleil
seulement Apollon ou
geons pas d'expliquer autrement, mais qui existe et qu'il est utile de constater. La mme remarque doit tre faite l'occasion du groupe du symbole de l'S qui se trouve galement sur les monnaies de la Gaule
depuis les temps les plus reculs jusqu'aux derniers moments de pendance gauloise.
l'ind-
Lambert s'est ainsi rectifi lui-mme. Nous n'insistons pas sur les autres symboles signals par Lambert. Nous les retrouverons tous mentionns par ses imitateurs.
Duchalais, ce lucide
et
lev peu prs complet des signes pouvant avoir un caractre symbolique gravs sur les monnaies gauloises en un
tableau plac la
fin
bliothque royale'. mais la fin de sa trop courte existence, en 1853, nous le voyons confiant son ami A. Fillioux le projet d'un travail,
qid sera quelque chose de tout nouveau qui lui attirera de grandes critiques, qui lui aurait valu un brevet de calotte au
\.
extrait des
Essai sur la numismatique du nord-ouest de la France (seconde partie Mmoires de la Socit des Antiquaires de Normandie, 1864).
2. Cette figurine, autrefois au Louvre, est maintenant au Muse de SaintGermain. Cf. Sal. Reinach, Catalogue illustr, t. 11. Bronzes figurs, p. ."^3. La dcouverte aurait t faite eu m4, d'aprrs M. S. Reinach.
3. Description des mdailles gauloises faisant partie des collections de la Bibliothque royale accompagnes de notes explicatives, par Adolphe Duchalais,
Pari^ 1S4G.
234
sicle dernier'
ou qui ouvrira
'.
la science
si
f ai rencontr juste
Voici
les
mon systme. L'imitation des monnaies grecques et romaines par Gaulois a t d'abord entreprise dans un but purement commercial; et nos anctres ont alors emprunt plus tard elle est devenue intelligente
des peuples plus civiliss la manire d'exprimer leurs ides religieuses, tout en conservant leur propre individualit \ Je n'entrerai pas dans plus de dtails, ce serait trop long; un exemple cependant, propos de Vercindu droit c'est Belenus, le cheval du revers, l'emblme
getorix
:
l'Apollon
de
l'a dit M. Lambert, le signe ou du cours des astres; le vase, enfin im athlon prix de la course, dont parle le vieux et obscur Pindare. Tout le reste est dans le mme got'.
la
course du
soleil, Soi
mutcius;
l'
c^, comme
Duchalais
tait
dans
la
bonne voie
et sa
mort a
pour
la
les
mme
lucidit d'esprit, ont sens, mais qui n'avait ni sa sagacit, ni sa dont Lamcompromis peut-tre pour longtemps la doctrine
Ce n'est pas que A. Fillioux n ait rendu quelques services. Son numration des signes solaires est plus complte que les numrations prcdentes, il en marque mieux le caractre;
et comme hypnotis par la contemplation des Astronomica de ces constante signes, gar par la lecture de Maniliiis, s'appuyant sur la phrase si souvent cite de
mais gris
Csar,
mouve-
ments, sur la grandeur de la terre, sur les sur l'action et la puissance des dieux immortels, font partie de leurs doctrines' et de l'enseignement qu'ils donnent la
lois
de la nature,
jeunesse
pouvoir
Fillioux crut, dans son enthousiasme de nophyte, retrouver sur les monnaies gauloises toute la doctrine
,
:
des monnaies 1. A. Fillioux, Nouvel essai dinlerprtation el de classification de la Gaule, 1867, p. 13. Lambert. 2. Duchalais entre ici tout fait dans les ides d'Ed.
Cette lettre est date du 24 avril 1833. La doctrine des druides, Csar, B. G., VI, 14 mullapraeterea de sideribus de rerum natura, de atque eorum motu, de mundi ac lerrarum magnitudine, deoram immortalium vi ac potestate disputant \dva\dsie] et juventuli Iradunt.
3.
4.
235
ner au signe ^, crit il (p. 77), nous dirons que c'est un symbole astronomique caractrisant d'une manire spciale la marche du soleil suivant la ligne tortueuse de l'cliptique qu'il peut aussi reprsenter le cours des autres astres: qu'il apparat avec constance sur les monnaies de la Gaule comme emblme de l'astrologie divinatrice et y figure, au mme titre que le lilxim ou bton augurai sur les monnaies de la Rpublique
;
l'o^.
commencent) dsignerait
la srie
dionaux depuis le Blier jusqu'au Scorpion parce que le soleil met plus de temps les parcourir que les six septentrionaux. Il s'ensuivrait que nos astrologues gaulois savaient que les saisons du printemps et de l't ont plus de dure que celles de l'automne et de l'hiver. La diffrence est en ralit d'environ six jours. La position verticale de l'S trouve son explication si on l'applique aux deux priodes de signes soit ascendants soit
descendants;
se
les premiers sont ceux que le soleil parcourt en s'levaut et rapprochant dplus en plus de son znith. Ils sont au nombre de six. Les descendants sont composs de six autres signes qui ramnent le soleil son point de dpart.
ne
s'ag-it
plus,
comme on
le voit,
On comprend que
pon-
drs aient t effrays de ces carts de jugement et entrans en condamner le principe. Mais il y eut l une vue su-
perficielle de la situation
et
l'oubli volontaire
des
faits
qui
avaient
si
revenir l'explication des dgnrescences, qui n'est qu'un jeu d'esprit strile, sans porte gnrale, dont le seul rsultat
serait d'loigner les
les
con-
duire la lumire.
Les divers symboles relevs sur les mdailles par Lambert, Duchalais et Fillioux, ne sont pas les seuls qui mritent
d'attirer notre attention.
Eugne
' ,
Iluche'^
dont l'esprit
flotte
ment,
1.
le
swaslika.
t. II,
Hucher, Uart gaulois ou les Gaulois d'aprs leurs mdailles. En 1874 Il 5, E. Ilucher mconnaissait encore le caractre solaire de l'S nous semble compltement impossible de lui supposer une valeur symbolique comme l'avait fait M. Lambert qui le premier a ouvert la voie une recherche strile, suivant nous . Ce sera, au contraire, un des titres d'honneur de LaraE.
p.
:
lierl.
236
cosmopolitisme de ce
Or,
il
que
l'a trs
il
Ru-
nus, sur les plus beaux types du groupe armoricain. Non seulement le swastika est grav au revers des mdailles repr-
sentes par E. Hucher, t. II, p. 105, 106 et 134, sous les n' 168, 169, 170, 218, et sur quelques autres que me signalait, il y a
dix ans dj, l'un des
membres de
la
M. Maxe-Werly', mais sur le droit, derrire la tte du dieu Soleil, ou plutt sur sa nuque remplaant une mche de cheveux, mieux encore, sous la forme d'une tresse de cheveux qui tantt est trhkle^^ tantt ttraskle
(comme
l'appelle E.
Hucher
//?/
un
marquable qui ouvre la voie des investigations nouvelles. La direction des branches du triskle et du ttraskle toujours tournes droite
avait galement attir l'attention Or n'est-il Hucher. pas tonnant (mes auditeurs d'Eugne en seront moins tonns, je l'espre, qu'ils ne l'eussent t
brahmanique, jana
tient
et
buddhique,
le
Le swastika tourn
gauche appar-
une secte
diffrente. Ainsi
gnies qui entourent Brahina), crit toujours ses pieds vers la droite comme
ainsi fait le
swastika de Vischnou-Krishna'"
Cest vers
la droite aussi
que
1.
Lettre du 9
dcembre
1884,
dpose
la
quits nationales.
2.
3.
Symbole
Cf. E.
solaire incontestable.
II,
Hucher, Uart[gaiilois, t. tika est accost d'un ou de deux S, pi, LXVIII, n 2 C, u 3 C 1, u 13.
;
^.
t.
1, 12,
I,
le
swas-
et
pi.
IV, u"
et 2, pi. X(, n 1,
4.
Em.
du Budd/ia,
p. 144 et 199. Le
baron de
237
tournent
les brins
de herhe sainte,
[le
le
nom
est significatif)
que les poils qui forment le signe sacr sur nou ou de Krishna\
de Visch-
De autre rapprochement est encore plus significatif. mme que sur les statres d'or armoricains au type solaire,
Un
l'amnagement des tresses de cheveux sur le front, sur la nuque, sur le crne, fait qui a si vivement frapp E. Hucher^
est
mon-
naies de fabrication de poids et de provenance trs divers, est videmment rituel, de mme l'arrangement des che-
front
avait
Du
comme
pent
les
Les dvots de l'Inde se reprprodigieuses distances. sentaient les signes sacrs comme forms par des cheveux ou des poils des dieux. Le svastika, le nandij Avorta, le vardha-
m.na que l'on se reprsentait comme forms par des cheveux ou des poils ne sont que des expressions diffrencielles d'un
mme
symbole'*
Ce sont de mme,
de Vischnou
le
ainsi
forment sur
la poitrine
comme
le
Buddha.
Ouvrez L'art gaulois^, jetez un coup d'oeil sur les planches, vous y verrez une mche de cheveux tombant sur le front du dieu, paraissant parfois en sortir, associe sur ces mdailles
Donop
tait
le
remarque eu
3.
1-5.
Le
fait
cette
Em.
Bonne
Loi,
p. 563.
Senart, op. laud., p. 129. E. Hucher, L'art gaulois, 85, 91, 96, 97 et lUO.
4.
5.
t.
I,
pi.
1,
4, 9,
238
lanltau /mA/e, tantt TS, tantt V hippocampe^ tantt au disque solaire, c'est--dire la plupart des symboles solaires*.
symboles solaires des cultes de Yischnou, de Krishna, de Brahma, du Buddha et les symboles de mme caractre gravs sur les mdailles gauloises de la srie armoEntre
les
ricaine,
\i\o\.
sers de ce
rapprochement pour bien indiquer qu'il ne s'agit pas, nos yeux^ d'une transmission directe entranant l'hypothse d'une
colonisation de l'Armorique par des buddhistes, l'imitation de ceux qui y ont rv une colonisation phnicienne ". Mais y
a-t-il
et le
rapprochement fait par les linguistes entre les deux langues en est-il moins lgitime? De mme qu'il y a un langage dit indo-europen ^ dont nous ignorons le centre dformation,
mais dont
contres
,
la parent
est incontestable
dans
les diffrentes
se parle
un des
dialecLes
de cette famille de
langues,, de mme il y a, nos yeux, une symbolique hliaque primitive dont le centre d'expansion peut tre galement obscur,
mais dont
la
le
rayonnement a presque
le
la
mme tendue
et
dont
transmission dans
monde
doit tre
pareil
phnomne
touraniennes. L'existence de menhirs, de dolmens^ de cette forme particulire et signiticative dits dolmens trous^ celle des
fuses, la croyance presque universelle la vertu des pierres de tonnerre ont t pour nous un premier avertissement qu' aucune
soit,
il
n'y a eu isolement
Sur
la
une
dans
3.
touffe de poils
l'Inde.
mdaille reprsente sous le n 27, p. 22 du t. 11 de L'art gaulois, semble sortir de la bouche du dieu; des poils semblables
Gomme
4.
5.
pourrais multiplier les exemples. le comte de Veuhovi&i, Archologie armoricaine (1824), S fascicule. Pour indiquer les deux points extrmes de la chane.
Ces causes, c'est--dire le mode de transmission de ces deux formes de langage, nous croyons les entrevoir, mais il faut avant tout que nous exposions les faits sur lesquels notre conviction s'appuie.
'JIjO
complet entre
le
Nord
et le
et l'extrme
Orient. Plus de quatre mille ans certainement avant notre re a commenc la priode d'action et de raction enlrc ces
divers
mondes.
Pour en revenir aux signes hliaques signals sur les monnaies, et afin qu'il ne vous reste aucun doute sur leur valeur
symboliqueetleurcosmopolitismo, nous croyons de voir ajouter l'tude si probante que nous avons faite du svvaslika et de
la rouelle, celle
de
mme
de trois autres signes moins importants, mais caractre^ dont nous n'avons dit qu'un mot en pasfait
que signaler
le
tris-
Le
triskle.
La valeur
solaire
du
peine besoin d'tre dmontre. Son association avec les autres signes hliaques montre assez qu'il y avait conserv la
valeur que nous lui attribuons. Son antiquit hliaque n'est pas plus douteuse.
comme
signe
Le
triskle,
monnaies grecques titre indiscutable de reprsentation de la course du soleil. Sur certaines de ces monnaies, les trois branches du triskle sont
avait t grav sur les coins des
mme du
soleil.
quelques monnaies portes par l'aigle ce qui autorise admettre que Faigle et
sur les
monnaies gauloises ont galement une signification solaire'. Les jambes sont parfois attaches la rouelle remplaant la face du soleiP, nouvelle preuve de la parent de ces signes.
Le
les
mmes monnaies
1.
mme
valeur hiratique.
46.
et sous divers aspects. sans indication de l'ouvrage d'o
2.
3.
montre souvent
mes notes
je
l'ai
mes
auditeurs.
240
raisonnement suivant
les
L'cole hostile aux symboles a fait propos du triskle le le triktron est un signe commun sur
:
monnaies de
la Sicile, oIj,
il
est vrai,
il
apparat
comme
:
symbole
solaire se rattachant
reprsente aussi les trois on connat l'aptitude des Gaulois imiter ce qu'ils avaient sous les yeux. Les monnaies de Sicile au triktron ne leur
taient point inconnues.
au culte d'Apollon; mais il pointes dont l'le lire son nom or,
Qui nous dit que les signes gravs sur les monnaies gauloises ne sont pas de simples imitations du signe matriel, sans aucune conscience de sa valeur symbo-
lique? Cette thse pourrait se soutenir, si le triskle, avec la valeur solaire, ne se rencontrait que sur les monnaies siciliennes et
figure pouvaient passer pour une imitation des monnaies siciliennes; mais il n'en est rien. Le triskle avec sa valeur hiratique se rencontre sur bien d'autres monuments que sur les monsi
il
naies siciliennes,, et les monnaies gauloises oii il se montre ne sont manifestement pas des imitations ou dgnrescences des
monnaies grecques. Le
exemples, se des monuments Scandinaves aussi bien que sur des autels romains. Ni les Romains, ni les Gaulois n'avaient t le cher-
cher en Sicile. Nous rencontrons ces trois signes gravs sur la lance de fer incruste d'argent dcouverte en 1863 Miin-
cheberg (Prusse rhnane) et qui porte une inscription runique. Les trois signes solaires ne sont certainement pas runis
sans intention.
elle est
jouent sur les antiquits du type prouve par mycnien ou gen, notamment sur les plaques d'or des tombeaux royaux de Mycnes, o le triskle est associ l'une
des formes les plus anciennes du swastika
Le
1.
'
241
Tpoque o
les
mon-
Fig.
3t;.
Sj'mboles solaires relevs par Fillioux sur des mdailles gauloises {Monnaies de la Gaule, p. 43).
leur valeur spciale en ce cas particulier, conservaient certainement encore, comme les runes sur les bractates de la Scandinavie, leur sens mystique aux
yeux des populations comme aux yeux de ceux qui en ordonnaient la frappe '.
#
Le foudre.
La forme du foudre la plus rpandue aux approches de l're chrtienne est celle qui figure sur certains autels levs par la pit des lgionnaires Jupiter et Minerve et sur lesquels le signe est associ soit au swastika, soit la rouelle*. Cette
forme donne au foudre par les lapidaires de Rome et leurs mules au i*"" sicle de notre re, nous explique les formes
plus simples que nous retrouvons 1" Sur la pointe de lance en os et sur les peignes des tour:
bires de Vimose'.
2
Sur
la
Vous pourriez les retrouver galement sur bien d'aulres monuments. Or ce foudre existe sur un certain nombre de monnaies gauloises. Nous ignorons pourquoi Lambert et Fillioux
1. On pourrait conjecturer que ces mdailles talent rserves aux relations des communauts druidiques entre elles et que les druides seuls en avaient
la pleine intelligence.
Lapidarium septentrionale, pp. 213, fig. 423 215, fig. Engeltiardt, Fynske Mosefund, n" 11, Vimose fundet, swastika figure ct du foudre.
2.
3.
;
424.
p. 23 et pi. 2,
le
16
242
n'en parlent pas*. Sur la monnaie au foudre du n 146^ le personnage montant le cheval tient la main la roue solaire.
Le signe S.
Nous avons
que
signe solaire
affirm, aprs Duchalais, Fillioux et Lambert^, le signe S, si frquent sur les monnaies gauloises, est un
un symbole liliaque
traditionnel.
Qu'il le
Jupiter la roue dit du Chtelet, portant le foudre de la maia Fig. 3G. droite, avec onze S suspendus l'paule. Cf. Sal. Reinacb, Bronzes figurs,
p. 33.
du Chtelet
suffirait
ce
ainsi
1" le
1.
Art gaulois
;
(pi.
5,
n^
pi. 53,
pi.
82,
n^ 2 du
t.
1,
et
t.
H, p. 92,
uo 146
2.
p. 93,
Hucher
u'a accept
ides.
243
2L'Isis ou desse-mre, statuette publie par Fillioux, pi. I de son iVo^ue/'.s5^^ portant une srie de ces S couchs comme
coiffure
Un masque en bronze
ces signes drivent
mme
coiffure ^
Tous
du
mme
mmes
L'S,
conceptions primitives. comme les autres symboles, avait pntr de bonne heure en Grce et en Italie. Ouvrez V Histoire de la cramique
24. Sur grecque de MM. Olivier Rayet et Collignon, p. 38, fig. un vase de Milo (vi^ ou vu'' sicle av. J.-C), vous trouverez
rS symbolisant
lutte
pour
la
'3% la
mme desse reparat prcde du svvastika et suivie de l'S. La desse tenant d'une main les cornes d'une biche nous est
dsigne
comme
sur d'Apollon.
Nous retrouvons, enfin, l'S formant des espces de guirlandes sur les vases funraires de Chiusi, de Geere et de Villanova, o
Il
il
l'poque o furent frappes les monnaies dites armoricaines'', le culte du soleil et du feu devait tre populaire dans
1
tout
la
le
le
sud-csl de
Essai sur la numism.,op. laud-, planche du froatispice. Nouvel essai d'interprtation, op. Inud., 1867. 3. Muse de Tarbes; photographie au Muse des Antiquils ualionales, salle XV. 4. Cf. Les Celtes dans les valles du Danube et du P, p. 103. 3. Vase de Milo, comme le premier et de mme date.
1.
2.
6.
G. Conestabile, 1874.
7.
Voir Gozzadini, Di un sepolcreto etrusco, pi. IH et V, Bologaa, 1854, et Sovra due Dischi in bronzo antico-ilalici. Tav. III, Toriuo,
Dans
la
Grande-
Bretagne
de
l'le
de Jersey.
244
mches de cheveux en
quelles se
laires
groupent au droit et au revers les divers signes sodont nous avons dmontr Tanciennet et le cosmopoli-
tisme en sont une preuve vidente. 2 Ces monnaies sur une trs grande tendue de pays (France et Angleterre) sont frappes sous la mme inspiration religieuse.
3**
la
De l'ensemble
de ces
faits
il
donnant de
la civili-
sation de la Gaule une ide bien suprieure celle qu'on lui attribue gnralement'.
dbordant sur
les les
:
de la Manche et sur la
existence d'un pouvoir central Grande-Bretagne, obi, ayant son service des artistes d'une relle habilet, entre 300 et 400 ans avant notre re. Arrtons-nous ces conc'est--dire
clusions, dont
les
consquences*.
1.
2. 3.
Voir E. Hucher, loc. cit. Voir A. de Barthlmy, Revue celtique, t. XI et XII (1890-1891). Cette vrit n'a pas chapp M. A. de Barthlmy, dont uous citons les
propres expressions, Revue celtique, 1891, p. 309. 4. Les dcouvertes de monnaies du type armoricain faites en si grand nombre dans l'le de Jersey et sur les bords du lac de Soings dans le Blsois font supposer que ces deux localits taient des centres de fabrication et peut-tre de communauts druidiques. Nous aurons occasiou de revenir sur ces dcouvertes. Le vallon de Saint-Denis, Vendeuil-Caply (Oise), o tant de mdailles
gauloises ont t recueillies, peut donner lieu la
mme
hypothse.
XVIIP LEON
LES OPPIDA DU TYPE D'AVARICUM
du culte des eaux, le caractre uniforme de l'un des groupes les plus importants des monnaies celtiques, nous ont conduit conclure l'exis-
Une
certaine organisation
original et
rat
tence en Gaule d'un pouvoir central dont l'action nous appamanifeste aux environs du iv sicle avant notre re. Si
cette action est
moins
sensible,
retrouver incontestable, en tudiant les o/?/?zW du type d'Avaricum; cette digression qui, en apparence^ nous loigne un
moment du domaine
que en vidence.
lien troit,
un
les chapitres
concernant
les druides
mettront
L'tude des monnaies gauloises, qui a fait le sujet d'une de nos leons de l'anne dernire', nous a appris que la frappe de
la
le
moins, au milieu du
est la
ive sicle
grande poque du monnayage gaulois caractrise non seulement par une plus grande perfection dans les types, mais par un caractre remarquable d'unit dans la varit, comme au-dessus des clans celtiques le plus souvent hostiles les uns aux autres, et alors plan un pouvoir moral occulte qui
si
en maintenait
au milieu des ternelles querelles entre voisins dont nous parle Csar ^ Il y avait donc^ parl'unit,
mme
de la seconde moiti du
iv*"
sicle,
1.
cette
2. Cf.
246
un autre ordre de
faits
le
oppida du type
la p. 105,
d Avaricum.
:
Ouvrons
Catalogue du Muse,
Vitrine II.
nous y lisons
Salle XIII,
(Lot)
Mur de
la forteresse
on
diculaires la direction de la muraille et lies par de grandes chevilles de fer des poutres transversales. C'est le mme appareil que celui d'Ava-
ricum (Bourges)
dcrit
par Csar
Je traduis
Voici
le
loises.
du reste, le mode de construction ordinaire des murailles gauDes poutres, d'une seule pice en longueur, sont poses sur le sol d'querre avec la direction du mur et la distance de deux pieds les unes
des autres; puis on les relie, dans uvre, par des traverses et on les revt entirement de terre, l'exception du parement qui est form de grosses
pierres loges dans les intervalles dont nous venons de parler. Ce premier rang solidement tabli, on lve par-dessus un deuxime rang semblable,
rieur,
dispos de manire que les poutres ne touchent pas celles du rang infmais qu'elles n'en soient spares que par le mme intervalle de
deux pieds, dans lequel on encastre pareillement des blocs de pierre bien ajusts. On continue toujours de mme jusqu' ce que le mur ait atteint la hauteur voulue. Ce genre d'ouvrage avec ses pierres et ses poutres alternes rgulirement fait un ensemble qui n'est point dsagrable
l'il;
il
est,
que la pierre y prserve le bois de l'incendie, et que les poutres, longues souvent de quarante pieds et relies entre elles, dans l'paisseur du mur, ne peuvent tre brises ni dtaches par le blier. C'est l, avait dit Csar en
commenant,
le
mode
ordinaire
ha c fer e forma sunt. Les murs d'Avaricum n'taient donc pas une exception. Les Gaulois avaient un systme de conslici
comme
ils
avaient un systme
mo-
ntaire original, bien qu'emprunt, dans le principe, aux Grecs et aux Macdoniens. Si cette construction avait t de date
dit.
Ce systme n'a
.58.
point t invent pour les besoins de la dfense de l'an C'est la continuation d'un tat de choses antrieur.
Voir notre
fig.
248. 3|, p.
LES OPPIDA
)U
TYPE d'AVARICUM
247
Des clous
et des chevilles
analogues celle
d'Avaricum ont
au mont
Beuvray (Bibracte), Bovioles, au Puy d'Issolud (peut-tre rUxellodunum de Csar), Murcens (Lot), Vertaull (Cted'Or),
Porrentruy (Suisse),
Pour
moment nous
di'oppida semblables doivent exister encore qui ne nous ont pas t signals! Le systme tait donc gnral, comme le
ne s'applique pas seulement des chefs-lieux de civilates comme Bourges^ le mont Beuvray et Bovioles^, mais
dit Csar. Il
le
Puy
Luzech (dans
le
imquelconques, comme les murs de Sens et de Bordeaux, l'aide des dbris proviss, du temps des invasions franques^
arrachs aux
pida sont
monuments romains. Tous les murs de nos opconstruits avec un art mthodique, suivant des
Les reliefs des drgles fixes, par de vritables ingnieurs. fenses sont partout identiques, comme l'a tabli un de nos officiers
gnraux
Il
No.
comme un manuel
Il
mme,
cet art, de donner quelques dtails. Nous prendrons M. Castagne pour guide. M. Castagne, agent-voyer en chef du dpartement du Lot, a pratiqu des fouilles trs intressantes sur
l'emplacement de l'une des plus vastes forteresses du type qui nous occupe, V oppidum de xMurcens.
Cette forteresse est situe sur une haute
montagne aux
flancs escarps,
1.
248
qui s'avance en forme de promontoire entre le confluent de deux cours d'eau. Au nord et au nord-ouest du plateau se dressent les ouvrages de
qui, avec les escarpements, circonscrivent une espace de 150 hectares environ. Le dveloppement des travaux de dfense peut tre valu 6 kilomtres. Les fouilles ont dgag les murailles en divers
fortification,
points. Elles reposent directement sur le sol; le parement extrieur est fortes dimensions le remplissage int;
rieur est construit tantt en pierres et pierrailles, tantt en terre. Des poutres de bois taient places perpendiculairement la ligne extrieure de l'enceinte du rempart et trs rgulirement espaces de 2, 70 d'axe en
et
axe. Les poutres devaient faire une lgre saillie sur le parement extrieur occupaient en longueur toute la longueur de la muraille. Dansl'intrieur
du rempart les poutres transversales taient relies entre elles par deux autres ranges de poutres longitudinales perdues dans la maonnerie de remplissage. L'assemblage des poutres en long et en travers leur point
d'intersection avait lieu par entaille mi-bois. De longues chevilles ou clois de fer carrs que l'on retrouve au croisement des poutres servaient
les consolider. Sur ce premier cadre de charpente s'levait, sur une paisseur de 1,30, un massif de maonnerie et de remplissage comprenant toute la profondeur dtermine par la longueur des poutres transversales qui varie, Murcens, de 7 11 mtres.
poutres semblable la premire tait superpose ce massif, mais de manire que les poutres de face alternassent par intervalles gaux avec celles de la premire range. La construction se continuait ainsi jusqu'
la hauteur de 6 mtres'.
Fig. 37.
1.
Mur
gaulois de Murcens.
Etat actuel.
2.
Mur
restaur.
D'autres fouilles, dues galement M. Castagne, ont tabli que les murs des oppida du Piiy dlssolud, et de Ylmpernal,
prs Luzech, taient construits exactement diaprs les Quand M. Castago
faisait cette description,
mmes
le
1.
il
ne connaissait pas
texte
de Csar.
PI.
XXIV.
GAULE
'
249
mme
temps.
la
mthode que nous appliquons toutes nos antiquits et qui nous a dj donn de si heureux rsultats, nous marquons, sur une carte de la Gaule, remplacement des onze oppida (pi. XXIV), deux remarques se prconformment
sentent immdiatement l'esprit. Unissons par des lignes pointes Bovioles la Sgourie au nord; la Sgourie Murcens
l'ouest en passant par Coulounieux;
Murcens Saint-Marcel
de Flines au sud
Yertault
l'est;
nous formerons un immense quadrilatre presque rgulier renfermant, traversant ou longeant une grande
mentionnes par Tite-Live et de ces nationes principales, savoir que les Senones^ Lingones, Mandiihii (clients des Aedi/i), BUtmges, Carniftes, Tricasses (clients des Senones), Andes Lemovices,
partie des civitates de la Celtique
Csar, ainsi
les cliens
Pictones,
Segiisiavi,
et
Ambarri\
laissant
de
ct
la
Nar-
bonnaise
gique
et
TAquitaine de Csar tout entire au midi, la Bell'Armorique l'ouest, au nord-est et l'est, c'est--dire
de kimriques par
Amde Thierry.
d'interrogation que savoir que /.<? sijstine de construction dcrit par Csar ri est ni origine grco-ligurienne, ni d origine ibrique^ ni d origine
pr-celliqne, ni
belge ou galatique, ces constructions ne se retrouvant ni sur la rive droite du Rhin, ni dans la
valle de
d origine
laliques et kimro-belges.
2
commande la
Gaule
troue des Alpes jurassiennes et donne directement passage sur Besanon. C'est par l que sont entrs en
du premier ban, les Celtes pacifiques entours de leurs troupeaux, ceux qui ont exploit les mines de sel du
les Celtes
1.
Voir
la carte
de
la
Gaule au
vi' sicle
le rcit
de
23.
250
plateau d'Alaise; que nous avons suivis dans les valles souspyrnennes, y menant la mme existence paisible \ N'est-il
pas naturel de voir dans Y oppidum de Porrentruy, oppidum de refuge encore plus que de dfense, un premier poste avanc contre les invasions armes qui allaient se produire dans cette
fortifies
nant de
auxquels
la
Sane,
la
Meuse
des Vosges offraient un premier obstacle naturel? Combien de fois, avant la dfaite dfinitive des vieilles populations celtiques
ces oppida n'ont-ils pas d servir de refuge? Ainsi s'expliquerait le soin pris d'y lever des
ou
celtises,
constructions
encore.
presque
indestructibles,
puisqu'elles
durent
Par qui
elles t
poque ces fortifications mthodiques ontleves? L'examen des clous de fer qui sont tous du
et quelle
fer]epluspur_,leplus rsistant, presqueinattaquablelarouille, permet d'affirmer que ces oppida appartiennent une p-
riode o l'ge du bronze avait dj pris fin depuis longtemps o la mtallurgie du fer avait acquis son plein dveloppement,
;
o des usines existaient capables d'alimenter une partie du pays. Les clous de ces derniers oppida semblent tous sortis d'un
mme
centre;
fabrication, mais
fait distinct de celui des pes belges et Muse dont le possde un grand nombre de spcigalatiques mens, nouvelle raison pour que ces mtallurgistes, comme les
mme
enseignement*.
Ces mines de sel sont encore exploi-
tes
2. Un membre de l'Acadmie des sciences, M. Cailletet, mtallurgiste trs distingu, a fait au sujet de la mtallurgie des clous de nos oppida une trs intressante communication l'Acadmie des inscriptions. Cf. Revue archol.,
1883,
I,
p. 73. Fr.
Lenormant
dmontr que
les
cellents et peut-tre les plus anciens mtallurgistes pouvaient avoir hrit de leurs procds.
251
l'an
enseignement
traditionnel, d'origine septentrionale', dont des corporations druidiques avaient conserv le secret, au milieu de la barbarie
occidentale.
celtique,
oi
Nous retrouvons cette organisation dans l'Irlande ct du roi suprme et du grand druide %
peine au-dessous des nobles de premire classe, sigeaient, au banquet triennal de Tara, les reprsentants des ouvriers en cuivre, en bronze et en fer, des ciseleurs, des charpentiers et
devait en tre de
mme
lates.
des druides tait encore prpondrante \ avant ou peu aprs nous le savons, pntra lentement
dans
le
centre de la Gaule.
Nous placerions
oia
volontiers la
construction de
iv^ sicle
seconde moiti du
la
commenait
frappe des
ment cyclopennes
avec
2.
3. 4.
fig., p.
De
mme
si
druidiques.
XIX
LEON
LES DRUIDES
Tant qu'il a t question de pratiques mag-iques, du culte des pierres, de sacrifices humains, de superstitions solsticiales, aucun appel l'intervention d'un corps sacerdotal comme les
druides ne s'imposait. Ces superstitions^ ces pratiques, ces
groupe touranien, soit dans une aryen, gnralit telle qu'une influence semblable tait inutile pour en justifier Texistence. Nous verrons,
le
le g-roupe
bientt,
que le rle des druides, quand ils se montrent, fut, en tout cas cet gard, tout fait secondaire. Le tmoig'nage
de Pline n'implique aucunement qu'ils aient t les importateurs ou mme les propagateurs des pratiques auxquelles il
mler leur nom, bien qu'ils aient pu en tre les rgulateurs. Nous ne trouvons aucune trace de sacrifices humains en Irlande, le pays druidique par excellence, et nous
lui plat de
au-
aux
pratiques industrielles, de la concentration des forces sociales en vue de la fabrication des monnaies, de l'tamage
Ds
ou de
i'maillerie, de l'tablissement de
l'intervention
des
druides apparat, au contraire, comme une ncessit logique. Sans cette conjecture l'ensemble des progrs subitement ac-
les
tmoignages
LES DRUIDES
crits?
est
253
textes va
nous rpondre.
Il
anciens o
tonnement
parl des druides prouvera un premier l'extrme raret des tmoig-nages originaux, je
est
veux
dire
la
domination
morale
et religieuse
et
encore plusieurs
de ces textes, et non des moins importants, nous sont-ils parvenus de seconde main. La brivet et le vag-ue de la plupart
des renseig'nements transmis est une autre surprise, plus que double par l'inexplicable abondance des affirmations prsentes, sans
comme
dcoulant de ces
ne manquaient, d'ailleurs, ni de
sufft
d'aborder
le
que ce
nom seul
dans
le
des rveries mystiques. A y reg'arder de prs et avec sang--froid, il n'y a rien dans les textes qui justifie ces carts de jugement. Un classement mthodique et
celtisants
monde
chronologique des textes le dmontre*. Le nom des druides est mentionn, avec plus ou moins de dveloppements, par dix-huit crivains de l'antiquit, y compris Aristote,
si le
trait
De
la
Magie
est de lui
:
philosophes,
Auteurs antrieurs
cits
l're
chrtienne
Aristote^ et Sotion'
par Diogne Laerte; Posidonius*; J. Csar, qui crivait ses Commentaires vers l'an 50 avant notre re; Cicron, vers
Tan 44; Diodore de Sicile, vers l'an 40; Timagne vers l'an 14 dans une Histoire de la Gaule dont Ammien Marcellin
nous a conserv un
extrait.
l're
Auteurs postrieurs
chrtienne
1. M. d'Arbois de Jubainville en a doua un exemple dans un article de Revue archologique concernant les druides, t. XXXVIII (1879), p. 374, 2. N en 322, mort eu 384. 3. Vivait la u du u* sicle avaut J.-C. 4.
la
254
sait sa
gographie vers l'aa 20 aprs J.-C, Pomponius Mla qui tard' Lucain dont composait la sienne quelque vingt ans plus Pline le la Pharsale a t crite entre les annes 60 et 64
;
Naturaliste
vers l'an 77
Dion Ghrysostme, au commencement du ii; d'Alexandrie et saint puis deux Pres de l'glise, Clment
du
1^'"
sicle;
douze crivains qui natre les druides ont t contemporains de leur grandeur ou de leur dcadence' et ont pu nous donner des renseignements puiss des sources vives Pourtant, il est des distinctions faire. Ces
pu con-
ne sont point philosophes, historiens, naturalistes, potes vis--vis des druides placs au mme point de vue. Tandis en quelques que les uns se sont donn la tche de peindre
traits leur rle social et religieux, d'autres
comme
Pline ne
sont proccups que du rapport qu'ils paraissaient avoir avec les pratiques de la mdecine et de la magie, ou, comme Aristote,
Sotion, Diogne de Laerte et les Pres de l'Eglise, de leur rle de philosophes ou de leur adhsion la doctrine
pythagoricienne de l'immortalit des mes. K y bien regarder, les autorits sur lesquelles nous pouvons nous appuyer avec certitude se bornent Posidonius,
* dont nous ne possdons que de rares fragments pars dans Csar, Diodore de Sicile, Timales crivains postrieurs
;
et Tacite
les
Bretagne l'an 60 de notre re, c'est--dire une poque o taient encore tout-puissants en Angleterre et en Irlande,
t-
tant le seul
ait
Vers
l'an 44.
Polyhistor qui vivait, parat-il, quelques auaes avant notre re. 3. Posidonius, Csar, Cicron, Diodore de Sicile, Timagoe, Strabon, ponius Mla, Dion Clirysostome, Lucain, Pline, Tacite et Sutone.
2.
Pom-
4.
Les druides
Il
255
remarquable que Csar, qui a fait huit campagnes en Gaule, ne se soit jamais trouv en contact direct avec les druides et ne mentionne que le seul Divitiacus'. Le tableau
est trs
qu'il
nous a
renseignements vcus, si j'ose dire, d'observations personnelles. Il ne nous dit pas J'ai t en rapport avec eux et voil
:
ce que
j'ai vu.
Il
semble
qu'il ait
druidis et qu'il le
rsume
main.
parle des druides en gnral, non des druides de son en particulier. Bien que, dans la srie des auteurs que temps nous avons dpouiller^ Csar soit le premier en date^ et le
Il
plus complet, nous ne pouvons, quand il s'agit de la Gaule druidique, accepter son rcit sans contrle. Nous ne le pren-
drons pas pour notre premier guide. Nous commencerons nos tudes par Timagne^ qui, nous dit Ammien Marcellin, avait
renouvel la science en puisant dans un grand nombre de ' livres oii il tait parl de la Gaule et avait t initi aux traditions des druides*.
Nous examinerons
meront autant de paragraphes 1 Origine et organisation des druides; 2 Leur enseignement; 3 Leurs doctrines philosophiques.
tique et
Nous traiterons part la question de leur rle polide leur disparition de Gaule.
La Gaule barbare
.
leur
devait sa civilisation
\ Timagne
1 Dans la seule occasion o il ait eu parler de l'iuterveutiou des prtres gaulois dans les affaires publiques du pays (vu, 33), Csar les qualifie de sacerdotes et non de druides-
2.
Nous
Et diligentia Graecus et liugua liaec quae diu sunt iguota coUegit ex mul
tiplicibus libris
4.
5.
().
(Amm., XV,
c).
Per haecloca [oppida Galliae] hotninibus paulatim excultis viguere studoctriuarum, inchoata per Bardos et Euliages et Drasidas Cette action civilisatrice avait ncessairement exig un grand [druidas].
dia laudabilium
><
nombre
d'annes.
256
comme nous
deux
faits
dirions, en confrries.
:
De
tudes.
Ils
y ont
install des
communauts d'o
tait
ducateurs du pays.
Csar.
D'aprs Csar,
il
des druides tait d'origine britannique. Les Gaulois qui voulaient connatre fond l'institution allaient encore de son
temps terminer leurs tudes en Bretagne K Les druides constituent dans la nation une classe part dont les membres se
eux-mmes aucune des fonctions n'est hrditaire. L'institution a un chef suprme qui est lu ^ Csar ne nous
recrutent
:
dit
pas o
il
rside.
sa rsidence lgale
tait le
la
pays des Garnutes o se tenaient les grandes assises de corporation chaque anne une poque fixe ils s' assemblent
((
;
le territoire
comme
. Csar, de la corporation, il druides n'est ne connat que les question dans les Commentaires ni de bardes, ni d'euhages. Sacerdotes est le mot dont
le
ne se sert pas de celui de druides 4. Il ressort toutefois, de son rcit que l'ducation des druides ne devait
il
se sert
quand
il
1. Csar, B. G., VI, xiii Disciplina iu Britanoia reperta atque inde in Gailiam translata esse exislimatur et nunc qui diligeutius eam rem [disciplinam] cognoscere volunt plerumque illo discendi causa proficiscuntur . Il n'est
:
fait
mention dans
les
omni Gallia eorum hominum qui aliquo sunt numro atque honore, gnera sunt duo... De his duobus generibus alterum est dvuidarum, alterum equitum... His autem omnibus druidibus praeest unus qui summam inter eos habet auctoritatem. Hoc mortuo aut, si quis ex reliquis
sunt plures pares sufl'ragio druidarum. Hi certo anni tempore in finibus Carnutum, quae regio lolius Galliae mdia habetur, considunt in loco consecrato. Tara en Irlande ofi sjournait
3.
le roi
suprme
et
o se tenaient
:
galement pour
tatis,
LES DRUIDES
257
*
pas tre la mme pour tous. Les druides taient prtres devins *, jug-es, au civil et au criminel , professeurs. Ils sont
mdecins, astronomes et philosophes spculatifs, comme nous le verrons quand nous aborderons leur enseig^nement. Nous
entrevoyons l (la suite prouvera si nos prvisions sont justes) des catgories distinctes de druides. Chaque druide ne pouvait tre, la fois, prtre officiant, juge, devin, professeur, mdecin, astrologue,
homme
;
d'aprs Csar, remplissaient,, en effet, en Gaule les fonctions leurs communauts taient la ppinire o
se faisait cette ducation de lettrs attirs par les grands avan-
tages que leur procurait leur titre de druide. Les druides ne vont pointa la guerre, ne paient point d'impt, comme le reste de la population] ils sont exempts de la milice et de toute
autre espce de charge\ ces grandes prrogatives leur attirent' une foule de disciples qui viennent d eux-m,mes leurs coles
ou y sont envoys par leurs parents *. Ces prrogatives imposaient des devoirs
bre de vers apprendre par
et
d'abord de trs
d enseignement^.
1.
<<
lUi
Magno
Nam
fere
de omnibus
controversiis publicis privatisqne constituunt, et si quod est admissuin facinus, si caedes facta, si de hereditate, de fiuibus coutroversia est, idem decer-
l'existence
de ces communauts
membres de un enseignement trs vari, de mme qu'il tait trs long. Ce que l'on peut supposer c'est que ces communauts, taient dj en dcadence en Gaule au temps de Csar et n'avaient conserv leur importance
des fonctions attribues aux diffrents
l'ordre qui exigeaient
mme
ciplinam conveniunt
uumerum versuum
a parentibus propinquisque mittuntur. Magnum ibi ediscere dicuntur. llaque anaos non nulli vicenos in disci-
plina permanent . In disciplina, ibi ne doit-il pas s'entendre de vritables collges qui, dans ce cas, ne peuvent gure tre autre chose que des communauts?
Il
est clair
commun
et
par catgories.
17
28
comme nous
verrons, tait trs compliqu. Les juristes ne devaient pas suivre les mmes cours que les astrologues, les
astrologues que les potes et les devins. Les mdecins devaient avoir des cours part ainsi que les musiciens. Les thologiens
et les
la foule.
communauts, comme de
Il fallait
Le
titre
de druide tait
gnral comprenant tous les autres. Nous devons nous en rapporter Timagne et Diodore et conclure, malgr le silence des Commentaires, l'existence de grandes comtitre
munauts
et
Diodore. Diodore, qui avait certainement les crits de Posidonius sous les yeux, mentionne comme Timagne trois catles bardes, les devins et les druides. gories de prtres gaulois (( Les Gaulois sont intelligents et capables de s'instruire^. Ils ont
:
'
des potes quils appellent bardes* et qui chantent la louange et le blme en s accompagnant sur des instrutnents semblables
ont des philosophes et des thologiens trs honors quils appellent druides*. Us ont aussi des devins^ qui sont en grande vnration.
lyres
;
aux
ils
Chaque catgorie a des fonctions spciales. Si les bardes distribuent les louanges et le blme et rappellent dans des chants piques les hauts faits des hros ^ aucun sacrifice ne
se peut faire sans la prsence d'un philosophe, et les devins et
part.
le
vol
peuple leur
obit.
1.
2. 3.
Nous retrouverons des catgories analogues dans l'Irlande druidique. Diodore veut dire capables de profiter de l'enseignement des druides.
:
O ppoy
ovo[j.:^ou(n.
Ti(xto[ji.vot,
o ApoutSa ovofia-
5.
Xpwvtat 8s xa\
jxavxefftv.
Et bardi quidem fortia virorum illustrium facta heroicis composita versibus cum dulcibus lyrae modulis cantitarunt (Timagne, l. c).
6.
LES DRUIDES
7ie
259
d'un philosophe^ Ils prtendent de ne sacrifices agrables aux dieux que par peut offrir quon fhitermdiaire de ces hommes qui connaissent la nature divine
l'assistance sacrifie sans
et sont
en quelque sorte en communication avec elle. Strabon*. Ce que nous dit Strabon qui composait sa Gode notre re, trois quarts de sicle aprs graphie vers l'an 20 Csar, un demi-sicle aprs Diodore, plus d'un sicle aprs Posidonius, confirme de tout point ce que nous ont appris Ti-
magne
et
Diodore ^
ces
Chez tous
ordinaires, savoir
bardes^
/es
vates'
et les
druides^ Les
bardes, chantres et potes^; les vates, sacrificateurs et physiologues^\ les druides qui, indpendamment de la physiologie,
professent la philosophie m.orale^" Les druides sont rputs les plus justes des hommes et ce titre c'est eux que l'on confie
.
1.
"EOoi;
mme
et Vcoulement d'aprs les convulsions des membres ditions antiques, ils ont foi dans ces sacrifices.
2.
tra-
Strabon, liv. IV, iv, 4. cru que Strabon avait copi Csar nous croyons plutt qu'ils ont puis l'un et l'autre aux mmes sources, ces livres nombreux qu'avait consults Timagne, au dire d'Ammien. Voir plus haut, p. 254.
3.
On a
peuples gaulois, nap Ttoi ' w sitsuav. Strabon, dans nous dit d'une manire gnrale quels peuples to 6 apiTrav OXov o s'applique cette expression : itap Ttcrt, en ces termes vOv FaXXtxov te %i\ FaXaxixv xa)o<7t, tous les peuples appartenant la race gallique oM galatique (trad. Tardieu, I, p. 323), ce qui semble tendre la dfinition d'autres peuples qu'aux peuples de la Gaule de Csar. Quels taient ces peuples chez lesquels il y avait des druides?
4. C'est--dire chez les
le
mme
chapitre
IV,
iv, 2,
5. Btipot.
6. OotTsi;.
7. 8. 9.
Aputau
"^TfAv-^iTat
xa\ itotriTat.
Tardieu traduit
IspoTiotoi
par
.
qui prsident
divinat.,
1,
aux
41
:
sacrifices.
Le sens de
yo-toXyoi est
naturae ratio
quam physiologiam
Graeci appellant)
260
sommes plac, l'organisation du groupe druidique, nous avons trs peu glaner dans les crivains postrieurs Strabon. Un chapitre des Annales de
Tacite', relatif des vnements de l'an 60 de notre re, doit
Au
nous arrter, dans la persuasion o nous sommes (pourquoi ne pas vous le dire tout de suite?) que l'le dont il est fait mention tait un centre de communaut druidique, comme
toutefois
la cit des Garnutes.
