Cours 1 M2

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Introduction ` a la methode des volumes nis

J. Vovelle
October 13, 2011
1 Principe de conservation - Equation de con-
servation
On suppose connue letude du probl`eme de Cauchy pour les lois de conservations
scalaires hyperboliques ou paraboliques (cf. cours precedents du M2). On fera
les rappels correspondants lorsque cest necessaire.
1.1 Loi de conservation : un exemple
Commencons par un exemple simple : soit un axe inni repere par R, vu comme
la limite dun cylindre inniment mince, contenant un uide de densite en
deplacement au cours du temps. On designe par x la variable de position le
long du cylindre (x parcourt R) et on designe par t la variable de temps (t
parcourt [0, +[). La densite est une fonction
: R [0, +[R
+
.
Au temps t, la masse de uide presente entre les abscisses x et y (x < y) est
masse entre x et y au temps t =
_
y
x
(z, t)dz.
En particulier, en premi`ere approximation, la masse de uide contenue au temps
t dans une tranche de cylindre reperee par les abscisses x et x +dx est donnee
par
densite en (x, t) volume de la tranche = (x, t)dx.
Soit maintenant q le debit de uide : entre deux instants t
1
et t
2
(t
1
< t
2
), la
masse de uide traversant `a labscisse x est
_
t
2
t
1
q(x, t)dt.
En particulier, en premi`ere approximation, la masse de uide traversant la sec-
tion de cylindre reperee par labscisses x entre les instants t et t +dt est donnee
par
debit en (x, t) laps de temps = q(x, t)dt.
Question 1 Quelle est lequation (aux derivees partielles) liant et q ?
1
1.2 Mod`ele du trac routier
Avant de repondre `a la question posee, observons quil est interessant decrire
une telle equation aux derivees partielles si on a dej`a une relation q = f() (on
peut alors calculer ). Un exemple de cette situation, cest la modelisation du
trac routier. Je detaille ce mod`ele, car on letudiera par la suite.
Un mod`ele elementaire (elementaire, mais pertinent dans certaines situations)
pour le trac routier est donc le suivant : la route est sur une voie unique,
droite, assimilee `a laxe reel R. Les vehicules ne sont pas considerees isolement,
mais (en prenant du recul), comme un tout : soit la densite de vehicules,
= 0 correspondant `a une route vide, = 1 `a des vehicules pare-choc contre
pare-choc. Comment denit-t-on le debit q ? Cest l`a quon fait lhypoth`ese de
modelisation, qui peut etre sujette `a discussion.
Prenons q = v o` u v est la vitesse des vehicules supposee ne dependre que
de : v = v(). Lexemple de la realite conduit `a prendre v decroissante en
fonction de et nulle lorsque = 1 (embouteillage). On choisit par exemple
v = v
max
(1 ). On obtient la relation
q = v
max
(1 ), (1)
pour la modelisation du trac routier.
1.3 Reponse `a la Question 1
Repondons maintenant `a la question ci-dessus : soit une tranche reperee par les
abscisses x et x + dx et consideree pendant les instants t et t + dt. On a, par
conservation de la masse,
Masse de uide entre x et x +dx `a linstant t +dt
. .
R
x+dx
x
(z,t+dt)dz
= Masse de uide entre x et x +dx `a linstant t
. .
R
x+dx
x
(z,t)dz
+ Masse de uide entree en x
. .
R
t+dt
t
q(x,s)ds
Masse de uide sortie en x +dx
. .
R
t+dt
t
q(x+dx,s)ds
,
soit, en premi`ere approximation, lequation
((x, t +dt) (x, t))dx + (q(x +dx, t) q(x, t))dt = 0. (2)
On a, en premi`ere approximation de nouveau,
(x, t +dt) (x, t) =

t
(x, t)dt, q(x +dx, t) q(x, t) =
q
x
(x, t)dx.
De (2), on deduit donc la loi de conservation

t
(x, t) +
q
x
(x, t) = 0, x R, t 0. (3)
La reponse `a la Question 1 est donc (3). On appelle (3) une loi de conservation,
bien que ce soit en realite le nom attribue au principe physique sous-jacent (la
2
conservation de la masse). Remarquons dailleurs que nous lavons deduit (3)
de ce principe physique (la conservation de la masse), de la denition de et
q, et enn de certaines approximations non exactes sur lesquelles on reviendra
plus loin. On cherchera `a resoudre le probl`eme devolution constitue de (3) et
de la donnee initiale suivante
(x, 0) =
0
(x), x R, (4)
o` u
0
connue (Probl`eme de Cauchy).
Exercice 1 Que donne (3) dans le cas du mod`ele du trac routier ? Soit

