Acquisition D'une 2 Langue
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Aujourd’hui, la majorité des êtres humains est bi-ou plurilingue et/ou vit dans
des communautés bi-ou plurilingues (Grosjean, 1982; Baetens Beardsmore,
1985). Dans les années 80 déjà, on estimait que 60% de la population mondiale
était affectée par l’une ou l’autre forme de plurilinguisme. Ce pourcentage
devrait encore augmenter pour deux raisons : Premièrement, la grande mobilité
planétaire de la population active et les mouvements migratoires de différentes
origines entraînent une présence massive d’alloglottes. Deuxièmement, la
globalisation dans tous les domaines engendre des besoins croissants en ce
qui concerne les compétences en langues étrangères (cf. Lüdi, 1998 : 13). Le
bilinguisme est extrêmement répandu en France et dans les pays arabes.
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Synergies Monde arabe n° 4 - 2007 pp. 209-226
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Les différences entre les deux langues entraînent des difficultés qui rendent
leur apprentissage plus lent. L’âge d’entrer dans la langue, la motivation de
l’apprentissage, les facteurs socio-économiques et les attitudes stéréotypées
envers chaque langue peuvent également avoir de l’effet sur la lenteur des
acquisitions. Une comparaison entre l’arabe et le français nous a semblé logique
et indispensable dans le but de définir les ressemblances et les différences
de ces deux langues. Cette comparaison sera centrée sur quelques points
principaux tels que la phonétique et la phonologie, ou plus précisément, les
sons consonantiques et vocaliques.
Enfin, je tiens à signaler que ce travail va dans le même sens que celui de Dweik
(2000) portant sur les difficultés que rencontrent les bilingues Anglais-Arabes.
L’excellent travail de Fesfes (1994), intitulé: Les problèmes de l’apprentissage
du français langue étrangère par des élèves syriens de l’enseignement
secondaire, nous a été d’une grande aide.
La notion de bilinguisme
On dit qu’il y a interférence «quand un sujet bilingue utilise dans une langue-cible
L2, un trait phonétique, morphologique, lexical ou syntaxique caractéristique
de la langue L1.» (Kannas, 1994: 252).
Selon les linguistes Josiane F. Hamers et Michel Blanc, l’interférence désigne
des problèmes d’apprentissage dans lesquels l’apprenant transfère le plus
souvent inconsciemment et de façon inappropriée des éléments et des traits
d’une langue connue dans la langue cible. (cf. Hamers et Blanc, 1983: 452)
Allant également dans la même direction, Geneviève Vermes et Josiane Boutet
ont indiqué que :
«L’interférence apparaît remarquablement aussi au niveau du lexique,
lorsqu’il y a intrusion d’une unité de L1 dans L2. L’apprenant peut utiliser
un mot ou un groupe de mots de sa langue dans l’autre langue.» (Vermes,
et Boutet, 1987:111.)
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Acquisition d’une langue seconde : Les avantages et les entraves de la
langue maternelle chez les bilingues français-arabe/arabe-français
Le problème linguistique primaire est donc celui de maintenir les deux langues
séparées (cf. Dweik, 224). Aussi longtemps que le bilingue réussit à les maintenir
séparées, il est deux locuteurs dans une personne et il n’y a aucun problème
de bilinguisme. Cependant, si cette condition n’est pas présente, on peut
parler d’interférence linguistique. Du point de vue structural, l’interférence
est présente dans les deux langues.
Où se produit l’interférence ?
Les domaines potentiels de l’interférence sont donc phonologiques, morphologiques,
syntaxiques, et culturels. La phonologie est l’étude des phonèmes, c’est-à-dire
comment s’organisent les sons d’une langue afin de former des énoncés. Il ne faut
pas la confondre avec la phonétique qui, elle, s’intéresse aux sons eux-mêmes,
indépendamment de leur fonctionnement les uns avec les autres. En fait, la
phonétique s’intéresse aux sons en tant qu’unités physiologiques, la phonologie
aux sons en tant que partie d’une structure.(cf. Landercy et Renard, 1977: 19-22).
La morphologie étudie la façon dont les morphèmes se combinent pour former
des mots.La syntaxe étudie la façon dont les morphèmes lexicaux (les mots) se
combinent pour former des syntagmes nominaux ou verbaux pouvant mener à des
propositions indépendantes ou principales/subordonnées, lesquelles peuvent se
combiner à leur tour pour former des phrases (cf. Dweik, 224).
L’Analyse Contrastive et l’Interférence :
Les linguistes tels que Robert Lado et Charles Fries ont préconisé il y a longtemps
une approche comparative de l’enseignement et de l’apprentissage des langues.