Suetonius PauUinus, qui avait le commandement des lgionnaires, guerroyait en Bretagne. Jaloux du succs que venait
d'obtenir Corbulon en Armnie,
il
se prpare attaquer
l'le
et rceptacle des transfuges. Il fait construire des bateaux plats, propres cette mer entrecoupe de bas-fonds. Il y met son infanterie. Ses cavaliers passaient gu ou la nage sur leurs chevaux. I.e rivage tait bord par l'ennemi qui prsentait une fort d'armes et de soldats*, au milieu desquels ne cessaient de courir des femmes telles qu'on peint les furies, dans un appareil funbre, les cheveux pars, des torches dans les
mains
dats.
et tout
les
le ciel'^,
vomissant
d'affreuses imprcations
La nouveaut du spectacle
saisit d'etfroi
nos
sol-
et dit que leur corps tait attach la terre, les voir immobiles, se livrer aux coups sans dfense. Mais bientt se ranimant la voix de leurs chefs, s'aiguillonnant eux-mmes et honteux de trembler
On
devant une troupe de femmes et de prtres*, ils marchent en avant, les barbares et les enveloppent dans leurs propres feux. On leur imposa une garnison et Ton dtruisit les bois consacrs leurs horribles
enfoncent
superstitions, car
tels
ils
du sang des
captifs
regardaient comme un acte religieux d'arroser les auet de consulter les dieux dans des entrailles hu-
l'le
de
Mona comme
Tacite, Annal., XIV, xxx. Anglesey, petite le situe vis--vis la cte orientale du pays de Galles. 3. Mouaii iasulam iucolis validaco et receptaculuoa perfugarum . Quelle importance aurait eue cette petite le, sans le sjour des druides? 4. Stabat pro littore diversa acies, deasa armis virisque. (Id., id.. XIV,
1.
1.
xxx).
5. Druidaeque circuin. preces diras, sublatis ad coeluui de tes {Ann., XIV, l. c ). . Muliebre et fauaticum agmen .
membris, fim-
LES DRUIDES
le
261
sjour particulier d'une confrrie druidique. L'incendie des forts de Tle, consacres, dit Tacite, des sacrifices sanglants,
sufft
aie dmontrer'.
Ces tmoignages contemporains de l'action des druides vivante ou expirante en Gaule concordent tous. Nous pouvons en tirer les propositions suivantes
:
de Bretagne, considres comme les confrries mres, composes de diverses catgories d'affilis parmi lesquels des des prtres, des juristes, des bardes ou ades, des devins, des de sciences des matres naturelles, mdecins, philosophes
thologues classs par les anciens sous trois rubriques: druides, bardes, vales. Ces confrries, charges de fonctions publiques importantes, jouissaient des privilges les
et des
plus tendus, exemption d'impt et de service militaire. L'ducation de la jeunessse gauloise tait entre leurs mains. Cette jeunesse se pressait dans des coles o se pouvaient
La
mme
Un
chef lu tait
sa tte'.
Les chefs,
dignitaires,
les
commu-
naut, entours de leurs disciples et des membres infrieurs de la corporation. Le centre de leur action tait en Gaule, dans
le
les ans.
Une
pareille
l'tablissement
ou
le
tionibus sacri
victis,
2. Y avait-il un seul chef, uu seul gnral^ ou plusieurs cliefs provinciav.r ? La question sera examiner. 3. In specu aut in saltibus (Pomponius Mla). Nous avons dj .ippel l'attention de nos auditeurs sur l'intrt que prsentent les dcouvertes faites
262
Leur enseignement tait trs vari et trs lev. Enseignement. Aucun doute ne peut exister sur la nature de l'enseignement donn dans les communauts druidiques. Timagne, Csar, Diodore, Strabon sont d'accord. Sur ce point
y a unanimit
il
comme
en Gaule
les ini-
que, tandis que les bardes chanla lyre, les hauts faits des
aux accompagnements de
hros dans des vers piques, en partie de leur composition', que les Eubages scrutaient et s efforaient de surprendre les
secrets de la nature
',
les
gnant
les
choses de la terre et
druides d'un gnie suprieur ddais^ levant aux plus hautes concep-
mes immortelles*
Csar n'est pas moins explicite. enseignement se compose d'un grand nombre de vers apprendre par cur et quelquefois
exige jusqiC vingt annes d^ tudes. A leur avis ces matires ne doivent point tre confies V criture'" Le principal point
il
.
de leur doctrine
elle
est
et
qu aprs
la
mort
de
passe
dun corps
les astres et
du monde
et
ricain,
deux reprises diffrentes de nombreuses mdailles gauloises de type armodans l'le de Jersey. Nous avons conjectur que les montaires taient
des druides et que l'le de Jersey tait un centre de communaut druidique. Le trsor de Seings dcouvert dans le Blsois au bord du lac de ce nom (qui
devait tre au milieu d'une fort), proximit de ruines romaines, trsor qui, outre des monnaies de mme type, contenait un torques d'or, nous a paru
tre l'indice d'un autre tablissement semblable.
l'occasion de dvelopper nos ides ce sujet. Nous ne serions pas tonn que Voppidum de Kerviltr (Finistre) avec son torques d'or et le mme caractre, ainsi que plusieurs autres oppida.
i.
Fortia virorum illustrium facta heroicis composita versibus cibus lyrae modulis cantitabant .
2.
3.
cum
dul-
4.
Scrutantes seriem et sublimia naturae pandere conabantur . Drasidae (druidae) ingeniis celsiores quaestionibus occultarum rerum
altarumque erecti despectantes humana pronuntiarunt animas immortales (Amm. Marcell., XV, 9, 8.) 5. Csar, B. G., l. c. Uq pareil enseignement exigeait naturellement la plus grande assiduit auK coles et ne pouvait se donner en dehors d'elles. 6. Non interire animas, sed ab aliis post mortem transire ad alios
(Csar, B. G., VI, xiv).
LES DRUIDES
la terre, sur les lois de la
263
et la
puissance des dieux immortels font partie de leurs doctrines et de leur ensei.
gnement
Cicron* nous dit implicitement que Tart de la divination faisait partie de cet enseignement. Vart de la divination
des pas tranger aux nations barbares^ puisqu'il y a l un connu J'ai druides en Gaule. d'eux, l'duenDivitiacus, ton
n'est
c est--dire ce
qui se vantait de connatre les lois de que les Grecs appellent phrjsiologie.
conjecture''.
nous apprend' que les druides Gaulois prdisaient encore l'avenir. Rienn avait autant aux Gaulois la chute prochaine de l'Emcontribu
Tacite, plus d'un sicle plus tard,
persuader
le
t prise
par
Gaulois, mais
s tait
le
le
signe
maintenu', au lieu qu'alors, cet embrasement fatal tait de la colre cleste et, pour les nations transalpines,
:
Strabon nous donnent moins de dtails, mais affirment galement chez les Gaulois l'existence de potes de philosophes et de thologiens trs qu'ils appellent bardes,
Diodore
et
1.
2.
Cicron,
Cicroa s'adresse son frre Quiutus. 4. u Naturae rationem quam physiologiam Graeci appellant notam sibi profitebatur et partim auguriis partim conjectura quae essent futura dicebat .
3. 5. 6.
L'an 71 de J.-G.
Tacite,
Hist., liv.
Possessionem rerum humanarum Transalpiuis geotibus portendi superstitione varia druidae canebanl . M. d'Arbois de Jubainville fait remarquer druique les Vies de saint Patrice, uvres de chrtiens qui considraient le
:
disme comme un adversaire, attestent que les chrtiens croyaient la puissance prophtique des druides. Ils racontent que les druides d'Irlande annoncrent l'arrive de saint Patrice qu'on fixe approximativement l'an 442. Un
homme
la tte rase comme une hache viendra travers la mer orageuse; son manteau a un trou pour la tte, sou btou a le bout recourb; sa table Amen, est l'extrmit orientale de sa maison; tous ses gens rpondent
:
amen
264
honors
de ces devins, de ces philosophes exigeait un enseignement long et suivi. Des cours devaient en tre institus dans les
Chez tous les peuples gaulois^ "peu prs sans exception, se trouvent trois classes d'hommes, quisont l'objet d'honneurs extraordinaires, savoir Les bardes, les vats et les druides. Les
bardes, autrement dit les chantres sacrs, les vats, autrement dit
devins qui prsident aux sacrifices et interrogent la nature, enfin les druides qui indpendamment de la physiologie ou philosophie naturelle professent l'thique ou philosophie morale.
les
les plus justes des hommes et ce titre eux que on confie l'arbitrage des contestations soit piiOn ne devient pas juge et arbitre dans ves, soit publiques^
.
y^
un pays de traditions et de coutumes, sans de longues tudes*. Dion Chrysostme, qui mourut Tan 117 de notre re, compare aux mages des Perses et aux prtres gyptiens les druides
qui chez les Celtes se consacraient la divination et l'tude de la sagesse' Autant de cours particuliers indispensables dans
.
traditions n'taient pas confies l'hrdit. Mla. Pomponius Pomponius Mla disait dj vers l'an 44 de notre re , que Ton trouvait chez les Gaulois, malgr leur baroii les
une socit
barie,
et
dans
les
1.
cpt>>(Tocpos
xi t(V;
sIcti
xat OEoXyot
jtspiTT); Ti[jL(i[jivoi,
2.
3.
p.
326-327.
4. 5.
Voir plus loin ce que nous disons du rle des druides en Irlande. Dion Chrysostme, Oralio XLIX.
:
Pomponius Mla Habent tamea (Galli) et facundiam suam magistrosque sapientiae druidas. Hi terrae mundique magnitudinem et formam, motus coeli ac siderum etquid dii velint sclre profitentur. Z)ocen^ mulla nobilissimos gentis, clam et dlu, vicenis annis, aut in specu, aut in abditis saltibus . 11 ne faut pas oublier que les druides n'avaient plus alors aucun rle officiel et
6.
que sans
nos jours
tre perscuts
les
riale et se
ils taient certainement suspects l'autorit imptrouvaient dans une situation analogue celle o se trouvent de
LES DRUIDES
265
ciel et des astres et
de la terre
et
du monde,
le
mouvement dn
ENSEIGNEMENT
dure quelquefois vingt ans. Il se donne dans des cavernes (?) ou dans le fond des forts . C'est
loig ct sccrct
peu prs ce que nous a dit Csar. II est galement certain que l'on devait initier certains
mem-
bres de la
sans lesquelles
aucun
fallait
qu'aucun
mot ne
ft
chang
du
sacrifice. Celte ducation spciale ne pouvait tre nglige. Pline nous montre des druides prsidant la cueillette du
gui et d'autres plantes magiques. Tout cela exigeait un corps de professeurs nombreux et instruits*, sans quoi il n'eussent pas conserv le respect et la considration dont on nous
les
la fin,
ciples^
La
le
La recherche de
point qui avait eu des relations suivies avec le druide Divitiacusne semble pas en savoir plus que nous, sans quoi se serait-il content de dire
:
Le principal point de leur doctrine est que et qu aprs la mort elle passe d'un corps ? Pomponius Mla avoue plus nettement que
1. Le baron Roget deBellof^uet a rsum trs heureusement le programme d'enseignement des druides dans les lignes suivantes, t. III, p. 336 Nous avons pu dans ce qui prcde nous faire d'avance une ide du nombre et de
:
naissance des
que cultivait le clerg gaulois La thologie et la conl'astronomie et la cosmogonie, la physique, la gomtrie, l'histoire nationale, la musique et la posie. Nous avons vu des prtres comme devins et magiciens pratiquer l'auatomie splanchnologique et la mdecine, pour
:
lois,
laquelle
la
ils
Ils
grandeur du monde, c'est--dire la gographie. Enfin les druides proprement dits approfondissaient les hautes questions de la morale et de la philosophie, de sorte que l'ensemble de leur science et de leur enseignement constituait une vritable encyclopdie et un cours complet d'instruction et d'loquence universitaires . Il y a l, en effet, les lments
forme
et la
si
Ad hos
(druidas)
l.
currit,
3.
Csar, B. G.,
266
ce seul point de leur doctrine avait pntr dans le public Unum ex eis quge prdecipiiint in vulgus effluxisse videlicet ut
forent
ad
ad mnes
qu'un seul prcepte dans le public en vue d'exalter le courage militaire, savoir que les mes sont immortelles et que la vie
se continue au del
du tombeau
Ce prcepte ou ce dogme,
tous les crivains presque sans exception chez lesquels le nom des druides est prononc, en ont fait mention. On ne peut
contester qu'il fut la base de leur enseignement. Si rien ne nous a t transmis de prcis touchant les doctrines
canoniques ou thologiques des druides^ n'y a-t-il pas quelques consquences tirer de ce silence mme? Les disciples des
druides, je veux dire, cette nombreuse jeunesse qui se soumettait leur enseignement n'entraient pas tous dans la confrrie;
la vie civile.
Peut-on croire
qu'il
y et chez ceux qui reprenaient leur libert, supposer qu'elle pt exister chez les autres, une discipline assez svre pour rvler de ce qui leur tait qu'ils se crussent obligs ne rien
enseign? S'il y avait une doctrine secrte elle ne se comprend que rserve la classe tout fait exceptionnelle des philosode phes et des thologiens; mais ne pouvaient faire partie
cette doctrine secrte les dtails
du culte extrieur
s'il
y en
avait eu, le
rait
nom
peut donc tre certain que l'enseignement des druides ne comportait pas l'talage d'un panthon de dieux qui auraient t la manifestation extrieure de
venu
se prosterner.
On
leur thologie.
Nous songeons, en
ce
moment,
la triade,
Esus, Tenttes et Taranis laquelle on offrait des sacrifices sanglants et dont on a voulu faire les grands dieux des druides.
est le
premier
et le seul qui
en
ait
comment
III.
nom
et t ignor
1.
Mla,
est probablement de l'au 64 de notre re. Nous esprons pouvoir expliquer, dans la dernire partie de ce cours, l'origine de cette
2.
La Pharsale
triade.
LES DRUIDES
267
si les
humaines?
Une
seule divinit
le
sans
nom
Dispater druidique, druides, aurait t le pre de la nation. Les Gaulois se prtendent tous issus de Dispater*. C'est, disent-ils, une tradition qui
leur vient des druides. Ce
dogme
faisait
donc partie de
l'ensei-
gnement druidique, mais quel titre? Le soin que Csar prend de nous en parler en dehors du chapitre consacr la corporation et la suite des renseignements quil nous donne sur la
religion des Gaulois*, laisse supposer qu'il fait allusion
une tradition populaire adopte par les druides, analogue celle qui rgnait chez les vieux Germains, frres des Celtes,
qui considraient Tuiston comme le pre de la nation germanique*,, sans que cette tradition ft un dogme druidique.
plus forte raison ne pouvons-nous pas accepter la thse du ' baron Roget de Belloguet pour qui Esus, dieu suprme des
druides, ne serait autre qu'Asv, le
(comme
avec
le qui
est
le
de l'Exode^
.
m,
le soleil
ou
firmament
considration. L'usage de compter le temps par nuit et non par jour se rattachait, suivant Csar lui-mme, cette croyance. Dispater tait videmment un Plu ton. En vertu de cette
croyance (la croyance qui portait les Gaulois se roire les descendants de Dispater), les Gaulois mesurent le temps coul
Galli se omnes ab Dite ptre prognatos praedi1. Csar, B. G., VI, xvir caQt, idque a druidibus proditutn dicuat. 2. Qu'il ne faut pas coufoadre, nous ne saurions trop le rpter, avec le
:
druidisme.
3.
Tacite,
De moribus Germanorum,
II
antiquis (quod unam apud illos memoriae et annalium genus est) Tuistonem deum, terra editum et fiiium Mannum originem gentis conditoresque . Nous
sommes de plus en plus frapp de l'analogie de la religion pr- druidique des Gaulois avec la vieille religion germanique. 4. Baron Roget de Belloguet, Eihnognie gauloise, III, p. 121, qui ajoute en note Asu ou Asura du verbe as, tre l'Asura-masda ou l'Esprit sage des
: :
As Dun en Scandi-
navie,
268
non par
mme
de naissance ou
toujours la
Cette
commencelaiss
c'est
?iuit qu'ils
coutume
prendes
moyen
ge*.
autre attention toujours de profondes racines et mritent une que ce que nous dit Csar du culte des Gaulois pour Mer sur lesquels les cure, Apollon, MarSj, Jupiter et Minerve, les autres naides les mmes Gaulois auraient eu que
tions*.
En rsum, aucun
les druides
texte ne
en s'installant
Celtes des divinits trangres au pays ou des rites nouveaux. Nous pouvons mme trs lgitimement affirmer le contraire.
Si les druides avaient eu des divinits particulires, nous les
retrouverions en Irlande. M. d'Arbois, l'autorit la plus comptente en pareille matire, dclare qu'il les y a, en vain,
cherches; et quelle raison les Gaulois auraient-ils pu avoir pour ne pas accueillir ces dieux, eux chez qui le panthon
grco-hellnique s'est
si
vite acclimat?
trop absolus. Les druides dans chez eux. Il pouvait y exister des crmonies qu'il n'tait pas de leur politique de vulgariser. Elles pouvaient tre rserves une lite d'initis. Celles-l
nous
les
ignorons
et
probablement
les
ignorerons toujours.
t la politique des
divinit l oii
on
la rencontrait
gauloise en comptait par des forts, divinits divinits des sources, milliers, divinits
La mythologie
des montagnes et des lacs. Les crmonies, les sacrifices faits en l'honneur de ces divinits, les druides y prsidaient sans
1. Voir Deloche, La procession dite de la Lunade {Mm. de l'Acad. des inscripL, t. XXXII, 2e partie, 1890), et Annexe G. 2. Csar, B. G., VI, xvii : De quibus eamdem fere quam reliquae gentes
habent opiaionem
les" druides
269
aucun scrupule. Ils ne cherchrent point en imposer d'autres. Les formules magiques, hritage des chamans, le bas clerg druidique dut continuer s'en servir. Les druides ne faisaient
pas corps avec
la nation, ils
certain que les druides avaient une philosophie, mais une philosophie n'est pas une religion, mme quand elle sp-
cule sur la nature des dieux; de telles spculations ne pntrent jamais dans les couches profondes de la nation. Des
hypothses sur la grandeur de la terre et le mouvement des astres ne devaient pas appeler davantage les conversions ou chasser des esprits et des curs les superstitions populaires.
la
religion.
Un
de tous, le dogme de l'immortadogme des mes. et de l'ternit Mais ce dogme, qui entrait comme
tait la porte
lment essentiel dans leur enseignement*, ils l'avaient trouv grav, comme nous l'avons vu^ dans les instincts des races
septentrionales auxquelles se rattachaient les Gaulois'.
est rest.
11
Quelle ide
les
Gaulois et les druides, en particulier, se mes? Nous disons les Gaun'en font que par exception
1.
Je
me
les figure
les
Missious norvgiennes
Ma*
dagascar, levant chrtieanemeut les petits Malgaches sans les laitier toutes
les subtilits
2.
de la thologie protestante. Csar, B. G., VI, xiv : In primis hoc volunt persuadere,
.
non
interire
animas
3.
t.
Voir nos premires leons. L'observation est de Frret, dit. in-12, XVIII, p. 179 : Le dogme sur l'ternit des mes et du monde parait avoir t commun aux Gaulois avec les peuples de la Germanie. Il se trouve,
quoique ml de dtails purils, dans XEdda et dans le recueil de l'ancienne mythologie des Scaldes... Comme on a trouv ce mme systme chez d'autres nations barbares qui n'ont aucun commerce entre elles, il faut qu'il soit une
suite des premires ides qui se prsentent aux hommes et il n'est nullement ncessaire de supposer qu'il soit pass d'un pays ilans l'autre. Il serait encore moins raisonnable de penser qu'il ait t port par les Grecs et les Romains
chez ces diffrentes nations . Ces derniers mots visent l'opiaion qui voudrait que ce dogme et t emprunt aux pythagoriciens.
270
honneur aux druides. Pour la majorit des crivains qui en parlent, le dogme tait un dogme national, propre aux Galates
et
tort de
Celtes.
c'tait
Nous avons
une croyance
pouvaient se disputer Tinterprtation et qui avait pu changer et se modifier avec le temps. Suivons-la travers l'histoire
durant
la
:
Csar
(la doctrine
des
druides) que l'me ne prit pas et qu'aprs la mort elle passe d'un corps dans un autre. Ils pensent que cette croyance, en faisant mpriser la mort^ est minemment propre exalter
c'est
le
courage^.
ment.
doctrine
y voit une pense politique. Il ne prsente pas cette comme un dogme religieux. Timagne, au contraire, y voit la conception la plus haute
Il
laquelle les philosophes des communauts druidiques se soient levs. Les druides*, d'un gnie suprieur^ s' levant
aux spculations
Diodore.
les
choses de
Au
:
livre
nous lisons
vent dans les repas oi mprisant la vie ils se provoquent des combats singuliers, car chez eux prvaut la doctrine de Pythagore d'aprs laquelle les mes des hommes sont immor:
telles
et aprs
s'
vivre en
animas, sed ab
In primis hoc volunt persuadere, non interire post mortem transire ad alios, atque hoc maxime, advirtutem excitari putant metu mortis neglecto . 2. Les Druides, c'est--dire l'ordre le plus lev de la corporation. mm.
1. Csar, B.
Marc, XV, 19
rerum altarumque
.
erecti sunt
T^ '{'"X^ eaSuoixevYj.
LES DRUIDES
ifH
Timagneavait dj rapproch la doctrine des druides de celle de Pythagore '. Mais ni l'un ni l'autre ne disent que les druides i'eussentreue d'eux. Nous devons faire une autre observation.
Diodore parle des Galates, FaXatat. Or quatre chapitres plus loin, au ch. xxxri de ce mme livre V il croit devoir dfinir cette
expression FaXa-rat // est utile de dterminer un point ignor de beaucoup de personnes. Les peuples qui habitent au-dessus de Massalie, dans l'intrieur des terres, le long des Alpes et en
:
de des monts PyrneSy se nomment Celtes ; ceux qui sont au-dessus de cette Celtique * dans les rgions inclinant vers le
notUS, LE LONG DE l'OcA.N ET DES MONTS HeRCYNIENS ET TOUS CEUX
gui VIENNENT A LA SUITE jusqu'a LA scYTHiE on les appelle
ttes.
Gla
Germanie parmi
il
ajoute
le
C'est pourquoi.,
pendant
les
funrailles
ils
jettent
dans
bcher des
si les
lettres adresses
comme
Rhin.
morts devaient
doctrine,
c'tait
un
article
de
foi
Nous devons rappeler que Valre Maxime * et Pomponius Mla quelques annes plus tard font mention des mmes usages Au sortir des murs (de Marseille), dit Valre Maxime % o?i me raconte qiiune ancienne coutume existait, chez les Gaulois, de se prter entre eux des sommes remboursables dans l'autre monde, tant ils taient persuads que nos mes sont immortelles.
.
Je
ne se retrouvait sous
Maxime
n'attribue
Valre
ni l'in-
1.
2.
Diod., V,
3.
4.
5.
Ut auctoritas Pythagorae decrevit (Amm. Marc, XV, 9). xxxn Tou; 8s Ttkp rauTY); xr\^ KsXxixrj. Voir plus haut, p. 89, des pratiques aualogues chez les Tschrmisses. Qui vivait sous Auguste.
a
:
Valre Maxime,
lib.
II,
ch. vi, 10
esse.
Memoria proditum est pecuoias mupersuasum habueDiccrem stultos nisi idem bracati sea
sisseut
quod
palliatus
Pythagoras credidit.
272
fluence dePythag-ore,
trines
se contente de rapprocherles
deux doc-
Tune de
l'autre.
qui reproduit presque textuellement la En de Csar, ajoute consquence ils brlent et phrase enterrent avec les morts ce qui est utile aux vivants. Autrefois lieu de rglement de il arrivait qu'ils fixaient les enfers comme
:
Pomponms Mla
le
paiement de leurs
dettes.
On
des parents se jeter volontairement dans le bcher dans l'espoir de revivre avec les morts . Ces pratiques quelque
a va
mme
peu adoucies
'\
mmes
thagore propos de la doctrine de l'immortalit, bien qu'il s'occupe plusieurs reprises des pythagoriciens et de leurs doctrines.
'(
barbares proclament que les L'accord entre ces crivains est donc complet. Les Gaulois croyaient l'immortalit des mes et conformaient leurs actes
.
pas du reste les seuls parmi les mes et le inonde sont immortels*"
so?it
y encourageaient. Leur doctrine tait que les mes continuent vivre aprs la mort du corps et que l'on pouvait entrer en relation avec elles. Elles devaient
leur
foi.
Les druides
les
un jour un corps nouveau. Tel est le dogme trs simple dont les textes nous donnent le rsum. Ils ne nous disent pas quel est le sjour des mes prives de leur corps terrestre. Les expressions ad inferos, ad mnes sont des expresrevtir
sions vagues
comme
sous terre ou
l'ide de l'enfer de
dans l'autre mon^fe, expressions qui n'impliquent aucunement Proserpine et de Pluton, D'ailleurs Lucain^
in vulgus efiluxit, ad bella meliores, aeternas esse animas, vitamque alteram ad mnes. Itaqiie cutn mortuis cremant ac defodiunt apta viventibus Oiim negotiorum ratio etiam et exactio crediti differebatur ad inferos, erantque qui in rogos suorum, velut uua victuri libenter inimitterent. 2. Date probable laquelle Mla crivait sa Gographie.
i.
Mla,
III,
videlicet, ut forent
3.
4.
Se
']'/''?
xai Tv xQffpiov.
5.
v.
449-4S3
LES DRUIDES
l'affirme
273
il
dveloppe
la
pense des
descendent
druides.
D" aprs vos enseir/neinents, druides, les
mes
7e
ni dans
les
demeures silencieuses de rbe, ni dans les proroyaumes de Pluton. Le mme souffle les
autrp:
anime dans un
vrit,
monde
et la
mort,
si vos
est
que
le ini lieu
d\me longue
existence
Dans un
autre monde, expression presque aussi vague que les prcdentes, adinferos, ad mnes est le seul dtail nouveau qu'il
donn de recueillir ici. Nous ne croyons pas qu'il soit de chercher lever un voile derrire lequel Lucainne prudent rien voir de plus prcis que nous; le vague convenait devait
nous
soit
Leur
rle politique.
nos pres.
De
rle politique
proprement
dit,
au gouvernement de la ne trouvons trace dans les Commentaires. Un nous nation, pas seul texte de la fin du i" sicle de notre re nous parle
du grand
Celtes, et
rle
il
que
ne parait pas
de la Gaule.
*
au snat, nous liLes Celtes ont des druides verss dans lart divinatoire
rois
vrai de dire que ce sont eux qui commandent et que ces rois assis sur des trnes d'or, habitant de m,agnifiques demeures sont leurs ministres, les serviteurs de leur pense .
eux. Aussi
la
Un dbat s'est lev, il y a des sciences mol'Acadmie sur annes ce sujet quelques
NoD
tacitas Erebi sedes, Ditisque profuudi Pallida rgna petunt; rgit idem spiritus artus Orbe alio loag Ganitis si cognita, vitcB
;
Mors mdia
est.
1. Dion Chrysostme, Oral. XL1\ daas Coiiguy, Extraits des auteurs rjrecs concernant la gographie et r histoire des Gaules, t. VI, p. 35. 2. Nous verrons plus loin qu'elles pourraient, en effet, trs bien s'y appliquer.
18
274
raies et politiques
et
Duruy
a t
le r-
le sujet
Les druides ont-ils t perscuts? Deux textes anciens, dit Fustel, l'un de Pline, l'autre de Sutone, semblent indiquer que la religion druil'autorit romaine et cela ds dique aurait t absolument dtruite par Pline ces le rgne de Tibre et celui de Claude. Nous lisons en efet dans Tibre de sustiUil driiidas,u\e principat mots riberii Csesarls
:
fit
'principatm Sutone crit Druidarum redisparatre les druides* . De son ct l'on traduit gnralement Claudius abolevit, que phrase penitus ligionem
:
:
Claude abolit entirement la religion des Druides' . Au premier abord ces deux phrases semblent d'une parfaite clart et sont d'une l'ide d'une destruction comgrande nergie. Elles donnent tout de suite de ces deux mots sustulit, aboforce la plte. Remarquons bien, en effet,
ainsi
ait prolevit. Les deux crivains ne disent pas seulement que le prince nonc une interdiction, qu'il ait lanc une loi visant faire disparatre
le
druidisme; ils parlent d'un fait accompli et achev, d'une disparition de la religion et des druides. 11 semble donc qu'il n'y eut plus de druides partir de Tibre, plus de druidisme partir de Claude. Pourfaits de l'histoire, on est tant, si Ton continue observer les textes et les
totale
saisi par un scrupule et par un doute. En effet, ces mmes druides que Tibre aurait fait disparatre, cette religion que Claude aurait efface, nous les retrouvons dans les poques suivantes. Phne lui-mme, dans un autre passage, montre qu'au temps o il crivait, c'est--dire sous Vescontinuaient prsider aux crpasien, les druides existaient encore et monies religieuses*... Les druides ont si peu disparu l'poque de Tacite mentionne leur action dans les troubles qui agitrent Tibre
la
y a
l contradiction
apparente.
textes ont
comprendre. Ceuxci taient mal interprts. Fustel de Coulanges avec sa sagacit et sa pntration ordinaires remet les choses au point. 11
rarement
tort
quand on
sait les
lui sufft
de replacer dans leur milieu les phrases si souvent difficile de dmontrer, reproduites isolment. Il ne lui est pas
1. Fustel deCoulauges, Comment le druidisme a disparu (extrait des Comptes rendus de V Acadmie des sciences morales et politiques), chez Thoriu, 1879, et Revue celtique, t. IV (1819-80), p. 37.
2. 3. 4. 5.
Plie, H. N.,
XXX,
4, 13.
LES DRUIDES
275
aprs Frret, que chez Pline et chez Sutone il s'agit uniquement de la magie et des sacrifices humains auxquels prsidaient les druides. On comprend que de telles pratiques appli-
ques la mdecine, la relig-ion et la divination ne fussent Cette magie a pas du g-ot des Romains, aussi Pline dit-il
:
Gaule jusqu' un temps voisin de 7ious. C'est seulepossd ment sous le principat de Tibre qiiitn snatus- consulte a fait
la
cins^ .
disparatre leurs druides et toute cette tourbe de mages-mde11 faut lire la page de Pline tout entire pour com-
prendre ce
qu'il entendait
Sustulit druidas.
esl plus court, raison de plus pour n'en suppriDruidarum religionemdirae immanitatis et tantum civibus sub Augusto interdictam Claudhis penitus abolevit. Les deux mots dirae immanitatis me paraissent dignes d'attention ils marquent sur quel point
Le passage de Sutone
:
se fixe la
pense de Sutone. En parlant ici des druides il ne songe ni leurs dieux ni leur doctrine sur l'me son esprit ne voit qu'une
;
Pour avoir
le
faut la rapprocher de celle de Lucain immitis placatur sanguic diro Tenttes ou de celle de Tacite Luci saevis siiperstitionibus sacri, nam cruore adolere arasfashabebant. Toutes ces expressions les mmes sacrifices humains. dsignent
de Sutone
il
11
l'esprit d'un
ligion
;
faut d'ailleurs prendre garde au sens que le terme religio prsentait Romain on le traduirait inexactement par notre mot re;
il
se disait
et surtout
de les
de toute pratique qui avait pour but de plaire aux dieux apaiser. Je traduirais donc la phrase de Sutone de cette
faon
La pratique religieuse des druides, la cruaut des sacrifices humains, avait dj t interdite par Auguste aux citoyens romains Claude l'interdit tous et la fit disparatre. Il ne semble pas que Sutone
:
ait
^.
Nous sommes compltement del'avis deFustel de Coulanges. Ne voyons-nous pas les Anglais interdire dans l'Inde le sacri-
XXX, 4, 13. remarque est capitale. Lorsque Csar dit, en pariant des Gaulois natio omnis admodum. dedita religionibiis, il ne veut pas dire que les Gaulois aient de la religion un sentiment plus profond et plus lev que les autres races, mais qu'ils se livrent aux pratiques les plus minutieuses du culte. De mme il dit des druides {VI, 13) religiones interprelaUuv, ce qui signifie, non pas qu'ils fussent des thologiens expliquant des dogmes, mais qu'ils inter1.
Pline,
2.
Cette
prtaient les prsages de manire pouvoir dire quelles pratiques les dieux rclamaient.
276
fice
tombe de leurs poux, sans qu'ils perscutent d'ailleurs en rien les sectateurs du Buddha?
des
la
Il
femmes sur
moins de perscution
remarquer Duruy
*,
tradition
pi'aeter
avait
pas de
collegia,
ne reconnaissait pas d'existence lgale l'institut druidique. Enlever cette grande corporation le droit de runion, c'tait briser tous ses liens
anqua
et lgitima dissolvit.
11
et la
mme
temps que
les
adh-
romaine qui conduisait aux grandes charges de l'Empire. la part d'Auguste et aux yeux
l'exercice d'un droit et
Romains
actes de vio-
aux
En rsum,
Auguste ne violenta pas les consciences, mais il ne laissa plus de place aux druides dans l'organisation sociale ^
L'ouverture des coles de Marseille, de Lyon et d'Autun acheva de les tuer. Les communauts druidiques se fermrent
presque toutes ou plutt migrrent en Angleterre, en Ecosse ^ et en Irlande oii elles restrent tlorissantes jusqu'au v sicle
de notre re. C'est l que nous devons maintenant aller les tudier. Il n'y eut bientt plus de communauts druidiques en
Gaule;
il
que
les textes
y resta des druides isols jusqu'au V sicle, ainsi nous l'apprennent. Nous ne croyons pas que
l'on puisse tirer des textes d'autres notions positives si l'on veut s'abstenir de conjectures. Le druidisme n'a point t une cole de mysticisme, mais une grande institution sociale.
1.
Revue archoL,
l.
XXXIX,
p. 350.
Frret avait dj compris ainsi les dcrets d'Auguste, de Tibre et de Claude. Nous nous tonnons que ui Fustel, ni Duruy, ni M. d'Arbois ne l'aient
2.
Frret est cet gard aussi net que possible. nous voulions faire des comparaisons, nous rappellerions le transfert, suivant les temps, des collges de Jsuites Fribourg, Jersey et en Anglecit.
3. Si
terre.
XX LEON
L'IRLANDE CELTIQUE
'
question des druides, plus il apparat clairement que conformment au tmoignage de Csar, l'origine du mouvement auquel les Celles durent l'tablissement de
la
Plus on creuse
Transportons-nous en Irlande oii les druides ont laiss les traces les plus profondes de leur domination morale et de leur
enseignement; en Irlande qui, bien aprs l're chrtienne, conserva le privilge d'lre un foyer ardent de propagande religieuse et civilisatrice.
que l'invasion kimro-galalique paralysait en Gaule ou du moins limitait la puissance des druides que la conqute romaine devait dfinitivement anantir, l'Irlande
prserve de ces deux flaux conservait intactes les vieilles institutions celtiques, dans lesquelles les druides, suivant leur
rang, taient les gaux des rois et des princes. L'Irlande ne s'est jamais laiss pntrer parles civilisations
trangres, elle est resie celtique pour ne pas dire druidique
Pendant
'
presque jusqu'nosjours. Les Danois du vn au rx'' sicle, avant les Anglais, ont cherch l'entamer. Ils ont pu s'tablir et
1. Consulter Gordon, Histoire d'Irlande ;KeaLtng, Histoire d'Irlande, traduite du celtique par J. O'Maiioay; O'Curry, 0?i the manners and cusloms of the ancient Irisk; d'Arbois de Jubainvilie, Introduction l'lude de la Utldrature celtique, t. I, et Le Senc/a-jnor (extrait de la Nouvelle Revue du droit franais
et tranger).
2.
xiii.
3.
14.
278
encore passagrement l'embouchure des rivires. Ils n'ont pu pntrer dans l'inlrieur '. L'Irlande bien des gards est
reste de nos jours ce qu'elle tait au
P""
Une
:
modifier sensiblement la situation politique et religieuse du pays le triomphe du christianisme. Des circonstances particulires ont permis l'Irlande de traverser cette rvolution
sans en tre profondment trouble. L'influence du christianisme en Irlande a t une influence exclusivement morale.
Le christianisme vainqueur laissa debout tout l'organisme politique des temps o le druidisme dominait, se contentant
d'y introduire
un
esprit
nouveau.
chrtiens de l'Irlande n'y
la
n-
la confiance
le
con-
ne pouvaient rien, les premiers aptres se gardrent d'exiger de ceux qui les accueillaient avec bienveillance aucun remaniement srieux de la constitution tablie et
cours desquels
ils
traditionnelle.
mer
la
Los aptres irlandais se contentrent de rcladchance des druides proprement dits, c'est--dire de
du corps druidique dont
ils
prirent la
place auprs des rois. Quelques modifications apportes au code des lois nalionales, particulirement au code pnal furent
,
eu complet dsaccord avec la nouvelle doctrine fut respect ou tolr. A quelque poque que remonte l'action des premiers misn'tait pas
Tout ce qui
il
1.
marqus
les rsultats
de ces
tentatives. Cette carte est dpose la bibliothque du Muse. 2. L'glise d'Irlande ne reconnut que trs tard l'autorit du pape. Cf.
Gor-
don,
3.
I,
p. 83.
moins
L'Irlande, au moment o saint Patrice prchait l'vangile, comptait au trois cents petits rois au-dessous du roi suprme et des quatre rois
provinciaux.
l'Irlande celtique
279
que le paganisme (c'est--dire le druidisme) persistait encore dans la majeure partie de l'le, au vi'' sicle, et sur plus d'un point mme au commencement du VII^ C^est la fin
*,
Gordon
l'le
Quand
les
y trouvrent un grand nombre de savants, de philosophes, de potes, de jurisconsultes, membres des confrries druidiques*. Ce n'est pas un auteur moderne qui le dit; nous
le
druide du roi de Tara' qui lui donnait l'hospitalit. Le saint s'tonnait de les trouver si verss dans la connaissance de la philosophie et des sciences. Pareil
avec
le
pote et
aveu de
trice est
la part
cel-
tiques,
roi
dont
a gagn
la confiance, de concert
lamhs ou docteurs (une des classes de la confrrie druidique) et trois voques. Les vques ont remplac les druides. La
rvolution avait t rapide et
il
fallait
que
le
terrain ft bien
fait
Il
fut
chrtienne de
avant
Une
autre remarque
dont l'importance
ne vous chappera pas est la promptitude avec laquelle, quelques annes peine aprs la conversion du roi Logaire, se
remplissent de fidles plusieurs grands monastres, non seulement en Irlande, mais en Ecosse et en Angleterre. Ces mor
nastres, ces abbayes semblent sortir de terre spontanment, une poque oi la Gaule n'en possde pas encore, et bientt
aprs, ces monastres d'Irlande et d'Ecosse sont, avec saint Colomban, la ruche d'o essaiment les clbres abbaves de
1.
I,
p. 4,^-46.
2.
3.
Les aptres du christianisme u'avaieulrieu trouv de semblable ea Gaule. Tara tait la capitale de tout le royaume, le sige du roi suprme et du
ofrand druide.
280
Vers 500,
peu de temps aprs la mort de saint Patrice, saint Findia* fonde une abbaye sous la juridiclion de l'archevque
d'Armag^l. Ds S20 est sig'nale l'existence d'un monastre trs florissant dans l'le d'Iona en Ecosse. Dans le cours du
mme
lande
sicle, alors
et
qu'une grande partie de l'Ecosse, de l'Irde l'Angleterre tait encore paenne, s'lvent les
puissantes abbayes de Bangor, l'une situe dans le pays de Galles, en pleine contre celto-druidique, l'autre en Irlande,
dans
le
le lac
de Belfast" o Saint-Colom-
fut plus tard lev. Nous nous permettrons d'y voir des communauts druidiques transformes en monastres. Il est
ban
noter, fait bien remarquable, que dans ces monastres ce n'est pas la religion, ce sont les sciences, les arts, les lettres,
ce qu'enseig'naient les druides^ qui sont surtout florissantes
:
on y
sait
non seulement
le latin,
mais
le g'rec,
on y
callig-ra-
phie avec un art qui n'a jamais t dpass. La posie y est en grand honneur. Comment expliquer cette supriorit littraire et scientifique des
si ne sont point l des vertus vangliques des confrries n'est une survivance ce druidiques? par Ne croyez pas que j'exagre plaisir, ouvrez un des meil-
Galles
ce
monastres d'Irlande
et
du pays de
au chapitre
La
vie
celtique
travail des
monastique' n'obligeait pas moins au travail intellectuel qu'au mains. A ct du moine qui dfrichait la terre, qui taillait
monastique'',
y avait le moine charg de donner un aliment la foi et un appui aux mes en mme temps qu'un dlassement l'esprit et un plaisir dlicat aux imaginations des clotrs. Chacun de ces clotres posil
sdait
un barde de
mme
1.
Mort en
582.
et
les
ces abbayes d'Iona et de Belfast, foudes dans une le bords d'un lac. 3. 11 s'agit des moines d'Irlande et d'Armorique. 4. On pourrait dire au clan druidique et ne rien changi>r au reste.
2.
Remarquons
sur
l'irlande celtique
281
l'ancienne institution druidique tout ce qui se pouvait concilier avec la religion chrtienne. On sait mme qu'en Irlande cette institution dut
l'avantage de garder ses privilges la prire de saint Kolom-kill*. Personne n'ignore avec quel zle et quel bonheur il plaida la cause des bardes quand un roi chrtien voulut les proscrire. 11 ne faut pas, dit-il au roi, brler le bl mr cause des. liserons qui s'y mlent .Les saints
de Cambrie, de l'Armorique et de l'Ecosse ne les protgrent pas moins. Et plus loin, page lxiii Ce n'est ni Lrins, ni Marmoutier, ni nulle part en Gaule que l'Armoricain Gwnol songe aller prendre conseil, c'est Sabhal, de la bouche mme de Patrice qui aurait prdit la mission
:
de tant d'autres
saints.
M, de
la
vue que nous, qui croit Torigine purement ecclsiastique et romaine des abbayes irlandaises, cossaises et armoricaines
ne plaide-t-il pas inconsciemment notre cause?
les
moines de Belfast,
d'Iona, de Bangor et mme de Landevenek^ sinon des druides convertis? Les deux mille frres de Sletti/, dit dom Pitra % qui
chantaient jour et nuit diviss en sept churs de trois cents voix rpondant travers les mers aux fils de Saint-Martin, taient,
d'aprs la lgende, les enfants du druide converti Fiek. le fond delapopulalion irlanDans quelle classe del socit
se recruter sinon
dans
la classe
des
que
la
la proprit
des
fil et
des ollamhs.
La
vie intellectuelle de
mains des
celtisants.
1.
Office
saint
2. 3.
4.
Dom
CL
Strabon,
ch. v, 8
(I,
282
langue
latin,
officielle.
On
du
concurremment avec
vieilles
grec.
L'atlachementaux
exerait une
coutumes
eux-mmes que
beaucoup d'entre eux, plus de cent ans encore aprsla conqute les Celtes anglo-saxonne, demandaient tre soumis comme
au code des Brehons. La
se survivait.
vieille
Dans
le principe,
sous Henri II
premiers
successeurs, de 1170 1367, la loi anglaise et la loi celun caractre galement lgal. tique vcurent juxtaposes avec Le code brehon tait mme sur le point de supplanter le code
des vainqueurs, quand en 1367, deux cents ans aprs la conle mouvement. qute, le statut de Kilkenny essaya d'enrayer
L'influence anglo-saxonne tait assez visiblement en pril pour
D-
aux
et
prisonnement
soit
colons^ sous les peines les plus svres, emaux Irlandais confiscation des biens, de s'allier
suit
par change d en fants ; interdiction tout irlanAnglo-Saxon, sous les mmes peines, de prendre un nom dais et d'adopter les coutumes du pays . L'Irlande allait vainpar mariage,
cre l'Angleterre par la supriorit de sa lgislation
comme
la
d'une jourd'hui par M. d'Arbois de Jubainville*, les lments reconstitution de cette vieille lgislation.
compliques et savantes dans leur des populations originalit ne pouvait tre l'uvre spontane irlandaises que Strabon nous prsente plonges dans la plus
Ce code de
lois la fois
extrme sauvagerie \
Il
1.
2.
3.
4.
5.
Les Anglo-Saxous. Graecia capta ferum victorem coepit. D'Arbois de Jubaiuville, tude sur le droit celtique.
Strab.,
l.
c.
l'irlande celtique
luelles, telles
283
fig-ur les
communauts
druidiques
*.
Nous allons essayer, guid par M. d'Arbois de Jubainville, de vous introduire au sein de cette vieille socit faonne par
main des druides. M. d'Arbois n'a pas seulement traduit pour nous, je veux dire pour vous, le Senchus-mor\ de vieux chants
la
piques existaient en langue celtique dpeignant la vie hroque de l're paenne; il les a fait revivre. Les druides y jouent un
g^rand rle.
sujet.
La population de
com-
posait de deux couches distinctes dont la plus nombreuse, comme en Gaule, tait rduite un tat voisin de l'esclavage '.
Les membres de
couche suprieure, assurment des conqurants', qui elle-mme se divisait en plusieurs classes, faisait
la
Onpeul, dit M. d'Arbois, se reprsenter, d'aprs ]e Senchusmoi\ la socit irlandaise antique comme compose del manire suivante
1
:
Il
y avait encore au viu^ sicle cent quatre-vingt-quatre tuath ou domaines royaux ayant leur tte un roi suprme et quatre
rois provinciaux
et
:
rois
du Linster4
2
aient les 'primates. Il n'y avait pas en Irlande de noblesse hrditaire. Diviss en quatre classes, tous les membres de la
/?///i
taient
le
tait
dote de pri-
vilges particuliers.
La
richesse en bestiaux,
mais aussi
la
science, le savoir, l'habilet en certains arts et mtiers dciNous verrous dans une prochaine leon un exemple vivant de semblasouvent explique
1.
pays leur
suite.
284
fiaient
des rang^s. On peut se faire une ide de la valeur relative de chacune des classes dans lesquelles rentraient les
de l'institution celtique, en tenant compte du prix auquel tait attach ce quele code reAo^i appelait leur ^om?ewr, c'est--dire la somme due par le coupable celui de ses mem-
membres
amendes
taient
en cumuls ou en bestiaux.
L'honneur du
roi
suprme de Tara
. .
tait
valu 28 cumals.
tait
d'un roi provincial d'un roi de Tuath (chef de clan) primate de 1'" classe .
entre
21
7 5
1'"
classe
La diffrence
un roi de Tuath
et
un primate de
donc peu sensible. La diffrence, au contraire tait grande entre un roi de Tuath et un des quatre rois provinciaux.
20 btes cornes.
lo 10
3 classe.