0
(x) =
_

_
0 si x < 1/2
x + 1/2 si 1/2 x 1/2
1 si 1/2 < x
.
Verier que la fonction denie par
(x, t) =
_

_
0 si x < x

(t)
x
2x

(t)
+ 1/2 si x

(t) x x

(t)
1 si x

(t) < x
,
o` u
x

(t) := 1/2 v
max
t,
est solution du probl`eme (3)-(4) sur R(0,
1
2v
max
). Que se passe-t-il au temps
t =
1
2v
max
? Interpretez le resultat en terme de trac routier et en terme
de perte de regularite pour les lois de conservation du premier ordre comme
(3). Enn, vous parat-il pertinent de considerer le probl`eme (3)-(4) avec une
donnee
0
non continue, par exemple

0
(x) =
_
1 si x < 0
0 si x > 0
,
0
(x) =
_
1/2 si x < 0
1 si x > 0
,
(de nouveau, interpretez en terme de trac routier).
2 Principe de conservation en dimension quel-
conque
Soit maintenant un ouvert de R
d
, d 1. Notons x y le produit scalaire
canonique de deux vecteurs x et y de R
d
. Soit u R
N
, N 1, o` u chaque
composante u
i
, 1 i N de u represente la densite dune quantite physique
consideree (densite de masse, de quantite de mouvement, denergie, de courant,
de chaleur, etc.) dans . Soit, pour 1 i N, q
i
R
d
le ux correspondant
`a u
i
. Fixons i 1, . . . , N et supposons pour faciliter le vocabulaire employe
que u
i
est une densite denergie et supposons quil existe une source ou un puit
denergie dans le syst`eme represente par une fonction f
i
. On a alors pour tout
ouvert regulier avec , pour tout t
1
< t
2
,
Energie totale dans au temps t =
_

u
i
(x, t)dx,
3
et
Flux denergie entrant dans entre les temps t
1
et t
2
=
_
t
2
t
1
_

q
i
(x, t) n(x)d(x)dt, (5)
o` u = est la fronti`ere de , d la mesure de surface sur et n(x) la
normale unitaire sortante (do` u le signe dans (5)) `a en x .
n(x)
x
Enn, on a
Apport ou consommation denergie dans entre les temps t
1
et t
2
=
_
t
2
t
1
_

f
i
(x, t)dxdt,
avec apport (respectivement production) denergie en (x, t) selon que f
i
(x, t) > 0
ou f
i
(x, t) < 0. De nouveau, on se pose la
Question 2 Quelle est lequation (aux derivees partielles) liant u
i
et q
i
?
Pour y repondre, supposons que u
i
, q
i
, f
i
sont des fonctions reguli`eres, i.e. u
i
,
q
i
de classe C
1
et f
i
continue sur (0, +). On a alors, pour tout ouvert
regulier avec , pour tout t
1
< t
2
,
Quantite denergie dans `a linstant t
2
. .
R

u
i
(x,t
2
)dx
Quantite denergie dans `a linstant t
1
. .
R

u
i
(x,t
1
)dx
= Flux denergie entrant dans entre t
1
et t
2
. .

R
t
2
t
1
R

q
i
(x,t)n(x)d(x)dt
+ Apport/Consommation denergie dans entre t
1
et t
2
. .
R
t
2
t
1
R

f
i
(x,t)dxdt
,
cest-`a-dire lequation
_

(u
i
(x, t
2
) u
i
(x, t
1
))dx
=
_
t
2
t
1
_

q
i
(x, t) n(x)d(x)dt +
_
t
2
t
1
_

f
i
(x, t)dxdt. (6)
4
En utilisant la formule de Gauss-Green pour q = (q
k
)
k=1,...,d
_

q
i
(x, t) n(x)d(x) =
_

divq
i
(x, t)dx, divq :=
d

k=1
q
k
x
k
,
et en reecrivant
u
i
(x, t
2
) u
i
(x, t
1
) =
_
t
2
t
1
u
i
t
(x, t)dt,
on deduit de (6),
_
t
2
t
1
_