Selon eux, la comparaison devrait localiser les points problématiques pour
l’apprenant. Selon Greis (1966), la mise en contraste de deux langues montrant
ainsi les grandes différences entre elles, ne vise pas à décourager l’instructeur
et l’apprenant. Au contraire, l’analyse contrastive tend à se focaliser et à
identifier les contrastes significatifs qui pourraient exister entre deux langues
(Dweik, 225). Les différences entre le français et l’arabe, sujet de notre étude,
créent un problème d’interférence, qui cause la déformation du message et
provoque le malentendu.
Comment l’interférence se produit-elle ?
L’interférence se produit quand les bilingues perçoivent et produisent les
phonèmes, les morphèmes et les structures syntaxiques de la langue cible
comme s’ils étaient identiques à ceux de la langue maternelle. L’interférence
se produit également quand les bilingues transfèrent les éléments linguistiques
de la langue (I) et les injectent dans la langue II (Dweik, 225). L’interférence se
produit ainsi quand les apprenants du français perçoivent et produisent «papier»
comme «babier», «parc» comme «barc». Elle se produit également quand les
apprenants de l’arabe identifient les mots "���" (qalam) comme "��� " (kalam)
et "���" (đarb) comme "���" (darb).
Interférence phonologique
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la langue maternelle ; les deux phonèmes seront dès lors reconnus et réalisés
comme étant absolument identiques (Dweik, 225).
En ce qui concerne le bilinguisme français/arabe, la discrimination principale
entre les deux langues est attribuée au fait que le français accentue l’usage
des lèvres et les parties avant de la bouche, tandis que l’arabe insiste sur l’usage
des sons post-vélaires et les parties arrière de la bouche. Les interférences
potentielles résident dans le domaine des consonnes, des voyelles, du groupe
consonantique et de la gémination.
.����� ������� ������ ������ ������ ������ ������ ������ ������ ������ ������ ������ ������
Tableau (1)
Lettre Nom de la lettre Transcription
ﺕ ta:? t
ﺝ ji:m j
ﺡ ħa:? ħ
ﺥ xa:? x
ﺫ da:l d
ﻁ ta:? t
ﻅ ða:? ð
ﺹ şa:d ş
ﺽ đa:d đ
ﻉ εayn ε
ﻕ qa:f q
ﻫ ha:? h
ء hamza ?
Ces 13 consonnes sont accusées de présenter des difficultés pour les francophones
apprenant l’arabe non seulement parce qu’elles n’existent pas en français mais
également parce qu’elles exigent une attention particulière à leurs façon et
endroit d’articulation. Les apprenants « devraient pouvoir produire ces sons en
sachant où l’articulation se produit et comment elle est produite. En d’autres
termes, ils devraient savoir utiliser leur langue, en particulier la pointe et le
derrière, qui devrait toucher ou pousser contre les parties de la bouche durant
les processus de la production » (Dweik, 226).
L’arabe est une langue à consonantisme riche: vingt six phonèmes consonantiques
sans compter le / w/ ��� et le / y/ �����. Ces consonnes peuvent être classées
en fonction de leur mode d’articulation et d’émission: (voir tableau 2)
212
(1)
1 Les consonnes de l’arabe : Tableau (2)
sonores ðﻅ
fricatives
sourdes şﺹ
nasales occlusives sonores m ﻡ nﻥ
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B. Orales emphatiques :
caractérisées selon Cantineau par « une forte tension de différents organes de
la phonation et par un certain report en arrière du point d’articulation :
đ – t - ð - ş - (Cantineau, 1960:12).
Ce sont: - Les occlusives: /đ/ sourde et /t/sonore ;
- Les fricatives : /ð/sourde et /ş/sonore ;
C. Liquides :
Ce sont des sonores qui combinent une occlusion et une ouverture du canal
buccal, soit de manière simultanée comme la latérale /l/, soit successive
comme la vibrante /r/.
D. Nasales :
Ce sont des sonores caractérisées par l’écoulement d’une partie de l’air du
larynx à travers les fosses nasales, grâce à l’abaissement de la luette. Ce sont
/m/ et /n/.
Parmi ces consonnes, certaines sont communes en arabe et en français, d’autres
existent seulement en arabe. Parmi ces dernières nous distinguons:
Les apprenants de l’arabe doivent être entraînés afin de distinguer les consonnes
emphatiques de celles non-emphatiques en les opposant par paires comme ce
qui suit:
"��� " "crier" [�a:�a] � " ��� " "faire du tourisme" [sa:�a]
"��� "frappe" [�arb] � " ���" "route/chemin" [darb]
"���" "il a peint" [tala:] � "��" "il a récité" [tala:]
"���" "victorieux" [ðafira] � "���" " sentir fort " [dafira]
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2 - Consonnes françaises
Le français a au moins six consonnes, qui sont absentes de l’arabe standard. Ces consonnes sont présentées dans le tableau
(3)(1) en gras et entre parenthèses.