4e classe.
musiciens, les potes, les gnalogistes, les architectes des Tualh^ taient, suivant leur mrite, inscrits
les forgerons, les
dans l'une ou l'autre de ces quatre classes. Les guerriers ne formaient pas de classe
traient, suivant des rgles que nous ignorons, mais qui paraissent tenir compte surtout de la richesse en bestiaux, dans
une des quatre catgories prcdentes. Il faut croire que chacune de ces classes ne comprenait pas un bien grand nombre de membres, et que l'ensemble formait au-dessus de la plbe une aristocratie restreinte, car un de
leurs privilges tait d'tre,
dire logs et nourris
hbergs, c'est--
et leur suite,
quand
1.
l'irlande celtique
ils
285
se
dplaaient.
S'ils
Un Un
roi
primate de
classe
de2de 3e
les
l'abri,
7 vaches.
4
3
2
fil
de 4e
ollamhs,
les
suivaul Jour
dignit taient sous ce rapport, assimils aux primates'. Au-dessous des primates, mais faisant encore partie de la
flaith (du clan)^ existaient
les terres et le btail
classes c'est--dire
la.
des Neni.
constituait
partie,
par saint Patrice et les vques, c'est--dire christianis, ne parle plus des druides. Les ollamhs et les fil y ont seuls une place ^ Mais M. d'Arbois de Jubainville, remontant au del du
code rvis^ interrogeant les vieux pomes, les vieux chants nationaux pieusement conservs dans chaque clan par les fil,
rpare pour nous celte omission du code christianis et nous montre les druides en action auprs des rois au temps de leur
puissance, alors que Fon aurait pu leur appliquer les paroles Les rois sur leurs trnes d'or ne sont de Dion Chrysostme
:
que
11
les
ressort des recherches de M. d'Arbois que, conformment ce que nous disent les textes qui les concernent, les
\. 11 n'est pas indiffrent de constater que ceux qui reprsentent la religion, les arts et les sciences, continuent, mme aprs leur conversion au ctiristiauisme, tre classs dans une catgorie particulire commo du temps o
ils
formaient une confrrie. Tout un chapitre et trs dvelopp du Senchus-mor traite du cheptel. 3. Nous avons dj dit que saint Ivoloni-kill avait obtenu que leurs confrries ne fussent pas dissoutes.
2.
4.
Dion. Chrys.,
l.
c.
286
LA.
comme
en Gaule, magiciens,
des rois. Cinq chadevins, mdecins, professeurs, conseillers Introduction l tude de la littrature celtique^ sont pitres de Y consacrs discuter ces tmoignages, c'est--dire relever les
mettent en lumire ces vrits. Dans ces pisodes piques qui rcits il ne s'agit plus de thorie formule dans des traits
manant
d'historiens plus ou
les druides
levant leurs
Il
est vrai
que
ces extraits ne
cernant les conditions de leur lvation cette dignit privides druides, faisaient lgie; mais ct
videmment dj
les potes et les juristes ollamhs ainsi partie de la corporation de Kolom-kill avaient conserv que les fil, qui la demande
leur ancienne situation aussi bien que les honneurs que leur
rang leur attribuait dans la hirarchie druidique. ce Or, le Senchus-mor nous renseigne souhait sur tout
les ollamhs. qui concerne les fil Qi
de premier rang, ce qui le plaait presque au niveau des rois, devait possder 350 histoires dont 250 de premire classe. Il devait connatre,
fil
Un
en outre, l'criture oghamique, la grammaire, la versification et la magie, soit un ensemble de connaisle droit, la
musique
sances exigeant une puissance de mmoire extraordinaire, car tout cet enseignement tait oral^ Il fallait tout savoir par
cur.
recueil
Le Senchus-?nor, qui l'a conserv, dit l'auteur du ? fassociation des mmoires, la (qui est un ollamh)
transmission
Il tait
dune
oreille
fil
dmand
un
grammaire,
Le
fil
D'Arbois de Jubainville, Cours de littrature celtique, t. I, p. 52 240. Les druides se marieDt, mais ce sont des mariages morganatiques; comme druides, ils n'ont d'autre famille que les membres de la communaut. 3. Nous avons vu qu'il en tait de mme en Gaule magnum numerum ver2.
:
suiim ediscere dicunlur; itaqtie annos noinulli vicenos in disciplina permanent (Csar, B. G VI, 14).
,
L'IRLANDE CELTIQUE
287
devait tre toujours prt les rciter devant les rois ou dans
les
assembles de primates.
fil,
On comptait
de
classs d'aprs le
nombre
d'histoires dont la
mmoire
On ne demandait que
7 histoires
Cet tat de choses durait encore au xiv sicle. Chaque petite principaut ou tuath ct de son vque, qui a rang- royal, a galement 50?i matre de science p^ofane, son ollamh qui est l'gal de l'vque en dignit. L'ollamh n'a pas le titre de
druide, mais
il
les droits
principaux.
Le
BalIymole% manuscrit du xiV sicle, contient la d'un trait o l'on voit expos le dtail des tudes exicopie
livre de
g-es
de l'ollamh.
Il est
conserver au
moyen ge une
dune
Le
mme
le
pied que les matres de la science sacre, les vques et au dehors, comme celui des rois, par
:
L'ollamh ou
cortge qui leur tait concd quand ils voyag-eaient fil de premier rang avait droit une escorte
de vingt-quatre personnes. Le fil de second rang- une escorte de douze. Le fil de cinquime rang avait encore droit cinq serviteurs ou compagnons. Une classification semblable
existait
voir,
pour les primates, base non plus sur le degr de samais sur la richesse en bestiaux, avec les mmes droits
au cortge honorifique quands ils se dplaaient. Ces survivances ne sont-elles pas significatives?
1. D'aprs La Villemarqu {Lgendes celtiques, Introd., p. xisj, les Ollamhs devaient savoir par cur trois cent cinquante rcils piques et cent rcits moins importants concernant les forteresses ruines; les troupeaux enlevs; les cours royales en renom; les batailles clbres; les chasses merveil:
leuses; les siges; les vasions; les pillages; les souterraius mystrieux; les invasions des flots et des hommes; les voyages travers les mers rcits qui 11 est avaient fait l'admiration des premiers a[itres. supposer que ce
sont
2. Cf.
autant de titres de chants clbres. Le Senchus-mor, p. 73 du tirage part. d'Arbois de Jubain ville
:
288
la espce de serfs attachs ou distincts des esclaves hommes, miigs, glbe bien que trs esclaves femmes, cianals, ne faisait point partie de la. flaith
Le menu peuple,
aucun droit. Quand iinfn, dit (du clan), et n'avait presque le Senchus-mor, crancier d'un membre de la flaith, ne peut
obtenir paiement
nier',
il
dune
par
ce der-
de son crancier, respectueusement jener la porte . C'tait rendue^ soit attendant dans cette postiire que justice lui un appel l'opinion publique, la loi ne fournissant an f?i aucun autre moyen de contrainte contre leneni.
ira
La science pouvait toutefois arracher le fn misrable. Aucune condition que des preuves
tait
sa situation
de savoir n'-
fil.
domaine de la science, du savoir honor jusdocument curieux nous l'appprenqu'oii descendait-il? Un dra. Le manuscrit du Livre de Lecan (xiv' sicle) contient une
Et
le
Tara, sjour du roi reprsentation de la salle du banquet doit occuper suprme, avec indication de la place que chacun
selon son rang et chose plus singulire, des parties du porc, le mets offert aux invits, auxquelles chacun a droit,
principal
souvenir des temps hroques du pays. M. d'Arbois de Jubainville a eu la bont de traduire pour du manuscrit qui met sous nos yeux en un nous cette
page
rarchie de l'institution celtique. Deux longues tables sont dresses paralllement l'une
l'autre
:
Table de droite.
Au
centre
le roi
suprme
:
et la reine
de
les rois
provin-
1.
Il
2. Il
qu'uu
fait
la teuips o l'ou a vu des fermiers expulss aller s'asseoir sur le clieuiiu la porte du parc du laud-lord, atteudaut que le maitre lui reudt justice sous
L'IRLANDE CELTIQUE
l'ordre suivant
:
289
1" les
Table de gauche.
l'ordre suivant
:
Au
centre
le
chef pote.
A sa gauche,
dans
1**
Brehons, 3
les
harpistes.
sa droite
1 les
primates de
deuxime
4 les charpentiers,
6" les ciseleurs.
les
trompettes
et les
sonneurs de cor,
de petites tables les ouvriers en bronze, les forgerons, ouvriers en cuivre, les potes satiriques, les mdecins et les pilotes, les joueurs d'checs, les boudons. Au bas de la
:
les
table
le
fou du
roi.
Ainsi aux tables d'honneur, o les rangs sont fixs par des rglements spciaux figurent non seulement les docteurs de
science crite et orale, les potes, les devins ou prophtes,
mais
les bijoutiers, les ciseleurs, les forgerons, les ouvriers en cuivre et en bronze, les architectes cl des grands offi-
ciers
du
palais.
Ces
assurment
les
reprsentants de corps de mtiers organiss avec privilge ; ce sont des membres reconnus de la communaut o ils devaient recevoir une ducation spciale.
est
Ici le travail
manuel
comme
dans
tocratie militaire.
l'esprit
druidique avec
son caractre
plus prononc.
du
/.o-.vv
Un
vivant de l'levage des bestiaux et s'appuyant sur des confrries religieuses et intellectuelles
pent
les
riode analogue. Sans la conqute galatique et kimrique elle et t une autre Irlande.
Mais revenons aux druides et la situation minente qu'ils avaient dans l'Irlande paenne. Un pisode de l'pope con1.
Probablement
Les liruiJes reparaissent ici et sont tolrs, unis un rang infrieur et probablement titre de devins.
2.
19
290
nue sous
sum
nom
:
de com-
Medb, reine deConnaught, femme divorce de Conchobar.roid'Ulsl'a aim jadis, runit avec Ailill, son ter, qui bail ce prince autant qu'elle tournis par arme une laquelle sejoignent des contingents nouvelpoux, trois autres des cinq provinces de l'Irlande. Le royaume de Conchobar, ennemis un seul l'Ulster, est envahi. Pour rsister ces innombrables le bros Cchulain^ U provoque successivec'est se prsente guerrier braves des combats singuliers o toujours il triomphe, mais ment les
:
plus
sans recevoir des blessures terribles fatigue excessive, non condamnent le finalement l'impuissance. Il se relire de la lutte.
le
visiter.
main,
une invasion qu'aucune rsistance n'arrte plus. ger auquel les expose Sualtam part, mont sur le Liath Mcha, le Gris de Mac/m, l'un des deux chevaux qui tranaient le char de bataille du hros. Il arrive sur le flanc On tue les hommes, de la forteresse d'main et aussitt levant la voix on enlve les femmes, on emmne les bestiaux, habit'mts d'Ulster . Mais il
:
En consquence, il
s'avance jusqu'
:
ce qu'il soit en prsence d'main et l il renouvelle ses avertissements On tue les hommes, on enlve les femmes, on emmne les vaches, habitants
d'Ulster
. Mais il n'obtient pas des habitants d'Ulster la rponse qu'il dfense aux habitants d'Ulster attend. Car telle tait la rgle en Ulster avant son druide. Alors de roi au le avant parler de parler roi; dfense Sualtam davantage vient sur la pierre des htes dans l^main
:
s'avanant
:
et
il
rpte
On
tue les
hommes, on enlve
les
femmes, on emmne
les
va-
ches ".
enfin la bouche
hommes?
vaches?
qui
enlve les
femmes?
et qui
emmne
les
sont le roi
Ceux qui vous dpouillent, rpond Sualtam, on prend vos femmes, vos enAilill et Medb
;
Ccliulain est seul pour dfendre et garder contre quatre des de l'Irlande les valles et les dfils cinq grandes provinces du canton de Murthemn. Personne ne vient le secourir ni le
dfendre
1.
Calng
2.
3.
de Louth.
-..
190 et suiv.
L'Achille de l'Irlande.
l'irlande celtique
291
Il mrite trois fois la mort, l'homme qui s'attaque ainsi un roi, reprend C'est vrai, certes, s'crient tous ceux qui taient l. Sualtam fut Cathbad. mis hors de lui de colre et d'indignation, car il n'avait pas obtenu la rponse qu'il attendait. Alors se produisit un vnement merveilleux et tragique. Le Liath Mcha sur lequel tait mont Sualtam sortit d'main et portant toujours sur son dos le malheureux pre deCchulain, il alla se placer en face de la forteresse. Tout le monde abandonnait Sualtam. Son bouclier mme se tourna contre lui et le bord tranchant de ce bouclier coupa la tte de Sualtam. Le cheval revenant sur ses pas rentra
On tue les hommes, on enIl femmes^ onemmne les vaches, habitants d'Ulster . y a quelque chose de bien grand dans ce petit cri, dit le roi Conchobar. Ce fut alors seulement que les guerriers d'Ulster se dcidrent prparer leur
:
dans main. Le bouclier tait sur le cheval, tte de Sualtam rptait les mmes paroles
lve les
entre en
campagne
et
point de vue qui nous occupe, ajoute M. d'Arbois, le passage intressant de ce morceau est celui oii se trouve for-
Au
mule
le roi,
au
roi
aux habitants d'Ulster de parler avant de parler avant les druides et en effet, c'est le
;
le
premier
la parole.
Ainsi
le
druide
rang- suprieur celui du roi d'Ulster, qui dans l'pope occupe une place minente. Cette pope tait certainement l'uvre de l'un des bardes
tient
Cathbad
honorifiquement un
de la confrrie druidique.
Son succs
et
sa conservation
comme
chant populaire montrent le respect que les Irlandais avaient conserv pour l'institution. Je devais mettre sous vos
cet
mouvant pisode.
Une
tante
de laquelle taient les druides devait rayonner au loin. Nous l'avons trouve en Gaule, en GrandeBretagne, en Irlande et en Ecosse '. Remarquons que sur
que
l'antiquit
phrase de Csar disciplina in Britannia nous aurions ignor qu'ils eussent des tablissements reperta en Angleterre. Les auteurs grecs ne dsignrent pas toujours
la
:
Sans
sous
le
nom
1.
lill.
celt.,
1. 1, l.
c.
292
les
met
en scne* sous
le
simple
si
nom
de sacerdotes.
Nous
les
communauts de la Grande-
Bretag'ne^ qui avaient essaim en Irlande^ en Ecosse et en Gaule n'auraient pas eu d'autres succursales dont il nous aurait t parl
du
Ouvrez Strabon, vous y verrez mention de Celtes au nord g-olfe Adriatique % mls aux Thraces dans la valle du Da-
mme
qu'ils ont
dans
les
dogme de
l'immortalit
''_,
les
Thrace, nous voyons au temps d'Auguste, en Pannonie, dont le fond de la population tait celtique, des prtres rois ou jouant
auprs des rois le rle du grand druide d'Irlande, le rle que Dion Chrysoslme, qui avait vcu chez les Gtes du Danube, prte aux druides*. Il s'agit en effet dans Strabon plus particulirement du pays des Gtes. Le passage mrite d'tre
tout entier
:
cit
// est une chose qu'on ne peut rvoquer en doute et qui ressort non seulc' ment des dtails que nous fournit Posidonius, mais de toute la suite de l'his-
toire des Gtes c'est que le zle religieux a t de tout temps le trait dominant du caractre de ce peuple. Ainsi l'histoire nous parle d'un certain
'',
Gle
nomm
et
avoir
compltes plus tard en Egypte o sa vie errante l'avait amen, revint endans son pays, y attira l'attention des chefs du peuple par les prdictions qu'il savait tirer des signes et phnomnes clestes et finit par persuite
1.
2.
Nous disons de
la
II,
fidle
la
tradition
p. 24.
44, 47.
6.
7.
D'Arbois, Lei premiers habitants de l'Europe. Origne, Contre Celse, liv. I, ch. n et xxii.
sortt
que Zamolxis
8. Cf. 9. Il
Nous ne serions pas tonn d'une confrrie analogue aux confrries druidiques.
plus haut, p. 272. faut se rappeler que ce mot de Gtes est un terme gnrique englobant un grand nombre de tribus distinctes, Thraces et Celtes.
L'IRLANDE CELTIQUE
suader un roi d'associer son pouvoir un
tre Vinterprte des volonts des dieux.
293
qui,
homme
Il s'tait
comme
lui,
pouvait
vu alors
prtre du dieu que les Gtes honoraient le plus, et Von en avec le temps, le considrer lui-mme comme Dieu *.
La coutume s'est perptue jusqu' nous % dans le pays, d'associer un prtre au pouvoir royal. Il s'est toujours trouv un imposteur comme Zamolxis, prt devenir le conseiller du prince rgnant, et recevoir des Gtes ce titre de Bieu. Sous Byrehistas\ce roi des Gtes contre lequel le divin Csar se disposait marcher, c'tait un certain Dicneus qui tait investi de
cette
haute dignit.
entre ce qui se passait chez les Gtes et ce qui tait de constitution chez les Celtes d'Irlande, des Gtes nous l'histoire que
prsente un autre
trait trs
nous
Ces philosophes {les druides), ditDiodore, ont une grande autorit dans les affaires de la paix aussi bien que dans celles
sence^
de la guerre. Souvent, lorsque deux armes se troivent en prque les pes sont dj tires et les lances en arrt, les
bardes se jettent au-devant des combattants et les apaisent comme on dompte par enchantement des btes froces^.
On
se
demande
le
ou l'auleur
qu'il copie
peut de Csar
faire allusion.
Ce
Commentaires
la
guerre
des Gaules. Or, nous savons par Jornands^ citant les Gtiques e Dion, ce scrupuleux investigateur des antiquits'^ ,
qu'un
fait
analogue
s'tait
1.
0e6.
Strabon crivait vers l'an 20 de notre re, et Zamolxls, l'esclave de Pythagore, tait mort depuis plus de cinq cents ans. 3. Strabon, liv. Vlll, ch Cf. Jornands, m, H. Cf. liv. XVI, ch. ii, 39. dit. de la collection Panckouke, De rbus Gelicis, p. 253.
2.
4.
Diod.,
liv.
V, ch. xxxr.
et trad.
5.
Savagner, De rbus Ge
licis,
6.
(Id.,
id.,
p. 243).
7.
On
les
294
Mdopa,
fille
le
trne de Macdoine.
trouvant dans un embarras d'argent, ainsi que l'historien Dion nous l'apprend, il rsolut de lever une arme et de dvaster Udisitana, ville de Msie qui alors tait soumise aux Goths. L, quelques prtres de ceux que les Goths appelaient pieux (p) firent tout coup ouvrir les portes,
de robes blanches, les harpes la main, ils s'avancrent au-devant de l'ennemi, chantant d'une voix suppliante des hymnes en l'honneur des divinits protectrices de la nation*, les conjurant d'tre secourables leur peuple et de repousser les Macdoniens. Ceux-ci sont frapps
et vtus
de stupeur la vue de ce cortge qui vient leur rencontre avec tant de confiance, et s'il est permis de le dire ^ arms ils sont contenus par des hommes sans armes. Aussitt, rompant l'ordre qu'ils avaient dispos pour le combat, non seulement ils renoncrent ruiner la ville, mais encore ils,restiturent ce qu'au dehors ils s'taient appropri par de la guerre, firent la paix et retournrent dans leurs foyers.
le droit
L'analogie entre les jo//' des Gles et les druides de Diodore s'accentue encore bien davantag-e de ce qu'il nous dit de l'ducation que les Gtes avaient reue de ce Dicneus dont Stra-
n'tait pas
un druide,
il
en
Goths
et
fit
leur
bonheur
fut leur
attachement aux
rglements que leur avait donns leur conseiller Dicaeneus et leur fidlit
aies mettre en pratique. Dicgeneus ayant reconnu que le peuple tait dou d'une intelligence naturelle qui e disposait le comprendre, leur
avait enseign presque toute la philosophie *, car il professait cette science. 11 leur fit connatre l'thique, afin de combattre la barbarie de leurs
murs
aux
lois
nom
leur rvlant la physique il leur apprit vivre conformment de la nature. Nous possdons encore ces prescriptions sous le de Bellagines. Parles leons de la logique*, il les habitua mieux
.
En
il
En
leur
dmontrant
le
Il
la
thorie
leur apprit
passage des plantes travers ces signes comment le disque de la lune s'acle
ou diminue;
il
leur
montra combien
globe enflamm du
soleil
1.
Paternis diis .
est,
4.
Omnem
poene philosophiam.
.
. .
rei
magister.
Nam
Physicam tradere
Logicaoi instruens
7.
Omnemque astronomiam
L'IRLANDE CELTIQUE
295
surpasse eu grandeur l'orbe terrestre; il leur exposa sous quels noms et sous quels signes les trois cent quarante-quatre toiles se pressant au
ple du
ciel
essentiellement belliqueux dposer leurs armes pour se des enseignements de la philosophie? On voyait l'un tudier pntrer la position du ciel, l'autre les proprits des herbes et des fruits de la
des
hommes
ou bien suivre l'accroissement et la dcroissance de la lune... Dicaeneus, en enseignant aux Goths (c'est--dire aux Gtes), grce son savoir, toutes ces merveilles, leur inspira une telle admiration qu'il commandait non seulement aux hommes d'un rang modeste, mais aux rois eux-mmes. En effet, choisisant dans les familles royales les hommes dont les mes taient les plus nobles et l'esprif le plus sage, il leur persuada de se vouer au culte de certaines divinits, d'en honorer les sancterre,
tuaires. Puis il les institua prtres sous le nom de pileati, qui je pense leur tait donn parce qu'ils sacrifiaient la tte couverte d'une tiare' que nous appelons d'un autre nom, pileus. 11 voulut que le reste de la nation
ret
le
nom
de capillali (chevelus), et les Goths attachant ces dnoles rappellent encore aujourd'hui dans leurs
Jornandes, messieurs, ne nous introduit-il pas ici, sans le savoir, au sein d'une communaut druidique? Comment cette
transformation d'une partie de la population s'expliqueraitt-elle sans ces centres d'enseig-nement, et comment douter
des renseignements donns par Jornandes, confirms par les lois Bellagines qui existaient encore de son temps et par les chants populaires, cantationlbus dont il parle? Et cet tat de
,
Dicceneus tant mort, les Goths entourrent d'une vnration presque le gale Comosicus qui ne lui tait pas infrieur en science. Ses talents
firent accepter
comme
roi et
comme
pontife*.
11
rendait
la justice suivant ses lois. Comosicus ayaut aussi quitt la terre, Cotillus monta sur le trne et gouverna la Dacie pendant quarante annes.
les
mmes
Vous trouvez
1
.
peut-tre, messieurs,
tiaris
quos pileos
Domine nuncupamus
lita-
bant
2.
Rex ab
illis
et
pontifex ob
296
mon sens!
Mais laissons de ct
le
nom
de druides. Qu'est-ce
depuis
la piilosophie
et la
mo-
et l'astrono-
mie, sinon des moines distincts de la nation et vous par des espces de vux cette vie qui leur assigne dans la socit
capillali?
Faites-moi encore crdit pour quelques leons. L'tude des lamaseries de la Tartarie et du Tibet vous mettra en prsence d'une situation moderne analogue. Le prsent clairera le
pass
'.
1. Les druides ont t les ducateurs de la Gaule druidisme n'est point un fruit de terre gauloise, ni
s'il
y venait de
il
l'le
loin o
bretonne, pourquoi n'y aurait-il pas t import de plus un autre nom? J'oserais mme ajouter tout ce
qui est dit des Hyperborens me parat se rapporter non un peuple, mais des communauts du genre des communauts druidiques, si mme il ne faut
pas
les confrries
dans le mme cadre. Un lien religieux peut avoir rattach hyperborennes aux confrries de Thrace et de Dacie. L se
XXr LEON
LES LAMASERIES
Je terminais
claire le pass.
ma
Le prsent
Ce que
series justifiera,
mes
les
paroles.
Les couvents,
bayes, quelque
monastres
et les
communauts,
les ab-
nom
qu'ils portent,
M.
comte de Montalembert a
Tordre monastique. L'Egypte fut choisie' pour tre le berceau La vie de ce monde nouveau ; et plus loin monastique
:
se
fonda en Orient,
comme
l'glise,
mais
comme
*.
l'glise
elle n'acquit
Montalembert
la
vie
et
en
commun
en vue
d'intrts
moraux
reli-
gieux a t connue et largement pratique dans le monde paen, non seulement en Egypte et dans la haute Asie, bien avant l're chrtienne, mais dans l'Inde et en x\sie Mineure.
La ruche
primitive est dans l'Asie antrieure; c'est de l que sont partis tous les essaims dont les couvents chrtiens sont
mme.
Le
1.
Nous comprenons
choisie
t.
par Dieu.
p. 55 et 131.
2.
I,
298
sodalicia^ a t considrable
mmoire
signol a
intitul
ouvert les portes de l'Institut, Les mtaux dans antiquit ^ J.-P. Roslui a
la
dmontr que
noms
de cabires, co-
dveloppement de la rites religieux, les intimement unie certains mtallurgie membres de ces diverses corporations nous tant unanime-
mentprsentsnon seulement comme d'habiles mtallurgistes, mais aussi comme des enchanteurs et des magiciens, groups
en Phrygie autour du temple de
la
Grande Desse de
l'Ida.
[autour du temple], disait l'auteur de la Phoronide', les enchanteurs de rida, les Phrygiens, hommes montagnards avalent
fix leur
rsislible
demeure
Celmis
et le
grand Domnomne
et Cir-
montagnarde
Adraste^, qui les premiers trouvrent dans les bois des montagnes, l'art de ringnieux Vulcain, le fer noir, le portrent au
feu
et produisirent une uvre des plus remarquables. Nous savons peu de chose sur l'organisation de
;
ces pre-
nous
miers collges de prtres industriels nous pouvons, toutefois, faire une ide de leur importance aux temps prhistorivieilles et vivaces insti-
troits
profonds se trouve la ville de Coniana et le temple de la desse Ma (c'est le nom que les habitants donnent Gyble*). La ville est consid1. Pome d'une antiquit qui ne le cde qu' celle d'Homre et d'Hsiode. Schol. d'Apollouius de Kho&s, Ad Argonaut.,\, 1129:
...
v8a y-oTE
'iSaot
K>v(jt,i;
oxt' svaiov
Ot TipwTOt T-/VOV
TioXu[Air,xio;
'HcpauToto
Eypov
2.
'E; iOp
-^vE-jxav
'Etav.
Sur
d'Ida laquelle
liv.
Rha
Jupiter.
3.
Strabon,
XII, p. 535.
4.
LES LAMASERIES
rable
299
compose exclusivement de devins et d'hiroLes habitants, bien que soumis comme tout le reste du pays au roi de Cappadoce, sont entirement dvous au pontife de la desse. Ce pontife est matre du temple et commande aux hirodules qui, l'poque o j'y tais', taient tant hommes que femmes,
diiles (esclaves
La population
de
est
la desse).
au nombre de plus de six mille. Outre ceux-ci, le temple possde encore un territoire trs tendu dont les revenus sont la disposition du pontife,
personnage le plus puissant del Cappadoce. que le culte de Ma, semblable celui de l'Artmis lauropole^, fut apport par Oreste et sa sur Iphignie, de la Scythie taurique et que c'est dans son temple (ce qui nous montre l'antiquit prsume de ce culte de Ma Comana) qu'Oreste dposa sa chevelure de deuil dont
qui est, aprs
le roi, le
On
croit
nom Coma
(xq(ji,;,
chevelure).
Un
sale
du premier,
second temple, nous pouvons dire une sorte de succurexistait sur les frontires de la Cappadoce et
de la Lycaonie, ayant la
mme
organisation.
un temple de Zeusdont dpendent une popudu temple, et des terres trs fertiles, lesquelles rapportent un revenu annuel de quinze talents d'or au profit du pontife qui est vie, comme celui de Coman.'i,
On
lation de
aprs lequel
il
tient le
second rang*.
Ces temples
mme des conqurants. La autour d'eux, on les pargnait comme un pays neutre. Les Gaulois qui avaient pill le temple de Delphes laissrent debout les sanctuaires de Comana sans
l'antiquit, respectes de tous,
guerre se faisait
inquiter les hirodules. Une Gauloise fut plus tard grande prtresse de l'un des temples.
mention de druides
chez les Galates de Phrygie. Entre autres raisons on pourrait rpondre, si notre thse est vraie, qu'aucune place ne restait
villes
sacres
1.
C'est
2.
Strabon qui parle, c'est--dire vers l'an 25 de notre re. L'Artmis sanglante de la Tauride.
Il
est trs
probable que
les
communauts.
300
conqurants reconnaissaient
la sain'
dont les nombreux avantages, pour des demi-nomades comme eux, ne pouvait leur chapper. Si l'ulilil de ces com-
munauts n'avait pas t vidente elles n'eussent pas travers^ sans sombrer, la srie de rvolutions dont l'Asie Mineure avait
Ce n'taient pas seulement des centres religieux, mais des centres industriels. Les hirodules taient les
t le thtre.
et
des tra-
On
Or
il
est
remarquable,
que des grands centres religieux et industriels analogues, des espces de villes saintes, aussi peuples que les sanctuaires
de Cappadoce, formant comme des oasis au milieu des populations encore barbares de la Mongolie, de la Tartarie et du
Thibet, se retrouvent encore aujourd'hui florissantes, doues d'une extrme vitalit et ouvertes nos tudes. Il nous est
donn de voir au
xix^ sicle
trme-Orient,
il
masme
du moins ce qui ressort de la belle tude de notre confrre Emile Snart sur La lgende du BiidIl
parat,
en
effet, c'est
dha, que
le
buddhisme du rformateur
est la rsultante
de
croyances et superstitions bien antrieures, dont il est parl en Chine plus de mille ans avant notre re et dont le lamasme
conserverait de
mme
1.
la
Cisalpine. Polybe,
II,
17.
LES LAMASERIES
fantaisistes, elle est essentiellement
la
301
g-lorification pique d'un certain type mythologique et divin prexistant que les respects populaires ont fix comme une aurole sur la tte
'.
nous pouvons admettreque decenombretaientles lamaseries. Qu'taient et que sont les lamaseries, puisque nous sommes
assez heureux pour les retrouver en pleine prosprit chez les modernes touraniens? Vous y retrouverez d'innombrables
points de rapprochements avec ce que nous savons et entrevoyons des corporations druidiques et des antiques collges de
prtres du type de
dactyles de l'Ida, prtres mtallurgistes et magiciens. Le P. Hue qui, par un privilge tout fait exceptionnel
du des circonstances
spciales, a
pu en 1844 pntrer
et
sjourner dans plusieurs lamaseries, nous servira de guide. Nous y verrons que le lama est^ comme tait le druide, prtre Jgislateur, devin et mdecin . Je cite les propre paroles
mme
du P. Hue qui
ries
se
Cestdans
les
lamase-
que
au
cur,
hommes du monde *.
Que pourrions-nous dire de plus des druides? Substituez au nom de lama celui de druide, la lamaserie le sodalicium
vous pourrez ne rien changer aux paroles du P. Hue en restant fidle aux donnes de l'histoire. Le druide, nous l'avons vu, tait prtre, lgislateur,
consortium de
Timagne,
gens du monde,
jouaient
le
c'est--dire en
mme
rle en Irlande et
en Dacie
(?)
auprs des
1. 11 est curieux de voir M. Emile Snart, se placer ici presque au mme point de vue que Strauss dans sa Vie de Jsus. 2. Souvenir d'un voyage en Tartarie et au Thibet, par M. Hue, prtre miseiounaire de la congrgation de Saint-Lazare, 3 dit., 1857. 3. Rappelez-vous les paroles de Dion Chrysostme (DffL,XFJX) " Chez les
:
202
Les belles tudes de M. d'Arbois de Jubainville sur la littrature celtique nous ont montr les druides jouant ce rle
la verte Erin '. Dans la littrature irlanauprs des cinq rois de daise comme dans la littrature classique les druides, si nous y
joignons lesollamhs
magiciens, mde-
Nous ne parlerons pas, ajoute M. d'Arbois, de la doctrine de l'immortalit de l'me, qui a tant frapp les anciens, parce en Gaule, une croyance naqu'elle tait, en Irlande comme
tionale qui n'tait pas plus spciale aux druides qu'aux autres classes de la nation. C'est ce que nous avons dj dit* nous-
mme.
et le
Pour
le
reste
il
ya
druidisme irlandais.
S'il
il
y a de
lamas touraniens, que le rapprochement s'impose entranant comme consquence le mme rapprochement entre les
lamaseries et les sodalicia consortia druidiques.
quelle est l'organisation gnrale et la vie journalire des lamaseries.
Demandons au
P.
Hue
il
Du
rcit
du P. Hue
bet n'existent proprement parler de villes en dehors de celles qui y ont t fondes rcemment par des Chinois et dont quel-
ques-unes, il faut le remarquer_, ont eu pour origine premire des lamaseries ^ La population, presque entirement nomade,
vit
l'tat
o nous
au temps de Dion, ce mot Celtes tait appliqu une grande partie ( peuples de la Germanie) il n'tait pas permis aux rois d'agir ou de dlibrer sans le conseil des druides, dpositaires de la science et de la divinaCelles
lies
tion,
que
en sorte que ces philosophes rgnaient vritablement, les rois n'tant de leurs volonts, bien qu'ils sigeassent sur des trnes d'or, dans de vastes demeures et qu'on leur servt les repas les
les ministres et les serviteurs
Nous avons vu dans nos premires leons que cette croyance l'immortalit de l'me tait trs prononce chez les populations finnoises, tant anciennes que modernes.
3.
I,
p. 27.
LES LAMASERIES
303
l'Irlande primitive
ou
la
Gaule pr-
Les seuls centres de population stable sont des lamaseries. Les lamaseries formant comme des oasis au sein de vastes dserts sont, au contraire, trs nombreuses et trs peuples.
que se rfug^ie l'activit intellectuelle et industrielle du pays. On peut se faire une ide du rle que les lamaseries le jouent au Thibet et en Mong-olie en songeant que, d'aprs
C'est l
moins d'un
tiers
de
la
po'.
lamaseries ou y sjournant
les familles, Texception de l'an qui reste noir (chef de famille), tous les autres enfants mles passent par les lamaseries. Les Tartares embrassent cet tat forcment et non par inclination; ils sont lamas ou hommes noirs ds leur naissance, suivant la
homme
volont de leurs parents, qui leur rasent la tte ou laissent crotre leurs cheveux. Ainsi, mesure qu'ils croissent en ge, ils s'habituent leur
tat et
dans
la suite
finit
par
les
y at-
tacher fortement.
ries
Cette proportion du tiers de la population voue aux lamasetonne tout d'abord et parait exagre. On en trouve la jus-
de la population n'est pas le tiers de la population relle prise dans son minorit ensemble, mais le tiers d'une aristocratie de sang
tification
dans
les
souvenirs du P. Hue. Ce
tiers
laquelle obit,
comme autrefois,
Hue
:
en Gaule,
comme en Irlande,
le P.
les Khalkas, qui en reprplus pur, le plus fidle aux traditions nationales, la est ltat d'esclavage, mais ce ne plus grande partie de la population il faut sont point des esclaves comme l'taient ceux de nos colonies bien qu'ils soient considrs comme esdire plutt l'tat de servage claves; chez les Tartares mongols tous ceux qui ne sont pas de famille sont esclaves. Ils vivent sous la dpendance absolue de leur
sentent
type
les redevances qu'ils doivent payer, ils sont tous tenus garder les troupeaux du malre, sans qu'il leur soit, toutefois, d^ fendu d'en nourrir aussi pour leur propre compte \ Ou se tromperait
1.
2. 3;
Servorum
Comme
en Irlande
comme
aujourd'hui Madagascar.
304
beaucoup
si
dur
et cruel,
encore chez certains peuples. Les familles nobles ne diffrent presque en rien des familles d'esclaves. En examiil
comme
l'a t et l'est
nant
le
les
matre de
rapports qui existent entre elles il serait difficile de distinguer l'esclave. Ils habitent les uns et les autres sous la lente
les
et
troupeaux. On ne voit
jamais, parmi eux, le luxe et l'opulence se poser insolemment en face de la pauvret. Quand l'esclave entre dans la tente du matre, celuici ne manque pas de lui offrir le th au lait. Us fument volontiers ensemble. Aux environs des tentes les jeunes esclaves et les jeunes seigneurs
aux exercices de
la lutte.
Il
n'est pas
rare de voir des familles d'esclaves devenues propritaires de nombreux troupeaux et couler leurs jour? dans l'abondance. Nous en avons ren-
contr beaucoup qui taient plus riches que leurs matres sans que cela ce qui n'empche pas que le moindre ombrage ces derniers la noblesse tartare ait droit de vie et de mort sur ses esclaves. Elle peut
donnt
elle-mme vis--vis de ses esclaves jusqu'au point de mourir. Mais ce privilge ne s'exerce pas arbitrairement. Quand l'esclave a ternisa mort, un tribunal suprieur 'juge l'action du matre; s'il est convaincu d'avoir abus de son droit, le sang innocent est veng.
se rendre justice
les faire
Les Lamas qui appartiennent aux familles d'esclaves (on accepte sous certaines conditions les esclaves dans les lamaseries ^j deviennent libres
en quelque
sorte en entrant
dans
la tribu sacerdotale
'.
On ne peut
exiger d'eux ni corve, ni redevances. Ils peuvent s'expalrier et courir le monde, sans que personne ait le droit de les arrter. Ils ne cessent pas
toutefois de faire partie de la classe des esclaves.
Aprs un
P.
Hue
quatre mois travers un pays dsert, le atteint la frontire de l'empire du Milieu et s'arrte
trajet de
une
espce de Babel o, ct desTartareset des Chinois sont confondus des habitants de toute provenance. Le P. Hue, que celte
Babylone intresse peu, passe outre et se rend directement la lamaserie de Si-fan, dont la renomme s'tend non seule-
ment
i.
Compos de lamas.
2. 3.
Comme
les
neni en Irlande.
Remarquons rexpressiou de
:
faut ajouter
tribu ouverte,
me
II
LES LAMASERIES
305
cules du Thibet. Les plerins y accourent de toutes parts. Cette lamaserie porte le nom de Kounhoum.
convenu que le P. Gabel irait Kounboum chercher un lama qui voult bien nous apprendre le thibtain. Aprs une absence de cinq jours, M. Gabet vint nous retrouvera l'htellerie. Il avait fait la lamaserie une vritable trouvaille. Il revenait accompagn d'un lama de trente-deux ans qui en avait pass deux dans la grande
Il
fui
lamaserie de Lha-Ssa. Il parlait merveille le pur thibtain, l'crivait avec facilit et savait de plus le mongol, le si-fan, le chinois et le dchiahour nous nous mmes en route avec lui. A un /i2 de distance de la lac'taient des maserie nous rencontrmes quatre lamas de Kounboum
;
Barbu (tel tait le nom de notre lama) qui venaient au-devant de nous. Leur costume religieux, l'charpe rouge dont ils taient envelopps, leur bonnet jaune en forme de mitre, leur modestie, leurs paroles graves et articules voix basse, tout cela nous fit une sinun parfum de la vie religulire impression. Nous ressentmes comme
amis de Saudara
le
gieuse et cnobitique.
Il tait plus de neuf heures du soir quand nous atteignmes les premires habitations de la lamaserie. Afin de ne pas troubler le silence un instant profond qui rgnait de toutes parts, les lamas firent arrter le voiturier et remplirent de paille l'intrieur des clochettes qui taient
suspendues au collier des chevaux. Nous avanmes ensuite, pas lents, sans profrer une seule parole, travers les rues calmes et dsertes de cette grande cit lamaque. La lune tait dj couche; cependant le ciel
si brillantes que nous pouvions aisment distindes lamas sur les flancs de la montagne. maisons nombreuses guer La lamaserie de Kounboum compte encore quatre mille lamas. Sa se figure une position offre a la vue un aspect vraiment enchanteur. Qu'on de grands d'o sortent ravin et un profond large montagne coupe par arbres incessamment peupls de corbeaux, de pies, de corneilles bec s'lvent jaune. Des deux cts du ravin et sur les flancs de la montagne
tait
si
les
en amphithtre
petit belvdre.
les
blanches habitations des lamas, toutes de grandeui' mur de clture' et surmontes d'un
La lamaserie du Grand
Textrmitdu dsert deGobi, estbienplus importante encore. Trente mille lamas vivent habituellement dans cette grande lamaserie et dans celles des environs qui en sont comme des
succursales.
1.
comme
lui.
2. 3. 4.
soi.
p. 134-135.
20
306
LA.
Le grand lama de
rain
la
lamaserie est en
mme
temps souve-
du pays. C'est
lui qui
il
rend
les magistrats.
Quand
chercher au Thibet
ser*.
oij il
Les lamas, qui affluent dans les grandes lamaseries, s'y fixent rarement d'une manire dfinitive. Aprs avoir pris leurs degrs dans ces espces d'universits ils s'en retournent chez eux, car ils aiment mieux, en gnral, les petits tablissements
qui se trouvent dissmins en grand
nombre dans
la terre
des
Herbes.
Il
y mnent une
conforme
l'ind-
pendance de leur caractre. Quelquefois mme ils rsident dansleurs propres famillesoccups,commeles autres Tartares,
aiment mieux vivre tranquillede sassujtir dans le eouvent aux que rgles et la rcitation journalire des prires. Il y a aussi des lamas vagabonds", d'autres enfin vivent en
la garde des troupeaux.
tente
Ils
clotres.
la suite
Les rangs, dans les lamaseries, sont tous donns d'examens rpts et trs difficiles.
liCS
ils
pour les ornements et les dcors des habitations. Les peintures sont rpandues partout. Quelques-uns de ces artistes sont d'une grande
tistes
habilet.
De mme qu'ils ont une cole de mdecine \ les lamas ont une cole des beaux-arts. Le P. Hue en parle propos de la
fte des fleurs"
,
la plus
grande
1. Hue, op. laud., p. 140. Ou peut mettre series clbres celles de la Ville -Bleue, et en
de Pkin.
galement au nombre des lamadedans de la grande muraille celle La Ville-Bleue a une grande importance commerciale cette
importance
3. T. I, p. 4.
5.
elle la
doit la lamaserie
I,
[id., p.
185).
2. IIuc, op.
laud..
p. 190.
132.
Remarquons que
fte
une
ce n'est pas proprement parler une fte religieuse, en l'honneur d'une divinit particulire, mais une fte presque laque.
Les lamaseries
le
307
quinzime jour de
:
la
f de
l'an. Il crit
De toutes parts, il n'tait question que de la fle. Le nombre des Les fleurs taient dj, disait-on, ravissantes. plerins tait immense. Le Conseil des beaux-arts, qui les avait examines, les avait dclares sudes annes prcdentes. prieures toutes celles
Or savez-vous
ce
Les fleurs du 15 de la premire lune de l'anne consistent en reprsentations profanes et religieuses o tous les peuples exotiques paraissent avec leur physionomie propre et le costume qui les distingue per:
sonnages, vtements, paysages, dcorations, tout est reprsent en beurre frais. Trois mois sont employs faire les prparatifs de ce singulier
parmi les artistes les plus clbres de la lamaserie sont journellement occups travailler le beurre en tenant toujours les mains dans Teau.de peur que la chaleur des doigts ne dforme l'ouvrage. Comme ces travaux se font pendant les froids rigoureux de
spectacle. Vingt lamas choisis
l'hiver, les artistes
Hue
La vue des fleurs nous saisit d'tonnement jamais nous n'eussions pens qu'au milieu de ces dserts et parmi des peuples moiti sauvages, il pt se rencontrer des artistes d'un aussi grand talent. Ces fleurs taient des bas-reliefs de proportions colossales reprsentant divers sujets de l'his:
toire
du bouddhime. Tous les personnages avaient une vrit d'expression qui nous tonnait. Les figures taient vivantes et animes, les poses naturelles et les costumes ports avec grce. On pouvait distinguer, au
premier coup
d'oeil, la
nature et la qualit des toffes. Les costumes et Les peaux de mouton, de tigre,
animaux
taient
si
tes qu'on tait tent d'aller les toucher de la main, n'taient pas vritables.
pour s'assurer
comme
P. Hue, aumilieu
La vie religieuse et scientifique des lamas est bien autrement intressante. Les lamas sont censs tudiants pendant
toute leur vie. Les tudiants sont distribus en sections ou facults.
1
contemplative;
308
2
LA.
Facult de
liturg-ie
religieuses;
Facult de mdecine, ayant pour objet les qualit cent quarante maladies du corps humain, la botanique et la phar3
macope;
4"
et par
consquent
diants.
Pour obtenir
les divers
exige que l'tudiant rcite imperturbablement les livres qui font partie de l'enseignement et qui sont trs nombreux et diviss en treize sries qui reprsentent autant de degrs dans
la hirarchie.
La
est
place que chaque tudiant occupe l'cole et au chur marque d'aprs la srie des livres thologiques dont il pos-
sde
le contenu. Parmi ces nombreux lamas, crit le P. Hue, on voit des vieillards afficher au dernier rang leur paresse
que des jeunes gens sont presque de au sommet la hirarchie . Tel est le cas que Ton parvenus fait du savoir dans les lamaseries. Tous les grades sont donns
et leur incapacit, tandis
les
examens
Dans le principal difice de la lamaserie est une grande cour carre, pave avec de larges dalles et entoure de colonnes torses charges de sculptures colories. C'est dans cette enceinte que les lamas de la facult des prires se runissent l'heure des cours qui leur est annonce au son
de la conque marine. Ils vont s'accroupir, selon leur rang, sur les dalles nues, endurant pendant l'hiver le froid, le vent et la neige, exposs pendant l't la pluie et aux ardeurs du soleil. l,es professeurs sont seuls
une estrade surmonte d'un pavillon. un singulier spectacle que de voir tous ces lamas envelopps de leur charpe rouge, coiffs d'une grande mitre jaune et tellement presss
l'ahri sur
C'est
les
les autres qu'il est impossible d'apercevoir les dalles sur sont assis. Aprs que quelques tudiants ont rcit la leon lesquelles assigne par la rgle, les professeurs donnent leur tour des explications. On ne rencontre dans le pays aucune cole publique. Les arts,
ils
uns contre
dans
les lamaseries.