_
u
i
t
(x, t) + divq
i
(x, t) f
i
(x, t)
_
dxdt = 0.
Cela etant verie pour tout ouvert regulier avec , et pour tout t
1
< t
2
,
il sen suit
1
que
u
i
t
(x, t) + divq
i
(x, t) f
i
(x, t) = 0, x , t > 0.
En collectant ces equations pour tout i, et en on obtient donc le syst`eme de lois
de conservation
u
i
t
(x, t) + divq
i
(x, t) = f
i
(x, t), i = 1, . . . , N, x , t > 0. (7)
3 Exemples de syst`emes de lois de conservation
3.1 Equations dordre un
Il sagit de syst`emes de lois de conservation dans lesquels q
i
est lie `a u =
(u
i
)
i=1,...,N
(vecteur de taille N) par une relation de type q
i
= A
i
(u) pour tout
i. On verra au chapitre suivant les syst`emes de lois de conservation dordre deux
dans lesquels q
i
= A
i
(u, u).
3.1.1 Modelisation du trac routier
Deja vu au paragraphe 1.2, q = u(1 u), f = 0 (dimension d = 1, nombre
dequations N = 1).
3.1.2 Equation de Burgers non visqueuse
Considerons un ensemble de points materiels repartis sur laxe reel en evolution
libre (il ne sont soumis `a aucune force). Soit u le champ de vitesse correspon-
dant : par denition, la particule situee en x au temps t a pour vitesse u(x, t).
Supposons u bien deni et regulier sur R [0, T), T > 0. Soit x = (t) la
trajectoire dun particule donnee. Sa vitesse au temps t est (t), qui concide
avec u((t), t) par denition de u :
(t) = u((t), t). (8)
1
comme les fonctions caracteristiques des ensembles (t
1
, t
2
) forment un ensemble dense
dans L
2
((0, +)), on a en eet
u
i
t
(x, t) +divq
i
(x, t) f
i
(x, t) = 0 presque partout, donc
partout car la fonction membre de gauche est continue
5
En derivant par rapport `a t et en utilisant la formule de derivation des fonctions
composees :
(t) =
u
t
((t), t) + (t)
u
x
((t), t).
Les particules netant soumises `a aucune force, leur acceleration est nulle :
(t) = 0. Dautre part, en rempla cant (t) grace `a (8), on obtient
0 =
u
t
(x, t) +u(x, t)
u
x
(x, t)

x=(t)
.
En utilisant la formule de derivation des fonctions composees, on voit donc
apparatre lequation de Burgers non visqueuse :
u
t
(x, t) +

x
_
u
2
2
_
(x, t) = 0, x R, t (0, T), (9)
qui correspond `a (7) avec d = 1, N = 1, q =
u
2
2
, f = 0.
Exercice 2 Soit
u
0
(x) =
_
1 si x < 0
1 si x > 0
.
En interpretant `a laide du mod`ele du syst`eme de particules, que vous semble
etre la solution de (9) pour cette donnee initiale ? Imaginez dautres cong-
urations initiales et levolution correspondante. Attention, linterpretation ` a
laide du mod`ele du syst`eme de particules pour (9) nest pas toujours pertinente
(pouvez-vous illustrer cela ?).
3.1.3 Equation de transport
Soit a R
d
un vecteur donne. Notons x y le produit scalaire canonique de
deux vecteurs x et y de R
d
. On rappelle la notation dierentielle u pour le
vecteur des derivees partielles
_
u
x
1
, ,
u
x
d
_
t
. Lequation de transport
u
t
(x, t) +a u(x, t) = 0, x R
d
, t > 0, (10)
est un cas particulier
2
de (7) avec N = 1, q = ua, f = 0. Le terme equation
de transport se justie en particulier en observant que, si u
0
est une fonction
reguli`ere par exemple, alors la solution de (10) avec u
0
pour donnee initiale est
u(x, t) = u
0
(x ta), x R
d
, t > 0.
Exercice 3 Faire une representation graphique dans le cas d = 1, a = 1.
Exercice 4 Soit maintenant a un champ de vecteur sur R
d
, i.e. a: R
d
R
d
.
On suppose a Lipschitzienne et bornee sur R
d
. On suppose div(a)(x) = 0 pour
tout x R
d
. Justier que lequation de transport
u
t
(x, t) +a(x) u(x, t) = 0, x R
d
, t > 0, (11)
est un cas particulier de (7), puis resoudre (11) avec donnee initiale reguli`ere
(disons C
1
) u
0
. On introduira le ot de a (on rappelle que le ot de a est la
solution
t
(x) de

t
(x) = a(
t
(x)) t.q.
0
(x) = x).
2
utiliser, pour le demontrer, la formule de calcul vectoriel div(ua) = u a + udiv(a)
6
3.1.4 Equation dEuler isentropique
Ici dimension d = 1, nombre dequations N = 2, les inconnues sont (densite)
et u (vitesse) ou bien et q := u (impulsion). On ecrit en general les equations
en terme de et u :
_

t
+

x
(u) = 0,

t
(u) +

x
_
u
2
+p()
_
= f.
(12)
Dans la deuxi`eme equation, f represente la densite volumique de forces exte-
rieures et p est la pression, fonction de t.q. p