Tableau (3) bilabiales labio-dentales inter dentales alvéo-laires pré-palatales palatales post-palatales
sourdes f s ƒ
orales occlusives sonores
emphatiques
sourdes
fricatives sonores
sourdes
vibrantes sonores r ʀ
semi- w j (i devant w
consonnes (�) voyelle)
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D’autres phonèmes du français n’existent pas en arabe mais ils ne sont pas
difficiles à apprendre par les arabophones :
- /g/ qui est une variante de "�" /q / prononcée par certains arabophones ;
- /ʒ/ qui existe dans certains pays arabes comme variante de "�" / j / ;
- /ɲ/ un arabophone peut surmonter cette difficulté en obtenant une prononciation
très proche : par exemple pour le /ɲ/ en combinant /n/et /y/ comme cela
existe dans certains mots d’arabe, exemple « ����� » « parlementaire » (niya:
bi:). Le mot «montagne» [m taɲ] par exemple sera d’abord prononcé [m tany]
avant de parvenir à la prononciation correcte et définitive.
- Les phonèmes arabes /r/ et /h/ dans le tableau 2 sont deux exemples de
consonnes préoccupantes. Ces consonnes ont certaines qualités uniques qui les
distinguent de celles des français.
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Acquisition d’une langue seconde : Les avantages et les entraves de la
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En français, cette opposition n’a pas de valeur linguistique. Elle peut parfois
avoir une valeur expressive ; comme pour exprimer une violente émotion:
«c’est succulent !». La gémination «n’apparaît pratiquement que dans certaines
prononciations académiques ou régionales» (Dubois, 1973).
Le son /t / devient plutôt [t] comme "����" [fitnah] «perspicacité» qui devient
"����" [fitnah] «séduction»
Le son /ş / est substitué à [s] comme "���" [şalaba] «il a crucifié» qui devient
"���" [salaba] «il a pillé»
Le son /d/ est substitué à [d] comme dans "����" «il a vaincu» [dallala] qui
devient "����" [dallala] «il a choyé».
Le sont /θ/ est substitué à [t] comme "���" «il est revenu» [θa:ba] qui devient
"���" «il s’est repenti» [ta:ba]; ou par [s] comme "���" «terre» [θara:] «qui
devient "���" «voyager la nuit» [sara:].
Le son /q/est substitué à /k/ comme dans "���" «destin» [qadar] qui devient
"���" «tristesse» [kadar].
- Le "�" (hamza) (Cf. Fesfes, 47-49) est une consonne arabe transcrite
phonétiquement par [?]. C’est une attaque glottale quand il n’est pas
accompagné d’une voyelle comme dans le mot "���� " [lu ? lu ?] «perles» ; ou une
attaque vocalique quand il est accompagné d’une voyelle comme dans "��� "
«il a mangé» [? akala]. Le «hamza» n’existe ni dans l’alphabet français ni dans
la transcription phonétique du français. Nous pouvons cependant l’entendre au
début de la phrase surtout quand le mot commence par une voyelle comme «il
est sorti» où «il» est transcrit [il] et non [? il]. La différence de transcription est
due aux habitudes de chaque langue: en arabe, la syllabe ne commence jamais
par une consonne. Cette règle n’est pas valable pour la langue française qui
permet d’avoir une syllabe commençant par une voyelle.
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- D’autre part, les phonèmes français /p/ et /v/ dans le tableau III sont
deux exemples de consonnes préoccupantes pour un arabophone. En effet,
les apprenants Arabes du français auront des problèmes à les articuler et ils
les produisent en les remplaçant par les sons arabes les plus proches. Les
substitutions incorrectes suivantes sont prévues :
Nous savons que le /p/ existe en français en tant que phonème. Mais en arabe,
il n’est pas considéré comme phonème distinct. Néanmoins le /p/ existe en
arabe comme allophone de /b/ conditionné par l’environnement phonétique,
comme dans le mot "���" [εabd] «esclave». Ici /b/ se produit comme /p/ à
condition qu’il soit suivi d’un son non vocalisé. Ainsi, la différence entre /b/
et /p/ est phonémique en français parce qu’elle affecte la signification, elle
permet de distinguer par exemple «poisson» [pwas ] de “boisson” [bwas ],
mais la différence en arabe est phonétique, non-phonémique ou insignifiant
parce qu’elle n’affecte pas la signification. Ainsi, un arabophone surtout au
début de son apprentissage du français, rencontrera une grande difficulté avant
de pouvoir distinguer /p/ de /b/. Il peut dire [bwas ] à la place de [pwas ]:
il sonorise le /p/.