Le P. Hue
lamas.
tait trs
LES LAMASERIES
309
Les lamas de Tartarie, nous dit-il, m'ont paru en gnral peu instruits sous ce rapport, enseignant an symbolisme qui ne s'loigne gure des grossires croyances du vulgaire; quand nous leur demandions quelque chose de net, ils taient toujours dans un embarras extrme, se rejetant les uns sur les autres. Les 'disciples nous disaient
savaient tout; les matres invoquaient la toute science des grands lamas. Les grands lamas eux-mmes se regardaient comme des ignorants ct des saints des lamaseries de l'Occident, c'est--dire du Thibet*
:
Les
Au Thibet, en
clairs,
effet,
instruits, plus
mais impuissants
Un jour, crit le P. Hue, nous emes l'occasion de nous entretenir quelque temps avec un de ces lamas d'Occident, occupant un rang lev dans la hirarchie. Les choses qu'il nous dit nous jetrent dans le plus grand tonnement. Un expos de la doctrine chrtienne que nous lui fmes succinctement parut peu le surprendre. Il nous soutint que notre langage s'loignait trs peu des croyances des grands lamas du Thibet. Il ne faut pas confondre, disait-il, les vrits religieuses* avec les nombreuses superstitions qui exercent la crdulit des ignorants lesTartares sont simples et se prosternent devant tout ce qu'ils rencontrent. Tout est
:
Borhan (Dieu) a leurs yeux. Les lamas, les livres de prire, les temples, les maisons des lamaseries, les pierres mme et les ossements qu'ils amoncellent sur les montagnes, tout est mis par eux sur le mme rang et dou d'un pouvoir surnaturel tout est or/ian. A chaque pas ils se prosternent terre et portent leurs mains jointes au front en criant Borhan,
:
Borhan.
Mais les lamas, leur dmes-nous, n'admetteut-ils pas aussi des Borhaus innombrables? Ceci demande explication, rpliqua-t-il. A nos yeux il n'y
a qu'un seul Dieu, unique, souverain qui a cr toutes choses. Il est sans commencement et sans fin. Dans le Dchagar (Inde), il porte le nom de Bouddha et au Thibet celui de Schamtch-MUchebat (ternel-tout-puissant).
ment Borhan.
les
Tal-lama de Lha-Ssa,
des Sifan, le Guison-Tamba du Grand Kouren *, etc., et puis tous ces nombreux chaberons'' qui rsident dans les lamaseries de la Tartarie et du
Thibet?
est-il visible?
Non,
1.
Je
me
un questionneur aux
druides de la Bretagne.
2.
3.
1,
Bouddha
4.
En
style
lamanesque on
nomme
chaberon tous ceux qui, aprs leur mort, ils sont regards comme des Bouddha
310
il
est,
est
il
le
existe des
Ainsi buuddha est spirituelle. Bouddha innombrables teis que les chaBouddha est incorporel, on ne peut le voir et pourGuison-Tamba et ^tous les autres chaberons sont
une substance
t-on cela?
Comment explique-
Cette doctrine
en tendant
le
bras et en prenant un
accent remarquable d'autorit, cette doctrine est vritable, c'est la doctrine de l'Occident, mais elle est d'une profondeur insondable; on ne peut l'exphquer jusqu'au bout*.
Rsumons-nous
l'institution des long que nous venons de vous prsenter, de lamaseries, avec espoir que vous aurez la curiosit de comfaits sont retenir: plter ces aperus, plusieurs
r L'existence, en Tarlarie et au Thibet, d'espces d'oasis relitraditions mdicales et industrielles, gieuses, dpt de vieilles ' centre des lois civiles existant au milieu de contres presque
dsertes
les
se recrupeu prs l'tat primitif et compltement illettres, tant dans une aristocratie peu nombreuse divise en petites
royauts. Ce sont
comme deux
un
poses
2"
et jusqu'
Le mlange, dans
mme les
d'un sentiment religieux plus instruites, de doctrines et moral trs lev, source d'une vie cnobitique des plus svres avec des superstitions grossires, des pratiques bar-
bares,
lama-
La prsence dans
les
lamaseries de catgories
divers
:
nom-
prtres,
profes-
missionseurs, architectes, artistes, musiciens, mdecins, naires \ la lamaserie prsentant en petit, toute une socit
1.
Hiic,
1,
p. 197.
2.
3.
4.
iusiste plusieurs reprises sur ce poiut. Voir plus haut, p. 93. Uu grand nombre de lamas vivent cet tat hors des
Le
t*.
Hue
lamaseries. Cf.
Hue,
1,
p.
192.
LES LAMASERIES
isole,
311
d'examen
de concours'.
l, si
entre les lignes et il a effort faire ce nous cela, n'y pas grand pour que prsente l'institution des druides?
lire
nous savons
Si
Ammien
Marcellin, ce
l'Irlande
que
nous apprennent
les
pomes hroques de
et le
pas possible, sans faire appel des efforts d'imagination, de tracer de la vie et du caractre des druides un tableau ayant les plus grands rapports avec la vie
Se}ichifs-}nur, n'est-il
mme et antique
A bien des gards, en effet, les milieux o se mouvaient les druides en Irlande et au dbut en Gaule* taient les mmes.
Des pays occups comme en Tartarie par des dans indpendants, formant autant de petites aristocraties rgnant sur une
plbe rduite une sorte d'esclavage, plebs paene servorum habetur loco, plbe qui comme en Irlande demeurait dans
la plus
profonde barbarie, ct des druides et des fil qui au constituaient une hte digne des pays les plus civiliss au de crire commencement notre Strabon point que pouvait
ait lieu
de
le
taxer d'erreur
Nous n^avons
encore plus sauvages que ceux de nie de Bretagne. Ils so?t anthropophages et regardent comme une action louable de
manger
les
Il
n'est pas
1. N'est-il pas curieux de penser que la socit en Chiue est base sur des preuves analogues? L'existence des lamaseries dans les pays tartares est une ncessit, ou si l'on \eut, un bienfait social d'une telle vidence que le P. Hue fait remarquer que l'empereur de Chine, qui est d'une tout autre religion, est un de ses principaux protecteurs. La politique de la dynastie mantchoue tendrait mme multiplier en Tartarie le nombre des lamas. Des mandarins chinois nous l'ont assur, et la chose parat assez probable ce qu'il y a de certain, c'est que le gouvernement de Pkin, pendant qu'il laisse dans la misre et l'abjection les bonzes chinois, honore et favorise le lamasme d'une
:
I,
p. 194).
312
impression analogue. Dans une de nos premires leons je vous ai cit un curieux texte de Tite-Live qui, racontant pieusement des prodiges
auxquels on ne croyait plus, auxquels il ne croyait pas luimme, avoue que, en les racontant, il lui semble revivre la
vie de ces
contemporain croyant des Je voudrais, messieurs, par mes paroles, faire passer en vous des impressions analogues et que vous vous fissiez l'illusion de croire que le monde dont
et tre le
.
temps reculs
sentation fidle
devant vous est bien la reprde celui au sein duquel vivaient nos anctres
XXir LEON
LA RELIGION APRS LES INVASIONS GALATIQUES ET LA CONQUTE ROMAINE
Nous avons
romaine,
la
dit que, sans l'invasion galatique et la conqute Gaule et t une Irlande. Les communauts
druidiques s'y seraient multiplies; l'esprit druidique y aurait rgn sans contrepoids. Les druides taient les instituteurs de la noblesse, entre les
peuple ne comptait pour rien*. La Gaule, sous ce rgime, n'aurait pas eu plus que l'Irlande un panthon de dieux. Elle serait reste fidle au vieux culte du feu, du soleil, la dvotion des sources,
mains de laquelle
tait le
gouvernement,
le
des pierres sacres, des fontaines, des lacs, des montagnes et des rivires, sans sentir aucun besoin de reprsentation figure de la divinit. La croyance l'immortalit des mes,
l'ternit
du monde, ce dogme existant chez nos populations comme aurait dit Platon, ou primitives l'tat d'ide inne,
de
suivant l'expression d'Epicure*, et constitu toute leur thologie, les divinits n'eussent revtu aucune forme
TpA-r/it,
religion des Gaulois serait reste ce qu'tait encore au temps de Csar la religion de la majorit des tribus germales qualiniques, ces frres germains des Gaulois, ainsi que
prcise.
La
fiait
Strabon
3.
la
Vieux Germains, parent de civilisation, parat certaine pour les Germains du midi en particulier. La religion des deux cts du Rhin tait la mme dans
le
principe.
314
certainement pas prpars au spectacle que je mets sous vos yeux*, spectacle que vous prsenterait la salle XXI du Muse,
si
je pouvais
vous y transporter.
quelques emblmes nouveaux, inconnus, vous en voyez d'autres dont l'attitude est de nature dconafifubles parfois de
certer l'rudit le plus consomm. Si ces divinits ne sont pas celles du panthon druidique, insaisissable jusqu'ici, et en effet, imaginaire, si elles ne re-
prsentent pas
le panthon dont Jules Csar nous a trac dans ses Commentaires le tableau abrg, quelle peut en tre
l'origine?
Des populations profondment attaches leurs tra leur culte national, comme l'taient les tribus celditions, tiques, natio est omnis Gallorum maxime dedita religionibus*,
la seule volution de
rompre ainsi tout coup ce point avec leur pass. L'intervention d'une influence trangre s'impose. Nous avons dit que cette influence n'tait pas celle des
druides. Quelle peut-elle tre? Ce n'est pas Tinfluence hellnique ou romaine, du moins sans mlange. Il y a, sans doute,
dans ce panthon nouveau^ des divinits d'attitude hellnique '. Celles-l, l'influence de la conqute romaine ou du commerce
de Marseille sufht en expliquer la prsence en Gaule. Mais celles qui, sous l'allure de divinits hellniques, sont affubles
de symboles inconnus la Grce et Rome, d'une apparence trange et barbare, celles qui n'ont plus rien de romain ou de grec, la conqute romaine ne les explique pas. Si l'Autel de
(PI. XXV), nous montre un Apollon et un Herms tout hellniques, le dieu cornu qui remplit le centre du tableau avec ses jambes croises dans l'attitude orientale du
1. Le professeur avait expos dans la salle du cours la srie des dessius et photographies que possde le Muse de Saiut-Germain, reproduisant les principales antiquits de la salle XXI (salle mythologique).
Csar, B. G., VI, xvi. H faut toujours en revenir cette phrase. Voir Salomon Reinach, Bronzes figurs. Telles sont les reprsentations d'Apollon, de Minerve, de Diane, de Vnus, de Mars, d'Hercule, de Pomone, d'Esculape, et de tous lesMercures l'exception d'un seul,
'1.
3.
PI.
XXV.
:;jf^i^iS2us^^
315
Bouddha,
le
main
droite
un sac
Fig. 38.
iea cornu de
l'autel
de Reims.
d'o s'chappe un ruisseau de graines (fanes ou glands) dont un cerf et un taureau vont se nourrir, transporte l'esprit dans
diffrent,
un monde tranger
Vous trouvez
mme
salle,
un
Fig. 39 et 40.
1.
2.
Dragon
tte
de blier.
XXI.
ptase et la bourse classiques, mais il est barbu et de chaque ct de la niche qui l'abrite s'talent profondment gravs un dragon tte de blier* que nous
le
1.
mentionne
il
316
monuments du
mme
ordre.*
Fig. 41.
L'autel esl
Reims.
bas-relief.
surmont
de
blier
en
Fig. 42.
Autel
de Denuevy.
Cf.
1. Nous verrous bieutt quelle est l'importance de ce symbole. Beioach, Bronzes fiyurs^ p. 195 et suiv.
Saloiuou
.i
crt
LA.
317
Citons encore la srie des petils autels tricphales surmonts de la tte de ce mme dragon symbolique, dcouverts
Reims,
comme
l'autel
du dieu cornu,
42),
et
dans
la
mme rgion
'
l'autel de
Dennevy
(fig.
Fig. 43.
Autel de
Beauiie.
(fig, 43) plus caractristique encore. Nous y reviendrons. Aucune de ces reprsentations ne relve d'un mythe grec connu.
sonnages
Beaune
Ces tranges divinits n'ont point t assimiles par les Gallo-Romains. Nousignoronsleurnom. Lesmonuments, sauf
un, sont anpigraphes. Au-dessus du dieu cornu de l'autel de Paris est inscrit le nom de CERNVNNOS (PI. XXVI) aujourVoir plus loin notre leon sur Les Triades et les Tricphales. M. Mowat a conjectur avec assez de vraisemblance que le Cernunnos dont le buste seul est visible sur l'autel devait avoir, si la reprsentation ta;it
1.
2.
p. 275).
3l8
d'hui presque compltement effac, mais trs visible au moment de la dcouverte. Ce renseig^nement est le seul que nous
fait
mme aucune
le
allu-
Dispa-
des
Commentairps ne
que ce dieu
considr
honor ce
Il
titre
par
le
peuple.
ne nous
le dcrit
pas, nous ne
pouvons
faire
sous
le
nom
otfre
de
statuette
d'Autun
un caractre
trange.
(PI.
encore plus
XXVII) ^
ct de ces triades et
de ces tricphales constituant un groupe nettement caractris viennent se ranger les divinits assimiles^
et ro-
Jupiter au maillet^
Une
1.
Csar, B.
G,
VI, xvn.
2. Cf. Sal. 3.
Reinach, Bronzes fitfurs, p. 48H. Voir Sal. Reiach, Bronze figurs, p. 175, auquel uolre figure 44 est
em-
prunte.
PI.
XXVII.
salle
XVII)
1.
I.
p.
186.
PI.
XXVIII.
Jupiter la roue.
D'aprs des statuettes en terre blanche de la collection Bertrand (de Moulins)
.
1. Cf.
3i9
sous figure de divinits romaines, comme le Jupiter au maillet (fig. 44) et le Jupiter la roue (PL XXVIII). Tout cela est
nouveau pour vous. Les divinits gallo-romaines dont nous ne connaissons que les noms forment une quatrime et dernire classe de dieux ou de gnies honors aprs la conqute. Les divinits purement romaines acceptes par les Gallo-Romains formeraient une cinquime classe. Nous avons dit que
Nous parlerons d'abord des divinits assimiles^ popularises par Csar, qui nous les prsente comme les principales divinits
des Gaulois, sans en mentionner aucune autre,
le
si
ce n'est le
Dispater, L'autorit de Csar nous fait une loi d'agir ainsi. Le dieu le plus honor des Gaulois est Mercure. Apres
lui
ils
viennent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve sur lesquels ont des ides analogues celles des autres nations Dewn
:
maxime Mercurium
et
eolunt. Post
his
hune ApoUinem
et
Martem
Jovem
et
Minervam. De
habent opinionem..
une pareille assertion? Quel cas faut-il en faire'? Quel sens donner aux paroles de Csar? A l'entre de Csar en Gaule, aucune reprsentation de ces
tre fonde
n'en exista pas davantage aprs la conqute dont le type, l'exception des reprsentations de Jupiter, ne ft compltement hellnique. Csar n'eut certainement sous les yeux, dans
11
le
cours de ses sept campagnes, aucune figure gauloise d'Apolou de Minerve. Il nous l'aurait dit.
chez les Gaulois, beaucoup de simulacres hujus (Mercurii) sunt pliirima simulacra. On ne connat point de statues ou statuettes de Mercure antrieures la conqute. On ne sait quels simulacra Csar peut faire
de Mercure
allusion.
les trails
de
\.
Commentaires
Asinius PoUio, au rapport de Sutoue {Caesar, ch. qu'ils n'taient ni exacts ni fidles.
bvi), disait
dj des
320
comme ceux
des
les
dieux de
la
Germains.
S'il
y en avait,
auraient
fait partie
de l'enseignement des
druides, et
nous avons vu que les druides n'avaient point de dieux particuliers. Sur quoi Csar pouvait-il se fonder pour
le
rduire
si
nettement ca-
maines?
de tous
mmes attributionsque les divinits roLes Gaulois considrent Mercure comme V inventeur
arts,
les
comme
le
le
guide des
voyageurs.
les
Ils lui
maladies. Minerve est r initiatrice des arts et mtiers, Jupiter gouverne le ciel, Mars prside la guerre. Les Gaulois ont
les
dpouilles de V ennemi.
C'est ainsi
que Csar caractrise ces cinq grands dieux. On ne voit pas qull et d'autres lments d'assimilation.
infini de divinits, voyaient Dans toutes les circonstances des et des fes. partout gnies de la vie ils devaient les appeler leur secours, dans leurs voyages, dans leurs transactions commerciales, pour obtenir
mes aux
et
enfers,
ou Apollon,
frre
l-
d'Artmis
et fils
de Jupiter
gendes applicables aux premiers n'tait applicable aux seconds. Dieux grecs et gnies gaulois ne se touchent, ne prennent contact
que par un point et diffrent totalement sur tous les autres. Comment, dans l'tat d'esprit des Celtes, tels que nous les
la
Grce
et
Rome? Et ces
divi-
nits n'auraient pas eu de nom spcial dans leur langue, et ces dieux, ni Diodore, ni Strabon n'en auraient fait mention?
Sont-ce vraiment
le croire.
Ni
le Jupiter
Olympien,
ni la
Minerve de Phidias,
321
rApoUou de
des Celtes. L'idal humain n'tait pas leur idal divine Csar, avec le ddain d'un Romain d'ducation grecque pour
la barbarie gauloise,
concentre artificiellement en cinq types toutes les divinits de cette superstitieuse nation, sans souci
de pntrer
le
qui prsident sont secourables aux malades, d'autres protgent les arts et
l'industrie,
sens de sa mythologie. Les Celtes ont des gnies la scurit des routes et au commerce, d'autres
un autre
dirige les
phnomnes
clestes,
imperium
ciel,
coelestium tenens;
c'est--dire les
ils
adorent donc
et les
comme
Grecs
Romains, Jupiter,
dieu du
Mercure
dieu du commerce, Apollon Alexicacos et ApotroMinerve la desse des arts et de l'industrie, sous diffle
Romain
n'a
aucun
et
intrt connatre.
Il
des autres, pour habituer les vaincus adorer les statues qui reprsentent les dieux du
suffit d'affirmer l'identit des
uns
et nous intervainqueur. C'est ce que firent les conqurants volontiers la phrase de Csar en ce sens que ces cinq
prterions
le
plus facile-
l'aristocratie gauloise.
Mais
le
peuple ne
les pierres, les arbres, les sources, les lacs, les rivires et les montagnes qui taient ses vritables dieux, les dieux de
ses pres.
la nation,
effleura seulement
l'tat
sans pntrer dans les couches profondes. 11 resta de religion officielle. Le Celte continua comme par le
le voile des symboles. pass se reprsenter les dieux sous la de une ide donner Tacite ayant religion des Germains use du mme procd que Csar. Aprs avoir reconnu que^
:
Les Germains trouvent au-dessous de la majest cleste d'emainsi que de les reprsenter prisonner les dieux dans des murs, sous une forme humaine, qu'ils consacrent des bois et donnent
le
nom
1.
o, ils
ne
se figurent
Comme
I,
il
l'tait
Cf. Cicr.,
De natura
Deorum,
2.
'A
322
rien que
le
nous apprend en
le
mme
est
temps' que
Le Dieu que
les
Germaiiis honorent
plus
Mercure
et quil y a des jours o ils se font un point de religion de lui sacrifier des victimes humaines. Ils adorent aussi Hercule
Mars, mais ils les apaisent avec des victimes ordinaires. Ce ne sont pas l de vritables dieux g^ermains, pas plus que chez Csar ce ne sont de vritables dieux gaulois. Ce sont des
et
dieux romains assimils aprs la conqute des dieux gaulois ou germains de caractres indcis, sur lesquels l'assimilation
ne nous donne presque aucun renseignement vritablement instructif. Ne prenons donc pas ces assimilations trop au srieux. Ils ne comptent qu' titre de dieux des conqurants,
accepts par les vaincus. Ils ne jettent aucune lumire sur le caractre du gnie gaulois. Nous connaissons le nom galloromain de quelques-unes de ces divinits assimiles, noms
nous apportent bien peu de renseignements complmentaires. C'est ainsi que nous comptons seize divinits dont, l'imitation de Csar, les Gallo-Romains
gravs sur des ex-voto;
ils
des Mercure, neuf dont ils ont fait des Apollon, trente-six des Mars, quatre seulement des Jupiter, quatre des Minerve. Il n'est pas sans intrt d'en donner la liste et la
fait
ont
la signification
nous
soit
tt
qu'il
latins qu' des radicaux celtiques et d'un autre ct, de savoir quelle impossible,
et si la plupart, ce qui est sont ne probable, pas postrieures la conqute. Parmi ces divinits assimiles, celle dont le culte parat avoir tle plus rpandu l'poque gallo-romaine estMercure.
Le renseignement donn par Csar, cet gard, est exact. Les traces du culte de Mercure sont nombreuses eu Gaule. Ce
ne sont pas seulement les ex-volo avec inscription au nom du dieu qui en tmoignent, de nombreuses localits encore habites rappellent par leur
1. De mor. Gerin., l. c. lemeut ce que Csar avait
:
nom
exac-
323
y re-
Ouvrez
le
Dictionnaire des
'poster,
vous
lverez les
noms
Mercuray
et
cuer, Mercurier,
je
ne crois
confrre Long-non trouve d'autre origine. pas Il y a plus, on sait que les statues et statuettes de bronze gallo-romaines sont trs rares. Les statuettes de Mercure en
que mon
bronze font exception'. Notre Muse des antiquits nationales en possde trente-et-une^ le Muse de Lyon un nombre au moins gaP. Il y en a plus ou moins dans toutes les collections publiques
ou prives.
les
noms
rendu
cette divinit.
M. Mowat% dans une Note suriin groupe d'inscriptions relatives au culte de Mercure, rappelle que dom Calmet avait vu,
dans sa jeunesse, les substructions d'un temple de Mercure au sommet du Donon*. Bien que Mercure ft ador, l'poque gallo-romaine, dans toutes les parties de la Gaule peu prs
sans exception, nos notes nous apprennent que les pays que domine le Donon taient ceux qui avaient le plus grand nombre de dvots ^ Les Muses de Bonn, de Cologne, de Metz, d'Epinal, de Nancy, une importante collection prive Bru-
On
sait,
dit
M. Mowat, que
le
nom
de
existe
oij
Montmartre
1. 11
galement prs d'A vallon un lieu nomm l'on a trouv, dans les ruines d'un temple, un
les statuettes
est
remarquer que
contraire, trs rares, taudis que les Vnus et dans les iaraires des villas gallo-romaines.
2.
Mercure
3.
4.
Comarmond, Muse de Lyon, p. 202-21S, cite quarante et une statuettes de tant du muse ou cabinet de la ville que du cabinet Artaud. Mowat, Rev. arch., t. XXIX (1875), p. 34; t. XXX, p. 339. Plusieurs statues de Mercure ont t dcouvertes depuis sur ce sommet.
nos Carnets dposs
la bibliothque du Muse. Quicherat, Formation franaise de6 noms de lieu.
5. "Voir 6. Cf. J.
324
marbre portant l'inscription DEO M ERCVRIO- Les ruines d'un temple de Mercure ont t signales Poitiers parle P. de La
Eugne Grsy, dans ses Observations sur les monuments d'antiquits trouvs Melun en fvrier 1864, rappelle qu'en
Croix.
les
soubassements d'un
temple d'o avait t extraite une statue de Mercure". Ce temple semble avoir t lev sous Nron, poque de grande dvotion
18)
que
la statue
de
cit des
Arvernes,
Un
autre temple
presque aussi important que celui du Puy-de-Dme existait encore Izernore, chez les Squanes, l'poque o vivait saint
Augend^; autre temple la Blanche-Fontaine, prs Langres*, ainsi (|u'au Mont de Sne prs Santenay(Cte-d'Or)^ A Pouillenay-en-Auxois un sacellum existait avec statue du dieu associ
Rosmerlasapardre^Tout
le
monde
,
connat
le
temple
trsor
de Bernay '. Maisces temples taient surtoutnombreux chez les Allobroges. M. Florian Vallentin {Les dieux de la cit des
Allobroges, p. 15) en signale Aix-les-Bains, Amblagnieu, Annecy, Aidier, Beaucroissant, Belley, Blanieu, au
Bourget, Briord, Charancieu, Chatte, Chouley, Echirolles, Genve, Groisy, Hires^ Lucey, au mont du
Chat,
Notre-Dame de Limon,
Saint-Flix, Saint-Innocent,
Saint- Vital,
La
Terrasse,
Tournon, Vienne
et Villaz.
1.
2.
Journal de l'Ouest du 28 fvrier 1880. En 1854, dans la mme contre tait recueilli
iiu
ex-voto
M ERCVi*-"""
DRVSO GERMA-
" a Mercure et aux Lares de Tilire Claude, Nrou NICO Drusus Genuanicus Auguste qui uioutre que le temple existait au sicle de notre re.
AVGVSTO
3. Cf.
et
Guicheuon,
Hist. de Bresse,
t.], p. 7.
4. 5.
10.
Cf.
6.
t.
abb Thdeuat, Mmoires, t. XLIX, p. 207-219. Henri Beaune, dans les Mm. de la Commis, des Antiq. de la 'Cte-d'Or,
7.
p. 418,
325
une gale adoration pour Mercure, auquel, dit Tacite, ils sacrifiaient des victimes humaines. Cette concidence esta noter.
Nous souponnons que la divinit assimile l'Herms hellnique et au Mercure latin avait t importe en Gaule parles tribus de l'Est, comme semble l'indiquer la gographie de son cul te.
surnoms topiquesdu dieu, Quoiqu'ilensoit,voicilaliste des relevs sur nos carnets, liste probablement incomplte. Ils sont
l'importance et l'tendue du peu nombreux relativement culte. Nous en comptons seize Mercurius Alaunius ', Arcecius%
:
2.
i.
4.
Orelli-Henzen, u 1414. Prov., Brianounet (Alpes-Maritimes). Allmer [Inscript. de Vienne), t. III, p. 112. Prov., Beaucroissant (Isre). dcouvertes sur iMovvat, Rev. ardu, t. XXIX, p. 41 (1875) (Cinq, inscript,
germariiques)
.
les confins
>.
Longprier,
uv.
compl.,
III,
rius
6.
7.
donn par
Orelli esl
une mauvaise
A<lsine-
Chabouillet, Catal., l. c. Orelli-Henzen, n 1400. Cf.Gastan, Ren. arch., 1879, p. 83. Prov., Besanon,
9.
Aniiq. du Rhin, 1871, p. 167. Lecture douteuse. Patre en argent du cabinet Arsne 01ivier, Paris. Prov., Les Granges,
commune
de Maizires-la-Grande-Paroisse (Aube) et Marsal (Meuse). Cfr. abb Thdenat, Soc. des antiq. de France, 1881, Bull., p. 165, 179. 10. Plaque de bronze, ex-voto dcouvert duns les ruines du temple de Merl:
r^TDOMERCVWi^
DVMIAT
A/IATV^TNIVS
lIVKTOR-NVl \D Dl
Fig. 43.
Ex-voto
dcouvert au Puy-de-Dme.
facsimil au Muse, salle XVII, u" 2224.
cure, au
sommet du Puy-de-Dme,
S'i
Visucius.
Oa remarquera que
se rapportent
qui est le
le
11
nom
nom
est
de la
Vasso-caletus
les autres
le
autre pithte arverne. sont galement topiques. Cnetoiiensis. Aucun d'eux n'est de
noms
nom
quel les Romains auraient assimil celui de Mercure. Le soidisant Mercure gaulois, pas plus que le Mercure germanique, ne devait avoir de nom propre attach ses fonctions et
indiquant son rang et son rle dans la mythologie du pays qui n'avait pas de Panthon hirarchis. Les Romains confondirent certainement sous cette appellation toute une srie de divinits locales charges de fonctions analogues. 11 faudrait
heureusement
trait
pouvoir dterminer quelles taient ces fonctions. Malles lments d'une rponse manquent. Un seul parat bien celtique ou gaulois. Le Mercure assimil avait
le
caduce'
comme Herms,
Le
lien qui
videmment
la
unissait le
Mercure gaulois c Rosmerta tait si troit que Charles Robert, dans son pigraphie de la Moselle, ne compte pas moins de seize inscriptions communes Mercure et
Rosmerta dans
des Mdiomatrices et
comme
1.
Inficript.
Vien7ie,
2. 3.
III,
4.
5.
AWmer
{Inscript,
de Vienne),
t.
III, p.
canton de Cr-
mieu
6. 7.
(Isre).
Orelli-Henzeu, n .^.922, Prov., Hocksenheim. Voir l'aulel dcouvert Paris en 1784. Muse de Saint-Germain, salle XXI, a" 1225 (moulage); original sur le palier de l'entresol.
327
nombreux, nous sommes ici en plein pays kimi-o-belge. Passons Apollon. Nous connaissons sept prnoms gaulois
monuments appartenant
notre
nous comptons les monuments dcouverts en pays celtiques, mais hors de Gaule. Ces pithtes sont Anextiomarus \ Borvo% Gobledulitavus \ Grannus*, Li:
Vindonnus^ auxquels
et
il
faut
ajouter
le
Belenus de
tique, et le
Dans
cette liste
et
deux
tention, Bo?wo
Grannus.
Fig. 46.
Gsar, dans sa courte numration des principaux dieux de la Gaule, fait suivre le nom d'Apollon de ces simples mots
:
gurit les
les
soleil, ni le
il
1.
i.
Orelli-Henzen,uo5880,et
fieui^e
Bourbon-Lancy, Aix-ies-Baios.
. ,
salle XXI, n 24731 Orelli-Henzeu, n^ 1997, 1998,2000, 2047. Pvov., Alsace et la rive droite du Rhin; cf. Greppo, Recherches archol. sur les eaux thermales, p. 160.
4. 5.
6. Id., id.,
7.
t.
Orelii-Henzen, n" 2021. Prov., Bonn, sur le Rhin. n 2000. Prov., Alsace.
de Vienne),
t. III,
p.
iM.Prov. Fius-d'Aanecy.
t.
Cfr. C.
/.
L.,
8.
XLIX,
l.
c.
328
J-A
a dj dmontr, dans un article qui date de 1860 ', que les qualificatifs de Borvo et de Grannus taient la confirmation du renseignement donn par Csar. Que Borvo ait ou
Maury
comme on Ta cru, la qualification d'Eau bouillonnante, G?'annus, comme le veut Maury, celle de Soleil, astre biennon,
faisant,
ces
il est certain que la divinit laquelle appartenaient deux noms prsidait aux sources thermales, ainsi que le
prouvent les nombreux ex-voto recueillis prs des sources Bourbonne-les-Bains, Bourbon-Lancy, Aix-les-Bainset dans plusieurs autres stations balnaires ^ L'assimilation du dieu
Borvo
et
parfaitement justifie, mais nous montre en mme temps que les dieux gaulois assimils n'avaient point forcment la mme
les
comme
le
Mercure gaulois,
et
Damona
aux malades. La tradition celtique se retrouve encore ici. La Gaule eut ses temples d'Apollon mais ils paraissent moins nombreux que u'taientles temples de Mercure. Florian
;
Vallentin en cite cependant encore neuf dans le seul pays des Allobroges^ Le R. P. de La Croix en a signal un Sanxay
prs Poitiers.
On en
(Cte-d'Or)*, d'autres
Belenus, que les habitants du Noricumidentifiaienlavec Apollon, parat bien avoir t une divinit distincte de Borvo et de
tait
inconnu sur
la rive
gauche du Rhin.
L'Abellio ou Abelio des valles pyrnennes, un dieu soleil comme Belenus, constitue un troisime Apollon mais non
,
Alfred Ma.\iry.
2.
l, comme partout en Gaule, le dieu gurisseur. Orclli-Henzen, u"^ 1952, 1953. Prov., Saint-Bat (Basses-Pyrnes).
329
dieux du panthon romain celui qui s'est prt aux assimilations les plus nombreuses. Il est vrai qu'avant l'entre de Csar en Gaule, les Gaulois taient perest de tous les
Mars
ptuellement en g-uerre. Les luttes de tribus tribus, de nationes ?iaiiones, suivant l'expression du conqurant, taient
continuelles.
Vautre
que
la
premire est
la
classe des druides) est celle des chevaliers (quits). Ceux-ci^ lorsque les besoins de la guerre r exigent, ce qui, avant la venue
de Csar arrivait chaque anne\ sont ternis de prendre les ar7ies.hes gnies de la g-uerre devaient donc tre nombreux.
celui d'Apollon.
Nos
listes
contiennent vingt-cinq pithtes s'appliquant Mars si nous nous bornons relever les monuments dcouverts en Gaule;
trente-huit
si
la
mme
liste le
relev des
^;
Belatucadrus
^;
Bolvinnus
*;
mog-etimarus'"; Divanno"
Csar, B. G., VI, xv
Glarinus'^ Halamardus*'
Harmo-
1.
dere solebat.
2.
indigtes
3.
Provenance, Avignon cf. FI. Vallentin, Divinits avoir une pardre Albioriga. Orelli-Henzen, n" 1963; cf. Chaudruc de CvZduaes,' Revue archo., 1861,
t'^'i.
;
relli-Henzeu, u
du Vocontium,
p. 34; parat
pyrnennes et Auglelerre. Carnets du gnral Creuly. Prov. Bouhy, Nivre (divinit topique). Voir au Muse de Saint-Germain, 'salle XXI, meuble volets, n 1 AA. Original au Muse de Nevers.
,
5.
6.
t.
Orelli-Henzen, n 1356. Prov., Nmes. Camulus. Orelli-Henzen, n" 1977, 1978; XIX, p. i^.Prov., Reims et l'Italie.
,
cf.
A.
L VII, 410, et FI. Vallentin, Les dieux de la cil des Allohroges, Prov., Ctiougny prs Genve et en Bavire. 8. Carnets du gnral Creuly. Au Muse de Saint-Germain, meuble volets u" 2VV. Original au Muse de Dijon.
I. C. I.
p.
10.
9.
10.
Orelli-Henzen, u 1984. Prov., Bourges. Chaudruc de Crazanues, Revue archoL, 1861, p. 311. Prov., Saint-Pons de
Commires
II.
que le prcdent. Florian Vallentin. Prov., Auriol (Bouches-du-Rhne), et Creuly, de Saint-Germain, salle XXI, meuble volets n 2N. 13. Orelli-Henzen, n" 2002.. Prov., Rnremonde (Hollande),
12.
Sur
le
Muse
330
g-ius*;
tius
Nous relevons^ en
domin
les
Celtes ou les Gaulois, autres que la Gaule, les qualificatifs suivants attribus Mars Belodunnus; Buxenus; Gabetius; Car:
Nobe-
trente-huit
liste est
Nodon; Regisamus; Sediammus etTritullus,ce qui porte le nombre des surnoms connus du dieu, et notre
certainement incomplte. ces pithtes ne nous donne
le
Aucune de
mun
du dieu de
n'y en avait pas. Il n'y avait que des dieux locaux, des gnies de tribus que chacun invoquait comme son protecteur particulier.
Les Mars gaulois ne paraissent pas avoir eu de pardres. Nous ne voyons pas non plus qu'ils aient eu de temples
Mowat, Revue archoL, XXIX,
L., 5323;
1.
2.
I. L.,
5323.
3. C. I.
t.
XXIX,
/.
c,
et Antiq.
du Rhin,
XLII
4. 5. 6.
(1867), p. 120.
Taillebois,
Orelli-Henzeu, n 2620. Prov., Saint-Bertrand de Comminges. Mm. Soc. des Antiq. du midi de la France, t. I (1834).
Urelii-Henzen, 1356, 5898, 5899. Prov. Environs
deMayence.
celtique, 1897, p. 87. Prov., Rennes (Ille-et- Vilaine). 8. Fior. Valleutin, Les divinits indigtes du Voconlium, p. ii. Prov., Sainttieune-en-Quint. Le nom de Rudianus se retrouve sur une inscription dcou1.
Mowat, Revue
Saint-Genis).
On peut
Royans
tient son
nom du
que
le
pays de
9. FI. Vallentin, Les dieux de la cit des Allobroge.':, p. 11. Prov., Culoz. L'inscription porte Segomoni Dunati. Dunates doit tre ici un nom topique. Le Mars Segomo est connu par d'autres inscriptions dcouvertes Arenthod
(Jura);
cf.
pi. I;
Lyon
(Cf.
Spon, d. Lon
Renier, p. 153, note 1) ; Conte {Inscript, antiq. de Nice, u 10 dans Mm. Soc. des Antiq de France, t. XX, p. 58 Nuits [Aulun archol., p. 262, et Revue archol., 1877, p. 210). C'est avec Camulus le Mars gaulois qui parait avoir le plus de personnalit. Le
le
connu.
10. C.
11.
12.
Mowat, Revue archol XXIX, p. 36. XXIX, l. c. Ex-voto trouv Vichy^ Muse de Saint-Germain,
L., 5323, et
.
l.
Mowat, Revue
archol.,
salle
XXL
Prov.,
331
clbres en Gaule.
cella
Ils
Minerve avaient bien moins de reprsentants aux yeux des Gallo-Romains. Jupiter n'a que quatre surnoms Baginas; Poeninus; Saranicus et Tanarus\ Minerve
et
:
comme
quatre g-alement
Sulis, qui est trs
Arnalia, Belisama
le
(B-r)X-(i(7a[A'.),
Sulevia et
probablement
le
mme nom
ses
nombre de
ne pas tre une simple pithte locale '. Ajoutons cette liste le nom d'un Hercule Magusanus, et celui d'un Hercule Saxa?ius gravs sur des ex-voto du nord-
seul
Gaule par des lgionnaires; celui d'un Silvanus Smqtiatus relev sur une plaque de bronze dcouverte Meaux, et nous aurons puis la liste des divinits assimiles de nous
est de la
connues, sans que nous puissions bien saisir les motifs de l'assimilation ni ce qui avait pouss les Gallo-Romains choisir ces cinquante-neuf gnies, la plupart franchement topiques, en faire la doublure de l'une des cinq grandes divinits pour
1
omaines mentionnes par Csar au dtriment de cette lgion d'autres gnies et d'autres fes dont le pays tait couvert. Les divinits assimiles sont, en effet, une minorit non seulement vis--vis des divinits anonymes, mais mme vis--vis de celles dont le nom nous est rvl par les ex-voto ou les
textes sans assimilation. Les divinits des fontaines et des
sources se comptaient elles seules par milliers, divinits tenaces puisque le clerg n'a pu les expulser qu'en leur substituant des saints ou des saintes du calendrier \
1. Il est bon de remarquer qu'un bon nombre des ex-voto Mars est d la dvotion des lgionnaires dont le vu devait s'adresser un gnie dont ils avaient reconnu la puissance pendant leurs campagnes, sans que le gnie ft le gnie local du lieu orex-voto tait dpos, comme ce Romain devenu Sabin qui remerciait dans la Sabine (Italie) le Mars gaulois Cumulus de l'avoir exauc. 2. Orelli-Henzen, 2054. Qu'il ne faut pas confondre avec la divinit qui parat sous le nom de Taranis dans les vers de Lucain. 3. On a rcemment dcouvert un temple important de Minerve Yseures
(Indre-et-Loire).
4. On trouvera concernant les divinits assimils et autres, toutes les rfrences dsirables dans Alfred VioXev, Alt cellisc lier sprachschalz, excellent
332
M. de Nussac' signale cent soixante sources ou fontaines le Limousin, Bulliol* un nombre presque aussi lev dans le pays duen. La Bretagne n'est pas moins riche.
sacres dans
Toute chapelle, dit Quellien% a en Bretagne, dans son voisinage, une fontaine sacre. Le nom de quelques-unes de ces
tracs
voto expression de la reconnaissance des populations qui les adoraient Acionna* Orlans, Glutonda^ Mesves, Damona
:
un temple, Divona^
iv sicle tait
Gahors
Bordeaux, qui, la
fin
du
encore chante
par Ausone, Sequana aux sources de la Seine, dont les fouilles ont livr un si grand nombre d'ex-voto, Sirona^ dont par exception
dans
nous possdons une image, Ura' qui avait des adorateurs le Gard, ciillores Urae deae. Nous ne citons que les ex11
De
ces divinits,
mme
la
Sirona que nous venons de signaler, nous ne possdons aucune reprsentation, nous ignorons leurs attributs. Elles n'ont
inspir
aucun
artiste gallo-romain.
dictionnaire qui en est dj arriv la lettre M et se poursuit depuis 1891 Les rfrences pour chaque divinit sont aussi avec une grande activit.
compltes que possible. 1. Voir plus haut, p. 209. 2. Voir plus haut, p. 306.
3. Quellien,
4.
La Bretagne armoricaine,
dcouverte
p. 213.
cf.
Inscription
t.
en 1823;
Jollois, Notice
stir
les
nouvelles
fouilles
dans remplacement de
VII. 1825.
la fontaine
des Sciences
d'Orlans,
5.
la
dieux de
la
IV,
aot 1879.
Aix en Diais.
{Bull.
A Bormana
Soc.
masculine Bormanus.
p. 361).
7.
8.
Allnier
d'arckol. de
Drme,
1871-,
et
Strasbourg, associe
Rome.
Cf. Ch.
IV, p. 133 et 245. C'est avec Grannus et Epoua nits celtiques dont le culte parat, par exception,
tabli hors
9. Cf.
une des
seules
divi-
Cfr. p.
196.
Orelli-IIeuzen, n, 6001,
333
notre salle mythologique que deux figures s'y rapportant, un buste du dieu Abellio d'un caractre banal et la tte de Sirona
'
Fig. 47.
Cippe dcouvert Sainte-Fonlaine. Desse Sirona (0 =r S) (Muse de Strasbourg) dtruit pendant la guerre dans l'incendie de la Bibliothque.
Moulage au Musc'e de Saint-Germain,
salle
XXL
n" 11376.
sur d'Apollon dont la Sirona gauloise tait une des pardres. Nous ne voyons encore l rien de spcialement celtaie, la
tique.
Il
desse et nous l'ignorons. Peut-tre pourrait-on en retrouver trace dans quelques contes relatifs aux fes et aux gnies populaires de nos campagnes. Mais quoi les reconnatre? La
sculpture gallo-romaine ne nous est
lien
ici
Sacaze parle d'un gnie solaire encore honor dans les du ct de ces gnies locaux qu'il
i.
334
un
loin-
Doit-on s'tonner de cette absence de reprsentations ou de Les esprits, ddescriptions figures des divinits celtiques?
nous l'avons rappel de de plusieurs reprises, manquaient prcision, de nettet, divifixit. Les contours en taient indcis '. Les puissances
les Celtes,
nes qui n'taient pas proprement parler des personnalits, mais seulement, si je puis m'exprimer ainsi, des Vertus, i\& d'une image dfinie, pas portaient point en elles les lments
plus que la plupart de nos fes du
places.
moyen ge
Nous pouvons donc ngliger l'tude de ces prtendues assimiladons dans un cours qui a pour sujet la Religion des Celtes, non des Gallo-Romains. Elles nous mettent en prsence de
dieux grecs ou romains, non de divinits celtiques, et nous avons dit que nous arrterions nos tudes l'poque gallo-ro-
maine, n'y touchant que pour en extraire ce qui y resta d pass. Les divinits de cette srie qui avaient le plus de vie relle, Borvo et sapardre Damona eux-mmesn ont point eu de statues.
les
Elles ne pouvaient tre rapprochait seul des divinits romaines. ce titre, et ce titre il n'y avait pas lieu de moassimiles
qu'
courante. type adopt par la mythologie d'un caractre Les dieux plus original, plus personnel, plus accentu, comme sus, Taranis et Tenttes n'ont point t
difier le
assimils et ne pouvaient pas l'tre, aucun point de contact n'existant entre eux et les divinits du panthon romain.
Le Disputer
un caractre
fut rerapproch de Pluton, et nous verrons, en effet, qu'il trois autres apparprsent sous la forme de Srapis ^ Les
11 en tait de mme des divinits irlandaises. Voir Salomou Reiuach, Bronzes figurs, p. 38, et notre communication l'Institut Le Dispater gaulois et le Jupiter Srapis dans Bullet. de l'Acadm.
1.
2.
335
et
occuperons dans
Il
la
prochaine leon.
sur
les
est
divinits gauloises
ex-volo, assimile
soit
Aphrodite ou Vnus, soit Juno Regina, soit Artmis. Les Celtes n'avaient-ils donc aucune divinit distincte de l'amour,
y a lieu de s'tonner galement que les Romains, qui accueillaient avec tant de bienveillance les dieux trangers, n'aient introduit Rome le culte
de
la
Il
r
maternit, de la chasse?
d'aucune des divinits celtiques, l'exception peut-tre d'Epona*. Les vritables divinits celtiques taient aux yeux des
Romains
insaisissables.
Les dieux
choses ne pouvaient gure s'isoler de l'objet qui enveloppait leur divinit. On ne les en dtachait pas.
L'accoutumance
sents sous la forme
l'ide
que humaine
les esprits
se
Les Galates
franchir les
iv^ sicle,
Danube
avaient sjourn longtemps sur le Dnieper, sur le et dans les Balkans. Ils avaient dans les Ligues cim-
niriennes envahi plusieurs reprises l'Asie Mineure. Ils s'taient mls aux Thraces et aux Gtes. Plus tard on les voit
au service des
rois de Macdoine et d'Epire. de plus, que ce rameau de la famille celtique, Rappelons, ^ FaXaTat xoD KsATaoO yvou avait une physionomie lui et trs
tranches, des
murs
spciales,
autre que celle de nos Celtes. Ils n'avaient pas le mme culte des morts. Les Celtes incinraient, les Kimri inhumaient*.
1.
2.
3.
c.
et dolichocphales,
petits,
bruns
et brachycphales.
semblerait que leur parent prsume ft uniquement une parent de langue. Voir La Gaule avant les Gaulois (28 dit.) Annexe et carte, p. 328. Ils
mmes
en apparence, un lien de parent. 4. Voir pour l'importance de ces rites du Danube, p. 52, 89, 1-24, 13S, 160, 169,
les
valles
du P
et
184.
336
De mme que
au service de l'empire
romain importrent en Gaule le culte de Belus, celui de la Grande Desse et celui de Mithra, il est impossible que leurs
anctres n'aient pas import de leurs expditions lointaines et un la foi en la puissance de certaines divinits trangres
certain respect pour les reprsentations tigures de ces divinits terribles
ou secourables
le
qu'ils avaient
d invoquer plus
cours de leur vie vagabonde. Les Galates de la Cisalpine avaient dj des temples au et la tte du con temps des guerres puniques. Les dpouilles
sul \Postumitis\, dit ite-LiveS furent ports en triomphe par les Boens^ dans le temple le plus respect de leur nation, puis
la tte fut vide et, selon
Vusage de
orn
dans les ftes. Ce fut aussi la coupe du pontife et des prtres du temple 3. Le texte est prcis. Les Boens avaient un temple
auquel taient attachs un pontife et des prtres. Diodore n'est pas moins explicite: Les Celtes des contres suont un singulier usage relatiprieures (c'est--dire les Galates) vement aux temples des dieux, 'iov li v. xal Trapoo^ov Tcepi i<x 'ze]i.ir(\
xwv ewv
sacres,
Yv[;.vov
;
ils
loXq lepot
entassent dans les temples et les enceintes xa\ T[jiv(7'.v \ une grande quantit d'or qu'ils
quoique tous les Celtes aiment l'argent, Celtes d'en pas un d'eux n'ose y toucher. Ce sont ces mmes loin haut, o'avw RsATOi, dont Diodore dira, deux chapitres plus de avec Quant aux ttes des ennemis, ils les embaument
offrent
aux dieux,
et
conservent soigneusement dans une caisse ; ils les montrent avec orgueil aux trangers . Nous reconnaissons l nos Galates ^
r huile de cdre
et les
1.