() 0 ; (12) est etudiee par


exemple avec p() =

, > 1.
Exercice 5 Dans le cas f = 0, reecrire (12) sous la forme (7), ou plut ot (la
variable u etant dej`a utilisee et lequation etant du premier ordre), reecrire
(12) sous la forme

t
V +

x
F(V ) = 0, V :=
_

u
_
.
3.1.5 Equation de Saint-Venant
Ce sont les equations des ecoulements en eaux peu profondes. Ici dimension
d = 1 (pour un ecoulement unidimensionel), nombre dequations N = 2. Les
inconnues sont h (densite) et u (vitesse) ou bien h et q := hu (charge). Les
equations de Saint-Venant sont (dans le cas dun fond plat)
_

t
h +

t
(hu) = 0,

t
(hu) +

t
_
hu
2
+g
h
2
2
_
= 0,
(13)
o` u g est lacceleration de la pesanteur.
x
h
u
3.2 Equations dordre deux
Il sagit ici de syst`emes de lois de conservation dans lesquels q
i
= f
i
(u, u).
3.2.1 Equation de la chaleur
Ici N = nombre dequations = 1 et u est la temperature. La densite de chaleur
est cu o` u est la densite du materiau considere (constante) et c sa capacite
7
calorique (constante), on prend = 1, c = 1 ici. Le ux de chaleur q est donne
par la Loi de Fourier
q = Du,
o` u la matrice (denie positive) D depend du materiau. On deduit de (7)
lequation
u
t
div(Du) = f.
Dans le cas particulier D = Id, et en utilisant lidentite vectorielle
3
div = ,
on a
u
t
u = f,
qui est en general lequation `a laquelle on fait reference en parlant dequation
de la chaleur.
3.2.2 Equation du trac routier dordre deux
On reprend la modelisation du trac routier du paragraphe 1.2. Pour inclure
le fait que les conducteurs anticipent et adaptent leur conduite selon letat du
trac en amont sur une distance caracteristique > 0, on corrige la vitesse :
v = v
max
(1 )

x
. (14)
On obtient alors (7) avec N = 1, d = 1, u = , q = v
max
(1 )

x
, i.e.

t
+

x
(v
max
(1 ))

2
x
2
_

2
2
_
= 0.
Exercice 6 Interpretez la correction de la vitesse dans (14). Que signierait
le signe + devant

x
au lieu du signe ?
3.2.3 Equation de Burgers
Il sagit de lequation

t
u +

x
_
u
2
2
_


2
u
x
2
= 0.
Ici N = 1, d = 1, q =
u
2
2

u
x
.
3.2.4 Equation de Navier-Stokes
Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Navier-Stokes_equations
3
on rappelle que u =
d
X
k=1

2
u
x
2
k
8
4 Objet du cours
On a vu aux paragraphes 1.3 et 2 comment deduire lequation aux derivees
partielles (7) du principe de conservation. On a vu dautre part (cf Exercice 1
et Exercice 2) quil peut etre pertinent de considerer des solutions non continues.
On rappelle que, dans ce cas, on donne un sens `a (7) en utilisant le concept de
solution faible :
Denition 1 Soit, pour i = 1, . . . , N, u
i
L
1
loc
((0, +)) et q
i
L
1
loc
(
(0, +))
N
. On dit que ((u
i
), (q
i
)) est solution faible de (7) si
_
+
0
_

_
u
i
(x, t)

t
(x, t) +q
i
(x, t) (x, t) +f
i
(x, t)(x, t)
_
dxdt = 0,
pour tout i 1, . . . , N, pour tout C