Quant au son français /v/, il n’est pas phonémique en arabe. Des mots français
commençant par /v/ sont produits par les apprenants Arabes comme /f/,/
w/, /b/ (Dweik, 229). Par exemple «villa» devient «filla», le «vernis» devient
«warnish» et la «valve» devient «balfe». Donc ils dévoisent le /v/.
1. Voyelles communes:
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D’autre part, les étudiants français de l’arabe auront des difficultés à produire
les voyelles longues dans des syllabes inaccentuées comme dans [şa:fa ħa]
(serrer la main) où la syllabe [şa:] doit être maintenue longue pour la distinguer
de [şa] dans le mot [şafaħa] (pardonner).
En français, le cas est différent: les [w], [�], [j] sont des semi-consonnes, leurs
graphèmes de base sont:
- Le «w» qui existe dans des énoncés d’origines étrangères comme «watt»
[wat].
- /w/ dans «oë» comme «poële» [pwal], dans «oi» comme «loi» [lwa], ou dans
«ou» devant «i» comme «oui» [wi].
- Le «u» devant une voyelle comme «lui» [l�i].
- Le “i” devant une voyelle comme “chien” [∫jε̃]
Ces trois graphèmes transcrivent aussi des voyelles, sauf le «w», mais ils ne
peuvent jamais transcrivent des consonnes (Fesfes, 47).
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- /y/ dans «la confiture» [lac fityʀ] peut se prononcer [u] [lac fituʀ] ou [i]
[lac fitiʀ].
- /ø/ dans «nageuse» [naʒøz] peut être substitué à [e] [naʒez]
ou à [o] : «peu « [pø] devient [po].
- /ǝ/ peut être substitué à [e]: «je parle» [ʒǝparl] devient [ʒeparl]
ou à [o]: «je suis» [ʒǝs�i] devient [ʒoswi]
- /ɶ/ prononcé [e]: «flatteur» [flatɶʀ] devient [flateʀ]
ou devient [o] : «fleur» [flɶʀ] devient [floʀ]
- /ε/ prononcé [e]: «fièvre» [fjεvʀ] devient [fjevʀ]
- /ɔ/ prononcé [o]: «horloge» [ɔʀlɔʒ] qui devient [oʀloʒ].
- La distinction entre [ɑ] et [a] est très difficile pour un arabophone, d’autant
plus qu’elle n’est pas très marquée en français, il arrive que l’élève prononce
[mɑl] au lieu de [mal] «mal» et [mal] au lieu de [mɑl] «mâle».
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L’apprentissage des langues à l’âge de 3-4 ans se fait encore d’une manière
intuitive et naturelle, tout comme l’acquisition de la langue maternelle. Il ne
demande aucun effort particulier à l’enfant et il est accessible à tous. Alors
qu’à l’âge de 10 ans, l’enfant doit apprendre les langues par des mécanismes
déductifs (apprentissage des règles, des vocabulaires, …) et ne maîtrisera pas
naturellement la langue. Il est donc nécessaire de démarrer dès la petite section
de maternelle, et au plus tard à partir de la moyenne section de maternelle.
En plaçant un enfant très jeune dans un univers bilingue, on lui donne davantage
de possibilités intellectuelles pour comprendre le mécanisme d’une langue.
Aujourd’hui, aux dires de Georges Lüdi (1998:14), les résultats de nombreuses
recherches permettent les affirmations suivantes:
1. Les enfants bilingues disposent d’une faculté à la pensée créative accrue.
Ils réussissent significativement mieux dans des tâches où il ne s’agit pas de
trouver la réponse correcte à une question, mais d’imaginer une multitude
de réponses, par exemple imaginer un maximum d’usages intéressants et
inhabituels pour une tasse (Baker, 1988; Ricciardelli, 1992).
2. Ils disposent d’une meilleure sensibilité communicative dans la mesure
où ils perçoivent mieux des facteurs situationnels et y réagissent plus
rapidement pour corriger des erreurs de schématisation et de comportement
(Ben-Zeev, 1977).
3. Leurs facultés métalinguistiques sont plus avancées que celles de leurs
pairs unilingues. Cela signifie une meilleure compétence analytique, mais
aussi un contrôle cognitif supérieur des opérations linguistiques (Bialystok,
1987 et 1988). Cela entraîne des avantages lors de l’acquisition de la
littéralité et des meilleures chances de succès scolaires.