2.
3.
Tite-Live, XXIII, xsiv (216 av. J.-C Les Boeus taient des Galates.
).
Quo
// est ainsi Ilap Tot; avw ReXto;. Cf. ch. xxxii, o Diodore s'exprime bon de dfinir un point ignor de beaucoup de personnes. On appelle Celtes es du pays, entre peuples qui habitent au-dessus de Marseille et dans l'intrieur les Alpes et les Pyrnes; ceux, qui sont tablis au-dessus, xoO? 8' Ttp TaOro;
5.
337
importrent dans l'est de la Gaule, d'o elles pntrrent chez quelques tribus de rintrieur o nous en trouvons des traces. Plutarque
d'esprit^ les Galates les
Ces dispositions
Arvernes avaient suspendu dans un temple, Tupo sp, rpe que Csar avait laisse entre leurs mains, et que le conqurant des Gaules qui la revit plus tard cette place refusa de la reprendre, disant qu'il fallait respecter un
rapporte* que
((
les
objet consacr
de croire que cette pe ne ft pas conserve dans un sanctuaire ou oratoire couvert, sinon dans un temple o, ds cette poque, il pouvait y
. 11 est difficile
aux dieux
La phrase de Csar
plurima simulacra semble confirmer cette conjecture. Tandis que les dieux trangers pntraient en Gaule par l'est, une autre voie de pntration s'ouvrait du ct de la
Narbonnaise devenue province romaine. Nous^ trouvons des traces de cette pntration dans la valle du Rhne en communication par Marseille avec Alexandrie, ce grand foyer d'laboration religieuse durant les derniers sicles du pag-anisme. Mais
le
mouvement ne
Mme
les
au culte qu'elle avait reu de ses aeux. L'aristocratie seule, Gaulois romaniss ', adopta les nouveaux dieux en acceptant les assimilations proposes par les vainqueurs.
Ces com-
un Pan-
thon
g'aulois.
la
dcouverte d'un
Herx); KXx'.xTi et qui .ljournenl sur les bords de l'Ocan et dans la fort cynienne {la fort Noire) et s'tendent de l jusqu' la Scythie, on les appelle Galates, raXta; Kpoaa.yopzKiovavj. Ce texte mrite d'tre rapproch de celui de
Tite-Live.
Il
indique les
rameau
ce Ito-ir landais,
mmes murs. Ces murs ne sont pas celles du mais du rameau celto-kimrique. Nous devons nous
habituer de plus en plus faire cette distinction. 1. Plutarque, Vie de Csar, XXIX.
2.
3.
Comme les Eporedorix et tant d'autres qui devinrent es Jules. C. Julius Eporedorix figure sur un ex-voto au dieu Borvo. Cf. Rev. archol. nouv.
,
22
338
un systme
eu lieu
si cette mythologie avait fait partie de l'enseig-nement des druides. Les divinits que les monuments mettent sous nos yeux ne relvent d'aucune vue d'ensemble, n'ont point mme origine, ne sont point le produit du gnie celtique, ne
mme
pointde conceptions relig"ieuses identiques. Les Gallo-Romains acceptrent les dieux de Rome tels qu'on les leur prsentait.
On
y
nouveaux dieux
La
vieilles
de la nation qui
les svirs
resta celtique
malgr
les
augustaux n'avaient ni enseignement ni prdication. Le culte tait tout extrieur. On le vit bien la chute de l'Empire. Ces
dieux du panthon romain,
le
le
combattre, temps seulement ncessaire au renversement de leurs temples. Les plus fameux eux-mmes, ceux qui un mo-
ment avaient
offrandes, le temple d'Apollon Sanxay, ne laissrent aucun souvenir durable aprs l'tablissement dfinitif du christia-
s'tait point
pas contre les divinits qu'ils abritaient que les conciles et les
vques fulminrent, mais uniquement contre les vieilles pratiques populaires, contre les superstitions dont J. B. Thiers,
la tin du xvii^ sicle, faisait une
si
nombreuse
et si curieuse
Les druides paraissent avoir assist impassibles cette rvolution. Parmi les reproches qui leur furent adresss, aucun
ne vise une opposition religieuse nous avons quelques raisons
;
1. Jeaa-Baptiste Thiers, docteur eo thologie et cur de Vibraye, Trait des superstitions selon V criture sainte et les dcrets des Conciles, 4 vol. iu-8 1691-1704. (Voir annexe D.)
333
divinits
de croire qu'il en avait t autrement lors de l'introduction des kimro-belg-es. Le culte des Triades et des Tric-
pas dans
les contres
les
famille, les querelles les plus pres et les plus tenaces, anadonnrent logue celle dont les Francs et les
Burg-undes
plus
tard l'exemple.
cette mythologie bizarre des en avec la Triades, rapport mythologie des mystres et le culte cabirique, fut celle de quelque secte particulire, qui, mise en
11
contact avec les sanctuaires de la Cappadoce ou de la Phrygie par les expditions des Kimri, se serait dveloppe au sein de
cette
fait
branche isole de
la
s'tre
Le
accepter par l'ensemble. fait que la Triade rgnait en matresse chez les Scandi-
Dans
le
Freyr viendrait l'appui de cette conjecture. temple d'Upsal, au rapport d'Olaus MagnusS cho
et
des vieilles traditions du pays, ces trois divinits taient reprsentes formant un groupe analogue aux groupes dont
Ozanam
avait t trs frapp de ce fait et voici comment il parle de cette triade dans son livre sur les Germains*.
loquent
xp sicle les Scandinaves taient encore paens. Un temple pa'ien restait encore debout dans la ville sacerdotale d'Upsal. milieu d'un bois sacr s'levait un sanctuaire dont les murs taient couverts d'nr^. On y ado
Au
Au
la Sude, Thor au milieu, Freyr ses cts. Les chroniques nationales attestent que plusieurs temples semblables existaient alors en Danemark, en Norwge et en Islande. On y voyait un grandnombre de statues. Quelques-unes sortaient des jours prescrits pour tre promenes dans des chars de triomphe. Chaque difice
Odin
2. 3.
p.
^5.
Comme
340
tait le cejitrc
LA.
fte
o toutes
d'an culte piMlc. Tous les neuf ans on clbrait Upsal une les provinces de la Sude envoyaient des reprsentants^.
Au bruit des hymnes et des instruments, on voyait des churs exercs avec soin figurer des danses dramatiques ; mais ces crmonies voulaient des ministres. Vn culte si compliqu ne pouvait se conserver sans un sacerdoce
les
qui en ft le gardien. De mme que dans la ville sainte d'Usgard^, Odin et douze A se s avaient autrefois rgn, disait-on, comme juges et sacrificateurs, ainsi Upsal le roi, entour de douze conseillers, exerait une sorte
de pontificat, sous le titre de protecteur de l'autel. En Islande trente-neuf prtres rendaient la justice.' C'tait une caste savante. Elle se vantait d'avoir des chants qui embrassaient toute sorte de connaissances divines et hu-
maines
voir encore
ici
des sur-
Rapprochez les renseignements recueillis par un chrtien du xi*" sicle, si prs des temps paens de la Scandinavie, des
donnes extraites des pomes hroques d'Islande, des faits observs en Tartarie et au Thibet dans les lamaseries; est-il possible de ne pas reconnatre, de l'Islande au Thibet, dans
toute cette zone septentrionale du monde", une
tion,
mme
tradi-
un
mme
les sicles
Je
\. Cf. Adamus Breuiensis, c 253. Adam de Brme tait directeur de l'cole de Brme en 1067. H avait voyag en Danemark. 2. Que Dubois de Moatpreux place au pied de Caucase, en Osstie. 3. Voir plus haut, p. 30.
XXIIP LEON
LES TRIADES.
Quand
vous entraner
de nouveau la suite de mes comparaisons et rapprocliements si haut du ct du nord, jusqu'en Sude, en Norvge et en
Islande, je vous prparais ainsi la leon de ce jour. Je n'y
tais pas port
Une dcouverte
rcente des plus intressantes, la dcouverte d'un grand chaudron mystique en argent couvert des reliefs les plus curieux, faite Gundeslrup (Jutland)' en plein pays
cimmrien, venait de combler dans l'espace et dans le temps^ la lacune qui sparait nos nouvelles divinits des divinits
du nord Scandinave, justifier l'orientation de nos tudes vers le nord-est, et nous donner vraisemblablement la clef de la
nouvelle mythologie qui s'est rvle nous. Mais pour bien comprendre l'importance de ce monument, ncessit est que vous fassiez plus ample connaissance avec
les
Triades de
la
Gaule
dit
qu'un
mot.
un
terrain de la
thdrale, et fut
1.
Reims en 1837, dans rue Prison- bonne-demeure non loin de la caotfert au muse de la ville par le propritaire
,
2.
le
i"
sicle
avaot
et le \^' sicle
3.
aprs J.-G. Voir mou mmoire sur L'autel de Saintes {Revue arclioL, 1880,
1
p. 387,
et 1880*, pp.
lier l'autel
4.
et 70),
la
et
eu particu-
342
LA.
du
ce
sol.
Ce don
fit
monument
tait
peu de seiisalion. Dix ans plus tard, en 1847, encore indit. Le Magasin pittoresque
le
:
publia au cours d'un article intitul Muses et collections particulires des dpartements : muse
d'Edouard Charlon'
de Reims.
Voici
sujet.
'<
comment
l'auteur de l'article
comprenait alors
le
Au premier
et
de
tiaut
intrt pour la ville de Reims, puisqu'en indiquant la fusion des ides romaines et des ides gauloises, il montre ce qu'taient dj, cette poque recule^, l'tat de civilisation du pays et les tendances des esprits
rmois.
L'opinion de l'auteur de l'article est videmment que nous sommes en prsence d'une conception gallo-romaine, comme en aurait pu avoir un artiste du xvni^ sicle. Les trois per-
sonnages sont tout simplement des allgories la personnification des Beaux-arts, de l'Agriculture et du Commerce. De l'attitude orientale, des cornes, du torques caractrisant
:
si
bien
le
l'Agriculture, pas
un mot.
Cinq ans plus tard, Prosper Mrime, inspecteur des Beauxarts en tourne, remarque le monument et le signale son
confrre et ami
le
baron
J.
de VVitte,
le
savant
le
plus habile
dbrouiller les mythes. Prosper Mrime, aussi sagace archologue qu'minent crivain, avait reconnu sans peine qu'il y
avait l
un problme obscur de mythologie gauloise rsoudre. Le baron J. de Witte, aprs avoir donn une excellente desdu bas-relief, concentre avec raison toute
le centre.
le
cription de l'ensemble
Magasin -pittoresque, anne 1847, p. 164. Un archologue de Reims. 3. Epoque des Antoius. Des monnaie de ces empereurs ont t recueillies aux environs de l'autel. 4. Revue archoL, 1852, p. 561.
1.
2.
LES TRIADES.
che de l'paule droite,
343
comme
de Vulcain.
Il
porle au cou un
torques gaulois et se distingue principalement par les cornes qui s'lvent sur son front el par le sac plac sur son bras gauche, tandis que de la main droite, il en fait sortir une masse et comme un ruisseau de fruits, fanes ou glands, dont viennent se nourrir un taureau et un cerf
reprsents au devant de la plinthe carre sur laquelle repose
le
corps
du dieu. Le bas-relief qui renferme les trois personnages a la forme d'un dicule, dans le fronton duquel on remarque un rat. Les divinits de droite et de gauche sont suffisamment caractrises par leurs attributs
:
droite Apollon, gauche Mercure; mais il n'y a pas iCassimilaUnn possible pour le personnages du centre. Le nom qui convient le mieux au dieu cornu serait Cernunnos', dj reprsent avec ses cornes sur l'autel
de Paris.
Le baron de Witle
fait
le
rat
sculpt sur le fronton de l'autel, animal souterrain, est un excellent symbole du Dieu des enfers. Il en conclut que le
Cernunnos de
l'autel de
Reims
est
une
cependant pouvoir tre assimil au dieu infernal des Hellnes. On pourrait g-alement le rapprocher de Plutus, Dieu des richesses. Ces remarques sont trs senses.
On ne
pourrait
mieux
tale,
dire aujourd'hui.
buddhique,
comme
Plutus avec deux divinits hellniques, Herms et Apollon? Le baron de Witte ne soulve mme pas la question. Aucun
lment de solution ne se prsente sa pense, malgr sa vaste rudition mythologique et sa g-rande sagacit. Il ne
s'aperoit pas que nous
sommes en prsence
d'une Triade,
une secrte
parent. Le fait ne le frappe pas. Un an plus tard les huit 4 petits autels tricphales recueillis danf^un champ, non loin du lieu d'o provenait Yautel de Reims, commencrent
1. 2.
le matre autel de l'glise de Notre-Dame de au Muse de Cluny l'autel dit de Paris sur lequel est reprsente uue divinit cornue au-dessus de laquelle se lit le nom de Cernunnos (moulage) au Muse de Saint-Germain, salle XXL
Paris. Voir
3. Cf.
4. Cf.
et X.
344
ouvrir les yeux aux rares amateurs de mythologie g-auloise, La dcouverte de l'autel de Saintes offert en 1879 au
'
Muse de Saint-Germain par Benjamin Fillon acheva de montrer qu'il s'ag-issait non d'une fantaisie d'artiste, mais d'un
Fig. 48.
seulement local, qui avait des zlateurs bien au del des limites de la cit des Rmes et qui mritait
culte qui n'tait pas
LES TRIADES.
345
La
'
tricphalie
L'attitude orientale
ou buddhique^;
Les cornes'
;
tte de blier
et la
*.
bourse auxquels les monnaies torques gauloises d'un ct, les statuettes d'Herms de l'autre nous ont habitus titre d'accessoires traditionnels de certains
part
le
dieux ou desses classiques, ces symboles taient alors ou compltement inconnus ou considrs comme une bizarrerie exceptionnelle % sans consquence dans l'ensemble des faits mythologiques relatifs la Gaule. On sait aujourd'hui que sous ces apparentes exceptions se cache un mythe qui eut en Gaule sa priode de vitalit. En 1880 la liste des monu-
ments relevant de ce culte" montait dj k vingt-trois. M. Salomon Reinach, dans le deuxime volume de ses Catalogues
du Muse des antiquits nationales \ en a encore augment le nombre. Nous y renvoyons le lecteur. Mais
7'aisonns
provenances sont signaler ici. Pour abrger, nous indiquerons seulement les dpartements, que nous classons
les
Loire", Seine,
Somme
et
Vosges,
et
1.
figurs, p. i91.
2. Id., ibid.,
3. Id., p. 193. 4. 5.
6.
Id., p. 195.
Comme
les
cornes du Cernimnos de
l'autel
de No're-Dame de Paris.
7.
8.
Voir L'autel de Saintes, op. laud. S. Reiuach, Bronzes figurs, p. 18S et suiv.
Les statues de Velaux, voir p. 149. Uautel de Saintes. 10. Les deux statues de Sommrcourt attitude buddhique avec dragou tte de blier. Cf. Revue archoL, 1884, p. 301. 11. La petite statuette debroaze dite d'AutuQ,qui joiut l'attitude buddhique la tricphalie et le symbole du dragon la tte de blier. Voir plus loin et
9.
pi.
XXVIL
346
Marne,
la
Fig. 49.
Poisson ou dragon symbolique eu or, avec tte de blier, dcouvert Vettersfelde (Prusse) *.
Haute-Marne, auxquels
plusieurs.
1.
La Marne
faut ajouter la Belgique, en ont livr en a fourni jusqu' dix. Ce culte n'est
il
mils).
le
Voir au Muse (salle dite de Mars) Tensmble de la dcouverte {facsiLes figures d'animaux sont rapprocher des animaux reprsents ^ur vase de Guudestrup.
LES TRIADES.
347
absolument rgional. Toudes localits d'o ces antiquits proviennent, en tenant compte de l'importance des monulocal, ni
tefois, si l'on dresse la carte
mme
ments,
la
tache dominante
s'tale
gique de Csar, avec prolongement jusque dans la Cte-d'Or et enSane-et-Loire au sud, pour s'tendre au nord-est jusqu'
la presqu'le
3
Gimbrique
l'autel de
Saintes^
les
statues de
Vlaux indiquent seuls deux centres diffrents d'adoration moins intenses. L'importance des autres dpartements est
peu prs
nulle.
La
direction
chaudron d'argent de Gundestrup, sur lequel se concentrent tous les symboles, pour ainsi dire en action \ le poisson d'or
de Vettersfelde^
stle enfin des
(fig.
Trois-Grues
et la
tuent la vraisemblance.
Dans notre premier travaiP nous formulions plusieurs hypothses. L'hypothse d'une influence Scandinave ou kimrique nous semble aujourd'hui primer toutes les autres. Nous n'osons dire que l est la vrit; nous dirons comme
Ovide, propos des Faillies
:
Hoc tamen
est vero
propius
^.
Dans quelle
ensemble de
autre
direction
trouvons-nous
un
pareil
faits?
Mais, dira-t-on,
mme
chez les
Cimbres, nous
ne sommes ni chez
les
Est-
1. Je parle de cartes teintes, reprsentant par l'intensit des teintes la frquence plus ou moins grande des dcouvertes dans chaque dpartement (voir les cartes teintes de La Gaule avant les Gaulois).
2. Charente-Infrieure.
3.
4.
Bouches-du-Rhne.
Voir
les planches XXIX et XXX. Dcouvert sur les bords de l'Elbe (dg. 49
5.
et p. 346).
9. M. d'Arbois de Jubainville croit que les Cimbres sont des Germains. Mais quels Germains? Est-on mme certain que les Cimbres parlaient une
langue germanique?
3i8
ce bien
ces
contres
appartenaient aux Germains, sait-on depuis combien de temps ils en taient les matres et si le fond de la population n'tait pas rest celtique ou gaulois? Plus d'un tmoignage porte
le
croire.
sous les
Frret a
La nature des associations guerrires connues noms He Gsesates et de Cimbres, ces lignes dont
bien dfini
le
si
quer
mains dont
les
le mlange de Celtes, de Gaulois, de Gerbandes armes se composaient*. Aprsavoir expos que les corps d'arme qui entreprenaient
les faits
par
ces
et gauloises
reprsen-
non des corps de nations, notre grand des Cimmriens parlant fuyant devant les Scythes,
:
s'exprime ainsi
Dans
sparrent
cette fuite le% diffrents peuples dont se composait la Ligue se les uns des autres et s'arrtrent dans des endroits diff-
nom qui la dsignait cessa d'tre en ctiaque peuple commena former une cit particulire et indpendante des autres, et reprit son ancien nom, peu prs comme il arusage
:
au temps d'Auguste, aux Sicambres dont le nom s'teignit dans la Germanie ot dans la Gaule, aprs que les plus mutins eurent t transports et disperss en de du Rhin, dans la Belgique .
riva,
'
de croire que ces bandes ligues prsentassent unit de culte. Les envahisseurs qui avaient prcd les Cimbres en Gaule devaient tre dans le mme cas.
Il
S'il
et
tincts, le
ces
nom
que
les
envahisseurs apparaissent dans l'histoire, put s'installer sparment leur suite dans les contres oij les petits groupes
dont la ligue se composait s'tablirent ^
\.
Je
me
figure ces
les
la
du Premier Empire ou
populations actuelles de mles d'Allemands, de Slaves et de Hongrois. 2. Strabon, VII, p. 290; Tacite, Ann.,\\, 26. 3. Voir Frret, t.V, p. 7, in-12 (1796).
:
Je ne m'arrterai Frret ajoute point examiner si les Cimmriens doivent tre regards comme une nation celtique. Il est sr que les Celtes et les Germains taient des nations diffrentes dont le langage n'tait pas le mme, quoiqu'il et quelque rapport mais les groupes, par suite de leurs
:
LESS
TRIADES.
349
Ne
ni
qualifions
du
nom
dans
d'en signaler la prsence lafoisenGaule(BeigiquedeGsar), la presqu'le Gimbrique, sur l'Elbe, et en Sude aux derniers temps de l're paenne.
Nous livrons ces conclusions avec confiance vos mditations. Pour nous, le culte de ces divinits symboles si particuliers a pntr en Gaule par la Belgique la suite de bandes ou ligues familiarises depuis longtemps avec des pays o les reprsentations figures de divinits taient en honneur. Il n'est pas impossible que dans leur sein se trouvassent des initis aux
mystres de la Phrygie o taient adores les trois grandes divinits dont les noms mystiques x\xieros, Axiokersa et
Axiokersos, formant une triade analogue
celle
de nos
mo*.
numents^ furent
si
Un
culte
autre motif
ce
guerres puniques, les guerriers gaulois ne s'taient montrs aux Romains que sous la figure des Ga?sates ou des Gimbres,
avec
grand bouclier ovale umbo^ la grande pe de fer, casque cornes et le carnyx ou trompette gueule de fauve. Or ces armes sont celles qui sont figures d'un
le
le
ct sur
le
l'autre
sur l'arc d'Orange o elles forment les trophes reprsentant les dpouilles des vaincus qui sont ou des Allobroges ou
(salle
XXI, n 11058).
l'occasion de
3.
Voir les planches XXIX et XXX. Suivant l'hypothse que l'on accepte touchant
la victoire
350
LuTen-
sus
et
Taranis'
Et Taranis scythicse non mitior ara Dianx Et quibus immitis placatur sanguine diro Tenttes horrensque feris altaribus Esus
d'tre la triade
le rite dcrit
par Strabon"
:
les femmes les singulier chez les Cimbres elles taient suivies de pr;
tresses qui prdisaient l'avenir. Ces prtresses, en clieveux blancs et habilles de blanc, portaient des vtements de lin, relevs par des agrafes
une ceinture d'airain. Elles marchaient pieds nus et venaient l'pe main au devant des prisonniers. Aprs les avoir couronns, elles les menaient un chaudron qui pouvait contenir vingt amphores elles y montaient l'aide d'un marche-pied, et levaient chaque irnsonnier jusquau bord, lui coupaient la gorge et tiraient des prdictions de la maet la
;
une simple concidence? Nous ferons une autre remarque. La grande divinit de la Triade de Lucain parat tre Esus. Or, le seul monument sur
l
Y a-t-il
lequel
ce
le nom de ce dieu soit inscrit est l'autel de Paris. Sur mme autel sont reprsentes les figures de Castor et PoUux,
Ouvrons Diodore au
livre
IV, ch.
qu'au rapport de Time', les Germains et les Celtes septentrionaux, voisins de l'Ocan, adoraient les Dioscures, venus
jadis par
mer dans
leur pays.
Time regardait
cette tradition
les
reue depuis
i.
Argo-
Pharsale,
I,
446. D'aprs ces vers on peut se reprsenter sus entre Teupour nous est une desse apparente a l'Artmis taurique,
comme le vers de Lucain semble l'indiquer. Ce serait exactement triades, sur lesquelles figurent plusieurs reprises deux dieux et
2.
3. 4.
Strabon, VII, p. 294. Historien grec coutemporain de Pyrrhus. 'Ex 7ta)>a!wv -/povwv.
LES TRIADES.
351
nautes
laicnl revenus
et la
dans
Grce
par
le
Tanas,
par
rOcan
mer Mditerrane*.
le
Dioscures dans
nord de
la
Germanie
du
^f-TO-e^
Fig. 50.
Bas-relief de l'autel de
temps de Tacite-.
la
On montre chez
bois
le
les
Naharvales, voisins de
mer
Baltique,
un
nom
que
les
Romains pensent
1.
tre Castor
ou Pollux.
C'tait la traditinu
du
Pseud(j-Or/>/ie {.Irf/on., v.
1034).
Ou
aurait tort de
la
ddaigner.
2. Tacite,
Germ.
43.
352
fait
encore plus
significatif.
Une des
ranos
Notre-Dame de Paris est le Tarvos Trigataureau aux Trois Grues. Or ce mythe des Trois Grues o vient-on de le retrouver? Prs Trves, tou(fig. 50), le
triques de l'autel de
Le
superpos aux
vieilles superstitions
Gaulois et n'ayant aucun rapport direct avec les druides, devait nous proccuper sans que nous puissions y insister faute
de temps. Ce n'est pas un chapitre, mais un volume que l'tude
de cette mythologie exigerait. Une seconde srie de divinits reprsentes en dessin ou photographies sur les murs de la salle du cours comme dans
la salle
de Mythologie du Muse, n'a certainement pas manqu d'attirer vos regards. Bien que compose de figures moins
tranges, s'loignant moins des types classiques, cette srie a pourtant aussi son originalit. Je veux parler du Dieu au
maillet
(fig.
S2
et 53)
'
et
du dieu
la
roue
(fig.
54)
^
le
Le dieu au
maillet,
nom
de
Jupiter gaulois, a t successivement assimil Esculape, Dispater, Taranis, Tenttes, Sylvain et Jupiter-Srapis.
Il
renferme, en
effet,
en
lui
fait trs
lesquels symbole.) justement remarquer que Le serpent cornu n'tant pas associ d'une manire constante tel ou tel dieu parat tre autre chose qu'un simple attribut de l'un d'eux . 2. Voir Salomou Reinach, Bronzes figurs, p. 137. 3. Cf. pi. XXVFIT.
:
prsence du bcheron, comme sur le bas-relief d'Esus Reinach a fait ressortir ces faits avec sa sagacit ordinaire dans un article de la Revue celtique qui est un excellent commentaire du nouveau monument. M. Sal. Reinach est port, comme nous, cherciier dans les lgendes de la Scandinavie (voir Rev. celt., 1897, p. 234) l'explication de ce mythe. C'est peut-tre aussi du ct du Nord qu'il faudrait chercher l'origine du culte du dragon tte de blier (voir S. Reinach, Bronzes figurs, p. 193, o se trouve la liste des monumeots sur se voit ce M. S. R.
1.
Remarquer
56).
la
(flg.
M.
Sal.
LES TRIADES,
LES
DIVINITS A SYMBOLES
S'il fallait
353
au Dispater de Csar
Vous trouverez dans le catalogue raisonn de M. Salomon Reinach' l'historique complet de ces opinions. Vous devez tous avoir
entre les mains cet excellent cata-
logue qui est une mine inpuisable de renseignements sur les divers
sujets qu'il aborde. Je vous y renvoie.
Vous y verrez que, comme d'autres problmes, ce bien ppur sont les plus vieilles solutions qui
sont les meilleures et les plus senses.
trs
modeste
l'identification
le
du
Dispater
On
mieux
semblent clore
le
dbat.
Le dieu
en essence,
daire des
le
Autel de Trves.
laquelle se
et la tte
Face sur
un Pluton que
,
les artistes
oit ils
gallo-
grues
de taureau.
allaient
cole d'Alexandrie, ont
.
reprsent
du Srapis gyptien
toutes les
156 et suiv.
donne
1.
satisfaction
donnes du problme*.
Bronzes figurs,
p.
ncHS-inine une communicaliou sur ce sujet l'Acadmie des inscriptions eu octobre 1887. Voir les CompU's rendus de V Acadmie des
2,
Nous avons
fait
lascriplions.
23
354
Nous devons
observer que
le culte
Meuse
est
trale
el la Moselle.
L'un
et l'autre culte la
galement tranger
et
Gaule cen-
occidentale,
c'est--dire
aux
vieilles populations
monuments du
Le
dans
latique, ne pntra
dans l'intrieur du
ne s'y ta-
infiltration et
gallo-romains ou gallo-grecs dans un moule alexandrin, comme l'a si bien remarqu M. S. Reinach*, trouva naturellement faveur dans des contres sou-
comme
la valle
du Rhne
facilement accepter. Mais il est vident que pas Triade ce type artistique ne rpondait l'ide que plus que les populations du Centre et de l'Ouest, plus celtiques de cur,
s'y
fit
la
grande divinit nationale qu'elles taient habitues se reprsenter dans le ciel et sur la terre, planant
immatrielle au-dessus de toutes les cratures ainsi que
le
se faisaient de leur
leur
enseignaient les druides. Le Dispater Srapis anthropomorpliis la manire hellnique n'tait pas pour nos Celtes le
Dispater traditionnel que leur imagination mystique leur reprsentait. Ils repoussrent ces statuettes fabriques par des idoltres. Ils restrent fidles la lgende.
A
1.
le
temps non
LKS TRIADES.
355
par les jours couls, mais par les nuits. En vertu de cette * croyance [qu'ils taient issus de Piuto?i] ils mesurent le temps
Fig. 53.
Nige (Valais).
le
de
commennon nuinitia
Ob eam causatn 1. Csar, B. G., VI, xliu mro dierum sed noctium niunt.Dies natales
mensium
et
anuorum
sic
356
et d annes, c^est toujours la nuit quils prennent de . Cet pour point dpart usage, laconqule romaine ne put le modifier. Nous en retrouvons de nombreuses traces au moyen
cments de mois
mon
savant
qu'il
mmoire
a consacr
la
Les druides avaient adopt cette tradition. Elle tait doublement enracine dans
Tulle^
.
l'esprit
des vieux
Celtes.
dit
Dans
la
doctrine
des
druides,
la vie,
est
nous
la.
M.
d'Arbois-, la mort
prcde
ta
mort
tique au jour,
prcde
et
engendre
et
le
jour.
De mme, dans
monde
dieux de la nuit
de la mort,
aux Tutha
.
54^
de Dananns, dieux
:
du jour
et
de lavie
Ecou-
tons M. Dcdoche
les Capitulaires,
que
formulaires des praticiens, les dfendeurs taient assigns d'aprs comparoir dans les nuits Ce mode de comparution tait celui des laques dans les premire sicles de la priode fodale, comme l'atteste pour le xii sicle une lettre crite par GeofTroi, abb de Vendme, entre
annes lllG et 1132, dans laquelle il se dclare prt, ainsi que ses moines, comparatre devant l'vque pour rpondre l'imputation d'tre le?, dlais de comparution leur seront assacrilge, sous la rserve que signs non par nuits, suivant la coutume laque, mais conformment aux
les
In
(Migne, Patrol. lat., t. CXVJI, col. 94). A une date plus rcente, Jrme Bignon, dans des notes sur l'appendice des formules de Marculfe, publies en 1613, fait connatre que, de son temps, la plupart disaient annuii comme hac nocte, pour aujourd'hui. Dans le patois limousin o nuit s'exprime n, on emploie pour dire oii aujourd'hui qui signifie proprement nuit.
d'hui dans
1.
Le mot Anneuit tait encore nagure employ avec le sens aujourle patois du dpartement de la Meuse. Le comte Lambert, dans
2.
3.
celtique,
t.
Dizier.
LES TRIADES.
son Glossaire du centre de
357
mme
cam-
aneice ( nuit)
dit
Aymard %
les
Ainsi s'explique, conclut M. Max. Deloche, que le solstice d't, qui le 24 juin, tait clbr par les Gaulois le 23 aprs le coucher du soleil. C'est que, ce moment, en Valil s'ouvrait chez eux. la priode
tombe
diurne du solstice du 24 juin. C'est pour le mme motif que les feus de la saint-Jean taient et sont encore allums la veille au soir et non le
jour de
la nativit
du Prcurseur,
l,
c'est-k-dire
du
solstice.
sans doute, qu'est venu cet usage gnral pour les ftes patronales des particuliers de portera ceux-ci les offrandes avec les vux de leurs parents et de leurs amis, non pas le jour de la fle, mais
a Enfin, c'est
de
la veille
de ce jour
mieux que ne pourrait le faire aucun texte combien vif tait en Gaule l'atlachement au culte du dieu pre de la nation
et
combien
taient
entres
profondment dans
ici
les
une
survivance aussi loquente que celles des feux et des herbes de la saint-Jean.
au maillet, sous sa forme de Jupiter romain, avait t dsavou de la majorit des Iribus celtiques, sou attribut,
Si le dieu
le
maillet,
parat
l'avoir
suffisamment
Fig.
.'JS.
Isis
avec
coiffure
orne d'S.
de mme reprsent chez quelques-unes*, que chez d'autres, ainsi que nous l'avons vu,
rouelle, l'esse
le
swaslika, la
(fig,
les
phnomnes
gravitant autour du
1.
2. Les roches
Soc. Antiq. de France, t X (1834), p. 424. bassins de la Haute-Loire, op. laud., p. 17. 3. Les mmes expressions ont t releves daus le patois de Paris
Mm.
A nuit
pour aujourd'hui.
4.
Sur de
(Deux
stles de laraire,
pL XIV),
358
rameau
temps
le
symbole.
L'ingniosit des artistes g-allo-romains s'exera sur une autre divinit, dont le symbole tait la roue solaire. Nous
tait
et
resta
La
divinit, dont
elle
tait
l'image symbo-
divinit trs
vague comme
ques, dont ni la posie, ni l'art plastique n'avaient encore fix les traits, fut reprsente sous la figure du Jupiter ro-
main
main appuye sur la roue, ou portant la roue sur l'paule'. Sur une de ces figures (statuette duChte]et),au symla
bole de la roue est joint le symbole de l'esse, autre symbole solaire si frquent sur les stalres d'or du type armoricain et,
par consquent, depuis longtemps familier dans les contres les plus celtiques de la Gaule. Ces prcautions ne donnrent pas au Jupiter la roue plus de vogue auprs des dvots que
n'en avait
Jupiter au maillet. Les statuettes du dieu la roue anthropomorphis sont encore moins nombreuses que celles
le
du dieu au maillet. M. Salomon Reinach, dans son excellent Catalogue raisonn'^ n'en a relev que sept. Les Gaulois n'y
voyaient qu'un Jupiter romain, aiubl d'un attribut emprunt leurs crovances. Sur le socle de la statuette de Landouzy laVille,
on
lit
OM
ET N AVG
Atigusti.
Il
maximo
et
numini
n'y a rien l de
la roue.
Pour
mystique.
continurent
marteau^, s'en servir en manire d'amulettes sous la forme de rouelles en or, en argent, en bronze, en tain et en plomb*.
XXVIII. Peut-tre tait-ce sous ua autre aspect la mme divinit que au maillet lui chercher une assimilation diffrente nous parat une entreprise bien hasarde.
1.
PI.
le dieu
Salomon Reinach, Bronzes figurs, p. 32-36. Voir les stles des Pyrnes o le maillet figure swastika (Flouest, Deux stles de laraire, pi. XIV). 4. Voir notre planche VI.
2. 3.
la
mme
place que
le
LES TRIADES.
Il
LES
DIVINITS A SYMBOLES
le lit
359
des rivires et
Orlans,
dans certaines enceintes celtiques; 2,000 au gu de la Loire un grand nombre d'autres au gu de Saint-Lola
nard dans
Mayenne
un gu de
la
Vilaine
Rennes
au mont Beuvray'; au Chtelet; Bovioles {opp. de Nasium); au camp d'Attila ( Vieux-Ghlons) au mont Berny (fort de
;
Compigne), etc.^
divinits
gaulois de la divinit solaire ainsi symbolise. On y a vu le Taranis de la Triade de Lucain, mais outre que aranis parat tre bien plutt une desse assimilable l'Artmis taurique, comme nous l'avons dit, il n'est aule
ment jamais
nom
cunement
prsente
le
mme,
tonnerre, ainsi que l'on a cru en s^appuyant sur une tymologie douteuse.
En somme, aucune
celtiques,
s'il
mul
et les
des grandes divinits incontestablement dont le caractre fut nettement foren avait y suffisamment contours dfinis, n'a t reprsente
l'poque gallo-romaine sous des traits reconnaissables avec son vrai nom. Le seul Esus se montre nous sur l'aulel de Paris
bcheron (fig. 06) ^ mais il faut personnifi sous la forme d'un cet autel est consacr par une corporation de remarquer que
bateliers,
Nautae
et Pollux, les
grandes divinits de Marseille, qu'aucune des tribus celtiques de la Gallia coinata ne sembl avoir adoptes.
tre allis
guaient sur la Sane, sur le Rhne et sur le Rhin, comme sur la Seine, et les divinits de l'autel rappeler un culte particulier
comme
L'oppidum Bibracle des Commentaires de Csar. Voir salle XVII, vitrine 22, quelques-unes de ces rouelles. Nous uous demandons si ces divers oppida n'taient pas des centres druidiques o l'on
1.
2.
se rendait en plerinage.
3.
A rapprocher du Tarvos
50 et 51.
Trigarajios et
du bas-relief de
l'autel
de Ti'ves,
fig.
360
en Gaule par
les l-
affaire une gionnaires. Rien ne nous dit que nous ayons mme tout semble divinit nationale, prouver le cong-rande
(tfj/'iS/f
Fig. 56.
aucun
saini,
aucune sainte ne
s'est substitu,
pagnes, au Dispater, Teutats, Esus, Taranis. Ces dieux ne devaient point avoir, l'poque celtique, de personnalit qui permt des saints et des saintes de recueillir leur
hritage. Les dieux et desses qui paraissent avoir eu des hritiers sont les desses et les dieux grecs ou romains accepts
LES TRIADES.
et
LES
DIVINITS A SYMBOLES
le
361
clerg- impApollon auxquels aug-ustaux, Mercure Les de nombreux lev avait rial populations avaient temples.
taient renpar croire la puissance des divinits qui y fermes, s'taient habitues frquenter leurs autels, et les les combattre. Ce sont aptres de la religion nouvelle eurent
fini
des temples de Mercure et d'Apollon que renverse saint Martin. Mais ce n'taient toujours au fond que des dieux trangers.
Les divinits celtiques auxquelles les Gallo-Romaius les assimilaient en diffraient sensiblement, comme l'a dj remarqu
Frret
:
le fils
de Latone,
le
frre d'Artmis.
M.
S.
illustr, a
bien soin de
grco-romaines (p. 30 200), 136) et les divinits celtiques ou kimriques (p. 137 du Dispater, des Triades et des Tricqu'il groupe autour
et
phales
dont
le
trs restreint.
Le
avait
mme
assimiles, avait t
au fond
si
superficiel,
peu pntr une fois dtemples, ainsi que nous l'avons dj remarqu, truits, il n'en fut plus question. Le clerg se dsintressa de ce culte renvers, aucun hommage ne fut plus rendu ces
divinits trangres.
le
Parmi
le
les
plus souvent sans succs, presque jusqu' nos jours', aucune n'a trait ni Apollon, ni Mercure. Diane seule joua encore un rle dans quelques
clerg eut combattre,
])ratiques
tiens et
magiques. La lutte eut lieu entre le dieu des chrles innombrables divinits topiques, c'est--dire les
anciens gnies des sources, des fontaines, des arbres, des bois et mme des pierres presque tous anonymes ^
un jour avec quelque exagration, mais non sans un fond de justesse, que nous n'tions ni Francs, ni Romains, ni Gaulois. Nous pouvons ajouter qu'en
M. d'Arbois de Jubainville a
dit
1.
La seieoce seule
le
est
parvenue
de
k les draciner.
2.
C'est--dire n'ayant
nom
de l'objet
qu'ils
taient
censs animer, ou
nom
o on
les adorait.
362
mer par
si
la religion des
les
divinits
celle des Romains. A peine ont laiss dans l'Est une certaine kimriqnes
Francs ou
empreinte'.
La Gaule
comme
originalit nationale.
Nous avons
dit
et la richesse
du
sujet
nous nous arrterions, cette anne, l'poque gallo-romaine; il ne nous resterait donc plus qu' conclure, s'il ne nous semblait ncessaire de consacrer encore
une leon
la
Triade
aux mythes kimro-belges qui relvent sinon des vieux Celtes, du moins de l'un des rameaux principaux qui se ratet
yeux des anciens, la grande famille celtique. Le caractre du gnie celtique propre en ressortira mieux par
la
tachaient, aux
comparaison.
1. Peut-tre en trouverait-on des traces sur les chapiteaux de Virecourt dont les bas-reliefs sont encore inexpliqus. CT. Revue archol., 1883, p. 1, pi. I IV, et le moulage au Muse, salle de Mythologie.
Fig." 37.
Vase de Gundestrup.
XXIV
LEON
{suite)
LES TRIADES
LE CHAUDRON DE GUiNDESTRUP
clef
monuments en nombre
le
vase de
Gundestrup, dont vous avez les photographies (fig. 57) sous les yeux*, vous confirmera en Tide que, comme nous l'avons
nous ne sommes point en prsence de fantaisies mythologiques isoles, mais d'un ensemble de conceptions reaffirm,
quelque collge de prtres avait le dpt sacr. Nous croyons de plus en plus la grande influence de ces
collges ou
et
communauts dont
les
communauts druidiques
curieux exemples et qui,
occidentales
si
de l'Europe.
Nous souponnions, depuis longtemps, pourquoi ne le dirions-nous pas ici, que c'est galement la solution d'un problme bien autrement troublant que celui des Triades, le problme de la propagation dans
la
Scandinavie
et
en Occident des
langues propagation s'explifacilement il de colonies que quand s'agit grecques ouillyriennes comme les colonies de la Gampanie, du golfe Ionique ou de la mer Noire, composes de tribus compactes de mme
Voir fig. 57 et pi. XXIX et XXX. Le frauais et l'aaglais ne se rpaadeat-ils pas, aujourd'hui, Madagascar, ddus des coaditions analogues, l'aide des lves malgaches dout des
1. 2.
pasteurs anglais ou norwgiens et les pres jsuites font l'ducation? (Voir Ann.iH.)
364
comment expliquer
cette
trang-rc flans le g-roupe compact des tribus louraniennes de l'ge de la pierre polie, si les petits groupes aryens qui s'y inliltraient n'avaient t d'ducateurs
l'instar des ^/e
pas accompagns de l'Irlande, et peut-tre de collges d'ades l'instar des llomrides? Ces collges ou communauts nous
nombreux
une
qu'on ne
le
pense;
le
collge pythagoricien
tait dj
Nous nous sommes souvent demand si Numa ne sortait pas d'une communaut semblable. Numa, dit Plutarque', dfendit aux Romains d'attribuer Dieu aucune forme humaine d'homme ni de bte, et il n'y avait parmi eux ni slatue, ni image de la divinit. Pendant les
survivance.
cent soixante-dix premires annes
les
Numa ait tabli plusieurs crmonies superstitieuses^ il n'y eut de son temps Rome ni temples ni statues. La tradition
tait
^
galement
l
que
Numa
tait le
le
prtres dits
N'est-ce
pas
encore
tait
due
la
Tout cela
est
uvre de
Il
Ne devons-nous pas
r
si
attribuer
les
murs
'eligieuses singulires des Hyperborens, recueillies par des lgendesdontHrodote, Diodore et Strabon se sont faits l'cho?
Hcate
et
il
y a au del de
la
1.
Vie de
Numa,
c,
XI.
2.
3.
Tertullien, ApologeL,
Plut.,
/.
XXV.
XII.
4.
LES TRIADES.
LE CHAUDRON DE (lUNDESTRUP
365
Celtique une
le
qtiinest pas moins grande que la Sicile ; cette situe au nord est habite par des Hyperborens. L est le
le
lieu de naissa?ice
les ijisu-
Chaque jour
ils
chantent des
hymnes en son honneur. On voit danscette le une vaste enceinte consacre Apollon. La ville de ces insulaires est galement
ddie Apollon. Ses habitants sont pour la plupart des joueurs de cithare, qui clbrent sans cesse les louanges du dieu en accompagnant le chant des hymnes avec leurs instruments^
.
Ne
comme une
se-
mence dont quelques graines perdues pourront germer un jour, si vous ne les recueillez pas vous-mmes.
Revenons au chaudron de Gundestrup dont
peut tre sorlie
la dcoration
ne
que d'un sanctuaire organis oia, comme dans les temples des Galates de Cisalpine, ct du sacerdos et des antistites., auraient exist, en plus, des artistes capables d^interprter les mythes". Ces mythes, nous n'avons pas la prtention de les expliquer,
mais nous pouvons en constater les lments dont nous connaissons dj une partie. A l'avenir
revient de pousser plus loin l'exgse. Le champ des recherches sous ce rapport est trs tendu. Le regrett professeur Steenstrup, avec moins de tmrit qu'on ne pourrait le
croire, cherchait le point de contact de ces
mythes du ct de l'Inde buddhisteou brahmanique. Je dois vous signaler ce point de vue comme les autres. Il est moins invraisemblable qu'on
ne
l'a
cru d'abord.
les faits tels,
Rsumons
que
les
1.
Des hirodules,
Diod.,
II,
comme les
2.
3.
xLvii.
Sans cette conjecture il faudraU admettre la prsence aussi hypothtique a priori de familles d'arlisaus liturgiques, aussi habiles praticiens que bons mythologues, mrles aux tribus kimro-belges de la presqu'le
et aussi difficile
cimbrique. Je prfre croire l'existence au milieu d'elles de prtres logues aux pii des Gtes.
{pii)
ana-
366
dans
dcouverte.
Le
au nombre de
minces dtails
les
Sophus
Millier
:
aborde l'examen
1 l'intrieur,
et la
scnes reprsentes
l'extrieur
du chaudron.
Premire plaque^
de sacrifice
de relever
les
un dfil de guerriers et une scne humain donne occasion au savant archologue plusieurs dtails importants. Pour les cavaliers
:
:
casques rouelle, cornes ou surmonts d'un sanglier ou d'un oiseau la selle et le harnachement des chevaux.
;
Pour
les fantassins
la tte
de
celui qui
commande,
*
est
arm de
les
la
grande pe, au
avec umbo, le carnyx port haut par bouche. Au-dessus du dfil le dragon
:
Ces
remarquer du plus haut intrt pour la dtermination du caractre de l'uvre et de son origine. Les casques cornes, les selles
et
dtails, fait
oblongsumbo
des
carnyx forment
les
du nord-est du Jutland. Il faut se rappeler que l'argent tant en Scandinavie au commencement de notre re, le bronze et l'or taient presque les seuls mtaux employs; un vase d'argent tait une offrande aux dieux particulirement prcieuse. 2. Facsimil au Muse de Saint-Germain. 3. Sophus MUer, Det store sol ukar fra Gundestrup i Jylland, dans Nor-^
Petite ville
trs rare
diske Fortidsminder,
4.
5.
2.
Hefte, 1892.
6.
XXIX. Chaque scne figure sur une plaque spare. Trompette gueule de fauve. 11 aurait mieux valu dire des armes cimbres ou kimriques.
pi.
Notre
p
<:
H
Oh
D H W
c/
et:
2;
P H W o
et:
<;
>
Ci]
p w <
LES TRIADES.
LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP
367
Le vase
est-il
que
La conclusion ne peut sortir que de l'examen de l'ensemble. Or, sur cette plaque mme, nous nous heurtons une contradiction historique.
le sacrifice
humain^
vase
o.
ce
il
doit trouver la
la
personnage prcipit la tte la premire dans un mort est une scne rappelant la GerGaule. Strabon et Tacite nous parlent de
les
semblables chez
Germains.