c
( (0, +)).
Un probl`eme qui appart alors, toujours dans le cas o` u les u
i
et q
i
sont des
fonctions peu reguli`eres est le suivant :
Deriver (7) (sous sa forme faible) `a partir du principe de conservation (D)
Jusquici on a utilise de mani`ere cruciale la regularite C
1
de u
i
et q
i
pour
montrer (D), que ce soit pour faire les approximations du paragraphe 1.3 ou
les integrations du paragraphe 2. On va voir dans ce cours que letude de la
methode des volumes nis permet de montrer ce resultat pour des solutions
generales. Mais avant tout, la methode des volumes nis fournit une methode
dapproximation numerique pour calculer de mani`ere approchee les solutions
de syst`emes de type (7). Avec ce point de vue, de nouvelles problematiques
apparaissent. Pour bien les comprendre, il est necessaire de tester la methode en
pratique, ce quon ne fera pas dans ce cours. On va cependant traiter de quelques
questions danalyse numerique, bien quil est fondamental de mettre en oeuvre
la methode pour la comprendre dans le cadre des probl`emes dapproximation
numerique. Avant dintroduire la methode des volumes nis, on commence
dailleurs par un probl`eme danalyse numerique pour lequation de transport.
Le plan du cours est le suivant :
1. Cours no 1 : ce present cours dintroduction,
2. Cours no 2 : la methode des volumes nis appliquees aux equations
paraboliques (lois de conservation dordre 2 avec N = 1, on traitera la
cas d = 1 seulement)
3. Cours no 3 : la methode des volumes nis appliquees aux lois de conser-
vation dordre un (lois de conservation dordre 1 avec N = 1, on traitera
le cas d quelconque).
9
Exercice 7 (Non-unicite des solutions faibles) Soit
0
L

(R). Soit
A() := v
max
(1 ),
et soit le probl`eme
_

t
+
A()
x
= 0,
[
t=0
=
0
.
(15)
On dit que L

(R (0, +)) est solution faible de (15) si


_
+
0
_
R
_
(x, t)

t
(x, t) +A((x, t))

t
(x, t)
_
dxdt +
_
R

0
(x)(x, 0)dx = 0,
pour tout C

c
(R [0, +)). Soit alors

0
(x) =
_
1 si x < 0
0 si x > 0
. (16)
Montrer que (x, t) :=
0
(x) est solution faible de (15). En reliant (15) `a
la modelisation du trac routier, interpreter ce resultat. Donne la bonne
solution (quel est le nom quon lui donne) correspondant `a la donnee initiale
(16).
5 Un probl`eme danalyse numerique
Soit la loi de conservation scalaire (scalaire signiant N =nombre dequations=
1), dordre un, de type
u
t
+ divA(u) = 0. (17)
On consid`ere le cas elementaire d =dimension= 1, A(u) = u. On cherche les
solutions u 1-periodiques en x de lequation de transport
u
t
+
u
x
= 0, 0 < x < 1, t > 0. (18)
On connat explicitement les solutions, cest lobjet de lexercice suivant.
Exercice 8 Soit u
0
L

(R) fonction 1-periodique. En adaptant la denition


de solution faible donnee dans lexercice 7, proposer une notion de solution
faible (dans L

(R(0, +))) pour le probl`eme (18) avec donnee u[


t=0
= u
0
,
puis montrer que
u(x, t) := u
0
(x t)
est une solution faible.
5.1 Schema aux dierences nies centre
Avec lapproximation des solutions de (17) en vue, on denit dabord le schema
numerique suivant pour lapprocher les solutions de (18) : soit k le pas de temps,
h =
1
L
(L N

) le pas despace. On note, pour n N, i 0, . . . , L 1,


10
t
n
= nk, x
i
= ih et u
n
i
la valeur approchee de u solution de (18) au point
(x
i
, t
n
). En assimilant
u
t
(x
i
, t
n
)
u
n+1
i
u
n
i
k
et
u
x
(x
i
, t
n
)
u
n
i+1
u
n
i1
2h
,
on denit le schema
u
n+1
i
u
n
i
k
+
u
n
i+1
u
n
i1
2h
= 0, n N, 0 i L 1,
soit encore
u
n+1
i
= u
n
i
+(u
n
i1
u
n
i+1
), n N, 0 i L 1, (19)
en posant =
k
2h
. Pour completer (19), il faut prescrire (u
n
i
)
0iL1
au temps
n = 0 : on pose
u
0
i
=
1
h
_
x
i+1
x
i
u
0
(x)dx, 0 i L 1. (20)
Il faut aussi preciser les valeurs u
n
1
et u
n
L
dans (19) pour, respectivement, i = 0
et i = L 1. On prend
u
n
1
= u
n
L1
et u
n
L
= u
n
0
, n N, (21)
pour assurer la periodicite en espace. Voici alors le resultat obtenu en partant
du creneau
u
0
(x) =
_
1 si 0 < x < 1/2
0 si 1/2 < x < 1
.
Resultat : Voir la gure 1.
Figure 1: Solution `a t=0.125
En rouge la solution exacte, en bleu la solution numerique. Avec le temps, les
oscillations augmentent et la solution numerique nit par exploser. Bien s ur
une telle approximation numerique nest pas acceptable.
11
Remarque 2 On peut montrer (une fois quon a denit ces notions) que le
schema aux dierences nies centre nest pas stable, ni au sens L