4. Ils disposent d’une capacité de distanciation accrue par rapport à la
langue. L’enfant est conscient de la relativité de la grille conceptuelle à
travers laquelle une langue particulière verbalise le monde parce qu’il en
utilise deux ou plusieurs. Cela lui confère une capacité d’abstraction accrue
et une plus grande facilité à manipuler les catégories. (Vygotsky 1985; Diaz/
Klingler 1991).
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Ces avantages des enfants bilingues pourraient s’expliquer par des expériences
culturelles plus variées et par la nécessité de choisir et d’alterner «code-
switcher» entre deux langues (Cf. Lüdi, 1998:14).
2) La motivation de l’apprentissage
Pour Gardner et Lambert (1972) et Groft (1980 :227), l’aptitude, qui est un
composant cognitif, et l’attitude, qui est un composant affectif, sont deux
facteurs déterminants dans l’apprentissage d’une L2. Ils sont à la base de
l’implication personnelle et des efforts qu’emploiera l’apprenant pour
s’approprier une nouvelle langue. Mais pour Gardner et Lambert (1972),
Bialystok (1979) et Krashen (1982), c’est l’attitude face à la langue cible et face
à l’apprentissage, plutôt que l’aptitude (facteur contributif), qui détermine le
succès de l’apprentissage d’une deuxième langue.
Lambert (1968) suggère trois types de motivation: (1) instrumentale, qui reflète
la valeur utilitaire de l’apprentissage de la L2 (pour avoir un emploi, pour avoir
une note). (2) intégrative, qui reflète le désir de l’apprenant de connaître
une nouvelle culture et de s’y intégrer. (3) manipulative qui reflète le désir
d’apprendre la L2 afin d’entrer dans l’autre groupe culturel pour gagner une
valorisation personnelle à travers elle. Lambert et Gardner (1972) indiquent
que l’étudiant intégralement orienté dans l’acquisition de la deuxième langue
est plus motivé que celui instrumentalement orienté. Nous devrions faire la
distinction entre la motivation primaire où l’intérêt vient de l’étudiant lui-
même et pas de l’extérieur et la motivation secondaire où l’apprenant a le
sentiment d’apprendre que pour écrire un essai ou éviter la punition ou plaire
à ses parents (Dweik, 235).
3) Facteurs socio-économiques
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Acquisition d’une langue seconde : Les avantages et les entraves de la langue
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Conclusion
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Notes
1. Ces deux tableaux ont été réalisés après consultation de différents ouvrages :
- Blanchère, R., 1958, Eléments de l’arabe classique, Paris: Maisonneuve.
- Cantineau, J., 1960, Etudes de linguistique arabe, Paris: Klincksieck.
- Dubois, J., 1973, Dictionnaire de linguistique, Paris: Larousse.
- Fesfes, N., 1994, Problèmes de l’apprentissage du français langue étrangère par des élèves
syriens de l’enseignement secondaire, Université de Toulouse.
- Landercy, A. et Renard, R., 1977, Eléments de Phonétique, Bruxelles: Didier.
Bibliographie
Baker, C. 1988. Key issues in Bilingualism and Bilingual Education, Clevedon, Avon:
Multilingual Matters.
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Acquisition d’une langue seconde : Les avantages et les entraves de la
langue maternelle chez les bilingues français-arabe/arabe-français
Diaz, R.M. et Klingler, C. 1991. “Towards an explanatory model of the interaction between
bilingualism and cognitive development”, in: Bialystok, E. (Ed.): Language Processing in
Bilingual Children, Cambridge: Cambridge University Press.
Greis, N. 1966. “The Implications of Contrastive Studies For the Teaching of English
to Arabic Speakers”, in Teaching English to Speakers of Other Languages, Washington:
Betty Wallace Robinett (éd).
HAMERS, J.F. et BLANC, M., 1983. Bilingualité et Bilinguisme, 2ème édition, Bruxelles:
Pierre Mardaga.
Lado, R. 1957. Linguistics across Cultures. Ann Arbor: University of Michigan Press.
Landercy, A. et Renard, R. 1977. Eléments de Phonétique, Bruxelles: Didier.
Stoll, C. 1997. «Le bilinguisme: une approche typologique», Bulletin APVL, Strasbourg,
n° 54, 65- 76.
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Synergies Monde arabe n° 4 - 2007 pp. 209-226
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Weinreich, E. 1953. Languages in Contact. New York: Linguistic Society of New York.
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