Les douze autres plaques sont ainsi tudies, tour tour, avec un grand dveloppement d'rudition. De nombreux rapprochements avec les antiquits des pays les plus divers
mettent en garde contre des gnralisations htives, consquence d'un point de vue restreint. M. Sophus Millier procde avec
la plus
grande prudence.
plaque, aux yeux de M. S. Miiller, reprsente une chasse de taureaux sauvages, amusement national et religieux du
La seconde
Germain
'.
Nous y verrions
au
sacrifice
fantassins et
musique
dfilent.
Le
Le sujet de la pi. III* est plus obscur; ce sujet mythologique ne rveille en nous aucun souvenir. Sophus Miiller y voit le buste de la desse du soleil, entour de symboles significaroue six rayons et le griffon. Deux lphants, une ou un loup, compltent son cortge. La desse porte le hyne
tifs
:
la
torques.
la
scne parat
du Soleil? Les
deux mains soutenant ou pressant les seins de la divinit nous porteraient bien plutt y voir une Artmis. Cette coiffure
qui rappelle un peu celle des Sphinx gyptiens ne nous est pas
1. 2.
Voir
Voir
la
la
368
inconnue;
celle de
la Sirona,
la figure p.
196
el
depuis longtemps signal. Ne pourrait-on pas y voi la desse Taranis de la Triade de Lucain prsidant au sacri-
connu
et
/% \l\,,.m,'fM
r^msr^^fysg^l^^^WFF
Fi;,^
'iS.
^S*?^''"'
PI.
V de
la
publication danoise.
fice?
Le
la
mme
quatrime plaque' (pi. XXX) nous nous retrouvons pays en connu. Un personnage la lt surmonte de cornes de cervid, accroupi dans l'altitude buddhique, tenant de la
Avec
main
droite le torques, de sa
rappelle, de la
manire
la
gauche
le
La
(fig.
58) relve
du
mme
cycle.
Une
dnud
(ce qui
1.
De
la pul)iicatiou
danois e.
Q
<
DU
et:
H W
c/)
2;
D O W P H
iz;
o
et:
p w >
LES TRIADES.
ferait croire qu'il
LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP
369
ne s'agit pas d'un dieu, mais d'un prtre), les deux bras levs symtriquement, tient de la main droite une
demi-roue (incontestablement
roue du Soleil) qu'un perdeux sonnage imberbe, coiff d'un casque cornes, saisit des mains^ dans la position ncessaire lui donner le branle.
ici la
Dans
le
champ, droite
le
et
hynes; au-dessous
trois
nouveau, serpent tte de blier'. Ce ne sont videmment pas l des fantaisies d'artiste ^, mais un ensemble d'emblmes, de symboles relevant d'une mme
conception religieuse trs bien dfinie, bien que nous n'en ayons pas encore la clef. Derrire ces symboles se trouve indu-
bitablement un collge de prtres chargs d'en tre les interprtes et les gardiens.
du vase d'autres plaques, de moindre dimension, donnent de nouveaux renseignements sur la famille divine dont les plaques de l'intrieur nous montrent quelques
personnages.
A l'extrieur
Le
buste
trine
;
un grand
la poi-
d'homme ou
les
de
femme
se terminant
;
au milieu de
femmes, comme la desse les mains qui nous a paru tre une Artmis ou une Cyble, pressant les seins et ornes du torques ^
levs
les
la planche danoise dont nous ne donnons qu'un segment. formant le Rappelons-nous certaines expressions familires aux lgendes Le Buddha fait tourner la roue . m. Senart, fond du buddbisme roue , id., Lqende du Buddha, p. 16, Le Buddha seul fait tourner la
1.
2.
Voir
p. 357.
C'est en qualit de akravartin (c'est--dire de roi) que le Buddha met la roue en mouvement , id., p. 361. Libre de tout obstacle il [le Buddha) met en mouvement travers l'espace son disque aux mille rayons, 434. Le akravartin veng des entreprises de son ternel ennemi , id., p. lance la roue adorable travers l'espace , id., p. 437. Les Buddhas successifs des Devas venant reprsentent des incarnations intermittentes du chef suprme remettre en mouvement la roue solaire obscurcie , id., p. 484. Cf. en outre sur le rle de la roue dans le buddhisme et les sectes antrieures ou connexes, les pages 17, 32, 35, 37, 45, 49, 158, 219, 356, 365 et 368 de La lgende. L'importance de la roue comme emblme, parmi les emblmes religieux les plus an-
une vidence
la figure
clatante.
Sur
les mdailles
armoricaines
comme
celle
24
370
d'analog-ues.
Un
Sophus Muller dclare ne pas connatre vase en terre du Cabinet des Mdailles (fig.
Kig. 39.
il
est orn. L'arrang-ement des cheveux et de la barbe, la forme de la bouche et quelques autres dtails sont des points de rapprochement qui ne pouvaient lui chapper. Des fragments de
mmes
ttes,
bien reconnaissables,
tri-
dont l'un,
cphale
comme
sur
le
(fig-.
Mons
(Belgique), en indiquent suffisamment l'origine. Le vase du Cabinet des Mdailles de France, poursuit M. S. Miiller, provient donc des rgions septentrionales de TEmpire romain
d'o proviennent,
comme nous
le
LES TRIADES.
LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP
le
371
y a
prenons
acte.
figure masculine analogue la figure des tricphales se retrouve, avec de lgres variantes, dans les attributs sur les
La
Fig. 60.
plaques 5, 6, 7, 8 et 9 (du rapport danois). Les plaques 10, 11 et 12 nous prsentent des bustes de desses. Les dieux ne
se distinguent pas
des cheveux,
le
seulement des desses par l'arrangement port de la barbe et les moustaches, mais,
desbras symtriquement
videmment hira-
pouce est en dehors est remarquer. Les femmes, au contraire, aux longs cheveux
la
La fermeture de
main dont
le
pendant sur les oreilles, ont les bras replis sur la poitrine, au-dessous des seins (plaques 10, 11, 12). Les desses comme
les dieux
(si
ce sont
leurs interprtes)
portent le torques. Une seule des figures humaines, une femme acolythe de la desse (plaque 10), porte ce signe de suprme
distinction.
Ces plaques, on
le voit,
372
Les figures de comparaison, il faudrait les chercher plutt (c'est toujours M. S. MUer qui parle) du ct de TAsie-Mineure,
de l'Assyrie, mme de l'Egypte'. Les plaques 7 et 9 o le dieu soulve de chaque main, bras tendus, un animal saisi par
les pattes de
devant, un cerf (plaque YII), un hippocampe ont minemment ce caractre. L'Artmis perse, (plaque IX) en particulier, est souvent reprsente dans cette attitude (voir
vase de GraeckwyP). Sur les plaques 8 et i2, un personnage sautant rappelle certaines monnaies gauloises du Belgium. D'un autre ct on croit reconnatre sur les pices de
le
monnaies celtiques de
schiisselchen
^,
le
contestablement gaulois, n'a pas t fabriqu en Gaule; 2 Le vase n'est pas non plus un vase germanique;, bien
que quelques
3
4
((
dtails de
costume rappellent
;
les
Germains
Il
Bien que
romains;
en chercher l'origine dans une contre voisine de
5 Il faut
tre reste
proche pour en avoir subi l'influence, assez loigne pour en dehors des connaissances des historiens clas.
siques
sions.
Sur un point seulement l'opinion de Sophus Miiller nous parat appeler une lgre modification. Il ne faut pas attribuer
l'influence gauloise le cachet gaulois
1.
2.
Fac-simil
salle
VI;
Catalogue sommaire,
Revue
4,
Ueber die
sogenannter
Re'/eubogen-schiissdlchen,
p.
Hg.
3,
4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,
LES TRIADES.
LE
CHAUDRON DE GUNDESTRUP
373
du chaudron, particulirement aux personnages du cortg-e militaire et aux divinits attitude budunes des
fig-ures
ne sont pas les dhique, casques, cornes et torques. Ce Gaulois de Gaule, c'est--dire les Celles, qui ont ragi sur les tribus kimriques du Jutland. Ce sont les tribus kimro-belges
et ces dieux qui ont introduit en Gaule ces costumes guerriers chaudron Le de asiatiques.
et nous Gundestrup reprsente la religion des envahisseurs les montre sous un aspect particulirement intressant, celui de missionnaires d'un nouveau culte qui pntre avec leurs
armes, bien que le foyer actif reste confin dans le Belgium, Santons d'un ct, chez jusqu'aux extrmits du pays, chez les
les
que, dans ces contres, le culte nous les Cimbres lors de leurs excurparaissait avoir t apport par sions de la fin du ii'' sicle avant notre re.
Nous avons dj
Sophus Millier penche pour les environs de l're chrtienne, un peu avant ou un peu aprs la naissance du Christ. Ici nous et nous croyons pouvoir en partag-eons son avis sans restriction
donner des raisons plus dterminantes que les considrations un peu vagues sur lesquelles s'appuie l'auteur du rapport. Pour nous, dfaut d'autres arg^uments, les armes seules
du cortge guerrier reprsent sur la premire plaque rsolvent la question, que rsoudraient d'ailleurs g-alement des considrations mythologiques :1a prsence sur le vase du draet attitude buddhique. gon tte de blier, du dieu cornu la onzime du Sanglier et de la Triade de plaque*. Deux monuments existent, dats, du rgne de Tibre l'arc
:
21 Tautel de Paris ddi d'Orang-e dont la ddicace est de Tan au mme empereurpar Xe^l^autae Parisiaci sur lequel figurent,
;
ct du dieu
1.
Cernunnos^ Esus
et les
Dioscures% rappelant
La desse Artmis eutre un dieu barbu et un dieu imberbe. Que M. Mowat a dmontr tre un dieu en attitude buddhique. 3. Il y a quelque probabilit que l'autel de Reims, avec son Mercure Apollon d'un beau style accostant le dieu cornu et accroupi, est de la
2.
et
Fon
mme
poque.
374
trs clairement
que le culte, dont l'es scnes figures sur les plaques du chaudron sont une manifestation, florissait alors Reims, tandis que, sur l'arc d'Orange, les trophes d'armes qui en relvent l'clat mettent sous nos yeux l'armement complet
du guerrier cimbre.
On
vii^ sicle
de notre re.
vi*"
ou
sicle,
en pleine re franco-burgunde dont tant de cimetires nous rvlent le costume guerrier, un artiste aurait reprsent
un
troupes rappelant l'armement d'une poque de six ou sept cents ans antrieure? Et si l'on est convaincu, comme nous, que les scnes sont des scnes rituelles appardfil de
tenant
un
ou rgional,
est-il
vraisemblable
que
ce culte ft encore en
vigueur
gieuses qui ont accompagn l'tablissement du gouvernement de Rome en Gaule et en Germanie, suivi de la conversion des
Francs et Burgundes au christianisme? Cette uvre coteuse et de longue haleine, l'excution de laquelle semblent avoir
coopr plusieurs artistes*, serait une uvre d'art rtrospectif, une fantaisie archologique sans aucune valeur historique!
Encore
uvre,
serait-il
qui n'est
franchement
sortir.
ni gauloise, ni
romaine,
ni
by-
zantine, aurait
Si,
pu conformment
la
l'avis trs
et la
nous plaons
composition
virons de l're chrtienne, les plus grosses difficults disparaissent nous sommes, cette poque, dans le Belgium et les
:
contres voisines en poussant assez loin vers l'Est, dans un milieu o la dcouverte d'un vase de ce caractre ne peut tre
une cause de grand tonnement, puisque la queue du poisson de Wettersfelde se termine en dragon tte de blier (fig. 61).
nous poussons plus loin, nous rencontrons chez les' yEstii, tribu des Suves, le culte du Sanglier. En suivant / co^e orienSi
\. Toutes les plaques ne paraissent pas tre de nion de M. Sophus MUer qui me semble justie.
la
mme
main. C'est
l'opi-
LES TRIADES.
taie
LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP
trotivois les tribus des
375
de
la
Mstii qui
la bordent.
ceux desSuves,
eur langue se rapproche de celle des Bretons^. Ils honorent la mre des dieux, matrem deiim venerantur'. Le symbole de leur
Fig. 61.
tte de blier.
portent la main. Cest l leur arme et leur dfense unique. Ce signe en mainun adorateur de la desse marche en scurit mme au milieu d'ennemis *. Il
culte est la figure
ils
du Sanglier qu
ne
Mstiorum
catg-orie appartenant des confrries. Le moi ritus, qui n'a pas t assez remarqu, l'indique suffisamment et ces confrries sont videmment des oasis dans ce
les habitants n'ont
pays o
et
con-
naissent peine le fer% du temps de Tacite, bien qu'ils cultivent les terres et se livrent la recherche de l'ambre.
Gimbres n'taient plus qu'une faible cit, parvacivitas.1 sed gloriaingens^ Toutefois une grande enceinte
poque,
les
.
A cette
Genn., XLV. Quibus ritus habitusque Suevorum, liugua Britauuiae propior. 3. Une Cyble ou une Artmis? 4. Insigne superstiliouis, formas aprorum gestaut. Ajoutons que le san Freir glier dans la mythologie Scandinave tait la monture du dieu Freir
1.
Tacit.,
2.
le
sanglier
de sa singulire monture le du sanglier). Jacobi, Dict. de myth. universelle, d. ou Freir. 5. Rarus ferri, frequens fustlum usus.
6.
aux soies d'or nomm Guullitibouirls, el tire surnom de Goullinbourtsganderei (le possesseur
fr.
;
cf.
Tac, Germ.,
XXX Vil.
376
manent,
se maintenir
un de leurs
L'argument de l'armement est encore bien plus probant. Le casque cornes et le carnyx, le bouclier oblong- taient, aux yeux des Romains, depuis un demi-sicle au moins avant la
conqute, la caractristique du guerrier gaulois, c'est--dire alors du guerrier cimbre, le seul avec lequel depuis plus de
cent ans avant notre re
contact.
Rome
et t continuellement en
Les deniers frapps en l'bonneur des victoires remportes sur ces terribles ennemis en sont une irrcusable preuve. Ce n'est pas moi qui en dtermine le caractre, c'est
le
marquis de Lagoy,
c'est le
baron de Witte.
Le carnyx
n'tait point,
la
trompette nationale. Il ne parut que trs tard sur les monnaies irauloises. Sa clbrit venait des dfaites des Cimbres.
aucun doute cet gard. Le marquis de Lagoy cite une srie de deniers des
familles
Fundania, Cloulia, Egnatuleia, Julia frapps bien avant la conqute sur lesquels figure le carnyx titre de trophe,
en Souvenir des victoires remportes sur les barbares du Nord. Quels barbares? Suivant Borgliesi (nous ne pouvons choisir
un meilleur
guide), les
victoires
monnaies de
la famille
les
Fundania
se
les
rapportent aux
de Marins sur
barbares^ dans
environs cCAix en Provence. Le marquis de Lagoy approuve. Les deniers de la famille Cloulia auraient le mme caractre.
Ils
peuple; c'est encore une glorification de la victoire de Marins sur les Cimbres. Quant aux deniers de la famille
du
mme
Egnatuhia,C Egnatuleius.
l'an
dit
Mommsen,
;
tait
montaire en
le
valeur, que les casques faisant partie de ces mmes trophes sont des casques cornes comme ceux de l'arc d'Orange et de
PI.
XXXI.
Deniers de
la
la dfaite
des Ciuibres.
LES TRIADES.
LE
CHAUDRON DE GUNDESTRUP
377
quelques-uns des guerriers du dfil de vase de Gundestrup. Nous ne pousserons pas l'examen plus loin*.
terme gnral d'armes gauloises s'explique 1res simplement par ce fait que les dpouilles des Gimbres transportes Rome
aprs leurs dfaites avaient t exposes et taient vraisemblablement restes longtemps exposes dans la maison de
Catulus, qui, prtendaient ses partisans, revenait tout l'honneur de leur anantissement prs de Verceil.
Les soldats de Marins, dit Plularqiie^y pillrent les bagages le taureau d^ airain, les tendards et les trom-
ensuite
glorieuses dpouilles durent certainement tre respectes et Ton pouvait peut-tre les contempler encore Rome l'po-
d'Orange commenait prendre tournure. Des reprsentations devaient, en tout cas, en avoir t conserves;
l'arc
que o
esprits
comme
le
type
le
plus complet de l'armement des barbares. J'ai dit que le caractre kimrique des armes
les trophes
composant
de l'arc d'Orange, reproduction des trophes des deniers de la Rpublique dont nous avons mis des spcimens sous vos yeux, tait, pour ainsi dire, crit en signes visibles sur les plaques du vase de Gundestrup. Des tmoignages crits confirment nos conjectures.
rcit circonstanci
contemporain des
le r-
certainement en main;
il
nous en donne
:
sum ^
L'infanterie des
s'tant
et
Cimbres sortit en bon ordre de ses retranchements range en bataille, elle forma une phalange carre qui avait
le marquis (le'Lagoy;de Witte, Revue archol., XIV; Alex. Bertraud, Revue archo/., 1894, t. II, p. 52 et
\.
1887,
p.
429, pi.
notre
2.
3.
pi.
XXXI.
378
autant de front que de profondeur et dont chaque ct couvrait trente stades' de terrain. Leurs cavaliers, au nombre de quinze mille, taient * ^ magnifiquement pars leurs casques se terminaient en gueules bantes
;
en muffles de btes sauvages, surmonts de hauts panaches semblables des ailes qui ajoutaient encore la hauteur de leur taille. Ils taient couverts de cuirasses de fer et de boucliers dont la blancheur jeet
tait le plus
loin, et
dans
Ils
de
se servaient d'pes
longues
et pesantes.
Les
rcits de cette
poque sont
comme un commentaire
des
sculptures de l'arc d'Orang-e et des ciselures des deniers. C'est sous cet aspect traditionel que Diodore nous peint encore les Gaulois dans les premires annes de notre re.
ont pour arme dfensive des boucliers aussi hauts qu'un que chacun orne sa manire. Comme les boucliers servaient non seulement de dfense, mais d'ornement, quelques-uns y font graver des figures d'airain en bosse, travailles avec beaucoup d'art . Leurs casques d'airain sont garnis de grandes saillies qui donnent ceux qui
Les Gaulois
et
homme
les
quelques-uns de
ces
casques sont
fixes des cornes. Ils ont des trompettes barbares et d'une construction
un son sauvage et appropri au tumulte guerLos uns portent des cuirasses, des mailles de fer, les autres, contents de leurs avantages naturels, combattent nus. Au lieu d'pes [la au flanc par des petite pe romaine], ils ont des espadons suspendus chanes de fer ou d'airain'. Quelques-uns entourent leurs tuniques de
ceintures d'or et d'argent.
Ne
comme
Sylla,
le rcit
1.
2.
Ce
Ces dtails n'ont pu tre puiss que daus le rcit d'un contemporain. dtail explique la prsence sur l'arc d'Orauge de selles qui paraissent
"?
en
N'y a-t-il pas l confusion avec la gueule des caruyx Ce dtail se retrouve sur les deniers triomphaux, ainsi que les longs boucliers. Le rcit relatif au passage des Alpes peut donner une ide de la dimension de leurs boucliers (c. xxiv) Parvenus au sommet des Alpes travers des monceaux de neige. Us [les Cimbres] s'asseyaietit sur leurs bou3. 4.
:
pente
5.
6.
".
les rochers en s'abandunnant la rapidit de la Ces boucliers devaient tre certainement de grande dimension.
Diod., V, XXX.
De semblables boucliers figurent sur l'arc d'Orange. Sur l'un d'eux sout graves deux grues ou cigognes. 7. Les fouilles des cimetires du Belgium, ont confirm les renseignements donns par Diodore. Voir au Muse la salle VIL Cimetires du dpartement
de
la iMarne.
LES TRIADES.
LE
CHAUDRON DE GUNDESTRUP
379
OU rdige de visu, en face de ce qui pouvait rester Rome, conserv ou reprsent par la peinture ou la sculpture, des
dpouilles des Gimbres et des Teutons? O, en
effet,
vers l'an
20 de notre re, c'est--dire soixante-dix ans au moins aprs la soumission de la Gaule, Diodore aurait-il pu se trouver en
prsence d'un pareil ensemble d'quipement militaire? Cette
description est
videmment
rtrospective.
Gimbres), l'an 21 aprs notre re (inauguration de l'arc d'Orange) me paraissent dlimiter la priode pendant laquelle les types reprsents sur les deniers et sur les trophes de l'arc triomphal durent s'ofav. J.-C.
frir et
L'an
H3
(dfaite des
romains,
raissant rsumer en lui toute une phase mythologique de la Gaule orientale, correspondant cette mme priode de cent
cinquante ans.
Les monuments
si
raient s'expliquer par l'existence de confrries analogues aux confrries druidiques ou de petites colonies cimbriques rap-
pelant celles dont Gsar constate l'existence Aduatuca*. En rsum, la dcouverte du chaudron de Gundestrup apparat, avec
la thse
le caractre kimro-belge des divinits qui jusqu'ici ont pass pour des divinits celtiques, Esus, Taranis, Tenttes ainsi que
les divinits
les Tric-
phales et les divinits cornues. Ges divinits ne sont point des divinits celtiques au sens restreint du mot, tel que le dpeint
1. B. G., II, 27. Ils descendaient des Aduatiques, restes des Gimbres et des Teutons qui, pour gagner plus facilement la province de Gaule et l'Italie, avaient laiss en de du Rtiiu les bagages trop embarassants, sous la garde de six mille des leurs. Ces derniers, aprs la dfaite de leurs frres, avaient
lutt
s'taient
longtemps contre les peuples voisins. Puis, la paix s'tant faite, ils ddnitivement fixs dans ces lieux o ils formaient une petite colonie.
380
Csar
*. En dehors qui ipsorn7yi lingiia Cellse appellantur du Dispaler, pre de la nation, les seuls dieux celtiques connus
et dfinissables
reconnu, sont
le
phisme
le
Le reste du panthon gaulois anthropomorphis est tout hellnique ou romain. Le groupe auquel appartiennent les
triades est kimrique.
Csar. B. G.,
1.
1,
1.
XXV^ LEON
Messieurs
Le
nous
notre
XXV^
leon;
le
arrter.
Quelle ide emporterez-vous de ce que fut la religion des Gaulois? Les rsultats acquis, je ne me le dissimule pas, sont surtout ngatifs. Nous n'avons pu exposer devant vous
un tableau complet de la religion de nos pres. Nous esprons du moins avoir dtruit plus d'un prjug, plus d'une erreur.
Nous avons dblay le terrain o d'autres plus jeunes btiront. Nous ne croyons pas avoir fait uvre strile. Vous devez tre persuads,, comme nous, du peu de valeur
renseignements d'ordre religieux transmis par Csar. Csar a parl en politique. Du tableau qu'il a trac delareligou des Gaulois, quatre ou cinq assertions seulement
que prsentent
les
sont maintenir
aux pratiques
forme
le
ils se prtendent issus de Pluton en consquence, comptent le temps par nuits et non par jours; les druides forment une classe part dans la nation; l'institution est originalit de la Grande-Bretagne^
(Dispater) et
moins
1.
la ralit qu'
382
quer
un
touchant l'tat qui nous laisse dans la plus complte ignorance de l'indpendance. religieux de la Gaule l'poque
imputable la doctrine des druides, bien que certains membres de la corporation prsidassent ces cruelles crmonies. Nous en avons rejet la respon-
humains
n'el point
un
fait
sabilit sur le
les
druides.
Sur
catif
malgr
le
silence signifiet
de Csar, Diodore
Tenttes
l'-
poque
celtique.
Esus
suprme
et ce
dogme
druides*.
L'lude des
monuments nous
aux
tradi-
tions des druides et relevant non de la mythologie celtique essendite, mais de la mythologie kimro-belge
proprement
tiellement diffrente.
l'his-
mythologie kimro-belge ne signalait pas son origine trangre, la nos pres et de l'enseiplus fausse ide du gnie religieux de gnement des druides, leurs ducateurs.
donnerait,
si
l'on
En rsum,
Romains d'un
jettent presque
ct et des Kimro-Belges de l'autre*; ils ne aucune clart sur l'me religieuse de la nation.
l'avoir atteinte par
et
Celte
me nous croyons
cette
Sous
couche gallo-romaine
kimro-belge subsiste
toute une dmonologie que les croyances importes refoulBaron Roget de Belloguet, Ethnog. gauloise, 111, p. 123, 130, etc. M. d'Arbois de Jubaiaville a dinoutr ea quel petit uoiubre ces coaqurauls taient entrs eu Gaule {et. Les premiers habitants de l'Europe, 2" dit.,
1.
2.
t.
H,
p. XV).
RSUM
383
rent sans la dtruire. L'tude des superstitions populaires nous met en prsence de cette dmonologie primitive. Le culte des
aux fontaines, les pratiques des feux des la et herbes de saint-Jean sont des survivances qui font revivre nos yeux le pass le plus lointain. On a trop ddaipierres, les plerinages
A ces divinits de la nature, dont le culte compri^ l'importance. tait pour ainsi dire entr dans le sang de nos populationsprimitives,elle a substitu ses saints et nous en a ainsi conserv
la tradition. C'est l,
comme
*,
que nous retrouvons les traces de la vie religieuse de nos pres. Nous avons donn des spcimens de ce qui pouvait tre
fait
dans ce sens.
La mine
est riche,
mais
il
n'est
que temps
de l'exploiter. Les parois en croulent de toutes parts. La religion des Celtes tait une vaste dmonologie, domi-
ne par
la
croyance une puissance divine suprieure dont animent toutes choses sont les manifestations
:
spiritus intusalit.
celte puissance
d'esprit native qui parat avoir t encourage par les druides avait conduit nos pres peupler la Gaule d'une infinit de gnies, divinits sans sexe, sans contours arrts, sans nom
propre, sans personnalit prcise. Aucune de ces divinits ne donnait prise l'anthropomorphisme, aucun artiste, aucun
pote ne pouvait y trouver les lments d'une reprsentation sous des traits reconnaissables de l'un quelconque de ces
auxquels ils communiquaient ne serait venue la pense qu'il ft possible de voir face face, sous une forme matrielle, la divinit
la vie.
A aucun Celte
suprme", impersonnelle dont l'existence clatait, pourtant aux yeux de tous, dans ses uvres. Ce sentiment, qui explique
l'absence en Gaule de toute reprsentation figure de la divi-
1. cf.
2.
Simou
GastoQ Paris, Les origines de la posie lyrique au moyen ge, p. 14. PelloLitier, dans sou Histoire des Celles, a trs bieu compris le caracS. Pelloutier
comme
384
nit durant l'ge
du bronze tout entier et la plus grande partie de l'ge du fer, avait t fortifi par l'enseignement conforme des druides. C'est celle espce de panthisme naturaliste
que semblent
la
deux vers
si
souvent cits de
Pharsale
^
:
numina
vobis
^
Aut
L^esprit
solis nescire
datum.
du panthon grec et lalin lait l'oppos de ces vagues croyances. Par l s'explique l'inanit des tentatives faites
jusqu'ici
pour retrouver
les
la ligure
des
divinits gallo-romaines
tudie l'ensemble de la religion des Gaulois, une distinction trs nette est donc faire entre les poques et entre
Quand on
On ne peut arriver la lumire que par la sdes lments paration indignes et des lments htrognes qui ont compliqu en l'altrant le culte des tribus primitives.
les populations.
On
un groupe gallo-romain ou de la conqute trs bien dfini^ un groupe kimro-belge ou du nord-est, beaucoup plus restreint, mais d'une originalit plus marque, ct, ou au;
dessus du nombre
infini
de
la
race.
Ce culte dmoniaque,
les
fruit naturel
dans
Vende, du lgendes et le folklore de la Bretagne, de Poitou, de l'Auvergne, du Morvan, du Limousin et des con
tres sous-pyrnennes
*.
Pharsale,
I,
452.
-
tre faite pour quelques-unes des divinits de la mythologie kimro-belge. 3. Voir Saloinon Reinach, Les bronzes figurs, o cette distinction est la base du classement des divioits. 4. La Gaule et la Germanie prsentent le mme caractre. Il fut une poque o, sous ce rapport et sous beauco jp d'autres, la Germanie ne diff-
rait
pas de
la
du Danube
et
du P.
.J-
RSUM
385
est .l'essence
beaut, ni sans lvation. Si un sentiment profond du divin mme des religions, les Celtes chez lesquels ce
si
sentinent tait
gnral et
si vif
des forces de
la
Di^u suprme, incorporel, accessible l'imagination seule, crey^ces conformes la doctrine philosophique des druides,
jointe
un sentiment dominant de l'immorlalit de l'me que l'antiquit tout entire a reconnu, tait plutt, en Gaule, un
la
cho de
les
ducateurs du pays.
dfaut d'anthropomorphisme^ quoi rpugnaient leurs instincts, les Celtes adoraient certains symboles d'origine
orientale,
le
le
cercle centr, le
marteau ou maillet, le foudre rappelant leur esprit les dieux de la lumire et du feu. Ce sont ces symboles dont les Gallode quelques-uns de leurs grands Mercure et Minerve, pour en faire plus dieux, Apollon, Jupiter, facilement accepter les images aux Gaulois.
firent les attributs
Romains
On
qu'un
aurait tort
de ne voir dans
la
ensemble de pratiques supersiilieuses dshonores par l'usage des sacrifices humains. Jean Reynaud, dans sa clbre tude sur L'esprit de la Gaule, nous semble avoir eu
un sentiment
il
quand
dans l'ensemble des socits humaines, la Jude reprsente l'ide du Dieu absolu, la Grce et Rome, l'ide de l'homme et de la socit, la Gaule reprsente avec la mme
dit
:
Si,
Cet instinct religieux antrieur au druidisme, l'invasion kimro-belge et plus forte raison l'invasion romaine, forme
le
fond de
la religion
des Celtes.
Le
culte
lnique se sont superposs ces croyances d'ordre suprieur sans les dtruire et presque san^ les altrer. C'est au-dessous
de la Gaule,
p.
S.
25
386
de ces deux couches relativement rcentes qu'il faut aller chercher la religion des Celtes.
Il
pomorphisme hellnique
romain
qui,
pour
un
instant,
conquit les couches suprieures, ne pntra jamais les couches infrieures et n'a laiss aucune trace srieuse et durable dans
l'ensemble de la nation.
au milieu de ces rvolutions sociales, le rle religieux des druides, dont le caractre d'ducateurs du pays n'est
Quel
fut,
pas contestable?
tincts. Ils
ont encourag plutt que contrari ces insn'ont introduit en Gaule aucune divinit nouvelle.
Il
Leur philosophie
tolrante,
comme
celle
des
bouddhistes,
planait au-dessus de tous les cultes particuliers. Ils se contentaient (le prsider les crmonies traditionnelles titre
hommes
et
les
dieux
quels qu'ils fussent, comme avant eux faisaient les chamans. C'est ce titre qu'ils assistaient aux sacrifices humains que
leurs doctrines philosophiques devaient rpudier. Ils se pr-
comme hommes
de science, di-
recteurs ce titre des peuples et des rois. Nous ne voyons pas de la triade, Esus, Taranis et qu'ils aient combattu le culte
ils ne s'en firent certainement pas les aptres. rencontrons Nous ne pas le culte de la Triade l oii l'influence des druides laiss des traces certaines. Il ne semble
Tenttes, mais
pas non plus qu'ils aient lutt contre le polythisme romain; ils n'aspiraient aucune orthodoxie religieuse, leur enseigne-
ment
tout scientifique et tout philosophique n'imposait aucun credo prcis. Nous nous reprsentons leur philosophie
comme compose
et les
communauts
temps.
releves dans les auteurs anciens au sujet de la migration des mes. Ce qui, dans les communauts, devait tre impos
titre
et le
de texte immuable, c'taient les formules d^incantation, code de lois remis comme un dpt sacr au collge des
RSUM
387
La force des druides rsidait dans l'organisation de leurs communauts qui taient des sminaires sociaux plutt que des asiles religieux. La rgularit de la vie scolaire qui durait
de longues annes,
le
etmmeles
monde un
certain
nombre des
membres de
la corporation, expliquent le rle prpondrant dii ont jouer pendant longtemps au milieu de tribus pasqu'ils torales chez lesquelles Tesprllguerrierne dominaitpas encore.
n'y avait point de familles de druides. Les fonctions du sacerdoce, les fonctions de juges, de mdecins n'taient pas plus hrditaires que celles de philosophe ou de professeur.
Il
La corporation se recrutait par slection, au moyen d'examens nombreux et difficiles. Les candidats sortaient du pays mme,
en sorte que
les
vie
propre l'tat d'espces d'oasis intellectuelles au sein de la nation, se maintenaient ainsi en contact intime avec elle sans en tre une manation directe.
Il
les
en rsulte que, bien qu'ayant jou un trs grand rle dans affaires du pays, les druides je veux dire les commu-
nauts druidiques
elles taient
trs
sur l'aristocratie gauloise aprs la conqute kimrique. Elles laissrent la foule toutes ses superstitions, l'aristocratie toute son ignorance. Quand
elles disparurent, la Gaule dut se retrouver peu prs dans Ttat o elle tait avant qu'elles fussent venues apporter aux
familles royales,
et
aux chefs de
et nos soupons nous paraissent s'appuyer sur les raisons les plus srieuses, que ces institutions, dont le caractre avait du se modifier et se transformer
mme
valeur
une trs haute antiquit et avaient jou sur le dveloppement de la civilisation en Occident un rle considrable.
388
Nous ne savons
poque
si
ni
mme
d'une manire
communauts druidiques
jamais autre chose que les succursales des communauts de la GrandeBretagne. On peut affirmer seulement qu'elles y taient insvinrent s'installer en Gaule, ni
elles y furent
talles
une poque voisine de l'invasion kimrique et se mirent au service des chefs de bande l'action desquels remonte l'tat social particulier o se trouvait la Gaule au mo-
puisque l'intervention des druides seuls on peut attribuer l'closion de certaines indus-
ment
tries
oii
Csar franchit
les Alpes,
des frappe de la monnaie, Tart de construire forteresses rgulires, le dveloppement de la mtallurgie du fer, rtamage et peut-tre mme l'maillerie. Mais ces secrets taient leur bien propre. Ces industries, ayant pour ouvriers
la
comme
membres del corporation, ne survcurent pas sion des communauts nous avons dit pourquoi
des
;
la disperil
y avait
encore moins lieu de rechercher, aprs la conqute, les traces de leur influence religieuse, puisqu'ils avaient simplement
dvelopp
de la nation.
les privilges jour o l'Empire refusa de reconnatre leur que les anciens chefs gaulois leur avaient concds et qui intellecet moral le avaient procur la richesse avec pouvoir tuel,
Du
du jour o les coles de Marseille, d'Autun et de Lyon lui eurent enlev la majorit de leurs lves qui n'avaient plus
augustaux et d'autres collges de prtres officiels purent prsider aux crmonies et aux pratiques religieuses, les communauts druidiques n'eurent plus de raison d'tre. Le culte de ne pouvaient la science et le got de la mditation solitaire
vivre. Quand par suite les faire tous ces dbouchs leur furent ferms, il ne resta plus leur
suffire leur
recrutement
et
actif
que
la foule
et que les dicorumqiie, qui abondaient dans les communauts prjugs et raifeclion de la plbe protgeaient.
se retira
en Angleterre
et
en
moment
RESUME
389
elles
se transformrent
la vraie explication
ba^^es de l'Irlande,
com-
Voir annexe
J.
Fig. 62.
FIN
ANNEXES
ANNEXE A
des Gaulois
et
t.
sur
celle des
Germains {uvres
XVIII, p. 166).
La connaissance des anciennes religions, dont l'histoire est intimement lie avec celle de l'esprit humain, est un objet certainement trs
digne de nos recherches dmler dans l'tude de
;
mais
c'est aussi ce
qu'il
y de plus
il
difficile
l'antiquit.
La
Romains, dont
les
nous reste un
si
ouvrages des anciens font de perptuelles allusions et qui ont t l'objet du travail d'un grand nombre de critiques habiles, sont encore trs peu claircies, soit pour le fond du dogme et pour le systme gnral, soit pour le dtail des pratiques les plus
communes.
plus grande pour les religions des diffrents sont connues que par un petit nombre d'criElles ne barbares. peuples vains qui en ont parl par occasion, presque toujours d'une manire peu dtaille, souvent mme sans les connatre autrement que par les rap-
La
ports vagues et peu exacts de gens qui n avaient eu qu'un sager avec ces barbares
commerce pas-
Nous en avons un exemple bien sensible dans la manire dont presque tous les anciens ont parl des Juifs... Il suffit de rappeler ce qu'en ont dit Strabon, Diodore, Tacite, Plutarque, etc., pour se convaincre que malgr la facilit qu'on avait d'approfondir le systme religieux des Juifs,
les crivains les plus l^abiles et les plus
instruire.
On doit juger par l du degr de crance que mritent Csar, Diodore, Strabon, Mla, etc., lorsqu'ils parlent du systme religieux des Gaulois, systme que les druides cachaient leur propre nation, dont ils ne dcouvraient le fond qu' ceux de leur ordre, et qu'ils enveloppaient sous
des fables, sur lesquelles ils fondaient des pratiques puriles, superstitieuses ou mme barbares.
392
Ou
moins de crance
ce que Csar a
pu
dire de la reli-
gion des Germains dans un temps oi elle n'tait connue que par le rapport des Gaulois, qui n'avaient de commerce qu'avec les nations germaniques rpandues sur les bords du Rhin, qui ne voyageaient point dans
la
Germanie, o
il
aucun commerce
faire, et
qui ne voyaient les Germains que quand ceux-ci passaient le Rhin main arme pour envahir la Gaule ou pour la ravager... Il y a, au reste, une rflexion gnrale faire sur tout ce que les Grecs
et les
ligions fussent,
Romains ont dit des religions trangres au fond, la mme que la leur et
,
ils ils
donnaient
le
nom
de
une
suite
du principe de tolrance religieuse dans lequel ils taient car ils n'ont proscrit que les religions exclusives qui se refusaient se prter une association avec le culte grec ou romain. L'identit prtendue des dieux
.
grecs et des dieux barbares n'a presque jamais aucun fondement rel et quand on vient l'examiner de prs, on trouve toujours qu'elle ne peut tre admise par ceux qui ne veulent recevoir que des ides exactes. 11
est vrai
que
le
barbares de
mme
polythisme qui avait lieu chez presque toutes les nations que chez les Grecs et les Romains, partageait l'admi-
nistration de l'Univers entre plusieurs divinits diflrentes, qui on donnait des attributs assez semblables parce que ces dpartements avaient
t rgls sur les besoins et sur les passions des
hommes,
partout. Mais ces dpartements n'taient pourtant pas exactement semblables et ils avaient rarement les mmes limites dans les diffrentes religions.
mmes
mme
souvent dans
les diffrentes
branches d'une
mme
et
le
religion...
Une autre rflexion importante au sujet de l'identit des dieux grecs des dieux barbares, c'est que dans toutes les religions polythistes
et
d'une divinit ne rveillait pas seulement l'ide de ses attributs lui tait chu en partage, il rappelait encore le souvenir de sa lgende, c'est--dire celui de l'histoire de sa naissance et
nom
du dpartement qui
de ses aventures. Or, ces lgendes ne peuvent tre les mmes chez les et chez les Grecs. Elles n'taient jamais qu'un amas de productions fantastiques de l'imagination des potes et du fanatisme des pr-
barbares
tres.
Dans chaque religion elles taient fondes sur les coutumes, les le temprament de chaque nation et sur la nature du pays qu'elle habitait. Taranis pouvait avoir chez les barbares un dpartement particulier semblable en partie celui du Jupiter' des Grecs, rgner comme lui dans le ciel et manier la foudre comme lui, mais on ne voit pas qu'il ft comme lui le souverain des dieux et des hommes, du moins il est sur qu'il n'tait pas le fils de Rha et de Saturne et le petit-fils
opinions,
1. Nou3 avons dit que Taranis nous paraissait nou uu Dieu, mais une desse analogue l'Artmis taurique, mais le raisoimemeot de Frret n'eu serait pas moins juste dans sa gnralit et s'applique aussi bien Teutats qu'
Taranis.
ANNEXE A
393
d'Uranus, qu'il n'avait pas dlru son pre pour rgner sa place et partag l'empire de l'Univers avec ses deux frres.
en faut dire autant des autres dieux, d'Hsus, de Teutats, de Belenus, de Belesama qu'on a prtendu les mmes que Mars, Mercure,
la religion
des Gaulois
qu'il distin-
gue nettement du panthon gallo-romain. 11 ne croit pas qu'il faille faire honneur aux druides de la croyance des Celtes l'immortalit de l'me.] Le dogme des druides sur l'ternit des ;nes et du monde parat avoir t commun aux Gaulois avec les peuples de la Germanie. Il se trouve quoique ml des dtails purils et absurdes dans VEdda... Comme
on a retrouv ce mme systme chez d'autres nations barbares qui n'ont aucun commerce entre elles, il faut qu'il soit une suite ncessaire des premires ides qui se prsentent aux hommes (dans certaines races]. II n'est nullement ncessaire de penser qu'il ait t import en Gaule et
chez
les
des [Frret avait devanc Fustel de Coulanges dans l'interprtation textes de Sutone, de Pomponius Mla et de Pline, relatifs la pret des druides sous le rgne de Tibre.] Les mots suslulit druias ne peuvent s'entendre de l'abolition totale de l'ordre des druides, il faut les expliquer par les mots sustulere monslra et par ce qui est dit dans Strabon ; c'est des pratiques condamnes par les lois romaines qu'il le faut entendre ou tout au plus de ceux des drui-
des qui exeraient cette mdecine et cette divination magique hoc genus vatum medicorumqe les druides ont continu d'exister aprs Tibre . Fustel de Coulanges n'a fait que rpter les arguments de Frret. Il
;
faut rendre Csar ce qui appartient Csar. Il est d'autant plus tonnant que ni Fustel de Coulanges, ni Duruy, ni M. d'Arbois de Jubaiuville ne s'en soient rfrs Frret, que sa doctrine se retrouve trs nettement dveloppe non seulement dans le Discours sur la nature et les dogmes de la religion gauloise, par M. de Chiniac de la Bastide du Claux, avocat au parlement (MDCCLXIX) qui fait honneur Frret de cette explication sagace des textes, mais encore dans ['Histoire des Celtes de Pelloutier,
revue et corrige par ce mme de Chiniac, dont le dernier volume parut en MDCCLXXI. Pelloutier comme Frret est trop nglig. Il faut en dire autant du comte de Buat qui vers la mme poque publiait son Histoire
des anciens peuples de l'Europe
dition o
y aurait galement beaucoup prendre. Voir notre Archologie celtique et gauloise, Annexe A, 2" dit., p. 420.
il
1. Frret fait ici allusion l'opinion qui rattacht des influences pythagoriciennes.
394-
ANNEXE B
(3 leon, p. 47).
Le Ghamanisme'.
judasme est la religion des Juifs, le paganisme celle des paens, croyance des idoltres schamans peut tre nomme schamanisme. La religion schamane est sans contredit une des plus anciennes.
Si le
la
L'Orient n'en connat pas de plus antique et le schamanisme est la source et la base du cuite du lama, de celui des bramines et de plusieurs autres
sectes
payennes. Aux Indes ces prtres comptaient quelques philosophes parmi eux, mais parmi les nations qui peuplent l'empire de Russie, les
dogmes ont
et d'coles,
subi de grandes altrations. Ses partisans, faute d'criture y ont fait successivement de si grands changements que de nos
jours
ils
dits et de la plus grossire superstition. Toutefois, malgr les guerres, les migrations, une vie vagabonde, une tradition tronque et falsifie, les notions fondamentales et les crmonies les plus essentielles se sont
conserves dans une conformit remarquable; d'o l'on peut conclure que les changements qui se sont glisss peu peu dans cette religion, y
et
des innovations
Malgr
le
mpris que
leur
religion
les schamans ont pour les femmes en gnral, admet pourtant des prtresses. On a "pour elles autant
d'gard que pour les prtres et on leur attribue une gale puissance. Les schamans tant prtres que prtresses sont des gens du commun*, qui ne se distinguent des autres que par leur costume singuUer et par
et des
crmonies de leur
croyance, n'ayant ni clibat ni rgles particulires observer dans leur manire de vivre. Les prsents qu'on leur fait et les sacrifices fournissent
leur entretien, mais rarement ces revenus sont suffisants, de sorte qu'ils ne sauraient se dispenser de faire comme les autres compatriotes laques,
pour pourvoir eux-mmes leur subsistance, d'aller la pche, la chasse, etc. Les vieux instruisent les jeunes de tout ce qui est relatif la religion. Gomme ces prtres sont seuls dpositaires des dogmes, on les
regarde
comme
les
mdiateurs entre
les
dieux
et le
tribue le pouvoir d'apaiser la colre des dieux et de les rconcilier avec les hommes. C'est pour cette raison qu'on les honore et on les craint,
mais on
les hait en mme temps assez souvent parce que tous les laques ne sont pas assez simples pour ne pas voir que ces prtendus mages abusent du crdit que leur donne leur fonction. Le nombre de ces prtres
1.
2. C'est--dire qu'ils
Description de toutes les nations de l'empile de Russie, t. III, 1777, p. 136. n'appartiennent pas aux familles royales, ils sortent
plbe.
de
la
3.
le texte.
ANNEXE B
varie, tantt
il
395
cation est purement accidentelle. Les uns exercent leurs fonctions jusqu' la mort d'autres, de leur vivant, se dmettent de leur charge en la
;
cdant quelqu'autre. Ils sont moiti enthousiastes, moiti fourbes et pour la plupart Vun et Vautre la fois. Ils s'habillent de la manire la plus bizarre dans l'intention de se rendre agrables aux dieux et formidables
aux hommes; leurs habits sont tout couverts d'une grande quantit d'idoles de fer lamin, de grelots, de petites cloches, d'anneaux et de mille clincailieries, de griffes d'aigles, de peaux de serpents empaills, etc. Comme les baraques de tous ces peuples ne sont claires que par la lueur du feu des foyers, un prtre ainsi vtu et vu dans leurs sombres rduits fait une figure tout fait hideuse, et quand il marche
le bruit
sourd de la ferraille le rend encore plus effroyable. Les principales notions que ces payens ont de leur religion ne sauraient tre qu'imparfaites, obscures, en partie embrouilles et contradictoires,
ils
mais
un Dieu
Ton-
gouses
ciel, les
le
nomment Boa, lesBourates Titigi Bourgan, c'est--dire Dieu du Tloutes le nomment Koula, les Kamstschadales Koutka, les
Ostyaks
et les Wogoules Troon qui signifie lumire. Celte croyance est gnrale. Voici les ides qu'ils se forment de l'tre suprme. Dieu aime sa cration et toutes ses cratures. Il sait tout et peut tout, mais il ne
fait
11
est trop
grand pour qu'on puisse l'offenser, ni faire quelque chose qui soit mritoire devant lui. La plupart de ces payens pensent que Dieu et invisible et qu'il demeure dans le soleil ou dans le ciel et d'autres prennent le soleil lui-mme pour Dieu. L'tre suprme apartag entre un grand nombre de divinits subalternes
le
gouvernement du monde,
et le sort
plupart selon leurs propres fantaisies. C'est pourquoi les raient se dispenser de rechercher leurs bonnes grces.