, ni au sens
L
2
, ni au sens de Von Neumann, voir [EGH00].
6 La methode des volumes nis
6.1 Maillage
Soit un ouvert de R
d
(ou bien le tore T
d
de dimension d si on veut resoudre
une equation avec donnees preriodiques). Un maillage de est une famille T de
sous ensembles connexes de . Chaque K T est appele volume de controle.
On impose que chaque K T est ouvert, que lunion sur T des K est et que
les interfaces sont contenus dans des hyperplans : pour tous K, L T distincts,
K L est inclut dans un hyperplan. Pour K, L T deux volumes de controle
distincts, on note K[L := K L cet interface. Soit K T . On note aussi (^
pour neighbors)
^(K) = L T ; L ,= K, K[L ,=
lensemble des voisins de K,
K =
_
LN(K)
K[L
la fronti`ere de K, qui est polygonale en dimension d = 2, polyhedrale en dimen-
sion d 3.
K
L
M
N
K[L
Enn on note [K[ pour la mesure Lebesgue d-dimensionnelle et [K[ (respec-
tivement [K[L[) pour la mesure (d 1)-dimensionnelle de K (respectivement
de K[L).
6.2 Schema Volume Fini
Soit `a resoudre le syst`eme de lois de conservation (7). On va se limiter dans ce
cours au cas o` u on utilise le meme maillage pour toutes (pour les N) equations,
il sut donc de decrire la methode dans le cas dune equation (N = 1). Soit
donc `a resoudre
u
t
(x, t) + divq(x, t) = f, x , t > 0, (22)
o` u q = A(u) (ordre un) ou bien q = A(u, u) (ordre deux).
12
Remarque 3 On sinteresse aussi au cas stationnaire (u est independant du
temps), soit
divq(x, t) = f, x . (23)
On remarque dailleurs que (22) peut toujours secrire sous la forme (23) en
posant

= (0, +), x = (x, t), q( x) =


_
q(x, t)
u(x, t)
_
.
Soit k > 0 le pas de temps, soit T un maillage de , de taille
h := sup
KT
diam(K),
o` u diam(A) est le diam`etre dun sous ensemble A de R
d
:
diam(A) = sup
x,yA
[x y[,
avec [x[ = norme euclidienne de x. Soit, pour n N, t
n
= nk. On approche une
solution u de (22) par une fonction u
h,k
constante dans chaque maille espace-
temps K (t
n
, t
n+1
) :
u
h,k
(x, t) = constante = u
n
K
, (x, t) K (t
n
, t
n+1
).
Cest le principe de bilan et de conservation qui permet de calculer les u
n
K
: on
pose (en interpretant u
h,k
comme une densite de masse par exemple)
Masse dans K au temps t
n+1
. .
|K|u
n+1
K
Masse dans K au temps t
n
. .
|K|u
n
K
= Flux de masse sorti par K entre t
n
et t
n+1
. .
kQ
n
K
+ Creation/Consommation de masse dans K entre t
n
et t
n+1
. .
k|K|f
n
K
.
En decomposant le ux Q
n
K
selon chaque interface, on obtient donc lequation
u
n+1
K
= u
n
K

k
[K[

LN(K)
Q
n
KL
+kf
n
K
, (24)
o` u Q
n
KL
designe le ux de K vers L sur lintervalle de temps (t
n
, t
n+1
). On
prend en general
f
n
K
=
1
k[K[
_
t
n+1
t
n
_
K
f(x, t)dxdt.
La conservation (de la masse, de lenergie, etc. selon la signication de u) impose
la relation
Q
n
KL
= Q
n
LK
, K, L T , n N, (25)
cest-`a-dire ux sortant de K entrant en L= ux sortant de L entrant en
K.
Lequation (24) est la base de la methode des volumes nis. Elaborer une
methode des volumes nis, cest determiner un choix de ux numeriques Q
n
KL
13
veriant (au moins) la condition de conservation (25). Dans la suite on va voir
comment proceder pour les equations dordre deux en dimension d = 1 (Cours
no 2), puis pour les equations dordre un en dimension quelconque (Cours no 3),
et on verra aussi au passage comment prendre en compte les donnees initiales
et les donnees aux bord (sil y en a) dans la methode.
7 References
Chapitres 1-2-3. Voir le livre de Dafermos [Daf10] pour le passage du principe
de conservation au syst`eme de lois de conservation (7) (attention, dans [Daf10]
cest bien plus general mais aussi bien plus ardu que le paragraphe 2). Voir le
livre de Serre [Ser96] pour une autre introduction et dautres exemples aux lois
de conservation.
Chapitre 6. Ma reference est le livre de Eymard, Gallouet, Herbin [EGH00]. Voir
aussi les ouvrages de Godlewski, Raviart [GR96], Leveque [LeV02], et Bouchut,
[Bou04].
8 Solution des exercices
8.1 Exercice 1
On verie en eet que est solution, au moins presque partout dans R
(0,
1
2v
max
) (cest-`a-dire en dehors des deux droites x = x