"
ou diables sont en grand nombre. A leur tte est un Maitre-Satan, grande puissance aprs l'tre suprme. Les diables demeurent dans l'eau, sous la terre, dans les volcans, dans lesforts. Ces payens personnifient les attributs de ces divinits en se les figurant sous l'ide des deux sexes, mais ils ne pensent pas, comme les Finnois payens, que les dieux et les desses sont maris. Le soleil, la lune, les toiles, les nuages,
sants
tempte, le feu, l'eau, la terre, les fienves, les grandes montagnes sont pour eux des dieux puissants. Ils sont persuads que les dieux apparaissent aux schamans, prfrablement sous la figure d'un ours ou d'un serpent. Ils ont un certain respect pour ces animaux; le sapin, une espce d'armoise', le lierre du
l'arc-en-ciel, l'orage, la
1.
les
396
Kamtschatka sont
les vgtaux consacrs aux dieux, et le parfum de ces plantes leur est agrable; c'est pourquoi on dcore les idoles et les victimes avec ces vgtaux.
Ils
pensent que
et
le
monde
ils
est d'une
la
des
hommes
des
animaux aprs
mort
actuelle. C'est
pourquoi
etc.,
comme
s'ils
parlent aux ours qu'ils ont tus, aux cadavres s'entretenaient avec un tre raisonnable et
sur les
ments analogues qui compltent avantageusement les prcdents; nous croyons devoir les rapprocher du rapport de 1777 '. Les chamans sont gnralement considrs parmi nous (Russes) comme
des jongleurs grossiers. Cette opinion s'applique avec raison une classe d'hommes qui, sous le titre de chamans parcourent les villages du nord de la Sibrie pour y excuter des tours de force ou d'adresse. Ainsi ou en
quelques-uns faire semblant d'avaler un fer rouge ou de se percer aiguille. Mais les vrais chamans, c'est--dire ceux qui suivent les tribus Thouktchas dans leurs prgrinations et exercent une si grande influence sur cette peuplade, appartiennent une autre classe. N'est point chaman qui veut. Il faut, suivant l'expresvoit
la
sion des Thouktchas, avoir reu l'inspiration pour devenir ministre de ce singulier culte. Les chamans vritables n'appartiennent pas une caste
particulire et ne forment point
s'instruit et se perfectionne
De
trs
facilement intlam-
des esprits et
ils
pouvoir dont ils ont investi leurs dlgues, les coutent avec avidit et les retiennent
avec soin,
homme
visite les
l'imagination dj dispose aux hallucinations, le jeune chamans, assiste avec les frmissements d'une secrte
l'inspiration, et
horreur aux mouvements convulsifs qui les agitent lorsqu'ils reoivent contemple avec un respect craintif ces hommes que le
et qie la crainte
mystre entoure
accompagne.
Il
prouve un
vif dsir
d'entrer son tour en rapport avec les puissances invisibles, se voue au clibat^, recherche la solitude et se nourrit d'aliments irritants qui portent la flamme dans son sang dj chaufle. Ces visions tant souhaites,
sont bientt
plus pour
nophyte des tres imaginaires non, il les voit devant lui et reoit leurs oracles. C'est ainsi que se forment les chamans sans qu'il y ait de leur part la moindre hypocrisie. Un chaman parvenu au plus
Wrangel, Le nord de la Sibrie, t. 1, p. 247. C'est l une des grandes diffrences qui existent entre le corps des chamans, le corps des lamas et dans le pass le corps des druides. 3. Nous avons vu dans le rapport de 1777 que chez certaines tribus le c1. 2.
ANNEXE
397
trs
haut degr d'exaltation est sans contredit un phnomne psychologique remarquable. Je n'ai jamais assist leurs danses sans me sentir vi.
vement impressionn
ANNEXE C
Les cupules.
On trouvera un complment de renseignements
sur \e^ pierres cuelles
de Suisse dans Paul Vionnet, Les monuments prhistoriques de la Suisse occidentale et de la Savoie, album de photographies avec texte in-folio, Lausanne, 1872, o sont reprsentes
:
P. 9 pi. (IV).
P. 10 (pi.
P.
(pi. (pi.
(pi.
P. 12 (pi.
P. 13
(pi.
La pierre cuelle de la station lacustre deMorges; V). La pierre Phbou; VI). La pierre schacrau, c'est--dire aux sept creux; Vil). La pierre cuelles du Pesay VIII). La pierre cuelles du bois Cabrol IX). La pierre cuelles d'Outard XI). La pierre cuelles des Ursins;
;
;
P. 14 (pi. XII).
(pi. XIII).
(pi.
P.
18
;
(pi.
XIV). La pierre aux cuelles de Monllaville XVI). La pierre aux cuelles de Saint-Aubin(canton deNeuf-
chatel) P. 18
P.
La pierre aux cuelles de Vecnaz; XVIII). La pierre aux cuelles de Vernand, prs Lausanne P. 20 (pi. XIX-XX), La pierre cuelles de Servagios, Luc P. 21 (pi. XXII). La pierre cuelles d'Ayer (val d'Annivire).
(pi.
XVII).
19
(pi.
A ces pierres de la Suisse romande, il faut en ajouter une trentaine d'autres sembables signales dans la Suisse allemande *. En 1874, M. Nalsch en dcrivait d'autres dans Vlndicateur d'antiquits suisses, pi. I, l'une d'elles, entre autres, trs remarquable, qui malheureusement a
de l'Inde.
y en a aussi eu Sude. A la suite d'une communication faite au congrs de Stockholm par E. Desor sur le mme sujet, Haas Hildebrand fit les observations suivantes'' M. Desor vous a parl des pierres cuelles de Suisse. Il a ajout que
11
:
t dtruite.
se voyaient des
Une autre est signaler o autour des cuelles anneaux ou cercles analogues aux mahavedos d'Ecosse et
l'on
en a aussi dcouvert chez nous, en Sude. Je crois devoir confirmer son dire. Ces pierres cuelles sont trs frquentes dans notre pays. On
1. Gfr. Ferdinand Kelier, Die Zeichen oder Schalensteine, dans Miltheilungen des antiq. Gesellschafl in Zurich, vol. XVll. 2. Congres de Stockholm, 1874, t. 1, p. 486.
398
prsente
en renconire dans presque toutes nos provinces. La figure que je vous * ici vous donnera l'ide de celles de ces pierres qui se trouvent
dans
la
province de Hallande.
prcis. Je ferai
Il
seulement deux observations. La premire que, en Sude, lapopulation a encore aujourd'hui une grande vnration pour ces pierres, dans les cuelles desquelles les campagnards continuent
un ge
les
dposer de petites offrandes comme des aiguilles, des boutons, etc. On appelle chez nous Elfstener, c'est--dire pierres des Elfes *. La seconde,
il
pierre
Nous avons
gie de Paris,
cit p. 45, la
par
MM. Edouard
sacres de la
montagne
la Socit d' AnthropoloSacaze', au sujet des pierres d'Espiaut (Pyrnes). Nous croyons utile d'y refaite
communication
Piette et
J.
venir en ce qui touche aux pierres cuelles. Nous signalerons particulirement, disent les rapporteurs, le Cailhaou des pourics, c'est--dire des poussins. Ce monument mgalithique se com-
pose de deux pierres. L'une d'elles prsente soixante-deux fosseltes arrondies ayant 5 6 centimlres de diamtre sur 2 3 centimtres de profondeur. Quatre fossettes choisies au milieu de la pierre ont t runies par
deux
fait
rigoles
de manire former une croix... Ajoutons qu'une alignement de Peyrelade dont le Cailhaou des un autre bloc appartenant un cromlech voisin du
trois fois plus
un bassin
grand
et plus
profond que
les
fossettes des pourics. Et puisque nous reprenons cet intressant rapport de MM. E. Piette et J. Sacaze, prcisons quelques faits relatifs la vnration que les habi-
montagne d'Espiaut montrent encore pour ces blocs*. De nos jours le culte de la pierre tend disparatre compltement. Les efforts du clerg, le voisinage de la cit cosmopolite de Luchon, la
tants de la
facilit
constamment du
bles, bien
des communications, la diffusion des lumires lui font perdre terrain. Cependant il en reste encore des traces sensi-
que
les
croyances. Ce n'est gure qu'en secret {at magal) qu'ils vont toucher les pierres sacres et prier les gnies qui en font leurs demeures. Les gnrations nouvelles auront bientt oubli
ces
:
vieilles
superstitions.
Un
Quelques habitant de Labroust, M. C... nous disait personnes ont encore confiance en ces pierres. Autrefois on allait y prier en cachette .
Mais
s'il est des fidles du vieux culte de la pierre qui se cachent et n'osent confesser leurs croyances, il en est d'autres, surtout dans le haut Larboust et parmi les anciens qui les affirment hautement.
1. 1^'igure
le texte, p.
2.
3.
M.
J.
suiv.
4.
ANNEXE C
pierres sacres.
Il
399
le
cur de P... et
gens taient honntes, tous avaient en ces pierres une grande foi {u7i grana f), tous les priaient et les vnraient. Moi j'ai toujours cru en elles, je mourrai en y croyant
de l'instituteur de
quand
les
(jou
que tourtem
fit
le
Sur
que
Si
moi
vous ne croyez pas ces pierres, Monsieur le crois comme tous mes anctres; mais deux
d'aujourd'hui ne valent pas un homme d'autrefois. Ces paroles, profres par un honnte vieillard trs considr dans sa commune, chez lequel les annes n'ont pas teint l'ardeur de la pense, s'adressaient un digne ecclsiastique. Nous les rapportons ici parce
hommes
Poubeau se sont runis pour danser pTsAuCailhaoud'Arribu-Pardinel bien souvent les garons et les filles ont abrit leurs rendez-vous son ombre. Le gnie qui l'abrite ne jouit point d'une rputation immacule dans le Larboust. Cette fcheuse renomme ne lui nuit en aucune faon dans l'esprit des habitants de Poubeau. Tant
d'unions heureuses consacres par
le
mariage
et
par
la
naissance de
nombreux enfants ont commenc par des rendez-vous prs de la pierre que vieillards et jeunes gens ont conserv d'elle les plus doux souvenirs. Autrefois les jeunes gens de Poubeau allaient en procession le soir du mardi gras faire sur cette pierre un grand feu de paille pour lequel chaque chef de maison fournissait une botte. Ils marchaient un un, chacun
tenant par derrire celui qui le prcdait, et s'avanaient dans une attitude et avec des gestes la fois burlesques et obscnes. Les rites de cette
fte
nommait
les
nocturne qu'on clbrait encore il y a une trentaine d'annes et qu'on la fte de gagnolis*, blessent trop la dcence pour que nous
M.
M.
ter
Nous tenons ces renseignements de de Poubeau, qui lui-mme a pris part, jadis la fte. cur Soul, au lieu de chercher faire dtruire la pierre- fit planpetite croix de fer^
le
au sommet du
bloc,
pour
dvergondage de s'exercer en ce lieu et il dfendit ses paroissiens de s'approcher pour se divertir moins de cinquante pas de la pierre. La foule ne s'y presse plus qu' la procession de la fte des Rogations, poque laquelle les habitants avaient coutume de prier le gnie de la pierre.
empcher, nous
On peut
bassins
consulter galement, Hippolyte Morlot, Notice sur les pierres in-S" (extrait des Mmoires de la Com-
on voit en1. Le mot gagnolis signifie cris, aboiements de chiens. Quand semble plusieurs personnes de mauvaise vie on dit Voil l'assemble des gu'
:
gnolis.
2.
monqui
tagnards
3.
avait
Une croix antrieure avait t, dit-on, renverse par donn un regaia de vnration la pierre.
la foudre, ce
400
mission des antiquits de la Cte-d'Orpour 1877). M. Morlot nous fait connatre treize blocs qui lui paraissent avoir ce caractre un Dompierre, un Lacour-d'Arcenay. trois dpendant de La Roche-en-Brenel, un
:
Andeux, un Saint-Didier, un prs de Saint-Germain-de-Molon, un prs Prcy, quatre dpendant de Saint-Lger- Vauban (Yonne) dont la pierre
des
nombre
Tr ois-Fontaines. Ces divers blocs ont tous leur lgende. Un grand d'autres, ajoute M, Morlot, ont t dtruits, mais on en a conpierres bassins les
serv le souvenir.
Matriaux pour
l'histoire de
l'homme,
t.
Revue archologique,
p.
Lozre, pur L. de Malafosse. XVI, p. 143; t. XLII (I88I2, 117, 165); Pierres cupules du dpartement de la Creuse, t. LX, 18902,
t.
La
X, p. 25,
258;
t.
p. 315.
ANNEXE D
Les
superstitions.
Nous avons dit, fait bien connu dans sa gnralit, mais sur l'importance duquel ceux qui se sont occups de la religion des Gaulois n'ont peuttre pas assez insist*, que depuis le vo sicle, pour le moins, en Gaule,
les conciles et les voques n'ont cess de lancer, contre les pratiques et croyances paennes, des dcrets sans cesse renouvels presque jusqu' ces derniers temps sans tre parvenus les dtruire. Nous croyons utile de mettre sous les yeux du lecteur un rsum de la succession de ces
efTorts
vieilles superstitions^
dont l'inanit montre mieux que tout raisonnement combien ces condamnes par l'glise taient enracines dans le
cur de nos populations rurales, les pagani. La srie s'ouvre par un dcret rendu au concile d'Arles en 452. Le canon 23 vise entre autres et dclare sacrilge* le culte rendu aux fontaines et aux pierres
:
d'un vque des infidles allument des flambeaux ou vnrent des arbres, des fontaines ou des pierres el qu'il nglige d'abolir
le
Si dans
territoire
ces usages,
il
1. Il faut faire exception pour J.-B. Thiers qui nous a laiss un traite' des plus intressants sur les Superstitions et les dcrets des conciles, 1697. 2. Nous avoas dit que la plupart remontaient bien au del du temps oi les druides dominaient en Gaule.
3.
Labbe,
t.
IV, p. 1013
Sacrilegii
reum
se esse cognoscat.
Dj des pres398,
Augustin.
ANNEXK D
Les ecclsiastiques et
le
401
iiiiiip les vques paraissent en effet avoir t principe trs indulgents pour ces sacrilges qu'ils se sentaient impuissants empcher; plusieurs membres du bas clerg se livraient la magie. Le concile d'Agde en 506 dfend aux ecclsiastiques d'tre
dans
excommunis
en 524,
le
les ecclsiastiques et les laques qui pratiquent les augures ; concile d'Arles inflige des pnitences de 3, 4 et 5 annes, sui-
vant les personnes, ecclsiastiques ou laques, a quiconque, lorsque la lune s'clipse, croit pouvoir se dfendre par des clameurs, par des malfices et des pratiques sacrilges quiconque tentera d'employer, pour lui ou
;
secours des devins et des enchanteurs ^ Le concile de Tours de 567 rpte les mmes prescriptions. Nous y relevons en particulier cette phrase
pour
les siens, le
Pasteurs de chasser de l'giise tous ceux qu'ils verront faire devant certaines pierres des choses qui n'ont point de rapport aux crmonies de l'glise et ceux qui' gardent les observances des gentils^.
les
Nous conjurons
Oueu *, quia crit sa vie, Nous y trouvons numres un grand nombre des superstitions qui existent encore dans nos campagnes. ' Avant toutes choses, mes frres, je vous avertis et je vous conjure de ne garder aucunes coutumes paennes, de n'ajouter foi ni aux graveurs de " prservatifs, ni aux devins, ni aux sorciers, ni aux enchanteurs et de ne
vu" sicle saint loi, au rapport de saint
faisait des
Au
homlies dans
le
mme
sens.
point consulter pour quelque sujet et quelque maladie que ce soit parce que celui qui commet ce crime perd aussitt la grce du baptme. N'observez point' les augures ni les ternuements et quand vous serez en chemin, ne preles
:
soit
nez pas garde au chant de certains oiseaux, mais soit que vous cheminiez, que vous fassiez quelque autre chose, faites le signe de la croix sur vous
ne
Qu'aucun chrtien ne remarque quel jour il sort de sa maison, ni quel jour il y rentre, parce que Dieu a fait tous les jours. Ne vous attachez ni au jour ni la lune lorsque vous avez quelque ouvrage commencer. Ne pra<f
1.
Canons 36
et 68.
I,
2. Cfr. J.-B.
3. 4.
p. 138.
Migue,
Patrol. lai.,
t.
CXL,
col. 837.
Canon
Vita
s.
518.
p. 216), et
sermon de
Eligii auctore Audoneo (Spicilef/ium d'Achery, dit. iu-4, t. V, saint Eloi, Ad omnem plebem dans Spicilejium d'Achery,
H,
p. 76.
5.
Traduction de J.-B. Thiers, op. laud., t. 1, p. 14, tourbe de devins et de charlatans qui avaient survcu la ruine des communauts druidiques, hoc genus valum medicorumque que visaient les dcrets de Tibre, mais qui n'avaient pas encore disparu au vii^ sicle et
6. Cette
eurent des hritiers durant tout le moyen ge, comme le prouve iaperslstance du haut clerg rdicter les mmes dfenses ou avertissements dont le bas clerg lui-mme eut longtemps besoin. 7. Le dmon, l'ennemi du genre humain.
26
402
tiquez point le^ crmonies sacrilges et ridicules que les paens font aux kalendes de janvier soit avec une gnisse, soit avec un fan, soit en dressant des tables la nuit, soit en donnant des trennes, soit en faisant des buvettes
superflues.
et
aux solstices et qu'aucun de vous ne danse, ne saute, ni ne chante des chansons diaboliques, le jour de la fte de saint Jean, ni de
quelque autre saint. Qu'aucun de vous n'invoque
les
di-
jeudi dans l'oisivet, soit pendant le mois de mai, soit pendant un autre temps, moins qu'il n'arrive ce jour-l quelque fte. Ne chmez que le dimanche. Ne portez point des flambeaux aux temples des idoles, aux pierres, aux fonvinits et ne prte foi de semblables folies.
le
Ne passez pas
taine?,
aux arbres, ni aux carrefours et ne faites pas des vux aucune de ces choses. N'attachez point des ligatures au cou des femmes ni des btes quand mme vous verriez des ecclsiastiques en user ainsi et que
Von vous dirait que cette pratique serait sainte et qu'elle ne renfermerait que des paroles de l'Ecriture, parce qu'un tel remdene vient pas de JsusChrist, mais du dmon. Ne faites point d'expiation; n'enchantez point des herbes et ne faites point passer des troupeaux par des arbres trous, ni dans la terre perce *, d'autant qu'il semble que ce soit les consacrer au
dmon.
Qu'aucune femme ne pende son cou de l'ambre et n'invoque ni Minerve, pour filer, soit pour teindre, pour faire quelque autre ouvrage, mais plutt qu'elle implore la grce
et qu'elle
dans
de son nom. Qu'aucun ne crie lorsque la lune clipse, parce qu'elle clipse en certains temps par l'ordre de Dieu. Qu'aucun ne fasse difficult d' entreprendre des ouvrages dans la 7iouvelle lune, d'autant que
la vertu
Dieu a cr
la nuit,
les
la lune pour marquer les temps et pour modrer non pas pour arrter les ombrages de qui que ce soit,
les tnbres
de
ni
pour rendre
hommes insenss, comme s'imaginent certains fous dans la pense qu'ils ont que ceux qui sont possds par les dmons sont tourments par la lune.
Uue personne n'appelle seigneurs* le soleil et la lune et ne jure par ces deux astres qui sont des cratures de Dieu et qui selon qu'il l'a ordonn servent aux ncessits des hommes... S'il vous arrive quelque maladie, n'ayez
recours ni
tifs.
aux charmeurs, ni aux dev'ins, ni aux graveurs de prservaNe vous attachez ni aux fontaines, ni aux arbres, ni aux carrefours
NuUus credatin puras neque in sautu sedeat, quia opra diabolica sunt. Voir Gaidoz, Un vieux rite mdical. 3. C'est--dire dieux nullus dominus solem et lunam vocet nque per eos j'uret. M. d'Arbois de Jubauville a montr que tel tait en etet, le serment
1. 2.
:
le
soleil et
par
jour
I,
et la nuit, la
il
p. 181).
terre {Inlrod. l'tude de la liltralure celtique, est curieux de retrouver cette vieille forme de serment encore
mer
et la
ANNEXE D
pour
faire des
403
phylactres diaboliques ', mais que celui qui est malade confiance dans la seule misricorde de Dieu. L'glise attachait tant d'importance ces rformes qu'elle faisait appel au bras sculier. Nous lisons dans un capitulaire de l'an 742 dit
ait.
par Carloman, flls de Charles Martel Nous ordonnons que suivant les canons des conciles, chaque vque dans son diocse emploie ses soins, avec l'aide du comte qui est le dfenseur de l'glise, ce que le peuple ne se livre
:
et
rpudie
ces
ignominies de
empchmt soigneusement
les
et les augures ou incantations, ou immolations de victimes que des insenss font auprs des glises suivant le rite paien, provoquant ainsi la colre de Dieu ou de ses saints et ces feux sacrilges
amulettes
hommes
qu'on ap-
pelle Nied fyr et toutes les pratiques paennes quelles qu'elles soient *. Un concile de Nantes, la mme poque\ rappelait qu'en des lieux sau-
vages et couverts de bois existaient des pierres auxquelles le peuple rendait des hommages, lapides quos in rumosis locis et silvestribus vcnerantur, que les villageois s'obligeaient par vu leur offrir des dons qu'ils n'taient
que trop
fidles
les
enlever
Charlemagne essaya son tour d'abolir ces abus ". Des insenss vont allumer des chandelles et pratiquer d'autres superstitions prs des arbres, des pierres et des fontaines. Nous ordonnons que cet
par la publication de notre simulacres qui y sont dresss ou qui s'opposerait ceux qui auraient reu l'ordre de les dtruire soit
soit aboli.
abus
Que
champ
les
trait
comme
sacrilge.
les
Les conciles et
mme
nous avanons dans le moyen ge, plus la ncessit de ces dcrets et mandements semble se faire sentir. Nous en constatons les traces aux
poques suivantes
:
A l'approche de la Rforme, les avertissements se multiplient. Nous relevons des dlibrations et des dcsets de conciles :
En En
I4i5, Rouen o intervint un lgat du pape; 1528, Bourges {concile provincial);
\. Le clerg croyait alors l'efficacil de ces phylactres, il ne les dfendait que parce qu'il les croyait les uvres du diuou. 2. Cfr. Max. Deloclie, La procession de la lunade {Acad. des Inscrip. t. XXXIt, p. 156). Cfr. Pertz, Monum. German. hisl. leg., t. I, p. 17.
3.
Labbe,
Capit.,
t.
L\, p. 414.
des menhirs.'
404
En
En En
et
de Die;
1559, synode de Chartres ; 1565, concile provincial de Cambrai
'
En
1583, conciles provinciaux de Reims et de Bordeaux '. Ce sont toujours les mmes superstitions qui sont vises par l'glise. En 1697, Thiers en donne nouveau la liste; elle est, presque sans
celle
changement,
vii sicle.
En mille ans rien ou presque rien n'avait chang. Nous retrouvons les mmes dfenses et menaces, les mmes peines ecclsias-
tiques touchant le culte des pierres et des fontaines, les ftes solsticiales la magie". Il n'est pas
l'glise ait chou dans nette lutte contre les superstitions que la science seule a pu draciner des esprits. L'glise tout en les anathmatisanta toujours cru l'efficacit de ces pratiques. Ce qu'elle deman-
tonnant que
dait surtout,
les
c'est
que
les
fidles
les
:
dmons; remplaassent
Aug. De
invoquassent Dieu et les saints, non amulettes paennes par la Croix. L'glise un pacte tacite ou exprs avec les dmons
fussent
striles
jamais dit que ces pratiques ou malfaisantes au point de vue humain, mais que si
sur cette terre, elles tuaient
Vme
et
prsageaient
les
flammes de l'Enfer. C'tait presque induire les mes faibles et amoureuses de biens temporels la tentation d'en essayer. On comprend l'impuis-
sance des mandements et des dcrets des conciles, des vques et des papes.
Thiers.
mme
qu'on
du
et
du
trfoir ou de la
bche de Nol
et
du pain
matresse
portant on chante deux churs des rythmes provenales. On fait ensuite bnir le trfoir par le plus petit et le plus jeune de la maison avec un verre de vin qu'il rpand dessus en forme de croix en disant In
du
logis.
En
le
nomine
met au feu
si
de crainte que
on
le
et
on
quelque maldiction; on en conserve toute l'anne du charbon. On fait aussi la veille de Nol un gros pain qu'on nomme le pain de Calende, on en coupe un petit morceau sur lequel on fait trois ou quatre croix
\.
Gfr.J.-B. Thiers,
t.
1,
2. J.-B.
p. 264 310.
ANNEXE D
avec
405
un
couteau, on
le
Toutes ces pratiques sont sacrilges. pour le jour des Rois. Allumer des feux et faire courir les enfants par les champs le premier jour de mars afin de rendre les terres plus fertiles, Polydorc Virgile rapporte que cela se fait tous les ans en Ombrie et que la coulump est venue de
rserve
ce qui se faisait autrefois
maux
et
le
reste on le
Rome le jour de la fte de Csar. On en pourautant des brandons que l'on porte allums dans les champs certains dimanches de l'anne. Ne point filer le jour de Carme-prenant de peur que les souris ne mangent
rait peut-tre dire
le fil
tout
le
reste de Vanne.
les
Laisser entre
et la
deux
nols, c'est--dire
le
Circoncision, pain sur la table, gneur sainte Vierge y vient prendre son repas.
jour
le
et la nuit,
parce que la
Mettre dans
les
premier dimanche de
carme
pousser des oignons. que Passer trois fois au travers de ce feu, afin d'tre prserv de la colique. S'imaginer qu'en jetant du sel aux quatre coins d'un herbage le premier
et croire
et
du
bien au jardin
y fait
jour d'avril cela garantit les bestiaux de malfice. Se ceindre de certaines herbes la veille de la saint-Jean, prcisment lorsque midi sonne, pour tre prserv de toutes sortes de malfices.
Se rouler sur la rose d'avoine
le
le soleil lev,
fivres.
jour de
la Nativit et
le soleil lev,
dans
sor-
la crance qu'elles ont plus de mrite que si elles taient cueillies en autre temps.
jour de
la
les
le
condamn par l'glise, mais tout cela se pratiquait la Ou ne peut qu'admirer la tnacit de ces survvances.
n'est pas tonnant que, sentant son impuissance, l'glise ait peu peu dans certaines contres, mme ds le dbut, cd aux prjugs populaires et cherch les christianispr, acceptant le culte des fontaines sous l'invocation des saints succdant aux gnies locaux, les crmonies solsticiales sous le nom de Feux de la suint-Jean, plant des croix sur les
et
menhirs, plac des pierres sacres paennes sous l'autel des glises. Une autre superstition s'est perptue dont nous n'avons pas parl, mais qu'il convient aussi de signaler, la croyance l'empreinte des pas dei saints.' Nous considrons, en effet, que ce prjug des saintes empreintes des symboles primitifs dont nous nous sommes si du fait
partie
cortge
est
le
pied du
Ruddha^
1. Cfr.
2. Cf.
SalomoQ Reinach, Revue archol., 1803, 1, Emile Senart, La lgende du liuddha, pp.
p. 224-226.
."^53,
41.",,
/,21,
406
Il
ne nous parat pas douteux que de ce mythe, trs probablement de beaucoup antrieur la rforme de akia-mouni relvent, titre de survivances transformes de sicle en sicle par l'esprit populaire et adaptes aux nouvelles croyances, les nombreuses lgendes se rattachant aux empreintes de pas des saints et en particulier aux pas de saint Germain
dans l'Auxerrois, de
Maurice dans
les
Martin dans
le
ANNEXE
Les feux de
E.
p.
116).
quelques
autres
que nous
devons,
comme
les prcdents,
l'obligeance de nos lves ou de nos auditeurs. Nous y joindrons quelques indications dj publies ailleurs, propres montrer l'tendue et l'an-
cienne vitalit de ces vieilles pratiques dont toute trace aura disparu dans quelques annes. Notre auditoire tait trs restreint. Le rsultat de cette
Instituteurs
enqute limite montre ce que pourrait produire une enqute plus large. et curs devraient se mettre l'uvre pour recueillir,
les
pendant qu'il en est encore temps, ce qui reste de ces vieux usages. Les notes dont nous avons parl dans notre IX* leon portaient sur
dpartements de l'Aisne, de la Charente-Infrieure, d'Eure-et-Loir, du Finistre et de la Lozre. Nos nouvelles notes portent encore sur quelques-
uns de ces mmes dpartements, mais y figurent, en outre, les dpartements des Hautes-Alpes, des Ardennes, de la Creuse, de la Gorrze, del Dordogn, de la Drme, de l'Isre, du Lot-et-Garonne, de l'Oise, de
Seine-et-Oise et de la Seine.
Un instituteur de l'Aisne auquel nous nous tions adress pour un Ce que je puis affirme^', c'est supplment d'information nous rpond que la fte du feu de saint-Jean se clbre toujours Vorges et continue
:
y revtir
le
caractre
f exerce
commune, f y
journe,
le
ai toujours
remarqu
le
mme
la
maire
fait publier
quune
voiture
passera le 23, ds le matin, dans toutes les rues recueillir le bois que chaque habitant voudra bien offrir pour le bcher de ta saint-Jean. Personne ne se
soustrait cette obligation, chacun a cur d'y contribuer.
i. Cf.
La mission
et
le
X, 540, 670.
ANNEXE E
407
Mais ce n'est pas seulement Vorges qu'existe cette crn)onie. A Paucy*, petit village du canton de Craonne, Mauregny- en-Haye (canton de Sissonne, les mmes usages persistent. On les retrouverait dans bien
du dpartement. un de mes interrog des vieillards de Chteau-Thierry, m'crit lves: La fle de la saint- Jean, me disent-ils, a exist jusque vers 1850. Les jeunes gens de mon ge se rappellent que Von dansait encore autour des feux dans leur enfance. On les allumait, surtout, quand il pleuvait au
d'autres localits
J'ai
mois de juin,
et cela
la pluie
un proverbe
trs
l'anne.
>>
le dpartement des Ardennes, ajoute notre zl correspondant, de Chteau-Porcien, mon pre a connu une coutume analogue qu'on a prs la saintessay de faire revivre, il y a quelques annes, mais sans succs. A Jean d'hiver (27 dcembre) on allumait de grands feux appels Buirs ou
Dans
pendait
Buires; on dansait autour, on chantait et l'on buvait beaucoup. A Gap^, m'assure un autre de mes auditeurs k un bcher tait allum autrefois* sur la place publique la veille de la saint-Jean. On susdes chats au-dessus des flammes et on les laissait rtir . Ce ren:
seignement
Paris
=.
Ligue que les le Henri IV, convej'sion la assiste ont prtendue ecclsiastiques qui mritent d'tre attachs en grve comme fagots depuis le pied jusqu' en haut de Varbre de la saint-Jean et que le Prince devrait tre mis dans le panier
On
est d'autant plus intressant que le un des libelles du temps de lit dans
mme
usage
est signal
la
aux
un
sacrifice agrable
au
ciel
<>
1.
2. 3. 4.
Hautes-Alpes. Autrefois est bien vague. Les feux ae sont plus allums aujourd'hui que
les villages
dans
de
la
montagne.
3. Gfr.
brique
de ce
u les
galement
fait
la ruSauvai, qui, dans ses Antiquits de Paris, t. UI, p. 632, sous Comptes ordinaires de la Prvt de Paris : Keu de la saint-Jean, parle d'un sacrifice de chats Voici une quittance cite par Sauvai l'appui
:
:
pour
G.
tous cent sous painsis pour avoir fourni chats qu'il fallait au feu de la saint-Jean durant trois annes jusqu'en un an, oit le roi y assista, un renard 1573; de mme pour avoir fourni, il y a donner plaisir Sa Majest, et pour avoir fourni un grand sac de toile
A Lucas Pommereux
<-
oii
Saite-Croix,
uvres
complctt's,
t.
V,
p.
427.
408
Creuse
et Corrze.
pas le 23 juin au soir, hommes, femmes et enfants se runissent pour allumer le feu, on tche de le faire aussi brillant que possible \ Bientt commencent les danses. Jeunes gens et jeunes filles chantent des rondes pendant que les
pres et les mres se chauffent, ayant eu soin pralablement de se ceindre les reins de brins de seij:;le arrachs au champ voisin. Ils moissonneront
ensuite sans efforts.
oublii^ la tradition,
Sur les confins de la Creuse et de la Corrze on n'a du feu de la saint-Jean. A un point dsign d'avance,
Quant le feu tombe, les jeunes gens sautent pardessus. Les jeunes enfants sont enlevs par leurs pres ou leurs frres et exposs au contact de la flamme qui les prservera des fivres. Drme^. On se rappelle encore Valloire que le 23 juin des feux taient
allums sur toutes les hauteurs voisines, mais ces usages taient surtout rpandus dans l'Isre. Isre. A Grenoble on levait sur l'ancienne place Saint-Jean', devant un grand bcher que bnissait le l'glise de ce saint, aujourdhui dmolie,
cur de la paroisse et auquel les consuls mettaient le feu. Louis XIII s'tant trouv deux fois dans cette ville l'poque del fte, en 1502 et
lui-mme chaque fois le feu aux bches de saint-Jean. un usage commun dans tout le Dauphin. Il ne se retrouve plus que dans les hautes montagnes, mais il y est trs populaire c'est l'occasion de promenades au milieu des prairies alors mailles de fleurs. Les
1511, mit
C'tait
;
jeunes
faire des
rendent ces feux, persuades quil faut les visiter neuf fois et farandoles autour de chacun d'eux pour trouver un mari dans Vanne. Les paysannes et les ptres y conduisent leurs troupeaux qn'ih font sauter par-dessus le brasier, afin de les prserver des maladies.
filles se
Les plantes aromatiques cueillies ce mme jour sont des spcifiques contre les maladies et le tonnerre. On les conserve prcieusement toute
la menthe, la mlisse, la sauge sont les plus recherches. Les fleurs de sureau ont galement bonne renomme. Lot-et-Garonne. Une brochure qu'a eu l'obligeance de ra'envoyer M. le pasteur Livre, correspondant du Ministre 4, donne sur une des ftes
l'anne
solaires de l'Agenais au v*' sicle des dtails qui mritent d'tre reproduits dans cette annexe. L'auteur n'aborde point la question de survi-
vance, mais ce qu'il nous dit de la fte o figure la roue du soleil est un nouvel argument venant se joindre ceux qui ont t dj relevs par M. H. Gaidoz.
Autrefois, dans
le
les
paens pour
un nemet
(temple).
par
l'effet
portes du sanctuaire s'ouvraient comme d'une puissance invisible, et aux yeux de ce peuple abus appa-
un moment donn
1. Autrefois le feu tait allum par un des notables du pays. (Renseignement d'un habitant du pays.)
2.
?im
Antre
lettre.
4.
leilres-
ANNEXE E
raissait
409
jusqu'
une roue entoure de flammes, qui, prcipite sur la pente roulait la rivire, au pied du coteau. Ramene au temple par un dtour,
nouveau, elle recommenait vomir de vaines flammes^ (Lgende de saint Vincent d'Agen). Ce texte, ajoute le pastear Livre, qui a chapp aux savantes recherches de M. Henri Gaidoz, est le plus ancien que nous ayons sur la roue
et lance
solaire et, en outre, le plus explicite. 11 est crmonie est dcrite par un Anglais dans
mme
sicle.
La coutume
tait
donc cosmopolite.
dans ce pome,
prennent une
vieille roue pourrie, hors d'usage. Us l'entourent de paille et d'toupe qui la cachent entirement ; puis ils la portent au sommet de quelque montagne. Quand la nuit devient obscure, ils y mettent le feu et la font rouler avec violence. C'est un spectacle trange et monstrueux. On dirait que
le soleil est
tomb du
ciel.
Bazin, membre de la Socit des antiquaires de Picardie, envoyait M. Breuil, qui prparait son travail sur le culte de saint Jean-Baptiste, la note suivante : A Breteuil (Oise), oit je rside, nos feux de la saint- Jean se font la veille du saint, au soir. Les habitants
Oise.
En 1846, M.
pyramide compose de bourres et de bottes de paille quils couronnent d'un bouquet ou de l'image du saint. Le peuple s'y rend processionnellement et le cur y met le feu. Pendant qu'il brle la procession en fait
lvent une
trois fois le tour. Lorsque tout est consum,
foudre.
Paillard, dpendant de Breteuil, est une de celles qui plus conserver la fte de saint-Jean . J'ai voulu savoir ce qui pouvait rester de ces usages Breteuil et aux environs j'ai crit l'instituteur, et le 23 jum 1897 je recevais de M. A.
La paroisse de
le
tiennent
Couguenague, directeur de l'cole primaire communale, une longue lettre d'o il rsulte que des feux sont encore rgulirement allums, chaque anne, dans la contre, mais non en l'honneur du mme saint.
Si
Vendeuil
le
il
est
allum
Esquenuoy la saint-Pierre, Breteuil la saintCyr. Dans d'autres villages il existe encore des feux d'aot. D'aprs ce que j'ai pu savoir, ajoute M. Couguenague, l'Eglise ne parat plus prter son concours ces feux, mais si elle a aujourd'hui cess de bnir
la saint-Denis,
le
feu de la saint-Jean,
le
il
partout
clerg catholiciue prendre part cette crmonie. Breteuil voici ce qui se passe : Chaque anne, la veille de la saint-Cyr (le patron du lieu), trois bchers hauts de plusieurs mtres sont tablis au
milieu
mme de
la ville, l'un
dt-
bl, le
troisime en face
le
Vhtel-Dieu. Prpars par les habitants eux-mmes avec bois recueilli dans les maisons, ces bchers sont allums par les enfants
soir et aussitt des rondes se
neuf heures du
1. A rapprocher de la crmonie qui se pratiquait encore en 1810 au village de Basse-Kontz eu Lorraine. Cf. plus haut, p. 110.
410
dcris de joie et de dtont mis. Un bal suit cette crmonie. Depuis onze ans que f habite Breteuil je vois la fte se faire chaque anne avec le mme entrain
et
je suis bien
persuad que
cet
le
usage durera encore longtemps. Elle a lieu Le feu de la saint-Jean avec crmonie
religieuse ne se fait plus Breteuil depuis enciron quarante ans. Comme on faisait souvent deux feux la mme heure des endroits diffrents et
opposs,
fini
il
par
faire
Scine-et-Oise.
intitul Les ftes
lire
dans
le
volume de
Jean, moiti srieuse, moiti burlesque, laquelle l'auteur du rcit a assist en juin 1844, prs le hameau de Miregaudon, valle de l'Orge.
Cfr.
Acadmie
celtique,
I,
78;
II,
I,
77,79
239
;
lll,
Mm.
I,
VIII, 451.
;
Revue archologique,
i^" srie, V,
475
;
Revue des
lent de la
tradit. populaires,
la
IX, 215, 330, 580. ; saint-Jean ou des feux de Mai qui dcouII,
173
337
mme source, le culte du soleil, existe en Irlande et en Angleterre aussi bien qu'en France. Les populations du sud-ouest de l'Irlande y sont particulirement fidles^ Nous ne pouvons entrer ici dans
ristiques,
ait dans ces vieilles terres de bien caractune coutume qui s'y rattache conserve dans les universits anglaises, et ptus spcialement Oxford, sur laquelle nous devons insister parce qu'elle nous semble une tradition, une survivance
aucun
dtail,
bien qu'il y en
il
mais
est
des
le
rites
1" mai, y
Un
communauts druidiques. On
au lever du
soleil, le
annes, la dcrit ainsi* C'est sur la tour de Magdalen se reproduit chaque anne.
:
J'en avais entendu parler plusieurs reprises durant mon sjour en Angleterre, car la scne avait t popularise par un tableau, assez fan-
taisiste d'ailleurs,
d'tre prsent
du peintre Holman Hunt. Aussi, ayant eu le plaisir au prsident du Magdalen Collge, je lui demandai ce qui
A Breteuil, chaque anne la veille de saiut-Cyr. gens prcds du clerg, portent en procession la statue d'un petit enfant (saint Cyr, dit-on). Cette [)rocessiou se fait dans la matine. Elle va de 2 kilomtres de l'glise une trs ancienne chapelle situe dans le cimetire
1.
les jeunes
Breteuil. Cette trs ancienne ctiapelle (xn^ sicle) passe pour avoir t rige sur les ruines d'un temple paen, et la fte selon la tradition, remonterait cette poque. Ici saint Cyr a dtrn saint Jean.
2. P. 176.
3.
Voir
ANNEXE E
se faisait
:
411
chaque anne sur le sommet del tour Nous allons, me dit-il, chanun hymne au soleil levant. Et que faul-il faire pour assister cette c// faut se lever trois heures du matin, arriver assez tt au pied rmonie ? de la tour et monter jusqu'au sommet, chelle comprise. Il faut surtout obtenir la permission du prsident, qui sera enchant de l'accorder un profester
seur franais. Je m'empressai d'accepter et fus bien rcompens de ma peine... Au pied de la tour et sur le pont de Cherwell une foule nombreuse tait
les cornes et les trompettes qui, quelques semaines plus tard, devaient encourager les rameurs de chaque collge aux courses annuelles. Mais peu nombreux taient les invits admis monter jusque sur la plate forme de la tour, qui ne peut gure recevoir plus de quatre-vingts personnes... Le chur est un certain nombre de fellows du collge sont l'porlant
la
robe et
le
surplis blanc.
le
Tous
heures sonnent,
Vhymne traditionnel que les assistants coutent tte nue. Les paroles de l'hymne qui se chante actuellement ont t composes au XVI'' sicle, mais la coutume elle-mme est beaucoup plus ancienne et remonte certainement au temps o l'on adorait le dieu du jour. Le soleil, pour cette fois, rpond au chur de ses admirateurs et perce les
nuages.
(c Bientt aprs les cloches du collge commencent faire entendre leur carillon musical. Il semble, suivant la potique comparaison du
prsident, que la tour se mette chauler aux premiers rayons de l'aurore, comme une nouvelle statue de Memnon. La tour entire est branle
lentement par
les vibrations
mouvement de
((Ds que ce rocking commence, la scne s'anime, les tudiants lancent de joyeuses plaisanteries; les caps, les robes universitaires sont jetes irrvrencieusement au pied de la tour; les coiffures volent et l'on re-
sicles?
Nous attirons particulirement l'attention sur le fait que cette crmonie se pratique sur la plate forme de la tour d'une universit. On se
quelle tait la destination des mystrieuses a t conjectur que ces monuments bizarres
pourraient bien avoir quelque rapport avec le culte du feu. La crmonie qui s'est conserve Oxford me parat un argument srieux en fa-
412
ANNEXE
F.
Extraits.
est vtu d'une tunique releve par une ceinture et extrmits sont ornes du signe |+j deux fois rpt. On ne connaissait, jusqu'ici, de celte particularit qu'un seul exemple, celui du
Le Bon Pasteur
les
dont
vtement du clbre fossor Diogne dont le tombeau tait dcor d'images qui datent la peinture des dernires annes du iv sicle ou des dbuts du
est
du
mme
quoi consiste la valeur et l'importance de cette peinture ? On pouren conclure simplement que vers la fin du iv sicle quelques chrtiens de Rome firent broder sur leurs tuniques, au lieu des calliculae et des clavi, ces ornements cruciformes de mme qu'ils firent quelquefois
rait
En
coudre sur
les
lettres
tous ne se contentent pas d'une interprtation si simple de la figure du Christ sous la figure du Pasteur et des broderies de la tunique).
Un
journal franais voulait voir dernirement, dans ce signe, le signe le swastika des brahmanes et des buddhistes.
a-t-il cette
reprsentation
importance ? C'est un signe bien connu comme de la croix. Jai recherch la chronologie de ce signe et des exemples que nous en trouvons dans nos cimetires suburbains et j'ai observ que l'usage en fut trs rare ou mme nul tant que domina celui de l'Ancre.c'est--dire depuis la naissance du christianisme
Ce signe
dissimule
et pendant le n^ sicle tout entier et mme pendant la premire moiti du iii et j'en ai conclu que la vogue de ce signe ne remontant pas une haute antiquit dut tre l'effet d'un choix dlibr plutt que la
continuation d'un
se serait reli
aux traditions asiatiques. Cette observation se trouve pleinement confirme par l'ge de la peinture nouvellement dcouverte. Comme ce signe est un symbole trs connu du Brahmanisme et du Buddbisme on prtend tirer de l une preuve tablissant une relation originaire entre le christianisme, ses doctrines et les religions de l'Inde
ANNEXE G
et
413
mme
de
lion prioiitive.
On
fait
du genre humain, un reste de la rvlaremarquer que les inscriptions graves dans les
le plus souvent prcdes d'un certain nombre d'inscriptions Cela est vrai, mais il ne s'ensuit nullement
de ce signe
et qu'il
iv^
en est de
sicle.
mme
chrtiennes du
christianisme, sa premire origine, ait reu directement de l'Inde la tradition de ce signe religieux.
que
le
En premier
qu'il se trouve
lieu, ce
employ dans
signe est un croisement de lignes tellement naturel les mandres ornementaux des vaiselies les
plus grossires et les plus primitives, comme dans les ouvrages les plus lgants de tous les peuples les plus divers.
Secondement, les monuments o ce croisement isol de quatre gamma a videmment un sens symbolique ou hiroglyphique ne constituent point une famille ou une filiation exclusivement indo-chrtienne.
Duu
le
ce signe par les anciens; mais qu'il ait toujours eu, oui ou non, le sens de bndiction ou de bon augure, de salut ou de vie, il est certain que nous en trouvons les traces dans l'Asie occidentale, en Grce, en Italie, etjusque dans la Rome impriale et qu'il n'y a pas de raison de recourir
chrtiens.
directement aux Indes pour en expliquer l'adoption dans les monuments Tous ceux qui sont quelque peu familiariss avec les crits des Pres savent parfaitement avec quel zle les anciens fidles s'tudi-
rent toujours l'echercher toutes les formes et les images qui pouvaient, ft-ce de trs loin, rappeler et en mme temps dissimuler la croix du
Christ'.