(t)). En eet
est C
1
sur R (0,
1
2v
max
) x = x

(t). On calcule, en notant 1


A
la fonction
indicatrice dun ensemble,

x
=
1
2x

(t)
1
(x

(t),x

(t))
,

t
=
x

(t)x
2x
2

(t)
1
(x

(t),x

(t))
.
Lequation est veriee dans [x[ > x

(t) et dans le cone [x[ < x

(t), on a

t
+

x
(v
max
(1 )) =

t
+v
max
(1 2)

x
=
x

(t)x
2x
2

(t)
v
max
x
x

(t)
1
2x

(t)
=
x
2x
2

(t)
( x

(t) v
max
) = 0,
puisque x

(t) = v
max
. Au temps t =
1
2v
max
, x (x, t) devient discontinue.
Levolution decrite est la suivante : au temps 0, la densite de vehicule augmente
de 0 `a 1 entre 1/2 et 1/2, = 1 signiant quun embouteillage commence `a
x = 1/2. Avec le temps, les vehicules viennent sempiler dans lembouteillage.
Au temps t =
1
2v
max
, tous les vehicules sont pris dans lembouteillage. La route
est vide `a gauche (pour x < 0). Pour t >
1
2v
max
la solution va donc etre
stationnaire : (x, t) = 0 si x < 0, 1 si x > 0.
Il est en eet pertinent de considerer le probl`eme (3)-(4) avec une donnee
0
non continue. Lexemple

0
(x) =
_
1 si x < 0
0 si x > 0
14
decrit la situation `a un feu rouge, qui passe au vert `a t = 0. Lexemple

0
(x) =
_
1/2 si x < 0
1 si x > 0
decrit une nouvelle fois les vehicules venant sempiler dans un embouteillage.
Comme il ne cesse darriver de nouveaux vehicules (la densite `a gauche = 1/2
nest jamais nulle), la limite de lembouteillage se deplace vers la gauche. On
verra dailleurs que la solution est (x, t) =
0
(x + ct), c :=
v
max
2
. On a donc
une onde (dite onde de choc) se deplacant vers la gauche (`a vitesse c) dans
un milieu constitue lui delements (les vehicules) se deplacant vers la droite.
8.2 Exercice 2
Dans la situation decrite, au temps t = 0 des particules avec vitesse 1 sont
situees `a gauche de 0, des particules avec vitesse +1 sont situees `a droite de 0. On
peut imaginer quelles se bloquent mutuellement en x = 0. La situation nevolue
alors pas au cours du temps : u(x, t) = u
0
(x), t est la solution correspondant `a
cette donnee initiale (etat stationnaire). Pour la derni`ere question : en partant
cette fois-ci de
u
0
(x) =
_
1 si x < 0
1 si x > 0
,
et avec linterpretation particules en mouvement sous u, il semble que la
solution doivent etre
u(x, t) =
_

_
1 si x < t
non denie si t < x < t
1 si x > t
,
(non denie car il ny a pas de particules `a cet endroit !). Cependant la solution
reelle de lequation est bien denie partout. Elle est donnee (verier quon
obtient bel et bien une solution) par
u(x, t) =
_

_
1 si x < t
x
t
si t < x < t
1 si x > t
.
8.3 Exercice 3
Voir cours : le graphe de u
0
est translate de t.
8.4 Exercice 4
En posant A(u) = au, on a
div(A(u)) = div(a)u +a u = a u,
puisque div(a) = 0 : (11) est donc un cas particuler de (7).
15
Le ot de a est deni pour tout temps car a est Lipschitz et borne. On a, pour
toute fonction C
1
,
d
dt
(
t
(x), t) =

t
(
t
(x), t) +

t
(x) (
t
(x), t)
=
_

t
(y, t) +a(y) (y, t)
_
y=
t
(x)
.
Si u est solution C
1
de (11), on a donc, au point (
t
(x), t), 0 =
d
dt
u(
t
(x), t),
do` u
u(
t
(x), t) = u
0
(x).
Puisque x
t
(x) est inversible dinverse
t
(x), on a nalement
u(x, t) = u
0
(
t
(x)), x R
d
, t > 0.
8.5 Exercice 5
On a
F
_

u
_
=
_
u
u
2
+p()
_
.
8.6 Exercice 6
Lnterpretation de la correction de la vitesse dans (14) est decrite dans le para-
graphe meme. Bien remarquer que si la densite de trac en aval (cest-`a-dire
devant les conducteurs) augmente (resp. diminue), soit

x
> 0 (resp.

x
< 0),
alors les conducteurs freinent (resp. accel`erent) plus que dans le cas sans cor-
rection puisque

x
< 0, resp.

x
> 0.
Si on met un signe + devant

x
au lieu du signe , cest le contraire ! On peut
imaginer les degats, ou plutot limpossibilite de cette situation. Mathematique-
ment, le probl`eme de Cauchy associe `a lequation

t
+

x
(v
max
(1 )) +

2
x
2
_

2
2
_
= 0
est mal-pose (pas de solution dans les espaces usuels).
8.7 Exercice 7
On verie directement (calcul) que est solution faible (car A(0) = A(1) = 0,
reste alors linegrale en temps qui se compense avec le terme `a t = 0).
En reliant (15) `a la modelisation du trac routier, on obtient la situation suiv-
ante : le feu rouge (en x = 0) passant au vert, les vehicules (situes dans x < 0)
ne bougent pas ! Dans la realite, les vehicules avancent, et progressivement la
densite en un point x < 0 va se rareer. La solution (qui est la bonne solution,
comme on le verra dans le cours no 3) correspondante secrit
(x, t) =
_

_
1 si x < v
max
t
1
2

x
2v
max
t
si v
max
t < x < v
max
t
0 si x > v
max
t
.
16
On appelle cette solution onde de detente.
La conclusion de cet exercice, cest quil ny a pas necessairement unicite des
solutions faibles. Cest un probl`eme qui concerne les equations dordre un. On
sait le resoudre dans le cas N = 1 (une equation) en dim d quelconque (voir
Cours no 3). On sait aussi le resoudre (tr`es dicile !) de mani`ere partielle dans
le cas N > 1 (syst`eme dequations), d = 1. Le cas N > 1, d > 1 est ouvert !
8.8 Exercice 8
On dit que u L

(R (0, +)) 1-periodique en x est solution faible de (18)


avec donnee u[
t=0
= u
0
si
_
+
0
_
R
_
u(x, t)

t
(x, t) +u(x, t)

x
(x, t)
_
dxdt +
_
R
u
0
(x)(x, 0)dx = 0,
pour tout C

c
(R[0, +)). Il est alors immediat (changement de variable
x

= x t) de verier que
u(x, t) := u
0
(x t)
est une solution faible. (Remarque : dans ce cas particulier (equation lineaire),
cest lunique solution faible).
References
[Bou04] F. Bouchut, Nonlinear stability of nite volume methods for hyperbolic
conservation laws and well-balanced schemes for sources, Frontiers in
Mathematics, Birkhauser Verlag, Basel, 2004.
[Daf10] C.M. Dafermos, Hyperbolic conservation laws in continuum physics,
third ed., Grundlehren der Mathematischen Wissenschaften [Funda-
mental Principles of Mathematical Sciences], vol. 325, Springer-Verlag,
Berlin, 2010.
[EGH00] R. Eymard, T. Gallouet, and R. Herbin, Finite volume methods, Hand-
book of numerical analysis, Vol. VII, Handb. Numer. Anal., VII,
North-Holland, Amsterdam, 2000, pp. 7131020.
[GR96] E. Godlewski and P.-A. Raviart, Numerical approximation of hyper-
bolic systems of conservation laws, Applied Mathematical Sciences,
vol. 118, Springer-Verlag, New York, 1996.
[LeV02] R.J. LeVeque, Finite volume methods for hyperbolic problems, Cam-
bridge Texts in Applied Mathematics, Cambridge University Press,
Cambridge, 2002.
[Ser96] D. Serre, Syst`emes de lois de conservation. I, Fondations. [Founda-
tions], Diderot Editeur, Paris, 1996, Hyperbolicite, entropies, ondes
de choc. [Hyperbolicity, entropies, shock waves].
17

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