Ce n'est point au i^r ni au ne sicle, mais bien la fin du me que, selon donnes nous rvles par la chronologie souterraine, cette forme de croix eut la plus grande vogue. Il ne faut point en chercher la gense dans une tradition spontane et primitive, mais bien dans un choix tudi
les
et rflchi.
Ce que
chrtiens.
j'ai dit
semble suffisant pour qui dsire des notions simples du signe "JJ dans les monunents
ANNEXE G
M. Deloche,
dite de la
1. J. B. de Rossi oublie de nous dire quelle tait la forme primitive de la Croix que les chrtiens des Catacombes voulaient dissimuler. L'abb Martlguy, dans son Dictionnaire des Antiquits chrtiennes (article Croix), nous laisse
dans
la
niT-me iirnnrauce.
414
Le jour civil et les criptions, lecture d'un nouveau mmoire sur modes de compiitation des dlais lgaux en Gaule et en France depuis V antiquit jusqu' nos jours^ . Nous croyons devoir en donner des extraits. Ce mmoire est, en effet, un excellent commentaire de la phrase de Csar'' ob eam^ causam spatia temporis non numro dierum sed noctium finiimt . Il y a l un nouvel exemple frappant de survivance, un fort argument en faveur de la thse qui affirme la permanence en Gaule de la
majorit des populations primitives. Cet usage, qui existait chez les Celtes de Germanie comme chez les Celtes de Gaule ainsi que nous l'apprend Tacite*, ( au lieu que nous compils comptent 2i(ir nuits C'est leur style dans leurs ordonnandans leurs convocations; ils croient que la nuit prcde le jour ), avait un caractre si national qu'il a survcu la conqute romaine dont la
tions
par jour,
ces et
que l'Eglise elle-mme qui s'tait romanise comme l'aristocratie gauloise, ne put le draciner, bien qu'elle ait donn l'exemple de la persvrance au comput romain et nette-
le viel usage celtique et probablement druidique. M. Deloche montre que cet usage officiellement interrompu pendant la priode gallo-romaine reprit partir de la fin du v'' sicle et persista
ment repouss
jusqu'au milieu du xiv sicle, M. VioUet dit mme jusqu' 1789. Il est certain, du moins, que lgale ou non, l'habitude de compter par nuit persista jusqu' cette poque. Om disait propos d'assignations et de dlais
Pithou la
fin
du XVl^
les
sicle
les
dans
la
nuicts .
plupart de ses
comparoir deBignon notait que contemporains disaient anuict, comme hac nocte, pour
dfendeurs
Au commencement du
sicle suivant, 3.
'
comme Franois
ont employ le motnnt dans le sens d'aujourd'hui. Il se trouve dans beaucoup de patois de nos provinces avec la mme signification et sous des formes va^ 7'ies telles que : Anneuit, nuict, anneuict, annuit, dans la Lorraine, la
Normandie, le Maine, le Berry et en gnral dans le centre-nord an, on, dans le Limousin, les provinces du centre-sud et du midi ; pour nuit on y dit ne et an ou on qui rpondent exactement au groupe nuict et sont
;
par
coiisquent
identiques
le xvi'= sicle
gnon\
1.
Aprs
Vtxpression parisienne rapporte par J. Bice ne fut plus, ajoute M. Deloche, qu'une
t.
2.
XXXII,
le
2o partie, p. 319,
le
3. La,
tion gauloise.
4. Tac, De mor. German., XI tium computaat die coustituunt,
5.
sic
Vidllet, labl.
de saint Louis,
t.
p.
192, et Deloche,
o-j.
Les nuicts, dit le glossaire de Laurire, sout les assiguatioQS et dlais ordinaires qui doivent avoir lieu dans les ventes faites par autorit de justice des biens saisis et excuts.
6.
Article 439, de la
Coutume
d'Orlans.
7.
Deloche,
Ojo.
laud.,
I.
c.
ANNEXE H
415
manire de parler reproduite sans discernement dans des recueils de praticiens. Ce n'tait plus, suivant la juste expression de J. Sirmond et de Lalande que le dernier vestige d'une ancienne coutume abandonne mais au point de vue o nous sommes plac de pareils vestiges du pass
ont leur importance. Nous ne savons si dans les usages de la vie les Irlandais comptaient par nuits et non par jours, mais il est remarquable qu'ils avaient sur
de la nuit sur le jour les mmes ides que les Celles de Germanie et les Gaulois. Los dlais judiciaires se comptaient galement chez eux par nuits comme eu Gaule. Nous ne saurions trop insister sur toutes ces survivances. C'est notre
la priorit
peu peu
de
conclut M. Deloche, cause du culte du Diipater que les feux encore allums la veille au soir et non le
jour de
du prcurseur, c'esl--dire du solstice. venu cet usage gnral pour les ftes patronales des particuliers de porter ceux-ci les offrandes H les vux de leurs parants et de leurs amis, non pas le jour de la fte mais la veille au soir.
C'est de l, certainement, qu'est
ANNEXE H
De
la
'
Le problme de la propagation des langues dites indo-europennes que nous soulevons en passant n'a t jusqu'ici srieusement pos par personne. La division de la langue mre en dialectes divers reprsentant plus ou moins fidlement le type primitif, les modifications subies par ces
dialectes
cup
tes linguistes,
ou langues particulires dans le cours des temps ont seules proc, cela se conoit. La lgende biblique de la dispersion
des peuples et de la confusion des langues gnralement accepte et reproduite encore dsinsV Histoire ajicienne de Franois Lenormant supprime le problme. Chaque peuple ayant, aprs la dispersion, emport avec lui
au bout du monde sa langue dj constitue, la question de la propagation de ces langues tait rsolue. Les langues ainsi spares du tronc com-
mun
pouvaient
des
lois
gnrales que
avait
le linguiste avait
dcouvrir,
il
demander com-
du centre commun
appris sa langue. 11 la tenait de ses aeux. L'hypolhse pouvait se soutenir l'poque o l'on professait que l'Europe avait t peuple tout
entire par ces migrations aryennes.
rien. Les
On sait aujourd'hui qu'il n'eu est en tard-venus sont des Europe. Ils y ont trouv des poAryens
le
pouvait
416
croire.
Ces populations avaient un langage elles dont le basque et ce qui reste du ligure peuvent donner une ide. Ces langues, la persistance du basque le dmontre, n'taient point voues une mort naturelle, un
dprissement organique. U y a donc lieu de se demander comment les langues aryennes se sont substitues ces vieux idiomes, comment la langue d'un tout petit groupe d'immigrants de civilisation suprieure a pu se gnraliser sur une terre trangre dj peuple et non dnue de
toute civilisation.
Pour que ce phnomne se ft accompli de lui-mme, sous l'empire de du contact des races et des idiomes, il faudrait de deux choses l'une ou que les indignes comme les peuplades sauvages de l'Amla loi naturelle
:
rique se soient peu peu teints ce contact, tandis que les immigrants se multipliaient sans mesure tout en recevant incessamment de nouveaux
Faudrait-il croire
Nous sommes, en grande partie, leurs descendants directs. que la langue aryenne, que parlaient nos pres aryens,
la
par
la seule
comme
lumire chasse
vertu de sa supriorit organique ait opr cette conqute les tnbres au lever du soleil? Nous ne con-
naissons dans l'histoire aucun exemple d'un pareil miracle. Un fait s'est produit au commencement de notre re, la substitution des langues romaines aux langues celtiques en France et en Espagne. Les linguistes ont expliqu scientifiquement cette rvolution due la forte organisation de l'enseignement dans les provinces soumises Rome durant les premiers
sicles de l'Empire. Une cause semblable de substitution d'une langue une autre a-t-elle exist dans les temps antrieurs? Aucun historien, aucun
dont l'exislinguiste ne se l'est demand. Si des communauts druidiques tence n'est pas contestable ne sont, comme nous le souponnons, qu'une
forme particulire d'une trs vieille institution sociale, importe d'Orient en Occident, dont les lamaseries du Thibet et de la Tartarie seraient les dernires manifestations, les foyers de propagation des langues aryennes non seulement en Gaule, en Irlande en Ecosse, mais en Italie, en Espagne, en Scandinavie et en Germanie, une poque inconnue mais trs ancienne, seraient dcouverts. Le
mode
d'action aurait t le
celui qui a prsid la propagation des langues no-latines et en Gaule au commencement de notre re.
Les druides reprsentants des groupes aryens, en Occident, ces ducateurs des populations primitives de l'Irlande, de l'Ecosse et de la Gaule auraient t les prppagateurs de leur langue, tout d'abord parmi l'aristocratie des clans, dont la jeunesse venait chercher auprs d'eux les lments de toute science, puis par l'intermdiaire de leurs lves parmi tous les
hommes du
clan.
ANNEXE
417
les linsuisles, qu'ils cherchent rsoudre l'aide de prtendues lois prsidant au dveloppement normal des langues trouvent des explications plus naturelles et plus simples. La perfection relative des langues ltiques
au milieu de populations encore compltelogiquement par l'existence, dans le pays qu'elle aurait longtemps domin, d'une de ces grandes communauts que nous avons assimiles aux grandes abbayes chrtiennes de Gaule et de Germanie des vie et vii sicles. Les druides auraient
Tacite, s'expliquerait
imprim leur empreinte sur ce peuple qui plus tard hvr lui-mme en aurait conserv les traces la prsence des iEstii* dans ces contres semble justifier historiquement cette hypothse. Ces vieilles communau:
ts druidiques
ou autres pouvaient n'avoir pas toutes les mmes mthodes d'enseignement, les populations dont elles faisaient l'ducation se prter avec plus ou moins de rsistance leurs efforts, tre plus ou moins propres
l'adaptation de leurs cerveaux et de leur larynx une langue nouvelle. De l, bien des divergences dans la constitution dfinitive des dialectes,
l'ducation de chaque groupe pouvant d'ailleurs avoir t plus ou propre longue Il y a l, ce nous semble, un point de vue nouveau et fcond, riche
.
de consquences. Notre conviction est qu'il y a l un facteur puissant de la propagation des langues indo-europennes en Occident. Nous nous pro-
posons de suivre cette piste; en attendant nous livrons avec confiance ces aperus ceux que les problmes de ce genre intressent.
ANNEXE
Les grandes abbayes chrtiennes d'Irlande, d'Ecosse et du pays de Galles, hritires des communauts druidiques de
ces contres.
Plus nous approfondissons la question des druides, plus elle s'largit nos yeux et prend d'importance. Nous sommes arriv la ferme conviction que derrire la corporation de prtres gaulois ou celtes dont
Csar, Diodore
institution sociale qui,
civilisatrice,
Strabon ont popularis le nom, se cache une vieille dans la haute antiquit, a fait sentir son influence en dehors de la Gaule, en Irlande, en Ecosse, dans le pays
et
de Galles, en Scandinavie, en Germanie, chez les Aestiens, chez les Celtes du Haut Danube, chez les Gtes et plus particulirement en Thrace. Nous ne serions pas tonn que le nom d'Orphe ne symbolist un certain
nombre de
titutions de
Numa
ces institutions. Les confrries pythagoriciennes elles insconstituent, selon nous, une des faces mconnues de
commu-
1.
27
418
LA.
nauts et abbayes chrtiennes seraient les hritiers; nous aurions l un nouvel exemple de survivances. Un esprit nouveau aurait alors anim ces
vieux corps.
L'ide
directrice de
ces institutions,
comme
nard, n'est pas, en effet, une ide manant de l'vangile, elle est bien antrieure. L'ide chrtienne tait avant tout mystique. Les couvents qui en dcoulent directement ont surtout ce caractre. Tel n'est pas le caractre des grandes abbayes des moines cVOccident. Ces abbayes furent
un emprunt fait par l'gbse aux Communauts druidiques dont elle s'appropria l'organisation, en l'adaptant aux nouvelles croyances, de mme qu'elle empruntait l'Empire son organisation diocsaine. Si l'on voulait aller chercher un prcdent moins loign du berceau
chrtien,
n'est pas
il
faudrait
l'aller
chercher chez
venue de
la
Rome
tion
que
se rattachent, selon
en Chalde ou en Mdie. C'est cette grande tradinous, les abbayes des moines occidentaux.
et
mo-
Nous rentrons ici pleinement dans notre sujet. Nous esprons pouvoir, dans un mmoire spcial dont nous runissons les lments, mettre cette vrit en pleine lumire; mais nous croyons devoir, en attendant, soumettre nos lves quelques-unes des considrations qui ont port la condans notre esprit. du comte de Montalemberl*, de Mignet *, d'Ozanam', de La Villemarqu* qui veulent tout rapportera l'action de l'glise romaine est celle-ci". Les ordres monastiques ne sont point contemporains des premiers temps du christianisme. L'heure de leur dveloppement a t relativement tardive, la fln du iir' ou le commencement du iv" sicle. L'Egypte en a t le berceau, mais comme l'glise ne en Orient, elle
viction
La
thse
n'acquit sa vritable force qu'en Occident. Montalembert reconnat que le cnobitisme est bien antrieur l're chrtienne, mais il tient,
comme de Rossi propos du swastika, compltement dgager l'origine de l'institution chrtienne de toute influence paenne. coutons comment
il se dbarrasse de cette hrdit gnantes VInde depuis trois mille ans a ses asctes qui poussent jusqu'au dlire la science de la mortification et la pratique des chtiments volontaires. On les trouve encore errant dans le monde, ou vivant en communauts chez toutes les nations qui reconnais:
sent la loi
du buddhisme.
Ils
L'orgueil et
1.
2.
Notes et mmoires
3.
4.
5.
1. 1,
p. 55 et 131.
L'cole catholique cette poque repoussait tout lieu entre le christianisme et le paganisme et professait qu'un foss infranchissable sparait ces deux mondes, le monde chrtien et le monde paen.
6.
ANNEXE
419
l'esprit humain'. Le christianisme seul, aux yeux de Montalemberl, pouvait vivifier de semblables communauts. Montalembert ne veut pas davantap[e de rapprochement entre nos grandes abbayes de moines et les confrries
pythagoriciennes.
suffire tout et tout expliquer.
La vertu inhrente la doctrine chrtienne doit Rien du paganisme ne doit avoir survcu
le
dans
le
Mignet s'incline devant les faits sans en approfondir les causes, et accepte, sans les discuter, les lgendes les plus invraisemblables touchant l'tablissement du christianisme dans les les Britanniques, et la fondation des monastres.
*( Vers la fin du iv sicle^ quelques Irlandais pousss par la curiosit et le got des voyages allrent jusqu' Rome. Les Papes qui ne laissaient passer aucune occasion de propager le christianisme convertirent les voyageurs qui
se
nommaient Kiaran
Ailba, Desclan
et
Uar
et se
servirent d'eux
pour an-
noncer la religion chrtienne l' Irlande... {el voil l'Irlande convertie!). Quelques annes aprs le diacre Palladius va fonder des glises et des monastres chez les Scots.
Le pape Clestin^, crit de son ct Montalembert, envoie Palladius en Bretagne avec douze compagnons. Us y tablissent trois glises; Patrick leur
les abbayes d'Armagh et de Bangor qui contenaient deux ou trois mille moines, ainsi que l'abbaye de Kolomb-
dans l'une des Hbrides, l'le d'Iona . est lgendaire, ne s'appuie sur aucun tmoignage historique srieux. Ouvrons l'Histoire ecclsiastique des Anglais de Bde le Vnrable*', qui rsume fhistoire religieuse du pays depuis l'entre de Bde avait sa disposition la riche Jules-Csar en Gaule jusqu'en 731
Or tout cela
bibhothque du monastre o
:
il
rsidait
sem-
blable. Sur les premiers aptres dont parle Mignet, Bde est compltement muet une seule phrase est consacre Palladius sous la date de 430 et
est-il certain que ce ne soit pas une interpolation? Puis, nous passons sans transition l'anne 597 o nous voyons un moine du nom de Colomba^ recevoir des mains du roi Bridius l'le d'Iona pour y fonder
encore
un monastre.
Remarquons que
ce
Colomba
n'est point
envoy de
Rome
et
il
semble
1. Nous n'insistons pas sur les prjugs de Montalembert touchant le buddhisme. Nous renvoyons ce que nous avons dit, p. 179, de la morale
d'Acoka, et p. 297 et suivantes des lamaseries buddhistes. 2. Mignet, Noies et mmoires, t. II, p. 12. 3. lu pape en 422.
4. 3.
(673-73E)).
Beda, op. laud., V, 24, anao 430. Palladius ad Scotos in Christum Credentes a Glestino Papa primus mittitur episcopus. 6. Beda, op. laud., III, 4. Est-ce le mme que le Kolomb-Kill des lgendes? Mais il ne faut pas le confondre avec saint Colomban.
4-20
bien qu'il vint d'Irlande puisque Beda ajoute qu'il y avait antrieurement fond un monastre: Feccrat \Columba]priusquam Britanniam veniretmonasterium nobile in Hibei'nia. Non-seulement
il
il
condamne
l'glise
romaine* et dont les Papes ne purent obtenir la modification qu'en 701. Le monastre fond en Irlande par Colomba portait un nom que Bde traduit par Campus roborum*. Les instructions de saint Grgoire sont bien curieuses. Tandis qu'en Gaule les aptres du christianisme, saint Martin en particulier, renversent les
temples aprs en avoir bris les idoles, saint Grgoire prescrit Augustin de les conserver en se contentant de les purifier.
De
i.
2.
liiidare
Baillet.
Le monastre de
11
Kildare
passe
par le culte de sainte Brigite qui passe pour nous trouvons Kildare une survivance bien curieuse. Giraldus Cambreusis, dans sa Topoc/raphia hibernica {di&iinct. If, c. xxxiv) raconte que le monastre de Sainte-Brigitte tait clbre par ses miracles, entre autres par le miracle du feu inextinguible. Multa hic sunt miracula inter quse primutn ignis Brigidix quem inextinguibilem dicunt non quia exlingui non posset, aioule le Gambrensis, sed quia tam solicite, tam accurate moniales et sanctae mulieres ignem suppetente materia fovent et nutriunt ut tempore Virgiuis per tt annorum curricula et semper manserit inextiactus. C'tait videmment une tradition druidique. 3. Beda, op. laud., l. c. Nous croyons devoir donner ici, in extenso, le texte de cette remarquable ptre. Exemplar apostolse quam Mellito abbali in Britanniam Papa misit. Anno 601. Cum ergo Deus omnipolens vos ad reverendissimum virum fratrem noslrum Auguslinum episcopum perduxerit dicite ei quid diu meciim de causa Anglorum cogitans tractavi videlicet quia fana idolorum deslrui in eadem gnie minime debeant ; sed ipsaquse in eis sunt idola destruanlur; aqua benedicta
tait
lande.
surtout clbre
en tre
la
fondatrice. Or,
eisdem fanis aspergatur, altaria construanlur, reliqui ponantur\ fana eadem bene constructa sunt, necesse est ut a cullu dmonum in obsequio veri Dei debeant commutari; ut, dum gens ipsa eadem fana sua non videt deslrui de corde errorem deponat et Deum verum cognoscens ac adorans,
fiai,
in
si
quia
ad
lari
dmonum
:
loca quse consuevit, familiarius concurrat et quia boves soient in sacrificio mullos occidei^e, dbet eis eliam hac de re aliqua solemnilas immu-
martyrum quorum
illic reli-
ponunlur, tabernacula sibi circa easdem ecclesias, quse ex fanis commutatse sunt, de ramis arborum faciant et religiosis conviviis solemnitalem clbrent; nec diabolo jam anim.alia immolent et ad laud.em. Dei in esu suo animalia occidant et donatori omnium de societale sua gr alias referunt; ut
quise
dum
eis
facilitis vuleant.
aliqua exterius gaudia reservantur, ad inleriora gaudia consentire Nam duris mentibus sirnul omnia abscidere impossibile esse
non dubium
passibles
est, quia et is qui summum locum aseendere nititur, gradibus vel non autem saltibus elevatur. Voir la traduction (IX^ leon, p. 113).
ANNEXE H
421
comme l'a
et plus
tabli
certainement encore l'Irlande*, taient encore en plein paganisme', ou du moins n'avaient point encore subi l'influence de l'glise romaine. Et cependant, ds le milieu du vi sicle, nous voyons l'Irlande et l'Ecosse couvertes de monastres, d'abbayes renfermant des milliers de moines. Bien plus, plusieurs de ces monastres, comme celui d'iona, sont si florissants, si vivaces qu'ils deviennent presque aussitt des ruches d'o s'chappent de nombreux essaims de moines que nous retrouvons la fin du sicle, fortement tablis en Gaule, en Italie et bientt en Germanie, rgis par le mme esprit et la mme rgle, sous l'inspiration de saint Colomban. Rome n'avait rien fond de semblable dans les contres qui taient
sous sa dpendance. Un autre fait ressort avec non moins d'vidence de la lecture de VHistoire ecclsiastique
de Bde
la
le
Vnrable*.
blie
mission d'Augustin existaient au vii^ sicle des glises irlandaises, et cossaises avec annexes dans le pays de Galles, indpendantes, pratiquant le rite grec et qui ne se soumirent
en Angleterre
suite de la
que tardivement l'autorit de l'glise romaine l'glise cossaise en 716", du pays de Galles en 1127 seulement'. Il est donc certain que ce ne sont pas des envoys de Rome qui ont fond les grandes abbayes de Bangor en Irlande, d'iona en lcosse. De tous les faits connus il ressort que ce sont des aptres de rite grec qui ont les premiers apport l'vangile aux Irlandais et aux Scots, qu'ils ont trouv dans ces deux contres des communauts druidiques dj constitues, o les esprits, par le genre de vie qu'y menaient les moines, taient prdisposs recevoir avec faveur la bonne nouvelle. La manire dont, d'aprs
:
les glises
la
le
une preuve irrfutable. Il est permis de supposer que les missionnaires chrtiens venus d'Orient en Ecosse et en Irlande trouvaient dans les communauts druidiques un centre de prdication prcieux comme en Orient dans les synagogues. Il setonnant qu'ils n'en eussent pas profit. Les communauts druidiques politiquement dpendaient des chefs de clan'. Il sufisait de convertir un de ces chefs pour avoir accs dans ces communauts et en devenir bientt les matres. Le presbyteros prenait la place du chef druide. L'organi-
rait
sation de la
communaut pouvait
rester la
mme,
aussi
Voir notre XX leon. La mission de saint Patrick est lgendaire. 3. Paganisme moiti chrtien avec lequel, comme l'indique la lgende de saint Patrick, les chrtiens n'eurent aucuae peine s'entendre. On ne voit pas qu'il y ait eu de martyrs ni en Irlande ni eu Ecosse.
1.
2.
4. 5.
Bde
crivait
son Histoire au
commencementdu vm
sicle.
Beda, op. laud., V, 22. 6. Concile provincial de Tours prsid par l'archevque Hildebert auquel taient soumises les glises du pays de Galles.
1.
42ne
le fut le
guerre jusqu'au
nous avons vu qu' la demande de loi national avaient conserv tous leurs privilges. Ce que nous savons de certaines confrries particulires l'Irlande, l'Ecosse et au pays de Galles, auxquelles l'glise romaine fit toujours la jour o elle put les dtruire-, donne penser que ces
Colomb-Kill*
file
les
noms de
culdes
et colidei
avaient conserv
drui-
communauts
lona, d'aprs
le
spciale, les
moines s'ordonnaient
D' Jamieson*, qui a fait de ces confrries une tude les uns les autres; ils clbraient la
Pque d'aprs le rite oriental, leur tonsure tait diffrente de la tonsure romaine *, ils repoussaient la doctrine de la prsence relle et paraissent n'avoir pas connu le sacrement de la Confirmation. Leurs glises taient ddies la Trinit, jamais aux saints, on croit qu'ils n'avaient pas de messe et ne croyaient pas aux reliques. Ils dsapprouvaient les doctrines du clibat. Nous sommes l bien loin d'une cration de la Cour de Rome. Saint Bernard dit que de son temps les moines d'une de ces confrries, la confrrie des culdes, pullulaient Bangor et Down^ Jamieson qui a fouill toutes les annales monastiques o il est question de ces moines voit en eux des survivants des druides convertis et dans leurs rglements le rsultat de concessions faites audruidisme par le christianisme. Nous avouons que l'ide nous sduit et la question mrite d'tre approfondie.
L'tude de ces culdes
est,
plus connu sous le nom de Geraldus Canibrensis, crivain du xii<^ sicle, James Ware, savant antiquaire irlandais auteur des Disquisitiones de Hibernia et Antiquitatibus ejus donnent l'un et l'autre sur ces singuliers moines des dtails favorables cette thse. Ils constatent comme le fera Jamieson leur prsence en Irlande, en Ecosse et dans le pays de Galles dans les contres o les (ici sous le nom de colidei) particulirement
le
taient laques dans les premiers temps. Certaines fonctions, chez eux, taient hrditaires. Ils possdaient des biens galement hrditaires,
distincts des biens ecclsiastiques. En parlant de ceux qui taient laques sans cesser d'tre culdes, Ware dit qu'ils se contentaient de payer au clerg la dme de ces biens qui portaient le nom spcial de TermonLandes.
Geraldus Cambrensis
la peste
1.
"
de
l'glise, des
dclare que de son temps ces moines taient ', qui sous pr-
2. Ils 3.
4.
Voir notre leon sur l'Irlande. furent remplacs au xn* sicle seulement parles Bndictins. Jamieson, d'aprs Higgius The cellic druids.
:
Les druides se distinguaient galement des laques par la tonsure. Les personnages, divinits ou prtres du vase de Gundestrup sont tonsurs. 5. O. ils avaient une situation part dans les abbayes. 6. Itinerarium Cambri, lib. II, c. iv. (t. VI, dit. de 1868, p. 120).
7. Il est bien plus naturel de penser qu'ils jouissaient d'anciens privilges dont on n'avait pu les dpossder.
ANNEXE
423
texte qu'ils taient chargs de la protection et de la dfense des glises les avaient dpouilles. Toul le passage est citer.
Notandum autem quod hc ecdesia (Ecclesia Palerni Magni) sicut et ali per Hiberniam et Walliam plures abbatem laicum habet '. Usus enim inolevit et prava consiietudo ut viri in parochio patentes, primo tanquam conomi seupotius ecrcsiarum patroni et defensores a clero constUuli,postea
processu temporis aucta cupidine totum sibi jus usurparent
et terras
omnes
cum
decimis et
impudenter appropriarent, solum altaria cum obventionibus clero relinquentes et hwc ipsa filiis suis clericis et
cognatis assignantes. Taies itaque defensores seu potius ecclesiarum destruc~ In hoc statu ecclesiam hanc invenimus desti-
tutam.
Grand donnait en 601 pour instrucde Cantorbry, de conserver les archevque Augustin, premier temples paens qui. par leur solidit, pouvaient servir au culte. Nous ne savons ce qu'il faut entendre par l'expression fana dont il se sert; mais il existe en Irlande un certain nombre d'enceintes fortifies, de duns, dont
saint Grgoire le
tion
quelques-uns abritent encore des glises, chapelles et oratoires primitifs, plupart aujourd'hui en ruines ou abandonns. M. E.-A. Martel, dans son intressant volume Irlande et cavernes anglaises, en dcrit quelquesunes dont il donne mme les photographies. Plusieurs de ces duns sont
la
On n'en a jusqu'ici dtermin ni la date ni monuments ne peuvent tre attribus ni aux Romains,
:
ne peuvent tre que druidiques; plusieurs sont dans des * les oppida de la Gaule du type d'Avaricum des constructions semblables nous rvlent l'existence d'une force sociale
l'glise.
Ils
'les.
des conmiunauls
comme
les
communauts
druidiques seules peuvent avoir appartenu les architectes de ces duns. Pourquoi ces duns ne seraient-ils pas les fana dont parle saint Grgoire? Or, si l'apparition subite de tant d'abbayes chrtiennes, sortant de terre
miraculeusement, dans un mme sicle, peuples de dans un pays d'une profonde barbarie, est un fait inexplicable dans son isolement, si Ton suppose que rien ne l'a prpar dans le pass, ne serait-il pas encore plus tonnant que des chrtiens,
pour
ainsi
dire
milliers d'hirodules,
trouvant tout organises des communauts puissantes qu'ils pouvaient profit de ces circonstances heureuses
de regarder
comme
rois
abandonner
des laques chrtiens des terrains et des les (l'le d'Iona est du nombre) poury tablir des monastres. Ces donations, presque toutes en terres drui-
diques, ne cachent-elles pas l'autorisation, le droit d'tablir des abbayes chrtiennes l o existaient dj des monastres druidiques, plutt que la concession de terres vierges sur lesquelles seraient construits des b-
timents coteux?
O une
glise
1.
Gomme
2.
Dora de colidei.
424
le droit
de considrer
des
les
abbayes chrtiennes
d'Ir-
comme
les hritires
communauts druidiques.
Addenda Vannexe
I.
imprime
et
je m'aperois que le savant auteur met en doute l'authenticit de la lettre de saint Grgoire le Grand sur laquelle nous nous appuyons, p. 420 : * Cette lettre est certainement inauthentique... Saint Boniface la fit recher-
les
archives romaines
et
Elle tmoigne l'endroit des rites d'une indiffrence incompatible avec l'esprit romain. .. Je ne serais pas tonn que Thodore *, l'auteur des Interro-
gationes Augustini et des Responsiones Gregorii, en ft l'auteur. Il a pu, sans tre le moins du monde un faussaire, trouver utile de donner cette forme
ses ides en fait de discipline et de liturgie. >y L'abb Duchesne est proccup des rites seuls, non de la conservation
des temples,
entourage^,
si
saint Grgoire, elle constituerait un argument peut-tre encore plus fort en faveur de notre thse. Thodore trouvant un tat de
non de
choses qui
abritant
le
lui paraissait
anormal
culte
nouveau
Abb Duchesne, Origines du culte chrtien, p. 94. Thodore, moine grec de Tarse eu Cilicie, envoy par le pape Vitalien en 668 en Angleterre pour y occuper le sige piscopal de Cantorbry. 3. Abb Duchesne, l. c.
1.
2.
FIN DES
ANNEXES
ERRATA
Page
87,
note
2,
Frret reporter
lisez
la-
la ligne
suivante.
lamanisme,
m^'sme.
94,
Page 162, note 3, pi. XIV, lisez: pi. Xll; note i, pi. XV, lisez pi. XIII. 163, note 1, pi. XVI, lisez pi. XIV. 164, note 1, pi. XVII, lisez pi XV.
: : :
note
1,
lamaniqiie, lisez
23, primitifs^ lisez
F/, lisez: pi.
:
la-
maque.
103, ligue
sitifs.
:
po-
XVII,
lisez
lisez
pi.
pi.
XVI.
XVII.
note
2, pi.
1
XIX,
169,
pi.
notes
et 2, pi.
XV,
lisez
XVIII.
pi.
XXII.
E.
BuUou.
:
XXI,
lisez pi.
:
XIX.
VI.
:
note
2, pi.
1, pi.
VII, lisez
pi.
note
note
3,
2,
Annexe
pi.
F, lisez
:
176,
note
XXII et XXIII,
:
lisez
142, note 143, ligne pi. VII, lisez VI. 144, ligne 12, pi. VIII, lisez Vil. 147, ligne 11, Gobledulitanus lisez
4,
:
178,
XX
et
XXI.
fig. 28, lisez
:
ligne 12,
28
bis.
3,
185,
note
pi.
:
XXII.
XXllI, lisez
XXI.
Auve:
effacer
209, ligne
4,
avec
les
dieux, lisez
pi. VIII.
:
la foudre, lisez
le
224, note
235, ligne
aux dieux.
3,
pi. Vlll.
foudre.
160, ligne 19, pi. X, lisez
:
pi.
IX;
ligne 24,
pL
XI, lisez
pi.
X.
lisez
:
Hucher.
37.
:
85, lisez
VI,
161, lignes 4
pi.
;
pi.
XXIIl.
I,
p. p.
p.
49.
63.
II, III,
Formes
tre).
64.
monastique Inishmurray (Irlande). diverses de cercles accompagnant les cupules. Pierre cupules du tumulus de Renongart en Plovan (FinisCellule
la
IV, p.
65. 67.
V, p.
chane de
Camaou
(Inde).
(Inde).
VU,
Le swastiku et ses transformations. Plaque de ceinture eu feuille de bronze au repouss. Tumulus de la fort de Haguenau.
Pierre de Robernier (Var).
VIII, p. 152.
IX, p. 160.
Diogenes
Stle
gamme.
Le Bon Pasteur.
Stles irlandaises des premiers
ir-
XIV^ p. XV, p.
164. 165.
XVI, p. 166.
XVII, p. 167.
XVIII, p. 169.
XIX,
p.
171.
XX,
XXIV,
p. 249. p. 314.
XXV,
p. 317.
Signes solaires cruciformes. Oppida du type d'Avaricum (carte). L'autel de Reims. Le dieu Cernunuos. La statuette dite d'Autun.
^
Swastika sur les fusaoles d'Hissarlik. Swastika et signes connexes dcouverts Hissarlik Mycnes. Dtails d'un vase du Dipylon (Athnes). Coffret en terre dcouvert Thbes. Fresques d'une tombe de Capoue avec swastika. Vases grecs personnages avec swastika. Le swastika sur divers monuments de l'Inde. La roue solaire sur divers monuments de l'Inde. Amulettes gauloises reprsentant la roue du soleil.
et
XXIX,
p. 366. p. 368.
XXX,
XXXI,
Sacrifice humain. Dfil de troupes {vase de Gundestrup). Le Dieu cornu attitude buddhique. Le serpent tte
la
roue.
p. 377.
des Cimbres.
1 et 2,
8,
p.
p.
67.
4,
5,
81,
p. 108.
p. l43.
6, 7, 8,
Esquimaux prparant
Swastika dans
le feu.
p. 145.
p. 146.
Autel
swastika.
9, p. 146.
0,
1,
p. 149. p.
1.50.
Autel pyrnen ddi au dieu solaire Abelio. Autel pyrnen avec palme et swastika. Statue de la Roche-perluse Velaux.
2, p.
3,
4
6, 7,
assyriens portant poitrine. Cylindres babyloniens avec la croix quatre branches gales. Monnaie gauloise avec swastika. p. 153. et 15, p. 154. Coffrets cinrair<;s avec swastika. Urne cinraire avec swastika (Muse de Rouen). p. 155. 155. Fibules de bronze aflectant forme du swastika. p.
131.
Rois
la
croix sur la
8, p. 156.
9,
la
Swastika grav sur un vase de bronze japonais. Vase du Dipylon avec swastika. 21, p. 166. 22, p. 167. Fibule de bronze (Grce) avec swastika. Fibule d'or avec swastika 23, p. 167.
20, p. 158.
p. 137.
24 et 25, p. 168.
26, p. 170. 27, p.
28, p.
(Italie).
Casque de bronze, avec swastika (coll. de Luynes). 171. ~ Minerve avec tunique au swastika. 172. Cratre du Muse de Vienne. Hlios avec swastika sur
trine.
(Italie).
la
poi-
symbole de
l'esse.
429
Dragon
tte
de blier.
Dea Sirona.
Autel tricphalique du cabinet Lucas Reims. Poisson ou dragon symbolique avec queue tte de blier.
Autel tricphale de Reims. Autel de Deanevy avec triade et tricphale. Autel de Beauue avec triade et tricphale.
au maillet.
47, p. 333.
52,
p.
354.
55,
p. 357.
Esus.
Chaudron de Gundestrup.
Personnage, avec casque cornes, faisant tourner laire {vase de Gundestrup). Vase avec tricphales dit du Cabinet des Mdailles.
la
roue so-
59, p. 370.
Fragment de vase tricphalique du Muse de Mons (Belgique). Queue du dragon du vase de Wertersfelde.
Pages.
Prface
vii-xi
INTRODUCTION
I"!
Leon.
Leon d'ouverture
1-15
La religion des Gaulois a travers trois phases ou priodes distincle tes, correspondaut trois groupes sociaux bien caractriss le galatique ou kimle celtique, p. 8 ; mgalithique, p. 3;
:
avant de subir l'influence grco-romaiue la vique, p. 11 A chacune de ces ^priodes la religion a suite de la conqute.
;
vari, p. 13.
II'
Leon.
Les
du
sources, la mthode
16-24
le
Difficult
sujet, p. 16
17.
problme, p.
le
Muse
la des Antiquits nationales et les monuments figurs, p. 18 les surRevue des traditions populaires et les lgendes, p. 19;
;
vivances, p. 20.
Questions rsoudre,
p. 24.
PREMIRE PARTIE
LA GAULE AVANT LES DRUIDES
III^
Leon.
Le groupe mgalithique
27-41
La distribution des monuments mgalithiques indique un mouvement de migration du nord-est au sud-ouest probabilit d'un con;
nos populations primitives avec les nations touranieunes. La civilisation touranienne. Sou unit linguistique et religieuse. La magie et les sorciers, p. 28-36. Les Finnois et les Scythes,
tact de
p. 38.
Les
Hyperborens, p.
39.
Ouvrages
consulter, p. 41.
IV Leon.
42-54
Minraux prcieux dposs dans les chambres spulcrales mga traces de crmonies magiques pratiques dans lithiques, p. 45 ces spultures, p. 45.- Le tu mu lu s de Gavr'Inis et la chiromancie, Le Man er-H'oeck, p. 52. Le Man Lud, p. 49. p. 46.
432
IV* Leon. Superstitions relatives aux pierres prcieuses. res A BASSINS. Pierres TROUES
Pier-
Pages.
53-67
La croyance aux vertus des pierres est une trs ancienne tradition. Le Pseudo-Orptie et Pline, p. 57. Survivances de ces superstitions.
sins et
dans
rinde
les
Mahadeos,
p. 04-66.
Vie Leon.
Ces pratiques ne sont point d'origine druidique, mais une survivance du culte chamanique, p. 70. Les sacrifices humains en
Grce
et
Rome,
phraste p. 76.
niens, p. 80.
V1I Leon.
73;
Superstitions et croyances des populations du nord de l'Europe et de l'Asie en rapport avec les superstitions kt croyances DES Gaulois
82-95
PersisPopulations de l'Empire russe. Enqute de 1776, p. 83. tance de rites paens chez ces populations, mme aprs leur conversion au christianisme. Les keremet, p. 86 croyances un Dieu suprme et l'immortalit de l'me, p. 87 rappro-
chements avec
finnois
p. 91
;
et
Les chamans croyances des Gaulois, p. 88-89. sibriens un sacrifice humain chez des Tschouktas, Le chamanisme chez les Tartares d'aprs le P. Hue,
les
;
p. 92;
un lama mdecin
et
magicien, p. 93.
95-108
VIII* Leon.
Les
influences aryennes
Les iuQuences aryennes succdent aux influences chamauiques, ' les feux de la Saint-Jean, survivances des vieilles crp. 97 monies solsticiales. Ovide et les Palilies, p. 98 Ovide ignorait dj l'origine et le sens de ces crmonies auxquelles il avait pris part dans son enfance, p. 100. Importance sociale des
;
ftes religieuses dans l'antiquit, p. 103. Le feu sacr en Irlande eten Ecosse, p. 105 comment on produisait le feu sacr, p. 107.
IXe Leon.
Le feu
de la Satnt-Jean
109-121
tolrer, puis christianiser les crmonies aprs les avoir interdites comme diaboliques, p. 112. Institution de la fte de la
Saint-Jean.
feux de
la
Bossuet et le feu ecclsiastique, p. 115. Les Saint-Jean dans nos diverses provinces, p. 116 et suiv.
de la Saint-Jean
la
Xe Leon.
Les herbes
127-139
La croyance leurs vertus se lie aux pratiques de monte la plus haute antiquit tmoignage de
;
magie
et re-
Pline, p. 123;
433
Pages,
che, p. 12
1 la camomille, p 125 ; le chienl'armoise, 126 ; le mille-pertuis ou dent, p. 128; le lierre terrestre, p. 129; chasse diable, p. 10 la bardaue om grateron, le saniole et le selago, p! 180; La Torchis, p. 131 ; la verveine, p. 138.
;
dans
le
Per-
de M. Gaidoz, p. 134. La cueilletts des herbes mdicinales dans les lamaseries du Thibet, p. 136.
cueillette
du
gui, opinion
Xle Leon.
140-158
Nouvel exemple de survivances. La croix gamme ou swastika primitivement signe solaire; son extension dans le monde, p. 142; se montre en Gaule ds le viu^ sicle pour le moins dans les stations lacustres de la Savoie et des cimetires du haut Rhin sur les bords del remontant au premier ge du fer, p. 144; Mditerrane et dans les valles pyrnennes aux environs de La l're chrtienne, p. 145. Les statues de Vlaux, p. 149.
cofl'rets
d'poque romaine,
p. 156.
p.
154
mrovingiennes,
Xlle Leon.
Le swastika
160.
(suite)
159-172
Inscriptions
p.
fossor,
Le Ron Pasteur et l'ange Gabriel, p. 161; Le swasrapprochement avec une peinture de vase grec, id.
;
trouve sur des croix chrtiennes irlandaises, p. 162 en Asie Mineure et en Grce ds le xv^ sicle au moins avant notre re 1 Hissarlik 2" Mycnes, p. 164 puis au viii sicle Chypre, p. 165: Athnes (vases du Dipylon), eu Botie, en Italie chez les Ombriens et chez les Samnites(vn et p. 165-166; ine sicles av. J.-C), dans l'Italie mridionale (iv^ sicle av. J.-C),
tika
:
se
p.
sur la poitnne d'Hlios comme sur nO-ni; de Buddha (cratre du Muse de Vienne), p. 172.
la
poitrine
XIIl" Leon.
Le swastika
(suite)
173-184
dans l'Inde sur des monuLe swastika en Scandinavie, p. 174; ments buddhiques et jainas des premiers sicles avant et aprs Le swastika associ la rouelle ou roue sonotre re, p. 176. eu tte des dits du roi buddhiste Piyadasi-Aoka laire, p. 177;
Origines des symboles, opi(m sicle avant notre re), p. 178. nions de Ludwig MuUer, Goblet d'Alviella et Salomon Reinach,
p. 182.
XIV' Leon.
Autres
signes solaires
185-190
Le swastika n'est pas le seul signe solaire dont les traces se retrouvent en Gaule. Les rouelles gauloises sont des amulettes solsle Jula roue solaire dans l'Inde, p. 186; ticiales, p. 185;
la rouelle
28
434
XV'o Leon.
Le culte des
eaux
191-212
Le culte des fontaines est une survivance de l'poque celtique, les divinits des sources thermales Greppo, Chabouillet p. 192
et
le
dans Les fontaines saintes, p. 197; Charles Robert, p. 193. daos l'Aisne, p. 203; dpartement d'Eure-et-Loir, p. 198; Le en Armorique, p. 208, etc. dans le pays Eduen, p. 205
;
semble avoir
Les
p. 210-213.
DEUXIME PARTIE
LA GAULE APRS LES DRUIDES
XVi Leon.
XVlIe Leon.
21S-227
228-244
se faire sentir.
Valeur des
mdailles armoricaines, trop mconnue aujourd'hui. Duchalais, Lambert, Hucher avaient vu plus juste. 11 faut reprendre leur tradition, sans tenir compte des exagra-
tions de FiUioux, p. 230 et suiv. Symboles ayant une signifile swastika, p. 237; le triskle, p. 239; cation certaine le signe de l'esse , p. 242 le foudre, p. 241 Les druides
:
XVllIe Leon.
Les
oppida
du type d'Avaricum
245-251
Caractre de ces oppida construits tous sur un mme modle, p. 246; oppidum de Murcens, p. 248; statistique avec carte des
les
Les
druides
d'aprs les textes. Du peu de valeur des rcuseignements donns par Csar touchant les dieux gaulois, p. 255.
leur enseigneOrigine et organisation des druides, p. 256; leur doctrine, p. 265. Dis pater et sus, ment, p. 262; L'ternit des mes, p. 270. Rle politique des p. 267.
druides, 273;
XXo Leon.
L'Irlande
reste
druidique
277-296
L'Irlande est
mmo
politique et les lois civiles, uvre des druides, n'ont reu que des modificatious lgres, p. 280. Le Senchus-mor, les lois des Rrehous (Ollamhs, c'est--dire druides de second rang), est rest
la
loi
du pays jusqu'au
xiii"
sicle,
435
Pages.
nous donneat, une ide suffisamment Juste de l'ancien tat De la prpondrance des druides dans social du pays, p. 284. Des connaissances la socit irlandaise l'poque celtique. exiges des membres d'an rang lev dans la corporation, p. 287.
lois
Les druides de
tir
le
communauts druidiques lamaseries du Thibet peuvent donner une ide assez exacte de ce
qu'taient les
pas sur
les rois,
exemple
communauts druidiques,
lamaseries
XXV=
Leon.
Les
297-312
Les collegia ou communauts i^eligieuses dans l'antiquit,, p. 298. La cit religieuse de Comana (Cappadoce) avec ses dix mille Les lamaseries du Thibet peuvent tre conhirodules, p. 299.
sidres
le
survivance de ces antiques institutions, p. 300. Description des lamaseries de la Mongolie et du Thibet, par P. Hue, p. 302-309; rapprochements avec les communauts
comme une
druidiques, p. 310.
313-340
Mercure, p. 322; Apollon, p. 327 Mars, Jupiter et Minerve, p. 331, sont des divinits grco; ;
le
romaines, non des divinits celtiques ou gauloises. Divinits kimro-belges, p. 335. topiques, p. 332. druides vis--vis des divinits trangres importes,
XX1I18 Leon.
....
triades, Liicaiu,
341-362
La
p. 343; p. 350
;
l'autel
le
XXIV Leon.
Le chaudron de Gundestrup
363-380
Dcouvert dans le Jutland (presqu'le clmbrique). Couvert de bas-reliefs o se retrouvent les principaux symboles de la triade du kimrique; parait l'uvre d'un collge de prtres cinibres;
rle des
communauts comme propagatrices des langues et de la civilisation indo-europenne (voir Annexe 1). Opinions de So-
Le chaudron n'est phus Muller sur les bas-reliefs du vase, p. 365. une uvre ni gauloise, ni Scandinave, elle appartient un pays et une priode voisine de l're chrintermdiaire, p. 372;
436
tienne, p. 273.
Les conclusions de Sophus Millier paraissent lgitimes; improbabilit d'une date postrieure, p. 374; preuves l'appui de son caractre eimbrique, tires de l'examen des deniers romains des familles Fundania. Gloulia, Egnatuleia et Julia, ainsi que des bas-reliefs de l'arc d'Orauge dont les tro-
Pages.
comme
les
bas-reliefs
du chaudron,
des
386-379
381-389
ANNEXES
A. Observations sur la religion des
Le chamanisme
....
394
397
, .
. . .
G. Les cupules
D. Les superstitions
E. Les feux de
la
400 406
Saint-Jean
gam412
me dans
les
catacombes
civil et les
G. Extrait du
modes
413
la
des
druidiques
417
4,
KUE GABNIEB.
'